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GA337a - Œuvres complètes de Rudolf Steiner :

IDÉES SOCIALE - RÉALITÉ SOCIALE - PRATIQUE SOCIALE Volume I 




SEPTIÈME SOIRÉE D'ÉTUDES -
Stuttgart, 15 septembre 1920 -
LES CONDITIONS DE CRISE ÉCONOMIQUE ACTUELLES
SIEBENTER STUDIENABEND -
Stuttgart, 15. September 1920 -
DIE HEUTIGEN WIRTSCHAFTLICHEN KRISENVERHÄLTNISSE

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 337a  269-293 1999 15/09/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 2022 Editeur: SITE

Emil Leinhas introduit l'assemblée et donne la parole à Rudolf Steiner.

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Emil Leinhas leitet die Versammlung ein und erteilt Rudolf Steiner das Wort.

Rudolf Steiner : Très chers présents ! Si les choses se présentaient ainsi dans la vie politique, et même dans la vie publique en général, comme beaucoup d'humains le pensent aujourd'hui, il faudrait en fait désespérer de pouvoir agir sur l'amélioration des conditions sociales par une intervention personnelle, par une action humaine directe. Il faut se rappeler en particulier qu'il y a aujourd'hui un grand nombre d'humains qui croient que les conditions économiques se déroulent presque comme des phénomènes naturels. Ils croient que les événements économiques se déroulent dans l'ordre avec une nécessité de cause que l'on peut tout à fait comparer à la nécessité avec laquelle un corps d'une certaine nature commence à brûler lorsqu'on le met en contact avec un autre d'une certaine manière. C'est ce que pensent beaucoup d'humains. Ils pensent que si quelque chose de ce genre s'est développé pendant un certain temps dans la vie économique, comme une conjoncture favorable, alors quelque chose doit simplement se développer à partir de cette conjoncture favorable elle-même, comme une crise. Il s'ensuivrait pendant un certain temps une mauvaise marche des affaires avec des conditions économiques en recul, jusqu'à ce qu'une sorte de reprise se produise à nouveau et que la vie économique connaisse en quelque sorte une ascension. Ces derniers temps, les théoriciens de la pensée économique, les économistes nationaux, ont tout particulièrement développé de telles idées, qui préfèrent tout représenter par le déroulement des causes extérieures elles-mêmes et veulent exclure toute intervention de la volonté humaine. On a carrément affirmé que la crise économique importante de 1907, par exemple, devait nécessairement découler de l'essor qui l'avait précédée. On peut peut-être penser que l'observation de tels processus s'étendant à de vastes domaines de la vie de l'économie - comme les conjonctures favorables et défavorables - touche moins l'individu. Mais ce n'est pas le cas. Celui qui veut entreprendre quelque chose à un moment donné doit toujours être attentif à la constellation conjoncturelle dans laquelle il rentre.

02

Rudolf Steiner: Sehr verehrte Anwesende! Wenn die Dinge so stehen würden im politischen, ja im öffentlichen Leben überhaupt, wie heute viele Menschen meinen, so müßte man eigentlich daran verzweifeln, durch persönliches Eingreifen, durch unmittelbares menschliches Tun auf die Besserung der sozialen Verhältnisse hin­wirken zu können. Man muß sich dabei besonders daran erinnern, daß es heute eine ganze Anzahl von Menschen gibt, welche glau­ben, daß die wirtschaftlichen Verhältnisse fast so ablaufen wie Naturerscheinungen. Sie glauben, daß wirtschaftliche Ereignisse sich der Reihe nach mit einer Ursachennotwendigkeit entfalten, die man durchaus vergleichen kann mit jener Notwendigkeit, mit der etwa ein Körper von einer bestimmten Beschaffenheit zu brennen beginnt, wenn man ihn in einer bestimmten Weise mit einem andern in Verbindung bringt. So denken sehr viele Menschen. Sie meinen, wenn sich eine Zeitlang so etwas entwickelt habe im wirt­schaftlichen Leben wie ein günstiger Konjunkturbetrieb, daß dann einfach aus diesem günstigen Konjunkturbetrieb selber sich etwas herausentwickeln müsse wie eine Krisis. Es folge dann eine Zeit­lang ein schlechter Geschäftsgang mit zurückgehenden wirtschaft­lichen Verhältnissen, bis wieder eine Art von Erholung eintrete und gewissermaßen ein Aufstieg im wirtschaftlichen Leben statt­finden würde. Solche Darstellungen wurden in der letzten Zeit ganz besonders hervorgebracht von Theoretikern des wirtschaft­lichen Denkens, von Nationalökonomen, die am liebsten alles aus dem äußeren Ursachenverlaufe selbst darstellen und das Eingreifen des menschlichen Willens ganz ausschließen wollen. Man hat geradezu behauptet, daß zum Beispiel die bedeutungsvolle volkswirtschaftliche Krise im Jahre 1907 eben mit einer gewissen Notwendigkeit folgen mußte aus dem Aufschwung, der vorangegangen war. Man kann vielleicht glauben, daß die Betrachtung solcher über weite Gebiete des Wirtschaftslebens sich erstreckenden Vorgänge — wie günstige und ungünstige Konjunkturen — den einzelnen weniger berühre. Das ist aber nicht der Fall. Und namentlich derjenige, der selber irgend etwas zu irgendeiner Zeit unternehmen will, muß immer darauf aufmerksam sein, in welche Konjunkturkonstellation er hineinkommt.

Il est donc seulement trop compréhensible qu'une telle croyance en un lien de cause à effet nécessaire dans le domaine économique se soit développée à la suite de toute la pensée scientifique des trois ou quatre derniers siècles. Vous savez que c'est en particulier la vision théorique du social, qui rend hommage au marxisme, qui se complaît dans de telles idées et qui voudrait aussi organiser son action pratique selon de telles idées. Pour beaucoup d'humains aujourd'hui, il est apparemment dilettante de s'opposer à une telle chose, car on considère la pensée scientifique comme un idéal, et on considère même comme une conquête le fait que cette pensée scientifique se soit étendue à la vie pratique. C'est là que la science de l'esprit doit intervenir de manière corrective, car ce n'est qu'à partir de ces conceptions, qui ont toujours été défendues ici, que peut naître une pensée sociale saine. Et la science de l'esprit peut intervenir de manière corrective à partir de toute son essence, car elle n'a absolument rien du caractère théorique et abstrait qu'a justement pris le mode de pensée matérialiste et scientifique des temps modernes. Or, ce mode de pensée amène l'être humain à ne pas regarder les faits de la vie, mais à laisser ces faits de la vie s'embuer de toutes sortes de théories.

03

Es ist ja nur zu begreiflich, daß ein solcher Glaube an einen notwendigen Ursachenzusammenhang im Wirtschaftlichen sich herausgebildet hat als Folge der ganzen naturwissenschaftlichen Denkungsweise der letzten drei bis vier Jahrhunderte. Sie wissen, es ist insbesondere die dem Marxismus huldigende theoretische Anschauung des Sozialen, die in solchen Ideen sich ergeht und die auch nach solchen Ideen ihr praktisches Handeln einrichten möchte. Es ist scheinbar für viele Menschen heute ganz dilettantisch, wenn man sich gegen so etwas wendet, denn man betrachtet ja geradezu das naturwissenschaftliche Denken wie ein Ideal, und man betrachtet es sogar als eine Errungenschaft, daß sich dieses naturwissenschaftliche Denken auch über das praktische Leben ausgedehnt hat. Da muß Geisteswissenschaft geradezu korrigierend eingreifen, denn nur aus diesen Anschauungen, die von hier aus immer vertreten wurden, kann allein eine gesunde soziale Denkweise hervorgehen. Und Geisteswissenschaft kann korrigierend eingreifen aus ihrer ganzen Wesenheit heraus, denn sie hat durchaus nichts von dem Theoretischen, Abstrakten, das gerade die materialistisch-naturwissenschaftliche Denkungsart der neueren Zeit angenommen hat. Diese Denkungsart bringt aber den Menschen dazu, nicht auf die Tatsachen des Lebens hinzuschauen, sondern sich diese Tatsachen des Lebens umnebeln zu lassen mit allerlei Theorien.

Dans mes "Points essentiels de la question sociale", j'ai souligné comment le prolétariat contemporain est justement celui qui rend le plus hommage à une conception du monde entièrement théorique. Cela vient simplement du fait que ce prolétariat contemporain, incompris dans ses aspirations par la bourgeoisie qui se développe de plus en plus dans le matérialisme, n'a reçu comme vision du monde que le matérialisme représenté par cette bourgeoisie et croit donc à ce matérialisme comme à un évangile invincible et ne peut tout simplement pas en sortir. La science de l'esprit ne doit pas rendre hommage à des théories, elle ne doit surtout pas tendre vers une quelconque fantaisie. Car si, en tant que scientifique de l'esprit, on a en soi une tendance au fantasme, on déformera tout ce que l'on observe dans le monde spirituel, on en fera une caricature ; on ne pourra arriver qu'à un monde complètement déformé. La science de l'esprit exige comme base nécessaire de ses adeptes qu'ils s'éduquent pour le réel, pour ce qui est - je dirais même - sobre dans une certaine mesure. Mais en se formant, précisément dans le domaine de l'esprit, premièrement à une logique claire et rigoureuse, deuxièmement à une prise en compte des faits, on est tout à fait en mesure d'apporter cette éducation dans la vie pratique ordinaire et de laisser là aussi les faits s'exprimer de manière correcte et avec tout leur poids.

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Ich habe in meinen «Kernpunkten der Sozialen Frage» hervorgehoben, wie gerade das Proletariat der Gegenwart eigentlich am allermeisten einer durch und durch theoretischen Weltauffassung huldigt. Das kommt einfach davon her, daß dieses Proletariat der Gegenwart, unverstanden in seinen Bestrebungen von dem immer mehr und mehr materialistisch sich entwickelnden Bürgertum, eben nur den von diesem Bürgertum vertretenen Materialismus als Weltanschauung erhalten hat und daher an diesen Materialismus wie an ein unbesiegliches Evangelium glaubt und einfach nicht aus ihm herauskommen kann. Geisteswissenschaft darf nicht Theorien huldigen, darf vor allen Dingen nicht zu irgendeiner Phantastik neigen. Denn trägt man als Geisteswissenschaftler die Neigung zur Phantastik in sich, dann wird man alles, was man in der geistigen Welt beobachtet, verzerren, zur Karikatur machen; man wird nur zu einer ganz verzerrten Welt kommen können. Geisteswissen­schaft verlangt als eine notwendige Grundlage von ihren Beken­nern, daß sie sich für das Reale, für das — ich möchte sogar sagen — bis zu einem gewissen Grade Nüchterne erziehen. Dadurch aber, daß man gerade auf dem Geistgebiete sich erstens zu einer klaren, straffen Logik, zweitens aber zu einer Berücksichtigung der Tat­sachen heranerzieht, ist man durchaus imstande, in das gewöhn­liche praktische Leben diese Erziehung hineinzutragen und auch da die Tatsachen in der richtigen Weise mit ihrem ganzen Gewicht sprechen zu lassen.

Que fait le théoricien de l'économie nationale, et que font tous ceux qui vont à l'école avec un tel théoricien, lorsqu'ils veulent par exemple étudier quelque chose comme la crise économique de 1907 ? Ils étudient d'abord ce qui s'est passé en 1906 sur le plan économique, ils entrent dans l'année d'une conjoncture favorable. Vous essayez ensuite de trouver les causes de la ruine économique qui s'en est suivie dans le cadre de cette période précédente. Si l'on procède ainsi, on peut s'imposer avec toutes sortes de concepts nébuleux et l'on est alors incapable de penser correctement dans la vie sociale. Mais si l'on s'est formé à la science de l'esprit, on s'interroge sur les faits économiques, et l'on découvre alors, par exemple pour la crise de 1907 - on pourrait aussi choisir un autre exemple - qu'il y avait en Amérique un puissant groupe de magnats de la finance qui possédait plus de trente banques et plus de trente longues lignes de chemin de fer, et bien d'autres choses encore. Ce puissant consortium a discrètement acheté un certain papier spéculatif, qui était également négocié sur les bourses européennes, en si grandes quantités que presque tout ce papier était en possession de ce consortium de magnats financiers. Puis, par toutes sortes de spéculations économiques, on a incité les banques européennes - et les entreprises européennes en général - à acheter ces titres "à livraison". On en est arrivé à ce qu'un très grand nombre d'humains achètent ces titres à livraison. Or, supposons qu'une entreprise quelconque ait conclu un achat à livraison d'un tel papier pour le revendre ensuite ; et il se trouve que les mêmes banques en Amérique ont conclu en même temps avec des entreprises européennes des achats à la livraison de ce papier [en grande quantité]. Une entreprise européenne commençait donc à acheter ces titres d'un côté et s'engageait de l'autre à les vendre après un certain temps - mais elle ne l'avait pas fait, car ces titres avaient tous été achetés auparavant par [ce groupe financier], le groupe Morgan ; elle devait donc d'abord les acheter à nouveau à ce groupe. Les entreprises européennes s'étaient donc largement engagées à fournir de tels titres. Or, dans l'intervalle entre la spéculation et la date de livraison, on a réussi, depuis l'Amérique, à augmenter considérablement la valeur de ce papier, et la conséquence en a été une surcharge tout à fait extraordinaire du marché monétaire européen, ce qui a provoqué la crise. C'est-à-dire qu'une pure spéculation financière, provoquée par un nombre certainement restreint d'individus humains, a provoqué cette crise. Ceux qui ont connu cette crise se souviendront qu'à l'époque, l'escompte bancaire en Angleterre était monté jusqu'à 7 %, en Allemagne même temporairement jusqu'à 8 %, et un escompte bancaire élevé est toujours un baromètre des crises. Cette crise a donc été provoquée par la volonté de ces humains.

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Was tut der nationalökonomische Theoretiker, und was tun alle diejenigen, die zu einem solchen in die Schule gehen, wenn sie zum Beispiel so etwas studieren wollen wie die wirtschaftliche Krise des Jahres 1907? Sie studieren zunächst, was wirtschaftlich vorangegan­gen ist im Jahr 1906, kommen da in das Jahr einer günstigen Kon­junktur hinein. Sie versuchen dann, innerhalb dieses Vorangegange­nen die Ursachen für den nachfolgenden wirtschaftlichen Ruin zu finden. Wenn man so vorgeht, kann man sich mit allen möglichen nebulosen Begriffen durchsetzen und ist dann deshalb überhaupt unfähig, im sozialen Leben richtig zu denken. Wenn man sich aber an der Geisteswissenschaft erzogen hat, dann fragt man nach den wirtschaftlichen Tatsachen, und dann entdeckt man etwa für die Krise des Jahres 1907 — man könnte auch ein anderes Beispiel wählen —, daß es in Amerika eine mächtige Finanzmagnatengruppe gab, die über dreißig Banken und über dreißig lange Eisenbahnlinien und noch manches andere innehatte. Dieses mächtige Konsortium kaufte in aller Stille ein gewisses Spekulationspapier, das auch an europäischen Börsen gehandelt wurde, in so großen Mengen auf, daß fast alles von diesem Papier im Besitze dieses Finanzmagnatenkonsortiums war. Dann veranlaßte man durch allerlei wirtschaftliche Spekulationen europäische Banken — und europäische Unternehmungen überhaupt — dazu, solche Papiere «auf Lieferung» zu kaufen. Man brachte es dazumal dahin, daß eine ganz große Anzahl von Menschen solche Papiere auf Lieferung kauften. Nun nehmen wir aber an, irgendein Unternehmen habe in einem solchen Papier einen Kauf auf Lieferung abgeschlossen, um es dann wieder zu verkaufen; und es war nun so, daß dieselben Banken in Amerika mit europäischen Unternehmungen zu gleicher Zeit Käufe auf Lieferung in diesem Papier [in großem Umfange] abschlossen. Eine europäische Unternehmung begann also auf der einen Seite diese Papiere zu kaufen und verpflichtete sich auf der andern Seite, sie nach einer bestimmten Zeit zu verkaufen — hatte sie aber nicht, da diese Papiere zuvor alle von [dieser Finanzgruppe], der MorganGruppe, aufgekauft waren; sie mußte sie also erst wieder von dort kaufen. Es hatten also die europäischen Unternehmungen in großem Umfange die Verpflichtung übernommen, solche Papiere zu liefern. In der Zwischenzeit nun, die verlief zwischen der Spekulation und dem Lieferungstermin, brachte man es aber von Amerika aus dahin, den Wert dieses Papieres ungeheuer hinaufzuschrauben, und die Folge davon war eine ganz außerordentliche Überlastung des europäischen Geldmarktes, was dann jene Krise hervorrief. Das heißt, eine reine Finanzspekulation, hervorgerufen von einer gewiß geringen Anzahl von menschlichen Individuen, hat diese Krisis gemacht. Diejenigen, welche diese Krise kennen, werden sich erinnern, daß damals der Bankdiskont in England hinaufstieg bis zu 7%, in Deutschland sogar zeitweilig bis zu 8%, und ein erhöhter Bankdiskont ist immer ein Barometer für Krisen. Es war also diese Krise eigentlich aus dem Willen jener Menschen bewirkt.

Et c'est à de tels faits, c'est-à-dire à des faits très spécifiques et concrets de la vie - et non à des théories générales - qu'il faut s'intéresser si l'on veut comprendre la vie, y compris dans ses manifestations sociales. Il peut être spirituel, monstrueusement spirituel et impressionnant que Karl Marx, par exemple, fasse émerger avec une certaine nécessité des formes économiques ce que les humains pensent ensuite. Mais au fond, tout cela se déroule dans les salles d'études, et c'est justement un signe très caractéristique que le produit le plus pur des salles d'études, le "Capital" de Karl Marx, soit devenu aussi populaire qu'un évangile dans le prolétariat. Mais si l'on veut connaître la vie, il faut regarder la vie elle-même. On découvrira alors comment la science de l'esprit, justement, éduque à une vision de la vie - mais une vision inconfortable. Car au fond, il est beaucoup plus confortable d'élaborer des théories abstraites que de s'engager dans la vie réelle.

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Und auf solche Tatsachen, also auf ganz spezielle, konkrete Tatsachen des Lebens — nicht auf allgemeine Theorien — muß man hinschauen, wenn man das Leben verstehen will, auch in seinen sozialen Erscheinungen. Es kann ja geistreich, ungeheuer geistreich und imponierend sein, wenn zum Beispiel Karl Marx aus den Wirtschaftsformen mit einer gewissen Notwendigkeit hervorgehen läßt das, was dann die Menschen denken. Aber im Grunde genom­men ist das alles in der Studierstube abgewickelt, und es ist gerade ein sehr charakteristisches Kennzeichen, daß das reinste Studierstu­benprodukt, das «Kapital» von Karl Marx, im Proletariat so popu­lär geworden ist wie ein Evangelium. Will man aber das Leben kennenlernen, dann muß man das Leben selber anschauen. Dann wird man finden, wie gerade Geisteswissenschaft heranerzieht zu einer Anschauung des Lebens — allerdings zu einer unbequemen. Es ist nämlich im Grunde genommen viel bequemer, abstrakte Theorien aufzustellen, als sich einzulassen auf das wirkliche Leben.

