La nature abstraite du libéralisme
en Europe centrale. Hommes
politiques libéraux exceptionnels en
Autriche-Hongrie. Deux directions
politiques contraires dans la
monarchie des Habsbourg. Libéralisme
comme direction déclinante, le
panslavisme comme ascendant. La
politique anglaise comme une
politique d’un grand point de vue
historique. La lutte économique
entre l’espace centre européen et
anglo-américain. L'importance de
l’ainsi nommé Testament de Pierre Le
Grand pour la politique de l'Est. Le
contraste entre l'Occident et
l'Orient. Le mélange des nations en
Autriche-Hongrie exige pour ainsi
dire la réalisation de la
tri-articulation. La politique doit
être étudiée comme une réalité. Le
manque de capacité de l’humain pour
la distinction entre les principes
de réalité et formule
journalistique.
|
|
Die Abstraktheit des Liberalismus in
Mitteleuropa. Herausragende liberale
Politiker in Österreich-Ungarn. Zwei
politisch gegensätzliche Richtungen
in der Habsburgermonarchie.
Liberalismus als niedergehende,
Panslawismus als aufgehende
Richtung. Die englische Politik als
eine Politik der großen
geschichtlichen Gesichtspunkte. Der
Wirtschaftskampf zwischen dem
mitteleuropäischen und
anglo-amerikanischen Raum. Die
Bedeutung des sogenannten
Testamentes Peters des Großen für
die Politik des Ostens. Der
Gegensatz zwischen dem Westen und
dem Osten. Das Völkergemisch in
Österreich-Ungarn erfordert geradezu
die Verwirklichung der
Dreigliederung. Politik muß als eine
Realität studiert werden. Die
fehlende Fähigkeit der Menschen zur
Unterscheidung zwischen
Wirklichkeitssätzen und
journalistischer Phrase.
|
Rudolf
Steiner : Mes très chers présents
! Il faut sans cesse souligner
dans le présent - et j'entends par
là le présent le plus immédiat de
la journée - qu'il n'est pas
possible de progresser dans les
conditions économiques, étatiques
et spirituelles de l'Europe
centrale si des points de vue plus
importants que ceux qui ont
malheureusement prévalu jusqu'ici
dans les cercles les plus larges
n'interviennent pas dans
l'ensemble de la manière de se
représenter les choses de ceux qui
participent à la vie publique.
C'est pourquoi vous me pardonnerez
d'aller un peu plus loin
aujourd'hui et d'éclairer en
quelque sorte la politique
culturelle européenne de quelques
points de vue historiques, que
j'aimerais toutefois seulement
aphoristique.
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01
|
Rudolf Steiner: Meinen
sehr verehrten Anwesenden! Man
muß in der Gegenwart — und ich
meine damit auch die
allerunmittelbarste Gegenwart
des Tages -- immer wieder
betonen, daß ein Weiterkommen in
den mitteleuropäischen
wirtschaftlichen, staatlichen
und geistigen Verhältnissen
nicht möglich ist, wenn nicht in
die ganze Vorstellungsweise
derjenigen Menschen, die sich am
öffentlichen Leben beteiligen,
größere Gesichtspunkte
eingreifen, als es leider bisher
in weitesten Kreisen der Fall
war. Und deshalb wollen sie es
verzeihen, daß ich heute etwas
weiter ausholen werde und
gewissermaßen die europäische
Kulturpolitik von einigen,
allerdings nur aphoristisch
darzustellenden, historischen
Gesichtspunkten aus beleuchten
möchte.
|
Si nous voulons acquérir
un point de vue dans les
conditions publiques actuelles,
nous devons déjà considérer avec
précision l'opposition qui existe
dans les relations étatiques,
intellectuelles et économiques
entre [trois domaines] : le
premier domaine pourrait être
appelé le monde de l'Occident, qui
comprend notamment les populations
appartenant à l'élément
anglo-américain, dans le sillage
duquel se trouvent aujourd'hui les
populations romanes. Ensuite,
selon les trois points de vue
mentionnés, nous devons distinguer
nettement de cette région
anglo-américaine à l'ouest tout ce
que l'on pourrait appeler l'aire
culturelle de l'Europe centrale.
Et il faut distinguer une
troisième zone, qui est l'Est, le
grand Est, qui s'unit de plus en
plus en une zone fermée - plus que
ce que l'on est enclin à supposer
ici d'après les informations très
imprécises -, une zone qui
comprend la Russie européenne avec
tout ce sur quoi elle étend déjà
aujourd'hui et plus tard encore sa
domination, et aussi déjà une
grande partie de l'Asie. On ne se
rend pas toujours suffisamment
compte des différences
considérables qui existent entre
ces trois régions et comment, à
partir de ces différences, les
différentes mesures du jour
devraient être réglées selon les
trois points de vue mentionnés, si
quelque chose de fructueux pour
l'avenir devait résulter de ces
mesures. Il est vraiment
lamentable que nous devions
toujours voir comment, sans la
conscience que de nouvelles idées
sont nécessaires pour une nouvelle
construction, des négociations
aussi importantes que celles de
Spa sont menées comme si l'on
pouvait vraiment continuer à
travailler aujourd'hui avec les
mêmes idées qui, à partir de 1914,
ont elles-mêmes conduit à
l'absurde. Je vais essayer - comme
je l'ai dit, de manière
aphoristique, et cela aura l'air
d'être caractérisé de manière très
générale, mais par généralité, on
entend des choses très concrètes
-, je vais essayer de mettre en
évidence les différences entre les
modes de représentation de
l'Occident, du Centre et de
l'Orient, et il apparaîtra déjà
que l'on peut tirer de ces
représentations des points de vue
fructueux pour le présent et
l'avenir.
|
02
|
Wir
müssen, wenn wir einen
Standpunkt gewinnen wollen
innerhalb der gegenwärtigen
öffentlichen Verhältnisse,
schon einmal scharf ins Auge
fassen den Gegensatz, der in
staatlicher, in geistiger
und in wirtschaftlicher
Beziehung vorhanden ist
zwischen [drei Gebieten]:
Das erste Gebiet könnte man
nennen die Welt des Westens,
die namentlich umfaßt die
Bevölkerungen, welche dem
anglo-amerikanischen Element
angehören und in deren
Schlepptau ja heute die
romanischen Bevölkerungen
sind. Dann müssen wir nach
den drei angeführten
Gesichtspunkten von jenem
anglo-amerikanischen Gebiet
im Westen scharf
unterscheiden alles
dasjenige, was man nennen
könnte mitteleuropäisches
Kulturgebiet. Und davon ist
zu unterscheiden ein drittes
Gebiet, das ist der Osten,
der weite Osten, der ja
immer mehr und mehr sich zu
einem geschlossenen Gebiet
eint — mehr als man hier
nach den sehr ungenauen
Nachrichten anzunehmen
geneigt ist —, ein Gebiet,
das umfaßt das europäische
Rußland mit all dem, worauf
es heute schon und später
noch mehr seine Herrschaft
ausdehnen wird, und auch
schon einen großen Teil von
Asien. Man macht sich nicht
immer in genügender Weise
klar, welche beträchtlichen
Unterschiede bestehen
zwischen diesen drei
Gebieten und wie aus diesen
Unterschieden auch die
einzelnen Maßnahmen des
Tages nach den drei
angeführten Gesichtspunkten
geregelt werden müßten, wenn
irgendwie bei diesen
Maßnahmen etwas für die
Zukunft Fruchtbares
herauskommen sollte. Es ist
ja wahrhaft kläglich, daß
wir es immer wieder erleben
müssen, wie ohne das
Bewußtsein, daß neue Ideen
notwendig sind zu einem
neuen Aufbau, wiederum
selbst so wichtige
Verhandlungen wie diejenigen
von Spa so getrieben werden,
als ob man heute wirklich
mit denselben Gedanken
weiterwirtschaften könnte,
die von 1914 ab sich selbst
ins Absurde geführt haben.
Ich werde versuchen — wie
gesagt nur in aphoristischer
Weise, und es wird so
aussehen, als ob es ganz
allgemein charakterisiert
wäre, aber mit dem
Allgemeinen sind sehr
konkrete Dinge gemeint —,
ich werde versuchen, die
Unterschiede
herauszuarbeiten zwischen
den Vorstellungsweisen des
Westens, der Mitte und des
Ostens, und es wird sich
schon zeigen, daß aus diesen
Vorstellungen heraus
fruchtbare Gesichtspunkte
für die Gegenwart und
Zukunft gewonnen werden
können.
|
Nous partons peut-être de
ce que mon appel, paru au
printemps 1919, a été si mal
compris dans certains cercles
allemands parce qu'il partait du
fait que, depuis les années
soixante-dix du XIXe siècle,
l'Allemagne a perdu sa véritable
mission pour ce qu'elle a tenté de
délimiter et de consolider peu à
peu au niveau étatique. On
aimerait dire que cette Allemagne
s'est limitée à créer une sorte de
cadre objectif, mais qu'elle n'a
pas réussi à développer des idées
porteuses, un véritable contenu
substantiel, un contenu culturel,
à l'intérieur de ce cadre. On peut
bien sûr être un humain soi-disant
pratique et dénoncer les porteurs
d'idées comme des idéalistes, mais
le monde n'ira pas plus loin avec
de tels humains pratiques que les
crises, individuelles ou
universelles, comme celle qui
s'est déclenchée en 1914. On peut,
si l'on est un humain pratique
dans ce sens, faire des affaires,
on peut satisfaire des intérêts
particuliers, on peut apparemment
satisfaire des intérêts jusqu'à
une grande échelle ; mais aussi
bien que les choses puissent aller
pour les individus et aussi bien
que leurs entreprises puissent
sembler à l'individu - toujours et
encore, dans de telles conditions,
cela doit conduire à des crises,
et celles-ci doivent finalement
s'effondrer dans une catastrophe
telle que celle que nous avons
vécue depuis 1914 comme la plus
grande catastrophe mondiale.
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03
|
Wir
gehen vielleicht davon aus,
daß mein Aufruf, der im
Frühling 1919 erschienen
ist, in einzelnen Kreisen
Deutschlands deshalb so
mißverstanden worden ist,
weil der Aufruf seinen
Ausgangspunkt davon genommen
hat, daß Deutschland seit
den siebziger Jahren des 19.
Jahrhunderts seine
eigentliche Aufgabe für
dasjenige, was es staatlich
zu umgrenzen und nach und
nach zu konsolidieren
versucht hat, verloren hat.
Man möchte sagen: Dieses
Deutschland hat sich darauf
beschränkt, eine Art von
sachlichem Rahmen zu
schaffen, aber dieses
Deutschland hat nicht dazu
kommen können, innerhalb
dieses Rahmens tragende
Ideen, einen wirklichen
substantiellen Inhalt, einen
Kulturinhalt, auszubilden.
Nun kann man ja ein
sogenannter praktischer
Mensch sein und die
Ideenträger als Idealisten
verketzern; aber die Welt
kommt eben mit solchen
praktischen Menschen doch
nicht weiter als bis zu
Krisen, zu einzelnen oder
dann zu solch universellen
Krisen, wie sich eine solche
im Jahre 1914 eingeleitet
hat. Man kann, wenn man in
diesem Sinn ein praktischer
Mensch ist, Geschäfte
machen, kann einzelne
Interessen befriedigen,
scheinbar auch Interessen
bis ins Große befriedigen;
aber so gut es auch den
einzelnen gehen mag und so
gut dem einzelnen auch seine
Unternehmungen scheinen
mögen — immer wieder und
wiederum muß es unter
solchen Voraussetzungen zu
Krisen führen, und diese
müssen sich endlich
zusammenschürzen in einer
solchen Katastrophe, wie wir
sie seit dem Jahre 1914 als
die größte Weltkatastrophe
erlebt haben.
|
Qu'est-ce
qui nous apparaît de plus en
plus comme caractéristique de
la région d'Europe centrale,
notamment depuis les années
soixante-dix ? Nous voyons que
là où il s'agit du domaine des
idées, d'où aurait dû sortir
un certain contenu culturel,
il n'y a à l'intérieur de
l'Europe centrale - aussi dans
la vie politique et sociale -
en dehors de quelques mesures
louables, qu'une sorte de
discussion théorique. Vous
trouverez presque tout ce qui
a été dépensé pour répondre
aux exigences de l'époque dans
les négociations - que ce soit
dans les parlements ou en
dehors des parlements - qui
ont été menées entre le parti
prolétarien, qui a pris de
plus en plus un caractère
social-démocrate, et les
différents autres partis qui,
en raison de leurs intérêts ou
de leurs traditions, ont cru
devoir combattre ce parti
prolétarien. Beaucoup de
critiques et d'anti-critiques
ont été formulées, beaucoup de
choses ont été dites, mais au
fond, qu'est-ce qui est
ressorti de tout cela ?
Qu'est-ce qui est ressorti de
ces discussions comme étant
nécessaire à la construction
des futurs rapports sociaux au
sein desquels les humains
pourront vivre ? Ceux d'entre
vous qui ont déjà écouté mes
conférences à plusieurs
reprises sauront que je n'aime
pas m'engager dans des
théories, mais que là où il
s'agit de tracer de grandes
lignes, je veux entrer dans la
pratique immédiate de la vie.
C'est pourquoi je veux
aujourd'hui encore illustrer
par la pratique directe ce que
je viens d'évoquer.
|
04
|
Nun,
was tritt uns denn als ein
Charakteristisches innerhalb
des mitteleuropäischen
Gebietes, namentlich seit
den siebziger Jahren, immer
mehr und mehr entgegen? Wir
sehen, daß da, wo es auf das
eigentlich ideelle Gebiet
geht, aus dem heraus doch
ein gewisser Kulturinhalt
hätte kommen müssen, daß da
innerhalb Mitteleuropas —
auch im politischen und im
sozialen Leben — außer
einzelnen lobenswerten
Maßnahmen im Grunde genommen
doch nur eine Art
theoretischer Diskussion
getrieben wird. Sie finden
ja fast alles, was da
aufgewendet worden ist, um
gewissermaßen
zurechtzukommen mit den
Forderungen der Zeit, mehr
oder weniger verzeichnet in
den Verhandlungen — sei es
in den Parlamenten, sei es
außerhalb der Parlamente —,
die gepflogen worden sind
zwischen der proletarischen
Partei, die immer mehr und
mehr einen
sozialdemokratischen
Charakter angenommen hat,
und den verschiedenen
anderen Parteien, die aus
ihren Interessen oder
Traditionen heraus glaubten,
diese proletarische Partei
bekämpfen zu müssen. Da ist
viel aufgebracht worden an
Kritik und an Antikritik, da
ist viel geredet worden,
aber: Was ist denn im Grunde
genommen aus all dem
herausgekommen? Was hat sich
aus diesem Gerede ergeben
als notwendig zu einem
Aufbau für zukünftige
soziale Verhältnisse,
innerhalb welcher die
Menschen leben können?
Diejenigen der verehrten
Anwesenden, die schon öfter
meine Vorträge gehört haben,
werden wissen, daß ich nicht
liebe, mich in Theorien
einzulassen, sondern daß ich
da, wo es darauf ankommt,
große Linien zu ziehen, auf
die unmittelbare
Lebenspraxis eingehen will.
Und daher will ich auch
heute dasjenige, was ich
eben angedeutet habe, mit
unmittelbarer Praxis
belegen.
|
L'une des publications
les plus intéressantes du moment
est le livre "Les problèmes
politico-économiques de la
dictature prolétarienne" du
professeur Varga, dans lequel il
décrit ce qu'il a vécu et fait
lui-même au sein d'une zone
économique européenne certes
petite, mais quand même pas si
petite que cela.
|
05
|
Eine der
allerinteressantesten
Publikationen der Gegenwart ist
das Buch «Die
wirtschaftspolitischen Probleme
der proletarischen Diktatur» von
Professor Varga, in dem er
dasjenige schildert, was er
selbst erlebt, selbst gemacht
hat innerhalb eines zwar
kleinen, aber doch nicht allzu
kleinen europäischen
Wirtschaftsgebietes.
|
Le
livre de Varga est extrêmement
intéressant parce que c'est
justement un humain qui décrit
ce qu'il a vécu, ce qu'il a
fait et ce qui lui est arrivé
alors qu'il avait le pouvoir -
même s'il n'a pu durer que peu
de temps - de diviser un
territoire limité de manière
presque autocratique et de
l'organiser socialement. Le
professeur Varga était en
effet commissaire économique,
c'est-à-dire ministre des
Affaires économiques pendant
la courte période de gloire de
la République des conseils
hongroise, et il a présenté
dans ce livre qui vient de
paraître ce qu'il a tenté de
faire avec ses collègues. Il
était en particulier
[responsable] des affaires
économiques, et il décrit
comment il a voulu redresser
la Hongrie sur le plan
économique en se basant sur la
pensée marxiste - une pensée
très proche de la pensée
léninienne - et il décrit en
détail, avec une certaine
sincérité, les expériences
qu'il a faites. Il décrit
surtout avec précision comment
il a exproprié les différentes
entreprises selon la recette
particulière qui a pu être
appliquée en Hongrie, comment
il a essayé de créer des
sortes de conseils
d'entreprise à partir des
ouvriers des différentes
entreprises, comment il a
ensuite essayé de regrouper
ces différentes entreprises en
corps économiques plus grands,
et comment ceux-ci devaient
avoir leur sommet dans un
conseil économique suprême
avec des commissaires
économiques qui devaient
ensuite gérer cette vie
économique depuis Budapest. Il
décrit de manière assez
détaillée comment il a fait
ces choses. Comme je l'ai dit,
c'est un homme qui a acquis
toute sa façon de penser -
c'est-à-dire cette façon de
penser qui devait devenir
immédiatement pratique, qui
pouvait gérer l'Europe pendant
quelques mois -, il a acquis
cette façon de penser comme un
résultat de tout ce qui s'est
passé au cours des cinquante
dernières années entre le
parti social-démocrate et tout
ce que ce parti
social-démocrate a combattu de
différents points de vue.
Comme je l'ai dit, il est très
proche du léninisme dans sa
vision des choses ; il
souligne en particulier un
point de vue. Il est clair
pour un homme tel que le
professeur Varga, qui décrit
les événements avec une
certaine impulsivité de
taureau - une impulsivité de
taureau que nous connaissons
suffisamment dans la vie de
parti en Europe centrale -, il
est clair pour lui que seule
l'application stricte et
rigoureuse des principes
marxistes, tels que les veut
également Lénine, avec telle
ou telle modification,
pourrait apporter le salut à
l'organisme social ; il en
était très convaincu. Or, il
est en outre un humain, ce
professeur Varga, qui ne voit
pas très grand, qui ne pense
pas très intelligemment, mais
qui peut tout de même penser ;
et il sait donc - et il le
décrit aussi - qu'au fond,
tout ce mouvement est porté
par le prolétariat industriel.
Or, les circonstances
particulières, les expériences
qu'il a faites lors de
l'introduction de ce qu'il
voulait réaliser en Hongrie,
lui ont fait comprendre que
les prolétaires industriels
sont certes les seuls à
vouloir s'en tenir aussi
fermement que lui aux
exigences du marxisme et à en
attendre quelque chose, mais
que le prolétariat industriel,
comme la population urbaine en
général, sont ceux qui s'en
sortent le moins bien
lorsqu'on commence vraiment à
faire quelque chose avec ces
principes. Les expériences
très brèves lui ont montré
que, dans un premier temps,
seule la population rurale a
la possibilité de mieux s'en
sortir avec ces principes. La
population rurale s'en sort
mieux parce que ces principes
marxistes ramènent toute la
culture à un certain niveau
primitif. Mais ce niveau
primitif de la culture n'est
pas applicable à la structure
de la vie urbaine, tout au
plus à celle de la vie
paysanne à la campagne. Et
c'est ainsi que le professeur
Varga doit s'avouer, bien
qu'il soit marxiste - pour
lui, c'est à peu près aussi
évident que le fait que le
théorème pythagoricien soit
juste -, il doit s'avouer :
nous devons nous préparer à ce
que le prolétariat industriel
et la population urbaine
meurent de faim.
|
06
|
Das
Buch von Varga ist deshalb
außerordentlich interessant,
weil hier eben ein Mensch
dasjenige schildert, was er
selber erlebt, selber getan
hat und was ihm passiert
ist, während er selbst die
Macht hatte — auch wenn
diese nur kurz dauern konnte
—, ein beschränktes Gebiet
fast selbstherrlich zu
gliedern, sozial zu
gestalten. Der Professor
Varga war ja
Wirtschaftskommissär, also
Minister für die
wirtschaftlichen
Angelegenheiten während der
kurzen Herrlichkeit der
ungarischen Räterepublik,
und er hat dasjenige, was er
da versucht hat mit seinen
Kollegen, in diesem eben
erschienenen Buch
dargestellt. Er war
insbesondere für
wirtschaftliche
Angelegenheiten
[verantwortlich], und er
schildert, wie er Ungarn
wirtschaftlich
zurechtrichten wollte aus
marxistischer Denkweise —
aus einer solchen Denkweise,
die der leninschen ganz
nahesteht —, und er
schildert mit einer gewissen
Aufrichtigkeit im einzelnen
die Erfahrungen, die er
dabei gemacht hat. Vor allen
Dingen schildert er dabei
genau, wie er nach dem
besonderen Rezept, das sich
da in Ungarn anwenden ließ,
die einzelnen Betriebe
enteignet hat, wie er
versucht hat, eine Art
Betriebsräte aus den
Arbeiterschaften der
einzelnen Betriebe heraus zu
gestalten, wie er dann
versucht hat, diese
einzelnen Betriebe zu
größeren Wirtschaftskörpern
zusammenzugliedem, und wie
dann diese ihre Spitze haben
sollten in einem obersten
Wirtschaftsrat mit
Wirtschaftskommissären, die
dann von Budapest aus dieses
Wirtschaftsleben verwalten
sollten. Ziemlich in den
Einzelheiten schildert er,
wie er diese Dinge gemacht
hat. Er ist, wie gesagt, ein
Mann, der seine ganze
Denkweise — also jene
Denkweise, die unmittelbar
da praktisch werden sollte,
die ein paar Monate
innerhalb Europas
wirtschaften konnte —, er
hat diese Denkweise durchaus
als ein Ergebnis alles
desjenigen gewonnen, was
sich abgespielt hat im Laufe
der letzten fünfzig Jahre
zwischen der
sozialdemokratischen Partei
und all dem, was diese
sozialdemokratische Partei
aus den verschiedensten
Gesichtspunkten heraus
bekämpft hat. Er steht, wie
gesagt, mit seinen
Anschauungen dem Leninismus
sehr nahe; er hebt
insbesondere einen
Gesichtspunkt scharf hervor.
