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Du blé et de l'or

4 octobre 2015 au 26 février 2016

retour à la présentation des expositions


1 - A la fin du 19ème siècle, l'Empire britannique était à son apogée. En dehors de ses intérêts nationaux il se considérait lui-même comme l'auteur d'une proto-économie planétaire. Cette économie mondiale était maintenue par l'étalon-or une monnaie internationale inventée par Isaac Newton. Il vivait son âge d'or avant d'être balayé par la première guerre mondiale.
Cette exposition se penche sur l'histoire économique (1) à la lumière de l'économie associative (2). Ses esquisses et aphorismes revisitent les rôles du blé et de l'or dans la vie économique mais comme symbole d'une dimension plus large que leur seule existence matérielle peut suggérer.

Histoire de l'économie

Une grande partie de l'histoire citée ici provient d'articles originellement publiés par «The Present Age» un journal publié de 1935 à 1939 quand la deuxième guerre mondiale a éclaté. (voir exposition). Édité par l'historien autrichien Walter Johannes Stein, son principal objectif était d'élaborer l'idée d'une seule économie mondiale 80 ans plus tard, cette exposition cherche à donner à ces efforts une nouvelle expression.

L'économie associative

L'humanité fait maintenant partie d'une seule économie mondiale. Malgré diverses interprétations de ce fait, alternatives ou néolibérales, le défi est d'atteindre une compréhension de l'économie que chacun peut faire sienne. C'est le but de l'économie associative, une approche de l'économie qui est cosmopolite, non partisane et basée sur l'idée que la vie économique est la responsabilité partagée de tous les êtres humains. Sa perspective comprend plusieurs écoles de pensées économiques, incluant la contribution de Rudolf Steiner, dont les idées apportent une part précieuse au développement d'une économie moderne élargie à toute l'humanité.

 

2 - Entre deux pôles



L''économie est sous-tendue par un proces- sus qui se déroule entre deux pôles bien précis:

- la terre dans le sens de nature en général (de la géologie aux plantes alimentaires), représentée par le blé;

- le capital, la contrepartie des capacités et de la créativité humaines, représenté par l'or.

Le milieu qui lie les deux pôles est ce que les économistes appellent le travail, qui peut avoir une prédominance manuelle ou intellectuelle, mais est toujours un mélange des deux.
Nous travaillons la terre, mais ne pouvons le faire sans une certaine part d'intention créative consciente. De même que nous ne pouvons pas n'avoir que des idées ou faire preuve de créativité dans l'abstrait; nous devons aussi organiser notre travail.

 

3 - Au-delà de la vie agraire



Vu de l'extérieur, l'économie antique était d'abord une chose agraire, supervisée
par les Sages. Les temps étaient théocratiques; la démocratie encore impensable. Les êtres humains ne vivaient pas sur terre comme aujourd'hui. La vie terrestre était faite d'agriculture et de gratitude envers les dieux aux temps des récoltes. La vie culturelle aussi était orientée vers la terre.
Aujourd'hui cependant, l'agriculture est pour bien des gens relativement éloignée comparée à l'économie non-agricole. L'accent s'est déplacé vers la formation des idées, des capacités et vers la créativité.
Nous pouvons voir cela comme la contrepartie des statistiques qui disent que seul le 3% du commerce mondial est <réel> alors que le 97% est d'ordre financier.
L'ensemble représentant toutefois toujours le 100%, il reste une relation entre les deux. Bien que la proportion puisse devenir extrême, le capital (en bleu ci-dessus) a une certaine relation avec le commerce (en rouge). Un monde de biens sans argent n'est pas plus concevable qu'un monde d'argent sans biens, témoins les événements de 2008.


4 - Laissons rayonner le soleil!


A la fin du 19ème siècle, l'économiste Wil- liam Stanley Jevons (1835-1882) a cherché une signification aux taches solaires. Il n'a pas réussi à rendre ses allégations crédibles mais peut-être bien qu'il était sur quelque chose. Essayons donc encore une fois!
À qui appartient l'aube? À qui appartient le soleil?
Que quelqu'un, surtout un économiste, en vienne à répondre <à moi> ou même <à nous> et ce serait la porte d'entrée de la folie dans les affaires humaines. Le soleil est souverain. Se levant chaque matin, brillant chaque jour — il accompagne toute notre existence.
Mais le soleil est aussi égalitaire; ses rayons tombent sur nous de manière égale. Noble et équitable, il illumine toute existence. Il régit aussi la vie économique. Par ses représentants, le blé et l'or, il nous donne notre pain quotidien et harmonise toutes relations.


