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Collection: GA328 OEUVRES COMPLETES DE RUDOLF STEINER – CONFÉRENCES SUR LA VIE SOCIALE ET LA TRIARTICULATION DE L'ORGANISME SOCIAL - La question sociale



Deuxième conférence
Zurich, 5 février 1919

Tenter de résoudre les questions sociales et de répondre aux nécessités sociales à partir des exigences de la réalité sur la base d'une conception de la vie issue de la science de l'esprit.

ZWEITER VORTRAG
Zürich, 5. Februar 1919

Die vom Leben geforderten wirklichkeitsgemässen Lösungsversuche für die sozialen Fragen und Notwendigkeiten auf Grund geisteswissenschaftlicher Lebensauffassung.

 


 

Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA328 (024-046) 1977 05/02/1919

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Original





Traducteur: Geneviève Bideau Editeur: Revue TRIADES

02001 - En rapport à mes exposés j'aimerais exprimer la demande suivante : veuillez considérer ces quatre conférences absolument comme un tout, de telle sorte qu'il ne sera pas toujours possible de juger de façon exhaustive d'un point présenté dans une conférence à partir des seuls éléments proposés alors. Le thème considéré est en effet si vaste qu'il nécessiterait pour être traité de manière complète un nombre de conférences.

02002 - Dans la conférence d'aujourd'hui, je voudrais parler — pour l'instant sous forme d'esquisse — de ces tentatives de solution qui peuvent procéder d'une connaissance véritable de la nature de l'organisme social. Ces possibilités de solution de la question sociale ne proviennent pas de façon exclusive des revendications de telle ou telle classe sociale, de telle ou telle catégorie, mais procèdent d'une observation adéquate à la réalité, d'une observation objective des forces d'évolution de l'humanité, et qui sont de la manière la plus nette les forces qui produisent l'évolution du présent et du proche avenir de cette humanité. Si l'on cherche dans les aspirations, dans les revendications d'une catégorie, d'une classe sociale et généralement dans une partie quelconque de l'organisme social, le moyen de résoudre d'une manière ou d'une autre ce que l'on appelle aujourd'hui la question sociale, il se produit immanquablement qu'en raison de ce que l'on fait d'un côté on provoque des effets qui agissent d'une façon ou d'une autre sur d'autres classes, sur d'autres éléments de l'organisme social, en freinant l'évolution ou en minant la santé des conditions de vie au sein de cet organisme.

 

02003 - Voici ce qui est valable pour notre époque — que j'indique ici comme une vérité et que j'étaierai au cours des conférences : la vie moderne tout entière, ou on peut en fait dire aussi l'organisme social moderne, a reçu une forme bien précise sous l'action de ce que l'on désigne fréquemment, nous le savons, comme l'élément caractéristique de cette époque moderne, la technique moderne, le fonctionnement technique de la vie économique et ce qui lui est lié, le mode capitaliste d'organisation de ce fonctionnement de l'économie. Non seulement le regard observateur des êtres humains a été contraint de se diriger vers ce que la technique moderne, ce que le capitalisme moderne ont introduit dans la vie, mais les forces agissant sous forme plus ou moins consciente, plus ou moins instinctive, pour organiser la structure sociale de la société humaine se sont également tournées dans cette direction.

02004 - Or on peut sans aucun doute exprimer l'élément caractéristique qui a précisément conduit à la forme particulière de la question sociale à l'époque moderne en disant ceci : la vie économique, portée par la technique, le capitalisme moderne, ont agi d'une façon qui allait de soi, comme on le voit dans la nature, et ont donné à la société moderne une certaine structure interne. Outre qu'ils ont requis l'attention de l'être humain pour ce que la technique et le capitalisme ont apporté, l'attention a été détournée d'autres secteurs, d'autres domaines de l'organisme social qui doivent tout aussi nécessairement entrer en activité si l'on veut que l'organisme social soit aussi sain que le domaine économique.


02005 - Pour faire saisir ce que je crois avoir précisément discerné comme le point central d'une observation qui embrasse tous les divers aspects de la question sociale, je puis peut-être partir d'une comparaison. Mais je vous prie de tenir compte du fait qu'il ne s'agit là de rien d'autre que d'une comparaison, de quelque chose qui est propre à soutenir la compréhension, pour l'orienter dans le sens qui est nécessaire si on veut se former des représentations sur la manière dont l'organisme social peut guérir. Celui qui doit considérer de ce point de vue l'organisme le plus compliqué qui existe dans la nature, l'organisme humain, doit diriger son attention sur ceci : cet organisme humain, en son essence, repose sur le fait qu'il présente trois systèmes agissant côte à côte, réunis en une structure interne. On peut caractériser approximativement ces trois systèmes agissant côte à côte de la manière suivante. On peut dire ceci : dans l'organisme humain naturel agit le système qui contient la vie neuro-sensorielle. On pourrait aussi le nommer, d'après le membre le plus important de l'organisme où la vie neuro-sensorielle est pour ainsi dire centralisée, l'organisme de la tête.


02006 - Si l'on veut acquérir une compréhension véritable de l'organisation humaine, il faut considérer comme deuxième membre de cette organisation humaine ce que j'aimerais nommer le système rythmique, qui est lié à la respiration, à la circulation du sang, à tout ce qui s'exprime dans les processus rythmiques de l'organisme humain.


02007 - Il faut considérer ensuite comme troisième système tous les organes et les activités qui sont liés au métabolisme proprement dit. Dans ces trois systèmes est contenu tout ce qui, lorsque chacun d'eux est adapté aux deux autres, entretient le processus global qui se déroule dans l'organisme humain. 02008 - J'ai tenté, en plein accord avec tout ce que la recherche peut déjà dire aujourd'hui dans les sciences de la nature, de caractériser — tout d'abord dans les grandes lignes — cette triarticulation* (Nous adoptons ici une suggestion de C. Lazaridès. N.d.T.) de l'organisme humain naturel dans mon livre Des énigmes de l'âme'. Il m'est très clair que tout ce que la biologie, la physiologie, les sciences de la nature produiront dans les temps tout proches comme connaissances au sujet de l'être humain tend précisément vers cette façon de considérer l'organisme humain qui perçoit que ces trois membres — système de la tête, système de la circulation ou système de la poitrine et système du métabolisme — maintiennent le processus global de l'organisme humain précisément par le fait que ces trois membres agissent de façon relativement autonome, qu'il n'y a pas de centralisation absolue de l'organisme humain, que de plus chacun de ces trois systèmes a un rapport spécifique, autonome, au monde extérieur : le système de la tête par les sens, le système circulatoire ou système rythmique par la respiration et le système du métabolisme par les organes de la nutrition.

 

02009 - En ce qui concerne les méthodes des sciences de la nature, nous ne sommes pas encore tout à fait assez avancés pour en arriver déjà à ce que soit véritablement reconnu à l'intérieur des cercles scientifiques, comme cela peut paraître souhaitable pour le progrès de la connaissance, ce que je viens d'indiquer et que j'ai tenté d'exploiter pour la science de la nature partir de fondements puisés à la science de l'esprit. Mais cela signifie que nos habitudes de pensée, toute notre façon de nous représenter le monde, ne sont totalement adaptées à ce qui se présente par exemple dans l'organisme humain comme la réalité interne de l'agir de la nature. En un certain sens, on pourrait dire : eh bien, les sciences de la nature peuvent attendre, elles poursuivront peu à peu leurs idéaux, l'un après l'autre, elles finiront bien par en venir à admettre comme leur une telle façon de considérer les choses. Mais en ce qui concerne la façon de considérer l'organisme social et surtout sa façon d'agir, on ne peut pas attendre. Il faut que non seulement chez tel ou tel spécialiste, mais dans chaque âme humaine — car chaque âme humaine prend part à l'action de l'organisme social — existe au moins une connaissance instinctive de ce qui est nécessaire à cet organisme social. Un penser et un ressentir sains, un vouloir sain et des exigences saines en ce qui concerne la forme à donner à l'organisme social, ne peuvent se développer que si l'on est, au clair, ne serait-ce que de façon plus ou moins instinctive, sur ce fait que cet organisme social doit, pour être sain, être tripartite, tout autant que l'organisme naturel.

02010 - J'en arrive ici au point où il me faut particulièrement me prémunir contre le risque d'être mal compris. Depuis que Schäffle a écrit son livre sur la structure de l'organisme social, on a inlassablement tenté d'établir des analogies entre l'organisation d'un être naturel, disons l'organisation de l'être humain, et la société humaine en tant que telle. Que de tentatives pour déterminer ce qui est la cellule dans l'organisme social, ce qui est agencement de cellules, ce qui est tissu etc. ! Tout récemment encore est même paru un livre de Meray, La mutation universelle, où certains faits scientifiques et certaines lois naturelles sont tout simplement transposés au prétendu organisme de la société humaine. Ce dont il est question ici n'a absolument rien à voir avec toutes ces choses, avec toutes ces amusettes analogiques. Et celui qui à la fin de ces conférences dira : Ah ! ah ! voilà qu'on a ici une fois de plus affaire avec ce genre de jeu d'analogies entre l'organisme naturel et l'organisme social prouvera seulement par là qu'il n'a pas pénétré dans le véritable esprit de ce que je veux dire ici. Car mon intention n'est pas de transplanter dans l'organisme social l'une quel- conque des vérités adaptées à des faits relevant des sciences de la nature, mais je veux que le penser humain, le ressentir humain, apprennent en observant l'organisme qu'a créé la nature au point de pouvoir ensuite appliquer à l'organisme social aussi sa méthode, sa façon de ressentir. Lorsqu'on transpose simplement à l'organisme social ce qu'on croit avoir appris à propos de l'organisme naturel comme Schäffle l'a fait, comme d'autres l'ont fait, comme cela est fait de nouveau dans le livre La mutation universelle, on montre seulement par là que l'on ne veut pas acquérir les facultés permettant de considérer l'organisme social comme tout aussi indépendant, tout aussi autonome, et d'en rechercher les lois propres comme on le fait pour l'organisme naturel. C'est donc uniquement pour me faire comprendre que j'ai fait la comparaison avec l'organisme naturel. Car à l'instant où l'on procède réellement ainsi : comme le fait le chercheur en sciences de la nature devant l'organisme naturel, on se place objectivement devant l'organisme social dans son autonomie pour en connaître les lois propres — à cet instant tout jeu d'analogies cesse face au sérieux de l'observation.

 

 



02011 - Je vais tout de suite faire remarquer comment ce jeu d'analogies doit cesser. Quand on considère l'organisme social — certes on a ici affaire à un être en devenir, à un être qui ne fait en réalité encore que naître —, dans la mesure où on veut qu'il soit sain, on est également conduit à constater que cet organisme social comporte trois membres ; mais on connaît chacune de ces deux réalités de façon autonome lorsqu'on sait prendre les choses de façon objective. On voit d'un côté les trois membres de l'organisme humain, de l'autre côté, doués d'une existence objective propre, les trois membres de l'organisme social. Si l'on cherchait des analogies, on procéderait peut- être de la façon suivante. On dirait : chez l'être humain, le système de la tête, des nerfs et des sens est lié à la vie spirituelle de l'être humain, aux facultés spirituelles ; le système de la circulation régule le lien de ce système spirituel avec le système le plus grossier, le système matériel, le système du métabolisme. Le système du métabolisme est considéré comme le système le plus grossier de l'organisme humain, en raison de certains sentiments que l'on éprouve tout bonnement à partir de certains mobiles profonds. Si l'on se livrait au jeu de l'analogie, à quoi serait-il le plus naturel de penser ? Le plus naturel serait de dire : eh bien, l'organisme social se compose lui aussi de trois membres. La vie spirituelle de l'être humain s'y déroule. Cela ferait un membre. La vie politique à proprement parler s'y déroule — nous allons tout de suite parler de cette articulation —, la vie économique s'y déroule également. Or si l'on voulait se livrer au jeu de l'analogie, on pourrait croire que ce qui, dans l'organisme social, est soumis, en tant que vie de l'esprit, en tant que culture de l'esprit, à certaines lois, que cela serait régi par des lois qui pourraient se comparer aux lois du système de l'esprit, du système neuro-sensoriel. Un jeu de pure analogie comparerait probablement le système qui est considéré en l'être humain comme le système le plus grossier, comme le système véritablement matériel, c'est-à -dire le système du métabolisme, avec ce que l'on appelle la vie économique grossière, matérielle. Or celui qui peut observer les choses telles qu'elles sont, qui refuse catégoriquement un jeu d'analogies pur et simple, sait que la réalité est précisément à l'opposé de ce à quoi on aboutit par un simple jeu d'analogies. Pour l'organisme social, dans la production et la consommation économiques, dans la circulation économique des marchandises, la vie est fondée sur des lois semblables à celles sur lesquelles est fondée dans l'organisme humain naturel la vie neuro-sensorielle, donc précisément la vie de l'esprit. Certes, ce qui est la vie du droit public, la vie politique au sens propre, la vie que l'on conçoit fréquemment comme englobant beaucoup trop de choses, que l'on peut désigner comme la vie de l'Etat proprement dite, peut être comparée au système rythmique situé entre les deux systèmes naturels — le système du métabolisme et le système neuro-sensoriel —, le système régulateur, le système de la respiration et du cœur. Mais le seul aspect par lequel elle peut lui être comparée, c'est que, précisément, de même que le système circulatoire ou rythmique est placé dans l'organisme humain au milieu entre le système du métabolisme et le système des nerfs, de même le système du droit public se trouve entre le système économique et la vie propre de la culture de l'esprit. Et cette vie de la culture de l'esprit, cette vie de l'esprit dans l'organisme social, n'est en fait pas régie par des lois qui peuvent être pensées selon une analogie avec les lois des aptitudes innées de l'être humain, les lois de la vie neuro-sensorielle de l'être humain, non, ce qui est vie de l'esprit dans l'organisme social a des lois qui peuvent seulement être comparées aux lois du système le plus grossier de l'être humain, à celles du système du métabolisme.

