Au sujet de la composition du « Cours
d’économie nationale ».........> retour au menu de la
série
Trad. D. Kmiecik,
revu FG. Original allemand.
« La chrétienté » ou
« Europe »
Sur
l'apparition de structures de pouvoir et comment
elles peuvent être surmontées.
Stephan
Eisenhut
La
vie de l’esprit a une tendance propre à générer des
structures de pouvoir. Dans la présente
contribution, cette tendance est explorée sur
l’arrière-plan du Cours d’économie nationale[ 1] de
Rudolf Steiner.[ 2] Le dépassement de cette tendance est
la tâche d’une vie de l’esprit renouvelée. La
manière dont cela est possible, Steiner l’a
développée en détail dans les endroits les plus
variés. Il se révèle que ceci est une question
centrale du christianisme qui attend toujours de
trouver une solution tout particulièrement en
Europe. Pour cette raison un lien à l’essai poétique
et prophétique de Novalis de 1799 sera établit dans
le titre.
La
BlackRock Inc., avec son siège principal à
New York, est actuellement le plus grand gestionnaire
de fortunes du monde. En 2016, les revenus gérés par
lui, se montaient à un total de 5 148 milliards $. Ils
avait augmenté d’environ 506 milliards $ par rapport à
2015.[ 3]
La Goldman Sachs, Inc., partiellement avec
son siège principal à New York, a
« seulement » géré 1 252 milliards $. À vrai
dire, Goldman Sachs n’est pas un pur
gestionnaire de fortunes, mais son domaine « Assets
under management [biens sous gestion] »
est une partie du domaine de son activité d’affaires.
Mesurée à son chiffre d'affaire global, Goldman
Sachs est à peu près trois fois plus grosse que
BlackRock. Parce que toutefois cette dernière
n’est qu’une pure firme de placements, qui gère et
améliore donc purement et simplement la fortune de ses
clients, cette entreprise n’est pas soumise à la
sévère surveillance du ministère américain des
finances. En particulier les prescriptions de capital
pour les instituts de crédit sur lesquelles les
gouvernements des pays industriels et de seuils
(NDT : peut être ce que nous appelons les pays
« émergeant », c'est à dire ceux qui étaient
compté parmi ceux « en développement », mais
qui n'en ont plus toute les caractéristiques parce
qu'ils se rapprochent des « développés ») se
sont mis d’accord, après la crise financière de 2008,
ne valent pas pour elle. De telles firmes de
placements reprennent des tâches qui originellement
étaient traditionnellement établies dans les
opérations bancaires. C’est pourquoi on les décrit
aussi comme des « banques de l'ombre ». Et BlackRock
passe pour la plus grosse banque de l'ombre du monde. [ 4]
Il appartient à l’ironie de l’histoire que Larry Fink,
un co-fondateur de BlackRock, passe pour
l’un des inventeurs du marché des papiers
d'hypothèques (NDT : il y a des termes plus
techniques, mais cette traduction littérale a le
mérite d'appeler la chose pour ce qu'elle est
fondamentalement). Car ce marché, qui gratifia Wall
Street de gains gigantesques jusqu’en 2008,
passe carrément pour un auteur principal de la
dernière crise financière. Au cours de cette crise, BlackRock
fut chargée par le gouvernement US de résoudre
précisément les problèmes, auxquels la
« découverte » de Fink avait massivement
contribué, car « personne ne connaissait mieux
que lui les rapports complexes des papiers
d'hypothèques[ 5]
». Tandis que les banques de crédit et
d’investissement étaient tombées en discrédit en
raison de leurs mauvaises pratiques, Fink construisit
avec BlackRock un nouveau géant financier
qui se paya l’image d’un gérant de fortunes paisible
et inoffensif et qui, en outre, analyse de manière
critique la situation sociale et politique.[
6] Pour la conscience
subjective de représentation de ces gestionnaires de
capital cela aimerait même être juste. Au plan de la
volonté, ils édifient pourtant une organisation de
pouvoir privée toujours plus grande qui contrôle
mondialement les flux de capitaux et cultive les
meilleurs contacts avec les gouvernements importants
du monde. À côté de cela, étant donné qu’on investit
en même temps dans les industries les plus importantes
de ces pays — Black-Rock détient, par
ex., des participations de toutes les entreprises DAX
en Allemagne — , elle obtient rapidement toutes les
informations au sujet des évolutions économiques les
plus importantes qui sont mises en valeur avec un software
spécialement développé sur un système informatique
gigantesque.
Mais les affaires/les commerces seront tout
particulièrement exercées sous la protection de
l’organisation de pouvoir la plus puissante du monde,
les USA. Si d’autres états devaient avoir l’impudence
de vouloir changer les règles du jeu dans leur espace
juridique, d’une manière qui vînt trop contrarier les
intérêts de valorisation du capital du gros
gestionnaire de capital américain, alors une pression
correspondante serait exercée sur ces pays.
Relations
sociales individuelles, générales et anonymes
La gestion de capital, comme l’expose Rudolf Steiner
d’une manière bien fondée, n’est ni une tâche de
l’état politique, ni n’appartient à la vie de
l'économie, mais est une tâche de la vie de l’esprit.[ 7] Ce
que cela signifie n’est en général pas compris ;
car la plupart des gens s’efforcent peu de former
correctement le concept de vie de l’esprit. Une école
aimerait certes valoir pour une institution
représentative de la vie de l’esprit, mais fonctionnellement,
une vie de l’esprit a lieu partout où des êtres
humains entrent dans une relation individuelle
consciente les uns avec les autres. Toute
entreprise économique produisant des marchandises est
donc une institution de la vie de l’esprit, quand les
processus sociaux à l'intérieur de cette
institution entrent en ligne de compte. Elle devient
seulement une institution de la vie de l'économie par
les relations sociales dans lesquelles elle entre par
la vente de ses marchandises à d’autres
êtres humains. Ces relations sociales sont largement anonymes.
