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Collection: 02-L’organisme social



Sujet: Mort comme récapitulatif de petits mourrirs

 

Les références : Rudolf Steiner Oeuvres complètes 326 NAISSANCE ET DEVENIR DE LA SCIENCE MODERNE





Traducteur: Vincent Choisnel Editeur: Éditions Novalis 1997
05008 - Or il est intéressant d'associer à cette phase ancienne de la pensée de John Locke un exemple tiré de la période récente. Un biologiste du XIX' siècle, Weismann', a conçu l'idée qu'en fait, quand on appréhende biologiquement l'organisme d'un être vivant quelconque, on est obligé de considérer comme l'essentiel l'interaction des organes, ou chez des organismes inférieurs l'interaction des parties, que l'on parvient ainsi à saisir la façon dont cet organisme vit, mais que l'exploration de l'organisme lui-même, la cognition de l'organisme dans l'interaction de ses parties ne présente aucune caractéristique impliquant que l'organisme doive aussi nécessairement mourir. À ne considérer que l'organisme, se disait Weismann, qui travaillait dans la seconde moitié du XIX' siècle, on ne trouve rien qui permette de percevoir le mourir. C'est pourquoi, disait-il, il n'y a fondamentalement rien dans l'organisme vivant qui puisse vous amener à déduire de l'entité de cet organisme que celui-ci devrait nécessairement mourir. La seule chose qui puisse vous montrer que l'organisme est appelé à mourir, c'est pour Weismann la présence du cadavre. Ce qui veut dire qu'on ne se forme pas le concept du mourir en observant l'organisme vivant. On n'observe dans l'organisme vivant aucun signe, aucune caractéristique permettant de reconnaître que ce qui meurt fait partie de l'organisme, il faut d'abord avoir son cadavre. Et lorsque le fait se présente que pour un organisme donné il existe un cadavre, c'est ce cadavre qui vous montre que cet organisme possède aussi le pouvoir de mourir.
05009 - Or, dit Weismann, il existe un univers d'organismes où l'on ne retrouve jamais de cadavres. Ce sont les êtres vivants unicellulaires. Ceux-ci se contentent de se diviser, on ne pourra jamais retrouver de cadavres. Imaginez-vous un de ces êtres unicellulaires en train de se reproduire. Le schéma se présente de la façon suivante. Ce genre d'être unicellulaire se divise en deux, chacun d'eux à son tour en deux, et ainsi de suite. C'est ainsi que l'évolution progresse ; ici, il n'y a jamais de cadavre. Donc, se dit Weismann, c'est que les êtres unicellulaires sont immortels. C'est la fameuse immortalité des unicellulaires de la biologie du XIX' siècle. Et pourquoi les considère-on comme immortels ? Eh bien, précisément parce qu'ils ne se présentent jamais sous la forme de cadavres et parce qu'on ne fait pas place à la notion de mort dans le règne organique tant qu'il n'y a pas de cadavres. Donc, là où vous n'avez pas de cadavre devant vous, on ne peut pas non plus faire place à la notion de mort. Par conséquent, les êtres vivants qui ne laissent pas de cadavres sont immortels.

