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Compte
tenu de la complexité du propos,
j'ai maintenu mes surlignements dans
l'allemand comme aide à la lecture.
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Quelques
points de vue sur la compréhension
de la démocratie en Suisse.
Digression sur les conditions en
Allemagne et à cela comment la
tri-articulation devrait être
représentée- en Angleterre et en
Amérique. Particularités du système
politique suisse: la Suisse comme un
«centre de gravité du monde" se
basant sur le franc suisse, pourtant
pas sur la vie de l’esprit ; sur la
politique, qui n’en est pas une, sur
le développement de la règle de
droit d’Etat - vie de l’esprit,
liberté et la vie de l’Etat. , Sur
la relation entre l'orateur et le
public. Sur l'humour et le contenu
émotionnel d’un discours. Certaines
propriétés de l'orateur formé: ..
effort sur soi-même et sensations
pour celui-ci ; Antipathie envers
discours, des discours propre,
sympathie pour la parole de l'autre
-. Sur le débattre à l'exemple de
Bismarck et quelques conclusions.
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Einige Gesichtspunkte zum
Demokratieverständnis in der
Schweiz. Exkurs über die
Verhältnisse in Deutschland und
dazu, wie die Dreigliederung in
England und Amerika vertreten werden
müßte. Besonderheiten des
schweizerischen Staatswesens: Die
Schweiz als ein «Schwerpunkt der
Welt», basierend auf dem Schweizer
Franken, nicht jedoch auf dem
Geistesleben; über die Politik, die
keine ist; zur Entwicklung der
Rechtsstaatlichkeit. — Geistesleben,
Freiheit und Staatsleben. Zum
Verhältnis zwischen Redner und
Publikum. Über Humor und
Stimmungsgehalt einer Rede. Einige
Eigenschaften des geschulten
Redners: Selbstüberwindung und
Gefühl für diese; Antipathie
gegenüber dem eigenen Reden,
Sympathie für das Reden anderer. —
Über das Debattieren am Beispiel
Bismarcks und einige
Schlußfolgerungen.
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Hier, j'ai essayé de développer la
manière de traiter la première partie
d'une conférence de triarticulation
devant un certain public, et j'ai
rendu attentif qu'il est notamment
nécessaire, de susciter une sensation
pour le caractère particulier de la
vie de l'esprit placée sur soi-même.
Dans la seconde partie, il s'agira de
faire comprendre d'abord à une
humanité d'aujourd'hui qu'il peut
exister quelque chose comme un
contexte démocratique-politique qui a
à tendre à l'égalité. Car, en fait —
et on doit y réfléchir, notamment
lorsqu'on se prépare à un tel exposé —
c'est le cas que l'humain
d'aujourd'hui n'a pas le moindre
sentiment pour une telle structure
d'état, qui est construite sur le
droit comme son véritable fondement.
Et cette partie, la partie
politico-étatique de la conférence,
sera particulièrement difficile à
traiter dans les conditions suisses.
Et il s'agira tout particulièrement de
ce que les orateurs qui veulent
représenter la triarticulation de
l'organisme social à l'intérieur des
conditions suisses, partent des
conditions suisse donc déterminées, et
particulièrement parce que lors de la
partie médiane, la juridique-étatique,
porte attention à comment on a à
parler à partir des conditions
suisses. En effet, en général, la
situation est la suivante : en raison
des conditions de l'évolution récente
de l'humanité, la vie étatique
proprement dite, qui devait s'exercer
dans l'État de droit, a disparu pour
l'essentiel, et ce qui se vit dans
l'État est en fait une conjonction
chaotique des éléments spirituels de
l'existence humaine et des éléments
économiques. On pourrait dire que dans
les États modernes, les éléments
spirituels et éléments économiques se
sont peu à peu soudés les uns dans les
autres, et que la vie étatique
proprement dite s'est écroulée
entre-temps, en fait a disparu.
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01
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Gestern versuchte ich zu
entwickeln, wie man den ersten Teil
eines Dreigliederungsvortrags vor
einem gewissen Publikum behandeln
könnte, und ich machte darauf
aufmerksam, daß es namentlich
notwendig ist, eine Empfindung
hervorzurufen für den besonderen
Charakter des auf sich selbst
gestellten Geisteslebens. Im zweiten
Teil wird es sich darum handeln,
überhaupt einer gegenwärtigen
Menschheit erst begreiflich zu machen,
daß es so etwas geben kann wie einen
demokratisch-politischen
Zusammenhang, der Gleichheit
anzustreben hat. Denn eigentlich — und
das muß man bedenken, namentlich wenn
man sich für einen solchen Vortrag
vorbereitet — ist das der Fall, daß
der gegenwärtige Mensch gar keine
Empfindung hat für ein solches
Staatsgebilde, das auf das Recht als
auf sein eigentliches Fundament
aufgebaut ist. Und dieser Teil, der
politisch-staatliche Teil des
Vortrags, er wird ganz besonders
schwierig zu behandeln sein innerhalb
der schweizerischen Verhältnisse. Und
es wird sich ganz besonders darum
handeln, daß die Redner, welche
innerhalb der schweizerischen
Verhältnisse die Dreigliederung des
sozialen Organismus vertreten wollen,
gerade von den also bedingten
schweizerischen Verhältnissen
ausgehen, und besonders darum, daß sie
bei dem mittleren, dem
rechtlich-staatlichen Teil, Rücksicht
darauf nehmen, wie man aus den
schweizerischen Verhältnissen heraus
zu reden hat. Denn die Sache liegt ja
im allgemeinen so: Durch die
Verhältnisse der neueren
Menschheitsentwickelung ist das
eigentliche Staatsleben als solches,
das sich eigentlich im Rechtsstaat
ausleben sollte, im wesentlichen
verschwunden, und was sich im Staate
auslebt, ist eigentlich ein
chaotisches Zusammensein der geistigen
Elemente des menschlichen Daseins und
der wirtschaftlichen Elemente. Man
könnte sagen: In den modernen
Staaten haben sich allmählich die
geistigen Elemente und die
wirtschaftlichen Elemente
durcheinandergeschweißt, und das
eigentliche Staatsleben ist
zwischendurch eben
heruntergefallen, eigentlich
verschwunden.
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63
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Cela est particulièrement remarquable
à l'intérieur des conditions/rapports
suisses. Là nous avons partout à faire
avec une, en son façonnement propre,
impossible, apparente démocratisation
de la vie spirituelle et avec une
démocratisation de la vie de
l'économie, et avec cela, que les gens
croient que ce mélange apparemment
démocratisé de vie de l'esprit et de
la vie de l’économie, ce serait une
démocratie. Et parce qu'ils se sont
forgés leur conception de la
démocratie à partir de ce mélange,
parce qu'ils ont une conception
complètement fictive de la démocratie,
il est si difficile de parler de
démocratie réelle aux Suisses. En
fait, ce sont les Suisses qui
comprennent le moins la vraie
démocratie.
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02
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Dies ist besonders
innerhalb der schweizerischen
Verhältnisse bemerkbar. Da haben wir
es überall zu tun mit einer in ihren
eigentlichen Ausgestaltungen
unmöglichen, scheinbaren
Demokratisierung des geistigen Lebens
und mit einer Demokratisierung des
Wirtschaftslebens, und damit, daß die
Leute glauben, dieses scheinbar
demokratisierte Gemisch von
Geistesleben und Wirtschaftsleben, das
wäre eine Demokratie. Und da sie sich
ihre Vorstellung von Demokratie
gebildet haben aus dieser Mischung
heraus, da sie also eine vollständige
Scheinvorstellung von Demokratie
haben, so ist es so schwierig gerade
zu den Schweizern von wirklicher
Demokratie zu sprechen. Eigentlich
verstehen gerade von wirklicher
Demokratie die Schweizer am
allerallerwenigsten.
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En Suisse, on réfléchit sur comment
on devrait démocratiser les écoles.
C'est à peu près comme si on
réfléchissait et qu'on devait recevoir
une représentation, à partir de
concepts réels, de la façon de faire
d'une botte un bon couvre-chef. Et
c'est de la même manière que sont
traités ici les étatiques concepts
dits démocratiques. Il ne sert à rien
de parler de ces choses, j'aimerais
dire, discrètement, pour parler
poliment, lorsque l'on s'adresse
principalement aux Suisses, car alors
nous ne pourrions pas nous entendre.
On ne s'entend jamais bien dans la
courtoisie à propos de telles choses.
Eh bien, c'est tout de suite pour cela
qu'il est nécessaire de discuter de la
notion de droit et d'égalité des
humains devant une population telle
que celle de la Suisse.
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03
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Man denkt in der Schweiz
darüber nach, wie man die Schulen
demokratisieren soll. Das ist
ungefähr so, als wenn man darüber
nachdenken und aus wirklichen, wahren
Begriffen heraus eine Vorstellung
davon bekommen sollte, wie man einen
Stiefel zu einer guten Kopfbedeckung
macht. Und in ähnlicher Weise werden
hier die staatlichen sogenannten
demokratischen Begriffe behandelt. Es
nützt ja nichts, über diese Dinge, ich
möchte sagen, leisetreterisch zu
sprechen, um, wenn man hauptsächlich
vor Schweizern spricht, höflich zu
sprechen; denn dann würden wir uns
doch nicht verstehen können. In
der Höflichkeit über solche Dinge
kann man sich ja niemals ordentlich
verstehen. Nun, gerade
deshalb ist es notwendig, den Begriff
des Rechts und der Gleichheit der
Menschen vor einer solchen Bevölkerung
zu erörtern, wie es die schweizerische
ist.
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On doit là absolument s'habituer, si
l'on veut être actif sur le plan
oratoire, à parler différemment sur
chaque terrain. Lorsque l'on parlait
de la triarticulation en Allemagne,
comme ce fut le cas à partir d'avril
1919, on parlait dans des conditions
tout à fait différentes de celles
d'ici en Suisse, et aussi dans des
conditions tout à fait différentes de
celles dans lesquelles on peut parler
de la triarticulation en Angleterre ou
en Amérique. Tout de suite en ce
printemps-là, en avril 1919, juste
après la révolution allemande, tous
les milieux allemands, aussi bien
prolétariens que bourgeois, les uns
naturellement plus révolutionnaires,
les autres résignés, étaient
convaincus que quelque chose de
nouveau devait venir.
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04
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Man muß sich da durchaus
angewöhnen, wenn man rednerisch aktiv
sein will, auf jedem Boden anders zu
sprechen. Wenn man, wie es der Fall
war vom April 1919 ab, in Deutschland
über die Dreigliederung sprach,
sprach man unter ganz anderen
Verhältnissen als etwa hier in der
Schweiz, und auch unter so ganz
anderen Verhältnissen, als in England
oder in Amerika von der Dreigliederung
gesprochen werden kann. Gerade in
jenem Frühling, im April 1919,
unmittelbar nach der deutschen
Revolution, waren in Deutschland alle,
sowohl proletarische wie bürgerliche
Kreise, die einen natürlich mehr
revolutionär, die anderen
resignierend, davon überzeugt, daß
irgend etwas Neues kommen müsse.
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Et c'est dans ce sentiment que l'on
parlait, en fait, de la nécessité de
quelque chose de nouveau. On
s'adressait alors à des gens
relativement préparés, et on pouvait
bien sûr parler en Allemagne d'une
manière tout à fait différente de
celle dont on peut parler aujourd'hui.
En Allemagne aussi, il y a un monde
entre aujourd'hui et le printemps
1919. Aujourd'hui, on peut tout au
plus espérer susciter en Allemagne,
par quelque chose qui fait
écho/résonne à la triarticulation, une
représentation de la manière dont la
vie spirituelle en tant que telle peut
être organisée de manière autonome et
devrait en fait être organisée
aujourd'hui tout de suite sous les
conditions telles qu'elles sont en
Allemagne, de la manière dont la vie
juridique interne pourrait aussi être
organisée dans certaines conditions.
Mais on ne peut naturellement pas
parler aujourd'hui en Allemagne d'un
façonnement de la vie de l'économie
entièrement conforme à la
triarticulation, car la vie de
l'économie en Allemagne est
effectivement quelque chose qui est
soumis à des mesures de contrainte, à
des pressions et ainsi de suite, qui
ne peut pas se mouvoir librement, qui
ne peut pas avoir aucunes pensées sur
sa propre libre mobilité. C'est par
exemple très frappant dans les façons
très différentes de vie, disons, de «
Futurum » et du « Jour qui vient ». Le
« Jour qui vient » se tient au milieu
dedans, comme s'il était dans une
camisole de force, et a pour tâche de
travailler dans de telles conditions ;
le « Futurum », tel qu'il se développe
ici en Suisse, doit justement
travailler avec les conditions
suisses, dont nous aurons encore un
peu plus à parler dans un instant. Un
discours doit donc être conçu
différemment selon qu'il est prononcé
ici en Suisse ou en Allemagne, selon
qu'il est prononcé en tel ou tel
temps.
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Und in diese Empfindung
hinein, daß irgend etwas Neues kommen
müsse, sprach man ja eigentlich. Man
sprach doch damals zu verhältnismäßig
vorbereiteten Leuten, und man konnte
natürlich damals auch in Deutschland
ganz anders sprechen, als man etwa
heute sprechen kann. Zwischen heute
und dem Frühling 1919 liegt ja auch in
Deutschland eine Welt. Heute kann man
höchstens hoffen, in Deutschland mit
irgend etwas, was an Dreigliederung
anklingt, eine Vorstellung davon
hervorzurufen, wie das geistige Leben
als solches selbständig gestaltet
werden kann und
eigentlich gerade unter solchen
Verhältnissen, wie sie in
Deutschland sind, heute
gestaltet werden müßte, wie unter
gewissen Verhältnissen auch das
innerstaatlich-rechtliche Leben
gestaltet werden könnte. Aber man kann
natürlich heute in Deutschland nicht
von einer völlig im Sinne der
Dreigliederung gelegenen Gestaltung
des Wirtschaftslebens sprechen, denn
das Wirtschaftsleben in Deutschland
ist ja tatsächlich etwas, was unter
Zwangsmaßregeln, unter Druck und so
weiter steht, was sich nicht frei
bewegen kann, was keine Gedanken haben
kann über seine eigene freie
Beweglichkeit. Es ist dies zum
Beispiel ganz auffällig in der ganz
verschiedenen Art des Lebens, sagen
wir, des «Futurum» und des «Kommenden
Tages». Der «Kommende Tag» steht
mitten drin, so wie wenn er in einer
Zwangsjacke wäre, und hat die Aufgabe,
unter solchen Verhältnissen zu
arbeiten; das «Futurum», wie es sich
hier in der Schweiz entwickelt, muß
eben mit schweizerischen
Verhältnissen arbeiten, über die wir
ja gleich noch etwas mehr werden zu
sprechen haben. Es ist also durchaus
eine Rede verschieden zu gestalten,
ob sie hier in der Schweiz, ob sie in
Deutschland, ob sie zu dieser oder
jener Zeit gehalten wird.
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En Angleterre, en Amérique, on
devrait naturellement parler nouveau
tout autrement. C'est donc ce qui peut
être fait d'abord d'ici en rapport à
l'Angleterre et l'Amérique, quand même
une sorte de substitut, car déjà par
exemple « Les points essentiels de la
question sociale » : il est bon qu'ils
soient traduits, bon qu'ils soient
diffusés partout ; mais, comme je l'ai
dit dès le début, ce qui serait
vraiment correct, ce qui serait
finalement correct, ce serait que pour
l'Amérique et aussi pour l'Angleterre
les « points essentiels » soient
écrits tout autrement que pour
l'Europe centrale et aussi pour la
Suisse.
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05
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In England, in Amerika
müßte man natürlich wieder ganz anders
sprechen. Es ist ja, was zunächst von
hier aus in bezug auf England und
Amerika gemacht werden kann, doch nur
eine Art Surrogat, denn schon zum
Beispiel «Die Kernpunkte der sozialen
Frage»: es ist gut, wenn sie übersetzt
werden, gut, wenn sie überall
verbreitet werden; aber, was ich von
Anfang an gesagt habe, das wirklich
Richtige, das letztlich Richtige wäre,
wenn für Amerika und auch für England
die «Kernpunkte» ganz anders
geschrieben würden als für
Mitteleuropa und auch für die Schweiz.
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Pour l'Europe centrale et la Suisse,
ils peuvent être rédigés tels quels,
littéralement et conformément à la
phrase, mais pour l'Angleterre et
l'Amérique, ils devraient être rédigés
tout à fait différemment, car on y
parle à des humains qui ont tout
d'abord le contraire de ce qui
existait en Allemagne, par exemple en
avril 1919. En Allemagne, l'opinion
était disponible que quelque chose de
nouveau devait arriver et qu'il
fallait d'abord savoir ce qu'était
cette nouveauté. On n'avait pas la
force de le comprendre, mais on avait
d'abord le sentiment qu'il fallait
savoir ce qui pourrait être quelque
chose de synthétiquement
raisonnablement nouveau.
Naturellement, dans toute la région
d'Angleterre et d'Amérique, il n'y a
même pas le moindre sentiment à ce
sujet. Il n'y a que le sentiment :
Comment peut-on fixer l'ancien, le
sauver ? Que doit-on faire pour que
l'ancien reste bien solide ? Car
l'ancien est bon ! Il n'y a rien à
changer à l'ancien. - Je sais bien sûr
que si l'on exprime une telle chose,
on peut rétorquer : Oui, mais il y a
tant de mouvements progressistes dans
les régions occidentales ! - Mais ces
mouvements progressistes, peu importe
qu'ils soient nouveaux dans leur
contenu, sont tous réactionnaires et
conservateurs dans leur direction. Il
faut donc d'abord faire naître le
sentiment que les choses ne peuvent
pas continuer comme cela a été jusqu'à
présent.
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Für
Mitteleuropaittleurpa und die Schweiz
können sie schon ganz wörtlich und
satzgemäß lauten, wie sie sind, aber
für England und Amerika müßten sie
eigentlich ganz anders verfaßt
werden, denn da spricht man zu
Menschen, die ja zunächst das
Gegenteil von dem haben, was in
Deutschland zum Beispiel im April 1919
vorhanden war. In Deutschland war die
Meinung vorhanden, etwas Neues müsse
kommen, und man müsse nur zunächst
wissen, was dieses Neue sei. Man hatte
nicht die Kraft, es zu verstehen, aber
man hatte zunächst das Gefühl, man
müsse wissen, was irgend etwas
vernünftiges Neues sein könnte. Davon
ist natürlich im ganzen Gebiete von
England und Amerika auch nicht einmal
die allergeringste Empfindung
vorhanden. Da ist nur die Empfindung
vorhanden: Wie kann man das Alte
festlegen, retten? Was muß man tun,
damit das Alte nur ja recht fest
bleibt? Denn das Alte ist ja gut! An
dem Alten ist ja nicht zu rütteln. —
Ich weiß selbstverständlich, daß da,
wenn man so etwas ausspricht,
erwidert werden kann: Ja, aber es sind
doch so viele progressistische
Bewegungen in den westlichen Gebieten!