Et maintenant vous allez dire : mais les choses que les théoriciens disent et que les agitateurs transmettent au peuple comme quelque chose de plausible sont vraies - car il suffit de se rappeler avec combien de chiffres, avec quelle statistique sûre ces choses sont habituellement étayées. Nos livres qui existent aujourd'hui sur la marche de la vie publique, en particulier sur les conceptions économiques - ils fourmillent de données statistiques, car quoi de plus exact que ce que l'on peut prouver par des chiffres ? Mais il y a aussi d'autres statistiques qui, dans un certain sens, semblent même pouvoir représenter un cours naturel de la vie humaine, exprimable par la science de la nature. Prenez par exemple les statistiques des assurances comme base d'une branche très pratique de la vie, l'assurance-vie. On calcule combien de personnes sur un nombre donné de jeunes de vingt ans seront encore en vie au bout de trente ans et combien seront décédées. Cela donne, si l'on prend un nombre suffisamment grand, des chiffres très constants : sur tant de jeunes de vingt ans, il n'en restera que tant après trente ans. On peut alors calculer la somme que la personne concernée doit verser, et on peut dire qu'ici, les statistiques fournissent même quelque chose avec lequel on peut compter dans une certaine mesure dans la vie pratique. Vous savez peut-être qu'il existe aussi une statistique des suicides ; vous savez que pour une telle statistique, il suffit de prendre un territoire suffisamment grand et une période suffisamment longue pour pouvoir dire assez précisément : au cours de ces années, tant d'humains vont se suicider sur ce territoire. — Mais celui qui veut tirer de la nécessité apparente qu'il y ait tant de suicides en cinq ans sur un territoire donné la conclusion que les humains ne sont pas libres, mais qu'en raison de la même contrainte qui fait qu'une pierre tombe sur le sol, ces humains doivent aussi se suicider, a-t-il raison ? Il n'a pas raison. Le fait qu'il existe autant de "lois" statistiques n'élimine pas le libre arbitre de l'humain. Il ne peut pas être question que les "lois" statistiques puissent dire quoi que ce soit sur le libre arbitre de l'humain, même s'il devait vous arriver, à cinquante ans, de constater qu'à l'exception de vous, tous ceux qui, à vingt ans, étaient promis par les statistiques à mourir au plus tard à cinquante ans, sont déjà morts - [ils ne doivent pas se suicider pour autant]. Les statistiques, et même les statistiques sur le suicide, sont là pour tout autre chose que pour dire quelque chose sur le libre arbitre de l'humain. Et de la même manière, aucune loi économique n'est en mesure de dire quoi que ce soit sur la libre intervention de l'initiative humaine dans les affaires économiques. Mais il y a autre chose.

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Und nun werden Sie sagen: Aber die Dinge stimmen ja, welche die Theoretiker sagen und welche die Agitatoren in das Volk als etwas Plausibles hineintragen — denn man braucht sich nur daran zu erinnern, mit wieviel Zahlen, mit welch sicherer Statistik gewöhn­lich diese Dinge belegt werden. Unsere Bücher, welche es heute über den Gang des öffentlichen Lebens gibt, besonders über die Wirtschaftsanschauungen — sie wimmeln ja nur so von statistischen Angaben, denn was könnte selbstverständlich richtiger sein als das, was man mit Zahlen belegen kann. Aber es gibt auch noch andere Statistiken, welche sich in einer bestimmten Richtung sogar so aus­nehmen, als ob sie einen natürlichen und durch die Naturwissen­schaft ausdrückbaren Gang des Menschenlebens darstellen könn­ten. Nehmen Sie zum Beispiel die Versicherungsstatistiken als Grundlage eines ganz praktischen Lebenszweiges, der Lebensversi­cherung. Man rechnet sich aus, wieviele Menschen von einer be­stimmten Anzahl Zwanzigjähriger nach dreißig Jahren noch leben werden und wieviele gestorben sein werden. Das gibt, wenn man nur die Anzahl groß genug nimmt, sehr konstante Zahlen: Von soundsoviel Zwanzigjährigen leben nach dreißig Jahren nur noch soundso viele. Daraus kann man dann die Summe errechnen, die der Betreffende einzuzahlen hat, und man kann sagen: Es ist durchaus so, daß hier die Statistik sogar etwas abgibt, womit man im praktischen Leben bis zu einem gewissen Grade rechnen kann. Sie wissen vielleicht, daß es auch eine Selbstmordstatistik gibt; Sie wissen, daß man für eine solche Statistik nur ein genügend großes Territorium und einen genügend großen Zeitraum zu nehmen braucht, um ziemlich genau sagen zu können: In diesen Jahren werden sich auf diesem Territorium soundso viel Menschen ermorden. -- Aber hat derjenige recht, der aus der scheinbaren Notwendigkeit, daß in fünf Jahren auf einem bestimmten Territorium soundso viele Selbstmorde vorkommen, nun den Denkschluß ziehen will, daß die Menschen nicht frei sind, sondern daß aus demselben Zwang, wonach ein Stein zur Erde fällt, nun auch diese Menschen sich ermorden müssen? Er hat nicht recht. Dadurch, daß soundso viele statistische «Gesetze» existieren, wird der freie Wille des Menschen nicht ausgeschaltet. Es kann gar keine Rede davon sein, daß statistische «Gesetze» etwas aussagen können über den freien Willen des Menschen, selbst dann nicht, wenn es vorkommen sollte, daß Sie als Fünfzigjähriger feststellen müssen, daß mit Ausnahme von Ihnen alle diejenigen schon gestorben sind, die als Zwanzigjährige von der Statistik in Aussicht genommen waren, spätestens bis zum fünfzigsten Jahre zu sterben — [Sie müssen sich deshalb noch lange nicht umbringen]. Die Statistik, ja auch die Selbstmordstatistik, ist zu etwas ganz anderem da, als etwas auszusagen über den freien Willen des Menschen. Und ebensowenig sind irgendwelche wirtschaftlichen Gesetze in der Lage, etwas auszusagen über das freie Eingreifen der menschlichen Initiative in die wirtschaftlichen Angelegenheiten. Allerdings liegt da noch etwas anderes vor.

Supposons que les événements se déroulent comme ils se sont déroulés au début de l'année 1907. En 1906, la conjoncture économique était favorable ; cela a généré certaines habitudes de vie chez un grand nombre d'humains. Et on peut dire que lorsque les humains sont dans une situation supportable pendant quelques années, ils prennent certaines habitudes de vie. Et lorsque de telles habitudes de vie se sont développées, alors ceux qui veulent justement profiter d'une telle situation peuvent faire quelque chose comme le groupe Morgan l'a fait en 1907. Ils peuvent alors se dire : "Maintenant, les gens ont envie de faire ceci ou cela, alors spéculons là-dessus ! C'est exactement comme si, dans un pays, certaines influences défavorables incitaient les humains au suicide. Mais malgré tout, les humains se suicident de leur plein gré, pour autant que l'on puisse parler de plein gré dans la vie ordinaire - je me suis exprimé à ce sujet dans ma "Philosophie de la liberté". Or, il se trouve que ce qui se passe ensuite ne découle pas de la constellation précédente de la vie de l'économie, mais uniquement de ce que les humains font. Et si ces humains font quelque chose que l'on peut en quelque sorte "calculer", qu'est-ce que cela prouve ? Il suffit alors de regarder un processus que vous connaissez tous. Supposons que le chien de Tyr soit là et que vous lui présentiez un morceau de viande ; vous pourrez calculer assez précisément ce qu'il fait : il le saisit. Et il est très rare que le chien Tyras n'attrape pas le morceau de viande. Mais si l'humain fait quelque chose de calculable dans une situation bien précise, cela prouve seulement que son niveau d'âme s'est abaissé ; et plus on peut calculer ou déterminer la causalité dans la vie sociale, plus on indique ainsi que les humains se sont abaissés à un niveau plus animal. Ainsi, les statistiques sur les suicides et autres calculs, par exemple sur les conjonctures favorables ou défavorables, ne prouvent rien d'autre que la nature de l'état d'âme des humains ; mais il faut alors aussi examiner les circonstances temporelles, l'atmosphère générale dans lesquelles l'un ou l'autre état d'âme est possible. Ce que le groupe Morgan a fait en 1907 et qui a plongé d'innombrables existences dans la misère en Europe n'a pu se produire qu'à cette époque ; une telle chose n'aurait par exemple pas été possible cent cinquante ans plus tôt.

08

Nehmen Sie an, die Ereignisse kommen so, wie sie mit Beginn des Jahres 1907 gekommen sind. 1906 war eine günstige Wirtschaftskonjunktur; das erzeugte bei einer großen Anzahl von Menschen gewisse Lebensgewohnheiten. Und man kann sagen: Wenn die Menschen ein paar Jahre in einer erträglichen Situation sind, dann nehmen sie gewisse Lebensgewohnheiten an. Und wenn solche Lebensgewohnheiten sich entwickelt haben, dann können diejenigen, die gerade eine solche Situation ausnutzen wollen, so etwas tun, wie es die Morgan-Gruppe 1907 getan hat. Die können sich dann sagen: Jetzt haben die Leute Lust, dies oder jenes zu tun, also spekulieren wir darauf! Es ist geradeso, wie wenn in einem Lande gewisse ungünstige Einflüsse da sind, die die Menschen zum Selbstmord verleiten. Aber trotzdem: die Menschen greifen doch zum Selbstmord aus freiem Willen, sofern man im gewöhnlichen Leben von freiem Willen sprechen kann — ich habe mich darüber in meiner «Philosophie der Freiheit» ausgesprochen. Nun ist es aber durchaus so, daß nicht aus der vorhergehenden Konstellation des Wirtschaftslebens dasjenige folgt, was nachher geschieht, sondern es folgt lediglich aus dem, was die Menschen tun. Und wenn nun diese Menschen etwas tun, was man gewissermaßen «errechnen» kann, was bezeugt das dann? Dann braucht man nur hinzuschauen auf einen Vorgang, der Ihnen allen bekannt sein wird. Nehmen Sie an, da steht der Hund Tyras, und Sie halten ihm ein Stück Fleisch vor; Sie werden ziemlich genau errechnen können, was er tut: Er schnappt danach. Und es wird in den seltensten Fällen vorkommen, daß der Hund Tyras nicht nach dem Stück Fleisch schnappt. Wenn aber der Mensch in einer ganz bestimmten Situation etwas Errechenbares tut, so bezeugt das nur, daß sein Seelen-Niveau heruntergesunken ist; und je mehr man im sozialen Leben errechnen oder kausal bestimmen kann, desto mehr weist man damit darauf hin, daß die Menschen mehr auf ein tierisches Niveau heruntergesunken sind. Und so beweisen Selbstmord-Statistiken und andere Berechnungen, zum Beispiel über günstige oder ungünstige Konjunkturen, nichts anderes als die Art der Seelenverfassung der Menschen; allerdings muß man dann auch die Zeitumstände, die Allgemein-Atmosphäre prü­fen, in der die eine oder die andere Seelenverfassung möglich ist. So etwas, wie es die Morgan-Gruppe 1907 getan hat und wodurch unzählige Existenzen in Europa ins Elend gestürzt worden sind, konnte sich nur abspielen in dieser Zeit; so etwas wäre zum Beispiel einhundertfünfzig Jahre früher nicht möglich gewesen.

Comment une telle chose est-elle devenue possible ? Cela s'est produit grâce à l'émancipation du marché de l'argent par rapport au marché des marchandises. Cette émancipation remonte aux années 1810-1815. Ce n'est qu'à cette époque que l'ancienne domination économique de la vie publique [basée sur le commerce des marchandises] est devenue une domination par le marché monétaire. Ce n'est qu'à cette époque que le système bancaire est devenu le maître de la vie économique. Et provoquer de telles situations économiques par la circulation sur le simple marché monétaire - à une échelle telle que cela a été possible de manière grandiose en 1907 - n'est apparu que parce que l'argent est devenu une véritable abstraction. Il est devenu une abstraction qui s'étend depuis lors à toute notre vie économique et au reste de notre vie.

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Wodurch ist es denn gekommen, daß so etwas möglich wurde? Es ist gekommen durch die Emanzipation des Geldmarktes von dem Warenmarkt. Diese Emanzipation rührt her etwa aus den Jah­ren 1810 bis 1815. Erst in dieser Zeit wurde aus dem früheren bloß [auf dem Warenverkehr beruhenden] wirtschaftlichen Beherrschen des öffentlichen Lebens ein Beherrschen durch den Geldmarkt. Erst zu dieser Zeit wurde eigentlich das Bankwesen Herrscher im wirtschaftlichen Leben. Und solche wirtschaftlichen Situationen hervorzurufen durch den Verkehr auf dem bloßen Geldmarkt — in einem Umfange, wie es 1907 auf eine grandiose Weise möglich geworden war —, das ist erst dadurch entstanden, daß das Geld zu einem wirklichen Abstraktum geworden ist. Es ist zu einem Ab­straktum geworden, das sich seitdem einfach über unser ganzes Wirtschaftsleben und auch über unser übriges Leben ausbreitet.

Nous pensons ici à l'époque où l'humain était lié à ce qu'il produisait. A cette époque, l'argent n'était au fond qu'une sorte d'équivalent de la marchandise produite ; on s'attachait à la marchandise produite. En fait, ce que l'on produisait n'était pas du tout indifférent, mais on s'attachait à son produit. Aujourd'hui, c'est déjà quelque chose de légendaire, et autrefois, il pouvait vous arriver quelque chose comme ce que je voudrais citer en exemple. Un jour, alors que je venais à Budapest pour me faire couper les cheveux, j'ai trouvé un coiffeur qui coupait vraiment encore les cheveux avec enthousiasme, et qui disait : "Je ne cherche pas à gagner de l'argent, je cherche seulement à avoir une belle coupe". Il présentait cela de telle manière que cela donnait vraiment l'impression d'une vérité et d'une honnêteté intérieures. Aujourd'hui, cette fusion avec son produit s'est complètement perdue, et l'on ne cherche plus qu'à gagner tant et tant pour subvenir à ses besoins. Aujourd'hui, il ne s'agit plus que du rendement du capital ou du salaire. Et tout comme les principes généraux abstraits se répandent sur toutes sortes de choses, l'argent devenu abstrait se répand sur toutes sortes de choses. Dans l'esprit de beaucoup d'humains aujourd'hui, il est tout à fait indifférent de vouloir gagner tant de marks par jour, que ce soit pour fabriquer des chaussures ou des manuels scolaires. Cet argent émancipé de la véritable réalité de la vie a rendu possible l'atmosphère dans laquelle ont pu se dérouler des événements comme celui de 1907 - et pourtant, ces événements sont entièrement issus de la volonté des humains ! Par ces mots, j'ai simplement voulu attirer l'attention sur la manière dont la science de l'esprit s'efforce de saisir la réalité dans sa véritable forme. C'est tout de suite le matérialisme - aussi bien celui de science de la nature qu'historique - qui s'est complètement éloigné de la réalité ; il ne fait que théoriser. La science de l'esprit doit aller vers la réalité. C'est pourquoi elle ne se laisse pas non plus embrouiller par des conceptions théoriques ; mais c'est précisément ainsi qu'elle parvient à une compréhension réelle de la vie. C'est précisément ainsi qu'elle sera appelée à promouvoir efficacement une nouvelle construction sociale à l'avenir.

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Wir denken dabei zurück an Zeiten, in welchen der Mensch zusammengewachsen war mit dem, was er hervorbrachte. Da war das Geld im Grunde genommen nur eine Art Äquivalent für das hervorgebrachte Warenerzeugnis; da hing man an dem Warener­zeugnis. Da war es eigentlich durchaus nicht gleichgültig, was man erzeugte, sondern man wuchs mit seinem Warenerzeugnis zusam­men. Das ist heute schon etwas Legendenhaftes, und es konnte früher einem so etwas passieren, was ich jetzt als Beispiel anführen möchte. Als ich einmal nach Budapest kam und mir die Haare schneiden lassen wollte, fand ich einen Friseur, der wirklich noch mit Enthusiasmus die Haare schnitt und der sagte: «Ich strebe nicht nach einem Verdienst, ich strebe nur nach einem schönen Schnitt.» Er brachte dies so vor, daß es wirklich den Eindruck innerer Wahr­haftigkeit und Ehrlichkeit machte. Dieses Zusammengewachsens­ein mit seinem Erzeugnis ist heute ganz verlorengegangen, und man hat nur noch das Bestreben, soundso viel einzunehmen, um seine Bedürfnisse zu versorgen. Heute handelt es sich nur noch um das Erträgnis an Kapital oder um den Lohn. Und geradeso, wie sich allgemeine abstrakte Prinzipien ausbreiten über alles Mögliche, so breitet sich auch das abstrakt gewordene Geld über alles Mög­liche aus. Es ist schließlich im Sinne vieler Menschen heute ganz gleichgültig, wenn man soundso viel Mark am Tage einnehmen will, ob man dafür Schuhe oder Lehrbücher fabriziert. Dieses von der eigentlichen Realität des Lebens emanzipierte Geld hat jene Atmosphäre möglich gemacht, in der dann solche Vorgänge sich abspielen konnten wie derjenige vom Jahre 1907 — und trotzdem gehen diese Vorgänge ganz und gar aus dem Willen der Menschen hervor! Ich wollte mit diesen Worten lediglich darauf hinweisen, wie Geisteswissenschaft darauf ausgeht, die Wirklichkeit in ihrer wahren Gestalt zu erfassen. Gerade der Materialismus — sowohl der naturwissenschaftliche wie der historische — ist von der Wirklichkeit ganz abgekommen; der theoretisiert nur mehr. Geisteswissenschaft muß auf die Wirklichkeit gehen. Daher läßt sie sich auch nicht benebeln von theoretischen Anschauungen; aber sie kommt gerade dadurch zu einem wirklichen Verständnis des Lebens. Gerade dadurch wird sie berufen sein, einen sozialen Neuaufbau in der Zukunft wirksam fördern zu können.

En effet, l'usage s'est peu à peu établi de ne plus compter, en économie politique/de peuple, que sur des choses telles que l'offre et la demande ou autres, sur les rapports de marché, de circulation ou d'échange. On ne pense en fait qu'à quelque chose d'abstrait, à ce qui se présente comme un rendement, un bénéfice. Et lorsque les humains réfléchissent aujourd'hui aux questions économiques, ils ne font rien d'autre que de calculer avec le facteur rendement.

