Crise financière et tri-articulation sociale

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Crise financière et tri-articulation sociale
Nicholas Dodwell
7/2012

Trad. FG - Original allemand


Au moins depuis 2008, nous avons une crise financière mondiale, et de nombreux phénomènes montrent qu'elle se poursuit comme avant. Elle n'a pas conduit à un effondrement comme en 1929, parce que les mesures gouvernementales et toujours plus d’endettement ont permis un « continuer comme avant ». Peut-être que cela ira encore bien pendant un  temps, mais le problème n'est pas traité à la racine et vraiment résolu.
La « tri-articulation sociale» est un point de vue radicalement nouveau sur l'organisme social, qui offre également une solution radicale à cette situation. Elle a été propagée en 1917 par Rudolf Steiner. Sa réalisation extérieure échoua en 1919, et depuis lors, il n’y a plus eu aucune possibilité pour cela. De ce mouvement a émergé la première école Waldorf de Stuttgart comme « le noyau d'une vie spirituelle libre ».
Pour ne pas rester à une solution en surface de la vie sociale, il faut remonter à l '«idée originelle» du social. Voici une tentative, sous une forme concise d'esquisser le contexte global d’une solution à la crise financière. À cet égard, nous pouvons approfondir ce contexte entre autres avec le livre « Les éléments clés de la question sociale dans les nécessités de la vie présente et de l'avenir », et la série de conférences « Cours d’économie nationale », les deux de Rudolf Steiner.