— Diese
progressistischen Bewegungen sind
aber alle, ganz gleichgültig, ob sie
auch dem Inhalte nach neu seien,
der Führung nach durchaus
reaktionär, konservativ. Da
muß also die Empfindung davon erst
hervorgerufen werden, daß es so nicht
weitergeht, wie es bisher gegangen
ist.
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On peut absolument le remarquer à
certaines questions. Prenons une
question terrible, effrayante, je
dirais même la plus effrayante qui ait
pu surgir du point de vue purement
humain, prenons la question de
l'affamement de la Russie. En
Allemagne - même si les opinions sont
chaotiques, même si, pour des raisons
d'agitation, on agit à l'encontre de
ce qui serait synthétiquement
raisonnable et que, pour des raisons
humaines à nouveau, eest de manière
évidente doit être rendu hommage à la
compassion, contre ce règne de la
compassion ne devrait naturellement
pas du tout être parler -, à
l'intérieur de l'Allemagne, on en
arrive finalement, du moins dans
certains cercles, à penser plus ou
moins que c'est un non-sens pour
l'ensemble de l'évolution de
l'humanité de faire quelque chose sous
forme de soutien à la famine en
Russie, par des donations en quelque
sorte du côté occidental. On en vient
à penser que cela est très
certainement même exigé du point de
vue humain,
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06
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An einzelnen Fragen kann
das durchaus bemerkt werden. Nehmen
wir eine furchtbare, schreckliche, ich
möchte sagen, die schrecklichste
Frage, die hat heraufkommen können vom
rein menschlichen Standpunkte aus,
nehmen wir die Frage der Verhungerung
Rußlands. Innerhalb Deutschlands —
wenn auch die Anschauungen noch so
chaotisch sind, wenn auch aus
Agitationsgründen gegen das gehandelt
wird, was vernünftig wäre, und aus
menschlichen Gründen wiederum in
selbstverständlicher Weise dem
Mitleid gehuldigt wird, gegen welches
Walten des Mitleids natürlich gar
nicht gesprochen werden soll —,
innerhalb Deutschlands kommt man
endlich, wenigstens in einzelnen
Kreisen, mehr oder weniger darauf,
daß es ja ein Unsinn ist für den
ganzen Gang der
Menschheitsentwickelung, in Form von
Unterstützungen für die Verhungerung
Rußlands etwas zu tun, durch
Schenkungen gewissermaßen von
westlicher Seite. Man kommt darauf,
daß das ganz gewiß vom menschlichen
Standpunkte aus sogar gefordert wird,
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mais que ce qui est fait dans cette
direction est tellement évident qu'on
ne doit seulement donc pas dire que
cela aurait quelque chose à faire avec
les tâches que pose aujourd'hui la
famine en Russie. En Occident, seuls
quelques théoriciens - mais alors
seulement sur le plan théorique -
parviendront à une telle façon de
voir. Il est donc naturel que l'on
doive d'abord faire naître en Occident
le sentiment que le monde a besoin
d'un nouveau façonnement.
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daß aber, was nach
dieser Richtung getan wird, so
selbstverständlich ist, daß man nur ja
nicht sagen soll, es habe irgend etwas
mit den Aufgaben zu tun, die heute
die Verhungerung Rußlands stellt. Im
Westen werden höchstens einige
Theoretiker — aber dann auch nur auf
dem Boden des Theoretischen — zu einer
solchen Anschauung kommen. Es ist also
natürlich, daß man im Westen erst eine
Empfindung davon hervorrufen muß, daß
die Welt eine Neugestaltung braucht.
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La Suisse s'est ainsi tenue là
pendant la plus terrible catastrophe
des temps modernes qu'elle n'y a
participé qu'en théorisant - notamment
par la théorie journalistique - et par
ce qui a agi de l'extérieur justement
sur les conditions spirituelles et
économiques. C'est pourquoi la
population suisse n'a pas vraiment le
sentiment que quelque chose de nouveau
doive venir, ni que l'ancien doive
rester. Lorsque le Suisse
d'aujourd'hui, selon l'une ou l'autre
tendance de parti, parle de la
nécessité d'une nouveauté ou de la
nécessité de conserver l'ancien, on a
toujours le sentiment qu'il ne fait
que vous raconter ce qu'il a entendu,
ce qu'il a entendu d'un côté de
l'Europe centrale, ce qu'il a entendu
de l'autre côté de l'Angleterre et de
l'Occident. Il ne vous raconte que ce
qui est rentré dans ses deux oreilles,
et non ce qu'il a réellement vécu. Et
c'est pourquoi il vous semble si
suisse que les humains qui n'aiment
pas s'engager à droite ou à gauche -
et ce sont très souvent des Suisses
qui font autorité aujourd'hui - disent
: oui, si ceci arrive, alors cela
arrive, si l'autre arrive, alors cela
arrive ! Si une nouveauté arrive, les
choses se déroulent ainsi, si l'ancien
reste, les choses se déroulent ainsi !
- On se demande en quelque sorte ce
qu'on a encore à mettre dans l'un ou
l'autre plateau de la balance.
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07
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Die Schweiz hat so
dagestanden während der furchtbarsten
Katastrophe der neueren Zeit, daß sie
eigentlich nur theoretisierend —
nämlich durch die journalistische
Theorie — daran teilgenommen hat, und
durch das, was von außen eben in die
geistigen und die wirtschaftlichen
Verhältnisse hereingewirkt hat. Die
schweizerische Bevölkerung hat deshalb
gar nicht eine eigentliche Empfindung,
weder davon, daß etwas Neues kommen
müsse, noch davon daß das Alte bleiben
müsse. Wenn heute der Schweizer, je
nach der einen oder anderen
Parteirichtung davon spricht, daß ein
Neues kommen müsse oder das Alte
bleiben müsse, so hat man immer das
Gefühl: Er erzählt einem nur, was er
gehört hat, gehört hat auf der einen
Seite von Mitteleuropa, gehört hat von
England und dem Westen auf der anderen
Seite. Er erzählt einem nur, was zu
seinen beiden Ohren hineingegangen
ist, und nicht, was er eigentlich
erlebt hat. Und daher erscheint es
einem auch als so schweizerisch, wenn
diejenigen Menschen, die sich nicht
gern nach rechts oder nicht gern nach
links engagieren — und das sind ja
maßgebende Schweizer heute sehr häufig
—, daß diese Menschen sagen: Ja, wenn
das geschieht, dann geschieht es eben
so, wenn das andere geschieht,
geschieht es eben so! Wenn ein Neues
kommt, dann verläuft die Sache halt
so, wenn das Alte bleibt, dann
verläuft die Sache so! — Es wird
gewissermaßen ausgeknobelt, was man in
die eine oder andere Waagschale noch
zu legen hat.
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C'est ainsi : Si l'on essaie
d'intéresser quelqu'un en Suisse à ce
dont le monde a cruellement besoin
aujourd'hui, on tombe dans le
désespoir, parce que cela ne le saisi
pas vraiment, parce que cela rebondit
immédiatement, parce qu'en réalité,
son cœur n'y est pas du tout. Cela le
dégoûte trop pour que cela soit
intéressant pour lui, et il a trop peu
d'expérience de ces choses,
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08
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Es ist so: Wenn man
versucht, jemanden in der Schweiz zu
erwärmen für das, was der Welt heute
bitter notwendig ist, so gerät man in
Verzweiflung, weil es ihn eigentlich
gar nicht angreift, weil es gleich
zurückprallt, weil er eigentlich in
Wirklichkeit mit dem Herzen gar nicht
dabei ist. Es ist ihm zu sehr zuwider,
als daß es für ihn interessant sein
könnte, und er hat zu wenig Erfahrung
über diese Dinge,
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67
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pour que cela lui soit n'importe
comment sympathique. Il aimerait avoir
la paix. Mais il aimerait quand même
aussi à nouveau être suisse. Cela
signifie que lorsque toutes sortes
d'histoires de progrès avec « liberté
» et « démocratie » résonnent de
l'autre côté de la frontière, on ne
peut pas dire, parce qu'on s'est
toujours dit démocratique pendant de
nombreux siècles, qu'on ne veut pas de
la démocratie ! Bref, on a vraiment
l'impression qu'en Suisse, les humains
ont un canal très bien développé entre
l'oreille droite et l'oreille gauche,
de sorte que tout ce qui entre d'un
côté ressort de l'autre sans avoir
atteint l'intelligence/la raison
analytique et le cœur.
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als daß es ihm irgendwie
sympathisch sein könnte. Er möchte
Ruhe haben. Aber er möchte doch auch
wiederum Schweizer sein. Das heißt:
Wenn da alle möglichen
Fortschrittsgeschichten mit «Freiheit»
und «Demokratie» über die Grenze
herübertönen, so kann man doch, weil
man sich durch viele Jahrhunderte
hindurch immerfort demokratisch
genannt hat, wiederum nicht sagen,
man wolle die Demokratie nicht! Kurz,
man hat wirklich das Gefühl, als ob in
der Schweiz die Menschen einen sehr
gut ausgebauten Kanal hätten zwischen
dem rechten und dem linken Ohr, so daß
alles, was auf der einen Seite
hineingeht, auf der anderen Seite
wiederum herausgeht, ohne daß es zu
Verstand und Herzen gekommen ist.
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C'est pourquoi on devra attaquer au
moins aux points où l'on peut montrer
qu'un système d'État tel que la Suisse
est vraiment quelque chose de très
particulier. Et c'est quelque chose de
très particulier. Car, premièrement,
la Suisse est - ce qui était déjà
visible pendant la guerre, si on
voulait seulement le voir - une sorte
de centre de gravité du monde. Et
c'est justement son manque
d'engagement vis-à-vis des différentes
conditions mondiales qui pouvaient
s'utiliser pour obtenir un juger libre
et un agir libre à la ronde. Le monde
attend seulement sur ce que les
Suisses remarquent dans leur tête ce
qu'ils remarquent dans leur poche.
Dans leur poche, ils remarquent que le
franc n'a en fait pas été touché par
la hausse et la baisse de la valeur,
par la corruption de la valeur. Les
Suisses remarquent que le monde entier
tourne autour du franc suisse. Les
Suisses ne remarquent pas que c'est
aussi le cas en relation spirituelle.
Mais de même qu'ils savent apprécier
le franc immobile, qui est devenu en
quelque sorte le régulateur de la
valeur du monde entier, de même ils
devraient comprendre leur position
réellement indépendante des conditions
mondiales, par laquelle la Suisse
pourrait effectivement être une sorte
d'hypomochlion pour les conditions
mondiales. Il est donc nécessaire
qu'on leur rende cela compréhensible.
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09
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Daher wird man
wenigstens an den Punkten eben
angreifen müssen, wo gezeigt werden
kann, daß ja solch ein Staatswesen wie
die Schweiz wirklich etwas ganz
Besonderes ist. Und es ist etwas ganz
Besonderes. Denn erstens ist die
Schweiz — was schon während des
Krieges bemerkbar war, wenn man es
nur sehen wollte — etwas wie ein
Schwerpunkt der Welt. Und gerade ihr
Unengagiertsein gegenüber den
verschiedenen Weltverhältnissen könnte
sie benützen, um ein freies Urteilen
und auch ein freies Handeln gegenüber
ringsherum zu bekommen. Die Welt
wartet ja nur darauf, daß die
Schweizer das auch in ihren Köpfen
bemerken, was sie in ihrer Tasche
bemerken. In ihrer Tasche bemerken
sie, daß der Franken vom Auf- und
Absteigen der Valuta, von der
Korrumpierung der Valuta, eigentlich
nicht betroffen worden ist. Daß ja die
ganze Welt sich um den Schweizer
Franken bewegt, das bemerken die
Schweizer. Daß das auch in geistiger
Beziehung der Fall ist, das bemerken
die Schweizer eben nicht. Aber so, wie
sie den unbeweglichen Franken, der
gewissermaßen der Regulator geworden
ist der Valuta der ganzen Welt, wie
sie den zu würdigen verstehen, so
sollten sie auch ihre durch die
Weltverhältnisse wirklich unabhängige
Stellung, durch die die Schweiz
tatsächlich eine Art Hypomochlion
sein könnte für die Weltverhältnisse —
dies sollten die Schweizer verstehen.
Daher ist es notwendig, daß man ihnen
dies eben begreiflich macht.
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68
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C'est presque déjà comme ce que l'on
a dû dire une fois de façon semblable
sur l'Autriche. Les gens qui
comprenaient un peu les choses en
Autriche se demandaient souvent
pourquoi cette Autriche, qui n'avait
que des tendances centrifuges, se
maintenait, pourquoi elle n'éclatait
pas. Dans les années quatre-vingt et
quatre-vingt-dix, je n'ai jamais rien
dit d'autre que cela : ce qui se passe
en Autriche n'a pas encore
d'importance pour la cohésion ou
l'éclatement, mais seulement ce qui se
passe tout autour. Parce que les
autres - l'Allemagne, la Russie,
l'Italie, la Turquie et ceux qui
s'intéressent à la Turquie, la France
et la Suisse elle-même -, parce que
ces formations étatiques situées tout
autour ne laissent pas l'Autriche se
désagréger, mais la maintiennent en
son sein, parce qu'aucun n'en a
donné/envié un bout à l'autre ! Chacun
a veillé à ce que l'autre ne reçoive
rien : c'est ainsi que l'Autriche est
restée unie. Elle était maintenue de
l'extérieur. On pouvait le voir très
clairement si l'on avait le sens pour
de tels rapports. Et ce n'est que
lorsque ce regard mutuel des
puissances environnantes a été
obscurci par le brouillard des canons
pendant la guerre mondiale que
l'Autriche s'est désintégrée,
évidemment. Au fond, l'image dit tout.
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10
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Es ist schon fast so,
wie man es in ähnlicher Art einmal hat
über Österreich sagen müssen. Leute,
die etwas von den Dingen verstanden in
Osterreich, die haben oftmals darüber
nachgedacht, warum denn dieses
Osterreich, das ja nur zentrifugale
Tendenzen hatte, bestehen blieb, warum
es nicht auseinandersplitterte. Ich
habe in den achtziger, neunziger
Jahren nie etwas anderes gesagt als:
Was in Osterreich selber geschieht,
das hat zunächst noch gar keine
Bedeutung für das Zusammenhalten oder
Auseinandersplittern, sondern nur, was
ringsherum geschieht. Weil die anderen
— Deutschland, Rußland, Italien,
Türkei und diejenigen, die an der
Türkei interessiert sind, Frankreich
und auch die Schweiz selber —, weil
diese ringsherum liegenden
Staatsgebilde Osterreich nicht
zerfallen lassen, sondern mitten
drinnen zusammenhalten, weil keiner
dem anderen ein Stück davon gönnte!
Jeder sorgte dafür, daß der andere ja
nichts bekomme: dadurch blieb
Österreich beisammen. Es wurde von
außen zusammengehalten. Das konnte man
sehr genau sehen, wenn man einen Sinn
hatte für solche Verhältnisse. Und
erst als dieses gegenseitige Beschauen
der umliegenden Mächte im Weltkrieg
durch den Nebel der Kanonen getrübt
wurde, erst da zerfiel Österreich,
selbstverständlich. Das Bild besagt im
Grunde genommen alles.
|
Maintenant, pour la Suisse, c'est
similaire, mais à nouveau différent.
Tout autour, sont tous les intérêts
possibles, mais ces intérêts ont
laissé une petite tache de reste où
ils ne se rencontrent pas. Et
aujourd'hui, alors que l'on a une vie
de l'économie mondiale, une vie de
l'esprit mondiale, la chose est telle
que cette petite tache est maintenue
par le fait qu'elle est quelque chose
de très particulier. Qu'est-ce qu'elle
est en fait ? C'est quelque chose qui
est maintenu à l'intérieur de ses
frontières par des rapports purement
politiques. C'est ce qui vous ressort
de l'histoire suisse. L'histoire
suisse est en apparence tout à fait
politique, tout comme la pensée suisse
est en apparence tout à fait
démocratique. Mais aussi avec la
politique, cela se comporte ainsi pour
la Suisse, comme je l'ai expliqué
précédemment pour la démocratie :
c'est une politique qui n'en est en
fait aucune, qui gère la vie de
l'esprit et la vie de l'économie sur
une petite tache de Terre, mais qui en
réalité ne fait pas de politique du
tout. Comparez ce qui est politique en
Suisse et ailleurs ! Il doit parfois
être fait politiquement l'une ou
l'autre chose, parce qu'avec les
autres
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11
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Nun, bei der Schweiz ist
es ähnlich, aber doch wiederum anders.
Ringsherum sind alle möglichen
Interessen, aber diese Interessen
haben einen kleinen Fleck da
übriggelassen, wo sie sich nicht
begegnen. Und heute, wo man
Weltwirtschaftsleben, Weltgeistesleben
hat, da ist die Sache so, daß ja
dieser kleine Fleck allerdings dadurch
aufrechterhalten wird, daß er nun
etwas ganz Besonderes ist. Was ist er
denn eigentlich? Er ist etwas, was
innerhalb seiner Grenzen durch rein
politische Verhältnisse
zusammengehalten wird. Das geht Ihnen
aus der schweizerischen Geschichte
hervor. Die schweizerische Geschichte
ist eine scheinbar ganz politische, so
wie das schweizerische Denken ein
scheinbar ganz demokratisches ist.
Aber auch mit der Politik verhält es
sich so für die Schweiz, wie ich es
vorhin für die Demokratie
auseinandergesetzt habe: Es ist eine
Politik, die eigentlich keine ist, die
auf einem kleinen Fleck Erde das
Geistesleben und das Wirtschaftsleben
verwaltet, aber eigentlich in
Wirklichkeit gar nicht Politik treibt.