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Es hat sich ja allmählich die Usance herausgebildet, im Volkswirtschaftlichen überhaupt nur noch mit solchen Dingen zu rechnen wie Angebot und Nachfrage oder dergleichen, mit den Markt-, Verkehrs- oder Wechselverhältnissen. Da meint man eigentlich immer nur etwas Abstraktes, das, was sich als Erträgnis, als Ertrag darstellt. Und wenn die Menschen heute über wirtschaftliche Fragen nachdenken, so geschieht das eigentlich gar nicht anders als so, daß nur mit dem Ertragsfaktor gerechnet wird.

Ainsi, toute la vie économique est en quelque sorte considérée de manière unilatérale, car on élimine tout ce qui est lié à la consommation. La consommation doit simplement - je dirais - résulter automatiquement de ce que l'on perçoit comme rendement pour un produit quelconque. Quand on entre dans un magasin, on regarde combien il rapporte, mais on ne regarde pas quelle sorte de consommation est liée à ce magasin.

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Dadurch wird gewissermaßen das ganze wirtschaftliche Leben einseitig betrachtet, denn es wird all das ausgeschaltet, was mit dem Konsum zusammenhängt. Der Konsum soll sich einfach -- ich möchte sagen — automatisch ergeben aus dem, was man als Ertrag für irgendein Produkt einnimmt. Man sieht darauf, wenn man in irgendein Geschäft entriert, wieviel es einträgt, aber nicht darauf, welche Art von Konsum mit diesem. Geschäft in Verbindung steht.

On ne tient même pas compte de la qualité particulière de l'article, dans la mesure où il s'agit d'un article de consommation ; on ne pense à l'économie de peuple que du côté du rendement, du côté de la production, et non du côté de la consommation. Mais si l'on omet complètement d'orienter la pensée économique vers le côté consommation, alors la consommation s'anarchise de proche en proche, alors la consommation vous dépasse de proche en proche.

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Man rechnet gar nicht mit der besonderen Qualität des Artikels, insofern er ein Konsumartikel ist; man denkt volkswirtschaftlich nur nach der Ertragsseite, der Produktionsseite hin, nicht nach der Konsumseite. Aber wenn man es vollständig unterläßt, das wirtschaftliche Denken nach der Konsumseite hin zu wenden, dann veranarchisiert sich nach und nach der Konsum, dann entwächst einem nach und nach der Konsum.

Or, cette consommation a une certaine particularité : elle a un certain rapport de cause à effet avec la morale humaine, avec la constitution d'âme humaine ; mais par rapport à la production, elle est liée de manière opposée à la constitution d'âme humaine. La morale, ce qui est d'âme, joue donc aussi dans la production ; donc là, ce qui est d'âme est la cause. Si je produis un article par lequel je trompe les humains, cela provient d'une morale bancale. Mais la façon dont les humains vivent, c'est-à-dire les possibilités de consommation qu'ils prennent en compte, s'ils consomment ceci ou cela, cela agit comme origine sur la constitution d'âme, sur la morale. Et ce facteur n'est pas pris en compte dans l'ensemble de la nouvelle économie de peuple. C'est pourquoi cette économie de peuple nous échappe. Si l'on réfléchit sainement, on se rend compte qu'il est quasiment impossible de comprendre pourquoi les grèves ont augmenté de 87 % entre 1907 et 1919 en se basant sur les rapports de production - certes, une partie de l'augmentation est due aux rapports de production. Mais on obtient tout de suite une idée de ce dont il s'agit en réalité si l'on regarde les conditions de consommation.

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Nun hat aber dieser Konsum eine bestimmte Eigentümlichkeit: Er steht in einem gewissen ursächlichen Zusammenhang mit der menschlichen Moral, mit der menschlichen Seelenverfassung; im Vergleich zur Produktion hängt er aber in entgegengesetzter Weise mit der menschlichen Seelenverfassung zusammen. In die Produktion spielt ja auch die Moral, das Seelische, hinein; also da ist das Seelische die Ursache. Wenn ich einen Artikel produziere, durch den ich die Menschen betrüge, so geht das aus einer schiefen Moral hervor. Wie aber die Menschen leben, das heißt welche Möglichkeiten des Konsums sie in Anspruch nehmen, ob sie dies oder jenes konsumieren, das wirkt ursächlich auf die Seelenverfassung, auf die Moral ein. Und diesen Faktor rechnet man in der ganzen neueren Volkswirtschaftslehre nicht mit. Daher entläuft einem diese Volkswirtschaft. Wenn man gesund denkt, dann ist einem klar: Es ist schier unmöglich, aus den Produktionsverhältnissen heraus zu begreifen, warum die Streiks vorn Jahre 1907 bis zum Jahr 1919 um 87 % zugenommen haben — einiges liegt zwar auch in den Produktionsverhältnissen begründet. Aber man bekommt sogleich ein Bild, worum es sich eigentlich handelt, wenn man auf die Konsumverhältnisse sieht.

Or, dans la vie de l'économie actuelle, toutes ces choses sont dans un pendant déterminé. Les économistes nationaux et les gestionnaires ont certes réfléchi à ce sujet, mais ils n'ont pas réfléchi aux véritables causes et pendants, parce que leurs calculs ne portaient que sur la rentabilité. Le gestionnaire d'aujourd'hui sait très peu de choses sur le pendant entre une production quelconque et les grèves [et encore moins sur le pendant, entre la consommation et ces grèves]. Il sait, d'après ce qu'il a l'habitude de penser, ce que l'une ou l'autre production dégage de rendements.

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Nun sind in dem heutigen Wirtschaftsleben all diese Dinge in einem bestimmten Zusammenhang. Über den haben zwar die Nationalökonomen und die Wirtschafter nachgedacht, aber über die wirklichen Ursachen und Zusammenhänge haben diese Leute nicht nachgedacht, weil ihr Rechnen nur auf das Rentieren ging. Der heutige Wirtschafter weiß ja sehr wenig zu sagen über den Zusammenhang irgendeiner Produktion mit den Streiks, [und erst recht nichts über den Zusammenhang der Konsumtion mit diesen Streiks]. Er weiß aus dem, was er gewohnt ist zu denken, was die eine oder die andere Produktion an Erträgnissen abwirft.

Il sait par exemple, s'il est un fabricant de cri-cris parisien - prenons un cas radical du passé - que les cri-cris peuvent être un article très avantageux pour quelques années.

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Er weiß zum Beispiel, wenn er ein Pariser Cri-Cri-Fabrikant ist — nehmen wir einen radikalen Fall aus der Vergangenheit —, daß die Cri-Cris ein sehr günstiger Artikel für ein paar Jahre sein können.

Ces cri-cris étaient des instruments particulièrement petits ; une plaque d'acier était fixée dans un petit corps métallique, et si l'on sortait dans la rue avec cet instrument dans la poche et que l'on touchait cette plaque métallique, elle émettait alors un son horrible, si bien que les gens dans la rue étaient terriblement agacés par ce son. C'était ainsi dans les années soixante-dix du siècle dernier ; les rues étaient devenues désagréables à cause de ces cri-cris. Mais le revenu de l'inventeur des Cri-Cri était très important ; il est devenu plusieurs fois millionnaire, mais il n'a pas du tout calculé ce que cela représentait du côté de la consommation.

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Diese Cri-Cris waren ganz besonders kleine Instrumente; in einem Metallkörperchen war eine Stahlplatte eingespannt, und wenn man mit diesem Instrument in der Tasche auf die Straße ging und diese Metallplatte berührte, machte sie dann einen scheußlichen Ton, so daß die Leute auf der Straße furchtbar geärgert wurden durch diesen Ton. Es war so in den siebziger Jahren des vorigen Jahrhunderts; da waren die Straßen geradezu durch diese Cri-Cris unleidlich geworden. Aber das Erträgnis des Cri-Cri-Erfinders war ein sehr großes; er ist vielfacher Millionär geworden, aber er hat gar nicht damit gerechnet, was das auf der Konsumseite ausmacht.

Car bien sûr, pour la vie humaine, il aurait suffi de ne pas fabriquer de Cri-Cri. Mais calculez maintenant combien de personnes ont été employées dans ces usines de Cri-Cri ; elles ont utilisé ces revenus pour leur consommation. Cette consommation de tant et tant d'ouvriers Cri-Cri est donc le résultat d'un travail humain inutile. Tout cela a un impact sur la vie sociale ; le travail humain inutile a des conséquences énormes sur la vie sociale.

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Denn selbstverständlich, für das menschliche Leben hätte es genügt, wenn keine Cri-Cris fabriziert worden wären. Aber nun rechnen Sie sich aus, wieviele Menschen in diesen Cri-Cri-Fabriken beschäftigt wurden; mit diesen Erträgnissen haben sie ihren Konsum bestritten. Dieser Konsum soundso vieler Cri-Cri-Arbeiter ist also entstanden aus unnötiger Menschenarbeit. Das alles wirkt im sozialen Leben; unnötige Menschenarbeit hat ungeheure Folgen im sozialen Leben.

Je pourrais aussi choisir un autre exemple. Lichtenberg disait déjà : "On produit en une année 99 % d'œuvres littéraires de plus que ce dont l'humanité entière a besoin pour être heureuse". - On peut sans doute affirmer la même chose en se référant au présent : si 99 % de livres en moins étaient produits, ce serait probablement un grand bonheur pour l'humanité. Il suffit de penser aux coups de boutoir de la poésie - qui sont bien sûr toujours le fait de génies méconnus - qui sont tirés à trois cents ou cinq cents exemplaires et qui, la plupart du temps, n'en écoulent pas cinquante, pour se rendre compte de la quantité de travail inutile qui est fournie.

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Ich könnte auch ein anderes Beispiel wählen. Schon Lichtenberg sagte einmal: Es werden 99% mehr Literaturwerke verfertigt in einem Jahre, als die ganze Menschheit zu ihrem Glück braucht. — Man kann das mit Bezug auf die Gegenwart wohl auch behaupten: Wenn 99% weniger Bücher erzeugt würden, so würde es wahrscheinlich ein großes Glück für die Menschheit sein. Denken Sie doch nur an die Stöße von Lyrik — die kommen ja selbstverständlich immer von verkannten Genies —, wo eine dreihundert bis fünfhundert Stück starke Auflage erzeugt wird und meistens keine fünfzig abgesetzt werden, wieviel unnötige Arbeit da geleistet wird.

On pourrait en faire l'économie, et cela aurait un effet extraordinaire sur les rapports de consommation des humains. Cela signifie que si l'on ne compte que sur les revenus, il n'est pas nécessaire d'avoir un rapport avec les besoins réels de la vie, on peut vouloir réguler la vie tout à fait en dehors d'eux.

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Die könnte erspart werden, und das würde auf die Konsumverhält nisse der Menschen eine außerordentliche Wirkung haben. Das heißt, wenn man bloß mit den Erträgen rechnet, so braucht man ja gar keine Beziehung zu den wirklichen Bedürfnissen des Lebens zu haben, kann ganz abseits von ihnen das Leben regulieren wollen.

C'est ce qui est au cœur de notre grande crise actuelle, de notre déclin. Car ceux qui calculent dans l'ancien style économique ne peuvent pas voir les rapports entre le travail humain inutile et la misère humaine.

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Das steckt in unserer jetzigen großen Krise, in unserem Niedergang drinnen. Denn diejenigen, die im alten volkswirtschaftlichen Stile rechnen, können keine Zusammenhänge sehen zwischen unnötiger Menschenarbeit und Menschenelend.

C'est là que la science de l'esprit peut intervenir et donner les grandes corrélations, parce que la science de l'esprit ne part jamais de quelque chose d'unilatéral, mais de l'universel. Je ne parle pas d'une science de l'esprit qui aspire à des hauteurs abstraites et mystiques, mais d'une science de l'esprit qui veut éduquer l'humain pour qu'il devienne utile et pratique dans la vie. La science de l'esprit, lorsqu'elle est correctement appliquée, est une éducatrice pour la vie, pour une construction de la vie vraiment pleine de vie.

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Da kann nun Geisteswissenschaft eintreten und die großen Zusammenhänge geben, weil Geisteswissenschaft nie auf etwas Einseitiges ausgeht, sondern auf das Allseitige. Ich meine nicht eine Geisteswissenschaft, die in abstrakte, mystische Höhen strebt, sondern eine Geisteswissenschaft, die den Menschen dazu erziehen will, daß er für das Leben brauchbar und praktisch wird. Geisteswissenschaft ist, wenn sie richtig angewendet wird, eine Erzieherin für das Leben, für einen wirklich lebensvollen Aufbau des Lebens.

C'est pourquoi elle pourra fonder une théorie d'économie de peuple qui connaît le lien entre le manque de travail et la production de n'importe quel produit inutile.

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Daher wird sie eine Volkswirtschaftslehre begründen können, die den Zusammenhang kennt zwischen Arbeits-Unlust und der Erzeugung irgendwelcher unnötiger Produkte.

La pensée de base de quelque chose comme le "Jour qui vient " était que des entreprises pratiques devaient naître d'un tel mode de pensée spirituel-scientifique. Bien entendu, il n'est pas possible d'asseoir immédiatement une telle entreprise sur une base saine en ce qui concerne toutes les mesures concrètes particulières. Mais si une telle entreprise particulière est dirigée par des gens imprégnés d'une éducation issue de la science de l'esprit, alors les mesures pratiques aboutiront d'elles-mêmes à ne pas surcharger les humains de travail inutile, mais uniquement de travail nécessaire ; il faudra justement compter avec la consommation dans l'économie de peuple. Ce n'est qu'ainsi que pourra naître ce qui conduira à une nouvelle ascension.

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Daß aus einer solchen geisteswissenschaftlichen Denkweise nun auch einmal praktische Unternehmungen hervorgehen sollen, das war eigentlich der Grundgedanke von so etwas wie dem «Kommenden Tag». Selbstverständlich kann man nicht gleich eine solche Unternehmung mit Bezug auf alle konkreten Einzelmaßnahmen auf eine gesunde Basis stellen. Wenn aber eine solche Einzelunternehmung von lauter Leuten geleitet wird, die durchdrungen sind von einer Erziehung, die aus der Geisteswissenschaft kommt, dann werden die praktischen Maßregeln auch von selbst darauf hinauslaufen, die Menschen nicht mit unnötiger Arbeit zu belasten, sondern nur mit nötiger Arbeit; man wird eben zu rechnen haben mit dem Konsum in der Volkswirtschaft. Nur so wird dasjenige entstehen können, was wieder zu einem Aufstieg führt.

Ces humains qui veulent avoir purement des revenus sont indifférents à ce qu'ils produisent ou à ce pour quoi ils sont rémunérés, car ils reçoivent de l'argent en échange. L'argent est abstrait dans la vie économique, et on peut tout avoir en échange. Il s'agit précisément d'organiser notre économie de telle sorte qu'elle dépende honnêtement de la volonté humaine, et non de manière malhonnête. Comment devient-elle honnêtement dépendante de la volonté humaine ? Par les associations. Si vous avez des associations, ce qui se passe dans la vie économique résulte de la volonté des humains impliqués dans ces associations. Il y aura alors des négociations entre les différentes associations ; des humains vivants négocieront entre eux, et ce qui est produit dans la vie de l'économie résultera de telles négociations entre les humains vivants entre eux dans les associations. Lorsqu'une usine doit être fondée, on n'y réfléchit pas simplement du point de vue qu'elle doit rapporter tant de bénéfices dans la conjoncture actuelle, mais on part de la vue d'ensemble de ce qui est nécessaire. On n'a pas besoin de maximes d'État pour cela, car cela reviendrait à tout caser, mais on a besoin des connaissances de ceux qui travaillent dans les différentes entreprises et les différentes branches. C'est la seule façon de savoir si une entreprise est nécessaire. Et si elle est nécessaire, on peut produire et peut être gagné. Par le biais des associations, on éliminera tout ce qui pourrait avoir une influence néfaste. On ne pourra alors pas agir en fonction de considérations purement financières, comme l'a fait par exemple le groupe Morgan, car on travaillera alors en fonction de besoins purement économiques. Il est étrange de constater à quel point il est difficile pour maints humains de s'engager dans les réalités de la vie. S'engager dans ces réalités de la vie est l'exigence la plus importante de notre époque.

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Denjenigen Menschen, die bloß Erträgnisse haben wollen, ist es gleichgültig, für was sie produzieren oder für was sie entlohnt werden; denn sie bekommen dafür Geld. Das Geld ist abstrakt im wirtschaftlichen Leben, und man kann alles haben dafür. Es handelt sich eben darum, unsere Volkswirtschaft so zu gestalten, daß sie in ehrlicher Weise vom menschlichen Willen abhängig wird, nicht in unehrlicher Weise. Wie wird sie in ehrlicher Weise vom menschlichen Willen abhängig? Durch die Assoziationen. Wenn Sie Assoziationen haben, dann wirkt das, was im Wirtschaftsleben geschieht, aus dem Willen der an diesen Assoziationen beteiligten Menschen. Dann wird verhandelt werden zwischen den einzelnen Assoziationen; dann verhandeln lebendige Menschen untereinander, und was produziert wird im Wirtschaftsleben, das geht hervor aus einem solchen Verhandeln lebendiger Menschen untereinander in den Assoziationen. Wenn eine Fabrik gegründet werden soll, so wird man nicht darüber nachdenken bloß unter dem Gesichtspunkte, daß sie soundso viel Erträgnis abwerfen soll in der gegenwärtigen Konjunktur, sondern man wird ausgehen von der Übersicht über das, was nötig ist. Man braucht nicht Staatsmaximen dazu, denn das würde alles kasernieren, aber man braucht dazu die Kenntnisse derer, welche in den einzelnen Betrieben und in den einzelnen Branchen tätig sind. Nur so wird man herausbekommen, ob ein Betrieb nötig ist. Und ist er nötig, so kann produziert werden, und so darf an ihm auch verdient werden. Auf dem Wege der Assoziationen wird alles ausgeschaltet werden, was als Schädliches Einfluß gewinnen könnte. Dann wird man nicht aus rein finanziellen Überlegungen handeln können, so wie es zum Beispiel die Morgan-Gruppe gemacht hat, denn dann wird aus rein wirtschaftlichen Bedürfnissen heraus gearbeitet. Es ist merkwürdig, wie es manchen Menschen in der Gegenwart schwer wird, sich auf die Realitäten des Lebens einzulassen. Auf diese Realitäten des Lebens sich einzulassen, ist die allerwichtigste Forderung der Gegenwart.

On peut aussi se demander d'où vient le fait que les humains d'aujourd'hui se sont tant éloignés de la vie réelle ? - Cela est précisément dû au matérialisme, car le matérialisme a la particularité d'éduquer à l'abstraction.

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Man kann auch fragen: Woher kommt es, daß die Menschen in der Gegenwart sich vom realen Leben so sehr entfernt haben? — Das ist gerade durch den Materialismus gekommen, denn der Materialismus hat die Eigentümlichkeit, daß er zur Abstraktheit erzieht.

En revanche, la science de l'esprit a justement la particularité d'éduquer au concret, à la réalité, à la pratique.

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Geisteswissenschaft dagegen hat gerade die Eigentümlichkeit, daß sie zum Konkreten, zur Wirklichkeit, zur Praxis erzieht.