 

02012 - Voilà à quoi conduit une observation objective de l'organisme social. Mais il faut aussi poser ces données au départ, afin que ne se produise aucun malentendu au sujet de ces points, afin que l'on ne croie pas que l'on transpose tout simplement une réalité physiologique ou biologique à l'organisme social. Il faut considérer l'organisme social pour lui-même et d'une façon absolument indépendante si l'on veut susciter des éléments féconds pour qu'il recouvre la santé et prospère.

02013 - Que de fois le terme de « socialisation » nous parvient, même ici, depuis les divers territoires de l'Europe du Centre et de l'Est ! Cette socialisation ne sera pas un processus de guérison, mais un processus de charlatanerie exercée sur l'organisme social si une connaissance à tout le moins instinctive de la nécessité de la triarticulation de l'organisme social n'entre pas dans les cœurs humains, dans l'âme humaine. Cet organisme social comporte en effet, si l'on veut qu'il agisse de façon saine, trois membres. Le premier de ces membres, si l'on commence par un côté — on pourrait évidemment commencer aussi par la vie de l'esprit, mais nous voulons commencer par la vie économique, parce que celle-ci a pénétré dans toute la société, dominant visiblement tout le reste de la vie grâce à la technique moderne et au capitalisme moderne —, il faut donc considérer comme le premier membre de l'organisme social la vie économique. Cette vie économique, nous verrons en partie déjà aujourd'hui, en partie dans le cours ultérieur de ces conférences, qu'elle doit être un membre autonome, ayant une existence à part, à l'intérieur de l'organisme social, aussi relativement autonome qu'est relativement autonome le système neuro-sensoriel dans l'organisme humain. Cette vie économique a affaire avec tout ce qui est production de marchandises, circulation de marchandises, consommation de marchandises. La vie économique a affaire avec tout ce qui est lié à ces trois choses. Nous allons dans un instant nous mettre d'accord de façon plus précise sur ses particularités. Comme deuxième membre de l'organisme social, il faut considérer la vie du droit public, la vie politique proprement dite, cette vie qu'au sens du vieil État de droit on pourrait qualifier de vie de l’État proprement dite. Alors que la vie économique a affaire avec tout ce dont l'être humain a besoin — qu'il tire de la nature ou de sa propre production, alors que la vie économique a affaire avec des marchandises, avec la circulation et la consommation des marchandises, ce deuxième membre de l'organisme social ne peut avoir affaire qu'avec tout ce qui concerne le rapport d'un être humain à un autre être humain à partir de motivations purement humaines. Je vous prie de tenir le plus grand compte de ce fait, car il est essentiel pour la connaissance des membres de l'organisme social de savoir quelle différence existe entre le système du droit public, qui ne peut avoir affaire qu'avec le rapport d'être humain à être humain à partir de motivations humaines, et le système économique qui n'a affaire qu'avec la production des marchandises, la circulation des marchandises, la consommation des marchandises. Il faut savoir cela, tout comme on doit savoir distinguer dans le système naturel de l'être humain le rapport du poumon à l'air extérieur, à la transformation de cet air extérieur, tout comme on doit savoir distinguer cela de la façon dont les aliments ingérés, transformés en l'être humain par le troisième système naturel, sont utilisés pour l'être humain.

 

 


Comme troisième membre, qui doit lui aussi venir se placer en toute indépendance à côté des deux autres, on doit distinguer dans l'organisme social tout ce qui concerne la vie de l'esprit. De façon plus précise, on pourrait dire, parce que peut-être la dénomination « culture de l'esprit » ou toute autre expression qui se rapporte à la vie de l'esprit n'est pas tout à fait précise : tout ce qui repose sur les aptitudes naturelles de chaque individualité humaine, ce qui doit entrer dans l'organisme social sur la base de l'aptitude naturelle, de l'aptitude spirituelle et physique de l'individu. De même que le premier système, le système économique, a affaire avec tout ce qui doit exister pour que l'être humain puisse organiser son rapport matériel avec le monde extérieur, tandis que le deuxième système a affaire avec tout ce qui doit exister dans l'organisme social en raison du rapport d'homme à homme, le troisième système, le système que, dans le seul but d'avoir un nom, j'appelle le système de l'esprit, a affaire avec tout ce qui doit jaillir de l'individualité humaine et doit être inséré dans l'organisme social.

 

Autant il est vrai que la technique moderne et le capitalisme moderne ont en vérité marqué de leur empreinte notre vie sociale à l'époque moderne, autant il est nécessaire que les blessures qui ont nécessairement été portées à la société des humains soient guéries par le fait que l'on mette l'être humain et la société des humains dans un rapport juste avec ce que j'ai caractérisé ici comme les trois membres de cet organisme social. C'est que la vie économique a tout simplement pris par elle-même à l'époque moderne des formes bien précises. Elle a pour ainsi dire fait entrer de force ses propres lois dans la vie des hommes. Les deux autres membres de l'organisme social sont en mesure de s'insérer de façon juste dans l'organisme social avec la même évidence naturelle en suivant leurs propres lois. Il est nécessaire pour eux que l'être humain, chacun à la place où il se trouve, entreprenne, de façon autonome et à partir de la conscience, cette articulation de l'organisme social en trois membres. Car, dans le sens des tentatives de solution des questions sociales dont il est question ici, il revient à chaque individu une tâche sociale dans le présent et dans le proche avenir.

 

Le premier membre de l'organisme social, la vie économique, repose avant tout sur la base de la nature. Exactement comme l'individu repose en ce qui concerne son évolution possible par le biais de ce qu'il apprend, de l'éducation, de la vie, sur les aptitudes de son organisme spirituel et physique, sur les capacités et les talents qui lui sont innés, de même toute vie économique repose sur une certaine base naturelle. Cette base naturelle marque de son empreinte la vie économique et par là l'organisme social tout entier. Mais cette base naturelle est tout bonnement là , elle est dans sa forme originelle hors de portée d'une quelconque organisation sociale, d'une quelconque socialisation. Il faut tenir compte d'elle. De même que dans l'éducation de l'être humain il faut tenir compte des aptitudes qu'il a dans les divers domaines, de sa capacité corporelle et spirituelle, de même il faut que toute socialisation, quelle qu'elle soit, toute tentative de donner à une communauté humaine une forme économique, tienne compte de la base naturelle. Car toute circulation de marchandises et aussi tout travail humain et aussi toute vie spirituelle et culturelle ont pour fondement, qui est une réalité première — originelle et élémentaire — ce qui enchaîne l'être humain à un coin de nature bien précis. Il faut là penser le rapport de l'organisme social à la base naturelle comme on pense chez l'individu ce qui concerne ce que l'on apprend, ce qui concerne l'éducation par rapport à ses aptitudes. On peut s'expliquer cela précisément à l'aide d'exemples extrêmes. Il suffit par exemple de songer que dans certaines régions de la terre où la banane constitue pour l'être humain un aliment à portée de la main, c'est le travail qui doit être fourni pour amener la banane de son lieu d'origine à l'endroit précis où elle sera consommée qui entre en ligne de compte pour la vie des hommes en communauté. Si l'on compare le travail humain qui doit être fourni pour rendre la banane consommable par la société des hommes au travail qui doit être fourni par exemple dans nos régions d'Europe du Centre pour rendre le blé consommable, le travail qui doit être fourni pour la banane est au bas mot trois cents fois moins important. Le travail qui doit être fourni pour rendre le blé consommable est au bas mot trois cents fois plus important.

 

 

 

Certes, c'est là un cas extrême. Mais de telles différences concernant la somme de travail nécessaire en rapport avec la base naturelle existent aussi entre nos divers secteurs de production, entre les secteurs de la production qui sont représentés dans un organisme social quelconque d'Europe. Non pas avec cette disparité radicale entre la banane et le blé, mais ces différences existent. Il fait donc absolument partie des fondements de l'organisme économique que, par le rapport de l'être humain, de sa consommation, à la nature, la somme de capacité de travail dépende essentiellement de la base naturelle, de même que ce qu'est un être humain est tributaire de ses aptitudes naturelles corporelles ou spirituelles. Et il suffit, par exemple, de faire la comparaison suivante : en Allemagne, dans des régions de productivité moyenne, le rapport de la culture du blé est tel que la récolte rapporte environ sept à huit fois la semence. Au Chili, elle rapporte douze fois plus, dans le nord du Mexique, elle rapporte dix-sept fois plus, au Pérou vingt fois, dans le sud du Mexique vingt-cinq à trente-cinq fois plus. Telle est pour diverses régions de la terre la productivité de la culture du blé par rapport au sol, au produit du sol. Mais cela obère de façon déterminante la somme de travail qui doit être fournie pour insérer de façon adéquate le blé en tant que marchandise dans la vie économique.

 

De même qu'on peut donner des indications de ce genre sur la somme de travail qui est nécessaire pour rendre le blé consommable selon les diverses régions, de même on peut aussi établir des distinctions dans la somme de travail qui est nécessaire pour amener à la consommation les secteurs les plus divers de la production, les produits bruts des secteurs les plus divers de la production à l'intérieur de la vie économique d'un organisme social. Tout cet ensemble, aux éléments intimement liés entre eux, évolue en processus qui commencent dans le rapport de l'être humain à la nature, continuent avec tout ce que l'être humain doit faire pour transformer les produits de la nature et les amener à pouvoir être consommés par l'être humain ; tous ces processus qui sont partie intégrante de la globalité des processus depuis la base naturelle jusqu'à l'état où les produits peuvent être consommés, tous ces processus — et ces processus seuls — s'unissent en un organisme social sain pour former le véritable membre économique de l'organisation sociale. Ce membre économique de l'organisation sociale devrait donc — je développerai ceci et le prouverai de façon plus détaillée au cours de ces conférences — se trouver doté, au sein de l'ensemble de l'organisme social, de la même autonomie que celle que connaît en l'être humain le système de la tête au sein de l'ensemble de l'organisme humain. Et un autre système devrait côtoyer de façon autonome ce système économique : il a affaire avec le rapport d'être humain à être humain. Ce qui vit dans le système économique qui n'est que cela a affaire avec le besoin de tel ou tel objet, ce qui permet de constater le rapport de l'être humain à la marchandise objective. Le deuxième membre qui doit se développer dans l'organisme social, si on veut que s'éveille une vie sociale saine, c'est tout ce qui règle le rapport d'être humain à être humain.

On a négligé d'acquérir un regard juste qui sache distinguer ces deux membres de l'organisme social, par le fait qu'hypnotisé pour ainsi dire par la vie économique moderne et par d'antiques habitudes de pensée, on a cru, à l'époque moderne, pouvoir automatiquement transporter et transposer les forces et les processus économiques ou bien pour des domaines isolés, ou bien, comme les socialistes, de façon radicale pour toute la vie économique, dans ce que je dois ici décrire comme le deuxième membre, comme le domaine qui fait à proprement parler partie de l'Etat au sens strict, comme le domaine du droit public, le domaine du rapport d'être humain à être humain.

Ce domaine de l'Etat ne pourra se développer de façon saine que s'il s'engage dans le courant d'évolution opposé à celui qui est précisément considéré par plus d'un comme le bon courant d'évolution. Tandis que beaucoup de gens croient aujourd'hui que l'organisme social ne pourra guérir que si l'on étatise le plus possible, que si l'on socialise le plus possible, il s'agit bien plutôt de reconnaître et de savoir mettre en application pour tous les divers domaines de la vie qu'une large autonomie doit être instaurée entre la vie économique avec ses propres lois d'un côté et la vie de l'Etat au sens étroit, elle aussi avec ses lois propres, de l'autre côté.

