Dans
ces trois conférences, je
voudrais, d'un certain côté,
donner une sorte d'image résumée
du vouloir du mouvement spirituel
scientifique, de ce vouloir qui
résulte des tâches clairement
visibles du présent lui-même et de
ce que l'on peut reconnaître comme
tâches de l'humanité pour le futur
proche.
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01
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In diesen drei Vorträgen
möchte ich von einer gewissen
Seite her eine Art
zusammenfassenden Bildes geben von
dem Wollen der
geisteswissenschaftlichen
Bewegung, von jenem Wollen, das
hervorgeht aus den klar
ersichtlichen Aufgaben der
Gegenwart selber und aus dem, was
man erkennen kann an
Menschheitsaufgaben für die
nächste Zukunft.
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J'aimerais
aujourd'hui, dans une sorte
d'introduction, faire des
remarques sur l'essence de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement et sur la
nécessité d'un mouvement spirituel
scientifique à l'intérieur de la
vie de civilisation du présent.
Demain, j'aimerais montrer en
particulier comment cette science
de l'esprit conduit à une
connaissance plus profonde, à une
connaissance pleinement saisie de
l'être humain d'âme et d'esprit,
et de là à un approfondissement de
la conscience morale. J'aimerais
aussi montrer comment cette
science de l'esprit doit se situer
par rapport aux confessions
religieuses de l'époque actuelle,
et j'aimerais enfin montrer, dans
le troisième exposé, comment la
calamité actuelle provient des
particularités psychologiques des
peuples actuellement répandus sur
la terre, comment elles sont
issues de l'évolution historique
de ces peuples. Ainsi, j'aimerais
en quelque sorte passer d'une
caractéristique de la science de
l'esprit à une réflexion sur la
civilisation actuelle, éclairée du
point de vue spirituel
scientifique.
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02
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Ich möchte heute in
einer Art Einleitung Bemerkungen
machen über das Wesen der
anthroposophisch orientierten
Geisteswissenschaft und über
die Notwendigkeit einer
geisteswissenschaftlichen
Bewegung innerhalb des
Zivilisationslebens der
Gegenwart. Ich möchte dann
morgen insbesondere zeigen, wie
diese Geisteswissenschaft zu
einer tieferen Erkenntnis, einer
lebensvoll erfaßten Erkenntnis
des menschlichen Seelen- und
Geisteswesens, und von da aus
dann zu einer Vertiefung des
sittlichen, des moralischen
Bewußtseins führt. Ich möchte
dann auch zeigen, wie sich diese
Geisteswissenschaft zu den
religiösen Bekenntnissen der
Gegenwart stellen muß, und ich
möchte endlich im dritten
Vortrage zeigen, wie die
Kalamität in der Gegenwart aus
den psychologischen
Eigentümlichkeiten der heute
über die Erde verbreiteten
Völker hervorgeht, wie sie
hervorgegangen sind aus der
geschichtlichen Entwickelung
dieser Völker. So daß ich
gewissermaßen vorschreiten
möchte von einer Charakteristik
der Geisteswissenschaft zu einer
Betrachtung über die
gegenwärtige Zivilisation,
beleuchtet vom
geisteswissenschaftlichen
Standpunkte aus.
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Quand
on entend parler aujourd'hui,
extérieurement, superficiellement,
comme cela correspond déjà à
l'esprit de beaucoup de nos
contemporains, de quelque chose
comme le mouvement spirituel dont
l'édifice de Dornach est le
représentant extérieur, on a tout
de suite le sentiment que quelque
chose comme ça ne peut être en
fait que pour le dimanche, car
tous les jours de la semaine, les
humains ont leurs occupations
utiles, qui sont réglées, qui ont
peut-être montré une fois de
grandes irrégularités en raison
d'un événement quelconque dans les
quatre ou cinq ans, mais qui sont
reconstruites dans la mesure où
elles ont été détruites - mais on
n'a pas la sensation qu'une telle
chose, qui a à voir avec ces
tâches quotidiennes de l'humanité,
puisse naître d'un mouvement
spirituel. C'est ainsi qu'est née
l'opinion selon laquelle tout ce
dont l'édifice de Dornach est le
représentant extérieur est
justement un mouvement sectaire,
une sorte de nouvelle formation
religieuse, laissant tout au plus
à ceux qui s'attachent à l'ancien
avec un certain fanatisme issu de
l'une ou l'autre raison le soin de
chercher toutes les formes de
lutte possibles contre un tel
mouvement.
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03
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Wenn man heute
äußerlich, oberflächlich, wie es
schon einmal dem Geschinacke
sehr vieler Zeitgenossen
entspricht, von so etwas hört,
wie die Geistesbewegung ist,
deren äußerer Repräsentant der
Dornacher Bau ist, so hat man
sofort das Gefühl: So etwas kann
ja eigentlich nur für den
Sonntag sein, denn an allen
Wochentagen haben die Menschen
ihre nützlichen Beschäftigungen,
die geregelt sind, die
vielleicht einmal durch
irgendwelche Ereignisse in vier
oder fünf Jahren große
Unregelmäßigkeiten gezeigt
haben, die aber wieder aufgebaut
werden, insofern sie zerstört
sind — aber man hat nicht das
Gefühl, daß so etwas, das mit
diesen Alltagsaufgaben der
Menschheit zu tun habe,
entstehen könne durch eine
geistige Bewegung. So ist denn
auch die Meinung entstanden, daß
alles dasjenige, für das der
Dornacher Bau der äußere
Repräsentant ist, eben eine
sektiererische Bewegung sei,
eine Art neue Religionsbildung
sein wolle, und überläßt es
höchstens denjenigen, die mit
einem gewissen, aus dem einen
oder anderen Beweggrund
hervorgehenden Fanatismus an dem
Alten hängen, alle möglichen
Kampfesarten gegen eine solche
Bewegung zu suchen.
|
Maintenant,
mes très chers présents,
j'aimerais aujourd'hui, en plus de
tout le reste, attirer l'attention
sur ce que le mouvement spirituel,
qui est pensé ici en tant que
mouvement orienté
anthroposophiquement, a été ces
dernières semaines à déployer des
activités très pratiques. Comme en
d'autres lieux, une activité très
pratique est en cours ici aussi,
en ce qu'est tenté d'opposer une
construction à la vie actuelle en
déclin par le biais d'une - s'il
vous plaît, cela peut même
paraître paradoxal si l'on parle
au nom d'un mouvement spirituel
scientifique - "société anonyme
pour la promotion des valeurs
économiques et spirituelles". Des
activités très pratiques doivent
être lancées prochainement. Il
s'agira aussi de montrer comment
ce qui est pensé par mouvement
spirituel scientifique orienté
anthroposophiquement humaines
n'est vraiment pas une somme de
sermons du dimanche après-midi,
mais quelque chose qui est
intimement pendant à ce dont notre
époque a besoin en termes de
nouvelles impulsions dans la vie
pratique.
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04
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Nun, meine sehr
verehrten Anwesenden, neben
allem anderen möchte ich gerade
heute gleich beim Ausgangspunkte
dieser Betrachtung darauf
hinweisen, daß die
Geistesbewegung, die hier
gemeint ist als anthroposophisch
orientierte, in den letzten
Wochen daran gegangen ist, sehr
praktische Tätigkeiten zu
entfalten. So wie an anderen
Orten, so ist auch hier eine
ganz praktische Tätigkeit im
Gange, indem versucht wird,
durch eine — bitte, es kann
sogar paradox klingen, wenn man
im Namen einer
geisteswissenschaftlichen
Bewegung spricht —, durch eine
«Aktiengesellschaft zur
Förderung wirtschaftlicher und
geistiger Werte» dem
niedergehenden gegenwärtigen
Leben einen Aufbau
entgegenzusetzen. Ganz
praktische Tätigkeiten sollen in
der nächsten Zeit begonnen
werden. Und da soll auch gezeigt
werden, wie dasjenige, was
gemeint ist mit der
anthroposophisch orientierten
geisteswissenschaftlichen
Bewegung, wirklich nicht eine
Summe von
Sonntagnachmittags-Predigten
ist, sondern etwas, was innig
zusammenhängt mit dem, was
unsere Zeit an neuen Einschlägen
auch des praktischen Lebens
braucht.
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Laissez-moi
donc aussi partir d'une
présentation caractéristique de la
vie pratique dans une certaine
direction, pour pouvoir ensuite
caractériser plus intimement le
vouloir de la science de l'esprit
orientée anthroposophiquement.
Certaines personnes qui veulent
aujourd'hui réformer la vie
sociale par plus ou moins
d'idéologie, d'utopisme, ont déjà
remarqué ce que je veux signaler
maintenant, mais elles ne l'ont
pas remarqué de telle sorte
qu'elles aient pu regarder le
principal dont il s'agit.
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05
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Lassen Sie mich deshalb
auch ausgehen von einer
charakteristischen Darstellung
des praktischen Lebens nach einer
bestimmten Richtung hin, um dann
gerade von da aus intimer das
Wollen anthroposophisch
orientierter Geisteswissenschaft
charakterisieren zu können. Es
haben manche Leute, die heute aus
mehr oder weniger Ideologie, aus
Utopismus heraus das soziale Leben
reformieren wollen, ja auch schon
bemerkt, worauf ich jetzt
hinweisen will; aber sie haben es
nicht so bemerkt, daß sie haben
hinschauen können auf das
Prinzipielle, auf das es ankommt.
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Si
l'on suit les différents
mouvements du XIXe siècle qui,
depuis le milieu du siècle,
visaient à remplacer la monnaie
d'or et d'argent, la double
monnaie, par la monnaie d'or en
tant que monnaie unique, on peut
remarquer que ces partisans du,
disons, monométallisme, abordaient
la question d'un point de vue très
précis. Ils disaient - et on peut
le constater dans d'innombrables
rapports parlementaires des
représentations populaires
européennes - que sous l'influence
de la monnaie unique en or, le
libre-échange devait se développer
dans l'ensemble du monde civilisé,
le libre-échange étant le
véritable vecteur d'une vie
économique sans entraves, qui ne
serait pas entravée par toutes
sortes de barrières douanières, de
droits de douane protecteurs, etc.
On a parlé sur tous les tons
possibles de la promotion du
libre-échange par le
monométallisme, par la monnaie-or.
Mais que s'est-il passé sous
l'influence de la monnaie-or ?
C'est précisément là où cette
monnaie-or a pénétré de manière
radicale qu'est apparu partout le
contraire de ce que les praticiens
économiques avisés avaient prédit
! Partout, il est apparu
nécessaire de recourir à des
droits de douane protecteurs, y
compris dans les États américains.
Cela signifie que ceux qui ont
parlé de la monnaie-or sur la base
de leur connaissance pratique de
la vie ou de la science économique
nationale se sont presque tous
trompés sur ce qui s'enracinait
dans la réalité.
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06
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Man kann, wenn man
verschiedene Bewegungen des 19.
Jahrhunderts verfolgt, die seit
der Mitte des Jahrhunderts
darauf ausgingen, an die Stelle
der Gold- und Silberwährung, der
Doppelwährung, die Goldwährung
als einheitliche Währung zu
setzen, man kann bemerken, daß
diese Anhänger des, sagen wir,
Monometallismus, unter einem
ganz bestimmten Gesichtspunkte
die Sache anfaßten. Sie sagten —
und man kann das aus unzähligen
Parlamentsberichten der
europäischen Volksvertretungen
konstatieren —, es müsse sich
unter dem Einflusse der
einheitlichen Goldwährung über
die ganze zivilisierte Welt hin
der Freihandel entwickeln, der
Freihandel als der eigentliche
Träger des ungehinderten
Wirtschaftslebens, der nicht
beeinträchtigt werde durch
allerlei Zollschranken,
Schutzzölle und so weiter. In
allen möglichen Tonarten ist
dieses von der Förderung des
Freihandels durch den
Monometallismus, durch die
Goldwährung, besprochen worden.
Aber was ist eingetreten unter
dem Einfluß der Goldwährung?
Gerade dort, wo diese
Goldwährung in radikaler Weise
eingedrungen ist, ist überall
das Gegenteil von dem gekommen,
was die gescheiten ökonomischen
Praktiker vorausgesagt haben!
Überall hat sich die
Notwendigkeit ergeben, zu
Schutzzöllen zu greifen,
einschließlich der
amerikanischen Staaten. Das
heißt, diejenigen, die über die
Goldwährung gesprochen haben aus
ihrer praktischen Lebenskenntnis
heraus oder aus
nationalökonomischer
Wissenschaft heraus, sie haben
sich fast alle über dasjenige
geirrt, was in der Wirklichkeit
wurzelte.
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On
peut maintenant dire : les humains
ont-ils donc tous été stupides ?
Les humains n'avaient-ils vraiment
aucune logique ? Ont-ils si peu
compris la vie que le contraire de
ce qu'ils avaient prédit s'est
produit ? Je ne suis pas d'avis
que les gens qui se sont prononcés
en faveur du libre-échange au
cours du XIXe siècle n'étaient que
des imbéciles, je trouve même que
c'étaient des gens très
intelligents, qu'ils ont parlé
avec une logique aiguë et qu'ils
n'ont pourtant rien touché de la
réalité ! Ce qui n'est pas reconnu
lorsque l'on discute aujourd'hui
d'un tel sujet, c'est que l'on
peut être très intelligent dans le
sens de la manière de penser qui
s'est développée au cours des
trois ou quatre derniers siècles
dans le monde civilisé, et
pourtant être étranger à la
réalité dans son jugement, que
l'on peut se considérer comme un
grand praticien et donner les
conseils les plus impraticables
qui soient. Et au fond, ce sont
ces conseils peu pratiques qui ont
conduit l'humanité à sa terrible
catastrophe au cours des dernières
décennies. On a pu voir, notamment
en Allemagne, comment la maîtrise
réelle de l'état des choses est
passée peu à peu au jugement des
grands ou petits dirigeants
industriels et commerciaux de
l'État. D'autres personnes sont
devenues plus ou moins dépendantes
des dirigeants industriels et
commerciaux. L'influence des
dirigeants commerciaux et
industriels était bien plus grande
qu'on ne le pense. Ce n'est que
pendant la guerre qu'il est apparu
à quel point tout écoutait en fait
les jugements de ces côtés-là, et
à quel point les jugements de ces
côtés-là sont devenus fatals.
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07
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Nun kann man sagen:
Sind denn die Menschen alle dumm
gewesen? Haben denn die Menschen
wirklich keine Logik gehabt?
Haben sie so wenig verstanden
von dem Leben, daß das Gegenteil
von dem eingetreten ist, was sie
vorausgesagt haben? Ich bin
nicht der Ansicht, daß die Leute
etwa lauter Dummköpfe gewesen
wären, die im Laufe des 19.
Jahrhunderts sich für den
Freihandel auseinandergesetzt
haben, ich finde sogar, daß das
sehr gescheite Leute gewesen
sind, daß sie mit scharfer Logik
gesprochen haben und dennoch
nichts getroffen haben von der
Wirklichkeit! Dasjenige, was
nicht eingesehen wird, wenn man
heute eine solche Sache
bespricht, ist eben, daß man im
Sinne derjenigen Denkungsweise,
die sich im Laufe der letzten
drei bis vier Jahrhunderte in
der zivilisierten Welt
herausgebildet hat, sehr
gescheit sein kann und dennoch
mit seinem Urteil
wirklichkeitsfremd sein kann,
daß man sich für einen großen
Praktiker halten und die
unpraktischsten Ratschläge geben
kann, die nur irgend möglich
sind. Und im Grunde genommen
waren es diese unpraktischen
Ratschläge, die im Laufe der
letzten Jahrzehnte die
Menschheit in ihre furchtbare
Katastrophe hineingetrieben
haben. Man hat insbesondere in
Deutschland sehen können, wie
die wirkliche Beherrschung der
Zustände allmählich übergegangen
ist in das Urteil der großen
oder kleinen industriellen und
kommerziellen Führer des
Staates. Andere Leute sind mehr
oder weniger abhängig geworden
von den industriellen und
kommerziellen Führern. Viel
größer war der Einfluß der
kommerziellen und industriellen
Führer, als man eigentlich
denken möchte. Erst während des
Krieges hat sich gezeigt, wie
eigentlich alles auf die Urteile
von diesen Seiten gehört hat,
und wie verhängnisvoll die
Urteile von diesen Seiten aus
geworden sind.
|
Et
c'est à cela que l'on pouvait voir
que toute la vie publique
s'additionne en quelque sorte à
partir du jugement de ces
prétendus praticiens. Mais cela a
donné la somme qui s'est abattue
comme une catastrophe fatale sur
l'humanité civilisée au cours des
cinq à six dernières années et qui
est loin d'être close.
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08
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Und daran konnte man eben
sehen, daß sich das ganze
öffentliche Leben gewissermaßen
summiert aus dem Urteile solcher
angeblichen Praktiker heraus. Das
aber hat die Summe gegeben, die
als die verhängnisvolle
Katastrophe über die zivilisierte
Menschheit in den letzten fünf bis
sechs Jahren hereingebrochen ist
und die noch lange nicht
abgeschlossen ist.
|
Ce
qui incite la science de l'esprit
orientée anthroposophiquement à se
manifester, c'est la remarque de
ce fait. C'est la raison pour
laquelle, précisément du côté où
l'on fait valoir cette science de
l'esprit orientée
anthroposophiquement, il faut
toujours et à nouveau attirer
l'attention sur la mise en
pratique de cette science de
l'esprit. Je sais combien cela a
surpris certaines personnes, même
le petit groupe ici à Bâle,
lorsque j'ai fait remarquer, il y
a de nombreuses années, que nous
avions commencé par une activité
pour ainsi dire semi-pratique, à
savoir la représentation de jeux
de mystères. Certains "mystiques"
ont déjà considéré que c'était
quelque chose que l'on ne devait
pas faire, car on s'associe déjà
d'une certaine manière à des
mesures pratiques dont on a
besoin. Mais j'ai dit à l'époque :
mon idéal ne serait pas seulement
d'organiser des jeux, mais de
développer une activité bancaire,
afin d'imprégner précisément les
aspects les plus pratiques de la
vie de la manière de penser qui
est nécessaire si l'on veut
pratiquer une science spirituelle
fructueuse. J'ai toujours dû être
convaincu, sur la base d'éléments
objectifs, que ce n'est pas par
une pensée malsaine et courte que
l'on parvient aux résultats
auxquels la science de l'esprit
veut aboutir, mais précisément par
une pensée saine, prudente et
présente à l'esprit, et que l'on
peut apprendre à la science de
l'esprit à former la pensée comme
on n'a justement pas pu le faire
sous l'approche matérialiste des
derniers siècles ; que l'on peut
justement devenir pratique pour la
vie grâce à la manière de penser
saine qui est nécessaire si l'on
pratique la science de l'esprit
dans le sens où on l'entend ici.
J'aimerais dire que le traitement
sain de la vie est en quelque
sorte un produit secondaire. Si
l'on veut acquérir par la science
de l'esprit non pas une
compréhension stupide et
nébuleuse, mais une véritable
compréhension de l'être cosmique,
on est contraint de développer non
pas une pensée bavarde et
nébuleuse, mais une pensée d'une
clarté bien plus grande que celle
à laquelle on est habitué
aujourd'hui dans la science. Et si
l'on développe cette pensée, si
l'on se donne la peine de
comprendre ce que la science de
l'esprit veut faire comprendre,
alors on éduque la pensée de telle
sorte que l'on puisse aussi penser
correctement et de façon
appropriée dans les domaines
pratiques de la vie et que l'on ne
prédise plus que le monométallisme
développera le libre-échange
lorsque les conditions sont telles
que sous la monnaie d'or viennent
justement les droits de douane
protecteurs !
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09
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Was
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft überhaupt
veranlaßt aufzutreten, das ist
die Bemerkung dieser Tatsache.
Das war der Grund, warum gerade
von der Seite her, von der diese
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft geltend
gemacht wird, immer wieder und
wiederum auf die praktische
Auslebung dieser
Geisteswissenschaft hingewiesen
werden muß. Ich weiß, wie es
einzelne Menschen, selbst die
kleine Gruppe hier in Basel
überrascht hat, als ich vor
vielen Jahren darauf hingewiesen
habe, daß wir ja mit einer
sozusagen halbpraktischen
Tätigkeit begonnen haben,
nämlich Mysterienspiele
aufzuführen. Das haben schon
manche «Mystiker» für etwas
gehalten, das man eigentlich
nicht tun sollte; denn da
verschwägert man sich schon in
einer gewissen Richtung mit
praktischen Maßnahmen, die man
nötig hat. Aber ich habe dazumal
gesagt: Mein Ideal wäre es,
nicht etwa bloß Spiele
aufzuführen, sondern eine
Banktätigkeit zu entfalten, um
gerade das Praktischste des
Lebens mit derjenigen Denkweise
zu durchdringen, welche
notwendig ist, wenn man
fruchtbare Geisteswissenschaft
treiben will. Indem ich immer
davon überzeugt sein mußte, aus
sachlichen Untergründen heraus,
daß man nicht durch ein
ungesundes, kurzsinniges Denken
zu den Ergebnissen kommt, zu
denen Geisteswissenschaft kommen
will, sondern gerade durch ein
gesundes, umsichtiges und
geistesgegenwärtiges Denken, und
daß man lernen kann an
Geisteswissenschaft das Denken
so zu schulen, wie man es unter
der materialistischen
Betrachtungsweise der letzten
Jahrhunderte eben nicht schulen
konnte; daß man gerade
praktisch werden kann für das
Leben durch die gesunde
Denkweise, die notwendig ist,
wenn man Geisteswissenschaft in
dem Sinne, wie es hier gemeint
ist, treibe. Ich möchte sagen:
Es fällt gewissermaßen als ein
Nebenprodukt ab die gesunde
Behandlung des Lebens. Man ist
gedrängt, wenn man nicht blöde,
nebulose, sondern wahre Einsicht
in das Weltwesen durch
Geisteswissenschaft erwerben
will, nicht ein schwafelndes,
nebuloses Denken zu entfalten,
sondern ein Denken von viel
größerer Klarheit, als man es
heute gerade in der Wissenschaft
gewöhnt ist. Und entfaltet man
dieses Denken, gibt man sich
Mühe, das zu verstehen, was
Geisteswissenschaft verstanden
wissen will, dann schult man das
Denken nebenbei so, daß man auch
in praktischen Gebieten des
Lebens richtig und sachgemäß
denken kann und nicht mehr
voraussagt, der Monometallismus
werde den Freihandel entwickeln,
wenn die Verhältnisse so
liegen, daß unter der
Goldwährung gerade die
Schutzzölle kommen!
|
C'est
précisément de ce type
d'observation du monde, que l'on
appelle ici l'anthroposophie, que
naît la pratique de la vie, la
véritable immersion dans la
réalité, par opposition au
matérialisme, qui tend partout
vers l'intellectuel, vers la pure
observation extérieure du monde,
et qui reste stérile, à
l'exception du seul domaine où il
a pu être fécond, où il a mené de
triomphe en triomphe : celui de la
technique extérieure. Mais pour
voir clairement dans cette
direction, il est nécessaire que
ce que j'ai développé ici au cours
des années, sous les angles les
plus divers, sur la nature de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, soit encore
une fois touchée aujourd'hui, au
moins en quelques mots. La science
de l'esprit orientée
anthroposophiquement part au fond
de l'activité de l'âme humaine la
plus intime. Elle fait justement
de cette activité de l'âme humaine
la méthode de recherche en science
de l'esprit. Mais en explorant par
cette science de l'esprit ce qui
se trouve dans les profondeurs de
la nature humaine en tant
qu'activité, en tant qu'essence,
l'humain est en même temps orienté
vers l'univers entier, vers
l'univers naturel et vers
l'univers social. L'humain
pénétrera dans les profondeurs du
monde précisément parce qu'il
apprendra à regarder de manière
appropriée dans les profondeurs de
son propre être.
