Emil Leinhas introduit
l'assemblée et donne la parole à
Rudolf Steiner.
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01
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Emil Leinhas leitet die
Versammlung ein und erteilt Rudolf
Steiner das Wort.
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Rudolf Steiner : Très
chers présents ! Si les choses se
présentaient ainsi dans la vie
politique, et même dans la vie
publique en général, comme
beaucoup d'humains le pensent
aujourd'hui, il faudrait en fait
désespérer de pouvoir agir sur
l'amélioration des conditions
sociales par une intervention
personnelle, par une action
humaine directe. Il faut se
rappeler en particulier qu'il y a
aujourd'hui un grand nombre
d'humains qui croient que les
conditions économiques se
déroulent presque comme des
phénomènes naturels. Ils croient
que les événements économiques se
déroulent dans l'ordre avec une
nécessité de cause que l'on peut
tout à fait comparer à la
nécessité avec laquelle un corps
d'une certaine nature commence à
brûler lorsqu'on le met en contact
avec un autre d'une certaine
manière. C'est ce que pensent
beaucoup d'humains. Ils pensent
que si quelque chose de ce genre
s'est développé pendant un certain
temps dans la vie économique,
comme une conjoncture favorable,
alors quelque chose doit
simplement se développer à partir
de cette conjoncture favorable
elle-même, comme une crise. Il
s'ensuivrait pendant un certain
temps une mauvaise marche des
affaires avec des conditions
économiques en recul, jusqu'à ce
qu'une sorte de reprise se
produise à nouveau et que la vie
économique connaisse en quelque
sorte une ascension. Ces derniers
temps, les théoriciens de la
pensée économique, les économistes
nationaux, ont tout
particulièrement développé de
telles idées, qui préfèrent tout
représenter par le déroulement des
causes extérieures elles-mêmes et
veulent exclure toute intervention
de la volonté humaine. On a
carrément affirmé que la crise
économique importante de 1907, par
exemple, devait nécessairement
découler de l'essor qui l'avait
précédée. On peut peut-être penser
que l'observation de tels
processus s'étendant à de vastes
domaines de la vie de l'économie -
comme les conjonctures favorables
et défavorables - touche moins
l'individu. Mais ce n'est pas le
cas. Celui qui veut entreprendre
quelque chose à un moment donné
doit toujours être attentif à la
constellation conjoncturelle dans
laquelle il rentre.
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02
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Rudolf
Steiner: Sehr verehrte
Anwesende! Wenn die Dinge so
stehen würden im politischen, ja
im öffentlichen Leben überhaupt,
wie heute viele Menschen meinen,
so müßte man eigentlich daran
verzweifeln, durch persönliches
Eingreifen, durch unmittelbares
menschliches Tun auf die
Besserung der sozialen
Verhältnisse hinwirken zu
können. Man muß sich dabei
besonders daran erinnern, daß es
heute eine ganze Anzahl von
Menschen gibt, welche glauben,
daß die wirtschaftlichen
Verhältnisse fast so ablaufen
wie Naturerscheinungen. Sie
glauben, daß wirtschaftliche
Ereignisse sich der Reihe nach
mit einer Ursachennotwendigkeit
entfalten, die man durchaus
vergleichen kann mit jener
Notwendigkeit, mit der etwa ein
Körper von einer bestimmten
Beschaffenheit zu brennen
beginnt, wenn man ihn in einer
bestimmten Weise mit einem
andern in Verbindung bringt. So
denken sehr viele Menschen. Sie
meinen, wenn sich eine Zeitlang
so etwas entwickelt habe im
wirtschaftlichen Leben wie ein
günstiger Konjunkturbetrieb, daß
dann einfach aus diesem
günstigen Konjunkturbetrieb
selber sich etwas
herausentwickeln müsse wie eine
Krisis. Es folge dann eine
Zeitlang ein schlechter
Geschäftsgang mit zurückgehenden
wirtschaftlichen Verhältnissen,
bis wieder eine Art von Erholung
eintrete und gewissermaßen ein
Aufstieg im wirtschaftlichen
Leben stattfinden würde. Solche
Darstellungen wurden in der
letzten Zeit ganz besonders
hervorgebracht von Theoretikern
des wirtschaftlichen Denkens,
von Nationalökonomen, die am
liebsten alles aus dem äußeren
Ursachenverlaufe selbst
darstellen und das Eingreifen
des menschlichen Willens ganz
ausschließen wollen. Man hat
geradezu behauptet, daß zum
Beispiel die bedeutungsvolle
volkswirtschaftliche Krise im
Jahre 1907 eben mit einer
gewissen Notwendigkeit folgen
mußte aus dem Aufschwung, der
vorangegangen war. Man kann
vielleicht glauben, daß die
Betrachtung solcher über weite
Gebiete des Wirtschaftslebens
sich erstreckenden Vorgänge —
wie günstige und ungünstige
Konjunkturen — den einzelnen
weniger berühre. Das ist aber
nicht der Fall. Und namentlich
derjenige, der selber irgend
etwas zu irgendeiner Zeit
unternehmen will, muß immer
darauf aufmerksam sein, in
welche Konjunkturkonstellation
er hineinkommt.
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Il est donc seulement
trop compréhensible qu'une telle
croyance en un lien de cause à
effet nécessaire dans le domaine
économique se soit développée à la
suite de toute la pensée
scientifique des trois ou quatre
derniers siècles. Vous savez que
c'est en particulier la vision
théorique du social, qui rend
hommage au marxisme, qui se
complaît dans de telles idées et
qui voudrait aussi organiser son
action pratique selon de telles
idées. Pour beaucoup d'humains
aujourd'hui, il est apparemment
dilettante de s'opposer à une
telle chose, car on considère la
pensée scientifique comme un
idéal, et on considère même comme
une conquête le fait que cette
pensée scientifique se soit
étendue à la vie pratique. C'est
là que la science de l'esprit doit
intervenir de manière corrective,
car ce n'est qu'à partir de ces
conceptions, qui ont toujours été
défendues ici, que peut naître une
pensée sociale saine. Et la
science de l'esprit peut
intervenir de manière corrective à
partir de toute son essence, car
elle n'a absolument rien du
caractère théorique et abstrait
qu'a justement pris le mode de
pensée matérialiste et
scientifique des temps modernes.
Or, ce mode de pensée amène l'être
humain à ne pas regarder les faits
de la vie, mais à laisser ces
faits de la vie s'embuer de toutes
sortes de théories.
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03
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Es ist
ja nur zu begreiflich, daß ein
solcher Glaube an einen
notwendigen Ursachenzusammenhang
im Wirtschaftlichen sich
herausgebildet hat als Folge der
ganzen naturwissenschaftlichen
Denkungsweise der letzten drei
bis vier Jahrhunderte. Sie
wissen, es ist insbesondere die
dem Marxismus huldigende
theoretische Anschauung des
Sozialen, die in solchen Ideen
sich ergeht und die auch nach
solchen Ideen ihr praktisches
Handeln einrichten möchte. Es
ist scheinbar für viele Menschen
heute ganz dilettantisch, wenn
man sich gegen so etwas wendet,
denn man betrachtet ja geradezu
das naturwissenschaftliche
Denken wie ein Ideal, und man
betrachtet es sogar als eine
Errungenschaft, daß sich dieses
naturwissenschaftliche Denken
auch über das praktische Leben
ausgedehnt hat. Da muß
Geisteswissenschaft geradezu
korrigierend eingreifen, denn
nur aus diesen Anschauungen, die
von hier aus immer vertreten
wurden, kann allein eine gesunde
soziale Denkweise hervorgehen.
Und Geisteswissenschaft kann
korrigierend eingreifen aus
ihrer ganzen Wesenheit heraus,
denn sie hat durchaus nichts von
dem Theoretischen, Abstrakten,
das gerade die
materialistisch-naturwissenschaftliche
Denkungsart der neueren Zeit
angenommen hat. Diese
Denkungsart bringt aber den
Menschen dazu, nicht auf die
Tatsachen des Lebens
hinzuschauen, sondern sich diese
Tatsachen des Lebens umnebeln zu
lassen mit allerlei Theorien.
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Dans mes "Points
essentiels de la question
sociale", j'ai souligné comment le
prolétariat contemporain est
justement celui qui rend le plus
hommage à une conception du monde
entièrement théorique. Cela vient
simplement du fait que ce
prolétariat contemporain,
incompris dans ses aspirations par
la bourgeoisie qui se développe de
plus en plus dans le matérialisme,
n'a reçu comme vision du monde que
le matérialisme représenté par
cette bourgeoisie et croit donc à
ce matérialisme comme à un
évangile invincible et ne peut
tout simplement pas en sortir. La
science de l'esprit ne doit pas
rendre hommage à des théories,
elle ne doit surtout pas tendre
vers une quelconque fantaisie. Car
si, en tant que scientifique de
l'esprit, on a en soi une tendance
au fantasme, on déformera tout ce
que l'on observe dans le monde
spirituel, on en fera une
caricature ; on ne pourra arriver
qu'à un monde complètement
déformé. La science de l'esprit
exige comme base nécessaire de ses
adeptes qu'ils s'éduquent pour le
réel, pour ce qui est - je dirais
même - sobre dans une certaine
mesure. Mais en se formant,
précisément dans le domaine de
l'esprit, premièrement à une
logique claire et rigoureuse,
deuxièmement à une prise en compte
des faits, on est tout à fait en
mesure d'apporter cette éducation
dans la vie pratique ordinaire et
de laisser là aussi les faits
s'exprimer de manière correcte et
avec tout leur poids.
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04
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Ich
habe in meinen «Kernpunkten der
Sozialen Frage» hervorgehoben,
wie gerade das Proletariat der
Gegenwart eigentlich am
allermeisten einer durch und
durch theoretischen
Weltauffassung huldigt. Das
kommt einfach davon her, daß
dieses Proletariat der
Gegenwart, unverstanden in
seinen Bestrebungen von dem
immer mehr und mehr
materialistisch sich
entwickelnden Bürgertum, eben
nur den von diesem Bürgertum
vertretenen Materialismus als
Weltanschauung erhalten hat und
daher an diesen Materialismus
wie an ein unbesiegliches
Evangelium glaubt und einfach
nicht aus ihm herauskommen kann.
Geisteswissenschaft darf nicht
Theorien huldigen, darf vor
allen Dingen nicht zu
irgendeiner Phantastik neigen.
Denn trägt man als
Geisteswissenschaftler die
Neigung zur Phantastik in sich,
dann wird man alles, was man in
der geistigen Welt beobachtet,
verzerren, zur Karikatur machen;
man wird nur zu einer ganz
verzerrten Welt kommen können.
Geisteswissenschaft verlangt
als eine notwendige Grundlage
von ihren Bekennern, daß sie
sich für das Reale, für das —
ich möchte sogar sagen — bis zu
einem gewissen Grade Nüchterne
erziehen. Dadurch aber, daß man
gerade auf dem Geistgebiete sich
erstens zu einer klaren,
straffen Logik, zweitens aber zu
einer Berücksichtigung der
Tatsachen heranerzieht, ist man
durchaus imstande, in das
gewöhnliche praktische Leben
diese Erziehung hineinzutragen
und auch da die Tatsachen in der
richtigen Weise mit ihrem ganzen
Gewicht sprechen zu lassen.
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Que fait le théoricien de
l'économie nationale, et que font
tous ceux qui vont à l'école avec
un tel théoricien, lorsqu'ils
veulent par exemple étudier
quelque chose comme la crise
économique de 1907 ? Ils étudient
d'abord ce qui s'est passé en 1906
sur le plan économique, ils
entrent dans l'année d'une
conjoncture favorable. Vous
essayez ensuite de trouver les
causes de la ruine économique qui
s'en est suivie dans le cadre de
cette période précédente. Si l'on
procède ainsi, on peut s'imposer
avec toutes sortes de concepts
nébuleux et l'on est alors
incapable de penser correctement
dans la vie sociale. Mais si l'on
s'est formé à la science de
l'esprit, on s'interroge sur les
faits économiques, et l'on
découvre alors, par exemple pour
la crise de 1907 - on pourrait
aussi choisir un autre exemple -
qu'il y avait en Amérique un
puissant groupe de magnats de la
finance qui possédait plus de
trente banques et plus de trente
longues lignes de chemin de fer,
et bien d'autres choses encore. Ce
puissant consortium a discrètement
acheté un certain papier
spéculatif, qui était également
négocié sur les bourses
européennes, en si grandes
quantités que presque tout ce
papier était en possession de ce
consortium de magnats financiers.
Puis, par toutes sortes de
spéculations économiques, on a
incité les banques européennes -
et les entreprises européennes en
général - à acheter ces titres "à
livraison". On en est arrivé à ce
qu'un très grand nombre d'humains
achètent ces titres à livraison.
Or, supposons qu'une entreprise
quelconque ait conclu un achat à
livraison d'un tel papier pour le
revendre ensuite ; et il se trouve
que les mêmes banques en Amérique
ont conclu en même temps avec des
entreprises européennes des achats
à la livraison de ce papier [en
grande quantité]. Une entreprise
européenne commençait donc à
acheter ces titres d'un côté et
s'engageait de l'autre à les
vendre après un certain temps -
mais elle ne l'avait pas fait, car
ces titres avaient tous été
achetés auparavant par [ce groupe
financier], le groupe Morgan ;
elle devait donc d'abord les
acheter à nouveau à ce groupe. Les
entreprises européennes s'étaient
donc largement engagées à fournir
de tels titres. Or, dans
l'intervalle entre la spéculation
et la date de livraison, on a
réussi, depuis l'Amérique, à
augmenter considérablement la
valeur de ce papier, et la
conséquence en a été une surcharge
tout à fait extraordinaire du
marché monétaire européen, ce qui
a provoqué la crise. C'est-à-dire
qu'une pure spéculation
financière, provoquée par un
nombre certainement restreint
d'individus humains, a provoqué
cette crise. Ceux qui ont connu
cette crise se souviendront qu'à
l'époque, l'escompte bancaire en
Angleterre était monté jusqu'à
7 %, en Allemagne même
temporairement jusqu'à 8 %,
et un escompte bancaire élevé est
toujours un baromètre des crises.
Cette crise a donc été provoquée
par la volonté de ces humains.
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05
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Was
tut der nationalökonomische
Theoretiker, und was tun alle
diejenigen, die zu einem solchen
in die Schule gehen, wenn sie
zum Beispiel so etwas studieren
wollen wie die wirtschaftliche
Krise des Jahres 1907? Sie
studieren zunächst, was
wirtschaftlich vorangegangen
ist im Jahr 1906, kommen da in
das Jahr einer günstigen
Konjunktur hinein. Sie
versuchen dann, innerhalb dieses
Vorangegangenen die Ursachen
für den nachfolgenden
wirtschaftlichen Ruin zu finden.
Wenn man so vorgeht, kann man
sich mit allen möglichen
nebulosen Begriffen durchsetzen
und ist dann deshalb überhaupt
unfähig, im sozialen Leben
richtig zu denken. Wenn man sich
aber an der Geisteswissenschaft
erzogen hat, dann fragt man nach
den wirtschaftlichen Tatsachen,
und dann entdeckt man etwa für
die Krise des Jahres 1907 — man
könnte auch ein anderes Beispiel
wählen —, daß es in Amerika eine
mächtige Finanzmagnatengruppe
gab, die über dreißig Banken und
über dreißig lange
Eisenbahnlinien und noch manches
andere innehatte. Dieses
mächtige Konsortium kaufte in
aller Stille ein gewisses
Spekulationspapier, das auch an
europäischen Börsen gehandelt
wurde, in so großen Mengen auf,
daß fast alles von diesem Papier
im Besitze dieses
Finanzmagnatenkonsortiums war.
Dann veranlaßte man durch
allerlei wirtschaftliche
Spekulationen europäische Banken
— und europäische Unternehmungen
überhaupt — dazu, solche Papiere
«auf Lieferung» zu kaufen. Man
brachte es dazumal dahin, daß
eine ganz große Anzahl von
Menschen solche Papiere auf
Lieferung kauften. Nun nehmen
wir aber an, irgendein
Unternehmen habe in einem
solchen Papier einen Kauf auf
Lieferung abgeschlossen, um es
dann wieder zu verkaufen; und es
war nun so, daß dieselben Banken
in Amerika mit europäischen
Unternehmungen zu gleicher Zeit
Käufe auf Lieferung in diesem
Papier [in großem Umfange]
abschlossen. Eine europäische
Unternehmung begann also auf der
einen Seite diese Papiere zu
kaufen und verpflichtete sich
auf der andern Seite, sie nach
einer bestimmten Zeit zu
verkaufen — hatte sie aber
nicht, da diese Papiere zuvor
alle von [dieser Finanzgruppe],
der MorganGruppe, aufgekauft
waren; sie mußte sie also erst
wieder von dort kaufen. Es
hatten also die europäischen
Unternehmungen in großem Umfange
die Verpflichtung übernommen,
solche Papiere zu liefern. In
der Zwischenzeit nun, die
verlief zwischen der Spekulation
und dem Lieferungstermin,
brachte man es aber von Amerika
aus dahin, den Wert dieses
Papieres ungeheuer
hinaufzuschrauben, und die Folge
davon war eine ganz
außerordentliche Überlastung des
europäischen Geldmarktes, was
dann jene Krise hervorrief. Das
heißt, eine reine
Finanzspekulation, hervorgerufen
von einer gewiß geringen Anzahl
von menschlichen Individuen, hat
diese Krisis gemacht.
Diejenigen, welche diese Krise
kennen, werden sich erinnern,
daß damals der Bankdiskont in
England hinaufstieg bis zu 7%,
in Deutschland sogar zeitweilig
bis zu 8%, und ein erhöhter
Bankdiskont ist immer ein
Barometer für Krisen. Es war
also diese Krise eigentlich aus
dem Willen jener Menschen
bewirkt.
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Et c'est à de tels faits,
c'est-à-dire à des faits très
spécifiques et concrets de la vie
- et non à des théories générales
- qu'il faut s'intéresser si l'on
veut comprendre la vie, y compris
dans ses manifestations sociales.
Il peut être spirituel,
monstrueusement spirituel et
impressionnant que Karl Marx, par
exemple, fasse émerger avec une
certaine nécessité des formes
économiques ce que les humains
pensent ensuite. Mais au fond,
tout cela se déroule dans les
salles d'études, et c'est
justement un signe très
caractéristique que le produit le
plus pur des salles d'études, le
"Capital" de Karl Marx, soit
devenu aussi populaire qu'un
évangile dans le prolétariat. Mais
si l'on veut connaître la vie, il
faut regarder la vie elle-même. On
découvrira alors comment la
science de l'esprit, justement,
éduque à une vision de la vie -
mais une vision inconfortable. Car
au fond, il est beaucoup plus
confortable d'élaborer des
théories abstraites que de
s'engager dans la vie réelle.
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06
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Und
auf solche Tatsachen, also auf
ganz spezielle, konkrete
Tatsachen des Lebens — nicht auf
allgemeine Theorien — muß man
hinschauen, wenn man das Leben
verstehen will, auch in seinen
sozialen Erscheinungen. Es kann
ja geistreich, ungeheuer
geistreich und imponierend sein,
wenn zum Beispiel Karl Marx aus
den Wirtschaftsformen mit einer
gewissen Notwendigkeit
hervorgehen läßt das, was dann
die Menschen denken. Aber im
Grunde genommen ist das alles
in der Studierstube abgewickelt,
und es ist gerade ein sehr
charakteristisches Kennzeichen,
daß das reinste
Studierstubenprodukt, das
«Kapital» von Karl Marx, im
Proletariat so populär geworden
ist wie ein Evangelium. Will man
aber das Leben kennenlernen,
dann muß man das Leben selber
anschauen. Dann wird man finden,
wie gerade Geisteswissenschaft
heranerzieht zu einer Anschauung
des Lebens — allerdings zu einer
unbequemen. Es ist nämlich im
Grunde genommen viel bequemer,
abstrakte Theorien aufzustellen,
als sich einzulassen auf das
wirkliche Leben.
