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Die Drei 3/2020. (Traduction Daniel Kmiecik
revue par F.G.
nouvelle relecture au 16/04/2020 16:58) La démocratie élargie — Partie IV (précédent / suivant)Johannes MosmannLa signification de la machineL’être humain moderne se confronte au monde comme un Je. À l’intérieur de ce Je il fait l’expérience du monde des idées. Ce qui s’étend en revanche devant ses organes sensoriels/sens, il le compte à un monde extérieur existant indépendamment de son Je. Sa réflexion sur les perceptions sensorielles le conduit toutefois à voir en même temps, dans ces modifications de son cerveau par un monde extérieur qui, de son côté n’est pas immédiatement perceptible. La réalité derrière la couleur rouge, quelque peu, il se la représente comme un processus fondé sur des niveaux moléculaires, photochimiques et électriques. Or un tel contexte n’est pas donné aux sens comme une activité de perception, mais au penser comme des idées. Au lieu de l’attribuer au contenu de ses perceptions sensorielles, il attribue à son idée une existence indépendante de la conscience. Elle est pour lui une « loi naturelle » immuable. Tout autrement par contre pour les idées culturelles/de culture, depuis les contenus religieux jusqu’aux droits de l’Homme/humain, l’être humain d’aujourd’hui les éprouve comme des produits arbitraires de son esprit. L’idée de liberté, quelque peu, est pour lui réelle seulement aussi loin qu’en tant qu’une somme de sujets qui revendiquent justement cette liberté. En soi celle-ci n’est rien. Sa réflexion sur des idées de la sorte le porte en revanche à ne voir dans l’esprit qui les produit, pareillement rien de réel, mais l’écoulement de ce monde extérieur, matériel. Avec la mise en place de « valeurs et normes », le tas de matière « être humain » poursuit une stratégie de survie comme le rapporte la SWR [SudWestRundfunk – Radio diffusion du Sud-Ouest] : « L’être humain n’est pas moral ni coopératif à partir de considérations générales et raisonnables, au contraire, ce sont les intérêts de survie de ses gènes qui le poussent. »(1) Étant donné que des convictions spirituelles et religieuses sont aussi tout bonnement des chimères au service de l’évolution, il ne vaut guère la peine de se quereller à leur propos — le matérialiste est fondamentalement tolérant à l’égard d’autres conceptions du monde : « En cas de doute, tout système nerveux complexe tendra toujours à tenir quelque chose pour animé. C’est vingt fois plus favorable de prendre un buisson pour un ours qu’une fois un ours pour un buisson. Et ce fondement cognitif tout simple devint la cause première du penser religieux et spirituel »(2), pense l’« investigateur de la foi/le chercheur en croyances » se reconnaissant/confessant au christianisme Michael Blume.Quelles que soient cependant les liaisons que la raison (analytique ndtFG) théorisante aimerait cependant aussi toujours construire entre les deux mondes, si elle explique quelque peu l’esprit comme un effet de la matière ou l’inverse — pour ce qui est de l’ordre du vécu, des « chose en soi » extérieure et une vie de l’âme se tiennent donc abruptement en vis-à-vis l’une de l’autre. L’être humain raccorde cependant les deux mondes d’expérience l’un à l’autre de manière synthétique, lorsqu’il construit des machines. Dans la machine à café, par exemple, les mêmes lois de la nature agissent comme partout, mais elles sont placées dans une nouvelle interdépendance concoctée par l’être humain dans l’intérêt de la satisfaction de ses besoins — le « programme » concocté par lui détermine le cours des événements extérieurs. Les idées de culture réalisées en tant que technique, participent à la réalité extérieure et ont donc le même rang de position que des lois de la nature, pour le moins pour l’expérience subjective/le vécu subjectif. Regardé plus exactement, elles sont mêmes plus « réelles » que la nature. Le matérialiste aussi peut notamment, encore ressentir que lors d’un lever de Soleil, un reste demeure que sa compréhension intellectuelle du phénomène ne lui laisse pas résoudre. La machine, par contre, se laisse, du moins en principe, expliquer sans reste par des concepts humains de finalité/ de but — et est quand-même de la nature extérieure. Mais c’est pourquoi la fréquentation des machines exerce un effet psychologique tout autre sur l’être humain que celle de la nature. Celle-ci renvoie sans cesse l’observateur à lui-même. Une machine, par contre, est moins vécue à l’instar d’un vis-à-vis, mais beaucoup plus comme un prolongement de son propre corps. C’est pourquoi elle s’empare de l’être humain d’une tout autre manière que la nature. En ce qu’il conduit une automobile, sert un robot de l’industrie ou travail à l’ordinateur