C'est ce que j'ai voulu lancer aujourd'hui dans cette discussion. Mais beaucoup de choses seront nécessaires pour sortir des anciennes habitudes de pensée et de sensibilité. Mais cela doit se faire pour surmonter tous les dommages qui se sont glissés dans la nouvelle vie économique et dans toute la nouvelle vie publique. Une telle pensée objective ne pourra être que le résultat d'un véritable approfondissement dans le monde spirituel. L'ascension ne pourra venir que du spirituel, et non de la simple continuation de ce que l'on a pris l'habitude de considérer comme juste au cours des dernières décennies, et même de presque toute la deuxième moitié du XIXe siècle. Et celui qui n'a pas aujourd'hui la volonté de s'engager radicalement dans le progrès dans cette direction, de réapprendre, de repenser - j'aimerais presque dire de revivre -, ne pourra rien faire pour contribuer à une véritable ascension ; il ne fera que contribuer toujours plus à ce que nous nous enfoncions dans le déclin. Et c'est alors que se réalisera ce que des gens comme Oswald Spengler ont écrit dans son "Déclin de l'Occident". Alors se produira effectivement ce qui conduira la civilisation occidentale à la barbarie. Et si l'on ne veut pas que l'on entre dans la barbarie, alors il faudra vouloir ce qui peut écarter cette barbarie, et seule une éducation spirituelle de l'Occident peut l'écarter. Seule une telle éducation spirituelle permettra aux humains d'ouvrir les yeux sur la véritable réalité. Nous avons besoin d'une telle ouverture des yeux. Obtenons-le, et nous irons de l'avant ! Un orateur : Les ouvriers de Cri-Cri ont certes provoqué une consommation inutile, mais ils auraient de toute façon agi en tant que consommateurs, même s'ils avaient fabriqué d'autres produits. Comment le Dr Steiner explicite-t-il cette différence ? Rudolf Steiner : La question peut déjà être posée en soi, mais si elle est posée ainsi, on ne réfléchit pas vraiment à ce qui est important. Ce qui compte, c'est que l'on ne se contente pas de regarder ce qui se passe à un certain moment de la vie, mais que l'on regarde ce qui résulte du contexte de la vie. Il est vrai que ces travailleurs de cri-cri seraient aussi devenus des consommateurs s'ils n'avaient pas fait des cri-cri, s'ils n'avaient donc pas effectué ce travail inutile. Mais dans ce cas, ils auraient fourni un travail nécessaire, et cela a une signification économique tout à fait essentielle. Et c'est ce qui compte. Il y a beaucoup d'humains qui se considèrent comme pratiques ; ils lisent les "Points essentiels" et trouvent que ces idées sont une utopie. Le véritable fait est que ces gens sont justement des non-praticiens utopistes. Et parce que cette non-pratique utopiste domine au fond toute la vie, ce qui nous a amenés dans la situation actuelle, les gens sont en général peu sensibles à ce qui est réellement pensé de manière pratique.

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Das ist es, was ich heute in diese Diskussion habe hineinwerfen wollen. Vieles aber wird notwendig sein, um aus den alten Denk-und Empfindungsgewohnheiten herauszukommen. Das aber muß geschehen, um über all die Schäden hinwegzukommen, welche sich eben in das neuere Wirtschaftsleben und in das ganze neuere öffentliche Leben eingeschlichen haben. Ein solches sachliches Denken wird nur das Ergebnis sein können einer wirklichen Vertiefung in die geistige Welt. Nur aus dem Geistigen heraus wird der Aufstieg kommen können, nicht aus dem bloßen Fortsetzen dessen, was man sich angewöhnt hat, als das Richtige anzusehen in den letzten Jahrzehnten, ja fast schon in der ganzen zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts. Und wer heute nicht den Willen hat, sich ganz radikal auf den Fortschritt nach dieser Richtung hin einzulassen, auf ein Umlernen, ein Umdenken — ich möchte fast sagen ein Umleben —, der wird nichts beitragen können zu einem wirklichen Aufstieg; der wird nur immer weiter dazu beitragen, daß wir in den Niedergang hineinrasseln werden. Und dann wird sich allerdings erfüllen, was Leute wie Oswald Spengler in seinem «Untergang des Abendlandes» ausgeführt haben. Dann wird sich tatsächlich das ergeben, was die abendländische Zivilisation in die Barbarei hineinführt. Und wird man nicht haben wollen, daß man in die Barbarei hineinkommt, dann wird man dasjenige wollen müssen, was diese Barbarei abwenden kann, und abwenden kann sie nur eine geistige Erziehung des Abendlandes. Nur eine solche geistige Erziehung wird erst den Menschen die Augen öffnen über die wahre Wirklichkeit. Ein solches Augenöffnen brauchen wir. Erringen wir es uns, dann kommen wir schon vorwärts! Ein Diskussionsredner: Die Cri-Cri-Arbeiter haben zwar unnötigen Kon­sum veranlaßt, aber sie wären doch in jedem Fall, auch wenn sie andere Produkte hergestellt hätten, als Konsumenten aufgetreten. Wie expliziert Herr Dr. Steiner diesen Unterschied? Rudolf Steiner: Die Frage kann an sich ja schon gestellt werden, aber wenn sie so gestellt wird, dann wird eigentlich nicht ganz durchdacht, auf was es ankommt. Es kommt nämlich darauf an, daß man nicht bloß auf das hinsieht, was an einem bestimmten Punkte des Lebens geschieht, sondern daß man darauf hinsieht, was die Zusammenhänge des Lebens ergeben. Es ist richtig: Diese Cri-Cri-Arbeiter wären auch als Konsumenten aufgetreten, wenn sie nicht Cri-Cris gemacht hätten, wenn sie also nicht diese unnötige Arbeit geleistet hätten. Aber sie würden in diesem Fall nötige Arbeit geleistet haben, und das hat eine ganz wesentliche volkswirtschaftliche Bedeutung. Und darauf kommt es an. Es gibt sehr viele Menschen, die sich für praktisch schätzen; sie lesen die «Kernpunkte» und finden, diese Gedanken seien eine Utopie. Der wahre Tatbestand ist der, daß gerade diese Leute utopistische Unpraktiker sind. Und weil diese utopistische Unpraxis im Grunde genommen das ganze Leben beherrscht, was uns jetzt in die gegenwärtige Lage hineingebracht hat, sind die Leute im allgemeinen wenig empfänglich für das, was im wirklichen Sinne praktisch gedacht ist.

Mais lorsque des praticiens s'intéressent à la pratique, on se réjouit toujours. C'est ainsi qu'un praticien du Nord m'a récemment dit que les "Points essentiels" mettaient l'accent sur le plus important : le problème des prix. Les économistes s'occupent maintenant de tout, mais pas du fait que le prix d'une marchandise est en fait quelque chose qui ne peut pas être inférieur ou supérieur à un certain niveau. C'est ce que ce praticien a compris. Et dès que l'on comprend que le problème du prix est si important que les problèmes de salaire ou de capital disparaissent derrière lui, on se trouve sur le terrain d'une pensée saine. Certes, les travailleurs de cri-cri seraient aussi apparus comme des consommateurs, mais il ne faut pas considérer cela dans ce contexte. Car ce qui fait la vie économique et ce qui est finalement lié à la situation des prix des marchandises est intimement lié au fait que le travail soit nécessaire ou inutile.

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Aber wenn gerade Praktiker auf das Praktische eingehen, dann freut man sich immer. So sagte mir jüngst ein Praktiker aus dem Norden, daß die «Kernpunkte» auf das Allerwichtigste hinlenken würden: auf das Preisproblem. Die Vertreter der Volkswirtschaftslehre beschäftigen sich jetzt mit allem Möglichen, aber nicht damit, daß der Preis einer Ware eigentlich etwas ist, was eine bestimmte Höhe nicht über- oder unterschreiten darf. Das sah dieser Praktiker ein. Und sobald man einsieht, daß das Preisproblem so wichtig ist, daß eigentlich die Lohn- oder die Kapitalprobleme dahinter verschwinden, dann steht man auf dem Boden eines gesunden Denkens. Gewiß, die Cri-Cri-Arbeiter wären auch als Konsumenten aufgetreten, aber man darf das nicht in diesem Zusammenhange betrachten. Denn was das volkswirtschaftliche Leben macht und was zum Schluß mit der Preislage der Ware zusammenhängt, das hängt innig zusammen mit dem, ob nötige oder unnötige Arbeit geleistet wird.

J'ai eu une fois en 1902 ou 1903 une conversation de table avec une connaissance sur des cartes postales. J'ai dit que je n'aimais pas écrire des cartes postales, que je n'écrivais pas de cartes postales du tout ; car je dois penser qu'à chaque carte postale, un facteur doit parfois monter beaucoup d'escaliers - juste pour une carte postale - et je voudrais lui épargner ce travail, car les cartes postales ne font pas vraiment partie des nécessités de la vie. Sur quoi l'intéressé a répondu : mais je sais que je fais plaisir aux gens avec des cartes postales, et j'en écris beaucoup, et cela contribue à la joie ; et si alors, quelque part, un facteur ne suffit plus pour commander les cartes, il faudra encore en engager un autre, et cela contribuera à la subsistance d'un deuxième. - Mais l'intéressé n'a pas réfléchi davantage : "Car si l'on embauche un facteur de plus pour les cartes postales, on ne produit rien de ce qui est nécessaire à la vie. Mais si l'on ne produit que les marchandises nécessaires aux besoins essentiels de la vie, le volume de cette production implique un certain niveau de prix. Celui qui effectue alors un travail inutile restera néanmoins consommateur des choses nécessaires à la vie, [ce qui entraîne une falsification de la situation des prix]. Si quelqu'un cesse de distribuer inutilement des cartes postales, il n'augmentera plus la masse de travail inutile ; au contraire, il effectuera un travail correct, correspondant aux besoins nécessaires, et cela aura une influence essentielle sur l'ensemble de la formation des prix dans l'économie de peuple.

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Ich hatte einmal im Jahre 1902 oder 1903 mit einem Bekannten ein Tischgespräch über Ansichtspostkarten. Ich sagte, ich schreibe nicht gerne Ansichtspostkarten, schreibe überhaupt nicht Ansichts­postkarten; denn ich muß mir denken, daß bei jeder Ansichtspost­karte ein Briefträger unter Umständen viele Treppen hinauflaufen muß — bloß wegen einer Ansichtspostkarte —, und diese Arbeit möchte ich ihm ersparen, da die Ansichtspostkarten nicht gerade zu den Lebensnotwendigkeiten gehören. Darauf sagte der Betreffende: Ich weiß aber, ich mache den Leuten Freude mit Ansichtspostkarten, und ich schreibe sehr viele, und das trägt zur Freude bei; und wenn dann irgendwo der eine Briefträger nicht mehr ausreicht, um die Karten zu bestellen, so wird ein anderer noch eingestellt werden müssen, und das trägt dann zum Unterhalt des Lebens für einen zweiten bei. — Aber der Betreffende dachte nicht mehr weiter: Denn, wenn man einen Briefträger mehr für Ansichtspostkarten einstellt, so wird damit nichts erzeugt von dem, was zum Leben nötig ist. Wenn man aber nur die für die grundlegenden Lebensbedürfnisse nötigen Waren erzeugt, so bedeutet der Umfang dieser Produktion eine bestimmte Preislage. Wer dann unnötige Arbeit verrichtet, wird trotzdem Konsument von lebensnotwendigen Dingen bleiben, [wodurch sich eine Verfälschung der Preislage ergibt]. Wenn einer also nicht mehr unnötig Ansichtspostkarten austrägt, wird er nicht mehr die Masse der unnötigen Arbeit vermehren; vielmehr wird er dann eine richtige, den nötigen Bedürfnissen entsprechende Arbeit tun, und das wird einen wesentlichen Einfluß auf die ganze Preisgestaltung in der Volkswirtschaft haben.

Pour les choses qui se rapportent à la vie pratique, deux éléments sont importants, dont un seul est habituellement pris en considération. Premièrement, il s'agit de savoir si une chose est juste, et deuxièmement, si elle est conforme à la réalité. Les humains pensent qu'il suffit qu'une chose soit juste, mais il faut aussi qu'elle soit conforme à la réalité, et tant que cette pensée conforme à la réalité n'aura pas pris place de la manière la plus large, nous ne pourrons pas nous sortir de la misère de la vie. Celui qui pense que les travailleurs de cri-cri se comportent dans tous les cas comme des consommateurs, qu'ils fabriquent des cri-cris ou non, ne tient pas compte du fait que l'économie de peuple est modifiée en ce qui concerne le travail nécessaire ou inutile. C'est cela qui compte. Ce regard sur l'important et le nécessaire, c'est ce que nous devons acquérir pour la vie sociale. Cela devrait être initié tout d'abord par les "Kernpunkte/Points essentiels" et l'ensemble du mouvement de la triarticulation.

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Es kommt bei den Dingen, die sich auf das praktische Leben beziehen, auf zwei Momente an, von denen man gewöhnlich nur eines berücksichtigt. Es kommt erstens darauf an, ob eine Sache richtig ist, und zweitens, ob sie wirklichkeitsgemäß ist. Die Menschen meinen, daß es schon genug sei, wenn eine Sache richtig ist; aber sie muß auch wirklichkeitsgemäß sein, und ehe nicht dieses wirklichkeitsgemäße Denken in breitester Weise Platz greift, eher können wir nicht aus der Misere des Lebens herauskommen. Wer also denkt, daß die Cri-Cri-Arbeiter in jedem Fall als Konsumenten auftreten, ob sie nun Cri-Cris fabrizieren oder nicht, der bedenkt nicht, daß in bezug auf nötige oder unnötige Arbeit die Volkswirtschaft verändert wird. Darauf kommt es an. Dieses Aufdas-Wichtige-und-Nötige-Hinschauen, das ist es, was wir uns aneignen müssen für das soziale Leben. Das sollte inauguriert werden zunächst einmal durch die «Kernpunkte» und die ganze Dreigliederungs-Bewegung.

Walter Kühne regrette qu'aucun socialiste n'ait participé à la discussion. On aurait pu s'attendre à ce que, lors de la discussion de telles questions, ce soient justement des socialistes qui se manifestent et qui alimentent la discussion, car c'est justement chez Marx et Engels que la question du travail productif et du rapport entre la production et la consommation joue un grand rôle. Tolstoï s'est lui aussi penché sur cette question, mais contrairement à Marx et Engels, il a davantage vu sa solution dans la création de petites organisations. Par rapport à ces deux unilatéralités, seule la triarticulation montre le milieu sain.

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Walter Kühne bedauert es, daß sich zur Diskussion keine Sozialisten ge­meldet hätten. Man hätte erwarten können, daß sich bei Besprechung sol­cher Fragen gerade Sozialisten melden und die Diskussion in Fluß bringen würden, denn gerade bei Marx und Engels spiele ja die Frage nach der produktiven Arbeit und das Verhältnis zwischen Produktion und Konsum eine große Rolle. Auch Tolstoi habe diese Frage in Angriff genommen, im Gegensatz zu Marx und Engels habe er aber ihre Lösung mehr gesehen in der Gründung von kleinen Organisationen. Gegenüber diesen beiden Ein­seitigkeiten zeige erst die Dreigliederung die gesunde Mitte.

Un participant à la discussion pense qu'en dehors des cri-cris, il y a d'autres objets qui sont créés spécialement pour la ruine, par exemple les grenades. La fabrication de tels objets, dont l'ouvrier sait pertinemment qu'il ne sert à rien de les fabriquer, doit conduire à l'appauvrissement de l'ouvrier. C'est pourquoi le prolétariat doit s'abrutir, ne peut plus accéder à sa dignité humaine, ne peut plus avoir de joie dans la vie, et le mécontentement est systématiquement cultivé. Le Dr Steiner dit que seule l'orientation vers une économie de la demande nous aiderait, mais que celle-ci ne peut être provoquée que par l'humain. Le Dr Steiner attache justement de l'importance à l'être humain, mais il est tout simplement impossible d'introduire un nouveau système économique dans un avenir proche avec des humains qui ont été abrutis pendant des décennies. Il souhaite donc poser la question à M. Steiner : Est-il possible de fonder un nouveau système économique avec la génération actuelle ? Siegfried Dorfner : Et comment pourrait-on régler la question de la consommation dans un nouveau système économique ? Les besoins des gens sont très différents ; certains ont besoin de hautes bottes vernies, d'autres de cartes postales. Quels besoins peut-on interdire ou empêcher, ou comment peut-on réglementer les besoins ? M. Roser : M. Steiner a évoqué les causes profondes de la crise de 1907. A l'époque, d'énormes lock-out d'ouvriers étaient à l'ordre du jour. On disait alors que nous, les ouvriers, avions tellement travaillé en réserve qu'il ne serait plus possible de continuer à maintenir l'industrie à un niveau élevé. On ne pourra éviter de telles crises financières que si l'on retire au capitaliste son huile motrice, le capital. Les crises sont provoquées par le fait que le capital est un moyen de production et que l'on essaie de le contracter à un endroit ou de le paralyser à un autre. Je suis convaincu que c'est pour cela que les nouvelles catastrophes vont s'exprimer dans quelques semaines, et il me semble intéressant de savoir quelles seront les prochaines crises et comment elles se dérouleront.

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Ein Diskussionsteilnehmer meint, daß es außer den Cri-Cris noch weitere Gegenstände gäbe, die speziell zum Ruinieren geschaffen würden, zum Beispiel Granaten. Die Herstellung solcher Gegenstände, von denen der Arbeiter genau wisse, daß es keinen Sinn habe, sie herzustellen, müsse zu einer Verelendung des Arbeiters führen. Daher müsse das Proletariat ver­blöden, könne gar nicht mehr zu seiner Menschenwürde kommen, könne keine Freude mehr am Leben haben, und Unzufriedenheit würde systema­tisch gezüchtet. Dr. Steiner sage, uns würde bloß die Einstellung auf die Bedarfswirtschaft helfen, aber die könne auch wieder nur durch den Men­schen bewirkt werden. Dr. Steiner lege gerade Wert auf den Menschen, aber mit den Menschen, die jahrzehntelang verblödet worden seien, sei es einfach unmöglich, in absehbarer Zeit ein neues Wirtschaftssystem einzu­führen. Daher möchte er die Frage an Herrn Dr. Steiner richten: Kann man denn mit der gegenwärtigen Generation überhaupt ein neues Wirtschafts­system begründen? Siegfried Dorfner: Und wie könnte man in einem neuen Wirtschaftssy­stem die Frage nach dem Konsum regeln? Es sind die Bedürfnisse der Menschen sehr verschieden; manche haben Bedürfnisse nach hohen Lack­stiefeln, andere nach Ansichtspostkarten. Welche Bedürfnisse kann man verbieten oder verhindern, oder wie kann man die Bedürfnisse regeln? Herr Roser: Herr Dr. Steiner hat auf die tieferen Ursachen der Krise von 1907 hingewiesen. Damals waren riesige Aussperrungen von Arbeitern an der Tagesordnung. Man sagte damals, wir Arbeiter hätten so viel auf Vorrat gearbeitet, daß es nicht mehr möglich wäre, die Industrie weiter hochzuhal­ten. Man wird solche Finanzkrisen nur verhindern können, wenn dem Kapitalisten das Trieböl, das Kapital, entzogen wird. Krisen werden dadurch hervorgerufen, weil das Kapital Produktionsmittel ist und weil man versucht, es auf einer Stelle zusammenzuziehen oder es auf einer anderen lahmzulegen. Ich bin überzeugt, daß sich deshalb in ganz wenigen Wochen die neuen Katastrophen zum Ausdruck bringen werden, und nun ist mir interessant zu erfahren, welches die nächsten Krisen sein und wie sie verlaufen werden.

