Liberté : Principe de façonnement de la vie spirituelle culturelle

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Liberté : Principe de façonnement de la vie spirituelle culturelle

Christoph Strawe

Traduction : FG...........................................Original sur http://www.sozialimpulse.de
.................................................................................Rundbrief Dreigliederung Nr. 3 / 2003


Les considérations suivantes sont, comme celles, supplémentaires, planifiées dans le prochain numéro, un concentré de divers exposés que l'auteur a tenus sur le sujet au cours des années depuis 1991. La raison actuelle de la publication est double :
- Tout d'abord, il y a le débat renforcé sur les alternatives au façonnement social dans le contexte de la mondialisation. Une société civile est entrée en scène, qui vise un autre monde : meilleur. Pour ses objectifs stratégiques et ses formes de travail, il est important qu'elle ne réduise pas son propre rôle à la politique et à l'économie, mais avant tout elle se comprenne comme une «force culturelle», un mouvement social culturel. Cela Nicanor Perlas en particulier  l’a fait ressortir de façon impressionnante dans son livre « Façonner la mondialisation ».( 1 )

Par conséquent, il est de plus en plus important d'acquérir une meilleure compréhension du rôle de la culture et de la créativité culturelle des humains pour le développement de la structure sociale. Cela Yeshayahu Ben Aharon le relève également dans cette contribution sur la société civile imprimée dans ce cahier.
- Mais il y a une deuxième raison qui m'a incité à publier justement maintenant ce texte, qui tente également aussi de porter, renouvelée, à la conscience, la contribution de Rudolf Steiner à la théorie et à la pratique d'une vie spirituelle-culturelle libre. La raison en est la manifeste réceptivité d'un certain nombre de personnes qui sympathisent à l'idée d'une vie culturelle libre, et par exemple se positionnent pour un système scolaire libre, vis-à-vis des idées du néo-libéralisme. Pendant qu'une grande partie du mouvement scolaire Waldorf lie son engagement pour la liberté dans le système scolaire et un financement équitable des écoles libres, pour de bonnes raisons organiquement à la lutte contre l'AGCS de l'OMC et à la version néo-libérale de la globalisation, se forme en même temps, un courant qui nourrit l'illusion qu’on pourrait partiellement se lier avec le néolibéralisme, car finalement il en irait en cela aussi de la liberté. C'est politiquement naïf par rapport à l’inquiétante prétention absolument illibérale et franchement totalitaire de l'OMC. C’est également susceptible de mener l'idée du système scolaire libre dans le discrédit. Avant tout, cela suggère un besoin de clarification portant sur la base s'agissant de la question de ce que serait en fait la liberté et comment elle pourrait être vécue dans la structure sociale. Que l'École Waldorf soit apparue d'un mouvement, qui voulait entre autres faire aboutir une économie associative - au-delà du fondamentalisme du marché et de l'économie planifiée -, semble comme une source d'embarras au mieux à ne pas mentionner. L'idée de triarticulation est tenue sous silence ad acta. S’il s’agissait encore d’apprécier à sa juste valeur la différenciation entre culture, État et économie, les qualités particulières des sphères respectives et précisément permettre par là leur saine collaboration, ainsi vouloir amener la pensée, liberté de la culture, par «libre-échange» (NDT :ou aussi « commerce libre »), apparaîtrait comme une absurdité. 

Il ne s’agit pas pour moi à cet endroit des détails de l'erreur d’appréciation des Accords de l'OMC. De cela, j'ai parlé ailleurs. Il s'agit de la question fondamentale de la liberté dans le contexte de la socialité.

Partie I: Pour la définition du concept de vie spirituelle

Philosophie de la liberté et libéralisme économique
La liberté est-elle simple arbitraire ? Est-ce une illusion qui se pose à nous, parce que nous ne voyons pas la détermination de nos actions par la nature ? Ce sont des questions hautement importantes pour l'individu et la vie en commun. L'impulsion à la liberté est une pulsion fondamentale de la modernité. La liberté serait-elle en fait qu'arbitraire égoïste et illusion, devrait elle décomposer la vie en commun. La société aurait alors à limiter la liberté par autoprotection et la canaliser. La liberté pourrait être tolérée en privé, mais non comme un principe de constitution de la vie publique. Une « éducation à la liberté » serait, dans ces circonstances une exigence étrange. Des images de l’humain qui voient les humains comme des singes nus, dont l'activité est déterminée par équipement génétique et conditionnement social, ne laissent pas de place pour la responsabilité individuelle. Elles se résument en la thèse déjà défendue par Spinoza que la liberté est une illusion, parce que nous ne sommes pas capables de voir à travers les motivations contraignantes en nous. Steiner l’a contrecarrée de son temps avec l'argument que ce qui était exact pour le motif non décelé ne devait d’aucune manière valoir pour le décelé. Il concentre alors son chemin d’observation de l’âme sur le déceler de l’apparition du décelé, c'est-à-dire sur la capacité de connaissance humaine. Dans celle-ci la pensée joue un rôle crucial. Que je puisse donner naissance et conduire moi-même mon penser et que je puise à cela en même temps me mouvoir comme élément dépassant sujet et objet, devient un gage que la liberté ne doit pas être une illusion, là où seront traitées des connaissances. Connaître en relation avec l’existant signifie ouvrir le rapport interne du perçu par sa compréhension conceptuelle. En rapport au travailler cela signifie, de créer la signification du traité des propres capacités de pensé « intuitifs » et, sur la base de la connaissance des choses, de trouver des réponses pleines d’imagination aux questions que nous posent des situations et constellations concrètes.

