triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch EnglishDutchSkandinaviskFrançais ItalianoEspañolPortuguês (Brasileiro)Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 

retour à Association ou cartel ?
Sur la voie d’une économie de l’entente

Structures hostiles à l’association
Octroi de crédit, propriété, interdiction d’entente
Harald Spehl


(récapitulation de Katharina Offenborn)

Au début devrait être tenté une caractérisation de l’associatif provenant de la conclusion de ce qui a été dit dans la contribution précédente : nous pouvons comprendre l’association comme un lieu, ou selon le cas, une institution de rencontre et donc :

  • Comme un endroit où peut avoir lieu une configuration d’image commune.
  • Comme un lieu de dialogue sur le prix pour des marchandises et prestations de service pour lesquelles il ne s’agit pas simplement d’un grand X, mais plutôt de ce qui se trouve derrière, à savoir : comment le prix se tient-il par rapport aux revenus, besoin et entourage social de l’acheteur ? Comment se tient-il par rapport à la sorte de production, la qualité du produit et l’environnement du fournisseur etc. ? Est-ce un prix correct, équitable ? Un tel dialogue ne signifie pas que les partis doivent être d’une opinion respectivement de braves gens. Aussi quand chacun a ses intérêts respectivement tout de suite alors, la rencontre est possible et sensée, la possibilité existe de configurer quelque chose ensemble.
  • En tant qu’institution d’un engagement personnel et non pas d’un engagement d’autrui, à l’occasion de quoi nous ne devons pas non plus, et cela va de soi, pratiquer une sorte de surmenage d’engagements personnel et mutuel.
  • Comme un espace d’ententes contractuelles : j’achète quelque chose, l'autre me vend quelque chose, nous nous mettons d’accord sur un prix, qui n’est pas simplement le résultat du jeu de l’offre et de la demande, mais inclut au contraire des conditions sociales du partenaire dans la discussion du prix.
  • Un lieu auquel peut se produire une configuration commune dans la réciprocité.

Des structures hostiles à ce genre d’association entravent, ou selon la cas empêchent ces formes désignées de rencontre. Notre question centrale résonne maintenant :
Que doit-il survenir, afin que des associations deviennent possibles ? Se représenter une action associative entre deux partenaires, c’est relativement facile. Pourtant, comment une configuration et une culture d’union de cette sorte sont-elles possibles en regard de l’ensemble de l’économie mondiale ? Est-ce que cela va absolument ? Trois exemples ici éclairent cette question :

Exemple 1 : prix de l’essence
Je voudrais faire le plein de mon véhicule et je me demande : Quel est le « prix correct» pour 1 litre de super ? 1.29 € est-ce un prix correct? le lundi matin, le prix est différent le plus souvent de celui du samedi ou du mardi matin. Quel est donc principalement mon partenaire de transaction pour cela ? Je ne peux pas m’adresser au préposé derrière le comptoir [s’il y en a encore un…, ndtDK], car il ne gouverne pas le prix. Le service principal de remplir les réservoirs automobiles n’est plus l’affaire principale des stations service, mais résulte de tout ce qui se passe tout autour : petits pains, boissons, journaux, etc. La plus grande partie du prix de l’essence sont des impôts, sans plus, que l’état détermine. Il est donc facile de penser que s’ils venaient à baisser, le prix de l’essence baisserait. Un sentiment d’impuissance s’installe quand on prend conscience qu’il n’y a plus personne de présent, que je puisse rencontrer pour répondre de la question du prix correct. À cela se rajoute un sentiment d’insécurité du fait que je ne sais pas réellement ce qui est correct — couplé à la conviction que je n’ai plus de souci à me faire, car c’est là le travail du marché et je dois l’accepter comme tel. Quand bien même le mécanisme du marché relevait le prix de l’essence à 2, 5€, je l’accepterais encore en grinçant des dents, car je ne peux rien y changer [Sans compter la pensée qu’éventuellement, grâce à la médiation de la Turquie, par exemple, je puisse rouler en ce moment-même — par dessus le marché, au sens propre cette fois — avec de l’essence qui a été extraite et acheminée puis vendue par Daech… ndtDK]

