1906 - L'année de Rudolf Steiner

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1905 < ....... 1906 ........ > 1907

Replacer dans son contexte

Le début de l'année 1906 amena un nouveau voyage en Suisse. La branche Ekkehart a été créée à Saint-Gall le 7 janvier. Pendant la longue absence de Rudolf Steiner, les responsables de la branche ont été confrontés à la tâche difficile de maintenir le travail sur place dans la continuité spirituelle. Nous devrons rendre compte plus en détail plus tard de la multiplicité de la conception de ce travail de branche. Le soir de la fondation de la branche de Saint-Gall, Rudolf Steiner a donné une conférence publique sur « Les enseignements de sagesse du christianisme ». C'est ainsi que d'autres cercles ont également été rendu attentif au travail d'étude silencieux dans les branches se rattachant alors. Il s'est exprimé sur le même sujet à Zurich le 8 janvier. Les 9 et 10 janvier, une conférence de branche a suivi à Lugano sur « Esprit, âme, corps » et devant un public invité sur « L’éphémère et l’éternel ». A Bâle, le problème de la polarité de la pensée de l'époque a de nouveau été appelé à la conscience du public lors d'une conférence publique sur « Darwinisme et théosophie » du 11 janvier. La même question a été traitée par des conférences en Alsace le 12 janvier à Colmar : « L'origine du monde et la descendance de l'homme », suivies d'une tournée de conférences dans de nombreuses villes allemandes, au cours de laquelle il a fait connaître les nouveaux éléments fondamentaux des enseignements sur l’évolution selon la science de l’esprit à des cercles plus larges.

C'est à Munich que les premières impulsions ont été données pour le développement artistique du mouvement, qui a ensuite trouvé son soin particulier dans cette ville. Il y avait déjà parlé de « l'art et des artistes » en 1905 (10 novembre) et avait choisi les thèmes « Beaux-arts » et « Art sonore » pour l'esprit de cette ville dans les conférences des 17 et 18 janvier 1906. Ce qui a été investi ici, a ensuite trouvé sa généreuse réalisation dans la deuxième septaine de vie du mouvement à travers l'inauguration des « Drames-Mystères », appelant tous les arts à une nouvelle vie. Il est extraordinairement révélateur d'observer comment Rudolf Steiner a aussi traité le génie des lieux, la sphère de la force créatrice d'un pays ou d'un lieu dès le début comme une réalité spirituelle et l'a choisi pour la naissance de nouvelles impulsions.

 Le 20 janvier à Marburg, il a ensuite choisi le thème « Le concept de l'Esprit dans la philosophie allemande » pour une conférence organisée par des étudiants, dont nous avons déjà décrit la préhistoire sur la base de conférences précédentes (voir p. 56), et à Kassel, en tenant compte des intérêts particuliers des étudiants en philologie de Kleeberg : « La signification spirituelle de la musique et de la langue sanscrite ». Le passage suivant dans les souvenirs de Kleeberg est caractéristique de l'accompagnement personnel de ces étudiants dans les préoccupations de leur vie : que lui, qui a fluctué intérieurement entre les exigences [83] de ses études universitaires, les nécessités de sa future profession extérieure, et le dévouement spécial à l’œuvre de Rudolf Steiner comme jeune humain, à cette époque, écrit la directrice de la branche de Munich qui était amie avec lui : « Tu te souviens certainement comment le docteur a toujours insisté auprès des étudiants : d'abord obtenir un poste dans la vie et faire son devoir au plus haut degré, alors seulement travailler dans la théosophie ». Et l'étudiant ajoute dans ses souvenirs : « On ne peut pas pensée une telle exigence détachée de la pratique de vie de Steiner ». Plus tard, nous avons toujours de nouveau vécu comment Rudolf Steiner, en conseillant les jeunes humains qui l'approchaient avec de telles questions, leur donnait constamment l'orientation d'acquérir d'abord toutes les connaissances qui peuvent être acquises dans le monde extérieur, à travers les études universitaires et la pratique de vie, et de remplir tous les devoirs que la communauté sociale, familiale et professionnelle place sur eux, et seulement quand cette condition préalable peut être pleinement remplie consacrer en même le temps libre et développement intérieur à la formation spirituelle. La conception du devoir de Rudolf Steiner envers lui-même et ses élèves a toujours été exemplaire et pourra toujours de nouveau être rappeler à la mémoire de ceux qui s'occupent de son œuvre.

Une conférence du voyage de conférences de cette époque mérite également d'être mentionnée : « Les idéaux de l'humanité et les idéaux des initiés » à Stuttgart le 15 janvier et « L'avenir des humains et des grands initiés » à Kassel le 22 janvier. Nous avions déjà décrit les idées de base de ces conférences à la page 73. Celles-ci ont été complétées dans les versions de 1906.

 En février, il a repris sa série régulière de conférences publiques au Berliner Architektenhaus. Ici maintenant le phénomène étrange doit être considéré que deux des premières conférences de cette série portaient le sous-titre « Ésotérisme ». A première vue, il semble y avoir une contradiction dans le fait que les conférences publiques de la Maison des architectes traitent d'ésotérisme, c'est-à-dire quelque chose qui jusqu'à présent n'a été traité et préservé que par les cercles qui gardaient ce savoir dans la sphère la plus étroite et close de peu d’humains. Mais cela révèle à son tour le phénomène d’évolution que Rudolf Steiner tenait aussi des voies complètement nouvelles comme nécessaires, une décision qui l'amena alors à s'opposer consciemment et délibérément à certains cercles de soi-disant « occultisme » qui voulaient continuer à cacher ces choses au public et à l'humanité entière. C'est là qu'apparaissent sans cesse les contextes des différents d'importance fondamentale, que nous expliquerons plus en détail plus tard, lorsqu'ils muriront en décision après la phase importante de développement de 1907-1909.

