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Création : 18/08/2024, version au 20/10/2024

La Société Anthroposophique en France

Éléments de réflexion sous l'angle de l'apport en triarticulation

Avertissement : la présente page est destinée à présenter aussi bien des éléments de réflexion élaborés que de simples notes sur  la vie du mouvement anthroposophique en France et notamment celle hébergée par la forme juridique de droit français (association loi 1901) qui avec d'autres, sous d'autres droits "nationaux", sont (ou seraient) la Société Anthroposophique Générale (ou Universelle selon la compréhension des traducteurs - en allemand : A.A.G.  = Allgemeine Antroposophische Gesselschaft).
Sa nécessité se fait sentir principalement par la main mise de longue date de certains membres sur les moyens d'information internes.

Ajout 20/10/2024
En juin 2024, avant même toute information interne à l'ensemble des membres, le comité d'alors, publie sur le site de la Société en France, les deux pages suivantes sauvegardées ici parce qu'il semblerait que l'Assemblée Générale 2024 réunie à Chatou le 12 octobre dernier aurait obtenu leur retrait (non acté à ce jour) :
- Des valeurs claires contre le racisme, le sectarisme et le dogmatisme - 30 juin 2024 
- Vision et valeurs   (dont nous n'avons malheureusement pas sauvegardé les versions successives - ce qui aurait eu à posteriori tout son intérêt même si certains voient dans cette "plasticité" un grand intérêt - reste à savoir lequel.)
Il est encore trop tôt pour dire si ce retrait ouvre ou non à un travail interne d'intérêts partagés sur la nature de ce qui est sensé y rassembler les membres.

Ajout au 14/09/2024 revu 22/09 : Notons aussi, que tout au long de l'année 1923 (voir GA259), il était question de société anthroposophique internationale, ce qui a ensuite probablement été modifié lors du congrès de Noël (voir témoignage de W. Heidt p. 1, col. 2 du pdf).
Au cours de cette année 2024, il m'avait été demandé de participer à une des "délégations" instituées par le Comité. Au cours de celle-ci, la représentation du comité participant indiqua que désormais on parlerait de Société mondiale. A des demandes répétées de ma part sur le pourquoi, je n’eus droit qu'a des réponses fuyantes. Ce n'est que dans le récent bulletin de septembre qu'est indiqué que cela aurait des objectifs d'une meilleure communication. Ce que j'avais supposé vu la religion de la communication qui est en train d'envahir la SAF.
Dans le cas présent, celle-ci me fait plus penser aux mises en garde de R. Steiner concernant le courant utilitariste britannique et nord américain, qu'a ce qu'il indique par ailleurs sur les questions de maniement de la langue (comme par ex lors du cours aux orateur - GA339) et en bien d'autres occasions. Rappelons aussi que c'est justement à son époque que se théorisèrent diverses approches de manipulation du langage pour le contrôle des populations. Et il ne l'ignorait pas. Celles-ci se sont développées au cours du 20 siècle, et font l'objet d'un regain d'intérêt actuellement, se diffusant  jusque dans la culture quotidienne, sous le terme "pudique" d'éléments de langage promus par beaucoup de cabinets de conseils en communication.

Les propos reproduits ici, n'engagent que leur(s) auteur(s). Certains reprennent la compréhension généralement partagée, mais d'autres, la mettent justement en question. Il y a encore quelques années, même des personnalités en vue n'oubliaient pas de dire "qu'une opinion (généralement) anthroposophique n'existe pas" !

A cela il conviendrait aujourd'hui d'ajouter (01/09/2024) : contrairement à ce que certains prétendent, la  Société  fondée de fait au Congrès de Noël ne pensait pas rassembler  (même si ça peut arriver, comme au fond semble le montrer les événements récents à l'origine de cette page) des personnes désireuses de cultiver ensemble des valeurs morales, civilisationnelles ou du moment, mais bien de se tourner vers une recherche de la réalité de l'esprit en toutes choses, y compris les plus pratiques. De la pratique de ces méthodes de recherche découlent toutes sortes de fruits, dont des valeurs, mais cette  fois fondées sur la liberté de l'individu, comme aussi parfois des choses ratées, voire détestables. Et cela est à la fois hautement plus objectif - et démystifiant face à l'esprit ancien - , comme aussi l'expression d'un éthique bien supérieure.