Es ist klar für einen
solchen Mann, wie es der
Professor Varga ist, der mit
einer gewissen stiermäßigen
Impulsivität die Vorgänge
schildert — eine stiermäßige
Impulsivität, wie wir sie ja
genügend kennen innerhalb
des Parteilebens
Mitteleuropas —, es ist für
ihn klar, daß nur die
stramme, strenge Ausführung
der marxistischen
Grundsätze, so wie sie auch
Lenin will, mit dieser oder
jener Modifikation dem
sozialen Organismus Heil
bringen könnte; davon war er
sehr überzeugt. Nun ist er
außerdem ein Mensch, dieser
Professor Varga, der zwar
nicht sehr groß, nicht sehr
gescheit denkt, der aber
immerhin denken kann; und so
weiß er — und er schildert
es auch —, daß im Grunde
genommen diese ganze
Bewegung getragen wird von
dem Industrieproletariat.
Nun ist ihm aus den
besonderen Verhältnissen,
aus seinen Erfahrungen bei
Einführung dessen, was er
verwirklichen wollte in
Ungarn, eines klar geworden:
daß zwar die
Industrieproletarier die
einzigen Menschen sind, die
ebenso stramm wie er selbst
an den Forderungen des
Marxismus festhalten wollten
und sich von ihnen etwas
versprachen, daß aber das
Industrieproletariat, wie
die städtische Bevölkerung
überhaupt, diejenigen sind,
die am schlechtesten dabei
wegkommen, wenn man nun
wirklich praktisch
darangeht, irgend etwas zu
machen mit diesen
Grundsätzen. Die ganz kurzen
Erfahrungen zeigten ihm, daß
zunächst eigentlich nur die
Landbevölkerung eine
Möglichkeit hat, irgendwie
besser wegzukommen bei
diesen Grundsätzen. Die
Landbevölkerung kommt
deshalb besser weg, weil
diese marxistischen
Grundsätze die ganze Kultur
auf eine gewisse primitive
Stufe zurückbringen. Diese
primitive Stufe der Kultur
ist aber nicht anwendbar auf
die Struktur des städtischen
Lebens, höchstens auf
diejenige des bäuerlichen
Lebens auf dem Lande. Und so
muß sich der Professor Varga
gestehen, trotzdem er
Marxist ist — das ist für
ihn ungefähr so
selbstverständlich, wie die
Tatsache, daß der
pythagoräische Lehrsatz
richtig ist —, er muß sich
gestehen: Wir müssen uns
gefaßt machen darauf, daß
das Industrieproletariat und
die Stadtbevölkerung am
Hungertuche nagen werden.
|
Vient
alors ce qu'un homme comme le
professeur Varga lie comme
conséquences à de telles
conditions. Il dis : "Oui,
mais premièrement, le
prolétariat industriel dans
les villes aura de
l'idéalisme, s'accrochera à
cet idéal même s'il doit
mourir de faim. Or, il va de
soi que cela fait partie de la
phraséologie des temps
modernes que si une idée
quelconque ne fonctionne pas -
une idée que l'on veut
pourtant considérer comme
absolument juste -, on masque
alors cette idée en un
idéalisme pour lequel il
faudrait éventuellement aussi
mourir de faim. L'autre
conséquence que Varga tire est
qu'il dit : oui, dans un
premier temps, les choses
iront beaucoup, beaucoup plus
mal dans les villes et pour la
population industrielle ; mais
ensuite, lorsque les choses
iront assez mal, elles
s'amélioreront ; c'est
pourquoi les prolétaires
industriels et les citadins en
général doivent être renvoyés
à l'avenir. Il dit donc :
"Oui, dans un premier temps,
on fait des expériences assez
sombres ; mais dans l'avenir,
les choses iront mieux". - Et
il n'a pas devant lui les
conseils d'entreprise très
dociles que nous trouvons à
l'ouest, mais les conseils
d'entreprise très radicaux qui
sont nés du radicalisme selon
la forme léninienne et tels
qu'ils ont été introduits dans
les conseils hongrois. Parce
que les gens chargés de
maintenir l'ordre dans
l'ensemble de l'appareil
économique ne sont pas
désignés par une quelconque
forme de gouvernement
antérieur, les gens sont élus
dans leurs propres rangs. Et
c'est là que le professeur
Varga a fait l'expérience - il
a pu faire lui-même
l'expérience de tout cela - il
a dit, et c'est un aveu
intéressant : "Oui, tout
d'abord, il s'est avéré que
ces humains qui sont
maintenant choisis et qui
doivent veiller à la
productivité du travail
s'occupent de traîner et de se
disputer dans les usines, et
les autres voient cela,
trouvent cela plus agréable et
voudraient tous accéder à ces
postes ; et c'est ainsi que se
développe un effort général
pour accéder à ces postes.
C'est une confession
intéressante de la part d'un
homme qui n'a pas seulement eu
l'occasion d'élaborer des
théories sur la réalité du
marxisme et du léninisme, mais
qui a aussi eu la possibilité
de mettre les choses en
pratique. Mais il y a quelque
chose d'encore plus
intéressant. Varga montre
maintenant comment de tels
commissaires économiques - qui
devaient justement être mis en
place pour des régions plus
vastes, en procédant
d'ailleurs de manière assez
bureaucratique - n'avaient en
fait ni l'envie ni la
possibilité de faire quelque
chose de réel.
|
07
|
Nun
kommt dasjenige, was ein
Mann wie der Professor Varga
als Konsequenzen an solche
Voraussetzungen knüpft. Er
sagt: Ja, aber erstens wird
das Industrieproletariat in
den Städten Idealismus
haben, wird nachhängen
diesem Ideellen auch dann,
wenn es hungern muß. Nun, es
gehört selbstverständlich zu
der Phrasenhaftigkeit der
modernen Zeit, daß man dann,
wenn irgendeine Idee nicht
klappt — eine Idee, die man
aber für absolut richtig
halten will —, daß man dann
diese Idee für einen
Idealismus aufmaskiert, für
den man eventuell auch
hungern müsse. Die andere
Konsequenz, die Varga zieht,
ist diese, daß er sagt: Nun
ja, zunächst wird es in den
Städten und für die
Industriebevölkerung viel,
viel schlechter werden; aber
dann, wenn es lange genug
schlecht gegangen sein wird,
dann wird es einmal besser
werden; daher müssen die
Industrieproletarier und die
Städter überhaupt auf die
Zukunft verwiesen werden. So
sagt er also: Ja, zunächst
macht man allerdings recht
trübe Erfahrungen; aber in
der Zukunft wird es schon
besser gehen. — Und er hat
ja nicht vor sich die sehr
zahmen Betriebsräte, die wir
nach dem Westen zu
vorfinden, sondern
diejenigen ganz radikalen
Betriebsräte, welche
entstanden sind aus dem
Radikalismus nach leninscher
Form und wie sie in
Räte-Ungarn eingeführt
worden sind. Weil nicht
durch irgendeine frühere
regierungsmäßige Art
diejenigen Leute bestimmt
werden, welche den ganzen
Wirtschaftsapparat in
Ordnung halten, so werden
die Leute aus ihren eigenen
Reihen heraus gewählt. Und
da hat sich ja für den
Professor Varga die
Erfahrung ergeben — er hat
das selbst alles als
Erfahrungen erleben können
—, er sagte, und das ist ein
interessantes Geständnis:
Ja, zunächst hat sich
allerdings ergeben, daß
diejenigen Menschen, die da
nun ausgewählt werden und
die eigentlich für die
Produktivität der Arbeit
sorgen sollen, daß sich die
damit beschäftigen, in den
Werken herumzulungern und zu
streiten, und die anderen
sehen das, finden das
angenehmer und möchten auch
alle zu diesen Stellen
aufrücken; und so entspinnt
sich ein allgemeines
Bestreben, zu diesen Stellen
aufzurücken. Das ist ein
interessantes Geständnis
eines Mannes, der nicht bloß
Gelegenheit hatte, Theorien
auszuarbeiten über die
Wirklichkeitsgemäßheit des
Marxismus und Leninismus,
sondern der auch die
Möglichkeit hatte, die Dinge
in die Wirklichkeit
umzusetzen. Aber etwas ist
noch viel interessanter.
Varga zeigt nun, wie solche
Wirtschaftskommissäre — die
eben für größere Gebiete
aufzustellen waren, wobei
man übrigens recht
bürokratisch vorgehen mußte
— eigentlich weder die
Neigung noch die Möglichkeit
hatten, etwas Wirkliches zu
tun.
|
Vous
voyez, le livre de Varga sur
les conseils hongrois est
extrêmement intéressant du
point de vue de l'histoire
culturelle contemporaine,
grâce aux descriptions qui
vont très loin dans le détail
et qui sont vraiment aussi
intéressantes dans leurs
détails que les quelques
choses que je viens
d'indiquer. Mais dans le
livre, ce qui m'a semblé le
plus intéressant tient en
trois lignes environ. Je
voudrais dire que la chose la
plus importante est justement
ce que dit le professeur Varga
lorsqu'il parle des tâches des
commissaires économiques et de
la manière dont ils n'ont pas
pu remplir ces tâches. Il dit
: "Oui, ces commissaires
économiques n'auront une
quelconque importance et ne
gagneront à l'avenir que si
l'on trouve les bonnes
personnalités pour les
remplacer. Le bon professeur
Varga ne semble pas se rendre
compte de la puissance de
l'aveu contenu dans ces trois
lignes, qui sont parmi les
plus intéressantes de tout le
livre. Nous voyons sans le
savoir l'aveu d'un humain qui,
je dirais avec une force
léninienne, est né des idées
du XXe siècle et a eu la
possibilité de les mettre en
pratique. Nous voyons l'aveu
[contraire] de ce qui a
toujours été prêché dans
presque toutes les réunions
sociales-démocrates : oui, il
est faux, totalement faux que
les gens croient que
l'histoire naît des idées, du
génie des personnalités
individuelles ; ce qui est
vrai, c'est que les
personnalités elles-mêmes et
tout ce qu'elles peuvent
développer comme idées
naissent des conditions
économiques. - Ces gens ont
donc toujours dit à quel point
les hommes qui comptaient sur
les idées et les personnalités
avaient tort, et comment il
fallait compter uniquement
avec les rapports de
production qui, en tant que
superstructure, poussent hors
d'eux-mêmes ce que sont les
idées directrices. Maintenant,
un homme vient introduire
[réellement] les idées
marxistes, et il dit : "Oui,
ces idées sont toutes très
belles, mais elles ne pourront
être mises en œuvre que
lorsque nous aurons les bonnes
personnalités pour cela. - On
ne peut guère imaginer que ce
qui constitue l'essentiel, le
nerf, l'impulsion la plus
intime de la pensée d'un
humain tel que Varga, ce
commissaire central à
l'économie, ce ministre des
affaires économiques dans les
conseils hongrois, puisse être
davantage poussé à l'absurde.
Il montre très clairement que
ce qui a été concocté comme
idées d'avenir dans les
régions d'Europe centrale a dû
échouer dès l'instant où l'on
a voulu en faire quelque chose
de positif. Il suffit de lire
ces descriptions, d'entendre
ces aveux, et l'on voit à quel
point un tel humain est
impuissant, lui que les
circonstances de l'époque ont
poussé à la surface vers le
leadership dans un pays tout
de même important, et à
quelles [conclusions] un tel
humain arrive dans le domaine
économique.
|
08
|
Sehen
Sie, das Buch von Varga über
Räte-Ungarn ist ja
gegenwarts-kulturhistorisch
außerordentlich interessant
durch die Schilderungen, die
sehr ins einzelne gehen und
nun wirklich auch in ihren
Einzelheiten so interessant
sind wie die paar Dinge, die
ich jetzt angegeben habe. Im
Buch aber war mir das
Interessanteste etwas, was
ungefähr in drei Zeilen
steht. Ich möchte sagen, das
Allerwichtigste ist gerade
das, was der Professor Varga
sagt, als er über die
Aufgaben der
Wirtschaftskommissäre
spricht und über die Art und
Weise, wie sie diese
Aufgaben nicht erfüllen
konnten. Er sagt: Ja, diese
Wirtschaftskommissäre werden
aber doch nur irgendeine
Bedeutung haben und in der
Zukunft gewinnen, wenn man
für ihre Stellen die
richtigen Persönlichkeiten
findet. Der gute Professor
Varga scheint gar nicht zu
erkennen, welch mächtiges
Geständnis in diesen drei
Zeilen eigentlich liegt, die
zum Interessantesten des
ganzen Buches gehören. Wir
sehen ganz unvermerkt das
Geständnis eines Menschen,
der, ich möchte sagen mit
leninscher Stärke,
hervorgewachsen ist aus den
Ideen des 20. Jahrhunderts
und der die Möglichkeit
hatte, diese Ideen in die
Wirklichkeit umzusetzen; wir
sehen das Geständnis [ins
Gegenteil] gehen dessen, was
immer und immer wieder
gepredigt wurde in fast
jeder sozialdemokratischen
Versammlung: Ja, es ist
falsch, durch und durch
falsch, wenn die Leute
glauben, Geschichte gehe aus
den Ideen, aus den
Genialitäten der einzelnen
Persönlichkeiten hervor;
richtig ist vielmehr, daß
die Persönlichkeiten selbst
und alles das, was sie an
Ideen entwickeln können,
hervorgeht aus den
wirtschaftlichen
Verhältnissen. — Es wurde
also von diesen Leuten immer
wieder gesagt, wie unrecht
die Menschen gehabt haben,
die auf die Ideen und
Persönlichkeiten gerechnet
haben, und wie man rechnen
müsse einzig und allein mit
den
Produktionsverhältnissen,
die als einen Überbau aus
sich heraustreiben
dasjenige, was leitende
Ideen sind. Nun kommt ein
Mann dazu, [die
marxistischen Ideen
wirklich] einzuführen, und
er sagt: Ja, diese Ideen
sind alle sehr schön, aber
sie werden erst ausgeführt
werden können, wenn wir die
richtigen Persönlichkeiten
dazu haben. — Man kann sich
kaum denken, daß stärker ad
absurdum geführt werden
könnte dasjenige, was gerade
das Wesentliche, den Nerv,
den innersten Impuls der
Denkweise eines solchen
Menschen ausmacht, wie Varga
einer ist, dieser
Zentralwirtschaftskommissär,
dieser Minister für
wirtschaftliche
Angelegenheiten in
Räte-Ungarn. Er zeigt ganz
deutlich, daß dasjenige, was
da in den mitteleuropäischen
Gebieten zusammengebraut
worden ist an Zukunftsideen,
scheitern mußte in dem
Augenblick, wo man
daranging, irgend etwas
Positives daraus aufbauen zu
wollen. Man braucht nur
diese Schilderungen zu
lesen, dieses Geständnis zu
vernehmen, und man sieht,
wie machtlos eigentlich ein
solcher Mensch ist, den die
Zeitverhältnisse in einem
immerhin wichtigen Land an
die Oberfläche zur
Führerschaft hingetrieben
haben, und zu [welchen
Schlüssen] ein solcher
Mensch gelangt auf
wirtschaftlichem Gebiet.
|
Mais
il est aussi intéressant de
voir à quoi un tel humain
parvient dans le domaine de
l'État. Vous voyez, il faut
déjà faire le lien entre les
explications du professeur
Varga et les circonstances
actuelles. Peut-être vous
souvenez-vous comment, au
cours des dernières décennies,
certaines plaintes ont été
formulées de plus en plus
souvent par les parties les
plus diverses, selon
lesquelles tous les offices
étaient submergés non pas par
des spécialistes techniques ou
commerciaux, mais par des
juristes. Rappelez-vous
combien de choses ont été
dites à ce sujet dans les
rouages de l'ancien système
étatique. Dans d'autres
affaires aussi, notamment lors
de la nationalisation des
chemins de fer, les véritables
spécialistes étaient toujours
ceux qui devaient passer à
l'arrière-plan, et les
juristes étaient ceux auxquels
on accordait essentiellement
de l'importance et qui
occupaient les postes les plus
importants. Maintenant, le
professeur Varga, comment
parle-t-il des juristes, dont
il fait d'ailleurs partie ?
Comment parle-t-il des autres
responsables de l'État, des
dirigeants de l'État, des
fonctionnaires de l'État ? Il
parle d'eux en disant : on ne
tient absolument pas compte
d'eux, ils sont tout
simplement supprimés, ils
cessent d'avoir une importance
; les juristes de toutes
sortes doivent rejoindre le
prolétariat, car on n'a pas
besoin d'eux si on veut
socialiser la vie économique.
- On remarque que deux choses
s'affrontent directement :
l'État juriste élitiste, qui a
poussé les juristes à la
surface, et l'État socialiste,
qui déclare inutile tout ce
système de juristerie.
|
09
|
Aber
interessant ist es auch,
wozu ein solcher Mensch auf
staatlichem Gebiet gelangt.
Sehen Sie, da muß man schon
die Ausführungen von
Professor Varga mit den
Zeitverhältnissen
zusammenhalten. Vielleicht
erinnern Sie sich daran, wie
immer mehr und mehr in den
letzten Jahrzehnten gewisse
Beschwerden erhoben worden
sind von den verschiedensten
Seiten, daß alle Ämter
überschwemmt würden nicht
mit technischen, nicht mit
kommerziellen Fachleuten,
sondern überschwemmt würden
mit Juristen. Erinnern Sie
sich, wieviel über dieses
Faktum geredet worden ist
aus dem Getriebe des alten
Staatswesens heraus. Auch
bei anderen Angelegenheiten,
namentlich bei der
Verstaatlichung der
Eisenbahnen, waren ja immer
die eigentlichen Fachleute
diejenigen, die in den
Hintergrund treten mußten,
und die Juristen waren
diejenigen, auf die im
wesentlichen aller Wert
gelegt worden ist und die in
den wichtigsten Stellungen
waren. Nun, der Professor
Varga, wie redet er über die
Juristen, zu denen er
übrigens auch zählt? Wie
redet er über andere
Staatsträger, Staatsführer,
Staatsbeamte? Er redet so
über sie, daß er sagt: Auf
die wird überhaupt keine
Rücksicht genommen, die
werden einfach abgeschafft,
die hören auf, eine
Bedeutung zu haben; die
Juristen aller Sorten, die
müssen sich einreihen ins
Proletariat, denn die
braucht man nicht, wenn man
das Wirtschaftsleben
sozialisieren will. — Man
merke, wie da unmittelbar
zwei Dinge aneinanderstoßen:
der elitäre Juristenstaat,
der die Juristen an die
Oberfläche getrieben hat,
und der sozialistische
Staat, der dieses ganze
System von Juristerei für
unnötig erklärt.
|
Dans l'État socialiste,
les juristes sont tout
simplement éliminés, on ne s'en
préoccupe pas. Ce sont des gens
sur lesquels on ne compte plus.
On ne les prend pas en compte
quand on veut créer un nouvel
ordre social. Et la vie
spirituelle, elle est tout
simplement ordonnée par l'État
économique. Cela signifie
qu'elle n'a évidemment pas été
organisée pendant les quelques
mois de la République des
Conseils hongroise. C'est
pourquoi Varga n'a pas encore
d'expérience en la matière ; il
présente ses pures théories.
|
10
|
Also, im
sozialistischen Staat werden die
Juristen einfach beseitigt, da
macht man sich keine Gedanken
darüber. Das sind Leute, auf die
man nicht weiter zählt. Man
rechnet sie nicht mit, wenn man
eine neue soziale Ordnung
hervorrufen will. Und das
geistige Leben, das wird einfach
nebenbei vom wirtschaftlichen
Staat geordnet. Das heißt, es
wurde selbstverständlich in den
paar Monaten ungarischer
Räterepublik gar nicht geordnet.
Deshalb hat Varga da noch keine
Erfahrungen; da trägt er seine
bloßen Theorien vor.
|
Et c'est ainsi que nous
voyons comment ce professeur
Varga, qui a introduit dans la
littérature contemporaine une
œuvre remarquable, je dirais, du
point de vue de l'histoire
mondiale, nous voyons comment
cet homme ne s'enracine en fait
nulle part dans la réalité.
|
11
|
Und so sehen wir
gerade, wie dieser Professor
Varga, der ein, ich möchte sagen
in welthistorischer Beziehung,
bemerkenswertes Werk der
gegenwärtigen Literatur
eingefügt hat, wir sehen, wie
dieser Mann eigentlich nirgends
in der Wirklichkeit wurzelt.
|
Tout au plus
s'enracine-t-il dans la réalité
avec la seule phrase triviale,
la seule évidence : si l'on veut
qu'un poste soit correctement
occupé, il faut y placer
l'humain qu'il faut. Tout le
reste n'est que de la paille,
des choses sans valeur ; mais
ces choses sans valeur, qui
auraient dû devenir réalité dans
un domaine qui n'est tout de
même pas étroitement limité.
Naturellement, un tel humain
trouve toutes sortes d'excuses
pour expliquer le fait que la
Hongrie des conseils se soit
terminée si rapidement - par
l'invasion roumaine et tout le
reste. Mais celui qui regarde
ces choses de plus près doit se
dire que, tout simplement parce
que la Hongrie est un territoire
plus petit, c'est-à-dire parce
que tout ce qui se dégrade, tout
ce qui se dissout et se
décompose a parcouru un chemin
plus court depuis le centre de
Budapest jusqu'à la périphérie
du pays, c'est pourquoi la
Hongrie des conseils a très vite
montré ce qui se manifestera
encore à l'Est, en Russie, où le
chemin est plus long depuis le
centre de Moscou jusqu'à la
périphérie, même si c'est dans
des domaines qui peuvent certes
nous inquiéter.
|
12
|
Höchstens wurzelt er in
der Wirklichkeit mit dem
einzigen trivialen Satz, mit der
einzigen Selbstverständlichkeit:
Wenn man will, daß ein Amt
ordentlich versorgt wird, dann
muß man den rechten Menschen
darauf setzen. Alles übrige ist
Stroh, ist wertloses Zeug; aber
dieses wertlose Zeug, das hätte
Wirklichkeit werden sollen auf
einem immerhin nicht eng
begrenzten Gebiet. Da findet
natürlich ein solcher Mensch
allerlei Ausreden für die
Tatsache, daß Räte Ungarn so
rasch zu Ende gegangen ist —
durch den rumänischen Einfall
und was sonst noch alles. Aber
wer tiefer in diese Dinge
hineinschaut, der muß sich
sagen: Einfach, weil Ungarn ein
kleineres Gebiet ist, also weil
all das Abbauende, all das
Auflösende und Zersetzende einen
kleineren Weg hatte von dem
Zentrum Budapest bis zur
Peripherie des Landes, deshalb
hat sich bei Räte-Ungarn sehr
rasch das gezeigt, was sich im
Osten, in Rußland, wo der Weg
größer ist vom Zentrum Moskau
bis zur Peripherie, auch noch
zeigen wird, wenn auch freilich
in Dingen, die uns sehr Sorge
machen können.
|
Vous
voyez, au fond, en ce qui
concerne les personnalités
dirigeantes, les personnalités
vraiment dirigeantes, nous
n'avons affaire qu'à deux
choses. D'une part, nous avons
les dirigeants qui, comme
l'actuel chancelier du Reich -
on dit encore "chancelier du
Reich" -, jouent un rôle très
ancien dans les négociations
internationales et travaillent
toujours avec les idées les
plus usées, et d'autre part,
des personnalités comme le
professeur Varga, qui voulait
fonder quelque chose de
nouveau - quelque chose de
nouveau, mais qui n'est
nouveau que parce que ses
idées conduisent plus
rapidement à la dégradation.