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10
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Es entsteht gerade
auf diese Art von
Weltbetrachtung, die hier die
Anthroposophie genannt wird,
Lebenspraxis, wirkliches
Untertauchen in die Realität im
Gegensatze zum Materialismus,
der überall nach dem
Intellektuellen, nach dem bloß
äußeren Betrachten der Welt
hintendiert und unfruchtbar
bleibt, mit Ausnahme des
einzigen Gebietes, wo er
fruchtbar sein konnte, wo er von
Triumph zu Triumph geführt hat:
dem der äußeren Technik. Um aber
nach dieser Richtung klar zu
sehen, ist es notwendig, daß
dasjenige, was ich von den
verschiedensten Gesichtspunkten
im Laufe der Jahre hier über das
Wesen anthroposophisch
orientierter
Geisteswissenschaft entwickelt
habe, wenigstens mit ein paar
Worten heute noch einmal berührt
wird. Anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
geht im Grunde von der intimsten
innersten menschlichen
Seelentätigkeit aus. Sie macht
geradezu diese menschliche
Seelentätigkeit zur Methode
geisteswissenschaftlicher
Forschung. Aber indem
dasjenige, was in den Tiefen der
Menschennatur als Tätigkeit, als
Wesen liegt, durch diese
Geisteswissenschaft erkundet
wird, wird der Mensch zu
gleicher Zeit hingewiesen auf
das ganze Universum, auf das
natürliche Universum und auf das
soziale Universum. Der Mensch
wird gerade dadurch in die
Tiefen der Welt hineindringen,
daß er lernt, in sachgemäßer
Weise in die Tiefen des eigenen
Wesens hineinzuschauen.
|
La
science de l'esprit doit partir de
deux choses dans l'expérience
humaine : premièrement, d'un
développement supplémentaire de la
vie de représentation et
deuxièmement, d'un développement
supplémentaire de la vie de la
volonté. Dans un certain sens,
nous développons ce qui est
représenté, pensé, soit pour le
monde pratique extérieur, soit
pour la science courante. Et nous
développons notre volonté dans la
mesure où nous sommes engagés, je
dirais, dans des conditions
sociales instinctivement poussées
vers le haut. Mais la science de
l'esprit conduit à reconnaître
que, de même que l'on peut
développer les forces non encore
développées de l'enfant de telle
sorte qu'il puisse ensuite, en
tant qu'adulte, se placer dans le
monde avec un certain représenter,
avec un certain vouloir, de même
on peut développer plus loin le
représenter et le vouloir
quotidien et aussi scientifique
que ce que l'humain fait
aujourd'hui par une certaine
commodité. Pour cela, il est
toutefois nécessaire qu'on
s'acquière d'abord, dans un
certain sens, une connaissance
correcte de l'humain. Il faut
acquérir la possibilité de
regarder l'humain en devenir. Il
faudra de toute façon apprendre à
regarder l'humain en devenir, ce
qui est une nécessité pour
réformer le système éducatif. Ce
système éducatif devra être
réformé. On le fera quand on
reconnaîtra qu'une grande partie
du désarroi social actuel provient
d'un système d'éducation et
d'enseignement défaillant. Mais on
ne pourra pas réformer plus tôt
l'éducation tant que l'on n'aura
pas considéré avec une réelle
compétence l'humain en devenir,
cet humain en devenir qui
représente dans chaque exemplaire
individuel une énigme qui, dans un
certain sens, doit être résolue.
Nous observons l'enfant en
devenir. Quels événements
merveilleux nous rencontrons
lorsque nous observons l'enfant
dans les premières semaines, les
premiers mois, les premières
années de sa croissance, lorsque
nous ne regardons pas ce qui se
passe de semaine en semaine, de
mois en mois, d'année en année,
mais que nous nous plongeons dans
cet humain en devenir : quelles
merveilles des événements, des
événements du monde, nous
rencontrons alors !
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11
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Von zwei Dingen im
menschlichen Erleben muß die
Geisteswissenschaft ausgehen:
Erstens von einer
Weiterentwickelung des
Vorstellungslebens und zweitens
von einer Weiterentwickelung des
Willenslebens. Wir entwickeln in
einem gewissen Sinne dasjenige,
was Vorstellen, Denken ist,
entweder für die äußere
praktische Welt oder auch für
die landläufige Wissenschaft.
Und wir entwickeln unsern
Willen, insoferne wir
eingespannt sind, ich möchte
sagen, in instinktiv
heraufgetriebene soziale
Zustände. Geisteswissenschaft
aber führt dazu, anzuerkennen,
daß ebenso, wie man die noch
unentwickelten Kräfte des Kindes
so entwickeln kann, daß es dann
als erwachsener Mensch sich mit
einem gewissen Vorstellen, mit
einem gewissen Wollen in die
Welt hineinstellen kann, daß man
ebenso dasjenige, was der Mensch
heute aus einer gewissen
Bequemlichkeit heraus betätigt,
weiter entwickeln kann als das
alltägliche und auch das
wissenschaftliche Vorstellen und
Wollen. Dazu ist allerdings
notwendig, daß man sich zuerst
in einem gewissen Sinne eine
richtige Menschenerkenntnis
erwirbt. Man muß die
Möglichkeit gewinnen,
hinzuschauen auf den werdenden
Menschen. Man wird ja ohnedies
lernen müssen, auf den werdenden
Menschen zu sehen, was sich als
Notwendigkeit gerade für eine
Reform des Erziehungswesens
ergibt. Dieses Erziehungswesen
wird reformiert werden müssen.
Man wird es tun, wenn man
einsehen wird, daß ein großer
Teil der sozialen Verwirrung der
heutigen Tage von dem verfehlten
Erziehungs- und Unterrichtswesen
herrührt. Aber man wird nicht
früher das Erziehungswesen
reformieren können, bevor man
nicht mit einer wirklichen
Sachkenntnis den werdenden
Menschen betrachtet, diesen
werdenden Menschen, der in jedem
einzelnen Exemplar ein Rätsel
darstellt, das in einem gewissen
Sinne gelöst sein will. Wir
betrachten das werdende Kind.
Welche wunderbaren Ereignisse
treten uns entgegen, wenn wir
das Kind in den ersten Wochen,
in den ersten Monaten, in den
ersten Jahren seines
Heranwachsens betrachten, wenn
wir wirklich nicht hinwegschauen
über dasjenige, was von Woche zu
Woche, von Monat zu Monat, von
Jahr zu Jahr geschieht, sondern
uns vertiefen in diesen
werdenden Menschen: was für
Wunder des Geschehens, des
Weltgeschehens treten uns da
entgegen!
|
D'habitude,
on ne regarde par exemple que
l'aspect extérieur d'une chose
comme le changement de dents. On
ne considère pas ce qui se passe
en même temps que le changement de
dents comme une transformation
complète de l'état d'âme de
l'enfant. Jusqu'au changement de
dents, l'enfant vit de telle sorte
que son instinct le plus intime
est l'imitation de ce qui se passe
dans son entourage par les
humains, notamment par ces humains
avec lesquelles il a grandi par le
sang ou l'éducation. Nous pouvons
comprendre chaque mouvement de la
main que fait l'enfant si nous
savons comment l'enfant
s'abandonne aux humains de son
entourage ; et au fond, chaque
mouvement de la main est une
imitation, même si parfois
l'imitation se dissimule. Mais
celui qui sait observer remarque
que, par exemple, dans la
formation du langage, il y a aussi
un rattachement, un rattachement
par imitation à l'environnement.
|
12
|
Gewöhnlich sieht man zum
Beispiel auf so etwas, wie es der
Zahnwechsel ist, eben nur ganz
äußerlich hin. Man betrachtet
nicht dasjenige, was mit dem
Zahnwechsel zugleich als eine
völlige Umwandlung der ganzen
kindlichen Seelenverfassung vor
sich geht. Bis zum Zahnwechsel
lebt das Kind so, daß es im Grunde
genommen als innersten Instinkt
Nachahmung desjenigen hat, was in
seiner Umgebung durch Menschen
geschieht, namentlich durch
diejenigen Menschen, mit denen es
durch Blut oder Erziehung
zusammengewachsen ist. Jede
Handbewegung, die das Kind macht,
können wir begreifen, wenn wir
wissen, wie das Kind hingegeben
ist an die Menschen seiner
Umgebung; und im Grunde ist jede
Handbewegung eine Nachahmung,
wenn auch manchmal so, daß sich
das Nachahmewesen kaschiert. Aber
wer beobachten kann, merkt, daß
zum Beispiel auch in der
Sprachbildung eine Angliederung,
eine nachahmende Angliederung an
die Umgebung vorhanden ist.
|
Nous
voyons ainsi comment l'enfant est
un imitateur dans les premières
années de sa vie. Et en observant
l'enfant de cette manière, en
voyant comment, de semaine en
semaine, de mois en mois, d'année
en année, ce qui se transmet
ensuite dans la forme, dans le
geste, dans le mouvement et
l'action, dans le son, dans la
pensée, grandit à partir des
profondeurs les plus intimes, si
nous observons cela chez l'enfant,
nous remarquerons - si l'on ne
peut pas faire autrement, nous
arriverons d'abord par hypothèse à
la représentation - comment le
psycho-spirituel travaille
maintenant sur le corporel. Et si
l'on se plonge dans une telle
observation, si l'on regarde
comment le psycho-spirituel
travaille sur le corporel, alors
on ne peut faire autrement que de
suivre ce travail du
psycho-spirituel sur le corporel
jusqu'au plus profond de soi. On
se dira alors qu'il se passe
quelque chose d'important dans
tout l'organisme, qui se manifeste
vers la septième année dans les
deuxièmes dents, qui remplacent
les dents de lait. Il y a en
quelque sorte un point final à ce
changement de dents.
|
13
|
So sehen wir, wie
das Kind in den ersten
Lebensjahren ein Nachahmer ist.
Und indem wir das Kind so
betrachten und sehen, wie von
Woche zu Woche, von Monat zu
Monat, von Jahr zu Jahr aus den
innersten Tiefen heraus
dasjenige wächst, was sich dann
überträgt in Form, in Geste, in
Bewegung und Handlung, in Laut,
in Gedanken, wenn wir das
beobachten bei dem Kinde, so
werden wir bemerken — wenn man
es nicht anders kann, so werden
wir meinetwillen durch Hypothese
zunächst zu der Vorstellung
kommen —, wie das
Seelisch-Geistige nun an dem
Leiblichen arbeitet. Und
vertieft man sich in eine solche
Beobachtung, schaut man hin, wie
das Seelisch-Geistige an dem
Leiblichen arbeitet, dann kann
man nicht anders, als diese
Arbeit des Seelisch-Geistigen an
dem Leiblichen bis hinein in das
Innerste zu verfolgen. Dann wird
man sich sagen: Da geschieht
etwas Bedeutsames durch den
ganzen Organismus hindurch, was
sich um das siebente Jahr herum
auslebt in den zweiten Zähnen,
die die Milchzähne ersetzen. Da
ist gewissermaßen in diesem
Zahnwechsel ein Schlußpunkt.
|
Et
qu'est-ce qui se passe alors chez
l'enfant lorsque le changement de
dents est clos ? Ce qui se produit
- chacun peut le constater
clairement en se remémorant sa
propre vie - c'est que les
représentations qui étaient
auparavant d'une certaine manière
fugaces, qui allaient et venaient,
qui étaient chaotiques se forment
alors chez l'enfant en des
contours plus stricts, qu'elles
prennent une forme si ferme
qu'elles se cristallisent en
quelque sorte pour devenir ensuite
des souvenirs durables. La
capacité de se souvenir apparaît
toutefois plus tôt chez maints
humains, mais le souvenir aux
contours solides, les souvenirs
transformés en pensées,
apparaissent alors. Et celui qui
suit cette série de
représentations ne peut s'empêcher
de se dire : oui, c'est la même
activité ; jusqu'au changement de
dents, il y avait une activité
spirituelle et psychique pour
faire sortir les dents. Cette
activité spirituelle et d'âme
agissait dans l'organisme.
Maintenant, elle a terminé son
activité, son champ. Maintenant,
elle apparaît en tant qu'activité
spirituelle d'âme elle-même. Les
pensées bien définies, les pensées
qui sont puissantes dans la
mémoire, ces pensées apparaissent
maintenant. Que faisaient-elles
auparavant ? C'était elles qui
travaillaient dans l'organisme
pour extraire les dents ; la même
activité qui vit plus tard dans la
pensée et la mémoire vivait dans
l'organisme, y était active pour
extraire les dents. C'est en
quelque sorte une activité
organique métamorphosée,
transformée en une activité
spirituelle d'âme. Et c'est en
tant que telle activité
spirituelle d'âme, elle continue à
vivre dans l'humain.
|
14
|
Und was tritt dann
auf bei dem Kinde, wenn der
Zahnwechsel abgeschlossen ist?
Das tritt auf — jeder kann das,
indem er sich an sein eigenes
Leben zurückerinnert, klar und
deutlich bemerken —, daß dann
bei dem Kinde die Vorstellungen,
die vorher in einer gewissen
Weise flüchtige waren, die kamen
und gingen, die chaotisch waren,
daß diese Vorstellungen sich in
strengere Konturen formen, daß
sie sich so fest gestalten, daß
sie gewissermaßen
kristallisieren, um dann zu
bleibenden Erinnerungen zu
werden. Das Erinnerungsvermögen
tritt allerdings bei manchen
Menschen schon früher auf, aber
die festumrissene Erinnerung,
die zu Gedanken gestalteten
Erinnerungen, die treten dann
auf. Und wer dann diese
Vorstellungsreihe verfolgt, der
wird nicht umhin können, sich zu
sagen: Ja, das ist ja dieselbe
Tätigkeit; bis zum Zahn‑ wechsel
hin war eine geistig-seelische
Tätigkeit, um die Zähne
herauszutreiben. Diese
geistig-seelische Tätigkeit
wirkte im Organismus. Jetzt hat
sie ihre Tätigkeit, ihr Feld
abgeschlossen. Jetzt tritt sie
als geistig-seelische Tätigkeit
selber auf. Die festumrissenen
Gedanken, die Gedanken, die der
Erinnerung mächtig sind, diese
Gedanken treten jetzt auf. Was
haben sie früher getan? Sie
waren es, die im Organismus
gearbeitet haben, um die Zähne
herauszuarbeiten; dieselbe
Tätigkeit, die später im Denken
und im Erinnern lebt, lebte im
Organismus, war dort tätig, um
die Zähne herauszutreiben. Es
ist gewissermaßen eine
organische Tätigkeit,
metamorphosiert, umgewandelt zu
einer geistig-seelischen
Tätigkeit. Und als solche
geistig-seelische Tätigkeit lebt
sie nun weiter im Menschen.
|
Vous
voyez, c'est de ces choses que
part la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique, de
manière strictement méthodique.
Elle se dit : "Essayons de voir
comment, au cours des sept
premières années de la vie, est
fortement actif dans l'organisme
ce qui, plus tard, n'agit que
comme travail de la pensée, comme
travail de la mémoire. Maintenant,
disons que l'on absorbe cette
activité renforcée de la pensée et
de l'imagination, que l'on s'en
tient à ne pas laisser travailler
dans son âme seulement l'activité
spirituelle et psychique des
années ultérieures, mais
l'activité plus forte qui était en
état de transformer non purement
des pensées en souvenirs, mais
aussi d'expulser les dents. Mais
ce n'est qu'une partie de
l'activité, la plus grande, la
plus intense, jusqu'à la septième
année. Cette activité plus intense
est abordée par ce que la science
de l'esprit orientée
anthroposophiquemént appelle le
méditer. Méditer n'est rien
d'autre qu'une pensée plus acérée,
une pensée rendue plus intense,
une pensée formée. La méditation
consiste à mettre en pratique une
pensée ou une série de pensées -
ceci est bon pour un humain, cela
pour un autre, on trouvera des
informations plus précises dans
les écrits : "Comment acquiert-on
des connaissances des mondes
supérieurs ? "Cette méditation
dont il est question ici consiste
à placer intensément une pensée ou
une série de pensées au centre de
la conscience et à être ensuite si
fortement actif sur le plan
psychique et spirituel dans cette
série de pensées, que l'on ne
développe pas seulement l'activité
intellectuelle abstraite que l'on
a dans la science ordinaire ou
dans la vie ordinaire, mais cette
activité intense de la pensée qui,
si nous étions encore des enfants
de moins de sept ans,
interviendrait dans notre
organisme, bouillonnerait et
bouillonnerait à l'intérieur de
l'organisme. Mais ainsi, après
l'avoir pratiquée comme activité
psycho-spirituelle, elle nous
porte à apprendre à vivre avec des
pensées comme avec des réalités.
Que l'on regarde comment les
humains vivent dans la vie
quotidienne ou dans la science
ordinaire face à la pensée, au
jugement ; ils ne s'en émeuvent
pas. Un humain est excité
lorsqu'il est ami avec quelqu'un
et que celui-ci lui fait du mal,
ou lorsqu'il est amoureux d'une
autre personne, ou lorsqu'il a
faim ou soif, etc. Les choses du
corps excitent l'humain ; les
pensées ne l'excitent pas de la
même manière.
|
15
|
Sehen Sie, von
diesen Dingen geht in streng
methodischer Weise
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft aus. Sie
sagt sich: Man versuche nur
einmal hinzuschauen, wie in
starker Weise in den ersten
sieben Lebensjahren dasjenige im
Organismus tätig ist, was später
nur als Gedankenarbeit, als
Erinnerungsarbeit wirkt. Nun
sage man sich, man nähme diese
verstärkte Tätigkeit des
Denkens, des Vorstellens auf,
man halte sich daran, nicht bloß
die umgesetzte geistig-seelische
Tätigkeit der späteren Jahre in
seiner Seele arbeiten zu lassen,
sondern die stärkere Tätigkeit,
die imstande war, nicht bloß
Gedanken zu Erinnerungen zu
formen, sondern die Zähne
herauszutreiben. Das ist aber
nur ein Teil der Tätigkeit, der
größere, intensivere, bis zum
siebenten Jahre. Diese stärkere
Tätigkeit wird in Angriff
genommen durch dasjenige, was
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft das
Meditieren nennt. Meditieren ist
nichts anderes als ein
verschärftes Denken, als ein
intensiver gemachtes Denken,
als ein ausgebildetes Denken.
Die Meditation besteht darin,
daß man einen Gedanken oder eine
Gedankenreihe — für den einen
Menschen ist das gut, für den
anderen jenes, das Genauere
findet man mitgeteilt in den
Schriften: «Wie erlangt man
Erkenntnisse der höheren
Welten?», in «Die
Geheimwissenschaft im Umriß»,
«Vom Menschenrätsel» und «Von
Seelenrätseln» und so weiter —,
diese Meditation, die hier
gemeint ist, besteht darin, daß
man einen Gedanken oder eine
Gedankenreihe intensiv in den
Mittelpunkt des Bewußtseins
stellt und dann so stark
seelisch-geistig in dieser
Gedankenreihe tätig ist, daß man
nun nicht bloß jene abstrakte,
intellektualistische
Gedankentätigkeit entfaltet, die
man in der gewöhnlichen
Wissenschaft oder im
gewöhnlichen Leben hat, sondern
jene intensive
Gedankentätigkeit, die, wären
wir noch Kinder unter sieben
Jahren, in unseren Organismus
eingreifen würde, im Organismus
drinnen brodeln und kochen
würde. So aber trägt sie uns,
nachdem wir sie als
seelisch-geistige Tätigkeit
treiben, dahin, daß wir lernen
mit Gedanken zu leben wie mit
Realitäten. Man sehe einmal
nach, wie die Menschen im
alltäglichen Leben oder in der
gewöhnlichen Wissenschaft dem
Gedanken, dem Urteil gegenüber
leben; die regen sie nicht auf.
Es regt einen Menschen auf, wenn
er mit einem befreundet ist und
der ihn schädigt oder er
verliebt ist in einen anderen,
oder Hunger oder Durst hat und
so weiter. Die Dinge des Leibes
regen den Menschen auf; die
Gedanken nicht in der gleichen
Weise.
|
Dans
cette pensée, on apprend à se
mouvoir par le méditer, comme on
se meut dans la vie quotidienne.
Et peu à peu, on s'aperçoit que
l'on fait un bond intérieur par ce
méditer. Tandis que dans la vie
ordinaire, on a une sorte de
guidage dans son monde de pensées
par le monde extérieur, alors
qu'on s'abandonne aux pensées qui
nous entourent au fur et à mesure
qu'elles viennent par les
souvenirs débridés, qu'elles
apparaissent, qu'elles
disparaissent et ainsi de suite,
la méditation consiste à amener
ses pensées dans la conscience à
partir de sa propre volonté, à
manier une pensée comme on bouge
ma foi la main quand on exécute
quelque chose avec la main. Et
l'on acquiert peu à peu la
sensation que l'on apprenne à
penser comme on a appris sinon à
saisir ou sinon à marcher : que
l'activité de la pensée se
présente comme quelque chose de
séparé de l'humain. Si l'on
progresse ainsi vers une telle
activité de pensée, plus intense
que l'activité de pensée
ordinaire, vers une activité de
pensée dont on fait l'expérience
intérieure : si l'on était encore
un enfant, cette pensée que l'on
développe dans le méditer
interviendrait même dans la
croissance, dans la formation du
corps - si l'on développe cette
pensée, alors on apprend à
connaître ce que cela signifie :
dans la pensée elle-même, dans le
représenter, s'adonner libre de
corps à une activité.
|
16
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In dem Gedanken
lernt man sich bewegen durch das
Meditieren, wie man sich bewegt
im Alltag. Und nach und nach
wird es so, daß man merkt, man
macht ja innerlich durch dieses
Meditieren einen Ruck durch.
