02001 - En rapport à mes exposés
j'aimerais exprimer la demande
suivante : veuillez considérer ces
quatre conférences absolument comme un
tout, de telle sorte qu'il ne sera pas
toujours possible de juger de façon
exhaustive d'un point présenté dans
une conférence à partir des seuls
éléments proposés alors. Le thème
considéré est en effet si vaste qu'il
nécessiterait pour être traité de
manière complète un nombre de
conférences.
02002 - Dans la conférence
d'aujourd'hui, je voudrais parler —
pour l'instant sous forme d'esquisse —
de ces tentatives de solution qui
peuvent procéder d'une connaissance
véritable de la nature de l'organisme
social. Ces possibilités de solution
de la question sociale ne proviennent
pas de façon exclusive des
revendications de telle ou telle
classe sociale, de telle ou telle
catégorie, mais procèdent d'une
observation adéquate à la réalité,
d'une observation objective des forces
d'évolution de l'humanité, et qui sont
de la manière la plus nette les forces
qui produisent l'évolution du présent
et du proche avenir de cette humanité.
Si l'on cherche dans les aspirations,
dans les revendications d'une
catégorie, d'une classe sociale et
généralement dans une partie
quelconque de l'organisme social, le
moyen de résoudre d'une manière ou
d'une autre ce que l'on appelle
aujourd'hui la question sociale, il se
produit immanquablement qu'en raison
de ce que l'on fait d'un côté on
provoque des effets qui agissent d'une
façon ou d'une autre sur d'autres
classes, sur d'autres éléments de
l'organisme social, en freinant
l'évolution ou en minant la santé des
conditions de vie au sein de cet
organisme.
02003 - Voici ce qui est valable pour
notre époque — que j'indique ici comme
une vérité et que j'étaierai au cours
des conférences : la vie moderne tout
entière, ou on peut en fait dire aussi
l'organisme social moderne, a reçu une
forme bien précise sous l'action de ce
que l'on désigne fréquemment, nous le
savons, comme l'élément
caractéristique de cette époque
moderne, la technique moderne, le
fonctionnement technique de la vie
économique et ce qui lui est lié, le
mode capitaliste d'organisation de ce
fonctionnement de l'économie. Non
seulement le regard observateur des
êtres humains a été contraint de se
diriger vers ce que la technique
moderne, ce que le capitalisme moderne
ont introduit dans la vie, mais les
forces agissant sous forme plus ou
moins consciente, plus ou moins
instinctive, pour organiser la
structure sociale de la société
humaine se sont également tournées
dans cette direction.
02004 - Or on peut sans aucun doute
exprimer l'élément caractéristique qui
a précisément conduit à la forme
particulière de la question sociale à
l'époque moderne en disant ceci : la
vie économique, portée par la
technique, le capitalisme moderne, ont
agi d'une façon qui allait de soi,
comme on le voit dans la nature, et
ont donné à la société moderne une
certaine structure interne. Outre
qu'ils ont requis l'attention de
l'être humain pour ce que la technique
et le capitalisme ont apporté,
l'attention a été détournée d'autres
secteurs, d'autres domaines de
l'organisme social qui doivent tout
aussi nécessairement entrer en
activité si l'on veut que l'organisme
social soit aussi sain que le domaine
économique.
02005 - Pour faire saisir ce que je
crois avoir précisément discerné comme
le point central d'une observation qui
embrasse tous les divers aspects de la
question sociale, je puis peut-être
partir d'une comparaison. Mais je vous
prie de tenir compte du fait qu'il ne
s'agit là de rien d'autre que d'une
comparaison, de quelque chose qui est
propre à soutenir la compréhension,
pour l'orienter dans le sens qui est
nécessaire si on veut se former des
représentations sur la manière dont
l'organisme social peut guérir. Celui
qui doit considérer de ce point de vue
l'organisme le plus compliqué qui
existe dans la nature, l'organisme
humain, doit diriger son attention sur
ceci : cet organisme humain, en son
essence, repose sur le fait qu'il
présente trois systèmes agissant côte
à côte, réunis en une structure
interne. On peut caractériser
approximativement ces trois systèmes
agissant côte à côte de la manière
suivante. On peut dire ceci : dans
l'organisme humain naturel agit le
système qui contient la vie
neuro-sensorielle. On pourrait aussi
le nommer, d'après le membre le plus
important de l'organisme où la vie
neuro-sensorielle est pour ainsi dire
centralisée, l'organisme de la tête.
02006 - Si l'on veut acquérir une
compréhension véritable de
l'organisation humaine, il faut
considérer comme deuxième membre de
cette organisation humaine ce que
j'aimerais nommer le système
rythmique, qui est lié à la
respiration, à la circulation du sang,
à tout ce qui s'exprime dans les
processus rythmiques de l'organisme
humain.
02007 - Il faut considérer ensuite
comme troisième système tous les
organes et les activités qui sont liés
au métabolisme proprement dit. Dans
ces trois systèmes est contenu tout ce
qui, lorsque chacun d'eux est adapté
aux deux autres, entretient le
processus global qui se déroule dans
l'organisme humain. 02008 - J'ai
tenté, en plein accord avec tout ce
que la recherche peut déjà dire
aujourd'hui dans les sciences de la
nature, de caractériser — tout d'abord
dans les grandes lignes — cette
triarticulation* (Nous adoptons ici
une suggestion de C. Lazaridès.
N.d.T.) de l'organisme humain naturel
dans mon livre Des énigmes de l'âme'.
Il m'est très clair que tout ce que la
biologie, la physiologie, les sciences
de la nature produiront dans les temps
tout proches comme connaissances au
sujet de l'être humain tend
précisément vers cette façon de
considérer l'organisme humain qui
perçoit que ces trois membres —
système de la tête, système de la
circulation ou système de la poitrine
et système du métabolisme —
maintiennent le processus global de
l'organisme humain précisément par le
fait que ces trois membres agissent de
façon relativement autonome, qu'il n'y
a pas de centralisation absolue de
l'organisme humain, que de plus chacun
de ces trois systèmes a un rapport
spécifique, autonome, au monde
extérieur : le système de la tête par
les sens, le système circulatoire ou
système rythmique par la respiration
et le système du métabolisme par les
organes de la nutrition.
02009 - En ce qui concerne les
méthodes des sciences de la nature,
nous ne sommes pas encore tout à fait
assez avancés pour en arriver déjà à
ce que soit véritablement reconnu à
l'intérieur des cercles scientifiques,
comme cela peut paraître souhaitable
pour le progrès de la connaissance, ce
que je viens d'indiquer et que j'ai
tenté d'exploiter pour la science de
la nature partir de fondements puisés
à la science de l'esprit. Mais cela
signifie que nos habitudes de pensée,
toute notre façon de nous représenter
le monde, ne sont totalement adaptées
à ce qui se présente par exemple dans
l'organisme humain comme la réalité
interne de l'agir de la nature. En un
certain sens, on pourrait dire : eh
bien, les sciences de la nature
peuvent attendre, elles poursuivront
peu à peu leurs idéaux, l'un après
l'autre, elles finiront bien par en
venir à admettre comme leur une telle
façon de considérer les choses. Mais
en ce qui concerne la façon de
considérer l'organisme social et
surtout sa façon d'agir, on ne peut
pas attendre. Il faut que non
seulement chez tel ou tel spécialiste,
mais dans chaque âme humaine — car
chaque âme humaine prend part à
l'action de l'organisme social —
existe au moins une connaissance
instinctive de ce qui est nécessaire à
cet organisme social. Un penser et un
ressentir sains, un vouloir sain et
des exigences saines en ce qui
concerne la forme à donner à
l'organisme social, ne peuvent se
développer que si l'on est, au clair,
ne serait-ce que de façon plus ou
moins instinctive, sur ce fait que cet
organisme social doit, pour être sain,
être tripartite, tout autant que
l'organisme naturel.
02010 - J'en arrive ici au point où
il me faut particulièrement me
prémunir contre le risque d'être mal
compris. Depuis que Schäffle a écrit
son livre sur la structure de
l'organisme social, on a
inlassablement tenté d'établir des
analogies entre l'organisation d'un
être naturel, disons l'organisation de
l'être humain, et la société humaine
en tant que telle. Que de tentatives
pour déterminer ce qui est la cellule
dans l'organisme social, ce qui est
agencement de cellules, ce qui est
tissu etc. ! Tout récemment encore est
même paru un livre de Meray, La
mutation universelle, où certains
faits scientifiques et certaines lois
naturelles sont tout simplement
transposés au prétendu organisme de la
société humaine. Ce dont il est
question ici n'a absolument rien à
voir avec toutes ces choses, avec
toutes ces amusettes analogiques. Et
celui qui à la fin de ces conférences
dira : Ah ! ah ! voilà qu'on a ici une
fois de plus affaire avec ce genre de
jeu d'analogies entre l'organisme
naturel et l'organisme social prouvera
seulement par là qu'il n'a pas pénétré
dans le véritable esprit de ce que je
veux dire ici. Car mon intention n'est
pas de transplanter dans l'organisme
social l'une quel- conque des vérités
adaptées à des faits relevant des
sciences de la nature, mais je veux
que le penser humain, le ressentir
humain, apprennent en observant
l'organisme qu'a créé la nature au
point de pouvoir ensuite appliquer à
l'organisme social aussi sa méthode,
sa façon de ressentir. Lorsqu'on
transpose simplement à l'organisme
social ce qu'on croit avoir appris à
propos de l'organisme naturel comme
Schäffle l'a fait, comme d'autres
l'ont fait, comme cela est fait de
nouveau dans le livre La mutation
universelle, on montre seulement par
là que l'on ne veut pas acquérir les
facultés permettant de considérer
l'organisme social comme tout aussi
indépendant, tout aussi autonome, et
d'en rechercher les lois propres comme
on le fait pour l'organisme naturel.
C'est donc uniquement pour me faire
comprendre que j'ai fait la
comparaison avec l'organisme naturel.
Car à l'instant où l'on procède
réellement ainsi : comme le fait le
chercheur en sciences de la nature
devant l'organisme naturel, on se
place objectivement devant l'organisme
social dans son autonomie pour en
connaître les lois propres — à cet
instant tout jeu d'analogies cesse
face au sérieux de l'observation.
02011 - Je vais tout de suite faire
remarquer comment ce jeu d'analogies
doit cesser. Quand on considère
l'organisme social — certes on a ici
affaire à un être en devenir, à un
être qui ne fait en réalité encore que
naître —, dans la mesure où on veut
qu'il soit sain, on est également
conduit à constater que cet organisme
social comporte trois membres ; mais
on connaît chacune de ces deux
réalités de façon autonome lorsqu'on
sait prendre les choses de façon
objective. On voit d'un côté les trois
membres de l'organisme humain, de
l'autre côté, doués d'une existence
objective propre, les trois membres de
l'organisme social. Si l'on cherchait
des analogies, on procéderait peut-
être de la façon suivante. On dirait :
chez l'être humain, le système de la
tête, des nerfs et des sens est lié à
la vie spirituelle de l'être humain,
aux facultés spirituelles ; le système
de la circulation régule le lien de ce
système spirituel avec le système le
plus grossier, le système matériel, le
système du métabolisme. Le système du
métabolisme est considéré comme le
système le plus grossier de
l'organisme humain, en raison de
certains sentiments que l'on éprouve
tout bonnement à partir de certains
mobiles profonds. Si l'on se livrait
au jeu de l'analogie, à quoi serait-il
le plus naturel de penser ? Le plus
naturel serait de dire : eh bien,
l'organisme social se compose lui
aussi de trois membres. La vie
spirituelle de l'être humain s'y
déroule. Cela ferait un membre. La vie
politique à proprement parler s'y
déroule — nous allons tout de suite
parler de cette articulation —, la vie
économique s'y déroule également. Or
si l'on voulait se livrer au jeu de
l'analogie, on pourrait croire que ce
qui, dans l'organisme social, est
soumis, en tant que vie de l'esprit,
en tant que culture de l'esprit, à
certaines lois, que cela serait régi
par des lois qui pourraient se
comparer aux lois du système de
l'esprit, du système neuro-sensoriel.
Un jeu de pure analogie comparerait
probablement le système qui est
considéré en l'être humain comme le
système le plus grossier, comme le
système véritablement matériel,
c'est-à -dire le système du
métabolisme, avec ce que l'on appelle
la vie économique grossière,
matérielle. Or celui qui peut observer
les choses telles qu'elles sont, qui
refuse catégoriquement un jeu
d'analogies pur et simple, sait que la
réalité est précisément à l'opposé de
ce à quoi on aboutit par un simple jeu
d'analogies. Pour l'organisme social,
dans la production et la consommation
économiques, dans la circulation
économique des marchandises, la vie
est fondée sur des lois semblables à
celles sur lesquelles est fondée dans
l'organisme humain naturel la vie
neuro-sensorielle, donc précisément la
vie de l'esprit. Certes, ce qui est la
vie du droit public, la vie politique
au sens propre, la vie que l'on
conçoit fréquemment comme englobant
beaucoup trop de choses, que l'on peut
désigner comme la vie de l'Etat
proprement dite, peut être comparée au
système rythmique situé entre les deux
systèmes naturels — le système du
métabolisme et le système
neuro-sensoriel —, le système
régulateur, le système de la
respiration et du cœur. Mais le seul
aspect par lequel elle peut lui être
comparée, c'est que, précisément, de
même que le système circulatoire ou
rythmique est placé dans l'organisme
humain au milieu entre le système du
métabolisme et le système des nerfs,
de même le système du droit public se
trouve entre le système économique et
la vie propre de la culture de
l'esprit. Et cette vie de la culture
de l'esprit, cette vie de l'esprit
dans l'organisme social, n'est en fait
pas régie par des lois qui peuvent
être pensées selon une analogie avec
les lois des aptitudes innées de
l'être humain, les lois de la vie
neuro-sensorielle de l'être humain,
non, ce qui est vie de l'esprit dans
l'organisme social a des lois qui
peuvent seulement être comparées aux
lois du système le plus grossier de
l'être humain, à celles du système du
métabolisme.
