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Document non daté, années 70, traducteur non mentionné, pas d'origninal allemand

Wilfried Heidt
Wilfried Heidt
Wilfried Heidt

La troisième VOIE

Nécessaire Alternative au capitalisme et au communisme

En remplissant ces conditions, il sera possible d'orienter la vie sociale vers l'homme concret et ses besoins de liberté de l'esprit, d'égalité des droits et de fraternité dans le travail en commun..
Liberté dans le culturel
Au sein de la vie culturelle de la société (tous les organes de la science , de l'information, de l'éducation, de la formation, etc.) toutes les idées doivent pouvoir s'élaborer et se déployer librement sur la bade de l'égalité  des droits, non sur celle déformée de la propriété du capital et du pouvoir étatique. Cette vie culturelle libre doit s'administrer elle-même.
Démocratie dans le juridique
Toutes les lois doivent être déterminées par la cogestion démocratique directe de tous les citoyens et les organes législatifs éventuels contrôlés par la population.
Socialisme dans l'économique
L'économie doit servir la satisfaction-des consommateurs. Gérer l'économie en vue du gain privé est aussi peu sensé que de lier la vie économique aux directives bureaucratiques de l'Etat. L'économie doit s'autogérer afin que puissent se constituer des associations valables entre producteurs, distributeurs, et consommateurs.
Qu'est-ce qui s'oppose à la réalisation de cette "société au visage humain" ? La pouvoir matériel des minorités dirigeantes. Le pouvoir du capital. Le monopole du parti. Que pouvons noue faire contre cela ? Transmettre au plus grand nombre de gens les idées de la Troisième Voie. Travailler dans le monde entier tous ensemble au mouvement pour la Troisième Voie.
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Wilfried Heidt, né le 16 avril 1941 à Karlsruhe est cofondateur du Centre Culturel International d'Achberg (I.N.C.A..) près de Lindau (Lac de Constance - Allemagne Fédérale). Après des études de littérature allemande, histoire de l'art, sociologie et philosophie, il se consacre à de libres activités d'animation culturelle ("pédagogie populaire") . Le but est de chercher à rendre visible, par le lien de l'information sociale publique et de la mise en œuvre pratique de modèles institutionnels ("ateliers de l'avenir"), les relations des concepts de science, art et société acquises dans le processus de connaissance. Ces relations manifestent que la société telle qu'elle est actuellement ne saurait être considérée comme humaine. La liberté culturelle et spirituelle pour chacun et la collaboration fraternelle sur la base des mêmes droits pour tous, c'est par là. que pourrait s'exprimer la considération de la dignité humaine. La réalité en est bien loin. Donc elle doit être modifiée. La méthode de cette modification est d'ordre artistique : il s'agit de métamorphoser les formes existantes - développement de formes plastiques, de couleurs, de sons.
Ce qui servira la liberté doit être créé dans la libre connaissance. La science montre la direction dans laquelle on peut agir. Dans l'intuition morale la volonté investit la pensée, c'est la naissance de l'acte libre. Ce qui est nouveau doit être conquis sur l'ancien par des actes libres : la Troisième Voie ; la technique morale. C'est le courage d'expérimenter : prudent mais décidé. "Je ne suis libre que lors qu'aucun autre n'est plus dépendant de moi ; quand, égaux en droits,  nous nous complétons". A l'Etat, il faut reprendre ce qui ne lui appartient pas :l'esprit de l'homme (autogestion dans les domaines de l'éducation et de la formation, de la science et de l'information, de l'art et de la religion!) / A la propriété privée il faut retirer ce qui n'est pas de son ressort : le travail humain et le capital ne peuvent être plus longtemps des marchandises.
Quant à la fonction des modèles pratiques ce serait celle des moyens de connaissance pour les sceptiques qui croient encore que ce qui est pensé conformément à la pratique de la vie est utopique. Ainsi par exemple, au Centre Culturel International d'Achberg (comme en d'autres lieux) et dans les entreprises qui lui sont associées, on peut voir fonctionner la libre collaboration, le travail fraternel en commun et les mêmes droits pour tous.
Voir les publications de l'I.N.C.A.. (édition dritter weg - D. 8991 Achberg-Siberatsweiler)
et en français le rapport de M.Joseph sur "le Congrès 1973 de la Troisièmes Voie" in revue "Triades" automne 73 (4 rue de la Grande Chaumière 75 006 Paris)

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Le capitalisme et le communisme sont des systèmes périmés qui ne peuvent plus contribuer à rien de positif pour l'avenir de l'humanité. Ils ont fait faillite. Toutes les souffrances incommensurables que les hommes ont eues à endurer au cours de ce siècle sont liées dès le début à ces deux systèmes antihumains. Plus longtemps on se rattachera à l'un ou l'autre, et plus irréparables seront les dégâts occasionnés à la vie humaine et même planétaire. La dignité de l'homme, critère des sociétés, se trouve abolie là où, comme à l'Ouest, des petites minorités suscitées par les "règles du jeu" du système, dictent la direction de l'évolution sociale grâce à la puissante propriété privée de capital et où chacun fait de son égoïsme la mesure de toutes choses. Elle  se trouve également abolie là où, comme à l'Est est pareillement suscitée par les règles du jeu l'élite bureaucratique du pouvoir d'un parti qui dirige tout grâce à la domination de l'appareil d'Etat. Là, il n'est ni vraie liberté, ni fraternité et le même droit pour chacun est miné par les privilèges des groupes dirigeants.
La Troisième Voie, dont les principes fondamentaux sont développés dans cet écrit, témoigne pour un ordre social qui garantisse sans distinction à tout homme ses droits fondamentaux matériels et spirituels. Dans le détail, ceci n'est possible que par un système global d'autogestion au sens d'une vie culturelle libre, d'un Etat juridique démocratique et d'une économie associative socialiste.
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Table de matières


- Vers quoi allons-nous :
"Etats-Unis d'Europe" ou
" Société à visage humain"      page - 5 —
- Les critères de la Troisième Voie       page - 12 ‑
- Les idées fondamentales du Printemps de Prague
comme contours de la "société humaine"  page - 20
- Causes de l'échec du "Printemps de Prague"         page - 27
- Ce que l'on peut faire maintenant et bientôt         page - 32
- (Additifs) notes    page - 47


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Vers quoi allons-nous :
"Etats Unis d'Europe"
ou
" Société à visage humain " ?
"Après la bataille du Vietnam,, celle d'Europe". Par cette formule, le conseiller spécial de Nixon et de Ford, Henry Kissinger,. a dévoilé les visées de l'impérialisme américain pour les dix prochaines années. Cet objectif doit être poursuivi sur la base d'une "entente" avec l'Union Soviétique portant sur la répartition des zones d'influence des grandes puissances. Les deux super-systèmes conservateurs se donnent la main - mais au détriment de la réalité humaine.
L'Europe que cette politique vise à éliminer définitivement, a-t-elle encore une chance de sauver l' "humain" - "humain" (humanité) dont la réalisation constitue le sens le plus profond de tout acte historique responsable ? Si cette chance existe, elle ne peut résider que dans le choix conscient que ferait dans un avenir proche la population de ce continent hétérogène, choix pour la Troisième Voie par-delà le capitalisme et le communisme ! Et il est permis de nourrir quelque espoir en ce sens lorsque l'on considère les premières poussées d'élans populaires pour la Troisième Voie qui se sont manifestées au cours des dernières années par dessus les frontières de l'Europe divisée. Certes, ce n'est encore qu'une faible graine et qui,, surtout en 1968, a eu à endurer un choc sévère par la destruction violente du mouvement de réforme tchécoslovaque. Pourtant les évènements d'alors ont permis justement que s'épanouissent des impulsions qui exercent encore aujourd'hui une action positive et stimulante. C'est de là qu'actuellement on devrait partir en pleine conscience ! Les circonstances présentes exigent toujours plus impérieusement que l'on renforce dès maintenant et de manière décisive le mouvement international pour la Troisième Voie. Les propositions concrètes qui sont formulées ici veulent contribuer à cette tâche.
Deux points de vue se présentent. Pour l'un, il s'agirait de savoir quelles tendances politiques essentielles s'opposent à l'heure actuelle plus particulièrement à la percée du mouvement
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pour la Troisième Voie. Quant à l'autre, il consisterait à connaître les parentés fondamentales de toutes les tentatives en faveur de cette alternative. Quelles pourraient et devraient être ces parentés, pour que soit effectivement visé un ordre social dans lequel se réaliserait ce que par exemple la constitution de la République Fédérale Allemande proclame en son article premier : "la dignité de l'homme est inaliénable".
Il y a actuellement un danger spécialement grand (cela se précise toujours plus avec le temps) : celui de passer à côté de la mission, européenne de la Troisième Voie. Ce danger prend forme dans les impulsions vers un Etat Fédéral supranational entièrement fondé sur les traditions et pratiques occidentales, en ce sens qu'il ne serait  qu'une union économique et politique d'états de l'ouest, du sud, du centre et du nord de l'Europe. De telles aspirations sont en principe soutenues par tous les gouvernements compris dans la zone d'hégémonie américaine. Elles vont spécialement à l'encontre de la grande revendication de l'époque, celle de la Troisième Voie par—delà capitalisme et communisme. Par ces aspirations maintes impulsions bonnes et justes, maintes tendances adaptées à notre époque qui ont vu le jour après la banqueroute finale du nationalisme (après la 2° guerre mondiale) sont défigurées, détournées et même partiellement retournées en leur contraire.
Après 1945, tout indiquait qu'il fallait enfin, par une recherche personnelle radicale, se mettre au clair sur les vraies causes de la catastrophe.. La question aurait alors dû être posée,des propriétés des systèmes sociaux existants qui avaient rendu possible et encouragé le conflit mondial. Elle aurait dû pouvoir s'appliquer tant au système étatique de la démocratie bourgeoise et de l'économie capitaliste privée, qu'à la doctrine et à la pratique des pays dans lesquels la dictature du prolétariat (autrement dit, le système du parti communiste unique) dominait la vie sociale. Cette question aurait de être de savoir si maintenant, alors que l'on venait de réaliser durement que, ni la démocratie bourgeoise et le capitalisme, ni la démocratie populaire et le communisme, n'avaient eu la force d'empêcher fascisme et stalinisme et finalement la guerre mondiale, s'il n'était pas temps à présent de rechercher une
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réorganisation des conditions sociales à partir de leurs fondements mêmes. Il se serait agi de voir dans quelle mesure justement ces systèmes, n'avaient-ils pas contribué à la naissance des funestes enchaînements. Or, c'est précisément lorsqu'une réponse véritable à ces questions aurait d. permettre de déduire les modifications nécessaires à l'édification d'un avenir humain et pacifique, c'est juste à ce moment où il aurait fallu réfléchir profondément à tout cela que fut lancée par le général vainqueur Winston Churchill dans son mémorable  discours de Zürich en 1946, une idée qui devait détourner les esprits de ce qui eut été veritablement nécessaire„ idée qui aujourd'hui encore subjugue les esprits. Pour Churchill, l'écrasement du fascisme ne signifiait aucunement, loin s'en fallait, la venue d'une époque de paix assurée. Dans ce discours, il déclara le communisme nouvel ennemi mondial numéro 1, contre lequel devaient dès lors s'unir tous ceux qui n'avaient pas eux-mêmes succombé au bacille totalitaire.
Par là, on écartait pour longtemps la question de la transformation nécessaire des bases proprement dites du, système. Le monde avait retrouvé un système de coordonnées clair : noir le communisme et blanc l'occident. On divisa le Reich allemand vaincu selon les frontières du champ de ce système de coordonnées clair : noir le communisme et blanc l'occident. On divisa le Reich allemand vaincu selon les frontières du champs de ce sytème de coordonnées. La partie occidentale se devait d'être forte, il fallait l'engraisser. On devait en effet avoir en Europe Centrale un fer de lance valable contre l'Est communiste.
