Éléments de réflexion sous l'angle de l'apport en triarticulation
Avertissement : la présente page est
destinée à présenter aussi bien des éléments de réflexion élaborés que de
simples notes sur la vie du mouvement anthroposophique en
France et notamment celle hébergée par la forme juridique de droit
français (association loi 1901) qui avec d'autres, sous d'autres droits
"nationaux", sont (ou seraient) la Société Anthroposophique Générale
(ou Universelle selon la compréhension des traducteurs - en
allemand : A.A.G. = Allgemeine Antroposophische
Gesselschaft).
Sa nécessité se fait sentir principalement par la main mise de longue date
de certains membres sur les moyens d'information internes.
Ajout 20/10/2024
En juin 2024, avant même toute information interne à l'ensemble des
membres, le comité d'alors, publie sur le site de la Société en France,
les deux pages suivantes sauvegardées ici parce qu'il semblerait que
l'Assemblée Générale 2024 réunie à Chatou le 12 octobre dernier aurait
obtenu leur retrait (non acté à ce jour) :
- Des valeurs claires contre le racisme, le sectarisme et
le dogmatisme - 30 juin 2024
- Vision et valeurs
(dont nous n'avons malheureusement pas sauvegardé les versions successives
- ce qui aurait eu à posteriori tout son intérêt même si certains voient
dans cette "plasticité" un grand intérêt - reste à savoir lequel.)
Il est encore trop tôt pour dire si ce retrait ouvre ou non à un travail
interne d'intérêts partagés sur la nature de ce qui est sensé y rassembler
les membres.
Ajout au 14/09/2024 revu 22/09
: Notons aussi, que tout au long de l'année 1923 (voir GA259), il était question de société
anthroposophique internationale, ce qui a ensuite probablement été
modifié lors du congrès de Noël (voir témoignage de W. Heidt p. 1, col. 2
du pdf).
Au cours de cette année 2024, il m'avait été demandé de participer à une
des "délégations" instituées par le Comité. Au cours de celle-ci, la
représentation du comité participant indiqua que désormais on parlerait de
Société mondiale. A des demandes répétées de ma part sur le
pourquoi, je n’eus droit qu'a des réponses fuyantes. Ce n'est que dans le
récent bulletin de septembre qu'est indiqué que cela aurait des objectifs
d'une meilleure communication. Ce que j'avais supposé vu la religion de la
communication qui est en train d'envahir la SAF.
Dans le cas présent, celle-ci me fait plus penser aux mises en garde de R.
Steiner concernant le courant utilitariste britannique et nord américain,
qu'a ce qu'il indique par ailleurs sur les questions de maniement de la
langue (comme par ex lors du cours aux orateur - GA339) et en bien d'autres occasions. Rappelons
aussi que c'est justement à son époque que se théorisèrent diverses
approches de manipulation du langage pour le contrôle des populations. Et
il ne l'ignorait pas. Celles-ci se sont développées au cours du 20 siècle,
et font l'objet d'un regain d'intérêt actuellement, se diffusant
jusque dans la culture quotidienne, sous le terme "pudique" d'éléments
de langage promus par beaucoup de cabinets de conseils en
communication.
Les propos reproduits ici, n'engagent que leur(s) auteur(s). Certains reprennent la compréhension généralement partagée, mais d'autres, la mettent justement en question. Il y a encore quelques années, même des personnalités en vue n'oubliaient pas de dire "qu'une opinion (généralement) anthroposophique n'existe pas" !
A cela il conviendrait aujourd'hui d'ajouter
(01/09/2024) : contrairement à ce
que certains prétendent, la Société fondée de fait au
Congrès de Noël ne pensait pas rassembler (même si ça peut
arriver, comme au fond semble le montrer les événements récents à
l'origine de cette page) des personnes désireuses de cultiver ensemble
des valeurs morales, civilisationnelles ou du moment, mais bien de se
tourner vers une recherche de la réalité de l'esprit en toutes choses, y
compris les plus pratiques. De la pratique de ces méthodes de recherche
découlent toutes sortes de fruits, dont des valeurs, mais
cette fois fondées sur la liberté de l'individu, comme aussi
parfois des choses ratées, voire détestables. Et cela est à la fois
hautement plus objectif - et démystifiant face à l'esprit ancien - ,
comme aussi l'expression d'un éthique bien supérieure.