La série de conférences de 1906 commença par un portrait des mystères grecs d’Eleusis, ce à quoi il rattacha le drame de Schuré « Les enfants de Lucifer », déjà mentionné pour la première fois en 1902. Nous avions déjà montré [84] que Rudolf Steiner reconnaissait que la tradition spirituelle issue des mystères égypto-grecs et chrétiens était la plus adaptée aux nouvelles tâches et qu'elle contrastait avec le courant orientalisant que d'autres milieux avaient suivi. C'est ainsi qu'il a également complété la représentation de ces mystères grecs dans les premières conférences du 22 février et du 1er mars maintenant le 8 mars par la confrontation des « enseignements secrets germaniques et indiens ». Dans la conférence suivante (15 mars), il a parlé des « Théosophes allemands du début du 19ème siècle ». Depuis lors, les recherches historiques sur la base de ces indications de Rudolf Steiner ont clairement prouvé, que de telles connaissances, comme par ex. celles de la réincarnation de l'humain, sont non seulement vérifiables historiquement dans les enseignements indiens, mais indépendamment d'eux également en Europe, c'est-à-dire dans les traditions germano-celtiques, et ont également été préservées jusqu'au XIXe siècle par des représentants importants de la vie de l’esprit*. Les conférences suivantes (22 et 29 mars) ont donné une interprétation plus exotérique des anciens mythes et mystères dans la substance primitive, que Richard Wagner, par exemple, a rendus à nouveau accessibles, dans la figure mythique de Siegfried, du crépuscule des Dieux et avant tout dans le rapport au courant du Graal et la figure du Parzival. Les dernières conférences de ce cycle (du 5 avril au 3 mai) ont décrit l'évolution cosmique respectivement « planétaire » et l' « évolution intérieure » humaine, ainsi que deux figures du mysticisme médiéval, Paracelse et Jakob Böhme. Il a ensuite donné une série de conférences sur des sujets parents dans d'autres villes, dont le point culminant a été le motif de la conférence donnée à Bâle, le lieu des cycles sur les évangiles plus tard : « Le mystère chrétien ».

Parmi les sujets qui ont été traités entre-temps, il convient de souligner une conférence le 14 mars sur « Maladie et hérédité », le 3 avril sur « Dante », au sujet de l'initiation par son professeur Brunetto Latini de laquelle il a ensuite parlé plus en détail ; le 21 avril sur « L’intérieur de la Terre », une représentation des êtres et sphères de forces de ce royaume encore si inconnu, et le 30 avril sur « Les entités Lucifériennes ». Le 14 mai, il a parlé « Sur l'éducation », ce qui a été le prélude aux conférences pédagogiques de l'automne.

En juin, le Congrès de la Fédération des sections européennes s'est tenu à Paris, avec des participants de tous les pays se réunissant et choisissant chaque année un pays différent. Le Congrès a été ouvert le 3 juin au Washington Palace, rue Magellan, par le Président de la Société théosophique, se tenant dans un âge très avancé, le Colonel H. S. Olcott.

* En plus des travaux fondamentaux de Rudolf Steiner, voir aussi : E. Bock : "Vies terrestre répétées. L'idée de réincarnation dans l'histoire intellectuelle allemande" ; Dr. Guenther Wachsmuth : "Images et contributions au mystère et à l'histoire spirituelle du genre humain" ; C. Englert-Faye : "Individualité éternelle" ; P. Krause : "Maximilian Drossbach, Un enseignant de la réincarnation et de connaissance de l'être" ; Hugo Reimann : "Henry Mores Signification pour le présent" ; entre autres. [85]

Originaire des États-Unis, il était devenu le collègue de travail de H.P. Blavatzky et avait longtemps vécu au Centre de la Société théosophique en Inde. Il convient de mentionner, dès son discours d'ouverture au Congrès de l'époque, qu'il avait expressément souligné que « le principe de la société accorde à chaque individu une liberté d'action sans restriction », et pour le travail accompli à Adyar par lui et Mme Besant à cette époque « la société n'est pas responsable » ; deux principes qui n'ont malheureusement pas été respectés par Mme Besant en sa qualité de successeur, qui ont ensuite conduit aux divergences entre Mme Besant et Rudolf Steiner et à la séparation de ce dernier de la Société théosophique. Sous la présidence du colonel Olcott en 1906, ce principe crucial de liberté était encore pleinement garanti. Le lendemain de l'ouverture, le lundi de Pentecôte, Rudolf Steiner a donné à Paris, sa première conférence sur « La théosophie en Allemagne il y a 100 ans ». Alors qu'il avait parlé de Goethe au Congrès de Londres l'année précédente, il évoquait maintenant, au Congrès de Paris, les grandes personnalités de la vie allemande de l’esprit qui avaient gardé la tradition spirituelle jusque dans le XIXe siècle. Dans cette conférence, il a rappelé aux influences des mystiques depuis le 14ème siècle, aux œuvres de Paracelse et Jakob Böhme, à la substance spirituelle de Lessing, Herder, Goethe, Schiller, Fichte, Schelling, Hegel, Kleist et avant tout aussi Novalis. Il a mentionné le traité du jeune Schiller « La Théosophie de Jules » et montre qu'une véritable théosophie s'est développée en Europe, indépendante des influences orientales. Enfin, il a expliqué le sens central du concept de "je" chez Fichte, la « Philosophie de la mythologie et de la Révélation »  de Schelling, et les travaux d'Ennemoser, G. H. von Schubert, Kerner et Troxler, qui, comme donc mentionné précédemment, avaient déjà formulé philosophiquement une « anthroposophie ». Le travail de ces personnalités représente une étape préliminaire au travail qui doit maintenant être fait. On peut se représenter comment cette ligne de développement/d’évolution tracée par Rudolf Steiner s'est tenue étrangère dans ces cercles qui, autrement, ont eu leur mot à dire dans ce Congrès, et quelle conséquence inébranlable il a fallu pour s'engager dans cette voie au milieu de courants si divers.

 C'est ce qu'ont également exprimé avec force les activités continues de Rudolf Steiner pendant le Congrès et ses conférences précédentes et ultérieures à Paris. Ces dernières étaient la continuation du cycle que Rudolf Steiner, à l'invitation d'un groupe de membres russes, avait initialement tenu dans leur cercle, qui a été élargi par des invités. Le désir de nombreux participants au Congrès de pouvoir participer à ces conférences a également incité le Secrétaire général de la Section française à mettre à sa disposition la grande salle de la Section à cette fin. Dans les pages qui suivent, nous vous présenterons l'histoire, la nature et le contenu de cette importante série de conférences. [86]

Dans les derniers chapitres de son livre "Mein Lebensgang" (NDT : « Le cours de ma vie »), Rudolf Steiner parle de la ligne intérieure de développement/évolution qui a conduit à ces événements :

« Pour moi, le temps jusqu'à mon cycle de conférences à Paris est d'abord quelque chose de fermé dans l'âme comme processus d’évolution. J'ai donné ces conférences en 1906 pendant le Congrès. Des participants au congrès avaient exprimé le souhait d'entendre ces conférences en plus des événements du congrès. J'avais fait la connaissance personnelle d'Edouard Schuré à Paris à cette époque, avec Marie von Sivers, qui correspondait avec lui depuis longtemps et qui s'était occupée de la traduction de ses œuvres. Il était dans le public. J'ai donc aussi eu le plaisir d'avoir le plus souvent Mereshkowski et Minsky et d'autres poètes russes parmi les auditeurs. - Dans ce cycle de conférences, j'ai donné ce que je sentais être « mûr » en moi des perspectives spirituelles guidant l'être humain.