Le premier pas pratique de la politique occidentale de constitution de bloc fut la restauration et la régénération conséquentes des vieux systèmes de la société bourgeoise capitaliste, partout où ceux-ci avaient été abimés par la 2e guerre mondiale. Puis la mesure suivante fut la constitution du pacte militaire (OTAN). Ce pacte avait le but avoué de repousser le communisme d'Europe (politique dite du "roll-back" des années cinquante).. Ce n'est certainement que la mise au point d'armes atomiques en URSS qui a empêché les USA et leurs vassaux européens de rechercher par la guerre une victoire finale sur le communisme.
Comme depuis les années 1949 à 52 les Soviétiques disposaient aussi de bombes A et H tactiques, un risque toujours plus grand devait être pris en considération dans toutes les spéculations
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géopolitiques. C'est pourquoi on en resta finalement à la simple virulence verbale. Il en découlait que l'armement, l'industrie guerrière et les militaires, accomplissaient en premier lieu, la mission de stabiliser les systèmes sociaux vers l'intérieur.. Jusqu'à prèsent, ils ont rempli "magistralement" ces fonctions !
Toute cette première phase de la formation de l'alliance occidentale sous la direction des Etats-Unis était dominée par la propagande de sécurité.. Mais le besoin de sécurité n'était-il pas pour des millions de gens,. après toutes les terribles expériences entre 1918 et 1945, un désir privilégié bien justifié , bien compréhensible ? Pouvoir enfin vivre en sécurité I C'est justement ce besoin,, profondément humain, qui fut récupéré par la propagande anticommuniste de l'Ouest.. On suggèra aux masses qu'un puissant pacte militaire garantissait la sécurité de chacun (Adenauer : "Dans une nouvelle guerre, il nous faudra cette fois-ci être du bon c8té".) Cette politique réussit pleinement - en son sens - : une force importante qui aurait pu contribuer pour beaucoup à une nouvelle organisation sociale - justement le fort besoin de sécurité de tous les hommes, se vit détournée avec succès. Génératrice en puissance du changement social, cette force fut transmuée en un facteur essentiel de la permanence et de l'intégration. Aussi longtemps que la propagande du péril communiste mondial exerça une influence ininterrompue, le système du pacte militaire fut un instrument éminent de discipline, par lequel ceux qui étaient d'un autre avis pouvaient être isolés dans leurs aspirations politiques vouées à l'échec (par exemple dans leur lutte pour une Europe Centrale neutre)...
Dans une étape ultérieure de cette évolution réactionnaire, une revendication dominante de notre époque fut dénaturée pour devenir un facteur sûr de stabilité internationale du système.
L'économie industrielle moderne tend, de par ses lois immanentes, à la coopération internationale et finalement, mondiale. Or, à partir du milieu des années 50, un calcul politique conscient se substitua à l'Ouest à cette tendance. Il conduisit enfin en 1957 à l'inauguration de la Communauté Economique Européenne (C.E.E.)
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Elle aussi, cette alliance économique n'est„ tout comme celle militaire de l'OTAN, qu'un pur instrument de pouvoir dans la grande confrontation autour de l'avenir du capitalisme et du communisme. Elle facilite la coordination des mesures répressives vis à vis de ses partenaires et du reste du monde, selon-le bon comportement ou no; de tel pays par rapport aux intérêts privés des plus puissants à l'intérieur de la communauté économique. L'attachement à la supranationalité de ces derniers correspond essentiellement au maintien des bases présentes du système lui-même. Or ce qui se rattache étroitement à ces bases, c'est que le principe de profit demeure inviolable en tant qu'objectif principal de la vie économique ! Et il s'y rattache encore, de façonner les conditions politiques du droit de telle sorte que la finalité du profit, sans contradictions ni entraves, puisse être poursuivie avec succès. Mais pour y parvenir avec le moins de difficultés possible, il faut écarter les incalculables facteurs  nationaux de perturbation. C'est alors que surgit l'idée de l'unité politique de l'Europe, l'idée d'un Etat Fédéral Européen.
De la sorte cette impulsion positive et progressiste, née au moment de la débâcle du nationalisme, est assujetie, elle aussi, à une politique réactionnaire. L'idée d'un Etat fédéral européen permettait de refouler la tendance actuelle à ne plus penser en termes d'oppositions d'Etats nationaux. Et ce qui restait constituait un instrument éminent par lequel on pourrait contrôler collectivement des développements sociaux progressistes à l'intérieur de chaque "pays fédéré" et le cas échéant les contrecarrer par des mesures appropriées (par exemple à l'aide de sanctions économiques * ). Ces contr8les et ces obstacles collectifs des velléités progressistes signifient contrôles et obstacles par des groupes de puissance qui dominent dans le système du capitalisme internationalement organisé (C.E.E., OTAN, etc.). Il serait malheureusement trop long de dévoiler pleinement tout ceci en cet. endroit. Il nous suffira finalement d'évoquer les interdépendances atlantique3 de capitaux aux filiales multiples (sociétés multinationales) pour achever le tableau que nous voulions esquisser comme élucidation de la question : quels desseins
En France ceci se manifeste particulièrement dans les difficultés des exploitants agricoles -.notamment les problèmes des viticulteurs et des éleveurs. N.d.T.
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officiel. de la politique actuelle s'opposent essentiellement à la tâche de prendre la direction de la Troisième Voie.
La "bataille pour l'Europe" qui doit maintenant succéder à la guerre du Vietnam instituera - à supposer qu'elle soit victorieuse - le super-Etat européen.. Il serait faux de croire que cette formation supranationale puisse alors représenter une troisième position,, un terme médian à l'alternative des systèmes sociaux américain ou soviétique. Les "Etats Unis d'Europe" coïncideront absolument pour tous les traits essentiels avec le modèle des Etats Unis d'Amérique. Cela vaut non seulement pour les formes de l'Etat et de l'économie mais aussi pour les différentes sphères de la vie culturelle. Si on en arrive à cela, les USA auront gagné la bataille pour l'Europe. La "troisième puissance mondiale" ne sera alors rien d'autre que le duplicata de la première. On conservera certaines contradictions apparentes pour dissimuler que la voix de l'Europe se sera finalement éteinte : une des deux moitiés intégrée (fondue) au système de l'hégémonie américaine,, l'autre, rattachée fermement au système hégémonique soviétique. Si on va jusque là, pourrons nous encore, en tant qu'êtres humains, exister humainement ? Cette question n'est pas si erronée que l'on pourrait peut-être le croire : une existence humaine ne s'exprime pas uniquement par le bien-être matériel des minorités "civilisées" de l'ensemble de l'humanité. "Le bien-être pour tous" ? Sans nul doute cela est accessible pour les nations industrialisées - et même dans les proportions les plus larges ! Et tout aussi sûrement mais à moyen terme, les pays de l'Est pourraient y parvenir par une planification un peu plus élastique, un peu moins dogmatique. Mais cela ne correspondrait à rien d'autre qu'à cette horrible situation qu'Huxley pressentait dans sa vision du "brave new world" ("le meilleur des mondes") : une humanité qui, en tant que masse consommatrice "heureuse" et "comblée", serait dirigée par une clique, coopérant internationalement, de technocrates du "business" politique et économique et au service de laquelle travaillerait une industrie des consciences accompagnant chaque personne de sa naissance jusqu'à sa mort pour lui insuffler ce qu'elle aurait à penser, à sentir et à vouloir C'est alors que nous serions enfin parvenus là où la science dans ses théories anthropologiques nous a d'ailleurs déjà placés depuis le 19° siècle : au sommet de la
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pyramide évolutive d'où, en tant qu'homo-sapiens, l'homme peut considérer noblement toutes les espèces qui lui sont subordonnées. Comme nous avons progressé,, ô merveille de l' évolution universelle
Si nous voulons enrayer cette tendance à la mode avant qu'il ne soit trop tard - avant que l'industrie nivellante de la conscience n'ait engourdi à tel point la vivacité de l'esprit humain individuel que toute réactivation se révèlerait vaine -, alors toutes les énergies qui peuvent reconnaître dans la tendance caractérisée ici l'expression de l'aliénation alarmante de la véritable humanité, doivent dès à présent s'unir dans le combat pour une alternative constructive, pour une "société au visage humain" (Dubcek),
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Les CRITERES de la TROISIEME VOIE
Cette alternative, c'est la Troisième Voie. Elle peut être reconnue à quelques caractéristiques fondamentales qui la différencient tout de suite sans ambiguïtés du capitalisme et du communisme.
Négativement, on peut l'énoncer ainsi :
1) - Tous les éléments qui, à l'intérieur de la vie économique, conduisent à une accumulation de pouvoir et par conséquent à, des relations de domination. (par exemple, la propriété privée des moyens de production tout comme leur appropriation par l'Etat), doivent être résolument écartés du chemin qui mène à la réorganisation du système économique.
2) - Tous les éléments qui, au sein de l'organisation de l'Etat, conduisent au pouvoir de minorités et, par conséquent, également à des relations de domination (par exemple les monopoles ou oligopoles des partis, l'administration étatique de la scolarité et de l'université,. etc), doivent être éliminés du chemin vers une réorganisation. de la vie de l'Etat.
Ou exprimé positivement :
1) - La tâche de l'Etat juridique doit être, en s'orientant sur le principe de l'égalité de toutes les personnes,, de satisfaire au besoin de sécurité de l'existence de chaque citoyen. Les privilèges qui font toujours que des hommes entrent dans la dépendance existentielle d'autres hommes (celle des employés aux employeurs, des citoyens aux bureaucrates des partis, etc.), sont inhumains et n'ont pas de place dans un Etat juridique orienté vers l'idée d'égalité..
2) - La tâche de l'économie, ce doit être de veiller aux besoins matériels des hommes. La juste recherche du bien-être pour tous ne peut servir de prétexte
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à l'entrepreneur (ou au patronat) pour satisfaire des intérêts privés de profit égoïste. Sinon, les conséquences logiques de telles pratiques consistent en ces phénomènes tels que ceux déjà mentionnés (guerres,. déshumanisation domination par les privilèges, manipulation des consciences, etc).
3) - Si on ne considère pas l'homme comme un simple exemplaire de l'espèce animale la plus évoluée, mais si l'on voit en lui un être dans lequel s'unissent une origine psycho-spirituelle et une autre physico corporelle, dans lequel donc, ce qui relève de l'espèce est pénétré par de l'individuel, - et si on a reconnu que "l'évolution de l'homme", là où elle ne s'applique pas au développement de la nature corporelle,. mais aux aspects psycho-spirituels de son être,, que cette évolution ne peut se dérouler humainement que si les dispositions et facultés individuelles, la formation de la connaissance, du jugement et des désirs (ou besoins), peuvent s'élaborer et se déployer librement, si on voit bien les choses de cette manière, il en résulte que la tâche de la vie culturelle, si diversement ramifiée dans la société,. doit être de servir largement cette évolution humaine. Dans ce domaine, le juste besoin de liberté pour chacun peut être satisfait sans limite. Et nous ne vivrons dans une société humaine que dans la mesure où cette liberté sera garantie.
"Liberté", "sécurité", "bien-être de tous" : voilà trois mots d'ordre qui expriment les désirs profondément justes de l'homme. Mais en même temps, trois mots d'ordre au nom desquels depuis deux décennies, on prépare dans le monde occidental une déshumanisation  des conditions sociales sans précédent. D'ores et déjà  l'étendue de cette déshumanisation atteint des proportions proprement effrayantes, bien que la politique qui en est la cause ne soit pas encore parvenue au but qu'elle s'est fixé. C'est pourquoi, si la fin de
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la culture humaine maintenant à portée de vue doit être encore empêchée au dernier moment, il faut désormais s'efforcer de montrer que la liberté, la sécurité et le bien-être peuvent et doivent se réaliser mais seulement en tant que réalisation de la dignité humaine. Dignité humaine, c'est à dire, non celle d'un apathique esclave adapté à la consommation (celle d'un animal civilisé et "heureux"), mais dignité de l'homme comme individualité psycho-spirituelle libre et douée de moralité productrice.