portable, l’être humain s’adapte à la logique de machine et celle-ci marque progressivement sa vie de l’âme. Cela œuvre alors en retour sur la façon et la manière dont pourra être pensé sur la vie sociale. Le culte de la machine Sur la même voie qu’il conquiert un pouvoir sur la nature extérieure, l’être humain du présent croit aussi pouvoir se le conquérir sur la vie sociale. D’un côté, il observe les phénomènes économiques et conclu à des lois naturelles/des légités reposant derrière qu’il décrit quelque peu comme « mécanisme du marché ». De l’autre côté, il formule des buts purement humains, comme par exemple, le « bien-être de la communauté ». Il cherche maintenant à « réaliser/concrétiser » ce dernier en ce qu’il assemble les deux sphères synthétiquement, à savoir, fait de ses idées, des lois avec l’aide du pouvoir étatique, lesquelles devraient placer l’économie, représentée comme une puissance de la nature/avec puissance de nature, au service de buts généralement/universellement humains. Quand ses idées sont alors installées dans l’état, c’est-à-dire « transposées » par le pouvoir de l’état, l’œuvre sociale du citoyen prend fin/est terminée. Tout ce qui s’ensuit est considéré comme la conséquence de ces idées, qui maintenant deviennent des « programmes », et devraient guider/conduire l’action des êtres humains. Ce n’est donc pas, pour cette conception du monde, l’être humain individuel qui crée l’unité de la vie sociale, mais l’idée en lieu et place de l’être humain. Mais ceci est le concept de la machine transposé sur la vie sociale. À ceci correspondent toutes les initiatives sociales du présent. Lois de protection du climat, encadrement des loyers ou revenu de base, devraient placer l’économie au service de buts humains. Cette logique de machine, s’articulant dans l’activisme politique, est dans le même temps le contenu théorique du néolibéralisme comme il fut formulé pour la première fois lors du « colloque Walter Lippmann » à Paris en 1938. Le néolibéralisme veut donc exactement la même chose que la majorité de ceux qui croient le combattre en incarnant une prétendue « gauche ». Que ceci n’est pas vu, cela tient à la confusion entre néolibéralisme et libéralisme dans l’usage populaire de la langue. Ce n’est quand-même pas celui-là, mais celui-ci qui fait disparaître/cache/occulte largement le rôle de l’état. A nouveau, le démocratisme veut construire une société selon des idées décidées en commun. On pourrait dire : le libéralisme jette un coup d’œil seulement sur le pôle de nature, le démocratisme seulement sur le pôle de culture de la vie sociale. Mais le néolibéralisme assemble les deux en « économie sociale de marché ». Il comprend « marché » et « état » comme des systèmes relativement autonomes, ce en quoi la fonction du dernier est définie par son utilité pour le « plus grand bien » de la communauté. Depuis l’an dernier le protocole/compte-rendu du « colloque Walter Lippmann » est désormais accessible aussi en langue allemande. D’après cela, Lippmann caractérise le concept commun d’état comme suit : « Le but de l’ordonnancement du droit, c’est de garantir à l’intérieur des frontières une utilité maximale de la production telle qu’elle a été fixée par d’autres buts sociaux. »(3) Il souligne qu’un état social ne se trouve pas en contradiction avec le mécanisme du marché, mais rend d’abord ce dernier possible : « Un état libéral peut et doit écrémer une partie du revenu national sous la forme d’impôt, pour en adresser les sommes acquises au financement collectif de la défense nationale, de l’assurance sociale, des services sociaux, de l’éducation, la formation et de la recherche. »(4) La question la plus importante étant « celle des interventions nécessaires et des interventions non nécessaires. »(5) Jusqu’où Lippmann est-il prêt à aller à cette occasion, les participants le savent à partir de son ouvrage : The Good Society [La bonne société]. Des gains au moyen de privilèges garantis par l’état comme un droit exclusif aux biens-fonds ne seraient aucunement des revenus acquis conformément aux droits, mais des « tributs » extorqués : « Ils ne s’insèrent pas à cette économie, au contraire, ils vivent en parasites sur elle. »(6) Lippmann n’en exclut pas foncièrement l’expropriation et déclare : « Dans un système fiscal calculé de manière plus fine, on parviendrait à confisquer totalement cette part-là du revenu illégitimement acquise qui est dépensée pour les buts privés du propriétaire. Il apparaîtrait alors au grand jour qu’un revenu sans travail est un simple privilège d’individu(s) aussi longtemps seulement qu’il est dépensé à son (ou à leur) profit, mais qu’il sert à compléter le capital productif de la totalité de la société, aussitôt qu’il est réinvesti. »(7) Que lors de « placements » de moyen financier, le problème du revenu dépourvu de travail se soit quelque peu déplacé en forme d’actions, ne lui vient bien-sûr pas à l’esprit. Lors du colloque, il recommanda, pour ainsi dire, une « fiscalité à part » pour les grosses entreprises, qui sont « bonnes en affaires ».