II - SÉMINAIRES ET
SOIRÉES DE QUESTIONS SUR LA
TRIARTICULATION EN PENDANT AVEC LES
COURS SCIENTIFIQUES SPÉCIALISÉS.
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II - SEMINAR- UND FRAGEABENDE ZUR
DREIGLIEDERUNG IM ZUSAMMENHANG MIT
WISSENSCHAFTLICHEN FACHKURSEN.
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L'humain est un
être tri-articulé. L'opinion selon
laquelle une séparation entre droit et
économie serait impossible. Les
différences polaires essentielles
entre vies de l’esprit et de
l’économie. L’action du droit dans ces
deux domaines. Ce que l'essence du
droit public décide. Pourquoi ce ne
peut être codifié rigide. Le droit
pénal comme un droit secondaire. Le
flou des concepts dans la théorie du
droit actuelle. La tri-articulation
comme condition préalable pour le
développement de concepts de droit
vivants, mobiles.
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Der Mensch ist ein dreigliedriges
Wesen. Die Meinung, daß eine Trennung
zwischen Recht und Wirtschaft
unmöglich sei. Die polaren
Wesensunterschiede zwischen Geistes-
und Wirtschaftsleben. Das Hineinwirken
des Rechts in, diese beiden Gebiete.
Was das Wesen des öffentlichen Rechts
ausmacht. Warum es nicht starr
kodifiziert sein kann. Das Strafrecht
als sekundäres Recht. Die Unschärfe
der Begriffe in der heutigen
Rechtstheorie. Die Dreigliederung als
Voraussetzung für die Entwicklung von
lebendigen, beweglichen
Rechtsbegriffen.
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Dans le cadre du cours
"Anthroposophie et sciences
spécialisées", Roman Boos tient
une conférence sur le thème
"Anthroposophie et science
juridique". Dans le cadre de son
exposé, il pose la question
suivante à Rudolf Steiner.
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01
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Roman
Boos hält im Rahmen des Kurses
«Anthroposophie und
Fachwissenschaften» einen Vortrag
zum Thema «Anthroposophie und
Rechtswissenschaft». Im
Zusammenhang mit seinem Vortrag
stellt er an Rudolf Steiner die
Frage.
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Roman Boos : comment, à
l'avenir, le principe de la
fixation de normes juridiques par
codification peut-il s'exclure ?
Comment donc l'effet juridique
peut-il être exercé à partir des
centres parlementaires sans qu'il
en résulte une paralysie ou un
dépérissement du principe de
codification, comme c'est le cas
aujourd'hui ?
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02
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Roman
Boos: Wie kann in der Zukunft das
Prinzip der Festlegung von
rechtlichen Normen durch
Kodifikation sich ausnehmen? Wie
kann also von den
parlamentarischen Zentren aus die
Rechtswirkung ausgeübt werden,
ohne daß ein Lähmen oder Absterben
des Kodifikationsprinzips sich
ergibt, wie es heute der Fall ist?
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Rudolf Steiner : la
vivification de la vie de droit,
dont a parlé Monsieur Boos, sera,
me semble-t-il, amenée
progressivement d'une manière tout
à fait naturelle dans l'organisme
social triarticulé. Comment
doit-on concrètement concevoir
cette organisation de l'organisme
social triarticulé ? -- Vraiment
d'une manière similaire - il ne
s'agit pas d'une pure analogie -
vraiment d'une manière similaire à
la manière dont on doit se
représenter la triarticulation
organique dans l'organisme humain
naturel lui-même.
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03
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Rudolf
Steiner: Die Verlebendigung des
Rechtslebens, von der Herr Dr.
Boos gesprochen hat, die wird, wie
mir scheint, auf eine ganz
selbstverständliche Weise im
dreigegliederten sozialen
Organismus allmählich
herbeigeführt werden. Wie hat man
sich denn im konkreten diese
Gestaltung des dreigliedrigen
sozialen Organismus zu denken? --
Wirklich in einer ähnlichen Weise
— es soll damit keine bloße
Analogie ausgesprochen werden —,
wirklich in einer ähnlichen Weise,
wie man sich die organische
Dreigliederung im natürlichen
menschlichen Organismus selbst zu
denken hat.
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L'idée, qui a également
été critiquée aujourd'hui par le
Dr Boos, selon laquelle le cœur
serait une sorte de pompe qui
propulse le liquide sanguin vers
toutes les parties possibles de
l'organisme, cette idée doit être
dépassée en physiologie. Il faut
reconnaître que l'on doit voir
dans l'activité cardiaque
l'interaction équilibrante des
deux autres activités de
l'organisme humain : l'activité
métabolique et l'activité nerveuse
et sensorielle. Si l'on veut, en
tant que physiologiste qui vit
dans la réalité, décrire cet
organisme humain, représenter son
fonctionnement, il suffit en
général de décrire de manière
vraiment désintéressée l'activité
métabolique d'un côté et
l'activité nerveuse et sensorielle
de l'autre côté, car c'est
précisément de leur action polaire
l'une sur l'autre et l'une dans
l'autre que résulte l'activité
rythmique compensatrice ; on a
déjà celle-là dedans selon la
forme. C'est quelque chose dont il
faut aussi tenir compte quand on
veut se représenter la vie dans
l'organisme social triarticulé.
Cette vie dans l'organisme social
triarticulé est vraiment seulement
alors correctement représentable
si l'on a encore le sens pour la
pratique de la vie.
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04
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Die
Anschauung, die ja auch heute von
Herrn Dr. Boos gerügt worden ist,
daß man es bei dem Herzen zu tun
habe mit einer Art Pumpe, die die
Blutflüssigkeit nach allen
möglichen Orten des Organismus
treibt, diese Anschauung, die muß
für die Physiologie überwunden
werden. Es muß erkannt werden, daß
man in der Herztätigkeit das
ausgleichende Zusammenwirken der
beiden anderen Tätigkeiten des
menschlichen Organismus zu sehen
hat: der Stoffwechseltätigkeit und
der Nerven-Sinnes-Tätigkeit. Will
man nun als Physiologe, der in der
Wirklichkeit drtnnenstelat, diesen
menschlichen Organismus schildern,
sein Funktionieren darstellen,
dann hat man im allgemeinen nur
nötig, wirklich selbstlos zu
schildern die
Stoffwechseltätigkeit auf der
einen Seite und die
NervenSinnes-Tätigkeit auf der
anderen Seite, denn durch deren
polarisches Aufeinander- und
Ineinanderwirken ergibt sich eben
die ausgleichende rhythmische
Tätigkeit; man hat diese schon
förmlich drinnen. Das ist etwas,
was auch berücksichtigt werden
muß, wenn man sich das Leben im
dreigliedrigen sozialen Organismus
vorstellen will. Dieses Leben im
dreigliedrigen sozialen Organismus
ist wirklich nur dann recht
vorstellbar, wenn man noch Sinn
für Lebenspraxis hat.