02012 - Voilà à quoi conduit une
observation objective de l'organisme
social. Mais il faut aussi poser ces
données au départ, afin que ne se
produise aucun malentendu au sujet de
ces points, afin que l'on ne croie pas
que l'on transpose tout simplement une
réalité physiologique ou biologique à
l'organisme social. Il faut considérer
l'organisme social pour lui-même et
d'une façon absolument indépendante si
l'on veut susciter des éléments
féconds pour qu'il recouvre la santé
et prospère.
02013 - Que de fois le terme de «
socialisation » nous parvient, même
ici, depuis les divers territoires de
l'Europe du Centre et de l'Est ! Cette
socialisation ne sera pas un processus
de guérison, mais un processus de
charlatanerie exercée sur l'organisme
social si une connaissance à tout le
moins instinctive de la nécessité de
la triarticulation de l'organisme
social n'entre pas dans les cœurs
humains, dans l'âme humaine. Cet
organisme social comporte en effet, si
l'on veut qu'il agisse de façon saine,
trois membres. Le premier de ces
membres, si l'on commence par un côté
— on pourrait évidemment commencer
aussi par la vie de l'esprit, mais
nous voulons commencer par la vie
économique, parce que celle-ci a
pénétré dans toute la société,
dominant visiblement tout le reste de
la vie grâce à la technique moderne et
au capitalisme moderne —, il faut donc
considérer comme le premier membre de
l'organisme social la vie économique.
Cette vie économique, nous verrons en
partie déjà aujourd'hui, en partie
dans le cours ultérieur de ces
conférences, qu'elle doit être un
membre autonome, ayant une existence à
part, à l'intérieur de l'organisme
social, aussi relativement autonome
qu'est relativement autonome le
système neuro-sensoriel dans
l'organisme humain. Cette vie
économique a affaire avec tout ce qui
est production de marchandises,
circulation de marchandises,
consommation de marchandises. La vie
économique a affaire avec tout ce qui
est lié à ces trois choses. Nous
allons dans un instant nous mettre
d'accord de façon plus précise sur ses
particularités. Comme deuxième membre
de l'organisme social, il faut
considérer la vie du droit public, la
vie politique proprement dite, cette
vie qu'au sens du vieil État de droit
on pourrait qualifier de vie de l’État
proprement dite. Alors que la vie
économique a affaire avec tout ce dont
l'être humain a besoin — qu'il tire de
la nature ou de sa propre production,
alors que la vie économique a affaire
avec des marchandises, avec la
circulation et la consommation des
marchandises, ce deuxième membre de
l'organisme social ne peut avoir
affaire qu'avec tout ce qui concerne
le rapport d'un être humain à un autre
être humain à partir de motivations
purement humaines. Je vous prie de
tenir le plus grand compte de ce fait,
car il est essentiel pour la
connaissance des membres de
l'organisme social de savoir quelle
différence existe entre le système du
droit public, qui ne peut avoir
affaire qu'avec le rapport d'être
humain à être humain à partir de
motivations humaines, et le système
économique qui n'a affaire qu'avec la
production des marchandises, la
circulation des marchandises, la
consommation des marchandises. Il faut
savoir cela, tout comme on doit savoir
distinguer dans le système naturel de
l'être humain le rapport du poumon à
l'air extérieur, à la transformation
de cet air extérieur, tout comme on
doit savoir distinguer cela de la
façon dont les aliments ingérés,
transformés en l'être humain par le
troisième système naturel, sont
utilisés pour l'être humain.
Comme troisième membre, qui doit lui
aussi venir se placer en toute
indépendance à côté des deux autres,
on doit distinguer dans l'organisme
social tout ce qui concerne la vie de
l'esprit. De façon plus précise, on
pourrait dire, parce que peut-être la
dénomination « culture de l'esprit »
ou toute autre expression qui se
rapporte à la vie de l'esprit n'est
pas tout à fait précise : tout ce qui
repose sur les aptitudes naturelles de
chaque individualité humaine, ce qui
doit entrer dans l'organisme social
sur la base de l'aptitude naturelle,
de l'aptitude spirituelle et physique
de l'individu. De même que le premier
système, le système économique, a
affaire avec tout ce qui doit exister
pour que l'être humain puisse
organiser son rapport matériel avec le
monde extérieur, tandis que le
deuxième système a affaire avec tout
ce qui doit exister dans l'organisme
social en raison du rapport d'homme à
homme, le troisième système, le
système que, dans le seul but d'avoir
un nom, j'appelle le système de
l'esprit, a affaire avec tout ce qui
doit jaillir de l'individualité
humaine et doit être inséré dans
l'organisme social.
Autant il est vrai que la technique
moderne et le capitalisme moderne ont
en vérité marqué de leur empreinte
notre vie sociale à l'époque moderne,
autant il est nécessaire que les
blessures qui ont nécessairement été
portées à la société des humains
soient guéries par le fait que l'on
mette l'être humain et la société des
humains dans un rapport juste avec ce
que j'ai caractérisé ici comme les
trois membres de cet organisme social.
C'est que la vie économique a tout
simplement pris par elle-même à
l'époque moderne des formes bien
précises. Elle a pour ainsi dire fait
entrer de force ses propres lois dans
la vie des hommes. Les deux autres
membres de l'organisme social sont en
mesure de s'insérer de façon juste
dans l'organisme social avec la même
évidence naturelle en suivant leurs
propres lois. Il est nécessaire pour
eux que l'être humain, chacun à la
place où il se trouve, entreprenne, de
façon autonome et à partir de la
conscience, cette articulation de
l'organisme social en trois membres.
Car, dans le sens des tentatives de
solution des questions sociales dont
il est question ici, il revient à
chaque individu une tâche sociale dans
le présent et dans le proche avenir.
Le premier membre de l'organisme
social, la vie économique, repose
avant tout sur la base de la nature.
Exactement comme l'individu repose en
ce qui concerne son évolution possible
par le biais de ce qu'il apprend, de
l'éducation, de la vie, sur les
aptitudes de son organisme spirituel
et physique, sur les capacités et les
talents qui lui sont innés, de même
toute vie économique repose sur une
certaine base naturelle. Cette base
naturelle marque de son empreinte la
vie économique et par là l'organisme
social tout entier. Mais cette base
naturelle est tout bonnement là , elle
est dans sa forme originelle hors de
portée d'une quelconque organisation
sociale, d'une quelconque
socialisation. Il faut tenir compte
d'elle. De même que dans l'éducation
de l'être humain il faut tenir compte
des aptitudes qu'il a dans les divers
domaines, de sa capacité corporelle et
spirituelle, de même il faut que toute
socialisation, quelle qu'elle soit,
toute tentative de donner à une
communauté humaine une forme
économique, tienne compte de la base
naturelle. Car toute circulation de
marchandises et aussi tout travail
humain et aussi toute vie spirituelle
et culturelle ont pour fondement, qui
est une réalité première — originelle
et élémentaire — ce qui enchaîne
l'être humain à un coin de nature bien
précis. Il faut là penser le rapport
de l'organisme social à la base
naturelle comme on pense chez
l'individu ce qui concerne ce que l'on
apprend, ce qui concerne l'éducation
par rapport à ses aptitudes. On peut
s'expliquer cela précisément à l'aide
d'exemples extrêmes. Il suffit par
exemple de songer que dans certaines
régions de la terre où la banane
constitue pour l'être humain un
aliment à portée de la main, c'est le
travail qui doit être fourni pour
amener la banane de son lieu d'origine
à l'endroit précis où elle sera
consommée qui entre en ligne de compte
pour la vie des hommes en communauté.
Si l'on compare le travail humain qui
doit être fourni pour rendre la banane
consommable par la société des hommes
au travail qui doit être fourni par
exemple dans nos régions d'Europe du
Centre pour rendre le blé consommable,
le travail qui doit être fourni pour
la banane est au bas mot trois cents
fois moins important. Le travail qui
doit être fourni pour rendre le blé
consommable est au bas mot trois cents
fois plus important.
Certes, c'est là un cas extrême. Mais
de telles différences concernant la
somme de travail nécessaire en rapport
avec la base naturelle existent aussi
entre nos divers secteurs de
production, entre les secteurs de la
production qui sont représentés dans
un organisme social quelconque
d'Europe. Non pas avec cette disparité
radicale entre la banane et le blé,
mais ces différences existent. Il fait
donc absolument partie des fondements
de l'organisme économique que, par le
rapport de l'être humain, de sa
consommation, à la nature, la somme de
capacité de travail dépende
essentiellement de la base naturelle,
de même que ce qu'est un être humain
est tributaire de ses aptitudes
naturelles corporelles ou
spirituelles. Et il suffit, par
exemple, de faire la comparaison
suivante : en Allemagne, dans des
régions de productivité moyenne, le
rapport de la culture du blé est tel
que la récolte rapporte environ sept à
huit fois la semence. Au Chili, elle
rapporte douze fois plus, dans le nord
du Mexique, elle rapporte dix-sept
fois plus, au Pérou vingt fois, dans
le sud du Mexique vingt-cinq à
trente-cinq fois plus. Telle est pour
diverses régions de la terre la
productivité de la culture du blé par
rapport au sol, au produit du sol.
Mais cela obère de façon déterminante
la somme de travail qui doit être
fournie pour insérer de façon adéquate
le blé en tant que marchandise dans la
vie économique.
De même qu'on peut donner des
indications de ce genre sur la somme
de travail qui est nécessaire pour
rendre le blé consommable selon les
diverses régions, de même on peut
aussi établir des distinctions dans la
somme de travail qui est nécessaire
pour amener à la consommation les
secteurs les plus divers de la
production, les produits bruts des
secteurs les plus divers de la
production à l'intérieur de la vie
économique d'un organisme social. Tout
cet ensemble, aux éléments intimement
liés entre eux, évolue en processus
qui commencent dans le rapport de
l'être humain à la nature, continuent
avec tout ce que l'être humain doit
faire pour transformer les produits de
la nature et les amener à pouvoir être
consommés par l'être humain ; tous ces
processus qui sont partie intégrante
de la globalité des processus depuis
la base naturelle jusqu'à l'état où
les produits peuvent être consommés,
tous ces processus — et ces processus
seuls — s'unissent en un organisme
social sain pour former le véritable
membre économique de l'organisation
sociale. Ce membre économique de
l'organisation sociale devrait donc —
je développerai ceci et le prouverai
de façon plus détaillée au cours de
ces conférences — se trouver doté, au
sein de l'ensemble de l'organisme
social, de la même autonomie que celle
que connaît en l'être humain le
système de la tête au sein de
l'ensemble de l'organisme humain. Et
un autre système devrait côtoyer de
façon autonome ce système économique :
il a affaire avec le rapport d'être
humain à être humain. Ce qui vit dans
le système économique qui n'est que
cela a affaire avec le besoin de tel
ou tel objet, ce qui permet de
constater le rapport de l'être humain
à la marchandise objective. Le
deuxième membre qui doit se développer
dans l'organisme social, si on veut
que s'éveille une vie sociale saine,
c'est tout ce qui règle le rapport
d'être humain à être humain.
On a négligé d'acquérir un regard
juste qui sache distinguer ces deux
membres de l'organisme social, par le
fait qu'hypnotisé pour ainsi dire par
la vie économique moderne et par
d'antiques habitudes de pensée, on a
cru, à l'époque moderne, pouvoir
automatiquement transporter et
transposer les forces et les processus
économiques ou bien pour des domaines
isolés, ou bien, comme les
socialistes, de façon radicale pour
toute la vie économique, dans ce que
je dois ici décrire comme le deuxième
membre, comme le domaine qui fait à
proprement parler partie de l'Etat au
sens strict, comme le domaine du droit
public, le domaine du rapport d'être
humain à être humain.
Ce domaine de l'Etat ne pourra se
développer de façon saine que s'il
s'engage dans le courant d'évolution
opposé à celui qui est précisément
considéré par plus d'un comme le bon
courant d'évolution. Tandis que
beaucoup de gens croient aujourd'hui
que l'organisme social ne pourra
guérir que si l'on étatise le plus
possible, que si l'on socialise le
plus possible, il s'agit bien plutôt
de reconnaître et de savoir mettre en
application pour tous les divers
domaines de la vie qu'une large
autonomie doit être instaurée entre la
vie économique avec ses propres lois
d'un côté et la vie de l'Etat au sens
étroit, elle aussi avec ses lois
propres, de l'autre côté.
Je puis bien m'imaginer que bien des
personnes vont dire : Grands Dieux !
Que de complications ! Ce qu'on
voulait réunir au nom des nécessités
de l'évolution moderne, voilà qu'il
faut le séparer en systèmes différents
! — Celui qui déclare que cela lui
paraît trop compliqué, qu'il ne peut
pas penser qu'il se réalise par ce
biais quelque chose de conforme à la
nature, ressemble à celui qui ne veut
rien savoir du fait que l'organisme
humain ne peut vivre que parce qu'il a
centralisé, en une autonomie relative,
dans la poitrine, dans le système de
la respiration et du cœur, la vie
rythmique, la vie de la respiration et
du cœur. L'ensemble de l'organisme
humain repose sur le fait que la vie
de chacun de ces systèmes forme un
tout qui se suffit à lui-même et
qu'ils conjuguent d'autre part leurs
actions. La santé de l'organisme
social repose sur le fait que la vie
économique obéit à ses lois propres,
que la vie du droit, la vie du droit
public, de la sécurité publique, tout
ce que l'on peut qualifier de
politique au sens strict obéit
également à ses lois propres, à ses
institutions propres. C'est alors
justement que les deux domaines de
l'organisme social conjugueront leurs
actions de façon juste. Et au risque
de faire frémir plus d'un auditeur qui
croit être enfin parvenu à une
conception juste à partir de certains
présupposés, au risque d'en faire
frémir plus d'un, il faut dire
cependant il n'y aura pas de guérison
de l'organisme social aussi longtemps
que la vie économique et la vie
politique seront administrées ensemble
de façon centralisée dans un parti,
dans une administration. Nous verrons
plus loin que cela est également
valable pour le troisième domaine. De
même que le système de la circulation
a son propre poumon, que le système
neuro-sensoriel a son propre système
cérébral, il est nécessaire qu'existe
un organisme administratif
particulier, un organisme
d'administration autonome, un
organisme de représentation autonome,
donc la représentation d'un parti ou
d'autres instances, d'une part pour la
vie économique, d'autre part pour la
vie politique ou pour la vie du droit
public, et également de façon autonome
pour le troisième domaine, pour la vie
de l'esprit.