Vergleichen Sie, was in der Schweiz
und was anderwärts Politik ist! Es muß
manchmal das eine oder andere
politisch gemacht werden, weil man mit
den anderen
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69
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|
pays, on doit entrer en
correspondance. Mais une véritable
politique suisse - il faudrait
justement mettre les choses sur la
tête si l'on voulait trouver une
véritable politique suisse. Il n'y en
a en fait pas. De cela est justement
aussi visible que l'on a créé ici une
structure de pays dans laquelle la vie
de l'esprit est gérée au sens
politique, la vie de l'économie au
sens politique, mais dans laquelle
n'est en fait disponible aucun
sentiment réel, aucune expérience
réelle/vécu réel de l'être-là de
droit.
|
|
Ländern in Korrespondenz
treten muß. Aber wirkliche
schweizerische Politik — man müßte
eben die Dinge auf den Kopf stellen,
wenn man eine wirkliche schweizerische
Politik finden wollte. Die gibt es
eigentlich nicht. Auch daraus ist
eben ersichtlich, daß hier ein
Landgebilde geschaffen worden ist, auf
dem im politischen Sinne das
Geistesleben, im politischen Sinne das
Wirtschaftsleben verwaltet wird, in
dem aber eigentlich gar nicht eine
wirkliche Empfindung, ein wirkliches
Erleben von dem Rechtsdasein vorhanden
ist.
|
C'est pourquoi il s'agit ici
d'insister tout particulièrement sur
le fait que le droit est quelque chose
que l'on ne peut pas définir, comme on
ne peut pas définir le rouge ou le
bleu, que le droit est quelque chose
qui doit être vécu dans son
indépendance, et qui doit être vécu
lorsque tout humain devenu majeur
prend conscience de sa condition
d'humain. Il s'agira donc d'essayer
d'élaborer pour des moyens suisses
tout de suite ce rapport de
sensibilité et de sentiment humain
dans la vie de droit, que l'égalité
devrait vivre dans l'humain
individuel, si la vie de droit devait
être-là. Tout de suite la Suisse est
notamment appelée à cela - et
j'aimerais dire que les anges du monde
entier regardent la Suisse pour voir
si ce qui se passe ici est ce qui est
correct - tout de suite la Suisse est
appelée à ce que, là elle, j'aimerais
dire, totalement vierge en rapport à
l'État de droit, a seulement un État
spirituel, seulement un de l'économie,
sous libération/autorisation/ouverture
des vies spirituelle et de l'économie.
|
12
|
Daher handelt es sich
darum, daß man hier ganz besonders
tief einschärft, daß das
Recht etwas ist, was man nicht
definieren kann, so wie man Rot oder
Blau nicht definieren kann, daß das
Recht etwas ist, was in seiner
Selbständigkeit erlebt werden muß,
und was erlebt werden muß, wenn sich
als Mensch bewußt wird jeder mündig
gewordene Mensch. Es wird
sich also darum handeln, zu versuchen,
für schweizerische Mittel gerade
dieses menschliche Empfindungs- und
Gefühlsverhältnis im Rechtsleben
herauszuarbeiten, daß im einzelnen
Menschen die Gleichheit leben müsse, wenn
Rechtsleben
da sein soll. Gerade die
Schweiz ist nämlich dazu berufen, und
ich möchte sagen: Die Engel der ganzen
Welt schauen auf die Schweiz, ob hier
das Richtige geschieht —, gerade die
Schweiz ist dazu berufen, da sie, ich
möchte sagen, völlig jungfräulich ist
in bezug auf den Rechtsstaat, nur
einen geistigen, nur einen
Wirtschaftsstaat hat, einen
Rechtsstaat zu schaffen unter
Freigebung des geistigen und des
Wirtschaftslebens.
|
C'est sur les montagnes suisses que
le droit romain, qui a pénétré d'une
toute autre manière en France, en
Allemagne et dans d'autres pays
européens, s'est en fait brisé pour le
cœur des humains. Il n'est entré que
dans l'aspect extérieur, mais pas dans
la sensibilité des humains. C'est donc
un terrain juridique vierge sur lequel
tout peut être créé. Si seulement les
humains parvenaient à une véritable
réflexion sur le bonheur infini que
représente le fait de vivre ici entre
les montagnes et de pouvoir avoir sa
propre volonté, indépendamment du
monde entier qui tourne autour de ce
petit pays. C'est tout de suite à
cause de cette situation mondiale que
les éléments de droit peuvent être
élaborés à partir de l'humain.
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13
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An
den schweizerischen Bergen hat sich
für die Herzen der Menschen
eigentlich gebrochen das römische
Recht, das in ganz anderer Weise in
Frankreich und in Deutschland und
anderen europäischen Ländern
eingezogen ist. Es
ist nur in das Äußerliche
hineingegangen, nicht aber in das
Empfinden der Menschen. Es
ist also jungfräulicher Rechtsboden,
auf dem alles geschaffen werden kann.
Wenn nur die Menschen zur wirklichen
Besinnung kommen, was es für ein
unendliches Glück ist, hier zwischen
den Bergen zu leben und einen eigenen
Willen haben zu können, unabhängig von
der ganzen Welt, die sich um dieses
kleine Ländchen dreht. Hier können,
gerade wegen dieser Weltverhältnisse,
die
Rechtselemente bloß aus dem Menschen
herausgearbeitet werden.
|
70
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|
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Je vous indique donc comment on doit
intégrer la localité particulière, le
lieu particulier dans la préparation
d'un tel exposé, comment on doit
effectivement être totalement un avec
soi-même, ce qui est l'essence de la suissitude.
Je peux naturellement seulement
l'esquisser ici ; mais chacun qui veut
parler en Suisse devrait en fait
s'efforcer de comprendre entièrement
quelle est la façon particulière de
cette
suissitude.
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14
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Also ich deute Ihnen an,
wie man die besondere Lokalität, die
besondere Örtlichkeit in das
Vorbereiten hineinbringen muß für
solch einen Vortrag, wie man
tatsächlich mit sich selber völlig
eins sein muß, was das Wesen des Schweizertums
ist. Ich kann es natürlich hier nur
skizzieren; aber jeder, der in der
Schweiz reden will, müßte eigentlich
sich bemühen, ganz zu verstehen, welch
besonderer Art dieses Schweizertum
ist.
|
N'est-ce pas, vous pouvez dire : nous
sommes suisses -- comme les Anglais
peuvent dire : nous sommes anglais -,
et tu veux maintenant nous dire
comment le Suisse devrait connaître la
suissitude, et tout ce que l'Anglais
n'a pas de tel de sentiment, et ainsi
de suite. - Certes, on peut dire cela.
Mais ceux qui font partie aujourd'hui
des cultivés n'ont nulle part une
formation réellement vécue, nulle part
une formation qui sorte de
l'immédiateté du vécu. C'est pourquoi
il faut insister sur ce vécu immédiat,
surtout vis-à-vis du droit.
|
15
|
Nicht wahr, Sie können
sagen: Wir sind ja Schweizer -- so wie
die Engländer sagen können: Wir sind
ja Engländer —, und du willst uns
jetzt sagen, wie der Schweizer das
Schweizertum kennenlernen soll, und
was der Engländer alles nicht hat von
solcher Empfindung und so weiter. —
Gewiß, das kann man sagen. Aber
diejenigen, die heute zu den
Gebildeten gehören, haben ja nirgends
eine wirklich erlebte Bildung,
nirgends eine Bildung, die heraus ist
aus dem Unmittelbaren des Erlebens. Daher
muß gerade gegenüber dem Rechte auch
sehr hingewiesen werden auf dieses
unmittelbare Erleben.
|
Nous en arrivons là à considérer
comment, sous la civilisation moderne,
les humains sont peu à peu entrés dans
des rapports mutuels, dans des
rapports sociaux, dans le domaine où
le droit devrait en fait se
développer. Le droit devrait se
développer d'humain à humain. Et tout
donc, toute la parlementarisation,
n'est en fait qu'un substitut à ce qui
devrait se passer d'humain à humain
dans un domaine de droit véritablement
correct.
|
16
|
Da kommen wir zu der
Betrachtung, wie die Menschen
allmählich unter der neueren
Zivilisation in gegenseitige
Verhältnisse, in soziale Verhältnisse
hineingekommen sind auf dem Gebiete,
wo sich eigentlich das Recht
entwickeln sollte. Von Mensch zu
Mensch sollte sich das Recht
entwickeln. Und
alles also, alles Parlamentarisieren
ist eigentlich im Grunde genommen
nur ein Surrogat für das, was sich
von Mensch zu Mensch abspielen müßte
in einem wirklich richtigen
Rechtsgebiete.
|
On a alors l'occasion, lorsqu'on
réfléchit au domaine de droit,
d'aborder à nouveau - mais maintenant
d'une manière plus réelle - ce que
sont les concepts du prolétariat et
les sentiments de la bourgeoisie. Mais
on peut maintenant faire passer par
dessus d'une manière plus réelle dans
les sentiments de la bourgeoisie, ce
que le prolétariat a développé de
concepts. Je dis : concepts du
prolétariat, sentiments de la
bourgeoisie. Vous en trouverez
l'explication dans mes « Points
essentiels de la question sociale ».
|
17
|
Da hat man dann
Gelegenheit, wenn man nun nachdenkt
über das Rechtsgebiet, wiederum
einzugehen — aber jetzt in einer
realeren Weise einzugehen — auf
dasjenige, was die
Begriffe des
Proletariats sind und die Empfindungen der
Bourgeoisie. Man
kann aber jetzt in einer realeren
Weise dasjenige, was das Proletariat
an Begriffen entwickelt hat,
herüberführen in das Empfinden der
Bourgeoisie. Ich sage: Begriffe
des Proletariats, Empfindungen der
Bourgeoisie. Die Erklärung
dafür finden Sie in meinen
«Kernpunkten der sozialen Frage».
|
Le prolétariat a développé, à partir
des quatre concepts que j'ai
développés hier ici, le sentiment/la
sensation de la conscience de classe ;
il doit conquérir ce qui en possession
de la bourgeoisie, l'État.
|
18
|
Das Proletariat hat aus
den vier Begriffen, die ich gestern
hier entwickelt habe, durchaus eben
das Gefühl des Klassenbewußtseins
entwickelt; es muß erobern, was im
Besitze der Bourgeoisie ist, den
Staat.
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71
|
|
|
Dans quelle mesure l'État est un
véritable État de droit ou non, le
prolétariat ne l'a naturellement pas
compris non plus. Mais ce qui s'est
développé en tant qu'État de droit est
ce qui touche le moins la Suisse,
c'est pourquoi elle pourrait le plus
facilement comprendre sans préjugés un
véritable État de droit. Ce qui s'est
développé en tant qu'un véritable État
de droit, cela vit donc aujourd'hui
seulement entre les expressions de la
vie d'âme réelle des humains dans
presque tout le monde, seulement
justement pas en Suisse ! Partout
sinon dans le monde, ce qui est l'État
de droit vit, je dirais, une
existence/un être-là en sous-main,
tandis que ce qui est réellement vécu
d'humain à humain repose sur quelque
chose de tout à fait différent, et
notamment sur quelque chose de tout à
fait bourgeois/civil/citoyen. On ne
peut saisir ce que l'humain cherche
réellement dans la vie publique, ce
qu'il apporte dans toute la vie
publique, ce par quoi se passe une
occultation/un assombrissement de la
vie de droit proprement dite, cela on
peut seulement le saisir si l'on saisi
un peu de l'oeil les relations
concrètes.
|
|
Inwieweit der Staat nun
ein wirklicher Rechtsstaat ist oder
nicht, das ist natürlich dem
Proletariat auch nicht klargeworden.
Aber was als Rechtsstaat sich
entwickelt hat, davon ist die Schweiz
am allerwenigsten berührt, daher sie
am leichtesten ohne Vorurteile einen
wirklichen Rechtsstaat begreifen
könnte. Was
sich als ein wirklicher Rechtsstaat
entwickelt hat, das lebt ja nur
zwischen den Äußerungen des
eigentlichen Seelenlebens der
Menschen fast in der ganzen Welt
heute, nur eben nicht in der
Schweiz! Überall sonst in der Welt
lebt eigentlich dasjenige, was
Rechtsstaat ist, ein,
ich möchte sagen,
Unter-der-HandDasein, währenddem
dasjenige, was wirklich von Mensch zu
Mensch erlebt wird, auf etwas ganz
anderem beruht, und zwar auf etwas
ganz durch und durch Bürgerlichem. Was
der Mensch im öffentlichen Leben
eigentlich sucht, was er hineinträgt
in das ganze öffentliche Leben,
wodurch ihm eine Verdunkelung des
eigentlichen Rechtslebens geschieht,
das kann man nur erfassen, wenn man
ein wenig die konkreten Beziehungen
ins Auge faßt.
|
Voyez-vous, la vie de l'esprit a été
peu à peu absorbée par la vie de
l'État. Mais la vie de l'esprit, si on
la considère comme un élément
construit sur soi-même, est un élément
très sévère/strict, un élément
vis-à-vis duquel on doit constamment
préserver sa liberté, qui à cause de
cela n'a pas la permission d'être
organisée autrement qu'aussi dans la
liberté. Laissez une fois une
génération déployer plus librement sa
vie de l'esprit et organiser ensuite
cette vie de l'esprit comme elle
l'entend : c'est l'esclavage le plus
pur pour la génération suivante. La
vie de l'esprit doit vraiment être
libre, pas purement en théorie, mais
d'après la vie. Les humains qui s'y
trouvent doivent faire l'expérience
de/vivre la liberté. La vie de
l'esprit devient une grande tyrannie
si elle se répand absolument sur la
Terre, car sans qu'intervienne une
organisation, elle ne peut se
répandre/s'élargir, et si une
organisation intervient,
l'organisation devient aussitôt une
tyrannie. C'est pourquoi doit
continuellement être lutté en liberté,
en liberté vivante, contre la tyrannie
à laquelle la vie de l'esprit
elle-même tend.
|
19
|
Sehen Sie, das
Geistesleben ist allmählich aufgesogen
worden vom Staatsleben. Das
Geistesleben aber ist, wenn man ihm
gegenübersteht als einem Elemente,
das auf sich selbst gebaut ist, ein
sehr strenges Element, ein Element,
demgegenüber man fortwährend seine
Freiheit bewahren muß, das deshalb
nicht anders als auch in der
Freiheit organisiert werden darf.
Lassen Sie einmal eine Generation ihr
Geistesleben freier entfalten und
dann dieses Geistesleben organisieren,
wie sie es will: es
ist die reinste Sklaverei für die
nächstfolgende Generation.
Das Geistesleben muß wirklich, nicht
etwa bloß der Theorie nach, sondern
dem Leben nach, frei sein. Die
Menschen, die darinnenstehen, müssen
die Freiheit erleben. Das
Geistesleben wird zur großen
Tyrannei, wenn es überhaupt auf der
Erde sich ausbreitet, denn ohne daß
eine Organisation eintritt, kann es
sich nicht ausbreiten, und wenn eine
Organisation eintritt, wird sogleich
die Organisation zur Tyrannin. Daher
muß fortwährend in Freiheit, in
lebendiger Freiheit gekämpft werden
gegen die Tyrannis, zu der das
Geistesleben selber neigt.
|
Or, au cours des siècles récents,
cette vie de l'esprit a été absorbée
par la vie de l'État. Cela signifie
que si l'on dépouille la vie de l'État
de la toge qu'elle porte encore très
fortement en
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20
|
Dieses Geistesleben ist
nun im Laufe der neueren Jahrhunderte
aufgesogen worden vom Staatsleben.
Das heißt: Wenn man das Staatsleben
der Toga entkleidet, die es noch immer
sehr stark anhat in der
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72
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souvenir de l'ancien temps romain,
bien que les juges commencent a
retirer la toge, mais dans l'ensemble
on peut quand même encore dire que la
vie de l'état porte encore la toge ;
mais si l'on fait abstraction de cette
toge, si l'on regarde ce qu'il y a en
dessous, c'est en fait partout la vie
spirituelle contrainte qui est
disponible dans l'État et dans la vie
sociale de l'État. C'est la vie de
l'esprit contrainte ! Contrainte, mais
ne sachant pas qu'elle est contrainte,
n'aspirant donc pas à la liberté, mais
luttant quand même continuellement
contre la contrainte. Et beaucoup de
choses à l'époque la plus récente sont
précisément nées de cette lutte contre
l'état de contrainte de la vie de
l'esprit. Toute notre vie de l'esprit
public est en fait placée sous le
signe de cet être-contrainte de la vie
de l'esprit, et nous ne pouvons pas
obtenir des conditions saines si nous
n'acquérons pas le sens de
l'observation de cet être contrainte
de la vie de l'esprit. On doit avoir
une sensation pour comment cet
être-contrainte de la vie de l'esprit
nous vient en vis-à-vis dans le
quotidien.
|
|
Erinnerung an die alte
Römerzeit, obwohl schon sogar die
Richter anfangen, den Talar abzulegen,
aber im ganzen kann man doch sagen,
daß das Staatsleben die Toga noch
anhat; aber wenn man absieht von
dieser Toga, wenn man auf das sieht,
was darunter ist: dann ist es
eigentlich überall das verzwangte
Geistesleben, das im Staate und im
sozialen Leben des Staates vorhanden
ist. Es ist das verzwangte
Geistesleben! Verzwangt, aber nicht
wissend, daß es verzwangt ist, daher
nicht nach Freiheit strebend, aber
immerhin doch gegen die Verzwangtheit
fortwährend ankämpfend. Und vieles in
der neuesten Zeit ist gerade aus
diesem Ankämpfen gegen die
Verzwangtheit des Geisteslebens
hervorgegangen. Unser ganzes
öffentliches Geistesleben steht
eigentlich unter dem Zeichen dieser
Verzwangtheit des Geisteslebens, und
wir können nicht gesunde Verhältnisse
gewinnen, wenn wir uns nicht einen
Sinn aneignen für die Beobachtung
dieser Verzwangtheit des
Geisteslebens. Man muß ein Gefühl
dafür haben, wie einem diese
Verzwangtheit des Geisteslebens
entgegenkommt im Alltag.
|
Un jour, j'ai été invité par un
certain nombre de dames berlinoises
qui avaient assisté à des conférences
que j'avais données dans un institut,
à tenir une conférence chez l'une
d'entre elles, dans son appartement
privé, et toute cette manifestation
avait en fait pour but de contrer une
certaine humeur, à l'époque assez
bienveillante, chez leurs
maris/hommes. N'est-ce pas, ces dames
arrivaient vers midi à l'institut de
formation où je donnais mes
conférences. Et les hommes, lorsqu'un
jour comme celui-ci arrivait - je
crois que c'était une fois par semaine
- disaient alors : « Eh bien, vous
allez retourner dans votre
établissement fou aujourd'hui ; la
soupe sera à nouveau mauvaise, ou
quelque chose d'autre ne sera pas en
ordre ! - Et c'est là que ces dames
ont voulu que je fasse une conférence
sur le « Faust » de Goethe - c'est le
thème qui a été choisi - et les hommes
ont également été invités. J'ai donc
tenu une conférence sur le « Faust »
de Goethe devant ces dames et ces
messieurs. Oui, les messieurs étaient
un peu perplexes et disaient : « Oui,
mais le <Faust> de Goethe est
une science ; le <Faust> de
Goethe n'est pas de l'art. L'art,
c'est Blumenthal » - je cite
textuellement - »là, on n'a pas besoin
de faire d'efforts.