 Ni les normes préformées me définissent alors, ni je prends les thèmes de mon égoïté. Je ne décide pas en fonction de la pesée des avantages et des inconvénients pour moi ou mon groupe (d’après la devise de l'euro, de l’AGCS ou plutôt toujours du bon ou mauvais pour nous?) ; ce serait une simple morale de bon sens, à laquelle la question, quel est le global correct, sain, bénéfique, etc. ne se tiendrait pas au premier plan. Au contraire, je crée l'espace de l'intuition du fait même que je me fasse en quelque sorte «vide», afin que je puisse entendre les questions d’un tu et puisse faire motif de besoin pour mon propre agir. La liberté devient par là amour et sur ce point plus forte force formatrice du social, qui soit absolument pensable.
Seulement la socialité n'est maintenant plus une vieille communauté qui se serait subordonné l'individu en tant que membre. Bien plus, elle aura tendance à des endroits facilitant l'initiative individuelle et des formes de coopération construites sur l’initiative. Le côté social de la liberté réside dans la question, «comment l'organisme social doit être constitué de telle sorte que l'individu puisse se développer librement ». ( 2 )
Ce que nous appelons le libéralisme économique repose maintenant, comme il est facile de le montrer, justement sur une théorie qui tient une telle liberté - au moins pour l'économie -, comme impossible. L'économie moderne est basée sur la division du travail : chacun travaille pour d’autres. Mais travailler pour les autres n'est pas un motif pour un homo economicus dont la seule motivation fiable est l’intérêt personnel. À cela vaut d'une part de stimuler - par des attentes de bénéfices – de l'autre de canaliser  - par le mécanisme de la concurrence. Cela ne fonctionne seulement que si à l'ensemble économique est retirée la possibilité de façonnement de l'initiative humaine, aussi longtemps donc que la liberté n’a jamais le droit d’être la puissance créatrice de l'ensemble. Car la liberté est fondamentalement égoïste pour ce libéralisme, «amour» et «fraternité» dans l'économie ne sont donc, par conséquent, rien de plus que les illusions sentimentales. Certes, la division du travail de l'économie nécessite dès le départ le façonnement de la coopération des partenaires économiques.
C’est pourquoi ici n'est donc pas simplement la liberté, mais plutôt justement la fraternité le principe axial, autour duquel tout aurait à tourner. Mais cela n’a pas le droit d’être mis en opposition au concept de liberté: la fraternité est une métamorphose de la liberté, suppose engagement sur base d’auto-engagement contractuel des partenaires et n'a donc rien à voir avec l’économie planifiée tout comme avec le fondamentalisme du marché.
Déjà cela esquissé dans une extrême brièveté suffit pour établir l'incompatibilité des deux concepts de liberté. Une analyse de l'idéologie néo-libérale en détail ferait ce que j'ai dit encore plus clair, mais doit être omise ici faute d'espace.

 

Liberté et société
Il ne s'agit pas à la critique du libéralisme économique de contester la validité factuelle de l'égoïsme dans la vie humaine. Contesté sera que l'homme ne peut être réduit à ce côté de sa nature. 
Non contesté sera que la liberté n'est pas une description d'état, mais un concept de tâche et qu’en aucun cas tous les actes humains ne sont libres. Cependant, il ne s’agit pas d’une comparaison de bilan de ce qui l’emporte de liberté ou de non-liberté. Bien plus il s’agit de la capacité humaine de développement vers la liberté dans la responsabilité.

Et c'est sur les conditions dans lesquelles les forces de responsabilité peuvent se développer le mieux. Vous ne faites cela que là où à leur fonctionnement ne sera pas placé des obstacles en permanence sur le chemin, ou est empêché complètement. La question après la liberté dans la société est regardée ainsi à la question des espaces dans lesquels peut grandir la responsabilité individuelle et peut se réaliser la résolution individuelle de tâches sociales.
À partir d’un scepticisme sur la liberté fondé diversement sur l’image régnante de l’humain, la société n’est pas arrivée plus loin que sur des réponses partielles à la question de la liberté. Pourtant, la plupart des États partent des droits humains et fondamentaux et avec cela de la primauté de l'individu dans la vie sociale, ils reconnaissent sa liberté d’opinion et avec cela la capacité de jugement majeur. Malgré tout, des limites encore trop étroites sont établies quand il s'agit de cette majorité comme agissant de raison, c.-à-d. puisse être objectivée comme initiative. Trop peu est reconnu, que partout, où des communautés de responsabilité libres saisissent des tâches sociales de leur propre chef et par là règlent ainsi des problèmes individuellement, la régulation jusqu’à présent par la communauté devrait se retirer. Dans une société pluraliste, pour d’innombrables problèmes ne sert plus à rien de donner une solution unitaire ! Si maints humains par la liberté d’initiative  fructifient le chaos, alors ils oublient donc tout simplement, que l'initiative ne défait pas tout simplement l'existant, mais place quelque chose de nouveau à sa place, par conséquent, apporte finalement toujours un nouvel ordre des relations.
L’apport par Rudolf Steiner de la triarticulation de l'organisme social a grandi de la  tentative de décrire des structures sociales qui- avec le dépassement du vieux principe de pouvoir- rendait les conditions façonnables par les humains eux-mêmes.
Avec cela il soulève une question qui détermine aujourd'hui, multipliée, la réflexion du renouvellement des processus sociaux. La libération de la «vie spirituelle» - un concept qui est apparenté, mais pas tout à fait identique à celui de «culture» - pose une question clef pour le développement social. Sur son travail séminal "Les éléments clés de la question sociale», Steiner a écrit en 1919 que cet écrit devait « prendre la tâche peu aimée, de montrer que la confusion de notre vie publique découle de la dépendance de la vie spirituelle à l'égard l'État et de l'économie. Et il doit montrer que la libération de la vie spirituelle de cette dépendance forme donc une partie de la si brûlante question sociale ». ( 1 )

 

La question de la vie spirituelle - corps, âme et esprit
Mais comment est à déterminer le contenu de ce concept « vie spirituelle » ? La qualité de cette sphère de la sociabilité se laisse t’elle différenciée dans le ressenti social des autres secteurs de la société ? 
De telles questions sont loin d'être purement théoriques. Car la capacité de différencier pour les besoins de vie différenciés des sphères sociales est une partie constituante de cette compétence sociale, dont tant dépend à une époque exige l’action sociale consciente. 
Quand même la conscience des humains sur leurs relations sociales n'est pas un reflet d'une objectivité qui existe indépendamment de l'homme, mais une partie de la réalité sociale elle-même, la poursuite de son développement est également déterminée par cette prise de conscience.

Dans le concept de la vie spirituelle se trouve le concept de l'esprit, et avec celui-ci notre époque a ainsi ses difficultés. On gère avec ce concept, en ce qu’on nomme un humain intelligent, un spectacle musical enthousiasment, un discours abrutissant. « C'est l'esprit qui anime le monde », écrivait une grosse entreprise de voiture en correspondance avec Antoine de Saint-Exupéry dans un affichage où ici l'esprit était abordé en tant que source d'innovation technologique. ( 2 ) Mais la question de ce qu'est « en fait » l'esprit génère plutôt de la perplexité. De même que « Dieu » pour les théoriciens positivistes de la science est devenu un simple mot, aussi dépourvu de sens que le mot « babig » (Rudolf Carnap) (NDT : nous cherchons ce que ce philosophe classé « matérialiste » à bien pu vouloir dire par « babig »), le mot « esprit » sert aussi facilement à soupçonner métaphysique ou idéologie. C'est comme si certains scientifiques avaient décidé d'exécuter et de radicaliser la décision de ce concile de Constantinople 869/70, qui – au cœur – dissolvait la trichotomie du corps, de l'âme et de l'esprit par la dichotomie entre le corps et l'âme. ( 3 ) L'émergence d’une psychologie sans « âme » (par le behaviorisme de Watson et Skinner) semble donc à considéré comme membre final d'une longue évolution, qui a en même temps conduit à un profond fossé culturel entre la science, l'art et la religion.