Während man im gewöhnlichen
Leben eine Art Führung in
seiner Gedankenwelt hat durch
die Außenwelt, während man sich
hingibt den Gedanken, die uns
umgeben je nachdem sie kommen
durch die ungezügelten
Erinnerungen, auftauchen, wieder
verschwinden und so weiter,
besteht das Meditieren darinnen,
daß man aus dem eigenen Willen
heraus seine Gedanken in das
Bewußtsein hineinbringt, daß
man einen Gedanken so handhabt,
wie man meinetwillen die Hand
bewegt, wenn man mit der Hand
irgend etwas ausführt. Und man
bekommt nach und nach
tatsächlich das Gefühl, daß man
denken lernt, wie man sonst
greifen oder sonst gehen gelernt
hat: daß die Gedankentätigkeit
sich als etwas vom Menschen
Abgesondertes ergibt. Wenn man
so vordringt zu einer solchen
Gedankentätigkeit, die
intensiver ist als die
gewöhnliche Gedankentätigkeit,
zu einer Gedankentätigkeit, von
der man innerlich erlebt: Wäre
man noch Kind, würde dieses
Denken, das man im Meditieren
entwickelt, sogar in das
Wachstum, in die Gestaltung des
Leibes eingreifen — wenn man
dieses Denken entwickelt, dann
lernt man das kennen, was es
heißt: im Denken selber, im
Vorstellen leibfrei sich einer
Tätigkeit hingeben.
|
Il
est tout à fait exact que la
pensée ordinaire est entièrement
liée au cerveau. Et c'est tout de
suite ce que l'on apprend à
reconnaître lorsqu'on apprend à
connaître cette pensée désincarnée
à laquelle on ne peut s'élever que
par l'évolution méditative. Cette
pensée, qui est placée dans
l'arbitraire au même titre que les
mouvements des mains et des
jambes, que l'on peut accomplir
par l'effort, sous lequel on se
fatigue, que l'on doit abandonner
au bout d'un certain temps, comme
on doit abandonner l'effort du
corps extérieur, si l'on apprend à
connaître cette pensée de cette
manière, si l'on apprend à la
connaître de l'intérieur, alors
seulement on a une expérience du
penser créateur, du représenter
créateur. On saisit alors dans
l'humain un être qui est
éthérique-pensant et qui est en
même temps ce qui est descendu des
mondes suprasensibles par la
naissance ou, disons, par la
conception, et qui a justement
collaboré au corps humain en tant
que plasticien, en tant
qu'architecte. Nous avons saisi ce
qui travaille dans le corps humain
et nous nous sommes ainsi replacés
de manière vivante dans ce que
nous étions, nous les humains,
avant de descendre dans ce corps
physique et d'adopter le corps qui
nous a été donné par l'hérédité du
père, de la mère et ainsi de
suite. Nous avons une expérience
de la vie prénatale ou de la vie
avant la conception, une
expérience de ce qu'était notre
existence suprasensible avant
notre existence/être-là physique
actuel.
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17
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Es ist ja ganz
richtig, daß das gewöhnliche
Denken ganz an das Gehirn
gebunden ist. Und das lernt man
gerade dann erkennen, wenn man
dieses leibfreie Denken, zu dem
man sich nur durch meditative
Entwickelung erheben kann,
kennenlernt. Dieses Denken, das
ebenso in die Willkür gestellt
ist wie die Handbewegungen, wie
die Beinbewegungen, das man
durch Anstrengung vollführen
kann, unter dem man ermüdet, das
man nach einer bestimmten Zeit
so unterlassen muß, wie man
unterlassen muß die Anstrengung
des äußeren Leibes, wenn man
dieses Denken so kennenlernt, so
von innen kennengelernt hat,
dann hat man überhaupt erst ein
Erlebnis von dem schaffenden
Denken, von dem schaffenden
Vorstellen. Dann ergreift man in
dem Menschen ein Wesen, das
ätherisch-denkerisch ist und
das zugleich dasjenige ist, das
durch die Geburt oder sagen wir
durch die Empfängnis aus
übersinnlichen Welten
heruntergestiegen ist, und eben
als Plastiker, als Architekt am
menschlichen Leibe
mitgearbeitet hat. Wir haben
dasjenige erfaßt, was am
menschlichen Leib arbeitet, und
wir haben damit lebensvoll uns
zurückversetzt in das, was wir
Menschen waren, bevor wir in
diesen physischen Leib
heruntergestiegen sind und den
Leib angenommen haben, der uns
gegeben worden ist durch die
Vererbung von Vater, Mutter und
so weiter. Wir haben ein
Erlebnis von dem
Vorgeburtlichen oder von dem
Leben vor der Empfängnis, ein
Erlebnis von dem, was unser
übersinnliches Dasein war vor
dem jetzigen physischen Dasein.
|
Par
la formation de la pensée, notre
vie humaine s'étend au-delà de la
naissance et de la conception. Ce
que je vous raconte ici est le
résultat aussi sûr d'une étude
méthodique rigoureuse, qui suit
les chemins que je viens
d'esquisser, que n'importe quel
résultat chimique. Ce que la
chimie en laboratoire ou
l'astronomie à l'observatoire
produisent n'est pas plus sûr que
ce qui émerge de l'intimité de la
vie de pensée humaine développée
comme connaissance de l'entité
humaine suprasensible avant la
naissance ; c'est simplement une
pensée plus développée qui fournit
la méthode pour pénétrer dans le
monde suprasensible. Cette pensée
fournit cependant la possibilité
de dire quelque chose sur cette
vie prénatale. Nous y reviendrons
demain. Mais j'aimerais maintenant
indiquer sur l'autre aspect de ce
qui doit être développé en
l'humain pour qu'il s'élève de la
connaissance sensible à la
connaissance suprasensible. Cet
autre est la volonté. Et pour
envisager l'importance de ce
développement de la volonté, vous
avez seulement besoin de penser à
la distance qui sépare ce que nous
appelons le contenu de nos idéaux
moraux, les impulsions morales, de
ce qui est un événement naturel
extérieur, de ce qui est aussi un
événement naturel dans l'humain.
C'est donc tout de suite le souci
de la vision philosophique du
monde que les ainsi nommés idéaux
ne puissent pas être rapprochés de
l'existence/l’être-là de la
nature. D'un côté, les géologues
et les astronomes décrivent
comment notre Terre, avec tout ce
qui appartient à notre système
planétaire, est sortie d'une
nébuleuse primitive selon des lois
éternelles, comment elle s'est
séparée, comment les plantes se
sont développées, comment les
animaux se sont développés
jusqu'en haut à l'humain. Ensuite,
ils suivent cela afin d'émettre
des hypothèses sur la manière dont
tout cela va disparaître à
nouveau. Mais réfléchissons que :
dans ce monde, il n'y a pas le
monde des idéaux, le monde de ce
que nous devons nous représenter
si nous voulons mener une
existence digne de l'humain, le
monde de ce sous l'influence de
quoi nous accomplissons nos actes
; tout ce qui parle à notre
conscience ne s'y trouve pas.
Mais, mes très chers présents,
quelle est donc la signification
de tout ce qui se passe comme pur
être-là naturel ? Dans la
conception actuelle du monde,
aucun pont ne peut être jeté entre
l'idéal moral et ce qui se
développe naturellement.
L'astronome et le géologue
regardent vers l'état final de la
Terre, lorsque tout sera soit mort
de chaleur, soit, comme d'autres
le décrivent, glacé, et ainsi de
suite, alors ce qui est
actuellement la vie terrestre sera
une tombe grandiose. Que sera-t-il
advenu de ce que nous appelons les
idéaux moraux ? Ils sont pour
ainsi dire comme la pensée
humaine, des pensées qui se
précipitent au-dessus de
l'existence naturelle pour une
telle vision matérialiste du
monde. Celui qui part du point de
vue de la science de l'esprit qui
est pensée ici ne théorise pas sur
ces idéaux moraux, mais cherche à
approfondir la vie par un autre
chemin. Il essaie avant tout de
faire entrer dans l'arbitraire
humain quelque chose qui, sinon,
n'est pas considéré par l'humain
ainsi qu'il s'y abandonne de
manière passive.
|
18
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Durch die
Ausbildung des Denkens erweitert
sich unser Menschenleben über
Geburt und Empfängnis hinaus.
Das, was ich Ihnen hier erzähle,
ist geradeso sicheres Ergebnis
einer strengen methodischen
Untersuchung, die auf den Wegen
wandelt, die ich Ihnen hier
skizzierte, wie irgendein
chemisches Resultat. Nicht
sicherer sich ist dasjenige, was
die Chemie im Laboratorium oder
die Astronomie auf der
Sternwarte zuwegebringt als
dasjenige, was so aus der
Intimität des entwickelten
menschlichen Gedankenlebens als
Erkenntnis der übersinnlichen
Menschenwesenheit vor der
Geburt hervorgeht; es ist
einfach weiterentwickeltes
Denken, welches die Methode
liefert, in die übersinnliche
Welt einzudringen. Dieses Denken
liefert allerdings dann die
Möglichkeit, auch etwas zu sagen
über dieses vorgeburtliche
Leben. Darauf wollen wir morgen
zurückkommen. Ich möchte aber
jetzt hinweisen auf die andere
Seite desjenigen, was im
Menschen entwickelt werden muß,
damit er aufsteigt von der
sinnlichen Erkenntnis zu der
übersinnlichen Erkenntnis.
Dieses andere ist der Wille. Und
um die Bedeutung dieser
Willensentwickelung einzusehen,
brauchen Sie nur daran zu
denken, wie weit entfernt
dasjenige ist, was wir den
Inhalt unserer sittlichen
Ideale, der sittlichen Impulse
nennen, von dem, was äußeres
Naturgeschehen, was auch
Naturgeschehen im Menschen ist.
Das ist ja gerade die Sorge der
philosophischen Weltanschauung,
daß die sogenannten Ideale nicht
herangebracht werden können an
das Naturdasein. Da beschreiben
auf der einen Seite die Geologen
und Astronomen, wie unsere Erde
mit alledem, was zu unserem
Planetensystem gehört, aus einem
Urnebel nach ewigen, ehernen
Gesetzen hervorgegangen ist, wie
sie sich abgespalten hat, wie
Pflanzen sich entwickelt, Tiere
sich entwickelt haben bis herauf
zum Menschen. Dann verfolgen sie
das, um Hypothesen darüber
aufzustellen, wie das alles
wiederum zugrunde gehen wird.
Aber bedenken wir: In diese
Welt stellt sich nicht hinein
die Welt der Ideale, die Welt
desjenigen, was wir uns
vorsetzen müssen, wenn wir ein
menschenwürdiges Dasein führen
wollen, die Welt desjenigen,
unter dessen Einflusse wir
unsere Handlungen ausführen;
alles dasjenige, was zu unserem
Gewissen spricht, das stellt
sich nicht hinein. Aber, meine
sehr verehrten Anwesenden, was
hat denn das für eine Bedeutung
für alles das, was vor sich geht
als rein natürliches Dasein?
Keine Brücke kann geschlagen
werden in der heutigen
Weltanschauung von dem
sittlichen Ideal zu dem, was
sich natürlich entwickelt. Hin
schaut der Astronom, der Geologe
auf einen Endzustand der Erde,
wenn alles entweder dem Wärmetod
verfallen wird, oder, wie andere
beschreiben, vereist sein wird
und so weiter, da wird
dasjenige, was jetzt Erdenleben
ist, ein grandioses Grab sein.
Was wird geworden sein aus dem,
was wir die sittlichen Ideale
nennen? Sie sind gleichsam wie
der menschliche Gedanke,
Gedanken, die wie hinhuschen
über dem natürlichen Dasein für
eine solche materialistische
Weltanschauung. Wer vom
Gesichtspunkt der hier gemeinten
Geisteswissenschaft ausgeht,
theoretisiert nicht über diese
sittlichen Ideale, sondern sucht
auf einem anderen Wege das Leben
zu vertiefen. Er versucht vor
allen Dingen, etwas in die
menschliche Willkür
hereinzubekommen, was sonst nur
so vom Menschen betrachtet wird,
daß er sich ihm in passiver
Weise überläßt.
|
Et
de nouveau, pour comprendre ce que
je veux dire, nous pouvons
observer d'un œil impartial la
deuxième période de la vie
humaine, celle qui va de la
poussée dentaire à la maturité
sexuelle. Nous voyons à nouveau
comment certaines forces se
développent peu à peu chez
l'enfant de 7 à 14 ans, pour
atteindre leur apogée à 14 ou 15
ans. Nous voyons comment l'amour
individuel apparaît en premier,
comment tout ce qui est lié à la
reproduction du sexe humain
apparaît. Mais d'habitude, nous ne
suivons pas comment un esprit-âme
travaille de nouveau de la
septième à la quatorzième ou
quinzième année comme il l'a fait
pendant les sept premières années
de sa vie, et comment il trouve
une conclusion, de sorte qu'il
devient libre et est en quelque
sorte délivré de l'activité
organique à la quatorzième ou
quinzième année. Si nous
considérons le développement du
garçon, nous trouvons - d'une
manière un peu différente, que
nous n'aborderons pas ici, c'est
plus psychique/d'âme chez le sexe
féminin - la fin de cette période
de vie dans la transformation de
la voix, dans le timbre différent
que prend la voix. Qu'est-ce que
c'est au juste, ce qui la jailli
dans la langue ? Si l'on observe
sans préjugé, on constate que
c'est la volonté, comme c'était la
vie de représentation pendant les
sept premières années de la vie,
qui se forme ensuite en une pensée
mémorisable, maintenant c'est la
volonté qui s'élance dans
l'organisme, qui s'intègre à
l'organisme et qui pénètre
désormais le langage en tant que
volonté libre, alors que
jusqu'alors l'enfant n'était pas
libre dans son langage jusqu'à
l'âge de 14 ou 15 ans, mais qu'il
était - on peut le prouver - sous
l'influence de son environnement.
De sorte que nous pouvons nous
dire : dans la deuxième période de
la vie, ce qui apparaît plus tard
comme volonté est ce qui forme les
organes. Et cela se manifeste dans
l'adolescence, dans la
dix-septième, dix-huitième année
et jusque dans la vingtaine, en
embrasant l'adolescent d'idéaux.
Ce qui s'est libéré, c'est ce qui
a travaillé à ce qui apparaît
ensuite comme l'amour sexuel,
l'amour humain en général. Ce qui
s'est libéré après l'âge de 14 ou
15 ans, dans la maturité sexuelle,
a travaillé jusqu'à l'âge de 7 ans
; c'est la volonté - d'abord la
volonté liée à l'organe, puis la
volonté qui se libère. Si l'on
relève à nouveau cela, et
d'ailleurs de la manière qu'on se
tourne maintenant à la volonté et
transforme en actif ce que l'on
accepte habituellement de manière
passive en tant qu'être humain,
alors on verra qu'une deuxième
force spirituelle et psychique
particulière se développe dans
l'intériorité humaine. On y
parvient en observant comment on
peut se dire : "Je suis en train
de devenir un humain : Si tu
regardes en arrière sur ton chemin
de vie, tu es en fait devenu un
autre d'année en année - on le
remarque moins -, en tout cas de
décennie en décennie. La vie, les
circonstances extérieures, les
souffrances, les joies, toutes
sortes de choses interviennent
dans la vie. Et que chacun de vous
se demande s'il n'est pas devenu
un autre au fil des décennies ?
Mais cela, on ne le maîtrise pas.
La vie vous érode. La vie fait de
vous un autre.
|
19
|
Und wiederum hilft
uns, um das, was ich meine, zu
begreifen, wenn wir die zweite
Epoche des menschlichen Lebens,
die Epoche vom Zahnwechsel bis
zur Geschlechtsreife mit
unbefangenem Auge betrachten.
Wir sehen wiederum, wie sich in
dem Kinde vom 7. bis 14. Jahre
nach und nach gewisse Kräfte
herausentwickeln, die ihre
Kulmination erleben im 14., 15.
Jahre. Wir sehen, wie da
zunächst die individuelle Liebe
auftaucht, wie alles dasjenige,
was mit der Fortpflanzung des
menschlichen Geschlechtes
zusammenhängt, auftaucht. Aber
gewöhnlich verfolgen wir nicht,
wie ein Geistig-Seelisches vom
7. bis zum 14., 15. Jahre
wiederum so arbeitet wie in den
ersten sieben Lebensjahren und
einen Abschluß findet, so daß es
frei wird und gewissermaßen
erlöst wird aus der organischen
Tätigkeit mit dem 14., 15.
Jahre. Wenn wir den Knaben in
seiner Entwickelung betrachten,
dann finden wir — in einer etwas
anderen, hier nicht weiter zu
erörternden Weise, mehr seelisch
ist es beim weiblichen
Geschlecht —, wir finden den
Abschluß dieser Lebensepoche in
der Umänderung der Stimme, in
dem anderen Timbre, den da die
Stimme annimmt. Was ist das
eigentlich, was da in die
Sprache hineingeschossen ist?
Beobachtet man unbefangen, so
findet man: Es ist der Wille,
wie es in den ersten sieben
Lebensjahren das
Vorstellungsleben war, das sich
dann zu einem erinnerungsfähigen
Gedanken formt, jetzt ist es der
Wille, der in den Organismus
hineinschießt, der sich dem
Organismus eingliedert und von
jetzt ab als freier Wille die
Sprache durchdringt, während bis
dahin das Kind bis zum 14., 15.
Jahre in seiner Sprache nicht
frei war, sondern — man kann das
nachweisen — unter dem Einflusse
der Umgebung gestanden hat. So
daß wir uns sagen können: der
zweiten Lebensepoche ist
dasjenige, was später als Wille
auftritt, das Organ‑
gestaltende. Und es tritt, im
Jünglingsalter dann, im 17., 18.
Jahr bis in die Zwanzigerjahre
hinein zutage, indem es den
Jüngling durchglüht mit
Idealen. Es ist frei geworden
dasjenige, was gearbeitet hat an
dem, was dann als
Geschlechtsliebe, als
Menschenliebe überhaupt,
erscheint. Was da frei geworden
ist nach dem 14., 15. Lebensjahr
in der Geschlechtsreife, es hat
gearbeitet bis zum 7. Jahr; der
Wille ist es — erst der Wille,
der an das Organ gebunden ist,
dann der frei werdende Wille.
Nimmt man das wiederum auf, und
zwar in der Weise, daß man jetzt
an den Willen sich wendet und
das, was man gewöhnlich
eigentlich passiv als Mensch
hinnimmt, ins Aktive verwandelt,
dann wird man sehen, daß sich
eine zweite, besondere
geistig-seelische Kraft in der
menschlichen Innerlichkeit
entwickelt. Man erreicht das
dadurch, daß man beobachtet, wie
man sich sagen kann: Siehst du
auf deinen Lebensweg zurück, so
bist du eigentlich von Jahr zu
Jahr — das wird weniger bemerkt
—, jedenfalls aber von Jahrzehnt
zu Jahrzehnt ein anderer
geworden. Das Leben, äußere
Verhältnisse, Leiden, Freuden,
alles mögliche greift in das
Leben ein. Und jeder von Ihnen
frage sich, ob er nicht im Laufe
der Jahrzehnte ein anderer
geworden ist? Das aber hat man
nicht in seiner Gewalt. Das
Leben schleift einen ab. Das
Leben macht einen zu einem
anderen.
|
La
méthode spirituelle scientifique
consiste tout de suite à ce qu'on
prenne en main soi-même
l'évolution dans ce domaine, à
prendre plus au sérieux qu'on ne
le fait sinon, par exemple, les
idéaux moraux de la vie, à
s'approprier ces idéaux moraux de
la vie, à examiner comment on peut
donner forme à quelque chose que
l'on se propose de telle sorte
qu'on le veuille, comme on veut
manger quand on a faim. On peut
l'y amener. On peut faire en sorte
que ce qui n'est sinon qu'un idéal
moral abstrait devienne un
instinct, que cela devienne une
pulsion/motivation intérieure.
Mais alors, ce qui, comme je l'ai
dit, plane au-dessus de la nature
et dont on ne peut pas voir la
signification réelle, se rapproche
du devenir organique intérieur de
l'homme. Oui, même si cela peut
paraître paradoxal à beaucoup, il
arrive un moment où les impulsions
morales agissent sur nous comme
les aliments agissent sur le goût.
On n'a plus seulement un sentiment
abstrait envers quelque chose que
l'on trouve bon ou mauvais, mais
on éprouve une antipathie
intérieure envers quelque chose de
monstrueux ou de mauvais sur le
plan moral, ou même seulement de
blâmable, comme on éprouve une
antipathie envers ce qui a mauvais
goût. Ce qui plane habituellement
dans des hauteurs abstraites se
rapproche intimement de ce qui vit
habituellement dans le goût, dans
l'odeur. On en a le sentiment
lorsqu'on lève un bras, ce que
l'on se représente agit sur le
métabolisme du bras. En d'autres
termes, si l'on prend activement
en main son développement humain,
on a une sensation de la
pénétration du spirituel-âme
vis-à-vis du physique-corporel. De
même qu'en développant la pensée,
on se libère du physique, de même,
par l'autre développement que je
viens d'évoquer, qui est
simplement celui de l'organisme
entre 7 et 14 ou 15 ans, on le
reçoit avec une telle intensité
que l'amour n'agit pas seulement
comme dans la vie, dans la vie
sociale ou individuelle, mais que
l'amour agit de telle sorte qu'il
nous transforme organiquement en
corps. Si l'on applique cette
intensité de l'amour à sa propre
auto-éducation, on obtient alors
dans la volonté ce qui est
suffisamment fort pour agir, même
si ce corps est livré à la Terre
ou aux éléments. Une fois que l'on
a compris comment la volonté
possède le pouvoir d'agir sur le
corps, comment la volonté ne se
contente pas de prédisposer
abstraitement en nous des
impulsions morales, mais comment
la volonté nous oblige à ressentir
les impulsions morales, comme les
aliments sont ressentis par le
goût, on a aussi compris comment
cette volonté intervient dans
notre propre existence naturelle
humaine, comme elle intervient
dans l'ensemble de l'existence
naturelle de l'univers. Alors, par
cet autre côté de l'évolution, on
obtient la possibilité de
comprendre ce qu'il est après la
mort. De même que par le
développement de la vie de
représentation on comprend la vie
prénatale comme une suprasensible,
comme un éternel, de même par le
développement de la volonté on
comprend la vie après la mort. Ce
que l'humain vit ici dans ce monde
physique s'élargit par ce que la
science de l'esprit met à jour,
justement au-delà de ce monde
physique, mais pas ainsi que l'on
spécule seulement au-delà du monde
physique, mais que l'on doit
effectivement développer une vie
des pensées et de volonté qui soit
liée à la réalité pour arriver à
ce que je viens de décrire. On
développe la vie de la pensée si
réellement qu'on l'a dans les
forces par lesquelles elle nous
façonne nous-mêmes en entrant dans
la vie. On saisit la vie de la
volonté dans une réalité si forte
qu'on l'a telle qu'elle agira
encore lorsque notre corps, avec
tous ses instincts et ses pulsions
naturelles, sera décomposé.
|
20
|
Geisteswissenschaftliche
Methode besteht gerade darin,
daß man auf diesem Gebiete auch
die Entwickelung selbst in die
Hand nimmt, daß man ernster, als
man das sonst tut, zum Beispiel
die sittlichen Lebensideale
nimmt, diese sittlichen
Lebensideale sich selber
einverleibt, prüft, wie man
irgend etwas, das man sich
vorsetzt, so gestalten kann, daß
man es will, wie man essen will,
wenn man hungrig ist. Dazu kann
man es bringen. Man kann es dazu
bringen, daß das, was sonst nur
abstrakte moralische Ideale
sind, Instinkt wird, daß es
innerlicher Trieb wird. Dann
allerdings nähert sich
dasjenige, was sonst, wie ich
gesagt habe, über der Natur
schwebt, von dem man nicht
einsehen kann, was es eigentlich
für eine Bedeutung hat, es
nähert sich das dem menschlichen
inneren organischen Werden. Ja,
wenn das vielen auch paradox
klingen wird, es tritt ein
Zeitpunkt ein, wo auf einen
moralische Impulse so wirken,
wie sonst auf den Geschmack die
Speisen wirken. Man hat nicht
mehr nur das abstrakte Gefühl
gegenüber irgend etwas, was man
für gut oder schlecht findet,
sondern man bekommt eine
innerliche Antipathie gegen
etwas moralisch Ungeheuerliches
oder Schlechtes oder auch nur
Tadelnswertes, wie man eine
Antipathie bekommt gegen das,
was schlecht schmeckt. Was sonst
in abstrakten Höhen schwebt,
nähert sich intim dem, was sonst
im Geschmack, im Geruche lebt.
