Institut pour une triarticulation sociale
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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA339

Anthroposophie, tri-articulation sociale et art de la parole




PREMIÈRE CONFÉRENCE

Dornach, le 11 octobre 1921
 
ERSTER VORTRAG

Dornach, 11. Oktober 1921

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 339  009-025 1984  11/10/1921



Original





Trad. F.G. - v. 01 - 25/05/2024 Editeur: SITE

Problème, le but et la méthodologie de la série de conférences. De l'interaction entre les forces de l'âme entre l'orateur et l'auditeur. Lignes directrices pour la préparation et la mise en œuvre d'un discours: Le discours doit venir du cœur; trouver de la compréhension pour la sympathie et l'antipathie de l'auditeur; se souvenir du sentiment qu’on a eu soi-même à l'origine vis-à-vis du contenu; clarification du contenu de la pensée déjà lors de la préparation; ne pas formuler le contenu du discours mot à mot; au début du discours, la personnalité de l'orateur doit devenir efficace; il peut se faire un peu ridicule; vers la fin une certaine inquiétude par rapport à la dernière phrase devrait devenir sensible; les première et dernière phrases sont à formuler mot à mots par avance- - Caractérisation de Michael Bernays comme orateur. .. L'élément de volonté dans le discours en lien avec la préparation. A propos du succès et de l’échec d'un orateur. Le discours au pied levé.


Problemstellung, Absicht und Methodik der Vortragsreihe. Vom Wechselspiel der Seelenkräfte zwischen Redner und Zuhörer. Richtlinien für die Vorbereitung und Durchführung einer Rede: Die Rede soll vom Herzen kommen; Verständnis aufbringen für Sympathie und Antipathie des Zuhörers; Besinnen auf das Gefühl, das man selbst gegenüber dem vorzubringenden Inhalt ursprünglich gehabt hat; Abklärung des Gedankeninhaltes schon während der Vorbereitung; den Inhalt der Rede nicht wortwörtlich formulieren; zu Beginn der Rede sollte die Persönlichkeit des Redners wirksam werden; er darf sich auch ein wenig lächerlich machen; gegen Ende solhe eine gewisse Ängstlichkeit in bezug auf den letzten Satz spürbar werden; die ersten und letzten Sätze sind wortwörtlich vorzuformulieren. — Charakterisierung Michael Bernays als Redner. Das Willenselement in der Rede in Verbindung mit der Vorbereitung. Über Erfolg und Mißerfolg eines Redners. Die Rede aus dem Stegreif.




Je suis d'avis qu'avec ce cours il s'agit d'un entretien/une discussion sur ce qui est nécessaire pour entrer/s'engager alors réellement dans le mouvement de l'anthroposophie et de la triarticulation, pour autant qu'il entre en ligne de compte aujourd'hui. Le cours ne sera donc pas conçu comme un cours d'orateur ou autre, mais comme une sorte de cours d'orientation pour les personnalités qui se donnent justement pour tâche d'oeuvrer dans la direction indiquée.

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Ich habe die Meinung, daß es sich bei diesem Kursus handelt um eine Besprechung dessen, was notwendig ist, um dann wirklich für die Be­wegung für Anthroposophie und Dreigliederung, insofern sie heute in Betracht kommt, einzutreten. Der Kursus wird also nicht so einge­richtet sein, daß er etwa ein Rednerkursus oder dergleichen im allge­meinen sein sollte, sondern als eine Art Orientierungskursus für die Persönlichkeiten, die es sich zur Aufgabe machen, eben in der angedeu­teten Richtung zu wirken.

Les personnalités qui acceptent simplement comme une sorte de communication ce qui peut venir de l'anthroposophie ne pourront pas tirer grand chose de ce cours. En effet, nous avons actuellement besoin d'efficacité au sein de notre mouvement. Cette efficacité, il semble qu'il soit difficile de l'allumer. Il semble que la vue que cette efficacité est vraiment nécessaire dans notre époque se propage difficilement.

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Persönlichkeiten, welche einfach wie eine Art von Mitteilung ent­gegennehmen, was von Anthroposophie kommen kann, werden nicht viel haben können von diesem Kursus. Wir brauchen ja in der Gegen­wart durchaus Wirksamkeit innerhalb unserer Bewegung. Diese Wirk­samkeit, sie scheint schwer zu entfachen zu sein. Es scheint sich die Einsicht schwer zu verbreiten, daß diese Wirksamkeit in unserer Ge­genwart wirklich notwendig ist.

Il ne s'agira donc pas ici d'un cours de discours formel, mais précisément de ce qui est nécessaire à quelqu'un qui veut accomplir une tâche très précise, précisément celle que nous avons évoquée. Sur le sol du mouvement anthroposophique, il ne devrait pas être fait usage de la langue de bois/d'un parler alentour en général. C'est tout de suite la caractéristique de notre culture et de notre civilisation actuelles qu'est parler des choses à la ronde en général, que les tâches concrètes sont peu saisies, et que l'on s'intéresse aussi de préférence à un discours en général.

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Es wird sich daher hier nicht um einen formalen Redekursus han­deln, sondern gerade um dasjenige, was für jemanden notwendig ist, der eine ganz bestimmte, eben die angedeutete Aufgabe erfüllen möchte. Von einem Herumreden im allgemeinen sollte überhaupt auf dem Boden der anthroposophischen Bewegung nicht Gebrauch ge­macht werden. Das ist ja gerade das Kennzeichen unserer gegenwärti­gen Kultur und Zivilisation, daß im allgemeinen über die Dinge her­umgeredet wird, daß konkrete Aufgaben wenig erfaßt werden, daß man auch vorzugsweise Interesse für ein Herumreden im allgemei­nen hat.

C'est pourquoi, dans ce cours, je n'aurai pas à traiter des choses que je vais développer sur le plan du contenu, de la manière dont elles peuvent servir d'information, mais j'essaierai de les traiter - et cela doit être le cas dans un tel cours d'orientation, parce qu'il doit justement servir de base à une tâche déterminée - de la manière dont elles peuvent ensuite être utilisées dans le discours oral.

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Ich werde daher in diesem Kursus auch nicht die Dinge zu behan­deln haben, die ich inhaltlich auseinandersetzen werde, wie sie einer Information dienen können, sondern ich werde versuchen, sie so zu be­handeln — und das muß ja in einem solchen orientierenden Kursus der Fall sein, weil er eben Unterlage für eine bestimmte Aufgabe sein soll —, wie sie dann eingehen können in die mündliche Rede.

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Et je traiterai ce discours oral en tenant compte du fait que celui qui veut se placer un tel discours oral pour tâche, n'œuvre pas dans un cadre où de l'intérêt est déjà disponible, mais oeuvre dans une, deux ou trois conférences/exposés, par lesquels il éveille d'abord l'intérêt.

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Und ich werde diese mündliche Rede so behandeln, daß Rücksicht darauf genommen wird, daß derjenige, welcher sich eine solche mündliche Rede zur Auf­gabe stellt, nicht etwa innerhalb eines Rahmens wirkt, wo schon In­teresse vorhanden ist, sondern wirkt in ein, zwei oder drei Vorträgen, durch die er erst das Interesse wecken soll.

C'est donc dans ce sens très concret que je souhaite façonner ce cours. Et les points de vue généraux que je vais aborder aujourd'hui doivent déjà être entendus dans ce sens très concret, de sorte que l'on dirait des choses inexactes si l'on présentait ce que je vais dire aujourd'hui ou dans les prochains jours - comme il est de bon ton aujourd'hui - comme des phrases abstraites. J'aurai à parler aujourd'hui des formalités.

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Also in diesem ganz konkreten Sinne möchte ich diesen Kursus ge­stalten. Und schon die allgemeinen Gesichtspunkte, die ich heute be­sprechen werde, sollen durchaus in diesem ganz konkreten Sinne ge­meint sein, so daß man Unzutreffendes sagen würde, wenn man das, was ich heute oder in den nächsten Tagen sagen werde — wie es heute beliebt ist —, als abstrakte Sätze hinstellen würde. Von den Formalien werde ich heute zu sprechen haben.

Chaque fois que l'on se donne pour tâche de transmettre quelque chose à ses semblables dans un discours oral, il se produit naturellement une interaction entre l'humain qui doit communiquer quelque chose, œuvrer pour quelque chose, inciter à/enflammer pour quelque chose, et entre les humains qui l'écoutent. Il y a une interaction des forces de l'âme. Et c'est sur cette interaction des forces de l'âme que nous voulons d'abord diriger notre attention.

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Jedesmal, wenn man sich die Aufgabe stellt, in der mündlichen Rede etwas an seine Mitmenschen heranzubringen, wird sich ja selbst­verständlich eine Wechselwirkung abspielen zwischen dem Menschen, der etwas mitzuteilen, für etwas zu wirken, zu etwas zu befeuern hat, und zwischen den Menschen, die ihm zuhören. Ein Wechselspiel der Seelenkräfte findet statt. Und auf dieses Wechselspiel der Seelenkräfte wollen wir zunächst unsere Aufmerksamkeit lenken.

Ces forces de l'âme vivent donc dans le penser, le sentir et le vouloir, et jamais seulement une force unique de l'âme est active pour soi chez l'humain sous une forme abstraite, mais dans chaque force de l'âme particulière jouent les autres forces de l'âme, de sorte que lorsque nous pensons, notre penser oeuvre toujours aussi le sentir et le vouloir, de même que le penser et la vouloir dans notre sentir, et le penser et le sentir dans notre vouloir. Cependant, on ne peut pas considérer la vie de l'âme - aussi dans son interaction entre les humains - autrement qu'en considérant cette tendance d'un côté vers le penser et de l'autre vers le vouloir. Et là, dans le sens de notre tâche d'aujourd'hui, nous devons dire : ce que nous pensons n'intéresse aucun humain ; et celui qui croit que ses pensées, dans la mesure où ce sont des pensées, intéressent un quelconque humain, ne pourra pas se fixer une tâche oratoire. - Nous aurons encore à parler plus exactement de ces choses.

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Diese Seelenkräfte leben ja in Denken, Fühlen und Wollen, und niemals ist beim Menschen nur eine einzige Seelenkraft für sich in ab­strakter Form tätig, sondern in jede einzelne Seelenkraft spielen die anderen Seelenkräfte hinein, so daß, wenn wir denken, in unserem Denken immer auch das Fühlen und das Wollen wirkt, ebenso in unse­rem Fühlen das Denken und das Wollen und im Wollen wiederum das Denken und das Fühlen. Dennoch aber kann man das seelische Leben — auch in seiner Wechselwirkung zwischen den Menschen -- nicht anders betrachten, als indem man dieses Tendieren auf der einen Seite nach dem Denken und auf der anderen Seite nach dem Wollen ins Auge faßt. Und da müssen wir im Sinne unserer Aufgabe von heute nun sa­gen: Was wir denken, das interessiert keinen Menschen; und wer glaubt, daß seine Gedanken, insofern sie Gedanken sind, irgendeinen Menschen interessieren, der wird sich eine rednerische Aufgabe nicht stellen können. — Wir werden über diese Dinge dann noch genauer zu sprechen haben.

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- Et le vouloir auquel nous voulons enflammer une assemblée, ou peut-être seulement un autre humain, le vouloir que nous voulons mettre dans notre discours, cela irrite les humains, ils le rejettent instinctivement.


— Und das Wollen, zu dem wir etwa eine Versammlung oder vielleicht auch nur einen einzelnen anderen Menschen be­feuern wollen, das Wollen also, das wir etwa in unsere Rede hinein­legen wollen, das ärgert die Menschen, das weisen sie instinktiv zu­rück.

On a d'abord affaire à l'action de différents instincts lorsqu'on aborde les humains par la parole. La pensée que l'on déploie soi-même en soi n'intéresse pas les humains, le vouloir les irrite. Si l'on demandait à quelqu'un de vouloir telle ou telle chose, nous provoquerions d'abord son irritation, et si l'on déroulait nos pensées les plus belles et les plus géniales comme des monologues devant les humains, ils s'en iraient. Cela doit être un principe de base pour l'orateur.

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Man hat es zunächst mit dem Wirken verschiedener Instinkte zu tun, wenn man rednerisch an die Menschen herantritt. Das Denken, das man selber in sich entfaltet, interessiert die Menschen nicht, das Wollen ärgert sie. Wenn also jemand etwa aufgefordert würde, dieses oder jenes zu wollen, so würden wir zunächst sein Ärgernis hervor­rufen, und wenn wir unsere schönsten und genialsten Gedanken wie Monologe vor den Menschen entrollen würden, so würden sie gehen. Das muß Grundsatz für den Redner sein.

Je ne dis pas qu'il en est ainsi lorsque nous caractérisons une conversation générale entre des personnes ou une discussion de café ou autre. Car je ne parle pas de la façon dont ces choses doivent être caractérisées, mais je parle de ce qui devrait nous animer/dôter d'âme, de ce qui doit vivre en nous comme une juste impulsion pour parler, si parler doit avoir un but précisément dans la direction que j'entends ici. Ce que l'on se propose comme maxime : nos pensées n'intéressent aucun public, notre volonté irrite tout public - cela n'a pas besoin d'être une caractéristique.

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Ich sage nicht, daß das so ist, wenn wir etwa eine allgemeine Unter­haltung unter Menschen oder einen Kaffeeklatsch oder dergleichen charakterisieren. Denn ich rede nicht darüber, wie diese Dinge zu cha­rakterisieren sind, sondern ich rede von dem, was uns beseelen soll, was in uns leben soll als richtiger Antrieb für das Reden, wenn das Reden gerade in der Richtung, wie ich es hier meine, einen Zweck haben soll. Was man sich als Maxime vorsetzt: Unsere Gedanken interessieren kein Publikum, unser Wollen ärgert jedes Publikum — das braucht nicht eine Charakteristik zu sein.

Or, nous devons tenir compte de cela : lorsque quelqu'un parle, il ne parle généralement pas à partir de la seule essence du discours, mais à partir de toutes sortes de situations. Il parle peut-être à partir de quelque chose dont on parle ou que l'on décrit depuis des semaines dans le lieu où il parle. Il rencontre naturellement un tout autre intérêt que lorsqu'il a une première phrase à dire, qui touche à quelque chose qui n'a pas du tout préoccupé son auditoire jusqu'à présent. Lorsque quelqu'un parle ici au Goetheanum, c'est bien sûr tout autre chose que lorsqu'il parle dans une auberge à Buchs. Je pense même pouvoir faire abstraction du fait qu'au Goetheanum, on parle peut-être devant des gens qui se sont déjà penchés depuis longtemps sur la matière, qui ont lu ou entendu quelque chose à ce sujet, alors que ce n'est peut-être pas le cas à Buchs. Je pense tout l’environnement :

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Nun müssen wir ja berücksichtigen: Wenn jemand redet, so redet er meistens nicht aus der Wesenheit des Redens allein heraus, sondern er redet aus allerlei Situationen heraus. Er redet vielleicht aus irgend­einer Angelegenheit heraus, die schon wochenlang an dem Orte, wo er redet, besprochen oder beschrieben wird. Er begegnet natürlich einem ganz anderen Interesse, als wenn er einen ersten Satz zu sagen hat, der etwas berührt, was seine Zuhörer bisher nicht im geringsten beschäftigt hat. Wenn jemand hier im Goetheanum redet, ist es natürlich etwas ganz anderes, als wenn er in einem Wirtshaus in Buchs redet. Ich meine jetzt sogar, davon absehen zu können, daß man vielleicht im Goetheanum vor Leuten redet, die sich schon längere Zeit mit dem Stoff be­faßt haben, die etwas darüber gelesen oder gehört haben, während das vielleicht in Buchs nicht der Fall ist. Ich meine die ganze Umgebung:

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le fait de venir dans un bâtiment comme le Goetheanum permet de s'adresser au public d'une toute autre manière que si l'on parlait dans une auberge à Buchs. Et ainsi sont d'innombrables circonstances à partir desquelles on parle qui doivent toujours être prises en considération.


