05008 - Or il est intéressant d'associer à
cette phase ancienne de la pensée de John Locke un
exemple tiré de la période récente. Un biologiste du
XIX' siècle, Weismann', a conçu l'idée qu'en fait, quand
on appréhende biologiquement l'organisme d'un être
vivant quelconque, on est obligé de considérer comme
l'essentiel l'interaction des organes, ou chez des
organismes inférieurs l'interaction des parties, que
l'on parvient ainsi à saisir la façon dont cet organisme
vit, mais que l'exploration de l'organisme lui-même, la
cognition de l'organisme dans l'interaction de ses
parties ne présente aucune caractéristique impliquant
que l'organisme doive aussi nécessairement mourir. À ne
considérer que l'organisme, se disait Weismann, qui
travaillait dans la seconde moitié du XIX' siècle, on ne
trouve rien qui permette de percevoir le mourir. C'est
pourquoi, disait-il, il n'y a fondamentalement rien dans
l'organisme vivant qui puisse vous amener à déduire de
l'entité de cet organisme que celui-ci devrait
nécessairement mourir. La seule chose qui puisse vous
montrer que l'organisme est appelé à mourir, c'est pour
Weismann la présence du cadavre. Ce qui veut dire qu'on
ne se forme pas le concept du mourir en observant
l'organisme vivant. On n'observe dans l'organisme vivant
aucun signe, aucune caractéristique permettant de
reconnaître que ce qui meurt fait partie de l'organisme,
il faut d'abord avoir son cadavre. Et lorsque le fait se
présente que pour un organisme donné il existe un
cadavre, c'est ce cadavre qui vous montre que cet
organisme possède aussi le pouvoir de mourir.
05009 - Or, dit Weismann, il existe un univers
d'organismes où l'on ne retrouve jamais de cadavres. Ce
sont les êtres vivants unicellulaires. Ceux-ci se
contentent de se diviser, on ne pourra jamais retrouver
de cadavres. Imaginez-vous un de ces êtres
unicellulaires en train de se reproduire. Le schéma se
présente de la façon suivante. Ce genre d'être
unicellulaire se divise en deux, chacun d'eux à son tour
en deux, et ainsi de suite. C'est ainsi que l'évolution
progresse ; ici, il n'y a jamais de cadavre. Donc, se
dit Weismann, c'est que les êtres unicellulaires sont
immortels. C'est la fameuse immortalité des
unicellulaires de la biologie du XIX' siècle. Et
pourquoi les considère-on comme immortels ? Eh bien,
précisément parce qu'ils ne se présentent jamais sous la
forme de cadavres et parce qu'on ne fait pas place à la
notion de mort dans le règne organique tant qu'il n'y a
pas de cadavres. Donc, là où vous n'avez pas de cadavre
devant vous, on ne peut pas non plus faire place à la
notion de mort. Par conséquent, les êtres vivants qui ne
laissent pas de cadavres sont immortels.
05010 - Voyez-vous, c'est précisément sur ce genre
d'exemples qu'apparaît à quel point on s'est éloigné à
l'époque moderne d'une vie des représentations et des
expériences intérieures en général qui s'unisse à la vie
de l'univers. Le concept d'organisme n'est plus tel que
l'on sache encore percevoir en lui qu'il est également
appelé à mourir. Il faut que l'on déduise de la présence
extérieure du cadavre que l'organisme est susceptible de
mourir. Certes, quand on regarde un organisme vivant
uniquement avec un regard qui le maintient à
l'extérieur, quand on ne sait pas faire soi-même
l'expérience de ce qui est en lui, quand on ne sait par
conséquent pas pénétrer en lui avec sa propre vie, on ne
trouve pas non plus le mourir dans l'organisme, et on a
besoin pour cela d'un signe distinctif extérieur. Or,
cela atteste qu'avec sa représentation on se sent tout
bonnement séparé des choses.
