Les utopistes sociaux et leurs espoirs
pour la solution de la question
sociale par la raison de l'individu.
En contradiction à cela, la conviction
de Karl Marx que seul le prolétariat
en tant que classe prendra fait et
cause pour un changement de la
société. Énorme revirement dans la
façon de voir socialiste dans les
années quatre-vingt : les points de
vues moraux sont remplacés par des
nécessités de développement social. Du
« Programme de Gotha » au « programme
d'Erfurt ». La croyance dans le
développement courant par contrainte
au communisme. Le clivage du mouvement
socialiste en une direction syndicale
parlementaire. La survie des vieilles
façons de voir de parti, en dépit de
la transformation révolutionnaire de
la société par la catastrophe mondiale
de la guerre mondiale.
Tri-articulation sociale comme une
nécessité historique L’union pour la
tri-arculation n’est pas un parti. Les
« Points fondamentaux » ne sont pas
utopiques : chaque phrase peut être
transposée en immédiate réalité. Le
manque de concepts à la mesure de la
réalité dans la science. La polémique
absurde du professeur Heck contre «
trois parlements ». Le rapport
historique manquant des concepts
actuels d’économie politique. Le
rapport entre le capitalisme moderne
et l'Église. Définitions de capital et
travail comme des exemples pour une
formation abstraite de concepts.
|
|
Die sozialen Utopisten und ihre
Hoffnung auf Lösung der Sozialen Frage
durch Einsicht des Einzelnen. Im
Gegensatz dazu die Überzeugung von
Karl Marx, daß einzig das Proletariat
als Klasse für eine Änderung der
Gesellschaft eintreten wird.
Gewaltiger Umschwung in der
sozialistischen Anschauung in den
Achtziger Jahren: moralische
Gesichtspunkte werden durch die Idee
von sozialen
Entwicklungsnotwendigkeiten ersetzt.
Vom «Gothaer Programm» zum «Erfurter
Programm». Der Glaube an die
zwangsläufige Entwicklung zum
Kommunismus. Die Spaltung der
sozialistischen Bewegung in eine
gewerkschaftliche und in eine
parlamentarische Richtung. Überleben
der alten Parteianschauungen trotz der
revolutionären Umwälzung der
Gesellschaft durch die
Weltkriegskatastrophe. Soziale
Dreigliederung als eine geschichtliche
Notwendigkeit. Der Bund für
Dreigliederung ist keine Partei. Die
«Kernpunkte» sind nicht utopistisch:
Jeder Satz kann in unmittelbare
Wirklichkeit umgesetzt werden. Das
Fehlen von wirklichkeitsgemäßen
Begriffen in der Wissenschaft. Die
unsinnige Polemik von Professor Heck
gegen «drei Parlamente». Der fehlende
geschichtliche Bezug heutiger
volkswirtschaftlicher Begriffe. Der
Zusammenhang zwischen dem modernen
Kapitalismus und der Kirche.
Definitionen von Kapital und Arbeit
als Beispiele für abstrakte
Begriffsbildungen.
|
Rudolf Steiner : Mes très
chers présents ! Je ne vais pas
anticiper ce soir sur ce qui doit
être mis en place ici en tant que
soirées d'étude qui se tiendront
sur la base du livre "Les points
essentiels de la question
sociale", mais je vais essayer de
vous donner une sorte
d'introduction à ces soirées. Par
cette introduction, je voudrais
vous faire ressentir les points de
vue qui ont présidé à l'écriture
de ce livre. Il a été écrit avant
tout en fonction de l'actualité
immédiate, de la conviction que la
question sociale a elle aussi pris
une nouvelle forme à la suite des
événements actuels et qu'il est
nécessaire de parler aujourd'hui
de la question sociale d'une
manière tout à fait différente de
celle dont on parlait, de quelque
côté que ce soit, de la question
sociale avant la catastrophe de la
guerre mondiale. Avec ce livre, on
a en quelque sorte essayé, à ce
moment de l'évolution de
l'humanité où la question sociale
devient particulièrement urgente
et où tout homme qui vit
consciemment aujourd'hui, qui ne
vit pas la vie de l'humanité en
somnolant et en dormant, devrait
savoir quelque chose sur ce qui
doit se passer dans le sens de ce
qu'on appelle habituellement la
question sociale. Il serait
peut-être bon de jeter un petit
coup d'œil en arrière aujourd'hui.