Comment pouvons-nous nous libérer de cette situation apparaissant sans issue ?
La plupart d’entre nous veulent que l’état contrôle les consortiums, afin qu’ils n’empochent pas des gains exorbitants. Et même si la production d’essence, dès le début du premier forage de pétrole, cause des nuisances environnementales qui ne sont pas du tout prises en compte dans le prix, l’état doit veiller à ce que cela soit corrigé. Dans toutes les étapes et instances jusqu’au pompiste, le danger existe en effet de nous retrancher derrière notre impuissance et d’exiger que quelqu’un d’autre crée un ordre différent. Si nous pouvions pourtant, en tant que clients, entrer en discussion avec ceux qui produisent l’essence, du trou de forage jusqu'à la pompe à essence, nous aurions de toutes autres dispositions.

Vu ainsi, il serait sensé de trouver des représentants pour nous en tant que consommateurs, de les légitimer et de les charger par nous de mener un dialogue avec les commerçants et producteurs, dans lequel, en tant que personne isolée, je ne peux pas entrer. Il n’existe aucune structure pour cela. Il y a bien des associations de consommateurs, mais qui ne parlent pas aux producteurs et détaillants, mais s’adressent plutôt à l’opinion publique, ou posent des exigences à la politique pour renforcer les consommateurs. Et l’organisation de l’économie pétrolière n’est pas un organe qui discute avec d’autres sur le comment de la production d’essence ou bien du transport de l’essence. Les consortiums pétroliers ne cherchent qu’à renforcer leur position dans les événements du marché. Des deux côtés on ne parle que pour soi, mais on ne se parle pas. Prenons le chemin de fer comme exemple supplémentaire.

Exemple 2 : Prix et qualité de voyages en chemin de fer
Je voyage en chemins de fer et j’achète sur Internet une carte de voyage Bahncard 50. Je trouve que c’est trop cher, la qualité du service est mauvaise et constamment, il y a des retards. — Où puis-je m’adresser pour cela ? L’employé du guichet m’a dit qu’il ne pouvait rien faire pour cela. Je tente de le faire par Internet, mais je n’obtiens pas de réponse. Mon vis-à-vis est un monopole, la Deutsche Bahn AG — elle nous appartient à tous, en tant que société à actions en propriété de l’état. Et si c’est l’état, c’est nous. Et donc, je peste en fait contre moi-même en tant que citoyen…

Les chemins de fer ont-ils pour objectif de garantir les meilleurs transports possibles ? Selon monsieur Grube le but visé de notre entreprise Deutsch Bahn AG, est de devenir un consortium international logistique, qui a en vue un certain rendement. Monsieur Mehdorn a reçu la charge de veiller à ce que la société Deutsche Bahn soit « maquillée si chic ! [comme une prostituée, en quelque sorte, ndtDK] » de manière à ce qu’elle séduise et soit reprise par des investisseurs privés sur le marché et détachée ainsi de l’état. En tant que client, cela insinue en moi le sentiment que je dois amener les politiciens à fixer un autre objectif aux chemins de fer. La théorie économique énonce qu’un détenteur de monopole veut sans plus maximiser ses profits. On doit donc le forcer à devenir meilleur, moins cher, plus ponctuel, en l’exposant au fouet de la concurrence.

Pourtant le réseau ferroviaire lui-même représente naturellement un monopole et appartient pareillement aux exploitants de la Deutsche Bahn. Au sens de la génération de concurrence chaque parcours doit être de temps en temps remis en adjudication. Ainsi les exploitants peuvent concourir et celui qui propose le meilleur prix en reçoit l’adjudication. Autour de Mayence, en dehors de la ligne principale, tout est desservi par des concurrents privés. La concurrence ne mène pas pour cela à ce que la Deutsche Bahn s’améliore, mais surtout à ce qu’elle se retire des lignes. Lorsque la nouvelle ligne de Francfort à Kaiserlautern, par Mayence et Sarrebruck, fut mise en exploitation, il apparut que le nouvel exploitant, qui en avait reçu l’adjudication, n’était pas du tout en situation de produire les prestations requises. Entre temps, cela s’est certes amélioré, mais il existe encore des pannes de train et des retards avec le nouvel exploitant . Nous voyons bien que la soi-disant solution du problème par la concurrence ne fonctionne pas.