Si nous avons décidé, armés de ces quelques impulsions et suggestions, de nous tourner maintenant vers le grand public mondial, c'est justement parce que nous savons que les gens éprouvent de plus en plus de difficultés ä distinguer en quoi la liberté,, sécurité et bien-être peuvent être les mots d'ordre de la manipulation visant à dépouiller graduellement l'homme de son humanité et de sa dignité et en quoi ces idéaux doivent être compris comme l'expression de besoins élémentaires et de buts auxquels aspire réellement une société humaine. Ces impulsions et suggestions se définissent par une pratique Ils n'ont pas la prétention d'être une recette brevetée. Nous entendons par là que leur utilité devrait être contrôlée par l'expérimentation. Par leur moyen on doit essayer de lancer une évolution qui, nous en sommes persuadés, est plus que mûre et très urgente.
En tant qu'hommes qui se sentent coresponsables de l'évolution de l'humanité, nous ne pouvons pas rester inactifs face à ce que nous voyons d'un côté - à l'Est - é comment d'incroyables forces spirituelles qui pourraient apporter. infiniment à notre civilisation sont purement et simplement étouffées sous le joug de l'appareil du pouvoir de la classe dirigeante en Union Soviétique. Et nous ne pouvons pas non plus regarder sans réagir, comment de l'autre côté - à l'Ouest -, s'étend toujours plus l'influence de la pratique de vie américaine ("american way of life"), celle de ce système de l'égoïsme collectif au sommet duquel trône un petit nombre de trusts gigantesques qui, finalement, dictent le sens du développement social. Et nous le disons sans aucun parti-pris anti-américain. Nous critiquons par là les phénomènes d'un système de société qui se manifestent tout particulièrement sur le sol américain.. Nous ne savons que trop bien
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comment, depuis longtemps, l'influence de ce système pervertit les forces morales des hommes qui périssent jusqu'à ne plus pouvoir s'affirmer valablement face aux pires crimes contre l'humanité. L'exemple du peu de réaction manifesté par la majorité des populations occidentales lors des bombardements de l'infâme guerre contre le peuple vietnamien, montre jusqu'à quel point la force morale est déjà paralysée chez la plupart, de nos contemporains. C'est là un effet parmi tant d'autres de l'action qu'exerce sur les hommes le système antisocial du capitalisme privé basé sur l'égoïsme collectif. Des événements comme la guerre du Vietnam peuvent être considérés comme l'échelle graduée qui permet de mesurer les progrès du processus de déshumanisation, du genre humain.. Ce sont aussi pour les dominateurs, des signaux qui leur indiquent jusqu'à quel point ils peuvent s'attaquer relativement impunément à la destruction de toute qualité humaine. Et si de tels événements manifestent que même la plus cynique destruction de la vie humaine ne provoque désormais que les plus faibles protestations, alors il est permis de constater avec anxiété que l'existence psychique et spirituelle de l'homme est déjà fortement dégradée. On serait presque tenté de penser qu'une révolte contre cette déshumanisation ne peut plus guère survenir que désespérément, trop tard, au milieu du sommeil général trop profond, face aux manœuvres de diversion trop raffinées des puissants...
Et pourtant certains développements des sept dernières années ont montré qu'il existe peut-être encore une chance d'échapper à ce qui semble inévitable. Des minorités se sont éveillées ! Au travers de toutes les générations, de tous les camps politiques, scientifiques et philosophiques,! Ce ne sont encore que de petites minorités, mais elles se sont rendues compte de ce que le capitalisme et le communisme en tant que voies d'une pratique sociale, ne peuvent réellement mener aux buts que tous deux proclament dans leurs idéaux. Si on aspire vraiment sérieusement à ces idéaux - liberté, sécurité et bien-être de tous,--c'est à dire, si on ne les détourne pas en outils idéologiques masquant de tout autres objectifs,, et même partiellement opposés, dans ce cas c'est que l'on doit s'engager sur une troisième voie.
Mais comment cette prise de conscience peut-elle devenir force spirituelle, sociale, politique ? Cela n'est réalisable que
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dans la mesure où tous les hommes qui auront opéré cette nécessaire prise de conscience s'uniront pour des activités communes.
Nous appuyant sur les événements qui ont pris leur essor en 1968 en Tchécoslovaquie, le "Printemps de Prague",. interrompu brusquement pour des raisons bien connues, nous voulons dans ce qui suit formuler quelques premières propositions sur la manière de parvenir à ces activités communes. En tout cas, toute cause commune durable et sur laquelle s'appuyer présuppose un critère de jugement déterminé.. Celui-ci consiste à reconnaitre d'un côté, certaines connaissances fondamentales qui nous réunissent et qui différencient bien clairement et nettement la Troisième Voie des impasses capitaliste et communiste, mais aussi sur cette base des connaissances fondamentales, il faut que s'affirment sans limite aucune la liberté et l'égalité en droits de toute conception et toute idée s'appliquant à résoudre les mille problèmes posés par l'existence d'une société humaine. De même, la liberté et l'égalité de droits ne peuvent que s'appliquer aux différentes manières d'accéder aux mêmes connaissances fondamentales qui nous réunissent. Aucune méthode scientifique, aucune conception de l'homme et de l'univers ne saurait prétendre dogmatiquement à quelque exclusivisme que ce soit. Car en arriver à une telle situation par un côté ou l'autre signifierait la méconnaissance totale de l'impulsion ici caractérisée. C'est pourquoi seuls devraient s'y intégrer ceux qui, avant tout, ont retiré de la vie la conviction que toute apparence de dogmatisme est le pire ennemi d'une évolution humaine et que d'autre part, la tolérance active dans la lutte spirituelle  vivante, sur la base de l'égalité en droit de toutes les positions, en est la meilleure aide.
Encore un mot sur ce que nous appelons les connaissances fondamentales qui nous unissent. La désignation d'une "Troisième voie" est très utilisée de par le monde. On ne serait pas autrement surpris si, par exemple, la coalition CDU/CSU (partis allemands de droite) éditait prochainement, son programme sous le titre de "Troisième voie" (certaines récentes déclarations de Franz. Josef Strauss et du maître-ès-programmation Steinbuch peuvent le laisser supposer)*. C'est un facteur concourant à la totale confusion
*En France ce sons les réformateurs Lecanuet et J.J.S.S. ou encore les gaullistes purs et durs.
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des concepts et idées, méthode éminente pour lutter contre le courant autogestionnaire qui s'éveille partout.. On peut contrer efficacement cette tactique de la confusion en appuyant sans équivoque les contours du concept de société humaine, les différenciant ainsi de tout discours vaguement ressemblant.. Ces traits essentiels irréductibles et unificateurs de la Troisième Voie dont il sera encore parlé en détail,, s'énoncent sous leur forme la plus concise :
l'autogestion d'une vie culturelle libre vouée au développement de la personne humaine l'autogestion d'une économie socialiste au service des besoins matériels humains : et un:état juridique démocratique — orienté sur l'idée d'égalité — créant les conditions ou bases légales du juste fonctionnement de la vie culturelle et de l'économie.
Cette conception qui peut être fondée selon les points de vue les plus différents — anthropologique, sociologique et selon l'expérience pratique —, exprime tout bonnement, nous en sommes convaincus, les conditions d'évolution qui doivent être satisfaites si la dignité de l'homme, l'humanité, doivent être à nouveau respectées dans l'histoire future.. Celui qui parle d'une troisième voie en dédaignant ces principes clairs, travaille à la confusion et se trouve par là objectivement dans le camp de ceux qui dominent aujourd'hui l'humanité.
On a pu lire au début qu'au combat pour la Troisième Voie s'oppose actuellement, en particulier, cette politique qui, par l' "union" économique et politique de la partie capitaliste de l'Europe, veut en faire un duplicata des Etats Unis d'Amérique. La mise au pas spirituelle est en même temps le moyen et la conséquence de ce dessein. Reprenons cette idée. Les "Etats Unis d'Europe" représentant une manœuvre de grande envergure destinée à abuser les peuples européens dans la mesure où on leur suggère que cette union chasserait définitivement et de manière tout à fait appropriée à notre temps les mauvais démons nationalistes du passé. Il s'agit donc de croire que l'union européenne constitue la nécessité historique de la fin du millénaire., Cette politique est une duperie pour les peuples de ce fait, qu'elle dissimule que,
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mis à part l'élément de mobilisation émotionnelle des masses pour des buts nationaux, tous les facteurs traditionnels des formes connues de domination occidentale subsistent, et même portés à des dimensions accrues, en tant que caractéristiques du programme pour l'état fédéral européen.
Après la seconde guerre mondiale,, il apparut que l'ancien nationalisme se révélait très nuisible aux vastes projets d'expansion de la société industrielle et capitaliste hautement évoluée des USA.
C'est alors que devinrent évidents tous les obstacles aux objectifs à long terme du grand capital américain et européen que représentait le risque d'un fascisme organisé et expansionniste. On profita donc de l'occasion et on commença à élaborer„ absolument en accord avec la pensée et les sentiments de la plupart des gens, encore sous l'emprise des frayeurs de la guerre allumée par les nationalismes, l'état fédéral européen capitaliste et supranational dans la plus étroite interdépendance militaire, économique, politique et culturelle-idéologique avec les Etats Unis d'Amérique. Actuellement nous vivons la phase terminale de la réalisation de cette œuvre. Tout au-bout, on aura probablement une réalité qu'il nous faut bien dénommer un fascisme sensible et modéré (bien tempéré),  à l'image des tendances qui au cours des dernières années imprègnent de plus en plus les USA mêmes. Un fascisme qui furtivement, aura si bien déshumanisé les hommes, qu'ils le considéreront comme l'idéal attrayant valable pour l'ensemble de l'avenir de l'humanité. Et à coup sûr, la société soviétique industrielle ainsi que ses états satellites se sera si bien "développée" d'ici les années 80, que, sinon encore dans les fondements de son existence,, du moins réellement, elle ne se distinguera plus de ce qu'est devenue la réalité occidentale.
Seul le ralliement à la Troisième Voie est désormais en mesure d'empêcher cette convergence négative des systèmes vers un fascisme euphorisant qui restera amical envers tous ceux qui le célébreront et inflexible envers le petit nombre de ceux qui le démasqueront.
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La Troisième Voie, tout comme celles du capitalisme et du communisme, n'est pas un programme national d'un état. Elle ne pourra percer que si tous ceux qui peuvent reconnaître sa nécessité, quelle que soit la partie du monde où ils habitent et travaillent,. façonnent sans délai les formes de la lutte commune pour la connaissance et du combat commun pour la société au visage humain.
Aussi, les idées que nous voulons développer se rapportent-elles d'une part au domaine de la connaissance et d'autre part aux premiers pas vers l'édification de mouvements populaires pour la Troisième Voie.
En nous reliant historiquement aux événements de l'année 1968 nous ne cherchons pas à tourner notre regard vers le passé mais vers l'avant. Et cela ne veut pas non plus dire que les tendances qui ont émergé pendant le "Printemps de Prague" étaient les découvertes exclusives des communistes réformateurs tchécoslovaques. Celui qui connaît suffisamment les forces spirituelles et politiques qui ont joué un rôle immédiatement après la 10 guerre mondiale, sait que c'est en réalité à cette époque que l'on peut situer l'heure de naissance des idées de la Troisième Voie. Si dans cet article,. bous mettons entre parenthèses les activités d'alors du mouvement pour une "tripartition de l'organisme social", c'est que incompréhensiblement elles ont été laissé totalement de coté jusqu'à présent par les sciences sociales et historiques et qu'aujourd'hui encore elles sont pratiquement inconnues. Par contre, on peut supposer que les aspirations du "Printemps de Prague" de 1968 sont connues. Ce que le mouvement pour la "tripartition de l'organisme social " établissait sur le plan théorique entre 1918 et 1921 - déjà à coup sûr plus clair et mieux fondé du point de vue de la pensée (25)-, cela vécut au temps des réformes tchécoslovaques, du moins en tant qu'intention. qui se cristallisait avec plus d'évidence de jour en jour. Mais, alors que les tentatives de l'après première guerre mondiale ne purent encore atteindre à une assise sociale très large, les impulsions de 1968 touchèrent presque l'ensemble de la population de Tchécoslovaquie. Ce fut le début de leur action historique.
