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traduction  au 21/09/2019

VII. La fondation de l'École Waldorf

 Entre-temps, les préparatifs pour la fondation de l'école de Stuttgart s'étaient tellement intensifiés qu'il fallait maintenant que tout le monde s'entraide afin de pouvoir la terminer le plus tôt possible, c'est-à-dire avant la rentrée scolaire générale de l'automne. Rudolf Steiner avait accepté de prendre la direction pédagogique de l'école et de nommer les enseignants appropriés, tandis qu'Emil Molt se préoccupait avant tout de répondre à toutes les exigences extérieures. Il y avait un bâtiment très bien situé, un ancien restaurant sur Kanonenweg, qui avait un nombre suffisant de pièces et d'appartements pour le début. Il a dû être rénové et équipé avec le mobilier nécessaire, les bancs d'école, les tableaux noirs, l'équipement de gymnastique, etc. Emil Molt avait bien à faire. Il était tout à fait dans son élément, malgré les inquiétudes que lui causaient les divers fardeaux financiers. Comme il l'écrit dans ses mémoires, il a été en mesure de mettre à disposition le gros, pour l'époque, montant de 100 000 marks, dont Rudolf Steiner, qui voyait beaucoup plus loin, pensait que « çà suffirait pour un début ». Seule l'acquisition du bâtiment et l'inscription au registre foncier devaient être effectuées à temps et l'autorisation officielle pour un fonctionnement scolaire devait être obtenue. Il s'est avéré que de telles choses, qui découlent d'impulsions spirituelles, sont favorisées par le destin, bien qu'à l'époque on n'avait aucune idée qu'un mouvement mondial se développerait à partir de cette petite école de travailleurs.

7 septembre 1919 : Quelle journée significative ! Une petite école standard/unique/unitaire pour les enfants des collaborateurs de l'usine de cigarettes Waldorf-Astoria a ouvert ses portes. Les 191 enfants de travailleurs ont été rapidement rejoints par un grand nombre d'enfants issus du cercle des parents anthroposophes. La cérémonie d'inauguration a eu lieu un dimanche dans la Stadtgartensaal avec une grande participation, introduite par Emil Molt et honorée par Rudolf Steiner d'un long discours. Il y faisait remarquer que les plus grandes choses étaient encore nées de la nécessité.
Tant de choses ont déjà été écrites sur cette école et sa signification qu'il ne semble pas nécessaire de la traiter ici en détail.
L'ouverture de l'école Waldorf a été une grande joie, non seulement pour Emil Molt, mais aussi pour beaucoup d'autres qui avaient le sentiment que quelque chose d'extraordinaire allait arriver. Les conférences de Rudolf Steiner sur l'éducation populaire ont permis de faire connaître les problèmes d'une nécessaire transformation du système scolaire ainsi que ses vues sur la pédagogie et la didactique. La nomination des premiers enseignants, qui devaient se réunir pour former un collège, était unique. Rudolf Steiner les a choisis d'une manière particulière parmi les membres de la société et du mouvement anthroposophique. Il connaissait chacun d'eux mieux que la personne concernée elle-même. Certes, il est parti de l'expertise nécessaire pour enseigner dans différentes classes. Mais il n'y avait qu'un seul enseignant formé qui pouvait représenter l'école à l'extérieur. C'est E.A. Karl Stockmeyer qui, le 13 mai 1919, avec Rudolf Steiner et Emil Molt, rendit visite au ministre de la Culture du Wurtemberg, Haymann, et reçut confirmation qu'aucun examen d'État ne serait exigé pour le personnel enseignant d'une école privée selon l'ancienne loi scolaire de 1836. Cela a donné libre cours à la fondation de l'école Waldorf. Tous les futurs enseignants avaient été récemment étudiants ou avaient exercé d'autres professions. Rudolf Steiner leur offrait la pleine confiance qu'ils s’élaboreraient dans la nouvelle pédagogie sans préjugés. Et à quels humains magnifiques il avait confié ce premier collègue d’enseignants. Tous avaient suivi son appel, même s'il leur fallait d'abord rompre des liens professionnels45.

