triarticulation

Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch English Dutch Skandinavisk Français Italiano Español Português (Brasileiro) Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 
Collection: GA328 OEUVRES COMPLETES DE RUDOLF STEINER – CONFÉRENCES SUR LA VIE SOCIALE ET LA TRIARTICULATION DE L'ORGANISME SOCIAL - La question sociale



LA VOLONTÉ SOCIALE,
FONDEMENT
D'UN NOUVEL ORDRE SCIENTIFIQUE

Conférence faite aux étudiants
Zurich, 25 février 1919

DAS SOZIALE WOLLEN
ALS GRUNDLAGE EINER NEUEN
WISSENSCHAFTSORDNUNG

Vortrag vor der Zürcher Studentenschaft, SSV
Zürich, 25. Februar 1919

24/10/2014 - Conférence désormais complète


 

Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA328 104-136 (1977) 25/02/1919

< précedent - suivant >


Original





Traducteur: FG Editeur: SITE

« La volonté sociale, fondement d'un nouvel ordre scientifique », tel est le sujet qui a été souhaité pour ce soir. J'ignore les raisons qui ont motivé ce choix, mais lorsqu'on m'en fit part, je le trouvai extrêmement heureux, car il prend en fait le ton qu'il me semble nécessaire d'adopter envers les réa­lités que le mouvement social a introduites dans le présent et qui parlent vraiment un langage beau­coup plus clair que toutes les discussions et les débats préalables qui ont eu lieu sur la question sociale au cours des dernières décennies.

 

On peut suivre à travers de longues périodes cette évolution du mouvement social de notre époque moderne et, concernant la volonté sociale précisé­ment qui, dans un sens ou dans l'autre, s'est expri­mée avec toujours plus d'acuité dans les aspirations sociales ou autres, on a pu remarquer que quelque chose s'était échappé et avait glissé furtivement dans cette volonté, dans la mentalité sociale des temps modernes, quelque chose qui peut donner l'impres­sion de voiler une superstition des anciens temps moyenâgeux dominant dans un tout autre domaine. Cette superstition se présente à nous de nouveau lorsqu'on se plonge dans la seconde partie du Faust de Goethe et que l'on découvre la scène où Goethe fait préparer ä son personnage Wagner l'homunculus2, le petit homme qui voudrait trou-ver la voie lui permettant de passer de l'état d'ho-monculus ä celui d'être humain. La superstition du Moyen Âge repose selon Goethe sur le fait qu'à l'époque on a voulu donner forme ä quelque chose de réellement vivant ä partir de ce que seul produit l'entendement humain théorique, qui agence et ras-semble froidement et sèchement les faits extérieurs, cet entendement qui imaginer ce qui a le caractère d'un être. L'impossibilité de créer soi-même quelque chose de vivant ä partir des abstractions détournées de la vie extérieure apparut ä Goethe de manière particulièrement évidente. Le Moyen Âge ne domine pas précisément le penser actuel lui-même, mais il me semble régner une métamor-phose, dirais-je, de bien des superstitions dans toutes les impulsions, les instincts de nos contem-porains, chez bon nombre d'entre eux qui préten-dent posséder une volonté sociale. On observe l'évolution de la vie sociale, telle qu'elle s'est dérou-lée au cours de l'histoire de l'humanité jusqu'à nos jours, on imagine certains principes, certains pré-ceptes selon lesquels il faut procéder, ou bien — comme certains disent — qui veulent se réaliser eux-mêmes, et ensuite on pense par là pouvoir égale-ment édifier ce qu'on peut appeler l'organisme social, avec des principes abstraits, ceux selon lesquels l'homunculus était censé être formé.

 

C'est ä cet organisme social justement qu'aspire en vérité, si je puis dire, l'inconscient de l'humanité moderne. Pour comprendre cela, il suffit de bien se rendre compte de ce qui suit. Bien entendu, la vie sociale de l'humanité n'est pas en elle-même une nouveauté, elle se manifeste seulement de manière différente à l'époque moderne. Jusqu'alors, la struc­ture de l'organisme social était en réalité détermi­née à partir d'instincts humains, à partir du subconscient des impulsions humaines. Et ce qui est significatif dans les forces naissantes de l'époque moderne, c'est que l'humanité ne peut plus en res­ter à une volonté purement instinctive, que, provo­quée par la nature même de l'évolution, il faut tout simplement qu'elle se donne les moyens d'acquérir une volonté consciente, précisément en ce qui concerne l'édification de la structure sociale. Mais si l'on veut se pourvoir d'une volonté consciente, on a besoin de pensées qui fondent cette volonté, qui soutiennent la réalité, et pas seulement de pen­sées complètement abstraites de la réalité. Il faut des pensées qui relient la volonté personnelle aux forces qui vivent au coeur du cours des événements de la nature, du règne de l'Univers. Il faut en quelque sorte s'unir de par sa propre volonté aux forces créa­trices de l'existence naturelle.

 


Mais c'est là quelque chose que des milieux étendus de l'humanité ont encore à apprendre. Il leur faut apprendre à penser qu'en réalité on ne peut s'y prendre d'une manière où l'on pense par exemple : Que faut-il faire pour mettre en place une structure sociale possible qui est censée sortir d'une vie res­sentie par beaucoup comme insupportable ? On ne peut pas procéder ainsi. On ne peut pas chercher à imaginer ce que sont les maladies sociales. On peut seulement rassembler tous ses efforts pour trouver, en partant de l'être humain lui-même, comment les hommes qui vivent ensemble dans la société doi-vent harmoniser leurs rapports mutuels pour déve-lopper dans cette vie d'échange ce qui est nécessaire pour donner naissance ä la structure sociale.

Après avoir étudié pendant des années cette question sociale, je crois avoir compris que cette question fondamentale, que la pensée abstraite considère justement aujourd'hui comme une question uni-taire, doit 'être vue comme tripartite, comme ayant une structure ternaire. Il faut y voir tout d'abord une question culturelle, puis une question juridique et ensuite une question économique. Ce qui a surgi dans l'économie moderne capitaliste sur la base de la technologie qui s'est développée a quasiment hypnotisé le regard humain en l'orientant exclusi-vement vers la vie économique et a détourné l'at-tention du fait qu'a côté de l'aspect économique, la question sociale revêt aussi avant tout celui de l'esprit et celui du droit.



Je me permettrai de traiter tout d'abord la question de l'esprit, non pour la raison que peut-être, comme certains le croient, de manière toute sub-jective cette question me serait familière, mais au contraire parce que je suis effectivement d'avis que — même si les hommes d'aujourd'hui qui cultivent une pensée prolétarienne justement refusent de voir dans le spirituel quelque chose pouvant contribuer ä la résolution de la question sociale — pour l'obser-vateur réaliste, c'est justement le spirituel qui doit prendre la première place. Pour s'en rendre compte, il faut envisager l'âme de l'homme touché par le mouvement social moderne sous sa forme véritable. Il faut tenter de reconnaître les impulsions volon­taires qui vivent en réalité dans les milieux à ten­dance socialiste précisément. Il faut avant tout rechercher d'où sont venues ces impulsions.

Voyez-vous, lorsque, avec la technologie et le capitalisme, commença l'existence moderne des hommes, la partie dominante de l'humanité, la soi-disant classe dirigeante se sépara toujours davantage de ce qui, dans les domaines les plus divers, se déve­loppa sous la forme du prolétariat. Quiconque a du discernement ne pourra le nier, entre la volonté pro­létarienne et la vie non prolétarienne règne en effet aujourd'hui un fossé qui est infranchissable si on ne fait pas au moins l'essai de travailler dans le mou­vement social avec des pensées et des impulsions volontaires nouvelles, et pas seulement avec celles du passé. Au sein même du prolétariat n'a cessé de se développer avec le temps la croyance que la classe socialement désavantagée n'a rien à espérer des classes dominant jusqu'à présent sur le plan social, si elles comptent sur la bonne volonté, les idées, etc., de celle-ci, et étant donné les rapports exis­tants, on ne peut en aucun cas considérer cette croyance comme étant de quelque manière injusti­fiée. Une profonde méfiance s'est insinuée, si je puis dire, entre les différentes classes humaines. Et cette méfiance émane de quelque chose de profond qui jusqu'ici n'atteint pas du tout la conscience de l'humanité, mais demeure présent dans le subconscient.


Il s'en est suivi, surtout au début de l'époque moderne, que la classe laborieuse a pour la dernière fois fait preuve d'une grande confiance envers la bourgeoisie, et que, non dans sa conviction, mais dans le sentiment qu'elle avait de cette dernière grande marque de confiance, elle a été trompée. Voyez-vous, on parle aujourd'hui de conception prolétarienne du monde. Beaucoup même parmi les personnalités dirigeantes qui croient exprimer dans leurs pensées la volonté prolétarienne ignorent en réalité l'origine de toutes leurs pensées et de leur volonté. Les exigences qui, issues de la vie même, vivent aujourd'hui dans le mouvement social, contrastent curieusement avec ce que le prolétariat lui-même pense ä leur sujet, au sujet de ces impulsions sociales de vie.

 

S'il me faut exprimer brièvement mon opinion dans ce domaine, il me faut dire ceci : Une culture prolétarienne sociale a donc vu le jour, mais au sein du sentiment prolétaire, au sein de la culture sociale et de la vie règne un héritage provenant précisément des opinions et conceptions de la vie qui, ä l'instant décisif de leur évolution historique, sont nées jus-tement de la bourgeoisie.

L:observateur de cette évolution doit bel et bien voir cet instant décisif de l'évolution historique moderne dans le fait que le mode de penser scien-tifique moderne (je vous prie de considérer que je ne dis pas : les sciences de la nature, mais le mode de penser scientifique) s'est développé ä partir d'an-ciennes impulsions spirituelles, mais cela d'une manière telle que ce mode de penser n'a pas reçu la même impulsion, la même force spirituelle que les anciennes conceptions du monde.

 

Celles-ci prenaient racine dans des impulsions humaines plus vastes que le mode de penser scien­tifique moderne. Elles étaient en mesure d'envoyer dans l'âme humaine des impulsions grâce aux­quelles l'être humain pouvait, conformément à sa sensibilité, à ses sentiments, répondre à la question qui le touche toujours autant : Que suis-je en réa­lité en tant qu'être humain dans le monde ? Il n'est pas donné au mode de penser scientifique moderne d'insuffler une telle impulsion à l'intérieur de la vie de l'âme. Bien entendu, de par une nécessité histo­rique, mais qui n'en est pas moins une fatalité his­torique, les anciennes conceptions du monde se sont montrées hostiles envers ce mode de penser à l'instant décisif, au lieu de laisser affluer en elles, en toute amitié, ce qu'il avait de porteur pour la vie spirituelle de l'être humain, pour son âme. C'est alors que se produisit l'état de fait suivant.

 

La machine, l'ordre économique capitaliste, arracha un certain nombre d'êtres humains de leur contexte de vie habituel, de ce contexte dans lequel ces gens avaient vécu jusqu'alors et où régnaient de tout autres rapports de vie pour le sentiment de leur humanité, pour le sentiment de leur dignité humaine. Il y avait une relation entre ce qu'est l'homme et ce qu'il fait. Pensez seulement au rap­port qui existait de manière évidente dans l'artisanat de jadis, jusqu'au mile siècle et même plus tard encore, dans ce qui en reste! Eh bien, un groupe important d'individus fut arraché de ce contexte et propulsé devant la machine, dans cet ordre moderne de l'économie. Lä, il n'existe aucune relation pos-sible avec les moyens de production, aucune possi-bilité de créer un lien quelconque entre l'homme et ce qu'il fait en réalité. Ainsi, cette partie de l'être humain qu'à Père des machines le prolétaire moderne ne peut développer ne peut échapper ä la question : Quelle est ma valeur en tant qu'être humain ?



On ne peut plus répondre ä cette question en se basant sur des rapports de vie traditionnels, ayant perdu toute valeur ; il faut aller chercher la réponse au fond de soi-même, dans ce qui ne dépend pas du contexte de vie extérieur. Donc cette classe d'hommes n'eut plus d'autre choix que d'adopter ce qui jaillit dans la simultanéité de l'histoire uni-verselle avec l'êre des machines, avec l'ordre écono-mique : le mode de penser scientifique moderne.

 

Les anciennes classes ne furent pas contraintes d'en faire leur croyance, leur conception de vie ; elles n'eurent qu'à en faire leur conviction théorique. Car ce qu'il introduisait dans la vie était quelque chose de transmis, il s'agissait d'impulsions issues d'autres temps et dont elles héritaient. Seul le prolétaire se trouva arraché de tout, ne pouvant en conséquence se reconnaître d'aucune conception de vie liée aux anciens rapports de vie, et de par son existence tout ä fait extérieure précisément, il fut prédestiné ä faire de ce nouveau qui apparaissait le contenu de son âme. Ainsi, aussi paradoxal, aussi incroyable que cela puisse paraître ä beaucoup, c'est justement lui, ce prolétaire, qui est l'homme véritablement, pure-ment orienté scientifiquement.

 

Pour mesurer toute la portée de ce fait, il ne suffit pas d'avoir appris à raisonner sur le mouvement prolétarien, il faut de par son destin avoir eu l'oc­casion de penser avec le prolétaire, notamment avec les hommes de cette classe qui, venant d'horizons différents, sont devenus les leaders du mouvement. On pouvait alors ressentir très nettement comment ce que je vais vous expliquer se propage dans le pré­sent social immédiat depuis des époques révolues.

 

N'est-ce pas, vous pouvez dire : Oui, les milieux bourgeois ont pourtant largement adopté le mode de penser scientifique. Mais prenez même des cercles bourgeois intelligents, pensez à ces hommes dont la pensée, les convictions sont complètement orientées scientifiquement : ils vivent bel et bien avec leurs sentiments, avec toute leur sensation de la vie dans des rapports qui ne sont pas complète­ment déterminés par l'orientation scientifique. On peut être penseur matérialiste moderne, on peut se dire averti, être athée, on peut reconnaître cela vrai­ment comme son intime conviction, mais on n'a absolument pas besoin de renier tous les vestiges de sensibilité des anciennes conditions de vie qui ne sont pas issues de cette orientation scientifique, mais qui sont apparues en des temps où il y avait encore des impulsions spirituelles possédant la force de dynamisme que j'ai évoquée précédemment.

 

L'orientation purement scientifique a agi tout autrement. Je ne dis pas les sciences, car naturelle­ment cette orientation a également agi sur des pro­létaires totalement incultes, ignorants, mais ses effets furent tout autres justement là où elle a été répandue parmi le prolétariat en tant que concep-tion de l'existence.

J'aimerais vous l'expliquer par un exemple. Je me trouvai il y a de nombreuses années ä la même table de conférence que Rosa Luxemburg7, disparue der-nièrement de manière si tragique. Elle s'exprima sur le sujet suivant : « La science et les ouvriers ». Je ne peux m'empêcher de toujours repenser ä la manière dont elle montra avec flamme devant une grande assemblée qu'en réalité tous les préjugés qui règnent dans les anciennes classes dominantes ä propos de la position sociale des hommes, de l'ordre hiérarchique humain, sont liés ä des représentations qui vivaient au sein d'anciennes conceptions spirituelles de l'univers. Selon elle, il incombe purement et sim-plement au prolétaire moderne de bien retenir que l'homme n'est pas d'origine angélique ou divine, mais qu'il est censé avoir évolué jadis sur des arbres de manière tout ä fait inconvenante, qu'il a évolué en s'élevant au-dessus de stades animaux qui en vérité, si on suit leur évolution, fondent nécessairement cette conviction que tous les hommes sont égaux. Et toutes les différences de rang des époques passées proviennent de préjugés quelconques. Il ne faut pas s'arrêter ici ä la formulation, mais regarder plutôt la puissance avec laquelle de telles paroles agissent sur les âmes des prolétaires.

En fait, je n'ai voulu prendre en compte que le concept lorsque j'ai dit qu'à l'époque moderne, le prolétaire est orienté « scientifiquement» dans toute sa conception de l'univers. Et cette orientation scientifique n'a pas comblé son âme au point de lui permettre de répondre à la question : Que suis-je m réalité dans l'univers en tant qu'être humain ?, l'y répondre comme il en avait besoin, comme il :ût été souhaitable, conformément à sa sensibilité.

Et d'où le prolétaire a-t-il reçu cette conception du monde ? D'où est venue cette orientation scien­tifique qu'il lui faut parfois admettre de manière totalement erronée? Car il s'agit bien d'une science. Il l'a reçue de l'ancien héritage de la classe bour­geoise. Elle est née de l'ancienne conception du monde au sein de la classe bourgeoise, lors du pas­sage à l'ère capitaliste moderne des machines, lorsque la machine et le capitalisme ont subjugué les hommes.

L'autre fait qui est si souvent mis en relief avec la nuance correspondante, c'est qu'au sein du prolé­tariat la vie de l'esprit est devenue quelque chose qui est ressenti comme une idéologie. C'est ce que vous entendez le plus fréquemment lorsque sont exposés les fondements de la conception proléta­rienne de l'univers : l'art, la religion, la science, l'éthique, le droit, etc., sont des reflets idéologiques de la réalité matérielle extérieure.

Mais le sentiment que tout cela est ainsi, que la vie spirituelle est idéologique, n'est pas né au sein du prolétariat, le prolétaire l'a reçu en «dot» de la bourgeoisie. Et la dernière grande marque de confiance dont le prolétariat a fait preuve envers cette classe bourgeoise consista pour lui à accepter de la nourriture, de la nourriture spirituelle pour son âme. Étant donné qu'il fut privé de vie de l'es­prit au moment où, placé dans la structure sociale, il fut appelé hors de l'ancien contexte, pour tra-vailler sur la machine, il ne put en effet qu'élever le regard vers les connaissances qui s'étaient répandues ä propos de l'homme et du monde. Il ne put élever son regard que sur ce que la bourgeoisie avait engen-dré : il accueillit avec crédulité, de manière dogma-tique dirais-je, l'idéologie de la bourgeoisie. Cela n'a pas encore imprégné sa conviction, mais bien le sentiment de déception qui se présente nécessaire-ment lorsqu'on ne peut pas considérer le spirituel comme quelque chose qui contient une réalité supé-rieure fondée en elle-même, mais qu'on est contraint de le regarder seulement comme une idéo-logie. Même si cela n'est pas encore su, tout cela vit et est clairement ressenti dans les sentiments sub-conscients d'un grand nombre des leaders du mou-vement social : nous avons montré une grande confiance envers la bourgeoisie ; nous avons recueilli un héritage qui aurait dû nous apporter le salut de l'âme, nous apporter des forces de soutien. La bour-geoisie ne nous a rien apporté de tout cela ; elle ne nous a apporté que l'idéologie, qui ne renferme aucune réalité et ne peut soutenir l'existence.

