Emil Molt : J'ai l'honneur de vous
saluer ce soir et de vous
remercier de votre nombreuse
visite, qui nous montre que notre
invitation est tombée sur le bon
terrain. Le "Bund für
Dreigliederung des sozialen
Organismus" a jugé bon d'inviter
un certain nombre de personnalités
à cette soirée afin de poser
toutes les questions que chacun
d'entre vous a sur le cœur - des
questions qui sont par exemple
ressorties des conférences - afin
que ces questions puissent être
éclaircies par le Dr Steiner
lui-même. Nous sommes d'avis que
les conférences qui sont données
ici à Stuttgart depuis quatre à
six semaines ne sont pas seulement
données pour apporter quelque
chose d'intéressant aux auditeurs,
mais surtout pour faire mûrir
quelque chose chez les auditeurs,
quelque chose qui peut se
transformer en action. Nous sommes
également d'avis que pour donner
vie à un tel mouvement, il ne
suffit pas de quelques personnes
comme moteur, mais que nous avons
besoin de collaborateurs issus de
toutes les couches de la
population.
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01
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Emil Molt: Ich habe die Ehre, Sie
heute Abend zu begrüßen und Ihnen
zu danken für den zahlreichen
Besuch, der uns zeigt, daß unsere
Einladung auf den richtigen Boden
gefallen ist. Der «Bund für
Dreigliederung des sozialen
Organismus» hat es für richtig
gehalten, eine Anzahl von
Persönlichkeiten auf den heutigen
Abend hierher einzuladen, um alle
die Fragen, die der einzelne von
Ihnen auf dem Herzen hat — Fragen,
die sich zum Beispiel ergeben
haben aus den Vorträgen —
vorzubringen, damit diese Fragen
durch Herrn Dr. Steiner selbst
geklärt werden können. Wir sind
der Meinung, daß die Vorträge,
die seit vier bis sechs Wochen
hier in Stuttgart gehalten werden,
nicht nur gehalten werden, um
etwas Interessantes an die Hörer
heranzubringen, sondern vor allen
Dingen, um in den Hörern etwas
reifen zu lassen, das zu Taten
werden kann. Wir sind auch der
Meinung, daß, um eine solche
Bewegung ins Leben zu rufen, es
nicht genügt, wenn nur einige
wenige Menschen als Triebfeder da
sind, sondern daß wir Mitarbeiter
brauchen aus allen Schichten der
Bevölkerung.
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Je vous prie maintenant
de prendre la parole et je demande
à M. Steiner de répondre à
toutes les questions qui se
posent.
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02
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Nun bitte ich Sie, das
Wort zu ergreifen, und ich bitte
Herrn Dr. Steiner, alle Fragen,
die sich ergeben, zur Beantwortung
zu bringen.
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M. Schmucker : je remarque tout d'abord
que je pose cette question à titre
de pure personne privée. Dans la
résolution qui a été prise lors
des différentes présentations, le
gouvernement est invité à nommer
le Dr Steiner pour qu'il mette en
œuvre le plus rapidement possible
la triarticulation de l'organisme
social qu'il préconise. Je dois
maintenant avouer honnêtement que
je n'ai pas encore eu le temps de
me plonger dans son livre et de
suivre toutes les conférences. Je
vous prie donc de m'excuser si, en
demandant que je sache si Monsieur
le Dr Steiner a peut-être trahi
mon brancard, je ne sais pas si
Monsieur le Dr Steiner a peut-être
déjà pris position sur l'affaire
qui me tient à cœur.
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03
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Herr Dr. Schmucker: Ich bemerke zunächst,
daß ich als reine Privatperson
frage. In der Resolution, die bei
den verschiedenen Vorträgen gefaßt
worden ist, wird die Regierung
aufgefordert, Herrn Dr. Steiner zu
berufen, so schnell als möglich
die von ihm propagierte
Dreigliederung des sozialen
Organismus durchzuführen. Nun muß
ich ehrlich gestehen, daß ich noch
nicht Zeit genug gehabt habe, mich
in sein Buch zu vertiefen und alle
Vorträge zu verfolgen. Ich bitte
also um Entschuldigung, wenn ich
durch Frage daß ich weiß, ob Herr
Dr. Steiner vielleicht meine Trage
verrate, daß ich nicht weiß, ob
Herr Dr. Steiner vielleicht schon
Stellung genommen hat zu der
Sache, die mir am Herzen liegt.
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Ma question : supposons
que le gouvernement prenne un jour
la position que nous voulons
collaborer avec le Dr Steiner ;
supposons que le Dr. Steiner
arrive dans un ministère
quelconque, par exemple au
ministère du Travail, il est placé
dans une pièce richement [021]
dotée en documents et commentaires
gouvernementaux, il trouve donc
notamment tous les codes qui
traitent de la résolution de la
question sociale, par exemple la
loi sur la protection des
travailleurs, la loi sur
l'assurance des employés et ainsi
de suite, mais surtout les
nombreuses lois qui ont été mises
au jour par le nouveau
gouvernement après le grand
bouleversement, et qui vont toutes
dans la même direction, à savoir
celle de satisfaire autant que
possible les souhaits sociaux des
ouvriers et des employés. Comment
M. Steiner se représente-t-il
ce travail - le passage du mode de
gouvernement actuel au mode de
gouvernement futur ? Que doit-il
se passer avec les représentations
populaires actuelles, avec les
assemblées de pays, avec
l'Assemblée nationale ?
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04
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Meine Frage: Nehmen wir
an, die Regierung stellt sich
eines Tages auf den Standpunkt,
wir wollen mit Herrn Dr. Steiner
zusammenarbeiten; nehmen wir an,
Herr Dr. Steiner kommt in
irgendein Ministerium, zum
Beispiel ins Arbeitsministerium,
er wird in eine Stube gesetzt, die
reichlich mit Regierungspapieren
und Kommentaren ausgestattet ist,
er findet also namentlich alle die
Gesetzbücher vor, die sich mit der
Lösung der sozialen Frage
beschäftigen, zum Beispiel das
Arbeiterschutzgesetz, das Gesetz
über die Angestelltenversicherung
und so weiter, vor allem aber die
vielen Gesetze, die nach der
großen Umwälzung von der neuen
Regierung zutage gefördert worden
sind, und die doch alle in eine
Richtung gehen, nämlich in die
Richtung, möglichst viel von den
sozialen Wünschen der Arbeiter-und
Angestelltenschaft zu befriedigen.
Wie stellt sich nun Herr Dr.
Steiner diese Arbeit vor — die
Überführung der bisherigen
Regierungsweise in die zukünftige?
Was soll geschehen mit den
jetzigen Volksvertretungen, mit
den Landesversammlungen, mit der
Nationalversammlung?
|
Rudolf Steiner : Vous avez abordé la
question d'un certain point de
vue, du côté du gouvernement.
C'est pourquoi je ne peux y
répondre que de ce point de vue.
Et là, la réponse se présente
d'abord de la manière suivante :
il faudrait évidemment faire
abstraction, lors de la première
action gouvernementale, de
beaucoup de choses qui pourraient
se produire en premier à la suite
de cette première action
gouvernementale.
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05
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Rudolf Steiner: Sie haben die Frage
angeschnitten von einer gewissen
Seite her, von der Regierungsseite
her. Daher kann ich sie auch nur
von dieser Seite her beantworten.
Und da stellt sich dann die
Antwort zunächst so dar, daß man
selbstverständlich bei der ersten
Regierungshandlung noch absehen
müßte von sehr vielem, das erst
geschehen könnte in der Folge
dieser ersten Regierungshandlung.
|
Comme première action
gouvernementale, je devrais penser
à quelque chose - n'est-ce pas,
nous parlons donc naturellement
ici très ouvertement - qui n'a
bien sûr pas grand-chose à voir
avec la question de savoir ce que
je ferais si, pour ma part,
j'étais placé au ministère du
Travail, si j'y trouvais des codes
de lois et du genre et si je
devais continuer à y travailler.
Je fais juste remarquer
formellement que je n'ai rien à
voir avec la rédaction de la
résolution dont vous parlez. Je ne
pourrais pas accepter cette
interprétation de la résolution,
mais seulement caractériser mon
point de vue sur cette question.
Par exemple, je devrais d'abord
constater que je n'ai absolument
pas ma place dans un ministère du
travail, que je n'aurais rien à y
faire, pour la simple raison qu'il
ne peut déjà plus y avoir de
ministère du travail au sein de la
communauté étatique unifiée dans
un avenir proche. C'est pourquoi
j'ai dit l'autre jour dans une
conférence que la première action
du gouvernement devrait consister
à prendre l'initiative [022] de
différentes choses, afin de créer
tout d'abord une base pour [la
suite des événements].
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06
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Als erste
Regierungshandlung würde ich mir
etwas zu denken haben — nicht
wahr, wir reden ja natürlich hier
ganz offen —, was
selbstverständlich mit der Frage
wenig zu tun hat, was ich machen
würde, wenn ich, meinetwillen, ins
Arbeitsministerium gesetzt würde,
dadrinnen Gesetzbücher und
dergleichen vorfände und nun dort
weiterzuarbeiten hätte. Ich
bemerke da nur zum voraus formell,
daß ich mit der Abfassung der
Resolution, von der Sie sprechen,
nicht das Geringste zu tun gehabt
habe. Ich würde diese
Interpretation der Resolution
nicht annehmen können, sondern nur
meinen Standpunkt charakterisieren
können zu dieser Frage. Zum
Beispiel würde ich zunächst
feststellen müssen, daß ich
überhaupt in ein
Arbeitsministerium durchaus nicht
hineingehöre, daß ich da nichts zu
tun hätte, aus dem einfachen
Grunde, weil es ein
Arbeitsministerium innerhalb der
einheitlichen staatlichen
Gemeinschaft in der nächsten
Zukunft schon nicht mehr geben
kann. Daher habe ich neulich
einmal davon gesprochen in einem
Vortrag, daß die erste
Regierungshandlung darin bestehen
müßte, die Initiative zu
verschiedenen Dingen zu ergreifen,
um damit zunächst einmal eine
Grundlage für [das weitere
Vorgehen] zu schaffen.
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Premièrement, on doit
comprendre qu'un gouvernement
actuel est en quelque sorte la
continuation de ce qui a résulté
comme gouvernement des situations
antérieures. Or, seule une partie
de ce gouvernement se situe dans
la continuité des situations
antérieures, à savoir celle qui
comprendrait le ministère de la
Justice, le ministère de
l'Intérieur - pour la sécurité
intérieure - et le ministère de
l'Hygiène. Ces choses se
situeraient dans le prolongement
de ce qui résultait des maximes
gouvernementales antérieures. Pour
tout le reste, un tel gouvernement
devrait prendre l'initiative de
devenir un ministère de
liquidation, c'est-à-dire un
ministère qui prendrait simplement
l'initiative, à gauche et à
droite, de créer le terrain pour
une vie de l'esprit libre qui
reposerait sur sa propre
administration et sa propre
constitution et qui devrait
s'organiser par elle-même lorsque
la transition entre les conditions
actuelles et les conditions
suivantes serait surmontée. Cette
administration aurait alors une
représentation correspondante, qui
ne pourrait naturellement pas être
conçue comme les représentations
populaires actuelles, mais qui
devrait se développer à partir des
conditions particulières de la vie
spirituelle. Elle devrait se
former purement à partir de
l'autogestion de la vie
spirituelle ; l'enseignement et
les cultes entrent
particulièrement en ligne de
compte - ils devraient être cédés
d'après un côté à l'autogestion de
la vie spirituelle.
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07
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Erstens muß man
verstehen, daß eine heutige
Regierung gewissermaßen die
Fortsetzung desjenigen ist, was
sich als Regierung aus früheren
Zuständen ergeben hat. In der
gradlinigen Fortsetzung der
früheren Zustände liegt aber
lediglich ein Teil dieser
Regierung, und zwar derjenige, der
etwa umfassen würde das
Justizministerium, das Ministerium
des Innern — für innere Sicherheit
— und das
Ministerium für Hygiene. Diese Dinge würden in
der Fortsetzung desjenigen
liegen, was aus früheren
Regierungsmaximen sich ergeben
hat. Für alles übrige müßte eine
solche Regierung die Initiative
ergreifen, ein
Liquidierungs-Ministerium zu
werden, das heißt ein
Ministerium, das nach links und
nach rechts bloß die Initiative
ergreift, um den Boden zu schaffen
für ein freies Geistesleben, das
auf seiner eigenen Verwaltung und
Verfassung beruhen würde und das
sich aus sich selbst heraus zu
organisieren haben würde, wenn der
Übergang überwunden ist von den
jetzigen zu den folgenden
Zuständen. Da würde diese
Verwaltung auch eine entsprechende
Vertretung haben, die dann
natürlich nicht so gestaltet sein
könnte wie die heutigen
Volksvertretungen, sondern die
herauswachsen müßte aus den
besonderen Verhältnissen des
geistigen Lebens. Das würde sich
bilden müssen rein aus der
Selbstverwaltung des geistigen
Lebens heraus; es kommt dabei
besonderes das Unterrichts- und
das Kultuswesen in Betracht — das
müßte nach der einen Seite hin
abgegeben werden an die
Selbstverwaltung des geistigen
Lebens.
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De l'autre côté, un
ministère de liquidation devrait
céder à la vie de l'économie
autonome tout ce qui est par
exemple transport/circulation et
commerce ; le ministère du Travail
devrait lui aussi trouver son
administration dans des
organisations qui se formeraient à
partir de la vie de l'économie. Ce
seraient bien sûr des choses très
radicales, mais de ce point de
vue, ce ne peuvent être que des
choses radicales. Ce n'est
qu'alors qu'un terrain serait créé
pour un quelconque traitement de
questions concrètes.
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08
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Nach der anderen Seite
müßte wiederum ein
LiquidierungsMinisterium an das
autonome Wirtschaftsleben alles
das abgeben, was zum Beispiel
Verkehr und Handel ist; auch das
Arbeitsministerium müßte seine
Verwaltung finden in
Organisationen, die sich aus dem
Wirtschaftsleben herausbilden
würden. Das wären natürlich sehr
radikale Dinge, aber von dieser
Seite aus können das nur radikale
Dinge sein. Erst dann würde ein
Boden geschaffen sein für
irgendeine Behandlung von
konkreten Fragen.
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Ce que je viens d'exposer
ne change rien à ce qui a été
construit à partir de la base.
Cela indique seulement [023] la
voie à suivre pour créer du
nouveau à partir de ce qui existe
déjà. Ce n'est qu'après la
création de ces organisations
issues de la vie de l'économie,
qui poursuivraient ce qui est
écrit dans les codes que vous avez
cités, qu'alors [d'autres] mesures
pourraient être prises. Ce ne
serait d'abord un pas, qui
pourrait venir après. Je ne pense
pas à un programme, mais à une
succession de pas, qui sont tous
des actes réels, des processus
réels. Tout ce dont je parle dans
mes livres et mes conférences, ce
ne sont pas des indications sur la
manière de faire, mais sur la
manière dont les conditions
doivent être créées pour que les
humains entrent dans les contextes
possibles pour créer les choses.
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09
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Mit dem, was ich jetzt
auseinandergesetzt habe, wird ja
nichts geändert mit Bezug auf das,
was von unten herauf gebaut ist.
Es ist nur der Weg angegeben, auf
dem aus dem bereits Bestehenden
heraus Neues geschaffen werden
kann. Dann erst, wenn jene
Organisationen aus dem
Wirtschaftsleben heraus geschaffen
wären, welche das fortsetzen
würden, was in den von Ihnen
angeführten Gesetzbüchern steht,
dann erst könnte [weiteres] in
Angriff genommen werden. Das würde
erst ein Schritt sein, der nachher
kommen könnte. Ich denke mir nicht
ein Programm, sondern eine
Aufeinanderfolge von Schritten,
die alle reale Taten, reale
Vorgänge sind. Alles, was ich in
meinen Büchern und Vorträgen
meine, sind nicht Angaben, wie man
es machen soll, sondern wie die
Verhältnisse geschaffen werden
sollen, damit die Menschen in die
möglichen Zusammenhänge
hineinkommen, um die Dinge zu
schaffen.
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Les lois économiques
peuvent seulement naître que de la
vie de l'économie elle-même, et
seulement si, dans la vie
économique, s'expriment dans leurs
impulsions toutes les corporations
qui, à partir des différentes
conditions concrètes de la vie de
l'économie, peuvent contribuer au
façonnement de cette vie
économique elle-même.
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10
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Wirtschaftliche Gesetze
können nur aus dem
Wirtschaftsleben selbst
herauswachsen, und nur dann, wenn
in dem Wirtschaftsleben alle
diejenigen Korporationen in ihren
Impulsen zum Ausdruck kommen, die
aus den einzelnen konkreten
Verhältnissen des
Wirtschaftslebens heraus etwas
beitragen können zur Gestaltung
dieses Wirtschaftslebens selbst.
|
Donc, des côtés du
gouvernement, je considérerais que
la première étape est de
comprendre qu'il doit s'agir d'un
gouvernement de liquidation. Je
suis prêt à aborder d'autres
points spécifiques qui s'y
rattachent.
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11
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Also von seiten der
Regierung würde ich eben das als
ersten Schritt betrachten: zu
verstehen, daß es sich um eine
Liquidierungs-Regierung handeln
muß. Ich bin gerne bereit, auf
weitere spezielle Dinge, die sich
daran anknüpfen, einzugehen.
|
M. Dr Schmucker : Supposons que l'on
obtienne une sorte d'autogestion
pour régler la vie économique. Les
conseils d'entreprise, qui doivent
maintenant être introduits pour
les différentes entreprises selon
le projet de loi d'empire,
pourraient-ils servir de moyen à
cette autogestion si - ce qui est
en tout cas l'intention - les
conseils d'entreprise étaient
développés vers le haut, par
exemple en regroupant les conseils
d'entreprise du Wurtemberg en un
conseil régional des travailleurs
ou un conseil régional
d'entreprise et, au sommet, en un
conseil impérial d'entreprise ou
un conseil impérial économique ?
Le projet de loi utilise le terme
"conseil d'entreprise" pour
désigner une représentation qui
deviendrait une représentation
purement ouvrière, dans laquelle
les entrepreneurs ne seraient pas
représentés. De même que le
conseil d'entreprise collabore
avec le chef d'entreprise, les
entrepreneurs et [024] les
preneurs de travail pourraient
siéger ensemble au sein de
l'instance supérieure du pays/de
l'État, et le conseil économique
impérial ne comprendrait pas
seulement des travailleurs, mais
aussi des chefs d'entreprise, de
sorte qu'il y aurait là aussi une
représentation paritaire. M. Dr
Steiner pourrait-il trouver viable
l'idée qu'une telle organisation
répondrait à une partie des
souhaits de la vie de l'économie
et que ces corporations
économiques autogérées se
verraient attribuer toutes les
autres tâches qui, selon lui,
devraient être assumées par les
corporations économiques en tant
que corporations d'autogestion ?
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12
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Herr Dr. Schmucker: Angenommen, man würde zur
Regelung des wirtschaftlichen
Lebens eine Art von
Selbstverwaltung bekommen. Könnten
zu dieser Selbstverwaltung die
Betriebsräte, die jetzt nach dem
Reichsgesetzesentwurf eingeführt
werden sollen für die einzelnen
Betriebe, als Mittel dienen, wenn
— was jedenfalls die Absicht ist —
die Betriebsräte nach oben
ausgebaut würden, etwa durch eine
Zusammenfassung der
württembergischen Betriebsräte in
einen Landesarbeiterrat oder
Landesbetriebsrat und als höchste
Spitze zu einem Reichsbetriebsrat
oder Reichswirtschaftsrat? Der
Gesetzentwurf braucht den Ausdruck
«Betriebsrat» für eine
Vertretung, die eine reine
Arbeitervertretung würde, in der
Unternehmer nicht darin sein
würden. Wie der Betriebsrat mit
dem Unternehmer zusammenarbeitet,
so könnten auch in der höheren
Landesinstanz Unternehmer und
Arbeitnehmer zusammensitzen, und
dann würden in einem
Reichswirtschaftsrat auch nicht
bloß Arbeitnehmer, sondern auch
Unternehmer vertreten sein, so
daß auch hier wieder eine
paritätische Vertretung vorhanden
wäre. Könnte Herr Dr. Steiner den
Gedanken gangbar finden, daß mit
einer solchen Organisation ein
Teil der Wünsche des
Wirtschaftslebens erfüllt würde
und daß diesen wirtschaftlichen
Selbstverwaltungs-Korporationen
alle weiteren Aufgaben zugewiesen
würden, die nach Meinung von Herrn
Dr. Steiner von
Wirtschaftskorporationen als
SelbstverwaltungsKorporationen zu
besorgen wären?
|
Rudolf Steiner : Je vous prie de ne pas
prendre les quelques phrases
d'introduction que je vais dire
comme des abstractions, mais comme
un résumé d'expériences. Celles-ci
ne peuvent être résumées que par
de telles phrases.
|
13
|
Rudolf Steiner: Ich bitte, die paar
Einleitungsätze, die ich sagen
werde, nicht als Abstraktionen
aufzufassen, sondern als
Zusammenfassung von Erfahrungen.
Diese können eben nur in solchen
Sätzen zusammengefaßt werden.
|
De la même manière que la
structure de la vie de l'économie
s'est développée, cette vie de
l’économie souffre de
l'impossibilité d'harmoniser les
intérêts au sein de la structure
existante. Je ne veux en donner
qu'une idée. Dans le cadre de
l'évolution de notre vie
économique, l'ouvrier n'est par
exemple pas du tout intéressé par
la production - je fais
abstraction de l'intérêt vraiment
stupide que représente par exemple
la participation aux bénéfices,
que je considère comme
impraticable. L'ouvrier n'est
intéressé à la vie économique
telle qu'elle se présente
aujourd'hui, qu'en tant que
consommateur, tandis que le
capitaliste n'est intéressé à la
vie économique qu'en tant que
producteur, et seulement en tant
que producteur du point de vue du
rendement - c'est son point de
vue, du point de vue économique,
il ne peut en être autrement. Nous
n'avons donc aujourd'hui aucune
possibilité d'organiser une
véritable harmonisation des
intérêts des consommateurs et des
producteurs ; elle n'est pas
intégrée dans notre structure
économique.
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14
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So wie sich die Struktur
des Wirtschaftslebens entwickelt
hat, so leidet dieses
Wirtschaftsleben daran, daß eine
Harmonisierung der Interessen
innerhalb der bestehenden Struktur
gar nicht möglich ist. Ich will
nur einiges davon andeuten. Unter
der Entwicklung unseres
Wirtschaftslebens wird zum
Beispiel der Arbeiter gar nicht
interessiert an der Produktion —
ich sehe ab von der wirklich
törichten Interessiertheit etwa
durch Gewinnbeteiligung, die ich
für unpraktisch halte. Der
Arbeiter ist am Wirtschaftsleben,
so wie die Dinge heute liegen,
lediglich interessiert als
Konsument, während der Kapitalist
wiederum im Grunde genommen am
Wirtschaftsleben nur interessiert
ist als Produzent, und auch nur
wiederum als Produzent vom
Standpunkt des Ertrages — das ist
sein Standpunkt, wirtschaftlich
gesehen, es kann nicht anders
sein. So haben wir heute gar keine
Möglichkeit, eine wirkliche
Harmonisierung der Konsumenten-
und Produzenteninteressen
irgendwie zu organisieren; sie
ist nicht drinnen in unserer
wirtschaftlichen Struktur.
|
Ce que nous devons
obtenir, c'est que ces humains qui
participent à l'organisation de la
structure économique s'intéressent
de la même manière à la
consommation et à la production,
de sorte que ceux qui
interviennent dans l'organisation
- non seulement par leur jugement,
mais aussi par leur activité -
n'aient pas seulement un intérêt
unilatéral pour la production ou
la consommation, mais que
l'organisation [025] elle-même
suscite un intérêt égal pour les
deux. Nous ne pourrons y parvenir
que si nous sommes en mesure, à
partir de la vie de l'économie
elle-même et de toutes les formes
de vie économique, de permettre
aux hommes de se constituer
progressivement en petites
corporations, qui se composeront
ensuite naturellement. Il doit
s'agir de corporations pour la
simple raison que la confiance
doit être établie. Cela n'est
possible que si les grandes
corporations sont construites de
manière uniforme à partir des plus
petites, c'est-à-dire que si nous
disposons de personnalités issues
de toutes les différentes formes
de la vie économique, avec leurs
jugements et leur influence
conditionnée par la base
économique, qui agissent
socialement de tous côtés grâce à
leur aptitude à diriger la vie de
l'économie en tant que telle. Si
nous voulons socialiser, nous ne
pouvons pas socialiser la vie de
l'économie par des institutions,
mais seulement en intéressant les
humains aux institutions de la
manière décrite et en les faisant
participer continuellement à
celles-ci.
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15
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Was wir erreichen müssen,
ist, daß wir tatsächlich
diejenigen Menschen, die an der
Gestaltung der Wirtschaftsstruktur
beteiligt sind, gleichermaßen
interessieren für Konsum und
Produktion, so daß bei niemandem,
der gestaltend eingreift — nicht
nur durch Urteil, sondern durch
Tätigkeit —, ein einseitiges
Produktions- oder Konsuminteresse
bloß vorhanden ist, sondern daß
durch die Organisation selbst
gleichermaßen Interesse vorhanden
ist für beides.Das ist nur dann zu
erreichen, wenn wir in die Lage
kommen, aus dem Wirtschaftsleben
heraus selbst, und zwar aus allen
Formen des Wirtschaftslebens
heraus, die Menschen allmählich
zunächst zur Bildung von kleinen
Korporationen kommen zu lassen,
die sich natürlich dann weiter
zusammensetzen. Korporationen
müssen es sein, aus dem Grunde,
weil Vertrauen festgesetzt werden
muß. Das ist nur dann möglich,
wenn größere Korporationen
einheitlich aus kleineren
allmählich aufgebaut werden, also
nur dann, wenn wir aus allen
verschiedenen Formen des
Wirtschaftslebens heraus die
Persönlichkeiten mit ihren
Urteilen und auch mit ihrem auf
der wirtschaftlichen Grundlage
bedingten Einfluß haben, die
allseitig durch die Eignung für
die Leitung des Wirtschaftslebens
als solche sozial wirken. Wenn wir
also sozialisieren wollen, so
können wir das Wirtschaftsleben
nicht sozialisieren durch
Einrichtungen, sondern nur
dadurch, daß wir die Menschen in
der geschilderten Weise
interessieren können an den
Einrichtungen und sie fortwährend
teilnehmen an diesen.
|
C'est pourquoi je
considère aujourd'hui comme le
plus indispensable que nous ne
créions pas de lois instituant des
conseils d'entreprise, mais que
nous ayons la possibilité de créer
des comités d'entreprise à partir
de toutes les formes de la vie de
l'économie - de telle sorte qu'ils
existent au départ - et de faire
naître de ces conseils
d'entreprise un corps de conseils
d'entreprise qui n'aura un
véritable sens que s'il constitue
la médiation entre les différentes
branches de production. Un conseil
d'entreprise qui n'existe que pour
des branches individuelles n'a pas
beaucoup de sens, mais ce n'est
que lorsque l'activité des
conseils d'entreprise se
développera principalement entre
les branches de production qui
sont en interaction, qu'ils auront
un sens.
|
16
|
Daher betrachte ich es
heute als das Allernotwendigste,
daß wir überhaupt nicht Gesetze
schaffen, durch welche
Betriebsräte eingesetzt werden,
sondern daß wir die Möglichkeit
haben, aus allen Formen des
Wirtschaftslebens heraus
Betriebsräte zu schaffen — so daß
sie zunächst da sind — und aus
diesen Betriebsräten hervorgehen
zu lassen eine Betriebsräteschaft,
die erst einen wahren Sinn dann
hat, wenn sie die Vermittlung
bildet zwischen den einzelnen
Produktionszweigen. Eine
Betriebsräteschaft, die bloß für
einzelne Zweige da ist, hat nicht
viel Bedeutung, sondern erst, wenn
hauptsächlich zwischen den
Produktionszweigen, die in
Wechselwirkung stehen, die
Tätigkeit der Betriebsräte sich
entfalten wird, dann haben sie
einen Sinn.
|
C'est pourquoi j'ai dit
que le conseil d'entreprise
isolé/particulier n'a en fait plus
ou moins de sens dans l'entreprise
que s'il a une signification
informative. Ce qu'il faut faire
de cette idée de conseil
d'entreprise dans la vie de
l'économie, seul le corps des
conseils d'entreprise dans son
ensemble peut le faire, car il
peut en résulter à l'avenir [026]
seulement une bénédiction pour les
entreprises individuelles si les
conseils d'entreprise sont issus
de la structure de toute la vie de
l'économie. Je pense donc que
l'accent est mis sur les conseils
d'entreprises dans leur ensemble,
c'est-à-dire sur ce qui est
négocié entre les conseils
d'entreprise des différentes
usines, et non sur ce qui se passe
uniquement dans les différentes
usines.
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17
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Ich sagte deshalb: Der
einzelne Betriebsrat hat
eigentlich mehr oder weniger im
Betrieb nur einen Sinn, wenn er
eine informatorische Bedeutung
hat. Das, was aus dieser
Betriebsräte-Idee gemacht werden
muß im Wirtschaftsleben, das kann
eigentlich nur die
Betriebsräteschaft als ganzes
machen, denn es kann in der
Zukunft nur ein Segen für die
einzelnen Betriebe resultieren,
wenn die Betriebsräte hervorgehen
aus der Struktur des ganzen
Wirtschaftslebens. So denke ich
mir, daß tatsächlich in der
Betriebsräteschaft als ganzes das
Schwergewicht liegt, also in dem,
was zwischen den Betriebsräten der
einzelnen Fabriken verhandelt
wird, und nicht in dem, was nur in
den einzelnen Fabriken geschieht.
|
Mais je ne peux alors
espérer une bénédiction de cette
institution que si ces conseils
d'entreprise - qui doivent
naturellement être créés sur la
base des conditions existantes,
qui ne doivent pas être issues
d'espoirs de nids de coucou dans
de bleus nuages, qui doivent être
issues de ce qui existe
aujourd'hui -, s'ils sont par
exemple élus parmi toutes les
sortes de personnes impliquées
d'une manière ou d'une autre dans
l'entreprise. Je ne veux pas
parler d'"entrepreneurs" et de
"salariés", mais d'humains issus
du cercle de tous ceux qui
participent réellement à
l'entreprise par leur travail
spirituel ou physique. Donc, tout
ce qui participe à l'entreprise
constituerait la base pour créer
de tels conseils à partir de soi.
Bien entendu, si l'on s'attaquait
ainsi à la situation économique,
les employeurs jusqu'à présent
perspicaces seraient présents en
leur qualité de directeurs
spirituels, et nous aurions un
conseil d'entreprise qui, dans un
premier temps, n'aurait pas de
représentants élus par tous les
[secteurs] - ce ne serait le cas
qu'après un certain temps -, mais
qui pourrait représenter les
intérêts des personnes les plus
diverses qui participent à la vie
de l'économie. Je ne pourrais
toutefois que penser qu'un tel
conseil d'entreprise porterait
malgré tout son attention sur les
conditions de production, de sorte
que je ne peux pas vraiment penser
qu'un simple conseil d'entreprise
serait déjà quelque chose de
significatif. Je ne peux que
penser qu'en dehors des conseils
d'entreprise - et je ne suis pas
insensible à l'objection selon
laquelle on dira : "Le travail,
c'est le travail" : Où
travaillera-t-on encore si tout
cela doit être fait dans la
pratique ? - je ne peux
qu'imaginer que les conseils
d'entreprise seront complétés par
des conseils de transport et des
conseils économiques, parce que le
corps des conseils d'entreprise
s'occupera de préférence de la
production, mais [027] le corps
des conseils économiques de la
consommation au sens le plus
large.
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18
|
Dann aber kann ich mir
nur einen Segen von dieser
Einrichtung versprechen, wenn
diese Betriebsräte — die natürlich
auf Grundlage der bestehenden
Verhältnisse eingerichtet werden
müssen, die nicht aus blauen
Wolkenkuckucksheim-Hoffnungen
hervorgehen dürfen, die aus dem,
was heute existiert, hervorgehen
müssen —, wenn sie zum Beispiel
gewählt sind aus allen Arten der
irgendwie am Betrieb Beteiligten.
Ich will nicht von «Unternehmer»
und «Arbeitnehmer» sprechen, aber
von Menschen aus dem Kreis all
derjenigen, die nun wirklich mit
geistiger oder physischer Arbeit
an dem Betriebe beteiligt sind.
Also all das, was am Betrieb
teilnimmt, würde die Grundlage
bilden, um solche Räte aus sich
heraus zu gestalten. Dadurch
würden selbstverständlich, wenn
man aus den wirtschaftlichen
Verhältnissen die Sache so
angreifen würde, die einsichtigen
bisherigen Arbeitgeber in ihrer
Eigenschaft als geistige Leiter
drinnen sein, und wir würden eine
Betriebsräteschaft haben, die
zunächst wenigstens nicht von
allen [Bereichen] gewählte
Vertreter hätte — das würde erst
nach einiger Zeit der Fall sein —,
die aber die Interessen der
verschiedensten Leute, die am
Wirtschaftsleben beteiligt sind,
vertreten könnte. Ich könnte mir
aber allerdings nur denken, daß
eine solche Betriebsräteschaft ihr
Hauptaugenmerk trotzdem auf die
Produktionsbedingungen richten
würde, so daß ich mir eigentlich
nicht denken kann, daß eine bloße
Betriebsräteschaft schon etwas
Bedeutungsvolles wäre. Ich kann
mir nur denken, daß außer der
Betriebsräteschaft — wobei ich den
Einwand nicht übersehe, daß man
sagen wird: Wo soll noch
gearbeitet werden, wenn das alles
gemacht werden soll in der Praxis?
— ich kann mir nur denken, daß die
Betriebsräte ergänzt werden durch
Verkehrsräte und durch
Wirtschaftsräte, weil die
Betriebsräteschaft vorzugsweise
mit der Produktion zu tun haben
wird, aber die
Wirtschaftsräteschaft mit der
Konsumtion im weitesten Sinne.
|
Par exemple, la
consommation comprendrait
également tout ce que nous
consommons de l'étranger, tout ce
que nous importons ; tout ce qui
est importé relèverait du corps de
conseils économiques. Je ne veux
pas dire que tout serait déjà
exemplaire aujourd'hui, mais ce
sont les trois [types de] conseils
d'entreprise les plus importants
qui doivent d'abord exister :
Conseil d'entreprise, Conseil des
transports, Conseil économique.
Pour cela, seule une aile du
gouvernement devrait prendre
l'initiative, [mais elle n'aurait]
pas à créer de lois, mais
[devrait] seulement voir à la mise
en place de ces conseils
d'entreprise. Ceux-ci devraient
alors commencer à se donner leur
constitution, c'est-à-dire à créer
ce qui émane de la vie de
l'économie indépendante, ce qu'ils
y ont expérimenté. La constitution
des trois corps de conseils
résulterait entièrement des
circonstances elles-mêmes. C'est
ce que je considérerais comme le
premier pas : la création des
conseils d'entreprise à partir des
circonstances. Ce n'est qu'ensuite
qu'ils devront se donner une
constitution. C'est ce que
j'appellerais dans la pratique la
désarticulation/le démembrement de
la vie de l'économie sur un
territoire. Donc, tant que l'on
pense qu’on légifère sur les
conseils d'entreprises à partir
d'un gouvernement central, je
considère que cela n'a rien à voir
avec ce qui doit se passer. Faire
d'abord le premier pas, c'est ce
que l'époque exige de nous.
|
19
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Zum Beispiel würde die
Konsumtion auch zu umfassen haben
all dasjenige, was wir vom Ausland
konsumieren, was man einführt;
alles Eingeführte würde der
Wirtschaftsräteschaft unterstehen.
Ich will nicht behaupten, daß
[damit] heute schon alles
musterhaft wäre, aber es sind dies
die drei wichtigsten [Arten von]
Betriebsräten, die zunächst dasein
müssen: Betriebsräteschaft,
Verkehrsräteschaft,
Wirtschaftsräteschaft. Dazu würde
nur ein Flügel der Regierung die
Initiative zu ergreifen haben,
[sie würde aber] keine Gesetze zu
schaffen haben, sondern [müßte]
nur zusehen, diese Betriebsräte
auf die Beine zu stellen. Diese
müßten dann anfangen, sich ihre
Verfassung zu geben, also das zu
schaffen, was aus dem unabhängigen
Wirtschaftsleben herausfließt, was
sie darin erfahren haben. Die
Konstitution der drei Räteschaften
würde ganz aus den Verhältnissen
selbst heraus sich ergeben. Das
ist dasjenige, was ich als ersten
Schritt betrachten würde: die
Schaffung der Betriebsräte aus den
Verhältnissen heraus. Erst dann
würden sich diese ihre Verfassung,
ihre Konstitution zu geben haben.