Le sujet principal sera donc ici de confronter la compréhension courante souvent relayée par des "porte-parole" d'institutions forcément créées dans un droit d’État unitaire (et la mentalité qu'il propage, qui serait à sa place chez lui, si justement elle ne se répandait pas au delà) et ce qu'on peut savoir d'intentions d'origines (concernant la AAG) visant à faciliter un autre mode de relations plus propices à la recherche "spirituelle" comme déjà pour commencer, intellectuelle. Et celles-ci très probablement dans le prolongement des concepts développés un an auparavant un peu plus de cinq ans durant pour un ordre social triarticulé. A cela s'ajoute, sur le plan pratique, aussi la comparaison des approches du droit qui ne sont pas les mêmes selon les différentes cultures vivant elles-mêmes dans des États politiques différents (Allemagne fédérale, Suisse confédérale notamment en rapport à la France centralisée jacobine), par des peuples différents (ainsi par exemple RS signale une différence entre la Suisse et l'Allemagne au sujet de l'influence du droit romain : en Suisse, il n'aurait pas pénétré les âmes - GA 339 - ?? - ).
Après un parcours de bien quarante années comme membre de la AAG via la S.A.F., j'ai participé progressivement aux différents types d'activités internes proposées, comme aussi à certaines réalisations extérieures (juridiquement indépendantes - agriculture biodynamique principalement). Observé aussi les évolutions. Force m'est de constater lucidement aussi bien l'acquis, mais aussi le chemin qu'il resterait à parcourir. Cela aussi bien en comparaison de pays où, plus nombreux, les membres ou autres intéressés avancent bien sûr plus pertinemment dans le monde, que face au potentiel encore inexploité (que certains ne se représentent encore même pas), mais qu'un approfondissement plus soutenu des apports d'origine et de ceux qui ne les ont pas édulcoré ou plus ou moins détournés depuis, permettrait d'approcher. C'est l'examen de ces réalités qui rend totalement absurde l'idée de prétendre parler pour l'ensemble, voire de le défendre autrement que par ce que l'on est soi-même. A chaque fois, ce n'est que parole personnelle ou mise en scène de paroles personnelles par tel ou tel groupe du moment sur la toile de fond de nécessités supposées de "communication/information" (un veau d'or ou un dogme difficile à démonter - il le faudrait pourtant).
Dans un certain sens, c'est l'expérience de la gestion de la crise dite "du COVID", qui montre qu'il n'est peut être plus bon de se satisfaire d'une parole institutionnellement "dominante", mais d'appeler à "sortir les yeux de sa poche" et tenter de se fonder davantage sur soi-même. Non dans un isolement qui deviendrait individualiste, mais bien pour un commun plus solide, plus créatif.
Et ça tombe bien, contrairement à toutes les sociétés anciennes se disant dépositaires d'un rapport à l'esprit, et le cultivant confidentiellement, dans l'entre-soi, cette société entendit dès le départ le faire en public dans toute sa diversité, voire ses contradictions et oppositions. Steiner y aida au début. C'est seulement un peu plus difficile depuis. Et bien-sûr, on pourrait quand même aussi préférer que, dans un premier temps, le débat reste interne. Mais que faire quand l'accès aux moyens internes reste "asymétrique" et ne sert que certains ?
dimanche 14 juillet 2024 - Éthique, où porter la vigilance ?
dimanche 18 août 2024 - Initiative ou représentativité ?
samedi 24 août (revue 01/09) - note sur
l'objection voyant les " Principes" comme du juridique dans les statuts
(d'une institution se voulant d'une libre vie de l'esprit )
D'une pure vie de l'esprit cultivée entre humains et ayant sa propre dynamique, on s'approche donc d'une deuxième réalité historique : celle du rapport d'humain à humain dans ce qu'il a de dignité commune et non plus de spécificité individuelle (et d'éthique). Elle prend ses racines essentiellement dans la nécessité de domestiquer les rapports de conquête territoriale et de violence inter-individuelle (mais cette fois de l'extérieur - plus par l'exemple et la persuasion spirituelle, mais sur un mode politique-juridique-policier-militaire).
