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Collection: 04 - LA VIE ÉCONOMIQUE ASSOCIATIVE



Sujet: Qu'est une association?

 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes GA 023 013-017 (1980) 00/00/1920





Traducteur: Éditeur: EAR

020 - De même que la nécessité sociale de la libre autogestion résulte, pour la vie spirituelle, des expériences du présent, de même, pour la vie économique, résulte la nécessité du travail en association. Dans la vie actuelle, l'économie se compose de production, circulation et consommation de marchandises. L'homme en satisfait ses besoins et y exerce son activité. Chacun il y a ses intérêts particuliers, et chacun doit fournir la part d'activité qu’il peut donner. Ce dont un individu a réellement besoin, lui seul peut le savoir et le ressentir ; de même il veut de juger ce qu'il doit produire, selon la compréhension qu'il a des conditions de vie de l'ensemble. Il n'en a pas toujours été ainsi et il n'en est pas encore ainsi, pour l'ensemble, sur toute la terre ; cependant, pour l'essentiel, il en est ainsi dans la partie actuellement civilisés de la population du monde.

021 - Les ensembles économiques se sont élargis au cours de l’évolution de l'humanité. A partir de l'économie familiale fermée, s'est développée l'économie urbaine; et à partir de celle-ci, l'économie nationale. Dans ce qui est nouveau, il y a encore une part considérable d’ancien ; et dans l’ancien beaucoup de ce nouveau paraissait déjà comme des signes avant-coureurs. Mais les destinées de l'humanité dépendent du fait qu'à l’intérieur de certains domaines de vie l'influence de l’évolution caractérisée plus haut est devenue prédominante.

022 - C'est un non-sens de vouloir organiser les forces de l'économie au sein d'une communauté mondiale abstraite. Au cours de l'évolution, les économies particulières ont débouché pour une large part, dans les économies nationales. Cependant les économies nationales sont issues de forces autres que celles de la vie purement économique. On a voulu en faire des communautés économiques, et c'est ce qui a provoqué le chaos social de ces derniers temps. La vie économique aspire à s'édifier elle-même sur ses propres forces, indépendante des institutions de l'Etat, mais aussi indépendante de la manière de penser politique. Cette édification sur un plan purement économique ne peut avoir lieu que par la formation d'associations qui grouperont des cercles de consommateurs, de commerçants et de producteurs. La dimension de telles associations se réglera d'elle-même, selon les circonstances de la vie. Des associations trop petites fonctionneraient de manière trop coûteuse; trop vastes, elles seraient économiquement incontrôlables. Selon les besoins de la vie, chaque association trouvera, dans ses rapports avec les autres, la voie d'un échange bien réglé. On n'a pas à craindre que celui qui doit passer sa vie dans de fréquents changements de domicile se sente gêné par de telles associations. Il trouvera facilement passage de l'une à l'autre, pour autant que ce ne soit pas des organisations de l'Etat, mais des intérêts économiques qui provoquent le transfert. Dans le cadre d'un réseau d'institutions de ce genre, on peut penser que des organismes fonctionneront avec une facilité analogue à celle du circuit monétaire.

023 - Dans une association, une bonne harmonie peut régner entre les intérêts grâce â la compétence professionnelle et à l'objectivité. Ce ne sont pas les lois qui règlent la production, la circulation et la consommation des biens, mais les êtres humains, par leur compréhension directe et par leur intérêt pour ces opérations. Et, du fait qu'ils vivent au sein de ces associations, les hommes peuvent en acquérir la compréhension nécessaire. Du fait aussi que les intérêts devront se compenser au moyen de contrats, les biens circuleront selon la valeur qui leur correspond. De tels accords, conclus selon les points de vue de l'économie, sont bien autre chose que ceux que l'on fait, par exemple, dans les syndicats actuels. Ceux-ci agissent certes dans la vie économique mais ils n'ont pas été formés selon les points de vue économiques. Ils sont conçus d'après les principes qui se sont formés, au cours des temps nouveaux, à partir de l'application de points de vue politique et étatique. On y parlemente mais on ne s'accorde pas d'après des points de vue économiques, au sujet de ce que l'on doit faire pour l'autre. Dans les associations ne siégeront pas des "salariés" qui useront de leur puissance pour exiger, de l'entrepreneur, des salaires aussi hauts que possible, mais des "travailleurs" qui agiront de concert avec les directeurs de la production et les représentants des consommateurs, pour établir, en réglementant les prix, une production correspondant à sa contrepartie. Or, cela ne peut se faire en parlementant dans des assemblées. On devrait bien y prendre :garde. Qui donc travaillerait si des hommes en grand nombre devaient passer leur temps en débats sur le travail? C'est dans des conventions d'homme à homme, d'association à association, que tout s'accomplit parallèlement au travail. Pour cela il suffit que l'accord corresponde à l'entendement des travailleurs et aux intérêts des consommateurs.