Das würde ich in der Praxis nennen
die Losgliederung des
Wirtschaftslebens auf einem
Gebiet. Also solange die Meinung
besteht, daß man von einer
zentralen Regierung aus Gesetze
über Betriebsräte gibt, betrachte
ich das als etwas, was nichts zu
tun hat mit dem, was geschehen
soll. Erst den ersten Schritt
machen — das ist es, was die Zeit
von uns fordert.
|
M. Dr Schmucker : Selon moi, ce travail,
que les personnes concernées
devraient effectuer elles-mêmes
pour créer des organisations et
les gérer elles-mêmes, présuppose
une population d'ouvriers et
d'employés spirituellement très
développée. Mais les expériences
que nous avons fait avec le
personnel des entreprises pendant
la guerre et avec le corps des
ouvriers ces derniers mois me font
hésiter à supposer que les
ouvriers dans leur majorité - dans
leur grande majorité, cela devrait
être le cas - sont à la hauteur de
cette grande tâche. Quand on fait
des expériences comme celles que
nous avons faites ces derniers
temps, quand les ouvriers d'une
entreprise viennent exiger de
l'employeur, sous la menace de la
violence : tu as fait tant [028]
de profit. Tu vas certes mal
maintenant, mais l'État te prend
une grande partie de ce que tu as
gagné si tu ne le partages pas.
Nous demandons maintenant une
allocation de renchérissement ! -
Tout ce processus est connu de
tous, cette augmentation continue
des salaires, des prix des denrées
alimentaires et ainsi de suite,
l'un renchérissant l'autre. Ces
expériences font naître des doutes
quant à savoir si les ouvriers et
les employés se trouvent à ce haut
niveau de développement pour
accomplir la tâche qui leur est
demandée ici.
|
20
|
Herr Dr. Schmucker: Nach meiner Auffassung
setzt diese Arbeit, die die
Beteiligten selbst vollziehen
sollten, um Organisationen zu
bilden und selbst zu verwalten,
eine geistig hochentwickelte
Arbeiter- und Angestelltenschaft
voraus. Die Erfahrungen aber, die
wir mit den Betriebsbelegschaften
während des Krieges und mit der
Arbeiterschaft in den letzten
Monaten gemacht haben, lassen mich
davor zurückschrecken anzunehmen,
daß die Arbeiterschaft in ihrer
Mehrzahl — mit ihrer überwiegenden
Mehrzahl, das müßte ja wohl sein
— dieser großen Aufgabe gewachsen
ist. Wenn man solche Erfahrungen
macht wie diejenigen, die wir in
letzter Zeit gemacht haben, daß
die Arbeiterschaft eines Betriebes
kommt und unter Gewaltandrohung
vom Arbeitgeber verlangt: Du hast
jetzt soundso viel Profit gemacht.
Dir geht es jetzt zwar schlecht,
aber der Staat nimmt dir, wenn du
nicht teilst, einen großen Teil
dessen, was du verdient hast. Wir
verlangen jetzt Teuerungszulage! —
Dieser ganze Prozeß ist ja allen
bekannt, dieses fortgesetzte
Steigern der Löhne, der
Lebensmittelpreise und so weiter,
das eine verteuert das andere.
Diese Erfahrungen lassen Zweifel
daran entstehen, ob Arbeiter und
Angestellte auf dieser hohen
Entwicklungsstufe stehen, um die
Aufgabe, die von ihnen hier
verlangt wird, zu erfüllen.
|
Rudolf Steiner : Si nous partons du
principe que, par rapport à une
chose quelconque, nous voulons
toujours faire le mieux que nous
pouvons seulement imaginer ou que
nous imaginons d'une manière
idéale quelconque, alors nous ne
réaliserons jamais dans la
pratique ce qui doit vraiment être
réalisé. Je vous accorde alors
naturellement qu'une grande partie
de ce que vous venez de dire est
absolument correcte. Mais je vous
demande de réfléchir à ce qui suit
: ces dernières semaines ou ces
derniers mois, j'ai eu l'occasion
de m'entretenir avec de très
nombreux ouvriers et j'ai constaté
que si l'on parle vraiment avec
eux dans leur langue, ils
reviennent toujours avec des
choses qui ont vraiment un
fondement réel. J'ai constaté
qu'ils se montraient alors
intérieurement accessibles et
qu'ils comprenaient que ce qui
devait être fait ne pouvait être
qu'un travail qui n'étouffait pas
la vie de l'économie ou ne la
laissait pas mourir, mais qui la
développait. Il est extrêmement
facile de faire comprendre à
l'ouvrier ce qui doit être fait si
l'on se réfère à ce qu'il a
lui-même expérimenté. Et à partir
de là, il comprendra facilement
certains pendants dans la vie de
l'économie. Il y a bien sûr encore
beaucoup de choses qu'il ne peut
pas comprendre, pour la simple
raison que les conditions ne lui
ont jamais permis de voir certains
rapports qu'on ne peut pas voir
lorsqu'on est à la machine du
matin au soir. Je le sais déjà
aussi.
|
21
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Rudolf Steiner: Wenn wir von dem
Grundsatz ausgehen, daß wir mit
Bezug auf irgendeine Sache immer
das Beste machen wollen, das wir
uns nur ausdenken können oder das
wir uns in irgendeiner idealen
Weise ausmalen, dann werden wir
niemals in der Praxis das
ausführen, was wirklich
durchgeführt werden muß. Ich gebe
Ihnen dann natürlich zu, daß ein
großes Stück von dem, was Sie
jetzt gesagt haben, absolut
richtig ist. Aber ich bitte Sie,
einmal das folgende zu bedenken:
Ich habe in den letzten Wochen
oder Monaten die Gelegenheit
gehabt, auch mit sehr vielen
Arbeitern zu sprechen, und ich
habe gefunden, daß der Arbeiter,
wenn man wirklich in seiner
Sprache mit ihm spricht, immer
wieder dann kommt mit Dingen, die
nun wirklich eine reale Grundlage
haben. Ich habe gefunden, daß er
dann sich innerlich als zugänglich
erweist und einsieht, daß
dasjenige, was gemacht werden
soll, ja doch nur ein solches sein
kann, welches das Wirtschaftsleben
nicht abgräbt oder es nicht
absterben läßt, sondern aufbaut.
Es ist außerordentlich leicht, dem
Arbeiter begreiflich zu machen,
was zu geschehen hat, wenn man auf
dasjenige eingeht, was er selbst
erfahren hat. Und von da ausgehend
wird er leicht gewisse
Zusammenhänge im Wirtschaftsleben
begreifen. Es ist natürlich dabei
noch immer sehr vieles, was er
nicht begreifen kann, aus dem
einfachen Grunde, weil die
Verhältnisse ihn niemals haben
hineinschauen lassen in gewisse
Zusammenhänge, in die man eben
nicht hineinschauen kann, wenn man
von morgens bis abends an der
Maschine steht. Das weiß ich schon
auch.
|
Mais il faut bien sûr
ajouter à cela le fait que même
nos principaux corps expérimentés
ne s'intéressent pas de manière
très approfondie [029] aux
conditions réelles de la vie de
l'économie. Je n'aimerais pas vous
citer Rathenau comme un économiste
[orienté vers l'ensemble], mais
plutôt comme un principal, car ses
écrits révèlent à chaque page
qu'il parle vraiment du point de
vue du principal, de
l'entrepreneur industriel. Eh
bien, n'est-ce pas, au fond, de ce
point de vue, il n'y a pas
d'objection absolue à faire à ces
explications, parce qu'au fond,
toutes les choses sont justes. Je
ne citerai qu'une seule chose :
Rathenau calcule ce qu'il en est
réellement du sens de la
plus-value. Or, il est
naturellement très facile de
prouver aujourd'hui que ce que
l'on pouvait calculer il y a
quelque temps en tant que
plus-value est depuis longtemps
dépassé. Rathenau fait très bien
ce calcul en détail et arrive au
résultat tout à fait correct qu'au
fond, toute la plus-value ne peut
pas être utilisée. Car si
l'ouvrier la reçoit, il devrait la
restituer, car les institutions
exigent qu'elle soit utilisée
comme réserve. Ce calcul est bien
sûr tout simplement juste. Il
s'agit de savoir si l'on peut
échapper au résultat de ce calcul,
si l'on peut trouver une
possibilité économique d'échapper
au résultat de ce calcul. Il
s'agit du fait que l'on ne peut
échapper à ce que Rathenau calcule
d'aucune autre manière que si l'on
réalise ce que j'ai donné comme
réponse dans mon livre : Qu'à
l'instant où une somme quelconque
de moyens de production est
terminée, elle n'est plus vendable
[plus loin], elle n'a donc plus de
valeur d'achat. Tout le calcul
s'écroule alors, car le calcul de
Rathenau n'est possible que si les
moyens de production peuvent à
tout moment être revendus pour une
valeur bien déterminée. Il manque
donc pour la conclusion proprement
dite la condition préalable
correcte, pour laquelle le
principalat/corps principal n'est
pas encore à avoir aujourd'hui. Il
devrait d'abord comprendre que
nous ne pouvons pas avancer, parce
que nous sommes dans une impasse,
si nous ne provoquons pas de
grands changements. Et l'on
verrait tout de suite, si l'on se
réunissait sur un terrain
[030]commun, mais sur un terrain
où l'on aurait purement l'intérêt
de mener la vie de l'économie plus
loin et non de servir l'intérêt de
l'individu ; on verrait que les
Principaux savent quelque chose,
mais qu'ils ont un savoir
unilatéral qui peut être complété
par les autres.
|
22
|
Nun aber kommt
selbstverständlich etwas dazu, daß
sogar unsere erfahrenste
Prinzipalschaft sich nicht sehr
gründlich einläßt auf die
wirklichen Bedingungen des
Wirtschaftslebens. Ich möchte
Ihnen Rathenau nicht als [auf das
Gesamte hin orientierten]
Wirtschaftler anführen, sondern
geradezu als Prinzipal, denn seine
Schriften verraten eigentlich auf
jeder Seite, daß er wirklich vom
Standpunkt des Prinzipals, des
industriellen Unternehmers aus
spricht. Nun, nicht wahr, im
Grunde genommen sind von diesem
Gesichtspunkt aus gegen diese
Ausführungen keine absoluten
Einwände zu machen, weil im Grunde
genommen alle die Sachen richtig
sind. Ich möchte nur eines
anführen: Rathenau rechnet aus,
wie es eigentlich mit dem Sinn vom
Mehrwert ist. Nun kann man
natürlich heute sehr leicht ja
beweisen, daß dasjenige, was man
vor einiger Zeit hatte ausrechnen
können als Mehrwert, daß das
längst überholt ist. Nun, Rathenau
macht auch im einzelnen diese
Rechnung sehr schön, kommt zu dem
ganz richtigen Resultat, daß
eigentlich im Grunde genommen der
ganze Mehrwert nicht in Anspruch
genommen werden kann. Denn bekommt
der Arbeiter ihn, so müßte er es
zurückgeben, denn die
Einrichtungen machen es notwendig,
daß er als Rücklage verwendet
wird. Diese Rechnung ist natürlich
einfach richtig. Es handelt sich
darum, ob nun dem Resultat dieser
Rechnung zu entkommen ist, ob man
wirtschaftlich eine Möglichkeit
findet, dem Resultat dieser
Rechnung zu entkommen. Da handelt
es sich darum, daß man dem, was
Rathenau ausrechnet, auf keine
andere Weise entkommt, als wenn
man das realisiert, was ich in
meinem Buch als Antwort gegeben
habe: Daß in dem Augenblick, wo
irgendeine zusammengehörige Summe
von Produktionsmitteln fertig ist,
sie nicht mehr [weiter] verkaufbar
ist, also keinen Kaufwert mehr
hat. Dann fällt die ganze Rechnung
zusammen, denn die
Rathenau-Rechnung ist nur möglich
zu machen, wenn eben die
Produktionsmittel jederzeit
wiederum verkauft werden können
für einen ganz bestimmten Wert. So
fehlt für die eigentliche
Konklusion die richtige
Voraussetzung, für die die
Prinzipalschaft heute noch nicht
zu haben ist. Sie müßte erst
verstehen, daß wir nicht
weiterkommen, weil wir in einer
Sackgasse sind, wenn wir nicht
große Umänderungen herbeiführen.
Und man würde also gleich sehen,
wenn man sich auf einen
gemeinsamen Boden zusammenfände,
aber auf einem Boden, wo man bloß
das Interesse hat, das
Wirtschaftsleben weiterzuführen
und nicht dem Interesse der
einzelnen zu dienen; man würde
sehen, daß die Prinzipale etwas
wissen, daß sie aber einseitiges
Wissen haben, das ergänzt werden
kann durch die anderen.
|
Je crois pouvoir dire, en
référence à tout ce que l'humain
individuel peut produire
spirituellement comme beaux idéaux
: "Un est un humain, deux sont des
conducteurs, s'ils sont plus, ce
sont des bêtes". - Mais dès que
nous en venons à cette pensée qui
devrait se réaliser dans
l'institution sociale, le principe
inverse s'applique : "Un seul
n'est rien, plusieurs sont un peu
quelque chose, et ce sont les
nombreux qui peuvent alors le
faire". - Parce que si douze
personnes issues des partis
politiques les plus divers se
réunissent avec la bonne volonté
de rassembler leurs expériences
individuelles en tant
qu'expériences partielles, nous
n'avons pas seulement une somme de
douze opinions différentes, mais,
du fait que ces opinions entrent
réellement en action, il en
résulte une potentialisation de
ces douze impulsions. Une somme
tout à fait énorme d'expériences
économiques se forme donc
simplement par le fait que nous
socialisons les opinions des
humains de cette manière. C'est de
cela qu’il s'agit. Je dois donc
dire que je pense que ce que vous
dites est juste, tant que vous
avez affaire à une classe ouvrière
qui exige simplement de son point
de vue comme consommateur. Car le
fait qu'ils aient des
revendications n'entraînera
naturellement rien qui puisse
conduire à une quelconque
socialisation. Vous n'arriverez
ainsi qu'au démantèlement/à la
déconstruction de la vie de
l'économie. Nous ne devons pas
nous représenter qu'après-demain
nous obtiendrons des conditions
idéales, mais une situation qui
sera viable si nous faisons les
choses ainsi. C'est tout de suite
à ce point qu'on devrait penser :
qu'est-ce qui est viable ? -, et
non pas : les gens sont-ils assez
intelligents ? -. Prenons les gens
comme ils sont et faisons ce que
nous pouvons faire de mieux, et ne
nous livrons pas à des subtilités
si les gens sont sophistiqués, car
après tout, il faut toujours qu'il
se passe quelque chose. Nous ne
pouvons pas simplement ne rien
faire ; il faut que quelque chose
se passe d'un côté ou de l'autre.
[031]
|
23
|
Ich glaube sagen zu
können mit Bezug auf all das, was
der einzelne Mensch geistig an
schönen Idealen hervorbringen
kann: «Oaner is a Mensch, zwoa san
Leit', san's mehra, san's
Viecher.» — Sobald wir aber auf
dasjenige Denken kommen, das in
der sozialen Einrichtung sich
verwirklichen soll, gilt der
umgekehrte Grundsatz: «Ein
einzelner ist nichts, mehrere sind
ein bisserl was, und viele sind
die, die es dann machen können.» —
Weil,
wenn zwölf zusammensitzen aus
den verschiedensten
parteipolitischen Richtungen mit
dem guten Willen, ihre einzelnen
Erfahrungen als Teilerfahrungen
zusammenzufassen, so haben wir
nicht bloß eine Summe von zwölf
verschiedenen Meinungen, sondern
indem diese Meinungen wirklich
in Aktion treten, entsteht eine
Potenzierung dieser zwölf
Impulse. Also eine ganz
ungeheure Summe von
wirtschaftlichen Erfahrungen
bildet sich einfach dadurch, daß
wir die Menschenmeinungen
sozialisieren in dieser Weise. Das ist dasjenige, worauf
es ankommt. Also, das muß ich
sagen, ich glaube, daß das, was
Sie sagen, richtig ist, solange
Sie es in der Form zu tun haben
mit einer Arbeiterschaft, die
einfach von ihrem Standpunkt als
Konsument fordert. Denn dadurch,
daß sie Forderungen hat, wird sich
natürlich überhaupt nichts
ergeben, das zu irgendeiner
möglichen Sozialisierung führen
kann. So kommen Sie nur zum Abbau
des Wirtschaftslebens. Wir müssen
uns nicht vorstellen, daß wir dann
übermorgen ideale Zustände
bekommen, sondern einen Zustand,
der lebensmöglich ist, wenn wir
die Dinge so machen. Gerade bei
diesem Punkte müßte man denken:
Was ist lebensmöglich? —, und
nicht: Sind die Leute gescheit
genug? —. Nehmen wir die Leute,
wie sie sind und machen wir das
Beste, was darauszu machen ist,
und spintisieren wir nicht
darüber, ob die Leute
hoch‑entwickelt sind, denn
schließlich, etwas muß ja immer
geschehen.Einfach nichts tun
können wir nicht; von irgendeiner
Seite muß etwas geschehen.
|
Je ne vois pas pourquoi,
si nous prenons les humains dans
la vie de l'économie, ils
devraient être tout de suite moins
hautement développés que, par
exemple, les gens du gouvernement
et les députés de l'ancien
Reichstag allemand pendant toutes
les années où cela s'est produit,
ce qui a eu des conséquences
terribles. Il ne s'est passé que
ce qui était possible. Il s'agit
de faire ce qui est possible avec
la majorité des humains qui sont
là. Je n'imagine pas que l'on
puisse créer une situation idéale,
mais un organisme viable.
|
24
|
Ich sehe nicht ein, wenn
wir aus dem Wirtschaftsleben
heraus die Menschen nehmen, warum
die gerade weniger hochentwickelt
sein sollen als zum Beispiel die
Regierungsleute und die
Abgeordneten des ehemaligen
deutschen Reichstages in all den
Jahren, in denen das eben
geschehen ist, was sich dann
furchtbar ausgewirkt hat. Da ist
ja auch nur das Mögliche
geschehen. Es handelt sich darum,
daß wir mit der Mehrzahl von
Menschen, die da sind, das
Mögliche tun. Ich bilde mir nicht
ein, daß ein Idealzustand
geschaffen werden könnte, aber ein
lebensmöglicher Organismus.
|
M. Dr Riebensam : j'aborde la question des
conseils d'entreprise. Qu'est-ce
qui nous donne encore la
possibilité de parler avec les
travailleurs ? L'affaire prend
maintenant une telle ampleur qu'un
paratonnerre doit être trouvé. Je
veux ramener la question à un
point pratique et demander :
pourquoi voulez-vous mettre une
voiture sur la route sans volant ?
À mon avis notre corps de
travailleur est une telle machine.
J'en ai parlé à de nombreuses
personnes et j'ai exprimé mon avis
selon lequel il me semble
impossible de parvenir à une
quelconque collaboration avec un
grand corps d'ouvriers de cette
manière. Car chaque comité d'une
commission de travailleurs est
lapidé par les ouvriers au moment
où il se fait le représentant
d'une opinion déterminée. Vous
présupposez une bonne volonté de
la part du corps des ouvriers.
J'ai tout essayé, non sans succès
au début, car j'ai la confiance du
corps des ouvriers depuis que je
peux parler avec eux et depuis
qu'ils peuvent m'entendre. Mais
les gens qui ne viennent pas sont
majoritaires. Je peux peut-être
parler à deux mille d'entre eux,
les autres n'ont pas la bonne
volonté. Je sais par expérience
que la grande foule est capable de
confondre à nouveau ceux qui sont
d'abord convaincus. Les plus
intelligents des commissions de
travailleurs avec lesquels j'ai
parlé en privé et qui ont exprimé
des opinions positives sont
aujourd'hui de nouveau au point
que je me dis : tout le travail
que j'ai fait depuis six mois
n'a-t-il servi à rien ? J'ai fait
certaines propositions au
gouvernement dans l'intention que
cela se fasse à peu près dans le
sens de la satisfaction des
travailleurs. Si elles devaient
être décrétées par le
gouvernement, tout le travail
n'aurait servi à rien ; mais je
pense qu'il est inutile de créer
des conseils d'entreprise sans
aucune taxe, cela donne les choses
les plus folles. Puisque vous
dites vous-même que nous devons
commencer un jour, il faudrait
commencer de manière à ce que ce
soit réalisable. [032]
|
25
|
Herr Dr. Riebensam: Ich spreche die Frage der
Betriebsräte an. Was gibt uns noch
die Möglichkeit, mit den Arbeitern
zu sprechen? Die Sache steigert
sich jetzt so, daß ein
Blitzableiter gefunden werden muß.
Ich will die Sache auf einen
praktischen Punkt bringen und
fragen: Warum wollen Sie einen
Kraftwagen auf die Straße setzen
ohne Steuer? Eine solche Maschine
ist meiner Ansicht nach unsere
Arbeiterschaft. Ich habe mit
vielen darüber gesprochen und
dahin meine Ansicht geäußert, daß
ich es für unmöglich halte, mit
einer großen Arbeiterschaft auf
diese Weise zu irgendeiner
Zusammenarbeit zu kommen. Denn
jeder Vorstand eines
Arbeiterschaftsausschusses wird
im Augenblick, wo er sich zum
Vertreter einer bestimmten Meinung
macht, von den Arbeitern
gesteinigt. Sie setzen auf seiten
der Arbeiterschaft einen guten
Willen voraus. Ich habe alles
versucht, zunächst nicht ohne
Erfolg, denn ich habe das
Vertrauen der Arbeiterschaft,
seitdem ich mit ihr sprechen kann
und seit sie mich hören können.
Aber die Leute, die nicht kommen,
sind in der Mehrzahl. Ich kann
vielleicht mit zweitausend
sprechen, die anderen haben nicht
den guten Willen. Aus Erfahrung
weiß ich, daß die große Menge
imstande ist, die zunächst
Überzeugten wiederum zu
verwirren. Die Klügsten aus den
Arbeiterausschüssen, mit denen ich
privat gesprochen habe und die
positive Ansichten äußerten, sind
heute wieder auf dem Standpunkt,
daß ich mir sage: Ist denn die
ganze Arbeit, die ich seit sechs
Monaten geleistet habe, umsonst
gewesen? Ich habe der Regierung
gewisse Vorschläge gegeben in der
Absicht, daß das ungefähr in dem
Sinn geschieht, daß die Arbeiter
befriedigt sind. Sollten diese als
Verordnung von der Regierung
kommen, ist die ganze Arbeit
umsonst; aber ohne jedes Steuer
Betriebsräte zu gründen, halte ich
für nutzlos, da kommen die
tollsten Sachen heraus. Da Sie
selbst sagen, wir müssen
irgendwann beginnen, müßte man es
so beginnen, daß es durchführbar
wäre.
|
Rudolf Steiner : Tout ce
que vous avez dit revient en fait
à dire qu'au fond, il n'est pas
possible actuellement que la
direction des entreprises en
finisse avec le corps des
ouvriers. Bien sûr, cela n'est pas
arrivé ainsi sans condition
préalable, cela est seulement
devenu ainsi de proche en proche.
Je crois que vous vous méprenez
sur la situation si vous comptez
trop sur la bonne volonté du corps
des travailleurs. Car la bonne
volonté, le corps des ouvriers
l'exigera de vous, parce qu'ils
ont appris par l'agitation - à
juste titre dans une certaine
mesure - qu'il n'en sortira quand
même rien. Les ouvriers diront
:Nous pouvons avoir cette bonne
volonté, l'entrepreneur ne l'aura
quand même pas. - Cette méfiance
est déjà trop grande aujourd'hui.
C'est pourquoi, de ce côté, il n'y
a pas d'autre moyen que de gagner
autant de confiance que ça va. Dès
l'instant où il y a, ne serait-ce
que pour deux mille ouvriers - ou
pour huit mille ouvriers, ma foi
-, quelqu'un qui sait vraiment
quelque chose à dire sur les
objectifs sociaux que l'ouvrier
peut envisager, où l'on ne compte
pas seulement sur la bonne
volonté, mais sur la
compréhension, alors les choses
sont tout de même différentes.
Certes, si vous parlez à deux
mille ouvriers, ils peuvent à leur
tour être déconcertés par l'autre
côté, mais les choses se passeront
ainsi : si vous parlez réellement
à l'ouvrier de ce qu'il comprend,
vous ne vous adressez pas
seulement à deux mille d'entre
eux, qui sont troublés par les
personnes avec lesquelles ils ont
parlé en dernier, mais ceux-ci se
répercuteront sur les autres.
|
26
|
Rudolf Steiner: Alles
das, was Sie gesagt haben, läuft
ja eigentlich darauf hinaus, daß
es im Grunde genommen gegenwärtig
nicht möglich ist, daß die Leitung
der Betriebe mit der
Arbeiterschaft fertig wird. Das
ist natürlich nicht ohne
Voraussetzung so gekommen, das ist
natürlich erst nach und nach so
geworden. Ich glaube, daß Sie die
Lage verkennen, wenn Sie zuviel
darauf geben, auf den guten Willen
der Arbeiterschaft zu rechnen.
Denn den guten Willen, den wird
die Arbeiterschaft von Ihnen
fordern, aus dem Grunde, weil sie
durch die Agitation — bis zu einem
gewissen Grade mit Recht — gelernt
hat, daß daraus doch nichts wird.
Die Arbeiter werden sagen: Diesen
guten Willen können wir haben, der
Unternehmer wird ihn doch nicht
haben. — Dieses Mißtrauen ist
heute schon zu groß. Daher gibt es
nach dieser Seite kein anderes
Mittel, als soviel Vertrauen zu
gewinnen, wie es geht. In dem
Augenblick, wo auch nur für
zweitausend Arbeiter — oder
meinetwillen für achttausend
Arbeiter — jemand da ist, der nun
wirklich etwas zu sagen weiß von
sozialen Zielen, die der Arbeiter
einsehen kann, wo nicht nur mit
dem guten Willen gerechnet wird,
sondern mit der Einsicht, dann ist
die Sache doch anders. Gewiß, wenn
Sie mit zweitausend Arbeitern
sprechen, können diese von der
anderen Seite wiederum verwirrt
werden, aber die Sache wird sich
doch so herausstellen: Wenn Sie
wirklich zu dem Arbeiter über das
sprechen, was er versteht, so
sprechen Sie nicht bloß mit
zweitausend, die verwirrt sind
durch Leute, mit denen sie zuletzt
gesprochen haben, sondern diese
werden auf die anderen wiederum
zurückwirken.
|
Mais si nous nous
demandons si cette voie a déjà
absolument été empruntée, ainsi on
doit dire qu'elle n'a pas au fond
pas été empruntée. Et tout est
fait aussi pour rendre cette voie
encore et encore plus difficile.
Naturellement, si l'ouvrier voit
aujourd'hui que les conseils
d'entreprise lui sont décrétés
d'en haut par des lois, il s'agit
d'une suppression absolue de la
confiance. Alors, faites venir
aujourd'hui des instances
centrales, de manière vraiment
audible, quelque chose qui ait du
corps et de l'allure, pour que
l'ouvrier comprenne que cela a du
corps et de l'allure, et qu'il
collabore aussi évidemment,
vraiment. [033] Mais une telle
chose n'arrive donc pas. Et c'est
pour cette raison que le mouvement
pour la triarticulation de
l'organisme social est en fait là,
parce qu'il faut créer quelque
chose qui représente vraiment un
objectif représentable. Vous ne
viendrez à bout de l'ouvrier que
si vous parlez d'institutions
concrètes, car il a été poussé de
telle ou telle manière vers un
simple point de vue de
consommateur. Cela n'est expliqué
à l'ouvrier par personne. Tout ce
qui est fait va exactement dans la
direction opposée. Laissez
aujourd'hui les institutions se
créer d'elles-mêmes. Si ces
conseils d'entreprise doivent
vraiment être constitués,
laissez-les venir, peut-être
seulement sous forme de
propositions - il peut y avoir
beaucoup de propositions -, il ne
peut pas y avoir qu'un seul type
de projet de loi. C'est bien sûr
le meilleur moyen d'avoir
l'ensemble des travailleurs contre
les conseils d'entreprise.
Aujourd'hui, il n'y a plus aucune
possibilité d'avancer sur cette
voie. Aujourd'hui, nous n'y
parviendrons que si nous voulons
autre chose que d'opposer la
violence à la violence, à savoir
opposer des personnalités à des
personnalités, acquérir une
confiance personnelle. C'est ce
qui est possible pour l'ouvrier.
Celui qui sait parler à l'ouvrier
dans sa propre langue de telle
sorte que celui-ci remarque qu'il
n'en résulte rien s'il ne fait que
pousser l'échelle des salaires
vers le haut et qu'il voit aussi
qu'il y a une volonté d'aller
enfin dans cette [nouvelle]
direction, alors il suit et
travaille aussi. Il ne collabore
pas si on lui fait purement des
propositions de loi, mais il veut
voir que les personnalités du
gouvernement ont réellement la
volonté d'aller dans une certaine
direction.
|
27
|
Wenn wir uns aber fragen,
ist denn dieser Weg überhaupt
schon betreten worden, so muß man
sagen, er ist im Grunde genommen
nicht betreten worden. Und es wird
auch alles getan, um diesen Weg
immer und immer wieder zu
verleiden. Natürlich, wenn der
Arbeiter heute sieht, daß ihm von
oben herab durch Gesetze die
Betriebsräte dekretiert werden, so
ist das ein Stück absoluten
Hinwegfegens des Vertrauens. Also
lassen Sie heute in wirklich
hörbarer Weise von den zentralen
Stellen aus etwas kommen, was Hand
und Fuß hat, so daß der Arbeiter
einsieht, das hat Hand und Fuß,
dann arbeitet er auch
selbstverständlich mit, wirklich
mit. Aber so etwas geschieht ja
nicht. Und aus diesem Grunde ist
ja eigentlich die Bewegung für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus da, weil einmal etwas
geschaffen werden soll, das nun
wirklich ein vorstellbares Ziel
ausmacht. Dem Arbeiter kommen Sie
nicht bei, wenn Sie nur von
konkreten Einrichtungen sprechen,
denn er ist so und so
hinausgedrängt worden in einen
bloßen Konsumentenstandpunkt. Dies
wird dem Arbeiter von niemandem
erklärt. Alles, was gemacht wird,
bewegt sich genau in der
entgegengesetzten Richtung. Lassen
Sie heute die Einrichtungen von
sich aus entstehen. Wenn diese
Betriebsräteschaft wirklich
konstituiert werden soll, lassen
Sie sie einfach kommen, vielleicht
auch nur in der Form von
Vorschlägen — es können ja hierbei
auch viele Vorschläge vorgebracht
werden —; es kann nicht nur eine
einzige Art von Gesetzesvorlage
kommen. Das ist natürlich das
beste Mittel, um die ganze
Arbeiterschaft gegen die
Betriebsräte zu haben. Heute gibt
es keine Möglichkeit mehr, auf
diesem Weg irgendwie
vorwärtszukommen. Heute gelingt es
nur, wenn wir etwas anderes
wollen, als Gewalt gegen Gewalt zu
setzen, nämlich Persönlichkeiten
Persönlichkeiten
gegenüberzustellen, persönliches
Vertrauen zu erwerben. Das ist
das, was dem Arbeiter möglich ist.
Derjenige, der versteht, zu dem
Arbeiter in seiner Sprache so zu
reden, daß dieser merkt, es kommt
nichts dabei heraus, wenn er nur
immer die Lohnskala in die Höhe
treibt, und er auch sieht, daß ein
Wille dazu da ist, endlich nach
dieser [neuen] Richtung hin sich
zu bewegen, dann geht er mit und
arbeitet auch. Er arbeitet nicht
mit, wenn man ihm bloß
Gesetzesvorschläge macht, sondern
er will sehen, daß die
Persönlichkeiten in der Regierung
tatsächlich den Willen haben, sich
in einer gewissen Richtung zu
bewegen.
|
C'est ce que l'on
reproche aussi au gouvernement
actuel ; on a certes l'impression
qu'il veut faire quelque chose,
mais ce qui se passe suit les
mêmes voies qu'auparavant. Il n'y
a rien de nouveau nulle part.
D'autre part, là où il y a des
humains, il ne s'agit vraiment pas
de mettre un véhicule en mouvement
et de ne pas lui donner de volant.
Il doit vraiment avoir son volant
[034] s'il veut être capable de se
déplacer. Nous ne pouvons pas
faire autrement que de nous dire :
soit nous essayons d'aller de
l'avant et nous allons aussi loin
que possible, soit nous allons
vers le chaos. Il n'y a pas
d'autre solution.
|
28
|
Das ist das, was der
jetzigen Regierung auch zum
Vorwurf gemacht wird; man hat zwar
die Ahnung, daß sie etwas tun
will; das aber, was geschieht,
bewegt sich alles in denselben
Geleisen fort wie früher. Es ist
nirgendwo etwas Neues drin. Auf
der anderen Seite handelt es sich
wirklich bei dem, wo Menschen
dabei sind, nicht darum, einen
Kraftwagen irgendwie in Bewegung
zu setzen und ihm kein Steuer zu
geben. Der muß wirklich sein
Steuer haben, wenn er
bewegungsfähig sein will. Wir
können gar nicht anders als uns
sagen: Entweder versuchen wir
vorwärtszukommen und gehen so
weit, als es geht, oder wir gehen
eben dem Chaos entgegen. Auf
andere Weise läßt es sich nicht
machen.
|
M. Dr Riebensam : je
souscris à tout cela. Je suis
d'accord avec l'idée qu'il faut
d'abord montrer cet objectif à
l'ouvrier, mais ne pas continuer
sur les anciennes voies. Je pense
qu'il est possible que vous voyiez
aujourd'hui que les ouvriers d'une
usine jettent beaucoup de choses
ensemble. Mais il serait peut-être
possible de trouver un moyen
d'obtenir une participation
fructueuse des ouvriers. Nous
sommes prêts à tenir compte des
ouvriers, mais ils doivent aussi
prendre en considération notre
point de vue, si l'on ne veut pas
que la foi en une possibilité de
compréhension disparaisse
complètement. Il faut bien trouver
des moyens. [Si les ouvriers
viennent pour créer des conseils
d'entreprise et que nous leur
disons de se réunir et de faire ce
qu'il faut, c'est en fait un
modèle abstrait ; ils ne tiennent
pas compte de nos conseils.
L'autre jour, j'étais à une
réunion d'ouvriers, et les
ouvriers en demandaient trop. Ils
ont dit qu'il ne fallait pas
aborder la question avec des
pensées mesquines ; qu'il ne
servait plus à rien de prendre des
dispositions quelconques ; qu'ils
voulaient décider tout seuls à
l'avenir. Cette constatation doit
être pour moi la base de mon
action future. Je pourrais
toutefois imaginer un conseil
d'entreprise qui se réunirait tous
les huit jours et avec lequel je
discuterais de tout avant que des
tensions n'apparaissent. Mais nous
devons aussi dire cela aux
ouvriers : nous ne pouvons pas
simplement faire un conseil
d'entreprise tout seuls.
|
29
|
Herr Dr. Riebensam: Ich
unterschreibe das alles. Ich gehe
auf diese Idee ein, daß dem
Arbeiter zunächst dieses Ziel
gezeigt, aber nicht fortgefahren
werden soll in den alten Geleisen.
Ich halte es für möglich, daß Sie
heute erleben werden, daß die
Arbeiter in einer Fabrik sehr viel
zusammen-schmeißen. Es wäre aber
vielleicht doch möglich, einen Weg
zu finden für ein fruchtbares
Mitwirken der Arbeiter. Wir sind
bereit, die Arbeiter zu beachten,
aber sie müssen auch auf unsere
Gesichtspunkt Rücksicht nehmen,
wenn nicht ganz der Glaube an eine
Verständigungsmöglichkeit
schwinden soll. Man muß irgendwie
Wege finden. [Aber das ist nicht
so einfach.] Wenn die
Arbeiterschaft daherkommt, um
Betriebsräte zu gründen, und wir
ihnen sagen, kommt, wir wollen uns
zusammensetzen und das Richtige
machen, dann ist das im Grunde
genommen eine abstrakte
Schablone; sie kommen unserem Rat
gar nicht entgegen. Neulich war
ich an einer Arbeiterversammlung,
da haben die Arbeiter zu viel
gefordert. Sie haben gesagt, man
solle nicht mit kleinlichem Denken
die Sache anfassen; es hätte
keinen Zweck mehr, irgendwelche
Regelungen zu treffen; sie
wollten in Zukunft ganz allein
bestimmen. Diese Erkenntnis muß
für mich die Grundlage meines
künftigen Tuns sein. Allerdings
könnte ich mir womöglich einen
Betriebsrat denken, der alle acht
Tage zusammenkommt und mit dem ich
alles durchspreche, bevor
Spannungen eintreten. Aber wir
sollen auch das den Arbeitern
sagen: Wir können nicht einfach
allein einen Betriebsrat machen.
|
Rudolf Steiner : Vous voyez, dans ces
choses, il est important de ne pas
prendre des expériences non
systématiques, mais systématiques.