On peut controverser longtemps pour déterminer si l'idéologie est vraiment le caractère fonda-mental de la vie de l'esprit, ou non. Ce n'est pas ce qui importe. Non, ce qui compte, c'est que cette vie de l'esprit soit ressentie aujourd'hui comme telle par une grande partie de l'humanité, et que, lors-qu'on ressent la vie comme une idéologie, l'âme s'en trouve dévastée, reste vide, que l'élan spirituel est paralysé et qu'il apparaît ce qui est apparu de nos jours : la volonté sociale est privée de la croyance que quelque chose de spirituel pourrait se dévelop­per quelque part, qu'un centre pourrait apparaître, un véritable centre d'où pourrait venir le salut pour notre conception du monde, ainsi que pour une configuration souhaitable du mouvement social. Je dirais que la vie de l'esprit a été introduite avant tout dans l'évolution de l'humanité prolétaire moderne comme quelque chose de négatif. Or les aspirations de cette humanité réclament quelque chose de positif. Elles réclament quelque chose qui soutienne l'âme, alors que l'héritage qui leur a été donné dévore l'âme.

C'est là quelque chose qui souffle et s'épanche silencieusement à travers tout notre mouvement social actuel, quelque chose qu'on ne saisit pas avec des concepts, mais qui donne sa forme à l'un des constituants, nous en verrons trois, de ce mouve­ment. Et dès qu'on comprend qu'il en est ainsi, on se demande aussi comment cela est arrivé et com­ment on peut y remédier. Au lieu que la volonté, cette volonté sociale, continue d'être paralysée, comment peut-elle être enflammée, fortifiée ? Voilà la question qu'il faut se poser.

 

Or un événement se produisit au moment où la vie spirituelle moderne arriva au tournant décisif auquel j'ai déjà fait allusion. Les classes dominantes de l'époque étaient liées par l'ensemble de leurs rapports de vie à ce que nous appelons aujourd'hui l'Etat. Certaines individualités ont souvent souli­gné le fait que l'homme moderne croit que ce qu'il appelle actuellement l'État aurait en réalité toujours existé sous cette forme. Mais cela n'est pas du tout exact. Ce que nous appelons aujourd'hui l'État, ce qui par exemple dans la philosophie de Hegel appa-raît pratiquement comme l'expression du divin lui-même, n'est au fond qu'un produit de la pensée des quatre ä cinq siècles derniers. Les organismes sociaux des époques antérieures étaient tout ä fait autres.

 

Prenez seulement le fait suivant qui s'est encore produit récemment : des établissements d'enseigne-ment libre, d'anciennes écoles secondaires qui étaient tout ä fait autonomes vis-ä-vis de l'État, sont devenus des établissements publics. L'État est devenu en quelque sorte le dépositaire du patri-moine intellectuel de l'humanité. Qu'il le soit devenu correspond ä un intérêt bourgeois du début de 1'ère moderne. L'État a grandi au contact de l'âme du bourgeois, qui s'y est attaché avec tous ses besoins. Et de cette impulsion jaillit le rapport moderne entre le bien culturel de l'humanité et l'État, le fait que ce dernier devint gardien de ce patrimoine et qu'il exigea de ceux qui devaient se tourner vers ce gardien qu'en réalité ils organisent leur vie pour lui.

 

 

Lorsqu'on regarde un peu plus profondément dans la structure intérieure de ce bien culturel des hommes, on constate que ce n'est pas seulement son administration extérieure, la législation sur les uni-versités, sur les écoles, les écoles primaires, qui sont devenues publiques, mais aussi son contenu même.

Certes, les mathématiques ne revêtent pas un caractère étatique, mais d'autres branches de notre bien culturel ont reçu une empreinte, ont subi ce rapprochement avec les intérêts de l'État ä l'époque moderne, et ce rapprochement n'est pas sans avoir participé au processus qui a fait évoluer le bien cul-turel vers l'idéologie. En réalité, il ne peut préser-ver et porter en lui sa propre réalité intérieure que lorsqu'il peut, s'appuyant sur ses propres forces, s'administrer lui-même, lorsque, ä partir de son ini-tiative directe, il donne ä l'État ce qui est du ressort de l'État, mais qu'il n'a pas ä recevoir les exigences de celui-ci.

Certes, il s'en trouvera aujourd'hui encore beaucoup qui ne verront pas dans ce que je viens d'ex-primer une réalité sociale fondamentale. Mais on verra que l'esprit qui règne dans la réalité ne pourra ä nouveau donner ce qui est juste ä l'humanité que lorsqu'il sera séparé de l'organisation étatique exté-rieure, lorsqu'il sera réduit ä ses propres moyens. Je sais les objections qu'on peut faire ä cela, mais lä n'est pas l'important. La seule chose qui importe, c'est que l'esprit, pour pouvoir se développer conve-nablement, réclame de pouvoir sans cesse jaillir de l'initiative libre et immédiate de la personnalité humaine.

On arrive ainsi ä la forme véritable d'un des constituants de la question sociale moderne, ce qui fait qu'on porte un regard juste sur la vie culturelle et qu'on comprend la nécessité que ce qui a péné-tré dans la structure de l'État en soit progressive-ment ä nouveau retiré, afin de pouvoir développer sa propre force et agir ensuite en retour, justement parce que ce sera libéré, parce que cela évoluera de manière autonome à côté des autres domaines de la structure sociale, et que précisément à ce titre cela pourra agir de façon juste sur cette structure sociale. Si l'on doit parler des implications pratiques pour ce premier constituant des questions sociales, alors il faut demander que la tendance de l'évolution aille dans le sens d'une dénationalisation de la vie cul­turelle à l'échelle la plus large. Il y a même un domaine de cette vie culturelle pour lequel il paraî­tra aujourd'hui certainement très paradoxal de pou­voir affirmer qu'il doit être désétatisé : le rapport dans lequel entre une personne amenée à juger avec des individus ayant à faire à la loi pénale ou de quelque manière au droit privé, est un rapport si humain, si personnel, que l'acte de juger relève aussi directement de ce qu'il faut considérer comme fai­sant partie intégrante de la vie de l'esprit. Certains cercles d'orientation psychologique l'ont d'ailleurs compris, mais en abordant les choses complètement à l'envers. Si bien qu'il me faut donc ranger au nombre des choses où doit se développer la ten­dance à la dénationalisation aussi bien les convic­tions religieuses qui règnent dans l'humanité, que toute vie artistique et tout ce qui concerne le droit privé et pénal.

 

Pourquoi lorsqu'on entend parler de mesures radicales devrait-on penser aussitôt à une révolu­tion violente ? Même dans les milieux socialistes de l'époque moderne, on y pense de moins en moins. Je ne crois pas non plus qu'il faille tout désétatiser du jour au lendemain; mais je pense que dans la volonté sociale de l'humanité peut pénétrer l'idée que les différentes mesures ä prendre pour telle ou telle chose, et il est même nécessaire que cela se pro-duise quotidiennement ici et lä, soient orientées vers une libération progressive de la vie spirituelle du joug de l'État. Vous pourrez vous représenter très concrètement ce que cela veut dire.

Nous devons considérer l'État comme quelque chose qui est devenu particulièrement cher ä l'âme de la bourgeoisie qui ä l'époque moderne n'a cessé de s'affirmer comme la classe dominante. Or cette bourgeoisie n'a pas seulement introduit dans cet État la vie culturelle, mais également ce qui, au sein de l'évolution humaine moderne, s'est pour ainsi dire rendu maître de l'ensemble de l'organisme social, c'est-à-dire la vie économique. Cette entrée dans la vie de l'État a commencé avec la nationali-sation des voies de transport et de communication, la poste, le chemin de fer, etc. Ceci a engendré une certaine superstition envers l'État, envers la com-munauté humaine tournée vers l'État. Et c'est chez les gens d'orientation socialiste qu'on trouve le der-nier vestige de cette croyance selon laquelle on ne peut voir le salut que dans l'administration collec-tive de toute la vie économique. Voilà donc encore quelque chose qui a été hérité des modes de pensée et de conception bourgeois.

 

Or la vie de l'esprit doit avoir sa place propre, et la vie de l'économie la sienne ; au milieu se trouve l'État.

Vous pouvez vous demander ce qui restera encore ä l'État, car nous verrons tout ä l'heure que la vie économique ne supporte pas non plus la confusion avec la vie de l'État proprement dite. Nous aurons peut-être une idée claire de la question en plaçant devant notre regard ce que les classes bourgeoises ont vraiment gagné en cet État moderne qui s'est développé. Ils y ont trouvé un rempart pour leurs droits.

Observons à présent ce que sont en réalité les droits. Je n'entends pas seulement par là le droit pénal, je ne pense pas non plus au droit privé dans la mesure où il ne concerne pas le rapport de per­sonne à personne, mais je pense au droit public dont relèvent également par exemple les négocia­tions au sujet des rapports de propriété. Car qu'est-ce finalement que la propriété ? La propriété n'est que l'expression du droit d'être seul à posséder et exploiter une chose quelconque en tant que per­sonne. Elle était donc ancrée dans un droit. Tout ce que nous considérons en fait souvent comme une chose extérieure prend racine dans son rapport à l'être humain dans les droits. Ces droits, la bour­geoisie et ce qui lui était apparenté se les étaient déjà acquis à l'époque qui précéda notre conception moderne de l'État, et c'est lorsqu'elle intégra à la vie même de l'État tout ce qui pouvait s'y rapporter qu'elle les trouva protégés au mieux.

 

Ainsi apparut la tendance à attirer toujours davantage la vie de l'économie dans celle de l'État. Celle-ci pénètre celle-là grâce à une somme de droits. Ces droits ne sont pas du tout censés être retirés à l'État au cours de l'évolution à venir, mais il est nécessaire que la volonté sociale apprenne jus­tement à faire la différence de manière précise entre tout ce qui est vie juridique, vie de l'esprit propre-ment dite, et vie de l'économie.

 

Le courant social moderne met cela tout parti-culièrement en évidence par le fait qu'il y a quelque chose que les milieux dominants n'ont pas intégré dans la vie juridique de leur État moderne. S'ils y ont introduit bien des choses appartenant ä la pure vie économique, il y a une chose qu'ils ont oubliée : c'est la force de travail de l'ouvrier prolétaire. Celle-ci est restée dans la circulation du processus économique.

 

 

C'est cela qui a profondément marqué l'âme du prolétaire, ä tel point que le marxisme et ses succes-seurs ont pu lui expliquer : Il y a toujours un mar-ché du travail, comme il y a un marché de marchandises. Et de même que sur ce dernier des produits sont proposés et qu'il y a une demande, de même tu apportes, toi, ta force de travail, la seule chose que tu possèdes, sur le marché du travail, et elle n'a qu'une valeur de marchandise. On l'achète comme telle, et c'est en tant que telle qu'elle s'ins-crit dans le processus économique moderne.

Nous touchons lä la forme véritable de la seconde exigence sociale moderne. Elle s'exprime dans le fait que, par une certaine subconscience de sa dignité humaine, le prolétaire moderne trouva insuppor-table que sa force de travail fût achetée et vendue sur le marché comme une marchandise.

Certes, la théorie des penseurs socialistes dit : Les choses en sont arrivées lä de par les lois objectives de la vie économique qui ont placé la force de tra-vail sur le marché comme elles l'auraient fait d'autres marchandises. Cela vit dans les consciences, peut-être même dans celle du prolé­taire lui-même. Mais dans le subconscient règne tout autre chose, je veux parler d'une continuation de l'antique esclavage, de l'ancienne question du servage. Ce subconscient ne voit qu'une chose : aux temps des esclaves, c'est tout l'être humain qui était marchandise sur le marché du travail et pouvait être acheté et vendu; par la suite, avec le servage, ce ne fut plus qu'une partie moindre, et de nos jours le reste encore la force de travail de l'ouvrier. Mais de cette manière il se livre entièrement au processus économique, ce qu'il ressent comme impossible, comme indigne.

De là naît cette seconde exigence sociale de l'époque moderne : libérer la force de travail de son caractère de marchandise.

Je sais qu'aujourd'hui encore nombreux sont ceux qui pensent : comment faire ? Comment donc orga­niser une vie économique autrement qu'en rétri­buant le travail, la force de travail ? Mais réagir ainsi, c'est déjà l'acheter! Et il suffit seulement d'objecter à cela que finalement même Platon et Aristote trou­vaient complètement naturel, considéraient comme une chose évidente la nécessité de l'existence des esclaves. C'est pourquoi il faut bien pardonner aux penseurs modernes de tenir pour nécessaire que la force de travail doive être mise sur le marché.

Il n'est pas toujours possible de se représenter ce qui peut-être sera déjà tout prochainement une réa­lité. Mais nous devons nous demander aujourd'hui : Par quoi la force de travail peut-elle être dégagée du caractère de marchandise ? Cela ne peut arriver qu'en l'élevant dans le domaine du pur État de droit, l'État dont seront séparés la vie spirituelle d'une part, comme je l'ai caractérisé, et d'autre part tout ce qui relève du processus économique dans le sens indiqué auparavant. Si nous divisons l'en-semble de l'organisme social ou l'imaginons arti-culé en ces trois parties : la vie autonome de l'esprit, la vie juridique et la vie économique, alors nous avons, dans le domaine économique, l' homo véri-table ä la place de homunculus, alors notre regard spirituel se pose sur l'organisme social véritable-ment viable, et non pas sur un organisme composé d'agents chimiques.



Bien loin de moi la pensée de faire ici une analo-gie entre la biologie et la sociologie. Je ne tomberai pas non plus dans l'erreur de Schäffle8, ni dans celle que commit Meray avec sa Mutation de l'univers; lä n'est pas mon intention, lä n'est pas ce qui importe. Non, ce qui compte, c'est de voir que de même que dans l'organisme humain naturel agissent l'un ä côté de l'autre trois systèmes de manière tout ä fait autonome, je l'ai expliqué du moins sommairement sur le plan scientifique dans mon dernier livre Des énigmes de liirne9, de même trois systèmes appli-cables séparément doivent également régner dans l'organisme social : le système culturel, le système judiciaire, ensuite celui du droit public — comme je l'ai dit, droit privé et droit pénal en sont exclus — et le système économique proprement dit.

Mais alors, lorsque, entre la vie de l'esprit et celle de l'économie, on trouve celle de l'État, du droit, régulatrice, on a introduit dans l'organisme social quelque chose d'aussi viable que ce que l'on trouve, relativement indépendant, dans l'organisme humain naturel : le système de la circulation, le sys­tème du coeur et des poumons, placé entre le sys­tème de la tête et le système digestif. Alors, si ce domaine du droit évolue sur ses propres bases, com­plètement en dehors de la seule vie économique — pensons à une administration, une administration démocratique vivant sur la base du droit —, si cha­cun use de la même manière de ses droits qui règlent le rapport d'homme à homme uniquement sur ce terrain, alors l'intégration de la force de travail dans le processus économique sera tout autre que ce qu'elle est actuellement.

Vous voyez que je ne vous donne aucun principe, ni une théorie quelconque du genre : voilà com­ment faire pour arriver à libérer la force de travail de son caractère de marchandise, je vous dis au contraire : Quelle attitude les hommes doivent-ils tout d'abord adopter, comment doivent-ils articu­ler l'organisme social pour que leur activité, leur penser, leur vouloir engendrent un organisme social viable. Je ne veux donner aucun remède général, je ne veux que décrire comment l'humanité devrait être articulée dans l'organisme social pour que sa saine volonté sociale génère de manière continue ce qui rendra cet organisme social viable. Je veux pour ainsi dire remplacer le penser théorique par un pen­ser intimement lié à la réalité. Qu'arrivera-t-il si, abstraction faite de la vie économique, sur une base indépendante qui s'administrera et se régulera dans une relative autonomie, en s'appuyant sur ses propres forces, si sur ce terrain on débat sur le droit du travail uniquement ä partir de fondements humains, et qu'a partir de là des lois seront émises ? Cela donnera quelque chose qui agira au sein du processus économique comme le font actuellement les fondements naturels de ce processus. Ces fon-dements naturels nous apparaissent de manière évi-dente lorsque nous étudions vraiment le processus économique. Ils régulent ce dernier de sorte que leurs règles se dérobent ä ce que l'être humain pour-rait y apporter lui-même. N'est-ce pas, il suffit d'ob-server ce qui saute aux yeux.

 

 

Je prendrai des exemples flagrants. Dans certaines régions qui, certes, sont éloignées de nous, la banane est un article extrêmement important. Mais le travail fourni pour transporter ce fruit jusqu'à l'endroit où il pourra être consommé est on ne peut plus infime sur son lieu d'origine, comparé ä celui qui est nécessaire dans nos régions européennes pour amener le blé jusqu'à son lieu de consomma-tion. Ce travail qui rend la banane consommable équivaut ä 1 °/o, et même moins, de celui qui est nécessaire pour la consommation du blé. Celui-ci est donc cent fois plus important. Et nous pour-rions ainsi citer les grandes différences qui existent sur le plan de la réglementation de la vie écono-mique. Celles-ci sont indépendantes de ce que l'être humain lui-même y apporte : elles résident dans la richesse du sol, dans l'existence d'autres rapports et autres paramètres de ce genre ; elles s'insèrent dans la vie économique comme un facteur constant, indépendant de l'homme qui travaille. Voilà ce qui se produit d'une part.

 

 

 

Imaginez maintenant la vie du droit du travail totalement séparée d'autre part de la vie écono­mique, dans ces conditions, s'il n'y a plus d'intérêts économiques intervenant librement dans la déter­mination du temps de travail, dans l'utilisation de la force de travail, il se formera dans les rapports purement humains entre les individus, indépen­damment de la vie économique, quelque chose qui d'un côté influera sur cette dernière, tout comme le font d'un autre côté les facteurs provenant des conditions naturelles10.

Dans la détermination des prix", dans la valeur des marchandises sur le marché, il faut suivre la manière dont agissent les facteurs naturels. Si l'on veut que l'organisme social soit viable, on devra à l'avenir chercher comment il faut produire, com­ment doit se dérouler la circulation des marchan­dises. Lorsque cette dernière ne déterminera plus la rémunération, le temps de travail, le droit du travail en général, mais qu'au contraire, indépendamment du marché, le temps de travail sera déterminé dans le domaine de la vie juridique relevant de l'État, uni­quement à partir des besoins humains, des points de vue purement humains, alors le prix d'une marchan­dise sera tout simplement égal au coût du temps nécessaire à la réalisation d'un certain travail, mais ce temps ne sera pas réglementé par la vie écono­mique, comme c'est le cas de nos jours où, dans le processus d'économie politique, le temps de travail, le rapport au travail sont souvent obligatoirement déterminés d'après les prix des marchandises. C'est l'inverse qui se produira avec une articulation juste de l'organisme social.



On ne peut aujourd'hui que faire allusion ä ces rapports. Mais vous voyez qu'ils jaillissent d'une volonté sociale qui est tout à fait différente de celle qui, dans le cours des événements de la planète, nous a entraînés dans la situation affligeante d'au-jourd'hui. Ils naissent de cette volonté sociale qui n'aménagera pas toute chose, sur le mode de l'inté-rêt général, ä partir de la pensée humaine, comme on est contraint de le faire afin que ceci ou cela se déroule de la manière qui convient. Ils jaillissent d'un penser qui est ä ce point lié ä la réalité qu'il n'apparaît pas lorsque les hommes sont insérés de telle ou telle manière dans une articulation de l'or-ganisme social. Alors, parce qu'ils seront sainement articulés dans l'organisme social, ils décideront ce qui est juste, ils agiront de la juste manière.


