L’individualité comme source pour le changement social

Institut pour une triarticulation sociale
(contenu spécifique au site français)
Conditions d'utilisation.

Accueil

 

Deutsch EnglishDutchSkandinaviskFrançais ItalianoEspañolPortuguês (Brasileiro)Russisch
Recherche
 contact   BLOG  impressum 

La révolution c’est nous ! (Joseph Beuys)

L’individualité comme source pour le changement social

par Ulrich Rösch

(Trad. FG)

Beaucoup de gens s’affolent de nos jours, quand ils entendent parler de révolution. Les révolutions sociales apportent en général seulement des changements extérieurs avec de grandes souffrances pour ceux qui en sont atteints, mais n’en sont pas responsables. On doit voir que les révolutions seraient en général provoquées, parce que des changements nécessaires n’ont pas eu lieu à temps par des voies évolutionnaires. 

Les développements vont leur chemin ! Le semblable vient du semblable. Parfois il y a des embouteillages ou des interruptions, alors il faut de nouveau des sauts. Les humains conservateurs ou flegmatiques craignent les changements vigoureux. Parfois, l’organisme doit se venger des embouteillages, afin que des organes entiers ne dépérissent. Et ainsi, Beuys pense que notre organisme social à besoin de changements urgents, afin qu’il ne périclite pas dans sa totalité.

Beuys indique cela avec son multiple „La rivoluzzione siamo noi“, que de véritables transformations ne peuvent partir que d’humains. Seul l’humain peut être la source pour un changement à la mesure de l’humain. Mais à cela doit arriver le « nous » ! Dans les temps modernes, l’individu ne peut plus agir seul et autocratique, mais seulement toujours en accord avec d’autres humains. Une telle évolution serait un soubassement pour une vie en commun saine. Notre vie sociale est entrée dans une crise profonde. La crise financière n’en est qu’un phénomène extérieur condensé. Tout avance vers du changement. Mais l’établi est porteur et voudrait persister. Où sont les modèles, pour former le nouveau ? Afin que nous trouvions le nouveau, il y  a d’abord besoin une fois d’images d’avenir, de visions. Celles-ci n’ont pas le droit d’être arbitraires et spéculatives. Elles doivent être claires et surgir d’un penser approfondi. Mais cela demande un effort de nature volontaire dans notre pensée. Le concept, l’idée, comme fondement de notre vision des processus et de formation sociale doit être amené par chacun individuellement sur la scène d’une conscience concrète.  Cette condition indispensable,  pour faire de notre monde un meilleur, est déjà assez lourde – cependant pas suffisante. Y parvenir demande l’entente avec un grand nombre d’humains, afin qu’une idée nouvelle puise devenir agissante.

UlrichR

On pourrait dire : à l’expérience de nature connaissante de ce qui est de la nature des lois doit se joindre un processus artistique-créatif de libre esquisse de possibilités sociales. Ce processus créatif ne peut cependant pas être accompli par l’individu, mais seulement dans la communauté, un collège, une association d’individualités libres. Là doit et peut croitre la plastique sociale, un processus artistique renouvelé, élargi. Ainsi aurions-nous à nous adonner de la science sociale à l’art social, c'est-à-dire, nous devons compléter le scientifique en nous par l’artiste. En cela nous pouvons aborder la communauté des successeurs de Beuys. Cela peut nous valoir comme un des plus significatifs modèles dans les temps nouveaux. Avec cela, on est à l’art social. Les conditions sociales existantes, les rapports humains et organisations sont le matériel plastique, avec lequel l’artiste a à travailler et doit connaître évidemment leurs lois. La forme sociale « belle »,  artistique, est celle qu’il convient de travailler. Les capacités sociales, que nous nous sommes acquises, expriment le savoir-faire manuel de l’artiste.

Beuys
L’idée, vers laquelle nous travaillons, jaillit des règles du social. Elle a besoin cependant de l’intuition artistique de faire ce qu’il faut (le juste), au bon moment, communautairement avec d’autres humains. Ainsi l’organisme social ou partie de lui peut-il apparaître comme œuvre d’art de la collaboration d’individus libres. Il ne s’agit pas de réaliser une « utopie », mais de modifier le monde selon ses règles, afin qu’il maintienne la « belle apparence » (Schiller) d’une société digne d’un humain.

 

Ainsi, on trouve les actions politiques de Beuys en plein accord avec cette impulsion sociale et libre. Particulièrement par son action surla Dokumenta1972 à Kassel, devint évident, le rapport avec le nouveau mouvement de triarticulation commençant jadis, les impulsions de « démocratie et de triarticulation ».


