Problème, le but et la méthodologie
de la série de conférences. De
l'interaction entre les forces de
l'âme entre l'orateur et l'auditeur.
Lignes directrices pour la
préparation et la mise en œuvre d'un
discours: Le discours doit venir du
cœur; trouver de la compréhension
pour la sympathie et l'antipathie de
l'auditeur; se souvenir du sentiment
qu’on a eu soi-même à l'origine
vis-à-vis du contenu; clarification
du contenu de la pensée déjà lors de
la préparation; ne pas formuler le
contenu du discours mot à mot; au
début du discours, la personnalité
de l'orateur doit devenir efficace;
il peut se faire un peu ridicule;
vers la fin une certaine inquiétude
par rapport à la dernière phrase
devrait devenir sensible; les
première et dernière phrases sont à
formuler mot à mots par avance- -
Caractérisation de Michael Bernays
comme orateur. .. L'élément de
volonté dans le discours en lien
avec la préparation. A propos du
succès et de l’échec d'un orateur.
Le discours au pied levé.
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Problemstellung, Absicht und
Methodik der Vortragsreihe. Vom
Wechselspiel der Seelenkräfte
zwischen Redner und Zuhörer.
Richtlinien für die Vorbereitung und
Durchführung einer Rede: Die Rede
soll vom Herzen kommen; Verständnis
aufbringen für Sympathie und
Antipathie des Zuhörers; Besinnen
auf das Gefühl, das man selbst
gegenüber dem vorzubringenden Inhalt
ursprünglich gehabt hat; Abklärung
des Gedankeninhaltes schon während
der Vorbereitung; den Inhalt der
Rede nicht wortwörtlich formulieren;
zu Beginn der Rede sollte die
Persönlichkeit des Redners wirksam
werden; er darf sich auch ein wenig
lächerlich machen; gegen Ende solhe
eine gewisse Ängstlichkeit in bezug
auf den letzten Satz spürbar werden;
die ersten und letzten Sätze sind
wortwörtlich vorzuformulieren. —
Charakterisierung Michael Bernays
als Redner. Das Willenselement in
der Rede in Verbindung mit der
Vorbereitung. Über Erfolg und
Mißerfolg eines Redners. Die Rede
aus dem Stegreif.
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Je suis d'avis
qu'avec ce cours il s'agit d'un
entretien/une discussion sur ce qui
est nécessaire pour entrer/s'engager
alors réellement dans le mouvement de
l'anthroposophie et de la
triarticulation, pour autant qu'il
entre en ligne de compte aujourd'hui.
Le cours ne sera donc pas conçu comme
un cours d'orateur ou autre, mais
comme une sorte de cours d'orientation
pour les personnalités qui se donnent
justement pour tâche d'oeuvrer dans la
direction indiquée.
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01
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Ich
habe die Meinung, daß es sich bei
diesem Kursus handelt um eine
Besprechung dessen, was notwendig ist,
um dann wirklich für die Bewegung für
Anthroposophie und Dreigliederung,
insofern sie heute in Betracht kommt,
einzutreten. Der Kursus wird also
nicht so eingerichtet sein, daß er
etwa ein Rednerkursus oder dergleichen
im allgemeinen sein sollte, sondern
als eine Art Orientierungskursus für
die Persönlichkeiten, die es sich zur
Aufgabe machen, eben in der
angedeuteten Richtung zu wirken.
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Les personnalités
qui acceptent simplement comme une
sorte de communication ce qui peut
venir de l'anthroposophie ne pourront
pas tirer grand chose de ce cours. En
effet, nous avons actuellement besoin
d'efficacité au sein de notre
mouvement. Cette efficacité, il semble
qu'il soit difficile de l'allumer. Il
semble que la vue que cette efficacité
est vraiment nécessaire dans notre
époque se propage difficilement.
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02
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Persönlichkeiten, welche einfach wie
eine Art von Mitteilung
entgegennehmen, was von
Anthroposophie kommen kann, werden
nicht viel haben können von diesem
Kursus. Wir brauchen ja in der
Gegenwart durchaus Wirksamkeit
innerhalb unserer Bewegung. Diese
Wirksamkeit, sie scheint schwer zu
entfachen zu sein. Es scheint sich die
Einsicht schwer zu verbreiten, daß
diese Wirksamkeit in unserer
Gegenwart wirklich notwendig ist.
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Il ne s'agira donc
pas ici d'un cours de discours formel,
mais précisément de ce qui est
nécessaire à quelqu'un qui veut
accomplir une tâche très précise,
précisément celle que nous avons
évoquée. Sur le sol du mouvement
anthroposophique, il ne devrait pas
être fait usage de la langue de
bois/d'un parler alentour en général.
C'est tout de suite la caractéristique
de notre culture et de notre
civilisation actuelles qu'est parler
des choses à la ronde en général, que
les tâches concrètes sont peu saisies,
et que l'on s'intéresse aussi de
préférence à un discours en général.
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03
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Es wird
sich daher hier nicht um einen
formalen Redekursus handeln, sondern
gerade um dasjenige, was für jemanden
notwendig ist, der eine ganz
bestimmte, eben die angedeutete
Aufgabe erfüllen möchte. Von einem
Herumreden im allgemeinen sollte
überhaupt auf dem Boden der
anthroposophischen Bewegung nicht
Gebrauch gemacht werden. Das ist ja
gerade das Kennzeichen unserer
gegenwärtigen Kultur und
Zivilisation, daß im allgemeinen über
die Dinge herumgeredet wird, daß
konkrete Aufgaben wenig erfaßt werden,
daß man auch vorzugsweise Interesse
für ein Herumreden im allgemeinen
hat.
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C'est pourquoi, dans
ce cours, je n'aurai pas à traiter des
choses que je vais développer sur le
plan du contenu, de la manière dont
elles peuvent servir d'information,
mais j'essaierai de les traiter - et
cela doit être le cas dans un tel
cours d'orientation, parce qu'il doit
justement servir de base à une tâche
déterminée - de la manière dont elles
peuvent ensuite être utilisées dans le
discours oral.
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04
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Ich
werde daher in diesem Kursus auch
nicht die Dinge zu behandeln haben,
die ich inhaltlich auseinandersetzen
werde, wie sie einer Information
dienen können, sondern ich werde
versuchen, sie so zu behandeln — und
das muß ja in einem solchen
orientierenden Kursus der Fall sein,
weil er eben Unterlage für eine
bestimmte Aufgabe sein soll —, wie sie
dann eingehen können in die mündliche
Rede.
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09
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Et je traiterai ce
discours oral en tenant compte du fait
que celui qui veut se placer un tel
discours oral pour tâche, n'œuvre pas
dans un cadre où de l'intérêt est déjà
disponible, mais oeuvre dans une, deux
ou trois conférences/exposés, par
lesquels il éveille d'abord l'intérêt.
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05
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Und ich
werde diese mündliche Rede so
behandeln, daß Rücksicht darauf
genommen wird, daß derjenige, welcher
sich eine solche mündliche Rede zur
Aufgabe stellt, nicht etwa innerhalb
eines Rahmens wirkt, wo schon
Interesse vorhanden ist, sondern
wirkt in ein, zwei oder drei
Vorträgen, durch die er erst das
Interesse wecken soll.
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C'est donc dans ce
sens très concret que je souhaite
façonner ce cours. Et les points de
vue généraux que je vais aborder
aujourd'hui doivent déjà être entendus
dans ce sens très concret, de sorte
que l'on dirait des choses inexactes
si l'on présentait ce que je vais dire
aujourd'hui ou dans les prochains
jours - comme il est de bon ton
aujourd'hui - comme des phrases
abstraites. J'aurai à parler
aujourd'hui des formalités.
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06
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Also in
diesem ganz konkreten Sinne möchte ich
diesen Kursus gestalten. Und schon
die allgemeinen Gesichtspunkte, die
ich heute besprechen werde, sollen
durchaus in diesem ganz konkreten
Sinne gemeint sein, so daß man
Unzutreffendes sagen würde, wenn man
das, was ich heute oder in den
nächsten Tagen sagen werde — wie es
heute beliebt ist —, als abstrakte
Sätze hinstellen würde. Von den
Formalien werde ich heute zu sprechen
haben.
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Chaque fois que l'on
se donne pour tâche de transmettre
quelque chose à ses semblables dans un
discours oral, il se produit
naturellement une interaction entre
l'humain qui doit communiquer quelque
chose, œuvrer pour quelque chose,
inciter à/enflammer pour quelque
chose, et entre les humains qui
l'écoutent. Il y a une interaction des
forces de l'âme. Et c'est sur cette
interaction des forces de l'âme que
nous voulons d'abord diriger notre
attention.
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07
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Jedesmal, wenn man sich die Aufgabe
stellt, in der mündlichen Rede etwas
an seine Mitmenschen heranzubringen,
wird sich ja selbstverständlich eine
Wechselwirkung abspielen zwischen dem
Menschen, der etwas mitzuteilen, für
etwas zu wirken, zu etwas zu befeuern
hat, und zwischen den Menschen, die
ihm zuhören. Ein Wechselspiel der
Seelenkräfte findet statt. Und auf
dieses Wechselspiel der Seelenkräfte
wollen wir zunächst unsere
Aufmerksamkeit lenken.
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Ces forces de l'âme
vivent donc dans le penser, le sentir
et le vouloir, et jamais seulement une
force unique de l'âme est active pour
soi chez l'humain sous une forme
abstraite, mais dans chaque force de
l'âme particulière jouent les autres
forces de l'âme, de sorte que lorsque
nous pensons, notre penser oeuvre
toujours aussi le sentir et le
vouloir, de même que le penser et la
vouloir dans notre sentir, et le
penser et le sentir dans notre
vouloir. Cependant, on ne peut pas
considérer la vie de l'âme - aussi
dans son interaction entre les humains
- autrement qu'en considérant cette
tendance d'un côté vers le penser et
de l'autre vers le vouloir. Et là,
dans le sens de notre tâche
d'aujourd'hui, nous devons dire : ce
que nous pensons n'intéresse aucun
humain ; et celui qui croit que ses
pensées, dans la mesure où ce sont des
pensées, intéressent un quelconque
humain, ne pourra pas se fixer une
tâche oratoire. - Nous aurons encore à
parler plus exactement de ces choses.
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08
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Diese
Seelenkräfte leben ja in Denken,
Fühlen und Wollen, und niemals ist
beim Menschen nur eine einzige
Seelenkraft für sich in abstrakter
Form tätig, sondern in jede einzelne
Seelenkraft spielen die anderen
Seelenkräfte hinein, so daß, wenn wir
denken, in unserem Denken immer auch
das Fühlen und das Wollen wirkt,
ebenso in unserem Fühlen das Denken
und das Wollen und im Wollen wiederum
das Denken und das Fühlen. Dennoch
aber kann man das seelische Leben —
auch in seiner Wechselwirkung zwischen
den Menschen -- nicht anders
betrachten, als indem man dieses
Tendieren auf der einen Seite nach dem
Denken und auf der anderen Seite nach
dem Wollen ins Auge faßt. Und da
müssen wir im Sinne unserer Aufgabe
von heute nun sagen: Was wir denken,
das interessiert keinen Menschen; und
wer glaubt, daß seine Gedanken,
insofern sie Gedanken sind,
irgendeinen Menschen interessieren,
der wird sich eine rednerische Aufgabe
nicht stellen können. — Wir werden
über diese Dinge dann noch genauer zu
sprechen haben.
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10
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- Et le vouloir
auquel nous voulons enflammer une
assemblée, ou peut-être seulement un
autre humain, le vouloir que nous
voulons mettre dans notre discours,
cela irrite les humains, ils le
rejettent instinctivement.
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— Und
das Wollen, zu dem wir etwa eine
Versammlung oder vielleicht auch nur
einen einzelnen anderen Menschen
befeuern wollen, das Wollen also, das
wir etwa in unsere Rede hineinlegen
wollen, das ärgert die Menschen, das
weisen sie instinktiv zurück.
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On a d'abord affaire
à l'action de différents instincts
lorsqu'on aborde les humains par la
parole. La pensée que l'on déploie
soi-même en soi n'intéresse pas les
humains, le vouloir les irrite. Si
l'on demandait à quelqu'un de vouloir
telle ou telle chose, nous
provoquerions d'abord son irritation,
et si l'on déroulait nos pensées les
plus belles et les plus géniales comme
des monologues devant les humains, ils
s'en iraient. Cela doit être un
principe de base pour l'orateur.
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09
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Man hat
es zunächst mit dem Wirken
verschiedener Instinkte zu tun, wenn
man rednerisch an die Menschen
herantritt. Das Denken, das man selber
in sich entfaltet, interessiert die
Menschen nicht, das Wollen ärgert sie.
Wenn also jemand etwa aufgefordert
würde, dieses oder jenes zu wollen, so
würden wir zunächst sein Ärgernis
hervorrufen, und wenn wir unsere
schönsten und genialsten Gedanken wie
Monologe vor den Menschen entrollen
würden, so würden sie gehen. Das muß
Grundsatz für den Redner sein.
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Je ne dis pas qu'il
en est ainsi lorsque nous
caractérisons une conversation
générale entre des personnes ou une
discussion de café ou autre. Car je ne
parle pas de la façon dont ces choses
doivent être caractérisées, mais je
parle de ce qui devrait nous
animer/dôter d'âme, de ce qui doit
vivre en nous comme une juste
impulsion pour parler, si parler doit
avoir un but précisément dans la
direction que j'entends ici. Ce que
l'on se propose comme maxime : nos
pensées n'intéressent aucun public,
notre volonté irrite tout public -
cela n'a pas besoin d'être une
caractéristique.
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Ich
sage nicht, daß das so ist, wenn wir
etwa eine allgemeine Unterhaltung
unter Menschen oder einen
Kaffeeklatsch oder dergleichen
charakterisieren. Denn ich rede nicht
darüber, wie diese Dinge zu
charakterisieren sind, sondern ich
rede von dem, was uns beseelen soll,
was in uns leben soll als richtiger
Antrieb für das Reden, wenn das Reden
gerade in der Richtung, wie ich es
hier meine, einen Zweck haben soll.
Was man sich als Maxime vorsetzt:
Unsere Gedanken interessieren kein
Publikum, unser Wollen ärgert jedes
Publikum — das braucht nicht eine
Charakteristik zu sein.
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Or, nous devons
tenir compte de cela : lorsque
quelqu'un parle, il ne parle
généralement pas à partir de la seule
essence du discours, mais à partir de
toutes sortes de situations. Il parle
peut-être à partir de quelque chose
dont on parle ou que l'on décrit
depuis des semaines dans le lieu où il
parle. Il rencontre naturellement un
tout autre intérêt que lorsqu'il a une
première phrase à dire, qui touche à
quelque chose qui n'a pas du tout
préoccupé son auditoire jusqu'à
présent. Lorsque quelqu'un parle ici
au Goetheanum, c'est bien sûr tout
autre chose que lorsqu'il parle dans
une auberge à Buchs. Je pense même
pouvoir faire abstraction du fait
qu'au Goetheanum, on parle peut-être
devant des gens qui se sont déjà
penchés depuis longtemps sur la
matière, qui ont lu ou entendu quelque
chose à ce sujet, alors que ce n'est
peut-être pas le cas à Buchs. Je pense
tout l’environnement :
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Nun
müssen wir ja berücksichtigen: Wenn
jemand redet, so redet er meistens
nicht aus der Wesenheit des Redens
allein heraus, sondern er redet aus
allerlei Situationen heraus. Er redet
vielleicht aus irgendeiner
Angelegenheit heraus, die schon
wochenlang an dem Orte, wo er redet,
besprochen oder beschrieben wird. Er
begegnet natürlich einem ganz anderen
Interesse, als wenn er einen ersten
Satz zu sagen hat, der etwas berührt,
was seine Zuhörer bisher nicht im
geringsten beschäftigt hat. Wenn
jemand hier im Goetheanum redet, ist
es natürlich etwas ganz anderes, als
wenn er in einem Wirtshaus in Buchs
redet. Ich meine jetzt sogar, davon
absehen zu können, daß man vielleicht
im Goetheanum vor Leuten redet, die
sich schon längere Zeit mit dem Stoff
befaßt haben, die etwas darüber
gelesen oder gehört haben, während das
vielleicht in Buchs nicht der Fall
ist. Ich meine die ganze Umgebung:
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11
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le fait de venir
dans un bâtiment comme le Goetheanum
permet de s'adresser au public d'une
toute autre manière que si l'on
parlait dans une auberge à Buchs. Et
ainsi sont d'innombrables
circonstances à partir desquelles on
parle qui doivent toujours être prises
en considération.