Les idées des autres
conduisent également à la
dégradation, mais parce
qu'elles ne sont pas aussi
radicales, la dégradation est
plus lente, plus lente ;
lorsque le professeur Varga
arrive avec ses idées, la
dégradation est plus profonde,
plus radicale.
|
13
|
Sehen
Sie, im Grunde genommen
haben wir es ja bei den
führenden Persönlichkeiten,
bei den wirklich führenden
Persönlichkeiten, nur mit
zweierlei zu tun. Auf der
einen Seite haben wir
diejenigen Führenden, die
etwa wie der gegenwärtige
Reichskanzler — man sagt
noch immer «Reichskanzler»
—, eine urälteste Figur
spielen bei internationalen
Verhandlungen, die noch
immer mit den
allerabgegriffensten Ideen
arbeiten, und auf der
anderen Seite solche
Persönlichkeiten, wie der
Professor Varga eine ist,
der Neues begründen wollte —
ein Neues, das aber nur
dadurch neu ist, daß seine
Ideen schneller zum Abbau
führen. Die Ideen der
anderen führen auch zum
Abbau, aber weil sie nicht
so radikal vorgehen, so geht
der Abbau schlampiger,
langsamer vor sich; wenn der
Professor Varga mit seinen
Ideen kommt, geht es
gründlicher, radikaler.
|
Prenons
maintenant les idées
occidentales. Comme je l'ai
dit, on peut décrire beaucoup
de choses, encore longtemps,
jusqu'à demain, mais je
voudrais seulement indiquer
quelques points de vue. Vous
voyez, on peut penser ce que
l'on veut, du point de vue
moral ou du point de vue de la
sympathie et de l'antipathie
humaines, de ces pays
occidentaux, notamment de la
politique culturelle
anglo-américaine - que l'on
appelle aussi, si je veux, une
politique inculturelle ; je ne
veux pas discuter de questions
de goût. [Je ne veux pas
parler de cela, mais je veux
parler des nécessités
historiques et politiques
mondiales, de ce qui a agi
comme impulsion dans la
politique anglaise au cours
des mêmes décennies où l'on
discutait en Europe centrale
de manière si théorique que
les idées de Varga en sont
ressorties. Celui qui regarde
cette politique anglaise
trouve qu'elle repose avant
tout sur quelque chose qui est
un trait, un trait fondamental
- il n'a pas besoin de plaire
à quelqu'un, mais c'est un
trait fondamental - par lequel
les idées agissent, par lequel
les idées affluent.
|
14
|
Nehmen
wir jetzt mal die westlichen
Ideen. Wie gesagt, man kann
da vieles schildern, noch
lange, bis morgen,
schildern, aber ich möchte
nur einige Gesichtspunkte
angeben. Sehen Sie, man kann
ja vom moralischen
Gesichtspunkt oder vom
Gesichtspunkt menschlicher
Sympathie und Antipathie
denken, wie man will über
diese Westländer, namentlich
über die anglo-amerikanische
Kulturpolitik — meinetwillen
nenne man sie auch eine
Unkulturpolitik; ich will
nicht über Geschmacksfragen
streiten. [Darüber will ich
nicht sprechen], sondern ich
will über welthistorische
und politische
Notwendigkeiten sprechen,
über dasjenige, was als
Impetus, als Impuls in der
englischen Politik wirkte in
denselben Jahrzehnten, in
denen man in Mitteleuropa so
theoretisch diskutierte, daß
dann zunächst Vargasche
Ideen herauskamen. Wer auf
diese englische Politik
hinschaut, der findet, daß
ihr zugrundeliegt vor allen
Dingen etwas, was ein Zug
ist, ein Grundzug -- er
braucht niemandem zu
gefallen, aber es ist ein
Grundzug —, durch den Ideen
wirken, durch den Ideen
strömen.
|
Comment
caractériser correctement
l'opposition entre cette
Europe centrale et ces pays
occidentaux anglo-américains -
dont fait également partie la
relève coloniale en Amérique
? On pourrait dire que ce qui
est extrêmement
caractéristique, c'est que
dans ce mouvement qui passe
avant tout par la politique
commerciale et industrielle
des pays occidentaux, quelque
chose est toujours clairement
perceptible - je ne dis pas
compréhensible, mais
clairement perceptible -,
quelque chose qui s'exprime
aussi comme une idée. En 1884,
un historien anglais, le
professeur Seeley, a décrit la
chose dans son livre
"L'expansion de la
Grande-Bretagne". Je vais vous
faire part de ses propres
mots, de préférence les
quelques phrases qui expriment
clairement ce dont il s'agit.
Seeley dit dans son livre "The
Expansion of England" : "Nous
avons fondé notre empire en
partie, il faut le
reconnaître, pénétrés de
l'ambition de la conquête, en
partie par des intentions
philanthropiques, pour mettre
fin à d'immenses maux". - Il
veut dire des maux dans les
colonies. Cela signifie que
l'on vise délibérément une
politique d'expansion - tout
le livre contient en effet
cette idée -, une extension de
la sphère de puissance de la
Grande-Bretagne sur le monde.
Et cette extension est
recherchée parce que l'on
pense que cette mission, qui
consiste à utiliser des forces
d'expansion économique, est
dévolue au peuple britannique
- un peu comme, dans
l'Antiquité, le peuple hébreu
s'est vu confier une certaine
mission. Un historien le dit :
dans les gens qui font du
commerce en Angleterre - je
veux dire qui font du commerce
-, qui sont des industriels,
qui sont des colonisateurs,
qui sont des administrateurs
d'État, dans tous ces humains
vit une phalange fermée de
conquête du monde. C'est ce
qu'exprime cet historien
Seeley. Et les meilleures
personnes d'Angleterre, qui
savent aussi de quoi il s'agit
grâce aux sociétés secrètes,
soulignent expressément :
notre royaume est le royaume
des îles, nous avons la mer
tout autour, et selon la
configuration de notre
royaume, cette mission nous
incombe. Parce que nous sommes
un peuple insulaire, nous
devons d'une part conquérir
par ambition et d'autre part,
par philanthropie - réelle ou
supposée - essayer d'éliminer
les maux qui existent dans des
pays totalement incultes. Tout
cela par instinct populaire,
mais par instinct populaire à
tel point qu'on est toujours
prêt à faire l'un et à ne pas
faire l'autre quand il s'agit
de se rapprocher d'une manière
ou d'une autre du grand
objectif d'expansion de l'être
britannique. Que sait-on donc
[de l'être britannique] ? Je
vous demande, mes très chers
présents, d'examiner très
attentivement ce que je viens
de dire - que sait-on de cela
? On sait que les Anglais
pensent : nous sommes un
peuple insulaire. C'est le
caractère de notre empire que
d'être construit sur une île.
Nous ne pouvons pas être autre
chose qu'un peuple conquérant.
- Si quelqu'un a le goût de
dire "un peuple de brigands",
qu'il le fasse, cela n'a pas
d'importance aujourd'hui,
seuls comptent les faits et la
tendance politique, car ils
ont un effet ; les jugements
de goût n'ont aucun effet dans
le domaine dans lequel nous
parlons.
|
15
|
Wie
soll man den Gegensatz
dieses Mitteleuropas und
dieser westlichen,
anglo-amerikanischen Länder
— es gehört ja auch der
koloniale Nachwuchs in
Amerika dazu — sachgemäß
charakterisieren? Da möchte
man sagen: Außerordentlich
charakteristisch ist es, daß
in diesem Zug, der vor allen
Dingen durch die
Handelspolitik, durch die
Industriepolitik der
Westländer geht, etwas immer
deutlich spürbar ist — ich
sage nicht verstehbar, aber
deutlich spürbar —, etwas,
was sich auch als Idee
ausspricht. 1884 hat ein
englischer Historiker,
Professor Seeley, in dem
Buche «Die Ausbreitung von
Großbritannien» die Sache
geschildert. Ich will Ihnen
mit seinen eigenen Worten
vorhalten, am besten die
paar Sätze, die klar und
deutlich zum Ausdruck
bringen, um was es sich
dabei handelt. Seeley sagt
in seinem Buche «The
Expansion of England»: «Wir
gründeten unser Reich teils,
wie zugegeben werden muß,
durchdrungen vom Ehrgeiz der
Eroberung, teils aus
philanthropischen Absichten,
um ungeheuren Übeln ein Ende
zu machen.» — Er meint Übel
in den Kolonien. Das heißt,
es wird ganz bewußt
angestrebt eine
Expansionspolitik — das
ganze Buch enthält ja diese
Idee —, eine Ausdehnung der
Machtsphäre Großbritanniens
über die Welt. Und es wird
angestrebt diese Ausdehnung,
weil man glaubt, daß diese
Mission, die dahin geht,
wirtschaftliche
Expansionskräfte zu
verwenden, daß diese Mission
dem britischen Volk
zugefallen ist — so
ungefähr, wie im Altertum
dem hebräischen Volk eine
gewisse Mission zugefallen
ist. Ein Historiker spricht
es aus: In denjenigen
Leuten, die in England
handeln -- ich meine Handel
treiben —, die Industrielle
sind, die Kolonisatoren
sind, die staatsverwaltende
Menschen sind, in all diesen
Menschen lebt eine
geschlossene Phalanx der
Welteroberung. Das ist
dasjenige, was dieser
Historiker Seeley
ausspricht. Und die besten
Leute Englands, die auch aus
den Geheimgesellschaften
heraus wissen, um was es
sich handelt, die betonen
ausdrücklich: Unser Reich
ist das Inselreich, wir
haben rings herum Meer, und
nach der Konfiguration
dieses unseres Reiches fällt
uns diese Mission zu. Weil
wir ein Inselvolk sind,
deshalb müssen wir auf der
einen Seite aus Ehrgeiz
erobern und auf der anderen
Seite aus Philanthropie —
wirklicher oder geglaubter —
versuchen, die Übel, die in
ganz unkultivierten Ländern
sind, zu beseitigen. Das
alles ist aus volksmäßigem
Instinkt heraus, aber so aus
volksmäßigem Instinkt
heraus, daß man jederzeit
bereit ist, das eine zu tun,
das andere nicht zu tun,
wenn es darauf ankommt,
irgendwie dem großen Ziel
der Ausdehnung des
britischen Wesens sich zu
nähern. Was weiß man denn
[von dem britischen Wesen]?
Ich bitte Sie, meine
verehrten Anwesenden, gerade
dasjenige, was ich jetzt
gesagt habe, sehr genau ins
Auge zu fassen — was weiß
man denn davon? Man weiß,
die Engländer denken: Wir
sind ein Inselvolk. Das ist
der Charakter unseres
Reiches, daß es auf einer
Insel errichtet ist. Wir
können nichts anderes als
ein Eroberervolk sein. —
Wenn jemand den Geschmack
hat zu sagen «ein
Räubervolk», so mag er das
tun, darauf kommt es heute
nicht an, es kommt nur auf
Tatsachen an und auf die
politische Tendenz, denn die
bewirken etwas;
Geschmacksurteile bewirken
auf dem Gebiete, auf dem wir
uns da unterhalten, nichts.
|
On sait donc [en
Angleterre] mener une politique,
notamment dans le domaine
économique, qui part d'une
connaissance claire de ce que
l'on est en tant que peuple sur
le territoire de la terre où
l'on vit. C'est le sens de la
réalité, c'est l'esprit de
réalité.
|
16
|
Man weiß also [in
England], eine Politik zu
treiben, namentlich auf
wirtschaftlichem Gebiete, welche
ausgeht von einer klaren
Erkenntnis dessen, was man als
Volk ist auf dem Gebiete der
Erde, auf dem man lebt. Das ist
Wirklichkeitssinn, das ist
Realitätsgeist.
|
Qu'en
est-il en Europe centrale ? À
quoi cela sert-il de se bercer
d'illusions en permanence ? On
n'y progressera jamais. Le
seul moyen d'avancer, c'est de
regarder la réalité en face.
Comment est-ce donc en Europe
centrale, à l'époque où le
vouloir anglais se
cristallisait de plus en plus
dans ce dont je viens de
parler, qui part d'une
connaissance claire du domaine
dans lequel on agit, comment
est-ce en Europe centrale à la
même époque ? Eh bien, en
Europe centrale, nous n'avons
pas du tout affaire à une
reconnaissance similaire des
tâches qui découlent des
territoires sur lesquels on
vit - pas du tout. Prenons le
territoire d'où est parti le
malheur en Europe,
l'Autriche-Hongrie ; cette
Autriche-Hongrie est en
quelque sorte créée par
l'histoire récente pour
fournir la preuve de ce que ne
doit pas être un État moderne.
|
17
|
Wie
ist es denn in Mitteleuropa?
Was hilft es denn, daß man
sich hier immerfort
Illusionen hingibt? Da wird
man nie weiterkommen.
Weiterkommt man lediglich
dadurch, daß man die
Wirklichkeit ins Auge faßt.
Wie ist es denn in
Mitteleuropa in derselben
Zeit, in der sich immer mehr
und mehr kristallisierte das
englische Wollen in dem,
wovon ich eben jetzt
gesprochen habe, das ausgeht
von einer klaren Erkenntnis
des Gebietes, auf dem man
wirkt —, wie ist es in
derselben Zeit in
Mitteleuropa? Nun, in
Mitteleuropa, da haben wir
es keineswegs zu tun mit
einem ähnlichen Erkennen der
Aufgaben, die sich aus den
Territorien ergeben, auf
denen man lebt — ganz und
gar nicht. Nehmen wir das
Gebiet, von dem das Unglück
in Europa ausgegangen ist,
Österreich-Ungarn; dieses
Österreich-Ungarn ist
gewissermaßen von der
neueren Geschichte
geschaffen, um den Beweis zu
liefern, wie ein moderner
Staat nicht sein soll.
|
Voyez-vous,
cette Autriche-Hongrie
comprenait en son sein - je ne
peux pas développer davantage
aujourd'hui, je veux seulement
caractériser aujourd'hui de
manière tout à fait
aphoristique et extérieure -,
cette Autriche-Hongrie
comprenait en son sein d'abord
les Allemands vivant dans les
pays alpins et en Basse et
Haute-Autriche, qui étaient
divisés en eux-mêmes en
différentes opinions. Elle
comprenait ensuite, au nord,
les Tchèques avec de fortes
inclusions allemandes en
Bohême allemande, plus à
l'est, la population
polonaise, plus à l'est
encore, la population ruthène,
puis les différentes autres
populations situées à l'est de
l'Autriche-Hongrie, de
préférence les Magyars, et
plus au sud, les peuples
slaves du sud. Mes très chers
présents, tout cela est lié
par une idée qui porte une
réalité similaire à celle [des
Anglais] : Nous sommes un
peuple insulaire et devons
donc conquérir ? Non ! Par
quoi ces treize régions
[linguistiques] différentes,
reconnues par l'État, de
l'Autriche-Hongrie
étaient-elles unies ? Elles
ont été unies - je peux le
dire, car j'ai passé la moitié
de ma vie, presque trente ans,
en Autriche - uniquement par
la politique des Habsbourg,
par cette malheureuse
politique des Habsbourg. On
pourrait dire que tout ce qui
a été fait en Autriche-Hongrie
a en fait été fait dans
l'optique de savoir comment
maintenir cette politique
domestique des Habsbourg.
Cette politique domestique des
Habsbourg est un produit du
Moyen-Âge. Il n'y a donc rien
[pour la cohésion] d'autre que
l'intérêt égoïste d'une maison
princière, rien de tel que ce
qui est exprimé par exemple
par l'historien anglais Seeley
en 1884.
|
18
|
Sehen
Sie, dieses
Österreich-Ungarn faßte in
sich — ich kann das nicht
weiter ausführen heute, ich
will heute nur ganz
aphoristisch und äußerlich
charakterisieren —, dieses
Österreich-Ungarn faßte in
sich zunächst die in den
Alpenländern und in Nieder-
und Oberösterreich lebenden
Deutschen, die in sich in
verschiedenste Gesinnungen
gespalten waren, faßte
weiter in sich im Norden die
Tschechen mit starken
deutschen Einschlüssen in
Deutsch-Böhmen, weiter im
Osten die polnische
Bevölkerung, noch weiter im
Osten die ruthenische
Bevölkerung, dann die
verschiedenen anderen im
Osten von Österreich-Ungarn
liegenden Völkerschaften,
vorzugsweise die Magyaren
und weiter nach Süden die
südslawischen Völker. Meine
sehr verehrten Anwesenden,
wird all das in ähnlicher
Weise von einer Realität
tragenden Idee
zusammengehalten wie
diejenige [der Engländer]:
Wir sind ein Inselvolk und
müssen deshalb erobern?
Nein! Wodurch wurden denn
diese dreizehn
verschiedenen, staatlich
anerkannten [Sprach] gebiete
ÖsterreichUngarns
zusammengehalten?
Zusammengehalten — ich darf
das sagen, denn ich habe die
Hälfte meiner Lebenszeit,
fast dreißig Jahre, in
Österreich verbracht —,
zusammengehalten wurden sie
einzig und allein durch die
habsburgische Hauspolitik,
durch diese unglückselige
habsburgische Hauspolitik.
Man möchte sagen, alles
dasjenige, was in
Österreich-Ungarn gemacht
worden ist, ist eigentlich
gemacht worden unter dem
Gesichtspunkt: Wie läßt sich
diese habsburgische
Hauspolitik
aufrechterhalten? Diese
habsburgische Hauspolitik
ist ein Produkt des
Mittelalters. Nichts also
ist vorhanden [für den
Zusammenhalt] als das
selbstische Interesse eines
Fürstenhauses, nichts
dergleichen, wie es etwa bei
dem englischen Historiker
Seeley im Jahre 1884 zum
Ausdruck kommt.
|
Et
qu'avons-nous vécu dans le
reste de l'Europe centrale,
par exemple en Allemagne ?
Oui, je dois dire que cela m'a
toujours profondément touché
lorsque j'ai lu, par exemple,
quelque chose comme ce que
l'on trouve souvent chez
Herman Grimm, qui décrit
clairement ce qu'il a ressenti
pendant ses propres années
d'études, à l'époque où
c'était encore un crime de se
dire allemand. Les gens ne le
savent plus aujourd'hui ; il
ne faut pas oublier que l'on
était Wurtembergeois, que l'on
était Bavarois, Prussien,
Thuringien, et ainsi de suite,
mais que l'on n'était pas
Allemand. Et être allemand,
grand-allemand, c'était à
l'époque une révolution, on ne
pouvait l'avouer que dans le
cercle le plus intime, c'était
un crime contre les intérêts
égoïstes des maisons
princières. Jusqu'en 1848, dit
Herman Grimm, le plus grand
crime dans le domaine
politique était chez les
Allemands ce que le plus grand
honneur était chez les
Français : s'appeler un
Français ; s'appeler un
Allemand était [chez les
Allemands, le plus grand
crime]. Et je pense
qu'aujourd'hui, beaucoup
d'humains lisent les "Discours
à la nation allemande" de
Fichte et ne comprennent pas
vraiment les mots
d'introduction, car ils les
rapportent à autre chose.
|
19
|
Und
was haben wir in dem übrigen
Mitteleuropa, zum Beispiel
in Deutschland, erlebt? Ja,
ich muß sagen: Mir hat es
immer tief ins Herz
geschnitten, wenn ich zum
Beispiel so etwas gelesen
habe, wie es öfter bei
Herman Grimm vorkommt, der
klar und deutlich schildert,
was er empfunden hat während
seiner eigenen Studienjahre,
in den Zeiten noch, in denen
es ein Verbrechen war, sich
einen Deutschen zu nennen.
Die Leute wissen das heute
nicht mehr; man darf nicht
vergessen, man war
Württemberger, man war
Bayer, Preuße, Thüringer und
so weiter, aber man war
nicht Deutscher. Und
Deutscher zu sein,
Großdeutscher, das war
dazumal Revolution, das
konnte man nur im intimsten
Kreise gestehen, das war ein
Verbrechen gegen die
selbstischen Interessen der
Fürstenhäuser. Bis 1848,
sagt Herman Grimm, war bei
den Deutschen das das größte
Verbrechen auf politischem
Felde, was bei den Franzosen
die größte Ehre war: sich
einen Franzosen zu nennen;
sich einen Deutschen zu
nennen war [bei den
Deutschen das größte
Verbrechen]. Und ich glaube,
heute lesen viele Menschen
Fichtes «Reden an die
Deutsche Nation» und sie
verstehen die Eingangsworte
gar nicht richtig, denn sie
beziehen sie auf etwas
anderes.
|
Fichte
dit : je parle pour les
Allemands tout court, des
Allemands, tout court. - Il
veut dire qu'il parle, sans
tenir compte des différences
entre les Autrichiens, les
Saxons, les Thuringiens, les
Bavarois et ainsi de suite,
précisément aux Allemands - il
entend cela strictement [dans
le sens] d'une politique
intérieure ; rien dans cette
phrase ne contient quelque
chose qui irait vers
l'extérieur. [Être allemand au
sens politique] était quelque
chose qui ne devait pas être,
qui était interdit. Cela
semble presque idiot, mais
c'était interdit - un peu
selon ce principe qui apparaît
dans une anecdote de
l'empereur Ferdinand, que l'on
appelait le gentil, Ferdinand
le gentil, parce qu'il n'avait
pas d'autres qualités utiles.
On dit de lui que Metternich
lui a signalé qu'il était en
train d'agir : les gens
commencent à faire la
révolution à Prague - alors
l'empereur Ferdinand a dit :
"Vous avez le droit de faire
ça ? -- C'est à peu près selon
ce principe de non-droit que
l'on a traité le fait d'être
allemand jusqu'en 1848. Et
c'est alors qu'un idéal est né
de cette germanité, idéal qui
s'est ensuite perdu dans la
politique du pouvoir ; cet
idéal [d'unité] auquel on
aspire encore aujourd'hui.