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Lorsque j'ai publié
quelques articles et que j'ai
parlé de la triarticulation de
différentes manières, on m'a
objecté, entre autres, que l'on ne
pouvait pas vraiment s'imaginer
comment le droit pouvait avoir un
contenu s'il devait être séparé
dans la vie de la partie
spirituelle de l'organisme social
d'un côté et de la partie
économique de l'autre côté.
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05
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Als
ich einiges veröffentlicht und in
der verschiedensten Weise über
Dreigliederung gesprochen hatte,
da kam unter anderen auch der
Einwand, daß ja man sich nicht
recht vorstellen könne, wie das
Recht zu einem Inhalt komme, wenn
es abgesondert werden solle im
Leben von dem geistigen Teil des
sozialen Organismus auf der einen
Seite und dem wirtschaftlichen
Teil auf der anderen Seite.
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Ce sont tout de suite des
gens comme Stammler, souvent
évoqué aujourd'hui, qui conçoivent
en quelque sorte le droit de telle
sorte qu'ils ne reconnaissent d'un
côté qu'une sorte de formalisme.
Ce [système formel] recevrait
alors d'un autre côté, selon eux,
son contenu matériel par les
exigences économiques de
l'organisme social. En partant de
telles conceptions, on m'a répondu
que le droit ne pouvait pas être
séparé de la vie économique, pour
la simple raison que les forces de
la vie économique devaient
produire d'elles-mêmes les règles
de droit. En intégrant une telle
chose dans ses concepts, on pense
continuellement à quelque chose
d'inanimé/de non vivant, à quelque
chose qui revient justement à
faire des constatations à partir
des forces économiques, par
exemple, qui seront ensuite
codifiées et sur lesquelles on
pourra se baser. On pense
principalement au fait que ces
constatations codifiées existent
et que l'on peut vérifier ce
qu'elles disent.
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06
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Gerade
solche Leute wie zum Beispiel der
heute öfters erwähnte Stammler,
sie fassen gewissermaßen das Recht
so auf, daß sie auf der einen
Seite nur eine Art Formalismus
anerkennen. Dieses [formelle
System] würde dann auf der anderen
Seite, wie sie meinen, seinen
materiellen Inhalt durch die
Wirtschaftserfordernisse des
sozialen Organismus bekommen. Aus
solchen Anschauungen heraus wurde
mir erwidert, daß ja das Recht
nicht abgesondert werden könne vom
Wirtschaftsleben, aus dem
einfachen Grunde, weil die Kräfte
des Wirtschaftslebens aus sich
heraus die Rechtssatzungen ja
ergeben müßten. Indem man so etwas
in seine Begriffe aufnimmt, denkt
man fortwährend an etwas
Unlebendiges, an etwas, was eben
darauf hinausläuft, daß man zum
Beispiel aus den wirtschaftlichen
Kräften heraus Feststellungen
vornimmt, die dann kodifiziert
werden und nach denen man sich
richten kann. Man denkt
hauptsächlich daran, daß solche
kodifizierten Feststellungen da
sind und daß man nachschauen kann,
wie sie lauten.
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Dans l'organisme vivant
triarticulé conforme à la nature,
on a maintenant affaire, je
dirais, à deux oppositions
polaires : d'un côté, avec la vie
spirituelle et, de l'autre côté,
avec la vie économique. La vie
spirituelle qui, lorsque seulement
elle devient libre, résulte des
effets de forces que les hommes
apportent dans l'existence par
leur naissance et leur
développement, cette vie
spirituelle représente justement
une réalité par son propre
contenu. C'est précisément là que
se développera ce qui est fécond
dans la vie spirituelle, si l'on
ne limite pas et ne restreint pas
par des normes quelconques ce dont
chacun est capable. Ce qui est
fécond résulte tout naturellement
du simple fait qu'il est dans
l'intérêt des humains que celui
qui peut le plus et qui a de plus
grandes capacités puisse aussi
agir davantage. Il sera tout à
fait naturel de prendre, disons,
comme enseignant pour un certain
nombre d'enfants, celui dont ceux
qui cherchent un enseignant
peuvent être convaincus qu'il peut
produire ce dont il s'agit dans sa
sphère. Si la vie de l'esprit est
vraiment libre, toute la
constitution de la vie de l'esprit
résulte de la nature même de la
chose ; ce sont les humains qui se
trouvent à l'intérieur qui
agissent dans cette vie de
l'esprit. De l'autre côté, nous
avons la partie économie de
l'organisme social triarticulé. La
structure de la vie économique
résulte à son tour des besoins de
consommation et des possibilités
de production, des différents
enchaînements, des relations qui
se nouent. Je ne peux bien sûr que
l'évoquer brièvement dans cette
réponse aux questions. Mais les
différents rapports qui peuvent
s'établir entre les humains, entre
les groupes d'humains et les
individus, ou encore entre
différents groupes d'humains,
entrent en jeu. Tout cela va
mouvoir la vie de l'économie. Et
dans ces deux domaines, ce que
l'on appelle "droit" n'entre pas
du tout en ligne de compte, dans
la mesure où ces deux domaines
s'occupent eux-mêmes de leurs
affaires.
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07
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Im
naturgemäßen, lebendigen
dreigliedrigen Organismus hat man
es nun zu tun, ich möchte sagen
mit den zwei polarischen
Gegensätzen: auf der einen Seite
mit dem geistigen Leben und auf
der anderen Seite mit dem
wirtschaftlichen Leben. Das
geistige Leben, das sich, wenn es
nur frei wird, aus denjenigen
Kräftewirkungen ergibt, die die
Menschen durch ihre Geburt und
Entwicklung in das Dasein
hereinbringen, dieses geistige
Leben stellt durch seinen eigenen
Inhalt eben eine Realität dar. Da
wird gerade das Fruchtbare des
geistigen Lebens sich entwickeln,
wenn man nicht durch irgendwelche
Normen beschneidet und einengt
dasjenige, was einer kann. Das
Fruchtbare ergibt sich ganz
selbstverständlich einfach
dadurch, daß es im Interesse der
Menschen liegt, daß derjenige,
der mehr kann und der größere
Anlagen hat, auch mehr wirken
kann. Es wird ganz
selbstverständlich sein, daß der,
sagen wir als Lehrer für eine
Anzahl von Kindern genommen wird,
von dem diejenigen, die einen
Lehrer suchen, überzeugt sein
können, daß er in seiner Sphäre
das bewirken kann, um was es sich
handelt. Wenn das Geistesleben
wirklich frei ist, ergibt sich die
ganze Konstitution des
Geisteslebens aus der Natur der
Sache selbst heraus; es wirken in
diesem Geistesleben die Menschen,
die drinnenstehen. Auf der anderen
Seite haben wir den
Wirtschaftsteil des
dreigliedrigen sozialen
Organismus. Da ergibt sich
wiederum aus den
Konsumtionsbedürfnissen und aus
den Möglichkeiten der Produktion,
aus den verschiedenen
Verkettungen, aus den Beziehungen,
die sich ergeben, aus alledem
ergibt sich die Struktur des
Wirtschaftslebens. Ich kann das
natürlich in dieser
Fragenbeantwortung nur kurz
andeuten. Aber hinein spielen dann
die verschiedenen Verhältnisse,
die zwischen Mensch und Mensch
oder zwischen Menschengruppen und
einzelnen Menschen oder auch
zwischen verschiedenen
Menschengruppen spielen können.