C’est exactement parce que les relations économiques,
dans lesquelles nous entrons avec d’autres êtres
humains dans le monde, se trouvent presque dans
l’obscurité — il y a, cela va de soi, une domaine de
transition qui lui, ne repose pas dans l’obscurité —
que la vie globale de l'économie engendre tant de
problèmes sociaux apparemment insolubles. Entre la vie
sociale spirituelle et la vie sociale économique, se
placent aujourd’hui les organisations de pouvoir
étatiques et privées. Une entreprise de l'économie est
de même manière une organisation de pouvoir comme une
gestion/administration étatique. De l’état, le citoyen
de l'état attend à bon droit une protection vis-à-vis
de l’agression d’un pouvoir privé. Mais souvent les
grosses entreprises et les états ont des intérêts
dirigés dans la même direction. Au
« capital », il réussit alors d’atteler à
son service l’organisation du pouvoir étatique. Un tel
jeu d’interaction de pouvoir privé et public empêche
la formation d’une vie de droit véritablement
publique, à l’intérieur de laquelle il est possible
aux êtres humains de développer une conscience sur
comment ils veulent développer démocratiquement leurs
relations générales/universelles les uns avec les
autres. Que la vie spirituelle et celle juridique sont
largement absorbées par des organisations de pouvoir,
nulle part aujourd’hui dans le monde ne peut plus se
développer une authentique vie démocratique de droit.
Vie
de l’esprit comme tyrannie
Pour Rudolf Steiner, la question la plus grande était
comment la vie de l’esprit peut se libérer du fait
d’être absorbée par les organisations de pouvoir. Car
quand la vie de l'esprit se libère de ces serres
(NDT : des organisations de pouvoir), alors il
deviendra aussi possible en conséquence que la vie de
droit se développe à son tour comme un membre de
l’organisme social indépendant et non corrompu par ces
organisations de pouvoir. L’Europe — pas
l’organisation de pouvoir UE — est encore
aujourd’hui la région où cette libération pourrait le
plus prochainement réussir. La faiblesse politique de
l’Europe provient précisément du fait que la fusion
d’une vie de l'esprit unilatérale avec les
organisations de pouvoir politiques et privées y est
certes massive, mais quand même de loin pas encore
aussi effective qu’aux USA. Les nombreux intérêts
particuliers des états réunis dans l’Union entravent
encore cela. Cette faiblesse pourrait devenir un
avantage, si la conscience croissait pour la manière
dont l’exercice du pouvoir est une conséquence d’une
vie de l'esprit constituée de manière unilatérale et
de comment, à l’intérieur de la vie de l'esprit
elle-même, la vertu de surmonter cette unilatéralité
peut être trouvée.
Le concept de vie de l’esprit est en règle générale
positivement connoté, le concept de vie économique,
par contre, plutôt négativement. Avec la « vie de
l'esprit», on pense à la culture, la formation, l’art,
etc., et on relie cela avec le vrai, le bien et le
beau. La « vie de l'économie », par contre,
on la relie par contre rapidement avec l’affrontement
concurrentiel, l’aspiration au succès extérieur et le
rude labeur. Qu’une entreprise produisant des
marchandises devra être aussi considérée comme une
institution de la vie de l’esprit, est inhabituel.
Cela semble aussi absolument ne pas être pendant avec
les exposés de Rudolf Steiner, celui-ci détermine
quand même la vie de l'économie comme ce domaine qui a
à faire avec « la production de marchandises, la
circulation de marchandises et la consommation de
marchandises.[ 8]
» Toutefois la vie de l’esprit sera aussi
caractérisée comme ce domaine qui englobe tout
« depuis les productions spirituelles les plus
hautes jusqu’à ce qui coule par la meilleure ou d’une
moins bonne aptitude corporelle de l’être humain pour
des prestations qui servent l’organisme social.[
9] » Qui
produit une marchandise, engage pour cela ses facultés
individuelles et produit une prestation qui sert à
l’organisme social. Si on regarde seulement le jeu
d’interaction des facultés individuelles dans une
entreprise et l’organisation de celle-ci, ainsi
on se meut encore à l’intérieur du domaine de la vie
de l’esprit. Les questions de la vie de l'économie
commencent en premier à l’endroit où les productions
seront « portées aux marchés ». À
présent les prestations propres, doivent être
regardées, notamment en relation aux prestations et
besoins des autres êtres humains. A savoir
mondialement. Ce en quoi la formation d'une relation
individuelle est absolument le moins possible. La
génération des grandes entreprises de l'économie et
des consortiums s'accompagne de l’évolution de ce qui
est bourgeois (NDT : l'allemand utilise
l'adjectif pour « bourgeois » , mais qu'on
ne puisse distinguer l'adjectif du nom par une
majuscule en français me fait préférer préciser
« de ce qui est ».) et de la marche
triomphale du penser de science de la nature. Par cela
la vie de l'esprit des temps modernes est tombée dans
une énorme unilatéralité que Steiner décrivit
drastiquement en 1921 :La vie de l'esprit
deviendra grande tyrannie, quand absolument elle se
répand sur la Terre, car sans qu’apparaisse une
organisation, elle ne peut pas se répandre, et quand
intervient une organisation, l’organisation devient
aussitôt tyrannie.[10]Pour surmonter cette unilatéralité, il
est nécessaire que les êtres humains rendent efficace
en eux une impulsion de liberté qui constamment lutte
contre la tyrannie à laquelle incline la vie de
l'esprit elle-même. La vie de l’esprit
unilatérale-bourgeoise du 19ème siècle, jusqu'à
présent non surmontée, ne ressent absolument pas en
soi l’aspiration après une telle impulsion de liberté.