Aiguillonné par cette rencontre avec les représentants du centre pour la triarticulation d’Achberg, Beuys s’occupa alors aussi avec le Goetheaniste significatif, et membre de l’école supérieure libre de Dornach, Wilhelm Schmundt, qu’il rencontra à l’occasion du congrès annuel 1973 à Achberg.

Autonome, celui-ci investiguait la réalité de l’organisme social. Il se montra clairement et explicitement comme platonicien, qui était pleinement chez lui dans son système d’idée vécu. Phénoménologie à la place d’idéologie était son motif fondamental. Son œuvre fondamentale « L’organisme social dans sa forme libre » fut publiée par Herbert Witzenmann, le dirigeant de la section de sciences sociales et du comité au Goetheanum, comme matériel d’étude de l’école supérieure libre.

Beaucoup de fidèles clients-sociaux anthroposophiques trouvèrent les travaux de Schmundt bien trop originaux et pas dans leur propre approche et contredisant leurs représentations. Tout autrement Beuys, qui compris dès le début la signification de ces travaux socio scientifiques goethéens de Wilhelm Schmund. Il l’admirait comme « notre grand maitre ». Il finit sa lettre au « aimé, très vénéré Wilhelm Schmundt »  par « En un amour soutenu à vous et a votre œuvre, constant votre Joseph Beuys ». L’œuvre de Beuys ne se laisse pas comprendre correctement après 1973 sans considérer la rencontre décisive avec Schmundt.

 Le tableau montre le lien de Beuys à l’idée de la triarticulation et comment justement il vit le fondement pour la formation du capital dans l’Art, le façonnement  artistique (NDT : le mot formation est ambigu en français). Mais aussi – aujourd’hui à nouveau revenue très actuelle dans la discussion – la séparation entre travail et revenu trouve sa retombée dans le tableau : travail ne peut et n’a pas le droit d’être payé.  « Si donc, doit être payé, alors doit être payer avec Art, ce doit être avec le concept élargi d’art, qui est identique au concept élargi d’économie.  Et quand peut seulement  être payé avec ce capital (voir tableau), doit être payé avec dignité humaine et droit humain ».

 L’organisme social se développe. Il passe par des transformations, des métamorphoses. Ainsi, il s’est transformé de l’économie de troc à l’économie de l’argent et finalement à l’économie des capacités. La production trouve son point de départ des facultés individuelles en un travail en commun englobant. La vie économique s’est développée en un “système intégral” (Eugen Löbl).

À l’intérieur de la vie économique, nous avons exclusivement à faire avec des flux de marchandises et de valeurs. Le membre social de la vie économique se tient vis-à-vis de la vie de l’esprit, laquelle repose par essence sur les facultés humaines. Là entre se tient un troisième domaine, la vie du droit. Là doit seul agir l’universellement humain, pas l’individuel, pas le collectif. En ce et par ce domaine du droit la dignité humaine doit être protégée.

TabBeuys1
Coupe d'un tableau de Joseph Beuys « Chaque humain est un artiste – Sur le chemin de la forme libre de l’organisme social », qui est apparu le 23 mars 1978 à Achberg.


L’argent dispense les processus de droit dans les activités économiques. Il n’a plus dans les temps présents de caractère de marchandise, il est créé par les banques centrales en une activité libre. Le crédit créé est transmis par les banques de crédit comme crédit à court terme aux entreprises pour le financement de la production et avec cela au capital de l’entrepreneur. Il flue par les revenus à tous les collaborateurs dans le domaine de la consommation et devient là l’autorisation d’acheter sur le marché tous les services et les marchandises produites.  Parce que le cycle de l’argent dans la vie économique moderne s’est développé en un système fermé, le système bancaire doit veiller, que tout l’argent émit, reflue en un laps de temps déterminé, affin que le cycle soit de nouveau fermé.

Déjà de ce peu d’allusions peut devenir évident, que l’argent est devenu un document juridique. Partout où l’argent prend un caractère de marchandise, il doit entraver les rapports sociaux. «  Mais parce que l’argent est devenu un véritable objet économique, il fait miroité vraiment quelque chose d’imaginaire aux humains, et en ce qu’il agit ainsi, il tyrannise en même temps les humains. » (Rudolf Steiner : L’avenir social, Dornach 1977, page 50)
Le troisième domaine social, la vie juridique, contient donc tout ce qui n’a pas directement à faire avec l’individualité humaine créative et avec la circulation des valeurs économiques. C’est le domaine, qui concerne chaque humain de la même manière, et pour cela ne doit venir à l’activité que l’universellement humain. On voit ainsi par l’étude impartiale des phénomènes que l’organisme social s’est développé dans les temps récents vers la triarticulation.

