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Création : 18/08/2024, version au 14/09/2024

La Société Anthroposophique en France

Éléments de réflexion sous l'angle de l'apport en triarticulation

Avertissement : la présente page est destinée à présenter aussi bien des éléments de réflexion élaborés que de simples notes sur  la vie du mouvement anthroposophique en France et notamment celle hébergée par la forme juridique de droit français (association loi 1901) qui avec d'autres, sous d'autres droits "nationaux", sont (ou seraient) la Société Anthroposophique Générale (ou Universelle selon la compréhension des traducteurs - en allemand : A.A.G.  = Allgemeine Antroposophische Gesselschaft).

Ajout au 14/09/2024 : Notons aussi, que tout au long de l'année 1923 (voir GA259), il était question de société anthroposophique internationale, ce qui a ensuite probablement été modifié lors du congrès de Noël. La raison de ce changement, certainement pas totalement anodine, est probablement expliquée dans les actes de celui-ci.
Au cours de cette année 2024, il m'avait été demandé de participer à une des "délégations" instituées par le Comité. Au cours de celle-ci, la représentation du comité participant indiqua que désormais on parlerait de Société mondiale. A des demandes répétées de ma part sur le pourquoi, je n’eus droit qu'a des réponses fuyantes. Ce n'est que dans le récent bulletin de septembre qu'est indiqué que cela aurait des objectifs d'une meilleure communication. Ce que j'avais supposé vu la religion de la communication qui est en train d'envahir la SAF.
Dans le cas présent, celle-ci me fait plus penser aux mises en garde de R. Steiner concernant le courant utilitariste britannique et nord américain, qu'a ce qu'il indique par ailleurs sur les questions de maniement de la langue (comme par ex lors du cours aux orateur - GA339) et en bien d'autres occasions. Rappelons aussi que c'est justement à son époque que se théorisèrent diverses approches de manipulation du langage pour le contrôle des populations. Et il ne l'ignorait pas. Celles-ci se sont développées au cours du 20 siècle, et font l'objet d'un regain d'intérêt actuellement, se diffusant  jusque dans la culture quotidienne, sous le terme "pudique" d'éléments de langage promus par beaucoup de cabinets de conseils en communication.

Les propos reproduits ici, n'engagent que leur(s) auteur(s). Certains reprennent la compréhension généralement partagée, mais d'autres, la mettent justement en question. Il y a encore quelques années, même des personnalités en vue n'oubliaient pas de dire "qu'une opinion (généralement) anthroposophique n'existe pas" !

A cela il conviendrait aujourd'hui d'ajouter (01/09/2024) : contrairement à ce que certains prétendent, la  Société  fondée de fait au Congrès de Noël ne pensait pas rassembler  (même si ça peut arriver, comme au fond semble le montrer les événements récents à l'origine de cette page) des personnes désireuses de cultiver ensemble des valeurs morales, civilisationnelles ou du moment, mais bien de se tourner vers une recherche de la réalité de l'esprit en toutes choses, y compris les plus pratiques. De la pratique de ces méthodes de recherche découlent toutes sortes de fruits, dont des valeurs, mais cette  fois fondées sur la liberté de l'individu, comme aussi parfois des choses ratées, voire détestables. Et cela est à la fois hautement plus objectif - et démystifiant face à l'esprit ancien-, comme aussi l'expression d'un éthique bien supérieure.

Le sujet principal sera donc ici de confronter la compréhension courante souvent relayée par des "porte-parole" d'institutions forcément créées dans un droit d’État unitaire (et la mentalité qu'il  propage, qui serait à sa place chez lui, si justement elle ne se répandait pas au delà)  et ce qu'on peut savoir d'intentions d'origines (concernant la AAG) visant à faciliter un autre mode de relations plus propices à la recherche "spirituelle" comme déjà pour commencer, intellectuelle. Et celles-ci très probablement dans le prolongement des concepts développés un an auparavant un peu plus de cinq ans durant pour un ordre social triarticulé. A cela s'ajoute, sur le plan pratique, aussi la comparaison des approches du droit qui ne sont pas les mêmes selon les différentes cultures vivant elles-mêmes dans des États politiques différents (Allemagne fédérale, Suisse confédérale notamment en rapport à la France centralisée jacobine), par des peuples différents (ainsi par exemple RS signale une différence entre la Suisse et l'Allemagne au sujet de l'influence du droit romain : en Suisse, il n'aurait pas pénétré les âmes - GA 339 - ?? - ).