Ces trois domaines possèdent dans un
organisme social sain une certaine
souveraineté et négocient entre eux
par l'intermédiaire de leurs
représentants autonomes pour instaurer
ces rapports réciproques entre les
trois membres de l'organisme social.
Ceci correspond aux rapports instaurés
en pleine autonomie entre les trois
membres de l'organisme naturel de
l'être humain. Il s'avérera que pour
l'essentiel les représentations et les
administrations qui seront issues du
membre économique de l'organisme
auront essentiellement à tendre à ce
que cet organisme économique soit, en
ce qui le concerne, édifié sur un
fondement associatif, soit de la
nature d'une coopérative, d'un
syndicat, mais d'une coopérative, d'un
syndicat au sens supérieur, d'une
coopérative, d'un syndicat qui ne
s'occupent que des lois de la
production des marchandises, de la
circulation des marchandises, de la
consommation des marchandises. C'est
cela qui constituera le fondement, le
contenu du membre économique de
l'organisme social. Il reposera sur la
vie associative. Il reposera sur ce
qui compensera les inévitables
inégalités qui découlent de la base
naturelle. J'ai indiqué combien peut
varier la somme de travail à fournir
par l'être humain selon qu'il existe
tel ou tel rapport entre un secteur de
production et sa base dans la nature.
Tout ceci aboutit à une forme
d'organisation sociale qui n'est pas
naturelle lorsque la nature, le
travail humain et le capital sont liés
dans le travail comme ils l'ont été
jusqu'à présent. La nature, le travail
humain et le capital ont été confondus
de la manière la plus chaotique qui
soit dans l'Etat unitaire, ou sont
restés de manière anarchique en dehors
de cet Etat unitaire. Il faut qu'il
soit reconnu que la vie de la culture
de l'esprit, qui repose sur les
aptitudes corporelles et spirituelles
des êtres humains et sur leur
formation, tout comme la vie du droit
public, politique, que toutes deux ont
précisément la tâche de séparer,
d'amener à une vie autonome et
indépendante ce qui forme le système
de l'organisme économique.
Pour me faire comprendre, dans la
mesure où cela est dès aujourd'hui
nécessaire, je peux peut-être encore
évoquer l'aspect suivant. Lorsque,
provenant certes de fondements
différents de ceux que nous
connaissons déjà aujourd'hui, a surgi
de profondeurs cachées de la nature
humaine cet appel à donner une forme
nouvelle à l'organisme social, on
entendit ces trois mots qui étaient la
devise de cette réorganisation :
fraternité, égalité, liberté. Et bien
sûr, toute personne qui s'intéresse à
tout ce qui est véritablement humain —
sans préjugés et avec un sentiment
sain de ce qu'est l'humanité — ne peut
qu'éprouver la plus profonde sympathie
et la compréhension la plus profonde
pour tout ce qui est contenu dans ces
mots : fraternité, égalité, liberté.
Et pourtant, je connais d'excellents
penseurs, des penseurs profonds,
perspicaces, qui, à de nombreuses
reprises au cours du 'axe siècle, se
sont donné la peine de montrer qu'il
est impossible de réaliser dans un
organisme social unitaire les idées de
fraternité, d'égalité, de liberté.
Ainsi, un Hongrois perspicace a tenté
d'apporter la preuve que ces trois
choses, si on veut qu'elles se
réalisent, si on veut qu'elles
pénètrent dans la structure de la
société humaine, se contredisent. Il a
par exemple démontré avec perspicacité
qu'il est impossible, si on instaure
la seule égalité dans la vie sociale,
que la liberté, qui est partie
intégrante de l'essence de chaque être
humain, soit également respectée. Il
trouvait ces trois idéaux
contradictoires. C'est étonnant, mais
on ne peut faire autrement que d'être
d'accord avec ceux qui constatent
cette contradiction et on ne peut pas
faire autrement que d'avoir de la
sympathie pour chacun de ces trois
idéaux en raison d'un sentiment
universellement humain. Pourquoi cela
?
Eh bien, précisément pour la raison
que l'on ne comprend vraiment le sens
juste de ces trois idéaux que
lorsqu'on reconnaît la nécessité de la
triarticulation de l'organisme social.
Ces trois membres de l'organisme
social ne doivent pas être assemblés
et centralisés en l'unité abstraite et
théorique d'un parlement ou d'une
autre instance, ils doivent être une
réalité vivante et ne produire
ensemble l'unité que par une activité
vivante menée côte à côte. Lorsque ces
trois membres sont autonomes, ils se
contredisent d'une certaine manière,
comme le système du métabolisme
contredit le système de la tête et le
système rythmique. Mais, dans la vie,
ce qui est contradictoire crée
précisément l'unité dans l'action.
C'est pourquoi on parviendra à saisir
la vie de l'organisme social si l'on
est en mesure de bien voir quelle est
la configuration de cet organisme
social qui correspond à la réalité. On
comprendra alors que dans l'activité
que les hommes mènent en commun dans
la vie économique, où ils ont à gérer
entre eux dans ce domaine particulier
qui leur est propre ce qui concerne ce
premier membre de l'organisme social,
que dans ce domaine c'est la
fraternité qui doit agir dans ce que
les êtres humains font. Dans le
deuxième membre, dans le système du
droit public, où on a affaire au lien
d'être humain être humain, uniquement
dans la mesure où l'on est tout
simplement un être humain, on a
affaire à la réalisation de l'idée
d'égalité. Et dans le domaine de
l'esprit, qui doit lui aussi disposer
d'une relative autonomie dans
l'organisme social, on a affaire à
l'idée de liberté. Et voici que tout à
coup ces trois idéaux si précieux
acquièrent enfin valeur de réalité
lorsqu'on sait : ils ne doivent pas se
réaliser dans un chaos résultant d'un
coup de dés, mais en ce qui constitue
un organisme social tripartite orienté
d'après des lois adéquates à la
réalité, dans lequel chacun des trois
membres puisse réaliser séparément
l'idéal qui lui correspond de liberté,
d'égalité et de fraternité.
Je ne peux aujourd'hui indiquer la
structure de l'organisme social que
dans ses grandes lignes. Dans les
conférences suivantes, je fonderai et
prouverai tout cela dans les détails.
Mais j'ai encore à ajouter à ce qui
vient d'être dit qu'il doit y avoir
comme troisième membre de l'organisme
social sain l'activité de tout ce qui
y trouve place à partir de
l'individualité humaine, de ce qui
doit être fondé sur la liberté, de
tout ce qui repose sur les aptitudes
corporelles et spirituelles de chaque
individu. On touche ici de nouveau à
un domaine qui, il faut bien le dire,
cause encore à plus d'un homme de
notre époque un léger frisson de
crainte quand on en donne une
caractéristique juste. Ce que ce
troisième domaine d'un organisme
social sain doit englober, c'est tout
ce qui concerne la vie religieuse de
l'être humain, ce qui concerne l'école
et l'éducation au sens le plus large
et aussi ce qui concerne encore par
ailleurs la vie de l'esprit, la vie
artistique etc. Et je vais seulement
évoquer ce point aujourd'hui, je le
fonderai également de façon plus
détaillée dans les prochaines
conférences : tout ce qui concerne non
pas le droit public, qui fait partie
du deuxième domaine de l'organisme
social, mais ce qui concerne le droit
privé et le droit pénal fait partie de
ce troisième domaine. Bien des "gens à
qui j'ai pu exposer cette
triarticulation de l'organisme social
ont compris bien des aspects — mais il
est autre chose que ces mêmes
personnes ne pouvaient absolument pas
comprendre : qu'il faille séparer le
droit public, le droit qui se rapporte
à la sécurité et à l'égalité de tous
les êtres humains, de ce qui est le
droit par rapport à une violation du
droit ou par rapport à ce que sont
justement les liens privés des êtres
humains, qu'il faille séparer l'un de
l'autre et que le droit privé et le
droit pénal doivent être du ressort du
troisième membre, du membre spirituel
de l'organisme social.
Or la vie moderne s'est
malheureusement totalement détournée
jusqu'à présent d'une perspective qui
prendrait en considération ces trois
membres de l'organisme social. De même
que le corps économique a fait entrer
ses intérêts dans la vie de l’État,
dans la vie politique proprement dite,
qu'il a introduit ses intérêts dans
les instances représentatives de la
vie politique et a compromis par là la
possibilité de donner à ce deuxième
membre de l'organisme social une forme
telle que l'égalité de tous les hommes
s'y réalise, de même la vie économique
et politique a aspiré en elle ce qui
ne peut se développer que sous une
forme libre. Par une sorte d'instinct
— un instinct allant certes à
contresens —, la social-démocratie
moderne a tenté de séparer la vie
religieuse de la vie publique de
l’État : « la religion est une affaire
privée »; or cela ne procédait
malheureusement pas d'un respect
particulier pour la religion, d'une
estime particulière pour ce qui avec
la vie religieuse est donné à l'être
humain, mais justement d'un mépris de
la vie religieuse, d'une indifférence
à son égard, ce qui est lié aux
aspects que j'ai développés avant-hier
dans la conférence précédente. Mais ce
qui est juste dans cette
revendication, c'est de séparer la vie
religieuse des deux autres domaines,
de la forme à donner à la vie
économique et de la forme à donner à
la vie politique. Mais il est tout
aussi nécessaire de séparer des deux
autres membres l'ensemble de
l'instruction publique élémentaire et
supérieure, et très généralement la
vie de l'esprit. Et il ne s'instaurera
une vie véritablement saine de
l'organisme social que lorsqu'au sein
de ces corps qui auront à veiller à
l'égalité de tous les êtres humains
devant la loi, lorsque dans ces corps
on aura seulement pour but que
l'école, la vie religieuse et
spirituelle sous toutes ses formes
puissent se développer à partir des
individualités humaines libres,
lorsqu'on veillera à ce que cette vie
se développe dans la liberté,
lorsqu'on n'aura pas la prétention de
gérer par soi-même, au nom de
l'économie ou de l’État, la vie de
l'école, de l'éducation, de l'esprit.
Ceci paraît aujourd'hui radical.
Pourtant, il faut exprimer des idées
radicales comme celles-ci dès qu'on
les a perçues. La vie de l'esprit, y
compris la vie de l'éducation, y
compris la justice dans les affaires
privées et pénales, est tellement
tributaire de ce qui émane de
l'individualité particulière de l'être
humain dans sa pleine liberté que les
deux autres membres de l'organisme
social ne sont pas habilités à influer
sur la configuration, la forme de
cette vie.
Je ne vous ai donné aujourd'hui tout
d'abord qu'une esquisse indiquant la
direction de pensée dans laquelle se
meuvent les tentatives de solution de
la question sociale, ces tentatives de
solution qui reposent sur les
nécessités réelles de la vie et non
pas sur les revendications abstraites
de tel ou tel parti, de telle ou telle
classe, mais sur les forces
d'évolution de l'humanité des temps
modernes dans son ensemble.
J'aimerais ajouter que je peux
comprendre toutes les objections qui
seront faites, mais que je demande
précisément qu'on attende avant de
faire des objections d'avoir entendu
ce que j'aurai à dire dans les
conférences suivantes pour préciser
cette esquisse d'ensemble. Je pourrais
comprendre qu'on ait des objections
tout particulièrement aujourd'hui où
j'ai seulement tenté de donner une
caractéristique, sans avoir encore
apporté de preuves. Mais j'aimerais
dire que je peux comprendre toutes les
objections en raison des nombreuses
expériences que j'ai faites avec les
idées que je veux défendre ici aussi
et que je perçois, grâce à la science
de l'esprit si souvent méconnue, comme
la base de la réalité de la vie. Nous
avons derrière nous l'époque où
l'humanité a connu la plus terrible
des catastrophes. Quand on était
encore plongé dans la vie que l'on
devait mener en cette époque
catastrophique, il aurait fallu
n'avoir pas le cœur à sa place pour
n'avoir pas cherché à sonder ses
forces, ses capacités, en se demandant
: où se trouvent les aides permettant
de sortir du terrible chaos où nous a
menés notre dérive ? — Je vous ai dit
avant-hier que j'aurai encore à parler
dans les deux conférences suivantes
des circonstances particulières de
cette guerre quant à ses causes et
quant à son déroulement en liaison
avec la question sociale. J'aimerais
dire aujourd'hui qu'il était clair
pour moi, tandis que nous étions
encore en plein dans les événements
qui sont entrés actuellement dans une
crise dont bien des gens à la vue
courte croient qu'elle est déjà une
fin, qu'au nombre des choses qui
peuvent, dans l'une ou l'autre partie
du monde soi-disant civilisé, conduire
hors du chaos, hors de la terrible
catastrophe, il faut compter une façon
juste de penser et de se représenter
des impulsions véritables, adéquates à
la réalité, concernant l'organisme
social humain. A plus d'une
personnalité qui, ces dernières
années, était active et pouvait donner
des conseils de par sa position au
cœur de ce qui se déroulait sous une
forme aussi terrible dans l'évolution
de l'humanité moderne j'ai présenté ce
qui est maintenant aussi le point
central des développements que je vous
propose ici ; à plus d'une
personnalité à qui — aurait-on pu
penser — il importait de le faire
comprendre, j'ai tenté d'expliquer
combien les choses changeraient s'il
était dit au monde par une autorité,
par une instance qui a du poids : Nous
voulons aller vers un but social qui
soit sain pour l'humanité. — Tous les
rapports des Etats entre eux auraient
pu devenir autres si, au lieu de
simples programmes juridiques ou
étatiques, des programmes englobant
toute l'humanité dans le sens que nous
entendons ici avaient, à tel ou tel
endroit, été introduits dans
l'humanité.
