Sur
la double pénétration de la
substance du discours :
Composition du discours, tirer
toutes les expériences de la vie
immédiate. - Un troisième aspect:
élaborer les idées de telle sorte
qu'ils peuvent se tenir en face de
la satisfaction intérieure de
l'âme. Rattacher au public et à ce
qui peut être observé dans le
présent sur les trois membres de
l'organisme social. Sur les
orateurs de discussion. Les
concepts sont a développer à
partir des expériences de la
sensation prolétarienne. Sur le
caractère d'idéologie de la vie de
l’esprit à l'exemple de la «
légende de Lessing » de Franz
Mehring,. Idéologie, conscience de
classe, plus-value, force de
travail. De l'intellectualisme et
de l'abstrait dans la vie sociale.
Sur les sensations de la
bourgeoisie. Synthèse et
conclusion.
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Über
die zweifache Durchdringung des
Redestoffes: Komposition der Rede,
Zu-Rate-Ziehen aller Erfahrungen
aus dem unmittelbaren Leben. — Ein
dritter Gesichtspunkt: die Ideen
so ausarbeiten, daß sie zur
inneren Befriedigung vor der Seele
stehen können. Anknüpfen an das
Publikum und an das, was in der
Gegenwart über die drei Glieder
des sozialen Organismus bemerkt
werden kann. Über die
Diskussionsredner. Die Begriffe
sind aus den Erfahrungen des
proletarischen Empfindens zu
entwickeln. Über den
Ideologiecharakter des
Geisteslebens am Beispiel von
Franz Mehrings «Lessing-Legende».
Ideologie, Klassenbewußtsein,
Mehrwert, Arbeitskraft. Vom
Intellektualismus und dem
Abstrakten im sozialen Leben. Über
die Empfindungen der Bourgeoisie.
Zusammenfassung und
Schlußfolgerung.
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L'une
des tâches que l'on peut se poser en
tant qu'orateur dans un domaine
donné consistera à pénétrer d'une
manière appropriée la substance à
traiter. Il y a une double
pénétration de la substance, dans la
mesure où la communication de cette
substance par la parole entre en
ligne de compte. La première
consiste à s'approprier la substance
d'un discours de telle sorte que
l'on puisse le structurer, qu'on
soit en mesure, d'une certaine
manière, de lui donner une
composition. Sans composition, il
est impossible de comprendre un
discours. L'auditeur peut apprécier
l'un ou l'autre d'un discours non
composé, mais en réalité, un
discours non composé n'est pas
enregistré. Dans la mesure où il
s'agit de la préparation, il s'agit
donc que l'on envisage : chaque
discours doit nécessairement devenir
mauvais en ce qui concerne l'accueil
par les auditeurs, qui ne s'est fait
qu'en imaginant une interprétation
après l'autre, une phrase après
l'autre, et en quelque sorte l'un
après l'autre dans la préparation.
Si l'on n'est pas en mesure, du
moins à un stade quelconque de la
préparation, d'examiner l'ensemble
du discours comme un tout, on ne
peut pas s'attendre à ce qu'il soit
compris. Faire émerger en quelque
sorte tout le discours d'une pensée
globale qu'on décompose, et faire
émerger la composition en partant
d'une telle pensée unique qui
englobe tout le discours, c'est la
première chose.
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01
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Es
wird sich, zu den Aufgaben, die man
sich auf einem bestimmten Gebiete
als Redner stellen kann, darum
handeln, den Stoff, den man zu
behandeln hat, in der entsprechenden
Weise zunächst selber zu
durchdringen. Es gibt eine zweifache
Durchdringung des Stoffes, insofern
die Mitteilung über diesen Stoff
durch das Reden in Betracht kommt.
Das erste ist, sich den Stoff für
eine entsprechende Rede anzueignen
so, daß man ihn gliedern kann, daß
man gewissermaßen in die Lage
versetzt ist, der Rede eine
Komposition zu geben. Ohne
Komposition kann eine Rede
eigentlich nicht verstanden werden.
Es kann dem Zuhörer an einer
nichtkomponierten Rede das eine oder
das andere gefallen; aber in
Wirklichkeit aufgenommen wird eine
nichtkomponierte Rede nicht.
Insofern die Vorbereitung in
Betracht kommt, muß es sich daher
darum handeln, daß man einsieht:
Jede Rede muß unbedingt schlecht
werden in bezug auf die Aufnahme
durch die Zuhörer, welche nur so
entstanden ist, daß man einfach eine
Ausführung nach der anderen, einen
Satz nach dem anderen sich
vorgestellt hat und eines nach dem
anderen in der Vorbereitung
gewissermaßen durchgenommen hat.
Ist man nicht in der Lage,
wenigstens in irgendeinem Stadium
der Vorbereitung die ganze Rede als
ein Ganzes zu überschauen, dann
kann man eigentlich nicht auf
Verstandenwerden rechnen.
Hervorgehenlassen die ganze Rede
gewissermaßen aus einem umfassenden
Gedanken, den man gliedert, und
Entstehenlassen der Komposition
dadurch, daß man von einem solchen
einheitlichen, das Ganze der Rede
umfassenden Gedanken ausgeht, das
ist das erste.
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L'autre
consiste à tirer de la vie immédiate
toutes les expériences que l'on peut
avoir dans le domaine du discours,
c'est-à-dire, si possible, rappeler
tout ce que l'on a vécu directement
dans le sujet en question et, après
qu'on ai devant soi une sorte de
composition du discours, essayer de
laisser ici ou la entrer les
expériences dans cette composition.
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02
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Das
andere ist das Zu-Rate-Ziehen aller
Erfahrungen, die man für das Gebiet
der Rede aus dem unmittelbaren Leben
heraus haben kann, also möglichst in
die Erinnerung rufen alles
dasjenige, was man in der
betreffenden Sache unmittelbar
erlebt hat, und versuchen, nachdem
man eine Art Komposition der Rede
vor sich hat, die Erfahrungen in
diese Komposition da oder dort
hineinfließen zu lassen.
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44
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Ce
sera généralement l'esquisse à
préparer. On a donc tout le discours
devant soi en préparation, comme
dans un tableau. Et on a ce tableau
devant soi avec tellement de
précision qu'on peut, comme ce sera
à la mesure de la nature, placer les
différentes expériences dont on se
souvient, d'une manière ou d'une
autre, comme si l'on avait écrit sur
le papier: a, b, c, d, et qu'on
avait maintenant une expérience; on
sait qu'elle appartient à d, une
autre à f, une autre à a, de sorte
qu'on est en quelque sorte
indépendant de la suite des pensées
telles qu'elles seront présentées
par la suite, en ce qui concerne
cette accumulation/collecte
d'expériences. . Qu'on le fasse en
le mettant sur papier ou qu'on le
fasse en toute liberté sans l'aide
du papier, cela dépendra seulement
du fait que celui qui dépend du
papier parlera moins bien et celui
qui ne dépend pas du papier parlera
un peu mieux. Mais on peut
naturellement faire absolument les
deux.
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03
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Das
wird im allgemeinen die Skizze zum
Vorbereiten sein. Man hat also dann
in der Vorbereitung das Ganze der
Rede vor sich wie in einem Tableau.
Und so genau hat man dieses Tableau
vor sich, daß man, wie es ja
naturgemäß sein wird, die einzelnen
Erfahrungen, an die man sich
erinnert, in beliebiger Weise dahin
oder dorthin unterbringen kann, wie
wenn man auf dem Papier
aufgeschrieben hätte: a, b, c, d,
und man nun eine Erfahrung hätte;
man weiß, sie gehört unter d, eine
andere unter f, eine andere gehört
unter a, so daß man also
gewissermaßen von der Folge der
Gedanken, wie sie nachher
vorgebracht werden sollen, in bezug
auf dieses Aufsammeln der
Erfahrungen unabhängig ist. Ob man
so etwas macht, indem man es zu
Papier bringt, oder ob man es in
freier Verarbeitung ohne
Zuhilfenahme des Papiers macht,
davon wird ja nur abhängen, daß
derjenige, der auf das Papier
angewiesen ist, eben schlechter
reden wird, und derjenige, der auf
das Papier nicht angewiesen ist,
etwas besser reden wird. Aber man
kann natürlich durchaus beides
machen.
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Maintenant,
il s'agit que l'on fasse encore une
troisième chose, et c'est, après que
l'on ait d'un côté le tout — je ne
dis jamais : le squelette — et de
l'autre côté les expériences
individuelles/particulières, on a
besoin d'élaborer les idées qui se
donnent de telle sorte que ces
choses puissent se tenir devant
l'âme jusqu'à la satisfaction
intérieure la plus complète.
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04
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Nun
handelt es sich aber darum, daß man
noch ein Drittes absolviert, und
das ist, nachdem man auf der einen
Seite das Ganze hat — ich sage
niemals: das Gerippe hat — und auf
der anderen Seite die einzelnen
Erfahrungen, hat man nötig, die
Ideen, die sich ergeben, so weit
auszuarbeiten, daß diese Dinge bis
zur vollständigsten eigenen inneren
Befriedigung vor der Seele stehen
können.
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Imaginons,
par exemple, que nous voulions faire
un discours sur la triarticulation.
Ici, nous nous dirons : après une
introduction, dont nous parlerons
encore, et avant une conclusion,
dont nous parlerons aussi encore, la
composition d'un tel discours est en
fait déterminée par la chose
elle-même. La pensée unifiée est
donnée par la chose même. C'est ce
que je dis dans cet exemple. Si l'on
vit spirituellement correctement,
c'est vrai pour tous les cas, c'est
pareil pour tous. Mais prenons cet
exemple évident de la
triarticulation de l'organisme
social dont nous voulons parler. Il
est évident d'emblée que l'examen de
notre thème nous conduit à trois
membres. Nous aurons à traiter
l'essence de la vie spirituelle,
l'essence de la vie
juridique-étatique et l'essence de
la vie économique.
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05
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Nehmen
wir also als Beispiel an, wir
wollten eine Rede halten über
Dreigliederung. Hier werden wir uns
sagen: Nach einer Einleitung, über
die werden wir noch sprechen, und
vor einem Schlusse, über den wir
auch noch sprechen, ist eigentlich
die Komposition einer solchen Rede
durch die Sache selbst gegeben. Der
einheitliche Gedanke ist durch die
Sache selbst gegeben. Ich sage das
bei diesem Beispiel. Wenn man
ordentlich geistig lebt, so gilt das
eigentlich für jeden einzelnen Fall,
es gilt für alles gleich. Aber
nehmen wir dieses uns naheliegende
Beispiel der Dreigliederung des
sozialen Organismus, über die wir
reden wollen. Da ist von vornherein
das gegeben, daß uns die Behandlung
unseres Themas drei Glieder ergibt.
Wir werden zu behandeln haben das
Wesen des geistigen Lebens, das
Wesen des rechtlich-staatlichen
Lebens und das Wesen des
wirtschaftlichen Lebens.
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45
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Toutefois
il s'agira maintenant, que par une
introduction correspondante— dont
nous parlerons encore, comme je l'ai
dit — non provoquions un sentiment
chez nos auditeurs qu'il y a
absolument un sens de parler de ces
choses, d'une transformation de ces
choses, dans le présent. Il s'agira
alors de ne pas partir
d'explications sur ce qu'il faut
entendre par une vie de l'esprit
libre, par une vie
juridique-étatique fondée sur
l'égalité, par une vie l'économie
fondée sur les associations, mais de
conduire à ces choses-là. Et c'est
là qu'il faudra aller en s'attachant
à ce qui est d'abord le plus
éminemment présent sur les trois
membres de l'organisme social,
c'est-à-dire ce qui est perceptible
le plus intensément par l'humain
d'aujourd'hui. Ce n'est que par là
que l'on pourra donc rattacher à du
familier.
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06
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Nun
wird es sich allerdings darum
handeln, daß wir durch eine
entsprechende Einleitung — über die
wir, wie gesagt, noch reden werden
— eine Empfindung davon hervorrufen
bei den Zuhörern, daß es überhaupt
einen Sinn hat, über diese Dinge,
über eine Wandlung in diesen Dingen,
in der Gegenwart zu sprechen. Dann
aber wird es sich darum handeln,
nicht gleich etwa von Erklärungen
auszugehen, was zu verstehen ist
unter einem freien Geistesleben,
unter einem auf Gleichheit
begründeten rechtlich-staatlichen
Leben, unter einem auf
Assoziationen begründeten
Wirtschaftsleben, sondern man wird
hinführen müssen zu diesen Dingen.
Und da wird man hinführen müssen
dadurch, daß man anknüpft an
dasjenige, was zunächst in
allerhervorragendstem Maße über die
drei Glieder des sozialen Organismus
in der Gegenwart vorhanden ist, was
also am intensivsten durch den
Menschen der Gegenwart bemerkt
werden kann. Nur dadurch wird man ja
an Bekanntes anknüpfen.
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Supposons
que nous ayons un public, et que ce
public puisse être le plus agréable
et le plus sympathique pour nous,
qui serait un mélange de population
bourgeoise, de population
prolétarienne, celle-ci encore avec
toutes les nuances possibles – et
s’il y a, naturellement, aussi
quelques aristocrates parmi eux,
même des aristocrates suisses, alors
naturellement , ça ne nuit
absolument pas. Supposons donc que
nous ayons un public de toutes les
classes de la société jetées l'une
dans l'autre comme des dés.
J'insiste sur ce point parce qu'en
tant qu'orateur, on devrait toujours
sentir à qui on a à parler avant de
commencer à parler. On devrait déjà
se mettre vivement/vivant dans la
situation d'après cette direction.
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07
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Nehmen
wir an, wir hätten ein Publikum, und
ein solches Publikum kann uns ja am
angenehmsten und am sympathischsten
sein, das zusammengemischt wäre aus
bürgerlicher Bevölkerung, aus
proletarischer Bevölkerung — diese
wiederum mit allen möglichen Nuancen
—, und wenn dann natürlich auch ein
paar Adelige dabei sind,
schweizerische Adelige sogar, so
schadet das natürlich durchaus
nichts. Nehmen wir also an, wir
hätten so ein aus allen
Gesellschaftsklassen
durcheinandergewürfeltes Publikum.
Ich betone das aus dem Grunde, weil
man eigentlich als Redner dieses
immer erfühlen soll, zu wem man zu
sprechen hat, bevor man an das
Sprechen herangeht. Man sollte sich
schon lebendig in die Situation nach
dieser Richtung hineinversetzen.
|
Or,
que vaton devoir se dire d'abord
sur ce que l'on peut faire dans le
public d'aujourd'hui en ce qui
concerne l'organisme social
triarticulé? On se dira qu'il se
laisse d'abord extrêmement difficile
de se rattacher à des concepts du
public bourgeois, parce que la
bourgeoisie s'est, à l'époque
récente, fait exceptionnellement peu
de représentations sur les rapports
sociaux, parce qu'elle a, dans une
certaine mesure végétée jusque-là,
dépourvue de pensées en rapport à la
vie sociale. Cela donnerait toujours
une impression académique si l'on
voulait parler de ces choses dans le
cercle des pensées d'un public
bourgeois aujourd'hui.
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08
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Nun,
was wird man sich selber zunächst
sagen müssen über dasjenige, woran
man bei dem heutigen Publikum
anknüpfen kann in bezug auf den
dreigliedrigen sozialen Organismus?
Man wird sich sagen: An Begriffe des
Bourgeoispublikums läßt sich
zunächst außerordentlich schwer
anknüpfen, weil sich die Bourgeoisie
über soziale Verhältnisse in der
neueren Zeit außerordentlich wenig
Vorstellungen gemacht hat, weil sie
gewissermaßen gedankenlos in bezug
auf das soziale Leben
dahinvegetiert hat. Es würde immer
einen akademischen Eindruck machen,
wenn man aus dem Gedankenkreis eines
bürgerlichen Publikums heute reden
wollte über diese Dinge.
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46
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De
l'autre côté, on se rendra compte
que, dans les trois domaines de
l'organisme social, il existe dans
la population prolétarienne des
concepts extraordinairement
prononcés, aussi des sentiments
extraordinairement prononcés et
aussi une volonté sociale
extraordinairement prononcée. Et
cela signifie que tout de suite la
signature de notre temps actuel, que
justement à l'intérieur de la
population prolétarienne, ces
concepts cultivés sont là.
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Andererseits
aber wird man sich doch darüber klar
sein können, daß über alle drei
Gebiete des sozialen Organismus
innerhalb der proletarischen
Bevölkerung außerordentlich
ausgeprägte Begriffe vorhanden sind,
auch ausgeprägte Empfindungen, und
auch ein ausgeprägtes soziales
Wollen. Und es bedeutet das gerade
die Signatur unserer heutigen Zeit,
daß eben innerhalb der
proletarischen Bevölkerung diese
ausgebildeten Begriffe da sind.
|
Mais
nous devons alors toutefois traiter
ces concepts avec une grande
prudence, car nous provoquerons très
facilement le préjugé selon lequel
nous voulons être partisans de la
tendance prolétarienne. C'est ce
préjugé que nous devrions en fait
combattre par toute notre façon et
manière d'intervenir. Mais nous
verrons donc toutefois que, si nous
partons de concepts prolétariens,
nous nous exposons d'abord à de
graves malentendus. En effet, ces
malentendus se sont perpétués à
l'époque où l'on pouvait encore
travailler en Europe centrale, à
partir d'avril 1919, pour la
triarticulation de l'organisme
social. Une population bourgeoise
n'entend que ce qu'elle a ressenti
pendant des décennies de l'agitation
du prolétariat, à partir de certains
concepts. Comme on pense soi-même la
chose, cela n'est d'abord presque
pas du tout saisi.