Il faut avoir vécu comment ceux qui avaient une volonté sociale déterminèrent les rapports dans la vie réelle, dans cette Autriche précisément qui a déjà périclité. C'était bien un État, mais dans cet É,tat ne vivait pas seulement l'activité juridique, dans l'état vivait même de manière très prononcée l'acti-vité économique née des intérêts de cercles humains particuliers. Pensez donc seulement ä ce qu'était l'ancien parlement autrichien jusqu'à la fin des années quatre-vingt-dix ! Ce qui était représenté dans ce parlement provoqua bel et bien les circons-tances qui jouèrent un rôle jusque dans la catas-trophe qu'était la guerre mondiale, ce parlement qui se composait de quatre curies : la chambre de com­merce, les gros propriétaires fonciers, la curie des villes, des marchés et des sites industriels, et celle des milieux économiques solidement installés. Ces derniers n'étaient pas représentés sur la base d'un parlement économique, mais c'étaient leurs intérêts qui déterminaient l'État, c'est-à-dire que les droits publics étaient déterminés en fonction de leurs inté­rêts. De même qu'il est impossible qu'un parti d'es­prit confessionnel, comme ce fut le cas en Allemagne, au sein de la diète d'empire, fasse son apparition et influence la vie juridique de l'État par ses définitions et institutions, un organisme social à l'intérieur duquel les cercles d'intérêts écono­miques régulent la vie juridique n'est pas viable. Celle-ci doit se développer séparément, unique­ment à partir de ce qui concerne le rapport d'être humain à être humain, disons de manière parfaite­ment démocratique. Alors l'organisme ternaire réglera la vie économique de manière appropriée grâce à cette vie juridique d'une part, et grâce à la base naturelle d'autre part.



Et au sein de cette vie économique qui, à son tour, a donc désormais des représentants des ten­dances les plus diverses, des facteurs et des intérêts purement économiques sont nécessaires. Il s'agit d'un organisme social dans lequel il y a, si je puis m'exprimer selon les habitudes de langage de notre époque, trois classes, trois secteurs, chacun possé­dant sa législation et son administration propres. Leurs relations sont celles, je dirais, d'États souve­rains, même s'ils s'interpénètrent et tiennent compte l'un de l'autre. Cela peut s'avérer difficile et inconfortable pour l'être humain, mais c'est lä ce qui est sain, c'est tout simplement ce qui rendra l'organisme social viable pour l'avenir. Car la vie économique elle-même ne pourra être déterminée ä partir de ses propres facteurs qu'à la condition que n'agissent sur son terrain que les seuls intérêts éco-nomiques, lesquels ne peuvent être définis que par le rapport nécessaire entre production et consommation. Et ce rapport ne peut exister dans la vie économique que sur une base associative, comme cela aurait pu se faire dans le contexte des syndicats et des coopératives. Mais aujourd'hui les rapports de ces derniers sont encore complètement empreints du caractère qui est le leur justement parce qu'ils sont nés de la vie de l'État. Il leur faut se développer ä l'intérieur de la vie économique, devenir des corporations au seul service de la vie économique. Alors l'organisme social se développera sainement.

 



Je sais que ce que j'ai dit paraît extrêmement radi-cal ä plus d'un. Mais radical ou non, lä n'est pas la question. Ce qui importe, c'est que l'organisme social devienne viable, que les hommes, tandis qu'ils commenceront de passer de l'ancienne vie sociale instinctive ä la vie sociale consciente, se pénètrent d'impulsions qui jailliront parce qu'ils auront dis-cerné comment on doit se situer au sein de l'orga-nisme social. C'est aujourd'hui être inculte que de ne pas connaître les tables de multiplication ou toute autre chose appartenant une bonne fois pour toutes ä la culture générale, mais si vous n'avez aucune conscience sociale ou vivez dans la société l'âme endormie, vous n'êtes pas considéré comme ignorant. C'est là quelque chose qui à l'avenir devra profondément changer! Et cela changera lorsque naîtra l'opinion que cela fait tout simplement par­tie de l'éducation scolaire la plus élémentaire que de s'armer de volonté sociale, de même qu'on le fait avec la connaissance des tables de multiplication. Aujourd'hui, chacun doit savoir combien font trois fois trois. À l'avenir il ne semblera pas plus difficile de connaître le rapport entre l'intérêt du capital et la rente foncière, pour prendre un exemple de la vie actuelle. Ce ne sera pas plus compliqué que de savoir que trois fois trois font neuf. Mais cette connaissance donnera une base pour une situation saine à l'intérieur de l'organisme social, c'est-à-dire pour une vie sociale plus saine. Et c'est vers cette vie sociale saine qu'il faut tendre.

 

 

Dans la conscience saine de l'humanité se pré­pare ce dont je vous ai parlé. Il faut seulement avoir du flair pour ce qui se prépare et lutte dans notre vie moderne actuelle pour se révéler et se réaliser.

Repensez aux trois grands idéaux de la Révolution française : liberté, égalité, fraternité. Quiconque étudie quels destins ont suivis ces idées au fil du temps dans les esprits des hommes sait comme souvent les hommes ont lutté avec logique contre la contradiction qui existe entre la liberté d'une part, qui renvoie à l'initiative personnelle individuelle, et l'égalité d'autre part qui est censée être concrétisée dans la centralisation de l'organisme social orienté vers l'État. Cela ne va pas. Mais la manie de cette confusion est apparue ä l'époque moderne. Le fait que le capitalisme d'aujourd'hui n'a pas encore pu saisir le concept d'un organisme social ternaire vient de l'idée de l'État entièrement centralisé.



Lorsqu'on saisit aujourd'hui ce qui vit dans cette volonté qui s'exprime dans les trois idéaux : liberté, égalité, fraternité, on en vient aisément ä considé-rer la chose du point de vue de l'organisme social tripartite. On trouve alors tout d'abord la vie culturelle, qui doit totalement se pénétrer du principe, de l'impulsion de la liberté. Lä, tout doit et peut reposer sur la libre initiative de l'être humain, et c'est ainsi que cela agira de la manière la plus féconde. Pour ce qui est de l'État de droit, qui régule entre la vie spirituelle et économique, c'est-à-dire le système vraiment politique, c'est l'égalité entre les êtres humains qui doit tout pénétrer. Et dans le domaine de la vie économique peut seule valoir la fraternité, le partage social de l'ensemble de la vie extérieure et intérieure d'un homme avec l'autre.

 



Dans la vie économique de l'organisme social ne peut régner que l'intérêt. Mais cet intérêt produit une particularité très précise du constituant écono-mique de l'organisme social. Car, au fond, que montre tout ce ä quoi tout aboutit dans la vie éco-nomique ? Dans ce domaine, tout aboutit ä ce que de la manière la meilleure, la plus adéquate, ce que le processus économique produit puisse aussi être consommé. Je parle de consommer au sens le plus strict qui exclut alors le spirituel. La force de travail, la force de travail humaine peut par exemple être consommée. Mais l'homme moderne ressent qu'il n'est pas permis que sa force de travail soit pure­ment consommée. De même qu'il acquiert un inté­rêt par cette force, il lui faut également acquérir un intérêt dans la production spirituelle par son calme, sa réceptivité sereine du spirituel. L'homme est consommé dans la vie économique. Il doit constam­ment s'arracher à celle-ci grâce aux deux autres constituants de l'organisme social sain, s'il ne veut pas être ainsi consommé dans la vie économique.



La question sociale n'est pas quelque chose qui est apparu dans la vie moderne, qui a la possibilité d'être résolu, et qui alors le sera donc certainement. Non, la question sociale est entrée dans la vie moderne, et elle ne quittera plus cette vie pour tout l'avenir de l'humanité. Il y aura toujours davantage une question sociale. Et elle ne sera pas non plus résolue en une fois, par telle ou telle mesure, mais par la volonté constante des hommes, dans la mesure où ce que le processus économique consomme de l'être humain sera sans cesse régulé par la vie juridique, d'un point de vue strictement politique, et où ce qui est consommé pourra à son tour être équilibré par la production culturelle, grâce à l'organisme culturel autonome.

 

Quiconque a vu comme la question sociale s'est développée au cours des dernières décennies — il n'y a encore pas si longtemps qu'elle s'est préparée à sa forme actuelle —, quiconque a observé avec atten­tion et avec une participation intime la manière dont elle a évolué depuis ses débuts, peut justement, en ce qui concerne la volonté sociale et son impulsion directrice pour la forme future de la vie humaine, en venir ä des réflexions qu'il est peut-être possible de caractériser de la façon suivante.

 

Il y a des décennies, de nombreuses personnes, même beaucoup de gens parfaitement éclairés ne voyaient pas encore la question sociale comme quelque chose qui existait. J'ai connu dans ma jeu-nesse un ministre autrichien'2 qui, regardant par-delà la frontière entre la Bohême et l'Allemagne, énonça la sentence grotesque que voilà : La question sociale s'arrête ä Bodenbach ! Et je me souviens encore très bien comme les premiers mineurs sociaux-démocrates ont défilé devant la maison de mes parents avec un groupe important pour se rendre ä leur assemblée. J'ai alors observé comment la volonté sociale est née, non pas en tant que pen-sée sur le mouvement social, mais par l'expérience commune de ce mouvement social. Je dus alors me dire : Il a fallu passer par beaucoup d'épreuves et assumer beaucoup d'erreurs aussi! Et même chez les penseurs ä tendance socialiste de l'époque moderne, ces erreurs ont été très nombreuses. Il semble préci-sément dans ce domaine que les hommes, par les cerveaux qu'ils développent, ne s'en rendent pas compte. Lerreur a pris une ampleur effrayante.

J'ai tenté ce soir de vous parler de la volonté sociale ä partir d'un état d'esprit que j'ai acquis en me fondant sur ces observations. Vous m'y avez invité en qualité de membres d'une communauté humaine qui porte son regard sur ce que la volonté sociale doit apporter ä l'avenir pour le salut des hommes.

Les personnes d'un certain âge, comme moi par exemple, qui pendant des décennies ne cessent de parler à des personnes telles que vous, regardent aussi de temps en temps en arrière, vers tout ce qui a dû être traversé pour arriver à notre aujourd'hui. Mais grâce à tout cela précisément, elles acquièrent la conviction que l'erreur ne fut pas inutile, que même si aujourd'hui les faits parlent un langage attristant, souvent effrayant, les hommes seront cependant assez forts pour trouver l'issue à ce qu'une grande part de l'humanité ressent actuelle­ment comme insupportable.

C'est dans ce sens que je vous prie d'accueillir ce que je me suis permis d'exprimer ce soir devant vous. Car les faits parlent un langage clair dans bien des domaines. Et ils disent également cette parole claire : Plus il y aura d'individus, parmi ceux qui aujourd'hui sont encore jeunes, qui adopteront une volonté sociale vraie, viable, plus l'organisme social humain, actif, sera viable.

Que les personnes qui souhaitent s'exprimer le fassent. Monsieur Boos, qui a tenu une conférence il y a environ une semaine, s'est déclaré prêt à mener le débat.

Un orateur prend la parole [sténogramme incomplet].

R. Steiner : Ce que vous avez souligné provient du fait que vous n'avez pas vu ce qui doit apparaître grâce à l'articulation tendant vers une relative indépendance de l'État de droit d'une part, et de la vie économique d'autre part. Les organisations de travail, qui seront pour une part des sociétés de production, ou des sociétés de consommation, ou bien encore des intermédiaires entre les deux, n'au-ront, en tout état de cause, ä faire qu'aux facteurs économiques qui interviennent au sein de l'écono-mie elle-même.

La réglementation du droit du travail incombe ä l'État, relativement indépendant. Lä, disais-je, tout ce qui concerne le rapport d'être humain ä être humain ne sera pas décidé autrement que sur une base démocratique. C'est pourquoi j'ai évoqué éga-lement ä propos de la base de cet État purement démocratique qu'il est un lien entre les deux autres pôles ; sur ce terrain règne l'égalité des hommes devant la loi. C'est alors que cesseront les seuls désirs des différentes organisations économiques, parce qu'elles devront s'accorder dans la vie juri-dique démocratique aux intérêts des autres milieux. C'est donc précisément cela qui doit être réalisé. Il faut justement remédier ä ce que vous ressentez comme un dommage qui se produirait sans nul doute si par exemple le temps de travail était déter-miné au sein de l'organisation de la vie économique. Les organisations de la vie économique n'ont ä faire qu'à la vie économique, c'est-à-dire la réglementa-tion au sens du droit du travail. Mais la détermina-tion du temps de travail n'est plus soumise qu'à la corporation de l'État, qui a ä faire au rapport d'être humain ä être humain.



N'oublions pas quels changements importants interviendront par là entre les hommes par le fait que les intérêts unilatéraux s'émousseront. Bien entendu, rien ne sera absolument parfait dans le monde, mais les intérêts unilatéraux s'émousseront dans une structure d'État démocratique qui aura pour base l'égalité de l'homme devant l'homme.

Imaginons qu'une certaine organisation économique ait un intérêt à travailler avec des horaires réduits. Elle devra accepter de composer avec les intérêts des personnes qui souffriraient de cette courte durée de travail. Mais si on ne pense pas du tout à de quelconques forces subconscientes — tout comme dans l'ordre de la nature il y a toujours à peu près, au moins approximativement, autant d'hommes que de femmes, ce qui naturellement ne doit pas être et ne peut devenir une loi naturelle stricte —, il s'avérera aussi que, si les différents fac­teurs coopèrent de la juste manière, une situation malsaine ne sera pas engendrée du fait que certains individus pourront développer de petits intérêts préjudiciables pour d'autres au plus haut point.

 

 

Le fondement de mon mode de penser social diffère de nombreux autres du fait que ceux-ci sont plus abstraits. Avec la logique, on peut toujours par­faitement déduire une chose d'une autre; bien des choses logiques découlent d'une autre chose logique. Mais dans ces questions, seule l'expérience de la vie peut en réalité être décisive. Naturellement je ne peux prouver logiquement, aucun homme ne le peut, qu'aucune contradiction ne pourra appa­raître au niveau des intérêts dans un futur orga­nisme de ce type. Mais on peut supposer que, si les forces peuvent se développer dans le milieu qui leur est propre, conforme à leur nature, alors nous verrons une évolution pleine d'humanité. Ce que je veux dire, si vous considérez justement ce que je souhaite développer, c'est que si la détermination du temps de travail sort du seul processus écono-mique pour entrer dans la sphère juridique de l'É-tat, alors ces dommages ne pourront apparaître dans le domaine pratique. Voilà ce que j'ai ä dire ä ce sujet.

Un autre orateur s'exprime. [Sténogramme incomplet].

R. Steiner : J'aimerais remarquer ce qui suit à l'exposé du cher orateur précédent : évidemment, chaque conférence souffre dans une certaine mesure de ce qu'on ne peut pas tout dire dans une seule conférence, et je ne sais pas de quelles remarques de ma conférence le cher orateur précédent a tiré la conclusion que je n'aurais pas de position à la psyché moderne du travailleur, que je ne prendrais pas en compte le mouvement des travailleurs et du genre. Chacun fait cela évidemment d'après sa manière. Je fus des années durant par exemple professeur dans les différentes matières d'une école de formation de travailleurs, j'ai fait des exercices de la parole avec les travailleurs dans les syndicats et aussi dans des organisations politiques. J'ai aujourd'hui le droit d'avoir la conscience justifiée qu'un grand nombre de travailleurs qui aujourd'hui tiennent leurs discours en Allemagne, l'on apprit par mes exercices de parole. Lors de ces exercices de parole ont été discutées toutes les questions possibles, et des questions qui maintenant ne se tenaient pas loin des plus intimes particularités de la psyché de travailleur. Donc, je ne sais pas – je n'aurais naturellement aucune raison de placer aussi ce côté particulièrement pratique de mon action et volonté sociale dans la claire lumière, mais je ne peux aussi pas bien comprendre de quelles remarques de mon discours devrait provenir que je devrais me tenir absolument si loin du mouvement ouvrier pratique.

Certainement, c'est une évidence qu'à l'intérieur du mouvement social moderne tout de suite les travailleurs eux-mêmes seront considérés. Mais réfléchissez seulement que j'ai toujours accentué toute la soirée à quoi ça ressemble en fait tout de suite à l'intérieur du prolétariat. J'ai donc parlé du prolétariat en tant que tel. Vous avez pu remarquer si vous avez bien écouté comme tout de suite à joué dans ma conférence ce que je crois avoir expliqué qui vit aujourd'hui tout de suite pratique dans la compagnie des travailleurs.

Ce qui maintenant concerne le reproche que j'ai peut être présenter unilatéralement le fait, comme il ne semble significatif fondamental que la manière de penser bourgeoise a été reprise par la compagnie des travailleurs, notamment les guides de la compagnie des travailleurs, ainsi repose cette remarque que j'ai faite et que j'ai donc aussi évidemment éclairée seulement d'un seul côté, vraiment sur une étude plus exacte de la psyché ouvrière et de tout le mouvement ouvrier moderne.

Je voudrais en cela vous rendre attentif à ce qui suit : un écrivain russe m'étant aussi personnellement connu a dernièrement indiqué d'une manière très particulière que la philosophie, qu'à Jünger, tout de suite ici à Zurich, a jouée un grand rôle : la philosophie d'Avenarius, qui donc de son côté a certes grandie de pur soubassement bourgeois. Je ne peux au moins pas me représenter qu'Avenarius a pensé à ce que sa philosophie joue aujourd'hui en Russie ce rôle qu'elle joue dans le mouvement ouvrier.

Autant que je sache est très fortement représentée ici , tout de suite à Zurich, par Adler notamment, la conviction philosophique de Mach qui a été prélevée de la science de la nature. Ces deux orientations philosophiques sont dans une certaine mesure les philosophies d'administration du bolchevisme, du socialisme le plus radical. L'écrivain russe Berdjajev dit cela dans un essai – il est contenu dans la traduction d'un livre très intéressant sur « Âme politique russe » -, et dans cet essai, Berdjajev a de manière très claire tout de suite fait ressortir cette âme politique. Et ainsi, on pourrait vous mentionner de nombreux exemples, qui seraient semblables à ce que je vous ai auparavant retiré du discours de la décédée Rosa Luxemburg qui vous prouverait que justement la dernière pièce significative de l'héritage de la vie bourgeoise saisissant tout de suite profondément le mouvement ouvrier est la manière de penser bourgeoise, qui est orientée scientifiquement.

La possibilité de faire absolument idéologie la vie spirituelle est d'origine bourgeoise.
La bourgeoisie, quand on à le droit d'utiliser de telles catégories, a tout d'abord fait idéologie la manière de penser orientée scientifiquement sur le domaine de la connaissance de la nature.
Elle ne l'a pas transférée à l'intérieur de sa classe sur la véritable pensée scientifique. La pensée prolétarienne a alors tiré cette dernière conséquence. Certainement, la pensée prolétarienne a tiré d'autres conséquences, mais a justement tiré des conséquences des bases qui aujourd'hui sont à reconnaître clairement comme racinant à l'intérieur de la manière de représentation scientifique bourgeoise, et l'a seulement perfectionnée quelque peu plus loin. Cela ne devrait justement pas être méconnu dans son importance.