La conséquence nécessaire est que la vie de l'esprit
sera entièrement aspirée par l’état. Mais il repose
d'après Rudolf Steiner en chaque humain particulier
qu’il remarque qu’il a causé lui-même ces états de
fait, par son propre élément bourgeois de vie de
l'esprit intérieurement passive :
Toute notre vie de l'esprit publique se tient en fait
sous le signe de cet « état de contrainte »
( NDT_DK : « Verzwangheit » cette
« existence régulée par des contraintes
intérieures et extérieures » - ou encore
FG : cet être-contraint de la vie de l'esprit) de
la vie de l’esprit, et nous ne pouvons pas gagner des
rapports sains/conditions saines si nous ne
approprions pas le sens approprié pour l’observation
de cet « état de contrainte » de la vie de
l’esprit.[11]
La
christification de la vie de l'esprit
La manière dont Rudolf Steiner a pensé une institution
de la vie de l’esprit qui lutte contre son « état
de contrainte » immanent a été démontrée dans le
dernier article à l'exemple de la fondation de l’école
Waldorf à Stuttgart.[12] Aussi une telle école tend à ce qu’à
son pôle de gestion se constituent des structures de
pouvoir qui laissent toujours l’individu devenir moins
libre (NDT « unfreier »). Cette tendance ne
se laisse pas surmonter par ce que « ceux qu’il
faut »/« les corrects » sont placés à
l’intérieur de l’administration de l’école, que
ceux-ci alors la « fasse meilleure »/le
« fasse mieux ». Au contraire : cette
tendance se voit tout de suite renforcée par cela.
Ceux-là qui, là, ont commencé à la « rendre
meilleure », sont bientôt pareillement zieutés
avec méfiance et peut-être même considérés comme des
hommes de pouvoir encore bien pires. On peut
travailler contre cette tendance seulement en ce qu'au
pôle opposé, les forces seront renforcées. C’est
exactement cela que Rudolf Steiner avait tenté
d’atteindre avec les professeurs de l’époque. Il vint
tout juste à propos que cette activité des professeurs
Waldorf fût déjà prédisposée par la cause même à
étudier l’anthropologie anthroposophique, à
l’approfondir et à la vivifier. Dans d’autres
institutions de la vie de l’esprit, en particulier
celles de la « vie de l’esprit demi-libre »[13] ,
comme l’entreprise productrice de marchandises, de
telles occasions ne se trouvent pas immédiatement. Une
condition pour le renouveau de la vie de l’esprit est
quand même que l’individu travaille à la
revivification de son penser. Bien sûr, ceci est aussi
possible sur d’autres chemins que la confrontation
avec l’anthropologie anthroposophique. Rudolf Steiner
avait pourtant indiqué un chemin possible. En février
1919, déjà, il exposa dans des conférences pour les
membres de la Société anthroposophique, qu’un telle
vivification est la condition préalable pour la
participation/collaboration d'entités spirituelles
supérieures avec l’être humain :
Les êtres humains ne veulent pas s'astreindre dans
leurs pensées, de savoir aussi quelque chose sur le
monde spirituel, mais seulement y croire. Le temps est
passé dans lequel cela était permis ! Le temps
doit commencer dans lequel les êtres humains doivent
savoir : non pas purement : je pense — je pense
peut-être aussi sur le suprasensible —, mais peut être
aussi : je dois accorder une entrée aux
puissances divine-spirituelles dans mon penser, dans
ma sensibilité. Le monde d'esprit doit vivre en moi,
mes pensées elles-mêmes doivent être de nature divine.
Je dois donner au dieu la possibilité qu’il s’exprime
au travers de moi.[14]
C’est pourquoi les entités spirituelles des
Hiérarchies supérieures que nous pouvons désigner
aussi comme des Dieux, selon notre acception, se
trouvent dans une autre relation vis-à-vis de
l’âme humaine, que celle dans laquelle elles se sont
trouvées autrefois. Alors les Dieux recherchaient
l’aide des hommes pour réaliser leurs buts ici sur la
Terre. Aujourd’hui c’est l’homme qui doit chercher les
Dieux, aujourd’hui l’être humain doit s’élever vers
les Dieux, à partir de son impulsion la plus intime.
Et il doit atteindre cela avec les Dieux, pour ainsi
dire, de sorte que ses buts, ses buts conscients
soient réalisés avec l’aide des énergies divines.[16]
Dans le dernier article, a été inféré qu’ici ressurgit
une nouvelle forme de l’éthique eudémonique de
l’action d’Aristote.[15] L’action peut seulement réussir en
lien avec de bonnes entités spirituelles :
Steiner caractérise ce chemin qui, dans le penser,
mène à ce qu’en lui un élément divin peut s’exprimer,
comme un chemin qui mène à l’esprit-guide de la
Terre : l’entité Christ. Ce chemin repose sur une
intensification de l’élément de volonté dans le
penser. C’est pourquoi il le décrit aussi comme
« chemin de volonté vers le Christ ».
Cette intensification de l’élément volontaire dans le
penser devrait pouvoir relayer l’idéalisme de la
jeunesse, car ce dernier vit des forces créatrices qui
ont agi à l’édification du corps et alors peuvent
encore continuer un certain temps — jusque vers la
26ème /27ème années d'un être humain. Ce n’est que
dans un tel « idéalisme éduqué » que se
réalise ce que « veut dire la parole de Paul sur
le Christ : 'Non pas je, mais le Christ en
moi'. »[17]
Mais ce cheminement doit être complété d’un second
chemin vers le Christ, sans lequel celui-ci ne peut
pas être trouvé. Le travail à la revivification du
penser propre peut même mener à un grand danger pour
une communauté d'humains, quand on ne sera pas
suffisamment exercé un mouvement pendulaire entre ces
deux chemins. Car l’expérience des forces configurant
les idées qui accompagne l’exercice du penser peut
conduire à une énorme intensification du sentiment
d’estime de soi et donc à une surestimation de
l’importance des impulsions personnelles du vouloir.[18] Mais
cela conduit au mépris des impulsions et pensées des
autres êtres humains. La pure vivification de la vie
des pensées peut par cela mener, dans la pratique
sociale, à ce que des structures de pouvoir se mettent
en place autour d’un petit cercle d’autorités, qui
occasionnent qu’aucun bon esprit ne peut plus devenir
opérant dans la communauté. L’équilibre indispensable
pourra être créé par cela qu’à côté du travail de
volonté dans la vivification du penser, entre une
intensification de l’intérêt pour l’opinion des
autres :
Plus l’être humain revendique ses opinions
unilatérales, et s’intéresse seulement pour celles-ci,
d'autant plus il s’éloigne du Christ à cet instant de
l’évolution du monde. Plus l’être humain développe un
intérêt social pour les opinions des autres êtres
humains, aussi quand il les tient pour des erreurs,
plus l’être humain éclaire ses propres idées par les
opinions des autres, plus il place à côté de ses
propres idées — qu’il tient peut-être pour vérité —
celles que d’autres développent — qu’il tient, pour
des erreurs, mais s’y intéresse quand même — d'autant
plus il accomplit alors, au plus profond de son âme,
une parole du Christ qui doit être aujourd’hui
interprétée dans le nouveau langage du Christ.