J'aurai peut-être à mentionner des
choses - mais nous les
présenterons sous un jour un peu
différent de celui dans lequel
elles ont été présentées -,
j'aurai à mentionner des choses
que vous connaissez en partie.
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01
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Rudolf
Steiner: Meine sehr verehrten
Anwesenden! Ich werde heute
Abend nicht demjenigen
vorgreifen, was hier eigentlich
eingerichtet werden soll als
Studienabende, die abgehalten
werden auf Grundlage des Buches
«Die Kernpunkte der Sozialen
Frage», sondern ich werde
versuchen, Ihnen eine Art von
Einleitung zu diesen Abenden zu
geben. Ich möchte durch diese
Einleitung in Ihnen eine
Empfindung davon hervorrufen,
aus welchen Gesichtspunkten
heraus dieses Buch geschrieben
worden ist. Es ist vor allen
Dingen geschrieben worden aus
der unmittelbaren Gegenwart
heraus, aus der Überzeugung, daß
auch die soziale Frage durch die
Ereignisse der Gegenwart eine
neue Gestalt angenommen hat und
daß es notwendig ist, heute über
die soziale Frage ganz anders zu
reden, als von irgendeiner Seite
her über die soziale Frage vor
der Weltkriegskatastrophe
geredet worden ist. Mit diesem
Buch ist gewissermaßen versucht
worden, jetzt in diesem
Zeitpunkte der
Menschheitsentwicklung, in
welchem die soziale Frage ganz
besonders dringend wird und in
welchem eigentlich jeder Mensch,
der bewußt heute mitlebt, der
nicht schläfrig und schlafend
das Leben der Menschheit
mitlebt, etwas wissen sollte
über das, was zu geschehen hat
im Sinne dessen, was man
gewöhnlich die soziale Frage
nennt. Da wird es vielleicht
zunächst ganz gut sein, wenn wir
heute ein bißchen zurückblicken.
Ich werde ja dabei vielleicht
Dinge zu erwähnen haben -- aber
wir werden sie dann in ein etwas
anderes Licht rücken, als sie
gerückt worden sind —, ich werde
Dinge zu erwähnen haben, welche
Ihnen zum Teil bekannt sind.
|
Vous savez probablement
que ce qui est dit aujourd'hui sur
la question sociale est dit depuis
relativement longtemps. Et on cite
aujourd'hui les noms de Proudhon,
Fourier, Louis Blanc comme les
premiers à avoir traité la
question sociale jusqu'au milieu
du XIXe siècle. Vous savez aussi
que la manière dont cette question
sociale a été traitée jusqu'au
milieu du XIXe siècle est appelée
par les représentants actuels, du
moins par de nombreux
représentants actuels de la
question sociale, "l'ère des
utopies sociales". Il est bon de
préciser ce que l'on entend par là
lorsque l'on dit qu'à son premier
stade, la question sociale est
apparue de telle sorte qu'elle
vivait dans un "âge des utopies".
Mais on ne peut pas parler de
cette chose dans un sens absolu,
on ne peut en fait parler qu'à
partir des sentiments des
représentants de la question
sociale dans le présent. Ils
ressentent les choses comme je
veux les décrire maintenant.
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02
|
Sie
wissen ja wahrscheinlich, daß
man das, was heute zur sozialen
Frage vorgebracht wird, seit
verhältnismäßig langer Zeit
vorbringt. Und es werden ja
auch heute die Namen Proudhon,
Fourier, Louis Blanc genannt als
die ersten, die bis in die Mitte
des 19. Jahrhunderts hinein die
soziale Frage behandelt haben.