Car celui-là qui se tient plus profondément aussi dans l'ensemble, qui a développé le plus profond intérêt pour la part, que la psyché ouvrière a au mouvement ouvrier moderne, celui-là attend, j'aimerai dire, avec un certain souci d'un côté, mais aussi avec une certaine satisfaction intérieure de l'autre côté, sur le moment, où cela se manifestera à l'intérieur du mouvement socialiste moderne. On remarquera un jour, on remontera à la conscience, ce qui maintenant encore repose dans le sous-conscient, on remarquera un jour : aha, nous avons encore cela dans notre pensée supérieure de l'âme – si j'ai le droit d'utiliser l'expression – dans notre pensée supérieure psychique, cela doit sortir. Nous avons la nostalgie d'orienter toute notre dignité humaine scientifiquement, cela ne nous a pas rendu possible jusqu'à présent la ligne d'héritage bourgeoise.

Nous devons chercher une autre vie de l'esprit.

Je crois toutefois qu'alors, quand ce moment sera arrivé, quand ressort la pleine, entière nostalgie que peut être d'un certain côté uniquement des humains modernes, à savoir les humains prolétariens – quand aussi ce n'est pas encore venu à pleine expression dans le temps moderne -, quand cette nostalgie du prolétaire moderne vers une totale formation de la manière de penser scientifique en conception du monde, avec la force des vieilles religions, quand cela sera rentrer, parce qu'il est venu là dessus, qu'il ne devrait plus être marchandise, il ne tirera plus la conséquence de la manière de penser bourgeoise, alors sera arrivé le moment, où on pourra parler absolument premièrement de ce que le fructueux organiser du vouloir social est là .


Dans le pur socialisme et dans son rapport, que le cher monsieur orateur précédent a relevé, à la philosophie de Bergson, je crois qu'on n’a pas le droit de se placer si dogmatique. Je ne veux donc évidemment pas discuter aujourd'hui sur de telles questions philosophiques. Le Monsieur orateur précédent disait que Bergson est un représentant typique de la manière de penser bourgeoise. Alors, le socialisme aurait tout de suite justement bien repris des fondements bourgeois de la philosophie de Bergson ! On peut aujourd'hui prouver que la philosophie de Bergson, d'après son contenu, est parcourue de beaucoup de « schopenhauerismes » entièrement non mesurables, que Bergson est beaucoup plus influencé par Schopenhauer que vous le pensez d'une manière ou d'une autre.

Maintenant, voudrait-on débattre d'une seule chose dans le détail ainsi on devrait justement vraiment pouvoir être vraiment bien détaillé. Je ne peux pas cela aujourd'hui, mais je vous mentionne seulement qu'il y a aussi à l'intérieur du monde prolétarien un humain se sentant comme penseur, comme, par exemple Mehring, Franz Mehring, qui en réalité est en beaucoup semblable à Bergson ; celui-là a caractérisé tout de suite Schopenhauer comme le représentant de l'empire petit-bourgeois !

Sur ces choses on peut être de différents avis, et je ne crois pas qu'on a le droit de dogmatiser ainsi. On peut donc avoir l'avis que Bergson est le philosophe le plus progressiste et a des éléments irrationnels dans sa philosophie. Mais on aimerait demander : qu'a donc un élément irrationnel à faire avec la question sociale ? - Irrationnel un prolétaire peut l'être tout de suite aussi bien qu'un bourgeois. Je ne peux pas bien reconnaître ce que tout l'irrationnel a à faire avec cela. Là on doit déjà faire l'hypothèse dogmatique : Bergson est absolument celui-là qui est le philosophe moderne, quand donc les prolétaires devraient penser correctement, ainsi il devraient devenir bergsoniens, n'est-ce pas. Cela alla à travers toute la question.

Car c'est sans doute que sur les différents domaines dans la vie moderne se sont montrées des tendances qui s'orientent d'après ce que j'ai caractérisé aujourd'hui. Ce serai donc maintenant vraiment triste commandé par la vie humaine quand cela irait toujours tout de suite, aimerais-je dire, par-dessus le diaphragme, quand cela se développerait toujours dans la direction opposée de la correcte ! N'est-ce pas, ce ne peut naturellement pas être le cas. Je disais même que par exemple sur le domaine du système des tribunaux que certaines choses sont attisées de quelques humains entièrement orientés psychologiquement. De tels exemples on pourrait naturellement en exposé des innombrables. Mais c'est aussi une dérivation de la discussion sur voie secondaire quand on ne parvient pas sur ce qui a été fait valant, mais présente une opinion favorite. Certainement on peut donc beaucoup sympathiser avec maints qui a été dit aujourd'hui comme donc plus principes indiquant sur périodes historiques en rapport à des impulsions ; mais sans aller plus sur la dernière – voudrait-on aller sur toutes ces choses, je devrais alors rester très longtemps ici -, donc sans aller plus loin sur la dernière, j'aimerais dire : beaucoup d'humains sont aujourd'hui obstinés intérieurement quand on parle de cette triarticulation, de laquelle je vous ai parlé aujourd'hui. Ils disent alors : il ne peut donc pas y avoir trois membres, qui seront conduits et guidés d'après des principes différents.


Mais je n'ai pas parlé de trois parties distinctes qui seraient régies selon trois principes différents ; j'ai parlé d'une articulation ternaire de l'organisme social! Songez seulement que cette arti-culation ternaire doit être trouvée progressivement, conformément au mode de penser actuel, tout comme ont été trouvées jadis les antiques articula-tions que l'on trouve chez Platon13 et qui étaient justifiées ä l'époque. Quelqu'un m'a dit un jour après ma conférence : Voilà donc bien ä nouveau une référence aux anciennes articulations de Platon : les paysans, l'armée et le corps enseignant! Ce que j'ai dit est tout ä fait le contraire de cela. Car les hommes ne sont pas divisés en catégories sociales, mais on tentera une articulation de l'orga-nisme social. Nous autres, humains, ne devons jus-tement pas être divisés ! Le même individu peut parfaitement être actif dans le domaine spirituel, ou bien dans la partie juridique et même dans le domaine économique. Par lä, l'homme est juste-ment émancipé d'une quelconque unilatéralité dans l'appartenance à l'un des domaines de l'organisme social. Il ne s'agit donc pas de diviser les hommes en ces classes indépendantes, en développant l'organisme social sain, mais il s'agit au contraire que ce dernier soit ordonné selon ses lois propres. C'est là la différence radicale. Autrefois on partageait les hommes. À présent, conformément au mode de penser de notre époque, c'est l'organisme social lui-même qui doit être partagé, afin que l'homme puisse regarder ce dans quoi il vit, pour pouvoir, selon ses besoins, ses rapports et capacités, agir dans l'un ou l'autre domaine. Il pourra par exemple être tout à fait possible qu'à l'avenir quelqu'un d'actif dans la vie économique soit en même temps député dans le domaine de l'État purement politique. Il fera cependant bien évidemment valoir ses intérêts économiques d'une tout autre manière qu'il peut le faire avec ce qui entre uniquement en considération dans le domaine de l'État de droit. Ces trois domaines veilleront eux-mêmes à la délimitation de leurs territoires. Il n'y aura pas de confusion du fait qu'un domaine s'immisce dans les affaires de l'autre.

 

 


On y arrivera bien mieux si les choses sont séparées. Ce sont, bien entendu, les mêmes dispositions humaines qui décident dans l'un ou l'autre domaine. Mais de même que l'organisation humaine naturelle a trois parties centralisées en elle : le système neuro-sensoriel, le système poumons-res­piration et le système métabolique — bien que je ne souhaite pas faire d'analogie, je voulais y faire allu­sion —, l'organisme social sain a, lui aussi, trois constituants. C'est là une chose qui ne fait pas encore partie aujourd'hui des habitudes de pensée courantes, mais dont je crois qu'elle y entrera, et qu'à mon sens il ne faut pas traiter avec moins de profondeur que lorsqu'on ne fait qu'expliquer son opinion favorite.

 

Dr Roman Boos : Ai-je encore le droit de m'autoriser d'orienter la question au monsieur référent en rapport à ce qui a justement été demandé sur le domaine du droit pénal ? Maintenant quand a été parlée de la liberté du juge, si avec cela aussi est pensé une infraction contre le principe qu'aucune peine ne devrait être prononcée sans loi – comme il me semble que c'est pensé ainsi que la loi pénale comme telle, doit donc être donnée pas à partir du domaine de la libre vie de l'esprit, mais des instances politiques, la question contient vraisemblablement un malentendu chez le Monsieur Dr. Weiss, qui a pensé que serait exigé une infraction contre le principe qu'aucun ne pourrait être jugé à une peine, qui n'a pas enfreint une loi déterminée. - Ai-je le droit de vous prier encore à vous exprimer à cela ?

Dr Steiner : n'est-ce pas, dans cette question se touchent évidemment le système du droit public avec le système de la juridiction pratique. Ce que j'ai accentué est la séparation du jugement pratique. C'est pourquoi j'ai utilisé l'expression « juger », expressément le juger pratique de la vie générale de droit public, que je dois ainsi penser centralisée dans l’État politique chez l'organisme social sain que l'organisme social sain doit veiller dans sa vie de droit public à cela que devra être procédé conformément d'après d'une loi déterminée par lui. Que ne pourra pas être jugé de la manière la plus arbitraire, cela est entièrement évident. Mais je n'ai pas pensé à de telles choses qui sont abstraites et qui dans leur abstraction sont plus ou moins évidentes.


Je n'ai aujourd'hui pas, disons, eu à parler sur le domaine d'action du droit, mais j'ai eu à parler sur l'organisme social et sur le vouloir social. Et là je vous prie de réfléchir à ce qui suit au sens du thème.


Voyez-vous, j'ai presque passé un temps aussi long de ma vie en Autriche qu'en Allemagne. J'ai pu apprendre à connaître la vie autrichienne fondamentalement, vous avez le droit de me croire, cela n'est pas une prétention abrupte quand je dis que beaucoup de ce qui s'est passé dans l’État autrichien ainsi nommé ces derniers temps est en rapport avec des événements qui se sont montrés tout de suite dans les années soixante-dix, quatre-vingts du siècle dernier comme profonds rapports faussés. N'oubliez pas que dans un tel état comme l'Autriche – dans d'autres régions cela ne se laisserait pas caractériser si clairement, mais c'est aussi disponible en cette forme ou autre aussi -, particulièrement en Autriche les différents secteurs de langues sont beaucoup poussés les uns dans les autres, vous pouvez par exemple faire l'expérience qu'un allemand parce qu'il appartient tout de suite fortuitement à une quelque paroisse (NDT le lexique donne bien ce terme pour « Sprengel », nous dirions « circonscription »)de tribunal dans lequel est en fonction un juge tchèque, qui ne pouvait parler allemand, qu'il était jugé par un juge tchèque dans une langue qu'il ne comprenait pas. Il ne savait pas ce qui a été jugé sur lui et ce qui se passait avec lui, il remarquait seulement qu'on l'emmenait. Justement ainsi c'était aussi le cas quand un juge allemand qui ne comprenait pas le tchèque, jugeait un tchèque qui ne comprenait pas l'allemand. Ce que je pense est la formation individuelle, la libre formation des rapports de celui à condamner (NDT Verurteilenden : serait-ce simplement le justiciable) au juge.

Donc un tel État comme l'Autriche aurait là un grand résultat à en attendre. Mais cette impulsion aurait exigé que toujours pour peut être cinq ou dix ans – les rapports se déplacent perpétuellement -, chaque fois du condamnable ou du justiciable aurait pu être choisit son juge, en libre choix du juge...

(Lacune dans le sténogramme)


Cela est simplement pas du tout un objet de la vie spirituelle, mais c'est du début un objet de la vie dans l’État de droit, afin, que donc sera seulement jugé d'après une loi, laquelle a existé alors que le fait a été commis, le deuxième sera veillant déjà à la loi étatique, comme comptant à sa compétence ; il tirera déjà pour chaque cas ses conséquences, évidemment.

Mais la question est une tout autre, quand vous prenez les choses plus exactement, ainsi vous verrez que toutes les solutions de ces cas se montrent très très conséquentes. Je pouvais donc aujourd'hui seulement vous dire les toutes premières conditions préalables, je devrais sinon aussi continuer à parler toute la nuit, mais aussi encore au jour de demain.



Als Thema für den heutigen Abend ist gewünscht worden «Das soziale Wollen als Grundlage einer neuen Wissenschaftsordnung». Ich weiß nicht, aus welchen Motiven heraus gerade dieses Thema gestellt worden ist, aber als seine Forderung zu mir gelangte, fand ich es außerordentlich glücklich, denn es schlägt in der Tat denjenigen Ton an, der mir notwen­dig dünkt gerade gegenüber den Tatsachen, welche die soziale Bewe­gung in die Gegenwart hereingetragen hat, und die ja wahrhaftig eine viel deutlichere Sprache sprechen als alles dasjenige, was vorbereitend diskutiert, verhandelt worden ist über die soziale Frage im Laufe der letzten Jahrzehnte.

Man kann durch lange Zeiten verfolgen diese Entwickelung der sozialen Bewegung in der neueren Zeit, der Gegenwart, und man konnte gerade gegenüber dem sozialen Wollen, das sich immer mehr und mehr nach der einen oder nach der anderen Seite in diesen sozialen oder anderen Wollungen aussprach, bemerken, daß sich etwas hereinge­flüchtet, hereingeschlichen hat in dieses soziale Wollen, in die soziale Gesinnung der neueren Zeit, das einem erscheinen kann wie eine Um­hüllung eines auf einem ganz anderen Gebiete herrschenden Aberglau­bens älterer mittelalterlicher Zeiten, eines Aberglaubens, der einem wie­derum vor Augen tritt, wenn man sich vertieft in den zweiten Teil von Goethes «Faust» und dort auf die Szene stößt, wo Goethe seinen Wagner den Homunkulus bereiten läßt, das Menschlein, das auf dem Wege sein möchte, aus einem Homunkulus ein Mensch zu werden. Es beruht der Aberglaube des Mittelalters auch nach der Meinung Goethes darauf, daß man damals aus dem, was nur der theoretische, nur die äußeren Tat­sachen nüchtern und trocken zusammenstellende, zusammenfassende menschliche Verstand, der Wesenhaftes ausdenken kann, daß man nach diesem Ausgedachten etwas wirklich Lebendiges formen wollte. Die Unmöglichkeit, aus den Abstraktionen, die abgezogen sind vom äuße­ren Leben, etwas Lebendiges selbst zu formen, die trat Goethe ganz besonders vor Augen. Dieses Mittelalter aber beherrscht ja nicht gerade das heutige Denken selbst, aber es scheint mir in all den Impulsen, in den Instinkten unserer Zeitgenossen, vieler unserer Zeitgenossen, die sich soziales Wollen zusprechen möchten, eine Metamorphose, möchte ich sagen, manchen Aberglaubens zu herrschen. Man beobachtet die Entwickelung des sozialen Lebens, wie es sich im Laufe der Mensch­heitsgeschichte bis in die Gegenwart herein ergeben hat, man denkt sich aus gewisse Prinzipien, gewisse Grundsätze, nach denen verfahren werden soll, oder, wie man auf manchen Seiten hört, die sich selber verwirklichen wollen, und dann meint man dadurch, mit abstrakten Prinzipien, nach denen der Homunkulus geformt werden sollte, auch das formen zu können, was man den sozialen Organismus nennen kann.

Nach diesem sozialen Organismus nämlich strebt eigentlich, ich darf sagen, das Unbewußte der modernen Menschheit hin. Man braucht sich nur das Folgende klarzumachen, um das zu verstehen. Das soziale Leben der Menschheit ist ja selbstverständlich als solches nichts Neues, es tritt nur in einer anderen Erscheinung in der neueren Zeit auf. Die soziale Struktur des gesellschaftlichen Organismus wurde bis eigentlich in die neuere Zeit herauf aus menschlichen Instinkten, aus dem Unterbewuß­ten der menschlichen Impulse heraus bestimmt. Und das ist das Bedeut­same in den heraufkommenden Kräften der neueren Zeit, daß die Menschheit nicht mehr stehenbleiben kann bei einem bloß instinktiven Wollen, daß sie einfach, durch die Natur der Entwickelung herausgefor­dert, zu einem bewußten Wollen gerade mit Bezug auf die Gestaltung der sozialen Struktur sich ausrüsten muß. Will man sich aber mit einem bewußten Wollen ausrüsten, so braucht man diesem Wollen zugrunde­liegende, wirklichkeitstragende Gedanken, nicht bloß Gedanken, die ganz aus der Wirklichkeit abstrahiert sind, sondern Gedanken, die das eigene Wollen verwandt machen mit den Kräften, die im Naturgesche­hen, die im Weltenwalten selber drinnen sind. Man muß gewissermaßen mit seinem eigenen Wollen verwandt werden mit den Schöpferkräften des natürlichen Daseins.

Das ist etwas, was aber weite Kreise der Menschheit erst noch lernen müssen. Sie müssen daran denken lernen, daß man eigentlich so gar nicht verfahren kann, daß man sich denkt : Was soll geschehen, um aus einer sozialen Struktur, die aus einem von vielen als unerträglich emp­fundenen Leben heraus kommen soll, eine mögliche soziale Struktur hinzustellen. Man kann gar nicht so verfahren. Man kann nichts ausdenken, was gewissermaßen die sozialen Krankheiten sind. Man kann nur seine besten Bestrebungen darauf richten, aus dem Menschen selbst zu finden, wie die in der Gesellschaft zusammenlebenden Menschen ihre gegenseitigen Verhältnisse in gegenseitige Harmonien bringen müssen, um in diesem Wechselleben das zu entfalten, was notwendig ist, um die soziale Struktur herbeizuführen.

Da hat sich mir, wie ich glaube, aus langjährigen Studien der sozialen Frage ergeben, daß man diese Grundfrage, die man gerade durch das ab­strakte Denken heute als eine einheitliche betrachtet, daß man diese soziale Frage in drei Gliedern sehen muß, dreigliederig sehen muß, und zwar sehen muß erstens als eine Geistesfrage, zweitens als eine Rechts­frage und drittens als eine Wirtschaftsfrage. Dasjenige, was im moder­nen kapitalistischen Wirtschaftsleben heraufgekommen ist, heraufge­kommen ist auf Grundlage des Technischen, das sich ausgebildet hat in der neueren Zeit, das hat, wie hypnotisiert, den menschlichen Blick einzig und allein auf dieses Wirtschaftsleben hingelenkt, hat die Aufmerksamkeit ganz davon abgezogen, daß die soziale Frage neben einer Wirtschaftsfrage vor allen Dingen auch eine Geistesfrage ist und eine Rechtsfrage.

Ich werde mir erlauben, zuerst die Geistesfrage zu behandeln, nicht aus dem Grunde, weil vielleicht, wie einige glauben, die Betrachtung des geistigen Lebens mir subjektiv besonders nahe liegt, sondern weil ich allerdings der Meinung bin, daß, wenn auch gerade proletarisch den­kende Menschen der heutigen Zeit es ablehnen, im Geistigen etwas zu sehen, was zur Lösung der sozialen Frage etwas beitragen kann, gerade für den wirklichkeitsgemäßen Betrachter dieser sozialen Frage sich das Geistige an erste Stelle stellen muß. Da muß man, um das einzusehen, die Seele des von der modernen sozialen Bewegung berührten Men­schen in ihrer wahren Gestalt betrachten. Man muß versuchen zu erkennen, was eigentlich gerade in den sozialistisch orientierten Kreisen an Willensimpulsen lebt. Man muß vor allen Dingen ergründen, woher diese Willensimpulse gekommen sind.