024 - Il ne s'agit pas là d'une utopie. Car il n'est nullement dit qu'une chose doit être réglé comme ceci ou comme cela. Mais il est seulement indiqué comment les hommes réglerons eux-même les choses, s'ils veulent agir au sein de communautés correspondant a leur entendement et leurs intérêts.

025 - Que de telles associations se fondent, la nature humaine s'y emploie d'un côté, car la nature crée les besoins, pour autant que l'intervention de l'Etat ne l'empêche pas. D'autre part, la vie spirituelle libre peut s'en charger aussi car elle apporte la compréhension qui doit agir dans la communauté.. Une pensée qui se fonde sur l'expérience doit reconnaître que de telles associations peuvent se former à chaque instant, et qu'elles n'ont rien d'utopique. Rien ne fait obstacle à leur formation, si ce n'est la volonté de l'homme actuel d'organiser, de l'extérieur, la vie économique; en ce sens que pour lui la pensée d'organisation est devenue une obsession. A cette forme d'organisation dirigée qui, de l'extérieur, veut grouper les hommes en vue de la production, s'oppose celle qui est basée sur la libre association.

Dans le cadre de l'association, un être humain se lie à un autre et l'ordonnance de l'ensemble prend forme grâce à la raison de chaque individu Il est permis, bien entendu, de demander à quoi peut servir l'association de celui qui a des biens, avec celui qui n'en a pas. Il peut en effet paraître préférable que toute production et toute consommation soient réglées "équitablement" de l’extérieur. Mais une telle réglementation entrave la force productrice libre de l'individu et prive la vie économique de l'apport de ce qui ne peut résulter que de cette force créatrice.
Malgré tous les préjugés, que l'on tente seulement une fois, même l'association de ceux qui n'ont rien, avec ce qui possèdent.
Si le facteur économique seul intervient, à l'exclusion de tout autre force, le possédant devra nécessairement fournir une contre prestation équivalent au travail de celui qui n'a rien. Lorsque aujourd’hui on parle de ces chose, ce n'est plus avec le bon sens de l'expérience, c'est avec un état d'esprit qui a sa source non dans des intérêts économiques, mais, entre autres, dans des intérêts de classe.. Cet état d'esprit s'est en effet développé parce qu'au moment où justement la vie économique se compliquait de plus en plus, on ne pouvait plus la suivre avec des idées purement économiques ; la vie spirituelle privé de liberté y faisait obstacle. Ceux qui sont engagés dans la vie économique vivent dans la routine ; ils ne voient pas clairement les forces organisatrices sous-jacentes qui agissent dans l’économie ; ils travaillent sans avoir une compréhension de l'ensemble de la vie humaine. Dans les associations, l'un apprendra de l'autre ce qu'il doit nécessairement connaître; ainsi prendra forme une expérience en corrélation avec ce qui est économiquement possible; car les hommes qui ont, chacun en son domaine, de la compréhension et de l'expérience, ensemble confronteront leur jugement.

026 - De même que dans la vie spirituelle libre, ne sont agissantes que les forces mêmes qui résident en cette vie spirituelle, de même, dans un système économique associatif, n'ont cours, exclusivement, que les valeurs économiques qui se forment par les associations. Ce que l'individu est tenu de faire dans la vie économique résulte pour lui des rapports vivants qu'il entretient avec ceux a qui il est économiquement associé. C'est ainsi qu'il exercera, sur l'économie générale, exactement autant d'influence qui en a par son travail. Nous expliquerons aussi, dans cet ouvrage, comment ceux qui ne sont pas capables de produire s'intègrent à la vie économique. Une vie économique créée uniquement par ses propres forces peut protéger les faibles contre les forts.