Man bekommt ein Gefühl davon,
wenn man nur einen Arm hebt, so
ist dasjenige, was man sich
vorsetzt, wirksam im
Stoffwechsel des Armes. Man
bekommt mit anderen Worten, wenn
man also seine menschliche
Entwickelung aktiv in die Hand
nimmt, ein Gefühl von dem
Durchdringen des
Geistig-Seelischen gegenüber dem
Physisch-Leiblichen. Wie man im
Denken, wenn man es entwickelt,
frei wird von dem Leiblichen, so
wird man es durch die andere
Entwickelung, die ich jetzt
erörterte, die einfach
dasjenige, was vom 7. bis 14.
oder 15. Lebensjahr hin im
Organismus wirkt, so intensiv
aufnehmen, daß da die Liebe
nicht bloß so wirkt wie sonst im
Leben, im sozialen oder im
individuellen Leben, sondern daß
die Liebe so wirkt, daß sie
organisch uns erst zum Leibe
gestaltet. Wenn man nun jene
Intensität der Liebe auf die
eigene Selbsterziehung anwendet,
dann erlangt man in dem Willen
dasjenige, was stark genug ist
zu wirken, wenn auch dieser Leib
der Erde oder den Elementen
übergeben wird. Hat man einmal
eingesehen, wie der Wille die
Macht besitzt, auf den Leib zu
wirken, wie der Wille nicht bloß
sittliche Impulse in uns
abstrakt veranlagt, sondern wie
der Wille uns nötigt, die
sittlichen Impulse zu empfinden,
wie sonst Speisen durch den
Geschmack empfunden werden, dann
hat man auch begriffen, wie
dieser Wille eingreift in das
eigene menschliche natürliche
Dasein, wie er eingreift in das
gesamte natürliche Dasein des
Universums. Dann erlangt man
durch diese andere Seite der
Entwickelung die Möglichkeit, zu
begreifen, was nach dem Tode
ist. Wie man durch die
Entwickelung des
Vorstellungslebens das
vorgeburtliche Leben als ein
Übersinnliches, als ein Ewiges
begreift, so durch die
Willensentwickelung das Leben
nach dem Tode. Es erweitert sich
dasjenige, was der Mensch hier
erlebt in dieser physischen Welt
durch dasjenige, was
Geisteswissenschaft zutage
fördert, eben über diese
physische Welt hinaus, aber
nicht so, daß man nur spekuliert
über die physische Welt hinaus,
sondern daß man tatsächlich, um
zu dem zu kommen, was ich jetzt
geschildert habe, ein Gedanken-
und Willensleben entwickeln muß,
das mit der Wirklichkeit
verbunden ist. Man entwickelt
das Gedankenleben so wirklich,
daß man es in den Kräften hat,
in denen es uns selber
gestaltet, indem wir ins Leben
eintreten. Man ergreift das
Willensleben in einer so
starken Wirklichkeit, daß man es
hat, wie es wirken wird noch,
wenn unser Leib mit allen seinen
Instinkten und natürlichen
Trieben zerfallen sein wird.
|
Ensuite,
lorsque cela est atteint, on a
quelque chose qui peut apparaître
comme le contenu de ma "science
secrète". De même que l'on parle
de l'extérieur du monde à partir
d'une science de la nature
extérieure, on peut parler de
l'intérieur du monde. Il n'est pas
nécessaire que chacun devienne un
spécialiste de la science de
l'esprit pour pouvoir envisager la
science de l'esprit. La raison
analytique non erronée conduit à
pouvoir comprendre cette science
de l'esprit. Nous n'avons même pas
besoin de discuter du nombre de
chercheurs en sciences de l'esprit
qui existeront à l'avenir. Il peut
y en avoir beaucoup, il peut y en
avoir peu. Dans mon livre "Comment
acquérir des connaissances sur les
mondes supérieurs", vous verrez
que chacun peut devenir jusqu'à un
certain point un spécialiste de la
science de l'esprit, c'est-à-dire
qu'il peut voir par lui-même, s'il
veut seulement développer ses dons
naturels, dans l'être cosmique
suprasensible. Pour devenir un
chercheur de l'esprit au sens où
nous l'entendons ici, certains ne
le peuvent peut-être pas pour la
simple raison qu'il faut beaucoup
de choses auxquelles l'humain ne
peut pas vraiment aspirer dans la
vie ordinaire. Pensez seulement,
si quelqu'un devient chimiste,
combien de temps il doit alors
passer dans le laboratoire, séparé
du reste de la vie, comment il
doit, en un certain sens, renoncer
à beaucoup de choses dans l'autre
vie. Il en va de même pour chaque
activité humaine individuelle dans
la vie. Pensez seulement à ce que
cela signifie lorsque quelqu'un
doit se familiariser avec un monde
tout à fait différent de celui
dans lequel nous vivons chaque
jour du réveil à l'endormissement,
avec un monde qui a des lois tout
à fait différentes, bien que ces
lois soient actives ici, mais de
manière cachée. Cela imprime à
l'humain quelque chose qui est en
même temps la source de la
souffrance, de la douleur. Et tout
véritable chercheur d'esprit vous
dira : il accepte avec
reconnaissance les joies que la
vie lui a apportées et aimerait
toujours remercier les puissances
cosmiques, dans une humble prière,
pour les joies qu'il a pu vivre.
Mais il ne doit pas vraiment sa
connaissance à ses joies, qui,
d'une certaine manière,
l'endorment sur l'essence même de
la vie - c'est à la souffrance que
nous devons la connaissance. Et ce
sont précisément des souffrances
approfondies qui traversent nos
âmes lorsque nous avons atteint un
certain niveau dans la sortie du
monde sensible et actif, comme je
vous l'ai décrit aujourd'hui.
|
21
|
Dann, wenn dieses
erreicht ist, hat man etwas, was
so auftreten kann wie der Inhalt
meiner «Geheimwissenschaft»
etwa. So wie man von einer
äußeren naturwissenschaftlichen
Wissenschaft aus über die
Außenseite der Welt spricht, so
kann man über die Innenseite der
Welt sprechen. Es braucht nicht
jeder ein Geisteswissenschafter
zu werden, um die
Geisteswissenschaft einsehen zu
können. Der unbeirrte
Menschenverstand führt dahin,
diese Geisteswissenschaft
begreifen zu können. Wie viele
Geistesforscher es geben wird in
der Zukunft, darüber brauchen
wir uns ja gar nicht zu
unterhalten. Es mag viele, es
mag wenige geben. Aus meinem
Buche «Wie erlangt man
Erkenntnisse der höheren
Welten?» werden Sie ersehen, daß
jeder bis zu einem gewissen
Punkte ein
Geisteswissenschafter werden
kann, nämlich selber
hineinschauen kann, wenn er nur
seine natürlichen Gaben
entwickeln will, in das
übersinnliche Weltenwesen. Um in
dem hier gemeinten Sinne
Geistesforscher zu werden, ist
vielleicht schon aus dem Grunde
manchen nicht möglich, weil
vieles notwendig ist, was der
Mensch im gewöhnlichen Leben ja
nicht eigentlich anstreben kann.
Denken Sie nur, wenn einer ein
Chemiker wird, wieviel er dann
abgesondert vom übrigen Leben im
Laboratorium zubringen muß, wie
er in einem gewissen Sinne auf
manches verzichten muß im
anderen Leben. So ist es bei
jeder einzelnen menschlichen
Betätigung im Leben. Bedenken
Sie nur, was es bedeutet, wenn
jemand sich bekannt machen muß
mit einer Welt, die ganz
verschieden ist von der, in der
wir täglich vom Aufwachen bis
zum Einschlafen leben, mit einer
Welt, die ganz andere Gesetze
hat, obwohl diese Gesetze hier
wirksam sind, aber im
Verborgenen. Das prägt dem
Menschen etwas ein, was zu
gleicher Zeit der Quell von
Leid, von Schmerzen ist. Und
jeder wirkliche Geistesforscher
wird Ihnen sagen: Dasjenige, was
ihm das Leben an Freuden
gebracht hat, nimmt er dankbar
hin und möchte den Weltenmächten
immerzu in einem demütigen
Gebete danken für das, was er an
Freude erleben durfte. Aber
seine Erkenntnis verdankt er
nicht eigentlich seinen Freuden,
die in einer gewissen Weise
einschläfern über die
eigentliche Wesenheit des Lebens
— die Erkenntnisse verdanken wir
dem Leid. Und vertiefte Leiden
sind es geradezu, die durch
unsere Seelen ziehen, wenn wir
eine bestimmte Stufe erstiegen
haben in dem Hinausgehen aus der
sinnlich-wirkenden Welt, wie
ich es Ihnen heute geschildert
habe.
|
Alors
vient l'autre. Pensez seulement,
je l'ai dit moi-même, que la
pensée devient quelque chose comme
la préhension ou la marche : Elle
est placée dans l'arbitraire de
l'humain. Nous sommes habitués à
penser involontairement, à laisser
la pensée se dérouler
automatiquement. Cette pensée doit
se transformer - du moins pour le
temps où l'on fait des recherches
dans le domaine spirituel - de la
même manière que nous bougeons
normalement nos mains et nos
jambes de manière arbitraire. Il
faut maintenant apprendre à
distinguer exactement - et on
l'apprend soigneusement lorsqu'on
est guidé sur la bonne voie dans
la recherche spirituelle -, il
faut maintenant apprendre à
séparer soigneusement la vie que
l'on doit mener dans le monde
physique et la vie qui mène dans
le monde spirituel. Car ici, dans
le monde physique, on doit pouvoir
vivre comme un autre humain. Les
véritables chercheurs spirituels
ne sont pas ceux qui, par un
certain orgueil ou une volupté de
l'âme, deviennent étrangers à la
vie, qui peuvent s'adonner au
mysticisme tout en méprisant la
vie, qui se séparent peut-être du
reste de l'humanité, qui
s'habillent de toutes sortes de
vêtements étranges et autres
choses semblables, ou qui disent :
"Nous appartenons à une tout autre
sorte humaine. - Ceux-là sont au
contraire les véritables
chercheurs d'esprit, ceux dont on
ne remarque pas du tout la
présence, parce qu'ils sont dans
la vie extérieure exactement comme
les autres, et même plus
concrètement, parce qu'ils la
pénètrent des lois réelles de la
vie extérieure, que l'on ne peut
pas connaître dans le monde
extérieur, mais seulement à partir
du monde suprasensible ; car tout
ce qui est sensible dépend
entièrement du monde
suprasensible. C'est pourquoi j'ai
déjà dit à plusieurs reprises que
cette science de l'esprit, dont il
est question ici, verra le plus
souvent ses idéaux se réaliser si
elle peut justement agir dans les
différentes branches pratiques de
la vie. Ainsi, j'ai dit par
exemple que ce serait tout
particulièrement un
accomplissement de cet idéal
anthroposophique si l'on pouvait
parler avec un certain nombre de
médecins de ce que la science de
l'esprit pourrait devenir pour un
renouvellement de la médecine.
Cela s'est déjà réalisé
entre-temps : À Dornach, un cours
a été donné à des médecins et à de
futurs médecins sur ce qui peut
être apporté à la science médicale
par cette science de l'esprit
orientée anthroposophiquement.
|
22
|
Dann kommt das
andere. Denken Sie nur, ich habe
es ja selbst gesagt, das Denken
wird etwas, wie das Greifen oder
Gehen: Es wird in die Willkür
des Menschen gestellt. Wir sind
sonst gewöhnt, unwillkürlich zu
denken, das Denken so
automatisch fortlaufen zu
lassen. Dieses Denken muß sich
so umgestalten — wenigstens für
die Zeit, in der man im
Geistigen forscht —, wie wir
sonst willkürlich Hände und
Beine bewegen. Man muß nun genau
unterscheiden lernen — und das
lernt man sorgfältig, wenn man
zum richtigen Weg im
Geistesforschen angeleitet wird
—, man muß nun sorgfältig lernen
zu trennen das Leben, das man in
der physischen Welt führen muß
und das Leben, das in die
geistige Welt hineinführt. Denn
hier in der physischen Welt muß
man leben können wie ein anderer
Mensch. Nicht diejenigen sind
die wirklichen Geistesforscher,
welche aus einem gewissen
Hochmut oder aus einer Wollust
der Seele heraus lebensfremd
werden, die sich hingeben können
mystisch und dabei das Leben
verachten, die vielleicht von
der übrigen Menschheit sich
absondern, sich allerlei
absonderliche Kleider anziehen
und dergleichen oder sagen: Wir
gehören zu einer ganz anderen
Menschensorte. — Diejenigen
sind vielmehr die wirklichen
Geistesforscher, denen man das
gar nicht anmerkt, weil sie im
äußeren Leben geradeso drinnen
stehen wie die anderen, ja noch
praktischer, weil sie dasjenige
durchdringen mit den wirklichen
Gesetzen des äußeren Lebens, die
man gar nicht in der äußeren
Welt kennenlernen kann, sondern
nur aus der übersinnlichen Welt;
denn alles Sinnliche ist ganz
abhängig von der übersinnlichen
Welt. Daher sagte ich schon
öfter, am meisten wird diese
Geisteswissenschaft, die hier
gemeint ist, ihre Ideale erfüllt
sehen, wenn sie gerade in die
verschiedenen praktischen
Zweige des Lebens hineinwirken
kann. So zum Beispiel sagte ich,
würde es ganz besonders eine
Erfüllung dieses
anthroposophischen Ideales
sein, wenn man mit einer Anzahl
von Ärzten sprechen könnte über
dasjenige, was
Geisteswissenschaft für eine
Erneuerung der Medizin werden
könnte. Das hat sich nun
mittlerweile schon erfüllt: In
Dornach draußen ist ein Kursus
vor Ärzten und angehenden
Medizinern gehalten worden über
dasjenige, was der
Arzneiwissenschaft zugeführt
werden kann gerade von dieser
anthroposophisch orientierten
Geisteswissenschaft.
|
En
vérité, tout ce qui est action
fructueuse sur les activités
pratiques de la vie est plus
proche de cette science de
l'esprit orientée
anthroposophiquement que les
querelles inessentielles avec ceux
qui, par fanatisme aveugle ou bien
pire, s'élèvent de manière
calomnieuse pour présenter cette
science de l'esprit comme une
secte religieuse, parce qu'ils ont
une aversion générale pour tout
progrès humain. Pour ceux qui
prennent cette science de l'esprit
au sérieux, il ne s'agit pas de se
battre avec des confessions, mais
de travailler sérieusement dans
tous les domaines pratiques de la
vie.
|
23
|
Wahrhaftig, alles liegt
näher dieser anthroposophisch
orientierten Geisteswissenschaft,
was fruchtbares Wirken auf die
praktischen Lebenstätigkeiten ist,
als das wesenlose Herumstreiten
mit denjenigen, die ja aus einem
blinden Fanatismus oder viel
Schlimmerem heraus verleumderisch
sich auftun, um als eine religiöse
Sekte diese Geisteswissenschaft
hinzustellen, weil sie eine
allgemeine Abneigung haben gegen
jeden menschlichen Fortschritt.
Denjenigen, denen es mit dieser
Geisteswissenschaft ernst ist,
kommt es nicht auf das
Herumstreiten mit Bekenntnissen
an, sondern ihnen kommt es auf
ernsthafte Arbeit auf allen
praktischen Gebieten des Lebens
an.
|
C'est
ce qui veut être fourni avant tout
à partir de Dornach, et par
rapport à cela, j'aimerais dire
que tout le verbiage qui s'élève
maintenant de tous les côtés est
grotesque. Qu'on essaye seulement
une fois de se familiariser avec
ce que l'on veut vraiment et l'on
verra que c'est très différent de
ce qui circule actuellement dans
une grande partie de la presse.
C'est de cela qu'il s'agit : par
la méthode décrite, l'humain
pénètre plus profondément dans sa
propre nature, il pénètre aussi
plus profondément dans le monde.
On apprend à reconnaître d'un côté
la réalité qui nous fait entrer
dans l'existence ; on apprend à
reconnaître de l'autre la réalité
qui nous porte hors de l'être-là.
Mais ce faisant, on gagne aussi
les possibilités de voir plus
profondément dans la vie
elle-même. Aujourd'hui, les
humains passent à côté les uns des
autres, ils ne savent pas du tout
quelle est l'influence d'un humain
sur un autre, pas seulement celle
qui est transmise par la
corporéité sensorielle extérieure,
mais comment l'âme agit réellement
sur l'âme, l'esprit sur l'esprit.
Les humains ont presque peur de
penser à ces effets de l'âme sur
l'âme, de l'esprit sur l'esprit.
Mais tant que l'on ne sera pas
parvenu à voir comment les êtres
humains agissent les uns sur les
autres en tant qu'êtres
spirituels, on ne pourra pas non
plus se faire une idée juste de ce
qu'est le monde suprasensible.
|
24
|
Das ist es, was vor
allen Dingen von Dornach aus
geleistet werden will und
wogegen einfach, ich möchte
sagen, all das Geschwafel, das
sich jetzt erhebt von allen
Seiten her, grotesk ist. Man
versuche nur einmal, sich
bekanntzumachen mit dem, was
wirklich gewollt wird und man
wird sehen, daß das ganz anders
aussieht als dasjenige, was
jetzt durch einen großen Teil
der Presse geht. Das ist es, um
was es sich handelt, daß in der
Tat durch die geschilderte
Methode, durch die der Mensch in
sein eigenes Wesen tiefer
hineindringt, er auch tiefer in
die Welt hineindringt. Man lernt
erkennen auf der einen Seite die
Wirklichkeit, die uns ins Dasein
bringt; man lernt erkennen auf
der anderen Seite die
Wirklichkeit, die uns aus dem
Dasein hinausträgt. Dadurch aber
gewinnt man auch die
Möglichkeiten, tiefer in das
Leben selbst hineinzusehen.
Heute gehen die Menschen
aneinander vorbei, wissen gar
nicht, wie der Einfluß des einen
Menschen auf den anderen ist,
nicht nur der, der durch die
äußere sinnliche Leiblichkeit
vermittelt wird, sondern wie
tatsächlich Seele auf Seele,
Geist auf Geist wirkt. Es
fürchten sich die Menschen fast,
an diese Wirkungen von Seele auf
Seele, von Geist auf Geist zu
denken. Aber ehe man nicht dahin
gelangt, einzusehen, wie die
Menschen als geistige Wesen
aufeinander wirken, ehe wird man
auch nicht eine richtige
Vorstellung von dem gewinnen,
was übersinnliche Welt ist.
|
Le
chercheur de l'esprit doit
absolument s'habituer à regarder
sans préjugés dans le monde
suprasensible et à remplir ainsi
sa place dans le monde sensible.
Cette nécessité de régler la vie
dans le monde d'une manière tout à
fait différente, beaucoup plus
consciente, lorsqu'on est
chercheur de l'esprit, fait à
nouveau partie des choses qui ne
sont peut-être pas du goût de tout
le monde, en plus de beaucoup
d'autres. Mais il suffit quand ce
que des chercheurs de l'esprit
particuliers communiquent comme
résultats est simplement accepté
par la saine raison analytique
humaine/le bon sens. La science de
l'esprit ne craint pas de ne pas
être comprise par des penseurs
impartiaux. Non, elle sait que
plus on l'aborde sans préjugés, de
manière appropriée, avec moins de
dilettantisme, plus on l'aborde de
manière scientifique, plus elle
sera comprise. Elle nous invite à
la prendre le plus exactement et
le plus sérieusement possible. On
verra alors qu'on ne peut plus
parler d'elle comme on parle
d'elle lorsqu'il s'agit d'une
simple connaissance superficielle.
Le bon sens peut tout à fait donc
dire à ce qui se présente comme
des résultats spirituels
scientifiques ; mais une certaine
exigence est alors posée à la
saine raison analytique humaine,
une exigence que l'on n'aime pas
encore aujourd'hui, mais parce
qu'on ne l'aime pas, on s'est mis
dans la catastrophe que l'humanité
a dû traverser ces cinq à six
dernières années.
|
25
|
Der Geistesforscher
muß durchaus sich angewöhnen,
unbefangen in die übersinnliche
Welt hineinzuschauen und dabei
seinen Platz in der sinnlichen
Welt auszufüllen. Diese
Notwendigkeit, in einer ganz
anderen, viel bewußteren Weise
das Leben in der Welt hier zu
regeln, wenn man Geistesforscher
ist, das gehört wiederum zu den
Dingen, die vielleicht nicht
jedermanns Sache ist, neben
vielem anderen. Aber es genügt
ja, wenn dasjenige, was einzelne
Geistesforscher als Ergebnisse
mitteilen, einfach in den
gesunden Menschenverstand
aufgenommen wird. Die
Geisteswissenschaft hat nicht
Sorge, daß sie nicht begriffen
wird von unbefangenen Denkern.