Un participant à la discussion demande comment la surproduction dans le domaine de la littérature peut être raisonnablement réorientée vers une production normale qui réponde aux besoins réels de l'humanité.

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Ein Diskussionsteilnehmer fragt, wie die Überproduktion auf dem Gebie­te der Literatur auf vernünftigem Wege in eine normale Produktion geleitet werden könne, die den wirklichen Bedürfnissen der Menschheit entspre­che.

Enfin, la question est posée par écrit : quels sont les fondements spirituels de la séparation du marché monétaire du marché des marchandises de 1810 à 1815 ? Comment ces fondements agissent-ils dans d'autres domaines, qui ne sont pas des domaines économiques ? Rudolf Steiner : En ce qui concerne tout d'abord les hautes bottes vernies, je voudrais dire qu'il y a certainement des contextes de vie [où l'on voudrait en acheter], mais on verrait déjà disparaître certaines envies si les productions inutiles cessaient tout simplement. Bien sûr, si l'on parle d'une réglementation de la consommation, on est déjà dans un certain sens sur une sorte de fausse piste. Réguler la consommation de manière dictatoriale, ce n'est pas possible. Mais si tous les rapports économiques étaient conçus de manière à faire disparaître progressivement le travail inutile, cela aurait une certaine conséquence dans tout le contexte de la vie économique. La conséquence serait que celui qui veut inutilement de hautes bottes vernies ne pourrait pas les payer. Et comme l'un est lié à l'autre, il faut bien comprendre qu'on ne doit pas lutter directement contre les besoins inutiles, car ils disparaîtront nécessairement avec d'autres conditions économiques. Car on deviendrait alors un tyran. Dans la vie, si l'on veut préserver la liberté, on ne peut pas supprimer quelque chose du jour au lendemain. Mais certaines choses cessent d'elles-mêmes sous l'influence de changements de circonstances. Si une nouvelle pensée économique se met en place, selon laquelle le travail inutile doit disparaître, alors ces envies inutiles disparaîtront également, ou bien il n'y aura plus d'argent pour les satisfaire. Cela ne résulte que de la compréhension du contexte pratique de la vie. Les rapports de consommation ne peuvent pas être réglés par des "mesures" quelconques, mais seulement par un certain progrès de la vie.

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Zum Schluß wird noch schriftlich die Frage gestellt: Welches sind die gei­stigen Untergründe der Loslösung des Geldmarktes vom Warenmarkt von 1810 bis 1815? Wie wirken diese Untergründe in andere Gebiete, die nicht Wirtschaftsgebiete sind? Rudolf Steiner: Was zunächst die hohen Lackstiefel betrifft, so möchte ich sagen, daß es sicher hierfür Lebenszusammenhänge gibt, [wo man solche kaufen möchte], aber man würde schon sehen, wie auch gewisse Gelüste verschwinden, wenn einfach unnötige Produktionen aufhören würden. Natürlich, wenn man von einer Regelung des Konsums spricht, so ist man schon wieder in einem gewissen Sinne auf einer Art falschem Pfad. Irgendwie diktatorisch den Konsum zu regeln, geht nicht an. Aber wenn alle Wirtschaftsverhältnisse daraufhin angelegt wären, unnötige Arbeit allmählich verschwinden zu lassen, dann hätte das im ganzen Zusammenhang des Wirtschaftslebens eine gewisse Folge. Die Folge wäre, daß der, der unnötigerweise hohe Lackstiefel haben will, sie nicht würde bezahlen können. Und weil das eine mit dem andern in Zusammenhang steht, muß man sich darüber klar sein, daß man unnötige Bedürfnisse nicht direkt bekämpfen muß, weil sie notwendig mit anderen Wirtschaftsverhältnissen verschwinden werden. Denn dadurch würde man zum Tyrannen. Es ist im Leben so, daß, wenn man Freiheit wahren will, man nicht von heute auf morgen etwas abschaffen kann. Aber gewisse Dinge hören unter dem Einfluß von veränderten Verhältnissen von selbst auf. Wenn ein solches neues volkswirtschaftliches Denken Platz greift, daß unnötige Arbeit verschwinden muß, dann werden auch solche unnötigen Gelüste verschwinden, beziehungsweise es wird das Geld für sie nicht mehr da sein. Das ergibt sich nur durch Einsicht in den praktischen Lebenszusammenhang. Es können die Konsumverhältnisse nicht durch irgendwelche «Maßregeln» geordnet werden, sondern nur durch einen gewissen Fortschritt des Lebens.

J'aimerais aussi dire en ce qui concerne la littérature, en ne tenant compte bien sûr que des conditions sociales ; on peut tout à fait avoir un cœur pour celui qui aimerait voir des poèmes lyriques imprimés. Je ne peux qu'évoquer l'exemple de notre maison d'édition berlinoise. Elle n'a jamais eu de livres qui n'auraient pas été vendus. Elle n'a pas eu beaucoup de livres qui ont été très demandés, mais jamais de livres qui se sont entassés et n'ont pas été vendus. Il a toujours été construit sur ce que l'on peut appeler un besoin spirituel. On n'imprimait un livre que lorsqu'on savait qu'il y avait tant de lecteurs pour ce livre. Le travail commençait par l'apport de la matière aux humains et par la recherche d'un lectorat ; la dictature ne permettait pas de faire ce genre de choses. Du point de vue d'économie de peuple, il faut dire que cette maison d'édition n'a pas fait de travail inutile.

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Das möchte ich auch mit Bezug auf die Literatur sagen, wobei natürlich nur die sozialen Verhältnisse in Betracht kommen; man kann ja durchaus ein Herz haben für den, der gern lyrische Gedichte gedruckt haben möchte. Da kann ich immer nur hinweisen auf das Beispiel unseres Berliner Verlages. Der hat nie Bücher gehabt, die nicht verkauft worden wären. Er hat viele Bücher nicht gehabt, die sehr stark verlangt wurden, aber nie Bücher, die stoßweise aufgestapelt und nicht verkauft worden wären. Er war immer auf das gebaut, was man ein geistiges Bedürfnis nennen kann. Es wurde ein Buch erst dann gedruckt, wenn man wußte, es sind für das Buch soundso viele Leser da. Die Arbeit begann damit, daß die Materie an die Menschen herangebracht und eine Leserschaft gefunden wurde; durch Diktatur wurde so etwas nicht gemacht. Vom volkswirtschaftlichen Gesichtspunkt aus muß gesagt werden, daß gerade durch diesen Verlag nicht unnötige Arbeit geleistet wurde.

Il s'agit de savoir où l'on commence à travailler dans la vie économique. Si l'on part au contraire de la compréhension des besoins, on ne produit progressivement que les produits nécessaires, de sorte que la production ne s'accumule pas continuellement à l'arrière [qu'elle ne se bloque pas sur les besoins vitaux] ; on produit alors à l'avant de telle sorte que les besoins réellement présents puissent être satisfaits à l'arrière. Si l'on ne parle que des rendements, on met en quelque sorte la charrue avant les bœufs. Il s'agit de regarder la vie et de savoir par où commencer le travail ; il ne s'agit pas de "régler" quoi que ce soit, mais d'intervenir dans la vie de manière à ce que les choses suivent leur cours.

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Es handelt sich darum, wo man mit der Arbeit im volkswirtschaftlichen Leben beginnt. Geht man dagegen vom Verständnis der Bedürfnisse aus, dann werden allmählich nur solche nötigen Produkte erzeugt, so daß sich die Produktion nicht fortwährend hinten zusammenschoppt, [sich staut an den lebensnotwendigen Bedürfnissen]; es wird dann nämlich vorn so produziert, daß hinten die wirklich vorhandenen Bedürfnisse befriedigt werden können. Wenn man nur über die Erträge spricht, so zäumt man gewissermaßen das Pferd beim Schwanz auf. Es handelt sich darum, daß man sich das Leben anschaut und weiß, wo die Arbeit begonnen werden soll; es handelt sich nicht darum, irgend etwas zu «regeln», sondern so in das Leben einzugreifen, daß die Dinge ihren richtigen Gang nehmen.

La crise actuelle est la dernière conséquence d'une longue évolution ; elle ne peut pas être examinée comme les autres, mais elle doit l'être - non pas selon des théories, mais selon les faits. Je vous demande de tenir compte de ce qui s'est passé ces dernières années. Combien de force de travail humaine a été produite depuis 1914 pour que nous soyons parvenus à ce que dix à douze millions de personnes soient abattues en l'espace de cinq ans et que trois fois plus soient estropiées ? Combien de forces de travail ont été utilisées à cette fin et ont ainsi été soustraites à la vie en tant que travail qui aurait pu servir autrement à la vie ! Je pense que l'on peut tout de même défendre le point de vue suivant : ce qui a été produit pour tuer les gens est un travail "inutile" - il aurait pu être évité ! Il suffit de penser combien de temps il fallait réfléchir - encore en 1912 - lorsqu'on avait besoin d'un million pour l'enseignement - et combien l'argent était vite à portée de main lorsqu'on avait besoin d'un million pour le dépenser. Prenez ce qui a suivi : l'argent, qui s'est développé en une abstraction au cours du XIXe siècle, est maintenant devenu la plus grande potentialisation de cette abstraction. Il est maintenant vraiment devenu la plus grande abstraction. Regardez ce que la planche à billets produit chaque jour.

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Bei der jetzigen Krise handelt es sich darum, daß sie eine letzte Folge einer langen Entwicklung ist; sie kann nicht so geprüft werden wie andere, aber dennoch, sie muß geprüft werden — nicht nach Theorien, sondern nach den Tatsachen. Ich bitte zu berücksichtigen, was in den letzten Jahren geschehen ist. Wieviel ist seit dem Jahre 1914 von menschlicher Arbeitskraft produziert worden, damit wir es dann glücklich dahin gebracht haben, daß zehn bis zwölf Millionen Menschen im Laufe von fünf Jahren totgeschossen und dreimal soviel zu Krüppeln gemacht wurden? Wieviel Arbeitskraft ist darauf verwendet und dadurch dem Leben als Arbeit entzogen worden, die dem Leben hätte anders dienen können! Ich meine, daß man doch auch die Ansicht vertreten kann: Das, was da zum Totschießen der Menschen produziert worden ist, ist eine «unnötige» Arbeit gewesen — sie hätte unterlassen werden können! Man denke nur einmal, wie lange man — noch 1912 - darüber nachdenken mußte, wenn man eine Million für Unterrichtszwecke brauchte — und wie schnell das Geld bei der Hand war, wenn man eine Million zum Verpulvern brauchte. Nehmen Sie das, was dann darauf gefolgt ist: Das Geld, das sich im Laufe des 19. Jahrhunderts zu einem Abstraktum entwickelt hat, ist jetzt zur höchsten Potenzierung dieser Abstraktion geworden. Es ist jetzt wirklich zur größten Abstraktion geworden. Sehen Sie hin, wieviel die Notenpresse jeden Tag auswirft.

On n'a besoin de [tant d'argent] que si la consommation est réglée d'une manière artificielle. Derrière tout cela, il y a le fait que l'on a fait un usage abusif de ce qui restait des forces productives de la période 1914-1918. Mais cela cessera un jour, et la crise viendra ensuite. La crise actuelle est provoquée par la plus grande insouciance des humains, en ce sens que l'on a cru que l'on pouvait occuper les humains pendant des années à fabriquer des choses inutiles et les détourner du travail nécessaire.

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Man braucht [soviel Geld] eigentlich nur, wenn in einer künstlichen Weise der Verbrauch dafür geregelt wird. Dahinter steckt das, daß man mit dem, was noch übriggeblieben ist an Produktivkräften aus der Zeit von 1914 bis 1918, Raubbau getrieben hat. Der hört aber einmal auf, und dann wird die Krise kommen. Die gegenwärtige Krise ist durch den allergrößten Leichtsinn der Menschen hervorgerufen, indem man glaubte, man könne die Menschen durch Jahre damit beschäftigen, Unnötiges zu fabrizieren, und sie von nötiger Arbeit abziehen.

Et maintenant, la question est de savoir si l'on peut vraiment parvenir à une construction avec la génération actuelle : je suis souvent revenu sur cette question dans le journal de la triarticulation et j'ai toujours qualifié de pensée stérile le fait de poser de telles questions. Ce à quoi je tiens dans ce contexte, c'est à la volonté - non pas tant à la vue d'ensemble observatrice de ce qui est - mais à l'allumage de la volonté. Et lorsque j'entends dire "il n'y a rien à faire avec la génération actuelle", je dois tout de même supposer que ceux qui critiquent ainsi la génération actuelle sont d'avis qu'il y a quelque chose à faire avec eux-mêmes. Et comme j'accorde plus d'importance à la volonté qu'à l'observation, je m'adresse à eux : eh bien, venez, nous allons faire quelque chose avec vous ! Le nombre de ceux qui "ne peuvent rien faire avec la génération actuelle" serait déjà assez grand [pour commencer quelque chose] ; nous voulons donc les rassembler et travailler avec eux.

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Und nun die Frage, ob man mit der gegenwärtigen Generation nun wirklich zu einem Aufbau kommen könne: Ich bin in der Dreigliederungszeitung oftmals auf diese Frage zurückgekommen und habe es immer wieder als ein unfruchtbares Denken bezeich­net, derartige Fragen zu stellen. Worauf ich in diesem Zusammen­hange etwas gebe, ist der Wille — nicht so sehr die beobachtende Überschau über das, was ist —, sondern die Befeuerung des Willens. Und wenn ich höre, «mit der gegenwärtigen Generation ist nichts anzufangen», so muß ich doch voraussetzen, das die, welche in dieser Weise die gegenwärtige Generation kritisieren, doch der Ansicht sind, mit ihnen selber sei etwas anzufangen. Und da ich mehr auf den Willen gebe als auf die Beobachtung, so rufe ich denen eben zu: Nun, also kommt, dann wollen wir mit euch etwas anfangen! Die Zahl derer, die «mit der gegenwärtigen Generation nichts anfangen können», würde schon groß genug sein, [um etwas anzufangen]; daher wollen wir diese zusammenrufen und mit ihnen zusammenarbeiten.

On a encore posé la question décisive de savoir quels étaient les fondements spirituels de la séparation du marché monétaire du marché des marchandises. Nous ne pouvons répondre à une telle question que si nous nous rendons compte que les affirmations telles que celles que j'ai prononcées aujourd'hui doivent être prises dans un sens absolument correct et qu'elles ne signifient pas seulement une critique historique relativement correcte. Lorsque l'on dit que l'émancipation de l'argent a créé telle ou telle atmosphère, il est important de considérer cette atmosphère. Si l'on considère cette abstraction du marché de l'argent, où il est indifférent de savoir ce que signifie l'argent, alors il faudra souligner que c'était nécessaire pour le cours général de l'évolution. À cet égard, j'ai souvent souligné comment, depuis le milieu du XVe siècle, l'humanité civilisée vit l'impulsion de détacher l'individualité de l'appartenance à un groupe, comment la démocratie est devenue de plus en plus l'impulsion de l'humanité, comment l'humain individuel doit être de plus en plus mis en valeur et comment ce qui sort davantage de son intérieur doit également être mis en valeur. Pour tout ce processus de développement de l'humanité, l'abstraction de la vie de l'économie sous l'influence de l'argent était une nécessité. Et il s'agit seulement de comprendre que tout ce qui naît doit, après un certain laps de temps, subir une correction, ou que quelque chose d'autre doit venir compenser les dommages. Car dans la vie réelle, ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose d'absolument bon ; tout dans la vie n'est que relatif.

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Es ist noch die einschneidende Frage gestellt worden, welches die geistigen Untergründe der Loslösung des Geldmarktes vom Warenmarkt seien. Wir können uns eine solche Frage nur beant­worten, wenn wir uns bewußt werden, daß Behauptungen, wie ich sie heute ausgesprochen habe, im absolut richtigen Sinne genom­men werden müssen und daß sie nicht etwa nur eine relativ richtige Geschichtskritik bedeuten. Wenn man sagt: durch die Emanzipa­tion des Geldes ist diese oder jene Atmosphäre geschaffen worden — so kommt es doch darauf an, diese Atmosphäre zu betrachten. Wenn man dieses Abstraktwerden des Geldmarktes betrachtet, wo es gleichgültig ist, was das Geld bedeutet, dann wird man darauf hinweisen müssen, daß das für den allgemeinen Entwicklungsgang notwendig war. Ich habe in dieser Beziehung oft darauf hingewie­sen, wie seit der Mitte des 15. Jahrhunderts in der zivilisierten Menschheit der Drang lebt, die Individualität loszulösen von der Gruppenhaftigkeit, wie Demokratie immer mehr und mehr der Impuls der Menschheit geworden ist, wie der einzelne Mensch immer mehr und mehr zur Geltung kommen soll und wie auch das zur Geltung kommen soll, was mehr aus seinem Innern heraus­kommt. Für diesen ganzen Entwicklungsgang der Menschheit war das Abstraktwerden des Wirtschaftslebens unter dem Geldeinfluß eine Notwendigkeit. Und es handelt sich nur darum einzusehen, das alles, was entsteht, nach einem gewissen Zeitablauf eine Korrektur erfahren muß, oder es muß etwas anderes hinzukommen, was die Schäden ausgleicht. Denn im wirklichen Leben ist es nicht so, daß es etwas absolut Gutes gibt; alles im Leben ist nur relativ.

On ne peut pas dire, si j'ai aujourd'hui des bottes déchirées, qu'elles sont forcément mauvaises ; c'est le destin des bonnes bottes que de se détériorer avec le temps. Même dans la meilleure vie de l'économie, il y a des dommages lorsque certaines tâches se sont épuisées. Il en va de même pour l'économie monétaire. Elle n'a pas été nuisible dès le départ. Il suffit d'étudier la situation monétaire au milieu du XIXe siècle ; elle a contribué de manière essentielle à l'émergence des idées démocratiques. Puis vint le temps où une telle abstraction de l'argent dut trouver ses limites. Je peux certainement parler d'une abstraction, car on peut tout à fait comparer la fonction de l'argent, par exemple, avec le processus intérieur de l'âme qui consiste à faire abstraction.