Sehen Sie, als mit Technik und Kapitalismus das neuere Menschheits­leben heraufzog, da gliederte sich immer mehr und mehr der herr­schende Teil der Menschheit, die sogenannte herrschende Klasse, von dem ab, was sich in den verschiedensten Gebieten als das Proletariertum herausbildete. Zwischen dem proletarischen Wollen und dem nichtpro­letarischen Leben herrscht ja heute, das wird der Einsichtige nicht leug­nen, eine Kluft, die kaum zu überbrücken ist, wenn man nicht wenig­stens den Versuch macht, nicht nur mit den alten Gedanken und alten Willensimpulsen in der sozialen Bewegung tätig zu sein, sondern mit neuen Gedanken und Willensimpulsen. Es hat sich ja im Laufe der Zeit immer mehr und mehr herausgebildet innerhalb des Proletariertums selbst der Glaube — und man kann, so wie die Verhältnisse liegen, diesen Glauben durchaus nicht als einen irgendwie unbegründeten ansehen —, es hat sich der Glaube herausgebildet, daß die sozial benachteiligte Klasse von den sozial bis jetzt herrschenden Klassen nichts zu hoffen habe, wenn sie auf deren guten Willen, deren Ideen und so weiter bauen. Es hat sich, wenn ich so sagen darf, ein tiefes Mißtrauen eingeschlichen zwischen den einzelnen Menschenklassen. Und dieses Mißtrauen hat sich ergeben aus Untergründen, die bisher gar nicht in das Bewußtsein der Menschheit recht hinaufspielen, die im Unterbewußten noch immer vorhanden sind. Es hat sich daraus ergeben, daß die arbeitende Klasse dem Bürgertum, namentlich im Anfange der neueren Zeit, ein letztes großes Vertrauen entgegengebracht hat, und daß sie, nicht in ihrer Überzeugung, aber in ihrem Gefühl von diesem letzten großen Vertrauen getäuscht worden ist. Sehen Sie, man redet heute von proletari­scher Weltanschauung. Viele, auch führende Persönlichkeiten, die glau­ben das proletarische Wollen in ihrem Denken zum Ausdruck zu brin­gen, die wissen eigentlich nicht, welches der Ursprung ihres ganzen Den­kens und Wollens ist. Was an Forderungen, die aus dem Leben selbst kommen, heute in der sozialen Bewegung lebt, das steht eigentlich in ei­nem merkwürdigen Kontraste mit dem, was über diese Forderung, über diese sozialen Lebensimpulse sogar vom Proletariat selbst gedacht wird.

Wenn ich kurz ausdrücken soll, was ich auf diesem Gebiete meine, so muß ich sagen : Es ist proletarische, es ist soziale Kultur also entstanden; aber innerhalb des proletarischen Fühlens, innerhalb der sozialen Kultur und des Lebens herrscht ein Erbgut gerade aus denjenigen Anschauun­gen und Lebensauffassungen heraus, die sich in dem entscheidenden Augenblicke ihrer geschichtlichen Entwickelung gerade im Bürgertum ergeben haben.

Diesen entscheidenden Augenblick der neueren geschichtlichen Ent­wickelung muß der Betrachter dieser Entwickelung doch darinnen sehen, daß sich die neuere wissenschaftliche Denkungsweise entwickelt hat — ich bitte zu beachten, daß ich nicht sage : die Naturwissenschaft, sondern die neuere naturwissenschaftliche Denkungsweise — in einer solchen Art aus alten geistigen Impulsen heraus, daß diese wissenschaft­liche Denkungsart nicht dieselbe Stoßkraft, dieselbe geistige Stoßkraft mitbekommen hat, welche die alten Weltanschauungen hatten.

Die alten Weltanschauungen wurzelten in breiteren menschlichen Impulsen als die moderne wissenschaftliche Denkungsweise. Diese alten Weltanschauungen waren imstande, Impulse in die menschliche Seele hineinzusenden, durch die der Mensch empfindungs- und gefühls­mäßig sich die ihn immer so berührende Frage beantworten konnte : Was bin ich eigentlich als Mensch in der Welt? — Solche Stoßkraft in das Seelenleben hinein ist der neueren wissenschaftlichen Denkungsweise nicht gegeben. Selbstverständlich, aus einer geschichtlichen Notwen­digkeit heraus, die aber deshalb nicht minder ein geschichtliches Ver­hängnis ist, haben sich die alten Weltanschauungen im entscheidenden Augenblick feindlich gestellt der neueren wissenschaftlichen Den­kungsweise gegenüber, statt in sie hineinfließen zu lassen in voller Freundschaft mit ihr, was sie für das geistige Leben des Menschen für seine Seele Tragendes hatte. Und so kam folgender Tatbestand.

Die Maschine, die kapitalistische Wirtschaftsordnung, riß eine Anzahl von Menschen aus dem bisherigen Lebenszusammenhang heraus, aus diesem Lebenszusammenhang, in dem diese Menschen bisher ge­standen hatten, aus ganz anderen Lebensverhältnissen für ihr Mensch­heitsempfinden, für die Empfindung ihrer Menschenwürde. Es war ein Zusammenhang zwischen dem, was der Mensch ist und tut. Denken Sie nur einmal an den Zusammenhang, der im alten Handwerk bis zum 13. Jahrhundert ganz deutlich bestand und später auch noch in Resten bestand ! Aus diesem Zusammenhange heraus ist eine große Gruppe von Menschen an die Maschine geworfen, in die moderne Wirtschaftsordnung hineingeworfen. Da gibt es kein irgendwie geartetes Verhältnis zu den Produktionsmitteln; da gibt es keine Möglichkeit, irgendeine Wirkung herzustellen zwischen dem Menschen und dem, was er eigent­lich tut. Und so ist gerade jene Seite im Menschen, die der moderne Pro­letarier im Maschinenzeitalter nicht entwickelt, darauf angewiesen, zu fragen: Was bin ich als Mensch wert? Was bin ich als Mensch wert?

Diese Frage ist nicht mehr aus überkommenen, wertlos gewordenen Lebenszusammenhängen heraus zu beantworten, sondern sie ist aus dem eigenen Inneren heraus zu holen, aus demjenigen, was unabhängig ist von den äußeren Lebenszusammenhängen. Und da ergab sich nichts anderes für diese Menschenklasse, als dasjenige, was mit dem Maschi­nenzeitalter, mit der Wirtschaftsordnung in welthistorischer Gleichzei­tigkeit heraufkam : es ergab sich die moderne wissenschaftliche Denkungsweise.

Die alten Klassen waren nicht genötigt, diese wissenschaftliche Denkungsweise zu ihrem Glauben, zu ihrer Lebensauffassung zu machen; sie brauchten sie bloß zu ihrer theoretischen Überzeugung zu machen. Denn dasjenige, was sie ins Leben hineinstellte, das war etwas Überlie­fertes, das waren Impulse, die aus anderen Zeiten herrührten und die sie erbten aus älteren Zeiten. Der Proletarier allein war es, der aus allem her­ausgerissen war, der daher auch nicht sich bekennen konnte zu irgend­welcher Lebensauffassung, die mit den alten Lebenszusammenhängen verbunden war, und der gerade durch sein ganzes äußerliches Dasein prädestiniert war, das Neue, das heraufkam, zu seinem Seeleninhalt zu machen. So ist er, so paradox es klingt, so unglaublich es für viele aus­schaut, so ist er gerade, dieser Proletarier, der eigentliche, bloß wissenschaftlich orientierte Mensch.

Um die ganze Tragweite dieser Tatsache zu würdigen, muß man nicht nur gelernt haben über die Proletarierbewegung zu denken, man muß durch sein Schicksal in die Möglichkeit versetzt gewesen sein, mit dem Proletarier zu denken, namentlich mit solchen Menschen aus der Proletarierklasse zu denken, die von der oder jener Seite her gerade zu Trä­gern wurden der proletarischen Bewegung. Da konnte man das Fol­gende ganz deutlich fühlen, wie es sich heute aus älteren Zeiten gerade ausbreitet in die unmittelbare soziale Gegenwart.

Nicht wahr, Sie können sagen: Ja, die wissenschaftliche Denkungs­weise haben doch bürgerliche Kreise in ausgiebigem Maße angenommen. — Aber nehmen Sie selbst intelligente bürgerliche Kreise, denken Sie an solche Menschen, die ganz und gar in ihrem Denken, in ihren Überzeugungen wissenschaftlich orientiert sind: mit ihrem Fühlen, mit ihrer ganzen Lebensempfindung stehen sie doch in Zusammenhängen drinnen, die nicht ganz und gar bestimmt sind durch die wissenschaft­liche Orientierung. Man kann materialistischer Denker der modernen Zeit sein, kann sich aufgeklärt nennen, kann Atheist sein, kann das wirk­lich als seine ehrliche Überzeugung bekennen, aber man braucht durch­aus nicht sich loszusagen von allen empfindungsgemäßen Resten der alten Lebenszusammenhänge, die doch nicht aus dieser wissenschaftlichen Orientierung heraus entstanden sind, sondern die entstanden sind in Zeiten, in denen noch geistige Impulse die vorhin skizzierte Stoßkraft hatten.

Ganz anders wirkte die rein wissenschaftliche Orientierung. Ich sage nicht, die Wissenschaften, denn selbstverständlich wirkte diese wissen­schaftliche Orientierung auf ganz ungelehrte Proletarier, ungebildete Proletarier; aber ganz anders wirkte sie eben da, wo sie als Lebensan­schauung über das Proletariat hingetragen worden ist.

Ich möchte Ihnen das an einem Beispiel klarmachen. Ich stand vor vie­len Jahren gemeinsam an einem Vortragstisch mit der ja jetzt in so tragi­scher Weise untergegangenen Rosa Luxemburg; sie sprach über das Thema : «Die Wissenschaft und die Arbeiter.» Ich muß immer wieder und wiederum denken, wie sie zündend für eine große Versammlung darauf hinwies, daß eigentlich alle Vorurteile, die mit Bezug auf mensch­liche soziale Stellung, menschliche Rangordnung in den alten herrschenden Klassen sind, zusammenhängen mit den Vorstellungen, die alte geistige Weltanschauungen in sich getragen haben. Dem modernen Proletarier, meinte sie, komme es einzig und allein zu, darauf zu hören, wie der Mensch nicht einen engelhaften, göttlichen Ursprung genommen hat, sondern wie er einstmals ganz unanständig auf Bäumen herum­geklettert sein soll, aus tierischen Untergründen herauf sich entwickelt hat, aus Untergründen, die wahrhaftig, wenn sie in ihrer Entwickelung verfolgt werden, die Überzeugung begründen müssen: Mensch ist gleich Mensch. Und alle früheren Rangunterschiede rühren von irgend­welchen Vorurteilen her. — Man muß da nicht auf die Formulierung sehen, sondern auf die Stoßkraft muß man sehen, wie solche Worte auf die proletarisch gesinnten Seelen wirken.

Hinsehen rein auf den Begriff, habe ich eigentlich gemeint, wenn ich sage : Der Proletarier ist in der neueren Zeit in seiner ganzen Weltan­schauung «wissenschaftlich» orientiert. Und diese wissenschaftliche Orientierung füllte seine Seele nicht so aus, daß er in der wünschenswer­ten Weise empfindungsgemäß, wie er es brauchte, die Frage beantwor­ten konnte: Was bin ich eigentlich in der Welt als Mensch?

Und woher hat der Proletarier diese Weltanschauung bekommen? Woher rührte diese wissenschaftliche Orientierung, die er manchmal in ganz unrichtiger Weise aufzunehmen hat? Sie ist doch eine Wissenschaft. Die hat er genommen aus dem alten Erbgut der bürgerlichen Menschenklasse. Sie ist entstanden aus alter Weltanschauung heraus in­nerhalb der bürgerlichen Menschenklasse beim Übergange in das neuere Maschinen- und kapitalistische Zeitalter, als da Maschine und Kapitalis­mus die Menschen überwältigt hat.

Das nächste, was man so oftmals mit der entsprechenden Färbung be­tonen hört, ist : Innerhalb des Proletariats ist das menschliche Geistesle­ben zu dem geworden, was als Ideologie empfunden wird. Das hören Sie am alleröftersten, wenn die Untergründe der proletarischen Weltan­schauung auseinandergesetzt werden : daß Kunst, Religion, Wissen­schaft, Sitte, Recht und so weiter ideologische Spiegelbilder der äußeren materiellen Wirklichkeit sind.

Aber diese Empfindung, daß das alles so ist, daß das geistige Leben ein ideologisches ist, die ist nicht entstanden innerhalb des Proletariats, die hat der Proletarier empfangen als Mitgift vom Bürgertum. Und das letzte Vertrauen, das letzte große Vertrauen, das das Proletariat entge­gengebracht hat dem Bürgertum, das bestand darinnen, daß es Nahrung übernommen hat, geistige Nahrung für seine Seele. Es konnte ja, da es entblößt war des Geisteslebens, als es gerufen wurde aus älterem Zusam­menhang zur Maschine und hineingestellt wurde in die soziale Struktur, es konnte nur hinaufschauen zu dem, was sich entwickelt hatte als Wis­sen über den Menschen, über die Welt; es konnte nur hinaufschauen zu dem, was sich aus dem Bürgertum ergeben hat : es übernahm gläubig, dogmatisch, möchte ich sagen, es übernahm Ideologie von dem Bürger­tum. In die Überzeugung ist es noch nicht hineingegangen, aber in die Empfindung als die Enttäuschung, die das bieten muß, wenn man das Geistige nicht ansehen kann als etwas, was eine in sich selbst begründete höhere Wirklichkeit enthält, sondern wenn man es ansehen muß nur als Ideologie. In den unterbewußten Empfindungen lebt es bei einer großen Anzahl der Träger der sozialen Bewegung, wird noch nicht gewußt, wird aber deutlich empfunden : Wir haben ein großes Vertrauen entge­gengebracht dem Bürgertum; wir haben ein Erbgut angetreten, das uns Seelenheil, das uns tragende Kräfte hätte bringen sollen. Das Bürgertum hat sie uns nicht gebracht; nur die Ideologie hat es uns gebracht, die keine Wirklichkeit enthält, die nicht das Leben tragen kann.

Man kann viel streiten, ob Ideologie wirklich das ist, was der Grund­charakter des Geisteslebens ist, oder nicht. Darauf kommt es nicht an, sondern darauf kommt es an, daß dieses Geistesleben heute von einem großen Teile der Menschheit als Ideologie empfunden wird, und daß, wenn man das Leben als Ideologie empfindet, die Seele verödet wird, leer bleibt, die geistige Schwungkraft gelähmt wird, und das entsteht, was heute entstanden ist : Die Entblößung des sozialen Wollens von dem Glauben, daß irgendwo etwas Geistiges sich entwickeln könnte, irgendwo ein Mittelpunkt auftreten könnte, ein wirklicher Mittelpunkt, aus dem unserer Weltanschauung oder dergleichen das Heil kommen könnte, auch mit Bezug auf die wünschenswerte Gestaltung der sozialen Bewegung. Ich möchte sagen, als ein Negatives ist das Geistesleben hin­eingetragen in die Entwickelung der modernen proletarischen Mensch­heit vor allen Dingen; und ein Positives fordern die Sehnsüchte dieser Menschheit. Ein Seelentragendes fordern sie, und ein die Seele Verzeh­rendes ist ihnen als Erbgut gegeben worden.

Das ist etwas, was so weht und still rinnt durch unsere ganze gegen­wärtige soziale Bewegung, was man nicht mit Begriffen erfaßt, was aber die Gestaltung des einen der Glieder — wir werden drei kennenler­nen — der sozialen Bewegung, der gegenwärtigen sozialen Bewegung ausmacht. Und sobald man einsieht, daß dies so ist, dann frägt man sich auch sachgemäß : Woher ist es gekommen und wie kann ihm abgeholfen werden? Statt daß das Wollen weiterhin gelähmt ist, dieses soziale Wol­len, wie kann es befeuert werden, wie kann es durchkraftet werden ? Diese Frage muß man sich vorlegen.

Nun trat ein Ereignis ein, als das moderne Geistesleben an den ent­scheidenden Punkt kam, den ich schon angedeutet habe. Die herrschen­den Klassen von damals, die waren durch ihre ganzen Lebensverhält­nisse mit dem verbunden, was wir heute Staat nennen. Es ist von einzel­nen Menschen oftmals betont worden — ich kann das alles heute der Kürze der Zeit wegen nicht anführen, inwiefern es richtig ist —, es ist oft betont worden, daß der moderne Mensch glaube, das, was er heute Staat nennt, hätte eigentlich so immer bestanden. Das ist aber durchaus nicht richtig. Das, was wir heute Staat nennen, was zum Beispiel im Hegeltum geradezu wie der Ausdruck des Göttlichen selbst erscheint, das ist im Grunde nur ein Produkt des Denkens der letzten vier bis fünf Jahrhun­derte. Die sozialen Organismen früherer Zeiten waren ganz anders.

Nehmen Sie nur eine einzige Tatsache, nehmen Sie die jüngst noch aufgetretene Tatsache, daß sich aus den freien Lehranstalten, freien höheren Lehranstalten früherer Zeiten, die ganz auf sich selbst gebaut waren gegenüber dem Staate, lauter Staatsanstalten herausgebildet haben, daß gewissermaßen der Staat zum Verwahrer des Geistesgutes der Menschheit geworden ist. Daß er das geworden ist, das ist ein bür­gerliches Interesse im Beginne der neueren Zeit. Der Staat war es, der dem Bürger an die Seele heranwuchs, dem er mit all seinen Bedürfnissen verbunden war. Und aus diesem Impuls heraus erwuchs das Verhältnis, das neuere Verhältnis zwischen dem Geistesgut der Menschheit und zwischen dem Staate, erwuchs das, daß dieser Staat Verwahrer dieses Geistesgutes der Menschheit wurde, und daß er verlangte von denjeni­gen, die zu diesem Verwahrer kommen sollten, daß sie ihr Leben für ihn eigentlich einrichteten.

Wenn man etwas tiefer hineinblickt in das innere Gefüge des menschlichen Geistesgutes, dann kommt man darauf, daß nicht etwa bloß die äußere Verwaltung dieses Geistesgutes, die Gesetzgebung über Univer­sitäten staatlich geworden ist, über Schulen, Volksschulen staatlich ge­worden ist, sondern staatlich ist auch der Inhalt dieses Geistesgutes geworden.

Gewiß, die Mathematik trägt nicht einen staatlichen Charakter; aber andere Zweige unseres Geistesgutes haben ihr Gepräge, haben das Zu­sammenwachsen dieses Geistesgutes mit staatlichen Interessen in der neueren Zeit erhalten. Und dieses Zusammenwachsen ist nicht ohne An­teil an dem Werden zur Ideologie von seiten des Geistesgutes. Dieses Geistesgut kann nur seine eigene innere Wirklichkeit recht bewahren, in sich tragen, wenn es sich selbst, unter seine eigenen Kräfte gestellt, ver­walten kann, wenn es aus seiner unmittelbaren Initiative heraus dem Staat gibt, was des Staates ist, wenn es aber vom Staate nicht die Forde­rungen zu empfangen hat.

