Thématique : Systèmes sociaux
Partie 3 du livre de Udo Hermannstorfer :
"Economie de marché en apparence". 3e éd. 1997 > sommaire complet
trad.B.P v. 01. au
14/08/2021
Le réveil des systèmes
L’Occident
aussi a besoin de perestroïka
Concurrence entre systèmes
L’homme et le système
L’extension associative de l’économie de
marché
On
ne doit pas pouvoir vendre des droits : le
problème des marchés fictifs
L’Occident
aussi
a besoin de perestroïka
Pendant des décennies,
la discussion sur la meilleure forme d’économie a été
dominée par le conflit des systèmes : économie de
marché capitaliste ou économie planifiée
socialiste ? Aujourd’hui, il n’y a plus du tout de
discussion. Le socialisme s’est effondré, le capitalisme
a gagné – cette brève formule rend toute tentative de
justification superflue : la victoire l’emporte sur
tout autre argument. N’entre-t-on pas d’emblée dans le
camp des perdants si l’on critique le vainqueur à
l’heure de la victoire ?
On peut aussi le voir
différemment. C’est précisément parce que la discussion
infructueuse du système est tombée qu’il pourrait y
avoir place pour une reconsidération fructueuse. Ce
besoin existe depuis longtemps. Gorbatchev a averti les
pays axés sur l’économie de marché : l’Occident
aussi a besoin de perestroïka ! L’Occident a rejeté cet
avertissement avec indignation. Mais le jet de pierres
est-il injustifié uniquement parce que le lanceur se
trouve dans une maison de verre ?
En se fixant sur la concurrence entre les deux systèmes,
on a relégué au second plan la question de leur qualité
sociale interne et on en a fait un choix du moindre mal.
Parmi les aveugles, le borgne peut se sentir roi. Mais
nous ne pouvons être satisfaits que si nos conditions
sociales satisfont également les demandes des voyants.
Concurrence
entre
systèmes
L’appel à la liberté
individuelle ou à la liberté de l’individualité se
répand dans le monde depuis plusieurs siècles. Cette
exigence est particulièrement forte chez l’homme
d’Europe occidentale, mais elle ne se limite pas à lui.
Nulle part on ne peut travailler pour l’avenir contre la
liberté. C’est ce que montrent non seulement
l’expérience des pays socialistes, mais aussi la
situation des pays dits en développement. Cependant,
parallèlement à la recherche de la liberté s’est
développé le point de vue scientifico-matérialiste,
selon lequel cette liberté de l’ego se traduit
économiquement par l’égoïsme. Dans l’économie de marché,
celui-ci a donc été élevé au rang de seul moteur de
l’action économique. L’appel à la fraternité économique
apparaît donc au penseur adepte du marché libre comme un
affaiblissement sentimental de ce moteur : la
prospérité pour tous n’existe que parce que l’individu y
tend de toutes ses forces ; si l’on ne vit pas dans
la prospérité, c’est qu’on n’a pas fait l’effort dans ce
sens. Les injustices qui en résultent sont perçues comme
une incitation pour ceux qui n’ont pas réussi. Dans la
compétition, les forts tirent le meilleur parti de la
situation et les faibles sont laissés sur le bord du
chemin. La compassion est peut-être une belle qualité
humaine, que notre christianisme nous demande de
cultiver, mais elle n’a pas sa place dans
l’économie : la pensée de l’économie de marché
présente de nombreux traits du darwinisme social.
Le socialisme, quant à
lui, est devenu le point de ralliement des personnes
défavorisées par l’économie de marché. Les gens –
également en Occident – sont poussés vers les idées
socialistes parce qu’ils se révoltent contre la
justification de la distribution inéquitable des
bénéfices économiques par le fonctionnement des lois
« objectives » du marché, c’est-à-dire des
lois qui fonctionnent selon le modèle des lois de la
nature. De nombreuses tentatives ont été faites pour
démontrer de manière exhaustive que l’injustice est le
résultat d’une énorme manœuvre frauduleuse, qui dans les
systèmes juridiques occidentaux est appelée
« propriété des moyens de production ». Selon
ce point de vue, la propriété est devenue la forme
d’exploitation des non-propriétaires. C’est pourquoi la
révolution socialiste commence par un acte juridique
révolutionnaire, « l’expropriation des
expropriateurs ». On tente ainsi de dépasser le
dogme de l’égoïsme comme seul moteur de l’action
économique en définissant l’âme et l’esprit de l’homme
comme une fonction des conditions sociales. Par
conséquent, si les institutions sociales sont tournées
vers l’ensemble des hommes qui travaillent, ces
conditions sociales feront aussi de l’homme un homme qui
ressent et agit socialement. L’intérêt de l’individu
doit être subordonné au bien du collectif ; après
une période de transition, l’individu vivra cette
subordination comme sa propre volonté. Tant que ce n’est
pas le cas, il faut défendre la société contre
l’égoïsme.