Ce fut Steiner, dans son livre « Théosophie » qui laissa revenir, nouveau, le point de vue trichotomique sur l’humain de corps, d'âme et d'esprit et prêta au mot esprit à nouveau une signification compréhensible, en ce qu’il constata un enchevêtrement triple de l'humain avec le monde : avec mon corps je fais partie du monde réel, le monde du donné, que j’expérimente sensoriellement. Ce monde a un sens pour moi, il me plait ou ne me plait pas, je développe à son contact des expériences intérieures, je me comporte à lui - et y suis avec ma subjectivité émotionnelle la mesure de toutes choses. Mais pensant je peux aussi me maintenir une perception de la réalité, à laquelle je gagne partie discernante à la dynamique interne qui agit dans le monde conformément à des lois et propulse le sensoriellement perceptible à la surface d’apparition.  Ce qui dans l’humain, par ce quoi il dépasse son existence terrestre-corporelle et psychique, et qui se connecte à l'essence des choses, nous pouvons l’appeler l'esprit de l'homme. Mais l'essence la plus intime des choses est nature divine. À ce stade, le concept de Dieu et le concept d’esprit sont pour un point de vue spirituel  intimement apparenté, et c'est ce qui pourrait expliquer les difficultés que notre époque avec le concept d'esprit.
 De cet esprit créatif est devenu tout le devenu, même la matière (« nature ») est comme la « fin des voies de Dieu » esprit dans le mode de son « altérité » (Hegel), existant d'une manière qui de l'extérieur, à travers les sens, peut être regardé (Steiner) (.4 ) C'est le credo d'une vision spirituelle du monde.

Lorsque nous parlons sur l'organisme social – comme incarnation du contexte de vie des relations sociales des humains - nous n’avons maintenant donc pas explicitement à faire avec le spirituel en tant que tel, mais avec la « vie spirituelle terrestre » (R. Steiner), avec la manière dont l'esprit vit dans le tissu social. « Dans le sens terrestre, la vie spirituelle humaine n'est pas la vie des êtres spirituels, mais ce que les gens vont à travers leur être ensemble faire comme vie spirituelle. » ( 5 )  Cette vie spirituelle ainsi comprise, doit cependant toujours à nouveau chercher de nouvelles suggestions du supra terrestre.

 

Vie spirituelle ancienne et moderne
Dans les cultures anciennes, on « savait » que le monde et l'homme apparaissaient originellement du divin spirituel. Analogiquement aux commentaires ci-dessus on pourrait parler ici d'une « vie spirituelle supraterrestre ». « Savait » est synonyme de : « On vivait dans la conscience ».  Que ce fut ainsi, devra aussi admettre celui qui n'aime pas laisser valoir ce supra terrestre comme la réalité spirituelle « objective », mais pour celui en tout cas cela représente, une réalité psychique collective. ( 6 )
Ce domaine spirituel supraterrestre n'était pas vécu comme un « au-delà », mais comme quelque chose d’imprégnant et de soutenant tout le terrestre. Dans ces cultures, on essaya de cultiver la connexion à cette vie spirituelle supraterrestre – par les mystères et les religions. Et justement par cela, on cherchait à créer l'enveloppe sociale dans lequel l'esprit humain encore non autonome pourrait se développer et où il recevrait du «monde spirituel» la nourriture pour cette évolution - en fin de compte sous la forme d’ «imaginations» - images vraies, mythes, etc. - et « inspirations », qui fluaient dans la vie terrestre.

 

Cela veut dire maintenant que nous avons affaire dans ces temps anciens, avec une vie terrestre spirituelle qui n'est pas encore débarrassée du cordon ombilical au « supraterrestre ». Ses représentants « guident » à partir d’impulsions spirituelles sur les communautés humaines de l’époque, et cette « direction spirituelle » fait référence à tous les aspects de la vie sociale. Ces conditions prévalent jusque dans les théocraties de la culture égyptienne, babylonienne. ( 7 )
Administration, « droit » - qui est plus ou moins identique aux commandements religieux - et économie sont encore tout à fait dans le sein de cette terrestre-supraterrestre « vie spirituelle ».( 8 ) Seulement en Grèce et à Rome s’émancipe progressivement une sphère juridique purement terrestre vis-à-vis du spirituel, se séparent « jus » et « fas » - c'est à dire, droit terrestre et divin-religieux - « sacerdocium » et « emporium ». Et ce n'est que dans les temps modernes, que la vie économique devient un axe indépendant de la vie sociale.

L'ancienne vie spirituelle - dans laquelle science, art et religion étaient encore indivis – est chargée d’une force formant la culture extrêmement puissante. Cependant, c’était l'opposé d'une vie spirituelle libre : ce fut autoritaire de part en part, toutefois dans les temps les plus anciens moins en termes de la contrainte extérieure que de l'harmonie à la direction spirituelle et l'inconscient collectif. Toutefois, la contrainte – comme ultima ratio – est autorisée, dissidents sont persécutés (NDT : litt. Traités comme des cathares) et poursuivis.
Ce principe de conduite spirituelle devait survivre à la mesure dans laquelle le «je» humain venait sur la scène et l'humain conscient de son je revendiquait sa liberté et sa majorité. Avec le principe de majorité de la modernité, le principe spirituel de direction passe à l'individu. De ce développement fourni de manière autonome, de sa capacité à recevoir librement des impulsions spirituelles dans sa volonté, le lien entre la vie spirituelle terrestre et supraterrestre sera maintenant dépendant. Car l'humain moderne ne peut plus avoir part par les anciennes méthodes au spirituel du monde qui s’est divisé pour lui en perception et penser et leur rapport d’esprit, ne s’ouvre donc seulement pour lui par activité spirituelle propre: par cela notamment que dans la connaissance il unit les concepts activement formés avec les perceptions et les faits par là seulement transparentes dans leur contexte. Imaginations et inspirations ne lui sont maintenant plus données (« aux siens le seigneur le donne dans le sommeil »), il doit se les élaborer : la pensée autonome est le point de départ du nouveau principe spirituel.