Solaire et polaire


Dans ce sens, l'économie mondiale d'aujourd'hui est à la fois solaire et polaire et aussi longtemps que le soleil n'est pas forcé pour ainsi dire à tomber sur la terre, l'économie sera saine et favorable, stable et fructueuse pour tous. Aussi longtemps donc que blé et or resteront souverains, c est-à dire non négociés. Ou s'ils le sont, alors à l'avantage de tous.
Alors, les valeurs qui apparaîtront d'un côté en tant que blé seront reflétées de l'autre sous forme monétaire parle capital comme argent dont nous n'avons pas besoin pour le quotidien, mais qui est essentiel pour mener à bien les <belles actions> qu'Aristote considérait comme le véritable but de l'existence humaine. C'est en effet, comme l'économiste John Maynard Keynes l'observa fort à propos, le corollaire pour résoudre la question économique — ne pas satisfaire que les besoins matériels, mais de le faire pour pouvoir mener une vie plus digne.*
Aussi longtemps que les effets du soleil sont libres d'agir à l'avantage de tous et ne sont pas sujets à être saisis ou possédés par quelques-uns d'entre nous seulement, alors le capital pourra paver les différents chemins qu'emprunte l'humanité.
* Perspectives économiques pour nos petits-enfants, 1930


5 - Imagine seulement...


De telles pensées nous permettent de comprendre l'économie de manière imaginative avant qu'elle entre dans le froid de la théorie et de la raison. L'absence (ou l'oubli) de telles choses est le prix payé pour l'économie d'aujourd'hui, basée sur le rationalisme et la pensée réductionniste.
Privée d'une telle imagerie, l'économie moderne est abandonnée à tätonner dans la nuit, consciente de bien des détails, même des plus fâcheux. Obscurcie par les <Lumières>, elle est incapable de comprendre précisément ces détails, ni comment y remédier au mieux.
L'économie aujourd'hui est semblable à Thésée affrontant le Minotaure. Seulement sans le fil d'Ariane, en l'absence duquel elle ne trouve pas le chemin de sortie de la situation difficile dans laquelle elle s'est trouvée depuis le début de la crise financière en 2008. Elle ne peut pas non plus distinguer entre ce qui est économique et ce qui ne l'est pas, ni par conséquent trouver le courage de donner un sol nouveau à la vie économique.
En recontextualisant la vie économique, cette exposition jette un nouveau regard sur la relation entre le blé et l'or, l'agriculture et la culture, les biens et la créativité, le travail de la terre et la finance.


Division du travail


La vie économique moderne est basée sur la division du travail, dont l'exemple le plus évident et durable est que nous devons manger avant de pouvoir faire autre chose. Nos besoins matériels doivent être satisfaits avant que de pouvoir accomplir de <belles actions>.
Grâce à une sagesse que l'humanité ne peut s'attribuer elle-même, plus nous nous éveillons, plus nous avons besoin d'autre chose que du pain et des autres biens nécessaires à l'existence matérielle; donc plus nous avons besoin de cette sorte de biens — livres, pupitres, théâtres — qui accompagnent notre émancipation et nous libèrent des corvées.


6 - Plus-value


Avec le temps, le développement hu- main nous emmène toujours plus profondément dans la vie socio-économique. C'est là l'origine de la <plus-value> que certains disent appartenir au travail et d'autres au capital, mais qui appartient en réalité à aucun des deux.
Plutôt que de se battre, le défi consiste à faire que les surplus qui naissent à un pôle de la vie économique se perdent dans l'autre.


Economie solaire


Alors nous verrons que l'économie comprend l'imbrication de deux courants:
La lumière métamorphosée du soleil— le blé — dont le surplus est échangé pour tous les autres biens, faisant du blé, ou plus généralement des céréales, la base de la formation du prix.
La lumière condensée du soleil — l'or— pierre de touche de la créativité, et pour cette raison sans prix, culmination de tout le système de prix.


De l'agriculture à la culture


L'apparition de la Révolution industrielle, avec ses deux manifestations de commerce et de fabrication, soulève la question: quelle est sa relation à l'agriculture? Pour ceux qui pensent en termes de développement économique, la réponse est qu'elle remplace l'agriculture.
Mais l'histoire peut aussi être vue différemment: la Révolution industrielle en particulier n'est qu'une étape sur le chemin. La manière dont elle s'oppose à l'agriculture en s'émancipant de la nature montre que le véritable changement passe d'un mode de vie agraire et communautaire à celui caractérisé par la reconnaissance des dons et talents de l'individu. En bref la culture.