Premièrement, nous avons le domaine, qui a à voir avec les capacités des humains, qui est entièrement attaché à son individualité, la vie de l’esprit. Ce que l’individu apporte sur Terre de son propre destin ne peut être jugé que par la conscience individuelle. Là ne peut devenir qu’une chose principe social : la liberté, « l’autodétermination de chaque actif unique à partir de la connaissance du nécessaire » (Wilhelm Schmundt, Exercices de connaissance pour la triarticulation de l’organisme social, Achberg 1982, page 44, non traduit)

En face de lui se trouve le domaine où il en va de la réalisation d’initiatives sociales, la vie économique. Les offres libres des producteurs sont ici jugées par des consommateurs agissant communautairement. Rudolf Steiner parle ici d’associations. La collaboration produit les valeurs marchandes qui sont toujours orientées vers d’autres humains. Par ici se réalise de manière objective le principe de la fraternité. Entre se tient tout le domaine du concilier, du s’engager, de l’habiliter, la vie juridique. Du principe de liberté, que nous devons accorder de l’essence de l’individualité de chaque humain, résulte conséquemment, que pour la sphère du droit le principe social doit être valable de la même manière pour chacun  et qu’en cela l’égalité doit être ici la condition fondamentale.

Là devrait être formé un nouveau concept de “propriété de l’entrepreneur”, qui permette à l’entrepreneur d’aménager sa libre initiative, sa créativité avec le moyen de production approprié. Il peut dans le cadre de sa délégation par les associations en disposer de sa propre responsabilité. Les moyens de production n’ont pas le droit d’être vendus ou légués, le concept de la propriété privée disparaît – il n’a pas de sens dans la vie économique moderne.

Le deuxième concept absurde est profit comme moteur de l’économie. L’excédent des recettes sur les dépenses ne peut pas fonder un droit à disposer d’une quelconque valeur économique. Ce ne peut donc pas être le but de viser un tel gain, comme nous le pratique l’économie actuelle à partir de sa formation de concept issue de l’économie de troc. Celui-ci ne peut être que de fabriquer marchandise de haute valeur qualitative avec le moins d’investissement possible en travail et ressources pour le besoin des consommateurs sous les conditions de travail les plus dignes. À la place des stimulations matérielles, l’intérêt aux autres humains nécessiteux doit pouvoir apparaître (NDT : chacun est ici nécessiteux, nous avons tous des besoins). Mais pour cela il y a besoin de la médiation de la compréhension du contexte d’ensemble des rapports sociaux, qui naturellement incluent tous les humains sur Terre.

Le travail salarié est le troisième concept, qui provient encore du monde conceptuel moyenâgeux de l’économie de troc. Les conflits sociaux et problèmes les plus importants de la société industrielle sont en lien avec cela. L’exigence de Karl Marx : la force de travail n’a pas le droit de devenir marchandise, résulte de ces rapports salariés dépassés. L’homme moderne se sent blessé dans sa dignité humaine de ce que sa force de travail devienne marchandise. En réalité, le donner un revenu à ses collaborateurs et à l’entrepreneur lui-même n’est de toute façon pas un processus économique, mais juridique. Un paiement du travail contredit l’économie d’entreprise moderne. Il ne peut donc s’agir que d’assurer à tous les collaborateurs dans le cadre social d’ensemble un juste revenu. Le processus de donner un revenu doit être sorti de la vie économique pour la sphère de la vie juridique. Chaque humain à droit à un revenu, afin qu’il ait une ressource humainement digne. Alors seulement il peut mettre ses facultés librement à disposition de ses semblables.

On voit, comment du concept de capital transformé découlent de larges conséquences. Il ne s’agit pas seulement de faire des propositions d’amélioration, de comment on pourrait former la vie actuelle de manière plus humaine. Il s’agit de ce que des processus qui se déroulent déjà partout soient décrits avec des concepts conformes à leur essence. A-t-on toutefois fait l’expérience intérieure d’un concept de capital ainsi transformé, alors peut en sortir un mouvement pédagogique populaire global, qui trouve compréhension dans un large public. Joseph Beuys prit les devants avec de grands exemples !