Celui-ci a dit : « Ce que vous faites au
moindre de mes frères, vous me l’avez fait à
Moi. ».[19]Rudolf
Steiner caractérise ce cheminement comme un
« chemin du penser vers le Christ ». Et il
espérait que dans la conférence des enseignants de
l’école Waldorf, apparaisse un lieu où ce cheminement
fût exercé de la façon la plus intense et qu’en
résulte donc une institution exemplaire/modèle de la
vie de l’esprit qui montre comment sa tendance propre
au tyrannique peut être constamment contrecarrée.
L’aspiration
après l’organisation de pouvoir
Quant à savoir si une organisation dans laquelle ses
êtres humains agissent individuellement ensemble, pour
réaliser un but commun, est féconde ou pas pour le
monde, se montrera toujours plus à ce que les êtres
humains à l’intérieur de cette organisation sont en
situation d’instaurer de tels espaces de rencontres
intérieurs. En cas contraire, ces organisations se
retourneront en de tyranniques. Plus de telles
institutions deviennent grosses, d'autant plus
elles inclinent à entrer en symbiose avec l’ancien
état de pouvoir. Cette symbiose inquiétante/macabre de
grosses organisations de pouvoir privées et de
l’organisation du pouvoir étatique est aujourd’hui à
observer de la manière la plus accusée aux USA. Si on
regarde du côté du capital, ainsi les institutions
dirigeantes de la gestion/administration de capital se
concentrent sur des entreprises américaines comme BlackRock,
Goldman-Sachs et beaucoup d'autres. Si on
regarde du côté de la production des biens réels,
ainsi la dominance des produits américains a diminué
de plus en plus ici, ces dernières quarante années.
Elle pourrait toutefois croître de nouveau à l’avenir,
puisque entre temps, la capacité d’installer des lieux
de production complètement automatisés est très
largement développée. Moins on est renvoyés aux forces
de travail bon marché dans l’est lointain, d'autant
plus la production réelle sera de nouveau localisée
aux USA. Ce qui toutefois sera dominé par les firmes
américaines, est le domaine de l’organisation des
communications. Ici sont à nommer les « Internet
Big Five », les cinq gros d'Internet, ce
sont Google, Facebook, Apple,
Microsoft et Amazon. Justement
ainsi les USA sont dominants dans le domaine de la
gestion/administration de l'argent : avec le
dollar comme monnaie dirigeante et les organisations
qui y sont articulées, les USA se sont procuré depuis
la fin de la seconde Guerre mondiale un large contrôle
sur l’ensemble du système monétaire mondial. Si
on observe la naissance du Federal Reserve board
— la banque centrale américaine US — ainsi il se
montre clairement comment le coup d’envoi pour cela a
eu lieu du domaine des banques privées et qu'alors fut
édifiée consciemment une liaison à l’organisation du
pouvoir étatique. Les banques sont aujourd’hui des
organisations de pouvoir capitalo-économiques qui
seront d’un côté, rigoureusement régulées par l’état,
de l’autre, — à partir d’une grosseur déterminée —
peuvent cependant elles-mêmes exercer dans en grande
mesure une influence sur les gouvernements de ces
états. Pendant que Rudolf Steiner considère la
gestion/admi istration du capital comme une tâche
relevant de la vie de l’esprit — car à la question de
comment du capital devrait être utilisé à l’avenir, il
s’agit toujours de l'estimations de facultés
individuelles effectives, qui est seulement possible
par la construction d’une relation individuelle[20] — il voit la gestion de
l'argent comme une tâche de de la vie de l'économie[21] —
ici l’aspect marchandise de l’argent se tient au
premier plan. À l’état comme véritable organisation de
pouvoir, incombe l’édification d’un appareil militaire
et de police pour la défense de la sécurité intérieure
et extérieure. Les USA interprètent cet aspect de
sécurité si englobant qu’ils sont présents dans 42
pays avec des bases militaires, que leurs services
secrets agissent pareillement partout dans le monde et
ont en cela un accès direct sur l’infrastructure qui a
été créée par les géants de l’Internet dominés
américainement (NDT « dominer
américainenement » sonne peut-être encore
étrangement à une oreille française. Mais l'allemand
le permet si bien!) [ NdtDK : au
point d’avoir placé sur écoute non seulement le
président français, passe encore, mais la
Chancelière allemande, c’est encore plus
fort !]Les USA ne sont donc pas avec cela
le plus puissant état du monde, mais encore l’état
dans lequel apparaît la plus forte confusion des trois
membres de l’organisme social. Bien sûr, cette
confusion est aussi à observer dans les autocraties
orientales et l’Union européenne. Celles-ci aussi
s’appliquent à mettre en place de fortes organisations
de pouvoir. Malgré tout l’effort de l’être humain
individuel à l’est est caractérisé autrement qu’à
l’ouest. Pendant que l'humain occidental aspire après
l’organisation de pouvoir, l'humain oriental aspire à
pouvoir dissoudre l’organisation de pouvoir.[22] Aussi loin s’est
aujourd'hui vérifié ce que Rudolf Steiner, en 1916
déjà, avait mis en avant sur les impulsions
occidentales :
Ce qui se trouve sous l’impulsion occidentale, cela
voit à part des contextes spirituels, va sur le
physique-sensible ; ce qui là est le
particulier/le détail, doit de/par cela
assimiler/accueillir les contextes/rapports
spirituels, parce qu'ils devraient entrer/venir au
jour seulement physiquement, dans les forces
physiques, cela signifie il doit fluer le plus
possible le spirituel dans l’organisation de pouvoir
de la vie sociale. C’est pourquoi cette organisation
unilatérale de pouvoir aspire après de grands empires,
après de puissantes organisations qui
détruisent/anéantissent/suppriment l’individualité
particulière. Quand de telle choses sont pour la
première fois/en premier aujourd’hui au début, celui
qui ne veut pas les voir, ne peut les voir ;
ainsi cela ne fait rien pour la connaissance de ce qui
est vrai/de la véracité.[23]
Pour le dire avec les paroles d’un historien
significatif : « Cela repose dans la nature de
chaque force agissant dans la société humaine qu'elle
veut dominer l’état et rendre ses moyens de pouvoir
serviables à ses buts. »[24] Par ces mots débute le
chapitre de Heinrich Friedjung : « Capitalisme
et impérialisme » dans son écrit : L’époque
de l’impérialisme.[25] Et ce n’est pas sans raison que Rudolf
Steiner revient sur ce chapitre de Heinrich Friedjung
dans la seconde partie de la 9ème conférence du Cours
d’économie nationale, en ce qu’il montre le
rapport qui y est exposée entre capital de prêt,
capital de commerce et capital d'industrie. Si l’on ne
parvient pas, à l’intérieur de la vie de l’esprit, à
opposer un mouvement spirituel contraire à la tendance
naturelle du « capital » — pensés sont en
fait les groupes d'humains qui peuvent disposer de ce
capital — alors ces trois formes deviendront
perturbantes de manière différenciée dans la vie
sociale. Aussi la question de si une masse suffisante
des dons apparaît dans un domaine économique, est
dépendante de manière déterminante de si ce
contre-mouvement pourra être produit dans la vie de
l’esprit. Si ce n’est pas le cas, alors le capital
doit opérer dans l’unilatéralité, telle qu’elle sera
décrite par Friedjung.