Le renforcement de l'esprit humain par conscience de soi pensante conduit – là dedans réside un certain paradoxe - d'abord à un obscurcissement de la conscience de l'origine spirituelle de l'homme. Le devenir éveillé pour le monde matériel est d’abord un assombrissement du spirituel. Ce n'est plus le monde physique comme pour l’ancien Indien, mais maintenant, on vit le spirituel comme « Maya », comme apparence trompeuse. Le monde spirituel est toutefois encore l'objet de foi rigoureusement séparé de toute science – visant entièrement à une connaissance fonctionnelle externe - et l'art tombe dans un profond contraste à la vie. ( 9 )
Tout cela ne peut en fin de compte pas être autrement : devenir libre signifie finalement, couper les liens qui ont fait l’individu membre d'un plus grand contexte social et cosmique. Par conséquent, l'époque de l'émancipation spirituelle de l'individu est aussi l'époque d'une crise profonde de la vie spirituelle dans laquelle le danger réel réside en ce que les humains perdent entièrement le lien à leurs racines spirituelles et tombent par là dans un chaos social et spirituel.
Il peut apparaître l'impression que la vie spirituelle ne possède pas de valeur d’existence propre, serait un simple reflet de relations sociales « matérielles » qui ont leur base dans l'économie. Cette économie se lie les forces d'attention de la conscience spirituelle des humains toujours plus complètement : dans la vision bourgeoise du monde - et aussi de ce point de vue l’image bourgeoise du monde de part en part du mouvement socialiste du prolétariat - le monde spirituel vaut pour comme pure brume, comme une « formation brumeuse » montant des faits matériels de la vie (Marx).

Avec ces visions du monde, Steiner se distingue à son époque où il développait dans les «points germinatifs» (NDT Autre façon de traduire les Points fondamentaux … de la question sociale) le concept d'une vie spirituelle libre. Le premier chapitre des « points germinatifs », où il en va de l'importance de la vie spirituelle pour la solution du problème social de l'époque n'est absolument compréhensible qu'à partir de ce contexte. ( 10 ) L'assombrissement de la signification du concept « vie spirituelle » et ses conséquences pratiques forme «l’une des parties de la si brûlante question sociale ». ( 11 ) La situation actuelle, cependant, diffère sensiblement de celle analysée par Steiner : alors œuvraient encore dans la bourgeoisie des traditions culturelles et religieuses, qui d’ailleurs étaient épuisées, mais donnaient encore un certain soutien. Le plus touché par le problème était à l'époque le prolétariat, ce qui représentait aussi du point de vue spirituel culturel une classe « déshéritée ». Mais au plus tard depuis les années 50, le courant de la tradition culturelle est pratiquement asséché pour de bon pour les gens de toutes les classes.

La vie spirituelle dans l'organisme social
Dans « les questions fondamentales de la question sociale » de Steiner est fait l’essai à un emplacement central de définir la vie spirituelle dans le cadre de la structure globale de l'organisme social, avec une terminologie qui l’on pourrait décrire comme « regardant-caractérisante » : « Comme troisième membre, qui tout autant doit se tenir à côté des deux autres membres, on a à saisir dans l'organisme social ce qui se rapporte à la vie spirituelle. Plus précisément, on pourrait dire, parce que peut-être la description,  culture spirituelle ou tout, ce qui se rapporte à la vie spirituelle, n'est certainement pas tout à fait exacte : tout ce qui repose sur la capacité naturelle de l’individualité humaine, qui doit pénétrer dans l’organisme social sur la base de ces talents naturels, à la fois spirituels et physiques de l’individu unique humain. » « Le premier système, le système économique a à faire avec tout ce qui doit être là, de sorte que l'humain puisse régler ses rapports matériels au monde extérieur. Le second système a à voir avec ce qui doit être dans l'organisme social à cause des relations d’humain à humain. Le troisième système a à faire avec tout ce qui doit germer et doit être articulé dans l'organisme social à partir de l'individualité humaine unique. “ ( 12 )

 

On peut aussi tourner cela différemment et dire : le concept de ‘culture’, qui vient donc du latin et veut dire ‘soins’, est devenu imprécis pour cela et ‘pas entièrement exact’, parce que l’on ne fait pas suffisamment clair, ce qui dont est à prendre soin et soigner : notamment le potentiel spirituel de la personnalité humaine individuelle. Il se peut que ce soin ait lieu dans l'éducation par d'autres humains, que l'adulte soigne et perfectionne lui-même ses propres forces spirituelles et laisse à nouveau s’écouler leurs fruits à la communauté comme des compétences professionnelles, ingéniosité ou par des prestations scientifiques et artistiques.

Dans la vie spirituelle, il s’agit, ainsi considéré, de relation de l'homme à lui-même, seconde nature de ses forces individuelles, mais peut être aussi considérée comme surnature, comme ‘part céleste". Talent et aptitude c'est précisément ce que l'individu transporte à travers la porte de la naissance dans l'organisme social. D'où vient cette dot ? Ici il y a un contraste entre la conception qui veut laisser valoir seulement l’héritage – combiné avec l’influence par le milieu - et une autre qui considère celle du potentiel spirituel comme un héritage du passé individuel, un développement individuel dans différentes vies terrestres et comme résultat de la re-fusion des fruits de ces vies terrestres dans une existence spirituelle avant la naissance. 

Par cela déjà qu'elle soit une continuation du prénatal se place, selon Steiner, la vie culturelle comme quelque chose d'indépendant dans le tissu social. Elle se distingue déjà de la vie économique par la qualité de cette résonnance du passé (prénatal), qui fonde matériellement de nouvelles relations entre les personnes – relations, qui conduisent dans l'avenir, jusque dans le post mortem - et de la vie du droit, qui devrait ordonner les conditions terrestres présentes des humains.

 

La « dotation » spirituelle de l'individualité
Tout indépendamment d’où on se tient sur la question de la source des talents, on peut considérer chez le nouveau-né l’équipement en dons d’ordre modéré et observer comment les aptitudes individuelles émergent. L'équipement standard est minimal chez les humains, contrairement à celle de la plupart des animaux : tandis que l'animal apporte généralement un remarquable talent spécifique de l'espèce et dispose bientôt du répertoire comportemental approprié, le nouveau-né dispose seulement de peu de réflexes, comme le réflexe du souffle et de la déglutition, le réflexe de préhension et de succion. ( 13 ) Tout le reste est d'abord développé par ses propres efforts de la base de talents : ainsi, de talents viennent des capacités. Le bambin atteint la capacité de tenir et redresser la tête, la marche, etc. laborieusement de la corporéité par activité imitante propre.

