Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch English Dutch Skandinavisk Français Italiano Español Português (Brasileiro) Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 
Collection:

Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA337a

IDÉES SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE SOCIALE




CINQUIÈME SOIRÉE D'ÉTUDES, -
Stuttgart, 23 juin 1920. -
SUR LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE À LA LUMIÈRE DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT ET DE LA TRIARTICULATION.
FÜNFTER STUDIENABEND, -
Stuttgart, 23. Juni 1920. -
ÜBER AUSSENPOLITIK IM LICHTE DER GEISTESWISSENSCHAFT UND DREIGLIEDERUNG.

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 337a  230-242 1999  23/06/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 04/01/2023 Editeur: SITE

La répartition de l'humanité en trois zones culturelles : de l’ouest, du milieu et de l'Est. En Europe centrale : seulement des théories abstraites comme ligne directrice pour la reconstruction sociale. Le livre du professeur Varga sur la République des conseils en Hongrie. La description des mesures révolutionnaires prises par Varga et son aveu surprenants non marxiste. Dans l'ouest : l'expansion économique et politique comme un principe de vie évident. Le manque d'une telle conscience en Europe centrale. Cecil Rhodes comme un outil de la politique économique mondiale missionnaire de l'Angleterre. Dans l'est : reprise sans discussion d’idées de l'Occident. Pourquoi l’idée de tri-articulation devrait être réalisée, avant tout en Europe centrale. À l'origine, elle était pensée comme contre programme aux Quatorze Points de Wilson. Dans quelles conditions le sous bilan de l'industrie envers l'agriculture peut être pondéré. Ce que l’idée de tri-articulation veut : non la tripartition de l’humain peuple, mais l’articulation de l'organisme social dans trois organisations de vie. L’humain se tient dans toutes les trois parties de l'organisme social ; les trois systèmes se pénètrent mutuellement.


Die Aufgliederung der Menschheit in drei Kulturgebiete: den Westen, die Mitte und den Osten. In Mitteleuropa: nur abstrakte Theorien als Leitlinie für den sozialen Aufbau. Das Buch von Professor Varga über die Räterepublik in Ungarn. Die Schilderung der getroffenen revolutionären Maßnahmen durch Varga und sein überraschend unmarxistisches Geständnis. Im Westen: wirtschaftliche und politische Expansion als selbstverständliches Lebensprinzip. Das Fehlen eines solchen Bewußtseins in Mitteleuropa. Cecil Rhodes als Instrument der missionarischen Weltwirtschaftspolitik Englands. Im Osten: diskussionslose Übernahme von Ideen aus dem Westen. Warum die Dreigliederungsidee vor allem in Mitteleuropa verwirklicht werden müßte. Ursprünglich war sie als Gegenprogramm zu den Vierzehn Punkten von Wilson gedacht. Unter welchen Bedingungen die Unterbilanz der Industrie gegenüber der Landwirtschaft ausgeglichen werden kann. Was die Dreigliederungsidee will: nicht die Dreiteilung des Menschen, sondern die Gliederung des sozialen Organismus in drei Lebensorganisationen. Der Mensch steht in allen drei Teilen des sozialen Organismus drinnen; die drei Systeme durchdringen sich gegenseitig.

Au début de la soirée d'étude, Ludwig Graf Polzer-Hoditz fait une conférence intitulée " Sur la politique étrangère à la lumière de la science de l'esprit et de la triarticulation. ". Rudolf Steiner prend ensuite la parole.

01

Zu Beginn des Studienabends hält Ludwig Graf Polzer-Hoditz einen Vor­trag « Über Außenpolitik im Lichte der Geisteswissenschaft und Dreigliede­rung». Anschließend ergreift Rudolf Steiner das Wort.

Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! J'aimerais peut-être dire l'une ou l'autre chose, de manière aphoristique, sur certains sujets abordés aujourd'hui par le comte Polzer, car il a été fait allusion à plusieurs reprises à des choses que j'ai évoquées ici ou là au cours du temps.

02

Rudolf Steiner: Meine sehr verehrten Anwesenden! Ich möchte über einiges, das Graf Polzer heute berührt hat, aphoristisch viel­leicht das eine oder andere sagen, da ja wiederholt auch angespielt worden ist auf Dinge, die ich da oder dort im Laufe der Zeit berührt habe.

On peut voir très clairement, à travers différents phénomènes, comment, dans l'évolution politique récente du XIXe siècle, apparaît le fait auquel le comte Polzer a voulu faire référence, cette rupture, dirais-je, qui a ensuite conduit à la catastrophe. Il a parlé de ces années de transition et de désarroi total, notamment pour les peuples d'Europe centrale, des années soixante-dix et quatre-vingt, au cours desquelles ont eu lieu en Autriche les combats sur l'occupation de la Bosnie, la question slave et ainsi de suite. Avant cela, il y a eu les années soixante, au cours desquelles il y avait encore une certaine rémanence de ces ambiances politiques européennes qui datent de 1848. On peut suivre ces ambiances dans toute l'Europe centrale, aussi bien dans les pays autrichiens que dans ce qui est devenu plus tard l'Empire allemand : c'est ce qu'on pourrait appeler l'apparition d'un certain libéralisme abstrait, d'un libéralisme abstrait et théorique.

03

Man kann an verschiedenen Erscheinungen ganz deutlich sehen, wie in der neueren politischen Entwicklung im 19. Jahrhundert die Tatsache auftritt, auf die Graf Polzer hat hinweisen wollen, dieser Bruch, möchte ich sagen, der dann in die Katastrophe hinein­geführt hat. Er hat gesprochen von diesen Jahren des Übergangs und der völligen Ratlosigkeit namentlich der mitteleuropäischen Völker, von den siebziger, achtziger Jahren, wo in Österreich statt­gefunden haben die Kämpfe über die Okkupation Bosniens, die Slawenfrage und so weiter. Dem vorangegangen sind die sechziger Jahre, in denen noch eine gewisse Nachwirkung vorhanden war jener europäischen politischen Stimmungen, die aus dem Jahre 1848 stammen. Man kann diese Stimmungen eigentlich in ganz Mitteleuropa verfolgen, sowohl in den österreichischen Ländern wie auch in dem, was dann später zu dem Deutschen Reich gewor­den ist: es ist dasjenige, was man nennen könnte das Auftreten eines gewissen abstrakten Liberalismus, eines abstrakt-theoreti­schen Liberalismus.

En Autriche, à la fin des années soixante, les ministères Schmerling et Belcredi ont donné naissance au premier ministère dit des citoyens, celui de Carlos Auersperg, qui avait un caractère nettement libéral, mais théoriquement abstrait et libéral.

04

In Österreich war es ja Ende der sechziger Jahre, als heraus­wuchs aus den Ministerien Schmerling, Belcredi das erste sogenannte Bürgerministerium Carlos Auersperg, das einen ausgesprochen liberalen, aber theoretisch-abstrakt-liberalen Charakter hatte.

Puis, après un très court gouvernement intermédiaire, où la question slave a été portée à un certain niveau sous Taaffe, Potocki, Hohenwart, s'est formé dans les années 70 en Autriche ce que l'on appelle le deuxième ministère des citoyens, le ministère Adolf Auersperg, à nouveau une sorte de tendance bourgeoise libérale. Ces tendances ont été accompagnées par les luttes menées par les partis libéraux de Prusse et des différents États allemands contre l'impérialisme naissant de Bismarck, etc. Ces courants libéraux qui ont émergé sont extrêmement instructifs, et il est dommage que la génération actuelle se souvienne si peu de ce qui a été dit en Allemagne, en Prusse dans les années 1970 et 1980 par des hommes comme Lasker et ainsi de suite, et en Autriche par Giskra, mentionné aujourd'hui par le comte Polzer, et d'autres hommes d'État libéralisateurs similaires. On verrait bien qu'une certaine bonne volonté libérale s'est manifestée, mais qu'au fond, elle était dénuée de toute vision politique positive. C'est la caractéristique de l'émergence en Europe centrale d'un libéralisme abstrait, qui a beaucoup de beaux principes de liberté, mais qui ne sait pas compter avec les faits historiques, qui parle de tous les droits des humains possibles, mais qui sait peu parler de l'histoire et surtout peu agir à partir de l'histoire. Et ce qui a peut-être été fatal à toute l'Europe centrale - c'est en Autriche que la guerre mondiale a commencé, ou du moins c'est d'Autriche qu'elle est partie -, c'est que cette tendance liberticide en Autriche était si terriblement apolitique face aux grands problèmes qui sont apparus en Autriche et auxquels le comte Polzer a fait allusion dans les parties les plus importantes.

05

Dann, nach einer ganz kurzen Zwischenregierung, wo die slawische Frage zu einer gewissen Höhe geführt wurde unter Taaffe, Potocki, Hohenwart bildete sich dann heraus in den siebziger Jahren in Österreich das sogenannte zweite Bürgerministerium, das Ministerium Adolf Auersperg, wieder eine Art von bürgerlich-liberalistischer Richtung. Diesen Richtungen gingen parallel die Kämpfe, die geführt worden sind von den liberalistischen Parteien Preußens und der einzelnen deutschen Staaten gegen den auftauchenden Imperialismus Bismarcks und so weiter. Diese liberalistischen Strömungen, die da auftauchten, sie sind außerordentlich lehrreich, und es ist eigentlich schade, daß sich die heutige Generation so wenig erinnert an dasjenige, was in Deutschland gesprochen worden ist, in Preußen gesprochen worden ist in den siebziger, achtziger Jahren von Männern wie Lasker und so weiter, was in Österreich gesprochen worden ist von dem heute von Graf Polzer erwähnten Giskra und anderen ähnlich liberalisierenden Staatsmännern. Man würde eben sehen, wie da ein gewisser freisinniger, guter Wille heraufkam, der aber im Grunde genommen verlassen war von einer jeglichen positiven politischen Einsicht. Das ist das Charakteristische, daß heraufzieht in Mitteleuropa ein abstrakter Liberalismus, der viele schöne, freiheitliche Grundsätze hat, der aber nicht mit historischen Tatsachen zu rechnen weiß, der von allen möglichen Menschenrechten redet, der aber wenig von der Geschichte zu reden und namentlich wenig aus der Geschichte heraus zu wirken versteht. Und es ist vielleicht das Verhängnis für ganz Mitteleuropa gewesen — in Österreich hat ja der Weltkrieg begonnen, oder wenigstens von Österreich aus nahm er seinen Anfang —, es ist das Verhängnis gewesen, daß diese liberalisierende Richtung in Österreich so furchtbar unpolitisch gegenüberstand den großen Problemen, die gerade in Österreich zum Vorschein kamen und auf die ja in den wichtigsten Teilen Graf Polzer hingewiesen hat.