Capital
de prêt
« Les nations en progrès transforment le capital
de prêt en un tel qui travaille dans l’industrie et le
commerce ; chez des peuples plus vieillissants,
intervient une régression, ils se contentent avec les
intérêts de leur fortune »[26] , ainsi Friedjung analyse
et rend évident que, dans ce sens, il compte l’empire
allemand du Kaiser et l’Amérique du Nord
avant la première Guerre mondiale, au nombre des
peuples progressant, et l’Angleterre et en particulier
la France, au nombre de peuples vieillissants.[27] Le capital de prêt « a
en règle général un intérêt au maintien de la paix,
pour le moins aussi longtemps que les dettes seront
ponctuellement acquittées »[28] . Steiner saisit cette
pensée, en ce qu'il fait valoir de ce point de vue,
qu'en France, il y a toujours eut des gens — par ex.,
les petits rentiers — qui n’auraient pas voulu la
guerre.[29]
Pourtant le capital de prêt peut aussi absolument
pousser à la guerre, en particulier lorsque les dettes
ne seront plus servies/honorées. Alors cela pousse
l’état politique à protéger ses intérêts. Ainsi fut
activée la prise de possession de l’Égypte par la
Grande-Bretagne, après que les vices-rois, qui y
avaient été mis en place, en étaient arrivés à des
retards de paiement des dettes futiles qu’ils avaient
contractées. Les magnats du capital d’Amérique du Nord
auraient par contre reconnu, qu’ils pouvaient utiliser
l’auto-dépeçage de l’Europe dans la première Guerre
mondiale, en ce qu'ils pouvaient utiliser l'octroi de
crédits aux partis menant la guerre, afin d’obtenir la
suprématie financière sur l’Europe. Friedjung
considère d’une manière particulièrement critique le
rôle du président américain de l’époque, Woodrow
Wilson : « Wilson se croyait être maître de
ses décisions, mais il était en vérité l’organe
exécutif du capitalisme nord-américain, dont
l’avantage coïncidait dans ce cas avec celui de
l’état. »[30]
En fait, le capital de prêt est dépendant de
conditions paisibles car il peut devenir productif
seulement alors. La raison pour laquelle cette
tendance propre ne se fait pas valoir peut être vue
dans ce que d’un côté, « la possibilité de
pouvoir se débarrasser de capital de prêt est
principalement attachée à une foi extraordinaire en
l’autorité dans la vie économique et dans la vie
absolument », mais de l'autre côté, « ces
gens-là qui (reçoivent) facilement de l'argent prêté,
sont ceux qui d'une quelque manière sont estampillés
ou du genre. »[31] C’est-à-dire entre la perception
individuelle réelle des facultés d’un être humain, se
glisse quelque chose d’abstrait. Les êtres humains ne
sont plus correctement à la chose. En conséquence de
quoi d’autres forces peuvent devenir efficaces, qui se
font valoir perturbantes dans la vie sociale.
Capital
d’industrie
Le capital de prêt se transforme sous l’influence de
l’esprit de l’entrepreneur, en capital d’industrie.
D'après Friedjung, on peut parler de « capital
d’industrie de grand style […] pour la première fois
depuis l'utilisation de la force de la vapeur pour la
propulsion des machines ».[32]
La capacité/l'actif/le
patrimoine créé par cela fut investi de manière
multiple dans la construction d’une infrastructure
industrielle — en particulier d’un réseau de voies
ferrées. Déjà dans la première conférence du CEN,
Rudolf Steiner avait déjà mis en exergue le fait qu’en
Angleterre cette évolution s’était accomplie
lentement, pendant qu’en Allemagne, la vie économique
avait évolué « totalement sous la vision
immédiate du principe de l’état »[33] dans les décennies qui
avaient précédé la première Guerre mondiale. Friedjung
caractérise le capital d’industrie comme une forme
qui, de par sa propre nature ne pousse pas à la
guerre : « Des guerres pour forcer des
débouchés suscitent la plus grande haine et sont une
exception. L’industrie met absolument en avant la
vente paisiblement conquise de marchandises, parce
qu'elle sera détruite dans tous les cas par la guerre.