L'exemple de l'esthéticien
Vischer, le "V-Vischer", qui
vivait ici à Stuttgart,
illustre le mieux la manière
dont il a suivi le chemin du
destin ; jusque dans les
années soixante-dix, il était
rempli de l'idéal de la Grande
Allemagne contenu dans les
paroles de Fichte : je parle
pour les Allemands par
excellence, par les Allemands
par excellence. - Mais il
s'est ensuite plié aux
conditions que Nietzsche a
caractérisées au début des
années soixante-dix par ces
mots : "Elles étaient une
extirpation de l'esprit
allemand au profit de l'Empire
allemand". - Mais on voit avec
quel grincement de dents un
homme tel que Vischer se
métamorphose de l'ancien idéal
dans le nouveau, et combien il
lui est terriblement difficile
de présenter le nouveau comme
une vérité à laquelle il s'est
converti. L'autobiographie de
Vischer, "Altes und Neues
(Ancien et nouveau)", est
extrêmement intéressante à cet
égard. Et ce que je viens
d'exposer est souvent dû au
fait que, lorsque les
circonstances mondiales ont
exigé une politique mondiale,
rien d'autre ne s'est
développé en Europe centrale
que cette discussion sans
valeur dont j'ai parlé. Ce qui
s'est passé en réalité dans
les années soixante et
soixante-dix, c'était la
politique domestique contre la
politique domestique ; elle
avait pris le relais de ce qui
devait naître de l'idéal
allemand. Au fond, mes très
chers présents, les Italiens,
les Français et peut-être même
les Anglais seraient heureux
d'avoir un historien tel que
Treitschke l'était pour les
Allemands. On peut le traiter
de faisant du
vacarme/polémiste - il l'était
peut-être, et on peut trouver
peu de goût à la manière dont
il présente les choses -, mais
cet Allemand a justement
trouvé de bien belles paroles
pour ses Allemands qui lui
sont si chers. Il suffisait de
voir [à travers les
polémiques] - il fallait aussi
le faire personnellement.
Lorsque je l'ai rencontré une
fois à Weimar, pour la
première fois - il ne pouvait
déjà plus entendre à l'époque,
il fallait tout lui écrire,
mais il parlait très fort,
avec des accents, clairement
-, il m'a demandé : d'où
venez-vous, quel genre de
compatriote êtes-vous ? - Je
lui ai écrit que j'étais
autrichien. Après quelques
courtes phrases échangées, il
m'a dit : "Oui, les
Autrichiens, soit ce sont des
gens tout à fait géniaux, soit
ce sont des imbéciles". - On
avait alors bien sûr le choix
de s'inscrire dans l'une de
ces catégories, car il n'y en
avait pas de troisième.
C'était donc un homme qui
parlait avec fermeté. Chez
Treitschke, on peut très bien
lire sur la querelle des
puissances domestiques qui a
en fait provoqué le destin du
peuple allemand, la querelle
des puissances domestiques
entre les Habsbourg et les
Hohenzollern, et Treitschke
trouve déjà les mots pour dire
les vérités les plus crues aux
Hohenzollern aussi. Ce qui est
étrange, c'est que si l'on
fait de la politique dans
l'ignorance de sa propre
situation territoriale, si
l'on fait de la politique
comme on ne peut plus en faire
à l'époque moderne, alors il
se forme justement des
relations contre nature. Et
quand on se trouve dans
quelque chose d'aussi peu
naturel, on en a envie, comme
le professeur Varga en avait
envie et en a encore envie
aujourd'hui : oui, si
seulement on pouvait faire en
sorte que les bonnes
personnalités se trouvent aux
bons endroits.
|
20
|
Fichte
sagt: Ich spreche für
Deutsche schlechtweg, von
Deutschen schlechtweg. — Er
meint, er spricht, ohne die
Unterschiede von
Österreichern, Sachsen,
Thüringern, Bayern und so
weiter zu berücksichtigen,
eben zu Deutschen — er meint
das streng [im Sinne] von
innerlicher Politik; nichts
in diesem Satz enthält
etwas, was nach außen ginge.
[Deutscher zu sein im
politischen Sinn] war etwas,
was nicht sein durfte, was
verboten war. Es sieht fast
albern aus, aber es war
verboten — so ein bißchen
nach jenem Prinzip, das
vorkommt in einer Anekdote
von Kaiser Ferdinand, den
man den Gütigen nannte,
Ferdinand den Gütigen, weil
er sonst keine brauchbaren
Eigenschaften hatte. Von ihm
wird erzählt, daß ihm
Metternich gemeldet habe: In
Prag beginnen die Leute zu
revolutionieren —, da sagte
Kaiser Ferdinand: Dürfen Sie
denn das überhaupt? --
Ungefähr nach diesem Prinzip
des Nichtdürfens wurde ja
das Deutschsein bis zum
Jahre 1848 behandelt. Und
dann gebar sich allerdings
aus diesem Deutschsein ein
Ideal, das dann später in
der Machtpolitik
zugrundeging; jenes Ideal
[der Einheit] gebar sich,
nach dem man heute noch
immer lechzt. Wie es
schicksalsmäßig seinen Weg
genommen hat, kann man im
einzelnen wohl am besten
sehen am Beispiel des
Ästhetikers Vischer, des
«V-Vischer», der hier in
Stuttgart lebte; er war
erfüllt bis in die siebziger
Jahre von dem großdeutschen
Ideal, das in den Worten
Fichtes steckt: Ich rede für
Deutsche schlechtweg, von
Deutschen schlechtweg. — Er
hat sich dann aber in
diejenigen Verhältnisse
gefügt, die Nietzsche im
Beginne der siebziger Jahre
mit den Worten
charakterisierte: Sie waren
eine Exstirpation des
deutschen Geistes zugunsten
des Deutschen Reiches. —
Aber man sieht, wie
zähneknirschend solch ein
Mann wie Vischer sich
ummetamorphosiert das alte
Ideal in das neue, wie
furchtbar schwer es ihm
wird, das neue als eine
Wahrheit hinzustellen, zu
der er sich bekehrt hat. Die
Selbstbiographie «Altes und
Neues» von Vischer ist in
dieser Beziehung
außerordentlich interessant.
Und darin, was ich jetzt
ausgeführt habe, liegt es
vielfach, daß, als die
Weltverhältnisse Weltpolitik
forderten, eben sich in
Mitteleuropa nichts anderes
entwickelte als jene
wertlose Diskussion, von der
ich gesprochen habe. Was in
den sechziger, siebziger
Jahren in Wirklichkeit
geschah, war Hauspolitik
gegen Hauspolitik; die hatte
abgelöst dasjenige, was aus
dem deutschen Ideal heraus
geboren werden sollte. Im
Grunde genommen, meine sehr
verehrten Anwesenden, wären
Italiener, Franzosen,
vielleicht sogar Engländer
froh, wenn sie einen solchen
Historiker hätten, wie es
Treitschke für die Deutschen
war. Man mag ihn einen
Polterer nennen — das war er
vielleicht, und man mag
wenig Geschmack finden an
der Art und Weise, wie er
darstellt —, aber dieser
Deutsche hat doch gerade für
seine ihm so lieben
Deutschen recht schöne Worte
gefunden. Man mußte nur
[durch die Polterei]
durchsehen — das mußte man
auch persönlich. Als ich ihn
in Weimar einmal traf, zum
erstenmal traf — er konnte
damals schon nicht mehr
hören, man mußte ihm alles
aufschreiben, aber er sprach
sehr laut, akzentuiert,
deutlich —, da fragte er
mich: Woher kommen Sie, was
sind Sie für ein Landsmann?
— Ich schrieb ihm auf, daß
ich Österreicher bin. Nach
einigen kurzen Sätzen, die
gewechselt wurden, sagte er
mir: Ja, die Österreicher,
entweder sind das ganz
geniale Leute oder sie sind
Dummköpfe. — Man hat nun
natürlich die Wahl gehabt,
sich in eine dieser
Kategorien einzuschreiben,
denn eine dritte gab es
nicht. Er war also ein Mann,
der dezidiert sprach. Bei
Treitschke kann man recht
gut lesen über jenen
Hausmächtestreit, der
eigentlich das Schicksal des
deutschen Volkes
herbeigeführt hat, den
Hausmächtestreit zwischen
Habsburgern und
Hohenzollern, und Treitschke
findet schon die Worte, um
auch den Hohenzollern die
herbsten Wahrheiten zu
sagen. Nun, das Merkwürdige
ist, wenn man in der
Unkenntnis der eigenen
territorialen Verhältnisse
Politik macht, Politik
macht, wie sie in der
neueren Zeit nicht mehr
gemacht werden kann, dann
bilden sich eben
unnatürliche Verhältnisse
heraus. Und wenn man in
etwas so Unnatürlichem
drinnensteht, dann lechzt
man darnach, so wie der
Professor Varga darnach
gelechzt hat und heute noch
lechzt: Ja, wenn man es nur
zuwegekriegen würde, daß an
den richtigen Stellen die
richtigen Persönlichkeiten
stehen.
|
Mais
ce qui est étrange, c'est que
dans les conditions
particulières de l'Angleterre,
cela s'est développé de
soi-même à partir d'un certain
sens de la réalité. Alors
qu'en Europe centrale, on se
disputait sur des théories
socialistes et
antisocialistes, pour ensuite
se lancer dans des tentatives
de construction sociale qui ne
pouvaient mener à rien, c'est
la reconnaissance réaliste de
ses propres conditions qui a
amené à la surface, en
Occident, des hommes qui ont
vraiment fait ce qu'il fallait
à leur place pour ce que l'on
voulait atteindre et que
Seeley décrit. Le sens de la
réalité a mis les hommes de
droite à la bonne place - bien
sûr, ils étaient pour nous les
hommes de l'ombre, mais ce
n'était pas leur tâche d'être
pour nous les hommes de
droite. Prenez peut-être tout
de suite l'un des plus grands
- il y en a eu beaucoup
d'autres, plus petits -, l'un
des plus typiques : Cecil
Rhodes. Toute son activité se
résume en fait à une
conception vraiment pratique,
alors qu'en Europe centrale,
on théorise. En Europe
centrale, on théorise sur
l'État futur.
|
21
|
Aber
das Merkwürdige ist: in den
besonderen englischen
Verhältnissen hat sich das
aus einem gewissen
Wirklichkeitssinn von selbst
herausgebildet. Während in
Mitteleuropa über
sozialistische und
antisozialistische Theorien
gestritten wurde, um dann
einzufahren in soziale
Aufbauversuche, die zu
nichts führen konnten, war
es das wirklichkeitsgemäße
Erkennen der eigenen
Verhältnisse, das im Westen
Männer an die Oberfläche
brachte, die nun wirklich an
ihren Stellen für dasjenige,
was man da erreichen wollte
und was Seeley schildert,
das Rechte taten. Da brachte
der Wirklichkeitssinn die
rechten Männer an die rechte
Stelle — selbstverständlich,
sie waren für uns die
unrechten, aber es war nicht
ihre Aufgabe, für uns die
rechten zu sein. Nehmen Sie
vielleicht gleich einen der
größten — andere, kleinere
gab es ja viele —, einen der
typischsten: Cecil Rhodes.
Seine ganze Tätigkeit geht
eigentlich in wirklich
praktischer Gestaltung auf,
während man in Mitteleuropa
theoretisiert. In
Mitteleuropa theoretisiert
man über den Zukunftsstaat.
|
Cecil
Rhodes, issu d'un milieu très
modeste, s'est hissé au rang
de plus grand roi du diamant.
Comment y est-il parvenu ?
Parce qu'il est étrange - pour
nous, c'est étrange - que la
maison de banque Rothschild,
encore puissante à son époque,
lui ait procuré les plus
grands crédits mondiaux ; elle
les a procurés à un homme qui
avait la main pratique pour
faire des affaires exactement
dans le sens où Seeley décrit
la politique mondiale de la
Grande-Bretagne à partir des
idées britanniques, qui vont
jusque dans les sociétés
secrètes. Car Cecil Rhodes
était un homme qui ne se
contentait pas de faire des
affaires, mais qui retournait
toujours et encore en
Angleterre, se retirait dans
la solitude, étudiait Carlyle
et d'autres gens de ce genre,
dont il ressortait que la
Grande-Bretagne avait une
mission, et que nous nous
mettions au service de cette
mission. Et qu'est-ce qui en
découle ? Tout d'abord, c'est
la maison de banque Rothschild
[qui lui fournit des crédits]
- donc une entreprise bancaire
liée à l'État, mais qui est
issue de rapports privés. Mais
alors, de quoi un homme comme
Cecil Rhodes est-il capable ?
Il est capable de considérer
ce que l'on pourrait appeler
l'État britannique comme un
instrument de la politique de
conquête anglaise - et cela
avec une grande force -, lié à
la croyance en la mission de
la Grande-Bretagne. Il est
capable, comme beaucoup
d'autres - mais c'est l'un des
plus grands - d'utiliser
l'État britannique comme un
instrument et de faire briller
ce qu'il fait sur la puissance
britannique qui ne cesse de
grandir. Tout cela n'est
possible que parce que la
population anglaise est
consciente de sa mission
particulière dans l'histoire
mondiale en tant que peuple
insulaire. Et l'Europe
centrale n'a rien pu lui
opposer qui soit à sa hauteur.
|
22
|
Cecil
Rhodes, aus ganz kleinen
Verhältnissen
herausgekommen, arbeitete
sich herauf zum größten
Diamantenkönig. Wie ist ihm
das gelungen? Weil sich das
Merkwürdige ergibt — für uns
ist es merkwürdig —, daß ihm
das zu seiner Zeit noch
mächtige Bankhaus Rothschild
die größten Weltkredite
verschaffte; es verschaffte
sie einem Mann, der eine
praktische Hand hatte, genau
nach der Richtung Geschäfte
zu machen, wie Seeley aus
den britischen Ideen heraus,
die bis in die
Geheimgesellschaften
hineingehen, die Weltpolitik
Britanniens schildert. Denn
Cecil Rhodes war ein Mensch,
der nicht nur Geschäfte
trieb, sondern immer wieder
und wiederum ging er nach
England zurück, zog sich in
die Einsamkeit zurück,
studierte Carlyle und
ähnliche Leute, aus denen
ihm hervorleuchtete:
Großbritannien hat eine
Mission, und wir stellen uns
in den Dienst dieser
Mission. Und was ergibt sich
daraus? Zunächst ist es das
Bankhaus Rothschild, [das
ihm Kredite verschafft] —
also eine Bankunternehmung,
die mit dem Staat
verflochten, aber doch aus
privaten Verhältnissen
hervorgegangen ist. Dann
aber: Wozu ist solch ein
Mann wie Cecil Rhodes
imstande? Er ist imstande,
dasjenige, was man den
britischen Staat nennen
könnte, ganz als ein
Instrument zu betrachten für
die englische
Eroberungspolitik — und das
mit einem großen Zug —,
verbunden mit dem Glauben an
die Mission Britanniens. Er
ist imstande, wie viele
andere — nur ist er einer
der Größten — den britischen
Staat als Instrument dazu zu
benützen und dasjenige, was
er leistet, zurückleuchten
zu lassen auf die immer
größer und größer werdende
britische Macht. Das alles
ist eben nur möglich
dadurch, daß ein Bewußtsein
vorhanden ist in der
englischen Bevölkerung von
der besonderen
welthistorischen Aufgabe als
Inselvolk. Und dem konnte
von Mitteleuropa nichts
entgegengesetzt werden, was
ihm gewachsen gewesen wäre.
|
Que
se passe-t-il donc en Occident
? Une politique économique
portée par des personnalités
se développe en même temps que
la politique nationale.
Pourquoi croissent-elles
ensemble ? Parce que la
politique anglaise est allée
tout à fait dans le sens des
temps modernes, et on ne va
dans le sens des temps
modernes que si l'on est en
mesure de comprendre les idées
à partir de la réalité dans
laquelle on vit. La
politique de l'État et la
politique économique peuvent
alors fusionner.
Mais l'État anglais est un
État qui n'existe en tant que
tel que sur le papier - c'est
un conglomérat de rapports
privés. Ce n'est qu'une phrase
quand on parle de l'État
britannique ; il faudrait
parler de la vie économique
britannique et des anciennes
traditions qui y entrent, des
anciennes traditions
spirituelles et ainsi de
suite. Au sens où la France
est un État, où l'Allemagne
aspire à devenir un État, la
Grande-Bretagne n'a jamais été
un État. Mais on y a compris
le territoire sur lequel on
vivait ; on a organisé la vie
économique de manière à ce
qu'elle corresponde à ce
territoire. Vous voyez,
aujourd'hui, les gens
réfléchissent à la manière
dont l'Angleterre devrait être
autre chose, comment
l'Angleterre ne devrait pas
mener une politique de
conquête du monde, comment
elle devrait devenir "sage".
Comme beaucoup de gens se le
représentent aujourd'hui chez
nous, l'Angleterre ne pourrait
plus être l'Angleterre ; car
ce qu'elle fait et a fait
repose sur toute son essence,
précisément en tant que
royaume insulaire. Elle ne
peut continuer à se développer
qu'en poursuivant la même
politique.
|
23
|
Was
geschieht denn da im Westen?
Es wächst eine von
Persönlichkeiten getragene
Wirtschaftspolitik zusammen
mit der Staatspolitik. Warum
wachsen sie zusammen? Weil
die englische Politik
gegangen ist ganz im Sinne
der neueren Zeit, und im
Sinne der neueren Zeit ist
es nur, wenn man in der Lage
ist, Ideen aus der
Wirklichkeit heraus, in der
man lebt, zu verstehen. Da
kann zusammenwachsen
Staatspolitik und
Wirtschaftspolitik. Aber der
englische Staat ist ein
Staat, der als solcher nur
auf dem Papiere steht — er
ist ein Konglomerat der
privaten Verhältnisse. Es
ist nur eine Phrase, wenn
man vom britischen Staat
spricht; man müßte sprechen
vom britischen
Wirtschaftsleben und von
alten Traditionen, die da
hineingehen, von alten
geistigen Traditionen und
dergleichen. In dem Sinn,
wie Frankreich ein Staat
ist, wie Deutschland ein
Staat zu werden strebt, war
Britannien nie ein Staat. Da
hat man aber das Gebiet
verstanden, auf dem man
lebte; man hat das
Wirtschaftsleben so
eingerichtet, wie es diesem
Gebiete entspricht. Sehen
Sie, heute denken die Leute
nach, wie England etwas
anderes sein sollte, wie
England nicht
Eroberungsweltpolitik
treiben sollte, wie es
«brav» werden sollte. So,
wie es sich viele Leute
heute bei uns vorstellen, so
könnte England nicht mehr
England sein; denn
dasjenige, was es tut und
getan hat, beruht auf seinem
ganzen Wesen gerade als
Inselreich. Es kann nur
dadurch sich
weiterentwickeln, daß es
dieselbe Politik weiter
betreibt.
|
Qu'en
était-il en revanche en Europe
centrale ? Là, en Europe
centrale, on ne comprenait pas
les territoires sur lesquels
on vivait ; on ne trouvait pas
l'idée d'une mission adaptée à
sa propre réalité, il manquait
ce grand trait. Alors que dans
l'Empire britannique, ce que
l'on appelle l'État, mais qui
n'en est pas un, pouvait très
bien être utilisé par les
politiciens économiques les
plus doués comme un instrument
de la politique de
l'Angleterre, les choses se
séparaient [en
Autriche-Hongrie] ; on ne
pouvait que se bercer de
l'illusion que le territoire
sur lequel on se trouvait
pouvait être utilisé pour ce
qui devait être la politique
austro-hongroise. C'est là que
les choses divergeaient, alors
qu'elles convergeaient en
Angleterre. Et l'étude de la
situation austro-hongroise
présente quelque chose de
grotesque, parce que l'on a
essayé de créer un territoire
économique d'un point de vue
qui ne le permettait pas du
tout.
|
24
|
Wie
war es dagegen in
Mitteleuropa? Da, in
Mitteleuropa, entwickelte
sich kein Verständnis für
die Territorien, auf denen
man lebte; da fand man keine
Idee von einer der eigenen
Wirklichkeit angemessenen
Mission, da fehlte dieser
große Zug. Während im
britischen Reich dasjenige,
was man Staat nennt, aber
keiner ist, sich sehr gut
gerade von den begabtesten
Wirtschaftspolitikern
verwenden ließ als ein
Instrument der Politik
Englands, trennten sich [in
Österreich-Ungarn] die
Dinge; da konnte man sich
nur einer Illusion hingeben,
daß sich für dasjenige, was
österreichischungarische
Politik sein sollte,
gebrauchen lassen könnte das
Territorium, worauf man sich
befand. Da gingen die Dinge
auseinander, die in England
zusammengingen. Und das
Studium der
österreichisch-ungarischen
Verhältnisse bietet geradezu
etwas Groteskes dar, weil
man versuchte, ein
Wirtschaftsterritorium zu
schaffen aus einem
Gesichtspunkt heraus, aus
dem heraus es gar nicht
ging.
|
Car il aurait fallu que
la politique domestique
autrichienne soit dès le départ
une sorte de [politique
économique domestique]. Oui, si
la politique domestique des
Habsbourg avait été la politique
de la Maison mondiale
Rothschild, alors une politique
économique domestique aurait pu
se développer ; mais la
politique domestique
autrichienne n'a pas pu donner
naissance à quelque chose comme
une politique orientale ou
quelque chose de ce genre.
|
25
|
Denn es hätte müssen
die österreichische Hauspolitik
von Anfang an eine Art
[wirtschaftliche Hauspolitik
sein]. Ja, wenn die
habsburgische Hauspolitik die
Politik des Welthauses
Rothschild gewesen wäre, dann
hätte sich eine wirtschaftliche
Hauspolitik entwikkeln können;
aber aus der österreichischen
Hauspolitik konnte sich nicht
etwas entwickeln wie eben
Orientpolitik oder dergleichen.
|
Cela n'a pas été
possible, les choses ont
divergé. Il en va de même en
Allemagne, bien que je n'aie pas
eu l'occasion de l'observer
aussi clairement que la
situation autrichienne.
|
26
|
Das ging nicht, da
gingen die Dinge auseinander.
Ebenso in Deutschland, trotzdem
ich nicht Gelegenheit hatte, es
so klar zu beobachten wie die
österreichischen Verhältnisse.
|
On pourrait aussi
décrire la situation à l'Est et
montrer qu'il n'y a même pas eu
de discussion. A l'Ouest, toutes
les discussions étaient derrière
soi ; elles avaient été, je
dirais, abandonnées depuis
l'époque de Cromwell. Les choses
pratiques se sont développées
par la suite. Dans la région
centrale, on a discuté et on a
réussi à croire que le pratique
est ce qui résulte d'une simple
nécessité abstraite et logique.
|
27
|
Man könnte nun auch die
östlichen Verhältnisse schildern
und zeigen, wie es da gar nicht
einmal zu einer Diskussion kam.