Le sujet principal sera donc ici de confronter la compréhension courante souvent relayée par des "porte-parole" d'institutions forcément créées dans un droit d’État unitaire (et la mentalité qu'il  propage, qui serait à sa place chez lui, si justement elle ne se répandait pas au delà)  et ce qu'on peut savoir d'intentions d'origines (concernant la AAG) visant à faciliter un autre mode de relations plus propices à la recherche "spirituelle" comme déjà pour commencer, intellectuelle. Et celles-ci très probablement dans le prolongement des concepts développés un an auparavant un peu plus de cinq ans durant pour un ordre social triarticulé. A cela s'ajoute, sur le plan pratique, aussi la comparaison des approches du droit qui ne sont pas les mêmes selon les différentes cultures vivant elles-mêmes dans des États politiques différents (Allemagne fédérale, Suisse confédérale notamment en rapport à la France centralisée jacobine), par des peuples différents (ainsi par exemple RS signale une différence entre la Suisse et l'Allemagne au sujet de l'influence du droit romain : en Suisse, il n'aurait pas pénétré les âmes - GA 339 - ?? - ).

Après un parcours de bien quarante années comme membre de la AAG via la S.A.F., j'ai participé progressivement aux différents types d'activités internes proposées, comme aussi à certaines réalisations extérieures (juridiquement indépendantes - agriculture biodynamique principalement). Observé aussi les évolutions. Force m'est de constater lucidement aussi bien l'acquis, mais aussi le chemin qu'il resterait à parcourir. Cela aussi bien en comparaison de pays où, plus nombreux, les membres ou  autres intéressés avancent bien sûr plus pertinemment dans le monde, que face au potentiel encore inexploité (que certains ne se représentent encore même pas), mais qu'un approfondissement plus soutenu des apports d'origine et de ceux qui ne les ont pas édulcoré ou plus ou moins détournés depuis, permettrait d'approcher. C'est l'examen de ces réalités qui rend totalement absurde l'idée de prétendre parler pour l'ensemble, voire de le défendre autrement que par ce que l'on est soi-même. A chaque fois, ce n'est que parole personnelle ou mise en scène de paroles personnelles par tel ou tel groupe du moment sur la toile de fond de nécessités supposées de "communication/information" (un veau d'or ou un dogme difficile à démonter - il le faudrait pourtant).

Dans un certain sens, c'est l'expérience de la gestion de la crise dite "du COVID", qui montre qu'il n'est peut être plus bon de se satisfaire d'une parole institutionnellement  "dominante", mais d'appeler à "sortir les yeux de sa poche" et tenter de se fonder davantage sur soi-même. Non dans un isolement qui deviendrait individualiste, mais bien pour un commun plus solide, plus créatif.

Et ça tombe bien, contrairement à toutes les sociétés anciennes se disant dépositaires d'un rapport à l'esprit, et le cultivant confidentiellement, dans l'entre-soi,  cette société entendit dès le départ le faire en public dans toute sa diversité, voire ses contradictions et oppositions. Steiner y aida au début.  C'est seulement un peu plus difficile depuis. Et bien-sûr, on pourrait  quand même aussi préférer que, dans un premier temps, le débat reste interne. Mais que faire quand l'accès aux moyens internes reste "asymétrique" et ne sert que certains ?

dimanche 14 juillet 2024 - Éthique, où porter la vigilance ?

dimanche 18 août 2024 - Initiative ou représentativité ?

samedi 24 août (revue 01/09) - note sur l'objection voyant les " Principes" comme du juridique dans les statuts
(d'une institution se voulant d'une libre vie de l'esprit )

Effectivement, lorsque un groupe humain se formant en des buts de vie de l'esprit dans la société d'ensemble, se trouve contraint de recourir à la notion juridique de "personne morale" (pour diverses reconnaissances publiques, mais surtout souvent des questions de subventionnement et de services bancaires), et donc emprunte un cadre statutaire à la législation de son pays, celui-ci lui permet (et détermine cependant aussi) un certain nombre d'aménagements. On adopte ainsi, cependant, sans forcément en être bien conscient, la ou les traditions du droit dont il découle. Tout cela aura ensuite aussi des conséquences sur la vie du groupe (surtout si ces traditions ne correspondent pas vraiment aux intentions et qu'ensuite, cette, en quelque sorte, "intrusion", n'est pas consciemment tenue à l’œil).