 

Je puis bien m'imaginer que bien des personnes vont dire : Grands Dieux ! Que de complications ! Ce qu'on voulait réunir au nom des nécessités de l'évolution moderne, voilà qu'il faut le séparer en systèmes différents ! — Celui qui déclare que cela lui paraît trop compliqué, qu'il ne peut pas penser qu'il se réalise par ce biais quelque chose de conforme à la nature, ressemble à celui qui ne veut rien savoir du fait que l'organisme humain ne peut vivre que parce qu'il a centralisé, en une autonomie relative, dans la poitrine, dans le système de la respiration et du cœur, la vie rythmique, la vie de la respiration et du cœur. L'ensemble de l'organisme humain repose sur le fait que la vie de chacun de ces systèmes forme un tout qui se suffit à lui-même et qu'ils conjuguent d'autre part leurs actions. La santé de l'organisme social repose sur le fait que la vie économique obéit à ses lois propres, que la vie du droit, la vie du droit public, de la sécurité publique, tout ce que l'on peut qualifier de politique au sens strict obéit également à ses lois propres, à ses institutions propres. C'est alors justement que les deux domaines de l'organisme social conjugueront leurs actions de façon juste. Et au risque de faire frémir plus d'un auditeur qui croit être enfin parvenu à une conception juste à partir de certains présupposés, au risque d'en faire frémir plus d'un, il faut dire cependant il n'y aura pas de guérison de l'organisme social aussi longtemps que la vie économique et la vie politique seront administrées ensemble de façon centralisée dans un parti, dans une administration. Nous verrons plus loin que cela est également valable pour le troisième domaine. De même que le système de la circulation a son propre poumon, que le système neuro-sensoriel a son propre système cérébral, il est nécessaire qu'existe un organisme administratif particulier, un organisme d'administration autonome, un organisme de représentation autonome, donc la représentation d'un parti ou d'autres instances, d'une part pour la vie économique, d'autre part pour la vie politique ou pour la vie du droit public, et également de façon autonome pour le troisième domaine, pour la vie de l'esprit.

 


Ces trois domaines possèdent dans un organisme social sain une certaine souveraineté et négocient entre eux par l'intermédiaire de leurs représentants autonomes pour instaurer ces rapports réciproques entre les trois membres de l'organisme social. Ceci correspond aux rapports instaurés en pleine autonomie entre les trois membres de l'organisme naturel de l'être humain. Il s'avérera que pour l'essentiel les représentations et les administrations qui seront issues du membre économique de l'organisme auront essentiellement à tendre à ce que cet organisme économique soit, en ce qui le concerne, édifié sur un fondement associatif, soit de la nature d'une coopérative, d'un syndicat, mais d'une coopérative, d'un syndicat au sens supérieur, d'une coopérative, d'un syndicat qui ne s'occupent que des lois de la production des marchandises, de la circulation des marchandises, de la consommation des marchandises. C'est cela qui constituera le fondement, le contenu du membre économique de l'organisme social. Il reposera sur la vie associative. Il reposera sur ce qui compensera les inévitables inégalités qui découlent de la base naturelle. J'ai indiqué combien peut varier la somme de travail à fournir par l'être humain selon qu'il existe tel ou tel rapport entre un secteur de production et sa base dans la nature. Tout ceci aboutit à une forme d'organisation sociale qui n'est pas naturelle lorsque la nature, le travail humain et le capital sont liés dans le travail comme ils l'ont été jusqu'à présent. La nature, le travail humain et le capital ont été confondus de la manière la plus chaotique qui soit dans l'Etat unitaire, ou sont restés de manière anarchique en dehors de cet Etat unitaire. Il faut qu'il soit reconnu que la vie de la culture de l'esprit, qui repose sur les aptitudes corporelles et spirituelles des êtres humains et sur leur formation, tout comme la vie du droit public, politique, que toutes deux ont précisément la tâche de séparer, d'amener à une vie autonome et indépendante ce qui forme le système de l'organisme économique.

 

 


Pour me faire comprendre, dans la mesure où cela est dès aujourd'hui nécessaire, je peux peut-être encore évoquer l'aspect suivant. Lorsque, provenant certes de fondements différents de ceux que nous connaissons déjà aujourd'hui, a surgi de profondeurs cachées de la nature humaine cet appel à donner une forme nouvelle à l'organisme social, on entendit ces trois mots qui étaient la devise de cette réorganisation : fraternité, égalité, liberté. Et bien sûr, toute personne qui s'intéresse à tout ce qui est véritablement humain — sans préjugés et avec un sentiment sain de ce qu'est l'humanité — ne peut qu'éprouver la plus profonde sympathie et la compréhension la plus profonde pour tout ce qui est contenu dans ces mots : fraternité, égalité, liberté. Et pourtant, je connais d'excellents penseurs, des penseurs profonds, perspicaces, qui, à de nombreuses reprises au cours du 'axe siècle, se sont donné la peine de montrer qu'il est impossible de réaliser dans un organisme social unitaire les idées de fraternité, d'égalité, de liberté. Ainsi, un Hongrois perspicace a tenté d'apporter la preuve que ces trois choses, si on veut qu'elles se réalisent, si on veut qu'elles pénètrent dans la structure de la société humaine, se contredisent. Il a par exemple démontré avec perspicacité qu'il est impossible, si on instaure la seule égalité dans la vie sociale, que la liberté, qui est partie intégrante de l'essence de chaque être humain, soit également respectée. Il trouvait ces trois idéaux contradictoires. C'est étonnant, mais on ne peut faire autrement que d'être d'accord avec ceux qui constatent cette contradiction et on ne peut pas faire autrement que d'avoir de la sympathie pour chacun de ces trois idéaux en raison d'un sentiment universellement humain. Pourquoi cela ?

 

Eh bien, précisément pour la raison que l'on ne comprend vraiment le sens juste de ces trois idéaux que lorsqu'on reconnaît la nécessité de la triarticulation de l'organisme social. Ces trois membres de l'organisme social ne doivent pas être assemblés et centralisés en l'unité abstraite et théorique d'un parlement ou d'une autre instance, ils doivent être une réalité vivante et ne produire ensemble l'unité que par une activité vivante menée côte à côte. Lorsque ces trois membres sont autonomes, ils se contredisent d'une certaine manière, comme le système du métabolisme contredit le système de la tête et le système rythmique. Mais, dans la vie, ce qui est contradictoire crée précisément l'unité dans l'action. C'est pourquoi on parviendra à saisir la vie de l'organisme social si l'on est en mesure de bien voir quelle est la configuration de cet organisme social qui correspond à la réalité. On comprendra alors que dans l'activité que les hommes mènent en commun dans la vie économique, où ils ont à gérer entre eux dans ce domaine particulier qui leur est propre ce qui concerne ce premier membre de l'organisme social, que dans ce domaine c'est la fraternité qui doit agir dans ce que les êtres humains font. Dans le deuxième membre, dans le système du droit public, où on a affaire au lien d'être humain être humain, uniquement dans la mesure où l'on est tout simplement un être humain, on a affaire à la réalisation de l'idée d'égalité. Et dans le domaine de l'esprit, qui doit lui aussi disposer d'une relative autonomie dans l'organisme social, on a affaire à l'idée de liberté. Et voici que tout à coup ces trois idéaux si précieux acquièrent enfin valeur de réalité lorsqu'on sait : ils ne doivent pas se réaliser dans un chaos résultant d'un coup de dés, mais en ce qui constitue un organisme social tripartite orienté d'après des lois adéquates à la réalité, dans lequel chacun des trois membres puisse réaliser séparément l'idéal qui lui correspond de liberté, d'égalité et de fraternité.


Je ne peux aujourd'hui indiquer la structure de l'organisme social que dans ses grandes lignes. Dans les conférences suivantes, je fonderai et prouverai tout cela dans les détails. Mais j'ai encore à ajouter à ce qui vient d'être dit qu'il doit y avoir comme troisième membre de l'organisme social sain l'activité de tout ce qui y trouve place à partir de l'individualité humaine, de ce qui doit être fondé sur la liberté, de tout ce qui repose sur les aptitudes corporelles et spirituelles de chaque individu. On touche ici de nouveau à un domaine qui, il faut bien le dire, cause encore à plus d'un homme de notre époque un léger frisson de crainte quand on en donne une caractéristique juste. Ce que ce troisième domaine d'un organisme social sain doit englober, c'est tout ce qui concerne la vie religieuse de l'être humain, ce qui concerne l'école et l'éducation au sens le plus large et aussi ce qui concerne encore par ailleurs la vie de l'esprit, la vie artistique etc. Et je vais seulement évoquer ce point aujourd'hui, je le fonderai également de façon plus détaillée dans les prochaines conférences : tout ce qui concerne non pas le droit public, qui fait partie du deuxième domaine de l'organisme social, mais ce qui concerne le droit privé et le droit pénal fait partie de ce troisième domaine. Bien des "gens à qui j'ai pu exposer cette triarticulation de l'organisme social ont compris bien des aspects — mais il est autre chose que ces mêmes personnes ne pouvaient absolument pas comprendre : qu'il faille séparer le droit public, le droit qui se rapporte à la sécurité et à l'égalité de tous les êtres humains, de ce qui est le droit par rapport à une violation du droit ou par rapport à ce que sont justement les liens privés des êtres humains, qu'il faille séparer l'un de l'autre et que le droit privé et le droit pénal doivent être du ressort du troisième membre, du membre spirituel de l'organisme social.


Or la vie moderne s'est malheureusement totalement détournée jusqu'à présent d'une perspective qui prendrait en considération ces trois membres de l'organisme social. De même que le corps économique a fait entrer ses intérêts dans la vie de l’État, dans la vie politique proprement dite, qu'il a introduit ses intérêts dans les instances représentatives de la vie politique et a compromis par là la possibilité de donner à ce deuxième membre de l'organisme social une forme telle que l'égalité de tous les hommes s'y réalise, de même la vie économique et politique a aspiré en elle ce qui ne peut se développer que sous une forme libre. Par une sorte d'instinct — un instinct allant certes à contresens —, la social-démocratie moderne a tenté de séparer la vie religieuse de la vie publique de l’État : « la religion est une affaire privée »; or cela ne procédait malheureusement pas d'un respect particulier pour la religion, d'une estime particulière pour ce qui avec la vie religieuse est donné à l'être humain, mais justement d'un mépris de la vie religieuse, d'une indifférence à son égard, ce qui est lié aux aspects que j'ai développés avant-hier dans la conférence précédente. Mais ce qui est juste dans cette revendication, c'est de séparer la vie religieuse des deux autres domaines, de la forme à donner à la vie économique et de la forme à donner à la vie politique. Mais il est tout aussi nécessaire de séparer des deux autres membres l'ensemble de l'instruction publique élémentaire et supérieure, et très généralement la vie de l'esprit. Et il ne s'instaurera une vie véritablement saine de l'organisme social que lorsqu'au sein de ces corps qui auront à veiller à l'égalité de tous les êtres humains devant la loi, lorsque dans ces corps on aura seulement pour but que l'école, la vie religieuse et spirituelle sous toutes ses formes puissent se développer à partir des individualités humaines libres, lorsqu'on veillera à ce que cette vie se développe dans la liberté, lorsqu'on n'aura pas la prétention de gérer par soi-même, au nom de l'économie ou de l’État, la vie de l'école, de l'éducation, de l'esprit.

 

 

Ceci paraît aujourd'hui radical. Pourtant, il faut exprimer des idées radicales comme celles-ci dès qu'on les a perçues. La vie de l'esprit, y compris la vie de l'éducation, y compris la justice dans les affaires privées et pénales, est tellement tributaire de ce qui émane de l'individualité particulière de l'être humain dans sa pleine liberté que les deux autres membres de l'organisme social ne sont pas habilités à influer sur la configuration, la forme de cette vie.


Je ne vous ai donné aujourd'hui tout d'abord qu'une esquisse indiquant la direction de pensée dans laquelle se meuvent les tentatives de solution de la question sociale, ces tentatives de solution qui reposent sur les nécessités réelles de la vie et non pas sur les revendications abstraites de tel ou tel parti, de telle ou telle classe, mais sur les forces d'évolution de l'humanité des temps modernes dans son ensemble.


J'aimerais ajouter que je peux comprendre toutes les objections qui seront faites, mais que je demande précisément qu'on attende avant de faire des objections d'avoir entendu ce que j'aurai à dire dans les conférences suivantes pour préciser cette esquisse d'ensemble. Je pourrais comprendre qu'on ait des objections tout particulièrement aujourd'hui où j'ai seulement tenté de donner une caractéristique, sans avoir encore apporté de preuves. Mais j'aimerais dire que je peux comprendre toutes les objections en raison des nombreuses expériences que j'ai faites avec les idées que je veux défendre ici aussi et que je perçois, grâce à la science de l'esprit si souvent méconnue, comme la base de la réalité de la vie. Nous avons derrière nous l'époque où l'humanité a connu la plus terrible des catastrophes. Quand on était encore plongé dans la vie que l'on devait mener en cette époque catastrophique, il aurait fallu n'avoir pas le cœur à sa place pour n'avoir pas cherché à sonder ses forces, ses capacités, en se demandant : où se trouvent les aides permettant de sortir du terrible chaos où nous a menés notre dérive ? — Je vous ai dit avant-hier que j'aurai encore à parler dans les deux conférences suivantes des circonstances particulières de cette guerre quant à ses causes et quant à son déroulement en liaison avec la question sociale. J'aimerais dire aujourd'hui qu'il était clair pour moi, tandis que nous étions encore en plein dans les événements qui sont entrés actuellement dans une crise dont bien des gens à la vue courte croient qu'elle est déjà une fin, qu'au nombre des choses qui peuvent, dans l'une ou l'autre partie du monde soi-disant civilisé, conduire hors du chaos, hors de la terrible catastrophe, il faut compter une façon juste de penser et de se représenter des impulsions véritables, adéquates à la réalité, concernant l'organisme social humain. A plus d'une personnalité qui, ces dernières années, était active et pouvait donner des conseils de par sa position au cœur de ce qui se déroulait sous une forme aussi terrible dans l'évolution de l'humanité moderne j'ai présenté ce qui est maintenant aussi le point central des développements que je vous propose ici ; à plus d'une personnalité à qui — aurait-on pu penser — il importait de le faire comprendre, j'ai tenté d'expliquer combien les choses changeraient s'il était dit au monde par une autorité, par une instance qui a du poids : Nous voulons aller vers un but social qui soit sain pour l'humanité. — Tous les rapports des Etats entre eux auraient pu devenir autres si, au lieu de simples programmes juridiques ou étatiques, des programmes englobant toute l'humanité dans le sens que nous entendons ici avaient, à tel ou tel endroit, été introduits dans l'humanité.