Sie wissen ja auch, daß die Art,
wie diese soziale Frage bis in
die Mitte des 19.$ Jahrhunderts
hinein behandelt wurde, von den
heutigen Vertretern, wenigstens
von vielen heutigen Vertretern
der sozialen Frage, genannt wird
«das Zeitalter der sozialen
Utopien». Es ist gut, sich
klarzumachen, was man eigentlich
damit meint, wenn man sagt: In
ihrem ersten Stadium trat die
soziale Frage so auf, daß sie in
einem «Zeitalter der Utopien»
lebte. Aber man kann über diese
Sache nicht im absoluten Sinne
reden, sondern man kann
eigentlich nur aus den
Empfindungen der Vertreter der
sozialen Frage in der Gegenwart
reden. Die empfinden so, wie ich
es jetzt schildern will.
|
Ils sentent que toutes
les questions sociales qui sont
apparues à l'époque dont je veux
parler en premier lieu étaient au
stade de l'utopie.
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03
|
Sie empfinden, daß alle
sozialen Fragen, die in dem
Zeitalter auftraten, wovon ich
zuerst sprechen will, im Stadium
der Utopie waren.
|
Et qu'est-ce que les gens
entendent par là quand ils disent
que la question sociale était
alors au stade de l'utopie ? Ils
entendent par là - on l'a déjà
remarqué à l'époque ; Saint-Simon
et Fourier l'ont bien remarqué -
qu'il y a, même après la
Révolution française, des humains
d'une certaine minorité sociale
qui sont en possession des moyens
de production et aussi d'autres
biens humains, et qu'il y a un
grand nombre d'autres humains -
c'est même la majorité - qui ne
sont pas en possession de tels
biens. Ces personnes ne peuvent
travailler sur les moyens de
production qu'en se mettant au
service de ceux qui possèdent les
moyens de production et aussi la
terre - elles n'ont en fait rien
d'autre qu'elles-mêmes et leur
force de travail. On a noté que la
vie de cette grande masse de
l'humanité est une vie de
détresse, en grande partie dans la
pauvreté, par opposition à ceux
qui sont en minorité ; et on a
fait allusion à la situation de la
minorité et à la situation de la
majorité.
|
04
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Und was verstehen die
Leute darunter, wenn sie sagen,
die soziale Frage war damals im
Stadium der Utopie? Darunter
verstehen sie das hat man ja auch
schon dazumal bemerkt; Saint-Simon
und Fourier haben es gut bemerkt
—, daß da sind, auch nach der
Französischen Revolution, Menschen
einer gewissen sozialen
Minderheit, welche im Besitz der
Produktionsmittel und auch anderer
menschlicher Güter sind, und daß
da sind eine große Anzahl von
anderen Menschen — es ist sogar
die Mehrzahl —, welche nicht in
solchem Besitze sind. Diese
Menschen können an den
Produktionsmitteln nur dadurch
arbeiten, daß sie in die Dienste
derjenigen treten, die die
Produktionsmittel und auch den
Boden besitzen — sie haben im
Grunde genommen nichts anderes als
sich selbst und ihre Arbeitskraft.
Man hat bemerkt, daß das Leben
dieser großen Masse der Menschheit
eine Bedrängnis ist, zum großen
Teil in Armut verläuft im
Gegensatz zu denjenigen, die in
der Minderheit sind; und man hat
hingewiesen auf die Lage der
Minderheit und auf die Lage der
Mehrheit.
|
Ceux qui ont écrit sur
cette situation sociale de
l'humanité, comme Saint-Simon et
Fourier, mais aussi Proudhon, sont
partis d'un certain postulat. Ils
sont partis du principe qu'il
était nécessaire d'attirer
l'attention des humains sur ce
point : Voyez, la grande masse vit
dans la misère, dans l'absence de
liberté, dans la dépendance
économique, ce n'est pas une
existence digne de l'humain pour
la grande masse.