Seulement quand un nombre suffisant d’humains prendront en main la formation du monde à partir de telles vues et concepts, nous pourrons voir une guérison des rapports sociaux. Il ne peut s’agir, de viser un contexte paradisiaque, mais de guérir les troupeaux de pathologie de notre société, pour que l’organisme social puisse développer son essence d’une manière saine.

Tous les humains, qui y collaborent activement, sont cofaçonneurs, coartistes à la sculpture sociale.



Sur le tableau « Art = capital » on trouve le cycle de l’argent en des rapports élargis.

 

Appendice d’Ulrich Rösch dans « Qu’est-ce que l’argent ? »
Editions FIU, Wangen


Sous ce titre Beuys dessine une flèche de l’art vers l’économie et au-dessous la flèche en sens contraire,  par laquelle il signale la dépendance réciproque. Par-dessus il explique, en ce qu’il écrit « Art – façonnement – créativité = travail ». Avec cela Beuys montre son concept de travail. Le travail retourne dans le potentiel créatif de l’humain. Il devient actif dans l’entreprise, pour transformer la nature, afin qu’elle devienne un bien consommable.
Ce tableau contient un point de vue tout à fait essentiel parce que la banque centrale démocratique est décrite comme  organe cardiaque (milleu/droite). Beuys relie avec cela aussi une vue physiologique nouvelle, qui est fondée dans le goetheanisme, par laquelle le cœur est vu comme un organe d’harmonisation et en aucun cas comme une pompe. Ainsi, la banque centrale n’est jamais à comprendre comme un organe hiérarchique qui injecte l’argent comme bon lui semble dans l’économie, mais se place comme un pur organe de régulation.

Le mouvement de l’argent est généré par l’initiative des humains.  Ainsi, Beuys écrit près des entreprises (droite à côté) que les « facultés » des humains sont ce qui est crédité. Elles sont aussi décrites comme « le capital de production ».

Dans cette image nous trouvons également le côté production et consommation,  qui est signifié par une ligne horizontale.
À gauche au dessous de la banque centrale est écrit le concept « document juridique ».

L’argent n’est plus une valeur économique, mais est devenu un élément de la vie juridique.  Beuys dessine sur le côté production les différentes sortes d’entreprises, caractérisées par des figures géométriques, au dessous la « nature » dans ses formes diversifiées. Les humains  saisissent  en des productions sociales avec leurs facultés les fondements naturels et les transforment en biens consommables. Le concept « salaire-travail »  est barré par Beuys avec un épais « X » ; c’est le passé. Aujourd’hui, il s’agit de « séparation de travail et revenu ».  L’un est activité dans le domaine économique, l’autre un droit.

Tout en bas sur le  tableau Beuys  fait mention  du chercheur en sciences économiques tchécoslovaque Eugen « Loebl »,  qui fût un temps président de la banque d’État de Bratislava et qui a établi dans ses recherches que l’ensemble du côté production s’est aujourd’hui développé en un système intégral.

Les biens consommables fabriqués dans les entreprises s’écoulent sur le marché (droite/haut : « seuil »  et grand « M »). Dans les « prix » des marchandises doivent être  calculées  tout ce qui à l’intérieur d’un domaine monétaire a été dépensé par les entreprises. Au seuil du marché les biens produits sont  prélevés au  cycle économique, l’argent reflue vers les entreprises. Il doit maintenant être veillé à ce que l’argent – selon Beuys -  « sans  lien à une quelconque valeur économique » (milieu/haut) revienne à la banque centrale démocratique.

Par-dessus le cycle moderne de l’argent, Beuys écrit le nom du goetheaniste Wilhelm « Schmundt », qu’il a vénéré comme « notre grand maître ».



Vient de paraitre : la deuxième édition de la discussion de podium QU’EST-CE QUE L’ARGENT ?
Joseph Beuys discute avec un scientifique de la finance (Prof. Werner Ehrlicher), un économiste alternatif (Prof. Hans Biswanger) et un banquier alternatif (Freiherr von Bethmann). Le volume contient un texte explicatif de Ulrich Rösch : Au sujet du concept d’argent et de capital de Beuys – On peut seulement comprendre Joseph Beuys, quand on l’a déjà compris.

104 pages, Dessins-tableaux 24x20 cm ISBN: 978-3-928780-00-1
Im FIU-Verlag Wangen, €uro 19

 


Cet article est une contribution pour le congrès au Centre éducatif pour la triarticulation à Chesnut Ridge (NY) USA „Tansformation intérieure et renouveau social“ du 8 au 11 Août 2009.