Das alles wird das
Wirtschaftsleben bewegen. Und auf
diesen beiden Gebieten kommt
eigentlich das zunächst gar nicht
in Frage, was man «Recht» nennt,
insofern diese beiden Gebiete ihre
Angelegenheiten _ selbst besorgen.
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Si l'on pense réellement,
bien sûr, les humains ne pensent
pas réellement aujourd'hui, mais
théoriquement, à partir de ce qui
existe déjà, c'est pourquoi ils
confondent ce que le domaine de
l'esprit a déjà comme idées de
droit avec les idées de droit du
domaine économique - si l'on pense
réellement, pratiquement, alors il
n'est pas du tout question
d'impulsions de droit dans la
libre vie de l'esprit, mais
d'impulsions de confiance,
d'impulsions de capacité. Dans la
libre vie de l'esprit, il est tout
simplement absurde de parler du
droit d'œuvrer de celui qui peut
quelque chose. Il ne peut même pas
être question de parler d'un tel
droit, mais on doit parler du fait
qu'on a besoin de lui, qu'il
devrait agir.
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08
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Wenn
man real denkt natürlich denken
heute die Menschen nicht real,
sondern theoretisch, aus dem schon
Bestehenden heraus, daher
konfundieren sie dasjenige, was
das Geistesgebiet schon an
Rechtsideen hat, mit den
Rechtsideen des
Wirtschaftsgebietes —, wenn man
real, praktisch denkt, so kommen
im freien Geistesleben gar nicht
in Betracht Rechtsimpulse, sondern
es kommen in Frage
Vertrauensimpulse, es kommen in
Frage Fähigkeitsimpulse. Es ist
einfach ein Unding, im freien
Geistesleben davon zu sprechen,
daß derjenige, der was kann, ein
Recht hat zu wirken. Es kann gar
nicht in Frage kommen, von einem
solchen Recht zu sprechen, sondern
man muß davon sprechen, daß man
ihn braucht, daß er wirken soll.
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Celui qui peut enseigner
aux enfants, on le laissera bien
sûr enseigner, et la question ne
se posera pas de savoir s'il y a
un droit ou non ; ce n'est pas une
question de droit en tant que tel.
Il en va de même dans la vie de
l'économie.
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09
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Derjenige,
der Kinder unterrichten kann, den
wird man selbstverständlich
unterrichten lassen, und es wird
keine Frage sein, ob da eine
Berechtigung vorliegt oder nicht;
es ist nicht irgendwie eine Frage
des Rechtes als solchem. Ebenso
ist es im Wirtschaftsleben.
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Là des contrats écrits ou
oraux joueront un rôle, et la
confiance dans le respect des
contrats devra jouer un rôle. Si
la vie de l'économie est
entièrement placée sur elle-même,
le respect des contrats résultera
du fait que la vie de l'économie
ne peut tout simplement pas
fonctionner si les contrats ne
sont pas respectés.
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10
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Da
werden entweder schriftliche oder
mündliche Verträge eine Rolle
spielen, und das Vertrauen in das
Verträge-Einhalten wird eine Rolle
spielen müssen. Daß die Verträge
eingehalten werden, das wird sich,
wenn das Wirtschaftsleben ganz auf
sich selber gestellt ist, dadurch
ergeben, daß das Wirtschaftsleben
einfach nicht funktionieren kann,
wenn Verträge nicht eingehalten
werden.
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Je sais très bien que si
l'on exprime aujourd'hui de telles
choses, qui sont en fait très
pratiques, elles sont considérées
par l'un ou l'autre comme quelque
chose de très peu pratique, parce
que l'on introduit partout des
choses très peu pratiques et que
l'on croit ensuite que ce que l'on
a introduit et qui doit avoir des
effets est pratique, alors que ce
qui a été décrit ici ne serait pas
pratique. Mais maintenant on doit
PE ser que dans ces deux domaines,
dans ces organes, dans le domaine
économique et dans le domaine
spirituel de l'organisme social
triarticulé, ces choses vivent
côte à côte. Si l'on pense
honnêtement à un façonnement
démocratique de cette vie commune,
dans la mesure où les humains
vivent côte à côte dans les deux
domaines - dans la structure
économique à l'intérieur, dans la
structure spirituelle à
l'intérieur -, alors seulement
apparaît la nécessité de fixer les
rapports de personne à personne.
Il en résulte tout simplement la
nécessité vivante que celui qui se
trouve, disons, à un poste
quelconque de la vie spirituelle,
doive fixer son rapport avec de
nombreuses autres personnalités et
ainsi de suite. Ces relations
vivantes qui devront s'établir
entre tous les humains devenus
majeurs, et les rapports entre les
humains majeurs et les humains non
majeurs, découlent précisément de
la relation de confiance dans le
domaine de la vie de l'esprit.
Mais tous les rapports qui
résultent des forces vives d'un
côté de la vie de l'économie, de
l'autre de la vie de l'esprit,
tous ces rapports impliquent que
les humains devenus majeurs
commencent à définir entre eux
leurs rapports dans leurs sphères
de vie. Et cela donne une
interaction vivante, qui aura
toutefois ceci de particulier que,
puisque la vie est vivante et ne
peut pas être enfermée dans des
normes, ces déterminations doivent
être mobiles.