(8) Le théoricien monétaire polonais, Michael Heilperin rétorqua : « Les formulations sont excellentes. Aussi longtemps que l’état se limite là-dessus à donner le cadre pour la vie économique et n’empêche pas le fonctionnement du mécanisme des prix du marché, il n’existe rien qui soit en contradiction avec le libéralisme. »(9) L’élite spirituelle Alexander Rüstow, le père fondateur, plus tard, de l’économie sociale de marché, donne aussi son assentiment à Lippmann, en ajoutant pourtant que « l’être humain ne vit pas seulement de pain » et que par conséquent, il ne suffit pas d’assurer socialement l’être humain. Bien plus, l’être humain montrerait un « besoin irrationnel » envers une « intégration vitale » et une « unité » qui cependant ne fonctionne pas égalitaire de nature, mais hiérarchique. La religion y avait auparavant veillé. Le national-socialisme aurait pu se répandre parce qu’il s’est servi de ce besoin. Voulût-on donc, au sens du libéralisme, rendre possible la nécessaire « atomisation » de la société sur le domaine économique, qu’il fallût renforcer les « liens en d’autres endroits dans la même ampleur ». Le sociologue renvoie à la nécessité d’une autorité spirituelle que la communauté suit et qui permette ainsi une cohésion de la société. Au lieu de remplacer la « stratification artificielle contrainte (= en classes/en couches) de la domination féodale par une hiérarchie volontaire et conforme à la nature, on a jeté le bébé avec l’eau du bain et installé à sa place l’idée fausse et inexacte d’égalité et l’idée fausse et erronée de la fraternité. Car dans les petites et grandes familles, la relation entre parents et enfants, qui garantit la succession générationnelle, est plus importante que celle fraternelle et renferme de plus le flux de la tradition culturelle. »(10) De fait, le père fondateur de l’économie sociale de marché fait la distinction entre trois sphères : « Dans la sphère du marché, le principe d’organisation, c’est la concurrence. Or un tel principe ne promeut aucune intégration sociale et une société ne peut pas reposer sur ce principe seul. C’est pourquoi Rüstow distingue comme deuxième sphère en marge du marché, ce sous quoi il comprend de ce qui est en fait l’humain, donc la culture, l’éthique, la religion et la famille. Ici des valeurs morales sont le principe d’organisation. Cette sphère a la tâche de garantir l’intégration, la solidarité et la moralisation (Versittlichung [= inculcation des bonnes mœurs, ndtDK]).(11) Un démocrate contemporain n’aura guère beaucoup d’objection à faire à l’encontre du concept néolibéral d’une économie de marché maternée social-étatiquement, mais il se heurtera probablement au concept de « hiérarchie » de Rüstow. Le renvoi à la deuxième sphère est peut-être le seul et unique éclair spirituel lors du colloque. Il met en mouvement l’édifice théorique mécanique et jette en même temps une lumière éblouissante sur la figure de Lippmann. Car la génération du sentiment de communauté à partir d’une hiérarchie spirituelle, c’est justement le métier de l’Américain. Lippmann n’est pas seulement celui qui inventa le concept de « Guerre froide », c’est encore le fondateur du Council on Foreign Relations (CFR), la Think-Tanks ou boîte à idée(s) privée la plus influente sur le gouvernement de la politique-US. Déjà dès 1922, le propagandiste génial développa dans « l’opinion publique » le concept d’une « démocratie dirigée » et décrivit la sphère de culture comme le troisième et véritable pouvoir/pouvoir de fait de la société. « À l’intérieur de frontières variables, se laissent transposer des sensations qui concernent aussi bien le stimuli que la réaction là-dessus. C’est pourquoi lorsque nous pouvons découvrir chez nombre d’êtres humains qui exhibent des tendances de réaction, un stimuli qui éveille en beaucoup d’eux le même sentiment, nous pouvons lui substituer le stimuli originel/le substituer aux stimulis origninels (NdtFG : contradictoire à préciser). Par exemple, lorsque quelqu’un n’aime pas la SDN, quelqu’un d’autre hait Wilson et qu’un troisième redoute les syndicats, nous pouvons mettre tout le monde d’accord, dans la mesure où nous découvrons un symbole qui est l’antithèse de leur objet de haine », explique-t-il.(12) « Ce qui provoquent les privilèges dans la hiérarchie, fournit les symboles dans la compagnie de ceux qui suivent. Ils préservent l’unité »(13) On sait aujourd’hui que le célèbre et réputé journaliste, fut pour le moins co-auteur, peut-être même le seul et véritable rédacteur des 14 points du programme du président-US Woodrow Wilson.