Il faut maintenant étudier un peu plus en détail ce que ce libéralisme représente en Autriche. On peut l'étudier en écoutant aujourd'hui encore les discours de l'ancien et du jeune Plener. On peut l'étudier en écoutant les discours d'Herbst, ce Herbst qui voulait être un grand homme d'État autrichien de la tendance libérale. Bismarck, le politicien réaliste, appelait les partisans d'Herbst "les sansautomnes", un de ces bons mots qui tuent dans la vie publique. Et l'on peut encore étudier ce libéralisme en un autre lieu, en Hongrie, où Koloman Tisza est apparu à plusieurs reprises et à nouveau avec un sentiment de puissance extraordinairement fort au sein de la diète hongroise, précisément aussi dans son comportement extérieur, je voudrais dire qu'il est le représentant correct du libéralisme détaché du monde, étranger au monde, qui - sans les faits historiques - ne compte que sur ce qui résulte de principes abstraits et généraux. Tisza, l'aîné, donc le père de celui qui a joué un rôle dans la guerre mondiale, le montrait déjà dans son comportement extérieur. Il ne pouvait jamais se présenter autrement qu'avec un crayon à la main, comme s'il récitait ses principes, fixés dans des notes au crayon, devant ceux qui représentent un public de croyants. Dans un certain sens, on peut étudier une édition légèrement inférieure chez l'opposant à Bismarck Eugen Richter, qui appartient toutefois à une époque ultérieure en Prusse-Allemagne. On peut analyser à ces gens ce qui s'est développé comme une politique très i fructueuse. Tous ces gens ont notamment appris la politique à l'école politique anglaise. Et le fait le plus important, l'essentiel, c'est que tout ce que Plener, Giskra, Hausner, Berger, Lasker, Lasser ont présenté, ce que Tisza a présenté en Hongrie, c'est quelque chose de positif, de concret pour les Anglais ; que cela signifie quelque chose pour les Anglais, parce que cela se réfère à des faits, parce qu'effectivement, ce qui est poursuivi comme principes libérateurs, appliqués, peut conduire peu à peu à l'impérialisme dans le monde. Oui, je voudrais dire que l'impérialisme est fortement présent dans ces choses chez les représentants anglais de ces principes. Lorsque ces mêmes principes ont été défendus dans leurs parlements par les personnalités que je viens de mentionner, il s'agissait de citrons pressés ; ces mêmes principes ne se référaient à rien ; il s'agissait d'abstractions. C'est précisément là que l'on peut le mieux étudier la différence entre une réalité et une phrase. La différence ne réside pas dans les mots, mais dans le fait d'être ou non dans la réalité. Si l'on dit les mêmes choses au Parlement de Vienne ou de Berlin qu'au Parlement de Londres, c'est tout à fait différent. Et c'est pourquoi ce qui est venu d'Angleterre en tant que direction libératrice et qui était une politique positive et concrète en Angleterre, était une phrase, une politique de phrases à Berlin et à Vienne.

06

Nun muß man ein wenig näher studieren, was dieser Liberalis­mus in Österreich eigentlich vorstellt. Man kann ihn studieren, wenn man heute noch vernimmt die Reden des älteren und jüngeren Plener. Man kann ihn studieren, wenn man die Reden von Herbst vernimmt, jenes Herbst, der ein großer österreichischer Staatsmann sein wollte der liberalisierenden Richtung. Bismarck, der Realpolitiker, nannte die Anhänger von Herbst «die Herbstzeitlosen», eines von jenen Bonmots, welche ertötend sind im öffentlichen Leben. Und man kann diesen Liberalismus noch an einem anderen Orte studieren, in Ungarn, wo immer wieder und wiederum mit einem außerordentlich starken Machtgefühl im ungarischen Reichstag Koloman Tisza auftrat, gerade auch im äußeren Gebaren, möchte ich sagen, der richtige Vertreter des weltabgewandten, weltfremden Liberalismus, der — ohne die historische Tatsachen — nur rechnet mit dem, was aus abstrakten, allgemeinen Grundsätzen hervorgeht. Tisza, der ältere, also der Vater dessen, der im Weltkrieg eine Rolle spielte, zeigte das schon in seinem äußeren Gebaren. Er konnte nie anders als mit dem Bleistift in der Hand auftreten, wie wenn er seine Grundsätze, die in Bleistiftnotizen fixiert sind, abreden würde vor denjenigen, die ein gläubiges Publikum darstellen. In gewissem Sinne kann man eine etwas mindere Auflage studieren an dem Bismarckgegner Eugen Richter, der in Preußen-Deutschland aber einer späteren Zeit angehört. An diesen Leuten kann man analysieren dasjenige, was als so recht unfruchtbare Politik heraufgezogen ist. Namentlich haben alle diese Leute Politik in der englischen politischen Schule gelernt. Und das wichtigste Faktum, das Wesentliche war dieses, daß alles, was Plener, Giskra, Hausner, Berger, Lasker, Lasser vorbrachten, was der Tisza in Ungarn vorbrachte, daß das etwas Positives, Konkretes für die Engländer ist; daß es bei den Engländern etwas bedeutet, weil es sich da auf Tatsachen bezieht, weil tatsächlich dasjenige, was da als liberalisierende Grundsätze verfolgt wird, angewendet, in der Welt nach und nach zum Imperialismus führen kann. Ja, ich möchte sagen, es steckt in den englischen Vertretern dieser Grundsätze der Imperialismus stark in diesen Dingen drinnen. Indem dieselben Grundsätze von den eben genannten Persönlichkeiten in ihren Parlamenten vertreten wurden, waren das ausgepreßte Zitronen; da bezogen sich dieselben Grundsätze auf nichts; da waren sie Abstraktionen. Gerade da kann man am besten studieren, worin der Unterschied liegt zwischen einer Realität und einer Phrase. Der Unterschied liegt nicht im Wortlaut, sondern er liegt darin, ob man in der Wirklichkeit drinnensteht oder nicht. Wenn man im Wiener oder Berliner Parlament dieselben Dinge sagt wie im Londoner Parlament, so ist das etwas ganz anderes. Und deshalb war dasjenige, was als liberalisierende Richtung von England herkam und in England positive, konkrete Politik war, in Berlin und Wien Phrase, phrasenhafte Politik.

Je ne peux pas développer toutes ces choses aujourd'hui, je ne peux que présenter quelques aphorismes, peut-être seulement des images. Mais si l'on veut voir les contradictions qui existent, il est intéressant d'écouter ou de se remémorer comment, dans le parlement autrichien de l'époque ou dans les délégations, des orateurs comme Suess, Sturm ou Plener ont pris la parole lors du débat qui a suivi l'occupation prévue, puis effective, de la Bosnie et de l'Herzégovine. Et comment un homme s'est alors exprimé à partir de la culture slave. Je me souviens encore très bien d'un discours qui a fait une certaine impression à l'époque, c'est le discours qu'Otto Hausner a tenu au parlement autrichien et qu'il a fait paraître dans "Deutschtum und Deutsches Reich" — je n'ai malheureusement pas pu le récupérer, j'aimerais beaucoup l'avoir à nouveau, mais je ne sais pas s'il est complètement épuisé. Si on lit ce discours en relation avec un autre qu'il a tenu lors de la construction du tunnel de l'Arlberg, si on lit ce qu'il a dit là du point de vue de la politique supérieure et ce qu'il a lancé depuis la tribune politique au parlement autrichien, lorsque Andrâssy a commencé à œuvrer pour l'occupation de la Bosnie, des réalités ont été dites. Hausner était, extérieurement parlant, une sorte de coquin, un genre de coquin usé, snob et masqué, que l'on voyait constamment avec son monocle dans la maison de maître viennoise, que l'on rencontrait toujours au Café Central à une certaine heure, un vieux coquin, mais profondément spirituel et parlant à partir de réalités. Si l'on rassemble tous ces discours, on peut dire que [la catastrophe de] 1914-1918 a été annoncée à l'avance, et même ce que nous vivons actuellement, le sommeil de l'âme qui se déverse sur cette Europe centrale. Et c'est là que l'on voit comment celui qui regarde les réalités - et je pourrais vous en citer encore beaucoup, beaucoup - devait effectivement arriver à la deuxième thèse dont on vous a parlé ce soir, à partir de la réalité.

07

Ich kann ja hier nicht diese Dinge alle entwickeln heute, sondern nur ein paar Aphorismen, vielleicht nur Bilder hinstellen. Aber wenn man sehen will, was da für Gegensätze vorhanden sind, ist es interessant, einmal zu hören oder sich wieder zu vergegenwärtigen, wie in dem damaligen österreichischen Parlament oder in den Delegationen solche Redner gesprochen haben wie Suess, Sturm oder Plener gerade bei jener Debatte, die sich angeknüpft hat an die beabsichtigte und dann sich vollziehende Okkupation von Bosnien und der Herzegowina. Und wie dann aufgetreten ist ein Mann, der aus dem slawischen Volkstum heraus gesprochen hat. Ich erinnere mich noch lebhaft einer Rede, die einen gewissen großen Eindruck dazumal gemacht hat, es ist die Rede, die dazumal Otto Hausner im österreichischen Parlament gehalten hat, die er dann auch erscheinen ließ «Deutschtum und Deutsches Reich» -- ich konnte sie leider nicht wieder bekommen, ich würde sie sehr gerne wieder haben, aber ich weiß nicht, ob sie völlig vergriffen ist. Wenn man diese Rede im Zusammenhang liest mit einer anderen, die er gehalten hat, als der Arlbergtunnel gebaut worden ist, wenn man liest, was er da unter dem Gesichtspunkte höherer Politik gesagt hat und was er vom politischen Podium hineinwarf in das österreichische Parlament, als Andrâssy daranging, für die Okkupation Bosniens zu wirken, da wurden Realitäten gesprochen. Hausner war, äußerlich angesehen, eine Art Geck, eine Art von abgelebtem, snobistischem und maskiertem Geck, der ständig mit dem Monokel im Wiener Herrenhaus zu sehen war, dem man im Café Central um ein bestimmte Stunde immer begegnete, ein alter Geck, aber durch und durch geistvoll und aus Realitäten heraus sprechend. Wenn man all diese Reden zusammenhält, so ist im Grunde genommen [die Katastrophe von] 1914 bis 1918 dazumal vorausverkündet worden, sogar auch das, was wir jetzt erleben, der Seelenschlaf, der sich über dieses Mitteleuropa ergießt. Und da sieht man eben, wie derjenige, der die Realitäten anschaut — und ich könnte Ihnen solche noch viele, viele anführen —, tatsächlich zu der zweiten These, von der Ihnen heute Abend gesprochen worden ist, kommen mußte aus der Wirklichkeit heraus.