05010 - Voyez-vous, c'est précisément sur ce genre d'exemples qu'apparaît à quel point on s'est éloigné à l'époque moderne d'une vie des représentations et des expériences intérieures en général qui s'unisse à la vie de l'univers. Le concept d'organisme n'est plus tel que l'on sache encore percevoir en lui qu'il est également appelé à mourir. Il faut que l'on déduise de la présence extérieure du cadavre que l'organisme est susceptible de mourir. Certes, quand on regarde un organisme vivant uniquement avec un regard qui le maintient à l'extérieur, quand on ne sait pas faire soi-même l'expérience de ce qui est en lui, quand on ne sait par conséquent pas pénétrer en lui avec sa propre vie, on ne trouve pas non plus le mourir dans l'organisme, et on a besoin pour cela d'un signe distinctif extérieur. Or, cela atteste qu'avec sa représentation on se sent tout bonnement séparé des choses.
05011 - Mais laissons maintenant de côté l'incertitude qui avait pénétré tout penser relatif au monde corporel du fait de cette séparation de l'univers conceptuel d'avec l'expérience de soi, remontons à cette époque où cette expérience de soi existait encore. II y avait en effet, de même qu'il n'y avait pas seulement du triangle, du quadrilatère ou du pentagramme un concept pensé extérieurement, mais un concept vécu intérieurement, de même il y avait un concept vécu intérieurement de la genèse et du dépérir, du naître et du mourir. Et cette expérience intime du naître et du mourir avait en elle de la gradation. Quand on voyait l'enfant devenir de jour en jour plus vivant de l'intérieur vers l'extérieur, quand ses traits et sa physionomie tout d'abord indéterminés commençaient à présenter tous les signes d'une vie de l'âme, et que l'on découvrait et pénétrait en la vivant cette entrée progressive du tout petit enfant dans la vie, tout cela vous apparaissait comme une continuation du naître, comme un naître continué en quelque sorte, quoiqu'atténué, moins intense. Il y avait des degrés dans cette expérience intime de la genèse. Et quand un homme commençait à prendre des rides, à grisonner, à avoir la tremblote, on avait le degré le plus faible du mourir, un mourir moins intense, un mourir partiel. Et la mort n'était que le résumé de nombreux vécus du mourir, s'il m'est permis d'employer cette expression paradoxale. Le concept était intimement vivant, le concept de la genèse comme le concept du dépérir, le concept de la naissance et le concept de la mort.
05012 - Mais en vivant et en ressentant ce concept de cette façon, on l'éprouvait conjointement avec l'univers corporel, de sorte qu'en fait on ne traçait pas de frontière entre l'expérience de soi et le processus naturel, et que la terre intérieure de l'être humain passait en quelque sorte sans rive dans le grand océan de l'univers. En éprouvant cela de cette façon, on pénétrait aussi avec sa propre vie dans le monde des corps lui-même. Et alors, les personnalités de jadis dont les pensées et les représentations les plus caractéristiques ne sont en fait pas du tout suivies avec attention dans la science extérieure, qui par conséquent ne sont pas du tout consignées correctement non plus, ont dû se faire des idées toutes différentes sur ce phénomène que Weismann a conceptualisé ici artificiellement comme ce qu'il a appelé — je le dis maintenant entre guillemets —« l'immortalité des unicellulaires ». Car quel genre de représentation un de ces penseurs anciens, si tant est qu'il ait déjà su quelque chose de la division des unicellulaires grâce à un microscope qui aurait aussi existé à l'époque, quel genre de représentation aurait-il pu se faire en participant à la vie de l'univers ? Il aurait dit : J'ai d'abord cet être unicellulaire Celui-ci se divise en deux. Usant d'une tournure imprécise, il aurait peut-être dit : Il s'atomise, il se divise, et pour un certain temps, les deux parties sont à leur tour insécables en tant qu'organismes, puis celles-ci continuent à se diviser. Et quand la division commence, quand l'atomisation commence, intervient le mourir. II n'aurait donc pas conclu à un processus de mort à cause du cadavre, mais à cause du processus d'atomisation, de division en parties. Car il se représentait plus ou moins que tout ce qui est viable est plutôt dans un devenir habité d'un processus de croissance, que cela n'a pas subi l'atomisation, et que lorsque la tendance à l'atomisation se manifeste, l'organisme concerné dépérit. Dans le cas des unicellulaires, il aurait simplement pensé que les conditions étaient réunies pour que les deux êtres d'abord rejetés sur le moment parce que morts par un unicellulaire frappé de mort soient aussitôt rendus à la vie, et ainsi de suite. Tel aurait été son cheminement de pensée. Mais face au processus d'atomisation, face au processus de fragmentation, il aurait insisté sur la pensée du mourir, et, dans l'esprit de sa démarche, si le cas s'était présenté de voir l'unicellulaire se diviser et de cette division résulter cette fois non pas la formation de deux nouveaux unicellulaires, mais, faute des conditions de vie indispensables, la transformation de ces unicellulaires en fragments minéraux, il aurait dit alors : De la monade vivante sont sortis deux atomes. Et il aurait poursuivi : Partout où l'on a de la vie, où l'on contemple la vie, on n'a pas affaire à des atomes. Quand on trouve quelque part des atomes chez un être vivant, il y a autant de mort qu'il y a d'atomes dedans. Et partout où l'on trouve des atomes, se trouve la mort, l'inorganique. C'est ainsi qu'on aurait jugé à une époque ancienne à partir de l'expérience intérieure vivante de la sensibilité universelle, de la perception universelle et des concepts universels.
Ein Biologe des 19. Jahrhunderts, Weismann, hat den Gedanken gefaßt, daß man eigentlich, wenn man den Organismus irgendeines Lebewesens biologisch erfaßt, die Wechselwirkung der Organe, oder bei niederen Organismen die Wechselwirkung der Teile als das Wesentliche annehmen muß, daß man dadurch zu einer Erfassung desjenigen kommt, wie der Organismus lebt, daß aber bei der Untersuchung des Organismus selber, bei dem Erkennen des Organismus in der Wechselwirkung seiner Teile sich kein Charakteristikon dafür findet, daß der Organismus auch sterben muß. Wenn man nur auf den Organismus hinschaut, sagte sich Weismann, der in der zweiten Hälfte des 19. Jahrhunderts gewirkt hat, dann findet man nichts, was das Sterben anschaulich mache kann. Daher, sagte er, gibt es innerhalb des lebendigen Organismus überhaupt nichts, was einen dazu bringen könnte, aus der Wesenheit des Organismus heraus die Idee zu fassen, daß der Organismus sterben müßte. Das einzige, was einem zeigen kann, daß der Organismus sterben muß, ist für Weismann das Vorhandensein der Leiche. Das heißt, man bildet sich den Begriff für das Sterben nicht aus an dem lebendigen Organismus. Man findet kein Merkmal, kein Charakteristikon im lebendigen Organismus, aus dem heraus man erkennen könnte, das Sterbende gehört hinzu zu dem Organismus, sondern man muß erst die Leiche haben. Und wenn dann dieses Ereignis eintritt, daß für einen lebendigen Organismus eine Leiche da ist, so ist diese Leiche dasjenige, das einem zeigt: Der Organismus hat auch das Sterbenkönnen für sich.