Im Westen hatte man alle
Diskussionen hinter sich; die
waren eigentlich seit Cromwells
Zeiten, ich möchte sagen
abgetan. Nachher entwickelte
sich das Praktische. Im
mittleren Gebiet diskutierte man
und brachte es dahin zu glauben,
daß das Praktische das ist, was
sich mit einer bloß
abstrakt-logischen Notwendigkeit
ergibt.
|
Puis
à l'Est, on n'en est même pas
venu à [de telles
discussions], mais on en est
venu à prendre simplement ce
qui était occidental, à ce
qu'un tsar, Pierre le Grand,
le porte à l'Est, ou à ce
qu'un Lénine se retrouve dans
les discours occidentaux et
les porte à l'Est. Ce n'est
vraiment que le manteau qui a
été changé, car au fond,
Lénine est exactement un tsar
comme l'étaient les tsars
précédents. Je ne sais pas
s'il réussit aussi bien à
porter un manteau bien taillé,
comme le disent par exemple
ceux qui ont observé
M. Ebert en Silésie et
qui ont voulu remarquer qu'il
avait déjà réussi à hocher la
tête en imitant le
wilhelminisme ; je ne sais pas
si c'est aussi le cas de
Lénine. Mais même si le masque
est différent, en réalité,
nous avons encore devant nous
un tsar, mais sous une autre
forme, qui a porté l'Occident
à l'Est.
|
28
|
Dann
im Osten kam man überhaupt
nicht einmal zu [solchen
Diskussionen], sondern da
kam man dazu, daß einfach
das Westliche genommen
wurde, daß ein Zar, Peter
der Große, es nach Osten
trug oder daß ein Lenin sich
in die westlichen Redereien
hineinfand und sie nach
Osten trug. Es ist
wahrhaftig nur der Mantel
gewechselt, denn im Grunde
genommen ist Lenin genau so
ein Zar, wie es die früheren
Zaren waren. Ich weiß nicht,
ob es ihm ebenso glückt,
selbst den Mantel schon
richtig geschnitten zu
tragen, wie es zum Beispiel
dem Herrn Ebert nachgesagt
wird von denjenigen, die ihn
in Schlesien beobachtet
haben und die bemerkt haben
wollen, daß er es in der
Nachahmung des
Wilhelminentums schon bis
zum richtigen Nicken
gebracht hat; ich weiß
nicht, ob das bei Lenin auch
so der Fall ist. Aber mag
auch die Maske eine noch so
andere sein, in Wirklichkeit
haben wir einen Zaren, nur
in anderer Form, noch vor
uns, der den Westen da
hineingetragen hat in den
Osten.
|
C'est ce qui provoque
ce choc anormal entre
l'atmosphère d'attente de tout
l'Est et les idées incomprises
de l'Ouest. Il est étrange que
les choses soient telles en
Russie que 600 000 humains
dominent les millions d'autres
et que ces 600 000 ne soient à
nouveau dominées que par les
quelques commissaires du peuple.
Mais cela ne peut être le cas
que parce que celui qui aspire à
une réorganisation du monde
comme l'humain de l'Est ne
remarque pas du tout, dans un
premier temps, comment son
aspiration est satisfaite. Si un
autre était arrivé à Moscou avec
de toutes autres idées, il
aurait pu déployer la même
puissance. Peu d'humains
contemporains en tiennent
compte, parce que la plupart
d'entre eux sont complètement
fichés dans l'irréalisme.
|
29
|
Das
bewirkt jenes unnatürliche
Aufeinanderprallen der
erwartungsvollen Stimmung
des ganzen Ostens mit
unverstandenen Ideen aus dem
Westen. Es ist ja
merkwürdig, daß die Dinge
für Rußland so liegen, daß
600 000 Menschen die
Millionen der anderen ganz
stramm beherrschen und daß
diese 600 000 wieder nur von
den paar Volkskommissären
beherrscht werden. Aber das
kann nur dadurch der Fall
sein, daß demjenigen, der
sich nach einer
Neugestaltung der Welt so
sehnt wie der Mensch des
Ostens, daß dem im Grunde
zunächst gar nicht auffällt,
wie seine Sehnsucht
befriedigt wird. Wäre nach
Moskau ein anderer gekommen
mit ganz anderen Ideen: er
hätte dieselbe Macht
entfalten können. Das
beachten die wenigsten
Menschen der Gegenwart, weil
die meisten ganz im
Unwirklichkeitsgemäßen
drinnenstecken.
|
Mais
que ressort-il de tout ce que
je viens d'essayer d'énoncer
de manière très aphoristique ?
Il en ressort qu'il faudra
beaucoup de temps à l'Occident
pour que l'idée de la
triarticulation devienne
populaire, en raison de la
convergence des intérêts dits
étatiques et des intérêts
économiques. Il en ressort
aussi que le centre de
l'Europe est la région où
cette idée devrait absolument
prendre racine en premier
lieu, parce que les humains
devraient comprendre que les
anciennes conditions ont tout
dispersé ici. Au fond, tout
est déjà divisé/éclaté ; on
essaie seulement de le
maintenir ensemble avec les
anciennes parenthèses qui ne
sont plus en vigueur. La
triarticulation est au fond
déjà là, sous la surface, il
s'agit seulement de l'intégrer
dans la conscience et
d'organiser la réalité comme
ce qui est déjà présent sous
la surface. Pour cela, il est
toutefois nécessaire de savoir
enfin qu'il n'y a rien à
commencer avec les anciennes
personnalités et qu'elles
doivent être remplacées par
des personnalités qui sont
conscientes que ce que ces
anciennes personnalités
pensent est devenu absurde
depuis 1914 et que quelque
chose de nouveau doit les
remplacer. C'est ce que j'ai
essayé de faire comprendre dès
la malheureuse guerre mondiale
à ceux qui auraient peut-être
eu la possibilité d'agir pour
les choses. Et c'est là que se
trouvent les raisons pour
lesquelles, depuis que la
catastrophe mondiale a
provisoirement débouché sur la
révolution mondiale, on
s'efforce de faire pénétrer
l'idée de la triarticulation
dans autant de têtes que
possible ; car ce dont nous
avons besoin, c'est du plus
grand nombre possible
d'humains ayant les idées de
la triarticulation. Pendant la
guerre mondiale, on n'a pas
compris qu'aux quatorze points
abstraits de Woodrow Wilson,
la triarticulation concrète
aurait dû être opposée par une
instance faisant autorité. Les
praticiens les ont trouvées
impraticables, parce qu'ils
n'ont aucune idée réelle du
rapport entre l'idée et la
pratique.
|
30
|
Was
geht aber aus all dem
hervor, was ich eben
versuchte, ganz aphoristisch
anzuführen? Daraus geht
hervor, daß im Westen es
lange Zeit brauchen wird,
bis — durch das
Zusammengewachsensein der
sogenannten staatlichen
Interessen mit den
wirtschaftlichen Interessen
— die Idee von der
Dreigliederung populär wird.
Und daraus geht auch hervor,
daß die europäische Mitte
das Gebiet ist, wo diese
Idee unbedingt zunächst
Wurzel fassen müßte, weil
die Menschen einsehen
müßten, daß die alten
Verhältnisse hier alles
auseinandergetrieben haben.
Es ist ja schon im Grunde
genommen alles zerspalten;
man versucht es nur mit den
nicht mehr geltenden, alten
Klammern zusammenzuhalten.
Die Dreigliederung ist ja im
Grunde schon da unter der
Oberfläche, es handelt sich
nur darum, daß man sie ins
Bewußtsein aufnimmt und die
Wirklichkeit so gestaltet
wie dasjenige, was unter der
Oberfläche schon vorhanden
ist. Dazu ist allerdings
notwendig, endlich zu
wissen, daß mit den alten
Persönlichkeiten nichts
anzufangen ist und solche
Persönlichkeiten an ihre
Stelle treten müssen, die
sich klar darüber sind, daß
dasjenige, was diese alten
Persönlichkeiten denken,
seit dem Jahre 1914 ad
absurdum geführt ist und
etwas Neues an diese Stelle
treten muß. Das ist es, was
ich versucht habe schon
während des unglückseligen
Weltkrieges denjenigen
klarzumachen, die vielleicht
die Möglichkeit gehabt
hätten, für die Dinge zu
wirken. Und darinnen liegen
die Gründe, warum seit dem
vorläufigen Auslaufen der
Weltkatastrophe in die
Weltrevolution versucht
wird, die Idee von der
Dreigliederung in so viele
Köpfe hineinzutragen, als
nur irgend möglich ist; denn
was wir brauchen, sind
möglichst viele Menschen mit
den Ideen der
Dreigliederung. Während des
Weltkrieges hat man es nicht
verstanden, daß den
vierzehn. abstrakten Punkten
des Woodrow Wilson die
konkrete Dreigliederung von
autoritativer Stelle hätte
entgegengetragen werden
müssen. Die Praktiker haben
sie unpraktisch gefunden,
weil sie gar keine wirkliche
Idee von dem Zusammenhang
von Idee und Praxis haben.
|
Certes,
les Quatorze points de Woodrow
Wilson sont aussi peu
pratiques que possible. Et
c'est peut-être la plus grande
tragédie qui ait pu arriver au
peuple allemand que même
l'homme sur lequel on comptait
dans les derniers jours de la
période catastrophique, qui
pouvait encore devenir
chancelier de l'ancien régime,
que même lui ait été capable
de prendre les Quatorze points
de Wilson au sérieux d'une
manière ou d'une autre. Pour
l'instant, ces quatorze points
ont abouti à l'impossibilité
de la Société des Nations
abstraite ; ils ont montré
leur impossibilité pratique à
Versailles et à Spa. Mais ce
qu'ils ont réussi à faire,
malgré leur caractère
abstrait, c'est de mettre en
mouvement des armées et des
navires. Et les points qui
arrivent dans le monde par la
triarticulation devraient
aussi mettre quelque chose en
mouvement ; même si ce n'est
pas exactement des armées et
des bateaux, ils devraient
tout de même mettre les
humains en mouvement, de sorte
qu'il puisse à nouveau y avoir
un organisme social viable.
Cela ne peut se faire que par
la voie de la triarticulation
- cela a été discuté ici sous
les angles les plus divers.
|
31
|
Gewiß,
die Vierzehn Punkte Woodrow
Wilsons sind so unpraktisch
wie möglich. Und es ist
vielleicht die größte
Tragik, die dem deutschen
Volk hat passieren können,
daß selbst der Mann, auf den
man in den letzten Tagen der
katastrophalen Zeit
gerechnet hat, der noch aus
dem alten Regime heraus
Reichskanzler werden konnte,
daß selbst der imstande war,
die Vierzehn Punkte Wilsons
irgendwie ernstzunehmen.
Vorläufig sind diese
Vierzehn Punkte in die
Unmöglichkeit des abstrakten
Völkerbundes ausgelaufen;
ihre Unmöglichkeit zeigen
sie praktisch in Versailles
und Spa. Dasjenige aber, was
sie vermocht haben, trotzdem
sie abstrakt sind, das ist,
sie haben Heere und Schiffe
in Bewegung gebracht. Und
etwas in Bewegung bringen,
das sollten die Punkte, die
durch die Dreigliederung in
die Welt kommen, auch; wenn
auch nicht gerade Heere und
Schiffe, so sollten sie doch
die Menschen in Bewegung
bringen, so daß wieder ein
lebensfähiger sozialer
Organismus da sein könnte.
Das kann nur auf dem Wege
der Dreigliederung geschehen
— das wurde von den
verschiedensten
Gesichtspunkten aus hier
erörtert.
|
Aujourd'hui, je voulais
l'aborder sous quelques aspects
de l'histoire récente. Il faut
bien sûr considérer cette
histoire récente sous d'autres
aspects que ceux qu'on lui prête
habituellement, si seul y règne
ce qui a mesure scolaire. La
triarticulation nous fera sortir
de cet aspect scolaire en
libérant la vie de l'esprit. Et
c'est à partir de la vie de
l'esprit libérée que l'on pourra
mettre en place les
personnalités dont même le
professeur Varga doit dire
aujourd'hui : si nous les avions
eues, l'histoire se serait
peut-être bien passée. - Mais ce
qui est sûr, c'est que ce n'est
pas en suivant les chemins du
professeur Varga que l'on
parviendra à ces personnalités
qui seront à leur juste place.
|
32
|
Heute wollte ich es aus
ein paar Gesichtspunkten der
neueren Historie erörtern. Diese
neuere Historie muß man
natürlich von anderen
Gesichtspunkten aus betrachten,
als sie gewöhnlich betrachtet
wird, wenn nur das Schulmäßige
in ihr waltet. Aus diesem
Schulmäßigen wird uns die
Dreigliederung hinausführen
dadurch, daß das Geistesleben
befreit wird. Und aus dem
befreiten Geistesleben werden
dann diejenigen Persönlichkeiten
an die Plätze gestellt werden
können, von denen selbst ein
Professor Varga heute sagen muß:
Hätten wir sie, dann wäre
vielleicht die Geschichte gut
gegangen. — Aber sicher ist: Auf
den Wegen des Professor Varga
gelangt man nicht zu denjenigen
Persönlichkeiten, die an ihrem
rechten Platz stehen werden.
|
Après l'introduction de
Rudolf Steiner, différentes
personnalités prennent la parole
pour poser des questions et
donner leur avis : Max Benzinger
: Si nous voulons vraiment la
réalisation de la
triarticulation, nous devons
absolument faire part de cette
idée au public ?
|
33
|
Nach der Einleitung von
Rudolf Steiner melden sich
verschiedene Persönlichkeiten
mit Fragen und Meinungen zu
Wort: Max Benzinger: Wenn wir
die Verwirklichung der
Dreigliederung tatsächlich
wollen, so müssen wir
unbedingtmit dieser Idee an die
Öffentlich- ? '
|
Siegfried Dorfner :
Dans les "Points essentiels", il
est dit que les moyens de
production on la permission de
coûter quelque chose que tant
qu'ils sont fabriqués. Si une
usine fabrique des moyens de
production, par exemple des
tours, le tour ne peut-il coûter
que jusqu'à ce qu'il soit
fabriqué ? Dans ce cas, l'usine
de fabrication n'aurait pas de
couverture pour cela. Les moyens
de production finis ne
peuvent-ils donc pas être payés
? Rudolf Steiner : Si on
fabrique des tours et qu'on veut
les vendre comme tours, ce ne
sont pas encore des moyens de
production. Ce sont encore des
marchandises et non des moyens
de production ; ils ne sont des
moyens de production que
lorsqu'ils sont là pour produire
dans la communauté sociale. Ce
qui compte, c'est que l'on
considère le concept de moyen de
production dans le processus
social réel.
|
34
|
Siegfried Dorfner: In
den «Kernpunkten» heißt es, daß
die Produktionsmittel nur so
lange etwas kosten dürfen, bis
sie hergestellt sind. Wenn eine
Fabrik Produktionsmittel
herstellt, zum Beispiel
Drehbänke: Darf also die
Drehbank nur so lange etwas
kosten, bis sie hergestellt ist?
Dann hätte aber die
Herstellungsfabrik keine Deckung
dafür. Dürfen die fertigen
Produktionsmittel denn nicht
bezahlt werden? Rudolf Steiner:
Wenn man Drehbänke erzeugt und
als Drehbänke verkaufen will, so
sind das noch keine
Produktionsmittel. Sie sind doch
noch Waren und keine
Produktionsmittel;
Produktionsmittel sind sie erst
dann, wenn sie in der sozialen
Gemeinschaft zum Produzieren da
sind. Es kommt darauf an, daß
man den Begriff des
Produktionsmittels im wirklichen
sozialen Prozeß sieht.
|
Les tours ne sont des
moyens de production que
lorsqu'ils ne sont plus utilisés
que comme moyens de production ;
jusque-là, ils sont vendus comme
des marchandises, et celui qui
les achète est un consommateur.
|
35
|
Drehbänke sind erst da
Produktionsmittel, wo sie nur
noch als Produktionsmittel
verwendet werden; bis dahin
werden sie verkauft als Waren,
und derjenige, der sie kauft,
ist Konsument.
|
Un autre participant à
la discussion : on a parlé de
marchandises. Ne faut-il pas
faire une distinction entre les
marchandises agricoles et les
marchandises industrielles ? Les
marchandises du domaine agricole
produisent habituellement un
excédent, tandis que les
marchandises de l'industrie
travaillent avec un bilan
insuffisant.
|
36
|
Ein anderer
Diskussionsteilnehmer: Es ist
von Waren gesprochen worden. Muß
nicht unterschieden werden
zwischen Waren aus der
Landwirtschaft und Waren aus der
Industrie? Waren aus dem
landwirtschaftlichen Gebiet
bringen ja gewöhnlich einen
Überschuß hervor, während die
Waren aus der Industrie mit
Unterbilanz arbeiten.
|
Rudolf
Steiner : Cette question sera
bien sûr souvent mal comprise
aujourd'hui, parce que nous ne
vivons pas dans des conditions
telles qu'il en résulterait en
quelque sorte un grand bilan,
si l'on intégrait simplement
tout ce qui est produit dans
ce bilan d'une zone économique
fermée - un tel bilan ne peut
pas du tout en résulter. Vous
ne pouvez pas intégrer notre
agriculture actuelle dans un
bilan total, si vous avez tant
et tant de charges
[hypothécaires] sur les biens,
et ensuite comparer cela avec
l'industrie. Lorsque je dis
qu'au fond, l'industrie est
toujours obligée de vivre de
tout ce qui est produit par le
sol, il faut faire abstraction
de tout ce qui s'y est mêlé
chez nous et qui ne permet en
quelque sorte que d'établir un
bilan total déguisé. Si ce qui
ne peut pas être marchandise
cesse de l'être, à savoir la
terre et la force de travail
humaine, si seul devient
marchandise ce qui peut
circuler entre producteurs et
consommateurs dans le sens de
la triarticulation, alors on
pourra établir un bilan qui
montrera que chaque fois les
dépenses nécessaires à
l'industrie doivent être
couvertes par les excédents de
l'agriculture. Il va de soi
que ce n'est pas le cas
actuellement. Mais nous vivons
justement à une époque où il
devrait en résulter un bilan
total d'une région économique
fermée, reposant réellement
sur la production. Ce que j'ai
avancé est déjà reconnu depuis
longtemps du côté de la vie
économique. N'est-ce pas, vous
trouvez même souligné par
Walter Rathenau que toute
industrie est un bien
dévorant, c'est-à-dire que les
revenus doivent toujours
revenir à l'industrie et que
l'on doit continuellement y
injecter des fonds. Mais cela
doit venir de quelque part, et
cela ne peut provenir que des
revenus du sol et de la terre.
Mais cela ne se reflète
absolument pas dans nos bilans
actuels.
|
37
|
Rudolf
Steiner: Diese Sache wird
heute natürlich vielfach
mißverständlich aufgenommen
werden müssen, weil wir ja
nicht in solchen
Verhältnissen leben, daß
gewissermaßen eine
Großbilanz sich ergibt, wenn
man einfach alles dasjenige,
was produziert wird, in
diese Bilanz eines
geschlossenen
Wirtschaftsgebietes
einbeziehen würde — eine
solche Bilanz kann gar nicht
herauskommen. Sie können
nicht unsere gegenwärtige
Landwirtschaft irgendwie in
eine Totalbilanz einsetzen,
wenn Sie so und so viele
[hypothekarische]
Belastungen auf den Gütern
haben, und das dann
vergleichen mit der
Industrie. Wenn ich sage, im
Grunde ist die Industrie
immer darauf angewiesen, von
all dem zu leben, was durch
den Grund und Boden
hervorgebracht wird, so muß
man dabei wegdenken alles
dasjenige, was sich bei uns
hineingemischt hat und
wodurch gewissermaßen nur
eine verschleierte
Totalbilanz zustandegebracht
werden kann. Wenn das, was
nicht Ware sein kann,
aufhört, Ware zu sein,
nämlich Grund und Boden und
menschliche Arbeitskraft,
wenn nur das Ware wird, was
im Sinne der Dreigliederung
zirkulieren kann zwischen
Produzenten und Konsumenten,
dann wird sich eine Bilanz
aufstellen lassen, bei der
sich zeigt, daß jedesmal die
Aufwendungen, die für die
Industrie notwendig sind,
gedeckt werden müssen aus
den Überschüssen der
Landwirtschaft. Daß das
gegenwärtig nicht der Fall
ist, ist selbstverständlich.
Aber wir leben eben in
Zeiten, in denen eine
wirklich auf die Produktion
sich stützende Totalbilanz
eines geschlossenen
Wirtschaftsgebietes sich
ergeben müßte. Was ich da
vorgebracht habe, ist auf
der Seite des
Wirtschaftslebens schon
längst erkannt. Nicht wahr,
Sie finden es sogar bei
Walter Rathenau betont, daß
jede Industrie ein
fressendes Gut ist, das
heißt, daß Erträgnisse immer
wieder hineinkommen müssen
in die Industrie und daß
fort und fort zugeschossen
werden muß. Das muß aber
irgendwoher kommen, und das
kann nur von dem kommen, was
die Erträgnisse von Grund
und Boden sind. Aber in
unseren heutigen Bilanzen
kommt das überhaupt nicht
zum Ausdruck.
|
M. Roser : C'est
un signe de notre époque qu'un
homme comme Varga ait dû
constater qu'il manquait des
hommes corrects. Il faut une
éducation des masses. Mais chez
nous aussi, dans le mouvement de
la triarticulation, il manque
des hommes corrects. De tels
hommes seraient absolument
nécessaires, car la
triarticulation doit être
propagée à grande échelle.
|
38
|
Herr Roser: Es ist
überhaupt ein Zeichen für unsere
Zeit, daß ein Mensch wie Varga
feststellen mußte, daß es an den
rechten Männern gefehlt hat.
Nötig ist eine Erziehung der
Masse. Aber auch bei uns in der
Dreigliederungsbewegung fehlt es
an den rechten Männern. Solche
wären unbedingt nötig, denn die
Dreigliederung muß in großem
Stile propagiert werden.
|
Emil Molt : Il doit
vraiment se passer quelque
chose. Chacun devrait le
comprendre, ne serait-ce que par
égard pour soi-même.
|
39
|
Emil Molt: Es muß
wirklich etwas geschehen. Das
müßte jeder einsehen, schon nur
mit Rücksicht auf sich selbst.
|
Un
autre participant à la
discussion : J'aimerais encore
poser une question à Monsieur
Dr Steiner. Le journal
Frankfurter Zeitung a
récemment publié un article
dans lequel la question
évidente était posée : comment
la vie de l'esprit peut-elle
être libérée, puisqu'elle doit
être financée par la vie
économique ? Comment
M. Steiner répond-il à
cette question, à laquelle il
n'a pas été suffisamment
répondu lors de la
manifestation sur laquelle
porte l'article ? la vie de
l'esprit. Et la note du
journal doit tout simplement
être inexacte si elle se
réfère à nos discussions au
sein du mouvement de la
triarticulation dans son
ensemble.
|
40
|
Ein
anderer
Diskussionsteilnehmer: Ich
möchte noch eine Frage an
Herrn Dr. Steiner stellen.