Si l’on s’adresse au Conseil des usagers de la Deutsche Bahn, on peut certes présenter des doléances, mais il n’est pas dans ses attributions de négocier quoi que ce soit avec la Deutsche Bahn. Voilà de nouveau une organisation qui est censée défendre nos intérêts, mais qui n’entre pas directement en dialogue, ni n’est non plus élue par les usagers. En tant qu’usager, moi je ne suis engagée à rien vis-à-vis d’elle — je prends le train quand je veux.

La fréquentation des fournisseurs peu chers
Dans l’esprit d’une amélioration des chemins de fer par la concurrence les grandes lignes de bus — autrefois interdites car il fallait alors protéger les chemins de fer — ont été de nouveau autorisées. Les bus ont effectivement des prix avantageux et ont ravi des parts de marché si sensibles que cet automne pour la première fois depuis des années, il n’y a eu aucune augmentation des prix sur le trafic à longues distances du rail. Les êtres humains se ranbattent une possibilité moins chère de voyager mais pas si confortable.

Nous comptons donc sur ce que le chemin de fer, qui aimerait en vérité être un consortium logistique international, sera de prix plus valables et meilleur dans ses offres, à l’intérieur de la République fédérale. La concurrence comme solution. Mais est-ce que j’ai pensé en comptabilisant, à ce que gagne un conducteur de ces bus de grandes lignes peu chers, dont la prestation est si favorablement offerte ? Comment cela est sûr ? De quelles nuisances environnementales cela s’accompagne-t-il ? Maintenant je peux décider de nouveau personnellement de ne pas prendre le bus, car je considère les phénomènes qui les accompagnent comme incorrects — je ne peux donc que répondre individuellement à ce que je tiens pour correct ou bien exiger en général « que quelqu'un doit faire quelque chose ».

Une concurrence comme partie constitutive intégrale, oui, motrice de l’économie de marché, mène à ce que les participants doivent constamment vivre dans la crainte de leur position, car le système de la concurrence travaille avec la carotte et le bâton (NDT pour les allemands le pains sucré et le fouet en fait) : si tu es bon, ton concurrent reste sur le carreau, sinon tu tombes dans l’insolvabilité. C’est la sélection du marché qui engendre une peur existentielle latente. Cela n’est souvent pas vu du tout.
En tant que membres fondateurs d’une université en portage privé, nous discutons avec de nombreux entrepreneurs et nous leur demandons s’ils ne veulent pas nous avancer de l’argent pour le financement d’un autre genre de formation. Ils nous disent tous qu’il se retrouvent dans une lutte concurrentielle permanente, avec ceux qui proposent à meilleur marché, les Chinois, etc. C’est pourquoi ils veulent garder leurs bénéfices en réserve au cas où cela empirait pour eux. Nous le voyons bien : derrière la rencontre directe avec des commerçants et producteurs, un système de sélection règne qui produit de la peur.

Exemple 3 : vols et prix de vol
Si je n'aimerais voyager ni en auto, ni en chemin de fer et que je me décidais à voler, alors en bon allemand je devrais voyager avec la Lufthansa. Cependant qui pense encore ainsi ? Je recherche aussi les vols les moins onéreux et je trouve alors des offres si avantageuses que je dois me dire : c’est trop peu cher, la compagnie peut-elle couvrir les coût avec ce prix ?