C'est un tout autre monde que celui de l'esprit où en quelque
sorte, par ex., le don d'un bien spirituel n'appauvrit pas celui qui
donne, mais enrichit chacun. On est là dans le monde de toutes sortes de
compromis qui devraient seulement s'appliquer autour de ce qui n'arrive
pas à être (ou ne veut pas être) partagé, et où il y a plus ou moins
forcément des majoritaires et des minoritaires (avec tout ce que ça
entraîne de stratégie et versatilité). Ce qui est vrai un moment, peut
très bien ne plus l'être, si la majorité (ou le prince) change (ou bien
que le pouvoir faiblit). Il y aurait encore vraiment beaucoup à dire, tant
cette question de la vie de droit est peut être la plus difficile, mais
ici, il est juste question d'éveiller à la nécessaire
distinction).
Si maintenant on s'élabore plus avant dans cette distinction (c'est une
des principales raisons d'être de l'apport de triarticulation tant en
chaque humain que dans la société), on peut comprendre tout ce qu'il y
aurait à gagner en ne confondant pas les pratiques, affects et pensées
propres à chacun de ces deux univers d'humanité. On pourrait par exemple
dynamiser une vie de l'esprit plutôt que de l'affaiblir dans la confusion
(comme je prétend qu'on est en train de le faire en ce moment). Aussi
aborder correctement un troisième univers plus récent, sous sa forme
moderne, dans l'humanité : celui des rapports de production et d'échanges
de biens matériels, de marchandises. Celui par exemple des contributions
de chacun à la possibilité matérielle d'exister d'une vie de l'esprit (ou
de sciences et de cultures) comme à l’État de droit dont les acteurs
respectifs ont cependant en commun d'être de purs consommateurs (ils ne
produisent rien d'immédiatement consommable).
Et peut être comprend-t-on mieux, que ces statuts, d'autant plus s'il sont déposés dans l'appareil de droit correspondant (le pouvoir politique leur donnant réalité pleinement terrestre et présente au delà du cercle "spirituel"), qu'entre membres désormais liés aussi juridiquement (par des droits et obligations de droit correspondantes), et d'autant plus dans une société d'ensemble non encore consciemment triarticulée, il revient de bien veiller à ce que ce mode de sociabilité ne prenne pas progressivement la place de celui projeté initialement par l'élaboration de "principes".
Extrait d'un échange de mail anonymisé
Merci à toi, xxxx.
Dans tout ce travail qui s'est accumulé pour essayer de mieux approcher, directement chez RS, ce qu'il entendait par triarticulation, et avec le tout petit cercle avec lequel je le partage régulièrement, j'ai du former une sorte de langage propre. D'ailleurs RS aussi l'a fait, faisant évoluer la définition de certains mots. Il existe même des petits lexiques !
Cela n'excuse pas de ne pas toujours arriver à rendre tout ça accessible a tout un chacun, ou au moins au point où en seraient les membres de notre société en France.D'ailleurs, j'ai personnellement pris une grande claque quand je vois comment un quasi fondement fondateur est à ce point interprété presque contre lui même par le comité, et pire encore par tout un cercle dont il s'est quand même entouré avant sa "boulette", puis encore plus largement quand je vois l'attitude dominante des 56 "connectés" de mardi soir passé. Tous ne se sont évidemment pas exprimés, mais les quelques uns qui ont eu le courage d'exprimer un peu leur point de vue "critique" étaient bien timides ou intimidés... Et peut être conceptuellement en une certaine difficultés. On peut clairement ressentir en la matière, mais pas forcément trouver les mots. C'est justement, comme par hasard, en plein dans le sujet justement.