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Et maintenant vous allez
dire : mais les choses que les
théoriciens disent et que les
agitateurs transmettent au peuple
comme quelque chose de plausible
sont vraies - car il suffit de se
rappeler avec combien de chiffres,
avec quelle statistique sûre ces
choses sont habituellement
étayées. Nos livres qui existent
aujourd'hui sur la marche de la
vie publique, en particulier sur
les conceptions économiques - ils
fourmillent de données
statistiques, car quoi de plus
exact que ce que l'on peut prouver
par des chiffres ? Mais il y a
aussi d'autres statistiques qui,
dans un certain sens, semblent
même pouvoir représenter un cours
naturel de la vie humaine,
exprimable par la science de la
nature. Prenez par exemple les
statistiques des assurances comme
base d'une branche très pratique
de la vie, l'assurance-vie. On
calcule combien de personnes sur
un nombre donné de jeunes de vingt
ans seront encore en vie au bout
de trente ans et combien seront
décédées. Cela donne, si l'on
prend un nombre suffisamment
grand, des chiffres très constants
: sur tant de jeunes de vingt ans,
il n'en restera que tant après
trente ans. On peut alors calculer
la somme que la personne concernée
doit verser, et on peut dire
qu'ici, les statistiques
fournissent même quelque chose
avec lequel on peut compter dans
une certaine mesure dans la vie
pratique. Vous savez peut-être
qu'il existe aussi une statistique
des suicides ; vous savez que pour
une telle statistique, il suffit
de prendre un territoire
suffisamment grand et une période
suffisamment longue pour pouvoir
dire assez précisément : au cours
de ces années, tant d'humains vont
se suicider sur ce territoire. —
Mais celui qui veut tirer de la
nécessité apparente qu'il y ait
tant de suicides en cinq ans sur
un territoire donné la conclusion
que les humains ne sont pas
libres, mais qu'en raison de la
même contrainte qui fait qu'une
pierre tombe sur le sol, ces
humains doivent aussi se suicider,
a-t-il raison ? Il n'a pas raison.
Le fait qu'il existe autant de
"lois" statistiques n'élimine pas
le libre arbitre de l'humain. Il
ne peut pas être question que les
"lois" statistiques puissent dire
quoi que ce soit sur le libre
arbitre de l'humain, même s'il
devait vous arriver, à cinquante
ans, de constater qu'à l'exception
de vous, tous ceux qui, à vingt
ans, étaient promis par les
statistiques à mourir au plus tard
à cinquante ans, sont déjà morts -
[ils ne doivent pas se suicider
pour autant]. Les statistiques, et
même les statistiques sur le
suicide, sont là pour tout autre
chose que pour dire quelque chose
sur le libre arbitre de l'humain.
Et de la même manière, aucune loi
économique n'est en mesure de dire
quoi que ce soit sur la libre
intervention de l'initiative
humaine dans les affaires
économiques. Mais il y a autre
chose.
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07
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Und
nun werden Sie sagen: Aber die
Dinge stimmen ja, welche die
Theoretiker sagen und welche die
Agitatoren in das Volk als etwas
Plausibles hineintragen — denn
man braucht sich nur daran zu
erinnern, mit wieviel Zahlen,
mit welch sicherer Statistik
gewöhnlich diese Dinge belegt
werden. Unsere Bücher, welche es
heute über den Gang des
öffentlichen Lebens gibt,
besonders über die
Wirtschaftsanschauungen — sie
wimmeln ja nur so von
statistischen Angaben, denn was
könnte selbstverständlich
richtiger sein als das, was man
mit Zahlen belegen kann. Aber es
gibt auch noch andere
Statistiken, welche sich in
einer bestimmten Richtung sogar
so ausnehmen, als ob sie einen
natürlichen und durch die
Naturwissenschaft ausdrückbaren
Gang des Menschenlebens
darstellen könnten. Nehmen Sie
zum Beispiel die
Versicherungsstatistiken als
Grundlage eines ganz praktischen
Lebenszweiges, der
Lebensversicherung. Man rechnet
sich aus, wieviele Menschen von
einer bestimmten Anzahl
Zwanzigjähriger nach dreißig
Jahren noch leben werden und
wieviele gestorben sein werden.
Das gibt, wenn man nur die
Anzahl groß genug nimmt, sehr
konstante Zahlen: Von
soundsoviel Zwanzigjährigen
leben nach dreißig Jahren nur
noch soundso viele. Daraus kann
man dann die Summe errechnen,
die der Betreffende einzuzahlen
hat, und man kann sagen: Es ist
durchaus so, daß hier die
Statistik sogar etwas abgibt,
womit man im praktischen Leben
bis zu einem gewissen Grade
rechnen kann. Sie wissen
vielleicht, daß es auch eine
Selbstmordstatistik gibt; Sie
wissen, daß man für eine solche
Statistik nur ein genügend
großes Territorium und einen
genügend großen Zeitraum zu
nehmen braucht, um ziemlich
genau sagen zu können: In diesen
Jahren werden sich auf diesem
Territorium soundso viel
Menschen ermorden. -- Aber hat
derjenige recht, der aus der
scheinbaren Notwendigkeit, daß
in fünf Jahren auf einem
bestimmten Territorium soundso
viele Selbstmorde vorkommen, nun
den Denkschluß ziehen will, daß
die Menschen nicht frei sind,
sondern daß aus demselben Zwang,
wonach ein Stein zur Erde fällt,
nun auch diese Menschen sich
ermorden müssen? Er hat nicht
recht. Dadurch, daß soundso
viele statistische «Gesetze»
existieren, wird der freie Wille
des Menschen nicht
ausgeschaltet. Es kann gar keine
Rede davon sein, daß
statistische «Gesetze» etwas
aussagen können über den freien
Willen des Menschen, selbst dann
nicht, wenn es vorkommen sollte,
daß Sie als Fünfzigjähriger
feststellen müssen, daß mit
Ausnahme von Ihnen alle
diejenigen schon gestorben sind,
die als Zwanzigjährige von der
Statistik in Aussicht genommen
waren, spätestens bis zum
fünfzigsten Jahre zu sterben —
[Sie müssen sich deshalb noch
lange nicht umbringen]. Die
Statistik, ja auch die
Selbstmordstatistik, ist zu
etwas ganz anderem da, als etwas
auszusagen über den freien
Willen des Menschen. Und
ebensowenig sind irgendwelche
wirtschaftlichen Gesetze in der
Lage, etwas auszusagen über das
freie Eingreifen der
menschlichen Initiative in die
wirtschaftlichen
Angelegenheiten. Allerdings
liegt da noch etwas anderes vor.
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Supposons que les
événements se déroulent comme ils
se sont déroulés au début de
l'année 1907. En 1906, la
conjoncture économique était
favorable ; cela a généré
certaines habitudes de vie chez un
grand nombre d'humains. Et on peut
dire que lorsque les humains sont
dans une situation supportable
pendant quelques années, ils
prennent certaines habitudes de
vie. Et lorsque de telles
habitudes de vie se sont
développées, alors ceux qui
veulent justement profiter d'une
telle situation peuvent faire
quelque chose comme le groupe
Morgan l'a fait en 1907. Ils
peuvent alors se dire :
"Maintenant, les gens ont envie de
faire ceci ou cela, alors
spéculons là-dessus ! C'est
exactement comme si, dans un pays,
certaines influences défavorables
incitaient les humains au suicide.
Mais malgré tout, les humains se
suicident de leur plein gré, pour
autant que l'on puisse parler de
plein gré dans la vie ordinaire -
je me suis exprimé à ce sujet dans
ma "Philosophie de la liberté".
Or, il se trouve que ce qui se
passe ensuite ne découle pas de la
constellation précédente de la vie
de l'économie, mais uniquement de
ce que les humains font. Et si ces
humains font quelque chose que
l'on peut en quelque sorte
"calculer", qu'est-ce que cela
prouve ? Il suffit alors de
regarder un processus que vous
connaissez tous. Supposons que le
chien de Tyr soit là et que vous
lui présentiez un morceau de
viande ; vous pourrez calculer
assez précisément ce qu'il fait :
il le saisit. Et il est très rare
que le chien Tyras n'attrape pas
le morceau de viande. Mais si
l'humain fait quelque chose de
calculable dans une situation bien
précise, cela prouve seulement que
son niveau d'âme s'est abaissé ;
et plus on peut calculer ou
déterminer la causalité dans la
vie sociale, plus on indique ainsi
que les humains se sont abaissés à
un niveau plus animal. Ainsi, les
statistiques sur les suicides et
autres calculs, par exemple sur
les conjonctures favorables ou
défavorables, ne prouvent rien
d'autre que la nature de l'état
d'âme des humains ; mais il faut
alors aussi examiner les
circonstances temporelles,
l'atmosphère générale dans
lesquelles l'un ou l'autre état
d'âme est possible. Ce que le
groupe Morgan a fait en 1907 et
qui a plongé d'innombrables
existences dans la misère en
Europe n'a pu se produire qu'à
cette époque ; une telle chose
n'aurait par exemple pas été
possible cent cinquante ans plus
tôt.
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08
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Nehmen
Sie an, die Ereignisse kommen
so, wie sie mit Beginn des
Jahres 1907 gekommen sind. 1906
war eine günstige
Wirtschaftskonjunktur; das
erzeugte bei einer großen Anzahl
von Menschen gewisse
Lebensgewohnheiten. Und man kann
sagen: Wenn die Menschen ein
paar Jahre in einer erträglichen
Situation sind, dann nehmen sie
gewisse Lebensgewohnheiten an.
Und wenn solche
Lebensgewohnheiten sich
entwickelt haben, dann können
diejenigen, die gerade eine
solche Situation ausnutzen
wollen, so etwas tun, wie es die
Morgan-Gruppe 1907 getan hat.
Die können sich dann sagen:
Jetzt haben die Leute Lust, dies
oder jenes zu tun, also
spekulieren wir darauf! Es ist
geradeso, wie wenn in einem
Lande gewisse ungünstige
Einflüsse da sind, die die
Menschen zum Selbstmord
verleiten. Aber trotzdem: die
Menschen greifen doch zum
Selbstmord aus freiem Willen,
sofern man im gewöhnlichen Leben
von freiem Willen sprechen kann
— ich habe mich darüber in
meiner «Philosophie der
Freiheit» ausgesprochen. Nun ist
es aber durchaus so, daß nicht
aus der vorhergehenden
Konstellation des
Wirtschaftslebens dasjenige
folgt, was nachher geschieht,
sondern es folgt lediglich aus
dem, was die Menschen tun. Und
wenn nun diese Menschen etwas
tun, was man gewissermaßen
«errechnen» kann, was bezeugt
das dann? Dann braucht man nur
hinzuschauen auf einen Vorgang,
der Ihnen allen bekannt sein
wird. Nehmen Sie an, da steht
der Hund Tyras, und Sie halten
ihm ein Stück Fleisch vor; Sie
werden ziemlich genau errechnen
können, was er tut: Er schnappt
danach. Und es wird in den
seltensten Fällen vorkommen, daß
der Hund Tyras nicht nach dem
Stück Fleisch schnappt. Wenn
aber der Mensch in einer ganz
bestimmten Situation etwas
Errechenbares tut, so bezeugt
das nur, daß sein Seelen-Niveau
heruntergesunken ist; und je
mehr man im sozialen Leben
errechnen oder kausal bestimmen
kann, desto mehr weist man damit
darauf hin, daß die Menschen
mehr auf ein tierisches Niveau
heruntergesunken sind. Und so
beweisen Selbstmord-Statistiken
und andere Berechnungen, zum
Beispiel über günstige oder
ungünstige Konjunkturen, nichts
anderes als die Art der
Seelenverfassung der Menschen;
allerdings muß man dann auch die
Zeitumstände, die
Allgemein-Atmosphäre prüfen, in
der die eine oder die andere
Seelenverfassung möglich ist. So
etwas, wie es die Morgan-Gruppe
1907 getan hat und wodurch
unzählige Existenzen in Europa
ins Elend gestürzt worden sind,
konnte sich nur abspielen in
dieser Zeit; so etwas wäre zum
Beispiel einhundertfünfzig Jahre
früher nicht möglich gewesen.
|
Comment une telle chose
est-elle devenue possible ? Cela
s'est produit grâce à
l'émancipation du marché de
l'argent par rapport au marché des
marchandises. Cette émancipation
remonte aux années 1810-1815. Ce
n'est qu'à cette époque que
l'ancienne domination économique
de la vie publique [basée sur le
commerce des marchandises] est
devenue une domination par le
marché monétaire. Ce n'est qu'à
cette époque que le système
bancaire est devenu le maître de
la vie économique. Et provoquer de
telles situations économiques par
la circulation sur le simple
marché monétaire - à une échelle
telle que cela a été possible de
manière grandiose en 1907 - n'est
apparu que parce que l'argent est
devenu une véritable abstraction.
Il est devenu une abstraction qui
s'étend depuis lors à toute notre
vie économique et au reste de
notre vie.
|
09
|
Wodurch ist es denn
gekommen, daß so etwas möglich
wurde? Es ist gekommen durch die
Emanzipation des Geldmarktes von
dem Warenmarkt. Diese Emanzipation
rührt her etwa aus den Jahren
1810 bis 1815. Erst in dieser Zeit
wurde aus dem früheren bloß [auf
dem Warenverkehr beruhenden]
wirtschaftlichen Beherrschen des
öffentlichen Lebens ein
Beherrschen durch den Geldmarkt.
Erst zu dieser Zeit wurde
eigentlich das Bankwesen Herrscher
im wirtschaftlichen Leben. Und
solche wirtschaftlichen
Situationen hervorzurufen durch
den Verkehr auf dem bloßen
Geldmarkt — in einem Umfange, wie
es 1907 auf eine grandiose Weise
möglich geworden war —, das ist
erst dadurch entstanden, daß das
Geld zu einem wirklichen
Abstraktum geworden ist. Es ist zu
einem Abstraktum geworden, das
sich seitdem einfach über unser
ganzes Wirtschaftsleben und auch
über unser übriges Leben
ausbreitet.
|
Nous pensons ici à
l'époque où l'humain était lié à
ce qu'il produisait. A cette
époque, l'argent n'était au fond
qu'une sorte d'équivalent de la
marchandise produite ; on
s'attachait à la marchandise
produite. En fait, ce que l'on
produisait n'était pas du tout
indifférent, mais on s'attachait à
son produit. Aujourd'hui, c'est
déjà quelque chose de légendaire,
et autrefois, il pouvait vous
arriver quelque chose comme ce que
je voudrais citer en exemple. Un
jour, alors que je venais à
Budapest pour me faire couper les
cheveux, j'ai trouvé un coiffeur
qui coupait vraiment encore les
cheveux avec enthousiasme, et qui
disait : "Je ne cherche pas à
gagner de l'argent, je cherche
seulement à avoir une belle
coupe". Il présentait cela de
telle manière que cela donnait
vraiment l'impression d'une vérité
et d'une honnêteté intérieures.
Aujourd'hui, cette fusion avec son
produit s'est complètement perdue,
et l'on ne cherche plus qu'à
gagner tant et tant pour subvenir
à ses besoins. Aujourd'hui, il ne
s'agit plus que du rendement du
capital ou du salaire. Et tout
comme les principes généraux
abstraits se répandent sur toutes
sortes de choses, l'argent devenu
abstrait se répand sur toutes
sortes de choses. Dans l'esprit de
beaucoup d'humains aujourd'hui, il
est tout à fait indifférent de
vouloir gagner tant de marks par
jour, que ce soit pour fabriquer
des chaussures ou des manuels
scolaires. Cet argent émancipé de
la véritable réalité de la vie a
rendu possible l'atmosphère dans
laquelle ont pu se dérouler des
événements comme celui de 1907 -
et pourtant, ces événements sont
entièrement issus de la volonté
des humains ! Par ces mots, j'ai
simplement voulu attirer
l'attention sur la manière dont la
science de l'esprit s'efforce de
saisir la réalité dans sa
véritable forme. C'est tout de
suite le matérialisme - aussi bien
celui de science de la nature
qu'historique - qui s'est
complètement éloigné de la réalité
; il ne fait que théoriser. La
science de l'esprit doit aller
vers la réalité. C'est pourquoi
elle ne se laisse pas non plus
embrouiller par des conceptions
théoriques ; mais c'est
précisément ainsi qu'elle parvient
à une compréhension réelle de la
vie. C'est précisément ainsi
qu'elle sera appelée à promouvoir
efficacement une nouvelle
construction sociale à l'avenir.
|
10
|
Wir
denken dabei zurück an Zeiten,
in welchen der Mensch
zusammengewachsen war mit dem,
was er hervorbrachte. Da war das
Geld im Grunde genommen nur eine
Art Äquivalent für das
hervorgebrachte Warenerzeugnis;
da hing man an dem
Warenerzeugnis. Da war es
eigentlich durchaus nicht
gleichgültig, was man erzeugte,
sondern man wuchs mit seinem
Warenerzeugnis zusammen. Das
ist heute schon etwas
Legendenhaftes, und es konnte
früher einem so etwas passieren,
was ich jetzt als Beispiel
anführen möchte. Als ich einmal
nach Budapest kam und mir die
Haare schneiden lassen wollte,
fand ich einen Friseur, der
wirklich noch mit Enthusiasmus
die Haare schnitt und der sagte:
«Ich strebe nicht nach einem
Verdienst, ich strebe nur nach
einem schönen Schnitt.» Er
brachte dies so vor, daß es
wirklich den Eindruck innerer
Wahrhaftigkeit und Ehrlichkeit
machte. Dieses
Zusammengewachsensein mit
seinem Erzeugnis ist heute ganz
verlorengegangen, und man hat
nur noch das Bestreben, soundso
viel einzunehmen, um seine
Bedürfnisse zu versorgen. Heute
handelt es sich nur noch um das
Erträgnis an Kapital oder um den
Lohn. Und geradeso, wie sich
allgemeine abstrakte Prinzipien
ausbreiten über alles Mögliche,
so breitet sich auch das
abstrakt gewordene Geld über
alles Mögliche aus. Es ist
schließlich im Sinne vieler
Menschen heute ganz
gleichgültig, wenn man soundso
viel Mark am Tage einnehmen
will, ob man dafür Schuhe oder
Lehrbücher fabriziert. Dieses
von der eigentlichen Realität
des Lebens emanzipierte Geld hat
jene Atmosphäre möglich gemacht,
in der dann solche Vorgänge sich
abspielen konnten wie derjenige
vom Jahre 1907 — und trotzdem
gehen diese Vorgänge ganz und
gar aus dem Willen der Menschen
hervor! Ich wollte mit diesen
Worten lediglich darauf
hinweisen, wie
Geisteswissenschaft darauf
ausgeht, die Wirklichkeit in
ihrer wahren Gestalt zu
erfassen. Gerade der
Materialismus — sowohl der
naturwissenschaftliche wie der
historische — ist von der
Wirklichkeit ganz abgekommen;
der theoretisiert nur mehr.
Geisteswissenschaft muß auf die
Wirklichkeit gehen. Daher läßt
sie sich auch nicht benebeln von
theoretischen Anschauungen; aber
sie kommt gerade dadurch zu
einem wirklichen Verständnis des
Lebens. Gerade dadurch wird sie
berufen sein, einen sozialen
Neuaufbau in der Zukunft wirksam
fördern zu können.
|
En effet, l'usage s'est
peu à peu établi de ne plus
compter, en économie politique/de
peuple, que sur des choses telles
que l'offre et la demande ou
autres, sur les rapports de
marché, de circulation ou
d'échange. On ne pense en fait
qu'à quelque chose d'abstrait, à
ce qui se présente comme un
rendement, un bénéfice. Et lorsque
les humains réfléchissent
aujourd'hui aux questions
économiques, ils ne font rien
d'autre que de calculer avec le
facteur rendement.
|
11
|
Es hat sich ja allmählich
die Usance herausgebildet, im
Volkswirtschaftlichen überhaupt
nur noch mit solchen Dingen zu
rechnen wie Angebot und Nachfrage
oder dergleichen, mit den Markt-,
Verkehrs- oder
Wechselverhältnissen. Da meint man
eigentlich immer nur etwas
Abstraktes, das, was sich als
Erträgnis, als Ertrag darstellt.