|
05
|
Diejenigen, die nun so
wie Saint-Simon und Fourier wie
auch noch Proudhon über diese
soziale Lage der Menschheit
geschrieben haben, die sind von
einer gewissen Voraussetzung
ausgegangen. Sie sind ausgegangen
von der Voraussetzung, daß man
notwendig habe, die Menschen
darauf hinzuweisen: Seht, die
große Masse lebt in Elend, in
Unfreiheit, in wirtschaftlicher
Abhängigkeit, das ist für die
große Masse kein menschenwürdiges
Dasein.
|
Il faut changer cela. -
Et on a alors imaginé toutes
sortes de moyens par lesquels
cette inégalité entre les humains
pouvait être modifiée. Mais il y
avait toujours une certaine
condition préalable, et cette
condition préalable était que l'on
se disait : si l'on sait ce qui
fonde l'inégalité et si l'on a des
paroles suffisamment fortes, si
l'on a une conscience morale
suffisante pour attirer fortement
l'attention sur le fait que la
grande majorité des humains vit
dans la dépendance économique et
juridique et est pauvre, alors ce
discours touchera les cœurs, les
âmes de la minorité, des nantis,
de la minorité la plus favorisée.
Et c'est en faisant comprendre à
cette minorité que les choses ne
peuvent pas rester en l'état,
qu'il faut apporter des
changements, qu'il faut mettre en
place un autre ordre social, qu'un
autre ordre social sera instauré.
La condition préalable était donc
que les humains se laissent
entraîner à faire quelque chose
pour la libération de la grande
masse de l'humanité à partir de
l'élan de leur âme. Et on
proposait alors ce qu'il fallait
faire. Et on pensait que si la
minorité, si les gens qui sont les
dirigeants, les leaders,
comprenaient que ce qu'on voulait
faire était bien, alors il y
aurait une amélioration générale
de la situation de l'humanité.
|
06
|
Das
muß geändert werden. — Und man
hat dann allerlei Mittel
ausersonnen, durch welche diese
Ungleichheit unter den Menschen
geändert werden kann. Aber es
war immer eine bestimmte
Voraussetzung da, und diese
Voraussetzung war, daß man sich
sagte: Wenn man weiß, worinnen
die Ungleichheit begründet ist
und wenn man eindringliche Worte
genug hat, wenn man sittliches
Bewußtsein selbst genug hat, um
stark darauf hinzuweisen, daß
die große Mehrzahl der Menschen
in wirtschaftlicher und
rechtlicher Abhängigkeit lebt
und arm ist, so wird diese Rede
die Herzen, die Seelen der
Minderheit, der Begüterten, der
begünstigteren Minderheit
ergreifen. Und es wird dadurch,
daß diese Minderheit einsieht,
so kann es nicht bleiben, man
muß Änderungen herbeiführen, es
muß eine andere
Gesellschaftsordnung kommen, es
wird dadurch eine andere
Gesellschaftsordnung
herbeigeführt werden. Also die
Voraussetzung war die, daß die
Menschen sich herbeilassen wer
den, aus ihrem innersten
Seelenantrieb heraus etwas zur
Befreiung der großen Masse der
Menschheit zu tun. Und dann
schlug man vor, was man tun
sollte. Und man glaubte, wenn
die Minderheit, wenn die
Menschen, die die leitenden,
führenden Menschen sind,
einsehen, daß das gut ist, was
man tun will, dann wird eine all
gemeine Besserung der Lage der
Menschheit eintreten.