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Die
Tatsache, daß man in einen Bau kommt
wie das Goetheanum, macht es möglich,
in ganz anderer Weise sich an das
Publikum zu wenden, als wenn man in
einem Wirtshaus in Buchs spricht. Und
so sind unzählige Umstände, aus denen
heraus man redet, die immer
berücksichtigt werden müssen.
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Mais cela fonde, en
particulier en notre temps, la
nécessité de s'orienter un peu sur ce
qui ne doit pas être, sur ce qui doit
être. Prenons le cas le plus extrême :
un vrai professeur moyen aurait à
tenir un discours. Il a d'abord
affaire à ses pensées sur l'objet ; et
s'il est un vrai professeur moyen, il
a aussi affaire à la conviction que
ces pensées qu'il pense sont
absolument les meilleures du monde sur
l'objet en question. Tout le reste ne
l'intéresse tout d'abord pas. Il se
note ces pensées. Et bien sûr,
lorsqu'il amène ces pensées sur le
papier, elles sont bien couchées sur
le papier. Ensuite, il met ce
manuscrit dans sa poche latérale
gauche, va au Goetheanum ou à
l'auberge de Buchs, trouve un pupitre
quelconque, placé de manière
appropriée et à bonne distance des
yeux, pose le manuscrit dessus et lit.
Je ne dis pas que tout le monde fait
cela, mais c'est un cas fréquent et
caractéristique de notre époque, et il
nous montre l'horreur que l'on peut
avoir aujourd'hui à parler. C'est le
cas devant lequel on devrait avoir le
de dégoût.
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12
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Das
aber begründet insbesondere in unserer
Zeit die Notwendigkeit, an dem, was
nicht sein soll, ein wenig sich zu
orientieren über das, was sein soll.
Nehmen wir den extremsten Fall: Ein
richtiger Durchschnittsprofessor habe
eine Rede zu halten. Er hat es
zunächst mit seinen Gedanken über den
Gegenstand zu tun; und wenn er ein
richtiger Durchschnittsprofessor ist,
hat er es zu tun auch mit der
Überzeugung, daß diese Gedanken, die
er denkt, überhaupt die allerbesten
der Welt sind über den betreffenden
Gegenstand. Alles übrige interessiert
ihn zunächst nicht. Er schreibt sich
diese Gedanken auf. Und
selbstverständlich, wenn er diese
Gedanken zu Papier bringt, sind sie
gut zu Papier gebracht. Dann steckt er
sich dieses Manuskript in seine linke
Seitentasche, geht hin, gleichgültig
ob ins Goetheanum oder ins Wirtshaus
zu Buchs, findet irgendein Rednerpult,
das in entsprechender Weise in
richtiger Entfernung von den Augen
aufgestellt ist, legt das Manuskript
darauf und liest ab. Ich sage nicht,
daß es jeder so macht, aber es ist ein
häufig vorkommender und für unsere
Gegenwart doch charakteristischer
Fall, und er weist uns auf das Grauen,
das man heute haben kann vor dem
Reden. Es ist der Fall, vor dem man am
allermeisten Abscheu haben sollte.
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Et puisque j'ai dit
que nos pensées n'intéressent en fait
personne, que notre volonté irrite en
fait chacun, alors il semble qu'il
s'agisse du sentiment ; il semble donc
qu'une formation particulièrement
importante du sentiment doive reposer
à la base pour la parole. De tels
sentiments auront donc déjà une
signification, peut-être lointaine,
mais fondamentale dans un certain sens
: que nous ayons acquis le juste
dégoût de ce cas extrême. J'ai entendu
une fois, dans une grande assemblée,
une conférence du célèbre Helmholtz,
présentée de cette manière : le
manuscrit sorti de la poche latérale
gauche - lu ! Après cela, un
journaliste est venu me voir et m'a
dit : "Pourquoi cette conférence
n'a-t-elle pas été imprimée et un
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Und da
ich gesagt habe, daß unsere Gedanken
eigentlich niemanden interessieren,
unser Wollen eigentlich jeden ärgert,
dann scheint es auf das Fühlen
anzukommen; es scheint also eine
besonders bedeutsame Ausbildung des
Fühlens zugrunde liegen zu müssen für
das Reden. Also werden schon solche
Gefühle, wenn auch vielleicht von
einer entfernten, so doch in einem
gewissen Sinne fundamentalen Bedeutung
sein: daß wir uns den richtigen
Abscheu angeeignet haben vor diesem
extremen Fall. Ich habe einmal in
einer größeren Versammlung einen
Vortrag des berühmten Helmholtz
gehört, der allerdings in dieser Weise
gehalten worden ist: das Manuskript
aus der linken Seitentasche
herausgezogen — abgelesen! Nachher
kam ein Journalist zu mir und sagte:
Warum ist eigentlich dieser Vortrag
nicht gedruckt worden und ein
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12
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exemplaire aurait
été mis dans la main de tous ceux qui
étaient là ? - et Helmholtz aurait
alors fait le tour et aurait tendu la
main à chacun ! - Cette main tendue
aurait peut-être été plus précieuse
pour les auditeurs que la terrible
position assise sur les chaises dures
à laquelle ils étaient condamnés pour
se faire lire quelque chose en un
temps plus long qu'ils n'auraient pu
le lire eux-mêmes. La plupart d'entre
eux, s'ils avaient voulu comprendre,
auraient en outre mis beaucoup de
temps à le faire ; mais même une brève
écoute ne leur a aidé en rien.
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14
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Exemplar jedem, der da war, in die
Hand gedrückt worden? — und Helmholtz
wäre dann herumgegangen und hätte
jedem die Hand gereicht! — Diese
Handreichung wäre vielleicht den
Zuhörern wertvoller gewesen als das
schreckliche Sitzen auf den harten
Stühlen, zu dem sie verurteilt waren,
um in einer längeren Zeit, als sie es
selber hätten lesen können, sich
irgend etwas vorlesen zu lassen. Die
meisten hätten ja wohl, wenn sie es
hätten verstehen wollen, überdies sehr
lange dazu gebraucht; aber denen hat
auch das kurze Anhören nichts
geholfen.
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On doit déjà
réfléchir à toutes ces choses
concrètes si l'on veut comprendre
comment l'art de la parole peut être
recherché dans la vérité et
l'honnêteté.
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15
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Man muß
schon über alle diese konkreten Dinge
durchaus nachdenken, wenn man
verstehen will, wie in Wahrheit und
Ehrlichkeit die Kunst des Redens
angestrebt werden kann.
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Lors du congrès des
philosophes à Bologne, le discours le
plus important a été prononcé de telle
sorte qu'il se trouvait en trois
langues et en trois exemplaires sur
chaque chaise. Il fallait d'abord le
prendre en main pour pouvoir s'asseoir
dessus, sur la chaise vide. Ensuite,
le discours, qui durait un peu plus
d'une heure, était lu à partir de cet
imprimé. Avec un tel processus, même
le plus beau des discours n'est plus
un discours, car la compréhension dans
la lecture est quelque chose
d'essentiellement différent de la
compréhension dans l'écoute. Et ces
choses doivent absolument être prises
en considération si l'on veut
s'initier de manière vivante à de
telles tâches.
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16
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Auf dem
Philosophenkongreß in Bologna wurde
die bedeutsamste Rede so gehalten, daß
sie in drei Sprachen in je drei
Exemplaren auf jedem Stuhl lag. Man
mußte sie erst in die Hand nehmen, um
sich darauf setzen zu können, auf den
leeren Stuhl. Und dann wurde aus
diesem Gedruckten die Rede, die etwas
länger als eine Stunde dauerte,
vorgelesen. Durch einen solchen
Vorgang ist selbst die schönste Rede
eben keine Rede mehr, denn das
Verstehen im Lesen ist etwas
wesentlich anderes als das Verstehen
im Hören. Und diese Dinge müssen
durchaus berücksichtigt werden, wenn
man sich in lebensvoller Weise in
solche Aufgaben hineinfinden will.
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Certes, même un
roman peut nous émouvoir au point de
nous faire verser des larmes à
certains endroits. Je veux dire bien
sûr un bon roman, mais il ne peut le
faire qu'à certains endroits, il ne
peut pas le faire du début à la fin.
Mais qu'est-ce qui se produit en fait
dans la lecture, que nous soyons pris
par ce que nous lisons ? Lorsque nous
sommes absorbés par ce que nous
lisons, nous avons un certain travail
à accomplir, qui est très fortement
lié à l'intérieur de notre humanité.
Car celui qui ne sait pas lire ne peut
pas faire ce travail. Un travail
intérieur est effectué lorsque nous
lisons. Ce travail que nous effectuons
consiste à porter notre regard sur les
différentes lettres, à mettre en œuvre
ce que nous avons appris dans le
regroupement des lettres, afin
d'extraire un sens de ce regard, de ce
regroupement et de cette réflexion.
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17
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Gewiß,
auch ein Roman kann uns so rühren, daß
wir Tränen vergießen an bestimmten
Stellen. Ich meine selbstverständlich
ein guter Roman, aber er kann das nur
an bestimmten Stellen, kann es nicht
vom Anfang bis zum Ende. Aber was
liegt denn da eigentlich vor beim
Lesen, daß wir hingenommen werden vom
Gelesenen? Wenn wir von dem Gelesenen
hingenommen werden, haben wir eine
gewisse Arbeit zu verrichten, die sehr
stark mit dem Inneren unserer
Menschenwesenheit zusammenhängt. Denn
derjenige, der nicht lesen kann, kann
diese Arbeit gar nicht verrichten. Es
wird eine innere Arbeit verrichtet,
wenn wir lesen. Diese Arbeit, die wir
da verrichten, die besteht ja darin,
daß wir, indem wir den Blick auf
einzelne Buchstaben lenken, wirklich
das, was wir gelernt haben im
Zusammenfassen der Buchstaben,
ausführen, um aus diesem Ansehen und
Zusammenfassen und überdenken einen
Sinn herauszubekommen.
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13
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C'est un processus
qui se déroule dans notre corps
éthérique, dans la réception, et qui
fait encore fortement appel au corps
physique, dans la perception.
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Das ist
ein Vorgang, welcher in unserem
,Ätherleib vor sich geht, im
Aufnehmen, und noch stark den
physischen Leib in Anspruch nimmt, in
der Wahrnehmung.
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Mais tout cela
disparaît dans la simple écoute. Dans
la simple écoute, toute cette activité
n'a pas lieu. Mais toute cette
activité est liée d'une certaine
manière à la réception d'une chose.
L'humain a besoin d'elle s'il veut
enregistrer une chose. Il a besoin du
faire avec de son corps éthérique et
même en partie de son corps physique,
non seulement dans l'organe des sens,
c'est-à-dire dans l'oreille, mais il a
besoin, dans l'écoute, d'une vie
psychique si active que cette vie
psychique ne s'épuise pas dans le
corps astral, mais qu'elle fasse
vibrer le corps éthérique, et que ce
corps éthérique fasse aussi vibrer le
corps physique. En effet, ce qui doit
s'accomplir en termes d'activité lors
de la lecture doit aussi se développer
lors de l'écoute d'un discours, mais,
je dirais, sous une toute autre forme,
parce qu'il ne peut pas être là tel
qu'il est lors de la lecture. Et ce
qui est dépensé en lisant, c'est un
sentiment transformé, un sentiment
refoulé dans le corps éthérique et
dans le corps physique, qui devient
une force. En tant que sentiment, en
tant que contenu émotionnel, nous
devons être en mesure de le produire,
même dans le discours le plus
abstrait.
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18
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Das
alles fällt aber beim bloßen Zuhören
einfach weg. Beim bloßen Zuhören
findet diese ganze Tätigkeit nicht
statt. Aber diese ganze Tätigkeit ist
in einer bestimmten Weise doch
verbunden mit dem Aufnehmen einer
Sache. Der Mensch bedarf ihrer, wenn
er eine Sache aufnehmen will. Er
braucht ein Mittun seines Ätherleibes
und teilweise sogar seines physischen
Leibes nicht bloß im Sinnesorgan, also
im Ohr, sondern er braucht im Zuhören
ein so reges Seelenleben, daß sich
dieses Seelenleben nicht im Astralleib
erschöpft, sondern den Ätherleib in
Schwingungen bringt, und dieser
Ätherleib dann noch den physischen
Leib mit in Schwingungen bringt.
Dasjenige nämlich, was sich beim Lesen
an Aktivität vollziehen muß, das muß
sich auch beim Anhören einer Rede
entwickeln, aber, ich möchte sagen, in
einer ganz anderen Form, weil es ja
so nicht da sein kann, wie es beim
Lesen ist. Und was da beim Lesen
aufgewendet wird, das ist
umgewandeltes Gefühl, in den
Ätherleib und in den physischen Leib
hinuntergedrängtes Fühlen, das Kraft
wird. Als Gefühl, als Gefühlsinhalt
müssen wir es selbst bei der
abstraktesten Rede in der Lage sein,
aufzubringen.
|
Il est vrai que nos
pensées n'intéressent personne en tant
que telles, que nos impulsions de
volonté agacent tout le monde et que
seuls nos sentiments constituent ce
dont dépendent l'impression, l'effet -
au sens légitime du terme, bien sûr -
d'un discours.
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19
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Es ist
wirklich so, daß unsere Gedanken als
solche keinen Menschen interessieren,
unsere Willensimpulse jeden ärgern und
allein unsere Gefühle dasjenige
ausmachen, wovon der Eindruck, die
Wirkung — im berechtigten Sinne
natürlich — einer Rede abhängt.
|
La question la plus
importante qui se pose est donc
celle-ci : Comment pourrons-nous avoir
dans notre discours quelque chose qui,
d'une manière suffisamment forte -
sans être envahissant, parce que sinon
nous hypnotiserions ou suggérerions -
puisse produire une telle tingérance
émotionnelle, une telle affirmation
des sentiments ?
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20
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Es
entsteht daher als wichtigste Frage
diese: Wie werden wir in unserer Rede
etwas haben können, was in genügend
starker Weise — ohne aufdringlich zu
sein, weil wir ja sonst hypnotisieren
oder suggerieren würden — eine solche
Gefühlstingierung, eine solche
Gefühlsdurchsetzung wird
hervorbringen können?
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Il ne peut y avoir
de règles abstraites par lesquelles on
apprend à parler avec
émotion/sensation. Car quelqu'un qui a
cherché dans toutes sortes
d'instructions de telles règles selon
lesquelles on peut parler avec des
sentiments, parler de manière
impressionnante, on lui fera déjà
remarquer quelque chose du fait que
son discours ne vient certainement pas
du cœur, qu'il provient tout à fait
d'ailleurs que du cœur. Et en fait,
tout discours devrait absolument venir
du cœur.