Und wenn die Menschen heute über
wirtschaftliche Fragen nachdenken,
so geschieht das eigentlich gar
nicht anders als so, daß nur mit
dem Ertragsfaktor gerechnet wird.
|
Ainsi, toute la vie
économique est en quelque sorte
considérée de manière unilatérale,
car on élimine tout ce qui est lié
à la consommation. La consommation
doit simplement - je dirais -
résulter automatiquement de ce que
l'on perçoit comme rendement pour
un produit quelconque. Quand on
entre dans un magasin, on regarde
combien il rapporte, mais on ne
regarde pas quelle sorte de
consommation est liée à ce
magasin.
|
12
|
Dadurch wird
gewissermaßen das ganze
wirtschaftliche Leben einseitig
betrachtet, denn es wird all das
ausgeschaltet, was mit dem Konsum
zusammenhängt. Der Konsum soll
sich einfach -- ich möchte sagen —
automatisch ergeben aus dem, was
man als Ertrag für irgendein
Produkt einnimmt. Man sieht
darauf, wenn man in irgendein
Geschäft entriert, wieviel es
einträgt, aber nicht darauf,
welche Art von Konsum mit diesem.
Geschäft in Verbindung steht.
|
On ne tient même pas
compte de la qualité particulière
de l'article, dans la mesure où il
s'agit d'un article de
consommation ; on ne pense à
l'économie de peuple que du côté
du rendement, du côté de la
production, et non du côté de la
consommation. Mais si l'on omet
complètement d'orienter la pensée
économique vers le côté
consommation, alors la
consommation s'anarchise de proche
en proche, alors la consommation
vous dépasse de proche en proche.
|
13
|
Man rechnet gar nicht mit
der besonderen Qualität des
Artikels, insofern er ein
Konsumartikel ist; man denkt
volkswirtschaftlich nur nach der
Ertragsseite, der Produktionsseite
hin, nicht nach der Konsumseite.
Aber wenn man es vollständig
unterläßt, das wirtschaftliche
Denken nach der Konsumseite hin zu
wenden, dann veranarchisiert sich
nach und nach der Konsum, dann
entwächst einem nach und nach der
Konsum.
|
Or, cette consommation a
une certaine particularité : elle
a un certain rapport de cause à
effet avec la morale humaine, avec
la constitution d'âme humaine ;
mais par rapport à la production,
elle est liée de manière opposée à
la constitution d'âme humaine. La
morale, ce qui est d'âme, joue
donc aussi dans la production ;
donc là, ce qui est d'âme est la
cause. Si je produis un article
par lequel je trompe les humains,
cela provient d'une morale
bancale. Mais la façon dont les
humains vivent, c'est-à-dire les
possibilités de consommation
qu'ils prennent en compte, s'ils
consomment ceci ou cela, cela agit
comme origine sur la constitution
d'âme, sur la morale. Et ce
facteur n'est pas pris en compte
dans l'ensemble de la nouvelle
économie de peuple. C'est pourquoi
cette économie de peuple nous
échappe. Si l'on réfléchit
sainement, on se rend compte qu'il
est quasiment impossible de
comprendre pourquoi les grèves ont
augmenté de 87 % entre 1907
et 1919 en se basant sur les
rapports de production - certes,
une partie de l'augmentation est
due aux rapports de production.
Mais on obtient tout de suite une
idée de ce dont il s'agit en
réalité si l'on regarde les
conditions de consommation.
|
14
|
Nun
hat aber dieser Konsum eine
bestimmte Eigentümlichkeit: Er
steht in einem gewissen
ursächlichen Zusammenhang mit
der menschlichen Moral, mit der
menschlichen Seelenverfassung;
im Vergleich zur Produktion
hängt er aber in
entgegengesetzter Weise mit der
menschlichen Seelenverfassung
zusammen. In die Produktion
spielt ja auch die Moral, das
Seelische, hinein; also da ist
das Seelische die Ursache. Wenn
ich einen Artikel produziere,
durch den ich die Menschen
betrüge, so geht das aus einer
schiefen Moral hervor. Wie aber
die Menschen leben, das heißt
welche Möglichkeiten des Konsums
sie in Anspruch nehmen, ob sie
dies oder jenes konsumieren, das
wirkt ursächlich auf die
Seelenverfassung, auf die Moral
ein. Und diesen Faktor rechnet
man in der ganzen neueren
Volkswirtschaftslehre nicht mit.
Daher entläuft einem diese
Volkswirtschaft. Wenn man gesund
denkt, dann ist einem klar: Es
ist schier unmöglich, aus den
Produktionsverhältnissen heraus
zu begreifen, warum die Streiks
vorn Jahre 1907 bis zum Jahr
1919 um 87 % zugenommen haben —
einiges liegt zwar auch in den
Produktionsverhältnissen
begründet. Aber man bekommt
sogleich ein Bild, worum es sich
eigentlich handelt, wenn man auf
die Konsumverhältnisse sieht.
|
Or, dans la vie de
l'économie actuelle, toutes ces
choses sont dans un pendant
déterminé. Les économistes
nationaux et les gestionnaires ont
certes réfléchi à ce sujet, mais
ils n'ont pas réfléchi aux
véritables causes et pendants,
parce que leurs calculs ne
portaient que sur la rentabilité.
Le gestionnaire d'aujourd'hui sait
très peu de choses sur le pendant
entre une production quelconque et
les grèves [et encore moins sur le
pendant, entre la consommation et
ces grèves]. Il sait, d'après ce
qu'il a l'habitude de penser, ce
que l'une ou l'autre production
dégage de rendements.
|
15
|
Nun sind in dem heutigen
Wirtschaftsleben all diese Dinge
in einem bestimmten Zusammenhang.
Über den haben zwar die
Nationalökonomen und die
Wirtschafter nachgedacht, aber
über die wirklichen Ursachen und
Zusammenhänge haben diese Leute
nicht nachgedacht, weil ihr
Rechnen nur auf das Rentieren
ging. Der heutige Wirtschafter
weiß ja sehr wenig zu sagen über
den Zusammenhang irgendeiner
Produktion mit den Streiks, [und
erst recht nichts über den
Zusammenhang der Konsumtion mit
diesen Streiks]. Er weiß aus dem,
was er gewohnt ist zu denken, was
die eine oder die andere
Produktion an Erträgnissen
abwirft.
|
Il sait par exemple, s'il
est un fabricant de cri-cris
parisien - prenons un cas radical
du passé - que les cri-cris
peuvent être un article très
avantageux pour quelques années.
|
16
|
Er weiß zum Beispiel,
wenn er ein Pariser
Cri-Cri-Fabrikant ist — nehmen wir
einen radikalen Fall aus der
Vergangenheit —, daß die Cri-Cris
ein sehr günstiger Artikel für ein
paar Jahre sein können.
|
Ces cri-cris étaient des
instruments particulièrement
petits ; une plaque d'acier était
fixée dans un petit corps
métallique, et si l'on sortait
dans la rue avec cet instrument
dans la poche et que l'on touchait
cette plaque métallique, elle
émettait alors un son horrible, si
bien que les gens dans la rue
étaient terriblement agacés par ce
son. C'était ainsi dans les années
soixante-dix du siècle dernier ;
les rues étaient devenues
désagréables à cause de ces
cri-cris. Mais le revenu de
l'inventeur des Cri-Cri était très
important ; il est devenu
plusieurs fois millionnaire, mais
il n'a pas du tout calculé ce que
cela représentait du côté de la
consommation.
|
17
|
Diese Cri-Cris waren ganz
besonders kleine Instrumente; in
einem Metallkörperchen war eine
Stahlplatte eingespannt, und wenn
man mit diesem Instrument in der
Tasche auf die Straße ging und
diese Metallplatte berührte,
machte sie dann einen scheußlichen
Ton, so daß die Leute auf der
Straße furchtbar geärgert wurden
durch diesen Ton. Es war so in den
siebziger Jahren des vorigen
Jahrhunderts; da waren die Straßen
geradezu durch diese Cri-Cris
unleidlich geworden. Aber das
Erträgnis des Cri-Cri-Erfinders
war ein sehr großes; er ist
vielfacher Millionär geworden,
aber er hat gar nicht damit
gerechnet, was das auf der
Konsumseite ausmacht.
|
Car bien sûr, pour la vie
humaine, il aurait suffi de ne pas
fabriquer de Cri-Cri. Mais
calculez maintenant combien de
personnes ont été employées dans
ces usines de Cri-Cri ; elles ont
utilisé ces revenus pour leur
consommation. Cette consommation
de tant et tant d'ouvriers Cri-Cri
est donc le résultat d'un travail
humain inutile. Tout cela a un
impact sur la vie sociale ; le
travail humain inutile a des
conséquences énormes sur la vie
sociale.
|
18
|
Denn selbstverständlich,
für das menschliche Leben hätte es
genügt, wenn keine Cri-Cris
fabriziert worden wären. Aber nun
rechnen Sie sich aus, wieviele
Menschen in diesen
Cri-Cri-Fabriken beschäftigt
wurden; mit diesen Erträgnissen
haben sie ihren Konsum bestritten.
Dieser Konsum soundso vieler
Cri-Cri-Arbeiter ist also
entstanden aus unnötiger
Menschenarbeit. Das alles wirkt im
sozialen Leben; unnötige
Menschenarbeit hat ungeheure
Folgen im sozialen Leben.
|
Je pourrais aussi choisir
un autre exemple. Lichtenberg
disait déjà : "On produit en une
année 99 % d'œuvres
littéraires de plus que ce dont
l'humanité entière a besoin pour
être heureuse". - On peut sans
doute affirmer la même chose en se
référant au présent : si 99 %
de livres en moins étaient
produits, ce serait probablement
un grand bonheur pour l'humanité.
Il suffit de penser aux coups de
boutoir de la poésie - qui sont
bien sûr toujours le fait de
génies méconnus - qui sont tirés à
trois cents ou cinq cents
exemplaires et qui, la plupart du
temps, n'en écoulent pas
cinquante, pour se rendre compte
de la quantité de travail inutile
qui est fournie.
|
19
|
Ich
könnte auch ein anderes Beispiel
wählen. Schon Lichtenberg sagte
einmal: Es werden 99% mehr
Literaturwerke verfertigt in
einem Jahre, als die ganze
Menschheit zu ihrem Glück
braucht. — Man kann das mit
Bezug auf die Gegenwart wohl
auch behaupten: Wenn 99% weniger
Bücher erzeugt würden, so würde
es wahrscheinlich ein großes
Glück für die Menschheit sein.
Denken Sie doch nur an die Stöße
von Lyrik — die kommen ja
selbstverständlich immer von
verkannten Genies —, wo eine
dreihundert bis fünfhundert
Stück starke Auflage erzeugt
wird und meistens keine fünfzig
abgesetzt werden, wieviel
unnötige Arbeit da geleistet
wird.
|
On pourrait en faire
l'économie, et cela aurait un
effet extraordinaire sur les
rapports de consommation des
humains. Cela signifie que si l'on
ne compte que sur les revenus, il
n'est pas nécessaire d'avoir un
rapport avec les besoins réels de
la vie, on peut vouloir réguler la
vie tout à fait en dehors d'eux.
|
20
|
Die könnte erspart
werden, und das würde auf die
Konsumverhält nisse der Menschen
eine außerordentliche Wirkung
haben. Das heißt, wenn man bloß
mit den Erträgen rechnet, so
braucht man ja gar keine Beziehung
zu den wirklichen Bedürfnissen des
Lebens zu haben, kann ganz abseits
von ihnen das Leben regulieren
wollen.
|
C'est ce qui est au cœur
de notre grande crise actuelle, de
notre déclin. Car ceux qui
calculent dans l'ancien style
économique ne peuvent pas voir les
rapports entre le travail humain
inutile et la misère humaine.
|
21
|
Das steckt in unserer
jetzigen großen Krise, in unserem
Niedergang drinnen. Denn
diejenigen, die im alten
volkswirtschaftlichen Stile
rechnen, können keine
Zusammenhänge sehen zwischen
unnötiger Menschenarbeit und
Menschenelend.
|
C'est là que la science
de l'esprit peut intervenir et
donner les grandes corrélations,
parce que la science de l'esprit
ne part jamais de quelque chose
d'unilatéral, mais de l'universel.
Je ne parle pas d'une science de
l'esprit qui aspire à des hauteurs
abstraites et mystiques, mais
d'une science de l'esprit qui veut
éduquer l'humain pour qu'il
devienne utile et pratique dans la
vie. La science de l'esprit,
lorsqu'elle est correctement
appliquée, est une éducatrice pour
la vie, pour une construction de
la vie vraiment pleine de vie.
|
22
|
Da
kann nun Geisteswissenschaft
eintreten und die großen
Zusammenhänge geben, weil
Geisteswissenschaft nie auf
etwas Einseitiges ausgeht,
sondern auf das Allseitige. Ich
meine nicht eine
Geisteswissenschaft, die in
abstrakte, mystische Höhen
strebt, sondern eine
Geisteswissenschaft, die den
Menschen dazu erziehen will, daß
er für das Leben brauchbar und
praktisch wird.
Geisteswissenschaft ist, wenn
sie richtig angewendet wird,
eine Erzieherin für das Leben,
für einen wirklich lebensvollen
Aufbau des Lebens.
|
C'est pourquoi elle
pourra fonder une théorie
d'économie de peuple qui connaît
le lien entre le manque de travail
et la production de n'importe quel
produit inutile.
|
23
|
Daher wird sie eine
Volkswirtschaftslehre begründen
können, die den Zusammenhang kennt
zwischen Arbeits-Unlust und der
Erzeugung irgendwelcher unnötiger
Produkte.
|
La pensée de base de
quelque chose comme le "Jour qui
vient " était que des entreprises
pratiques devaient naître d'un tel
mode de pensée
spirituel-scientifique. Bien
entendu, il n'est pas possible
d'asseoir immédiatement une telle
entreprise sur une base saine en
ce qui concerne toutes les mesures
concrètes particulières. Mais si
une telle entreprise particulière
est dirigée par des gens imprégnés
d'une éducation issue de la
science de l'esprit, alors les
mesures pratiques aboutiront
d'elles-mêmes à ne pas surcharger
les humains de travail inutile,
mais uniquement de travail
nécessaire ; il faudra justement
compter avec la consommation dans
l'économie de peuple. Ce n'est
qu'ainsi que pourra naître ce qui
conduira à une nouvelle ascension.
|
24
|
Daß aus einer solchen
geisteswissenschaftlichen
Denkweise nun auch einmal
praktische Unternehmungen
hervorgehen sollen, das war
eigentlich der Grundgedanke von so
etwas wie dem «Kommenden Tag».
Selbstverständlich kann man nicht
gleich eine solche Unternehmung
mit Bezug auf alle konkreten
Einzelmaßnahmen auf eine gesunde
Basis stellen. Wenn aber eine
solche Einzelunternehmung von
lauter Leuten geleitet wird, die
durchdrungen sind von einer
Erziehung, die aus der
Geisteswissenschaft kommt, dann
werden die praktischen Maßregeln
auch von selbst darauf
hinauslaufen, die Menschen nicht
mit unnötiger Arbeit zu belasten,
sondern nur mit nötiger Arbeit;
man wird eben zu rechnen haben mit
dem Konsum in der Volkswirtschaft.
Nur so wird dasjenige entstehen
können, was wieder zu einem
Aufstieg führt.
|
Ces humains qui veulent
avoir purement des revenus sont
indifférents à ce qu'ils
produisent ou à ce pour quoi ils
sont rémunérés, car ils reçoivent
de l'argent en échange. L'argent
est abstrait dans la vie
économique, et on peut tout avoir
en échange. Il s'agit précisément
d'organiser notre économie de
telle sorte qu'elle dépende
honnêtement de la volonté humaine,
et non de manière malhonnête.
Comment devient-elle honnêtement
dépendante de la volonté humaine ?
Par les associations. Si vous avez
des associations, ce qui se passe
dans la vie économique résulte de
la volonté des humains impliqués
dans ces associations. Il y aura
alors des négociations entre les
différentes associations ; des
humains vivants négocieront entre
eux, et ce qui est produit dans la
vie de l'économie résultera de
telles négociations entre les
humains vivants entre eux dans les
associations. Lorsqu'une usine
doit être fondée, on n'y réfléchit
pas simplement du point de vue
qu'elle doit rapporter tant de
bénéfices dans la conjoncture
actuelle, mais on part de la vue
d'ensemble de ce qui est
nécessaire. On n'a pas besoin de
maximes d'État pour cela, car cela
reviendrait à tout caser, mais on
a besoin des connaissances de ceux
qui travaillent dans les
différentes entreprises et les
différentes branches. C'est la
seule façon de savoir si une
entreprise est nécessaire. Et si
elle est nécessaire, on peut
produire et peut être gagné. Par
le biais des associations, on
éliminera tout ce qui pourrait
avoir une influence néfaste. On ne
pourra alors pas agir en fonction
de considérations purement
financières, comme l'a fait par
exemple le groupe Morgan, car on
travaillera alors en fonction de
besoins purement économiques. Il
est étrange de constater à quel
point il est difficile pour maints
humains de s'engager dans les
réalités de la vie. S'engager dans
ces réalités de la vie est
l'exigence la plus importante de
notre époque.
|
25
|
Denjenigen
Menschen, die bloß Erträgnisse
haben wollen, ist es
gleichgültig, für was sie
produzieren oder für was sie
entlohnt werden; denn sie
bekommen dafür Geld. Das Geld
ist abstrakt im wirtschaftlichen
Leben, und man kann alles haben
dafür. Es handelt sich eben
darum, unsere Volkswirtschaft so
zu gestalten, daß sie in
ehrlicher Weise vom menschlichen
Willen abhängig wird, nicht in
unehrlicher Weise. Wie wird sie
in ehrlicher Weise vom
menschlichen Willen abhängig?
Durch die Assoziationen. Wenn
Sie Assoziationen haben, dann
wirkt das, was im
Wirtschaftsleben geschieht, aus
dem Willen der an diesen
Assoziationen beteiligten
Menschen. Dann wird verhandelt
werden zwischen den einzelnen
Assoziationen; dann verhandeln
lebendige Menschen
untereinander, und was
produziert wird im
Wirtschaftsleben, das geht
hervor aus einem solchen
Verhandeln lebendiger Menschen
untereinander in den
Assoziationen. Wenn eine Fabrik
gegründet werden soll, so wird
man nicht darüber nachdenken
bloß unter dem Gesichtspunkte,
daß sie soundso viel Erträgnis
abwerfen soll in der
gegenwärtigen Konjunktur,
sondern man wird ausgehen von
der Übersicht über das, was
nötig ist. Man braucht nicht
Staatsmaximen dazu, denn das
würde alles kasernieren, aber
man braucht dazu die Kenntnisse
derer, welche in den einzelnen
Betrieben und in den einzelnen
Branchen tätig sind. Nur so wird
man herausbekommen, ob ein
Betrieb nötig ist. Und ist er
nötig, so kann produziert
werden, und so darf an ihm auch
verdient werden. Auf dem Wege
der Assoziationen wird alles
ausgeschaltet werden, was als
Schädliches Einfluß gewinnen
könnte. Dann wird man nicht aus
rein finanziellen Überlegungen
handeln können, so wie es zum
Beispiel die Morgan-Gruppe
gemacht hat, denn dann wird aus
rein wirtschaftlichen
Bedürfnissen heraus gearbeitet.