D'une pure vie de l'esprit  cultivée entre humains et ayant sa propre dynamique, on s'approche donc  d'une deuxième réalité historique : celle du rapport d'humain à humain dans ce qu'il a de dignité commune et non plus de spécificité individuelle (et d'éthique). Elle prend ses racines essentiellement dans la nécessité de domestiquer les rapports de conquête territoriale et de violence inter-individuelle (mais cette fois de l'extérieur - plus par l'exemple et la persuasion spirituelle, mais sur un mode politique-juridique-policier-militaire).

 C'est un tout autre monde que celui de l'esprit où en quelque sorte, par ex., le don d'un bien spirituel n'appauvrit pas celui qui donne, mais enrichit chacun. On est là dans le monde de toutes sortes de compromis qui devraient seulement s'appliquer autour de ce qui n'arrive pas à être (ou ne veut pas être) partagé, et où il y a plus ou moins forcément des majoritaires et des minoritaires (avec tout ce que ça entraîne de stratégie et versatilité). Ce qui est vrai un moment, peut très bien ne plus l'être, si la majorité (ou le prince) change (ou bien que le pouvoir faiblit). Il y aurait encore vraiment beaucoup à dire, tant cette question de la vie de droit est peut être la plus difficile, mais ici, il est juste question d'éveiller à la nécessaire distinction).

Si maintenant on s'élabore plus avant dans cette distinction (c'est une des principales raisons d'être de l'apport de triarticulation tant en chaque humain que dans la société), on peut comprendre tout ce qu'il y aurait à gagner en ne confondant pas les pratiques, affects et pensées propres à chacun de ces deux univers d'humanité. On pourrait par exemple dynamiser une vie de l'esprit plutôt que de l'affaiblir dans la confusion (comme je prétend qu'on est en train de le faire en ce moment). Aussi aborder correctement un troisième univers plus récent, sous sa forme moderne, dans l'humanité : celui des rapports de production et d'échanges de biens matériels, de marchandises. Celui par exemple des contributions de chacun à la possibilité matérielle d'exister d'une vie de l'esprit (ou de sciences et de cultures) comme à l’État de droit dont les acteurs respectifs ont cependant en commun d'être de purs consommateurs (ils ne produisent rien d'immédiatement consommable).

Et peut être comprend-t-on mieux, que ces statuts, d'autant plus s'il sont déposés dans l'appareil de droit correspondant (le pouvoir politique leur donnant réalité pleinement terrestre et présente au delà du cercle "spirituel"), qu'entre membres désormais liés aussi  juridiquement (par des droits et obligations de droit correspondantes), et d'autant plus dans une société d'ensemble non encore consciemment triarticulée, il revient de bien veiller à ce que ce mode de sociabilité ne prenne pas progressivement la place de celui projeté initialement par l'élaboration de "principes".

Extrait d'un échange de mail anonymisé

Merci aussi François pour le temps pris à m’expliquer…
Ceci dit, ne voulant pas prendre de claque, ni avoir l’air ridicule ou passer pour complotiste (ce qui deviendra peut-être possible), je me suis abstenu de participer… Pure lâcheté, je l’avoue ! Merci pour les nouvelles…
A une autre occasion !
xxxx

Le 22 août 2024 à 10:15, francois@triarticulation.fr a écrit :
Merci à toi, xxxx.

Dans tout ce travail qui s'est accumulé pour essayer de mieux approcher, directement chez RS, ce qu'il entendait par triarticulation, et avec le tout petit cercle avec lequel je le partage régulièrement, j'ai du former une sorte de langage propre. D'ailleurs RS aussi l'a fait, faisant évoluer la définition de certains mots. Il existe même des petits lexiques !
Cela n'excuse pas de ne pas toujours arriver à rendre tout ça accessible a tout un chacun, ou au moins au point où en seraient les membres de notre société en France.