Après un parcours de bien quarante années comme membre de la AAG via la S.A.F., j'ai participé progressivement aux différents types d'activités internes proposées, comme aussi à certaines réalisations extérieures (juridiquement indépendantes - agriculture biodynamique principalement). Observé aussi les évolutions. Force m'est de constater lucidement aussi bien l'acquis, mais aussi le chemin qu'il resterait à parcourir. Cela aussi bien en comparaison de pays où, plus nombreux, les membres ou  autres intéressés avancent bien sûr plus pertinemment dans le monde, que face au potentiel encore inexploité (que certains ne se représentent encore même pas), mais qu'un approfondissement plus soutenu des apports d'origine et de ceux qui ne les ont pas édulcoré ou plus ou moins détournés depuis, permettrait d'approcher. C'est l'examen de ces réalités qui rend totalement absurde l'idée de prétendre parler pour l'ensemble, voire de le défendre autrement que par ce que l'on est soi-même. A chaque fois, ce n'est que parole personnelle ou mise en scène de paroles personnelles par tel ou tel groupe du moment sur la toile de fond de nécessités supposées de "communication/information" (un veau d'or ou un dogme difficile à démonter - il le faudrait pourtant).

Dans un certain sens, c'est l'expérience de la gestion de la crise dite "du COVID", qui montre qu'il n'est peut être plus bon de se satisfaire d'une parole institutionnellement  "dominante", mais d'appeler à "sortir les yeux de sa poche" et tenter de se fonder davantage sur soi-même. Non dans un isolement qui deviendrait individualiste, mais bien pour un commun plus solide, plus créatif.

Et ça tombe bien, contrairement à toutes les sociétés anciennes se disant dépositaires d'un rapport à l'esprit, et le cultivant confidentiellement, dans l'entre-soi,  cette société entendit dès le départ le faire en public dans toute sa diversité, voire ses contradictions et oppositions. Steiner y aida au début.  C'est seulement un peu plus difficile depuis. Et bien-sûr, on pourrait  quand même aussi préférer que, dans un premier temps, le débat reste interne. Mais que faire quand l'accès aux moyens internes reste "asymétrique" et ne sert que certains ?

dimanche 14 juillet 2024 - Éthique, où porter la vigilance ?

dimanche 18 août 2024 - Initiative ou représentativité ?

samedi 24 août (revue 01/09) - note sur l'objection voyant les " Principes" comme du juridique dans les statuts
(d'une institution se voulant d'une libre vie de l'esprit )

Effectivement, lorsque un groupe humain se formant en des buts de vie de l'esprit dans la société d'ensemble, se trouve contraint de recourir à la notion juridique de "personne morale" (pour diverses reconnaissances publiques, mais surtout souvent des questions de subventionnement et de services bancaires), et donc emprunte un cadre statutaire à la législation de son pays, celui-ci lui permet (et détermine cependant aussi) un certain nombre d'aménagements. On adopte ainsi, cependant, sans forcément en être bien conscient, la ou les traditions du droit dont il découle. Tout cela aura ensuite aussi des conséquences sur la vie du groupe (surtout si ces traditions ne correspondent pas vraiment aux intentions et qu'ensuite, cette, en quelque sorte, "intrusion", n'est pas consciemment tenue à l’œil).

D'une pure vie de l'esprit  cultivée entre humains et ayant sa propre dynamique, on s'approche donc  d'une deuxième réalité historique : celle du rapport d'humain à humain dans ce qu'il a de dignité commune et non plus de spécificité individuelle (et d'éthique). Elle prend ses racines essentiellement dans la nécessité de domestiquer les rapports de conquête territoriale et de violence inter-individuelle (mais cette fois de l'extérieur - plus par l'exemple et la persuasion spirituelle, mais sur un mode politique-juridique-policier-militaire).

 C'est un tout autre monde que celui de l'esprit où en quelque sorte, par ex., le don d'un bien spirituel n'appauvrit pas celui qui donne, mais enrichit chacun. On est là dans le monde de toutes sortes de compromis qui devraient seulement s'appliquer autour de ce qui n'arrive pas à être (ou ne veut pas être) partagé, et où il y a plus ou moins forcément des majoritaires et des minoritaires (avec tout ce que ça entraîne de stratégie et versatilité). Ce qui est vrai un moment, peut très bien ne plus l'être, si la majorité (ou le prince) change (ou bien que le pouvoir faiblit). Il y aurait encore vraiment beaucoup à dire, tant cette question de la vie de droit est peut être la plus difficile, mais ici, il est juste question d'éveiller à la nécessaire distinction).

Si maintenant on s'élabore plus avant dans cette distinction (c'est une des principales raisons d'être de l'apport de triarticulation tant en chaque humain que dans la société), on peut comprendre tout ce qu'il y aurait à gagner en ne confondant pas les pratiques, affects et pensées propres à chacun de ces deux univers d'humanité. On pourrait par exemple dynamiser une vie de l'esprit plutôt que de l'affaiblir dans la confusion (comme je prétend qu'on est en train de le faire en ce moment). Aussi aborder correctement un troisième univers plus récent, sous sa forme moderne, dans l'humanité : celui des rapports de production et d'échanges de biens matériels, de marchandises. Celui par exemple des contributions de chacun à la possibilité matérielle d'exister d'une vie de l'esprit (ou de sciences et de cultures) comme à l’État de droit dont les acteurs respectifs ont cependant en commun d'être de purs consommateurs (ils ne produisent rien d'immédiatement consommable).