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Man kann nicht sagen, wenn ich heute zerrissene Stiefel habe, daß sie unbedingt schlecht sind; sondern es ist das Schicksal von guten Stiefeln, daß sie mit der Zeit schlecht werden. Auch im besten Wirtschaftsleben kommt es zu Schäden, wenn gewisse Aufgaben sich ausgelebt haben. So ist es auch mit der Geldwirtschaft. Sie war nicht von Anfang an schädlich. Man studiere die Geldverhältnisse in der Zeit der Mitte des 19. Jahrhunderts; sie haben Wesentliches beigetragen zum Heraufkommen der demokratischen Anschauungen. Dann aber kam die Zeit, wo eine solches Abstraktwerden des Geldes seine Grenzen finden mußte. Ich darf gewiß von einer Abstraktion sprechen, denn man darf die Funktion des Geldes zum Beispiel durchaus vergleichen mit dem inneren Seelenvorgang des Abstrahierens.

Il y a là un phénomène frappant, par exemple dans le mouvement théosophique. Ce mouvement théosophique, avec lequel le mouvement anthroposophique entretenait autrefois un certain attachement, est en fait un mouvement matérialiste. Il parle certes des membres spirituels supérieurs de l'humain, mais il veut seulement dire, en parlant par exemple du corps éthérique, qu'il est quelque chose de plus mince et de plus fin que le corps physique, de même que le corps astral est encore plus mince, et ainsi de suite. On ne fait donc qu'appliquer des pensées matérialistes, et ces pensées matérialistes s'installent terriblement dans les esprits. Et quand les gens du mouvement théosophique ont voulu faire quelque chose d'intelligent, ils ont commencé à parler d'"atome permanent" à propos des vies terrestres répétées. Ils pensaient qu'il devait y avoir un passage physique dans la prochaine incarnation de l'humain. De la science de la nature les gens avaient appris que l'humain était composé d'atomes et qu'à la mort de l'humain, les atomes tombaient dans la terre. Et c'est ainsi que les théosophes avaient imaginé la doctrine de "l'atome permanent" : cet atome ne serait pas enterré, il traverserait la mort, et c'est autour de cet atome permanent que se regrouperaient les autres atomes dans la vie suivante. Nous avons là, sous l'apparence d'un mouvement spirituel, le matérialisme le plus flagrant. C'est ce qui se passe quand on s'engage complètement dans l'abstrait. C'est ainsi que vous avez l'abstrait dans la vie de l'âme, et c'est ainsi que vous avez l'argent comme marchandise abstraite dans la vie économique.

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Es gibt da eine auffallende Erscheinung, zum Beispiel in der theosophischen Bewegung. Diese theosophische Bewegung, mit der die anthroposophische Bewegung früher in einer gewissen Verbindung war, ist eigentlich eine materialistische Bewegung. Sie redet zwar von den höheren geistigen Gliedern des Menschen, aber sie meint doch nur, wenn sie zum Beispiel vom Ätherleib spricht, der sei etwas Dünneres, Feineres als der physische Leib, ebenso sei der astralische Leib dann noch etwas Dünneres und so weiter. Man wendet also immer nur materialistische Gedanken an, und diese materialistischen Gedanken setzen sich in den Köpfen ganz furchtbar fest. Und als die Leute in der theosophischen Bewegung einmal etwas ganz Gescheites machen wollten, begannen sie, in bezug auf die wiederholten Erdenleben vom «permanenten Atom» zu sprechen. Sie meinten, es müsse physisch doch etwas übergehen in die nächste Inkarnation des Menschen. Von der Naturwissenschaft hatten die Leute gelernt, der Mensch bestehe aus Atomen und beim Tode des Menschen würden die Atome in die Erde fallen. Und so hatten sich die Theosophen die Lehre vom «permanenten Atom» ausgedacht: Dieses eine Atom würde nicht begraben, das gehe durch den Tod durch, und um dieses eine permanente Atom herum würden sich dann im nächsten Leben die andern Atome herum-gruppieren. Da haben wir unter dem Schein einer spirituellen Be­wegung den krassesten Materialismus. So ist es, wenn man sich ganz in das Abstrakte hinein verstrickt. So haben Sie das Abstrakte im Seelenleben, und so haben Sie im Wirtschaftsleben das Geld als abstrakte Ware.

Et parce que ce qui se passe dans la vie économique n'est que le côté extérieur de la vie de l'esprit, cette vie de l'économie est réellement pendante ensemble avec la vie de l'esprit. Car l'opinion qui croit que seuls les processus économiques se déroulent en bas et qu'en face d'eux la vie spirituelle n'est qu'une idéologie est fausse. Mais il est vrai que la vie économique d'une certaine époque et la vie spirituelle d'une certaine époque - pas exactement la même - se comportent l'une par rapport à l'autre comme la noix par rapport à la coquille de la noix : la vie économique est toujours la séparation de la vie de l'esprit et reçoit d'elle sa forme. C'est pourquoi, après que la vie de l'esprit se soit ainsi abstraite, la vie de l'économie ne peut que s'abstraire elle aussi. C'est pourquoi nous avons d'abord l'époque du mode de pensée abstrait et ensuite seulement l'époque du système monétaire abstrait. Ce sont des relations qui doivent être prises en compte.

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Und weil das, was im wirtschaftlichen Leben geschieht, nur die äußere Seite des Geisteslebens ist, so hängt dieses Wirtschaftsleben mit dem Geistesleben wirklich zusammen. Denn die Ansicht ist falsch, welche glaubt, da unten gingen nur die wirtschaftlichen Prozesse vor sich und denen gegenüber sei das Geistesleben nur eine Ideologie. Richtig aber ist es: Das Wirtschaftsleben einer be­stimmten Zeit und das Geistesleben einer bestimmten Zeit — nicht genau derselben Zeit — verhalten sich zueinander wie die Nuß zur Nußschale: Das wirtschaftliche Leben ist immer die Absonderung des Geisteslebens und bekommt von ihm seine Form. Daher kann, nachdem das Geistesleben sich so verabstrahiert hat, auch das Wirtschaftsleben sich nur verabstrahieren. Daher haben wir zuerst die Zeit der abstrakten Denkweise und erst dann die Zeit des abstrakten Geldwesens. Das sind Zusammenhänge, die beachtet werden sollten.

Si l'on en tient compte, on obtient l'idée fructueuse de la triarticulation de l'organisme social. On comprendra comment les trois éléments de la vie globale s'imbriquent les uns dans les autres et forment ainsi une unité, tout en donnant à chacun son indépendance. Il en va de même pour l'organisme humain. Nous distinguons chez l'humain le système nerveux-sensoriel, le système rythmique et le système métabolique. D'un point de vue fonctionnel, c'est l'ensemble de l'être humain. Ces trois systèmes agissent ensemble, mais chacun d'entre eux est relativement autonome et doit être autonome. Il ne peut rien en résulter de bon si l'on mélange tout. Il ne peut s'agir d'une unité abstraite, comme le veut l'État moderne, comme le veut en particulier l'État socialiste actuel de l'Est. Il ne peut s'agir que d'apprendre à connaître les conditions de la vie individuelle, et on voit alors comment celle-ci se présente triarticulée. Celui qui s'engage dans cette voie doit comprendre que, premièrement, les trois éléments de la vie sont indépendants, deuxièmement, qu'ils agissent à nouveau ensemble et, troisièmement, qu'ils agissent le mieux ensemble lorsqu'ils ont d'abord développé leur indépendance. L'unité devient alors un résultat - et non un apport extérieur. Une unité abstraite et stérile s'autodétruit. Mais ce qui est d'abord formé à partir des membres indépendants devient une unité pleine de vie, devient ce qui peut d'abord vivre et croître.

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Wenn man diese beachtet, so bekommt man den fruchtbaren Gedanken der Dreigliederung des sozialen Organismus. Man wird einsehen, wie die drei Glieder des Gesamtlebens ineinandergreifen und dadurch eine Einheit bilden, wobei man jedem seine Selbstän­digkeit gibt. So ist es ja auch beim menschlichen Organismus der Fall. Wir unterscheiden beim Menschen das Nerven-Sinnes­System, das rhythmische System und das Stoffwechsel-System. Das ist, funktionell betrachtet, der ganze Mensch. Diese drei Systeme wirken zusammen, aber jedes ist für sich relativ selbständig, und sie müssen selbständig sein. Es kann nichts Günstiges dabei heraus­kommen, wenn man alles miteinander vermischt. Um eine abstrakte Einheit, wie sie der moderne Staat will, wie sie besonders der heutige sozialistische Staat des Ostens will, darum kann es sich nicht handeln. Es kann sich nur darum handeln, daß man die Be­dingungen des individuellen Lebens kennenlernt, und man sieht dann, wie sich dieses dreigliedrig darstellt. Wer sich darauf einläßt, der muß einsehen, daß die drei Glieder des Lebens erstens selbstän­dig sind, zweitens dann aber wieder zusammenwirken und drittens am besten zusammenwirken, wenn sie vorher ihre Selbständigkeit entfaltet haben. Dann wird die Einheit Ergebnis — und nicht von außen hereingetragen. Eine abstrakte, unfruchtbare Einheit zerstört sich selbst. Was aber aus den selbständigen Gliedern erst gebildet wird, das wird zu einer lebensvollen Einheit, wird zu dem, was überhaupt erst leben und wachsen kann.

 

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SEPTIÈME SOIRÉE D'ÉTUDES -
Stuttgart, 15 septembre 1920 -
LES CONDITIONS DE CRISE ÉCONOMIQUE ACTUELLES