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Les idées fondamentales du "Printemps de Prague", contours de la "société humaine".
Il y a cinq ans se déclenchait en Tchécoslovaquie une évolution sociale qui, au bout de peu de mois, suscitait déjà la plus grande attention du public mondial. D'un coté, aussi bien dans le camp capitaliste que dans celui communiste, toutes les forces conservatrices étaient prises de frayeur et flairaient là un danger des plus grands pour leur hégémonie politique. D'autre part, tous les cercles progressistes fixaient Prague des yeux, avec un intérêt accru et de grands espoirs ; Prague où l'on s'était attelé à la tâche difficile mais enthousiasmante de tracer l'ébauche de la "société au visage humain"; Prague où l'on luttait pour ouvrir une voie qui permette de "relier le socialisme au vaste programme de la liberté" (1), de concilier ce que, pendant des décennies, on avait considéré comme inconciliable.
Ce qui tout d'abord, semblait n'avoir été que la résultante de difficultés spécifiques du développement de la société tchécoslovaque, se révéla bientôt être une expérience représentative de toute notre époque. Comment, par-delà tous les préjugés idéologiques, peut-on associer ces deux tendances de l'évolutio l actuelle qui imprègnent les événements de toute l'histoire : d'une part la tendance à une nécessaire planification sociale globale qui résulte de la vie économique moderne d'autre part la tendance à l'individualisation, à la volonté d'autodétermination de chaque personne individuelle, qui résulte de l'impulsion de liberté de la conscience actuelle ?
Pour cette question du siècle, les réformateurs tchécoslovaques envisagèrent une solution dont la direction générale était de réaliser Une structure sociale qui rende possible que les idéaux humains de liberté, démocratie et socialisme soient réunis en une conception conforme à l'homme et à la société.
Une fois prise la décision que, pour l'édification des 'rapports sociaux, on ne partirait plus de quelque dogme que cc soit mais qu'au contraire, on considérerait les besoins des hommes et les expériences concrètes de ce que sont vraiment les processus économiques, politiques et culturels, on découvrit alors dans leur évidence quelques unes des vérités fondamentales
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élémentaires de la vie sociale actuelle - dont pourtant l'accès est, en règle générale, totalement obstrué par les pratiques de l'Est et de l'Ouest, orientées sur des idéologies antagonistes.
Une de ces vérités fondamentales s'exprimait dans l'idée que, l'exaltation de ce que l'on nomme le "vrai socialisme" qui réalise en même temps la liberté et la démocratie - s'il a pu conduire à l'inefficacité et à l'inhumanité dont des millions d'hommes ont fait la triste expérience, ce n'est que sous ses formes perverties, voire staliniennes -, la mise en avant donc du seul principe du "vrai socialisme" ne permet pas de progresser beaucoup. En effet, la croyance au "vrai socialisme", après comme avant son édification, laisse ouverte la question de savoir quels processus concrets dans la société socialiste doivent être réglés selon le principe de la liberté et lesquels selon le principe de la démocratie. Car ces deux principes sont justement opposés polairement l'un à l'autre. Dans ces conditions, comment doivent être limités les domaines de validité de principes essentiellement différents et de manière conforme à leur nature ? Et surtout, qu'est-ce qui doit titre considéré comme le contenu concret, la substance de la liberté et de la démocratie, et qu'est exactement la spécificité du socialisme ? Suffit-il de tracer ici des limites arbitraires ou bien existe-t-il des critères objectifs  d'orientation ?
La réponse à ces questions réside en une autre vérité fondamentale dont l'évidence sauta aux yeux de tous à l'époque du printemps de Prague :
- La Liberté, ainsi le reconnaissait-on, appartient de manière constitutive et naturelle à l'ensemble de l'information. On pourrait de même la considérer absolument comme la loi générale de la vie culturelle. Presse, radio et télévision - pour ne nommer celles-ci, que comme exemples - ne doivent, selon cette loi de la société, jamais être aux mains de la bureaucratie d'un (ou des) parti ni d'intérêts capitalistes. Ils ne peuvent accomplir leurs tâches dans l' intérêt de la généralité que par la complète autogestion.
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- La Démocratie, cela fut aussi clairement perçu, produit par sa nature même quelque chose de tout autre. Dans la démocratie on décide par les suffrages de la majorité ce qui doit valoir de manière égale pour tous. Selon la nature de la chose, selon son contenu, ce ne peuvent être que des droits et des devoirs donc ce qui représente au sens précis du terme le membre étatique politique dans l'organisme social. Quant à déterminer les formes de démocratie qui seront utilisées pour réaliser jusque dans les faits, l'égalité de droits de tous les citoyens, cela est une question d'expérience et de mise à l'épreuve. Pendant les mois du "Printemps de Prague", on discutait aussi bien des voies de la  démocratie parlementaire et de celle directe, que des chemins de la démocratie des conseils. Ce qui était déterminant, c'était la connaissance et la volonté de ne pas supporter plus longtemps la "Démocratie" comme phrase qui sert à masquer la domination d'une minorité qui, par l'intermédiaire des rouages de transmission du tout-puissant appareil étatique, avait aussi exercé sa dictature sur l'économie et sur la culture.
- Socialisme, c'est ce qui désormais résultait conséquemment de ces considérations, le socialisme est justement ce principe fonctionnel dont les possibilités se rapportent spécifiquement aux processus -économiques. Car, on fait, l'élément socialiste se trouve déjà en soi dans la vie économique moderne. Plus que jamais auparavant, la vie économique de l'époque actuelle se caractérise par la division du travail la plus différenciée et l'approvisionnement extérieur (contraire de l'autarcie).
La division du travail veut dire : aucun produit n'est plus lu résultat de la mise en œuvre des facultés d'un seul. Ce sont toujours des douzaines, centaines, milliers et plusieurs milliers qui travaillent en commun à la production et à la distribution des marchandises. Dans ce travail en commun universel ne s'expriment en soi ni une relation de concurrence, ni non plus une lutte de tous contre tous. C'est uniquement le principe de profit du capitalisme privé qui, du processus en soi fraternel (socialiste) de l'économie diversifiée de l'époque actuelle, fait ce fameux système du darwinisme social égoïste. - Celui-ci contredit alors tout aussi radicalement l'autre caractéristique de notre vie économique moderne, à savoir le fait que l'homme,
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en tant que consommateur, ne satisfait plus ses besoins à l'aide des résultats de son propre travail, mais qu'en règle générale, il les satisfait exclusivement grâce aux services des autres personnes actives. Lui-même, donne généralement. les résultats de son travail à ses prochains. Egalement, ce processus de donner et prendre, fraternel d'un bout à l'autre - processus de l'échange des résultats du travail, processus n'ayant jamais eu auparavant une telle extension -, ce processus ne voit son caractère, en-soi-socialiste, défiguré en son contraire, que par le système capitaliste du salaire.
C'est ainsi qu'un examen purement objectif des propriétés essentielles de l'économie à caractère techno-industriel conduisait au résultat que le principe socialiste se trouve tout à fait. à sa place au cœur même de l'économie. C'est sur cette base que fut ensuite posée la question pratique de la planification raisonnable du devenir économique.
Comment peut-on - on respectant la condition d'une production orientée sur les besoins - relier (associer) la fabrication et la répartition des marchandises aux désirs des usagers, de telle sorte que ces désirs aussi bien que les nécessités de la société globale, puissent être satisfaits par les voies les plus rationnelles possibles ? Ceci était la question véritablement socialiste qui se posait au mouvement de réforme pragois. C'était la question du plan raisonnable. Qu'un tel plan ne pourra jamais être mis en place par un quelconque ministère, ni jamais par la bureaucratie, mais qu'il devra se développer par le travail d'organes d'autogestion de l'économie, c'est à dire d'associations de producteurs, de commerçants et de consommateurs - : c'était là la direction générale qui s'exprimait dans les formulations des réformateurs politiques et scientifiques, le plus souvent, comme "synthèse du marché et du plan", synthèse dans laquelle on recherchait maintenant les solutions pratiques qui ne peuvent être construites abstraitement devant la table verte et qui ne peuvent mon plus mûrir du jour au lendemain.
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Résumons : si le progrès social doit se faire au bénéfice de touu les hommes, et pas seulement au profit d'une petite caste dominatrice, dans ce cas trois choses sont indispensables
- 1°/ une vie culturelle libre dans laquelle toutes les idées peuvent se déployer sans empêchement et égales en .droit dans laquelle la critique peut s'exprimer sans limitations ; dans laquelle elle de ce fait, les dommages qui menacent des..manifester dans le développement de la société puissent être reconnus a temps et .prévenus., par les propositions émanant de l'activité (créativité) publique ;
- 2°/ un état démocratique dans lequel les citoyens majeurs eux-mêmes adoptent des lois - directement ou par les organes représentatifs de la délégation populaire - et les contrôlent, lois qui assignent à tous les citoyens les même droits et devoirs ; et
- 3°/ finalement une économie associative socialiste au service des besoins humains, dont le système d'autogestion puisse réaliser les relations conformes à. leur nature entre los consommateurs, les commerçants et les producteurs.
Le rapport de ces trois maximes sociales se détermine par leur dépendance réciproque. Liberté, démocratie et socialisme sont interdépendants les uns par rapport aux autres. Ils vont ensemble. On ne peut avoir l'un sans l'autre. Aussi peu qu'un organisme humain sain n'est pensable sans un sysème des échanges (métabolique, digestion) dons lequel règlent certaines lois, ou sans un système neuro-sensoriel pour lequel valent encore d'autres lois, ou sans un système des rythmes (circulation, respiration) qui suit de tout autres lois ; aussi peu donc que, de ce fait, le système nerveux par exemple, ne peut assumer la tache des échanges métaboliques, etc., aussi peu, il n'y a d'organisme social sain sans une vie culturelle autonome dans laquelle .règne la liberté, sans un Etat limité à la vie juridique régie par la démocratie, et sans une vie économique qui s'administre elle-même et dont la loi fondamentale est le socialisme. L'un ne peut assumer la tâche de l'autre sans nuire au tout a l'infini. Si les trois principes fonctionnels agissent dans le champ qui leur est dévolu conformément a leur nature,
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s'ils concourent à l'ensemble par leur fonctionnement concomitant, se complètent et s'aident mutuellement (régulation fonctionnelle) , ce n'est que de la sorte que l'organisme social pourra -parvenir à une unité dialectique vivante, à une vie saine. Les réformateurs de Prague: eurent le courage. de repousser une fois pour toutes les théories déjà prévues et de regarder d'une manière toute nouvelle les phénomènes sociaux eux-mêmes. De la sorte,- et seulement ainsi, ils parvinrent, de manière conséquente et tout naturellement, aux idées de ces vérités fondamentales et centrales de ln vie sociale actuelle. Des vérités de base que l'on pourrait aussi appeler lois sociales fondamentales et qui ne sont pas moins dédaignées par tous les systèmes capitalistes que par ceux communistes.
Une dernière connaissance fondamentale qui était aussi caractéristique du printemps de Prague peut, tout comme les points déjà examinés, être considérée comme absolument exemplaire et représentative : de la plus grande importance pour toutes les aspirations persuadées de la nécessité d'une "société au visage humain", c'est à dire d'une vraie société nouvelle. Il nous semble que cette connaissance peut être comprise comme la volonté, érigée au rang de principe, de fonder la Société nouvelle, sans compromis, sur la non-violence Toute la force morale contenue dans une telle décision apparut avec évidence au monde entier dans les jours qui suivirent le 21 aout 68, lorsque cette force résista même a la provocation la plus brutale que l'on puisse imaginer.