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11
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Ich
weiß ja sehr wohl: Wenn man solche
Dinge heute ausspricht, die
eigentlich ganz praktisch sind, so
werden sie doch von diesem oder
jenem für etwas höchst
Unpraktisches gehalten, weil man
überall die höchst unpraktischen
Dinge hineinträgt und dann glaubt,
das, was man da hineingetragen hat
und was sich auswirken soll, das
sei praktisch, dagegen das, was
hier geschildert wurde, das sei
unpraktisch. Aber nun muß man
bedenken, in diesen zwei Gebieten,
in diesen Organen, im
Wirtschaftsgebiet und im
Geistesgebiet des dreigliedrigen
sozialen Organismus, leben diese
Dinge nebeneinander. Denkt man nun
in ehrlicher Weise an eine
demokratische Gestaltung dieses
Zusammenlebens, indem die Menschen
in den zwei Gebieten nebeneinander
leben — in der wirtschaftlichen
Struktur drinnen, in der geistigen
Struktur drinnen —, dann tritt
erst die Notwendigkeit auf, daß
nun von Person zu Person die
Verhältnisse festgelegt werden. Da
ergibt die lebendige Notwendigkeit
einfach, daß derjenige, der, sagen
wir auf irgendeinem Posten des
Geisteslebens steht, sein
Verhältnis festzulegen hat zu
vielen anderen Persönlichkeiten
und so weiter. Diese lebendigen
Bezüge, die werden eintreten
müssen zwischen allen mündig
gewordenen Menschen, und die
Verhältnisse zwischen den mündigen
Menschen und den nicht-mündigen
Menschen, die ergeben sich eben
aus dem Vertrauensverhältnis auf
dem Gebiete des Geisteslebens.
Aber alle Verhältnisse, welche
sich ergeben aus den lebendigen
Kräften auf der einen Seite des
Wirtschaftslebens, auf der anderen
Seite des Geisteslebens, alle
diese Verhältnisse bedingen, daß
gewissermaßen die mündig
gewordenen Menschen untereinander
ihre Verhältnisse in ihren
Lebenssphären festzulegen
beginnen. Und das gibt eine
lebendige Wechselwirkung, die
allerdings das Eigentümliche haben
wird, daß, weil ja das Leben lebt
und nicht in Normen eingespannt
werden kann, daß diese
Feststellungen beweglich sein
müssen.
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Un droit codifié de
manière absolue apparaîtrait comme
quelque chose de contraire à
l'évolution. Si l'on avait un
droit codifié de manière rigide,
ce serait à peu près comme si l'on
avait un enfant de sept ans dont
on fixerait maintenant les forces
vitales organiques et que l'on
exigerait, lorsque l'enfant aurait
atteint l'âge de quarante ans,
qu'il vive encore d'après. Il en
va de même pour l'organisme
social, qui est bien quelque chose
de vivant et qui ne sera pas le
même en 1940 qu'en 1920. Par
exemple, en ce qui concerne le
foncier, il ne s'agit pas
d'établir un tel droit codifié,
mais il s'agit d'une interaction
vivante entre la terre et les
personnalités qui se tiennent à
l'intérieur des deux autres
domaines caractérisés - le
spirituel et l'économique - et qui
agissent de telle sorte que tout
puisse être maintenu en permanence
en mouvement, afin de pouvoir
également modifier et
métamorphoser le véritable sol
démocratique sur lequel tous les
humains vivent leurs relations
actuelles. C'est ce qu'il faut
dire en ce qui concerne
l'établissement des relations
juridiques publiques. Des rapports
de droit pénal se donnent comme
secondaires d'abord lorsque des
personnalités particulières
agissent de manière antisociale
contre ce qui est établi comme
étant la relation correcte entre
les humains devenus majeurs. Dans
le cadre d'une réflexion pratique
sur le droit pénal, il s'avère
toutefois que l'organisme social
triarticulé aura besoin de jeter
un coup d'œil sur la justification
de la peine d'un point de vue
pratique et réel. Je dois dire que
la science du droit tant vantée
n'est même pas parvenue à un
concept juridique clair dans ce
domaine. Il existe un ouvrage déjà
ancien, "Das Recht in der Strafe
(le droit dans la peine)", de
Ludwig Laistner. Dans
l'introduction, il fait
l'historique de toutes les
théories sur le droit à la peine :
les impulsions de dissuasion, les
impulsions d'éducation et toutes
les autres impulsions. Laistner
montre avant tout que ces théories
sont en fait assez fragiles, et il
en vient ensuite à sa propre
théorie, qui consiste à dire que
l'on ne peut en fait déduire un
droit au châtiment que du fait que
le criminel s'est introduit dans
la sphère d'un autre humain par sa
propre volonté libre. Supposons
donc qu'un humain se soit créé un
cercle de vie quelconque - ce qui
est encore une fois hypothétique -
et que l'autre entre dans ce
cercle de vie, par exemple en
pénétrant dans sa maison ou dans
ses pensées et en le dépouillant.
- Ludwig Laistner dit alors : "Il
est entré lui-même dans mon cercle
de vie, et de ce fait, j'ai un
pouvoir sur lui ; de même que j'ai
un pouvoir sur mon argent ou sur
mes propres pensées, j'ai
maintenant aussi un pouvoir sur le
criminel, parce qu'il est entré
dans ma sphère.
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12
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Ein
absolut kodifiziertes Recht würde
sich als etwas ausnehmen, was der
Entwicklung widerspricht. Wenn man
ein starr kodifiziertes Recht
hätte, wäre es im Grunde etwa
ebenso, wie wenn man ein
siebenjähriges Kind hätte, dessen
organische Lebenskräfte Sie jetzt
festsetzen würden, und, wenn das
Kind vierzig Jahre alt geworden
ist, verlangen würden, daß es noch
danach lebte. So verhält es sich
auch mit dem sozialen Organismus,
der ja durchaus etwas Lebendiges
ist und im Jahre 1940 nicht der
gleiche sein wird wie im Jahre
1920. Zum Beispiel bei Grund und
Boden handelt es sich nicht darum,
solches kodifiziertes Recht
festzustellen, sondern es handelt
sich um ein lebendiges
Wechselverhältnis zwischen dem
Boden und den Persönlichkeiten,
die in den beiden anderen
charakterisierten Gebieten — dem
geistigen und dem wirtschaftlichen
— drinnen-stehen und so wirken,
daß alles immerfort in Fluß
gehalten werden kann, um den
wahren demokratischen Boden, auf
dem alle Menschen ihre
gegenwärtigen Beziehungen leben,
auch abändern und metamorphosieren
zu können. Das ist dasjenige, was
gesagt werden muß in bezug auf die
Festlegung der öffentlichen
Rechtsverhältnisse.
