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GA196 - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS L'ÉVOLUTION HUMAINE




DIX-SEPTIÈME CONFÉRENCE,
Dornach, 21 février 1920.
Le développement historique de l'impérialisme, deuxième conférence
SIEBZEHNTER VORTRAG,
Dornach, 21. Februar 1920.
Die geschichtliche Entwicklung des Imperialismus, zweiter Vortrag

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 196  260-274 1992 21/02/1920



Original





Traducteur: FG v. 01 - 18/09/2022 Editeur: SITE

Je vous ai parlé de l'origine historique de ce que l'on peut appeler aujourd'hui l'impérialisme, et vous avez déjà remarqué, d'après ce que j'ai dit hier, que ce qui importe essentiellement dans ces considérations sur l'impérialisme, c'est de voir comment des phénomènes actuels, qui étaient autrefois des facteurs tout à fait réels dans la vie sociale, ne sont plus maintenant, dans leur réalité, que des vestiges des temps anciens. Dans les temps anciens, les institutions et les coutumes en question avaient une signification réelle. Elles étaient des réalités dans une certaine mesure. La réalité a cessé. Elle a évolué à travers le stade du symbole et est finalement devenue une pure phrase.

01

Ich habe zu Ihnen gesprochen über das geschichtliche Herkommen desjenigen, was man heute Imperialismus nennen kann, und Sie haben schon bemerkt aus dem, was ich gestern gesagt habe, daß es bei diesen Betrachtungen über Imperialismus im wesentlichen darauf ankommt, zu sehen, wie Erscheinungen der Gegenwart, welche im sozialen Leben einstmals durchaus reale Faktoren waren, ihrer Wirklichkeit nach jetzt nur noch Überbleibsel aus alten Zeiten sind. In alten Zeiten hatten die betreffenden Einrichtungen, die betreffenden Gepflogenheiten ihre reale Bedeutung. Sie waren gewissermaßen Realitäten. Die Realität hat aufgehört. Sie hat sich durch das Stadium des Symbols hindurchentwickelt und ist zuletzt zur bloßen Phrase geworden.

Nous vivons absolument à l'époque de la phrase. Il s'agit seulement de comprendre comment la phrase a besoin d'un certain terrain pour croître et comment la phrase est, d'un autre côté, une préparation pour quelque chose qui doit venir dans l'évolution de l'humanité. Si l'ancienne réalité ne se transformait pas en phrase, c'est-à-dire en quelque chose qui est comme une illusion existante, alors quelque chose de tout à fait nouveau ne pourrait pas s'affirmer comme réalité. Le nouveau ne pourrait pas venir si, par exemple, le dieu visible, perceptible par les sens, sous forme humaine, faisait encore son apparition à notre époque, comme c'était encore le cas dans l'ancien Empire romain ; car les empereurs romains, même si cela n'était plus aussi pleinement ressenti que cela l'était en Orient, étaient néanmoins des dieux selon leurs prétentions. Néron était au moins supposé, hypothétiquement, être un vrai dieu sous forme humaine. Ces choses ont perdu leur signification réelle au fil du temps. Elles sont passées par le stade du signe, de l'emblème, puis sont devenues de simples phrases.

02

Wir leben überhaupt in dem Zeitalter der Phrase. Nur handelt es sich darum, daß man einsieht, wie auch die Phrase einen gewissen Boden notwendig hat, auf dem sie wächst, und wie die Phrase auf der andern Seite vorbereitend ist für etwas, was in der Menschheitsentwickelung kommen muß. Würde alte Realität sich nicht verwandeln in Phrase, das heißt in etwas, was wie ein existierendes Illusionäres ist, so würde sich nicht etwas ganz Neues als Realität geltend machen können. Neues könnte nicht kommen, würde zum Beispiel in unsere Zeit noch hereinragen der sichtbare, sinnlich wahrnehmbare Gott in Menschengestalt, wie das noch als letzter Ausläufer im alten Römischen Reiche vorhanden war; denn die römischen Kaiser waren, wenn das auch nicht mehr so voll empfunden wurde, wie es empfunden worden ist im Oriente drüben, sie waren dennoch ihren Prätentionen nach Götter. Nero war wenigstens der Annahme, der Hypothese nach ein wirklicher Gott in Menschengestalt. Diese Dinge haben im Laufe der Zeit ihre reale Bedeutung verloren. Sie sind durch das Stadium des Zeichens, des Sinnbildes gegangen und sind dann geworden zur bloßen Phrase.

Or, plus les choses deviennent des phrases, plus le terrain se prépare pour une nouvelle réalité, c'est-à-dire pour une vie spirituelle qui n'est pas tirée du monde sensible, mais du monde suprasensible, pour une vie de l'esprit qui ne veut pas trouver les entités divines-spirituelles sous forme humaine, mais qui veut les trouver en tant qu'entités réelles et effectives parmi les humains visibles sur la terre. Il faut d'abord que le phrasé soit là, mais il faut ensuite le reconnaître. C'est alors qu'il devient possible qu'une nouvelle vie spirituelle se développe réellement. Il faut donc, si l'on veut comprendre le présent à partir de ces conditions, disons, désagréables, pouvoir fixer son attention sur la naissance d'une nouvelle vie spirituelle avec une illusion totale de ce qui était la réalité dans l'évolution de l'humanité.

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Nun handelt es sich darum, daß, je mehr die Dinge zur Phrase werden, desto mehr sich der Boden vorbereitet für eine neue Wirklichkeit, das heißt für ein Geistesleben, das nun nicht aus der sinnlichen Welt, sondern aus der übersinnlichen Welt geholt wird, für ein Geistesleben, das die göttlich-geistigen Wesenheiten nicht in Menschengestalt finden will, sondern sie finden will als reale, wirkliche Wesenheiten unter den sichtbaren Menschen auf der Erde. Erst muß das Phrasenhafte da sein, muß dann aber auch erkannt werden. Dann wird es möglich, daß ein neues geistiges Leben sich wirklich entwickelt. Man muß also geradezu, wenn man die Gegenwart verstehen will aus solchen, sagen wir, unan­genehmen Voraussetzungen heraus, sein Augenmerk richten können auf die Geburt eines neuen geistigen Lebens mit völligem Illusionärwerden dessen, was in der Entwickelung der Menschheit Realität war.

Il est seulement trop naturel que les humains veuillent s'accrocher aux anciennes réalités, même si elles sont déjà devenues des phrases, car le fait de voir que les choses sont devenues des phrases provoque une certaine insécurité dans l'esprit humain. On croit, lorsqu'on doit s'avouer que les anciennes choses sont devenues des phrases, que l'on n'a plus de sol sûr sous les pieds. On aime se tromper, parce qu'à l'instant où l'on accepte la tromperie comme une tromperie, on croit justement flotter dans les airs. On ne cessera de croire qu'on flotte dans les airs que lorsqu'on pourra vraiment ressentir la solidité de la nouvelle vie de l'esprit. Et nous vivons précisément à l'époque où nous devons devenir des participants à la phrase qui s'éteint et des participants à la vie spirituelle qui s'élève. Cela sera possible en particulier grâce au fait que tous les anglophones devront de plus en plus se rendre compte que ce qu'ils ont traditionnellement conservé des époques précédentes et dont ils parlent encore n'est qu'une phrase et que la vie économique telle que je vous l'ai décrite hier, est une réalité unique et authentique qui se trouve sous la phrase.

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Es ist nur zu natürlich, daß die Menschen an den alten Realitäten festhalten wollen, auch wenn sie schon zur Phrase geworden sind; denn durchschauen, daß die Dinge zur Phrase geworden sind, das bewirkt in den Menschengemütern eine gewisse Unsicherheit. Man glaubt, wenn man sich gestehen muß, daß die alten Dinge zur Phrase geworden sind, daß man nicht mehr einen sicheren Boden unter den Füßen habe. Man liebt es, sich zu täuschen, weil man in dem Augenblicke, wo man die Täuschung als Täuschung hinnimmt, eben glaubt, in der Luft zu schwe­ben. Man wird nur dann nicht mehr glauben, in der Luft zu schweben, wenn man die Festigkeit des neuen Geisteslebens wirklich erfühlen kann. Und wir leben eben in dem Zeitalter, in dem wir Teilnehmer werden müssen an der untergehenden Phrase und Teilnehmer werden müssen an dem aufsteigenden Geistesleben. Das wird insbesondere da­durch möglich werden, daß bei allen englisch sprechenden Menschen sich immer mehr und mehr herausstellen muß, wie dasjenige, was sie sich bewahrt haben traditionell aus früheren Zeiten und wovon sie noch reden, wie das durchaus Phrase ist und wie eine Realität unter dieser Phrase das wirtschaftliche Leben ist, wie ich es Ihnen gestern geschil­dert habe als einzige, wahrhaftige Realität, die unter der Phrase ist.

Mais il y a un moment qui va se produire, un moment qui est d'une importance toute particulière. Au moment où l'on sentira que l'on a affaire à cette vie économique qui devient "décente/convenable" à la troisième ou quatrième génération, comme je l'ai décrit hier, et sinon à une phrase, on sentira le néant de l'humain qui se tient simplement - comme une réalité - dans la vie physique. Cette prise de conscience doit s'éveiller/trouver son aube en particulier chez les peuples occidentaux. Il faut que vienne le moment où l'âme admettra que nous ne pouvons plus nous accrocher à tout ce que nous disons. La réalité parmi nous est ce que nous acquérons et préparons pour l'estomac et la digestion des humains. Tant que l'on n'aura pas percé à jour la phrase dans son caractère de phrase, tant que l'on ne saura pas que l'économie est la seule réalité, on n'arrivera pas à l'aveu nécessaire. Mais si l'on parvient à l'aveu nécessaire, alors la nature humaine ne peut plus faire autrement que de se dire : pour être humains, nous avons besoin d'une réalité spirituelle en plus de la réalité physique de la pure économie.

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Aber ein Moment wird da eintreten, ein Moment, der von ganz be­sonderer Wichtigkeit ist. In dem Augenblicke, wo man empfinden wird, daß man es zu tun hat mit jenem wirtschaftlichen Leben, das ja in der dritten, vierten Generation «anständig» wird, wie ich gestern geschil­dert habe, und sonst mit Phrase, in diesem Augenblick wird man emp­finden die Nichtigkeit des Menschen, der bloß — als in einer Realität — im physischen Leben drinnensteht. Diese Erkenntnis muß insbesondere den westlichen Völkern aufdämmern. Es muß der Moment kommen, wo das Eingeständnis in der Seele Platz greift: An all dem, was wir reden, können wir nicht mehr festhalten. Die Realität unter uns ist dasjenige, was wir für den Magen und die Verdauung der Menschen erwerben und zubereiten. Solange man die Phrase noch nicht in ihrem Phrasencharakter durchschaut hat, solange man noch nicht weiß, daß die Wirtschaft die einzige Wirklichkeit ist, so lange wird man nicht zu dem notwendigen Geständnis kommen. Kommt man aber zu dem notwen­digen Geständnis, dann kann die menschliche Natur nicht mehr anders, als sich sagen: Um Mensch zu sein, brauchen wir eine geistige Wirk­lichkeit zu der physischen Wirklichkeit des bloßen Wirtschaftens hinzu.

Ce moment de connaissance doit émerger. Sans ce moment de connaissance, l'évolution de l'humanité n'avance pas. C'est précisément pour la même raison que nous allons vers une nouvelle vie de l'esprit que nous devons actuellement nous plonger dans l'élément de la phrase.

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Dieser Moment der Erkenntnis muß aufdämmern. Ohne diesen Mo­ment der Erkenntnis kommt die Menschheitsentwickelung nicht weiter. Gerade aus demselben Grunde, aus dem wir einem neuen Geistesleben entgegengehen, müssen wir in der Gegenwart in das Element der Phrase untertauchen.

Or, la plus forte aptitude, le plus fort talent pour cette connaissance est donné dans les peuples occidentaux. Chez les peuples occidentaux, toutes les conditions sont réunies pour qu'une telle connaissance émerge réellement, alors que les autres peuples d'Europe, par exemple, ont peu de chances de voir émerger chez eux une telle connaissance avec l'intensité nécessaire. Car il y règne souvent d'autres conditions qui empêchent que les illusions soient perçues aussi profondément, aussi radicalement qu'elles peuvent l'être, notamment dans la population anglophone. Il suffit de considérer les conditions historiques.

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Nun ist allerdings die stärkste Begabung, das stärkste Talent für diese Erkenntnis in den westlichen Völkern gegeben. In den westlichen Völkern sind alle Vorbedingungen gegeben, daß eine solche Erkenntnis wirklich aufdämmert, während zum Beispiel die andern Völker Euro­pas wenig Anlage haben, daß unter ihnen eine solche Erkenntnis in der nötigen Intensität aufdämmert. Denn da herrschen vielfach andere Ver­hältnisse, welche verhindern, daß die Illusionen so gründlich, so radikal durchschaut werden, wie sie namentlich in der englisch sprechenden Bevölkerung durchschaut werden können. Sie brauchen ja auch nur wiederum historische Verhältnisse ins Auge zu fassen.