Nous avons eu, parce qu'une autre
possibilité ne nous était pas
offerte, toute une série
d'assemblées d'ouvriers, presque
jour après jour, et lors de ces
assemblées d'ouvriers, une chose
s'est toujours présentée. On
pouvait très bien remarquer que
les ouvriers eux-mêmes se disaient
à l'extrême : oui, si nous sommes
seuls, comment pourrons-nous faire
face à l'avenir ? Nous avons bien
sûr besoin [035] de ceux qui
peuvent diriger ; nous avons
besoin du travailleur spirituel. -
Cette chose ne résulte pas du fait
que l'on dicte, mais seulement du
fait que l'on travaille vraiment
avec les gens. C'est pourquoi j'ai
considéré [comme important] - Molt
pourra me le confirmer - le fait
que, dès le début, lorsqu'il est
venu avec d'autres amis pour
mettre en œuvre cette chose, je
lui ai dit : la première exigence
est que la confiance honnête soit
d'abord acquise, mais pas de la
manière habituelle jusqu'à présent
avec : Je suis le patron, tu es
l'ouvrier -, mais d'humain à
humain, de sorte que l'ouvrier
soit peu à peu initié in concreto
à la direction de toute
l'entreprise et qu'il ait aussi
une idée du moment où l'entreprise
cesse d'être économiquement
possible. C'est quelque chose qui
est [indispensable], et je pose
ouvertement la question : où
est-ce que cela s'est passé ainsi
? Où est-ce que ça se passe comme
ça ? - On fait aujourd'hui
beaucoup de choses au sein du
gouvernement, en ce sens que
certaines commissions se
réunissent et réfléchissent à la
meilleure façon de faire ceci ou
cela. Dans ce cas - pardonnez-moi
ce terme un peu dur - on met la
charrue avant les bœufs. Il est
impossible d'avancer avec cela.
Aujourd'hui, il est nécessaire de
créer un lien vivant entre ceux
qui font quelque chose [avec leurs
mains] et ceux qui peuvent le
comprendre. Il est bien plus
nécessaire que de tenir des
réunions ministérielles que des
hommes individuels aillent dans le
peuple et parlent d'humain à hum.
C'est le terrain sur lequel il
faut commencer. Il ne faut pas se
décourager si le succès n'arrive
pas la première fois ; il arrivera
certainement la quatrième ou la
cinquième fois. Donc, n'est-ce
pas, si seulement un début
quelconque avait été fait dans ce
qui est aujourd'hui la véritable
pratique, on pourrait voir [que
quelque chose naît] ; mais il n'y
a pas de début, on s'y oppose.
|
30
|
Rudolf Steiner: Sehen Sie, in diesen
Dingen kommt es darauf an, daß man
nicht unsystematische Erfahrungen
nimmt, sondern systematische. Wir
haben doch, weil eine andere
Möglichkeit uns nicht geboten
wurde, eine ganze Reihe von
Arbeiterversammlungen, fast Tag
für Tag, gehabt, und bei diesen
Arbeiterversammlungen hat sich
eine Sache immer wieder ergeben.
Man konnte es sehr genau merken,
daß aus der Arbeiterschaft selbst
heraus wie ein Extrem sich ergeben
hat: ja, wenn wir bloß allein
sind, wie sollen wir denn
überhaupt in der Zukunft fertig
werden? Wir brauchen
selbstverständlich diejenigen, die
leiten können; wir brauchen den
geistigen Arbeiter. — Diese Sache,
die ergibt sich nicht dadurch, daß
man diktiert, sondern nur dadurch,
daß man wirklich mit den Leuten
arbeitet. Deshalb hielt ich die
Tatsache [für wichtig] — Molt wird
es mir bestätigen können —, daß
ich ganz von Anfang an, als er mit
anderen Freunden kam, um diese
Sache in Wirksamkeit umzusetzen,
ihm sagte: Das erste Erfordernis
ist, daß zunächst einmal das
ehrliche Vertrauen erworben wird,
aber nicht in der Weise wie bisher
üblich mit: Ich bin Prinzipal, du
bist Arbeiter —, sondern von
Mensch zu Mensch, so daß wirklich
der Arbeiter nach und nach in
concreto eingeweiht wird in die
Leitung des ganzen Betriebes und
auch eine Ahnung davon bekommt,
wann der Betrieb aufhört,
wirtschaftlich möglich zu sein.
Das ist etwas, was [unerläßlich
ist], und ich stelle offen die
Frage: Wo ist es denn so
geschehen? Wo wird es so gemacht?
— Es wird heute sehr viel gemacht
in der Regierung, indem sich
einzelne Kommissionen
zusammensetzen und nachdenken
über die beste Art, das oder jenes
zu machen. In diesem Fall —
verzeihen Sie das harte Wort —
wird das Pferd beim Schwanz
aufgezäumt. Es ist unmöglich,
damit vorwärtszukommen. Heute ist
nötig, ein lebendiges
Verbindungsglied zu schaffen
zwischen denjenigen, die etwas
[mit den Händen arbeiten], und
denjenigen, die es verstehen
können. Viel notwendiger als
Ministeriumssitzungen abzuhalten,
ist es, daß einzelne Männer ins
Volk gehen und von Mensch zu
Mensch reden. Das ist der Boden,
auf dem man zunächst beginnen muß.
Man darf es sich nicht verdrießen
lassen, wenn der Erfolg sich nicht
aufs erste Mal einstellt; er wird
sich ganz gewiß einstellen das
vierte oder fünfte Mal. Also,
nicht wahr, wäre nur zunächst
irgendein Anfang gemacht worden in
dem, was heute das eigentlich
Praktische ist, würde man sehen
können, [daß etwas entsteht]; aber
es ist kein Anfang da, man sträubt
sich dagegen.
|
Emil Molt : le début est fait. Ai-je
la permission d'attirer
l'attention de ces messieurs qui
s'y intéressent sur ce que nous
avons déjà introduit cette sorte
de conseil d'entreprise depuis des
semaines. Même si je suis tout à
fait conscient que la chose est
encore maladroite, il s'est quand
même avéré [036] que - pendant que
nous négocions ici sur la manière
de gagner la confiance - nous
avons déjà gagné la confiance.
C'est essentiel, car nous sommes
partis de l'idée de faire moins de
cigarettes que des humains. Nous
avons utilisé l'entreprise pour
faire des humains. Fabriquer des
cigarettes n'est qu'un moyen
d'arriver au but. Nous sommes
parti de vraiment entrer en
contact avec les humains et
d'accomplir cela pendant le temps
de travail. On doit justement se
prendre ce temps. Ce dont il
s'agit, c'est de réaliser les
choses de bas en haut. Si les
choses en sont là ailleurs -
beaucoup de choses ont été
négligées au cours des six à huit
dernières semaines. Si l'on avait
commencé plus tôt, beaucoup de
choses auraient maintenant été
évitées.
|
31
|
Emil Molt: Der Anfang ist gemacht.
Darf ich diejenigen Herren, die
sich dafür interessieren, darauf
aufmerksam machen, daß wir diese
Art der Betriebsräte schon seit
Wochen eingeführt haben. Wenn ich
mir auch durchaus bewußt bin, daß
die Sache noch stümperhaft ist, so
hat sich doch gezeigt, daß wir —
während wir hier darüber
verhandeln, wie das Vertrauen zu
gewinnen wäre — das Vertrauen
bereits gewonnen haben. Das ist
wesentlich, weil wir darauf
ausgegangen sind, weniger
Zigaretten als Menschen zu
machen. Wir haben den Betrieb dazu
benützt, Menschen zu machen.
Zigaretten zu machen, ist nur
Mittel zum Zweck. Wir sind darauf
ausgegangen, wirklich mit den
Menschen in Berührung zu kommen,
und dies während der Arbeitszeit
durchzuführen. Man muß sich diese
Zeit eben nehmen. Es kommt darauf
an, die Dinge von unten herauf zu
verwirklichen. Wenn die Dinge
anderorts jetzt so liegen — es ist
eben viel versäumt worden in den
letzten sechs bis acht Wochen.
Hätte man die Sache schon früher
angefangen, wäre jetzt vieles
vermieden.
|
Maintenant, la chose
repose ainsi : les humains qui
sont dans l'entreprise ne veulent
pas seulement travailler, ils
veulent aussi savoir. Nous devons
nous être clairs là-dessus : plus
on cède à ce besoin et plus on
n'hésite pas à diriger ce flux
d'énergie dans les bons canaux,
plus cette force peut aussi être
de nouveau utilisée. C'est
pourquoi il ne faut pas hésiter à
dire à chaque fabricant de mettre
son entreprise à disposition comme
un livre ouvert, car c'est ainsi
que la confiance commence à
devenir pratique. Tant que nous ne
ferons que parler de ce que nous
devons faire, nous ne gagnerons
pas la confiance des gens. Nous
devons donner un aperçu et leur
montrer : aujourd'hui, nous
n'avons plus rien à cacher.
Autrefois, le fabricant avait plus
à cacher. Maintenant, l'ouvrier
peut tout au plus voir que rien
n'est gagné. Ce n'est que
lorsqu'il y vient lui-même qu'il
le croit - il ne croit quand même
pas le fabricant. Lorsque les gens
posent des exigences de salaires,
ils ont seulement besoin de
savoir, ils veulent avoir un
aperçu. Mais on doit être soi-même
le pilote et donner un aperçu de
la fabrication, et on verra alors
que les gens se préoccuperont
d'autres questions que celle des
salaires. Je vous prie d'ajouter
que nous [de Waldorf-Astoria] ne
parlons pas en tant que
théoriciens ; nous avons de
l'expérience, nous avons des
preuves pour cela. Même si tous
les idéaux n'ont pas encore été
réalisés, nous sommes sur la bonne
voie. Et les difficultés que
connaissent actuellement les
autres entreprises - nous ne les
aurons jamais.
|
32
|
Jetzt liegt die Sache so:
Die Menschen, die im Betrieb sind,
wollen nicht nur arbeiten, sie
wollen auch wissen. Wir müssen uns
darüber im klaren sein: Je mehr
man diesem Drang nachgibt und sich
nicht scheut, als Steuermann
diesen Kraftstrom in die richtigen
Kanäle zu leiten, desto mehr läßt
sich diese Kraft auch wieder
ausnützen. Daher sollte man nicht
zurückscheuen, jedem Fabrikanten
zu sagen, seinen Betrieb wie ein
offenes Buch hinzulegen, denn
damit beginnt das Vertrauen
praktisch zu werden. Solange wir
nur davon reden, was wir tun
sollen, solange werden wir das
Vertrauen der Leute nicht
gewinnen. Wir müssen Einblick
gewähren und ihnen zeigen: Wir
haben heute nichts mehr zu
verschleiern. Früher hatte der
Fabrikant mehr zu verbergen. Jetzt
kann der Arbeiter höchstens sehen,
daß nichts verdient wird. Nur wenn
er selber darauf kommt, glaubt er
es — dem Fabrikanten glaubt er es
doch nicht. Wenn die Leute
Lohnforderungen stellen, haben sie
nur den Drang nach Wissen, sie
wollen Einblick gewinnen. Man muß
aber selber der Steuermann sein
und Einblick in die Fabrikation
geben, dann wird man sehen, daß
die Leute sich mit anderen Fragen
als mit Lohnfragen beschäftigen
werden. Ich bitte Sie
hinzuzunehmen, daß wir [von der
Waldorf-Astoria] nicht als
Theoretiker sprechen; wir haben
Erfahrung, wir haben Beweise
dafür. Wenn auch bisher nicht alle
Ideale verwirklicht sind, so sind
wir doch auf dem Wege dazu. Und
die Schwierigkeiten, die andere
Betriebe jetzt haben — die werden
wir nie bekommen.
|
Hier, je me suis adressé
à un grand nombre d'ouvriers d'une
autre entreprise. J'ai vu avec
quel enthousiasme les gens ont
accueilli mon rapport, dès que les
choses sont éclairées d'un point
de vue global. J'ai appris
aujourd'hui par mes ouvriers que
la nouvelle de cette réunion s'est
répandue comme une traînée de
poudre parmi les travailleurs. Les
gens ne viennent eux-mêmes que si
c'était le cas partout [037], la
situation serait très différente.
Nous recevons depuis des jours la
visite des conseils d'ouvriers de
toutes les grandes usines et ils
disent : "Oui, si cela existait
chez nous ! Il y a une grande
négligence de la part de la
bourgeoisie ; parlez vraiment avec
nos collègues, vous rencontrerez
partout des œillères, de
l'étroitesse d'esprit.
|
33
|
Gestern sprach ich vor
einer großen Arbeiterschaft eines
anderen Betriebes. Ich habe
gesehen, mit welcher Begeisterung
die Leute meinen Bericht
aufgenommen haben, sobald die
Dinge von einem umfassenden
Gesichtspunkt beleuchtet werden.
Ich habe heute von meiner
Arbeiterschaft gehört, daß sich
die Nachricht von dieser
Zusammenkunft wie ein Lauffeuer
unter der Arbeiterschaft
verbreitet. Die Leute sehen
selbst, wenn es überall so wäre,
hätte man ganz andere
Verhältnisse. Wir haben seit Tagen
fortgesetzt Besuch von den
Arbeiterausschüssen aller großen
Werke und diese sagen: Ja, wenn es
das bei uns gäbe! Es liegt ein
großes Versäumnis von seiten des
Bürgertums vor; reden Sie wirklich
mit unseren Kollegen, Sie werden
überall auf Scheuklappen, auf
Borniertheit treffen.
|
M. Dr Schmucker : je m'étais volontiers
représenté le projet de loi du
gouvernement effrayant, mais quand
même pas tant que ça ; c'est une
véritable naissance ratée. Quand
on étudie la question, on voit que
les législateurs de Berlin ne
connaissent pas la situation ; ils
ne savent même pas de quoi il
s'agit. Ils veulent maintenant
supprimer les commissions
d'employés et d'ouvriers et les
remplacer par des conseils
d'entreprise de 40 à 80 personnes,
qui sont incapables de travailler.
|
34
|
Herr Dr. Schmucker: Den Gesetzesentwurf der
Regierung hatte ich mir wohl
schauderhaft vorgestellt, aber
doch nicht so schauderhaft; es ist
eine rechte Mißgeburt. Wenn man
die Sache studiert, so sieht man,
daß die Gesetzesmacher in Berlin
die Verhältnisse nicht kennen; sie
wissen gar nicht, worum es sich
handelt. Jetzt wollen sie die
Angestellten- und
Arbeiterausschüsse abschaffen und
dafür Betriebsräte von 40 bis 80
Köpfen einsetzen, die
arbeitsunfähig sind.
|
M. Geyer : il n'y a pas une seule
personne ici présente qui ne soit
pas sympathiquement touchée par
les propositions du Dr Steiner.
Mais je dois avouer franchement
que je m'occupe chaque jour de la
question de savoir pourquoi,
chaque fois que je pense être
sorti d'affaire, nous sommes
confrontés à de nouveaux
problèmes. Nous sommes au milieu
d'une révolution spirituelle. Les
humains s'occupent toujours plus
du côté spirituel de la structure
sociétale, ce qui n'était pas le
cas jusqu'à présent, où l'intérêt
de l'individu n'était généralement
orienté que vers une révolution
économique. Mais je dois dire que
cette révolution spirituelle ne va
pas, à mon avis, dans la direction
idéale. L'ouvrier et de nombreux
employés ne sont pas du tout
conscients de ce dont il s'agit
aujourd'hui. Leur intérêt pour la
consommation les tient si
fermement prisonniers de leurs
réflexions qu'ils ne parviennent
pas à admettre que d'autres
personnes, qui ne travaillent pas
de leurs mains, soient également
valables à côté d'eux. Steiner a
raison de dire qu'on ne mène
aucune politique sociale d'en
haut. Nous devons toutefois en
arriver à ce que l'humain entre en
relation plus étroite avec
l'humain. Mais nous sommes
malheureusement déjà si
unilatéralement plongés dans la
culture, dans l'organisme étatique
et dans l'organisme mondial, qu'il
est nécessaire de revenir à la
culture originelle, à l'état
originel - non pas d'une vue
spirituelle, mais en ce qui
concerne le rapport d'humain à
humain. Il n'y a plus de pilote
au-dessus des humains. Tous les
humains devraient entrer en
relation les uns avec les autres,
former de petits cercles, des
sortes de cristaux, qui se
rassemblent en unités plus
grandes. Cette formation de
cristaux devrait ensuite se
multiplier jusqu'à ce que nous
arrivions au sommet, où la
liquidation de l'organisme
étatique est arrivée à son terme
[038]. Je pense que c'est ainsi
que Monsieur Steiner conçoit le
processus jusqu'à la
triarticulation. Mais cela prendra
un certain temps, [et un problème
se posera] : des conseils seront
formés, mais ces conseils
changeront très souvent, comme les
gens changent déjà souvent de
poste, de sorte qu'il en résultera
un chaos. Il n'y aura pas
seulement des frictions entre les
petites organisations, mais aussi
des collisions au sein du
ministère de la liquidation. Cela
peut conduire à l'effondrement de
toute la tour qui doit être
construite par le bas. Je crois
que notre éducation populaire
générale comme condition préalable
[à cette œuvre de réforme] ne
permet pas encore d'espérer
l'émergence d'une véritable
confiance entre les gens. Je pense
qu'une éducation populaire
générale devrait commencer avant,
mais j'admets volontiers que des
obstacles d'en haut et d'en bas
s'opposeront également à cet
éclaircissement populaire général.
Celui qui doit se laisser
éclairer, l'ouvrier, ne considère
pas seulement l'employeur comme un
ennemi, mais aussi tous ceux qui
sont spirituellement supérieurs,
parce qu'il craint de devoir le
convaincre de quelque chose qui
est en contradiction avec ses
intérêts. C'est une expérience que
l'on fait souvent. Je ne pense pas
que, même si Molt a fait de bonnes
expériences avec les conseils
d'entreprise dans son entreprise,
il en sera toujours ainsi.
L'humain est un humain, et depuis
que je connais l'humain dans son
évolution de dix mille ans, je
dois dire que l'humain n'est pas
une simple formation terrestre,
mais un être qui arrive un jour au
point de culture où l'on peut
vraiment dire que l'humain est
maintenant culturellement formé de
telle sorte que son existence sur
terre sera heureuse. Pour que cela
se produise, il devrait toutefois
venir un humain qui dispose de
forces spirituelles surhumaines
pour capturer les âmes des hommes.
|
35
|
Herr Geyer: Es gibt keinen der
Anwesenden, der nicht von den
Vorschlägen von Dr. Steiner
sympathisch berührt wird. Aber ich
muß offen gestehen, ich
beschäftige mich jeden Tag mit der
Frage, warum wir immer, wenn ich
glaube, über den Berg zu sein, vor
neuen Problemen stehen. Wir sind
mitten in einer geistigen
Revolution darin. Es beschäftigen
sich die Menschen immer mehr mit
der geistigen Seite der
gesellschaftlichen Struktur, als
es bisher der Fall war, wo das
Interesse des Einzelnen im
allgemeinen doch nur auf eine
wirtschaftliche Revolution
gerichtet war. Aber ich muß sagen,
diese geistige Revolution bewegt
sich meines Erachtens nicht in die
ideale Richtung. Der Arbeiter und
viele Angestellte sind sich
keineswegs bewußt, worum es heute
geht. Ihr Konsuminteresse hält sie
in ihren Überlegungen so fest
gefangen, daß sie nicht dazu
kommen, auch andere Menschen, die
nicht mit der Hand arbeiten, neben
sich gelten zu lassen. Es ist
richtig, wenn Herr Dr. Steiner
sagt, von oben treibt man keine
soziale Politik. Wir müssen aber
dazu kommen, daß der Mensch zum
Menschen in eine nähere Beziehung
tritt. Aber wir sind leider schon
so einseitig in der Kultur und im
staatlichen Organismus und im
Weltorganismus drin, daß eine
Zurückführung auf die Urkultur,
auf den Urzustand nötig ist —
nicht in geistiger Hinsicht, aber
in bezug auf das Verhältnis von
Mensch zu Mensch. Es ist kein
Steuer mehr da, das über den
Menschen steht. Alle Menschen
sollten miteinander in Beziehung
treten, kleine Kreise, eine Art
Kristalle, bilden, die sich zu
größeren Einheiten
zusammenschließen. Dieses
Kristallbilden sollte dann immer
mehr werden, bis wir am Gipfel
angekommen sind, wo die
Liquidation des Staatsorganismus
zu ihrem Ende gekommen ist. Ich
glaube, so denkt sich Herr Dr.
Steiner wohl den Vorgang, bis die
Dreigliederung da ist. Dazu wird
aber geraume Zeit vergehen, [und
es wird sich ein Problem ergeben]:
Es werden Räte gebildet, aber
diese Räte werden sehr oft
wechseln, wie jetzt schon die
Leute bereits häufig ihre Posten
wechseln, so daß es zu einem Chaos
kommen wird. Es wird nicht nur
Reibereien zwischen den kleinen
Organisationen geben, sondern auch
Kollisionen innerhalb des
Liquidierungsministeriums. Das
kann dazu führen, daß der ganze
Turm, der von unten gebaut werden
soll, zusammenstürzt. Ich glaube,
daß unsere allgemeine Volksbildung
als Voraussetzung [für dieses
Reformwerk] es noch nicht
ermöglicht, daß man sich das
Entstehen echten Vertrauens
zwischen den Menschen erhoffen
könnte. Ich meine, eine allgemeine
Volksaufklärung müßte vorher
einsetzen, allerdings gebe ich
gerne zu, daß auch dieser
allgemeinen Volksaufklärung sich
Hindernisse von oben und unten
entgegenstellen werden. Derjenige,
der sich aufklären lassen soll,
der Arbeiter, der betrachtet nicht
nur den Arbeitgeber als Feind,
sondern jeden, der geistig
höhersteht, weil er fürchtet, daß
er ihn zu etwas überzeugen soll,
was mit seinen Interessen im
Widerspruch steht. Diese Erfahrung
macht man vielfach. Ich glaube
nicht, daß, wenn auch Molt in
seinem Betrieb mit den
Betriebsräten gute Erfahrung
gemacht hat, es auch immer so
bleiben wird. Der Mensch ist
Mensch, und seit ich den Menschen
kenne in seiner
zehntausendjährigen Entwicklung,
muß ich sagen: Der Mensch ist
nicht ein bloßes Erdengebilde,
sondern ein Wesen, das einmal zu
dem Punkt der Kultur kommt, wo man
wirklich sagen kann, jetzt ist der
Mensch kulturell so gebildet, daß
sein Erdendasein ein glückliches
sein wird. Um das herbeizuführen,
müßte allerdings ein Mensch
kommen, der über übermenschliche
geistige Kräfte verfügt, um die
Seelen der Menschen
gefangenzunehmen.
|
Rudolf Steiner : J'aimerais dire que tout
cela pourrait en fait être utilisé
pour présenter une vision de la
valeur de l'humain. Mais pour
celui qui pense pratiquement à ce
qu'il faut faire à l'époque
chaotique, il ne peut vraiment pas
s'agir de savoir si l'humain est
suffisamment formé culturellement
ou s'il peut être formé, mais
seulement de faire des humains ce
qui peut être fait d'eux. Et
surtout, lorsque nous parlons de
l'organisme social, nous devrions
d'emblée abandonner la vision que
nous voulions fonder n'importe
comment [039] le bonheur sur
l'organisme social ou apporter le
bonheur aux humains par des
institutions sociales. Il ne
s'agit donc pas du tout, dans les
transformations sociales, de créer
des humains heureux, mais
d'apprendre à connaître les
conditions de vie de l'organisme
social, c'est-à-dire de créer un
organisme social viable. Le fait
que nous ne puissions pas
progresser avec l'éducation
populaire telle qu'elle est
aujourd'hui a justement conduit
les impulsions de la
triarticulation à exiger pour
l'éducation populaire une
émancipation totale des autres
membres.
|
36
|
Rudolf Steiner: Ich möchte sagen, das
alles könnte eigentlich ja
verwendet werden, um eine
Anschauung über den Wert des
Menschen vorzubringen. Aber für
denjenigen, der praktisch daran
denkt, was in der chaotischen Zeit
zu machen ist, kann es sich ja
wirklich nicht darum handeln, ob
der Mensch genügend kulturell
gebildet ist oder gebildet werden
kann, sondern nur darum,
dasjenige aus den Menschen zu
machen, was eben aus ihnen zu
machen ist. Und vor allen Dingen,
wenn wir vom sozialen Organismus
sprechen, sollten wir die
Anschauung von vornherein
aufgeben, als ob wir das Glück
irgendwie begründen wollten mit
dem sozialen Organismus oder den
Menschen das Glück bringen wollten
durch soziale Einrichtungen. Es
handelt sich also bei sozialen
Umgestaltungen durchaus nicht
darum, glückliche Menschen zu
schaffen, sondern darum, die
Lebensbedingungen des sozialen
Organismus kennenzulernen, das
heißt einen lebensfähigen sozialen
Organismus zu schaffen. Daß wir
mit der Volksbildung, wie sie
heute ist, nicht vorwärtskommen
können, das hat ja eben für die
Impulse der Dreigliederung dahin
geführt, für die Volksbildung die
totale Emanzipation von den
anderen Gliedern zu verlangen.
|
Maintenant, si l'on veut
vraiment connaître les gens, il ne
faut pas parler de dizaines de
milliers ou de milliers d'années,
mais de ce qui est vraiment
gérable. Celui qui se rend compte
de l'évolution de l'éducation
populaire au cours des derniers
siècles - il suffit en effet de
prendre trois ou quatre siècles si
l'on veut pénétrer dans ce que
sont les dommages actuels - peut
se dire : c'est par l'étatisation
toujours plus poussée de
l'ensemble du système éducatif que
nous sommes parvenus à la
non-éducation populaire que nous
avons aujourd'hui. Nous en sommes
arrivés à créer peu à peu, de la
part de nos cercles dirigeants,
une éducation qui ne conduit qu'à
des concepts erronés. Pensez donc
que les cercles dirigeants ont
poussé l'ouvrier dans la vie
économique pure et simple. Car ce
que vous lui jetez comme morceaux
d'éducation populaire, il ne le
comprend pas. J'ai été enseignant
à l'école d'éducation ouvrière et
je sais ce que l'ouvrier peut
comprendre et ce qui n'est pas
fait correctement. Je sais qu'il
ne peut comprendre que ce qui
n'est pas issu de l'éducation
bourgeoise, mais de l'être humain
en général. Vous avez dit que
l'ouvrier considère comme ennemi
quiconque est spirituellement plus
élevé que lui. Bien entendu, il
considère comme un ennemi
quiconque représente simplement
une vie spirituelle [conditionnée]
par la structure sociale d'une
caste et d'une classe peu
nombreuses. Il le sent très bien
dans son instinct. Dès qu'il se
trouve face à la vie spirituelle
qui est puisée dans l'être humain
tout entier, il n'est pas du tout
question qu'il soit l'ennemi [040]
de celui qui est spirituellement
supérieur ; il n'en est pas
question ; au contraire, il
remarque très bien que c'est son
meilleur ami. Nous devons trouver
la possibilité de parvenir à une
éducation populaire réellement
sociale par l'émancipation de la
vie spirituelle. Pour cela, il ne
faut pas avoir peur d'un certain
radicalisme.
|
37
|
Nun, wer die Menschen
wirklich kennen will, darf nicht
von Zehntausenden oder Tausenden
von Jahren sprechen, sondern von
dem, was wirklich überschaubar
ist. Wer sich die Entwicklung der
Volksbildung in den letzten
Jahrhunderten vergegenwärtigt —
drei bis vier Jahrhunderte braucht
man nämlich bloß zu nehmen, wenn
man eindringen will in das, was
die heutigen Schäden sind —, der
kann sich sagen: Durch die immer
weiter getriebene Verstaatlichung
des gesamten Bildungswesens haben
wir es zu jener VolksUnbildung
gebracht, die wir heute haben. Wir
haben es dahin gebracht, daß wir
nach und nach von seiten unserer
leitenden Kreise eine Bildung
geschaffen haben, die zu lauter
verkehrten Begriffen führt. Denken
Sie doch, daß die leitenden Kreise
den Arbeiter in das bloße
Wirtschaftsleben getrieben haben.
Denn, was Sie ihm an Brocken
abwerfen von Volksbildung, das
versteht er nicht. Ich war Lehrer
an der Arbeiterbildungsschule und
weiß, was der Arbeiter verstehen
kann und was unrichtig gemacht
wird. Ich weiß, daß er nur etwas
verstehen kann, was nun nicht
genommen ist aus der bürgerlichen
Bildung, sondern aus der
allgemeinen Menschenwesenheit
heraus. Sie haben gesagt, der
Arbeiter betrachte jeden als
Feind, der geistig höher steht.
Selbstverständlich betrachtet er
jeden als Feind, der bloß ein
Geistesleben vertritt, das durch
die soziale Struktur einer
geringzahligen Kaste und Klasse
[bedingt] ist. Das verspürt er in
seinem Instinkt sehr gut. Sobald
er sich demjenigen geistigen Leben
gegenübersieht, das aus dem ganzen
Menschen heraus geschöpft wird,
ist gar keine Rede davon, daß er
ein Feind des geistig
Höherstehenden wäre; davon kann
nicht die Rede sein; im Gegenteil,
er merkt sehr wohl, das ist sein
bester Freund. Wir müssen die
Möglichkeit finden, durch die
Emanzipation des Geisteslebens zu
einer wirklich sozialen
Volksbildung zu kommen. Da muß man
sich nicht scheuen vor einem
gewissen Radikalismus.
|
On doit avoir un
pressentiment de comment les
concepts, les représentations,
l'essence même de ce qui est
aujourd'hui notre formation ont
déteint, pour le dire
trivialement, sur l'humain. On a
beaucoup discuté de l'enseignement
secondaire. Ce système de lycée,
qu'est-ce que c'est ? Nous l'avons
mis en place en mettant en scène
une sorte de paradoxe. Ce qu'est
la vie spirituelle, c'est un tout.
Les Grecs ont pris de la vie
spirituelle dans tout, parce qu'en
même temps, c'était la vie
spirituelle qui s'adaptait aux
circonstances. Nous n'enseignons
rien à l'école de ce qui est dans
le monde, mais ce qui était dans
le monde pour les Grecs est
imaginé par notre culture. De ce
paradoxe, nous réclamons
maintenant : nous voulons offrir
aux humains un éclaircissement
populaire. Nous pouvons seulement
leur offrir si nous revenons
aujourd'hui entièrement sur
nous-mêmes dans ce domaine, si
nous nous approchons de l'humain
en tant qu'humains. Il ne s'agit
pas de revenir à un état primitif
spéculatif ; seul entre en
considération ce que l'époque
exige. Aujourd'hui, il est
nécessaire que nous apprenions
vraiment de telles choses. Lorsque
j'ai enseigné à mes élèves - je
peux dire qu'ils étaient très
nombreux - ce que je ne pouvais
pas obtenir d'une branche
quelconque du savoir ou de la
formation gymnasiale, mais qu'il
fallait construire à nouveau, ils
ont appris avec zèle.
Naturellement, parce qu'ils
absorbent aussi le jugement des
personnes cultivées, qui [provient
en fait du savoir du lycée], ils
savaient exactement qu'il s'agit
d'un mensonge culturel ; ils ne
veulent naturellement rien
apprendre de cela.
|
38
|
Man muß eine Ahnung davon
haben, wie Begriffe,
Vorstellungen, wie das ganze Wesen
desjenigen, was heute unsere
Bildung ist, trivial gesagt, auf
den Menschen abgefärbt hat. Es ist
viel diskutiert worden über das
Gymnasialwesen. Dieses
Gymnasialwesen, was ist es denn?
Wir haben es eingerichtet, indem
wir eine Art Paradoxie in Szene
gesetzt haben. Das, was geistiges
Leben ist, ist ja ein ganzes. Die
Griechen haben aus allem geistiges
Leben aufgenommen, weil es zu
gleicher Zeit das geistige Leben
war, das auf die Verhältnisse
gepaßt hat. Wir lehren nichts in
der Schule von dem, was drin in
der Welt ist, sondern was für die
Griechen in der Welt war, das ist
unserer Kultur eingebildet. Aus
dieser Paradoxie verlangen wir
nun: Wir wollen Volksaufklärung
den Menschen bieten. Wir können
ihnen das nur bieten, wenn wir
heute gänzlich auf diesem Gebiete
auf uns selbst zurückgehen, wenn
wir als Menschen dem Menschen
nähertreten. Es soll nicht zu
einem spekulativen Urzustand
zurückgekehrt werden; es kommt da
nur in Betracht, was die Zeit
fordert. Heute ist notwendig, daß
wir wirklich von solchen Dingen
lernen. Wenn ich meinen Schülern —
ich kann sagen, es war eine sehr
große Schülerzahl — dasjenige
beigebracht habe, was ich nicht
haben konnte aus irgendeinem Zweig
des Gymnasialwissens oder der
Gymnasialbildung, sondern was neu
aufgebaut werden mußte, da lernten
sie eifrig mit. Natürlich, weil
sie ja auch aufnehmen das Urteil
der Gebildeten, das [eigentlich
aus dem Gymnasialwissen stammt],
da wußten sie genau, daß das eine
Kulturlüge ist; davon wollen sie
natürlich nichts lernen.
|
Nous n'aurons pas la
possibilité d'aller réellement de
l'avant si nous ne sommes pas en
mesure de prendre la première
décision radicale de réaliser
cette triarticulation,
c'est-à-dire d'arracher réellement
la vie de l'esprit et la vie de
l'économie à la vie de l'État. Je
suis convaincu qu'aujourd'hui,
beaucoup de gens disent [041]
qu'ils ne comprendraient pas cette
triarticulation. Ils disent cela
parce qu'elle leur est trop
radicale, parce qu'ils n'ont aucun
courage de l'étudier en détail et
de la mettre en œuvre. N'est-ce
pas, c'est vraiment de cela qu'il
s'agit, que nous n'avons pas
affaire à des surhumains, mais à
des humains tels qu'ils sont
réellement, et de faire ce que
l'on peut faire avec eux. On peut
alors faire beaucoup de choses si
on ne veut pas partir de tel ou
tel préjugé. Maintenant on devrait
vraiment placer le système
d'enseignement la propre base et
le laisser purement géré par ceux
qui s'y trouvent. Mais les gens ne
peuvent guère se représenter
quelque chose là-dessous tandis
que c'est quand même en fait une
chose qui, si on veut se la
représenter, est déjà donnée.
|
39
|
Wir kommen nicht zur
Möglichkeit, tatsächlich
vorwärtszugehen, wenn wir nicht
imstande sind, den radikalen
ersten Entschluß zu fassen, diese
Dreigliederung durchzuführen, das
heißt das Geistesleben und das
Wirtschaftsleben wirklich zu
entreißen dem Staatsleben. Ich bin
überzeugt, daß heute sehr viele
Leute sagen, diese Dreigliederung
würden sie nicht verstehen. Sie
sagen das wohl deshalb, weil sie
ihnen zu radikal ist, weil sie
keinen Mut haben dazu, nun
wirklich im einzelnen die Sache zu
studieren und durchzuführen. Nicht
wahr, darum handelt es sich
wirklich, daß wir es nicht zu tun
haben mit Übermenschen, sondern
mit den Menschen, wie sie wirklich
sind, und das zu machen, was man
eben mit ihnen machen kann. Dann
kann man sehr viel machen, wenn
man nicht ausgehen will von diesem
oder jenem Vorurteil. Man müßte
wirklich einmal das
Unterrichtswesen auf die eigene
Basis stellen und es von
denjenigen bloß verwalten lassen,
die darinstehen. Aber die Leute
können sich kaum etwas darunter
vorstellen, während es doch
eigentlich eine Sache ist, die,
wenn man sie sich vorstellen will,
bereits gegeben ist.
|
Donc, l'enseignement doit
d'abord être pensé tout à fait
séparément du système de l'État.
Il est tout à fait exclu que nous
avancions si nous ne nous hissions
pas à cette pensée radicale qui
consiste à amener l'école, et même
l'ensemble du système de
formation, hors de l'État.
|
40
|
Also, das Schulwesen muß
zunächst ganz getrennt vom
Staatswesen gedacht werden. Es
ist ganz ausgeschlossen, daß wir
weiterkommen, wenn wir uns nicht
zu diesem radikalen Denken
aufschwingen, die Schule, ja das
ganze Bildungswesen
herauszubringen aus dem Staat.
|
M. Dr Riebensam : Je veux revenir sur le
terrain réel, sur ce que nous
avons l'intention de faire.
J'aimerais parler personnellement
et répondre à M. Molt que je
tieng sa conception - bien qu'il
l'ait vécue dans son usine - pour
quelque peu irréelle. Elle se
fonde sur l'expérience d'un petit
cercle. Il y a vingt ans déjà,
j'ai appliqué dans une petite
usine des principes auxquels
personne ne pensait à l'époque.
J'ai montré ouvertement ce que je
faisais dans l'entreprise. Nous
avons eu le système Taylor, ce qui
semblait bien. J'ai ensuite essayé
la même chose dans une usine
beaucoup plus grande - les gens
m'ont suivi. J'ai ensuite tenté
l'expérience ici - la confiance
manquait. C'est sur la base de ces
conditions que j'ai exprimé mes
doutes, et je dois m'y tenir.