(14) Dans « l’opinion publique », il désigne les vrais desseins du « plan de paix », notamment le maintien de la volonté de guerre, et décrit comment se glisse le média entre l’être humain et la réalité, lequel par la génération de « stéréotypes » (Lippmann est aussi l’inventeur de ce terme devenu d’usage courant) veille à ce que la réalité ne soit pas perçue, mais au contraire, des projections d’intérêts politiques et économiques. Bien que Lippmann voit cela d’une manière critique, il ne semble pas croire qu’on pût supprimer ce principe en tant que tel et laisser la réalité apparaître immédiatement toute nue. Au lieu de cela, il en appelle à une élite de « scientifiques » et de « services d’informations » pour en prendre la direction spirituelle.(15) Le colloque lui-même est à valoriser comme exactement une partie constitutive de ce travail visant à jeter les bases spirituelles pour l’unité d’une Europe future. Comment cela a-t-il réussi durablement, c’est ce que prouvent les initiatives sociales du temps présent qui, dans leur combat contre un « néolibéralisme » imaginaire, tentent de limiter étatiquement le libéralisme — et réalisent ainsi tout de suite le modèle de société du néolibéralisme. Avec le smart-phone vers le moyen-Age On peut éventuellement trouver sympathique ou pas l’indication de Rüstow selon laquelle l’unité d’une société repose sur des hiérarchies spirituelles. En attendant, la vie quotidienne fournit la preuve de son affirmation. Des êtres humains agissent en commun aussi loin qu’ils s’orientent selon des valeurs et connaissances communes. Mais celles-ci ne deviennent pas immédiatement efficaces, mais transmises/fournies/intermédièes par des autorités. La nostalgie après des autorité est si forte en cela que les êtres humains les édifient même là où, à proprement parler, ils sont en fait renvoyés aux faits extérieurs. Dans les paroles de l’ancien directeur du CFR Lipmann : « Selon la nature de l’allégorie, les affaires du monde, sont incorporées en outre dans des têtes extrêmement diverses. Des mouvements sociaux, des forces économiques, des intérêts nationaux, l’opinion publique, sont tenus pour des personnes, ou bien des personnes comme le pape, le président des USA, Lénine, Morgan [The house of Morgan, ndtDK] ou bien le roi d’Angleterre, deviennent des concepts et des institutions. Le plus puissant de tous les stéréotypes est le stéréotype humain qui attribue une nature humaine aux objets inanimés ou rassemblés. [« Objets inanimés, avez-vous donc une âme ? » disait le poète, NdtDK]. »(16) Que par exemple de vastes parties de la société pourraient se retrouver unies dans la lutte contre le réchauffement climatique cela fut possible au travers de la personnification de la « crise du climat » dans le personnage de l’élève de seize ans, Greta Thunberg. Celle-ci explique son rôle de la manière suivante : « Lorsqu’un enfant vous dit quelque chose comme : ’’Tu voles mon futur’’, alors les humains se sentent très coupables et ensuite le message en est plus rude. Par ailleurs j’utilise une logique très simple : pourquoi les enfants doivent-ils aller à l’école et se former pour un avenir qui n’existe peut-être plus ? »(17) Ce qui était donc efficace, c’est donc ce choix d’une « logique très simple » par une enfant d’une intelligence supérieure à la moyenne. Mais avant tout l’unité du mouvement sur le climat repose sur l’autorité de personnalités qui ont été perçues par le peuple comme des membres de l’institution « science ». Ceux-ci font fonction de suppléants de connaissance individuelle et garantissent ainsi une « vérité » qui ne peut pas être remise en cause par l’individu. Jens Wernicke, éditeur de « Rubikon » croit pour cette raison être foncièrement autorisé à porter un jugement sur les sceptiques : « Deux trucs sont assurément clairs : 1. dans la chose il n’y a aucune sorte de marge scientifique pour un tel contre-mouvement et 2. un tel contre-mouvement est dans l’essentiel un mouvement-astroturf© [astroturf© est le nom d’une marque de pelouse artificielle qui par appariement au terme « mouvement » désigne un mouvement créé de toute pièce, à savoir sans base populaire, ndtDK], c’est-à-dire qu’il se présente comme venant d’en bas, en étant de fait un mouvement qui a été d’abord conçu et finalement produit et orchestré d’en haut. »(18) Le psychologue diplômé Fabian Chmielewski va encore un pas plus loin : parce que « un large consensus de recherche sérieuse » met en garde contre une crise climatique, le « refoulement » de « l’apocalypse » serait un cas relevant des psychologues. Il recommande donc des campagnes correspondantes contre la « névrose existentielle » et donne à entendre qu’à la base d’une négation de la catastrophe climatique se présenterait donc un danger « de mise en danger de soi et d’autrui » — ce en quoi il implique des conséquences juridiques.