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GA196 - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - CHANGEMENTS SPIRITUELS ET SOCIAUX DANS L'ÉVOLUTION HUMAINE




CINQUIÈME CONFÉRENCE,
17 janvier 1920
De la science de l'initiation dans la perspective des formes-pensées actuelles. Sur les antagonismes contre l'anthroposophie
FÜNFTER VORTRAG,
17. Januar 1920
Von der Initiationswissenschaft im Hinblick auf die heutigen Gedankenformen. Über Gegnerschaften gegen die Anthroposophie

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 196 071-088 1992 17/01/1920



Original





Traducteur: FG Editeur: SITE

Hier, j'ai essayé de vous décrire le caractère du moment de l'évolution humaine auquel nous sommes arrivés. J'ai essayé de vous montrer comment, au cours de l'évolution humaine, l'humanité en est actuellement arrivée à dépendre absolument de ce que nous appelons la science de l'initiation. Cela signifie qu'il devient nécessaire, premièrement, que les branches de la connaissance de la vie culturelle humaine soient imprégnées de cette science de l'initiation, deuxièmement, mais aussi que la pensée sociale et le sentiment social soient imprégnés ces sentiments, sensations qui pour l'âme humaine résultent de la conscience : Il y a une révélation de l'esprit, une révélation suprasensible - on a seulement besoin de se tourner vers elle.

01

Ich habe gestern versucht, Ihnen den Charakter des Zeitpunktes mensch­licher Entwickelung, an dem wir angekommen sind, zu kennzeichnen. Ich habe versucht, Ihnen zu zeigen, wie im Fortgange der menschlichen Entwickelung die Menschheit gegenwärtig dabei angekommen ist, un­bedingt angewiesen zu sein auf dasjenige, was wir nennen die Wissen­schaft der Initiation. Das heißt, es wird notwendig, daß erstens die Er­kenntniszweige des menschlichen Kulturlebens durchdrungen werden von dieser Wissenschaft der Initiation, zweitens aber auch, daß das so­ziale Denken und das soziale Empfinden durchdrungen werde von den­jenigen Gefühlen, Empfindungen, die für die menschliche Seele aus dem Bewußtsein heraus resultieren: Es gibt eine Geistesoffenbarung, eine übersinnliche Offenbarung — man braucht sich ihr nur zuzuwenden.

On peut donc être convaincu que de nombreuses personnes viennent et disent : Oui, mais l'histoire a quand même été consciencieusement étudiée, et ce qui devrait résulter de la science de l'esprit sur le caractère de la période actuelle, telle qu'elle s'est développée à partir des périodes précédentes, l'histoire n'en parle donc pas.

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Man kann ja überzeugt sein, daß zahlreiche Menschen kommen und sagen: Ja, aber es ist doch gewissenhaft Geschichte studiert worden, und was sich da aus der Geisteswissenschaft heraus ergeben soll über den Charakter des gegenwärtigen Zeitraumes, so wie sich dieser entwickelt hat aus den vorhergehenden, davon spricht ja die Geschichte nicht.

Oui, elle n'en parle pas, parce que justement, non influencée par la véritable connaissance de l'esprit, elle ne s'interroge pas sur ses véritables impulsions et forces. Pour savoir ce qui parle à travers l'histoire, il faut d'abord savoir interroger l'histoire de la bonne manière.

03

Ja, sie spricht nicht davon, weil sie eben, unbeeinflußt von wirklicher Geist-Erkenntnis, nicht nach ihren wirklichen Antrieben und Kräften fragt. Um zu wissen, was durch die Geschichte spricht, muß man erst die Geschichte in der richtigen Weise zu fragen verstehen.

Or, il se trouve que les trois périodes post-atlantiques successives, l'Indienne primitive, la Perse originelle, l'Égypto-Chaldéenne sont des périodes au cours desquelles l'humanité est devenue de plus en plus jeune, au sens où nous l'entendions hier, c'est-à-dire qu'elle n'est pas restée capable de se développer au cours de la deuxième période, dans les années où elle était encore capable de se développer au cours de la première période, et ainsi de suite. Pendant la période gréco-latine, c'est-à-dire celle qui a commencé au 8e siècle avant Jésus-Christ et s'est terminée au 15e siècle, les humains sont restés capables de se développer jusqu'au début des années de la trentaine. Lorsque cette période s'est terminée au 15e siècle, les humains étaient clairement capables de se développer jusqu'à plus de la vingt-huitième année. Aujourd'hui, comme nous l'avons souligné, la capacité d'évolution ne s'étend que jusqu'à la vingt-septième année, et elle va descendre de plus en plus bas.

04

Nun handelt es sich darum, daß die drei aufeinanderfolgenden nach­atlantischen Zeiträume, der urindische, der urpersische, der ägyptisch­chaldäische, solche sind, in denen gewissermaßen in dem gestern gemein­ten Sinne die Menschheit immer jünger geworden ist, das heißt, daß sie im zweiten Zeitraume nicht entwickelungsfähig geblieben ist in diejenigen Jahre hinein, in denen sie im ersten Zeitraume noch entwickelungsfähig war und so weiter. Im griechisch-lateinischen Zeitraume, also in dem­jenigen, der im B. vorchristlichen Jahrhundert begonnen und im 15. Jahr­hundert geendet hat, war es so, daß die Menschen entwickelungsfähig geblieben sind bis in den Beginn der Dreißigerjahre hinein. Als im 15. Jahrhundert dieser Zeitraum schloß, waren die Menschen deutlich entwickelungsfähig bis über das achtundzwanzigste Jahr hinaus. Heute reicht die Entwickelungsfähigkeit, wie wir ja betont haben, nur bis zum siebenundzwanzigsten Jahre und wird immer mehr und mehr herunter­steigen.

Maintenant, l'humain peut entrer en relation avec le monde spirituel en premier à partir de la trentaine, du simple fait de sa constitution physique et corporelle. Ne vous méprenez pas sur mes propos ! Il peut naturellement, quand il se tourne vers la science de l'esprit, y arriver plus tôt aujourd'hui ; mais si l'humain doit recevoir des forces spirituelles de l'univers par sa propre évolution liée au physique et au spirituel, cela ne peut se faire que s'il reste capable d'évoluer jusque dans les années de la trentaine. Cela il ne le fait pas. C'est pourquoi, à partir de notre époque, il ne peut pas être question que l'évolution de l'humanité puisse progresser par des voies naturelles. Elle peut seulement progresser si l'humanité est fécondée par la science de l'initiation.

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Nun kann der Mensch, einfach durch die physisch-leibliche Kon­stitution, erst von den Dreißigerjahren an in Beziehung zur geistigen Welt kommen. Mißverstehen Sie mich nicht ! Er kann natürlich, wenn er sich der Geisteswissenschaft zuwendet, auch heute schon früher dazu kommen; aber wenn der Mensch durch seine eigene, an das Physisch-Leibliche gebundene Entwickelung geistige Kräfte aus dem Weltenall hereinbekommen soll, so kann das nur geschehen, wenn er entwicke­lungsfähig bleibt bis in die Dreißigerjahre hinein. Das tut er nicht. Da­her kann von unserem Zeitpunkte an gar keine Rede davon sein, daß auf natürlichem Wege die Entwickelung der Menschheit vorwärts-schreiten kann. Sie kann nur vorwärtsschreiten, wenn die Menschheit befruchtet wird von der Wissenschaft der Initiation.

Maintenant, je vous ai déjà indiqué dans l'un des exposés précédents qu'il existe des initiés dans certaines régions de la civilisation occidentale, notamment dans les régions anglo-américaines. Mais la particularité de ces initiés est que, de leur point de vue, ils n'ont en fait en tête que de promouvoir comme science de l'initiation ce qui peut amener peu à peu la domination anglo-américaine sur la Terre. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est ainsi. Et l'on peut dire que chaque affirmation qui émane de ce côté porte une empreinte qui laisse entendre aux personnes averties qu'il en est ainsi. Avant toute chose, les différentes façons dont la science de l'initiation est pratiquée dans les régions occidentales font référence à toutes ces choses.

06

Nun habe ich Ihnen schon in einem der vorigen Vorträge angedeutet, daß es ja in Gegenden der westlichen Zivilisation, namentlich in anglo­amerikanischen Gebieten, Eingeweihte gibt. Aber das Eigentümliche dieser Eingeweihten ist, daß sie von ihrem Gesichtspunkte aus im Sinn haben, eigentlich nur dasjenige als Wissenschaft der Initiation zu för­dern, was die britisch-amerikanische Weltherrschaft allmählich über die Erde bringen kann. So merkwürdig das klingt, es ist so. Und man kann sagen: Jede einzelne Behauptung, die von dieser Seite ausgeht, trägt ein Gepräge, dem der Kundige anhört, daß es so ist. Vor allen Dingen weisen auf alle diese Dinge hin die verschiedenen Arten, wie in west­lichen Gegenden die Wissenschaft der Initiation gehandhabt wird.

Vous l'avez vu : dans certaines limites toutefois, on ne retient pas ici certaines vérités initiatiques. Et si vous parcourez ce qui a été présenté devant vous au cours des années, vous y trouverez, si vous suivez vraiment les choses sans vous endormir, toute une série de vérités initiatiques importantes qui sont susceptibles de faire dépasser la crise actuelle non seulement à une partie de l'humanité, mais à l'humanité entière sur la Terre, et de la conduire vers une véritable évolution ultérieure. Mais vous trouverez toujours, notamment parmi les initiés occidentaux, des gens qui réprouvent et condamnent le fait que tant de choses, telles que celles qui ont été communiquées ici, soient aujourd'hui rendues publiques. Cela est lié à une conception erronée de la science de l'initiation. Pour vous faire comprendre cette conception erronée, je dois vous dire aujourd'hui ce qui suit.

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Sie haben ja gesehen: In gewissen, allerdings in gewissen Grenzen wird hier nicht zurückgehalten mit bestimmten Initiationswahrheiten. Und wenn Sie das durchblicken, was im Laufe der Jahre vor Ihnen vor­getragen worden ist, so werden Sie darin, wenn Sie wirklich unschlafend die Dinge verfolgen, eine ganze Reihe von wichtigen Initiationswahr­heiten finden, welche geeignet sind, nicht bloß einen Teil der Mensch­heit, sondern über die Erde hin die ganze Menschheit über die jetzige Krise hinauszubringen und einer wirklichen Weiterentwickelung ent­gegenzuführen. Aber Sie werden namentlich unter den westlichen Ein­geweihten immer Leute finden, welche verpönen, verurteilen, daß so viel, wie hier mitgeteilt worden ist, heute an die Öffentlichkeit mit­geteilt wird. Das hängt zusammen mit einer schiefen Auffassung von der Wissenschaft der Initiation. Um Ihnen diese schiefe Auffassung begreiflich zu machen, muß ich heute das Folgende vorausschicken.

La science de l'initiation s'adresse absolument toujours à l'humain individuel. Même si elle s'adresse à une somme d'humains, elle s'adresse en réalité à l'humain individuel. On ne peut pas présenter la véritable science de l'initiation comme on a agi autrefois sur les humains. L'Église catholique, par exemple, a transplanté cette façon dans le présent, et d'ailleurs pas seulement l'Église catholique, mais aussi certaines directions de parti qui se servent aujourd'hui encore de la même méthode. On a agi, si je puis m'exprimer ainsi, en faisant appel à la psyché des masses, en faisant appel à ce qui inocule quelque chose à une communauté humaine d'une certaine manière, je dirais, hypnotisante. Vous savez qu'en règle générale, si l'on utilise les moyens appropriés, il est plus facile d'enseigner des choses à une assemblée qu'à chaque individu auquel on voudrait s'adresser. Il y a quelque chose de vrai dans une telle hypnose de masse.

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Die Wissenschaft der Initiation wendet sich schlechterdings immer an den einzelnen Menschen. Auch wenn sie zu einer Summe von Menschen spricht, so wendet sie sich in Wirklichkeit an den einzelnen Menschen. Man kann nicht die wahre Wissenschaft der Initiation so vortragen, wie man in früheren Zeiten auf die Menschen gewirkt hat. Die katholische Kirche zum Beispiel verpflanzte diese Art auch in die Gegenwart herein, übrigens nicht bloß die katholische Kirche, sondern auch gewisse Partei­richtungen bedienen sich heute noch derselben Methode. Man hat ja so gewirkt, daß man, wenn ich mich so ausdrücken darf, die Massenpsyche zu Hilfe nimmt, daß man appelliert an das, was .einer Menschengemein­schaft in einer gewissen, ich möchte sagen, hypnotisierenden Weise etwas einimpft. Sie wissen ja, daß man in der Regel, wenn man nur die ent­sprechenden Mittel anwendet, einer Versammlung Dinge leichter bei­bringen kann als jedem einzelnen, zu dem man sprechen wollte. Es ist etwas Wahres an einer solchen Massenhypnose.

Une vraie sagesse initiatique ne peut pas se servir de ces moyens, qui sont tout à fait efficaces. Elle doit parler de telle sorte qu'elle s'adresse à chaque être humain et qu'elle fasse appel à la force de conviction de chacun. La façon de parler dont la science initiatique, qui se trouve aujourd'hui à la hauteur de l'évolution de l'humanité, doit se servir, n'existait pas encore. C'est pourquoi la manière dont on parle ici et dans mes livres, par exemple, est encore aujourd'hui une abomination pour certaines personnes, parce que la manière de parler respecte déjà strictement la règle de ne faire appel qu'à la force de conviction de chaque individualité.

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Dieser Mittel, die durchaus wirksam sind, kann sich eine wahre Weis­heit der Initiation nicht bedienen. Sie muß so sprechen, daß sie zu jedem einzelnen Menschen spricht und daß sie an die Überzeugungskraft jedes einzelnen Menschen appelliert. Die Art zu sprechen, der sich die heute auf der Höhe der Menschheitsentwickelung stehende Initiationswissen­schaft bedienen muß, war bisher noch nicht da. Daher ist die Art, wie zum Beispiel hier und in meinen Büchern gesprochen wird, manchen Menschen heute noch ein Greuel, weil eben schon durch die Art des Sprechens streng die Regel eingehalten wird, nur an die Überzeugungs­kraft der einzelnen Individualität zu appellieren.

Ainsi est donné en même temps un principe social important, auquel j'ai déjà fait allusion dans un autre contexte ces jours-ci et que vous trouverez développé de manière systématique et fondamentale dans mon livre "La philosophie de la liberté". Si l'on ne veut faire appel à l'individu que par des impulsions éthiques et morales, on ne peut pas vouloir organiser à partir d'abstractions générales, on ne peut pas rassembler des groupes d'humains comme des animaux de troupeau pour leur donner une quelconque directive commune, mais on ne peut alors que s'adresser à l'individu et attendre que, parce que chaque individu, dans sa position, veut ce qui est juste dans l'ensemble, ce qui est juste dans l'ensemble s'accomplisse aussi. Lorsque j'ai publié ma "Philosophie de la liberté", un compte-rendu est paru dans l'"Athenaeum", dans lequel il était dit qu'une telle conception conduisait à un anarchisme théorique. Mais elle ne conduit à un anarchisme que si l'on ne parvient pas à faire des humains de véritables humains, c'est-à-dire si les humains veulent absolument être des sous-humains, s'ils veulent absolument être tenus ensemble sous des aspects tels que les membres d'un groupe d'animaux sont tenus ensemble. Les lions sont déjà unis par leur forme de lion, les hyènes aussi, les chiens aussi ; mais l'évolution de l'humanité tend à ce que les groupes d'humains ne soient pas organisés à l'avenir comme des troupeaux de moutons, que ce soit sous des liens de sang ou sous des liens idéaux, mais que ce qui naît de la coopération entre les humains provienne de la force des individualités.