|
21
|
Ich wurde einmal von
einer Anzahl Berliner Damen, die in
einem Institute von mir Vorträge
angehört hatten, dann eingeladen,
einen Vortrag zu halten bei einer der
Damen in ihrem Privatappartement, und
die ganze Veranstaltung war eigentlich
dazu da, daß die Damen
entgegenarbeiten wollten einer
gewissen dazumal recht gutmütigen
Stimmung bei ihren Männern. Nicht
wahr, diese Damen kamen so etwa um
zwölf Uhr in das Unterrichtsinstitut,
wo ich die Vorträge hielt. Und die
Männer, wenn wiederum solch ein Tag
kam — ich glaube, es war einmal in der
Woche —, sagten dann: Na ja, da geht
Ihr halt in eure verrückte Anstalt
heute wieder hin; da wird die Suppe
wieder schlecht sein, oder es wird
etwas anderes nicht in Ordnung sein! —
Und da wollten denn diese Damen, daß
ich einen Vortrag hielte über Goethes
«Faust» — das wurde als Thema
ausgesucht —, und dazu wurden auch die
Männer eingeladen. Nun hielt ich eben
einen Vortrag über Goethes «Faust» vor
den Damen und Herren. Ja, die Herren
waren nachher etwas verdutzt und sie
sagten: «Ja, aber Goethes
<Faust> ist halt eine
Wissenschaft; Kunst ist ja Goethes
<Faust> nicht. Kunst, das ist
Blumenthal» — ich zitiere wörtlich —,
«da braucht man sich nicht
anzustrengen.
|
73
|
|
|
Si l'on se donne déjà tant de mal
dans la profession économique, on ne
veut quand même pas aussi se donner de
la peine dans la vie » ! Voyez-vous,
ce qui a remplacé l'enthousiasme pour
la liberté dans la vie de l'esprit se
présente à nous dans la vie étatique
comme un pur besoin de divertissement
léger.
|
|
Wenn
man sich schon im wirtschaftlichen
Beruf so anstrengt, will man sich
doch im Leben nicht auch noch
anstrengen!» Sehen Sie, was
eingezogen ist als Ersatz des
Enthusiasmus für die Freiheit im
Geistesleben, das tritt uns im
staatlichen Leben entgegen als
bloßes leichtes
Unterhaltungsbedürfnis.
|
J'ai vu une fois à la campagne, où
l'on pouvait encore bien voir ce genre
de choses, comment ces vieux acteurs
itinérants, qui avaient toujours avec
eux ce qu'on appelait en Allemagne le
sot Auguste, c'est-à-dire le Bajazzo,
représentaient parfois des choses très
fines. Je vis alors comment le clown,
qui avait fait ses tours de clown
pendant tout un temps et divertissait
les gens parce qu'il s'apprêtait à
représenter quelque chose de très
sérieux pour lui, se débarrassait de
son costume de clown et se tenait
maintenant en jambières noires et en
queue de pie noire. Cette image me
tourne toujours dans la tête : Je vois
d'abord l'homme en noir et en queue de
pie, puis je vois l'homme avec le
costume de clown. J'ai l'impression
d'être en habit noir et en queue de
pie quand je vois quelque part dans
une vitrine un livre d'Einstein sur la
théorie de la relativité ; et puis
j'ai le clown devant moi quand j'ai à
côté un livre de Moszkowski sur la
théorie de la relativité. Car
effectivement, dans la vie extérieure,
il y a bien des choses qui sont Maja :
mais on ne pourrait pas imaginer qu'à
l'intérieur, toute cette pédanterie de
penseur puisse se présenter autrement
qu'en pantalon noir et en queue de pie
bien taillée, c'est-à-dire dans la
théorie de la relativité. Et encore
une fois, il est désagréable de se
plier à des raisonnements aussi
stricts, à des raisonnements aussi
conséquents, qui sont déjà vraiment
coupés comme une queue de pie bien
ajustée ; cela doit aussi se présenter
aux gens d'une autre manière. C'est
ainsi que le clown philosophe
Alexander Moszkowski, particulièrement
doué pour le feuilletonesque, s'y met
et écrit un gros livre. Tous les gens
en costume de clown apprennent
désormais dans ce livre ce qui est né
en queue de pie ! Vous voyez, on ne
peut pas faire autrement aujourd'hui
que de traduire les choses en ce qu'on
n'a pas besoin de faire d'efforts, en
ce qu'on n'a pas besoin non plus de
déployer beaucoup d'enthousiasme.
|
22
|
Ich habe einmal auf dem
Lande gesehen, wo man so etwas noch
gut sehen konnte, wie diese alten
herumziehenden Schauspieler, die
immer, in Deutschland nannte man es
den Dummen August, also den Bajazzo
bei sich hatten, wie diese manchmal
ganz feine Sachen darstellten. Da sah
ich, wie der Clown, der nun seine
Clownkunststücke eine ganze Zeit
hindurch gemacht und die Leute
unterhalten hatte, weil er nun
daranging, etwas für ihn sehr Ernstes
darzustellen, das Clownkostüm abwarf
und nun in schwarzen Beinkleidern und
schwarzem Frack dastand. Mir dreht
sich dieses Bild immer um: Ich sehe
dann zuerst den Mann in schwarzen
Beinkleidern und schwarzem Frack, und
hinterher sehe ich den Mann mit dem
Clownkostüm. Mir kommt es so vor wie
schwarzes Beinkleid und Frack, wenn
ich irgendwo in einem Schaufenster ein
Buch von Einstein über die
Relativitätstheorie sehe; und dann
habe ich den Clown vor mir, wenn ich
daneben ein Buch von Moszkowski über
die Relativitätstheorie vor mir habe.
Denn tatsächlich, im äußeren Leben ist
ja manches Maja: Aber man könnte sich
gar nicht denken, daß innerlich die
ganze Denkerpedanterie anders
auftreten könnte als in schwarzem
Beinkleid und in wohlgeschnittenem
Frack, will sagen, in der
Relativitätstheorie. Und wiederum: Es
ist unangenehm, sich so strengen
Gedankengängen, so konsequenten
Gedankengängen zu fügen, die schon
wirklich so geschnitten sind wie ein
gutsitzender Frack; das muß den Leuten
auch anders entgegentreten. Da macht
sich denn der als Philosophenclown
feuilletonistisch ganz besonders
begabte Alexander Moszkowski daran und
schreibt ein dickes Buch. Aus dem
lernen nun alle Leute in
Feuilletonform, im Clownkostüm, was
im Frack geboren worden ist! Sehen
Sie, man kann gar nicht anders heute,
als die Dinge herüber zu übersetzen in
dasjenige, wobei man sich nicht
anzustrengen braucht, wobei
man auch keinen großen Enthusiasmus
zu entfalten braucht.
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74
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|
En effet, si l'on veut parler de
concepts de droit, doit être
lutté/combattu à mesure de l'
émotion/du sentiment, cette
ambiance/humeur générale, car là,
l'humain, avec toutes ses valeurs
intérieures, se présente comme un égal
de l'autre humain. Et ce qui ne laisse
pas monter les concepts de droit,
c'est ce que j'aimerais dire, c'est ce
qui est à la mesure
d'Alexandre-Moszkovski! On doit
chercher partout les choses au
concret.
|
23
|
Gegen diese allgemeine
Stimmung muß nämlich empfindungsgemäß
angekämpft werden, wenn man über
Rechtsbegriffe sprechen will, denn da
tritt der Mensch mit seinem ganzen
inneren Werte als ein Gleicher den
anderen Menschen gegenüber. Und
dasjenige, was die Rechtsbegriffe
nicht heraufkommen läßt, das ist das,
ja, ich möchte sagen,
Alexander-Moszkowskimäßige! Man muß
überall die Dinge beim Konkreten
aufsuchen.
|
Naturellement, je ne dis absolument
pas qu'on a maintenant besoin, quand
on parle sur des concepts de droit, de
parler de queue de pie et de costume
de clown, mais j'aimerais montrer
comment on doit obtenir les concepts
élastiques pour ces choses, comment on
doit vraiment indiquer sur l'un quand
on indique sur l'autre, et aussi
comment on doit pouvoir disposer
d'abord en soi-même pour avoir alors
la périodicité/facilité nécessaire de
parler devant les humains.
|
24
|
Ich sage natürlich
durchaus nicht, daß man nun nötig hat,
wenn man über Rechtsbegriffe spricht,
von Frack und Clownkostüm zu
sprechen, aber ich möchte zeigen, wie
man die Begriffe für diese Dinge
elastisch bekommen muß, wie man
wirklich auf das eine hinweisen muß,
wenn man auf das andere hinweist; auch
wie man disponieren können muß, zuerst
in sich selber, um dann die nötige
Geläufigkeit zu haben, vor den
Menschen zu sprechen.
|
Et c'est aussi encore pour une autre
raison que l'orateur d'aujourd'hui
doit savoir quelque chose comme cela.
La plupart du temps, il est condamné à
prendre la parole le soir lorsqu'il a
quelque chose d'intéressant pour
l'avenir. C'est-à-dire qu'il a à
remplir le temps dans lequel les gens
aimeraient être dans la salle de
concert ou au théâtre. Il doit donc
être absolument clair avec soi qu'il
s'adresse à un public qui serait mieux
à sa place, selon la constitution du
temps, s'il était dans la salle de
concert, au théâtre ou encore
ailleurs, mais il n'est n fait pas à
sa place là en bas pour écouter un
orateur qui parle de choses d'avenir.
Il faut être clair sur ce que l'on
fait, jusque dans les détails.
|
25
|
Und auch noch aus einem
anderen Grunde muß der heutige Redner
so etwas wissen. Er ist ja zumeist
dazu verurteilt, wenn er für etwas
Zukunftswürdiges zu sprechen hat,
abends zu sprechen. Das heißt, er hat
diejenige Zeit auszufüllen, in der
eigentlich die Leute im Konzertsaal
oder im Theater sein möchten. Er muß
sich also durchaus klar sein darüber,
daß er zu einem Publikum spricht, das
besser an seinem Platze wäre, der
Zeitverfassung nach, wenn es im
Konzertsaal oder im Theater wäre,
oder noch woanders, aber nicht
eigentlich an seinem Platz ist da
unten, wo es zuhören soll, wenn oben
ein Redner von zukunftswürdigen
Dingen spricht. Man muß sich klar
sein, was man eigentlich tut, bis in
die Einzelheiten hinein.
|
Que fait-on donc en fait quand on
parle devant un tel public, devant
lequel on est aujourd'hui le plus
souvent condamné à parler ? En fait,
on lui gâche littéralement l'estomac!
Un discours sérieux a en effet la
particularité d'être hostile à la
pepsine, d'empêcher la pepsine, le suc
gastrique, d'agir. Un discours sérieux
rend l'estomac acide. Et ce n'est que
lorsque l'on est d'humeur à prononcer
un discours sérieux de façon à le
faire, du moins intérieurement, avec
l'humour qu'il faut, que l'on aide le
suc gastrique. Il faut faire un
discours avec une certaine aisance
intérieure, avec une certaine
modulation, avec un certain
enthousiasme, et alors on aide le suc
gastrique.
|
26
|
Was tut man denn
eigentlich, wenn man vor einem solchen
Publikum spricht, vor dem zu sprechen
man heute zumeist verurteilt ist? Man
verdirbt ja diesem Publikum eigentlich
in ganz wörtlichem Sinne den Magen!
Eine ernste Rede hat nämlich die
Eigentümlichkeit, daß sie dem Pepsin
feindlich ist, daß sie das Pepsin, den
Magensaft nicht zur Wirksamkeit kommen
läßt. Eine ernste Rede macht den Magen
sauer. Und nur wenn man selber in der
ganzen Stimmung ist, eine ernste Rede
so vorzubringen, daß man, weigstens
innerlich, sie mit dem nötigen Humor
vorbringt, dann hilft man dem
Magensaft wieder. Man muß mit einer
gewissen inneren Leichtigkeit eine
Rede vorbringen, mit einer gewissen
Modulation, mit einer gewissen
Begeisterung, dann hilft man dem
Magensaft.
|
75
|
|
|
Et puis, à nouveau, on rééquilibre ce
qu'on fait à l'estomac dans le temps
où nous avons le plus souvent à parler
aujourd'hui. C'est pourquoi il est
vraiment plus souvent travaillé pour
les spécialistes de l'estomac que pour
la triarticulation de l'organisme
social quand les humains, en toute
pesanteur, avec toute intérieure
pression vers l'extérieur, en une
forme pédante, parlent aux humains sur
la triarticulation. Cela doit se
passer avec facilité, avec évidence,
sinon on ne travaille pas pour la
triarticulation, mais pour les
spécialistes de l'estomac. Mais il n'y
a seulement pas encore de statistiques
sur combien de gens qui, après avoir
écouté des conférences pédantes,
doivent aller chez le spécialiste de
l'estomac! En effet, si l'on avait une
fois une statistique sur ces choses,
on serait étonné du pourcentage
d'enthousiastes auditeurs de
conférences du temps actuel dans les
cercles de patients des spécialistes
de l'estomac.
|
|
Und dann gleicht man das
wiederum aus, was man dem Magen zufügt
in der Zeit, in der wir heute zumeist
zu reden haben. Daher
ist es wirklich eher als für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus für die Magenspezialisten
gearbeitet, wenn Menschen in aller
Schwere, mit allem inneren
Herauspressen, in pedantischer Form
über die Dreigliederung zu den
Menschen sprechen. Das muß
mit Leichtigkeit, mit
Selbstverständlichkeit geschehen,
sonst arbeitet man nicht für die
Dreigliederung, sondern für die
Magenspezialisten. Es gibt nur noch
keine Statistik darüber, wie viele
Leute, nachdem sie pedantische
Vorträge angehört haben, zu den
Magenspezialisten gehen müssen! Wenn
man einmal eine Statistik über diese
Dinge hätte, würde man nämlich
erstaunt sein darüber, welcher
Prozentsatz in den Patientenkreisen
der Magenspezialisten eifrige
Vortragszuhörer der heutigen Zeit
abgeben.
|
Je dois d'ores et déjà attirer
l'attention sur ces choses, car le
temps approche où on doit connaître
comment l'humain vit réellement :
comment le sérieux affecte son
estomac, comment l'humour agit sur son
suc gastrique, comment, disons-nous,
le vin est une sorte de cynique qui ne
prend pas au sérieux toute
l'organisation humaine, mais qui joue
avec elle. Ainsi, si l'on abordait
l'organisation de l'humain non pas
avec les concept-whichivaschi de la
science actuelle, mais avec des
concepts humains, on envisagerait
absolument ce que maintenant, aussi
pour un effet organique, presque
chimique, provoque chez l'humain
chaque mot et chaque contexte de mot.
|
27
|
Ich muß schon auf diese
Dinge auch aufmerksam machen, denn es
naht sich die Zeit, wo man kennen muß,
wie eigentlich der Mensch lebt: wie
Ernst auf seinen Magen, wie Humor auf
seinen Magensaft wirkt, wie zum
Beispiel, sagen wir, der
Wein eine Art Zyniker ist, der die
ganze menschliche Organisation nicht
ernst nimmt, sondern mit ihr spielt.
Und so könnte man, wenn man nicht mit
den Wischiwaschi-begriffen der
heutigen Wissenschaft, sondern mit
menschlichen Begriffen an die
menschliche Organisation heranginge,
durchaus einsehen, was nun auch für
eine organische Wirkung, fast
chemische Wirkung, jedes Wort und
jeder Wortzusammenhang beim Menschen
hervorruft.
|
Savoir de telles choses vous rend
aussi le discours plus facile. Tandis
que l'on a sinon un mur devant soi
vis-à-vis de l'auditoire, ce mur cesse
d'être quand, dans un discours pédant,
on voit toujours à travers comment le
suc gastrique s'écoule et finit par
devenir acide dans l'estomac, attaque
les parois de l'estomac. On a parfois
l'occasion de le voir. Il y en a moins
dans les salles des universités, où
les étudiants s'aident en n'écoutant
pas.
|
28
|
Solche Dinge zu wissen,
erleichtert einem auch das Reden.
Während man sonst eine Mauer vor sich
hat gegenüber dem Publikum, hört diese
Mauer auf zu sein, wenn man
gewissermaßen bei einer pedantischen
Rede immer durchsieht, wie der
Magensaft träufelt und endlich sauer
wird im Magen, die Magenwände
angreift. Man hat schon zuweilen
Gelegenheit, das zu sehen. In Hörsälen
der Universitäten ja weniger; da
helfen sich die Studenten dadurch, daß
sie nicht zuhören.
|
Mais vous voyez d'après ce que je
dis, combien la parole dépend de
l'humeur, combien la préparation de
l'ambiance, la prise en main de
l'humeur, a plus d'importance que la
préparation littérale.
|
29
|
Sie sehen aber daraus,
was ich so sage, wieviel beim Reden
von der Stimmung abhängt, wieviel mehr
Bedeutung das Vorbereiten der
Stimmung, das In-die-Hand-Nehmen der
Stimmung hat, als das wortwörtliche
Vorbereiten.
|
76
|
|
|
Celui qui s'est souvent préparé à
l'humeur n'a alors plus besoin de se
préparer au mot de telle sorte qu'au
moment opportun, il se fait tout de
suite justement destructeur du suc
gastrique en se préparant trop bien.
|
|
Wer oftmals sich für die
Stimmung vorbereitet hat, der hat dann
gar nicht mehr nötig, sich für das
Wortwörtliche so vorzubereiten, daß er
sich im entsprechenden Moment durch
das zu gute wortwörtliche Vorbereiten
eben zum Verderber des Magensaftes
gerade macht.
|
Vous voyez, pour un orateur bien
formé — si je puis m'exprimer ainsi —,
il y a plusieurs choses, et je tiens à
le dire tout de suite ici, parce que
la confrontation des concepts de droit
exige justement beaucoup de choses
qu'il faut caractériser dans ce sens.
J'aimerais le dire tout de suite
maintenant avant de parler demain de
l'enchevêtrement des éléments
économiques dans le discours.
|
30
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Sehen Sie, zu einem —
wenn ich mich jetzt so ausdrücken darf
— richtig geschulten Redner gehört
verschiedenes; und ich möchte es
gerade an dieser Stelle vorbringen,
weil das Auseinandersetzen der
Rechtsbegriffe gerade vieles fordert,
was man nach dieser Richtung
charakterisieren muß. Ich möchte es
gerade jetzt vorbringen, bevor ich
dann wohl morgen zu der
Hineinverwebung der
Wirtschaftselemente in das Reden
sprechen möchte.
|
Un anthroposophe a amené une fois
dans la salle de la Maison des
architectes à Berlin Max Dessoir, que
vous connaissez peut-être déjà, lors
d'une soirée où je devais donner une
conférence. Cet ami de Max Dessoir dit
ensuite: Ah! le Dessoir n'est pas allé
avec ! — Je lui ai demandé comment il
avait aimé le discours; il m'a
répondu: Oui, vous savez, je suis
moi-même un orateur; et celui qui est
un orateur ne sait pas écouter
correctement, il n'a pas de jugement
sur ce que dit l'autre! -- Eh bien, je
n'avais pas besoin de me porter un
jugement sur Dessoir, car j'avais
d'autres occasions de porter un
jugement, même si je n'eusse pas porté
un jugement sur cette parole; car je
ne pouvais pas savoir si c'était vrai,
ou si Dessoir, comme d'habitude, avait
menti encore cette fois. Maintenant,
supposons que c'était vrai, qu'est-ce
que cela prouverait ? Pour que, en
tout cas, celui qui a une telle
opinion ne puisse jamais devenir un
véritable orateur. En effet, celui qui
aime parler, qui aime s'écouter, et
qui donne beaucoup à ce qu'il dit ne
peut jamais devenir un vrai orateur.