Mais pour cela, le marché est compétent… J’abandonne donc ma responsabilité parce que je ne peux, sans plus, changer ces circonstances. Ou bien je prends consciemment une résolution personnelle de faire autrement et de payer le prix fort à une compagnie que j’estime meilleure, dont je pense que pilotes et accompagnateurs de vol sont rémunérés à meilleur tarif.
Bien, mais quelle est la situation à la Lufthansa ? Le conseil d'administationde la compagnie est coincé entre des fournisseurs peu chers sur des lignes intérieures et des fournisseurs peu chers du Proche-Orient pour des lignes internationales, parce qu’ils sont massivement subventionnés par les benéfices de l'exploitation pétrolières. Des deux côtés, la compagnie perd des clients et sait que les coûts de personnel sont le facteur décisif et que les fournisseurs payent nettement moins que Lufthansa. Dans la crainte de perdre encore plus de clients, la compagnie exige de diminuer les coûts de personnel. De nouveau beaucoup de peur est en jeu.
Pourtant, la Lufthansa ne nous appartient pas à tous, comme la Deutsche Bahn, elle appartient à des actionnaires qui attendent d’en retirer un rente déterminée. Son conseil d'administrationest dépendant d’eux, avant tout en ce qui concerne ses postes. En ce moment ont lieu de nombreux conflits du travail — car le personnel au sol, les préparateurs de vol et les pilotes, tentent tous d’assurer leur revenu, la qualité de leur travail et leurs assurances vieillesse. Leur seule et unique option c’est d’entrer dans des négociations tarifaires ou bien, en cas de doute, de faire la grève. C’est ce qu’ils ont fait.
Pour rester concurrentielle, l’entreprise Lufthansa fonde donc des lignes bon marché et baisse avec cela les salaires, pour de nouvelles conditions de travail comme les autres fournisseurs de vol moins chers. Cela se fait à charge de ceux qui sont occupés dans les nouvelles compagnies Germanwings et Eurowings. Maintenant les pilotes ont dit : si au cours de ce processus nous pourrions discuter avec la direction de la Lufthansa sur les objectifs de la compagnie, nous serions prêts aux compromis et nous accepterions des pertes de salaires et d’assurance vieillesse. Un tribunal décida que les employés portent certainement la compagnie, mais n’y appartiennent pas et que, pour cette raison, ils n’ont pas le droit de faire grève avec l’objectif de vouloir obliger ses dirigeants à changer leurs objectifs ; de nouveau un sentiment d’impuissance s’est donc installé, cette fois à l’intérieur d’une entreprise : d’un côté, la direction qui se trouve sous pression et, de l’autre, les employés qui ne sont pas autorisés à discuter des objectifs de l’entreprise, parce qu’elle ne leur appartient pas.

Des réformes posant des bases sont requises
Avec ces trois exemples, j’ai tenté de décrire des structures actuellement hostiles aux associations, à savoir hostiles aux ententes. Elles ont en commun dans la plupart des entreprises décrites, qu'elles appartiennent à des détenteurs privés de capitaux qui opèrent en elles, à la manière d’objets de fortunes vendables. Nous sommes avec cela dans la problématique, déjà décrite dans la contribution précédente, comme relevant de « l’économie du semblant de marché », à savoir le traitement du foncier, du travail et du capital comme des marchandises. La mise en économie de droits se déplace en jetant la confusion au sein de la véritable vie économique — la production de biens et de services, la circulation, la consommation — et empêche ainsi son ordre associatif.

Nous avons besoin d’autres formes de propriété, qui, par exemple, rendent impossible qu’en l’agriculture ou bien dans l’immobilier, la revendication préemptive du propriétaire du foncier sur la rente foncière fasse monter les prix et en rende de ce fait l’usage plus difficile. Nous avons besoin d’une autre manière de traiter le travail : non plus en le payant, mais en partageant le bénéfice qui est élaboré en commun dans les entreprises, et avec permettre le travail. Car si à l'exemple des banques les rapports de possession sur certaines parties de la communauté d’entreprise font valoir, des revendications de gain, alors que pour d’autres il n’y a que le reste pour lequel quoi ils doivent se battre, il est évident qu’il en résulte des conditions parfaitement fausses.

Sans changements en relation avec le foncier, le travail et le capital, et donc sans remise en cause du capitalisme, il ne pourra y avoir aucune économie associative dans une grande mesure. Mais ce serait faux de se positionner sur un collapsus du système ou bien de vouloir l’y amener par le truchement d’une révolution. Il n’existe aucune autre alternative raisonnable que celle d’aller vers de longues transitions en empruntant la voie de la conviction et des pas pratiques tout d’abord en petit. C’est pourquoi la question résonne : À quels endroits pouvons nous, chacun d’entre-nous, en des points déterminés du système, imposer des changements graduels ?

Si, au moment de la Réunification allemande, le texte de loi sur le droit foncier avait résonné « jouissance de propriété » et si on avait mis avec cela la jouissance des biens-fonds au rang des anciennes revendications de propriété, nous aurions aujourd’hui une autre République. Ç’aurait été un levier totalement fondamental aussi pour la réorganisation du droit foncier en Allemagne.