Es ist merkwürdig, wie es
manchen Menschen in der
Gegenwart schwer wird, sich auf
die Realitäten des Lebens
einzulassen. Auf diese
Realitäten des Lebens sich
einzulassen, ist die
allerwichtigste Forderung der
Gegenwart.
|
On peut aussi se demander
d'où vient le fait que les humains
d'aujourd'hui se sont tant
éloignés de la vie réelle ? - Cela
est précisément dû au
matérialisme, car le matérialisme
a la particularité d'éduquer à
l'abstraction.
|
26
|
Man kann auch fragen:
Woher kommt es, daß die Menschen
in der Gegenwart sich vom realen
Leben so sehr entfernt haben? —
Das ist gerade durch den
Materialismus gekommen, denn der
Materialismus hat die
Eigentümlichkeit, daß er zur
Abstraktheit erzieht.
|
En revanche, la science
de l'esprit a justement la
particularité d'éduquer au
concret, à la réalité, à la
pratique.
|
27
|
Geisteswissenschaft
dagegen hat gerade die
Eigentümlichkeit, daß sie zum
Konkreten, zur Wirklichkeit, zur
Praxis erzieht.
|
C'est ce que j'ai voulu
lancer aujourd'hui dans cette
discussion. Mais beaucoup de
choses seront nécessaires pour
sortir des anciennes habitudes de
pensée et de sensibilité. Mais
cela doit se faire pour surmonter
tous les dommages qui se sont
glissés dans la nouvelle vie
économique et dans toute la
nouvelle vie publique. Une telle
pensée objective ne pourra être
que le résultat d'un véritable
approfondissement dans le monde
spirituel. L'ascension ne pourra
venir que du spirituel, et non de
la simple continuation de ce que
l'on a pris l'habitude de
considérer comme juste au cours
des dernières décennies, et même
de presque toute la deuxième
moitié du XIXe siècle. Et celui
qui n'a pas aujourd'hui la volonté
de s'engager radicalement dans le
progrès dans cette direction, de
réapprendre, de repenser -
j'aimerais presque dire de revivre
-, ne pourra rien faire pour
contribuer à une véritable
ascension ; il ne fera que
contribuer toujours plus à ce que
nous nous enfoncions dans le
déclin. Et c'est alors que se
réalisera ce que des gens comme
Oswald Spengler ont écrit dans son
"Déclin de l'Occident". Alors se
produira effectivement ce qui
conduira la civilisation
occidentale à la barbarie. Et si
l'on ne veut pas que l'on entre
dans la barbarie, alors il faudra
vouloir ce qui peut écarter cette
barbarie, et seule une éducation
spirituelle de l'Occident peut
l'écarter. Seule une telle
éducation spirituelle permettra
aux humains d'ouvrir les yeux sur
la véritable réalité. Nous avons
besoin d'une telle ouverture des
yeux. Obtenons-le, et nous irons
de l'avant ! Un orateur : Les
ouvriers de Cri-Cri ont certes
provoqué une consommation inutile,
mais ils auraient de toute façon
agi en tant que consommateurs,
même s'ils avaient fabriqué
d'autres produits. Comment le Dr
Steiner explicite-t-il cette
différence ? Rudolf Steiner : La
question peut déjà être posée en
soi, mais si elle est posée ainsi,
on ne réfléchit pas vraiment à ce
qui est important. Ce qui compte,
c'est que l'on ne se contente pas
de regarder ce qui se passe à un
certain moment de la vie, mais que
l'on regarde ce qui résulte du
contexte de la vie. Il est vrai
que ces travailleurs de cri-cri
seraient aussi devenus des
consommateurs s'ils n'avaient pas
fait des cri-cri, s'ils n'avaient
donc pas effectué ce travail
inutile. Mais dans ce cas, ils
auraient fourni un travail
nécessaire, et cela a une
signification économique tout à
fait essentielle. Et c'est ce qui
compte. Il y a beaucoup d'humains
qui se considèrent comme pratiques
; ils lisent les "Points
essentiels" et trouvent que ces
idées sont une utopie. Le
véritable fait est que ces gens
sont justement des non-praticiens
utopistes. Et parce que cette
non-pratique utopiste domine au
fond toute la vie, ce qui nous a
amenés dans la situation actuelle,
les gens sont en général peu
sensibles à ce qui est réellement
pensé de manière pratique.
|
28
|
Das
ist es, was ich heute in diese
Diskussion habe hineinwerfen
wollen. Vieles aber wird
notwendig sein, um aus den alten
Denk-und Empfindungsgewohnheiten
herauszukommen. Das aber muß
geschehen, um über all die
Schäden hinwegzukommen, welche
sich eben in das neuere
Wirtschaftsleben und in das
ganze neuere öffentliche Leben
eingeschlichen haben. Ein
solches sachliches Denken wird
nur das Ergebnis sein können
einer wirklichen Vertiefung in
die geistige Welt. Nur aus dem
Geistigen heraus wird der
Aufstieg kommen können, nicht
aus dem bloßen Fortsetzen
dessen, was man sich angewöhnt
hat, als das Richtige anzusehen
in den letzten Jahrzehnten, ja
fast schon in der ganzen zweiten
Hälfte des 19. Jahrhunderts. Und
wer heute nicht den Willen hat,
sich ganz radikal auf den
Fortschritt nach dieser Richtung
hin einzulassen, auf ein
Umlernen, ein Umdenken — ich
möchte fast sagen ein Umleben —,
der wird nichts beitragen können
zu einem wirklichen Aufstieg;
der wird nur immer weiter dazu
beitragen, daß wir in den
Niedergang hineinrasseln werden.
Und dann wird sich allerdings
erfüllen, was Leute wie Oswald
Spengler in seinem «Untergang
des Abendlandes» ausgeführt
haben. Dann wird sich
tatsächlich das ergeben, was die
abendländische Zivilisation in
die Barbarei hineinführt. Und
wird man nicht haben wollen, daß
man in die Barbarei hineinkommt,
dann wird man dasjenige wollen
müssen, was diese Barbarei
abwenden kann, und abwenden kann
sie nur eine geistige Erziehung
des Abendlandes. Nur eine solche
geistige Erziehung wird erst den
Menschen die Augen öffnen über
die wahre Wirklichkeit. Ein
solches Augenöffnen brauchen
wir. Erringen wir es uns, dann
kommen wir schon vorwärts! Ein
Diskussionsredner: Die
Cri-Cri-Arbeiter haben zwar
unnötigen Konsum veranlaßt,
aber sie wären doch in jedem
Fall, auch wenn sie andere
Produkte hergestellt hätten, als
Konsumenten aufgetreten. Wie
expliziert Herr Dr. Steiner
diesen Unterschied? Rudolf
Steiner: Die Frage kann an sich
ja schon gestellt werden, aber
wenn sie so gestellt wird, dann
wird eigentlich nicht ganz
durchdacht, auf was es ankommt.
Es kommt nämlich darauf an, daß
man nicht bloß auf das hinsieht,
was an einem bestimmten Punkte
des Lebens geschieht, sondern
daß man darauf hinsieht, was die
Zusammenhänge des Lebens
ergeben. Es ist richtig: Diese
Cri-Cri-Arbeiter wären auch als
Konsumenten aufgetreten, wenn
sie nicht Cri-Cris gemacht
hätten, wenn sie also nicht
diese unnötige Arbeit geleistet
hätten. Aber sie würden in
diesem Fall nötige Arbeit
geleistet haben, und das hat
eine ganz wesentliche
volkswirtschaftliche Bedeutung.
Und darauf kommt es an. Es gibt
sehr viele Menschen, die sich
für praktisch schätzen; sie
lesen die «Kernpunkte» und
finden, diese Gedanken seien
eine Utopie. Der wahre
Tatbestand ist der, daß gerade
diese Leute utopistische
Unpraktiker sind. Und weil diese
utopistische Unpraxis im Grunde
genommen das ganze Leben
beherrscht, was uns jetzt in die
gegenwärtige Lage hineingebracht
hat, sind die Leute im
allgemeinen wenig empfänglich
für das, was im wirklichen Sinne
praktisch gedacht ist.
|
Mais lorsque des
praticiens s'intéressent à la
pratique, on se réjouit toujours.
C'est ainsi qu'un praticien du
Nord m'a récemment dit que les
"Points essentiels" mettaient
l'accent sur le plus important :
le problème des prix. Les
économistes s'occupent maintenant
de tout, mais pas du fait que le
prix d'une marchandise est en fait
quelque chose qui ne peut pas être
inférieur ou supérieur à un
certain niveau. C'est ce que ce
praticien a compris. Et dès que
l'on comprend que le problème du
prix est si important que les
problèmes de salaire ou de capital
disparaissent derrière lui, on se
trouve sur le terrain d'une pensée
saine. Certes, les travailleurs de
cri-cri seraient aussi apparus
comme des consommateurs, mais il
ne faut pas considérer cela dans
ce contexte. Car ce qui fait la
vie économique et ce qui est
finalement lié à la situation des
prix des marchandises est
intimement lié au fait que le
travail soit nécessaire ou
inutile.
|
29
|
Aber
wenn gerade Praktiker auf das
Praktische eingehen, dann freut
man sich immer. So sagte mir
jüngst ein Praktiker aus dem
Norden, daß die «Kernpunkte» auf
das Allerwichtigste hinlenken
würden: auf das Preisproblem.
Die Vertreter der
Volkswirtschaftslehre
beschäftigen sich jetzt mit
allem Möglichen, aber nicht
damit, daß der Preis einer Ware
eigentlich etwas ist, was eine
bestimmte Höhe nicht über- oder
unterschreiten darf. Das sah
dieser Praktiker ein. Und sobald
man einsieht, daß das
Preisproblem so wichtig ist, daß
eigentlich die Lohn- oder die
Kapitalprobleme dahinter
verschwinden, dann steht man auf
dem Boden eines gesunden
Denkens. Gewiß, die
Cri-Cri-Arbeiter wären auch als
Konsumenten aufgetreten, aber
man darf das nicht in diesem
Zusammenhange betrachten. Denn
was das volkswirtschaftliche
Leben macht und was zum Schluß
mit der Preislage der Ware
zusammenhängt, das hängt innig
zusammen mit dem, ob nötige oder
unnötige Arbeit geleistet wird.
|
J'ai eu une fois en 1902
ou 1903 une conversation de table
avec une connaissance sur des
cartes postales. J'ai dit que je
n'aimais pas écrire des cartes
postales, que je n'écrivais pas de
cartes postales du tout ; car je
dois penser qu'à chaque carte
postale, un facteur doit parfois
monter beaucoup d'escaliers -
juste pour une carte postale - et
je voudrais lui épargner ce
travail, car les cartes postales
ne font pas vraiment partie des
nécessités de la vie. Sur quoi
l'intéressé a répondu : mais je
sais que je fais plaisir aux gens
avec des cartes postales, et j'en
écris beaucoup, et cela contribue
à la joie ; et si alors, quelque
part, un facteur ne suffit plus
pour commander les cartes, il
faudra encore en engager un autre,
et cela contribuera à la
subsistance d'un deuxième. - Mais
l'intéressé n'a pas réfléchi
davantage : "Car si l'on embauche
un facteur de plus pour les cartes
postales, on ne produit rien de ce
qui est nécessaire à la vie. Mais
si l'on ne produit que les
marchandises nécessaires aux
besoins essentiels de la vie, le
volume de cette production
implique un certain niveau de
prix. Celui qui effectue alors un
travail inutile restera néanmoins
consommateur des choses
nécessaires à la vie, [ce qui
entraîne une falsification de la
situation des prix]. Si quelqu'un
cesse de distribuer inutilement
des cartes postales, il
n'augmentera plus la masse de
travail inutile ; au contraire, il
effectuera un travail correct,
correspondant aux besoins
nécessaires, et cela aura une
influence essentielle sur
l'ensemble de la formation des
prix dans l'économie de peuple.
|
30
|
Ich
hatte einmal im Jahre 1902 oder
1903 mit einem Bekannten ein
Tischgespräch über
Ansichtspostkarten. Ich sagte,
ich schreibe nicht gerne
Ansichtspostkarten, schreibe
überhaupt nicht
Ansichtspostkarten; denn ich
muß mir denken, daß bei jeder
Ansichtspostkarte ein
Briefträger unter Umständen
viele Treppen hinauflaufen muß —
bloß wegen einer
Ansichtspostkarte —, und diese
Arbeit möchte ich ihm ersparen,
da die Ansichtspostkarten nicht
gerade zu den
Lebensnotwendigkeiten gehören.
Darauf sagte der Betreffende:
Ich weiß aber, ich mache den
Leuten Freude mit
Ansichtspostkarten, und ich
schreibe sehr viele, und das
trägt zur Freude bei; und wenn
dann irgendwo der eine
Briefträger nicht mehr
ausreicht, um die Karten zu
bestellen, so wird ein anderer
noch eingestellt werden müssen,
und das trägt dann zum Unterhalt
des Lebens für einen zweiten
bei. — Aber der Betreffende
dachte nicht mehr weiter: Denn,
wenn man einen Briefträger mehr
für Ansichtspostkarten
einstellt, so wird damit nichts
erzeugt von dem, was zum Leben
nötig ist. Wenn man aber nur die
für die grundlegenden
Lebensbedürfnisse nötigen Waren
erzeugt, so bedeutet der Umfang
dieser Produktion eine bestimmte
Preislage. Wer dann unnötige
Arbeit verrichtet, wird trotzdem
Konsument von lebensnotwendigen
Dingen bleiben, [wodurch sich
eine Verfälschung der Preislage
ergibt]. Wenn einer also nicht
mehr unnötig Ansichtspostkarten
austrägt, wird er nicht mehr die
Masse der unnötigen Arbeit
vermehren; vielmehr wird er dann
eine richtige, den nötigen
Bedürfnissen entsprechende
Arbeit tun, und das wird einen
wesentlichen Einfluß auf die
ganze Preisgestaltung in der
Volkswirtschaft haben.
|
Pour les choses qui se
rapportent à la vie pratique, deux
éléments sont importants, dont un
seul est habituellement pris en
considération. Premièrement, il
s'agit de savoir si une chose est
juste, et deuxièmement, si elle
est conforme à la réalité. Les
humains pensent qu'il suffit
qu'une chose soit juste, mais il
faut aussi qu'elle soit conforme à
la réalité, et tant que cette
pensée conforme à la réalité
n'aura pas pris place de la
manière la plus large, nous ne
pourrons pas nous sortir de la
misère de la vie. Celui qui pense
que les travailleurs de cri-cri se
comportent dans tous les cas comme
des consommateurs, qu'ils
fabriquent des cri-cris ou non, ne
tient pas compte du fait que
l'économie de peuple est modifiée
en ce qui concerne le travail
nécessaire ou inutile. C'est cela
qui compte. Ce regard sur
l'important et le nécessaire,
c'est ce que nous devons acquérir
pour la vie sociale. Cela devrait
être initié tout d'abord par les
"Kernpunkte/Points essentiels" et
l'ensemble du mouvement de la
triarticulation.
|
31
|
Es
kommt bei den Dingen, die sich
auf das praktische Leben
beziehen, auf zwei Momente an,
von denen man gewöhnlich nur
eines berücksichtigt. Es kommt
erstens darauf an, ob eine Sache
richtig ist, und zweitens, ob
sie wirklichkeitsgemäß ist. Die
Menschen meinen, daß es schon
genug sei, wenn eine Sache
richtig ist; aber sie muß auch
wirklichkeitsgemäß sein, und ehe
nicht dieses wirklichkeitsgemäße
Denken in breitester Weise Platz
greift, eher können wir nicht
aus der Misere des Lebens
herauskommen. Wer also denkt,
daß die Cri-Cri-Arbeiter in
jedem Fall als Konsumenten
auftreten, ob sie nun Cri-Cris
fabrizieren oder nicht, der
bedenkt nicht, daß in bezug auf
nötige oder unnötige Arbeit die
Volkswirtschaft verändert wird.
Darauf kommt es an. Dieses
Aufdas-Wichtige-und-Nötige-Hinschauen,
das ist es, was wir uns aneignen
müssen für das soziale Leben.
Das sollte inauguriert werden
zunächst einmal durch die
«Kernpunkte» und die ganze
Dreigliederungs-Bewegung.
|
Walter Kühne regrette
qu'aucun socialiste n'ait
participé à la discussion. On
aurait pu s'attendre à ce que,
lors de la discussion de telles
questions, ce soient justement des
socialistes qui se manifestent et
qui alimentent la discussion, car
c'est justement chez Marx et
Engels que la question du travail
productif et du rapport entre la
production et la consommation joue
un grand rôle. Tolstoï s'est lui
aussi penché sur cette question,
mais contrairement à Marx et
Engels, il a davantage vu sa
solution dans la création de
petites organisations. Par rapport
à ces deux unilatéralités, seule
la triarticulation montre le
milieu sain.
|
32
|
Walter Kühne bedauert es,
daß sich zur Diskussion keine
Sozialisten gemeldet hätten. Man
hätte erwarten können, daß sich
bei Besprechung solcher Fragen
gerade Sozialisten melden und die
Diskussion in Fluß bringen würden,
denn gerade bei Marx und Engels
spiele ja die Frage nach der
produktiven Arbeit und das
Verhältnis zwischen Produktion und
Konsum eine große Rolle. Auch
Tolstoi habe diese Frage in
Angriff genommen, im Gegensatz zu
Marx und Engels habe er aber ihre
Lösung mehr gesehen in der
Gründung von kleinen
Organisationen. Gegenüber diesen
beiden Einseitigkeiten zeige erst
die Dreigliederung die gesunde
Mitte.
|
Un participant à la
discussion pense qu'en dehors des
cri-cris, il y a d'autres objets
qui sont créés spécialement pour
la ruine, par exemple les
grenades. La fabrication de tels
objets, dont l'ouvrier sait
pertinemment qu'il ne sert à rien
de les fabriquer, doit conduire à
l'appauvrissement de l'ouvrier.
C'est pourquoi le prolétariat doit
s'abrutir, ne peut plus accéder à
sa dignité humaine, ne peut plus
avoir de joie dans la vie, et le
mécontentement est
systématiquement cultivé. Le Dr
Steiner dit que seule
l'orientation vers une économie de
la demande nous aiderait, mais que
celle-ci ne peut être provoquée
que par l'humain. Le Dr Steiner
attache justement de l'importance
à l'être humain, mais il est tout
simplement impossible d'introduire
un nouveau système économique dans
un avenir proche avec des humains
qui ont été abrutis pendant des
décennies. Il souhaite donc poser
la question à M. Steiner :
Est-il possible de fonder un
nouveau système économique avec la
génération actuelle ? Siegfried
Dorfner : Et comment pourrait-on
régler la question de la
consommation dans un nouveau
système économique ? Les besoins
des gens sont très différents ;
certains ont besoin de hautes
bottes vernies, d'autres de cartes
postales. Quels besoins peut-on
interdire ou empêcher, ou comment
peut-on réglementer les besoins ?
M. Roser : M. Steiner a
évoqué les causes profondes de la
crise de 1907. A l'époque,
d'énormes lock-out d'ouvriers
étaient à l'ordre du jour. On
disait alors que nous, les
ouvriers, avions tellement
travaillé en réserve qu'il ne
serait plus possible de continuer
à maintenir l'industrie à un
niveau élevé. On ne pourra éviter
de telles crises financières que
si l'on retire au capitaliste son
huile motrice, le capital. Les
crises sont provoquées par le fait
que le capital est un moyen de
production et que l'on essaie de
le contracter à un endroit ou de
le paralyser à un autre. Je suis
convaincu que c'est pour cela que
les nouvelles catastrophes vont
s'exprimer dans quelques semaines,
et il me semble intéressant de
savoir quelles seront les
prochaines crises et comment elles
se dérouleront.
|
33
|
Ein
Diskussionsteilnehmer meint, daß
es außer den Cri-Cris noch
weitere Gegenstände gäbe, die
speziell zum Ruinieren
geschaffen würden, zum Beispiel
Granaten. Die Herstellung
solcher Gegenstände, von denen
der Arbeiter genau wisse, daß es
keinen Sinn habe, sie
herzustellen, müsse zu einer
Verelendung des Arbeiters
führen. Daher müsse das
Proletariat verblöden, könne
gar nicht mehr zu seiner
Menschenwürde kommen, könne
keine Freude mehr am Leben
haben, und Unzufriedenheit würde
systematisch gezüchtet. Dr.
Steiner sage, uns würde bloß die
Einstellung auf die
Bedarfswirtschaft helfen, aber
die könne auch wieder nur durch
den Menschen bewirkt werden.
Dr. Steiner lege gerade Wert auf
den Menschen, aber mit den
Menschen, die jahrzehntelang
verblödet worden seien, sei es
einfach unmöglich, in absehbarer
Zeit ein neues Wirtschaftssystem
einzuführen. Daher möchte er
die Frage an Herrn Dr. Steiner
richten: Kann man denn mit der
gegenwärtigen Generation
überhaupt ein neues
Wirtschaftssystem begründen?
Siegfried Dorfner: Und wie
könnte man in einem neuen
Wirtschaftssystem die Frage
nach dem Konsum regeln? Es sind
die Bedürfnisse der Menschen
sehr verschieden; manche haben
Bedürfnisse nach hohen
Lackstiefeln, andere nach
Ansichtspostkarten. Welche
Bedürfnisse kann man verbieten
oder verhindern, oder wie kann
man die Bedürfnisse regeln? Herr
Roser: Herr Dr. Steiner hat auf
die tieferen Ursachen der Krise
von 1907 hingewiesen. Damals
waren riesige Aussperrungen von
Arbeitern an der Tagesordnung.