Et peut être comprend-t-on mieux, que ces statuts, d'autant plus s'il sont déposés dans l'appareil de droit correspondant (le pouvoir politique leur donnant réalité pleinement terrestre et présente au delà du cercle "spirituel"), qu'entre membres désormais liés aussi  juridiquement (par des droits et obligations de droit correspondantes), et d'autant plus dans une société d'ensemble non encore consciemment triarticulée, il revient de bien veiller à ce que ce mode de sociabilité ne prenne pas progressivement la place de celui projeté initialement par l'élaboration de "principes".

Extrait d'un échange de mail anonymisé

Merci aussi François pour le temps pris à m’expliquer…
Ceci dit, ne voulant pas prendre de claque, ni avoir l’air ridicule ou passer pour complotiste (ce qui deviendra peut-être possible), je me suis abstenu de participer… Pure lâcheté, je l’avoue ! Merci pour les nouvelles…
A une autre occasion !
xxxx


Le 22 août 2024 à 10:15, francois@triarticulation.fr a écrit :

Merci à toi, xxxx.
Dans tout ce travail qui s'est accumulé pour essayer de mieux approcher, directement chez RS, ce qu'il entendait par triarticulation, et avec le tout petit cercle avec lequel je le partage régulièrement, j'ai du former une sorte de langage propre. D'ailleurs RS aussi l'a fait, faisant évoluer la définition de certains mots. Il existe même des petits lexiques !
Cela n'excuse pas de ne pas toujours arriver à rendre tout ça accessible a tout un chacun, ou au moins au point où en seraient les membres de notre société en France.

D'ailleurs, j'ai personnellement pris une grande claque quand je vois comment un quasi fondement fondateur est à ce point interprété presque contre lui même par le comité, et pire encore par tout un cercle dont il s'est quand même entouré avant sa "boulette", puis encore plus largement quand je vois l'attitude dominante des 56 "connectés" de mardi soir passé. Tous ne se sont évidemment pas exprimés, mais les quelques uns qui ont eu le courage d'exprimer un peu leur point de vue "critique" étaient bien timides ou intimidés... Et peut être conceptuellement en une certaine difficultés. On peut clairement ressentir en la matière, mais pas forcément trouver les mots. C'est justement, comme par hasard, en plein dans le sujet justement.
La suite sera maintenant de voir si "l'éthique sociale" fondée sur l'individualisme éthique que va tenter de proposer Pierre Tabouret sur la base de son travail à partir principalement de celui de Herbert Witzenmann sera plus compréhensible là où en sont apparemment la plupart des membres "voulant être actifs" dans  la SAF comme on a dit un temps. Comme en plus tout ça a maintenant dégringolé dans des rapports plutôt "juridiques", ça va être "coton" pour lui de ne pas subir de rejet.

Je suis donc conscient de ce dont souffrent mes propos. Car ce mode d'approche qu'est la triarticulation qu'on peut "observer" dans ce qui nous reste des paroles et actes posés par RS nous est plus éloigné encore que le système qu'en a forgé un Witzenmann.
Concernant mes propres propos, en attendant que j'améliore mon aptitude pédagogique ou littéraire, je ne peux donc dire qu'une chose : je suis disponible pour toute explication et échange supplémentaire. Même si seulement de micro à écouteur.
Bien cordialement,

01 septembre 2024 : NOTE : curieuse observation d'un échange autour de la lecture de la nouvelle version appelée désormais "Déclaration éthique" : l'incapacité sincère d'y voir la même chose que d'autres y voient. En réalité, il faudrait peut être comparer plus à fond le texte du Congrès de Noël et celui de la "Déclaration". J'ai commencé une étude comparée... mais il faudra un peu de temps pour le faire correctement.
En résumé, les principes de 1923/24 décrivent les conditions d’une recherche de l’esprit génératrice de valeurs, la déclaration d’éthique de l’été 2024 en France, s’en saisit de l’extérieur/y picore en quelque sorte en mode « tout cuit » ou finalement normatif ! (tout en prétendant par ailleurs le contraire). Et la question est peut être alors : que lit-on ? Le texte ou, l'esprit du texte ? Cette question, issue de l'observation, n'est pas une formule rhétorique, mais s'appuie aussi depuis quelques jours sur un passage de RS expliquant qu' il est possible que "derrière un même texte" (ou peut être "phrase") s'exprime un esprit différent (GA332b - 09 ou 10). Passage me rappelant aussi à ce qu'il dit ailleurs de l'anglais (vide d'esprit), comme langue poussant les humains à désormais devoir apprendre à se comprendre indépendamment ou "au-delà" de la langue... (à suivre)