Nun sagt aber Weismann, es gibt eine Organismenwelt, bei der man niemals Leichen entdecken kann. Das sind die Einzelligen Lebewesen. Die teilen sich bloß, da kann man keine Leiche entdecken. Nehmen Sie an: ein einzelliges Lebewesen in seiner Vermehrung. Das Schema stellt sich in folgender Weise dar. Solch ein einzelliges Lebewesen teile sich in zwei, jedes wieder in zwei und so weiter. So geht die Entwicklung vorwärts, niemals ist eine Leiche da. Also, sagt sich Weismann, sind eben die einzelligen Wesen unsterblich. Das ist die berühmte Unsterblichkeit der Einzelligen für die Biologie des 19. Jahrhunderts. Und warum werden sie als unsterblich angesehen? Nun, weil sie eben nirgends eine Leiche zeigen, und weil man den Begriff des Sterbens im Organischen nicht unterbringt, wenn es einem nicht die Leiche zeigt. Wo sich einem also die Leiche nicht zeigt, hat man auch nicht den Begriff des Sterbens unterzubringen. Folglich sind diejenigen Lebewesen, die keine Leiche zeigen, unsterblich.

Sehen Sie, gerade an einem solchen Beispiel zeigt sich, wie weit man in der neueren Zeit von dem Zusammenleben seiner Vorstellungen und überhaupt seiner inneren Erlebnisse mit der Welt sich entfernt hat. Der Begriff des Organismus ist nicht mehr so, daß man ihm noch anmerken kann, er muß auch sterben. Man muß es aus dem äußeren Bestehen des Leichenhaften ersehen, daß der Organismus sterben kann. Gewiß, wenn man einen lebendigen Organismus nur so anschaut, daß man ihn außen hat, wenn man nicht dasjenige, was in ihm ist, miterleben kann, wenn man also nicht sich in ihn hineinleben kann, dann findet man auch nicht das Sterben im Organismus und braucht ein äußeres Merkmal dafür. Das aber bezeugt, daß man sich mit seiner Vorstellung überhaupt von den Dingen getrennt fühlt.