In der Frankfurter Zeitung
kam kürzlich ein Artikel, wo
die naheliegende Frage
gestellt wurde: Wie kann das
Geistesleben denn überhaupt
freigemacht werden, da es
doch vom Wirtschaftsleben
finanziert werden muß? Wie
beantwortet Herr Dr. Steiner
diese Frage, die bei der
Veranstaltung, über die der
Artikel referiert, nicht
genügend beantwortet wurde?
des geistigen Lebens. Und
die Notiz in der Zeitung muß
einfach unrichtig sein, wenn
sie sich auf unsere
Diskussionen in der
Dreigliederungsbewegung als
ganzes bezieht.
|
Interjection.
Il
peut certainement être arrivé
quelque part que quelqu'un ne
puisse pas donner
d'informations ; mais combien
de fois ai-je dit moi-même
qu'il ne s'agit vraiment pas
dans la triarticulation d'une
division des humains en trois,
mais d'une
articulation/membrement [de
l'organisme social] en trois
organisations de vie qui
doivent nécessairement se
développer l'une à côté de
l'autre : la vie spirituelle,
la vie étatique et la vie
économique. Les humains seront
en effet présents dans ces
trois éléments. Et il est donc
tout à fait évident que ce que
les personnalités qui se
tiennent dans l'organisation
de la vie spirituelle doivent
gérer en tant que spirituel la
vie spirituelle, ne constitue
qu'un seul maillon. Mais ces
personnalités qui portent la
vie spirituelle doivent aussi
vivre. C'est pourquoi elles
s'articuleront en
organisations économiques. Et
il n'y aura pas de différence
si une telle organisation se
compose, disons, d'enseignants
ou de musiciens ou de
cordonniers ou de tailleurs.
Car l'organisation économique
n'est pas là pour tout de
suite s'occuper de l'un ou
l'autre domaine de la vie
économique, mais pour soutenir
économiquement tous les
humains. Et en se tenant dans
le domaine économique de
l'organisme social, ils sont
soutenus économiquement.
|
41
|
Zwischenruf
Es kann sicher irgendwo
vorgekommen sein, daß jemand
nicht Auskunft geben konnte;
aber wie oft ist von mir
selbst gesagt worden, daß es
sich wirklich in der
Dreigliederung nicht handelt
um eine Dreiteilung der
Menschen, sondern um eine
Gliederung [des sozialen
Organismus] in drei
Lebensorganisationen, die
sich notwendig nebeneinander
entwickeln müssen: das
geistige, das staatliche und
das wirtschaftliche Leben.
Die Menschen werden ja in
allen drei Gliedern darinnen
sein. Und so ist es ganz
selbstverständlich, daß das,
was die Persönlichkeiten,
die in der Organisation des
geistigen Lebens
drinnenstehen, zu verwalten
haben als Geistiges des
Geisteslebens, daß dieses
nur das eine Glied bildet.
Diese Persönlichkeiten, die
das geistige Leben tragen,
müssen aber auch leben.
Deshalb werden sie sich
gliedern in wirtschaftliche
Organisationen. Und es wird
kein Unterschied sein, ob
eine solche Organisation,
sagen wir, aus Lehrern oder
Musikern bestehen wird oder
aus Schustern oder
Schneidern. Denn die
wirtschaftliche Organisation
ist nicht dazu da, daß nur
gerade das eine oder das
andere Gebiet des
Wirtschaftslebens besorgt
wird, sondern daß alle
Menschen wirtschaftlich
gestützt werden. Und indem
sie im wirtschaftlichen
Gebiet des sozialen
Organismus drinnenstehen,
werden sie wirtschaftlich
gestützt.
|
On peut être surpris de
voir à quel point les choses
sont mal comprises. Un joli
schéma, élaboré par un parti
radical social-démocrate à
Halle, est apparu devant nos
yeux de triarticulation, si je
puis dire, - bien scolaire,
n'est-ce pas, comme on fait des
schémas. Il y a (on dessine) en
haut les points centraux de la
vie économique - tout en haut,
il n'y en a bien sûr qu'un.
Ensuite, cela s'articule vers le
bas. Si cela se passait ainsi,
le futur État socialiste serait
quelque chose qui correspondrait
à l'idéal le plus élevé de la
bureaucratie. Mais tout à la
fin, on trouvait trois sections
plus petites, qui étaient
consacrées à la vie de l'esprit.
Et certains messieurs étaient
tellement enchantés par ces
trois départements qu'ils
disaient : "Il y a là toute
l'idée de la triarticulation.
|
42
|
Man kann überrascht
sein, wie da die Dinge
mißverstanden werden. Es tauchte
auch vor unseren, wenn ich so
sagen darf, Dreigliedereraugen
ein nettes Schema auf, das von
einer radikalen
sozialdemokratischen Partei in
Halle ausgearbeitet worden ist —
schön schulmäßig, nicht wahr,
wie man Schemen macht. Da sind
(es wird gezeichnet) so schön
oben die zentralen Stellen des
Wirtschaftslebens — ganz oben
ist natürlich nur einer. Dann
gliedert sich das weiter nach
unten. Wenn das so ginge, dann
wäre der zukünftige
sozialistische Staat etwas, was
dem höchsten Ideale der
Bürokratie entsprechen würde.
Aber ganz am Schluß, da fand man
drei so kleinere Abteilungen,
die waren dem geistigen Leben
gewidmet. Und von diesen drei
Abteilungen waren einige Herren
so entzückt, daß sie sagten: Da
steckt ja die ganze
Dreigliederungsidee drinnen.
|
Eh
bien, à la base de tout cela,
il y avait l'idée fausse que
l'on ne diviserait jamais
l'organisme social de cette
manière. Il ne doit pas être
divisé de cette manière, pas
plus que l'organisme humain
n'est divisé en trois parties
juxtaposées. Et pourtant, il y
a trois parties dans
l'organisme humain : nous
sommes à la fois l'humain de
la tête, l'humain de la
poitrine et l'humain du
métabolisme. Mais ce n'est pas
seulement la tête qui est
l'humain de tête, mais la tête
s'étend à l'ensemble de
l'organisme humain ; l'humain
de tête comprend tout le
système nerveux-sensoriel. Et
l'humain-cœur ne se trouve pas
seulement dans le cœur ; le
sens de la chaleur, par
exemple, s'étend à tout le
corps, donc tout le corps est
aussi un humain-cœur. Et nous
avons le rythme partout, même
dans le système de la tête.
Les systèmes s'interpénètrent.
Je ne peux que développer cela
de manière abstraite, mais les
corporations de la vie
spirituelle seront tout
simplement là aussi en tant
que corporations économiques.
Seulement, ces corporations
spirituelles auront leurs
organisations dans la partie
économique de l'ensemble de
l'organisme social, et ce
qu'elles y feront ne pourra
pas intervenir dans
l'organisation de la partie
spirituelle de l'organisme
triarticulé.
|
43
|
Nun,
dem lag vor allen Dingen die
falsche Idee zugrunde, daß
man den sozialen Organismus
jemals so einteilen werde.
So soll er ja nicht
eingeteilt sein, ebensowenig
wie der menschlichen
Organismus in drei
nebeneinander liegende Teile
eingeteilt ist. Und doch
sind im menschlichen
Organismus drei Teile
drinnen: Wir sind einmal
Kopfmensch, Brustmensch und
Stoffwechselmensch. Aber
nicht allein der Kopf ist
Kopfmensch, sondern der Kopf
ist auf den ganzen
menschlichen Organismus
ausgedehnt; zum Kopfmenschen
gehört das ganze
Nervensinnes-System. Und der
Herzmensch wiederum findet
sich nicht allein im Herzen;
der Wärmesinn zum Beispiel
ist über den ganzen Körper
ausgedehnt, also ist der
ganze Körper auch
Herzmensch. Und wir haben
den Rhythmus überall, auch
im Kopfsystem. Die Systeme
durchdringen sich
gegenseitig. Ich kann das
jetzt nur abstrakt
ausführen, aber die
Korporationen des geistigen
Lebens werden einfach auch
da sein als wirtschaftliche
Korporationen. Nur werden
diese geistigen
Korporationen da ihre
Organisationen im
wirtschaftlichen Teil des
gesamten sozialen Organismus
haben, und es wird, was sie
da tun, nicht hineinspielen
können in die Organisation
des geistigen Teiles des
dreigegliederten Organismus.
|
Il
existe aujourd'hui de
nombreuses raisons d'avoir des
vues erronées sur ces
questions ; on a toujours
trouvé de telles vues, même
chez les professeurs
d'université. Ces professeurs
d'université, ils devraient au
moins être dans la vie de
l'esprit. Mais lorsqu'on leur
dit qu'il devrait être évident
que ceux qui sont dans la vie
de l'esprit forment une
communauté avec leurs
semblables, afin de gérer
eux-mêmes la vie de l'esprit -
Klopstock parlait déjà d'une
république des savants/érudits
-, on peut souvent entendre un
professeur d'université dire :
"Non [je ne veux pas], car ce
ne serait pas un référent au
ministère de la Culture, mais
mon collègue ; non, je préfère
le référent au ministère de la
Culture à mon collègue.
|
44
|
Es
sind heute allerdings viele
Gründe vorhanden, um in
diesen Dingen
mißverständliche Ansichten
zu haben; solche Ansichten
hat man immer wieder und
wiederum gefunden, selbst
bei Hochschullehrern. Diese
Hochschullehrer, die sollten
doch wenigstens
drinnenstehen im
Geistesleben. Aber wenn man
zu ihnen sagt, es sollte
doch selbstverständlich
sein, daß diejenigen, die
drinnenstehen im
Geistesleben eine
Gemeinschaft bilden mit
ihresgleichen, um das
geistige Leben selbst zu
verwalten — sprach doch
Klopstock schon von einer
Gelehrtenrepublik —, da kann
man vielfach erfahren, daß
ein Hochschullehrer sagt:
Nein, [das will ich nicht],
denn da wäre ja dann
derjenige, auf den es
ankommt, nicht ein Referent
im Kultusministerium,
sondern mein Kollege; nein,
da ist mir der Referent im
Kultusministerium lieber als
mein Kollege.
|
Il s'agit donc de ne
rien penser de ce qui vit comme
les trois états sociaux, état
d'enseignement, état de défense
et état de nutrition, de ne rien
penser de tout cela [dans les
conditions sociales actuelles],
mais d'être clairs sur le fait
que les humains ne vivent pas
aujourd'hui divisés en trois,
séparés [en classes/états
sociaux]. [Nous devons être
conscients] que l'humain se
trouve entièrement à l'intérieur
des trois parties de l'organisme
social. On pourra alors
comprendre comment tous ceux qui
doivent être actifs dans la vie
spirituelle ou dans la vie
étatique se trouvent néanmoins à
l'intérieur de la vie économique
et doivent être pris en charge
par la vie économique. Il est
donc important que les humains
se tiennent à l'intérieur de
l'ensemble de l'organisme
social.
|
45
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Also es handelt sich
darum, daß wir nichts von dem,
was da lebt als die drei Stände,
Lehrstand, Wehrstand und
Nährstand, daß wir von dem gar
nichts hineindenken [in die
heutigen sozialen
Verhältnisse],, sondern daß wir
klar sind, daß die Menschen
heute nicht dreigeteilt, [in
Ständen] abgesondert leben. [Wir
müssen uns klar sein], daß der
Mensch in allen drei Teilen des
sozialen Organismus ganz
darinnensteht. Dann wird auch
begriffen werden können, wie
jeder, der tätig sein muß im
geistigen Leben oder tätig sein
muß im staatlichen Leben,
dennoch im wirtschaftlichen
Leben drinnensteht und vom
wirtschaftlichen Leben aus
versorgt werden muß. Also es
kommt darauf an, daß die
Menschen drinnenstehen im
gesamten sozialen Organismus.
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Français
seulement
SIXIÈME SOIRÉE D’ÉTUDE, - Stuttgart, 28.
Juli 1920. -
POINTS DE VUE HISTORIQUES SUR LA POLITIQUE
ÉTRANGÈRE.
La nature abstraite du libéralisme en
Europe centrale. Hommes politiques libéraux
exceptionnels en Autriche-Hongrie. Deux
directions politiques contraires dans la
monarchie des Habsbourg. Libéralisme comme
direction déclinante, le panslavisme comme
ascendant. La politique anglaise comme une
politique d’un grand point de vue
historique. La lutte économique entre
l’espace centre européen et anglo-américain.
L'importance de l’ainsi nommé Testament de
Pierre Le Grand pour la politique de l'Est.
Le contraste entre l'Occident et l'Orient.
Le mélange des nations en Autriche-Hongrie
exige pour ainsi dire la réalisation de la
tri-articulation. La politique doit être
étudiée comme une réalité. Le manque de
capacité de l’humain pour la distinction
entre les principes de réalité et formule
journalistique.
01
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Il
faut sans cesse souligner dans le présent - et
j'entends par là le présent le plus immédiat
de la journée - qu'il n'est pas possible de
progresser dans les conditions économiques,
étatiques et spirituelles de l'Europe centrale
si des points de vue plus importants que ceux
qui ont malheureusement prévalu jusqu'ici dans
les cercles les plus larges n'interviennent
pas dans l'ensemble de la manière de se
représenter les choses de ceux qui participent
à la vie publique. C'est pourquoi vous me
pardonnerez d'aller un peu plus loin
aujourd'hui et d'éclairer en quelque sorte la
politique culturelle européenne de quelques
points de vue historiques, que j'aimerais
toutefois seulement aphoristique.
02
Si nous voulons acquérir un point de vue dans
les conditions publiques actuelles, nous
devons déjà considérer avec précision
l'opposition qui existe dans les relations
étatiques, intellectuelles et économiques
entre [trois domaines] : le premier domaine
pourrait être appelé le monde de l'Occident,
qui comprend notamment les populations
appartenant à l'élément anglo-américain, dans
le sillage duquel se trouvent aujourd'hui les
populations romanes. Ensuite, selon les trois
points de vue mentionnés, nous devons
distinguer nettement de cette région
anglo-américaine à l'ouest tout ce que l'on
pourrait appeler l'aire culturelle de l'Europe
centrale. Et il faut distinguer une troisième
zone, qui est l'Est, le grand Est, qui s'unit
de plus en plus en une zone fermée - plus que
ce que l'on est enclin à supposer ici d'après
les informations très imprécises -, une zone
qui comprend la Russie européenne avec tout ce
sur quoi elle étend déjà aujourd'hui et plus
tard encore sa domination, et aussi déjà une
grande partie de l'Asie. On ne se rend pas
toujours suffisamment compte des différences
considérables qui existent entre ces trois
régions et comment, à partir de ces
différences, les différentes mesures du jour
devraient être réglées selon les trois points
de vue mentionnés, si quelque chose de
fructueux pour l'avenir devait résulter de ces
mesures. Il est vraiment lamentable que nous
devions toujours voir comment, sans la
conscience que de nouvelles idées sont
nécessaires pour une nouvelle construction,
des négociations aussi importantes que celles
de Spa sont menées comme si l'on pouvait
vraiment continuer à travailler aujourd'hui
avec les mêmes idées qui, à partir de 1914,
ont elles-mêmes conduit à l'absurde. Je vais
essayer - comme je l'ai dit, de manière
aphoristique, et cela aura l'air d'être
caractérisé de manière très générale, mais par
généralité, on entend des choses très
concrètes -, je vais essayer de mettre en
évidence les différences entre les modes de
représentation de l'Occident, du Centre et de
l'Orient, et il apparaîtra déjà que l'on peut
tirer de ces représentations des points de vue
fructueux pour le présent et l'avenir.
03
Nous partons peut-être de ce que mon appel,
paru au printemps 1919, a été si mal compris
dans certains cercles allemands parce qu'il
partait du fait que, depuis les années
soixante-dix du XIXe siècle, l'Allemagne a
perdu sa véritable mission pour ce qu'elle a
tenté de délimiter et de consolider peu à peu
au niveau étatique. On aimerait dire que cette
Allemagne s'est limitée à créer une sorte de
cadre objectif, mais qu'elle n'a pas réussi à
développer des idées porteuses, un véritable
contenu substantiel, un contenu culturel, à
l'intérieur de ce cadre. On peut bien sûr être
un humain soi-disant pratique et dénoncer les
porteurs d'idées comme des idéalistes, mais le
monde n'ira pas plus loin avec de tels humains
pratiques que les crises, individuelles ou
universelles, comme celle qui s'est déclenchée
en 1914. On peut, si l'on est un humain
pratique dans ce sens, faire des affaires, on
peut satisfaire des intérêts particuliers, on
peut apparemment satisfaire des intérêts
jusqu'à une grande échelle ; mais aussi bien
que les choses puissent aller pour les
individus et aussi bien que leurs entreprises
puissent sembler à l'individu - toujours et
encore, dans de telles conditions, cela doit
conduire à des crises, et celles-ci doivent
finalement s'effondrer dans une catastrophe
telle que celle que nous avons vécue depuis
1914 comme la plus grande catastrophe
mondiale.
04
Qu'est-ce qui nous apparaît de plus en plus
comme caractéristique de la région d'Europe
centrale, notamment depuis les années
soixante-dix ? Nous voyons que là où il s'agit
du domaine des idées, d'où aurait dû sortir un
certain contenu culturel, il n'y a à
l'intérieur de l'Europe centrale - aussi dans
la vie politique et sociale - en dehors de
quelques mesures louables, qu'une sorte de
discussion théorique. Vous trouverez presque
tout ce qui a été dépensé pour répondre aux
exigences de l'époque dans les négociations -
que ce soit dans les parlements ou en dehors
des parlements - qui ont été menées entre le
parti prolétarien, qui a pris de plus en plus
un caractère social-démocrate, et les
différents autres partis qui, en raison de
leurs intérêts ou de leurs traditions, ont cru
devoir combattre ce parti prolétarien.
Beaucoup de critiques et d'anti-critiques ont
été formulées, beaucoup de choses ont été
dites, mais au fond, qu'est-ce qui est
ressorti de tout cela ? Qu'est-ce qui est
ressorti de ces discussions comme étant
nécessaire à la construction des futurs
rapports sociaux au sein desquels les humains
pourront vivre ? Ceux d'entre vous qui ont
déjà écouté mes conférences à plusieurs
reprises sauront que je n'aime pas m'engager
dans des théories, mais que là où il s'agit de
tracer de grandes lignes, je veux entrer dans
la pratique immédiate de la vie. C'est
pourquoi je veux aujourd'hui encore illustrer
par la pratique directe ce que je viens
d'évoquer.
05
L'une des publications les plus intéressantes
du moment est le livre "Les problèmes
politico-économiques de la dictature
prolétarienne" du professeur Varga, dans
lequel il décrit ce qu'il a vécu et fait
lui-même au sein d'une zone économique
européenne certes petite, mais quand même pas
si petite que cela.
06
Le livre de Varga est extrêmement intéressant
parce que c'est justement un humain qui décrit
ce qu'il a vécu, ce qu'il a fait et ce qui lui
est arrivé alors qu'il avait le pouvoir - même
s'il n'a pu durer que peu de temps - de
diviser un territoire limité de manière
presque autocratique et de l'organiser
socialement. Le professeur Varga était en
effet commissaire économique, c'est-à-dire
ministre des Affaires économiques pendant la
courte période de gloire de la République des
conseils hongroise, et il a présenté dans ce
livre qui vient de paraître ce qu'il a tenté
de faire avec ses collègues. Il était en
particulier [responsable] des affaires
économiques, et il décrit comment il a voulu
redresser la Hongrie sur le plan économique en
se basant sur la pensée marxiste - une pensée
très proche de la pensée léninienne - et il
décrit en détail, avec une certaine sincérité,
les expériences qu'il a faites. Il décrit
surtout avec précision comment il a exproprié
les différentes entreprises selon la recette
particulière qui a pu être appliquée en
Hongrie, comment il a essayé de créer des
sortes de conseils d'entreprise à partir des
ouvriers des différentes entreprises, comment
il a ensuite essayé de regrouper ces
différentes entreprises en corps économiques
plus grands, et comment ceux-ci devaient avoir
leur sommet dans un conseil économique suprême
avec des commissaires économiques qui devaient
ensuite gérer cette vie économique depuis
Budapest. Il décrit de manière assez détaillée
comment il a fait ces choses. Comme je l'ai
dit, c'est un homme qui a acquis toute sa
façon de penser - c'est-à-dire cette façon de
penser qui devait devenir immédiatement
pratique, qui pouvait gérer l'Europe pendant
quelques mois -, il a acquis cette façon de
penser comme un résultat de tout ce qui s'est
passé au cours des cinquante dernières années
entre le parti social-démocrate et tout ce que
ce parti social-démocrate a combattu de
différents points de vue. Comme je l'ai dit,
il est très proche du léninisme dans sa vision
des choses ; il souligne en particulier un
point de vue. Il est clair pour un homme tel
que le professeur Varga, qui décrit les
événements avec une certaine impulsivité de
taureau - une impulsivité de taureau que nous
connaissons suffisamment dans la vie de parti
en Europe centrale -, il est clair pour lui
que seule l'application stricte et rigoureuse
des principes marxistes, tels que les veut
également Lénine, avec telle ou telle
modification, pourrait apporter le salut à
l'organisme social ; il en était très
convaincu. Or, il est en outre un humain, ce
professeur Varga, qui ne voit pas très grand,
qui ne pense pas très intelligemment, mais qui
peut tout de même penser ; et il sait donc -
et il le décrit aussi - qu'au fond, tout ce
mouvement est porté par le prolétariat
industriel. Or, les circonstances
particulières, les expériences qu'il a faites
lors de l'introduction de ce qu'il voulait
réaliser en Hongrie, lui ont fait comprendre
que les prolétaires industriels sont certes
les seuls à vouloir s'en tenir aussi fermement
que lui aux exigences du marxisme et à en
attendre quelque chose, mais que le
prolétariat industriel, comme la population
urbaine en général, sont ceux qui s'en sortent
le moins bien lorsqu'on commence vraiment à
faire quelque chose avec ces principes. Les
expériences très brèves lui ont montré que,
dans un premier temps, seule la population
rurale a la possibilité de mieux s'en sortir
avec ces principes. La population rurale s'en
sort mieux parce que ces principes marxistes
ramènent toute la culture à un certain niveau
primitif. Mais ce niveau primitif de la
culture n'est pas applicable à la structure de
la vie urbaine, tout au plus à celle de la vie
paysanne à la campagne. Et c'est ainsi que le
professeur Varga doit s'avouer, bien qu'il
soit marxiste - pour lui, c'est à peu près
aussi évident que le fait que le théorème
pythagoricien soit juste -, il doit s'avouer :
nous devons nous préparer à ce que le
prolétariat industriel et la population
urbaine meurent de faim.