Revenons-en à ce que nous voulons.
La question a été posée : par quoi
devons-nous commencer ? Je vais
supposer que nous rassemblons le
corps des travailleurs dans le but
de créer des conseils
d'entreprise. Comment faisons-nous
ça ? Il est possible, Monsieur
Steiner, que vous me disiez que
nous pourrions même donner aux
travailleurs l'autogestion. Je ne
suis pas encore convaincu que cela
aille. Je demande un exemple
concret de formation de conseil
d'entreprise dans une grande
usine. [042]
|
41
|
Herr Dr. Riebensam: Ich will auf den realen
Boden zurückkehren, zu dem, was
wir beabsichtigen. Ich möchte ganz
persönlich sprechen und Herrn Molt
erwidern, daß ich seine Auffassung
— obwohl er es erlebt hat in
seiner Fabrik — für etwas
unwirklich halte. Sie fußt auf
Erfahrungen in einem kleinen
Kreis. Schon vor zwanzig Jahren
habe ich in einer kleinen Fabrik
Grundsätze durchgeführt, an die
damals noch kein Mensch dachte.
Ich habe offen gezeigt, was ich
machte im Betrieb. Wir haben das
Taylor-System gehabt, was gut
scheint. Ich habe dann dasselbe in
einer wesentlich größeren Fabrik
versucht — die Leute gingen mit
mir. Ich habe die Sache dann hier
versucht — es fehlte das
Vertrauen. Aufgrund dieser
Verhältnisse habe ich meine
Bedenken ausgesprochen, daran muß
ich festhalten. Kehren wir zurück
zu dem, was wir wollen. Es wurde
gefragt: Wie sollen wir beginnen?
Ich will einmal annehmen: wir
rufen die Arbeiterschaft
zusammen, mit dem Ziel,
Betriebsräte zu gründen. Wie
machen wir das? Es ist möglich,
daß Sie, Herr Dr. Steiner, mir
sagen, wir könnten der
Arbeiterschaft sogar die
Selbstverwaltung geben. Davon bin
ich noch nicht überzeugt, daß
dies geht. Ich bitte um ein
konkretes Beispiel für eine
Betriebsratsbildung in einer
großen Fabrik.
|
Rudolf Steiner : J'aimerais tout d'abord
dire que tout ce qui peut être
fait aujourd'hui dans une
entreprise ne peut être qu'une
préparation à ce que signifie le
conseil d'entreprise. J'aimerais
juste dire, parce que
M. Riebensam est parti de ce
sujet, que les expériences faites
dans un cercle aussi restreint que
celui de M. Molt ne doivent
pas être fêtées trop tôt comme une
victoire. Mais ne nous trompons
pas : ce qui peut d'abord être
prouvé par ces expériences, c'est
que l'on peut établir la confiance
dans un certain cercle. Et c'est
bien ce que M. Molt a voulu
dire de préférence dans un premier
temps. Il ne peut s'agir d'une
victoire, parce qu'en général, si
l'on pense à une socialisation
systématique, on ne peut pas
remporter une victoire dans une
seule entreprise. La victoire
d'une entreprise individuelle,
même si elle consistait à élever
le niveau de vie de son corps de
travailleurs - si une entreprise
individuelle y parvenait
unilatéralement, cela ne pourrait
se faire qu'aux coûts de la
collectivité.
|
42
|
Rudolf Steiner: Ich möchte
vorausschicken, daß alles, was
heute im einzelnen innerhalb eines
Betriebes gemacht werden kann, ja
wirklich nur die Vorbereitung sein
kann zu dem, was die
Betriebsräteschaft bedeutet. Ich
möchte nur, weil Herr Dr.
Riebensam von dieser Sache
ausgegangen ist, eben sagen:
Gewiß, Erfahrungen, die in solch
einem kleinen Kreis gemacht
werden, wie sie Herr Molt
dargestellt hat, sollten nicht zu
früh als ein Sieg gefeiert werden.
Aber täuschen wir uns nicht: Das,
was zunächst durch diese
Erfahrungen bewiesen werden kann,
ist, daß man in einem gewissen
Kreis Vertrauen begründen kann.
Und das ist ja das, was Herr Molt
zunächst vorzugsweise gemeint hat.
Ein Sieg kann es nicht sein, weil
überhaupt, wenn an eine
systematische Sozialisierung
gedacht wird, nicht in einem
einzelnen Betriebe ein Sieg
errungen werden kann. Der Sieg
eines einzelnen Betriebes, selbst
wenn er darin bestehen würde, das
Niveau der Lebenshaltung seiner
Arbeiterschaft zu erhöhen —, wenn
einseitig ein einzelner Betrieb
das erreichen würde, könnte es nur
auf Kosten der Allgemeinheit
geschehen.
|
La socialisation ne peut
absolument pas être abordée à
partir d'entreprises
particulières. Car je veux attirer
votre attention sur un point : des
choses qui, dans certaines
conditions, peuvent conduire à
quelque chose de salutaire,
peuvent peut-être, dans des
conditions opposées, conduire au
plus grand dommage. Je ne peux
rien attendre d'autre de
l'application du système Taylor
dans notre ordre économique
actuel, si ce n'est que, par
l'application toujours plus grande
de ce système, il se produira
finalement une telle augmentation
de la production industrielle que
cette augmentation nous rendra de
toute façon impossible d'arriver à
un quelconque aménagement
nécessaire ou même seulement
possible de la situation des prix
pour les biens de la vie qui ne
proviennent pas de l'industrie,
mais par exemple [de
l'agriculture].
|
43
|
Sozialisierung ist
überhaupt nicht von einzelnen
Betrieben aus in Angriff zu
nehmen. Denn ich will Sie auf
eines aufmerksam machen: Dinge,
die unter gewissen Voraussetzungen
zu etwas Heilsamem führen können,
werden unter entgegengesetzten
Voraussetzungen vielleicht zum
größten Schaden gereichen können.
Ich kann mir von der Anwendung des
Taylor-Systems in unserer
gegenwärtigen Wirtschaftsordnung
überhaupt nichts anderes
versprechen, als daß durch die
immer gesteigerte Anwendung dieses
Systems zuletzt eine solche
Erhöhung der Industrieproduktion
stattfindet, daß diese Erhöhung es
uns in jeder Weise unmöglich
macht, zu einer irgendwie
notwendigen oder auch nur
möglichen Gestaltung der Preislage
für diejenigen Güter im Leben zu
kommen, welche nicht der
Industrie entstammen, sondern zum
Beispiel [der Landwirtschaft].
|
Dr Riebensam : Je ne voulais pas parler
en détail du système Taylor. [043]
|
44
|
Herr Dr. Riebensam: Ich wollte nicht
ausführlich vom Taylor-System
sprechen.
|
Rudolf Steiner : Je pense seulement que ce
système Taylor, s'il était
appliqué dans d'autres conditions,
pourrait éventuellement conduire à
quelque chose de positif ; mais
dans notre système actuel, il ne
ferait qu'augmenter tous les
dommages du système.
|
45
|
Rudolf Steiner: Ich meinte nur, daß
dieses Taylor-System unter
Umständen, wenn es unter anderen
Voraussetzungen angewendet würde,
zu etwas Positivem führen könnte;
unter unserem jetzigen System aber
würde es alle Schäden des Systems
nur erhöhen.
|
Concernant la question
concrète : comment faisons-nous en
ce qui concerne les conseils
d'entreprise ? — N'oublions pas
que nous ne voulons faire que ce
qui se présente comme une
revendication. Nous devons
observer les revendications et
distinguer celles qui sont
essentielles de celles qui ne le
sont pas. Le système des conseils
est effectivement aujourd'hui une
réalité donnée, c'est-à-dire qu'il
n'existe peut-être qu'en germe,
mais celui qui observe
correctement les forces sociales
qui agissent dans notre organisme
social le comprend. Il en va de
même pour l'idée de conseils dans
ce cas particulier : les conseils
d'entreprise, les conseils de
transport et les conseils
économiques s'imposeront
d'eux-mêmes. Dans un premier
temps, nous n'avons là qu'un
pressentiment des travailleurs. Il
s'agit vraiment de la constitution
sociale des conseils d'entreprise,
pour laquelle on ne peut pas
établir de principes généraux. En
fait, il s'agit de s'habituer
enfin à rendre les initiatives
possibles, et vous aurez de telles
initiatives au moment où elles
seront déclenchées. Vous n'avez
rien d'autre à faire que de
populariser l'idée des conseils
d'entreprise - et c'est très
important aujourd'hui. Ensuite, il
faudra certainement répondre de
différentes manières à la question
dans les entreprises concrètes les
plus diverses : comment
faisons-nous cela ? — Cela peut
être fait d'une manière dans une
entreprise, d'une autre dans une
autre, en fonction des objectifs
et des personnes. Nous devons en
arriver à la possibilité de
constituer un corps de conseils
d'entreprise à partir des
entreprises, de créer un corps de
conseils d'entreprise séparé des
entreprises, qui agisse entre les
entreprises. C'est là que commence
vraiment le travail du corps de
conseils. La question de savoir
comment nous faisons, c'est à vous
de la résoudre au cas par cas.
Nous devons seulement comprendre
la pensée en général et la mettre
en pratique dans les cas
particuliers. [044]
|
46
|
Zu der konkreten Frage:
Wie machen wir es in bezug auf die
Betriebsräte? -- Vergessen wir
nicht, daß wir nur das machen
wollen, was als eine Forderung
auftritt. Wir müssen die
Forderungen beobachten und die
wesentlichen von den
unwesentlichen unterscheiden. Das
Rätesystem ist heute tatsächlich
eine gegebene Wirklichkeit, das
heißt, vielleicht ist es im Keim
erst vorhanden, aber wer die
sozialen Kräfte, die in unserem
sozialen Organismus wirksam sind,
richtig beobachtet, versteht dies.
So ist es mit dem Räte-Gedanken
auch in diesem speziellen Fall:
Betriebsräte, Verkehrsräte und
Wirtschaftsräte werden sich von
selbst geltend machen. Nun haben
wir zunächst damit nur eine
Vorempfindung der Arbeiterschaft.
Es handelt sich nun wirklich
darum, daß die soziale
Konstituierung der
Betriebsräteschaft entstehen soll,
daß dafür nicht allgemeine
Grundsätze aufgestellt werden
können. Tatsächlich handelt es
sich darum, daß wir uns endlich
gewöhnen, Initiativen möglich zu
machen, und solche Initiativen
werden Sie in dem Augenblick
haben, wo sie entfesselt werden.
Sie brauchen überhaupt nichts
anderes zu tun, als den
Betriebsrätegedanken populär zu
machen — und darauf kommt heute
sehr viel an. Dann wird sicher in
den verschiedensten konkreten
Betrieben in der
unterschiedlichsten Weise die
Frage beantwortet werden müssen:
Wie machen wir das? -- Es kann in
einem Betriebe so, in anderen
anders gemacht werden, je nach den
Zielen und Menschen. Wir müssen zu
der Möglichkeit kommen, daß aus
den Betrieben heraus eine
Betriebsräteschaft konstituiert
wird, daß sich von den Betrieben
absondert eine Betriebsräteschaft,
die zwischen den Betrieben wirkt.
Da beginnt eigentlich erst die
Arbeit der Räteschaft. Die Frage,
wie machen wir das, die müßten Sie
im einzelnen Fall dann lösen. Wir
müssen nur den Gedanken im
allgemeinen verstehen und im
einzelnen Falle ausführen.
|
De tout ce que nous avons
entendu ici aujourd'hui - nous
avons fait l'expérience que nous
ne gagnons aucune confiance -,
c'est quelque chose dont je pense
que dans chaque cas particulier,
si on l'examinait, on arriverait à
voir qu'il faudrait quand même
aborder la chose différemment.
Tout d'abord, il faudrait vraiment
accepter la nécessité de remettre
la vie de l'économie sur ses
propres pieds. Pensez seulement
quand même que si l'on fait cela,
alors il y a quand même purement
la marchandise et de la production
de marchandises dedans; on n'a
donc alors plus du tout affaire
avec le salaire. Certes, cela ne
peut pas être mis en
place/institué du jour au
lendemain. Mais l'ouvrier le
comprend si vous lui dites : on ne
peut pas abolir le système des
salaires du jour au lendemain. -
Mais si la tendance est d'abolir
le système salarial, de transférer
réellement sa force de travail
dans l'État de droit pour que soit
décidée sur elle- car elle
n'appartient pas à la vie de
l'économie -, alors il y a
purement un contrat de répartition
entre la direction et l'ouvrier.
C'est une chose concrète, qui doit
d'abord devenir vraiment réelle,
qui doit être portée dans chaque
entreprise particulière ; alors,
on pourra avancer avec les gens.
Mais malheureusement, la volonté
n'est pas là. Il n'y a par exemple
aucune compréhension [chez les
entrepreneurs] pour le fait que le
système salarial puisse être
dissous. On considère cela comme
une condition sine qua non de la
vie de l'économie.
|
47
|
Der ganze Tenor, den wir
hier heute gehört haben, wir haben
die Erfahrung gemacht, wir
gewinnen kein Vertrauen —: das ist
etwas, von dem ich glaube, daß man
in jedem einzelnen Fall, wenn man
ihn untersuchen würde, dazu käme
zu sehen, daß die Sache doch noch
anders angepackt werden müßte.
Zuerst müßte man sich wirklich
einlassen auf die volle
Notwendigkeit, das
Wirtschaftsleben auf seine eigenen
Füße zu stellen. Bedenken Sie doch
nur, wenn man das tut, dann ist
doch bloß Ware und Warenerzeugung
drin; man hat es dann ja gar nicht
mehr mit dem Lohn zu tun. Gewiß,
das kann nicht von heute auf
morgen eingerichtet werden. Aber
das versteht der Arbeiter, wenn
Sie ihm sagen: Man kann das
Lohnsystem nicht von heute auf
morgen abschaffen. — Aber wenn die
Tendenz dazu da ist, das
Lohnsystem abzuschaffen, dem
Arbeiter wirklich seine
Arbeitskraft in den Rechtsstaat
hineinzuverlegen, so daß dort über
sie entschieden wird — denn sie
gehört nicht in das
Wirtschaftsleben hinein —, dann
steht bloß ein Vertrag über
Verteilung zwischen Leitung und
Arbeiter da. Das ist eine konkrete
Sache, das muß zunächst wirklich
real werden, es muß hineingetragen
werden in jeden einzelnen Betrieb;
dann kommt man mit den Leuten
vorwärts. Dazu ist aber leider
nicht der Wille vorhanden. Es ist
zum Beispiel kein Verständnis [bei
den Unternehmern] dafür vorhanden,
daß das Lohnsystem abgelöst werden
kann. Man betrachtet das als eine
conditio sine qua non des
Wirtschaftslebens.
|
M. Dr Riebensam : je dis que les ouvriers
ont bien des conseils d'entreprise
[en tête, mais ils ne comptent
pas] avec l'objectif
[fondamental]. [Il faudrait le
leur montrer]. Vous le faites ici
en donnant des conférences.
|
48
|
Herr Dr. Riebensam: Ich sage, die Arbeiter
haben wohl Betriebsräte [im Kopf,
aber sie rechnen] nicht mit dem
[grundsätzlichen] Ziel. [Dieses
müßte man ihnen aufzeigen]. Sie
tun das hier, indem Sie Vorträge
halten.
|
Rudolf Steiner : pas chez les dirigeants
[des ouvriers], ils pensent dans
les anciennes voies, ils pensent
de manière bourgeoise.
|
49
|
Rudolf Steiner: Nicht bei den Führern
[der Arbeiter], die denken in den
alten Bahnen, die denken
bürgerlich.
|
M. Dr Riebensam : il est certain que nous
devons dire toutes ces choses aux
ouvriers, mais je dois d'abord
être moi-même clair à ce sujet, je
dois réfléchir à ces pensées.
Ensuite, je peux aussi essayer de
parler aux ouvriers et de les
influencer. Mais j'aimerais vous
demander si vous connaissez aussi
les conseils d'entreprise dans les
autres usines ? [045]
|
50
|
Herr Dr. Riebensam: Gewiß müssen wir all
diese Dinge der Arbeiterschaft
sagen, aber zuvor muß ich mir
selbst klar darüber sein, ich muß
diese Gedanken nachdenken. Dann
kann ich auch versuchen, mit den
Arbeitern zu sprechen und sie zu
beeinflussen. Aber da möchte ich
Sie fragen, ob Ihnen auch die
Betriebsräte in den andern
Fabriken bekannt sind?
|
Rudolf Steiner : Je ne connais que le
système Molt, qui a été introduit
sur la base de cette idée [sur le
corps de conseils d'entreprise].
|
51
|
Rudolf Steiner: Ich kenne nur das System
Molt, das ist aufgrund dieser Idee
[über die Betriebsräteschaft
eingeführt].
|
Emil Molt : un beau jour, parce que
nous avons vu qu'il y avait un
besoin, nous avons convoqué les
gens, nous avons discuté du but et
de l'objectif, puis nous avons dit
: les plus capables peuvent entrer
dans le conseil d'entreprise, mais
ils doivent savoir qu'ils ont
encore à apprendre. Ceux qui
entrent doivent apprendre dès le
premier jour, mais sous la
direction de quelqu'un. Ils
doivent apprendre ce qui est
nécessaire pour diriger une
entreprise. La confiance vient,
les gens voient alors qu'il n'est
pas si facile de diriger une
entreprise, tout comme les gens
comprennent aujourd'hui qu'il
n'est pas si facile de faire un
gouvernement. Les gens comprennent
alors que le directeur est le
premier conseil d'entreprise de
son affaire, parce qu'il est le
seul à connaître l'entreprise
depuis le bas de l'échelle.
Ensuite, on travaille avec les
gens sur des questions
fondamentales pour qu'ils sentent
que c'est là que se trouvent les
impondérables.
|
52
|
Emil Molt: Wir haben eines schönen
Tages, weil wir sahen, daß ein
Bedürfnis vorliegt, die Leute
einberufen, haben Ziel und Zweck
erörtert und dann gesagt: Es
können in den Betriebsrat die
Tüchtigsten hineinkommen, aber sie
müssen wissen, daß sie erst noch
zu lernen haben. Diejenigen, die
hereinkommen, müssen lernen vom
ersten Tage an, aber unter
Leitung. Sie müssen das lernen,
was notwendig ist zur Führung
eines Betriebes. Es kommt das
Vertrauen, die Leute sehen dann,
daß es nicht so leicht ist, einen
Betrieb zu leiten, wie auch die
Leute heute einsehen, daß es nicht
so leicht ist, eine Regierung zu
machen. Die Leute begreifen dann,
daß der Direktor der erste
Betriebsrat seines Geschäftes ist,
weil er der einzige ist, der den
Betrieb von unten herauf kennt.
Dann arbeitet man mit den Leuten
fundamentale Fragen durch, damit
sie spüren, so sind die
Imponderabilien.
|
M. Dr Riebensam : combien de personnes
avez-vous dans votre entreprise ?
|
53
|
Herr Dr. Riebensam: Wie viele Leute haben Sie
in ihrem Betrieb?
|
Emil Molt : Sept cents.
|
54
|
Emil Molt: Siebenhundert.
|
M. Dr Riebensam : avec qui dois-je
m'asseoir ?
|
55
|
Herr Dr. Riebensam: Mit wem soll ich mich
zusammensetzen?
|
Emil Molt : Ils viennent
d'eux-mêmes.
|
56
|
Emil Molt: Die kommen von selbst.
|
Dr Carl Unger : je pourrais apporter
quelques expériences, même si
elles ne sont que spécifiques,
parce que dans mon entreprise, il
s'agit d'ouvriers métallurgiques,
qui ont une mentalité un peu
différente de celle des autres
ouvriers. Mon expérience est que
nous avons établi un programme qui
n'est pas un programme en soi,
mais qui consiste simplement à
élaborer les grandes lignes d'un
conseil d'entreprise avant
l'arrivée du gouvernement, parce
que sinon, il n'y aura rien. Vous
avez dit que vous considériez
comme essentiel que le conseil
d'entreprise cherche à établir des
liens avec l'extérieur, qu'il se
mette en relation avec d'autres
conseils d'entreprise. La
condition préalable était l'appel
publié à l'époque, qui a circulé
dans notre entreprise. Dans toutes
les questions possibles qui ont
été discutées ici, on a toujours
recherché le point de vue de la
triarticulation. [Mais dans notre
entreprise, nous avons été
contraints] de faire les choses à
l'ancienne - mais cela n'a pas
vraiment sa place ici. [Toute
l'affaire des conseils
d'entreprise] doit être faite du
point de vue [046] du droit. [Et
c'est en fait aussi une bonne
chose que] les gens demandent la
triarticulation, car ils sont
ainsi instruits et transmettent
leur savoir dans leur cercle, car
l'idée de la triarticulation est
quelque chose qui doit œuvrer
d'homme à homme.
|
57
|
Dr. Carl Unger: Ich könnte einige, wenn
auch nur spezifische Erfahrungen
beitragen, weil es sich bei meinem
Betrieb um Metallarbeiter handelt,
die haben eine etwas andere
Mentalität als die andern
Arbeiter. Meine Erfahrungen gehen
dahin, daß wir ein Programm
aufgesetzt haben, das an und für
sich kein Programm ist, sondern es
geht bloß darum, die Grundzüge
für eine Betriebsräteschaft zu
erarbeiten, ehe die Regierung
kommt, weil sonst nichts draus
wird. Sie haben gesagt, Sie halten
es für wesentlich, daß der
Betriebsrat Verbindung nach außen
sucht, sich in Verbindung setzt
mit andern Betriebsräten. Die
Voraussetzung war der damals
erschienene Aufruf, der in unserem
Betrieb zirkulierte. Bei all den
möglichen Fragen, die jetzt hier
erörtert wurden, wurde stets nach
dem Gesichtspunkt der
Dreigliederung gesucht. [In
unserem Betrieb waren wir aber
gezwungen], es nach der alten
Weise zu machen — das gehört aber
eigentlich nicht hier herein. [Die
ganze Sache mit den Betriebsräten]
muß vom Rechtsstandpunkt aus
gemacht werden. [Und es ist
eigentlich auch gut, wenn] die
Leute nach der Dreigliederung
fragen, denn auf diese Weise
werden sie instruiert, und geben
ihr Wissen in ihrem Kreis weiter,
denn die Dreigliederungs-Idee ist
etwas, was von Mann zu Mann wirken
muß.
|
Dr Fritz Elsas : Monsieur le Dr Schmucker
a d'abord posé la question à
Monsieur le Dr Steiner de savoir
ce qu'il ferait s'il était
désormais nommé/appelé au
gouvernement conformément à la
résolution des travailleurs. Je
voudrais parler à titre purement
personnel et non politique, car du
point de vue politique, je ne
pense pas que cette demande soit
heureuse, et ce parce qu'elle ne
signifierait rien d'autre que de
demander au gouvernement de se
démettre lui-même. Car un tel
gouvernement, sans se désavouer
lui-même, n'appellera pas le
représentant de la pensée moderne
sans abdiquer. Comme cela ne
serait pas responsable et qu'un
mouvement aussi important ne
devrait pas naître avec quelque
chose qui n'a [dès le départ]
aucun succès, je n'ai jamais caché
ces doutes et je regrette qu'une
telle résolution ait été adoptée.
Toutefois, cela ne devrait pas
nous empêcher d'extraire ce qui
est approprié de ce désir non
sincère. D'après ce que je sais,
le Dr Schmucker est au ministère
du Travail. Pendant et après la
guerre, nous avons eu des
ministres qui n'étaient pas là
auparavant ; ce sont des signes
que l'ancien État fonctionnaire,
l'ancien État laquais n'est pas
devenu maître de cette immense
économie qui émerge depuis 60 ans
et qui doit chercher d'autres
formes, que nous le voulions ou
non, parce que ces formes ont
effectivement subi un fiasco. Les
États ont eux-mêmes montré que
c'était impossible s'ils se
construisaient de la sorte en
États économiques. C'est le sens
de cette catastrophe.
|
58
|
Dr. Fritz Elsas: Herr Dr. Schmucker hat
zunächst die Frage an Herrn Dr.
Steiner gerichtet, was er tun
würde, wenn er nunmehr gemäß der
Resolution der Arbeiter in die
Regierung berufen worden wäre. Ich
möchte rein persönlich, nicht
politisch sprechen, denn vom
politischen Standpunkt aus halte
ich dieses Verlangen nicht für
glücklich, und zwar deshalb nicht,
weil es nichts anderes bedeuten
würde, als das Verlangen an die
Regierung zu richten, sich selbst
abzusetzen. Denn eine solche
Regierung wird, ohne sich selbst
zu desavouieren, den Vertreter der
neuzeitlichen Gedanken nicht
berufen, ohne abzudanken. Da das
nicht zu verantworten wäre und da
eine solch bedeutende Bewegung
nicht entstehen sollte mit etwas,
was [von vornherein] keinen Erfolg
hat, so habe ich diese Bedenken
nie verhehlt und bedaure, daß
eine solche Resolution überhaupt
beschlossen wurde. Allerdings
sollte uns das nicht davon
abhalten, aus diesem
nichtrichtigen Verlangen das
herauszuschälen, was zweckmäßig
ist. Soviel ich weiß, sitzt Dr.
Schmucker im Arbeitsministerium.
Wir haben während dem Krieg und
nachher Minister bekommen, die
früher nicht da waren; das sind
Zeichen, daß der alte
Beamtenstaat, der alte
Lakaienstaat nicht Meister
geworden ist dieser ungeheuren,
seit 60 Jahren aufkommenden
Wirtschaft, die andere Formen
suchen muß, ob wir wollen oder
nicht, weil diese Formen jetzt
tatsächlich ein Fiasko erlitten
haben. Die Staaten haben selbst
gezeigt, daß es unmöglich ist,
wenn sie sich in der Weise zu
Wirtschaftsstaaten aufbauen. Das
ist der Sinn dieser Katastrophe.
|
Or, tous ces messieurs,
et en particulier
M. Riebensam, sont partis du
principe, à juste titre, que nous
nous trouvions dans une situation
extrêmement grave, dans laquelle
tout l'édifice peut s'écrouler.
Nous sommes dans une phase de
transition et devons d'abord
rester dans le domaine qui est
d'actualité et qui doit être
abordé immédiatement. Ce ne sont
pas des questions spirituelles,
mais économiques. M. Molt a
gagné la confiance de ses ouvriers
; mais ils ne sont pas de la
structure des ouvriers
métallurgistes. Ceux-ci sont en
fait - comme nous l'entendons -
déjà parvenus au point de vue du
nihilisme, qui entraîne les
dangers les plus aigus pour le
Wurtemberg. L'un de ces dangers,
Monsieur Riebensam, réside dans le
fait que vous considérez la chose
de manière trop tranchée du point
de vue purement industriel, parce
que [047] vous oubliez que le Land
de Wurtemberg ne compte pas
seulement les 8 000 [ouvriers de
Daimler] et les 5 000 ouvriers de
Bosch, mais aussi des
agriculteurs. Et quand ils
viendront, ce sera la guerre
civile. Que se passera-t-il alors,
je ne le sais pas.
|
59
|
Nun sind alle Herren mit
vollem Recht, besonders Herr Dr.
Riebensam, davon ausgegangen, daß
wir in einer ungeheuer schweren
Situation sind, bei der das ganze
Gebäude zugrundegehen kann. Wir
sind in einem Übergangsstadium
und müssen zunächst auf dem Gebiet
bleiben, welches Aktualität hat
und das sofort in Angriff genommen
werden muß. Das sind nicht
geistige Fragen, sondern
wirtschaftliche. Herr Molt hat das
Vertrauen seiner Arbeiter
erworben; die sind aber nicht von
der Struktur der Metallarbeiter.
Diese sind tatsächlich — wie wir
hören — schon auf dem Standpunkt
des Nihilismus angelangt, der die
schärfsten Gefahren für
Württemberg herbeiführt. Eine
dieser Gefahren liegt darin, Herr
Dr. Riebensam, daß Sie die Sache
zu scharf vom rein industriellen
Standpunkt ansehen, weil Sie
vergessen, daß das Land
Württemberg doch nicht bloß die 8
000 [Daimler-) und die 5 000
Bosch-Arbeiter hat, sondern auch
Bauern. Und wenn die kommen, dann
haben wir den Bürgerkrieg. Was
dann geschehen soll, das weiß ich
nicht.
|
La question qui se pose
est la suivante : si les ouvriers,
et pas seulement les ouvriers,
mais aussi les fonctionnaires,
exigent sans raison des choses
démesurées, s'ils se placent du
seul point de vue du consommateur,
[que se passe-t-il alors] ? Nous
devrions faire une tentative et
dire aux ouvriers, dans l'esprit
de la triarticulation : vos
ouvriers métallurgistes - et ce
dans toutes les entreprises - se
réunissent maintenant, forment une
coopérative de production - c'est
quelque chose de tout à fait
nouveau -, vous apportez tous les
apports en nature de votre
entreprise, votre force de
travail, et une nouvelle
organisation est créée. Je ne veux
pas dire que c'est nécessaire,
mais je peux imaginer que
l'ouvrier peut être gagné à la
cause de l'abolition du salaire en
tant qu'équivalent du travail,
sans qu'il soit nécessaire de
prendre une décision finale, car
un seul État ne peut presque pas
abolir le salaire. Si ces
entreprises, qui sont importantes
dans le Wurtemberg, constituaient
une telle coopérative de
production et rassuraient ainsi
les ouvriers, nous gagnerions du
temps pour la réalisation des
idées du Dr Steiner. Ce
rassemblement serait un
rassemblement organisé qui
s'exprimerait sous une forme de
droig quelconque. Chez vous,
Monsieur Riebensam, l'organisation
pourrait être différente de celle
des petites entreprises.
|
60
|
Die Frage stellt sich:
Wenn die Arbeiter unbegründet
Maßloses verlangen, nicht allein
die Arbeiter, sondern auch das
Beamtentum, wenn sie sich auf den
bloßen Konsumentengesichtspunkt
stellen, [was geschieht dann)? Wir
müßten den Versuch machen und den
Arbeitern nun sagen im Sinne der
Dreigliederung: Ihr Metallarbeiter
— und zwar sämtlicher Betriebe —,
geht jetzt einmal zusammen, bildet
eine Produktionsgenossenschaft —
das ist etwas ganz Neues —, Sie
bringen alle Sacheinlagen Ihres
Betriebes mit, Ihre Arbeitskraft,
und es entsteht eine neue
Organisation. Ich will nicht
sagen, daß das nötig ist, aber ich
kann mir denken, daß der Arbeiter
dafür zu gewinnen ist, für die
Abschaffung des Lohnes als
Äquivalent der Arbeit einzutreten,
ohne daß man eine letztgültige
Entscheidung zu treffen braucht,
denn ein einzelner Staat kann den
Lohn fast nicht abschaffen. Wenn
nun diese Betriebe, die in
Württemberg von Bedeutung sind,
einen solche
Produktionsgenossenschaft
zusammenstellten und dadurch die
Arbeiter beruhigt würden, hätten
wir Zeit gewonnen für die
Durchführung der Ideen Dr.
Steiners. Dieser Zusammenschluß
wäre ein organisierter
Zusammenschluß, der in
irgendwelchen Rechtsformen sich
äußert. Das könnte bei Ihnen, Herr
Dr. Riebensam, anders organisiert
sein als in Kleinbetrieben.
|
Et maintenant, l'autre
question : est-ce qu'un petit
État, un État moyen comme le
Wurtemberg, qui fait partie d'une
région économique fermée [avec sa
propre monnaie], peut vraiment
former un tel regroupement pour
lui-même ? L'étranger
fournira-t-il des matières
premières à de telles coopératives
? Le danger réside dans le fait
que les États étrangers, qui sont
des "États-capitaux" bien plus
grands et plus forts que
l'Allemagne à l'heure actuelle,
décideront de ne pas entrer en
relations économiques avec une
telle entité. Or, nous ne pouvons
pas nous nourrir nous-mêmes. La
question doit donc être examinée :
par où commençons-nous avec ces
organisations ?
|
61
|
Und nun die andere Frage:
Kann ein kleiner Staat, ein
mittlerer Staat wie Württemberg,
das einem abgeschlossenen
Wirtschaftsgebiet [mit eigenem
Geld angehört], überhaupt eine
derartige Gliederung für sich
bilden? Wird das Ausland
derartigen Genossenschaften
Rohstoffe liefern? Die Gefahr
liegt darin, daß die ausländischen
Staaten, die viel größere und
stärkere «Kapital-Staaten» sind
als Deutschland im Augenblick, zum
Entschluß kommen werden, mit einem
derartigen Gebilde nicht in
Wirtschaftsbeziehungen zu treten.
Wir können uns aber selbst nicht
ernähren. Also die Frage muß
geprüft werden: Wo beginnen wir
mit diesen Organisationen?
|
Rudolf Steiner : N'est-ce pas, ce serait
peut-être aller trop loin si je
voulais entrer dans les détails
des résumés précédents, je veux
plutôt entrer dans les questions.
|
62
|
Rudolf Steiner: Nicht wahr, es würde
vielleicht zu weit führen, wenn
ich auf Einzelheiten der
vorherigen Zusammenfassungen
eingehen wollte, ich will lieber
auf die Fragen eingehen.
|
On ne pourrait pas encore
considérer cela comme une
réalisation particulière de ce qui
est pensé par la triarticulation,
si, [048] à ma fois, tous les
métallurgistes du Wurtemberg
étaient traités comme vous l'avez
dit, bien que cela soit absolument
réalisable sur le plan formel.
Mais je dois souligner
expressément, lorsque je parle de
la triarticulation, que je
considère qu'une séparation
unilatérale de la vie économique
de la vie de l'État, laissant la
vie spirituelle à la vie de
l'État, est le contraire de ce qui
est recherché, car je considère
qu'une division en branches est
aussi nuisible qu'une
triarticulation est nécessaire.
Si, par de telles choses, une
branche économique particulière
était séparée, je ne considérerais
absolument pas cela comme allant
dans le sens de la
triarticulation. Toutefois, une
telle chose pourrait se produire
formellement dans un organisme
social qui travaille selon la
triarticulation. Maintenant,
n'est-ce pas, cela constituerait
aussi un test fondamental si l'on
pouvait envisager de telles
choses.
|
63
|
Als eine besondere
Verwirklichung desjenigen, was mit
der Dreigliederung gemeint ist,
würde das noch nicht gelten
können, wenn meinetwillen alle
Metallarbeiter Württembergs in der
Weise behandelt würden, wie Sie
gesagt haben, obwohl es sich
formal durchaus durchführen ließe.
Aber ich muß, wenn ich von der
Dreigliederung spreche,
ausdrücklich betonen, daß ich eine
einseitige Abgliederung des
Wirtschaftslebens vom Staatsleben
unter Verbleiben des geistigen
Lebens beim Staatsleben für das
Gegenteil des Erstrebten ansehe,
weil ich eine Zweigliederung für
ebenso schädlich wie eine
Dreigliederung für notwendig
halte. Wenn durch solche Dinge ein
einzelner Wirtschaftszweig
abgegliedert würde, würde ich das
durchaus nicht als im Sinne der
Dreigliederung ansehen. Es könnte
sich allerdings formell in einem
sozialen Organismus, der nach der
Dreigliederung hinarbeitet, so
etwas auch vollziehen. Nun, nicht
wahr, es würde ja auch eine
grundsätzliche Probe aufs Exempel
abgeben, wenn man solche Dinge ins
Auge fassen könnte.
|
Comme détail, je voudrais
seulement remarquer que
l'abolition du salaire, pensée de
manière conséquente, ne conduit
absolument pas à la conclusion
qu'un État isolé ne peut pas
abolir le salaire, parce que le
rapport de l'économie dans un tel
État qui abolit le salaire n'a pas
besoin de changer par rapport à
l'ensemble du monde extérieur
économique. Qu'à l'intérieur le
travailleur obtienne son revenu
dans le sens du libéralisme
économique ou qu'il l'obtienne
sous une autre forme, par exemple
à partir du produit de ce qu'il
produit et pour lequel il est déjà
associé au dirigeant, cela ne
change rien aux autres relations
économiques avec l'extérieur. Il
n'est donc pas exact qu'un seul
État ne puisse pas abolir le
salaire. Mais on ne peut pas non
plus soutenir l'opinion selon
laquelle un petit ou un grand État
ne peut pas réaliser cette chose
pour lui-même. Au contraire, dans
un petit ou un grand État, vous ne
pouvez certainement pas socialiser
dans le sens où le pensaient les
anciens socialistes. Je pense que
la socialisation telle que la
concevaient les anciens
socialistes ne peut mener qu'à
l'étranglement et au
rétrécissement absolus d'une seule
région économique. Si l'on tire
les conséquences extrêmes de
l'ancienne [049]socialisation, une
zone économique unique n'est en
fait rien d'autre que ce qui est
dominé par un seul grand livre.
