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Collection: 07 - LES IDEAUX SOCIAUX
Sujet : Je égal, corps astral libre, éthérique fraternel
 
Les références Rudolf Steiner Oeuvres complètes GA171 208-215 (1964) 02/10/1916
Traducteur: Christine Sutter et Georges Ducommun Editeur: EAR

 

Les impulsions spirituelles des Templiers qui se sont déversées dans le monde éthérique, ont continué de vivre éthériquement ; et par cette vie qui perdure dans l’éthérique, plus d’une âme a été préparée à recevoir les inspirations que j’ai décrites, qui viennent des Templiers eux-mêmes depuis les mondes spirituels. Voilà le déroulement concret qui s’est accompli à l’époque moderne.
Dans ce qui émanait des Templiers s’est déversé tou­jours plus, précisément dans toute l’étendue de la vie, ce qui afflue des impulsions méphistophéliques-ahrimaniennes, ce qui est imprégné d’éléments méphistophéliques­ahrimaniens, ce qui fut engendré sur les bancs de torture des Templiers, lorsqu’ils furent contraints d’avouer sous la torture des mensonges à leur propre sujet. Cela fait partie de ce qu’il faut voir, non pas comme une raison exclusive, mais comme l’une des raisons spirituelles du matérialisme moderne, si l’on veut comprendre intérieurement le sens de l’évolution matérialiste moderne.
C’est ainsi que, surtout à l’époque moderne, quelques-uns ont reçu l’inspiration de hautes vérités spirituelles, alors que la culture en général prenait un caractère toujours plus matérialiste, et que le regard de l’âme se troublait toujours davantage pour ce qui nous entoure [234] spirituellement, et ce en quoi nous entrons par la porte de la mort, et dont nous sommes sortis au moment de la naissance. L’humanité s’est toujours davantage détournée de la contemplation du spirituel dans les domaines les plus divers de la vie, dans le domaine spirituel, dans le domaine religieux et dans le domaine social. Le regard s’est de plus en plus orienté vers le monde matériel, substantiel qui se présente aux sens. L’humanité est ainsi passée par de nombreuses, de très nombreuses erreurs depuis le début de l’époque moderne. Mais, une fois encore, ne critiquons pas le fait que l’humanité ait commis des erreurs. Parce qu’elles s’étaient immiscées dans l’évolution humaine, il a fallu que les hommes fassent l’expérience de ces erreurs, dont ils prendront peu à peu conscience ; en les surmon­tant, ils acquerront des forces plus vigoureuses que si le chemin à suivre leur avait été donné automatiquement. Le temps est venu aujourd’hui de voir comment dans le spirituel vivent les impulsions à l’erreur, et l’humanité est appelée à prendre toujours plus de décisions libres, à déceler les erreurs et à les surmonter.
Il ne s’agit pas d’accuser un quelconque événement historique mais simplement de le considérer tout à fait objectivement. Les faits historiques de l’époque moderne ont en effet suivi une évolution telle que les pensées et les sentiments vivent dans l’être humain uniquement selon la réalité physique extérieure, uniquement d’après ce que l’homme connaît entre la naissance et la mort. Même la vie religieuse a progressivement revêtu un caractère per­sonnel, en tendant à donner à l’homme uniquement les moyens d’assurer le salut de sa propre âme. La vie religieuse moderne, qui détourne de plus en plus du monde spirituel concret le regard de l’être humain, est largement imprégnée de la mentalité et du sentiment matérialistes. Nous l’avons dit, il ne s’agit pas d’accuser un quelconque phénomène historique, mais de le présenter de la façon [235] dont il doit être compris si l’humanité à venir ne doit pas tomber en décadence, mais s’engager dans un mouvement ascendant.
Nous voyons croître le courant du matérialisme à côté du courant parallèle, caché aimerais-je dire, et nous voyons un événement important apparaître à la fin du 18e siècle, un événement sous l’influence duquel se trouve tout le 19e siècle, et qui se prolonge jusqu’à notre époque : la Révolution française se propage dans la culture européenne. Beaucoup de ce qui s’est manifesté dans la Révolution française a été tel que les historiens l’ont dé­crit. Mais, à ce qu’on a compris jusqu’à maintenant de la Révolution française et qui s’est maintenu dans ses impulsions, il faudra encore ajouter la compréhension de ce qui advient spirituellement des impulsions matérialistes, des impulsions ahrimaniennesméphistophéliques. La Révolution française aspirait – nous l’avons dit, il ne s’agit pas d’accuser un événement historique, mais bien de le com­prendre – à un but très élevé ; mais elle y aspirait à une époque encore fortement adombrée par l’événement que j’ai décrit aujourd’hui, qui a permis à Méphistophélès- Ahriman d’insuffler à la vie européenne l’impulsion matérialiste. C’est ainsi que les meilleurs, ceux qui ont inauguré la Révolution française – il importe peu de nommer l’un ou l’autre, il faut avoir une conscience vivante, psychiquement vivante de ce qui agit dans le monde – même s’ils se sont, en conscience, imaginé croire autre chose, ces meilleurs n’avaient encore qu’une conscience du plan physique. Ils aspiraient certainement à quelque chose de supérieur, mais ils ne savaient rien de la trinité de l’homme : du corps qui agit dans l’homme par le principe éthérique, de l’âme qui y agit à travers le principe astral, de l’esprit qui agit d’abord dans l’homme grâce au Moi.