Déjà à ces compétences élémentaires se montrent des différences de talent individuelles : un enfant apprend plus vite et plus facilement, l'autre plus lentement, etc.  Et plus l'enfant se développe, plus se montrent des différences de talent individuelles. Cela ne se montre pas seulement sur le côté des capacités, mais aussi sur celle des besoins, parce que l'homme n’apporte pas seulement l'impulsion de vivre des systèmes existants, mais aussi celles de se développer, se perfectionner et de s’adjoindre du nouveau.
Chaque humain a son propre profil de capacité : les facultés sociales, l’intelligence, le sens artistique sont individuels incroyablement diversifiés. Aussi par l’unilatéralité ou l'universalité des profils de talent les humains se différencient les uns des autres. D’ailleurs, il y a ici certainement une part due à l'hérédité et au milieu : au total est utile de réfléchir à ce que Steiner dit du célèbre poème de Goethe : « Du le père j'ai la stature, la conduite sérieuse de la vie, - de ma petite maman la bonne nature et le désir d’inventer des histoires.... » : « Le génie il n'a pas des deux ". Du Mozart de 13-ans, nous savons qu’en 1769 à Rome dans la chapelle Sixtine, il écoute d’un chœur a cappella de neuf voix, le Miserere d'Allegri, dont les notes avaient été gardées secrètes. Dans une lettre il rapporte heureux : « Mais nous l’avons déjà... »  Il l'avait noté après l'audition de mémoire. La maison musicale parentale, l’exercice musical incessant depuis l'âge de trois ans étaient certainement une condition préalable à cette prestation formidable : mais s’explique-t-elle seulement par cela ? ( 14 ) .

 

Aux ‘prestations d'excellence’ du type esquissé se montre seulement très clairement que ce qui aussi déjà à des activités élémentaires est à remarquer comme le profil individuel. Déjà dans le plus simple travail physique ‘l'attention comme substance du je’ (Georg Kühlewind), la compétence et le talent de l'humain individuel entre en action. Vu ainsi tout travail est vie spirituelle, un pas de penser radical vis-à-vis du monde antique, qui regarde vers le bas sur le travail physique comme quelque chose de non spirituel ! Steiner saisit comme Hegel l'esprit avant tout comme travailleur, institue en même temps le travail corporel dans son rang spirituel : ‘Chaque humain, un artiste’ (Joseph Beuys).
Paiement du travail, c'est à dire le travail ordinaire salarié signifie par cela, soumettre la vie spirituelle à l’économie et introduire ainsi une condition humaine indigne. Que l’humain ait besoin d'un revenu pour être en mesure de travailler ne signifie nullement que le travail soit un bien achetable et soit là par le vouloir un revenu ! Tout autant cela représente un empiétement de l'économie sur la vie spirituelle, quand celle-ci veut se faire maîtresse des besoins humains qui devraient être éveillés, soignés et anoblis dans la vie spirituelle. L'économie est là pour la couverture de la demande (besoin) par laquelle ces besoins s’articulent économiquement. Cependant, elle n'a pas à provoquer artificiellement des besoins de sorte que des intérêts économiques seraient servis.

Vie spirituelle productive, constructive et créative
La vie spirituelle a donc à faire avec l'individualité. C'est la raison profonde pour laquelle nous regardons la société civile avec Nicanor Perlas en premier lieu comme une force culturelle. Car l'engagement civique vit du devenir-éveillé de l’humain individuel qui prend appui sur des contextes humains indignes et cherche des relations humaines. Le principe de la société civile est la lutte contre les conformismes de toute sorte, est diversité. Mais la diversité est avant tout la diversité individuelle et en cela individualité. Si l’individualité est opprimée, cela a des conséquences désastreuses pour la vie sociale dans son ensemble. Car si «l'homme introduit quelque chose dans le monde de ses capacités individuelles "  ", ainsi croit non seulement lui, mais aussi à la vie sociale de la société quelque chose qui gagne en valeur dans la mesure de sa valeur, car la prestation personnalisée individuelle est irremplaçable."( 15 )

Avec Stefan Leber, qui avec ces paroles exprime le concept germinatif de «vie spirituelle», on peut maintenant continuer plus avant à distinguer des prestations productives, constructives et créatrices de l'esprit humain, et donc aussi parler sur ce point de trois types de vie spirituelle.
Les facultés productives sont appliquées dans n'importe quel travail corporel. Pas même, la simple reproduction de la vie n’est possible sans cette forme de vie spirituelle. L'organisme social serait condamné à mourir sans elle. Le degré de liberté est ici faible (vie spirituelle "non libre"), le travail a à se fondre dans la factualité du contexte et le déroulement prédéfini du travail.

Dans la vie spirituelle constructive l’esprit ne va pas dans le travail matériel, mais le processus de travail lui-même est fait l'objet du travail spirituel. Rationalisation et de simplification du travail est le but. Ici, il s’agit, quand on veut ainsi, d’une vie spirituelle "demi-libre" : L'objectif est prédéfini, pour sa réalisation, il y a des nombreuses options de conception. On peut s'attendre ici à toute invention, savoir-faire technique, etc.  Grâce à l'application de l'esprit (R. Steiner parle parfois de “Grizzi”) sur le travail du travail corporel est épargné, la productivité du travail augmentée. Sans la force d'innovation de l'esprit dans cette forme de travail constructif, il n'y aurait pas “reproduction élargie”, la vie se déroulerait toujours dans le même rail.

Leber l’a expliqué à l'exemple frappant de l'évolution de la faucille à la moissonneuse-batteuse. A-t-on besoin avec une faucille, pour la fauche du grain de bien 1 heure pour 100 m2, ainsi une moissonneuse - batteuse moderne fait la même chose battage et liage, y compris, en environ 20 Secondes. ( 16 )

La conséquence de ces innovations et d'autre est la transformation complète de la structure sociale. Ainsi, le nombre de personnes actives dans l'agriculture en Allemagne de 1800 à 1972 passa d'environ 80% à 5%. ( 17 ) La «révolution verte» laissa croitre de 1950 à 1984 par la mécanisation, les engrais et les nouvelles variétés la production alimentaire plus rapidement que dans toute l'histoire de l'humanité. À l'heure actuelle se prépare une autre "augmentation de productivité" dans l'agriculture grâce au génie génétique. Toutes ces évolutions sont le résultat de la «vie spirituelle» . ( 18 ) Que ces développements sont associés à de grands dangers et des problèmes, c'est l'autre côté de la médaille. À la vie spirituelle appartient aussi d’apprendre à distinguer les esprits.