Toutes ces choses qui sont liées à la triarticulation ne sont vraiment pas des idées théoriques, elles n'ont rien de professoral, mais elles sont tirées de la réalité. Et quiconque a vécu la rencontre en Autriche entre la germanité autrichienne - car c'était essentiellement elle qui portait le libéralisme autrichien - et le slavisme autrichien qui se développait à l'époque et élevait ses prétentions, a dû cristalliser en lui cette conception : le panslavisme est une force positive. - Ce panslavisme s'est vraiment développé comme une force positive. Et peut-être que ce qui est venu de la Tchécoslovaquie - de Palacki à Rieger - est plus important que ce qui est venu de la Pologne. Les Polonais ont joué un rôle extrêmement important en Autriche en tant qu'élément d'avancée, en tant que groupe d'avant-garde pour le slavisme, et ils ont tous défendu des points de vue politiques globaux. Hausner, qui était polonisé, a lui-même déclaré un jour dans un discours que des "globules de sang rétiques -alémaniques" - une chimie étrange - circulaient dans ses veines ; mais il se sentait comme un Polonais originel. Mais d'autres Polonais prirent aussi la parole au Parlement de Vienne, précisément à cette époque importante : Grocholski, Goluchowski et Dzieduszycki, et ainsi de suite, et il faut dire qu'il en ressortit déjà de grands points de vue politiques, tandis que le germanisme libéralisateur dégénérait malheureusement en phrases. Il n'a pas pu se maintenir, si bien qu'il a finalement rejoint le parti que Polzer-Hoditz a également mentionné, le parti chrétien-social - le parti que les jeunes Viennois qui s'occupaient de politique à l'époque, et dont je m'occupais aussi à l'époque, appelaient le "parti des idiots de Vienne" ; il en est ensuite devenu le parti Lueger (ndt : menteur?).

08

Diese Dinge, die mit der Dreigliederung zusammenhängen, sind ja alle wahrhaftig nicht irgendwie theoretisch ausgedacht, sind nichts Professorenhaftes, sondern sie sind durchaus aus der Wirklichkeit herausgeholt. Und wer erlebt hat, wie dazumal zusammenstießen in Österreich dieses österreichische Deutschtum — denn das war im wesentlichen der Träger des österreichischen Liberalismus — mit dem damals heraufkommenden und seine Prätentionen erhebenden österreichischen Slawentum, in dem mußte sich die Anschauung zusammenkristallisieren: Der Panslawismus ist eine positive Macht. — Er hat sich wirklich heraufgelebt als eine positive Macht, dieser Panslawismus. Und vielleicht wichtiger als dasjenige, was von dem Tschechentum gekommen ist — von dem Palacki bis zu dem Rieger —, ist das, was vom Polentum gekommen ist. Die Polen haben gerade in Österreich als eine Art Vorstoßelement, als Vortrupp für das Slawentum, eine außerordentlich große Rolle gespielt, und umfassende politische Gesichtspunkte haben sie alle vertreten. Hausner, der ja polonisiert war, sagte selbst einmal in einer Rede, daß «rätisch-alemannische Blutkügelchen» -- eine sonderbare Chemie — in seinen Adern rollen; er fühlte sich aber als Urpole. Aber es sprachen ja im Wiener Parlament gerade in diesen wichtigen Zeiten auch andere Polen: Grocholski, Goluchowski und Dzieduszycki und so weiter, und man muß sagen, da kamen schon große politische Gesichtspunkte heraus, währenddem das liberalisierende Deutschtum leider in die Phrase ausartete. Es konnte sich nicht halten, so daß es dann endlich einlief in diejenige Partei, die Polzer-Hoditz auch erwähnt hat, in die Christlichsoziale Partei — diejenige Partei, die unter den jungen Leuten in Wien, die sich dazumal mit Politik beschäftigten, mit der auch ich mich damals beschäftigt habe, die «Partei der dummen Kerle von Wien» genannt wurde; es ist dann die Lueger-Partei daraus geworden.

Cette opposition entre une direction descendante et une direction montante est très intéressante. Et dans un certain sens, les Polonais n'avaient pas de scrupules, si bien qu'il en est sorti toutes sortes de choses, par exemple ce qui suit : On voulait revenir en Autriche à l'ancienne loi scolaire, à l'ancienne loi scolaire cléricale - je dis "Autriche", mais pour exprimer son caractère concret, on ne parlait pas au parlement autrichien [le Reichsrat] d'"Autriche" ou de quelque chose comme ça, mais des "royaumes et pays représentés au Reichsrat" ; l'Autriche-Hongrie avait en effet une forme de gouvernement dualiste ; une partie s'appelait "les royaumes et pays représentés au Reichsrat", l'autre "la représentation des pays de la Sainte-Couronne Étienne". Lorsque l'on voulut revenir à une loi scolaire cléricale en Autriche, une majorité ne pouvait pas être formée par les seuls Allemands, mais il fallait y associer soit les Polonais, soit les Ruthènes. Chaque fois que l'opinion allait dans une certaine direction, une coalition se formait entre les Allemands et les Ruthènes, et si elle allait dans une autre direction, entre les Allemands et les Polonais. Il s'agissait donc à l'époque de créer une loi scolaire cléricale. Les Polonais ont fait pencher la balance, mais qu'ont-ils fait ? Ils ont dit : oui, d'accord, nous approuvons cette loi scolaire, mais la Galicie, nous l'excluons. - Ils ont donc exclu leur propre pays. C'est ainsi qu'une loi scolaire a été élaborée par une majorité qui comptait des délégués polonais en son sein, mais ces délégués polonais ont exclu leur propre pays, ils ont imposé une loi scolaire aux autres Länder autrichiens. En conclusion, une région régnait sur l'autre et décrétait quelque chose qu'elle ne voulait pas voir appliquer sur son propre territoire. Les choses étaient ainsi. Comment pouvait-on être politiquement à la hauteur des tâches gigantesques qui se présentaient ? Il s'est alors avéré qu'après ce deuxième ministère bourgeois, le gouvernement est finalement passé à ce ministère Taaffe, qui s'est lui-même certifié : en Autriche, si l'on veut gouverner correctement, on ne peut que bricoler, c'est-à-dire jongler d'une difficulté à l'autre, sauver l'une par l'autre, et ainsi de suite. Le ministère que Taaffe avait à sa tête en tant que Premier ministre était alors également dirigé de manière "spirituelle". Taaffe ne devait pas tant sa position à ses capacités intellectuelles qu'au fait qu'à l'époque, à la cour de Vienne - la cour de Vienne était déjà dans un état qui a conduit au drame terrifiant de Mayerling -, à l'époque, à la cour de Vienne, il y avait une grande réceptivité à l'art particulier du comte Taaffe, qui consistait à faire des petits lapins et des ombres avec un mouchoir et des doigts. Celui-ci plaisait particulièrement aux gens de la cour viennoise, et la position de Taaffe s'en trouva renforcée. Pendant une dizaine d'années, il a pu maintenir ce chaos autrichien dans un courant correspondant. C'était en fait tout à fait désolant, si l'on en juge par la situation. J'ai vraiment parlé à l'époque avec des gens très raisonnables. On savait que ce Taffe se maintenait grâce aux lapins. Mais des gens comme le poète Rollett, par exemple, me disaient : "Oui, mais ce Taaffe, c'est finalement notre plus intelligent". - C'était déjà une situation désespérée. Et il ne faut pas oublier comment, peu à peu, au cours de ce demi-siècle auquel le comte Polzer a fait allusion, les choses se sont préparées, et comment, pendant la guerre mondiale, Czernin, très spirituel, mais foncièrement frivole, a pu jouer un rôle de premier plan au moment le plus important. Comment pouvait-on alors espérer que quelque chose comme l'idée de la triartiulation de l'organisme social, née des forces internes de l'histoire, soit comprise autrement que par la nécessité, et qui a été présentée aux puissances d'Europe centrale en 1917. Mais les gens n'y ont rien compris, et cela n'a rien d'étonnant, car il ne suffit pas de faire des lapins pour comprendre la triarticulation. D'autres arts seront nécessaires pour pénétrer dans ces choses.

09

Dieser Gegensatz von einer niedergehenden Richtung gegenüber einer aufgehenden ist sehr interessant. Und in einem gewissen Sinn waren die Polen skrupellos, so daß alles mögliche herauskam, zum Beispiel das folgende: Man wollte in Österreich zurückkehren zum alten Schulgesetz, zum alten, klerikalen Schulgesetz — ich sage «Österreich», aber, um seine Konkretheit auszudrücken, sprach man im österreichischen Parlament, [dem Reichsrat], nicht von «Österreich» oder sowas, sondern von den «im Reichsrat vertretenen Königreichen und Ländern»; Österreich-Ungarn hatte ja eine dualistische Regierungsform; der eine Teil hieß «die im Reichsrat vertretenen Königreiche und Länder», der andere «die Vertretung der Länder der Heiligen Stephanskrone». Als man also in Österreich wiederum zu einem klerikalen Schulgesetz zurückkommen wollte, konnte aber eine Majorität nicht gebildet werden durch die Deutschen bloß, sondern damit mußten entweder die Polen oder die Ruthenen sich verbinden. Immer wenn gerade die Meinung nach einer bestimmten Richtung ging, wurde eine Koalition gebildet zwischen Deutschen und Ruthenen, und, wenn sie nach einer anderen Richtung ging, zwischen Deutschen und Polen. Damals handelte es sich also darum, ein klerikales Schulgesetz zu bilden. Die Polen gaben den Ausschlag, aber was haben sie getan? Sie sagten: Ja, gut, wir stimmen diesem Schulgesetz zu, aber Galizien, das nehmen wir aus. — Also das eigene Land nahmen sie aus. So entstand dazumal ein Schulgesetz durch eine Majorität, die polnische Delegierte in ihrem Schoß hatte, aber diese polnischen Delegierten nahmen das eigene Land aus, sie verhängten ein Schulgesetz über die anderen österreichischen Länder. Das hat zum Schluß ergeben, daß ein Gebiet über das andere regierte und etwas verfügte, was es im eigenen Gebiet nicht angewendet wissen wollte. So standen die Dinge. Wie sollte man da politisch gewachsen sein den Riesenaufgaben, die herankamen! Es kam dann so, daß die Regierung nach diesem zweiten bürgerlichen Ministerium schließlich überging an dieses Ministerium Taaffe, das ja selbst sich das Zeugnis ausstellte: In Österreich kann man, wenn man richtig regieren will, nur wursteln —, das heißt also von einer Schwierigkeit zur anderen jonglierend sich bewegen, eines durch das andere retten und so weiter. Das Ministerium, das Taaffe an der Spitze hatte als Ministerpräsidenten, wurde dann auch «geistreich» geführt. Taaffe verdankte ja seine Stellung weniger seinen intellektuellen Kapazitäten, sondern der Tatsache, daß dazumal am Wiener Hofe — der Wiener Hof war ja auch schon in einem Zustande, der hineinsegelte in das schauerliche Drama von Mayerling —, daß dazumal am Wiener Hofe eine große Empfänglichkeit vorhanden war für die besondere Kunst des Grafen Taaffe, die darin bestand, daß er mit dem Taschentuch und Fingern kleine Häschen und Schattenfiguren machen konnte. Die gefielen dazumal den Wiener Hofleuten ganz besonders, und dadurch wurde Taaffes Stellung gefestigt. Er konnte durch ein Jahrzehnt hindurch dieses österreichische Chaos in einer entsprechenden Strömung halten. Es ist eigentlich ganz trostlos gewesen, wenn man die Sache mit angesehen hat. Ich habe dazumal wahrhaftig mit recht vernünftigen Leuten gesprochen. Man wußte, daß sich dieser Taaffe hielt durch die Häschen. Aber solche Menschen, wie zum Beispiel der Dichter Rollett, der sagte mir: Ja, aber dieser Taaffe, das ist schließlich noch unser Gescheitester. — Es waren schon trostlose Verhältnisse. Und man darf nicht außer acht lassen, wie nach und nach im Verlauf jenes halben Jahrhunderts, auf das Graf Polzer hingewiesen hat, sich das vorbereitet hat, das dann während des Weltkrieges der ganz geistreiche, aber durch und durch frivole Czernin eine führende Rolle einnehmen konnte in dem wichtigsten Augenblick. Wie konnte man da hoffen, daß anders als durch die Not so etwas wie die Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus aufgefaßt würde, die, nun aus den inneren Kräften der Geschichte heraus geboren, im Jahre 1917 an die mitteleuropäischen Mächte herangebracht worden ist. Die Leute haben nur nichts davon verstanden, und das ist ja auch nicht zu verwundern, denn schließlich mit Häschenmachen ist die Dreigliederung nicht zu verstehen. Es werden andere Künste notwendig sein, um in diese Dinge einzudringen.