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08
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Diese
Begriffe sind dann aber allerdings
von uns mit großer Vorsicht zu
behandeln, denn wir werden sehr
leicht das Vorurteil hervorrufen,
daß wir nach der proletarischen
Richtung hin parteiisch sein wollen.
Dieses Vorurteil sollen wir durch
die ganze Art und Weise unseres
Auftretens eigentlich bekämpfen. Wir
werden ja allerdings sehen, daß wir
uns, wenn wir von proletarischen
Begriffen ausgehen, zunächst
schweren Mißverständnissen
aussetzen. Diese Mißverständnisse
haben sich ja in der Tat fortwährend
ergeben in der Zeit, als noch in
Mitteleuropa gewirkt werden konnte,
so vom April 1919 ab, für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus. Eine bürgerliche
Bevölkerung hört nur das, was sie
durch Jahrzehnte aus dem
agitatorischen Auftreten des
Proletariats empfunden hat, heraus
aus bestimmten Begriffen. Wie man
die Sache selbst meint, das wird
zunächst fast gar nicht aufgefaßt.
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On
doit être bien clair sur ce que
l'action dans le monde doit être
absolument saisie dans le sens,
aimerais-je dire, de l'ordre du
monde. L'ordre du monde est tel —
vous avez seulement besoin de
regarder les poissons de la mer —
qu'un très, très grand nombre de
germes sont déposés et que peu
d'entre eux deviennent des poissons.
Il doit en être ainsi. Mais avec
cette tendance naturelle, vous devez
aussi aborder les tâches qui sont à
résoudre en tant qu'orateur: quand
aussi seulement très peu, et ceux-ci
peu existé, se trouvent d'abord lors
du premier discours, alors est en
fait déjà atteint un maximum de ce
qui peut être atteint. Il s'agit
donc de choses pour lesquelles l'on
tient ainsi dans la vie, par exemple
comme pour la triarticulation de
l'organisme social, que ce qui peut
être accompli sur des voies
orales/oratoires n'a justement
jamais la permission d'être
abandonné/laissé tomber,
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09
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Man
muß sich klar sein darüber, daß das
Wirken in der Welt überhaupt im
Sinne, möchte ich sagen, der
Weltenordnung erfaßt werden muß. Die
Weltenordnung ist so — Sie brauchen
nur bei den Fischen im Meer
nachzusehen —, daß sehr, sehr viele
Fischkeime abgelegt werden und nur
wenige zu Fischen werden. Das muß so
sein. Aber mit dieser Naturtendenz
müssen Sie auch an die Aufgaben
herangehen, welche von Ihnen als
Redner zu lösen sind: Wenn sich auch
nur ganz wenige, und diese wenig
angeregt, zunächst finden bei der
ersten Rede, dann ist eigentlich
schon ein Maximum desjenigen
erreicht, was erreicht werden kann.
Es handelt sich ja bei Dingen, für
die man so drinnensteht im Leben
wie etwa für die Dreigliederung des
sozialen Organismus, darum, daß
dann dasjenige, was auf rednerischem
Wege geleistet werden kann, eben
niemals fallengelassen werden darf,
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47
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mais
doit être repris et formé d'une
manière ou d'une autre, que ce soit
par d'autres discours ou d'une
quelque autre manière. On peut dire
qu'en fait aucun discours est vain
qui soit tenu dans cette attitude et
à laquelle se rattache alors le
nécessaire.
|
|
sondern
aufgefangen werden muß und auf
irgendeine Weise fortgebildet
werden muß, sei es durch weitere
Reden, sei es in irgendeiner anderen
Weise. Man kann sagen: Keine Rede
ist eigentlich vergeblich, welche
aus dieser Gesinnung heraus gehalten
wird und an die sich eben dann das
Nötige anschließt.
|
Mais
on doit étre pleinement clair avec
soi sur ce qu'aussi chez une
population prolétarienne en fait,
lorsque l'on parle tout de suite de
ce qu'elle pense aujourd'hui au sens
de ses théories, telles qu'elles
existent depuis des décennies, que
là aussi on sera absolument mal
compris. On ne peut pas quelque peu
se poser la question : comment le
fait-on maintenant afin qu'on ne
soit pas mal compris? -- On doit
seulement le faire correctement !
Mais pour cela il ne peut s'agir de
se poser quelque peu la question :
comment le fait-on donc pour ne pas
être mal compris? — Elle n'est pas
difficile à résoudre, la question :
comment le fait-on pour ne pas être
mal compris? — On dit aux gens ce
qu'ils ont déjà pensé sans cela de
toute façon! On leur légue importe
comment le marxisme ou quelque chose
comme ça. Alors, naturellement on
sera compris.
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10
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Aber
man muß sich völlig klar darüber
sein, daß man auch bei einer
proletarischen Bevölkerung
eigentlich, wenn man gerade aus dem
heraus spricht, was sie heute denkt
im Sinne ihrer Theorien, wie sie
seit Jahrzehnten bestehen, daß man
auch da durchaus mißverstanden wird.
Man kann sich nicht etwa die Frage
stellen: Wie macht man es nun, damit
man nicht mißverstanden wird? -- Man
muß es nur richtig machen! Aber
darum kann es sich gar nicht
handeln, sich etwa die Frage
vorzulegen: Wie macht man es denn,
damit man nicht mißverstanden wird?
— Sie ist nicht schwer zu lösen, die
Frage: Wie macht man es, damit man
nicht mißverstanden wird? — Man sagt
den Leuten, was sie ohnedies schon
gedacht haben! Man tradiert ihnen
irgendwie Marxismus oder so etwas.
Dann wird man natürlich verstanden.
|
Mais
il n'y a aucun intérêt à être
compris de cette manière. Sinon, on
fera très bientôt l'expérience
suivante — nous devons être tout à
fait clairs sur cette expérience —
si on parle aujourd'hui à une
assemblée prolétarienne afin qu'elle
puisse au moins comprendre la
terminologie — et on doit s'y
efforcer — alors nous remarquerons,
en particulier dans la discussion,
que ceux qui discutent n'ont rien
compris. Les autres, on n'apprend
pas à les connaître parce qu'ils ne
participent pas aux discussions.
Ceux qui n'ont rien compris
participent généralement aux
discussions après de tels discours.
Et chez ceux-là, on remarquera
justement quelque chose qui repose
dans la ligne suivante. J'ai tenu
moi-même d'innombrables discours sur
la triarticulation de l'organisme
social devant, comme on l'appelle en
Allemagne, des "sociaux-démocrates
majoritaires", "sociaux-démocrates"
indépendants, des communistes, et
ainsi de suite. Maintenant, on
remarquera là : si maintenant
quelqu'un se place dans la
discussion et croit pouvoir parler,
c'est habituellement ainsi qu'il
vous réponde comme si on n'avait pas
parlé du tout, mais comme si
quelqu'un avait parlé comme on
aurait parlé en tant qu'agitateur
social-démocrate il y a trente ans
dans les réunions de peuple.
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11
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Aber
es liegt ja kein Interesse vor, in
dieser Weise verstanden zu werden.
Sonst wird man ja sehr bald die
folgende Erfahrung machen — über
diese Erfahrung muß man sich völlig
klar sein —: Redet man heute zu
einer Proletarierversammlung so, daß
sie wenigstens die Terminologie
verstehen kann — und das muß man
anstreben —, dann wird man,
insbesondere in der Diskussion,
bemerken, daß diejenigen, die
diskutieren, nichts verstanden
haben. Die anderen lernt man
meistens nicht kennen, weil sie sich
nicht an den Diskussionen
beteiligen. Die nichts verstanden
haben, beteiligen sich gewöhnlich
nach solchen Reden an den
Diskussionen. Und bei denen wird man
eben etwas bemerken, was in der
folgenden Linie liegt. Unzählige
Reden habe ich selber gehalten über
die Dreigliederung des sozialen
Organismus vor, wie man es in
Deutschland nennt,
«Mehrheits-Sozialdemokraten»,
unabhängigen «Sozialdemokraten»,
Kommunisten und so weiter. Nun, man
wird da bemerken: Wenn sich nun
jemand in der Diskussion hinstellt
und glaubt, reden zu können, so ist
es ja meistens so, daß er einem
antwortet, als ob man eigentlich
gar nicht geredet hätte, sondern als
ob irgend jemand geredet hätte so,
wie man ungefähr als
sozialdemokratischer Agitator vor
dreißig Jahren in Volksversammlungen
geredet hätte.
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48
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On
se sent soudainement complètement
transformé. On se dit à peu prêt :
«Oui, le Malheur aurait-il dû
t'arriver que tu sois obsédé par le
vieux Bébel en ce moment ? Car ainsi
te sera donc en fait été à ton
encontre! Les concernés entendent
même physiquement rien d'autre que
ce qu'ils sont habitués à entendre
depuis des décennies. Même
physiquement, ils n'entendent sinon
rien — non quelque peu purement
psychiquement/selon l'âme — même
physiquement, ils n'entendent que ce
à quoi ils sont habitués depuis
longtemps. Et puis ils disent : Oui,
le conférencier ne nous a rien dit
de nouveau! — Car ils ont, parce
qu'il était nécessaire d'utiliser la
terminologie, immédiatement à
l'oreille — pas d'abord dans l'âme —
le contexte de terminologie traduit
dans ce qu'ils ont été habitués
depuis longtemps. Et puis ils
continuent à parler dans le sens de
ce qu'ils sont habitués depuis
longtemps.
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Man
fühlt sich plötzlich ganz
verwandelt. Man sagt sich ungefähr:
Ja, sollte dir denn das Malheur
passiert sein, daß du besessen warst
in diesem Momente von dem alten
Bebel? Denn so wird dir ja
eigentlich entgegengetreten! Die
Betreffenden hören selbst physisch
nichts anderes, als was sie gewohnt
sind, seit Jahrzehnten zu hören.
Selbst physisch hören sie sonst
nichts — nicht etwa bloß seelisch —,
selbst physisch hören sie nur, was
sie lange gewohnt sind. Und dann
sagen sie: Ja, eigentlich hat uns
der Vortragende gar nichts Neues
gesagt! — Denn sie haben, weil man
genötigt war, die Terminologie zu
gebrauchen, sofort schon im Ohr —
nicht erst in der Seele — den
ganzen Zusammenhang der
Terminologie übersetzt in das, was
sie seit langem gewohnt gewesen
sind. Und dann reden sie weiter fort
im Sinne dessen, was sie seit langem
gewohnt gewesen sind.
|
Ainsi
se déroulèrent d'innombrables
discussions. Tout au plus qu'une
nuance nouvelle apparaissait parfois
dans l'affaire, lorsque les
communistes s'exprimaient à partir
de leurs points de vue nouvellement
acquis et disaient: «Il est avant
tout nécessaire que l'on ait le
pouvoir politique !» Ce serait tout
à fait naturel — je parle
d'expérience et je cite des exemples
qui se sont déjà produits — que l'on
ait d'abord le pouvoir politique !
Et si — comme l'a dit un jour
quelqu'un — s'il avait le pouvoir
politique, disons par exemple —
comme ministre de la police, ainsi
il ne s'engagerait pas lui-même en
tant qu'officier d'état-major, car
il serait réparateur de chaussures
et il sait très bien qu'un
réparateur de chaussures ne sait
rien des obligations d'un officier
d'état-major. S'il était ministre de
la police, puisqu'il est réparateur
de chaussures, il ne s'engagerait
pas lui-même en tant qu'officier
d'état-major. — Il ne s'est pas
rendu compte qu'il disait
implicitement : être nommé ministre
de la police, il se sent bien
appelé, mais pas du tout officier
d'état-major ! C'était une sorte de
nuance nouvelle pour la discussion.
Les nuances ont donc à peu près
toujours été tenues dans ce style.
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12
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So
ungefähr verliefen unzählige
Diskussionen. Höchstens, daß
manchmal eine neue Nuance dadurch in
die Sache hineinkam, daß die
Kommunisten nun von ihrem neu
errungenen Standpunkte aus
auftraten und nun etwa erklärten:
Vor allen Dingen sei es notwendig,
daß man die politische Macht habe!
Es sei ja ganz natürlich — ich rede
aus der Erfahrung heraus und gebe
Beispiele, die durchaus vorgekommen
sind —, daß man zuerst die
politische Macht habe! Und wenn — so
sagte zum Beispiel einmal einer wenn
er die politische Macht hätte, sagen
wir zum Beispiel — so meinte er —
als Polizeiminister, so würde er ja
auch nicht als Standesbeamten sich
selber anstellen, denn er sei ein
Schuhflicker, und er könne sehr gut
einsehen, daß ein Schuhflicker von
den Verpflichtungen eines
Standesbeamten nichts wisse. Er
würde durchaus nicht, wenn er
Polizeiminister wäre, da er ein
Schuhflicker sei, sich selber als
Standesbeamten anstellen! — Er
merkte nicht, daß er eigentlich
implicite sagte: Zum Polizeiminister
gerade angestellt zu werden, fühle
er sich ganz gut berufen, aber zum
Standesbeamten durchaus nicht! Das
war für die Diskussion eine Art
neuer Nuance. Die Nuancen waren ja
ungefähr immer in diesem Stil
gehalten.
|
Maintenant,
malgré cela cependant, nous devons
être conscients que, parce que nous
devrions justement être compris,
doit être parlé à partir de l'âme
des gens. Le subconscient va
néanmoins avec dans un certain sens
quand on parle partir de l'âme.
|
13
|
Nun,
trotzdem aber müssen wir uns klar
sein, daß, weil wir eben verstanden
werden sollen, aus der Seele der
Leute heraus geredet werden muß.
Das Unterbewußte geht dennoch
nämlich, wenn aus der Seele heraus
geredet wird, in einem gewissen
Sinne mit.
|
49
|
|
|
En
particulier si, d'ailleurs, l'ordre
du discours a été tel que je l'ai
indiqué et tel que je l'exposerai
plus loin. Mais nous devons alors
avoir des concepts réellement
formulables à partir de
l'expérience, c'est-à-dire, en
l'occurrence, de l'expérience de la
sensibilité prolétarienne.
|
|
Insbesondere,
wenn im übrigen die Rede so
angeordnet worden ist, wie ich es
schon angedeutet habe und wie ich es
im weiteren auseinandersetzen werde.
Aber wir müssen dann über dasjenige,
was in Betracht kommt, wirklich aus
der Erfahrung, das heißt in diesem
Falle, aus den Erfahrungen des
proletarischen Empfindens heraus
formulierbare Begriffe haben.
|
Prenons
une fois le membre spirituel de
l'organisme social triarticulé. En
ce qui concerne ce membre spirituel,
le prolétaire s'est formé, depuis la
montée du marxisme, des concepts
très clairs, à savoir celui
d'idéologie. Il dit : la vie de
l'esprit, cela n'a en soi aucune
réalité. La religion, les concepts
de droit , les concepts moraux,
etc., l'art, la science elle-même,
ce n'est rien en soi. En soi, il n'y
a en fait que des processus
économiques. On peut voir dans
l'histoire du monde comment le réel
réside dans la façon dont les
couches de la population se situent
dans la vie de l'économie. En
fonction de l'état d'une couche de
la population à l'autre dans la vie
de l'économie, les concepts, les
sentiments dans la religion, la
science, l'art, la coutume, le
droit, etc., doivent se former
d'eux-mêmes, comme une sorte de
fumée qui s'en dégage. Ce ne sont
pas des réalités, du droit, des
coutumes, de la religion, de l'art,
mais une idéologie. — Cette
expression «idéologie», avec le
sentiment que je viens de décrire, a
été entendue depuis des dizaines
d'années dans toutes les assemblées
sociales-démocrates ou autres. Et
c'était un moyen d'éducation
particulièrement bien formé pour
amener l'humain à comprendre : la
population bourgeoise parle de la
vérité en soi, des valeurs de la
science, des valeurs de la religion,
des valeurs de la morale, des
valeurs de l'art — mais tout cela
n'est pas en soi, mais tout cela est
l'écume qui surgit du processus
économique. Un des leaders du monde
prolétarien, Franz Mehring, a poussé
cette affaire à un radicalisme
particulier dans un livre intitulé
«La légende de Lessing».
|
14
|
Nehmen
wir einmal das geistige Glied des
dreigliedrigen sozialen Organismus.
In bezug auf dieses geistige Glied
hat der Proletarier seit dem'
Heraufkommen des Marxismus sich sehr
deutliche Begriffe herausgebildet,
nämlich den Begriff der Ideologie.
Er sagt: Geistesleben, das hat für
sich gar keine Wirklichkeit.
Religion, Rechtsbegriffe,
Sittenbegriffe und so weiter,
Kunst, Wissenschaft selber, das ist
nichts für sich. Für sich existieren
eigentlich nur wirtschaftliche
Prozesse. Man kann verfolgen in der
weltgeschichtlichen Entwickelung,
wie das wahrhaft Wirkliche in der
Art und Weise besteht, wie die eine
Schichte der Bevölkerung zu der
anderen steht im Wirtschaftsleben.
Darnach, wie die eine Schichte der
Bevölkerung zu der anderen steht im
Wirtschaftsleben, darnach müssen
sich ganz von selbst, wie eine Art
Rauch, der daraus hervorsteigt, die
Begriffe, die Empfindungen in
Religion, Wissenschaft, Kunst,
Sitte, Recht und so weiter bilden.