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21
|
Es kann
nicht abstrakte Regeln geben, durch
die man lernt, wie man mit Gefühl
sprechen kann. Denn jemand, der sich
in allerlei Anleitungen solche Regeln
aufgesucht hat, nach denen man mit
Gefühl sprechen kann, eindrucksvoll
sprechen kann, dem wird man schon
irgend etwas davon anmerken, daß seine
Rede ihm ganz gewiß nicht aus dem
Herzen kommt, daß sie ganz anderswo
herstammt als aus dem Herzen. Und
eigentlich müßte jede Rede durchaus
aus dem Herzen kommen.
|
14
|
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|
Même le discours le
plus abstrait devrait venir du cœur,
et il le peut. Et c'est justement de
cela que nous devons parler : comment
même le discours le plus abstrait peut
tout à fait venir du cœur.
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|
Auch
die abstrakteste Rede müßte aus dem
Herzen kommen, und sie kann es. Und
gerade das ist es, was wir besprechen
müssen: wie auch die abstrakteste Rede
durchaus aus dem Herzen kommen kann.
|
Nous devons
seulement être conscients de ce qui se
passe réellement dans l'âme tranquille
de l'auditeur lorsqu'il nous écoute.
Non pas lorsqu'il nous écoute et que
nous lui disons quelque chose qu'il
est impatient d'entendre, mais lorsque
nous lui demandons de nous écouter en
tant qu'orateur. Car en fait, c'est
toujours une sorte d'attaque contre
notre prochain que de lui tenir un
discours. Et c'est aussi quelque chose
dont nous devons être tout à fait
conscients, que c'est une attaque
contre les auditeurs, lorsque nous
leur adressons un discours.
|
22
|
Wir
müssen uns nur klar sein darüber, was
eigentlich im Gemüte des Zuhörers rege
ist, wenn er uns zuhört. Nicht, wenn
er uns zuhört und wenn wir ihm irgend
etwas sagen, was er begierig ist zu
hören, sondern wenn wir ihm zumuten,
daß er uns als Redner anhören soll.
Denn eigentlich ist es ja immer eine
Art Attacke auf unsere Mitmenschen,
wenn wir mit einer Rede auf sie
losgehen. Und auch das ist etwas,
dessen wir uns durchaus bewußt sein
müssen, daß es eine Attacke ist auf
die Zuhörer, wenn wir mit einer Rede
auf sie losgehen.
|
Tout ce que je dis -
je dois toujours l'ajouter en
parenthèse - vaut comme maxime pour
les orateurs, et non comme
caractéristique des échanges sociaux
ou de quoi que ce soit d'autre ; cela
vaut comme maxime pour les orateurs.
Si je parlais en termes d'échanges
sociaux, je ne pourrais évidemment pas
formuler les mêmes phrases. Je dirais
des folies. Car si l'on parle dans le
concret, une phrase telle que : Nos
pensées n'intéressent personne - est
soit quelque chose de très
intelligent, soit une grande bêtise.
Tout ce que nous disons peut être une
stupidité dans l'ensemble du contexte
humain ou une sagesse ; cela dépend
seulement de la manière dont cela se
place dans le contexte. C'est
pourquoi, pour un orateur, il est
nécessaire de disposer de tout autre
chose que d'instructions sur l'art
formel du discours.
|
23
|
Alles
das, was ich sage — ich muß das immer
wieder in Parenthese hinzufügen —,
gilt als Maxime für Redner, nicht als
Charakteristik des sozialen Verkehrs
oder sonst für etwas; es gilt als
Maxime für Redner. Wenn ich in bezug
auf den sozialen Verkehr sprechen
würde, so könnte ich natürlich nicht
dieselben Sätze prägen. Da würde ich
Torheiten sagen. Denn wenn man im
Konkreten spricht, so kann ein solcher
Satz wie: Unsere Gedanken
interessieren keinen Menschen —
entweder etwas sehr Kluges sein oder
aber eine große Dummheit. Alles, was
wir sagen, kann eine Dummheit sein im
ganzen menschlichen Zusammenhang oder
eine Klugheit; es kommt nur darauf an,
in welcher Art es sich in den
Zusammenhang hineinstellt. Daher sind
für einen Redner ganz andere Dinge
notwendig als Anleitungen zur formalen
Redekunst.
|
Il s'agit donc de
reconnaître : Qu'est-ce qui est
effectif dans l'auditeur ? Dans
l'auditeur, il y a de la sympathie et
de l'antipathie. Elles se manifestent,
plus ou moins inconsciemment, lorsque
nous l'attaquons avec un discours.
Sympathie ou antipathie ! Mais il n'a
certainement pas de sympathie pour nos
pensées dans un premier temps. Ni avec
nos impulsions de volonté, avec ce que
nous voulons en quelque sorte de lui,
avec ce à quoi nous voulons
l'exhorter. On doit avoir une certaine
compréhension de la sympathie ou de
l'antipathie pour ce que nous disons,
si l'on veut aborder l'art oratoire
d'une manière ou d'une autre. La
sympathie et l'antipathie n'ont en
fait rien à voir avec la pensée ou la
volonté,
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24
|
Es
handelt sich also darum, zu erkennen:
Was ist denn eigentlich in dem Zuhörer
wirksam? Im Zuhörer ist wirksam
Sympathie und Antipathie. Die machen
sich, mehr oder weniger unbewußt,
durchaus geltend, wenn wir ihn mit
einer Rede attackieren. Sympathie oder
Antipathie! Aber mit unseren Gedanken
hat er sicherlich zunächst keine
Sympathie. Auch nicht mit unseren
Willensimpulsen, mit dem, was wir von
ihm gewissermaßen wollen, mit dem,
wozu wir ihn ermahnen wollen. Für
Sympathie oder Antipathie zu dem, was
wir sagen, muß man ein gewisses
Verständnis haben, wenn man irgendwie
an die Redekunst herantreten will. Sympathie
und Antipathie haben eigentlich
weder mit dem Denken noch mit dem
Willen etwas zu tun,
|
16
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|
|
mais agissent ici
dans le monde physique uniquement pour
les sentiments, pour le sentimental.
Et une compréhension consciente de la
sympathie et de l'antipathie chez
l'auditeur agit comme si nous nous
bloquions le chemin vers lui - il faut
absolument que cette compréhension de
la sympathie et de l'antipathie soit
quelque chose qui ne vienne absolument
pas à la conscience de l'auditeur,
notamment pendant le discours. Et
travailler sur la sympathie et
l'antipathie, c'est comme si nous
faisions chaque pas de telle sorte que
le sol sur lequel nous marchons soit
l'autre pied, comme si nous marchions
toujours d'un pied sur l'autre. C'est
à peu près ce qui se passe dans le
discours lorsque nous voulons
intercepter la sympathie ou
l'antipathie. Nous devons avoir la
compréhension la plus fine pour la
sympathie et de l'antipathie de
l'auditeur, mais il n'est pas permis
que pendant le discours le moindre de
sa sympathie ou antipathie nous
repose/concerne. Nous devons tout ce
qui oeuvre dans sympathie et
antipathie, si j'ai la permission de
dire ainsi, zpporter dans le discours,
par des détours, dans la préparation.
|
|
sondern
wirken hier in der physischen Welt
lediglich für die Gefühle, für das
Gefühlsmäßige. Und ein
bewußtes Verständnis beim Zuhörer für
Sympathie und Antipathie wirkt so, als
ob wir uns den Weg zu ihm versperren
würden — es muß durchaus dieses
Verständnis für Sympathie und
Antipathie etwas sein, das namentlich
während der Rede durchaus nicht zum
Bewußtsein des Zuhörers kommt. Und ein
Hinarbeiten auf die Sympathie und
Antipathie wirkt so, wie wenn wir
jeden Schritt so machen würden, daß
der Boden, auf den wir auftreten,
dabei der andere Fuß ist, als ob wir
immer mit dem einen Fuß auf den
anderen treten würden. So ungefähr
wirkt es in der Rede, wenn wir die
Sympathie oder Antipathie abfangen
wollen. Wir müssen das feinste
Verständnis haben für Sympathie und
Antipathie des Zuhörers, aber es darf
uns während der Rede nicht das
geringste an seiner Sympathie oder
Antipathie liegen! Wir müssen alles
das, was in Sympathie und Antipathie
hineinwirkt, wenn ich so sagen darf,
auf Umwegen, in der Vorbereitung, in
die Rede hineinbringen.
|
Tout de suite aussi
peuqu'il peut y avoir d'instructions
abstraites pour la peinture ou la
sculpture, il ne peut y avoir de
règles abstraites pour la parole. Mais
tout comme on peut stimuler l'art de
la peinture, on peut stimuler l'art de
la parole. Et il s'agit seulement de
prendre tout à fait au sérieux les
choses qui peuvent être proposées dans
ce sens.
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25
|
Geradesowenig wie es Anleitungen
abstrakter Art fürs Malen geben kann
oder fürs Bildhauern, ebensowenig kann
es Regeln abstrakter Art fürs Reden
geben. Aber ebenso wie man die Kunst
des Malens anregen kann, so auch die
Kunst der Rede. Und es handelt sich
nur darum, daß man die Dinge, die in
dieser Richtung vorgebracht werden
können, völlig ernst nimmt.
|
Prenons d'abord
l'exemple de l'enseignant qui
s'adresse aux enfants. Le génie et la
sagesse de l'enseignant sont les
éléments les moins importants pour
l'expression orale dans
l'enseignement. Le fait de savoir si
nous pouvons bien enseigner les
mathématiques ou la géographie ne
dépend que très peu du fait que nous
soyons nous-mêmes un bon mathématicien
ou un bon géographe. Nous pouvons être
un excellent géographe, mais un
mauvais professeur de géographie, et
ainsi de suite. La qualité de
l'enseignement, qui consiste en grande
partie à parler, dépend de ce que l'on
a ressenti, de ce que l'on a éprouvé à
propos des choses que l'on doit
présenter, et des sensations qui sont
à nouveau stimulées par le fait que
l'on a l'enfant devant soi. C'est
pourquoi la pédagogie de l'école
Waldorf, par exemple, se résume à la
connaissance de l'être humain,
c'est-à-dire à la connaissance de
l'enfant ;
|
26
|
Nehmen
wir zunächst, um von einem Beispiel
auszugehen, den Lehrer, der zu Kindern
spricht. Von der Genialität und
Weisheit des Lehrers hängt eigentlich
für das Sprechen im Unterrichten das
allerwenigste ab. Das
allerallerwenigste hängt dabei, ob wir
gut Mathematik oder Geographie lehren
können, davon ab, ob wir selbst ein
guter Mathematiker oder ein guter
Geograph sind. Wir können ein
ausgezeichneter Geograph, aber ein
schlechter Lehrer der Geographie sein
und so weiter. Es hängt die Güte beim
Lehren, das ja doch zum größten Teil
auch im Sprechen besteht, davon ab,
was man einmal über die Dinge, die man
vorzubringen hat, gefühlt, empfunden
hat, und was für Empfindungen wieder
angeregt werden dadurch, daß man das
Kind vor sich hat. Deshalb läuft zum
Beispiel die Pädagogik der
Waldorfschule auf Menschenkenntnis
hinaus, das heißt auf Kindeskenntnis;
|
16
|
|
|
non pas une
connaissance de l'enfant transmise par
une psychologie abstraite, mais qui
repose sur une compréhension
pleinement humaine de l'enfant, à tel
point qu'on amène les choses, par le
biais d'un sentiment condensé jusqu'à
l'abandon immédiat et aimant, à
ressentir l'enfant à son tour. De ce
sentiment que l'on éprouve à l'égard
de l'enfant et de ce que l'on a
soi-même ressenti et éprouvé à l'égard
de ce que l'on doit présenter, découle
instinctivement la manière de parler
ou d'agir.
|
|
nicht
auf eine Kindeskenntnis, die durch
abstrakte Psychologie vermittelt ist,
sondern die auf einem vollmenschlichen
Begreifen des Kindes beruht, so weit,
daß man es durch das bis zum
unmittelbaren liebevollen Hingeben
verdichtete Gefühl dazu bringt, das
Kind nachzuempfinden. Dann ergibt
sich aus dieser Nachempfindung, die
man gegenüber dem Kinde hat, und aus
dem, was man selber einmal gefühlt und
empfunden hat an dem, was man
vorzubringen hat, aus alledem ergibt
sich ganz instinktiv die Art, wie man
zu sprechen oder auch zu hantieren
hat.
|
Il ne sert à rien,
par exemple, d'enseigner à un enfant
stupide en utilisant la sagesse du
monde que l'on possède soi-même. La
sagesse n'est utile à un enfant
stupide que si on l'a eue hier et si
on l'a utilisée pour la préparation.
Au moment où l'on enseigne à l'enfant
stupide, il faut avoir le génie d'être
soi-même aussi stupide que l'enfant et
n'avoir que la présence d'esprit de se
souvenir de la manière dont on a été
sage hier lors de la préparation. Il
faut pouvoir être stupide avec
l'enfant stupide, inutile avec
l'enfant bon à rien - au moins dans
l'âme tranquille -, sage avec l'enfant
sage, et ainsi de suite. On doit
vraiment être comme un enseignant -
j'espère que ce mot n'éveille pas trop
d'antipathies parce qu'il est trop axé
sur la pensée ou la volonté -, on doit
vraiment être une sorte de caméléon si
l'on veut enseigner correctement.
|
27
|
Es
nützt zum Beispiel gar nichts, ein
blödes Kind so zu unterrichten, daß
man die Weisheit der Welt, die man
selber hat, anwendet. Weisheit hilft
einem bei einem blöden Kinde nur, wenn
man sie gestern gehabt und zur
Vorbereitung gebraucht hat. In dem
Augenblick, wo man das blöde Kind
unterrichtet, muß man die Genialität
haben, selber so blöde zu sein wie das
Kind, und nur die Geistesgegenwart
haben, sich zu erinnern an die Art,
wie man gestern weise war bei der
Vorbereitung. Man muß mit dem blöden
Kind blöde, mit dem nichtsnutzigen
Kinde — im Gemüt wenigstens —
nichtsnutzig, mit dem braven Kind brav
sein können und so weiter. Man muß
wirklich als Lehrer — ich hoffe, daß
dieses Wort nicht allzustarke
Antipathien erweckt, weil es zu stark
nach Gedanken oder Willen gerichtet
ist —, man muß wirklich eine Art
Chamäleon sein, wenn man richtig
unterrichten will.
|
J'ai donc bien aimé
ce que certains enseignants Waldorf
ont trouvé pour augmenter la
discipline grâce à leur génie. Ainsi,
par exemple, notre ami Walter Johannes
Stein, lorsque les enfants s'écrivent
des petites lettres qu'ils se passent
pendant qu'il transmet Jean Paul, ne
commence pas par des exhortations et
autres choses de ce genre, mais il va
voir la chose en toute patience et
fait ensuite une parenthèse dans le
cours : il insère dans le cours un
tout petit chapitre sur le système
postal ! Cela fonctionne bien mieux
que toutes les exhortations.
L'écriture de lettres pendant le cours
s'arrête alors en classe. Cela repose
bien sûr sur une saisie très concrète
du moment. Mais il faut bien sûr avoir
cette présence d'esprit. Il faut
savoir que les sympathies et les
antipathies que l'on veut susciter
sont plus profondes qu'on ne le pense
habituellement.
|
28
|
Es
gefiel mir daher zum Beispiel ganz
gut, was manche Waldorflehrer zur
Erhöhung der Disziplin aus ihrer
Genialität heraus gefunden haben. So
fängt zum Beispiel unser Freund Walter
Johannes Stein, wenn sich die Kinder,
während erJean Paul tradiert,
Briefchen schreiben, die sie sich
reichen, nicht an mit Ermahnungen und
dergleichen, sondern er geht hin,
schaut sich die Sache in aller Geduld
an und macht dann eine
Unterrichtsparenthese: er fügt in den
Unterricht ein ganz kleines Kapitel
über das Postwesen ein! Das wirkt viel
besser als alle Ermahnungen. Das
Briefeschreiben während der Stunde
hört dann auf in der Klasse. Das
beruht natürlich auf einem ganz
konkreten Ergreifen des Augenblickes.