Eh bien, vous voyez, j'ai présenté tout cela comme une sorte d'image. On pourrait montrer à l'aide de nombreuses images similaires comment toute cette catastrophe s'est longuement préparée à partir de beaucoup, beaucoup de choses et comment [en Europe centrale] ce qui était et est une réalité à l'Ouest est devenu une phrase. Et cela constituait principalement quelque chose que j'utilisais [à l'époque dans les conversations] comme habillage face à des gens [comme Kühlmann par exemple] - on avait en effet besoin d'un habillage face à Kühlmann - : cette position de la politique anglaise dans la réalité des grands points de vue historiques. Cette politique anglaise a justement préparé depuis des siècles ce qui s'est passé ensuite, à partir de choses historiques. Je crois que pour comprendre toute l'affaire, il est bien sûr nécessaire de se plonger dans ce qui sous-tend le développement et la représentation de l'histoire extérieure.

10

Nun, sehen Sie, ich habe dieses alles so wie eine Art Bilder vorgebracht. Man könnte an vielen ähnlichen Bildern zeigen, wie nun diese ganze Katastrophe aus vielem, vielem heraus sich lange vorbereitet hat und wie [in Mitteleuropa] zur Phrase geworden ist dasjenige, was im Westen eine Realität war und ist. Und das bildete hauptsächlich etwas, was ich [damals in Gesprächen] als Einkleidung immer gebrauchte gegenüber Leuten [wie zum Beispiel Kühlmann] — Kühlmann gegenüber brauchte man ja eine Einklei­dung —: dieses im Realen der großen historischen Gesichtspunkte Drinnenstehen der englischen Politik. Diese englische Politik hat eben seit Jahrhunderten vorbereitet dasjenige, was dann geschehen ist, aus historischen Dingen heraus. Ich glaube, daß natürlich, um die ganze Sache einzusehen, es schon notwendig ist, sich zu ver­tiefen in das, was der äußeren Geschichtsentwicklung, Geschichts­darstellung zugrundeliegt.

Mais, mes très chers présents, lisez les mémoires des gens. Vous verrez comment, en effet, là où les gens se présentent d'une certaine manière tels qu'ils sont, ce que l'on peut appeler l'Europe centrale se présente à nous : L'Europe centrale se dégrade peu à peu en ce qui concerne la grandeur des idées, et les idées qui sont justement les plus fécondes pour l'Europe centrale se développent en Angleterre. C'est intéressant - suivez par exemple la figure du prédécesseur d'Andrâssy, le comte Beust, ce ministre étrange qui pouvait représenter n'importe quel patriotisme, qui pouvait servir tout le monde. Je voudrais aussi vous décrire le comte Beust en image - il y a différentes représentations dans les mémoires de la manière dont il entrait en relation avec des personnalités d'Europe occidentale : Il se met à genoux, très poliment, mais il se met à genoux. Voilà donc l'homme d'État d'Europe centrale qui, en fait, ne peut pas participer. Je dois mentionner tout cela parce que le comte Polzer m'a directement posé la question suivante : comment se manifeste ce qui travaille depuis des siècles depuis l'Ouest, notamment en tant que politique anglaise consciente, travaillant avec les puissances historiques ? Le véritable vecteur extérieur [de cette politique anglaise], c'est le roi Jacques Ier, et je voudrais dire que la conspiration des poudres est encore tout autre chose que ce qui est présenté dans l'histoire. Elle est en fait le signe extérieur, le symptôme extérieur de l'importance de ce qui, depuis l'Angleterre, traverse l'Europe comme une impulsion. C'est justement une politique des grands points de vue historiques. Vous comprenez parfaitement la thèse que le comte Polzer a mentionnée aujourd'hui et que j'ai exposée à l'occasion de la première représentation de la triarticulation : on ne peut pas, par des mesures quelconques - on les appelle aujourd'hui stupidement la Société des Nations -, éliminer ce qui est objectivement donné et doit objectivement agir en permanence, à savoir la lutte économique centre européenne-angloaméricaine. Cette lutte existe, tout comme la lutte pour l'existence au sein du règne animal. Elle doit exister, elle ne peut pas être éliminée du monde, mais elle doit être prise en compte parce qu'elle est un fait. Les porteurs de cette politique anglo-américaine le comprennent très bien. Et c'est là que quelque chose de clairement démontrable se présente à nous - je ne raconte pas des hypothèses, mais des choses que vous avez pu entendre dans les discours en Angleterre dans la deuxième moitié du 19e siècle. Il y a été dit très clairement : une grande guerre mondiale doit éclater en Europe - comme je l'ai dit, je ne fais que citer des discours de la deuxième moitié du XIXe siècle - cette guerre mondiale aura pour conséquence l'entrée en Russie du grand champ d'expérimentation du socialisme. C'est là [en Russie] que seront menées des expériences de socialisme que nous n'aurions pas l'idée de tenter dans les pays occidentaux, parce que les conditions ne le permettent pas. Vous voyez là de grands points de vue, dont vous reconnaissez la grandeur au fait qu'ils se sont en grande partie réalisés et - vous pouvez en être sûrs - qu'ils continueront à se réaliser. Mais ces points de vue ne datent pas d'hier ; les "esprits" des humains d'aujourd'hui sont d'hier, mais pas ces points de vue - ils sont vieux de plusieurs siècles.

11

Aber, sehr verehrte Anwesende, lesen Sie die Memoiren der Leute. Sie werden sehen, wie tatsächlich da, wo sich die Leute in einer gewissen Weise geben, wie sie sind, wie da uns das entgegen­tritt, was man nennen kann: Mitteleuropa verkommt nach und nach in bezug auf die Größe der Ideen, und die Ideen, die gerade für Mitteleuropa die fruchtbaren sind, die gehen in England drüben auf. Es ist interessant — verfolgen Sie zum Beispiel die Figur des Vorgängers des Andrâssy, den Grafen Beust, jenen merkwürdigen Minister, der jeden Patriotismus vertreten konnte, der allen dienen konnte. Ich möchte Ihnen den Grafen Beust auch bildlich schil­dern — es gibt in Memoiren verschiedene Darstellungen, wie er in Beziehung trat zu westeuropäischen Persönlichkeiten: Da knickt er in die Knie zusammen, sehr höflich, aber er knickt in die Knie. So also ist der mitteleuropäische Staatsmann, der eigentlich nicht mit­kann. Ich muß das alles erwähnen, weil ich direkt daraufhin gefragt worden bin vom Grafen Polzer: Wie zeigt sich das, was seit Jahr­hunderten vom Westen her arbeitete, namentlich als eine bewußte, mit den historischen Mächten arbeitende englische Politik? Der eigentliche äußerliche Träger [dieser englischen Politik], der ist König Jakob I., und ich möchte sagen, die Pulververschwörung ist noch etwas ganz anderes, als es in der Geschichte dargestellt wird. Sie ist ja eigentlich das äußere Zeichen, das äußere Symptom für die Wichtigkeit desjenigen, was da von England aus als Impuls durch Europa hindurchgeht. Das ist eben eine Politik der großen geschichtlichen Gesichtspunkte. Sie sehen durchaus ein die These, die heute Graf Polzer erwähnt hat und die ich aufgestellt habe gelegentlich dem ersten Vertreten der Dreigliederung: Man kann nicht durch irgendwelche Maßnahmen — man nennt sie heute blödsinnigerweise den Völkerbund — dasjenige, was sachlich gegeben ist und sachlich fortwährend wirken muß, nämlich den mitteleuropäisch-englisch-amerikanischen Wirtschaftskampf, aus der Welt schaffen. Dieser Kampf existiert, so wie der Kampf ums Dasein innerhalb der Tierreiches. Er muß da sein, er kann nicht aus der Welt geschafft werden, sondern er muß aufgenommen werden, weil er eine Tatsache ist. Das durchschauen die Träger dieser angloamerikanischen Politik sehr gut. Und da tritt uns etwas deutlich nachweisbar entgegen — ich erzähle nicht Hypothesen, sondern ich erzähle Dinge, die Sie in den Reden in England hören konnten in der zweiten Hälfte der 19. Jahrhunderts. Es wurde da ganz deutlich gesagt: In Europa muß ein großer Weltkrieg entstehen — wie gesagt, ich zitiere nur aus Reden der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts — dieser Weltkrieg wird dazu führen, daß in Rußland das große Experimentierfeld eintritt für den Sozialismus. Dort, [in Rußland], werden Experimente ausgeführt werden für den Sozialismus, die uns in den westlichen Ländern nicht einfallen würden, anstreben zu wollen, weil da die Verhältnisse das nicht zulassen. Da sehen Sie große Gesichtspunkte, deren Größe Sie daran erkennen, daß sie zum großen Teil eingetroffen sind, und — Sie können sicher sein — weiter eintreffen werden. Aber diese Gesichtspunkte sind nicht von gestern; die «Verstande» der Menschen von heute, die sind von gestern, aber nicht diese Gesichtspunkte — die sind jahrhundertealt.