[…] Le capital (d’industrie) est antimilitariste,
aussi longtemps que l’échange des marchandises,
actions ou lingots d’or, va de soi sans être perturbé,
il équipe toutefois les armés et les flottes pour la
défense. »[34]
Toutefois, le capital d'industrie, de manière analogue
au capital de prêt, incline pour la paix seulement
sous un certain aspect, tandis qu'il dépasse vers deux
côtés dans des domaines à l'intérieur desquels des
points de vue de politique de pouvoir jouent un grand
rôle. L’un des domaines est pendant de l’ouverture des
marchés de matières premières, l’autre de celui des
débouchés (NDT Absatzmärkten). « La convoitise
après des matières premières s’extériorise souvent,
conduit même au vol et à la guerre »[35] , selon Friedjung. Par
contre les moyens, « par lesquels des états
visent les ventes de produits finis à l’étranger ont
coutume d’être moins sans ménagement que ceux employés
pour se procurer des matières premières ».[36] Pour le moins se serait
formée parmi les peuples blancs, la coutume de régler
ces questions au moyen de contrats commerciaux,
pendant que les peuples colorés valaient pour des
sans-droits, « ils étaient soumis par le glaive
et partagés. »[37] Friedjung mentionne ici un exemple que
Rudolf Steiner saisit également dans la 9ème
conférence : la guerre de l’opium, que
l’Angleterre mena de 1838 à 1842 contre la Chine.
Étant donné que la Chine et le Japon, avaient interdit
la jouissance de l’opium pour des raisons de santé
publique, la compagnie anglaise orientale des Indes,
qui possédait des grands champs de pavot, poussa à la
guerre. Cela ne se laissa pourtant pas si facilement
imposer rien que par le recours à la violence. C’est
pourquoi les Anglais eurent recours à la ruse d’amener
des médecins à rédiger une expertise qui attesta de
l’absence d’inconvénients pour la santé de la
consommation d’opium.
Par la puissance et la ruse, la vie économique se
déploie souvent de manière politique. Pendant que du
côté des marchés de matières premières, la violence du
politique surgit au premier plan, ainsi pour
l’ouverture des marchés d’écoulement des marchandises,
« l'intelligence humaine joue un rôle
essentiellement plus grand entre les pôles de
l’astuce, de la ruse et de la sage direction
d’économie de peuple. »[38]
En ce que la politique s’est liée avec l’économie, ont
pu s'en former les grands domaines d’économie de
peuple. Comment ces structures de pouvoir
politico-économiques se répercutent sur les plus
petits domaines économiques se laisse par conséquent
seulement comprendre quand cela est éclairé à partir
d’une perspective de politique mondiale.[39]
Capital
commercial
Pendant qu'aussi bien le capital de prêt que le
capital d’industrie, seront caractérisé comme
paisibles en leur noyau, et se retournant seulement en
guerriers par des circonstances extérieures, Friedjung
considère le capital de commerce centralement comme
guerrier : « D’un seul trait Goethe esquisse
la silhouette du capital de commerce : guerre,
commerce et piraterie ! »[40] Avec ces mots, il commence
ses exposés sur cette forme du capital. Steiner
n’entre pas dans l'aspect guerrier du capital de
commerce dans ses exposés. Pour lui, l’essentiel d’une
grande économie de peuple lorsqu’elle est
principalement placée sur le commerce— comme à
l’époque l'anglaise — est la concurrence.[41] Friedjung caractérise la
particularité des marchands ainsi qu'ils s’efforcent
en permanence de « creuser » pour évacuer
l’eau de leurs concurrents. Cette propriété
s’aggraverait dans le cas du commerce maritime.
Puisque celui-ci serait essentiellement plus risqué
que le commerce terrestre, le capital engagé dans le
commerce maritime devrait être doté d’un intérêt plus
élevé, ainsi que les primes d’assurance puissent être
approvisionnées. Le concurrent est donc observé d'un
air soupçonneux. Un peuple maritime non guerrier
serait donc, pour cela une contradiction en soi.
Certes, Steiner ne met pas en évidence cet aspect
guerrier du capital de commerce à cet endroit,
pourtant, dans la première conférence, il avait vu le
motif décisif de la première Guerre mondiale dans
l’opposition entre l’Angleterre — dont l’économie
s’édifiait sur le capital de commerce — et l’Allemagne
— dont l'économie déployait, sur la base du capital
d’industrie, une dynamique toujours plus menaçante —,
que donc l’opposition entre « une économie
occidentale et une économie centre-européenne »
ne pouvait être résolue. Et Rudolf Steiner semblait
prendre cela comme un fait naturel — et donc comme un
fait, auquel cela ne fait aucun sens de le considérer
sous des points de vue moraux —, que l’Angleterre,
respectivement, l’ensemble de l’économie occidentale,
s’efforcera d’éliminer son concurrent centre européen,
quand celui-ci s'élargit/s'étend sur ses marchés.[42] Quand donc l’Europe du
centre s’efforce unilatéralement à transformer du
capital de prêt en capital d’industrie et veut sur
cette base conquérir toujours plus de marchés, alors
une confrontation guerrière est inévitable.
La
mission de l’Europe
La 9ème conférence montre la résolution de cette
opposition seulement par sa composition d’ensemble.
Elle peut être résumée comme suit : l'Europe centrale
parviendrait-elle à prêter toujours plus de capital,
soit conformément à la chose, ou si ce n’est pas
possible, à le transformer correctement en argent de
don, cela aurait pour conséquence que l’ouest eût
regardé autrement sur ce domaine d’économie. Il
pourrait reconnaître la justification spirituelle de
l’espace médian entre l’ouest et l’est de l’Europe,
respectivement entre Asie et Amérique. Car le capital
se laisse transformer correctement en argent de don
seulement par cela qu’apparaisse une vie de l'esprit
vraiment renouvelée, laquelle peut aussi exercer un
effet d’aspiration conforme à la chose sur le capital.
L’état de pouvoir politique, qui aspire la vie de
l'esprit et intervient lui-même comme intendant, sera
alors refoulé [ ndtDK : et renvoyé à ses
prérogatives strictes.]
Le renouvellement de la vie de l'esprit est la seule
réponse centre européenne possible au capital
commercial guerrier, qui détermine l’économie
occidentale. Puisque cette réponse est en même temps
une universellement humaine, elle peut être réalisée à
tout endroit du monde. Si cela ne se produit pas, le
capital restera enchaîné dans les organisations de
pouvoir privées et étatiques.
