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Institut pour une triarticulation sociale
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ENTRETIEN  AVEC  RUDOLF  STEINER

 Entretien imaginaire réalisé par B. Prieur (1993)

 1. Tout d’abord, pourquoi avoir donné un cours à des agriculteurs ?

   “L’important, c’est que les aliments mis à la disposition de l’homme soient les plus profitables à son existence.”

2. Pourquoi ?

 

   “Ceci est un problème de nutrition. Telle quelle est actuellement, la nourriture ne donne plus à l’être humain la force de manifester l’esprit dans le physique. On n’est plus capable de jeter un pont de la pensée vers la volonté et l’action. Les plantes alimentaires ne contiennent plus les forces qu’elles devraient donner aux gens.”

 

3. Comment faire ?

   “Il appartient à l’agriculteur d’organiser la mise en valeur de son domaine pour qu’il en soit ainsi. Une juste composition du fumier doit résulter du choix des espèces d’animaux qui le fournissent et du nombre de têtes pour chacune d’elle. II en sera de même pour le choix des plantes à cultiver et de la superficie à leur consacrer en fonction des besoins des bêtes destinées à les pâturer et à tirer d’elles, à leur gré, ce dont elles sentent le besoin d’après leur instinct.”
“Vous le voyez, l’agriculture, vue sous cet angle, jouit d’une sorte d’individualité. Nous devons en conclure que les bêtes, tout comme les plantes, doivent être maintenues en réaction réciproque les unes vis-à-vis des autres, pour maintenir cette individualité. Il y a déjà atteinte à la perfection de cette individualité, un affaiblissement des forces naturelles, en ne recourant plus aux animaux du domaine pour la production du fumier, en s’en passant purement et simplement, en remplaçant cet engrais par celui que l’on reçoit du Chili. En procédant ainsi, on s’éloigne de ce cycle fermé qui doit se perpétuer uniquement à l’aide de ses ressources propres.”

4. Faut-il faire des essais sur le domaine avant de commencer ?

   “Le plus important c’est de faire profiter des bienfaits des préparations les plus grandes superficies possibles aux quatre coins du monde, afin de guérir la terre malade et d’améliorer les propriétés nutritives des produits agricoles de la façon la plus complète. Voilà à quoi il faut tendre. Les essais viendront plus tard.”

5. Mais n’y a-t-il pas de risque à commencer ainsi ?

« Il n’y a aucun risque de voir une technique agricole ainsi basée, fournir à l’homme et à l’animal, autre chose que la meilleure qualité possible.
Toutes nos considérations, c’est l’homme qui, à chaque instant, en est le fondement.”

6. Est-il possible d’y arriver complètement ?

   “Certainement pas… Et pourquoi cela ? Nous savons que les enseignements de la science spirituelle ne rendent jamais fanatique. L’organisation économique où nous sommes plongés actuellement nous empêche, pour des raisons étrangères à l’agriculture, d’y arriver.”

 

 

7. Comment peut-on surmonter cette difficulté ?

  
“Le jugement dont on a besoin dans la vie économique doit être élaboré aussi près de la réalité que possible, pour être concret. La seule manière de permettre cette élaboration est de constituer des associations, compétentes pour un territoire déterminé, dont l’étendue est en rapport avec le processus économique lui-même, comme nous l’avons vu. Dans chacune d’elles, pour chaque branche d’activité, chacune des trois représentations siègera : pour la production, la consommation et les transactions, à l’image de ce qui se passe dans la vie économique elle-même.”

8.  Que peut-il se passer dans une association de ce genre ?

  
“Dans une association, une bonne harmonie peut régner entre les intérêts grâce à la compétence professionnelle et à l’objectivité. Ce ne sont pas les lois qui règlent la production, la circulation et la consommation des biens, mais les êtres humains, par leur compréhension directe et par leur intérêt pour ces opérations. Et, du fait qu’ils vivent au sein de ces associations, les hommes peuvent en acquérir la compréhension nécessaire. Du fait aussi que les intérêts devront se compenser au moyen de contrats, les biens circuleront selon la valeur qui leur correspond. De tels accords, conclus selon les points de vue de l’économie, sont bien autre chose que ceux que l’on fait, par exemple dans les syndicats actuels. Ceux-ci agissent certes dans la vie économique, mais ils n’ont pas été formés selon les points de vue économiques. Ils sont conçus d’après les principes qui se sont formés, aux cours des temps nouveaux; à partir de l’application de points de vue politique et étatique. On y parlemente, mais on ne s’accorde pas d’après les points de vue économiques, au sujet de ce que l’on doit faire pour l’autre. Dans les associations ne siègeront pas des “salariés” qui useront de leur puissance pour exiger, de l’entrepreneur, des salaires aussi hauts que possible, mais des “travailleurs” qui agiront de concert avec les directeurs de la production et les représentants des consommateurs, pour établir, en réglementant les prix, une production correspondant à sa contrepartie. Or cela ne peut se faire en parlementant dans des assemblées. On devrait bien y prendre garde, qui donc travaillerait si les hommes en grand nombre devaient passer leur temps en débats sur le travail ? C’est dans des conventions d’homme à homme, d’association à association, que tout s’accomplit parallèlement au travail. Pour cela, il suffit que l’accord corresponde â l’entendement des travailleurs et aux intérêts des consommateurs.”