Des premiers professeurs, outre E.A. Karl Stockmeyer, que soit aussi mentionner le Dr Herbert Hahn, qui avait donné le cour pour les ouvriers de la fabrique de cigarettes. Puis les quatre Viennois : le Dr Eugen Kolisko, le futur médecin de l'école ; le Dr Walter Johannes Stein, le chercheur en histoire ; l'ingénieur Alexander Strakosch, qui a dû se rendre libre du service ferroviaire autrichien; le Dr Karl Schubert, qui a ensuite dirigé la classe d’aide d'une manière unique. – La Dr. Caroline von Heydebrandt, l'enseignante la plus populaire pour les plus petits ; Ernst Uehli, qui a d'abord enseigné l'allemand et l'art, puis est devenu professeur de religion. Rudolf Treichler pour les langues étrangères ; Paul Baumann, le professeur de musique qui a eu l'idée d'écrire de merveilleuses chansons pour enfants ; son épouse Elisabeth Baumann-Dollfuss et Nora von Baditz pour les leçons d'eurythmie.
L'école n'était liée à aucune confession religieuse. En revanche, l'instruction religieuse chrétienne libre a été introduite plus tard. En particulier, elle n’avait pas la permisssion d'être une école <Anthroposophique>, parce que cette vision du monde n'était pas enseignée, mais se tenait simplement derrière la mentalité et la puissance cognitive/force de connaissance du collège des professeurs.
En août 1919, Rudolf Steiner donna un cours pédagogique de deux semaines 46 aux douze premiers professeurs de l'école à fonder, suivi d'un séminaire pour les préparer à leurs nouvelles tâches. Il pouvait présupposer chez tous la connaissance de la science de l’esprit, ainsi que la connaissance de ses efforts sociaux au cours des derniers mois pour la tri-articulée de l'organisme social.

C'est pour cette raison, dit-il, qu'ici, nous qui voulons garder/préserver le système d'éducation et d’instruction de son naufrage léniniste, qui pourrait aussi affecter l'Europe centrale, nous approché tout autrement de la compréhension du curriculum/plan scolaire qu’aujourd’hui celle du professeur ordinaire qui s'approche du "Journal officiel/municipal", ... mais qu'il regardera avec des sentiment très particuliers d'obéissance quand il sera envoyé dans la maison par ses camarades-dictateurs. Ce qui peut reposer dans le socialisme comme tyrannie, cela se ferait sentir tout particulièrement dans le domaine du système d’enseignement et d'éducation46).
 
 - Emil Molt 1922
 
Dans le cours, il a développé la nouvelle anthropologie et a donné la méthodique-didactique pour la construction de l'école Waldorf. Tout le monde a été très enthousiaste et profondément impressionné par l'abondance de sagesse qui leur a été partagé. Peu avant l'ouverture de l'école, a parlé aux parents avec des mots extrêmement satisfaits de ce que réclamait l'évolution des temps pouvait maintenant être réalisé.
La spacieuse maison de l'école, qui possédait une tour bien connue dans tout Stuttgart et était située en face d'une carrière romantique de Keuper qu’on appelait « le mur rouge », était idylliquement située et parfaite pour les agrandissements ultérieurs. L'une des plus belles rues panoramiques y passait, d'où l'on avait une vue magnifique sur toute la ville avec ses châteaux, ses jardins, ses académies et ses théâtres. Avant la révolution, il y avait là plusieurs pièces d’artillerie et 101 coups de feu saluaient le jour de l'anniversaire du roi. Derrière l'école, se dressait le bel aménagement de Uhlandshöhe au-dessus du mur rouge cité. C'était une habileté aimable que cet endroit extraordinairement approprié de la terre puisse être acquis au bon moment. (NDT voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Ludwig_Uhland)
Le fonctionnement de l'école a été retardé d'une semaine parce que les installations n'étaient pas encore terminées et que les pièces n'avaient pas encore été peintes. Même après, certains enfants devaient encore écrire à genoux.
Parallèlement à la rentrée scolaire, des conférences d'enseignants ont été mises en place, qui non seulement traitaient plus intimement de l’essence de l’enseignement, mais parlaient aussi des enfants en détail afin de les promouvoir par des soins individuels appropriés. Ces conférences sont maintenant disponibles en version imprimée, elles donnent une foule de détails sur les suggestions pédagogiques de Rudolf Steiner, que l'on appelle aujourd'hui pédagogie Waldorf. Il existe une littérature complète sur le sujet.
Cinquante ans plus tard, à l'occasion de l'anniversaire de la fondation de l'école libre Waldorf à Stuttgart, les orateurs officiels de la fête, même de l'administration,  ont souligné à maintes reprises d'autres caractéristiques de cette pédagogie particulière comme l'enseignement par période, la disparition des bulletins de notes, le fait que la classe restait avec le même enseignant de la 1ère classe à la 8ème, avant que professeurs spécialisés s’ajoutent ; alors de nouveau le riche enseignement artistique avec peinture, modelage, sculpture, le jeu de flûte en classe et la musique jusqu'à l'orchestre de l'école et à l'art du mouvement de l'eurythmie ou les pièces de théatre annuelles des classes supérieures ; bref, on cherchait à découvrir l'essence même de cette nouvelle pédagogie. Lors du banquet qui a suivi, l'ancien Premier ministre du Wurtemberg, Reinhold Maier, s'est levé et a déclaré : "Tout ce qui a été mentionné et qui mérite d'être imité, ne réside pas dans ces détails. Le secret du succès réside ailleurs, à savoir dans l'autonomie exemplaire et infatigable du corps enseignant - Mais le secret du grand succès est encore plus profond. Grâce à l'anthropologie anthroposophique, ces enseignants ont acquis une toute nouvelle relation avec les enfants qu'ils ont à enseigner.