(19) Bien entendu : moi, personnellement, je suis d’avis que le rejet de CO2 d’origine humaine contribue massivement au réchauffement de la Terre. Je ne vois, à cause de cela aucune raison, de diffamer ceux qui pensent autrement en tant que « négationnistes climatiques ». Le pendant entre CO2 et réchauffement terrestre n’est pas visible pour l’œil, mais pourra seulement être établit en pensant. La « preuve » théorique de la science repose dans la représentation que la molécule de CO2 « engrangerait » des rayons infra-rouges rayonnés par la Terre. À cela se rajoutent ce qu’on appelle les modèles climatiques qui font une estimation des synchronismes historiques sous l’hypothèse que ceux-ci eussent valeur de causalités hautement probables. Quel activiste pour le climat est-il réellement capable de juger au sujet de ces simulations d’ordinateurs ? Qui peut penser à fond/à sa fin le modèle parcellaire qui repose à la base de la représentation d’une absorption d’un rayonnement infrarouge d’onde longues par des molécules de CO2 ? Que pour ainsi dire à peine quelqu’un en soit capable (20) est compréhensible et que la masse cherche l’autorité à cause de cela, en conséquence correct. Maintenant chacun ne peut maintenant pas juger, pour quoi le compétent correspondant dût en premier élaborer les bases de ce jugement. À partir des interactions de dépendances réciproques des facultés humaines, une hiérarchie s’avère simplement du fait que tout un chacun est supérieur à l’autre dans une chose quelconque. Tout aussi peu qu’on se laisse soigner les dents par un spécialiste du climat, on devrait se tenir à son dentiste en rapport à une estimation sur le réchauffement de la Terre. Quant à savoir si la « deuxième sphère » de la vie de la culture et de l’esprit de la société, intitulée ainsi par Rüstow, repose sur des formations de hiérarchies, cela ne peut donc pas se trouver du tout en discussion ; au contraire cela va beaucoup plus de soi. Toutefois un examen critique serait de voir par quelle voie une autorité prend aujourd’hui naissance — et comment elle devrait se faire dans une communauté libérale.(21) Le mouvement sur le climat évince sa propre position à l’intérieur de la hiérarchie spirituelle quant il cherche à justifier démocratiquement sa croyance : parce qu’une « majorité écrasante » des scientifiques prétend une relation entre CO2 et réchauffement terrestre, sa négation pourrait seulement reposer sur de la « superstition ». Or c’est le contraire qui est le cas : l’hypothèse qu’une « majorité » l’affirme, c’est de la superstition. L’évidence est donc seulement fondamentalement éprouvable individuellement. Une « majorité » ne peut jamais garantir une vérité. En définitive, un seul et unique être humain peut avoir la pensée juste ou bien même personne. Parce que la vérité ne représente pas une question scrutin, la démocratie — quand bien même cela pût même contredire l’esprit du temps — n’est pas un modus operandi sur le domaine de la vie de l’esprit et de la culture. Le renvoi à la « majorité » des scientifiques est donc à estimer comme une tentative d’aucun secours en vue de procurer à la croyance en l’autorité un support semblant quantitativement mesurable. Ce sur quoi l’unité du mouvement s’appuie réellement, fut annoncé à haute voix par Greta Thunberg :Unite behind the science ! (Unis derrière la science!) Avec cela elle appelle l’humanité, quand bien même ceci aimerait-il servir une bonne cause, à un retour à l’aristocratie. Formation d’une hiérarchie conforme à l’époque Le système sociétal autoritaire actuel se reproduit lui-même : le pouvoir de l’état est une conséquence de la foi en l’autorité des masses. Mais la foi en l’autorité est une conséquence de l’administration démocratique de notre vie de culture et d’esprit. Si des lois surgissent en lieu et place de rapports de reconnaissance, les titres sont acquis automatiquement d’après l’observance des normes définies par l’état. Le jugement des êtres humains individuels concrets sur lequel agit « l’expert » reconnu par l’état est largement peu important pour sa position sociale. Parce que le « chercheur sur le climat » est redevable de son titre à un processus de droit démocratiquement légitimé, il « est » simplement une autorité sur le domaine concerné. Pareillement celui qui travaille comme enseignant, qui s’appelle précisément comme tel en fonction de la loi scolaire et dispose d’une « autorisation d’enseigner » correspondante sur un certain domaine, mais non pas celui qui, conformément à l’expérience des élèves et de leurs parents est effectivement un enseignant. Et si des milliers de personnes recouvraient la santé grâce à un être humain, celui ne serait pas pour autant reconnu médecin pour notre société.