Nein, sie weiß, daß, je
unbefangener man ihr
entgegentritt, je sachgemäßer,
je weniger dilettantisch, je
wissenschaftlicher man ihr
entgegentritt, sie um so mehr
verstanden werden wird. Sie
fordert geradezu heraus, sie so
exakt und ernst zu nehmen wie
möglich. Dann wird man schon
sehen, daß man nicht mehr in der
Weise über sie sprechen kann,
wie man über sie spricht, wenn
es sich um bloß oberflächliche
Bekanntschaft handelt. Der
gesunde Menschenverstand kann
durchaus ja sagen zu dem, was
als geisteswissenschaftliche
Ergebnisse auftritt; aber es
wird an den gesunden
Menschenverstand dann eine
gewisse Anforderung gestellt,
eine Anforderung, die man heute
noch nicht liebt, aber weil man
sie nicht liebt, hat man sich in
die Katastrophe hineingebracht,
die die Menschheit in den
letzten fünf bis sechs Jahren
durchmachen mußte.
|
Vous
voyez, si l'on prenait ma "science
secrète" et qu'on la lisait avec
l'état d'esprit que l'on aime
particulièrement aujourd'hui,
alors elle est grossière, alors
vous avez aussi le droit de vous
en plaindre. Elle n'est pas en
mesure de vous dire autant que ce
qu'on vous dit lorsque vous vous
asseyez dans un cinéma et que des
images se déroulent devant vous.
Vous n'avez pas besoin de
travailler beaucoup. Vous pouvez y
être passif. Si vous écoutez une
conférence faite avec des images
lumineuses, vous pouvez aussi
dormir. Dans les parties
intermédiaires, vous pouvez
laisser votre attention se porter
passivement sur les images
lumineuses. Il en va autrement
d'un exposé tel que celui que je
me permets de faire. Il faut y
aller soi-même, d'une certaine
manière, si l'on veut que cela ait
une signification pour l'humain.
Mais d'abord dans la littérature -
ma "science secrète" n'a de
contenu pour personne qui
n'accepte de l'élaborer lui-même.
Elle n'est en quelque sorte qu'une
partition, et l'on doit élaborer
soi-même le contenu à partir d'une
activité intérieure active ; alors
seulement on l'a. Mais c'est ainsi
que l'on acquiert, en tant
qu'observateur de ce que le
chercheur d'esprit a exploré, que
l'on acquiert une pensée active,
cette pensée qui s'immerge dans la
réalité, qui se lie à la réalité.
On acquiert une pensée qui ne dit
plus : si nous introduisons la
monnaie-or, nous favoriserons le
libre-échange. Cette pensée, tout
à fait extérieure à la réalité,
est irréelle par rapport à la
réalité. On se forme à une pensée
qui est intimement liée à la
réalité et qui peut aussi
s'orienter vers la réalité dans
les cas pratiques. L'autre pensée
n'est pas formée. La pensée
formée, qui tombe en quelque sorte
comme un sous-produit des efforts
spirituels scientifiques, a pour
effet que l'on devient un homme
pratique face aux exigences que la
vie pose aujourd'hui.
|
26
|
Sehen Sie, wenn man
meine «Geheimwissenschaft»
nehmen und lesen würde mit
derjenigen Gesinnung, die man
heute besonders liebt, dann ist
sie strohern, dann haben Sie
auch ein Recht, darüber zu
schimpfen. Sie ist nicht in der
Lage, Ihnen so viel zu sagen,
wie Ihnen gesagt wird, wenn Sie
sich in ein Kino setzen und da
Bilder vor Ihnen abrollen. Sie
brauchen nicht viel zu arbeiten.
Sie können da passiv sein. Wenn
Sie einem Vortrag zuhören, der
mit Lichtbildern gemacht wird,
können Sie auch schlafen. In den
Zwischenteilen können Sie Ihre
Aufmerksamkeit passiv den
Lichtbildern hingeben. Anders
schon ist es mit einem solchen
Vortrag, wie ich ihn mir
erlaube. Da muß man in einer
gewissen Weise selbst mitgehen,
wenn er eine Bedeutung haben
soll für den Menschen. Aber erst
in der Literatur — meine
«Geheimwissenschaft» hat für
niemand einen Inhalt, der nicht
darauf eingeht, sie selbst zu
erarbeiten. Sie ist
gewissermaßen nur eine Partitur,
und man muß sich den Inhalt aus
einer aktiven inneren Tätigkeit
selbst erarbeiten; dann hat man
ihn erst. Dadurch aber erwirbt
man sich als Betrachter dessen,
was der Geistesforscher erkundet
hat, dann erwirbt man sich
aktives Denken, jenes Denken,
das untertaucht in die
Wirklichkeit, das mit der
Wirklichkeit sich verbindet. Man
erwirbt sich ein Denken, das
nicht mehr sagt: Wenn wir die
Goldwährung einführen, werden
wir Freihandel begünstigen.
Dieses Denken, ganz außerhalb
der Wirklichkeit stehend, ist
unreal gegenüber der
Wirklichkeit. Man schult sich an
einem Denken, das mit der
Wirklichkeit innig verbunden ist
und das auch in praktischen
Fällen sich orientieren kann an
der Wirklichkeit. Das andere
Denken ist ungeschult. Das
geschulte Denken, das
gewissermaßen als ein
Nebenprodukt der
geisteswissenschaftlichen
Bestrebungen abfällt, bewirkt,
daß man gegenüber den
Forderungen, die heute das Leben
stellt, ein praktischer Mensch
wird.
|
C'est
pourquoi cette science de l'esprit
peut aussi faire valoir que les
praticiens apparents, les
praticiens illusoires qui - oui,
comment devrais-je dire, je n'ai
volontiers pas permission de dire,
grandiloquent - qui ont su de
manière grandiloquente tout ce qui
se passe dans la vie
commerciale/d'affaires et dans les
autres vies, et qui ont brisé la
vie comme elle a été brisée,
devront être remplacés par les
humains qui savent quelque chose à
dire sur le cours réel de la vie,
parce qu'ils ont appris à dire
quelque chose sur la vie dans la
mesure où elle concerne le rapport
de l'humain avec l'univers.
|
27
|
Deshalb darf auch
diese Geisteswissenschaft
geltend machen, die scheinbaren
Praktiker, die illusionären
Praktiker, die — ja, wie soll
ich sagen, großmäulig darf ich
wohl nicht sagen —, die
großmäulig alles gewußt haben,
was da wird im Geschäfts- und
anderen Leben, und die das Leben
so zerschlagen haben, wie es
zerschlagen worden ist, die
werden ersetzt werden müssen
durch diejenigen Menschen,
welche etwas zu sagen wissen
über den wirklichen Gang des
Lebens, weil sie gelernt haben,
etwas zu sagen über das Leben,
insofern es das Verhältnis des
Menschen zum Universum betrifft.
|
Là,
j'ai toujours à nouveau la
permission d'indiquer sur le fait,
qui peut être prouvé, que c'était
au début du printemps 1914,
lorsque j'ai dit à une petite
société à Vienne, dans l'endroit
d'où est parti l'incendie mondial
: Nous nous trouvons au cœur d'une
évolution sociale de l'Europe qui
nous montre comment la vie
publique souffre comme d'un
carcinome social, comme d'une
maladie sociale cancéreuse qui
doit se manifester de manière
redoutable dans un avenir proche.
- Ceci au début du printemps 1914.
|
28
|
Da darf ich immer
wiederum auf die Tatsache
hinweisen, die ja immerhin
nachweisbar dasteht, es war im
Früh-Frühling 1914, wo ich einer
kleinen Gesellschaft in Wien, in
jenem Orte, von dem der
Weltenbrand ausgegangen ist,
gesagt habe: Wir stehen in einer
sozialen Entwickelung Europas
drinnen, die uns zeigt, wie das
öffentliche Leben leidet wie an
einem sozialen Karzinom, wie an
einer sozialen Krebskrankheit, die
in der nächsten Zeit zum furcht‑
baren Ausbruch kommen muß. — Das
im Früh-Frühling 1914.
|
Un
peu plus tard, des hommes qui se
considèrent comme des praticiens,
par exemple le ministre allemand
des Affaires étrangères et le
ministre autrichien des Affaires
étrangères, ont dit presque dans
les mêmes termes à leurs
parlements ou délégations : "La
détente politique générale fait de
grands progrès. Nous entretenons
des relations amicales avec la
Russie et, grâce à ces relations
amicales, nous entrerons
prochainement dans une ère de paix
européenne. - En Allemagne, on a
dit : nous avons des négociations
avec l'Angleterre qui n'ont certes
pas encore abouti, mais qui
promettent d'aboutir dans un
avenir proche et d'engendrer une
relation de paix durable entre
l'Allemagne et l'Angleterre. -
Tout cela en mai 1914 environ !
C'est ce qu'ont dit les
praticiens. L'autre, qui a dit :
nous souffrons d'un carcinome
social, c'était le rêveur, le
fantaisiste, l'anthroposophe fou.
Mais les praticiens, ceux que les
gens ont écoutés, ont dit ce que
je vous ai mentionné. Leur
pratique s'est réalisée de telle
sorte que, dans les années qui ont
suivi, dix à douze millions de
personnes ont été tuées et trois
fois plus sont devenues infirmes !
|
29
|
Etwas später haben
fast gleichlautend Männer, die
sich ja auch für Praktiker
rechnen, zum Beispiel der
deutsche Auswärtige Minister,
der österreichische Auswärtige
Minister, ihren Parlamenten
beziehungsweise Delegationen
gesagt: Die allgemeine
politische Entspannung macht
großartige Fortschritte. Wir
sind in freundnachbarlichen
Verhältnissen zu Rußland, und
wir werden dank dieser
freundnachbarlichen Verhältnisse
demnächst in eine Epoche
europäischen Friedens eingehen.
— In Deutschland sagte man: Wir
haben Verhandlungen mit England,
die zwar noch nicht zum
Abschlusse gekommen sind, die
aber versprechen, in der
nächsten Zeit zum Abschlusse zu
kommen und ein langdauerndes
Friedensverhältnis zwischen
Deutschland und England
hervorrufen werden. — Das alles
etwa im Mai 1914! Das haben die
Praktiker gesagt. Der andere,
der gesagt hat: Wir leiden an
einem sozialen Karzinom, der war
der Träumer, der Phantast, der
verrückte Anthroposoph. Die
Praktiker aber, auf die die
Menschen gehört haben, die haben
gesagt, was ich Ihnen erwähnt
habe. Ihre Praktik hat sich so
erfüllt, daß in den nächsten
Jahren zehn bis zwölf Millionen
Menschen totgeschlagen worden
sind und dreimal so viel zu
Krüppeln!
|
Mais
comment les prédictions se sont
réalisées ici, comment le
monométallisme s'est réalisé,
comment les mesures prises par ces
praticiens apparents, qui sont
pourtant étrangers à la vie
réelle, se sont répercutées à
petite échelle, tout cela est
apparu au cours des cinq ou six
dernières années. Face à la
civilisation de l'humanité, la
science de l'esprit fait valoir
aujourd'hui comment il faut se
plonger dans le contenu de la
science de l'esprit pour appliquer
une telle pensée, qui n'est pas
seulement logique, mais conforme à
la réalité. J'ai dit expressément
que je ne les considère pas comme
stupides, les monométallistes,
mais je les considère comme des
gens dont la pensée ne peut pas
s'immerger dans la réalité, dont
la pensée est étrangère à la
réalité. Je sais combien de
personnes ne croient pas
aujourd'hui que c'est justement
par l'approfondissement spirituel
que l'on peut entrer dans la vie
réelle !
|
30
|
Wie sich aber hier die
Voraussagen erfüllt haben, wie
sich auf dem Gebiete des
Monometallismus erfüllt hat, wie
sich im Kleinen die Maßnahmen
auswirkten dieser scheinbaren
Praktiker, die dem wirklichen
Leben doch fremd gegenüberstehen,
das hat sich alles in den letzten
fünf bis sechs Jahren gezeigt.
Gegenüber der Zivilisation der
Menschheit macht
Geisteswissenschaft heute geltend,
indem sie sagt, wie man sich in
den Inhalt der Geisteswissenschaft
vertiefen muß, um ein solches
Denken anzuwenden, das nicht nur
logisch ist, sondern
wirklichkeitsgemäß. Ich sagte
ausdrücklich, ich halte sie nicht
für dumm, die Monometallisten,
aber ich halte sie für Leute,
deren Denken nicht untertauchen
kann in die Wirklichkeit, deren
Denken wirklichkeitsfremd ist. Ich
weiß, wie viele Menschen das heute
nicht glauben, daß man gerade
durch geistige Vertiefung
hineinkommt in das wirkliche
Leben!
|
C'est
ainsi que la science de l'esprit
se situe par rapport à l'esprit de
notre temps ; c'est ainsi qu'elle
se situe par rapport au manque
d'esprit/non-esprit de notre
temps. Comment ce manque
d'esprit/non esprit se
manifeste-t-il ? Eh bien,
l'humanité n'a reçu
l'intellectualisme qu'au cours des
trois ou quatre derniers siècles.
Elle s'est développée à partir
d'une sagesse originelle, qui
était toutefois plus instinctive,
plus onirique, et qui a donc dû
s'éteindre. L'intellectualité a dû
apparaître. Nous sommes arrivés à
un point de l'évolution
intellectualiste dont nous devons
à nouveau nous éloigner afin de
reconnaître à nouveau le
spirituel, ce que le simple
intellect ne pourra jamais faire.
Tout, même notre science, la
médecine, la jurisprudence, toutes
les sciences particulières sont
aujourd'hui parvenues à
l'éloignement de la réalité, à
l'exception des seules sciences
inorganiques et de la technique
avec son cortège. C'est ainsi que
l'intellectualité a dû se
développer au cours des derniers
siècles. Il y avait autrefois une
connaissance spirituelle
instinctive, elle s'est assoupie
pendant un certain temps. Une
nouvelle connaissance spirituelle
doit de nouveau la remplacer.
|
31
|
So steht
Geisteswissenschaft zum Geiste
unserer Zeit; so steht sie zum
Ungeiste unserer Zeit. Wie äußert
sich dieser Ungeist? Nun, die
Menschheit hat eigentlich den
Intellektualismus erst in den
letzten drei bis vier
Jahrhunderten erhalten. Sie hat
sich entwickelt aus einer
Urweisheit heraus, die allerdings
mehr instinktiv, mehr traumhaft
war, die daher abglimmen mußte.
Die Intellektualität mußte
aufkommen. Wir sind an einem
Punkte der intellektualistischen
Entwickelung angekommen, von dem
wir uns wieder entfernen müssen,
um wiederum Geistiges zu erkennen,
was der bloße Intellekt niemals
kann. Alles, auch unsere
Wissenschaft, Medizinisches,
Jurisprudenz, alle einzelnen
Wissenschaften sind bei
Wirklichkeitsfremdheit heute
angelangt, mit Ausnahme allein der
unorganischen Wissenschaften und
der Technik mit ihrem Gefolge. So
hat sich die Intellektualität in
den letzten Jahrhunderten
entwickeln müssen. Es war früher
eine instinktive geistige
Erkenntnis da, sie ist abgedämmert
eine Weile. Eine neue geistige
Erkenntnis muß sie wieder
ersetzen.
|
Mais
nous avons en nous l'héritage de
cette ancienne connaissance
spirituelle, et l'une des parties
les plus importantes de cet
héritage, c'est notre langue
elle-même, ce sont toutes nos
langues de civilisation. Ce qui
vit dans notre langue n'est pas
issu d'une vision du monde telle
qu'elle a été pratiquée au cours
des trois ou quatre derniers
siècles. Si les humains n'avaient
pas déjà eu les langues, à partir
d'une telle activité de l'âme
telle qu'elle a conduit à
l'intellectualisme, les humains
n'auraient jamais développé les
langues. Les langues sont un
héritage ancien. Elles sont issues
d'une époque où l'on saisissait,
même instinctivement, le
spirituel. Que sont-elles devenues
à l'époque de l'intellectualisme ?
Elles sont devenues ce qui a peu à
peu amené notre vie publique à
l'état de phraséologie/puissance
de la phrase. Nous vivons parce
que nous avons perdu l'ancien
contenu spirituel substantiel qui
était dans le mot, nous vivons
avec le langage dans la phrase et
nous sommes obligés de trouver à
nouveau un contenu substantiel
pour nos langues par un
approfondissement spirituel. Or,
la phrase est la sœur du mensonge.
Et demandez-vous comment le
mensonge a triomphé dans le monde
au cours des cinq ou six dernières
années, comment nous vivons dans
l'ère de la phrase ! Notre vie
spirituelle est entièrement placée
sous le signe de la phrase. C'est
l'esprit pervers de la vie
spirituelle actuelle : la
phraséologie/puissance de phrase.
Nous ne sortirons de la
phraséologie, de cette partie du
non-esprit, que si nous pouvons à
nouveau nous remplir de la science
de l'esprit anthroposophique. Si
l'on veut un contenu spirituel
avec une substance spirituelle,
alors nos mots résonneront à
nouveau de contenus spirituels.
Aujourd'hui, l'humain prononce des
mots et des mots parce qu'il a
perdu le contenu spirituel. C'est
l'un des points sur lequel est
indique du côté spirituel
scientifique dans la pensée de
triarticulation pour l'organisme
social, que la vie de l'esprit est
dominée par la phrase, et qu'un
chemin doit être cherché - nous
aurons encore à parler de ce
chemin dans les prochains jours -,
pour faire entrer à nouveau un
contenu substantiel dans nos
paroles à partir de la vie de
l'esprit. C'est la première tâche
que nous avons face au non-esprit
de notre temps.
|
32
|
Aber wir haben die
Erbschaft dieser alten geistigen
Erkenntnis in uns, und eines der
bedeutendsten Teile dieser
Erbschaft, das ist unsere
Sprache selbst, das sind alle
unsere Zivilisationssprachen.
Dasjenige, was in unserer
Sprache lebt, ist nicht
hervorgegangen aus einer solchen
Weltbetrachtung, wie sie in den
letzten drei bis vier
Jahrhunderten geübt wurde.
Hätten die Menschen nicht schon
die Sprachen gehabt, aus einer
solchen Seelenbetätigung heraus,
wie sie zum Intellektualismus
geführt hat, hätten die Menschen
nimmermehr die Sprachen
entwickelt. Die Sprachen sind
altes Erbgut. Sie sind
hervorgegangen aus einer Zeit,
in der man, wenn auch
instinktiv, das Geistige erfaßt
hat. Was sind sie geworden in
der Zeit des Intellektualismus?
Sie sind zu dem geworden, was
unser öffentliches Leben
allmählich in den Zustand der
Phrasenhaftigkeit gebracht hat.
Wir leben, weil wir den alten
geistigen substantiellen Inhalt
verloren haben, der in dem Worte
war, wir leben mit der Sprache
in der Phrase und wir sind
darauf angewiesen, durch
geistige Vertiefung wiederum
substantiellen Gehalt für unsere
Sprachen zu finden. Die Phrase
aber ist die Schwester der Lüge.
Und fragen Sie sich unbefangen,
wie die Lüge ihren Siegeszug in
den letzten fünf bis sechs
Jahren durch die Welt getragen
hat, wie wir in dem Zeitalter
der Phrase leben! Unser
geistiges Leben steht ganz im
Zeichen der Phrase. Das ist der
Ungeist im geistigen Leben der
Gegenwart: die
Phrasenhaftigkeit. Aus der
Phrasenhaftigkeit, aus diesem
Teil des Ungeistes kommen wir
nur heraus, wenn wir uns wieder
erfüllen können mit der
anthroposophischen
Geisteswissenschaft. Will man
geistigen Inhalt mit geistiger
Substanz, dann werden durch
unsere Worte wiederum geistige
Inhalte klingen. Heute redet der
Mensch Worte und Worte, weil er
den geistigen Inhalt verloren
hat. Das ist der eine Punkt,
worauf hingewiesen wird von
geisteswissenschaftlicher Seite
aus in dem
Dreigliederungsgedanken für den
sozialen Organismus, daß das
Geistesleben von der Phrase
beherrscht ist, daß ein Weg
gesucht werden muß — wir werden
über diesen Weg noch zu sprechen
haben in den nächsten Tagen —,
um von dem Geistesleben aus
wiederum in unsere Worte hinein
substantiellen Inhalt
hineinzubringen. Das ist die
erste Aufgabe, die wir
gegenüber dem Ungeist unserer
Zeit haben.
|
La
deuxième chose est qu'il est
apparu clairement que ce temps
récent est entièrement sous
l'influence de la motivation de
vouloir développer une vie
démocratique, véritablement
démocratique. Cela a saisi les
humains comme sinon la maturité
sexuelle ou d'autres périodes de
la vie saisissent l'humain
individuel. Depuis le milieu du
XVe siècle, l'appel à la
démocratie, à la vraie démocratie,
se fait de plus en plus valoir
dans l'ensemble du monde civilisé.
Et qu'est-ce que la vraie
démocratie ? Honnêtement, la
démocratie est une cohabitation
des humains au sein de l'organisme
social tel que chaque personne
devenue majeure se trouve sur un
pied d'égalité avec toute autre
personne majeure. Cela ne peut pas
être développé en rapport à la vie
de l'esprit, car là, ce sont les
facultés dont il s'agit. La vie
intellectuelle doit être séparée
sur son propre terrain. La
démocratie peut seulement englober
la vie politique. Mais qu'est
devenue la vie politique ? Parce
que l'impulsion de former la
démocratie est là, mais que cette
impulsion est partout interrompue
sous l'influence du non- esprit
matérialiste moderne - qu'est
devenue cette vie ? Au lieu d'une
cohabitation juridique, au lieu
d'une véritable vie juridique née
à partir de l'intérieur de
l'humain, elle est devenue une vie
de convention. De même que dans la
vie de l'esprit nous vivons dans
la phrase, de même dans la vie de
droit nous vivons dans les
conventions, dans ce qui est fixé
par mesure de paragraphes,
auxquels l'humain n'appartient pas
avec son âme, mais auquel il obéit
en étant fixé par convention par
un pouvoir absolu ou par exemple
par une démocratie. La deuxième
chose que veut la science de
l'esprit en ce en rapport à la
triarticulation de l'organisme
social, c'est fonder une
démocratie réelle dans le domaine
où la démocratie peut être. De
sorte que la convention soit
remplacée par ce qui doit résulter
du plus intérieur de la nature
humaine entre des humains devenus
majeurs également justifiés.
|
33
|
Das zweite ist: Es
hat sich deutlich ergeben, daß
diese neuere Zeit ganz unter dem
Einfluß steht des Triebes,
demokratisches, wahrhaftig
demokratisches Leben entwickeln
zu wollen. Das hat die Menschen
ergriffen, wie sonst den
einzelnen Menschen die
Geschlechtsreife erfaßt oder
andere Perioden des Lebens. Seit
der Mitte des 15. Jahrhunderts
macht sich immer mehr und mehr
geltend in der ganzen
zivilisierten Welt der Ruf nach
Demokratie, nach wahrer
Demokratie. Und was ist wahre
Demokratie? Ehrlich erfaßt ist
Demokratie ein solches
Zusammenleben der Menschen im
sozialen Organismus, daß jeder
Mündiggewordene als
Gleichberechtigter jedem anderen
Mündiggewordenen gegenübersteht.