Le premier point important est que la solution à la crise ne peut être trouvée seulement dans la vie économique ! L'organisme social est construit de manière polaire : se tiennent face à face la vie économie qui produit des marchandises et la vie spirituelle qui par ex. produit des « Idées », mais pas des marchandises. Cela signifie que la vie spirituelle, vue d’un point de vue économique, est un consommateur pur. Entre les deux, médiateur, se tient la vie du droit, qui, si elle fonctionne correctement, c'est à dire forte et indépendante, limite la vie économique dans son activité, et protège la vie spirituelle. L'organisme social est seulement sain lorsqu’un équilibre organique règne entre la vie économique et la vie spirituelle. Déjà ici, on voit que la croissance constante de l'économie ne peut pas aboutir à l’assainissement. Et la croissance exponentielle de la dette est un signe alarmant de premier ordre !
Comment atteint-on cet équilibre? Fondamentalement, aujourd'hui l'économie est beaucoup trop puissante - elle inonde tout l'organisme social - et la vie spirituelle est beaucoup trop faible. Depuis le début de la révolution industrielle, il y a 250 ans, le côté de la production de la vie économique a été une histoire de réussite ! Il y a un facteur de l'économie, qui n'a cessé de croître depuis ce temps, chaque année : la productivité !
Chaque année, les marchandises sont produites toujours mieux, toujours plus rationnellement, avec toujours plus d'économie de travail. C’est en fait une bénédiction pour l'humanité ! Mais nous avons le problème de l'autre côté : qui va consommer ce qui est produit ? Comment la consommation peut-elle grimper aussi vite ? Car production sans consommation est insensée et non-économique. Par conséquent, nous avons aujourd'hui en Allemagne surtout une crise de surproduction, et en même temps de nombreuses personnes dans le besoin qui devraient consommer plus, et ne le peuvent pas. Si l'on regarde l'ensemble de l'humanité - et nous avons donc une économie mondiale aujourd'hui - cette question est encore beaucoup plus criante, en particulier en ce qui concerne le rapport du premier au Tiers-Monde. Mais vu économiquement, il n'est « sain » de fournir un revenu que là, où sont créées des valeurs pour l'organisme social.
Et à ce stade intervient une solution conceptuelle essentielle de Steiner : D'où vient donc depuis 250 ans, l'augmentation de la productivité de la vie économique ? Des inventions, rationalisation, division du travail.... d’idées fortes. C’'est donc la vie spirituelle qui a causé cette augmentation de valeur ! On doit reconnaître que la vie spirituelle ne produit en effet pas de marchandises dans le présent, mais prépare le sol pour l'avenir, que les marchandises puissent être produites. Cela se prouve aussi quand on pense à l'école : dans le présent des élèves sont éduqués et formés, dans 30 ans ils seront les travailleurs et les capitaines d’économie.
Un autre exemple est le médecin qui guérit bien un malade aujourd'hui, et assure par là que plus vite il peut se réinsérer dans le processus économique. Steiner apporte cela à l’expression dans sa théorie de la création de valeur : il n'y a pas seulement une valeur 1, qui apparaît du fait qu'un morceau de la nature est modifié par le travail humain (cela est le seul type de formation de valeur que Karl Marx connait), il y a aussi la valeur 2, «esprit appliqué au travail », par laquelle le travail sera épargné.
C'est l'essence même de la révolution industrielle. (Ceci est également à mon avis la raison pour laquelle Steiner ne dit pas qu'il serait contre les « capitalistes », car ils créent de la valeur 2 !).
Quand nous avons réalisé cela, nous savons en fait déjà ce qu’est la tâche : quelles mesures devons-nous prendre afin de « rémunérer » de manière appropriée la vie spirituelle ? Quel est le montant « approprié » ? Et qui appartient entièrement à la vie spirituelle ? Si nous parvenons à produire l'équilibre organique alors nous avons également créé la possibilité de la consommation pour la production sans cesse croissante. Mettre en place cet équilibre est de la responsabilité de l’économie financière. Pour cela Steiner propose une réorganisation du système monétaire : le système monétaire organique. Il rend attentif à ce que la monnaie remplit trois fonctions différentes, qu’il existe trois types de monnaies :
A) : monnaie d'achat : la contrepartie aux marchandises, leur représentant, il sera échangé contre les marchandises.
B) argent de prêt : cet argent sera créé pour chaque investissement par l'amélioration économique ainsi créée, il sera possible à rembourser cet argent, avec intérêt. C’est l’expression que la vie spirituelle devient active élevant la valeur dans la vie économique.
C): argent-cadeau : cette expression Steiner la pense purement techniquement, sans aucune connotation morale : « argent qui sera donné sans recevoir une marchandise » C'est une nécessité dans chaque économie. Tout d'abord pour ceux qui ne peuvent pas produire de marchandises : enfants, personnes âgées, malades, incapables de fournir une prestation. D'autre part, pour ceux qui font quelque chose de socialement utile, sans produire une marchandise : les philosophes, artistes, scientifiques, actifs dans les domaines de la religion, l'éducation, la santé, etc.
Combien d'argent-cadeau est approprié pour la vie spirituelle ? Il y a pour cela une mesure organique, puisque chaque processus d’argent de prêt est une expression que la vie spirituelle est intervenue, augmentant la valeur, dans la vie économique, la somme de tous les investissements devrait couler de nouveau dans la vie spirituelle. Par là cette vie spirituelle sera mise en mesure de continuer à veiller dans l'avenir à la productivité de l'économie. Comment peut-on réussir à faire cela ?
Parce que personne ne veut donner son argent « pour rien » ! Là, Steiner fait une proposition visant à modifier le système monétaire. Il souligne qu'il n'est pas réaliste que l'argent conserve toujours sa valeur, tandis que la marchandise qu'il représente est à un moment ou un autre consommée ou s’avarie. Il convient donc que l'argent reçoive une date d'expiration. Ainsi, nous obtenons du « jeune » et du « viel » argent. Et si l'argent a assez vieilli, c.-à-d. que sa date de péremption est dépassée, il peut à nouveau être valorisé : mais seulement pour la vie spirituelle ! C’est une suggestion sur la façon dont pourrait être vaincu l'égoïsme en termes d'argent. On pourrait peut-être trouver une autre solution. Mais par essence mieux de comprendre le lien organique qui fait que l'augmentation de la productivité économique doit trouver dans la même mesure son équivalent dans le financement de la vie spirituelle.