Pensez que les différentes tribus/souches d'origine germanique vivant en Europe centrale étaient unies depuis l'époque des successeurs de Charlemagne, depuis les Saxons, depuis les souverains des Staufer, en tant que Saint Empire romain de la nation allemande, comme je l'ai déjà dit. Ce Saint Empire romain de la nation allemande était en fait un réseau entier de symboles. Tout était dans le caractère du signe, du symbolum. Pour tout ce à quoi on était confronté, il fallait passer du signe, du symbolum, à une réalité quelconque. Mais cette pénétration par le signe, par le symbolum, ne permettait pas d'atteindre une pleine réalité spirituelle. Les églises l'ont empêché. On en arrivait dans une certaine mesure à un pur flotter et à nager dans une réalité spirituelle. C'est pourquoi tout ce que le Moyen-Âge avait à dire sur une réalité spirituelle et tout ce que la succession des confessions de foi européennes a à dire sur une telle réalité spirituelle a le caractère de ce qui est à moitié compris, de ce qui ne peut pas être entièrement saisi. Elle a le caractère de la lumière qui pénétrait dans les églises médiévales à travers des vitres colorées. On reculait lorsque l'on passait des symboles au spirituel, on reculait devant une saisie claire et nette. On préférait au contraire caractériser la chose de telle sorte qu'elle apparaisse comme une semi-inconnue que ne peut être pénétrée par la connaissance.

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Denken Sie sich einmal, daß die verschiedenen in Mitteleuropa leben­den Stämme germanischen Ursprungs vereinigt waren seit der Zeit der Nachfolger Karls des Großen, seit den sächsischen, seit den staufischen Herrschern als Heiliges Römisches Reich Deutscher Nation, wie ich schon gesagt habe. Dieses Heilige Römische Reich Deutscher Nation war im Grunde genommen ein ganzes Netz von lauter Symbolen. Es war alles in dem Charakter des Zeichens, des Symbolums. Man hatte bei allem nötig, dem man gegenüberstand, zurückzugehen vom Zeichen, vom Symbolum zu einer irgendwie gearteten Wirklichkeit. Man kam mit diesem Durchdringen durch das Zeichen, durch das Symbolum aber nicht zu einer vollen geistigen Wirklichkeit. Das verhinderten die Kir­chen. Man kam gewissermaßen zu einem bloßen Schweben und Schwim­men in einer geistigen Wirklichkeit. Daher hat alles dasjenige, was das Mittelalter über eine geistige Wirklichkeit zu sagen hatte und was die Nachfolgeschaft der europäischen Bekenntnisse über eine solche geisti­ge Wirklichkeit zu sagen hat, den Charakter des Halbbegriffenen, des Nicht-ganz-zu-Begreifenden. Es hat den Charakter des Lichtscheines, der durch bunte Fensterscheiben in die mittelalterlichen Kirchen fiel. Man schreckte zurück, wenn man von den Symbolen zum Geistigen kam, man schreckte zurück vor einer klaren, scharfen Erfassung. Man wollte im Gegenteil lieber die Sache so charakterisieren, daß sie dastand als ein halb Unbekanntes, das von der Erkenntnis nicht durchdrungen werden kann.

Et il en a été de même pour les conditions sociales extérieures. Celui qui étudie vraiment, avec un sens intérieur, l'histoire de ce Saint Empire romain de la nation allemande - et l'histoire suisse est intimement liée au fond à cette histoire du Saint Empire romain de la nation allemande -, trouvera que les ambiguïtés se succèdent d'âge en âge. Des ambiguïtés à travers lesquelles on essaie d'assimiler sa propre organisation sociale, de vivre en elle, de la comprendre, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive en 1806 - même les Habsbourg s'en rendaient compte à l'époque - que l'ensemble du Saint Empire romain germanique n'avait plus de sens. Et l'empereur François Ier, particulièrement doué - c'est-à-dire négativement doué -, déposa alors la couronne impériale allemande, après s'être créé deux ans auparavant un substitut personnel ou, comme on l'appelle dans ce cas, un substitut maison, dans la couronne impériale autrichienne. Les choses perdaient la possibilité d'exister, car on ne pouvait finalement plus trouver de sens derrière ce symbole. Et il ne restait plus rien d'autre pour ces humains en Europe centrale qu'une aspiration, une volonté qui allait vers tout ce qui était possible, mais qui n'avait que peu de sens concret en elle.

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Und so ist es ja auch eigentlich mit den äußeren sozialen Verhältnissen gewesen. Wer mit innerem Sinn wirklich studiert die Geschichte dieses Heiligen Römischen Reiches Deutscher Nation — und die schweizerische Geschichte ist ja im Grunde genommen innig mit dieser Geschichte des Heiligen Römischen Reiches Deutscher Nation verbunden —, der wird finden, daß Unklarheiten über Unklarheiten von Zeitalter zu Zeitalter sich fortpflanzen. Unklarheiten, durch die man die eigene soziale Organi­sation aufzunehmen, in ihr zu leben, sie zu begreifen versucht, bis man dann 1806 merkte — selbst die Habsburger merkten es damals —, daß das ganze Heilige Römische Reich Deutscher Nation keinen Sinn mehr habe. Und der ja besonders begabte — das heißt negativ begabte — Kaiser Franz I. legte die deutsche Kaiserkrone dazumal nieder, nachdem er sich in der österreichischen Kaiserkrone zwei Jahre vorher einen persönlichen oder, wie man es in diesem Falle nennt, Haus-Ersatz geschaffen hatte. Es verlo­ren die Sachen die Möglichkeit zu bestehen, weil man schließlich hinter diesem Symbolum keinen Sinn mehr finden konnte. Und es blieb für diese Menschen in Mitteleuropa nichts anderes zurück als ein Streben, ein Wollen, welches nach allem Möglichen ging, aber wenig konkreten Sinn in sich barg.

D'où la fondation de l'Empire en 1870/71, avec sa contradiction interne. Un empire allemand a été créé, mais à partir d'aucune situation réelle. On a inventé ce titre. En France, si quelque chose de similaire avait réussi, on aurait peut-être à nouveau compris l'"Empereur", du moins à moitié, parce qu'il y avait encore un peu de substance dans le peuple ; mais au sein de l'être allemand, il y avait un nom qui aurait supposé que l'on avait du talent pour les simples noms qui ne signifient rien ; que l'on avait du talent d'un côté pour soigner la phrase, et de l'autre pour une réalité sous-jacente de la vie économique ou quelque chose de ce genre, qui n'avait d'abord rien à voir avec elle. Mais ce talent n'existait pas en Europe centrale. Et pour comprendre ce qui s'est développé dans cette Europe centrale, il faut être conscient du fait qu'on ne doit pas étudier l'histoire en termes abstraits, mais en termes de réalités ! On peut soulever une question avec l'objectif de la réalité : qu'est-ce qui s'est réellement développé sous l'empire allemand de 1871 à 1914 ? - Ce qui était là, ce que les gens voyaient à l'extérieur, n'était qu'une illusion. Quelle était la réalité ? Oui, vous voyez, dans les phénomènes historiques, une chose quelconque apparaît (en rouge) ; sous sa surface, elle contient une autre chose (en bleu). Lorsque la première chose disparaît comme une illusion, la seconde apparaît dans sa réalité dans la suite.

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Daher die Reichsbegründung von 1870/71 mit dem inneren Widerspruch. Ein deutsches Kaisertum wurde geschaffen, aber aus keinen realen Verhältnissen heraus. Man erfand diesen Titel. In Frankreich hätte man vielleicht, wenn irgend etwas Ähnliches gelungen wäre, den «Empereur» wiederum verstanden, halb verstanden wenigstens, weil da noch etwas Substanz im Volke vorhanden war; aber innerhalb des deutschen Wesens war ein Name da, der vorausgesetzt hätte, daß man Talent gehabt hätte für bloße Namen, die nichts bedeuten; daß man Talent gehabt hätte auf der einen Seite, die Phrase zu pflegen, und auf der andern Seite eine darunterstehende, mit ihr zunächst nichts zu tun habende Realität eines Wirtschaftslebens oder so etwas dergleichen. Aber dieses Talent gab es in Mitteleuropa nicht. Und um zu verstehen, was sich in diesem Mitteleuropa entwickelte, muß man sich klar sein darüber, daß man eigentlich Geschichte nicht studieren soll in abstrakten Begriffen, sondern in Realitäten ! Man kann eine Frage mit der Zielset­zung der Realität aufwerfen: Was ist es denn eigentlich, was unter dem deutschen Kaisertum von 1871 bis 1914 sich entwickelt hat ? — Dasjenige, was da war, was die Leute außen gesehen haben, war ja nur eine Illusion. Was war die Wirklichkeit ? Ja, sehen Sie, bei geschichtlichen Erscheinungen ist es so, daß irgendeine Sache auftritt (rot); unter ihrer Oberfläche enthält sie eine andere Sache (blau). Wenn die erste Sache als Illusion verschwindet, dann erscheint die zweite in ihrer Wirklichkeit in der Fortsetzung.

Il ne faut pas analyser, mais pointer du doigt la réalité, le concret. Ce qui s'est développé sous l'empire allemand de 1871 à 1914 n'est pas apparu à l'époque où il a expiré, car c'était l'illusion ; la réalité vient après, c'est ce qui se développe depuis novembre 1918 ; ce sont les dirigeants actuels. Le caractère fondamental de l'ère wilhelminienne est Noske. Le caractère fondamental de ce qui s'est développé depuis des décennies n'est apparu que lorsque les dirigeants actuels sont apparus. L'ex-empereur allemand est défini par les soi-disant dirigeants révolutionnaires actuels. Les conditions qui vivaient alors sous la surface dans les décennies précédentes, où l'on se laissait aller à l'illusion, ce sont les conditions qui sont maintenant là dans la réalité.

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Man soll nicht analysieren, sondern man muß auf die Realität hin­weisen, auf das Konkrete. Was unter dem deutschen Kaisertum von 1871 bis 1914 sich entwickelt hat, das zeigte sich nicht damals, als es ablief, denn das war die Illusion; die Wirklichkeit kommt hinterher, sie ist dasjenige, was sich seit dem November 1918 entwickelt; das sind die gegenwärtigen Machthaber. Der Grundcharakter des wilhelmini­schen Zeitalters ist Noske. Der Grundcharakter desjenigen, was sich da entwickelte seit Jahrzehnten, das kam erst heraus, als die gegenwär­tigen Machthaber auftraten. Definiert wird der deutsche Exkaiser durch die sogenannten revolutionären Machthaber der Gegenwart. Die Zustände, die damals unter der Oberfläche lebten in den Jahrzehnten vor­her, in denen man sich den Illusionen hingab, das sind die Zustände, die jetzt in der Wirklichkeit da sind.

Et c'est ainsi que vous pouvez en réalité étudier l'histoire, en recherchant l'involution dans l'évolution, en recherchant ce qui se développe sous la surface. Comment s'appelle en réalité ce qui était le tsarisme russe au XIXe siècle ? Ce qui était le tsarisme russe s'appelle aujourd'hui, alors qu'il est apparu dans sa vérité, Lénine et Trotsky, le bolchevisme. C'est la vérité concrète de ce qui n'était alors qu'une illusion. Le tsarisme n'est que le mensonge qui flotte à la surface ; mais ce que ce tsarisme a réellement cultivé est apparu dans sa véritable réalité dès qu'il a été lui-même balayé. Lénine n'est rien d'autre que le tsar ; après qu'on l'a dépouillé de sa peau, il est resté ce qui était sa réalité, et cela s'appelle aujourd'hui Lénine ou Trotsky. Et si vous continuez à dépouiller des gens comme Caprivi, Hohenlohe ou Bethmann Hollweg, il reste Noske, Scheidemann et ainsi de suite. Ce sont les vraies figures ; les autres n'étaient que des illusions placées dessus.

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Und so können Sie in Wirklichkeit Geschichte studieren, indem Sie in der Evolution die Involution aufsuchen, indem Sie dasjenige auf­suchen, was sich unter der Oberfläche entwickelt. Wie heißt denn das­jenige in Wirklichkeit, was im 19. Jahrhundert russischer Zarismus war? Dasjenige, was russischer Zarismus war, das heißt heute, wo es in seiner Wahrheit erschienen ist, Lenin und Trotzkij, Bolschewismus. Das ist die konkrete Wahrheit desjenigen, was damals bloß eine Illusion war. Der Zarismus ist bloß die an der Oberfläche schwimmende Lüge; das­jenige, was aber dieser Zarismus wirklich gepflegt hat, erschien, sobald er selbst weggefegt war, in seiner wahren Wirklichkeit. Lenin ist nichts anderes als erst der Zar; nachdem man ihm die Haut abgezogen hatte, da blieb dasjenige, was seine Wirklichkeit war, übrig, und das heißt heute Lenin oder Trotzkij. Und wenn Sie, dieses Bild fortsetzend, Leu­ten wie Caprivi oder Hohenlohe oder Bethmann Hollweg die Häute abziehen, so bleiben übrig Noske, Scheidemann und so weiter. Das sind die wirklichen Gestalten; die andern waren bloß daraufgestülpte Illusionen.