Strafrechtsverhältnisse ergeben
sich als das Sekundäre erst dann,
wenn von einzelnen
Persönlichkeiten in unsozialer
Weise gegen dasjenige gehandelt
wird, was festgelegt ist als das,
was die mündig gewordenen Menschen
als richtige Beziehung zueinander
betrachten. Da allerdings ergibt
sich für den dreigliedrigen
sozialen Organismus bei einem
praktischen Durchdenken des
Strafrechtes, daß man nötig haben
wird, auf die, ich möchte sagen
Berechtigung der Strafe auch in
praktisch-realer Weise ein wenig
hinzuschauen. Ich muß sagen, daß
die vielgepriesene
Rechtswissenschaft es eigentlich
nicht einmal auf diesem Gebiete zu
einem klaren Rechtsbegriffe
gebracht hat. Es gibt eine jetzt
allerdings schon ältere Schrift,
«Das Recht in der Strafe», von
Ludwig Laistner. Darinnen wird in
der Einleitung eine Geschichte
aller Theorien gegeben über das
Recht zur Strafe:
Abschreckungsimpulse,
Erziehungsimpulse und alle anderen
Impulse. Laistner zeigt vor allem,
daß diese Theorien eigentlich
recht brüchig sind, und er kommt
dann zu seiner eigenen Theorie,
welche darin besteht, daß man ein
Recht zur Strafe eigentlich nur
daher ableiten kann, daß der
Verbrecher sich durch seinen
eigenen freien Willen in die
Sphäre des anderen Menschen
hineinbegeben hat. Nehmen wir also
an, der eine Mensch hat — und das
ist schon auch wiederum
hypothetisch — sich irgendeinen
Lebenskreis geschaffen; der andere
tritt in diesen Lebenskreis
hinein, indem er zum Beispiel in
sein Haus oder oder in seine
Gedanken eintritt und ihn beraubt.
— Nun sagt Ludwig Laistner: Der
hat sich selber in meinen
Lebenskreis hineinbegeben, und
dadurch habe ich eine Gewalt über
ihn; geradeso, wie ich über mein
Geld oder über meine eigenen
Gedanken Gewalt habe, so habe ich
nun auch über den Verbrecher
Gewalt, weil er sich in meine
Sphäre begeben hat.
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Ce pouvoir sur lui, le
criminel lui-même me l'a accordé
en se plaçant dans ma sphère. Je
peux maintenant réaliser cette
violence en le punissant. La
punition n'est que l'équivalent du
fait qu'il est entré dans ma
sphère. C'est la seule chose que
l'on pourrait trouver dans la
pensée juridique sur la légitimité
de punir un criminel.
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13
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Diese
Gewalt über ihn hat mir der
Verbrecher selber zugestanden
dadurch, daß er sich in meine
Sphäre begeben hat. Ich kann diese
Gewalt nun so realisieren, indem
ich ihn bestrafe. Die Strafe ist
nur das Äquivalent dafür, daß er
sich in meine Kreise hineinbegeben
hat. Das ist das einzige, was
gefunden werden könnte im
juristischen Denken über die
Berechtigung, einen Verbrecher zu
strafen.
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Que ce soit directement
ou par délégation, en le faisant
exécuter par l'État, ce sont là
encore des questions secondaires.
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14
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Ob
das nun direkt geschieht oder in
übertragenem Sinne, indem man es
durch den Staat ausführen läßt,
das sind dann wiederum sekundäre
Fragen.
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Mais ces choses, pourquoi
ne sont-elles pas claires ?
Pourquoi y a-t-il là quelque chose
qui empêche continuellement
d'avoir des concepts vraiment bien
définis ? Parce que ces notions
sont aujourd'hui issues de
rapports sociaux qui sont en soi
déjà remplis d'ambiguïtés/de
non-clareté de vie. En effet, le
droit présuppose qu'il y a d'abord
un organisme et qu'à travers
l'organisme, il y a un mouvement
vivant et donc une circulation -
tout comme le cœur présuppose
qu'il y a d'abord d'autres organes
pour qu'il puisse fonctionner.
L'institution de droit est en
quelque sorte le cœur de
l'organisme social et présuppose
que d'autres choses se développent
; elle présuppose que d'autres
forces sont déjà là. Et si l'on a
des ambiguïtés dans ces autres
rapports, il est tout à fait
évident qu'il ne peut pas y avoir
de système de droit bien défini.
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15
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Aber
diese Dinge, warum sind sie denn
eigentlich unklar? Warum liegt da
etwas vor, das fortwährend
verhindert, wirklich scharf
umrissene Begriffe zu haben? Weil
diese Begriffe heute aus sozialen
Verhältnissen heraus genommen
sind, die an sich schon alle von
lauter Lebensunklarheiten erfüllt
sind. Es setzt ja tatsächlich das
Recht voraus, daß zuerst ein
Organismus vorhanden ist und durch
den Organismus lebendige Bewegung
und dadurch eine Zirkulation
vorhanden ist — geradeso, wie es
das Herz voraussetzt, daß zunächst
andere Organe da sind, damit es
funktionieren kann. Die
Rechtsinstitution ist
gewissermaßen das Herz des
sozialen Organismus und setzt
voraus, daß anderes sich
entfaltet; sie setzt voraus, daß
andere Kräfte schon da sind. Und
wenn man in diesen anderen
Verhältnissen Unklarheiten darin
hat, dann ist es auch ganz
selbstverständlich, daß kein
scharf gefaßtes Rechtssystem
dasein kann.
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Mais un système de droit
bien défini naîtra précisément du
fait qu’on laissera vraiment se
développer, dans cet organisme
social triarticulé, les forces
originelles propres aux autres
membres de l'organisme social. Ce
n'est qu'ainsi que l'on crée les
soubassements qui peuvent donner
lieu à une véritable formation de
droit.
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16
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Aber
ein scharf gefaßtes Rechtssystem
wird gerade dadurch
zustandekommen, daß man in diesem
dreigliedrigen sozialen Organismus
sich wirklich entfalten läßt die
den anderen Gliedern des sozialen
Organismus ureigenen Kräfte.