Das sind keine Wirklichkeiten,
Recht, Sitte, Religion, Kunst,
sondern eine Ideologie. — Diesen
Ausdruck «Ideologie», mit dem
Gefühl, wie ich es eben jetzt
charakterisiert habe, ihn konnte man
hören seit Jahrzehnten in allen
sozialdemokratischen oder sonstigen
proletarischen Versammlungen. Und es
war geradezu ein besonders
ausgebildetes Erziehungsmittel, den
Menschen zum Verständnis zu bringen:
Die bürgerliche Bevölkerung spricht
von der Wahrheit an sich, von dem
Werte der Wissenschaft, von dem
Werte der Religion, von dem Werte
der Sittlichkeit, der Kunst —, aber
das ist ja alles nichts in
Wirklichkeit für sich, sondern das
alles sind die Schaumbilder, die
aufsteigen aus dem wirtschaftlichen
Prozesse. Einer der Führer der
proletarischen Welt, Franz Mehring,
hat diese Sache ja bis zum
besonderen Radikalismus getrieben in
einem Buche «Die Lessing-Legende».
|
50
|
|
|
Il
y avait là un livre, toutefois peu
important, d'un professeur
bourgeois, Erich Schmidt, sur
Lessing. Il n'est pas très important
parce qu'il ne s'agit pas vraiment
de Lessing, mais d'une statue en
papier mâché, appelée à tort
«Lessing», et à laquelle Erich
Schmidt rattache les observations,
les récits et les communications
dont il était capable précisément
grâce à son talent particulier ou à
son manque de talent. Il ne s'agit
pas d'un humain dans ce livre, mais
d'une statue en papier mâché,
appelée «Lessing». Que ce professeur
bourgeois n'avait pas une idée très
claire du Lessing vivant, mais
seulement d'une lecture en papier
mâché, cela m'était déjà apparu
lorsque le livre « Lessing » d'Erich
Schmidt n'était pas encore écrit,
lorsque j'entendis Erich Schmidt
parler à Vienne dans un discours à
l'Académie des Sciences de Vienne,
où il résumait en un seul discours
les débuts des premiers chapitres de
ce livre de Lessing. À l'époque,
j'ai été particulièrement touché par
ce discours, qui montrait à quel
point il n'y a pas besoin de dire
quoi que ce soit quand on se trouve
dans une certaine position sociale
et qu'on peut parler, c'est-à-dire
même devant une académie des
sciences éclairée. En effet, aux
endroits les plus importants où
Erich Schmidt présentait à l'époque
quelque chose qui devait
caractériser la personnalité dont il
parlait, il disait toujours, en
faisant ressortir quelque chose de
la méthode de travail de Lessing et
de l'orthographe de Lessing: c'est
vraiment Lessingsch! — Et ce mot:
c'est du vrai Lessingsch ! — on l'a
entendu, je crois, cinquante fois au
cours de ce discours académique.
|
15
|
Da
war erschienen ein allerdings nicht
sehr bedeutendes Buch eines
Bourgeoisprofessors, des Erich
Schmidt, über Lessing. Es ist
deshalb nicht sehr bedeutend, weil
darin nicht eigentlich Lessing
behandelt wird, sondern eine Statue
aus Papiermaché, welche fälschlich
«Lessing» genannt wird, und an die
Erich Schmidt die Bemerkungen und
Erzählungen und Mitteilungen
anknüpft, deren er eben durch seine
besondere Begabung oder Unbegabung
fähig war. Man hat es gar nicht mit
einem Menschen zu tun in diesem
Buche, sondern mit einer Statue aus
Papiermaché, genannt «Lessing». Daß
dieser Bourgeoisprofessor keine
besonders klaren Vorstellungen hatte
über den lebendigen Lessing,
sondern nur über einen
Papiermaché-Lessing, das ging mir
schon hervor, als das Buch «Lessing»
von Erich Schmidt noch gar nicht
geschrieben war, als ich Erich
Schmidt reden hörte in Wien in einer
Rede in der Wiener Akademie der
Wissenschaften, wo er so die ersten
Anfänge der ersten Kapitel dieses
Lessing-Buches zusammengefaßt
vorgebracht hatte als eine Rede. Ich
war dazumal eigentümlich berührt von
dieser Rede, die so recht zeigte,
wie man eben, wenn man sonst in eine
gewisse soziale Position
hineingestellt ist und reden darf,
also selbst vor einer erlauchten
Akademie der Wissenschaften,
eigentlich inhaltlich gar nichts zu
sagen braucht. Denn bei den
wichtigsten Stellen, wo Erich
Schmidt damals etwas vorbrachte, was
charakteristisch sein sollte für die
Persönlichkeit, die er besprach, da
sagte er immer, indem er irgend
etwas heraushob aus Lessings
Arbeitsweise und aus Lessings
Schreibweise: Das ist echt
Lessingsch! — Und dieses Wort: Das
ist echt Lessingsch! —, das hörte
man, ich glaube, fünfzigmal während
dieser Akademierede.
|
Or,
si l'on a affaire à Ernst Müller de
Neu-Babelsberg et qu'on doit le
caractériser, on pourra dire
exactement le même contenu, si l'on
raconte sa façon particulière de
ranger, disons, son tas de fumier :
c'est vraiment du Müllersch!- On
aura dit quelque chose qui a le même
poids.
|
16
|
Nun,
wenn man es zu tun hat mit dem Ernst
Müller aus Neu-Babelsberg und man
ihn zu charakterisieren hat, so wird
man mit genau demselben Inhalt
sagen können, wenn man erzählt seine
besondere Art, wie er, sagen wir,
seinen Misthaufen in Ordnung bringt:
Das ist echt Müllersch!- Man wird
etwas gesagt haben, das ein ganz
gleich schweres Gewicht hat.
|
On
avait donc affaire avec quelque
chose d'extraordinairement
insignifiant. Mais un véritable
écrivain social-démocrate, comme
Franz Mehringl’était, il écrivit ce
significatif du livre Lessing
d'Erich Schmidt au circonstances
qu'Erich Schmidt justement avait mis
en garde un professeur bourgeois et
qu'il avait dit : c'est justement un
produit bourgeois. —
|
17
|
Man
hatte es also zu tun mit etwas
außerordentlich Unbedeutendem. Aber
ein richtiger sozialdemokratischer
Schriftsteller, wie Franz Mehring
war, der schrieb dies bedeutende des
Erich Schmidtschen Lessing-Buches
dem Umstande zu, daß eben Erich
Schmidt ein Bourgeoisprofessor warn
und er sagte: Das ist eben ein
Bourgeoisprodukt. —
|
51
|
|
|
Et
maintenant, il opposait son produit
prolétarien. Il appelait ce livre
«La Légende de Lessing». Il s'agit
d'examiner les conditions
économiques dans lesquelles les
parents de Lessing ont vécu, ce
qu'ils ont fait, comment Lessing
lui-même a été placé dans la vie
économique dans sa jeunesse, comment
il a dû devenir journaliste, comment
il a dû injecter de l'argent — c'est
aussi un contexte économique — et
ainsi de suite. En bref, il montre
comment la conception «Lao-koon» de
Lessing, la «Dramaturgie de
Hambourg» de Lessing, la «Minna von
Barnhelm» de Lessing ont dû être ce
qu'elles sont, du fait que Lessing a
grandi de ces conditions économiques
particulières.
|
|
Und
jetzt stellte er sein proletarisches
Produkt dagegen. «Die
Lessing-Legende» nannte er dieses
Buch. Da wird nun untersucht, in
welchen wirtschaftlichen
Verhältnissen Lessings Voreltern
gelebt haben, was sie getrieben
haben, wie dann Lessing selber in
der Jugend ins Wirtschaftsleben
hineingestellt worden ist, wie er
Journalist werden mußte, wie er Geld
pumpen mußte — das ist ja auch ein
wirtschaftlicher Zusammenhang — und
so weiter. Kurz, es wird gezeigt,
wie Lessings «Laokoon»-Auffassung,
wie Lessings «Hamburgische
Dramaturgie», wie Lessings «Minna
von Barnhelm» so sein mußten, wie
sie eben sind, dadurch, daß Lessing
aus diesen bestimmten
wirtschaftlichen Verhältnissen
herausgewachsen ist.
|
Sur
le modèle du livre «La Légende de
Lessing» du savant de parti Mehring,
un élève de mon école de formation
ouvrière — j'ai fourni pendant des
années une école de formation
ouvrière, y compris dans
l'enseignement de l'élocution — a
démontré dans un discours que la
philosophie kantienne est née tout
simplement des conditions
économiques à partir desquelles Kant
s'est développé. Et des choses
semblables vous sont arrivées là-bas
et peuvent encore vous arriver
aujourd'hui, bien qu'elles soient
devenues plus ou moins courantes
aujourd'hui. Mais c'était le cas. Et
cela signifiait que, sur la vie
spirituelle, le prolétariat moderne
avait en général le point de vue:
tout ce qui existe dans la vie
spirituelle, c'est de l'idéologie.
|
18
|
Nach
dem Muster dieses Buches «Die
Lessing-Legende» des
Parteigelehrten Mehring hat dann
einmal ein Schüler meiner
Arbeiterbildungsschule — ich habe
ja jahrelang eine
Arbeiterbildungsschule versorgt,
auch in der Redelehre — in einer
Proberede bewiesen, daß die Kantsche
Philosophie eben einfach aus den
wirtschaftlichen Verhältnissen
hervorgegangen ist, aus denen Kant
sich entwickelt hat. Und ähnliche
Dinge begegneten einem da immer und
können einem wohl auch noch heute
begegnen, obwohl sie heute mehr oder
weniger schon zur Phrase geworden
sind. Aber es war durchaus so. Und
das hat bedeutet, daß über das
geistige Leben der moderne
Proletarier überhaupt die Anschauung
hatte: Alles, was im geistigen Leben
vorhanden ist, ist Ideologie.
|
En
rapport à la vie étatique, le
prolétaire ne fait valoir que ce
qui, dans les rapports économiques,
se révèle être une relation d'humain
à humain. Mais pour lui, ce sont les
classes. La classe dominante domine
les autres classes. Et celui qui est
à l'intérieur de la classe développe
alors la conscience de classe. En
fait, ce que le prolétaire moderne
comprend de la vie étatique, c'est
la classe, et ce qui lui est proche,
c'est la conscience de classe.
|
19
|
In
bezug auf das staatlich-rechtliche
Leben, da läßt der Proletarier nur
gelten, was sich wiederum innerhalb
der wirtschaftlichen Verhältnisse
als Beziehung von Mensch zu Mensch
herausstellt. Das sind aber für ihn
die Klassen. Die herrschende Klasse
beherrscht die anderen Klassen. Und
derjenige, der innerhalb der Klasse
steht, entwickelt dann das
Klassenbewußtsein. So daß eigentlich
dasjenige, was der moderne
Proletarier von dem
staatlich-rechtlichen Leben
begreift, die Klasse ist, und was
ihm nahegeht, das Klassenbewußtsein
ist.
|
Le
troisième membre de l'organisme
social est l'économique. Là aussi, à
l'intérieur du prolétariat, il y a
des concepts strictement contourés,
et le concept point central, que
l'on retrouve toujours à nouveau,
comme les concepts d'idéologie et de
conscience de classe, c'est le
concept de valeur
ajoutée/plus-value.
|
20
|
Das
dritte Glied des sozialen Organismus
ist das wirtschaftliche. Auch da
sind innerhalb des Proletariats
streng umrissene Begriffe, und der
Mittelpunktsbegriff, der immer
wiederum gefunden wird, ebenso wie
die Begriffe Ideologie und
Klassenbewußtsein, das ist der
Begriff des Mehrwertes.
|
52
|
|
|
Le
prolétaire comprend que lorsqu'on
fait de l'économie, une certaine
valeur apparaît dans le produit
économique; de cette valeur, il
reçoit comme salaire une partie
déterminée, l'autre part part pour
quelque chose d'autre. C'est ce
qu'il décrit comme la «valeur
ajoutée/plus-value» et il s'occupe
maintenant de cette plus-value dont
il a le sentiment qu'elle est prise
de la valeur de ses produits de
travail.
|
|
Der
Proletarier begreift: Wenn
gewirtschaftet wird, so kommt im
wirtschaftlichen Produkt ein
bestimmter Wert zum Vorschein; von
diesem Werte bekommt er als Lohn
einen bestimmten Teil, das andere
geht fort für irgend etwas anderes.
Das bezeichnet er als «Mehrwert» und
beschäftigt sich nun mit diesem
Mehrwert, von dem er das Gefühl hat,
daß er ihm von dem Werte seiner
Arbeitsprodukte genommen werde.
|
En
y réfléchissant, on peut voir qu'il
existe en effet, au sein de cette
classe de population qui s'est
formée comme la classe active et, en
fait, agressive dans les temps
récents, des notions clairement
définies pour les trois domaines de
l'organisme social triarticulé. La
vie sociale se manifeste de trois
manières — dirait un vrai théoricien
prolétarien —, d'abord par sa
réalité, par l'économie productrice
de valeur. Cette économie
productrice de valeur livre la
valeur ajoutée/plus-value de la vie
économique elle-même. Les rapports
de force qui s'en établissent vont,
dans la vie économique, la seule
réalité, diviser les humains
socialement actifs en classes, de
sorte que, lorsqu'elles
réfléchissent à leur valeur humaine,
elles en viennent à la conscience de
classe et non à la conscience
humaine. Et puis se développe comme
ce que l'on a volontiers pour le
dimanche, ce dont on a besoin— mais
aussi comme cela entre les deux —
pour que les machines soient bien
conçues, pour que l'on puisse
inventer de temps à autre pendant
ses heures libres, n'est-ce pas, et
ainsi de suite, alors se développe
l'idéologie qui émerge comme un
produit de fumée de la réalité
réelle, de la vie économique.
|
21
|
Man
kann, indem man die Dinge so
durchdenkt, sehen, wie in der Tat
innerhalb derjenigen
Bevölkerungsklasse, die sich als die
aktive, als die eigentlich
aggressive in der neueren Zeit
heraufgebildet hat, deutlich
umrissene Begriffe für die drei
Gebiete des dreigliedrigen sozialen
Organismus vorhanden sind. Das
soziale Leben offenbart sich in
dreifacher Weise — würde etwa ein
richtiger proletarischer
Theoretiker sagen —, es offenbart
sich erstens durch seine
Wirklichkeit, durch die
wertproduzierende Wirtschaft. Diese
wertproduzierende Wirtschaft
liefert aus dem wirtschaftlichen
Leben selbst den Mehrwert. Durch die
Machtverhältnisse, die sich
herausbilden, werden im
wirtschaftlichen Leben als in der
einzigen Wirklichkeit die sozial
tätigen Menschen in Klassen
zerspalten, so daß sie, wenn sie
über ihren Menschenwert nachdenken,
zu dem Klassenbewußtsein, nicht zu
dem Menschenbewußtsein kommen. Und
dann entwickelt sich als dasjenige,
was man für den Sonntag gern hat,
was man braucht — aber auch so
zwischendurch —, damit die
Maschinen richtig ausgedacht werden,
damit man auch ab und zu in freien
Stunden, nicht wahr, Erfindungen
machen kann und so weiter, dann
entwickelt sich die Ideologie, die
sich aber ergibt als ein
Rauchprodukt aus der eigentlichen
Wirklichkeit, aus dem
wirtschaftlichen Leben.
|
Je
ne caricature très certainement pas,
mais je décris ce qui a vécu en des
millions, non pas en des milliers,
mais en des millions d'esprits dans
les décennies qui ont précédé la
guerre, et ce qui s'est poursuivi
pendant la guerre. Le prolétaire a
donc déjà en lui un concept de la
triarticulation de l'organisme
social, et on peut s'y rattacher.
|
22
|
Ich
karikiere ganz gewiß nicht, sondern
ich schildere, was in Millionen,
nicht etwa in Tausenden, sondern in
Millionen von Köpfen lebte in den
Jahrzehnten, die dem Kriege
vorausgegangen sind, und was sich
auch durch den Krieg fortsetzte. Der
Proletarier hat also schon einen
Begriff von der Dreigliederung des
sozialen Organismus in sich, und man
kann da anknüpfen.
|
53
|
|
|
On
peut encore rattacher cela dans un
sens plus large. On peut rattacher
en ce qu'au cours des dernières
années, la vie économique,
essentiellement parce qu'elle porte
en elle sa propre nécessité, s'est
particulièrement développée et que
les autres éléments de la vie, la
vie spirituelle et la vie étatique,
sont restés à la traîne. Dans la vie
économique, les humains ne pouvaient
pas rester à la traîne. Ils ont dû
passer d'abord aux
transports/échanges mondiaux, puis à
l'économie mondiale dans le dernier
tiers du XIXe siècle. Il y a là une
nécessité intrinsèque. En un sens,
cela se fait tout seul jusqu'à ce
qu'on le ruine, comme cela s'est
produit avec la guerre. Mais parce
que les autres choses n'ont pas
suivi, parce qu'un intellectualisme
abstrait s'est développé dans les
autres choses, la perception de la
vie de l'économie a eu une influence
considérable, surtout par son
caractère suggestif sur toute la
population. Et ce qui semblait
suggestif ne s'est pas seulement
fixé dans les représentations, c'est
devenu des institutions.