Lorsqu'il ne fit plus de doute que les citoyens de Tchécoslovaquie ne se laisseraient pas provoquer à la contre—violence, lorsque, par les seules armes de l'esprit, ils crièrent face au froid cynisme du viol militaire cette vérité, que la force des idées sera plus forte que los .blindés de l'agression, alors il devint clair que la volonté de ces ;petits peuples du cœur de l'Europe, d'humaniser la société industrielle, que cette volonté était bien enracinée, jusque dans la tradition lointaine de l'histoire de Bohême et
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Moravie. Cette tradition se caractérise par le combat permanent de l'esprit humain contre les prétentions armées et la violence physique et sont centre est l'incitation révolutionnaire , qui sacre véritablement l' humain, de Jan Hus  "Tiens toi toujours dans la vérité reconnue !"
"Notre pays qui voulait vivre dans le socialisme et la liberté a été violenté par une puissance contre laquelle nous ne possédons pas d'autres armes que celles spirituelles Nous en avons fait usage. Leu blindés d'un pays étranger pétaradent sous les fenêtres desquelles  dans le plus grand  besoin, nous vous appelons... C' est notre heure de vérité. Au moins aussi longtemps que nous vivrons, nous ne cesserons pas de croire et d'espérer en la force de notre vérité qui est :La vérité; de la liberté et de la raison, notre vérité à tous qui est ce qui, des hommes, fait des hommess... Nous croyons fermement qu'après ces paroles, même si leur son s'assourdit, le besoin qui les fit naître ne cessera pas : la volonté de vivre en liberté et de la manière digne d'un homme au siècle de la raison. Et nous croyons au sens de cette volonté que personne encore n'a brisée dans l'histoire des hommes. Même celui qui doit se plier sous la violence, ne perd pas le devoir de mépriser la violence..." Ce sont les paroles poignantes que les, rédacteurs de l'hebdomadaire "Literàrni listy" , l'union des écrivains tchécoslovaques, adressaient aux lecteurs de la feuille ; et ils terminaient ainsi : " Si nous ne devions jamais plus revenir parmi vous, nous .vous souhaitons que vous vous aimiez, que vous n'acceptiez pas que les bons soient opprimés par la violence et que vous n'enviez la vérité à personne.
C' était le 22 août 1968. Et le 28 août, les collaborateurs du "Literarni listy" renforçaient encore ces paroles dans la dernière édition spéciale de leur magazine : ''Repoussez la morale de l'œil pour œil, dent pour dent. Le monde s'est convaincu de ce que la force insurmontable de la Tchécoslovaquie socialiste et démocratique réside dans sa prise de position éthique, digne d'un état hautement développé... Renforcer cette supériorité morale aujourd'hui et à l'avenir, dans toutes les circonstances, c'est là notre programme perpétuel. " (2)
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Plus de cinq cents ans après l'autodafé de Jan Hus, c'est la nation tchécoslovaque entière qui avait pris sa succession : condamnée en concile à Moscou, étranglée dans ses buts spirituels et sociaux par les bataillons des papes rouges du Kremlin. Et pourtant : dressée dans la vérité reconnue - punissant la violence par le mépris de la violence. Par là résonnait aux heures du plus profond tragique, encore une fois et inébranlé, ce natif qui déjà, dans la phase des débuts et des grands espoirs, peu de mois auparavant, avait été par exemple exprimé par Eugen Löbl, président de la Slovaquie. banque d'Etat pour la Slovaquie et meneur des idées de réforme, lorsqu'il écrivait : "la grande signification historique des événements récents de notre pays, je la vois en cela, qu' ils montrent en première ligne à l'Europe, ou tout au long de l'histoire, s'est développé un haut niveau intellectuel, qu'il y a une nouvelle forme de révolution : une révolution sans barricades, sans épanchement de sang, sans menaces, mais aussi sans le mot d'ordre "malheur aux vaincus". Et avant tout, il s'avère qu'il y a une révolution dont l'axe n'est pas la lutte pour le pouvoir, mais le combat  pour l'homme, pour la possibilité de son autoréalisation et la réalisation des idéaux humanistes". (3)
Causes de l'échec du "Printemps de Prague"
Les Idées du printemps de Prague dont les points essentiels viennent d'être esquissés, étaient en fait révolutionnaires à un titre absolument nouveau. Les élites du pouvoir également, dans le camp capitaliste comme dans celui communiste, s'en aperçurent et le reconnurent précisément. L'idée de "société au visage humain", l'idée de la dialectique de la liberté, de la démocratie et du socialisme, l'idée de la résistance non-violente, tout cela aurait exercé une puissante attraction sur les populations de toute l'Europe de l'Ouest, du Centre et de l'Est. Les idéaux du printemps de Prague constituaient une charge explosive spirituelle sans pareille pour les structures de pouvoir a l'Est et à l'Ouest. C'est pourquoi son évolution fut bloquée avant même qu'elle n'arrive pleinement à maturité, avant qu'elle n'ait été saisie au vol jusque dans
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leur pratique par d'autres pays.
Malgré les nombreuses vigoureuses protestations, il faut dire que l'intervention militaire des Soviétiques se fit aussi à coup sûr au grand bénéfice des minorités dirigeantes de l'ouest. N'y a t-il pas en effet, beaucoup de raisons bonnes et justifiées, pour penser que la tentative d'humaniser et révolutionner la société au sens des idéaux du printemps de Prague, aurait été pareillement réduite à néant sous le signe de la bannière étoilée, si Prague ne s' était pas trouvée dans la zone d'influence de l'Union mais dans celle des Etats Unis d'Amérique ? Cette question veut dire que, dans les conditions géopolitiques données, l' expérience tchécoslovaque était fort probablement condamnée d'avance à l'échec. La fin tragique n'était-elle pas déjà déterminée par la constellation de naissance de l' entreprise ? La seule chance peut-être, d'un succès - mais on doit être clair là-dessus - d'un succès qui n'aurait été rien de moins qu'un processus de révolution mondiale, cette chance ne pouvait-elle pas uniquement consister en ce que Prague serait devenu le détonateur initial de Budapest et Bucarest, de Varsovie et Berlin, de Sofia et Paris, de Bonn, Athènes et Rome, de Madrid et Lisbonne, de Bruxelles, Amsterdam et Copenhague, de Stockholm, Londres, Oslo et Vienne ?
Il est sûr que, comme Ota Sik le dit dans la préface de son nouveau livre, "la troisième voie", : " Une fois la bataille perdue tous les malins savent comment on aurait dû s'y prendre! Ils abstraient le présent des conditions concrètes dans lesquelles le mouvement de réforme se développait et oublient que les expériences ne sont analysables qu'après-coup ". ( 4) Pourtant, il n'en est pas moins vrai que, clairement conscients de la force révolutionnaire de la troisième voie telle que l'avait amorcée la reforme de Prague, on aurait déjà dû croire au miracle dans l'espoir que l'Union Soviétique eût assisté sans agir au développement de la société humaine - au miracle que, comme justement Ota Sik le décrit de façon particulièrement claire; par cette voie, l'empire soviétique aurait été mis totalement et radicalement en question
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et ,bien entendu, tout à fait de même pour son image inversée, les U.S.A. (voir plus haut).
L'opinion que la fin tragique de l' expérience tchécoslovaque était déjà contenue dans son commencement, ne veut pas par là, parler en faveur des "malins après coup”. mais l'évolution qui est apparue devrait devenir un enseignement conscient, celui-ci précisément que, la troisième  voie, même si pour l'instant elle ne débouche que sur des déclarations littéraires et ne devient que force historique, qu'elle n'en ébranle pas moins les vieux systèmes dans leurs fondations. Ces vieux système dont l'impérialisme politico-militaire, économique et idéologique, a partagé 1'hémisphère  nord en deux moitiés contrôlées par des grandes puissances  et liquidé , depuis longtemps déjà, la souveraineté des peuples. Autrement dit : dans tout pays dépendant, toute aspiration à un changement du système doit se mettre consciemment et sans illusion dans un rapport à ce donné du pouvoir géopolitique - surtout quand elle va à la racine de toutes les pratiques des systèmes connues jusqu'ici, comme en 1968 en CSSR ! Et si l'on songe à tout ceci, il ne peut plus faire de doute que l'analyse de ce rapport ne donnait  aucune chance au printemps de Prague, si ce n'est qu'on aurait tout de même espéré un miracle ...
Mais cependant : n'y a t-il pas peut-être, précisément dans ce tragique, un sens historique profond ? Est-ce qu'il n'y a pas justement, du fait que l'on a ouvert devant tout le public mondial la direction du troisième chemin, et avec tant d'enthousiasme - et pour de nombreux jeux lucides, quelque douloureuse conséquence que puisse en coûter .l'évolution entamée -, n'y a t-il pas là, de ce fait, un signe sur lequel toutes les aspirations humano-sociales du proche futur peuvent s'orienter ? Peut-être était-ce même un tragique nécessaire, afin que 1' impulsion de la troisième voie qui, depuis cinq décennies, issue des sources spirituelles les plus différentes, avait accompagné souterrainement l'histoire 'officielle", afin que cette impulsion puisse enfin maintenant percer largement à la surface pour le monde entier ; afin que désormais - dans une situation historique plus mûre qu'après les deux guerres mondiales
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- cette impulsion ne puisse plus sombrer dans l'oubli ;  afin qu'elle accompagne la progression ultérieure de l'humanité en tant qu'"utopie concrète" (5) dont la réalisation avait déjà, été entreprise et qui n'a pu que par la violence, être arrêtée à nouveau. Les idées peuvent longtemps sommeiller dans le sein de l'histoire. Et ces idées. du printemps de Prague, qu'étaient-elles donc d'autre que les idéaux de la révolution française de 1789, sommeillant dans le sein de l'histoire, idéaux ressuscités sous les conditions de la société industrielle moderne et de la conscience de l'homme au vingtième siècle ?
De tels idéaux, étroitement liés à la marche de l'humanité, deviennent les buts de la volonté des majorités, dans ce cas nous sommes au début d'une nouvelle époque, mêmes si les anciens ordres peuvent pour l'instant encore dominer. Et, ma1gré le triomphe de façade des groupes de pouvoir conservateurs, l'année 1968 était à coup sûr le moment d'une telle nouvelle époque dans l'histoire du monde et en effet, à cette époque, le printemps de Prague, le cœur du nouveau mouvement, était justement flanqué de toutes sortes de courants se manifestant sur le plan international et qui, quoique très hétérogènes dans leur manifestation, étaient tous apparentés par l'impu1sion en Al1emagne le mouvement des étudiants, en France les "événements“ de mai, dans tout le monde occidental en généra1 par la forte poussée de la Nouvelle Gauche , etc.). Le grand défaut des événements d'alors, résidait dans  le fait qu'aucun des différents courants n'avait pris les autres en lui-même, consciemment et de manière positive. Ce qui, encore jusqu'à présent, constitue un handicap pour les aspirations qui veulent changer que pour les apparitions veulent le système, c'est que la nouvelle gauche ne se confrontait que tout à fait superficiellement aux intentions du mouvement de réforme de CSSR et produisait plus de préjugés à son encontre qu'elle n'apportait de compréhension au  printemps de Prague. La problématique qui réside dans ce fait n'a pas encore été suffisamment travaillée. (6)
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Peut-être cette problématique a t-elle justement contribué, mais pas comme élément décisif,à ce qui se passa en fin de compte et qu'Eduard Goldstücker, prévoyant la fin tragique, avait écrit dans les mois précédant le 21 août :
"Même si demains, mettons un tremblement de terre, devait nous balayer au loin, ce qui s'est passé jusqu'à présent ne disparaitra plus jamais de 1'histoire". (7) Le tremblement de terre fut apporté par les blindés des "frères socialistes". Les réformateurs n'avaient pas choisi entre ces deux stratégies à, propos desquelles, Ludek Pachman disait récemment qu'elles  auraient peut-être pu éviter cela et qu'elles constituaient le seul choix possible : "Ou bien nous devions avancer très prudemment et, avant tout, protéger notre évolution par la politique extérieure - dans ce cas nous ne devions pas parler trop - ; ou bien nous appliquions l'autre méthode que je qualifierais de radicale. Elle consistait à accomplir très vite les réformes et à en parler tout haut, .nais en m me temps à disposer notre armée aux frontières et nous préparer à nous défendre. Il n'y avait que ces deux possibilités qui puissent favoriser le succès de l'évolution réformatrice".(8)
Que fit-on vraiment ? On "parlait tout haut" : entre avril et août 68, il y avait en  Tchécoslovaquie une discussion publique et libre sur toutes les questions globales de la société, probablement sans pareille dans toute l'histoire jusqu'à présent. Mais en même temps on laissa l'armée dans les casernes. On parlait tout haut - tout a fait imprudemment. Ludek chmann pense que ceci a été l'erreur tragique : "la faute dans laquelle nous sommes tombés fut la combinaison de ces deux méthodes"'(8) . On peut comprendre qu'un homme profondément engagé dans le mouvement de réforme ressente ainsi les choses. Pourtant, quel capital énorme de raison et du moralité s'est introduit dans le progrès do l'humanité, du fait que les Tchèques et les Slovaques ne cherchèrent pas à protéger leur idée de la "société au visage humain", l'idée de la dignité de l'homme reflétée socialement dans la liberté, la démocratie et le socialisme qu' ils ne cherchèrent pas a la protéger par la violence armée, d' ailleurs impuissante, mais qu'ils le firent par
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la force de l'esprit Pravda vitèzi ! Et-c'est seulement parce qu'on n'a pas fait--une politique prudente. mais une réforme conséquente - parlant haut.._ prenant sa source dans.une "révolution spirituelle" (9) que l'enthousiasme continue.de vivre - aujourd'hui encore ! Si on en était venu au soulèvement contre les occupants, à la révolte populaire militaire, -avec toute la souffrance et l'effusion de sang que-cela apporte, on aurait maintenant dans l'histoire 1e tragique du printemps de Prague sans la lumière. Mais ainsi, elle rayonne avec toute la force de l'espoir ; mais ainsi, elle est, malgré l'obscurité pour un peuple, flamme pour l'humanité ! Ainsi, inassombrie par un héroïsme intempestif, elle peut continuer à "se développer pour un jour, dans des conditions plus  favorables, devenir réalité pratique". (10)
Ce que l'on peut faire maintenant et bientôt.