Aber diese Geistesgegenwart muß man.
selbstverständlich haben. Man muß
wissen, daß Sympathien und
Antipathien, die man erregen will,
tiefer sitzen, als man gewöhnlich
meint.
|
17
|
|
|
Et c'est pourquoi il
est extrêmement important que
l'enseignant - lors de la préparation,
surtout lorsqu'il doit traiter un
chapitre quelconque en classe - se
rende pleinement compte de la manière
dont il a lui-même abordé ce chapitre,
lorsqu'il avait le même âge que ses
enfants, de ce qu'il a alors ressenti.
Non pas pour devenir à nouveau pédant
et se comporter le lendemain,
lorsqu'il traitera ce sujet, de telle
sorte qu'il se sente à nouveau ainsi !
Non, il suffit que ce sentiment soit
évoqué lors de la préparation, qu'il
soit vécu lors de la préparation. Et
ensuite, il s'agit d'agir le lendemain
avec la connaissance de l'être humain
que je viens de décrire.
|
29
|
Und so
ist es außerordentlich wichtig, daß
der Lehrer — in der Vorbereitung vor
allen Dingen, wenn er irgendein
Kapitel in der Klasse zu behandeln hat
— sich völlig gegenwärtig macht, wie
er selber an dieses Kapitel
herangetreten ist, als er in demselben
Lebensalter war, wie seine Kinder
sind, wie er da gefühlt hat. Nicht, um
jetzt wiederum pedantisch zu werden
und sich am nächsten Tag, wenn er es
behandelt, so zu arten, daß er nun
etwa wieder so fühlt! Nein, es ist
schon genügend, wenn in der
Vorbereitung dieses Gefühl
heraufgeholt wird, wenn es in der
Vorbereitung durchgemacht wird. Und
dann handelt es sich darum, daß man
nun eben am nächsten Tage mit der eben
geschilderten Menschenkenntnis wirkt.
|
Là aussi, il s'agit
de trouver en nous-mêmes la
possibilité de façonner, à partir de
nos sentiments, la matière du discours
qui, comme nous l'avons dit, fait
partie de la matière enseignée.
|
30
|
Also
auch da handelt es sich darum, daß wir
selbst in uns die Möglichkeit finden,
aus dem Gefühl heraus den Redestoff,
der ja, wie gesagt, ein Teil des
Unterrichtsstoffes ist, zu gestalten.
|
La meilleure façon
de se rendre compte de l'effet que les
choses peuvent avoir, c'est de
regarder ce qui suit dans les yeux de
l'âme : Si donc quelque chose de
sentimental doit agir dans ce qui
traverse notre discours, nous ne
pouvons naturellement pas parler sans
penser, bien que les pensées
n'intéressent en fait pas nos
auditeurs, et nous ne pouvons pas non
plus parler sans volonté, bien que le
vouloir les irrite ; nous voudrons
même très souvent parler de telle
sorte que cela entre dans les
impulsions de volonté des humains, que
nos semblables fassent quelque chose à
la suite de notre discours. Mais en
tout cas, nous ne devons pas organiser
le discours de telle sorte que nous
devenions ennuyeux pour les auditeurs
par le contenu de nos pensées et
antipathiques pour eux par l'impulsion
de volonté que nous voulons donner.
|
31
|
Wie die
Dinge wirken können, machen wir uns am
besten gegenwärtig, wenn wir auch
noch das Folgende ins Seelenauge
fassen: Wenn also etwas Gefühlsmäßiges
wirken muß in dem, was unsere Rede
durchpulst, so können wir natürlich
nicht gedankenlos sprechen, obwohl die
Gedanken eigentlich unsere Zuhörer
nicht interessieren, und wir können
auch nicht willenlos sprechen, obschon
das Wollen sie ärgert; wir werden
sogar sehr häufig so sprechen wollen,
daß es in die Willensimpulse der
Menschen hineingeht, daß infolge
unserer Rede unsere Mitmenschen etwas
tun. Aber wir dürfen jedenfalls die
Rede nicht so einrichten, daß wir
durch unseren Gedankeninhalt den
Zuhörern langweilig und durch den
Willensanstoß, den wir geben wollen,
ihnen antipathisch werden.
|
C'est pourquoi il
s'agira d'établir un accord complet
sur le discours avec nous-mêmes, si
possible bien avant de le tenir,
d'avoir ainsi établi un accord complet
avec nous-mêmes sur ce qui est du
penser. Cela n'a rien à voir avec le
fait que nous parlions ensuite
couramment ou que nous parlions de
manière saccadée. Ce dernier point
dépend, comme nous le verrons, de
circonstances tout à fait différentes.
Mais ce qui doit agir dans le
discours, d'une certaine manière
inconsciemment, est lié au fait que
nous avons convenu du contenu de la
pensée avec nous-mêmes beaucoup,
beaucoup plus tôt.
|
32
|
Daher
wird es sich darum handeln, daß wir
das Denken über die Rede ganz mit uns
abmachen, möglichst lange, bevor wir
sie halten, daß wir also das
Denkerische ganz und gar zunächst mit
uns selbst abgemacht haben. Das hat
nichts damit zu tun, ob wir dann
geläufig reden, ob wir holperig reden.
Das letztere hängt, wie wir sehen
werden, von ganz anderen Umständen ab.
Aber das, was gewissermaßen unbewußt
in der Rede wirken muß, das hängt
damit zusammen, daß wir den
Gedankeninhalt viel, viel früher mit
uns selbst abgemacht haben.
|
18
|
|
|
Le monologue de la
pensée qui doit être le plus vivant
possible, nous devons l'avoir convenu
auparavant, ce monologue de la pensée
qui s'organise de telle sorte que nous
nous déplaçons nous-mêmes pendant
cette préparation dans le discours et
le contre-discours, que nous
anticipons autant que possible toutes
les objections. Car le seul fait de
vivre notre discours en pensée de
cette manière nous permet d'ôter à
notre discours l'épine qu'il a sinon
en toutes circonstances pour
l'auditoire. Nous devons en quelque
sorte adoucir notre discours en ayant
vécu auparavant l'acidité de la
succession des pensées, du
développement logique, mais en l'ayant
vécu si possible de telle sorte que
nous ne formulions pas le contenu
littéral du discours, que nous n'en
ayons aucun pressentiment - je dois
bien sûr parler en maximes, les choses
ne peuvent naturellement pas être
acceptées dans cette extrémité - que
nous n'ayons aucun pressentiment,
lorsque nous commençons à parler, de
la manière dont nous allons formuler
les phrases. Mais le contenu de la
pensée doit être convenu. Avoir une
formulation mot à mot pour tout le
discours est quelque chose qui ne peut
finalement jamais conduire à un
discours vraiment bon. Car cela se
rapproche déjà beaucoup de l'écriture,
et nous n'avons qu'à imaginer qu'à
notre place il y ait un phonographe
qui donne la chose de lui-même ; alors
la différence entre l'écriture et la
machine qui donne la chose est encore
plus petite. Mais si nous avons
formulé un discours au préalable, de
manière à ce qu'il soit élaboré et que
nous puissions le prononcer mot à mot,
nous ne sommes pas très différents
d'une machine à laquelle nous avons
donné un coup de pouce et que nous
débrayons ensuite. Il n'y a pas
beaucoup de différence entre écouter
un discours prononcé mot à mot, tel
qu'il a déjà été élaboré mot à mot, et
le lire, si ce n'est que lorsqu'on
lit, l'orateur ne nous dérange pas
continuellement, alors que lorsqu'on
écoute un discours que l'on a appris à
prononcer mot à mot, l'orateur nous
dérange continuellement. La
préparation des pensées se fait donc
de la bonne manière, en ce sens
qu'elle précède la tenue du discours
jusqu'à l'accord absolu avec soi-même,
mais en pensées. On doit en avoir fini
avec ce que l'on veut
présenter/exposer.
|
|
Den
Gedankenmonolog, der möglichst lebhaft
sein soll, den müssen wir vorher
abgemacht haben, jenen
Gedankenmonolog, der sich so
gestaltet, daß wir uns selber während
dieser Vorbereitung in Rede und
Gegenrede bewegen, daß wir möglichst
alle Einwände vorausnehmen. Denn
allein dadurch, daß wir in dieser
Weise unsere Rede vorher in Gedanken
erleben, nehmen wir unserer Rede den
Stachel, den sie sonst unter allen
Umständen für die Zuhörerschaft hat.
Wir müssen gewissermaßen unsere Rede
dadurch versüßen, daß wir das Saure
der Gedankenfolge, des logischen
Ausbaues, vorher durchgemacht haben,
aber möglichst so durchgemacht haben,
daß wir uns den wortwörtlichen Inhalt
der Rede nicht formulieren, daß wir
keine Ahnung davon haben — ich muß
natürlich in Maximen reden, die Dinge
können ja natürlich nicht in dieser
Extremheit hingenommen werden —, daß
wir keine Ahnung davon haben, wenn wir
zu reden beginnen, wie wir uns die
Sätze formulieren werden. Die
Gedankeninhalte aber müssen abgemacht
sein. Die wortwörtliche Formulierung
gar für die ganze Rede zu haben, ist
etwas, was schließlich niemals zu
einer wirklich guten Rede führen kann.
Denn das kommt schon sehr nahe dem
Aufgeschriebenhaben, und wir brauchen
uns da bloß vorzustellen, daß statt
unser ein Phonograph dastünde, der die
Sache von selbst von sich gäbe; dann
ist der Unterschied noch kleiner
zwischen dem Aufgeschriebenhaben und
der Maschine, die das von sich gibt.
Aber wenn wir eine Rede vorher
formuliert haben, so daß sie so
ausgearbeitet ist, daß sie
wortwörtlich von uns gesprochen werden
kann, so unterscheiden wir uns ja
nicht sehr stark von einer Maschine,
der wir das eingekurbelt haben und
die wir dann abkurbeln. Da ist schon
gar nicht viel Unterschied zwischen
dem Anhören einer Rede, die
wortwörtlich so gesprochen wird, wie
sie schon wortwörtlich ausgearbeitet
wurde, und dem Lesen, außer dem, daß
einen beim Lesen nicht der Redner
fortwährend stört, während einen beim
Anhören einer also eingelernten Rede,
die man wortwörtlich spricht, der
Redner ja
fortwährend stört. Die
Gedankenvorbereitung also wird dadurch
in der richtigen Weise gepflogen, daß
sie ganz bis zum absoluten Einigwerden
mit sich selbst, aber in Gedanken, dem
Halten der Rede vorangeht. Fertig muß
man sein mit dem, was man vorbringen
will.
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19
|
|
|
Il y a toutefois
quelques exceptions pour les discours
ordinaires que l'on tient devant un
auditoire autrement inconnu. En effet,
si l'on commence tout de suite, devant
un tel auditoire, par exposer ce que
l'on a élaboré en pensée, en quelque
sorte de manière méditative, dès la
première phrase, sous l'inspiration
immédiate, si je puis m'exprimer
ainsi, alors on ne fait pas quelque
chose de très bon pour les auditeurs.
En effet, au début d'un discours, il
faut déjà rendre sa personnalité un
peu efficace ; au début du discours,
on ne doit pas tout de suite effacer
sa personnalité, parce que, je dirais,
il faut d'abord stimuler la partie
vibrante du sentiment.
|
33
|
Allerdings, einige Ausnahmen sind da
für gewöhnliche Reden, die man vor
einer sonst unbekannten Zuhörerschaft
hält. Wenn man nämlich vor einer
solchen Zuhörerschaft gleich damit
beginnt, daß man dasjenige, was man so
in Gedanken gewissermaßen meditativ
ausgearbeitet hat, vom ersten Satz an
nun auch unter der unmittelbaren, wenn
ich mich so ausdrücken darf,
Inspiration vorbringt, dann tut man
doch wiederum den Zuhörern nicht etwas
recht Gutes. Im Beginne einer Rede
nämlich muß man schon etwas seine
Persönlichkeit wirksam machen; im
Beginne der Rede darf man nicht gleich
seine Persönlichkeit ganz auslöschen,
weil, ich möchte sagen, erst das
Vibrierende des Gefühls angeregt
werden muß.
|
Il n'est pas
nécessaire de faire comme le
professeur d'histoire de la
littérature allemande Michael Bernays,
autrefois très célèbre dans certains
cercles, qui, lorsqu'il vint un jour à
Weimar pour y prononcer un discours
sur l'histoire de la théorie des
couleurs de Goethe, voulut organiser
les premières phrases de telle sorte
que le sentiment de l'auditeur soit
mis à contribution de manière très,
très intense ; mais différemment de ce
qu'il voulait. Il est arrivé à Weimar
quelques jours plus tôt. Weimar est
une petite ville ; on peut y faire le
tour des gens qui seront en partie
dans la salle, et on peut créer une
ambiance pour son discours. Ceux qui
l'entendent directement le disent
ensuite aux autres, et c'est en fait
toute la salle qui est "accordée"
lorsque l'on prononce le discours.
C'est ainsi que le professeur Michael
Bernays s'est promené pendant quelques
jours à Weimar et a dit : "Ah, je n'ai
pas pu me préparer à ce discours ; le
génie me donnera ce qu'il faut au bon
moment. Je vais attendre ce que le
génie me suggère. - Il devait
maintenant tenir ce discours dans la
"salle de repos" de Weimar. C'était
une chaude journée d'été. Il fallait
ouvrir les fenêtres, et juste devant
les fenêtres de cette "salle de repos"
se trouvait une basse-cour. Michael
Bernays s'y installa et attendit que
le génie commence à lui donner quelque
chose. Car tout Weimar le savait : le
génie doit venir et donner son
discours à Michael Bernays. Et voilà
qu'à ce moment-là où attendait aprés
le génie, le coq commença dehors :
cocorico ! - Chaque humain savait :
maintenant, le génie avait parlé pour
Michaël Bernays ! - Les sensations
étaient fortement exacerbées,
toutefois d'une autre manière qu'il
l'avait voulu. Mais c'etait déjà une
certaine ambiance dans la salle.
|
34
|
Man
braucht es nun ja nicht gleich so zu
machen wie zum Beispiel der einstmals
in gewissen Kreisen sehr berühmte
Professor der deutschen
Literaturgeschichte Michael Bernays,
der, als er einmal nach Weimar kam,
um dort eine Rede über Goethes
Geschichte der Farbenlehre zu halten,
die ersten Sätze so gestalten wollte,
daß allerdings das Gefühl der Zuhörer
in sehr, sehr intensiver Weise in
Anspruch genommen wurde; allerdings
anders, als er wollte. Er kam nach
Weimar schon ein paar Tage früher.
Weimar ist eine kleine Stadt; da kann
man bei den Leuten herumgehen, die zum
Teil dann im Saal sein werden, und
kann Stimmung machen für seine Rede.
Diejenigen, die es so unmittelbar
hören, die sagen es dann den anderen,
und es ist eigentlich dann der ganze
Saal «gestimmt», wenn man die Rede
hält. Da ging denn nun wirklich der
Professor Michael Bernays ein paar
Tage lang in Weimar herum und sagte:
Ach, ich habe mich nicht vorbereiten
können auf diese Rede; der Genius wird
mir im rechten Augenblick schon das
Richtige eingeben. Ich werde warten,
was der Genius mir eingibt. — Nun
hatte er diese Rede im Weimarer
«Erholungssaal» zu halten. Es war ein
heißer Sommertag. Die Fenster mußten
aufgemacht werden, und unmittelbar vor
den Fenstern dieses «Erholungssaales»
war ein Hühnerhof. Michael Bernays
stellte sich hin und wartete, bis der
Genius anfing, ihm etwas einzugeben.