L'intellectualisme a progressivement
saisi entièrement la vie sociale.
|
23
|
Man
kann noch in weiterem Sinne
anknüpfen. Man kann anknüpfen
daran, daß sich in der neueren Zeit
im Grunde genommen das
wirtschaftliche Leben, weil es ja
seine eigene Notwendigkeit in sich
trägt, besonders entwickelt hat, und
daß die anderen Lebenselemente, das
geistige Leben und das
staatlich-rechtliche Leben,
zurückgeblieben sind. Im
wirtschaftlichen Leben konnten die
Menschen nicht zurückbleiben. Sie
mußten erst zum Weltverkehr, dann
zur Weltwirtschaft im letzten
Drittel des 19. Jahrhunderts
übergehen. Da liegt eine innere
Notwendigkeit. Das macht sich in
gewissem Sinne von selbst, bis man
es ruiniert, wie es durch den Krieg
geschehen ist. Aber weil die anderen
Dinge nicht nachgekommen sind, weil
sich in den anderen Dingen ein
abstrakter Intellektualismus
entwickelt hat, wurde die Empfindung
vom Wirtschaftsleben in
hervorragendem Maße einflußreich,
wirkte in erster Linie durch ihren
Charakter suggestiv auf alle
Bevölkerung. Und was da suggestiv
wirkte, das hat sich nicht etwa nur
in den Vorstellungen festgelegt,
sondern das ist zu Einrichtungen
geworden. Der Intellektualismus hat
allmählich das soziale Leben ganz
ergriffen.
|
L'abstraction,
l'abstrait, est propre à
l'intellectualisme. On a dans la
vie, disons, du beurre; on a dans la
vie, disons, une Vierge de Raphaël;
on a dans la vie, disons, une brosse
à dents; on a dans la vie, disons,
une œuvre philosophique; on a dans
la vie, disons, un creuset de poudre
pour femmes, etc. La vie est pleine
de choses, n'est-ce pas ? Je
pourrais continuer longtemps. Mais
vous ne contesterez pas que ces
choses sont très, très différentes
les unes des autres et que, si l'on
veut se faire des concepts de toutes
ces choses, ces concepts, ces
représentations deviennent très,
très différentes les unes des
autres. Mais dans la vie sociale
récente, quelque chose s'est
développé qui est devenu extrêmement
important pour toutes les conditions
de vie, et qui n'est pas très
différencié. Car, disons, du beurre
dans une certaine quantité coûte
deux francs; une Vierge de Raphaël
coûte deux millions de francs; une
brosse à dents coûte peut-être deux
francs et demi; un ouvrage
philosophique — ce sera peut-être le
moins cher — qui coûte, disons,
soixante-dix francs par exemplaire,
s'il est mince; un creuset de
poudre, s'il est particulièrement
bon, dix francs.
|
24
|
Dem
Intellektualismus ist eigen die
Abstraktion, das Abstrakte. Man hat
im Leben, sagen wir, Butter; man hat
im Leben, sagen wir, eine
Raffaelsche Madonna; man hat im
Leben, sagen wir, eine Zahnbürste;
man hat im Leben, sagen wir, ein
philosophisches Werk; man hat im
Leben, sagen wir, einen Pudertigel
für Frauen und so weiter. Im Leben
gibt es ja viel, nicht wahr. Ich
könnte ja diese Reihe lange
fortsetzen. Aber Sie werden nicht
bestreiten, daß diese Dinge sehr,
sehr verschieden voneinander sind,
und daß, wenn man sich Begriffe
machen will von all diesen Dingen,
diese Begriffe, diese Vorstellungen
sehr, sehr verschieden voneinander
werden. Aber im neueren sozialen
Leben entwickelte sich doch etwas,
was außerordentlich bedeutsam wurde
für alle Lebensverhältnisse, und was
gar nicht so sehr differenziert
ist. Denn, sagen wir, Butter von
einer gewissen Menge kostet zwei
Franken; eine Raffaelsche Madonna
kostet zwei Millionen Franken; eine
Zahnbürste kostet vielleicht jetzt
bloß zweieinhalb Franken; ein
philosophisches Werk — es wird
vielleicht am billigsten sein —, das
kostet, sagen wir, im Einzelexemplar
vielleicht, wenn es dünn ist,
siebzig Rappen; ein Pudertigel,
wenn er besonders gut ist, zehn
Franken.
|
Maintenant
nous avons ramené toute la chose au
même/à l'égal ! Maintenant nous
avons purement besoin de prendre
différemment, ce qui donc aussi
appartient à nouveau à un champ, les
chiffres. Mais nous avons répandu
une abstraction, le prix en argent,
partout.
|
25
|
Jetzt
haben wir die ganze Sache auf gleich
gebracht! Jetzt brauchen wir bloß
das, was ja auch wiederum auf ein
Feld gehört, die Zahlen, verschieden
zu nehmen. Aber wir haben eine
Abstraktion, den Geldpreis, über
alles ausgebreitet.
|
54
|
|
|
Cela
s'est particulièrement ancré/rendu
vivant dans la manière de penser des
humains, même s'ils ne se l'avouent
pas toujours. Certes, celui qui est
poète se considère naturellement
comme le centre du monde, alors il
ne se juge pas ainsi, ni celui qui
est philosophe, etc. Ou encore celui
qui est peintre ! Mais le monde
aujourd'hui juge toutes ces choses
dans ce style dans l'évaluation
sociale des humains. Et c'est là
qu'il ressort finalement, disons,
qu'un poète pour un éditeur, depuis
le moment où il a commencé à écrire
son roman jusqu'au moment où il l'a
terminé, si l'éditeur est noble, ce
poète vaut dix mille francs. C'est
donc le prix d'un poète pour un
certain temps, n'est-ce pas ? Nous
l'avons aussi amené à l'abstraction
équivalente. [Il est écrit au
tableau]
|
26
|
Das
hat sich ganz besonders eingelebt in
die Denkweise der Menschen, wenn
sich die Menschen das auch nicht
immer gestehen. Gewiß, derjenige,
der ein Dichter ist, hält sich
selbstverständlich für den
Mittelpunkt der Welt, der beurteilt
sich dann nicht so; ebensowenig
derjenige, der ein Philosoph ist
und so weiter. Oder erst gar der,
der ein Maler ist! Aber die Welt
beurteilt diese Sachen heute alle in
diesem Stil in der sozialen
Bewertung der Menschen. Und da kommt
es schon zuletzt heraus, daß, sagen
wir, ein Dichter für einen Verleger
– von dem Zeitraume an, wo er
angefangen hat, seinen Roman zu
schreiben, bis zu der Zeit, wo er
ihn beendet hat –, wenn der Verleger
edel ist, dieser Dichter zehntausend
Franken wert ist. Das ist also der
Preis eines Dichters für eine
gewisse Zeit, nicht wahr. Wir haben
ihn auch auf die gleichwertige
Abstraktion gebracht. [Es wird an
die Tafel geschrieben.]
|
2.—
Fr. Beurre
2
000 000.— Fr. Madone Raphaël
2.50
Fr. Brosse à dents
—.70
Fr. Œuvre philosophique
10.—
Fr. Crevettes en poudre
10
000.— Fr. Poète
3.—
Fr. Main-d'œuvre/force de travail
journalière
|
|
2.—
Fr. Butter
2
000 000.— Fr. Raffaelsche Madonna
2.50 Fr. Zahnbürste
—.70
Fr. Philosophisches Werk
10.—
Fr. Pudertigel
10
000.— Fr. Dichter
3.—
Fr. Tägliche Arbeitskraft
|
Je
pourrais donner quelques exemples,
mais j'ai déjà dit que la
bourgeoisie n'y réfléchissait pas
très profondément. Naturellement, le
poète se croit tout à fait spécial
dans sa petite chambre du haut, je
pense maintenant ce qui se trouve
posé à un étage très loin en haut,
mais dans la vie sociale, pour
quelque chose de très particulier,
il valait là dix mille francs. Mais
il n'y faisait pas attention s'il
n'appartenait pas tout de suite au
prolétariat. Il n'y faisait pas
attention. Mais le prolétaire y
faisait attention. En effet, il
tirait de tout cela la conséquence
suivante: tu n'as pas de beurre, tu
n'as pas de poudre, tu n'as pas
d'ouvrage philosophique, mais tu as
ta force de travail; tu l'offre au
fabricant, et elle vaut pour le
fabricant, disons, trois francs par
jour: force de travail journalière.
|
|
Nun
ich könnte auch da mancherlei
Beispiele anführen; aber ich habe
schon gesagt: Die Bourgeoisie dachte
ja über diese Dinge nicht sehr tief
nach. Der Dichter hält sich
natürlich in seinem Oberstübchen –
ich meine jetzt dasjenige, das in
einer Etage weit oben gelegen ist –
für etwas ganz Besonderes, aber im
sozialen Leben, da war er halt eben
zehntausend Franken wert. Aber er
achtete es nicht, wenn er nicht
gerade dem Proletariat angehörte. Er
achtete das nicht. Aber der
Proletarier achtete das. Der zog
nämlich aus alledem die Konsequenz:
Du hast nicht Butter, du hast nicht
Puder, du hast kein philosophisches
Werk, aber du hast deine
Arbeitskraft; die bietest du dem
Fabrikanten an, und die ist für den
Fabrikanten, sagen wir, täglich drei
Franken wert: Tägliche
Arbeitskraft.
|
55
|
|
|
Si
j'ai écrit ici «poète», vous devez
me le pardonner, car on a pu faire
l'expérience que le poète a été
encore un peu plus mal traité au
cours des dernières décennies que le
prolétaire avec sa force de travail
quotidienne. En effet, ce dernier
pouvait se défendre mieux que le
poète, et les dix mille francs pour
le poète ne valaient généralement
pas plus que les trois francs de
salaire du travail pour l'ouvrier
prolétarien, à l'exception, bien
sûr, de quelques-uns, comme il était
évident que de tels poètes comme —
je ne sais pas si beaucoup se
souviennent encore d'elle — la
bienheureuse Marlitt, qui a gagné un
très grand salaire avec le «Mystère
de la vieille Mamsell», roman dont
la meilleure critique serait sans
doute celle qui, jadis, aurait été,
comme quelqu'un a dit: Ô Livre, si
seulement tu étais resté quand même
le Mystère/secret de l'ancienne
Mamsell !
|
27
|
Daß
ich hierher geschrieben habe
«Dichter», das müssen Sie mir
verzeihen aus dem Grunde, weil man
die Erfahrung machen konnte, daß der
Dichter eben noch um ein Stückchen
schlechter behandelt worden ist im
Laufe der letzten Jahrzehnte als der
Proletarier mit seiner täglichen
Arbeitskraft. Denn der letztere
konnte sich noch besser wehren als
der Dichter, und die zehntausend
Franken für den Dichter waren in der
Regel nicht mehr wert als die drei
Franken Arbeitslohn für die
proletarische Arbeitskraft, mit
Ausnahme von einzelnen natürlich,
wie es ja selbstverständlich war,
daß solche Dichter wie zum Beispiel
— ich weiß nicht, ob sich viele noch
an sie erinnern — die selige
Marlitt, die ja ganz großartig
verdient hat mit dem «Geheimnis der
alten Mamsell», was ein Roman ist,
über den die beste Kritik wohl die
wäre, wie einmal einer gesagt hat: O
Buch, wärest du doch das Geheimnis
der alten Mamsell geblieben!
|
Maintenant,
le travailleur réfléchissait à ce
qu'il était devenu en étant placé
dans l'abstraction des prix,
respectivement sa force de travail
avait été placée là. Et qu'est-ce
donc une chose dans la vie de
l’économie parce que ça a un prix ?
C'est une marchandise. Dans la vie
de l'économie, tout ce pour quoi un
prix peut justement être payé doit
valoir comme marchandise. Je disais
que la vie de la bourgeoisie se
déroulait avec une certaine
indifférence à ce genre de choses.
Mais c'est du prolétariat que
montèrent ces concepts, et c'est de
là qu'est née le concept : nous
sommes nous-mêmes devenus une
marchandise avec notre force de
travail.
|
28
|
Nun,
der Arbeiter dachte nach über das,
was er dadurch geworden ist, daß er
in die Abstraktion der Preise
hineingestellt worden ist,
respektive seine Arbeitskraft da
hineingestellt worden ist. Und was
ist denn etwas im Wirtschaftsleben
dadurch, daß es einen Preis hat? Es
ist eine Ware. Als Ware im
wirtschaftlichen Leben muß alles
gelten, wofür eben ein Preis bezahlt
werden kann. Ich sagte, das Leben
der Bourgeoisie verläuft mit einer
gewissen Gleichgültigkeit gegenüber
solchen Sachen. Aus dem Proletariat
aber kamen diese Begriffe herauf,
und dadurch entstand der Begriff:
Wir selber sind mit unserer
Arbeitskraft zu einer Ware geworden.
|
C'est
quelque chose qui a maintenant œuvré
avec les trois autres concepts. Et
celui qui comprend vraiment bien la
vie moderne sait, s'il comprend
correctement les quatre notions
d'idéologie, de conscience de
classe, de valeur ajoutée, de force
de travail en tant que marchandise,
de sorte qu'avec ces quatre notions,
il peut s'insérer dans la vie à la
mesure de l'expérience, qu'avec ces
quatre notions, il atteint d'abord
la réalité de conscience qui existe
tout de suite chez la population
active, chez cette population qui
veut consciemment une transformation
des rapports sociaux. Et ainsi on a
la tache de réfléchir sur comment
traiter ces quatre concepts.
|
29
|
Das
ist etwas, was nun mit den drei
anderen Begriffen zusammengewirkt
hat. Und wer eigentlich das moderne
Leben richtig versteht, der weiß,
wenn er die vier Begriffe Ideologie,
Klassenbewußtsein, Mehrwert,
Arbeitskraft als Ware richtig
versteht, so daß er sich mit diesen
vier Begriffen erfahrungsgemäß
hineinstellen kann in das Leben, daß
er mit diesen vier Begriffen
zunächst die Bewußtseinsrealität
trifft, die gerade bei der aktiven
Bevölkerung, bei derjenigen
Bevölkerung, die bewußt eine
Umwandelung der sozialen
Verhältnisse will, vorhanden ist.
Und so hat man denn die Aufgabe,
darüber nachzudenken, wie man diese
vier Begriffe zu behandeln hat.
|
56
|
|
|
Si
maintenant on a mélangé un auditoire
de population prolétarienne et
bourgeoise, on aura besoin de parler
ainsi que l'on fasse remarquer
d'abord comment le prolétaire a
nécessairement dû arriver à ces
choses, que la vie moderne n'a
permis au prolétaire de connaître
que les processus de la vie de
l'économie. Il en est ainsi, disons,
depuis le milieu du XVe siècle.
C'est là que ça commence lentement.
Car si nous remontons au milieu du
XVe siècle, nous voyons comment
l'être humain est encore lié à ses
produits. Celui qui fabrique une clé
y met son âme. Celui qui fait une
chaussure y met son âme. Et je suis
tout à fait certain que chez les
humains qui ont développé ces choses
de manière saine, il n'y avait aucun
mépris pour une telle chose. J'en
suis tout à fait convaincu — pas
seulement convaincu subjectivement,
mais de telles choses, on peut les
prouver, quand il s'agit de ce que —
: Jakob Böhme a certainement fait
ses bottes tout aussi volontiers
qu'il a écrit ses œuvres
philosophiques, ses œuvres
mystiques, ou Hans Sachs, par
exemple. Ces choses — que l'on
méprise l'un, ce qui est matériel,
que l'on surestime l'autre, ce qui
est spirituel —, ne sont montées
qu'avec l'intellectualisme et ses
abstractions dans tous les domaines.
Il s'est justement introduit que la
vie économique moderne, dans
laquelle s'est déversée la
technique, a séparé l'humain de ses
produits, de sorte qu'il ne peut
plus lier de l'amour véritable avec
le produire. Les gens qui
développent encore l'amour pour
certaines branches de métiers en
produisant se font toujours plus
rares. Ce n'est que dans les
professions dites spirituelles que
cet amour existe encore. D'où
l'anormal dans la distribution
sociale et même l'articulation dans
les temps récents. On doit déjà
passer à l'Est — ce n'est peut-être
plus possible aujourd'hui, mais
c'était le cas il y a des décennies
— pour y trouver encore la joie de
travailler. Je dois avouer que j'ai
été ravi, ému, quand j'ai rencontré,
il y a des dizaines d'années, à
Budapest, un coiffeur que j'avais
engagé pour me couper les cheveux,
qui dansait toujours autour de moi
et, après avoir à nouveau descendu
quelque chose avec les ciseaux, me
disait en prenant le miroir:
|
30
|
Wenn
man nun eine Zuhörerschaft hat
gemischt aus Proletariern und
bourgeoiser Bevölkerung, da wird man
nötig haben, so zu sprechen, daß
man zunächst bemerklich macht, wie
der Proletarier notwendigerweise zu
diesen Dingen kommen mußte, wie der
Proletarier durch das moderne Leben
nichts hat kennen lernen können als
die Vorgänge des Wirtschaftslebens.
So ist es ja geworden, sagen wir
seit der Mitte des 15. Jahrhunderts.
Da fängt es langsam an. Denn gehen
wir zurück hinter diese Mitte des
15. Jahrhunderts, so sehen wir, wie
im Wesen der Mensch noch
zusammenhängt mit seinem Produkte.