Ce « sentiment de maturité » de la connaissance est quelque chose d'essentiel pour explorer le monde spirituel. Pour avoir ce sentiment, il faut avoir expérimenté une vision qui émerge d'abord dans l'âme. Au début, on l’éprouve comme peu éclairante, comme floue dans ses contours. Il faut la laisser s'enfoncer à nouveau dans les profondeurs de l'âme pour « mûrir ». La conscience n'est pas encore assez loin pour saisir le contenu spirituel de la vue. L'âme dans ses profondeurs spirituelles devait être unie à ce contenu dans le monde spirituel sans être perturbée par la conscience.

Dans la science de la nature extérieure, on n'affirme une connaissance plutôt lorsqu'on a terminé toutes les expériences et observations sensorielles nécessaires et que les calculs en question sont irréprochables. - En science de l’esprit, la rigueur méthodique et la discipline cognitive ne sont pas moins nécessaires....

Dans le cycle de conférences de Paris, j'ai présenté une façon de voir qui a du traverser une longue « maturation » dans mon âme ».

Les rapports des participants nous ont aussi fourni de précieux détails sur ces événements. C'est ainsi que l'on retrouve dans les mémoires publiées par C. Schneider qu'Edouard Schuré décrit les expériences suivantes *.. :

 « En 1902, Marie von Sivers m'avait écrit pour la première fois sur Rudolf Steiner, au sujet de cette personnalité dont les réalisations dominaient tout ce qui, jusqu'à présent, avait été enlevé du trésor ésotérique par les humains. En 1906, Rudolf Steiner est venu à Paris avec Marie von Sivers pour tenir des conférences...

Bien que je m’attende à ce qu'une personne qui, après tout ce que j'avais entendu et lu à travers Marie von Sivers, puisse être un compagnon de route à mes objectifs, j'étais encore un peu indifférent (les conditions de temps avaient amené cela avec elles) quand Rudolf Steiner est venu à moi.

Comme il se tenait sur le pas de la porte et me regardait avec des yeux qui trahissaient une connaissance des profondeurs infinies et des sommets de l’évolution, avec son visage presque ascétique qui, en même temps, exprimait et inspirait la bonté et la confiance illimitée, il me fit une impression boulversante que je n'avais ressenti que deux fois dans ma vie, et en partie moins forte (chez Richard Wagner et Margherita Albana Mignaty). Deux choses m'ont été très claires en une fois, avant que Rudolf Steiner n'ait parlé : pour la toute première fois, j'étais certain d'avoir un initié devant moi. J'avais longtemps vécu en esprit avec des initiés de l'antiquité, dont j'ai pu retracer l'histoire et l'évolution. Et là, enfin, s’en tenait un devant moi sur le plan physique.

 * C. Schneider : « Les rencontres d'Edouard Schuré avec Rudolf Steiner ».

[87]

Et encore une deuxième chose était claire pour moi dans ce court instant, car nous avons tout oublié autour de nous et nous n'avons fait que regarder l'un dans l'autre : J'étais certain que cette personne devant moi jouerait un grand rôle dans ma vie ».

Et Schuré rend compte de ses impressions pendant les conférences de Rudolf Steiner :

« Au début, c'était leur force plastique. Quand il parlait des apparitions et des événements du monde suprasensible, c'était comme s'il y était chez lui. Il racontait en langage familier ce qui se passait dans ces régions inconnues, tant par les détails étonnants que par les processus apparemment ordinaires. Il ne décrivait pas, il regardait les choses et les scènes et les laissait voir, ce par quoi les phènomènes cosmiques vous venaient comme des choses réelles du plan physique. Quand on l'écoutait, on ne pouvait pas douter de sa vision spirituelle, qui était aussi claire qu'une vision physique, mais beaucoup plus largement déployée.

Une autre caractéristique remarquable : chez ce philosophe mystique, chez ce penseur et visionnaire, tous les processus de l'âme étaient en liens aux lois immuables de la nature physique. Ces lois servaient à expliquer les phénomènes spirituels.....

 En ce qui concerne l'effet des conférences, il était surtout clair pour moi qu'une grande distance séparait la doctrine indienne, qui avait pris une place trop grande dans la théosophie de l'époque, de ce que Rudolf Steiner proposait ici. Après tout, il a été accusé à plusieurs reprises de vouloir simplement européaniser la religion indienne. Pour la première fois, j'ai reconnu là, et j'ai été fortifié dans ma propre recherche et connaissance, que ce que Rudolf Steiner a donné avec l'anthroposophie n'avait pour centre que le Christ, et qu'il a donné ce qu'on pouvait appeler et appelait alors la Théosophie chrétienne (1906), pendant que donc le reste de la Théosophie était vraiment seulement orientale. Les membres de la Société Théosophique française, qui constituaient une grande partie du public de la Salle Reynouard, ont été très surpris par cette tournure des événements. Pour eux, la théosophie a soudain semblé avoir gagné un autre côté, bien qu'un peu plus difficile, mais beaucoup plus clair. Avec ce qui leur était offert, ils se voyaient mieux transportés dans le présent, bien qu'ils ne se rendaient guère compte qu'ici le véritable ésotérisme chrétien renaissait à nouveau ».

Nous avons reproduit ces expériences d'un participant en détail, parce qu'elles montrent clairement qu'à l'époque déjà, les personnalités les plus importantes avaient clairement reconnu que le mot « Théosophie » avait un sens et un contenu complètement différents chez Rudolf Steiner que dans les autres directions de ce terme, et qu'il était aussi immédiatement reconnu que Rudolf Steiner avait des traditions spirituelles complètement différentes, et apportait aussi quelque chose de complètement nouveau, issu de l'esprit d'une nouvelle époque, qui lui était propre.