Restaurant Uhlandshöhe à Stuttgart

Pour étayer cela, que soit rapporté ici l'épisode pas tout à fait inconnu qui s'est déroulé dans la classe de Walter Johannes Stein. Celui-ci a raconté : « Alors que Rudolf Steiner est venu dans ma classe, où j'enseignais l'histoire et traitais de la guerre de Saxe de Charlemagne, je me suis plaint au Dr Steiner des difficultés que j'avais à expliquer aux enfants la cruauté des Francs qui avaient exécuté 10.000 Saxons simplement parce qu'ils ne se laissaient pas être baptisés par la contrainte. Rudolf Steiner a répondu : Ce n'est pas étonnant, car ils sont assis là, ces Saxons ! » Cet indice jette non seulement une lumière cachée sur les connexions karmiques de la nouvelle école avec les époques antérieures, mais il montre aussi soudainement quelle vision spirituelle profonde de l'humain ces enseignants ont dû s’élaborer afin de rendre justice aux jeunes individualités qui entrent sur terre avec la disposition à certaines aptitudes. C'est la tâche des enseignants et en même temps la clé du succès particulier de ces écoles que de faire fructifier ce qui sommeille chez ces élèves.

Mais ces enseignants, s’étaient aussi engagés en conséquence dans leur nouvelle profession. De tôt le matin jusqu'à tard le soir, ils ont travaillé pour s'approprier leur substance. La vie familiale était souvent négligée. Parmi les plus enthousiastes se trouvaient le Dr Eugen Kolisko et le Dr Walter-Johannes Stein. Le premier a même réussi à lire dans une voiture ouverte et en mouvement. C'était un enseignant exemplaire qui a su captiver ses élèves. En tant que médecin scolaire, il était responsable de l'enseignement de l'histoire naturelle. C'est devenu un mot ailé, comme il décrivait le lion avec sa crinière : « Il ne tient pas à l'arrière ce qu'il promet à l’avant! »> Il écrivait aux enfants un triangle idéal dans l'air avec une telle clarté qu'ils pensaient le voir. Il voulait détourner de la ligne matérielle tracée. Il a écrit un premier traité sur la chimie phénoménologique.

Certes, il n'a pas été facile de maintenir le niveau du premier collège introduit par Rudolf Steiner lui-même et de toujours trouver les enseignants appropriés pour le mouvement scolaire qui est aujourd'hui répandu dans le monde entier. Mais dans les séminaires établis entre-temps, il est possible d'acquérir les bases et de profiter de l'expérience acquise entre-temps. Au début, il n'y en avait pas. Rudolf Steiner, quant à lui, a dirigé lui-même les nombreuses conférences de professeurs, dont l'étude revêt encore aujourd'hui une grande importance. J'ai eu la chance de vivre toute cette évolution et j'ai également pu participer aux cours sur la lumière et la chaleur47 qui ont suivi pendant la période de Noël 1919 et mars 1920, ainsi qu'au cours dit astronomique48 de janvier 1921.

