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Collection: 09 - Nationalisme et âmes de peuple
Sujet : De la nation-ciel par la nation-sang grecque à la nation-libre.
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA222 108-121 (1989) 23/03/1923
Traducteur: Gabrielle Wagner Editeur:

 

Un apport essentiel à l'évolution de l'humanité est en notre temps le fait que nous possédions les pensées abstraites, ce qui pour nous veut dire mortes, car ces pensées existent en nous comme ce qui reste de l'état préterrestre où l'âme était vivante. Au niveau d'évolution où se trouve l'humanité, les pensées abstraites, donc mortes, vont de pair avec la conscience qu'a l'homme de sa liberté, je l'ai expliqué souvent. [...]

En remontant à la première époque de civilisation, la civilisation proto-hindoue, sortie en quelque sorte de la catastrophe atlantéenne, on découvre que l'homme de ce temps avait l'impression d'être bien plus un citoyen du cosmos extra-terrestre qu'un habitant de la terre. [...]
A la toute première époque de l'Inde primitive n'existait pas encore ce qui sera ultérieurement les castes. Les anciens Mystères des origines organisaient alors la répartition sociale, pourrait-on dire, selon les physionomies et les gestes. [...] Puis vint la deuxième époque de civilisation après l'Atlantide, la civilisation proto-perse. On n'avait plus alors instinctivement un sentiment de la physionomie aussi fort que par le passé. On ne contemplait plus les Imaginations des dieux, mais les pensées des dieux. [...]
Cette deuxième période postatlantéenne attachait une grande importance au fait qu'un enfant naissait par beau temps, de nuit ou de jour, en période hivernale ou estivale ; cela peut nous sembler étrange, mais il en était ainsi. Sans qu'il y ait quoi que ce soit d'intellectuel, on ressentait que les dieux présidaient à la constellation céleste, au beau temps ou à la tempête de neige, à la nuit ou au jour, au moment où ils faisaient descendre un homme sur terre, et que cela exprimait leurs pensées, exprimait ces pensées divines. [...]
A la troisième de ces époques, les hommes avaient vu se perdre en grande partie l'instinct qui leur donnait la vision des choses spirituelles, la vision des pensées divines dans les phénomènes météorologiques, et ils se mirent progressivement à faire des calculs. Au lieu de saisir intuitivement les pensées divines en l'homme par l'ensemble des conditions naturelles à la naissance, on appliqua le calcul aux constellations célestes ; au moment de la naissance, la position des planètes par rapport aux constellations était ainsi établie. [...]
Une certaine conscience tout au moins persistait donc encore du fait que la vie terrestre de l'homme dépend de son environnement extra-terrestre. Seulement, une fois venu le temps du calcul, l'époque n'est pas loin où l'on ne sent plus le lien de l'homme avec les entités spirituelles divines.
[...]
Ce furent ensuite les temps gréco-romains. A vrai dire, c'est la première époque de civilisation postatlantéenne où l'homme avait le sentiment de vivre totalement sur terre, entièrement relié aux forces terrestres., La relation de l'homme avec la météorologie s'était déjà retirée dans les récits mythologiques, Ce à quoi l'homme se sentait uni de façon vivante à la deuxième époque, la civilisation proto-perse, séparé maintenant, formait le monde des dieux. [...] Aux temps postatlantéens, les Grecs étaient les premiers à éprouver le sentiment — qui leur est d'ailleurs venu lentement et peu à peu — d'être entièrement hommes de la terre. C'est pourquoi le sentiment d'avoir appartenu à l'existence pré-terrestre sombra pour la première fois dans cette civilisation gréco-latine. Ce sentiment était resté très fort aux trois époques antérieures. Il n'aurait pas fallu y promulguer un dogme sur la non-préexistence ! On ne proclame bien sûr un dogme que s'il a une perspective de se voir adopté par les populations. [...]
Revenons encore une fois à la troisième époque postatlantéenne : nous arrivons à un temps où, bien qu'ils aient su calculer leur existence céleste, les hommes ressentaient aussi fortement le lieu où ils étaient nés sur terre. [...]
Il le ressentait au fait qu'à vrai dire, ce qui donnait à l'homme toute sa disposition physique et psychique, c'était le lieu de sa naissance et les particularités géographiques et climatiques de sa naissance, car, en cette troisième époque de civilisation postatlantéenne, l'homme sentait qu'il était essentiellement une créature de respiration. On respire autrement dans le sud que dans le nord. L'homme était un être de respiration. [...]