Man sagte damals, wir Arbeiter
hätten so viel auf Vorrat
gearbeitet, daß es nicht mehr
möglich wäre, die Industrie
weiter hochzuhalten. Man wird
solche Finanzkrisen nur
verhindern können, wenn dem
Kapitalisten das Trieböl, das
Kapital, entzogen wird. Krisen
werden dadurch hervorgerufen,
weil das Kapital
Produktionsmittel ist und weil
man versucht, es auf einer
Stelle zusammenzuziehen oder es
auf einer anderen lahmzulegen.
Ich bin überzeugt, daß sich
deshalb in ganz wenigen Wochen
die neuen Katastrophen zum
Ausdruck bringen werden, und nun
ist mir interessant zu erfahren,
welches die nächsten Krisen sein
und wie sie verlaufen werden.
|
Un participant à la
discussion demande comment la
surproduction dans le domaine de
la littérature peut être
raisonnablement réorientée vers
une production normale qui réponde
aux besoins réels de l'humanité.
|
34
|
Ein Diskussionsteilnehmer
fragt, wie die Überproduktion auf
dem Gebiete der Literatur auf
vernünftigem Wege in eine normale
Produktion geleitet werden könne,
die den wirklichen Bedürfnissen
der Menschheit entspreche.
|
Enfin, la question est
posée par écrit : quels sont les
fondements spirituels de la
séparation du marché monétaire du
marché des marchandises de 1810 à
1815 ? Comment ces fondements
agissent-ils dans d'autres
domaines, qui ne sont pas des
domaines économiques ? Rudolf
Steiner : En ce qui concerne tout
d'abord les hautes bottes vernies,
je voudrais dire qu'il y a
certainement des contextes de vie
[où l'on voudrait en acheter],
mais on verrait déjà disparaître
certaines envies si les
productions inutiles cessaient
tout simplement. Bien sûr, si l'on
parle d'une réglementation de la
consommation, on est déjà dans un
certain sens sur une sorte de
fausse piste. Réguler la
consommation de manière
dictatoriale, ce n'est pas
possible. Mais si tous les
rapports économiques étaient
conçus de manière à faire
disparaître progressivement le
travail inutile, cela aurait une
certaine conséquence dans tout le
contexte de la vie économique. La
conséquence serait que celui qui
veut inutilement de hautes bottes
vernies ne pourrait pas les payer.
Et comme l'un est lié à l'autre,
il faut bien comprendre qu'on ne
doit pas lutter directement contre
les besoins inutiles, car ils
disparaîtront nécessairement avec
d'autres conditions économiques.
Car on deviendrait alors un tyran.
Dans la vie, si l'on veut
préserver la liberté, on ne peut
pas supprimer quelque chose du
jour au lendemain. Mais certaines
choses cessent d'elles-mêmes sous
l'influence de changements de
circonstances. Si une nouvelle
pensée économique se met en place,
selon laquelle le travail inutile
doit disparaître, alors ces envies
inutiles disparaîtront également,
ou bien il n'y aura plus d'argent
pour les satisfaire. Cela ne
résulte que de la compréhension du
contexte pratique de la vie. Les
rapports de consommation ne
peuvent pas être réglés par des
"mesures" quelconques, mais
seulement par un certain progrès
de la vie.
|
35
|
Zum
Schluß wird noch schriftlich die
Frage gestellt: Welches sind die
geistigen Untergründe der
Loslösung des Geldmarktes vom
Warenmarkt von 1810 bis 1815?
Wie wirken diese Untergründe in
andere Gebiete, die nicht
Wirtschaftsgebiete sind? Rudolf
Steiner: Was zunächst die hohen
Lackstiefel betrifft, so möchte
ich sagen, daß es sicher hierfür
Lebenszusammenhänge gibt, [wo
man solche kaufen möchte], aber
man würde schon sehen, wie auch
gewisse Gelüste verschwinden,
wenn einfach unnötige
Produktionen aufhören würden.
Natürlich, wenn man von einer
Regelung des Konsums spricht, so
ist man schon wieder in einem
gewissen Sinne auf einer Art
falschem Pfad. Irgendwie
diktatorisch den Konsum zu
regeln, geht nicht an. Aber wenn
alle Wirtschaftsverhältnisse
daraufhin angelegt wären,
unnötige Arbeit allmählich
verschwinden zu lassen, dann
hätte das im ganzen Zusammenhang
des Wirtschaftslebens eine
gewisse Folge. Die Folge wäre,
daß der, der unnötigerweise hohe
Lackstiefel haben will, sie
nicht würde bezahlen können. Und
weil das eine mit dem andern in
Zusammenhang steht, muß man sich
darüber klar sein, daß man
unnötige Bedürfnisse nicht
direkt bekämpfen muß, weil sie
notwendig mit anderen
Wirtschaftsverhältnissen
verschwinden werden. Denn
dadurch würde man zum Tyrannen.
Es ist im Leben so, daß, wenn
man Freiheit wahren will, man
nicht von heute auf morgen etwas
abschaffen kann. Aber gewisse
Dinge hören unter dem Einfluß
von veränderten Verhältnissen
von selbst auf. Wenn ein solches
neues volkswirtschaftliches
Denken Platz greift, daß
unnötige Arbeit verschwinden
muß, dann werden auch solche
unnötigen Gelüste verschwinden,
beziehungsweise es wird das Geld
für sie nicht mehr da sein. Das
ergibt sich nur durch Einsicht
in den praktischen
Lebenszusammenhang. Es können
die Konsumverhältnisse nicht
durch irgendwelche «Maßregeln»
geordnet werden, sondern nur
durch einen gewissen Fortschritt
des Lebens.
|
J'aimerais aussi dire en
ce qui concerne la littérature, en
ne tenant compte bien sûr que des
conditions sociales ; on peut tout
à fait avoir un cœur pour celui
qui aimerait voir des poèmes
lyriques imprimés. Je ne peux
qu'évoquer l'exemple de notre
maison d'édition berlinoise. Elle
n'a jamais eu de livres qui
n'auraient pas été vendus. Elle
n'a pas eu beaucoup de livres qui
ont été très demandés, mais jamais
de livres qui se sont entassés et
n'ont pas été vendus. Il a
toujours été construit sur ce que
l'on peut appeler un besoin
spirituel. On n'imprimait un livre
que lorsqu'on savait qu'il y avait
tant de lecteurs pour ce livre. Le
travail commençait par l'apport de
la matière aux humains et par la
recherche d'un lectorat ; la
dictature ne permettait pas de
faire ce genre de choses. Du point
de vue d'économie de peuple, il
faut dire que cette maison
d'édition n'a pas fait de travail
inutile.
|
36
|
Das
möchte ich auch mit Bezug auf
die Literatur sagen, wobei
natürlich nur die sozialen
Verhältnisse in Betracht kommen;
man kann ja durchaus ein Herz
haben für den, der gern lyrische
Gedichte gedruckt haben möchte.
Da kann ich immer nur hinweisen
auf das Beispiel unseres
Berliner Verlages. Der hat nie
Bücher gehabt, die nicht
verkauft worden wären. Er hat
viele Bücher nicht gehabt, die
sehr stark verlangt wurden, aber
nie Bücher, die stoßweise
aufgestapelt und nicht verkauft
worden wären. Er war immer auf
das gebaut, was man ein
geistiges Bedürfnis nennen kann.
Es wurde ein Buch erst dann
gedruckt, wenn man wußte, es
sind für das Buch soundso viele
Leser da. Die Arbeit begann
damit, daß die Materie an die
Menschen herangebracht und eine
Leserschaft gefunden wurde;
durch Diktatur wurde so etwas
nicht gemacht. Vom
volkswirtschaftlichen
Gesichtspunkt aus muß gesagt
werden, daß gerade durch diesen
Verlag nicht unnötige Arbeit
geleistet wurde.
|
Il s'agit de savoir où
l'on commence à travailler dans la
vie économique. Si l'on part au
contraire de la compréhension des
besoins, on ne produit
progressivement que les produits
nécessaires, de sorte que la
production ne s'accumule pas
continuellement à l'arrière
[qu'elle ne se bloque pas sur les
besoins vitaux] ; on produit alors
à l'avant de telle sorte que les
besoins réellement présents
puissent être satisfaits à
l'arrière. Si l'on ne parle que
des rendements, on met en quelque
sorte la charrue avant les bœufs.
Il s'agit de regarder la vie et de
savoir par où commencer le travail
; il ne s'agit pas de "régler"
quoi que ce soit, mais
d'intervenir dans la vie de
manière à ce que les choses
suivent leur cours.
|
37
|
Es handelt sich darum, wo
man mit der Arbeit im
volkswirtschaftlichen Leben
beginnt. Geht man dagegen vom
Verständnis der Bedürfnisse aus,
dann werden allmählich nur solche
nötigen Produkte erzeugt, so daß
sich die Produktion nicht
fortwährend hinten
zusammenschoppt, [sich staut an
den lebensnotwendigen
Bedürfnissen]; es wird dann
nämlich vorn so produziert, daß
hinten die wirklich vorhandenen
Bedürfnisse befriedigt werden
können. Wenn man nur über die
Erträge spricht, so zäumt man
gewissermaßen das Pferd beim
Schwanz auf. Es handelt sich
darum, daß man sich das Leben
anschaut und weiß, wo die Arbeit
begonnen werden soll; es handelt
sich nicht darum, irgend etwas zu
«regeln», sondern so in das Leben
einzugreifen, daß die Dinge ihren
richtigen Gang nehmen.
|
La crise actuelle est la
dernière conséquence d'une longue
évolution ; elle ne peut pas être
examinée comme les autres, mais
elle doit l'être - non pas selon
des théories, mais selon les
faits. Je vous demande de tenir
compte de ce qui s'est passé ces
dernières années. Combien de force
de travail humaine a été produite
depuis 1914 pour que nous soyons
parvenus à ce que dix à douze
millions de personnes soient
abattues en l'espace de cinq ans
et que trois fois plus soient
estropiées ? Combien de forces de
travail ont été utilisées à cette
fin et ont ainsi été soustraites à
la vie en tant que travail qui
aurait pu servir autrement à la
vie ! Je pense que l'on peut tout
de même défendre le point de vue
suivant : ce qui a été produit
pour tuer les gens est un travail
"inutile" - il aurait pu être
évité ! Il suffit de penser
combien de temps il fallait
réfléchir - encore en 1912 -
lorsqu'on avait besoin d'un
million pour l'enseignement - et
combien l'argent était vite à
portée de main lorsqu'on avait
besoin d'un million pour le
dépenser. Prenez ce qui a suivi :
l'argent, qui s'est développé en
une abstraction au cours du XIXe
siècle, est maintenant devenu la
plus grande potentialisation de
cette abstraction. Il est
maintenant vraiment devenu la plus
grande abstraction. Regardez ce
que la planche à billets produit
chaque jour.
|
38
|
Bei
der jetzigen Krise handelt es
sich darum, daß sie eine letzte
Folge einer langen Entwicklung
ist; sie kann nicht so geprüft
werden wie andere, aber dennoch,
sie muß geprüft werden — nicht
nach Theorien, sondern nach den
Tatsachen. Ich bitte zu
berücksichtigen, was in den
letzten Jahren geschehen ist.
Wieviel ist seit dem Jahre 1914
von menschlicher Arbeitskraft
produziert worden, damit wir es
dann glücklich dahin gebracht
haben, daß zehn bis zwölf
Millionen Menschen im Laufe von
fünf Jahren totgeschossen und
dreimal soviel zu Krüppeln
gemacht wurden? Wieviel
Arbeitskraft ist darauf
verwendet und dadurch dem Leben
als Arbeit entzogen worden, die
dem Leben hätte anders dienen
können! Ich meine, daß man doch
auch die Ansicht vertreten kann:
Das, was da zum Totschießen der
Menschen produziert worden ist,
ist eine «unnötige» Arbeit
gewesen — sie hätte unterlassen
werden können! Man denke nur
einmal, wie lange man — noch
1912 - darüber nachdenken mußte,
wenn man eine Million für
Unterrichtszwecke brauchte — und
wie schnell das Geld bei der
Hand war, wenn man eine Million
zum Verpulvern brauchte. Nehmen
Sie das, was dann darauf gefolgt
ist: Das Geld, das sich im Laufe
des 19. Jahrhunderts zu einem
Abstraktum entwickelt hat, ist
jetzt zur höchsten Potenzierung
dieser Abstraktion geworden. Es
ist jetzt wirklich zur größten
Abstraktion geworden. Sehen Sie
hin, wieviel die Notenpresse
jeden Tag auswirft.
|
On n'a besoin de [tant
d'argent] que si la consommation
est réglée d'une manière
artificielle. Derrière tout cela,
il y a le fait que l'on a fait un
usage abusif de ce qui restait des
forces productives de la période
1914-1918. Mais cela cessera un
jour, et la crise viendra ensuite.
La crise actuelle est provoquée
par la plus grande insouciance des
humains, en ce sens que l'on a cru
que l'on pouvait occuper les
humains pendant des années à
fabriquer des choses inutiles et
les détourner du travail
nécessaire.
|
39
|
Man
braucht [soviel Geld] eigentlich
nur, wenn in einer künstlichen
Weise der Verbrauch dafür
geregelt wird. Dahinter steckt
das, daß man mit dem, was noch
übriggeblieben ist an
Produktivkräften aus der Zeit
von 1914 bis 1918, Raubbau
getrieben hat. Der hört aber
einmal auf, und dann wird die
Krise kommen. Die gegenwärtige
Krise ist durch den allergrößten
Leichtsinn der Menschen
hervorgerufen, indem man
glaubte, man könne die Menschen
durch Jahre damit beschäftigen,
Unnötiges zu fabrizieren, und
sie von nötiger Arbeit abziehen.
|
Et maintenant, la
question est de savoir si l'on
peut vraiment parvenir à une
construction avec la génération
actuelle : je suis souvent revenu
sur cette question dans le journal
de la triarticulation et j'ai
toujours qualifié de pensée
stérile le fait de poser de telles
questions. Ce à quoi je tiens dans
ce contexte, c'est à la volonté -
non pas tant à la vue d'ensemble
observatrice de ce qui est - mais
à l'allumage de la volonté. Et
lorsque j'entends dire "il n'y a
rien à faire avec la génération
actuelle", je dois tout de même
supposer que ceux qui critiquent
ainsi la génération actuelle sont
d'avis qu'il y a quelque chose à
faire avec eux-mêmes. Et comme
j'accorde plus d'importance à la
volonté qu'à l'observation, je
m'adresse à eux : eh bien, venez,
nous allons faire quelque chose
avec vous ! Le nombre de ceux qui
"ne peuvent rien faire avec la
génération actuelle" serait déjà
assez grand [pour commencer
quelque chose] ; nous voulons donc
les rassembler et travailler avec
eux.
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40
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Und nun die Frage, ob man
mit der gegenwärtigen Generation
nun wirklich zu einem Aufbau
kommen könne: Ich bin in der
Dreigliederungszeitung oftmals auf
diese Frage zurückgekommen und
habe es immer wieder als ein
unfruchtbares Denken bezeichnet,
derartige Fragen zu stellen.
Worauf ich in diesem
Zusammenhange etwas gebe, ist der
Wille — nicht so sehr die
beobachtende Überschau über das,
was ist —, sondern die Befeuerung
des Willens. Und wenn ich höre,
«mit der gegenwärtigen Generation
ist nichts anzufangen», so muß ich
doch voraussetzen, das die, welche
in dieser Weise die gegenwärtige
Generation kritisieren, doch der
Ansicht sind, mit ihnen selber sei
etwas anzufangen. Und da ich mehr
auf den Willen gebe als auf die
Beobachtung, so rufe ich denen
eben zu: Nun, also kommt, dann
wollen wir mit euch etwas
anfangen! Die Zahl derer, die «mit
der gegenwärtigen Generation
nichts anfangen können», würde
schon groß genug sein, [um etwas
anzufangen]; daher wollen wir
diese zusammenrufen und mit ihnen
zusammenarbeiten.
|
On a encore posé la
question décisive de savoir quels
étaient les fondements spirituels
de la séparation du marché
monétaire du marché des
marchandises. Nous ne pouvons
répondre à une telle question que
si nous nous rendons compte que
les affirmations telles que celles
que j'ai prononcées aujourd'hui
doivent être prises dans un sens
absolument correct et qu'elles ne
signifient pas seulement une
critique historique relativement
correcte. Lorsque l'on dit que
l'émancipation de l'argent a créé
telle ou telle atmosphère, il est
important de considérer cette
atmosphère. Si l'on considère
cette abstraction du marché de
l'argent, où il est indifférent de
savoir ce que signifie l'argent,
alors il faudra souligner que
c'était nécessaire pour le cours
général de l'évolution. À cet
égard, j'ai souvent souligné
comment, depuis le milieu du XVe
siècle, l'humanité civilisée vit
l'impulsion de détacher
l'individualité de l'appartenance
à un groupe, comment la démocratie
est devenue de plus en plus
l'impulsion de l'humanité, comment
l'humain individuel doit être de
plus en plus mis en valeur et
comment ce qui sort davantage de
son intérieur doit également être
mis en valeur. Pour tout ce
processus de développement de
l'humanité, l'abstraction de la
vie de l'économie sous l'influence
de l'argent était une nécessité.
Et il s'agit seulement de
comprendre que tout ce qui naît
doit, après un certain laps de
temps, subir une correction, ou
que quelque chose d'autre doit
venir compenser les dommages. Car
dans la vie réelle, ce n'est pas
comme s'il y avait quelque chose
d'absolument bon ; tout dans la
vie n'est que relatif.
|
41
|
Es ist
noch die einschneidende Frage
gestellt worden, welches die
geistigen Untergründe der
Loslösung des Geldmarktes vom
Warenmarkt seien. Wir können uns
eine solche Frage nur
beantworten, wenn wir uns
bewußt werden, daß Behauptungen,
wie ich sie heute ausgesprochen
habe, im absolut richtigen Sinne
genommen werden müssen und daß
sie nicht etwa nur eine relativ
richtige Geschichtskritik
bedeuten. Wenn man sagt: durch
die Emanzipation des Geldes ist
diese oder jene Atmosphäre
geschaffen worden — so kommt es
doch darauf an, diese Atmosphäre
zu betrachten. Wenn man dieses
Abstraktwerden des Geldmarktes
betrachtet, wo es gleichgültig
ist, was das Geld bedeutet, dann
wird man darauf hinweisen
müssen, daß das für den
allgemeinen Entwicklungsgang
notwendig war. Ich habe in
dieser Beziehung oft darauf
hingewiesen, wie seit der Mitte
des 15. Jahrhunderts in der
zivilisierten Menschheit der
Drang lebt, die Individualität
loszulösen von der
Gruppenhaftigkeit, wie
Demokratie immer mehr und mehr
der Impuls der Menschheit
geworden ist, wie der einzelne
Mensch immer mehr und mehr zur
Geltung kommen soll und wie auch
das zur Geltung kommen soll, was
mehr aus seinem Innern
herauskommt. Für diesen ganzen
Entwicklungsgang der Menschheit
war das Abstraktwerden des
Wirtschaftslebens unter dem
Geldeinfluß eine Notwendigkeit.
Und es handelt sich nur darum
einzusehen, das alles, was
entsteht, nach einem gewissen
Zeitablauf eine Korrektur
erfahren muß, oder es muß etwas
anderes hinzukommen, was die
Schäden ausgleicht. Denn im
wirklichen Leben ist es nicht
so, daß es etwas absolut Gutes
gibt; alles im Leben ist nur
relativ.
|
On ne peut pas dire, si
j'ai aujourd'hui des bottes
déchirées, qu'elles sont forcément
mauvaises ; c'est le destin des
bonnes bottes que de se détériorer
avec le temps. Même dans la
meilleure vie de l'économie, il y
a des dommages lorsque certaines
tâches se sont épuisées. Il en va
de même pour l'économie monétaire.