Dès la fin du 18e siècle, on considérait l’homme tel que le conçoit, pour le grand dam de l’humanité, la science [236] matérialiste d’aujourd’hui, la physiologie, la biologie. Même si l’on avait quelque pressentiment religieux d’une vie spirituelle, qu’on parlait peut-être de cet aspect, on considérait l’être humain de telle sorte que concrètement l’on dirigeait uniquement son regard sur ce qui se passe ici dans le monde physique entre la naissance et la mort. On peut saisir ce qui s’y exprime lorsqu’on dirige le regard uniquement sur le corps physique extérieur, même si aujourd’hui on ne le comprend pas encore tout à fait. Mais ce qui vit dans l’homme tout entier, on ne peut le com­prendre que si l’on sait comment le principe éthérique, le principe astral et le principe du Moi sont liés au corps physique extérieur. Car dès que nous nous trouvons ici dans le monde physique entre la naissance et la mort, vit déjà en nous le spirituel-psychique qui fait partie des mondes spirituels. Ici nous sommes corps, âme et esprit, et lorsque nous sommes passé par la porte de la mort, nous devenons à nouveau une triade, mais simplement avec un autre corps spirituel. Celui qui ne considère l’homme terrestre que tel qu’il vit en tant qu’homme physique entre la naissance et la mort, ne voit pas l’homme tout entier, et il se trompe à son sujet. Et lorsqu’il instaure un idéal humain pour le seul homme physique, cet idéal n’est pas adapté à l’être humain tout entier. Nous ne devons pas considérer les événements du monde comme s’ils étaient en eux-mêmes erronés. Ce qui apparaît est bien la vérité ; mais la façon dont l’homme le considère et l’utilise dans ses propres actes, engendre souvent des confusions. Dans les âmes humaines de la fin du 18e siècle est née une confusion par le fait que tout a été pour ainsi dire projeté dans le corps, et les idéaux, qui n’ont de sens que lorsqu’on considère l’homme comme une trinité, sont devenus un but pour un monon humain uniquement physique.
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De beaux idéaux tourbillonnaient ainsi parmi les hommes à la fin du 18e siècle : Fraternité, Liberté, Égalité 107 ! De beaux idéaux, mais ils tourbillonnaient dans l’humanité à une époque où ils ne pouvaient être compris, une époque qui confondait physique, psychique et spirituel, parce qu’ils étaient tous perçus comme ils peuvent l’être par des hommes qui en vérité ne croient qu’au corps physique. Pour le corps physique humain, seule la frater­nité est à juste titre un idéal, et la liberté n’a de sens que par rapport à l’âme humaine, tandis que l’égalité n’en a que lorsqu’on la rapporte à l’esprit, à l’esprit qui s’exprime dans l’humanité en tant que Moi. C’est uniquement lorsqu’on sait que l’homme se compose de corps, d’âme et d’esprit, et que des trois idéaux de la fin du 18e siècle, l’on rapporte la fraternité au corps, la liberté à l’âme, l’égalité au Moi, qu’on parle en accord avec le sens intérieur du monde spirituel. La fraternité, nous ne pouvons la déve­lopper que si nous portons, en tant qu’hommes physiques, des corps terrestres physiques. Et si nous acceptons la fraternité dans les ordres sociaux, alors cette fraternité est juste pour l’ordre social sur le plan physique. La liberté, l’homme ne peut l’acquérir que dans son âme, tant que cette âme est incarnée sur terre. La liberté règne sur la terre seulement et n’est possible que sur la terre lorsqu’elle se rapporte aux âmes humaines qui vivent sur terre dans un tel ordre qu’elles acquièrent la faculté de maintenir l’équilibre entre les forces inférieures et supérieures. C’est d’ailleurs ce que Goethe a aussi voulu montrer dans son beau Conte du Serpent Vert. Lorsqu’on parvient en tant qu’être humain à maintenir la balance entre les forces inférieures et les forces supérieures de l’âme humaine, on développe ces forces qui peuvent vivre ici entre la nais­sance et la mort : on développe aussi les forces dont on a besoin lorsqu’on franchit les portes de la mort. Et c’est ainsi qu’à côté de l’ordre social, il faut sur la terre un ordre [238] psychique dans lequel les âmes puissent s’incorporer de façon à développer les forces de liberté, forces que nous emporterons ensuite en franchissant la porte de la mort, si nous nous préparons dans cette vie-ci à la vie après la mort. Que soit instauré ici-bas un tel échange psychique d’âme à âme, que