05011 - Mais laissons maintenant de côté l'incertitude
qui avait pénétré tout penser relatif au monde corporel
du fait de cette séparation de l'univers conceptuel
d'avec l'expérience de soi, remontons à cette époque où
cette expérience de soi existait encore. II y avait en
effet, de même qu'il n'y avait pas seulement du
triangle, du quadrilatère ou du pentagramme un concept
pensé extérieurement, mais un concept vécu
intérieurement, de même il y avait un concept vécu
intérieurement de la genèse et du dépérir, du naître et
du mourir. Et cette expérience intime du naître et du
mourir avait en elle de la gradation. Quand on voyait
l'enfant devenir de jour en jour plus vivant de
l'intérieur vers l'extérieur, quand ses traits et sa
physionomie tout d'abord indéterminés commençaient à
présenter tous les signes d'une vie de l'âme, et que
l'on découvrait et pénétrait en la vivant cette entrée
progressive du tout petit enfant dans la vie, tout cela
vous apparaissait comme une continuation du naître,
comme un naître continué en quelque sorte,
quoiqu'atténué, moins intense. Il y avait des degrés
dans cette expérience intime de la genèse. Et quand un
homme commençait à prendre des rides, à grisonner, à
avoir la tremblote, on avait le degré le plus faible du
mourir, un mourir moins intense, un mourir partiel. Et
la mort n'était que le résumé de nombreux vécus du
mourir, s'il m'est permis d'employer cette expression
paradoxale. Le concept était intimement vivant, le
concept de la genèse comme le concept du dépérir, le
concept de la naissance et le concept de la mort.
05012 - Mais en vivant et en ressentant ce concept de
cette façon, on l'éprouvait conjointement avec l'univers
corporel, de sorte qu'en fait on ne traçait pas de
frontière entre l'expérience de soi et le processus
naturel, et que la terre intérieure de l'être humain
passait en quelque sorte sans rive dans le grand océan
de l'univers. En éprouvant cela de cette façon, on
pénétrait aussi avec sa propre vie dans le monde des
corps lui-même. Et alors, les personnalités de jadis
dont les pensées et les représentations les plus
caractéristiques ne sont en fait pas du tout suivies
avec attention dans la science extérieure, qui par
conséquent ne sont pas du tout consignées correctement
non plus, ont dû se faire des idées toutes différentes
sur ce phénomène que Weismann a conceptualisé ici
artificiellement comme ce qu'il a appelé — je le dis
maintenant entre guillemets —« l'immortalité des
unicellulaires ». Car quel genre de représentation un de
ces penseurs anciens, si tant est qu'il ait déjà su
quelque chose de la division des unicellulaires grâce à
un microscope qui aurait aussi existé à l'époque, quel
genre de représentation aurait-il pu se faire en
participant à la vie de l'univers ? Il aurait dit : J'ai
d'abord cet être unicellulaire Celui-ci se divise en
deux. Usant d'une tournure imprécise, il aurait
peut-être dit : Il s'atomise, il se divise, et pour un
certain temps, les deux parties sont à leur tour
insécables en tant qu'organismes, puis celles-ci
continuent à se diviser. Et quand la division commence,
quand l'atomisation commence, intervient le mourir. II
n'aurait donc pas conclu à un processus de mort à cause
du cadavre, mais à cause du processus d'atomisation, de
division en parties. Car il se représentait plus ou
moins que tout ce qui est viable est plutôt dans un
devenir habité d'un processus de croissance, que cela
n'a pas subi l'atomisation, et que lorsque la tendance à
l'atomisation se manifeste, l'organisme concerné
dépérit. Dans le cas des unicellulaires, il aurait
simplement pensé que les conditions étaient réunies pour
que les deux êtres d'abord rejetés sur le moment parce
que morts par un unicellulaire frappé de mort soient
aussitôt rendus à la vie, et ainsi de suite. Tel aurait
été son cheminement de pensée. Mais face au processus
d'atomisation, face au processus de fragmentation, il
aurait insisté sur la pensée du mourir, et, dans
l'esprit de sa démarche, si le cas s'était présenté de
voir l'unicellulaire se diviser et de cette division
résulter cette fois non pas la formation de deux
nouveaux unicellulaires, mais, faute des conditions de
vie indispensables, la transformation de ces
unicellulaires en fragments minéraux, il aurait dit
alors : De la monade vivante sont sortis deux atomes. Et
il aurait poursuivi : Partout où l'on a de la vie, où
l'on contemple la vie, on n'a pas affaire à des atomes.
Quand on trouve quelque part des atomes chez un être
vivant, il y a autant de mort qu'il y a d'atomes dedans.