Dadurch werden erst die Unterlagen
geschaffen, die eine wirkliche
Rechtsbildung ergeben können.
|
Aujourd'hui, nous n'avons
avant toutes choses même pas
soulevé clairement la question :
quel est donc le contenu réel du
système de droit ? Oui,
voyez-vous, dans un certain sens,
une science du droit doit
ressembler beaucoup aux
mathématiques, à des mathématiques
vivantes. Mais que ferions-nous de
toutes nos mathématiques si nous
ne pouvions pas les réaliser dans
la vie ? Nous devons pouvoir les
appliquer. Si les mathématiques
n'étaient pas vivantes et si nous
ne pouvions pas les appliquer dans
la réalité, alors toutes nos
mathématiques ne seraient aucune
science. Les mathématiques en tant
que telles sont d'abord une
science formelle. Dans un certain
sens, une science juridique
élaborée de manière appropriée
serait aussi d'abord une science
formelle. Mais cette science
formelle doit être telle que
l'objet de son application dans la
réalité soit atteint. Et cet objet
de son application dans la
réalité, ce sont les relations des
humains devenus majeurs et vivants
les uns à côté des autres, qui ne
cherchent pas seulement ici
l'équilibre de leurs cercles de
vie, mais qui se tiennent aussi
dans le maillon spirituel et
économique de l'organisme social.
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17
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Wir
haben ja vor allen Dingen heute
nicht einmal klar die Frage
aufgeworfen: Welches ist denn der
eigentliche Inhalt des
Rechtssystems? Ja, sehen Sie, in
einem gewissen Sinne muß ja eine
Rechtswissenschaft gar sehr der
Mathematik ähnlich sein, einer
lebendigen Mathematik ähnlich
sein. Aber was würden wir mit
unserer ganzen Mathematik machen,
wenn wir diese nicht im Leben
realisieren könnten? Wir müssen
sie anwenden können. Wenn die
Mathematik nicht eine lebendige
wäre und wir sie in der
Wirklichkeit nicht anwenden
könnten, so würde unsere ganze
Mathematik keine Wissenschaft
sein. Die Mathematik als solche
ist eben zunächst eine formale
Wissenschaft. In einem gewissen
Sinne würde auch eine sachgemäß
ausgearbeitete Rechtswissenschaft
zunächst eine formale Wissenschaft
sein. Aber diese formale
Wissenschaft muß so sein, daß das
Objekt ihrer Anwendung in der
Wirklichkeit angetroffen wird. Und
dieses Objekt ihrer Anwendung in
der Wirklichkeit sind die
Beziehungen der mündig gewordenen,
nebeneinander lebenden Menschen,
die nicht nur hier den Ausgleich
ihrer Lebenskreise suchen, sondern
auch noch im geistigen und im
wirtschaftlichen Gliede des
sozialen Organismus drinnenstehen.
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Ainsi, c'est vraiment
cette triarticulation de
l'organisme social qui donnera la
possibilité que puisse être pensé
publiquement, et un droit qui
n'est pas pensé publiquement n'est
donc aucun droit fixé
naturellement. Il en résulterait
la possibilité de former
publiquement de tels concepts de
droit, qui seraient alors mobiles,
comme ça a été exigé à juste titre
aujourd'hui. C'est pourquoi je
pense que c'est une très bonne
chose que le Dr Boos ait demandé
la réforme de la vie de droit
précisément à partir de la
réalisation de l'organisme social
triarticulé.
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18
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So
wird wirklich diese Dreigliederung
des sozialen Organismus erst die
Möglichkeit ergeben, daß
öffentlich gedacht werden kann,
und ein nicht öffentlich gedachtes
Recht ist ja kein natürlich
gesetztes Recht. Dadurch würde
sich die Möglichkeit ergeben, daß
sich solche Rechtsbegriffe
öffentlich bilden, die dann
beweglich sind, wie es heute zu
Recht gefordert worden ist. Daher
meine ich, daß es sehr gut war,
daß Dr. Boos die Reform des
Rechtslebens gerade von der
Realisierung des dreigliedrigen
sozialen Organismus aus gefordert
hat.
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Français
seulement
II - SÉMINAIRES
ET SOIRÉES DE QUESTIONS SUR LA TRIARTICULATION
EN PENDANT AVEC LES COURS SCIENTIFIQUES
SPÉCIALISÉS.
RÉPONSE AUX QUESTIONS à l'occasion du cours
"Anthroposophie et sciences spécialisées" -
Dornach, 6 avril 1920 -
ANTHROPOSOPHIE ET SCIENCES JURIDIQUES.
L'humain est un être tri-articulé. L'opinion
selon laquelle une séparation entre droit et
économie serait
impossible. Les
différences polaires essentielles entre vies
de l’esprit et de l’économie. L’action du
droit dans ces deux domaines. Ce que l'essence
du droit public décide. Pourquoi ce ne peut
être codifié
rigide. Le droit
pénal comme un droit
secondaire. Le
flou des concepts dans la théorie du droit
actuelle. La tri-articulation comme condition
préalable pour le développement de concepts de
droit vivants, mobiles.
01
Dans le cadre du cours "Anthroposophie et
sciences spécialisées", Roman Boos tient une
conférence sur le thème "Anthroposophie et
science juridique". Dans le cadre de son
exposé, il pose la question suivante à Rudolf
Steiner.
02
Roman Boos : comment, à l'avenir, le principe
de la fixation de normes juridiques par
codification peut-il s'exclure ? Comment donc
l'effet juridique peut-il être exercé à partir
des centres parlementaires sans qu'il en
résulte une paralysie ou un dépérissement du
principe de codification, comme c'est le cas
aujourd'hui ?
03
Rudolf Steiner : la vivification de la vie de
droit, dont a parlé Monsieur Boos, sera, me
semble-t-il, amenée progressivement d'une
manière tout à fait naturelle dans l'organisme
social triarticulé. Comment doit-on
concrètement concevoir cette organisation de
l'organisme social triarticulé ? -- Vraiment
d'une manière similaire - il ne s'agit pas
d'une pure analogie - vraiment d'une manière
similaire à la manière dont on doit se
représenter la triarticulation organique dans
l'organisme humain naturel lui-même.
04
L'idée, qui a également été critiquée
aujourd'hui par le Dr Boos, selon laquelle le
cœur serait une sorte de pompe qui propulse le
liquide sanguin vers toutes les parties
possibles de l'organisme, cette idée doit être
dépassée en physiologie. Il faut reconnaître
que l'on doit voir dans l'activité cardiaque
l'interaction équilibrante des deux autres
activités de l'organisme humain : l'activité
métabolique et l'activité nerveuse et
sensorielle. Si l'on veut, en tant que
physiologiste qui vit dans la réalité, décrire
cet organisme humain, représenter son
fonctionnement, il suffit en général de
décrire de manière vraiment désintéressée
l'activité métabolique d'un côté et l'activité
nerveuse et sensorielle de l'autre côté, car
c'est précisément de leur action polaire l'une
sur l'autre et l'une dans l'autre que résulte
l'activité rythmique compensatrice ; on a déjà
celle-là dedans selon la forme. C'est quelque
chose dont il faut aussi tenir compte quand on
veut se représenter la vie dans l'organisme
social triarticulé. Cette vie dans l'organisme
social triarticulé est vraiment seulement
alors correctement représentable si l'on a
encore le sens pour la pratique de la vie.