La question suivante est : où ce flux d'argent doit-il couler ? Qui est justifié à recevoir cet argent-cadeau institutionnalisé ? Les inventeurs, les gestionnaires (qui appartiennent à la vie spirituelle) sont déjà partiellement récompensés princièrement. Les universités reçoivent beaucoup de « moyens tiers » quand ils apportent quelque chose d'utile à l'économie. C'est là qu’intervient une innovation fondamentale de la tri-articulation sociale. Cette tri-articulation est d'abord réalisée, et conduit à un assainissement de l'organisme social, si chacun des trois membres est constitué pleinement autonome, s’administre lui-même et constitue un centre de décision indépendant ; les trois membres devraient, comme Steiner le dit, entretenir des relations "comme des États souverains ».
Cette auto-administration de la vie spirituelle libre, nous ne l'avons pas aujourd'hui. Il y a, comme l’exprime Steiner, la « vie spirituelle à demi libre », qui est orientée à l’amélioration de l'économie, et il y a la « vie spirituelle entièrement libre », comme l'art, la science, la religion et l'éducation. Les deux vont de pair. La vie spirituelle à demi libre, avec toutes ses innovations économiques, dépend - et cela se traduit, comme Steiner le dit, seulement de l'observation la plus intime - par « des milliers de fils » à la vie spirituelle entièrement libre. Dans le spirituel tout se tient ensemble : par mille chemins secrets, la vie spirituelle à demi libre contient des inspirations de ce qui est actuellement travaillé dans une société en philosophie, poésie, science et art. Un exemple préféré de Steiner est le calcul infinitésimal, qui du reste a été trouvé comme une découverte des pures mathématiques par G. W. Leibniz. Depuis lors, il a été constaté que l’on a besoin de ce calcul pour chaque tunnel. Il serait opportun de verser une contribution financière pour chaque tunnel à Leibniz, ou à ses héritiers ! (NDT sur la propriété intellectuelle et la propriété tout court en rapport à l'hérédité) Ce n'est naturellement pas sensé, mais une contribution à la vie intellectuelle globale, à partir de laquelle de nouveaux Leibniz pourraient faire leur travail, c'est sensé !
Vie spirituelle à demi libre et la vie spirituelle totalement libre appartiennent donc ensemble à une gestion de la vie spirituelle libre. Cette administration décidera où l'argent-cadeau institutionnalisé doit couler.
Une vie spirituelle libre ne sera sans doute guère dénuée de la perspicacité que même la vie spirituelle complètement libre doive être entretenue correctement. Ainsi, la vie spirituelle gagne sa position appropriée et la dignité dans la société. Les écoles, par exemple, ne dépendent pas de la perfusion de la vie juridique à se contenter de ce que le Ministère alloue avec parcimonie. Le ministère qui doit lui-même lutter avec d'autres départements pour l'affectation de l’argent de la fiscalité donné à contrecœur. Non, c'est beaucoup mieux si la vie spirituelle peut obtenir son financement de la reconnaissance et de l’enthousiasme ! (Aidé un peu par l’argent-cadeau institutionnalisé !).
Le traitement de la crise financière a conduit à la fin à des nécessités de changement avant tout dans la vie spirituelle. À juste titre, car c’est aujourd’hui le membre insuffisamment soigné de l'organisme social. Mais il faut espérer clairement comment sa libération conduira également à une solution organique des problèmes économiques et financiers. D'immenses quantités d'argent vagabondent maintenant dans les « marchés financiers », sans rapport aux réalités de la vie économique. Pour les dompter et les transformer, il est besoin aussi de mesures dans la vie économique et dans la vie du droit : par ex. une transformation de la propriété privée des moyens de production ( la base de l'actionnariat et de la bourse, ici Karl Marx vient à son droit) - absolument de la vénalité de la nature, du travail et du capital. En ce qu’elle les transforme en marchandises, la vie économique saisit de manière pathologisante au-delà du domaine d’action qui lui est appropriée dans l'organisme social, et favorise une recherche de profit effrénée, anti sociale.
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·                  Thème : crise financière en français ( en allemand )
·                  Ouvrages de base sur les questions sociale de Rudolf Steiner en allemand

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