Die Tatsache, daß man in einen Bau kommt wie das Goetheanum, macht es möglich, in ganz anderer Weise sich an das Publikum zu wen­den, als wenn man in einem Wirtshaus in Buchs spricht. Und so sind unzählige Umstände, aus denen heraus man redet, die immer berück­sichtigt werden müssen.

Mais cela fonde, en particulier en notre temps, la nécessité de s'orienter un peu sur ce qui ne doit pas être, sur ce qui doit être. Prenons le cas le plus extrême : un vrai professeur moyen aurait à tenir un discours. Il a d'abord affaire à ses pensées sur l'objet ; et s'il est un vrai professeur moyen, il a aussi affaire à la conviction que ces pensées qu'il pense sont absolument les meilleures du monde sur l'objet en question. Tout le reste ne l'intéresse tout d'abord pas. Il se note ces pensées. Et bien sûr, lorsqu'il amène ces pensées sur le papier, elles sont bien couchées sur le papier. Ensuite, il met ce manuscrit dans sa poche latérale gauche, va au Goetheanum ou à l'auberge de Buchs, trouve un pupitre quelconque, placé de manière appropriée et à bonne distance des yeux, pose le manuscrit dessus et lit. Je ne dis pas que tout le monde fait cela, mais c'est un cas fréquent et caractéristique de notre époque, et il nous montre l'horreur que l'on peut avoir aujourd'hui à parler. C'est le cas devant lequel on devrait avoir le de dégoût.

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Das aber begründet insbesondere in unserer Zeit die Notwendigkeit, an dem, was nicht sein soll, ein wenig sich zu orientieren über das, was sein soll. Nehmen wir den extremsten Fall: Ein richtiger Durchschnitts­professor habe eine Rede zu halten. Er hat es zunächst mit seinen Ge­danken über den Gegenstand zu tun; und wenn er ein richtiger Durch­schnittsprofessor ist, hat er es zu tun auch mit der Überzeugung, daß diese Gedanken, die er denkt, überhaupt die allerbesten der Welt sind über den betreffenden Gegenstand. Alles übrige interessiert ihn zu­nächst nicht. Er schreibt sich diese Gedanken auf. Und selbstverständ­lich, wenn er diese Gedanken zu Papier bringt, sind sie gut zu Papier gebracht. Dann steckt er sich dieses Manuskript in seine linke Seiten­tasche, geht hin, gleichgültig ob ins Goetheanum oder ins Wirtshaus zu Buchs, findet irgendein Rednerpult, das in entsprechender Weise in richtiger Entfernung von den Augen aufgestellt ist, legt das Manu­skript darauf und liest ab. Ich sage nicht, daß es jeder so macht, aber es ist ein häufig vorkommender und für unsere Gegenwart doch cha­rakteristischer Fall, und er weist uns auf das Grauen, das man heute haben kann vor dem Reden. Es ist der Fall, vor dem man am aller­meisten Abscheu haben sollte.

Et puisque j'ai dit que nos pensées n'intéressent en fait personne, que notre volonté irrite en fait chacun, alors il semble qu'il s'agisse du sentiment ; il semble donc qu'une formation particulièrement importante du sentiment doive reposer à la base pour la parole. De tels sentiments auront donc déjà une signification, peut-être lointaine, mais fondamentale dans un certain sens : que nous ayons acquis le juste dégoût de ce cas extrême. J'ai entendu une fois, dans une grande assemblée, une conférence du célèbre Helmholtz, présentée de cette manière : le manuscrit sorti de la poche latérale gauche - lu ! Après cela, un journaliste est venu me voir et m'a dit : "Pourquoi cette conférence n'a-t-elle pas été imprimée et un

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Und da ich gesagt habe, daß unsere Gedanken eigentlich niemanden interessieren, unser Wollen eigentlich jeden ärgert, dann scheint es auf das Fühlen anzukommen; es scheint also eine besonders bedeutsame Ausbildung des Fühlens zugrunde liegen zu müssen für das Reden. Also werden schon solche Gefühle, wenn auch vielleicht von einer ent­fernten, so doch in einem gewissen Sinne fundamentalen Bedeutung sein: daß wir uns den richtigen Abscheu angeeignet haben vor diesem extremen Fall. Ich habe einmal in einer größeren Versammlung einen Vortrag des berühmten Helmholtz gehört, der allerdings in dieser Weise gehalten worden ist: das Manuskript aus der linken Seitentasche her­ausgezogen — abgelesen! Nachher kam ein Journalist zu mir und sagte: Warum ist eigentlich dieser Vortrag nicht gedruckt worden und ein

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exemplaire aurait été mis dans la main de tous ceux qui étaient là ? - et Helmholtz aurait alors fait le tour et aurait tendu la main à chacun ! - Cette main tendue aurait peut-être été plus précieuse pour les auditeurs que la terrible position assise sur les chaises dures à laquelle ils étaient condamnés pour se faire lire quelque chose en un temps plus long qu'ils n'auraient pu le lire eux-mêmes. La plupart d'entre eux, s'ils avaient voulu comprendre, auraient en outre mis beaucoup de temps à le faire ; mais même une brève écoute ne leur a aidé en rien.

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Exemplar jedem, der da war, in die Hand gedrückt worden? — und Helmholtz wäre dann herumgegangen und hätte jedem die Hand ge­reicht! — Diese Handreichung wäre vielleicht den Zuhörern wertvoller gewesen als das schreckliche Sitzen auf den harten Stühlen, zu dem sie verurteilt waren, um in einer längeren Zeit, als sie es selber hätten lesen können, sich irgend etwas vorlesen zu lassen. Die meisten hätten ja wohl, wenn sie es hätten verstehen wollen, überdies sehr lange dazu gebraucht; aber denen hat auch das kurze Anhören nichts geholfen.

On doit déjà réfléchir à toutes ces choses concrètes si l'on veut comprendre comment l'art de la parole peut être recherché dans la vérité et l'honnêteté.

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Man muß schon über alle diese konkreten Dinge durchaus nach­denken, wenn man verstehen will, wie in Wahrheit und Ehrlichkeit die Kunst des Redens angestrebt werden kann.

Lors du congrès des philosophes à Bologne, le discours le plus important a été prononcé de telle sorte qu'il se trouvait en trois langues et en trois exemplaires sur chaque chaise. Il fallait d'abord le prendre en main pour pouvoir s'asseoir dessus, sur la chaise vide. Ensuite, le discours, qui durait un peu plus d'une heure, était lu à partir de cet imprimé. Avec un tel processus, même le plus beau des discours n'est plus un discours, car la compréhension dans la lecture est quelque chose d'essentiellement différent de la compréhension dans l'écoute. Et ces choses doivent absolument être prises en considération si l'on veut s'initier de manière vivante à de telles tâches.

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Auf dem Philosophenkongreß in Bologna wurde die bedeutsamste Rede so gehalten, daß sie in drei Sprachen in je drei Exemplaren auf jedem Stuhl lag. Man mußte sie erst in die Hand nehmen, um sich dar­auf setzen zu können, auf den leeren Stuhl. Und dann wurde aus die­sem Gedruckten die Rede, die etwas länger als eine Stunde dauerte, vorgelesen. Durch einen solchen Vorgang ist selbst die schönste Rede eben keine Rede mehr, denn das Verstehen im Lesen ist etwas wesent­lich anderes als das Verstehen im Hören. Und diese Dinge müssen durchaus berücksichtigt werden, wenn man sich in lebensvoller Weise in solche Aufgaben hineinfinden will.

Certes, même un roman peut nous émouvoir au point de nous faire verser des larmes à certains endroits. Je veux dire bien sûr un bon roman, mais il ne peut le faire qu'à certains endroits, il ne peut pas le faire du début à la fin. Mais qu'est-ce qui se produit en fait dans la lecture, que nous soyons pris par ce que nous lisons ? Lorsque nous sommes absorbés par ce que nous lisons, nous avons un certain travail à accomplir, qui est très fortement lié à l'intérieur de notre humanité. Car celui qui ne sait pas lire ne peut pas faire ce travail. Un travail intérieur est effectué lorsque nous lisons. Ce travail que nous effectuons consiste à porter notre regard sur les différentes lettres, à mettre en œuvre ce que nous avons appris dans le regroupement des lettres, afin d'extraire un sens de ce regard, de ce regroupement et de cette réflexion.

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Gewiß, auch ein Roman kann uns so rühren, daß wir Tränen ver­gießen an bestimmten Stellen. Ich meine selbstverständlich ein guter Roman, aber er kann das nur an bestimmten Stellen, kann es nicht vom Anfang bis zum Ende. Aber was liegt denn da eigentlich vor beim Lesen, daß wir hingenommen werden vom Gelesenen? Wenn wir von dem Gelesenen hingenommen werden, haben wir eine gewisse Arbeit zu verrichten, die sehr stark mit dem Inneren unserer Menschenwesenheit zusammenhängt. Denn derjenige, der nicht lesen kann, kann diese Arbeit gar nicht verrichten. Es wird eine innere Arbeit verrichtet, wenn wir lesen. Diese Arbeit, die wir da verrichten, die besteht ja dar­in, daß wir, indem wir den Blick auf einzelne Buchstaben lenken, wirklich das, was wir gelernt haben im Zusammenfassen der Buch­staben, ausführen, um aus diesem Ansehen und Zusammenfassen und überdenken einen Sinn herauszubekommen.

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C'est un processus qui se déroule dans notre corps éthérique, dans la réception, et qui fait encore fortement appel au corps physique, dans la perception.


Das ist ein Vorgang, welcher in unserem ,Ätherleib vor sich geht, im Aufnehmen, und noch stark den physischen Leib in Anspruch nimmt, in der Wahrnehmung.

Mais tout cela disparaît dans la simple écoute. Dans la simple écoute, toute cette activité n'a pas lieu. Mais toute cette activité est liée d'une certaine manière à la réception d'une chose. L'humain a besoin d'elle s'il veut enregistrer une chose. Il a besoin du faire avec de son corps éthérique et même en partie de son corps physique, non seulement dans l'organe des sens, c'est-à-dire dans l'oreille, mais il a besoin, dans l'écoute, d'une vie psychique si active que cette vie psychique ne s'épuise pas dans le corps astral, mais qu'elle fasse vibrer le corps éthérique, et que ce corps éthérique fasse aussi vibrer le corps physique. En effet, ce qui doit s'accomplir en termes d'activité lors de la lecture doit aussi se développer lors de l'écoute d'un discours, mais, je dirais, sous une toute autre forme, parce qu'il ne peut pas être là tel qu'il est lors de la lecture. Et ce qui est dépensé en lisant, c'est un sentiment transformé, un sentiment refoulé dans le corps éthérique et dans le corps physique, qui devient une force. En tant que sentiment, en tant que contenu émotionnel, nous devons être en mesure de le produire, même dans le discours le plus abstrait.

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Das alles fällt aber beim bloßen Zuhören einfach weg. Beim bloßen Zuhören findet diese ganze Tätigkeit nicht statt. Aber diese ganze Tätigkeit ist in einer bestimmten Weise doch verbunden mit dem Auf­nehmen einer Sache. Der Mensch bedarf ihrer, wenn er eine Sache auf­nehmen will. Er braucht ein Mittun seines Ätherleibes und teilweise sogar seines physischen Leibes nicht bloß im Sinnesorgan, also im Ohr, sondern er braucht im Zuhören ein so reges Seelenleben, daß sich dieses Seelenleben nicht im Astralleib erschöpft, sondern den Ätherleib in Schwingungen bringt, und dieser Ätherleib dann noch den physi­schen Leib mit in Schwingungen bringt. Dasjenige nämlich, was sich beim Lesen an Aktivität vollziehen muß, das muß sich auch beim An­hören einer Rede entwickeln, aber, ich möchte sagen, in einer ganz an­deren Form, weil es ja so nicht da sein kann, wie es beim Lesen ist. Und was da beim Lesen aufgewendet wird, das ist umgewandeltes Ge­fühl, in den Ätherleib und in den physischen Leib hinuntergedrängtes Fühlen, das Kraft wird. Als Gefühl, als Gefühlsinhalt müssen wir es selbst bei der abstraktesten Rede in der Lage sein, aufzubringen.

Il est vrai que nos pensées n'intéressent personne en tant que telles, que nos impulsions de volonté agacent tout le monde et que seuls nos sentiments constituent ce dont dépendent l'impression, l'effet - au sens légitime du terme, bien sûr - d'un discours.

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Es ist wirklich so, daß unsere Gedanken als solche keinen Menschen interessieren, unsere Willensimpulse jeden ärgern und allein unsere Gefühle dasjenige ausmachen, wovon der Eindruck, die Wirkung — im berechtigten Sinne natürlich — einer Rede abhängt.

La question la plus importante qui se pose est donc celle-ci : Comment pourrons-nous avoir dans notre discours quelque chose qui, d'une manière suffisamment forte - sans être envahissant, parce que sinon nous hypnotiserions ou suggérerions - puisse produire une telle tingérance émotionnelle, une telle affirmation des sentiments ?

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Es entsteht daher als wichtigste Frage diese: Wie werden wir in unserer Rede etwas haben können, was in genügend starker Weise — ohne aufdringlich zu sein, weil wir ja sonst hypnotisieren oder sugge­rieren würden — eine solche Gefühlstingierung, eine solche Gefühls­durchsetzung wird hervorbringen können?

Il ne peut y avoir de règles abstraites par lesquelles on apprend à parler avec émotion/sensation. Car quelqu'un qui a cherché dans toutes sortes d'instructions de telles règles selon lesquelles on peut parler avec des sentiments, parler de manière impressionnante, on lui fera déjà remarquer quelque chose du fait que son discours ne vient certainement pas du cœur, qu'il provient tout à fait d'ailleurs que du cœur. Et en fait, tout discours devrait absolument venir du cœur.