Gewiß, es wird heute noch viele geben, die in dem, was ich eben aus­gesprochen habe, keine fundamentale soziale Tatsache sehen. Man wird aber sehen, daß erst dann wiederum der in der Wirklichkeit waltende Geist der Menschheit das Rechte geben kann, wenn dieser Geist von der äußeren staatlichen Organisation getrennt, auf sich selbst gestellt ist. Ich weiß, was man für Einwände dagegen machen kann, aber darauf kommt es nicht an; sondern allein darauf kommt es an, daß der Geist, um recht gedeihen zu können, fordert, daß er immerfort hervorgehen kann aus der unmittelbaren freien Initiative der menschlichen Persönlichkeit.

So kommt man auf die wahre Gestalt des einen Gliedes der modernen sozialen Frage heran, daß man das geistige Leben recht betrachtet und die Notwendigkeit einsieht, daß dasjenige, was in die Struktur des Staa­tes hineinstößt, allmählich aus diesem Staat wiederum herausgebracht wird, so daß es seine eigene innere Tragkraft entfalten kann und dann wiederum zurückwirken kann, gerade weil es befreit ist, weil es sich selbständig neben den anderen Gliedern der sozialen Struktur entwik­kelt, und gerade dadurch richtig auf diese soziale Struktur wirken kann, Soll man über das Praktische in diesem ersten Gliede der sozialen Fragen reden, so muß man sagen : Die Tendenz der Entwickelung muß auf Ent­staatlichung des geistigen Lebens im weitesten Umfange gehen. Und sogar ein Glied dieses geistigen Lebens muß entstaatlicht werden, dem  gegenüber es heute wahrscheinlich höchst paradox erscheint, daß man so über dasselbe reden kann: das Verhältnis, in das eine richtende Per­sönlichkeit eintritt zu den Menschen, die mit dem Strafgesetz oder irgendwie mit dem Privatrecht zu tun haben, das ist ein so menschliches --- man hat in gewissen psychologisch orientierten Kreisen heute das auch eingesehen, aber die Sache von einer ganz verkehrten Seite angefaßt —, ein so persönliches, daß das Richten unmittelbar auch zu demjenigen ge­hört, was zum Internen des Geisteslebens gerechnet werden muß. So daß ich sowohl dasjenige, was als religiöse Überzeugung in der Mensch­heit geltend ist, alles künstlerische Leben, aber auch alles auf Privatrecht und Strafrecht Bezügliche zu dem rechnen muß, bei dem die Tendenz sich zu entwickeln hat nach Entstaatlichung.

Warum sollte derjenige, der von radikalen Maßregeln hört, gleich an eine gewaltsame Revolution denken? Auch in sozialistischen Kreisen der neueren Zeit denkt man ja allmählich nicht daran. Ich denke mir auch nicht, daß von heute auf morgen alles entstaatlicht werden kann; aber ich denke mir, daß in das soziale Wollen der Menschheit das einge­hen kann, daß die einzelnen Maßnahmen, die zu treffen sind gegenüber dem oder jenem—und daß muß ja selbst täglich da oder dort geschehen —, hinorientiert werden nach einem solchen allmählichen Loslösen des geistigen Lebens vom Staatlichen. Sie werden ganz konkret sich vorstel­len können, was damit eigentlich gemeint ist.

Den Staat müssen wir als etwas betrachten, was dem in der neueren Zeit immer mehr und mehr sich zur herrschenden Klasse ausbildenden Bürgertum besonders an die Seele gewachsen ist. Dieses Bürgertum hat nun in diesen Staat hineingetragen nicht nur das geistige Leben, sondern auch dasjenige, was sozusagen innerhalb der neueren menschheitlichen Entwickelung wie überwältigt hat den ganzen sozialen Organismus : nämlich das wirtschaftliche Leben. Dieses wirtschaftliche Leben hinein­tragen in das Staatsleben hat damit begonnen, daß man gerade Ver­kehrsinteressen, Post, Eisenbahn und so weiter verstaatlicht hat. Daraus ist ein gewisser Aberglaube gegenüber dem Staat, gegenüber der staat­lich orientierten menschlichen Gemeinschaft entstanden. Und der letzte Rest dieses Glaubens ist der Glaube der sozialistisch orientierten Men­schen : daß eigentlich das Heil nur zu sehen ist in der gemeinsamen Verwaltung des gesamten Wirtschaftslebens. Auch das ist also als ein Erb­gut übernommen worden von der bürgerlichen Denk- und Anschauungsweise.

Nun ist das Geistesleben auf die eine Seite gestellt, das Wirtschaftsle­ben auf die andere Seite gestellt; mitten drinnen steht der Staat.

Sie können sich fragen : Was soll denn nun eigentlich dem Staat ver­bleiben? — denn wir werden gleich nachher sehen, daß auch das wirt­schaftliche Leben die Konfundierung mit dem eigentlichen Staatsleben nicht verträgt. Wir kommen zu einer klaren Ansicht über diese Frage vielleicht dadurch, daß wir uns vor Augen halten, was eigentlich an dem sich herausbildenden modernen Staat die bürgerlichen Klassen gefun­den haben. Sie haben in diesem Staat gefunden den Hort ihrer Rechte.

Blicken wir nun auf das hin, was eigentlich Rechte sind. Ich denke dabei nicht nur an das Strafrecht, ich denke dabei auch nicht an Privat­rechte, insofern sie sich nicht auf das Verhältnis von Persönlichkeit zu Persönlichkeit beziehen, sondern ich denke an das öffentliche Recht. Zum öffentlichen Recht gehören zum Beispiel auch die Verhandlungen über die Besitzverhältnisse. Denn was ist schließlich Eigentum? Eigen­tum ist nur der Ausdruck für die Berechtigung, daß man irgend etwas als Persönlichkeit allein besitzt und bearbeiten darf. Das Eigentum wur­zelte in einem Rechte. Alles dasjenige, das wir eigentlich vielfach als äußere Sache betrachten, das wurzelt in seinem Verhältnis zum Men­schen in Rechten. Solche Rechte hatte sich in der neueren Zeit, die unse­rer modernen Staatsauffassung vorangingen, das Bürgertum und was mit ihm verwandt war, schon früher erworben; solche Rechte fand es am besten beschützt, wenn es hereinnahm alles dasjenige, was sich auf solche Rechte beziehen konnte, in das Staatsleben selbst.

Und so entstand die Tendenz, das Wirtschaftsleben immer mehr und mehr hereinzuziehen in das Staatsleben. Das Staatsleben durchdringt die Struktur des Wirtschaftslebens mit einer Summe von Rechten. Nun, diese Rechte sollen dem Staatsleben auch keineswegs in der Entwicke­lung der Zukunft genommen werden. Aber das soziale Wollen muß sich gerade dahin ausbilden, genau zu unterscheiden zwischen alledem, was Rechtsleben ist, was eigentliches Geistesleben ist, und was Wirtschaftsleben ist.

Die moderne soziale Bewegung macht dies ganz besonders dadurch anschaulich, daß die herrschenden Kreise etwas nicht hereingenommen haben in das Rechtsleben ihres modernen Staates. Während sie vieles aus dem Wirtschaftsleben herausgenommen haben, aus dem bloßen isolier­ten Wirtschaftsleben herausgenommen und in die Rechtsstruktur des Staates eingegliedert haben, haben sie eines nicht in die Rechtsstruktur des Staates eingegliedert : und das ist die Arbeitskraft des proletarischen Arbeiters. Diese Arbeitskraft des proletarischen Arbeiters ist drinnen-gelassen worden in der Zirkulation des Wirtschaftsprozesses.

Das ist es, was zutiefst eingeschlagen hat in das Gemüt des modernen Proletariers, daß ihm durch den Marxismus und seine Nachfolger klar­gemacht werden konnte : Es gibt immer einen Arbeitsmarkt, wie es einen Warenmarkt gibt. Und wie auf dem Warenmarkt Waren angebo­ten werden und nach ihnen Nachfrage ist, so bringst du deine Arbeits­kraft — das einzige, was du besitzest — auf den Arbeitsmarkt, und sie gilt nur als Ware. Sie wird gekauft wie Ware; sie steht in dem modernen Wirtschaftsprozeß wie eine Ware drinnen.

Damit kommen wir auf die wahre Gestalt der zweiten modernen sozialen Forderung. Diese drückt sich darinnen aus, daß aus einem ge­wissen Unterbewußtsein seiner Menschenwürde heraus der moderne Proletarier es unerträglich fand, daß seine Arbeitskraft als Ware auf dem Warenmarkt gekauft und verkauft wird.

Gewiß, die Theorie der sozialistischen Denker sagt: So ist es gekom­men durch die objektiven Gesetze des Wirtschaftslebens selbst; die haben die Arbeitskraft auf den Markt hingestellt eben wie andere Waren. Das ist im Bewußtsein, vielleicht im Bewußtsein des Proletariers selbst. Aber im Unterbewußtsein waltet etwas ganz anderes. Im Unter­bewußtsein waltet eine Fortsetzung der alten Sklaverei, der alten Leib­eigenschaftsfrage. Da sieht man in diesem Unterbewußtsein nur, daß während der Sklavenzeit der ganze Mensch als Ware auf dem Arbeits­markt war und als Ware gekauft und verkauft werden konnte, daß dann etwas weniger von dem Menschen in der Leibeigenschaft es war, und daß jetzt noch geblieben ist die Arbeitskraft des Arbeiters. Damit gibt er sich aber auch ganz an den Wirtschaftsprozeß hin. Das empfindet er als unmöglich, als unwürdig.

Daraus entsteht diese zweite soziale Forderung der neueren Zeit : Die Arbeitskraft zu entkleiden des Warencharakters.

Ich weiß, daß heute noch viele, sehr viele Menschen denken : Wie soll das gemacht werden ? Wie soll denn anders überhaupt ein Wirtschaftsle­ben eingerichtet werden als dadurch, daß man die Arbeitstätigkeit, die Arbeitskraft entlohnt? -- Damit aber kauft man sie schon ! Aber man braucht ja auch nur dem entgegenhalten, daß schließlich auch Plato und Aristoteles durchaus es selbstverständlich fanden, es für selbstverständ­lich hielten, daß Sklaven da sein müssen. So muß man es schon verzeihen den modernen Denkern, daß sie es für notwendig halten, daß die Arbeitskraft zu Markte getragen werden muß.

Man kann sich nicht immer denken, was vielleicht schon in allernäch­ster Zeit eine Wirklichkeit ist. Aber fragen muß man heute : Wodurch kann die Arbeitskraft des Charakters der Ware entkleidet werden? Das kann dadurch allein geschehen, daß sie heraufgehoben wird in das Gebiet des reinen Rechtsstaates, desjenigen Staates, aus dem ausgeschieden wird das geistige Leben auf der einen Seite, wie früher charakterisiert, und ausgeschieden wird auf der anderen Seite alles dasjenige, was im vorher charakterisierten Sinne zum Wirtschaftsprozeß gehört. Gliedern wir den ganzen sozialen Organismus oder denken wir ihn uns gegliedert in diese drei Glieder : in das selbständige Geistesleben, in das Rechtsle­ben und in das Wirtschaftsleben, dann haben wir statt des Homunkulus im Gebiete des Wirtschaftslebens den wirklichen Homo im Gebiete des Wirtschaftslebens, dann haben wir unser geistiges Auge gestellt auf den wirklich lebensfähigen, nicht den aus chemischen Agenzien zusammen­gesetzten sozialen Organismus.

Ich will wahrhaftig hier nicht Analogiespiel treiben zwischen Biologie und Soziologie — das liegt mir fern, ganz fern —, will weder in die Fehler des Schäffle noch des Meray in seiner «Weltmutation» fallen; das alles will ich nicht, darauf kommt es nicht an. Aber es kommt darauf an, zu sehen, so wie im einzelnen menschlichen natürlichen Organismus drei selbständig nebeneinander herrschende Systeme tätig sind — ich habe dies im wissenschaftlichen Bereich in meinem letzten Buche «Von See­lenrätseln» wenigstens skizzenhaft ausgeführt —, so müssen auch im sozialen Organismus drei selbständig anzuwendende Systeme herrschen : das geistige System, das richterliche System, dann das System des öffentlichen Rechtes — wie gesagt, Privatrecht und Strafrecht ist ausge­schlossen —, und das eigentliche Wirtschaftssystem.

Dann aber, wenn man zwischen dem Geistesleben und dem Wirt­schaftsleben das regulierende Staatsleben hat, das regulierende Rechtsle­ben, dann hat man etwas so Lebensfähiges eingegliedert in den sozialen Organismus, wie man in den natürlichen menschlichen Organismus ein­gegliedert findet als ein relativ selbständiges System das Zirkulationssy­stem, das Lungen-Herzsystem, zwischen das Kopfsystem und das Ver­dauungssystem. Dann aber, wenn es auf eigenem Boden ganz und gar herausgestaltet ist aus dem bloßen Wirtschaftsleben — denken wir an eine Verwaltung, eine demokratische Verwaltung auf diesem Boden des Rechtslebens —, wenn jeder in der gleichen Weise seine Rechte in An­spruch zu nehmen hat, die das Verhältnis von Mensch zu Mensch allein auf diesem Boden regeln, dann wird die Eingliederung der Arbeitskraft in den Wirtschaftsprozeß zu etwas ganz anderem, als es jetzt der Fall ist.

Sie sehen, ich gebe Ihnen nicht an irgendein Prinzip, irgendeine Theo­rie : so kann man es machen, wenn man die Arbeitskraft des Warencha­rakters entkleiden will —, sondern ich sage Ihnen : Wie müssen sich die Menschen zunächst stellen, den sozialen Organismus gliedern, damit durch ihre Tätigkeit, durch ihr Denken, durch ihr Wollen dasjenige ent­steht, was als sozialer Organismus lebensfähig ist. — Ich will kein allge­meines Heilmittel angeben, sondern ich will nur erzählen, wie die Menschheit im sozialen Organismus gegliedert sein müsse, damit aus ihrem gesunden sozialen Wollen heraus fortdauernd sich ergibt, was den sozialen Organismus lebensfähig macht. Ich will sozusagen an die Stelle des theoretischen Denkens ein mit der Wirklichkeit innig verwandtes und vertrautes Denken setzen. Was wird entstehen, wenn, ganz abgese­hen vom Wirtschaftsleben, auf einem für sich bestehenden Boden, der nach seinen eigenen Kräften relativ selbständig sich verwaltet und regiert, wenn auf diesem Boden über Arbeitsrecht so rein aus den menschlichen Untergründen heraus verhandelt wird und daraus Ge­setze gegeben werden? Dann wird etwas daraus entstehen, was ähnlich in den Wirtschaftsprozeß hineinwirkt wie jetzt die Naturgrundlagen dieses Wirtschaftsprozesses. Diese Naturgrundlagen des Wirtschaftsprozesses, wir sehen sie ja, wenn wir den Wirtschaftsprozeß wirklich studieren, klar und deutlich vor uns. Sie regeln den Wirtschaftsprozeß so, daß sich ihre Regelung dem, was der Mensch selber tun kann zu diesem Wirtschaftsprozeß, entzieht. Nicht wahr, man braucht nur Auffäl­liges zu beobachten.

Nehmen Sie nur einmal — ich will radikal deutliche Beispiele anführen — die Tatsache, daß in gewissen Gegenden, die allerdings den unsrigen entfernt liegen, die Banane ein außerordentlich bedeutsamer Artikel ist. Aber die Arbeit, die man hat, um die Banane hinzubringen an den Ort, wo sie konsumiert werden kann, ist außerordentlich gering an ihrem Ausgangspunkt, sagen wir im Vergleich zu der, die notwendig in unse­ren natürlich europäischen Gegenden ist, um den Weizen von seinem Ausgangsort bis zu seinem Konsumort zu bringen. Diese Arbeit, die die Banane konsumfähig macht im Verhältnis zu dem Weizen, verhält sich so ungefähr wie eins zu hundert, oder das Verhältnis ist sogar ein noch größeres als eins zu hundert. Also hundertmal größere Arbeit, als man für die Banane braucht, ist notwendig für die Konsumtion von Weizen. Und so könnten wir auch innerhalb des Wirtschaftsgebietes die großen Unterschiede anführen, welche in bezug auf die Regelung des Wirtschaftslebens bestehen. Diese sind unabhängig von dem, was der Mensch selbst hinzubringt: die liegen in der Ergiebigkeit des Bodens, in anderen Verhältnissen noch, und dergleichen; die stellen sich hinein in das Wirtschaftsleben wie ein konstanter Faktor, wie ein vom wirtschaf­tenden Menschen unabhängiger Faktor. Das stellt sich von der einen Seite aus her.

Denken Sie sich nun das Arbeits-Rechtsleben ganz abgesondert auf der anderen Seite von dem Wirtschaftsleben, dann wird sich, wenn nicht mehr wirtschaftliche Interessen in die Festsetzung der Arbeitszeit, in die Verwendung der Arbeitskraft selbständig hineinspielen in den rein menschlichen Verkehr zwischen Mensch und Mensch, etwas bilden, un­abhängig vom Wirtschaftsleben, das von der anderen Seite ebenso hin­einspielt in dieses Wirtschaftsleben, wie von jener Seite hineinspielen die von der Naturgrundlage gegebenen Faktoren.

Man muß sich in der Preisbildung, man muß sich in dem, was die Ware Wert hat am Warenmarkt, nach dem richten, wie die Naturfaktoren wirken. Man wird sich in der Zukunft, wenn der soziale Organismus lebensfähig sein soll, auch danach zu richten haben, wie produziert wer­den muß, wie die Warenzirkulation verlaufen muß. Wenn nicht diese Warenzirkulation bestimmt Entlohnung, Arbeitszeit, Arbeitsrecht überhaupt, sondern wenn unabhängig von der Warenzirkulation, von dem Warenmarkt, auf dem Gebiete des staatlichen Rechtslebens, bloß aus den menschlichen Bedürfnissen, bloß aus rein menschlichen Ge­sichtspunkten heraus die Arbeitszeit festgesetzt werden wird, dann wird es so sein, daß einfach eine Ware so viel kostet, als das Notwendige kostet zu ihrer Aufbringung der Zeit, die für eine bestimmte Arbeit not­wendig ist, die aber geregelt ist durch ein von dem Wirtschaftsleben un­abhängiges Leben, während zum Beispiel das Wirtschaftsleben heute von sich aus regelt das Arbeitsverhältnis, so daß nach den Preisen der Ware sich vielfach im volkswirtschaftlichen Prozeß regeln muß Arbeits­zeit, Arbeitsverhältnis. Das Umgekehrte wird eintreten bei einer richti­gen Gliederung des sozialen Organismus.

Man kann heute diese Verhältnisse erst andeuten. Sie sehen aber, sie entspringen aus einem sozialen Wollen, welches ganz verschieden ist von dem, das uns heute in eine so traurige Lage im Weltgeschehen hin­einversetzt hat ; sie entspringen aus dem sozialen Wollen, das nicht in einer gewissen gemeinnützigen Weise aus dem menschlichen Denken alles herausspinnen wird, herausspinnen, wie man es muß, damit dies oder jenes in der richtigen Weise vor sich geht, sondern sie entspringen aus einem Denken, das so mit der Wirklichkeit verwandt ist, daß es nicht zutage tritt, wenn die Menschen in diesem oder jenem Verhältnis so oder so im sozialen Organismus gegliedert sein werden. Dann werden sie, weil sie dann gesund gegliedert sind im sozialen Organismus, das Rechte festsetzen, dann werden sie in der rechten Weise wirken.