7 - Le blé

Originaire des régions du Levant dans le Proche-Orient, le blé est aujourd'hui mondialement cultivé. L'une des premières céréales à avoir été domestiquées, le blé avec sa facilité à l'auto-pollinisation a grandement facilité la sélection de nombreuses et distinctes variétés. Qu'il ait aussi pu être cultivé facilement à grande échelle et eut en plus l'avantage de donner une récolte stockable comme nourriture sur une longue durée fit du blé un facteur-clé dans l'établissement des cités-états du <Croissant fertile> au début des civilisations, vers 8'000 av. JC. De là sa culture s'est étendue en Grèce, à Chypre et en Inde (6'500 av. JC) en Égypte (6'000 av. JC) puis en Allemagne et en Espagne (5000 av. JC). Vers 3000 av. JC le blé est arrivé en Angleterre et en Scandinavie. Mille ans plus tard il atteignait la Chine.
*Globalement le blé est la principale source de protéine végétale dans l'alimentation humaine. Il a un contenu protéique plus élevé que les autres principales céréales, le maïs et le riz. Le grain entier peut être moulu et tamisé pour ne garder que la farine blanche, avec comme sous-produits le germe et le son. Le grain entier est une source concentrée de vitamines, minéraux et protéines, tandis que raffiné, il est surtout formé d'amidon. Le blé est un aliment basique pour faire le pain sous toutes ses formes, les biscuits, les cakes, les flocons du petit-déjeuner, les pâtes, le couscous et par fermentation, la bière et autres boissons alcoolisées.


*Une certaine quantité de blé sert aussi au fourrage du bétail. Bien que sa paille ne puisse pas être consommée pour l'alimentation elle peut servir comme matériau de construction pour les toitures de chaume par exemple. En Angleterre la paille de blé a été utilisée pour les toitures depuis l'âge du bronze et est restée en usage jusqu'à la fin du 19ème siècle.
Aujourd'hui le blé est cultivé sur une surface plus grande que tout autre aliment commercial et le commerce mondial du blé est plus grand que toutes les autres cultures réunies. En 2013 la production mondiale de blé fut de 713 millions de tonnes en faisant la troisième céréale produite après le mais (1016 millions de tonnes) et le riz (745 millions de tonnes).

 

8 - L'étalon-blé

*

L'étalon-blé est lié à la société préindus- trielle et agraire. À cette époque l'économie suivait surtout la ronde des saisons de la production alimentaire, à laquelle se superposait les échanges d'aliments non-essentiels — épices, sucre, etc. — et des biens <de luxe>, tels la soie et les tapis.
Le blé était la nourriture de base mais aussi l'ancre de l'économie. Démocratie et conditions monétaires d'aujourd'hui étaient inconnues. Le capitalisme calviniste n'avait pas encore pris le devant de la scène, ni la révolution industrielle, ni le <financialisme> moderne, dont l'effet combiné, quel qu'en soit les mérites, a été d'éclipser l'importance attribuée auparavant à la réalité agricole.
Et pourtant la vie sur la terre ne serait pas possible si nous ne pouvions pas manger. Parmi les nécessités de la vie, le blé (comme représentant de toutes les céréales) est l'aliment de base. Son prix est le plus bas. C'est par lui que tout est mesuré. Combien d'autre chose puis-je échanger contre des céréales?
C'est là la base de l'étalon-blé — stocké sous forme de grains, ou sur pied, ou sous forme de champs, avec ses niveaux de récoltes, la sécheresse, et ainsi de suite. La présence continue de céréales dans une économie (aujourd'hui l'économie du monde entier) est la base pour évaluer le reste de la vie économique. Ce röle est renforcé et illustré par deux propriétés physiques vitales du blé qui sont à la fois immuables et stables.
Premièrement, sur de longues périodes, les bonnes et les mauvaises récoltes s'équilibrent ce qui permet de parler d'une récolte moyenne constante. Cela signifie que nous pouvons gérer les ressources céréalières afin d'ajuster les ressources erratiques en une offre régulière.
Deuxièmement, indépendamment de la qualité du blé et de la grosseur des épis, les grains au centre de l'épi ont une uniformité de taille et de poids. C'est ce facteur de constance du grain de blé lui-même (avec l'exception possible de variétés modernes d'hybrides artificiellement manipulées) qui a conduit depuis la nuit des temps jusqu'à aujourd'hui à utiliser le blé pour libeller l'or, env. 480 grains du milieu de l'épi équivalent à 1 once d'or.