Denn das wußte ja ganz Weimar: Der
Genius muß kommen und muß Michael
Bernays seine Rede eingeben. Und
siehe da, in diesem Momente, als
Bernays auf den Genius wartete, fing
draußen der Hahn an: Kikeriki! — Jeder
Mensch wußte: Jetzt hat der Genius
gesprochen für Michael Bernays! — Die
Gefühle waren stark angeregt,
allerdings in anderer Weise, als er es
gewollt hatte. Aber es war eine
gewisse Stimmung schon im Saal.
|
Je ne dis pas cela
pour vous raconter une anecdote
sympathique, mais parce que je dois
attirer votre attention sur ce point :
La partie principale du discours doit
être conçue de telle sorte qu'elle
soit bien travaillée en pensée et
qu'elle soit ensuite formulée
librement. Mais le début est en fait
destiné à se rendre un peu risible,
car cela donne envie aux auditeurs de
vous écouter. Si l'on ne se ridiculise
pas un tout petit peu - mais de telle
sorte que la chose ne soit pas
fortement remarquée, qu'elle ne se
déroule que dans le subconscient -, on
ne peut pas captiver de la bonne
manière si l'on doit tenir un discours
individuel quelque part. Bien sûr, il
ne faut pas que ce soit très appuyé,
mais cela agit déjà suffisamment dans
le subconscient.
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35
|
Ich
sage das nicht, um Ihnen eine nette
Anekdote zu erzählen, sondern weil
ich darauf aufmerksam machen muß: Der
Hauptteil der Rede soll schon so
gestaltet sein, daß er in Gedanken
meditativ gut durchgearbeitet ist und
nachher frei formuliert wird. Aber der
Anfang ist ja eigentlich sogar dazu
da, daß man sich ein bißchen
lächerlich macht, denn das stimmt die
Zuhörer so, daß sie einem dann lieber
zuhören. Wenn man sich nicht ein ganz
klein wenig lächerlich macht —
allerdings so, daß die Sache nicht
stark bemerkt wird, daß sie nur im
Unterbewußten abläuft —, dann kann man
doch nicht in der richtigen Weise
fesseln, wenn man irgendwo eine
einzelne Rede zu halten hat. Es darf
natürlich nicht stark aufgetragen
sein, aber es wirkt schon genügend im
Unterbewußten.
|
Ce que l'on devrait
avoir pour chaque discours, c'est que
l'on ait formulé littéralement la
première, la deuxième, la troisième,
la quatrième, tout au plus la
cinquième phrase. Ensuite, on passe à
ce qui est ordonné, orienté, comme je
viens de le suggérer. Et la conclusion
devrait à nouveau être formulée de
manière littérale. Car à la fin, si on
est un vrai orateur, on devrait
toujours avoir un peu le trac, on
devrait toujours avoir une peur
secrète de ne pas trouver sa dernière
phrase. C'est nécessaire pour colorer
le discours. On a besoin, pour
captiver le cœur de l'auditeur à la
fin, d'avoir un peu peur de trouver la
dernière phrase. Afin de répondre de
manière adéquate à cette peur, après
avoir terminé son discours en sueur,
il faut ajouter à toute autre
préparation le fait de se souvenir de
la formulation exacte des une, deux,
trois, quatre, au maximum cinq
dernières phrases. Un discours devrait
donc avoir un cadre : La formulation
des premières et des dernières
phrases, et entre les deux, le
discours devrait être libre. Comme je
l'ai dit, je dis cela comme une
maxime.
|
36
|
Was man
eigentlich für jede einzelne Rede
haben sollte, ist dies, daß man den
ersten, zweiten, dritten, vierten,
höchstens noch den fünften Satz
wörtlich formuliert hat. Dann geht man
zu dem über, was in der Weise
angeordnet, orientiert ist, wie ich
das eben angedeutet habe. Und den
Schluß sollte man wiederum wörtlich
formuliert haben. Denn am Schluß
sollte man eigentlich immer, wenn man
ein richtiger Redner ist, etwas
Lampenfieber haben, sollte man immer
so eine geheime Angst haben davor, daß
man seinen letzten Satz nicht findet.
Das ist nötig zur Färbung der Rede.
Man braucht das, um die Herzen der
Zuhörer zu fesseln am Schlusse, daß
man etwas ängstlich ist, den letzten
Satz zu finden. Damit man also,
nachdem man nun schwitzend seine Rede
absolviert hat, dieser Angst in der
richtigen Weise entgegenkommt, füge
man zu aller übrigen Vorbereitung
dieses hinzu, daß man sich merkt die
genaue Formulierung auch der letzten
ein, zwei, drei, vier, höchstens fünf
Sätze. Also einen Rahmen müßte
eigentlich eine Rede haben:
Formulierung der ersten und der
letzten Sätze, und dazwischen müßte
die Rede frei sein. Wie gesagt, als
Maxime sage ich das.
|
Certains d'entre
vous diront peut-être : oui, mais si
quelqu'un ne peut pas parler ainsi ? -
Il ne faut donc pas dire tout de suite
que la situation est si grave qu'il ne
doit pas parler du tout.
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37
|
Nun
werden vielleicht manche von Ihnen
sagen: ja, aber wenn nun einer eben
nicht so reden kann? — Man wird
deshalb nicht gleich sagen müssen, die
Sache sei so schlimm, daß er nun
überhaupt nicht reden solle.
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21
|
|
|
Il est tout à fait
naturel que l'on puisse parler un peu
mieux ou un peu moins bien, il ne faut
donc pas se laisser empêcher de parler
si l'on ne peut pas remplir toutes les
conditions. Mais on devrait s'efforcer
de remplir ces conditions en faisant
de telles maximes ses maximes de vie,
comme nous pouvons les développer ici.
Et puis, il y a un très bon moyen de
devenir au moins un orateur
supportable, même si on n'est pas du
tout un orateur au départ, même si on
est le contraire d'un orateur. Je peux
vous assurer que s'il s'est couvert de
ridicule cinquante fois, la cinquante
et unième fois sera la bonne,
justement parce qu'il s'est ridiculisé
cinquante fois. Et celui pour qui
cinquante n'est pas suffisant, il peut
bien se charger cent fois, mais une
fois, ça va, si on ne craint pas les
humiliation. Bien sûr, le dernier
discours avant la mort ne sera jamais
bon, si l'on a auparavant craint les
humiliations. Mais au moins le dernier
discours avant la mort sera bon si
l'on s'est ridiculisé x fois en
parlant auparavant. C'est aussi une
chose à laquelle on devrait toujours
penser. Et on se formera sans aucun
doute à l'art oratoire. Car on n'a
besoin, pour être orateur, que des
gens qui nous écoutent et que, dans
une certaine mesure, on n'aille pas
trop prêt d'eux, que l'on évite
vraiment, ce qui s'approche trop de
l'humain.
|
|
Es ist
ja ganz natürlich, daß man ein bißchen
besser oder ein bißchen schlechter
reden kann, so daß man sich nicht
abhalten lassen soll vom Reden, wenn
man nicht alle Bedingungen erfüllen
kann. Aber man sollte sich bestreben,
diese Bedingungen zu erfüllen, indem
man solche Maximen zu seinen
Lebensmaximen macht, wie wir sie hier
entwickeln können. Und dann gibt es ja
ein sehr gutes Mittel, um wenigstens
ein erträglicher Redner zu werden,
wenn man auch ganz und gar zuerst kein
Redner ist, selbst wenn man das
Gegenteil eines Redners ist. Ich kann
Ihnen versichern, wenn er sich
fünfzigmal blamiert hat, das
einundfünfzigste Mal wird es gehen,
gerade deshalb, weil er sich
fünfzigmal blamiert hat. Und
derjenige, bei dem fünfzig nicht genug
sind, der kann ja hundertmal auf sich
laden, aber einmal geht es, wenn man
Blamagen nicht scheut. Natürlich,
niemals wird die letzte Rede vor dem
Tode gut sein, wenn man vorher
Blamagen gescheut hat. Aber mindestens
die letzte Rede vor dem Tode wird gut
sein, wenn man sich vorher x-mal im
Reden blamiert hat. Das ist auch
etwas, woran man eigentlich immer
denken sollte. Und man wird sich zum
Redner ganz zweifellos heranbilden.
Denn man hat ja nichts nötig zum
Redner, als daß einem die Leute
zuhören, und daß man ihnen
gewissermaßen nicht allzu nahe tritt,
daß man wirklich vermeidet, was den
Menschen zu nahe tritt.
|
De même que l'on est
habitué à parler dans la vie sociale
quand on parle avec un autre humain,
on ne pourra pas parler dans un
discours public ou asolument dans un
discours tenu devant des auditeurs.
Tout au plus pourra-t-on parfois
insérer des phrases comme celles que
l'on prononce dans la vie ordinaire.
Car il est bon d'être conscient que ce
que l'on a dans la vie courante comme
formulation du discours est en général
un peu trop fin ou un peu trop
grossier pour un discours devant un
cercle d'auditeurs. En règle générale,
ce n'est pas tout à fait vrai. La
façon dont on formule ses mots dans la
vie courante, quand on s'adresse à une
autre humain, varie, elle oscille
toujours entre un peu de grossièreté
et un peu de fausseté ou de manque de
politesse. Ces deux aspects doivent
être évités dans le discours prononcé
devant des auditeurs et n'être
utilisés en quelque sorte qu'entre
parenthèse. L'auditeur a alors le
sentiment secret que, alors qu'il
parle normalement comme on parle dans
un discours,
|
38
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So wie
man gewohnt ist, im sozialen Leben zu
reden, wenn man mit einem anderen
Menschen spricht, so wird man in der
öffentlichen oder überhaupt in der vor
Zuhörern gehaltenen Rede nicht
sprechen können. Höchstens wird man
zuweilen solche Sätze, wie man sie
auch im gewöhnlichen Leben spricht,
einfügen können. Denn es ist gut, wenn
man sich dessen bewußt ist, daß
dasjenige, was man im gewöhnlichen
Leben als Formulierung der Rede hat,
für die Rede vor einem Zuhörerkreis
in der Regel etwas zu fein oder etwas
zu grob ist. Ganz stimmt es in der
Regel nicht. Die Art, wie man im
gewöhnlichen Leben seine Worte
formuliert, wenn man einen anderen
Menschen anredet, die variiert, die
pendelt ja immer zwischen etwas
Grobsein und etwas Unwahrsein oder
Nichthöflichsein. Beides muß in der
vor Zuhörern gehaltenen Rede durchaus
vermieden und nur in Parenthese
gewissermaßen angewendet werden. Der
Zuhörer hat dann das geheime Gefühl:
Während der sonst so redet, wie man
eben in einer Rede redet,
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22
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|
il vous apostrophe
soudain ; il parle comme dans un
dialogue. Il a l'intention soit de
nous blesser un peu, soit de nous
donner une impression mielleuse.
|
|
apostrophiert er einen da plötzlich;
er redet wie im Dialog. Da hat er im
Sinne, uns entweder ein bißchen zu
verletzen oder aber uns süßlich zu
kommen.
|
Mais nous devons
aussi introduire l'élément de la
volonté dans le discours de la manière
correcte. Et cela ne peut se faire que
par la préparation, mais par une
préparation qui, en réfléchissant à la
question, applique son propre
enthousiasme, vit en quelque sorte
avec la chose. Qu'est-ce que je veux
dire par là ? Vous voyez, on a d'abord
fini avec le contenu de la pensée. On
l'a fait sien. Maintenant, la partie
suivante de la préparation serait la
suivante : On s'écoute en quelque
sorte soi-même intérieurement en
récitant le contenu de cette pensée.
On commence à écouter ses pensées.
Elles n'ont pas besoin d'être
formulées mot à mot, comme je l'ai
déjà dit, mais on commence à les
écouter. C'est ce qui met l'élément de
la volonté dans la bonne position,
cette écoute intérieure de soi-même.
Car en nous écoutant intérieurement,
nous développons aux bons endroits
l'enthousiasme ou le dégoût, la
sympathie ou l'antipathie, comme cela
doit se rattacher à ce que nous
transmettons là. Ce que nous vivons
ainsi, de cette manière volontaire,
entre aussi dans notre volonté et
apparaît, lorsque nous parlons, dans
la variation des tons. Que nous
parlions plus ou moins intensément,
que nous accentuions plus ou moins,
nous le devons uniquement au fait de
ressentir et de vouloir traverser le
contenu de nos propres pensées lors de
la préparation méditative. Et ce que
nous avons dans la pensée, nous devons
le transférer peu à peu pour obtenir
une image de la forme de notre
discours. Alors, la pensée est aussi
dans le discours, mais pas dans les
mots, mais entre les mots, comment
seront façonnée la parole, façonnées
les phrases, façonnée la disposition.
Plus nous sommes dans la situation de
penser sur le comment de notre exposé,
d'autant plus nous œuvrons sur la
volonté de l'autre. Les humains le
prenne ce que nous déposons dans la
formulation et la composition du
discours.
|
40
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Wir
müssen aber auch das Willenselement in
der richtigen Weise in die Rede
hineinbringen. Und das kann wiederum
nur durch die Vorbereitung geschehen,
aber durch diejenige Vorbereitung, die
im Durchdenken der Sache den eigenen
Enthusiasmus anwendet, gewissermaßen
mit der Sache lebt. Was meine ich
damit eigentlich? Sehen Sie, zunächst
ist man fertig mit dem Gedankeninhalt.
Man hat sich ihn zu eigen gemacht.
Jetzt würde der nächste Teil der
Vorbereitung der sein: Man hört sich
gewissermaßen im Vortragen dieses
Gedankeninhaltes innerlich selber zu.
Man fängt an, seinen Gedanken
zuzuhören. Sie brauchen nicht
wortwörtlich formuliert zu sein, wie
ich schon sagte, aber man fängt an,
ihnen zuzuhören. Das ist es, was das
Willenselement in die richtige Lage
bringt, dieses sich selbst innerlich
Anhören. Denn dadurch, daß wir uns
innerlich anhören, entwickeln wir an
den richtigen Stellen Enthusiasmus
oder Abscheu, Sympathie oder
Antipathie, wie es sich anknüpfen muß
an das, was wir da tradieren. Was wir
so erleben, in dieser willensmäßigen
Weise, das geht auch in unseren Willen
hinein und erscheint, wenn wir reden,
in der Variation der Töne. Ob wir
intensiv oder schwächer reden, ob wir
heller oder dunkler betonen, das haben
wir lediglich von dem Durchfühlen und
dem Durchwollen unseres eigenen
Gedankeninhaltes in der meditativen
Vorbereitung. Und was wir im Denken
haben, das müssen wir allmählich dazu
überleiten, ein Bild zu bekommen von
der Gestaltung unserer Rede. Dann ist
auch das Denken in der Rede drinnen,
aber nicht in den Worten, sondern
zwischen den Worten, wie die Worte
gestaltet, die Sätze gestaltet, die
Disposition gestaltet werden. Je mehr
wir in der Lage sind, über das Wie
unseres Vortrags zu denken, desto
stärker wirken wir auf den Willen der
anderen. Das nehmen die Menschen
nämlich hin, was wir in die
Formulierung und in die Komposition
der Rede hineinlegen.
|
Si nous venons leur
dire : chacun d'entre vous est au fond
un mauvais gars qui ne fait pas demain
tout ce qu'il peut pour réaliser la
triarticulation - cela irrite les
gens. Mais si nous présentons la
raison synthétique de la
triarticulation dans un tel discours,
|
41
|
Wenn
wir ihnen kommen und sagen: Jeder von
euch ist im Grunde genommen ein
schlechter Kerl, der nicht morgen
alles tut, um die Dreigliederung zu
verwirklichen — das ärgert die Leute.