On ne peut même pas dire que de
telles idées n'aient pas rencontré une
certaine compréhension théorique. Ce
que j'ai exposé dans ces conférences a
même paru très sympathique à plus
d'un. Mais jeter le pont entre la
compréhension d'une chose telle que
celle-là et la volonté de faire
réellement tout pour réaliser ces
choses de façon correspondante dans la
vie comme elles le demandent, chacun à
sa place, jeter ce pont, c'est encore
une autre affaire. C'est malaisé sous
bien des rapports. C'est pourquoi bien
des gens s'étourdissent volontiers et
disent : Tout l'ensemble me paraît
chimérique, pas réaliste. — Ils
s'étourdissent seulement, parce qu'ils
n'ont pas la volonté d'intervenir
réellement dans le cours des
événements. Nous n'entendons pas ici
un cours révolutionnaire des
événements, quelque chose qui devrait
se produire du jour au lendemain, nous
entendons une direction vers laquelle
doivent être infléchies toutes les
diverses mesures prises pour la vie
publique et privée, si l'on veut que
l'organisme social guérisse. Ce que
j'ai déjà dit avant-hier, je l'ai dit
sous une autre forme à plus d'une
personnalité sur laquelle on espérait
pouvoir compter en ces temps
difficiles, je l'ai dit en ces termes
: Aujourd'hui, ai-je dit par exemple,
nous nous trouvons dans la plus
terrible des guerres. Si on exprimait,
à partir de cette situation de guerre
qui est la plus terrible des guerres,
ce qui est socialement nécessaire à
l'humanité sous la forme suivante : on
s'engage à donner à tel ou tel domaine
un contenu digne de l'être humain en
ceci que l'on veut réaliser pour
l'humanité une chose telle que
celle-là , on donnerait au cours
terrible des événements une direction
tout autre, plus salutaire que par la
seule épée, par les seuls canons et
autres armes ou par la seule
politique, qui en bien des domaines
est même inexistante. Je disais : Vous
avez le choix, ou bien de réaliser par
la raison ce qui est exposé là , ce
qui procède des connaissances des
conditions d'évolution et des forces
d'évolution de l'humanité, ou bien
d'être placé devant tout autre chose.
Nous nous trouvons aujourd'hui, parce
que l'humanité a pour ainsi dire
négligé dans les dernières décennies
de prendre connaissance de tout cela,
nous nous trouvons aujourd'hui devant
la plus terrible des catastrophes qui
a fondu sur nous comme une maladie,
comme une maladie qui attaque un
organisme qui n'obéit pas aux lois que
la nature lui prescrit. Cette
catastrophe qu'est la guerre doit
précisément montrer, montrer
clairement ce que l'on aurait déjà pu
voir auparavant, mais que l'on n'a
précisément pas vu parce que cela
n'était pas aussi clair, elle doit
montrer ce qui est nécessaire à la
guérison de l'organisme social de
l'humanité. Et j'ai dit à bien des
gens : Avec ces indications concernant
l'évolution de l'humanité du point de
vue social, vous avez là ce qui veut
se réaliser dans le monde civilisé
pour les vingt à trente années à
venir. Ce dont je parle n'est pas un
programme, pas un idéal, mais c'est le
résultat de l'observation de ce qui
veut se réaliser dans les dix, vingt,
trente années à venir grâce à ce qui
est déjà aujourd'hui présent en germe
dans l'humanité. Et vous avez
seulement ce choix, leur disais-je :
ou de travailler selon la raison à ce
que cela se réalise, ou de vous
trouver confrontés à des révolutions
et à des cataclysmes sociaux, à de
terribles bouleversements sociaux. Il
n'y a pas de troisième voie. La guerre
sera peut-être le moment — disais- je
à plus d'un — où il est encore
possible de se rendre à la raison.
Ensuite, il se pourrait qu'il soit
trop tard. Car il ne s'agit pas d'un
programme que l'on peut exécuter ou
non, mais il s'agit de voir ce qui
veut se réaliser et que l'être humain
doit réaliser, parce que cela est
présent dans les forces de croissance
historiques où agit la nécessité, pour
le présent et pour le proche avenir.
Ce qui, de plus, constituait aussi un
obstacle particulier à la
compréhension était qu'il y avait
toujours une personne ou une autre
pour croire que de telles idées ne
concernaient que la structure interne
d'un Etat particulier ou d'un canton
particulier de l'humanité. Non, une
telle pensée sociale est en même temps
le fondement de la configuration de la
politique extérieure des Etats entre
eux, telle qu'elle est véritablement
nécessaire. De même que l'organisme
humain tourne chacun de ses systèmes
vers l'extérieur par l'intermédiaire
d'organes particuliers, de même seul
l'Etat, si je peux maintenant employer
cette formulation globale, peut, en
tant qu'organisme social, mettre ses
trois membres en mouvement vers
l'extérieur. Les rapports de chaque
Etat à l'autre se présenteront tout
différemment lorsque ce ne seront plus
des gouvernements et des
administrations centralisées qui
entreront en relations les uns avec
les autres, mais que les représentants
de la vie de l'esprit de l'un des
groupements sociaux entreront en
relations avec les représentants de la
vie de l'esprit de l'autre groupe
social constituant un Etat et que de
leur côté les représentants du domaine
économique, du domaine politique,
entreront en relations avec la
représentation correspondante des
autres. L'assemblage, la confusion
inextricable des trois domaines se
présente, dans son action vers
l'extérieur, de telle façon
qu'inévitablement, si je puis dire,
des conflits naissent aux frontières
en raison du chaos qui résulte de la
confusion inextricable des trois
domaines ; mais si les représentations
des trois membres de l'organisme
social agissaient de façon autonome
par-delà les frontières des différents
pays, non seulement l'activité de l'un
des membres dans sa dimension
internationale ne gênerait pas celle
de l'autre, mais elle serait au
contraire corrigée et équilibrée.
Voilà donc ce que je voudrais me
contenter aujourd'hui d'esquisser dans
ses grandes lignes pour confirmer
qu'il ne s'agit pas seulement ici de
faire valoir, pour ainsi dire, la
structure sociale interne d'un Etat,
mais qu'il s'agit de la vie sociale et
internationale de l'humanité. J'ai
déjà tenté d'expliquer toutes ces
choses alors que nous étions en plein
dans les terribles événements de cette
catastrophe. Maintenant, un malheur
terrible a fondu sur bien des êtres
humains d'Europe du Centre et de
l'Est, un malheur terrible qui, pour
tout un chacun, pour tous ceux qui ont
de la perspicacité s'avère aussi
menacer le reste du monde. Il faut
que, concernant une compréhension
véritable par l'humanité de ses tâches
dans le présent et dans l'avenir, se
produise le fait suivant : que ceux
qui, à partir des véritables
conditions d'évolution de l'humanité,
veulent amener la vie sociale à sa
guérison, ne soient pas pris pour des
idéalistes dépourvus de sens pratique,
mais soient enfin considérés comme
ceux qui connaissent vraiment la vie.
A la forme que la technique et le
capitalisme ont imprimée à la vie
moderne comme si elle allait de soi,
il faut que s'oppose la configuration,
reposant entièrement sur l'initiative
humaine la plus profonde, de la vie de
l'esprit, de la culture autonome de
l'esprit et de la culture autonome de
l'Etat, qui fonde la véritable égalité
d'être humain à être humain et qui
seules peuvent, comme nous allons le
voir, régler le problème des
conditions de travail et de salaire
d'une façon convenable pour le
prolétariat.
Le problème de la forme à donner au
travail humain, une fois que le
travail humain serait affranchi de son
statut de marchandise, ne devient
soluble qu'après l'instauration de la
triarticulation de l'organisme social.
Ce que veulent les socialistes
actuellement est certes justifié en
tant que vouloir; ce qu'ils
considèrent eux-mêmes comme un remède
serait le moins apte à agir comme
remède, si cela passait dans la
réalité extérieure sous la forme où
ils le souhaitent.
Mais je voudrais sans relâche
insister sur ce point : je tente ici,
non pas à partir d'une prise de
position limitée à la perspective
d'une classe ou d'un parti, mais à
partir de l'observation des forces
d'évolution de l'être humain, de
parler de ce que les uns appellent
socialisation, les autres guérison de
la vie sociale, d'autres encore réveil
d'un sens politique sain etc. Mais
qu'on ait ici affaire à quelque chose
qui n'est pas un programme arbitraire,
qui est au contraire l'impulsion de la
réalité la plus profonde des
prochaines décennies de l'évolution de
l'humanité : voilà ce qui sous-tend
tout ce que j'ai pensé et voulu
réaliser avec ces conférences ; que
l'on n'a pas affaire à l'opinion d'un
homme issu de telle ou telle catégorie
sociale, mais que l'on a affaire à ce
qui exprime le fondement profond du
vouloir de l'humanité pour les
prochaines décennies. Je voudrais
maintenant fonder et développer et
prouver cela dans les détails pour les
deux conférences de la semaine
prochaine.
NOTES (1) Paru aux Editions
anthroposophiques romandes, Genève,
1984. * Conférence faite à Zurich le 5
février 1919. In : Die soziale Frage,
Rudolf Steiner Verlag, Dornach 1977
(GA 328), pp. 24-46. Titre de la
rédaction: Pour comprendre les idéaux
de la Révolution française
|
Mit
Bezug auf meine Ausführungen möchte
ich die Bitte aussprechen, diese vier Vorträge
durchaus als ein Ganzes zu betrachten,
so daß das, was
in einem der Vorträge vorgebracht
wird, keineswegs aus sich selbst wird immer vollständig
beurteilt werden können.
Das Thema, das in Betracht
kommt, ist ja ein so umfassendes, daß
es sich wirklich nur bewältigen läßt in einer Anzahl
von Vorträgen.
Im
heutigen Vortrage möchte ich
vorläufig skizzenweise sprechen von denjenigen
Lösungsversuchen, die aus einer
wirklichen Erkenntnis der Wesenheit des
sozialen Organismus kommen können,
jene Lösungsmöglichkeiten
der sozialen Frage, welche nicht
einseitig aus den
Forderungen dieser oder jener
Menschenklasse, dieses oder jenes
Standes hervorgehen, sondern welche
hervorgehen aus einer wirklichkeitsgemäßen, aus einer
sachgemäßen Beobachtung der
Entwickelungskräfte
der Menschheit, insbesondere
derjenigen Entwickelungskräfte der Menschheit, die in
ausgesprochenstem Maße die
Entwickelungskräfte
der Gegenwart und der nächsten
Zukunft dieser Menschheit sind. Versucht man das, was
man heute die soziale Frage nennt,
irgendwie einer
Lösung entgegenzubringen aus den
Aspirationen, den Forderungen eines Standes,
einer Klasse heraus, überhaupt aus
irgendeinem Teil des
sozialen Organismus heraus, so kann
man gar nicht anders als durch das, was man vollführt
auf der einen Seite, Wirkungen
hervorzurufen für andere
Klassen, für andere Faktoren des
sozialen Organismus, die in irgendeiner Weise
entwickelungshemmend oder die
Gesundheit der Lebensverhältnisse
untergrabend sind.
Für
unsere Zeit gilt dies, was ich als
Wahrheit hier andeute und im Laufe der Vorträge
erhärten will: daß das ganze moderne
Leben, oder man
kann eben auch sagen, der moderne
soziale Organismus, eine ganz bestimmte Gestaltung
erfahren hat durch das, was ja
oftmals als das Charakteristische
dieses modernen Lebens ausgesprochen
wird, durch die moderne
Technik, durch den technischen
Betrieb des Wirtschaftslebens und
was damit im Zusammenhange steht,
durch die kapitalistische Art, diesen
Wirtschaftsbetrieb zu organisieren.
Auf dasjenige, was moderne Technik, was moderner
Kapitalismus in das Leben
hereingebracht haben,
hat sich notwendig nicht nur der
beobachtende Blick der Menschen gerichtet,
sondern es haben sich darauf
gerichtet auch die mehr oder weniger bewußten
oder mehr oder weniger instinktiv
wirkenden organisierenden
Kräfte innerhalb der sozialen
Struktur der menschlichen
Gesellschaft.
Man
kann nun das Charakteristische, das
gerade zu der besonderen Gestalt der sozialen
Frage in der neueren Zeit geführt
hat, wohl so aussprechen,
daß man sagt : Das Wirtschaftsleben,
von der Technik getragen,
der moderne Kapitalismus, sie haben
mit einer gewissen naturhaften
Selbstverständlichkeit gewirkt und
die moderne Gesellschaft in eine
gewisse innere Ordnung gebracht.
Neben der Inanspruchnahme der menschlichen
Aufmerksamkeit für das, was Technik
und Kapitalismus gebracht
haben, ist die Aufmerksamkeit
abgelenkt worden von anderen Zweigen, anderen
Gebieten des sozialen Organismus,
die ebenso notwendig
wirksam werden müssen, wenn der
soziale Organismus gesund sein soll wie das
wirtschaftliche Gebiet.