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Damit ist zugleich ein wichtiges soziales Prinzip gegeben, auf das ich schon in anderem Zusammenhange in diesen Tagen hingedeutet habe und das Sie systematisch und prinzipiell durchgeführt finden in meinem Buche «Die Philosophie der Freiheit». Wenn man nur mit ethischen, mit moralischen Impulsen an den einzelnen appellieren will, dann kann man nicht aus allgemeinen Abstraktionen heraus organisieren wollen, dann kann man nicht Gruppen von Menschen wie Herdentiere zusam­menfassen, um ihnen irgendeine gemeinsame Direktive zu geben, son­dern dann kann man sich eben nur an den einzelnen wenden und dann warten, daß, weil jeder einzelne in seinem Stehen im Ganzen drinnen das Richtige will, so auch im Ganzen sich das Richtige vollziehen wird.Auf ein anderes Prinzip als auf dieses Prinzip des allgemeinen Men­schenverhaltens kann die Sozialmoral der Zukunft gar nicht begründet werden. Als ich meine «Philosophie der Freiheit» veröffentlicht hatte, erschien zum Beispiel im «Athenaeum» eine Besprechung, in der gesagt wurde, solch eine Anschauung führe in einen theoretischen Anarchismus hinein. Sie führt aber nur dann in einen Anarchismus hinein, wenn es nicht gelingen sollte, die Menschen zu wirklichen Menschen zu machen, das heißt, wenn die Menschen durchaus Untermenschen sein wollen, wenn sie durchaus unter solchen Gesichtspunkten zusammengehalten sein wollen, wie die Glieder einer Tiergruppe zusammengehalten sind. Löwen sind schon durch ihre Löwenform als Löwen zusammengehal­ten, Hyänen auch, Hunde auch; aber die Entwickelung der Menschheit geht dahin, daß nicht Menschengruppen, weder unter Blutsorganisa­tionsbanden noch auch unter ideellen Organisationsbanden in der Zukunft organisiert werden sollen wie Hammelherden, sondern daß tatsächlich das, was im Zusammenwirken der Menschen entsteht, aus der Kraft der Individualitäten heraus geschieht.

Il y a quelques jours, j'ai utilisé ici une comparaison qui peut paraître un peu grotesque, mais qui peut, je crois, éclairer toute la question. Je ne sais pas s'il n'y a pas des humains qui ressentiraient comme quelque chose de particulièrement rédempteur si l'on trouvait partout des inscriptions : Ordonnance de telle ou telle autorité : celui qui marche ici dans la direction en avant doit éviter l'autre qui marche dans l'autre direction. - Même dans les villes peuplées, les gens s'entendent généralement dans la rue, ils se croisent ; ils ne se heurtent pas continuellement du fait de leur raison synthétique, de l'impulsion qu'ils ont en eux. C'est vers cet idéal que l'humanité se dirige. Qu'elle ne le comprenne pas, c'est son malheur. Il est important de porter en soi les directives de son action, même dans les choses importantes, afin que l'autre puisse s'y fier, même sans qu'une loi commune, qui fait des deux humains des sous-humains, les dresse l'un à l'autre, afin que l'autre se comporte de telle sorte que l'un puisse exister à côté de lui.

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Ich habe vor einigen Tagen hier einen Vergleich gebraucht, der etwas grotesk klingen mag, der aber doch die ganze Sache, wie ich glaube, be­leuchten kann. Ich weiß nicht, ob es nicht auch Menschen gibt, welche es als etwas besonders Erlösendes empfinden würden, wenn man überall Aufschriften fände: Verordnung dieser und dieser Behörde: Derjenige, der hier in der Richtung nach vorne geht, muß dem andern ausweichen, der in der andern Richtung geht. — Selbst in bevölkerten Städten kom­men ja die Menschen in der Regel miteinander noch aus auf der Straße, sie gehen aneinander vorbei; aus ihrer Vernunft heraus, aus dem, was sie als Impuls in sich haben, stoßen sie sich nicht fortwährend. Diesem Ideal steuert die Menschheit zu. Daß sie das nicht einsieht, das ist ihr Unglück. Es kommt darauf an, auch in den wichtigen Dingen die Direk­tiven seines Handelns in sich selber zu tragen, so daß der andere sich darauf verlassen kann, auch ohne daß ein gemeinsames Gesetz, das die beiden zu Untermenschen macht, sie aufeinander dressiert, damit der andere sich so verhält, daß der eine neben ihm bestehen kann.

Ce travail vers l'individualité est lié aux impulsions les plus importantes de l'évolution de l'humanité. On ne pourra jamais amener les individualités humaines à cela si on ne peut que leur transmettre ce qui constitue la connaissance actuelle de la nature ou ce qui constitue la science sociale actuelle ou les motifs sociaux actuels. L'humain ne parvient à une individualité telle que celle dont je viens de parler que si une masse de pensées provenant de la science de l'initiation est éveillée en lui. Ce n'est que par sa relation avec le suprasensible que l'humain est rempli de telles pensées, qui font de lui une individualité libre, mais qui peut aussi agir dans l'ordre social avec la plus grande liberté possible. Tout dépend justement de l'ouverture du cœur et du sens de l'humanité à ce qui vient de la science de l'initiation.

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Dieses Arbeiten nach der Individualität hin, das ist es, was nun ein­mal verknüpft ist mit den allerwichtigsten Impulsen der Menschheits­entwickelung. Auf so etwas wird man niemals menschliche Individua­litäten bringen können, wenn man ihnen nur überliefern kann, was etwa die gegenwärtige Naturerkenntnis bildet oder was die gegen­wärtige Sozialwissenschaft oder die gegenwärtigen Sozialmotive bildet. Zu einer solchen Individualität, wie die ist, von der ich eben gesprochen habe, kommt der Mensch nur, wenn in ihm eine Gedankenmasse erweckt wird, die aus der Wissenschaft der Initiation stammt. Nur durch seine Beziehung zum Übersinnlichen wird der Mensch von solchen Gedan­ken erfüllt, die ihn zu einer freien Individualität machen, die aber auch in der sozialen Ordnung in möglichster Freiheit wirken kann. Alles hängt eben daran, daß die Menschheit Herz und Sinn öffnet für das, was aus der Wissenschaft der Initiation kommt.

La grande confiance doit devenir le motif social le plus important de l'avenir. Les gens doivent pouvoir compter les uns sur les autres. Sinon, les choses n'avancent pas. Ce que je viens de vous dire apparaît à celui qui prend l'humanité entière au sérieux, s'il est suffisamment initié aux choses suprasensibles, comme une évidence, dans le sens où il doit dire : "Il n'y a pas d'autre solution : ou bien ceci se produit, ou bien l'humanité va dans l'abîme. En revanche, il n'y a pas de troisième solution.

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Das große Vertrauen, das muß das wichtigste Sozialmotiv der Zu­kunft werden. Die Menschen müssen aufeinander bauen können. Anders gehen die Dinge nicht vorwärts. Das, was ich Ihnen jetzt gesagt habe, erscheint dem, der es ernst meint mit der ganzen Menschheit, wenn er nur genügend eingeweiht ist in übersinnliche Dinge, in dem Sinne als eine Selbstverständlichkeit, daß er sagen muß: Entweder geschieht dieses oder die Menschheit geht in den Abgrund hinein. Ein Drittes gibt es demgegenüber nicht.

On peut donc dire que l'on ne peut pas se représenter qu'un ordre social soit fondé sur la confiance générale. On ne peut que répondre à cela : très bien, si vous ne pouvez pas vous le représenter, alors vous devez vous le représenter : L'humanité doit s'enfoncer dans le marais. - Ces choses sont sérieuses et doivent être prises au sérieux en tant que telles.

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Man kann ja sagen, man könne sich nicht vorstellen, daß eine soziale Ordnung auf allgemeines Vertrauen begründet wird. Darauf kann man nur antworten: Schön, wenn ihr euch das nicht vorstellen könnt, dann müßt ihr euch eben vorstellen: Die Menschheit muß in den Sumpf hin­ein. — Diese Dinge sind nun einmal ernst, und sie müssen als solche ernst genommen werden.

Dans une certaine abstraction, les initiés des pays occidentaux le savent aussi. Voici ce qu'ils disent : nous avons la science de l'initiation jusqu'à un certain point, nous pourrions la publier. - Mais ils ne publieraient qu'une science de l'initiation qui conduise aux buts que j'ai indiqués ; et nous nous trouvons maintenant dans un domaine qui s'applique aussi bien à la vraie science de l'initiation qu'à la science unilatérale. - Les initiés des pays occidentaux peuvent donc dire : nous avons la science de l'initiation ; nous pouvons la publier, mais c'est de telle sorte qu'elle ne s'adresse qu'à l'humain individuel. - C'est alors que commence pour ces gens la grande peur, la peur terrible. Ils disent : "Oui, si nous ne parlons à l'avenir qu'aux individus, alors nous déclencherons les luttes de tous contre tous, car alors les humains ne seront pas organisés, alors est construit sur la confiance générale, alors les humains entreront dans la lutte de tous contre tous. - Cette peur se tient devant les gens. C'est pourquoi ils veulent garder les vérités initiatiques les plus importantes, j'aimerais dire, dans la chambre noire/sombre et laisser l'humanité marcher vers l'avenir dans une lumière apparente, mais endormie.

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In einer gewissen Abstraktheit wissen das auch die Eingeweihten der westlichen Länder. Allein sie sagen folgendes: Wir haben die Wissen­schaft der Initiation bis zu einem gewissen Grade, wir könnten sie ver­öffentlichen. — Sie würden allerdings nur eine solche Wissenschaft der Initiation veröffentlichen, die zu den Zielen führt, die ich angedeutet habe; auch bewegen wir uns jetzt auf einem Gebiete, das ebenso an­wendbar ist auf die wahre Wissenschaft der Initiation wie auf die ein­seitige. — Die Eingeweihten der westlichen Länder können also sagen: Wir haben die Wissenschaft der Initiation; wir können sie veröffent­lichen, aber das ist so, daß sie nur an den einzelnen Menschen sich rich­tet. — Jetzt beginnt für diese Leute die große Angst, die schreckliche Furcht. Sie sagen: Ja, wenn wir also in der Zukunft nur zu den einzelnen reden, dann entfesseln wir Kämpfe aller gegen alle, denn dann sind die Menschen nicht organisiert, dann ist auf allgemeines Vertrauen gebaut, dann kommen die Menschen in den Kampf aller gegen alle hinein. — Diese Angst steht vor den Leuten. Daher wollen sie die wichtigsten In­itiationswahrheiten, ich möchte sagen, in der Dunkelkammer behal­ten und die Menschheit in einem scheinbaren Lichte, aber schlafend, der Zukunft entgegenwandeln lassen.

Ces choses sont donc absolument actuelles depuis que le matérialisme a atteint son apogée dans la civilisation moderne au milieu du XIXe siècle et que les gens ont dû se poser la question : jusqu'où allons-nous avec la science de l'initiation ? - Jusqu'à présent, ils n'ont pas osé communiquer à l'humanité une véritable science de l'initiation au-delà de certains cercles restreints.

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Diese Dinge sind ja durchaus aktuell, seitdem mit der Mitte des 19. Jahrhunderts der Höhepunkt des Materialismus in der modernen Zivilisation erreicht worden ist und seitdem sich die Leute eben fragen mußten: Wie weit gehen wir mit der Wissenschaft der Initiation ? — Sie wagten es bisher nicht, eine wirkliche Wissenschaft der Initiation über gewisse kleinere Kreise hinausgehend der Menschheit mitzuteilen.

Maintenant, une certaine éducation que l'humanité a traversée n'a pas la permission de s'interrompre, mais elle est déjà en train de s'interrompre aujourd'hui grâce à une théologie tout à fait erronée. Vous pouvez suivre cette éducation si vous n'étudiez pas cette fable convenue que l'on appelle habituellement "histoire", mais si vous étudiez la véritable histoire. Aujourd'hui, les humains ne savent en fait pas du tout comment ce que l'on désigne par certains mots a évolué au fil du temps. Les gens parlent de catholicisme, d'empire, d'aristocratie, de bourgeoisie et pensent que s'ils trouvent les mêmes mots au 14e siècle, ils signifient à peu près la même chose, peut-être seulement avec une petite nuance différente. Tant que l'on ne se rend pas compte que ce que signifiaient au XIVe siècle catholicisme, empire, bourgeoisie, aristocratie n'a plus rien de commun avec ce que nous désignons aujourd'hui par ces mots, on ne connaît pas l'histoire. On doit être absolument clair à soi comment la constitution de l'âme des humains a fortement changé au cours de peu de siècles.

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Nun darf eine gewisse Erziehung, die die Menschheit durchgemacht hat, nicht abreißen, sie ist aber heute schon dank einer ganz verfehlten Theologie im Abreißen. Sie können diese Erziehung verfolgen, wenn Sie nicht jene Fable convenue studieren, die man gewöhnlich «Ge­schichte» nennt, sondern wenn Sie die wirkliche Geschichte studieren. Die Menschen wissen ja heute eigentlich gar nicht, wie das, was man mit bestimmten Worten bezeichnet, sich im Laufe der Zeit geändert hat. Die Leute reden von Katholizismus, von Kaisertum, von Aristokratie, von Bürgertum und glauben, wenn sie dieselben Worte im 14. Jahrhundert finden, so bedeuten sie ungefähr dasselbe, vielleicht nur mit einer klei­nen Nuance etwas anderes. Solange man nicht darüber sich klar ist, daß das, was im 14. Jahrhundert Katholizismus, Kaisertum, Bürgertum, Aristokratie bedeutet hat, gar nichts mehr mit dem gemein hat, was wir heute mit diesen Worten bezeichnen, so lange kennt man die Geschichte nicht. Man muß sich durchaus klar sein, wie die Seelenverfassung der Menschen sich im Laufe von wenigen Jahrhunderten wirklich stark ver­ändert hat.

Sur quoi reposait donc essentiellement, jusqu'au XVe siècle, et même plus loin encore dans ses répercussions, ce qui, à partir de l'éducation générale de l'humanité, agissait dans la conscience des âmes du monde civilisé ? Tout cela reposait sur le fait que les humains étaient en mesure, au cours de ces siècles, d'accueillir du suprasensible dans leur vie de représentation, non ainsi dont çà devrait être accueilli maintenant par la science de l'esprit, mais comme ils pouvaient l'accueillir à l'époque, justement d'après leurs états de conscience encore ataviques. Un fait fondamental remplissait les âmes humaines. C'était le fait fondamental qui se rattache au mystère du Golgotha. On savait à l'époque que l'entité du Christ était descendue des hauteurs supraterrestres, qu'elle s'était incarnée dans l'humain Jésus de Nazareth, et qu'avec le mystère du Golgotha s'était produit quelque chose qui ne pouvait pas se produire selon les lois ordinaires de la connaissance de la nature. -- Dans les concepts et les représentations que l'on se faisait du mystère du Golgotha, on avait de telles idées, de telles représentations qui dépassaient la sphère terrestre.

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Worauf beruhte denn im wesentlichen bis ins 15. Jahrhundert, in seinen Nachwirkungen sogar noch weitergehend, das, was aus der allge­meinen Menschheitserziehung heraus wirkte in das Bewußtsein der Seelen der zivilisierten Welt ? Das alles beruhte darauf, daß die Men­schen durch diese Jahrhunderte in der Lage waren, in ihr Vorstellungs­leben Übersinnliches aufzunehmen, nicht so, wie es jetzt durch die Geisteswissenschaft aufgenommen werden soll, aber wie sie es damals eben nach ihren noch atavistischen Bewußtseinszuständen aufnehmen konnten. Ein Grundfaktum erfüllte die Menschenseelen. Es war das Grundfaktum, das sich anschließt an das Mysterium von Golgatha. Man wußte auf die damalige Art: Die Christus-Wesenheit ist herunter­gekommen aus überirdischen Höhen, ist verkörpert gewesen in dem Menschen Jesus von Nazareth, und mit dem Mysterium von Golgatha hat sich etwas zugetragen, was sich nach gewöhnlichen, von der Natur­erkenntnis auffindbaren Gesetzen nicht zutragen kann. -- Man hatte in den Begriffen und Vorstellungen, die man sich vom Mysterium von Golgatha machte, solche Ideen, solche Vorstellungen, die hinausgin­gen über die irdische Sphäre.