Et partout où l'on trouve des atomes, se trouve la mort,
l'inorganique. C'est ainsi qu'on aurait jugé à une
époque ancienne à partir de l'expérience intérieure
vivante de la sensibilité universelle, de la perception
universelle et des concepts universels. |
Ein
Biologe des 19. Jahrhunderts, Weismann, hat den Gedanken
gefaßt, daß man eigentlich, wenn man den Organismus
irgendeines Lebewesens biologisch erfaßt, die
Wechselwirkung der Organe, oder bei niederen Organismen
die Wechselwirkung der Teile als das Wesentliche
annehmen muß, daß man dadurch zu einer Erfassung
desjenigen kommt, wie der Organismus lebt, daß aber bei
der Untersuchung des Organismus selber, bei dem Erkennen
des Organismus in der Wechselwirkung seiner Teile sich
kein Charakteristikon dafür findet, daß der Organismus
auch sterben muß. Wenn man nur auf den Organismus
hinschaut, sagte sich Weismann, der in der zweiten
Hälfte des 19. Jahrhunderts gewirkt hat, dann findet man
nichts, was das Sterben anschaulich mache kann. Daher,
sagte er, gibt es innerhalb des lebendigen Organismus
überhaupt nichts, was einen dazu bringen könnte, aus der
Wesenheit des Organismus heraus die Idee zu fassen, daß
der Organismus sterben müßte. Das einzige, was einem
zeigen kann, daß der Organismus sterben muß, ist für
Weismann das Vorhandensein der Leiche. Das heißt, man
bildet sich den Begriff für das Sterben nicht aus an dem
lebendigen Organismus. Man findet kein Merkmal, kein
Charakteristikon im lebendigen Organismus, aus dem
heraus man erkennen könnte, das Sterbende gehört hinzu
zu dem Organismus, sondern man muß erst die Leiche
haben. Und wenn dann dieses Ereignis eintritt, daß für
einen lebendigen Organismus eine Leiche da ist, so ist
diese Leiche dasjenige, das einem zeigt: Der Organismus
hat auch das Sterbenkönnen für sich.
Nun sagt aber Weismann, es gibt eine Organismenwelt,
bei der man niemals Leichen entdecken kann. Das sind
die Einzelligen Lebewesen. Die teilen sich bloß, da
kann man keine Leiche entdecken. Nehmen Sie an: ein
einzelliges Lebewesen in seiner Vermehrung. Das Schema
stellt sich in folgender Weise dar. Solch ein
einzelliges Lebewesen teile sich in zwei, jedes wieder
in zwei und so weiter. So geht die Entwicklung
vorwärts, niemals ist eine Leiche da. Also, sagt sich
Weismann, sind eben die einzelligen Wesen unsterblich.
Das ist die berühmte Unsterblichkeit der Einzelligen
für die Biologie des 19. Jahrhunderts. Und warum
werden sie als unsterblich angesehen? Nun, weil sie
eben nirgends eine Leiche zeigen, und weil man den
Begriff des Sterbens im Organischen nicht unterbringt,
wenn es einem nicht die Leiche zeigt. Wo sich einem
also die Leiche nicht zeigt, hat man auch nicht den
Begriff des Sterbens unterzubringen. Folglich sind
diejenigen Lebewesen, die keine Leiche zeigen,
unsterblich.
Sehen Sie, gerade an einem solchen Beispiel zeigt
sich, wie weit man in der neueren Zeit von dem
Zusammenleben seiner Vorstellungen und überhaupt
seiner inneren Erlebnisse mit der Welt sich entfernt
hat. Der Begriff des Organismus ist nicht mehr so, daß
man ihm noch anmerken kann, er muß auch sterben. Man
muß es aus dem äußeren Bestehen des Leichenhaften
ersehen, daß der Organismus sterben kann. Gewiß, wenn
man einen lebendigen Organismus nur so anschaut, daß
man ihn außen hat, wenn man nicht dasjenige, was in
ihm ist, miterleben kann, wenn man also nicht sich in
ihn hineinleben kann, dann findet man auch nicht das
Sterben im Organismus und braucht ein äußeres Merkmal
dafür. Das aber bezeugt, daß man sich mit seiner
Vorstellung überhaupt von den Dingen getrennt fühlt.
Aber blicken wir jetzt von der Unsicherheit, die in
alles Denken über die Körperwelt hineingekommen war
durch diese Absonderung der Begriffswelt von dem
Selbsterlebnis, blicken wir in jene Zeit zurück, in
welcher dieses Selbsterlebnis eben noch da war. Da gab
es in der Tat ebenso, wie es nicht nur einen äußerlich
gedachten Begriff eines Dreiecks oder Vierecks oder
Pentagramms gab, sondern einen innerlich erlebten
Begriff, so gab es einen innerlich erlebten Begriff
des Entstehens und Vergehens, des Geborenwerdens und
Sterbens. Und dieses innere Erlebnis des
Geborenwerdens und Sterbens hatte in sich Gradation.