Man muß nur erlebt haben, wie die anderen Sozialwollenden im wirk­lichen Leben drinnen die Verhältnisse bestimmten, eben in dem schon jetzt untergegangenen Österreich. Ein Staat war es, aber im Staate lebte nicht bloß das Rechtsleben, im Staate lebte sogar in ganz ausgesproche­ner Weise das von den Interessen der einzelnen menschlichen Kreise entsprungene Wirtschaftsleben. Denken Sie doch nur einmal, wie das alte österreichische Parlament war bis in das Ende der neunziger Jahre ! Und aus dem, was in diesem Parlament vertreten war, gingen doch die Verhältnisse hervor, die bis in die Weltkriegskatastrophe hineinspielten, aus diesem Parlament, das aus vier Kurien bestand : der Handelskam­mer, der Großgrundbesitzer, aus der Kurie der Städte, Märkte und In­dustrialorte, und der Kurie der festeingefahrenen Wirtschaftskreise. Diese Wirtschaftskreise waren nicht auf dem Boden eines Wirtschafts­parlaments vertreten, sondern ihre Interessen bestimmten das Staatswe­sen, also die öffentlichen Rechte wurden nach ihren Interessen be­stimmt. Geradeso wie es unmöglich ist, daß eine konfessionelle Gesin­nungspartei, wie es im letzten deutschen Reichstag war, entsteht, und aus den Definitionen, Institutionen heraus das Rechtsleben des Staates beeinflußt, ebensowenig ist ein sozialer Organismus lebensfähig, der so gestimmt ist, daß wirtschaftliche Interessenkreise das Rechtsleben be­stimmen. Abgesondert muß dieses Rechtsleben sich entwickeln, heraus nur aus dem, was das Verhältnis zwischen Mensch und Mensch meinet­willen in ganz demokratischer Weise betrifft. Dann wird durch dieses Rechtsleben in entsprechender Weise der dreigliederige Organismus auf der einen Seite das Wirtschaftsleben, auf der anderen Seite durch die Naturgrundlage dieses Wirtschaftsleben regeln.

Und innerhalb dieses Wirtschaftslebens, das nun wiederum Vertreter der verschiedensten Seiten dastehen hat, werden rein wirtschaftliche Faktoren und Interessen nötig sein. Man wird den sozialen Organismus haben, in dem — wenn ich mich jetzt nach den Gewohnheiten der Zeit ausdrücken darf — nun drei Klassen, drei Gebiete sind, jedes mit eigener Gesetzgebung und eigener Verwaltung. Sie stehen zueinander, ich möchte sagen, als souveräne Staaten, wenn sie sich auch durchdringen ; sie rechnen miteinander. Das mag kompliziert sein, das mag dem Men­schen unbequem sein; aber es ist das Gesunde, ist dasjenige, was einzig und allein den sozialen Organismus für die Zukunft lebensfähig machen wird. Denn das Wirtschaftsleben selbst wird aus seinen Faktoren heraus nur dann bestimmt werden können, wenn auf seinem Boden einzig und allein Wirtschaftsinteressen tätig erscheinen, die nur bestimmt werden können durch das im Wirtschaftsleben notwendige Verhältnis zwischen Produktion und Konsumtion. Dieses Verhältnis zwischen Produktion und Konsumtion kann sich aber im Wirtschaftsleben nur ergeben auf assoziativer Grundlage, auf assoziativer Grundlage, wie es hätte werden können im Gewerkschafts-, Genossenschaftszusammenhang. Aber heute tragen Gewerkschafts-, Genossenschaftszusammenhänge durchaus noch den Charakter, daß sie gerade herausgewachsen sind aus dem Staatsleben. Sie müssen hineinwachsen in das Wirtschaftsleben, müs­sen bloß dem wirtschaftlichen Leben dienende Körperschaften wer­den. Dann entwickelt sich der soziale Organismus in einer gesunden Weise.

Ich weiß, daß dasjenige, was ich gesagt habe, manchem außerordent­lich radikal erscheint. Aber ob radikal oder nicht, darauf kommt es nicht an ; sondern es kommt darauf an, daß der soziale Organismus lebensfä­hig werde, daß die Menschen, indem sie den Anfang machen von dem alten instinktiven sozialen Leben zu dem bewußten sozialen Leben, sich durchdringen mit Impulsen, die aus der Einsicht entspringen, wie man drinnensteht im ganzen sozialen Organismus. Man ist heute ein ungebil­deter Mensch, wenn man das Einmaleins nicht kann; man ist heute ein ungebildeter Mensch, wenn man irgend etwas anderes, was zur Bildung nun einmal gehört, nicht weiß; aber man ist kein ungebildeter Mensch, wenn man kein soziales Bewußtsein hat, oder wenn man mit schlafender Seele im sozialen Organismus drinnensteht. Das ist etwas, was in der Zukunft gründlich anders werden muß ! Es wird anders werden, wenn das Urteil entstehen wird, daß es einfach zur allerelementarsten Schulbil­dung gehört, sich mit sozialem Wollen auszurüsten, wie man sich mit der Kenntnis des Einmaleins ausrüstet. Heute muß jeder wissen, wieviel drei mal drei ist. In Zukunft wird es auch nicht schwieriger erscheinen, zu wissen, wie sich Kapitalzins zur Grundrente verhält, wenn ich etwas aus dem heutigen Leben heraus wähle. Es soll gar nicht schwieriger sein in Zukunft, als zu wissen, daß dreimal drei neun ist. Aber dieses Wissen wird eine Grundlage geben für ein gesundes Drinnenstehen im sozialen Organismus, das heißt für ein gesünderes soziales Leben. Und dieses ge­sunde soziale Leben muß angestrebt werden.

Es bereitet sich vor im gesunden Menschheitsbewußtsein dasjenige, was ich gesagt habe. Man muß nur einen Spürsinn haben für das, was sich vorbereitet und was in unserem gegenwärtigen neueren Leben nach Offenbarung und nach Gestaltung ringt.

Denken Sie zurück an die drei großen Ideale der Französischen Revo­lution: Freiheit, Gleichheit und Brüderlichkeit. Derjenige, der verfolgt, was diese Ideen in den Köpfen der Menschen im Laufe der Zeit für Schicksale durchgemacht haben, der weiß, wie oftmals die Menschen logisch gerungen haben mit dem Widerspruch, der besteht zwischen der Freiheit auf der einen Seite, die auf die einzelne persönliche Initiative hinweist, und der Gleichheit auf der anderen Seite, die realisiert werden soll in der Zentralisierung des staatlich orientierten sozialen Organis­mus. Das geht doch nicht. Aber die Sucht nach dieser Konfundierung ist entstanden in der neueren Zeit. Daß der Kapitalismus von heute noch nicht die Konzeption fassen konnte nach dem dreigliederigen sozialen Organismus, das ist entstanden aus der Idee des ganz zentralisierten Staates heraus.

Faßt man heute dasjenige, was schon in diesem Wollen, das sich in den drei Idealen : Freiheit, Gleichheit, Brüderlichkeit zum Ausdrucke bringt, auf, so faßt man es heute leicht so auf, daß man es betrachtet von dem Gesichtspunkte des dreigliederig geordneten sozialen Organismus. Dann findet man als erstes Glied das geistige Leben. Es muß sich ganz durchdringen von dem Prinzip, dem Impuls der Freiheit. Da muß alles gestellt sein auf die freie Initiative des Menschen, und kann es auch, wird am fruchtbarsten wirken, wenn es so gestellt ist. In bezug auf den Rechtsstaat, in bezug auf das zwischen dem geistigen und dem wirt­schaftlichen Leben regulierende Staatswesen, das eigentlich politische System, ist dasjenige, was alles durchdringen muß, die Gleichheit von Mensch und Mensch. Und in bezug auf das Wirtschaftsleben kann einzig und allein gelten die Brüderlichkeit, das soziale Miterleben des ganzen äußeren und inneren Lebens des einen Menschen durch den anderen.

Im sozialen Organismus kann innerhalb des Wirtschaftslebens nur herrschen das Interesse. Dieses Interesse aber, das bringt eine ganz be­stimmte Eigenschaft des wirtschaftlichen Organgliedes hervor. Worauf deutet eigentlich im Grunde genommen alles, worauf läuft alles hinaus im Wirtschaftsleben? Es läuft alles darauf hinaus im Wirtschaftsleben, daß in der besten, zweckmäßigsten Weise, was der Wirtschaftsprozeß erzeugt, auch verbraucht werden kann. Ich rede vom Verbrauchen im engeren Sinne, aus dem das Geistige dann ausgeschlossen ist. Verbraucht werden kann zum Beispiel Arbeitskraft, menschliche Arbeits­kraft. Das fühlt aber der moderne Mensch : bloß verbraucht darf seine Arbeitskraft nicht werden. Er muß ebenso, wie er ein Interesse erwirbt durch seine Arbeitskraft, bei der geistigen Produktion auch ein Interesse erwerben durch seine Ruhe, durch seine ruhevolle Aufnahmefähigkeit des Geistigen. Der Mensch wird im Wirtschaftsleben verbraucht. Er muß sich fortwährend aus diesem Wirtschaftsleben herausreißen durch die anderen beiden Glieder des gesunden sozialen Organismus, wenn er innerhalb des Wirtschaftslebens nicht verbraucht werden soll.

Die soziale Frage ist nicht so da im modernen Leben, wie sie jetzt ent­standen ist und vielleicht gelöst werden kann, und dann eben gelöst ist. Nein, die soziale Frage ist als etwas da, was in das moderne Leben einge­treten ist und nicht mehr aus diesem Leben in aller Menschenzukunft herauskommen wird. Eine soziale Frage wird es im Hinblick auf die Zu­kunft immer mehr geben. Aber diese soziale Frage wird auch nicht auf einmal, nicht durch diese oder jene Maßnahme, sondern durch das fort­dauernde Wollen der Menschen gelöst werden, indem immerzu dasje­nige, was der Wirtschaftsprozeß vom Menschen verbraucht, reguliert wird durch das Rechtsleben vom rein politischen Standpunkt aus, und immerzu das Verbrauchte wiederum durch die geistige Produktion aus­geglichen werden kann durch den selbständigen geistigen Organismus.

Wer gesehen hat, wie sich in den letzten Jahrzehnten die soziale Frage entwickelt hat — es ist ja verhältnismäßig noch nicht so lange her, daß die soziale Frage sich zu ihrer gegenwärtigen Gestaltung vorbereitet hat —, wer aufmerksam und mit innigem Anteil beobachtet hat, wie sich diese soziale Frage aus ihren Anfängen heraus entwickelt hat, der kann gerade mit Bezug auf soziales Wollen und seinen richtunggebenden Impuls für die zukünftige Gestaltung des Menschenlebens zu Gedanken kommen, die man vielleicht durch das Folgende charakterisieren kann.

Die soziale Frage sahen viele Menschen, auch viele recht aufgeklärte Menschen vor Jahrzehnten noch überhaupt nicht als etwas Existieren­des an. Ich habe noch in meiner Jugend einen österreichischen Minister kennengelernt, der hinübersah über die böhmisch-deutsche Grenze und den grotesken Ausspruch getan hat: Die soziale Frage hört bei Bodenbach auf! — Und ich erinnere mich noch sehr gut daran, wie die ersten sozialdemokratischen Bergleute mit einer großen Gruppe an der Wohnung meiner Eltern vorbeigezogen sind und zu ihrer Versammlung ge­zogen sind. Ich habe dann beobachtet, wie das soziale Wollen entstanden ist, nicht als Denken über die soziale Bewegung, sondern durch das Miterleben dieser sozialen Bewegung. Da mußte ich mir sagen : Vieles mußte durchgemacht werden, viele Irrtümer auch mußten durchge­macht werden ! Und selbst bei sozialistisch orientierten Denkern der neueren Zeit sind diese Irrtümer recht zahlreich gewesen. Es scheint gerade auf diesem Gebiete, daß die Menschen durch die Köpfe, die sie ent­wickeln, dies nicht erleben. Der Irrtum ist zu einer furchtbaren Breite gekommen.

Aus einem Geiste, der sich mir aus solchen Beobachtungen heraus er­geben hat, habe ich versucht, heute Abend über das soziale Wollen zu Ihnen zu sprechen. Sie haben mich dazu eingeladen als Mitglieder einer Menschengemeinschaft, die hinschaut auf dasjenige, was das soziale Wollen zum Menschenheil in der Zukunft bringen soll.

Diejenigen, die als ältere Leute, wie zum Beispiel ich, immer durch Jahrzehnte zu solchen Menschen sprechen, die blicken zuweilen auch zurück auf dasjenige, was alles durchwandelt werden mußte, um zu dem Heutigen zu kommen. Dann aber bekommen sie durch manches, was durchwandelt werden mußte, doch auch die Überzeugung, daß der Irr­tum nicht fruchtlos war, daß, selbst wenn heute die Tatsachen eine trau­rige, oftmals eine erschreckende Sprache sprechen, die Menschen doch stark genug sein werden, den Ausweg zu finden aus demjenigen, was als unerträglich von einem großen Teile der Menschheit heute empfunden wird.

In diesem Sinne bitte ich Sie, aufzunehmen dasjenige, was ich mir er­laubte, am heutigen Abend zu Ihnen zu sprechen. Denn die Tatsachen sprechen auf manchem Gebiet eine deutliche Sprache. Und sie sprechen auch das deutliche Wort : Je mehr Menschen unter jenen, die heute noch jung sind, wahrhaftiges, lebensfähiges soziales Wollen aufnehmen, desto lebensfähiger wird der tüchtige, menschliche soziale Organismus sein.

Wer sich zum Wort zu melden wünscht, der möge es tun. Herr Dr. Boos, der heute vor einer Woche ungefähr einen Vortrag gehalten hat, hat sich bereit erklärt, die Diskussion zu führen.

Ein Redner meldet sich zum Wort (Stenogramm unvollständig).

Dr. Steiner: Dasjenige, was Sie geltend gemacht haben, das bekommt seine Form dadurch, daß Sie übersehen haben, was eintreten muß durch die Gliederung zu relativer Selbständigkeit des Rechtsstaates auf der einen Seite, und des Wirtschaftslebens auf der anderen Seite. Die Arbeitsorganisationen, die zum Teil Produktionsgesellschaften, oder Konsumtionsgesellschaften, oder auch Verbindungen zwischen beiden sein werden, die haben es überhaupt nur zu tun mit Wirtschaftsfaktoren, die innerhalb des Wirtschaftslebens selbst spielen.

Die Regelung des Arbeitsrechtes, die fällt dem relativ selbständigen Staate zu. Dort wird nicht anders entschieden als auf demokratischer Basis, sagte ich, alles dasjenige, was da betrifft das Verhältnis von Mensch zu Mensch. Deshalb erwähnte ich auch bei dem Boden dieses rein demokratischen Staates, daß das ein Verbindungsglied zwischen den beiden anderen Faktoren ist; auf diesem Boden herrscht Gleichheit der Menschen vor dem Gesetze. Da werden aufhören die bloßen Wün­sche einzelner wirtschaftlicher Organisationen, weil sie sich in dem de­mokratischen Rechtsleben ausgleichen müssen mit den Interessen ande­rer Kreise. — Also das ist gerade das, was bewirkt werden soll; dem soll eben abgeholfen werden, was Sie als einen Schaden empfinden, der ganz gewiß entstehen würde, wenn zum Beispiel die Arbeitszeit selbst festge­setzt würde innerhalb der Organisation des Wirtschaftslebens. Die Organisationen des Wirtschaftslebens haben es nur zu tun mit dem Wirtschaftsleben selbst : die Regelung im Sinne des Arbeitsrechtes also. Aber die Feststellung der Arbeitszeit, die unterliegt nurmehr der Staats­körperschaft, die es zu tun hat mit dem Verhältnis von Mensch zu Mensch.

Wir dürfen nicht vergessen, welch große Veränderungen von Mensch zu Mensch dadurch auftreten werden, daß einseitige Interessen sich ab­schleifen werden. Selbstverständlich, ganz vollkommen wird natürlich nichts auf der Welt sein; aber einseitige Interessen werden sich abschleifen im demokratischen Staatsgebilde, das die Gleichheit des Menschen vor dem Menschen zu seiner Grundlage hat.

Denken wir nur daran, daß wenn zum Beispiel eine gewisse Wirt­schaftsorganisation ein Interesse hat, eine bestimmte kurze Zeit zu arbeiten, so wird sie sich bequemen müssen, dieses Interesse auszuglei­chen mit den Interessen derjenigen Menschen, die leiden würden unter dieser kurzen Arbeitszeit. Aber wenn man gar nicht denkt an irgendwel­che unterbewußte Kräfte, so wird sich — geradeso wie sich im Naturorganismus wenigstens annähernd ergibt, immer annähernd natürlich, daß immer gleichviel Männer und gleichviel Frauen da sind, was aber dochnatürlichnicht einstriktes Naturgesetz sein darfoder werden kann—, so wird sich auch ergeben, daß, wenn in der richtigen Weise die einzel­nen Faktoren des sozialen Organismus zusammenwirken, nicht ein Un­zuträgliches dadurch entstehen wird, daß einzelne kleine Interessen werden entwickeln können, die für andere in weitestem Maße schädlich sind.

Dasjenige, was meiner sozialen Denkweise zugrunde liegt, das unter­scheidet sich von vielen anderen sozialen Denkweisen dadurch, daß diese letzteren mehr abstrakt sind. Logisch kann man immer das eine von dem anderen sehr gut ableiten; es folgt manches Logische aus dem anderen. Entscheidend in solchen Fragen kann aber eigentlich nur die Lebenserfahrung sein. Natürlich kann ich nicht logisch beweisen — das kann kein Mensch —, daß nicht in einem solchen zukünftigen Organis­mus einmal eine Diskrepanz der Interessen eintreten kann; aber anzu­nehmen ist, daß, wenn die Kräfte sich innerhalb ihres eigenen Kreises, der ihnen angemessen ist, entwickeln können, dann eine humane Ent­wickelung eintreten wird. Ich meine, wenn Sie das gerade betrachten, was ich vorlegen möchte, die Festsetzung der Arbeitszeit aus dem blo­ßen Wirtschaftsprozeß heraus in den Rechtskreis des Staates, daß dann diese Schäden nicht werden entstehen können im praktischen Gebiete. Das ist es, was ich dazu zu sagen habe.

Ein weiterer Redner äußert sich (Stenogramm unvollständig).