On ne peut même pas dire que de telles idées n'aient pas rencontré une certaine compréhension théorique. Ce que j'ai exposé dans ces conférences a même paru très sympathique à plus d'un. Mais jeter le pont entre la compréhension d'une chose telle que celle-là et la volonté de faire réellement tout pour réaliser ces choses de façon correspondante dans la vie comme elles le demandent, chacun à sa place, jeter ce pont, c'est encore une autre affaire. C'est malaisé sous bien des rapports. C'est pourquoi bien des gens s'étourdissent volontiers et disent : Tout l'ensemble me paraît chimérique, pas réaliste. — Ils s'étourdissent seulement, parce qu'ils n'ont pas la volonté d'intervenir réellement dans le cours des événements. Nous n'entendons pas ici un cours révolutionnaire des événements, quelque chose qui devrait se produire du jour au lendemain, nous entendons une direction vers laquelle doivent être infléchies toutes les diverses mesures prises pour la vie publique et privée, si l'on veut que l'organisme social guérisse. Ce que j'ai déjà dit avant-hier, je l'ai dit sous une autre forme à plus d'une personnalité sur laquelle on espérait pouvoir compter en ces temps difficiles, je l'ai dit en ces termes : Aujourd'hui, ai-je dit par exemple, nous nous trouvons dans la plus terrible des guerres. Si on exprimait, à partir de cette situation de guerre qui est la plus terrible des guerres, ce qui est socialement nécessaire à l'humanité sous la forme suivante : on s'engage à donner à tel ou tel domaine un contenu digne de l'être humain en ceci que l'on veut réaliser pour l'humanité une chose telle que celle-là , on donnerait au cours terrible des événements une direction tout autre, plus salutaire que par la seule épée, par les seuls canons et autres armes ou par la seule politique, qui en bien des domaines est même inexistante. Je disais : Vous avez le choix, ou bien de réaliser par la raison ce qui est exposé là , ce qui procède des connaissances des conditions d'évolution et des forces d'évolution de l'humanité, ou bien d'être placé devant tout autre chose.


Nous nous trouvons aujourd'hui, parce que l'humanité a pour ainsi dire négligé dans les dernières décennies de prendre connaissance de tout cela, nous nous trouvons aujourd'hui devant la plus terrible des catastrophes qui a fondu sur nous comme une maladie, comme une maladie qui attaque un organisme qui n'obéit pas aux lois que la nature lui prescrit. Cette catastrophe qu'est la guerre doit précisément montrer, montrer clairement ce que l'on aurait déjà pu voir auparavant, mais que l'on n'a précisément pas vu parce que cela n'était pas aussi clair, elle doit montrer ce qui est nécessaire à la guérison de l'organisme social de l'humanité. Et j'ai dit à bien des gens : Avec ces indications concernant l'évolution de l'humanité du point de vue social, vous avez là ce qui veut se réaliser dans le monde civilisé pour les vingt à trente années à venir. Ce dont je parle n'est pas un programme, pas un idéal, mais c'est le résultat de l'observation de ce qui veut se réaliser dans les dix, vingt, trente années à venir grâce à ce qui est déjà aujourd'hui présent en germe dans l'humanité. Et vous avez seulement ce choix, leur disais-je : ou de travailler selon la raison à ce que cela se réalise, ou de vous trouver confrontés à des révolutions et à des cataclysmes sociaux, à de terribles bouleversements sociaux. Il n'y a pas de troisième voie. La guerre sera peut-être le moment — disais- je à plus d'un — où il est encore possible de se rendre à la raison. Ensuite, il se pourrait qu'il soit trop tard. Car il ne s'agit pas d'un programme que l'on peut exécuter ou non, mais il s'agit de voir ce qui veut se réaliser et que l'être humain doit réaliser, parce que cela est présent dans les forces de croissance historiques où agit la nécessité, pour le présent et pour le proche avenir.

 


Ce qui, de plus, constituait aussi un obstacle particulier à la compréhension était qu'il y avait toujours une personne ou une autre pour croire que de telles idées ne concernaient que la structure interne d'un Etat particulier ou d'un canton particulier de l'humanité. Non, une telle pensée sociale est en même temps le fondement de la configuration de la politique extérieure des Etats entre eux, telle qu'elle est véritablement nécessaire. De même que l'organisme humain tourne chacun de ses systèmes vers l'extérieur par l'intermédiaire d'organes particuliers, de même seul l'Etat, si je peux maintenant employer cette formulation globale, peut, en tant qu'organisme social, mettre ses trois membres en mouvement vers l'extérieur. Les rapports de chaque Etat à l'autre se présenteront tout différemment lorsque ce ne seront plus des gouvernements et des administrations centralisées qui entreront en relations les uns avec les autres, mais que les représentants de la vie de l'esprit de l'un des groupements sociaux entreront en relations avec les représentants de la vie de l'esprit de l'autre groupe social constituant un Etat et que de leur côté les représentants du domaine économique, du domaine politique, entreront en relations avec la représentation correspondante des autres. L'assemblage, la confusion inextricable des trois domaines se présente, dans son action vers l'extérieur, de telle façon qu'inévitablement, si je puis dire, des conflits naissent aux frontières en raison du chaos qui résulte de la confusion inextricable des trois domaines ; mais si les représentations des trois membres de l'organisme social agissaient de façon autonome par-delà les frontières des différents pays, non seulement l'activité de l'un des membres dans sa dimension internationale ne gênerait pas celle de l'autre, mais elle serait au contraire corrigée et équilibrée. Voilà donc ce que je voudrais me contenter aujourd'hui d'esquisser dans ses grandes lignes pour confirmer qu'il ne s'agit pas seulement ici de faire valoir, pour ainsi dire, la structure sociale interne d'un Etat, mais qu'il s'agit de la vie sociale et internationale de l'humanité. J'ai déjà tenté d'expliquer toutes ces choses alors que nous étions en plein dans les terribles événements de cette catastrophe. Maintenant, un malheur terrible a fondu sur bien des êtres humains d'Europe du Centre et de l'Est, un malheur terrible qui, pour tout un chacun, pour tous ceux qui ont de la perspicacité s'avère aussi menacer le reste du monde. Il faut que, concernant une compréhension véritable par l'humanité de ses tâches dans le présent et dans l'avenir, se produise le fait suivant : que ceux qui, à partir des véritables conditions d'évolution de l'humanité, veulent amener la vie sociale à sa guérison, ne soient pas pris pour des idéalistes dépourvus de sens pratique, mais soient enfin considérés comme ceux qui connaissent vraiment la vie. A la forme que la technique et le capitalisme ont imprimée à la vie moderne comme si elle allait de soi, il faut que s'oppose la configuration, reposant entièrement sur l'initiative humaine la plus profonde, de la vie de l'esprit, de la culture autonome de l'esprit et de la culture autonome de l'Etat, qui fonde la véritable égalité d'être humain à être humain et qui seules peuvent, comme nous allons le voir, régler le problème des conditions de travail et de salaire d'une façon convenable pour le prolétariat.


Le problème de la forme à donner au travail humain, une fois que le travail humain serait affranchi de son statut de marchandise, ne devient soluble qu'après l'instauration de la triarticulation de l'organisme social. Ce que veulent les socialistes actuellement est certes justifié en tant que vouloir; ce qu'ils considèrent eux-mêmes comme un remède serait le moins apte à agir comme remède, si cela passait dans la réalité extérieure sous la forme où ils le souhaitent.

Mais je voudrais sans relâche insister sur ce point : je tente ici, non pas à partir d'une prise de position limitée à la perspective d'une classe ou d'un parti, mais à partir de l'observation des forces d'évolution de l'être humain, de parler de ce que les uns appellent socialisation, les autres guérison de la vie sociale, d'autres encore réveil d'un sens politique sain etc. Mais qu'on ait ici affaire à quelque chose qui n'est pas un programme arbitraire, qui est au contraire l'impulsion de la réalité la plus profonde des prochaines décennies de l'évolution de l'humanité : voilà ce qui sous-tend tout ce que j'ai pensé et voulu réaliser avec ces conférences ; que l'on n'a pas affaire à l'opinion d'un homme issu de telle ou telle catégorie sociale, mais que l'on a affaire à ce qui exprime le fondement profond du vouloir de l'humanité pour les prochaines décennies. Je voudrais maintenant fonder et développer et prouver cela dans les détails pour les deux conférences de la semaine prochaine.

 

NOTES (1) Paru aux Editions anthroposophiques romandes, Genève, 1984. * Conférence faite à Zurich le 5 février 1919. In : Die soziale Frage, Rudolf Steiner Verlag, Dornach 1977 (GA 328), pp. 24-46. Titre de la rédaction: Pour comprendre les idéaux de la Révolution française

Mit Bezug auf meine Ausführungen möchte ich die Bitte aussprechen, diese vier Vorträge durchaus als ein Ganzes zu betrachten, so daß das, was in einem der Vorträge vorgebracht wird, keineswegs aus sich selbst wird immer vollständig beurteilt werden können.
Das Thema, das in Be
tracht kommt, ist ja ein so umfassendes, daß es sich wirklich nur bewälti­gen läßt in einer Anzahl von Vorträgen.

Im heutigen Vortrage möchte ich vorläufig skizzenweise sprechen von denjenigen Lösungsversuchen, die aus einer wirklichen Erkenntnis der Wesenheit des sozialen Organismus kommen können, jene Lösungsmöglichkeiten der sozialen Frage, welche nicht einseitig aus den Forderungen dieser oder jener Menschenklasse, dieses oder jenes Standes hervorgehen, sondern welche hervorgehen aus einer wirklichkeitsgemäßen, aus einer sachgemäßen Beobachtung der Entwickelungskräfte der Menschheit, insbesondere derjenigen Entwickelungskräfte der Menschheit, die in ausgesprochenstem Maße die Entwickelungs­kräfte der Gegenwart und der nächsten Zukunft dieser Menschheit sind. Versucht man das, was man heute die soziale Frage nennt, irgendwie einer Lösung entgegenzubringen aus den Aspirationen, den Forderun­gen eines Standes, einer Klasse heraus, überhaupt aus irgendeinem Teil des sozialen Organismus heraus, so kann man gar nicht anders als durch das, was man vollführt auf der einen Seite, Wirkungen hervorzurufen für andere Klassen, für andere Faktoren des sozialen Organismus, die in irgendeiner Weise entwickelungshemmend oder die Gesundheit der Lebensverhältnisse untergrabend sind.

Für unsere Zeit gilt dies, was ich als Wahrheit hier andeute und im Laufe der Vorträge erhärten will: daß das ganze moderne Leben, oder man kann eben auch sagen, der moderne soziale Organismus, eine ganz bestimmte Gestaltung erfahren hat durch das, was ja oftmals als das Charakteristische dieses modernen Lebens ausgesprochen wird, durch die moderne Technik, durch den technischen Betrieb des Wirtschaftslebens und was damit im Zusammenhange steht, durch die kapitalistische Art, diesen Wirtschaftsbetrieb zu organisieren. Auf dasjenige, was moderne Technik, was moderner Kapitalismus in das Leben hereingebracht haben, hat sich notwendig nicht nur der beobachtende Blick der Menschen gerichtet, sondern es haben sich darauf gerichtet auch die mehr oder weniger bewußten oder mehr oder weniger instinktiv wirkenden organisierenden Kräfte innerhalb der sozialen Struktur der mensch­lichen Gesellschaft.

Man kann nun das Charakteristische, das gerade zu der besonderen Gestalt der sozialen Frage in der neueren Zeit geführt hat, wohl so aus­sprechen, daß man sagt : Das Wirtschaftsleben, von der Technik getra­gen, der moderne Kapitalismus, sie haben mit einer gewissen naturhaf­ten Selbstverständlichkeit gewirkt und die moderne Gesellschaft in eine gewisse innere Ordnung gebracht. Neben der Inanspruchnahme der menschlichen Aufmerksamkeit für das, was Technik und Kapitalismus gebracht haben, ist die Aufmerksamkeit abgelenkt worden von anderen Zweigen, anderen Gebieten des sozialen Organismus, die ebenso not­wendig wirksam werden müssen, wenn der soziale Organismus gesund sein soll wie das wirtschaftliche Gebiet.