En fait, un vrai orateur doit toujours
faire un certain dépassement s'il
devrait parler, et il doit clairement
sentir clairement ce dépassement. Il
doit avant toutes choses préférer
entendre le pire orateur étranger
plutôt que de vouloir parler soi-même.
|
31
|
Ein Anthroposoph brachte
einmal in den Architektenhaussaal in
Berlin den Ihnen ja vielleicht auch
schon bekannten Max Dessoir mit an
einem Abend, wo ich dort einen Vortrag
zu halten hatte. Dieser damalige
Freund des Max Dessoir sagte
hinterher: Ach, der Dessoir ging doch
nicht mit! — Ich fragte ihn, wie ihm
der Vortrag gefallen habe; da sagte
er: Ja, wissen Sie, ich bin selbst ein
Redner; und derjenige, der selbst ein
Redner ist, der kann nicht richtig
zuhören, der hat kein Urteil über
das, was der andere redet! — Nun, ich
hatte nicht nötig, mir über Dessoir
ein Urteil zu bilden nach dieser
Aussage, denn dazu hatte ich andere
Urteilsbildungsgelegenheiten, würde
mir auch kein Urteil gebildet haben
nach dieser Aussage: denn ich konnte
gar nicht wissen, ob es wirklich wahr
ist, oder ob der Dessoir, wie sonst,
auch diesmal gelogen hat. Nun aber,
nehmen wir an, es wäre wahr gewesen:
Wofür wäre das ein Beweis? Dafür, daß
jedenfalls derjenige, der solche
Ansicht hat, niemals ein richtiger
Redner werden kann. Denn niemals kann
derjenige ein richtiger Redner werden,
der gerne redet, und der sich selbst
gerne hört, und der auf sein eigenes
Reden besonders viel gibt. Ein
richtiger Redner muß eigentlich immer
eine gewisse Überwindung durchmachen,
wenn er reden soll, und er muß diese
Überwindung deutlich fühlen. Er muß
vor allen Dingen selbst den
schlechtesten fremden Redner lieber
hören wollen, als daß er selber
sprechen will.
|
Je sais très exactement ce que je dis
avec cette chose, et je sais très
exactement à quel point c'est
difficile pour certains d'entre vous
de me croire, mais c'est comme ça.
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32
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Ich weiß sehr genau, was
ich mit dieser Sache sage, und weiß
sehr genau, wie schwer es manchem von
Ihnen ist, das gerade mir zu glauben,
aber es ist so.
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77
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|
|
J' admet qu'il y a d'autres plaisirs
dans le monde que d'écouter de mauvais
orateurs. Mais en tout cas, il ne faut
pas que ces autres plaisirs majeurs
incluent le fait de parler soi-même.
Il faut même avoir une certaine envie
d'écouter les autres. Il faut aimer
écouter les autres, car c'est en
écoutant que l'on devient un orateur,
pas en aimant parler. En parlant, on
obtient une certaine familiarité, mais
cela doit se dérouler instinctivement.
Ce qui fait de vous un orateur, c'est
d'écouter, de développer une oreille
attentive aux particularités des
autres orateurs, même s'ils sont de
mauvais orateurs. C'est pourquoi, à
quiconque me demande comment il se
prépare le mieux à devenir un bon
orateur dans une certaine direction,
je répondrai: qu'il écoute, mais
surtout qu'il lise — j'ai expliqué la
différence entre écouter et lire —
qu'il écoute et qu'il lise — on peut
le faire, car il est absurde que les
discours soient imprimés — les
discours des autres ! Ce n'est
qu'ainsi que l'on obtiendra ce fort
sentiment d'aversion à l'égard de son
propre discours. Et cette aversion
pour parler, c'est en fait ce qui vous
permet de vraiment parler en
conséquence. C'est extrêmement
important. Et pour ceux qui n'arrivent
pas à considérer leur propre discours
avec antipathie, il est bon qu'ils
gardent au moins la fièvre des
lampes/le trac, car sans trac et avec
sympathie pour le propre discours,
c'est en fait quelque chose dont on
devrait s'abstenir, car cela n'agit
pas bien dans le monde en toutes
circonstances. Cela agit à la
sclérotisation du discours, à
l'ossification, à l'encapsulation,
pour ensuite faire partie de ce qui
gâche la prédication aux gens.
|
|
Ich gebe zwar zu, daß es
andere Vergnügungen gibt in der Welt,
als schlechten Rednern zuzuhören. Aber
es darf jedenfalls zu diesen anderen
größeren Vergnügungen nicht das
gehören, selber zu sprechen. Man muß
sogar einen gewissen Drang haben,
andere zu hören. Man muß gerne anderen
zuhören, denn durch das Zuhören wird
man eigentlich ein Redner, nicht durch
die Liebe zum eigenen Reden. Durch das
eigene Reden bekommt man eine gewisse
Geläufigkeit; das muß aber instinktiv
verlaufen. Was einen zum Redner macht,
das ist eigentlich das Zuhören, das
Entwickeln eines Ohres für die
besonderen Eigentümlichkeiten der
anderen Redner, und selbst wenn sie
schlechte Redner sind. Daher werde ich
jedem, der mich frägt, wie er sich am
besten vorbereite, nach einer gewissen
Richtung hin ein guter Redner zu
werden, antworten: Er höre, aber
insbesondere er lese — ich habe den
Unterschied zwischen Hören und Lesen
auseinandergesetzt -- er höre und
lese — man kann das ja auch; denn der
Unfug besteht einmal, daß die Reden
gedruckt werden — die Reden von
anderen! Man wird nur auf diese Art
jenes starke Gefühl bekommen der
Abneigung gegen das eigene Reden. Und
diese Abneigung gegen das eigene Reden
ist es eigentlich, die es einem
ermöglicht, eben entsprechend wirklich
zu reden. Das ist außerordentlich
wichtig. Und bei den Menschen, die es
doch nicht zustande kriegen das eigene
Reden mit Antipathie zu betrachten,
bei denen ist es gut, wenn sie
wenigstens das Lampenfieber sich
bewahren, denn ohne Lampenfieber und
mit Sympathie für das eigene Reden
sich hinstellen und reden, das ist
eigentlich etwas, das man unterlassen
sollte, denn es wirkt unter allen
Umständen nicht gut in der Welt. Es
wirkt zur Sklerotisierung der Rede,
zur Verknöcherung, zur Verkapselung
der Rede und gehört dann eben zu dem,
was den Leuten die Predigt verdirbt.
|
Vous voyez, je ne vous parlerais en
vérité pas du discours dans le sens de
l'objet de ce cours, si je devais vous
énumérer ici les lois du discours à
partir d'une vieille rhétorique ou
d'une vieille rhétorique reconstituée,
mais je veux vous déposé dans le cœur
de pleine expérience ce qu'il faut
toujours avoir dans le cœur si l'on
veut œuvrer sur ses semblables en
parlant.
|
33
|
Sehen Sie, ich würde
Ihnen wahrhaftig nicht im Sinne der
Aufgabe dieses Kurses über das Reden
sprechen, wenn ich aus irgendeiner
alten Rhetorik oder aus nachgebildeten
alten rhetorischen Reden heraus Ihnen
hier Redegesetze aufzählen würde,
sondern ich will Ihnen aus voller
Erfahrung heraus ans Herz legen, was
man eigentlich immer im Herzen haben
soll, wenn man durch Reden auf seine
Mitmenschen wirken will.
|
78
|
|
|
Certes, les choses changent dans une
certaine mesure lorsque l'on est
obligé d'échanger, c'est-à-dire
lorsqu'il y a, j'aimerais dire, un
certain rapport de droit entre humain
et humain dans la discussion. Mais
aujourd'hui, dans la discussion où
l'on pourrait le plus bellement
apprendre le rapport de droit, cette
projection des concepts de droit
généraux dans le rapport qui existe
entre humain et humain dans la
discussion, dans le rapport de parole,
dans le rapport de phrase, ne vaut
presque pas du tout. Là il s'agit
vraiment, que lors de la discussion,
on n'est pas amoureux de sa propre
façon de penser, de sa propre façon de
ressentir, mais que dans la
discussion, on se sent en fait
antipathique de ce que l'on aimerait
dire soi-même et que l'on remonte.
Alors on le peut notamment si l'on
comprend comment contenir sa propre
opinion, aussi sa propre colère ou sa
propre agitation, et si l'on peut se
glisser/ramper/faufiler dans les
autres. C'est ainsi que cela sera
aussi fructueux dans le débat où
quelque chose doit être rejeté. Bien
sûr, on ne peut pas dire ce que dit
l'autre, mais on peut prendre de
l'autre ce dont on a besoin pour un
débat efficace.
|
34
|
Gewiß, einigermaßen
ändern sich die Dinge, wenn man zur
Wechselrede gezwungen ist, wenn also,
ich möchte sagen, ein gewisses
Rechtsverhältnis auftritt zwischen
Mensch und Mensch in der Diskussion. Aber in
der Diskussion, an der man gerade
das Rechtsverhältnis am schönsten
lernen könnte, macht sich heute fast
gar nicht dieses Hineinprojizieren
der allgemeinen Rechtsbegriffe in
das Verhältnis, das zwischen Mensch
und Mensch in der Diskussion, im
Wortverhältnis, im Satzverhältnis
besteht, geltend. Da handelt
es sich wirklich darum, daß man dann
bei der Diskussion nicht verliebt ist
in seine eigene Art zu denken, in
seine Art zu empfinden, sondern daß
man in der Diskussion eigentlich
antipathisch empfindet, was man selber
zu etwas sagen möchte und das man
heraufholt. Dann kann man das nämlich,
wenn man seine eigene Meinung, auch
seinen eigenen Ärger oder die eigene
Aufgeregtheit zurückzudämmen versteht
und hinüberkriechen kann in den
anderen. So wird das fruchtbar auch in
der Debatte, wo etwas zurückgewiesen
werden muß. Man kann natürlich nicht
dasselbe sagen, was der andere sagt,
aber man kann von dem anderen das
nehmen, was man gerade zu einer
wirksamen Debatte braucht.
|
Voici un exemple flagrant. Il est
raconté dans le dernier numéro de la
«Triarticulation»; je l'ai vécu il y a
plus de vingt ans. Le député Rickert a
prononcé un discours devant le
Reichstag allemand dans lequel il a
reproché à Bismarck de changer
d'orientation politique. Il a rappelé
que Bismarck était allé quelque temps
avec les libéraux, puis s'est tourné
vers les conservateurs, et il a
prononcé un discours très efficace
qu'il a résumé en disant que la
politique de Bismarck revenait à
tourner le manteau au vent. Eh bien,
vous pouvez imaginer comment cela se
produit dans la sensation d'un
auditorium, d'une institution de
bavardage — eh bien, l'expression
allemande n'est pas bonne lorsqu'on en
a besoin, mais pour le Parlement, la
traduction allemande correcte est déjà
une institution de bavardage —,
intérieurement, émotionnellement,
lorsqu'on a besoin d'une telle image.
Mais Bismarck s'est levé et a dit au
député Rickert — d'abord avec une
certaine supériorité — ce qu'il avait
à dire, puis il s'est glissé/faufiler
dans le député Rickert, comme il le
faisait toujours dans des cas
semblables, et il a dit:
|
35
|
Ein ganz eklatantes
Beispiel ist das Folgende. Es ist
erzählt in der letzten Nummer der
«Dreigliederung»; ich habe es vor mehr
als zwanzig Jahren erlebt. Der
Abgeordnete Rickert hielt im deutschen
Reichstag eine Rede, in der er
Bismarck vorwarf, daß er die Richtung
seiner Politik ändere. Er wies darauf
hin, wie Bismarck eine Zeitlang mit
den Liberalen gegangen ist, sich
nachher nach den Konservativen
gewendet hat, und hielt eine sehr
wirksame Rede, die er zusammenfaßte in
das Bild, daß die Bismarcksche Politik
darauf hinausliefe, den Mantel nach
dem Winde zu drehen. Nun, Sie können
sich denken, wie das in der Empfindung
eines Auditoriums, noch dazu einer
Schwatzanstalt — nun, der deutsche
Ausdruck ist nicht gut, wenn man ihn
braucht, aber fur Parlament ist die
richtige deutsche Übersetzung schon
Schwatzanstalt —, innerlich,
empfindungsgemäß wirkt, wenn solch ein
Bild gebraucht wird. Bismarck aber
stellte sich hin und hielt nun dem
Abgeordneten Rickert die Dinge
entgegen — zunächst mit einer gewissen
Überlegenheit —, die er zu sagen
hatte; und dann kroch er in den
Abgeordneten Rickert hinein, wie er
das in ähnlichen Fällen immer tat, und
sagte:
|
79
|
|
|
le député Rickert m'a reproché de
tourner mon manteau au vent. Mais
faire de la politique, c'est comme
naviguer. Je voudrais savoir comment
diriger correctement si l'on ne veut
pas tourner au gré du vent! Il va de
soi qu'un vrai marin, comme un vrai
homme politique, doit gouverner en
fonction du vent, s'il ne veut pas
faire lui-même du vent !
|
|
Der Abgeordnete Rickert
hat mir vorgeworfen, daß ich den
Mantel nach dem Winde drehe. Aber
Politik treiben ist so etwas, wie auf
der See fahren. Ich möchte wissen, wie
man eigentlich richtig steuern sollte,
wenn man sich nicht nach dem Winde
drehen will! Ein richtiger Seefahrer
muß sich, wie ein richtiger Politiker,
beim Steuern selbstverständlich nach
dem Winde richten, wenn er nicht etwa
selbst Wind machen will!
|
Vous voyez: l'image est saisie,
tournée de telle sorte qu'elle renvoie
la flèche sur le tireur. Dans le
débat, il s'agit de prendre les
choses, de faire sortir les choses de
l'orateur lui-même. S'il s'agit d'un
tableau plus simple, c'est tout à fait
compréhensible. Mais on pourra aussi
le faire de façon très sérieuse :
chercher chez l'adversaire ce qui, à
partir de l'adversaire,
déchire/effiloche la chose elle-même !
En règle générale, il ne sert à rien
d'opposer ses propres raisons à celles
de l'adversaire.
|
36
|
Sie sehen: Das Bild ist
aufgegriffen, so gewendet, daß es nun
tatsächlich den Pfeil auf den
Schützen zurückschlägt. Es handelt
sich in der Debatte darum, die Dinge
aufzunehmen, aus dem Redner selber
heraus die Dinge zu holen. Wenn es
sich um ein leichteres Bild handelt,
ist ja die Sache begreiflich. Aber man
wird das auch ganz im Seriösen tun
können: aufsuchen bei dem Gegner, was
aus dem Gegner heraus selber die Sache
zerfasert! In der Regel wird es nicht
viel nützen, wenn man seine eigenen
Gründe den Gründen des Gegners einfach
entgegensetzt.
|
Lors d'un débat, on devrait pouvoir
être dans l'humeur suivante : à
l'instant où le débat devrait
commencer, on devrait être capable
d'éliminer tout ce que l'on savait
jusqu'à présent, de rejeter tout cela
dans l'inconscient et de ne savoir que
ce que vient de dire l'orateur auquel
on doit répondre, puis de laisser
s'exercer loyalement son talent de
rectification sur ce que l'orateur a
dit. Faire preuve de talent de
correction ! Dans le débat, il s'agit
de prendre directement en compte ce
que dit l'orateur et de ne pas
simplement opposer ce que l'on savait
déjà depuis longtemps. Si l'on se
contente d'opposer ce que l'on savait
déjà depuis longtemps, comme c'est le
cas dans la plupart des débats, le
débat est vraiment sans résultat,
vraiment sans résultat. En fait, on ne
peut jamais réfuter quelqu'un dans un
débat. Il faut seulement savoir qu'on
ne peut jamais réfuter quelqu'un dans
un débat, mais qu'on peut seulement
montrer qu'un orateur se contredit
lui-même ou contredit la réalité. On
ne peut que répondre à ce qu'il a dit.
Et cela, tout de suite lorsque ce sera
développé comme principe, sera d'une
importance capitale pour les débats,
pour les discussions.
|
37
|
Bei der Debatte sollte
man eigentlich in folgender Stimmung
sein können: Man sollte in dem
Augenblick, wo die Debatte losgehen
soll, eigentlich alles, was man bisher
gewußt hat, ausschalten können, das
alles ins Unbewußte hinunterdrängen,
und eigentlich nur wissen, was der
Redner, dem man zu erwidern hat, eben
gesagt hat, und dann redlich sein
Zurechtrückungstalent über das, was
der Redner gesagt hat, walten lassen.
Das
Zurechtrückungstalent walten lassen!
In der Debatte handelt es sich
darum, unmittelbar aufzunehmen, was
der Redner sagt, und nicht einfach
das, was man schon vor längerer Zeit
gewußt hat, eben einfach
entgegenzustellen. Wenn man das, was
man schon vor längerer Zeit gewußt
hat, einfach entgegenstellt, wie es
bei den meisten Debatten geht, so geht
die Debatte eigentlich wirklich
ergebnislos aus, tatsächlich
ergebnislos. Man
kann ja eigentlich nie jemanden in
einer Diskussion widerlegen. Man muß
sich dessen nur bewußt sein, daß
man nie jemanden in einer Debatte
widerlegen kann, sondern man kann
nur zeigen, daß ein Redner entweder
sich selbst oder der Wirklichkeit
widerspricht. Man kann nur
eingehen auf das, was er gesagt hat.
Und das wird gerade, wenn es als
Grundsatz entwickelt wird, für
Debatten, für Diskussionen von einer
außerordentlichen Wichtigkeit sein.