La particularité du capital de commerce à faire une
marchandise de tout, pour en retirer un avantage dans
le commerce, conduit en dernière instance à une pleine
autonomisation des courants de capital ;
Rudolf Steiner caractérise ceci comme un
« circuler de l’argent dépourvu de sujet »,
pendant que la pression du capital d’industrie vers de
toujours nouveaux marchés d’écoulement débouche dans
un « impérialisme sans objet ». Un tel
impérialisme caractérisait celui de l'empire allemand
du Kaiser. Celui-ci n’avait pas besoin de
ses colonies pour les exploiter à ses profits, mais en
fin de compte, quand même seulement pour écouler ses
marchandises.[43]
D’une manière analogue aujourd’hui, le capital
d’industrie concentré en Allemagne (dont les droits de
propriété, ceci d’une manière intéressante, passent
toujours plus dans des mains étrangères) conduit à ce
que l’Allemagne écoule des marchandises partout dans
le monde sans en recevoir de contre-valeurs réelles
correspondantes. Le statut d’états fortement endettés
de l’UE, comme celui de la Grèce par exemple,
ressemble de plus en plus à celui d’une colonie, dans
laquelle les nations créancières envoient leurs
observateurs. La circulation de l’argent sans sujet
sur les marchés de capitaux internationaux et
l’impérialisme sans objet fusionnent dans une économie
qui fonctionne dépourvue de sens, qui — pour utiliser
une image de l’essai de Novalis « La
chrétienté ou Europe » — « (fait) de la
musique infiniment créatrice de l’univers, claquement
uniforme d’un moulin énorme, actionné par le courant
du hasard et nageant sur lui, un moulin en soi, sans
architecte ni meunier qui serait en fait un perpetuum
mobile (NDT : un mouvement perpétuel), un
moulin se moulant/se broyant lui-même. »[44]
Die Drei 4/2017.
(Traduction Daniel Kmiecik)
[ 1]
Rudolf Steiner Cours d’économie politique
(1922 ; GA 340) ; Dornach
2002 (abrégé en CEP), dans ce qui suit.
[ 2]
Voir à ce sujet ma série d’articles dans Die
Drei 10/2011 jusqu’à 7/2016.
La première série des conférences 1 à 7 du CEP peut
être aussi commandée comme à la revue : http://diedrei.org/detils/inhalt:artikelserie-zur-komposition-des-nationaloekonomischen-kurses.html
[ 3]
https://www.blackrock.com/corporate/en-us/literature/press-release/q4-2016-earnings.pdf
[ 4]
http://bazonline.ch/wirtschaft/unternehmen-und-konjunktur/Die-goesste-Schattenbank-der-Wekt/story:27331110
[ 5]
http://handelsblat.com/unternehmen/bankenversicherungen/blackrock-die-heimlichen-herren-des-dax/4150978-all.html
[ 6]
http://www.wiwo.de/finanzen.boerse/finanzgigant-black-rock-investoren-muessen-langfristig-denken/13413774-2.html
[ 7]
Voir Rudolf Steiner : Les points essentiels
de la question sociale. (GA 23),
Dornach 1976, p.115.
[ 8] À
l’endroit cité précédemment, p.62.
[ 9] À
l’endroit cité précédemment, p.80.
[10] Du
même auteur : Anthroposophie, Dreigleiderung
sociale et art du discours (GA 33),
Dornach 1984, p.72.
[11] À
l’endroit cité précédemment, p.73.
[La traduction française du terme créé ici par Rudolf
Steiner ici : « Verzwangtheit »
oblige à une périphrase en français pour en expliquer
le sens. Le traducteur remercie l’auteur et son épouse
pour les conseils et précisions apportés à la
compréhension de ce terme : ndt]
[12]
Stephan Eisenhut : Sur la formation d’un
organe cœur dans l’organisme social — Comment les
dons pourraient devenir féconds, dans Die
Drei, 7/2016 [Traduit en français
(DDSE716.DOC) et disponible sans plus auprès du
traducteur. ndt]
[13]
CEP, p.93 « Cette vie de l’esprit qui entre dans
la création matérielle est caractérisée par Steiner
comme « demi-libre ».
[14]
Rudolf Steiner : L’aspect intérieur de
l’énigme sociale, (GA 193),
Dornach 1989, p.41.
[15]
Voir : Stephan Eisenhut : Sur la
formation d’un organe cœur dans l’organisme social —
Comment les dons pourraient devenir féconds,
dans Die Drei, 7/2016. Il
me fut objecté de la part d’un lecteur que
Rudolf Steiner, au 13ème chapitre de sa Philosophie
de la liberté se tourne explicitement pourtant
contre l’« eudémonisme ». Mais on a là en
tête une orientation philosophique qui
correspond à une interprétation moderne de l’Eudémonie
et qui voit la valeur de la vie dans les surplus de
plaisir. Kant, en particulier, avait à bon droit
critiqué de manière piquante cette conception dans La
métaphysique des mœurs en l’attribuant
déjà aux penseurs antiques. Hegel jugea l’eudémonisme
de manière plus différentiée. Il montra que dans
l’Antiquité, en particulier chez Aristote, était
existante une tout autre compréhension de l’Eudémonie,
que Kant a mal comprise. Rudolf Steiner évite
manifestement le terme d’eudémonisme parce que dans
les débats philosophiques de son temps dominait une
autre compréhension de ce terme. Dans l’article de J.
Edgar Bauer : Eudémonisme dans :
Manuel des concepts fondamentaux de sciences des
religions, Vol. II, Stuttgart 1990, pp.356 et
suiv., on donne un bon aperçu sur l’évolution de ce
concept.
[16]
Rudolf Steiner : L’aspect intérieur…,
p.18.
[17] À
l’endroit cité précédemment, p.63.
[18]
Dans un autre contexte, Rudolf Steiner
explique : « Il s’agit aujourd’hui en cela
de comprendre correctement une parole du Christ
[…] : « Lorsque deux ou trois sont réunies
en mon Nom, alors Je suis au milieu d’eux. »,
c’est-à-dire que lorsque quelqu’un est seul, alors le
Christ n’est pas là. » Transformations
spirituelles et sociales dans l’évolution de
l’humanité (GA 196), Dornach
1992, p.157. Il s’y tourne contre l’approfondissement
mystique dans sa propre intériorité qu’il caractérise
comme un « égoïsme raffiné ». Une aspiration
unilatéralisée en direction de la vivification des
concepts peut en tout cas absolument adopter la forme
d’un tel égoïsme.