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Es kann nicht abstrakte Regeln geben, durch die man lernt, wie man mit Gefühl sprechen kann. Denn jemand, der sich in allerlei An­leitungen solche Regeln aufgesucht hat, nach denen man mit Gefühl sprechen kann, eindrucksvoll sprechen kann, dem wird man schon irgend etwas davon anmerken, daß seine Rede ihm ganz gewiß nicht aus dem Herzen kommt, daß sie ganz anderswo herstammt als aus dem Herzen. Und eigentlich müßte jede Rede durchaus aus dem Herzen kommen.

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Même le discours le plus abstrait devrait venir du cœur, et il le peut. Et c'est justement de cela que nous devons parler : comment même le discours le plus abstrait peut tout à fait venir du cœur.


Auch die abstrakteste Rede müßte aus dem Herzen kommen, und sie kann es. Und gerade das ist es, was wir besprechen müssen: wie auch die abstrakteste Rede durchaus aus dem Herzen kommen kann.

Nous devons seulement être conscients de ce qui se passe réellement dans l'âme tranquille de l'auditeur lorsqu'il nous écoute. Non pas lorsqu'il nous écoute et que nous lui disons quelque chose qu'il est impatient d'entendre, mais lorsque nous lui demandons de nous écouter en tant qu'orateur. Car en fait, c'est toujours une sorte d'attaque contre notre prochain que de lui tenir un discours. Et c'est aussi quelque chose dont nous devons être tout à fait conscients, que c'est une attaque contre les auditeurs, lorsque nous leur adressons un discours.

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Wir müssen uns nur klar sein darüber, was eigentlich im Gemüte des Zuhörers rege ist, wenn er uns zuhört. Nicht, wenn er uns zuhört und wenn wir ihm irgend etwas sagen, was er begierig ist zu hören, sondern wenn wir ihm zumuten, daß er uns als Redner anhören soll. Denn eigentlich ist es ja immer eine Art Attacke auf unsere Mitmen­schen, wenn wir mit einer Rede auf sie losgehen. Und auch das ist etwas, dessen wir uns durchaus bewußt sein müssen, daß es eine Attacke ist auf die Zuhörer, wenn wir mit einer Rede auf sie losgehen.

Tout ce que je dis - je dois toujours l'ajouter en parenthèse - vaut comme maxime pour les orateurs, et non comme caractéristique des échanges sociaux ou de quoi que ce soit d'autre ; cela vaut comme maxime pour les orateurs. Si je parlais en termes d'échanges sociaux, je ne pourrais évidemment pas formuler les mêmes phrases. Je dirais des folies. Car si l'on parle dans le concret, une phrase telle que : Nos pensées n'intéressent personne - est soit quelque chose de très intelligent, soit une grande bêtise. Tout ce que nous disons peut être une stupidité dans l'ensemble du contexte humain ou une sagesse ; cela dépend seulement de la manière dont cela se place dans le contexte. C'est pourquoi, pour un orateur, il est nécessaire de disposer de tout autre chose que d'instructions sur l'art formel du discours.

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Alles das, was ich sage — ich muß das immer wieder in Parenthese hinzufügen —, gilt als Maxime für Redner, nicht als Charakteristik des sozialen Verkehrs oder sonst für etwas; es gilt als Maxime für Redner. Wenn ich in bezug auf den sozialen Verkehr sprechen würde, so könnte ich natürlich nicht dieselben Sätze prägen. Da würde ich Torheiten sagen. Denn wenn man im Konkreten spricht, so kann ein solcher Satz wie: Unsere Gedanken interessieren keinen Menschen — entweder etwas sehr Kluges sein oder aber eine große Dummheit. Alles, was wir sagen, kann eine Dummheit sein im ganzen menschlichen Zusammen­hang oder eine Klugheit; es kommt nur darauf an, in welcher Art es sich in den Zusammenhang hineinstellt. Daher sind für einen Redner ganz andere Dinge notwendig als Anleitungen zur formalen Rede­kunst.

Il s'agit donc de reconnaître : Qu'est-ce qui est effectif dans l'auditeur ? Dans l'auditeur, il y a de la sympathie et de l'antipathie. Elles se manifestent, plus ou moins inconsciemment, lorsque nous l'attaquons avec un discours. Sympathie ou antipathie ! Mais il n'a certainement pas de sympathie pour nos pensées dans un premier temps. Ni avec nos impulsions de volonté, avec ce que nous voulons en quelque sorte de lui, avec ce à quoi nous voulons l'exhorter. On doit avoir une certaine compréhension de la sympathie ou de l'antipathie pour ce que nous disons, si l'on veut aborder l'art oratoire d'une manière ou d'une autre. La sympathie et l'antipathie n'ont en fait rien à voir avec la pensée ou la volonté,

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Es handelt sich also darum, zu erkennen: Was ist denn eigentlich in dem Zuhörer wirksam? Im Zuhörer ist wirksam Sympathie und Antipathie. Die machen sich, mehr oder weniger unbewußt, durchaus geltend, wenn wir ihn mit einer Rede attackieren. Sympathie oder Antipathie! Aber mit unseren Gedanken hat er sicherlich zunächst keine Sympathie. Auch nicht mit unseren Willensimpulsen, mit dem, was wir von ihm gewissermaßen wollen, mit dem, wozu wir ihn er­mahnen wollen. Für Sympathie oder Antipathie zu dem, was wir sa­gen, muß man ein gewisses Verständnis haben, wenn man irgendwie an die Redekunst herantreten will. Sympathie und Antipathie haben eigentlich weder mit dem Denken noch mit dem Willen etwas zu tun,

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mais agissent ici dans le monde physique uniquement pour les sentiments, pour le sentimental. Et une compréhension consciente de la sympathie et de l'antipathie chez l'auditeur agit comme si nous nous bloquions le chemin vers lui - il faut absolument que cette compréhension de la sympathie et de l'antipathie soit quelque chose qui ne vienne absolument pas à la conscience de l'auditeur, notamment pendant le discours. Et travailler sur la sympathie et l'antipathie, c'est comme si nous faisions chaque pas de telle sorte que le sol sur lequel nous marchons soit l'autre pied, comme si nous marchions toujours d'un pied sur l'autre. C'est à peu près ce qui se passe dans le discours lorsque nous voulons intercepter la sympathie ou l'antipathie. Nous devons avoir la compréhension la plus fine pour la sympathie et de l'antipathie de l'auditeur, mais il n'est pas permis que pendant le discours le moindre de sa sympathie ou antipathie nous repose/concerne. Nous devons tout ce qui oeuvre dans sympathie et antipathie, si j'ai la permission de dire ainsi, zpporter dans le discours, par des détours, dans la préparation.


sondern wirken hier in der physischen Welt lediglich für die Gefühle, für das Gefühlsmäßige. Und ein bewußtes Verständnis beim Zuhörer für Sympathie und Antipathie wirkt so, als ob wir uns den Weg zu ihm versperren würden — es muß durchaus dieses Verständnis für Sym­pathie und Antipathie etwas sein, das namentlich während der Rede durchaus nicht zum Bewußtsein des Zuhörers kommt. Und ein Hin­arbeiten auf die Sympathie und Antipathie wirkt so, wie wenn wir jeden Schritt so machen würden, daß der Boden, auf den wir auftreten, dabei der andere Fuß ist, als ob wir immer mit dem einen Fuß auf den anderen treten würden. So ungefähr wirkt es in der Rede, wenn wir die Sympathie oder Antipathie abfangen wollen. Wir müssen das feinste Verständnis haben für Sympathie und Antipathie des Zuhörers, aber es darf uns während der Rede nicht das geringste an seiner Sympathie oder Antipathie liegen! Wir müssen alles das, was in Sympathie und Antipathie hineinwirkt, wenn ich so sagen darf, auf Umwegen, in der Vorbereitung, in die Rede hineinbringen.

Tout de suite aussi peuqu'il peut y avoir d'instructions abstraites pour la peinture ou la sculpture, il ne peut y avoir de règles abstraites pour la parole. Mais tout comme on peut stimuler l'art de la peinture, on peut stimuler l'art de la parole. Et il s'agit seulement de prendre tout à fait au sérieux les choses qui peuvent être proposées dans ce sens.

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Geradesowenig wie es Anleitungen abstrakter Art fürs Malen ge­ben kann oder fürs Bildhauern, ebensowenig kann es Regeln abstrak­ter Art fürs Reden geben. Aber ebenso wie man die Kunst des Malens anregen kann, so auch die Kunst der Rede. Und es handelt sich nur darum, daß man die Dinge, die in dieser Richtung vorgebracht wer­den können, völlig ernst nimmt.

Prenons d'abord l'exemple de l'enseignant qui s'adresse aux enfants. Le génie et la sagesse de l'enseignant sont les éléments les moins importants pour l'expression orale dans l'enseignement. Le fait de savoir si nous pouvons bien enseigner les mathématiques ou la géographie ne dépend que très peu du fait que nous soyons nous-mêmes un bon mathématicien ou un bon géographe. Nous pouvons être un excellent géographe, mais un mauvais professeur de géographie, et ainsi de suite. La qualité de l'enseignement, qui consiste en grande partie à parler, dépend de ce que l'on a ressenti, de ce que l'on a éprouvé à propos des choses que l'on doit présenter, et des sensations qui sont à nouveau stimulées par le fait que l'on a l'enfant devant soi. C'est pourquoi la pédagogie de l'école Waldorf, par exemple, se résume à la connaissance de l'être humain, c'est-à-dire à la connaissance de l'enfant ;

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Nehmen wir zunächst, um von einem Beispiel auszugehen, den Lehrer, der zu Kindern spricht. Von der Genialität und Weisheit des Lehrers hängt eigentlich für das Sprechen im Unterrichten das aller­wenigste ab. Das allerallerwenigste hängt dabei, ob wir gut Mathema­tik oder Geographie lehren können, davon ab, ob wir selbst ein guter Mathematiker oder ein guter Geograph sind. Wir können ein ausge­zeichneter Geograph, aber ein schlechter Lehrer der Geographie sein und so weiter. Es hängt die Güte beim Lehren, das ja doch zum größ­ten Teil auch im Sprechen besteht, davon ab, was man einmal über die Dinge, die man vorzubringen hat, gefühlt, empfunden hat, und was für Empfindungen wieder angeregt werden dadurch, daß man das Kind vor sich hat. Deshalb läuft zum Beispiel die Pädagogik der Waldorfschule auf Menschenkenntnis hinaus, das heißt auf Kindeskenntnis;

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non pas une connaissance de l'enfant transmise par une psychologie abstraite, mais qui repose sur une compréhension pleinement humaine de l'enfant, à tel point qu'on amène les choses, par le biais d'un sentiment condensé jusqu'à l'abandon immédiat et aimant, à ressentir l'enfant à son tour. De ce sentiment que l'on éprouve à l'égard de l'enfant et de ce que l'on a soi-même ressenti et éprouvé à l'égard de ce que l'on doit présenter, découle instinctivement la manière de parler ou d'agir.


nicht auf eine Kindeskenntnis, die durch abstrakte Psycho­logie vermittelt ist, sondern die auf einem vollmenschlichen Begreifen des Kindes beruht, so weit, daß man es durch das bis zum unmittelbaren liebevollen Hingeben verdichtete Gefühl dazu bringt, das Kind nach­zuempfinden. Dann ergibt sich aus dieser Nachempfindung, die man gegenüber dem Kinde hat, und aus dem, was man selber einmal gefühlt und empfunden hat an dem, was man vorzubringen hat, aus alledem ergibt sich ganz instinktiv die Art, wie man zu sprechen oder auch zu hantieren hat.

Il ne sert à rien, par exemple, d'enseigner à un enfant stupide en utilisant la sagesse du monde que l'on possède soi-même. La sagesse n'est utile à un enfant stupide que si on l'a eue hier et si on l'a utilisée pour la préparation. Au moment où l'on enseigne à l'enfant stupide, il faut avoir le génie d'être soi-même aussi stupide que l'enfant et n'avoir que la présence d'esprit de se souvenir de la manière dont on a été sage hier lors de la préparation. Il faut pouvoir être stupide avec l'enfant stupide, inutile avec l'enfant bon à rien - au moins dans l'âme tranquille -, sage avec l'enfant sage, et ainsi de suite. On doit vraiment être comme un enseignant - j'espère que ce mot n'éveille pas trop d'antipathies parce qu'il est trop axé sur la pensée ou la volonté -, on doit vraiment être une sorte de caméléon si l'on veut enseigner correctement.

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Es nützt zum Beispiel gar nichts, ein blödes Kind so zu unterrich­ten, daß man die Weisheit der Welt, die man selber hat, anwendet. Weisheit hilft einem bei einem blöden Kinde nur, wenn man sie gestern gehabt und zur Vorbereitung gebraucht hat. In dem Augenblick, wo man das blöde Kind unterrichtet, muß man die Genialität haben, selber so blöde zu sein wie das Kind, und nur die Geistesgegenwart haben, sich zu erinnern an die Art, wie man gestern weise war bei der Vorbereitung. Man muß mit dem blöden Kind blöde, mit dem nichtsnutzigen Kinde — im Gemüt wenigstens — nichtsnutzig, mit dem braven Kind brav sein können und so weiter. Man muß wirklich als Lehrer — ich hoffe, daß dieses Wort nicht allzustarke Antipathien erweckt, weil es zu stark nach Gedanken oder Willen gerichtet ist —, man muß wirklich eine Art Chamäleon sein, wenn man richtig unterrichten will.

J'ai donc bien aimé ce que certains enseignants Waldorf ont trouvé pour augmenter la discipline grâce à leur génie. Ainsi, par exemple, notre ami Walter Johannes Stein, lorsque les enfants s'écrivent des petites lettres qu'ils se passent pendant qu'il transmet Jean Paul, ne commence pas par des exhortations et autres choses de ce genre, mais il va voir la chose en toute patience et fait ensuite une parenthèse dans le cours : il insère dans le cours un tout petit chapitre sur le système postal ! Cela fonctionne bien mieux que toutes les exhortations. L'écriture de lettres pendant le cours s'arrête alors en classe. Cela repose bien sûr sur une saisie très concrète du moment. Mais il faut bien sûr avoir cette présence d'esprit. Il faut savoir que les sympathies et les antipathies que l'on veut susciter sont plus profondes qu'on ne le pense habituellement.

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Es gefiel mir daher zum Beispiel ganz gut, was manche Waldorf­lehrer zur Erhöhung der Disziplin aus ihrer Genialität heraus gefun­den haben. So fängt zum Beispiel unser Freund Walter Johannes Stein, wenn sich die Kinder, während erJean Paul tradiert, Briefchen schrei­ben, die sie sich reichen, nicht an mit Ermahnungen und dergleichen, sondern er geht hin, schaut sich die Sache in aller Geduld an und macht dann eine Unterrichtsparenthese: er fügt in den Unterricht ein ganz kleines Kapitel über das Postwesen ein! Das wirkt viel besser als alle Ermahnungen. Das Briefeschreiben während der Stunde hört dann auf in der Klasse. Das beruht natürlich auf einem ganz konkreten Ergreifen des Augenblickes. Aber diese Geistesgegenwart muß man. selbstverständlich haben. Man muß wissen, daß Sympathien und Anti­pathien, die man erregen will, tiefer sitzen, als man gewöhnlich meint.