Wenn wir aber die Vernunft der
Dreigliederung in einer solchen Rede
vorbringen,
|
23
|
|
|
qui est composé
conformément à la nature, qui est
intérieurement articulé, de sorte
qu'il est peut-être même lui-même une
sorte de triarticulation intime, mais
notamment s'il est conçu de telle
sorte que nous soyons nous-mêmes
convaincus en nous-mêmes de la
nécessité de la triarticulation,
convaincus de tout notre sentiment et
de toutes nos impulsions de volonté,
alors cela agit sur les humains, cela
agit sur la volonté des humains.
|
|
die
naturgemäß komponiert ist, die
innerlich gegliedert ist, so daß sie
vielleicht selbst sogar eine Art
intimer Dreigliederung ist, namentlich
aber, wenn sie so gestaltet ist, daß
wir selber in uns von der
Notwendigkeit der Dreigliederung
überzeugt sind, mit allem Gefühl und
mit allen Willensimpulsen überzeugt
sind, dann wirkt das auf die Menschen,
dann wirkt es auf den Willen der
Menschen.
|
Ce que nous avons
mis en œuvre pour faire de notre
discours une œuvre d'art agit sur la
volonté des humains sans qu'ils s'en
aperçoivent dans le discours ; ce qui
émane de notre propre volonté, ce que
nous voulons nous-mêmes, ce qui nous
enthousiasme, ce qui nous entraîne,
agit beaucoup plus sur la pensée des
auditeurs ; cela stimule beaucoup plus
facilement les pensées en eux. C'est
pourquoi un orateur enthousiaste pour
sa cause est facilement compris. Un
orateur qui se forme artistiquement
pourra plus facilement stimuler la
volonté de ses auditeurs. Mais le
principe suprême, la maxime suprême
doit être celle-ci : que nous ne
tenions aucun discours autrement que
bien préparé.
|
42
|
Was wir
an Gedankenentfaltung angewendet
haben, um unsere Rede zu einem
Kunstwerk zu machen, das wirkt auf den
Willen der Menschen unbemerkt in der
Rede; was aus unserem eigenen Willen
hervorgeht, was wir selber wollen,
was uns begeistert, was uns hinreißt,
das wirkt viel mehr auf das Denken der
Zuhörer; das regt in ihnen viel
leichter die Gedanken an. Daher wird
ein für seine Sache begeisterter
Redner leicht verstanden. Ein
künstlerisch bildender Redner wird
leichter den Willen der Zuhörer
anregen können. Aber der oberste
Grundsatz, die oberste Maxime muß denn
doch diese sein: daß wir keine Rede
anders halten, als gut vorbereitet.
|
Oui, mais si nous
sommes obligés de tenir un discours
impromptu, si par exemple on s'adresse
à nous et que nous devons répondre
immédiatement, nous ne pouvons pas
d'abord remonter le temps jusqu'au
jour précédent pour méditer sur la
contrepèterie et nous en souvenir,
comme je viens de l'indiquer ; ce
n'est pas possible ! - Et pourtant,
c'est possible ! C'est possible dans
la mesure où nous sommes absolument
vrais à un tel moment. Ou bien nous
sommes attaqués de telle sorte qu'un
humain nous semble si terriblement
grossier que nous devons lui répondre
immédiatement - c'est alors déjà un
fait émotionnel fort. Le sentiment est
donc déjà stimulé d'une manière
correspondante. Il y a là un substitut
à ce dont nous avons habituellement
besoin pour animer d'enthousiasme et
ainsi de suite ce que nous n'imaginons
qu'en pensée. Mais ensuite, lorsque
dans un tel moment nous ne disons rien
d'autre que ce que nous pouvons dire à
chaque instant en tant qu'être humain
entier, lorsque nous sommes attaqués
de cette manière, alors nous sommes
tout de même préparés d'une manière
similaire.
|
43
|
Ja,
aber wenn wir nun gezwungen sind, eine
Rede aus dem sogenannten Stegreif zu
halten, wenn wir zum Beispiel
angeredet werden und gleich darauf zu
antworten haben, da können wir doch
nicht erst die Zeit zurückgehen lassen
zum vorhergehenden Tage, um da den
Gegentoast zu meditieren und ihn in
Erinnerung bringen, wie ich das jetzt
eben angedeutet habe; das geht doch
nicht! — Und doch geht es! Es geht
nämlich in der Weise, daß wir gerade
in einem solchen Moment absolut wahr
sind. Oder wir werden in dieser Weise
attackiert, daß uns ein Mensch so
schrecklich grob kommt, daß wir ihm
gleich darauf antworten müssen — dann
ist das schon ein starkes
Gefühlsfaktum. Also das Gefühl wird
schon in einer entsprechenden Weise
angeregt. Da ist ein Ersatz da für
das, was wir sonst brauchen, um in
Begeisterung und so weiter zu beleben,
was wir uns erst in Gedanken
vorstellen. Dann aber, wenn wir in
einem solchen Momente nichts anderes
sagen als dasjenige, was wir als
ganzer Mensch in jedem Augenblicke
sagen können, wenn wir in dieser
Weise attackiert werden, dann sind wir
doch in einer ähnlichen Weise
vorbereitet.
|
24
|
|
|
Tout de suite à de
telles choses, il s'agit justement de
la conclusion globale, seulement,
seulement, seulement d'être vrai. En
règle générale, toutes les conditions
de la compréhension sont là, si
l'attaque ne consiste pas tout de
suite à nous défier dans une
discussion. Je veux encore en parler.
Car il s'agit alors non pas de tenir
absolument des discours proprement
dits, mais de faire quelque chose de
tout à fait différent, ce qui sera
pour nous, si nous voulons suivre ce
cours avec raison/droit, tout
particulièrement important. Car pour
agir dans le sens que j'ai évoqué
aujourd'hui, nous ne devrons pas
seulement prononcer des discours, mais
avons aussi à placer notre homme - et
évidemment aussi notre dame - dans la
discussion. Et là-dessus doit donc
aussi absolument aussi être parlé, et
même beaucoup parlé.
|
44
|
Gerade
bei solchen Dingen handelt es sich
eben um den Gesamtentschluß, nur,
nur, nur wahr zu sein. Es sind dann ja
auch in der Regel alle Bedingungen des
Verstehens da, wenn die Attacke nicht
gerade darin besteht, daß wir in einer
Diskussion herausgefordert werden.
Darüber will ich dann noch sprechen.
Denn es handelt sich dann eigentlich
darum, überhaupt nicht eigentliche
Reden zu halten, sondern etwas ganz
anderes zu tun, was für uns wohl, wenn
wir diesen Kursus mit Recht
absolvieren wollen, ganz besonders
wichtig sein wird. Denn wir werden ja,
um in dem Sinne zu wirken, wie ich es
heute im Anfang angedeutet habe, nicht
bloß Reden zu halten haben, sondern
auch in der Diskussion unseren Mann —
selbstverständlich auch unsere Dame —
zu stellen haben. Und darüber muß also
durchaus auch gesprochen werden, und
sogar sehr viel gesprochen werden.
|
Maintenant, je vous
demande avant tout de considérer ce
que j'ai dit aujourd'hui du point de
vue qu'il indique peut-être un peu
combien il est difficile d'acquérir
l'art de la parole. Mais c'est
particulièrement difficile quand il ne
s'agit pas seulement de parler, mais
même de parler de la parole. Imaginez
que l'on doive peindre la peinture,
sculpter la sculpture ! La tâche n'est
donc pas facile. Mais nous allons
essayer de la mener à bien d'une
manière ou d'une autre dans les
prochains jours.
|
45
|
Nun
bitte ich Sie vor allen Dingen, das,
was ich heute gesagt habe, von dem
Gesichtspunkte aus ins Auge zu fassen,
daß es vielleicht ein bißchen darauf
hinweist, wie schwierig man es hat mit
dem Aneignen der Redekunst. Aber ganz
besonders schwierig hat man es, wenn
nicht nur geredet, sondern sogar über
das Reden geredet werden soll. Denken
Sie sich, wenn man das Malen malen,
das Bildhauern bildhauern sollte!
Also, die Aufgabe ist nicht ganz
leicht. Aber wir werden versuchen, sie
doch in irgendeiner Weise in den
nächsten Tagen zu absolvieren.
|
25
|
|
|
Français
seulement
PREMIÈRE
CONFÉRENCE, Dornach, le 11 octobre 1921
Trad. F.G. - v. 01 - 25/05/2025
Problème, le but et la méthodologie de la
série de conférences. De l'interaction entre
les forces de l'âme entre l'orateur et
l'auditeur. Lignes directrices pour la
préparation et la mise en œuvre d'un
discours: Le discours doit venir du cœur;
trouver de la compréhension pour la
sympathie et l'antipathie de l'auditeur; se
souvenir du sentiment qu’on a eu soi-même à
l'origine vis-à-vis du contenu;
clarification du contenu de la pensée déjà
lors de la préparation; ne pas formuler le
contenu du discours mot à mot; au début du
discours, la personnalité de l'orateur doit
devenir efficace; il peut se faire un peu
ridicule; vers la fin une certaine
inquiétude par rapport à la dernière phrase
devrait devenir sensible; les première et
dernière phrases sont à formuler mot à mots
par avance- - Caractérisation de Michael
Bernays comme orateur. .. L'élément de
volonté dans le discours en lien avec la
préparation. A propos du succès et de
l’échec d'un orateur. Le discours au pied
levé.
01
Je suis d'avis qu'avec ce cours il s'agit d'un
entretien/une discussion sur ce qui est
nécessaire pour entrer/s'engager alors
réellement dans le mouvement de
l'anthroposophie et de la triarticulation,
pour autant qu'il entre en ligne de compte
aujourd'hui. Le cours ne sera donc pas conçu
comme un cours d'orateur ou autre, mais comme
une sorte de cours d'orientation pour les
personnalités qui se donnent justement pour
tâche d'oeuvrer dans la direction indiquée.
02
Les personnalités qui acceptent simplement
comme une sorte de communication ce qui peut
venir de l'anthroposophie ne pourront pas
tirer grand chose de ce cours. En effet, nous
avons actuellement besoin d'efficacité au sein
de notre mouvement. Cette efficacité, il
semble qu'il soit difficile de l'allumer. Il
semble que la vue que cette efficacité est
vraiment nécessaire dans notre époque se
propage difficilement.
03
Il ne s'agira donc pas ici d'un cours de
discours formel, mais précisément de ce qui
est nécessaire à quelqu'un qui veut accomplir
une tâche très précise, précisément celle que
nous avons évoquée. Sur le sol du mouvement
anthroposophique, il ne devrait pas être fait
usage de la langue de bois/d'un parler
alentour en général. C'est tout de suite la
caractéristique de notre culture et de notre
civilisation actuelles qu'est parler des
choses à la ronde en général, que les tâches
concrètes sont peu saisies, et que l'on
s'intéresse aussi de préférence à un discours
en général.
04
C'est pourquoi, dans ce cours, je n'aurai pas
à traiter des choses que je vais développer
sur le plan du contenu, de la manière dont
elles peuvent servir d'information, mais
j'essaierai de les traiter - et cela doit être
le cas dans un tel cours d'orientation, parce
qu'il doit justement servir de base à une
tâche déterminée - de la manière dont elles
peuvent ensuite être utilisées dans le
discours oral.
05
Et je traiterai ce discours oral en tenant
compte du fait que celui qui veut se placer un
tel discours oral pour tâche, n'œuvre pas dans
un cadre où de l'intérêt est déjà disponible,
mais oeuvre dans une, deux ou trois
conférences/exposés, par lesquels il éveille
d'abord l'intérêt.
06
C'est donc dans ce sens très concret que je
souhaite façonner ce cours. Et les points de vue
généraux que je vais aborder aujourd'hui doivent
déjà être entendus dans ce sens très concret, de
sorte que l'on dirait des choses inexactes si
l'on présentait ce que je vais dire aujourd'hui
ou dans les prochains jours - comme il est de
bon ton aujourd'hui - comme des phrases
abstraites. J'aurai à parler aujourd'hui des
formalités.
07
Chaque fois que l'on se donne pour tâche de
transmettre quelque chose à ses semblables dans
un discours oral, il se produit naturellement
une interaction entre l'humain qui doit
communiquer quelque chose, œuvrer pour quelque
chose, inciter à/enflammer pour quelque chose,
et entre les humains qui l'écoutent. Il y a une
interaction des forces de l'âme. Et c'est sur
cette interaction des forces de l'âme que nous
voulons d'abord diriger notre attention.
08
Ces forces de l'âme vivent donc dans le penser,
le sentir et le vouloir, et jamais seulement une
force unique de l'âme est active pour soi chez
l'humain sous une forme abstraite, mais dans
chaque force de l'âme particulière jouent les
autres forces de l'âme, de sorte que lorsque
nous pensons, notre penser oeuvre toujours aussi
le sentir et le vouloir, de même que le penser
et la vouloir dans notre sentir, et le penser et
le sentir dans notre vouloir. Cependant, on ne
peut pas considérer la vie de l'âme - aussi dans
son interaction entre les humains - autrement
qu'en considérant cette tendance d'un côté vers
le penser et de l'autre vers le vouloir. Et là,
dans le sens de notre tâche d'aujourd'hui, nous
devons dire : ce que nous pensons n'intéresse
aucun humain ; et celui qui croit que ses
pensées, dans la mesure où ce sont des pensées,
intéressent un quelconque humain, ne pourra pas
se fixer une tâche oratoire. - Nous aurons
encore à parler plus exactement de ces choses. -
Et le vouloir auquel nous voulons enflammer une
assemblée, ou peut-être seulement un autre
humain, le vouloir que nous voulons mettre dans
notre discours, cela irrite les humains, ils le
rejettent instinctivement.
09
On a d'abord affaire à l'action de différents
instincts lorsqu'on aborde les humains par la
parole. La pensée que l'on déploie soi-même en
soi n'intéresse pas les humains, le vouloir les
irrite. Si l'on demandait à quelqu'un de vouloir
telle ou telle chose, nous provoquerions d'abord
son irritation, et si l'on déroulait nos pensées
les plus belles et les plus géniales comme des
monologues devant les humains, ils s'en iraient.
Cela doit être un principe de base pour
l'orateur.
10
Je ne dis pas qu'il en est ainsi lorsque nous
caractérisons une conversation générale entre
des personnes ou une discussion de café ou
autre. Car je ne parle pas de la façon dont ces
choses doivent être caractérisées, mais je parle
de ce qui devrait nous animer/dôter d'âme, de ce
qui doit vivre en nous comme une juste impulsion
pour parler, si parler doit avoir un but
précisément dans la direction que j'entends ici.
Ce que l'on se propose comme maxime : nos
pensées n'intéressent aucun public, notre
volonté irrite tout public - cela n'a pas besoin
d'être une caractéristique.
11
Or, nous devons tenir compte de cela : lorsque
quelqu'un parle, il ne parle généralement pas à
partir de la seule essence du discours, mais à
partir de toutes sortes de situations. Il parle
peut-être à partir de quelque chose dont on
parle ou que l'on décrit depuis des semaines
dans le lieu où il parle. Il rencontre
naturellement un tout autre intérêt que
lorsqu'il a une première phrase à dire, qui
touche à quelque chose qui n'a pas du tout
préoccupé son auditoire jusqu'à présent. Lorsque
quelqu'un parle ici au Goetheanum, c'est bien
sûr tout autre chose que lorsqu'il parle dans
une auberge à Buchs. Je pense même pouvoir faire
abstraction du fait qu'au Goetheanum, on parle
peut-être devant des gens qui se sont déjà
penchés depuis longtemps sur la matière, qui ont
lu ou entendu quelque chose à ce sujet, alors
que ce n'est peut-être pas le cas à Buchs. Je
pense tout l’environnement : le fait de
venir dans un bâtiment comme le Goetheanum
permet de s'adresser au public d'une toute autre
manière que si l'on parlait dans une auberge à
Buchs. Et ainsi sont d'innombrables
circonstances à partir desquelles on parle qui
doivent toujours être prises en considération.