[19] Du
même auteur : L’aspect intérieur…,
p.60.
[20]
« Etrangement, on sera, tout de suite quand on
pense de manière pratique, conduit à cela de devoir
rendre la gestion du capital dépendante du troisième
domaine, qui devra devenir autonome dans l'organisme
social sain, de l’organisme spirituel émancipé. Nous
l'avons toujours de plus en plus amené à ce que le
lien entre les travaux spirituels et entre le travail
du capital, ont été déchirés dans le processus
économique. De ce fait nous en arrivâmes de plus en
plus à nous développer, au lieu que dans l'essor
économique qui peut être lié à l’élévation de l'état
de vie des grandes masses, de nous développer à
l'intérieur, malgré tous les essors technologiques,
d'une sorte de construction économique du pillage.
Tout de suite en rapport aux grandes impulsions jouant
un rôle grandiose dans la vie économique moderne, par
exemple l'impulsion du crédit, la vie moderne de
l'économie s’est précipitée dans une étrange voie sans
issue. Le crédit sur le sol de la vie de l'économie
est aujourd’hui quelque chose qui pourra presque être
porté seulement par des facteurs économiques déjà
disponibles. Nous avons besoin dans le futur de la
possibilité que le crédit ne soit pas seulement mis au
monde sur le terrain de la vie de l'économie, nous
avons besoin de la possibilité qu’il pourra être mis
au monde à partir de l’extérieur dans la vie de
l'économie. » Du même auteur : Reconfiguration
de l’organisme social (GA 330),
Dornach 1983, p.155.
[21] Du
même auteur : La question sociale en tant
que question de conscience (GA 189),
Dornach 1980, pp.131 et suiv.
[22] Du
même auteur : Impulsions évolutives
intérieures de l’humanité (GA 171),
Dornach 1984, p.250.
[23]
Ebenda.
[24]
Heinrich Friedjung : L’époque de
l’impérialisme vol. II, Berlin 1919,
p.286.
[25] La
caractérisation de l’époque allant de 1881 à 1914
comme celle de « l’impérialisme » revient à
Friedjung.
[26] À
l’endroit cité précédemment, p.297.
[27]
« Les banques allemandes empruntèrent auprès des
françaises et belges un bon bout d'argent et fondèrent
avec cela des chemins de fer et des usines à l’est et
à l’ouest ; Les Nord-américains se ont pris du
capital de prêt sur le marché londonnien et l'ont
utilisé pour des affaires/commerces en Amérique du
sud ». Ebenda.
[28] À
l’endroit cité précédemment, p.290.
[29]
CEP, p.132.
[30]
Heinrich Friedjung : L’époque de
l’impérialisme... p.291. [Pour des raison
idéologiques, participant de la même finalité, Henri
Ford soutiendra la parti nazi entre les deux guerres
mondiales, ndtDK]
[31]
CEP, p .132.
[32]
Heinrich Friedjung : L’époque de
l’impérialisme…, p.291.
[33]
CET, p.12.
[34]
Heinrich Friedjung : L’époque de
l’impérialisme…, p.299.
[35] À
l’endroit cité précédemment, p.297.
[36] À
l’endroit cité précédemment, p.298.
[37] À
l’endroit cité précédemment, p.299.
[38]
CEP, p.136.
[39]
Steiner dit ici (ebenda), purement et
simplement : « Lorsqu’on considère ces
choses en grand ». Friedjung — que Steiner ne
cite certes pas, tout en édifiant manifestement ses
développements sur ceux de celui-ci — écrivit à ce
propos : « Cette double aspiration met en
contact les industries avec les pays les plus
lointains, ce par quoi elle entre dans la politique du
monde. » (L’époque de l’impérialisme,
p.297). Étant donné que Steiner cite, L’époque de
l’impérialisme de Friedjung, dans ses
essais — par exemple, dans L’homme du
présent et l’histoire dans L’idée du
Goetheanum au beau milieu de la crise culturelle du
présent (GA 36), Dornach 1961,
p.69 —, il est évident qu’il en a lu l’ouvrage.
Heinrich Friedjung fut aussi le fondateur de la Deutsche
Wochenschrift, pour laquelle Rudolf
Steiner fut brièvement rédacteur et en conséquence, il
le connaissait aussi personnellement.
[40]
Heinrich Friedjung : L’époque de
l’impérialisme…, p.294.
[41]
CEP, pp.136 et suiv.
[42]
Pour des raisons analogues, les USA s’efforcent en ce
moment de tenir la Chine comme concurrente dans ses
barrières. Le projet de « nouvelle route de la
soie », au moyen de laquelle l’Iran
pourrait devenir un croisement du commerce continental
entre l’Europe et la Chine y est observé de manière
particulièrement critique. L’exploitation des
gisements de matières premières de l’Iran (pétrole et
gaz) par la Chine est considérée aussi d’une manière
toute aussi ombrageuse. En 2016, La Chine fut le plus
grand importateur de pétrole iranien. Voir : https://deutsche-wirtschaft-nachrichten.de/2017/02/23/usa-wollen-im-iran-den-aufstieg-chinas-zur-weltmacht-stoppen/
[43]
Presque toutes les colonies allemandes avant la
première Guerre mondiale démontraient un bilan
négatif, c’est-à-dire que « la valeur des biens
qui étaient fournis d’Allemagne à ces colonies (biens
de consommation pour les Allemands dans les colonies,
textiles, métaux, alcool et armes pour les échanges
avec la population indigènes, biens
d’investissements pour la construction des
infrastructures), dépassait pour part drastiquement la
valeur des livraisons des colonies à l’Allemagne Cité
d’après Wikipedia :
« DeutscheKolonien » — Ökonomische
Bilanz », consultation du 27.02.2017.
[44]
Novalis : La chrétienté ou Europe, dans
Œuvres , carnets et lettres de Friedrich von
Hardenberg vol.II : L’œuvre
philosophique théorique éditée par Hans
Joachim Mähl, Muncih 1978, p.741.
|