Et ce que le comte Polzer vous présentera dans huit jours comme l'esprit même du testament de Pierre le Grand, c'était tout simplement ce qui devait être opposé impérialement [par l'Est] à l'impérialisme de l'Ouest. L'impérialisme occidental, l'essence anglo-américaine, voulait en quelque sorte fonder l'empire mondial anglo-américain du point de vue du producteur universel. En Orient, on a vraiment agi et pensé pendant de très longues années en s'appuyant sur les principes du testament de Pierre le Grand - vous entendrez encore dire dans quelle mesure ce testament est vrai ou faux ; mais ce sont des choses qui ont en fait une valeur très secondaire. Et à ce qui existe en Occident, on aurait dû opposer [en Orient] un empire universel de la consommation - ce dernier a déjà pris aujourd'hui des formes graves. Mais là, ces deux empires s'opposent. On peut dire qu'au fond, l'un et l'autre sont un mauvais unilatéralisme. Et entre les deux se frotte ce qui apparaît comme une avancée de l'Occident dans la politique liberticide des Beust, Andrássy, Tisza, Berger, Lasker, Lasser et ainsi de suite. Ce qui apparaît là comme un rejeton de l'occidentalisme se frotte à ce qui vient de l'Est, en Prusse uniquement sous la forme d'un polarisme indifférencié, en Autriche dans les têtes de caractère qui sont là. En effet, dans ce slavisme, toutes les têtes de caractère sont représentées : Rieger, court, trapu, aux larges épaules, au visage large, presque carré, au regard immensément puissant - j'aimerais dire que son regard était la force - ; en Rieger vivait quelque chose comme une répercussion de Palacky, qui avait représenté le panslavisme depuis Prague en 1848 ; Le vieux Geck Hausner, très spirituel, mais avec lui apparaît une autre nuance de ce qui est actif à l'Est ; et puis des gens comme Dzieduszycki, qui parlait comme s'il avait des boulettes ou des quenelles à la bouche, mais qui était tout à fait spirituel et maîtrisait parfaitement la matière. On pouvait alors étudier comment la germanité autrichienne, notamment, conservait un grand et merveilleux caractère. Lorsque j'étais à Uermannstadt en 1889 et que je devais donner une conférence, j'ai pu étudier l'eutschtum en déclin dans les Saxons de Transylvanie - Schröer a écrit une grammaire de l'allemand de Spiš et de celui du Gottscheerland. J'ai souligné la grandeur de cette germanité en déclin dans mon livre "Vom Menschenrätsel". On y trouve ces personnages étranges qui avaient encore en eux quelque chose de la grandeur élémentaire de la germanité, comme Hamerling et Fercher von Steinwand. Mais Fercher von Steinwand, par exemple, a tenu un discours dans les années cinquante du XIXe siècle, qui renferme toute la tragédie de l'Europe centrale. Il a dit : "À quoi doit-on penser quand on pense à l'avenir de la germanité ? Il décrit alors - les Tziganes, l'absence de patrie des Tziganes. Il est étrange de voir comment les meilleures gens d'Europe centrale se sont aperçus de certaines choses de manière prophétique. En fait, les meilleures gens ont été opprimés, et ceux qui étaient en haut étaient des gens terribles. Et c'est ainsi que s'est préparée la misère, qui devrait pourtant être le grand maître d'enseignement.

12

Und dasjenige, was Ihnen in acht Tagen Graf Polzer vorführen wird als eigentlichen Geist des Testamentes Peter des Großen, das war einfach dasjenige, was [vom Osten] imperialistisch entgegenge­setzt werden sollte dem Imperialismus des Westens. Der westliche Imperialismus, das anglo-amerikanische Wesen, wollte gewisser­maßen vom Standpunkte des universellen Produzenten das anglo­amerikanische Weltreich gründen. Im Osten ist wahrhaftig durch lange, lange Zeiten gehandelt, gedacht worden anknüpfend an die Prinzipien des Testamentes Peters des Großen — Sie werden noch hören, inwiefern das Testament Wahrheit oder Fälschung ist; das sind aber Dinge, die eigentlich sehr untergeordneten Wert haben. Und diesem, was da ist im Westen, hätte [im Osten] gewisserma­ßen ein universelles Reich der Konsumtion entgegengestellt werden sollen — das letztere hat heute schon schlimme Formen angenom­men. Aber da stehen sich diese beiden Reiche gegenüber. Man kann sagen, es ist im Grunde genommen das eine wie das andere eine böse Einseitigkeit. Und dazwischen reibt sich dasjenige, was wie ein Vorstoß des Westens auftritt in der liberalisierenden Politik der Beust, Andrássy, Tisza, Berger, Lasker, Lasser und so weiter. Das, was da als Ausläufer des Westlertums auftritt, das reibt sich an dem, was von Osten herüberkommt, in Preußen ja nur in einer Form des undifferenzierten Polentums, in Österreich in den Cha­rakterköpfen, die da sind. Denn in der Tat, in diesem Slawentum sind vertreten alle Charakterköpfe: der kurze, gedrungene, breit­schultrige Rieger mit dem breiten, fast viereckigen Gesicht, mit dem ungeheuer kraftvollen Blick — ich möchte sagen, sein Blick war Kraft —; in Rieger lebte so etwas wie eine Nachwirkung des Pa­lacky, der 1848 von Prag aus den Panslawismus vertreten hatte; der alte Geck Hausner, sehr geistreich, aber mit ihm tritt da wiederum eine andere Nuance desjenigen hervor, was da im Osten tätig ist; und dann solche Leute, wie etwa der Dzieduszycki, der so sprach, wie wenn er Klöße oder Knödel im Munde hätte, aber durchaus geistreich und durch und durch die Materie beherrschend. Da konnte man studieren, wie einen großen, wunderbaren Charakter namentlich das österreichische Deutschtum bewahrte. Als ich 1889 in Uermannstadt war und einen Vortrag zu halten hatte, konnte ich das untergehende eutschtum in den Siebenbürger Sachsen studieren — Schröer hat eine Grammatik des Zipser Deutschtums und desjenigen des Gottscheerländchens geschrieben. Ich habe manches von der Größe dieses untergehenden Deutschtums hervorgehoben in meinem Buche «Vom Menschenrätsel». Da stehen diese merkwürdigen Gestalten da, die noch etwas von der elementaren Größe des Deutschtums in sich hatten, wie etwa Hamerling und Fercher von Steinwand. Aber gerade Fercher von Steinwand zum Beispiel hat eine Rede gehalten in den fünfziger Jahren des 19. Jahrhunderts, die die ganze Tragik Mitteleuropas in sich schließt. Da sagte er: An was soll man eigentlich denken, wenn man an die Zukunft des Deutschtums denkt? Da schildert er — die Zigeuner, die Heimatlosigkeit der Zigeuner. Es ist merkwürdig, wie den besten Leuten Mitteleuropas manches prophetisch aufgegangen ist. Und es ist so, die besten Leute sind eben eigentlich unterdrückt gewesen, und diejenigen, die oben waren, die waren furchtbare Menschen. Und so hat sich ja diese Not vorbereitet, die doch eigentlich die große Lehrmeisterin sein müßte.

Dans cet État, en Autriche, où il y avait treize langues officielles avant la guerre, on a vraiment pu constater à quel point cette ancienne structure étatique est impossible dans l'humanité moderne, à quel point ce qu'on avait l'habitude d'appeler un État unitaire est impossible. Ces treize peuples différents - en fait, il y en avait encore plus, mais officiellement, ils étaient treize - réclamaient de toutes leurs forces ce qui devait ensuite être exprimé comme l'idée de la triarticulation. Et l'Autriche pouvait être la grande école de cette politique historique mondiale. En particulier, si on l'a étudiée en Autriche dans les années quatre-vingt - j'avais alors à assumer la rédaction de la "Deutsche Wochenschrift" -, dans les années quatre-vingt, lorsque le Taaffe régnait extérieurement, lorsque Lueger était préparé, on avait vraiment l'occasion de voir les forces motrices. C'est alors que toute la signature de Vienne a changé. Vienne est passée d'une ville au caractère allemand à une ville au caractère international, presque cosmopolite, en raison de l'invasion slave. On pouvait étudier comment les choses évoluaient. On comprenait alors qu'il y avait quelque chose d'impuissant dans ce qui était sorti du libéralisme. C'était comme une impuissance quand l'automne parlait. Et puis les gens ont fini par s'en rendre compte : cette politique ne sert plus à rien ! Mais ce n'était pas parce qu'ils comprenaient en leur for intérieur le caractère banal d'une politique comme celle d'Herbst, qui ne faisait que des abstractions, mais parce que le gouvernement viennois aspirait à la préservation de son prestige et à l'impérialisme, et utilisait l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine. Lorsqu'un homme comme Herbst s'y opposait, on ne voyait pas la vacuité de ses phrases, on voyait seulement qu'il ne pouvait pas s'impliquer dans la politique impérialiste. [À l'inverse,] Plener, qui prononçait au fond des phrases aussi vides, mais qui s'y retrouvait et se convertissait aux gens qui étaient pour l'occupation, parce qu'il était un plus grand fayot/arriviste.

13

Es hat sich in diesem Staat, in Österreich, in dem es dreizehn offizielle Sprachen gab es vor dem Krieg, wirklich so recht gezeigt, wie unmöglich eigentlich dieses alte Staatsgebilde in der modernen Menschheit ist, wie unmöglich das ist, was man gewohnt war, einen Einheitsstaat zu nennen. Diese dreizehn verschiedenen Völkerschaften — es waren im Grunde genommen noch mehr, aber offiziell waren es dreizehn —, die forderten mit aller Macht dasjenige, was dann ausgesprochen werden mußte als Dreigliederungsidee. Und Österreich konnte geradezu die große Schule sein für diese weltgeschichtliche Politik. Namentlich, wenn man sie in Österreich studiert hat in den achtziger Jahren — ich hatte dazumal zu übernehmen die Redaktion der «Deutschen Wochenschrift» —, in den achtziger Jahren, als äußerlich der Taaffe regierte, als Lueger vorbereitet wurde, da hatte man wirklich Gelegenheit, die treibenden Kräfte zu sehen. Damals änderte sich die ganze Signatur von Wien. Wien wurde von einer Stadt, die einen deutschen Charakter hatte, zu einer Stadt von internationalem, fast kosmopolitischem Charakter durch das eindringende Slawentum. Man konnte studieren, wie sich die Dinge entwickelten. Da begriff man, es war etwas von Ohnmacht in dem, was herausgekommen war aus dem Liberalismus. Es war so wie Ohnmacht, wenn der Herbst sprach. Dann kam es endlich dazu, daß die Leute fanden: Diese Politik taugt nichts mehr! Aber sie fanden das nicht etwa, weil sie innerlich die Phrasenhaftigkeit einer solchen Politik wie die von Herbst einsahen, der nur Abstraktionen zuwegebrachte, sondern weil die Wiener Regierung nach Prestigebewahrung und nach Imperialismus strebte und die Okkupation von Bosnien und der Herzegowina gebrauchte. Wenn sich solch ein Mensch wie Herbst dagegenwandte, sah man nicht die Leerheit seiner Sätze, sondern man sah nur, daß er sich nicht reinfinden konnte in die imperialistische Politik. [Im Gegensatz dazu] Plener, der im Grunde genommen ebensolche leeren Phrasen sprach, der aber sich hineinfand und sich zu den Leuten bekehrte, die für die Okkupation waren, weil er ein größerer Streber war.

C'est à cette époque que, sous l'influence de l'occupation bosniaque, Hausner a prononcé ses grands discours, dans lesquels il prédisait de manière prophétique ce qui est finalement arrivé. Il y avait déjà dans ce qui avait été dit, et où le testament de Pierre le Grand jouait un rôle, quelque chose de la lueur d'espoir de ce qui s'est ensuite produit de manière si terrible. Les discours mentionnés aujourd'hui par le comte Polzer, qui ont si souvent évoqué le testament de Pierre le Grand et les grands aspects de la politique slave, offrent une certaine occasion de voir ce que l'on aurait dû faire, si l'on avait été raisonnable, vis-à-vis de la politique britannique et de ses grands aspects historiques.