Avec de telles représentations, on crée des formes de pensées tout à fait différentes de celles que l'humain moyen a aujourd'hui. Les pensées que les humains se font aujourd'hui ne vont pas du tout jusqu'à la vie du suprasensible. Les pensées que les humains se faisaient en se rattachant au mystère du Golgotha, comme je viens de le caractériser, étaient susceptibles d'engendrer des formes de pensées qui avaient une réalité dans le suprasensible. C'est pourquoi on peut aussi caractériser le moment actuel en disant que l'humanité a peu à peu perdu la capacité d'engendrer de telles formes-pensées qui ont une signification dans le suprasensible. - C'est ainsi que l'on ne peut pas non plus créer sur terre des ordres sociaux qui fassent avancer la terre. C'est pourquoi tout ce qui a été apporté à l'humanité en termes d'idées sociales depuis le XVIe siècle porte le caractère que l'on peut décrire comme suit : nous rencontrons des institutions sociales selon les formes-pensées qui sont les formes-pensées des temps modernes. De telles institutions sociales sont toutes destinées à se briser, c'est-à-dire qu'elles marchent pendant un certain temps, puis elles se brisent. Elles n'ont pas de force interne de développement. - C'est même le secret de l'évolution récente. Les humains ont beau vouloir créer des institutions sociales sur la base de la formation extérieure du monde qui s'est développée depuis le XVIe siècle, toutes ces institutions sociales portent en elles le germe de la mort dès leur naissance, parce qu'elles ne sont pas liées à des formes-pensées qui ont une réalité dans le suprasensible. Tant qu'il n'y aura pas dans le présent des humains qui reconnaissent cela, il ne sera pas possible de parler d'un progrès social avec ce présent. Il n'est pas important que l'on dérive des idées sociales de manière abstraite, peut-être à partir d'un quelconque tissu de pensées spirituelles. Cela n'a aucune importance. Dans mes "Points essentiels de la question sociale", il n'y a pas d'abord un long chapitre sur la science de l'esprit, à partir duquel on déduirait ensuite des lois sociales, mais on attire l'attention sur ce qui doit se passer à partir de la réalité elle-même. Il ne s'agit pas de déduire la vie sociale à partir d'un quelconque tissu spirituel, mais d'être soi-même rempli de telles pensées, qui s'enracinent dans le suprasensible. Car c'est cette plénitude qui fait que tout ce que l'on pense a une réalité dans le suprasensible.

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Mit solchen Vorstellungen schafft man ganz andere Gedankenformen als mit den Vorstellungen, die der Durchschnittsmensch heute hat. Die Gedanken, die sich die Menschen heute machen, gehen gar nicht hinein bis in das Leben des Übersinnlichen. Die Gedanken, die sich die Men­schen mit einer solchen Anknüpfung an das Mysterium von Golgatha machten, wie ich es eben charakterisiert habe, die waren geeignet, Gedan­kenformen hervorzurufen, welche eine Realität hatten im Übersinnlichen. Daher kann man den gegenwärtigen Zeitpunkt auch so charakte­risieren, daß man sagt: Die Menschheit hat allmählich die Fähigkeit verlo­ren, solche Gedankenformen zu bilden, die im Übersinnlichen eine Be­deutung haben. — So kann man ja auf der Erde auch keine sozialen Ordnungen schaffen, die die Erde weiterbringen. Daher trägt alles das, was ungefähr seit dem 16. Jahrhundert an sozialen Ideen in die Menschheit hineingebracht worden ist, den Charakter, der sich etwa folgender­maßen schildern läßt: Wir treffen nach den Gedankenformen, welche die Gedankenformen der Neuzeit sind, soziale Einrichtungen. Solche sozialen Einrichtungen sind alle zum Zerbrechen da, das heißt, sie lau­fen eine Zeitlang, dann zerbrechen sie. Sie haben keine innere Kraft der Fortentwickelung. — Das ist sogar das Geheimnis der neueren Entwicke­lung. Die Menschen mögen auf Grundlage derjenigen äußeren Welt­bildung, die sich ergeben hat seit dem 16. Jahrhundert, noch so willig soziale Einrichtungen treffen, alle diese sozialen Einrichtungen tragen den Todeskeim schon im Entstehen in sich, weil sie nicht mit Gedanken­formen verbunden sind, die im Übersinnlichen eine Realität haben. Solange es in der Gegenwart nicht Menschen gibt, welche so etwas ein­sehen, ist mit dieser Gegenwart überhaupt über einen sozialen Fort­schritt gar nicht zu sprechen. Es kommt nicht darauf an, daß man in abstrakter Art, vielleicht aus irgendeinem spirituellen Gedankengespinst soziale Ideen ableitet. Darauf kommt es gar nicht an. In meinen «Kern­punkten der sozialen Frage» steht nicht etwa zuerst ein längeres Kapitel über Geisteswissenschaft, aus dem dann soziale Gesetze deduziert wer­den, sondern es wird aus der Wirklichkeit selber heraus aufmerksam gemacht auf das, was zu geschehen hat. Darauf kommt es nicht an, daß man aus irgendeinem spirituellen Gespinst das soziale Leben heraus-deduziert, sondern darauf, daß man selber erfüllt ist von solchen Ge­danken, die im Übersinnlichen wurzeln. Denn dieses Erfülltsein macht es aus, daß alles, was man denkt, eine Realität im Übersinnlichen hat.

Paradoxalement, mais en toute vérité, on peut dire ceci : imaginez qu'un humain, je veux dire un "homme d'État" - un mot que l'on dit actuellement entre guillemets -, dise toutes sortes de choses intelligentes, c'est-à-dire des choses que les humains appellent aujourd'hui intelligentes, mais qu'il n'ait jamais noué de relation avec le monde suprasensible. Ce qu'il dit, transposé dans la réalité, portera en lui le germe de la mort. - Un autre parle. Si l'on ne sait pas qu'il s'occupe de science spirituelle, on n'a pas besoin de le remarquer dans son discours, il parle seulement des choses d'une manière un peu différente. Dans ce qu'il dit par exemple sur les questions sociales, on n'a pas besoin de remarquer qu'il s'occupe de sciences humaines, mais le fait qu'il s'occupe de sciences humaines donne une impulsion réelle à ses idées.

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Paradox, aber ganz wahr gesprochen, kann man das Folgende sagen: Denken Sie sich, ein Mensch, ich will sagen ein «Staatsmann» — ein Wort, das man gegenwärtig in Anführungszeichen sagt —, redet allerlei gescheite Dinge, das heißt solche Dinge, welche die Menschen heute ge­scheit nennen, hat aber niemals eine Beziehung geknüpft zur übersinn­lichen Welt. Das, was er redet, in Wirklichkeit umgesetzt, wird den Todeskeim in sich tragen. — Ein anderer redet. Wenn man nicht weiß, daß er sich mit Geisteswissenschaft beschäftigt, braucht man es aus seiner Rede auch gar nicht zu merken, er redet nur in einer etwas andern Art über die Dinge. Aus dem, was er zum Beispiel über soziale Fragen sagt, braucht man gar nicht zu merken, daß er sich mit Geisteswissenschaft beschäftigt, aber daß er sich mit Geisteswissenschaft beschäftigt, das gibt seinen Ideen den realen Impuls.

Il s'agit donc aujourd'hui de ne pas se contenter d'une logique abstraite, mais de parler de la réalité. Car aujourd'hui, nous en sommes déjà à un stade de l'évolution de l'humanité où, disons, un journaliste peut écrire les plus belles choses que les gens admirent, parce qu'ils disent : "Oui, quand je lis cela, c'est la science de l'esprit la plus pure ! - Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ! Aujourd'hui, il ne s'agit plus du tout des mots, mais aujourd'hui, il s'agit du fond de l'âme d'où proviennent ces choses, il s'agit de ce que l'homme porte en lui comme substance !

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Also es handelt sich darum, daß man heute nicht ausreicht mit einer abstrakten Logik, sondern daß man Wirklichkeit reden muß. Denn heute stehen wir ja bereits in einem Stadium der Menschheitsentwicke­lung, daß, sagen wir, ein Journalist die schönsten Dinge schreiben kann, die die Leute bewundern, weil sie sagen: Ja, wenn ich das lese, es ist ja die reinste Geisteswissenschaft ! — Darum handelt es sich eben nicht ! Heute handelt es sich gar nicht mehr um die Wortlaute, sondern heute handelt es sich um den Grund der Seele, aus dem so etwas kommt, es handelt sich um dasjenige, was der Mensch als Substanz in sich trägt !

Si je dois faire une comparaison dans un tout autre domaine, ce sera celle que j'ai déjà utilisée à plusieurs reprises : Il y a aujourd'hui des poètes qui composent des poèmes avec une facilité déconcertante, qui font de beaux vers que l'on peut admirer. Mais c'est également vrai : aujourd'hui, il y a quatre-vingt-dix-neuf pour cent de poésie en trop. - Mais il y en a d'autres dont les vers ressemblent à des bégaiements ; mais ces vers qui sonnent comme des bégaiements peuvent provenir d'un véritable fonds humain, c'est-à-dire d'un fonds spirituel, tandis que ceux que l'on admire, parce que les langues sont tout simplement arrivées à un point tel que chaque fou peut aujourd'hui créer quelque chose d'admirable à partir de la langue, peuvent être des coquilles de mots dépourvues de valeur.

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Wenn ich von einem ganz andern Feld her den Vergleich ziehen soll, so soll es der sein, den ich öfters schon gebraucht habe: Es gibt heute Dichter, die dichten ungemein leicht, machen schöne Verse, die man bewundern kann. Dennoch gilt auch das: Es wird heute neunundneunzig Prozent zu viel gedichtet. — Andere aber gibt es, deren Verse sind wie ein Gestammel; aber diese Verse, die wie ein Gestammel klingen, kön­nen aus echtem Menschheitsfond, das heißt Geistesfond stammen, wäh­renddem die, die man bewundert, weil die Sprachen einfach soweit sind, daß jeder Tor heute aus der Sprache heraus etwas Bewundernswertes schaffen kann, wertloser Wortschall sein können.

Il est aujourd'hui tout à fait nécessaire qu'on aille au-delà de la pure formulation jusqu'au motif, c'est-à-dire qu'on ne se tient ne pas dans l'abstrait, qu'on ne pas lire la formulation, mais se placer dans la pleine vie et juge les phénomènes à partir de la vie. Et c'est ainsi que la science de l'esprit, telle qu'on l'entend ici, doit avant tout avoir un effet fécond sur les différentes branches de la vie, sinon ce qui doit arriver n'arrivera pas.

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Es ist heute durchaus notwendig, daß man über den bloßen Wortlaut zu dem Motiv hingeht, das heißt, daß man sich nicht im Abstrakten hält, daß man nicht dem Wortlaut nach liest, sondern daß man sich ins volle Leben hineinstellt und aus dem Leben heraus die Erscheinungen beurteilt. Und so handelt es sich darum, daß Geisteswissenschaft, wie sie hier gemeint ist, vor allen Dingen befruchtend wirken muß auf die verschiedenen Lebenszweige, sonst wird das nicht eintreten, was eintreten muß.

Lorsque deux humains se parlent, ils s'accordent par le langage. Mais le langage était, à une époque relativement récente, quelque chose de très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Si l'on communique aujourd'hui par le langage, on devient en fait plus ou moins esclave du langage. Autrefois, les humains apprenaient beaucoup grâce au génie de la langue, et ils ne pensaient pas beaucoup eux-mêmes, ils laissaient la langue penser pour eux. Cela n'a duré que jusqu'à ce que survienne la période que je vous ai décrite hier. Aujourd'hui, l'humain avance seulement s'il peut s'émanciper du langage avec sa pensée et ses sentiments. Le langage fonctionne aujourd'hui en quelque sorte comme un mécanisme dans lequel nous nous trouvons, et à notre place, c'est Ahriman qui vit de plus en plus dans l'évolution du langage. Ahriman parle aujourd'hui quand les humains parlent. Et les humains doivent peu à peu s'habituer à se comprendre à partir de tout autre chose que de la simple formulation des langues. Il faut être beaucoup plus profondément dans la vie pour comprendre l'autre humain aujourd'hui qu'à l'époque où les ailes du langage contenaient encore ce que les humains avaient échangé entre eux. Aujourd'hui, ces choses ne sont plus contenues dans les ailes du langage. Aujourd'hui, on peut être au fond un humain totalement dépourvu de connaissance réelle. Mais du fait que la langue - toute langue civilisée d'aujourd'hui - a peu à peu formé des formes de phrases, des sentences, voire des théories entières qui se trouvent déjà dans la langue, il suffit de modifier un peu ce qui se trouve dans la langue pour avoir quelque chose d'apparemment créé de toutes pièces, alors qu'en réalité, on n'a fait que mélanger un peu ce qui était déjà là.

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Wenn zwei Menschen miteinander reden, verständigen sie sich durch die Sprache. Aber die Sprache war in verhältnismäßig gar nicht weit zurückliegender Zeit etwas ganz anderes als heute. Wenn man sich heute durch die Sprache verständigt, so wird man eigentlich mehr oder we‑ niger ein Sklave der Sprache. Die Menschen haben früher durch den Sprachgenius viel gelernt, und sie dachten eigentlich nicht selbst sehr viel, sie ließen die Sprache für sich denken. Das ging nur so lange, bis der Zeitraum eintrat, den ich Ihnen gestern charakterisiert habe. Heute kommt der Mensch nur weiter, wenn er sich mit seinem Denken und Empfinden von der Sprache emanzipieren kann. Die Sprache läuft ge­wissermaßen heute wie ein Mechanismus, in dem wir drinnenstehen, und statt unserer lebt eigentlich immer mehr und mehr der Ahriman in der Sprachenentwickelung drinnen. Ahriman redet eigentlich heute, wenn die Menschen reden. Und die Menschen müssen sich nach und nach gewöhnen, aus ganz anderem heraus sich zu verstehen als aus dem bloßen Wortlaut der Sprachen. Man muß viel tiefer drinnenstehen im Leben, um heute den andern Menschen zu verstehen, als in dem Zeit­alter, wo auf den Flügeln der Sprache noch das enthalten war, was die Menschen miteinander ausgetauscht hatten. Heute ist das auf den Flü­geln der Sprache nicht mehr enthalten. Heute kann man im Grunde ge­nommen ein von wirklicher Erkenntnis ganz leerer Mensch sein. Aber damit, daß die Sprache — jede heutige zivilisierte Sprache — allmählich Satzformen, Sentenzen, ja ganze Theorien, die schon in der Sprache liegen, ausgebildet hat, braucht man nur das, was in der Sprache liegt, ein bißchen umzuändern, dann hat man etwas scheinbar von sich aus Geschaffenes, in Wirklichkeit hat man im Grunde genommen nur ein wenig durcheinandergewürfelt, was schon da war.