Mais comme l’égoïsme
est inséparable de l’homme, sa suppression devient une
suppression de l’homme. Apparaît alors le collectivisme,
dont l’efficacité est dirigée contre l’être humain
individuel au nom de l’humanité. Ainsi, cette forme de
société détruit ce qu’elle entend construire. La
révolution mange ses enfants. Ce qui est vraiment
choquant, c’est le mépris de l’humanité constaté chez
ceux qui sont responsables de la dynamique propre de
cette évolution (on observe déjà ce phénomène à la
Révolution française, où des personnes étaient
guillotinées au nom de la vertu. La terreur est la vertu
de la révolution – disait Robespierre).
Mais il y a aussi,
surtout en Europe, de nombreuses tentatives pour trouver
un équilibre entre les deux positions, une troisième
voie. D’une part, les forces de la conscience dans
l’Occident chrétien sont telles que nous ne pouvons
tolérer l’injustice et les difficultés sociales que
jusqu’à un certain point sans passer à l’action. En
outre, il y a une propagation de la morale de bon sens,
due au fait que nous sommes dépendants les uns des
autres dans le cadre de l’économie basée sur la division
du travail. Ainsi, un économiste de marché correct
considère que la redistribution des biens pour des
raisons sociales est un péché économique, mais d’un
autre côté, les dépenses sociales constituent un pouvoir
d’achat dans les mains de ceux qui en ont besoin et sont
donc nécessaires à la vente des biens produits. Une
troisième raison de l’intervention de l’État social dans
le marché réside dans le système social de la
démocratie : étant donné que les personnes
socialement faibles représentent une grande partie des
électeurs, voire leur majorité, la redistribution du
haut vers le bas est une nécessité politique pour
obtenir la permission de continuer, c’est-à-dire d’être
élu.
Le modèle de solution
intermédiaire entre ces deux positions qui retient
actuellement le plus l’attention est l’« économie
sociale de marché » de la République fédérale
d’Allemagne. Dans ce cas, l’économie elle-même est
laissée aux forces du marché, tandis que ce qui est
socialement souhaitable est « imposé » de
l’extérieur par l’État sous la forme d’obligations et de
réglementations. Avec ce concept, les conditions
sociales paraissent beaucoup plus équilibrées que dans
d’autres régions du monde. D’une part, « travailler
peut valoir la peine », c’est-à-dire qu’il reste
suffisamment d’avantages personnels pour nourrir
l’égoïsme, d’autre part, un « filet social »
garantit qu’en règle générale, personne ne souffre de
difficultés existentielles au point de devoir remettre
fondamentalement en question le système économique.
L’homme et le
système
Toutes ces approches de
l’organisation de la vie économique souffrent, même si
elles contiennent des aspects partiels corrects, d’une
grave carence : elles nient la possibilité que
l’individualité humaine puisse également développer en
elle la socialité, la fraternité. Selon la conception de
l’homme qui sous-tend l’économie de marché,
l’intelligence de l’homme ne peut que servir
d’instrument au désir de l’âme. Dans l’économie sociale
de marché, on considère que le comportement social est
nécessaire, mais on croit qu’il faut imposer de
l’extérieur les devoirs sociaux à la volonté de
l’individu. La compensation sociale apparaît ici comme
une déduction forcée des fruits de l’égoïsme et n’est
donc fournie qu’à contrecœur.
Sous le socialisme, on
pensait qu’il fallait priver l’homme de sa spiritualité
individuelle pour la remplacer par un comportement
collectif basé sur la solidarité. Quiconque parle de
fraternité dans l’économie de marché est considéré comme
un idéaliste étranger au monde ou comme un
grincheux ; quiconque revendique la liberté
individuelle dans le socialisme est considéré comme un
ennemi contre-révolutionnaire du collectif. L’homme qui
aspire à la fraternité par la liberté ne constitue le
point de départ d’aucune considération. Mais nous
appelons ce comportement « amour ». Dans
l’Occident chrétien, celui-ci n’a pas encore trouvé de
lieu de réalisation, bien que la vie économique, avec sa
division du travail qui englobe tout, exige la
solidarité avec l’humanité. L’amour ne se décrète pas.