Il s'agit d'illustrer un phénomène dans l'histoire non pas par des concepts et des idées abstraites, mais par ce qui devient réel dans l'histoire. Dans l'histoire, la définition d'une chose sera toujours un autre fait, et non un concept abstrait. Il s'agit donc d'étudier des réalités. Et il s'agit notamment de porter son attention sur ce que sont les réalités, car nous vivons aujourd'hui à l'époque où les réalités doivent être percées à jour, où les réalités doivent être entièrement dévoilées.

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Es handelt sich darum, daß man in der Geschichte nicht durch ab­strakte Begriffe und Ideen eine Erscheinung illustriert, sondern durch dasjenige, was in der Geschichte wirklich wird. Es wird immer in der Geschichte die Definition einer Sache eine andere Tatsache sein, nicht ein abstrakter Begriff. So handelt es sich darum, Realitäten zu studieren. Und so handelt es sich namentlich darum, sein Augenmerk darauf zu richten, welches die Realitäten sind; denn heute leben wir in dem Zeit­alter, wo Realitäten durchschaut werden müssen, wo Realitäten restlos enthüllt werden müssen.

Ce phénomène se manifeste tout particulièrement lorsque vous étudiez la constitution, le contenu de ces sociétés secrètes qui ont un grand pouvoir au sein de la population anglophone, un pouvoir que l'on ne soupçonne pas dans le grand public. Ce sont des sociétés qui s'associent selon des règles extérieures extraordinairement sympathiques, des sociétés qui ont acquis un pouvoir de plus en plus grand précisément au cours de la cinquième période post-atlantique.

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Diese Erscheinung zeigt sich ganz besonders, wenn Sie studieren die Konstitution, den Inhalt derjenigen Geheimgesellschaften, welche eine große Macht innerhalb der englisch sprechenden Bevölkerung haben, eine Macht, welche man im breiten Publikum nicht ahnt. Das sind Gesellschaften, welche sich unter außerordentlich sympathischen äußeren Regeln zusammentun, Gesellschaften, welche gerade im fünften nachatlantischen Zeitraum eine immer größere und größere Macht erlangt haben.

Si vous vous reportez à l'année 1720, vous trouverez en Angleterre quelques adeptes de ces communautés. Les adeptes ne sont en général que les instruments, les personnes qui poussent se trouvent derrière ; mais les adeptes n'étaient que quelques-uns à l'époque. Si nous regardons les statistiques aujourd'hui, nous avons 488 loges à Londres, 1354 loges dans toute la Grande-Bretagne, 486 loges dans les colonies et à l'étranger en tant que loges anglaises, et ce que l'on appelle le Royal Arch Cap, c'est-à-dire ce qui garde déjà un peu secrets les usages extérieurs de la franc-maçonnerie, 836 dans le monde entier.

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Wenn Sie in das Jahr 1720 zurückblicken, so haben Sie in England ein paar Anhänger solcher Gemeinschaften. Anhänger sind in der Regel bloß die Werkzeuge, die eigentlich schiebenden Menschen stehen da­hinter; aber auch Anhänger waren dazumal nur ein paar. Sehen wir heute die Statistik nach, so haben wir an freimaurerischen Gesellschaften, also solchen Gesellschaften, die ein gutes Instrument in den Händen der Tafel 17 Geheimgesellschaften sind, in London 488 Logen, in ganz Großbritan­nien 1354 Logen, in den Kolonien und im Ausland als englische Logen 486; und daran angeschlossen das sogenannte Royal Arch Cap, also dasjenige, was schon die äußeren Usancen der Freimaurerei etwas ge­heimhält, 836 in der ganzen Welt.

Il s'agit maintenant d'envisager d'abord le contenu substantiel de ce qui existe à l'intérieur de ces loges, comme un instrument pour les puissances qui poussent. Et ensuite, il s'agit de rechercher les raisons pour lesquelles ces pouvoirs ont eu une importance extraordinaire jusqu'à aujourd'hui. Le contenu substantiel remonte à des temps très reculés. Et ceux qui soulignent encore et encore que le contenu de la maçonnerie remonte à des temps lointains n'ont pas tout à fait tort, même si les choses, telles qu'elles sont présentées, sont souvent nébuleuses, peut-être même vertigineuses. Mais le fait de remonter à des époques lointaines repose tout de même sur un certain fond de vérité. Elle remonte même à des passés si lointains que nous pouvons dire qu'ils sont réels : ces passés sont ceux de l'ancien, du premier stade de l'impérialisme, selon lequel le dieu sous forme humaine se promenait parmi les humains. C'est alors que ce qui est dit aujourd'hui dans ces loges, mais surtout ce qui est montré, avait un sens. Ensuite, c'est devenu un symbole. Le sens a disparu depuis longtemps. On peut dire qu'au sein des loges qui existent aujourd'hui, il n'y a presque rien de la connaissance, du contenu de ce qui est fait ou dit. Mais le symbolisme est resté. Le symbolisme s'est maintenant propagé jusqu'au stade de la phrase, de sorte que nous avons, notamment dans les régions anglophones et dans celles qui en dépendent, deux couches de ferments culturels qui se côtoient : la phrase extérieure, tout à fait exotérique, qui domine la vie publique, et, dans les sociétés secrètes, le symbolisme qui n'est conservé que traditionnellement, dont on ne cherche pas du tout à remonter jusqu'à sa véritable origine, mais qui est conservée en tant que symbolisme. Ainsi, le symbolum devient une phrase sous forme symbolique, ou un symbole qui devient également une phrase, mais qui se présente sous d'autres formes. Vous avez donc la phrase exotérique extérieure de la vie publique, qui s'exprime dans le langage humain ordinaire, qui fait son œuvre dans les parlements par exemple, et puis vous avez dans les sociétés secrètes l'activité avec le symbolisme, auquel en règle générale même ceux à qui ce symbolisme est transmis ne comprennent rien. C'est donc quelque chose de phrasé sous forme de symbole. Il est important qu'à côté de la phrase extérieure purement littérale, nous ayons la phrase culturelle, la phrase cérémonielle. Car cette phrase cérémonielle renferme tout de même un élément spirituel. Et dans les sociétés secrètes qui ont de véritables formes cérémonielles, c'est-à-dire des formes qui remontent à des usages réels, il peut arriver que des personnes particulièrement douées parviennent, grâce à leur karma, à comprendre le sens réel de ces symboles. Parfois, même un poulet aveugle trouve un grain. Il peut donc arriver que des personnes particulièrement douées découvrent le sens des cérémonies ; elles sont alors retirées des sociétés secrètes concernées. Mais on veille à ce qu'elles ne puissent plus nuire à ces sociétés secrètes. Car ce qui est particulièrement important pour ces sociétés secrètes, c'est le pouvoir, et non pas le discernement. Il s'agit en effet de conserver les secrets sous une forme traditionnelle. Et sous cette forme traditionnelle, elles ont un certain pouvoir. Pourquoi ?

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Nun handelt es sich darum, erstens den substantiellen Gehalt des­jenigen, was innerhalb dieser Logen existiert, ins Auge zu fassen als ein Instrument für die eigentlich schiebenden Mächte. Und dann handelt es sich darum, die Gründe aufzusuchen, warum diese Mächte eigentlich bis heute eine außerordentlich große Bedeutung gehabt haben. Der eigent­lich substantielle Gehalt, der geht in Zeiten fernster Vergangenheit zurück. Und diejenigen, die immer wieder und wieder betonen, daß der Inhalt der Maurerei in Zeiten ferner Vergangenheit zurückgeht, die haben so ganz Unrecht nicht, wenn auch die Dinge, so wie sie dargestellt werden, oftmals nebulos, vielleicht sogar schwindelhaft sind. Aber das Zurückgehen in Zeiten ferner Vergangenheit beruht doch auf einem gewissen wahren Hintergrund. Es geht sogar in so ferne Vergangen­heiten zurück, daß wir sagen können: Diese Vergangenheiten sind die­jenigen des alten, ersten Stadiums des Imperialismus, wonach der Gott in Menschengestalt unter Menschen herumwandelte. Da hat dasjenige, was in diesen Logen heute gesprochen wird, namentlich aber was gezeigt wird, einen Sinn gehabt. Dann ist es zum Symbolum geworden. Der Sinn ist längst dahin. Man kann sagen, innerhalb derjenigen Logen, die heute existieren, ist von einem Wissen, vom Inhalte desjenigen, was getan oder gesagt wird, kaum irgend etwas vorhanden. Aber geblieben ist die Symbolik. Die Symbolik hat sich nun auch in das Stadium der Phrase herein fortgepflanzt, so daß wir namentlich in englisch sprechen­den Gegenden und denjenigen Gegenden, die von ihnen abhängig sind, zwei Schichten von Kulturfermenten nebeneinander haben: die äußere, ganz exoterische, das öffentliche Leben beherrschende Phrase und in den Geheimgesellschaften das Symbolum, das nur traditionell bewahrt wird, von dem gar nicht angestrebt wird, es bis zu seinem wirklichen Urgrund zurückzuführen, das aber als Symbolum bewahrt wird. Da­durch wird das Symbolum zur Phrase in symbolischer Gestalt, oder zum Symbol, das auch Phrase wird, aber das in anderen Gestalten auftritt. Sie haben also die äußere exoterische Phrase des öffentlichen Lebens, die in der gewöhnlichen Menschensprache sich ausdrückt, die in den Par­lamenten zum Beispiel ihr Wesen treibt, und dann haben Sie in den Ge­heimgesellschaften das Treiben mit der Symbolik, von der in der Regel auch diejenigen nichts verstehen, denen diese Symbolik überliefert wird. Es ist also etwas Phrasenhaftes in Symbolgestalt. Das ist wichtig, daß wir neben der äußeren rein wörtlichen Phrase die kulturelle Phrase haben, die zeremonielle Phrase. Denn diese zeremonielle Phrase birgt immerhin ein geistiges Element in sich. Und in Geheimgesellschaften, welche echte zeremonielle Formen haben, das heißt solche, die auf wirk­liche Usancen zurückgehen, kann es vorkommen, daß durch ihr Karma besonders begabte Leute hinter den wirklichen Sinn dieser Symbole einmal kommen. Manchmal findet ja auch ein blindes Hühnchen ein Korn. Also es kann durchaus vorkommen, daß besonders begabte Leute hinter den Sinn der Zeremonien kommen; dann werden sie aus den betreffenden Geheimgesellschaften entfernt. Aber man sorgt dafür, daß sie diesen Geheimgesellschaften nicht mehr schädlich werden können. Denn dasjenige, was besonders wichtig ist für diese Geheimgesellschaf­ten, ist die Macht, und nicht die Einsicht. Es handelt sich durchaus ja darum, die Geheimnisse in traditioneller Form zu bewahren. Und in dieser traditionellen Form haben sie eine gewisse Macht. Warum ?

Je vous ai en quelque sorte décrit le contenu substantiel. Mais ce contenu substantiel est lié aux personnes qui se rassemblent dans ces sociétés secrètes. Pensez au nombre de personnes qui appartiennent à ces différentes loges du monde. Ces gens, en entrant dans les loges, sont confrontés au cérémonial tel que je viens de vous le décrire. Mais ils sont gagnés à la cause des loges sous certains aspects. Et l'un des points de vue les plus importants sous lesquels ils ont été gagnés à l'origine pour les loges -- même si de divers côtés on pèche contre ces points de vue de la manière la plus variée, surtout aujourd'hui, mais cela n'a pas d'importance pour l'efficacité de ces loges -, l'un des points de vue les plus importants sous lesquels les humains se sont rassemblés dans ces loges, est celui de l'indiscutabilité absolue des confessions religieuses. Certes, il y a des péchés contre cela. Il y a aujourd'hui dans le monde des loges maçonniques qui, disons, n'acceptent pas les Juifs. Bien sûr, cela existe ; mais elles ne comprennent rien au principe de base. Le principe de base est d'accueillir en son sein des humains de toutes confessions. C'est donc l'un des principes fondamentaux de ne rien accorder au contenu de ce que l'on croit. L'autre principe est de ne rien donner, au sein des loges, aux différences extérieures de classe ou autres. Les humains qui se trouvent dans les bonnes loges sont tous frères entre eux, que l'un soit un seigneur ou l'autre un ouvrier, sauf que l'on pèche aussi contre cela. Dans la plupart des loges, on n'admet pas d'ouvriers, mais seulement des seigneurs et ceux qui leur sont dociles. Mais cela n'a rien à voir avec le principe en tant que tel. Ceux qui sont à l'intérieur sont tout à fait unis sous la devise : tous sont frères. - Il n'y a que les grades, mais ils n'ont rien à voir avec la stratification extérieure, avec la stratification sociale des humains. Les humains sont ainsi rassemblés selon des points de vue qui n'ont rien à voir avec l'ordre social extérieur, car dans notre ordre social extérieur, nous avons tout à fait stratifié les humains, premièrement selon leurs confessions, qui jouent encore un rôle - les confessions ne jouent aucun rôle dans les vraies loges -, deuxièmement, on ne pourra pas affirmer que les humains sont frères dans l'ordre social extérieur. Ils ne sont pas frères. Dans les loges, ceux du moins qui sont à l'intérieur sont frères.