Lorsqu'après le 21 août 1968, un certain nombre de représentants de l'Ouest feignirent l'indignation et la confusion en face de l'action militaire des Soviets contre les peuples tchécoslovaques et que quelques uns aussi, exprimèrent loyalement qu'ils se distançaient de cet acte injuste, on môme temps parmi d'autres, le ministre des affaires étrangères d'alors,. aujourd'hui chancelier d'Allemagne de  l'Ouest, Willy Brandt, prenait également position contre l'occupation de la CSSR. Dans une déclaration à la radio, il soutint l' affirmation que l'équipe de Dubcek n'avait rien voulu d'autre que cc qui, depuis longtemps, est le but do la politique social-démocrate. Est-ce donc que l' engagement pour la politique des Sociaux-démocrates signifie en même temps l'engagement pour les buts du printemps do Prague ? Celui qui voudrait affirmer cela, et par là s'accorder avec la thèse de Brandt, aurait ou bien, étudié tout à fit superficiellement les intentions de la reforme tchécoslovaque de 68, ou bien, jetterait de la fumée  aux yeux. Car jusqu' à présent, la social-démocratie européenne n'a jamais, ni spirituellement, ni moralement,          même dans ses programmes mis quelque chose à jour et à la base de sa politique sociale, qui soit identique ou même seulement apparenté de loin,, à ce qui. s'attache au contenu de la forme do société au visage humain de Dubcek. Quand des personnalités tchécoslovaques
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- scientifiques, écrivains, journalistes ou politiques - parlent du "socialisme démocratique ° comme de leur objectif, Cotte formulation que les Socio-démocrates utilisent aussi pour caractériser leurs aspirations, ne rend pas pleinement compte de la volonté totale du printemps de Prague car elle ne contient et ne rend pas visible l' é1ément décisif: de la liberté individuelle culturelle qui pourtant représentait un point essentiel du programme de 68. Par ce point important, tout conne par la question de la propriété des moyens de production et du capital ainsi que par bien d'autres points, le "socialisme démocratique" tel que la CSSR le voulait et le "socialisme démocratique " tel que les socio-démocrates l'ont inscrit sur leur drapeau, sont bien entendu quelque chose de très différent. Serait-ce que, dans son affirmation, Brandt n'aurait tenu compte que de la parenté de mots des deux objectifs ?
Nous, en tous cas, sommes persuadés que si l'on s'engage pour les intentions du printemps de Prague, pour la Troisième Voie, il ne saurait en aucun cas être question d'un soutien de la politique actuelle de la Social-Démocratie. Jusqu'ici, toutes lus conceptions programmatiques des Sociaux Démocrates contredisent sur toute une série du points essentiels le concept tchécoslovaque de l'unité dialectique de la liberté, de la démocratie et du socialisme. Cela ne peut malheureusement pas être montré ici en détail (11). La tâche effective qui, selon notre conviction, se présente en ce qui concerne la continuation des impulsions de 68, cette tache doit encore être décrite. Mais auparavant et pour en finir, voici encore quelques points de vue.
En premier lieu, on devrait mettre en route un processus collectif d'apprentissage culturel auquel prendraient part tous les hommes qui, pour des raisons scientifiques lus plus différentes et au moyen des méthodes les plus variées, se sont occupés et s'occupent du projet concret de la troisième voie, voie dont la nécessité devient toujours plus vitale. Il faudrait, au moins une fois par an - et chaque fois dans un autre pays - organiser un congrès international qui donnerait à ces personnes la possibilité de se connaître plus précisément ainsi que leurs positions culturelles, d' entrer en dialogue,- et aussi, en premier lieu peut-être, de dresser une sorte d'inventaire
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des éléments déjà existants un direction d'une troisième voie, au delà du. capitalisme et du communisme, qui méritent d'être relevés. Par là, il s'avérerait - et cela résulte dès à présent de notre connaissance des faits - que les concepts issus d'une orientation Marxiste (surmontée), ne constituent qu'une partie, même si c'est une de celles qui ont le plus de poids, de l'ensemble dus systèmes d'idées qui visent à une nouvelle société. Nous avons constamment expérimenté que le dialogue entre les intellectuels, du moins lorsqu'ils placent plus haut la connaissance objective que leur ambition personnelle rend beaucoup plus effectifs, les processus d'apprentissage que la °discussion entre livres° exclusive. On n'aurait pas besoin d'écrire ou du récrire tant de choses si plus de dialogues de travail avaient lieu entre les personnes cu1turelement actives.      Pour celui qui a concrètement vécu une partie du printemps de Prague de 1968 en CSSR, ce fut enthousiasmant de voir que justement, les idées furent développées très intensément dans le dialogue entre les gens. Ce fait faisait essentiellement corps avec l'humanité impressionnante du mouvement de réforme. D'insuffler à nouveau la vie à cet élément précisément, et parce que cela pourrait être très utile aux aspirations pour la troisième voie, cela devrait être une des tâches les plus urgentes de l'effort qui veut surmonter les systèmes capitaliste: et communiste en une alternative positive convaincante.
Si ce qui est avancé ici est juste, c'est à dire qu'aujourd'hui cette alternative est la tâche mondiale prioritaire, de laquelle dépend de manière déterminante, la possibilité d'une solution de tous les autres problèmes, dans ce cas il va de soi que ceci ne peut pas uniquement intéresser les spécialistes, même si ces derniers le sont au premier chef. Plus d'une idée qui ne peut pas toujours se fonder ou s'exposer scientifiquement par elle-même, peut cependant, le cas échéant, servir puissamment d' impulsion à une science travaillant sans préventions. Il ne faut pas laisser de côté cc qui se passe déjà aujourd'hui ! Il suffit que des nouveaux facteurs se joignent à cc qui est déjà réalisé pour rendre l'ensemble plus fructueux et lui apporter plus de succès.
C'est en ce sens que nous vous proposons l'initiative de la réalisation d'une conférence internationale sur le concept
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de la troisième voie. D'un tel travail naîtrait une conscience , embrassant le monde, du niveau de développement des idées . Bientôt aussi, à coup sûr, apparaîtra là où résident les points communs élémentaires de tous les participants la troisième voie et par quelles particularités les différentes positions se différencient. Ce travail, on tant que  fait international, serait aussi un exemple pour une science libre et véridique qui ne serait pas au service d'un quelconque système actuel, mais d'un avenir humain de l'homme et de l'humanité.
Dans la perspective des marxistes conservateurs et fideles à la ligne du parti (de l'Est et do l'Ouest), il est tout à fait réaliste d'aboutir à la conclusion - comme cela. est arrivé récemment à l'issue d'un congrès à Marienbad , que la lutte contre la doctrine de la troisième voie est la  tâche actuelle prioritaire de la philosophie marxiste-léniniste (12). Donc ce n'est plus l' " ennemi de classe" capitaliste et son idéologie, c'est la doctrine de la troisième voie qui est l'ennemi principal. Et c'est bien compréhensible. En effet, la "libéralisation" praguoise mit en évidence qu'une presse vraiment libre, une radio et télévision vraiment libres, - ni dirigées par des fonctionnaires, ni ;par des millionnaires - sont beaucoup plus craintes par ceux qui dominent dans la zone d'influence soviétique que toutes les armées de 1'OTAN. Contre les missile, il y a des armées de l'OTAN. Contre les missiles, il y a.des anti-missiles . Mais qu'y a t-il contre la force de l'esprit libre ?
Mais les apologistes du capitalisme aussi, y compris les sociaux-démocrates, déclareront également la doctrine de la troisième voie comme leur ennemi principal (au plus tard au moment où de plus larges couches de la population en seront touchées). Il n'est que de voir, que Springer, le seigneur des trusts, qui, aujourd'hui déjà, fait énergiquement expliquer par son "Welt am Sonntag" (hebdomadaire allemand) : "une troisième voie, il n'y en a pas ! "Basta! - cela aussi est bien compréhensible. Car, tant qu'on pouvait, depuis les paradis du mieux-être et des "îles de liberté", montrer placidement du doigt "l'autre
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côté" où tout se raidissait dans la bureaucratie et la censure, comme à cette époque il était simple de rendre inopérante toute réflexion sur une alternative possible ! Oh, combien cela était simple! Mais que doit-on maintenant dire contre des objectifs qui, comme on peut en fournir la preuve: apporteront non pas, mais plus du libertés que dans n'importe quelle forme de société antérieure ? Que doit-on dire contre des objectifs qui ne se contentent pas du proclamer pompeusement l'égalité juridique pour tous, mais, qui la. réaliseront de manière probante et l'étendront à la mesure du développement do la productivité sociale ? Que doit-on dire contre Ces objectifs qui garantissent à chaque personne, sur la base de l'égalité des droits, son droit individuel à l'auto-détermination dans toutes les affaires culturelles et spirituelles et, qui placent la. fonction de décision et ce contrôle de l'ensemble de la société sur la base de la cogestion démocratique de tous les citoyens majeurs ? Que doit-on dire contre une conception économique qui, sans retomber dans la bureaucratie centraliste de planification, contraire 12 nature même de la vie économique moderne, supprime les freins au développement immanents au capitalisme -  propriété privée des moyens de production, principe de profit de l'égoisme privé et système du salaire' toutes relations juridiques qui sont devenues très injustes et un système qui transforme tout en marchandise : les hommes, la nature, le capital - ? Que doit-on dire contre une conception de la société qui ne sacrifie as les prétendus idéaux particuliers de liberté et démocratie au profit d'un monopolisme d'Etat a l'exemple de l'Union Soviétique,- une conception de la société qui elle, prouve que la liberté et la démocratie pour tous sont absolument impensables avec le maintien des rapports de production capitalistes ? Que doit-on, en fin de compte, dire contre ce modèle concret de la société libre démocratique, socialiste ? La seule chose pourra dire, c'est celle-ci : la troisième voie est utopique ! C'est la façon bien connue de discréditer ce qui est historiquement nouveau. Mais, lorsqu'en 1968 l'utopie concrète commença de vivre, lorsque sa mise à l'épreuve fut commencée, la coalition des conservateurs de l'Est fit mettre en marche les blindés pour empêcher la preuve historique de ce qui, dans l'idée, avait été reconnu pour vrai
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par déjà beaucoup de gens dans le monde entier, de ce qu'ils ils avaient reconnu comme aspiration justifiée. Et les conservateurs de l'Ouest respirèrent avec soulagement. Extérieurement bien entendu, on manifesta l'indignation. La presse de Springer disait les louanges de Dubcek et pestait terriblement contre les Soviétiques. Elle essayait d'insinuer à ses  lecteurs que le printemps de .Prague était le début de la restauration de notre système" en Tchécoslovaquie. Mais quand aujourd'hui, le ministre de l'économie de l'époque Ota Sik de la réforme, Ota Sik, écrit sans équivoque qu'il faut comprendre toute sa critique du marxisme officiel comme "devant aussi contribuer à une véritable transformation socialiste du capitalisme" (13) , alors on dit catégoriquement qu'une troisième voie est illusoire ! Cela ne fait d'ailleurs aucun doute, dans la mesure où, Comme déjà  expliqué plus haut, les deux super-puissances en tant que gendarmes du monde, ne veulent pas souffrir cette voie l'intérieur de leur zone d'influence. Mais elle n'en est pas moins, de par sa nature même, incontestablement réaliste, actuelle, et nécessaire à faire à notre époque. Même, du reste, si cela ne signifie pas que la troisième voie apporterait la solution définitive de tous les problèmes sociaux, ni non plus le paradis sur terre. Ce qu'Ota Sik exprime en général vaut aussi pour l'alternative au capitalisme et au communisme :"il n'y a pas de théorie sociale exhaustive et juste une fois pour toutes"] (14) . Mais les idées centrales de la troisième voie, de la manière dont, au commencement, nous avons décrit les idées internes du printemps de Prague, ces idées créeraient sans doute aucun, toutes les conditions de développement requises pour l'organisme social de 1a société industrielle moderne, de telle sorte qu'un ordre social vraiment humain et ouvert puisse naître et aussi se métamorphoser en proportion de l'évolution de la conscience des humains et du développement de la vie sociale.