D'ailleurs, j'ai personnellement pris une grande claque quand je vois comment un quasi fondement fondateur est à ce point interprété presque contre lui même par le comité, et pire encore par tout un cercle dont il s'est quand même entouré avant sa "boulette", puis encore plus largement quand je vois l'attitude dominante des 56 "connectés" de mardi soir passé. Tous ne se sont évidemment pas exprimés, mais les quelques uns qui ont eu le courage d'exprimer un peu leur point de vue "critique" étaient bien timides ou intimidés... Et peut être conceptuellement en une certaine difficultés. On peut clairement ressentir en la matière, mais pas forcément trouver les mots. C'est justement, comme par hasard, en plein dans le sujet justement.
La suite sera maintenant de voir si "l'éthique sociale" fondée sur l'individualisme éthique que va tenter de proposer Pierre Tabouret sur la base de son travail à partir principalement de celui de Herbert Witzenmann sera plus compréhensible là où en sont apparemment la plupart des membres "voulant être actifs" dans  la SAF comme on a dit un temps. Comme en plus tout ça a maintenant dégringolé dans des rapports plutôt "juridiques", ça va être "coton" pour lui de ne pas subir de rejet.

Je suis donc conscient de ce dont souffrent mes propos. Car ce mode d'approche qu'est la triarticulation qu'on peut "observer" dans ce qui nous reste des paroles et actes posés par RS nous est plus éloigné encore que le système qu'en a forgé un Witzenmann.
Concernant mes propres propos, en attendant que j'améliore mon aptitude pédagogique ou littéraire, je ne peux donc dire qu'une chose : je suis disponible pour toute explication et échange supplémentaire. Même si seulement de micro à écouteur.
Bien cordialement,

01 septembre 2024 : NOTE : curieuse observation d'un échange autour de la lecture de la nouvelle version appelée désormais "Déclaration éthique" : l'incapacité sincère d'y voir la même chose que d'autres y voient. En réalité, il faudrait peut être comparer plus à fond le texte du Congrès de Noël et celui de la "Déclaration". J'ai commencé une étude comparée... mais il faudra un peu de temps pour le faire correctement.
En résumé, les principes de 1923/24 décrivent les conditions d’une recherche de l’esprit génératrice de valeurs, la déclaration d’éthique de l’été 2024 en France, s’en saisit de l’extérieur/y picore en quelque sorte en mode « tout cuit » ou finalement normatif ! (tout en prétendant par ailleurs le contraire). Et la question est peut être alors : que lit-on ? Le texte ou, l'esprit du texte ? Cette question, issue de l'observation, n'est pas une formule rhétorique, mais s'appuie aussi depuis quelques jours sur un passage de RS expliquant qu' il est possible que "derrière un même texte" (ou peut être "phrase") s'exprime un esprit différent (GA332b - 09 ou 10). Passage me rappelant aussi à ce qu'il dit ailleurs de l'anglais (vide d'esprit), comme langue poussant les humains à désormais devoir apprendre à se comprendre indépendamment ou "au-delà" de la langue... (à suivre)

22/09/2024 : Autres documents de fond sur la "Constitution" :

- 1 chapitre (disponible en pdf sur demande privée) d'un livre de S. Prokofiev dont je ne reproduits ici que le passage concernant l'absence de dispositif d'exclusion lors du travail d'origine sur les principes :
La procédure du « débat » et de l'adoption des « statuts » n'eut par conséquent aucun caractère juridique formel, mais un tout autre caractère de nature spirituelle et humaine, caractère que l'anthroposophe et juriste Reinald Eichholz (*) décrit de la façon suivante : « L'action qui s'accomplit dans ce domaine de réalité est de l'ordre de l'indéterminable, d'où la "formation", et non "l'élection" du Comité directeur ; d'où l'absence de procédure d'exclusion, parce que ne pas accomplir la réalité de l'esprit et de l'idée, c'est déjà s'exclure soi-même ; d'où l'absence de vote, mais une "approbation" sur la foi d'une triple lecture en signe d'enracinement dans le penser, le ressentir et le vouloir des participants et non selon un mode de scrutin proportionné comme au parlement» (Kons., n° 1, mai 1998).
(* et connaissant R. Eichholtz pour avoir participé à un séminaire de son initiative, il ne s'agit pas ici de l'interprétation d'un "triarticuleur gauchiste")