Les visiteurs du Congrès étaient souvent insatisfaits des négociations officielles, ils cherchaient d'autres sources de nourriture spirituelle et ont donc demandé à participer au cycle dit russe qui avait commencé quelques semaines auparavant. Indépendamment des événements généraux, un [88] cercle d’humains s'était formé et s'était réuni pour la première fois dans un appartement privé à Passy. Dans un rapport ultérieur, Mme Marie Steiner raconte de ces événements qui se sont déroulés en dehors du Congrès dans des cercles plus restreints, qui ont beaucoup plus respiré l'esprit de ce premier travail de construction et l'enthousiasme utile de toutes les personnes impliquées. Au cours des années précédentes, les conférences de Rudolf Steiner à Berlin avaient attiré non seulement des participants réguliers et des visiteurs d'autres pays européens, mais aussi un certain nombre d'amis russes intéressés par la science de l’esprit, qui l'avaient invité à transmettre le message de la recherche en science de l’esprit en Russie. Comme les effets de la guerre de 1904-1905 entre la Russie et le Japon l'ont empêché, les intéressés ont demandé l'autorisation de tenir ce cours à Paris, ce qui se laissait lier à une visite au Congrès. Mme Marie Steiner parle de cette préhistoire, après avoir mentionné les voyages de conférences de Rudolf Steiner de l'année dernière :

 « Il commença un afflux d'amis à Berlin et ils espéraient là en entendre beaucoup plus à ce sujet. C'est ce qui a donné naissance aux premiers cycles. Dès 1904, un tel développement mondial a eu lieu à Berlin. Et en 1905, un groupe de personnes qui s'y étaient rendues spécialement à cette fin a été autorisé à recevoir 31 conférences dans mon salon. L'admiration, l'étonnement, le respect qu'ils ont éprouvé sont devenus leur bien durable et un appui de vie. Le monde était devenu plus lumineux, la vie avait pris un sens, la bonne nouvelle devait être portée plus loin. Il y a eu chez les Russes, qui avaient vécu cette fois-ci, le désir de laisser inonder leur pays, qui avait tant besoin de lumière, d'une telle quantité de lumière. Nous avons organisé pour juin 1906 un cycle de conférences sur un bien à Kalouga.

 Ça ne vint pas en l’état. Ce fut l'année de la révolution qui suivit la guerre du Japon. Les conditions étaient incertaines. Les amis russes ont demandé à être autorisés à organiser ce cycle à Paris, où il y a toujours eu une grande colonie russe. Rudolf Steiner était d'accord ; c'était aussi l'année où les Théosophes tenaient leur congrès général à Paris. À l'origine, notre cycle n'avait rien à voir avec le Congrès. Mais il s'est agrandi, car de plus en plus de gens s'y sont précipités, il a fait saillie au temps du Congrès, et finalement nous avons dû quitter notre villa idyllique de Passy et entrer dans les salles officielles de la société théosophique française, où, cependant, beaucoup de coup d’œil défavorables nous ont atteint des yeux des gardiens français du dogmatisme théosophique....

 

Je voudrais dédier quelques mots à la villa de Passy, Rudolf Steiner y a travaillé avec tant d'amour qu'elle nous a apporté un destin amical, afin que nous puissions y accueillir les auditeurs pendant un mois sans être dérangés quotidiennement. Dans le salon, se pressaient chaises à chaises, les planches que nous avons trouvées dans le jardin étaient posées sur des valises ; les gens étaient aussi assis dans l'antichambre. Nous n’avions pas dégoté de service. L’aménagement et le déménagement ont donc été effectués par notre petit cercle lui-même, ainsi que notre restauration  au sous-sol, où nous cuisinions, mangions et lavions la vaisselle en même temps et où de nombreuses personnes au nom littéraire étaient nos invités. L'intimité s'en trouvait augmentée, l'essence en sortait plus forte. Aucun serviteur n'est entré dans nos chambres, ce n'était pas seulement une évidence pour nous, mais aussi un plaisir de tout faire nous-mêmes, que le travail spirituel pouvait porter et soutenir. - Étonnement et admiration aussi ici dans les yeux des auditeurs. « On passerait l'Atlantique, pour écouter ces conférences », a déclaré Schuré, qui n'a jamais manqué une conférence. [89] Destinés à l'origine aux Russes, bientôt vinrent aussi des Anglais, des Hollandais, des Français. Outre les porteurs de noms littéraires tels que Balmonte, Minski, Mereschkowski, S. Hippius, Schuré,  vinrent ici, comme partout, ceux qui, brisés par le destin, sont venus demander de l'aide à Rudolf Steiner ».

A la fin du congrès officiel, qui s'est déroulé en même temps, le nombre croissant de personnes intéressées a été invité à une série de conférences, qui ont maintenant lieu dans des salles plus grandes et dans lesquelles Rudolf Steiner a communiqué ses propres résultats de recherche spirituelle à un cercle élargi. C'est ainsi que le grand travail du congrès et la formation plus intime et plus intensive en sciences de l’esprit se sont déroulés systématiquement côte à côte.

Et dans une lettre de juillet 1906 de la directrice de la branche de Munich présente, à l'étudiant Kleeberg, nous trouvons le rapport suivant : « Le Dr Steiner vous a probablement donné peu de détails sur le Congrès de Paris, puisque le seul grand événement du Congrès dans un sens positif était le grand succès du Dr Steiner. Il a donné une série de 16 conférences - au total il y avait 23 conférences à Paris - l'une plus magnifique que l'autre. Le cercle des auditeurs ne cessait de s'élargir. Nous avons commencé avec 14 dans notre appartement – des Russes et des Allemands - et bientôt c’était plus de 60, puis nous avons obtenu la salle de la branche après le congrès, et le nombre d'auditeurs de tous pays a augmenté.... C’étaient tous des gens de haut rang, intelligents et en partie célèbres, comme Edouard Schuré et le poète et philosophe russe Minski, etc. qui se sont assis aux pieds de leur maître finalement trouvé. Bien sûr qu'il ne pouvait pas vous le dire lui-même ; il ne fait que son travail et ne parle d’aucun succès ». - Le cycle de conférences qui s'est tenu en dehors du Congrès à Paris du 5 au 14 juillet 1906 a donné un aperçu de l'évolution du cosmos, de la terre et de l'homme telle qu'il l'avait reconnue dans le processus de maturation de la recherche (voir page 87). Dans l'ouvrage "Mein Lebensgang", Rudolf Steiner, en repensant à l'époque de ses 35 ans, a déjà écrit le savoir de cette époque : « Le monde entier, en dehors de l'humain, est une énigme, la réelle énigme du monde, et l'humain lui-même est la solution ». Au début de 1906, il avait écrit un dicton/verset à une membre, M. Scholl, à sa demande dans son Nouveau Testament, c’était :

« Dans le cosmos un mystère est caché ? Cependant l'humain lui-même est la solution ! »

Il a travaillé sans relâche à cette solution au fil des décennies. Aussi ces conférences de l'année 1906 ont été consacrées à ce sujet. Trois ans plus tard, dans son ouvrage « La science secrète en esquisse », il a pu résumer les connaissances acquises.