9 - L'or*

L'or est une substance remarquable. Une description de ses propriétés physiques peut nous laisser pantois. L'or est partout présent sur la terre — dans les mers, dans la plus haute strate de l'atmosphère, à l'intérieur de la terre elle-même et sur chaque continent. Il existe comme fine poussière et en pépites compactes. Il n'y a pas de veines aurifères comme il yen a pour d'autres métaux. Les dépôts les plus denses sont découverts en combinaison avec de la silice par exemple ou des composants de fer ou du souffre qui contiennent de l'arsenic. Il est finement réparti s'il est combiné à de l'argent, au mercure, au cuivre et à l'antimoine.
L'or a une affinité spéciale à la lumière, la réfléchissant plutôt que la captant. Cette qualité est la raison de son usage dans les merveilleuses couleurs des vitraux et autres objets précieux.
Mais il est lié à la lumière aussi en termes de poids, étant capable de transformation en la plus fine feuille d'or, plus délicate que les ailes d'un papillon. D'un autre côté avec une densité de 19.3, comparé au plomb de 11.6, l'or est l'une des substances connues les plus denses.
*Il ne s'oxyde pas, ni ne se combine avec quelque autre substance excepté le cyanure de potassium. Il se tient pour lui-même. L'or est la substance la plus extensible de la terre — un gramme peut être étendu dans un fil sur presque deux kilomètres de longueur — et un fil de 2mm de diamètre supporte encore une traction d'un poids de 60 kilos!
Par sa nature même l'or est un médiateur entre expansion infinie et forte cohésion, entre dispersion et densification. Et par ses propriétés contrastées l'or est extraordinairement stable. Son importance économique est l'écho direct de sa nature physique. La faculté de l'or de contenir les extrêmes est un parfait corollaire d'une saine maîtrise de la circulation des valeurs.
Un total de 174'100 tonnes d'or ont été extraites dans l'histoire de l'humanité, l'équivalent grossier d'un cube de 21 mètres de côté.

10 - L'étalon-or

*Economiquement parlant, la principale caractéristique de l'or est qu'il ne peut pas être détruit. Il ne peut pas non plus être fabriqué. Tout ce qu'on peut faire avec l'or est de le redistribuer. On peut le faire en le déterrant, en le mélangeant, en l'échangeant, et ainsi de suite. C'est de la circulation pure et simple.
L'or a une valeur changeante bien sûr, dans le sens de ce que les gens sont préparés à payer pour lui ou selon ce qu'il permettra d'acheter, ou le montant disponible. Mais il est imperméable aux aléas de la vie et règne sur la vie économique sans égard aux faiblesses humaines.
Malgré ses aspects géopolitiques, c'est cela qui a permis que l'étalon-or remplace l'étalon-blé. Soutenu par les idées de John Locke (1632-1704), David Hume (1711-1776) et d'autres penseurs des <Lumières>, et inextricablement lié à la nature et aux intérêts de l'Empire Britannique naissant, l'étalon-or a marqué la rupture avec l'économie agraire.
Établi par Isaac Newton (1642-1726) en 1717 alors qu'il était directeur de la Monnaie le taux qu'il a introduit de 1 once d'or = 4£ 4s 11%2d a tenu pendant près de deux siècles, ce qui en dit long sur la puissance de la position de la Grande-Bretagne à l'époque. Renforcé par la loi, notamment celle de 1816 et d'autres événements à la fin de l'ère napoléonienne, son prestige a été définitivement scellé par Sir Robert Peel dans la charte bancaire de 1844 (suivie par l'abrogation des <Corn Laws> [lois sur les blés] en 1846).
L'étalon-or a eu ses jours de gloire à la fin du 19ème siècle quand l'empire britannique était à son apogée. Cependant il n'a pu survivre à la soudaine découverte de l'or qui a changé toute la dynamique économique entre l'Angleterre et ses dominions ainsi que ses rivaux.
Avec l'arrivée du 20ème siècle l'histoire est entrée dans l'économie mondiale dont le corollaire est le partenariat global ou le bien commun (Commonwealth), et non pas les rivalités impérialistes ou nationalistes. Les temps étaient venus quand <l'automaticité> de l'étalon-or a dû être remplacée par un partage conscient et surtout par l'avènement d'une monnaie mondiale aussi bonne (donc universelle) que l'or mais libérée de ses contraintes; mais libérée aussi des aléas politiques et gouvernementaux d'un argent lié à l'État, tout autant que la détermination primaire des marchés.
Aujourd'hui les temps demandent de notre part à tous une conscience dans les relations économiques.