Mais les institutions sociales ne doivent pas empêcher
son efficacité. C’est pourtant ce qui se produit
lorsque, dans l’organisme économique, seules sont
autorisées les institutions qui correspondent aux
attitudes découlant de la vision du monde immanente au
système. Dans un cas, l’homme est enchaîné à sa nature
instinctive dont, dans son humanité la plus profonde, il
veut justement s’émanciper ; dans l’autre cas, on
détruit son humanité individuelle pour faire de lui un
membre fonctionnel d’un collectif orienté vers la
société.
L’extension
associative
de l’économie de marché
La contribution qui
suit porte donc sur l’extension de l’économie de marché
à l’économie associative (si l’emploi du mot est
justifié, il n’est pas l’essentiel). Quiconque observe
l’évolution actuelle de l’économie peut voir émerger
partout la nécessité de cette extension de notre
conception et de notre comportement économiques.
En période de pénurie,
les motivations des personnes actives peuvent sembler
indifférentes, du moment que des produits et des
services sont créés. Le pain avant la culture et
l’esprit, telle est la recommandation que l’Occident
fait actuellement circuler dans le monde entier.
Cependant, dans un stade de développement avancé comme
celui que nous connaissons actuellement, c’est
précisément la formation des motivations qui est de plus
en plus importante. Nous commençons à
comprendre que chaque action économique a sa
contrepartie/contre-écriture quelque part dans le
monde : quand quelqu’un
s’enrichit égoïstement à un endroit, la pauvreté
apparaît à un autre endroit ; quand les matières
premières sont gaspillées, la pénurie et l’inflation
apparaissent ; quand l’environnement est
surexploité, les destructions irréparables qui se
produisent compromettent l’avenir ; quand il y a
surabondance quelque part, les gens émigrent depuis les
régions pauvres ; quand les ressources terrestres
sont accaparées par le pouvoir, la haine et la révolte
se développent ; quand les exportations sont en
permanence excédentaires, des montagnes de dettes
s’accumulent ailleurs, et ainsi de suite. Il ne faut pas
comprendre ces contre-passations/contre-écritures
seulement en termes techniques, sur le papier ;
elles existent dans les préoccupations sociales. À long
terme, cependant, leurs conséquences se répercutent sur
ceux qui les ont provoquées et les détruisent.
Sur le dessin au
tableau noir des modèles de marché libre, tout paraît
simple : on ne fait que changer les chiffres dans
les formules et les corriger avec l’éponge et la craie.
Or dans la vie sociale, il ne s’agit pas de réalités
inscrites au tableau noir, mais de destins individuels
concrets ou de destins de groupes, de régions ou de
continents entiers. Malheur, par exemple, lorsque les
pauvres du monde entreprennent de venir dans les pays
prospères parce que la rémunération du facteur de
production, le travail, y est plus élevée et attire
ainsi l’offre. Personne n’est disposé, convaincu par le
marché libre, à laisser ensuite le salaire baisser
jusqu’à ce que l’offre et la demande s’équilibrent.
Pourquoi tente-t-on frénétiquement de créer des emplois
en ex-RDA alors qu’il y a une pénurie de main-d’œuvre à
l’Ouest ? Nous ne laissons l’organisation sociale aux
seules forces du marché quasiment nulle part. Au sein de
la CE, près de 60 % des biens et services
proviennent de « marchés » sur lesquels la
société est intervenue, parfois de manière
substantielle, « pour des raisons sociales
impérieuses », contre les forces du marché (par
exemple, dans l’agriculture, les transports, les
services postaux et les télécommunications, les
industries de l’acier et du charbon, les chantiers
navals, les industries aéronautique et informatique,
etc.) Mais ce n’est rien d’autre que la prise en compte
de points de vue plus globaux que le bien-être de
l’individu.
L’important est le bien
de l’ensemble. Si l’on ne veut pas s’empêtrer dans un
maquis de réglementations bureaucratiques et
liberticides, il faut que des motivations plus élevées
apparaissent chez les acteurs de la vie économique. Or
cela n’est possible que si leur conscience et donc leur
responsabilité s’étendent aux processus
macroéconomiques. La pénétration de l’économie par les
associations doit être au service de cette possibilité.