La croyance actuelle que les événements économiques se déroulent tels des phénomènes naturels. L'exemple de la crise de 1907 : manipulations financières ciblées du groupe Morgan comme la cause. « Le capital » de Karl Marx - un produit de chambre d’étude. Sur la force d’expression des lois statistiques. L'émancipation du marché de l'argent du marché des marchandises au début du 19ème siècle... Pensée d’économie nationale actuelle est orientée unilatérale à la production. Le rapport opposé de la production et de la consommation avec la morale humaine. Ce qui serait à atteindre avec le « Jour qui vient ». Les associations comme instruments pour la volonté d’organisation humaine dans l'économie. Pourquoi n’est pas indifférente l’exécution de travail inutile pour l'économie nationale. Une régulation dictatoriale de la consommation viole de la liberté humaine. La nécessité d’un balisage de la volonté. Parallèle entre le devenir abstraite de la vie de l’économie et le devenir abstraite de la vie de l’esprit. C’est la vie de l’esprit, qui détermine la vie de l’économie. L’apparition d’une unité pleine de vie par l'interaction des trois domaines de vie à partir de l'autonomie.
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Emil Leinhas introduit l'assemblée et donne la parole à Rudolf Steiner.
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Rudolf Steiner : Très chers présents ! Si les choses se présentaient ainsi dans la vie politique, et même dans la vie publique en général, comme beaucoup d'humains le pensent aujourd'hui, il faudrait en fait désespérer de pouvoir agir sur l'amélioration des conditions sociales par une intervention personnelle, par une action humaine directe. Il faut se rappeler en particulier qu'il y a aujourd'hui un grand nombre d'humains qui croient que les conditions économiques se déroulent presque comme des phénomènes naturels. Ils croient que les événements économiques se déroulent dans l'ordre avec une nécessité de cause que l'on peut tout à fait comparer à la nécessité avec laquelle un corps d'une certaine nature commence à brûler lorsqu'on le met en contact avec un autre d'une certaine manière. C'est ce que pensent beaucoup d'humains. Ils pensent que si quelque chose de ce genre s'est développé pendant un certain temps dans la vie économique, comme une conjoncture favorable, alors quelque chose doit simplement se développer à partir de cette conjoncture favorable elle-même, comme une crise. Il s'ensuivrait pendant un certain temps une mauvaise marche des affaires avec des conditions économiques en recul, jusqu'à ce qu'une sorte de reprise se produise à nouveau et que la vie économique connaisse en quelque sorte une ascension. Ces derniers temps, les théoriciens de la pensée économique, les économistes nationaux, ont tout particulièrement développé de telles idées, qui préfèrent tout représenter par le déroulement des causes extérieures elles-mêmes et veulent exclure toute intervention de la volonté humaine. On a carrément affirmé que la crise économique importante de 1907, par exemple, devait nécessairement découler de l'essor qui l'avait précédée. On peut peut-être penser que l'observation de tels processus s'étendant à de vastes domaines de la vie de l'économie - comme les conjonctures favorables et défavorables - touche moins l'individu. Mais ce n'est pas le cas. Celui qui veut entreprendre quelque chose à un moment donné doit toujours être attentif à la constellation conjoncturelle dans laquelle il rentre.
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Il est donc seulement trop compréhensible qu'une telle croyance en un lien de cause à effet nécessaire dans le domaine économique se soit développée à la suite de toute la pensée scientifique des trois ou quatre derniers siècles. Vous savez que c'est en particulier la vision théorique du social, qui rend hommage au marxisme, qui se complaît dans de telles idées et qui voudrait aussi organiser son action pratique selon de telles idées. Pour beaucoup d'humains aujourd'hui, il est apparemment dilettante de s'opposer à une telle chose, car on considère la pensée scientifique comme un idéal, et on considère même comme une conquête le fait que cette pensée scientifique se soit étendue à la vie pratique. C'est là que la science de l'esprit doit intervenir de manière corrective, car ce n'est qu'à partir de ces conceptions, qui ont toujours été défendues ici, que peut naître une pensée sociale saine. Et la science de l'esprit peut intervenir de manière corrective à partir de toute son essence, car elle n'a absolument rien du caractère théorique et abstrait qu'a justement pris le mode de pensée matérialiste et scientifique des temps modernes. Or, ce mode de pensée amène l'être humain à ne pas regarder les faits de la vie, mais à laisser ces faits de la vie s'embuer de toutes sortes de théories.
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Dans mes "Points essentiels de la question sociale", j'ai souligné comment le prolétariat contemporain est justement celui qui rend le plus hommage à une conception du monde entièrement théorique. Cela vient simplement du fait que ce prolétariat contemporain, incompris dans ses aspirations par la bourgeoisie qui se développe de plus en plus dans le matérialisme, n'a reçu comme vision du monde que le matérialisme représenté par cette bourgeoisie et croit donc à ce matérialisme comme à un évangile invincible et ne peut tout simplement pas en sortir. La science de l'esprit ne doit pas rendre hommage à des théories, elle ne doit surtout pas tendre vers une quelconque fantaisie. Car si, en tant que scientifique de l'esprit, on a en soi une tendance au fantasme, on déformera tout ce que l'on observe dans le monde spirituel, on en fera une caricature ; on ne pourra arriver qu'à un monde complètement déformé. La science de l'esprit exige comme base nécessaire de ses adeptes qu'ils s'éduquent pour le réel, pour ce qui est - je dirais même - sobre dans une certaine mesure. Mais en se formant, précisément dans le domaine de l'esprit, premièrement à une logique claire et rigoureuse, deuxièmement à une prise en compte des faits, on est tout à fait en mesure d'apporter cette éducation dans la vie pratique ordinaire et de laisser là aussi les faits s'exprimer de manière correcte et avec tout leur poids.
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Que fait le théoricien de l'économie nationale, et que font tous ceux qui vont à l'école avec un tel théoricien, lorsqu'ils veulent par exemple étudier quelque chose comme la crise économique de 1907 ? Ils étudient d'abord ce qui s'est passé en 1906 sur le plan économique, ils entrent dans l'année d'une conjoncture favorable. Vous essayez ensuite de trouver les causes de la ruine économique qui s'en est suivie dans le cadre de cette période précédente. Si l'on procède ainsi, on peut s'imposer avec toutes sortes de concepts nébuleux et l'on est alors incapable de penser correctement dans la vie sociale. Mais si l'on s'est formé à la science de l'esprit, on s'interroge sur les faits économiques, et l'on découvre alors, par exemple pour la crise de 1907 - on pourrait aussi choisir un autre exemple - qu'il y avait en Amérique un puissant groupe de magnats de la finance qui possédait plus de trente banques et plus de trente longues lignes de chemin de fer, et bien d'autres choses encore. Ce puissant consortium a discrètement acheté un certain papier spéculatif, qui était également négocié sur les bourses européennes, en si grandes quantités que presque tout ce papier était en possession de ce consortium de magnats financiers. Puis, par toutes sortes de spéculations économiques, on a incité les banques européennes - et les entreprises européennes en général - à acheter ces titres "à livraison". On en est arrivé à ce qu'un très grand nombre d'humains achètent ces titres à livraison. Or, supposons qu'une entreprise quelconque ait conclu un achat à livraison d'un tel papier pour le revendre ensuite ; et il se trouve que les mêmes banques en Amérique ont conclu en même temps avec des entreprises européennes des achats à la livraison de ce papier [en grande quantité]. Une entreprise européenne commençait donc à acheter ces titres d'un côté et s'engageait de l'autre à les vendre après un certain temps - mais elle ne l'avait pas fait, car ces titres avaient tous été achetés auparavant par [ce groupe financier], le groupe Morgan ; elle devait donc d'abord les acheter à nouveau à ce groupe. Les entreprises européennes s'étaient donc largement engagées à fournir de tels titres. Or, dans l'intervalle entre la spéculation et la date de livraison, on a réussi, depuis l'Amérique, à augmenter considérablement la valeur de ce papier, et la conséquence en a été une surcharge tout à fait extraordinaire du marché monétaire européen, ce qui a provoqué la crise. C'est-à-dire qu'une pure spéculation financière, provoquée par un nombre certainement restreint d'individus humains, a provoqué cette crise. Ceux qui ont connu cette crise se souviendront qu'à l'époque, l'escompte bancaire en Angleterre était monté jusqu'à 7 %, en Allemagne même temporairement jusqu'à 8 %, et un escompte bancaire élevé est toujours un baromètre des crises. Cette crise a donc été provoquée par la volonté de ces humains.
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Et c'est à de tels faits, c'est-à-dire à des faits très spécifiques et concrets de la vie - et non à des théories générales - qu'il faut s'intéresser si l'on veut comprendre la vie, y compris dans ses manifestations sociales. Il peut être spirituel, monstrueusement spirituel et impressionnant que Karl Marx, par exemple, fasse émerger avec une certaine nécessité des formes économiques ce que les humains pensent ensuite. Mais au fond, tout cela se déroule dans les salles d'études, et c'est justement un signe très caractéristique que le produit le plus pur des salles d'études, le "Capital" de Karl Marx, soit devenu aussi populaire qu'un évangile dans le prolétariat. Mais si l'on veut connaître la vie, il faut regarder la vie elle-même. On découvrira alors comment la science de l'esprit, justement, éduque à une vision de la vie - mais une vision inconfortable. Car au fond, il est beaucoup plus confortable d'élaborer des théories abstraites que de s'engager dans la vie réelle.
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Et maintenant vous allez dire : mais les choses que les théoriciens disent et que les agitateurs transmettent au peuple comme quelque chose de plausible sont vraies - car il suffit de se rappeler avec combien de chiffres, avec quelle statistique sûre ces choses sont habituellement étayées. Nos livres qui existent aujourd'hui sur la marche de la vie publique, en particulier sur les conceptions économiques - ils fourmillent de données statistiques, car quoi de plus exact que ce que l'on peut prouver par des chiffres ? Mais il y a aussi d'autres statistiques qui, dans un certain sens, semblent même pouvoir représenter un cours naturel de la vie humaine, exprimable par la science de la nature. Prenez par exemple les statistiques des assurances comme base d'une branche très pratique de la vie, l'assurance-vie. On calcule combien de personnes sur un nombre donné de jeunes de vingt ans seront encore en vie au bout de trente ans et combien seront décédées. Cela donne, si l'on prend un nombre suffisamment grand, des chiffres très constants : sur tant de jeunes de vingt ans, il n'en restera que tant après trente ans. On peut alors calculer la somme que la personne concernée doit verser, et on peut dire qu'ici, les statistiques fournissent même quelque chose avec lequel on peut compter dans une certaine mesure dans la vie pratique. Vous savez peut-être qu'il existe aussi une statistique des suicides ; vous savez que pour une telle statistique, il suffit de prendre un territoire suffisamment grand et une période suffisamment longue pour pouvoir dire assez précisément : au cours de ces années, tant d'humains vont se suicider sur ce territoire. — Mais celui qui veut tirer de la nécessité apparente qu'il y ait tant de suicides en cinq ans sur un territoire donné la conclusion que les humains ne sont pas libres, mais qu'en raison de la même contrainte qui fait qu'une pierre tombe sur le sol, ces humains doivent aussi se suicider, a-t-il raison ? Il n'a pas raison. Le fait qu'il existe autant de "lois" statistiques n'élimine pas le libre arbitre de l'humain. Il ne peut pas être question que les "lois" statistiques puissent dire quoi que ce soit sur le libre arbitre de l'humain, même s'il devait vous arriver, à cinquante ans, de constater qu'à l'exception de vous, tous ceux qui, à vingt ans, étaient promis par les statistiques à mourir au plus tard à cinquante ans, sont déjà morts - [ils ne doivent pas se suicider pour autant]. Les statistiques, et même les statistiques sur le suicide, sont là pour tout autre chose que pour dire quelque chose sur le libre arbitre de l'humain. Et de la même manière, aucune loi économique n'est en mesure de dire quoi que ce soit sur la libre intervention de l'initiative humaine dans les affaires économiques. Mais il y a autre chose.
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Supposons que les événements se déroulent comme ils se sont déroulés au début de l'année 1907. En 1906, la conjoncture économique était favorable ; cela a généré certaines habitudes de vie chez un grand nombre d'humains. Et on peut dire que lorsque les humains sont dans une situation supportable pendant quelques années, ils prennent certaines habitudes de vie. Et lorsque de telles habitudes de vie se sont développées, alors ceux qui veulent justement profiter d'une telle situation peuvent faire quelque chose comme le groupe Morgan l'a fait en 1907. Ils peuvent alors se dire : "Maintenant, les gens ont envie de faire ceci ou cela, alors spéculons là-dessus ! C'est exactement comme si, dans un pays, certaines influences défavorables incitaient les humains au suicide. Mais malgré tout, les humains se suicident de leur plein gré, pour autant que l'on puisse parler de plein gré dans la vie ordinaire - je me suis exprimé à ce sujet dans ma "Philosophie de la liberté". Or, il se trouve que ce qui se passe ensuite ne découle pas de la constellation précédente de la vie de l'économie, mais uniquement de ce que les humains font. Et si ces humains font quelque chose que l'on peut en quelque sorte "calculer", qu'est-ce que cela prouve ? Il suffit alors de regarder un processus que vous connaissez tous. Supposons que le chien de Tyr soit là et que vous lui présentiez un morceau de viande ; vous pourrez calculer assez précisément ce qu'il fait : il le saisit. Et il est très rare que le chien Tyras n'attrape pas le morceau de viande. Mais si l'humain fait quelque chose de calculable dans une situation bien précise, cela prouve seulement que son niveau d'âme s'est abaissé ; et plus on peut calculer ou déterminer la causalité dans la vie sociale, plus on indique ainsi que les humains se sont abaissés à un niveau plus animal. Ainsi, les statistiques sur les suicides et autres calculs, par exemple sur les conjonctures favorables ou défavorables, ne prouvent rien d'autre que la nature de l'état d'âme des humains ; mais il faut alors aussi examiner les circonstances temporelles, l'atmosphère générale dans lesquelles l'un ou l'autre état d'âme est possible. Ce que le groupe Morgan a fait en 1907 et qui a plongé d'innombrables existences dans la misère en Europe n'a pu se produire qu'à cette époque ; une telle chose n'aurait par exemple pas été possible cent cinquante ans plus tôt.
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Comment une telle chose est-elle devenue possible ? Cela s'est produit grâce à l'émancipation du marché de l'argent par rapport au marché des marchandises. Cette émancipation remonte aux années 1810-1815. Ce n'est qu'à cette époque que l'ancienne domination économique de la vie publique [basée sur le commerce des marchandises] est devenue une domination par le marché monétaire. Ce n'est qu'à cette époque que le système bancaire est devenu le maître de la vie économique. Et provoquer de telles situations économiques par la circulation sur le simple marché monétaire - à une échelle telle que cela a été possible de manière grandiose en 1907 - n'est apparu que parce que l'argent est devenu une véritable abstraction. Il est devenu une abstraction qui s'étend depuis lors à toute notre vie économique et au reste de notre vie.
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Nous pensons ici à l'époque où l'humain était lié à ce qu'il produisait. A cette époque, l'argent n'était au fond qu'une sorte d'équivalent de la marchandise produite ; on s'attachait à la marchandise produite. En fait, ce que l'on produisait n'était pas du tout indifférent, mais on s'attachait à son produit. Aujourd'hui, c'est déjà quelque chose de légendaire, et autrefois, il pouvait vous arriver quelque chose comme ce que je voudrais citer en exemple. Un jour, alors que je venais à Budapest pour me faire couper les cheveux, j'ai trouvé un coiffeur qui coupait vraiment encore les cheveux avec enthousiasme, et qui disait : "Je ne cherche pas à gagner de l'argent, je cherche seulement à avoir une belle coupe". Il présentait cela de telle manière que cela donnait vraiment l'impression d'une vérité et d'une honnêteté intérieures. Aujourd'hui, cette fusion avec son produit s'est complètement perdue, et l'on ne cherche plus qu'à gagner tant et tant pour subvenir à ses besoins. Aujourd'hui, il ne s'agit plus que du rendement du capital ou du salaire. Et tout comme les principes généraux abstraits se répandent sur toutes sortes de choses, l'argent devenu abstrait se répand sur toutes sortes de choses. Dans l'esprit de beaucoup d'humains aujourd'hui, il est tout à fait indifférent de vouloir gagner tant de marks par jour, que ce soit pour fabriquer des chaussures ou des manuels scolaires. Cet argent émancipé de la véritable réalité de la vie a rendu possible l'atmosphère dans laquelle ont pu se dérouler des événements comme celui de 1907 - et pourtant, ces événements sont entièrement issus de la volonté des humains ! Par ces mots, j'ai simplement voulu attirer l'attention sur la manière dont la science de l'esprit s'efforce de saisir la réalité dans sa véritable forme. C'est tout de suite le matérialisme - aussi bien celui de science de la nature qu'historique - qui s'est complètement éloigné de la réalité ; il ne fait que théoriser. La science de l'esprit doit aller vers la réalité. C'est pourquoi elle ne se laisse pas non plus embrouiller par des conceptions théoriques ; mais c'est précisément ainsi qu'elle parvient à une compréhension réelle de la vie. C'est précisément ainsi qu'elle sera appelée à promouvoir efficacement une nouvelle construction sociale à l'avenir.
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En effet, l'usage s'est peu à peu établi de ne plus compter, en économie politique/de peuple, que sur des choses telles que l'offre et la demande ou autres, sur les rapports de marché, de circulation ou d'échange. On ne pense en fait qu'à quelque chose d'abstrait, à ce qui se présente comme un rendement, un bénéfice. Et lorsque les humains réfléchissent aujourd'hui aux questions économiques, ils ne font rien d'autre que de calculer avec le facteur rendement.
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Ainsi, toute la vie économique est en quelque sorte considérée de manière unilatérale, car on élimine tout ce qui est lié à la consommation. La consommation doit simplement - je dirais - résulter automatiquement de ce que l'on perçoit comme rendement pour un produit quelconque. Quand on entre dans un magasin, on regarde combien il rapporte, mais on ne regarde pas quelle sorte de consommation est liée à ce magasin.
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On ne tient même pas compte de la qualité particulière de l'article, dans la mesure où il s'agit d'un article de consommation ; on ne pense à l'économie de peuple que du côté du rendement, du côté de la production, et non du côté de la consommation. Mais si l'on omet complètement d'orienter la pensée économique vers le côté consommation, alors la consommation s'anarchise de proche en proche, alors la consommation vous dépasse de proche en proche.
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Or, cette consommation a une certaine particularité : elle a un certain rapport de cause à effet avec la morale humaine, avec la constitution d'âme humaine ; mais par rapport à la production, elle est liée de manière opposée à la constitution d'âme humaine. La morale, ce qui est d'âme, joue donc aussi dans la production ; donc là, ce qui est d'âme est la cause. Si je produis un article par lequel je trompe les humains, cela provient d'une morale bancale. Mais la façon dont les humains vivent, c'est-à-dire les possibilités de consommation qu'ils prennent en compte, s'ils consomment ceci ou cela, cela agit comme origine sur la constitution d'âme, sur la morale. Et ce facteur n'est pas pris en compte dans l'ensemble de la nouvelle économie de peuple. C'est pourquoi cette économie de peuple nous échappe. Si l'on réfléchit sainement, on se rend compte qu'il est quasiment impossible de comprendre pourquoi les grèves ont augmenté de 87 % entre 1907 et 1919 en se basant sur les rapports de production - certes, une partie de l'augmentation est due aux rapports de production. Mais on obtient tout de suite une idée de ce dont il s'agit en réalité si l'on regarde les conditions de consommation.
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Or, dans la vie de l'économie actuelle, toutes ces choses sont dans un pendant déterminé. Les économistes nationaux et les gestionnaires ont certes réfléchi à ce sujet, mais ils n'ont pas réfléchi aux véritables causes et pendants, parce que leurs calculs ne portaient que sur la rentabilité. Le gestionnaire d'aujourd'hui sait très peu de choses sur le pendant entre une production quelconque et les grèves [et encore moins sur le pendant, entre la consommation et ces grèves]. Il sait, d'après ce qu'il a l'habitude de penser, ce que l'une ou l'autre production dégage de rendements.
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Il sait par exemple, s'il est un fabricant de cri-cris parisien - prenons un cas radical du passé - que les cri-cris peuvent être un article très avantageux pour quelques années.
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Ces cri-cris étaient des instruments particulièrement petits ; une plaque d'acier était fixée dans un petit corps métallique, et si l'on sortait dans la rue avec cet instrument dans la poche et que l'on touchait cette plaque métallique, elle émettait alors un son horrible, si bien que les gens dans la rue étaient terriblement agacés par ce son. C'était ainsi dans les années soixante-dix du siècle dernier ; les rues étaient devenues désagréables à cause de ces cri-cris. Mais le revenu de l'inventeur des Cri-Cri était très important ; il est devenu plusieurs fois millionnaire, mais il n'a pas du tout calculé ce que cela représentait du côté de la consommation.
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Car bien sûr, pour la vie humaine, il aurait suffi de ne pas fabriquer de Cri-Cri. Mais calculez maintenant combien de personnes ont été employées dans ces usines de Cri-Cri ; elles ont utilisé ces revenus pour leur consommation. Cette consommation de tant et tant d'ouvriers Cri-Cri est donc le résultat d'un travail humain inutile. Tout cela a un impact sur la vie sociale ; le travail humain inutile a des conséquences énormes sur la vie sociale.
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Je pourrais aussi choisir un autre exemple. Lichtenberg disait déjà : "On produit en une année 99 % d'œuvres littéraires de plus que ce dont l'humanité entière a besoin pour être heureuse". - On peut sans doute affirmer la même chose en se référant au présent : si 99 % de livres en moins étaient produits, ce serait probablement un grand bonheur pour l'humanité. Il suffit de penser aux coups de boutoir de la poésie - qui sont bien sûr toujours le fait de génies méconnus - qui sont tirés à trois cents ou cinq cents exemplaires et qui, la plupart du temps, n'en écoulent pas cinquante, pour se rendre compte de la quantité de travail inutile qui est fournie.
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On pourrait en faire l'économie, et cela aurait un effet extraordinaire sur les rapports de consommation des humains. Cela signifie que si l'on ne compte que sur les revenus, il n'est pas nécessaire d'avoir un rapport avec les besoins réels de la vie, on peut vouloir réguler la vie tout à fait en dehors d'eux.
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C'est ce qui est au cœur de notre grande crise actuelle, de notre déclin. Car ceux qui calculent dans l'ancien style économique ne peuvent pas voir les rapports entre le travail humain inutile et la misère humaine.
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C'est là que la science de l'esprit peut intervenir et donner les grandes corrélations, parce que la science de l'esprit ne part jamais de quelque chose d'unilatéral, mais de l'universel. Je ne parle pas d'une science de l'esprit qui aspire à des hauteurs abstraites et mystiques, mais d'une science de l'esprit qui veut éduquer l'humain pour qu'il devienne utile et pratique dans la vie. La science de l'esprit, lorsqu'elle est correctement appliquée, est une éducatrice pour la vie, pour une construction de la vie vraiment pleine de vie.
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C'est pourquoi elle pourra fonder une théorie d'économie de peuple qui connaît le lien entre le manque de travail et la production de n'importe quel produit inutile.