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Ich habe Ihnen jetzt gewissermaßen den substantiellen Inhalt ge­schildert. Aber dieser substantielle Inhalt, der ist ja an die Menschen gebunden, die in diesen Geheimgesellschaften zusammengerottet wer­den. Denken Sie, wie viele Leute zu diesen verschiedenen Logen der Welt gehören. Diese Leute sind nun, indem sie in die Logen eintreten, gegenübergestellt dem Zeremoniellen, das so geartet ist, wie ich es Ihnen eben charakterisiert habe. Aber sie sind unter gewissen Gesichtspunkten für die Logen gewonnen. Und einer der wichtigsten Gesichtspunkte, unter denen sie für die Logen ursprünglich gewonnen sind -- wenn auch von verschiedenen Seiten gegen diese Gesichtspunkte besonders heute in der mannigfaltigsten Weise gesündigt wird, darauf kommt es aber für die Wirksamkeit dieser Logen nicht an —, einer der wichtigsten Ge­sichtspunkte, unter dem die Menschen in diesen Logen zusammen­gerottet sind, ist der der absoluten Indiskutabilität der religiösen Be­kenntnisse. Gewiß, es wird dagegen gesündigt. Es gibt heute in der Welt Freimaurerlogen, die, sagen wir, keine Juden aufnehmen. Selbstver­ständlich, das gibt es; aber die verstehen eben nichts von dem Grund­prinzip. Das Grundprinzip ist, Menschen aller Bekenntnisse in sich zu fassen. Das ist einer der Hauptgrundsätze also, auf den Inhalt des­jenigen, was einer glaubt, nichts zu geben. Das andere ist, innerhalb der Logen nichts zu geben auf die äußeren Klassen- und sonstigen Unter­schiede. Die Menschen, die innerhalb der richtigen Logen sind, sind alle untereinander Brüder, gleichgültig ob einer ein Lord oder der andere ein Arbeiter ist, nur, daß auch dagegen wieder gesündigt wird. Es wer­den in den meisten Logen keine Arbeiter aufgenommen, sondern nur Lords und diejenigen, die ihnen gefügig sind. Aber das hat mit dem Prinzip als solchem nichts zu tun. Diejenigen, die drinnen sind, die sind eben durchaus vereinigt unter der Devise: Alle sind Brüder. — Es gibt ja nur die Grade; die haben aber nichts zu tun mit der äußeren Schich­tung, mit der sozialen Schichtung der Menschen. Dadurch sind die Men­schen zusammengerottet unter Gesichtspunkten, die mit der äußeren sozialen Ordnung nichts zu tun haben, denn in unserer äußeren sozialen Ordnung haben wir durchaus die Menschen geschichtet erstens nach ihren Bekenntnissen, die da noch eine Rolle spielen — Bekenntnisse spielen in den wirklichen Logen keine Rolle —, zweitens wird man nicht behaupten können, daß die Menschen in der äußeren sozialen Ordnung Brüder sind. Sie sind nicht Brüder. In den Logen, diejenigen wenig­stens, die drinnen sind, sind Brüder.

Mais de telles choses, elles ont une certaine signification réelle. Il n'est pas indifférent de savoir sous quel angle on regroupe les gens en communautés. Si l'on réunit des humains en une communauté sous une même profession de foi, il s'agit dans la vie réelle d'une communauté qui, dans certaines circonstances, ne dépend que du pouvoir extérieur, du pouvoir mort. Si l'on regroupe des personnes en considérant que la confession de foi est indifférente, on obtient une communauté dotée d'un pouvoir spirituel particulièrement fort. C'est pourquoi l'Église catholique a toujours dû soutenir son pouvoir par des moyens politiques, parce qu'elle veut rassembler les humains, du moins approximativement, sous une certaine confession de foi unique. Elle a toujours été d'autant plus puissante que les gens se souciaient moins de la confession de foi, que la hiérarchie, que Rome se souciait moins de la confession de foi. Car dans la vie extérieure, dans les ordres sociaux physiques, faire de la confession de foi ce qui fait autorité, c'est rendre impuissant. Seule une communauté qui ne tient pas compte de la confession de foi en tant que telle peut se montrer puissante.

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Aber solche Dinge, die haben eine gewisse reale Bedeutung. Es ist nicht gleichgültig, unter welchen Gesichtspunkten man Menschen zu Gemeinschaften zusammenfaßt. Wenn man Menschen unter einem glei­chen Bekenntnisse zu einer Gemeinschaft zusammenfaßt, so ist das im realen Leben eine Gemeinschaft, die unter Umständen nur angewiesen ist auf die äußere Macht, auf die tote Macht. Wenn man Menschen zu­sammenfaßt unter dem Gesichtspunkte, daß das Glaubensbekenntnis gleichgültig ist, dann wird daraus eine Gemeinschaft mit einer besonders starken geistigen Macht. Daher hat die katholische Kirche immer müssen ihre Macht unterstützen durch politische Machtmittel, weil sie die Men­schen, wenigstens annähernd, zusammenfassen will unter einem ge­wissen einheitlichen Bekenntnis. Sie ist immer um so mächtiger gewesen, je weniger es den Leuten auf das Bekenntnis ankam, je weniger es der Hierarchie, je weniger es Rom auf das Bekenntnis ankam. Denn im äußeren Leben, in den physischen sozialen Ordnungen das Bekenntnis als das Maßgebende machen heißt machtlos machen. Machtvoll kann nur eine Gemeinschaft auftreten, die nichts auf das Bekenntnis als sol­ches gibt.

Ceci est d'une importance toute particulière à l'époque de la phrase. Car à côté de la phrase publique se place en quelque sorte la phrase ésotérique, celle du cérémonial, celle du culte. Et c'est à partir de ces fondements que la confusion sociale de l'époque actuelle s'est en réalité développée. On peut citer des témoignages très étranges de la puissance du phrasé de l'époque. Vous savez que jusqu'au milieu du XIXe siècle, un parti libéral, les Whigs, et un parti conservateur, les Tories, s'affrontaient au parlement anglais. Les Whigs et les Tories s'affrontaient. Mais quelles étaient ces dénominations ? Dans la première moitié du XIXe siècle, ces appellations étaient en fait tout à fait sérieuses. Les libéraux étaient appelés Whigs, et il n'y avait même pas besoin d'en être gêné ; les autres étaient appelés Tories, et il n'y avait pas non plus besoin d'en être gêné. Mais quand ces noms sont apparus à l'aube du Parlement anglais, qu'étaient donc ces deux noms ? Le nom de Whigs, c'était une insulte. C'est apparu comme un nom de guerre. Lorsqu'une ligue écossaise s'est formée contre la mesure anglaise réprouvée en Écosse, à savoir une certaine discipline ecclésiastique, des gens écossais se sont rassemblés et on les a ensuite appelés Whigs en Angleterre. La phrase est donc allée si loin que l'on a obtenu une désignation officielle en transformant un nom injurieux en désignation officielle. Imaginez comment tout cela se déroule au-dessus de la réalité. La réalité, c'est que les membres de cette confédération écossaise en Angleterre étaient appelés Whigs. Ensuite, ce sont les très vénérables libéraux qui n'ont pas été traités de whigs, mais qui ont été définis. Et les Tories - c'était un nom qui venait d'Irlande. C'est ainsi que l'on appelait les partisans du papisme au 17e et 18e siècle. Puis ce nom, qui était un nom d'insulte pour les papistes irlandais, était devenu le nom public des conservateurs anglais. Tout cela s'est déroulé dans le royaume des noms, dans le royaume des appellations, dans le royaume de la phrase. La réalité n'avait rien à voir avec cela. C'est un exemple qui est, je dirais, tiré de la surface. Mais pour ce phénomène, vous pouvez trouver partout les mêmes manifestations, d'abord dans le monde anglophone, mais ensuite dans tout le reste du monde, dans la mesure où il a été et est encore infecté par ce phénomène.

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Dieses ist von einer ganz besonderen Wichtigkeit im Zeitalter der Phrase. Denn neben die öffentliche Phrase stellt sich gewissermaßen die esoterische Phrase, die des Zeremoniells, die des Kultus hin. Und aus diesen Untergründen heraus hat sich eigentlich die soziale Wirrnis der Gegenwart in Wahrheit ergeben. Man kann sehr merkwürdige Zeug­nisse anführen für die Phrasenhaftigkeit des Zeitalters. Sie wissen, bis in die Mitte des 19. Jahrhunderts herein standen sich im englischen Par­lamente gegenüber eine liberale Partei, die Whigs, und eine konservative Partei, die Tories. Whigs und Tories standen sich gegenüber. Was waren denn das eigentlich für Benennungen ? In der ersten Hälfte des 19. Jahr­hunderts waren diese Benennungen im Grunde genommen ganz ernst­haftig gemeint. Die Liberalen nannte man Whigs, und man brauchte sich nicht einmal zu genieren dabei; die andern nannte man Tories, man brauchte sich auch nicht zu genieren dabei. Aber als diese Benennungen aufgekommen waren im Morgenrot des englischen Parlaments, was waren denn diese zwei Namen ? Der Name Whigs, er war ein Schimpf­name. Er kam als Schimpfname auf. Als sich ein schottischer Bund bildete gegen die in Schottland verpönte englische Maßregel einer ge­wissen Kirchendisziplin, da rotteten sich schottische Leute zusammen, die man dann in England Whigs schimpfte. Also so weit ging die Phrase, daß man eine offizielle Benennung dadurch gewann, daß man einen Schimpfnamen umwandelte zu der offiziellen Benennung. Denken Sie sich, wie sich das alles abspielt über der Realität. Die Realität bestand darinnen, daß man die Mitglieder dieses schottischen Bundes in England Whigs nannte. Dann waren es die ganz ehrwürdigen Liberalen, die Whigs nicht geschimpft, sondern definiert wurden. Und die Tories — das war ein Name, der aus Irland gekommen war. So nannte man dort im 17., 18. Jahrhundert die Anhänger des Papismus. Dann war dieser Name, der ein Schimpfname für die irischen Papisten war, der öffent­liche Name für die englischen Konservativen geworden. Das alles spielte sich ab im Reiche der Namen, im Reiche der Benennungen, im Reiche der Phrase. Die Wirklichkeit hatte damit gar nichts zu tun. Das ist ein Beispiel, das, ich möchte sagen, von der Oberfläche geholt ist. Aber für diese Erscheinung können Sie, zunächst in der englisch sprechenden Welt, dann aber in der ganzen übrigen Welt, insofern sie angesteckt davon war und ist, überall die gleichen Erscheinungen finden.

Mais qu'est-ce donc que cela signifie que tant d'êtres humains s'unissent sous des aspects tout à fait louables, comme les êtres humains qui sont réunis dans les loges ? Il n'est pas du tout important qu'un petit nombre d'existences douteuses se trouvent également dans les loges. Ce qui compte, c'est le principe. Cela a une grande importance que des gens se réunissent sous les aspects les plus efficaces, et qu'ils se réunissent dans le cérémonial phrasé, dans le culte phrasé, qui donne à son tour la cohésion de ces gens à partir de fondements spirituels réels.

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Aber was ist denn das, daß sich so viele Menschen zusammentun unter Gesichtspunkten, die durchaus löblich sind, wie die Menschen, die in den Logen zusammengetan sind ? Es kommt ja dabei gar nicht darauf an, daß eine geringe Zahl von recht zweifelhaften Existenzen auch in den Logen sind. Es kommt dabei auf das Prinzip an. Das hat eine große Be­deutung, daß sich da unter den wirksamsten Gesichtspunkten Menschen zusammenfinden, und sich zusammenfinden in dem phrasenhaften Ze­remoniell, in dem phrasenhaften Kultus, der nun seinerseits wiederum den Zusammenhalt dieser Menschen gibt aus realen geistigen Unter­gründen heraus.

Il est vrai que si quelqu'un est, disons, un ministre puissant et qu'il a besoin d'un sous-secrétaire d'État, il préfère bien sûr pouvoir nommer son frère maçon plutôt que de devoir nommer n'importe qui d'autre. C'est même justifié, car il le connaît mieux, il peut mieux travailler avec lui. C'est même de manière justifiée que l'on pousse à un regroupement qui n'est même pas défavorable aux conditions dans lesquelles il est placé, mais qui doit cesser d'agir de cette manière.