Ich
darf vielleicht, um mich über das zu
verständigen, was ich gerade als den Nerv einer
umfassenden, allseitigen Beobachtung
über die soziale
Frage erkannt zu haben glaube, von
einem Vergleich ausgehen. Aber ich bitte zu
berücksichtigen, daß ich nichts
anderes meine damit als einen Vergleich, als
etwas, was unterstützen kann das
menschliche Verständnis,
um es gerade in diejenige Richtung
zu bringen, welche notwendig ist, um sich
Vorstellungen zu machen über die
Gesundung des sozialen
Organismus. Wer in dieser Hinsicht
betrachten muß den kompliziertesten
natürlichen Organismus, den
menschlichen Organismus, der muß seine
Aufmerksamkeit darauf richten, daß
die ganze Wesenheit dieses
menschlichen Organismus darauf
beruht, daß er drei nebeneinander wirksame Systeme in
einem inneren Gefüge aufzuweisen
hat. Diese drei
nebeneinander wirksamen Systeme kann
man etwa in folgender Weise kennzeichnen. Man
kann sagen : Im menschlichen
natürlichen Organismus wirkt
dasjenige System, welches in sich
schließt das Nerven-
und Sinnesleben. Man könnte es auch
nach dem wichtigsten Gliede des Organismus, wo das
Nerven- und Sinnesleben
gewissermaßen zentralisiert
ist, den Kopforganismus nennen.
Als
zweites Glied der menschlichen
Organisation hat man anzuerkennen, wenn man ein
wirkliches Verständnis erwerben will
für diese menschliche
Organisation, was ich nennen möchte
das rhythmische System,
das zusammenhängt mit Atmung,
Blutzirkulation, mit alldem, was sich ausdrückt in
rhythmischen Vorgängen des
menschlichen Organismus.
Als
drittes System hat man dann
anzuerkennen alles dasjenige, was
als Organe
und Tätigkeiten zusammenhängt mit
dem eigentlichen Stoffwechsel. In diesen drei
Systemen ist enthalten alles
dasjenige, was in gesunder
Art unterhält, wenn es aufeinander
organisiert ist, den Gesamtvorgang, der sich
abspielt im menschlichen Organismus.
Ich
habe versucht,
in vollem Einklange mit alldem, was
naturwissenschaftliche
Forschung schon heute sagen kann,
diese Dreigliederung des menschlichen
natürlichen Organismus wenigstens
zunächst skizzenweise
in meinem Buche «Von Seelenrätseln»
zu charakterisieren. Ich bin mir klar darüber, daß
alles das, was Biologie,
Physiologie, was Naturwissenschaft mit Bezug
auf den Menschen in der
allernächsten Zeit hervorbringen werden,
gerade hinführt zu einer solchen
Betrachtung des menschlichen
Organismus, welche durchschaut, wie
diese drei Glieder — Kopfsystem,
Zirkulations- oder Brustsystem und
Stoffwechselsystem — gerade
dadurch den Gesamtvorgang im
menschlichen Organismus aufrechterhalten, daß
diese Glieder in einer gewissen
Selbständigkeit wirken, daß nicht
eine absolute Zentralisation des
menschlichen Organismus
vorliegt, daß auch jedes dieser
Systeme ein besonderes, für sich bestehendes Verhältnis
zur Außenwelt hat : das Kopfsystem
durch die Sinne,
das Zirkulationssystem oder
rhythmische System durch die Atmung, und das
Stoffwechselsystem durch die
Ernährungsorgane.
Wir
sind mit Bezug auf
naturwissenschaftliche Methoden noch
nicht ganz
so weit, um das, was ich hier
angedeutet habe, was aus geisteswissenschaftlichen
Untergründen heraus für die
Naturwissenschaft von mir zu verwerten gesucht
worden ist, um das wirklich schon
innerhalb der naturwissenschaftlichen
Kreise selbst zur allgemeinen
Anerkennung zu bringen,
wie das wünschenswert für den
Erkenntnisfortschritt erscheinen kann. Das heißt
aber : Unsere Denkgewohnheiten,
unsere ganze Art,
die Welt vorzustellen, ist noch
nicht vollständig angemessen dem, was zum Beispiel im
menschlichen Organismus sich als die
innere Wesenheit
des Naturwirkens darstellt. Man
könnte in einem gewissen Sinne sagen: Nun ja,
die Naturwissenschaft kann warten,
sie wird nach und
nach ihren Idealen zueilen, sie wird
schon dahin kommen, solch eine Betrachtungsweise als
die ihrige anzuerkennen. Aber mit
Bezug auf die Betrachtung
und namentlich das Wirken des
sozialen Organismus, kann man nicht warten. Da
muß nicht nur bei irgendwelchen
Fachmännern, sondern
da muß in jeder Menschenseele — denn
jede Menschenseele nimmt
teil an der Wirksamkeit des sozialen
Organismus — wenigstens eine instinktive
Erkenntnis von dem vorhanden sein,
was diesem sozialen
Organismus notwendig ist. Ein
gesundes Denken und Empfinden, ein
gesundes Wollen und Begehren mit
Bezug auf die Gestaltung des sozialen Organismus
kann sich nur entwickeln, wenn man,
sei es auch mehr
oder weniger bloß instinktiv, sich
klar darüber ist, daß dieser soziale Organismus,
soll er gesund sein, ebenso
dreigliedrig sein muß wie der natürliche
Organismus.
Da
bin ich an dem Punkte, wo ich mich
besonders verwahren muß dagegen, mißverstanden zu
werden. Es ist ja, seit Schäffle sein Buch geschrieben
hat über den Bau des sozialen
Organismus, immer wieder und wiederum versucht worden,
Analogien festzustellen zwischen der
Organisation eines
Naturwesens, sagen wir der
Organisation des Menschen und der menschlichen
Gesellschaft als solcher. Was hat
man da alles versucht
festzustellen, was im sozialen
Organismus die Zelle ist, was Zellengefüge sind, was
Gewebe sind und so weiter ! Noch vor
kurzem ist ja ein Buch erschienen
von Meray,
«Weltmutation»,
in dem gewisse naturwissenschaftliche
Tatsachen und naturwissenschaftliche
Gesetze einfach
übertragen werden auf, wie man
meint, den menschlichen Gesellschaftsorganismus. Mit
all diesen Dingen, mit all diesen Analogiespielereien hat dasjenige,
was hier gemeint ist, absolut nichts
zu tun. Und derjenige,
welcher nach Abschluß dieser
Vorträge sagen wird: Aha, hier hat man es auch
wiederum mit einem solchen
Analogiespiel zwischen dem natürlichen
Organismus und dem
gesellschaftlichen Organismus zu tun —, der wird
dadurch nur beweisen, daß er nicht
in den eigentlichen Geist
des hier Gemeinten eingedrungen ist.
Denn nicht das will ich : irgendeine für
naturwissenschaftliche Tatsachen
passende Wahrheit herüberverpflanzen
auf den sozialen Organismus, sondern
das will ich, daß
das menschliche Denken, das
menschliche Empfinden so lernt an der Betrachtung des
naturgemäßen Organismus, daß es
seine Methode, seine
Empfindungsweise dann auch anwenden
kann auf den sozialen Organismus.
Wenn man einfach das, was man glaubt
gelernt zu haben am
natürlichen Organismus, überträgt
auf den sozialen Organismus, wie Schäffle es getan
hat, wie es andere getan haben, wie
es wiederum in dem
Buch über «Weltmutation»
gemacht wird,
so zeigt man damit nur, daß man nicht sich die
Fähigkeiten aneignen will, den
sozialen Organismus
ebenso selbständig, ebenso für sich
zu betrachten, nach seinen eigenen Gesetzen zu
forschen, wie man dies tut für den
natürlichen Organismus.
Also nur um mich verständlich zu
machen, habe ich den Vergleich gezogen mit dem
natürlichen Organismus. Denn in dem
Augenblicke, wo
man wirklich so vorgeht, daß man
objektiv, wie der Naturforscher, sich gegenüberstellt
dem natürlichen Organismus, so sich
dem sozialen Organismus in seiner
Selbständigkeit gegenüberstellt, um
dessen eigene Gesetze
zu erkennen, in diesem Augenblicke
hört gegenüber dem Ernst der Betrachtung jedes
Analogiespiel auf.
Ich
will gleich bemerken, wie dieses
Analogiespiel aufhören muß. Die Betrachtung des
sozialen Organismus — allerdings hat
man es da mit einem
Werdenden, mit einem eigentlich erst
Entstehenden zu tun —, insoferne er gesund sein
soll, führt ebenfalls zu drei
Gliedern dieses sozialen
Organismus ; aber man erkennt beides
selbständig für sich, wenn man objektiv die Dinge
nehmen kann. Man erkennt auf der
einen Seite die
drei Glieder des menschlichen
Organismus, auf der anderen Seite objektiv für sich die
drei Glieder des sozialen
Organismus. Würde man Analogien suchen, dann
würde man vielleicht in der
folgenden Weise verfahren.
Man würde sagen : Das menschliche
Kopf- oder Nerven-Sinnessystem
hängt zusammen mit dem menschlichen
Geistesleben, mit den
geistigen Fähigkeiten; das
Zirkulationssystem regelt den Zusammenhang dieses
geistigen Systems mit dem gröbsten
System, mit dem materiellen
System, mit dem Stoffwechselsystem.
Das Stoffwechselsystem wird dann nach
gewissen Empfindungen, die man nun
schon einmal
aus gewissen Untergründen heraus
hat, als das gröbste System des menschlichen Organismus
angesehen. Was wäre nun, wenn man
ein Analogiespiel
treiben würde, das Nächstliegende?
Das Nächstliegende wäre,
daß man sagte : Nun ja, auch der
soziale Organismus zerfällt in drei
Glieder. In
ihm wickelt sich ab das menschliche
Geistesleben. Das wäre ein Glied. In ihm
wickelt sich ab das eigentliche
politische Leben — wir werden gleich
nachher von dieser Gliederung
sprechen —, in ihm wickelt sich aber auch ab das
Wirtschaftsleben. Nun könnte man,
wenn man Analogiespiel
treiben wollte, glauben, dasjenige,
was als geistiges Leben,
als geistige Kultur im sozialen
Organismus gewissen Gesetzen unterworfen ist, das
hätte solche Gesetze, die sich
vergleichen ließen mit den Gesetzen des
geistigen Systems, des Nerven- und
Sinnessystems. Dasjenige
System, das im Menschen als das
gröbste, als das eigentlich Stoffliche angesehen
wird, eben das Stoffwechselsystem,
das würde ein bloßes
Analogiespiel wahrscheinlich
vergleichen mit dem, was man nennt das grobe,
materielle Wirtschaftsleben.
Derjenige, der die Dinge nun für sich betrachten
kann, der weit von sich weist ein
bloßes Analogiespiel,
der weiß, daß das, was wirklich ist, gerade umgekehrt
ist gegenüber
dem, was durch ein bloßes
Analogiespiel herauskommt. Für den
sozialen Organismus liegen gegenüber
der wirtschaftlichen Produktion und Konsumtion,
gegenüber der wirtschaftlichen
Warenzirkulation so die
Gesetze dem Leben zugrunde, wie im
menschlichen natürlichen Organismus Gesetze
zugrunde liegen seinem Nerven- und
Sinnesleben, gerade
seinem Geistsystem. Allerdings,
dasjenige, was das Leben des
öffentlichen Rechtes ist, das
eigentliche politische Leben, das
Leben, welches
man oftmals viel zu umfassend denkt,
das man bezeichnen kann als das eigentliche
Staatsleben, das läßt sich nun
vergleichen mit dem zwischen
den zwei natürlichen Systemen, dem
Stoffwechselsystem und dem
Nerven-Sinnessystem liegenden
rhythmischen System, dem regulierenden System, dem
Atmungs- und dem Herzsystem. Aber
nur dadurch
läßt es sich vergleichen, daß eben,
wie im menschlichen Organismus zwischen dem
Stoffwechsel- und dem Nervensystem
in der Mitte
das Zirkulations- oder rhythmische
System liegt, so liegt das System des öffentlichen
Rechtes zwischen dem
Wirtschaftssystem und zwischen dem
eigentlichen Leben der
Geisteskultur. Und dieses Leben der Geisteskultur,
dieses Leben des Geistes im sozialen
Organismus, das hat nun nicht
Gesetze, die sich analog denken
lassen den Gesetzen der menschlichen
Begabungen, den Gesetzen des
menschlichen Sinnes- und Nervenlebens, sondern
das, was geistiges Leben im sozialen
Organismus
ist, das hat Gesetze, die sich nur
vergleichen lassen mit den Gesetzen des menschlichen
gröbsten Systems, des
Stoffwechselsystems.
Das
ist es, wozu eine objektive
Betrachtung des sozialen Organismus
führt. Das
muß aber auch vorausgesetzt werden,
damit kein Mißverständnis
mit Bezug auf diese Punkte eintritt,
damit man nicht glaube, es werde
einfach Physiologisches oder
Biologisches auf den sozialen Organismus übertragen. Der
soziale Organismus muß aber durchaus
selbständig
für sich betrachtet werden, wenn
Ersprießliches zu seinem Gedeihen, zu seiner
Gesundung geschehen soll.
Wie
tönt aus den mancherlei Gebieten von
Mittel- und Osteuropa auch hier
herein das Wort «Sozialisierung».
Diese Sozialisierung wird kein Heilungsprozeß,
sondern ein Kurpfuscherprozeß am
sozialen Organismus sein, vielleicht
sogar ein Zerstörungsprozeß, wenn
nicht in die menschlichen Herzen, in
die menschliche Seele einzieht
wenigstens die
instinktive Erkenntnis von der
Notwendigkeit der Dreigliederung des sozialen
Organismus. Dieser soziale
Organismus hat allerdings, wenn er gesund wirken
soll, drei solche Glieder in sich.Das erste dieser
Glieder, wenn man auf der einen
Seite beginnt — man könnte
selbstverständlich auch beim
geistigen Leben beginnen, allein wir wollen beim
Wirtschaftsleben beginnen, weil sich
dieses ja ganz augenscheinlich
alles übrige Leben beherrschend
durch die moderne Technik und den
modernen Kapitalismus in die
menschliche Gesellschaft
hereingetragen hat —, also als
erstes Glied des sozialen Organismus ist das
Wirtschaftsleben, ist das
ökonomische Leben zu betrachten. Dieses ökonomische
Leben, wir werden zum Teil schon
heute, zum Teil im
weiteren Verlauf dieser Vorträge
sehen, daß es ein selbständiges Glied für sich
innerhalb des sozialen Organismus
sein muß, so relativ selbständig
wie das Nerven-Sinnessystem im
menschlichen Organismus relativ selbständig
ist. Zu tun hat es dieses
Wirtschaftsleben mit all dem, was Warenproduktion,
Warenzirkulation, Warenkonsumtion
ist. Mit alldem,
was mit diesen drei Dingen
zusammenhängt, hat es das Wirtschaftsleben zu tun.