Wer einen Schlüssel macht, legt
seine Seele in diesen Schlüssel
hinein. Wer einen Schuh macht, legt
seine Seele in den Schuh hinein. Und
ich bin ganz gewiß, daß bei den
Menschen, bei denen sich diese Dinge
in gesunder Weise fortentwickelt
haben, keine Verachtung irgendeiner
solchen Sache vorhanden war. Ich
bin völlig davon überzeugt — nicht
nur subjektiv überzeugt, sondern
solche Dinge kann man schon
beweisen, wenn es darauf ankommt —:
Jakob Böhme hat ganz gewiß
ebensogerne seine Stiefel gemacht
wie seine philosophischen Werke,
seine mystischen Werke geschrieben,
oder Hans Sachs zum Beispiel. Diese
Dinge — daß das eine verachtet wird,
was materiell ist, das andere
überschätzt wird, was geistig ist —,
die sind auch erst mit dem
Intellektualismus und seinen
Abstraktionen auf allen Gebieten
heraufgekommen. Es ist eben dieses
eingetreten, daß der Mensch durch
das moderne wirtschaftliche Leben,
in das die Technik sich
hineinergossen hat, von seinem
Produkte getrennt worden ist, so daß
ihn keine wirkliche Liebe mehr mit
dem Produzieren verbinden kann. Es
werden die Leute, die noch für
gewisse Berufszweige mit dem
Produzieren Liebe entwickeln, immer
seltener und seltener. Nur bei den
sogenannten geistigen Berufszweigen
ist diese Liebe noch vorhanden.
Daher das Unnatürliche in der
sozialen Verteilung und selbst
Gliederung in der neueren Zeit. Man
muß schon nach dem Osten
hinübergehen — heute wird es
vielleicht auch nicht mehr möglich
sein, aber v ūr Jahrzehnten war es
so —, um da noch Be- rufsfreude zu
finden. Ich muß gestehen, ich war
tief entzückt, geradezu ergriffen,
als ich vor Jahrzehnten in Budapest
einen Haarschneider, den ich in
Anspruch nahm zum Haarschneiden,
kennenlernte, und der immer
herumtanzte um mich und, nachdem er
wiederum etwas mit der Schere
heruntergekriegt hatte, sagte, indem
er den Spiegel nahm:
|
57
|
|
|
c'est
une belle coupe que je fais! C'est
une belle coupe que je fais là. —
S'il vous plaît, trouvez-vous
aujourd'hui dans la civilisation
même des coiffeurs aussi capables
d'enthousiasme !
|
|
Ein
wunderbarer Schnitt, den ich da
mache! Ein wunderbarer Schnitt, den
ich da mache! — Bitte, suchen Sie
sich heute in der eigentlichen
Zivilisation noch solchen
begeisterungsfähigen Haarschneider!
|
Ce
qui s'est introduit, c'est la
séparation de l'humain de ses
produits. Il ne s'en soucie plus. Il
est placé à la machine. En quoi
l'intéresse-cette machine ! Elle
intéresse tout au plus — pas une
fois plus le constructeur, mais tout
au plus l'inventeur, et l'intérêt
que l'inventeur y a n'est
généralement pas vraiment social.
Parce que l'intérêt social ne
commence qu'à partir du moment où
l'on peut déterminer la valeur
possible de la rente, maintenant
oui, quand on a donc réduit
l'histoire au prix.
|
31
|
Was
also eingetreten ist, ist die
Trennung des Menschen von seinem
Produkte. Es ist ihm gleichgültig
geworden. Er wird an die Maschine
hingestellt. Was interessiert ihn
diese Maschine! Sie interessiert ja
höchstens — nicht einmal mehr den
Konstrukteur, sondern höchstens den
Erfinder, und das Interesse, das der
Erfinder daran hat, ist meistens
kein wirklich soziales. Denn das
soziale Interesse fängt erst dann
an, wenn man den möglichen Wert für
die Rendite herausfinden kann, nun
ja, wenn man also die Geschichte auf
den Preis reduziert hat.
|
Mais
ce que le prolétaire moderne a
appris de préférence, c'est la vie
de l'économie. Il est placé dans
cela. S'il devait s'approcher de la
vie spirituelle, cela n'a rien à
voir avec sa vie psychique/d'âme
immédiate. Ça n'émeut/ne meut pas
l'âme. Il le prend comme quelque
chose d'étranger, comme une
idéologie. Cela repose dans le
processus historique moderne que
cette idéologie s'est développée.
|
32
|
Dasjenige
aber, was vorzugsweise der moderne
Proletarier kennengelernt hat, das
ist das Wirtschaftsleben. In das ist
er hineingestellt. Soll er an das
geistige Leben herangehen, so hängt
ihm das nirgends mit seinem
unmittelbaren seelischen Leben
zusammen. Es bewegt nicht die Seele.
Er nimmt es als etwas Fremdes auf,
als Ideologie. Es liegt im modernen
geschichtlichen Prozeß, daß sich
diese Ideologie entwickelt hat.
|
Mais
si vous réussissez seulement à faire
sentir au prolétariat qu'il en est
ainsi, alors vous avez atteint le
commencement de ce que vous devez
accomplir. Car aujourd'hui, le
prolétaire vous écoute d'abord avec
le sentiment que c'est une nécessité
naturelle absolue que tout art,
toute science, toute religion, tout
est idéologie. Loin, loin de lui, de
penser qu'avec cette vision, il
n'est devenu que le produit de
l'évolution moderne. C'est très dur
de lui faire comprendre. S'il s'en
rend compte, alors il se retourne
avec toute sa façon de penser, alors
il lui devient terrible que tout ne
devrait être qu'une idéologie, alors
lui devient toute l'illusion de
cette vision. Il est, pour ainsi
dire, celui qui est le mieux préparé
au fait que tout est devenu
idéologie, à ressentir du dégoût;
mais vous devez aller jusqu'au
sentiment. Les pensées que vous
développez à ce sujet ou que vous
avez développées en vous-même
n'intéressent pas l'auditeur. Vous
l'amenez de la manière dont je l'ai
décrit au sentir de la chose. Car il
s'agit de redresser la chose pour
les prolétaires de cette manière, en
ce qu'on donne cette coloration au
détail de ses phrases.
|
33
|
Gelingt
es Ihnen aber erst, eine Empfindung
in dem Proletarier hervorzurufen,
daß das so ist, dann haben Sie den
Anfang dessen erreicht, was Sie
erreichen sollen. Denn der
Proletarier hört Sie heute zunächst
mit dem Gefühl an: Es liegt ja in
einer absoluten Naturnotwendigkeit,
daß alle Kunst, alle Wissenschaft,
alle Religion, alles Ideologie ist.
Weit, weit entfernt liegt es ihm,
daran zu denken, daß er mit dieser
Anschauung ja eben gerade nur das
Produkt der neuzeitlichen
Entwickelung geworden ist. Es ist
sehr schwer, ihm das begreiflich zu
machen. Merkt er es, dann kehrt er
mit seiner ganzen Denkweise um, dann
wird es ihm schrecklich, daß alles
nur eine Ideologie sein soll, dann
wird er sich des ganz Illusionären
dieser Anschauung bewußt. Er ist
sozusagen derjenige, der am besten
dazu vorbereitet ist, über die
Tatsache, daß alles zur Ideologie
geworden ist, Ekel zu empfinden;
aber Sie müssen bis zur Empfindung
kommen. Die Gedanken, die Sie
darüber entwickeln oder bei sich
selber entwickelt haben, die
interessieren den Zuhörer nicht.
Sie bringen ihn in der Weise, wie
ich es geschildert habe, zum Fühlen
der Sache. Denn es handelt sich
darum, daß man die Sache für die
Proletarier auf diese Weise, indem
man einzelnen seiner Sätze diese
Färbung gibt, zurechtrückt.
|
58
|
|
|
Pour
la bourgeoisie, il faut réorganiser
les choses autrement, car ce qui est
très bon pour les prolétaires est
très mauvais pour la bourgeoisie
dans ce domaine. Et il ne s'agit pas
seulement de parler correctement,
mais, dans la diversité actuelle de
la vie, il s'agit de bon parler, au
sens strict du terme, et de parler
aussi, autant que possible, pour le
bourgeois. On doit maintenant faire
comprendre à ce bourgeois que c'est
en se montrant indifférent à ce qui
s'élevait qu'il a fait venir la
chose. Par son action, ou plutôt par
son inaction, la chose est devenue
une idéologie pour le prolétariat.
Il faut alors faire comprendre au
bourgeois que la religion était
jadis quelque chose qui remplissait
l'humain tout entier d'une ardeur
intérieure, d'où est sorti tout ce
que l'humain doit faire au fond dans
le monde extérieur. La coutume était
ce qui était sacré pour l'humain
pour la vie sociale. L'art était
quelque chose qui permettait à
l'humain de surmonter les duretés et
les pesanteurs de la vie physique et
ainsi de suite. Mais comme la valeur
de ces biens spirituels a sombré au
cours des derniers siècles! Telle
que le bourgeois la tient/maintient,
l'ouvrier ne peut plus l'éprouver
que comme une idéologie.
|
34
|
Für
die Bourgeoisie muß man die Sache
wieder anders zurechtrücken, denn,
was für die Proletarier sehr gut
ist, das ist für die Bourgeoisie
auf diesem Gebiete sehr schlecht.
Und es handelt sich nicht darum,
daß man bloß richtig redet, sondern
bei der heutigen Mannigfaltigkeit
des Lebens handelt es sich darum,
daß man gut redet, in dem gestrigen
Sinne, und daß man auch, soweit es
geht, für den Bourgeois redet.
Diesem Bourgeois muß man nun
klarmachen, daß er ja dadurch, daß
er gegenüber dem, was heraufgezogen
ist, gleichgültig war, die Sache hat
kommen machen. Durch seine
Betätigung oder vielmehr
Nichtbetätigung ist die Sache so
geworden, daß sie für den
Proletarier Ideologie geworden ist.
Dem Bourgeois muß man dann
begreiflich machen: Religion war
einmal etwas, was den ganzen
Menschen mit innerer Glut erfüllte,
aus dem alles hervorgegangen ist,
was der Mensch im Grunde genommen in
der äußeren Welt auszuführen hat.
Sitte war dasjenige, was den
Menschen für das soziale Leben
heilig war. Kunst war etwas, wodurch
sich der Mensch hinweghalf über die
Härten und Schweren des physischen
Lebens und so weiter. Aber wie ist
im Verlaufe der letzten Jahrhunderte
der Wert dieser geistigen Güter
hinuntergesunken! So wie der
Bourgeois sie hält, so kann sie der
Arbeiter nicht mehr anders denn als
Ideologie empfinden.
|
Supposons
que, pour une raison quelconque,
l'ouvrier vienne au comptoir de
l'entrepreneur. Il a ainsi ses avis
sur tout le cours de l'entreprise.
Supposons que le comptable auquel il
a été fait appel, ou l'entrepreneur
lui-même, est justement sortir.
|
35
|
Nehmen
wir einmal den Fall an, der Arbeiter
käme aus irgendeinem Grunde ins
Kontor des Unternehmers. Er hat so
seine Ansichten über den ganzen Gang
des Unternehmens. Nehmen wir an, der
Buchhalter, zu dem er gerufen worden
ist, oder der Unternehmer selbst ist
eben hinausgegangen.
|
59
|
|
|
Il
y a là un grand livre dans lequel il
y a beaucoup de choses écrites.
L'ouvrier a son point de vue sur la
façon dont ces chiffres parlent.
C'est ce qu'il vient de développer.
Eh bien, parce que le comptable ou
l'entrepreneur est dehors et qu'il
est en avance d'une demi-minute, il
fait défiler et tourne la première
page. Il y est écrit: «Avec Dieu !»
Là il devient attentif que cet
élément religieux, qui est écrit
«Avec Dieu !» sur la première page,
est vraiment l'idéologie pure, parce
qu'il n'y a vraiment pas beaucoup de
«avec Dieu» dans ce qui est écrit
sur les pages suivantes du livre,
l'ouvrier en est entièrement
convaincu. Cela repose entièrement
dans le style dont il se pense
absolument les conditions du monde :
autant de ce que les gens appellent
religion, mœurs, etc., est vrai que
dans ce livre, ce qui est écrit à la
première page: «Avec Dieu». Je ne
sais pas si, en Suisse, à la
première page de ces livres est
écrit «Avec Dieu !» ; mais il est
très répandu d'avoir son livre de
caisse, son journal, etc. «Avec
Dieu».
|
|
Da
liegt ein großes Buch, in das vieles
eingetragen ist. Über die Art und
Weise, wie diese Zahlen dadrinnen
sprechen, hat der Arbeiter so seine
Ansichten. Die hat er sich ja eben
entwickelt. Nun, weil der Buchhalter
oder der Unternehmer gerade draußen
ist und er um eine halbe Minute zu
früh gekommen ist, da blättert er um
und schlägt die erste Seite auf. Da
steht: «Mit Gott!» Da wird er
aufmerksam, daß nun wahrhaftig
dieses religiöse Element, daß da auf
der ersten Seite «Mit Gott!» steht,
nun wirklich die reine Ideologie
ist, denn daß nun wirklich nicht
-viel «mit Gott» ist, was auf den
folgenden Seiten des Buches steht,
davon ist der Arbeiter ganz
überzeugt. Das liegt ganz in dem
Stile, wie er sich die
Weltverhältnisse überhaupt denkt: So
viel ist von dem wahr, was die Leute
Religion, Sitte und so weiter
nennen, wie in diesem Buche von dem
wahr ist, was auf der ersten Seite
steht: «Mit Gott». Ich weiß nicht,
ob in der Schweiz in diesen Büchern
auch auf der ersten Seite steht «Mit
Gott!»; aber es ist sehr verbreitet,
daß man sein Kassabuch, Journal und
so weiter «Mit Gott» hat.
|
Il
s'agit donc qu'on rende clair au
bourgeois qu'il est l'instigateur de
la conception de l'idéologie chez le
prolétariat.
|
36
|
Es
handelt sich also darum, daß man dem
Bourgeois klarmacht: Er ist der
Veranlasser, daß beim Proletariat
die Auffassung entstanden ist von
der Ideologie.
|
Tout
le monde aura sa part. On en est
alors au point de pouvoir discuter
comment la vie spirituelle doit
redevenir réalité, puisqu'elle est
réellement devenue idéologie. Si
l'on n'a de l'esprit que des idées,
pas le rapport avec l'être et
l'entité spirituels réels, alors
c'est une idéologie. De là, on
obtient le pont vers le domaine où
l'on peut évoquer une représentation
de la réalité de la vie spirituelle.
Et alors il devient possible de
montrer que la vie spirituelle est
précisément une réalité fermée sur
soi, non un produit de la vie
économique, non une pure idéologie,
mais un réel fondé sur soi-même. On
doit susciter/provoquer le sentiment
que la vie spirituelle est un réel
fondé sur soi. Un réel fondé en soi
est quelque chose d'autre qu'un réel
fondé en soi purement abstrait, car
le fondé abstraitement doit être
fondé d'ailleurs.
|
37
|
Dann
hat jeder seinen Teil. Dann ist man
so weit, daß man nun
auseinandersetzen kann, wie das
geistige Leben wiederum Realität
gewinnen muß, weil es ja zur
Ideologie wirklich geworden ist.
Wenn man vom Geiste nur Ideen hat,
nicht den Zusammenhang mit dem
wirklichen geistigen Sein und Wesen,
dann ist es eben eine Ideologie. So
bekommt man von da aus die Brücke zu
dem Gebiet, auf dem man eine
Vorstellung hervorrufen kann von der
Realität des geistigen Lebens. Und
dann wird es einem möglich, darauf
hinzuweisen, wie das geistige Leben
eben eine in sich geschlossene
Realität, nicht ein Produkt des
wirtschaftlichen Lebens, nicht eine
bloße Ideologie ist, sondern ein in
sich selbst gegründetes Reales ist.
Ein Empfinden muß man dafür
hervorrufen, daß das geistige Leben
ein in sich begründetes Reales ist.
Ein in sich begründetes Reales ist
etwas anderes als ein in sich bloß
abstrakt Begründetes, denn das
abstrakt Begründete muß von
woanders aus begründet sein.
|
Le
prolétaire dit : l'idéologie est
fondée à partir de la vie
économique. — Mais pour autant que
l'humain ne s'adonne qu'à des idées
abstraites dans sa vie spirituelle,
c'est justement aussi absolument
quelque chose de fumeux, quelque
chose d'illusoire. Ce n'est que
quand on pénètre à travers cette
sorte de fumée, cet illusionnaire,
par cette idée à la réalité de la
vie de l'esprit, comme c'est le cas
par l'anthroposophie, que la vie
spirituelle peut être ressentie
comme un réel. Si la vie spirituelle
est seulement une idéologie, ainsi
ces idées jaillissent justement de
la vie économique.
|
38
|
Der
Proletarier sagt: Die Ideologie ist
von dem wirtschaftlichen Leben aus
begründet. — Insofern aber der
Mensch sich in seinem geistigen
Leben nur abstrakten Ideen hingibt,
ist das eben auch durchaus etwas
Rauchartiges, etwas Illusionäres.