Il se laisserait très facilement faire l'expérience suivant aujourd'hui, aussi grotesque que cela puisse vous paraître. Prenez les énonciations de professeurs biens bourgeois, de professeurs de philosophie, de professeurs de science de la nature et du genre, qui penchent un peu d'un côté ou d'un autre vers le matérialisme, prenez ce que ces gens ont dit au cours des dernières décennies, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ainsi se laisse très facilement obtenir ce qui suit en changeant un peu de pensée. Prenez, je veux dire, n'importe quel élaborât d'un assez brave philosophe, d'une douzaine de braves philosophes de la deuxième moitié du XIXe siècle, qui s'est exprimée sur telle ou telle chose sociale, vous pouvez maintenant enlever certains mots caractéristiques et les remplacer par d'autres, qui se trouvent à nouveau dans une autre phrase. Vous pouvez renverser un peu les choses --- et il en résulte la conception de la vie de Monsieur Trotsky ! Pour être un Trotsky aujourd'hui avec une vision de la vie, il n'est pas nécessaire de savoir penser soi-même, il suffit de laisser le langage penser en soi de la manière que je viens de décrire. Mais là, parce que le langage s'est d'une certaine manière émancipé d'eux, ce ne sont pas les humains qui travaillent, ce sont des puissances ahrimaniennes qui travaillent dans la culture humaine.

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Es ließe sich heute sehr leicht, so grotesk es Ihnen klingen wird, fol­gendes Experiment machen. Nehmen Sie die Enunziationen gut bour­geoiser, nur etwas nach der einen oder nach der andern Seite hin zum Materialismus geneigter Professoren, Philosophieprofessoren, Natur­wissenschaftsprofessoren und dergleichen, nehmen Sie das, was diese Leute im Laufe der letzten Jahrzehnte, in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts gesagt haben, so läßt sich sehr leicht durch ein klein we­nig Umdenken folgendes erreichen. Nehmen Sie, ich will sagen, irgend­ein Elaborat eines ziemlich braven Philosophen, eines braven Dut­zendphilosophen von der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts, der sich über diese oder jene sozialen Dinge geäußert hat, da können Sie nun gewisse Eigenschaftsworte wegnehmen und durch andere ersetzen, die wieder in einem andern Satz stehen. Sie können die Dinge ein bißchen umwerfen --- und es entsteht daraus die Lebensanschauung des Herrn Trotzkij ! Man braucht, um heute mit einer Lebensanschauung ein Trotzkij zu sein, gar nicht selber denken zu können, sondern nur die Sprache in sich denken zu lassen in der Weise, wie ich es eben geschildert habe. Aber da arbeiten, weil die Sprache sich in einer gewissen Weise von ihnen emanzipiert hat, nicht die Menschen, da arbeiten ahrima­nische Mächte in der Menschheitskultur.

Ce que je viens de vous dire, on peut le vivre comme une expérience. Il suffit d'avoir les yeux intérieurs de l'âme ouverts à de telles choses. Pour celui qui ne travaille pas avec des mots, mais avec des pensées, le langage est aujourd'hui un instrument tout à fait effrayant. Il n'est en effet pas facile d'écrire aujourd'hui pour celui qui travaille avec des pensées. Car si vous voulez écrire une phrase, elle ne vous répondra pas parce que tant de gens ont écrit des phrases similaires. La phrase veut toujours se former à partir de l'ensemble de la psyché, mais vous devez d'abord devenir son ennemi pour former ce que vous avez dans l'âme de manière vraiment conforme à la phrase. Celui qui travaille aujourd'hui pour le public et qui ne peut pas ressentir cette hostilité du langage court toujours le danger de s'abandonner à la pensée du langage et d'élaborer de beaux programmes à partir du langage.

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Was ich Ihnen jetzt gesagt habe, das kann man als Erlebnis haben. Man muß nur die inneren Seelenaugen für solche Dinge offen haben. Wer nicht mit Worten, sondern mit Gedanken arbeitet, für den ist die Sprache heute ein ganz schauderhaftes Instrument. Es schreibt sich heute für den, der mit Gedanken arbeitet, in der Tat nicht leicht. Denn wollen Sie einen Satz hinschreiben, so pariert er Ihnen nicht, weil soundso viele Leute ähnliche Sätze geschrieben haben. Immer wiederum will der Satz sich formen aus der Gesamtpsyche heraus, aber Sie müssen erst sein Feind werden, um dasjenige, was Ihnen in der Seele liegt, wirklich satzgemäß zu formen. Wer heute für die Öffentlichkeit wirkt und nicht diese Feindseligkeit der Sprache empfinden kann, der gerät immer in die Gefahr, sich dem Denken der Sprache zu überlassen und schöne Programme auszusinnen aus der Sprache heraus.

La nécessité de faire valoir la pensée doit commencer dès aujourd'hui par la lutte contre la langue. Rien n'est plus dangereux aujourd'hui que de se laisser porter par le langage, dans le sens où l'on exprime ceci et cela. - Car en ayant une manière stéréotypée de s'exprimer, en pouvant dire : "C'est comme ça : On ne peut le dire que de cette manière -, on s'engage en fait dans le courant habituel de la parole et on ne travaille pas à partir de la pensée initiale.

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Die Notwendigkeit, den Gedanken Geltung zu verschaffen, muß heute schon beginnen im Kampfe mit der Sprache. Nichts ist gefähr­licher, als wenn heute ein Mensch sich immer tragen läßt von der Sprache, in dem Sinne: So drückt man das aus, so drückt man jenes aus. — Denn indem eine stereotype Art des Ausdrückens da ist, indem man sagen kann: Das kann man nur so sagen —, begibt man sich eigentlich in den gewohnten Strom des Sprechens hinein und arbeitet nicht aus dem ursprünglichen Gedanken heraus.

Nos écoles sont terribles à cet égard. Les maîtres d'école, qui corrigent toute pensée apparemment maladroite, mais au moins personnelle, pour la rendre conventionnelle, commettent de grands crimes à l'école. On devrait justement rechercher chaque phrase maladroite, mais substantiellement individuelle, qu'un garçon ou une fille quelconque écrit à l'école. On devrait en discuter à l'école et ne pas remplacer, avec cette maudite encre rouge, ce qui sort aujourd'hui des individualités juvéniles par ce qui est conventionnel. Car aujourd'hui, la chose la plus importante est de regarder ce qui sort des individualités juvéniles. Peut-être cela se révélera-t-il d'une manière qui ne nous est pas toujours confortable, que nous considérons facilement comme défectueuse. Si l'on voulait corriger les lettres de jeunesse de Goethe avec l'œil d'un professeur de lycée, il faudrait corriger beaucoup de choses ! Le poète autrichien Robert Hamerling a eu la plus mauvaise note en "rédaction allemande" lors de son examen à la fonction d'enseignement ! Et il reste quand même quelque chose de vrai dans ce que Hebbel a écrit dans son journal, je l'ai mentionné plusieurs fois : il voulait écrire un drame avec le motif qu'un professeur de lycée des classes supérieures a devant lui un élève qui est le Platon réincarné, avec lequel il lit le Platon en classe ; le professeur de lycée trouve alors que ce "Platon réincarné" ne comprend pas le moins du monde le Platon ! Le poète Friedrich Hebbel a noté ce motif pour un drame qui n'a pas vu le jour. Mais il y a du vrai là-dedans.

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Schmilblick wirken unsere Schulen in dieser Beziehung. Die Schul­meister, die eigentlich jeden scheinbar ungeschickten, aber wenigstens eigenen Gedanken auf das Konventionelle hin korrigieren, üben große Verbrechen in der Schule aus. Man sollte geradezu forschen nach jedem ungeschickten, aber substantiell individuellen Satze, den irgendein Bube oder irgendein Mädchen in der Schule hinschreibt. Man sollte daran in der Schule Besprechungen knüpfen und sollte gar nicht mit der verfluch­ten roten Tinte das Konventionelle an die Stelle desjenigen setzen, was aus den jugendlichen Individualitäten heute herauskommt. Denn heute ist es das Allerwichtigste, darauf hinzuschauen, was aus den jugendlichen Individualitäten herauskommt. Vielleicht wird es sich in einer Weise enthüllen, wie es uns nicht immer bequem ist, wie wir es leicht als fehlerhaft ansehen. Wollte man die Goetheschen Jugendbriefe mit dem Auge eines Gymnasiallehrers korrigieren, dann müßten viele Dinge korrigiert werden ! Der österreichische Dichter Robert Hamerling hat bei seiner Lehramtsprüfung die schlechteste Zensur im «deutschen Auf­satz» gehabt ! Und es bleibt ja doch etwas Wahres an dem, was Hebbel sich in sein Tagebuch geschrieben hat, ich habe es öfters erwähnt: Er wollte ein Drama schreiben mit dem Motiv, daß gerade ein Gymnasial­lehrer der höheren Klassen einen Schüler vor sich hat, der der wieder­verkörperte Plato ist, mit dem er den Plato liest in der Klasse; da findet der Gymnasiallehrer, daß dieser «wiederverkörperte Plato» nicht das Allergeringste versteht vom Plato ! Dieses Motiv hat sich der Dich­ter Friedrich Hebbel für ein Drama notiert, das dann nicht zur Ausführung gekommen ist. Aber es ist etwas Wahres daran.

Nous devons maintenant nous rendre compte qu'à tout moment, séduits par les forces lucifériennes et ahrimaniennes qui subsistent, les humains se sont opposés au progrès normal de l'humanité. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à la nécessité de chercher quelque chose de tout à fait nouveau dans la vie spirituelle pour sauver l'humanité. Il n'est pas étonnant que les humains s'opposent de la manière la plus violente qui soit, en raison de toutes sortes de folies logiques et d'immoralités. C'est pourquoi, depuis longtemps déjà, j'ai toujours dû parler pro domo, en quelque sorte, en tant qu'appendice à notre réflexion sur le temps.

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Nun müssen wir uns ja darüber klar sein, daß jederzeit, verführt durch die zurückbleibenden luziferischen und ahrimanischen Mächte, die Menschen sich gegen den normalen Fortschritt der Menschheit ge­sträubt haben. Heute stehen wir vor der Notwendigkeit, etwas ganz Neues aus dem geistigen Leben heraus zur Rettung der Menschheit suchen zu müssen. Kein Wunder, daß sich die Menschen in der heftigsten Weise aus allen möglichen logischen Torheiten und Unmoralitäten her­aus sträuben. Und so mußte ich schon seit langer Zeit immer als Anhäng­sel an unsere Zeitbetrachtung auch gewissermaßen pro domo reden.

Il y a environ huit jours, je vous ai fait part ici de la manière calomnieuse et méchante dont une grande partie des journaux allemands se font actuellement l'écho de choses qui, d'après leur source, sont connues, mais qui aimeraient se retourner avec force contre ce qui émane de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique et contre ce qui y est lié sur le plan social. C'est un exemple très direct, je dirais, vécu "à la maison", de la force avec laquelle les forces adverses s'agitent. Mais il y a une certaine raison pour laquelle je voudrais aujourd'hui vous caractériser cette affaire de manière plus précise. À cet effet, je voudrais encore une fois attirer l'attention sur ce qui s'est passé. Il s'est passé que, tout à coup, une série de journaux allemands ont publié la calomnie résumée dans les phrases suivantes. J'ai déjà lu ces phrases. Mais nous voulons nous les remémorer, car elles valent vraiment la peine d'être citées comme caractéristiques de certains champignons culturels de notre époque :

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Ich habe Ihnen vor etwa acht Tagen hier mitgeteilt, in welcher ver­leumderischen, gemeinen Weise gegenwärtig durch einen großen Teil der deutschen Zeitungen Dinge gehen, die ihrer Quelle nach ja bekannt sind, aber die mit aller Wucht sich gerade gegen das wenden möchten, was von anthroposophisch orientierter Geisteswissenschaft ausgeht und was an Sozialem damit zusammenhängt. Es ist so recht unmittelbar ein, ich möchte sagen, «am Hause» selbst erlebtes Beispiel, wie stark sich die gegnerischen Mächte rührig machen. Aber es gibt eine gewisse Ver­anlassung, aus der heraus ich Ihnen diese Sache heute etwas genauer charakterisieren möchte. Zu diesem Zwecke möchte ich noch einmal darauf aufmerksam machen, was geschehen ist. Es ist geschehen, daß plötzlich durch eine Reihe deutscher Zeitungen die Verleumdung ging, die in folgenden Sätzen zusammengefaßt ist. Ich habe diese Sätze ja vorgelesen. Wir wollen sie uns aber noch einmal vor die Seele führen, denn sie sind es eigentlich wert als Charakteristikum für gewisse Kulturpilze der Gegenwart:

"Rudolf Steiner comme dénonciateur politique. Le célèbre charlatan théosophique, le Dr Rudolf Steiner, qui influence des millions d'humains et de femmes, a fondé au printemps 1919 à Stuttgart une Fédération pour la triarticulation de l'organisme social, qui ne devait être à l'origine qu'une communauté religieuse et communiste, mais qui est ensuite entrée en contact politique avec les bolcheviques et les communistes et qui exerce maintenant une agitation politique très étrange et répugnante. Voici ce que nous apprenons de Dresde à ce sujet : il ressort de renseignements authentiques", - je vous prie de noter cette phrase "il ressort de renseignements authentiques" ! - "que la Fédération pour le trimembrement établit les noms de tous les officiers prétendument actifs dans le sens réactionnaire et rassemble contre eux, sur la base de témoignages, du matériel sur des actes contraires au droit international, qui doit ensuite être envoyé à l'Entente en vue d'extradition. La véracité/l'exactitude de telles accusations est totalement indifférente à M. Steiner et à ses camarades, et le passage d'une lettre où il est dit : les accusations de vol sont à proscrire, car la fausseté est plus facile à prouver dans ce cas. De même, il ne faut pas porter des accusations trop incroyables, comme des mutilations d'enfants".

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«Rudolf Steiner als politischer Denunziant. Der bekannte theoso­phische Scharlatan Dr. Rudolf Steiner, der eine Anhängerschaft von Millionen Männer und Frauen beeinflußt, hat im Frühjahr 1919 in Stuttgart einen Bund für Dreigliederung des sozialen Organismus ge­gründet, der ursprünglich nur eine religiös-kommunistische Gemein­schaft sein sollte, dann aber in politische Berührung mit den Bolsche­wisten und Kommunisten geraten ist und jetzt eine sehr seltsame und widerwärtige politische Agitation ausübt. Wir erfahren darüber aus Dresden das Folgende: Aus authentischen Nachrichten geht einwandfrei hervor», — ich bitte, sich diesen Satz «aus authentischen Nachrichten geht einwandfrei hervor» zu notieren ! — «daß der Bund für Dreigliederung die Namen aller angeblich im reaktionären Sinn tätigen Offiziere fest­stellt und gegen diese Material über völkerrechtswidrige Handlungen an Hand von Zeugenaussagen sammelt, das dann der Entente zwecks Auslieferung zugestellt werden soll. Die Richtigkeit derartiger Beschul­digungen ist Herrn Steiner und Genossen vollkommen gleichgültig, und daß sie sogar vor bewußt falschen Angaben nicht zurückschrecken, be­weist die Stelle eines Briefes, in dem es heißt: Beschuldigungen von Diebstählen sind zu unterlassen, da die Unwahrheit hier leichter nach­zuweisen ist. Ebenso darf man keine zu unglaublichen Beschuldigungen, wie Verstümmelungen von Kindern, erheben.»

Cette chose, la plus calomnieuse, phrase après phrase, est bien sûr relayée par toute une série de journaux allemands ! On peut s'y étonner des choses les plus diverses, mais retenons tout de même un fait. Il y est question de lettres qui auraient été écrites et auxquelles on se réfère comme à des documents authentiques. Dans le numéro de "Dreigliederung" qui n'est pas encore paru, j'ai expressément indiqué que je connais très bien les sources troubles d'où proviennent de telles choses. Mais je vais maintenant vous lire un joli document qui vous montrera quelles sont les bases authentiques pour les personnes qui répandent de telles choses dans le monde.