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Et c'est pourquoi il est extrêmement important que l'enseignant - lors de la préparation, surtout lorsqu'il doit traiter un chapitre quelconque en classe - se rende pleinement compte de la manière dont il a lui-même abordé ce chapitre, lorsqu'il avait le même âge que ses enfants, de ce qu'il a alors ressenti. Non pas pour devenir à nouveau pédant et se comporter le lendemain, lorsqu'il traitera ce sujet, de telle sorte qu'il se sente à nouveau ainsi ! Non, il suffit que ce sentiment soit évoqué lors de la préparation, qu'il soit vécu lors de la préparation. Et ensuite, il s'agit d'agir le lendemain avec la connaissance de l'être humain que je viens de décrire.

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Und so ist es außerordentlich wichtig, daß der Lehrer — in der Vor­bereitung vor allen Dingen, wenn er irgendein Kapitel in der Klasse zu behandeln hat — sich völlig gegenwärtig macht, wie er selber an dieses Kapitel herangetreten ist, als er in demselben Lebensalter war, wie seine Kinder sind, wie er da gefühlt hat. Nicht, um jetzt wieder­um pedantisch zu werden und sich am nächsten Tag, wenn er es be­handelt, so zu arten, daß er nun etwa wieder so fühlt! Nein, es ist schon genügend, wenn in der Vorbereitung dieses Gefühl heraufgeholt wird, wenn es in der Vorbereitung durchgemacht wird. Und dann handelt es sich darum, daß man nun eben am nächsten Tage mit der eben ge­schilderten Menschenkenntnis wirkt.

Là aussi, il s'agit de trouver en nous-mêmes la possibilité de façonner, à partir de nos sentiments, la matière du discours qui, comme nous l'avons dit, fait partie de la matière enseignée.

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Also auch da handelt es sich darum, daß wir selbst in uns die Mög­lichkeit finden, aus dem Gefühl heraus den Redestoff, der ja, wie ge­sagt, ein Teil des Unterrichtsstoffes ist, zu gestalten.

La meilleure façon de se rendre compte de l'effet que les choses peuvent avoir, c'est de regarder ce qui suit dans les yeux de l'âme : Si donc quelque chose de sentimental doit agir dans ce qui traverse notre discours, nous ne pouvons naturellement pas parler sans penser, bien que les pensées n'intéressent en fait pas nos auditeurs, et nous ne pouvons pas non plus parler sans volonté, bien que le vouloir les irrite ; nous voudrons même très souvent parler de telle sorte que cela entre dans les impulsions de volonté des humains, que nos semblables fassent quelque chose à la suite de notre discours. Mais en tout cas, nous ne devons pas organiser le discours de telle sorte que nous devenions ennuyeux pour les auditeurs par le contenu de nos pensées et antipathiques pour eux par l'impulsion de volonté que nous voulons donner.

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Wie die Dinge wirken können, machen wir uns am besten gegen­wärtig, wenn wir auch noch das Folgende ins Seelenauge fassen: Wenn also etwas Gefühlsmäßiges wirken muß in dem, was unsere Rede durch­pulst, so können wir natürlich nicht gedankenlos sprechen, obwohl die Gedanken eigentlich unsere Zuhörer nicht interessieren, und wir können auch nicht willenlos sprechen, obschon das Wollen sie ärgert; wir werden sogar sehr häufig so sprechen wollen, daß es in die Willens­impulse der Menschen hineingeht, daß infolge unserer Rede unsere Mitmenschen etwas tun. Aber wir dürfen jedenfalls die Rede nicht so einrichten, daß wir durch unseren Gedankeninhalt den Zuhörern lang­weilig und durch den Willensanstoß, den wir geben wollen, ihnen anti­pathisch werden.

C'est pourquoi il s'agira d'établir un accord complet sur le discours avec nous-mêmes, si possible bien avant de le tenir, d'avoir ainsi établi un accord complet avec nous-mêmes sur ce qui est du penser. Cela n'a rien à voir avec le fait que nous parlions ensuite couramment ou que nous parlions de manière saccadée. Ce dernier point dépend, comme nous le verrons, de circonstances tout à fait différentes. Mais ce qui doit agir dans le discours, d'une certaine manière inconsciemment, est lié au fait que nous avons convenu du contenu de la pensée avec nous-mêmes beaucoup, beaucoup plus tôt.

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Daher wird es sich darum handeln, daß wir das Denken über die Rede ganz mit uns abmachen, möglichst lange, bevor wir sie hal­ten, daß wir also das Denkerische ganz und gar zunächst mit uns selbst abgemacht haben. Das hat nichts damit zu tun, ob wir dann geläufig reden, ob wir holperig reden. Das letztere hängt, wie wir sehen werden, von ganz anderen Umständen ab. Aber das, was gewissermaßen un­bewußt in der Rede wirken muß, das hängt damit zusammen, daß wir den Gedankeninhalt viel, viel früher mit uns selbst abgemacht haben.

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Le monologue de la pensée qui doit être le plus vivant possible, nous devons l'avoir convenu auparavant, ce monologue de la pensée qui s'organise de telle sorte que nous nous déplaçons nous-mêmes pendant cette préparation dans le discours et le contre-discours, que nous anticipons autant que possible toutes les objections. Car le seul fait de vivre notre discours en pensée de cette manière nous permet d'ôter à notre discours l'épine qu'il a sinon en toutes circonstances pour l'auditoire. Nous devons en quelque sorte adoucir notre discours en ayant vécu auparavant l'acidité de la succession des pensées, du développement logique, mais en l'ayant vécu si possible de telle sorte que nous ne formulions pas le contenu littéral du discours, que nous n'en ayons aucun pressentiment - je dois bien sûr parler en maximes, les choses ne peuvent naturellement pas être acceptées dans cette extrémité - que nous n'ayons aucun pressentiment, lorsque nous commençons à parler, de la manière dont nous allons formuler les phrases. Mais le contenu de la pensée doit être convenu. Avoir une formulation mot à mot pour tout le discours est quelque chose qui ne peut finalement jamais conduire à un discours vraiment bon. Car cela se rapproche déjà beaucoup de l'écriture, et nous n'avons qu'à imaginer qu'à notre place il y ait un phonographe qui donne la chose de lui-même ; alors la différence entre l'écriture et la machine qui donne la chose est encore plus petite. Mais si nous avons formulé un discours au préalable, de manière à ce qu'il soit élaboré et que nous puissions le prononcer mot à mot, nous ne sommes pas très différents d'une machine à laquelle nous avons donné un coup de pouce et que nous débrayons ensuite. Il n'y a pas beaucoup de différence entre écouter un discours prononcé mot à mot, tel qu'il a déjà été élaboré mot à mot, et le lire, si ce n'est que lorsqu'on lit, l'orateur ne nous dérange pas continuellement, alors que lorsqu'on écoute un discours que l'on a appris à prononcer mot à mot, l'orateur nous dérange continuellement. La préparation des pensées se fait donc de la bonne manière, en ce sens qu'elle précède la tenue du discours jusqu'à l'accord absolu avec soi-même, mais en pensées. On doit en avoir fini avec ce que l'on veut présenter/exposer.


Den Gedankenmonolog, der möglichst lebhaft sein soll, den müssen wir vorher abgemacht haben, jenen Gedankenmonolog, der sich so ge­staltet, daß wir uns selber während dieser Vorbereitung in Rede und Gegenrede bewegen, daß wir möglichst alle Einwände vorausnehmen. Denn allein dadurch, daß wir in dieser Weise unsere Rede vorher in Gedanken erleben, nehmen wir unserer Rede den Stachel, den sie sonst unter allen Umständen für die Zuhörerschaft hat. Wir müssen gewis­sermaßen unsere Rede dadurch versüßen, daß wir das Saure der Ge­dankenfolge, des logischen Ausbaues, vorher durchgemacht haben, aber möglichst so durchgemacht haben, daß wir uns den wortwört­lichen Inhalt der Rede nicht formulieren, daß wir keine Ahnung da­von haben — ich muß natürlich in Maximen reden, die Dinge können ja natürlich nicht in dieser Extremheit hingenommen werden —, daß wir keine Ahnung davon haben, wenn wir zu reden beginnen, wie wir uns die Sätze formulieren werden. Die Gedankeninhalte aber müssen abgemacht sein. Die wortwörtliche Formulierung gar für die ganze Rede zu haben, ist etwas, was schließlich niemals zu einer wirklich guten Rede führen kann. Denn das kommt schon sehr nahe dem Auf­geschriebenhaben, und wir brauchen uns da bloß vorzustellen, daß statt unser ein Phonograph dastünde, der die Sache von selbst von sich gäbe; dann ist der Unterschied noch kleiner zwischen dem Auf­geschriebenhaben und der Maschine, die das von sich gibt. Aber wenn wir eine Rede vorher formuliert haben, so daß sie so ausgearbeitet ist, daß sie wortwörtlich von uns gesprochen werden kann, so unterschei­den wir uns ja nicht sehr stark von einer Maschine, der wir das einge­kurbelt haben und die wir dann abkurbeln. Da ist schon gar nicht viel Unterschied zwischen dem Anhören einer Rede, die wortwörtlich so gesprochen wird, wie sie schon wortwörtlich ausgearbeitet wurde, und dem Lesen, außer dem, daß einen beim Lesen nicht der Redner fort­während stört, während einen beim Anhören einer also eingelernten Rede, die man wortwörtlich spricht, der Redner ja fortwährend stört. Die Gedankenvorbereitung also wird dadurch in der richtigen Weise gepflogen, daß sie ganz bis zum absoluten Einigwerden mit sich selbst, aber in Gedanken, dem Halten der Rede vorangeht. Fertig muß man sein mit dem, was man vorbringen will.

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Il y a toutefois quelques exceptions pour les discours ordinaires que l'on tient devant un auditoire autrement inconnu. En effet, si l'on commence tout de suite, devant un tel auditoire, par exposer ce que l'on a élaboré en pensée, en quelque sorte de manière méditative, dès la première phrase, sous l'inspiration immédiate, si je puis m'exprimer ainsi, alors on ne fait pas quelque chose de très bon pour les auditeurs. En effet, au début d'un discours, il faut déjà rendre sa personnalité un peu efficace ; au début du discours, on ne doit pas tout de suite effacer sa personnalité, parce que, je dirais, il faut d'abord stimuler la partie vibrante du sentiment.

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Allerdings, einige Ausnahmen sind da für gewöhnliche Reden, die man vor einer sonst unbekannten Zuhörerschaft hält. Wenn man näm­lich vor einer solchen Zuhörerschaft gleich damit beginnt, daß man dasjenige, was man so in Gedanken gewissermaßen meditativ ausge­arbeitet hat, vom ersten Satz an nun auch unter der unmittelbaren, wenn ich mich so ausdrücken darf, Inspiration vorbringt, dann tut man doch wiederum den Zuhörern nicht etwas recht Gutes. Im Beginne einer Rede nämlich muß man schon etwas seine Persönlichkeit wirk­sam machen; im Beginne der Rede darf man nicht gleich seine Per­sönlichkeit ganz auslöschen, weil, ich möchte sagen, erst das Vibrie­rende des Gefühls angeregt werden muß.

Il n'est pas nécessaire de faire comme le professeur d'histoire de la littérature allemande Michael Bernays, autrefois très célèbre dans certains cercles, qui, lorsqu'il vint un jour à Weimar pour y prononcer un discours sur l'histoire de la théorie des couleurs de Goethe, voulut organiser les premières phrases de telle sorte que le sentiment de l'auditeur soit mis à contribution de manière très, très intense ; mais différemment de ce qu'il voulait. Il est arrivé à Weimar quelques jours plus tôt. Weimar est une petite ville ; on peut y faire le tour des gens qui seront en partie dans la salle, et on peut créer une ambiance pour son discours. Ceux qui l'entendent directement le disent ensuite aux autres, et c'est en fait toute la salle qui est "accordée" lorsque l'on prononce le discours. C'est ainsi que le professeur Michael Bernays s'est promené pendant quelques jours à Weimar et a dit : "Ah, je n'ai pas pu me préparer à ce discours ; le génie me donnera ce qu'il faut au bon moment. Je vais attendre ce que le génie me suggère. - Il devait maintenant tenir ce discours dans la "salle de repos" de Weimar. C'était une chaude journée d'été. Il fallait ouvrir les fenêtres, et juste devant les fenêtres de cette "salle de repos" se trouvait une basse-cour. Michael Bernays s'y installa et attendit que le génie commence à lui donner quelque chose. Car tout Weimar le savait : le génie doit venir et donner son discours à Michael Bernays. Et voilà qu'à ce moment-là où attendait aprés le génie, le coq commença dehors : cocorico ! - Chaque humain savait : maintenant, le génie avait parlé pour Michaël Bernays ! - Les sensations étaient fortement exacerbées, toutefois d'une autre manière qu'il l'avait voulu. Mais c'etait déjà une certaine ambiance dans la salle.

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Man braucht es nun ja nicht gleich so zu machen wie zum Beispiel der einstmals in gewissen Kreisen sehr berühmte Professor der deut­schen Literaturgeschichte Michael Bernays, der, als er einmal nach Wei­mar kam, um dort eine Rede über Goethes Geschichte der Farbenlehre zu halten, die ersten Sätze so gestalten wollte, daß allerdings das Ge­fühl der Zuhörer in sehr, sehr intensiver Weise in Anspruch genommen wurde; allerdings anders, als er wollte. Er kam nach Weimar schon ein paar Tage früher. Weimar ist eine kleine Stadt; da kann man bei den Leuten herumgehen, die zum Teil dann im Saal sein werden, und kann Stimmung machen für seine Rede. Diejenigen, die es so unmittel­bar hören, die sagen es dann den anderen, und es ist eigentlich dann der ganze Saal «gestimmt», wenn man die Rede hält. Da ging denn nun wirklich der Professor Michael Bernays ein paar Tage lang in Weimar herum und sagte: Ach, ich habe mich nicht vorbereiten können auf diese Rede; der Genius wird mir im rechten Augenblick schon das Richtige eingeben. Ich werde warten, was der Genius mir eingibt. — Nun hatte er diese Rede im Weimarer «Erholungssaal» zu halten. Es war ein heißer Sommertag. Die Fenster mußten aufgemacht werden, und unmittelbar vor den Fenstern dieses «Erholungssaales» war ein Hühnerhof. Michael Bernays stellte sich hin und wartete, bis der Ge­nius anfing, ihm etwas einzugeben. Denn das wußte ja ganz Weimar: Der Genius muß kommen und muß Michael Bernays seine Rede einge­ben. Und siehe da, in diesem Momente, als Bernays auf den Genius wartete, fing draußen der Hahn an: Kikeriki! — Jeder Mensch wußte: Jetzt hat der Genius gesprochen für Michael Bernays! — Die Gefühle waren stark angeregt, allerdings in anderer Weise, als er es gewollt hatte. Aber es war eine gewisse Stimmung schon im Saal.