C'était très intéressant de vivre Rudolf Steiner à ces cours. Contrairement aux manifestations intimes de la branche ou même aux conférences publiques animées, il s'exprimait ici de manière tout à fait scientifique en phrases courtes, prêtes à être imprimées, si l'on peut dire. C'était une continuation intellectuelle des méthodes scientifiques précédentes. Cela m'a particulièrement frappé avec le Cours d'astronomie48, alors que dans onze conférences, on ne parlait guère du ciel étoilé, mais seulement de son reflet sur la terre, par exemple dans le comportement des plantes, de leurs secrets de croissance dans différents endroits de la terre et bien plus encore, des tendances spirales et autres, de ce qui est imprimé aujourd'hui. Ce n'est que dans la douzième session qu'il a révélé un système mondial complètement inattendu et nouveau qui ne correspondait ni à la vision ptolémaïque-géocentrique ni à la vision copernico-héliocentrique du monde et qu'on ne peut appeler une simple synthèse des deux. Il n'indiquait que de façon fugace certains mouvements en spirale du soleil et des planètes, comme si le temps ne semblait pas encore mûr pour comprendre de tels secrets. En décrivant les grandes et les petites boucles qui caractérisent les corps subséquents du monde, j'ai dû penser à d'énormes changements dans les conditions mondiales ou à des catastrophes mondiales que Rudolf Steiner a associées ailleurs à la disparition de l'Atlantide antique, à l'ère glaciaire et aux bouleversements similaires, et qui provoqueront également de puissants changements à l'avenir. Les enseignants ont ainsi été familiarisés avec les aspects les plus importants de la terre et du développement humain afin d'être en mesure de faire face à leur enseignement. La pédanterie n'avait aucune place à l'école face à une telle sagesse.

Rudolf Steiner était implacablement strict dans l'exercice de sa profession. Lui-même venait à l'école très tôt et n'a permis à personne d'être en retard. Même quand des enseignants qui ont participé au cours d'agriculture à Koberwitz lui ont demandé s'ils pouvaient suivre ce cours, si important pour l'avenir de l'humanité, pendant encore deux jours, il a seulement dit : "Mais demain l’enseignement à l’école commence quand même !
Il est bien connu qu'il y avait une grande liberté dans les classes, mais il y avait très rarement des abus. En revanche, lorsque des élèves se comportaient de façon immorale Rudolf Steiner ne reculait pas devant des exclusions de l'école. Mais lorsqu'il a voulu représenter un professeur dans une classe difficile, il s'est avéré que la paix ne pouvait être établie par aucun moyen. Il a donc quitté la classe furieuse pour, le dos contre la porte, bloquer la poignée de porte de l'extérieur. Mais même lors de cet effort, l'humour ne l'a pas quitté. Une autre fois, devait lui être présenté un enfant qui n'était pas encore prêt pour l'école et qui inquiétait ses parents de son caractère irascible. Grâce à l'intelligence, la confrontation a finalement réussi. Mais dès que l'enfant a vu le grand invité, il a crié : « Toi sale petit moineau » et s'est enfuit dehors. Rudolf Steiner dut rire de bon cœur et dit que la colère s'apaiserait bien déjà avec l'âge de quatorze ans.