Vous ne pourrez donc jamais
parvenir à une balance commerciale
positive, mais seulement à une
dévaluation progressive et totale
de l'argent. Vous pouvez alors
supprimer l'argent. Alors, la
possibilité même d'un lien
extérieur cesse absolument.
|
64
|
Als Einzelheit möchte ich
nur bemerken, daß die Abschaffung
des Lohnes, konsequent durchdacht,
durchaus nicht zu der Anschauung
führt, daß ein einzelner Staat den
Lohn nicht abschaffen kann, weil
das Verhältnis der Wirtschaft in
einem solchen Staate, der den Lohn
abschafft, zur gesamten
wirtschaftenden Außenwelt sich gar
nicht zu ändern braucht. Ob im
Innern der Arbeiter im Sinne des
wirtschaftlichen Liberalismus zu
seinem Einkommen kommt oder ob er
in einer anderen Form dazu kommt,
zum Beispiel aus dem Erträgnis
dessen, was er hervorbringt, für
das er bereits Kompagnon ist mit
dem Leiter, das ändert nichts an
den sonstigen
Wirtschaftsbeziehungen nach außen
hin. Es ist also nicht richtig,
daß ein einzelner Staat den Lohn
nicht abschaffen kann. Ebensowenig
aber ist die Ansicht
aufrechtzuerhalten, daß ein
Kleinstaat oder ein Großstaat für
sich diese Sache nicht durchführen
kann. Im Gegenteil, in einem
Klein- oder Großstaat können Sie
gewiß nicht sozialisieren in dem
Sinne, wie die alten Sozialisten
gedacht haben. Ich glaube
überhaupt, daß Sozialisieren im
Sinne der alten Sozialisten zu
nichts anderem führen kann als zur
absoluten Abschnürung und
Einschnürung eines einzelnen
Wirtschaftsgebietes. Zieht man
die äußersten Konsequenzen aus der
alten Sozialisierung, so ist
eigentlich im Grunde genommen ein
einzelnes Wirtschaftsgebiet nichts
anderes als das, was von einem
einzelnen Hauptbuch beherrscht
wird. Damit können Sie niemals zu
einer positiven Handelsbilanz
kommen, sondern nur zu einer
allmählichen, völligen Entwertung
des Geldes. Dann können Sie das
Geld abschaffen. Dann hört die
Möglichkeit einer äußeren
Verbindung überhaupt auf.
|
Donc toutes ces choses
ont été la base pour penser à
cette triarticulation, parce
qu'elle donne la seule possibilité
que chaque domaine individuel, le
domaine économique, le domaine du
droit et le domaine de l'esprit,
puisse réaliser la chose. Les
relations avec l'extérieur ne
changeront en aucune autre
manière, si ce n'est qu'il ne sera
plus possible, par exemple, que
les mesures politiques perturbent
l'économie. Le domaine économique
fonctionnera vers l'extérieur, et
les choses qui, par exemple, dans
le problème du chemin de fer de
Bagdad, ont réuni les trois
intérêts en une seule pelote, ne
pourront plus se produire, de
sorte qu'en fin de compte, le
problème du chemin de fer de
Bagdad est devenu l'une des
principales causes de la guerre.
Vous voyez ces trois choses
ficelées ensemble.
|
65
|
Also alle diese Dinge
sind die Grundlage dafür gewesen,
an diese Dreigliederung zu denken,
weil sie die einzige Möglichkeit
gibt, daß jedes einzelne Gebiet,
das Wirtschafts-, das Rechts- und
das Geistesgebiet, die Sache
durchführen kann. Die Beziehungen
nach außen hin werden sich in
keiner anderen Weise ändern, als
daß es nicht mehr möglich sein
wird, daß zum Beispiel die
politischen Maßnahmen die
Wirtschaft stören. Es wird das
Wirtschaftsgebiet nach außen
wirtschaften, und es werden nicht
mehr die Dinge auftreten können,
die zum Beispiel im
Bagdadbahn-Problem alle drei
Interessen in einen Knäuel
zusammengedrängt haben, so daß zum
Schluß das Bagdadbahn-Problem zu
einer der wichtigsten
Kriegsursachen geworden ist. Da
sehen Sie diese drei Dinge
zusammengeschnürt.
|
J'attire encore une fois
l'attention sur le fait que la
triarticulation a été pensée en
termes de politique étrangère,
c'est-à-dire qu'elle a été pensée
pour offrir la possibilité de
mener la vie économique au-delà
des frontières politiques, selon
des points de vue purement
économiques, de sorte que la vie
politique ne puisse jamais se
mettre en travers de son chemin.
Cela signifie que dans les
domaines qui n'appliquent pas la
triarticulation, il y aurait des
dommages, mais il n'y aurait tout
d'abord aucune raison réelle pour
la vie économique [démembrée] que
l'étranger ne s'engage pas dans
des [relations économiques], si
autrement l'économique est
rentable pour l'étranger. Cela ne
dépendra que de cela, même si une
région économique n'est pas
indépendante, si elle est
entièrement impulsée par la
politique ; car toutes ces choses
qui touchent l'étranger ne sont
pas touchées par la
triarticulation. [050]
|
66
|
Ich mache noch einmal
darauf aufmerksam, daß die
Dreigliederung außenpolitisch
gedacht ist, also gedacht worden
ist, um die Möglichkeit zu bieten,
über die politischen Grenzen
hinaus nach rein wirtschaftlichen
Gesichtspunkten das
Wirtschaftsleben zu betreiben, so
daß ihm niemals das politische
Leben ins Gehege kommen kann. Das
heißt, es würden auf den Gebieten,
die die Dreigliederung nicht
durchführen, die Schäden da sein,
aber es läge zunächst für das
[abgegliederte] Wirtschaftsleben
kein eigentlicher Grund vor, daß
das Ausland sich nicht auf
[wirtschaftliche Beziehungen]
einließe, wenn sonst das
Wirtschaftliche sich rentiert für
das Ausland. Davon wird es ja nur
abhängen, selbst wenn ein
Wirtschaftsgebiet nicht unabhängig
ist, wenn es ganz vom Politischen
impulsiert ist; denn alle diese
Dinge, die das Ausland berühren,
werden nicht berührt von der
Dreigliederung.
|
Aujourd'hui, il y a une
grande inquiétude : prenons un cas
concret. Supposons que la Bavière
procède maintenant à sa
socialisation, une telle
socialisation, conçue de manière
bureaucratique et centralisée,
rendrait impossible, saperait
toute une série de liens libres
entre les entreprises nationales
et l'industrie étrangère. En
revanche, la triarticulation fait
sortir la force de travail du
territoire économique, ce qui
donne à l'ouvrier la possibilité
d'être un compagnon libre face au
chef de travail. Ainsi, l'ouvrier
peut vraiment avoir la part qui
lui revient au sein du secteur
économique, si l'on cesse de tout
confondre. Aujourd'hui, on n'a
plus de prix objectifs, mais on a
le rapport salarial dans la vie
économique. Si vous enlevez cela,
vous avez enlevé d'un côté
l'inquiétude des travailleurs. Et
maintenant, retirez [de l'autre
côté] le rapport de capital, du
fait que vous avez l'organisme
spirituel qui doit toujours
veiller aux capacités de ceux qui
doivent être là pour diriger les
entreprises. Vous avez ainsi
retiré les deux principales
pierres d'achoppement du corps
économique, et vous n'avez pas
touché à quelque chose qui se
déroule dans les échanges
économiques avec l'étranger. Il
n'y a donc aucune raison pour que
l'étranger se montre hostile, car
il ne perd rien, il peut continuer
à mener sa vie économique
exactement comme avant.
|
67
|
Heute besteht die große
Sorge: Nehmen wir einen konkreten
Fall an. Nehmen wir an, Bayern
würde seine Sozialisierung jetzt
durchführen, dann würden mit einer
solchen
bürokratisch-zentralistisch
gedachten Sozialisierung eine
ganze Menge von freien
Verbindungen von inländischen
Betrieben mit der ausländischen
Industrie alle unmöglich gemacht,
untergraben. Dagegen wird durch
die Dreigliederung die
Arbeitskraft herausgenommen aus
dem Wirtschaftsgebiet, was also
dem Arbeiter die Möglichkeit gibt,
als freier Kompagnon dem
Arbeitsleiter gegenüberzutreten.
Dadurch aber kommt der Arbeiter
dazu, wirklich den Anteil haben zu
können, der sich innerhalb des
Wirtschaftsgebietes ergibt, wenn
man nicht mehr alles
durcheinanderbringt. Man hat heute
eigentlich nicht mehr objektive
Preise, sondern man hat da drin
das Lohnverhältnis im
Wirtschaftsleben. Nehmen Sie
dieses heraus, so haben Sie auf
der einen Seite die Beunruhigung
durch die Arbeiter herausgenommen.
Und nehmen Sie jetzt [auf der
anderen Seite] heraus das
Kapitalverhältnis, dadurch, daß
Sie den geistigen Organismus da
haben, der immer zu sorgen hat für
die Fähigkeiten derjenigen, die da
sein sollen, um die Betriebe zu
leiten. So haben Sie die zwei
hauptsächlichen Steine des
Anstoßes aus dem Wirtschaftskörper
herausgenommen, und Sie haben doch
nicht etwas tangiert, was sich im
Wirtschaftsverkehr mit dem Ausland
abspielt. Daher ist kein Grund
vorhanden, daß das Ausland sich
ablehnend verhält, denn es
verliert nichts, es kann das
Wirtschaftsleben betreiben genau
wie früher.
|
Cette réorganisation [par
le corps de conseils d'entreprise]
est justement pensée du point de
vue de la vie de l'économie. Si
l'on pense à l'Allemagne, toute
une myriade de fils fins qui
existent avec l'étranger
s'organiseront d'un seul coup, de
toutes les entreprises. On ne peut
effectivement rien faire d'autre
que de procéder à une
restructuration de la vie sociale
qui permette à l'avenir de réguler
effectivement la marchandise par
la marchandise, de sorte qu'il
existe un indice/index précis
autour duquel les marchandises se
regroupent en fonction de leur
valeur. Ainsi sera créée la
possibilité que ce que l'individu
produit ait la [051] valeur que
doivent avoir tous les produits
dont il a besoin pour façonner sa
vie. Dans notre organisme de
division du travail, toute
socialisation doit aboutir à ce
que ce que l'individu produit au
cours de l'année corresponde à ce
dont il a besoin pour vivre. Si
nous éliminons le rapport salarial
et le rapport de capital, nous
obtenons le pur rapport
marchand/de marchandise. C'est
toutefois quelque chose qu'il faut
se décider à penser entièrement. A
cet instant, on trouvera que c'est
très facile.
|
68
|
Diese Neuordnung [durch
die Betriebsräteschaft] ist gerade
unter dem Gesichtspunkt des
Wirtschaftslebens gedacht. Wenn an
Deutschland gedacht wird, werden
eine ganze Unsumme von feinen
Fäden, die mit dem Ausland
bestehen, sich mit einem Schlag
organisieren, aus allen Betrieben.
Man kann tatsächlich nichts
anderes tun, als eine Umschichtung
vornehmen im sozialen Leben, die
es möglich macht, daß in der
Zukunft tatsächlich Ware durch
Ware sich reguliert, so daß ein
genauer Index dasein wird, um den
sich die Waren gruppieren in ihrem
Wert. Dadurch wird die Möglichkeit
geschaffen, daß das, was der
einzelne produziert, den Wert hat,
welchen alle die Produkte haben
müssen, die er braucht zu seiner
Lebensgestaltung. Bei unserem
arbeitsteiligen Organismus muß
alle Sozialisierung ja darauf
hinauslaufen, daß das, was der
einzelne Mensch produziert im
Verlauf des Jahres, gleichkommt
dem, was er braucht für seine
Lebenserhaltung. Werfen wir heraus
das Lohn-, das Kapitalverhältnis,
dann kriegen wir das reine
Warenverhältnis. Das ist
allerdings etwas, was ganz
durchzudenken man sich
entschließen muß. In dem
Augenblick wird man finden, daß
das ganz leicht ist.
|
Dr Fritz Elsas : Je ne suis pas contre le
fait que l'organisme spirituel se
gère lui-même ; je dis seulement
que ça durera plus longtemps et
que ce n'est pas urgent.
|
69
|
Dr. Fritz Elsas: Ich bin nicht dagegen,
daß der geistige Organismus sich
selbst verwaltet; ich sage nur,
das wird länger dauern und ist
nicht dringend.
|
Rudolf Steiner : C'est urgent parce que
nous avons la nécessité de créer
tout de suite une base pour
l'éducation de travailleurs
spirituels que nous ne pouvons pas
produire avec notre vie de
l'esprit étatique actuelle. Ce qui
est terrible aujourd'hui, c'est
que notre vie de l'esprit
estampillée étatiquement est très
éloignée de la vie pratique. Même
dans les universités, les gens
sont formés de telle manière - ils
ne sont pas formés dans la
pratique, mais uniquement dans la
théorie - qu'ils ne se tiennent
pas dans la vie. N'est-ce pas, je
pense par exemple que ce système
scolaire sera à l'avenir tel que
le praticien qui se trouve dans
l'usine, dans l'entreprise,
conviendra particulièrement comme
enseignant, et éventuellement, je
pense que ces [enseignants]
alterneront continuellement [entre
l'école et l'entreprise].
|
70
|
Rudolf Steiner: Es ist deshalb dringend,
weil wir die Notwendigkeit haben,
eine Grundlage zu schaffen gerade
für die Erziehung von geistigen
Arbeitern, die wir mit unserem
jetzigen staatlichen Geistesleben
nicht hervorbringen. Das ist ja
heute das Schreckliche, daß unser
staatlich gestempeltes
Geistesleben dem wirklich
praktischen Leben ganz fern steht.
Selbst an den Hochschulen werden
die Leute so ausgebildet — sie
werden nicht praktisch, sondern
nur theoretisch ausgebildet —, daß
sie nicht im Leben drinstehen.
Nicht wahr, ich denke mir zum
Beispiel dieses Schulwesen in der
Zukunft so, daß der Praktiker, der
in der Fabrik, im Betrieb steht,
sich besonders eignen wird als
Lehrer, und eventuell, so denke
ich, diese [Lehrer] fortwährend im
Wechsel [zwischen Schule und
Betrieb].
|
M. Dr Stadler : C'est par hasard que je
suis venu ici aujourd'hui, et je
voudrais me permettre d'exprimer
mon opinion en tant qu'invité. Ce
que vous faites ici se fait
actuellement de manière similaire
dans de nombreuses régions
d'Allemagne. Ce que je vois
actuellement à Berlin, c'est une
lutte spirituelle inouïe du peuple
allemand avec les problèmes de la
révolution. À Berlin, il y a une
multitude de cercles,
d'organisations, d'associations,
de groupes informels, qui se
réunissent tous de la même manière
que vous ce soir et qui parlent de
cette affaire. En effet, nous
assistons en Allemagne non
seulement à l'effondrement
politique [052] et économique,
mais aussi à la dissolution
spirituelle de tout l'ancien
système. Et lors de cet
effondrement, le peuple allemand
est déjà à nouveau prêt à tenter
de suivre sa propre voie. Les
praticiens posent des problèmes
aux théoriciens et contrecarrent
leurs objectifs avec leurs
questions pratiques. Ils ont
également raison, car ils vivent
dans la pratique. La difficulté
réside dans le fait que dans toute
l'Allemagne, on fixe des objectifs
lointains dont la réalisation
nécessiterait une ou deux
générations de travail, alors que
nous sommes en plein effondrement
effectif. Si, contrairement à
Rudolf Steiner et à d'autres, je
constate que M. Steiner a en
fait élaboré une pensée à laquelle
une grande partie des personnes
présentes peut souscrire sur le
plan émotionnel, mais dont les
purs praticiens ne peuvent se
contenter — je dis bien les
praticiens, car l'un est
conseiller d'État [M. Dr
Schmucker], l'autre est un
entrepreneur de pointe [M. Dr
Riebensam] -, car ils doivent se
demander : quelle est la voie à
suivre demain, car cela ne nous
fera pas avancer ? La solution ne
pourra pas être trouvée [aussi
facilement] ; elle est si
extraordinairement compliquée que
l'on reste dans l'irréel avec un
système de pensée et qu'il ne
convient plus pour résoudre des
questions réelles. Tous ces
programmes d'action se heurtent
toujours à telle ou telle
résistance de la part des
industriels, des politiques et des
juristes. Ce qui est heureux en
Allemagne, c'est que l'on pense et
que l'on cherche, contrairement à
la Russie, où l'on n'a pas pensé
pendant toute la période de la
révolution. Ainsi, la Russie est
effectivement en train de sombrer
- sur le plan étatique et
économique. Je suppose qu'il en
sera de même pour nous en
Allemagne, malgré les nombreux
efforts spirituels, parce que le
cours des choses nous empêche
d'arriver à temps à une synthèse
politique. Il y a justement des
théoriciens qui s'accrochent à un
système quelconque, tandis qu'il y
a des praticiens qui freinent ;
cela ne peut donc se faire que par
la force, car entre les deux
extrêmes, la politique allemande
ne fait que dériver et tout
laisser se produire. Nos
politiciens de parti n'ont aucune
idée de ce qui est spirituel. J'ai
l'honneur de connaître
personnellement des hommes d'État
de premier plan. J'ai la triste
conviction qu'ils n'ont rien en
eux de l'esprit du temps, rien en
eux de la foi en l'avenir et
qu'ils réfléchissent seulement à
la manière de se maintenir aux
commandes/à la rame du jour au
lendemain.
|
71
|
Herr Dr. Stadler: Ich bin durch einen
Zufall heute hierhergekommen, und
ich möchte mir erlauben, als Gast
meine Meinung zum Ausdruck zu
bringen. Das, was Sie hier tun,
wird zur Zeit in vielen Teilen
Deutschlands an allen Ecken und
Enden in ähnlicher Weise auch
gemacht. Was ich in Berlin zur
Zeit erlebe, ist ein unerhörtes
geistiges Ringen des deutschen
Volkes mit den Problemen der
Revolution. In Berlin sind
massenhaft Zirkel,
Organisationen, Vereinigungen,
lose Gruppierungen, die alle in
ähnlicher Weise wie Sie heute
Abend zusammentreten und über
diese Sache sprechen. Wir erleben
nämlich in Deutschland nicht nur
den politischen und
wirtschaftlichen Zusammenbruch,
sondern die geistige Auflösung des
ganzen alten Systems. Und bei
diesem Zusammenbruch ist das
deutsche Volk schon wieder so
weit, daß es seinen selbständigen
Weg zu gehen versucht. Die
Praktiker machen den Theoretikern,
Schwierigkeiten und durchkreuzen
mit ihren praktischen Fragen deren
Ziele. Sie haben auch recht, denn
sie leben in der Praxis. Die
Schwierigkeit besteht überhaupt
darin, daß in ganz Deutschland
Fernziele aufgestellt werden, zu
deren Verwirklichung ein bis zwei
Generationen Arbeit nötig wären,
während wir mitten im
tatsächlichen Zusammenbruch
stehen. Wenn ich im Gegensatz zu
Rudolf Steiner und anderen
feststelle, daß Herr Dr. Steiner
einen Gedanken eigentlich
ausgedacht hat, dem ein großer
Teil der Anwesenden gefühlsmäßig
zustimmen kann, mit dem sich aber
die reinen Praktiker nicht
begnügen können -- ich sage
Praktiker, weil der eine
Regierungsrat [Herr Dr.
Schmucker], der andere ein
Spitzenunternehmer [Herr Dr.
Riebensam] ist —, denn die müssen
sich fragen: Wie ist der Weg
morgen, denn damit kommen wir
nicht weiter? Die Lösung wird
nicht [so einfach] gefunden
werden können; sie ist so
außerordentlich kompliziert, daß
man mit einem Gedankensystem im
Irrealen verbleibt und es für die
Lösung realer Fragen nicht mehr
paßt. Alle diese Aktionsprogramme
stoßen immer wieder auf den oder
jenen Widerstand bei
Industriellen, Politikern und
Juristen. Das Glückliche in
Deutschland ist, daß überhaupt
gedacht und gesucht wird im
Gegensatz zu Rußland, wo während
der ganzen Revolutions zeit
eigentlich nicht gedacht worden
ist. So ist Rußland tatsächlich im
Untergang — staatlich und
wirtschaftlich. Ich vermute, daß
es uns in Deutschland trotz der
vielen geistigen Bemühungen auch
so gehen wird, weil der Gang der
Dinge es uns unmöglich macht,
rechtzeitig zur politischen
Synthese zu kommen. Es gibt eben
Theoretiker, die an irgendeinem
System festhalten, während es
Praktiker gibt, die bremsen; es
kann also nur mit Gewalt
geschehen, weil zwischen den zwei
Extremen die deutsche Politik sich
nur noch treiben und alles
geschehen läßt. Unsere
Parteipolitiker haben vom
Geistigen keine Ahnung. Ich habe
die Ehre, führende Staatsmänner
persönlich zu kennen. Ich gehe mit
dem traurigen Glauben davon, daß
sie nichts vom dem Geiste der Zeit
in sich haben, nichts vom Glauben
an die Zukunft in sich tragen und
nur überlegen, wie sie von heute
auf morgen gerade noch sich am
Ruder halten.
|
Mais vous devriez vous
demander s'il n'y a pas des
possibilités de mettre en lien ce
que vous essayez de faire ici le
plus rapidement possible avec des
efforts similaires qui sont
entrepris dans toute l'Allemagne,
afin que vous [053] ne vous
sentiez pas isolés. Il serait
juste que vous soyez conscients
que l'Allemagne n'est pas le petit
cercle qui se réunit ici en ce
moment. Si vous ne parvenez pas à
former une phalange, cette
tentative, parce qu'elle ne peut
être que locale, est vouée à
l'échec. Vous ne pouvez pas créer
quelque chose dans le Wurtemberg,
faire la triarticulation, si toute
l'Allemagne va au diable. Vous ne
pouvez pas introduire des conseils
d'entreprise si l'ensemble de la
politique ne suit pas. Soit vous
vous réunissez en un mouvement de
renouveau spirituel et vous
renoncez à entrer en matière sur
la Realpolitik du jour — vous
devez alors accepter la
destruction, le chaos -, soit vous
voulez non seulement aspirer à un
renouveau, mais aussi agir en
pratique, en Realpolitik pour
aujourd'hui, demain, et alors vous
devez former une phalange avec
toutes les forces du peuple
allemand qui vont dans le même
sens et faire des concessions aux
réalités de la vie. Cela signifie
que vous devez commencer [par
exemple] à élaborer un système
très concret de conseils
d'entreprise, à faire des
propositions concrètes en matière
de politique étrangère.
Excusez-moi de critiquer en tant
qu'étranger, mais j'ai de bonnes
intentions à votre égard et à
l'égard du peuple allemand, que
j'ai à cœur de préserver.
|
72
|
Sie müßten sich aber
überlegen, ob es nicht
Möglichkeiten gibt, das, was Sie
hier versuchen, möglichst schnell
in Verbindung mit ähnlichen
Bestrebungen zu setzen, die in
ganz Deutschland getätigt werden,
damit Sie sich nicht isoliert
vorkommen. Es wäre richtig, wenn
Sie sich dessen bewußt wären, daß
Deutschland nicht der kleine Kreis
ist, der hier augenblicklich
versammelt ist. Wenn es nicht
gelingt, eine Phalanx zu bilden,
ist dieser Versuch, weil er nur
ein lokaler sein kann, zum
Mißerfolg verurteilt. Sie können
nicht in Württemberg etwas
gestalten, die Dreigliederung
vornehmen, wenn ganz Deutschland
zum Teufel geht. Sie können nicht
Betriebsräte einführen, wenn die
gesamte Politik nicht mitkommt.
Entweder Sie schließen sich zu
einer geistigen
Erneuerungsbewegung zusammen und
verzichten, auf die Realpolitik
des Tages einzugehen -- Sie haben
dann in Kauf zu nehmen Untergang,
Chaos —, oder Sie wollen nicht nur
eine Erneuerung anstreben,
sondern zugleich auch praktisch,
realpolitisch für heute, morgen
wirken, dann müssen Sie mit all
den gleichgerichteten Kräften des
deutschen Volkes eine Phalanx
bilden und Zugeständnisse an die
Realitäten des Lebens machen. Das
heißt, Sie müssen [zum Beispiel]
beginnen, ein ganz konkretes
Betriebsrätesystem auszuarbeiten,
konkrete außenpolitische
Vorschläge zu machen.
Entschuldigen Sie, wenn ich als
Außenstehender kritisiere, aber
ich meine es gut mit Ihnen und mit
dem deutschen Volk, an dessen
Erhaltung mir gelegen ist.
|
M. Jaeger : j'aimerais être bref.
J'ai eu l'impression, au cours de
la discussion, que la tendance
générale est de se demander
comment nous pouvons, dans un
premier temps, emprunter le chemin
qui mène à l'objectif que nous
montre M. Steiner. Cette
question nous préoccupe tous. Si
la création des conseils
d'entreprise, comme le demande
M. Steiner, pose déjà tant de
problèmes, nous ne devons pas
oublier que ce n'est qu'un tout
petit début. Pour organiser la vie
économique, nous avons besoin non
seulement de conseils d'entreprise
pour les usines, mais aussi de
tout un système de conseils en
général. Mais si nous en parlons
aujourd'hui, nous devons être
conscients qu'il n'existe pas
encore de système de conseils, car
ce qui a été pratiqué chez nous
jusqu'à présent par les conseils
n'est pas encore un système ;
c'est l'absence de système. Nous
devrions d'abord discuter de
questions individuelles et nous
efforcer dès maintenant de faire
un début et de commencer par ces
conseils.
|
73
|
Herr Jaeger: Ich möchte mich kurz
fassen. Ich habe in der Diskussion
den Eindruck gewonnen, daß
ziemlich allgemein die Tendenz
nach der Frage hingeht: Wie
beschreiten wir zunächst praktisch
den Weg, der zu dem Ziel führt,
wie es uns Herr Dr. Steiner vor
Augen führt? Diese Frage
beschäftigt uns alle. Wenn nun
schon die Schaffung der
Betriebsräte, wie sie Herr Dr.
Steiner fordert, so viel
Schwierigkeit macht, so müssen wir
nicht vergessen, daß damit erst
ein ganz kleiner Anfang gemacht
ist. Wir brauchen, um das
Wirtschaftsleben zu gestalten,
nicht nur Betriebsräte für die
Fabriken, sondern ein ganzes
Rätesystem überhaupt. Aber wenn
wir heute davon sprechen, so
müssen wir doch nun darüber klar
sein, daß noch gar kein Rätesystem
existiert, denn was bei uns bis
jetzt von den Räten praktiziert
wurde, ist ja eben noch gar kein
System; es ist Systemlosigkeit.
Wir müßten zunächst einzelne
Fragen besprechen und uns jetzt
schon bemühen, einen Anfang zu
machen und mit diesen Räten
beginnen.
|
Et maintenant une
question concrète : le
représentant des usines Daimler a
beaucoup parlé du conseil
d'entreprise et de la relation
avec les ouvriers. Monsieur
Riebensam a posé la question de
savoir comment il devait procéder
pour entrer en contact avec le
corps des ouvriers de Daimler et
gagner leur confiance. [054]Je
pense que si l'on veut atteindre
un grand objectif, il faut d'abord
regarder à petite échelle, en
faisant un pas pratique comme
M. Molt. [Je voudrais donc
demander] : N'est-il pas possible
que M. Steiner, avec les
messieurs qui souhaitent cette
stimulation, agisse lui-même
pratiquement auprès des ouvriers
des usines Daimler, afin d'en
stimuler d'autres, grâce à cet
objectif atteint ? Nous n'avons
pas seulement besoin de la
confiance des ouvriers, mais aussi
de la bienveillance des
industriels, des directeurs
d'usine, qui sont [au début]
hostiles à de telles choses.
|
74
|
Und nun eine konkrete
Frage: Es ist sehr viel von dem
Vertreter der Daimler-Werke über
den dortigen Betriebsrat und über
das Verhältnis zu den Arbeitern
gesprochen worden. Herr Dr.
Riebensam hat die Frage gestellt,
wie er vorgehen solle, um mit den
Arbeitern bei Daimler richtig in
Fühlung zu kommen und das
Vertrauen dieser Arbeiterschaft zu
gewinnen. Ich meine, wenn man zu
einem großen Ziel kommen will, man
erst im kleinen schauen muß, indem
man wie Herr Molt einen
praktischen Schritt tut. [So
möchte ich fragen]: Ist es denn
nicht möglich, wenn Herr Dr.
Steiner gemeinsam mit den Herren,
die diese Anregung wünschen, sich
selbst praktisch bei der
Arbeiterschaft der Daimler-Werke
betätigen würde, um durch dieses
erreichte Ziel andere anzuregen?
Wir brauchen nicht nur das
Vertrauen der Arbeiter, sondern
auch das Entgegenkommen der
Industriellen, der
Betriebsleiter, die [solchen
Dingen zunächst] ablehnend
gegenüberstehen.
|
Rudolf Steiner : On ne peut répondre à
cette question que si cette
tentative pratique pouvait
vraiment être faite - elle
pourrait certainement être faite -
mais je veux dire qu'il faudrait
d'abord être à l'intérieur des
usines Daimler.
|
75
|
Rudolf Steiner: Auf diese Frage kann nur
geantwortet werden, wenn nun
wirklich dieser praktische Versuch
gemacht werden könnte — er könnte
gewiß gemacht werden —, aber ich
möchte meinen, man müßte ja erst
drinnen sein in den
Daimler-Werken.
|
Un intervenant : quand on est à
l'intérieur, c'est justement la
confiance qui fait défaut, c'est
ça la difficulté. Les
personnalités dirigeantes ont du
mal à gagner la confiance. Ceux
qui sont élus par les ouvriers
sont à nouveau combattus
lorsqu'ils s'entendent avec la
direction. Il s'agit d'expliquer
aux travailleurs : grâce à cette
triarticulation, nous pouvons
atteindre des objectifs pratiques
; nous voulons seulement être un
lien pour vous rassembler, pour
vous montrer le chemin.
|
76
|
Ein Diskussionsredner: Wenn man drinnen ist,
fehlt es eben am Vertrauen, das
ist die Schwierigkeit. Leitende
Persönlichkeiten haben es schwer,
Vertrauen zu gewinnen. Die, die
von der Arbeiterschaft gewählt
sind, werden ja, wenn sie mit der
Direktion sich verständigen,
wieder bekämpft. Es handelt sich
darum, den Arbeitern zu erklären:
Durch diese Dreigliederung können
wir zu praktischen Zielen kommen;
wir wollen nur Verbindungsglied
sein, um euch zusammenzubringen,
um euch den Weg zu zeigen.
|
Rudolf Steiner : On ne peut le faire que
si l'on gagne par exemple les
ouvriers à la compréhension d'un
objectif commun qui peut être
réalisé en dehors des murs de
l'entreprise concernée. Si l'on
voulait aller plus loin - et c'est
ainsi que cela aurait un but ; il
devrait être possible d'amener les
ouvriers à ce but -, on devrait
essayer de réaliser quelque chose
par soi-même. Cela ne mènerait
qu'à l'expulsion par la direction
de l'usine Daimler. On m'a dit
qu'il était tout de même très
étrange que je reçoive la
confiance des ouvriers et que je
fasse les choses très différemment
de ce qui se fait habituellement.
Cette manière de faire repose sur
le fait que je ne promets rien aux
ouvriers, mais [055] que je leur
explique simplement les processus
et autres choses de ce genre.
C'est la grande différence : en
fait, je ne promets rien - je peux
vraiment le faire avec les
ouvriers de Daimler-Werke comme je
le fais maintenant -, je ne peux
rien promettre parce que je sais
certainement que la direction de
l'entreprise me mettrait à la
porte si je faisais des promesses.
Nous ne devons pas oublier qu'il
ne s'agit pas aujourd'hui
d'abstractions nébuleuses telles
que "toute l'Allemagne" ou "ce qui
s'effondre", mais qu'il s'agit
effectivement de comprendre le
point individuel, de travailler à
partir de ce point individuel. Si
une fois seulement, dans un point
particulier, une véritable
compréhension était éveillée pour
les exigences qui se trouvent dans
les conditions réellement réelles
et pour leur satisfaction, le
préjugé ne surgirait pas toujours
à nouveau : C'est quelque chose de
généralement idéaliste, qui n'a
rien à voir avec la pratique. - Si
l'on se donnait la peine d'étudier
l'élan proprement pratique de ce
principe non pas de pensée, mais
de vie, alors nous progresserions.
Ce qui nous nuit aujourd'hui,
c'est que l'on prend ce soi-disant
système, qui n'est pas un système,
mais vraiment autre chose, qui
repose sur la vie réelle, à tous
les coins de rue comme un simple
système de pensée. Je ne peux rien
faire d'autre que ce qui est fondé
sur des conditions réelles. Mais
c'est ce qui donnerait aujourd'hui
déjà l'impulsion nécessaire pour
gagner l'ensemble des ouvriers des
usines Daimler. Mais la prochaine
étape devrait être de parvenir à
quelque chose en collaboration
avec la direction de l'entreprise.
Mais celle-ci nous pousserait à
bout. Et cela rend impossible la
réalisation de quelque chose pour
celui qui se trouve à l'extérieur.
Il est important que nous
travaillions à une véritable
compréhension de ces choses.
Ensuite, les choses avanceront.
Mais je ne pense pas que nous
puissions avancer avec de simples
abstractions. C'est aussi une
abstraction de dire qu'il faut
faire une tentative pratique tant
qu'il n'y a pas de terrain pour
cela.
|
77
|
Rudolf Steiner: Das läßt sich nur so
ausführen, daß man zum Beispiel
die Arbeiterschaft gewinnen würde
für das Verständnis eines
gemeinsamen Zieles, das sich
ausführen läßt außerhalb der
Mauern des betroffenen Betriebes.
Würde man weitergehen wollen — und
dadurch würde es erst einen Zweck
haben; es müßte ja möglich sein,
zu diesem Ziel die Arbeiter
hinzuführen —, müßte man
versuchen, auch irgendwie selber
etwas zu realisieren. Das würde
lediglich dahinführen, daß einen
die Betriebsleitung der
Daimler-Werke herauswerfen würde.
Mir wurde gesagt, es sei doch
höchst eigentümlich, daß ich das
Vertrauen der Arbeiterschaft
bekomme, und ich würde es
eigentlich ganz anders machen, als
es sonst gemacht wird. Dieses
Anders-Machen beruht darauf, daß
ich im Grunde genommen den
Arbeitern nichts verspreche,
sondern ihnen nur die Vorgänge
erkläre und dergleichen. Das ist
der große Unterschied:
Tatsächlich, ich verspreche nichts
— ich kann ja das bis zu dem Grade
auch mit den Arbeitern der
Daimler-Werke wirklich so machen,
wie ich es jetzt tue —,
versprechen kann ich nichts, weil
ich bestimmt weiß, daß ich mit
Versprechungen von der
Betriebsleitung hinausgeworfen
werde. Wir dürfen nicht vergessen,
heute handelt es sich nicht um
irgendwelche nebelhaften
Abstraktionen wie «ganz
Deutschland» oder «das, was
zusammenfällt», sondern es handelt
sich darum, daß tatsächlich der
einzelne Punkt zum Verständnis
gebracht wird, daß von dem
einzelnen Punkt aus gearbeitet
wird. Würde nur einmal in einem
einzelnen Punkte ein wahres
Verständnis für die in den
wirklich realen Verhältnissen
liegenden Forderungen und ihre
Befriedigung erweckt, so würde
nicht immer wiederum das Vorurteil
aufkommen: Das ist etwas allgemein
Idealistisches, das hat mit Praxis
nichts zu tun. — Würde man sich
die Mühe nehmen, den eigentlich
praktischen Impetus dieses nicht
Gedanken-, sondern Lebensprinzips
zu studieren, dann würden wir
weiterkommen. Das, was uns heute
schadet, ist, daß man dieses
sogenannte System, das kein System
ist, sondern wirklich etwas
anderes, was im realen Leben fußt,
an allen Ecken und Enden bloß als
Gedankensystem nimmt. Ich kann
nichts anderes tun, als was in
realen Verhältnissen begründet
ist. Darin wäre aber heute schon
begründet der richtige Impetus,
die gesamte Arbeiterschaft der
Daimler-Werke zu gewinnen. Der
nächste Schritt müßte aber der
sein, zu etwas zu kommen in
Gemeinschaft mit der
Betriebsleitung. Die würde einen
aber hinausschießen. Und das macht
es unmöglich für den, der
außerhalb steht, etwas zu
realisieren. Es kommt darauf an,
daß wir daran arbeiten, diese
Dinge zum wirklichen Verständnis
zu bringen. Dann wird es
weitergehen. Ich glaube aber
nicht, daß wir mit bloßen
Abstraktionen weiterkommen. Das
ist auch eine Abstraktion, wenn
man sagt, es solle der praktische
Versuch gemacht werden, solange
gar kein Boden da ist dafür.
|
M. Jaeger : Je dois insister sur le
fait que si la compréhension des
ouvriers est acquise, la direction
ne poussera pas la personnalité
dehors, [056] mais si la
personnalité a gagné la confiance,
alors ces propositions seront
acceptées par les deux parties. Il
ne s'agit pas ici de promesses,
mais seulement du fait que le
conseil d'entreprise parvienne
d'abord à un accord entre la
direction et à un accord entre la
direction et le corps des
ouvriers.
|
78
|
Herr Jaeger: Ich muß darauf beharren,
daß, wenn das Verständnis der
Arbeiter gewonnen ist, die
Direktion die Persönlichkeit nicht
hinausschießen würde, sondern wenn
die Persönlichkeit das Vertrauen
gewonnen hat, dann würden diese
Vorschläge von beiden Teilen
aufgenommen werden. Es handelt
sich hier nicht um Versprechungen,
sondern nur darum, daß der
Betriebsrat zuerst eine Einigung
unter der Leitung und eine
Verständigung zwischen der Leitung
und der Arbeiterschaft erzielt.
|
Rudolf Steiner : Toute la chose est sans
espoir s'il n'y a pas de
compréhension pour la véritable
triarticulation. Cette
compréhension, vous la trouvez
aujourd'hui en règle générale dans
la classe ouvrière, pour la raison
que ces gens ne sont pas attachés
à quelque chose qui leur vient de
l'ancienne situation, mais ne
possèdent rien d'autre
qu'eux-mêmes et leur force de
travail. Toutefois, cette
compréhension fait encore défaut
aujourd'hui chez les autres
[humaines], qui ne seront
peut-être contraints de renoncer à
ce qui ne consiste qu'à s'attacher
aux anciennes conditions que
lorsqu'ils seront mis sur la
paille. Aujourd'hui, vous trouvez
effectivement dans la classe
ouvrière une large compréhension
de la triarticulation, même si les
dirigeants de la classe ouvrière
ne peuvent absolument pas penser
dans le sens d'une pensée
progressiste, mais pensent au fond
de manière beaucoup plus
bourgeoise que la bourgeoisie.
|
79
|
Rudolf Steiner: Die ganze Sache ist
aussichtslos, wenn nicht
Verständnis vorhanden ist für die
wirkliche Dreigliederung. Dieses
Verständnis finden Sie heute in
der Regel bei der Arbeiterschaft,
aus dem Grunde, weil diese
Menschen nicht hängen an irgend
etwas, was herüberreicht aus alten
Verhältnissen, sondern nichts
anderes besitzen als sich selber
und ihre Arbeitskraft. Allerdings
fehlt dieses Verständnis bei den
anderen [Menschen] heute noch, die
werden vielleicht doch erst
dadurch, daß sie unter die Räder
kommen, gezwungen werden, von dem
abzulassen, was nur im Hängen an
den alten Verhältnissen besteht.