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Es ist ja doch so, daß wenn irgend jemand, sagen wir, ein mächtiger Minister ist und einen Unterstaatssekretär braucht, es ihm selbstver­ständlich lieber ist, wenn er seinen Bruder Maurer ernennen kann, als wenn er einen beliebigen andern zu ernennen hat. Es ist sogar berechtigt, denn den kennt er besser, mit dem kann er besser arbeiten. Es wird sogar in berechtigter Weise eine Zusammenrottung getrieben, die einmal für die Verhältnisse, in die sie hineingestellt ist, nicht einmal ungünstig ist, die aber aufhören muß, in dieser Weise zu wirken.

Mais qu'est-ce qui se passe réellement ? Il est tout de même étrange qu'à l'époque de la phrase qui règne dans la vie publique, à cette époque de la phrase, apparaisse un courant spirituel, une communauté spirituelle avec des principes résolument efficaces ! Cette communauté spirituelle se tient très secrète, non pas tant dans son existence que dans son impulsion intérieure réelle. Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que nous vivons à l'époque de la phrase et que la phrase permet de falsifier les réalités. Car qu'est-ce qui se forme réellement ? Qu'est-ce qui est déjà là, au fond ? La vie économique, d'abord placée sur elle-même, avec laquelle la phrase n'est plus en accord ; la vie de l'esprit, qui est propulsée sous terre, et la vie de droit, qui s'avance justement en tant que phrase dans la toge, à peu près avec la même signification pour le monde extérieur en tant que jurisprudence, comme le juge anglais est assis dans l'ornement du juge. De même que cet ornement de juge se rapporte à ce qui est la réalité, de même la jurisprudence se rapporte à ce qui est la réalité sous-jacente. Un trimembrement au royaume de la phrase, une triarticulation dans la non-vérité, mais la preuve pour la nécessité de la triarticulation.

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Aber was ist es denn eigentlich, was da auftritt ? Es ist doch merk­würdig, daß gerade im Zeitalter der Phrase, die im öffentlichen Leben herrscht, daß in diesem Zeitalter der Phrase auftritt eine geistige Strö­mung, eine geistige Gemeinschaft mit entschieden wirksamen Prinzi­pien! Diese geistige Gemeinschaft hält sich recht sehr geheim, nicht so sehr ihrem Bestande nach, sondern ihrem eigentlichen inneren Impuls nach. Warum ist denn das eigentlich ? Weil wir im Zeitalter der Phrase leben und die Phrase es gestattet, Wirklichkeiten zu fälschen. Denn was bildet sich denn da eigentlich heraus ? Was ist denn im Grunde genom­men schon da ? Das zunächst auf sich gestellte wirtschaftliche Leben, mit dem die Phrase nicht mehr stimmt; das Geistesleben, das unterirdisch getrieben wird, und das Rechtsleben, das eben als Phrase in der Toga einherschreitet, ungefähr mit derselben Bedeutung für die äußere Welt als Jurisprudenz, wie der englische Richter im Richterornat dasitzt. So wie dieses Richterornat sich verhält zu dem, was da Wirklichkeit ist, so verhält sich die Jurisprudenz zu dem, was die dahinterstehende Wirk­lichkeit ist. Eine Dreigliederung im Reich der Phrase, eine Dreigliede­rung in der Unwahrheit, aber der Beweis für die Notwendigkeit der Dreigliederung.

Vous voyez, vouloir la triarticulation, c'est au fond mettre la vérité à la place du mensonge, des phrases, mais la vérité comme réalité, alors qu'à l'heure actuelle, nous sommes entrés dans une époque où la réalité n'est pas la vérité, mais où la réalité est la phrase et tout ce qui dépend de la phrase. On peut toutefois pratiquer le phrasé aussi bien dans le monde spirituel que dans le monde du droit, dans le monde de l'État ; ce n'est que dans le monde économique que ça ne se laisse pas bien faire. Car c'est là qu'entre en ligne de compte, dans les grandes lignes, ce qui m'a toujours été objecté lors de diverses conférences publiques - les choses se déroulent toujours de la même manière. Après avoir expliqué comment l'humain, en suivant ce qui a été dit dans mon livre "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs ?", parvient à développer intérieurement une vision du monde spirituel, de la réalité spirituelle, tous les trois exposés, quelqu'un se lève dans la discussion et dit : "Oui, mais comment peut-on savoir que ce que l'on voit intérieurement est une réalité ? Il y a quand même l'autosuggestion. Tout ce monde spirituel pourrait bien être seulement une autosuggestion ! Il existe même une suggestion selon laquelle, lorsque l'on pense à une limonade, on a un goût de limonade dans la bouche ; on se suggère alors à soi-même un goût de limonade. On n'a pas de limonade, mais on pense simplement à la limonade, et on l'a comme goût. - J'ai toujours dit à ce sujet : ce qui compte, c'est de se tenir dans la pleine réalité. Certes, on peut se suggérer le goût de la limonade, mais on ne peut pas se suggérer l'apaisement de la soif de cette manière, par la pensée. La soif n'est pas étanchée. - Il suffit donc d'aller assez loin pour que les choses deviennent réelles. On peut avoir des phrases dans le royaume de la spiritualité, on peut même avoir des phrases dans le royaume du droit, de l'État, mais on ne peut pas bien avoir des phrases dans la vie économique, parce qu'on ne peut pas les manger ou du moins on ne peut pas s'en rassasier.

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Sie sehen, die Dreigliederung wollen heißt im Grunde genommen an die Stelle der Lüge, der Phrasen die Wahrheit setzen, aber die Wahr­heit als Wirklichkeit, während in der Gegenwart die Epoche ange­brochen ist, wo Wirklichkeit nicht die Wahrheit ist, sondern wo Wirk­lichkeit die Phrase ist und alles dasjenige, was von der Phrase abhängt. Man kann ja allerdings die Phrase treiben sowohl in der geistigen Welt wie auch in der Rechtswelt, in der Staatswelt; nur in der wirtschaftlichen Welt läßt es sich nicht gut machen. Denn da kommt doch das im Großen in Betracht, was mir bei mannigfaltigen öffentlichen Vorträgen immer wieder — die Dinge spielen sich ja immer wiederholt ab — eingewendet worden ist. Nachdem ich auseinandergesetzt habe, wie der Mensch durch die Verfolgung desjenigen, was in meinem Buche «Wie erlangt man Erkenntnisse der höheren Welten ?» gesagt worden ist, dazu kommt, innerlich eine Anschauung der geistigen Welt, der geistigen Realität zu entwickeln, da steht nach jedem dritten Vortrag einer auf in der Dis­kussion und sagt: Ja, aber wie kann man wissen, daß, was man inner­lich schaut, eine Realität ist ? Es gibt doch Autosuggestion. Diese ganze geistige Welt könnte ja nur eine Autosuggestion sein! Es gibt doch sogar die Suggestion, daß man, wenn man bloß an Limonade denkt, einen Limonadegeschmack im Munde hat; da suggeriert man sich selber den Limonadegeschmack. Man hat gar keine Limonade da, aber man denkt bloß an Limonade, und man hat es als Geschmack. — Darauf sagte ich immer: Es kommt eben an auf das Stehen in der vollen Wirklichkeit. Gewiß, man kann sich den Limonadegeschmack suggerieren, aber man kann sich nicht die Stillung des Durstes auf diese Weise durch Gedanken suggerieren. Die Stillung des Durstes bleibt aus. — Wenn man also nur weit genug geht, dann führt die Sache schon zur Realität. Man kann Phrasen im Reich der Geistigkeit, man kann Phrasen sogar noch im Reiche des Rechtlichen, des Staatlichen haben, aber man kann Phrasen nicht gut im wirtschaftlichen Leben haben, weil man sie nicht essen kann oder wenigstens nicht satt wird davon.

Et c'est ainsi qu'à l'époque de la phrase, la réalité économique est restée en arrière des réalités, précisément aux endroits les plus caractéristiques. Et au moment - je dois le dire encore une fois - où l'on reconnaîtra que l'illusion est une illusion, que la phrase est une phrase, le grand sentiment de honte apparaîtra : nous, les humains, nous vivons de telle sorte que nous avons une raison synthétique, mais nous ne faisons rien d'autre avec cette raison synthétique que de nous occuper des documents économiques de la vie physique, que les animaux réalisent même sans raison synthétique. Si nous, les humains, ne pouvons rien faire d'autre avec notre raison synthétique que de nous occuper de la vie économique, de la nourriture et de tout ce qui est lié à l'existence physique, alors nous prostituons donc la raison synthétique, alors nous avons besoin de notre raison pour nous occuper de quelque chose que l'animal fait très bien sans le luxe de la raison synthétique. À l'instant où cette connaissance de soi intervient, c'est-à-dire où la phrase est absolument perçue comme une phrase, à ce moment-là survient le grand sentiment de honte, et alors le revirement. C'est alors qu'interviendra la perspective de la nécessité du renouvellement du monde spirituel.

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Und so ist tatsächlich im Zeitalter der Phrase von den Realitäten die wirtschaftliche Realität gerade an den charakteristischesten Stellen zu­rückgeblieben. Und in dem Augenblicke — das muß ich noch einmal sagen —, in dem man erkennen wird, daß die Illusion eine Illusion ist, daß die Phrase eine Phrase ist, wird das große Schamgefühl auftauchen: Wir Menschen leben ja so, daß wir eine Vernunft haben, aber wir machen mit dieser Vernunft nichts anderes, als daß wir die wirtschaft­lichen Unterlagen des physischen Lebens besorgen, welches die Tiere sogar ohne Vernunft zustande bringen. Wenn wir Menschen durch unsere Vernunft nichts anderes zustande bringen, als das wirtschaftliche Leben zu besorgen, Nahrung und alles dasjenige, was mit dem physi­schen Dasein zusammenhängt, dann prostituieren wir ja die Vernunft, dann brauchen wir unsere Vernunft, um etwas zu besorgen, was das Tier ganz gut ohne den Luxus der Vernunft besorgt. In dem Augen­blicke, wo diese Selbsterkenntnis eintritt, das heißt, wo die Phrase als Phrase durchschaut wird, in diesem Augenblick wird das große Scham­gefühl eintreten, und dann der Umschlag. Dann wird eintreten die Ein­sicht in die Notwendigkeit der Erneuerung der geistigen Welt.

Mais cela doit être réellement préparé de manière adéquate par le fait qu'un nombre suffisamment important d'êtres humains voient clair dans les circonstances actuelles. Car à quoi cela sert-il que les humains se fassent des illusions sur ce qui est réel ? À quoi cela sert-il de croire en Lloyd George si l'on peut voir que tout ce qui sort de sa bouche n'est nécessairement que des phrases ? À quoi cela sert-il que le monde ait adoré Wilson, si l'on peut voir que toute la politique de Wilson n'était qu'une politique de phrases ? À quoi cela sert-il de réfléchir aux conditions européennes d'aujourd'hui à partir de principes qui ont été hérités des temps anciens pendant des siècles et qui ne peuvent plus être des forces pour les conditions actuelles ?

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Das muß aber in entsprechender Weise wirklich vorbereitet werden dadurch, daß eine genügend große Anzahl von Menschen die Verhält­nisse der Gegenwart durchschaut. Denn was hilft es denn eigentlich, wenn die Menschen sich heute über dasjenige, was real ist, etwas vor­machen ? Was hilft es denn, an Lloyd George zu glauben, wenn man durchschauen kann, daß alles dasjenige, was aus seinem Munde kommt, notwendig bloß Phrase ist ? Was hilft es denn, daß die Welt den Wilson angebetet hat, wenn man durchschauen kann, daß die ganze Wilsonsche Politik eine Phrasenpolitik war ? Was hilft es denn, über europäische Verhältnisse heute nachzudenken aus denjenigen Prinzipien heraus, welche durch Jahrhunderte hindurch von alten Zeiten ererbte Prin­zipien waren und für die heutigen Verhältnisse keine Kräfte mehr sein können ?

On devrait aussi voir des symboles dans les phénomènes historiques. Il faut être conscient du fait que des choses étranges s'expriment déjà dans les apparences. Les Habsbourg - ils sont issus de l'Alsace, ont traversé la Suisse et se sont déplacés vers l'est, toujours plus à l'est. Ils sont arrivés au point le plus oriental lorsqu'ils sont devenus rois apostoliques de Hongrie. Mais dans cette marche de l'ouest vers l'est, il y a une particularité : les réalités occidentales s'évanouissent à l'Est.

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Symbole sollte man auch in den geschichtlichen Erscheinungen sehen. Man sollte sich klar sein darüber, daß sich schon in den äußeren Er­scheinungen merkwürdige Dinge ausdrücken. Die Habsburger — aus dem Elsaß sind sie hervorgegangen, durch die Schweiz sind sie nach Osten gerückt, immer weiter nach Osten. Am Östlichsten sind sie an­gekommen, als sie apostolische Könige von Ungarn geworden sind. Aber bei diesem Gang vom Westen nach dem Osten, da liegt das Eigen­tümliche vor, daß die westlichen Realitäten im Osten hinschwinden.