La suite sera maintenant de voir si "l'éthique sociale" fondée sur l'individualisme éthique que va tenter de proposer Pierre Tabouret sur la base de son travail à partir principalement de celui de Herbert Witzenmann sera plus compréhensible là où en sont apparemment la plupart des membres "voulant être actifs" dans la SAF comme on a dit un temps. Comme en plus tout ça a maintenant dégringolé dans des rapports plutôt "juridiques", ça va être "coton" pour lui de ne pas subir de rejet.Je suis donc conscient de ce dont souffrent mes propos. Car ce mode d'approche qu'est la triarticulation qu'on peut "observer" dans ce qui nous reste des paroles et actes posés par RS nous est plus éloigné encore que le système qu'en a forgé un Witzenmann.
Concernant mes propres propos, en attendant que j'améliore mon aptitude pédagogique ou littéraire, je ne peux donc dire qu'une chose : je suis disponible pour toute explication et échange supplémentaire. Même si seulement de micro à écouteur.
Bien cordialement,
01 septembre 2024 : NOTE : curieuse observation d'un échange
autour de la lecture de la nouvelle version appelée désormais "Déclaration
éthique" : l'incapacité sincère d'y voir la même chose que d'autres y
voient. En réalité, il faudrait peut être comparer plus à fond le texte du
Congrès de Noël et celui de la "Déclaration". J'ai commencé une étude
comparée... mais il faudra un peu de temps pour le faire correctement.
En résumé, les principes de 1923/24 décrivent les conditions d’une
recherche de l’esprit génératrice de valeurs, la déclaration d’éthique de
l’été 2024 en France, s’en saisit de l’extérieur/y picore en quelque sorte
en mode « tout cuit » ou finalement normatif ! (tout en
prétendant par ailleurs le contraire). Et la question est peut être alors
: que lit-on ? Le texte ou, l'esprit du texte ? Cette question, issue de
l'observation, n'est pas une formule rhétorique, mais s'appuie aussi
depuis quelques jours sur un passage de RS expliquant qu' il est possible
que "derrière un même texte" (ou peut être "phrase") s'exprime un esprit
différent (GA332b - 09 ou 10). Passage me rappelant aussi à ce qu'il dit
ailleurs de l'anglais (vide d'esprit), comme langue poussant les humains à
désormais devoir apprendre à se comprendre indépendamment ou "au-delà" de
la langue... (à suivre)
Et chacun appréciera donc à sa façon la présence d'un tel dispositif dans les statuts de la SAF et l'usage qu'en fait l'actuel comité sur le plan de l'intention et de sa conception spirituelle qu'il se fait (et que beaucoup semblent malheureusement partager) tant de la SAF que de la SAG.
Et dont je faisais le commentaire suivant sur une liste de diffusion privée :
D'habitude je ne suis pas un "fan" de
Prokofiev, je trouve qu'il synthétise souvent trop intellectuellement des
choses qui vivent autrement en nous quand on arrive à les lire dans
Steiner. Mais je reconnais que ses grandes fresques satisfont rapidement
notre intérêt intellectuel légitime pour commencer. Voyons si on peut
trouver mieux.
Pour l'instant, sur la tentative de construction sociale, il tente de
nous rassembler les différentes conquêtes idéElles (pas idéAles) et
donc plutôt proposer ce à partir de quoi nous pourrions forger des
intentions.
Parlerait-il de l'existant social, ce serait tout différent. Et quand il
l'a fait (peut être pas par écrit) c'était suffisamment critique pour
qu'on soit effectivement tenté de le traiter d'idéaliste. Et ne plus
vraiment travailler avec lui.
Trouver comment "articuler" correctement ces deux niveaux de réalité est
justement la tentative du congrés de Noël. Ou chez nous en ce moment :
comment ne pas confondre future valeurs pouvant peut être résulter d'un
travail de connaissance partagé, d'un côté, et de l'autre, valeurs
convenues et souvent tellement abstraites qu'elles sont même
plus confortables ou commodes que les traditionnels impératifs moraux
traditionnels ou philosophiques. Tout cela pour se donner l'impression
d'être un groupe socialement "clean" et se poser publiquement ainsi. Et ce
dernier aspect est, a mes yeux, encore plus absurde que le premier.
- 3 articles de W.