Das kann nicht entwickelt werden
mit Bezug auf das Geistesleben;
denn da kommt es auf die
Fähigkeiten an. Das Geistesleben
muß auf seinem eigenen Boden
abgesondert werden. Die
Demokratie kann nur umfassen das
politische Leben. Aber was ist
das politische Leben geworden?
Weil der Trieb zwar da ist,
Demokratie zu bilden, aber
dieser Trieb überall
unterbrochen wird unter dem
Einfluß des modernen
materialistischen Ungeistes —
was ist dieses Leben geworden?
Es ist geworden statt eines
rechtlichen Zusammenlebens,
statt des wirklichen, vom
Inneren des Menschen heraus
geborenen Rechtslebens, ein
Leben der Konvention. Wie wir im
Geistesleben in der Phrase
leben, so im Rechtsleben in den
Konventionen, in dem, was
paragraphenmäßig festgesetzt
ist, dem der Mensch nicht mit
seiner Seele angehört, sondern
gehorcht, indem es von einer
absoluten Macht oder zum
Beispiel einer Demokratie
konventionell festgesetzt wird.
Das zweite, das
Geisteswissenschaft mit Bezug
auf die Dreigliederung des
sozialen Organismus will, ist:
Wirkliche Demokratie auf dem
Gebiet, wo Demokratie sein kann,
begründen. So daß die Konvention
ersetzt wird durch dasjenige,
was sich vom Innersten der
Menschennatur heraus unter
gleichberechtigten
mündiggewordenen Menschen
ergeben muß.
|
Et
sur un troisième domaine, celui de
la vie de l'économie, nous devons
substituer à l'unité économique,
au calcul des rapports, un
véritable juger économique, qui
s'établira de la manière que
j'indiquerai également dans les
prochains jours, mais que vous
trouverez aussi notamment dans mes
"Points essentiels de la question
sociale". Ce juger économique est
né au non-esprit des temps
récents. L'humain est devenu un
routinier au lieu d'un véritable
praticien économique, un routinier
qui se tient simplement dans le
tissu dans lequel la naissance ou
d'autres rapports de la vie l'ont
placé. L'humain n'est pas un
véritable praticien dans le
domaine de la vie économique, mais
un routinier sous l'emprise d'un
non-esprit façonné par puissance
d'instinct. Nous vivons sous le
non-esprit de la phrase, de la
convention, de la routine. Nous
n'en sortirons pas si nous ne
remplissons pas aussi bien la vie
de droit que la vie de l'esprit,
que la vie de l'économie avec ce
que nous pouvons acquérir comme
sens de la réalité, comme sens de
l'esprit, à partir des activités
de la science de l'esprit.
|
34
|
Und auf einem
dritten Gebiet, dem Gebiet des
Wirtschaftslebens, haben wir an
die Stelle der wirtschaftlichen
Einheit, des Errechnens der
Verhältnisse, ein wirkliches
wirtschaftliches Urteilen zu
setzen, das sich auf die Weise
ergeben wird, wie ich es auch in
den nächsten Tagen andeuten
will, was Sie aber auch
namentlich in meinen
«Kernpunkten der sozialen Frage»
finden werden. Dieses
wirtschaftliche Urteilen ist
aufgetreten an dem Ungeiste der
neueren Zeit. Der Mensch ist ein
Routinier statt ein wirklicher
wirtschaftlicher Praktiker
geworden, ein Routinier, der
einfach drinnensteht in dem
Gewebe, in das ihn gerade Geburt
oder sonstige Verhältnisse des
Lebens hineingestellt haben. Der
Mensch ist nicht wirklicher
Praktiker auf dem Gebiete des
Wirtschaftslebens, sondern
Routinier unter einem triebhaft
gestalteten Ungeist. Wir leben
unter dem Ungeist der Phrase,
der Konvention, der
Routiniertheit. Wir kommen
nicht heraus, wenn wir nicht
erfüllen sowohl das Rechtsleben,
wie das Geistesleben, wie das
Wirtschaftsleben mit demjenigen,
was wir uns an
Wirklichkeitssinn, an Geistsinn
aneignen können aus dem Treiben
der Geisteswissenschaft heraus.
|
Maintenant,
les humains se tiennent encore à
distance sur de telles choses. En
rapport à ce que l'on peut se
référer à ce qui est le plus
important et qui se trouve
vraiment immédiatement dans la vie
pratique, les humains en restent
souvent au jugement qu'il s'agit
justement d'une rêverie, d'une
fantaisie et ainsi de suite. Oui,
les humains sont justement ainsi.
Ici, en Suisse, a vécu un homme
dans les années 70 du siècle
dernier, Johannes Scherr. Il était
en beaucoup de relation un
polémiste, il déversait ses
critiques acerbes sur tout et
n'importe quoi, comme un humain
polémique. Mais dans sa polémique
reposait souvent un jugement très
sain. Ce Johannes Scherr a dit, en
se basant sur une certaine
compréhension de ce qu'il a vu à
son époque : "Si cela continue, si
les hommes ne font que poursuivre
le matérialisme dans la
connaissance, si dans la vie
politique et sociale extérieure
ils ne font que poursuivre une
économie financière telle qu'elle
se développe actuellement, où
chacun ne prend en compte que ses
intérêts financiers ou
industriels, poursuit son égoïsme,
si cette agitation se poursuit,
alors le temps viendra où l'humain
devra dire : "non-sens, tu as
vaincu !
|
35
|
Nun, die Menschen sehen
heute noch über solche Dinge
hinweg. Mit Bezug auf das, daß man
hinweisen kann auf Wichtigstes,
was wirklich unmittelbar im
praktischen Leben drinnensteht,
bleiben die Menschen eben oftmals
bei dem Urteil, das sei eben eine
Träumerei, eine Phantastik und so
weiter. Ja, die Menschen sind eben
so. Hier in der Schweiz hat ein
Mensch gelebt in den siebziger
Jahren des vorigen Jahrhunderts,
Johannes Scherr. Er war in vieler
Beziehung ein Polterer, er hat
seine bissige Kritik über alles
mögliche ergossen, eben wie ein
polternder Mensch. Aber in seinem
Poltern liegt oftmals ein sehr
gesundes Urteil. Dieser Johannes
Scherr hat aus einer gewissen
Einsicht in das, was er in seiner
Zeit gesehen hat, gesagt: Wenn das
so fortgeht, wenn die Menschen in
der Erkenntnis bloß dem
Materialismus nachjagen werden,
wenn sie im äußeren politischen,
sozialen Leben bloß einer
Finanzwirtschaft nachjagen
werden, wie sie jetzt entfacht
wird, wo jeder nur seine
finanziellen oder industriellen
Interessen in Betracht zieht,
seinem Egoismus nachgeht, wenn
dieses Treiben fortgeht, dann wird
die Zeit kommen, wo der Mensch
wird sagen müssen: Unsinn, du hast
gesiegt!
|
J'aimerais
savoir qui, avec un sens
impartial, n'a pas dû se tenir
debout ces dernières années et
encore maintenant, lorsqu'il voit
ce qui se passe ici et là dans le
monde, lorsqu'il voit comment on
agit à l'encontre de tout ce qui
pourrait seulement être bénéfique
à l'humanité dans le monde entier,
lorsqu'on s'est tenu dans ces
conditions, en particulier pendant
la conduite à l'absurde de la
civilisation actuelle dans cette
guerre, comment il n'a pas dû se
dire : maintenant, le temps est
venu où il ne faut pas dire :
non-sens, tu as vaincu, comme
Johannes Scherr ; mais : non-sens,
tu as décidé !
|
36
|
Ich möchte wissen,
wer mit unbefangenem Sinn sich
nicht hinstellen mußte in den
letzten Jahren und noch jetzt,
wenn er sieht, was da und dort
in der Welt geschieht, wenn er
sieht, wie entgegengehandelt
wird alledem, was der Menschheit
nur förderlich sein könnte, Welt
die ganze zivilisierte ` elt
hindurch, wenn man sich
insbeson‑ dere während des
Ad-absurdum-Führens der
gegenwärtigen Zivilisation in
diesem Kriege hineingestellt hat
in diese Verhältnisse, wie er
nicht sich hat sagen müssen:
Nun, die Zeit ist gekommen, wo
man nicht sagen müßte: Unsinn,
du hast gesiegt, wie Johannes
Scherr; sondern: Unsinn, du hast
entschieden!
|
Je
développerai le reste dans les
prochains jours. Aujourd'hui, je
voulais dire en introduction que
la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, telle
qu'elle est pensée ici, n'aimerait
pas participer à l'instauration
d'un état dans lequel on devra
dire de plus en plus : "non-sens,
tu as décidé - mais à
l'instauration d'un contexte dans
lequel, à partir de la capacité
humaine la plus intime, à partir
de la connaissance humaine la plus
intime et la plus réelle, on devra
dire : nous pouvons à nouveau
apporter du sens dans la vie, un
sens constructif. C'est à cela que
la science de l'esprit aimerait
travailler.
|
37
|
Das weitere will ich in
den nächsten Tagen entwickeln.
Heute wollte ich einleitungsweise
sagen, daß anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft,
wie sie hier gemeint ist, nicht
sich beteiligen möchte an der
Herbeiführung eines Zustandes, in
welchem man immer mehr und mehr
wird sagen müssen: Unsinn, du hast
entschieden —, sondern an der
Herbeiführung eines Zustandes, in
dem aus innerster
Menschentüchtigkeit, aus
innerlichster wirklicher
Menschenerkenntnis heraus man wird
sagen müssen: Sinn können wir
wiederum in das Leben bringen,
aufbauenden Sinn. Daran möchte
Geisteswissenschaft arbeiten.
|
Et
elle puise sa force dans la foi,
qui est bien plus qu'une pure
croyance, dans la conviction que
le temps devra venir dans lequel
le non-esprit de la phrase, le
non-esprit de la convention, le
non d'esprit de la routine devra
être vaincu par l'esprit qui, à
partir d'une connaissance plus
profonde, parle à nouveau du sens
de la vie. Car la science de
l'esprit doit être de la
conviction : ce n'est pas le
manque d'esprit qui conduira les
humains à une évolution salutaire
de leur vie, mais uniquement
l'esprit. C'est pourquoi la
science de l'esprit veut, aussi
fortement qu'elle le peut, lancer
un appel à l'esprit et à sa
véritable connaissance face aux
besoins du présent et du futur
immédiat.
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38
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Und ihre Kraft
schöpft sie aus dem Glauben, der
doch wohl mehr als ein bloßer
Glaube ist, aus der Überzeugung,
daß die Zeit wird kommen müssen,
in der der Ungeist der Phrase,
der Ungeist der Konvention, der
Ungeist der Routiniertheit wird
besiegt werden müssen durch den
Geist, der aus einer tieferen
Erkenntnis heraus wiederum von
dem Sinn des Lebens spricht.
Denn Geisteswissen‑schaft muß
der Überzeugung sein: Nicht der
Ungeist wird die Menschen zu
einer heilsamen Entwickelung
ihres Lebens führen, sondern
allein der Geist. Daher möchte
Geisteswissenschaft, so stark
sie es nur kann, gegenüber den
Bedürfnissen gerade der heutigen
Gegenwart und der nächsten
Zukunft den Ruf nach dem Geiste
und nach seiner wahren
Erkenntnis erheben.
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Français
seulement
LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE) PAR
RAPPORT À L'ESPRIT ET AU NON-ESPRIT DANS LE
PRÉSENT
Première conférence, Bâle, 4 mai 1920
Exemples de la pratique de la vie actuelle.
Anthroposophie et vie pratique. La
connaissance de l'être humain en devenir. Le
dépassement de la pensée ordinaire par la
méditation. Du développement de la vie de
volonté. Le développement de la pensée et de
la volonté et leur relation à la vie
prénatale et après la mort. Entraînement de
l'esprit et réalité de la vie.
01
Dans ces trois conférences, je voudrais, d'un
certain côté, donner une sorte d'image résumée
du vouloir du mouvement spirituel
scientifique, de ce vouloir qui résulte des
tâches clairement visibles du présent lui-même
et de ce que l'on peut reconnaître comme
tâches de l'humanité pour le futur proche.
02
J'aimerais aujourd'hui, dans une sorte
d'introduction, faire des remarques sur
l'essence de la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement et sur la nécessité d'un
mouvement spirituel scientifique à l'intérieur
de la vie de civilisation du présent. Demain,
j'aimerais montrer en particulier comment
cette science de l'esprit conduit à une
connaissance plus profonde, à une connaissance
pleinement saisie de l'être humain d'âme et
d'esprit, et de là à un approfondissement de
la conscience morale. J'aimerais aussi montrer
comment cette science de l'esprit doit se
situer par rapport aux confessions religieuses
de l'époque actuelle, et j'aimerais enfin
montrer, dans le troisième exposé, comment la
calamité actuelle provient des particularités
psychologiques des peuples actuellement
répandus sur la terre, comment elles sont
issues de l'évolution historique de ces
peuples. Ainsi, j'aimerais en quelque sorte
passer d'une caractéristique de la science de
l'esprit à une réflexion sur la civilisation
actuelle, éclairée du point de vue spirituel
scientifique.
03
Quand on entend parler aujourd'hui,
extérieurement, superficiellement, comme cela
correspond déjà à l'esprit de beaucoup de nos
contemporains, de quelque chose comme le
mouvement spirituel dont l'édifice de Dornach
est le représentant extérieur, on a tout de
suite le sentiment que quelque chose comme ça
ne peut être en fait que pour le dimanche, car
tous les jours de la semaine, les humains ont
leurs occupations utiles, qui sont réglées,
qui ont peut-être montré une fois de grandes
irrégularités en raison d'un événement
quelconque dans les quatre ou cinq ans, mais
qui sont reconstruites dans la mesure où elles
ont été détruites - mais on n'a pas la
sensation qu'une telle chose, qui a à voir
avec ces tâches quotidiennes de l'humanité,
puisse naître d'un mouvement spirituel. C'est
ainsi qu'est née l'opinion selon laquelle tout
ce dont l'édifice de Dornach est le
représentant extérieur est justement un
mouvement sectaire, une sorte de nouvelle
formation religieuse, laissant tout au plus à
ceux qui s'attachent à l'ancien avec un
certain fanatisme issu de l'une ou l'autre
raison le soin de chercher toutes les formes
de lutte possibles contre un tel mouvement.
04
Maintenant, mes très chers présents,
j'aimerais aujourd'hui, en plus de tout le
reste, attirer l'attention sur ce que le
mouvement spirituel, qui est pensé ici en tant
que mouvement orienté anthroposophiquement, a
été ces dernières semaines à déployer des
activités très pratiques. Comme en d'autres
lieux, une activité très pratique est en cours
ici aussi, en ce qu'est tenté d'opposer une
construction à la vie actuelle en déclin par
le biais d'une - s'il vous plaît, cela peut
même paraître paradoxal si l'on parle au nom
d'un mouvement spirituel scientifique -
"société anonyme pour la promotion des valeurs
économiques et spirituelles". Des activités
très pratiques doivent être lancées
prochainement. Il s'agira aussi de montrer
comment ce qui est pensé par mouvement
spirituel scientifique orienté
anthroposophiquement humaines n'est vraiment
pas une somme de sermons du dimanche
après-midi, mais quelque chose qui est
intimement pendant à ce dont notre époque a
besoin en termes de nouvelles impulsions dans
la vie pratique.
05
Laissez-moi donc aussi partir d'une
présentation caractéristique de la vie
pratique dans une certaine direction, pour
pouvoir ensuite caractériser plus intimement
le vouloir de la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement. Certaines personnes qui
veulent aujourd'hui réformer la vie sociale
par plus ou moins d'idéologie, d'utopisme, ont
déjà remarqué ce que je veux signaler
maintenant, mais elles ne l'ont pas remarqué
de telle sorte qu'elles aient pu regarder le
principal dont il s'agit.
06
Si l'on suit les différents mouvements du XIXe
siècle qui, depuis le milieu du siècle,
visaient à remplacer la monnaie d'or et
d'argent, la double monnaie, par la monnaie
d'or en tant que monnaie unique, on peut
remarquer que ces partisans du, disons,
monométallisme, abordaient la question d'un
point de vue très précis. Ils disaient - et on
peut le constater dans d'innombrables rapports
parlementaires des représentations populaires
européennes - que sous l'influence de la
monnaie unique en or, le libre-échange devait
se développer dans l'ensemble du monde
civilisé, le libre-échange étant le véritable
vecteur d'une vie économique sans entraves,
qui ne serait pas entravée par toutes sortes
de barrières douanières, de droits de douane
protecteurs, etc. On a parlé sur tous les tons
possibles de la promotion du libre-échange par
le monométallisme, par la monnaie-or. Mais que
s'est-il passé sous l'influence de la
monnaie-or ? C'est précisément là où cette
monnaie-or a pénétré de manière radicale
qu'est apparu partout le contraire de ce que
les praticiens économiques avisés avaient
prédit ! Partout, il est apparu nécessaire de
recourir à des droits de douane protecteurs, y
compris dans les États américains. Cela
signifie que ceux qui ont parlé de la
monnaie-or sur la base de leur connaissance
pratique de la vie ou de la science économique
nationale se sont presque tous trompés sur ce
qui s'enracinait dans la réalité.
07
On peut maintenant dire : les humains ont-ils
donc tous été stupides ? Les humains
n'avaient-ils vraiment aucune logique ?
Ont-ils si peu compris la vie que le contraire
de ce qu'ils avaient prédit s'est produit ? Je
ne suis pas d'avis que les gens qui se sont
prononcés en faveur du libre-échange au cours
du XIXe siècle n'étaient que des imbéciles, je
trouve même que c'étaient des gens très
intelligents, qu'ils ont parlé avec une
logique aiguë et qu'ils n'ont pourtant rien
touché de la réalité ! Ce qui n'est pas
reconnu lorsque l'on discute aujourd'hui d'un
tel sujet, c'est que l'on peut être très
intelligent dans le sens de la manière de
penser qui s'est développée au cours des trois
ou quatre derniers siècles dans le monde
civilisé, et pourtant être étranger à la
réalité dans son jugement, que l'on peut se
considérer comme un grand praticien et donner
les conseils les plus impraticables qui
soient. Et au fond, ce sont ces conseils peu
pratiques qui ont conduit l'humanité à sa
terrible catastrophe au cours des dernières
décennies. On a pu voir, notamment en
Allemagne, comment la maîtrise réelle de
l'état des choses est passée peu à peu au
jugement des grands ou petits dirigeants
industriels et commerciaux de l'État. D'autres
personnes sont devenues plus ou moins
dépendantes des dirigeants industriels et
commerciaux. L'influence des dirigeants
commerciaux et industriels était bien plus
grande qu'on ne le pense. Ce n'est que pendant
la guerre qu'il est apparu à quel point tout
écoutait en fait les jugements de ces
côtés-là, et à quel point les jugements de ces
côtés-là sont devenus fatals.
08
Et c'est à cela que l'on pouvait voir que
toute la vie publique s'additionne en quelque
sorte à partir du jugement de ces prétendus
praticiens. Mais cela a donné la somme qui
s'est abattue comme une catastrophe fatale sur
l'humanité civilisée au cours des cinq à six
dernières années et qui est loin d'être close.
09
Ce qui incite la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement à se manifester, c'est la
remarque de ce fait. C'est la raison pour
laquelle, précisément du côté où l'on fait
valoir cette science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, il faut toujours et à
nouveau attirer l'attention sur la mise en
pratique de cette science de l'esprit. Je sais
combien cela a surpris certaines personnes,
même le petit groupe ici à Bâle, lorsque j'ai
fait remarquer, il y a de nombreuses années,
que nous avions commencé par une activité pour
ainsi dire semi-pratique, à savoir la
représentation de jeux de mystères. Certains
"mystiques" ont déjà considéré que c'était
quelque chose que l'on ne devait pas faire,
car on s'associe déjà d'une certaine manière à
des mesures pratiques dont on a besoin. Mais
j'ai dit à l'époque : mon idéal ne serait pas
seulement d'organiser des jeux, mais de
développer une activité bancaire, afin
d'imprégner précisément les aspects les plus
pratiques de la vie de la manière de penser
qui est nécessaire si l'on veut pratiquer une
science spirituelle fructueuse. J'ai toujours
dû être convaincu, sur la base d'éléments
objectifs, que ce n'est pas par une pensée
malsaine et courte que l'on parvient aux
résultats auxquels la science de l'esprit veut
aboutir, mais précisément par une pensée
saine, prudente et présente à l'esprit, et que
l'on peut apprendre à la science de l'esprit à
former la pensée comme on n'a justement pas pu
le faire sous l'approche matérialiste des
derniers siècles ; que l'on peut justement
devenir pratique pour la vie grâce à la
manière de penser saine qui est nécessaire si
l'on pratique la science de l'esprit dans le
sens où on l'entend ici. J'aimerais dire que
le traitement sain de la vie est en quelque
sorte un produit secondaire. Si l'on veut
acquérir par la science de l'esprit non pas
une compréhension stupide et nébuleuse, mais
une véritable compréhension de l'être
cosmique, on est contraint de développer non
pas une pensée bavarde et nébuleuse, mais une
pensée d'une clarté bien plus grande que celle
à laquelle on est habitué aujourd'hui dans la
science. Et si l'on développe cette pensée, si
l'on se donne la peine de comprendre ce que la
science de l'esprit veut faire comprendre,
alors on éduque la pensée de telle sorte que
l'on puisse aussi penser correctement et de
façon appropriée dans les domaines pratiques
de la vie et que l'on ne prédise plus que le
monométallisme développera le libre-échange
lorsque les conditions sont telles que sous la
monnaie d'or viennent justement les droits de
douane protecteurs !
10
C'est précisément de ce type d'observation du
monde, que l'on appelle ici l'anthroposophie,
que naît la pratique de la vie, la véritable
immersion dans la réalité, par opposition au
matérialisme, qui tend partout vers
l'intellectuel, vers la pure observation
extérieure du monde, et qui reste stérile, à
l'exception du seul domaine où il a pu être
fécond, où il a mené de triomphe en triomphe :
celui de la technique extérieure. Mais pour
voir clairement dans cette direction, il est
nécessaire que ce que j'ai développé ici au
cours des années, sous les angles les plus
divers, sur la nature de la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement, soit
encore une fois touchée aujourd'hui, au moins
en quelques mots. La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement part au fond de
l'activité de l'âme humaine la plus intime.