Ich darf vielleicht, um mich über das zu verständigen, was ich gerade als den Nerv einer umfassenden, allseitigen Beobachtung über die soziale Frage erkannt zu haben glaube, von einem Vergleich ausgehen. Aber ich bitte zu berücksichtigen, daß ich nichts anderes meine damit als einen Vergleich, als etwas, was unterstützen kann das menschliche Ver­ständnis, um es gerade in diejenige Richtung zu bringen, welche not­wendig ist, um sich Vorstellungen zu machen über die Gesundung des sozialen Organismus. Wer in dieser Hinsicht betrachten muß den kom­pliziertesten natürlichen Organismus, den menschlichen Organismus, der muß seine Aufmerksamkeit darauf richten, daß die ganze Wesenheit dieses menschlichen Organismus darauf beruht, daß er drei nebeneinan­der wirksame Systeme in einem inneren Gefüge aufzuweisen hat. Diese drei nebeneinander wirksamen Systeme kann man etwa in folgender Weise kennzeichnen. Man kann sagen : Im menschlichen natürlichen Organismus wirkt dasjenige System, welches in sich schließt das Ner­ven- und Sinnesleben. Man könnte es auch nach dem wichtigsten Gliede des Organismus, wo das Nerven- und Sinnesleben gewissermaßen zen­tralisiert ist, den Kopforganismus nennen.

Als zweites Glied der menschlichen Organisation hat man anzuerken­nen, wenn man ein wirkliches Verständnis erwerben will für diese menschliche Organisation, was ich nennen möchte das rhythmische System, das zusammenhängt mit Atmung, Blutzirkulation, mit alldem, was sich ausdrückt in rhythmischen Vorgängen des menschlichen Orga­nismus.


Als drittes System hat man dann anzuerkennen alles dasjenige, was als Organe und Tätigkeiten zusammenhängt mit dem eigentlichen Stoff­wechsel. In diesen drei Systemen ist enthalten alles dasjenige, was in ge­sunder Art unterhält, wenn es aufeinander organisiert ist, den Gesamt­vorgang, der sich abspielt im menschlichen Organismus.

Ich habe versucht, in vollem Einklange mit alldem, was naturwissen­schaftliche Forschung schon heute sagen kann, diese Dreigliederung des menschlichen natürlichen Organismus wenigstens zunächst skizzen­weise in meinem Buche «Von Seelenrätseln» zu charakterisieren. Ich bin mir klar darüber, daß alles das, was Biologie, Physiologie, was Natur­wissenschaft mit Bezug auf den Menschen in der allernächsten Zeit her­vorbringen werden, gerade hinführt zu einer solchen Betrachtung des menschlichen Organismus, welche durchschaut, wie diese drei Glieder — Kopfsystem, Zirkulations- oder Brustsystem und Stoffwechselsystem — gerade dadurch den Gesamtvorgang im menschlichen Organismus auf­rechterhalten, daß diese Glieder in einer gewissen Selbständigkeit wir­ken, daß nicht eine absolute Zentralisation des menschlichen Organis­mus vorliegt, daß auch jedes dieser Systeme ein besonderes, für sich be­stehendes Verhältnis zur Außenwelt hat : das Kopfsystem durch die Sinne, das Zirkulationssystem oder rhythmische System durch die Atmung, und das Stoffwechselsystem durch die Ernährungsorgane.

Wir sind mit Bezug auf naturwissenschaftliche Methoden noch nicht ganz so weit, um das, was ich hier angedeutet habe, was aus geisteswis­senschaftlichen Untergründen heraus für die Naturwissenschaft von mir zu verwerten gesucht worden ist, um das wirklich schon innerhalb der naturwissenschaftlichen Kreise selbst zur allgemeinen Anerkennung zu bringen, wie das wünschenswert für den Erkenntnisfortschritt erschei­nen kann. Das heißt aber : Unsere Denkgewohnheiten, unsere ganze Art, die Welt vorzustellen, ist noch nicht vollständig angemessen dem, was zum Beispiel im menschlichen Organismus sich als die innere Wesenheit des Naturwirkens darstellt. Man könnte in einem gewissen Sinne sagen: Nun ja, die Naturwissenschaft kann warten, sie wird nach und nach ihren Idealen zueilen, sie wird schon dahin kommen, solch eine Betrachtungsweise als die ihrige anzuerkennen. Aber mit Bezug auf die Betrachtung und namentlich das Wirken des sozialen Organismus, kann man nicht warten. Da muß nicht nur bei irgendwelchen Fachmännern, sondern da muß in jeder Menschenseele — denn jede Menschenseele nimmt teil an der Wirksamkeit des sozialen Organismus — wenigstens eine instinktive Erkenntnis von dem vorhanden sein, was diesem sozia­len Organismus notwendig ist. Ein gesundes Denken und Empfinden, ein gesundes Wollen und Begehren mit Bezug auf die Gestaltung des sozialen Organismus kann sich nur entwickeln, wenn man, sei es auch mehr oder weniger bloß instinktiv, sich klar darüber ist, daß dieser soziale Organismus, soll er gesund sein, ebenso dreigliedrig sein muß wie der natürliche Organismus.

Da bin ich an dem Punkte, wo ich mich besonders verwahren muß dagegen, mißverstanden zu werden. Es ist ja, seit Schäffle sein Buch geschrieben hat über den Bau des sozialen Organismus, immer wieder und wiederum versucht worden, Analogien festzustellen zwischen der Organisation eines Naturwesens, sagen wir der Organisation des Menschen und der menschlichen Gesellschaft als solcher. Was hat man da alles ver­sucht festzustellen, was im sozialen Organismus die Zelle ist, was Zel­lengefüge sind, was Gewebe sind und so weiter ! Noch vor kurzem ist ja ein Buch erschienen von Meray, «Weltmutation», in dem gewisse natur­wissenschaftliche Tatsachen und naturwissenschaftliche Gesetze ein­fach übertragen werden auf, wie man meint, den menschlichen Gesell­schaftsorganismus. Mit all diesen Dingen, mit all diesen Analogiespiele­reien hat dasjenige, was hier gemeint ist, absolut nichts zu tun. Und der­jenige, welcher nach Abschluß dieser Vorträge sagen wird: Aha, hier hat man es auch wiederum mit einem solchen Analogiespiel zwischen dem natürlichen Organismus und dem gesellschaftlichen Organismus zu tun —, der wird dadurch nur beweisen, daß er nicht in den eigentlichen Geist des hier Gemeinten eingedrungen ist. Denn nicht das will ich : irgendeine für naturwissenschaftliche Tatsachen passende Wahrheit herüberverpflanzen auf den sozialen Organismus, sondern das will ich, daß das menschliche Denken, das menschliche Empfinden so lernt an der Betrachtung des naturgemäßen Organismus, daß es seine Methode, seine Empfindungsweise dann auch anwenden kann auf den sozialen Organismus. Wenn man einfach das, was man glaubt gelernt zu haben am natürlichen Organismus, überträgt auf den sozialen Organismus, wie Schäffle es getan hat, wie es andere getan haben, wie es wiederum in dem Buch über «Weltmutation» gemacht wird, so zeigt man damit nur, daß man nicht sich die Fähigkeiten aneignen will, den sozialen Organis­mus ebenso selbständig, ebenso für sich zu betrachten, nach seinen eige­nen Gesetzen zu forschen, wie man dies tut für den natürlichen Organis­mus. Also nur um mich verständlich zu machen, habe ich den Vergleich gezogen mit dem natürlichen Organismus. Denn in dem Augenblicke, wo man wirklich so vorgeht, daß man objektiv, wie der Naturforscher, sich gegenüberstellt dem natürlichen Organismus, so sich dem sozialen Organismus in seiner Selbständigkeit gegenüberstellt, um dessen eigene Gesetze zu erkennen, in diesem Augenblicke hört gegenüber dem Ernst der Betrachtung jedes Analogiespiel auf.

Ich will gleich bemerken, wie dieses Analogiespiel aufhören muß. Die Betrachtung des sozialen Organismus — allerdings hat man es da mit einem Werdenden, mit einem eigentlich erst Entstehenden zu tun —, in­soferne er gesund sein soll, führt ebenfalls zu drei Gliedern dieses sozia­len Organismus ; aber man erkennt beides selbständig für sich, wenn man objektiv die Dinge nehmen kann. Man erkennt auf der einen Seite die drei Glieder des menschlichen Organismus, auf der anderen Seite objektiv für sich die drei Glieder des sozialen Organismus. Würde man Analogien suchen, dann würde man vielleicht in der folgenden Weise verfahren. Man würde sagen : Das menschliche Kopf- oder Nerven-Sinnessystem hängt zusammen mit dem menschlichen Geistesleben, mit den geistigen Fähigkeiten; das Zirkulationssystem regelt den Zusammenhang dieses geistigen Systems mit dem gröbsten System, mit dem materiellen System, mit dem Stoffwechselsystem. Das Stoffwechselsystem wird dann nach gewissen Empfindungen, die man nun schon einmal aus gewissen Untergründen heraus hat, als das gröbste System des menschlichen Organismus angesehen. Was wäre nun, wenn man ein Analogiespiel treiben würde, das Nächstliegende? Das Nächstliegende wäre, daß man sagte : Nun ja, auch der soziale Organismus zerfällt in drei Glieder. In ihm wickelt sich ab das menschliche Geistesleben. Das wäre ein Glied. In ihm wickelt sich ab das eigentliche politische Leben — wir werden gleich nachher von dieser Gliederung sprechen —, in ihm wickelt sich aber auch ab das Wirtschaftsleben. Nun könnte man, wenn man Analogiespiel treiben wollte, glauben, dasjenige, was als geistiges Leben, als geistige Kultur im sozialen Organismus gewissen Gesetzen unterworfen ist, das hätte solche Gesetze, die sich vergleichen ließen mit den Gesetzen des geistigen Systems, des Nerven- und Sinnessystems. Dasjenige System, das im Menschen als das gröbste, als das eigentlich Stoffliche angesehen wird, eben das Stoffwechselsystem, das würde ein bloßes Analogiespiel wahrscheinlich vergleichen mit dem, was man nennt das grobe, materielle Wirtschaftsleben. Derjenige, der die Dinge nun für sich betrachten kann, der weit von sich weist ein bloßes Analo­giespiel, der weiß, daß das, was wirklich ist, gerade umgekehrt ist gegen­über dem, was durch ein bloßes Analogiespiel herauskommt. Für den sozialen Organismus liegen gegenüber der wirtschaftlichen Produktion und Konsumtion, gegenüber der wirtschaftlichen Warenzirkulation so die Gesetze dem Leben zugrunde, wie im menschlichen natürlichen Organismus Gesetze zugrunde liegen seinem Nerven- und Sinnesleben, gerade seinem Geistsystem. Allerdings, dasjenige, was das Leben des öffentlichen Rechtes ist, das eigentliche politische Leben, das Leben, welches man oftmals viel zu umfassend denkt, das man bezeichnen kann als das eigentliche Staatsleben, das läßt sich nun vergleichen mit dem zwischen den zwei natürlichen Systemen, dem Stoffwechselsystem und dem Nerven-Sinnessystem liegenden rhythmischen System, dem regu­lierenden System, dem Atmungs- und dem Herzsystem. Aber nur dadurch läßt es sich vergleichen, daß eben, wie im menschlichen Orga­nismus zwischen dem Stoffwechsel- und dem Nervensystem in der Mitte das Zirkulations- oder rhythmische System liegt, so liegt das System des öffentlichen Rechtes zwischen dem Wirtschaftssystem und zwischen dem eigentlichen Leben der Geisteskultur. Und dieses Leben der Geisteskultur, dieses Leben des Geistes im sozialen Organismus, das hat nun nicht Gesetze, die sich analog denken lassen den Gesetzen der menschlichen Begabungen, den Gesetzen des menschlichen Sinnes- und Nervenlebens, sondern das, was geistiges Leben im sozialen Organis­mus ist, das hat Gesetze, die sich nur vergleichen lassen mit den Geset­zen des menschlichen gröbsten Systems, des Stoffwechselsystems.

Das ist es, wozu eine objektive Betrachtung des sozialen Organismus führt. Das muß aber auch vorausgesetzt werden, damit kein Mißver­ständnis mit Bezug auf diese Punkte eintritt, damit man nicht glaube, es werde einfach Physiologisches oder Biologisches auf den sozialen Orga­nismus übertragen. Der soziale Organismus muß aber durchaus selb­ständig für sich betrachtet werden, wenn Ersprießliches zu seinem Ge­deihen, zu seiner Gesundung geschehen soll.

Wie tönt aus den mancherlei Gebieten von Mittel- und Osteuropa auch hier herein das Wort «Sozialisierung». Diese Sozialisierung wird kein Heilungsprozeß, sondern ein Kurpfuscherprozeß am sozialen Organismus sein, vielleicht sogar ein Zerstörungsprozeß, wenn nicht in die menschlichen Herzen, in die menschliche Seele einzieht wenigstens die instinktive Erkenntnis von der Notwendigkeit der Dreigliederung des sozialen Organismus. Dieser soziale Organismus hat allerdings, wenn er gesund wirken soll, drei solche Glieder in sich.Das erste dieser Glieder, wenn man auf der einen Seite beginnt — man könnte selbstverständlich auch beim geistigen Leben beginnen, allein wir wollen beim Wirtschaftsleben beginnen, weil sich dieses ja ganz augenscheinlich alles übrige Leben beherrschend durch die moderne Technik und den modernen Kapitalismus in die menschliche Gesell­schaft hereingetragen hat —, also als erstes Glied des sozialen Organis­mus ist das Wirtschaftsleben, ist das ökonomische Leben zu betrachten. Dieses ökonomische Leben, wir werden zum Teil schon heute, zum Teil im weiteren Verlauf dieser Vorträge sehen, daß es ein selbständiges Glied für sich innerhalb des sozialen Organismus sein muß, so relativ selbständig wie das Nerven-Sinnessystem im menschlichen Organismus relativ selbständig ist. Zu tun hat es dieses Wirtschaftsleben mit all dem, was Warenproduktion, Warenzirkulation, Warenkonsumtion ist. Mit alldem, was mit diesen drei Dingen zusammenhängt, hat es das Wirt­schaftsleben zu tun. Wir werden uns gleich nachher über seine Eigen­tümlichkeiten noch genauer verständigen.