Erst wenn man durch dieses
Rauchartige, durch dieses
Illusionäre, durch die Idee zu der
Realität des Geisteslebens
durchdringt, wie es durch
Anthroposophie geschieht, erst dann
kann wiederum das geistige Leben als
ein reales empfunden werden. Wenn
das geistige Leben nur eine
Ideologie ist, so strömen eben diese
Ideen herauf aus dem
wirtschaftlichen Leben.
|
60
|
|
|
Là
on doit les organiser, là on doit
leur procurer une efficacité et une
organisation artificielles. C'est
aussi ce que l'État a fait. A
l'époque où la vie spirituelle
s'évaporait en idéologie, l’État l'a
prise en main pour donner à la chose
au moins la réalité que l'on n'a pas
vécue dans le monde spirituel
lui-même.
|
|
Da
muß man sie organisieren, da muß man
ihnen eine künstliche Wirksamkeit
und Organisation verschaffen. Das
hat ja auch der Staat getan. In dem
Zeitalter, wo das geistige Leben in
Ideologie verdunstete, hat der Staat
es in die Hand genommen, um der
Sache wenigstens die Realität, die
man nicht in der geistigen Welt
selber erlebt hat, zu geben.
|
Ainsi
on doit essayer de faire comprendre
comment ce que l'État a donné de
manière non justifiée à la vie
spirituelle, puisqu'elle est devenue
idéologie, a une réalité. Cela doit
donc quand même avoir une réalité.
Quand on n'a pas de jambes et qu'on
veut marcher, on doit s'en laisser
faire des artificielles. Quelque
chose doit donc avoir réalité pour
exister. Mais la vie spirituelle
doit avoir sa propre réalité. Là on
doit éprouver, que la vie
spirituelle doit avoir sa propre
réalité.
|
39
|
So
muß man versuchen, begreiflich zu
machen, wie dasjenige, was der Staat
unberechtigterweise dem geistigen
Leben gegeben hat, da es Ideologie
geworden ist, Realität hat. Es muß
ja doch eine Realität haben. Wenn
man eben keine eigenen Beine hat und
doch gehen will, muß man sich
künstliche machen lassen. Es muß ja
etwas, um zu existieren, Realität
haben. Aber das geistige Leben soll
seine eigene Realität haben. Das muß
man empfinden, daß das geistige
Leben seine eigene Realität haben
muß.
|
Mais
d'abord, vous œuvrerez toutefois
paradoxal, tant pour la population
bourgeoise que pour la population
prolétarienne. Et vous devez
provoquer une conscience de ce que
vous œuvrez paradoxal. Vous le
pouvez en provoquant justement tout
de suite aux gens qui vous écoutent
une représentation que vous pensez
déjà justement ainsi que le
prolétaire en ce que vous parlez à
partir de sa langue, comme au
bourgeois en ce que vous parlez à
partir de sa langue. Mais alors,
après que vous ayez développé
quelque chose de tel, ce qui est
possible avec l'aide de cette
mémoire que l'on peut avoir
d'expériences dans la vie, après
avoir traversé quelque chose comme
ça dans la préparation, vous en
venez à parler aux gens d'une
manière qui, peu à peu, peut
susciter une compréhension pour les
choses pour lesquelles il faut
justement le provoquer.
|
40
|
Zunächst
werden Sie allerdings paradox
wirken, sowohl bei der bürgerlichen
wie bei der proletarischen
Bevölkerung. Und Sie müssen ein
Bewußtsein davon hervorrufen, daß
Sie paradox wirken. Das können Sie
dadurch, daß Sie eben gerade bei den
Leuten, die Ihnen zuhören, eine
Vorstellung davon hervorrufen, daß
Sie schon ebenso denken, wie der
Proletarier, indem Sie aus seiner
Sprache heraus reden, wie der
Bürgerliche, indem Sie aus seiner
Sprache heraus reden. Dann aber,
nachdem Sie solches entwickelt
haben, was mit Hilfe jener
Erinnerung, die man an Erfahrungen
im Leben haben kann, möglich ist,
nachdem Sie so etwas in der
Vorbereitung durchgemacht haben,
kommen Sie dazu, zu den Menschen so
zu sprechen, daß nach und nach ein
Verständnis für die Dinge
hervorgerufen werden kann, für die
es eben hervorgerufen werden muß.
|
On
n'apprend pas à parler par une
introduction extérieure. On doit en
quelque sorte apprendre à parler en
ce qu'on comprenne comment mettre
dans le rapport correct la pensée
reposant derrière le discours et
l'expérience qui précède/repose
avant le discours.
|
41
|
Reden
kann man nicht durch eine äußerliche
Anleitung lernen. Reden muß man
gewissermaßen dadurch lernen, daß
man das hinter dem Reden liegende
Denken und das vor dem Reden
liegende Erfahren zu dem Reden in
ein richtiges Verhältnis zu bringen
versteht.
|
Maintenant,
j'ai justement essayé aujourd'hui de
vous montrer comment la substance
doit tout d'abord être traitée. J'ai
rattaché à du familier pour vous
montrer comment la substance ne doit
pas être saisie d'une théorie
quelconque, comment elle doit être
saisie de la vie, comment elle doit
être préparée, pour alors la traiter
avec éloquence.
|
42
|
Nun
habe ich eben heute versucht, Ihnen
zu zeigen, wie der Stoff zunächst
behandelt werden muß. Ich habe an
Bekanntes angeknüpft, um Ihnen zu
zeigen, wie der Stoff nicht aus
irgendeiner Theorie her- aus
~~geschöpft werden darf, wie er aus
dem Leben heraus gefaßt werdenmuß,
wie er zubereitet werden muß, um ihn
dann rednerisch zu behandeln.
|
61
|
|
|
Ce
que j'ai dit aujourd'hui, chacun
devrait en fait le faire à sa façon,
maintenant lui-même
comme préparation à parler. En ce
qu’on fait une telle préparant, le
discours devient percutant. Par ce
qu’on fait une préparation pensante
— préparations au membrement/à
l’articulation du discours, comme je
l'ai dit au début de mes
explications d'aujourd'hui: d'une
pensée qui est alors
composée/façonnée en composition —,
le discours devient clair, de sorte
que l'auditeur puisse le recevoir
comme un tout/une unité. Par ce que
l'orateur apporte à la pensée, il ne
doit pas interférer dans ses propres
pensées. Car lorsqu'il donne ses
propres pensées, elles sont, comme
je l'ai déjà dit, telles qu'elles
n'intéressent personne en
particulier. Ce n'est qu'en ce qu’on
utilise sa propre pensée pour
membrer/articuler le discours qu'il
devient clair, et par le clair,
compréhensible.
|
|
Was
ich heute gesprochen habe, das
sollte eigentlich jeder in seiner
Art nun selber machen als
Vorbereitung für das Reden. Dadurch,
daß man solche Vorbereitung macht,
wird die Rede eindringlich.
Dadurch, daß man denkerische
Vorbereitungen macht —
Vorbereitungen zur Gliederung der
Rede, wie ich im Anfange der
heutigen Ausführungen gesagt habe:
von einem Gedanken, der dann
gestaltet wird zur Komposition —,
dadurch wird die Rede übersichtlich,
so daß der Zuhörer sie auch als
Einheit bekommen kann. Durch das,
was der Redner mitbringt an Denken,
soll er nicht in seine eigenen
Gedanken hineinwirken. Denn wenn er
seine eigenen Gedanken gibt, sind
sie, wie ich schon gesagt habe, so,
daß sie keinen einzelnen Menschen
interessieren. Erst dadurch, daß
man sein eigenes Denken verwendet,
um die Rede zu gliedern, dadurch
wird sie übersichtlich, und durch
das übersichtliche verständlich.
|
Par
les expériences que l'orateur
cherche et rassemble partout — les
pires expériences valent toujours
mieux qu’aucune! — le discours
devient percutant. Par exemple, si
vous racontez à quelqu'un ce qui
vous est arrivé, ma foi, lorsque
vous traversez un village où l'un a
failli vous gifler, il est toujours
préférable de juger la vie sur la
base de cette expérience plutôt que
de faire des théories. Sortir de
l'expérience les choses à travers
lesquelles la parole prend du sang,
parce qu'à travers la pensée, elle
n'a que des nerfs. Elle reçoit du
sang par l'expérience, et c'est par
ce sang qui vient de l'expérience
que la parole devient pénétrante.
Pour l'auditoire, vous parlez à
travers la composition, pour le cœur
de l'auditoire, vous parlez à
travers votre expérience. C'est ce
qu'il faut considérer comme une
règle d'or. Eh bien, nous pouvons
aller de l'avant étape par étape. Je
voulais tout d'abord vous montrer,
de manière plus générale, comment on
peut progressivement transformer la
substance en ce qu'elle est censée
être. Alors demain, à trois heures
de nouveau la suite.
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43
|
Durch
die Erfahrungen, die der Redner
überall zusammensuchen soll — die
schlechtesten Erfahrungen sind noch
immer besser als gar keine! — wird
die Rede eindringlich. Wenn Sie zum
Beispiel irgend jemandem erzählen,
was Ihnen passiert ist, meinetwillen
als Sie durch ein Dorf gingen, wo
Ihnen beinahe einer eine Ohrfeige
gegeben hat, so ist es noch immer
besser, wenn Sie aus einer solchen
Erfahrung heraus das Leben
beurteilen, als wenn Sie bloß
theoretisieren. Heraus aus der
Erfahrung die Dinge holen, durch die
die Rede Blut bekommt, denn durch
das Denken hat sie nur Nerven. Blut
bekommt sie durch die Erfahrung,
und durch dieses Blut, das aus der
Erfahrung kommt, wird die Rede
eindringlich. Zum Verstande der
Zuhörer reden Sie durch die
Komposition, zum Herzen der Zuhörer
reden Sie durch Ihre Erfahrung. Das
ist es, was man wie eine goldene
Regel betrachten soll. Nun, wir
können Schritt für Schritt
vorwärtsgehen. Ich wollte zunächst
heute mehr im groben zeigen, wie man
den Stoff allmählich umwandeln kann
zu dem, was er dann in der Rede zu
sein hat. Dann morgen um drei Uhr
wieder Fortsetzung.
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62
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Français
seulement
TROISIÈME CONFÉRENCE Dornach, 13 octobre 1921
Sur la double pénétration de la substance
du discours : Composition du discours, tirer
toutes les expériences de la vie immédiate.
- Un troisième aspect: élaborer les idées de
telle sorte qu'ils peuvent se tenir en face
de la satisfaction intérieure de l'âme.
Rattacher au public et à ce qui peut être
observé dans le présent sur les trois
membres de l'organisme social. Sur les
orateurs de discussion. Les concepts sont a
développer à partir des expériences de la
sensation prolétarienne. Sur le caractère
d'idéologie de la vie de l’esprit à
l'exemple de la « légende de Lessing » de
Franz Mehring,. Idéologie, conscience de
classe, plus-value, force de travail. De
l'intellectualisme et de l'abstrait dans la
vie sociale. Sur les sensations de la
bourgeoisie. Synthèse et conclusion.
01
L'une des tâches que l'on peut se poser en
tant qu'orateur dans un domaine donné
consistera à pénétrer d'une manière appropriée
la substance à traiter. Il y a une double
pénétration de la substance, dans la mesure où
la communication de cette substance par la
parole entre en ligne de compte. La première
consiste à s'approprier la substance
d'un discours de telle sorte que l'on puisse
le structurer, qu'on soit en mesure, d'une
certaine manière, de lui donner une
composition. Sans composition, il est
impossible de comprendre un discours.
L'auditeur peut apprécier l'un ou l'autre d'un
discours non composé, mais en réalité, un
discours non composé n'est pas enregistré.
Dans la mesure où il s'agit de la préparation,
il s'agit donc que l'on envisage : chaque
discours doit nécessairement devenir mauvais
en ce qui concerne l'accueil par les
auditeurs, qui ne s'est fait qu'en imaginant
une interprétation après l'autre, une phrase
après l'autre, et en quelque sorte l'un après
l'autre dans la préparation. Si l'on n'est pas
en mesure, du moins à un stade quelconque de
la préparation, d'examiner l'ensemble du
discours comme un tout, on ne peut pas
s'attendre à ce qu'il soit compris. Faire
émerger en quelque sorte tout le discours
d'une pensée globale qu'on décompose, et faire
émerger la composition en partant d'une telle
pensée unique qui englobe tout le discours,
c'est la première chose.
02
L'autre consiste à tirer de la vie immédiate
toutes les expériences que l'on peut avoir
dans le domaine du discours, c'est-à-dire, si
possible, rappeler tout ce que l'on a vécu
directement dans le sujet en question et,
après qu'on ai devant soi une sorte de
composition du discours, essayer de laisser
ici ou la entrer les expériences dans cette
composition.
03
Ce sera généralement l'esquisse à préparer. On
a donc tout le discours devant soi en
préparation, comme dans un tableau. Et on a ce
tableau devant soi avec tellement de précision
qu'on peut, comme ce sera à la mesure de la
nature, placer les différentes expériences
dont on se souvient, d'une manière ou d'une
autre, comme si l'on avait écrit sur le
papier: a, b, c, d, et qu'on avait maintenant
une expérience; on sait qu'elle appartient à
d, une autre à f, une autre à a, de sorte
qu'on est en quelque sorte indépendant de la
suite des pensées telles qu'elles seront
présentées par la suite, en ce qui concerne
cette accumulation/collecte d'expériences. .
Qu'on le fasse en le mettant sur papier ou
qu'on le fasse en toute liberté sans l'aide du
papier, cela dépendra seulement du fait que
celui qui dépend du papier parlera moins bien
et celui qui ne dépend pas du papier parlera
un peu mieux. Mais on peut naturellement faire
absolument les deux.
04
Maintenant, il s'agit que l'on fasse encore
une troisième chose, et c'est, après que l'on
ait d'un côté le tout — je ne dis jamais : le
squelette — et de l'autre côté les expériences
individuelles/particulières, on a besoin
d'élaborer les idées qui se donnent de telle
sorte que ces choses puissent se tenir devant
l'âme jusqu'à la satisfaction intérieure la
plus complète.
05
Imaginons, par exemple, que nous voulions
faire un discours sur la triarticulation. Ici,
nous nous dirons : après une introduction,
dont nous parlerons encore, et avant une
conclusion, dont nous parlerons aussi encore,
la composition d'un tel discours est en fait
déterminée par la chose elle-même. La pensée
unifiée est donnée par la chose même. C'est ce
que je dis dans cet exemple. Si l'on vit
spirituellement correctement, c'est vrai pour
tous les cas, c'est pareil pour tous. Mais
prenons cet exemple évident de la
triarticulation de l'organisme social dont
nous voulons parler. Il est évident d'emblée
que l'examen de notre thème nous conduit à
trois membres. Nous aurons à traiter l'essence
de la vie spirituelle, l'essence de la vie
juridique-étatique et l'essence de la vie
économique.
06
Toutefois il s'agira maintenant, que par une
introduction correspondante— dont nous
parlerons encore, comme je l'ai dit — non
provoquions un sentiment chez nos auditeurs
qu'il y a absolument un sens de parler de ces
choses, d'une transformation de ces choses,
dans le présent. Il s'agira alors de ne pas
partir d'explications sur ce qu'il faut
entendre par une vie de l'esprit libre, par
une vie juridique-étatique fondée sur
l'égalité, par une vie l'économie fondée sur
les associations, mais de conduire à ces
choses-là. Et c'est là qu'il faudra aller en
s'attachant à ce qui est d'abord le plus
éminemment présent sur les trois membres de
l'organisme social, c'est-à-dire ce qui est
perceptible le plus intensément par l'humain
d'aujourd'hui. Ce n'est que par là que l'on
pourra donc rattacher à du familier.
07
Supposons que nous ayons un public, et que ce
public puisse être le plus agréable et le plus
sympathique pour nous, qui serait un mélange
de population bourgeoise, de population
prolétarienne, celle-ci encore avec toutes les
nuances possibles – et s’il y a,
naturellement, aussi quelques aristocrates
parmi eux, même des aristocrates suisses,
alors naturellement , ça ne nuit absolument
pas. Supposons donc que nous ayons un public
de toutes les classes de la société jetées
l'une dans l'autre comme des dés. J'insiste
sur ce point parce qu'en tant qu'orateur, on
devrait toujours sentir à qui on a à parler
avant de commencer à parler. On devrait déjà
se mettre vivement/vivant dans la situation
d'après cette direction.
08
Or, que vaton devoir se dire d'abord sur ce
que l'on peut faire dans le public
d'aujourd'hui en ce qui concerne l'organisme
social triarticulé? On se dira qu'il se laisse
d'abord extrêmement difficile de se rattacher
à des concepts du public bourgeois, parce que
la bourgeoisie s'est, à l'époque récente, fait
exceptionnellement peu de représentations sur
les rapports sociaux, parce qu'elle a, dans
une certaine mesure végétée jusque-là,
dépourvue de pensées en rapport à la vie
sociale. Cela donnerait toujours une
impression académique si l'on voulait parler
de ces choses dans le cercle des pensées d'un
public bourgeois aujourd'hui. De l'autre côté,
on se rendra compte que, dans les trois
domaines de l'organisme social, il existe dans
la population prolétarienne des concepts
extraordinairement prononcés, aussi des
sentiments extraordinairement prononcés et
aussi une volonté sociale extraordinairement
prononcée. Et cela signifie que tout de suite
la signature de notre temps actuel, que
justement à l'intérieur de la population
prolétarienne, ces concepts cultivés sont là.
08
Mais nous devons alors toutefois traiter ces
concepts avec une grande prudence, car nous
provoquerons très facilement le préjugé selon
lequel nous voulons être partisans de la
tendance prolétarienne. C'est ce préjugé que
nous devrions en fait combattre par toute
notre façon et manière d'intervenir. Mais nous
verrons donc toutefois que, si nous partons de
concepts prolétariens, nous nous exposons
d'abord à de graves malentendus. En effet, ces
malentendus se sont perpétués à l'époque où
l'on pouvait encore travailler en Europe
centrale, à partir d'avril 1919, pour la
triarticulation de l'organisme social. Une
population bourgeoise n'entend que ce qu'elle
a ressenti pendant des décennies de
l'agitation du prolétariat, à partir de
certains concepts. Comme on pense soi-même la
chose, cela n'est d'abord presque pas du tout
saisi.