07
Vient alors ce qu'un homme comme le professeur
Varga lie comme conséquences à de telles
conditions. Il dis : "Oui, mais premièrement,
le prolétariat industriel dans les villes aura
de l'idéalisme, s'accrochera à cet idéal même
s'il doit mourir de faim. Or, il va de soi que
cela fait partie de la phraséologie des temps
modernes que si une idée quelconque ne
fonctionne pas - une idée que l'on veut
pourtant considérer comme absolument juste -,
on masque alors cette idée en un idéalisme
pour lequel il faudrait éventuellement aussi
mourir de faim. L'autre conséquence que Varga
tire est qu'il dit : oui, dans un premier
temps, les choses iront beaucoup, beaucoup
plus mal dans les villes et pour la population
industrielle ; mais ensuite, lorsque les
choses iront assez mal, elles s'amélioreront ;
c'est pourquoi les prolétaires industriels et
les citadins en général doivent être renvoyés
à l'avenir. Il dit donc : "Oui, dans un
premier temps, on fait des expériences assez
sombres ; mais dans l'avenir, les choses iront
mieux". - Et il n'a pas devant lui les
conseils d'entreprise très dociles que nous
trouvons à l'ouest, mais les conseils
d'entreprise très radicaux qui sont nés du
radicalisme selon la forme léninienne et tels
qu'ils ont été introduits dans les conseils
hongrois. Parce que les gens chargés de
maintenir l'ordre dans l'ensemble de
l'appareil économique ne sont pas désignés par
une quelconque forme de gouvernement
antérieur, les gens sont élus dans leurs
propres rangs. Et c'est là que le professeur
Varga a fait l'expérience - il a pu faire
lui-même l'expérience de tout cela - il a dit,
et c'est un aveu intéressant : "Oui, tout
d'abord, il s'est avéré que ces humains qui
sont maintenant choisis et qui doivent veiller
à la productivité du travail s'occupent de
traîner et de se disputer dans les usines, et
les autres voient cela, trouvent cela plus
agréable et voudraient tous accéder à ces
postes ; et c'est ainsi que se développe un
effort général pour accéder à ces postes.
C'est une confession intéressante de la part
d'un homme qui n'a pas seulement eu l'occasion
d'élaborer des théories sur la réalité du
marxisme et du léninisme, mais qui a aussi eu
la possibilité de mettre les choses en
pratique. Mais il y a quelque chose d'encore
plus intéressant. Varga montre maintenant
comment de tels commissaires économiques - qui
devaient justement être mis en place pour des
régions plus vastes, en procédant d'ailleurs
de manière assez bureaucratique - n'avaient en
fait ni l'envie ni la possibilité de faire
quelque chose de réel.
08
Vous voyez, le livre de Varga sur les conseils
hongrois est extrêmement intéressant du point
de vue de l'histoire culturelle contemporaine,
grâce aux descriptions qui vont très loin dans
le détail et qui sont vraiment aussi
intéressantes dans leurs détails que les
quelques choses que je viens d'indiquer. Mais
dans le livre, ce qui m'a semblé le plus
intéressant tient en trois lignes environ. Je
voudrais dire que la chose la plus importante
est justement ce que dit le professeur Varga
lorsqu'il parle des tâches des commissaires
économiques et de la manière dont ils n'ont
pas pu remplir ces tâches. Il dit : "Oui, ces
commissaires économiques n'auront une
quelconque importance et ne gagneront à
l'avenir que si l'on trouve les bonnes
personnalités pour les remplacer. Le bon
professeur Varga ne semble pas se rendre
compte de la puissance de l'aveu contenu dans
ces trois lignes, qui sont parmi les plus
intéressantes de tout le livre. Nous voyons
sans le savoir l'aveu d'un humain qui, je
dirais avec une force léninienne, est né des
idées du XXe siècle et a eu la possibilité de
les mettre en pratique. Nous voyons l'aveu
[contraire] de ce qui a toujours été prêché
dans presque toutes les réunions
sociales-démocrates : oui, il est faux,
totalement faux que les gens croient que
l'histoire naît des idées, du génie des
personnalités individuelles ; ce qui est vrai,
c'est que les personnalités elles-mêmes et
tout ce qu'elles peuvent développer comme
idées naissent des conditions économiques. -
Ces gens ont donc toujours dit à quel point
les hommes qui comptaient sur les idées et les
personnalités avaient tort, et comment il
fallait compter uniquement avec les rapports
de production qui, en tant que superstructure,
poussent hors d'eux-mêmes ce que sont les
idées directrices. Maintenant, un homme vient
introduire [réellement] les idées marxistes,
et il dit : "Oui, ces idées sont toutes très
belles, mais elles ne pourront être mises en
œuvre que lorsque nous aurons les bonnes
personnalités pour cela. - On ne peut guère
imaginer que ce qui constitue l'essentiel, le
nerf, l'impulsion la plus intime de la pensée
d'un humain tel que Varga, ce commissaire
central à l'économie, ce ministre des affaires
économiques dans les conseils hongrois, puisse
être davantage poussé à l'absurde. Il montre
très clairement que ce qui a été concocté
comme idées d'avenir dans les régions d'Europe
centrale a dû échouer dès l'instant où l'on a
voulu en faire quelque chose de positif. Il
suffit de lire ces descriptions, d'entendre
ces aveux, et l'on voit à quel point un tel
humain est impuissant, lui que les
circonstances de l'époque ont poussé à la
surface vers le leadership dans un pays tout
de même important, et à quelles [conclusions]
un tel humain arrive dans le domaine
économique.
09
Mais il est aussi intéressant de voir à quoi
un tel humain parvient dans le domaine de
l'État. Vous voyez, il faut déjà faire le lien
entre les explications du professeur Varga et
les circonstances actuelles. Peut-être vous
souvenez-vous comment, au cours des dernières
décennies, certaines plaintes ont été
formulées de plus en plus souvent par les
parties les plus diverses, selon lesquelles
tous les offices étaient submergés non pas par
des spécialistes techniques ou commerciaux,
mais par des juristes. Rappelez-vous combien
de choses ont été dites à ce sujet dans les
rouages de l'ancien système étatique. Dans
d'autres affaires aussi, notamment lors de la
nationalisation des chemins de fer, les
véritables spécialistes étaient toujours ceux
qui devaient passer à l'arrière-plan, et les
juristes étaient ceux auxquels on accordait
essentiellement de l'importance et qui
occupaient les postes les plus importants.
Maintenant, le professeur Varga, comment
parle-t-il des juristes, dont il fait
d'ailleurs partie ? Comment parle-t-il des
autres responsables de l'État, des dirigeants
de l'État, des fonctionnaires de l'État ? Il
parle d'eux en disant : on ne tient absolument
pas compte d'eux, ils sont tout simplement
supprimés, ils cessent d'avoir une importance
; les juristes de toutes sortes doivent
rejoindre le prolétariat, car on n'a pas
besoin d'eux si on veut socialiser la vie
économique. - On remarque que deux choses
s'affrontent directement : l'État juriste
élitiste, qui a poussé les juristes à la
surface, et l'État socialiste, qui déclare
inutile tout ce système de juristerie.
10
Dans l'État socialiste, les juristes sont tout
simplement éliminés, on ne s'en préoccupe pas.
Ce sont des gens sur lesquels on ne compte
plus. On ne les prend pas en compte quand on
veut créer un nouvel ordre social. Et la vie
spirituelle, elle est tout simplement ordonnée
par l'État économique. Cela signifie qu'elle
n'a évidemment pas été organisée pendant les
quelques mois de la République des Conseils
hongroise. C'est pourquoi Varga n'a pas encore
d'expérience en la matière ; il présente ses
pures théories.
11
Et c'est ainsi que nous voyons comment ce
professeur Varga, qui a introduit dans la
littérature contemporaine une œuvre
remarquable, je dirais, du point de vue de
l'histoire mondiale, nous voyons comment cet
homme ne s'enracine en fait nulle part dans la
réalité.
12
Tout au plus s'enracine-t-il dans la réalité
avec la seule phrase triviale, la seule
évidence : si l'on veut qu'un poste soit
correctement occupé, il faut y placer l'humain
qu'il faut. Tout le reste n'est que de la
paille, des choses sans valeur ; mais ces
choses sans valeur, qui auraient dû devenir
réalité dans un domaine qui n'est tout de même
pas étroitement limité. Naturellement, un tel
humain trouve toutes sortes d'excuses pour
expliquer le fait que la Hongrie des conseils
se soit terminée si rapidement - par
l'invasion roumaine et tout le reste. Mais
celui qui regarde ces choses de plus près doit
se dire que, tout simplement parce que la
Hongrie est un territoire plus petit,
c'est-à-dire parce que tout ce qui se dégrade,
tout ce qui se dissout et se décompose a
parcouru un chemin plus court depuis le centre
de Budapest jusqu'à la périphérie du pays,
c'est pourquoi la Hongrie des conseils a très
vite montré ce qui se manifestera encore à
l'Est, en Russie, où le chemin est plus long
depuis le centre de Moscou jusqu'à la
périphérie, même si c'est dans des domaines
qui peuvent certes nous inquiéter.
13
Vous voyez, au fond, en ce qui concerne les
personnalités dirigeantes, les personnalités
vraiment dirigeantes, nous n'avons affaire
qu'à deux choses. D'une part, nous avons les
dirigeants qui, comme l'actuel chancelier du
Reich - on dit encore "chancelier du Reich" -,
jouent un rôle très ancien dans les
négociations internationales et travaillent
toujours avec les idées les plus usées, et
d'autre part, des personnalités comme le
professeur Varga, qui voulait fonder quelque
chose de nouveau - quelque chose de nouveau,
mais qui n'est nouveau que parce que ses idées
conduisent plus rapidement à la dégradation.
Les idées des autres conduisent également à la
dégradation, mais parce qu'elles ne sont pas
aussi radicales, la dégradation est plus
lente, plus lente ; lorsque le professeur
Varga arrive avec ses idées, la dégradation
est plus profonde, plus radicale.
14
Prenons maintenant les idées occidentales.
Comme je l'ai dit, on peut décrire beaucoup de
choses, encore longtemps, jusqu'à demain, mais
je voudrais seulement indiquer quelques points
de vue. Vous voyez, on peut penser ce que l'on
veut, du point de vue moral ou du point de vue
de la sympathie et de l'antipathie humaines,
de ces pays occidentaux, notamment de la
politique culturelle anglo-américaine - que
l'on appelle aussi, si je veux, une politique
inculturelle ; je ne veux pas discuter de
questions de goût. [Je ne veux pas parler de
cela, mais je veux parler des nécessités
historiques et politiques mondiales, de ce qui
a agi comme impulsion dans la politique
anglaise au cours des mêmes décennies où l'on
discutait en Europe centrale de manière si
théorique que les idées de Varga en sont
ressorties. Celui qui regarde cette politique
anglaise trouve qu'elle repose avant tout sur
quelque chose qui est un trait, un trait
fondamental - il n'a pas besoin de plaire à
quelqu'un, mais c'est un trait fondamental -
par lequel les idées agissent, par lequel les
idées affluent.
15
Comment caractériser correctement l'opposition
entre cette Europe centrale et ces pays
occidentaux anglo-américains - dont fait
également partie la relève coloniale en
Amérique ? On pourrait dire que ce qui est
extrêmement caractéristique, c'est que dans ce
mouvement qui passe avant tout par la
politique commerciale et industrielle des pays
occidentaux, quelque chose est toujours
clairement perceptible - je ne dis pas
compréhensible, mais clairement perceptible -,
quelque chose qui s'exprime aussi comme une
idée. En 1884, un historien anglais, le
professeur Seeley, a décrit la chose dans son
livre "L'expansion de la Grande-Bretagne". Je
vais vous faire part de ses propres mots, de
préférence les quelques phrases qui expriment
clairement ce dont il s'agit. Seeley dit dans
son livre "The Expansion of England" : "Nous
avons fondé notre empire en partie, il faut le
reconnaître, pénétrés de l'ambition de la
conquête, en partie par des intentions
philanthropiques, pour mettre fin à d'immenses
maux". - Il veut dire des maux dans les
colonies. Cela signifie que l'on vise
délibérément une politique d'expansion - tout
le livre contient en effet cette idée -, une
extension de la sphère de puissance de la
Grande-Bretagne sur le monde. Et cette
extension est recherchée parce que l'on pense
que cette mission, qui consiste à utiliser des
forces d'expansion économique, est dévolue au
peuple britannique - un peu comme, dans
l'Antiquité, le peuple hébreu s'est vu confier
une certaine mission. Un historien le dit :
dans les gens qui font du commerce en
Angleterre - je veux dire qui font du commerce
-, qui sont des industriels, qui sont des
colonisateurs, qui sont des administrateurs
d'État, dans tous ces humains vit une phalange
fermée de conquête du monde. C'est ce
qu'exprime cet historien Seeley. Et les
meilleures personnes d'Angleterre, qui savent
aussi de quoi il s'agit grâce aux sociétés
secrètes, soulignent expressément : notre
royaume est le royaume des îles, nous avons la
mer tout autour, et selon la configuration de
notre royaume, cette mission nous incombe.
Parce que nous sommes un peuple insulaire,
nous devons d'une part conquérir par ambition
et d'autre part, par philanthropie - réelle ou
supposée - essayer d'éliminer les maux qui
existent dans des pays totalement incultes.
Tout cela par instinct populaire, mais par
instinct populaire à tel point qu'on est
toujours prêt à faire l'un et à ne pas faire
l'autre quand il s'agit de se rapprocher d'une
manière ou d'une autre du grand objectif
d'expansion de l'être britannique. Que sait-on
donc [de l'être britannique] ? Je vous
demande, mes très chers présents, d'examiner
très attentivement ce que je viens de dire -
que sait-on de cela ? On sait que les Anglais
pensent : nous sommes un peuple insulaire.
C'est le caractère de notre empire que d'être
construit sur une île. Nous ne pouvons pas
être autre chose qu'un peuple conquérant. - Si
quelqu'un a le goût de dire "un peuple de
brigands", qu'il le fasse, cela n'a pas
d'importance aujourd'hui, seuls comptent les
faits et la tendance politique, car ils ont un
effet ; les jugements de goût n'ont aucun
effet dans le domaine dans lequel nous
parlons.
16
On sait donc [en Angleterre] mener une
politique, notamment dans le domaine
économique, qui part d'une connaissance claire
de ce que l'on est en tant que peuple sur le
territoire de la terre où l'on vit. C'est le
sens de la réalité, c'est l'esprit de réalité.
17
Qu'en est-il en Europe centrale ? À quoi cela
sert-il de se bercer d'illusions en permanence
? On n'y progressera jamais. Le seul moyen
d'avancer, c'est de regarder la réalité en
face. Comment est-ce donc en Europe centrale,
à l'époque où le vouloir anglais se
cristallisait de plus en plus dans ce dont je
viens de parler, qui part d'une connaissance
claire du domaine dans lequel on agit, comment
est-ce en Europe centrale à la même époque ?
Eh bien, en Europe centrale, nous n'avons pas
du tout affaire à une reconnaissance similaire
des tâches qui découlent des territoires sur
lesquels on vit - pas du tout. Prenons le
territoire d'où est parti le malheur en
Europe, l'Autriche-Hongrie ; cette
Autriche-Hongrie est en quelque sorte créée
par l'histoire récente pour fournir la preuve
de ce que ne doit pas être un État moderne.
18
Voyez-vous, cette Autriche-Hongrie comprenait
en son sein - je ne peux pas développer
davantage aujourd'hui, je veux seulement
caractériser aujourd'hui de manière tout à
fait aphoristique et extérieure -, cette
Autriche-Hongrie comprenait en son sein
d'abord les Allemands vivant dans les pays
alpins et en Basse et Haute-Autriche, qui
étaient divisés en eux-mêmes en différentes
opinions. Elle comprenait ensuite, au nord,
les Tchèques avec de fortes inclusions
allemandes en Bohême allemande, plus à l'est,
la population polonaise, plus à l'est encore,
la population ruthène, puis les différentes
autres populations situées à l'est de
l'Autriche-Hongrie, de préférence les Magyars,
et plus au sud, les peuples slaves du sud. Mes
très chers présents, tout cela est lié par une
idée qui porte une réalité similaire à celle
[des Anglais] : Nous sommes un peuple
insulaire et devons donc conquérir ? Non ! Par
quoi ces treize régions [linguistiques]
différentes, reconnues par l'État, de
l'Autriche-Hongrie étaient-elles unies ? Elles
ont été unies - je peux le dire, car j'ai
passé la moitié de ma vie, presque trente ans,
en Autriche - uniquement par la politique des
Habsbourg, par cette malheureuse politique des
Habsbourg. On pourrait dire que tout ce qui a
été fait en Autriche-Hongrie a en fait été
fait dans l'optique de savoir comment
maintenir cette politique domestique des
Habsbourg. Cette politique domestique des
Habsbourg est un produit du Moyen-Âge. Il n'y
a donc rien [pour la cohésion] d'autre que
l'intérêt égoïste d'une maison princière, rien
de tel que ce qui est exprimé par exemple par
l'historien anglais Seeley en 1884.
19
Et qu'avons-nous vécu dans le reste de
l'Europe centrale, par exemple en Allemagne ?
Oui, je dois dire que cela m'a toujours
profondément touché lorsque j'ai lu, par
exemple, quelque chose comme ce que l'on
trouve souvent chez Herman Grimm, qui décrit
clairement ce qu'il a ressenti pendant ses
propres années d'études, à l'époque où c'était
encore un crime de se dire allemand. Les gens
ne le savent plus aujourd'hui ; il ne faut pas
oublier que l'on était Wurtembergeois, que
l'on était Bavarois, Prussien, Thuringien, et
ainsi de suite, mais que l'on n'était pas
Allemand. Et être allemand, grand-allemand,
c'était à l'époque une révolution, on ne
pouvait l'avouer que dans le cercle le plus
intime, c'était un crime contre les intérêts
égoïstes des maisons princières. Jusqu'en
1848, dit Herman Grimm, le plus grand crime
dans le domaine politique était chez les
Allemands ce que le plus grand honneur était
chez les Français : s'appeler un Français ;
s'appeler un Allemand était [chez les
Allemands, le plus grand crime]. Et je pense
qu'aujourd'hui, beaucoup d'humains lisent les
"Discours à la nation allemande" de Fichte et
ne comprennent pas vraiment les mots
d'introduction, car ils les rapportent à autre
chose.
20
Fichte dit : je parle pour les Allemands tout
court, des Allemands, tout court. - Il veut
dire qu'il parle, sans tenir compte des
différences entre les Autrichiens, les Saxons,
les Thuringiens, les Bavarois et ainsi de
suite, précisément aux Allemands - il entend
cela strictement [dans le sens] d'une
politique intérieure ; rien dans cette phrase
ne contient quelque chose qui irait vers
l'extérieur. [Être allemand au sens politique]
était quelque chose qui ne devait pas être,
qui était interdit. Cela semble presque idiot,
mais c'était interdit - un peu selon ce
principe qui apparaît dans une anecdote de
l'empereur Ferdinand, que l'on appelait le
gentil, Ferdinand le gentil, parce qu'il
n'avait pas d'autres qualités utiles. On dit
de lui que Metternich lui a signalé qu'il
était en train d'agir : les gens commencent à
faire la révolution à Prague - alors
l'empereur Ferdinand a dit : "Vous avez le
droit de faire ça ? -- C'est à peu près selon
ce principe de non-droit que l'on a traité le
fait d'être allemand jusqu'en 1848. Et c'est
alors qu'un idéal est né de cette germanité,
idéal qui s'est ensuite perdu dans la
politique du pouvoir ; cet idéal [d'unité]
auquel on aspire encore aujourd'hui. L'exemple
de l'esthéticien Vischer, le "V-Vischer", qui
vivait ici à Stuttgart, illustre le mieux la
manière dont il a suivi le chemin du destin ;
jusque dans les années soixante-dix, il était
rempli de l'idéal de la Grande Allemagne
contenu dans les paroles de Fichte : je parle
pour les Allemands par excellence, par les
Allemands par excellence. - Mais il s'est
ensuite plié aux conditions que Nietzsche a
caractérisées au début des années soixante-dix
par ces mots : "Elles étaient une extirpation
de l'esprit allemand au profit de l'Empire
allemand". - Mais on voit avec quel grincement
de dents un homme tel que Vischer se
métamorphose de l'ancien idéal dans le
nouveau, et combien il lui est terriblement
difficile de présenter le nouveau comme une
vérité à laquelle il s'est converti.
L'autobiographie de Vischer, "Altes und Neues
(Ancien et nouveau)", est extrêmement
intéressante à cet égard. Et ce que je viens
d'exposer est souvent dû au fait que, lorsque
les circonstances mondiales ont exigé une
politique mondiale, rien d'autre ne s'est
développé en Europe centrale que cette
discussion sans valeur dont j'ai parlé. Ce qui
s'est passé en réalité dans les années
soixante et soixante-dix, c'était la politique
domestique contre la politique domestique ;
elle avait pris le relais de ce qui devait
naître de l'idéal allemand. Au fond, mes très
chers présents, les Italiens, les Français et
peut-être même les Anglais seraient heureux
d'avoir un historien tel que Treitschke
l'était pour les Allemands. On peut le traiter
de faisant du vacarme/polémiste - il l'était
peut-être, et on peut trouver peu de goût à la
manière dont il présente les choses -, mais
cet Allemand a justement trouvé de bien belles
paroles pour ses Allemands qui lui sont si
chers. Il suffisait de voir [à travers les
polémiques] - il fallait aussi le faire
personnellement. Lorsque je l'ai rencontré une
fois à Weimar, pour la première fois - il ne
pouvait déjà plus entendre à l'époque, il
fallait tout lui écrire, mais il parlait très
fort, avec des accents, clairement -, il m'a
demandé : d'où venez-vous, quel genre de
compatriote êtes-vous ? - Je lui ai écrit que
j'étais autrichien. Après quelques courtes
phrases échangées, il m'a dit : "Oui, les
Autrichiens, soit ce sont des gens tout à fait
géniaux, soit ce sont des imbéciles". - On
avait alors bien sûr le choix de s'inscrire
dans l'une de ces catégories, car il n'y en
avait pas de troisième. C'était donc un homme
qui parlait avec fermeté. Chez Treitschke, on
peut très bien lire sur la querelle des
puissances domestiques qui a en fait provoqué
le destin du peuple allemand, la querelle des
puissances domestiques entre les Habsbourg et
les Hohenzollern, et Treitschke trouve déjà
les mots pour dire les vérités les plus crues
aux Hohenzollern aussi. Ce qui est étrange,
c'est que si l'on fait de la politique dans
l'ignorance de sa propre situation
territoriale, si l'on fait de la politique
comme on ne peut plus en faire à l'époque
moderne, alors il se forme justement des
relations contre nature. Et quand on se trouve
dans quelque chose d'aussi peu naturel, on en
a envie, comme le professeur Varga en avait
envie et en a encore envie aujourd'hui : oui,
si seulement on pouvait faire en sorte que les
bonnes personnalités se trouvent aux bons
endroits.