Et chacun appréciera donc à sa façon la présence d'un tel dispositif dans les statuts de la SAF et l'usage qu'en fait l'actuel comité sur le plan de l'intention et de sa conception spirituelle qu'il se fait (et que beaucoup semblent malheureusement partager)  tant de la SAF que de la SAG.

Et dont je faisais le commentaire suivant sur une liste de diffusion privée :

D'habitude je ne suis pas un "fan" de Prokofiev, je trouve qu'il synthétise souvent trop intellectuellement des choses qui vivent autrement en nous quand on arrive à les lire dans Steiner. Mais je reconnais que ses grandes fresques satisfont rapidement notre intérêt intellectuel légitime pour commencer. Voyons si on peut trouver mieux.
Pour l'instant, sur la tentative de construction sociale, il tente de nous  rassembler les différentes conquêtes idéElles (pas idéAles) et donc plutôt proposer ce à partir de quoi nous pourrions forger des intentions.
Parlerait-il de l'existant social, ce serait tout différent. Et quand il l'a fait (peut être pas par écrit) c'était suffisamment critique pour qu'on soit effectivement tenté de le traiter d'idéaliste. Et ne plus vraiment travailler avec lui.
Trouver comment "articuler" correctement ces deux niveaux de réalité est justement la tentative du congrés de Noël. Ou chez nous en ce moment : comment ne pas confondre future valeurs pouvant peut être résulter d'un travail de connaissance partagé, d'un côté, et  de l'autre, valeurs convenues et souvent tellement abstraites   qu'elles sont même plus confortables ou commodes que les traditionnels impératifs moraux traditionnels ou philosophiques. Tout cela pour se donner l'impression d'être un groupe socialement "clean" et se poser publiquement ainsi. Et ce dernier aspect est, a mes yeux, encore plus absurde que le premier.

- 3 articles de W. Heidt parus dans la revue Tournant que vous pouvez donc lire vous même et dont je faisais , sur la même liste, le commentaire suivant :

Lire ainsi Heidt (à l'origine du courant de triarticulation dit de "Achberg" avec Beuys et Schmundt) après Prokofiev montre bien comment la véracité peut être différente et complémentaire selon qu'on prête plus d'importance à des rapports de vie de l'esprit ou de vie politico-juridique. Comment chacun s'adresse aussi au fond à des facultés différentes de l'âme.
Et me voici me prenant à rêver d'une troisième personnalité qui le ferait peut être un jour prochain sur le mode encore manquant cruellement aujourd'hui.

Je parle au futur, car, bien que la contribution de Heidt ait probablement été écrite avant celle de Prokofiev (qui semble plus au fait de certains éléments apportés par la recherche historique - à vérifier) fait forcément plus de place à l'apport en science sociale par mentions répétées de la "triarticulation" sociale (et non pas de la tripartition sociale dont les traducteurs français ne savent toujours pas encore que celle-ci avait justement pour but de s'émanciper de l'ancien ordre triparti d'avant la Révolution française), je ne connais encore personne qui l'a fait (ou pourrait faire l’équivalent) sous ce regard où Steiner semble dire que dorénavant les principales formation de communauté seraient le fait, le fruit (ou à l'occasion) de l'aspect économique des rapports humains (cf entre autres : http://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/01203100112198922011921.html).
Le fait de rapports effectivement associatifs au sens que donne RS a ce mot (pas au sens d'association à buts non lucratifs garantis par un état unitaire, mais bien dans l'économie !), et présentant aussi parfois la société anthroposophique comme association économique.
Mais pour l'instant, cela est ignoré aussi bien des "fans" de la vie de l'esprit, de la vie de droit démocratique, que de ceux qui ne jurent que par le mélange des deux sous le terme société civile. Et pourtant il faudra bien qu'on vienne à bout de la perversion des vie de droit et de l'esprit par celle économique. Ce qui, déjà pour RS, était la situation à laquelle il était confronté souhaitant fonder une société anthroposophique "générale".
Et de SAG comme aussi de SAF vraiment adéquate aux intentions d'origine, il n'y aura probablement pas avant. Tout au plus une qui gérera au moins peut être déjà correctement, si possible (j'ai quand même un doute...), les deux premiers aspects.