Les Hohenzollern n'ont pas parcouru un si long chemin, seulement de Nuremberg à Berlin, mais aussi de l'ouest à l'est. Ces signes historiques sont aussi des symboles réels qu'il faut bien prendre en considération. Et il faut prendre en compte ce qui est aujourd'hui la réalité sous la phrase. C'est pourquoi il est impossible aujourd'hui que quelqu'un puisse encore gagner une réalité de ce qui vit dans le jugement public. Celui qui a aujourd'hui le sens des réalités arrive à des choses très étranges. On essaie d'examiner ce qui apparaît dans la vie publique, ce qui est imité et copié partout dans le monde, les Whigs et les Tories. On cherche leur origine - ils étaient des noms d'insulte - et on a eu besoin de les prendre au sérieux, parce qu'on n'aurait pas pu trouver des noms sérieux pour les réalités qui étaient là. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec beaucoup de choses ; avec énormément de choses. Dans la vie publique, nous essayons aujourd'hui d'envelopper les mots dans une certaine obscurité mystique, et nous ne le remarquons pas. Nous ne remarquons pas que nous vivons à l'ère de la phrase.

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Die Hohenzollern haben keinen so weiten Weg gebraucht, bloß von Nürnberg bis Berlin, aber auch vom Westen nach Osten. Diese histo­rischen Zeichen sind eben auch reale Symbole, die man wohl ins Auge fassen muß. Und ins Auge gefaßt muß werden, was heute unter der Phrase Realität ist. Deshalb kann auch unmöglich heute jemand aus dem, was im öffentlichen Urteile lebt, eine Realität noch herausgewin­nen. Wer heute einen Sinn für Wirklichkeiten hat, der kommt eben auf sehr merkwürdige Dinge. Man versucht dasjenige, was im öffentlichen Leben auftritt, was überall in der Welt Nachahmung, Nacheiferung fin­det, die Whigs und die Tories, zu prüfen. Man sucht ihren Ursprung —Schimpfnamen waren sie, und man hat nötig gehabt, sie ernsthaftig zu nehmen, weil man für diejenigen Realitäten, die da waren, ernsthafte Namen nicht gut hätte finden können. So geht es uns heute mit sehr vielem; mit ungeheuer vielem geht es uns heute so. Wir versuchen heute im öffentlichen Leben, Worte gar sehr in ein gewisses mystisches Dunkel zu hüllen, und wir merken es nicht. Wir merken nicht, wie wir im Zeit­alter der Phrase leben.

Je connais par exemple un codex très intéressant de phrases toutes faites. Si l'on ouvre ce codex, on y trouve des phrases d'un genre tout à fait étrange, par exemple comme : qu'est-ce que le droit ? - Le droit est la volonté d'un peuple - et ainsi de suite. Oui, mes chers amis : le droit est la volonté d'un peuple... ! Un peuple - pour les humains d'aujourd'hui, ce n'est qu'une somme d'individus. Mais cette somme doit maintenant avoir une volonté ! Toutes les explications données dans ce codex de phrases sont de cette nature. On a le sentiment que quelqu'un s'est offert le grand luxe de traduire tout ce qui existe actuellement dans la vie publique dans le langage des phrases et de le publier sous forme de codex. Et savez-vous comment s'appelle ce code de phrases ? "L'État", et son auteur est Woodrow Wilson. Et ce code de phrases a été publié dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier. Dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, Woodrow Wilson n'a pas voulu se payer le luxe de rassembler toutes les phrases publiques - mais il a réussi à le faire. Ce que les gens pensent et disent dans leur puissance de phrases n'a pas grand-chose à voir avec ce qui se passe réellement. Selon son opinion, Woodrow Wilson a publié la somme de la sagesse actuelle de l'état, en réalité un codex de phrases toutes faites. Il y a quelques années, un Allemand a été tellement piqué par l'avoine des phrases qu'il a traduit ce gros livre en allemand. Il a traduit ce livre en allemand, de sorte qu'il est également disponible en allemand. Je suppose qu'il sera traduit dans d'autres langues du monde, mais je ne le sais pas.

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Ich kenne zum Beispiel einen sehr interessanten Kodex von lauter zusammengestellten Phrasen. Wenn man diesen Kodex aufschlägt, so findet man Sätze ganz merkwürdiger Art, wie zum Beispiel: Was ist das Recht? — Das Recht ist der Wille eines Volkes, — und so geht es weiter. Ja, meine lieben Freunde: Das Recht ist der Wille eines Volkes ... ! Volk — für die Menschen der Gegenwart ist das nur eine Summe von einzelnen Menschen. Aber diese Summe soll nun einen Willen haben ! Von solcher Art sind nun alle die Erklärungen, die in diesem Kodex der Phrasen gegeben werden. Man hat das Gefühl, daß da einmal jemand sich den großen Luxus gegönnt hat, alles dasjenige, was gegenwärtig existiert im öffentlichen Leben, in die Sprache der Phrase zu übersetzen und das als einen Kodex herauszugeben. Und wissen Sie, wie dieser Kodex der Phrasen heißt ? «Der Staat», und sein Verfasser ist Woodrow Wilson. Und erschienen ist dieser Kodex der Phrasen in den neunziger Jahren des vorigen Jahrhunderts. In den neunziger Jahren des vorigen Jahrhunderts hat Woodrow Wilson sich nun nicht den Luxus machen wollen, die sämtlichen öffentlichen Phrasen zusammenzustellen — aber als Tatsache ist das gelungen. So wenig hat dasjenige, was die Leute in ihrer Phrasenhaftigkeit denken und sagen, noch zu tun mit dem, was wirklich entsteht. Nach seiner Meinung hat Woodrow Wilson herausgegeben die Summe der heutigen Staatsweisheit, in Wirklichkeit einen Kodex von lauter Phrasen. Vor einigen Jahren hat einen Deutschen so sehr der Hafer der Phrase gestochen, daß er nun dieses dicke Buch ins. Deutsche übersetzt hat, so daß dieses Buch auch im Deutschen vorliegt. Ich setze voraus, daß es noch in andere Weltsprachen übersetzt sein wird, ich weiß es aber nicht.

Si nous ne voyons pas clair dans ces choses, si nous n'envisageons pas partout les réalités, nous ne pouvons pas avancer aujourd'hui. On n'avance pas aujourd'hui avec de petites pensées. Il est nécessaire d'inciter l'esprit à de grandes pensées. Nous continuerons à en parler demain.

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Ohne diese Dinge zu durchschauen, ohne in diesen Dingen überall die Wirklichkeiten ins Auge zu fassen, kommen wir heute nicht weiter. Mit kleinen Gedanken kommt man heute nicht weiter. Es ist nötig, das Gemüt anzuspornen zu großen Gedanken. Davon wollen wir dann morgen weiter reden.

 