|
Beaucoup de choses
extrêmement intelligentes ont été
dites de ce côté-là, mais tout ce
qui a été entrepris dans ce sens
est aujourd'hui considéré comme
utopique par la plupart des
représentants de la question
sociale. Cela signifie
qu'aujourd'hui, on ne compte plus
sur le fait qu'il suffise de dire
: c'est ainsi qu'il faudrait
organiser le monde, et l'inégalité
économique, politique et juridique
des humains cesserait. - Il ne
sert à rien aujourd'hui d'en
appeler à la compréhension, au
discernement des humains qui sont
favorisés, qui sont dans le
privilège, qui sont en possession
des moyens de production et
autres. Si je dois exprimer ce qui
a été perdu au cours de la
deuxième moitié du XIXe siècle, je
dois dire que l'on a perdu la foi
en la compréhension et en la bonne
volonté des humains. C'est
pourquoi les représentants de la
question sociale, dont je parle
maintenant, se disent : on peut
élaborer de beaux plans sur la
manière d'aménager le monde des
humains, mais il n'en résultera
rien ; car on aura beau prêcher de
beaux plans, on aura beau faire
appel aux cœurs et aux âmes des
minorités dirigeantes avec des
paroles touchantes, il ne se
passera rien. Tout cela, ce sont
des idées sans valeur, et les
idées sans valeur qui imaginent
l'avenir sont en réalité, pour
parler en termes populaires, des
utopies. Il ne sert donc à rien,
dit-on, d'imaginer quoi que ce
soit dans l'avenir, car il n'y
aura personne pour renoncer à ses
intérêts, pour être saisi par sa
conscience, par son sens moral,
etc. - La foi dans la conscience
et le discernement moral a
justement été perdue dans les
cercles les plus larges, notamment
chez les représentants de la
question sociale. On se dit que
les humains n'agissent pas du tout
en fonction de leur discernement
lorsqu'ils prennent des mesures
sociales ou lorsqu'ils mènent leur
vie sociale, ils agissent en
fonction de leur intérêt. Et les
possédants ont bien entendu
intérêt à rester dans leurs
possessions. Les privilégiés
sociaux ont intérêt à conserver
leurs privilèges sociaux. C'est
pourquoi il est illusoire de
compter sur le fait qu'il suffit
de dire aux gens de faire ceci ou
cela. Ils ne le font pas, parce
qu'ils n'agissent pas en fonction
de leur compréhension, mais en
fonction de leur intérêt.
|
07
|
Es ist
sehr viel außerordentlich
Gescheites gesagt worden von
dieser Seite her, allein alles
dasjenige, was in dieser
Richtung unternommen worden ist,
das empfindet man heute bei den
meisten Vertretern der sozialen
Frage als utopisch. Das heißt,
man rechnet heute nicht mehr
darauf, daß man nur zu sagen
braucht: So müßte man die Welt
einrichten, dann würde die
wirtschaftliche und politische
und rechtliche Ungleichheit der
Menschen aufhören. — Esnützt
heute nichts, an das Verständnis
zu appellieren, an die Einsicht
der Menschen, die begünstigt
sind, die im Vorrecht sind,
dieim Besitz sind der
Produktionsmittel und
dergleichen. Wenn ich ausdrücken
soll, was da im Laufe der
zweiten Hälfte des 19.
Jahrhunderts verloren worden
ist, so muß ich sagen, verloren
worden ist der Glaube an die
Einsicht und an den guten Willen
der Menschen. Daher sagen sich
die Vertreter der sozialen
Frage, die ich jetzt meine:
Schöne Pläne ausdenken, wie man
die Menschenwelt einrichten
soll, das kann man, aber dabei
kommt nichts heraus; denn wenn
man noch so schöne Pläne
predigt, wenn man mit noch so
rührenden Worten appelliert an
die Herzen, an die Seelen der
regierenden Minderheiten, so
wird doch nichts geschehen. Das
alles sind wertlose Ideen, und
wertlose Ideen, welche die
Zukunft ausmalen, das sind eben
in Wirklichkeit, populär
gesprochen, Utopien. Es hat also
gar keinen Zweck, so sagt man,
irgend etwas auszumalen, was in
der Zukunft geschehen soll, denn
es wird niemand da sein, der von
seinen Interessen losläßt, der
ergriffen werden kann in bezug
auf sein Gewissen, in bezug auf
seine sittliche Einsicht und so
weiter. — Den Glauben an
Gewissen und sittliche Einsicht
hat man eben in weitesten
Kreisen, namentlich bei den
Vertretern der sozialen Frage,
verloren. Man sagt sich, die
Menschen handeln ja gar nicht
nach ihrer Einsicht, wenn sie
soziale Einrichtungen treffen
oder wenn sie ihr soziales Leben
führen, sie handeln nach ihrem
Interesse. Und die Besitzenden
haben selbstverständlich ein
Interesse daran, in ihrem Besitz
zu bleiben. Die sozial
Bevorrechteten haben ein
Interesse an der Erhaltung der
sozialen Vorrechte. Daher ist es
eine Illusion, darauf zu
rechnen, daß man nur zu sagen
braucht, die Leute sollen das
oder jenes machen. Sie tun es
eben nicht, weil sie nicht aus
ihrer Einsicht, sondern aus
ihrem Interesse heraus handeln.