 

11 - Au-delà de l'or


*
Quel que soit ses mérites, notre regard écono- mique se tourne vers l'or de l'antiquité à un futur encore lointain. D'une société dans laquelle la plupart des gens sont sans instruction et recherche leurs dieux à l'extérieur d'eux-mêmes à une société où tout le monde sait lire et compter, où le suffrage est universel et où les gens vivent de leur propre valeur.
Là réside le défi: environ un tiers de l'or est utilisé à des fins monétaires, mais l'or est-il toujours nécessaire à cela? Comment pouvons-nous en fait nous passer d'or?
Pour se passer de l'or, pour qu'il n'ait plus ni rôle monétaire ni ne soit valeur-refuge, nous devons faire reposer l'économie sur le partage conscient des ressources naturelles et intellectuelles.
Pour les experts monétaires, la piste réside dans le «Tract pour une réforme de la monnaie» de Keynes en 1923 dans lequel il relève que «[la production et l'épargne] ne peuvent pas fonctionner correctement si l'argent, dont ils assument que la stabilité vaut celle d'un étalon, est peu fiable» et «qu'il n'y a pas de justification historique qui permette d'attendre que l'argent soit représenté même par une quantité constante d'un métal particulier, moins encore par un pouvoir d'achat constant.»
Cela signifie, évidemment, que la conduite de l'économie dans son ensemble doit être un acte conscient — délibéré et scientifique.
Keynes remarque, par conséquent, que pour sortir de l'étalon-or il faut reconnaître que la manière de penser et de structurer l'économie à partir d'un centre vers une périphérie doit être revue.
Nous avons donc à trouver ensemble ce qui était précédemment défini par l'économie dominante en remplaçant un point fixe par un point également stable «point autour duquel les échanges fluctuent et où ils doivent finir par se stabiliser; avec une différence matérielle, à savoir qu'il n'est pas lui-même un point fixe...»
Pour le macro-économiste nous devons voir que ni le blé, ni l'or ne peuvent être des étalons tant qu'ils sont eux-mêmes sujet au commerce. Le chemin doit être trouvé pour qu'aucun d'eux, ni le blé ni l'or, ne soient traités comme marchandises, comme réserves dont le rôle est d'équilibrer les déséquilibres. Sans cela ni les prix, ni l'argent ne peuvent devenir vrais.
Finalement en tant que citoyens nous avons besoin de démontrer qu'au lieu du blé et de l'or, notre propre conduite doit devenir la référence. Nous avons besoin de trouver l'équilibre dans nos propres affaires, pour ensuite refléter cet équilibre dans l'économie au sens large. La norme devient notre capacité à réaliser que la polarité de l'économie mondiale est un reflet de la même polarité en nous et que cela ne sert à rien de se battre ou de posséder le sol et le capital.
Ce qui importe, c'est que les deux soient mis au service de l'humanité tandis que nous nous activons pour satisfaire les besoins des autres afin que nous puissions tous mener de (belles actions.

 

12 - L'AUBIER
Entre le blé et l'or
*

A l'origine de L'AUBIER, il y a l'agriculture biodynamique. Cette méthode est appliquée à l'ensemble du domaine agricole depuis l'automne 1979. Son point de vue global et durable se prolonge dans tous les détails de l'entreprise en de nombreuses réalisations écologiques.
Dès le début, l'impulsion a été partagée avec l'entourage immédiat des premiers clients, puis des sympathisants. Il s'y est développé un échange qui s'est peu à peu transformé en engagement financier aussi. Un partenariat avec un grand nombre de personnes privées est ainsi né qui s'est consolidé avec les années dans la transparence des relations et des chiffres.
L'AUBIER est engagé au niveau suisse et international dans le développement de ces idées liées à l'agriculture biodynamique et à l'économie associative, dans la recherche qu'elles nécessitent et dans la formation qui les accompagne. L'AUBIER est ainsi reconnu comme initiative pionnière aussi bien pour son engagement que pour ses réalisations.
À L'AUBIER, c'est l'être humain qui est la mesure. Il y est considéré comme un être en évolution, conscient des besoins du monde et doué d'un vouloir autonome pour y répondre. C'est dans ce capital humain que réside la vraie valeur d'une entreprise. L'AUBIER s'est structuré pour le protéger et en assurer la pérennité: la majorité des voix est groupée et appartient à une petite association interne à but idéal.
Dirigé par une équipe de cinq personnes, animé par une cinquantaine de collaborateurs, encouragé et financé par près de 1500 partenaires, L'AUBIER est l'acteur engagé d'un développement durable et humain.

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