Sie finden heute tatsächlich bei
der Arbeiterschaft ein
weitgehendes Verständnis für die
Dreigliederung, wenn auch die
Führer der Arbeiterschaft durchaus
nicht im Sinne eines
fortschrittlichen Denkens denken
können, sondern im Grunde genommen
viel bürgerlicher denken als das
Bürgertum.
|
Si les gens disent, oui,
on ne peut pas comprendre ces
choses, elles sont trop
aberrantes, cela vient du fait que
les gens ont oublié de comprendre
une chose à partir de la vie. Pour
ces choses qui touchent à la vie,
les gens doivent répondre par des
expériences de vie. Aujourd'hui,
ils ne répondent qu'avec ce qu'ils
ont appris à partir de jugements
et de concepts partisans. Mais si
quelqu'un n'a rien de tout cela,
mais seulement ce qui est issu de
l'ensemble de la vie, alors on dit
: ce n'est pas pratique, cela ne
répond pas à des questions
particulières, on aimerait avoir
des réponses à des questions
concrètes. Mes "points essentiels"
n'ont pas été écrits pour orienter
[la question sociale] vers la
théorie ou la philosophie, mais
pour commencer quelque part. Si
l'on commence, on verra que les
choses avancent.
|
80
|
Wenn die Leute sagen, ja,
diese Dinge kann man nicht
verstehen, sie sind zu abwegig,
dann rührt das davon her, daß die
Leute verlernt haben, aus dem
Leben heraus eine Sache zu
verstehen. Bei diesen Dingen, die
aufs Leben gehen, da müssen die
Menschen mit Erfahrungen des
Lebens antworten. Heute antworten
sie nur mit dem, was sie aus
Parteiurteilen und -begriffen
heraus haben. Wenn aber jemand
nichts davon hat, sondern nur das,
was aus der ganzen Breite des
Lebens heraus ist, dann sagt man:
das ist unpraktisch, das antwortet
nicht auf einzelne Fragen, man
hätte gerne einzelne konkrete
Fragen beantwortet. Meine
«Kernpunkte» sind nicht
geschrieben worden, um [die
soziale Frage] ins Theoretische
oder Philosophische zu lenken,
sondern um irgendwo anzufangen.
Wenn man anfängt, wird man sehen,
daß es weitergeht.
|
M. Dr Riebensam : Je ne pense pas que M. Dr
Steiner serait mis dehors par moi
- c'est moi qui décide, mais la
direction commerciale [057] a
aussi quelque chose à dire - mais
il est probable que l'actuel
commission des travailleurs le
chasserait. Il semble que j'ai
voulu contrecarrer les idées du Dr
Steiner avec mes réelles
préoccupations. Ce n'était pas le
but ni l'intention de ma
déclaration. Je voulais simplement
discuter de l'ensemble du sujet
ici. Mon point de vue est que nous
avons besoin aujourd'hui d'un
moyen quelconque pour éviter
autant que possible la lutte avec
les ouvriers. Or, il est un fait
que M. Steiner a gagné
aujourd'hui la confiance d'un
grand nombre d'ouvriers. Et cela
devrait suffire à Stuttgart pour
prendre d'autres mesures. Cela
pourrait aussi indiquer la voie à
suivre, peut-être sans lutte
pendant un certain temps. Les
ouvriers sont prêts à suivre le
mouvement, même avec les
directeurs d'usine. Il serait très
erroné de ne pas suivre une telle
voie. C'est mon avis personnel.
|
81
|
Herr Dr. Riebensam: Ich denke nicht, daß
Herr Dr. Steiner von mir
hinausgeworfen würde — maßgebend
bin ih, aber die kaufmännische
Leitung hat auch etwas zu sagen -,
wahrscheinlich würde aber der
jetzige Arbeiterausschuß Herrn
Dr. Steiner hinauswerfen. Es
erscheint so, als hätte ich mit
meinen realen Bedenken die Ideen
Herrn Dr. Steiners durchkreuzen
wollen. Das war nicht das Ziel
und die Absicht meiner Erklärung.
Ich wollte nur die ganze Sache
hier erörtern. Meine Ansicht ist
die, daß wir heute irgendeinen Weg
brauchen, um den Kampf mit der
Arbeiterschaft möglichst zu
vermeiden. Nun ist es eine
Tatsache, daß Herr Dr. Steiner
heute bei einer großen Zahl von
Arbeitern Vertrauen errungen hat.
Und das dürfte in Stuttgart genug
sein, um weitere Schritte
einzuleiten. Damit könnte auch der
Weg gegeben sein, der vielleicht
ohne Kampf eine Weile weiterführt.
Die Arbeiterschaft ist bereit
mitzugehen, sogar mit den
Betriebsleitern. Es wäre sehr
verfehlt, einen solchen Weg nicht
zu verfolgen. Das ist meine
persönliche Ansicht.
|
M. Reitz : Comment faire ?
|
82
|
Herr Reitz: Wie läßt sich das
machen?
|
Emil Molt : c'est pour répondre à
cette question que nous sommes
réunis. Après que Monsieur Dr
Riebensam ait prononcé un mot
important, après que le chemin
soit clairement tracé pour que
deux classes se réunissent en une
seule humanité, après que ces
chemins clairs aient été tracés
ici, c'est maintenant à chacun de
s'engager réellement sur ce
chemin. La mort dans toutes ces
affaires, c'est que l'on parle
beaucoup plus que l'on ne fait. M.
Dr Stadler a raison : si l'on se
contente de se réunir et de parler
sans passer à l'action, le temps
se précipite de telle sorte que
les événements nous dépassent.
Nous sommes tous d'avis que dans
trois ou quatre semaines viendra
le grand effondrement, où nous
devrons nous tenir prêts à agir
pour réaliser la nouveauté. Pour
cela, nous avons besoin de chaque
personne, afin que les pensées
puissent être mises en pratique
chaque heure et chaque minute dans
la vie quotidienne. C'est pourquoi
nous vous demandons instamment,
dans l'intérêt du peuple et de
l'humanité, de ne pas vous
contenter de demander ce qu'en
pense M. Steiner, mais de
faire en sorte que chaque individu
soit parfaitement conscient que le
chemin est tracé en lui et qu'il
doit simplement l'emprunter. C'est
parce qu'elle ne l'a pas fait que
l'ancienne Allemagne a périclité
et que l'Allemagne actuelle
périra. Je pense que si nous
rentrons chez nous aujourd'hui,
nous devrions le faire avec la
ferme décision de passer des
simples considérations à l'action,
même si elle ne peut pas être
parfaite - une action imparfaite
est encore mieux qu'une pensée
tout à fait intelligente, avec
laquelle nous ne faisons que
rester à la surface et [058] ne
transformons pas les choses dans
la réalité, car c'est de la
transformation des choses qu'il
s'agit aujourd'hui.
|
83
|
Emil Molt: Um das zu beantworten,
dafür sind wir zusammengekommen.
Nachdem Herr Dr. Riebensam ein
bedeutsames Wort ausgesprochen
hat, nachdem der Weg klar
vorgezeichnet ist, wie sich zwei
Klassen zusammenfinden zu einem
Menschentum, nachdem diese klaren
Wege hier vorgezeichnet sind,
liegt es nun an jedem einzelnen,
den Weg auch wirklich zu
beschreiten. Der Tod bei all
diesen Sachen ist immer der, daß
viel mehr geredet als getan wird.
Herr Dr. Stadler hat recht, wenn
man nur zusammenkommt und redet,
ohne zur Tat zu schreiten, dann
eilt die Zeit so, daß die
Ereignisse über uns hinweggehen.
Wir sind alle der Meinung, daß in
drei bis vier Wochen der große
Zusammenbruch kommt, wo wir mit
der Tat bereitstehen müssen, um
das Neue zu verwirklichen. Dazu
brauchen wir ja jeden einzelnen
Menschen, so daß die Gedanken auch
in dem täglichen Leben stündlich
und minütlich in die Tat umgesetzt
werden können. Deshalb bitten wir
Sie sehr darum, im Interesse des
Volkes, der Menschheit, nicht nur
zu fragen, wie denkt Herr Dr.
Steiner darüber, sondern daß jeder
einzelne sich ganz klar darüber
ist, daß in ihm selber der Weg
vorgezeichnet liegt und er ihn
bloß beschreiten muß. An diesem
Nichtbeschreiten ging das alte
Deutschland zugrunde und wird das
gegenwärtige Deutschland
zugrundegehen. Ich glaube, wenn
wir heute nach Hause gehen,
sollten wir es tun mit dem festen
Entschluß, überzugehen von den
bloßen Erwägungen zu dem Handeln,
auch wenn es nicht vollkommen sein
kann — ein unvollkommenes Handeln
ist noch besser als ein ganz
gescheites Denken, mit dem wir nur
wieder an der Oberfläche bleiben
und nicht die Dinge in der
Wirklichkeit umgestalten, denn um
die Umgestaltung der Dinge handelt
es sich heute.
|
Peut-être existe encore
le besoin de s'exprimer sur le
côté culturel des problèmes. Nous
aimerions bientôt en créer
l'occasion ; peut-être certains
domaines pourraient-ils être
traités séparément ou en commun.
J'aimerais avoir votre avis à ce
sujet, afin que nous puissions
rentrer chez nous avec un
résultat.
|
84
|
Vielleicht besteht noch
das Bedürfnis, sich zu der
kulturellen Seite der Probleme zu
äußern. Dazu möchten wir bald
Gelegenheit schaffen; vielleicht
könnten einzelne Gebiete getrennt
oder gemeinschaftlich bearbeitet
werden. Darüber hätte ich gerne
Ihre Meinung gehört, damit wir mit
einem Ergebnis heimgehen können.
|
M. Dr Weiss : Je suis tout à fait
favorable à la poursuite d'un
débat dans ce sens. Mais je
trouverais préférable que les
différents domaines ne soient pas
traités séparément ; il est
important pour nous, qui ne sommes
ni des entrepreneurs ni des
artisans, que nous puissions
aborder toutes les questions. Il
faudrait créer la possibilité de
traiter toutes les questions
ensemble, même au risque de voir
les rangs s'éclaircir. Nous ne
devrions pas seulement parler,
mais aussi essayer d'agir par le
biais de la presse. Nous devrions
ainsi avoir une commission de
presse très souple, qui prendrait
position dans les différents
organes de parti, non pas pour
alimenter la polémique. Il
faudrait aussi qu'un organe
spécial de la Fédération pour la
triarticulation soit prêt à
vérifier les manuscrits avant de
les envoyer à la rédaction
concernée, afin de ne pas
compliquer les démarches
ultérieures. Le Bund für
Dreigliederung ne doit évidemment
pas restreindre la liberté
d'expression, mais nous devons
créer quelque chose de ce genre ;
chacun doit utiliser ses relations
avec la presse pour prendre
position sur les questions
concernées, mais les articles
doivent être envoyés au préalable
afin que nous puissions procéder
de manière concentrique.
|
85
|
Herr Dr. Weiss: Ich bin sehr dafür, daß
eine Aussprache in diesem Sinne
fortgesetzt würde. Ich fände es
aber besser, wenn die einzelnen
Gebiete nicht getrennt bearbeitet
würden; es ist für uns, die wir
weder Unternehmer noch Handwerker
sind, wichtig, daß wir in alle
Fragen hineingehen. Es sollte die
Möglichkeit geschaffen werden, daß
alle Fragen zusammen bearbeitet
werden, auch auf die Gefahr hin,
daß sich die Reihen lichten. Wir
sollten nicht nur sprechen,
sondern auch versuchen, durch die
Presse zu wirken. So sollten wir
einen ganz lose gefügten
Presseausschuß haben, der in den
verschiedenen Parteiorganen, nicht
um die Polemik anzuheizen,
Stellung nimmt. Es müßte auch ein
besonderes Organ des Bundes für
Dreigliederung bereit sein, die
Manuskripte zu überprüfen, ehe man
sie an die betreffende Redaktion
schickt, damit nicht das spätere
Vorgehen erschwert wird. Es soll
natürlich der Bund für
Dreigliederung nicht die freie
Meinungsäußerung einschränken,
aber wir müssen so etwas schaffen;
jeder soll seine Beziehungen zur
Presse dazu benützen, in den
betreffenden Fragen Stellung zu
nehmen, aber die Artikel sollten
vorher eingeschickt werden, damit
wir konzentrisch vorgehen können.
|
Emil Molt : C'est précisément ce que
nous cherchons à faire ; nous
devrions en fait prendre position
chaque jour.
|
86
|
Emil Molt: Gerade das wird von uns
angestrebt; wir müßten eigentlich
jeden Tag Stellung nehmen.
|
Un orateur : Nous sommes venus ici
aujourd'hui pour un débat. Il
serait souhaitable qu'un certain
nombre d'industriels, représentant
les propriétaires, de directeurs
d'usine et d'employés,
représentant les conseils
d'employés, se réunissent pour
s'exprimer sur cette question.
|
87
|
Ein Diskussionsredner:
Wir
sind heute hierher zu einer
Aussprache gekommen. Es wäre
wünschenswert, wenn eine Anzahl
von Industriellen als Vertreter
der Besitzer, von Betriebsleitern
und von Angestellten als
Vertreter der
Angestelltenausschüsse
zusammenkämen, um sich über diese
Sache auszusprechen.
|
Emil Molt : Je pense que cela
devrait vraiment être tenté ; ce
serait le premier pas vers la
préparation d'un corps de conseils
d'entreprise qui fonctionne.[059]
|
88
|
Emil Molt: Dies sollte meines
Erachtens wirklich versucht
werden; es wäre der erste Schritt
zur Vorbereitung einer
funktionierenden
Betriebsräteschaft.
|
M. Dr Riebensam : Je pense que la voie
devrait être un peu différente ;
vos conseils d'entreprise
devraient inviter nos commissions
d'ouvriers.
|
89
|
Herr Dr. Riebensam: Ich denke, der Weg müßte
ein etwas anderer sein; Ihre
Betriebsräte sollten unsere
Arbeiterausschüsse einladen.
|
Emil Molt : on peut faire les deux ;
les ouvriers devraient voir que
l'initiative vient des fabricants.
|
90
|
Emil Molt: Man kann beides machen;
die Arbeiter müßten sehen, daß die
Initiative von den Fabrikanten
ausgeht.
|
M. Dr Riebensam : Elle devrait émaner des
commissions d'ouvriers, pas des
fabricants.
|
91
|
Herr Dr. Riebensam: Sie müßte von den
Arbeiterausschüssen ausgehen,
nicht von den Fabrikanten.
|
Emil Molt : sinon, les fabricants ne
viendraient pas ; mais le mieux
est d'en discuter après.
|
92
|
Emil Molt: Die Fabrikanten würden
aber sonst nicht kommen; aber am
besten besprechen wir das nachher.
|
Un orateur : Ne pourrait-on pas, pour
ainsi dire, publier certaines
directives afin que les fabricants
aient des points de repère ?
Ainsi, les directions des grandes
entreprises pourraient traiter la
question et en discuter avec les
commissions d'ouvriers. Cela
permettrait peut-être d'abréger
toute l'affaire.
|
93
|
Ein Diskussionsredner: Könnte man nicht
sozusagen gewisse Richtlinien
herausgeben, damit die Fabrikanten
Anhaltspunkte haben? So könnten
dann die Geschäftsleitungen in den
großen Betrieben die Sache
verarbeiten und mit den
Arbeiterausschüssen besprechen.
Dies würde vielleicht einen Weg
abgeben, um die ganze Sache
abzukürzen.
|
A la question de
savoir s'il est prévu de se
réunir à nouveau le jeudi
suivant, il est décidé de se
réunir à nouveau ce jour-là à 7
heures du soir. [060]
|
94
|
Auf die Frage, ob man
am nächsten Donnerstag wieder
zusammentreffen wolle, wird
beschlossen, sich an diesem Tag
um 7 Uhr abends wieder zu
versammeln.
|
|
|
|
Français
seulement
PREMIÈRE SOIRÉE DE QUESTIONS -
Stuttgart, 25 mai 1919 -
Questions sur la triarticulation de
l'organisme social
Résolution pour la nomination de Rudolf
Steiner dans le gouvernement wurtembergeois.
Le gouvernement comme ministère de
liquidation :.Les tâches qu'il pourrait
garder et les tâches qu'il devrait céder. La
nécessité d'une harmonisation des intérêts
des consommateurs et des producteurs. Le
dépassement des contraires entre travail
spirituel et physique par introduction d’une
compagnie des conseils d’entreprise. Trois
types de conseils : conseils d’entreprise,
conseils, de circulation et conseils
économiques ; leurs tâches. La question de
la valeur ajoutée. En économie il s’agit de
combiner les différentes expériences
individuelles. La violence doit être
remplacée par la confiance personnelle
d’humain à humain. Ce que le mouvement de
tri-articulation ambitionne : la création
d'un organisme social viable. Les conseils
d’entreprise se forment par eux-mêmes
lorsque l'économie sera placée sur ses
propres pieds. Ce que provoque une
socialisation au sens ancien.
Tri-articulation se laisse réaliser sans
perturbation des relations extérieures.
Compréhension pour la tri-articulation parmi
les travailleurs, mais pas chez leurs
dirigeants. Les « points clés » sont pensés
pratiques, non théoriques.
01
Emil Molt : J'ai l'honneur de vous saluer ce
soir et de vous remercier de votre nombreuse
visite, qui nous montre que notre invitation
est tombée sur le bon terrain. Le "Bund für
Dreigliederung des sozialen Organismus" a jugé
bon d'inviter un certain nombre de
personnalités à cette soirée afin de poser
toutes les questions que chacun d'entre vous a
sur le cœur - des questions qui sont par
exemple ressorties des conférences - afin que
ces questions puissent être éclaircies par le
Dr Steiner lui-même. Nous sommes d'avis que
les conférences qui sont données ici à
Stuttgart depuis quatre à six semaines ne sont
pas seulement données pour apporter quelque
chose d'intéressant aux auditeurs, mais
surtout pour faire mûrir quelque chose chez
les auditeurs, quelque chose qui peut se
transformer en action. Nous sommes également
d'avis que pour donner vie à un tel mouvement,
il ne suffit pas de quelques personnes comme
moteur, mais que nous avons besoin de
collaborateurs issus de toutes les couches de
la population.
02
Je vous prie maintenant de prendre la parole
et je demande à M. Steiner de répondre à
toutes les questions qui se posent.
03
M. Schmucker : je remarque tout d'abord que je
pose cette question à titre de pure personne
privée. Dans la résolution qui a été prise
lors des différentes présentations, le
gouvernement est invité à nommer le Dr Steiner
pour qu'il mette en œuvre le plus rapidement
possible la triarticulation de l'organisme
social qu'il préconise. Je dois maintenant
avouer honnêtement que je n'ai pas encore eu
le temps de me plonger dans son livre et de
suivre toutes les conférences. Je vous prie
donc de m'excuser si, en demandant que je
sache si Monsieur le Dr Steiner a peut-être
trahi mon brancard, je ne sais pas si Monsieur
le Dr Steiner a peut-être déjà pris position
sur l'affaire qui me tient à cœur.
04
Ma question : supposons que le gouvernement
prenne un jour la position que nous voulons
collaborer avec le Dr Steiner ; supposons que
le Dr. Steiner arrive dans un ministère
quelconque, par exemple au ministère du
Travail, il est placé dans une pièce richement
[021] dotée en documents et commentaires
gouvernementaux, il trouve donc notamment tous
les codes qui traitent de la résolution de la
question sociale, par exemple la loi sur la
protection des travailleurs, la loi sur
l'assurance des employés et ainsi de suite,
mais surtout les nombreuses lois qui ont été
mises au jour par le nouveau gouvernement
après le grand bouleversement, et qui vont
toutes dans la même direction, à savoir celle
de satisfaire autant que possible les souhaits
sociaux des ouvriers et des employés. Comment
M. Steiner se représente-t-il ce travail
- le passage du mode de gouvernement actuel au
mode de gouvernement futur ? Que doit-il se
passer avec les représentations populaires
actuelles, avec les assemblées de pays, avec
l'Assemblée nationale ?
05
Rudolf Steiner : Vous avez abordé la question
d'un certain point de vue, du côté du
gouvernement. C'est pourquoi je ne peux y
répondre que de ce point de vue. Et là, la
réponse se présente d'abord de la manière
suivante : il faudrait évidemment faire
abstraction, lors de la première action
gouvernementale, de beaucoup de choses qui
pourraient se produire en premier à la suite
de cette première action gouvernementale.
06
Comme première action gouvernementale, je
devrais penser à quelque chose - n'est-ce pas,
nous parlons donc naturellement ici très
ouvertement - qui n'a bien sûr pas grand-chose
à voir avec la question de savoir ce que je
ferais si, pour ma part, j'étais placé au
ministère du Travail, si j'y trouvais des
codes de lois et du genre et si je devais
continuer à y travailler. Je fais juste
remarquer formellement que je n'ai rien à voir
avec la rédaction de la résolution dont vous
parlez. Je ne pourrais pas accepter cette
interprétation de la résolution, mais
seulement caractériser mon point de vue sur
cette question. Par exemple, je devrais
d'abord constater que je n'ai absolument pas
ma place dans un ministère du travail, que je
n'aurais rien à y faire, pour la simple raison
qu'il ne peut déjà plus y avoir de ministère
du travail au sein de la communauté étatique
unifiée dans un avenir proche. C'est pourquoi
j'ai dit l'autre jour dans une conférence que
la première action du gouvernement devrait
consister à prendre l'initiative [022] de
différentes choses, afin de créer tout d'abord
une base pour [la suite des événements].
07
Premièrement, on doit comprendre qu'un
gouvernement actuel est en quelque sorte la
continuation de ce qui a résulté comme
gouvernement des situations antérieures. Or,
seule une partie de ce gouvernement se situe
dans la continuité des situations antérieures,
à savoir celle qui comprendrait le ministère
de la Justice, le ministère de l'Intérieur -
pour la sécurité intérieure - et le ministère
de l'Hygiène. Ces choses se situeraient dans
le prolongement de ce qui résultait des
maximes gouvernementales antérieures. Pour
tout le reste, un tel gouvernement devrait
prendre l'initiative de devenir un ministère
de liquidation, c'est-à-dire un ministère qui
prendrait simplement l'initiative, à gauche et
à droite, de créer le terrain pour une vie de
l'esprit libre qui reposerait sur sa propre
administration et sa propre constitution et
qui devrait s'organiser par elle-même lorsque
la transition entre les conditions actuelles
et les conditions suivantes serait surmontée.
Cette administration aurait alors une
représentation correspondante, qui ne pourrait
naturellement pas être conçue comme les
représentations populaires actuelles, mais qui
devrait se développer à partir des conditions
particulières de la vie spirituelle. Elle
devrait se former purement à partir de
l'autogestion de la vie spirituelle ;
l'enseignement et les cultes entrent
particulièrement en ligne de compte - ils
devraient être cédés d'après un côté à
l'autogestion de la vie spirituelle.
08
De l'autre côté, un ministère de liquidation
devrait céder à la vie de l'économie autonome
tout ce qui est par exemple
transport/circulation et commerce ; le
ministère du Travail devrait lui aussi trouver
son administration dans des organisations qui
se formeraient à partir de la vie de
l'économie. Ce seraient bien sûr des choses
très radicales, mais de ce point de vue, ce ne
peuvent être que des choses radicales. Ce
n'est qu'alors qu'un terrain serait créé pour
un quelconque traitement de questions
concrètes.
09
Ce que je viens d'exposer ne change rien à ce
qui a été construit à partir de la base. Cela
indique seulement [023] la voie à suivre pour
créer du nouveau à partir de ce qui existe
déjà. Ce n'est qu'après la création de ces
organisations issues de la vie de l'économie,
qui poursuivraient ce qui est écrit dans les
codes que vous avez cités, qu'alors [d'autres]
mesures pourraient être prises. Ce ne serait
d'abord un pas, qui pourrait venir après. Je
ne pense pas à un programme, mais à une
succession de pas, qui sont tous des actes
réels, des processus réels. Tout ce dont je
parle dans mes livres et mes conférences, ce
ne sont pas des indications sur la manière de
faire, mais sur la manière dont les conditions
doivent être créées pour que les humains
entrent dans les contextes possibles pour
créer les choses.
10
Les lois économiques peuvent seulement naître
que de la vie de l'économie elle-même, et
seulement si, dans la vie économique,
s'expriment dans leurs impulsions toutes les
corporations qui, à partir des différentes
conditions concrètes de la vie de l'économie,
peuvent contribuer au façonnement de cette vie
économique elle-même.
11
Donc, des côtés du gouvernement, je
considérerais que la première étape est de
comprendre qu'il doit s'agir d'un gouvernement
de liquidation. Je suis prêt à aborder
d'autres points spécifiques qui s'y
rattachent.
12
M. Dr Schmucker : Supposons que l'on obtienne
une sorte d'autogestion pour régler la vie
économique. Les conseils d'entreprise, qui
doivent maintenant être introduits pour les
différentes entreprises selon le projet de loi
d'empire, pourraient-ils servir de moyen à
cette autogestion si - ce qui est en tout cas
l'intention - les conseils d'entreprise
étaient développés vers le haut, par exemple
en regroupant les conseils d'entreprise du
Wurtemberg en un conseil régional des
travailleurs ou un conseil régional
d'entreprise et, au sommet, en un conseil
impérial d'entreprise ou un conseil impérial
économique ? Le projet de loi utilise le terme
"conseil d'entreprise" pour désigner une
représentation qui deviendrait une
représentation purement ouvrière, dans
laquelle les entrepreneurs ne seraient pas
représentés. De même que le conseil
d'entreprise collabore avec le chef
d'entreprise, les entrepreneurs et [024] les
preneurs de travail pourraient siéger ensemble
au sein de l'instance supérieure du pays/de
l'État, et le conseil économique impérial ne
comprendrait pas seulement des travailleurs,
mais aussi des chefs d'entreprise, de sorte
qu'il y aurait là aussi une représentation
paritaire. M. Dr Steiner pourrait-il trouver
viable l'idée qu'une telle organisation
répondrait à une partie des souhaits de la vie
de l'économie et que ces corporations
économiques autogérées se verraient attribuer
toutes les autres tâches qui, selon lui,
devraient être assumées par les corporations
économiques en tant que corporations
d'autogestion ?
13
Rudolf Steiner : Je vous prie de ne pas
prendre les quelques phrases d'introduction
que je vais dire comme des abstractions, mais
comme un résumé d'expériences. Celles-ci ne
peuvent être résumées que par de telles
phrases.
14
De la même manière que la structure de la vie
de l'économie s'est développée, cette vie de
l’économie souffre de l'impossibilité
d'harmoniser les intérêts au sein de la
structure existante. Je ne veux en donner
qu'une idée. Dans le cadre de l'évolution de
notre vie économique, l'ouvrier n'est par
exemple pas du tout intéressé par la
production - je fais abstraction de l'intérêt
vraiment stupide que représente par exemple la
participation aux bénéfices, que je considère
comme impraticable. L'ouvrier n'est intéressé
à la vie économique telle qu'elle se présente
aujourd'hui, qu'en tant que consommateur,
tandis que le capitaliste n'est intéressé à la
vie économique qu'en tant que producteur, et
seulement en tant que producteur du point de
vue du rendement - c'est son point de vue, du
point de vue économique, il ne peut en être
autrement. Nous n'avons donc aujourd'hui
aucune possibilité d'organiser une véritable
harmonisation des intérêts des consommateurs
et des producteurs ; elle n'est pas intégrée
dans notre structure économique.
15
Ce que nous devons obtenir, c'est que ces
humains qui participent à l'organisation de la
structure économique s'intéressent de la même
manière à la consommation et à la production,
de sorte que ceux qui interviennent dans
l'organisation - non seulement par leur
jugement, mais aussi par leur activité -
n'aient pas seulement un intérêt unilatéral
pour la production ou la consommation, mais
que l'organisation [025] elle-même suscite un
intérêt égal pour les deux. Nous ne pourrons y
parvenir que si nous sommes en mesure, à
partir de la vie de l'économie elle-même et de
toutes les formes de vie économique, de
permettre aux hommes de se constituer
progressivement en petites corporations, qui
se composeront ensuite naturellement. Il doit
s'agir de corporations pour la simple raison
que la confiance doit être établie. Cela n'est
possible que si les grandes corporations sont
construites de manière uniforme à partir des
plus petites, c'est-à-dire que si nous
disposons de personnalités issues de toutes
les différentes formes de la vie économique,
avec leurs jugements et leur influence
conditionnée par la base économique, qui
agissent socialement de tous côtés grâce à
leur aptitude à diriger la vie de l'économie
en tant que telle. Si nous voulons socialiser,
nous ne pouvons pas socialiser la vie de
l'économie par des institutions, mais
seulement en intéressant les humains aux
institutions de la manière décrite et en les
faisant participer continuellement à
celles-ci.
16
C'est pourquoi je considère aujourd'hui comme
le plus indispensable que nous ne créions pas
de lois instituant des conseils d'entreprise,
mais que nous ayons la possibilité de créer
des comités d'entreprise à partir de toutes
les formes de la vie de l'économie - de telle
sorte qu'ils existent au départ - et de faire
naître de ces conseils d'entreprise un corps
de conseils d'entreprise qui n'aura un
véritable sens que s'il constitue la médiation
entre les différentes branches de production.
Un conseil d'entreprise qui n'existe que pour
des branches individuelles n'a pas beaucoup de
sens, mais ce n'est que lorsque l'activité des
conseils d'entreprise se développera
principalement entre les branches de
production qui sont en interaction, qu'ils
auront un sens.
17
C'est pourquoi j'ai dit que le conseil
d'entreprise isolé/particulier n'a en fait
plus ou moins de sens dans l'entreprise que
s'il a une signification informative. Ce qu'il
faut faire de cette idée de conseil
d'entreprise dans la vie de l'économie, seul
le corps des conseils d'entreprise dans son
ensemble peut le faire, car il peut en
résulter à l'avenir [026] seulement une
bénédiction pour les entreprises individuelles
si les conseils d'entreprise sont issus de la
structure de toute la vie de l'économie. Je
pense donc que l'accent est mis sur les
conseils d'entreprises dans leur ensemble,
c'est-à-dire sur ce qui est négocié entre les
conseils d'entreprise des différentes usines,
et non sur ce qui se passe uniquement dans les
différentes usines.
18
Mais je ne peux alors espérer une bénédiction
de cette institution que si ces conseils
d'entreprise - qui doivent naturellement être
créés sur la base des conditions existantes,
qui ne doivent pas être issues d'espoirs de
nids de coucou dans de bleus nuages, qui
doivent être issues de ce qui existe
aujourd'hui -, s'ils sont par exemple élus
parmi toutes les sortes de personnes
impliquées d'une manière ou d'une autre dans
l'entreprise. Je ne veux pas parler
d'"entrepreneurs" et de "salariés", mais
d'humains issus du cercle de tous ceux qui
participent réellement à l'entreprise par leur
travail spirituel ou physique. Donc, tout ce
qui participe à l'entreprise constituerait la
base pour créer de tels conseils à partir de
soi. Bien entendu, si l'on s'attaquait ainsi à
la situation économique, les employeurs
jusqu'à présent perspicaces seraient présents
en leur qualité de directeurs spirituels, et
nous aurions un conseil d'entreprise qui, dans
un premier temps, n'aurait pas de
représentants élus par tous les [secteurs] -
ce ne serait le cas qu'après un certain temps
-, mais qui pourrait représenter les intérêts
des personnes les plus diverses qui
participent à la vie de l'économie. Je ne
pourrais toutefois que penser qu'un tel
conseil d'entreprise porterait malgré tout son
attention sur les conditions de production, de
sorte que je ne peux pas vraiment penser qu'un
simple conseil d'entreprise serait déjà
quelque chose de significatif. Je ne peux que
penser qu'en dehors des conseils d'entreprise
- et je ne suis pas insensible à l'objection
selon laquelle on dira : "Le travail, c'est le
travail" : Où travaillera-t-on encore si tout
cela doit être fait dans la pratique ? - je ne
peux qu'imaginer que les conseils d'entreprise
seront complétés par des conseils de transport
et des conseils économiques, parce que le
corps des conseils d'entreprise s'occupera de
préférence de la production, mais [027] le
corps des conseils économiques de la
consommation au sens le plus large.
19
Par exemple, la consommation comprendrait
également tout ce que nous consommons de
l'étranger, tout ce que nous importons ; tout
ce qui est importé relèverait du corps de
conseils économiques. Je ne veux pas dire que
tout serait déjà exemplaire aujourd'hui, mais
ce sont les trois [types de] conseils
d'entreprise les plus importants qui doivent
d'abord exister : Conseil d'entreprise,
Conseil des transports, Conseil économique.
Pour cela, seule une aile du gouvernement
devrait prendre l'initiative, [mais elle
n'aurait] pas à créer de lois, mais [devrait]
seulement voir à la mise en place de ces
conseils d'entreprise. Ceux-ci devraient alors
commencer à se donner leur constitution,
c'est-à-dire à créer ce qui émane de la vie de
l'économie indépendante, ce qu'ils y ont
expérimenté. La constitution des trois corps
de conseils résulterait entièrement des
circonstances elles-mêmes. C'est ce que je
considérerais comme le premier pas : la
création des conseils d'entreprise à partir
des circonstances. Ce n'est qu'ensuite qu'ils
devront se donner une constitution. C'est ce
que j'appellerais dans la pratique la
désarticulation/le démembrement de la vie de
l'économie sur un territoire. Donc, tant que
l'on pense qu’on légifère sur les conseils
d'entreprises à partir d'un gouvernement
central, je considère que cela n'a rien à voir
avec ce qui doit se passer. Faire d'abord le
premier pas, c'est ce que l'époque exige de
nous.
20
M. Dr Schmucker : Selon moi, ce travail, que
les personnes concernées devraient effectuer
elles-mêmes pour créer des organisations et
les gérer elles-mêmes, présuppose une
population d'ouvriers et d'employés
spirituellement très développée. Mais les
expériences que nous avons fait avec le
personnel des entreprises pendant la guerre et
avec le corps des ouvriers ces derniers mois
me font hésiter à supposer que les ouvriers
dans leur majorité - dans leur grande
majorité, cela devrait être le cas - sont à la
hauteur de cette grande tâche. Quand on fait
des expériences comme celles que nous avons
faites ces derniers temps, quand les ouvriers
d'une entreprise viennent exiger de
l'employeur, sous la menace de la violence :
tu as fait tant [028] de profit. Tu vas certes
mal maintenant, mais l'État te prend une
grande partie de ce que tu as gagné si tu ne
le partages pas. Nous demandons maintenant une
allocation de renchérissement ! - Tout ce
processus est connu de tous, cette
augmentation continue des salaires, des prix
des denrées alimentaires et ainsi de suite,
l'un renchérissant l'autre. Ces expériences
font naître des doutes quant à savoir si les
ouvriers et les employés se trouvent à ce haut
niveau de développement pour accomplir la
tâche qui leur est demandée ici.