Je ne dis pas cela pour vous raconter une anecdote sympathique, mais parce que je dois attirer votre attention sur ce point : La partie principale du discours doit être conçue de telle sorte qu'elle soit bien travaillée en pensée et qu'elle soit ensuite formulée librement. Mais le début est en fait destiné à se rendre un peu risible, car cela donne envie aux auditeurs de vous écouter. Si l'on ne se ridiculise pas un tout petit peu - mais de telle sorte que la chose ne soit pas fortement remarquée, qu'elle ne se déroule que dans le subconscient -, on ne peut pas captiver de la bonne manière si l'on doit tenir un discours individuel quelque part. Bien sûr, il ne faut pas que ce soit très appuyé, mais cela agit déjà suffisamment dans le subconscient.

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Ich sage das nicht, um Ihnen eine nette Anekdote zu erzählen, son­dern weil ich darauf aufmerksam machen muß: Der Hauptteil der Rede soll schon so gestaltet sein, daß er in Gedanken meditativ gut durchgearbeitet ist und nachher frei formuliert wird. Aber der An­fang ist ja eigentlich sogar dazu da, daß man sich ein bißchen lächer­lich macht, denn das stimmt die Zuhörer so, daß sie einem dann lieber zuhören. Wenn man sich nicht ein ganz klein wenig lächerlich macht — allerdings so, daß die Sache nicht stark bemerkt wird, daß sie nur im Unterbewußten abläuft —, dann kann man doch nicht in der richtigen Weise fesseln, wenn man irgendwo eine einzelne Rede zu halten hat. Es darf natürlich nicht stark aufgetragen sein, aber es wirkt schon ge­nügend im Unterbewußten.

Ce que l'on devrait avoir pour chaque discours, c'est que l'on ait formulé littéralement la première, la deuxième, la troisième, la quatrième, tout au plus la cinquième phrase. Ensuite, on passe à ce qui est ordonné, orienté, comme je viens de le suggérer. Et la conclusion devrait à nouveau être formulée de manière littérale. Car à la fin, si on est un vrai orateur, on devrait toujours avoir un peu le trac, on devrait toujours avoir une peur secrète de ne pas trouver sa dernière phrase. C'est nécessaire pour colorer le discours. On a besoin, pour captiver le cœur de l'auditeur à la fin, d'avoir un peu peur de trouver la dernière phrase. Afin de répondre de manière adéquate à cette peur, après avoir terminé son discours en sueur, il faut ajouter à toute autre préparation le fait de se souvenir de la formulation exacte des une, deux, trois, quatre, au maximum cinq dernières phrases. Un discours devrait donc avoir un cadre : La formulation des premières et des dernières phrases, et entre les deux, le discours devrait être libre. Comme je l'ai dit, je dis cela comme une maxime.

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Was man eigentlich für jede einzelne Rede haben sollte, ist dies, daß man den ersten, zweiten, dritten, vierten, höchstens noch den fünf­ten Satz wörtlich formuliert hat. Dann geht man zu dem über, was in der Weise angeordnet, orientiert ist, wie ich das eben angedeutet habe. Und den Schluß sollte man wiederum wörtlich formuliert haben. Denn am Schluß sollte man eigentlich immer, wenn man ein richtiger Redner ist, etwas Lampenfieber haben, sollte man immer so eine geheime Angst haben davor, daß man seinen letzten Satz nicht findet. Das ist nötig zur Färbung der Rede. Man braucht das, um die Herzen der Zuhörer zu fesseln am Schlusse, daß man etwas ängstlich ist, den letzten Satz zu finden. Damit man also, nachdem man nun schwitzend seine Rede absolviert hat, dieser Angst in der richtigen Weise entgegenkommt, füge man zu aller übrigen Vorbereitung dieses hinzu, daß man sich merkt die genaue Formulierung auch der letzten ein, zwei, drei, vier, höchstens fünf Sätze. Also einen Rahmen müßte eigentlich eine Rede haben: Formulierung der ersten und der letzten Sätze, und dazwischen müßte die Rede frei sein. Wie gesagt, als Maxime sage ich das.

Certains d'entre vous diront peut-être : oui, mais si quelqu'un ne peut pas parler ainsi ? - Il ne faut donc pas dire tout de suite que la situation est si grave qu'il ne doit pas parler du tout.

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Nun werden vielleicht manche von Ihnen sagen: ja, aber wenn nun einer eben nicht so reden kann? — Man wird deshalb nicht gleich sagen müssen, die Sache sei so schlimm, daß er nun überhaupt nicht reden solle.

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Il est tout à fait naturel que l'on puisse parler un peu mieux ou un peu moins bien, il ne faut donc pas se laisser empêcher de parler si l'on ne peut pas remplir toutes les conditions. Mais on devrait s'efforcer de remplir ces conditions en faisant de telles maximes ses maximes de vie, comme nous pouvons les développer ici. Et puis, il y a un très bon moyen de devenir au moins un orateur supportable, même si on n'est pas du tout un orateur au départ, même si on est le contraire d'un orateur. Je peux vous assurer que s'il s'est couvert de ridicule cinquante fois, la cinquante et unième fois sera la bonne, justement parce qu'il s'est ridiculisé cinquante fois. Et celui pour qui cinquante n'est pas suffisant, il peut bien se charger cent fois, mais une fois, ça va, si on ne craint pas les humiliation. Bien sûr, le dernier discours avant la mort ne sera jamais bon, si l'on a auparavant craint les humiliations. Mais au moins le dernier discours avant la mort sera bon si l'on s'est ridiculisé x fois en parlant auparavant. C'est aussi une chose à laquelle on devrait toujours penser. Et on se formera sans aucun doute à l'art oratoire. Car on n'a besoin, pour être orateur, que des gens qui nous écoutent et que, dans une certaine mesure, on n'aille pas trop prêt d'eux, que l'on évite vraiment, ce qui s'approche trop de l'humain.


Es ist ja ganz natürlich, daß man ein bißchen besser oder ein bißchen schlechter reden kann, so daß man sich nicht abhalten lassen soll vom Reden, wenn man nicht alle Bedingungen erfüllen kann. Aber man sollte sich bestreben, diese Bedingungen zu erfüllen, indem man solche Maximen zu seinen Lebensmaximen macht, wie wir sie hier entwickeln können. Und dann gibt es ja ein sehr gutes Mittel, um we­nigstens ein erträglicher Redner zu werden, wenn man auch ganz und gar zuerst kein Redner ist, selbst wenn man das Gegenteil eines Red­ners ist. Ich kann Ihnen versichern, wenn er sich fünfzigmal blamiert hat, das einundfünfzigste Mal wird es gehen, gerade deshalb, weil er sich fünfzigmal blamiert hat. Und derjenige, bei dem fünfzig nicht genug sind, der kann ja hundertmal auf sich laden, aber einmal geht es, wenn man Blamagen nicht scheut. Natürlich, niemals wird die letzte Rede vor dem Tode gut sein, wenn man vorher Blamagen gescheut hat. Aber mindestens die letzte Rede vor dem Tode wird gut sein, wenn man sich vorher x-mal im Reden blamiert hat. Das ist auch etwas, woran man eigentlich immer denken sollte. Und man wird sich zum Redner ganz zweifellos heranbilden. Denn man hat ja nichts nötig zum Redner, als daß einem die Leute zuhören, und daß man ihnen gewis­sermaßen nicht allzu nahe tritt, daß man wirklich vermeidet, was den Menschen zu nahe tritt.

De même que l'on est habitué à parler dans la vie sociale quand on parle avec un autre humain, on ne pourra pas parler dans un discours public ou asolument dans un discours tenu devant des auditeurs. Tout au plus pourra-t-on parfois insérer des phrases comme celles que l'on prononce dans la vie ordinaire. Car il est bon d'être conscient que ce que l'on a dans la vie courante comme formulation du discours est en général un peu trop fin ou un peu trop grossier pour un discours devant un cercle d'auditeurs. En règle générale, ce n'est pas tout à fait vrai. La façon dont on formule ses mots dans la vie courante, quand on s'adresse à une autre humain, varie, elle oscille toujours entre un peu de grossièreté et un peu de fausseté ou de manque de politesse. Ces deux aspects doivent être évités dans le discours prononcé devant des auditeurs et n'être utilisés en quelque sorte qu'entre parenthèse. L'auditeur a alors le sentiment secret que, alors qu'il parle normalement comme on parle dans un discours,

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So wie man gewohnt ist, im sozialen Leben zu reden, wenn man mit einem anderen Menschen spricht, so wird man in der öffentlichen oder überhaupt in der vor Zuhörern gehaltenen Rede nicht sprechen kön­nen. Höchstens wird man zuweilen solche Sätze, wie man sie auch im gewöhnlichen Leben spricht, einfügen können. Denn es ist gut, wenn man sich dessen bewußt ist, daß dasjenige, was man im gewöhnlichen Leben als Formulierung der Rede hat, für die Rede vor einem Zuhörer­kreis in der Regel etwas zu fein oder etwas zu grob ist. Ganz stimmt es in der Regel nicht. Die Art, wie man im gewöhnlichen Leben seine Worte formuliert, wenn man einen anderen Menschen anredet, die variiert, die pendelt ja immer zwischen etwas Grobsein und etwas Un­wahrsein oder Nichthöflichsein. Beides muß in der vor Zuhörern ge­haltenen Rede durchaus vermieden und nur in Parenthese gewisser­maßen angewendet werden. Der Zuhörer hat dann das geheime Ge­fühl: Während der sonst so redet, wie man eben in einer Rede redet,

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il vous apostrophe soudain ; il parle comme dans un dialogue. Il a l'intention soit de nous blesser un peu, soit de nous donner une impression mielleuse.


apostrophiert er einen da plötzlich; er redet wie im Dialog. Da hat er im Sinne, uns entweder ein bißchen zu verletzen oder aber uns süß­lich zu kommen.

Mais nous devons aussi introduire l'élément de la volonté dans le discours de la manière correcte. Et cela ne peut se faire que par la préparation, mais par une préparation qui, en réfléchissant à la question, applique son propre enthousiasme, vit en quelque sorte avec la chose. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Vous voyez, on a d'abord fini avec le contenu de la pensée. On l'a fait sien. Maintenant, la partie suivante de la préparation serait la suivante : On s'écoute en quelque sorte soi-même intérieurement en récitant le contenu de cette pensée. On commence à écouter ses pensées. Elles n'ont pas besoin d'être formulées mot à mot, comme je l'ai déjà dit, mais on commence à les écouter. C'est ce qui met l'élément de la volonté dans la bonne position, cette écoute intérieure de soi-même. Car en nous écoutant intérieurement, nous développons aux bons endroits l'enthousiasme ou le dégoût, la sympathie ou l'antipathie, comme cela doit se rattacher à ce que nous transmettons là. Ce que nous vivons ainsi, de cette manière volontaire, entre aussi dans notre volonté et apparaît, lorsque nous parlons, dans la variation des tons. Que nous parlions plus ou moins intensément, que nous accentuions plus ou moins, nous le devons uniquement au fait de ressentir et de vouloir traverser le contenu de nos propres pensées lors de la préparation méditative. Et ce que nous avons dans la pensée, nous devons le transférer peu à peu pour obtenir une image de la forme de notre discours. Alors, la pensée est aussi dans le discours, mais pas dans les mots, mais entre les mots, comment seront façonnée la parole, façonnées les phrases, façonnée la disposition. Plus nous sommes dans la situation de penser sur le comment de notre exposé, d'autant plus nous œuvrons sur la volonté de l'autre. Les humains le prenne ce que nous déposons dans la formulation et la composition du discours.

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Wir müssen aber auch das Willenselement in der richtigen Weise in die Rede hineinbringen. Und das kann wiederum nur durch die Vor­bereitung geschehen, aber durch diejenige Vorbereitung, die im Durch­denken der Sache den eigenen Enthusiasmus anwendet, gewissermaßen mit der Sache lebt. Was meine ich damit eigentlich? Sehen Sie, zunächst ist man fertig mit dem Gedankeninhalt. Man hat sich ihn zu eigen ge­macht. Jetzt würde der nächste Teil der Vorbereitung der sein: Man hört sich gewissermaßen im Vortragen dieses Gedankeninhaltes inner­lich selber zu. Man fängt an, seinen Gedanken zuzuhören. Sie brauchen nicht wortwörtlich formuliert zu sein, wie ich schon sagte, aber man fängt an, ihnen zuzuhören. Das ist es, was das Willenselement in die richtige Lage bringt, dieses sich selbst innerlich Anhören. Denn da­durch, daß wir uns innerlich anhören, entwickeln wir an den richtigen Stellen Enthusiasmus oder Abscheu, Sympathie oder Antipathie, wie es sich anknüpfen muß an das, was wir da tradieren. Was wir so er­leben, in dieser willensmäßigen Weise, das geht auch in unseren Willen hinein und erscheint, wenn wir reden, in der Variation der Töne. Ob wir intensiv oder schwächer reden, ob wir heller oder dunkler betonen, das haben wir lediglich von dem Durchfühlen und dem Durchwollen unseres eigenen Gedankeninhaltes in der meditativen Vorbereitung. Und was wir im Denken haben, das müssen wir allmählich dazu über­leiten, ein Bild zu bekommen von der Gestaltung unserer Rede. Dann ist auch das Denken in der Rede drinnen, aber nicht in den Worten, sondern zwischen den Worten, wie die Worte gestaltet, die Sätze ge­staltet, die Disposition gestaltet werden. Je mehr wir in der Lage sind, über das Wie unseres Vortrags zu denken, desto stärker wirken wir auf den Willen der anderen. Das nehmen die Menschen nämlich hin, was wir in die Formulierung und in die Komposition der Rede hineinlegen.

Si nous venons leur dire : chacun d'entre vous est au fond un mauvais gars qui ne fait pas demain tout ce qu'il peut pour réaliser la triarticulation - cela irrite les gens. Mais si nous présentons la raison synthétique de la triarticulation dans un tel discours,

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Wenn wir ihnen kommen und sagen: Jeder von euch ist im Grunde genommen ein schlechter Kerl, der nicht morgen alles tut, um die Dreigliederung zu verwirklichen — das ärgert die Leute. Wenn wir aber die Vernunft der Dreigliederung in einer solchen Rede vorbringen,

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qui est composé conformément à la nature, qui est intérieurement articulé, de sorte qu'il est peut-être même lui-même une sorte de triarticulation intime, mais notamment s'il est conçu de telle sorte que nous soyons nous-mêmes convaincus en nous-mêmes de la nécessité de la triarticulation, convaincus de tout notre sentiment et de toutes nos impulsions de volonté, alors cela agit sur les humains, cela agit sur la volonté des humains.


die naturgemäß komponiert ist, die innerlich gegliedert ist, so daß sie vielleicht selbst sogar eine Art intimer Dreigliederung ist, namentlich aber, wenn sie so gestaltet ist, daß wir selber in uns von der Notwendig­keit der Dreigliederung überzeugt sind, mit allem Gefühl und mit allen Willensimpulsen überzeugt sind, dann wirkt das auf die Menschen, dann wirkt es auf den Willen der Menschen.