L'élément décisif dans la conception de la troisième voie, ce ne sont pas telles ou telles représentations des buts et pas non plus telles ou telles propositions pour la solution de questions sociales particulières. Ce qui est décisif, c'est beaucoup plus le fait que le principe
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fondamental de la troisième voie : - le rapport dialectique de la liberté, de la démocratie et du socialisme et leur signification comme lois fonctionnelles de la culture, de l'état et de l'économie sur la base de l'autogestion(autonomie) de chaque domaine particulier -, que ce principe, pour la vie sociale, signifie la même chose que la terre, l'eau, l'air et la lumière pour le monde végétal : condition et base d'un développement sain ! La "société au visage humain" ne s'oriente pas sur des désirs illusoires. Elle se fonde sur des lois sociales organiques que peut découvrir chaque homme qui pense sans prévention. Ce qui ensuite apparaît sur cette base, cela dépend de l'intelligence, de la capacité, de l'imagination et de la moralité des gens eux-mêmes. Mais si l'humanité commence un jour à s'orienter sur les lois organiques d'après lesquelles s'était mis on branle le printemps de Prague, alors de tels idéaux comme la paix, le bonheur et la .prospérité de l'humanité ne pourront plus longtemps rester des phrases, comme ils le sont nécessairement sous la domination mondiale des systèmes actuels. Lorsqu'on attribua le prix Nobel de la paix en 1971 à Willy Brandt, plus d'un se sera sans doute demandé pour quelles réalisations au fait ! Bien entendu, nous aussi estimons Brandt comme une personnalité intègre qui, à tous points de vue; tranche positivement et honorablement sur ses prédécesseurs. Mais ce que l'on désigne comme sa po1itique de détente pour laquelle il fut publiquement honoré, n'en est pas moins une politique qui travaille exclusivement avec les anciens moyens et méthodes de la diplomatie et des traités internationaux, toujours à nouveau voués à l'échec, et pour lesquels l'histoire a suffisamment prouvé qu'ils ne sauraient représenter une base sur laquelle la paix de l' humanité puisse s'appuyer durablement. La paix dans le monde, ou la discorde, dépendent toujours par leur nature même, du caractère des conditions sociales dans les états particuliers. Si ces conditions en elles-mêmes la qualité de la paix, une coexistence pacifique des hommes et des peup1es ne sera jamais rendue possible par des arrangements diplomatiques. Nous entendons par là que, s'il fallait ces dernières années attribuer un prix Nobel de la paix à quelqu'un, c'était à
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Alexandre Dubcek et a son équipe de 1968. Ou plus exactement encore, aux peuples tchécoslovaques. Car les intentions réformatrices du printemps de Prague auraient, pour. la première fois au vingtième siècle, remodelé de telle sorte les fondements de la société qu'ils seraient devenus  une base pour des relations véritablement pacifiques. Et, pour de multiples raisons, (qu'est-ce qui est aujourd'hui plus nécessaire, sinon cela ?(15)
C'est pourquoi nous ne devrions pas hésiter p1us, longtemps pour concevoir la date tragique du 21 août 1966 comme le grand appel à la fondation à la fois sociologique, anthropologique, philosophique, politique et historique de la Troisième Voie. Outre les efforts de chaque chercheur, écrivain et en général de chaque personne engagée, nous proposons de former une CONFERENCE PERMANENTE qui, au moins une fois l'an, devrait être convoquée dans chaque fois, un pays différent. Un CONSEIL D'ADMINISTRATION ouvert, devrait se composer de personnalités qui  soutiennent le concept de la Troisième voie tel que l'orientation générale du mouvement de réforme tchécoslovaque y tendait, et qui soient prêtes à intervenir publiquement dans ce sens. Issu ce conseil d'administration, un COLLEGE de TRAVAIL devrait préparer la prochaine session de la  CONFERENCE PERMANENTE. Cette impulsion pourrait servir deux tâches principales :
- l'encouragement du développement des idées pour une société libre et démocratique .
- la réanimation de cette idée dans la conscience de l'humanité progressiste de tous les camps.
Mais ces deux choses ne peuvent pas rester un but pour soi. L'humanité traverse une crise difficile.
Beaucoup de chercheurs reconnus parlent d'un ultimatum d'au plus deux ou trois décennies pendant lesquelles l'humanité peut encore effectuer un retournement radical. Les symptômes par exemple  de la crise tels qu'ils sont, par exemple, décrits dans  le rapport du Club de Rome (16), sont certes les conséquences des pratiques des systèmes capitalistes et communistes. Leur action conjuguée : produit le tableau des grands
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dangers de mort pour toute l'humanité. S'il est vrai que l'alternative à ce tableau se trouve encore dans l'idée de la Troisième Voie. cette "découverte" seule ne suffit pourtant absolument pas. L'idée doit saisir les masses afin qu'elle puisse devenir force sociale. Ota Sik le dit aussi fort justement, que la décision pour la société humaine, "ne peut être que le résultat d'un mouvement populaire" (17) . Mais jusqu'à présent, toutes les tentatives pour mobiliser la population dans les pays capitalistes étaient vouées à l'échec parce que "le manque de représentations positives convaincantes fit que les intérêts des travailleurs ne furent pas touchés" (18) . Sik présente clairement ce que nous avons aussi expérimenté : "Cela ne correspond pas à la vérité de dire que, dans les pays occidentaux développés, les travailleurs ne sont écartés du socialisme que par l'idéologie et la propagande bourgeoises. Ce furent beaucoup plus, et au premier chef, la théorie jusqu'à présent et la pratique "socialiste" elle—même qui ne surent pas se gagner les hommes" (19) .
De ces considérations s'ensuit qu'une condition décisive pour l'édification d'un mouvement populaire est donnée lorsque des conceptions positives nouvelles pour une alternative sociale globale sont acquises. Cette condition est. remplie. Et cela ne veut pas dire qu'il y a des constructions vaguement théoriques pour une Troisième Voie mais, c'est parce que les facteurs essentiels de cette conception sont fondés, aussi bien sur les exigences du développement de la vie sociale actuelle, que dans les faits de la. conscience des hommes d'aujourd'hui. Ils sont également fondés sur les exigences de développement de la société industrielles, dans la mesure où, jusqu'à présent, le caractère de celle-ci - sous ses formes aussi bien capitalistes que communistes - a conduit à des contradictions aux conséquences menaçantes pour 1'humanité . (course aux armements, destruction de l'environnement, explosion démographique, etc. ...) qui réclament de nous de toute urgence une transformation sans équivoque de toute la vie économique telle qu'elle s'est développée jusqu'a présent. Pas plus une production axée sur le profit
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économique, qu'une production orientée sur le monopolisme d'Etat ne pourront supprimer ces contradictions ni maîtriser leurs conséquences toujours plus dévastatrices. Le principe du socialisme de 1a société nouvelle est ancré dans cette vérité : la vie économique orientée sur les besoins.
Et dans les faits de la conscience des hommes d'aujourd'hui, le contenu essentiel de la Troisième Voie y réside aussi, dans la mesure où, de plus en plus de nos contemporains sont décidés toujours plus résolument, à ne plus être tenus (culturellement et spirituellement en tutelle, ni à être informés primitivement ou contraints, ni à être manipulés de manière raffinée, mais à se former eux-mêmes un jugement, à pouvoir examiner eux-mêmes les choses, décider par eux-mêmes. C'est dans ce fait qu'est fondé le principe de liberté de la. Société Nouvelle. Par la réalisation des droits à la liberté spirituelle et culturelle sur la base de l' égalité en droits, la conception de la Troisième Voie tient compte pleinement de ce besoin d'autodétermination. Pas plus des fonctionnaires, que des millionnaires, pas plus la puissance de parti que celle du capital, ne doivent et ne pourront dominer et diriger la presse, la radio et la télévision. L'information, la formation du jugement, seront vraiment libres - comme elles l'étaient, même si c'était alors encore sans nouvelles bases législatives, pendant les mois du Printemps de Prague. Et si, dans la Société Nouvelle, le principe de la liberté entre en application de manière conséquente, les écoles, lycées et universités ne seront plus des organes de l'état qui dépérissent sous l'emprise de son administration ; mais ils ne pourront non plus succomber à l'intervention des intérêts de puissances privées, puisque, par la décision démocratique de la majorité, on créera une réglementation des rapports de propriété telle qu'elle serve l'intérêt de la majorité et qu'elle ne laisse plus s'établir un pouvoir du capital privé. L'éducation, l'instruction, la formation, la science trouveront leur place dans des organes libres de 1a société, administrés par, et sous la responsabilité de ceux qui éduquent,
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enseignent, forment. Les éducateurs, enseignants, 'formateurs ne pourront pas être des fonctionnaires de l'état. Leur habilitation réside donc exclusivement dans l' expérience de leurs capacités-, de ce qu'ils font (chacun sait  que les "attestations" d'état  ne constituent en aucune manière, pas même la plus petite garantie des capacités et des services d'un homme) ! Entre les .maîtres et 1es élèves règnera un rapport libre d' enseignement et d' apprentissage, convenu par contrat. Il n'existera que ce qui fera ses preuves. Mais ceci ne sera, que si c'est ce qui s' affirme comme le résultat d'un mouvement populaire, soutenu par la majorité des hommes.