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Nun geht natürlich diese Satz für Satz erlogenste, verleumderischeste Sache durch eine Reihe deutscher Zeitungen ! Man kann darin über das Verschiedenste erstaunt sein, aber nehmen wir doch ein Faktum heraus. Da ist die Rede von Briefen, die geschrieben worden sein sollen und auf die man sich beruft als auf authentische Dokumente. Ich habe in der Nummer der «Dreigliederung», die noch nicht erschienen ist, ausdrück­lich darauf hingewiesen, daß ich sehr wohl die trüben Quellen kenne, aus denen solche Dinge stammen. Nun will ich Ihnen aber ein niedliches Dokument vorlesen, aus dem Sie sehen werden, wie die authentischen Grundlagen für diejenigen Menschen sind, die solche Dinge in die Welt streuen.

Après que tout ce flot de méchanceté se soit écoulé, après que j'ai reçu de divers autres côtés des confirmations de ce que je savais déjà sur les sources troubles, j'ai reçu la lettre suivante d'un ami. Cette lettre ne m'est parvenue que maintenant, mais elle a été écrite - je vous prie d'en tenir compte - avant la parution de ces articles de journaux. Ce que contient cette lettre a donc été constaté avant la parution des articles de presse. Je vous demande de prendre en compte ce fait. Cette lettre dit ceci :

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Nachdem diese ganze Flut von Gemeinheit abgelaufen war, nachdem ich auch von verschiedenen andern Seiten Bestätigungen dessen, was ich ohnedies gewußt habe über die trüben Quellen, erfahren hatte, bekam ich folgenden Brief eines Freundes. Dieser Brief ist mir erst jetzt zu­gekommen, aber er ist geschrieben — ich bitte das zu berücksichtigen —, bevor diese Zeitungsartikel erschienen sind. Also das, was dieser Brief enthält, ist konstatiert worden, bevor die Zeitungsartikel erschienen sind. Ich bitte, dieses Faktum ins Auge zu fassen. In diesem Brief steht:

"Un membre de longue date de notre société anthroposophique, actuellement encore officier actif, a eu connaissance de deux lettres qui circulent auprès des autorités et qui font naturellement beaucoup de bruit. Ces lettres portent l'inscription : An IRD ou R in Berlin, elles sont donc probablement adressées au même service, mais il est impossible de dire si elles ont été rédigées par le même auteur, car il manque une signature. Dans la première lettre, il est question de l'Union Steiner et des francs-maçons, et il est dit que dans un avenir proche, l'Union Steiner distribuera des tracts qui seront rédigés comme s'ils venaient des monarchistes, mais qui en réalité ont pour but de ridiculiser le mouvement monarchiste et antisémite. En d'autres termes, l'Association Steiner tenterait de combattre cette tendance sous le couvert des monarchistes. Ces tracts seraient déjà imprimés et une signature fictive différente serait prévue pour chaque district".

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«Ein langjähriges Mitglied unserer anthroposophischen Gesellschaft, augenblicklich noch aktiver Offizier, hat Einsicht von den zwei Briefen bekommen, die bei den Behörden kursieren und selbstverständlich viel Aufsehen erregen. Diese Briefe tragen die Aufschrift: An IRD oder R in Berlin, sind also wohl an dieselbe Stelle gerichtet, ob aber von dem­selben Verfasser, läßt sich nicht sagen, da eine Unterschrift fehlt. In dem ersten Brief ist die Rede vom Steinerbund und Freimaurer, und zwar wird gesagt, in der nächsten Zeit würden vom Steinerbund Flugblätter verteilt werden, die so abgefaßt wären, als ob sie von den Monarchisten kämen, die aber in Wahrheit den Zweck hätten, die monarchistische und die antisemitische Bewegung lächerlich zu machen. Also mit andern Worten: der Steinerbund werde versuchen, unter dem Deckmantel der Monarchisten diese Richtung zu bekämpfen. Diese Flugblätter seien schon gedruckt, und für jeden Bezirk wäre eine andere fingierte Unter­schrift vorgesehen.»

Alors vous voyez, il y a des usines à fabriquer des fausses lettres ! Ces lettres circulent vraiment. Il poursuit :

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Also Sie sehen, da gibt es Fabriken für Brieffälschungen ! Diese Briefe zirkulieren wirklich. Weiter heißt es:

"Dans la deuxième lettre, la proposition suivante est faite : comme il y a encore dans l'armée beaucoup d'officiers à tendance monarchiste, il serait absolument nécessaire de les mettre hors d'état de nuire, et cela par les moyens honteux suivants. Il faudrait chercher parmi les membres de la troupe à laquelle l'officier en question a appartenu pendant la campagne des personnes qui seraient chargées de témoigner sous serment du plus grand nombre possible d'infamies commises par les intéressés. Il est précisé qu'il ne doit s'agir que de délits crédibles, et non pas de viols de femmes, d'infanticides ou d'actes similaires. Ce registre de péchés devait ensuite être transmis à l'Entente par un certain Monsieur Grelling" - c'est le seul nom mentionné dans la lettre - "et celle-ci exigerait alors l'extradition immédiate des personnes concernées".

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«Im zweiten Brief wird folgender Vorschlag gemacht: Da noch immer viele monarchistisch gesinnte Offiziere sich im Heere befinden, wäre es unbedingt erforderlich, diese unschädlich zu machen, und zwar durch folgende schamlose Mittel. Es sollte unter den Angehörigen des Truppenteils, dem der betreffende Offizier während des Feldzuges angehört hat, nach Leuten gesucht werden, die unter Eid möglichst viele Schand­taten der Betreffenden aussagen sollen. Dabei wird noch näher gesagt, daß dies aber nur glaubwürdige Vergehen sein müßten, nicht etwa Frauenschändung, Kindsmord und ähnliche Dinge. Dieses Sündenregi­ster sollte dann durch einen Herrn Grelling» — das ist der einzige Name, der in dem Brief genannt wird — «an die Entente übermittelt werden, und diese würde dann die sofortige Auslieferung der Betreffenden fordern.»

L'intéressé a lu les deux lettres de ses propres yeux.

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Beide Briefe hat der Betreffende mit eigenen Augen gelesen.

Voici donc la lettre à laquelle se réfère cette note de journal, la lettre qui circule probablement en d'innombrables exemplaires et qui porte l'inscription : à tel et tel endroit de Berlin ! Ce sont donc d'abord les lettres qui sont falsifiées, fabriquées, puis les articles de journaux. C'est la méthode de lutte !

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Das ist also der Brief, auf den sich diese Zeitungsnotiz beruft, der Brief, der wahrscheinlich in unzähligen Exemplaren zirkuliert und der die Aufschrift trägt: An diese und diese Stelle in Berlin ! Es werden also zuerst die Briefe gefälscht, fabriziert, dann werden Zeitungsarti­kel gemacht. Das ist die Methode, in der gekämpft wird !

J'aimerais savoir s'il y a d'autres choses pour faire comprendre qu'il faut se réveiller aujourd'hui ! - De ce qui s'est passé ces dernières années est né un terrain moral pour l'humanité, qui a toutefois pris racine dans les impossibilités qui ont déjà précédé, et qui a fleuri de la sorte.

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Ich möchte wissen, ob noch andere Dinge dazugehören, um es einmal begreiflich zu machen, daß es heute nötig ist, aufzuwachen ! — Aus dem, was in den letzten Jahren geschehen ist, ist ein moralischer Boden für die Menschheit hervorgegangen, der allerdings in den Unmöglichkeiten wurzelte, die schon vorangegangen sind, und der solche Blüten treibt.

Il ne s'agit pas aujourd'hui de continuer à dormir, mais de savoir dans quel bourbier nous nous trouvons. Il se pourrait bien que, si l'on ne parlait pas fermement de ces choses, il se trouverait encore des gens dans nos rangs pour dire, par exemple, que l'on ne devrait pas plutôt écrire à tous ces beaux messieurs qui falsifient des lettres et qui fabriquent ensuite des articles de journaux avec ces fausses lettres, afin de les faire changer d'avis ? - Il s'agit vraiment aujourd'hui d'ouvrir les yeux et de regarder quelles sortes d'humains circulent parmi nous, des humains envers lesquelles on se salirait si on s'engageait sérieusement avec eux. Ces choses ne doivent pas être laissées en sommeil, il faut le dire et le redire. Il faut attirer l'attention sur le contexte. Croyez-vous que l'on puisse impunément, par exemple dans ces feuilles jésuites qui contiennent les informations mensongères dont je vous ai déjà parlé, colporter pendant des années la fable selon laquelle je serais un prêtre fugitif, pour ensuite simplement retirer une telle affaire en disant : "C'est quelque chose que l'on a entendu, mais qui n'a pas pu être maintenu" ? - Croyez-vous qu'on ait le droit de dire à un tel père jésuite : "Tu as retiré ce que tu as répandu" ? - Non, on doit lui dire : tu as manqué à ton devoir de la manière la plus irresponsable qui soit en lançant une chose sans la vérifier, et ton retrait ne signifie rien. - Aujourd'hui, la morale doit être prise au sérieux par les humains qui comprennent encore quelque chose à la morale. En parcourant le monde civilisé, nous n'avons entendu presque que des mensonges ces cinq dernières années, et nous vivons encore sous les séquelles du mensonge. Il est nécessaire de prendre ces choses au sérieux.

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Es geht heute nicht an, weiterzuschlafen, sondern zu wissen, in wel­chem Sumpf wir drinnenstecken. Es könnte ja leicht sein, wenn über diese Dinge nicht scharf gesprochen würde, daß sich auch in unseren Reihen noch Leute fänden, die zum Beispiel sagten: Soll man nicht doch lieber an all die schönen Herren, die da Briefe fälschen und hernach mit den gefälschten Briefen Zeitungsartikel fabrizieren, schreiben, um sie umzustimmen ? — Es handelt sich heute wirklich darum, die Augen auf­zumachen und hinzusehen, was für Menschen unter uns herumgehen, Menschen, denen gegenüber man sich beschmutzen würde, wenn man sich im ernsthaften Sinne mit ihnen einlassen würde. Diese Dinge dürfen nicht einfach verschlafen werden, das muß immer wieder und wiederum gesagt werden. Es muß auf die Zusammenhänge hingewiesen werden. Glauben Sie, daß es ungestraft sein kann, daß zum Beispiel in jenen jesuitischen Blättern, in denen die erlogenen Angaben stehen, von denen ich Ihnen ja auch schon gesprochen habe, jahrelang die Mär herumgetra­gen worden ist, ich sei ein entlaufener Priester, um dann einfach eine solche Sache zurückzunehmen mit den Worten: Das ist etwas, was man gehört hat, «was sich aber nicht aufrechterhalten ließ» ? — Glauben Sie, daß man ein Recht hat, einem solchen Jesuitenpater zu sagen: Du hast das zurückgenommen, was du verbreitet hast ? — Nein, man hat ihm zu sagen: Du hast in der unverantwortlichsten Weise deine Pflicht verletzt, indem du ungeprüft eine Sache in die Welt gesetzt hast, und deine Zu­rücknahme bedeutet gar nichts. — Es muß heute mit Moral von jenen Menschen, die noch von Moral etwas verstehen, ernst gemacht wer­den. Wir haben, durch die ganze zivilisierte Welt gehend, in den letzten fünf Jahren fast nur Erlogenes vernommen, und wir leben noch immer unter den Nachwirkungen der Lüge. Es ist notwendig, diese Dinge ernsthaftig ins Auge zu fassen.

Vous voyez bien transparent ici, à un exemple, comment les choses reposent. Si les choses ne sont pas portées dans la maison par le karma de telle sorte que l'individuel soit en même temps tout à fait déterminant pour l'universel, alors il se trouvera encore toujours des gens qui voudront consentir à des compromis, qui traiteront par exemple encore des calomniateurs comme un Ferrière comme un être humain avec lequel on s'entend sur l'égal et l'égal, alors qu'il fait partie de la lie des humains en écrivant sans conscience quelque chose qu'il accepte sans le vérifier. Ces choses ne sont plus permises aujourd'hui pour l'humain qui veut se tenir sur un terrain sain.

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Sie sehen hier ganz durchsichtig an einem Beispiel, wie die Dinge liegen. Wenn die Dinge einem nicht so ins Haus getragen werden durch das Karma, daß das Individuelle zu gleicher Zeit ganz ausschlaggebend ist für das Allgemeine, dann werden sich noch immer Leute finden, welche zu Kompromissen stimmen möchten, die zum Beispiel Verleum­der wie einen Ferrière noch immer wie einen Menschen behandeln, mit dem man sich einläßt auf gleich und gleich, während er zum Abschaum der Menschen gehört, indem er in gewissenloser Weise etwas hinschreibt, was er ungeprüft hinnimmt. Diese Dinge sind heute für den Menschen, der auf einem gesunden Boden stehen will, nicht mehr erlaubt.

Si je n'avais pas sous la main cet exemple de la naissance d'une chose, on ne me croirait pas si facilement qu'il existe aujourd'hui des usines de falsification de lettres, sur la base desquelles "on" traite ensuite les gens en public comme cela s'est passé dans cet article de journal.

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Wenn ich vielleicht nicht dieses Beispiel vom Entstehen einer Sache gerade zur Hand hätte, würde man mir nicht so leicht glauben, daß heute Fabriken für Brieffälschungen bestehen, auf Grund deren «man» dann die Leute so in der Öffentlichkeit behandelt, wie das in diesem Zeitungsartikel geschehen ist.

Mais c'est ce qui se passe aujourd'hui, toujours et encore, et une grande partie de ce que vous lisez ne consiste en rien d'autre qu'en la floraison de ce marécage moral, et il fait tout simplement partie aujourd'hui d'une conception saine, sérieuse et honnête du monde de savoir ces choses et de traiter ces choses en conséquence. Aujourd'hui, les gens ne sont pas autorisés à faire des compromis avec des personnes qui travaillent de cette manière avec la calomnie. Car ce n'est pas ainsi que l'on justifie le fait de dire : il faut être bienveillant envers tous les humains - l'amour envers tous les humains ! - L'amour envers de tels humains signifie un manque d'amour extrême envers ceux qui sont calomniés, qui sont déformés. Il s'agit pourtant de savoir où l'on doit mettre l'amour. Car aimer le crime ne peut jamais conduire à la guérison de l'humanité. Que de telles choses dussent arriver, on pouvait le prévoir. Mais on ne pouvait pas seulement le prévoir par la manière dont on a travaillé de certains côtés. Il suffit d'ouvrir la littérature jésuite qui a été publiée depuis la condamnation des écrits anthroposophiques par l'Église en juillet 1919. Il vous suffit d'examiner les humains qui y écrivent et de vérifier quels sont leurs accès à la vérité, et vous aurez naturellement tout ce qui doit finalement conduire à de tels marécages. Je ne veux pas parler aujourd'hui des sources tout à fait troubles que je connais très bien et dont la connaissance me permet de savoir comment toutes ces choses sont liées et comment elles ne sont qu'un début.