 Sur le chemin du retour, Rudolf Steiner donna pour la première fois une conférence à Kassel le 21 juillet 1906 intitulée « Sur les mystères grecs et le développement de l'enfant ». Comme nous le verrons, il s'était fixé pour tâche de se pencher à nouveau à l'automne sur les questions d'éducation, et les sources historiques et spirituelles de chacun [90] de ces développements étaient maintenant présentées aux adultes. - Un cycle de 14 conférences a suivi en juillet, au cours duquel les résultats de la formation spirituelle de l'humain ont été traités sous un autre angle, la dernière conférence du 11 juillet présentant à nouveau « L'initiation chrétienne ».

 Fin juillet, Rudolf Steiner a séjourné chez des amis au château de Mme von Bredow près de Landin en Mark. La tranquillité et la beauté du paysage du Mark, l'atmosphère du château remplie de traditions cultivées, les excursions dans la nature et les soirées passées ensemble dans un cercle plus restreint, où les questions spirituelles étaient discutées, se fondaient comme une mélodie plus douce dans la symphonie sinon tempétueuse de la vie. Ce soir là dans le château, Rudolf Steiner parla de « Parsifal » pour préparer le voyage à venir en cercle plus restreint.

Parce que de la sphère du silence rural à Landin, il est allé maintenant avec quelques amis à la participation au Festival de Bayreuth. Pour les impressions fortes de cette expérience extraordinaire, lui et ses amis ont été remplis de gratitude, mais il a également eu des réserves quant à certaines extériorisations et restrictions faites sur l'œuvre originale, par exemple, comme l'indique le rapport d'un participant, qu'à cette époque, les derniers mots « Rédemption du Rédempteur » étaient omis, aussi Titurel, qui s'éveillait des morts - et prononçait encore une bénédiction sur les chevaliers du Graal, devait maintenant resté cacher dans le cercueil, selon la représentation préférée à Bayreuth. - De Bayreuth Rudolf Steiner a envoyé  le mot commémoratif à l'étudiant de Marburg : « L'acte de l'humain, éclairé par la sagesse et réchauffé par l'amour réalise le sens du monde ».

 Immédiatement après les Journées de Bayreuth, a eu lieu à Stuttgart l'événement de la tenue du premier de ces cycles, qui a permis de transmettre année après année à ses élèves les connaissances acquises par Rudolf Steiner et qui, au fil du temps, ont d'abord été reproduites sous forme hektographiée, puis partiellement déjà remis imprimés au public. Ce cycle 1, qui s'est tenu à Stuttgart du 22 août au 5 septembre, était intitulé « Devant les portes de la théosophie ». Dans les premières phrases de l'introduction, nous trouvons aussitôt l'affirmation que les contenus qui doivent être présentés maintenant: « n’ont pas toujours été enseignés ainsi qu'aujourd'hui dans les conférences et les lettres qui sont accessibles à tous. La théosophie était autrefois considérée comme quelque chose qui ne pouvait être enseigné que dans de petits cercles intimes. La connaissance se limitait aux cercles d’initiés, aux confréries occultes. Le peuple ne devrait avoir que les fruits de la connaissance ». Dans le passé, tous ceux qui voulaient participer à cette doctrine avaient été « soumis à des probations et des épreuves sévères pour savoir s'ils en étaient dignes ; puis ils furent progressivement initiés, très lentement, de bas en haut».

[91].

 Cette méthode a été abandonnée ;dans les derniers ytemps, les enseignements élémentaires sont maintenant enseignés publiquement. La publication était nécessaire, parce que les anciens moyens échoueraient aujourd'hui. Un de ces moyens était aussi les religions et dans toutes les religions cette sagesse est contenue, mais aujourd'hui on parle déjà d'une opposition entre connaissance et foi. Aujourd'hui, nous devons accéder à la connaissance supérieure par les chemins de la connaissance.

La cause réelle, cependant, est l'invention de l'art de l'imprimerie ; auparavant, ces enseignements étaient partagés oralement de personne à personne ; aucune personne immature ou indigne n'en a entendu parler. Mais à travers les livres, la connaissance des choses suprasensibles s'est répandue, et à travers eux, elle est devenue populaire ; par cela, le tiraillement entre la connaissance et la foi est aussi apparu.

Mais de telles causes rendent nécessaire la publication d'une grande partie du grand trésor de la connaissance secrète de tous les temps. A des questions comme : D'où vient l'homme ? Quel est son but ? Que cache la forme visible ? Que se passe-t-il après la mort ? a dû être répondu, non pas comme des hypothèses et des théories et des spéculations, mais comme des faits.

Pour dévoiler le vrai mystère de l'humain, c'était de ça, dont il s’agissait dans toute science secrète ».

Dans les paroles « On enseigne maintenant publiquement les enseignements élémentaires », la nouvelle direction que Rudolf Steiner a inaugurée vient au jour, et qui lui a amené tant de batailles ouvertes et cachées de la part de ceux qui se considéraient comme les gardiens terrestres traditionnellement liés de ces connaissances sur les arrières plans spirituels des événements mondiaux. Ce cycle est consciemment tenu comme une introduction « élémentaire » ; les transcriptions de cette première période ne nous sont malheureusement conservées que de manière incomplète, mais il en a répété le contenu plus tard, et beaucoup de choses qui n'étaient pas encore prêtes pour la publication, ou pour lesquelles Rudolf Steiner, avec son sens aigu des responsabilités, voulait attendre la confirmation de ses propres recherches et la maturité progressive de la représentation, la juste situation du destin, ne fut réalisée, complétée, confirmé et exprimé que progressivement dans les décennies suivantes.

Dans son autobiographie "Mein Lebensgang" (p. 302) il dit :

« Pour l'humain moderne, il existe une possibilité sans erreur de décider ce qui peut être communiqué à partir du contenu de la vision spirituelle à des cercles plus larges. Avec tout ce qui peut arriver, que le chercheur peut habiller de telles idées, car elles sont inhérentes à l'âme de conscience et comme selon leur espèce, elles s'épanouissent aussi dans la science reconnue ».