Aber blicken wir jetzt von der Unsicherheit, die in alles Denken über die Körperwelt hineingekommen war durch diese Absonderung der Begriffswelt von dem Selbsterlebnis, blicken wir in jene Zeit zurück, in welcher dieses Selbsterlebnis eben noch da war. Da gab es in der Tat ebenso, wie es nicht nur einen äußerlich gedachten Begriff eines Dreiecks oder Vierecks oder Pentagramms gab, sondern einen innerlich erlebten Begriff, so gab es einen innerlich erlebten Begriff des Entstehens und Vergehens, des Geborenwerdens und Sterbens. Und dieses innere Erlebnis des Geborenwerdens und Sterbens hatte in sich Gradation. Wenn man das Kind von innen nach außen belebter und belebter fand, wenn seine zuerst unbestimmten physiognomischen Züge innere Beseelung annahmen und man sich hineinlebte in dieses Heranleben des ganz kleinen Kindes, so erschien einem das als eine Fortsetzung des Geborenwerdens, gewissermaßen als ein schwächeres, weniger intensives, fortdauerndes Geborenwerden. Man hatte Grade im Erleben des Entstehens. Und wenn der Mensch anfing Runzeln zu kriegen, graue Haare zu kriegen, tatterig zu werden, so hatte man den geringeren Grad des Sterbens, ein weniger intensives Sterben, ein partielles Sterben. Und der Tod war nur die Zusammenfassung von vielen weniger intensiven Sterbeerlebnissen, wenn ich das paradoxe Wort gebrauchen darf. Der Begriff war innerlich belebt, der Begriff des Entstehens sowohl wie der Begriff des Vergehens, der Begriff des Geborenwerdens und der Begriff des Sterbens.

Aber indem man so diesen Begriff erlebte, erlebte man ihn zusammen mit der Körperwelt, so daß man eigentlich keine Grenze zog zwischen dem Selbsterlebnis und dem Naturgeschehen, daß gewissermaßen ohne Ufer das innere menschliche Land überging in das große Meer der Welt. Indem man das so erlebte, lebte man sich auch in die Körperwelt selber hinein. Und da haben diejenigen Persönlichkeiten früherer Zeiten, deren charakterischste Gedanken und Vorstellungen eigentlich in der äußeren Wissenschaft gar nicht mit Aufmerksamkeit verfolgt werden, daher auch gar nicht richtig verzeichnet werden, die haben sich ganz andere Ideen machen müssen über so etwas, wie Weismann hier seine - ich sage das jetzt in Gänsefüßchen - "Unsterblichkeit der Einzelligen" konstruierte. Denn was hätte solch ein älterer Denker, wenn er nun schon durch ein etwa auch damals vorhandenes Mikroskop, etwas gewußt hätte von der Teilung der Einzelligen, was hätte er sich für eine Vorstellung gemacht aus dem Zusammenleben mit der Welt? Er hätte gesagt: Ich habe zuerst das einzellige Wesen. Das teilt sich in zwei. Mit einer ungenauen Redeweise würde er vielleicht gesagt haben: Es atomisiert sich, es teilt sich, und für eine gewisse Zeit sind die zwei Teile wiederum als Organismen unteilbar, dann teilen sie sich weiter. Und wenn das Teilen beginnt, wenn das Atomisieren beginnt, dann tritt das Sterben ein. Er würde also nicht aus der Leiche das Sterben entnommen haben, sondern aus dem Atomisieren, aus dem Zerfälltwerden in Teile. Denn er stellte sich etwa vor, daß dasjenige, was lebensfähig ist, im mehr entstehenden Werden ist, daß das unatomisiert ist, und wenn die Tendenz zum Atomisieren auftritt, dann stirbt das Betreffende ab. Bei den Einzellern würde er nur gedacht haben, es sind eben für die zunächst im Momente als tot von einem Einzeller abgestoßenen zwei Wesen die Bedingungen da, daß sie gleich wiederum lebendig gemacht werden, und so fort. Das wäre sein Gedankengang gewesen. Aber mit dem Atomisieren, mit dem Zerklüftetwerden hätte er den Gedanken des Sterbens betont, und in seinem Sinne würde er, wenn der Fall so gewesen wäre, daß man den Einzeller gehabt hätte, der sich zerteilt hätte, und durch die Zerteilung nun nicht zwei neue Einzeller entstanden wären, sondern durch Mangel an Bedingungen des Lebens diese Einzeller sofort übergegangen wären in unorganische Teile, dann würde er gesagt haben: Aus der lebendigen Monade sind zwei Atome entstanden. Und er würde weiter gesagt haben: Überall da, wo man Leben hat, wo man das Leben anschaut, hat man es nicht mit Atomen zu tun. Findet man irgendwo in einem Lebendigen Atome, so ist soviel, als Atome drinnen sind, darinnen tot. Und überall, wo man Atome findet, ist der Tod, ist das Unorganische. So würde aus dem lebendigen inneren Erfahren der Weltempfindung, Weltwahrnehmung, der Weltbegriffe in einer älteren Zeit geurteilt worden sein.