L'efficacité e l’esprit conduit à des économies de toujours plus de travail humain qui par là  est «rendu libre» par elle. Avec le travail agricole rendu libre a augmenté l'industrie, avec le travail épargné là, s’élargit le secteur des services, qui maintenant butte désormais parfois aux limites sa croissance. 

Les questions soulevées avec cela ne peuvent pas être poursuivies plus avant ici. Est à retenir, toutefois, que tout ce que l’on appelait autrefois la révolution scientifique et technologique est en fin de compte «activité de l’esprit» dans l'organisme social. À cela appartiennent également l’ensemble des systèmes informatisés de communication moderne et de la finance moderne. On tient compte de ce genre d'activité spirituelle quand donc maintenant généralement on investi des ressources considérables dans le "facteur de productivité" esprit : Dans de la recherche, de l'éducation et de la formation. À cet égard, l’alimentation de l'organisme social - du moins sous nos latitudes – est aujourd’hui relativement assurée.
À côté de ces deux formes de la vie spirituelle, il en existe une troisième, elle représente la zone centrale réelle de la vie spirituelle libre. Leber l’appelle la vie spirituelle créatrice. C'est le domaine de pure science, art et religion. Il s'agit de la zone où la quête de sens doit finalement répondre de tout le reste. Notre manque d’une telle vie spirituelle créative montre déjà le fait que nous ne disposons pas d’assez de créativité pour utiliser le travail rendu libre de manière pleine de sens, et que nous l’administrons donc contre productivement comme «chômage»!

Dans la vie intellectuelle productive et constructive, le travail serait orienté sur la nature et sur le processus de travail lui-même pour atteindre de cette manière des fins externes. Ces objectifs résultent de la constitution physique, vitale et psychique de l'homme, pour cette dernière en particulier de sa vie affective. Par conséquent, on peut, comme Steiner le fait dans son livre "Théosophie" parler des services que l'entendement (ou l'âme de raison) fournit par la technique à l’ «âme sensible».

Dans la "vie spirituelle créatrice» il en va de la question de la promotion du développement spirituel de l'homme, avec le développement des compétences de l'homme comme une fin en soi. Tout simplement parce que l'émancipation de l'esprit humain a fait le voyage à travers le désert du matérialisme nécessaire, la fonction centrale, significative de la vie spirituelle aujourd'hui est celle le plus faiblement développée. Beaucoup de gens constatent cet état, en ce qu’ils se lamentent sur une crise de sens et des valeurs. Beaucoup sentent plus ou moins clairement que la culture spirituelle doit déserter quand elle rate son vrai travail, relier les gens avec les sources créatives de l'existence, sous la forme de la religion, de permettre la connaissance du contenu spirituel dans le monde par la science véritable et stimuler leur cocréation spirituelle, par ex. dans la production artistique. La question après la vie spirituelle libre vise où et comment l'esprit créatif dans la société peut émerger toujours à nouveau.

 

Dans le développement du domaine créatif repose en fait la fonction réelle de noyau de la vie spirituelle, à travers laquelle peut se former la force des facultés individuelles agissantes en elle, aspirant au perfectionnement de ces facultés et à l'innovation « de cet élément vivifiant dans la société», «qui provoque le changement culturel, change la signature du temps, éjecte le trop vécu, crée du neuf aux valeurs, change les façons de vivre ensemble tout comme les structures sociales dans lesquelles se produisent des processus sociaux. "( 20 )

Toutefois, la compréhension de la fonction de cette vie spirituelle libre sera toujours à nouveau compliquée par ce que les valeurs spirituelles et de leur effet rafraîchissant ne se laissent en fait pas évalué économiquement dans le sens du travail qui est fourni ou plutôt épargné. Quelle est la valeur économique objective de « Imitatio Christi » de Thomas a Kempis, du" quatuor en do mineur" de Beethoven, de la  Pieta de Michel-Ange ? ( 21 ) Ainsi se montre la crise spirituelle actuelle avant tout là dedans que le domaine central de la vie spirituelle menace de devenir un phénomène marginal, un simple ornement de l'existence. Mais avec cela, menace le tarissement total du courant des valeurs spirituelles qui nourrissaient jusqu'à présent les humains qui ne vivent justement pas que de pain. Surtout si l'on ne veut pas donner au pessimisme culturel le dernier mot, on doit chercher des chemins pour ramener le flux de nourriture spirituelle dans la course. Ce n'est qu'alors que la crise de sens du présent - avec ses nombreuses conséquences de l'augmentation de la dépression, des différentes formes d’expérience d’ivresse et dépendances, jusqu’à l'augmentation de la violence, avec sa répression et sa tabouisation des questions existentielles fondamentales du « d’où je viens » et du « où je vais », du sens de la souffrance et de la mort, peuvent être surmontés.

 

Observation fonctionnelle et institutionnelle de la vie spirituelle dans le tissu social
Dans le domaine productif agit "l'esprit" avant tout préservant. Dans le constructif en même temps renouvellant : les effets de ses activités se maintiennent à long terme (une technologie est utilisée aussi longtemps qu'on trouve une meilleure). Les plus fortes motivations aux innovations sociales grandissent, cependant, de la vie spirituelle créative. Là naissent des valeurs qui peuvent être agissantes éternellement. La vie spirituelle créative est l'endroit où la prise de conscience grandit que les humains développent d'eux-mêmes dans une société, leurs valeurs et maximes de la vie commune. Ainsi, on peut décrire cette vie spirituelle sociologiquement, avec un certain droit comme système de valeurs de la société. Au plus tard depuis l’analyse de Max Weber sur l'émergence du capitalisme dans l'esprit de l'éthique protestante (« ascèse du monde intérieur »), nous savons comment le changement social dépend de façon cruciale du système de valeurs promues par les attitudes et les croyances des humains - ou peut aussi être entravé. ( 19 )

La vie spirituelle « nourrit » la Société
On peut résumer les fonctions décrites de la vie spirituelle à l'image de l'alimentation. La vie spirituelle « nourrit » l'organisme social. Ce mot est plus qu'une métaphore, car c'est une véritable revivification, dynamisation et renouvellement de la société, qui se déroule ici. La vie spirituelle serait donc, si l'on voulait faire des comparaisons entre l'organisme humain et social ( 22 ) non pas le « pôle tête » - comme on pourrait être tenté d'accepter -, mais le pôle métabolique ! 
Ce qui dans l’humain individuel, avant tout parvient par les forces de sa tête, cela sera pour ainsi dire retourné dans le contexte social, et apparaît en tant que processus de nutrition, régénération, de croissance et le développement. Ainsi, la vie spirituelle est la partie la plus vitale de l'organisme social, qui comme Rudolf Steiner l’a dit une fois « se tient sur la tête ». 
Sans le principe de façonnement de la liberté, cette fonction nourricière de la vie spirituelle ne peut pas se dérouler aujourd'hui. Elle sera bien plus inhibée et affaiblie, ce par quoi tout l'organisme social sera gravement endommagé.