C'est pourquoi il ne prononçait toujours ce qu'il voyait et recherchait spirituellement que lorsqu'il l'avait clarifié et travaillé à tel point que c’est accessible à la pensée et à la compréhension d'aujourd'hui quand elle utilise ses propres forces sans parti pris. Et lorsque cela a été réalisé, les faits suprasensibles ont également été exprimés, indépendamment de ce que cela était acceptable ou non pour les traditions et les préjugés antérieurs. Aujourd'hui, ce ne sont plus les prescriptions ou règles d'une quelque communauté traditionnelle ou d'une transmission qui sert de référence, mais exclusivement la maturité de la situation des connaissances du chercheur et de notre temps : Et à un autre endroit (p. 275), il dit:

« Je n'avais pas non plus de devoir de secret envers qui que ce soit. Car je n'ai rien accepté de « sagesse ancienne » ; ce que j'ai dans la connaissance de l'esprit est absolument le résultat de mes propres recherches. C'est seulement lorsque une connaissance s’est donnée à moi que je tire alors à moi ce qui a déjà été publié d'un quelque côté de « savoir ancien » pour montrer l'accord et, en même temps, les progrès qui sont possibles dans la recherche contemporaine.

A partir d'un certain moment, j'ai été entièrement au clair pour moi-même qu’avec une apparition publique avec la connaissance de l’esprit je faisais ce qu'il fallait ».

Après une courte tournée de conférences dans le sud de l'Allemagne, il s'est rendu à Bâle le 19 septembre pour y fonder la branche qui a choisi le nom de « Branche Paracelce » en souvenir du séjour bâlois du grand chercheur et médecin au XVIe siècle. Rudolf Steiner a parlé dans une conférence publique le soir du jour de la fondation sur « L’Évangile de Jean » comme une sorte d'annonce préalable du cycle qui s'y déroulera l'année prochaine. Deux conférences à Berne et deux à Saint-Gall ont suivi du 21 au 25 septembre.

Après le voyage de retour, qui comprenait une conférence à Ratisbonne le 26 septembre sur « La nature de la mort comme clé de l'énigme de la vie », les conférences à la Maison des architectes de Berlin ont repris pendant le semestre d'hiver. La première conférence du 11 octobre portait sur « La connaissance du suprasensible à notre époque ». La deuxième se rattachait à la parole du Faust de Goethe : « Le sang est un jus très particulier ». Cette conférence a également paru plus tard imprimée. Thèmes supplémentaires : « L'origine de la souffrance », « L'origine du mal » et la dernière de cette série, le 13 décembre, « Comment comprend-t-on la maladie et la mort ? ».

 Deux conférences pour membres des 13 et 19 octobre, probablement à la demande d'artistes parmi les membres, ont parlé de « La relation des pierres précieuses aux sens humains » et « La relation des organes sensoriels humains à l'environnement ». Les informations de Rudolf Steiner sur l’essence, le mondes des forces et formes des minéraux, des métaux et en particulier des pierres précieuses, qu'il a données au fil des ans, ont donné naissance plus tard à une « École pour l'art de bijouterie » à Dornach, qui cultive l'utilisation appropriée de ces dons de la nature pour l'enrichissement de la vie artistique *.

* voir aussi : Berta Meyer-Jakobs : "Kleinodienkunst" ; Louise van Blommestein : « Artisanats d’art ». Hedwig Hauck : « Artisanat et métier d’art. Indications de Rudolf Steiner ». Pour l'aspect scientifique, voir Dr Waldemar Schornstein et Alfred Ehrhardt : « Cristaux ».

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Dans ces conférences d'octobre 1906, il souligna également le fait qu'autrefois, il existait encore une connaissance particulière du fait que non seulement les forces révélées dans le règne minéral pouvaient être rendues utiles à l'humain, mais aussi le monde plus fin des forces à l'œuvre dans les phénomènes de la vie. Un dernier écho, mais déjà très voilé, de cette connaissance de la maîtrise des forces de la vie par l'humain, qu'il doit maintenant conquérir à nouveau, se retrouve, par exemple, , habillé d'une nouvelle forme, dans l'œuvre étrange « Vril » de Bulwer et c'est pourquoi Rudolf Steiner me demanda ensuite de rendre ce symptôme historique caractéristique accessible de nouveau par une traduction et une nouvelle édition*. Des informations plus détaillées sur ces forces plus fines de la nature et leur utilisation par une ancienne humanité peuvent être trouvées dans l'écrit de Rudolf Steiner « Nos ancêtres atlantes »** entre autres. Il a ensuite promu l'exploration de ce monde de forces selon les méthodes scientifiques actuelles avec de nombreuses conférences et déclarations auxquelles nous reviendrons plus tard.

En prélude et dans le prolongement de l'Assemblée générale, il s'est exprimé les 20 et 21 octobre sur le thème : « Comment acquiert-on des connaissance des mondes supérieurs ? Le chemin de connaissance dans le sens du Rose-Croix ».

L'Assemblée Générale de la Section de la Société sous sa direction a eu lieu le 21 octobre. Rudolf Steiner a présenté le rapport d'ouverture et, après avoir souhaité la bienvenue aux délégués des sections et aux membres, il a également souligné la résistance et les obstacles que ce travail comportait naturellement. Dans le monde extérieur, elles sont souvent « caractérisées d'un côté par un manque de compréhension et de l'autre côté par une complaisance ». Soit on ne veut pas qu'il soit vrai que les faits spirituels aussi doivent être rendus clairs et compris par la logique, comme les faits scientifiques, soit on se contente avec résignation des hypothèses et des limites arbitrairement stipulées  de la connaissance. Il s'est également tourné contre la nostalgie de maints humains d'épargner leur propre travail de pensée en s’appuyant sur une autorité, et a souligné que le mouvement, comme il le voulait, « est entièrement construit sur la liberté. Cependant, entièrement sans autorité cela ne va aussi pas, mais l'autorité ne sera comprise dans aucun autre sens, que comme dans un laboratoire, est une autorité celui qui comprend quelque chose en chimie ». La société devrait être une organisation qui a pour mission de laisser trouver aux humains ce qu'ils cherchent eux-mêmes en soi.

Sans polémiques, même sans polémiques contre ceux qui nous attaquent, faisons un travail positif. Quand nous a parfois été dit qu'il fallait rejeter les attaques contre nous, parfois une correction est certainement nécessaire, mais en général tout peut être reconnu à ses fruits. Nous voulons faire un travail positif, un travail positif qui mène aux mondes supérieurs ; la lutte ne favorise rien, elle peut au mieux ajuster quelque chose sur le plan physique. Mais sur les plans supérieurs, seul un travail positif peut aider.

