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Collection: 09 - Nationalisme et âmes de peuple
Sujet : Initié anticipe la réincarnation
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA103 183-186 (1995) 30/05/1908
Traducteur: Editeur: Triades

 

A toutes les époques d'évolution qui ont suivi l'Atlantide, un initié a été l'homme capable de s'élever au-dessus du monde physique et sensible, capable de passer par des expériences personnelles dans les mondes spirituels. Cet être par conséquent connaît le monde de l'esprit comme l'homme connaît le monde physique, au moyen de ses organes sensibles, ses yeux, ses oreilles, etc... Un initié de cette nature est un véritable témoin des mondes spirituels et de leur réalité. C'est là le premier point. Mais il y a encore quelque chose de capital que tout initié acquiert pendant l'initiation, — c'est la faculté de s'élever au-dessus des sentiments et des sensations qui sont justifiés, et même indispensables, dans le monde physique, mais qui ne peuvent se retrouver de la même manière dans le monde spirituel.

Il faut bien comprendre la chose, et ne pas croire que l'initié, lorsqu'en plus du monde physique, il perçoit le monde spirituel, doive se déshabituer de tous les sentiments qui sont à leur place ici-bas, de toutes les sensations, et les troquer contre d'autres sentiments d'une nature différente. Il n'en est pas ainsi. L'initié n'échange pas les uns contre les autres ; il ajoute ceux-ci à ceux-là. S'il faut d'une part que l'homme spiritualise ses sentiments, il est d'autre part non moins nécessaire qu'avec une force accrue il conserve les sentiments qui le rendent capable d'agir dans le monde physique. C'est dans ce sens qu'il faut comprendre l'expression : déraciné, libre (heimatlos), qui le caractérise. Non pas que sa patrie ou sa famille doivent le moins du monde lui devenir étrangères tant qu'il vit dans le monde physique. L'acquisition des sentiments dont nous parlons dans ie monde spirituel embellit, affine les sentiments du monde physique. Qu'est-ce qu'un homme libéré des liens du pays `! C'est celui qui ne crée pas dans le monde spirituel les affinités particulières qui nous rattachent dans le monde physique à certains lieux, à certaines conditions. Personne ne peut acquérir l'initiation véritable s'il n'a passé par là. Dans le monde physique, on appartient toujours à un peuple, à une famille, on relève d'un Etat, — et il est nécessaire qu'il en soit ainsi. Nous en avons besoin sur la terre. Mais si l'on voulait emporter ce sentiment dans le monde spirituel, ce serait y introduire quelque chose de très faux pour ce monde. Il ne s'agit pas d'y développer quelques sympathies personnelles que ce soient, mais de laisser agir sur soi-même objectivement tout ce qu'on y rencontre, d'après la valeur propre de chaque chose. On pourrait dire aussi, si tout le monde pouvait le comprendre, que l'initié doit être au plein sens du mot un homme objectif.

Au cours de son évolution terrestre, l'humanité est sortie d'un état primitif, celui de l'ancienne clairvoyance nébuleuse, et dans cet état il n'y avait pas de différence de patries entre les hommes. Nous avons suivi cette descente depuis les sphères spirituelles jusqu'au monde physique. Dans ces sphères originelles d'où elle est venue, l'humanité n'a pas connu le patriotisme ni aucun sentiment .de ce genre. En prenant pied sur terre, des hommes peuplèrent telle région, d'autres telle autre ; ces divers groupes humains reçurent l'empreinte des lieux qu'ils occupaient. Le nègre est noir non seulement pour des raisons psychiques, mais aussi parce qu'il s'est adapté à la région qu'il occupe ; et il en est de même pour le blanc et pour les autres races de différentes couleurs ; quant aux différences de moindre importance qu'on trouve entre les peuples, elles proviennent des influences que le milieu a sur l'homme. Et ce fait à son tour se rattache aux formes spécialisées qu'a. l'amour sur terre. C'est au sein d'un même groupe, entre les membres d'une même communauté que l'amour tout d'abord se développe. Ensuite, au fur et à mesure qu'ils se dégageront de ces communautés, les hommes pourront s'élever vers un amour collectif, total, celui qui s'épanouira précisément sous l'action du Moi spirituel., L'initié a donc dû s'efforcer d'atteindre avant l'heure le but qu'en réalité poursuit toute l'humanité, celui de réaliser une paix entière entre les hommes, une harmonie et une fraternité qui surmontent toutes les barrières. Pour développer cette fraternité totale, l'initié doit déjà, par son égalité à l'égard des patries, rassembler les germes ele cet amour.
C'est ce que symbolisaient dans l'antiquité les grandes pérégrinations que faisaient les initiés, par exemple Pythagore. L'initié élargissait les sentiments qu'il avait reçus de sa communauté primitive et leur donnait une objectivité nécessaire à l'égard de toute chose.

Or la mission du christianisme est d'apporter à l'humanité entière ce qui a toujours été le hien de quelques initiés. Considérons ce qui est l'essence la plus profonde du christianisme, l'idée que le Christ est l'Esprit même de la Terre, que notre terre est devenue le corps et le vêtement du Christ. Et étudions textuellement chaque parole de l'évangile de saint .Jean. Y est-il question de ce t vêtement » terrestre ? Comment se présente-t-il dans l'évolution ? Nous savons que tout d'abord ce vêtement de la terre, c'est-à-dire les parties solides, a Cté réparti entre les hommes, les territoires séparés les uns des autres. L'un prit possession de tel lieu, l'autre de tel autre. Il se fit un morcellement. La propriété, l'extension de la personnalité sur ce qu'elle possède, voilà en un certain sens ce qui a divisé au cours des temps le vêtement, la robe que porte le Christ, l'esprit de la terre. Une seule chose ne pouvait pas être partagée ; elle appartient à tous ; c'est l'enveloppe atmosphérique qui entoure la terre. Comme l'indique la légende du Paradis, cette enveloppe d'air fut en partie insufflée à l'homme': par le souffle divin ; ce fut là le premier rudiment du moi dans le corps physique. L'air ne peut pas être divisé. Voyons si celui qui par l'évangile de saint Jean nous a décrit le christianisme avec le plus de profondeur, ne nous indique pas ce rapport. Il y a un passage où il est dit :
« Et ils déchirèrent son vêtement mais la tunique, ils ne la déchirèrent pas. »
La voilà, cette parole révélatrice qui nous fait comprendre comment la terre toute entière, y compris son atmosphère, est le corps, le vêtement et la tunique du Christ Le vêtement a été partagé en continents, en territoires, mais pas la tunique. L'air n'a .pas été partagé, il est le bien commun. Il est le symbole matériel, extérieur, de l'amour qui enveloppe le globe terrestre et qui se réalisera plus tard.
Et à bien d'autres égards aussi, le christianisme mènera les hommes à prendre en eux ce que donnait l'antique initiation. Pour le comprendre. évoquons cette initiation. Envisageons le caractère essentiel des trois principales sortes d'initiation : celle de la Yoga des temps antiques, l'initiation spécifiquement chrétienne, et celle qui s'adapte absolument à l'homme actuel, et qui est à la fois chrétienne et rosicrucienne.