Ce que nous avons mis en œuvre pour faire de notre discours une œuvre d'art agit sur la volonté des humains sans qu'ils s'en aperçoivent dans le discours ; ce qui émane de notre propre volonté, ce que nous voulons nous-mêmes, ce qui nous enthousiasme, ce qui nous entraîne, agit beaucoup plus sur la pensée des auditeurs ; cela stimule beaucoup plus facilement les pensées en eux. C'est pourquoi un orateur enthousiaste pour sa cause est facilement compris. Un orateur qui se forme artistiquement pourra plus facilement stimuler la volonté de ses auditeurs. Mais le principe suprême, la maxime suprême doit être celle-ci : que nous ne tenions aucun discours autrement que bien préparé.

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Was wir an Gedankenentfaltung angewendet haben, um unsere Rede zu einem Kunstwerk zu machen, das wirkt auf den Willen der Menschen unbemerkt in der Rede; was aus unserem eigenen Willen her­vorgeht, was wir selber wollen, was uns begeistert, was uns hinreißt, das wirkt viel mehr auf das Denken der Zuhörer; das regt in ihnen viel leichter die Gedanken an. Daher wird ein für seine Sache begeisterter Redner leicht verstanden. Ein künstlerisch bildender Redner wird leichter den Willen der Zuhörer anregen können. Aber der oberste Grundsatz, die oberste Maxime muß denn doch diese sein: daß wir keine Rede anders halten, als gut vorbereitet.

Oui, mais si nous sommes obligés de tenir un discours impromptu, si par exemple on s'adresse à nous et que nous devons répondre immédiatement, nous ne pouvons pas d'abord remonter le temps jusqu'au jour précédent pour méditer sur la contrepèterie et nous en souvenir, comme je viens de l'indiquer ; ce n'est pas possible ! - Et pourtant, c'est possible ! C'est possible dans la mesure où nous sommes absolument vrais à un tel moment. Ou bien nous sommes attaqués de telle sorte qu'un humain nous semble si terriblement grossier que nous devons lui répondre immédiatement - c'est alors déjà un fait émotionnel fort. Le sentiment est donc déjà stimulé d'une manière correspondante. Il y a là un substitut à ce dont nous avons habituellement besoin pour animer d'enthousiasme et ainsi de suite ce que nous n'imaginons qu'en pensée. Mais ensuite, lorsque dans un tel moment nous ne disons rien d'autre que ce que nous pouvons dire à chaque instant en tant qu'être humain entier, lorsque nous sommes attaqués de cette manière, alors nous sommes tout de même préparés d'une manière similaire.

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Ja, aber wenn wir nun gezwungen sind, eine Rede aus dem soge­nannten Stegreif zu halten, wenn wir zum Beispiel angeredet werden und gleich darauf zu antworten haben, da können wir doch nicht erst die Zeit zurückgehen lassen zum vorhergehenden Tage, um da den Gegentoast zu meditieren und ihn in Erinnerung bringen, wie ich das jetzt eben angedeutet habe; das geht doch nicht! — Und doch geht es! Es geht nämlich in der Weise, daß wir gerade in einem solchen Moment absolut wahr sind. Oder wir werden in dieser Weise attackiert, daß uns ein Mensch so schrecklich grob kommt, daß wir ihm gleich darauf antworten müssen — dann ist das schon ein starkes Gefühlsfaktum. Also das Gefühl wird schon in einer entsprechenden Weise angeregt. Da ist ein Ersatz da für das, was wir sonst brauchen, um in Begeisterung und so weiter zu beleben, was wir uns erst in Gedanken vorstellen. Dann aber, wenn wir in einem solchen Momente nichts anderes sagen als dasjenige, was wir als ganzer Mensch in jedem Augenblicke sagen kön­nen, wenn wir in dieser Weise attackiert werden, dann sind wir doch in einer ähnlichen Weise vorbereitet.

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Tout de suite à de telles choses, il s'agit justement de la conclusion globale, seulement, seulement, seulement d'être vrai. En règle générale, toutes les conditions de la compréhension sont là, si l'attaque ne consiste pas tout de suite à nous défier dans une discussion. Je veux encore en parler. Car il s'agit alors non pas de tenir absolument des discours proprement dits, mais de faire quelque chose de tout à fait différent, ce qui sera pour nous, si nous voulons suivre ce cours avec raison/droit, tout particulièrement important. Car pour agir dans le sens que j'ai évoqué aujourd'hui, nous ne devrons pas seulement prononcer des discours, mais avons aussi à placer notre homme - et évidemment aussi notre dame - dans la discussion. Et là-dessus doit donc aussi absolument aussi être parlé, et même beaucoup parlé.

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Gerade bei solchen Dingen handelt es sich eben um den Gesamt­entschluß, nur, nur, nur wahr zu sein. Es sind dann ja auch in der Regel alle Bedingungen des Verstehens da, wenn die Attacke nicht gerade darin besteht, daß wir in einer Diskussion herausgefordert wer­den. Darüber will ich dann noch sprechen. Denn es handelt sich dann eigentlich darum, überhaupt nicht eigentliche Reden zu halten, son­dern etwas ganz anderes zu tun, was für uns wohl, wenn wir diesen Kursus mit Recht absolvieren wollen, ganz besonders wichtig sein wird. Denn wir werden ja, um in dem Sinne zu wirken, wie ich es heute im Anfang angedeutet habe, nicht bloß Reden zu halten haben, sondern auch in der Diskussion unseren Mann — selbstverständlich auch unsere Dame — zu stellen haben. Und darüber muß also durch­aus auch gesprochen werden, und sogar sehr viel gesprochen werden.

Maintenant, je vous demande avant tout de considérer ce que j'ai dit aujourd'hui du point de vue qu'il indique peut-être un peu combien il est difficile d'acquérir l'art de la parole. Mais c'est particulièrement difficile quand il ne s'agit pas seulement de parler, mais même de parler de la parole. Imaginez que l'on doive peindre la peinture, sculpter la sculpture ! La tâche n'est donc pas facile. Mais nous allons essayer de la mener à bien d'une manière ou d'une autre dans les prochains jours.

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Nun bitte ich Sie vor allen Dingen, das, was ich heute gesagt habe, von dem Gesichtspunkte aus ins Auge zu fassen, daß es vielleicht ein bißchen darauf hinweist, wie schwierig man es hat mit dem Aneignen der Redekunst. Aber ganz besonders schwierig hat man es, wenn nicht nur geredet, sondern sogar über das Reden geredet werden soll. Denken Sie sich, wenn man das Malen malen, das Bildhauern bildhauern sollte! Also, die Aufgabe ist nicht ganz leicht. Aber wir werden versuchen, sie doch in irgendeiner Weise in den nächsten Tagen zu absolvieren.

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 Français seulement


PREMIÈRE CONFÉRENCE, Dornach, le 11 octobre 1921

Trad. F.G. - v. 01 - 25/05/2025

Problème, le but et la méthodologie de la série de conférences. De l'interaction entre les forces de l'âme entre l'orateur et l'auditeur. Lignes directrices pour la préparation et la mise en œuvre d'un discours: Le discours doit venir du cœur; trouver de la compréhension pour la sympathie et l'antipathie de l'auditeur; se souvenir du sentiment qu’on a eu soi-même à l'origine vis-à-vis du contenu; clarification du contenu de la pensée déjà lors de la préparation; ne pas formuler le contenu du discours mot à mot; au début du discours, la personnalité de l'orateur doit devenir efficace; il peut se faire un peu ridicule; vers la fin une certaine inquiétude par rapport à la dernière phrase devrait devenir sensible; les première et dernière phrases sont à formuler mot à mots par avance- - Caractérisation de Michael Bernays comme orateur. .. L'élément de volonté dans le discours en lien avec la préparation. A propos du succès et de l’échec d'un orateur. Le discours au pied levé.
01
Je suis d'avis qu'avec ce cours il s'agit d'un entretien/une discussion sur ce qui est nécessaire pour entrer/s'engager alors réellement dans le mouvement de l'anthroposophie et de la triarticulation, pour autant qu'il entre en ligne de compte aujourd'hui. Le cours ne sera donc pas conçu comme un cours d'orateur ou autre, mais comme une sorte de cours d'orientation pour les personnalités qui se donnent justement pour tâche d'oeuvrer dans la direction indiquée.
02
Les personnalités qui acceptent simplement comme une sorte de communication ce qui peut venir de l'anthroposophie ne pourront pas tirer grand chose de ce cours. En effet, nous avons actuellement besoin d'efficacité au sein de notre mouvement. Cette efficacité, il semble qu'il soit difficile de l'allumer. Il semble que la vue que cette efficacité est vraiment nécessaire dans notre époque se propage difficilement.
03
Il ne s'agira donc pas ici d'un cours de discours formel, mais précisément de ce qui est nécessaire à quelqu'un qui veut accomplir une tâche très précise, précisément celle que nous avons évoquée. Sur le sol du mouvement anthroposophique, il ne devrait pas être fait usage de la langue de bois/d'un parler alentour en général. C'est tout de suite la caractéristique de notre culture et de notre civilisation actuelles qu'est parler des choses à la ronde en général, que les tâches concrètes sont peu saisies, et que l'on s'intéresse aussi de préférence à un discours en général.
04
C'est pourquoi, dans ce cours, je n'aurai pas à traiter des choses que je vais développer sur le plan du contenu, de la manière dont elles peuvent servir d'information, mais j'essaierai de les traiter - et cela doit être le cas dans un tel cours d'orientation, parce qu'il doit justement servir de base à une tâche déterminée - de la manière dont elles peuvent ensuite être utilisées dans le discours oral.