Un autre épisode s'est produit lors d'une visite de Rudolf Steiner, où il était attendu par un garçon avec ses parents. On pouvait voir l'invité venir du dernier étage. Quand il a atteint la porte en bas, le garçon a craché en bas. On ne sait pas s'il atteint son but ou non. En tout cas, les parents s'excusent beaucoup. Mais Rudolf Steiner n'a pas laissé passer ça. Il a dit, indiquant sur les intérêts mathématiques du gamin, « Il voulait seulement calculer combien plus tôt il devait cracher afin que ça m’atteigne en bas ». Du même garçon, sa mère a raconté que Rudolf Steiner, lors de la première rencontre où l'enfant était encore dans l'oreiller de portage, l'a salué avec ces mots : «  Bonjour Monsieur le Docteur ! » Et quand le Dr Steiner a rendu visite à l'une de mes filles, environ une semaine après sa naissance, il lui a attrapé un temps la racine de son nez avec trois doigts et lui a ensuite donné le nom.
Pour de nombreux parents, l'existence de l'école Waldorf était un grand apaisement. Souvent, ils attendaient avec impatience le changement de dents de leurs enfants, que Rudolf Steiner avait indiqué comme un signe de maturité scolaire et qu'il avait aussi justifié. Il est même arrivé que des dents de lait soient cassées pour qu'un enfant soit admis un an plus tôt chez un professeur particulièrement populaire. - On appréciait aussi le fait que, dans les classes inférieures, la substance était écrite par les enfants eux-mêmes dans des cahiers et illustrée par des dessins pleins de fantaisie. Le cours d'histoire était particulièrement vivant. Il était donné de façon si proche de la réalité qu'on pouvait croire que le professeur d'histoire pouvait voir les personnalités qu'il décrivait devant lui. Pas étonnant que les enfants ne se soient pas lassés de l'écouter. Si l'on compare la vision historique cultivée dans les écoles Waldorf avec la façon dont l'histoire est souvent enseignée aujourd'hui sur la base des tableaux de dates, etc., il est absolument justifié de la décrire comme « fable convenue » (R. Steiner).
Dans cette description de l'école Waldorf, quelques choses qui ne datent pas de la première année scolaire, ont aussi été entremêlées. Il s’agissait de montrer comment ici tout provenait des impulsions d'une vie libre de l’esprit. Que le caractère d'une école unique pour tous se perde pour toutes les couche du peuple est dû, entre autres, aux frais de scolarité. Au début de cette nouvelle fondation, les frais de scolarité des enfants des travailleurs ont été payés par la Waldorf-Astoria. Des parrainages ont été recherchés pour d'autres enfants de parents pauvres. Si les autorités devaient accorder le même montant, qui est dépensé pour chaque enfant dans les écoles publiques, aux écoles indépendantes également, parce qu'il s'agit d'économies, ou du moins permettre que les dépenses des élèves des écoles privées puissent être déduites de l'impôt sur le revenu, les écoles Rudolf Steiner seraient également ouvertes aux enfants de parents pauvres, qui dépendent aujourd'hui totalement des parrainages et autres. La volonté des parents de faire des sacrifices, qui envoient souvent leurs enfants dans ces écoles de loin et paient des frais de scolarité considérables pendant de nombreuses années, est un exemple exemplaire de financement des institutions culturelles par le bas, c'est-à-dire du côté des consommateurs, qui réclame de telles prestations. Pendant les périodes de transition, les enseignants eux-mêmes, malgré tout leur idéalisme, ont dû faire le sacrifice d'un niveau de vie très faible.
Quelle satisfaction cela a pu être pour Emil Molt de voir comment « son école » s'est développée. Non seulement il était passé d'apprenti à directeur général d'une entreprise industrielle bien connue, mais il pouvait encore aujourd'hui agir comme père d'école, ou plus précisément comme protecteur d'une école qui, contrairement aux écoles d'apprentissage habituelles, était fondée sur des connaissances spirituelles de l’esprit et contribuait ainsi à donner une impulsion culturelle révolutionnaire au monde. Il n'avait certainement pas été facile pour Molt de persuader les travailleurs de confier leurs enfants à la nouvelle école, ou même de convaincre ceux qui avaient déjà fréquenté d'autres écoles de changer.