Elle fait justement de cette activité de l'âme
humaine la méthode de recherche en science de
l'esprit. Mais en explorant par cette science
de l'esprit ce qui se trouve dans les
profondeurs de la nature humaine en tant
qu'activité, en tant qu'essence, l'humain est
en même temps orienté vers l'univers entier,
vers l'univers naturel et vers l'univers
social. L'humain pénétrera dans les
profondeurs du monde précisément parce qu'il
apprendra à regarder de manière appropriée
dans les profondeurs de son propre être.
11
La science de l'esprit doit partir de deux
choses dans l'expérience humaine :
premièrement, d'un développement
supplémentaire de la vie de représentation et
deuxièmement, d'un développement
supplémentaire de la vie de la volonté. Dans
un certain sens, nous développons ce qui est
représenté, pensé, soit pour le monde pratique
extérieur, soit pour la science courante. Et
nous développons notre volonté dans la mesure
où nous sommes engagés, je dirais, dans des
conditions sociales instinctivement poussées
vers le haut. Mais la science de l'esprit
conduit à reconnaître que, de même que l'on
peut développer les forces non encore
développées de l'enfant de telle sorte qu'il
puisse ensuite, en tant qu'adulte, se placer
dans le monde avec un certain représenter,
avec un certain vouloir, de même on peut
développer plus loin le représenter et le
vouloir quotidien et aussi scientifique que ce
que l'humain fait aujourd'hui par une certaine
commodité. Pour cela, il est toutefois
nécessaire qu'on s'acquière d'abord, dans un
certain sens, une connaissance correcte de
l'humain. Il faut acquérir la possibilité de
regarder l'humain en devenir. Il faudra de
toute façon apprendre à regarder l'humain en
devenir, ce qui est une nécessité pour
réformer le système éducatif. Ce système
éducatif devra être réformé. On le fera quand
on reconnaîtra qu'une grande partie du
désarroi social actuel provient d'un système
d'éducation et d'enseignement défaillant. Mais
on ne pourra pas réformer plus tôt l'éducation
tant que l'on n'aura pas considéré avec une
réelle compétence l'humain en devenir, cet
humain en devenir qui représente dans chaque
exemplaire individuel une énigme qui, dans un
certain sens, doit être résolue. Nous
observons l'enfant en devenir. Quels
événements merveilleux nous rencontrons
lorsque nous observons l'enfant dans les
premières semaines, les premiers mois, les
premières années de sa croissance, lorsque
nous ne regardons pas ce qui se passe de
semaine en semaine, de mois en mois, d'année
en année, mais que nous nous plongeons dans
cet humain en devenir : quelles merveilles des
événements, des événements du monde, nous
rencontrons alors !
12
D'habitude, on ne regarde par exemple que
l'aspect extérieur d'une chose comme le
changement de dents. On ne considère pas ce
qui se passe en même temps que le changement
de dents comme une transformation complète de
l'état d'âme de l'enfant. Jusqu'au changement
de dents, l'enfant vit de telle sorte que son
instinct le plus intime est l'imitation de ce
qui se passe dans son entourage par les
humains, notamment par ces humains avec
lesquelles il a grandi par le sang ou
l'éducation. Nous pouvons comprendre chaque
mouvement de la main que fait l'enfant si nous
savons comment l'enfant s'abandonne aux
humains de son entourage ; et au fond, chaque
mouvement de la main est une imitation, même
si parfois l'imitation se dissimule. Mais
celui qui sait observer remarque que, par
exemple, dans la formation du langage, il y a
aussi un rattachement, un rattachement par
imitation à l'environnement.
13
Nous voyons ainsi comment l'enfant est un
imitateur dans les premières années de sa vie.
Et en observant l'enfant de cette manière, en
voyant comment, de semaine en semaine, de mois
en mois, d'année en année, ce qui se transmet
ensuite dans la forme, dans le geste, dans le
mouvement et l'action, dans le son, dans la
pensée, grandit à partir des profondeurs les
plus intimes, si nous observons cela chez
l'enfant, nous remarquerons - si l'on ne peut
pas faire autrement, nous arriverons d'abord
par hypothèse à la représentation - comment le
psycho-spirituel travaille maintenant sur le
corporel. Et si l'on se plonge dans une telle
observation, si l'on regarde comment le
psycho-spirituel travaille sur le corporel,
alors on ne peut faire autrement que de suivre
ce travail du psycho-spirituel sur le corporel
jusqu'au plus profond de soi. On se dira alors
qu'il se passe quelque chose d'important dans
tout l'organisme, qui se manifeste vers la
septième année dans les deuxièmes dents, qui
remplacent les dents de lait. Il y a en
quelque sorte un point final à ce changement
de dents.
14
Et qu'est-ce qui se passe alors chez l'enfant
lorsque le changement de dents est clos ? Ce
qui se produit - chacun peut le constater
clairement en se remémorant sa propre vie -
c'est que les représentations qui étaient
auparavant d'une certaine manière fugaces, qui
allaient et venaient, qui étaient chaotiques
se forment alors chez l'enfant en des contours
plus stricts, qu'elles prennent une forme si
ferme qu'elles se cristallisent en quelque
sorte pour devenir ensuite des souvenirs
durables. La capacité de se souvenir apparaît
toutefois plus tôt chez maints humains, mais
le souvenir aux contours solides, les
souvenirs transformés en pensées, apparaissent
alors. Et celui qui suit cette série de
représentations ne peut s'empêcher de se dire
: oui, c'est la même activité ; jusqu'au
changement de dents, il y avait une activité
spirituelle et psychique pour faire sortir les
dents. Cette activité spirituelle et d'âme
agissait dans l'organisme. Maintenant, elle a
terminé son activité, son champ. Maintenant,
elle apparaît en tant qu'activité spirituelle
d'âme elle-même. Les pensées bien définies,
les pensées qui sont puissantes dans la
mémoire, ces pensées apparaissent maintenant.
Que faisaient-elles auparavant ? C'était elles
qui travaillaient dans l'organisme pour
extraire les dents ; la même activité qui vit
plus tard dans la pensée et la mémoire vivait
dans l'organisme, y était active pour extraire
les dents. C'est en quelque sorte une activité
organique métamorphosée, transformée en une
activité spirituelle d'âme. Et c'est en tant
que telle activité spirituelle d'âme, elle
continue à vivre dans l'humain.
15
Vous voyez, c'est de ces choses que part la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique, de manière strictement
méthodique. Elle se dit : "Essayons de voir
comment, au cours des sept premières années de
la vie, est fortement actif dans l'organisme
ce qui, plus tard, n'agit que comme travail de
la pensée, comme travail de la mémoire.
Maintenant, disons que l'on absorbe cette
activité renforcée de la pensée et de
l'imagination, que l'on s'en tient à ne pas
laisser travailler dans son âme seulement
l'activité spirituelle et psychique des années
ultérieures, mais l'activité plus forte qui
était en état de transformer non purement des
pensées en souvenirs, mais aussi d'expulser
les dents. Mais ce n'est qu'une partie de
l'activité, la plus grande, la plus intense,
jusqu'à la septième année. Cette activité plus
intense est abordée par ce que la science de
l'esprit orientée anthroposophiquemént appelle
le méditer. Méditer n'est rien d'autre qu'une
pensée plus acérée, une pensée rendue plus
intense, une pensée formée. La méditation
consiste à mettre en pratique une pensée ou
une série de pensées - ceci est bon pour un
humain, cela pour un autre, on trouvera des
informations plus précises dans les écrits :
"Comment acquiert-on des connaissances des
mondes supérieurs ? "Cette méditation dont il
est question ici consiste à placer intensément
une pensée ou une série de pensées au centre
de la conscience et à être ensuite si
fortement actif sur le plan psychique et
spirituel dans cette série de pensées, que
l'on ne développe pas seulement l'activité
intellectuelle abstraite que l'on a dans la
science ordinaire ou dans la vie ordinaire,
mais cette activité intense de la pensée qui,
si nous étions encore des enfants de moins de
sept ans, interviendrait dans notre organisme,
bouillonnerait et bouillonnerait à l'intérieur
de l'organisme. Mais ainsi, après l'avoir
pratiquée comme activité psycho-spirituelle,
elle nous porte à apprendre à vivre avec des
pensées comme avec des réalités. Que l'on
regarde comment les humains vivent dans la vie
quotidienne ou dans la science ordinaire face
à la pensée, au jugement ; ils ne s'en
émeuvent pas. Un humain est excité lorsqu'il
est ami avec quelqu'un et que celui-ci lui
fait du mal, ou lorsqu'il est amoureux d'une
autre personne, ou lorsqu'il a faim ou soif,
etc. Les choses du corps excitent l'humain ;
les pensées ne l'excitent pas de la même
manière.
16
Dans cette pensée, on apprend à se mouvoir par
le méditer, comme on se meut dans la vie
quotidienne. Et peu à peu, on s'aperçoit que
l'on fait un bond intérieur par ce méditer.
Tandis que dans la vie ordinaire, on a une
sorte de guidage dans son monde de pensées par
le monde extérieur, alors qu'on s'abandonne
aux pensées qui nous entourent au fur et à
mesure qu'elles viennent par les souvenirs
débridés, qu'elles apparaissent, qu'elles
disparaissent et ainsi de suite, la méditation
consiste à amener ses pensées dans la
conscience à partir de sa propre volonté, à
manier une pensée comme on bouge ma foi la
main quand on exécute quelque chose avec la
main. Et l'on acquiert peu à peu la sensation
que l'on apprenne à penser comme on a appris
sinon à saisir ou sinon à marcher : que
l'activité de la pensée se présente comme
quelque chose de séparé de l'humain. Si l'on
progresse ainsi vers une telle activité de
pensée, plus intense que l'activité de pensée
ordinaire, vers une activité de pensée dont on
fait l'expérience intérieure : si l'on était
encore un enfant, cette pensée que l'on
développe dans le méditer interviendrait même
dans la croissance, dans la formation du corps
- si l'on développe cette pensée, alors on
apprend à connaître ce que cela signifie :
dans la pensée elle-même, dans le représenter,
s'adonner libre de corps à une activité.
17
Il est tout à fait exact que la pensée
ordinaire est entièrement liée au cerveau. Et
c'est tout de suite ce que l'on apprend à
reconnaître lorsqu'on apprend à connaître
cette pensée désincarnée à laquelle on ne peut
s'élever que par l'évolution méditative. Cette
pensée, qui est placée dans l'arbitraire au
même titre que les mouvements des mains et des
jambes, que l'on peut accomplir par l'effort,
sous lequel on se fatigue, que l'on doit
abandonner au bout d'un certain temps, comme
on doit abandonner l'effort du corps
extérieur, si l'on apprend à connaître cette
pensée de cette manière, si l'on apprend à la
connaître de l'intérieur, alors seulement on a
une expérience du penser créateur, du
représenter créateur. On saisit alors dans
l'humain un être qui est éthérique-pensant et
qui est en même temps ce qui est descendu des
mondes suprasensibles par la naissance ou,
disons, par la conception, et qui a justement
collaboré au corps humain en tant que
plasticien, en tant qu'architecte. Nous avons
saisi ce qui travaille dans le corps humain et
nous nous sommes ainsi replacés de manière
vivante dans ce que nous étions, nous les
humains, avant de descendre dans ce corps
physique et d'adopter le corps qui nous a été
donné par l'hérédité du père, de la mère et
ainsi de suite. Nous avons une expérience de
la vie prénatale ou de la vie avant la
conception, une expérience de ce qu'était
notre existence suprasensible avant notre
existence/être-là physique actuel.
18
Par la formation de la pensée, notre vie
humaine s'étend au-delà de la naissance et de
la conception. Ce que je vous raconte ici est
le résultat aussi sûr d'une étude méthodique
rigoureuse, qui suit les chemins que je viens
d'esquisser, que n'importe quel résultat
chimique. Ce que la chimie en laboratoire ou
l'astronomie à l'observatoire produisent n'est
pas plus sûr que ce qui émerge de l'intimité
de la vie de pensée humaine développée comme
connaissance de l'entité humaine suprasensible
avant la naissance ; c'est simplement une
pensée plus développée qui fournit la méthode
pour pénétrer dans le monde suprasensible.
Cette pensée fournit cependant la possibilité
de dire quelque chose sur cette vie prénatale.
Nous y reviendrons demain. Mais j'aimerais
maintenant indiquer sur l'autre aspect de ce
qui doit être développé en l'humain pour qu'il
s'élève de la connaissance sensible à la
connaissance suprasensible. Cet autre est la
volonté. Et pour envisager l'importance de ce
développement de la volonté, vous avez
seulement besoin de penser à la distance qui
sépare ce que nous appelons le contenu de nos
idéaux moraux, les impulsions morales, de ce
qui est un événement naturel extérieur, de ce
qui est aussi un événement naturel dans
l'humain. C'est donc tout de suite le souci de
la vision philosophique du monde que les ainsi
nommés idéaux ne puissent pas être rapprochés
de l'existence/l’être-là de la nature. D'un
côté, les géologues et les astronomes
décrivent comment notre Terre, avec tout ce
qui appartient à notre système planétaire, est
sortie d'une nébuleuse primitive selon des
lois éternelles, comment elle s'est séparée,
comment les plantes se sont développées,
comment les animaux se sont développés
jusqu'en haut à l'humain. Ensuite, ils suivent
cela afin d'émettre des hypothèses sur la
manière dont tout cela va disparaître à
nouveau. Mais réfléchissons que : dans ce
monde, il n'y a pas le monde des idéaux, le
monde de ce que nous devons nous représenter
si nous voulons mener une existence digne de
l'humain, le monde de ce sous l'influence de
quoi nous accomplissons nos actes ; tout ce
qui parle à notre conscience ne s'y trouve
pas. Mais, mes très chers présents, quelle est
donc la signification de tout ce qui se passe
comme pur être-là naturel ? Dans la conception
actuelle du monde, aucun pont ne peut être
jeté entre l'idéal moral et ce qui se
développe naturellement. L'astronome et le
géologue regardent vers l'état final de la
Terre, lorsque tout sera soit mort de chaleur,
soit, comme d'autres le décrivent, glacé, et
ainsi de suite, alors ce qui est actuellement
la vie terrestre sera une tombe grandiose. Que
sera-t-il advenu de ce que nous appelons les
idéaux moraux ? Ils sont pour ainsi dire comme
la pensée humaine, des pensées qui se
précipitent au-dessus de l'existence naturelle
pour une telle vision matérialiste du monde.
Celui qui part du point de vue de la science
de l'esprit qui est pensée ici ne théorise pas
sur ces idéaux moraux, mais cherche à
approfondir la vie par un autre chemin. Il
essaie avant tout de faire entrer dans
l'arbitraire humain quelque chose qui, sinon,
n'est pas considéré par l'humain ainsi qu'il
s'y abandonne de manière passive.
19
Et de nouveau, pour comprendre ce que je veux
dire, nous pouvons observer d'un œil impartial
la deuxième période de la vie humaine, celle
qui va de la poussée dentaire à la maturité
sexuelle. Nous voyons à nouveau comment
certaines forces se développent peu à peu chez
l'enfant de 7 à 14 ans, pour atteindre leur
apogée à 14 ou 15 ans. Nous voyons comment
l'amour individuel apparaît en premier,
comment tout ce qui est lié à la reproduction
du sexe humain apparaît. Mais d'habitude, nous
ne suivons pas comment un esprit-âme travaille
de nouveau de la septième à la quatorzième ou
quinzième année comme il l'a fait pendant les
sept premières années de sa vie, et comment il
trouve une conclusion, de sorte qu'il devient
libre et est en quelque sorte délivré de
l'activité organique à la quatorzième ou
quinzième année. Si nous considérons le
développement du garçon, nous trouvons - d'une
manière un peu différente, que nous
n'aborderons pas ici, c'est plus
psychique/d'âme chez le sexe féminin - la fin
de cette période de vie dans la transformation
de la voix, dans le timbre différent que prend
la voix. Qu'est-ce que c'est au juste, ce qui
la jailli dans la langue ? Si l'on observe
sans préjugé, on constate que c'est la
volonté, comme c'était la vie de
représentation pendant les sept premières
années de la vie, qui se forme ensuite en une
pensée mémorisable, maintenant c'est la
volonté qui s'élance dans l'organisme, qui
s'intègre à l'organisme et qui pénètre
désormais le langage en tant que volonté
libre, alors que jusqu'alors l'enfant n'était
pas libre dans son langage jusqu'à l'âge de 14
ou 15 ans, mais qu'il était - on peut le
prouver - sous l'influence de son
environnement. De sorte que nous pouvons nous
dire : dans la deuxième période de la vie, ce
qui apparaît plus tard comme volonté est ce
qui forme les organes. Et cela se manifeste
dans l'adolescence, dans la dix-septième,
dix-huitième année et jusque dans la
vingtaine, en embrasant l'adolescent d'idéaux.
Ce qui s'est libéré, c'est ce qui a travaillé
à ce qui apparaît ensuite comme l'amour
sexuel, l'amour humain en général. Ce qui
s'est libéré après l'âge de 14 ou 15 ans, dans
la maturité sexuelle, a travaillé jusqu'à
l'âge de 7 ans ; c'est la volonté - d'abord la
volonté liée à l'organe, puis la volonté qui
se libère. Si l'on relève à nouveau cela, et
d'ailleurs de la manière qu'on se tourne
maintenant à la volonté et transforme en actif
ce que l'on accepte habituellement de manière
passive en tant qu'être humain, alors on verra
qu'une deuxième force spirituelle et psychique
particulière se développe dans l'intériorité
humaine. On y parvient en observant comment on
peut se dire : "Je suis en train de devenir un
humain : Si tu regardes en arrière sur ton
chemin de vie, tu es en fait devenu un autre
d'année en année - on le remarque moins -, en
tout cas de décennie en décennie. La vie, les
circonstances extérieures, les souffrances,
les joies, toutes sortes de choses
interviennent dans la vie. Et que chacun de
vous se demande s'il n'est pas devenu un autre
au fil des décennies ? Mais cela, on ne le
maîtrise pas. La vie vous érode. La vie fait
de vous un autre.
20
La méthode spirituelle scientifique consiste
tout de suite à ce qu'on prenne en main
soi-même l'évolution dans ce domaine, à
prendre plus au sérieux qu'on ne le fait
sinon, par exemple, les idéaux moraux de la
vie, à s'approprier ces idéaux moraux de la
vie, à examiner comment on peut donner forme à
quelque chose que l'on se propose de telle
sorte qu'on le veuille, comme on veut manger
quand on a faim. On peut l'y amener. On peut
faire en sorte que ce qui n'est sinon qu'un
idéal moral abstrait devienne un instinct, que
cela devienne une pulsion/motivation
intérieure. Mais alors, ce qui, comme je l'ai
dit, plane au-dessus de la nature et dont on
ne peut pas voir la signification réelle, se
rapproche du devenir organique intérieur de
l'homme. Oui, même si cela peut paraître
paradoxal à beaucoup, il arrive un moment où
les impulsions morales agissent sur nous comme
les aliments agissent sur le goût. On n'a plus
seulement un sentiment abstrait envers quelque
chose que l'on trouve bon ou mauvais, mais on
éprouve une antipathie intérieure envers
quelque chose de monstrueux ou de mauvais sur
le plan moral, ou même seulement de blâmable,
comme on éprouve une antipathie envers ce qui
a mauvais goût. Ce qui plane habituellement
dans des hauteurs abstraites se rapproche
intimement de ce qui vit habituellement dans
le goût, dans l'odeur. On en a le sentiment
lorsqu'on lève un bras, ce que l'on se
représente agit sur le métabolisme du bras. En
d'autres termes, si l'on prend activement en
main son développement humain, on a une
sensation de la pénétration du spirituel-âme
vis-à-vis du physique-corporel. De même qu'en
développant la pensée, on se libère du
physique, de même, par l'autre développement
que je viens d'évoquer, qui est simplement
celui de l'organisme entre 7 et 14 ou 15 ans,
on le reçoit avec une telle intensité que
l'amour n'agit pas seulement comme dans la
vie, dans la vie sociale ou individuelle, mais
que l'amour agit de telle sorte qu'il nous
transforme organiquement en corps. Si l'on
applique cette intensité de l'amour à sa
propre auto-éducation, on obtient alors dans
la volonté ce qui est suffisamment fort pour
agir, même si ce corps est livré à la Terre ou
aux éléments. Une fois que l'on a compris
comment la volonté possède le pouvoir d'agir
sur le corps, comment la volonté ne se
contente pas de prédisposer abstraitement en
nous des impulsions morales, mais comment la
volonté nous oblige à ressentir les impulsions
morales, comme les aliments sont ressentis par
le goût, on a aussi compris comment cette
volonté intervient dans notre propre existence
naturelle humaine, comme elle intervient dans
l'ensemble de l'existence naturelle de
l'univers. Alors, par cet autre côté de
l'évolution, on obtient la possibilité de
comprendre ce qu'il est après la mort. De même
que par le développement de la vie de
représentation on comprend la vie prénatale
comme une suprasensible, comme un éternel, de
même par le développement de la volonté on
comprend la vie après la mort. Ce que l'humain
vit ici dans ce monde physique s'élargit par
ce que la science de l'esprit met à jour,
justement au-delà de ce monde physique, mais
pas ainsi que l'on spécule seulement au-delà
du monde physique, mais que l'on doit
effectivement développer une vie des pensées
et de volonté qui soit liée à la réalité pour
arriver à ce que je viens de décrire. On
développe la vie de la pensée si réellement
qu'on l'a dans les forces par lesquelles elle
nous façonne nous-mêmes en entrant dans la
vie. On saisit la vie de la volonté dans une
réalité si forte qu'on l'a telle qu'elle agira
encore lorsque notre corps, avec tous ses
instincts et ses pulsions naturelles, sera
décomposé.
21
Ensuite, lorsque cela est atteint, on a
quelque chose qui peut apparaître comme le
contenu de ma "science secrète". De même que
l'on parle de l'extérieur du monde à partir
d'une science de la nature extérieure, on peut
parler de l'intérieur du monde. Il n'est pas
nécessaire que chacun devienne un spécialiste
de la science de l'esprit pour pouvoir
envisager la science de l'esprit. La raison
analytique non erronée conduit à pouvoir
comprendre cette science de l'esprit. Nous
n'avons même pas besoin de discuter du nombre
de chercheurs en sciences de l'esprit qui
existeront à l'avenir. Il peut y en avoir
beaucoup, il peut y en avoir peu. Dans mon
livre "Comment acquérir des connaissances sur
les mondes supérieurs", vous verrez que chacun
peut devenir jusqu'à un certain point un
spécialiste de la science de l'esprit,
c'est-à-dire qu'il peut voir par lui-même,
s'il veut seulement développer ses dons
naturels, dans l'être cosmique suprasensible.