05
Et je traiterai ce discours oral en tenant compte du fait que celui qui veut se placer un tel discours oral pour tâche, n'œuvre pas dans un cadre où de l'intérêt est déjà disponible, mais oeuvre dans une, deux ou trois conférences/exposés, par lesquels il éveille d'abord l'intérêt.
06
C'est donc dans ce sens très concret que je souhaite façonner ce cours. Et les points de vue généraux que je vais aborder aujourd'hui doivent déjà être entendus dans ce sens très concret, de sorte que l'on dirait des choses inexactes si l'on présentait ce que je vais dire aujourd'hui ou dans les prochains jours - comme il est de bon ton aujourd'hui - comme des phrases abstraites. J'aurai à parler aujourd'hui des formalités.
07
Chaque fois que l'on se donne pour tâche de transmettre quelque chose à ses semblables dans un discours oral, il se produit naturellement une interaction entre l'humain qui doit communiquer quelque chose, œuvrer pour quelque chose, inciter à/enflammer pour quelque chose, et entre les humains qui l'écoutent. Il y a une interaction des forces de l'âme. Et c'est sur cette interaction des forces de l'âme que nous voulons d'abord diriger notre attention.
08
Ces forces de l'âme vivent donc dans le penser, le sentir et le vouloir, et jamais seulement une force unique de l'âme est active pour soi chez l'humain sous une forme abstraite, mais dans chaque force de l'âme particulière jouent les autres forces de l'âme, de sorte que lorsque nous pensons, notre penser oeuvre toujours aussi le sentir et le vouloir, de même que le penser et la vouloir dans notre sentir, et le penser et le sentir dans notre vouloir. Cependant, on ne peut pas considérer la vie de l'âme - aussi dans son interaction entre les humains - autrement qu'en considérant cette tendance d'un côté vers le penser et de l'autre vers le vouloir. Et là, dans le sens de notre tâche d'aujourd'hui, nous devons dire : ce que nous pensons n'intéresse aucun humain ; et celui qui croit que ses pensées, dans la mesure où ce sont des pensées, intéressent un quelconque humain, ne pourra pas se fixer une tâche oratoire. - Nous aurons encore à parler plus exactement de ces choses. - Et le vouloir auquel nous voulons enflammer une assemblée, ou peut-être seulement un autre humain, le vouloir que nous voulons mettre dans notre discours, cela irrite les humains, ils le rejettent instinctivement.
09
On a d'abord affaire à l'action de différents instincts lorsqu'on aborde les humains par la parole. La pensée que l'on déploie soi-même en soi n'intéresse pas les humains, le vouloir les irrite. Si l'on demandait à quelqu'un de vouloir telle ou telle chose, nous provoquerions d'abord son irritation, et si l'on déroulait nos pensées les plus belles et les plus géniales comme des monologues devant les humains, ils s'en iraient. Cela doit être un principe de base pour l'orateur.
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Je ne dis pas qu'il en est ainsi lorsque nous caractérisons une conversation générale entre des personnes ou une discussion de café ou autre. Car je ne parle pas de la façon dont ces choses doivent être caractérisées, mais je parle de ce qui devrait nous animer/dôter d'âme, de ce qui doit vivre en nous comme une juste impulsion pour parler, si parler doit avoir un but précisément dans la direction que j'entends ici. Ce que l'on se propose comme maxime : nos pensées n'intéressent aucun public, notre volonté irrite tout public - cela n'a pas besoin d'être une caractéristique.
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Or, nous devons tenir compte de cela : lorsque quelqu'un parle, il ne parle généralement pas à partir de la seule essence du discours, mais à partir de toutes sortes de situations. Il parle peut-être à partir de quelque chose dont on parle ou que l'on décrit depuis des semaines dans le lieu où il parle. Il rencontre naturellement un tout autre intérêt que lorsqu'il a une première phrase à dire, qui touche à quelque chose qui n'a pas du tout préoccupé son auditoire jusqu'à présent. Lorsque quelqu'un parle ici au Goetheanum, c'est bien sûr tout autre chose que lorsqu'il parle dans une auberge à Buchs. Je pense même pouvoir faire abstraction du fait qu'au Goetheanum, on parle peut-être devant des gens qui se sont déjà penchés depuis longtemps sur la matière, qui ont lu ou entendu quelque chose à ce sujet, alors que ce n'est peut-être pas le cas à Buchs. Je pense tout l’environnement : le fait de venir dans un bâtiment comme le Goetheanum permet de s'adresser au public d'une toute autre manière que si l'on parlait dans une auberge à Buchs. Et ainsi sont d'innombrables circonstances à partir desquelles on parle qui doivent toujours être prises en considération.
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Mais cela fonde, en particulier en notre temps, la nécessité de s'orienter un peu sur ce qui ne doit pas être, sur ce qui doit être. Prenons le cas le plus extrême : un vrai professeur moyen aurait à tenir un discours. Il a d'abord affaire à ses pensées sur l'objet ; et s'il est un vrai professeur moyen, il a aussi affaire à la conviction que ces pensées qu'il pense sont absolument les meilleures du monde sur l'objet en question. Tout le reste ne l'intéresse tout d'abord pas. Il se note ces pensées. Et bien sûr, lorsqu'il amène ces pensées sur le papier, elles sont bien couchées sur le papier. Ensuite, il met ce manuscrit dans sa poche latérale gauche, va au Goetheanum ou à l'auberge de Buchs, trouve un pupitre quelconque, placé de manière appropriée et à bonne distance des yeux, pose le manuscrit dessus et lit. Je ne dis pas que tout le monde fait cela, mais c'est un cas fréquent et caractéristique de notre époque, et il nous montre l'horreur que l'on peut avoir aujourd'hui à parler. C'est le cas devant lequel on devrait avoir le de dégoût.
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Et puisque j'ai dit que nos pensées n'intéressent en fait personne, que notre volonté irrite en fait chacun, alors il semble qu'il s'agisse du sentiment ; il semble donc qu'une formation particulièrement importante du sentiment doive reposer à la base pour la parole. De tels sentiments auront donc déjà une signification, peut-être lointaine, mais fondamentale dans un certain sens : que nous ayons acquis le juste dégoût de ce cas extrême. J'ai entendu une fois, dans une grande assemblée, une conférence du célèbre Helmholtz, présentée de cette manière : le manuscrit sorti de la poche latérale gauche - lu ! Après cela, un journaliste est venu me voir et m'a dit : "Pourquoi cette conférence n'a-t-elle pas été imprimée et un
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exemplaire aurait été mis dans la main de tous ceux qui étaient là ? - et Helmholtz aurait alors fait le tour et aurait tendu la main à chacun ! - Cette main tendue aurait peut-être été plus précieuse pour les auditeurs que la terrible position assise sur les chaises dures à laquelle ils étaient condamnés pour se faire lire quelque chose en un temps plus long qu'ils n'auraient pu le lire eux-mêmes. La plupart d'entre eux, s'ils avaient voulu comprendre, auraient en outre mis beaucoup de temps à le faire ; mais même une brève écoute ne leur a aidé en rien.
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On doit déjà réfléchir à toutes ces choses concrètes si l'on veut comprendre comment l'art de la parole peut être recherché dans la vérité et l'honnêteté.
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Lors du congrès des philosophes à Bologne, le discours le plus important a été prononcé de telle sorte qu'il se trouvait en trois langues et en trois exemplaires sur chaque chaise. Il fallait d'abord le prendre en main pour pouvoir s'asseoir dessus, sur la chaise vide. Ensuite, le discours, qui durait un peu plus d'une heure, était lu à partir de cet imprimé. Avec un tel processus, même le plus beau des discours n'est plus un discours, car la compréhension dans la lecture est quelque chose d'essentiellement différent de la compréhension dans l'écoute. Et ces choses doivent absolument être prises en considération si l'on veut s'initier de manière vivante à de telles tâches.
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Certes, même un roman peut nous émouvoir au point de nous faire verser des larmes à certains endroits. Je veux dire bien sûr un bon roman, mais il ne peut le faire qu'à certains endroits, il ne peut pas le faire du début à la fin. Mais qu'est-ce qui se produit en fait dans la lecture, que nous soyons pris par ce que nous lisons ? Lorsque nous sommes absorbés par ce que nous lisons, nous avons un certain travail à accomplir, qui est très fortement lié à l'intérieur de notre humanité. Car celui qui ne sait pas lire ne peut pas faire ce travail. Un travail intérieur est effectué lorsque nous lisons. Ce travail que nous effectuons consiste à porter notre regard sur les différentes lettres, à mettre en œuvre ce que nous avons appris dans le regroupement des lettres, afin d'extraire un sens de ce regard, de ce regroupement et de cette réflexion. C'est un processus qui se déroule dans notre corps éthérique, dans la réception, et qui fait encore fortement appel au corps physique, dans la perception.
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Mais tout cela disparaît dans la simple écoute. Dans la simple écoute, toute cette activité n'a pas lieu. Mais toute cette activité est liée d'une certaine manière à la réception d'une chose. L'humain a besoin d'elle s'il veut enregistrer une chose. Il a besoin du faire avec de son corps éthérique et même en partie de son corps physique, non seulement dans l'organe des sens, c'est-à-dire dans l'oreille, mais il a besoin, dans l'écoute, d'une vie psychique si active que cette vie psychique ne s'épuise pas dans le corps astral, mais qu'elle fasse vibrer le corps éthérique, et que ce corps éthérique fasse aussi vibrer le corps physique. En effet, ce qui doit s'accomplir en termes d'activité lors de la lecture doit aussi se développer lors de l'écoute d'un discours, mais, je dirais, sous une toute autre forme, parce qu'il ne peut pas être là tel qu'il est lors de la lecture. Et ce qui est dépensé en lisant, c'est un sentiment transformé, un sentiment refoulé dans le corps éthérique et dans le corps physique, qui devient une force. En tant que sentiment, en tant que contenu émotionnel, nous devons être en mesure de le produire, même dans le discours le plus abstrait.
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Il est vrai que nos pensées n'intéressent personne en tant que telles, que nos impulsions de volonté agacent tout le monde et que seuls nos sentiments constituent ce dont dépendent l'impression, l'effet - au sens légitime du terme, bien sûr - d'un discours.
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La question la plus importante qui se pose est donc celle-ci : Comment pourrons-nous avoir dans notre discours quelque chose qui, d'une manière suffisamment forte - sans être envahissant, parce que sinon nous hypnotiserions ou suggérerions - puisse produire une telle tingérance émotionnelle, une telle affirmation des sentiments ?
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Il ne peut y avoir de règles abstraites par lesquelles on apprend à parler avec émotion/sensation. Car quelqu'un qui a cherché dans toutes sortes d'instructions de telles règles selon lesquelles on peut parler avec des sentiments, parler de manière impressionnante, on lui fera déjà remarquer quelque chose du fait que son discours ne vient certainement pas du cœur, qu'il provient tout à fait d'ailleurs que du cœur. Et en fait, tout discours devrait absolument venir du cœur.
Même le discours le plus abstrait devrait venir du cœur, et il le peut. Et c'est justement de cela que nous devons parler : comment même le discours le plus abstrait peut tout à fait venir du cœur.
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Nous devons seulement être conscients de ce qui se passe réellement dans l'âme tranquille de l'auditeur lorsqu'il nous écoute. Non pas lorsqu'il nous écoute et que nous lui disons quelque chose qu'il est impatient d'entendre, mais lorsque nous lui demandons de nous écouter en tant qu'orateur. Car en fait, c'est toujours une sorte d'attaque contre notre prochain que de lui tenir un discours. Et c'est aussi quelque chose dont nous devons être tout à fait conscients, que c'est une attaque contre les auditeurs, lorsque nous leur adressons un discours.
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Tout ce que je dis - je dois toujours l'ajouter en parenthèse - vaut comme maxime pour les orateurs, et non comme caractéristique des échanges sociaux ou de quoi que ce soit d'autre ; cela vaut comme maxime pour les orateurs. Si je parlais en termes d'échanges sociaux, je ne pourrais évidemment pas formuler les mêmes phrases. Je dirais des folies. Car si l'on parle dans le concret, une phrase telle que : Nos pensées n'intéressent personne - est soit quelque chose de très intelligent, soit une grande bêtise. Tout ce que nous disons peut être une stupidité dans l'ensemble du contexte humain ou une sagesse ; cela dépend seulement de la manière dont cela se place dans le contexte. C'est pourquoi, pour un orateur, il est nécessaire de disposer de tout autre chose que d'instructions sur l'art formel du discours.
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Il s'agit donc de reconnaître : Qu'est-ce qui est effectif dans l'auditeur ? Dans l'auditeur, il y a de la sympathie et de l'antipathie. Elles se manifestent, plus ou moins inconsciemment, lorsque nous l'attaquons avec un discours. Sympathie ou antipathie ! Mais il n'a certainement pas de sympathie pour nos pensées dans un premier temps. Ni avec nos impulsions de volonté, avec ce que nous voulons en quelque sorte de lui, avec ce à quoi nous voulons l'exhorter. On doit avoir une certaine compréhension de la sympathie ou de l'antipathie pour ce que nous disons, si l'on veut aborder l'art oratoire d'une manière ou d'une autre. La sympathie et l'antipathie n'ont en fait rien à voir avec la pensée ou la volonté,
mais agissent ici dans le monde physique uniquement pour les sentiments, pour le sentimental. Et une compréhension consciente de la sympathie et de l'antipathie chez l'auditeur agit comme si nous nous bloquions le chemin vers lui - il faut absolument que cette compréhension de la sympathie et de l'antipathie soit quelque chose qui ne vienne absolument pas à la conscience de l'auditeur, notamment pendant le discours. Et travailler sur la sympathie et l'antipathie, c'est comme si nous faisions chaque pas de telle sorte que le sol sur lequel nous marchons soit l'autre pied, comme si nous marchions toujours d'un pied sur l'autre. C'est à peu près ce qui se passe dans le discours lorsque nous voulons intercepter la sympathie ou l'antipathie. Nous devons avoir la compréhension la plus fine pour la sympathie et de l'antipathie de l'auditeur, mais il n'est pas permis que pendant le discours le moindre de sa sympathie ou antipathie nous repose/concerne. Nous devons tout ce qui oeuvre dans sympathie et antipathie, si j'ai la permission de dire ainsi, zpporter dans le discours, par des détours, dans la préparation.
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Tout de suite aussi peuqu'il peut y avoir d'instructions abstraites pour la peinture ou la sculpture, il ne peut y avoir de règles abstraites pour la parole. Mais tout comme on peut stimuler l'art de la peinture, on peut stimuler l'art de la parole. Et il s'agit seulement de prendre tout à fait au sérieux les choses qui peuvent être proposées dans ce sens.
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Prenons d'abord l'exemple de l'enseignant qui s'adresse aux enfants. Le génie et la sagesse de l'enseignant sont les éléments les moins importants pour l'expression orale dans l'enseignement. Le fait de savoir si nous pouvons bien enseigner les mathématiques ou la géographie ne dépend que très peu du fait que nous soyons nous-mêmes un bon mathématicien ou un bon géographe. Nous pouvons être un excellent géographe, mais un mauvais professeur de géographie, et ainsi de suite. La qualité de l'enseignement, qui consiste en grande partie à parler, dépend de ce que l'on a ressenti, de ce que l'on a éprouvé à propos des choses que l'on doit présenter, et des sensations qui sont à nouveau stimulées par le fait que l'on a l'enfant devant soi. C'est pourquoi la pédagogie de l'école Waldorf, par exemple, se résume à la connaissance de l'être humain, c'est-à-dire à la connaissance de l'enfant ; non pas une connaissance de l'enfant transmise par une psychologie abstraite, mais qui repose sur une compréhension pleinement humaine de l'enfant, à tel point qu'on amène les choses, par le biais d'un sentiment condensé jusqu'à l'abandon immédiat et aimant, à ressentir l'enfant à son tour. De ce sentiment que l'on éprouve à l'égard de l'enfant et de ce que l'on a soi-même ressenti et éprouvé à l'égard de ce que l'on doit présenter, découle instinctivement la manière de parler ou d'agir.
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Il ne sert à rien, par exemple, d'enseigner à un enfant stupide en utilisant la sagesse du monde que l'on possède soi-même. La sagesse n'est utile à un enfant stupide que si on l'a eue hier et si on l'a utilisée pour la préparation. Au moment où l'on enseigne à l'enfant stupide, il faut avoir le génie d'être soi-même aussi stupide que l'enfant et n'avoir que la présence d'esprit de se souvenir de la manière dont on a été sage hier lors de la préparation. Il faut pouvoir être stupide avec l'enfant stupide, inutile avec l'enfant bon à rien - au moins dans l'âme tranquille -, sage avec l'enfant sage, et ainsi de suite. On doit vraiment être comme un enseignant - j'espère que ce mot n'éveille pas trop d'antipathies parce qu'il est trop axé sur la pensée ou la volonté -, on doit vraiment être une sorte de caméléon si l'on veut enseigner correctement.
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J'ai donc bien aimé ce que certains enseignants Waldorf ont trouvé pour augmenter la discipline grâce à leur génie. Ainsi, par exemple, notre ami Walter Johannes Stein, lorsque les enfants s'écrivent des petites lettres qu'ils se passent pendant qu'il transmet Jean Paul, ne commence pas par des exhortations et autres choses de ce genre, mais il va voir la chose en toute patience et fait ensuite une parenthèse dans le cours : il insère dans le cours un tout petit chapitre sur le système postal ! Cela fonctionne bien mieux que toutes les exhortations. L'écriture de lettres pendant le cours s'arrête alors en classe. Cela repose bien sûr sur une saisie très concrète du moment. Mais il faut bien sûr avoir cette présence d'esprit. Il faut savoir que les sympathies et les antipathies que l'on veut susciter sont plus profondes qu'on ne le pense habituellement.