Ajout 20241002
- Républicaine, non pas démocratique, Ernst Lehrs, 1956 :  un grand classique de la collégialité dans les écoles Waldorf, mais aussi une interprétation de la fondation de la Société anthroposophique généralement humaine, à l'aide de concepts empruntés au politique et au droit.

- Les principes de la Société anthroposophique comme fondement de vie et chemin de développement - Herbert Witzenmann - EURIOS- traduction par P. Tabouret.

- Communication et information en remplacement d'une véritable vie de l'esprit ? J'en profite aussi ici pour évoquer le problème plus structurel et encore bien insuffisamment observé qu'est celui de la communication, alors qu'il devient un véritable problème quand on veut privilégier un esprit au détriment des autres par des moyens de droit et de pouvoir dans une, alors prétendue libre, vie de l'esprit :
Reprenant un échange privé avec deux interlocuteurs anonymisés :

Merci xxxx pour cet excellent texte de yyyy.
Même s'il comporte tel ou tel passage qui demanderaient clarification à mes yeux avant d'en discuter, ça fait quand même chaud au cœur de voir que certains parmi nous arrivent quand même a fournir de telles productions de science de l'esprit. C'est cela qui devrait effectivement pouvoir circuler librement parmi tous les membres par des canaux internes et indépendants de la main mise d'un comité, quel qu'il soit (sans forcément tout de suite devoir aller dans la sphère publique par défaut). 

Bien sûr, ce que je dis là n'est qu'une des formes concrètes encore déterminée par l'indistinction des tâches jusqu'à présent. yyyy évoque la question de communication vs information, mais le sujet mériterait de décliner aussi tout le reste de ce qui est dit sur la réalité des rapports et relations à l'intérieur de la SAG (et notamment la SAF) en terme de la gestion de la circulation des informations (seul un début est fait par l'évocation du Bulletin - mais j'ai peut être mal compris).
Entre autre aussi la question concernant comment garantir ou non que certaines communications - le sujet me semble bien ici concerner tous les membres quand aux fondement même de leur être-ensemble - atteignent bien tous les membres, sans forcément nuire à la confidentialité qu'ils (ou que certains en tout cas) peuvent souhaiter. 

Cette notion de "communication" n'est elle pas justement le (pour l'instant encore ?) dogme principal initial de tout ce débat ?

06/10/2024 - Retrait de la notion d'exclusion de la déclaration éthique comme mesure d’apaisement à 10 jours de l'AG.

Une vision superficielle pourrait penser qu'en quelque sorte le Comité revient dans l'esprit de principes d'origine qu'il bafouait ainsi.  Et effectivement du point de vue où je me place, renoncer à parler d'exclusion et se contenter de mesures de dialogue, peut effectivement sembler revenir à ce qui est à sa place dans une libre vie de l'esprit puisqu'on semble abandonner un appareil et une police s'appuyant sur une sanction "juridique". Cela deviendra donc acceptable pour un plus grand nombre et utile politiquement au comité.

Et pourtant la forme d'ensemble reste plus un sorte de déclaration de conformité à un ensemble de valeurs qu'une instance se proposerait de certifier que la description initiale de l'orientation d'âmes s'étant retrouvées après diverses dissensions (déjà en 1922 puis 1923 - voir notamment  GA259) autour d'un nouveau départ proposé par R. Steiner dans l'idée d'un projet de recherche de l'esprit, détaché de sa personne, et donc placée aux mains d'une équipe choisie en des modalités institutionnelles innovantes, auxquelles quelques générations d'anthroposophes se sont déjà rattachées depuis.