09
On doit être bien clair sur ce que l'action
dans le monde doit être absolument saisie dans
le sens, aimerais-je dire, de l'ordre du
monde. L'ordre du monde est tel — vous avez
seulement besoin de regarder les poissons de
la mer — qu'un très, très grand nombre de
germes sont déposés et que peu d'entre eux
deviennent des poissons. Il doit en être
ainsi. Mais avec cette tendance naturelle,
vous devez aussi aborder les tâches qui sont à
résoudre en tant qu'orateur: quand aussi
seulement très peu, et ceux-ci peu existé, se
trouvent d'abord lors du premier discours,
alors est en fait déjà atteint un maximum de
ce qui peut être atteint. Il s'agit donc de
choses pour lesquelles l'on tient ainsi dans
la vie, par exemple comme pour la
triarticulation de l'organisme social, que ce
qui peut être accompli sur des voies
orales/oratoires n'a justement jamais la
permission d'être abandonné/laissé tomber,
mais doit être repris et formé d'une manière
ou d'une autre, que ce soit par d'autres
discours ou d'une quelque autre manière. On
peut dire qu'en fait aucun discours est vain
qui soit tenu dans cette attitude et à
laquelle se rattache alors le nécessaire.
10
Mais on doit étre pleinement clair avec soi
sur ce qu'aussi chez une population
prolétarienne en fait, lorsque l'on parle tout
de suite de ce qu'elle pense aujourd'hui au
sens de ses théories, telles qu'elles existent
depuis des décennies, que là aussi on sera
absolument mal compris. On ne peut pas quelque
peu se poser la question : comment le fait-on
maintenant afin qu'on ne soit pas mal compris?
-- On doit seulement le faire correctement !
Mais pour cela il ne peut s'agir de se poser
quelque peu la question : comment le fait-on
donc pour ne pas être mal compris? — Elle
n'est pas difficile à résoudre, la question :
comment le fait-on pour ne pas être mal
compris? — On dit aux gens ce qu'ils ont déjà
pensé sans cela de toute façon! On leur légue
importe comment le marxisme ou quelque chose
comme ça. Alors, naturellement on sera
compris.
11
Mais il n'y a aucun intérêt à être compris de
cette manière. Sinon, on fera très bientôt
l'expérience suivante — nous devons être tout
à fait clairs sur cette expérience — si on
parle aujourd'hui à une assemblée
prolétarienne afin qu'elle puisse au moins
comprendre la terminologie — et on doit s'y
efforcer — alors nous remarquerons, en
particulier dans la discussion, que ceux qui
discutent n'ont rien compris. Les autres, on
n'apprend pas à les connaître parce qu'ils ne
participent pas aux discussions. Ceux qui
n'ont rien compris participent généralement
aux discussions après de tels discours. Et
chez ceux-là, on remarquera justement quelque
chose qui repose dans la ligne suivante. J'ai
tenu moi-même d'innombrables discours sur la
triarticulation de l'organisme social devant,
comme on l'appelle en Allemagne, des
"sociaux-démocrates majoritaires",
"sociaux-démocrates" indépendants, des
communistes, et ainsi de suite. Maintenant, on
remarquera là : si maintenant quelqu'un se
place dans la discussion et croit pouvoir
parler, c'est habituellement ainsi qu'il vous
réponde comme si on n'avait pas parlé du tout,
mais comme si quelqu'un avait parlé comme on
aurait parlé en tant qu'agitateur
social-démocrate il y a trente ans dans les
réunions de peuple. On se sent soudainement
complètement transformé. On se dit à peu prêt
: «Oui, le Malheur aurait-il dû t'arriver que
tu sois obsédé par le vieux Bébel en ce moment
? Car ainsi te sera donc en fait été à ton
encontre! Les concernés entendent même
physiquement rien d'autre que ce qu'ils sont
habitués à entendre depuis des décennies. Même
physiquement, ils n'entendent sinon rien — non
quelque peu purement psychiquement/selon l'âme
— même physiquement, ils n'entendent que ce à
quoi ils sont habitués depuis longtemps. Et
puis ils disent : Oui, le conférencier ne nous
a rien dit de nouveau! — Car ils ont, parce
qu'il était nécessaire d'utiliser la
terminologie, immédiatement à l'oreille — pas
d'abord dans l'âme — le contexte de
terminologie traduit dans ce qu'ils ont été
habitués depuis longtemps. Et puis ils
continuent à parler dans le sens de ce qu'ils
sont habitués depuis longtemps.
12
Ainsi se déroulèrent d'innombrables
discussions. Tout au plus qu'une nuance
nouvelle apparaissait parfois dans l'affaire,
lorsque les communistes s'exprimaient à partir
de leurs points de vue nouvellement acquis et
disaient: «Il est avant tout nécessaire que
l'on ait le pouvoir politique !» Ce serait
tout à fait naturel — je parle d'expérience et
je cite des exemples qui se sont déjà produits
— que l'on ait d'abord le pouvoir politique !
Et si — comme l'a dit un jour quelqu'un — s'il
avait le pouvoir politique, disons par exemple
— comme ministre de la police, ainsi il ne
s'engagerait pas lui-même en tant qu'officier
d'état-major, car il serait réparateur de
chaussures et il sait très bien qu'un
réparateur de chaussures ne sait rien des
obligations d'un officier d'état-major. S'il
était ministre de la police, puisqu'il est
réparateur de chaussures, il ne s'engagerait
pas lui-même en tant qu'officier d'état-major.
— Il ne s'est pas rendu compte qu'il disait
implicitement : être nommé ministre de la
police, il se sent bien appelé, mais pas du
tout officier d'état-major ! C'était une sorte
de nuance nouvelle pour la discussion. Les
nuances ont donc à peu près toujours été
tenues dans ce style.
13
Maintenant, malgré cela cependant, nous devons
être conscients que, parce que nous devrions
justement être compris, doit être parlé à
partir de l'âme des gens. Le subconscient va
néanmoins avec dans un certain sens quand on
parle partir de l'âme. En particulier si,
d'ailleurs, l'ordre du discours a été tel que
je l'ai indiqué et tel que je l'exposerai plus
loin. Mais nous devons alors avoir des
concepts réellement formulables à partir de
l'expérience, c'est-à-dire, en l'occurrence,
de l'expérience de la sensibilité
prolétarienne.
14
Prenons une fois le membre spirituel de
l'organisme social triarticulé. En ce qui
concerne ce membre spirituel, le prolétaire
s'est formé, depuis la montée du marxisme, des
concepts très clairs, à savoir celui
d'idéologie. Il dit : la vie de l'esprit, cela
n'a en soi aucune réalité. La religion, les
concepts de droit , les concepts moraux, etc.,
l'art, la science elle-même, ce n'est rien en
soi. En soi, il n'y a en fait que des
processus économiques. On peut voir dans
l'histoire du monde comment le réel réside
dans la façon dont les couches de la
population se situent dans la vie de
l'économie. En fonction de l'état d'une couche
de la population à l'autre dans la vie de
l'économie, les concepts, les sentiments dans
la religion, la science, l'art, la coutume, le
droit, etc., doivent se former d'eux-mêmes,
comme une sorte de fumée qui s'en dégage. Ce
ne sont pas des réalités, du droit, des
coutumes, de la religion, de l'art, mais une
idéologie. — Cette expression «idéologie»,
avec le sentiment que je viens de décrire, a
été entendue depuis des dizaines d'années dans
toutes les assemblées sociales-démocrates ou
autres. Et c'était un moyen d'éducation
particulièrement bien formé pour amener
l'humain à comprendre : la population
bourgeoise parle de la vérité en soi, des
valeurs de la science, des valeurs de la
religion, des valeurs de la morale, des
valeurs de l'art — mais tout cela n'est pas en
soi, mais tout cela est l'écume qui surgit du
processus économique. Un des leaders du monde
prolétarien, Franz Mehring, a poussé cette
affaire à un radicalisme particulier dans un
livre intitulé «La légende de Lessing».
15
Il y avait là un livre, toutefois peu
important, d'un professeur bourgeois, Erich
Schmidt, sur Lessing. Il n'est pas très
important parce qu'il ne s'agit pas vraiment
de Lessing, mais d'une statue en papier mâché,
appelée à tort «Lessing», et à laquelle Erich
Schmidt rattache les observations, les récits
et les communications dont il était capable
précisément grâce à son talent particulier ou
à son manque de talent. Il ne s'agit pas d'un
humain dans ce livre, mais d'une statue en
papier mâché, appelée «Lessing». Que ce
professeur bourgeois n'avait pas une idée très
claire du Lessing vivant, mais seulement d'une
lecture en papier mâché, cela m'était déjà
apparu lorsque le livre « Lessing » d'Erich
Schmidt n'était pas encore écrit, lorsque
j'entendis Erich Schmidt parler à Vienne dans
un discours à l'Académie des Sciences de
Vienne, où il résumait en un seul discours les
débuts des premiers chapitres de ce livre de
Lessing. À l'époque, j'ai été particulièrement
touché par ce discours, qui montrait à quel
point il n'y a pas besoin de dire quoi que ce
soit quand on se trouve dans une certaine
position sociale et qu'on peut parler,
c'est-à-dire même devant une académie des
sciences éclairée. En effet, aux endroits les
plus importants où Erich Schmidt présentait à
l'époque quelque chose qui devait caractériser
la personnalité dont il parlait, il disait
toujours, en faisant ressortir quelque chose
de la méthode de travail de Lessing et de
l'orthographe de Lessing: c'est vraiment
Lessingsch! — Et ce mot: c'est du vrai
Lessingsch ! — on l'a entendu, je crois,
cinquante fois au cours de ce discours
académique.
16
Or, si l'on a affaire à Ernst Müller de
Neu-Babelsberg et qu'on doit le caractériser,
on pourra dire exactement le même contenu, si
l'on raconte sa façon particulière de ranger,
disons, son tas de fumier : c'est vraiment du
Müllersch!- On aura dit quelque chose qui a le
même poids.
17
On avait donc affaire avec quelque chose
d'extraordinairement insignifiant. Mais un
véritable écrivain social-démocrate, comme
Franz Mehringl’était, il écrivit ce
significatif du livre Lessing d'Erich
Schmidt au circonstances qu'Erich Schmidt
justement avait mis en garde un professeur
bourgeois et qu'il avait dit : c'est justement
un produit bourgeois. — Et maintenant, il
opposait son produit prolétarien. Il appelait
ce livre «La Légende de Lessing». Il s'agit
d'examiner les conditions économiques dans
lesquelles les parents de Lessing ont vécu, ce
qu'ils ont fait, comment Lessing lui-même a
été placé dans la vie économique dans sa
jeunesse, comment il a dû devenir journaliste,
comment il a dû injecter de l'argent — c'est
aussi un contexte économique — et ainsi de
suite. En bref, il montre comment la
conception «Lao-koon» de Lessing, la
«Dramaturgie de Hambourg» de Lessing, la
«Minna von Barnhelm» de Lessing ont dû être ce
qu'elles sont, du fait que Lessing a grandi de
ces conditions économiques particulières.
18
Sur le modèle du livre «La Légende de Lessing»
du savant de parti Mehring, un élève de mon
école de formation ouvrière — j'ai fourni
pendant des années une école de formation
ouvrière, y compris dans l'enseignement de
l'élocution — a démontré dans un discours que
la philosophie kantienne est née tout
simplement des conditions économiques à partir
desquelles Kant s'est développé. Et des choses
semblables vous sont arrivées là-bas et
peuvent encore vous arriver aujourd'hui, bien
qu'elles soient devenues plus ou moins
courantes aujourd'hui. Mais c'était le cas. Et
cela signifiait que, sur la vie spirituelle,
le prolétariat moderne avait en général le
point de vue: tout ce qui existe dans la vie
spirituelle, c'est de l'idéologie.
19
En rapport à la vie étatique, le prolétaire ne
fait valoir que ce qui, dans les rapports
économiques, se révèle être une relation
d'humain à humain. Mais pour lui, ce sont les
classes. La classe dominante domine les autres
classes. Et celui qui est à l'intérieur de la
classe développe alors la conscience de
classe. En fait, ce que le prolétaire moderne
comprend de la vie étatique, c'est la classe,
et ce qui lui est proche, c'est la conscience
de classe.
20
Le troisième membre de l'organisme social est
l'économique. Là aussi, à l'intérieur du
prolétariat, il y a des concepts strictement
contourés, et le concept point central, que
l'on retrouve toujours à nouveau, comme les
concepts d'idéologie et de conscience de
classe, c'est le concept de valeur
ajoutée/plus-value. Le prolétaire comprend que
lorsqu'on fait de l'économie, une certaine
valeur apparaît dans le produit économique; de
cette valeur, il reçoit comme salaire une
partie déterminée, l'autre part part pour
quelque chose d'autre. C'est ce qu'il décrit
comme la «valeur ajoutée/plus-value» et il
s'occupe maintenant de cette plus-value dont
il a le sentiment qu'elle est prise de la
valeur de ses produits de travail.
21
En y réfléchissant, on peut voir qu'il existe
en effet, au sein de cette classe de
population qui s'est formée comme la classe
active et, en fait, agressive dans les temps
récents, des notions clairement définies pour
les trois domaines de l'organisme social
triarticulé. La vie sociale se manifeste de
trois manières — dirait un vrai théoricien
prolétarien —, d'abord par sa réalité, par
l'économie productrice de valeur. Cette
économie productrice de valeur livre la valeur
ajoutée/plus-value de la vie économique
elle-même. Les rapports de force qui s'en
établissent vont, dans la vie économique, la
seule réalité, diviser les humains socialement
actifs en classes, de sorte que, lorsqu'elles
réfléchissent à leur valeur humaine, elles en
viennent à la conscience de classe et non à la
conscience humaine. Et puis se développe comme
ce que l'on a volontiers pour le dimanche, ce
dont on a besoin— mais aussi comme cela entre
les deux — pour que les machines soient bien
conçues, pour que l'on puisse inventer de
temps à autre pendant ses heures libres,
n'est-ce pas, et ainsi de suite, alors se
développe l'idéologie qui émerge comme un
produit de fumée de la réalité réelle, de la
vie économique.
22
Je ne caricature très certainement pas, mais
je décris ce qui a vécu en des millions, non
pas en des milliers, mais en des millions
d'esprits dans les décennies qui ont précédé
la guerre, et ce qui s'est poursuivi pendant
la guerre. Le prolétaire a donc déjà en lui un
concept de la triarticulation de l'organisme
social, et on peut s'y rattacher.
23
On peut encore rattacher cela dans un sens
plus large. On peut rattacher en ce qu'au
cours des dernières années, la vie économique,
essentiellement parce qu'elle porte en elle sa
propre nécessité, s'est particulièrement
développée et que les autres éléments de la
vie, la vie spirituelle et la vie étatique,
sont restés à la traîne. Dans la vie
économique, les humains ne pouvaient pas
rester à la traîne. Ils ont dû passer d'abord
aux transports/échanges mondiaux, puis à
l'économie mondiale dans le dernier tiers du
XIXe siècle. Il y a là une nécessité
intrinsèque. En un sens, cela se fait tout
seul jusqu'à ce qu'on le ruine, comme cela
s'est produit avec la guerre. Mais parce que
les autres choses n'ont pas suivi, parce qu'un
intellectualisme abstrait s'est développé dans
les autres choses, la perception de la vie de
l'économie a eu une influence considérable,
surtout par son caractère suggestif sur toute
la population. Et ce qui semblait suggestif ne
s'est pas seulement fixé dans les
représentations, c'est devenu des
institutions. L'intellectualisme a
progressivement saisi entièrement la vie
sociale.
24
L'abstraction, l'abstrait, est propre à
l'intellectualisme. On a dans la vie, disons,
du beurre; on a dans la vie, disons, une
Vierge de Raphaël; on a dans la vie, disons,
une brosse à dents; on a dans la vie, disons,
une œuvre philosophique; on a dans la vie,
disons, un creuset de poudre pour femmes, etc.
La vie est pleine de choses, n'est-ce pas ? Je
pourrais continuer longtemps. Mais vous ne
contesterez pas que ces choses sont très, très
différentes les unes des autres et que, si
l'on veut se faire des concepts de toutes ces
choses, ces concepts, ces représentations
deviennent très, très différentes les unes des
autres. Mais dans la vie sociale récente,
quelque chose s'est développé qui est devenu
extrêmement important pour toutes les
conditions de vie, et qui n'est pas très
différencié. Car, disons, du beurre dans une
certaine quantité coûte deux francs; une
Vierge de Raphaël coûte deux millions de
francs; une brosse à dents coûte peut-être
deux francs et demi; un ouvrage philosophique
— ce sera peut-être le moins cher — qui coûte,
disons, soixante-dix francs par exemplaire,
s'il est mince; un creuset de poudre, s'il est
particulièrement bon, dix francs.
25
Maintenant nous avons ramené toute la chose au
même/à l'égal ! Maintenant nous avons purement
besoin de prendre différemment, ce qui donc
aussi appartient à nouveau à un champ, les
chiffres. Mais nous avons répandu une
abstraction, le prix en argent, partout.
26
Cela s'est particulièrement ancré/rendu vivant
dans la manière de penser des humains, même
s'ils ne se l'avouent pas toujours. Certes,
celui qui est poète se considère naturellement
comme le centre du monde, alors il ne se juge
pas ainsi, ni celui qui est philosophe, etc.