Wir werden uns gleich nachher über
seine Eigentümlichkeiten
noch genauer verständigen.
Als
zweites Glied des sozialen
Organismus ist zu betrachten das
Leben des öffentlichen Rechtes, das
eigentliche politische Leben, jenes
Leben, welches man im Sinne des
alten Rechtsstaates als das
eigentliche Staatsleben
bezeichnen könnte. Während es zu tun
hat das Wirtschaftsleben mit alldem, was der Mensch
braucht aus der Natur und aus seiner
eigenen Produktion
heraus, während es das
Wirtschaftsleben zu tun hat mit Waren, Warenzirkulation
und Warenkonsumtion, kann es dieses
zweite Glied
des sozialen Organismus nur zu tun
haben mit alldem, was sich aus rein menschlichen
Untergründen heraus auf das
Verhältnis des Menschen
zum Menschen bezieht. Das bitte ich
durchaus zu berücksichtigen, denn es ist
wesentlich für die Erkenntnis der
Glieder des sozialen Organismus,
daß man weiß, welcher Unterschied
besteht zwischen dem System des
öffentlichen Rechtes, das es nur zu
tun haben kann aus menschlichen
Untergründen heraus mit dem
Verhältnis von Mensch zu Mensch, und dem
Wirtschaftssystem, das es nur zu tun
hat mit Warenproduktion,
Warenzirkulation, Warenkonsumtion.
Man muß dieses ebenso
wissen, wie man zu unterscheiden
wissen muß im menschlichen
natürlichen System die Beziehung der
Lunge zur äußeren Luft, zur Verarbeitung dieser
äußeren Luft, wie man wissen muß
dieses zu unterscheiden
von der Art und Weise, wie die
aufgenommenen Nahrungsmittel, durch das
dritte natürliche System im Menschen
umgewandelt, für
den Menschen verwendet werden.
Als
drittes Glied, das wiederum
selbständig sich neben die beiden
anderen
Glieder hinstellen muß, hat man zu
unterscheiden im sozialen Organismus alles das,
was sich auf das geistige Leben
bezieht. Noch genauer
könnte man sagen, weil vielleicht
die Bezeichnung «geistige Kultur» oder alles das,
was sich auf das geistige Leben
bezieht, durchaus nicht
ganz genau ist : alles das, was
beruht auf der natürlichen Begabung
des
einzelnen menschlichen Individuums,
was hineinkommen muß in den sozialen Organismus
auf Grundlage der natürlichen
Begabung, geistigen
und physischen Begabung des
einzelnen Individuums. So wie das erste System, das
Wirtschaftssystem, es zu tun hat mit
alldem, was da sein
muß, damit der Mensch sein
materielles Verhältnis zur Außenwelt
regeln kann,
während das zweite System es zu tun
haben muß mit all demjenigen,
was da sein muß im sozialen
Organismus wegen des Verhältnisses
von Mensch zu Mensch, hat es das
dritte System, das System, das ich, nur um einen
Namen zu haben, das geistige System
nenne, zu tun
mit alldem, was hervorsprießen muß
und eingegliedert werden muß in den
sozialen Organismus aus der
einzelnen menschlichen
Individualität heraus.
Ebenso
wahr als es ist, daß moderne Technik
und moderner Kapitalismus
unserem gesellschaftlichen Leben
eigentlich in der neueren Zeit das Gepräge gegeben haben,
ebenso notwendig ist es, daß
diejenigen Wunden,
die von dieser Seite her notwendig
der menschlichen Gesellschaft geschlagen worden sind,
dadurch geheilt werden, daß man den
Menschen
und die menschliche Gesellschaft
selbst in ein richtiges Verhältnis bringt zu dem, was ich
hier charakterisiert habe als die
drei Glieder dieses sozialen
Organismus. Das Wirtschaftsleben hat
einfach durch sich selbst
in der neueren Zeit ganz bestimmte
Formen angenommen. Es hat sozusagen
hereingedrängt in das menschliche
Leben seine eigenen Gesetze. Die
anderen beiden Glieder des sozialen
Organismus sind in der Lage, mit derselben
Selbstverständlichkeit sich in der
richtigen Weise nach
ihren eigenen Gesetzen in den
sozialen Organismus hineinzugliedem. Für sie ist es
notwendig, daß der Mensch aus
Selbständigkeit, aus Bewußtsein
heraus die soziale Gliederung
vornimmt, jeder an seinem Orte, wo er steht. Denn
im Sinne derjenigen Lösungsversuche
der sozialen
Fragen, die hier gemeint sind, hat
jeder einzelne Mensch seine soziale
Aufgabe in
der Gegenwart und in der nächsten
Zukunft.
Das
erste Glied des sozialen Organismus,
das Wirtschaftsleben, das ruht zunächst auf der
Naturgrundlage. Geradeso wie der
einzelne Mensch
mit Bezug auf das, was er für sich
durch Lernen, durch Erziehung, durch das Leben
werden kann, ruht auf der Begabung
seines geistigen
und körperlichen Organismus, auf
denjenigen Begabungen und Talenten, die ihm
gegeben sind, so ruht alles
Wirtschaftsleben auf einer gewissen
Naturgrundlage. Diese Naturgrundlage
drückt einfach dem Wirtschaftsleben
und dadurch dem gesamten sozialen
Organismus sein Gepräge
auf. Aber diese Naturgrundlage ist
eben da, ohne daß sie durch irgendeine soziale
Organisation, durch irgendeine
Sozialisierung in ursprünglicher
Art getroffen werden kann. Sie muß
berücksichtigt werden.
So wie bei der Erziehung des
Menschen berücksichtigt werden muß die Begabung, die
er hat auf den verschiedenen
Gebieten, seine natürliche
körperliche und geistige
Tüchtigkeit, so muß von aller Sozialisierung überhaupt,
von jedem Versuche, dem menschlichen
Zusammenleben
auch eine wirtschaftliche Gestaltung
zu geben, berücksichtigt werden die
Naturgrundlage. Denn aller
Warenzirkulation und auch aller menschlichen
Arbeit und auch jeglichem geistigen
Kulturleben liegt
zugrunde als ein erstes
elementarisches Ursprüngliches das,
was den
Menschen kettet an ein bestimmtes
Stück Natur. Da muß man wirklich
denken über den Zusammenhang des
sozialen Organismus mit der Naturgrundlage, wie man
beim einzelnen Menschen mit Bezug
auf Lernen,
mit Bezug auf Erziehung, im
Verhältnis zu seiner Begabung zu denken hat. Man kann
sich dieses gerade an extremen
Fällen klarmachen.
Man braucht zum Beispiel nur zu
bedenken, daß in gewissen Gebieten der Erde, wo die
Banane ein naheliegendes
Nahrungsmittel für die
Menschen abgibt, in Betracht kommt
für das menschliche Zusammenleben das an Arbeit,
das aufgebracht werden muß, um die
Banane von
ihrer Ursprungsstätte aus an einen
bestimmten Bestimmungsort zu einem Konsummittel zu
machen. Vergleicht man die
menschliche Arbeit,
die aufgebracht werden muß, um die
Banane für die menschliche Gesellschaft
konsumfähig zu machen, mit der
Arbeit, die aufgebracht werden muß etwa in
unseren Gegenden Mitteleuropas, um
den Weizen konsumfähig
zu machen, so ist die Arbeit, die
für die Banane aufgebracht
werden muß, bescheiden gerechnet,
dreihundertmal geringer. Die Arbeit, die
aufgebracht werden muß, um den
Weizen konsumfähig zu
machen, ist, gering gerechnet,
dreihundertmal größer.
Gewiß,
es ist ein extremer Fall. Aber
solche Unterschiede mit Bezug auf
das notwendige Maß von Arbeit im
Verhältnis zu der Naturgrundlage sind auch unter
unseren Produktionszweigen da, unter
den Produktionszweigen,
die in irgendeinem sozialen
Organismus Europas vertreten sind. Nicht in
dieser radikalen Verschiedenheit wie
Banane und Weizen,
aber diese Unterschiede sind da. So
ist das durchaus im Wirtschaftsorganismus begründet,
daß durch das Verhältnis des
Menschen, seiner Konsumtion
zur Natur, das Maß von
Arbeitsfähigkeit wesentlich abhängt von der
Naturgrundlage, wie das Wesen eines
Menschen abhängt von
seiner natürlichen körperlichen oder
geistigen Begabung. Und man braucht ja nur zum
Beispiel zu vergleichen: In
Deutschland, in Gegenden
mit mittlerer Ertragsfähigkeit, ist
das Erträgnis der Weizenkultur so, daß ungefähr das
sieben- bis achtfache der Aussaat
wiederum einkommt durch die Ernte.
In Chile kommt das zwölffache
herein, in Nordmexiko
kommt das siebzehnfache ein, in Peru
das zwanzigfache, in Südmexiko
das fünfundzwanzig- bis
fünfunddreißigfache. Da haben Sie
für verschiedene Gegenden der Erde
die Ertragsfähigkeit der Weizenkultur im Verhältnis
zum Boden, zu dem Ertrag des Bodens.
Das aber beeinträchtigt
im wesentlichen das Maß von Arbeit,
welches aufgebracht
werden muß, um den Weizen in der
entsprechenden Weise als Ware in das
Wirtschaftsleben einzufügen.
So
wie man solche Angaben machen kann
für das Maß von Arbeit, das notwendig ist, um den
Weizen in verschiedenen Gegenden
konsumfähig
zu machen, so kann man auch
unterscheiden in dem Maße von Arbeit, das notwendig
ist, um die verschiedensten
Produktionszweige, Rohprodukte
der verschiedensten
Produktionszweige, innerhalb des Wirtschaftslebens eines
sozialen Organismus konsumfähig zu
machen. Dieses
ganze zusammengehörige Wesen,
welches verläuft in Vorgängen, die beginnen in
dem Verhältnis des Menschen zur
Natur, die sich fortsetzen
mit alldem, was der Mensch zu tun
hat, um die Naturprodukte
umzuwandeln und sie zu bringen bis
zur Konsumfähigkeit für den Menschen, alle
diese Vorgänge, die in diesen
Gesamtvorgängen von der
Naturgrundlage bis zur
Konsumfähigkeit liegen, alle diese
Vorgänge,
und nur diese, schließen sich für
einen gesunden sozialen Organismus in das reine
Wirtschaftsglied der sozialen
Organisation ein. Dieses
Wirtschaftsglied der sozialen
Organisation müßte nun — ich werde das im Lauf der
Vorträge noch genauer ausführen und
beweisen — mit einer
solchen Selbständigkeit im ganzen
sozialen Organismus drinnen-stehen, wie das
menschliche Kopfsystem im
menschlichen Gesamtorganismus drinnensteht.
Und
selbständig neben diesem
Wirtschaftssystem müßte ein anderes
System stehen, das es zu tun hat nur
mit dem Verhältnis des Menschen zum Menschen. Das, was
im reinen Wirtschaftssystem lebt,
hat es mit dem
Bedarf nach diesem oder jenem zu
tun, wodurch festgestellt wird des Menschen Verhältnis
zur objektiven Ware. Was als zweites
Glied im sozialen
Organismus sich entwickeln muß, wenn
ein gesundes soziales Leben wach werden soll,
das ist alles das, was regelt das
Verhältnis von Mensch
zu Mensch.
Man
hat versäumt, den richtigen Blick
für die Unterscheidung dieser zwei Glieder des
sozialen Organismus sich anzueignen,
dadurch daß man,
wie hypnotisiert durch das moderne
Wirtschaftsleben und durch uralte Denkgewohnheiten
in der neueren Zeit glaubte, die
wirtschaftlichen
Kräfte und Vorgänge notwendigerweise
entweder für einzelne Gebiete oder im Sinne
der Sozialisten radikal für das
ganze Wirtschaftsleben
übertragen zu können, überleiten zu
können auf das, was ich hier als das zweite Glied,
als das eigentliche staatliche
Gebiet im engeren Sinne,
als das Gebiet des öffentlichen
Rechtes, als das Gebiet des Verhältnisses von Mensch
zu Mensch zu schildern habe.
Dieses
staatliche Gebiet wird sich nur dann
gesund entwickeln können,
wenn es die gegenteilige
Entwickelungsströmung einschlägt,
welche
gerade von manchen als die richtige
angesehen wird. Während zahlreiche Menschen heute
glauben, daß eine Gesundung des
sozialen Organismus
nur möglich ist, wenn man möglichst
verstaatlicht, wenn man möglichst viel
vergesellschaftet, handelt es sich
vielmehr darum, daß man
erkennt und anzuwenden weiß für alle
einzelnen Zweige des Lebens,
daß eine durchgreifende
Selbständigkeit eintreten muß zwischen dem
Wirtschaftsleben auf der einen Seite
mit seinen eigenen Gesetzen,
und dem engeren Staatsleben auf der
anderen Seite, wiederum mit seinen eigenen
Gesetzen.
Ich
kann mir wohl denken, wie viele
Menschen es gibt, die sagen : Um Gotteswillen, so
kompliziert soll die Sache werden!