Ce qu'il conviendrait de savoir est donc dans quel esprit on agit alors. Ces deux façons de voir n'ont pas grand chose à voir finalement. Sinon que la première certifie une identité, voire une sociologie considérée comme acquise, tandis que l'autre forme projet sans savoir par avance ce qui s'en donnera.  Sur ce plan, la tentative d'interprétation ou d'actualisation de "principes" (non statutaires - nombreux sont quand même ceux qui en conviennent) pour en faire une sorte de système de valeur à reconnaître, reste entière, elle continue à tendre au juridique, à une "juridicisation" de la vie de l'esprit, d'autant plus redoutable qu'elle prolonge un mouvement de plusieurs siècles (voir par exemple https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/06305212213197928081922.html).
Et il est loin d'être prouvé que ce qui s'est manifesté comme méconnaissance de la distinction vie de l'esprit à vie de droit, ne se poursuive malgré tout intérieurement comme morale normative d'un groupe qui se targuerait d'être responsable (ou plus responsable qu'un autre par statut) vis à vis d'un autre ou d'un individu. Et que des pseudo savoirs déjà acquis dominent donc des tentatives de connaissance au présent. Les exclusions de fait sont malheureusement déjà fréquentes de toute façon dans toute vie de l'esprit qui veut s'éviter la concurrence et l'émulation nécessaire à une véritable recherche (ou aussi d'apporter des explications et partager). On laisse alors agir d'autres phénomènes de groupe et de leadership qui sont, certes, plus commodes à chacun. Quoi qu'on en dise alors, la libre recherche partagée de l'esprit n'est plus au centre. L'avenir non plus.

Et c'est donc bien dans le travail de refonte, l'actualisation au présent, des pratiques de vie de l'esprit, et de la partie minimum statutaire comme garde-fous, que se jouera la suite. En cela, il faudra peut-être aussi faire l'effort de bien distinguer ce qui relève des rapports entre ceux qui se sont engagés au travail de l’École (carte bleue), et de ceux qui n'en ont pas pris d'autre par leur adhésion (carte rose) que de soutenir celle-ci. Trop souvent on mélange. Il est vrai, qu'au congrès de Noël, personne n'était  déjà membre aussi de cette nouvelle École ou Université. Aujourd'hui, personne ne semble avoir relever vraiment la contradiction aux principes d'origine que constituait aussi la possibilité d'exclure un membre dont par ailleurs on n’attend rien d'autre que de reconnaître et de soutenir l'existence de l’École et aucunement de la pratiquer ! Nul doute que cela puisse inquiéter jusque dans la vie publique quand à l'esprit réel proposé.

Redresser la barre dans de bonnes conditions demanderait un approfondissement plus généralisé des intentions et de l'histoire de la constitution d'origine de la SAG (AAG). Une récente contribution de Uwe Werner (01/10/2024), bien qu'équivoque dans son intention présente, apporte cependant des éléments d'éruditions intéressants au débat. Peut être cependant aussi avec la carence de ne pas connaître aussi bien ce qui fut apporté en science sociale particulièrement entre 1917 et 1922 et depuis (il semble plus concentré sur le Congrès de Noël, sa préparation et ensuite).

L'anthroposophie ne saurait se contenter  d'une science de l'esprit  cultivée uniquement selon l'horizon institutionnel, probablement inachevé , et  d'ailleurs pratiqué seulement peu de temps par son instigateur principal.
Et pas non plus d'une science de l'esprit replaçant seulement la science de la nature sur une juste base.
Celle-ci reste probablement illusoire si ne sont pas aussi nécessairement repris les même efforts pour la science du vivre en société dite aussi sociale.
Et cela en n'oubliant surtout pas les avertissements donnés quand au risque de transposer une pensée de science de la nature directement à la pensée de science sociale. 
Car cela finirait par faire de nous des êtres réduits au biologique et à la nature (comme on l'a approché entre autres avec le marxisme, le  national-socialisme, et comme nous pourrions très bien l'expérimenter avec l'idéologie qui monte actuellement dans le monde entier, y compris parfois aussi dans notre mouvement).