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Et c'est pourquoi il est extrêmement important que l'enseignant - lors de la préparation, surtout lorsqu'il doit traiter un chapitre quelconque en classe - se rende pleinement compte de la manière dont il a lui-même abordé ce chapitre, lorsqu'il avait le même âge que ses enfants, de ce qu'il a alors ressenti. Non pas pour devenir à nouveau pédant et se comporter le lendemain, lorsqu'il traitera ce sujet, de telle sorte qu'il se sente à nouveau ainsi ! Non, il suffit que ce sentiment soit évoqué lors de la préparation, qu'il soit vécu lors de la préparation. Et ensuite, il s'agit d'agir le lendemain avec la connaissance de l'être humain que je viens de décrire.
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Là aussi, il s'agit de trouver en nous-mêmes la possibilité de façonner, à partir de nos sentiments, la matière du discours qui, comme nous l'avons dit, fait partie de la matière enseignée.
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La meilleure façon de se rendre compte de l'effet que les choses peuvent avoir, c'est de regarder ce qui suit dans les yeux de l'âme : Si donc quelque chose de sentimental doit agir dans ce qui traverse notre discours, nous ne pouvons naturellement pas parler sans penser, bien que les pensées n'intéressent en fait pas nos auditeurs, et nous ne pouvons pas non plus parler sans volonté, bien que le vouloir les irrite ; nous voudrons même très souvent parler de telle sorte que cela entre dans les impulsions de volonté des humains, que nos semblables fassent quelque chose à la suite de notre discours. Mais en tout cas, nous ne devons pas organiser le discours de telle sorte que nous devenions ennuyeux pour les auditeurs par le contenu de nos pensées et antipathiques pour eux par l'impulsion de volonté que nous voulons donner.
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C'est pourquoi il s'agira d'établir un accord complet sur le discours avec nous-mêmes, si possible bien avant de le tenir, d'avoir ainsi établi un accord complet avec nous-mêmes sur ce qui est du penser. Cela n'a rien à voir avec le fait que nous parlions ensuite couramment ou que nous parlions de manière saccadée. Ce dernier point dépend, comme nous le verrons, de circonstances tout à fait différentes. Mais ce qui doit agir dans le discours, d'une certaine manière inconsciemment, est lié au fait que nous avons convenu du contenu de la pensée avec nous-mêmes beaucoup, beaucoup plus tôt. Le monologue de la pensée qui doit être le plus vivant possible, nous devons l'avoir convenu auparavant, ce monologue de la pensée qui s'organise de telle sorte que nous nous déplaçons nous-mêmes pendant cette préparation dans le discours et le contre-discours, que nous anticipons autant que possible toutes les objections. Car le seul fait de vivre notre discours en pensée de cette manière nous permet d'ôter à notre discours l'épine qu'il a sinon en toutes circonstances pour l'auditoire. Nous devons en quelque sorte adoucir notre discours en ayant vécu auparavant l'acidité de la succession des pensées, du développement logique, mais en l'ayant vécu si possible de telle sorte que nous ne formulions pas le contenu littéral du discours, que nous n'en ayons aucun pressentiment - je dois bien sûr parler en maximes, les choses ne peuvent naturellement pas être acceptées dans cette extrémité - que nous n'ayons aucun pressentiment, lorsque nous commençons à parler, de la manière dont nous allons formuler les phrases. Mais le contenu de la pensée doit être convenu. Avoir une formulation mot à mot pour tout le discours est quelque chose qui ne peut finalement jamais conduire à un discours vraiment bon. Car cela se rapproche déjà beaucoup de l'écriture, et nous n'avons qu'à imaginer qu'à notre place il y ait un phonographe qui donne la chose de lui-même ; alors la différence entre l'écriture et la machine qui donne la chose est encore plus petite. Mais si nous avons formulé un discours au préalable, de manière à ce qu'il soit élaboré et que nous puissions le prononcer mot à mot, nous ne sommes pas très différents d'une machine à laquelle nous avons donné un coup de pouce et que nous débrayons ensuite. Il n'y a pas beaucoup de différence entre écouter un discours prononcé mot à mot, tel qu'il a déjà été élaboré mot à mot, et le lire, si ce n'est que lorsqu'on lit, l'orateur ne nous dérange pas continuellement, alors que lorsqu'on écoute un discours que l'on a appris à prononcer mot à mot, l'orateur nous dérange continuellement. La préparation des pensées se fait donc de la bonne manière, en ce sens qu'elle précède la tenue du discours jusqu'à l'accord absolu avec soi-même, mais en pensées. On doit en avoir fini avec ce que l'on veut présenter/exposer.
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Il y a toutefois quelques exceptions pour les discours ordinaires que l'on tient devant un auditoire autrement inconnu. En effet, si l'on commence tout de suite, devant un tel auditoire, par exposer ce que l'on a élaboré en pensée, en quelque sorte de manière méditative, dès la première phrase, sous l'inspiration immédiate, si je puis m'exprimer ainsi, alors on ne fait pas quelque chose de très bon pour les auditeurs. En effet, au début d'un discours, il faut déjà rendre sa personnalité un peu efficace ; au début du discours, on ne doit pas tout de suite effacer sa personnalité, parce que, je dirais, il faut d'abord stimuler la partie vibrante du sentiment.
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Il n'est pas nécessaire de faire comme le professeur d'histoire de la littérature allemande Michael Bernays, autrefois très célèbre dans certains cercles, qui, lorsqu'il vint un jour à Weimar pour y prononcer un discours sur l'histoire de la théorie des couleurs de Goethe, voulut organiser les premières phrases de telle sorte que le sentiment de l'auditeur soit mis à contribution de manière très, très intense ; mais différemment de ce qu'il voulait. Il est arrivé à Weimar quelques jours plus tôt. Weimar est une petite ville ; on peut y faire le tour des gens qui seront en partie dans la salle, et on peut créer une ambiance pour son discours. Ceux qui l'entendent directement le disent ensuite aux autres, et c'est en fait toute la salle qui est "accordée" lorsque l'on prononce le discours. C'est ainsi que le professeur Michael Bernays s'est promené pendant quelques jours à Weimar et a dit : "Ah, je n'ai pas pu me préparer à ce discours ; le génie me donnera ce qu'il faut au bon moment. Je vais attendre ce que le génie me suggère. - Il devait maintenant tenir ce discours dans la "salle de repos" de Weimar. C'était une chaude journée d'été. Il fallait ouvrir les fenêtres, et juste devant les fenêtres de cette "salle de repos" se trouvait une basse-cour. Michael Bernays s'y installa et attendit que le génie commence à lui donner quelque chose. Car tout Weimar le savait : le génie doit venir et donner son discours à Michael Bernays. Et voilà qu'à ce moment-là où attendait aprés le génie, le coq commença dehors : cocorico ! - Chaque humain savait : maintenant, le génie avait parlé pour Michaël Bernays ! - Les sensations étaient fortement exacerbées, toutefois d'une autre manière qu'il l'avait voulu. Mais c'etait déjà une certaine ambiance dans la salle.
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Je ne dis pas cela pour vous raconter une anecdote sympathique, mais parce que je dois attirer votre attention sur ce point : La partie principale du discours doit être conçue de telle sorte qu'elle soit bien travaillée en pensée et qu'elle soit ensuite formulée librement. Mais le début est en fait destiné à se rendre un peu risible, car cela donne envie aux auditeurs de vous écouter. Si l'on ne se ridiculise pas un tout petit peu - mais de telle sorte que la chose ne soit pas fortement remarquée, qu'elle ne se déroule que dans le subconscient -, on ne peut pas captiver de la bonne manière si l'on doit tenir un discours individuel quelque part. Bien sûr, il ne faut pas que ce soit très appuyé, mais cela agit déjà suffisamment dans le subconscient.
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Ce que l'on devrait avoir pour chaque discours, c'est que l'on ait formulé littéralement la première, la deuxième, la troisième, la quatrième, tout au plus la cinquième phrase. Ensuite, on passe à ce qui est ordonné, orienté, comme je viens de le suggérer. Et la conclusion devrait à nouveau être formulée de manière littérale. Car à la fin, si on est un vrai orateur, on devrait toujours avoir un peu le trac, on devrait toujours avoir une peur secrète de ne pas trouver sa dernière phrase. C'est nécessaire pour colorer le discours. On a besoin, pour captiver le cœur de l'auditeur à la fin, d'avoir un peu peur de trouver la dernière phrase. Afin de répondre de manière adéquate à cette peur, après avoir terminé son discours en sueur, il faut ajouter à toute autre préparation le fait de se souvenir de la formulation exacte des une, deux, trois, quatre, au maximum cinq dernières phrases. Un discours devrait donc avoir un cadre : La formulation des premières et des dernières phrases, et entre les deux, le discours devrait être libre. Comme je l'ai dit, je dis cela comme une maxime.
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Certains d'entre vous diront peut-être : oui, mais si quelqu'un ne peut pas parler ainsi ? - Il ne faut donc pas dire tout de suite que la situation est si grave qu'il ne doit pas parler du tout. Il est tout à fait naturel que l'on puisse parler un peu mieux ou un peu moins bien, il ne faut donc pas se laisser empêcher de parler si l'on ne peut pas remplir toutes les conditions. Mais on devrait s'efforcer de remplir ces conditions en faisant de telles maximes ses maximes de vie, comme nous pouvons les développer ici. Et puis, il y a un très bon moyen de devenir au moins un orateur supportable, même si on n'est pas du tout un orateur au départ, même si on est le contraire d'un orateur. Je peux vous assurer que s'il s'est couvert de ridicule cinquante fois, la cinquante et unième fois sera la bonne, justement parce qu'il s'est ridiculisé cinquante fois. Et celui pour qui cinquante n'est pas suffisant, il peut bien se charger cent fois, mais une fois, ça va, si on ne craint pas les humiliation. Bien sûr, le dernier discours avant la mort ne sera jamais bon, si l'on a auparavant craint les humiliations. Mais au moins le dernier discours avant la mort sera bon si l'on s'est ridiculisé x fois en parlant auparavant. C'est aussi une chose à laquelle on devrait toujours penser. Et on se formera sans aucun doute à l'art oratoire. Car on n'a besoin, pour être orateur, que des gens qui nous écoutent et que, dans une certaine mesure, on n'aille pas trop prêt d'eux, que l'on évite vraiment, ce qui s'approche trop de l'humain.
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De même que l'on est habitué à parler dans la vie sociale quand on parle avec un autre humain, on ne pourra pas parler dans un discours public ou asolument dans un discours tenu devant des auditeurs. Tout au plus pourra-t-on parfois insérer des phrases comme celles que l'on prononce dans la vie ordinaire. Car il est bon d'être conscient que ce que l'on a dans la vie courante comme formulation du discours est en général un peu trop fin ou un peu trop grossier pour un discours devant un cercle d'auditeurs. En règle générale, ce n'est pas tout à fait vrai. La façon dont on formule ses mots dans la vie courante, quand on s'adresse à une autre humain, varie, elle oscille toujours entre un peu de grossièreté et un peu de fausseté ou de manque de politesse. Ces deux aspects doivent être évités dans le discours prononcé devant des auditeurs et n'être utilisés en quelque sorte qu'entre parenthèse. L'auditeur a alors le sentiment secret que, alors qu'il parle normalement comme on parle dans un discours, il vous apostrophe soudain ; il parle comme dans un dialogue. Il a l'intention soit de nous blesser un peu, soit de nous donner une impression mielleuse.
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Mais nous devons aussi introduire l'élément de la volonté dans le discours de la manière correcte. Et cela ne peut se faire que par la préparation, mais par une préparation qui, en réfléchissant à la question, applique son propre enthousiasme, vit en quelque sorte avec la chose. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Vous voyez, on a d'abord fini avec le contenu de la pensée. On l'a fait sien. Maintenant, la partie suivante de la préparation serait la suivante : On s'écoute en quelque sorte soi-même intérieurement en récitant le contenu de cette pensée. On commence à écouter ses pensées. Elles n'ont pas besoin d'être formulées mot à mot, comme je l'ai déjà dit, mais on commence à les écouter. C'est ce qui met l'élément de la volonté dans la bonne position, cette écoute intérieure de soi-même. Car en nous écoutant intérieurement, nous développons aux bons endroits l'enthousiasme ou le dégoût, la sympathie ou l'antipathie, comme cela doit se rattacher à ce que nous transmettons là. Ce que nous vivons ainsi, de cette manière volontaire, entre aussi dans notre volonté et apparaît, lorsque nous parlons, dans la variation des tons. Que nous parlions plus ou moins intensément, que nous accentuions plus ou moins, nous le devons uniquement au fait de ressentir et de vouloir traverser le contenu de nos propres pensées lors de la préparation méditative. Et ce que nous avons dans la pensée, nous devons le transférer peu à peu pour obtenir une image de la forme de notre discours. Alors, la pensée est aussi dans le discours, mais pas dans les mots, mais entre les mots, comment seront façonnée la parole, façonnées les phrases, façonnée la disposition. Plus nous sommes dans la situation de penser sur le comment de notre exposé, d'autant plus nous œuvrons sur la volonté de l'autre. Les humains le prenne ce que nous déposons dans la formulation et la composition du discours.
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Si nous venons leur dire : chacun d'entre vous est au fond un mauvais gars qui ne fait pas demain tout ce qu'il peut pour réaliser la triarticulation - cela irrite les gens. Mais si nous présentons la raison synthétique de la triarticulation dans un tel discours, qui est composé conformément à la nature, qui est intérieurement articulé, de sorte qu'il est peut-être même lui-même une sorte de triarticulation intime, mais notamment s'il est conçu de telle sorte que nous soyons nous-mêmes convaincus en nous-mêmes de la nécessité de la triarticulation, convaincus de tout notre sentiment et de toutes nos impulsions de volonté, alors cela agit sur les humains, cela agit sur la volonté des humains.
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Ce que nous avons mis en œuvre pour faire de notre discours une œuvre d'art agit sur la volonté des humains sans qu'ils s'en aperçoivent dans le discours ; ce qui émane de notre propre volonté, ce que nous voulons nous-mêmes, ce qui nous enthousiasme, ce qui nous entraîne, agit beaucoup plus sur la pensée des auditeurs ; cela stimule beaucoup plus facilement les pensées en eux. C'est pourquoi un orateur enthousiaste pour sa cause est facilement compris. Un orateur qui se forme artistiquement pourra plus facilement stimuler la volonté de ses auditeurs. Mais le principe suprême, la maxime suprême doit être celle-ci : que nous ne tenions aucun discours autrement que bien préparé.
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Oui, mais si nous sommes obligés de tenir un discours impromptu, si par exemple on s'adresse à nous et que nous devons répondre immédiatement, nous ne pouvons pas d'abord remonter le temps jusqu'au jour précédent pour méditer sur la contrepèterie et nous en souvenir, comme je viens de l'indiquer ; ce n'est pas possible ! - Et pourtant, c'est possible ! C'est possible dans la mesure où nous sommes absolument vrais à un tel moment. Ou bien nous sommes attaqués de telle sorte qu'un humain nous semble si terriblement grossier que nous devons lui répondre immédiatement - c'est alors déjà un fait émotionnel fort. Le sentiment est donc déjà stimulé d'une manière correspondante. Il y a là un substitut à ce dont nous avons habituellement besoin pour animer d'enthousiasme et ainsi de suite ce que nous n'imaginons qu'en pensée. Mais ensuite, lorsque dans un tel moment nous ne disons rien d'autre que ce que nous pouvons dire à chaque instant en tant qu'être humain entier, lorsque nous sommes attaqués de cette manière, alors nous sommes tout de même préparés d'une manière similaire.
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Tout de suite à de telles choses, il s'agit justement de la conclusion globale, seulement, seulement, seulement d'être vrai. En règle générale, toutes les conditions de la compréhension sont là, si l'attaque ne consiste pas tout de suite à nous défier dans une discussion. Je veux encore en parler. Car il s'agit alors non pas de tenir absolument des discours proprement dits, mais de faire quelque chose de tout à fait différent, ce qui sera pour nous, si nous voulons suivre ce cours avec raison/droit, tout particulièrement important. Car pour agir dans le sens que j'ai évoqué aujourd'hui, nous ne devrons pas seulement prononcer des discours, mais avons aussi à placer notre homme - et évidemment aussi notre dame - dans la discussion. Et là-dessus doit donc aussi absolument aussi être parlé, et même beaucoup parlé.
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Maintenant, je vous demande avant tout de considérer ce que j'ai dit aujourd'hui du point de vue qu'il indique peut-être un peu combien il est difficile d'acquérir l'art de la parole. Mais c'est particulièrement difficile quand il ne s'agit pas seulement de parler, mais même de parler de la parole. Imaginez que l'on doive peindre la peinture, sculpter la sculpture ! La tâche n'est donc pas facile. Mais nous allons essayer de la mener à bien d'une manière ou d'une autre dans les prochains jours.