* E. Bulwer-Lytton : « Vril ou une humanité de l’avenir », traduit et édité par G. Wachsmuth.

** Rudolf Steiner : « Nos ancêtres atlantes », « Chronique de l’Akasha " entre  autres.

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Dans son ouvrage "Mein Lebensgang", il dit au même problème :

« Faire du droit la seule force d’orientation de la société entière, c’est ce dont il s’agit. Pour que, d'un côté ou de l'autre, les errants puissent voir toujours de nouveau comment oeuvrent ceux qui sont autorisés à s'appeler les porteurs centraux du mouvement, parce qu’ils en sont les fondateurs. Un travail positif pour le contenu de l'anthroposophie, pas se montrer contre les excès/les excroissances, cela valait pour l'essentiel à Marie von Sivers et moi. Bien sûr, il y a eu des cas exceptionnels où le combat est devenu nécessaire ».

Et Rudolf Steiner, dans l'esprit des principes énoncés ici, n'a été contraint par la suite, à contrecœur, que par Mme Besant et quelques autres membres, à de tels litiges. Ce n'était pas dans ses lignes directrices pour le travail de la société, comme le montrent les mots ci-dessus. Lors de cette Assemblée Générale, la préparation du Congrès qui devait avoir lieu en Allemagne à Munich l'année suivante a également été discutée. L'organisation de ce dernier lui a donc également été confiée, ainsi qu'à ses collaborateurs. Sur son plan pour ce congrès, Rudolf Steiner a dit que « tous les congrès jusqu’à présent seraient à saisir comme des essais. La tâche du Congrès allemand devrait être de tout amener en harmonie intime l’un avec l’autre, afin que les œuvres d'art, la musique et la parole interagissent et résonnent avec le reste de l'arrangement plein d’atmosphère - en s'efforçant de rappeler les vieux mystères avec l'effet voulu. L'exécution d'un mystère est également prévue à cet effet. La mesure dans laquelle tout cela peut être réalisé dépend, bien sûr, des circonstances ».

Mlle von Sivers a ensuite présenté, en tant que secrétaire, un rapport sur le travail accompli au cours de l'année écoulée. En 1906, il y avait 24 branches et trois centres avec 591 membres. Elle a également commémoré la comtesse Brockdorff, récemment décédée, qui, avec son mari, avait apporté une aide si précieuse dans les premiers temps du mouvement. La bibliothèque, qui avait été reprise des Brockdorffs et appartenant à des particuliers, a été déclarée bibliothèque de la société  et développée plus avant. Il constituait maintenant une base importante pour l'étude des membres. Il convient également de mentionner comme caractéristique que Rudolf Steiner, après avoir traité toutes ces questions, a déclaré close la« partie sociétaire » de l'assemblée générale et a ainsi ouvert la« partie factuelle ». Par la suite, certains membres individuels ont considéré que la « partie sociétaire » d'une assemblée générale était plus importante que la « partie factuelle ». Cependant, ils ont aussi très vite perdu le contact intérieur, puis surtout le contact extérieur avec la société, mais ils sont restés des exceptions. La « partie factuelle » consistait maintenant en une conférence sur le thème : « Le chemin de la connaissance et ses étapes ».

Le 27 octobre, une série de conférences sur « La théosophie, l'Évangile de Jean à la main » a débuté à Munich. Kleeberg rapporte en tant que participant : « La première conférence a eu lieu le 27 octobre dans la nouvelle salle de la branche de Munich (Adalbertstraße 55). Il apporta l'introduction, [95] mit l'ambiance que le sujet exigeait, et traita du premier chapitre de ce plus évangélique des évangiles. En cela, aucune interprétation de l'Évangile n'a été donnée, mais Steiner a parlé de l'humain, de son essence, de ses états de développement/d’évolution, de la terre et le cosmos et de leur devenir, pour montrer alors comment les mêmes connaissances ont été présentées dans l'Évangile de Jean. Au début, il a placé une nouvelle traduction dans laquelle la phrase habituelle  ‘Il est entré en sa propriété’ a été rendue par l'autre : ‘Elle (la lumière) est venue dans l’humain individuel (jusqu'à l'humain-je)’. C'était quelque chose d’entièrement nouveau ». Et le rapporteur d'ajouter : « Qui l'a entendu parler deux fois sur le même thème, sait aussi qu'il n'a jamais travaillé ses conférences sur un schéma, mais qu'il a toujours traité l’objet d'une manière nouvelle et vivante ». Rudolf Steiner a toujours parlé librement, de la situation concrète, de la réceptivité de ses auditeurs et de l'intuition de la tâche de l’instant. Il déclinait en principe de lire à haute voix les conférences d’après des manuscrits, comme c'est devenu une pratique courante aujourd'hui, et il a donc toujours eu des contacts vivants avec les humains qui étaient assis devant lui. Je lui ai demandé une fois beaucoup plus tard s'il n'avait jamais ressenti ce qu'on appelle le trac et que tout conférencier ne connait que trop bien. Rudolf Steiner répondit à mon étonnement - car je ne l'avais jamais remarqué en lui - qu'il était bon et nécessaire pour le conférencier d'avoir quelque « trac », car cela vient de ce qu'on n'approchait pas le public avec un contenu solide et rigide, mais aussi pendant le discours on luttait encore avec la présentation la meilleure possible. Lui aussi avait toujours ressenti cet état de tension intérieure au cours d'une conférence et conseillait avec insistance de ne pas le perdre. Il m'a également donné quelques conseils à cet égard, sur lesquels je reviendrai plus tard.

Au semestre d'hiver 1906, il se consacre à nouveau aux questions médicales, éducatives et artistiques. Le 22 octobre, il a parlé pour la première fois dans la branche sur « Questions de nutrition et méthodes de guérison ». Rudolf Steiner avait déjà donné un cours sur « L'anatomie de l'humain » en 1903, comme nous l'avons mentionné à la page 28, et depuis lors avait déjà commencé à discuter de l'application des découvertes de science de l’esprit à la médecine avec quelques médecins praticiens. Le premier pionnier sur ce domaine fut l'excellent médecin de Kassel, le Dr Ludwig Noll. Il l'avait aidé à résoudre certains problèmes médicaux difficiles et lui avait donné de nouvelles idées sur la nature et les causes des maladies. Rudolf Steiner a supposé que le médecin n'est pas un esclave mais un auxiliaire de la nature, pas seulement son imitateur, mais aussi un artiste qui continue les réalisations créatives de la nature ; il doit non seulement obtenir une image de la nature de la santé et de la maladie par l'anatomie, la physiologie et le microscope, mais aussi par une connaissance approfondie l’articulation spirituelle et des forces de l’humain, l’animal et la plante, créant une image essentielle de santé et maladie  et avec cela par une véritable phénoménologie et intuition créative de nouvelles méthodes de guérison [96] et médicaments. Rudolf Steiner rejeta tout dilettantisme amateur dans ce domaine et développa ses indications supplémentaires, qui connurent alors tant de succès, toujours en étroite collaboration avec les médecins praticiens. Nous y reviendrons à l'occasion des cours de médecine ultérieurs.