Elle n'a pas été nuisible dès le
départ. Il suffit d'étudier la
situation monétaire au milieu du
XIXe siècle ; elle a contribué de
manière essentielle à l'émergence
des idées démocratiques. Puis vint
le temps où une telle abstraction
de l'argent dut trouver ses
limites. Je peux certainement
parler d'une abstraction, car on
peut tout à fait comparer la
fonction de l'argent, par exemple,
avec le processus intérieur de
l'âme qui consiste à faire
abstraction.
|
42
|
Man
kann nicht sagen, wenn ich heute
zerrissene Stiefel habe, daß sie
unbedingt schlecht sind; sondern
es ist das Schicksal von guten
Stiefeln, daß sie mit der Zeit
schlecht werden. Auch im besten
Wirtschaftsleben kommt es zu
Schäden, wenn gewisse Aufgaben
sich ausgelebt haben. So ist es
auch mit der Geldwirtschaft. Sie
war nicht von Anfang an
schädlich. Man studiere die
Geldverhältnisse in der Zeit der
Mitte des 19. Jahrhunderts; sie
haben Wesentliches beigetragen
zum Heraufkommen der
demokratischen Anschauungen.
Dann aber kam die Zeit, wo eine
solches Abstraktwerden des
Geldes seine Grenzen finden
mußte. Ich darf gewiß von einer
Abstraktion sprechen, denn man
darf die Funktion des Geldes zum
Beispiel durchaus vergleichen
mit dem inneren Seelenvorgang
des Abstrahierens.
|
Il y a là un phénomène
frappant, par exemple dans le
mouvement théosophique. Ce
mouvement théosophique, avec
lequel le mouvement
anthroposophique entretenait
autrefois un certain attachement,
est en fait un mouvement
matérialiste. Il parle certes des
membres spirituels supérieurs de
l'humain, mais il veut seulement
dire, en parlant par exemple du
corps éthérique, qu'il est quelque
chose de plus mince et de plus fin
que le corps physique, de même que
le corps astral est encore plus
mince, et ainsi de suite. On ne
fait donc qu'appliquer des pensées
matérialistes, et ces pensées
matérialistes s'installent
terriblement dans les esprits. Et
quand les gens du mouvement
théosophique ont voulu faire
quelque chose d'intelligent, ils
ont commencé à parler d'"atome
permanent" à propos des vies
terrestres répétées. Ils pensaient
qu'il devait y avoir un passage
physique dans la prochaine
incarnation de l'humain. De la
science de la nature les gens
avaient appris que l'humain était
composé d'atomes et qu'à la mort
de l'humain, les atomes tombaient
dans la terre. Et c'est ainsi que
les théosophes avaient imaginé la
doctrine de "l'atome permanent" :
cet atome ne serait pas enterré,
il traverserait la mort, et c'est
autour de cet atome permanent que
se regrouperaient les autres
atomes dans la vie suivante. Nous
avons là, sous l'apparence d'un
mouvement spirituel, le
matérialisme le plus flagrant.
C'est ce qui se passe quand on
s'engage complètement dans
l'abstrait. C'est ainsi que vous
avez l'abstrait dans la vie de
l'âme, et c'est ainsi que vous
avez l'argent comme marchandise
abstraite dans la vie économique.
|
43
|
Es
gibt da eine auffallende
Erscheinung, zum Beispiel in der
theosophischen Bewegung. Diese
theosophische Bewegung, mit der
die anthroposophische Bewegung
früher in einer gewissen
Verbindung war, ist eigentlich
eine materialistische Bewegung.
Sie redet zwar von den höheren
geistigen Gliedern des Menschen,
aber sie meint doch nur, wenn
sie zum Beispiel vom Ätherleib
spricht, der sei etwas Dünneres,
Feineres als der physische Leib,
ebenso sei der astralische Leib
dann noch etwas Dünneres und so
weiter. Man wendet also immer
nur materialistische Gedanken
an, und diese materialistischen
Gedanken setzen sich in den
Köpfen ganz furchtbar fest. Und
als die Leute in der
theosophischen Bewegung einmal
etwas ganz Gescheites machen
wollten, begannen sie, in bezug
auf die wiederholten Erdenleben
vom «permanenten Atom» zu
sprechen. Sie meinten, es müsse
physisch doch etwas übergehen in
die nächste Inkarnation des
Menschen. Von der
Naturwissenschaft hatten die
Leute gelernt, der Mensch
bestehe aus Atomen und beim Tode
des Menschen würden die Atome in
die Erde fallen. Und so hatten
sich die Theosophen die Lehre
vom «permanenten Atom»
ausgedacht: Dieses eine Atom
würde nicht begraben, das gehe
durch den Tod durch, und um
dieses eine permanente Atom
herum würden sich dann im
nächsten Leben die andern Atome
herum-gruppieren. Da haben wir
unter dem Schein einer
spirituellen Bewegung den
krassesten Materialismus. So ist
es, wenn man sich ganz in das
Abstrakte hinein verstrickt. So
haben Sie das Abstrakte im
Seelenleben, und so haben Sie im
Wirtschaftsleben das Geld als
abstrakte Ware.
|
Et
parce que ce qui se passe dans
la vie économique n'est que le
côté extérieur de la vie de
l'esprit, cette vie de
l'économie est réellement
pendante ensemble avec la vie de
l'esprit. Car l'opinion qui croit
que seuls les processus
économiques se déroulent en bas et
qu'en face d'eux la vie
spirituelle n'est qu'une idéologie
est fausse. Mais il est vrai que
la vie économique d'une certaine
époque et la vie spirituelle d'une
certaine époque - pas exactement
la même - se comportent l'une par
rapport à l'autre comme la noix
par rapport à la coquille de la
noix : la vie économique est
toujours la séparation de la vie
de l'esprit et reçoit d'elle sa
forme. C'est pourquoi, après que
la vie de l'esprit se soit ainsi
abstraite, la vie de l'économie ne
peut que s'abstraire elle aussi.
C'est pourquoi nous avons d'abord
l'époque du mode de pensée
abstrait et ensuite seulement
l'époque du système monétaire
abstrait. Ce sont des relations
qui doivent être prises en compte.
|
44
|
Und
weil das, was im
wirtschaftlichen Leben
geschieht, nur die äußere Seite
des Geisteslebens ist, so hängt
dieses Wirtschaftsleben mit dem
Geistesleben wirklich zusammen.
Denn die Ansicht ist falsch,
welche glaubt, da unten gingen
nur die wirtschaftlichen
Prozesse vor sich und denen
gegenüber sei das Geistesleben
nur eine Ideologie. Richtig aber
ist es: Das Wirtschaftsleben
einer bestimmten Zeit und das
Geistesleben einer bestimmten
Zeit — nicht genau derselben
Zeit — verhalten sich zueinander
wie die Nuß zur Nußschale: Das
wirtschaftliche Leben ist immer
die Absonderung des
Geisteslebens und bekommt von
ihm seine Form. Daher kann,
nachdem das Geistesleben sich so
verabstrahiert hat, auch das
Wirtschaftsleben sich nur
verabstrahieren. Daher haben wir
zuerst die Zeit der abstrakten
Denkweise und erst dann die Zeit
des abstrakten Geldwesens. Das
sind Zusammenhänge, die beachtet
werden sollten.
|
Si l'on en tient compte,
on obtient l'idée fructueuse de la
triarticulation de l'organisme
social. On comprendra comment les
trois éléments de la vie globale
s'imbriquent les uns dans les
autres et forment ainsi une unité,
tout en donnant à chacun son
indépendance. Il en va de même
pour l'organisme humain. Nous
distinguons chez l'humain le
système nerveux-sensoriel, le
système rythmique et le système
métabolique. D'un point de vue
fonctionnel, c'est l'ensemble de
l'être humain. Ces trois systèmes
agissent ensemble, mais chacun
d'entre eux est relativement
autonome et doit être autonome. Il
ne peut rien en résulter de bon si
l'on mélange tout. Il ne peut
s'agir d'une unité abstraite,
comme le veut l'État moderne,
comme le veut en particulier
l'État socialiste actuel de l'Est.
Il ne peut s'agir que d'apprendre
à connaître les conditions de la
vie individuelle, et on voit alors
comment celle-ci se présente
triarticulée. Celui qui s'engage
dans cette voie doit comprendre
que, premièrement, les trois
éléments de la vie sont
indépendants, deuxièmement, qu'ils
agissent à nouveau ensemble et,
troisièmement, qu'ils agissent le
mieux ensemble lorsqu'ils ont
d'abord développé leur
indépendance. L'unité devient
alors un résultat - et non un
apport extérieur. Une unité
abstraite et stérile
s'autodétruit. Mais ce qui est
d'abord formé à partir des membres
indépendants devient une unité
pleine de vie, devient ce qui peut
d'abord vivre et croître.
|
45
|
Wenn
man diese beachtet, so bekommt
man den fruchtbaren Gedanken der
Dreigliederung des sozialen
Organismus. Man wird einsehen,
wie die drei Glieder des
Gesamtlebens ineinandergreifen
und dadurch eine Einheit bilden,
wobei man jedem seine
Selbständigkeit gibt. So ist es
ja auch beim menschlichen
Organismus der Fall. Wir
unterscheiden beim Menschen das
Nerven-SinnesSystem, das
rhythmische System und das
Stoffwechsel-System. Das ist,
funktionell betrachtet, der
ganze Mensch. Diese drei Systeme
wirken zusammen, aber jedes ist
für sich relativ selbständig,
und sie müssen selbständig sein.
Es kann nichts Günstiges dabei
herauskommen, wenn man alles
miteinander vermischt. Um eine
abstrakte Einheit, wie sie der
moderne Staat will, wie sie
besonders der heutige
sozialistische Staat des Ostens
will, darum kann es sich nicht
handeln. Es kann sich nur darum
handeln, daß man die
Bedingungen des individuellen
Lebens kennenlernt, und man
sieht dann, wie sich dieses
dreigliedrig darstellt. Wer sich
darauf einläßt, der muß
einsehen, daß die drei Glieder
des Lebens erstens selbständig
sind, zweitens dann aber wieder
zusammenwirken und drittens am
besten zusammenwirken, wenn sie
vorher ihre Selbständigkeit
entfaltet haben. Dann wird die
Einheit Ergebnis — und nicht von
außen hereingetragen. Eine
abstrakte, unfruchtbare Einheit
zerstört sich selbst. Was aber
aus den selbständigen Gliedern
erst gebildet wird, das wird zu
einer lebensvollen Einheit, wird
zu dem, was überhaupt erst leben
und wachsen kann.
|
Français
seulement
SEPTIÈME SOIRÉE D'ÉTUDES -
Stuttgart, 15 septembre 1920 -
LES CONDITIONS DE CRISE ÉCONOMIQUE ACTUELLES
La croyance actuelle que les événements
économiques se déroulent tels des phénomènes
naturels. L'exemple de la crise de 1907 :
manipulations financières ciblées du groupe
Morgan comme la cause. « Le capital » de Karl
Marx - un produit de chambre d’étude. Sur la
force d’expression des lois statistiques.
L'émancipation du marché de l'argent du marché
des marchandises au début du 19ème siècle...
Pensée d’économie nationale actuelle est
orientée unilatérale à la production. Le
rapport opposé de la production et de la
consommation avec la morale humaine. Ce qui
serait à atteindre avec le « Jour qui vient ».
Les associations comme instruments pour la
volonté d’organisation humaine dans
l'économie. Pourquoi n’est pas indifférente
l’exécution de travail inutile pour l'économie
nationale. Une régulation dictatoriale de la
consommation viole de la liberté humaine. La
nécessité d’un balisage de la volonté.
Parallèle entre le devenir abstraite de la vie
de l’économie et le devenir abstraite de la
vie de l’esprit. C’est la vie de l’esprit, qui
détermine la vie de l’économie. L’apparition
d’une unité pleine de vie par l'interaction
des trois domaines de vie à partir de
l'autonomie.
01
Emil Leinhas introduit l'assemblée et donne la
parole à Rudolf Steiner.
02
Rudolf Steiner : Très chers présents ! Si les
choses se présentaient ainsi dans la vie
politique, et même dans la vie publique en
général, comme beaucoup d'humains le pensent
aujourd'hui, il faudrait en fait désespérer de
pouvoir agir sur l'amélioration des conditions
sociales par une intervention personnelle, par
une action humaine directe. Il faut se
rappeler en particulier qu'il y a aujourd'hui
un grand nombre d'humains qui croient que les
conditions économiques se déroulent presque
comme des phénomènes naturels. Ils croient que
les événements économiques se déroulent dans
l'ordre avec une nécessité de cause que l'on
peut tout à fait comparer à la nécessité avec
laquelle un corps d'une certaine nature
commence à brûler lorsqu'on le met en contact
avec un autre d'une certaine manière. C'est ce
que pensent beaucoup d'humains. Ils pensent
que si quelque chose de ce genre s'est
développé pendant un certain temps dans la vie
économique, comme une conjoncture favorable,
alors quelque chose doit simplement se
développer à partir de cette conjoncture
favorable elle-même, comme une crise. Il
s'ensuivrait pendant un certain temps une
mauvaise marche des affaires avec des
conditions économiques en recul, jusqu'à ce
qu'une sorte de reprise se produise à nouveau
et que la vie économique connaisse en quelque
sorte une ascension. Ces derniers temps, les
théoriciens de la pensée économique, les
économistes nationaux, ont tout
particulièrement développé de telles idées,
qui préfèrent tout représenter par le
déroulement des causes extérieures elles-mêmes
et veulent exclure toute intervention de la
volonté humaine. On a carrément affirmé que la
crise économique importante de 1907, par
exemple, devait nécessairement découler de
l'essor qui l'avait précédée. On peut
peut-être penser que l'observation de tels
processus s'étendant à de vastes domaines de
la vie de l'économie - comme les conjonctures
favorables et défavorables - touche moins
l'individu. Mais ce n'est pas le cas. Celui
qui veut entreprendre quelque chose à un
moment donné doit toujours être attentif à la
constellation conjoncturelle dans laquelle il
rentre.
03
Il est donc seulement trop compréhensible
qu'une telle croyance en un lien de cause à
effet nécessaire dans le domaine économique se
soit développée à la suite de toute la pensée
scientifique des trois ou quatre derniers
siècles. Vous savez que c'est en particulier
la vision théorique du social, qui rend
hommage au marxisme, qui se complaît dans de
telles idées et qui voudrait aussi organiser
son action pratique selon de telles idées.
Pour beaucoup d'humains aujourd'hui, il est
apparemment dilettante de s'opposer à une
telle chose, car on considère la pensée
scientifique comme un idéal, et on considère
même comme une conquête le fait que cette
pensée scientifique se soit étendue à la vie
pratique. C'est là que la science de l'esprit
doit intervenir de manière corrective, car ce
n'est qu'à partir de ces conceptions, qui ont
toujours été défendues ici, que peut naître
une pensée sociale saine. Et la science de
l'esprit peut intervenir de manière corrective
à partir de toute son essence, car elle n'a
absolument rien du caractère théorique et
abstrait qu'a justement pris le mode de pensée
matérialiste et scientifique des temps
modernes. Or, ce mode de pensée amène l'être
humain à ne pas regarder les faits de la vie,
mais à laisser ces faits de la vie s'embuer de
toutes sortes de théories.
04
Dans mes "Points essentiels de la question
sociale", j'ai souligné comment le prolétariat
contemporain est justement celui qui rend le
plus hommage à une conception du monde
entièrement théorique. Cela vient simplement
du fait que ce prolétariat contemporain,
incompris dans ses aspirations par la
bourgeoisie qui se développe de plus en plus
dans le matérialisme, n'a reçu comme vision du
monde que le matérialisme représenté par cette
bourgeoisie et croit donc à ce matérialisme
comme à un évangile invincible et ne peut tout
simplement pas en sortir. La science de
l'esprit ne doit pas rendre hommage à des
théories, elle ne doit surtout pas tendre vers
une quelconque fantaisie. Car si, en tant que
scientifique de l'esprit, on a en soi une
tendance au fantasme, on déformera tout ce que
l'on observe dans le monde spirituel, on en
fera une caricature ; on ne pourra arriver
qu'à un monde complètement déformé. La science
de l'esprit exige comme base nécessaire de ses
adeptes qu'ils s'éduquent pour le réel, pour
ce qui est - je dirais même - sobre dans une
certaine mesure. Mais en se formant,
précisément dans le domaine de l'esprit,
premièrement à une logique claire et
rigoureuse, deuxièmement à une prise en compte
des faits, on est tout à fait en mesure
d'apporter cette éducation dans la vie
pratique ordinaire et de laisser là aussi les
faits s'exprimer de manière correcte et avec
tout leur poids.
05
Que fait le théoricien de l'économie
nationale, et que font tous ceux qui vont à
l'école avec un tel théoricien, lorsqu'ils
veulent par exemple étudier quelque chose
comme la crise économique de 1907 ? Ils
étudient d'abord ce qui s'est passé en 1906
sur le plan économique, ils entrent dans
l'année d'une conjoncture favorable. Vous
essayez ensuite de trouver les causes de la
ruine économique qui s'en est suivie dans le
cadre de cette période précédente. Si l'on
procède ainsi, on peut s'imposer avec toutes
sortes de concepts nébuleux et l'on est alors
incapable de penser correctement dans la vie
sociale. Mais si l'on s'est formé à la science
de l'esprit, on s'interroge sur les faits
économiques, et l'on découvre alors, par
exemple pour la crise de 1907 - on pourrait
aussi choisir un autre exemple - qu'il y avait
en Amérique un puissant groupe de magnats de
la finance qui possédait plus de trente
banques et plus de trente longues lignes de
chemin de fer, et bien d'autres choses encore.
Ce puissant consortium a discrètement acheté
un certain papier spéculatif, qui était
également négocié sur les bourses européennes,
en si grandes quantités que presque tout ce
papier était en possession de ce consortium de
magnats financiers. Puis, par toutes sortes de
spéculations économiques, on a incité les
banques européennes - et les entreprises
européennes en général - à acheter ces titres
"à livraison". On en est arrivé à ce qu'un
très grand nombre d'humains achètent ces
titres à livraison. Or, supposons qu'une
entreprise quelconque ait conclu un achat à
livraison d'un tel papier pour le revendre
ensuite ; et il se trouve que les mêmes
banques en Amérique ont conclu en même temps
avec des entreprises européennes des achats à
la livraison de ce papier [en grande
quantité]. Une entreprise européenne
commençait donc à acheter ces titres d'un côté
et s'engageait de l'autre à les vendre après
un certain temps - mais elle ne l'avait pas
fait, car ces titres avaient tous été achetés
auparavant par [ce groupe financier], le
groupe Morgan ; elle devait donc d'abord les
acheter à nouveau à ce groupe. Les entreprises
européennes s'étaient donc largement engagées
à fournir de tels titres. Or, dans
l'intervalle entre la spéculation et la date
de livraison, on a réussi, depuis l'Amérique,
à augmenter considérablement la valeur de ce
papier, et la conséquence en a été une
surcharge tout à fait extraordinaire du marché
monétaire européen, ce qui a provoqué la
crise. C'est-à-dire qu'une pure spéculation
financière, provoquée par un nombre
certainement restreint d'individus humains, a
provoqué cette crise. Ceux qui ont connu cette
crise se souviendront qu'à l'époque,
l'escompte bancaire en Angleterre était monté
jusqu'à 7 %, en Allemagne même
temporairement jusqu'à 8 %, et un
escompte bancaire élevé est toujours un
baromètre des crises. Cette crise a donc été
provoquée par la volonté de ces humains.
06
Et c'est à de tels faits, c'est-à-dire à des
faits très spécifiques et concrets de la vie -
et non à des théories générales - qu'il faut
s'intéresser si l'on veut comprendre la vie, y
compris dans ses manifestations sociales. Il
peut être spirituel, monstrueusement spirituel
et impressionnant que Karl Marx, par exemple,
fasse émerger avec une certaine nécessité des
formes économiques ce que les humains pensent
ensuite. Mais au fond, tout cela se déroule
dans les salles d'études, et c'est justement
un signe très caractéristique que le produit
le plus pur des salles d'études, le "Capital"
de Karl Marx, soit devenu aussi populaire
qu'un évangile dans le prolétariat. Mais si
l'on veut connaître la vie, il faut regarder
la vie elle-même. On découvrira alors comment
la science de l'esprit, justement, éduque à
une vision de la vie - mais une vision
inconfortable. Car au fond, il est beaucoup
plus confortable d'élaborer des théories
abstraites que de s'engager dans la vie
réelle.