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80
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|
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Si, au cours du débat, quelqu'un veut
seulement dire ce qu'il sait déjà,
cela n'aura certainement pas
d'importance de le dire après
l'orateur.
|
|
Wenn einer in der
Debatte nur das sagen will, was er
schon gewußt hat, dann wird es sicher
gar keine Bedeutung haben, daß er es
nach dem Redner vorbringt.
|
Cela m'a un jour paru
particulièrement instructif,
aimerais-je dire. Lors de mon dernier
voyage en Hollande, j'ai été invité à
donner une conférence sur
l'anthroposophie à la Société
philosophique de l'université
d'Amsterdam. Le président n'était
évidemment pas d'accord avec moi sur
ce point. Il ne fait aucun doute que
lorsqu'il interviendra dans le débat,
il dira quelque chose de tout à fait
différent de ce que je dis. Mais il
était tout aussi clair qu'en fin de
compte, ce qu'il disait n'avait aucune
importance par rapport à mon discours,
et que mon discours n'aurait aucune
influence particulière sur ce qu'il
allait dire, d'après ce qu'il savait
de toute façon. C'est pourquoi j'ai
trouvé qu'il l'a fait très habilement:
il a présenté ce qu'il avait à dire en
premier lieu, non pas après le débat,
mais bien avant! Il aurait aussi pu
présenter dès le début ce qu'il a
ajouté à ce qu'il a dit plus tard au
cours du débat, cela n'aurait rien
changé.
|
38
|
Mir trat das einmal ganz
besonders instruktiv, möchte ich
sagen, vor Augen. Ich wurde in Holland
auf meiner letzten Reise eingeladen,
auch in der Philosophischen
Gesellschaft der Amsterdamer
Universität einen Vortrag zu halten
über Anthroposophie. Da war schon der
Vorsitzende selbstverständlich anderer
Meinung als ich. Es war gar kein
Zweifel, daß er, wenn er in die
Debatte eingriff, etwas ganz anderes
sagen werde als ich. Aber es war
ebenso klar, daß schließlich das, was
er sagte, nichts ausmachte in bezug
auf meine Rede, und daß meine Rede
auch keinen besonderen Einfluß haben
würde auf dasjenige, was er sagen
würde, aus dem, was er ja ohnedies
wußte. Daher fand ich, daß er es ganz
gescheit gemacht hat: Er brachte, was
er zunächst vorzubringen hatte, nicht
etwa hinterher in der Debatte, sondern
schon vorher vor! Er hätte auch das,
was er nachher in der Debatte noch
angefügt hat an seine vorausgehenden
Worte, schon am Anfang auch gleich
vorher vorbringen können, es würde an
der Sache gar nichts geändert haben.
|
Il ne faut pas se faire d'illusions
sur ce genre de choses. Ce qui importe
avant tout, c'est qu'un orateur
s'implique assez, assez fortement dans
les rapports humains. Mais il ne faut
pas se faire d'illusions sur les
rapports humains si l'on veut que les
choses oeuvrent. Avant toutes choses -
j'aimerais encore vous dire ça
aujourd'hui, parce que ça délivrera
une certaine base pour les prochaines
conférences - avant toutes choses on
ne devait s'adonner à aucune illusion
que les discours œuvrent quand même.
|
39
|
Über solche Dinge muß
man sich nur keinen Illusionen
hingeben. Vor allen Dingen kommt es
darauf an, daß gerade ein Redner sich
recht, recht stark in menschliche
Verhältnisse hineinfindet. Aber über
menschliche Verhältnisse darf man
sich, wenn die Dinge wirken sollen,
keinen Illusionen hingeben. Vor allen
Dingen — das möchte ich Ihnen heute
noch sagen, weil das eine gewisse
Grundlage für die nächsten Vorträge
abgeben wird —, vor allen Dingen soll
man sich keiner Illusion darüber
hingeben, daß Reden doch wirken.
|
Je dois toujours entrer
intérieurement dans un état/une humeur
humoristique effroyable lorsque des
contemporains bien intentionnés
répètent sans cesse : ce n'est pas les
paroles qui comptent, ce sont les
actes qui comptent! — J'ai entendu,
dans les endroits les plus
inopportuns, tant dans les
conversations que dans les tribunes
diverses, proclamer sans cesse : ce
n'est pas les paroles qui comptent,
c'est les actes qui comptent! — Dans
ce qui se passe dans le monde en
actes, tout dépend des paroles! Car il
n'arrivera notamment pour celui qui
voit à travers la chose, aucun acte,
qui auparavant n'a été préparé par des
mots/paroles par peu importe
quelqu'un.
|
40
|
Ich muß immer innerlich
furchtbar in eine humoristische
Stimmung kommen, wenn gutmeinende
Zeitgenossen immer wieder und wieder
sagen: Auf Worte kommt es nicht an,
auf Taten kommt es an! — Ich habe an
den ungeeignetsten Stellen, sowohl in
Zwiegesprächen wie auch von
verschiedenen Podien herab, immer
wieder deklamieren hören: Auf Worte
kommt es nicht an; auf Taten kommt es
an! — Bei dem, was in der Welt an
Taten geschieht, kommt alles auf die
Worte an! Es geschehen nämlich für
den, der die Sache durchschaut, gar keine
Taten, die nicht vorher durch die
Worte von irgend jemandem
vorbereitet sind.
|
81
|
|
|
Mais vous comprendrez que la
préparation est quelque chose d'assez
subtil. Car si c'est vrai, et c'est
vrai qu'en fait, en parlant de façon
pédante théorique principalement
marxiste, on corrompt le suc gastrique
des gens, et que le suc gastrique
infecte le reste de l'organisme, alors
vous pouvez imaginer comment les
actions extérieures, qui dépendent
très fortement du suc gastrique,
comment il se déverse dans le reste de
l'organisme lorsqu'il est dispersé,
comment les actions extérieures sont
les conséquences de ces mauvais
discours. Et de l'autre côté, quand
les gens se contentent de s'amuser, on
produit continuellement du suc
gastrique, qui agit en fait comme du
vinaigre, et le vinaigre est un
terrible hypocondriaque. Mais les gens
vont continuer à entretenir, car ce
qui circule dans le public aujourd'hui
est un engrenage continu de
plaisanteries. L'amusement d'hier
n'est pas encore digéré quand
l'amusement d'aujourd'hui se produit.
C'est là que le suc gastrique d'hier
se décompose en quelque chose de
vinaigre. Aujourd'hui, l'humain est à
nouveau diverti. Il peut être drôle.
Mais la façon dont il s'insère dans la
vie publique, c'est en fait le
vinaigre hypocondriaque qui agit. Et
ce vinaigre hypocondriaque, vous
pouvez alors le trouver !
|
41
|
Aber Sie werden
verstehen, daß die Vorbereitung etwas
recht Subtiles ist. Denn, wenn es
wahr ist, und es ist wahr, daß man
eigentlich dadurch, daß man pedantisch
theoretisch, prinzipiell marxistisch
redet, den Leuten den Magensaft
verdirbt, wobei der Magensaft den
übrigen Organismus infiziert, dann
können Sie sich denken, wie die Taten
draußen, die sehr stark vom Magensaft
abhängen, wie er sich dann in den
übrigen Organismus ergießt, wenn er
zerstreut wird — wie die Taten draußen
Folgen solcher schlechten Reden sind.
Und wie auf der anderen Seite
wiederum, wenn die Leute nur als
Spaßmacher auftreten, fortwährend
Magensaft produziert wird, der dann
eigentlich als Essig wirkt, und der
Essig ist ein furchtbarer Hypochonder.
Aber die Leute werden weiter
unterhalten, indem das, was heute in
die Öffentlichkeit fließt, ein
fortwährendes Getriebe von
Spaßmacherei ist. Die Spaßmacherei
von gestern ist noch gar nicht
verdaut, wenn die Spaßmacherei von
heute auftritt. Da verschlägt sich der
Magensaft von gestern und wird etwas
Essighaftes. Der Mensch wird ja heute
schon wiederum unterhalten. Er kann
ganz lustig sein. Aber so, wie er sich
in das öffentliche Leben
hineinstellt, so ist es eigentlich der
hypochondrische Essig, der da wirkt.
Und diesen hypochondrischen Essig, den
kann man dann finden!
|
Oui, dans les tavernes, ce sont les
orateurs marxistes qui gâchent
l'estomac des gens, et quand les gens
lisent alors "En avant", c'est là où
l'estomac gâté doit être redresser.
C'est déjà un processus très réel. On
doit savoir comment s’insère/se place
dans le monde des actes le monde des
discours. L'énoncé le plus faux —
parce que d'une fausse sentimentalité,
et tout ce qui vient d'une fausse
sentimentalité est faux —, l'énoncé le
plus faux à l'égard du discours est
celui-ci: «Les paroles ont assez
changé, laissez-moi voir enfin les
actes!» Cela peut certainement se
trouver à un endroit d'un drame, et là
où c'est, c'est déjà à juste titre.
Mais si on l'arrache de là et qu'on le
place comme un dicton général, c'est
peut-être juste, mais ce n'est
certainement pas bon. Et nous devons
apprendre à parler non quelque peu
purement beau, non quelque peu
apurement correct, mais aussi bon,
sinon nous entraînerons les humains
dans l’abîme, en tout cas nous ne
pourrons rien discuter avec les gens
de digne d’avenir.
|
42
|
Ja, in den Wirtshäusern
sind es die marxistischen Redner, die
den Leuten den Magen verderben, und
wenn die Leute dann den «Vorwärts»
lesen, so ist dies dasjenige, woran
der verdorbene Magen wieder
zurechtgerückt werden muß. Das ist
schon ein ganz realer Prozeß. Man muß
wissen, wie sich in die Welt der Taten
die Welt der Reden hineinstellt. Der
unwahrste Ausspruch --- weil aus einer
falschen Sentimentalität, und alles,
was aus einer falschen Sentimentalität
kommt, ist nämlich unwahr —, der
unwahrste Ausspruch gegenüber dem
Reden ist der: «Der Worte sind genug
gewechselt, laßt mich auch endlich
Taten sehn!» Das kann ganz gewiß
stehen an einer Stelle eines Dramas,
und dort, wo es steht, steht es schon
zu Recht. Aber wenn es da
herausgerissen und als ein allgemeines
Diktum hingestellt wird, dann mag es
richtig sein, aber gut ist es ganz
sicher nicht. Und wir sollen lernen,
nicht etwa bloß schön, nicht etwa bloß
richtig, sondern auch gut zu reden,
sonst bringen wir die Menschen in den
Abgrund hinein, können jedenfalls
nichts Zukunftswürdiges mit den Leuten
besprechen.
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Donc demain à trois heures.
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Also morgen um drei Uhr.
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82
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Français
seulement
QUATRIÈME CONFÉRENCE, Dornach, 14 octobre
1921
Quelques points de vue sur la compréhension
de la démocratie en Suisse. Digression sur
les conditions en Allemagne et à cela
comment la tri-articulation devrait être
représentée- en Angleterre et en Amérique.
Particularités du système politique suisse:
la Suisse comme un «centre de gravité du
monde" se basant sur le franc suisse,
pourtant pas sur la vie de l’esprit ; sur la
politique, qui n’en est pas une, sur le
développement de la règle de droit d’Etat -
vie de l’esprit, liberté et la vie de
l’Etat. , Sur la relation entre l'orateur et
le public. Sur l'humour et le contenu
émotionnel d’un discours. Certaines
propriétés de l'orateur formé: .. effort sur
soi-même et sensations pour celui-ci ;
Antipathie envers discours, des discours
propre, sympathie pour la parole de l'autre
-. Sur le débattre à l'exemple de Bismarck
et quelques conclusions.
Trad. F. G. v. 03 - 25/08/2024
01
Hier, j'ai essayé de développer la manière de
traiter la première partie d'une conférence de
triarticulation devant un certain public, et
j'ai rendu attentif qu'il est notamment
nécessaire, de susciter une sensation pour le
caractère particulier de la vie de l'esprit
placée sur soi-même. Dans la seconde partie,
il s'agira de faire comprendre d'abord à une
humanité d'aujourd'hui qu'il peut exister
quelque chose comme un contexte
démocratique-politique qui a à tendre à
l'égalité. Car, en fait — et on doit y
réfléchir, notamment lorsqu'on se prépare à un
tel exposé — c'est le cas que l'humain
d'aujourd'hui n'a pas le moindre sentiment
pour une telle structure d'état, qui est
construite sur le droit comme son véritable
fondement. Et cette partie, la partie
politico-étatique de la conférence, sera
particulièrement difficile à traiter dans les
conditions suisses. Et il s'agira tout
particulièrement de ce que les orateurs qui
veulent représenter la triarticulation de
l'organisme social à l'intérieur des
conditions suisses, partent des conditions
suisse donc déterminées, et particulièrement
parce que lors de la partie médiane, la
juridique-étatique, porte attention à comment
on a à parler à partir des conditions suisses.
En effet, en général, la situation est la
suivante : en raison des conditions de
l'évolution récente de l'humanité, la vie
étatique proprement dite, qui devait s'exercer
dans l'État de droit, a disparu pour
l'essentiel, et ce qui se vit dans l'État est
en fait une conjonction chaotique des éléments
spirituels de l'existence humaine et des
éléments économiques. On pourrait dire que
dans les États modernes, les éléments
spirituels et éléments économiques se sont peu
à peu soudés les uns dans les autres, et que
la vie étatique proprement dite s'est écroulée
entre-temps, en fait a disparu.
63
02
Cela est particulièrement remarquable à
l'intérieur des conditions/rapports suisses.
Là nous avons partout à faire avec une, en son
façonnement propre, impossible, apparente
démocratisation de la vie spirituelle et avec
une démocratisation de la vie de l'économie,
et avec cela, que les gens croient que ce
mélange apparemment démocratisé de vie de
l'esprit et de la vie de l’économie, ce serait
une démocratie. Et parce qu'ils se sont forgés
leur conception de la démocratie à partir de
ce mélange, parce qu'ils ont une conception
complètement fictive de la démocratie, il est
si difficile de parler de démocratie réelle
aux Suisses. En fait, ce sont les Suisses qui
comprennent le moins la vraie démocratie.
03
En Suisse, on réfléchit sur comment on devrait
démocratiser les écoles. C'est à peu près
comme si on réfléchissait et qu'on devait
recevoir une représentation, à partir de
concepts réels, de la façon de faire d'une
botte un bon couvre-chef. Et c'est de la même
manière que sont traités ici les étatiques
concepts dits démocratiques. Il ne sert à rien
de parler de ces choses, j'aimerais dire,
discrètement, pour parler poliment, lorsque
l'on s'adresse principalement aux Suisses, car
alors nous ne pourrions pas nous entendre. On
ne s'entend jamais bien dans la courtoisie à
propos de telles choses. Eh bien, c'est tout
de suite pour cela qu'il est nécessaire de
discuter de la notion de droit et d'égalité
des humains devant une population telle que
celle de la Suisse.
04
On doit là absolument s'habituer, si l'on veut
être actif sur le plan oratoire, à parler
différemment sur chaque terrain. Lorsque l'on
parlait de la triarticulation en Allemagne,
comme ce fut le cas à partir d'avril 1919, on
parlait dans des conditions tout à fait
différentes de celles d'ici en Suisse, et
aussi dans des conditions tout à fait
différentes de celles dans lesquelles on peut
parler de la triarticulation en Angleterre ou
en Amérique. Tout de suite en ce printemps-là,
en avril 1919, juste après la révolution
allemande, tous les milieux allemands, aussi
bien prolétariens que bourgeois, les uns
naturellement plus révolutionnaires, les
autres résignés, étaient convaincus que
quelque chose de nouveau devait venir.
64
Et c'est dans ce sentiment que l'on parlait,
en fait, de la nécessité de quelque chose de
nouveau. On s'adressait alors à des gens
relativement préparés, et on pouvait bien sûr
parler en Allemagne d'une manière tout à fait
différente de celle dont on peut parler
aujourd'hui. En Allemagne aussi, il y a un
monde entre aujourd'hui et le printemps 1919.
Aujourd'hui, on peut tout au plus espérer
susciter en Allemagne, par quelque chose qui
fait écho/résonne à la triarticulation, une
représentation de la manière dont la vie
spirituelle en tant que telle peut être
organisée de manière autonome et devrait en
fait être organisée aujourd'hui tout de suite
sous les conditions telles qu'elles sont en
Allemagne, de la manière dont la vie juridique
interne pourrait aussi être organisée dans
certaines conditions. Mais on ne peut
naturellement pas parler aujourd'hui en
Allemagne d'un façonnement de la vie de
l'économie entièrement conforme à la
triarticulation, car la vie de l'économie en
Allemagne est effectivement quelque chose qui
est soumis à des mesures de contrainte, à des
pressions et ainsi de suite, qui ne peut pas
se mouvoir librement, qui ne peut pas avoir
aucunes pensées sur sa propre libre mobilité.
C'est par exemple très frappant dans les
façons très différentes de vie, disons, de «
Futurum » et du « Jour qui vient ». Le « Jour
qui vient » se tient au milieu dedans, comme
s'il était dans une camisole de force, et a
pour tâche de travailler dans de telles
conditions ; le « Futurum », tel qu'il se
développe ici en Suisse, doit justement
travailler avec les conditions suisses, dont
nous aurons encore un peu plus à parler dans
un instant. Un discours doit donc être conçu
différemment selon qu'il est prononcé ici en
Suisse ou en Allemagne, selon qu'il est
prononcé en tel ou tel temps.
05
En Angleterre, en Amérique, on devrait
naturellement parler nouveau tout autrement.
C'est donc ce qui peut être fait d'abord d'ici
en rapport à l'Angleterre et l'Amérique, quand
même une sorte de substitut, car déjà par
exemple « Les points essentiels de la question
sociale » : il est bon qu'ils soient traduits,
bon qu'ils soient diffusés partout ; mais,
comme je l'ai dit dès le début, ce qui serait
vraiment correct, ce qui serait finalement
correct, ce serait que pour l'Amérique et
aussi pour l'Angleterre les « points
essentiels » soient écrits tout autrement que
pour l'Europe centrale et aussi pour la
Suisse.
65
Pour l'Europe centrale et la Suisse, ils
peuvent être rédigés tels quels, littéralement
et conformément à la phrase, mais pour
l'Angleterre et l'Amérique, ils devraient être
rédigés tout à fait différemment, car on y
parle à des humains qui ont tout d'abord le
contraire de ce qui existait en Allemagne, par
exemple en avril 1919. En Allemagne, l'opinion
était disponible que quelque chose de nouveau
devait arriver et qu'il fallait d'abord savoir
ce qu'était cette nouveauté. On n'avait pas la
force de le comprendre, mais on avait d'abord
le sentiment qu'il fallait savoir ce qui
pourrait être quelque chose de synthétiquement
raisonnablement nouveau. Naturellement, dans
toute la région d'Angleterre et d'Amérique, il
n'y a même pas le moindre sentiment à ce
sujet. Il n'y a que le sentiment : Comment
peut-on fixer l'ancien, le sauver ? Que
doit-on faire pour que l'ancien reste bien
solide ? Car l'ancien est bon ! Il n'y a rien
à changer à l'ancien. - Je sais bien sûr que
si l'on exprime une telle chose, on peut
rétorquer : Oui, mais il y a tant de
mouvements progressistes dans les régions
occidentales ! - Mais ces mouvements
progressistes, peu importe qu'ils soient
nouveaux dans leur contenu, sont tous
réactionnaires et conservateurs dans leur
direction. Il faut donc d'abord faire naître
le sentiment que les choses ne peuvent pas
continuer comme cela a été jusqu'à présent.
06
On peut absolument le remarquer à certaines
questions. Prenons une question terrible,
effrayante, je dirais même la plus effrayante
qui ait pu surgir du point de vue purement
humain, prenons la question de l'affamement de
la Russie. En Allemagne - même si les opinions
sont chaotiques, même si, pour des raisons
d'agitation, on agit à l'encontre de ce qui
serait synthétiquement raisonnable et que,
pour des raisons humaines à nouveau, eest de
manière évidente doit être rendu hommage à la
compassion, contre ce règne de la compassion
ne devrait naturellement pas du tout être
parler -, à l'intérieur de l'Allemagne, on en
arrive finalement, du moins dans certains
cercles, à penser plus ou moins que c'est un
non-sens pour l'ensemble de l'évolution de
l'humanité de faire quelque chose sous forme
de soutien à la famine en Russie, par des
donations en quelque sorte du côté occidental.