Dr. Steiner : Ich möchte zu der Ausführung des verehrten Vorredners folgendes bemerken: Selbstverständlich leidet ja gewissermaßen jeder Vortrag daran, daß man nicht in einem einzelnen Vortrage alles sagen kann, und ich weiß nicht, aus welchen Auslassungen meines Vortrages der verehrte Vorredner die Schlußfolgerung gezogen hat, daß ich keine Stellungnahme hätte zu der modernen Arbeiterpsyche, daß ich die moderne Arbeiterbewegung nicht berücksichtigen würde und derglei­chen. Jeder tut das selbstverständlich nach seiner Art. Ich war jahrelang zum Beispiel Lehrer auf den verschiedenen Gebieten einer Arbeiterbildungsschule, habe mit den Arbeitern in Gewerkschaften und auch in politischen Organisationen Redeübungen getrieben. Ich darf heute das berechtigte Bewußtsein haben, daß eine ganz zahlreiche Menge von Arbeitern, die heute in Deutschland ihre Reden halten, das Reden dazu in meinen Redeübungen gelernt haben. Bei diesen Redeübungen wurden alle möglichen Fragen besprochen, und Fragen, die nun wahrhaftig nicht ferne standen den allerintimsten Eigentümlichkeiten der Arbeiterpsyche. Also ich weiß nicht — ich hatte natürlich keine Veranlassung, auch diese besondere praktische Seite meines sozialen Wirkens und Wollens ins helle Licht zu stellen, aber ich kann auch nicht recht ver­stehen, aus welchen Auslassungen meiner Rede hervorgegangen sein soll, daß ich der praktischen Arbeiterbewegung so absolut fernstehen sollte.

Gewiß, es ist ein Selbstverständliches, daß innerhalb der modernen sozialen Bewegung gerade die Arbeiter selbst berücksichtigt werden. Aber bedenken Sie nur, daß ich den ganzen Abend immer betont habe, wie es aussieht eigentlich gerade innerhalb des Proletariats. Ich habe ja von dem Proletariat als solchem gesprochen. Sie haben bemerken kön­nen, wenn Sie gut zugehört haben, wie gerade das in meinen Vortrag hereinspielte, was ich glaube, praktisch auseinandergesetzt zu haben, was praktisch gerade in der proletarischen Arbeiterschaft von heute lebt.

Was nun den Vorwurf betrifft, daß ich vielleicht zu einseitig dargestellt habe die, wie mir scheinen will, fundamental bedeutsame Tatsache, daß die bürgerliche Denkweise übernommen worden ist von der Arbei­terschaft, von namentlich den Führern der Arbeiterschaft, so beruht die­ser Ausspruch, den ich getan habe und den ich ja auch nur von einzelnen Seiten her selbstverständlich beleuchtet habe, wirklich auf einem ge­naueren Studium gerade der Arbeiterpsyche und der ganzen modernen Arbeiterbewegung.

Ich möchte Sie dabei zum Beispiel auf folgendes aufmerksam machen : Ein mir auch persönlich bekannter russischer Schriftsteller hat jüngst auf eine sehr eigentümliche Weise darauf hingewiesen, daß die Philosophie, die Jünger hat, gerade hier in Zürich eine große Rolle gespielt hat : die Philosophie des Avenarius, die doch ihrerseits gewiß aus rein bürgerlichem Untergrund erwachsen ist. Ich kann mir wenigstens nicht vorstellen, daß Avenarius daran gedacht hat, daß seine Philosophie in der Arbeiterbewegung in Rußland diejenige Rolle spielt, die sie heute spielt. Soviel ich weiß, ist sehr stark hier vertreten, gerade in Zürich, von Adler namentlich, die aus der Naturwissenschaft entnommene philosophische Überzeugung von Mach. Diese beiden philosophischen Richtungen sind gewissermaßen die Amtsphilosophien des Bolschewismus, des radikal­sten Sozialismus. Der russische Schriftsteller Berdjajev sagt das in einem Aufsatz — er ist enthalten in der Übersetzung eines sehr interessanten Buches über «Rußlands politische Seele» —, und in diesem Aufsatz hat Berdjajev in sehr deutlicher Weise gerade diese politische Seele heraus­gearbeitet. Und so könnte man Ihnen zahlreiche Beispiele anführen; ich könnte Ihnen zahlreiche Beispiele anführen, die ähnlich wären dem, das ich Ihnen vorhin entnommen habe aus der Rede der verstorbenen Rosa Luxemburg, die Ihnen beweisen würden, daß eben das letzte bedeutende und gerade in die Arbeiterbewegung tief eingreifende Erbstück aus dem bürgerlichen Leben die bürgerliche Denkweise ist, die wissenschaftlich orientiert ist. Die Möglichkeit, das geistige Leben überhaupt zur Ideolo­gie zu machen, ist bürgerlichen Ursprungs. Das Bürgertum, wenn man solche Kategorien gebrauchen darf, hat zuerst die wissenschaftlich orientierte Denkweise auf dem Gebiete des Naturerkennens zur Ideologie gemacht. Sie hat es nicht innerhalb ihrer Klasse auf das eigentlich wissenschaftliche Denken übertragen. Diese letztere Konsequenz hat dann das proletarische Denken gezogen. Gewiß, das proletarische Den­ken hat andere Konsequenzen gezogen; aber es hat eben Konsequenzen gezogen aus den Grundlagen, die heute deutlich zu erkennen sind als innerhalb der bürgerlichen wissenschaftlichen Vorstellungsart wurzelnd, und nur etwas weiter fortgebildet. Das sollte eben in seiner Wich­tigkeit nicht verkannt werden.

Denn derjenige, der tiefer drinnensteht auch in der Gesamtheit, der tieferes Interesse entwickelt hat für den Anteil, den die moderne Arbeiterpsyche an der modernen Arbeiterbewegung hat, der wartet, ich möchte sagen, mit einer gewissen Sorge auf der einen Seite, aber auch mit einer gewissen inneren Befriedigung auf der anderen Seite auf den Moment, wo das innerhalb der modernen sozialistischen Bewegung zum Vorschein kommen wird. Man wird eines Tages bemerken, zum Bewußtsein heraufbringen, was jetzt noch im Unterbewußten ruht, man wird eines Tages bemerken : Aha, das haben wir noch in unserem See­lenoberdenken — wenn ich den Ausdruck gebrauchen darf —, in unserem seelischen Oberdenken; das muß heraus. Wir haben die Sehnsucht, unsere ganze Menschenwürde wissenschaftlich zu orientieren; das hat uns die bürgerliche Erblinie der Wissenschaft bis jetzt nicht möglich ge­macht. Wir müssen ein anderes Geistesleben suchen.

Ich glaube allerdings, daß dann, wenn dieser Moment eingetreten sein wird, wenn die ganze, volle Sehnsucht des vielleicht von einer gewissen Seite her einzig modernen Menschen, nämlich des proletarischen Menschen herauskommt — wenn es auch in der modernen Zeit noch nicht zum vollen Ausdruck gekommen ist —, wenn diese Sehnsucht des modernen Proletariers nach einer völligen Ausbildung der wissen­schaftlichen Denkweise zur Weltanschauung, mit der Kraft der alten Religionen, wenn das eingetreten sein wird, wenn er nicht mehr, weil er darauf gekommen ist, daß er nicht mehr Ware sein soll, die Konsequenz der bürgerlichen Denkweise ziehen wird, dann wird der Moment einge­treten sein, wo man überhaupt erst wird davon reden können, daß fruchtbares Organisieren des sozialen Wollens da ist.

In dem bloßen Sozialismus und in seiner Beziehung, die der verehrte Herr Vorredner hervorgehoben hat, zu der Philosophie des Bergson, glaube ich, daß man nicht so dogmatisch sich stellen darf. Ich will ja selbstverständlich nicht über solche philosophischen Fragen heute dis­kutieren. Der Herr Vorredner sagte, daß Bergson ein typischer Vertre­ter und Repräsentant der bürgerlichsten Denkweise ist. Dann würde der Sozialismus aus der Philosophie des Bergson gerade eben recht bürger­liche Untergründe herausgenommen haben ! Man kann heute zum Bei­spiel nachweisen, daß Bergsons Philosophie ihrem Inhalte nach von ganz unermeßbar vielen «Schopenhauerianismen» durchzogen ist, daß Bergson viel mehr beeinflußt ist von Schopenhauer, als Sie nur irgend denken.

Nun, wollte man eine solche Sache ausführlich erörtern, so müßte man eben wirklich recht ausführlich sein können. Ich kann das heute nicht ; aber ich erwähne Ihnen nur, daß es auch einen innerhalb der pro­letarischen Welt sich als Denker fühlenden Menschen gibt, wie zum Bei­spiel Mehring, Franz Mehring, der also in vielem in Wirklichkeit ähnlich ist dem Bergson; der hat Schopenhauer gerade als den Repräsentanten des bürgerlichsten Spießertums in der Philosophie charakterisiert !

Über diese Dinge kann man verschiedener Ansicht sein, und ich glaube nicht, daß man über diese Dinge so dogmatisieren darf. Man kann ja die Ansicht haben, daß Bergson der fortgeschrittenste Philosoph ist und irrationale Elemente drinnen hat in seiner Philosophie. Aber man möchte fragen: Was hat denn irrationales Element mit der sozialen Frage zu tun? — Irrational kann doch geradesogut ein Proletarier sein wie ein Bürgerlicher. Ich kann nicht recht einsehen, was das ganze Irra­tionale damit zu tun hat. Da muß man schon die dogmatische Voraus­setzung machen: Bergson ist absolut derjenige, der der moderne Philo­soph ist; wenn also die Proletarier richtig denken sollen, so müssen sie Bergsonianer werden, nicht wahr. Das ging durch die ganze Frage.

Denn zweifellos ist es, daß auf den verschiedensten Gebieten im modernen Leben Tendenzen aufgetreten sind, die sich nach dem hin richten, was ich heute charakterisiert habe. Es wäre doch nun wirklich traurig um das menschliche Leben bestellt, wenn es immer gerade, möchte ich sagen, überzwerch gehen würde, wenn es immer in der ent­gegengesetzten Richtung von dem Rechten sich entwickeln würde ! Nicht wahr, das kann natürlich nicht der Fall sein. Ich sagte selbst, daß zum Beispiel auf dem Gebiete des Gerichtswesens von einigen ganz psy­chologisch orientierten Menschen gewisse Dinge angefacht sind. Solche Beispiele könnte man natürlich unzählige anführen. Aber es ist auch eine Ableitung der Diskussion auf Nebengeleise, wenn man nicht eingeht auf dasjenige, was geltend gemacht worden ist, sondern eine Lieblingsmei­nung vorbringt. Gewiß, man kann ja sehr sympathisieren mit manchem, was heute als doch mehr auf geschichtliche Perioden hindeutende Prinzipien in bezug auf Impulse gesagt worden ist; aber ohne mehr auf das letztere einzugehen — wollte man auf alle diese Dinge eingehen, müßte ich Sie aber sehr lange hier aufhalten —, also ohne mehr auf das letzte einzugehen, möchte ich sagen : Sehr viele Menschen sind heute noch in­nerlich obstinat, wenn man von dieser Dreigliederung spricht, von der ich heute gesprochen habe. Sie sagen dann : Es kann doch nicht drei ver­schiedene Glieder geben, die nach verschiedenen Prinzipien gelenkt und geleitet werden.

Aber ich habe nicht von drei verschiedenen Gliedern gesprochen, die nach drei verschiedenen Prinzipien gelenkt würden, sondern von einer Dreigliederung des sozialen Organismus habe ich gesprochen ! Beden­ken Sie nur, daß diese Dreigliederung des sozialen Organismus in unse­rer Zeit ihrer ganzen Denkweise nach ebenso entsprechend gefunden werden muß nach und nach, wie zum Beispiel die uralten Gliederungen, die Sie bei Plato auch finden und die damals berechtigt waren. Mir hat einmal jemand hinterher nach meinem Vortrag gesagt: Also haben wir doch wiederum einen Hinweis auf die alten Gliederungen Platos : Nähr­stand, Wehrstand, Lehrstand ! — Das, was ich gesagt habe, ist das Gegen­teil der Gliederung in Nähr-, Wehr- und Lehrstand; denn es werden nicht die Menschen in Stände gegliedert, sondern es wird eine Gliede­rung versucht des sozialen Organismus. Wir Menschen sollen gerade nicht abgeteilt werden ! Es kann ganz gut derselbe Mensch tätig sein in dem geistigen Glied, oder tätig sein im rechtlichen und sogar in dem wirtschaftlichen Gliede. Der Mensch ist gerade dadurch emanzipiert von irgendwelcher Einseitigkeit in irgendeinem der Glieder des sozialen Organismus. Es handelt sich also nicht darum, daß die Menschen in sol­che selbständigen Klassen abgeteilt werden sollen, wenn man den ge­sunden sozialen Organismus entwickelt, sondern daß der soziale Orga­nismus selber nach seinen Gesetzen geordnet wird. Das ist der durch­greifende Unterschied. Früher hat man Menschen gegliedert. Nun soll, der Denkweise unserer Zeit entsprechend, der soziale Organismus selbst gegliedert werden, damit der Mensch hinschauen kann auf dasje­nige, worin er drinnen lebt, um je nach seinen Bedürfnissen, nach seinen Verhältnissen und Fähigkeiten in dem einen oder in dem anderen Gliede tätig sein zu können. Es wird zum Beispiel ganz gut möglich sein, daß in der Zukunft ein Mensch, der im Wirtschaftsleben tätig ist, zu gleicher Zeit Abgeordneter ist auf dem Gebiet des rein politischen Staates. Er wird aber dann ganz selbstverständlich seine wirtschaftlichen Interessen in einer anderen Weise geltend machen müssen, als er geltend machen kann dasjenige, was allein in Betracht kommt auf dem Gebiete des Rechtsstaates. Diese drei Glieder werden selber sorgen für die Abgren­zung ihrer Territorien. Es wird nicht alles durcheinanderkonfundiert werden, daß sich das eine in das andere hineinmischt.

Es wird auf viel bessere Weise erreicht, wenn die Dinge getrennt wer­den. Es sind ja natürlich dieselben menschlichen Anlagen, die in dem einen und anderen Gliede entscheiden. Aber so wie es in der mensch­lichen natürlichen Organisation — trotzdem ich kein Analogiespiel trei­ben will, möchte ich dies erwähnen — drei in sich zentralisierte Teile hat : das Nerven-Sinnessystem, das Lungen-Atmungssystem und das Stoff­wechselsystem, so hat der gesunde soziale Organismus drei Glieder. Das ist etwas, was heute noch zu den gewöhnlichen Denkgewohnheiten nicht gehört, von dem ich aber glaube, daß es sich in die Denkgewohnheiten der Menschen hineinfinden wird, und daß man es doch nicht weniger gründlich, meine ich, nehmen muß, als man es nimmt, wenn man nur gewissermaßen seine Lieblingsmeinung auseinandersetzt.

Dr. Roman Boos: Darf ich mir noch gestatten, die Frage an den Herrn Referenten zu richten in bezug auf das, was eben auf strafrechtlichem Gebiet gefragt worden ist? Nun,wenn von der Freiheit der Richter gesprochen worden ist, ob damit auch ein Ver­stoß gegen den Satz gemeint ist, daß keine Strafe ohne Gesetz ausgesprochen werden soll — wie mir scheint, ist das so gemeint, daß das Strafgesetz als solches doch nicht aus dem Gebiet des freien Geisteslebens heraus gegeben werden soll, sondern aus der poli­tischen Instanz, daß die Frage wahrscheinlich ein Mißverständnis enthält bei dem Herrn Dr. Weiß, der gemeint hat, es werde ein Verstoß gegen das Prinzip gefordert, daß keiner zu einer Strafe verurteilt werden kann, der nicht ein bestimmtes Gesetz übertreten hat. — Darf ich vielleicht noch bitten, sich dazu zu äußern?

Dr. Steiner: Nicht wahr, in dieser Frage berühren sich ja selbstver­ständlich das System des öffentlichen Rechts mit dem System der prakti­schen Gerichtsbarkeit. Was ich betont habe, ist die Trennung des prakti­schen Richtens. Deshalb habe ich den Ausdruck «Richten» gebraucht, ausdrücklich des praktischen Richtens von dem allgemeinen öffent­lichen Rechtsleben, das ich bei dem gesunden sozialen Organismus im politischen Staat zentralisiert so denken muß, daß der gesunde soziale Organismus in seinem öffentlichen Rechtsleben dafür sorgen muß, daß entsprechend nach einem von ihm bestimmten Gesetze verfahren werden muß. Daß nicht in der willkürlichsten Weise gerichtet werden kann, das ist ganz selbstverständlich. Aber ich habe nicht an solche Dinge gedacht, die abstrakt sind und die in ihrer Abstraktheit mehr oder weniger selbstverständlich sind. Ich habe auch heute nicht über, sagen wir, den Wirkungsbereich des Rechtes zu sprechen gehabt, sondern ich habe über den sozialen Organismus und über soziales Wollen zu sprechen gehabt. Und da bitte ich Sie, im Sinne des Themas das Folgende zu beden­ken.

Sehen Sie, ich habe eine fast ebensolange Zeit meines Lebens in Öster­reich zugebracht wie in Deutschland. Ich habe das österreichische Leben gründlich kennenlernen können; Sie dürfen mir glauben, daß es nicht eine abrupte Behauptung ist, wenn ich sage, daß vieles von dem, was im österreichischen sogenannten Staate in letzter Zeit geschehen ist, zusam­menhängt mit Ereignissen, die sich gerade in den siebziger, achtziger Jahren des vorigen Jahrhunderts als tiefe Mißverhältnisse ergeben haben. Vergessen Sie nicht, daß in einem solchen Staate wie Österreich—auf anderen Gebieten würde sich das nicht in so radikaler Weise charak­terisieren lassen, aber vorhanden ist es in dieser oder jener Form auch —, besonders weil in Österreich durcheinandergeschoben sind die verschie­denen Sprachgebiete, Sie es zum Beispiel erleben konnten, daß ein Deut­scher, weil er gerade zufällig in irgendeinen Gerichtssprengel hineinge­hörte, in dem ein tschechischer Richter amtierte, der nicht Deutsch konnte, daß er abgeurteilt wurde von einem tschechischen Richter in einer Sprache, die er nicht verstand. Er wußte nicht, was über ihn geur­teilt wurde und was geschah mit ihm; er merkte nur, daß man ihn ab­führte. Ebenso war es umgekehrt der Fall, wenn ein deutscher Richter, der nicht Tschechisch verstand, einen Tschechen aburteilte, der kein Deutsch verstand. Was ich meine, ist die individuelle Gestaltung, die freie Gestaltung des Verhältnisses des zu Verurteilenden zum Richter.


Also ein solcher Staat wie Österreich hätte hiervon einen großen Er­folg zu erwarten. Aber dieser Impuls hätte erfordert, daß immer, für vielleicht fünf oder zehn Jahre — die Verhältnisse verschieben sich fort­während —, jedenfalls von dem zu Verurteilenden oder zu Richtenden sein Richter hätte gewählt werden können, in freier Wahl des Richters.

(Lücke im Stenogramm)

Das ist einfach ein Gegenstand gar nicht des geistigen Lebens, son­dern es ist von vornherein ein Gegenstand des Lebens im Rechtsstaat; dafür, daß also nur nach einem Gesetze gerichtet wird, welches bestan­den hat, als die Tat begangen worden ist, wird das zweite, das staatliche Gesetz, als zu seiner Kompetenz rechnend, schon sorgen; es wird schon für jeden Fall seine Konsequenzen ziehen, selbstverständlich.

Aber die Frage ist eine ganz andere; wenn Sie die Dinge genauer neh­men, so werden Sie sehen, daß alle Lösungen dieser Fälle sehr, sehr kon­sequent sich ergeben. Ich konnte Ihnen ja heute nur die allerersten Vor­aussetzungen sagen; ich müßte sonst nicht nur die ganze Nacht, sondern auch noch am morgigen Tage weiter reden.