07
Et maintenant vous allez dire : mais les
choses que les théoriciens disent et que les
agitateurs transmettent au peuple comme
quelque chose de plausible sont vraies - car
il suffit de se rappeler avec combien de
chiffres, avec quelle statistique sûre ces
choses sont habituellement étayées. Nos livres
qui existent aujourd'hui sur la marche de la
vie publique, en particulier sur les
conceptions économiques - ils fourmillent de
données statistiques, car quoi de plus exact
que ce que l'on peut prouver par des chiffres
? Mais il y a aussi d'autres statistiques qui,
dans un certain sens, semblent même pouvoir
représenter un cours naturel de la vie
humaine, exprimable par la science de la
nature. Prenez par exemple les statistiques
des assurances comme base d'une branche très
pratique de la vie, l'assurance-vie. On
calcule combien de personnes sur un nombre
donné de jeunes de vingt ans seront encore en
vie au bout de trente ans et combien seront
décédées. Cela donne, si l'on prend un nombre
suffisamment grand, des chiffres très
constants : sur tant de jeunes de vingt ans,
il n'en restera que tant après trente ans. On
peut alors calculer la somme que la personne
concernée doit verser, et on peut dire qu'ici,
les statistiques fournissent même quelque
chose avec lequel on peut compter dans une
certaine mesure dans la vie pratique. Vous
savez peut-être qu'il existe aussi une
statistique des suicides ; vous savez que pour
une telle statistique, il suffit de prendre un
territoire suffisamment grand et une période
suffisamment longue pour pouvoir dire assez
précisément : au cours de ces années, tant
d'humains vont se suicider sur ce territoire.
— Mais celui qui veut tirer de la nécessité
apparente qu'il y ait tant de suicides en cinq
ans sur un territoire donné la conclusion que
les humains ne sont pas libres, mais qu'en
raison de la même contrainte qui fait qu'une
pierre tombe sur le sol, ces humains doivent
aussi se suicider, a-t-il raison ? Il n'a pas
raison. Le fait qu'il existe autant de "lois"
statistiques n'élimine pas le libre arbitre de
l'humain. Il ne peut pas être question que les
"lois" statistiques puissent dire quoi que ce
soit sur le libre arbitre de l'humain, même
s'il devait vous arriver, à cinquante ans, de
constater qu'à l'exception de vous, tous ceux
qui, à vingt ans, étaient promis par les
statistiques à mourir au plus tard à cinquante
ans, sont déjà morts - [ils ne doivent pas se
suicider pour autant]. Les statistiques, et
même les statistiques sur le suicide, sont là
pour tout autre chose que pour dire quelque
chose sur le libre arbitre de l'humain. Et de
la même manière, aucune loi économique n'est
en mesure de dire quoi que ce soit sur la
libre intervention de l'initiative humaine
dans les affaires économiques. Mais il y a
autre chose.
08
Supposons que les événements se déroulent
comme ils se sont déroulés au début de l'année
1907. En 1906, la conjoncture économique était
favorable ; cela a généré certaines habitudes
de vie chez un grand nombre d'humains. Et on
peut dire que lorsque les humains sont dans
une situation supportable pendant quelques
années, ils prennent certaines habitudes de
vie. Et lorsque de telles habitudes de vie se
sont développées, alors ceux qui veulent
justement profiter d'une telle situation
peuvent faire quelque chose comme le groupe
Morgan l'a fait en 1907. Ils peuvent alors se
dire : "Maintenant, les gens ont envie de
faire ceci ou cela, alors spéculons là-dessus
! C'est exactement comme si, dans un pays,
certaines influences défavorables incitaient
les humains au suicide. Mais malgré tout, les
humains se suicident de leur plein gré, pour
autant que l'on puisse parler de plein gré
dans la vie ordinaire - je me suis exprimé à
ce sujet dans ma "Philosophie de la liberté".
Or, il se trouve que ce qui se passe ensuite
ne découle pas de la constellation précédente
de la vie de l'économie, mais uniquement de ce
que les humains font. Et si ces humains font
quelque chose que l'on peut en quelque sorte
"calculer", qu'est-ce que cela prouve ? Il
suffit alors de regarder un processus que vous
connaissez tous. Supposons que le chien de Tyr
soit là et que vous lui présentiez un morceau
de viande ; vous pourrez calculer assez
précisément ce qu'il fait : il le saisit. Et
il est très rare que le chien Tyras n'attrape
pas le morceau de viande. Mais si l'humain
fait quelque chose de calculable dans une
situation bien précise, cela prouve seulement
que son niveau d'âme s'est abaissé ; et plus
on peut calculer ou déterminer la causalité
dans la vie sociale, plus on indique ainsi que
les humains se sont abaissés à un niveau plus
animal. Ainsi, les statistiques sur les
suicides et autres calculs, par exemple sur
les conjonctures favorables ou défavorables,
ne prouvent rien d'autre que la nature de
l'état d'âme des humains ; mais il faut alors
aussi examiner les circonstances temporelles,
l'atmosphère générale dans lesquelles l'un ou
l'autre état d'âme est possible. Ce que le
groupe Morgan a fait en 1907 et qui a plongé
d'innombrables existences dans la misère en
Europe n'a pu se produire qu'à cette époque ;
une telle chose n'aurait par exemple pas été
possible cent cinquante ans plus tôt.
09
Comment une telle chose est-elle devenue
possible ? Cela s'est produit grâce à
l'émancipation du marché de l'argent par
rapport au marché des marchandises. Cette
émancipation remonte aux années 1810-1815. Ce
n'est qu'à cette époque que l'ancienne
domination économique de la vie publique
[basée sur le commerce des marchandises] est
devenue une domination par le marché
monétaire. Ce n'est qu'à cette époque que le
système bancaire est devenu le maître de la
vie économique. Et provoquer de telles
situations économiques par la circulation sur
le simple marché monétaire - à une échelle
telle que cela a été possible de manière
grandiose en 1907 - n'est apparu que parce que
l'argent est devenu une véritable abstraction.
Il est devenu une abstraction qui s'étend
depuis lors à toute notre vie économique et au
reste de notre vie.
10
Nous pensons ici à l'époque où l'humain était
lié à ce qu'il produisait. A cette époque,
l'argent n'était au fond qu'une sorte
d'équivalent de la marchandise produite ; on
s'attachait à la marchandise produite. En
fait, ce que l'on produisait n'était pas du
tout indifférent, mais on s'attachait à son
produit. Aujourd'hui, c'est déjà quelque chose
de légendaire, et autrefois, il pouvait vous
arriver quelque chose comme ce que je voudrais
citer en exemple. Un jour, alors que je venais
à Budapest pour me faire couper les cheveux,
j'ai trouvé un coiffeur qui coupait vraiment
encore les cheveux avec enthousiasme, et qui
disait : "Je ne cherche pas à gagner de
l'argent, je cherche seulement à avoir une
belle coupe". Il présentait cela de telle
manière que cela donnait vraiment l'impression
d'une vérité et d'une honnêteté intérieures.
Aujourd'hui, cette fusion avec son produit
s'est complètement perdue, et l'on ne cherche
plus qu'à gagner tant et tant pour subvenir à
ses besoins. Aujourd'hui, il ne s'agit plus
que du rendement du capital ou du salaire. Et
tout comme les principes généraux abstraits se
répandent sur toutes sortes de choses,
l'argent devenu abstrait se répand sur toutes
sortes de choses. Dans l'esprit de beaucoup
d'humains aujourd'hui, il est tout à fait
indifférent de vouloir gagner tant de marks
par jour, que ce soit pour fabriquer des
chaussures ou des manuels scolaires. Cet
argent émancipé de la véritable réalité de la
vie a rendu possible l'atmosphère dans
laquelle ont pu se dérouler des événements
comme celui de 1907 - et pourtant, ces
événements sont entièrement issus de la
volonté des humains ! Par ces mots, j'ai
simplement voulu attirer l'attention sur la
manière dont la science de l'esprit s'efforce
de saisir la réalité dans sa véritable forme.
C'est tout de suite le matérialisme - aussi
bien celui de science de la nature
qu'historique - qui s'est complètement éloigné
de la réalité ; il ne fait que théoriser. La
science de l'esprit doit aller vers la
réalité. C'est pourquoi elle ne se laisse pas
non plus embrouiller par des conceptions
théoriques ; mais c'est précisément ainsi
qu'elle parvient à une compréhension réelle de
la vie. C'est précisément ainsi qu'elle sera
appelée à promouvoir efficacement une nouvelle
construction sociale à l'avenir.
11
En effet, l'usage s'est peu à peu établi de ne
plus compter, en économie politique/de peuple,
que sur des choses telles que l'offre et la
demande ou autres, sur les rapports de marché,
de circulation ou d'échange. On ne pense en
fait qu'à quelque chose d'abstrait, à ce qui
se présente comme un rendement, un bénéfice.
Et lorsque les humains réfléchissent
aujourd'hui aux questions économiques, ils ne
font rien d'autre que de calculer avec le
facteur rendement.
12
Ainsi, toute la vie économique est en quelque
sorte considérée de manière unilatérale, car
on élimine tout ce qui est lié à la
consommation. La consommation doit simplement
- je dirais - résulter automatiquement de ce
que l'on perçoit comme rendement pour un
produit quelconque. Quand on entre dans un
magasin, on regarde combien il rapporte, mais
on ne regarde pas quelle sorte de consommation
est liée à ce magasin.
13
On ne tient même pas compte de la qualité
particulière de l'article, dans la mesure où
il s'agit d'un article de consommation ; on ne
pense à l'économie de peuple que du côté du
rendement, du côté de la production, et non du
côté de la consommation. Mais si l'on omet
complètement d'orienter la pensée économique
vers le côté consommation, alors la
consommation s'anarchise de proche en proche,
alors la consommation vous dépasse de proche
en proche.
14
Or, cette consommation a une certaine
particularité : elle a un certain rapport de
cause à effet avec la morale humaine, avec la
constitution d'âme humaine ; mais par rapport
à la production, elle est liée de manière
opposée à la constitution d'âme humaine. La
morale, ce qui est d'âme, joue donc aussi dans
la production ; donc là, ce qui est d'âme est
la cause. Si je produis un article par lequel
je trompe les humains, cela provient d'une
morale bancale. Mais la façon dont les humains
vivent, c'est-à-dire les possibilités de
consommation qu'ils prennent en compte, s'ils
consomment ceci ou cela, cela agit comme
origine sur la constitution d'âme, sur la
morale. Et ce facteur n'est pas pris en compte
dans l'ensemble de la nouvelle économie de
peuple. C'est pourquoi cette économie de
peuple nous échappe. Si l'on réfléchit
sainement, on se rend compte qu'il est
quasiment impossible de comprendre pourquoi
les grèves ont augmenté de 87 % entre
1907 et 1919 en se basant sur les rapports de
production - certes, une partie de
l'augmentation est due aux rapports de
production. Mais on obtient tout de suite une
idée de ce dont il s'agit en réalité si l'on
regarde les conditions de consommation.
15
Or, dans la vie de l'économie actuelle, toutes
ces choses sont dans un pendant déterminé. Les
économistes nationaux et les gestionnaires ont
certes réfléchi à ce sujet, mais ils n'ont pas
réfléchi aux véritables causes et pendants,
parce que leurs calculs ne portaient que sur
la rentabilité. Le gestionnaire d'aujourd'hui
sait très peu de choses sur le pendant entre
une production quelconque et les grèves [et
encore moins sur le pendant, entre la
consommation et ces grèves]. Il sait, d'après
ce qu'il a l'habitude de penser, ce que l'une
ou l'autre production dégage de rendements.
16
Il sait par exemple, s'il est un fabricant de
cri-cris parisien - prenons un cas radical du
passé - que les cri-cris peuvent être un
article très avantageux pour quelques années.
17
Ces cri-cris étaient des instruments
particulièrement petits ; une plaque d'acier
était fixée dans un petit corps métallique, et
si l'on sortait dans la rue avec cet
instrument dans la poche et que l'on touchait
cette plaque métallique, elle émettait alors
un son horrible, si bien que les gens dans la
rue étaient terriblement agacés par ce son.
C'était ainsi dans les années soixante-dix du
siècle dernier ; les rues étaient devenues
désagréables à cause de ces cri-cris. Mais le
revenu de l'inventeur des Cri-Cri était très
important ; il est devenu plusieurs fois
millionnaire, mais il n'a pas du tout calculé
ce que cela représentait du côté de la
consommation.
18
Car bien sûr, pour la vie humaine, il aurait
suffi de ne pas fabriquer de Cri-Cri. Mais
calculez maintenant combien de personnes ont
été employées dans ces usines de Cri-Cri ;
elles ont utilisé ces revenus pour leur
consommation. Cette consommation de tant et
tant d'ouvriers Cri-Cri est donc le résultat
d'un travail humain inutile. Tout cela a un
impact sur la vie sociale ; le travail humain
inutile a des conséquences énormes sur la vie
sociale.
19
Je pourrais aussi choisir un autre exemple.
Lichtenberg disait déjà : "On produit en une
année 99 % d'œuvres littéraires de plus
que ce dont l'humanité entière a besoin pour
être heureuse". - On peut sans doute affirmer
la même chose en se référant au présent : si
99 % de livres en moins étaient produits,
ce serait probablement un grand bonheur pour
l'humanité. Il suffit de penser aux coups de
boutoir de la poésie - qui sont bien sûr
toujours le fait de génies méconnus - qui sont
tirés à trois cents ou cinq cents exemplaires
et qui, la plupart du temps, n'en écoulent pas
cinquante, pour se rendre compte de la
quantité de travail inutile qui est fournie.
20
On pourrait en faire l'économie, et cela
aurait un effet extraordinaire sur les
rapports de consommation des humains. Cela
signifie que si l'on ne compte que sur les
revenus, il n'est pas nécessaire d'avoir un
rapport avec les besoins réels de la vie, on
peut vouloir réguler la vie tout à fait en
dehors d'eux.
21
C'est ce qui est au cœur de notre grande crise
actuelle, de notre déclin. Car ceux qui
calculent dans l'ancien style économique ne
peuvent pas voir les rapports entre le travail
humain inutile et la misère humaine.
22
C'est là que la science de l'esprit peut
intervenir et donner les grandes corrélations,
parce que la science de l'esprit ne part
jamais de quelque chose d'unilatéral, mais de
l'universel. Je ne parle pas d'une science de
l'esprit qui aspire à des hauteurs abstraites
et mystiques, mais d'une science de l'esprit
qui veut éduquer l'humain pour qu'il devienne
utile et pratique dans la vie. La science de
l'esprit, lorsqu'elle est correctement
appliquée, est une éducatrice pour la vie,
pour une construction de la vie vraiment
pleine de vie.
23
C'est pourquoi elle pourra fonder une théorie
d'économie de peuple qui connaît le lien entre
le manque de travail et la production de
n'importe quel produit inutile.
24
La pensée de base de quelque chose comme le
"Jour qui vient " était que des entreprises
pratiques devaient naître d'un tel mode de
pensée spirituel-scientifique. Bien entendu,
il n'est pas possible d'asseoir immédiatement
une telle entreprise sur une base saine en ce
qui concerne toutes les mesures concrètes
particulières. Mais si une telle entreprise
particulière est dirigée par des gens
imprégnés d'une éducation issue de la science
de l'esprit, alors les mesures pratiques
aboutiront d'elles-mêmes à ne pas surcharger
les humains de travail inutile, mais
uniquement de travail nécessaire ; il faudra
justement compter avec la consommation dans
l'économie de peuple. Ce n'est qu'ainsi que
pourra naître ce qui conduira à une nouvelle
ascension.
25
Ces humains qui veulent avoir purement des
revenus sont indifférents à ce qu'ils
produisent ou à ce pour quoi ils sont
rémunérés, car ils reçoivent de l'argent en
échange. L'argent est abstrait dans la vie
économique, et on peut tout avoir en échange.
Il s'agit précisément d'organiser notre
économie de telle sorte qu'elle dépende
honnêtement de la volonté humaine, et non de
manière malhonnête. Comment devient-elle
honnêtement dépendante de la volonté humaine ?
Par les associations. Si vous avez des
associations, ce qui se passe dans la vie
économique résulte de la volonté des humains
impliqués dans ces associations. Il y aura
alors des négociations entre les différentes
associations ; des humains vivants négocieront
entre eux, et ce qui est produit dans la vie
de l'économie résultera de telles négociations
entre les humains vivants entre eux dans les
associations. Lorsqu'une usine doit être
fondée, on n'y réfléchit pas simplement du
point de vue qu'elle doit rapporter tant de
bénéfices dans la conjoncture actuelle, mais
on part de la vue d'ensemble de ce qui est
nécessaire. On n'a pas besoin de maximes
d'État pour cela, car cela reviendrait à tout
caser, mais on a besoin des connaissances de
ceux qui travaillent dans les différentes
entreprises et les différentes branches. C'est
la seule façon de savoir si une entreprise est
nécessaire. Et si elle est nécessaire, on peut
produire et peut être gagné. Par le biais des
associations, on éliminera tout ce qui
pourrait avoir une influence néfaste. On ne
pourra alors pas agir en fonction de
considérations purement financières, comme l'a
fait par exemple le groupe Morgan, car on
travaillera alors en fonction de besoins
purement économiques. Il est étrange de
constater à quel point il est difficile pour
maints humains de s'engager dans les réalités
de la vie. S'engager dans ces réalités de la
vie est l'exigence la plus importante de notre
époque.
26
On peut aussi se demander d'où vient le fait
que les humains d'aujourd'hui se sont tant
éloignés de la vie réelle ? - Cela est
précisément dû au matérialisme, car le
matérialisme a la particularité d'éduquer à
l'abstraction.
27
En revanche, la science de l'esprit a
justement la particularité d'éduquer au
concret, à la réalité, à la pratique.
28
C'est ce que j'ai voulu lancer aujourd'hui
dans cette discussion. Mais beaucoup de choses
seront nécessaires pour sortir des anciennes
habitudes de pensée et de sensibilité. Mais
cela doit se faire pour surmonter tous les
dommages qui se sont glissés dans la nouvelle
vie économique et dans toute la nouvelle vie
publique. Une telle pensée objective ne pourra
être que le résultat d'un véritable
approfondissement dans le monde spirituel.
L'ascension ne pourra venir que du spirituel,
et non de la simple continuation de ce que
l'on a pris l'habitude de considérer comme
juste au cours des dernières décennies, et
même de presque toute la deuxième moitié du
XIXe siècle. Et celui qui n'a pas aujourd'hui
la volonté de s'engager radicalement dans le
progrès dans cette direction, de réapprendre,
de repenser - j'aimerais presque dire de
revivre -, ne pourra rien faire pour
contribuer à une véritable ascension ; il ne
fera que contribuer toujours plus à ce que
nous nous enfoncions dans le déclin. Et c'est
alors que se réalisera ce que des gens comme
Oswald Spengler ont écrit dans son "Déclin de
l'Occident". Alors se produira effectivement
ce qui conduira la civilisation occidentale à
la barbarie. Et si l'on ne veut pas que l'on
entre dans la barbarie, alors il faudra
vouloir ce qui peut écarter cette barbarie, et
seule une éducation spirituelle de l'Occident
peut l'écarter. Seule une telle éducation
spirituelle permettra aux humains d'ouvrir les
yeux sur la véritable réalité. Nous avons
besoin d'une telle ouverture des yeux.
Obtenons-le, et nous irons de l'avant ! Un
orateur : Les ouvriers de Cri-Cri ont certes
provoqué une consommation inutile, mais ils
auraient de toute façon agi en tant que
consommateurs, même s'ils avaient fabriqué
d'autres produits. Comment le Dr Steiner
explicite-t-il cette différence ? Rudolf
Steiner : La question peut déjà être posée en
soi, mais si elle est posée ainsi, on ne
réfléchit pas vraiment à ce qui est important.