12
Mais cela fonde, en particulier en notre temps,
la nécessité de s'orienter un peu sur ce qui ne
doit pas être, sur ce qui doit être. Prenons le
cas le plus extrême : un vrai professeur moyen
aurait à tenir un discours. Il a d'abord affaire
à ses pensées sur l'objet ; et s'il est un vrai
professeur moyen, il a aussi affaire à la
conviction que ces pensées qu'il pense sont
absolument les meilleures du monde sur l'objet
en question. Tout le reste ne l'intéresse tout
d'abord pas. Il se note ces pensées. Et bien
sûr, lorsqu'il amène ces pensées sur le papier,
elles sont bien couchées sur le papier. Ensuite,
il met ce manuscrit dans sa poche latérale
gauche, va au Goetheanum ou à l'auberge de
Buchs, trouve un pupitre quelconque, placé de
manière appropriée et à bonne distance des yeux,
pose le manuscrit dessus et lit. Je ne dis pas
que tout le monde fait cela, mais c'est un cas
fréquent et caractéristique de notre époque, et
il nous montre l'horreur que l'on peut avoir
aujourd'hui à parler. C'est le cas devant lequel
on devrait avoir le de dégoût.
13
Et puisque j'ai dit que nos pensées
n'intéressent en fait personne, que notre
volonté irrite en fait chacun, alors il semble
qu'il s'agisse du sentiment ; il semble donc
qu'une formation particulièrement importante du
sentiment doive reposer à la base pour la
parole. De tels sentiments auront donc déjà une
signification, peut-être lointaine, mais
fondamentale dans un certain sens : que nous
ayons acquis le juste dégoût de ce cas extrême.
J'ai entendu une fois, dans une grande
assemblée, une conférence du célèbre Helmholtz,
présentée de cette manière : le manuscrit sorti
de la poche latérale gauche - lu ! Après cela,
un journaliste est venu me voir et m'a dit :
"Pourquoi cette conférence n'a-t-elle pas été
imprimée et un
14
exemplaire aurait été mis dans la main de tous
ceux qui étaient là ? - et Helmholtz aurait
alors fait le tour et aurait tendu la main à
chacun ! - Cette main tendue aurait peut-être
été plus précieuse pour les auditeurs que la
terrible position assise sur les chaises dures à
laquelle ils étaient condamnés pour se faire
lire quelque chose en un temps plus long qu'ils
n'auraient pu le lire eux-mêmes. La plupart
d'entre eux, s'ils avaient voulu comprendre,
auraient en outre mis beaucoup de temps à le
faire ; mais même une brève écoute ne leur a
aidé en rien.
15
On doit déjà réfléchir à toutes ces choses
concrètes si l'on veut comprendre comment l'art
de la parole peut être recherché dans la vérité
et l'honnêteté.
16
Lors du congrès des philosophes à Bologne, le
discours le plus important a été prononcé de
telle sorte qu'il se trouvait en trois langues
et en trois exemplaires sur chaque chaise. Il
fallait d'abord le prendre en main pour pouvoir
s'asseoir dessus, sur la chaise vide. Ensuite,
le discours, qui durait un peu plus d'une heure,
était lu à partir de cet imprimé. Avec un tel
processus, même le plus beau des discours n'est
plus un discours, car la compréhension dans la
lecture est quelque chose d'essentiellement
différent de la compréhension dans l'écoute. Et
ces choses doivent absolument être prises en
considération si l'on veut s'initier de manière
vivante à de telles tâches.
17
Certes, même un roman peut nous émouvoir au
point de nous faire verser des larmes à certains
endroits. Je veux dire bien sûr un bon roman,
mais il ne peut le faire qu'à certains endroits,
il ne peut pas le faire du début à la fin. Mais
qu'est-ce qui se produit en fait dans la
lecture, que nous soyons pris par ce que nous
lisons ? Lorsque nous sommes absorbés par ce que
nous lisons, nous avons un certain travail à
accomplir, qui est très fortement lié à
l'intérieur de notre humanité. Car celui qui ne
sait pas lire ne peut pas faire ce travail. Un
travail intérieur est effectué lorsque nous
lisons. Ce travail que nous effectuons consiste
à porter notre regard sur les différentes
lettres, à mettre en œuvre ce que nous avons
appris dans le regroupement des lettres, afin
d'extraire un sens de ce regard, de ce
regroupement et de cette réflexion. C'est un
processus qui se déroule dans notre corps
éthérique, dans la réception, et qui fait encore
fortement appel au corps physique, dans la
perception.
18
Mais tout cela disparaît dans la simple écoute.
Dans la simple écoute, toute cette activité n'a
pas lieu. Mais toute cette activité est liée
d'une certaine manière à la réception d'une
chose. L'humain a besoin d'elle s'il veut
enregistrer une chose. Il a besoin du faire avec
de son corps éthérique et même en partie de son
corps physique, non seulement dans l'organe des
sens, c'est-à-dire dans l'oreille, mais il a
besoin, dans l'écoute, d'une vie psychique si
active que cette vie psychique ne s'épuise pas
dans le corps astral, mais qu'elle fasse vibrer
le corps éthérique, et que ce corps éthérique
fasse aussi vibrer le corps physique. En effet,
ce qui doit s'accomplir en termes d'activité
lors de la lecture doit aussi se développer lors
de l'écoute d'un discours, mais, je dirais, sous
une toute autre forme, parce qu'il ne peut pas
être là tel qu'il est lors de la lecture. Et ce
qui est dépensé en lisant, c'est un sentiment
transformé, un sentiment refoulé dans le corps
éthérique et dans le corps physique, qui devient
une force. En tant que sentiment, en tant que
contenu émotionnel, nous devons être en mesure
de le produire, même dans le discours le plus
abstrait.
19
Il est vrai que nos pensées n'intéressent
personne en tant que telles, que nos impulsions
de volonté agacent tout le monde et que seuls
nos sentiments constituent ce dont dépendent
l'impression, l'effet - au sens légitime du
terme, bien sûr - d'un discours.
20
La question la plus importante qui se pose est
donc celle-ci : Comment pourrons-nous avoir dans
notre discours quelque chose qui, d'une manière
suffisamment forte - sans être envahissant,
parce que sinon nous hypnotiserions ou
suggérerions - puisse produire une telle
tingérance émotionnelle, une telle affirmation
des sentiments ?
21
Il ne peut y avoir de règles abstraites par
lesquelles on apprend à parler avec
émotion/sensation. Car quelqu'un qui a cherché
dans toutes sortes d'instructions de telles
règles selon lesquelles on peut parler avec des
sentiments, parler de manière impressionnante,
on lui fera déjà remarquer quelque chose du fait
que son discours ne vient certainement pas du
cœur, qu'il provient tout à fait d'ailleurs que
du cœur. Et en fait, tout discours devrait
absolument venir du cœur.
Même le discours le plus abstrait devrait venir
du cœur, et il le peut. Et c'est justement de
cela que nous devons parler : comment même le
discours le plus abstrait peut tout à fait venir
du cœur.
22
Nous devons seulement être conscients de ce qui
se passe réellement dans l'âme tranquille de
l'auditeur lorsqu'il nous écoute. Non pas
lorsqu'il nous écoute et que nous lui disons
quelque chose qu'il est impatient d'entendre,
mais lorsque nous lui demandons de nous écouter
en tant qu'orateur. Car en fait, c'est toujours
une sorte d'attaque contre notre prochain que de
lui tenir un discours. Et c'est aussi quelque
chose dont nous devons être tout à fait
conscients, que c'est une attaque contre les
auditeurs, lorsque nous leur adressons un
discours.
23
Tout ce que je dis - je dois toujours l'ajouter
en parenthèse - vaut comme maxime pour les
orateurs, et non comme caractéristique des
échanges sociaux ou de quoi que ce soit d'autre
; cela vaut comme maxime pour les orateurs. Si
je parlais en termes d'échanges sociaux, je ne
pourrais évidemment pas formuler les mêmes
phrases. Je dirais des folies. Car si l'on parle
dans le concret, une phrase telle que : Nos
pensées n'intéressent personne - est soit
quelque chose de très intelligent, soit une
grande bêtise. Tout ce que nous disons peut être
une stupidité dans l'ensemble du contexte humain
ou une sagesse ; cela dépend seulement de la
manière dont cela se place dans le contexte.
C'est pourquoi, pour un orateur, il est
nécessaire de disposer de tout autre chose que
d'instructions sur l'art formel du discours.
24
Il s'agit donc de reconnaître : Qu'est-ce qui
est effectif dans l'auditeur ? Dans l'auditeur,
il y a de la sympathie et de l'antipathie. Elles
se manifestent, plus ou moins inconsciemment,
lorsque nous l'attaquons avec un discours.
Sympathie ou antipathie ! Mais il n'a
certainement pas de sympathie pour nos pensées
dans un premier temps. Ni avec nos impulsions de
volonté, avec ce que nous voulons en quelque
sorte de lui, avec ce à quoi nous voulons
l'exhorter. On doit avoir une certaine
compréhension de la sympathie ou de l'antipathie
pour ce que nous disons, si l'on veut aborder
l'art oratoire d'une manière ou d'une autre. La
sympathie et l'antipathie n'ont en fait rien à
voir avec la pensée ou la volonté,
mais agissent ici dans le monde physique
uniquement pour les sentiments, pour le
sentimental. Et une compréhension consciente de
la sympathie et de l'antipathie chez l'auditeur
agit comme si nous nous bloquions le chemin vers
lui - il faut absolument que cette compréhension
de la sympathie et de l'antipathie soit quelque
chose qui ne vienne absolument pas à la
conscience de l'auditeur, notamment pendant le
discours. Et travailler sur la sympathie et
l'antipathie, c'est comme si nous faisions
chaque pas de telle sorte que le sol sur lequel
nous marchons soit l'autre pied, comme si nous
marchions toujours d'un pied sur l'autre. C'est
à peu près ce qui se passe dans le discours
lorsque nous voulons intercepter la sympathie ou
l'antipathie. Nous devons avoir la compréhension
la plus fine pour la sympathie et de
l'antipathie de l'auditeur, mais il n'est pas
permis que pendant le discours le moindre de sa
sympathie ou antipathie nous repose/concerne.
Nous devons tout ce qui oeuvre dans sympathie et
antipathie, si j'ai la permission de dire ainsi,
zpporter dans le discours, par des détours, dans
la préparation.
25
Tout de suite aussi peuqu'il peut y avoir
d'instructions abstraites pour la peinture ou la
sculpture, il ne peut y avoir de règles
abstraites pour la parole. Mais tout comme on
peut stimuler l'art de la peinture, on peut
stimuler l'art de la parole. Et il s'agit
seulement de prendre tout à fait au sérieux les
choses qui peuvent être proposées dans ce sens.
26
Prenons d'abord l'exemple de l'enseignant qui
s'adresse aux enfants. Le génie et la sagesse de
l'enseignant sont les éléments les moins
importants pour l'expression orale dans
l'enseignement. Le fait de savoir si nous
pouvons bien enseigner les mathématiques ou la
géographie ne dépend que très peu du fait que
nous soyons nous-mêmes un bon mathématicien ou
un bon géographe. Nous pouvons être un excellent
géographe, mais un mauvais professeur de
géographie, et ainsi de suite. La qualité de
l'enseignement, qui consiste en grande partie à
parler, dépend de ce que l'on a ressenti, de ce
que l'on a éprouvé à propos des choses que l'on
doit présenter, et des sensations qui sont à
nouveau stimulées par le fait que l'on a
l'enfant devant soi. C'est pourquoi la pédagogie
de l'école Waldorf, par exemple, se résume à la
connaissance de l'être humain, c'est-à-dire à la
connaissance de l'enfant ; non pas une
connaissance de l'enfant transmise par une
psychologie abstraite, mais qui repose sur une
compréhension pleinement humaine de l'enfant, à
tel point qu'on amène les choses, par le biais
d'un sentiment condensé jusqu'à l'abandon
immédiat et aimant, à ressentir l'enfant à son
tour. De ce sentiment que l'on éprouve à l'égard
de l'enfant et de ce que l'on a soi-même
ressenti et éprouvé à l'égard de ce que l'on
doit présenter, découle instinctivement la
manière de parler ou d'agir.
27
Il ne sert à rien, par exemple, d'enseigner à un
enfant stupide en utilisant la sagesse du monde
que l'on possède soi-même. La sagesse n'est
utile à un enfant stupide que si on l'a eue hier
et si on l'a utilisée pour la préparation. Au
moment où l'on enseigne à l'enfant stupide, il
faut avoir le génie d'être soi-même aussi
stupide que l'enfant et n'avoir que la présence
d'esprit de se souvenir de la manière dont on a
été sage hier lors de la préparation. Il faut
pouvoir être stupide avec l'enfant stupide,
inutile avec l'enfant bon à rien - au moins dans
l'âme tranquille -, sage avec l'enfant sage, et
ainsi de suite. On doit vraiment être comme un
enseignant - j'espère que ce mot n'éveille pas
trop d'antipathies parce qu'il est trop axé sur
la pensée ou la volonté -, on doit vraiment être
une sorte de caméléon si l'on veut enseigner
correctement.
28
J'ai donc bien aimé ce que certains enseignants
Waldorf ont trouvé pour augmenter la discipline
grâce à leur génie. Ainsi, par exemple, notre
ami Walter Johannes Stein, lorsque les enfants
s'écrivent des petites lettres qu'ils se passent
pendant qu'il transmet Jean Paul, ne commence
pas par des exhortations et autres choses de ce
genre, mais il va voir la chose en toute
patience et fait ensuite une parenthèse dans le
cours : il insère dans le cours un tout petit
chapitre sur le système postal ! Cela fonctionne
bien mieux que toutes les exhortations.
L'écriture de lettres pendant le cours s'arrête
alors en classe. Cela repose bien sûr sur une
saisie très concrète du moment. Mais il faut
bien sûr avoir cette présence d'esprit. Il faut
savoir que les sympathies et les antipathies que
l'on veut susciter sont plus profondes qu'on ne
le pense habituellement.
29
Et c'est pourquoi il est extrêmement important
que l'enseignant - lors de la préparation,
surtout lorsqu'il doit traiter un chapitre
quelconque en classe - se rende pleinement
compte de la manière dont il a lui-même abordé
ce chapitre, lorsqu'il avait le même âge que ses
enfants, de ce qu'il a alors ressenti. Non pas
pour devenir à nouveau pédant et se comporter le
lendemain, lorsqu'il traitera ce sujet, de telle
sorte qu'il se sente à nouveau ainsi ! Non, il
suffit que ce sentiment soit évoqué lors de la
préparation, qu'il soit vécu lors de la
préparation. Et ensuite, il s'agit d'agir le
lendemain avec la connaissance de l'être humain
que je viens de décrire.
30
Là aussi, il s'agit de trouver en nous-mêmes la
possibilité de façonner, à partir de nos
sentiments, la matière du discours qui, comme
nous l'avons dit, fait partie de la matière
enseignée.
31
La meilleure façon de se rendre compte de
l'effet que les choses peuvent avoir, c'est de
regarder ce qui suit dans les yeux de l'âme : Si
donc quelque chose de sentimental doit agir dans
ce qui traverse notre discours, nous ne pouvons
naturellement pas parler sans penser, bien que
les pensées n'intéressent en fait pas nos
auditeurs, et nous ne pouvons pas non plus
parler sans volonté, bien que le vouloir les
irrite ; nous voudrons même très souvent parler
de telle sorte que cela entre dans les
impulsions de volonté des humains, que nos
semblables fassent quelque chose à la suite de
notre discours. Mais en tout cas, nous ne devons
pas organiser le discours de telle sorte que
nous devenions ennuyeux pour les auditeurs par
le contenu de nos pensées et antipathiques pour
eux par l'impulsion de volonté que nous voulons
donner.