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Aber das geschieht heute ja immer und immer, und ein großer Teil dessen, was Sie lesen, besteht in nichts anderem als in den Blüten dieses moralischen Sumpfes, und es gehört einfach heute zu einer gesunden, zu einer ernsthaften und ehrlichen Weltauffassung, diese Dinge zu wissen und diese Dinge entsprechend zu behandeln. Es ist heute den Menschen nicht gestattet, Kompromisse zu schließen mit Menschen, die in dieser Weise mit der Verleumdung arbeiten. Denn damit rechtfertigt man das nicht, daß man sagt: Man muß gegen alle Menschen wohlwollend sein — Liebe gegen alle Menschen ! — Liebe gegen solche Menschen bedeutet äußerste Lieblosigkeit gegen die, die verleumdet, die entstellt werden. Es handelt sich doch darum, zu wissen, wohin man mit der Liebe soll. Denn das Verbrechen lieben, kann nimmermehr zur Gesundung der Menschheit führen. Daß solche Dinge kommen mußten, das konnte man voraussehen. Aber man konnte es nicht nur an dem voraussehen, wie gearbeitet worden ist von gewissen Seiten. Sie brauchen ja nur die jesui­tische Literatur aufzuschlagen, die seit der kirchlichen Verurteilung der anthroposophischen Schriften im Juli 1919 losgelassen worden ist. Sie brauchen nur die Menschen ins Auge zu fassen, die da schreiben, und einmal zu prüfen, was für Zugänge zur Wahrheit diese Menschen haben, dann haben Sie natürlich alles das, was schließlich in solche Sümpfe hineinführen muß. Ich will heute nicht über die ganz trüben Quellen sprechen, die mir sehr gut bekannt sind und durch deren Bekanntschaft ich auch weiß, wie alle diese Dinge zusammenhängen und wie sie nur ein Anfang sind.

J'aimerais seulement souhaiter que le moins de gens possible soient assez naïfs pour croire que l'on peut faire quelque chose avec des réfutations. Pour ces gens, il ne s'agit pas d'affirmer telle ou telle chose, mais seulement d'affirmer quelque chose de juteux, par lequel ils rabaissent l'autre. Ce qu'ils affirment, ces gens-là s'en moquent complètement.

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Wünschen möchte ich nur, daß möglichst wenig Menschen so naiv sind, zu glauben, man könnte mit Widerlegungen da etwas ausrichten. Jenen Leuten handelt es sich nicht darum, dieses oder jenes zu behaup­ten, sondern nur, etwas Saftiges zu behaupten, wodurch sie den andern herabsetzen. Was sie behaupten, das ist diesen Leuten ganz gleichgültig.

Mais il ne faut pas seulement tenir compte du fait que nous avons aujourd'hui parmi nous de nombreux humains qui travaillent de cette manière, mais il faut aussi tenir compte du fait que depuis des décennies déjà, nous avons dans le grand public, par somnolence, une large tolérance à l'égard de ces agissements, une volonté de ne pas regarder comment se fait l'opinion publique aujourd'hui. Mais c'est la partie la plus importante de ce qui peut conduire à une amélioration. Tant que des personnes du calibre du jésuite Zimmermann ou du professeur d'université Dessoir ne seront pas traitées de manière adéquate, aucun rétablissement ne pourra avoir lieu. Les humains qui se trouvent en face d'eux et qui ne leur prodiguent pas le traitement adéquat sont encore plus coupables que ces individus. Car ces individus font des affaires avec ces choses, même si c'est de manière aussi sordide que le professeur Dessoir. Je vous en ai parlé il y a quelque temps. Mais il s'agit de se réveiller enfin. Car d'un livre de Dessoir ou d'une critique de Zimmermann, il y a un chemin droit qui mène à ces marécages que j'ai pu vous caractériser. Je ne devais pas non plus l'évoquer autrement que dans l'intention de montrer les symptômes des forces qui agissent à notre époque pour abattre toute aspiration légitime pour l'esprit. Et c'est ainsi que je voudrais encore mentionner le fait que l'on m'a récemment donné ici un article qui était soi-disant destiné au Brockhaussche Konversationslexikon, pour lequel ce fameux Dessoir - chez nous seulement fameux ! - devait écrire les articles sur l'anthroposophie ; au moment même où il me faisait écrire ces articles par un intermédiaire, il écrivait son livre, ce livre de la honte. Mais imaginez maintenant le cas où cet article se trouverait ici, dans nos propres archives ! On l'y trouverait plus tard comme un article dont je serais l'auteur. Quelqu'un pourrait alors dire un jour : Oui, c'est bien Steiner qui a recopié l'article dans les archives à partir de l'article de Dessoir dans le dictionnaire et l'a revendiqué pour lui-même ! - Ce genre de choses peut se produire quand on n'est pas éveillé ! Les choses peuvent d'abord être volées par des voleurs littéraires, et ensuite elles peuvent figurer quelque part de telle manière que non pas celui qui les a faites, mais celui qui les a volées est considéré comme l'auteur, et que celui qui est l'auteur est considéré comme le voleur !

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Aber nicht nur das ist zu berücksichtigen, daß wir heute zahlreiche solche Menschen unter uns haben, die in dieser Weise arbeiten, sondern auch das ist zu berücksichtigen, daß wir schon seit Jahrzehnten im gro­ßen Publikum aus Schläfrigkeit entspringend eine weitgehende Tole­ranz haben gegen dieses Treiben, ein Nicht-hinsehen-Wollen darauf, wie eigentlich heute öffentliche Meinung gemacht wird. Das aber ist der wichtigste Teil dessen, was zur Besserung führen kann. Solange nicht Leute von dem Kaliber des Jesuiten Zimmermann oder des Univer­sitätsprofessors Dessoir in der entsprechenden Weise behandelt werden, so lange kann keine Gesundung kommen. Die Menschen, die ihnen gegenüberstehen und ihnen nicht die richtige Behandlung angedeihen lassen, die sind schuldiger noch als diese Individuen. Denn diese Indi­viduen betreiben bei diesen Dingen ihre Geschäfte, wenn auch in so schmutziger Weise wie der Professor Dessoir. Ich habe Ihnen das vor einiger Zeit charakterisiert. Aber es handelt sich darum, daß nun endlich aufgewacht werde. Denn von einem Dessoirschen Buch oder einer Zimmermannschen Kritik führt ein gerader Weg nach diesen Sümpfen hin, die ich Ihnen charakterisieren konnte. Ich mußte dieses auch nicht anders als in der Absicht anführen, die Symptome zu zeigen für die Kräfte, die in unserer Zeit wirksam sind, um jedes für den Geist berechtigte Streben niederzudrücken. Und so möchte ich auch noch die Tatsache erwähnen, daß mir neulich hier ein Artikel gegeben worden ist, der angeblich bestimmt war für das Brockhaussche Konversationslexikon, für das jener berüchtigte Dessoir — bei uns nur berüchtigt ! — die Artikel schreiben sollte über Anthroposophie; in derselben Zeit, in der er durch einen Mittelsmann sich diese Artikel von mir schreiben ließ, schrieb er an seinem Buche, diesem Schandbuche. Aber denken Sie jetzt den Fall, daß dieser Artikel etwa hier liegen würde in unserem hiesigen Archiv ! Er würde später einmal dort gefunden werden als ein Artikel, der von mir herrühren soll. Da würde also einmal jemand sagen können: Ja, den Artikel im Archiv hat doch Steiner abgeschrieben aus Dessoirs Artikel im Lexikon und für sich in Anspruch genommen ! — Derlei Blüten können getrieben werden, wenn man nicht wach ist ! Es können einem erst die Dinge durch literarische Diebe gestohlen werden, und dann können sie in einer solchen Weise figurieren irgendwo, daß nicht der, der sie ge‑ macht hat, sondern der, der sie gestohlen hat, als der Autor gilt und der, welcher der Autor ist, für den Dieb gilt !

La question morale doit être abordée aujourd'hui sous différents angles ; mais elle ne sera pas abordée de manière fructueuse par quelqu'un qui ne se trouve pas sur le terrain d'une saine science spirituelle. C'est ce que je voulais vous dire dans l'annexe à l'exposé d'aujourd'hui, en me basant sur l'histoire contemporaine.

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Die moralische Frage muß heute von mancherlei Seiten her in Angriff genommen werden; aber sie wird von niemandem in gedeihlicher Weise in Angriff genommen werden, der nicht auf dem Boden einer gesunden spirituellen Wissenschaft steht. Das ist das, was ich in dem Anhange zu dem heutigen Vortrage aus der Gegenwartsgeschichte heraus Ihnen doch auch mitteilen wollte.

 

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CINQUIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le 17 janvier 1920

De la science en ce qui concerne l'initiation de présenter des formes-pensées. À propos de l'antagonisme contre l'anthroposophie

