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Collection: 03 - Vie spirituelle libre



Sujet: De la théocratie au juge du monde.

 

Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA305 212-213 (1979) 28/08/1922





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La théocratie imprégnait si intensément toute la vie sociale que l'élément économique, comme je le disais avant-hier, s'est directement développé à partir des directives théocratiques. Mais cela ne va que jusqu'à l'agriculture. Celle-ci se laisse pleinement incorporer à un organisme social conçu théocratiquement, parce que dans le coeur humain vit le besoin de lier la terre et le sol à la réalité théocratique. Demandez à l'homme qui a grandi en s'attachant au pays, à la terre et au sol, ce que le pain est pour lui : en premier lieu un don de Dieu. Vous voyez ainsi, dans les mots en usage, le rapport entre ce qu'il a sur sa table et ce qu'il vit dans la théocratie.

11031 - Ensuite se forment les structures sociales que j'ai exposées avant-hier, et qui se fondent sur le commerce, sur les métiers. La question du travail se pose. J'ai tenté de l'expliquer par son apparition chez les Romains. Ensuite apparaît un tout autre mode de penser. Tous nos concepts : propriété, droit humain contre droit humain, prirent à l'époque une coloration juridique, dialec­tique et logique. « Dieu l'a voulu » — telle était la devise des théocraties. « Les hommes doivent régler cela entre eux » — telle fut la devise sociale dans l'ordre juridique-étatique.

11032 - Et tout cela agissait avec une telle intensité que toute la vie en portait l'empreinte. Non seulement par ce que j'ai dit avant-hier : la théosophie devint théologie, tout cela pénétrait la vie avec beaucoup plus d'intensité encore.

11033 - Je vous prie de regarder la fresque grandiose qui se trouve aujourd'hui à Rome dans la Chapelle Sixtine, et qu'a peinte Michel-Ange 24 : le Christ juge universel, né de cette époque où la vie juridique-étatique s'est emparée de toutes choses avec la plus grande intensité. Mais il fallait qu'un secret de la religion soit peint sur le mur de l'édifice qui fut le centre de l'activité religieuse.

11034 - Croyez-vous que si l'on avait peint le Christ dans l'esprit du vieux théocratisme oriental, il serait comme celui de Michel- Ange ? Il serait devenu celui qui de quelque façon dispense de ses mains bénissantes les dons de l'univers, les grâces, il serait devenu le dieu de l'univers qui donne aux hommes en les bénissant.

11035 - Qu'est-ce que le Christ sur la fresque de Michel-Ange ? Le juge universel, le grand juriste qui récompense les bons et punit les méchants. La fresque tout entière a un caractère juridique, elle baigne dans l'époque dont elle est née. On voit encore dans cette fresque, sous une forme artistique, toute la force d'impulsion sociale de cette époque. L'ancienne vision du monde des dieux, où Dieu était Dieu justement, s'est tellement transformée que la vision universelle est devenue une jurisprudence universelle. Sur la fresque de Michel-Ange, Dieu est le grand juriste. La juris­prudence imprègne les fibres les plus intimes de la pensée, et aussi de la religion, devient une sensibilité à ce qui est juste, injuste, bon et méchant, à la récompense ou à la punition. Le monde ne va pas là où il allait dans l'ancien Orient : vers une réunion de l'humanité avec la substance divine ; le monde va vers sa fin et approche de la grande session juridique où il sera juridiquement statué sur son destin.

11036 - Michel-Ange peignait ainsi. Adam Smith pensait ainsi. Mais il a pensé dans l'autre direction. Michel-Ange a peint en s'orientant vers la théocratie, et l'ordre théocratique a glissé entre les mains du peintre vers l'ordre juridique. Adam Smith pensait entièrement en juriste ; Ricardo 25 également et Karl Marx aussi encore, et ils voulaient coiffer le nouvel ordre industriel de cette pensée juri­dique qui ne situe plus l'être humain comme l'avaient fait les structures passées.