Heidt parus dans la revue Tournant que vous pouvez donc lire
vous même et dont je faisais , sur la même liste, le commentaire suivant :
Lire ainsi Heidt (à l'origine du
courant de triarticulation dit de "Achberg" avec Beuys et Schmundt) après
Prokofiev montre bien comment la véracité peut être différente et
complémentaire selon qu'on prête plus d'importance à des rapports de vie
de l'esprit ou de vie politico-juridique. Comment chacun s'adresse aussi
au fond à des facultés différentes de l'âme.
Et me voici me prenant à rêver d'une troisième personnalité qui le ferait
peut être un jour prochain sur le mode encore manquant cruellement
aujourd'hui.
Ajout 20241002
- Républicaine,
non pas démocratique, Ernst Lehrs, 1956 : un grand classique
de la collégialité dans les écoles Waldorf, mais aussi une interprétation
de la fondation de la Société anthroposophique généralement humaine, à
l'aide de concepts empruntés au politique et au droit.
- Les principes de la Société anthroposophique comme fondement de vie et chemin de développement - Herbert Witzenmann - EURIOS- traduction par P. Tabouret.
- Communication et information en remplacement d'une véritable vie de l'esprit ? J'en profite aussi ici pour évoquer le problème plus structurel et encore bien insuffisamment observé qu'est celui de la communication, alors qu'il devient un véritable problème quand on veut privilégier un esprit au détriment des autres par des moyens de droit et de pouvoir dans une, alors prétendue libre, vie de l'esprit :Merci xxxx pour cet excellent texte de yyyy.
Même s'il comporte tel ou tel passage qui demanderaient clarification
à mes yeux avant d'en discuter, ça fait quand même chaud au cœur de
voir que certains parmi nous arrivent quand même a fournir de telles
productions de science de l'esprit. C'est cela qui devrait
effectivement pouvoir circuler librement parmi tous les membres par
des canaux internes et indépendants de la main mise d'un comité, quel
qu'il soit (sans forcément tout de suite devoir aller dans la sphère
publique par défaut).
Bien sûr, ce que je dis là n'est qu'une des formes concrètes encore
déterminée par l'indistinction des tâches jusqu'à présent. yyyy évoque
la question de communication vs information, mais le sujet mériterait
de décliner aussi tout le reste de ce qui est dit sur la réalité des
rapports et relations à l'intérieur de la SAG (et notamment la SAF) en
terme de la gestion de la circulation des informations (seul un début
est fait par l'évocation du Bulletin - mais j'ai peut être mal
compris).
Entre autre aussi la question concernant comment garantir ou non que
certaines communications - le sujet me semble bien ici concerner tous
les membres quand aux fondement même de leur être-ensemble -
atteignent bien tous les membres, sans forcément nuire à la
confidentialité qu'ils (ou que certains en tout cas) peuvent
souhaiter.
Cette notion de "communication" n'est elle pas justement le (pour l'instant encore ?) dogme principal initial de tout ce débat ?
06/10/2024 - Retrait de la notion d'exclusion de la déclaration éthique comme mesure d’apaisement à 10 jours de l'AG.
Une vision superficielle pourrait penser qu'en quelque sorte le Comité revient dans l'esprit de principes d'origine qu'il bafouait ainsi. Et effectivement du point de vue où je me place, renoncer à parler d'exclusion et se contenter de mesures de dialogue, peut effectivement sembler revenir à ce qui est à sa place dans une libre vie de l'esprit puisqu'on semble abandonner un appareil et une police s'appuyant sur une sanction "juridique". Cela deviendra donc acceptable pour un plus grand nombre et utile politiquement au comité.
Et pourtant la forme d'ensemble reste plus un sorte de déclaration de conformité à un ensemble de valeurs qu'une instance se proposerait de certifier que la description initiale de l'orientation d'âmes s'étant retrouvées après diverses dissensions (déjà en 1922 puis 1923 - voir notamment GA259) autour d'un nouveau départ proposé par R. Steiner dans l'idée d'un projet de recherche de l'esprit, détaché de sa personne, et donc placée aux mains d'une équipe choisie en des modalités institutionnelles innovantes, auxquelles quelques générations d'anthroposophes se sont déjà rattachées depuis.