L'échec de la banque comme médiateur
Maintenant, trois exemples supplémentaires qui devraient illustrer les problèmes rencontrer avec des structures hostiles à l’entente dans le secteur bancaire et qui dépendent de l’acceptation erronée que l’argent serait une marchandise :
1. La banque entre emprunteurs et déposants
Représentons-nous deux êtres humains qui négocient un crédit. L’un a de l’argent à prêter, l’autre veut en emprunter. Il viendront en général en discutant à une configuration commune. Il ne s’agit pas seulement du montant du crédit et du taux d’intérêt ( 1 ) et de la part de bénéfice en cas d’investissement dans une entreprise, mais il s’agit aussi plutôt de savoir si l’on peut se faire confiance à l'autre (credere = avoir foi en). Aujourd’hui, dans notre monde de la division du travail, cette situation de rencontre directe n’est plus encore qu’extrêmement rare.
Si l’on veut proposer un crédit auprès d’une banque, c’est par contre un représentant de la banque, qui gère l’argent des gens qui ont le souhait de déposer leur argent. On devrait penser que la banque serait une sorte d’intermédiaire et son représentant un médiateur aidant tous les participants — emprunteurs et déposants — à configurer une image du processus : à l'emprunteur d’où vient l’argent et donner au déposant des indications sur où va aller son argent, bref : qui reçoit le crédit et pourquoi. Dans le cas normal on ne reçoit cependant pas ces informations.

2. Activité bancaire en tant que conseils au dépot
On s’attend à ce que le conseiller en placement demande au déposant pour combien de temps il peut se priver de son argent, combien cela sera dur pour lui s’il est perdant (= interroger sur sa structure de risque) et sous quelle forme il aimerait le placer. De fait, il en va aujourd’hui pour la plupart des déposants qu’ils sont régulièrement poussés à acheter certains produits profitables à la banque, parce que celle-ci est elle-même orientée sur le rendement. Beaucoup suivaient une recommandation de placement avec un super rendement, sans que le risque qu’il prenne soit nommé — et alors leur argent était parti… Étant donné que l’on ne pouvait plus s’en faire soi-même une image, ni que l’on ne faisait plus confiance au conseiller, l’appel retentit en direction de plus de sécurité — avec le résultat que le protocole du conseil fut rédigé d’avance : le conseiller devait être ainsi forcé à bien conseiller. Mais cela ne fonctionnait pas, parce que ce protocole servait purement et simplement à assurer la banque contre un faire valoir de revendications de la part des clients. Le client eu finalement la permission d'apposer sa signature de sorte que tout celà a sa conformité.
A nouveau un sentiment d’impuissance surgit chez la personne concernée et cela la fait réagir avec d’autres exigences. Ce temps ci dans le projet de loi il y a une « déclaration du caractère approprié» que l’on doit signer afin d’attester ainsi à la banque que l’on a bien été convaincu que le conseiller était approprié pour le conseil. Tout cela sont des tentatives inutiles de forcer le conseiller à bien conseiller ses clients sur la structure du risque et des représentations du rendement qu’ils peuvent en retirer.