Français seulement


DIX-SEPTIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le 21 février 1920

Le développement historique de l'impérialisme, deuxième conférence

01
Je vous ai parlé de l'origine historique de ce que l'on peut appeler aujourd'hui l'impérialisme, et vous avez déjà remarqué, d'après ce que j'ai dit hier, que ce qui importe essentiellement dans ces considérations sur l'impérialisme, c'est de voir comment des phénomènes actuels, qui étaient autrefois des facteurs tout à fait réels dans la vie sociale, ne sont plus maintenant, dans leur réalité, que des vestiges des temps anciens. Dans les temps anciens, les institutions et les coutumes en question avaient une signification réelle. Elles étaient des réalités dans une certaine mesure. La réalité a cessé. Elle a évolué à travers le stade du symbole et est finalement devenue une pure phrase.
02
Nous vivons absolument à l'époque de la phrase. Il s'agit seulement de comprendre comment la phrase a besoin d'un certain terrain pour croître et comment la phrase est, d'un autre côté, une préparation pour quelque chose qui doit venir dans l'évolution de l'humanité. Si l'ancienne réalité ne se transformait pas en phrase, c'est-à-dire en quelque chose qui est comme une illusion existante, alors quelque chose de tout à fait nouveau ne pourrait pas s'affirmer comme réalité. Le nouveau ne pourrait pas venir si, par exemple, le dieu visible, perceptible par les sens, sous forme humaine, faisait encore son apparition à notre époque, comme c'était encore le cas dans l'ancien Empire romain ; car les empereurs romains, même si cela n'était plus aussi pleinement ressenti que cela l'était en Orient, étaient néanmoins des dieux selon leurs prétentions. Néron était au moins supposé, hypothétiquement, être un vrai dieu sous forme humaine. Ces choses ont perdu leur signification réelle au fil du temps. Elles sont passées par le stade du signe, de l'emblème, puis sont devenues de simples phrases.
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Or, plus les choses deviennent des phrases, plus le terrain se prépare pour une nouvelle réalité, c'est-à-dire pour une vie spirituelle qui n'est pas tirée du monde sensible, mais du monde suprasensible, pour une vie de l'esprit qui ne veut pas trouver les entités divines-spirituelles sous forme humaine, mais qui veut les trouver en tant qu'entités réelles et effectives parmi les humains visibles sur la terre. Il faut d'abord que le phrasé soit là, mais il faut ensuite le reconnaître. C'est alors qu'il devient possible qu'une nouvelle vie spirituelle se développe réellement. Il faut donc, si l'on veut comprendre le présent à partir de ces conditions, disons, désagréables, pouvoir fixer son attention sur la naissance d'une nouvelle vie spirituelle avec une illusion totale de ce qui était la réalité dans l'évolution de l'humanité.
04
Il est seulement trop naturel que les humains veuillent s'accrocher aux anciennes réalités, même si elles sont déjà devenues des phrases, car le fait de voir que les choses sont devenues des phrases provoque une certaine insécurité dans l'esprit humain. On croit, lorsqu'on doit s'avouer que les anciennes choses sont devenues des phrases, que l'on n'a plus de sol sûr sous les pieds. On aime se tromper, parce qu'à l'instant où l'on accepte la tromperie comme une tromperie, on croit justement flotter dans les airs. On ne cessera de croire qu'on flotte dans les airs que lorsqu'on pourra vraiment ressentir la solidité de la nouvelle vie de l'esprit. Et nous vivons précisément à l'époque où nous devons devenir des participants à la phrase qui s'éteint et des participants à la vie spirituelle qui s'élève. Cela sera possible en particulier grâce au fait que tous les anglophones devront de plus en plus se rendre compte que ce qu'ils ont traditionnellement conservé des époques précédentes et dont ils parlent encore n'est qu'une phrase et que la vie économique telle que je vous l'ai décrite hier, est une réalité unique et authentique qui se trouve sous la phrase.
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Mais il y a un moment qui va se produire, un moment qui est d'une importance toute particulière. Au moment où l'on sentira que l'on a affaire à cette vie économique qui devient "décente/convenable" à la troisième ou quatrième génération, comme je l'ai décrit hier, et sinon à une phrase, on sentira le néant de l'humain qui se tient simplement - comme une réalité - dans la vie physique. Cette prise de conscience doit s'éveiller/trouver son aube en particulier chez les peuples occidentaux. Il faut que vienne le moment où l'âme admettra que nous ne pouvons plus nous accrocher à tout ce que nous disons. La réalité parmi nous est ce que nous acquérons et préparons pour l'estomac et la digestion des humains. Tant que l'on n'aura pas percé à jour la phrase dans son caractère de phrase, tant que l'on ne saura pas que l'économie est la seule réalité, on n'arrivera pas à l'aveu nécessaire. Mais si l'on parvient à l'aveu nécessaire, alors la nature humaine ne peut plus faire autrement que de se dire : pour être humains, nous avons besoin d'une réalité spirituelle en plus de la réalité physique de la pure économie.
06
Ce moment de connaissance doit émerger. Sans ce moment de connaissance, l'évolution de l'humanité n'avance pas. C'est précisément pour la même raison que nous allons vers une nouvelle vie de l'esprit que nous devons actuellement nous plonger dans l'élément de la phrase.
07
Or, la plus forte aptitude, le plus fort talent pour cette connaissance est donné dans les peuples occidentaux. Chez les peuples occidentaux, toutes les conditions sont réunies pour qu'une telle connaissance émerge réellement, alors que les autres peuples d'Europe, par exemple, ont peu de chances de voir émerger chez eux une telle connaissance avec l'intensité nécessaire. Car il y règne souvent d'autres conditions qui empêchent que les illusions soient perçues aussi profondément, aussi radicalement qu'elles peuvent l'être, notamment dans la population anglophone. Il suffit de considérer les conditions historiques.
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Pensez que les différentes tribus/souches d'origine germanique vivant en Europe centrale étaient unies depuis l'époque des successeurs de Charlemagne, depuis les Saxons, depuis les souverains des Staufer, en tant que Saint Empire romain de la nation allemande, comme je l'ai déjà dit. Ce Saint Empire romain de la nation allemande était en fait un réseau entier de symboles. Tout était dans le caractère du signe, du symbolum. Pour tout ce à quoi on était confronté, il fallait passer du signe, du symbolum, à une réalité quelconque. Mais cette pénétration par le signe, par le symbolum, ne permettait pas d'atteindre une pleine réalité spirituelle. Les églises l'ont empêché. On en arrivait dans une certaine mesure à un pur flotter et à nager dans une réalité spirituelle. C'est pourquoi tout ce que le Moyen-Âge avait à dire sur une réalité spirituelle et tout ce que la succession des confessions de foi européennes a à dire sur une telle réalité spirituelle a le caractère de ce qui est à moitié compris, de ce qui ne peut pas être entièrement saisi. Elle a le caractère de la lumière qui pénétrait dans les églises médiévales à travers des vitres colorées. On reculait lorsque l'on passait des symboles au spirituel, on reculait devant une saisie claire et nette. On préférait au contraire caractériser la chose de telle sorte qu'elle apparaisse comme une semi-inconnue que ne peut être pénétrée par la connaissance.
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Et il en a été de même pour les conditions sociales extérieures. Celui qui étudie vraiment, avec un sens intérieur, l'histoire de ce Saint Empire romain de la nation allemande - et l'histoire suisse est intimement liée au fond à cette histoire du Saint Empire romain de la nation allemande -, trouvera que les ambiguïtés se succèdent d'âge en âge. Des ambiguïtés à travers lesquelles on essaie d'assimiler sa propre organisation sociale, de vivre en elle, de la comprendre, jusqu'à ce que l'on s'aperçoive en 1806 - même les Habsbourg s'en rendaient compte à l'époque - que l'ensemble du Saint Empire romain germanique n'avait plus de sens. Et l'empereur François Ier, particulièrement doué - c'est-à-dire négativement doué -, déposa alors la couronne impériale allemande, après s'être créé deux ans auparavant un substitut personnel ou, comme on l'appelle dans ce cas, un substitut maison, dans la couronne impériale autrichienne. Les choses perdaient la possibilité d'exister, car on ne pouvait finalement plus trouver de sens derrière ce symbole. Et il ne restait plus rien d'autre pour ces humains en Europe centrale qu'une aspiration, une volonté qui allait vers tout ce qui était possible, mais qui n'avait que peu de sens concret en elle.
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D'où la fondation de l'Empire en 1870/71, avec sa contradiction interne. Un empire allemand a été créé, mais à partir d'aucune situation réelle. On a inventé ce titre. En France, si quelque chose de similaire avait réussi, on aurait peut-être à nouveau compris l'"Empereur", du moins à moitié, parce qu'il y avait encore un peu de substance dans le peuple ; mais au sein de l'être allemand, il y avait un nom qui aurait supposé que l'on avait du talent pour les simples noms qui ne signifient rien ; que l'on avait du talent d'un côté pour soigner la phrase, et de l'autre pour une réalité sous-jacente de la vie économique ou quelque chose de ce genre, qui n'avait d'abord rien à voir avec elle. Mais ce talent n'existait pas en Europe centrale. Et pour comprendre ce qui s'est développé dans cette Europe centrale, il faut être conscient du fait qu'on ne doit pas étudier l'histoire en termes abstraits, mais en termes de réalités ! On peut soulever une question avec l'objectif de la réalité : qu'est-ce qui s'est réellement développé sous l'empire allemand de 1871 à 1914 ? - Ce qui était là, ce que les gens voyaient à l'extérieur, n'était qu'une illusion. Quelle était la réalité ? Oui, vous voyez, dans les phénomènes historiques, une chose quelconque apparaît (en rouge) ; sous sa surface, elle contient une autre chose (en bleu). Lorsque la première chose disparaît comme une illusion, la seconde apparaît dans sa réalité dans la suite.
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Il ne faut pas analyser, mais pointer du doigt la réalité, le concret. Ce qui s'est développé sous l'empire allemand de 1871 à 1914 n'est pas apparu à l'époque où il a expiré, car c'était l'illusion ; la réalité vient après, c'est ce qui se développe depuis novembre 1918 ; ce sont les dirigeants actuels. Le caractère fondamental de l'ère wilhelminienne est Noske. Le caractère fondamental de ce qui s'est développé depuis des décennies n'est apparu que lorsque les dirigeants actuels sont apparus. L'ex-empereur allemand est défini par les soi-disant dirigeants révolutionnaires actuels. Les conditions qui vivaient alors sous la surface dans les décennies précédentes, où l'on se laissait aller à l'illusion, ce sont les conditions qui sont maintenant là dans la réalité.
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Et c'est ainsi que vous pouvez en réalité étudier l'histoire, en recherchant l'involution dans l'évolution, en recherchant ce qui se développe sous la surface. Comment s'appelle en réalité ce qui était le tsarisme russe au XIXe siècle ? Ce qui était le tsarisme russe s'appelle aujourd'hui, alors qu'il est apparu dans sa vérité, Lénine et Trotsky, le bolchevisme. C'est la vérité concrète de ce qui n'était alors qu'une illusion. Le tsarisme n'est que le mensonge qui flotte à la surface ; mais ce que ce tsarisme a réellement cultivé est apparu dans sa véritable réalité dès qu'il a été lui-même balayé. Lénine n'est rien d'autre que le tsar ; après qu'on l'a dépouillé de sa peau, il est resté ce qui était sa réalité, et cela s'appelle aujourd'hui Lénine ou Trotsky. Et si vous continuez à dépouiller des gens comme Caprivi, Hohenlohe ou Bethmann Hollweg, il reste Noske, Scheidemann et ainsi de suite. Ce sont les vraies figures ; les autres n'étaient que des illusions placées dessus.
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Il s'agit d'illustrer un phénomène dans l'histoire non pas par des concepts et des idées abstraites, mais par ce qui devient réel dans l'histoire. Dans l'histoire, la définition d'une chose sera toujours un autre fait, et non un concept abstrait. Il s'agit donc d'étudier des réalités. Et il s'agit notamment de porter son attention sur ce que sont les réalités, car nous vivons aujourd'hui à l'époque où les réalités doivent être percées à jour, où les réalités doivent être entièrement dévoilées.
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Ce phénomène se manifeste tout particulièrement lorsque vous étudiez la constitution, le contenu de ces sociétés secrètes qui ont un grand pouvoir au sein de la population anglophone, un pouvoir que l'on ne soupçonne pas dans le grand public. Ce sont des sociétés qui s'associent selon des règles extérieures extraordinairement sympathiques, des sociétés qui ont acquis un pouvoir de plus en plus grand précisément au cours de la cinquième période post-atlantique.
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Si vous vous reportez à l'année 1720, vous trouverez en Angleterre quelques adeptes de ces communautés. Les adeptes ne sont en général que les instruments, les personnes qui poussent se trouvent derrière ; mais les adeptes n'étaient que quelques-uns à l'époque. Si nous regardons les statistiques aujourd'hui, nous avons 488 loges à Londres, 1354 loges dans toute la Grande-Bretagne, 486 loges dans les colonies et à l'étranger en tant que loges anglaises, et ce que l'on appelle le Royal Arch Cap, c'est-à-dire ce qui garde déjà un peu secrets les usages extérieurs de la franc-maçonnerie, 836 dans le monde entier.
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Il s'agit maintenant d'envisager d'abord le contenu substantiel de ce qui existe à l'intérieur de ces loges, comme un instrument pour les puissances qui poussent. Et ensuite, il s'agit de rechercher les raisons pour lesquelles ces pouvoirs ont eu une importance extraordinaire jusqu'à aujourd'hui. Le contenu substantiel remonte à des temps très reculés. Et ceux qui soulignent encore et encore que le contenu de la maçonnerie remonte à des temps lointains n'ont pas tout à fait tort, même si les choses, telles qu'elles sont présentées, sont souvent nébuleuses, peut-être même vertigineuses. Mais le fait de remonter à des époques lointaines repose tout de même sur un certain fond de vérité. Elle remonte même à des passés si lointains que nous pouvons dire qu'ils sont réels : ces passés sont ceux de l'ancien, du premier stade de l'impérialisme, selon lequel le dieu sous forme humaine se promenait parmi les humains. C'est alors que ce qui est dit aujourd'hui dans ces loges, mais surtout ce qui est montré, avait un sens. Ensuite, c'est devenu un symbole. Le sens a disparu depuis longtemps. On peut dire qu'au sein des loges qui existent aujourd'hui, il n'y a presque rien de la connaissance, du contenu de ce qui est fait ou dit. Mais le symbolisme est resté. Le symbolisme s'est maintenant propagé jusqu'au stade de la phrase, de sorte que nous avons, notamment dans les régions anglophones et dans celles qui en dépendent, deux couches de ferments culturels qui se côtoient : la phrase extérieure, tout à fait exotérique, qui domine la vie publique, et, dans les sociétés secrètes, le symbolisme qui n'est conservé que traditionnellement, dont on ne cherche pas du tout à remonter jusqu'à sa véritable origine, mais qui est conservée en tant que symbolisme. Ainsi, le symbolum devient une phrase sous forme symbolique, ou un symbole qui devient également une phrase, mais qui se présente sous d'autres formes. Vous avez donc la phrase exotérique extérieure de la vie publique, qui s'exprime dans le langage humain ordinaire, qui fait son œuvre dans les parlements par exemple, et puis vous avez dans les sociétés secrètes l'activité avec le symbolisme, auquel en règle générale même ceux à qui ce symbolisme est transmis ne comprennent rien. C'est donc quelque chose de phrasé sous forme de symbole. Il est important qu'à côté de la phrase extérieure purement littérale, nous ayons la phrase culturelle, la phrase cérémonielle. Car cette phrase cérémonielle renferme tout de même un élément spirituel. Et dans les sociétés secrètes qui ont de véritables formes cérémonielles, c'est-à-dire des formes qui remontent à des usages réels, il peut arriver que des personnes particulièrement douées parviennent, grâce à leur karma, à comprendre le sens réel de ces symboles. Parfois, même un poulet aveugle trouve un grain. Il peut donc arriver que des personnes particulièrement douées découvrent le sens des cérémonies ; elles sont alors retirées des sociétés secrètes concernées. Mais on veille à ce qu'elles ne puissent plus nuire à ces sociétés secrètes. Car ce qui est particulièrement important pour ces sociétés secrètes, c'est le pouvoir, et non pas le discernement. Il s'agit en effet de conserver les secrets sous une forme traditionnelle. Et sous cette forme traditionnelle, elles ont un certain pouvoir. Pourquoi ?