(22) Médecin est au contraire celui qui a reçu un acte « d’approbation » administrative de l’état (qui n’est pas à confondre avec « l’approbation papale » qui fortuitement consomme/concorde). Dans une vie se culture et d’esprit démocratique le citoyen ne peut pas accorder consciemment et activement de l’autorité au spécialiste, au contraire il se voit (con)damné à la foi. Sa force de jugement en est ankylosée. La large masse se tient à l’opinion de celui qui, conformément aux procédures automatisées de reconnaissance, s’appelle « expert », bien que personne n’eut participé activement pour lui accorder ce titre ou n’eût sinon soigné une quelque relation avec lui. Le « conseil sur le climat » sur les expertises duquel Fridays for Future s’appuie, est un comité commun à 195 gouvernements qui « convoque » ces chercheurs-là qui, ensuite, sont habilités à établir et à rédiger le « compte rendu annuel sur l’état du climat ».(23) Cela ne signifie pas automatiquement que les experts soient politiquement influencés, mais bien qu’ils ne doivent pas leur position à la perception consciente et à la reconnaissance consciente par des êtres humains qui alors les suivent comme « mouvement sur le climat ». C’est vrai que le citoyen ne peut pas juger le domaine spécialisé des spécialistes de la même façon que le peuvent ceux-ci. Mais il pourrait très bien juger s’il aimerait faire, de ceux-ci, une autorité pour lui-même. Me vois-je incité, par la manière dont l’autre agit sur moi, à faire confiance à son jugement ? Si, à partir de responsabilisation de la réponse à cette question dépendait l’ensemble de la structure de la vie de culture et de l’esprit, de sorte que les lois scolaires et universitaires, les ministères d’éducation et de formation échappassent à toute forme de reconnaissance d’état, alors le citoyen serait aussi devenu majeur sur ce domaine. Un telle sorte de formation de hiérarchie d’en bas présuppose une réelle entrée-en-relation des êtres humais participants au processus de formation. Malheureusement les instincts démocratiques font cependant un trait sur l’addition de la tentative d’ériger des espaces de formation « auto-administrés ». Quand des êtres humains se réunissaient autrefois dans le but de formation, alors parlaient ceux qui avaient pu se faire auparavant sur une longue durée fondamentalement et intimement familiers avec le thème. Aujourd’hui on trouve cela « autoritaire ». On se sent non libre lorsque quelqu’un d'autre pré-pense et soi-même devrait penser-avec. Le citoyen hors de tutelle/majeur/émancipé réclame qu’il aurait à contribuer ad hoc, déjà de l’intelligent, purement par force de sa maturité/majorité juridique. C’est pourquoi, aujourd’hui chaque participant reçoit carte et crayon-feutre. Alors il écrit sur la carte ce qui est important pour lui. Pour finir, on place les cartes au sol et on tente maintenant, dans la coexistence des mots, de reconnaître un quelque pendant/rapport (24), analogiquement à une rubrique de Wikipedia. C’est de la démocratie vécue sur le domaine de la « société civile ». Le degré ressenti de « l’importance » d’une remarque, mesurée au nombre de votants, remplace en cela le moment cognitif/de connaissance. Personne ne fait quelque chose à l’autre, chacun en reste à soi/reste chez soi et son opinion subjective. Et parce qu’aucun ne doit s’intéresser à l’autre, en échange on a cependant des chevauchements et des majorités, c’est-à-dire des confirmations de sa propre opinion, on éprouve ainsi un jeu de groupe comme un événement « social ». La conséquence est que les contenus spirituels sont formés ailleurs. Ceux-ci agissent dans les modèles de représentation, qui se précipitent sous la forme de « libres » expressions d’opinions présumées/supposées sur les petites cartes, ou bourdonnent alentour comme des associations de pensées, mais ne peuvent plus être réfléchies en raison de la nature isolationniste de l’esprit prescrite par les instincts démocratiques. Celui qui entre dans des « écoles libres (25) » ou autres institutions, dans lesquelles des procédures démocratie sont entretenues, ferait bien en cela d’éclaircir pour sa gouverne, qui donc, et quoi donc, y opère sous le seuil de conscience en tant qu’une autorité. Parer au fascisme Le démocratisme a raison en affirmant avec cela qu’un ordre dignement humain qui n’est pas donné de nature, doive au contraire jaillir d’une vie des idées produite de manière consciente et en communauté. Mais il s’illusionne lorsqu’il croit qu’un telle