Cela prit fin chez les Grecs. Les éléments déterminants ne sont plus, à l'époque grecque, le processus respiratoire et le rapport avec la terre ; mais le lien du sang, le sens de la tribu, le sentiment d'appartenir à celle-ci confèrent la conscience de l'âme-groupe. L'âme-groupe était ressentie à la troisième époque postatlantéenne en rapport avec un lieu terrestre. On se représentait d'ailleurs vraiment alors que le dieu, qui représentait l'âme-groupe, se trouvait dans son sanctuaire, car il était lié au lieu. Cela se termina durant le temps des Grecs. Dans la conscience terrestre, dans la mentalité reliant à la terre toutes les sensations et tous les sentiments dans la vie des instincts humains, commença à naître le sentiment d'être uni aux autres par le sang. Dès lors, l'homme fut tout à fait installé en bas sur terre. Sa conscience n'allait pas plus haut que le domaine terrestre, mais il avait le sentiment d'appartenir à sa lignée et à son peuple par le sang.
Et qu'en est-il de nous à la cinquième époque postatlantéenne ?
[...]
Nous sommes dénués de forces extra-terrestres, nous ne vivons pas davantage et ne devons plus vivre avec ces forces purement terrestres qui vibrent dans le sang, mais nous sommes devenus dépendants de forces qui sont sous la terre.
[...]
Mais qu'est-ce que cela signifie donc pour nous autres hommes, de devenir dépendants des forces souterraines ? [...] Cela veut dire bien autre chose, cela veut dire que la terre nous enlève ce qui, du supraterrestre, pourrait nous influencer. La terre nous dérobe cette influence. L'homme eut d'abord conscience d'être Imagination divine, puis pensée divine, ensuite résultant de calculs, et enfin homme terrestre., Le Grec sentait qu'il était tout à fait un homme de la terre , et vivait dans le sang. [...]Quant à nos pensées — c'est justement ce que la cinquième époque a de singulier —, elles sont, lorsque nous naissons, transmises à la terre par les dieux quand nous sommes envoyés sur la terre. Nos pensées sont enterrées, inhumées littéralement, du fait que nous devenons hommes terrestres. Il en est ainsi depuis le début de la cinquième époque postatlantéenne Etre intellectualiste, cela veut dire avoir dans l'âme des pensées mises en terre, autrement dit des pensées auxquelles les forces terrestres enlèvent les impulsions célestes.

Ce qui en réalité caractérise notre façon actuelle d'être homme, c'est que dans notre être intime nous fusionnons avec la terre, justement par le penser. Mais par là même nous avons la possibilité maintenant seulement, à la cinquième époque, de renvoyer au cosmos les pensées que nous rendons vivantes en nous par notre existence terrestre, [...] Dans leur élément mort, ses pensées entrent dans la terre, comprennent ce qui est mort et qui appartient uniquement à l'élément terrestre. Or, l'homme lui-même est ainsi fait que, s'il vivifie ses pensées, il les émet vers le cosmos comme des images reflétées, si bien que, toutes les pensées vivantes qui naissent en l'homme, c'est pour les dieux comme l'éclat brillant des hommes en cours de développement. L'homme est appelé à être co-créateur de l'univers, parce qu'on attend de lui qu'il mette la vie dans ses pensées.