14

Damals war es, als unter dem Eindruck dieser bosnischen Okkupation Hausner seine großen Reden gehalten hat, in denen prophetisch vorausgesagt ist dasjenige, was im Grunde dann auch gekommen ist. Es war schon in dem, was da gesprochen wurde und wo das Testament Peters des Großen eine Rolle spielte, etwas von dem Wetterleuchten desjenigen, was dann in so furchtbarer Weise heraufgezogen ist. Gerade in den Reden, die heute Graf Polzer erwähnt hat und in denen so oft das Testament Peters des Großen, ebenso die großen Gesichtspunkte der Slawenpolitik berührt wurden, ist eine gewisse Gelegenheit da zu sehen, was man, wenn man vernünftig gewesen wäre, hätte tun müssen gegenüber der britischen Politik und ihren großen historischen Gesichtspunkten.

La politique, mes très chers présents, doit être étudiée comme une réalité, vécue comme une réalité. Et je dois toujours dire qu'il m'est extrêmement pénible que les gens qui reçoivent les "Points essentiels" ne voient pas qu'ils ont été écrits à partir d'une observation fidèle des conditions européennes et autres de la vie moderne civilisée et en tenant compte de tous les détails déterminants. Mais, mes très chers présents, on ne peut vraiment pas écrire toutes ces choses en détail dans un livre qui est publié comme une sorte de programme.

15

Politik, meine sehr verehrten Anwesenden, will als eine Realität studiert sein, als Realität erlebt sein. Und immer wiederum muß ich sagen, daß es mir eigentlich außerordentlich schmerzlich ist, wenn die Leute, die die «Kernpunkte» in die Hand bekommen, diesen nicht ansehen, daß sie herausgeschrieben sind aus treulicher Beobachtung der europäischen und sonstigen Verhältnisse des zivilisierten neueren Lebens und unter Berücksichtigung aller maßgebenden Einzelheiten. Aber, meine sehr verehrten Anwesenden, man kann doch wahrhaftig nicht in einem Buch, das als eine Art Programmbuch herausgegeben ist, alle diese Dinge im einzelnen schreiben.

Aujourd'hui, je n'ai fait qu'en évoquer quelques-unes en images ; mais si l'on voulait écrire à ce sujet, il faudrait écrire cinquante volumes. On ne peut évidemment pas écrire ces cinquante volumes, mais ils sont intégrés dans les "points essentiels". Et c'est la grande - ou la petite - caractéristique de notre époque que l'on ne sente pas qu'il y a une différence entre les phrases prononcées et écrites à partir de la réalité et toutes les énormes bêtises qui circulent aujourd'hui dans le monde et qui sont traitées aujourd'hui comme quelque chose d'équivalent à ce qui puise dans la réalité positive et qui est vécu. On devrait sentir que cela se trouve dans les "points essentiels" et ne pas avoir besoin de la preuve des cinquante volumes. C'est une preuve de pauvreté pour l'humanité que de ne pas pouvoir ressentir s'il y a de la vie dans une phrase qui ne fait peut-être que deux lignes ou s'il s'agit simplement d'une phrase journalistique.

16

Ich habe heute nur einiges in Bildern angedeutet; wollte man aber darüber schreiben, so müßte man fünfzig Bände schreiben. Diese fünfzig Bände kann man natürlich nicht schreiben, aber sie sind ihrem Inhalt nach eingeflossen in die «Kernpunkte». Und das ist das große — oder kleine —, es ist das kleine Kennzeichen unserer Zeit, daß man nicht fühlt, daß ein Unterschied besteht zwischen den Sätzen, die aus der Wirklichkeit heraus gesprochen und geschrieben sind, und all dem Riesenquatsch, der heute durch die Welt geht und der heute eigentlich als etwas Gleichbedeutendes behandelt wird gegenüber dem, was aus der positiven Wirklichkeit heraus schöpft und was erlebt ist. Fühlen sollte man, daß das in den «Kernpunkten» drinnen ist und nicht erst den Beweis der fünfzig Bände brauchen. Es ist ein Armutszeugnis für die Menschheit, dieses Nichtfühlenkönnen, ob in einem Satz, der vielleicht nur zwei Zeilen lang ist, Leben ist oder bloß journalistische Phrase.

C'est ce qui est nécessaire et ce à quoi nous devons et pouvons arriver : savoir distinguer le journalisme et la phrase du contenu vécu et exsangue. Sans cela, nous n'avancerons pas. Et c'est précisément lorsque l'on tente de s'orienter vers la grande politique étrangère que l'on voit à quel point il est nécessaire aujourd'hui que l'humanité parvienne à une telle distinction.

17

Das ist dasjenige, was notwendig ist und wozu wir kommen müssen und auch kommen können: unterscheiden zu können Journalismus und Phrase von erlebtem, erblutetem Inhalt. Ohne das kommen wir nicht weiter. Und gerade, wenn einmal an der großen Außenpolitik eine Orientierung versucht wird, so zeigt es sich, wie notwendig es heute ist, daß die Menschheit vordringe zu einer solchen Unterscheidung.

C'est ce que je voulais suggérer avec quelques phrases vraiment insuffisantes sur les explications du comte Polzer.

18

Das ist es, was ich mit ein paar wirklich recht ungenügenden Sätzen zu den Ausführungen des Grafen Polzer eben andeuten wollte.

Après l'exposé de Rudolf Steiner, l'occasion sera donnée de discuter.

19

Im Anschluß an die Ausführungen von Rudolf Steiner wird die Gelegenheit zur Diskussion gegeben.

 

Français seulement


CINQUIÈME SOIRÉE D'ÉTUDES, -
Stuttgart, 23 juin 1920. -
SUR LA POLITIQUE ÉTRANGÈRE À LA LUMIÈRE DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT ET DE LA TRIARTICULATION.