Droit sur l’ouverture d’un compte
Tout être humain en Allemagne a besoin aujourd’hui d’un compte de virement. Sans compte, on ne peut retirer son allocation de chômage ni aucune rente. La condition préalable pour un compte était depuis longtemps un domicile fixe, dont au moins 100 000 personnes ne disposaient pas, — à présent se rajoutent encore les nombreux réfugiés. Les banques se sont imposé là-dessus une obligation librement consentie de laisser ouvrir un compte à chacun— avec l’effet que « l’anoblissement des clients » fut activé, tandis que les moins bons clients étaient envoyés baladés et envoyés plus loin. À présent, on a édicté une loi d’après laquelle tout un chacun qui souhaiterait ouvrir un compte peut aussi le faire, sinon il peut porter plainte contre la banque. MAIS : le prix n’en est pas mis en avant. C’est-à-dire que pour les frais de gestion du compte on peut de nouveau procéder à un « anoblissement des clients ». Le pas suivant serait donc d’exiger des comptes sans frais, ce qui de nouveau irait à la charge de la collectivité des clients et aux associés portant la banque.
Dans tous ces cas l’individu se tient vis-à-vis de la collectivité dans le sentiment d’impuissance d’une acceptation résignée — « C'est justement ainsi !» — ou bien renvoyé à la revendication vis-à-vis du « quelqu’un doit faire quelque chose ». Aucune de ces attitudes ne permet aux êtres humains individuels de devenir actifs. Nous sommes tous concernés par cela, chaque jour, quand bien même nous n’en sommes pas toujours conscients.
Les uns réagissent avec la revendication de supprimer tout le système, parce qu’il est insensé d’essayer de le bricoler en resserrant un écrou par-ici où par-là, lorsque pourtant toute la machinerie est faussée et malade. Je tiens pour possible un changement progressif de la situation — sur le « comment », j’y vient à parler dans la dernière partie.
Réactions sociétales
Après l’échec si spectaculaire de l’économie d’état, nous nous installons en tant que société dans l’effet correcteur de la concurrence de l’économie de marché [à tout crin, ndtDK]. Cela sera déjà transmis dans les écoles, s’infiltre dans les écoles professionnelles, les écoles de commerce jusqu’aux universités et repose totalement dans la ligne d’une « mise en économie de la formation ».
Le modèle reposant à la base de l’économie dominante part du fait que tout être humain est un égoïste, d’orientation matérialiste, maximisant son profit en ne suivant que son intérêt strictement personnel. Au moyen du principe de concurrence et de l’extorsion de son observance au moyen de la loi sur les cartels, on croit pouvoir provoquer que l’égoïsme sera de lui-même poncé. Une grande partie des économistes tentent même de prouver au moyen d’un modèle qu’il en est bien ainsi.

Contradiction d’idéologie et de pratique
La réalité réfute pourtant la théorie qui se révèle avec cela comme une idéologie [une de plus ! ndtDK]. Des entreprises n'agissent fréquemment pas en conformité aux règles de l’économie de marché, parce que l’offre de la concurrence et l’angoisse qui en naît devant l’échec amène les participants à aspirer à la coopération pour des raisons de sécurité. Si l’on y regarde donc exactement, on voit dans notre système deux forces contradictoires à l'oeuvre : une idéologie de la concurrence et une pratique de la coopération. Les participants au marché ne s’en tiennent pas aux règles du jeu qui ont été mises en place, mais tentent au contraire de les modifier, en ce qu'ils s'associent. Une forme du regroupement est le cartel qu’ on cherche à empêcher au moyen du droit des cartels (loi contre les restrictions à la concurrence [GWB : Gesetz gegen Wettbewerbsbeschränkungen], loi contre la concurrence déloyale).

  • Ces cartels horizontaux sont des accords d’entreprises de même sorte, qui se concertent entre elles et visent de cette manière un prix élevé unitaire.
  • Une cartélisation perpendiculaire s’accomplit à l’intérieur de la chaîne de création de valeur : les concertations vont alors des producteurs par les négociants jusqu’aux vendeurs.
  • Les cartels de secteur fonctionnent selon la devise : Tu fais tes affaires là-bas, moi, je fais les miennes, ici — nous ne nous faisons pas concurrence.
  • Une alternative au cartel classique c’est l’accumulation de capital. Sur la base du droit de la propriété des positions de pouvoir surgissent qui permettent à des entreprises financièrement puissantes d’en acheter d’autres et à se voir ainsi débarrassées des concurrents. C’est de cette manière que de toujours plus gros consortiums prennent naissance [pour les banques, on dit ensuite qu’elles sont « too big to fail », « trop grosses pour faillir » et donc l’état les renfloue.., même si elles sont bien « pourries » à l’intérieur, ndtDK.]

 

La fusion, au contraire du cartel n’est pas simplement interdite. Toutefois on cherche à l’empêcher par les contrôles de fusion de sorte que des fusions mènent à des positions dominantes qui limitent la concurrence sur le marché. Déjà à l’encontre d’un cartel classique, l’état boîte fréquemment au loin derrière la réalité des ententes. L’instrument du contrôle des fusions est encore plus émoussé dans la pratique, pourtant le ministre des finances, par le recours au §42 de la GWB [Gesetz gegen Wettbewerbsbeschränkungen] peut encore nonobstant permettre une fusion qui a été interdite par l’administration des cartels, lorsqu’il se présente un intérêt soi-disant proéminent pour la collectivité.
Nous tombons de cette manière dans un cercle de faillite du marché et faillite de l’état. Sans l’état le marché n’est pas en situation d’imposer ses propres règles, c’est pourquoi l’état doit contraindre à l’observance de ces règles : il doit donc protéger le marché (« défense du marché »). D’un autre côté dans certains domaines où le marché échoue malgré tout, il doit cependant intervenir, en le complétant ou bien même en le remplaçant. Ainsi menacent des immixtions de l’état non conformes aux choses [par exemple, renflouement de banques au lieu de faillites déclarées, ndtDK], et des surrégulation et avec cela des faillites de l’état, qui provoquent et relancent à nouveau en retour un appel au marché.