Als zweites Glied des sozialen Organismus ist zu betrachten das Leben des öffentlichen Rechtes, das eigentliche politische Leben, jenes Leben, welches man im Sinne des alten Rechtsstaates als das eigentliche Staatsle­ben bezeichnen könnte. Während es zu tun hat das Wirtschaftsleben mit alldem, was der Mensch braucht aus der Natur und aus seiner eigenen Produktion heraus, während es das Wirtschaftsleben zu tun hat mit Waren, Warenzirkulation und Warenkonsumtion, kann es dieses zweite Glied des sozialen Organismus nur zu tun haben mit alldem, was sich aus rein menschlichen Untergründen heraus auf das Verhältnis des Men­schen zum Menschen bezieht. Das bitte ich durchaus zu berücksichti­gen, denn es ist wesentlich für die Erkenntnis der Glieder des sozialen Organismus, daß man weiß, welcher Unterschied besteht zwischen dem System des öffentlichen Rechtes, das es nur zu tun haben kann aus menschlichen Untergründen heraus mit dem Verhältnis von Mensch zu Mensch, und dem Wirtschaftssystem, das es nur zu tun hat mit Waren­produktion, Warenzirkulation, Warenkonsumtion. Man muß dieses ebenso wissen, wie man zu unterscheiden wissen muß im menschlichen natürlichen System die Beziehung der Lunge zur äußeren Luft, zur Ver­arbeitung dieser äußeren Luft, wie man wissen muß dieses zu unter­scheiden von der Art und Weise, wie die aufgenommenen Nahrungs­mittel, durch das dritte natürliche System im Menschen umgewandelt, für den Menschen verwendet werden.

Als drittes Glied, das wiederum selbständig sich neben die beiden an­deren Glieder hinstellen muß, hat man zu unterscheiden im sozialen Organismus alles das, was sich auf das geistige Leben bezieht. Noch ge­nauer könnte man sagen, weil vielleicht die Bezeichnung «geistige Kul­tur» oder alles das, was sich auf das geistige Leben bezieht, durchaus nicht ganz genau ist : alles das, was beruht auf der natürlichen Begabung des einzelnen menschlichen Individuums, was hineinkommen muß in den sozialen Organismus auf Grundlage der natürlichen Begabung, geistigen und physischen Begabung des einzelnen Individuums. So wie das erste System, das Wirtschaftssystem, es zu tun hat mit alldem, was da sein muß, damit der Mensch sein materielles Verhältnis zur Außenwelt regeln kann, während das zweite System es zu tun haben muß mit all demjenigen, was da sein muß im sozialen Organismus wegen des Verhältnisses von Mensch zu Mensch, hat es das dritte System, das System, das ich, nur um einen Namen zu haben, das geistige System nenne, zu tun mit alldem, was hervorsprießen muß und eingegliedert werden muß in den sozialen Organismus aus der einzelnen menschlichen Individualität heraus.

Ebenso wahr als es ist, daß moderne Technik und moderner Kapitalismus unserem gesellschaftlichen Leben eigentlich in der neueren Zeit das Gepräge gegeben haben, ebenso notwendig ist es, daß diejenigen Wunden, die von dieser Seite her notwendig der menschlichen Gesellschaft geschlagen worden sind, dadurch geheilt werden, daß man den Menschen und die menschliche Gesellschaft selbst in ein richtiges Verhältnis bringt zu dem, was ich hier charakterisiert habe als die drei Glieder dieses sozialen Organismus. Das Wirtschaftsleben hat einfach durch sich selbst in der neueren Zeit ganz bestimmte Formen angenommen. Es hat sozusagen hereingedrängt in das menschliche Leben seine eigenen Gesetze. Die anderen beiden Glieder des sozialen Organismus sind in der Lage, mit derselben Selbstverständlichkeit sich in der richtigen Weise nach ihren eigenen Gesetzen in den sozialen Organismus hineinzuglie­dem. Für sie ist es notwendig, daß der Mensch aus Selbständigkeit, aus Bewußtsein heraus die soziale Gliederung vornimmt, jeder an seinem Orte, wo er steht. Denn im Sinne derjenigen Lösungsversuche der sozia­len Fragen, die hier gemeint sind, hat jeder einzelne Mensch seine soziale Aufgabe in der Gegenwart und in der nächsten Zukunft.

Das erste Glied des sozialen Organismus, das Wirtschaftsleben, das ruht zunächst auf der Naturgrundlage. Geradeso wie der einzelne Mensch mit Bezug auf das, was er für sich durch Lernen, durch Erzie­hung, durch das Leben werden kann, ruht auf der Begabung seines gei­stigen und körperlichen Organismus, auf denjenigen Begabungen und Talenten, die ihm gegeben sind, so ruht alles Wirtschaftsleben auf einer gewissen Naturgrundlage. Diese Naturgrundlage drückt einfach dem Wirtschaftsleben und dadurch dem gesamten sozialen Organismus sein Gepräge auf. Aber diese Naturgrundlage ist eben da, ohne daß sie durch irgendeine soziale Organisation, durch irgendeine Sozialisierung in ur­sprünglicher Art getroffen werden kann. Sie muß berücksichtigt wer­den. So wie bei der Erziehung des Menschen berücksichtigt werden muß die Begabung, die er hat auf den verschiedenen Gebieten, seine natürliche körperliche und geistige Tüchtigkeit, so muß von aller Sozia­lisierung überhaupt, von jedem Versuche, dem menschlichen Zusam­menleben auch eine wirtschaftliche Gestaltung zu geben, berücksichtigt werden die Naturgrundlage. Denn aller Warenzirkulation und auch aller menschlichen Arbeit und auch jeglichem geistigen Kulturleben liegt zugrunde als ein erstes elementarisches Ursprüngliches das, was den Menschen kettet an ein bestimmtes Stück Natur. Da muß man wirk­lich denken über den Zusammenhang des sozialen Organismus mit der Naturgrundlage, wie man beim einzelnen Menschen mit Bezug auf Ler­nen, mit Bezug auf Erziehung, im Verhältnis zu seiner Begabung zu denken hat. Man kann sich dieses gerade an extremen Fällen klarma­chen. Man braucht zum Beispiel nur zu bedenken, daß in gewissen Ge­bieten der Erde, wo die Banane ein naheliegendes Nahrungsmittel für die Menschen abgibt, in Betracht kommt für das menschliche Zusam­menleben das an Arbeit, das aufgebracht werden muß, um die Banane von ihrer Ursprungsstätte aus an einen bestimmten Bestimmungsort zu einem Konsummittel zu machen. Vergleicht man die menschliche Arbeit, die aufgebracht werden muß, um die Banane für die menschliche Gesellschaft konsumfähig zu machen, mit der Arbeit, die aufgebracht werden muß etwa in unseren Gegenden Mitteleuropas, um den Weizen konsumfähig zu machen, so ist die Arbeit, die für die Banane aufge­bracht werden muß, bescheiden gerechnet, dreihundertmal geringer. Die Arbeit, die aufgebracht werden muß, um den Weizen konsumfähig zu machen, ist, gering gerechnet, dreihundertmal größer.

Gewiß, es ist ein extremer Fall. Aber solche Unterschiede mit Bezug auf das notwendige Maß von Arbeit im Verhältnis zu der Naturgrund­lage sind auch unter unseren Produktionszweigen da, unter den Produk­tionszweigen, die in irgendeinem sozialen Organismus Europas vertre­ten sind. Nicht in dieser radikalen Verschiedenheit wie Banane und Weizen, aber diese Unterschiede sind da. So ist das durchaus im Wirtschafts­organismus begründet, daß durch das Verhältnis des Menschen, seiner Konsumtion zur Natur, das Maß von Arbeitsfähigkeit wesentlich ab­hängt von der Naturgrundlage, wie das Wesen eines Menschen abhängt von seiner natürlichen körperlichen oder geistigen Begabung. Und man braucht ja nur zum Beispiel zu vergleichen: In Deutschland, in Gegen­den mit mittlerer Ertragsfähigkeit, ist das Erträgnis der Weizenkultur so, daß ungefähr das sieben- bis achtfache der Aussaat wiederum ein­kommt durch die Ernte. In Chile kommt das zwölffache herein, in Nordmexiko kommt das siebzehnfache ein, in Peru das zwanzigfache, in Südmexiko das fünfundzwanzig- bis fünfunddreißigfache. Da haben Sie für verschiedene Gegenden der Erde die Ertragsfähigkeit der Weizen­kultur im Verhältnis zum Boden, zu dem Ertrag des Bodens. Das aber beeinträchtigt im wesentlichen das Maß von Arbeit, welches aufge­bracht werden muß, um den Weizen in der entsprechenden Weise als Ware in das Wirtschaftsleben einzufügen.

So wie man solche Angaben machen kann für das Maß von Arbeit, das notwendig ist, um den Weizen in verschiedenen Gegenden konsumfä­hig zu machen, so kann man auch unterscheiden in dem Maße von Arbeit, das notwendig ist, um die verschiedensten Produktionszweige, Rohprodukte der verschiedensten Produktionszweige, innerhalb des Wirtschaftslebens eines sozialen Organismus konsumfähig zu machen. Dieses ganze zusammengehörige Wesen, welches verläuft in Vorgän­gen, die beginnen in dem Verhältnis des Menschen zur Natur, die sich fortsetzen mit alldem, was der Mensch zu tun hat, um die Naturpro­dukte umzuwandeln und sie zu bringen bis zur Konsumfähigkeit für den Menschen, alle diese Vorgänge, die in diesen Gesamtvorgängen von der Naturgrundlage bis zur Konsumfähigkeit liegen, alle diese Vor­gänge, und nur diese, schließen sich für einen gesunden sozialen Orga­nismus in das reine Wirtschaftsglied der sozialen Organisation ein. Die­ses Wirtschaftsglied der sozialen Organisation müßte nun — ich werde das im Lauf der Vorträge noch genauer ausführen und beweisen — mit einer solchen Selbständigkeit im ganzen sozialen Organismus drinnen-stehen, wie das menschliche Kopfsystem im menschlichen Gesamtorga­nismus drinnensteht.
Und selbständig neben diesem Wirtschaftssystem müßte ein anderes System stehen, das es zu tun hat nur mit dem Verhältnis des Menschen zum Menschen. Das, was im reinen Wirtschaftssystem lebt, hat es mit dem Bedarf nach diesem oder jenem zu tun, wodurch festgestellt wird des Menschen Verhältnis zur objektiven Ware. Was als zweites Glied im sozialen Organismus sich entwickeln muß, wenn ein gesundes soziales Leben wach werden soll, das ist alles das, was regelt das Verhältnis von Mensch zu Mensch.

Man hat versäumt, den richtigen Blick für die Unterscheidung dieser zwei Glieder des sozialen Organismus sich anzueignen, dadurch daß man, wie hypnotisiert durch das moderne Wirtschaftsleben und durch uralte Denkgewohnheiten in der neueren Zeit glaubte, die wirtschaft­lichen Kräfte und Vorgänge notwendigerweise entweder für einzelne Gebiete oder im Sinne der Sozialisten radikal für das ganze Wirtschafts­leben übertragen zu können, überleiten zu können auf das, was ich hier als das zweite Glied, als das eigentliche staatliche Gebiet im engeren Sinne, als das Gebiet des öffentlichen Rechtes, als das Gebiet des Verhältnisses von Mensch zu Mensch zu schildern habe.

Dieses staatliche Gebiet wird sich nur dann gesund entwickeln kön­nen, wenn es die gegenteilige Entwickelungsströmung einschlägt, wel­che gerade von manchen als die richtige angesehen wird. Während zahl­reiche Menschen heute glauben, daß eine Gesundung des sozialen Orga­nismus nur möglich ist, wenn man möglichst verstaatlicht, wenn man möglichst viel vergesellschaftet, handelt es sich vielmehr darum, daß man erkennt und anzuwenden weiß für alle einzelnen Zweige des Lebens, daß eine durchgreifende Selbständigkeit eintreten muß zwi­schen dem Wirtschaftsleben auf der einen Seite mit seinen eigenen Ge­setzen, und dem engeren Staatsleben auf der anderen Seite, wiederum mit seinen eigenen Gesetzen.