La répartition de l'humanité en trois zones culturelles : de l’ouest, du milieu et de l'Est. En Europe centrale : seulement des théories abstraites comme ligne directrice pour la reconstruction sociale. Le livre du professeur Varga sur la République des conseils en Hongrie. La description des mesures révolutionnaires prises par Varga et son aveu surprenants non marxiste. Dans l'ouest : l'expansion économique et politique comme un principe de vie évident. Le manque d'une telle conscience en Europe centrale. Cecil Rhodes comme un outil de la politique économique mondiale missionnaire de l'Angleterre. Dans l'est : reprise sans discussion d’idées de l'Occident. Pourquoi l’idée de tri-articulation devrait être réalisée, avant tout en Europe centrale. À l'origine, elle était pensée comme contre programme aux Quatorze Points de Wilson. Dans quelles conditions le sous bilan de l'industrie envers l'agriculture peut être pondéré. Ce que l’idée de tri-articulation veut : non la tripartition de l’humain peuple, mais l’articulation de l'organisme social dans trois organisations de vie. L’humain se tient dans toutes les trois parties de l'organisme social ; les trois systèmes se pénètrent mutuellement.
01
Au début de la soirée d'étude, Ludwig Graf Polzer-Hoditz fait une conférence intitulée " Sur la politique étrangère à la lumière de la science de l'esprit et de la triarticulation. ". Rudolf Steiner prend ensuite la parole.
02
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! J'aimerais peut-être dire l'une ou l'autre chose, de manière aphoristique, sur certains sujets abordés aujourd'hui par le comte Polzer, car il a été fait allusion à plusieurs reprises à des choses que j'ai évoquées ici ou là au cours du temps.
03
On peut voir très clairement, à travers différents phénomènes, comment, dans l'évolution politique récente du XIXe siècle, apparaît le fait auquel le comte Polzer a voulu faire référence, cette rupture, dirais-je, qui a ensuite conduit à la catastrophe. Il a parlé de ces années de transition et de désarroi total, notamment pour les peuples d'Europe centrale, des années soixante-dix et quatre-vingt, au cours desquelles ont eu lieu en Autriche les combats sur l'occupation de la Bosnie, la question slave et ainsi de suite. Avant cela, il y a eu les années soixante, au cours desquelles il y avait encore une certaine rémanence de ces ambiances politiques européennes qui datent de 1848. On peut suivre ces ambiances dans toute l'Europe centrale, aussi bien dans les pays autrichiens que dans ce qui est devenu plus tard l'Empire allemand : c'est ce qu'on pourrait appeler l'apparition d'un certain libéralisme abstrait, d'un libéralisme abstrait et théorique.
04
En Autriche, à la fin des années soixante, les ministères Schmerling et Belcredi ont donné naissance au premier ministère dit des citoyens, celui de Carlos Auersperg, qui avait un caractère nettement libéral, mais théoriquement abstrait et libéral.
05
Puis, après un très court gouvernement intermédiaire, où la question slave a été portée à un certain niveau sous Taaffe, Potocki, Hohenwart, s'est formé dans les années 70 en Autriche ce que l'on appelle le deuxième ministère des citoyens, le ministère Adolf Auersperg, à nouveau une sorte de tendance bourgeoise libérale. Ces tendances ont été accompagnées par les luttes menées par les partis libéraux de Prusse et des différents États allemands contre l'impérialisme naissant de Bismarck, etc. Ces courants libéraux qui ont émergé sont extrêmement instructifs, et il est dommage que la génération actuelle se souvienne si peu de ce qui a été dit en Allemagne, en Prusse dans les années 1970 et 1980 par des hommes comme Lasker et ainsi de suite, et en Autriche par Giskra, mentionné aujourd'hui par le comte Polzer, et d'autres hommes d'État libéralisateurs similaires. On verrait bien qu'une certaine bonne volonté libérale s'est manifestée, mais qu'au fond, elle était dénuée de toute vision politique positive. C'est la caractéristique de l'émergence en Europe centrale d'un libéralisme abstrait, qui a beaucoup de beaux principes de liberté, mais qui ne sait pas compter avec les faits historiques, qui parle de tous les droits des humains possibles, mais qui sait peu parler de l'histoire et surtout peu agir à partir de l'histoire. Et ce qui a peut-être été fatal à toute l'Europe centrale - c'est en Autriche que la guerre mondiale a commencé, ou du moins c'est d'Autriche qu'elle est partie -, c'est que cette tendance liberticide en Autriche était si terriblement apolitique face aux grands problèmes qui sont apparus en Autriche et auxquels le comte Polzer a fait allusion dans les parties les plus importantes.
06
Il faut maintenant étudier un peu plus en détail ce que ce libéralisme représente en Autriche. On peut l'étudier en écoutant aujourd'hui encore les discours de l'ancien et du jeune Plener. On peut l'étudier en écoutant les discours d'Herbst, ce Herbst qui voulait être un grand homme d'État autrichien de la tendance libérale. Bismarck, le politicien réaliste, appelait les partisans d'Herbst "les sansautomnes", un de ces bons mots qui tuent dans la vie publique. Et l'on peut encore étudier ce libéralisme en un autre lieu, en Hongrie, où Koloman Tisza est apparu à plusieurs reprises et à nouveau avec un sentiment de puissance extraordinairement fort au sein de la diète hongroise, précisément aussi dans son comportement extérieur, je voudrais dire qu'il est le représentant correct du libéralisme détaché du monde, étranger au monde, qui - sans les faits historiques - ne compte que sur ce qui résulte de principes abstraits et généraux. Tisza, l'aîné, donc le père de celui qui a joué un rôle dans la guerre mondiale, le montrait déjà dans son comportement extérieur. Il ne pouvait jamais se présenter autrement qu'avec un crayon à la main, comme s'il récitait ses principes, fixés dans des notes au crayon, devant ceux qui représentent un public de croyants. Dans un certain sens, on peut étudier une édition légèrement inférieure chez l'opposant à Bismarck Eugen Richter, qui appartient toutefois à une époque ultérieure en Prusse-Allemagne. On peut analyser à ces gens ce qui s'est développé comme une politique très i fructueuse. Tous ces gens ont notamment appris la politique à l'école politique anglaise. Et le fait le plus important, l'essentiel, c'est que tout ce que Plener, Giskra, Hausner, Berger, Lasker, Lasser ont présenté, ce que Tisza a présenté en Hongrie, c'est quelque chose de positif, de concret pour les Anglais ; que cela signifie quelque chose pour les Anglais, parce que cela se réfère à des faits, parce qu'effectivement, ce qui est poursuivi comme principes libérateurs, appliqués, peut conduire peu à peu à l'impérialisme dans le monde. Oui, je voudrais dire que l'impérialisme est fortement présent dans ces choses chez les représentants anglais de ces principes. Lorsque ces mêmes principes ont été défendus dans leurs parlements par les personnalités que je viens de mentionner, il s'agissait de citrons pressés ; ces mêmes principes ne se référaient à rien ; il s'agissait d'abstractions. C'est précisément là que l'on peut le mieux étudier la différence entre une réalité et une phrase. La différence ne réside pas dans les mots, mais dans le fait d'être ou non dans la réalité. Si l'on dit les mêmes choses au Parlement de Vienne ou de Berlin qu'au Parlement de Londres, c'est tout à fait différent. Et c'est pourquoi ce qui est venu d'Angleterre en tant que direction libératrice et qui était une politique positive et concrète en Angleterre, était une phrase, une politique de phrases à Berlin et à Vienne.
07
Je ne peux pas développer toutes ces choses aujourd'hui, je ne peux que présenter quelques aphorismes, peut-être seulement des images. Mais si l'on veut voir les contradictions qui existent, il est intéressant d'écouter ou de se remémorer comment, dans le parlement autrichien de l'époque ou dans les délégations, des orateurs comme Suess, Sturm ou Plener ont pris la parole lors du débat qui a suivi l'occupation prévue, puis effective, de la Bosnie et de l'Herzégovine. Et comment un homme s'est alors exprimé à partir de la culture slave. Je me souviens encore très bien d'un discours qui a fait une certaine impression à l'époque, c'est le discours qu'Otto Hausner a tenu au parlement autrichien et qu'il a fait paraître dans "Deutschtum und Deutsches Reich" — je n'ai malheureusement pas pu le récupérer, j'aimerais beaucoup l'avoir à nouveau, mais je ne sais pas s'il est complètement épuisé. Si on lit ce discours en relation avec un autre qu'il a tenu lors de la construction du tunnel de l'Arlberg, si on lit ce qu'il a dit là du point de vue de la politique supérieure et ce qu'il a lancé depuis la tribune politique au parlement autrichien, lorsque Andrâssy a commencé à œuvrer pour l'occupation de la Bosnie, des réalités ont été dites. Hausner était, extérieurement parlant, une sorte de coquin, un genre de coquin usé, snob et masqué, que l'on voyait constamment avec son monocle dans la maison de maître viennoise, que l'on rencontrait toujours au Café Central à une certaine heure, un vieux coquin, mais profondément spirituel et parlant à partir de réalités. Si l'on rassemble tous ces discours, on peut dire que [la catastrophe de] 1914-1918 a été annoncée à l'avance, et même ce que nous vivons actuellement, le sommeil de l'âme qui se déverse sur cette Europe centrale. Et c'est là que l'on voit comment celui qui regarde les réalités - et je pourrais vous en citer encore beaucoup, beaucoup - devait effectivement arriver à la deuxième thèse dont on vous a parlé ce soir, à partir de la réalité.
08
Toutes ces choses qui sont liées à la triarticulation ne sont vraiment pas des idées théoriques, elles n'ont rien de professoral, mais elles sont tirées de la réalité. Et quiconque a vécu la rencontre en Autriche entre la germanité autrichienne - car c'était essentiellement elle qui portait le libéralisme autrichien - et le slavisme autrichien qui se développait à l'époque et élevait ses prétentions, a dû cristalliser en lui cette conception : le panslavisme est une force positive. - Ce panslavisme s'est vraiment développé comme une force positive. Et peut-être que ce qui est venu de la Tchécoslovaquie - de Palacki à Rieger - est plus important que ce qui est venu de la Pologne. Les Polonais ont joué un rôle extrêmement important en Autriche en tant qu'élément d'avancée, en tant que groupe d'avant-garde pour le slavisme, et ils ont tous défendu des points de vue politiques globaux. Hausner, qui était polonisé, a lui-même déclaré un jour dans un discours que des "globules de sang rétiques -alémaniques" - une chimie étrange - circulaient dans ses veines ; mais il se sentait comme un Polonais originel. Mais d'autres Polonais prirent aussi la parole au Parlement de Vienne, précisément à cette époque importante : Grocholski, Goluchowski et Dzieduszycki, et ainsi de suite, et il faut dire qu'il en ressortit déjà de grands points de vue politiques, tandis que le germanisme libéralisateur dégénérait malheureusement en phrases. Il n'a pas pu se maintenir, si bien qu'il a finalement rejoint le parti que Polzer-Hoditz a également mentionné, le parti chrétien-social - le parti que les jeunes Viennois qui s'occupaient de politique à l'époque, et dont je m'occupais aussi à l'époque, appelaient le "parti des idiots de Vienne" ; il en est ensuite devenu le parti Lueger (ndt : menteur?).
09
Cette opposition entre une direction descendante et une direction montante est très intéressante. Et dans un certain sens, les Polonais n'avaient pas de scrupules, si bien qu'il en est sorti toutes sortes de choses, par exemple ce qui suit : On voulait revenir en Autriche à l'ancienne loi scolaire, à l'ancienne loi scolaire cléricale - je dis "Autriche", mais pour exprimer son caractère concret, on ne parlait pas au parlement autrichien [le Reichsrat] d'"Autriche" ou de quelque chose comme ça, mais des "royaumes et pays représentés au Reichsrat" ; l'Autriche-Hongrie avait en effet une forme de gouvernement dualiste ; une partie s'appelait "les royaumes et pays représentés au Reichsrat", l'autre "la représentation des pays de la Sainte-Couronne Étienne". Lorsque l'on voulut revenir à une loi scolaire cléricale en Autriche, une majorité ne pouvait pas être formée par les seuls Allemands, mais il fallait y associer soit les Polonais, soit les Ruthènes. Chaque fois que l'opinion allait dans une certaine direction, une coalition se formait entre les Allemands et les Ruthènes, et si elle allait dans une autre direction, entre les Allemands et les Polonais. Il s'agissait donc à l'époque de créer une loi scolaire cléricale. Les Polonais ont fait pencher la balance, mais qu'ont-ils fait ? Ils ont dit : oui, d'accord, nous approuvons cette loi scolaire, mais la Galicie, nous l'excluons. - Ils ont donc exclu leur propre pays. C'est ainsi qu'une loi scolaire a été élaborée par une majorité qui comptait des délégués polonais en son sein, mais ces délégués polonais ont exclu leur propre pays, ils ont imposé une loi scolaire aux autres Länder autrichiens. En conclusion, une région régnait sur l'autre et décrétait quelque chose qu'elle ne voulait pas voir appliquer sur son propre territoire. Les choses étaient ainsi. Comment pouvait-on être politiquement à la hauteur des tâches gigantesques qui se présentaient ? Il s'est alors avéré qu'après ce deuxième ministère bourgeois, le gouvernement est finalement passé à ce ministère Taaffe, qui s'est lui-même certifié : en Autriche, si l'on veut gouverner correctement, on ne peut que bricoler, c'est-à-dire jongler d'une difficulté à l'autre, sauver l'une par l'autre, et ainsi de suite. Le ministère que Taaffe avait à sa tête en tant que Premier ministre était alors également dirigé de manière "spirituelle". Taaffe ne devait pas tant sa position à ses capacités intellectuelles qu'au fait qu'à l'époque, à la cour de Vienne - la cour de Vienne était déjà dans un état qui a conduit au drame terrifiant de Mayerling -, à l'époque, à la cour de Vienne, il y avait une grande réceptivité à l'art particulier du comte Taaffe, qui consistait à faire des petits lapins et des ombres avec un mouchoir et des doigts. Celui-ci plaisait particulièrement aux gens de la cour viennoise, et la position de Taaffe s'en trouva renforcée. Pendant une dizaine d'années, il a pu maintenir ce chaos autrichien dans un courant correspondant. C'était en fait tout à fait désolant, si l'on en juge par la situation. J'ai vraiment parlé à l'époque avec des gens très raisonnables. On savait que ce Taffe se maintenait grâce aux lapins. Mais des gens comme le poète Rollett, par exemple, me disaient : "Oui, mais ce Taaffe, c'est finalement notre plus intelligent". - C'était déjà une situation désespérée. Et il ne faut pas oublier comment, peu à peu, au cours de ce demi-siècle auquel le comte Polzer a fait allusion, les choses se sont préparées, et comment, pendant la guerre mondiale, Czernin, très spirituel, mais foncièrement frivole, a pu jouer un rôle de premier plan au moment le plus important. Comment pouvait-on alors espérer que quelque chose comme l'idée de la triartiulation de l'organisme social, née des forces internes de l'histoire, soit comprise autrement que par la nécessité, et qui a été présentée aux puissances d'Europe centrale en 1917. Mais les gens n'y ont rien compris, et cela n'a rien d'étonnant, car il ne suffit pas de faire des lapins pour comprendre la triarticulation. D'autres arts seront nécessaires pour pénétrer dans ces choses.