Les aspects sociaux que l’État politique ne peut
aujourd’hui que régler bureaucratiquement de l’extérieur
deviendront ainsi l’affaire des agents économiques
eux-mêmes. L’autogestion de la vie économique doit
pouvoir se développer et se déployer, appelant et
promouvant ainsi les forces sociales du peuple. Il
faudrait toutefois libérer le concept d’agents
économiques de la fixation actuelle sur les employeurs
et les employés, de façon à l’étendre aux consommateurs.
L’autogestion ne peut pas être un libre-service pour des
intérêts unilatéraux, mais doit servir la rencontre et
l’équilibre des intérêts. La conscience des personnes
concernées doit remplacer l’aveuglement de l’économie de
marché.
La nécessité d’une
telle expansion de notre économie vers l’autogestion
associative est démontrée par l’évolution à l’Est,
notamment dans l’ancienne RDA. Lorsque, à l’occasion de
son discours du Nouvel An 1990/1991, le chancelier
Helmut Kohl déclara qu’il existait des valeurs humaines
encore plus élevées que son propre bien-être, comme la
solidarité avec ses concitoyens de l’Est, ce point de
vue, correct en soi, fut immédiatement annulé par l’aveu
ultérieur que cette solidarité ne pouvait toutefois être
réalisée que sur la base de l’actuelle économie de
marché. Mais égoïsme et solidarité s’excluent
mutuellement. L’évolution est éloquente : d’une
part, les habitants des nouveaux Länder tentent
d’accroître le revenu de leur travail et de trouver des
emplois ; d’autre part, depuis des mois, nous
assistons à un refus d’acheter les produits qu’ils
fabriquent eux-mêmes ; c’est pourquoi, pendant leur
temps libre, les gens descendent à nouveau dans la rue
pour exiger que « ceux d’en haut » prennent
des mesures pour améliorer la situation. Ce n’est que
quand on prend ses affaires en main de manière
associative et autogérée que l’on découvre le lien entre
les comportements individuels et de la possibilité
d’intervenir de manière réaliste, au lieu de rendre les
autres responsables. Les faits de la vie
socio-économique exigent clairement cette étape de
changement. Il n’y a que la tête des responsables que
les modèles de l’économie de marché, depuis longtemps
dépassés, hantent encore.
On
ne doit pas pouvoir vendre des droits : le
problème des marchés fictifs
Il existe toutefois
d’énormes obstacles à cet élargissement de l’économie de
marché à l’associatif. Les plus importants sont nés de
l’extension incontrôlée du concept de marché à ce que
l’on appelle les facteurs de production : travail, terre
et capital ou argent. D’un point de vue formel et
logique, tout semble normal : lorsque quelqu’un possède
quelque chose, mais souhaite s’en séparer, et que
quelqu’un d’autre en a besoin et souhaite l’acquérir, il
y a un marché et donc aussi un prix. Pourquoi cela ne
serait-il pas également vrai pour le travail et les
autres facteurs de production ?
De ce fait, nous
parlons de marché du travail et appelons
« salaire » le prix du travail, nous tenons
pour acquis que la terre est vendable, nous considérons
que le propriétaire d’une entreprise a tout à fait le
droit de vendre son entreprise à d’autres entreprises ou
à des acheteurs spéculatifs d’actions à sa valeur
marchande ; nous trouvons normal et, en tant que
détenteurs d’argent, gratifiant que l’argent ait un
intérêt et augmente constamment. Mais la logique
formelle ou apparente ne fonde pas la réalité. Ce n’est
qu’en regardant de plus près que l’on prend conscience
des différences et donc des lois inhérentes nécessaires
aux conditions de vie.
Les observations
suivantes sur le travail, la terre et l’argent ont pour
but de faire comprendre les trois « facteurs de
production » à partir de leur position dans le
processus social. Le résultat montre que dans les trois
cas, le concept de marché n’est pas applicable.
L’inaliénabilité du travail, de la terre et du capital
est une conséquence interne de justifications
différentes dans chaque cas. Ce n’est pas une question
de marchés, mais de marchés fictifs. En réalité, il
s’agit de relations juridiques par lesquelles le
travail, la terre et le capital entrent dans les
processus économiques. Or on ne peut pas acheter des
droits – car ils perdraient alors leur fonction
juridique – mais seulement les transférer. C’est
précisément leur intégration dans le concept de marché
économique qui est à l’origine des dégâts sociaux qu’ils
provoquent de plus en plus.