01
Hier, j'ai essayé de vous décrire le caractère du moment de l'évolution humaine auquel nous sommes arrivés. J'ai essayé de vous montrer comment, au cours de l'évolution humaine, l'humanité en est actuellement arrivée à dépendre absolument de ce que nous appelons la science de l'initiation. Cela signifie qu'il devient nécessaire, premièrement, que les branches de la connaissance de la vie culturelle humaine soient imprégnées de cette science de l'initiation, deuxièmement, mais aussi que la pensée sociale et le sentiment social soient imprégnés ces sentiments, sensations qui pour l'âme humaine résultent de la conscience : Il y a une révélation de l'esprit, une révélation suprasensible - on a seulement besoin de se tourner vers elle.
02
On peut donc être convaincu que de nombreuses personnes viennent et disent : Oui, mais l'histoire a quand même été consciencieusement étudiée, et ce qui devrait résulter de la science de l'esprit sur le caractère de la période actuelle, telle qu'elle s'est développée à partir des périodes précédentes, l'histoire n'en parle donc pas.
03
Oui, elle n'en parle pas, parce que justement, non influencée par la véritable connaissance de l'esprit, elle ne s'interroge pas sur ses véritables impulsions et forces. Pour savoir ce qui parle à travers l'histoire, il faut d'abord savoir interroger l'histoire de la bonne manière.
04
Or, il se trouve que les trois périodes post-atlantiques successives, l'Indienne primitive, la Perse originelle, l'Égypto-Chaldéenne sont des périodes au cours desquelles l'humanité est devenue de plus en plus jeune, au sens où nous l'entendions hier, c'est-à-dire qu'elle n'est pas restée capable de se développer au cours de la deuxième période, dans les années où elle était encore capable de se développer au cours de la première période, et ainsi de suite. Pendant la période gréco-latine, c'est-à-dire celle qui a commencé au 8e siècle avant Jésus-Christ et s'est terminée au 15e siècle, les humains sont restés capables de se développer jusqu'au début des années de la trentaine. Lorsque cette période s'est terminée au 15e siècle, les humains étaient clairement capables de se développer jusqu'à plus de la vingt-huitième année. Aujourd'hui, comme nous l'avons souligné, la capacité d'évolution ne s'étend que jusqu'à la vingt-septième année, et elle va descendre de plus en plus bas.
05
Maintenant, l'humain peut entrer en relation avec le monde spirituel en premier à partir de la trentaine, du simple fait de sa constitution physique et corporelle. Ne vous méprenez pas sur mes propos ! Il peut naturellement, quand il se tourne vers la science de l'esprit, y arriver plus tôt aujourd'hui ; mais si l'humain doit recevoir des forces spirituelles de l'univers par sa propre évolution liée au physique et au spirituel, cela ne peut se faire que s'il reste capable d'évoluer jusque dans les années de la trentaine. Cela il ne le fait pas. C'est pourquoi, à partir de notre époque, il ne peut pas être question que l'évolution de l'humanité puisse progresser par des voies naturelles. Elle peut seulement progresser si l'humanité est fécondée par la science de l'initiation.
06
Maintenant, je vous ai déjà indiqué dans l'un des exposés précédents qu'il existe des initiés dans certaines régions de la civilisation occidentale, notamment dans les régions anglo-américaines. Mais la particularité de ces initiés est que, de leur point de vue, ils n'ont en fait en tête que de promouvoir comme science de l'initiation ce qui peut amener peu à peu la domination anglo-américaine sur la Terre. Aussi étrange que cela puisse paraître, c'est ainsi. Et l'on peut dire que chaque affirmation qui émane de ce côté porte une empreinte qui laisse entendre aux personnes averties qu'il en est ainsi. Avant toute chose, les différentes façons dont la science de l'initiation est pratiquée dans les régions occidentales font référence à toutes ces choses.
07
Vous l'avez vu : dans certaines limites toutefois, on ne retient pas ici certaines vérités initiatiques. Et si vous parcourez ce qui a été présenté devant vous au cours des années, vous y trouverez, si vous suivez vraiment les choses sans vous endormir, toute une série de vérités initiatiques importantes qui sont susceptibles de faire dépasser la crise actuelle non seulement à une partie de l'humanité, mais à l'humanité entière sur la Terre, et de la conduire vers une véritable évolution ultérieure. Mais vous trouverez toujours, notamment parmi les initiés occidentaux, des gens qui réprouvent et condamnent le fait que tant de choses, telles que celles qui ont été communiquées ici, soient aujourd'hui rendues publiques. Cela est lié à une conception erronée de la science de l'initiation. Pour vous faire comprendre cette conception erronée, je dois vous dire aujourd'hui ce qui suit.
08
La science de l'initiation s'adresse absolument toujours à l'humain individuel. Même si elle s'adresse à une somme d'humains, elle s'adresse en réalité à l'humain individuel. On ne peut pas présenter la véritable science de l'initiation comme on a agi autrefois sur les humains. L'Église catholique, par exemple, a transplanté cette façon dans le présent, et d'ailleurs pas seulement l'Église catholique, mais aussi certaines directions de parti qui se servent aujourd'hui encore de la même méthode. On a agi, si je puis m'exprimer ainsi, en faisant appel à la psyché des masses, en faisant appel à ce qui inocule quelque chose à une communauté humaine d'une certaine manière, je dirais, hypnotisante. Vous savez qu'en règle générale, si l'on utilise les moyens appropriés, il est plus facile d'enseigner des choses à une assemblée qu'à chaque individu auquel on voudrait s'adresser. Il y a quelque chose de vrai dans une telle hypnose de masse.
09
Une vraie sagesse initiatique ne peut pas se servir de ces moyens, qui sont tout à fait efficaces. Elle doit parler de telle sorte qu'elle s'adresse à chaque être humain et qu'elle fasse appel à la force de conviction de chacun. La façon de parler dont la science initiatique, qui se trouve aujourd'hui à la hauteur de l'évolution de l'humanité, doit se servir, n'existait pas encore. C'est pourquoi la manière dont on parle ici et dans mes livres, par exemple, est encore aujourd'hui une abomination pour certaines personnes, parce que la manière de parler respecte déjà strictement la règle de ne faire appel qu'à la force de conviction de chaque individualité.
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Ainsi est donné en même temps un principe social important, auquel j'ai déjà fait allusion dans un autre contexte ces jours-ci et que vous trouverez développé de manière systématique et fondamentale dans mon livre "La philosophie de la liberté". Si l'on ne veut faire appel à l'individu que par des impulsions éthiques et morales, on ne peut pas vouloir organiser à partir d'abstractions générales, on ne peut pas rassembler des groupes d'humains comme des animaux de troupeau pour leur donner une quelconque directive commune, mais on ne peut alors que s'adresser à l'individu et attendre que, parce que chaque individu, dans sa position, veut ce qui est juste dans l'ensemble, ce qui est juste dans l'ensemble s'accomplisse aussi. Lorsque j'ai publié ma "Philosophie de la liberté", un compte-rendu est paru dans l'"Athenaeum", dans lequel il était dit qu'une telle conception conduisait à un anarchisme théorique. Mais elle ne conduit à un anarchisme que si l'on ne parvient pas à faire des humains de véritables humains, c'est-à-dire si les humains veulent absolument être des sous-humains, s'ils veulent absolument être tenus ensemble sous des aspects tels que les membres d'un groupe d'animaux sont tenus ensemble. Les lions sont déjà unis par leur forme de lion, les hyènes aussi, les chiens aussi ; mais l'évolution de l'humanité tend à ce que les groupes d'humains ne soient pas organisés à l'avenir comme des troupeaux de moutons, que ce soit sous des liens de sang ou sous des liens idéaux, mais que ce qui naît de la coopération entre les humains provienne de la force des individualités.
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Il y a quelques jours, j'ai utilisé ici une comparaison qui peut paraître un peu grotesque, mais qui peut, je crois, éclairer toute la question. Je ne sais pas s'il n'y a pas des humains qui ressentiraient comme quelque chose de particulièrement rédempteur si l'on trouvait partout des inscriptions : Ordonnance de telle ou telle autorité : celui qui marche ici dans la direction en avant doit éviter l'autre qui marche dans l'autre direction. - Même dans les villes peuplées, les gens s'entendent généralement dans la rue, ils se croisent ; ils ne se heurtent pas continuellement du fait de leur raison synthétique, de l'impulsion qu'ils ont en eux. C'est vers cet idéal que l'humanité se dirige. Qu'elle ne le comprenne pas, c'est son malheur. Il est important de porter en soi les directives de son action, même dans les choses importantes, afin que l'autre puisse s'y fier, même sans qu'une loi commune, qui fait des deux humains des sous-humains, les dresse l'un à l'autre, afin que l'autre se comporte de telle sorte que l'un puisse exister à côté de lui.
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Ce travail vers l'individualité est lié aux impulsions les plus importantes de l'évolution de l'humanité. On ne pourra jamais amener les individualités humaines à cela si on ne peut que leur transmettre ce qui constitue la connaissance actuelle de la nature ou ce qui constitue la science sociale actuelle ou les motifs sociaux actuels. L'humain ne parvient à une individualité telle que celle dont je viens de parler que si une masse de pensées provenant de la science de l'initiation est éveillée en lui. Ce n'est que par sa relation avec le suprasensible que l'humain est rempli de telles pensées, qui font de lui une individualité libre, mais qui peut aussi agir dans l'ordre social avec la plus grande liberté possible. Tout dépend justement de l'ouverture du cœur et du sens de l'humanité à ce qui vient de la science de l'initiation.
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La grande confiance doit devenir le motif social le plus important de l'avenir. Les gens doivent pouvoir compter les uns sur les autres. Sinon, les choses n'avancent pas. Ce que je viens de vous dire apparaît à celui qui prend l'humanité entière au sérieux, s'il est suffisamment initié aux choses suprasensibles, comme une évidence, dans le sens où il doit dire : "Il n'y a pas d'autre solution : ou bien ceci se produit, ou bien l'humanité va dans l'abîme. En revanche, il n'y a pas de troisième solution.
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On peut donc dire que l'on ne peut pas se représenter qu'un ordre social soit fondé sur la confiance générale. On ne peut que répondre à cela : très bien, si vous ne pouvez pas vous le représenter, alors vous devez vous le représenter : L'humanité doit s'enfoncer dans le marais. - Ces choses sont sérieuses et doivent être prises au sérieux en tant que telles.
15
Dans une certaine abstraction, les initiés des pays occidentaux le savent aussi. Voici ce qu'ils disent : nous avons la science de l'initiation jusqu'à un certain point, nous pourrions la publier. - Mais ils ne publieraient qu'une science de l'initiation qui conduise aux buts que j'ai indiqués ; et nous nous trouvons maintenant dans un domaine qui s'applique aussi bien à la vraie science de l'initiation qu'à la science unilatérale. - Les initiés des pays occidentaux peuvent donc dire : nous avons la science de l'initiation ; nous pouvons la publier, mais c'est de telle sorte qu'elle ne s'adresse qu'à l'humain individuel. - C'est alors que commence pour ces gens la grande peur, la peur terrible. Ils disent : "Oui, si nous ne parlons à l'avenir qu'aux individus, alors nous déclencherons les luttes de tous contre tous, car alors les humains ne seront pas organisés, alors est construit sur la confiance générale, alors les humains entreront dans la lutte de tous contre tous. - Cette peur se tient devant les gens. C'est pourquoi ils veulent garder les vérités initiatiques les plus importantes, j'aimerais dire, dans la chambre noire/sombre et laisser l'humanité marcher vers l'avenir dans une lumière apparente, mais endormie.
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Ces choses sont donc absolument actuelles depuis que le matérialisme a atteint son apogée dans la civilisation moderne au milieu du XIXe siècle et que les gens ont dû se poser la question : jusqu'où allons-nous avec la science de l'initiation ? - Jusqu'à présent, ils n'ont pas osé communiquer à l'humanité une véritable science de l'initiation au-delà de certains cercles restreints.
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Maintenant, une certaine éducation que l'humanité a traversée n'a pas la permission de s'interrompre, mais elle est déjà en train de s'interrompre aujourd'hui grâce à une théologie tout à fait erronée. Vous pouvez suivre cette éducation si vous n'étudiez pas cette fable convenue que l'on appelle habituellement "histoire", mais si vous étudiez la véritable histoire. Aujourd'hui, les humains ne savent en fait pas du tout comment ce que l'on désigne par certains mots a évolué au fil du temps. Les gens parlent de catholicisme, d'empire, d'aristocratie, de bourgeoisie et pensent que s'ils trouvent les mêmes mots au 14e siècle, ils signifient à peu près la même chose, peut-être seulement avec une petite nuance différente. Tant que l'on ne se rend pas compte que ce que signifiaient au XIVe siècle catholicisme, empire, bourgeoisie, aristocratie n'a plus rien de commun avec ce que nous désignons aujourd'hui par ces mots, on ne connaît pas l'histoire. On doit être absolument clair à soi comment la constitution de l'âme des humains a fortement changé au cours de peu de siècles.
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Sur quoi reposait donc essentiellement, jusqu'au XVe siècle, et même plus loin encore dans ses répercussions, ce qui, à partir de l'éducation générale de l'humanité, agissait dans la conscience des âmes du monde civilisé ? Tout cela reposait sur le fait que les humains étaient en mesure, au cours de ces siècles, d'accueillir du suprasensible dans leur vie de représentation, non ainsi dont çà devrait être accueilli maintenant par la science de l'esprit, mais comme ils pouvaient l'accueillir à l'époque, justement d'après leurs états de conscience encore ataviques. Un fait fondamental remplissait les âmes humaines. C'était le fait fondamental qui se rattache au mystère du Golgotha. On savait à l'époque que l'entité du Christ était descendue des hauteurs supraterrestres, qu'elle s'était incarnée dans l'humain Jésus de Nazareth, et qu'avec le mystère du Golgotha s'était produit quelque chose qui ne pouvait pas se produire selon les lois ordinaires de la connaissance de la nature. -- Dans les concepts et les représentations que l'on se faisait du mystère du Golgotha, on avait de telles idées, de telles représentations qui dépassaient la sphère terrestre.
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Avec de telles représentations, on crée des formes de pensées tout à fait différentes de celles que l'humain moyen a aujourd'hui. Les pensées que les humains se font aujourd'hui ne vont pas du tout jusqu'à la vie du suprasensible. Les pensées que les humains se faisaient en se rattachant au mystère du Golgotha, comme je viens de le caractériser, étaient susceptibles d'engendrer des formes de pensées qui avaient une réalité dans le suprasensible. C'est pourquoi on peut aussi caractériser le moment actuel en disant que l'humanité a peu à peu perdu la capacité d'engendrer de telles formes-pensées qui ont une signification dans le suprasensible. - C'est ainsi que l'on ne peut pas non plus créer sur terre des ordres sociaux qui fassent avancer la terre. C'est pourquoi tout ce qui a été apporté à l'humanité en termes d'idées sociales depuis le XVIe siècle porte le caractère que l'on peut décrire comme suit : nous rencontrons des institutions sociales selon les formes-pensées qui sont les formes-pensées des temps modernes. De telles institutions sociales sont toutes destinées à se briser, c'est-à-dire qu'elles marchent pendant un certain temps, puis elles se brisent. Elles n'ont pas de force interne de développement. - C'est même le secret de l'évolution récente. Les humains ont beau vouloir créer des institutions sociales sur la base de la formation extérieure du monde qui s'est développée depuis le XVIe siècle, toutes ces institutions sociales portent en elles le germe de la mort dès leur naissance, parce qu'elles ne sont pas liées à des formes-pensées qui ont une réalité dans le suprasensible. Tant qu'il n'y aura pas dans le présent des humains qui reconnaissent cela, il ne sera pas possible de parler d'un progrès social avec ce présent. Il n'est pas important que l'on dérive des idées sociales de manière abstraite, peut-être à partir d'un quelconque tissu de pensées spirituelles. Cela n'a aucune importance. Dans mes "Points essentiels de la question sociale", il n'y a pas d'abord un long chapitre sur la science de l'esprit, à partir duquel on déduirait ensuite des lois sociales, mais on attire l'attention sur ce qui doit se passer à partir de la réalité elle-même. Il ne s'agit pas de déduire la vie sociale à partir d'un quelconque tissu spirituel, mais d'être soi-même rempli de telles pensées, qui s'enracinent dans le suprasensible. Car c'est cette plénitude qui fait que tout ce que l'on pense a une réalité dans le suprasensible.
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Paradoxalement, mais en toute vérité, on peut dire ceci : imaginez qu'un humain, je veux dire un "homme d'État" - un mot que l'on dit actuellement entre guillemets -, dise toutes sortes de choses intelligentes, c'est-à-dire des choses que les humains appellent aujourd'hui intelligentes, mais qu'il n'ait jamais noué de relation avec le monde suprasensible. Ce qu'il dit, transposé dans la réalité, portera en lui le germe de la mort. - Un autre parle. Si l'on ne sait pas qu'il s'occupe de science spirituelle, on n'a pas besoin de le remarquer dans son discours, il parle seulement des choses d'une manière un peu différente. Dans ce qu'il dit par exemple sur les questions sociales, on n'a pas besoin de remarquer qu'il s'occupe de sciences humaines, mais le fait qu'il s'occupe de sciences humaines donne une impulsion réelle à ses idées.
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Il s'agit donc aujourd'hui de ne pas se contenter d'une logique abstraite, mais de parler de la réalité. Car aujourd'hui, nous en sommes déjà à un stade de l'évolution de l'humanité où, disons, un journaliste peut écrire les plus belles choses que les gens admirent, parce qu'ils disent : "Oui, quand je lis cela, c'est la science de l'esprit la plus pure ! - Ce n'est pas de cela qu'il s'agit ! Aujourd'hui, il ne s'agit plus du tout des mots, mais aujourd'hui, il s'agit du fond de l'âme d'où proviennent ces choses, il s'agit de ce que l'homme porte en lui comme substance !
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Si je dois faire une comparaison dans un tout autre domaine, ce sera celle que j'ai déjà utilisée à plusieurs reprises : Il y a aujourd'hui des poètes qui composent des poèmes avec une facilité déconcertante, qui font de beaux vers que l'on peut admirer. Mais c'est également vrai : aujourd'hui, il y a quatre-vingt-dix-neuf pour cent de poésie en trop. - Mais il y en a d'autres dont les vers ressemblent à des bégaiements ; mais ces vers qui sonnent comme des bégaiements peuvent provenir d'un véritable fonds humain, c'est-à-dire d'un fonds spirituel, tandis que ceux que l'on admire, parce que les langues sont tout simplement arrivées à un point tel que chaque fou peut aujourd'hui créer quelque chose d'admirable à partir de la langue, peuvent être des coquilles de mots dépourvues de valeur.
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Il est aujourd'hui tout à fait nécessaire qu'on aille au-delà de la pure formulation jusqu'au motif, c'est-à-dire qu'on ne se tient ne pas dans l'abstrait, qu'on ne pas lire la formulation, mais se placer dans la pleine vie et juge les phénomènes à partir de la vie. Et c'est ainsi que la science de l'esprit, telle qu'on l'entend ici, doit avant tout avoir un effet fécond sur les différentes branches de la vie, sinon ce qui doit arriver n'arrivera pas.