Ce qui compte, c'est que l'on ne se contente
pas de regarder ce qui se passe à un certain
moment de la vie, mais que l'on regarde ce qui
résulte du contexte de la vie. Il est vrai que
ces travailleurs de cri-cri seraient aussi
devenus des consommateurs s'ils n'avaient pas
fait des cri-cri, s'ils n'avaient donc pas
effectué ce travail inutile. Mais dans ce cas,
ils auraient fourni un travail nécessaire, et
cela a une signification économique tout à
fait essentielle. Et c'est ce qui compte. Il y
a beaucoup d'humains qui se considèrent comme
pratiques ; ils lisent les "Points essentiels"
et trouvent que ces idées sont une utopie. Le
véritable fait est que ces gens sont justement
des non-praticiens utopistes. Et parce que
cette non-pratique utopiste domine au fond
toute la vie, ce qui nous a amenés dans la
situation actuelle, les gens sont en général
peu sensibles à ce qui est réellement pensé de
manière pratique.
29
Mais lorsque des praticiens s'intéressent à la
pratique, on se réjouit toujours. C'est ainsi
qu'un praticien du Nord m'a récemment dit que
les "Points essentiels" mettaient l'accent sur
le plus important : le problème des prix. Les
économistes s'occupent maintenant de tout,
mais pas du fait que le prix d'une marchandise
est en fait quelque chose qui ne peut pas être
inférieur ou supérieur à un certain niveau.
C'est ce que ce praticien a compris. Et dès
que l'on comprend que le problème du prix est
si important que les problèmes de salaire ou
de capital disparaissent derrière lui, on se
trouve sur le terrain d'une pensée saine.
Certes, les travailleurs de cri-cri seraient
aussi apparus comme des consommateurs, mais il
ne faut pas considérer cela dans ce contexte.
Car ce qui fait la vie économique et ce qui
est finalement lié à la situation des prix des
marchandises est intimement lié au fait que le
travail soit nécessaire ou inutile.
30
J'ai eu une fois en 1902 ou 1903 une
conversation de table avec une connaissance
sur des cartes postales. J'ai dit que je
n'aimais pas écrire des cartes postales, que
je n'écrivais pas de cartes postales du tout ;
car je dois penser qu'à chaque carte postale,
un facteur doit parfois monter beaucoup
d'escaliers - juste pour une carte postale -
et je voudrais lui épargner ce travail, car
les cartes postales ne font pas vraiment
partie des nécessités de la vie. Sur quoi
l'intéressé a répondu : mais je sais que je
fais plaisir aux gens avec des cartes
postales, et j'en écris beaucoup, et cela
contribue à la joie ; et si alors, quelque
part, un facteur ne suffit plus pour commander
les cartes, il faudra encore en engager un
autre, et cela contribuera à la subsistance
d'un deuxième. - Mais l'intéressé n'a pas
réfléchi davantage : "Car si l'on embauche un
facteur de plus pour les cartes postales, on
ne produit rien de ce qui est nécessaire à la
vie. Mais si l'on ne produit que les
marchandises nécessaires aux besoins
essentiels de la vie, le volume de cette
production implique un certain niveau de prix.
Celui qui effectue alors un travail inutile
restera néanmoins consommateur des choses
nécessaires à la vie, [ce qui entraîne une
falsification de la situation des prix]. Si
quelqu'un cesse de distribuer inutilement des
cartes postales, il n'augmentera plus la masse
de travail inutile ; au contraire, il
effectuera un travail correct, correspondant
aux besoins nécessaires, et cela aura une
influence essentielle sur l'ensemble de la
formation des prix dans l'économie de peuple.
31
Pour les choses qui se rapportent à la vie
pratique, deux éléments sont importants, dont
un seul est habituellement pris en
considération. Premièrement, il s'agit de
savoir si une chose est juste, et
deuxièmement, si elle est conforme à la
réalité. Les humains pensent qu'il suffit
qu'une chose soit juste, mais il faut aussi
qu'elle soit conforme à la réalité, et tant
que cette pensée conforme à la réalité n'aura
pas pris place de la manière la plus large,
nous ne pourrons pas nous sortir de la misère
de la vie. Celui qui pense que les
travailleurs de cri-cri se comportent dans
tous les cas comme des consommateurs, qu'ils
fabriquent des cri-cris ou non, ne tient pas
compte du fait que l'économie de peuple est
modifiée en ce qui concerne le travail
nécessaire ou inutile. C'est cela qui compte.
Ce regard sur l'important et le nécessaire,
c'est ce que nous devons acquérir pour la vie
sociale. Cela devrait être initié tout d'abord
par les "Kernpunkte/Points essentiels" et
l'ensemble du mouvement de la triarticulation.
32
Walter Kühne regrette qu'aucun socialiste
n'ait participé à la discussion. On aurait pu
s'attendre à ce que, lors de la discussion de
telles questions, ce soient justement des
socialistes qui se manifestent et qui
alimentent la discussion, car c'est justement
chez Marx et Engels que la question du travail
productif et du rapport entre la production et
la consommation joue un grand rôle. Tolstoï
s'est lui aussi penché sur cette question,
mais contrairement à Marx et Engels, il a
davantage vu sa solution dans la création de
petites organisations. Par rapport à ces deux
unilatéralités, seule la triarticulation
montre le milieu sain.
33
Un participant à la discussion pense qu'en
dehors des cri-cris, il y a d'autres objets
qui sont créés spécialement pour la ruine, par
exemple les grenades. La fabrication de tels
objets, dont l'ouvrier sait pertinemment qu'il
ne sert à rien de les fabriquer, doit conduire
à l'appauvrissement de l'ouvrier. C'est
pourquoi le prolétariat doit s'abrutir, ne
peut plus accéder à sa dignité humaine, ne
peut plus avoir de joie dans la vie, et le
mécontentement est systématiquement cultivé.
Le Dr Steiner dit que seule l'orientation vers
une économie de la demande nous aiderait, mais
que celle-ci ne peut être provoquée que par
l'humain. Le Dr Steiner attache justement de
l'importance à l'être humain, mais il est tout
simplement impossible d'introduire un nouveau
système économique dans un avenir proche avec
des humains qui ont été abrutis pendant des
décennies. Il souhaite donc poser la question
à M. Steiner : Est-il possible de fonder
un nouveau système économique avec la
génération actuelle ? Siegfried Dorfner : Et
comment pourrait-on régler la question de la
consommation dans un nouveau système
économique ? Les besoins des gens sont très
différents ; certains ont besoin de hautes
bottes vernies, d'autres de cartes postales.
Quels besoins peut-on interdire ou empêcher,
ou comment peut-on réglementer les besoins ?
M. Roser : M. Steiner a évoqué les
causes profondes de la crise de 1907. A
l'époque, d'énormes lock-out d'ouvriers
étaient à l'ordre du jour. On disait alors que
nous, les ouvriers, avions tellement travaillé
en réserve qu'il ne serait plus possible de
continuer à maintenir l'industrie à un niveau
élevé. On ne pourra éviter de telles crises
financières que si l'on retire au capitaliste
son huile motrice, le capital. Les crises sont
provoquées par le fait que le capital est un
moyen de production et que l'on essaie de le
contracter à un endroit ou de le paralyser à
un autre. Je suis convaincu que c'est pour
cela que les nouvelles catastrophes vont
s'exprimer dans quelques semaines, et il me
semble intéressant de savoir quelles seront
les prochaines crises et comment elles se
dérouleront.
34
Un participant à la discussion demande comment
la surproduction dans le domaine de la
littérature peut être raisonnablement
réorientée vers une production normale qui
réponde aux besoins réels de l'humanité.
35
Enfin, la question est posée par écrit : quels
sont les fondements spirituels de la
séparation du marché monétaire du marché des
marchandises de 1810 à 1815 ? Comment ces
fondements agissent-ils dans d'autres
domaines, qui ne sont pas des domaines
économiques ? Rudolf Steiner : En ce qui
concerne tout d'abord les hautes bottes
vernies, je voudrais dire qu'il y a
certainement des contextes de vie [où l'on
voudrait en acheter], mais on verrait déjà
disparaître certaines envies si les
productions inutiles cessaient tout
simplement. Bien sûr, si l'on parle d'une
réglementation de la consommation, on est déjà
dans un certain sens sur une sorte de fausse
piste. Réguler la consommation de manière
dictatoriale, ce n'est pas possible. Mais si
tous les rapports économiques étaient conçus
de manière à faire disparaître progressivement
le travail inutile, cela aurait une certaine
conséquence dans tout le contexte de la vie
économique. La conséquence serait que celui
qui veut inutilement de hautes bottes vernies
ne pourrait pas les payer. Et comme l'un est
lié à l'autre, il faut bien comprendre qu'on
ne doit pas lutter directement contre les
besoins inutiles, car ils disparaîtront
nécessairement avec d'autres conditions
économiques. Car on deviendrait alors un
tyran. Dans la vie, si l'on veut préserver la
liberté, on ne peut pas supprimer quelque
chose du jour au lendemain. Mais certaines
choses cessent d'elles-mêmes sous l'influence
de changements de circonstances. Si une
nouvelle pensée économique se met en place,
selon laquelle le travail inutile doit
disparaître, alors ces envies inutiles
disparaîtront également, ou bien il n'y aura
plus d'argent pour les satisfaire. Cela ne
résulte que de la compréhension du contexte
pratique de la vie. Les rapports de
consommation ne peuvent pas être réglés par
des "mesures" quelconques, mais seulement par
un certain progrès de la vie.
36
J'aimerais aussi dire en ce qui concerne la
littérature, en ne tenant compte bien sûr que
des conditions sociales ; on peut tout à fait
avoir un cœur pour celui qui aimerait voir des
poèmes lyriques imprimés. Je ne peux
qu'évoquer l'exemple de notre maison d'édition
berlinoise. Elle n'a jamais eu de livres qui
n'auraient pas été vendus. Elle n'a pas eu
beaucoup de livres qui ont été très demandés,
mais jamais de livres qui se sont entassés et
n'ont pas été vendus. Il a toujours été
construit sur ce que l'on peut appeler un
besoin spirituel. On n'imprimait un livre que
lorsqu'on savait qu'il y avait tant de
lecteurs pour ce livre. Le travail commençait
par l'apport de la matière aux humains et par
la recherche d'un lectorat ; la dictature ne
permettait pas de faire ce genre de choses. Du
point de vue d'économie de peuple, il faut
dire que cette maison d'édition n'a pas fait
de travail inutile.
37
Il s'agit de savoir où l'on commence à
travailler dans la vie économique. Si l'on
part au contraire de la compréhension des
besoins, on ne produit progressivement que les
produits nécessaires, de sorte que la
production ne s'accumule pas continuellement à
l'arrière [qu'elle ne se bloque pas sur les
besoins vitaux] ; on produit alors à l'avant
de telle sorte que les besoins réellement
présents puissent être satisfaits à l'arrière.
Si l'on ne parle que des rendements, on met en
quelque sorte la charrue avant les bœufs. Il
s'agit de regarder la vie et de savoir par où
commencer le travail ; il ne s'agit pas de
"régler" quoi que ce soit, mais d'intervenir
dans la vie de manière à ce que les choses
suivent leur cours.
38
La crise actuelle est la dernière conséquence
d'une longue évolution ; elle ne peut pas être
examinée comme les autres, mais elle doit
l'être - non pas selon des théories, mais
selon les faits. Je vous demande de tenir
compte de ce qui s'est passé ces dernières
années. Combien de force de travail humaine a
été produite depuis 1914 pour que nous soyons
parvenus à ce que dix à douze millions de
personnes soient abattues en l'espace de cinq
ans et que trois fois plus soient estropiées ?
Combien de forces de travail ont été utilisées
à cette fin et ont ainsi été soustraites à la
vie en tant que travail qui aurait pu servir
autrement à la vie ! Je pense que l'on peut
tout de même défendre le point de vue suivant
: ce qui a été produit pour tuer les gens est
un travail "inutile" - il aurait pu être évité
! Il suffit de penser combien de temps il
fallait réfléchir - encore en 1912 - lorsqu'on
avait besoin d'un million pour l'enseignement
- et combien l'argent était vite à portée de
main lorsqu'on avait besoin d'un million pour
le dépenser. Prenez ce qui a suivi : l'argent,
qui s'est développé en une abstraction au
cours du XIXe siècle, est maintenant devenu la
plus grande potentialisation de cette
abstraction. Il est maintenant vraiment devenu
la plus grande abstraction. Regardez ce que la
planche à billets produit chaque jour.
39
On n'a besoin de [tant d'argent] que si la
consommation est réglée d'une manière
artificielle. Derrière tout cela, il y a le
fait que l'on a fait un usage abusif de ce qui
restait des forces productives de la période
1914-1918. Mais cela cessera un jour, et la
crise viendra ensuite. La crise actuelle est
provoquée par la plus grande insouciance des
humains, en ce sens que l'on a cru que l'on
pouvait occuper les humains pendant des années
à fabriquer des choses inutiles et les
détourner du travail nécessaire.
40
Et maintenant, la question est de savoir si
l'on peut vraiment parvenir à une construction
avec la génération actuelle : je suis souvent
revenu sur cette question dans le journal de
la triarticulation et j'ai toujours qualifié
de pensée stérile le fait de poser de telles
questions. Ce à quoi je tiens dans ce
contexte, c'est à la volonté - non pas tant à
la vue d'ensemble observatrice de ce qui est -
mais à l'allumage de la volonté. Et lorsque
j'entends dire "il n'y a rien à faire avec la
génération actuelle", je dois tout de même
supposer que ceux qui critiquent ainsi la
génération actuelle sont d'avis qu'il y a
quelque chose à faire avec eux-mêmes. Et comme
j'accorde plus d'importance à la volonté qu'à
l'observation, je m'adresse à eux : eh bien,
venez, nous allons faire quelque chose avec
vous ! Le nombre de ceux qui "ne peuvent rien
faire avec la génération actuelle" serait déjà
assez grand [pour commencer quelque chose] ;
nous voulons donc les rassembler et travailler
avec eux.
41
On a encore posé la question décisive de
savoir quels étaient les fondements spirituels
de la séparation du marché monétaire du marché
des marchandises. Nous ne pouvons répondre à
une telle question que si nous nous rendons
compte que les affirmations telles que celles
que j'ai prononcées aujourd'hui doivent être
prises dans un sens absolument correct et
qu'elles ne signifient pas seulement une
critique historique relativement correcte.
Lorsque l'on dit que l'émancipation de
l'argent a créé telle ou telle atmosphère, il
est important de considérer cette atmosphère.
Si l'on considère cette abstraction du marché
de l'argent, où il est indifférent de savoir
ce que signifie l'argent, alors il faudra
souligner que c'était nécessaire pour le cours
général de l'évolution. À cet égard, j'ai
souvent souligné comment, depuis le milieu du
XVe siècle, l'humanité civilisée vit
l'impulsion de détacher l'individualité de
l'appartenance à un groupe, comment la
démocratie est devenue de plus en plus
l'impulsion de l'humanité, comment l'humain
individuel doit être de plus en plus mis en
valeur et comment ce qui sort davantage de son
intérieur doit également être mis en valeur.
Pour tout ce processus de développement de
l'humanité, l'abstraction de la vie de
l'économie sous l'influence de l'argent était
une nécessité. Et il s'agit seulement de
comprendre que tout ce qui naît doit, après un
certain laps de temps, subir une correction,
ou que quelque chose d'autre doit venir
compenser les dommages. Car dans la vie
réelle, ce n'est pas comme s'il y avait
quelque chose d'absolument bon ; tout dans la
vie n'est que relatif.
42
On ne peut pas dire, si j'ai aujourd'hui des
bottes déchirées, qu'elles sont forcément
mauvaises ; c'est le destin des bonnes bottes
que de se détériorer avec le temps. Même dans
la meilleure vie de l'économie, il y a des
dommages lorsque certaines tâches se sont
épuisées. Il en va de même pour l'économie
monétaire. Elle n'a pas été nuisible dès le
départ. Il suffit d'étudier la situation
monétaire au milieu du XIXe siècle ; elle a
contribué de manière essentielle à l'émergence
des idées démocratiques. Puis vint le temps où
une telle abstraction de l'argent dut trouver
ses limites. Je peux certainement parler d'une
abstraction, car on peut tout à fait comparer
la fonction de l'argent, par exemple, avec le
processus intérieur de l'âme qui consiste à
faire abstraction.
43
Il y a là un phénomène frappant, par exemple
dans le mouvement théosophique. Ce mouvement
théosophique, avec lequel le mouvement
anthroposophique entretenait autrefois un
certain attachement, est en fait un mouvement
matérialiste. Il parle certes des membres
spirituels supérieurs de l'humain, mais il
veut seulement dire, en parlant par exemple du
corps éthérique, qu'il est quelque chose de
plus mince et de plus fin que le corps
physique, de même que le corps astral est
encore plus mince, et ainsi de suite. On ne
fait donc qu'appliquer des pensées
matérialistes, et ces pensées matérialistes
s'installent terriblement dans les esprits. Et
quand les gens du mouvement théosophique ont
voulu faire quelque chose d'intelligent, ils
ont commencé à parler d'"atome permanent" à
propos des vies terrestres répétées. Ils
pensaient qu'il devait y avoir un passage
physique dans la prochaine incarnation de
l'humain. De la science de la nature les gens
avaient appris que l'humain était composé
d'atomes et qu'à la mort de l'humain, les
atomes tombaient dans la terre. Et c'est ainsi
que les théosophes avaient imaginé la doctrine
de "l'atome permanent" : cet atome ne serait
pas enterré, il traverserait la mort, et c'est
autour de cet atome permanent que se
regrouperaient les autres atomes dans la vie
suivante. Nous avons là, sous l'apparence d'un
mouvement spirituel, le matérialisme le plus
flagrant. C'est ce qui se passe quand on
s'engage complètement dans l'abstrait. C'est
ainsi que vous avez l'abstrait dans la vie de
l'âme, et c'est ainsi que vous avez l'argent
comme marchandise abstraite dans la vie
économique.
44
Et parce que ce qui se passe dans la vie
économique n'est que le côté extérieur de la
vie de l'esprit, cette vie de l'économie est
réellement pendante ensemble avec la vie de
l'esprit. Car l'opinion qui croit que seuls
les processus économiques se déroulent en bas
et qu'en face d'eux la vie spirituelle n'est
qu'une idéologie est fausse. Mais il est vrai
que la vie économique d'une certaine époque et
la vie spirituelle d'une certaine époque - pas
exactement la même - se comportent l'une par
rapport à l'autre comme la noix par rapport à
la coquille de la noix : la vie économique est
toujours la séparation de la vie de l'esprit
et reçoit d'elle sa forme. C'est pourquoi,
après que la vie de l'esprit se soit ainsi
abstraite, la vie de l'économie ne peut que
s'abstraire elle aussi. C'est pourquoi nous
avons d'abord l'époque du mode de pensée
abstrait et ensuite seulement l'époque du
système monétaire abstrait. Ce sont des
relations qui doivent être prises en compte.
45
Si l'on en tient compte, on obtient l'idée
fructueuse de la triarticulation de
l'organisme social. On comprendra comment les
trois éléments de la vie globale s'imbriquent
les uns dans les autres et forment ainsi une
unité, tout en donnant à chacun son
indépendance. Il en va de même pour
l'organisme humain. Nous distinguons chez
l'humain le système nerveux-sensoriel, le
système rythmique et le système métabolique.
D'un point de vue fonctionnel, c'est
l'ensemble de l'être humain. Ces trois
systèmes agissent ensemble, mais chacun
d'entre eux est relativement autonome et doit
être autonome. Il ne peut rien en résulter de
bon si l'on mélange tout. Il ne peut s'agir
d'une unité abstraite, comme le veut l'État
moderne, comme le veut en particulier l'État
socialiste actuel de l'Est. Il ne peut s'agir
que d'apprendre à connaître les conditions de
la vie individuelle, et on voit alors comment
celle-ci se présente triarticulée. Celui qui
s'engage dans cette voie doit comprendre que,
premièrement, les trois éléments de la vie
sont indépendants, deuxièmement, qu'ils
agissent à nouveau ensemble et, troisièmement,
qu'ils agissent le mieux ensemble lorsqu'ils
ont d'abord développé leur indépendance.
L'unité devient alors un résultat - et non un
apport extérieur. Une unité abstraite et
stérile s'autodétruit. Mais ce qui est d'abord
formé à partir des membres indépendants
devient une unité pleine de vie, devient ce
qui peut d'abord vivre et croître.
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