|
Au sens le plus large, on
peut dire que Karl Marx a peu à
peu - mais vraiment peu à peu -
adhéré à cette vue. On peut
décrire toute une série d'époques
dans la vie de Karl Marx. Dans sa
jeunesse, Marx était aussi un
penseur idéaliste et il pensait
encore, dans le sens que je viens
de caractériser, à la faisabilité
des utopies. Mais c'est justement
lui, et après lui son ami Engels,
qui s'est écarté de la manière la
plus radicale de ce calcul sur le
discernement des humains. Et si je
caractérise en général ce qui est
en fait une grande histoire, je
peux dire ceci : Karl Marx est
finalement parvenu à la conviction
que les choses ne pouvaient pas
s'améliorer dans le monde d'une
autre manière qu'en faisant appel
aux humains qui n'ont pas intérêt
à ce que leurs biens, leurs
privilèges leur soient conservés.
Ceux qui ont intérêt à ce que
leurs biens soient préservés,
ceux-là, on ne peut absolument pas
les voir, on doit les laisser
complètement de côté, car ils ne
se laisseront jamais aller à faire
quoi que ce soit, même si on leur
fait de beaux sermons. En
revanche, il y a justement la
grande masse des ouvriers
prolétaires [qui n'ont rien à
perdre en termes de biens]. Karl
Marx lui-même a vécu dans cette
conviction à l'époque où ce que
l'on appelle aujourd'hui le
prolétariat était en train de
naître en Europe centrale ; il a
vu le prolétariat naître en Europe
centrale à partir d'autres
conditions économiques. Plus tard,
lorsqu'il vivait en Angleterre,
c'était un peu différent. Mais à
l'époque où Karl Marx est passé de
l'idéaliste au matérialiste
économique, c'était encore comme
si le prolétariat moderne était en
train d'émerger en Europe
centrale. Et maintenant, il se
disait : ce prolétariat moderne a
des intérêts tout à fait
différents de ceux de la minorité
dirigeante, car il se compose
d'humains qui ne possèdent rien
d'autre que leur force de travail,
d'humains qui ne peuvent pas vivre
autrement qu'en mettant leur force
de travail au service des
possédants, notamment au service
des possesseurs des moyens de
production. Lorsque ces
travailleurs quittent leur
travail, ils sont - c'était
particulièrement vrai à l'époque,
de la manière la plus radicale -
jetés à la rue. Ils n'ont rien
d'autre devant eux que la
possibilité d'un front pour ceux
qui sont les propriétaires des
moyens de production. Ces gens ont
un tout autre intérêt que ceux qui
possèdent. Ils ont intérêt à ce
que tout l'ordre social antérieur
prenne fin, à ce que cet ordre
social soit transformé. Il n'est
pas nécessaire de leur prêcher de
manière à ce qu'ils comprennent,
mais seulement de manière à ce que
leur égoïsme et leur intérêt
soient saisis. On peut compter sur
cela. Prêcher à ceux sur le
discernement desquels on doit
compter ne donne aucun résultat,
car les humains n'agissent pas par
discernement, ils n'agissent que
par intérêt. Donc, on ne peut pas
s'adresser à ceux chez qui on
devrait faire appel au
discernement, mais on doit faire
appel aux intérêts de ceux qui ne
peuvent pas faire autrement que de
s'engager pour les temps modernes
par contrainte intérieure.