Pour maintenir le système de concurrence à tout prix, chaque sorte de coopération sera placée sous la suspicion : Si les gens font ensemble, ils le font au coût des autres. » C’est un obstacle structurel central pour le processus d’entente qui a été décrit au début. Mais supprimer la totalité de la loi sur les cartels, ne serait pas non plus une solution. Car cela conduirait à une « économie de puissance » face à laquelle nous serions plus impuissants encore que vis-à-vis de celle existante.

Notre dilemme, c’est le centre manquant ! Un troisième élément entre état et marché n’est même pas du tout pris en compte.

Associer — une troisième voie
Y-a-t-il un élément tiers entre l’état et le marché ? La réponse est : oui, cela est — la volonté de changement des individus, qui se réunissent de plus en plus. Car nous construisons sur ce que tout changement à notre époque, dans notre société, doit partir de l’individualité et de ses forces de responsabilité.

Bien sûr, chacun de nous fait aussi des compromis chaque jour. « Tout faire autrement d’ici demain », nous ne le ferons pas. Car les obstacles structurels sont immanents au système, et aussi en nous, cela nous devons le comprendre. L’idéologie, qui nous rencontre de partout toujours de nouveau, l'attitude, selon laquelle nous ne serions pas nous-mêmes co-responsables, puisque le marché ou selon le cas l’état et sa faillite, aurait à se préoccuper du problème, nous corrompt tous.

Mais cela ne doit pas servir de faux-fuyant pour ne rien faire. Dans le domaine politique, économique et social, il y a de nombreuses possibilités de faire quelque chose. Et il existe beaucoup d’exemples, petits mais bons, que l’on peut soutenir et renforcer. J’ai l’espoir qu’ils gagneront de ce fait en importance et deviendront toujours plus grands. Chacun peut :

  • En petit, dans son propre entourage, privilégier les commerçants qui révèlent d’où viennent leurs marchandises et acheter sur le marché de la semaine, participer à des communautés de producteurs-consommateurs, ou bien les appeler à la vie [surtout autour des fermes bio-dynamiques, ndtDK] et ainsi de suite ;
  • Agir politiquement pour que soit surmonter le soupçon général d’emploi abusif à l’encontre de la coopération et élargit le cadre juridique pour les, possibilités de coopérations associatives ;
  • Voir dans quelles institutions existantes on pourrait travailler à des changements, au moyen desquels celles-ci deviennent aptes à la collaboration aux processus associatifs. En Allemagne, dans le domaine économique, nous avons une organisation pour tout : une fédération d’employeurs, une fédération d’industries, une fédération des laiteries, des fermiers, etc. Mais avec qui parlent-elles ? Avec l’aide des médias, elles renforcent leur position contre toutes les autres, font pression sur la politique, mais ne discutent pas entre elles ;
  • Faire connaître de bons exemples et les soutenir (fair Trade, GLS-Bank, etc.). Plus il y a de gens soutenant des efforts dans la bonne direction, mieux c’est.

 

Les espaces d’action au sein desquels l’individu peut agir sont divers. Pour ma part, je tente dans le domaine de la formation, dans lequel je suis actif, d’aider les gens de voir autrement les rapports économiques. Chacun peut faire pareil dans son domaine d’activité.
Sozialimpulse 4/2015 pp.8-13.
(Traduction Daniel Kmiecik, revue F.G.).
( 1 ) La problématique du taux en tant que telle nécessiterait une présentation propre ; Voir Udo Hermannstorfer, Semblant d’économie de marché, à l’endroit cité dans la contribution précédente chapitre « Maîtrise sociale organique du système monétaire » .