Das, was man nun zusammenbringen
wollte aus den Notwendigkeiten der
neueren Entwickelung,
das soll in verschiedene Systeme
auseinandergelegt werden ! — Wer so spricht, daß
ihm das zu kompliziert ist, daß er
sich nicht denken könne,
daß das Naturgemäße auf diesem Wege
zustande kommt, der gleicht
dem, der nichts davon wissen will,
daß der menschliche Organismus nur dadurch leben
kann, daß er mit relativer
Selbständigkeit das rhythmische
Leben, das Atmungs- und Herzleben,
in der Brust, im Atmungs-
und Herzsystem konzentriert,
zentralisiert hat. Das Ganze des menschlichen
Organismus beruht darauf, daß jedes
solche Systemleben
in sich abgeschlossen ist, und daß
sie dann wiederum zusammenwirken. Die Gesundheit des
sozialen Organismus beruht darauf,
daß das Wirtschaftsleben
seinen eigenen Gesetzen gehorcht,
das Rechtsleben, das
Leben des öffentlichen Rechtes, der
öffentlichen Sicherheit, alles das, was man im engeren
Sinne als politisch bezeichnen kann,
wiederum seinen
eigenen Gesetzen gehorcht, seine
eigenen Einrichtungen hat. Gerade dann werden die
beiden Gebiete des sozialen
Organismus in der richtigen
Weise zusammenwirken. Und möge es
auch bei manchem, der da glaubt, aus gewissen
Voraussetzungen heraus sich doch
endlich zum Rechten
durchgerungen zu haben, mag es nun
auch bei manchem ein Schaudern
erregen, gesagt werden muß es doch :
So lange besteht keine Gesundung des sozialen
Organismus, als in einer Partei, in
einer Verwaltung zentralistisch
zusammen verwaltet wird
Wirtschaftsleben und politisches
Leben. Wir werden dann sehen, daß
das auch für das dritte Gebiet gilt. Notwendig
ist, daß ebenso, wie das
Zirkulationssystem seine
eigene Lunge, wie das
Nerven-Sinnessystem sein eigenes
Gehirnsystem
hat, daß ein eigener
Verwaltungsorganismus, ein
selbständiger Verwaltungs-,
ein selbständiger
Vertretungsorganismus, also Parteioder sonstige
Vertretung, vorhanden ist je für das
Wirtschaftsleben, für das politische Leben
oder das öffentliche Rechtsleben,
und für das dritte Gebiet,
wiederum selbständig, für das
geistige Leben.
Diese
drei Gebiete haben in sich eine
gewisse Souveränität im gesunden sozialen Organismus
und verhandeln untereinander durch
ihre selbständigen
Vertreter, um dadurch jenes
gegenseitige Verhältnis herzustellen zwischen den
drei Gliedern des sozialen
Organismus. Das entspricht
dem auch in selbständiger Weise
hergestellten Verhältnis der drei Glieder des
menschlichen natürlichen Organismus.
Es wird sich herausstellen,
daß im wesentlichen diejenigen
Vertretungen und Verwaltungen,
die sich herausergeben werden aus
dem Wirtschaftsgliede des Organismus, daß
diese im wesentlichen darauf
hinzuarbeiten haben, daß
dieser Wirtschaftsorganismus für
sich auf assoziativer Grundlage aufgebaut ist,
Genossenschafts-,
Gewerkschaftswesen, aber höheres Genossenschafts-,
Gewerkschaftswesen ist, solches
Genossenschafts-, Gewerkschaftswesen,
das sich nur mit den Gesetzen von
Warenproduktion,
Warenzirkulation, Warenkonsumtion
beschäftigt. Das ist es, was die Grundlage bilden,
was den Inhalt bilden wird für das
Wirtschaftsglied
des sozialen Organismus. Auf dem
Assoziationsleben wird er beruhen. Es wird auf
demjenigen beruhen, was die
notwendigen Ungleichheiten, die
durch die Naturgrundlage gegeben
werden, zum Ausgleich
bringt. Ich habe darauf hingewiesen,
wie verschieden der menschliche
Arbeitsaufwand ist, je nach dem dies
oder jenes Verhältnis zu der Naturgrundlage
eines Produktionszweiges besteht.
Alles dies kommt
in eine unnatürliche soziale
Organisation hinein, wenn so
zusammenarbeiten, wie bisher
zusammengearbeitet haben, Natur,
Menschenarbeit
und Kapital. Natur, Menschenarbeit
und Kapital sind in der chaotischsten Weise
hinein konfundiert worden in den
Einheitsstaat oder
sind anarchisch draußen geblieben,
außerhalb dieses Einheitsstaates. Es muß erkannt
werden, daß sowohl das Leben der
geistigen Kultur,
das beruht auf den körperlichen und
geistigen Anlagen der Menschen und ihrer
Ausbildung, als auch das
öffentliche, politische und Rechtsleben, daß sie
die Aufgabe haben, gerade
auszusondern, für sich zum selbständigen Leben
zu bringen das, was das System des
Wirtschaftsorganismus
ist.
Ich
kann noch, um mich vielleicht
verständlich zu machen, soweit dies
schon heute notwendig ist, zu dem
Folgenden greifen. Als aus
allerdings anderen
Grundlagen heraus als diejenigen
sind, in denen wir heute nun schon leben, auftauchte
aus tiefen Untergründen der
menschlichen Natur
heraus der Ruf nach einer
Neugestaltung des sozialen Organismus, da hörte man als
Devise dieser Neuorganisation die
drei Worte : Brüderlichkeit,
Gleichheit, Freiheit. Nun wohl, wer
sich mit vorurteilslosem
Sinn und mit einem gesunden
Menschheitsempfinden einläßt auf alles wirklich
Menschliche, der kann natürlich
nicht anders als die tiefste Sympathie und das
tiefste Verständnis empfinden für
alles das, was da liegt in den
Worten Brüderlichkeit, Gleichheit,
Freiheit. Dennoch, ich kenne ausgezeichnete
Denker, tiefe, scharfsinnige Denker,
welche immer
wieder und wiederum im Laufe des 19.
Jahrhunderts sich Mühe gegeben haben, zu
zeigen, wie es unmöglich ist, in
einem einheitlichen sozialen
Organismus die Ideen von
Brüderlichkeit, Gleichheit, Freiheit
zu
verwirklichen. So hat ein
scharfsinniger Ungar den Nachweis zu
führen
gesucht, daß diese drei Dinge, wenn
sie sich verwirklichen sollen, wenn sie eindringen
sollen in die menschliche soziale
Struktur, sich widersprechen.
Scharfsinnig hat er nachgewiesen zum
Beispiel, wie es unmöglich
ist, wenn man die Gleichheit im
sozialen Leben allein durchführt, daß dadurch die
in jedem Menschenwesen notwendig
begründete Freiheit
auch zur Geltung komme.
Widersprechend fand er diese drei Ideale. Merkwürdig, man
kann gar nicht anders, als denen
zustimmen, die
diesen Widerspruch finden, und man
kann gar nicht anders als aus einem allgemein
menschlichen Empfinden mit jedem
dieser drei Ideale seine
Sympathie haben ! Warum dieses ?
Nun,
eben aus dem Grunde, weil man den
rechten Sinn dieser drei Ideale erst
einsieht, wenn man erkennt die
notwendige Dreigliederung des sozialen
Organismus. Die drei Glieder sollen
nicht in einer abstrakten,
theoretischen Reichstags- oder
sonstigen Einheit zusammengefügt und zentralisiert sein,
sie sollen lebendige Wirklichkeit
sein und durch ihr
lebendiges Wirken nebeneinander erst
die Einheit zusammenbringen. Wenn diese drei
Glieder selbständig sind, so
widersprechen sie sich in einer
gewissen Weise, wie das
Stoffwechselsystem dem Kopfsystem
und dem rhythmischen System
widerspricht. Aber im Leben wirkt
das Widerspruchsvolle
gerade zu der Einheit zusammen.
Daher wird man zu
einem Erfassen des Lebens des
sozialen Organismus kommen, wenn man imstande ist, die
wirklichkeitsgemäße Gestaltung
dieses sozialen Organismus zu
durchschauen. Dann wird man
erkennen, daß im Zusammenwirken der
Menschen im Wirtschaftsleben, wo sie
untereinander
zu regeln haben auf dem besonderen,
eigenen Gebiete dieses erste soziale Glied, daß auf
diesem Gebiete in dem, was Menschen
tun, wirken muß
die Brüderlichkeit. In dem zweiten
Gliede, in dem System des öffentlichen Rechtes,
wo man es zu tun hat mit dem
Verhältnis des Menschen
zum Menschen, nur insoferne man
überhaupt Mensch ist, hat man es zu tun mit der
Verwirklichung der Idee der
Gleichheit. Und auf dem geistigen Gebiete, das
wiederum in relativer
Selbständigkeit dastehen muß im sozialen
Organismus, hat man es zu tun mit
der Idee der Freiheit.
Da gewinnen plötzlich diese drei
goldenen Ideale erst ihren Wirklichkeitswert, wenn man
weiß : sie dürfen nicht in einem
chaotisch Durcheinandergewürfelten
sich realisieren, sondern in dem,
was ein nach
wirklichkeitsgemäßen Gesetzen
orientierter sozialer dreigliedriger
Organismus
ist, in welchem jedes einzelne der
drei Glieder für sich das ihm zugehörige Ideal
von Freiheit, Gleichheit und
Brüderlichkeit verwirklichen
kann.
Ich
kann heute die Struktur des sozialen
Organismus nur skizzenhaft andeuten. In den
nächsten Vorträgen werde ich dieses
alles im einzelnen begründen
und beweisen. Was ich aber zu dem
Gesagten noch hinzuzufügen
habe, ist, daß als drittes Glied des
gesunden sozialen Organismus wirken
muß alles dasjenige, was sich in ihn
hineinstellt aus der menschlichen Individualität
heraus, was auf Freiheit basiert
sein muß, was auf der
körperlichen und geistigen Begabung
des einzelnen Menschen beruht. Hier berührt man
wiederum ein Gebiet, welches
allerdings, richtig charakterisiert,
manchem Gegenwartsmenschen noch ein
leises Schaudern
verursacht. Das, was umschlossen
werden muß von diesem dritten Gebiete des gesunden
sozialen Organismus, das ist alles
dasjenige, was sich
auf das religiöse Leben des Menschen
bezieht, was sich auf Schule und Erziehung im
weitesten Sinne bezieht, was sich
auch sonst auf das geistige
Leben, auf den Betrieb von Kunst und
so weiter bezieht. Und, heute will ich es nur
erwähnen, in den nächsten Vorträgen
werde ich auch
das ausführlich begründen : Alles
das gehört in dieses dritte Gebiet,
was sich
bezieht nun nicht auf das
öffentliche Recht, das in das zweite
Gebiet
gehört, sondern was sich bezieht auf
das private Recht und auf das Strafrecht. Ich
habe manchen gefunden, dem ich
vortragen konnte diese
Dreigliederung des sozialen
Organismus und er hat mancherlei verstanden — das konnte
er nun gar nicht verstehen, daß das
öffentliche Recht,
das Recht, das sich auf die
Sicherheit und Gleichheit aller Menschen bezieht,
abgetrennt werden muß von dem, was
Recht ist gegenüber
einer Rechtsverletzung, oder
gegenüber dem, was eben private Verhältnisse der
Menschen sind, daß das voneinander
abgetrennt werden
muß, und daß Privatrecht und
Strafrecht dem dritten, dem
geistigen Gliede
des sozialen Organismus zugezählt
werden muß.
Nun,
das moderne Leben hat sich leider
bis jetzt ganz und gar abgekehrt von einer
Berücksichtigung dieser drei Glieder
des sozialen Organismus.
So wie der Wirtschaftskörper mit
seinen Interessen eingedrungen ist in das
staatliche, in das eigentlich
politische Leben, seine Interessen hineingebracht hat
in die Vertretungskörper des
politischen Lebens, dadurch
getrübt hat die Möglichkeit,
wirklich dieses zweite Glied des sozialen Organismus so
zu gestalten, daß sich die
Gleichheit aller Menschen
darinnen verwirklicht, so hat auch
aufgesogen das Wirtschaftsund das staatliche
Leben das, was sich nur in freier
Gestaltung entwikkein
kann. Aus einem gewissen Instinkt
heraus, allerdings aus einem verkehrten Instinkt
heraus hat die moderne
Sozialdemokratie das religiöse Leben abzutrennen
versucht von dem öffentlichen
Staatsleben: «Religion
ist Privatsache» ; aber leider nicht
aus einer besonderen Achtung vor der Religion,
aus einer besonderen Schätzung
desjenigen, was mit
dem religiösen Leben dem Menschen
gegeben ist, sondern gerade aus
einer Mißachtung, aus einer
Gleichgültigkeit gegenüber dem religiösen Leben, was mit
den Dingen zusammenhängt, die ich im
vorigen Vortrage,
vorgestern, ausgeführt habe. Aber
richtig ist an dieser Forderung die Abtrennung des
religiösen Lebens von den beiden
anderen Gebieten,
von der Gestaltung des
Wirtschaftslebens und von der
Gestaltung
des politischen Lebens. Aber ebenso
notwendig ist die Abtrennung des gesamten
niederen und höheren
Erziehungswesens, wie des geistigen Lebens
überhaupt, von den beiden anderen
Gliedern. Und erst dann
wird ein wirklich gesundes Leben des
sozialen Organismus eintreten, wenn innerhalb
derjenigen Körperschaften, die zu
wachen haben über
die Gleichheit aller Menschen vor
dem Gesetze, wenn in dieser
Körperschaft nur darauf gesehen
wird, daß aus den freien
menschlichen Individualitäten
heraus Schule, religiöses und
sonstiges geistiges Leben sich entwickeln kann,
wenn darüber gewacht wird, daß
dieses Leben in Freiheit
sich entwickelt, wenn nicht der
Anspruch darauf gemacht wird, von sich aus zu regeln,
von der Wirtschaft oder vom Staate
aus zu regeln das
Schul-, das Erziehungs-, das
geistige Leben.