21
Mais ce qui est étrange, c'est que dans les
conditions particulières de l'Angleterre, cela
s'est développé de soi-même à partir d'un
certain sens de la réalité. Alors qu'en Europe
centrale, on se disputait sur des théories
socialistes et antisocialistes, pour ensuite
se lancer dans des tentatives de construction
sociale qui ne pouvaient mener à rien, c'est
la reconnaissance réaliste de ses propres
conditions qui a amené à la surface, en
Occident, des hommes qui ont vraiment fait ce
qu'il fallait à leur place pour ce que l'on
voulait atteindre et que Seeley décrit. Le
sens de la réalité a mis les hommes de droite
à la bonne place - bien sûr, ils étaient pour
nous les hommes de l'ombre, mais ce n'était
pas leur tâche d'être pour nous les hommes de
droite. Prenez peut-être tout de suite l'un
des plus grands - il y en a eu beaucoup
d'autres, plus petits -, l'un des plus
typiques : Cecil Rhodes. Toute son activité se
résume en fait à une conception vraiment
pratique, alors qu'en Europe centrale, on
théorise. En Europe centrale, on théorise sur
l'État futur.
22
Cecil Rhodes, issu d'un milieu très modeste,
s'est hissé au rang de plus grand roi du
diamant. Comment y est-il parvenu ? Parce
qu'il est étrange - pour nous, c'est étrange -
que la maison de banque Rothschild, encore
puissante à son époque, lui ait procuré les
plus grands crédits mondiaux ; elle les a
procurés à un homme qui avait la main pratique
pour faire des affaires exactement dans le
sens où Seeley décrit la politique mondiale de
la Grande-Bretagne à partir des idées
britanniques, qui vont jusque dans les
sociétés secrètes. Car Cecil Rhodes était un
homme qui ne se contentait pas de faire des
affaires, mais qui retournait toujours et
encore en Angleterre, se retirait dans la
solitude, étudiait Carlyle et d'autres gens de
ce genre, dont il ressortait que la
Grande-Bretagne avait une mission, et que nous
nous mettions au service de cette mission. Et
qu'est-ce qui en découle ? Tout d'abord, c'est
la maison de banque Rothschild [qui lui
fournit des crédits] - donc une entreprise
bancaire liée à l'État, mais qui est issue de
rapports privés. Mais alors, de quoi un homme
comme Cecil Rhodes est-il capable ? Il est
capable de considérer ce que l'on pourrait
appeler l'État britannique comme un instrument
de la politique de conquête anglaise - et cela
avec une grande force -, lié à la croyance en
la mission de la Grande-Bretagne. Il est
capable, comme beaucoup d'autres - mais c'est
l'un des plus grands - d'utiliser l'État
britannique comme un instrument et de faire
briller ce qu'il fait sur la puissance
britannique qui ne cesse de grandir. Tout cela
n'est possible que parce que la population
anglaise est consciente de sa mission
particulière dans l'histoire mondiale en tant
que peuple insulaire. Et l'Europe centrale n'a
rien pu lui opposer qui soit à sa hauteur.
23
Que se passe-t-il donc en Occident ? Une
politique économique portée par des
personnalités se développe en même temps que
la politique nationale. Pourquoi
croissent-elles ensemble ? Parce que la
politique anglaise est allée tout à fait dans
le sens des temps modernes, et on ne va dans
le sens des temps modernes que si l'on est en
mesure de comprendre les idées à partir de la
réalité dans laquelle on vit. La politique de
l'État et la politique économique peuvent
alors fusionner. Mais l'État anglais est un
État qui n'existe en tant que tel que sur le
papier - c'est un conglomérat de rapports
privés. Ce n'est qu'une phrase quand on parle
de l'État britannique ; il faudrait parler de
la vie économique britannique et des anciennes
traditions qui y entrent, des anciennes
traditions spirituelles et ainsi de suite. Au
sens où la France est un État, où l'Allemagne
aspire à devenir un État, la Grande-Bretagne
n'a jamais été un État. Mais on y a compris le
territoire sur lequel on vivait ; on a
organisé la vie économique de manière à ce
qu'elle corresponde à ce territoire. Vous
voyez, aujourd'hui, les gens réfléchissent à
la manière dont l'Angleterre devrait être
autre chose, comment l'Angleterre ne devrait
pas mener une politique de conquête du monde,
comment elle devrait devenir "sage". Comme
beaucoup de gens se le représentent
aujourd'hui chez nous, l'Angleterre ne
pourrait plus être l'Angleterre ; car ce
qu'elle fait et a fait repose sur toute son
essence, précisément en tant que royaume
insulaire. Elle ne peut continuer à se
développer qu'en poursuivant la même
politique.
24
Qu'en était-il en revanche en Europe centrale
? Là, en Europe centrale, on ne comprenait pas
les territoires sur lesquels on vivait ; on ne
trouvait pas l'idée d'une mission adaptée à sa
propre réalité, il manquait ce grand trait.
Alors que dans l'Empire britannique, ce que
l'on appelle l'État, mais qui n'en est pas un,
pouvait très bien être utilisé par les
politiciens économiques les plus doués comme
un instrument de la politique de l'Angleterre,
les choses se séparaient [en Autriche-Hongrie]
; on ne pouvait que se bercer de l'illusion
que le territoire sur lequel on se trouvait
pouvait être utilisé pour ce qui devait être
la politique austro-hongroise. C'est là que
les choses divergeaient, alors qu'elles
convergeaient en Angleterre. Et l'étude de la
situation austro-hongroise présente quelque
chose de grotesque, parce que l'on a essayé de
créer un territoire économique d'un point de
vue qui ne le permettait pas du tout.
25
Car il aurait fallu que la politique
domestique autrichienne soit dès le départ une
sorte de [politique économique domestique].
Oui, si la politique domestique des Habsbourg
avait été la politique de la Maison mondiale
Rothschild, alors une politique économique
domestique aurait pu se développer ; mais la
politique domestique autrichienne n'a pas pu
donner naissance à quelque chose comme une
politique orientale ou quelque chose de ce
genre.
26
Cela n'a pas été possible, les choses ont
divergé. Il en va de même en Allemagne, bien
que je n'aie pas eu l'occasion de l'observer
aussi clairement que la situation
autrichienne.
27
On pourrait aussi décrire la situation à l'Est
et montrer qu'il n'y a même pas eu de
discussion. A l'Ouest, toutes les discussions
étaient derrière soi ; elles avaient été, je
dirais, abandonnées depuis l'époque de
Cromwell. Les choses pratiques se sont
développées par la suite. Dans la région
centrale, on a discuté et on a réussi à croire
que le pratique est ce qui résulte d'une
simple nécessité abstraite et logique.
28
Puis à l'Est, on n'en est même pas venu à [de
telles discussions], mais on en est venu à
prendre simplement ce qui était occidental, à
ce qu'un tsar, Pierre le Grand, le porte à
l'Est, ou à ce qu'un Lénine se retrouve dans
les discours occidentaux et les porte à l'Est.
Ce n'est vraiment que le manteau qui a été
changé, car au fond, Lénine est exactement un
tsar comme l'étaient les tsars précédents. Je
ne sais pas s'il réussit aussi bien à porter
un manteau bien taillé, comme le disent par
exemple ceux qui ont observé M. Ebert en
Silésie et qui ont voulu remarquer qu'il avait
déjà réussi à hocher la tête en imitant le
wilhelminisme ; je ne sais pas si c'est aussi
le cas de Lénine. Mais même si le masque est
différent, en réalité, nous avons encore
devant nous un tsar, mais sous une autre
forme, qui a porté l'Occident à l'Est.
29
C'est ce qui provoque ce choc anormal entre
l'atmosphère d'attente de tout l'Est et les
idées incomprises de l'Ouest. Il est étrange
que les choses soient telles en Russie que 600
000 humains dominent les millions d'autres et
que ces 600 000 ne soient à nouveau dominées
que par les quelques commissaires du peuple.
Mais cela ne peut être le cas que parce que
celui qui aspire à une réorganisation du monde
comme l'humain de l'Est ne remarque pas du
tout, dans un premier temps, comment son
aspiration est satisfaite. Si un autre était
arrivé à Moscou avec de toutes autres idées,
il aurait pu déployer la même puissance. Peu
d'humains contemporains en tiennent compte,
parce que la plupart d'entre eux sont
complètement fichés dans l'irréalisme.
30
Mais que ressort-il de tout ce que je viens
d'essayer d'énoncer de manière très
aphoristique ? Il en ressort qu'il faudra
beaucoup de temps à l'Occident pour que l'idée
de la triarticulation devienne populaire, en
raison de la convergence des intérêts dits
étatiques et des intérêts économiques. Il en
ressort aussi que le centre de l'Europe est la
région où cette idée devrait absolument
prendre racine en premier lieu, parce que les
humains devraient comprendre que les anciennes
conditions ont tout dispersé ici. Au fond,
tout est déjà divisé/éclaté ; on essaie
seulement de le maintenir ensemble avec les
anciennes parenthèses qui ne sont plus en
vigueur. La triarticulation est au fond déjà
là, sous la surface, il s'agit seulement de
l'intégrer dans la conscience et d'organiser
la réalité comme ce qui est déjà présent sous
la surface. Pour cela, il est toutefois
nécessaire de savoir enfin qu'il n'y a rien à
commencer avec les anciennes personnalités et
qu'elles doivent être remplacées par des
personnalités qui sont conscientes que ce que
ces anciennes personnalités pensent est devenu
absurde depuis 1914 et que quelque chose de
nouveau doit les remplacer. C'est ce que j'ai
essayé de faire comprendre dès la malheureuse
guerre mondiale à ceux qui auraient peut-être
eu la possibilité d'agir pour les choses. Et
c'est là que se trouvent les raisons pour
lesquelles, depuis que la catastrophe mondiale
a provisoirement débouché sur la révolution
mondiale, on s'efforce de faire pénétrer
l'idée de la triarticulation dans autant de
têtes que possible ; car ce dont nous avons
besoin, c'est du plus grand nombre possible
d'humains ayant les idées de la
triarticulation. Pendant la guerre mondiale,
on n'a pas compris qu'aux quatorze points
abstraits de Woodrow Wilson, la
triarticulation concrète aurait dû être
opposée par une instance faisant autorité. Les
praticiens les ont trouvées impraticables,
parce qu'ils n'ont aucune idée réelle du
rapport entre l'idée et la pratique.
31
Certes, les Quatorze points de Woodrow Wilson
sont aussi peu pratiques que possible. Et
c'est peut-être la plus grande tragédie qui
ait pu arriver au peuple allemand que même
l'homme sur lequel on comptait dans les
derniers jours de la période catastrophique,
qui pouvait encore devenir chancelier de
l'ancien régime, que même lui ait été capable
de prendre les Quatorze points de Wilson au
sérieux d'une manière ou d'une autre. Pour
l'instant, ces quatorze points ont abouti à
l'impossibilité de la Société des Nations
abstraite ; ils ont montré leur impossibilité
pratique à Versailles et à Spa. Mais ce qu'ils
ont réussi à faire, malgré leur caractère
abstrait, c'est de mettre en mouvement des
armées et des navires. Et les points qui
arrivent dans le monde par la triarticulation
devraient aussi mettre quelque chose en
mouvement ; même si ce n'est pas exactement
des armées et des bateaux, ils devraient tout
de même mettre les humains en mouvement, de
sorte qu'il puisse à nouveau y avoir un
organisme social viable. Cela ne peut se faire
que par la voie de la triarticulation - cela a
été discuté ici sous les angles les plus
divers.
32
Aujourd'hui, je voulais l'aborder sous
quelques aspects de l'histoire récente. Il
faut bien sûr considérer cette histoire
récente sous d'autres aspects que ceux qu'on
lui prête habituellement, si seul y règne ce
qui a mesure scolaire. La triarticulation nous
fera sortir de cet aspect scolaire en libérant
la vie de l'esprit. Et c'est à partir de la
vie de l'esprit libérée que l'on pourra mettre
en place les personnalités dont même le
professeur Varga doit dire aujourd'hui : si
nous les avions eues, l'histoire se serait
peut-être bien passée. - Mais ce qui est sûr,
c'est que ce n'est pas en suivant les chemins
du professeur Varga que l'on parviendra à ces
personnalités qui seront à leur juste place.
33
Après l'introduction de Rudolf Steiner,
différentes personnalités prennent la parole
pour poser des questions et donner leur avis :
Max Benzinger : Si nous voulons vraiment la
réalisation de la triarticulation, nous devons
absolument faire part de cette idée au public
?
34
Siegfried Dorfner : Dans les "Points
essentiels", il est dit que les moyens de
production on la permission de coûter quelque
chose que tant qu'ils sont fabriqués. Si une
usine fabrique des moyens de production, par
exemple des tours, le tour ne peut-il coûter
que jusqu'à ce qu'il soit fabriqué ? Dans ce
cas, l'usine de fabrication n'aurait pas de
couverture pour cela. Les moyens de production
finis ne peuvent-ils donc pas être payés ?
Rudolf Steiner : Si on fabrique des tours et
qu'on veut les vendre comme tours, ce ne sont
pas encore des moyens de production. Ce sont
encore des marchandises et non des moyens de
production ; ils ne sont des moyens de
production que lorsqu'ils sont là pour
produire dans la communauté sociale. Ce qui
compte, c'est que l'on considère le concept de
moyen de production dans le processus social
réel.
35
Les tours ne sont des moyens de production que
lorsqu'ils ne sont plus utilisés que comme
moyens de production ; jusque-là, ils sont
vendus comme des marchandises, et celui qui
les achète est un consommateur.
36
Un autre participant à la discussion : on a
parlé de marchandises. Ne faut-il pas faire
une distinction entre les marchandises
agricoles et les marchandises industrielles ?
Les marchandises du domaine agricole
produisent habituellement un excédent, tandis
que les marchandises de l'industrie
travaillent avec un bilan insuffisant.
37
Rudolf Steiner : Cette question sera bien sûr
souvent mal comprise aujourd'hui, parce que
nous ne vivons pas dans des conditions telles
qu'il en résulterait en quelque sorte un grand
bilan, si l'on intégrait simplement tout ce
qui est produit dans ce bilan d'une zone
économique fermée - un tel bilan ne peut pas
du tout en résulter. Vous ne pouvez pas
intégrer notre agriculture actuelle dans un
bilan total, si vous avez tant et tant de
charges [hypothécaires] sur les biens, et
ensuite comparer cela avec l'industrie.
Lorsque je dis qu'au fond, l'industrie est
toujours obligée de vivre de tout ce qui est
produit par le sol, il faut faire abstraction
de tout ce qui s'y est mêlé chez nous et qui
ne permet en quelque sorte que d'établir un
bilan total déguisé. Si ce qui ne peut pas
être marchandise cesse de l'être, à savoir la
terre et la force de travail humaine, si seul
devient marchandise ce qui peut circuler entre
producteurs et consommateurs dans le sens de
la triarticulation, alors on pourra établir un
bilan qui montrera que chaque fois les
dépenses nécessaires à l'industrie doivent
être couvertes par les excédents de
l'agriculture. Il va de soi que ce n'est pas
le cas actuellement. Mais nous vivons
justement à une époque où il devrait en
résulter un bilan total d'une région
économique fermée, reposant réellement sur la
production. Ce que j'ai avancé est déjà
reconnu depuis longtemps du côté de la vie
économique. N'est-ce pas, vous trouvez même
souligné par Walter Rathenau que toute
industrie est un bien dévorant, c'est-à-dire
que les revenus doivent toujours revenir à
l'industrie et que l'on doit continuellement y
injecter des fonds. Mais cela doit venir de
quelque part, et cela ne peut provenir que des
revenus du sol et de la terre. Mais cela ne se
reflète absolument pas dans nos bilans
actuels.
38
M. Roser : C'est un signe de notre époque
qu'un homme comme Varga ait dû constater qu'il
manquait des hommes corrects. Il faut une
éducation des masses. Mais chez nous aussi,
dans le mouvement de la triarticulation, il
manque des hommes corrects. De tels hommes
seraient absolument nécessaires, car la
triarticulation doit être propagée à grande
échelle.
39
Emil Molt : Il doit vraiment se passer quelque
chose. Chacun devrait le comprendre, ne
serait-ce que par égard pour soi-même.
40
Un autre participant à la discussion :
J'aimerais encore poser une question à
Monsieur Dr Steiner. Le journal Frankfurter
Zeitung a récemment publié un article dans
lequel la question évidente était posée :
comment la vie de l'esprit peut-elle être
libérée, puisqu'elle doit être financée par la
vie économique ? Comment M. Steiner
répond-il à cette question, à laquelle il n'a
pas été suffisamment répondu lors de la
manifestation sur laquelle porte l'article ?
la vie de l'esprit. Et la note du journal doit
tout simplement être inexacte si elle se
réfère à nos discussions au sein du mouvement
de la triarticulation dans son ensemble.
41
Interjection.
Il peut certainement être arrivé quelque part
que quelqu'un ne puisse pas donner
d'informations ; mais combien de fois ai-je
dit moi-même qu'il ne s'agit vraiment pas dans
la triarticulation d'une division des humains
en trois, mais d'une articulation/membrement
[de l'organisme social] en trois organisations
de vie qui doivent nécessairement se
développer l'une à côté de l'autre : la vie
spirituelle, la vie étatique et la vie
économique. Les humains seront en effet
présents dans ces trois éléments. Et il est
donc tout à fait évident que ce que les
personnalités qui se tiennent dans
l'organisation de la vie spirituelle doivent
gérer en tant que spirituel la vie
spirituelle, ne constitue qu'un seul maillon.
Mais ces personnalités qui portent la vie
spirituelle doivent aussi vivre. C'est
pourquoi elles s'articuleront en organisations
économiques. Et il n'y aura pas de différence
si une telle organisation se compose, disons,
d'enseignants ou de musiciens ou de
cordonniers ou de tailleurs. Car
l'organisation économique n'est pas là pour
tout de suite s'occuper de l'un ou l'autre
domaine de la vie économique, mais pour
soutenir économiquement tous les humains. Et
en se tenant dans le domaine économique de
l'organisme social, ils sont soutenus
économiquement.
42
On peut être surpris de voir à quel point les
choses sont mal comprises. Un joli schéma,
élaboré par un parti radical social-démocrate
à Halle, est apparu devant nos yeux de
triarticulation, si je puis dire, - bien
scolaire, n'est-ce pas, comme on fait des
schémas. Il y a (on dessine) en haut les
points centraux de la vie économique - tout en
haut, il n'y en a bien sûr qu'un. Ensuite,
cela s'articule vers le bas. Si cela se
passait ainsi, le futur État socialiste serait
quelque chose qui correspondrait à l'idéal le
plus élevé de la bureaucratie. Mais tout à la
fin, on trouvait trois sections plus petites,
qui étaient consacrées à la vie de l'esprit.
Et certains messieurs étaient tellement
enchantés par ces trois départements qu'ils
disaient : "Il y a là toute l'idée de la
triarticulation.
43
Eh bien, à la base de tout cela, il y avait
l'idée fausse que l'on ne diviserait jamais
l'organisme social de cette manière. Il ne
doit pas être divisé de cette manière, pas
plus que l'organisme humain n'est divisé en
trois parties juxtaposées. Et pourtant, il y a
trois parties dans l'organisme humain : nous
sommes à la fois l'humain de la tête, l'humain
de la poitrine et l'humain du métabolisme.
Mais ce n'est pas seulement la tête qui est
l'humain de tête, mais la tête s'étend à
l'ensemble de l'organisme humain ; l'humain de
tête comprend tout le système
nerveux-sensoriel. Et l'humain-cœur ne se
trouve pas seulement dans le cœur ; le sens de
la chaleur, par exemple, s'étend à tout le
corps, donc tout le corps est aussi un
humain-cœur. Et nous avons le rythme partout,
même dans le système de la tête. Les systèmes
s'interpénètrent. Je ne peux que développer
cela de manière abstraite, mais les
corporations de la vie spirituelle seront tout
simplement là aussi en tant que corporations
économiques. Seulement, ces corporations
spirituelles auront leurs organisations dans
la partie économique de l'ensemble de
l'organisme social, et ce qu'elles y feront ne
pourra pas intervenir dans l'organisation de
la partie spirituelle de l'organisme
triarticulé.
44
Il existe aujourd'hui de nombreuses raisons
d'avoir des vues erronées sur ces questions ;
on a toujours trouvé de telles vues, même chez
les professeurs d'université. Ces professeurs
d'université, ils devraient au moins être dans
la vie de l'esprit. Mais lorsqu'on leur dit
qu'il devrait être évident que ceux qui sont
dans la vie de l'esprit forment une communauté
avec leurs semblables, afin de gérer eux-mêmes
la vie de l'esprit - Klopstock parlait déjà
d'une république des savants/érudits -, on
peut souvent entendre un professeur
d'université dire : "Non [je ne veux pas], car
ce ne serait pas un référent au ministère de
la Culture, mais mon collègue ; non, je
préfère le référent au ministère de la Culture
à mon collègue.
45
Il s'agit donc de ne rien penser de ce qui vit
comme les trois états sociaux, état
d'enseignement, état de défense et état de
nutrition, de ne rien penser de tout cela
[dans les conditions sociales actuelles], mais
d'être clairs sur le fait que les humains ne
vivent pas aujourd'hui divisés en trois,
séparés [en classes/états sociaux]. [Nous
devons être conscients] que l'humain se trouve
entièrement à l'intérieur des trois parties de
l'organisme social. On pourra alors comprendre
comment tous ceux qui doivent être actifs dans
la vie spirituelle ou dans la vie étatique se
trouvent néanmoins à l'intérieur de la vie
économique et doivent être pris en charge par
la vie économique. Il est donc important que
les humains se tiennent à l'intérieur de
l'ensemble de l'organisme social.
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