Dans les mois d'octobre-décembre 1906, il a aussi parlé à plusieurs reprises de « l'éducation des enfants », tout d'abord le 30 octobre. Lorsque nous avons décrit l'année 1903, nous avions déjà signalé les germes de ce travail (voir p. 34). Aussi dans les conférences du 14 mai, 21 juin et dans le cycle tenu en août 1906 quelques autres bases de la connaissance pour l'éducation de l'enfant ont déjà été créées. Il soulignait maintenant que la première tâche serait de réformer l'éducation elle-même, avant de pouvoir passer à une nouvelle éducation des enfants : « On devrait plutôt parler d'une éducation des éducateurs ». Le 24 novembre, il a donc tenu une conférence spéciale pour un cercle de pédagogues, au cours de laquelle il s'est principalement rattaché à Fichte, le grand proclamateur du développement du je humain. Le 1er décembre, une conférence publique « L'éducation de l'enfant du point de vue de la science de l'esprit » a suivi à Cologne. La même conférence a ensuite été répétée dans plusieurs autres villes et a paru plus tard à l’impression. Voici ce qu'on peut lire dans les mots d'introduction :

« La vie actuelle remet en question beaucoup de choses que l'humain a héritées de ses ancêtres. C'est pourquoi se produisent tant de ‘questions d’époque’ et d’ ‘exigences d’époque’. Quel genre de ‘questions’ traversent aujourd’hui le monde : la question sociale, la question des femmes, les questions d'éducation et de scolarisation, la question du droit, les questions de santé, etc. Avec les moyens les plus divers, on essaie d’approcher ces questions. Le nombre de ceux qui sont apparus avec telle ou telle recette pour ‘résoudre’ telle ou telle question, ou du moins contribuer à sa solution, est incommensurablement grand. Et toutes les nuances possibles de l'humeur humaine se font valoir en cela : - le radicalisme, qui agit révolutionnaire, l'humeur modérée, qui, dans le respect de l'existant, veut en développer quelque chose de nouveau, et le conservatisme, qui s'enflamme si facilement quand on touche quelque chose des vieilles institutions et traditions. Et à côté de ces états d'âme principaux, toutes les étapes intermédiaires possibles se produisent.

Celui qui parvient à jeter un coup d’œil approfondi dans la vie ne pourra pas se défendre d’un sentiment face à tous ces phénomènes. Il consiste en ce que notre temps se confronte souvent aux exigences placées aux humains avec des moyens insuffisants. Beaucoup aimeraient réformer la vie sans vraiment en connaître vraiment les fondements. Celui qui veut faire des suggestions sur la façon dont quelque chose devrait se passer à l'avenir ne doit pas se contenter de connaître la vie uniquement à sa surface. Il doit l'explorer dans ses profondeurs.....

 C'est tout de suite pour cette raison que l'approfondissement en science de l’esprit dans l'essence de l'humain doit fournir les moyens les plus fructueux et les plus pratiques pour résoudre les questions importantes de la vie actuelle. C'est ce que l'on montrera ici pour une telle question, pour la question de l'éducation. Ce ne sont pas des exigences et des programmes qui devraient être établis, mais la nature des enfants qui devrait être simplement décrite. De l’essence de l'être humain en devenir, les points de vue pour l'éducation se donneront comme par eux-mêmes ».

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Rudolf Steiner ne voulait donc développer aucun nouveaux systèmes et théories pédagogiques abstraits, mais plutôt tirer les tâches de l'éducateur de la connaissance de la métamorphose de la nature et de l’entité spirituelle, d’âme et corporelle de l'être humain en devenir dans les sept premières années de la vie. Nous y reviendrons plus en détail sur la base des cours pédagogiques ultérieurs. Une autre conférence à Stuttgart en décembre 1906 introduisit également ce nouveau domaine d'activité. En 1919, sous sa direction, la première école y fut fondée pour mettre en œuvre la nouvelle pédagogie.

 Le travail de 1906 s'est achevée les 15 et 17 décembre par deux conférences de Noël à Munich et à Leipzig sur « Le sens de Noël du point de vue de science de l’esprit » et « Sur la signification de la fête-Christ ». Dans ces conférences, Rudolf Steiner donna aussi la sublime parole aux membres étrangers/de l’extérieur, qui « sonnait devant les disciples des mystères de tous les temps, avant qu'ils n'entrent eux-mêmes dans les mystères », et qui commence par les mots :

« Vois le soleil

A l’heure de minuit... »

Il a également expliqué les emblèmes dorés sur l'arbre de Noël qui ornait la fête. Ces emblèmes ont depuis lors rappelé chaque année aux humains les symboles terrestres de l'esprit, la veille de Noël à des milliers d'arbres de Noël à travers le monde *.

 Un coup d'œil aux « Nouvelles/informations » de la section allemande de l'époque nous montre comment Rudolf Steiner donnait des conférences soir après soir dans les plus différentes villes. Et pourtant, ce n'était qu'une partie du travail de la journée, qui ne lui a jamais donné un court repos. Il a donc été décidé, comme me l'a dit Mme Marie Steiner, de se détendre un peu pendant les périodes de Noël et du Nouvel An de 1906. C'est ce qui s'est passé lors d'un voyage à Venise. La récréation consistait à se promener dans la ville et à y étudier les trésors de l'ancienne culture et de l'art. Toutes ces impressions, il les partagea ensuite au grand public dans ses conférences dans les domaines de l'histoire et de l'art, qu'il approfondit et élargit d'un nouvel aspect par les résultats de la clairvoyance spirituelle,  et donna ainsi les suggestions les plus précieuses à la recherche historique**.

* Rudolf Steiner : « Signes et symboles de Noël ».

** Rudolf Steiner : « L'histoire de l'art comme image des impulsions spirituelles intérieures » ; voir aussi : Friedrich Häusler : « Le visage de Venise ».
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Replacer dans son contexte

1905 < ....... 1906 ........ > 1907