vie des idées puisse prendre naissance ou devenir opérante au moyen de scrutins, élections, et autre procédures comme coupe transversale/aperçu d’opinions subjectives. Il a raison quand il ne voit dans les idées humaines, en tant que telles, seulement quelque chose relevant du simulacre (scheinhaft). Mais il a tort lorsqu’il croit pouvoir s’attribuer à cause de cela la réalité du pouvoir d’état. La réalité doit beaucoup plus pouvoir être éprouvée là où les idées ont leur origine : dans la vie de l’esprit et de la culture. Mais cette possibilité disparaît dans l’instant même où l’esprit veut se réaliser à l’instar d’une norme. Alors ce ne sont plus seulement les idées qui sont des simulacres/apparences, mais l’esprit lui-même. On pourrait dire : ainsi que le libéralisme dans l’économie perd l’esprit en tant que pôle supposé/présumé de nature de la vie sociale, ainsi le démocratisme perd la nature au pôle présumé de culture. Ce n’est donc pas dans une aboutement mécanique des pôles de nature et de culture que repose à cause de cela la résolution de la question sociale, mais dans le surmontement/dépassement de la toute première impression que les deux font, à chaque fois, sur l’observateur. Le pôle de nature peut devenir perméable pour l’esprit par de l’association/l’associer des branches de l’économie et le pôle de culture placé sur sa base naturelle par une formation de libres rapports de reconnaissance. Mais cela présuppose que de plus en plus d’êtres humains inversent la direction d’action de leur vie des idées. Car les idées sociales ne sont pas là pour être « réalisées » au sens courant le pays, c’est-à-dire pour devenir des lois. Quand donc le démocratisme voit seulement des simulacres/structure d’apparences dans les idées humaines en tant que telles, alors peut seulement être ajouté/joint : et c’est bien ainsi ! Si les idées étaient en effet réelles, alors elles contraindraient les êtres humains. Aussi longtemps qu’elles sont irréelles, elles peuvent devenir un moyen pour la libre connaissance de la réalité. Et seulement le libre discernement peut à son tour/à nouveau éveiller ces impulsions morales à partir desquelles grandit une communauté conforme à l’époque. Comment cela en vint-il donc, par exemple, à la polarisation entre « activistes du climat » et « négationnistes du climat » ? Sous la pression de la soi-disant fin du monde, des majorités devaient être conquises pour rendre obligatoirement contraignante pour tous une opinion qui était déjà en voie de se consolider. Or sous cette condition préalable tout terrain d’entente avec ceux qui pensent autrement est exclu. Un terrain d’entente n’est possible que dans une sphère dans laquelle la quête de vérité est aussi l’objectif de la rencontre et où aucun parti ne doit redouter d’être forcé par l’autre. Cela ne veut pas dire que l’on ne devrait pas interdire par exemple des centrales électriques au charbon. Étant donné qu’une majorité voit en elle un risque pour la sécurité, c’est beaucoup plus évident. Seulement il ne s’agit pas en cela de vérité. Pour celle-ci l’espace fait défaut dans une société qui rattache immédiatement la vie de l’esprit et de la culture avec la démocratie et laisse courir immédiatement toute vie des idées dans le politique. Ce que « l’opinion publique » a commis en « négationnistes du climat » et auparavant en critiques de la guerre en Syrie, en « compréhensifs de Poutine », en « partisans de l’AfD », en « théoriciens de la conjuration » et beaucoup d’autres, cela constitue l’humus pour la radicalisation de la société. Lorsqu’il est notamment interdit de nier l’Holocauste, qui peut encore juger ensuite à partir de quels fondements spirituels quelqu’un y rappelle ? La fixation de « vérités officielles » est absolument l’aveu d’une méfiance à l’égard de la connaissance et de la vérité. Il en résulta une mise en insécurité existentielle, à partir de laquelle la question angoissante prend la teneur suivante : À qui puis-je me fier ? Qui puis-je reconnaître réellement comme autorité pour telle et telle question ? Aussitôt que se profile de la régression de l’allure économique, ni la morale borné de nos pères fondateurs, ni le monde opérant à partir du monde des images dissimulées des successeurs de Lippmann, ne pourront sauver la communauté de la désintégration. Les masses murmurent seulement encore, quand-même, quand à l’indication de Rüstow au besoin d’une « intégration vitale » dans une hiérarchie spirituelle qui n’est pas prise au sérieux, et n'y est répondu en conformité à l’époque, les néolibéraux se conserveront aussi droit jusqu’à l’ultime conséquence : alors un mouvement totalitaire servira les plus profondes nostalgies du peuple et balayera l’ordonnancement démocratique-libéral de base.(26) C’est le moment d’aller à la rencontre des idées des fondateurs de notre système sociétal actuel sans polémique — et de les penser conséquemment jusqu’au bout. N.B. Daniel Kmiecik comme 1er