21
Rudolf Steiner : Si nous partons du principe
que, par rapport à une chose quelconque, nous
voulons toujours faire le mieux que nous
pouvons seulement imaginer ou que nous
imaginons d'une manière idéale quelconque,
alors nous ne réaliserons jamais dans la
pratique ce qui doit vraiment être réalisé. Je
vous accorde alors naturellement qu'une grande
partie de ce que vous venez de dire est
absolument correcte. Mais je vous demande de
réfléchir à ce qui suit : ces dernières
semaines ou ces derniers mois, j'ai eu
l'occasion de m'entretenir avec de très
nombreux ouvriers et j'ai constaté que si l'on
parle vraiment avec eux dans leur langue, ils
reviennent toujours avec des choses qui ont
vraiment un fondement réel. J'ai constaté
qu'ils se montraient alors intérieurement
accessibles et qu'ils comprenaient que ce qui
devait être fait ne pouvait être qu'un travail
qui n'étouffait pas la vie de l'économie ou ne
la laissait pas mourir, mais qui la
développait. Il est extrêmement facile de
faire comprendre à l'ouvrier ce qui doit être
fait si l'on se réfère à ce qu'il a lui-même
expérimenté. Et à partir de là, il comprendra
facilement certains pendants dans la vie de
l'économie. Il y a bien sûr encore beaucoup de
choses qu'il ne peut pas comprendre, pour la
simple raison que les conditions ne lui ont
jamais permis de voir certains rapports qu'on
ne peut pas voir lorsqu'on est à la machine du
matin au soir. Je le sais déjà aussi.
22
Mais il faut bien sûr ajouter à cela le fait
que même nos principaux corps expérimentés ne
s'intéressent pas de manière très approfondie
[029] aux conditions réelles de la vie de
l'économie. Je n'aimerais pas vous citer
Rathenau comme un économiste [orienté vers
l'ensemble], mais plutôt comme un principal,
car ses écrits révèlent à chaque page qu'il
parle vraiment du point de vue du principal,
de l'entrepreneur industriel. Eh bien,
n'est-ce pas, au fond, de ce point de vue, il
n'y a pas d'objection absolue à faire à ces
explications, parce qu'au fond, toutes les
choses sont justes. Je ne citerai qu'une seule
chose : Rathenau calcule ce qu'il en est
réellement du sens de la plus-value. Or, il
est naturellement très facile de prouver
aujourd'hui que ce que l'on pouvait calculer
il y a quelque temps en tant que plus-value
est depuis longtemps dépassé. Rathenau fait
très bien ce calcul en détail et arrive au
résultat tout à fait correct qu'au fond, toute
la plus-value ne peut pas être utilisée. Car
si l'ouvrier la reçoit, il devrait la
restituer, car les institutions exigent
qu'elle soit utilisée comme réserve. Ce calcul
est bien sûr tout simplement juste. Il s'agit
de savoir si l'on peut échapper au résultat de
ce calcul, si l'on peut trouver une
possibilité économique d'échapper au résultat
de ce calcul. Il s'agit du fait que l'on ne
peut échapper à ce que Rathenau calcule
d'aucune autre manière que si l'on réalise ce
que j'ai donné comme réponse dans mon livre :
Qu'à l'instant où une somme quelconque de
moyens de production est terminée, elle n'est
plus vendable [plus loin], elle n'a donc plus
de valeur d'achat. Tout le calcul s'écroule
alors, car le calcul de Rathenau n'est
possible que si les moyens de production
peuvent à tout moment être revendus pour une
valeur bien déterminée. Il manque donc pour la
conclusion proprement dite la condition
préalable correcte, pour laquelle le
principalat/corps principal n'est pas encore à
avoir aujourd'hui. Il devrait d'abord
comprendre que nous ne pouvons pas avancer,
parce que nous sommes dans une impasse, si
nous ne provoquons pas de grands changements.
Et l'on verrait tout de suite, si l'on se
réunissait sur un terrain [030]commun,
mais sur un terrain où l'on aurait purement
l'intérêt de mener la vie de l'économie plus
loin et non de servir l'intérêt de l'individu
; on verrait que les Principaux savent quelque
chose, mais qu'ils ont un savoir unilatéral
qui peut être complété par les autres.
23
Je crois pouvoir dire, en référence à tout ce
que l'humain individuel peut produire
spirituellement comme beaux idéaux : "Un est
un humain, deux sont des conducteurs, s'ils
sont plus, ce sont des bêtes". - Mais dès que
nous en venons à cette pensée qui devrait se
réaliser dans l'institution sociale, le
principe inverse s'applique : "Un seul n'est
rien, plusieurs sont un peu quelque chose, et
ce sont les nombreux qui peuvent alors le
faire". - Parce que si douze personnes issues
des partis politiques les plus divers se
réunissent avec la bonne volonté de rassembler
leurs expériences individuelles en tant
qu'expériences partielles, nous n'avons pas
seulement une somme de douze opinions
différentes, mais, du fait que ces opinions
entrent réellement en action, il en résulte
une potentialisation de ces douze impulsions.
Une somme tout à fait énorme d'expériences
économiques se forme donc simplement par le
fait que nous socialisons les opinions des
humains de cette manière. C'est de cela qu’il
s'agit. Je dois donc dire que je pense que ce
que vous dites est juste, tant que vous avez
affaire à une classe ouvrière qui exige
simplement de son point de vue comme
consommateur. Car le fait qu'ils aient des
revendications n'entraînera naturellement rien
qui puisse conduire à une quelconque
socialisation. Vous n'arriverez ainsi qu'au
démantèlement/à la déconstruction de la vie de
l'économie. Nous ne devons pas nous
représenter qu'après-demain nous obtiendrons
des conditions idéales, mais une situation qui
sera viable si nous faisons les choses ainsi.
C'est tout de suite à ce point qu'on devrait
penser : qu'est-ce qui est viable ? -, et non
pas : les gens sont-ils assez intelligents ?
-. Prenons les gens comme ils sont et faisons
ce que nous pouvons faire de mieux, et ne nous
livrons pas à des subtilités si les gens sont
sophistiqués, car après tout, il faut toujours
qu'il se passe quelque chose. Nous ne pouvons
pas simplement ne rien faire ; il faut que
quelque chose se passe d'un côté ou de
l'autre. [031]
24
Je ne vois pas pourquoi, si nous prenons les
humains dans la vie de l'économie, ils
devraient être tout de suite moins hautement
développés que, par exemple, les gens du
gouvernement et les députés de l'ancien
Reichstag allemand pendant toutes les années
où cela s'est produit, ce qui a eu des
conséquences terribles. Il ne s'est passé que
ce qui était possible. Il s'agit de faire ce
qui est possible avec la majorité des humains
qui sont là. Je n'imagine pas que l'on puisse
créer une situation idéale, mais un organisme
viable.
25
M. Dr Riebensam : j'aborde la question des
conseils d'entreprise. Qu'est-ce qui nous
donne encore la possibilité de parler avec les
travailleurs ? L'affaire prend maintenant une
telle ampleur qu'un paratonnerre doit être
trouvé. Je veux ramener la question à un point
pratique et demander : pourquoi voulez-vous
mettre une voiture sur la route sans volant ?
À mon avis notre corps de travailleur est une
telle machine. J'en ai parlé à de nombreuses
personnes et j'ai exprimé mon avis selon
lequel il me semble impossible de parvenir à
une quelconque collaboration avec un grand
corps d'ouvriers de cette manière. Car chaque
comité d'une commission de travailleurs est
lapidé par les ouvriers au moment où il se
fait le représentant d'une opinion déterminée.
Vous présupposez une bonne volonté de la part
du corps des ouvriers. J'ai tout essayé, non
sans succès au début, car j'ai la confiance du
corps des ouvriers depuis que je peux parler
avec eux et depuis qu'ils peuvent m'entendre.
Mais les gens qui ne viennent pas sont
majoritaires. Je peux peut-être parler à deux
mille d'entre eux, les autres n'ont pas la
bonne volonté. Je sais par expérience que la
grande foule est capable de confondre à
nouveau ceux qui sont d'abord convaincus. Les
plus intelligents des commissions de
travailleurs avec lesquels j'ai parlé en privé
et qui ont exprimé des opinions positives sont
aujourd'hui de nouveau au point que je me dis
: tout le travail que j'ai fait depuis six
mois n'a-t-il servi à rien ? J'ai fait
certaines propositions au gouvernement dans
l'intention que cela se fasse à peu près dans
le sens de la satisfaction des travailleurs.
Si elles devaient être décrétées par le
gouvernement, tout le travail n'aurait servi à
rien ; mais je pense qu'il est inutile de
créer des conseils d'entreprise sans aucune
taxe, cela donne les choses les plus folles.
Puisque vous dites vous-même que nous devons
commencer un jour, il faudrait commencer de
manière à ce que ce soit réalisable. [032]
26
Rudolf Steiner : Tout ce que vous avez dit
revient en fait à dire qu'au fond, il n'est
pas possible actuellement que la direction des
entreprises en finisse avec le corps des
ouvriers. Bien sûr, cela n'est pas arrivé
ainsi sans condition préalable, cela est
seulement devenu ainsi de proche en proche. Je
crois que vous vous méprenez sur la situation
si vous comptez trop sur la bonne volonté du
corps des travailleurs. Car la bonne volonté,
le corps des ouvriers l'exigera de vous, parce
qu'ils ont appris par l'agitation - à juste
titre dans une certaine mesure - qu'il n'en
sortira quand même rien. Les ouvriers diront
:Nous pouvons avoir cette bonne volonté,
l'entrepreneur ne l'aura quand même pas. -
Cette méfiance est déjà trop grande
aujourd'hui. C'est pourquoi, de ce côté, il
n'y a pas d'autre moyen que de gagner autant
de confiance que ça va. Dès l'instant où il y
a, ne serait-ce que pour deux mille ouvriers -
ou pour huit mille ouvriers, ma foi -,
quelqu'un qui sait vraiment quelque chose à
dire sur les objectifs sociaux que l'ouvrier
peut envisager, où l'on ne compte pas
seulement sur la bonne volonté, mais sur la
compréhension, alors les choses sont tout de
même différentes. Certes, si vous parlez à
deux mille ouvriers, ils peuvent à leur tour
être déconcertés par l'autre côté, mais les
choses se passeront ainsi : si vous parlez
réellement à l'ouvrier de ce qu'il comprend,
vous ne vous adressez pas seulement à deux
mille d'entre eux, qui sont troublés par les
personnes avec lesquelles ils ont parlé en
dernier, mais ceux-ci se répercuteront sur les
autres.
27
Mais si nous nous demandons si cette voie a
déjà absolument été empruntée, ainsi on doit
dire qu'elle n'a pas au fond pas été
empruntée. Et tout est fait aussi pour rendre
cette voie encore et encore plus difficile.
Naturellement, si l'ouvrier voit aujourd'hui
que les conseils d'entreprise lui sont
décrétés d'en haut par des lois, il s'agit
d'une suppression absolue de la confiance.
Alors, faites venir aujourd'hui des instances
centrales, de manière vraiment audible,
quelque chose qui ait du corps et de l'allure,
pour que l'ouvrier comprenne que cela a du
corps et de l'allure, et qu'il collabore aussi
évidemment, vraiment. [033] Mais une telle
chose n'arrive donc pas. Et c'est pour cette
raison que le mouvement pour la
triarticulation de l'organisme social est en
fait là, parce qu'il faut créer quelque chose
qui représente vraiment un objectif
représentable. Vous ne viendrez à bout de
l'ouvrier que si vous parlez d'institutions
concrètes, car il a été poussé de telle ou
telle manière vers un simple point de vue de
consommateur. Cela n'est expliqué à l'ouvrier
par personne. Tout ce qui est fait va
exactement dans la direction opposée. Laissez
aujourd'hui les institutions se créer
d'elles-mêmes. Si ces conseils d'entreprise
doivent vraiment être constitués, laissez-les
venir, peut-être seulement sous forme de
propositions - il peut y avoir beaucoup de
propositions -, il ne peut pas y avoir qu'un
seul type de projet de loi. C'est bien sûr le
meilleur moyen d'avoir l'ensemble des
travailleurs contre les conseils d'entreprise.
Aujourd'hui, il n'y a plus aucune possibilité
d'avancer sur cette voie. Aujourd'hui, nous
n'y parviendrons que si nous voulons autre
chose que d'opposer la violence à la violence,
à savoir opposer des personnalités à des
personnalités, acquérir une confiance
personnelle. C'est ce qui est possible pour
l'ouvrier. Celui qui sait parler à l'ouvrier
dans sa propre langue de telle sorte que
celui-ci remarque qu'il n'en résulte rien s'il
ne fait que pousser l'échelle des salaires
vers le haut et qu'il voit aussi qu'il y a une
volonté d'aller enfin dans cette [nouvelle]
direction, alors il suit et travaille aussi.
Il ne collabore pas si on lui fait purement
des propositions de loi, mais il veut voir que
les personnalités du gouvernement ont
réellement la volonté d'aller dans une
certaine direction.
28
C'est ce que l'on reproche aussi au
gouvernement actuel ; on a certes l'impression
qu'il veut faire quelque chose, mais ce qui se
passe suit les mêmes voies qu'auparavant. Il
n'y a rien de nouveau nulle part. D'autre
part, là où il y a des humains, il ne s'agit
vraiment pas de mettre un véhicule en
mouvement et de ne pas lui donner de volant.
Il doit vraiment avoir son volant [034] s'il
veut être capable de se déplacer. Nous ne
pouvons pas faire autrement que de nous dire :
soit nous essayons d'aller de l'avant et nous
allons aussi loin que possible, soit nous
allons vers le chaos. Il n'y a pas d'autre
solution.
29
M. Dr Riebensam : je souscris à tout cela. Je
suis d'accord avec l'idée qu'il faut d'abord
montrer cet objectif à l'ouvrier, mais ne pas
continuer sur les anciennes voies. Je pense
qu'il est possible que vous voyiez aujourd'hui
que les ouvriers d'une usine jettent beaucoup
de choses ensemble. Mais il serait peut-être
possible de trouver un moyen d'obtenir une
participation fructueuse des ouvriers. Nous
sommes prêts à tenir compte des ouvriers, mais
ils doivent aussi prendre en considération
notre point de vue, si l'on ne veut pas que la
foi en une possibilité de compréhension
disparaisse complètement. Il faut bien trouver
des moyens. [Si les ouvriers viennent pour
créer des conseils d'entreprise et que nous
leur disons de se réunir et de faire ce qu'il
faut, c'est en fait un modèle abstrait ; ils
ne tiennent pas compte de nos conseils.
L'autre jour, j'étais à une réunion
d'ouvriers, et les ouvriers en demandaient
trop. Ils ont dit qu'il ne fallait pas aborder
la question avec des pensées mesquines ; qu'il
ne servait plus à rien de prendre des
dispositions quelconques ; qu'ils voulaient
décider tout seuls à l'avenir. Cette
constatation doit être pour moi la base de mon
action future. Je pourrais toutefois imaginer
un conseil d'entreprise qui se réunirait tous
les huit jours et avec lequel je discuterais
de tout avant que des tensions n'apparaissent.
Mais nous devons aussi dire cela aux ouvriers
: nous ne pouvons pas simplement faire un
conseil d'entreprise tout seuls.
30
Rudolf Steiner : Vous voyez, dans ces choses,
il est important de ne pas prendre des
expériences non systématiques, mais
systématiques. Nous avons eu, parce qu'une
autre possibilité ne nous était pas offerte,
toute une série d'assemblées d'ouvriers,
presque jour après jour, et lors de ces
assemblées d'ouvriers, une chose s'est
toujours présentée. On pouvait très bien
remarquer que les ouvriers eux-mêmes se
disaient à l'extrême : oui, si nous sommes
seuls, comment pourrons-nous faire face à
l'avenir ? Nous avons bien sûr besoin [035] de
ceux qui peuvent diriger ; nous avons besoin
du travailleur spirituel. - Cette chose ne
résulte pas du fait que l'on dicte, mais
seulement du fait que l'on travaille vraiment
avec les gens. C'est pourquoi j'ai considéré
[comme important] - Molt pourra me le
confirmer - le fait que, dès le début,
lorsqu'il est venu avec d'autres amis pour
mettre en œuvre cette chose, je lui ai dit :
la première exigence est que la confiance
honnête soit d'abord acquise, mais pas de la
manière habituelle jusqu'à présent avec : Je
suis le patron, tu es l'ouvrier -, mais
d'humain à humain, de sorte que l'ouvrier soit
peu à peu initié in concreto à la direction de
toute l'entreprise et qu'il ait aussi une idée
du moment où l'entreprise cesse d'être
économiquement possible. C'est quelque chose
qui est [indispensable], et je pose
ouvertement la question : où est-ce que cela
s'est passé ainsi ? Où est-ce que ça se passe
comme ça ? - On fait aujourd'hui beaucoup de
choses au sein du gouvernement, en ce sens que
certaines commissions se réunissent et
réfléchissent à la meilleure façon de faire
ceci ou cela. Dans ce cas - pardonnez-moi ce
terme un peu dur - on met la charrue avant les
bœufs. Il est impossible d'avancer avec cela.
Aujourd'hui, il est nécessaire de créer un
lien vivant entre ceux qui font quelque chose
[avec leurs mains] et ceux qui peuvent le
comprendre. Il est bien plus nécessaire que de
tenir des réunions ministérielles que des
hommes individuels aillent dans le peuple et
parlent d'humain à hum. C'est le terrain sur
lequel il faut commencer. Il ne faut pas se
décourager si le succès n'arrive pas la
première fois ; il arrivera certainement la
quatrième ou la cinquième fois. Donc, n'est-ce
pas, si seulement un début quelconque avait
été fait dans ce qui est aujourd'hui la
véritable pratique, on pourrait voir [que
quelque chose naît] ; mais il n'y a pas de
début, on s'y oppose.
31
Emil Molt : le début est fait. Ai-je la
permission d'attirer l'attention de ces
messieurs qui s'y intéressent sur ce que nous
avons déjà introduit cette sorte de conseil
d'entreprise depuis des semaines. Même si je
suis tout à fait conscient que la chose est
encore maladroite, il s'est quand même avéré
[036] que - pendant que nous négocions ici sur
la manière de gagner la confiance - nous avons
déjà gagné la confiance. C'est essentiel, car
nous sommes partis de l'idée de faire moins de
cigarettes que des humains. Nous avons utilisé
l'entreprise pour faire des humains. Fabriquer
des cigarettes n'est qu'un moyen d'arriver au
but. Nous sommes parti de vraiment entrer en
contact avec les humains et d'accomplir cela
pendant le temps de travail. On doit justement
se prendre ce temps. Ce dont il s'agit, c'est
de réaliser les choses de bas en haut. Si les
choses en sont là ailleurs - beaucoup de
choses ont été négligées au cours des six à
huit dernières semaines. Si l'on avait
commencé plus tôt, beaucoup de choses auraient
maintenant été évitées.
32
Maintenant, la chose repose ainsi : les
humains qui sont dans l'entreprise ne veulent
pas seulement travailler, ils veulent aussi
savoir. Nous devons nous être clairs là-dessus
: plus on cède à ce besoin et plus on n'hésite
pas à diriger ce flux d'énergie dans les bons
canaux, plus cette force peut aussi être de
nouveau utilisée. C'est pourquoi il ne faut
pas hésiter à dire à chaque fabricant de
mettre son entreprise à disposition comme un
livre ouvert, car c'est ainsi que la confiance
commence à devenir pratique. Tant que nous ne
ferons que parler de ce que nous devons faire,
nous ne gagnerons pas la confiance des gens.
Nous devons donner un aperçu et leur montrer :
aujourd'hui, nous n'avons plus rien à cacher.
Autrefois, le fabricant avait plus à cacher.
Maintenant, l'ouvrier peut tout au plus voir
que rien n'est gagné. Ce n'est que lorsqu'il y
vient lui-même qu'il le croit - il ne croit
quand même pas le fabricant. Lorsque les gens
posent des exigences de salaires, ils ont
seulement besoin de savoir, ils veulent avoir
un aperçu. Mais on doit être soi-même le
pilote et donner un aperçu de la fabrication,
et on verra alors que les gens se
préoccuperont d'autres questions que celle des
salaires. Je vous prie d'ajouter que nous [de
Waldorf-Astoria] ne parlons pas en tant que
théoriciens ; nous avons de l'expérience, nous
avons des preuves pour cela. Même si tous les
idéaux n'ont pas encore été réalisés, nous
sommes sur la bonne voie. Et les difficultés
que connaissent actuellement les autres
entreprises - nous ne les aurons jamais.
33
Hier, je me suis adressé à un grand nombre
d'ouvriers d'une autre entreprise. J'ai vu
avec quel enthousiasme les gens ont accueilli
mon rapport, dès que les choses sont éclairées
d'un point de vue global. J'ai appris
aujourd'hui par mes ouvriers que la nouvelle
de cette réunion s'est répandue comme une
traînée de poudre parmi les travailleurs. Les
gens ne viennent eux-mêmes que si c'était le
cas partout [037], la situation serait très
différente. Nous recevons depuis des jours la
visite des conseils d'ouvriers de toutes les
grandes usines et ils disent : "Oui, si cela
existait chez nous ! Il y a une grande
négligence de la part de la bourgeoisie ;
parlez vraiment avec nos collègues, vous
rencontrerez partout des œillères, de
l'étroitesse d'esprit.
34
M. Dr Schmucker : je m'étais volontiers
représenté le projet de loi du gouvernement
effrayant, mais quand même pas tant que ça ;
c'est une véritable naissance ratée. Quand on
étudie la question, on voit que les
législateurs de Berlin ne connaissent pas la
situation ; ils ne savent même pas de quoi il
s'agit. Ils veulent maintenant supprimer les
commissions d'employés et d'ouvriers et les
remplacer par des conseils d'entreprise de 40
à 80 personnes, qui sont incapables de
travailler.
35
M. Geyer : il n'y a pas une seule
personne ici présente qui ne soit pas
sympathiquement touchée par les propositions
du Dr Steiner. Mais je dois avouer franchement
que je m'occupe chaque jour de la question de
savoir pourquoi, chaque fois que je pense être
sorti d'affaire, nous sommes confrontés à de
nouveaux problèmes. Nous sommes au milieu
d'une révolution spirituelle. Les humains
s'occupent toujours plus du côté spirituel de
la structure sociétale, ce qui n'était pas le
cas jusqu'à présent, où l'intérêt de
l'individu n'était généralement orienté que
vers une révolution économique. Mais je dois
dire que cette révolution spirituelle ne va
pas, à mon avis, dans la direction idéale.
L'ouvrier et de nombreux employés ne sont pas
du tout conscients de ce dont il s'agit
aujourd'hui. Leur intérêt pour la consommation
les tient si fermement prisonniers de leurs
réflexions qu'ils ne parviennent pas à
admettre que d'autres personnes, qui ne
travaillent pas de leurs mains, soient
également valables à côté d'eux. Steiner a
raison de dire qu'on ne mène aucune politique
sociale d'en haut. Nous devons toutefois en
arriver à ce que l'humain entre en relation
plus étroite avec l'humain. Mais nous sommes
malheureusement déjà si unilatéralement
plongés dans la culture, dans l'organisme
étatique et dans l'organisme mondial, qu'il
est nécessaire de revenir à la culture
originelle, à l'état originel - non pas d'une
vue spirituelle, mais en ce qui concerne le
rapport d'humain à humain. Il n'y a plus de
pilote au-dessus des humains. Tous les humains
devraient entrer en relation les uns avec les
autres, former de petits cercles, des sortes
de cristaux, qui se rassemblent en unités plus
grandes. Cette formation de cristaux devrait
ensuite se multiplier jusqu'à ce que nous
arrivions au sommet, où la liquidation de
l'organisme étatique est arrivée à son terme
[038]. Je pense que c'est ainsi que Monsieur
Steiner conçoit le processus jusqu'à la
triarticulation. Mais cela prendra un certain
temps, [et un problème se posera] : des
conseils seront formés, mais ces conseils
changeront très souvent, comme les gens
changent déjà souvent de poste, de sorte qu'il
en résultera un chaos. Il n'y aura pas
seulement des frictions entre les petites
organisations, mais aussi des collisions au
sein du ministère de la liquidation. Cela peut
conduire à l'effondrement de toute la tour qui
doit être construite par le bas. Je crois que
notre éducation populaire générale comme
condition préalable [à cette œuvre de réforme]
ne permet pas encore d'espérer l'émergence
d'une véritable confiance entre les gens. Je
pense qu'une éducation populaire générale
devrait commencer avant, mais j'admets
volontiers que des obstacles d'en haut et d'en
bas s'opposeront également à cet
éclaircissement populaire général. Celui qui
doit se laisser éclairer, l'ouvrier, ne
considère pas seulement l'employeur comme un
ennemi, mais aussi tous ceux qui sont
spirituellement supérieurs, parce qu'il craint
de devoir le convaincre de quelque chose qui
est en contradiction avec ses intérêts. C'est
une expérience que l'on fait souvent. Je ne
pense pas que, même si Molt a fait de bonnes
expériences avec les conseils d'entreprise
dans son entreprise, il en sera toujours
ainsi. L'humain est un humain, et depuis que
je connais l'humain dans son évolution de dix
mille ans, je dois dire que l'humain n'est pas
une simple formation terrestre, mais un être
qui arrive un jour au point de culture où l'on
peut vraiment dire que l'humain est maintenant
culturellement formé de telle sorte que son
existence sur terre sera heureuse. Pour que
cela se produise, il devrait toutefois venir
un humain qui dispose de forces spirituelles
surhumaines pour capturer les âmes des hommes.
36
Rudolf Steiner : J'aimerais dire que tout cela
pourrait en fait être utilisé pour présenter
une vision de la valeur de l'humain. Mais pour
celui qui pense pratiquement à ce qu'il faut
faire à l'époque chaotique, il ne peut
vraiment pas s'agir de savoir si l'humain est
suffisamment formé culturellement ou s'il peut
être formé, mais seulement de faire des
humains ce qui peut être fait d'eux. Et
surtout, lorsque nous parlons de l'organisme
social, nous devrions d'emblée abandonner la
vision que nous voulions fonder n'importe
comment [039] le bonheur sur l'organisme
social ou apporter le bonheur aux humains par
des institutions sociales. Il ne s'agit donc
pas du tout, dans les transformations
sociales, de créer des humains heureux, mais
d'apprendre à connaître les conditions de vie
de l'organisme social, c'est-à-dire de créer
un organisme social viable. Le fait que nous
ne puissions pas progresser avec l'éducation
populaire telle qu'elle est aujourd'hui a
justement conduit les impulsions de la
triarticulation à exiger pour l'éducation
populaire une émancipation totale des autres
membres.
37
Maintenant, si l'on veut vraiment connaître
les gens, il ne faut pas parler de dizaines de
milliers ou de milliers d'années, mais de ce
qui est vraiment gérable. Celui qui se rend
compte de l'évolution de l'éducation populaire
au cours des derniers siècles - il suffit en
effet de prendre trois ou quatre siècles si
l'on veut pénétrer dans ce que sont les
dommages actuels - peut se dire : c'est par
l'étatisation toujours plus poussée de
l'ensemble du système éducatif que nous sommes
parvenus à la non-éducation populaire que nous
avons aujourd'hui. Nous en sommes arrivés à
créer peu à peu, de la part de nos cercles
dirigeants, une éducation qui ne conduit qu'à
des concepts erronés. Pensez donc que les
cercles dirigeants ont poussé l'ouvrier dans
la vie économique pure et simple. Car ce que
vous lui jetez comme morceaux d'éducation
populaire, il ne le comprend pas. J'ai été
enseignant à l'école d'éducation ouvrière et
je sais ce que l'ouvrier peut comprendre et ce
qui n'est pas fait correctement. Je sais qu'il
ne peut comprendre que ce qui n'est pas issu
de l'éducation bourgeoise, mais de l'être
humain en général. Vous avez dit que l'ouvrier
considère comme ennemi quiconque est
spirituellement plus élevé que lui. Bien
entendu, il considère comme un ennemi
quiconque représente simplement une vie
spirituelle [conditionnée] par la structure
sociale d'une caste et d'une classe peu
nombreuses. Il le sent très bien dans son
instinct. Dès qu'il se trouve face à la vie
spirituelle qui est puisée dans l'être humain
tout entier, il n'est pas du tout question
qu'il soit l'ennemi [040] de celui qui est
spirituellement supérieur ; il n'en est pas
question ; au contraire, il remarque très bien
que c'est son meilleur ami. Nous devons
trouver la possibilité de parvenir à une
éducation populaire réellement sociale par
l'émancipation de la vie spirituelle. Pour
cela, il ne faut pas avoir peur d'un certain
radicalisme.
38
On doit avoir un pressentiment de comment les
concepts, les représentations, l'essence même
de ce qui est aujourd'hui notre formation ont
déteint, pour le dire trivialement, sur
l'humain. On a beaucoup discuté de
l'enseignement secondaire. Ce système de
lycée, qu'est-ce que c'est ? Nous l'avons mis
en place en mettant en scène une sorte de
paradoxe. Ce qu'est la vie spirituelle, c'est
un tout. Les Grecs ont pris de la vie
spirituelle dans tout, parce qu'en même temps,
c'était la vie spirituelle qui s'adaptait aux
circonstances. Nous n'enseignons rien à
l'école de ce qui est dans le monde, mais ce
qui était dans le monde pour les Grecs est
imaginé par notre culture. De ce paradoxe,
nous réclamons maintenant : nous voulons
offrir aux humains un éclaircissement
populaire. Nous pouvons seulement leur offrir
si nous revenons aujourd'hui entièrement sur
nous-mêmes dans ce domaine, si nous nous
approchons de l'humain en tant qu'humains. Il
ne s'agit pas de revenir à un état primitif
spéculatif ; seul entre en considération ce
que l'époque exige. Aujourd'hui, il est
nécessaire que nous apprenions vraiment de
telles choses. Lorsque j'ai enseigné à mes
élèves - je peux dire qu'ils étaient très
nombreux - ce que je ne pouvais pas obtenir
d'une branche quelconque du savoir ou de la
formation gymnasiale, mais qu'il fallait
construire à nouveau, ils ont appris avec
zèle. Naturellement, parce qu'ils absorbent
aussi le jugement des personnes cultivées, qui
[provient en fait du savoir du lycée], ils
savaient exactement qu'il s'agit d'un mensonge
culturel ; ils ne veulent naturellement rien
apprendre de cela.
39
Nous n'aurons pas la possibilité d'aller
réellement de l'avant si nous ne sommes pas en
mesure de prendre la première décision
radicale de réaliser cette triarticulation,
c'est-à-dire d'arracher réellement la vie de
l'esprit et la vie de l'économie à la vie de
l'État. Je suis convaincu qu'aujourd'hui,
beaucoup de gens disent [041] qu'ils ne
comprendraient pas cette triarticulation. Ils
disent cela parce qu'elle leur est trop
radicale, parce qu'ils n'ont aucun courage de
l'étudier en détail et de la mettre en œuvre.
N'est-ce pas, c'est vraiment de cela qu'il
s'agit, que nous n'avons pas affaire à des
surhumains, mais à des humains tels qu'ils
sont réellement, et de faire ce que l'on peut
faire avec eux. On peut alors faire beaucoup
de choses si on ne veut pas partir de tel ou
tel préjugé. Maintenant on devrait vraiment
placer le système d'enseignement la propre
base et le laisser purement géré par ceux qui
s'y trouvent. Mais les gens ne peuvent guère
se représenter quelque chose là-dessous tandis
que c'est quand même en fait une chose qui, si
on veut se la représenter, est déjà donnée.
40
Donc, l'enseignement doit d'abord être pensé
tout à fait séparément du système de l'État.
Il est tout à fait exclu que nous avancions si
nous ne nous hissions pas à cette pensée
radicale qui consiste à amener l'école, et
même l'ensemble du système de formation, hors
de l'État.
41
M. Dr Riebensam : Je veux revenir sur le
terrain réel, sur ce que nous avons
l'intention de faire. J'aimerais parler
personnellement et répondre à M. Molt que
je tieng sa conception - bien qu'il l'ait
vécue dans son usine - pour quelque peu
irréelle. Elle se fonde sur l'expérience d'un
petit cercle. Il y a vingt ans déjà, j'ai
appliqué dans une petite usine des principes
auxquels personne ne pensait à l'époque. J'ai
montré ouvertement ce que je faisais dans
l'entreprise. Nous avons eu le système Taylor,
ce qui semblait bien. J'ai ensuite essayé la
même chose dans une usine beaucoup plus grande
- les gens m'ont suivi. J'ai ensuite tenté
l'expérience ici - la confiance manquait.
C'est sur la base de ces conditions que j'ai
exprimé mes doutes, et je dois m'y tenir.
Revenons-en à ce que nous voulons. La question
a été posée : par quoi devons-nous commencer ?
Je vais supposer que nous rassemblons le corps
des travailleurs dans le but de créer des
conseils d'entreprise. Comment faisons-nous ça
? Il est possible, Monsieur Steiner, que vous
me disiez que nous pourrions même donner aux
travailleurs l'autogestion. Je ne suis pas
encore convaincu que cela aille. Je demande un
exemple concret de formation de conseil
d'entreprise dans une grande usine. [042]
42
Rudolf Steiner : J'aimerais tout d'abord dire
que tout ce qui peut être fait aujourd'hui
dans une entreprise ne peut être qu'une
préparation à ce que signifie le conseil
d'entreprise. J'aimerais juste dire, parce que
M. Riebensam est parti de ce sujet, que
les expériences faites dans un cercle aussi
restreint que celui de M. Molt ne doivent
pas être fêtées trop tôt comme une victoire.
Mais ne nous trompons pas : ce qui peut
d'abord être prouvé par ces expériences, c'est
que l'on peut établir la confiance dans un
certain cercle. Et c'est bien ce que
M. Molt a voulu dire de préférence dans
un premier temps. Il ne peut s'agir d'une
victoire, parce qu'en général, si l'on pense à
une socialisation systématique, on ne peut pas
remporter une victoire dans une seule
entreprise. La victoire d'une entreprise
individuelle, même si elle consistait à élever
le niveau de vie de son corps de travailleurs
- si une entreprise individuelle y parvenait
unilatéralement, cela ne pourrait se faire
qu'aux coûts de la collectivité.
43
La socialisation ne peut absolument pas être
abordée à partir d'entreprises particulières.
Car je veux attirer votre attention sur un
point : des choses qui, dans certaines
conditions, peuvent conduire à quelque chose
de salutaire, peuvent peut-être, dans des
conditions opposées, conduire au plus grand
dommage. Je ne peux rien attendre d'autre de
l'application du système Taylor dans notre
ordre économique actuel, si ce n'est que, par
l'application toujours plus grande de ce
système, il se produira finalement une telle
augmentation de la production industrielle que
cette augmentation nous rendra de toute façon
impossible d'arriver à un quelconque
aménagement nécessaire ou même seulement
possible de la situation des prix pour les
biens de la vie qui ne proviennent pas de
l'industrie, mais par exemple [de
l'agriculture].
44
Dr Riebensam : Je ne voulais pas parler en
détail du système Taylor. [043]
45
Rudolf Steiner : Je pense seulement que ce
système Taylor, s'il était appliqué dans
d'autres conditions, pourrait éventuellement
conduire à quelque chose de positif ; mais
dans notre système actuel, il ne ferait
qu'augmenter tous les dommages du système.