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Je vous ai en quelque sorte décrit le contenu substantiel. Mais ce contenu substantiel est lié aux personnes qui se rassemblent dans ces sociétés secrètes. Pensez au nombre de personnes qui appartiennent à ces différentes loges du monde. Ces gens, en entrant dans les loges, sont confrontés au cérémonial tel que je viens de vous le décrire. Mais ils sont gagnés à la cause des loges sous certains aspects. Et l'un des points de vue les plus importants sous lesquels ils ont été gagnés à l'origine pour les loges -- même si de divers côtés on pèche contre ces points de vue de la manière la plus variée, surtout aujourd'hui, mais cela n'a pas d'importance pour l'efficacité de ces loges -, l'un des points de vue les plus importants sous lesquels les humains se sont rassemblés dans ces loges, est celui de l'indiscutabilité absolue des confessions religieuses. Certes, il y a des péchés contre cela. Il y a aujourd'hui dans le monde des loges maçonniques qui, disons, n'acceptent pas les Juifs. Bien sûr, cela existe ; mais elles ne comprennent rien au principe de base. Le principe de base est d'accueillir en son sein des humains de toutes confessions. C'est donc l'un des principes fondamentaux de ne rien accorder au contenu de ce que l'on croit. L'autre principe est de ne rien donner, au sein des loges, aux différences extérieures de classe ou autres. Les humains qui se trouvent dans les bonnes loges sont tous frères entre eux, que l'un soit un seigneur ou l'autre un ouvrier, sauf que l'on pèche aussi contre cela. Dans la plupart des loges, on n'admet pas d'ouvriers, mais seulement des seigneurs et ceux qui leur sont dociles. Mais cela n'a rien à voir avec le principe en tant que tel. Ceux qui sont à l'intérieur sont tout à fait unis sous la devise : tous sont frères. - Il n'y a que les grades, mais ils n'ont rien à voir avec la stratification extérieure, avec la stratification sociale des humains. Les humains sont ainsi rassemblés selon des points de vue qui n'ont rien à voir avec l'ordre social extérieur, car dans notre ordre social extérieur, nous avons tout à fait stratifié les humains, premièrement selon leurs confessions, qui jouent encore un rôle - les confessions ne jouent aucun rôle dans les vraies loges -, deuxièmement, on ne pourra pas affirmer que les humains sont frères dans l'ordre social extérieur. Ils ne sont pas frères. Dans les loges, ceux du moins qui sont à l'intérieur sont frères.
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Mais de telles choses, elles ont une certaine signification réelle. Il n'est pas indifférent de savoir sous quel angle on regroupe les gens en communautés. Si l'on réunit des humains en une communauté sous une même profession de foi, il s'agit dans la vie réelle d'une communauté qui, dans certaines circonstances, ne dépend que du pouvoir extérieur, du pouvoir mort. Si l'on regroupe des personnes en considérant que la confession de foi est indifférente, on obtient une communauté dotée d'un pouvoir spirituel particulièrement fort. C'est pourquoi l'Église catholique a toujours dû soutenir son pouvoir par des moyens politiques, parce qu'elle veut rassembler les humains, du moins approximativement, sous une certaine confession de foi unique. Elle a toujours été d'autant plus puissante que les gens se souciaient moins de la confession de foi, que la hiérarchie, que Rome se souciait moins de la confession de foi. Car dans la vie extérieure, dans les ordres sociaux physiques, faire de la confession de foi ce qui fait autorité, c'est rendre impuissant. Seule une communauté qui ne tient pas compte de la confession de foi en tant que telle peut se montrer puissante.
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Ceci est d'une importance toute particulière à l'époque de la phrase. Car à côté de la phrase publique se place en quelque sorte la phrase ésotérique, celle du cérémonial, celle du culte. Et c'est à partir de ces fondements que la confusion sociale de l'époque actuelle s'est en réalité développée. On peut citer des témoignages très étranges de la puissance du phrasé de l'époque. Vous savez que jusqu'au milieu du XIXe siècle, un parti libéral, les Whigs, et un parti conservateur, les Tories, s'affrontaient au parlement anglais. Les Whigs et les Tories s'affrontaient. Mais quelles étaient ces dénominations ? Dans la première moitié du XIXe siècle, ces appellations étaient en fait tout à fait sérieuses. Les libéraux étaient appelés Whigs, et il n'y avait même pas besoin d'en être gêné ; les autres étaient appelés Tories, et il n'y avait pas non plus besoin d'en être gêné. Mais quand ces noms sont apparus à l'aube du Parlement anglais, qu'étaient donc ces deux noms ? Le nom de Whigs, c'était une insulte. C'est apparu comme un nom de guerre. Lorsqu'une ligue écossaise s'est formée contre la mesure anglaise réprouvée en Écosse, à savoir une certaine discipline ecclésiastique, des gens écossais se sont rassemblés et on les a ensuite appelés Whigs en Angleterre. La phrase est donc allée si loin que l'on a obtenu une désignation officielle en transformant un nom injurieux en désignation officielle. Imaginez comment tout cela se déroule au-dessus de la réalité. La réalité, c'est que les membres de cette confédération écossaise en Angleterre étaient appelés Whigs. Ensuite, ce sont les très vénérables libéraux qui n'ont pas été traités de whigs, mais qui ont été définis. Et les Tories - c'était un nom qui venait d'Irlande. C'est ainsi que l'on appelait les partisans du papisme au 17e et 18e siècle. Puis ce nom, qui était un nom d'insulte pour les papistes irlandais, était devenu le nom public des conservateurs anglais. Tout cela s'est déroulé dans le royaume des noms, dans le royaume des appellations, dans le royaume de la phrase. La réalité n'avait rien à voir avec cela. C'est un exemple qui est, je dirais, tiré de la surface. Mais pour ce phénomène, vous pouvez trouver partout les mêmes manifestations, d'abord dans le monde anglophone, mais ensuite dans tout le reste du monde, dans la mesure où il a été et est encore infecté par ce phénomène.
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Mais qu'est-ce donc que cela signifie que tant d'êtres humains s'unissent sous des aspects tout à fait louables, comme les êtres humains qui sont réunis dans les loges ? Il n'est pas du tout important qu'un petit nombre d'existences douteuses se trouvent également dans les loges. Ce qui compte, c'est le principe. Cela a une grande importance que des gens se réunissent sous les aspects les plus efficaces, et qu'ils se réunissent dans le cérémonial phrasé, dans le culte phrasé, qui donne à son tour la cohésion de ces gens à partir de fondements spirituels réels.
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Il est vrai que si quelqu'un est, disons, un ministre puissant et qu'il a besoin d'un sous-secrétaire d'État, il préfère bien sûr pouvoir nommer son frère maçon plutôt que de devoir nommer n'importe qui d'autre. C'est même justifié, car il le connaît mieux, il peut mieux travailler avec lui. C'est même de manière justifiée que l'on pousse à un regroupement qui n'est même pas défavorable aux conditions dans lesquelles il est placé, mais qui doit cesser d'agir de cette manière.
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Mais qu'est-ce qui se passe réellement ? Il est tout de même étrange qu'à l'époque de la phrase qui règne dans la vie publique, à cette époque de la phrase, apparaisse un courant spirituel, une communauté spirituelle avec des principes résolument efficaces ! Cette communauté spirituelle se tient très secrète, non pas tant dans son existence que dans son impulsion intérieure réelle. Pourquoi est-ce ainsi ? Parce que nous vivons à l'époque de la phrase et que la phrase permet de falsifier les réalités. Car qu'est-ce qui se forme réellement ? Qu'est-ce qui est déjà là, au fond ? La vie économique, d'abord placée sur elle-même, avec laquelle la phrase n'est plus en accord ; la vie de l'esprit, qui est propulsée sous terre, et la vie de droit, qui s'avance justement en tant que phrase dans la toge, à peu près avec la même signification pour le monde extérieur en tant que jurisprudence, comme le juge anglais est assis dans l'ornement du juge. De même que cet ornement de juge se rapporte à ce qui est la réalité, de même la jurisprudence se rapporte à ce qui est la réalité sous-jacente. Un trimembrement au royaume de la phrase, une triarticulation dans la non-vérité, mais la preuve pour la nécessité de la triarticulation.
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Vous voyez, vouloir la triarticulation, c'est au fond mettre la vérité à la place du mensonge, des phrases, mais la vérité comme réalité, alors qu'à l'heure actuelle, nous sommes entrés dans une époque où la réalité n'est pas la vérité, mais où la réalité est la phrase et tout ce qui dépend de la phrase. On peut toutefois pratiquer le phrasé aussi bien dans le monde spirituel que dans le monde du droit, dans le monde de l'État ; ce n'est que dans le monde économique que ça ne se laisse pas bien faire. Car c'est là qu'entre en ligne de compte, dans les grandes lignes, ce qui m'a toujours été objecté lors de diverses conférences publiques - les choses se déroulent toujours de la même manière. Après avoir expliqué comment l'humain, en suivant ce qui a été dit dans mon livre "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs ?", parvient à développer intérieurement une vision du monde spirituel, de la réalité spirituelle, tous les trois exposés, quelqu'un se lève dans la discussion et dit : "Oui, mais comment peut-on savoir que ce que l'on voit intérieurement est une réalité ? Il y a quand même l'autosuggestion. Tout ce monde spirituel pourrait bien être seulement une autosuggestion ! Il existe même une suggestion selon laquelle, lorsque l'on pense à une limonade, on a un goût de limonade dans la bouche ; on se suggère alors à soi-même un goût de limonade. On n'a pas de limonade, mais on pense simplement à la limonade, et on l'a comme goût. - J'ai toujours dit à ce sujet : ce qui compte, c'est de se tenir dans la pleine réalité. Certes, on peut se suggérer le goût de la limonade, mais on ne peut pas se suggérer l'apaisement de la soif de cette manière, par la pensée. La soif n'est pas étanchée. - Il suffit donc d'aller assez loin pour que les choses deviennent réelles. On peut avoir des phrases dans le royaume de la spiritualité, on peut même avoir des phrases dans le royaume du droit, de l'État, mais on ne peut pas bien avoir des phrases dans la vie économique, parce qu'on ne peut pas les manger ou du moins on ne peut pas s'en rassasier.
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Et c'est ainsi qu'à l'époque de la phrase, la réalité économique est restée en arrière des réalités, précisément aux endroits les plus caractéristiques. Et au moment - je dois le dire encore une fois - où l'on reconnaîtra que l'illusion est une illusion, que la phrase est une phrase, le grand sentiment de honte apparaîtra : nous, les humains, nous vivons de telle sorte que nous avons une raison synthétique, mais nous ne faisons rien d'autre avec cette raison synthétique que de nous occuper des documents économiques de la vie physique, que les animaux réalisent même sans raison synthétique. Si nous, les humains, ne pouvons rien faire d'autre avec notre raison synthétique que de nous occuper de la vie économique, de la nourriture et de tout ce qui est lié à l'existence physique, alors nous prostituons donc la raison synthétique, alors nous avons besoin de notre raison pour nous occuper de quelque chose que l'animal fait très bien sans le luxe de la raison synthétique. À l'instant où cette connaissance de soi intervient, c'est-à-dire où la phrase est absolument perçue comme une phrase, à ce moment-là survient le grand sentiment de honte, et alors le revirement. C'est alors qu'interviendra la perspective de la nécessité du renouvellement du monde spirituel.
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Mais cela doit être réellement préparé de manière adéquate par le fait qu'un nombre suffisamment important d'êtres humains voient clair dans les circonstances actuelles. Car à quoi cela sert-il que les humains se fassent des illusions sur ce qui est réel ? À quoi cela sert-il de croire en Lloyd George si l'on peut voir que tout ce qui sort de sa bouche n'est nécessairement que des phrases ? À quoi cela sert-il que le monde ait adoré Wilson, si l'on peut voir que toute la politique de Wilson n'était qu'une politique de phrases ? À quoi cela sert-il de réfléchir aux conditions européennes d'aujourd'hui à partir de principes qui ont été hérités des temps anciens pendant des siècles et qui ne peuvent plus être des forces pour les conditions actuelles ?
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On devrait aussi voir des symboles dans les phénomènes historiques. Il faut être conscient du fait que des choses étranges s'expriment déjà dans les apparences. Les Habsbourg - ils sont issus de l'Alsace, ont traversé la Suisse et se sont déplacés vers l'est, toujours plus à l'est. Ils sont arrivés au point le plus oriental lorsqu'ils sont devenus rois apostoliques de Hongrie. Mais dans cette marche de l'ouest vers l'est, il y a une particularité : les réalités occidentales s'évanouissent à l'Est.
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Les Hohenzollern n'ont pas parcouru un si long chemin, seulement de Nuremberg à Berlin, mais aussi de l'ouest à l'est. Ces signes historiques sont aussi des symboles réels qu'il faut bien prendre en considération. Et il faut prendre en compte ce qui est aujourd'hui la réalité sous la phrase. C'est pourquoi il est impossible aujourd'hui que quelqu'un puisse encore gagner une réalité de ce qui vit dans le jugement public. Celui qui a aujourd'hui le sens des réalités arrive à des choses très étranges. On essaie d'examiner ce qui apparaît dans la vie publique, ce qui est imité et copié partout dans le monde, les Whigs et les Tories. On cherche leur origine - ils étaient des noms d'insulte - et on a eu besoin de les prendre au sérieux, parce qu'on n'aurait pas pu trouver des noms sérieux pour les réalités qui étaient là. C'est ce qui se passe aujourd'hui avec beaucoup de choses ; avec énormément de choses. Dans la vie publique, nous essayons aujourd'hui d'envelopper les mots dans une certaine obscurité mystique, et nous ne le remarquons pas. Nous ne remarquons pas que nous vivons à l'ère de la phrase.
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Je connais par exemple un codex très intéressant de phrases toutes faites. Si l'on ouvre ce codex, on y trouve des phrases d'un genre tout à fait étrange, par exemple comme : qu'est-ce que le droit ? - Le droit est la volonté d'un peuple - et ainsi de suite. Oui, mes chers amis : le droit est la volonté d'un peuple... ! Un peuple - pour les humains d'aujourd'hui, ce n'est qu'une somme d'individus. Mais cette somme doit maintenant avoir une volonté ! Toutes les explications données dans ce codex de phrases sont de cette nature. On a le sentiment que quelqu'un s'est offert le grand luxe de traduire tout ce qui existe actuellement dans la vie publique dans le langage des phrases et de le publier sous forme de codex. Et savez-vous comment s'appelle ce code de phrases ? "L'État", et son auteur est Woodrow Wilson. Et ce code de phrases a été publié dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier. Dans les années quatre-vingt-dix du siècle dernier, Woodrow Wilson n'a pas voulu se payer le luxe de rassembler toutes les phrases publiques - mais il a réussi à le faire. Ce que les gens pensent et disent dans leur puissance de phrases n'a pas grand-chose à voir avec ce qui se passe réellement. Selon son opinion, Woodrow Wilson a publié la somme de la sagesse actuelle de l'état, en réalité un codex de phrases toutes faites. Il y a quelques années, un Allemand a été tellement piqué par l'avoine des phrases qu'il a traduit ce gros livre en allemand. Il a traduit ce livre en allemand, de sorte qu'il est également disponible en allemand. Je suppose qu'il sera traduit dans d'autres langues du monde, mais je ne le sais pas.
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Si nous ne voyons pas clair dans ces choses, si nous n'envisageons pas partout les réalités, nous ne pouvons pas avancer aujourd'hui. On n'avance pas aujourd'hui avec de petites pensées. Il est nécessaire d'inciter l'esprit à de grandes pensées. Nous continuerons à en parler demain.