celles-ci puissent développer de telles forces, que toutes les manifestations de la vie humaine dès l’enfance, que toute l’organisation des sciences, que toute l’organisation des arts, toute l’organisation du travail humain aient pour aspiration de permettre à l’être humain en tant qu’âme de maintenir l’équilibre entre ce qui agit spirituellement et ce qui agit physiquement, voilà ce qui doit devenir un idéal. L’homme sera libre lorsqu’il saura acquérir, dans le monde physique extérieur, des forces de l’âme comme celles qu’il peut par exemple acquérir en étant capable d’observer les belles formes qui vivent dans un art vraiment spirituel. L’homme devient libre lorsque les échanges d’âme à âme sont tels qu’une âme peut s’attacher à l’autre avec une compréhension toujours plus grande et un amour toujours plus fort. Lorsqu’il s’agit des corps, c’est la fraternité qui entre en considération. Lorsqu’il s’agit des âmes, entre en considération la formation de ces liens tendres qui se développent d’âme à âme, qui doivent aussi s’introduire dans la structure de la vie terrestre, mais qui doivent s’élever jusqu’à susciter un intérêt profond, très profond d’une âme pour l’autre. C’est seulement ainsi que les âmes peuvent être libres, et seules les âmes peuvent être libres.
L’égalité pour le monde physique extérieur est une absurdité, car l’égalité deviendrait l’uniformité. Dans le monde tout est en transformation, tout est scellé en nom­bres, tout doit s’exprimer dans la diversité et la multiplicité. Le monde physique est là pour que le spirituel y chemine à travers la multiplicité des formes. Mais il y a quelque chose qui reste égal dans notre vie humaine [239] multiple et diverse, parce qu’il constitue pour le moment un début. Notre humanité actuelle, nous la portons déjà en nous depuis l’époque de Saturne, celle du Soleil et celle de la Lune, mais le Moi nous ne le portons que depuis l’époque terrestre. Le Moi en est à ses débuts ! Durant toute notre vie entre la naissance et la mort, nous n’allons pas plus loin dans le spirituel que de nous dire Je ou Moi, et de ressentir ce Moi. L’être humain ne peut le contem­pler entre la naissance et la mort qu’hors du corps, par l’initiation ou lorsqu’il franchit la porte de la mort, quand il lui est donné de contempler spirituellement le Moi dans le souvenir de son corps terrestre. Mais à travers ce Moi s’expriment ici sur terre toutes sortes de diversités. La structure de la vie terrestre doit être telle qu’il soit possible d’exprimer par les mêmes Moi toutes les multiplicités qui peuvent parvenir sur terre à travers des individualités humaines. Un être humain vit ceci, l’autre cela, un troisième représente encore une autre individualité. Toutes ces individualités se réunissent également par leurs rayons d’action au foyer, au centre du Moi ; et le fait que nous soyons égaux permet qu’à travers ce Moi passe ce que nous pouvons nous communiquer en tant qu’esprits, permet que nous développions une vie communautaire de l’humanité. Par le semblable passe le divers. Ainsi se fonde en une égalité spirituelle ce qui entre dans le courant du devenir cosmique spirituel ; cela ne vient pas d’un être individuel mais vient de notre expérience multiple au sein de la vie, de ce qui imprègne notre Moi, passe par notre expérience spirituelle et devient un bien commun. C’est ce courant commun qui entre et se prolonge dans le courant du devenir cosmique.
L’égalité va de pair avec l’esprit. Et l’humanité ne comprendra comment peuvent vivre en elle les trois idéaux de Fraternité, Liberté et Égalité qu’à condition de se rendre compte que l’homme porte en lui cette tripartition [240] en corps, âme et esprit. Cela ne pouvait être compris au 18e siècle et durant tout le 19e siècle, à cause de la force du courant ahrimanien-méphistophélique introduit dans l’évolution humaine moderne, à la façon dont je vous l’ai présenté. Le 18e siècle a confondu Égalité, Liberté et Fraternité en les appliquant toutes trois à la seule vie physique extérieure. À la manière dont le 19e siècle a compris cette devise, cela ne peut être qu’un chaos, un chaos social. Et l’humanité sera contrainte de continuer à cheminer dans ce chaos social, si elle n’accepte pas la science de l’esprit, la vie spirituelle qui font comprendre que l’homme est une triade, et qui fonderont une structure de vie terrestre pour l’homme tripartite.