10
Eh bien, vous voyez, j'ai présenté tout cela comme une sorte d'image. On pourrait montrer à l'aide de nombreuses images similaires comment toute cette catastrophe s'est longuement préparée à partir de beaucoup, beaucoup de choses et comment [en Europe centrale] ce qui était et est une réalité à l'Ouest est devenu une phrase. Et cela constituait principalement quelque chose que j'utilisais [à l'époque dans les conversations] comme habillage face à des gens [comme Kühlmann par exemple] - on avait en effet besoin d'un habillage face à Kühlmann - : cette position de la politique anglaise dans la réalité des grands points de vue historiques. Cette politique anglaise a justement préparé depuis des siècles ce qui s'est passé ensuite, à partir de choses historiques. Je crois que pour comprendre toute l'affaire, il est bien sûr nécessaire de se plonger dans ce qui sous-tend le développement et la représentation de l'histoire extérieure.
11
Mais, mes très chers présents, lisez les mémoires des gens. Vous verrez comment, en effet, là où les gens se présentent d'une certaine manière tels qu'ils sont, ce que l'on peut appeler l'Europe centrale se présente à nous : L'Europe centrale se dégrade peu à peu en ce qui concerne la grandeur des idées, et les idées qui sont justement les plus fécondes pour l'Europe centrale se développent en Angleterre. C'est intéressant - suivez par exemple la figure du prédécesseur d'Andrâssy, le comte Beust, ce ministre étrange qui pouvait représenter n'importe quel patriotisme, qui pouvait servir tout le monde. Je voudrais aussi vous décrire le comte Beust en image - il y a différentes représentations dans les mémoires de la manière dont il entrait en relation avec des personnalités d'Europe occidentale : Il se met à genoux, très poliment, mais il se met à genoux. Voilà donc l'homme d'État d'Europe centrale qui, en fait, ne peut pas participer. Je dois mentionner tout cela parce que le comte Polzer m'a directement posé la question suivante : comment se manifeste ce qui travaille depuis des siècles depuis l'Ouest, notamment en tant que politique anglaise consciente, travaillant avec les puissances historiques ? Le véritable vecteur extérieur [de cette politique anglaise], c'est le roi Jacques Ier, et je voudrais dire que la conspiration des poudres est encore tout autre chose que ce qui est présenté dans l'histoire. Elle est en fait le signe extérieur, le symptôme extérieur de l'importance de ce qui, depuis l'Angleterre, traverse l'Europe comme une impulsion. C'est justement une politique des grands points de vue historiques. Vous comprenez parfaitement la thèse que le comte Polzer a mentionnée aujourd'hui et que j'ai exposée à l'occasion de la première représentation de la triarticulation : on ne peut pas, par des mesures quelconques - on les appelle aujourd'hui stupidement la Société des Nations -, éliminer ce qui est objectivement donné et doit objectivement agir en permanence, à savoir la lutte économique centre européenne-angloaméricaine. Cette lutte existe, tout comme la lutte pour l'existence au sein du règne animal. Elle doit exister, elle ne peut pas être éliminée du monde, mais elle doit être prise en compte parce qu'elle est un fait. Les porteurs de cette politique anglo-américaine le comprennent très bien. Et c'est là que quelque chose de clairement démontrable se présente à nous - je ne raconte pas des hypothèses, mais des choses que vous avez pu entendre dans les discours en Angleterre dans la deuxième moitié du 19e siècle. Il y a été dit très clairement : une grande guerre mondiale doit éclater en Europe - comme je l'ai dit, je ne fais que citer des discours de la deuxième moitié du XIXe siècle - cette guerre mondiale aura pour conséquence l'entrée en Russie du grand champ d'expérimentation du socialisme. C'est là [en Russie] que seront menées des expériences de socialisme que nous n'aurions pas l'idée de tenter dans les pays occidentaux, parce que les conditions ne le permettent pas. Vous voyez là de grands points de vue, dont vous reconnaissez la grandeur au fait qu'ils se sont en grande partie réalisés et - vous pouvez en être sûrs - qu'ils continueront à se réaliser. Mais ces points de vue ne datent pas d'hier ; les "esprits" des humains d'aujourd'hui sont d'hier, mais pas ces points de vue - ils sont vieux de plusieurs siècles.
12
Et ce que le comte Polzer vous présentera dans huit jours comme l'esprit même du testament de Pierre le Grand, c'était tout simplement ce qui devait être opposé impérialement [par l'Est] à l'impérialisme de l'Ouest. L'impérialisme occidental, l'essence anglo-américaine, voulait en quelque sorte fonder l'empire mondial anglo-américain du point de vue du producteur universel. En Orient, on a vraiment agi et pensé pendant de très longues années en s'appuyant sur les principes du testament de Pierre le Grand - vous entendrez encore dire dans quelle mesure ce testament est vrai ou faux ; mais ce sont des choses qui ont en fait une valeur très secondaire. Et à ce qui existe en Occident, on aurait dû opposer [en Orient] un empire universel de la consommation - ce dernier a déjà pris aujourd'hui des formes graves. Mais là, ces deux empires s'opposent. On peut dire qu'au fond, l'un et l'autre sont un mauvais unilatéralisme. Et entre les deux se frotte ce qui apparaît comme une avancée de l'Occident dans la politique liberticide des Beust, Andrássy, Tisza, Berger, Lasker, Lasser et ainsi de suite. Ce qui apparaît là comme un rejeton de l'occidentalisme se frotte à ce qui vient de l'Est, en Prusse uniquement sous la forme d'un polarisme indifférencié, en Autriche dans les têtes de caractère qui sont là. En effet, dans ce slavisme, toutes les têtes de caractère sont représentées : Rieger, court, trapu, aux larges épaules, au visage large, presque carré, au regard immensément puissant - j'aimerais dire que son regard était la force - ; en Rieger vivait quelque chose comme une répercussion de Palacky, qui avait représenté le panslavisme depuis Prague en 1848 ; Le vieux Geck Hausner, très spirituel, mais avec lui apparaît une autre nuance de ce qui est actif à l'Est ; et puis des gens comme Dzieduszycki, qui parlait comme s'il avait des boulettes ou des quenelles à la bouche, mais qui était tout à fait spirituel et maîtrisait parfaitement la matière. On pouvait alors étudier comment la germanité autrichienne, notamment, conservait un grand et merveilleux caractère. Lorsque j'étais à Uermannstadt en 1889 et que je devais donner une conférence, j'ai pu étudier l'eutschtum en déclin dans les Saxons de Transylvanie - Schröer a écrit une grammaire de l'allemand de Spiš et de celui du Gottscheerland. J'ai souligné la grandeur de cette germanité en déclin dans mon livre "Vom Menschenrätsel". On y trouve ces personnages étranges qui avaient encore en eux quelque chose de la grandeur élémentaire de la germanité, comme Hamerling et Fercher von Steinwand. Mais Fercher von Steinwand, par exemple, a tenu un discours dans les années cinquante du XIXe siècle, qui renferme toute la tragédie de l'Europe centrale. Il a dit : "À quoi doit-on penser quand on pense à l'avenir de la germanité ? Il décrit alors - les Tziganes, l'absence de patrie des Tziganes. Il est étrange de voir comment les meilleures gens d'Europe centrale se sont aperçus de certaines choses de manière prophétique. En fait, les meilleures gens ont été opprimés, et ceux qui étaient en haut étaient des gens terribles. Et c'est ainsi que s'est préparée la misère, qui devrait pourtant être le grand maître d'enseignement.
13
Dans cet État, en Autriche, où il y avait treize langues officielles avant la guerre, on a vraiment pu constater à quel point cette ancienne structure étatique est impossible dans l'humanité moderne, à quel point ce qu'on avait l'habitude d'appeler un État unitaire est impossible. Ces treize peuples différents - en fait, il y en avait encore plus, mais officiellement, ils étaient treize - réclamaient de toutes leurs forces ce qui devait ensuite être exprimé comme l'idée de la triarticulation. Et l'Autriche pouvait être la grande école de cette politique historique mondiale. En particulier, si on l'a étudiée en Autriche dans les années quatre-vingt - j'avais alors à assumer la rédaction de la "Deutsche Wochenschrift" -, dans les années quatre-vingt, lorsque le Taaffe régnait extérieurement, lorsque Lueger était préparé, on avait vraiment l'occasion de voir les forces motrices. C'est alors que toute la signature de Vienne a changé. Vienne est passée d'une ville au caractère allemand à une ville au caractère international, presque cosmopolite, en raison de l'invasion slave. On pouvait étudier comment les choses évoluaient. On comprenait alors qu'il y avait quelque chose d'impuissant dans ce qui était sorti du libéralisme. C'était comme une impuissance quand l'automne parlait. Et puis les gens ont fini par s'en rendre compte : cette politique ne sert plus à rien ! Mais ce n'était pas parce qu'ils comprenaient en leur for intérieur le caractère banal d'une politique comme celle d'Herbst, qui ne faisait que des abstractions, mais parce que le gouvernement viennois aspirait à la préservation de son prestige et à l'impérialisme, et utilisait l'occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine. Lorsqu'un homme comme Herbst s'y opposait, on ne voyait pas la vacuité de ses phrases, on voyait seulement qu'il ne pouvait pas s'impliquer dans la politique impérialiste. [À l'inverse,] Plener, qui prononçait au fond des phrases aussi vides, mais qui s'y retrouvait et se convertissait aux gens qui étaient pour l'occupation, parce qu'il était un plus grand fayot/arriviste.
14
C'est à cette époque que, sous l'influence de l'occupation bosniaque, Hausner a prononcé ses grands discours, dans lesquels il prédisait de manière prophétique ce qui est finalement arrivé. Il y avait déjà dans ce qui avait été dit, et où le testament de Pierre le Grand jouait un rôle, quelque chose de la lueur d'espoir de ce qui s'est ensuite produit de manière si terrible. Les discours mentionnés aujourd'hui par le comte Polzer, qui ont si souvent évoqué le testament de Pierre le Grand et les grands aspects de la politique slave, offrent une certaine occasion de voir ce que l'on aurait dû faire, si l'on avait été raisonnable, vis-à-vis de la politique britannique et de ses grands aspects historiques.
15
La politique, mes très chers présents, doit être étudiée comme une réalité, vécue comme une réalité. Et je dois toujours dire qu'il m'est extrêmement pénible que les gens qui reçoivent les "Points essentiels" ne voient pas qu'ils ont été écrits à partir d'une observation fidèle des conditions européennes et autres de la vie moderne civilisée et en tenant compte de tous les détails déterminants. Mais, mes très chers présents, on ne peut vraiment pas écrire toutes ces choses en détail dans un livre qui est publié comme une sorte de programme.
16
Aujourd'hui, je n'ai fait qu'en évoquer quelques-unes en images ; mais si l'on voulait écrire à ce sujet, il faudrait écrire cinquante volumes. On ne peut évidemment pas écrire ces cinquante volumes, mais ils sont intégrés dans les "points essentiels". Et c'est la grande - ou la petite - caractéristique de notre époque que l'on ne sente pas qu'il y a une différence entre les phrases prononcées et écrites à partir de la réalité et toutes les énormes bêtises qui circulent aujourd'hui dans le monde et qui sont traitées aujourd'hui comme quelque chose d'équivalent à ce qui puise dans la réalité positive et qui est vécu. On devrait sentir que cela se trouve dans les "points essentiels" et ne pas avoir besoin de la preuve des cinquante volumes. C'est une preuve de pauvreté pour l'humanité que de ne pas pouvoir ressentir s'il y a de la vie dans une phrase qui ne fait peut-être que deux lignes ou s'il s'agit simplement d'une phrase journalistique.
17
C'est ce qui est nécessaire et ce à quoi nous devons et pouvons arriver : savoir distinguer le journalisme et la phrase du contenu vécu et exsangue. Sans cela, nous n'avancerons pas. Et c'est précisément lorsque l'on tente de s'orienter vers la grande politique étrangère que l'on voit à quel point il est nécessaire aujourd'hui que l'humanité parvienne à une telle distinction.
18
C'est ce que je voulais suggérer avec quelques phrases vraiment insuffisantes sur les explications du comte Polzer.
19
Après l'exposé de Rudolf Steiner, l'occasion sera donnée de discuter.