Pour devenir un chercheur de l'esprit au sens
où nous l'entendons ici, certains ne le
peuvent peut-être pas pour la simple raison
qu'il faut beaucoup de choses auxquelles
l'humain ne peut pas vraiment aspirer dans la
vie ordinaire. Pensez seulement, si quelqu'un
devient chimiste, combien de temps il doit
alors passer dans le laboratoire, séparé du
reste de la vie, comment il doit, en un
certain sens, renoncer à beaucoup de choses
dans l'autre vie. Il en va de même pour chaque
activité humaine individuelle dans la vie.
Pensez seulement à ce que cela signifie
lorsque quelqu'un doit se familiariser avec un
monde tout à fait différent de celui dans
lequel nous vivons chaque jour du réveil à
l'endormissement, avec un monde qui a des lois
tout à fait différentes, bien que ces lois
soient actives ici, mais de manière cachée.
Cela imprime à l'humain quelque chose qui est
en même temps la source de la souffrance, de
la douleur. Et tout véritable chercheur
d'esprit vous dira : il accepte avec
reconnaissance les joies que la vie lui a
apportées et aimerait toujours remercier les
puissances cosmiques, dans une humble prière,
pour les joies qu'il a pu vivre. Mais il ne
doit pas vraiment sa connaissance à ses joies,
qui, d'une certaine manière, l'endorment sur
l'essence même de la vie - c'est à la
souffrance que nous devons la connaissance. Et
ce sont précisément des souffrances
approfondies qui traversent nos âmes lorsque
nous avons atteint un certain niveau dans la
sortie du monde sensible et actif, comme je
vous l'ai décrit aujourd'hui.
22
Alors vient l'autre. Pensez seulement, je l'ai
dit moi-même, que la pensée devient quelque
chose comme la préhension ou la marche : Elle
est placée dans l'arbitraire de l'humain. Nous
sommes habitués à penser involontairement, à
laisser la pensée se dérouler automatiquement.
Cette pensée doit se transformer - du moins
pour le temps où l'on fait des recherches dans
le domaine spirituel - de la même manière que
nous bougeons normalement nos mains et nos
jambes de manière arbitraire. Il faut
maintenant apprendre à distinguer exactement -
et on l'apprend soigneusement lorsqu'on est
guidé sur la bonne voie dans la recherche
spirituelle -, il faut maintenant apprendre à
séparer soigneusement la vie que l'on doit
mener dans le monde physique et la vie qui
mène dans le monde spirituel. Car ici, dans le
monde physique, on doit pouvoir vivre comme un
autre humain. Les véritables chercheurs
spirituels ne sont pas ceux qui, par un
certain orgueil ou une volupté de l'âme,
deviennent étrangers à la vie, qui peuvent
s'adonner au mysticisme tout en méprisant la
vie, qui se séparent peut-être du reste de
l'humanité, qui s'habillent de toutes sortes
de vêtements étranges et autres choses
semblables, ou qui disent : "Nous appartenons
à une tout autre sorte humaine. - Ceux-là sont
au contraire les véritables chercheurs
d'esprit, ceux dont on ne remarque pas du tout
la présence, parce qu'ils sont dans la vie
extérieure exactement comme les autres, et
même plus concrètement, parce qu'ils la
pénètrent des lois réelles de la vie
extérieure, que l'on ne peut pas connaître
dans le monde extérieur, mais seulement à
partir du monde suprasensible ; car tout ce
qui est sensible dépend entièrement du monde
suprasensible. C'est pourquoi j'ai déjà dit à
plusieurs reprises que cette science de
l'esprit, dont il est question ici, verra le
plus souvent ses idéaux se réaliser si elle
peut justement agir dans les différentes
branches pratiques de la vie. Ainsi, j'ai dit
par exemple que ce serait tout
particulièrement un accomplissement de cet
idéal anthroposophique si l'on pouvait parler
avec un certain nombre de médecins de ce que
la science de l'esprit pourrait devenir pour
un renouvellement de la médecine. Cela s'est
déjà réalisé entre-temps : À Dornach, un cours
a été donné à des médecins et à de futurs
médecins sur ce qui peut être apporté à la
science médicale par cette science de l'esprit
orientée anthroposophiquement.
23
En vérité, tout ce qui est action fructueuse
sur les activités pratiques de la vie est plus
proche de cette science de l'esprit orientée
anthroposophiquement que les querelles
inessentielles avec ceux qui, par fanatisme
aveugle ou bien pire, s'élèvent de manière
calomnieuse pour présenter cette science de
l'esprit comme une secte religieuse, parce
qu'ils ont une aversion générale pour tout
progrès humain. Pour ceux qui prennent cette
science de l'esprit au sérieux, il ne s'agit
pas de se battre avec des confessions, mais de
travailler sérieusement dans tous les domaines
pratiques de la vie.
24
C'est ce qui veut être fourni avant tout à
partir de Dornach, et par rapport à cela,
j'aimerais dire que tout le verbiage qui
s'élève maintenant de tous les côtés est
grotesque. Qu'on essaye seulement une fois de
se familiariser avec ce que l'on veut vraiment
et l'on verra que c'est très différent de ce
qui circule actuellement dans une grande
partie de la presse. C'est de cela qu'il
s'agit : par la méthode décrite, l'humain
pénètre plus profondément dans sa propre
nature, il pénètre aussi plus profondément
dans le monde. On apprend à reconnaître d'un
côté la réalité qui nous fait entrer dans
l'existence ; on apprend à reconnaître de
l'autre la réalité qui nous porte hors de
l'être-là. Mais ce faisant, on gagne aussi les
possibilités de voir plus profondément dans la
vie elle-même. Aujourd'hui, les humains
passent à côté les uns des autres, ils ne
savent pas du tout quelle est l'influence d'un
humain sur un autre, pas seulement celle qui
est transmise par la corporéité sensorielle
extérieure, mais comment l'âme agit réellement
sur l'âme, l'esprit sur l'esprit. Les humains
ont presque peur de penser à ces effets de
l'âme sur l'âme, de l'esprit sur l'esprit.
Mais tant que l'on ne sera pas parvenu à voir
comment les êtres humains agissent les uns sur
les autres en tant qu'êtres spirituels, on ne
pourra pas non plus se faire une idée juste de
ce qu'est le monde suprasensible.
25
Le chercheur de l'esprit doit absolument
s'habituer à regarder sans préjugés dans le
monde suprasensible et à remplir ainsi sa
place dans le monde sensible. Cette nécessité
de régler la vie dans le monde d'une manière
tout à fait différente, beaucoup plus
consciente, lorsqu'on est chercheur de
l'esprit, fait à nouveau partie des choses qui
ne sont peut-être pas du goût de tout le
monde, en plus de beaucoup d'autres. Mais il
suffit quand ce que des chercheurs de l'esprit
particuliers communiquent comme résultats est
simplement accepté par la saine raison
analytique humaine/le bon sens. La science de
l'esprit ne craint pas de ne pas être comprise
par des penseurs impartiaux. Non, elle sait
que plus on l'aborde sans préjugés, de manière
appropriée, avec moins de dilettantisme, plus
on l'aborde de manière scientifique, plus elle
sera comprise. Elle nous invite à la prendre
le plus exactement et le plus sérieusement
possible. On verra alors qu'on ne peut plus
parler d'elle comme on parle d'elle lorsqu'il
s'agit d'une simple connaissance
superficielle. Le bon sens peut tout à fait
donc dire à ce qui se présente comme des
résultats spirituels scientifiques ; mais une
certaine exigence est alors posée à la saine
raison analytique humaine, une exigence que
l'on n'aime pas encore aujourd'hui, mais parce
qu'on ne l'aime pas, on s'est mis dans la
catastrophe que l'humanité a dû traverser ces
cinq à six dernières années.
26
Vous voyez, si l'on prenait ma "science
secrète" et qu'on la lisait avec l'état
d'esprit que l'on aime particulièrement
aujourd'hui, alors elle est grossière, alors
vous avez aussi le droit de vous en plaindre.
Elle n'est pas en mesure de vous dire autant
que ce qu'on vous dit lorsque vous vous
asseyez dans un cinéma et que des images se
déroulent devant vous. Vous n'avez pas besoin
de travailler beaucoup. Vous pouvez y être
passif. Si vous écoutez une conférence faite
avec des images lumineuses, vous pouvez aussi
dormir. Dans les parties intermédiaires, vous
pouvez laisser votre attention se porter
passivement sur les images lumineuses. Il en
va autrement d'un exposé tel que celui que je
me permets de faire. Il faut y aller soi-même,
d'une certaine manière, si l'on veut que cela
ait une signification pour l'humain. Mais
d'abord dans la littérature - ma "science
secrète" n'a de contenu pour personne qui
n'accepte de l'élaborer lui-même. Elle n'est
en quelque sorte qu'une partition, et l'on
doit élaborer soi-même le contenu à partir
d'une activité intérieure active ; alors
seulement on l'a. Mais c'est ainsi que l'on
acquiert, en tant qu'observateur de ce que le
chercheur d'esprit a exploré, que l'on
acquiert une pensée active, cette pensée qui
s'immerge dans la réalité, qui se lie à la
réalité. On acquiert une pensée qui ne dit
plus : si nous introduisons la monnaie-or,
nous favoriserons le libre-échange. Cette
pensée, tout à fait extérieure à la réalité,
est irréelle par rapport à la réalité. On se
forme à une pensée qui est intimement liée à
la réalité et qui peut aussi s'orienter vers
la réalité dans les cas pratiques. L'autre
pensée n'est pas formée. La pensée formée, qui
tombe en quelque sorte comme un sous-produit
des efforts spirituels scientifiques, a pour
effet que l'on devient un homme pratique face
aux exigences que la vie pose aujourd'hui.
27
C'est pourquoi cette science de l'esprit peut
aussi faire valoir que les praticiens
apparents, les praticiens illusoires qui -
oui, comment devrais-je dire, je n'ai
volontiers pas permission de dire,
grandiloquent - qui ont su de manière
grandiloquente tout ce qui se passe dans la
vie commerciale/d'affaires et dans les autres
vies, et qui ont brisé la vie comme elle a été
brisée, devront être remplacés par les humains
qui savent quelque chose à dire sur le cours
réel de la vie, parce qu'ils ont appris à dire
quelque chose sur la vie dans la mesure où
elle concerne le rapport de l'humain avec
l'univers.
28
Là, j'ai toujours à nouveau la permission
d'indiquer sur le fait, qui peut être prouvé,
que c'était au début du printemps 1914,
lorsque j'ai dit à une petite société à
Vienne, dans l'endroit d'où est parti
l'incendie mondial : Nous nous trouvons au
cœur d'une évolution sociale de l'Europe qui
nous montre comment la vie publique souffre
comme d'un carcinome social, comme d'une
maladie sociale cancéreuse qui doit se
manifester de manière redoutable dans un
avenir proche. - Ceci au début du printemps
1914.
29
Un peu plus tard, des hommes qui se
considèrent comme des praticiens, par exemple
le ministre allemand des Affaires étrangères
et le ministre autrichien des Affaires
étrangères, ont dit presque dans les mêmes
termes à leurs parlements ou délégations : "La
détente politique générale fait de grands
progrès. Nous entretenons des relations
amicales avec la Russie et, grâce à ces
relations amicales, nous entrerons
prochainement dans une ère de paix européenne.
- En Allemagne, on a dit : nous avons des
négociations avec l'Angleterre qui n'ont
certes pas encore abouti, mais qui promettent
d'aboutir dans un avenir proche et d'engendrer
une relation de paix durable entre l'Allemagne
et l'Angleterre. - Tout cela en mai 1914
environ ! C'est ce qu'ont dit les praticiens.
L'autre, qui a dit : nous souffrons d'un
carcinome social, c'était le rêveur, le
fantaisiste, l'anthroposophe fou. Mais les
praticiens, ceux que les gens ont écoutés, ont
dit ce que je vous ai mentionné. Leur pratique
s'est réalisée de telle sorte que, dans les
années qui ont suivi, dix à douze millions de
personnes ont été tuées et trois fois plus
sont devenues infirmes !
30
Mais comment les prédictions se sont réalisées
ici, comment le monométallisme s'est réalisé,
comment les mesures prises par ces praticiens
apparents, qui sont pourtant étrangers à la
vie réelle, se sont répercutées à petite
échelle, tout cela est apparu au cours des
cinq ou six dernières années. Face à la
civilisation de l'humanité, la science de
l'esprit fait valoir aujourd'hui comment il
faut se plonger dans le contenu de la science
de l'esprit pour appliquer une telle pensée,
qui n'est pas seulement logique, mais conforme
à la réalité. J'ai dit expressément que je ne
les considère pas comme stupides, les
monométallistes, mais je les considère comme
des gens dont la pensée ne peut pas s'immerger
dans la réalité, dont la pensée est étrangère
à la réalité. Je sais combien de personnes ne
croient pas aujourd'hui que c'est justement
par l'approfondissement spirituel que l'on
peut entrer dans la vie réelle !
31
C'est ainsi que la science de l'esprit se
situe par rapport à l'esprit de notre temps ;
c'est ainsi qu'elle se situe par rapport au
manque d'esprit/non-esprit de notre temps.
Comment ce manque d'esprit/non esprit se
manifeste-t-il ? Eh bien, l'humanité n'a reçu
l'intellectualisme qu'au cours des trois ou
quatre derniers siècles. Elle s'est développée
à partir d'une sagesse originelle, qui était
toutefois plus instinctive, plus onirique, et
qui a donc dû s'éteindre. L'intellectualité a
dû apparaître. Nous sommes arrivés à un point
de l'évolution intellectualiste dont nous
devons à nouveau nous éloigner afin de
reconnaître à nouveau le spirituel, ce que le
simple intellect ne pourra jamais faire. Tout,
même notre science, la médecine, la
jurisprudence, toutes les sciences
particulières sont aujourd'hui parvenues à
l'éloignement de la réalité, à l'exception des
seules sciences inorganiques et de la
technique avec son cortège. C'est ainsi que
l'intellectualité a dû se développer au cours
des derniers siècles. Il y avait autrefois une
connaissance spirituelle instinctive, elle
s'est assoupie pendant un certain temps. Une
nouvelle connaissance spirituelle doit de
nouveau la remplacer.
32
Mais nous avons en nous l'héritage de cette
ancienne connaissance spirituelle, et l'une
des parties les plus importantes de cet
héritage, c'est notre langue elle-même, ce
sont toutes nos langues de civilisation. Ce
qui vit dans notre langue n'est pas issu d'une
vision du monde telle qu'elle a été pratiquée
au cours des trois ou quatre derniers siècles.
Si les humains n'avaient pas déjà eu les
langues, à partir d'une telle activité de
l'âme telle qu'elle a conduit à
l'intellectualisme, les humains n'auraient
jamais développé les langues. Les langues sont
un héritage ancien. Elles sont issues d'une
époque où l'on saisissait, même
instinctivement, le spirituel. Que sont-elles
devenues à l'époque de l'intellectualisme ?
Elles sont devenues ce qui a peu à peu amené
notre vie publique à l'état de
phraséologie/puissance de la phrase. Nous
vivons parce que nous avons perdu l'ancien
contenu spirituel substantiel qui était dans
le mot, nous vivons avec le langage dans la
phrase et nous sommes obligés de trouver à
nouveau un contenu substantiel pour nos
langues par un approfondissement spirituel.
Or, la phrase est la sœur du mensonge. Et
demandez-vous comment le mensonge a triomphé
dans le monde au cours des cinq ou six
dernières années, comment nous vivons dans
l'ère de la phrase ! Notre vie spirituelle est
entièrement placée sous le signe de la phrase.
C'est l'esprit pervers de la vie spirituelle
actuelle : la phraséologie/puissance de
phrase. Nous ne sortirons de la phraséologie,
de cette partie du non-esprit, que si nous
pouvons à nouveau nous remplir de la science
de l'esprit anthroposophique. Si l'on veut un
contenu spirituel avec une substance
spirituelle, alors nos mots résonneront à
nouveau de contenus spirituels. Aujourd'hui,
l'humain prononce des mots et des mots parce
qu'il a perdu le contenu spirituel. C'est l'un
des points sur lequel est indique du côté
spirituel scientifique dans la pensée de
triarticulation pour l'organisme social, que
la vie de l'esprit est dominée par la phrase,
et qu'un chemin doit être cherché - nous
aurons encore à parler de ce chemin dans les
prochains jours -, pour faire entrer à nouveau
un contenu substantiel dans nos paroles à
partir de la vie de l'esprit. C'est la
première tâche que nous avons face au
non-esprit de notre temps.
33
La deuxième chose est qu'il est apparu
clairement que ce temps récent est entièrement
sous l'influence de la motivation de vouloir
développer une vie démocratique, véritablement
démocratique. Cela a saisi les humains comme
sinon la maturité sexuelle ou d'autres
périodes de la vie saisissent l'humain
individuel. Depuis le milieu du XVe siècle,
l'appel à la démocratie, à la vraie
démocratie, se fait de plus en plus valoir
dans l'ensemble du monde civilisé. Et
qu'est-ce que la vraie démocratie ?
Honnêtement, la démocratie est une
cohabitation des humains au sein de
l'organisme social tel que chaque personne
devenue majeure se trouve sur un pied
d'égalité avec toute autre personne majeure.
Cela ne peut pas être développé en rapport à
la vie de l'esprit, car là, ce sont les
facultés dont il s'agit. La vie intellectuelle
doit être séparée sur son propre terrain. La
démocratie peut seulement englober la vie
politique. Mais qu'est devenue la vie
politique ? Parce que l'impulsion de former la
démocratie est là, mais que cette impulsion
est partout interrompue sous l'influence du
non- esprit matérialiste moderne - qu'est
devenue cette vie ? Au lieu d'une cohabitation
juridique, au lieu d'une véritable vie
juridique née à partir de l'intérieur de
l'humain, elle est devenue une vie de
convention. De même que dans la vie de
l'esprit nous vivons dans la phrase, de même
dans la vie de droit nous vivons dans les
conventions, dans ce qui est fixé par mesure
de paragraphes, auxquels l'humain n'appartient
pas avec son âme, mais auquel il obéit en
étant fixé par convention par un pouvoir
absolu ou par exemple par une démocratie. La
deuxième chose que veut la science de l'esprit
en ce en rapport à la triarticulation de
l'organisme social, c'est fonder une
démocratie réelle dans le domaine où la
démocratie peut être. De sorte que la
convention soit remplacée par ce qui doit
résulter du plus intérieur de la nature
humaine entre des humains devenus majeurs
également justifiés.
34
Et sur un troisième domaine, celui de la vie
de l'économie, nous devons substituer à
l'unité économique, au calcul des rapports, un
véritable juger économique, qui s'établira de
la manière que j'indiquerai également dans les
prochains jours, mais que vous trouverez aussi
notamment dans mes "Points essentiels de la
question sociale". Ce juger économique est né
au non-esprit des temps récents. L'humain est
devenu un routinier au lieu d'un véritable
praticien économique, un routinier qui se
tient simplement dans le tissu dans lequel la
naissance ou d'autres rapports de la vie l'ont
placé. L'humain n'est pas un véritable
praticien dans le domaine de la vie
économique, mais un routinier sous l'emprise
d'un non-esprit façonné par puissance
d'instinct. Nous vivons sous le non-esprit de
la phrase, de la convention, de la routine.
Nous n'en sortirons pas si nous ne remplissons
pas aussi bien la vie de droit que la vie de
l'esprit, que la vie de l'économie avec ce que
nous pouvons acquérir comme sens de la
réalité, comme sens de l'esprit, à partir des
activités de la science de l'esprit.
35
Maintenant, les humains se tiennent encore à
distance sur de telles choses. En rapport à ce
que l'on peut se référer à ce qui est le plus
important et qui se trouve vraiment
immédiatement dans la vie pratique, les
humains en restent souvent au jugement qu'il
s'agit justement d'une rêverie, d'une
fantaisie et ainsi de suite. Oui, les humains
sont justement ainsi. Ici, en Suisse, a vécu
un homme dans les années 70 du siècle dernier,
Johannes Scherr. Il était en beaucoup de
relation un polémiste, il déversait ses
critiques acerbes sur tout et n'importe quoi,
comme un humain polémique. Mais dans sa
polémique reposait souvent un jugement très
sain. Ce Johannes Scherr a dit, en se basant
sur une certaine compréhension de ce qu'il a
vu à son époque : "Si cela continue, si les
hommes ne font que poursuivre le matérialisme
dans la connaissance, si dans la vie politique
et sociale extérieure ils ne font que
poursuivre une économie financière telle
qu'elle se développe actuellement, où chacun
ne prend en compte que ses intérêts financiers
ou industriels, poursuit son égoïsme, si cette
agitation se poursuit, alors le temps viendra
où l'humain devra dire : "non-sens, tu as
vaincu !
36
J'aimerais savoir qui, avec un sens impartial,
n'a pas dû se tenir debout ces dernières
années et encore maintenant, lorsqu'il voit ce
qui se passe ici et là dans le monde,
lorsqu'il voit comment on agit à l'encontre de
tout ce qui pourrait seulement être bénéfique
à l'humanité dans le monde entier, lorsqu'on
s'est tenu dans ces conditions, en particulier
pendant la conduite à l'absurde de la
civilisation actuelle dans cette guerre,
comment il n'a pas dû se dire : maintenant, le
temps est venu où il ne faut pas dire :
non-sens, tu as vaincu, comme Johannes Scherr
; mais : non-sens, tu as décidé !
37
Je développerai le reste dans les prochains
jours. Aujourd'hui, je voulais dire en
introduction que la science de l'esprit
orientée anthroposophiquement, telle qu'elle
est pensée ici, n'aimerait pas participer à
l'instauration d'un état dans lequel on devra
dire de plus en plus : "non-sens, tu as décidé
- mais à l'instauration d'un contexte dans
lequel, à partir de la capacité humaine la
plus intime, à partir de la connaissance
humaine la plus intime et la plus réelle, on
devra dire : nous pouvons à nouveau apporter
du sens dans la vie, un sens constructif.
C'est à cela que la science de l'esprit
aimerait travailler.
38
Et elle puise sa force dans la foi, qui est
bien plus qu'une pure croyance, dans la
conviction que le temps devra venir dans
lequel le non-esprit de la phrase, le
non-esprit de la convention, le non d'esprit
de la routine devra être vaincu par l'esprit
qui, à partir d'une connaissance plus
profonde, parle à nouveau du sens de la vie.
Car la science de l'esprit doit être de la
conviction : ce n'est pas le manque d'esprit
qui conduira les humains à une évolution
salutaire de leur vie, mais uniquement
l'esprit. C'est pourquoi la science de
l'esprit veut, aussi fortement qu'elle le
peut, lancer un appel à l'esprit et à sa
véritable connaissance face aux besoins du
présent et du futur immédiat.
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