De ce qui a pu être dit jusqu’à présent, puisse aussi s‘éclairer, que la vie spirituelle dans la société n'est pas une zone spatialement à part, mais traverse fonctionnellement et processuellement l'organisme social tout entier, toutes ses institutions, comme talent vivifiant et courant de capacités. Il y a de la vie spirituelle dans chaque institution dans la société. Dans un grand magasin, un atelier de mécanique, un poste de police, une école, un théâtre : partout des capacités, les droits et les devoirs, des biens et services doivent travailler ensemble, et s’entrelacent. L'observation fonctionnelle, cependant, n’a pas le droit désormais de brouiller les différences de fonction institutionnelles. Il en va par la méthode d’organique sociale poursuivie ici justement de la relation entre les fonctions et les organes (c.-à-d. des Institutions). La fonction principale et, avec cela aussi, la saine formation d'un organe des sens est une autre que celle d'un organe digestif, mais cela ne signifie pas que dans tout organe des sens nous ne constatons pas de métabolisme ou dans un organe digestif aucun processus nerveux. Qu’un théâtre, une fabrique de machines et d'un poste de police posent chacun pour soi des structures où ces capacités, droits ou encore des obligations et des biens matériels jouent un rôle, ne signifie justement pas qu'ils ne diffèrent pas essentiellement. Cette distinction doit être établie à leur tâche principale : dans l’usine de machine, c’est la production de marchandises, dans le poste de police, le maintien de l'ordre public et la sécurité.

Institutionnellement (structurellement) on peut décrire ces institutions comme « institutions de la vie spirituelle », en qui la principale fonction est l'une des possibilités de développement de la vie spirituelle. Et cela signifie qu’en elles, le développement des capacités humaines est orienté sur lui-même, représente sur ce point une réalité se portant elle-même. Les capacités ne s’orientent pas purement sur quelque chose d’autre soutenant et permettant (droit, production de marchandises, etc.;), mais cela y demeure dominant. Dans une école, par exemple, les aspects de droit du travail et autres questions juridiques tout comme le financement et autre approvisionnement matériel sont orientés sur la facilitation d'un processus central, chez les enseignants d’utiliser leurs compétences pour développer et promouvoir les compétences des jeunes humains, leur potentiel spirituel.
Du point de vue institutionnel, appartient à la vie spirituelle tout ce qui englobe la science, l'art et la religion. Mais appartient à la vie spirituelle aussi tout ce qui concerne école et éducation. Lorsque sera parlé de « vie spirituelle libre", alors est à penser principalement à ce domaine central : à « [... ] tout système scolaire, tout système d’éducation, toute vie scientifique, artistique, littéraire et ainsi de suite», qui « doit former une organisation sociale séparée en soi ». ( 23 )
On peut encore approfondir cette articulation, comme Heinz Kloss le fit.  Il distingue le «domaine central» de la recherche (sous lequel il englobe aussi l’ensemble du domaine de la technologie), de l'art et de la religion, - le «domaine des services» de l'éducation (y compris l'enseignement universitaire), du système de soins et de la jurisprudence - et le «domaine de soutien» de l'aide à la création (maisons d'édition et rédaction de magazines), soutien à la diffusion (presse, librairies, galeries, etc.) et soutien à la conservation (musées, bibliothèques, archives) . ( 24 ) Nous avons là en tout à faire avec un domaine de l'organisme social croissant quantitativement. ( 25 )

Remarques
( 1 ) Les éléments clés de la question sociale dans les nécessités de vie du présent et de l'avenir. GA 23, édition de poche, Dornach 1984, page 9

( 2 ) Dans la revue de la «FAZ» du 6.9. 91, il y a un insert d’une double page de Daimler-Benz AG avec la citation d'Antoine de Saint-Exupéry comme titre: «. C'est l'esprit qui anime le monde" En photos et texte, est fait référencer aux réalisations des chercheurs et des ingénieurs dans le transport routier et ferroviaire, la construction navale, aéronautique et spaciale.

( 3 ) L'homme consiste depuis en corps, âme et église, résonne un aperçu de Steiner là dessus.
( 4 ) Dans ce sens, Steiner a dit du projet, Anthroposophie que c'est un chemin de connaissance qui voudrait relier le spirituel dans l'humain et le spirituel dans l'univers.
( 5 ) GA 193/1968, p.25 (L'aspect intérieur de l’énigme sociale, 1919).
( 6 ) Cette conception n'est pas la notre. Mais la remarque peut signifier qu'il soit clair qu'une observation sur vie spirituelle supraterrestre et terrestre peut du reste aussi être stimulante indépendamment des points de vue qu’ont les différentes personnes sur la spiritualité.
( 7 ) Steiner la décrit aussi comme « troisième époque de culture post-atlantéenne ».
( 8 ) Hartmut Schmökel donne un récit historique classique de ces relations: Le pays de Sumer, La redécouverte de la première civilisation de l'humanité, Stuttgart 1955
( 9 ) Voir Karl Martin Dietz: La vie spirituelle libre et de l’avenir de la civilisation. Das Goetheanum, n ° 4, 28 Avril 1996.
( 10 ) Points fondamentaux, cité p. 24 ss. Ailleurs il est dit dans le même sens: «Par le développement moderne, cette vie spirituelle qui sous l'influence de la bourgeoisie, des intellectuels de la bourgeoisie, s’est paralysée en une simple idéologie, que par conséquent, les prolétaires ont pris dans leur vision du monde comme une simple idéologie [.. . ] une telle qui ne non parvient pas purement de la vie économique. " (GA 193, p.25)