05
Lorsque j'ai publié quelques articles et que
j'ai parlé de la triarticulation de
différentes manières, on m'a objecté, entre
autres, que l'on ne pouvait pas vraiment
s'imaginer comment le droit pouvait avoir un
contenu s'il devait être séparé dans la vie de
la partie spirituelle de l'organisme social
d'un côté et de la partie économique de
l'autre côté.
06
Ce sont tout de suite des gens comme Stammler,
souvent évoqué aujourd'hui, qui conçoivent en
quelque sorte le droit de telle sorte qu'ils
ne reconnaissent d'un côté qu'une sorte de
formalisme. Ce [système formel] recevrait
alors d'un autre côté, selon eux, son contenu
matériel par les exigences économiques de
l'organisme social. En partant de telles
conceptions, on m'a répondu que le droit ne
pouvait pas être séparé de la vie économique,
pour la simple raison que les forces de la vie
économique devaient produire d'elles-mêmes les
règles de droit. En intégrant une telle chose
dans ses concepts, on pense continuellement à
quelque chose d'inanimé/de non vivant, à
quelque chose qui revient justement à faire
des constatations à partir des forces
économiques, par exemple, qui seront ensuite
codifiées et sur lesquelles on pourra se
baser. On pense principalement au fait que ces
constatations codifiées existent et que l'on
peut vérifier ce qu'elles disent.
07
Dans l'organisme vivant triarticulé conforme à
la nature, on a maintenant affaire, je dirais,
à deux oppositions polaires : d'un côté, avec
la vie spirituelle et, de l'autre côté, avec
la vie économique. La vie spirituelle qui,
lorsque seulement elle devient libre, résulte
des effets de forces que les hommes apportent
dans l'existence par leur naissance et leur
développement, cette vie spirituelle
représente justement une réalité par son
propre contenu. C'est précisément là que se
développera ce qui est fécond dans la vie
spirituelle, si l'on ne limite pas et ne
restreint pas par des normes quelconques ce
dont chacun est capable. Ce qui est fécond
résulte tout naturellement du simple fait
qu'il est dans l'intérêt des humains que celui
qui peut le plus et qui a de plus grandes
capacités puisse aussi agir davantage. Il sera
tout à fait naturel de prendre, disons, comme
enseignant pour un certain nombre d'enfants,
celui dont ceux qui cherchent un enseignant
peuvent être convaincus qu'il peut produire ce
dont il s'agit dans sa sphère. Si la vie de
l'esprit est vraiment libre, toute la
constitution de la vie de l'esprit résulte de
la nature même de la chose ; ce sont les
humains qui se trouvent à l'intérieur qui
agissent dans cette vie de l'esprit. De
l'autre côté, nous avons la partie économie de
l'organisme social triarticulé. La structure
de la vie économique résulte à son tour des
besoins de consommation et des possibilités de
production, des différents enchaînements, des
relations qui se nouent. Je ne peux bien sûr
que l'évoquer brièvement dans cette réponse
aux questions. Mais les différents rapports
qui peuvent s'établir entre les humains, entre
les groupes d'humains et les individus, ou
encore entre différents groupes d'humains,
entrent en jeu. Tout cela va mouvoir la vie de
l'économie. Et dans ces deux domaines, ce que
l'on appelle "droit" n'entre pas du tout en
ligne de compte, dans la mesure où ces deux
domaines s'occupent eux-mêmes de leurs
affaires.
08
Si l'on pense réellement, bien sûr, les
humains ne pensent pas réellement aujourd'hui,
mais théoriquement, à partir de ce qui existe
déjà, c'est pourquoi ils confondent ce que le
domaine de l'esprit a déjà comme idées de
droit avec les idées de droit du domaine
économique - si l'on pense réellement,
pratiquement, alors il n'est pas du tout
question d'impulsions de droit dans la libre
vie de l'esprit, mais d'impulsions de
confiance, d'impulsions de capacité. Dans la
libre vie de l'esprit, il est tout simplement
absurde de parler du droit d'œuvrer de celui
qui peut quelque chose. Il ne peut même pas
être question de parler d'un tel droit, mais
on doit parler du fait qu'on a besoin de lui,
qu'il devrait agir.
09
Celui qui peut enseigner aux enfants, on le
laissera bien sûr enseigner, et la question ne
se posera pas de savoir s'il y a un droit ou
non ; ce n'est pas une question de droit en
tant que tel. Il en va de même dans la vie de
l'économie.
10
Là des contrats écrits ou oraux joueront un
rôle, et la confiance dans le respect des
contrats devra jouer un rôle. Si la vie de
l'économie est entièrement placée sur
elle-même, le respect des contrats résultera
du fait que la vie de l'économie ne peut tout
simplement pas fonctionner si les contrats ne
sont pas respectés.
11
Je sais très bien que si l'on exprime
aujourd'hui de telles choses, qui sont en fait
très pratiques, elles sont considérées par
l'un ou l'autre comme quelque chose de très
peu pratique, parce que l'on introduit partout
des choses très peu pratiques et que l'on
croit ensuite que ce que l'on a introduit et
qui doit avoir des effets est pratique, alors
que ce qui a été décrit ici ne serait pas
pratique. Mais maintenant on doit PE ser que
dans ces deux domaines, dans ces organes, dans
le domaine économique et dans le domaine
spirituel de l'organisme social triarticulé,
ces choses vivent côte à côte. Si l'on pense
honnêtement à un façonnement démocratique de
cette vie commune, dans la mesure où les
humains vivent côte à côte dans les deux
domaines - dans la structure économique à
l'intérieur, dans la structure spirituelle à
l'intérieur -, alors seulement apparaît la
nécessité de fixer les rapports de personne à
personne. Il en résulte tout simplement la
nécessité vivante que celui qui se trouve,
disons, à un poste quelconque de la vie
spirituelle, doive fixer son rapport avec de
nombreuses autres personnalités et ainsi de
suite. Ces relations vivantes qui devront
s'établir entre tous les humains devenus
majeurs, et les rapports entre les humains
majeurs et les humains non majeurs, découlent
précisément de la relation de confiance dans
le domaine de la vie de l'esprit. Mais tous
les rapports qui résultent des forces vives
d'un côté de la vie de l'économie, de l'autre
de la vie de l'esprit, tous ces rapports
impliquent que les humains devenus majeurs
commencent à définir entre eux leurs rapports
dans leurs sphères de vie. Et cela donne une
interaction vivante, qui aura toutefois ceci
de particulier que, puisque la vie est vivante
et ne peut pas être enfermée dans des normes,
ces déterminations doivent être mobiles.