traducteur signale que les notes : 17, 20, 21, 22, 24, 25, 26,
"n’engagent que la responsabilité de celui-ci et non pas celle
de la rédaction de Die Drei". Comme relecteur, je n'ai pas
évalué si leur pertinence subsistait après de notables
modifications de sens que j'ai du apporter à cet article et
encore plus au précédent. Sa traduction sera prochainement
disponible sur http://www.triarticulation.fr/AtelierTrad/TDKnv/example.html
(1) www.swr.de/swr2/programm/ra1-ursprung-derethik,broadcastcontrib-swr-20102.html (2) www.zeit.de/2019/06/religion-rationalitaet-irrationaliteat-glaube-christentum-michael-blume (3) Serge Audier & Jurgen Reinhoudt (Hrsg): )Neoliberalismus. Wie alles anfing : Das Walter Lippmann Kolloquium (Néolibéralisme. Comment tout commença ; le colloque Walter Lippmann)<, Hamburg 2019, p. 248s. (4) loc. cit. p. 249. (5) loc. cit. p. 263. (6) Walter Lippmann: >Die
Gesellschaft freier Menschen<, Bern 1945, S. 299. Titre
original selon DK : The Good Society (7) loc. cit. p. 301s. (8) loc. cit. p. 300s. (9) Serge Audier & Jurgen Reinoudt: op. cit., S. 255. (10) loc. cit. p. 220. (11) https://de.wikipedia.org/wiki/Alexander _R%C3 %BCstow (12) Walter Lippmann: >Die öffentliche Meinung (L'opinion publique)<, Frankfurt a.M. 2018, S. 200. (13) loc. cit. p. 220. (14) Vgl. Kurt Bedner: >Der Papierkrieg zwischen Washington und Wien 1917/1918 (La guerre des papiers entre Washington et Vienne) <, Wien 2017, S. X. (15) voir Fn. 12. (16) loc. cit. p. 167. (17) Vgl. https://youtu.be/XkOdMRUQkN8
(19) www.psychotherapeutenjournal.de/blaetterkatalog/PTJ-3-2019/22/index.html (20) J’ai pour ma part, interrogé des collègues chimistes-physiciens de la faculté des sciences de Lille au début, des années 2010, spécialistes de la structure atomique de la molécule de CO2 ; ils m’ont humblement avoué ne pas connaître la raison d’un tel réchauffement médiatisé par cette molécule plutôt « rigide » dans sa structure et d’ailleurs, à ma connaissance, personne n’a encore pensé à exploiter ce phénomène de réchauffement en faisant passer la lumière au travers de panneaux transparents renfermant un mélange d’air et de CO2… NdtDK(21) À cet égard, le Président Macron a lancé une amorce d’initiative intéressante dans cet esprit, en sélectionnant « au hasard » (en vérité on ne sait pas exactement comment) une assemblée consultative de 150 citoyens qui, sous la forme d’une assemblée délibérative dans laquelle les experts et universitaires quelconques étaient d’avance interdits de siéger à cause de leur expertise reconnue et redoutée — ils ne peuvent en effet qu’éventuellement être appelés en consultation sur demande expresse de l’assemblée — Cette assemblée est censée proposer les « meilleures solutions » à envisager pour soulager le climat. Dans quelques semaines nous connaîtrons leurs recommandations qui de toute manière n’auront pas valeur d’obligation ni d’engagement. C’est que chez nous, m’in fieux ! on redoute terriblement la démocratie directe agissante. NdtDK (22) Au contraire, en France, il serait immédiatement attaqué en justice par l’ordre des médecins pour « exercice illégale « de la médecine. NdtDK. (23) https://de.wikipedia.org/wiki/Intergovernmental_Panel_on_Climate_Change (24) Le comble étant la réunion internationale en anglo-américain de divers pays dont les significations des mots utilisés ont variés de leur sens anglo-saxon originel lors de leur usage dans chaque pays non-anglo-saxon. Il ne faut pas croire que la langue dominant la cinquième civilisation post-atlantéenne n’enregistre pas que des succès, il y a aussi des échecs. NdtDK (25) À savoir ici vraiment « libre » et pas forcément confessionnelles comme en France dans l’acception courante de ce terme. ndtDK (26)Pour mieux connaître ces mécanismes de « balayage » dont il e t question e ici et qui furent entrepris historiquement par les précurseurs silencieux des nazis de 1918 à 1933, dans La Ruhr, voir le roman de Erik Reger : Union der festen Hand — Der große Schlüssel- und Industrieroman der Weimarer Republik, Rowohlt Taschenbuch Verlag GmbH, Reinback bei Hamburg, mai 1979, pp.509-568. Or ce roman est paru pour la première fois en 1931 ! chez Rowohlt Verlag GmbH. Le texte allemand ici a été publié chez Rowohlt Taschenbuch Verlag GmbH, Reinback bei Hamburg, en mai 1979. 980-ISBN 3 499 14366 6. (570 pages obtenu d’occasion chez Amazon au prix de 0,5 €.) Seule la postface en a été traduite en français pour l’instant et est disponible sans plus auprès du traducteur( ou à l'adresse http://www.triarticulation.fr/AtelierTrad/. NdtDK |