( 11 ) Points fondamentaux, ibid. p. 9
( 12 ) Points fondamentaux, ibid. p 51 s
22 Lettre circulaire  triarticulation 3/2003
( 13 ) Voir pour l'ensemble du complexe «vie spirituelle et capacités » : Leber, Stefan: l'accomplissement de soi,  maturité, socialité. Une introduction à la triarticulation de l’organisme social. Stuttgart 1978, chapitre "La fonction de la vie spirituelle comme un exemple de l'approche analytique de l’idée de triarticulation".
( 14 ) Il s'agit de l'endroit où, pour maintes personnes, l'idée de la réincarnation s’impose à la suite de la pensée évolutionniste.
( 15 ) Stefan Leber, la réalisation de soi, ibid. p. 54
( 16 ) Cf. Stefan Leber, ibid. p. 61
( 17 ) En 1993, l'emploi dans le secteur agricole étaient à 3% aux États-Unis, 2,1% en Grande-Bretagne, 6,7% en France, 8% au Japon, 9,1% en Italie.(Paul Kennedy, En préparation pour le 21e siècle. Francfort 1993, p 104) La «révolution verte» a laissée croître de 1950 à 1984 par la mécanisation, les engrais et les nouvelles variétés la production alimentaire, plus rapidement que dans toute l'histoire de l'humanité, tandis que le nombre de personnes occupées dans l'agriculture a été réduite de façon permanente. En Asie par ex. les variétés plus résistantes de riz (« riz miracle») conduisirent à d'énormes augmentations de rendement. La production mondiale de riz est passée de 257 tonnes en 1965 à 468 millions de tonnes en 1984. (Voir Kennedy, ibid.)
( 18 ) Leber, ibid, p.76, écrit: «L'Américain du Nord [...]
a 255 kWh par jour à disposition, donc une centaine de fois plus que l'homme a besoin pour son existence nue (2,8 kWh = 2400 calories par jour, CS) La consommation d'énergie quotidienne de l'américain du nord  exprime la puissance pour laquelle dans les temps anciens, il aurait fallu 100 esclaves. "

Le processus de croissance de la productivité du travail, est cependant, comme elle se déroule aujourd’hui aussi liée avec un pillage massif des ressources, gaspillage d'énergie, couplée à la pollution de l'environnement et les problèmes sociaux de première importance. L'augmentation croissante de la main-d'œuvre libérée due à la productivité doivent justement d’abord être maîtrisée.
( 19 ) Voir Leber 1974, ibid.
( 20 ) Leber 1974, ibid, p.17
( 21 ) Le fait que l'appréciation subjective puisse faire de l'art un objet de spéculation, ne contredit pas cette affirmation. La subjectivité de cette valorisation peut être illustré par Van Gogh: Une compagnie d'assurance japonaise a enchéri il y a quelques années un tableau du Maître pour 72 millions de DM Le Maître n’a, cependant, au cours de sa vie, sauf à son frère, pu vendre aucun tableau.
( 22 ) Voir C. Strawe: triarticulation et articulation en neuf - Tentative de clarification conceptuelle, dans lettre circulaire Triarticulation de l’organisme social, n ° 4/2000. Là, avant tout la section «Quel sens a la comparaison de l'organisme humain et social». Là j’ai argumenté contre le réductionnisme biologique et la pensée analogique et fait la tentative d’une reconstruction du sens de comparaison Steinerienne entre l'organisme humain et social. Il s’agit entre autres choses de "La comparaison est faite en vue, d’orienter le regard. A l’organisme naturel le plus compliqué le regard doit être exercé au vivant: Afin de ne pas tomber dans une vision mécaniste de la vie sociale, celui-ci doit être reconnu comme un tissu spécifique de rapports de vie.


Que justement le corps humain soit utilisé à cela, a sa cause en ce que avant tout il s’agit au mouvement de la triarticulation de former les structures sociales ainsi qu'elles puissent servir à l’humain libre comme une sorte de corporéité sociale. Cette corporéité ne lui est pas simplement donnée comme le physique, mais se forme toujours nouvelle dans la façon dont les gens se traitent les uns les autres. Ces humains doivent maintenant développer une compréhension du social, parce qu'ils voudront et devront vouloir dans l'âge de la maturité leurs conditions sociales. 

Par conséquent, ils ont besoin d'un ressentir pour des structures modelables rendant possibles la vie. Ils doivent apprendre à comprendre comment une nécessité interne existe entre  - formes, structures et formation d’organes anatomique respectivement sociale  et les processus, les fonctions pour l’ensemble- qui s'appuient aussi sur ces structures. Il s’agit en cela d’un questionnement qui - bien que partiellement sous d’autres perspectives. - est bien connu en sociologie moderne comme un moyen de l'analyse structuro-fonctionnelle "
( 23 ) GA 193, p.25 Mais serait aussi à penser, ce qui ne peut être poursuivit ici, à  «[... ] celui qui se rapporte
à la gestion du droit privé et pénal. " (GA 193, p 46).
( 24 ) Voir Heinz Kloss, L'autogestion de la vie spirituelle. La République fédérale d'Allemagne en tant que pays autogéré. Un programme. Volume 5 Francfort 1981, pp 10 à 13

Dans une référence lâche à Leber et Kloss, Latrille arrive à l'image suivante:
1. Zone centrale de la vie spirituelle:
a) l'école et l'éducation (de la maternelle par l'école à l'université)
b) Science (recherche par les universités et les instituts de recherche, dans le domaine technique et aussi par l'industrie)
c) la création d'art
d) la religion (cultes et enseignants dans les églises et institutions similaires)
2. Domaines complémentaires de la vie spirituelle:
a) les représentations artistiques (théâtre, salles de concert et les opéras, etc)
b) informations (éditeur, presse, nouvelles, radio, télévision, bibliothèques, musées)
c) institutions religieuses
d) l'enseignement technique et professionnel (aujourd’hui aussi dans l'économie)
e) l'éducation (éducation des adultes, les loisirs, les sports, etc)
f) partis politiques, dans la mesure où il s’agit de la formation des idées. La formation de la volonté politique appartient à la vie publique.
g) Fabrication de la substance juridique par la science juridique
h) Jurisprudence en droit privé et pénal, resocialisation (aujourd’hui dans la vie étatique)
i) Certains aspects de la gestion du capital (dans l'économie aujourd'hui)
j) Système médical (cabinets de médecins, hôpitaux, etc.)
(Wolfgang Latrille, économie associative. Un chemin de réorganisation sociale. Les aspects pragmatiques de la triarticulation sociale. Stuttgart, 1985, pp 44 ss.)
( 25 ) Cela montre déjà l’apparition régulière de slogans comme "montagne d’écoliers", "montagne d’étudiants", etc. dans les débats publics."Plus de 1,83 millions d'étudiants se bousculent pour moins de 900.000 places d'étudiants» («Fin de la gloutonnerie de savoir. Non seulement les salles de classe, mais aussi les têtes des étudiants sont surremplies." Focus n ° 17, 26.4. 93, pp 40s.)