Si le contenu essentiel de la Troisième Voie réside aussi dans les faits de conscience des hommes actuels, c'est finalement parce que toujours plus de contemporains considèrent la représentation de leurs propres intérêts par des partis comme de plus en plus douteuse et qu'ils veulent influer par la cogestion directe. sur la réalisation des droits et devoirs qui doivent valoir équitablement pour tous. Cette impulsion est l'origine du principe de démocratie. (20)
Les temps sont donc mûrs pour le nouveau, l'époque nécessite du nouveau et le nouveau s'est acquis son auto-conscience : l'idée de la Troisième Voie, les fondements sociologiques de la "société au visage humain" sont déjà fortement développés. .Le plan de la forme sociale humaine existe et, depuis le printemps de Prague, il est historiquement présent. Le pas suivant vers la tâche de créer le nouveau monde, devrait consister maintenant à répandre à la plus grande échelle les rapports d'idées centraux de cette "heure sidérale" de l'humanité  de 1968. Ceci entraînera des conséquences politiques et sociales. L'espoir en un changement des conditions dans un pays ne devrait pas noue empêcher de constituer ce mouvement de telle sorte qu'il soit international de prime abord, qu'il s'étende au monde entier (mouvement qui n'est pas une organisation mais qui nécessite l'engagement conscient et libre de nombreuses personnes qui, ensuite,
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créeront des voies de coordination et de coopération). Les premiers éléments de ce mouvement à l'échelle mondiale- mouvement de l'humanité -pour la Troisième Voie -, ces éléments sont déjà présents. Ce qui là, est enthousiasmant, c'est que les courants particuliers de ce mouvement ont des sources théoriques ou philosophiques très différentes. Et pourtant, dans les principes, ils arrivent aujourd'hui déjà, profondément aux mêmes connaissances. Celui qui trouverait gênante cette pluralité annulée dans l'alternative commune, celui-là, n'aurait pas encore individuellement accompli la révolution spirituelle dans sa pensée,, cette révolution qui, sur le plan de la conscience, représente la contrepartie individuelle pour la restructuration de l'organisme social à partir des fondements.
La fin des anciens systèmes d'oppression est déjà plus proche que bion des penseurs pessimistes peuvent le penser
- si seulement nous le voulons !
Bien que le mouvement international existe déjà, beaucoup de membres individuels de ce cercle de dimension mondiale n'en sont pas moins encore isolés dans leur travail, non encore reliés aux autres. Nous voulons par notre initiative, en appeler à tous les hommes dans le monde : si, en tant qu'individus, groupes, associations ou institutions, s'ils approuvent la Troisième Voie, (qu'ils foulent les traces que le printemps de Prague 1968 a marquées sur la surface de l' histoire et dont l' inoublié Ernst Fischer disait prophétiquement, après cotte noire journée du 21 août, qu'elles ne pourraient jamais plus être effacées totalement du sable mouvant de l'histoire.
Ce que nous entendons, c'est que cinq ans après les débuts du la Société Nouvelle, de l'humain en sont mûrs pour reconnaître SR, les temps sont mûrs pour reconnaître qu'à l'époque, rien de spécifiquement tchécoslovaque ne se préparait, mais qu'une nouvelle époque de l'histoire universelle  voulait prendre son essor, - quelque chose de nécessaire à l'humanité s'ouvrait la voie. Les temps sont mûrs à
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présent, c'est ainsi que nous l' entendons, pour que, partout où se meuvent des impulsions et des initiatives en direction de la Troisième Voie on poursuive cette trace  en commun tout autour de la terre ; alors le Printemps de Prague revivra et refleurira - international et indestructible !
C'est en cela que nous voyons une tâche de l' humanité surpassant toutes les autres pour les contemporains conscients. Et nous espérons que, pour ce même objectif, "l'Appel à la fête" d'Ivan Illich dont nous reproduisons encore quelques phrases à la fin de ce texte,  enthousiasmera et servira d' impulsion à beaucoup de gens.
"Nous sommes mis au défi de forcer les ordres  sociaux et économiques dépassés qui partagent notre monde entre Super-privilégiés et sous-privilégiés. Nous tous, que nous soyons ministre ou contestataire, homme d'affaire ou ouvrier, professeur ou étudiant, nous tous sommes complices. Nous avons négligé de découvrir comment peuvent être amenées les modifications nécessaires de nos idéaux  et de nos structures sociales. Par 1à, nous tous provoquons par notre incapacité et par notre manque de conscience responsable, nous provoquons la souffrance partout dans le monde. Nous sommes tous atrophiés -les uns corporellement, les autres spirituellement, d'autres encore par l'âme. C'est pourquoi nous devons œuvrer en commun à la création du nouveau monde. Il n'y a plus de temps pour la destruction, pour la haine, pour la colère. Tous devons construire : dans l'espérance, 1a joie et la fête. Faîtes nous reconnaître que l'aspiration à l'autoréalisation, à la poésie et au jeu est le propre de l'homme des que ses  besoins en nourriture, habillement et habitation sont  satisfaits,   et laissez-nous choisir les activités qui signifient quelque chose pour notre propre développement et pour notre société... Notre liberté et notre pouvoir  dépendent de notre disponibilité à assumer la responsabilité de l'avenir.
"A l'avenir, nous devons en finir avec l'usage de la contrainte et de l'autorité, donc avec la possibilité
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de réclamer que quelque chose se fasse, sur la base d'une situation hiérarchique. Si l'on veut absolument consigner en une formule l' essence de la nouvelle ère, celle-ci s'énoncera ainsi : la fin du privilège et du favoritisme. L'autorité devrait résulter de la capacité particulière à favoriser un projet collectif déterminé. flous devons renoncer à la tentative de résoudre nos problèmes en déplaçant simplement des rapports de pouvoir, ou en essayant de créer des appareils bureaucratiques plus productifs. Nous vous appelons à participer à la course de l'homme pour sa maturité et à collaborer avec nous à l'invention de l'avenir... Regroupons nous joyeusement pour fêter notre conscience de ce que nous pouvons donner  à notre vie d'aujourd'hui la forme de l'avenir de demain" - si seulement nous le voulons !
Notre initiative s'achève sur la -prière à toutes les personnes engagées, de saisir tout d'abord notre proposition de création de la CONFERENCE PERPETUELLE TROISIEME VOIE. Il faudrait qu'un COLLEGE DE TRAVAIL se réunisse le plus vite possible,. pour préparer la première session de LA. CONFERENCE en été 1973, du 5 au 21 août au Centre Culturel International d'Achberg (Allemagne). (24) Toute personne qui s'est engagée pour les buts de la Troisième Voie devrait pouvoir participer et collaborer activement à la préparation et ä la réalisation de la conférence.
Si nous proposons le Centre Culturel International d'Achberg Comme premier siège de la conférence, c'est parce que cette institution a fait de l'engagement pour 1a Troisième Voie son désir principal - et cela en considérant aussi bien le côté scientifique de la tâche, que celui politique (pédagogie du peuple), et que celui pratique (valeur de modèle) . Lorsque le Centre Culturel International d'Achberg - apparenté par nature au CIDC d'Ivan Illich à Cuernavaca - pût être fondé en 1971, grâce à l'aide de quelque mille personnes de nombreux pays, ce qui faisait partie du contenu principal de l'impulsion de fondation, c'était de ne pas seulement
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traiter épisodiquement du concept de la Troisième Voie, mais d'intervenir constamment pour sa réalisation. On devait créer une cellule germinative ou puisse se dérouler un travail permanent dans des conditions pleinement libres qui vise l'objectif d'une vie commune et d'une coopération pacifiques des hommes dans 1a vie sociale et dans le rapport vital des peule, une cellule. germinative de la sorte (22) que les nombreuses autres qui devront naître et qui doit permettre que "le modèle de la société démocratique, humaine, socialiste devienne le modèle de l'avenir européen", dont le "début pourrait se situer dans les années quatre vingt" (23). Dans Les années quatre peut-être pas encore trop tard pour le retournement - mais -peut-être aussi déjà trop tard. Cette incertitude réfléchie devrait être un stimulant supplémentaire pour rechercher le plus tôt possible la décision pour la Troisième Voie. Lutte dus Classes ? - Non, combat pour l'homme et pour la société digne de l'homme.
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(Appendice) - 1 -
Notes
1/ - Ivan Svitàk, "Verbotene Horizonte" (Horizons interdits) Fribourg i. Brg. 1969, page 102
2/ - Nouvelle de la CSSR. Documentation de l'hebdomadaire "Literàrni listy"; Francfort 1968, pages 420 et ss.
3/ - "CSSR im Umbruch" (La Tchécoslovaquie en défrichement) - Comptes-rendus, commentaires, documentation. Avec la contribution de Gustav Husak et Eduard Goldstücker. Préface de Eugen Löbl. Edité par Leopold Grünewald ; Vienne, Francfort, Zurich 1968, p.8
4/ - Ota Sik, "la troisième Voie". La théorie-marxiste -léniniste et la société industrielle moderne ; Hambourg 1972, p.11 - Edition française Paris (N R F)-1974
5/ - Le concept "utopie concrète" fut introduit par-Ernst Bloch Herbert Marcuse en philosophie et sociologie. I1 joua un grand rô1e dans la phase des débuts de l'opposition extra-parlementaire en Allemagne, par exemple chez Rudi Dutschke. Ce concept recèle la connaissance que, pour prendre un cas concret, l'application réelle des droits • fondamentaux spirituels et matériels pour tous les hommes sur terre - nourriture, habillement, habitation, éducation, formation dignes de l'homme, etc.-donc quelque chose qui jusqu'à un passé très récent apparait comme absolument utopique, serait, du fait des possibilités de la société industrielle moderne, concrètement accessible.
6/ - Un commencement de contribution à la confrontation avec ce problème est contenu dans Wilfried Heidt, "Freiheit, Demokratie, Sozialismus als Zeitnowendigkeiten und Friedensideen im sozialen Leben und im Lebenszusammenhang der Völker" ("Liberté, Démocratie, Socialisme comme nécessités des temps et idées pour la paix dans la vie sociale et dans la relation vitale des peuples") ; Achberg 1972, p.15 et ss.
7/ - "CSSR en défrichement", p. 12
8/ - Ludek Pachmann dans une interview avec W.Stenke, journal "Frankfurter Rundschau" du 20.12.72
9/ - Eugen Löbl, "die intellektuelle Revolution". Arrières-plans et conséquences du printemps do Prague ; Düsseldorf 1969, et "CSSR on défrichement" p.8
10/ - Ota Sik, "la Troisième Voie", p. 11
11/ - Actuellement, des textes sont préparés pour la / "série Actuel" (reihe aktuell) desl"éditions dritter weg" (30 voie) nouvellement fondées à Achberg, textes qui, entre autres, veulent approfondir cette question.
12/ - Reproduit d'après un compte-rendu du journal "der Spiegel" du 27/II/1972, r. 176
13/ - Ota äik, "la troisième Voie", p. 424
14/ - idem, p. 13
15/ - Questions plus larges sont exposées dans Y. Heidt, "Liberté, Démocratie, etc...
I6/ - "Halte à la croissance" : rapport du MIT Stuttgart 1972 et Paris (Fayard éd. )
I7/ - Ota Sik, "la troisik.ie Voie", p. 431
18/ - idem, p. 423
19/ - idem, p. 432
20/ - Cf. aussi          Heidt, 'Liberté, Démocratie, Socialisme"; p. 24 et ss;
21/ - Ivan. Illich ., "Almosen und Folter" (aumône et torture)  - Progrès manqué on Amérique Latine. Munich 1970, p. 11 et ss.
22/ - "Sur les buts du Centre Culturel International d'Achberg et les voies sur lesquelles il veut s'engager pour atteindre ces buts", in : W Heidt "Liberté, Démocratie, socialisme", p. 23 et ss.
23/ - Ota Sik, "Democratische und sozialistische Plan -und Marktwirtschaft" (économie planifiée et économie de marché démocreatique et-socialiste) ; Zurich 1971, p. 46
24/ - Le collège de travail de la "conférence permanente troisième voie" s'est déjà réuni une première fois les 10 et 11 mars 73 au INCA (Achberg - Allemagne -renseignements à cette même adresse) .
25/ - Oeuvres de Rudolf Steiner concernant la tripartition sociale en français : voir différents articles et conférences in reveue Triades et "cours d'économie politique", "Fondements de la vie sociale" (à paraître)
(Editions anthroposophiques romandes - 13, rue Verdaine / 1204 GENEVE Suisse)
N.B. Adresses de contacts
en France :
- M. JOSEPH - 11, av. Kennedy - 60800 Crépy en Valois
- D. HEINTZ - Les Châtelets - 18300 Neuilly en Sancerre
- U. WERNER - Ecole R. Steiner - 22 bis rue d'Alésia 75014 Paris

en Allemagne :
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