Dès le début, l'école Waldorf s'est orientée vers une manière sociale de penser. C'est aussi la raison pour laquelle tous les enfants ont été amenés dans les cours et ont donc même été soutenus et encouragés par leurs camarades. Ce n'est que dans les cas pathologiques qu'il y a eu des cours spéciaux, puis, plus tard des classes spéciales et des écoles spéciales. Il n'y avait pas non plus de notes, mais à la fin de l'année, les enseignants ont fait des caractérisations de manière à ce que les enfants eux-mêmes et les parents puissent voir où en étaient les progrès et où une attention particulière devait être portée. Dans la plupart des cas, ces témoignages se terminaient par un proverbe qui encourageait l'enfant. Naturellement, on a vu assez vite si certains enfants tendaient aux matières pratiques, faisaient de beaux travaux manuels en cours (par Berta Molt et Helene Rommel), ou s'ils se montraient plus doués en langues ou en mathématiques. Néanmoins, toutes les matières ont continué à être cultivées car, d'une part, les tâches artistiques éveillent l'imagination des élèves et, d'autre part, les talents intellectuels n'apparaissent souvent pas immédiatement. Ce n'est qu'à l'âge de quatorze ans qu'une bifurcation vers des matières plus pratiques dans le sens de la technologie et de l'artisanat a été prévue pour ceux qui n'aspirent pas à des études universitaires. Du vivant de Rudolf Steiner, cette bifurcation n'a pas pu être réalisée. Pour les classes supérieures, il a donné des heures de consultation pour le choix de la profession et a continué à donner des conseils aux sortants de l'école. Par exemple, il ne considérait pas les mariages de camarades de classe comme étant favorables en général, parce qu'il s'agit surtout de karma qui a expiré.
Les exercices en langues étrangères, combinés à la récitation et au chant pour développer le sens de la langue, ont également été complètement nouveaux à partir de la première classe. Une fois, une fille est rentrée à la maison enthousiaste parce qu'on lui a permis de réciter un poème dans une langue étrangère pour la première fois. Lorsqu'on lui a demandé de quelle langue il s'agissait, elle a seulement répondu : Vous savez, la langue « one, two, three, four, five ». Emil Molt lui-même avait un fils à l'école qui est devenu plus tard un homme d'affaires international. Le fait que les élèves de ces écoles libres choisissent en général plus de professions artistiques, académiques et sociales que celles de la vie économique est un fait important qui est probablement lié aux conditions sociales insatisfaisantes de l'industrie.
L'attrait de l'école Waldorf se traduit par le fait que des élèves des écoles publiques ont exprimé le souhait d'être autorisés y passer. Il est également arrivé à plusieurs reprises que des élèves qui avaient déjà réussi leurs examens finaux ailleurs ressentent le besoin de vivre encore une année à l'école Waldorf dans la classe supérieure.
Pour Rudolf Steiner, ce fut un moment très heureux où il a pu laisser couler une partie de son expérience de vie dans cette jeune école, et où il a trouvé un corps enseignant qui a répondu de manière intensive et enthousiaste à ses intentions. De nombreux aspects et détails de cette première période de l'école sont décrits sont décrits par le Dr Erich Gaben dans l'introduction aux conférences des enseignants avec Rudolf Steiner. C’est de cela que je prends les statistiques sur le développement étonnamment rapide de l'école avec les chiffres suivants :
Première année scolaire : 8 classes, 12 enseignants, 256 enfants
Deuxième année scolaire : 11 classes, 19 enseignants, 420 élèves
Troisième année scolaire : 15 classes, 30 enseignants, 540 élèves
Quatrième année scolaire : 19 classes, 37 enseignants, 640 élèves
Cinquième année scolaire : 21 classes, 39 enseignants, 687 élèves
Sixième année scolaire : 23 classes, 47 enseignants, 784 élèves
Il est évident que cette croissance a rendu nécessaire très rapidement la construction de nouveaux bâtiments avec une salle des fêtes et un gymnase. Heureusement, le site se prêtait également à l'introduction de cours d'horticulture, à la construction de baraques pour une cantine et pour un très beau jardin d’enfant (NDT : une « maternelle »).
Revenons au premier Noël de l'école, où les enfants pouvaient déjà réciter des poèmes, ce dont Rudolf Steiner était très heureux. Il a également exprimé son bonheur quant à la prospérité générale de l'école. Dans un délicieux discours aux enfants, il leur a parlé de l'Enfant Jésus, des fleurs et des animaux. Il a parlé des oiseaux, qui peuvent même faire plus que les humains, car ils ont des ailes pour voler. Mais aussi les enfants humains pouvaient acquérir de telles petites ailes, à savoir la diligence et l'attention>. Avec ces deux ailes, ils deviendraient des gens capables. - A chaque célébration, il demandait : "Aimez-vous vos professeurs ?" et les enfants lui criaient un <Oui> d'encouragement comme d'une bouche !