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Lorsque deux humains se parlent, ils s'accordent par le langage. Mais le langage était, à une époque relativement récente, quelque chose de très différent de ce qu'il est aujourd'hui. Si l'on communique aujourd'hui par le langage, on devient en fait plus ou moins esclave du langage. Autrefois, les humains apprenaient beaucoup grâce au génie de la langue, et ils ne pensaient pas beaucoup eux-mêmes, ils laissaient la langue penser pour eux. Cela n'a duré que jusqu'à ce que survienne la période que je vous ai décrite hier. Aujourd'hui, l'humain avance seulement s'il peut s'émanciper du langage avec sa pensée et ses sentiments. Le langage fonctionne aujourd'hui en quelque sorte comme un mécanisme dans lequel nous nous trouvons, et à notre place, c'est Ahriman qui vit de plus en plus dans l'évolution du langage. Ahriman parle aujourd'hui quand les humains parlent. Et les humains doivent peu à peu s'habituer à se comprendre à partir de tout autre chose que de la simple formulation des langues. Il faut être beaucoup plus profondément dans la vie pour comprendre l'autre humain aujourd'hui qu'à l'époque où les ailes du langage contenaient encore ce que les humains avaient échangé entre eux. Aujourd'hui, ces choses ne sont plus contenues dans les ailes du langage. Aujourd'hui, on peut être au fond un humain totalement dépourvu de connaissance réelle. Mais du fait que la langue - toute langue civilisée d'aujourd'hui - a peu à peu formé des formes de phrases, des sentences, voire des théories entières qui se trouvent déjà dans la langue, il suffit de modifier un peu ce qui se trouve dans la langue pour avoir quelque chose d'apparemment créé de toutes pièces, alors qu'en réalité, on n'a fait que mélanger un peu ce qui était déjà là.
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Il se laisserait très facilement faire l'expérience suivant aujourd'hui, aussi grotesque que cela puisse vous paraître. Prenez les énonciations de professeurs biens bourgeois, de professeurs de philosophie, de professeurs de science de la nature et du genre, qui penchent un peu d'un côté ou d'un autre vers le matérialisme, prenez ce que ces gens ont dit au cours des dernières décennies, dans la deuxième moitié du XIXe siècle, ainsi se laisse très facilement obtenir ce qui suit en changeant un peu de pensée. Prenez, je veux dire, n'importe quel élaborât d'un assez brave philosophe, d'une douzaine de braves philosophes de la deuxième moitié du XIXe siècle, qui s'est exprimée sur telle ou telle chose sociale, vous pouvez maintenant enlever certains mots caractéristiques et les remplacer par d'autres, qui se trouvent à nouveau dans une autre phrase. Vous pouvez renverser un peu les choses --- et il en résulte la conception de la vie de Monsieur Trotsky ! Pour être un Trotsky aujourd'hui avec une vision de la vie, il n'est pas nécessaire de savoir penser soi-même, il suffit de laisser le langage penser en soi de la manière que je viens de décrire. Mais là, parce que le langage s'est d'une certaine manière émancipé d'eux, ce ne sont pas les humains qui travaillent, ce sont des puissances ahrimaniennes qui travaillent dans la culture humaine.
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Ce que je viens de vous dire, on peut le vivre comme une expérience. Il suffit d'avoir les yeux intérieurs de l'âme ouverts à de telles choses. Pour celui qui ne travaille pas avec des mots, mais avec des pensées, le langage est aujourd'hui un instrument tout à fait effrayant. Il n'est en effet pas facile d'écrire aujourd'hui pour celui qui travaille avec des pensées. Car si vous voulez écrire une phrase, elle ne vous répondra pas parce que tant de gens ont écrit des phrases similaires. La phrase veut toujours se former à partir de l'ensemble de la psyché, mais vous devez d'abord devenir son ennemi pour former ce que vous avez dans l'âme de manière vraiment conforme à la phrase. Celui qui travaille aujourd'hui pour le public et qui ne peut pas ressentir cette hostilité du langage court toujours le danger de s'abandonner à la pensée du langage et d'élaborer de beaux programmes à partir du langage.
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La nécessité de faire valoir la pensée doit commencer dès aujourd'hui par la lutte contre la langue. Rien n'est plus dangereux aujourd'hui que de se laisser porter par le langage, dans le sens où l'on exprime ceci et cela. - Car en ayant une manière stéréotypée de s'exprimer, en pouvant dire : "C'est comme ça : On ne peut le dire que de cette manière -, on s'engage en fait dans le courant habituel de la parole et on ne travaille pas à partir de la pensée initiale.
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Nos écoles sont terribles à cet égard. Les maîtres d'école, qui corrigent toute pensée apparemment maladroite, mais au moins personnelle, pour la rendre conventionnelle, commettent de grands crimes à l'école. On devrait justement rechercher chaque phrase maladroite, mais substantiellement individuelle, qu'un garçon ou une fille quelconque écrit à l'école. On devrait en discuter à l'école et ne pas remplacer, avec cette maudite encre rouge, ce qui sort aujourd'hui des individualités juvéniles par ce qui est conventionnel. Car aujourd'hui, la chose la plus importante est de regarder ce qui sort des individualités juvéniles. Peut-être cela se révélera-t-il d'une manière qui ne nous est pas toujours confortable, que nous considérons facilement comme défectueuse. Si l'on voulait corriger les lettres de jeunesse de Goethe avec l'œil d'un professeur de lycée, il faudrait corriger beaucoup de choses ! Le poète autrichien Robert Hamerling a eu la plus mauvaise note en "rédaction allemande" lors de son examen à la fonction d'enseignement ! Et il reste quand même quelque chose de vrai dans ce que Hebbel a écrit dans son journal, je l'ai mentionné plusieurs fois : il voulait écrire un drame avec le motif qu'un professeur de lycée des classes supérieures a devant lui un élève qui est le Platon réincarné, avec lequel il lit le Platon en classe ; le professeur de lycée trouve alors que ce "Platon réincarné" ne comprend pas le moins du monde le Platon ! Le poète Friedrich Hebbel a noté ce motif pour un drame qui n'a pas vu le jour. Mais il y a du vrai là-dedans.
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Nous devons maintenant nous rendre compte qu'à tout moment, séduits par les forces lucifériennes et ahrimaniennes qui subsistent, les humains se sont opposés au progrès normal de l'humanité. Aujourd'hui, nous sommes confrontés à la nécessité de chercher quelque chose de tout à fait nouveau dans la vie spirituelle pour sauver l'humanité. Il n'est pas étonnant que les humains s'opposent de la manière la plus violente qui soit, en raison de toutes sortes de folies logiques et d'immoralités. C'est pourquoi, depuis longtemps déjà, j'ai toujours dû parler pro domo, en quelque sorte, en tant qu'appendice à notre réflexion sur le temps.
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Il y a environ huit jours, je vous ai fait part ici de la manière calomnieuse et méchante dont une grande partie des journaux allemands se font actuellement l'écho de choses qui, d'après leur source, sont connues, mais qui aimeraient se retourner avec force contre ce qui émane de la science de l'esprit d'orientation anthroposophique et contre ce qui y est lié sur le plan social. C'est un exemple très direct, je dirais, vécu "à la maison", de la force avec laquelle les forces adverses s'agitent. Mais il y a une certaine raison pour laquelle je voudrais aujourd'hui vous caractériser cette affaire de manière plus précise. À cet effet, je voudrais encore une fois attirer l'attention sur ce qui s'est passé. Il s'est passé que, tout à coup, une série de journaux allemands ont publié la calomnie résumée dans les phrases suivantes. J'ai déjà lu ces phrases. Mais nous voulons nous les remémorer, car elles valent vraiment la peine d'être citées comme caractéristiques de certains champignons culturels de notre époque :
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"Rudolf Steiner comme dénonciateur politique. Le célèbre charlatan théosophique, le Dr Rudolf Steiner, qui influence des millions d'humains et de femmes, a fondé au printemps 1919 à Stuttgart une Fédération pour la triarticulation de l'organisme social, qui ne devait être à l'origine qu'une communauté religieuse et communiste, mais qui est ensuite entrée en contact politique avec les bolcheviques et les communistes et qui exerce maintenant une agitation politique très étrange et répugnante. Voici ce que nous apprenons de Dresde à ce sujet : il ressort de renseignements authentiques", - je vous prie de noter cette phrase "il ressort de renseignements authentiques" ! - "que la Fédération pour le trimembrement établit les noms de tous les officiers prétendument actifs dans le sens réactionnaire et rassemble contre eux, sur la base de témoignages, du matériel sur des actes contraires au droit international, qui doit ensuite être envoyé à l'Entente en vue d'extradition. La véracité/l'exactitude de telles accusations est totalement indifférente à M. Steiner et à ses camarades, et le passage d'une lettre où il est dit : les accusations de vol sont à proscrire, car la fausseté est plus facile à prouver dans ce cas. De même, il ne faut pas porter des accusations trop incroyables, comme des mutilations d'enfants".
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Cette chose, la plus calomnieuse, phrase après phrase, est bien sûr relayée par toute une série de journaux allemands ! On peut s'y étonner des choses les plus diverses, mais retenons tout de même un fait. Il y est question de lettres qui auraient été écrites et auxquelles on se réfère comme à des documents authentiques. Dans le numéro de "Dreigliederung" qui n'est pas encore paru, j'ai expressément indiqué que je connais très bien les sources troubles d'où proviennent de telles choses. Mais je vais maintenant vous lire un joli document qui vous montrera quelles sont les bases authentiques pour les personnes qui répandent de telles choses dans le monde.
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Après que tout ce flot de méchanceté se soit écoulé, après que j'ai reçu de divers autres côtés des confirmations de ce que je savais déjà sur les sources troubles, j'ai reçu la lettre suivante d'un ami. Cette lettre ne m'est parvenue que maintenant, mais elle a été écrite - je vous prie d'en tenir compte - avant la parution de ces articles de journaux. Ce que contient cette lettre a donc été constaté avant la parution des articles de presse. Je vous demande de prendre en compte ce fait. Cette lettre dit ceci :
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"Un membre de longue date de notre société anthroposophique, actuellement encore officier actif, a eu connaissance de deux lettres qui circulent auprès des autorités et qui font naturellement beaucoup de bruit. Ces lettres portent l'inscription : An IRD ou R in Berlin, elles sont donc probablement adressées au même service, mais il est impossible de dire si elles ont été rédigées par le même auteur, car il manque une signature. Dans la première lettre, il est question de l'Union Steiner et des francs-maçons, et il est dit que dans un avenir proche, l'Union Steiner distribuera des tracts qui seront rédigés comme s'ils venaient des monarchistes, mais qui en réalité ont pour but de ridiculiser le mouvement monarchiste et antisémite. En d'autres termes, l'Association Steiner tenterait de combattre cette tendance sous le couvert des monarchistes. Ces tracts seraient déjà imprimés et une signature fictive différente serait prévue pour chaque district".
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Alors vous voyez, il y a des usines à fabriquer des fausses lettres ! Ces lettres circulent vraiment. Il poursuit :
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"Dans la deuxième lettre, la proposition suivante est faite : comme il y a encore dans l'armée beaucoup d'officiers à tendance monarchiste, il serait absolument nécessaire de les mettre hors d'état de nuire, et cela par les moyens honteux suivants. Il faudrait chercher parmi les membres de la troupe à laquelle l'officier en question a appartenu pendant la campagne des personnes qui seraient chargées de témoigner sous serment du plus grand nombre possible d'infamies commises par les intéressés. Il est précisé qu'il ne doit s'agir que de délits crédibles, et non pas de viols de femmes, d'infanticides ou d'actes similaires. Ce registre de péchés devait ensuite être transmis à l'Entente par un certain Monsieur Grelling" - c'est le seul nom mentionné dans la lettre - "et celle-ci exigerait alors l'extradition immédiate des personnes concernées".
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L'intéressé a lu les deux lettres de ses propres yeux.
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Voici donc la lettre à laquelle se réfère cette note de journal, la lettre qui circule probablement en d'innombrables exemplaires et qui porte l'inscription : à tel et tel endroit de Berlin ! Ce sont donc d'abord les lettres qui sont falsifiées, fabriquées, puis les articles de journaux. C'est la méthode de lutte !
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J'aimerais savoir s'il y a d'autres choses pour faire comprendre qu'il faut se réveiller aujourd'hui ! - De ce qui s'est passé ces dernières années est né un terrain moral pour l'humanité, qui a toutefois pris racine dans les impossibilités qui ont déjà précédé, et qui a fleuri de la sorte.
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Il ne s'agit pas aujourd'hui de continuer à dormir, mais de savoir dans quel bourbier nous nous trouvons. Il se pourrait bien que, si l'on ne parlait pas fermement de ces choses, il se trouverait encore des gens dans nos rangs pour dire, par exemple, que l'on ne devrait pas plutôt écrire à tous ces beaux messieurs qui falsifient des lettres et qui fabriquent ensuite des articles de journaux avec ces fausses lettres, afin de les faire changer d'avis ? - Il s'agit vraiment aujourd'hui d'ouvrir les yeux et de regarder quelles sortes d'humains circulent parmi nous, des humains envers lesquelles on se salirait si on s'engageait sérieusement avec eux. Ces choses ne doivent pas être laissées en sommeil, il faut le dire et le redire. Il faut attirer l'attention sur le contexte. Croyez-vous que l'on puisse impunément, par exemple dans ces feuilles jésuites qui contiennent les informations mensongères dont je vous ai déjà parlé, colporter pendant des années la fable selon laquelle je serais un prêtre fugitif, pour ensuite simplement retirer une telle affaire en disant : "C'est quelque chose que l'on a entendu, mais qui n'a pas pu être maintenu" ? - Croyez-vous qu'on ait le droit de dire à un tel père jésuite : "Tu as retiré ce que tu as répandu" ? - Non, on doit lui dire : tu as manqué à ton devoir de la manière la plus irresponsable qui soit en lançant une chose sans la vérifier, et ton retrait ne signifie rien. - Aujourd'hui, la morale doit être prise au sérieux par les humains qui comprennent encore quelque chose à la morale. En parcourant le monde civilisé, nous n'avons entendu presque que des mensonges ces cinq dernières années, et nous vivons encore sous les séquelles du mensonge. Il est nécessaire de prendre ces choses au sérieux.
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Vous voyez bien transparent ici, à un exemple, comment les choses reposent. Si les choses ne sont pas portées dans la maison par le karma de telle sorte que l'individuel soit en même temps tout à fait déterminant pour l'universel, alors il se trouvera encore toujours des gens qui voudront consentir à des compromis, qui traiteront par exemple encore des calomniateurs comme un Ferrière comme un être humain avec lequel on s'entend sur l'égal et l'égal, alors qu'il fait partie de la lie des humains en écrivant sans conscience quelque chose qu'il accepte sans le vérifier. Ces choses ne sont plus permises aujourd'hui pour l'humain qui veut se tenir sur un terrain sain.
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Si je n'avais pas sous la main cet exemple de la naissance d'une chose, on ne me croirait pas si facilement qu'il existe aujourd'hui des usines de falsification de lettres, sur la base desquelles "on" traite ensuite les gens en public comme cela s'est passé dans cet article de journal.
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Mais c'est ce qui se passe aujourd'hui, toujours et encore, et une grande partie de ce que vous lisez ne consiste en rien d'autre qu'en la floraison de ce marécage moral, et il fait tout simplement partie aujourd'hui d'une conception saine, sérieuse et honnête du monde de savoir ces choses et de traiter ces choses en conséquence. Aujourd'hui, les gens ne sont pas autorisés à faire des compromis avec des personnes qui travaillent de cette manière avec la calomnie. Car ce n'est pas ainsi que l'on justifie le fait de dire : il faut être bienveillant envers tous les humains - l'amour envers tous les humains ! - L'amour envers de tels humains signifie un manque d'amour extrême envers ceux qui sont calomniés, qui sont déformés. Il s'agit pourtant de savoir où l'on doit mettre l'amour. Car aimer le crime ne peut jamais conduire à la guérison de l'humanité. Que de telles choses dussent arriver, on pouvait le prévoir. Mais on ne pouvait pas seulement le prévoir par la manière dont on a travaillé de certains côtés. Il suffit d'ouvrir la littérature jésuite qui a été publiée depuis la condamnation des écrits anthroposophiques par l'Église en juillet 1919. Il vous suffit d'examiner les humains qui y écrivent et de vérifier quels sont leurs accès à la vérité, et vous aurez naturellement tout ce qui doit finalement conduire à de tels marécages. Je ne veux pas parler aujourd'hui des sources tout à fait troubles que je connais très bien et dont la connaissance me permet de savoir comment toutes ces choses sont liées et comment elles ne sont qu'un début.
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J'aimerais seulement souhaiter que le moins de gens possible soient assez naïfs pour croire que l'on peut faire quelque chose avec des réfutations. Pour ces gens, il ne s'agit pas d'affirmer telle ou telle chose, mais seulement d'affirmer quelque chose de juteux, par lequel ils rabaissent l'autre. Ce qu'ils affirment, ces gens-là s'en moquent complètement.
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Mais il ne faut pas seulement tenir compte du fait que nous avons aujourd'hui parmi nous de nombreux humains qui travaillent de cette manière, mais il faut aussi tenir compte du fait que depuis des décennies déjà, nous avons dans le grand public, par somnolence, une large tolérance à l'égard de ces agissements, une volonté de ne pas regarder comment se fait l'opinion publique aujourd'hui. Mais c'est la partie la plus importante de ce qui peut conduire à une amélioration. Tant que des personnes du calibre du jésuite Zimmermann ou du professeur d'université Dessoir ne seront pas traitées de manière adéquate, aucun rétablissement ne pourra avoir lieu. Les humains qui se trouvent en face d'eux et qui ne leur prodiguent pas le traitement adéquat sont encore plus coupables que ces individus. Car ces individus font des affaires avec ces choses, même si c'est de manière aussi sordide que le professeur Dessoir. Je vous en ai parlé il y a quelque temps. Mais il s'agit de se réveiller enfin. Car d'un livre de Dessoir ou d'une critique de Zimmermann, il y a un chemin droit qui mène à ces marécages que j'ai pu vous caractériser. Je ne devais pas non plus l'évoquer autrement que dans l'intention de montrer les symptômes des forces qui agissent à notre époque pour abattre toute aspiration légitime pour l'esprit. Et c'est ainsi que je voudrais encore mentionner le fait que l'on m'a récemment donné ici un article qui était soi-disant destiné au Brockhaussche Konversationslexikon, pour lequel ce fameux Dessoir - chez nous seulement fameux ! - devait écrire les articles sur l'anthroposophie ; au moment même où il me faisait écrire ces articles par un intermédiaire, il écrivait son livre, ce livre de la honte. Mais imaginez maintenant le cas où cet article se trouverait ici, dans nos propres archives ! On l'y trouverait plus tard comme un article dont je serais l'auteur. Quelqu'un pourrait alors dire un jour : Oui, c'est bien Steiner qui a recopié l'article dans les archives à partir de l'article de Dessoir dans le dictionnaire et l'a revendiqué pour lui-même ! - Ce genre de choses peut se produire quand on n'est pas éveillé ! Les choses peuvent d'abord être volées par des voleurs littéraires, et ensuite elles peuvent figurer quelque part de telle manière que non pas celui qui les a faites, mais celui qui les a volées est considéré comme l'auteur, et que celui qui est l'auteur est considéré comme le voleur !
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La question morale doit être abordée aujourd'hui sous différents angles ; mais elle ne sera pas abordée de manière fructueuse par quelqu'un qui ne se trouve pas sur le terrain d'une saine science spirituelle. C'est ce que je voulais vous dire dans l'annexe à l'exposé d'aujourd'hui, en me basant sur l'histoire contemporaine.