Ich kann mir wohl denken, wie viele Menschen es gibt, die sagen : Um Gotteswillen, so kompliziert soll die Sache werden! Das, was man nun zusammenbringen wollte aus den Notwendigkeiten der neueren Ent­wickelung, das soll in verschiedene Systeme auseinandergelegt werden ! — Wer so spricht, daß ihm das zu kompliziert ist, daß er sich nicht denken könne, daß das Naturgemäße auf diesem Wege zustande kommt, der gleicht dem, der nichts davon wissen will, daß der menschliche Organis­mus nur dadurch leben kann, daß er mit relativer Selbständigkeit das rhythmische Leben, das Atmungs- und Herzleben, in der Brust, im Atmungs- und Herzsystem konzentriert, zentralisiert hat. Das Ganze des menschlichen Organismus beruht darauf, daß jedes solche Systemle­ben in sich abgeschlossen ist, und daß sie dann wiederum zusammenwir­ken. Die Gesundheit des sozialen Organismus beruht darauf, daß das Wirtschaftsleben seinen eigenen Gesetzen gehorcht, das Rechtsleben, das Leben des öffentlichen Rechtes, der öffentlichen Sicherheit, alles das, was man im engeren Sinne als politisch bezeichnen kann, wiederum seinen eigenen Gesetzen gehorcht, seine eigenen Einrichtungen hat. Ge­rade dann werden die beiden Gebiete des sozialen Organismus in der richtigen Weise zusammenwirken. Und möge es auch bei manchem, der da glaubt, aus gewissen Voraussetzungen heraus sich doch endlich zum Rechten durchgerungen zu haben, mag es nun auch bei manchem ein Schaudern erregen, gesagt werden muß es doch : So lange besteht keine Gesundung des sozialen Organismus, als in einer Partei, in einer Ver­waltung zentralistisch zusammen verwaltet wird Wirtschaftsleben und politisches Leben. Wir werden dann sehen, daß das auch für das dritte Gebiet gilt. Notwendig ist, daß ebenso, wie das Zirkulationssystem seine eigene Lunge, wie das Nerven-Sinnessystem sein eigenes Gehirn­system hat, daß ein eigener Verwaltungsorganismus, ein selbständiger Verwaltungs-, ein selbständiger Vertretungsorganismus, also Partei­oder sonstige Vertretung, vorhanden ist je für das Wirtschaftsleben, für das politische Leben oder das öffentliche Rechtsleben, und für das dritte Gebiet, wiederum selbständig, für das geistige Leben.

Diese drei Gebiete haben in sich eine gewisse Souveränität im gesun­den sozialen Organismus und verhandeln untereinander durch ihre selb­ständigen Vertreter, um dadurch jenes gegenseitige Verhältnis herzu­stellen zwischen den drei Gliedern des sozialen Organismus. Das ent­spricht dem auch in selbständiger Weise hergestellten Verhältnis der drei Glieder des menschlichen natürlichen Organismus. Es wird sich herausstellen, daß im wesentlichen diejenigen Vertretungen und Ver­waltungen, die sich herausergeben werden aus dem Wirtschaftsgliede des Organismus, daß diese im wesentlichen darauf hinzuarbeiten haben, daß dieser Wirtschaftsorganismus für sich auf assoziativer Grundlage aufgebaut ist, Genossenschafts-, Gewerkschaftswesen, aber höheres Genossenschafts-, Gewerkschaftswesen ist, solches Genossenschafts-, Gewerkschaftswesen, das sich nur mit den Gesetzen von Warenproduk­tion, Warenzirkulation, Warenkonsumtion beschäftigt. Das ist es, was die Grundlage bilden, was den Inhalt bilden wird für das Wirtschafts­glied des sozialen Organismus. Auf dem Assoziationsleben wird er be­ruhen. Es wird auf demjenigen beruhen, was die notwendigen Un­gleichheiten, die durch die Naturgrundlage gegeben werden, zum Aus­gleich bringt. Ich habe darauf hingewiesen, wie verschieden der menschliche Arbeitsaufwand ist, je nach dem dies oder jenes Verhältnis zu der Naturgrundlage eines Produktionszweiges besteht. Alles dies kommt in eine unnatürliche soziale Organisation hinein, wenn so zu­sammenarbeiten, wie bisher zusammengearbeitet haben, Natur, Men­schenarbeit und Kapital. Natur, Menschenarbeit und Kapital sind in der chaotischsten Weise hinein konfundiert worden in den Einheitsstaat oder sind anarchisch draußen geblieben, außerhalb dieses Einheitsstaa­tes. Es muß erkannt werden, daß sowohl das Leben der geistigen Kul­tur, das beruht auf den körperlichen und geistigen Anlagen der Men­schen und ihrer Ausbildung, als auch das öffentliche, politische und Rechtsleben, daß sie die Aufgabe haben, gerade auszusondern, für sich zum selbständigen Leben zu bringen das, was das System des Wirt­schaftsorganismus ist.

Ich kann noch, um mich vielleicht verständlich zu machen, soweit dies schon heute notwendig ist, zu dem Folgenden greifen. Als aus allerdings anderen Grundlagen heraus als diejenigen sind, in denen wir heute nun schon leben, auftauchte aus tiefen Untergründen der menschlichen Natur heraus der Ruf nach einer Neugestaltung des sozialen Organis­mus, da hörte man als Devise dieser Neuorganisation die drei Worte : Brüderlichkeit, Gleichheit, Freiheit. Nun wohl, wer sich mit vorurteils­losem Sinn und mit einem gesunden Menschheitsempfinden einläßt auf alles wirklich Menschliche, der kann natürlich nicht anders als die tiefste Sympathie und das tiefste Verständnis empfinden für alles das, was da liegt in den Worten Brüderlichkeit, Gleichheit, Freiheit. Dennoch, ich kenne ausgezeichnete Denker, tiefe, scharfsinnige Denker, welche immer wieder und wiederum im Laufe des 19. Jahrhunderts sich Mühe gegeben haben, zu zeigen, wie es unmöglich ist, in einem einheitlichen sozialen Organismus die Ideen von Brüderlichkeit, Gleichheit, Freiheit zu verwirklichen. So hat ein scharfsinniger Ungar den Nachweis zu führen gesucht, daß diese drei Dinge, wenn sie sich verwirklichen sollen, wenn sie eindringen sollen in die menschliche soziale Struktur, sich widersprechen. Scharfsinnig hat er nachgewiesen zum Beispiel, wie es unmöglich ist, wenn man die Gleichheit im sozialen Leben allein durchführt, daß dadurch die in jedem Menschenwesen notwendig begründete Freiheit auch zur Geltung komme. Widersprechend fand er diese drei Ideale. Merkwürdig, man kann gar nicht anders, als denen zustimmen, die diesen Widerspruch finden, und man kann gar nicht anders als aus einem allgemein menschlichen Empfinden mit jedem dieser drei Ideale seine Sympathie haben ! Warum dieses ?

Nun, eben aus dem Grunde, weil man den rechten Sinn dieser drei Ideale erst einsieht, wenn man erkennt die notwendige Dreigliederung des sozialen Organismus. Die drei Glieder sollen nicht in einer abstrak­ten, theoretischen Reichstags- oder sonstigen Einheit zusammengefügt und zentralisiert sein, sie sollen lebendige Wirklichkeit sein und durch ihr lebendiges Wirken nebeneinander erst die Einheit zusammenbrin­gen. Wenn diese drei Glieder selbständig sind, so widersprechen sie sich in einer gewissen Weise, wie das Stoffwechselsystem dem Kopfsystem und dem rhythmischen System widerspricht. Aber im Leben wirkt das Widerspruchsvolle gerade zu der Einheit zusammen. Daher wird man zu einem Erfassen des Lebens des sozialen Organismus kommen, wenn man imstande ist, die wirklichkeitsgemäße Gestaltung dieses sozialen Organismus zu durchschauen. Dann wird man erkennen, daß im Zu­sammenwirken der Menschen im Wirtschaftsleben, wo sie untereinan­der zu regeln haben auf dem besonderen, eigenen Gebiete dieses erste soziale Glied, daß auf diesem Gebiete in dem, was Menschen tun, wirken muß die Brüderlichkeit. In dem zweiten Gliede, in dem System des öffentlichen Rechtes, wo man es zu tun hat mit dem Verhältnis des Men­schen zum Menschen, nur insoferne man überhaupt Mensch ist, hat man es zu tun mit der Verwirklichung der Idee der Gleichheit. Und auf dem geistigen Gebiete, das wiederum in relativer Selbständigkeit dastehen muß im sozialen Organismus, hat man es zu tun mit der Idee der Frei­heit. Da gewinnen plötzlich diese drei goldenen Ideale erst ihren Wirk­lichkeitswert, wenn man weiß : sie dürfen nicht in einem chaotisch Durcheinandergewürfelten sich realisieren, sondern in dem, was ein nach wirklichkeitsgemäßen Gesetzen orientierter sozialer dreigliedriger Organismus ist, in welchem jedes einzelne der drei Glieder für sich das ihm zugehörige Ideal von Freiheit, Gleichheit und Brüderlichkeit ver­wirklichen kann.

Ich kann heute die Struktur des sozialen Organismus nur skizzenhaft andeuten. In den nächsten Vorträgen werde ich dieses alles im einzelnen begründen und beweisen. Was ich aber zu dem Gesagten noch hinzuzu­fügen habe, ist, daß als drittes Glied des gesunden sozialen Organismus wirken muß alles dasjenige, was sich in ihn hineinstellt aus der mensch­lichen Individualität heraus, was auf Freiheit basiert sein muß, was auf der körperlichen und geistigen Begabung des einzelnen Menschen be­ruht. Hier berührt man wiederum ein Gebiet, welches allerdings, richtig charakterisiert, manchem Gegenwartsmenschen noch ein leises Schau­dern verursacht. Das, was umschlossen werden muß von diesem dritten Gebiete des gesunden sozialen Organismus, das ist alles dasjenige, was sich auf das religiöse Leben des Menschen bezieht, was sich auf Schule und Erziehung im weitesten Sinne bezieht, was sich auch sonst auf das geistige Leben, auf den Betrieb von Kunst und so weiter bezieht. Und, heute will ich es nur erwähnen, in den nächsten Vorträgen werde ich auch das ausführlich begründen : Alles das gehört in dieses dritte Gebiet, was sich bezieht nun nicht auf das öffentliche Recht, das in das zweite Gebiet gehört, sondern was sich bezieht auf das private Recht und auf das Strafrecht. Ich habe manchen gefunden, dem ich vortragen konnte diese Dreigliederung des sozialen Organismus und er hat mancherlei verstanden — das konnte er nun gar nicht verstehen, daß das öffentliche Recht, das Recht, das sich auf die Sicherheit und Gleichheit aller Men­schen bezieht, abgetrennt werden muß von dem, was Recht ist gegen­über einer Rechtsverletzung, oder gegenüber dem, was eben private Verhältnisse der Menschen sind, daß das voneinander abgetrennt wer­den muß, und daß Privatrecht und Strafrecht dem dritten, dem geistigen Gliede des sozialen Organismus zugezählt werden muß.

Nun, das moderne Leben hat sich leider bis jetzt ganz und gar abge­kehrt von einer Berücksichtigung dieser drei Glieder des sozialen Orga­nismus. So wie der Wirtschaftskörper mit seinen Interessen eingedrun­gen ist in das staatliche, in das eigentlich politische Leben, seine Interessen hineingebracht hat in die Vertretungskörper des politischen Lebens, dadurch getrübt hat die Möglichkeit, wirklich dieses zweite Glied des sozialen Organismus so zu gestalten, daß sich die Gleichheit aller Men­schen darinnen verwirklicht, so hat auch aufgesogen das Wirtschafts­und das staatliche Leben das, was sich nur in freier Gestaltung entwik­kein kann. Aus einem gewissen Instinkt heraus, allerdings aus einem verkehrten Instinkt heraus hat die moderne Sozialdemokratie das reli­giöse Leben abzutrennen versucht von dem öffentlichen Staatsleben: «Religion ist Privatsache» ; aber leider nicht aus einer besonderen Ach­tung vor der Religion, aus einer besonderen Schätzung desjenigen, was mit dem religiösen Leben dem Menschen gegeben ist, sondern gerade aus einer Mißachtung, aus einer Gleichgültigkeit gegenüber dem reli­giösen Leben, was mit den Dingen zusammenhängt, die ich im vorigen Vortrage, vorgestern, ausgeführt habe. Aber richtig ist an dieser Forde­rung die Abtrennung des religiösen Lebens von den beiden anderen Ge­bieten, von der Gestaltung des Wirtschaftslebens und von der Gestal­tung des politischen Lebens. Aber ebenso notwendig ist die Abtren­nung des gesamten niederen und höheren Erziehungswesens, wie des geistigen Lebens überhaupt, von den beiden anderen Gliedern. Und erst dann wird ein wirklich gesundes Leben des sozialen Organismus eintre­ten, wenn innerhalb derjenigen Körperschaften, die zu wachen haben über die Gleichheit aller Menschen vor dem Gesetze, wenn in dieser Körperschaft nur darauf gesehen wird, daß aus den freien menschlichen Individualitäten heraus Schule, religiöses und sonstiges geistiges Leben sich entwickeln kann, wenn darüber gewacht wird, daß dieses Leben in Freiheit sich entwickelt, wenn nicht der Anspruch darauf gemacht wird, von sich aus zu regeln, von der Wirtschaft oder vom Staate aus zu regeln das Schul-, das Erziehungs-, das geistige Leben.