Ou encore celui qui est peintre ! Mais le
monde aujourd'hui juge toutes ces choses dans
ce style dans l'évaluation sociale des
humains. Et c'est là qu'il ressort finalement,
disons, qu'un poète pour un éditeur, depuis le
moment où il a commencé à écrire son roman
jusqu'au moment où il l'a terminé, si
l'éditeur est noble, ce poète vaut dix mille
francs. C'est donc le prix d'un poète pour un
certain temps, n'est-ce pas ? Nous l'avons
aussi amené à l'abstraction équivalente. [Il
est écrit au tableau]
2.— Fr. Beurre
2 000 000.— Fr. Madone Raphaël
2.50 Fr. Brosse à dents
—.70 Fr. Œuvre philosophique
10.— Fr. Crevettes en poudre
10 000.— Fr. Poète
3.— Fr. Main-d'œuvre/force de travail
journalière
Je pourrais donner quelques exemples, mais
j'ai déjà dit que la bourgeoisie n'y
réfléchissait pas très profondément.
Naturellement, le poète se croit tout à fait
spécial dans sa petite chambre du haut, je
pense maintenant ce qui se trouve posé à un
étage très loin en haut, mais dans la vie
sociale, pour quelque chose de très
particulier, il valait là dix mille francs.
Mais il n'y faisait pas attention s'il
n'appartenait pas tout de suite au
prolétariat. Il n'y faisait pas attention.
Mais le prolétaire y faisait attention. En
effet, il tirait de tout cela la conséquence
suivante: tu n'as pas de beurre, tu n'as pas
de poudre, tu n'as pas d'ouvrage
philosophique, mais tu as ta force de travail;
tu l'offre au fabricant, et elle vaut pour le
fabricant, disons, trois francs par jour:
force de travail journalière.
27
Si j'ai écrit ici «poète», vous devez me le
pardonner, car on a pu faire l'expérience que
le poète a été encore un peu plus mal traité
au cours des dernières décennies que le
prolétaire avec sa force de travail
quotidienne. En effet, ce dernier pouvait se
défendre mieux que le poète, et les dix mille
francs pour le poète ne valaient généralement
pas plus que les trois francs de salaire du
travail pour l'ouvrier prolétarien, à
l'exception, bien sûr, de quelques-uns, comme
il était évident que de tels poètes comme — je
ne sais pas si beaucoup se souviennent encore
d'elle — la bienheureuse Marlitt, qui a gagné
un très grand salaire avec le «Mystère de la
vieille Mamsell», roman dont la meilleure
critique serait sans doute celle qui, jadis,
aurait été, comme quelqu'un a dit: Ô Livre, si
seulement tu étais resté quand même le
Mystère/secret de l'ancienne Mamsell !
28
Maintenant, le travailleur réfléchissait à ce
qu'il était devenu en étant placé dans
l'abstraction des prix, respectivement sa
force de travail avait été placée là. Et
qu'est-ce donc une chose dans la vie de
l’économie parce que ça a un prix ? C'est une
marchandise. Dans la vie de l'économie, tout
ce pour quoi un prix peut justement être payé
doit valoir comme marchandise. Je disais que
la vie de la bourgeoisie se déroulait avec une
certaine indifférence à ce genre de choses.
Mais c'est du prolétariat que montèrent ces
concepts, et c'est de là qu'est née le concept
: nous sommes nous-mêmes devenus une
marchandise avec notre force de travail.
29
C'est quelque chose qui a maintenant œuvré
avec les trois autres concepts. Et celui qui
comprend vraiment bien la vie moderne sait,
s'il comprend correctement les quatre notions
d'idéologie, de conscience de classe, de
valeur ajoutée, de force de travail en tant
que marchandise, de sorte qu'avec ces quatre
notions, il peut s'insérer dans la vie à la
mesure de l'expérience, qu'avec ces quatre
notions, il atteint d'abord la réalité de
conscience qui existe tout de suite chez la
population active, chez cette population qui
veut consciemment une transformation des
rapports sociaux. Et ainsi on a la tache de
réfléchir sur comment traiter ces quatre
concepts.
30
Si maintenant on a mélangé un auditoire de
population prolétarienne et bourgeoise, on
aura besoin de parler ainsi que l'on fasse
remarquer d'abord comment le prolétaire a
nécessairement dû arriver à ces choses, que la
vie moderne n'a permis au prolétaire de
connaître que les processus de la vie de
l'économie. Il en est ainsi, disons, depuis le
milieu du XVe siècle. C'est là que ça commence
lentement. Car si nous remontons au milieu du
XVe siècle, nous voyons comment l'être humain
est encore lié à ses produits. Celui qui
fabrique une clé y met son âme. Celui qui fait
une chaussure y met son âme. Et je suis tout à
fait certain que chez les humains qui ont
développé ces choses de manière saine, il n'y
avait aucun mépris pour une telle chose. J'en
suis tout à fait convaincu — pas seulement
convaincu subjectivement, mais de telles
choses, on peut les prouver, quand il s'agit
de ce que — : Jakob Böhme a certainement fait
ses bottes tout aussi volontiers qu'il a écrit
ses œuvres philosophiques, ses œuvres
mystiques, ou Hans Sachs, par exemple. Ces
choses — que l'on méprise l'un, ce qui est
matériel, que l'on surestime l'autre, ce qui
est spirituel —, ne sont montées qu'avec
l'intellectualisme et ses abstractions dans
tous les domaines. Il s'est justement
introduit que la vie économique moderne, dans
laquelle s'est déversée la technique, a séparé
l'humain de ses produits, de sorte qu'il ne
peut plus lier de l'amour véritable avec le
produire. Les gens qui développent encore
l'amour pour certaines branches de métiers en
produisant se font toujours plus rares. Ce
n'est que dans les professions dites
spirituelles que cet amour existe encore. D'où
l'anormal dans la distribution sociale et même
l'articulation dans les temps récents. On doit
déjà passer à l'Est — ce n'est peut-être plus
possible aujourd'hui, mais c'était le cas il y
a des décennies — pour y trouver encore la
joie de travailler. Je dois avouer que j'ai
été ravi, ému, quand j'ai rencontré, il y a
des dizaines d'années, à Budapest, un coiffeur
que j'avais engagé pour me couper les cheveux,
qui dansait toujours autour de moi et, après
avoir à nouveau descendu quelque chose avec
les ciseaux, me disait en prenant le miroir:
c'est une belle coupe que je fais! C'est une
belle coupe que je fais là. — S'il vous plaît,
trouvez-vous aujourd'hui dans la civilisation
même des coiffeurs aussi capables
d'enthousiasme !
31
Ce qui s'est introduit, c'est la séparation de
l'humain de ses produits. Il ne s'en soucie
plus. Il est placé à la machine. En quoi
l'intéresse-cette machine ! Elle intéresse
tout au plus — pas une fois plus le
constructeur, mais tout au plus l'inventeur,
et l'intérêt que l'inventeur y a n'est
généralement pas vraiment social. Parce que
l'intérêt social ne commence qu'à partir du
moment où l'on peut déterminer la valeur
possible de la rente, maintenant oui, quand on
a donc réduit l'histoire au prix.
32
Mais ce que le prolétaire moderne a appris de
préférence, c'est la vie de l'économie. Il est
placé dans cela. S'il devait s'approcher de la
vie spirituelle, cela n'a rien à voir avec sa
vie psychique/d'âme immédiate. Ça n'émeut/ne
meut pas l'âme. Il le prend comme quelque
chose d'étranger, comme une idéologie. Cela
repose dans le processus historique moderne
que cette idéologie s'est développée.
33
Mais si vous réussissez seulement à faire
sentir au prolétariat qu'il en est ainsi,
alors vous avez atteint le commencement de ce
que vous devez accomplir. Car aujourd'hui, le
prolétaire vous écoute d'abord avec le
sentiment que c'est une nécessité naturelle
absolue que tout art, toute science, toute
religion, tout est idéologie. Loin, loin de
lui, de penser qu'avec cette vision, il n'est
devenu que le produit de l'évolution moderne.
C'est très dur de lui faire comprendre. S'il
s'en rend compte, alors il se retourne avec
toute sa façon de penser, alors il lui devient
terrible que tout ne devrait être qu'une
idéologie, alors lui devient toute l'illusion
de cette vision. Il est, pour ainsi dire,
celui qui est le mieux préparé au fait que
tout est devenu idéologie, à ressentir du
dégoût; mais vous devez aller jusqu'au
sentiment. Les pensées que vous développez à
ce sujet ou que vous avez développées en
vous-même n'intéressent pas l'auditeur. Vous
l'amenez de la manière dont je l'ai décrit au
sentir de la chose. Car il s'agit de redresser
la chose pour les prolétaires de cette
manière, en ce qu'on donne cette coloration au
détail de ses phrases.
34
Pour la bourgeoisie, il faut réorganiser les
choses autrement, car ce qui est très bon pour
les prolétaires est très mauvais pour la
bourgeoisie dans ce domaine. Et il ne s'agit
pas seulement de parler correctement, mais,
dans la diversité actuelle de la vie, il
s'agit de bon parler, au sens strict du terme,
et de parler aussi, autant que possible, pour
le bourgeois. On doit maintenant faire
comprendre à ce bourgeois que c'est en se
montrant indifférent à ce qui s'élevait qu'il
a fait venir la chose. Par son action, ou
plutôt par son inaction, la chose est devenue
une idéologie pour le prolétariat. Il faut
alors faire comprendre au bourgeois que la
religion était jadis quelque chose qui
remplissait l'humain tout entier d'une ardeur
intérieure, d'où est sorti tout ce que
l'humain doit faire au fond dans le monde
extérieur. La coutume était ce qui était sacré
pour l'humain pour la vie sociale. L'art était
quelque chose qui permettait à l'humain de
surmonter les duretés et les pesanteurs de la
vie physique et ainsi de suite. Mais comme la
valeur de ces biens spirituels a sombré au
cours des derniers siècles! Telle que le
bourgeois la tient/maintient, l'ouvrier ne
peut plus l'éprouver que comme une idéologie.
35
Supposons que, pour une raison quelconque,
l'ouvrier vienne au comptoir de
l'entrepreneur. Il a ainsi ses avis sur tout
le cours de l'entreprise. Supposons que le
comptable auquel il a été fait appel, ou
l'entrepreneur lui-même, est justement sortir.
Il y a là un grand livre dans lequel il y a
beaucoup de choses écrites. L'ouvrier a son
point de vue sur la façon dont ces chiffres
parlent. C'est ce qu'il vient de développer.
Eh bien, parce que le comptable ou
l'entrepreneur est dehors et qu'il est en
avance d'une demi-minute, il fait défiler et
tourne la première page. Il y est écrit: «Avec
Dieu !» Là il devient attentif que cet élément
religieux, qui est écrit «Avec Dieu !» sur la
première page, est vraiment l'idéologie pure,
parce qu'il n'y a vraiment pas beaucoup de
«avec Dieu» dans ce qui est écrit sur les
pages suivantes du livre, l'ouvrier en est
entièrement convaincu. Cela repose entièrement
dans le style dont il se pense absolument les
conditions du monde : autant de ce que les
gens appellent religion, mœurs, etc., est vrai
que dans ce livre, ce qui est écrit à la
première page: «Avec Dieu». Je ne sais pas si,
en Suisse, à la première page de ces livres
est écrit «Avec Dieu !» ; mais il est très
répandu d'avoir son livre de caisse, son
journal, etc. «Avec Dieu».
36
Il s'agit donc qu'on rende clair au bourgeois
qu'il est l'instigateur de la conception de
l'idéologie chez le prolétariat.
37
Tout le monde aura sa part. On en est alors au
point de pouvoir discuter comment la vie
spirituelle doit redevenir réalité,
puisqu'elle est réellement devenue idéologie.
Si l'on n'a de l'esprit que des idées, pas le
rapport avec l'être et l'entité spirituels
réels, alors c'est une idéologie. De là, on
obtient le pont vers le domaine où l'on peut
évoquer une représentation de la réalité de la
vie spirituelle. Et alors il devient possible
de montrer que la vie spirituelle est
précisément une réalité fermée sur soi, non un
produit de la vie économique, non une pure
idéologie, mais un réel fondé sur soi-même. On
doit susciter/provoquer le sentiment que la
vie spirituelle est un réel fondé sur soi. Un
réel fondé en soi est quelque chose d'autre
qu'un réel fondé en soi purement abstrait, car
le fondé abstraitement doit être fondé
d'ailleurs.
38
Le prolétaire dit : l'idéologie est fondée à
partir de la vie économique. — Mais pour
autant que l'humain ne s'adonne qu'à des idées
abstraites dans sa vie spirituelle, c'est
justement aussi absolument quelque chose de
fumeux, quelque chose d'illusoire. Ce n'est
que quand on pénètre à travers cette sorte de
fumée, cet illusionnaire, par cette idée à la
réalité de la vie de l'esprit, comme c'est le
cas par l'anthroposophie, que la vie
spirituelle peut être ressentie comme un réel.
Si la vie spirituelle est seulement une
idéologie, ainsi ces idées jaillissent
justement de la vie économique.
Là on doit les organiser, là on doit leur
procurer une efficacité et une organisation
artificielles. C'est aussi ce que l'État a
fait. A l'époque où la vie spirituelle
s'évaporait en idéologie, l’État l'a prise en
main pour donner à la chose au moins la
réalité que l'on n'a pas vécue dans le monde
spirituel lui-même.
39
Ainsi on doit essayer de faire comprendre
comment ce que l'État a donné de manière non
justifiée à la vie spirituelle, puisqu'elle
est devenue idéologie, a une réalité. Cela
doit donc quand même avoir une réalité. Quand
on n'a pas de jambes et qu'on veut marcher, on
doit s'en laisser faire des artificielles.
Quelque chose doit donc avoir réalité pour
exister. Mais la vie spirituelle doit avoir sa
propre réalité. Là on doit éprouver, que la
vie spirituelle doit avoir sa propre réalité.
40
Mais d'abord, vous œuvrerez toutefois
paradoxal, tant pour la population bourgeoise
que pour la population prolétarienne. Et vous
devez provoquer une conscience de ce que vous
œuvrez paradoxal. Vous le pouvez en provoquant
justement tout de suite aux gens qui vous
écoutent une représentation que vous pensez
déjà justement ainsi que le prolétaire en ce
que vous parlez à partir de sa langue, comme
au bourgeois en ce que vous parlez à partir de
sa langue. Mais alors, après que vous ayez
développé quelque chose de tel, ce qui est
possible avec l'aide de cette mémoire que l'on
peut avoir d'expériences dans la vie, après
avoir traversé quelque chose comme ça dans la
préparation, vous en venez à parler aux gens
d'une manière qui, peu à peu, peut susciter
une compréhension pour les choses pour
lesquelles il faut justement le provoquer.
41
On n'apprend pas à parler par une introduction
extérieure. On doit en quelque sorte apprendre
à parler en ce qu'on comprenne comment mettre
dans le rapport correct la pensée reposant
derrière le discours et l'expérience qui
précède/repose avant le discours.
42
Maintenant, j'ai justement essayé aujourd'hui
de vous montrer comment la substance doit tout
d'abord être traitée. J'ai rattaché à du
familier pour vous montrer comment la
substance ne doit pas être saisie d'une
théorie quelconque, comment elle doit être
saisie de la vie, comment elle doit être
préparée, pour alors la traiter avec
éloquence. Ce que j'ai dit aujourd'hui, chacun
devrait en fait le faire à sa façon,
maintenant lui-même comme préparation à
parler. En ce qu’on fait une telle préparant,
le discours devient percutant. Par ce qu’on
fait une préparation pensante — préparations
au membrement/à l’articulation du discours,
comme je l'ai dit au début de mes explications
d'aujourd'hui: d'une pensée qui est alors
composée/façonnée en composition —, le
discours devient clair, de sorte que
l'auditeur puisse le recevoir comme un
tout/une unité. Par ce que l'orateur apporte à
la pensée, il ne doit pas interférer dans ses
propres pensées. Car lorsqu'il donne ses
propres pensées, elles sont, comme je l'ai
déjà dit, telles qu'elles n'intéressent
personne en particulier. Ce n'est qu'en ce
qu’on utilise sa propre pensée pour
membrer/articuler le discours qu'il devient
clair, et par le clair, compréhensible.
43
Par les expériences que l'orateur cherche et
rassemble partout — les pires expériences
valent toujours mieux qu’aucune! — le discours
devient percutant. Par exemple, si vous
racontez à quelqu'un ce qui vous est arrivé,
ma foi, lorsque vous traversez un village où
l'un a failli vous gifler, il est toujours
préférable de juger la vie sur la base de
cette expérience plutôt que de faire des
théories. Sortir de l'expérience les choses à
travers lesquelles la parole prend du sang,
parce qu'à travers la pensée, elle n'a que des
nerfs. Elle reçoit du sang par l'expérience,
et c'est par ce sang qui vient de l'expérience
que la parole devient pénétrante. Pour
l'auditoire, vous parlez à travers la
composition, pour le cœur de l'auditoire, vous
parlez à travers votre expérience. C'est ce
qu'il faut considérer comme une règle d'or. Eh
bien, nous pouvons aller de l'avant étape par
étape. Je voulais tout d'abord vous montrer,
de manière plus générale, comment on peut
progressivement transformer la substance en ce
qu'elle est censée être. Alors demain, à trois
heures de nouveau la suite.
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