On en vient à penser que cela est très
certainement même exigé du point de vue
humain,
66
mais que ce qui est fait dans cette direction
est tellement évident qu'on ne doit seulement
donc pas dire que cela aurait quelque chose à
faire avec les tâches que pose aujourd'hui la
famine en Russie. En Occident, seuls quelques
théoriciens - mais alors seulement sur le plan
théorique - parviendront à une telle façon de
voir. Il est donc naturel que l'on doive
d'abord faire naître en Occident le sentiment
que le monde a besoin d'un nouveau
façonnement.
07
La Suisse s'est ainsi tenue là pendant la plus
terrible catastrophe des temps modernes
qu'elle n'y a participé qu'en théorisant -
notamment par la théorie journalistique - et
par ce qui a agi de l'extérieur justement sur
les conditions spirituelles et économiques.
C'est pourquoi la population suisse n'a pas
vraiment le sentiment que quelque chose de
nouveau doive venir, ni que l'ancien doive
rester. Lorsque le Suisse d'aujourd'hui, selon
l'une ou l'autre tendance de parti, parle de
la nécessité d'une nouveauté ou de la
nécessité de conserver l'ancien, on a toujours
le sentiment qu'il ne fait que vous raconter
ce qu'il a entendu, ce qu'il a entendu d'un
côté de l'Europe centrale, ce qu'il a entendu
de l'autre côté de l'Angleterre et de
l'Occident. Il ne vous raconte que ce qui est
rentré dans ses deux oreilles, et non ce qu'il
a réellement vécu. Et c'est pourquoi il vous
semble si suisse que les humains qui n'aiment
pas s'engager à droite ou à gauche - et ce
sont très souvent des Suisses qui font
autorité aujourd'hui - disent : oui, si ceci
arrive, alors cela arrive, si l'autre arrive,
alors cela arrive ! Si une nouveauté arrive,
les choses se déroulent ainsi, si l'ancien
reste, les choses se déroulent ainsi ! - On se
demande en quelque sorte ce qu'on a encore à
mettre dans l'un ou l'autre plateau de la
balance.
08
C'est ainsi : Si l'on essaie d'intéresser
quelqu'un en Suisse à ce dont le monde a
cruellement besoin aujourd'hui, on tombe dans
le désespoir, parce que cela ne le saisi pas
vraiment, parce que cela rebondit
immédiatement, parce qu'en réalité, son cœur
n'y est pas du tout. Cela le dégoûte trop pour
que cela soit intéressant pour lui, et il a
trop peu d'expérience de ces choses,
67
pour que cela lui soit n'importe comment
sympathique. Il aimerait avoir la paix. Mais
il aimerait quand même aussi à nouveau être
suisse. Cela signifie que lorsque toutes
sortes d'histoires de progrès avec « liberté »
et « démocratie » résonnent de l'autre côté de
la frontière, on ne peut pas dire, parce qu'on
s'est toujours dit démocratique pendant de
nombreux siècles, qu'on ne veut pas de la
démocratie ! Bref, on a vraiment l'impression
qu'en Suisse, les humains ont un canal très
bien développé entre l'oreille droite et
l'oreille gauche, de sorte que tout ce qui
entre d'un côté ressort de l'autre sans avoir
atteint l'intelligence/la raison analytique et
le cœur.
09
C'est pourquoi on devra attaquer au moins aux
points où l'on peut montrer qu'un système
d'État tel que la Suisse est vraiment quelque
chose de très particulier. Et c'est quelque
chose de très particulier. Car, premièrement,
la Suisse est - ce qui était déjà visible
pendant la guerre, si on voulait seulement le
voir - une sorte de centre de gravité du
monde. Et c'est justement son manque
d'engagement vis-à-vis des différentes
conditions mondiales qui pouvaient s'utiliser
pour obtenir un juger libre et un agir libre à
la ronde. Le monde attend seulement sur ce que
les Suisses remarquent dans leur tête ce
qu'ils remarquent dans leur poche. Dans leur
poche, ils remarquent que le franc n'a en fait
pas été touché par la hausse et la baisse de
la valeur, par la corruption de la valeur. Les
Suisses remarquent que le monde entier tourne
autour du franc suisse. Les Suisses ne
remarquent pas que c'est aussi le cas en
relation spirituelle. Mais de même qu'ils
savent apprécier le franc immobile, qui est
devenu en quelque sorte le régulateur de la
valeur du monde entier, de même ils devraient
comprendre leur position réellement
indépendante des conditions mondiales, par
laquelle la Suisse pourrait effectivement être
une sorte d'hypomochlion pour les conditions
mondiales. Il est donc nécessaire qu'on leur
rende cela compréhensible.
68
10
C'est presque déjà comme ce que l'on a dû dire
une fois de façon semblable sur l'Autriche.
Les gens qui comprenaient un peu les choses en
Autriche se demandaient souvent pourquoi cette
Autriche, qui n'avait que des tendances
centrifuges, se maintenait, pourquoi elle
n'éclatait pas. Dans les années quatre-vingt
et quatre-vingt-dix, je n'ai jamais rien dit
d'autre que cela : ce qui se passe en Autriche
n'a pas encore d'importance pour la cohésion
ou l'éclatement, mais seulement ce qui se
passe tout autour. Parce que les autres -
l'Allemagne, la Russie, l'Italie, la Turquie
et ceux qui s'intéressent à la Turquie, la
France et la Suisse elle-même -, parce que ces
formations étatiques situées tout autour ne
laissent pas l'Autriche se désagréger, mais la
maintiennent en son sein, parce qu'aucun n'en
a donné/envié un bout à l'autre ! Chacun a
veillé à ce que l'autre ne reçoive rien :
c'est ainsi que l'Autriche est restée unie.
Elle était maintenue de l'extérieur. On
pouvait le voir très clairement si l'on avait
le sens pour de tels rapports. Et ce n'est que
lorsque ce regard mutuel des puissances
environnantes a été obscurci par le brouillard
des canons pendant la guerre mondiale que
l'Autriche s'est désintégrée, évidemment. Au
fond, l'image dit tout.
11
Maintenant, pour la Suisse, c'est similaire,
mais à nouveau différent. Tout autour, sont
tous les intérêts possibles, mais ces intérêts
ont laissé une petite tache de reste où ils ne
se rencontrent pas. Et aujourd'hui, alors que
l'on a une vie de l'économie mondiale, une vie
de l'esprit mondiale, la chose est telle que
cette petite tache est maintenue par le fait
qu'elle est quelque chose de très particulier.
Qu'est-ce qu'elle est en fait ? C'est quelque
chose qui est maintenu à l'intérieur de ses
frontières par des rapports purement
politiques. C'est ce qui vous ressort de
l'histoire suisse. L'histoire suisse est en
apparence tout à fait politique, tout comme la
pensée suisse est en apparence tout à fait
démocratique. Mais aussi avec la politique,
cela se comporte ainsi pour la Suisse, comme
je l'ai expliqué précédemment pour la
démocratie : c'est une politique qui n'en est
en fait aucune, qui gère la vie de l'esprit et
la vie de l'économie sur une petite tache de
Terre, mais qui en réalité ne fait pas de
politique du tout. Comparez ce qui est
politique en Suisse et ailleurs ! Il doit
parfois être fait politiquement l'une ou
l'autre chose, parce qu'avec les autres
69
pays, on doit entrer en correspondance. Mais
une véritable politique suisse - il faudrait
justement mettre les choses sur la tête si
l'on voulait trouver une véritable politique
suisse. Il n'y en a en fait pas. De cela est
justement aussi visible que l'on a créé ici
une structure de pays dans laquelle la vie de
l'esprit est gérée au sens politique, la vie
de l'économie au sens politique, mais dans
laquelle n'est en fait disponible aucun
sentiment réel, aucune expérience réelle/vécu
réel de l'être-là de droit.
12
C'est pourquoi il s'agit ici d'insister tout
particulièrement sur le fait que le droit est
quelque chose que l'on ne peut pas définir,
comme on ne peut pas définir le rouge ou le
bleu, que le droit est quelque chose qui doit
être vécu dans son indépendance, et qui doit
être vécu lorsque tout humain devenu majeur
prend conscience de sa condition d'humain. Il
s'agira donc d'essayer d'élaborer pour des
moyens suisses tout de suite ce rapport de
sensibilité et de sentiment humain dans la vie
de droit, que l'égalité devrait vivre dans
l'humain individuel, si la vie de droit devait
être-là. Tout de suite la Suisse est notamment
appelée à cela - et j'aimerais dire que les
anges du monde entier regardent la Suisse pour
voir si ce qui se passe ici est ce qui est
correct - tout de suite la Suisse est appelée
à ce que, là elle, j'aimerais dire, totalement
vierge en rapport à l'État de droit, a
seulement un État spirituel, seulement un de
l'économie, sous
libération/autorisation/ouverture des vies
spirituelle et de l'économie.
13
C'est sur les montagnes suisses que le droit
romain, qui a pénétré d'une toute autre
manière en France, en Allemagne et dans
d'autres pays européens, s'est en fait brisé
pour le cœur des humains. Il n'est entré que
dans l'aspect extérieur, mais pas dans la
sensibilité des humains. C'est donc un terrain
juridique vierge sur lequel tout peut être
créé. Si seulement les humains parvenaient à
une véritable réflexion sur le bonheur infini
que représente le fait de vivre ici entre les
montagnes et de pouvoir avoir sa propre
volonté, indépendamment du monde entier qui
tourne autour de ce petit pays. C'est tout de
suite à cause de cette situation mondiale que
les éléments de droit peuvent être élaborés à
partir de l'humain.
70
14
Je vous indique donc comment on doit intégrer
la localité particulière, le lieu particulier
dans la préparation d'un tel exposé, comment
on doit effectivement être totalement un avec
soi-même, ce qui est l'essence de la
suissitude. Je peux naturellement seulement
l'esquisser ici ; mais chacun qui veut parler
en Suisse devrait en fait s'efforcer de
comprendre entièrement quelle est la façon
particulière de cette suissitude.
15
N'est-ce pas, vous pouvez dire : nous sommes
suisses -- comme les Anglais peuvent dire :
nous sommes anglais -, et tu veux maintenant
nous dire comment le Suisse devrait connaître
la suissitude, et tout ce que l'Anglais n'a
pas de tel de sentiment, et ainsi de suite. -
Certes, on peut dire cela. Mais ceux qui font
partie aujourd'hui des cultivés n'ont nulle
part une formation réellement vécue, nulle
part une formation qui sorte de l'immédiateté
du vécu. C'est pourquoi il faut insister sur
ce vécu immédiat, surtout vis-à-vis du droit.
16
Nous en arrivons là à considérer comment, sous
la civilisation moderne, les humains sont peu
à peu entrés dans des rapports mutuels, dans
des rapports sociaux, dans le domaine où le
droit devrait en fait se développer. Le droit
devrait se développer d'humain à humain. Et
tout donc, toute la parlementarisation, n'est
en fait qu'un substitut à ce qui devrait se
passer d'humain à humain dans un domaine de
droit véritablement correct.
17
On a alors l'occasion, lorsqu'on réfléchit au
domaine de droit, d'aborder à nouveau - mais
maintenant d'une manière plus réelle - ce que
sont les concepts du prolétariat et les
sentiments de la bourgeoisie. Mais on peut
maintenant faire passer par dessus d'une
manière plus réelle dans les sentiments de la
bourgeoisie, ce que le prolétariat a développé
de concepts. Je dis : concepts du prolétariat,
sentiments de la bourgeoisie. Vous en
trouverez l'explication dans mes « Points
essentiels de la question sociale ».
18
Le prolétariat a développé, à partir des
quatre concepts que j'ai développés hier ici,
le sentiment/la sensation de la conscience de
classe ; il doit conquérir ce qui en
possession de la bourgeoisie, l'État.
71
Dans quelle mesure l'État est un véritable
État de droit ou non, le prolétariat ne l'a
naturellement pas compris non plus. Mais ce
qui s'est développé en tant qu'État de droit
est ce qui touche le moins la Suisse, c'est
pourquoi elle pourrait le plus facilement
comprendre sans préjugés un véritable État de
droit. Ce qui s'est développé en tant qu'un
véritable État de droit, cela vit donc
aujourd'hui seulement entre les expressions de
la vie d'âme réelle des humains dans presque
tout le monde, seulement justement pas en
Suisse ! Partout sinon dans le monde, ce qui
est l'État de droit vit, je dirais, une
existence/un être-là en sous-main, tandis que
ce qui est réellement vécu d'humain à humain
repose sur quelque chose de tout à fait
différent, et notamment sur quelque chose de
tout à fait bourgeois/civil/citoyen. On ne
peut saisir ce que l'humain cherche réellement
dans la vie publique, ce qu'il apporte dans
toute la vie publique, ce par quoi se passe
une occultation/un assombrissement de la vie
de droit proprement dite, cela on peut
seulement le saisir si l'on saisi un peu de
l'oeil les relations concrètes.
19
Voyez-vous, la vie de l'esprit a été peu à peu
absorbée par la vie de l'État. Mais la vie de
l'esprit, si on la considère comme un élément
construit sur soi-même, est un élément très
sévère/strict, un élément vis-à-vis duquel on
doit constamment préserver sa liberté, qui à
cause de cela n'a pas la permission d'être
organisée autrement qu'aussi dans la liberté.
Laissez une fois une génération déployer plus
librement sa vie de l'esprit et organiser
ensuite cette vie de l'esprit comme elle
l'entend : c'est l'esclavage le plus pur pour
la génération suivante. La vie de l'esprit
doit vraiment être libre, pas purement en
théorie, mais d'après la vie. Les humains qui
s'y trouvent doivent faire l'expérience
de/vivre la liberté. La vie de l'esprit
devient une grande tyrannie si elle se répand
absolument sur la Terre, car sans
qu'intervienne une organisation, elle ne peut
se répandre/s'élargir, et si une organisation
intervient, l'organisation devient aussitôt
une tyrannie. C'est pourquoi doit
continuellement être lutté en liberté, en
liberté vivante, contre la tyrannie à laquelle
la vie de l'esprit elle-même tend.
20
Or, au cours des siècles récents, cette vie de
l'esprit a été absorbée par la vie de l'État.
Cela signifie que si l'on dépouille la vie de
l'État de la toge qu'elle porte encore très
fortement en
72
souvenir de l'ancien temps romain, bien que
les juges commencent a retirer la toge, mais
dans l'ensemble on peut quand même encore dire
que la vie de l'état porte encore la toge ;
mais si l'on fait abstraction de cette toge,
si l'on regarde ce qu'il y a en dessous, c'est
en fait partout la vie spirituelle contrainte
qui est disponible dans l'État et dans la vie
sociale de l'État. C'est la vie de l'esprit
contrainte ! Contrainte, mais ne sachant pas
qu'elle est contrainte, n'aspirant donc pas à
la liberté, mais luttant quand même
continuellement contre la contrainte. Et
beaucoup de choses à l'époque la plus récente
sont précisément nées de cette lutte contre
l'état de contrainte de la vie de l'esprit.
Toute notre vie de l'esprit public est en fait
placée sous le signe de cet être-contrainte de
la vie de l'esprit, et nous ne pouvons pas
obtenir des conditions saines si nous
n'acquérons pas le sens de l'observation de
cet être contrainte de la vie de l'esprit. On
doit avoir une sensation pour comment cet
être-contrainte de la vie de l'esprit nous
vient en vis-à-vis dans le quotidien.
21
Un jour, j'ai été invité par un certain nombre
de dames berlinoises qui avaient assisté à des
conférences que j'avais données dans un
institut, à tenir une conférence chez l'une
d'entre elles, dans son appartement privé, et
toute cette manifestation avait en fait pour
but de contrer une certaine humeur, à l'époque
assez bienveillante, chez leurs maris/hommes.
N'est-ce pas, ces dames arrivaient vers midi à
l'institut de formation où je donnais mes
conférences. Et les hommes, lorsqu'un jour
comme celui-ci arrivait - je crois que c'était
une fois par semaine - disaient alors : « Eh
bien, vous allez retourner dans votre
établissement fou aujourd'hui ; la soupe sera
à nouveau mauvaise, ou quelque chose d'autre
ne sera pas en ordre ! - Et c'est là que ces
dames ont voulu que je fasse une conférence
sur le « Faust » de Goethe - c'est le thème
qui a été choisi - et les hommes ont également
été invités. J'ai donc tenu une conférence sur
le « Faust » de Goethe devant ces dames et ces
messieurs. Oui, les messieurs étaient un peu
perplexes et disaient : « Oui, mais le
<Faust> de Goethe est une science ; le
<Faust> de Goethe n'est pas de l'art.
L'art, c'est Blumenthal » - je cite
textuellement - »là, on n'a pas besoin de
faire d'efforts.
73
Si l'on se donne déjà tant de mal dans la
profession économique, on ne veut quand même
pas aussi se donner de la peine dans la vie »
! Voyez-vous, ce qui a remplacé l'enthousiasme
pour la liberté dans la vie de l'esprit se
présente à nous dans la vie étatique comme un
pur besoin de divertissement léger.
22
J'ai vu une fois à la campagne, où l'on
pouvait encore bien voir ce genre de choses,
comment ces vieux acteurs itinérants, qui
avaient toujours avec eux ce qu'on appelait en
Allemagne le sot Auguste, c'est-à-dire le
Bajazzo, représentaient parfois des choses
très fines. Je vis alors comment le clown, qui
avait fait ses tours de clown pendant tout un
temps et divertissait les gens parce qu'il
s'apprêtait à représenter quelque chose de
très sérieux pour lui, se débarrassait de son
costume de clown et se tenait maintenant en
jambières noires et en queue de pie noire.
Cette image me tourne toujours dans la tête :
Je vois d'abord l'homme en noir et en queue de
pie, puis je vois l'homme avec le costume de
clown. J'ai l'impression d'être en habit noir
et en queue de pie quand je vois quelque part
dans une vitrine un livre d'Einstein sur la
théorie de la relativité ; et puis j'ai le
clown devant moi quand j'ai à côté un livre de
Moszkowski sur la théorie de la relativité.
Car effectivement, dans la vie extérieure, il
y a bien des choses qui sont Maja : mais on ne
pourrait pas imaginer qu'à l'intérieur, toute
cette pédanterie de penseur puisse se
présenter autrement qu'en pantalon noir et en
queue de pie bien taillée, c'est-à-dire dans
la théorie de la relativité. Et encore une
fois, il est désagréable de se plier à des
raisonnements aussi stricts, à des
raisonnements aussi conséquents, qui sont déjà
vraiment coupés comme une queue de pie bien
ajustée ; cela doit aussi se présenter aux
gens d'une autre manière. C'est ainsi que le
clown philosophe Alexander Moszkowski,
particulièrement doué pour le feuilletonesque,
s'y met et écrit un gros livre. Tous les gens
en costume de clown apprennent désormais dans
ce livre ce qui est né en queue de pie ! Vous
voyez, on ne peut pas faire autrement
aujourd'hui que de traduire les choses en ce
qu'on n'a pas besoin de faire d'efforts, en ce
qu'on n'a pas besoin non plus de déployer
beaucoup d'enthousiasme.