Das scheint heute radikal. Allein, man muß solche Radikalismen aus­sprechen, sobald man sie erkannt hat. Das geistige Leben, einschließlich des Erziehungslebens und einschließlich der Rechtsprechung in Privat und Strafsachen, unterliegt so sehr dem, was aus der einzelnen Individualität des Menschen herausfließt in voller Freiheit, daß die beiden anderen Glieder des sozialen Organismus keinen Einfluß nehmen dürfen auf die Konfiguration, auf die Gestaltung dieses Lebens.

Ich habe Ihnen heute zunächst nur eine Skizze gegeben über die Ge­dankenrichtung, in der sich die Lösungsversuche der sozialen Frage bewegen müssen, jene Lösungsversuche, welche auf den wirklichen Notwendigkeiten des Lebens beruhen, welche nicht auf den abstrakten Forderungen einer einzelnen Partei, einer einzelnen Klasse beruhen, sondern auf den Entwickelungskräften der neuzeitlichen Menschheit überhaupt.

Ich möchte sagen: Jeden Einwand, der gemacht wird, kann ich ver­stehen, ich bitte aber gerade mit Einwänden zu warten, bis das gehört ist, was ich zur Ausführung dieser allgemeinen Skizze in den nächsten Vorträgen zu sagen haben werde. Insbesondere heute könnte ich Ein­wände verstehen, wo ich ja nur versucht habe zu charakterisieren, wo die Beweise noch nicht vorliegen. Aber ich möchte sagen: Ich kann jeden Einwand verstehen aus den mancherlei Erfahrungen heraus, die ich mit den Ideen, die ich auch hier vertreten will und die ich aus der ja so vielfach verkannten Geisteswissenschaft heraus als die Wirklichkeits­grundlage des Lebens zu erkennen glaube, die ich mit diesen Dingen ge­macht habe. Wir haben hinter uns die Zeit der furchtbarsten Menschheitskatastro­phe. Man müßte innerhalb des Lebens, das man führen mußte innerhalb dieser katastrophalen Zeit, nicht das menschliche Herz auf dem rechten Flecke gehabt haben, wenn man nicht Ausblick gehalten hätte nach sei­nen Kräften, nach seinen Fähigkeiten: Wo liegen die Hilfen aus dem furchtbaren Chaos heraus, in das wir hineintrieben? — Ich sagte Ihnen vorgestern, ich werde über die besonderen Verhältnisse dieses Krieges in seinen Ursachen und in seinem Verlaufe im Zusammenhange mit der sozialen Frage in den beiden nächsten Vorträgen noch zu sprechen haben. Heute möchte ich sagen, daß es mir klar war, als wir noch lange drinnenstanden in den Ereignissen, die jetzt in eine Krise eingetreten sind, von welcher manche kurzdenkende Menschen glauben, daß sie schon ein Ende ist, daß zu denjenigen Dingen, die aus dem Chaos, aus der furchtbaren Katastrophe auf dem einen oder anderen Gebiete der sogenannten zivilisierten Welt herausführen können, auch gehört ein richtiges Denken, ein richtiges Vorstellen wahrhaftiger, wirklichkeits­gemäßer Impulse für den menschlichen sozialen Organismus. Ich habe manchen Persönlichkeiten, die tätig und ratend drinnenstanden in den letzten Jahren in dem, was in so furchtbarer Weise geschah innerhalb der Entwickelung der neueren Menschheit, das vorgelegt, was auch der Nerv meiner jetzt hier zu machenden Ausführungen ist; ich habe man­cher Persönlichkeit, auf die es scheinbar ankam, klarzumachen versucht, wie anders die Ereignisse würden, wenn von autoritativer, von maßge­bender Stelle aus der Welt gesagt würde : Wir wollen einem gesunden menschlichen sozialen Ziele zueilen. — Das ganze Verhältnis der Staaten untereinander hätte anders werden müssen, wenn statt bloßer Rechts-und Staatsprogramme umfassende Menschheitsprogramme in dem hier gemeinten Sinne von da oder dort in die Menschheit gebracht worden wären.

Man kann nicht einmal sagen, daß solche Dinge nicht ein gewisses theoretisches Verständnis gefunden hätten. Was ich in diesen Vorträgen ausgeführt habe, hat manchen sogar recht sympathisch geschienen. Aber die Brücke zu schlagen zwischen dem Verstehen einer solchen Sache und dem Willen, nun wirklich alles zu tun, um diese Dinge im Leben entsprechend zu verwirklichen, jeder an seinem Orte, diese Brücke zu schlagen, das ist noch eine andere Sache. Das wirkt vielfach unbequem. Daher betäubt sich mancher gerne und sagt : Mir scheint das Ganze träumerisch, unpraktisch. — Er betäubt sich nur, weil er nicht den Willen hat, wirklich einzugreifen in den Gang der Ereignisse. Nicht ein revolutionärer Gang der Ereignisse ist hier gemeint, nicht etwas was von heute auf morgen geschehen soll, sondern an die Richtung ist ge­dacht, in welche alle einzelnen Maßnahmen des öffentlichen und priva­ten Lebens gebracht werden müssen, wenn eine Gesundung des sozialen Organismus eintreten soll. Das, was ich schon vorgestern gesagt habe, das habe ich in anderer Form manchem Menschen, auf den man rechnen wollte in dieser schwierigen Zeit, mit folgenden Worten gesagt : Heute, sagte ich zum Beispiel, stehen wir in dem furchtbarsten der Kriege. Spräche man aus diesem furchtbarsten der Kriege das, was der Menschheit sozial notwendig ist, so aus, daß man sagt : man bekenne sich dazu, diesem oder jenem Reiche einen menschenwürdigen Inhalt dadurch zu geben, daß man so etwas für die Menschheit verwirklichen will, dann würde man dem furchtbaren Gang der Ereignisse eine ganz andere, heil­samere Richtung geben als durch das bloße Schwert, durch die bloßen Kanonen und dergleichen, oder durch eine bloße, eigentlich auf gewis­sen Gebieten gar nicht vorhandene Politik. Ich sagte : Sie haben die Wahl, entweder das, was hier vorgelegt wird, was erkannt wird aus den Entwickelungsbedingungen und Entwickelungskräften der Menschheit heraus, durch Vernunft zu verwirklichen, oder vor etwas anderes gestellt zu sein.

Heute stehen wir, weil die Menschheit in den letzten Jahrzehnten ge­wissermaßen versäumt hat, das zu erkennen, was in diesen Dingen liegt, heute stehen wir vor der furchtbarsten Katastrophe, die hereingebro­chen ist wie eine Krankheit, wie eine Krankheit, die einen Organismus befällt, der nicht naturgemäß seinen Gesetzen nachlebt. Diese Kriegska­tastrophe soll gerade zeigen, deutlich zeigen, was man vor ihr auch schon hätte erkennen können, aber weil es nicht so deutlich war, eben nicht erkannt hat, die soll zeigen, was notwendig ist für die Gesundung des sozialen Organismus der Menschheit. Und manchem habe ich ge­sagt : Sie haben in diesen Andeutungen über die menschliche Entwicke­lung in sozialer Beziehung gegeben, was sich in den nächsten zwanzig bis dreißig Jahren in der zivilisierten Welt verwirklichen will. Es ist nicht ein Programm, nicht ein Ideal, von dem ich spreche, sondern es ist das Ergebnis der Beobachtung desjenigen, was sich in den nächsten zehn, zwanzig, dreißig Jahren durch das, was in der Menschheit keim­haft heute schon veranlagt ist, verwirklichen will. Und Sie haben nur die Wahl, sagte ich, entweder durch die Vernunft an der Verwirklichung zu arbeiten, oder sich gegenübergestellt zu sehen Revolutionen und sozialen Kataklysmen, sozialen furchtbaren Umwälzungen. Nichts drittes gibt es daneben. Der Krieg wird vielleicht die Zeit sein — so sagte ich zu manchem —, wo noch Vernunft anzunehmen ist. Nachher könnte es zu spät sein. Denn es handelt sich nicht um ein Programm, das man ausführen oder unterlassen kann, sondern es handelt sich darum, daß das er­kannt werden muß, was sich verwirklichen will, und was der Mensch deshalb verwirklichen muß, weil es in seinen notwendigen geschicht­lichen Wachstumskräften für die Gegenwart und die nächste Zukunft liegt.

Was sich auch noch als ein besonderes Hindernis des Verständnisses ergab, das war, daß der eine oder andere immer wieder glaubte, solche Dinge bezögen sich nur auf das innere Gefüge irgendeines Staates oder irgendeines Menschheitsterritoriums. Nein, solches soziale Denken ist zu gleicher Zeit die Grundlage für die wirklich notwendige Gestaltung der äußeren Politik der Staaten untereinander. Geradeso wie der menschliche Organismus jedes seiner Systeme durch besondere Organe der Außenwelt zuwendet, so kann auch nur der Staat, wenn ich nun die­sen Gesamtausdruck gebrauchen darf, als sozialer Organismus seine drei Glieder nach außen in Tätigkeit versetzen. Ganz anders stellen sich die Verhältnisse von Einzelstaat zu Einzelstaat heraus, wenn nicht mehr zentralisierte Regierungen und Verwaltungen miteinander in Bezie­hung treten, sondern wenn von dem einen sozialen Gebilde die Vertre­ter des geistigen Lebens mit den Vertretern des geistigen Lebens des an­deren sozialen Staatsgebildes in Beziehung treten, wiederum die Vertre­ter des Wirtschaftsgebietes, des politischen Gebietes, mit der entspre­chenden Vertretung der anderen. Während das Zusammenfügen, das Durcheinanderwirren der drei Gebiete nach außen hin so wirkt, daß immer, wenn ich so sagen darf, an den Grenzen notwendig Konflikte entstehen müssen durch das Chaos, das in dem Durcheinanderwirren der drei Gebiete liegt, würde, wenn über die Grenzen der einzelnen Staa­ten hinüber die Vertretungen der drei Glieder in ihrer Selbständigkeit wirkten, das Wirken des einen Gliedes in internationaler Beziehung durch das Wirken des anderen nicht nur nicht gestört, sondern im Ge­genteil korrigiert und ausgeglichen werden.

Das ist es, was ich heute nur, ich möchte sagen, wiederum skizzen­weise hinstellen möchte zur Bekräftigung dessen, daß es sich hier nicht bloß handelt um Geltendmachung gewissermaßen einer inneren sozia­len Staatsstruktur, sondern um internationales und soziales Leben der Menschheit. Alle diese Dinge versuchte ich schon klarzumachen, wäh­rend wir in den furchtbaren katastrophalen Ereignissen drinnenstanden. Jetzt ist für viele Menschen Mittel- und Osteuropas furchtbares Unglück hereingebrochen, furchtbares Unglück, das für jeden einzelnen, für jeden Einsichtigen sich als ein auch die übrige Welt bedrohliches Unglück zeigt. Das muß Platz greifen mit Bezug auf ein wirkliches Ver­ständnis der Menschheit für ihre Aufgaben in der Gegenwart und Zu­kunft: daß diejenigen, welche also aus den wahren wirklichen Entwik­kelungsbedingungen der Menschheit heraus das Leben in seine Gesun­dung überführen wollen, nicht für unpraktische Idealisten, sondern für die wirklichen Lebenspraktiker endlich genommen werden. Der selbst­verständlichen Gestaltung des modernen Lebens aus Technik und Kapitalismus heraus muß sich gegenüberstellen die durchaus auf innerster menschlicher Initiative beruhende Gestaltung der geistigen, selbstän­digen geistigen Kultur und der selbständigen Staatskultur, welche die wahre Gleichheit von Mensch zu Mensch begründet und welche auch, wie wir demnächst sehen werden, die Arbeits- und Lohnverhält­nisse erst in einer für das Proletariat wünschenswerten Weise regeln können.

Die Frage nach der Gestaltung der menschlichen Arbeit, nach der Be­freiung der menschlichen Arbeit von der Ware, die wird erst lösbar, wenn die Dreigliederung des sozialen Organismus eintritt. Das, was die modernen Sozialisten wollen, ist als Wollen gewiß berechtigt; was sie selbst als die Heilmittel ansehen, das würde am allerwenigsten als Heil­mittel wirken, wenn es in äußere Realität so übergeführt würde, wie sie wollen.


Das aber möchte ich immer wieder und wiederum betonen : Hier ver­suche ich nicht aus irgendeiner einseitigen Klassen- oder Parteistellung heraus, sondern aus der Beobachtung der menschlichen Entwickelungs­kräfte heraus über dasjenige zu sprechen, was die einen Sozialisierung, die anderen Gesundung des sozialen Lebens, wieder andere Wiederer­wachen eines gesunden politischen Sinnes und so weiter nennen. Daß man es aber mit etwas zu tun hat, was nicht ein willkürliches Programm ist, sondern was der tiefste Wirklichkeitsimpuls der nächsten Jahrzehnte der Menschheitsentwickelung ist, das ist es, was eigentlich zugrunde liegt der ganzen Meinung und Intention, die ich mit diesen Vorträgen verwirklichen will ; daß man es nicht zu tun hat mit der Meinung eines Menschen aus diesem oder jenem Stande heraus, sondern daß man es zu tun hat mit dem, was da spricht die tiefere Wollensgrundlage der Menschheit für die nächsten Jahrzehnte. Das möchte ich nun im einzel­nen begründen und ausführen und beweisen durch die beiden Vorträge der nächsten Woche.