12
Un droit codifié de manière absolue
apparaîtrait comme quelque chose de contraire
à l'évolution. Si l'on avait un droit codifié
de manière rigide, ce serait à peu près comme
si l'on avait un enfant de sept ans dont on
fixerait maintenant les forces vitales
organiques et que l'on exigerait, lorsque
l'enfant aurait atteint l'âge de quarante ans,
qu'il vive encore d'après. Il en va de même
pour l'organisme social, qui est bien quelque
chose de vivant et qui ne sera pas le même en
1940 qu'en 1920. Par exemple, en ce qui
concerne le foncier, il ne s'agit pas
d'établir un tel droit codifié, mais il s'agit
d'une interaction vivante entre la terre et
les personnalités qui se tiennent à
l'intérieur des deux autres domaines
caractérisés - le spirituel et l'économique -
et qui agissent de telle sorte que tout puisse
être maintenu en permanence en mouvement, afin
de pouvoir également modifier et métamorphoser
le véritable sol démocratique sur lequel tous
les humains vivent leurs relations actuelles.
C'est ce qu'il faut dire en ce qui concerne
l'établissement des relations juridiques
publiques. Des rapports de droit pénal se
donnent comme secondaires d'abord lorsque des
personnalités particulières agissent de
manière antisociale contre ce qui est établi
comme étant la relation correcte entre les
humains devenus majeurs. Dans le cadre d'une
réflexion pratique sur le droit pénal, il
s'avère toutefois que l'organisme social
triarticulé aura besoin de jeter un coup d'œil
sur la justification de la peine d'un point de
vue pratique et réel. Je dois dire que la
science du droit tant vantée n'est même pas
parvenue à un concept juridique clair dans ce
domaine. Il existe un ouvrage déjà ancien,
"Das Recht in der Strafe (le droit dans la
peine)", de Ludwig Laistner. Dans
l'introduction, il fait l'historique de toutes
les théories sur le droit à la peine : les
impulsions de dissuasion, les impulsions
d'éducation et toutes les autres impulsions.
Laistner montre avant tout que ces théories
sont en fait assez fragiles, et il en vient
ensuite à sa propre théorie, qui consiste à
dire que l'on ne peut en fait déduire un droit
au châtiment que du fait que le criminel s'est
introduit dans la sphère d'un autre humain par
sa propre volonté libre. Supposons donc qu'un
humain se soit créé un cercle de vie
quelconque - ce qui est encore une fois
hypothétique - et que l'autre entre dans ce
cercle de vie, par exemple en pénétrant dans
sa maison ou dans ses pensées et en le
dépouillant. - Ludwig Laistner dit alors : "Il
est entré lui-même dans mon cercle de vie, et
de ce fait, j'ai un pouvoir sur lui ; de même
que j'ai un pouvoir sur mon argent ou sur mes
propres pensées, j'ai maintenant aussi un
pouvoir sur le criminel, parce qu'il est entré
dans ma sphère.
13
Ce pouvoir sur lui, le criminel lui-même me
l'a accordé en se plaçant dans ma sphère. Je
peux maintenant réaliser cette violence en le
punissant. La punition n'est que l'équivalent
du fait qu'il est entré dans ma sphère. C'est
la seule chose que l'on pourrait trouver dans
la pensée juridique sur la légitimité de punir
un criminel.
14
Que ce soit directement ou par délégation, en
le faisant exécuter par l'État, ce sont là
encore des questions secondaires.
15
Mais ces choses, pourquoi ne sont-elles pas
claires ? Pourquoi y a-t-il là quelque chose
qui empêche continuellement d'avoir des
concepts vraiment bien définis ? Parce que ces
notions sont aujourd'hui issues de rapports
sociaux qui sont en soi déjà remplis
d'ambiguïtés/de non-clareté de vie. En effet,
le droit présuppose qu'il y a d'abord un
organisme et qu'à travers l'organisme, il y a
un mouvement vivant et donc une circulation -
tout comme le cœur présuppose qu'il y a
d'abord d'autres organes pour qu'il puisse
fonctionner. L'institution de droit est en
quelque sorte le cœur de l'organisme social et
présuppose que d'autres choses se développent
; elle présuppose que d'autres forces sont
déjà là. Et si l'on a des ambiguïtés dans ces
autres rapports, il est tout à fait évident
qu'il ne peut pas y avoir de système de droit
bien défini.
16
Mais un système de droit bien défini naîtra
précisément du fait qu’on laissera vraiment se
développer, dans cet organisme social
triarticulé, les forces originelles propres
aux autres membres de l'organisme social. Ce
n'est qu'ainsi que l'on crée les soubassements
qui peuvent donner lieu à une véritable
formation de droit.
17
Aujourd'hui, nous n'avons avant toutes choses
même pas soulevé clairement la question : quel
est donc le contenu réel du système de droit ?
Oui, voyez-vous, dans un certain sens, une
science du droit doit ressembler beaucoup aux
mathématiques, à des mathématiques vivantes.
Mais que ferions-nous de toutes nos
mathématiques si nous ne pouvions pas les
réaliser dans la vie ? Nous devons pouvoir les
appliquer. Si les mathématiques n'étaient pas
vivantes et si nous ne pouvions pas les
appliquer dans la réalité, alors toutes nos
mathématiques ne seraient aucune science. Les
mathématiques en tant que telles sont d'abord
une science formelle. Dans un certain sens,
une science juridique élaborée de manière
appropriée serait aussi d'abord une science
formelle. Mais cette science formelle doit
être telle que l'objet de son application dans
la réalité soit atteint. Et cet objet de son
application dans la réalité, ce sont les
relations des humains devenus majeurs et
vivants les uns à côté des autres, qui ne
cherchent pas seulement ici l'équilibre de
leurs cercles de vie, mais qui se tiennent
aussi dans le maillon spirituel et économique
de l'organisme social.
18
Ainsi, c'est vraiment cette triarticulation de
l'organisme social qui donnera la possibilité
que puisse être pensé publiquement, et un
droit qui n'est pas pensé publiquement n'est
donc aucun droit fixé naturellement. Il en
résulterait la possibilité de former
publiquement de tels concepts de droit, qui
seraient alors mobiles, comme ça a été exigé à
juste titre aujourd'hui. C'est pourquoi je
pense que c'est une très bonne chose que le Dr
Boos ait demandé la réforme de la vie de droit
précisément à partir de la réalisation de
l'organisme social triarticulé.
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