L’effondrement du
socialisme a été l’occasion de reconsidérer la question
des relations juridiques dans la vie économique des pays
concernés. L’occasion était belle de faire un grand pas
vers le dépassement des marchés fictifs. Mais les
chances de changement ont maintenant disparu. Selon la
devise habituelle « qui paie commande », nous
avons fait de l’introduction des marchés fictifs une
condition de l’aide : avec l’introduction des
syndicats libres, on a cimenté pour longtemps la
division entre employeurs et employés ; avec
l’exigence de la privatisation des entreprises et de la
propriété foncière en vertu du droit de la propriété, on
a mis en branle une redistribution considérable au
profit du capitalisme privé, qui a enchaîné la
motivation de la vie économique aux intérêts
particuliers ; avec l’introduction de notre système
monétaire et bancaire, on a mis sur le trône le pouvoir
de l’argent. Les adaptateurs du système ont fait un
travail rapide et complet. Car les décideurs politiques
de l’Est ne sont plus seulement les victimes de notre
stratégie d’ajustement, ils en sont devenus les
promoteurs. L’audace des perspectives de développement
humain et social s’est éteinte sous l’inhumanité d’un
dogmatisme social et a cédé la place à un pragmatisme
social consistant à adopter ce qui a fait ses preuves.
Les explications
suivantes se heurteront probablement à la réticence de
l’Ouest – « notre système a prouvé sa
supériorité » – et à celle de l’Est –
« finalement, nous voulons aussi la prospérité de
l’Ouest ». L’orientation à court terme des intérêts
peut donc faire paraître l’orientation de ce qui est
proposé comme idéaliste, utopique. L’expérience à long
terme montrera cependant que le dépassement des marchés
fictifs et l’élargissement de l’économie de marché à
l’associatif sont indispensables pour créer les
conditions auxquelles on puisse appliquer à juste titre
le mot « social ». Ce n’est pas le pain seul
qui est important, mais la compréhension et la volonté
des relations sociales qui permettent de produire sans
cesse du pain accessible à tous les hommes.
Les chapitres sur
l’économie associative, la loi sociale principale
et la nature et la fonction de la monnaie sont des
versions révisées de la première publication dans les
trois volumes du Sozialwissenschaftlichen
Forum (Forum
de science sociale) chez
l’éditeur Verlag Freies Geistesleben (Editions de la
libre vie de l'esprit). Le chapitre sur le sol est un
résumé des propositions de réforme du droit foncier en
Suisse, que l’auteur a publiées pour la première fois
dans la revue Die grüne Schlange
(Le serpent vert).
Les études présentées
ici se limitent essentiellement au domaine de la vie
économique et débouchent sur des domaines du droit.
Cette limitation n’a de sens que si elle est comprise
dans le contexte de l’idée beaucoup plus large de la
triarticulation de l’organisme social, qui a été
diffusée dans les pays germanophones en 1917 par Rudolf
Steiner, le fondateur de l’anthroposophie. Cette ébauche
d’un nouvel ordre social est une conséquence de la
nouvelle position que l’être humain responsable occupe
au sein de la société. Autrefois, le collectif social
était l’enveloppe immature de son éducation, mais
aujourd’hui la société doit se transformer en promoteur
et gardien de la maturité, sous peine de conduire à sa
suppression.
Le fait que la
proposition vienne de l’anthroposophie est
intérieurement cohérent. Car seuls peuvent exiger un tel
changement social ceux qui prouvent que le développement
humain ne s’arrête pas à l’affirmation d’un ego
instinctif, mais que le Je a une réalité supérieure à
laquelle il peut s’éveiller et s’éduquer.
Sommaire complet de l'ouvrage (retour)
Avant propos à la 3e édition 7
Sur le
développement de la globalisation économique
9
Le réveil des systèmes 25
Gestion
associative - la recherche pour la justice sociale 35
L'invendabilité
des fonds et sols - une proposition pour une nouvelle loi
foncière 87
La loi sociale principale - L'altruisme comme force de
modelage social 120
Le chômage et la répartition des gains de productivité. Étapes
pratiques d'une issue 143
Sur la gestion socio-organique du système monétaire 16r
Que peut-on faire concrètement ? 220
Remarques 227
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