Wenn man das Kind von innen nach außen belebter und
belebter fand, wenn seine zuerst unbestimmten
physiognomischen Züge innere Beseelung annahmen und
man sich hineinlebte in dieses Heranleben des ganz
kleinen Kindes, so erschien einem das als eine
Fortsetzung des Geborenwerdens, gewissermaßen als ein
schwächeres, weniger intensives, fortdauerndes
Geborenwerden. Man hatte Grade im Erleben des
Entstehens. Und wenn der Mensch anfing Runzeln zu
kriegen, graue Haare zu kriegen, tatterig zu werden,
so hatte man den geringeren Grad des Sterbens, ein
weniger intensives Sterben, ein partielles Sterben.
Und der Tod war nur die Zusammenfassung von vielen
weniger intensiven Sterbeerlebnissen, wenn ich das
paradoxe Wort gebrauchen darf. Der Begriff war
innerlich belebt, der Begriff des Entstehens sowohl
wie der Begriff des Vergehens, der Begriff des
Geborenwerdens und der Begriff des Sterbens.
Aber indem man so diesen Begriff erlebte, erlebte man
ihn zusammen mit der Körperwelt, so daß man eigentlich
keine Grenze zog zwischen dem Selbsterlebnis und dem
Naturgeschehen, daß gewissermaßen ohne Ufer das innere
menschliche Land überging in das große Meer der Welt.
Indem man das so erlebte, lebte man sich auch in die
Körperwelt selber hinein. Und da haben diejenigen
Persönlichkeiten früherer Zeiten, deren charakterischste
Gedanken und Vorstellungen eigentlich in der äußeren
Wissenschaft gar nicht mit Aufmerksamkeit verfolgt
werden, daher auch gar nicht richtig verzeichnet werden,
die haben sich ganz andere Ideen machen müssen über so
etwas, wie Weismann hier seine - ich sage das jetzt in
Gänsefüßchen - "Unsterblichkeit der Einzelligen"
konstruierte. Denn was hätte solch ein älterer Denker,
wenn er nun schon durch ein etwa auch damals vorhandenes
Mikroskop, etwas gewußt hätte von der Teilung der
Einzelligen, was hätte er sich für eine Vorstellung
gemacht aus dem Zusammenleben mit der Welt? Er hätte
gesagt: Ich habe zuerst das einzellige Wesen. Das teilt
sich in zwei. Mit einer ungenauen Redeweise würde er
vielleicht gesagt haben: Es atomisiert sich, es teilt
sich, und für eine gewisse Zeit sind die zwei Teile
wiederum als Organismen unteilbar, dann teilen sie sich
weiter. Und wenn das Teilen beginnt, wenn das
Atomisieren beginnt, dann tritt das Sterben ein. Er
würde also nicht aus der Leiche das Sterben entnommen
haben, sondern aus dem Atomisieren, aus dem
Zerfälltwerden in Teile. Denn er stellte sich etwa vor,
daß dasjenige, was lebensfähig ist, im mehr entstehenden
Werden ist, daß das unatomisiert ist, und wenn die
Tendenz zum Atomisieren auftritt, dann stirbt das
Betreffende ab. Bei den Einzellern würde er nur gedacht
haben, es sind eben für die zunächst im Momente als tot
von einem Einzeller abgestoßenen zwei Wesen die
Bedingungen da, daß sie gleich wiederum lebendig gemacht
werden, und so fort. Das wäre sein Gedankengang gewesen.
Aber mit dem Atomisieren, mit dem Zerklüftetwerden hätte
er den Gedanken des Sterbens betont, und in seinem Sinne
würde er, wenn der Fall so gewesen wäre, daß man den
Einzeller gehabt hätte, der sich zerteilt hätte, und
durch die Zerteilung nun nicht zwei neue Einzeller
entstanden wären, sondern durch Mangel an Bedingungen
des Lebens diese Einzeller sofort übergegangen wären in
unorganische Teile, dann würde er gesagt haben: Aus der
lebendigen Monade sind zwei Atome entstanden. Und er
würde weiter gesagt haben: Überall da, wo man Leben hat,
wo man das Leben anschaut, hat man es nicht mit Atomen
zu tun. Findet man irgendwo in einem Lebendigen Atome,
so ist soviel, als Atome drinnen sind, darinnen tot. Und
überall, wo man Atome findet, ist der Tod, ist das
Unorganische. So würde aus dem lebendigen inneren
Erfahren der Weltempfindung, Weltwahrnehmung, der
Weltbegriffe in einer älteren Zeit geurteilt worden
sein. |