 

9. Si l’on ne forme pas ces associations, seule solution d’après vous, que va-t-il se passer ?

   “Si l’organisme social poursuit son évolution comme il l’a fait jusqu’ici, alors apparaîtront des dommages qui seront pour cet organisme ce qu’est pour l’organisme humain physique, la formation du cancer.”

 

10. Doit-on développer ces associations dans ou à côté du système social actuel ?

   “Nous ne concevons pas d’imposer le nouveau par la destruction de l’ancien. Le nouveau s’implantera à coté de l’ancien, et devra s’affirmer peu àpeu grâce à sa force et sa justesse intérieure, l’ancien sera alors éliminé de façon lente et organique, l’idée de la tripartition n’est pas un programme portant sur l’ensemble de l’organisme social, et visant l’abolition globale de l’ordre ancien au profit d’une réorganisation générale. Elle peut au contraire se développer â partir d’initiatives isolées. La transformation de l’ensemble s’effectuera par l’extension progressive de ces cellules sociales isolées. Grâce à son caractère progressif l’idée de la tripartition sociale n’a rien d’une utopie, mais se révèle une force opérante au niveau de la réalité.”

 

11. Que répondez-vous à ceux qui parlent d’idéalisme ?

   “Dans les circonstances actuelles, la régénération de la vie publique ne se fera que si un nombre suffisant d’individus prend conscience des véritables exigences sociales, politico juridiques et spirituelles de l’époque. Ces hommes devront avoir la bonne volonté et la force de faire partager aux autres l’intelligence des vraies nécessités. Mais il est certain aussi que les obstacles opposés à cette régénération iront en s’estompant à mesure que s’étendra la prise de conscience. Attribuer â ces obstacles un caractère objectif; indépendant de la compréhension humaine, n’est qu’une superstition politico sociale. Seuls les gens incapables de saisir le rapport réel entre l’idée et la pratique s’y adonneront. Aussi diront-ils: nous ne mettons pas en cause la valeur des idées, ni l’incontestable bonne volonté des idéalistes, mais, “les choses étant ce qu’elles sont, ces idées ne sont pas réalisables”. Or il n’en est pas ainsi. La réalisation de certaines idées dans le monde actuel est empêchée précisément par les individus qui possèdent â la fois ce genre de superstition et le pouvoir d’en assurer la défense.
Parmi les détendeurs de ce pouvoir se trouvent ceux que les masses populaires, dans l’esprit d’anciens groupements politiques, considèrent comme leurs dirigeants, et auxquels ils vouent une obéissance fidèle. C'est pourquoi la régénération sociale repose sur deux conditions essentielles : l’abolition du régime des partis et la promotion d’idées s’élaborant à partir d’expériences pratiques et affranchies des conformismes et des idéologies d’autrefois. L’un des problèmes brûlant de notre époque est de trouver les voies et les moyens permettant de remplacer les opinions partisanes par une faculté de penser indépendante qui pourra constituer les germes de cristallisation autour desquels viendront se grouper des hommes de toutes appartenances politiques. Ces hommes se rendront compte que les partis existants ont fait leur temps, et ne méconnaîtront pas la preuve éclatante fournie à ce sujet par la situation sociale de nos jours.”

 

12. Combien de temps nous reste-t-il pour faire aboutir ce projet ?

   
“Lorsqu’un siècle se sera écoulé depuis la fin du Kali-Youga (1899), l’humanité se trouvera ou bien devant le tombeau de toute civilisation ou bien à l’aube d’une ère nouvelle, une ère où les âmes des hommes qui auront su unir dans leurs coeurs l’intelligence à la spiritualité feront en sorte que le combat dans lequel MICHAEL s’est engagé se solde par la victoire de l’impulsion Michaélique.
...Les anthroposophes doivent pouvoir guider, comme il se doit, la civilisation jusqu’à la fin du XXe siècle”.

 

13. Qu’est-ce qui peut empêcher la réalisation de cette tâche grandiose ?

   
“Ambitions personnelles, illusions, jalousies mesquines, voilà les trois principaux obstacles intérieurs à surmonter”.

 

     Réponses extraites de :

    • Fondements spirituels pour la prospérité de l’agriculture  « Cours aux agriculteurs » (1924)   traduction D. Simonnot,.
• Économie sociale (1922)                                                                                                   traduction  D. Simonnot,
• Fondements de l’organisme social (1919)                                                                           traduction par un groupe.
• Karma VI- Karma de la Société Anthroposophique. (1924)                                                       traduction H. Bideau

          Ouvrages de R. Steiner édités aux Editions Anthroposophique Romande.
Entretien imaginaire réalisé par B. Prieur (1993)