74
23
En effet, si l'on veut parler de concepts de
droit, doit être lutté/combattu à mesure de l'
émotion/du sentiment, cette ambiance/humeur
générale, car là, l'humain, avec toutes ses
valeurs intérieures, se présente comme un égal
de l'autre humain. Et ce qui ne laisse pas
monter les concepts de droit, c'est ce que
j'aimerais dire, c'est ce qui est à la mesure
d'Alexandre-Moszkovski! On doit chercher
partout les choses au concret.
24
Naturellement, je ne dis absolument pas qu'on
a maintenant besoin, quand on parle sur des
concepts de droit, de parler de queue de pie
et de costume de clown, mais j'aimerais
montrer comment on doit obtenir les concepts
élastiques pour ces choses, comment on doit
vraiment indiquer sur l'un quand on indique
sur l'autre, et aussi comment on doit pouvoir
disposer d'abord en soi-même pour avoir alors
la périodicité/facilité nécessaire de parler
devant les humains.
25
Et c'est aussi encore pour une autre raison
que l'orateur d'aujourd'hui doit savoir
quelque chose comme cela. La plupart du temps,
il est condamné à prendre la parole le soir
lorsqu'il a quelque chose d'intéressant pour
l'avenir. C'est-à-dire qu'il a à remplir le
temps dans lequel les gens aimeraient être
dans la salle de concert ou au théâtre. Il
doit donc être absolument clair avec soi qu'il
s'adresse à un public qui serait mieux à sa
place, selon la constitution du temps, s'il
était dans la salle de concert, au théâtre ou
encore ailleurs, mais il n'est n fait pas à sa
place là en bas pour écouter un orateur qui
parle de choses d'avenir. Il faut être clair
sur ce que l'on fait, jusque dans les détails.
26
Que fait-on donc en fait quand on parle devant
un tel public, devant lequel on est
aujourd'hui le plus souvent condamné à parler
? En fait, on lui gâche littéralement
l'estomac! Un discours sérieux a en effet la
particularité d'être hostile à la pepsine,
d'empêcher la pepsine, le suc gastrique,
d'agir. Un discours sérieux rend l'estomac
acide. Et ce n'est que lorsque l'on est
d'humeur à prononcer un discours sérieux de
façon à le faire, du moins intérieurement,
avec l'humour qu'il faut, que l'on aide le suc
gastrique. Il faut faire un discours avec une
certaine aisance intérieure, avec une certaine
modulation, avec un certain enthousiasme, et
alors on aide le suc gastrique.
75
Et puis, à nouveau, on rééquilibre ce qu'on
fait à l'estomac dans le temps où nous avons
le plus souvent à parler aujourd'hui. C'est
pourquoi il est vraiment plus souvent
travaillé pour les spécialistes de l'estomac
que pour la triarticulation de l'organisme
social quand les humains, en toute pesanteur,
avec toute intérieure pression vers
l'extérieur, en une forme pédante, parlent aux
humains sur la triarticulation. Cela doit se
passer avec facilité, avec évidence, sinon on
ne travaille pas pour la triarticulation, mais
pour les spécialistes de l'estomac. Mais il
n'y a seulement pas encore de statistiques sur
combien de gens qui, après avoir écouté des
conférences pédantes, doivent aller chez le
spécialiste de l'estomac! En effet, si l'on
avait une fois une statistique sur ces choses,
on serait étonné du pourcentage
d'enthousiastes auditeurs de conférences du
temps actuel dans les cercles de patients des
spécialistes de l'estomac.
27
Je dois d'ores et déjà attirer l'attention sur
ces choses, car le temps approche où on doit
connaître comment l'humain vit réellement :
comment le sérieux affecte son estomac,
comment l'humour agit sur son suc gastrique,
comment, disons-nous, le vin est une sorte de
cynique qui ne prend pas au sérieux toute
l'organisation humaine, mais qui joue avec
elle. Ainsi, si l'on abordait l'organisation
de l'humain non pas avec les
concept-whichivaschi de la science actuelle,
mais avec des concepts humains, on
envisagerait absolument ce que maintenant,
aussi pour un effet organique, presque
chimique, provoque chez l'humain chaque mot et
chaque contexte de mot.
28
Savoir de telles choses vous rend aussi le
discours plus facile. Tandis que l'on a sinon
un mur devant soi vis-à-vis de l'auditoire, ce
mur cesse d'être quand, dans un discours
pédant, on voit toujours à travers comment le
suc gastrique s'écoule et finit par devenir
acide dans l'estomac, attaque les parois de
l'estomac. On a parfois l'occasion de le voir.
Il y en a moins dans les salles des
universités, où les étudiants s'aident en
n'écoutant pas.
29
Mais vous voyez d'après ce que je dis, combien
la parole dépend de l'humeur, combien la
préparation de l'ambiance, la prise en main de
l'humeur, a plus d'importance que la
préparation littérale.
76
Celui qui s'est souvent préparé à l'humeur n'a
alors plus besoin de se préparer au mot de
telle sorte qu'au moment opportun, il se fait
tout de suite justement destructeur du suc
gastrique en se préparant trop bien.
30
Vous voyez, pour un orateur bien formé — si je
puis m'exprimer ainsi —, il y a plusieurs
choses, et je tiens à le dire tout de suite
ici, parce que la confrontation des concepts
de droit exige justement beaucoup de choses
qu'il faut caractériser dans ce sens.
J'aimerais le dire tout de suite maintenant
avant de parler demain de l'enchevêtrement des
éléments économiques dans le discours.
31
Un anthroposophe a amené une fois dans la
salle de la Maison des architectes à Berlin
Max Dessoir, que vous connaissez peut-être
déjà, lors d'une soirée où je devais donner
une conférence. Cet ami de Max Dessoir dit
ensuite: Ah! le Dessoir n'est pas allé avec !
— Je lui ai demandé comment il avait aimé le
discours; il m'a répondu: Oui, vous savez, je
suis moi-même un orateur; et celui qui est un
orateur ne sait pas écouter correctement, il
n'a pas de jugement sur ce que dit l'autre! --
Eh bien, je n'avais pas besoin de me porter un
jugement sur Dessoir, car j'avais d'autres
occasions de porter un jugement, même si je
n'eusse pas porté un jugement sur cette
parole; car je ne pouvais pas savoir si
c'était vrai, ou si Dessoir, comme d'habitude,
avait menti encore cette fois. Maintenant,
supposons que c'était vrai, qu'est-ce que cela
prouverait ? Pour que, en tout cas, celui qui
a une telle opinion ne puisse jamais devenir
un véritable orateur. En effet, celui qui aime
parler, qui aime s'écouter, et qui donne
beaucoup à ce qu'il dit ne peut jamais devenir
un vrai orateur. En fait, un vrai orateur doit
toujours faire un certain dépassement s'il
devrait parler, et il doit clairement sentir
clairement ce dépassement. Il doit avant
toutes choses préférer entendre le pire
orateur étranger plutôt que de vouloir parler
soi-même.
32
Je sais très exactement ce que je dis avec
cette chose, et je sais très exactement à quel
point c'est difficile pour certains d'entre
vous de me croire, mais c'est comme ça.
77
J' admet qu'il y a d'autres plaisirs dans le
monde que d'écouter de mauvais orateurs. Mais
en tout cas, il ne faut pas que ces autres
plaisirs majeurs incluent le fait de parler
soi-même. Il faut même avoir une certaine
envie d'écouter les autres. Il faut aimer
écouter les autres, car c'est en écoutant que
l'on devient un orateur, pas en aimant parler.
En parlant, on obtient une certaine
familiarité, mais cela doit se dérouler
instinctivement. Ce qui fait de vous un
orateur, c'est d'écouter, de développer une
oreille attentive aux particularités des
autres orateurs, même s'ils sont de mauvais
orateurs. C'est pourquoi, à quiconque me
demande comment il se prépare le mieux à
devenir un bon orateur dans une certaine
direction, je répondrai: qu'il écoute, mais
surtout qu'il lise — j'ai expliqué la
différence entre écouter et lire — qu'il
écoute et qu'il lise — on peut le faire, car
il est absurde que les discours soient
imprimés — les discours des autres ! Ce n'est
qu'ainsi que l'on obtiendra ce fort sentiment
d'aversion à l'égard de son propre discours.
Et cette aversion pour parler, c'est en fait
ce qui vous permet de vraiment parler en
conséquence. C'est extrêmement important. Et
pour ceux qui n'arrivent pas à considérer leur
propre discours avec antipathie, il est bon
qu'ils gardent au moins la fièvre des
lampes/le trac, car sans trac et avec
sympathie pour le propre discours, c'est en
fait quelque chose dont on devrait s'abstenir,
car cela n'agit pas bien dans le monde en
toutes circonstances. Cela agit à la
sclérotisation du discours, à l'ossification,
à l'encapsulation, pour ensuite faire partie
de ce qui gâche la prédication aux gens.
33
Vous voyez, je ne vous parlerais en vérité pas
du discours dans le sens de l'objet de ce
cours, si je devais vous énumérer ici les lois
du discours à partir d'une vieille rhétorique
ou d'une vieille rhétorique reconstituée, mais
je veux vous déposé dans le cœur de pleine
expérience ce qu'il faut toujours avoir dans
le cœur si l'on veut œuvrer sur ses semblables
en parlant.
78
34
Certes, les choses changent dans une certaine
mesure lorsque l'on est obligé d'échanger,
c'est-à-dire lorsqu'il y a, j'aimerais dire,
un certain rapport de droit entre humain et
humain dans la discussion. Mais aujourd'hui,
dans la discussion où l'on pourrait le plus
bellement apprendre le rapport de droit, cette
projection des concepts de droit généraux dans
le rapport qui existe entre humain et humain
dans la discussion, dans le rapport de parole,
dans le rapport de phrase, ne vaut presque pas
du tout. Là il s'agit vraiment, que lors de la
discussion, on n'est pas amoureux de sa propre
façon de penser, de sa propre façon de
ressentir, mais que dans la discussion, on se
sent en fait antipathique de ce que l'on
aimerait dire soi-même et que l'on remonte.
Alors on le peut notamment si l'on comprend
comment contenir sa propre opinion, aussi sa
propre colère ou sa propre agitation, et si
l'on peut se glisser/ramper/faufiler dans les
autres. C'est ainsi que cela sera aussi
fructueux dans le débat où quelque chose doit
être rejeté. Bien sûr, on ne peut pas dire ce
que dit l'autre, mais on peut prendre de
l'autre ce dont on a besoin pour un débat
efficace.
35
Voici un exemple flagrant. Il est raconté dans
le dernier numéro de la «Triarticulation»; je
l'ai vécu il y a plus de vingt ans. Le député
Rickert a prononcé un discours devant le
Reichstag allemand dans lequel il a reproché à
Bismarck de changer d'orientation politique.
Il a rappelé que Bismarck était allé quelque
temps avec les libéraux, puis s'est tourné
vers les conservateurs, et il a prononcé un
discours très efficace qu'il a résumé en
disant que la politique de Bismarck revenait à
tourner le manteau au vent. Eh bien, vous
pouvez imaginer comment cela se produit dans
la sensation d'un auditorium, d'une
institution de bavardage — eh bien,
l'expression allemande n'est pas bonne
lorsqu'on en a besoin, mais pour le Parlement,
la traduction allemande correcte est déjà une
institution de bavardage —, intérieurement,
émotionnellement, lorsqu'on a besoin d'une
telle image. Mais Bismarck s'est levé et a dit
au député Rickert — d'abord avec une certaine
supériorité — ce qu'il avait à dire, puis il
s'est glissé/faufiler dans le député Rickert,
comme il le faisait toujours dans des cas
semblables, et il a dit:
79
le député Rickert m'a reproché de tourner mon
manteau au vent. Mais faire de la politique,
c'est comme naviguer. Je voudrais savoir
comment diriger correctement si l'on ne veut
pas tourner au gré du vent! Il va de soi qu'un
vrai marin, comme un vrai homme politique,
doit gouverner en fonction du vent, s'il ne
veut pas faire lui-même du vent !
36
Vous voyez: l'image est saisie, tournée de
telle sorte qu'elle renvoie la flèche sur le
tireur. Dans le débat, il s'agit de prendre
les choses, de faire sortir les choses de
l'orateur lui-même. S'il s'agit d'un tableau
plus simple, c'est tout à fait compréhensible.
Mais on pourra aussi le faire de façon très
sérieuse : chercher chez l'adversaire ce qui,
à partir de l'adversaire, déchire/effiloche la
chose elle-même ! En règle générale, il ne
sert à rien d'opposer ses propres raisons à
celles de l'adversaire.
37
Lors d'un débat, on devrait pouvoir être dans
l'humeur suivante : à l'instant où le débat
devrait commencer, on devrait être capable
d'éliminer tout ce que l'on savait jusqu'à
présent, de rejeter tout cela dans
l'inconscient et de ne savoir que ce que vient
de dire l'orateur auquel on doit répondre,
puis de laisser s'exercer loyalement son
talent de rectification sur ce que l'orateur a
dit. Faire preuve de talent de correction !
Dans le débat, il s'agit de prendre
directement en compte ce que dit l'orateur et
de ne pas simplement opposer ce que l'on
savait déjà depuis longtemps. Si l'on se
contente d'opposer ce que l'on savait déjà
depuis longtemps, comme c'est le cas dans la
plupart des débats, le débat est vraiment sans
résultat, vraiment sans résultat. En fait, on
ne peut jamais réfuter quelqu'un dans un
débat. Il faut seulement savoir qu'on ne peut
jamais réfuter quelqu'un dans un débat, mais
qu'on peut seulement montrer qu'un orateur se
contredit lui-même ou contredit la réalité. On
ne peut que répondre à ce qu'il a dit. Et
cela, tout de suite lorsque ce sera développé
comme principe, sera d'une importance capitale
pour les débats, pour les discussions.
80
Si, au cours du débat, quelqu'un veut
seulement dire ce qu'il sait déjà, cela n'aura
certainement pas d'importance de le dire après
l'orateur.
38
Cela m'a un jour paru particulièrement
instructif, aimerais-je dire. Lors de mon
dernier voyage en Hollande, j'ai été invité à
donner une conférence sur l'anthroposophie à
la Société philosophique de l'université
d'Amsterdam. Le président n'était évidemment
pas d'accord avec moi sur ce point. Il ne fait
aucun doute que lorsqu'il interviendra dans le
débat, il dira quelque chose de tout à fait
différent de ce que je dis. Mais il était tout
aussi clair qu'en fin de compte, ce qu'il
disait n'avait aucune importance par rapport à
mon discours, et que mon discours n'aurait
aucune influence particulière sur ce qu'il
allait dire, d'après ce qu'il savait de toute
façon. C'est pourquoi j'ai trouvé qu'il l'a
fait très habilement: il a présenté ce qu'il
avait à dire en premier lieu, non pas après le
débat, mais bien avant! Il aurait aussi pu
présenter dès le début ce qu'il a ajouté à ce
qu'il a dit plus tard au cours du débat, cela
n'aurait rien changé.
39
Il ne faut pas se faire d'illusions sur ce
genre de choses. Ce qui importe avant tout,
c'est qu'un orateur s'implique assez, assez
fortement dans les rapports humains. Mais il
ne faut pas se faire d'illusions sur les
rapports humains si l'on veut que les choses
oeuvrent. Avant toutes choses - j'aimerais
encore vous dire ça aujourd'hui, parce que ça
délivrera une certaine base pour les
prochaines conférences - avant toutes choses
on ne devait s'adonner à aucune illusion que
les discours œuvrent quand même.
40
Je dois toujours entrer intérieurement dans un
état/une humeur humoristique effroyable
lorsque des contemporains bien intentionnés
répètent sans cesse : ce n'est pas les paroles
qui comptent, ce sont les actes qui comptent!
— J'ai entendu, dans les endroits les plus
inopportuns, tant dans les conversations que
dans les tribunes diverses, proclamer sans
cesse : ce n'est pas les paroles qui comptent,
c'est les actes qui comptent! — Dans ce qui se
passe dans le monde en actes, tout dépend des
paroles! Car il n'arrivera notamment pour
celui qui voit à travers la chose, aucun acte,
qui auparavant n'a été préparé par des
mots/paroles par peu importe quelqu'un.
81
41
Mais vous comprendrez que la préparation est
quelque chose d'assez subtil. Car si c'est
vrai, et c'est vrai qu'en fait, en parlant de
façon pédante théorique principalement
marxiste, on corrompt le suc gastrique des
gens, et que le suc gastrique infecte le reste
de l'organisme, alors vous pouvez imaginer
comment les actions extérieures, qui dépendent
très fortement du suc gastrique, comment il se
déverse dans le reste de l'organisme lorsqu'il
est dispersé, comment les actions extérieures
sont les conséquences de ces mauvais discours.
Et de l'autre côté, quand les gens se
contentent de s'amuser, on produit
continuellement du suc gastrique, qui agit en
fait comme du vinaigre, et le vinaigre est un
terrible hypocondriaque. Mais les gens vont
continuer à entretenir, car ce qui circule
dans le public aujourd'hui est un engrenage
continu de plaisanteries. L'amusement d'hier
n'est pas encore digéré quand l'amusement
d'aujourd'hui se produit. C'est là que le suc
gastrique d'hier se décompose en quelque chose
de vinaigre. Aujourd'hui, l'humain est à
nouveau diverti. Il peut être drôle. Mais la
façon dont il s'insère dans la vie publique,
c'est en fait le vinaigre hypocondriaque qui
agit. Et ce vinaigre hypocondriaque, vous
pouvez alors le trouver !
42
Oui, dans les tavernes, ce sont les orateurs
marxistes qui gâchent l'estomac des gens, et
quand les gens lisent alors "En avant", c'est
là où l'estomac gâté doit être redresser.
C'est déjà un processus très réel. On doit
savoir comment s’insère/se place dans le monde
des actes le monde des discours. L'énoncé le
plus faux — parce que d'une fausse
sentimentalité, et tout ce qui vient d'une
fausse sentimentalité est faux —, l'énoncé le
plus faux à l'égard du discours est celui-ci:
«Les paroles ont assez changé, laissez-moi
voir enfin les actes!» Cela peut certainement
se trouver à un endroit d'un drame, et là où
c'est, c'est déjà à juste titre. Mais si on
l'arrache de là et qu'on le place comme un
dicton général, c'est peut-être juste, mais ce
n'est certainement pas bon. Et nous devons
apprendre à parler non quelque peu purement
beau, non quelque peu apurement correct, mais
aussi bon, sinon nous entraînerons les humains
dans l’abîme, en tout cas nous ne pourrons
rien discuter avec les gens de digne d’avenir.
Donc demain à trois heures.
82
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