32
C'est pourquoi il s'agira d'établir un accord
complet sur le discours avec nous-mêmes, si
possible bien avant de le tenir, d'avoir ainsi
établi un accord complet avec nous-mêmes sur ce
qui est du penser. Cela n'a rien à voir avec le
fait que nous parlions ensuite couramment ou que
nous parlions de manière saccadée. Ce dernier
point dépend, comme nous le verrons, de
circonstances tout à fait différentes. Mais ce
qui doit agir dans le discours, d'une certaine
manière inconsciemment, est lié au fait que nous
avons convenu du contenu de la pensée avec
nous-mêmes beaucoup, beaucoup plus tôt. Le
monologue de la pensée qui doit être le plus
vivant possible, nous devons l'avoir convenu
auparavant, ce monologue de la pensée qui
s'organise de telle sorte que nous nous
déplaçons nous-mêmes pendant cette préparation
dans le discours et le contre-discours, que nous
anticipons autant que possible toutes les
objections. Car le seul fait de vivre notre
discours en pensée de cette manière nous permet
d'ôter à notre discours l'épine qu'il a sinon en
toutes circonstances pour l'auditoire. Nous
devons en quelque sorte adoucir notre discours
en ayant vécu auparavant l'acidité de la
succession des pensées, du développement
logique, mais en l'ayant vécu si possible de
telle sorte que nous ne formulions pas le
contenu littéral du discours, que nous n'en
ayons aucun pressentiment - je dois bien sûr
parler en maximes, les choses ne peuvent
naturellement pas être acceptées dans cette
extrémité - que nous n'ayons aucun
pressentiment, lorsque nous commençons à parler,
de la manière dont nous allons formuler les
phrases. Mais le contenu de la pensée doit être
convenu. Avoir une formulation mot à mot pour
tout le discours est quelque chose qui ne peut
finalement jamais conduire à un discours
vraiment bon. Car cela se rapproche déjà
beaucoup de l'écriture, et nous n'avons qu'à
imaginer qu'à notre place il y ait un
phonographe qui donne la chose de lui-même ;
alors la différence entre l'écriture et la
machine qui donne la chose est encore plus
petite. Mais si nous avons formulé un discours
au préalable, de manière à ce qu'il soit élaboré
et que nous puissions le prononcer mot à mot,
nous ne sommes pas très différents d'une machine
à laquelle nous avons donné un coup de pouce et
que nous débrayons ensuite. Il n'y a pas
beaucoup de différence entre écouter un discours
prononcé mot à mot, tel qu'il a déjà été élaboré
mot à mot, et le lire, si ce n'est que lorsqu'on
lit, l'orateur ne nous dérange pas
continuellement, alors que lorsqu'on écoute un
discours que l'on a appris à prononcer mot à
mot, l'orateur nous dérange continuellement. La
préparation des pensées se fait donc de la bonne
manière, en ce sens qu'elle précède la tenue du
discours jusqu'à l'accord absolu avec soi-même,
mais en pensées. On doit en avoir fini avec ce
que l'on veut présenter/exposer.
33
Il y a toutefois quelques exceptions pour les
discours ordinaires que l'on tient devant un
auditoire autrement inconnu. En effet, si l'on
commence tout de suite, devant un tel auditoire,
par exposer ce que l'on a élaboré en pensée, en
quelque sorte de manière méditative, dès la
première phrase, sous l'inspiration immédiate,
si je puis m'exprimer ainsi, alors on ne fait
pas quelque chose de très bon pour les
auditeurs. En effet, au début d'un discours, il
faut déjà rendre sa personnalité un peu efficace
; au début du discours, on ne doit pas tout de
suite effacer sa personnalité, parce que, je
dirais, il faut d'abord stimuler la partie
vibrante du sentiment.
34
Il n'est pas nécessaire de faire comme le
professeur d'histoire de la littérature
allemande Michael Bernays, autrefois très
célèbre dans certains cercles, qui, lorsqu'il
vint un jour à Weimar pour y prononcer un
discours sur l'histoire de la théorie des
couleurs de Goethe, voulut organiser les
premières phrases de telle sorte que le
sentiment de l'auditeur soit mis à contribution
de manière très, très intense ; mais
différemment de ce qu'il voulait. Il est arrivé
à Weimar quelques jours plus tôt. Weimar est une
petite ville ; on peut y faire le tour des gens
qui seront en partie dans la salle, et on peut
créer une ambiance pour son discours. Ceux qui
l'entendent directement le disent ensuite aux
autres, et c'est en fait toute la salle qui est
"accordée" lorsque l'on prononce le discours.
C'est ainsi que le professeur Michael Bernays
s'est promené pendant quelques jours à Weimar et
a dit : "Ah, je n'ai pas pu me préparer à ce
discours ; le génie me donnera ce qu'il faut au
bon moment. Je vais attendre ce que le génie me
suggère. - Il devait maintenant tenir ce
discours dans la "salle de repos" de Weimar.
C'était une chaude journée d'été. Il fallait
ouvrir les fenêtres, et juste devant les
fenêtres de cette "salle de repos" se trouvait
une basse-cour. Michael Bernays s'y installa et
attendit que le génie commence à lui donner
quelque chose. Car tout Weimar le savait : le
génie doit venir et donner son discours à
Michael Bernays. Et voilà qu'à ce moment-là où
attendait aprés le génie, le coq commença dehors
: cocorico ! - Chaque humain savait :
maintenant, le génie avait parlé pour Michaël
Bernays ! - Les sensations étaient fortement
exacerbées, toutefois d'une autre manière qu'il
l'avait voulu. Mais c'etait déjà une certaine
ambiance dans la salle.
35
Je ne dis pas cela pour vous raconter une
anecdote sympathique, mais parce que je dois
attirer votre attention sur ce point : La partie
principale du discours doit être conçue de telle
sorte qu'elle soit bien travaillée en pensée et
qu'elle soit ensuite formulée librement. Mais le
début est en fait destiné à se rendre un peu
risible, car cela donne envie aux auditeurs de
vous écouter. Si l'on ne se ridiculise pas un
tout petit peu - mais de telle sorte que la
chose ne soit pas fortement remarquée, qu'elle
ne se déroule que dans le subconscient -, on ne
peut pas captiver de la bonne manière si l'on
doit tenir un discours individuel quelque part.
Bien sûr, il ne faut pas que ce soit très
appuyé, mais cela agit déjà suffisamment dans le
subconscient.
36
Ce que l'on devrait avoir pour chaque discours,
c'est que l'on ait formulé littéralement la
première, la deuxième, la troisième, la
quatrième, tout au plus la cinquième phrase.
Ensuite, on passe à ce qui est ordonné, orienté,
comme je viens de le suggérer. Et la conclusion
devrait à nouveau être formulée de manière
littérale. Car à la fin, si on est un vrai
orateur, on devrait toujours avoir un peu le
trac, on devrait toujours avoir une peur secrète
de ne pas trouver sa dernière phrase. C'est
nécessaire pour colorer le discours. On a
besoin, pour captiver le cœur de l'auditeur à la
fin, d'avoir un peu peur de trouver la dernière
phrase. Afin de répondre de manière adéquate à
cette peur, après avoir terminé son discours en
sueur, il faut ajouter à toute autre préparation
le fait de se souvenir de la formulation exacte
des une, deux, trois, quatre, au maximum cinq
dernières phrases. Un discours devrait donc
avoir un cadre : La formulation des premières et
des dernières phrases, et entre les deux, le
discours devrait être libre. Comme je l'ai dit,
je dis cela comme une maxime.
37
Certains d'entre vous diront peut-être : oui,
mais si quelqu'un ne peut pas parler ainsi ? -
Il ne faut donc pas dire tout de suite que la
situation est si grave qu'il ne doit pas parler
du tout. Il est tout à fait naturel que l'on
puisse parler un peu mieux ou un peu moins bien,
il ne faut donc pas se laisser empêcher de
parler si l'on ne peut pas remplir toutes les
conditions. Mais on devrait s'efforcer de
remplir ces conditions en faisant de telles
maximes ses maximes de vie, comme nous pouvons
les développer ici. Et puis, il y a un très bon
moyen de devenir au moins un orateur
supportable, même si on n'est pas du tout un
orateur au départ, même si on est le contraire
d'un orateur. Je peux vous assurer que s'il
s'est couvert de ridicule cinquante fois, la
cinquante et unième fois sera la bonne,
justement parce qu'il s'est ridiculisé cinquante
fois. Et celui pour qui cinquante n'est pas
suffisant, il peut bien se charger cent fois,
mais une fois, ça va, si on ne craint pas les
humiliation. Bien sûr, le dernier discours avant
la mort ne sera jamais bon, si l'on a auparavant
craint les humiliations. Mais au moins le
dernier discours avant la mort sera bon si l'on
s'est ridiculisé x fois en parlant auparavant.
C'est aussi une chose à laquelle on devrait
toujours penser. Et on se formera sans aucun
doute à l'art oratoire. Car on n'a besoin, pour
être orateur, que des gens qui nous écoutent et
que, dans une certaine mesure, on n'aille pas
trop prêt d'eux, que l'on évite vraiment, ce qui
s'approche trop de l'humain.
38
De même que l'on est habitué à parler dans la
vie sociale quand on parle avec un autre humain,
on ne pourra pas parler dans un discours public
ou asolument dans un discours tenu devant des
auditeurs. Tout au plus pourra-t-on parfois
insérer des phrases comme celles que l'on
prononce dans la vie ordinaire. Car il est bon
d'être conscient que ce que l'on a dans la vie
courante comme formulation du discours est en
général un peu trop fin ou un peu trop grossier
pour un discours devant un cercle d'auditeurs.
En règle générale, ce n'est pas tout à fait
vrai. La façon dont on formule ses mots dans la
vie courante, quand on s'adresse à une autre
humain, varie, elle oscille toujours entre un
peu de grossièreté et un peu de fausseté ou de
manque de politesse. Ces deux aspects doivent
être évités dans le discours prononcé devant des
auditeurs et n'être utilisés en quelque sorte
qu'entre parenthèse. L'auditeur a alors le
sentiment secret que, alors qu'il parle
normalement comme on parle dans un discours, il
vous apostrophe soudain ; il parle comme dans un
dialogue. Il a l'intention soit de nous blesser
un peu, soit de nous donner une impression
mielleuse.
40
Mais nous devons aussi introduire l'élément de
la volonté dans le discours de la manière
correcte. Et cela ne peut se faire que par la
préparation, mais par une préparation qui, en
réfléchissant à la question, applique son propre
enthousiasme, vit en quelque sorte avec la
chose. Qu'est-ce que je veux dire par là ? Vous
voyez, on a d'abord fini avec le contenu de la
pensée. On l'a fait sien. Maintenant, la partie
suivante de la préparation serait la suivante :
On s'écoute en quelque sorte soi-même
intérieurement en récitant le contenu de cette
pensée. On commence à écouter ses pensées. Elles
n'ont pas besoin d'être formulées mot à mot,
comme je l'ai déjà dit, mais on commence à les
écouter. C'est ce qui met l'élément de la
volonté dans la bonne position, cette écoute
intérieure de soi-même. Car en nous écoutant
intérieurement, nous développons aux bons
endroits l'enthousiasme ou le dégoût, la
sympathie ou l'antipathie, comme cela doit se
rattacher à ce que nous transmettons là. Ce que
nous vivons ainsi, de cette manière volontaire,
entre aussi dans notre volonté et apparaît,
lorsque nous parlons, dans la variation des
tons. Que nous parlions plus ou moins
intensément, que nous accentuions plus ou moins,
nous le devons uniquement au fait de ressentir
et de vouloir traverser le contenu de nos
propres pensées lors de la préparation
méditative. Et ce que nous avons dans la pensée,
nous devons le transférer peu à peu pour obtenir
une image de la forme de notre discours. Alors,
la pensée est aussi dans le discours, mais pas
dans les mots, mais entre les mots, comment
seront façonnée la parole, façonnées les
phrases, façonnée la disposition. Plus nous
sommes dans la situation de penser sur le
comment de notre exposé, d'autant plus nous
œuvrons sur la volonté de l'autre. Les humains
le prenne ce que nous déposons dans la
formulation et la composition du discours.
41
Si nous venons leur dire : chacun d'entre vous
est au fond un mauvais gars qui ne fait pas
demain tout ce qu'il peut pour réaliser la
triarticulation - cela irrite les gens. Mais si
nous présentons la raison synthétique de la
triarticulation dans un tel discours, qui est
composé conformément à la nature, qui est
intérieurement articulé, de sorte qu'il est
peut-être même lui-même une sorte de
triarticulation intime, mais notamment s'il est
conçu de telle sorte que nous soyons nous-mêmes
convaincus en nous-mêmes de la nécessité de la
triarticulation, convaincus de tout notre
sentiment et de toutes nos impulsions de
volonté, alors cela agit sur les humains, cela
agit sur la volonté des humains.
42
Ce que nous avons mis en œuvre pour faire de
notre discours une œuvre d'art agit sur la
volonté des humains sans qu'ils s'en aperçoivent
dans le discours ; ce qui émane de notre propre
volonté, ce que nous voulons nous-mêmes, ce qui
nous enthousiasme, ce qui nous entraîne, agit
beaucoup plus sur la pensée des auditeurs ; cela
stimule beaucoup plus facilement les pensées en
eux. C'est pourquoi un orateur enthousiaste pour
sa cause est facilement compris. Un orateur qui
se forme artistiquement pourra plus facilement
stimuler la volonté de ses auditeurs. Mais le
principe suprême, la maxime suprême doit être
celle-ci : que nous ne tenions aucun discours
autrement que bien préparé.
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Oui, mais si nous sommes obligés de tenir un
discours impromptu, si par exemple on s'adresse
à nous et que nous devons répondre
immédiatement, nous ne pouvons pas d'abord
remonter le temps jusqu'au jour précédent pour
méditer sur la contrepèterie et nous en
souvenir, comme je viens de l'indiquer ; ce
n'est pas possible ! - Et pourtant, c'est
possible ! C'est possible dans la mesure où nous
sommes absolument vrais à un tel moment. Ou bien
nous sommes attaqués de telle sorte qu'un humain
nous semble si terriblement grossier que nous
devons lui répondre immédiatement - c'est alors
déjà un fait émotionnel fort. Le sentiment est
donc déjà stimulé d'une manière correspondante.
Il y a là un substitut à ce dont nous avons
habituellement besoin pour animer d'enthousiasme
et ainsi de suite ce que nous n'imaginons qu'en
pensée. Mais ensuite, lorsque dans un tel moment
nous ne disons rien d'autre que ce que nous
pouvons dire à chaque instant en tant qu'être
humain entier, lorsque nous sommes attaqués de
cette manière, alors nous sommes tout de même
préparés d'une manière similaire.
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Tout de suite à de telles choses, il s'agit
justement de la conclusion globale, seulement,
seulement, seulement d'être vrai. En règle
générale, toutes les conditions de la
compréhension sont là, si l'attaque ne consiste
pas tout de suite à nous défier dans une
discussion. Je veux encore en parler. Car il
s'agit alors non pas de tenir absolument des
discours proprement dits, mais de faire quelque
chose de tout à fait différent, ce qui sera pour
nous, si nous voulons suivre ce cours avec
raison/droit, tout particulièrement important.
Car pour agir dans le sens que j'ai évoqué
aujourd'hui, nous ne devrons pas seulement
prononcer des discours, mais avons aussi à
placer notre homme - et évidemment aussi notre
dame - dans la discussion. Et là-dessus doit
donc aussi absolument aussi être parlé, et même
beaucoup parlé.
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Maintenant, je vous demande avant tout de
considérer ce que j'ai dit aujourd'hui du point
de vue qu'il indique peut-être un peu combien il
est difficile d'acquérir l'art de la parole.
Mais c'est particulièrement difficile quand il
ne s'agit pas seulement de parler, mais même de
parler de la parole. Imaginez que l'on doive
peindre la peinture, sculpter la sculpture ! La
tâche n'est donc pas facile. Mais nous allons
essayer de la mener à bien d'une manière ou
d'une autre dans les prochains jours.
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