Ce qu'il conviendrait de savoir est donc
dans quel esprit on agit alors. Ces deux façons de voir n'ont pas grand
chose à voir finalement. Sinon que la première certifie une identité,
voire une sociologie considérée comme acquise, tandis que l'autre forme
projet sans savoir par avance ce qui s'en donnera. Sur ce plan, la
tentative d'interprétation ou d'actualisation de "principes" (non
statutaires - nombreux sont quand même ceux qui en conviennent)
pour en faire une sorte de système de valeur à reconnaître, reste
entière, elle continue à tendre au juridique, à une "juridicisation" de
la vie de l'esprit, d'autant plus redoutable qu'elle prolonge un
mouvement de plusieurs siècles (voir par exemple https://www.triarticulation.fr/Institut/FG/SamF/06305212213197928081922.html).
Et il est loin d'être prouvé que ce qui s'est manifesté comme
méconnaissance de la distinction vie de l'esprit à vie de droit, ne se
poursuive malgré tout intérieurement comme morale normative d'un groupe
qui se targuerait d'être responsable (ou plus responsable qu'un autre
par statut) vis à vis d'un autre ou d'un individu. Et que des pseudo
savoirs déjà acquis dominent donc des tentatives de connaissance au
présent. Les exclusions de fait sont malheureusement déjà fréquentes de
toute façon dans toute vie de l'esprit qui veut s'éviter la concurrence
et l'émulation nécessaire à une véritable recherche (ou aussi d'apporter
des explications et partager). On laisse alors agir d'autres phénomènes
de groupe et de leadership qui sont, certes, plus commodes à chacun.
Quoi qu'on en dise alors, la libre recherche partagée de l'esprit n'est
plus au centre. L'avenir non plus.
Et c'est donc bien dans le travail de refonte, l'actualisation au présent, des pratiques de vie de l'esprit, et de la partie minimum statutaire comme garde-fous, que se jouera la suite. En cela, il faudra peut-être aussi faire l'effort de bien distinguer ce qui relève des rapports entre ceux qui se sont engagés au travail de l’École (carte bleue), et de ceux qui n'en ont pas pris d'autre par leur adhésion (carte rose) que de soutenir celle-ci. Trop souvent on mélange. Il est vrai, qu'au congrès de Noël, personne n'était déjà membre aussi de cette nouvelle École ou Université. Aujourd'hui, personne ne semble avoir relever vraiment la contradiction aux principes d'origine que constituait aussi la possibilité d'exclure un membre dont par ailleurs on n’attend rien d'autre que de reconnaître et de soutenir l'existence de l’École et aucunement de la pratiquer ! Nul doute que cela puisse inquiéter jusque dans la vie publique quand à l'esprit réel proposé.
Redresser la barre dans de bonnes conditions demanderait un approfondissement plus généralisé des intentions et de l'histoire de la constitution d'origine de la SAG (AAG). Une récente contribution de Uwe Werner (01/10/2024), bien qu'équivoque dans son intention présente, apporte cependant des éléments d'éruditions intéressants au débat. Peut être cependant aussi avec la carence de ne pas connaître aussi bien ce qui fut apporté en science sociale particulièrement entre 1917 et 1922 et depuis (il semble plus concentré sur le Congrès de Noël, sa préparation et ensuite).
L'anthroposophie ne saurait se
contenter d'une science de l'esprit cultivée uniquement
selon l'horizon institutionnel, probablement inachevé , et
d'ailleurs pratiqué seulement peu de temps par son instigateur
principal.
Et pas non plus d'une science de l'esprit replaçant seulement la science
de la nature sur une juste base.
Celle-ci reste probablement illusoire si ne sont pas aussi
nécessairement repris les même efforts pour la science du vivre en
société dite aussi sociale.
Et cela en n'oubliant surtout pas les avertissements donnés quand au
risque de transposer une pensée de science de la nature directement à la
pensée de science sociale.
Car cela finirait par faire de nous des êtres réduits au biologique et à
la nature (comme on l'a approché entre autres avec le marxisme, le
national-socialisme, et comme nous pourrions très bien l'expérimenter
avec l'idéologie qui monte actuellement dans le monde entier, y compris
parfois aussi dans notre mouvement).