46
Concernant la question concrète : comment
faisons-nous en ce qui concerne les conseils
d'entreprise ? — N'oublions pas que nous ne
voulons faire que ce qui se présente comme une
revendication. Nous devons observer les
revendications et distinguer celles qui sont
essentielles de celles qui ne le sont pas. Le
système des conseils est effectivement
aujourd'hui une réalité donnée, c'est-à-dire
qu'il n'existe peut-être qu'en germe, mais
celui qui observe correctement les forces
sociales qui agissent dans notre organisme
social le comprend. Il en va de même pour
l'idée de conseils dans ce cas particulier :
les conseils d'entreprise, les conseils de
transport et les conseils économiques
s'imposeront d'eux-mêmes. Dans un premier
temps, nous n'avons là qu'un pressentiment des
travailleurs. Il s'agit vraiment de la
constitution sociale des conseils
d'entreprise, pour laquelle on ne peut pas
établir de principes généraux. En fait, il
s'agit de s'habituer enfin à rendre les
initiatives possibles, et vous aurez de telles
initiatives au moment où elles seront
déclenchées. Vous n'avez rien d'autre à faire
que de populariser l'idée des conseils
d'entreprise - et c'est très important
aujourd'hui. Ensuite, il faudra certainement
répondre de différentes manières à la question
dans les entreprises concrètes les plus
diverses : comment faisons-nous cela ? — Cela
peut être fait d'une manière dans une
entreprise, d'une autre dans une autre, en
fonction des objectifs et des personnes. Nous
devons en arriver à la possibilité de
constituer un corps de conseils d'entreprise à
partir des entreprises, de créer un corps de
conseils d'entreprise séparé des entreprises,
qui agisse entre les entreprises. C'est là que
commence vraiment le travail du corps de
conseils. La question de savoir comment nous
faisons, c'est à vous de la résoudre au cas
par cas. Nous devons seulement comprendre la
pensée en général et la mettre en pratique
dans les cas particuliers. [044]
47
De tout ce que nous avons entendu ici
aujourd'hui - nous avons fait l'expérience que
nous ne gagnons aucune confiance -, c'est
quelque chose dont je pense que dans chaque
cas particulier, si on l'examinait, on
arriverait à voir qu'il faudrait quand même
aborder la chose différemment. Tout d'abord,
il faudrait vraiment accepter la nécessité de
remettre la vie de l'économie sur ses propres
pieds. Pensez seulement quand même que si l'on
fait cela, alors il y a quand même purement la
marchandise et de la production de
marchandises dedans; on n'a donc alors plus du
tout affaire avec le salaire. Certes, cela ne
peut pas être mis en place/institué du jour au
lendemain. Mais l'ouvrier le comprend si vous
lui dites : on ne peut pas abolir le système
des salaires du jour au lendemain. - Mais si
la tendance est d'abolir le système salarial,
de transférer réellement sa force de travail
dans l'État de droit pour que soit décidée sur
elle- car elle n'appartient pas à la vie de
l'économie -, alors il y a purement un contrat
de répartition entre la direction et
l'ouvrier. C'est une chose concrète, qui doit
d'abord devenir vraiment réelle, qui doit être
portée dans chaque entreprise particulière ;
alors, on pourra avancer avec les gens. Mais
malheureusement, la volonté n'est pas là. Il
n'y a par exemple aucune compréhension [chez
les entrepreneurs] pour le fait que le système
salarial puisse être dissous. On considère
cela comme une condition sine qua non de la
vie de l'économie.
48
M. Dr Riebensam : je dis que les ouvriers ont
bien des conseils d'entreprise [en tête, mais
ils ne comptent pas] avec l'objectif
[fondamental]. [Il faudrait le leur montrer].
Vous le faites ici en donnant des conférences.
49
Rudolf Steiner : pas chez les dirigeants [des
ouvriers], ils pensent dans les anciennes
voies, ils pensent de manière bourgeoise.
50
M. Dr Riebensam : il est certain que nous
devons dire toutes ces choses aux ouvriers,
mais je dois d'abord être moi-même clair à ce
sujet, je dois réfléchir à ces pensées.
Ensuite, je peux aussi essayer de parler aux
ouvriers et de les influencer. Mais j'aimerais
vous demander si vous connaissez aussi les
conseils d'entreprise dans les autres usines ?
[045]
51
Rudolf Steiner : Je ne connais que le système
Molt, qui a été introduit sur la base de cette
idée [sur le corps de conseils d'entreprise].
52
Emil Molt : un beau jour, parce que nous avons
vu qu'il y avait un besoin, nous avons
convoqué les gens, nous avons discuté du but
et de l'objectif, puis nous avons dit : les
plus capables peuvent entrer dans le conseil
d'entreprise, mais ils doivent savoir qu'ils
ont encore à apprendre. Ceux qui entrent
doivent apprendre dès le premier jour, mais
sous la direction de quelqu'un. Ils doivent
apprendre ce qui est nécessaire pour diriger
une entreprise. La confiance vient, les gens
voient alors qu'il n'est pas si facile de
diriger une entreprise, tout comme les gens
comprennent aujourd'hui qu'il n'est pas si
facile de faire un gouvernement. Les gens
comprennent alors que le directeur est le
premier conseil d'entreprise de son affaire,
parce qu'il est le seul à connaître
l'entreprise depuis le bas de l'échelle.
Ensuite, on travaille avec les gens sur des
questions fondamentales pour qu'ils sentent
que c'est là que se trouvent les
impondérables.
53
M. Dr Riebensam : combien de personnes
avez-vous dans votre entreprise ?
54
Emil Molt : Sept cents.
55
M. Dr Riebensam : avec qui dois-je m'asseoir ?
56
Emil Molt : Ils viennent d'eux-mêmes.
57
Dr Carl Unger : je pourrais apporter quelques
expériences, même si elles ne sont que
spécifiques, parce que dans mon entreprise, il
s'agit d'ouvriers métallurgiques, qui ont une
mentalité un peu différente de celle des
autres ouvriers. Mon expérience est que nous
avons établi un programme qui n'est pas un
programme en soi, mais qui consiste simplement
à élaborer les grandes lignes d'un conseil
d'entreprise avant l'arrivée du gouvernement,
parce que sinon, il n'y aura rien. Vous avez
dit que vous considériez comme essentiel que
le conseil d'entreprise cherche à établir des
liens avec l'extérieur, qu'il se mette en
relation avec d'autres conseils d'entreprise.
La condition préalable était l'appel publié à
l'époque, qui a circulé dans notre entreprise.
Dans toutes les questions possibles qui ont
été discutées ici, on a toujours recherché le
point de vue de la triarticulation. [Mais dans
notre entreprise, nous avons été contraints]
de faire les choses à l'ancienne - mais cela
n'a pas vraiment sa place ici. [Toute
l'affaire des conseils d'entreprise] doit être
faite du point de vue [046] du droit. [Et
c'est en fait aussi une bonne chose que] les
gens demandent la triarticulation, car ils
sont ainsi instruits et transmettent leur
savoir dans leur cercle, car l'idée de la
triarticulation est quelque chose qui doit
œuvrer d'homme à homme.
58
Dr Fritz Elsas : Monsieur le Dr Schmucker a
d'abord posé la question à Monsieur le Dr
Steiner de savoir ce qu'il ferait s'il était
désormais nommé/appelé au gouvernement
conformément à la résolution des travailleurs.
Je voudrais parler à titre purement personnel
et non politique, car du point de vue
politique, je ne pense pas que cette demande
soit heureuse, et ce parce qu'elle ne
signifierait rien d'autre que de demander au
gouvernement de se démettre lui-même. Car un
tel gouvernement, sans se désavouer lui-même,
n'appellera pas le représentant de la pensée
moderne sans abdiquer. Comme cela ne serait
pas responsable et qu'un mouvement aussi
important ne devrait pas naître avec quelque
chose qui n'a [dès le départ] aucun succès, je
n'ai jamais caché ces doutes et je regrette
qu'une telle résolution ait été adoptée.
Toutefois, cela ne devrait pas nous empêcher
d'extraire ce qui est approprié de ce désir
non sincère. D'après ce que je sais, le Dr
Schmucker est au ministère du Travail. Pendant
et après la guerre, nous avons eu des
ministres qui n'étaient pas là auparavant ; ce
sont des signes que l'ancien État
fonctionnaire, l'ancien État laquais n'est pas
devenu maître de cette immense économie qui
émerge depuis 60 ans et qui doit chercher
d'autres formes, que nous le voulions ou non,
parce que ces formes ont effectivement subi un
fiasco. Les États ont eux-mêmes montré que
c'était impossible s'ils se construisaient de
la sorte en États économiques. C'est le sens
de cette catastrophe.
59
Or, tous ces messieurs, et en particulier
M. Riebensam, sont partis du principe, à
juste titre, que nous nous trouvions dans une
situation extrêmement grave, dans laquelle
tout l'édifice peut s'écrouler. Nous sommes
dans une phase de transition et devons d'abord
rester dans le domaine qui est d'actualité et
qui doit être abordé immédiatement. Ce ne sont
pas des questions spirituelles, mais
économiques. M. Molt a gagné la confiance
de ses ouvriers ; mais ils ne sont pas de la
structure des ouvriers métallurgistes. Ceux-ci
sont en fait - comme nous l'entendons - déjà
parvenus au point de vue du nihilisme, qui
entraîne les dangers les plus aigus pour le
Wurtemberg. L'un de ces dangers, Monsieur
Riebensam, réside dans le fait que vous
considérez la chose de manière trop tranchée
du point de vue purement industriel, parce que
[047] vous oubliez que le Land de Wurtemberg
ne compte pas seulement les 8 000 [ouvriers de
Daimler] et les 5 000 ouvriers de Bosch, mais
aussi des agriculteurs. Et quand ils
viendront, ce sera la guerre civile. Que se
passera-t-il alors, je ne le sais pas.
60
La question qui se pose est la suivante : si
les ouvriers, et pas seulement les ouvriers,
mais aussi les fonctionnaires, exigent sans
raison des choses démesurées, s'ils se placent
du seul point de vue du consommateur, [que se
passe-t-il alors] ? Nous devrions faire une
tentative et dire aux ouvriers, dans l'esprit
de la triarticulation : vos ouvriers
métallurgistes - et ce dans toutes les
entreprises - se réunissent maintenant,
forment une coopérative de production - c'est
quelque chose de tout à fait nouveau -, vous
apportez tous les apports en nature de votre
entreprise, votre force de travail, et une
nouvelle organisation est créée. Je ne veux
pas dire que c'est nécessaire, mais je peux
imaginer que l'ouvrier peut être gagné à la
cause de l'abolition du salaire en tant
qu'équivalent du travail, sans qu'il soit
nécessaire de prendre une décision finale, car
un seul État ne peut presque pas abolir le
salaire. Si ces entreprises, qui sont
importantes dans le Wurtemberg, constituaient
une telle coopérative de production et
rassuraient ainsi les ouvriers, nous
gagnerions du temps pour la réalisation des
idées du Dr Steiner. Ce rassemblement serait
un rassemblement organisé qui s'exprimerait
sous une forme de droig quelconque. Chez vous,
Monsieur Riebensam, l'organisation pourrait
être différente de celle des petites
entreprises.
61
Et maintenant, l'autre question : est-ce qu'un
petit État, un État moyen comme le Wurtemberg,
qui fait partie d'une région économique fermée
[avec sa propre monnaie], peut vraiment former
un tel regroupement pour lui-même ? L'étranger
fournira-t-il des matières premières à de
telles coopératives ? Le danger réside dans le
fait que les États étrangers, qui sont des
"États-capitaux" bien plus grands et plus
forts que l'Allemagne à l'heure actuelle,
décideront de ne pas entrer en relations
économiques avec une telle entité. Or, nous ne
pouvons pas nous nourrir nous-mêmes. La
question doit donc être examinée : par où
commençons-nous avec ces organisations ?
62
Rudolf Steiner : N'est-ce pas, ce serait
peut-être aller trop loin si je voulais entrer
dans les détails des résumés précédents, je
veux plutôt entrer dans les questions.
63
On ne pourrait pas encore considérer cela
comme une réalisation particulière de ce qui
est pensé par la triarticulation, si, [048] à
ma fois, tous les métallurgistes du Wurtemberg
étaient traités comme vous l'avez dit, bien
que cela soit absolument réalisable sur le
plan formel. Mais je dois souligner
expressément, lorsque je parle de la
triarticulation, que je considère qu'une
séparation unilatérale de la vie économique de
la vie de l'État, laissant la vie spirituelle
à la vie de l'État, est le contraire de ce qui
est recherché, car je considère qu'une
division en branches est aussi nuisible qu'une
triarticulation est nécessaire. Si, par de
telles choses, une branche économique
particulière était séparée, je ne
considérerais absolument pas cela comme allant
dans le sens de la triarticulation. Toutefois,
une telle chose pourrait se produire
formellement dans un organisme social qui
travaille selon la triarticulation.
Maintenant, n'est-ce pas, cela constituerait
aussi un test fondamental si l'on pouvait
envisager de telles choses.
64
Comme détail, je voudrais seulement remarquer
que l'abolition du salaire, pensée de manière
conséquente, ne conduit absolument pas à la
conclusion qu'un État isolé ne peut pas abolir
le salaire, parce que le rapport de l'économie
dans un tel État qui abolit le salaire n'a pas
besoin de changer par rapport à l'ensemble du
monde extérieur économique. Qu'à l'intérieur
le travailleur obtienne son revenu dans le
sens du libéralisme économique ou qu'il
l'obtienne sous une autre forme, par exemple à
partir du produit de ce qu'il produit et pour
lequel il est déjà associé au dirigeant, cela
ne change rien aux autres relations
économiques avec l'extérieur. Il n'est donc
pas exact qu'un seul État ne puisse pas abolir
le salaire. Mais on ne peut pas non plus
soutenir l'opinion selon laquelle un petit ou
un grand État ne peut pas réaliser cette chose
pour lui-même. Au contraire, dans un petit ou
un grand État, vous ne pouvez certainement pas
socialiser dans le sens où le pensaient les
anciens socialistes. Je pense que la
socialisation telle que la concevaient les
anciens socialistes ne peut mener qu'à
l'étranglement et au rétrécissement absolus
d'une seule région économique. Si l'on tire
les conséquences extrêmes de l'ancienne
[049]socialisation, une zone économique unique
n'est en fait rien d'autre que ce qui est
dominé par un seul grand livre. Vous ne
pourrez donc jamais parvenir à une balance
commerciale positive, mais seulement à une
dévaluation progressive et totale de l'argent.
Vous pouvez alors supprimer l'argent. Alors,
la possibilité même d'un lien extérieur cesse
absolument.
65
Donc toutes ces choses ont été la base pour
penser à cette triarticulation, parce qu'elle
donne la seule possibilité que chaque domaine
individuel, le domaine économique, le domaine
du droit et le domaine de l'esprit, puisse
réaliser la chose. Les relations avec
l'extérieur ne changeront en aucune autre
manière, si ce n'est qu'il ne sera plus
possible, par exemple, que les mesures
politiques perturbent l'économie. Le domaine
économique fonctionnera vers l'extérieur, et
les choses qui, par exemple, dans le problème
du chemin de fer de Bagdad, ont réuni les
trois intérêts en une seule pelote, ne
pourront plus se produire, de sorte qu'en fin
de compte, le problème du chemin de fer de
Bagdad est devenu l'une des principales causes
de la guerre. Vous voyez ces trois choses
ficelées ensemble.
66
J'attire encore une fois l'attention sur le
fait que la triarticulation a été pensée en
termes de politique étrangère, c'est-à-dire
qu'elle a été pensée pour offrir la
possibilité de mener la vie économique au-delà
des frontières politiques, selon des points de
vue purement économiques, de sorte que la vie
politique ne puisse jamais se mettre en
travers de son chemin. Cela signifie que dans
les domaines qui n'appliquent pas la
triarticulation, il y aurait des dommages,
mais il n'y aurait tout d'abord aucune raison
réelle pour la vie économique [démembrée] que
l'étranger ne s'engage pas dans des [relations
économiques], si autrement l'économique est
rentable pour l'étranger. Cela ne dépendra que
de cela, même si une région économique n'est
pas indépendante, si elle est entièrement
impulsée par la politique ; car toutes ces
choses qui touchent l'étranger ne sont pas
touchées par la triarticulation. [050]
67
Aujourd'hui, il y a une grande inquiétude :
prenons un cas concret. Supposons que la
Bavière procède maintenant à sa socialisation,
une telle socialisation, conçue de manière
bureaucratique et centralisée, rendrait
impossible, saperait toute une série de liens
libres entre les entreprises nationales et
l'industrie étrangère. En revanche, la
triarticulation fait sortir la force de
travail du territoire économique, ce qui donne
à l'ouvrier la possibilité d'être un compagnon
libre face au chef de travail. Ainsi,
l'ouvrier peut vraiment avoir la part qui lui
revient au sein du secteur économique, si l'on
cesse de tout confondre. Aujourd'hui, on n'a
plus de prix objectifs, mais on a le rapport
salarial dans la vie économique. Si vous
enlevez cela, vous avez enlevé d'un côté
l'inquiétude des travailleurs. Et maintenant,
retirez [de l'autre côté] le rapport de
capital, du fait que vous avez l'organisme
spirituel qui doit toujours veiller aux
capacités de ceux qui doivent être là pour
diriger les entreprises. Vous avez ainsi
retiré les deux principales pierres
d'achoppement du corps économique, et vous
n'avez pas touché à quelque chose qui se
déroule dans les échanges économiques avec
l'étranger. Il n'y a donc aucune raison pour
que l'étranger se montre hostile, car il ne
perd rien, il peut continuer à mener sa vie
économique exactement comme avant.
68
Cette réorganisation [par le corps de conseils
d'entreprise] est justement pensée du point de
vue de la vie de l'économie. Si l'on pense à
l'Allemagne, toute une myriade de fils fins
qui existent avec l'étranger s'organiseront
d'un seul coup, de toutes les entreprises. On
ne peut effectivement rien faire d'autre que
de procéder à une restructuration de la vie
sociale qui permette à l'avenir de réguler
effectivement la marchandise par la
marchandise, de sorte qu'il existe un
indice/index précis autour duquel les
marchandises se regroupent en fonction de leur
valeur. Ainsi sera créée la possibilité que ce
que l'individu produit ait la [051]
valeur que doivent avoir tous les produits
dont il a besoin pour façonner sa vie. Dans
notre organisme de division du travail, toute
socialisation doit aboutir à ce que ce que
l'individu produit au cours de l'année
corresponde à ce dont il a besoin pour vivre.
Si nous éliminons le rapport salarial et le
rapport de capital, nous obtenons le pur
rapport marchand/de marchandise. C'est
toutefois quelque chose qu'il faut se décider
à penser entièrement. A cet instant, on
trouvera que c'est très facile.
69
Dr Fritz Elsas : Je ne suis pas contre le fait
que l'organisme spirituel se gère lui-même ;
je dis seulement que ça durera plus longtemps
et que ce n'est pas urgent.
70
Rudolf Steiner : C'est urgent parce que nous
avons la nécessité de créer tout de suite une
base pour l'éducation de travailleurs
spirituels que nous ne pouvons pas produire
avec notre vie de l'esprit étatique actuelle.
Ce qui est terrible aujourd'hui, c'est que
notre vie de l'esprit estampillée étatiquement
est très éloignée de la vie pratique. Même
dans les universités, les gens sont formés de
telle manière - ils ne sont pas formés dans la
pratique, mais uniquement dans la théorie -
qu'ils ne se tiennent pas dans la vie.
N'est-ce pas, je pense par exemple que ce
système scolaire sera à l'avenir tel que le
praticien qui se trouve dans l'usine, dans
l'entreprise, conviendra particulièrement
comme enseignant, et éventuellement, je pense
que ces [enseignants] alterneront
continuellement [entre l'école et
l'entreprise].
71
M. Dr Stadler : C'est par hasard que je suis
venu ici aujourd'hui, et je voudrais me
permettre d'exprimer mon opinion en tant
qu'invité. Ce que vous faites ici se fait
actuellement de manière similaire dans de
nombreuses régions d'Allemagne. Ce que je vois
actuellement à Berlin, c'est une lutte
spirituelle inouïe du peuple allemand avec les
problèmes de la révolution. À Berlin, il y a
une multitude de cercles, d'organisations,
d'associations, de groupes informels, qui se
réunissent tous de la même manière que vous ce
soir et qui parlent de cette affaire. En
effet, nous assistons en Allemagne non
seulement à l'effondrement politique [052] et
économique, mais aussi à la dissolution
spirituelle de tout l'ancien système. Et lors
de cet effondrement, le peuple allemand est
déjà à nouveau prêt à tenter de suivre sa
propre voie. Les praticiens posent des
problèmes aux théoriciens et contrecarrent
leurs objectifs avec leurs questions
pratiques. Ils ont également raison, car ils
vivent dans la pratique. La difficulté réside
dans le fait que dans toute l'Allemagne, on
fixe des objectifs lointains dont la
réalisation nécessiterait une ou deux
générations de travail, alors que nous sommes
en plein effondrement effectif. Si,
contrairement à Rudolf Steiner et à d'autres,
je constate que M. Steiner a en fait
élaboré une pensée à laquelle une grande
partie des personnes présentes peut souscrire
sur le plan émotionnel, mais dont les purs
praticiens ne peuvent se contenter — je dis
bien les praticiens, car l'un est conseiller
d'État [M. Dr Schmucker], l'autre est un
entrepreneur de pointe [M. Dr Riebensam] -,
car ils doivent se demander : quelle est la
voie à suivre demain, car cela ne nous fera
pas avancer ? La solution ne pourra pas être
trouvée [aussi facilement] ; elle est si
extraordinairement compliquée que l'on reste
dans l'irréel avec un système de pensée et
qu'il ne convient plus pour résoudre des
questions réelles. Tous ces programmes
d'action se heurtent toujours à telle ou telle
résistance de la part des industriels, des
politiques et des juristes. Ce qui est heureux
en Allemagne, c'est que l'on pense et que l'on
cherche, contrairement à la Russie, où l'on
n'a pas pensé pendant toute la période de la
révolution. Ainsi, la Russie est effectivement
en train de sombrer - sur le plan étatique et
économique. Je suppose qu'il en sera de même
pour nous en Allemagne, malgré les nombreux
efforts spirituels, parce que le cours des
choses nous empêche d'arriver à temps à une
synthèse politique. Il y a justement des
théoriciens qui s'accrochent à un système
quelconque, tandis qu'il y a des praticiens
qui freinent ; cela ne peut donc se faire que
par la force, car entre les deux extrêmes, la
politique allemande ne fait que dériver et
tout laisser se produire. Nos politiciens de
parti n'ont aucune idée de ce qui est
spirituel. J'ai l'honneur de connaître
personnellement des hommes d'État de premier
plan. J'ai la triste conviction qu'ils n'ont
rien en eux de l'esprit du temps, rien en eux
de la foi en l'avenir et qu'ils réfléchissent
seulement à la manière de se maintenir aux
commandes/à la rame du jour au lendemain.
72
Mais vous devriez vous demander s'il n'y a pas
des possibilités de mettre en lien ce que vous
essayez de faire ici le plus rapidement
possible avec des efforts similaires qui sont
entrepris dans toute l'Allemagne, afin que
vous [053] ne vous sentiez pas isolés. Il
serait juste que vous soyez conscients que
l'Allemagne n'est pas le petit cercle qui se
réunit ici en ce moment. Si vous ne parvenez
pas à former une phalange, cette tentative,
parce qu'elle ne peut être que locale, est
vouée à l'échec. Vous ne pouvez pas créer
quelque chose dans le Wurtemberg, faire la
triarticulation, si toute l'Allemagne va au
diable. Vous ne pouvez pas introduire des
conseils d'entreprise si l'ensemble de la
politique ne suit pas. Soit vous vous
réunissez en un mouvement de renouveau
spirituel et vous renoncez à entrer en matière
sur la Realpolitik du jour — vous devez alors
accepter la destruction, le chaos -, soit vous
voulez non seulement aspirer à un renouveau,
mais aussi agir en pratique, en Realpolitik
pour aujourd'hui, demain, et alors vous devez
former une phalange avec toutes les forces du
peuple allemand qui vont dans le même sens et
faire des concessions aux réalités de la vie.
Cela signifie que vous devez commencer [par
exemple] à élaborer un système très concret de
conseils d'entreprise, à faire des
propositions concrètes en matière de politique
étrangère. Excusez-moi de critiquer en tant
qu'étranger, mais j'ai de bonnes intentions à
votre égard et à l'égard du peuple allemand,
que j'ai à cœur de préserver.
73
M. Jaeger : j'aimerais être bref. J'ai eu
l'impression, au cours de la discussion, que
la tendance générale est de se demander
comment nous pouvons, dans un premier temps,
emprunter le chemin qui mène à l'objectif que
nous montre M. Steiner. Cette question
nous préoccupe tous. Si la création des
conseils d'entreprise, comme le demande
M. Steiner, pose déjà tant de problèmes,
nous ne devons pas oublier que ce n'est qu'un
tout petit début. Pour organiser la vie
économique, nous avons besoin non seulement de
conseils d'entreprise pour les usines, mais
aussi de tout un système de conseils en
général. Mais si nous en parlons aujourd'hui,
nous devons être conscients qu'il n'existe pas
encore de système de conseils, car ce qui a
été pratiqué chez nous jusqu'à présent par les
conseils n'est pas encore un système ; c'est
l'absence de système. Nous devrions d'abord
discuter de questions individuelles et nous
efforcer dès maintenant de faire un début et
de commencer par ces conseils.
74
Et maintenant une question concrète : le
représentant des usines Daimler a beaucoup
parlé du conseil d'entreprise et de la
relation avec les ouvriers. Monsieur Riebensam
a posé la question de savoir comment il devait
procéder pour entrer en contact avec le corps
des ouvriers de Daimler et gagner leur
confiance. [054]Je pense que si l'on veut
atteindre un grand objectif, il faut d'abord
regarder à petite échelle, en faisant un pas
pratique comme M. Molt. [Je voudrais donc
demander] : N'est-il pas possible que
M. Steiner, avec les messieurs qui
souhaitent cette stimulation, agisse lui-même
pratiquement auprès des ouvriers des usines
Daimler, afin d'en stimuler d'autres, grâce à
cet objectif atteint ? Nous n'avons pas
seulement besoin de la confiance des ouvriers,
mais aussi de la bienveillance des
industriels, des directeurs d'usine, qui sont
[au début] hostiles à de telles choses.
75
Rudolf Steiner : On ne peut répondre à cette
question que si cette tentative pratique
pouvait vraiment être faite - elle pourrait
certainement être faite - mais je veux dire
qu'il faudrait d'abord être à l'intérieur des
usines Daimler.
76
Un intervenant : quand on est à l'intérieur,
c'est justement la confiance qui fait défaut,
c'est ça la difficulté. Les personnalités
dirigeantes ont du mal à gagner la confiance.
Ceux qui sont élus par les ouvriers sont à
nouveau combattus lorsqu'ils s'entendent avec
la direction. Il s'agit d'expliquer aux
travailleurs : grâce à cette triarticulation,
nous pouvons atteindre des objectifs pratiques
; nous voulons seulement être un lien pour
vous rassembler, pour vous montrer le chemin.
77
Rudolf Steiner : On ne peut le faire que si
l'on gagne par exemple les ouvriers à la
compréhension d'un objectif commun qui peut
être réalisé en dehors des murs de
l'entreprise concernée. Si l'on voulait aller
plus loin - et c'est ainsi que cela aurait un
but ; il devrait être possible d'amener les
ouvriers à ce but -, on devrait essayer de
réaliser quelque chose par soi-même. Cela ne
mènerait qu'à l'expulsion par la direction de
l'usine Daimler. On m'a dit qu'il était tout
de même très étrange que je reçoive la
confiance des ouvriers et que je fasse les
choses très différemment de ce qui se fait
habituellement. Cette manière de faire repose
sur le fait que je ne promets rien aux
ouvriers, mais [055] que je leur
explique simplement les processus et autres
choses de ce genre. C'est la grande différence
: en fait, je ne promets rien - je peux
vraiment le faire avec les ouvriers de
Daimler-Werke comme je le fais maintenant -,
je ne peux rien promettre parce que je sais
certainement que la direction de l'entreprise
me mettrait à la porte si je faisais des
promesses. Nous ne devons pas oublier qu'il ne
s'agit pas aujourd'hui d'abstractions
nébuleuses telles que "toute l'Allemagne" ou
"ce qui s'effondre", mais qu'il s'agit
effectivement de comprendre le point
individuel, de travailler à partir de ce point
individuel. Si une fois seulement, dans un
point particulier, une véritable compréhension
était éveillée pour les exigences qui se
trouvent dans les conditions réellement
réelles et pour leur satisfaction, le préjugé
ne surgirait pas toujours à nouveau : C'est
quelque chose de généralement idéaliste, qui
n'a rien à voir avec la pratique. - Si l'on se
donnait la peine d'étudier l'élan proprement
pratique de ce principe non pas de pensée,
mais de vie, alors nous progresserions. Ce qui
nous nuit aujourd'hui, c'est que l'on prend ce
soi-disant système, qui n'est pas un système,
mais vraiment autre chose, qui repose sur la
vie réelle, à tous les coins de rue comme un
simple système de pensée. Je ne peux rien
faire d'autre que ce qui est fondé sur des
conditions réelles. Mais c'est ce qui
donnerait aujourd'hui déjà l'impulsion
nécessaire pour gagner l'ensemble des ouvriers
des usines Daimler. Mais la prochaine étape
devrait être de parvenir à quelque chose en
collaboration avec la direction de
l'entreprise. Mais celle-ci nous pousserait à
bout. Et cela rend impossible la réalisation
de quelque chose pour celui qui se trouve à
l'extérieur. Il est important que nous
travaillions à une véritable compréhension de
ces choses. Ensuite, les choses avanceront.
Mais je ne pense pas que nous puissions
avancer avec de simples abstractions. C'est
aussi une abstraction de dire qu'il faut faire
une tentative pratique tant qu'il n'y a pas de
terrain pour cela.
78
M. Jaeger : Je dois insister sur le fait
que si la compréhension des ouvriers est
acquise, la direction ne poussera pas la
personnalité dehors, [056] mais si la
personnalité a gagné la confiance, alors ces
propositions seront acceptées par les deux
parties. Il ne s'agit pas ici de promesses,
mais seulement du fait que le conseil
d'entreprise parvienne d'abord à un accord
entre la direction et à un accord entre la
direction et le corps des ouvriers.
79
Rudolf Steiner : Toute la chose est sans
espoir s'il n'y a pas de compréhension pour la
véritable triarticulation. Cette
compréhension, vous la trouvez aujourd'hui en
règle générale dans la classe ouvrière, pour
la raison que ces gens ne sont pas attachés à
quelque chose qui leur vient de l'ancienne
situation, mais ne possèdent rien d'autre
qu'eux-mêmes et leur force de travail.
Toutefois, cette compréhension fait encore
défaut aujourd'hui chez les autres [humaines],
qui ne seront peut-être contraints de renoncer
à ce qui ne consiste qu'à s'attacher aux
anciennes conditions que lorsqu'ils seront mis
sur la paille. Aujourd'hui, vous trouvez
effectivement dans la classe ouvrière une
large compréhension de la triarticulation,
même si les dirigeants de la classe ouvrière
ne peuvent absolument pas penser dans le sens
d'une pensée progressiste, mais pensent au
fond de manière beaucoup plus bourgeoise que
la bourgeoisie.
80
Si les gens disent, oui, on ne peut pas
comprendre ces choses, elles sont trop
aberrantes, cela vient du fait que les gens
ont oublié de comprendre une chose à partir de
la vie. Pour ces choses qui touchent à la vie,
les gens doivent répondre par des expériences
de vie. Aujourd'hui, ils ne répondent qu'avec
ce qu'ils ont appris à partir de jugements et
de concepts partisans. Mais si quelqu'un n'a
rien de tout cela, mais seulement ce qui est
issu de l'ensemble de la vie, alors on dit :
ce n'est pas pratique, cela ne répond pas à
des questions particulières, on aimerait avoir
des réponses à des questions concrètes. Mes
"points essentiels" n'ont pas été écrits pour
orienter [la question sociale] vers la théorie
ou la philosophie, mais pour commencer quelque
part. Si l'on commence, on verra que les
choses avancent.
81
M. Dr Riebensam : Je ne pense pas que M. Dr
Steiner serait mis dehors par moi - c'est moi
qui décide, mais la direction commerciale
[057] a aussi quelque chose à dire - mais il
est probable que l'actuel commission des
travailleurs le chasserait. Il semble que j'ai
voulu contrecarrer les idées du Dr Steiner
avec mes réelles préoccupations. Ce n'était
pas le but ni l'intention de ma déclaration.
Je voulais simplement discuter de l'ensemble
du sujet ici. Mon point de vue est que nous
avons besoin aujourd'hui d'un moyen quelconque
pour éviter autant que possible la lutte avec
les ouvriers. Or, il est un fait que
M. Steiner a gagné aujourd'hui la
confiance d'un grand nombre d'ouvriers. Et
cela devrait suffire à Stuttgart pour prendre
d'autres mesures. Cela pourrait aussi indiquer
la voie à suivre, peut-être sans lutte pendant
un certain temps. Les ouvriers sont prêts à
suivre le mouvement, même avec les directeurs
d'usine. Il serait très erroné de ne pas
suivre une telle voie. C'est mon avis
personnel.
82
M. Reitz : Comment faire ?
83
Emil Molt : c'est pour répondre à cette
question que nous sommes réunis. Après que
Monsieur Dr Riebensam ait prononcé un mot
important, après que le chemin soit clairement
tracé pour que deux classes se réunissent en
une seule humanité, après que ces chemins
clairs aient été tracés ici, c'est maintenant
à chacun de s'engager réellement sur ce
chemin. La mort dans toutes ces affaires,
c'est que l'on parle beaucoup plus que l'on ne
fait. M. Dr Stadler a raison : si l'on se
contente de se réunir et de parler sans passer
à l'action, le temps se précipite de telle
sorte que les événements nous dépassent. Nous
sommes tous d'avis que dans trois ou quatre
semaines viendra le grand effondrement, où
nous devrons nous tenir prêts à agir pour
réaliser la nouveauté. Pour cela, nous avons
besoin de chaque personne, afin que les
pensées puissent être mises en pratique chaque
heure et chaque minute dans la vie
quotidienne. C'est pourquoi nous vous
demandons instamment, dans l'intérêt du peuple
et de l'humanité, de ne pas vous contenter de
demander ce qu'en pense M. Steiner, mais
de faire en sorte que chaque individu soit
parfaitement conscient que le chemin est tracé
en lui et qu'il doit simplement l'emprunter.
C'est parce qu'elle ne l'a pas fait que
l'ancienne Allemagne a périclité et que
l'Allemagne actuelle périra. Je pense que si
nous rentrons chez nous aujourd'hui, nous
devrions le faire avec la ferme décision de
passer des simples considérations à l'action,
même si elle ne peut pas être parfaite - une
action imparfaite est encore mieux qu'une
pensée tout à fait intelligente, avec laquelle
nous ne faisons que rester à la surface et
[058] ne transformons pas les choses dans la
réalité, car c'est de la transformation des
choses qu'il s'agit aujourd'hui.
84
Peut-être existe encore le besoin de
s'exprimer sur le côté culturel des problèmes.
Nous aimerions bientôt en créer l'occasion ;
peut-être certains domaines pourraient-ils
être traités séparément ou en commun.
J'aimerais avoir votre avis à ce sujet, afin
que nous puissions rentrer chez nous avec un
résultat.
85
M. Dr Weiss : Je suis tout à fait favorable à
la poursuite d'un débat dans ce sens. Mais je
trouverais préférable que les différents
domaines ne soient pas traités séparément ; il
est important pour nous, qui ne sommes ni des
entrepreneurs ni des artisans, que nous
puissions aborder toutes les questions. Il
faudrait créer la possibilité de traiter
toutes les questions ensemble, même au risque
de voir les rangs s'éclaircir. Nous ne
devrions pas seulement parler, mais aussi
essayer d'agir par le biais de la presse. Nous
devrions ainsi avoir une commission de presse
très souple, qui prendrait position dans les
différents organes de parti, non pas pour
alimenter la polémique. Il faudrait aussi
qu'un organe spécial de la Fédération pour la
triarticulation soit prêt à vérifier les
manuscrits avant de les envoyer à la rédaction
concernée, afin de ne pas compliquer les
démarches ultérieures. Le Bund für
Dreigliederung ne doit évidemment pas
restreindre la liberté d'expression, mais nous
devons créer quelque chose de ce genre ;
chacun doit utiliser ses relations avec la
presse pour prendre position sur les questions
concernées, mais les articles doivent être
envoyés au préalable afin que nous puissions
procéder de manière concentrique.
86
Emil Molt : C'est précisément ce que nous
cherchons à faire ; nous devrions en fait
prendre position chaque jour.
87
Un orateur : Nous sommes venus ici aujourd'hui
pour un débat. Il serait souhaitable qu'un
certain nombre d'industriels, représentant les
propriétaires, de directeurs d'usine et
d'employés, représentant les conseils
d'employés, se réunissent pour s'exprimer sur
cette question.
88
Emil Molt : Je pense que cela devrait vraiment
être tenté ; ce serait le premier pas vers la
préparation d'un corps de conseils
d'entreprise qui fonctionne.[059]
89
M. Dr Riebensam : Je pense que la voie devrait
être un peu différente ; vos conseils
d'entreprise devraient inviter nos commissions
d'ouvriers.
90
Emil Molt : on peut faire les deux ; les
ouvriers devraient voir que l'initiative vient
des fabricants.
91
M. Dr Riebensam : Elle devrait émaner des
commissions d'ouvriers, pas des fabricants.
92
Emil Molt : sinon, les fabricants ne
viendraient pas ; mais le mieux est d'en
discuter après.
93
Un orateur : Ne pourrait-on pas, pour ainsi
dire, publier certaines directives afin que
les fabricants aient des points de repère ?
Ainsi, les directions des grandes entreprises
pourraient traiter la question et en discuter
avec les commissions d'ouvriers. Cela
permettrait peut-être d'abréger toute
l'affaire.
94
A la question de savoir s'il est prévu de se
réunir à nouveau le jeudi suivant, il est
décidé de se réunir à nouveau ce jour-là à 7
heures du soir. [060]
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