Das
scheint heute radikal. Allein, man
muß solche Radikalismen aussprechen, sobald man
sie erkannt hat. Das geistige Leben,
einschließlich des
Erziehungslebens und einschließlich
der Rechtsprechung in Privat und Strafsachen,
unterliegt so sehr dem, was aus der
einzelnen Individualität
des Menschen herausfließt in voller
Freiheit, daß die beiden anderen Glieder des
sozialen Organismus keinen Einfluß
nehmen dürfen auf
die Konfiguration, auf die
Gestaltung dieses Lebens.
Ich
habe Ihnen heute zunächst nur eine
Skizze gegeben über die Gedankenrichtung, in der
sich die Lösungsversuche der
sozialen Frage bewegen
müssen, jene Lösungsversuche, welche
auf den wirklichen Notwendigkeiten
des Lebens beruhen, welche nicht auf
den abstrakten Forderungen
einer einzelnen Partei, einer
einzelnen Klasse beruhen, sondern auf den
Entwickelungskräften der
neuzeitlichen Menschheit überhaupt.
Ich
möchte sagen: Jeden Einwand, der
gemacht wird, kann ich verstehen, ich bitte aber
gerade mit Einwänden zu warten, bis
das gehört ist,
was ich zur Ausführung dieser
allgemeinen Skizze in den nächsten
Vorträgen zu sagen haben werde.
Insbesondere heute könnte ich Einwände verstehen, wo ich
ja nur versucht habe zu
charakterisieren, wo die
Beweise noch nicht vorliegen. Aber
ich möchte sagen: Ich kann jeden Einwand verstehen
aus den mancherlei Erfahrungen
heraus, die ich
mit den Ideen, die ich auch hier
vertreten will und die ich aus der
ja so vielfach
verkannten Geisteswissenschaft
heraus als die Wirklichkeitsgrundlage des Lebens zu
erkennen glaube, die ich mit diesen
Dingen gemacht
habe. Wir
haben hinter uns die Zeit der
furchtbarsten Menschheitskatastrophe. Man müßte
innerhalb des Lebens, das man führen
mußte innerhalb dieser
katastrophalen Zeit, nicht das
menschliche Herz auf dem rechten Flecke gehabt haben,
wenn man nicht Ausblick gehalten
hätte nach seinen
Kräften, nach seinen Fähigkeiten: Wo
liegen die Hilfen aus dem furchtbaren Chaos
heraus, in das wir hineintrieben? —
Ich sagte Ihnen vorgestern,
ich werde über die besonderen
Verhältnisse dieses Krieges in seinen Ursachen und
in seinem Verlaufe im Zusammenhange
mit der sozialen
Frage in den beiden nächsten
Vorträgen noch zu sprechen haben. Heute möchte ich
sagen, daß es mir klar war, als wir
noch lange drinnenstanden
in den Ereignissen, die jetzt in
eine Krise eingetreten sind, von welcher
manche kurzdenkende Menschen
glauben, daß sie schon
ein Ende ist, daß zu denjenigen
Dingen, die aus dem Chaos, aus der furchtbaren
Katastrophe auf dem einen oder
anderen Gebiete der sogenannten
zivilisierten Welt herausführen
können, auch gehört ein richtiges
Denken, ein richtiges Vorstellen
wahrhaftiger, wirklichkeitsgemäßer Impulse für den
menschlichen sozialen Organismus.
Ich habe manchen
Persönlichkeiten, die tätig und
ratend drinnenstanden in den letzten Jahren in dem,
was in so furchtbarer Weise geschah
innerhalb der Entwickelung
der neueren Menschheit, das
vorgelegt, was auch der Nerv meiner jetzt hier
zu machenden Ausführungen ist; ich
habe mancher
Persönlichkeit, auf die es scheinbar
ankam, klarzumachen versucht, wie anders die
Ereignisse würden, wenn von
autoritativer, von maßgebender Stelle aus der
Welt gesagt würde : Wir wollen einem
gesunden menschlichen
sozialen Ziele zueilen. — Das ganze
Verhältnis der Staaten untereinander hätte
anders werden müssen, wenn statt
bloßer Rechts-und
Staatsprogramme umfassende
Menschheitsprogramme in dem hier gemeinten Sinne von da
oder dort in die Menschheit gebracht
worden wären.
Man
kann nicht einmal sagen, daß solche
Dinge nicht ein gewisses theoretisches
Verständnis gefunden hätten. Was ich
in diesen Vorträgen ausgeführt
habe, hat manchen sogar recht
sympathisch geschienen. Aber die Brücke zu
schlagen zwischen dem Verstehen
einer solchen Sache und dem Willen,
nun wirklich alles zu tun, um diese
Dinge im Leben
entsprechend zu verwirklichen, jeder
an seinem Orte, diese Brücke zu schlagen, das
ist noch eine andere Sache. Das
wirkt vielfach unbequem.
Daher betäubt sich mancher gerne und
sagt : Mir scheint das Ganze träumerisch,
unpraktisch. — Er betäubt sich nur,
weil er nicht den Willen
hat, wirklich einzugreifen in den
Gang der Ereignisse. Nicht ein revolutionärer Gang der
Ereignisse ist hier gemeint, nicht
etwas was von
heute auf morgen geschehen soll,
sondern an die Richtung ist
gedacht, in welche alle einzelnen
Maßnahmen des öffentlichen und
privaten
Lebens gebracht werden müssen, wenn
eine Gesundung des sozialen Organismus eintreten
soll. Das, was ich schon vorgestern
gesagt habe, das
habe ich in anderer Form manchem
Menschen, auf den man rechnen wollte in dieser
schwierigen Zeit, mit folgenden
Worten gesagt : Heute, sagte ich zum Beispiel,
stehen wir in dem furchtbarsten der
Kriege. Spräche
man aus diesem furchtbarsten der
Kriege das, was der Menschheit sozial notwendig
ist, so aus, daß man sagt : man
bekenne sich dazu, diesem
oder jenem Reiche einen
menschenwürdigen Inhalt dadurch zu geben, daß man so etwas
für die Menschheit verwirklichen
will, dann würde
man dem furchtbaren Gang der
Ereignisse eine ganz andere, heilsamere Richtung geben
als durch das bloße Schwert, durch
die bloßen Kanonen und dergleichen,
oder durch eine bloße, eigentlich
auf gewissen
Gebieten gar nicht vorhandene
Politik. Ich sagte : Sie haben die Wahl, entweder das, was
hier vorgelegt wird, was erkannt
wird aus den Entwickelungsbedingungen
und Entwickelungskräften der Menschheit heraus, durch
Vernunft zu verwirklichen, oder vor
etwas anderes gestellt zu sein.
Heute
stehen wir, weil die Menschheit in
den letzten Jahrzehnten
gewissermaßen versäumt hat, das zu
erkennen, was in diesen Dingen
liegt, heute
stehen wir vor der furchtbarsten
Katastrophe, die hereingebrochen ist wie eine
Krankheit, wie eine Krankheit, die
einen Organismus befällt,
der nicht naturgemäß seinen Gesetzen
nachlebt. Diese Kriegskatastrophe soll gerade
zeigen, deutlich zeigen, was man vor
ihr auch schon
hätte erkennen können, aber weil es
nicht so deutlich war, eben nicht
erkannt hat, die soll zeigen, was
notwendig ist für die Gesundung des sozialen Organismus
der Menschheit. Und manchem habe ich
gesagt :
Sie haben in diesen Andeutungen über
die menschliche Entwickelung in sozialer
Beziehung gegeben, was sich in den
nächsten zwanzig bis
dreißig Jahren in der zivilisierten
Welt verwirklichen will. Es ist nicht ein Programm,
nicht ein Ideal, von dem ich
spreche, sondern es ist das Ergebnis der
Beobachtung desjenigen, was sich in
den nächsten zehn,
zwanzig, dreißig Jahren durch das,
was in der Menschheit keimhaft heute schon
veranlagt ist, verwirklichen will.
Und Sie haben nur die Wahl, sagte
ich, entweder durch die Vernunft an
der Verwirklichung zu arbeiten, oder sich
gegenübergestellt zu sehen
Revolutionen und sozialen
Kataklysmen, sozialen furchtbaren
Umwälzungen. Nichts drittes gibt es daneben. Der
Krieg wird vielleicht die Zeit sein
— so sagte ich zu manchem
—, wo noch Vernunft anzunehmen ist.
Nachher könnte es zu spät sein. Denn
es handelt sich nicht um ein
Programm, das man ausführen oder unterlassen
kann, sondern es handelt sich darum,
daß das erkannt
werden muß, was sich verwirklichen
will, und was der Mensch deshalb verwirklichen
muß, weil es in seinen notwendigen
geschichtlichen
Wachstumskräften für die Gegenwart
und die nächste Zukunft liegt.
Was
sich auch noch als ein besonderes
Hindernis des Verständnisses ergab, das war, daß der
eine oder andere immer wieder
glaubte, solche Dinge
bezögen sich nur auf das innere
Gefüge irgendeines Staates oder irgendeines
Menschheitsterritoriums. Nein,
solches soziale Denken ist zu gleicher Zeit die
Grundlage für die wirklich
notwendige Gestaltung der äußeren Politik der
Staaten untereinander. Geradeso wie
der menschliche
Organismus jedes seiner Systeme
durch besondere Organe der Außenwelt zuwendet,
so kann auch nur der Staat, wenn ich
nun diesen
Gesamtausdruck gebrauchen darf, als
sozialer Organismus seine drei Glieder nach außen
in Tätigkeit versetzen. Ganz anders
stellen sich die
Verhältnisse von Einzelstaat zu
Einzelstaat heraus, wenn nicht mehr
zentralisierte
Regierungen und Verwaltungen
miteinander in Beziehung
treten, sondern wenn von dem einen
sozialen Gebilde die Vertreter des geistigen
Lebens mit den Vertretern des
geistigen Lebens des anderen sozialen
Staatsgebildes in Beziehung treten,
wiederum die Vertreter des
Wirtschaftsgebietes, des politischen
Gebietes, mit der entsprechenden Vertretung der
anderen. Während das Zusammenfügen,
das Durcheinanderwirren
der drei Gebiete nach außen hin so
wirkt, daß immer,
wenn ich so sagen darf, an den
Grenzen notwendig Konflikte entstehen müssen durch
das Chaos, das in dem
Durcheinanderwirren der
drei Gebiete liegt, würde, wenn über
die Grenzen der einzelnen Staaten hinüber die
Vertretungen der drei Glieder in
ihrer Selbständigkeit wirkten, das Wirken des
einen Gliedes in internationaler
Beziehung durch
das Wirken des anderen nicht nur
nicht gestört, sondern im Gegenteil korrigiert und
ausgeglichen werden.
Das
ist es, was ich heute nur, ich
möchte sagen, wiederum skizzenweise hinstellen möchte
zur Bekräftigung dessen, daß es sich
hier nicht bloß
handelt um Geltendmachung
gewissermaßen einer inneren sozialen Staatsstruktur,
sondern um internationales und
soziales Leben der Menschheit. Alle
diese Dinge versuchte ich schon
klarzumachen, während
wir in den furchtbaren
katastrophalen Ereignissen
drinnenstanden. Jetzt
ist für viele Menschen Mittel- und
Osteuropas furchtbares Unglück hereingebrochen,
furchtbares Unglück, das für jeden
einzelnen, für
jeden Einsichtigen sich als ein auch
die übrige Welt bedrohliches Unglück zeigt. Das muß
Platz greifen mit Bezug auf ein
wirkliches Verständnis
der Menschheit für ihre Aufgaben in
der Gegenwart und Zukunft: daß
diejenigen, welche also aus den
wahren wirklichen
Entwikkelungsbedingungen der
Menschheit heraus das Leben in seine
Gesundung überführen wollen, nicht
für unpraktische Idealisten, sondern
für die
wirklichen Lebenspraktiker endlich
genommen werden. Der selbstverständlichen
Gestaltung des modernen Lebens aus
Technik und Kapitalismus
heraus muß sich gegenüberstellen die
durchaus auf innerster menschlicher
Initiative beruhende Gestaltung der
geistigen, selbständigen
geistigen Kultur und der
selbständigen Staatskultur, welche die wahre Gleichheit
von Mensch zu Mensch begründet und
welche auch,
wie wir demnächst sehen werden, die
Arbeits- und Lohnverhältnisse erst in einer für
das Proletariat wünschenswerten
Weise regeln können.
Die
Frage nach der Gestaltung der
menschlichen Arbeit, nach der Befreiung der
menschlichen Arbeit von der Ware,
die wird erst lösbar, wenn die Dreigliederung
des sozialen Organismus eintritt.
Das, was die modernen
Sozialisten wollen, ist als Wollen
gewiß berechtigt; was sie selbst als die
Heilmittel ansehen, das würde am
allerwenigsten als Heilmittel wirken, wenn es
in äußere Realität so übergeführt
würde, wie sie wollen.
Das aber möchte ich
immer wieder und wiederum betonen :
Hier versuche
ich nicht aus irgendeiner
einseitigen Klassen- oder
Parteistellung heraus,
sondern aus der Beobachtung der
menschlichen Entwickelungskräfte heraus über
dasjenige zu sprechen, was die einen
Sozialisierung, die
anderen Gesundung des sozialen
Lebens, wieder andere Wiedererwachen eines gesunden
politischen Sinnes und so weiter
nennen. Daß man
es aber mit etwas zu tun hat, was
nicht ein willkürliches Programm
ist, sondern was der tiefste
Wirklichkeitsimpuls der nächsten
Jahrzehnte der
Menschheitsentwickelung ist, das ist
es, was eigentlich zugrunde liegt der ganzen
Meinung und Intention, die ich mit
diesen Vorträgen verwirklichen
will ; daß man es nicht zu tun hat
mit der Meinung eines Menschen aus
diesem oder jenem Stande heraus,
sondern daß man es zu tun hat mit dem, was da
spricht die tiefere Wollensgrundlage
der Menschheit
für die nächsten Jahrzehnte. Das
möchte ich nun im einzelnen begründen und
ausführen und beweisen durch die
beiden Vorträge der
nächsten Woche.
|