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La pensée de base de quelque chose comme le "Jour qui vient " était que des entreprises pratiques devaient naître d'un tel mode de pensée spirituel-scientifique. Bien entendu, il n'est pas possible d'asseoir immédiatement une telle entreprise sur une base saine en ce qui concerne toutes les mesures concrètes particulières. Mais si une telle entreprise particulière est dirigée par des gens imprégnés d'une éducation issue de la science de l'esprit, alors les mesures pratiques aboutiront d'elles-mêmes à ne pas surcharger les humains de travail inutile, mais uniquement de travail nécessaire ; il faudra justement compter avec la consommation dans l'économie de peuple. Ce n'est qu'ainsi que pourra naître ce qui conduira à une nouvelle ascension.
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Ces humains qui veulent avoir purement des revenus sont indifférents à ce qu'ils produisent ou à ce pour quoi ils sont rémunérés, car ils reçoivent de l'argent en échange. L'argent est abstrait dans la vie économique, et on peut tout avoir en échange. Il s'agit précisément d'organiser notre économie de telle sorte qu'elle dépende honnêtement de la volonté humaine, et non de manière malhonnête. Comment devient-elle honnêtement dépendante de la volonté humaine ? Par les associations. Si vous avez des associations, ce qui se passe dans la vie économique résulte de la volonté des humains impliqués dans ces associations. Il y aura alors des négociations entre les différentes associations ; des humains vivants négocieront entre eux, et ce qui est produit dans la vie de l'économie résultera de telles négociations entre les humains vivants entre eux dans les associations. Lorsqu'une usine doit être fondée, on n'y réfléchit pas simplement du point de vue qu'elle doit rapporter tant de bénéfices dans la conjoncture actuelle, mais on part de la vue d'ensemble de ce qui est nécessaire. On n'a pas besoin de maximes d'État pour cela, car cela reviendrait à tout caser, mais on a besoin des connaissances de ceux qui travaillent dans les différentes entreprises et les différentes branches. C'est la seule façon de savoir si une entreprise est nécessaire. Et si elle est nécessaire, on peut produire et peut être gagné. Par le biais des associations, on éliminera tout ce qui pourrait avoir une influence néfaste. On ne pourra alors pas agir en fonction de considérations purement financières, comme l'a fait par exemple le groupe Morgan, car on travaillera alors en fonction de besoins purement économiques. Il est étrange de constater à quel point il est difficile pour maints humains de s'engager dans les réalités de la vie. S'engager dans ces réalités de la vie est l'exigence la plus importante de notre époque.
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On peut aussi se demander d'où vient le fait que les humains d'aujourd'hui se sont tant éloignés de la vie réelle ? - Cela est précisément dû au matérialisme, car le matérialisme a la particularité d'éduquer à l'abstraction.
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En revanche, la science de l'esprit a justement la particularité d'éduquer au concret, à la réalité, à la pratique.
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C'est ce que j'ai voulu lancer aujourd'hui dans cette discussion. Mais beaucoup de choses seront nécessaires pour sortir des anciennes habitudes de pensée et de sensibilité. Mais cela doit se faire pour surmonter tous les dommages qui se sont glissés dans la nouvelle vie économique et dans toute la nouvelle vie publique. Une telle pensée objective ne pourra être que le résultat d'un véritable approfondissement dans le monde spirituel. L'ascension ne pourra venir que du spirituel, et non de la simple continuation de ce que l'on a pris l'habitude de considérer comme juste au cours des dernières décennies, et même de presque toute la deuxième moitié du XIXe siècle. Et celui qui n'a pas aujourd'hui la volonté de s'engager radicalement dans le progrès dans cette direction, de réapprendre, de repenser - j'aimerais presque dire de revivre -, ne pourra rien faire pour contribuer à une véritable ascension ; il ne fera que contribuer toujours plus à ce que nous nous enfoncions dans le déclin. Et c'est alors que se réalisera ce que des gens comme Oswald Spengler ont écrit dans son "Déclin de l'Occident". Alors se produira effectivement ce qui conduira la civilisation occidentale à la barbarie. Et si l'on ne veut pas que l'on entre dans la barbarie, alors il faudra vouloir ce qui peut écarter cette barbarie, et seule une éducation spirituelle de l'Occident peut l'écarter. Seule une telle éducation spirituelle permettra aux humains d'ouvrir les yeux sur la véritable réalité. Nous avons besoin d'une telle ouverture des yeux. Obtenons-le, et nous irons de l'avant ! Un orateur : Les ouvriers de Cri-Cri ont certes provoqué une consommation inutile, mais ils auraient de toute façon agi en tant que consommateurs, même s'ils avaient fabriqué d'autres produits. Comment le Dr Steiner explicite-t-il cette différence ? Rudolf Steiner : La question peut déjà être posée en soi, mais si elle est posée ainsi, on ne réfléchit pas vraiment à ce qui est important. Ce qui compte, c'est que l'on ne se contente pas de regarder ce qui se passe à un certain moment de la vie, mais que l'on regarde ce qui résulte du contexte de la vie. Il est vrai que ces travailleurs de cri-cri seraient aussi devenus des consommateurs s'ils n'avaient pas fait des cri-cri, s'ils n'avaient donc pas effectué ce travail inutile. Mais dans ce cas, ils auraient fourni un travail nécessaire, et cela a une signification économique tout à fait essentielle. Et c'est ce qui compte. Il y a beaucoup d'humains qui se considèrent comme pratiques ; ils lisent les "Points essentiels" et trouvent que ces idées sont une utopie. Le véritable fait est que ces gens sont justement des non-praticiens utopistes. Et parce que cette non-pratique utopiste domine au fond toute la vie, ce qui nous a amenés dans la situation actuelle, les gens sont en général peu sensibles à ce qui est réellement pensé de manière pratique.
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Mais lorsque des praticiens s'intéressent à la pratique, on se réjouit toujours. C'est ainsi qu'un praticien du Nord m'a récemment dit que les "Points essentiels" mettaient l'accent sur le plus important : le problème des prix. Les économistes s'occupent maintenant de tout, mais pas du fait que le prix d'une marchandise est en fait quelque chose qui ne peut pas être inférieur ou supérieur à un certain niveau. C'est ce que ce praticien a compris. Et dès que l'on comprend que le problème du prix est si important que les problèmes de salaire ou de capital disparaissent derrière lui, on se trouve sur le terrain d'une pensée saine. Certes, les travailleurs de cri-cri seraient aussi apparus comme des consommateurs, mais il ne faut pas considérer cela dans ce contexte. Car ce qui fait la vie économique et ce qui est finalement lié à la situation des prix des marchandises est intimement lié au fait que le travail soit nécessaire ou inutile.
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J'ai eu une fois en 1902 ou 1903 une conversation de table avec une connaissance sur des cartes postales. J'ai dit que je n'aimais pas écrire des cartes postales, que je n'écrivais pas de cartes postales du tout ; car je dois penser qu'à chaque carte postale, un facteur doit parfois monter beaucoup d'escaliers - juste pour une carte postale - et je voudrais lui épargner ce travail, car les cartes postales ne font pas vraiment partie des nécessités de la vie. Sur quoi l'intéressé a répondu : mais je sais que je fais plaisir aux gens avec des cartes postales, et j'en écris beaucoup, et cela contribue à la joie ; et si alors, quelque part, un facteur ne suffit plus pour commander les cartes, il faudra encore en engager un autre, et cela contribuera à la subsistance d'un deuxième. - Mais l'intéressé n'a pas réfléchi davantage : "Car si l'on embauche un facteur de plus pour les cartes postales, on ne produit rien de ce qui est nécessaire à la vie. Mais si l'on ne produit que les marchandises nécessaires aux besoins essentiels de la vie, le volume de cette production implique un certain niveau de prix. Celui qui effectue alors un travail inutile restera néanmoins consommateur des choses nécessaires à la vie, [ce qui entraîne une falsification de la situation des prix]. Si quelqu'un cesse de distribuer inutilement des cartes postales, il n'augmentera plus la masse de travail inutile ; au contraire, il effectuera un travail correct, correspondant aux besoins nécessaires, et cela aura une influence essentielle sur l'ensemble de la formation des prix dans l'économie de peuple.
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Pour les choses qui se rapportent à la vie pratique, deux éléments sont importants, dont un seul est habituellement pris en considération. Premièrement, il s'agit de savoir si une chose est juste, et deuxièmement, si elle est conforme à la réalité. Les humains pensent qu'il suffit qu'une chose soit juste, mais il faut aussi qu'elle soit conforme à la réalité, et tant que cette pensée conforme à la réalité n'aura pas pris place de la manière la plus large, nous ne pourrons pas nous sortir de la misère de la vie. Celui qui pense que les travailleurs de cri-cri se comportent dans tous les cas comme des consommateurs, qu'ils fabriquent des cri-cris ou non, ne tient pas compte du fait que l'économie de peuple est modifiée en ce qui concerne le travail nécessaire ou inutile. C'est cela qui compte. Ce regard sur l'important et le nécessaire, c'est ce que nous devons acquérir pour la vie sociale. Cela devrait être initié tout d'abord par les "Kernpunkte/Points essentiels" et l'ensemble du mouvement de la triarticulation.
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Walter Kühne regrette qu'aucun socialiste n'ait participé à la discussion. On aurait pu s'attendre à ce que, lors de la discussion de telles questions, ce soient justement des socialistes qui se manifestent et qui alimentent la discussion, car c'est justement chez Marx et Engels que la question du travail productif et du rapport entre la production et la consommation joue un grand rôle. Tolstoï s'est lui aussi penché sur cette question, mais contrairement à Marx et Engels, il a davantage vu sa solution dans la création de petites organisations. Par rapport à ces deux unilatéralités, seule la triarticulation montre le milieu sain.
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Un participant à la discussion pense qu'en dehors des cri-cris, il y a d'autres objets qui sont créés spécialement pour la ruine, par exemple les grenades. La fabrication de tels objets, dont l'ouvrier sait pertinemment qu'il ne sert à rien de les fabriquer, doit conduire à l'appauvrissement de l'ouvrier. C'est pourquoi le prolétariat doit s'abrutir, ne peut plus accéder à sa dignité humaine, ne peut plus avoir de joie dans la vie, et le mécontentement est systématiquement cultivé. Le Dr Steiner dit que seule l'orientation vers une économie de la demande nous aiderait, mais que celle-ci ne peut être provoquée que par l'humain. Le Dr Steiner attache justement de l'importance à l'être humain, mais il est tout simplement impossible d'introduire un nouveau système économique dans un avenir proche avec des humains qui ont été abrutis pendant des décennies. Il souhaite donc poser la question à M. Steiner : Est-il possible de fonder un nouveau système économique avec la génération actuelle ? Siegfried Dorfner : Et comment pourrait-on régler la question de la consommation dans un nouveau système économique ? Les besoins des gens sont très différents ; certains ont besoin de hautes bottes vernies, d'autres de cartes postales. Quels besoins peut-on interdire ou empêcher, ou comment peut-on réglementer les besoins ? M. Roser : M. Steiner a évoqué les causes profondes de la crise de 1907. A l'époque, d'énormes lock-out d'ouvriers étaient à l'ordre du jour. On disait alors que nous, les ouvriers, avions tellement travaillé en réserve qu'il ne serait plus possible de continuer à maintenir l'industrie à un niveau élevé. On ne pourra éviter de telles crises financières que si l'on retire au capitaliste son huile motrice, le capital. Les crises sont provoquées par le fait que le capital est un moyen de production et que l'on essaie de le contracter à un endroit ou de le paralyser à un autre. Je suis convaincu que c'est pour cela que les nouvelles catastrophes vont s'exprimer dans quelques semaines, et il me semble intéressant de savoir quelles seront les prochaines crises et comment elles se dérouleront.
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Un participant à la discussion demande comment la surproduction dans le domaine de la littérature peut être raisonnablement réorientée vers une production normale qui réponde aux besoins réels de l'humanité.
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Enfin, la question est posée par écrit : quels sont les fondements spirituels de la séparation du marché monétaire du marché des marchandises de 1810 à 1815 ? Comment ces fondements agissent-ils dans d'autres domaines, qui ne sont pas des domaines économiques ? Rudolf Steiner : En ce qui concerne tout d'abord les hautes bottes vernies, je voudrais dire qu'il y a certainement des contextes de vie [où l'on voudrait en acheter], mais on verrait déjà disparaître certaines envies si les productions inutiles cessaient tout simplement. Bien sûr, si l'on parle d'une réglementation de la consommation, on est déjà dans un certain sens sur une sorte de fausse piste. Réguler la consommation de manière dictatoriale, ce n'est pas possible. Mais si tous les rapports économiques étaient conçus de manière à faire disparaître progressivement le travail inutile, cela aurait une certaine conséquence dans tout le contexte de la vie économique. La conséquence serait que celui qui veut inutilement de hautes bottes vernies ne pourrait pas les payer. Et comme l'un est lié à l'autre, il faut bien comprendre qu'on ne doit pas lutter directement contre les besoins inutiles, car ils disparaîtront nécessairement avec d'autres conditions économiques. Car on deviendrait alors un tyran. Dans la vie, si l'on veut préserver la liberté, on ne peut pas supprimer quelque chose du jour au lendemain. Mais certaines choses cessent d'elles-mêmes sous l'influence de changements de circonstances. Si une nouvelle pensée économique se met en place, selon laquelle le travail inutile doit disparaître, alors ces envies inutiles disparaîtront également, ou bien il n'y aura plus d'argent pour les satisfaire. Cela ne résulte que de la compréhension du contexte pratique de la vie. Les rapports de consommation ne peuvent pas être réglés par des "mesures" quelconques, mais seulement par un certain progrès de la vie.
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J'aimerais aussi dire en ce qui concerne la littérature, en ne tenant compte bien sûr que des conditions sociales ; on peut tout à fait avoir un cœur pour celui qui aimerait voir des poèmes lyriques imprimés. Je ne peux qu'évoquer l'exemple de notre maison d'édition berlinoise. Elle n'a jamais eu de livres qui n'auraient pas été vendus. Elle n'a pas eu beaucoup de livres qui ont été très demandés, mais jamais de livres qui se sont entassés et n'ont pas été vendus. Il a toujours été construit sur ce que l'on peut appeler un besoin spirituel. On n'imprimait un livre que lorsqu'on savait qu'il y avait tant de lecteurs pour ce livre. Le travail commençait par l'apport de la matière aux humains et par la recherche d'un lectorat ; la dictature ne permettait pas de faire ce genre de choses. Du point de vue d'économie de peuple, il faut dire que cette maison d'édition n'a pas fait de travail inutile.
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Il s'agit de savoir où l'on commence à travailler dans la vie économique. Si l'on part au contraire de la compréhension des besoins, on ne produit progressivement que les produits nécessaires, de sorte que la production ne s'accumule pas continuellement à l'arrière [qu'elle ne se bloque pas sur les besoins vitaux] ; on produit alors à l'avant de telle sorte que les besoins réellement présents puissent être satisfaits à l'arrière. Si l'on ne parle que des rendements, on met en quelque sorte la charrue avant les bœufs. Il s'agit de regarder la vie et de savoir par où commencer le travail ; il ne s'agit pas de "régler" quoi que ce soit, mais d'intervenir dans la vie de manière à ce que les choses suivent leur cours.
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La crise actuelle est la dernière conséquence d'une longue évolution ; elle ne peut pas être examinée comme les autres, mais elle doit l'être - non pas selon des théories, mais selon les faits. Je vous demande de tenir compte de ce qui s'est passé ces dernières années. Combien de force de travail humaine a été produite depuis 1914 pour que nous soyons parvenus à ce que dix à douze millions de personnes soient abattues en l'espace de cinq ans et que trois fois plus soient estropiées ? Combien de forces de travail ont été utilisées à cette fin et ont ainsi été soustraites à la vie en tant que travail qui aurait pu servir autrement à la vie ! Je pense que l'on peut tout de même défendre le point de vue suivant : ce qui a été produit pour tuer les gens est un travail "inutile" - il aurait pu être évité ! Il suffit de penser combien de temps il fallait réfléchir - encore en 1912 - lorsqu'on avait besoin d'un million pour l'enseignement - et combien l'argent était vite à portée de main lorsqu'on avait besoin d'un million pour le dépenser. Prenez ce qui a suivi : l'argent, qui s'est développé en une abstraction au cours du XIXe siècle, est maintenant devenu la plus grande potentialisation de cette abstraction. Il est maintenant vraiment devenu la plus grande abstraction. Regardez ce que la planche à billets produit chaque jour.
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On n'a besoin de [tant d'argent] que si la consommation est réglée d'une manière artificielle. Derrière tout cela, il y a le fait que l'on a fait un usage abusif de ce qui restait des forces productives de la période 1914-1918. Mais cela cessera un jour, et la crise viendra ensuite. La crise actuelle est provoquée par la plus grande insouciance des humains, en ce sens que l'on a cru que l'on pouvait occuper les humains pendant des années à fabriquer des choses inutiles et les détourner du travail nécessaire.
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Et maintenant, la question est de savoir si l'on peut vraiment parvenir à une construction avec la génération actuelle : je suis souvent revenu sur cette question dans le journal de la triarticulation et j'ai toujours qualifié de pensée stérile le fait de poser de telles questions. Ce à quoi je tiens dans ce contexte, c'est à la volonté - non pas tant à la vue d'ensemble observatrice de ce qui est - mais à l'allumage de la volonté. Et lorsque j'entends dire "il n'y a rien à faire avec la génération actuelle", je dois tout de même supposer que ceux qui critiquent ainsi la génération actuelle sont d'avis qu'il y a quelque chose à faire avec eux-mêmes. Et comme j'accorde plus d'importance à la volonté qu'à l'observation, je m'adresse à eux : eh bien, venez, nous allons faire quelque chose avec vous ! Le nombre de ceux qui "ne peuvent rien faire avec la génération actuelle" serait déjà assez grand [pour commencer quelque chose] ; nous voulons donc les rassembler et travailler avec eux.
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On a encore posé la question décisive de savoir quels étaient les fondements spirituels de la séparation du marché monétaire du marché des marchandises. Nous ne pouvons répondre à une telle question que si nous nous rendons compte que les affirmations telles que celles que j'ai prononcées aujourd'hui doivent être prises dans un sens absolument correct et qu'elles ne signifient pas seulement une critique historique relativement correcte. Lorsque l'on dit que l'émancipation de l'argent a créé telle ou telle atmosphère, il est important de considérer cette atmosphère. Si l'on considère cette abstraction du marché de l'argent, où il est indifférent de savoir ce que signifie l'argent, alors il faudra souligner que c'était nécessaire pour le cours général de l'évolution. À cet égard, j'ai souvent souligné comment, depuis le milieu du XVe siècle, l'humanité civilisée vit l'impulsion de détacher l'individualité de l'appartenance à un groupe, comment la démocratie est devenue de plus en plus l'impulsion de l'humanité, comment l'humain individuel doit être de plus en plus mis en valeur et comment ce qui sort davantage de son intérieur doit également être mis en valeur. Pour tout ce processus de développement de l'humanité, l'abstraction de la vie de l'économie sous l'influence de l'argent était une nécessité. Et il s'agit seulement de comprendre que tout ce qui naît doit, après un certain laps de temps, subir une correction, ou que quelque chose d'autre doit venir compenser les dommages. Car dans la vie réelle, ce n'est pas comme s'il y avait quelque chose d'absolument bon ; tout dans la vie n'est que relatif.
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On ne peut pas dire, si j'ai aujourd'hui des bottes déchirées, qu'elles sont forcément mauvaises ; c'est le destin des bonnes bottes que de se détériorer avec le temps. Même dans la meilleure vie de l'économie, il y a des dommages lorsque certaines tâches se sont épuisées. Il en va de même pour l'économie monétaire. Elle n'a pas été nuisible dès le départ. Il suffit d'étudier la situation monétaire au milieu du XIXe siècle ; elle a contribué de manière essentielle à l'émergence des idées démocratiques. Puis vint le temps où une telle abstraction de l'argent dut trouver ses limites. Je peux certainement parler d'une abstraction, car on peut tout à fait comparer la fonction de l'argent, par exemple, avec le processus intérieur de l'âme qui consiste à faire abstraction.
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Il y a là un phénomène frappant, par exemple dans le mouvement théosophique. Ce mouvement théosophique, avec lequel le mouvement anthroposophique entretenait autrefois un certain attachement, est en fait un mouvement matérialiste. Il parle certes des membres spirituels supérieurs de l'humain, mais il veut seulement dire, en parlant par exemple du corps éthérique, qu'il est quelque chose de plus mince et de plus fin que le corps physique, de même que le corps astral est encore plus mince, et ainsi de suite. On ne fait donc qu'appliquer des pensées matérialistes, et ces pensées matérialistes s'installent terriblement dans les esprits. Et quand les gens du mouvement théosophique ont voulu faire quelque chose d'intelligent, ils ont commencé à parler d'"atome permanent" à propos des vies terrestres répétées. Ils pensaient qu'il devait y avoir un passage physique dans la prochaine incarnation de l'humain. De la science de la nature les gens avaient appris que l'humain était composé d'atomes et qu'à la mort de l'humain, les atomes tombaient dans la terre. Et c'est ainsi que les théosophes avaient imaginé la doctrine de "l'atome permanent" : cet atome ne serait pas enterré, il traverserait la mort, et c'est autour de cet atome permanent que se regrouperaient les autres atomes dans la vie suivante. Nous avons là, sous l'apparence d'un mouvement spirituel, le matérialisme le plus flagrant. C'est ce qui se passe quand on s'engage complètement dans l'abstrait. C'est ainsi que vous avez l'abstrait dans la vie de l'âme, et c'est ainsi que vous avez l'argent comme marchandise abstraite dans la vie économique.
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Et parce que ce qui se passe dans la vie économique n'est que le côté extérieur de la vie de l'esprit, cette vie de l'économie est réellement pendante ensemble avec la vie de l'esprit. Car l'opinion qui croit que seuls les processus économiques se déroulent en bas et qu'en face d'eux la vie spirituelle n'est qu'une idéologie est fausse. Mais il est vrai que la vie économique d'une certaine époque et la vie spirituelle d'une certaine époque - pas exactement la même - se comportent l'une par rapport à l'autre comme la noix par rapport à la coquille de la noix : la vie économique est toujours la séparation de la vie de l'esprit et reçoit d'elle sa forme. C'est pourquoi, après que la vie de l'esprit se soit ainsi abstraite, la vie de l'économie ne peut que s'abstraire elle aussi. C'est pourquoi nous avons d'abord l'époque du mode de pensée abstrait et ensuite seulement l'époque du système monétaire abstrait. Ce sont des relations qui doivent être prises en compte.
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Si l'on en tient compte, on obtient l'idée fructueuse de la triarticulation de l'organisme social. On comprendra comment les trois éléments de la vie globale s'imbriquent les uns dans les autres et forment ainsi une unité, tout en donnant à chacun son indépendance. Il en va de même pour l'organisme humain. Nous distinguons chez l'humain le système nerveux-sensoriel, le système rythmique et le système métabolique. D'un point de vue fonctionnel, c'est l'ensemble de l'être humain. Ces trois systèmes agissent ensemble, mais chacun d'entre eux est relativement autonome et doit être autonome. Il ne peut rien en résulter de bon si l'on mélange tout. Il ne peut s'agir d'une unité abstraite, comme le veut l'État moderne, comme le veut en particulier l'État socialiste actuel de l'Est. Il ne peut s'agir que d'apprendre à connaître les conditions de la vie individuelle, et on voit alors comment celle-ci se présente triarticulée. Celui qui s'engage dans cette voie doit comprendre que, premièrement, les trois éléments de la vie sont indépendants, deuxièmement, qu'ils agissent à nouveau ensemble et, troisièmement, qu'ils agissent le mieux ensemble lorsqu'ils ont d'abord développé leur indépendance. L'unité devient alors un résultat - et non un apport extérieur. Une unité abstraite et stérile s'autodétruit. Mais ce qui est d'abord formé à partir des membres indépendants devient une unité pleine de vie, devient ce qui peut d'abord vivre et croître.