|
08
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Im
umfassendsten Sinne, so kann man
sagen, hat sich nach und nach --
aber wirklich erst nach und nach
— zu dieser Ansicht Karl Marx
bekannt. Man kann in dem Leben
von Karl Marx eine ganze Anzahl
von Epochen schildern. Marx war
in seiner Jugend auch ein
idealistischer Denker und hat
auch noch in dem Sinn, wie ich
es eben charakterisiert habe, an
die Realisierbarkeit von Utopien
gedacht. Aber er war es gerade,
und nach ihm dann auch sein
Freund Engels, der in der
allerradikalsten Weise von
dieser Rechnung auf die Einsicht
der Menschen abgekommen ist. Und
wenn ich im allgemeinen etwas
charakterisiere, was eigentlich
eine große Geschichte ist, so
kann ich das folgende sagen:
Karl Marx ist zuletzt zu der
Überzeugung gekommen, daß es in
der Welt nicht auf eine andere
Art besser werden könne als
dadurch, daß man diejenigen
Menschen aufruft, die nicht ein
Interesse daran haben, daß ihre
Güter, daß ihre Vorrechte ihnen
erhalten bleiben. Auf die, die
ein Interesse haben, daß ihre
Güter ihnen erhalten bleiben,
auf diese könne man überhaupt
nicht sehen, diese müsse man
ganz aus der Rechnung lassen,
denn sie würden sich niemals
herbeilassen, irgendwie darauf
einzugehen, wenn man ihnen noch
so schön predigt. Demgegenüber
gibt es gerade die große Masse
der proletarischen Arbeiter,
[die nichts an Gütern zu
verlieren haben]. Karl Marx
selbst lebte sich ja in diese
Überzeugung hinein in der Zeit,
als in Mitteleuropa das im
Grunde erst entstand, was man
heute das Proletariat nennt; er
sah das Proletariat in
Mitteleuropa erst entstehen aus
anderen Wirtschaftsverhältnissen
heraus. Als er später in England
lebte, war das ja etwas anders.
Aber in der Zeit, als Karl Marx
sich vom Idealisten zum
ökonomischen Materialisten
entwickelte, da war es noch so,
daß eigentlich in Mitteleuropa
das moderne Proletariat erst
heraufkam. Und nun sagte er
sich: Dieses moderne
Proletariat, das hat ganz andere
Interessen als die leitende,
führende Minderheit, denn es
besteht aus Menschen, die nichts
besitzen als ihre Arbeitskraft,
aus Menschen, die auf keine
andere Weise leben können als
dadurch, daß sie ihre
Arbeitskraft in den Dienst der
Besitzenden, namentlich in den
Dienst der Besitzenden der
Produktionsmittel, stellen. Wenn
diese Arbeiter ihre Arbeit
verlassen, dann sind sie — das
galt besonders für die damalige
Zeit in radikalster Weise —,
dann sind sie auf die Straße
geworfen. Sie haben nichts
anderes vor sich als die
Möglichkeit einer Fron für
diejenigen, die die Besitzer der
Produktionsmittel sind. Diese
Menschen haben ein ganz anderes
Interesse als die Besitzenden.
Sie haben ein Interesse daran,
daß die ganze frühere
Gesellschaftsordnung aufhört,
daß diese Gesellschaftsordnung
umgewandelt wird. Denen braucht
man nicht so zu predigen, daß
ihre Einsicht ergriffen wird,
sondern nur so, daß ihr
Egoismus, ihr Interesse
ergriffen werden. Darauf kann
man sich verlassen. Zu predigen
denjenigen, auf deren Einsicht
man zählen soll, dabei kommt
nichts heraus, denn die Menschen
handeln nicht aus Einsicht, sie
handeln nur nach Interessen.
Also, man kann sich nicht an
diejenigen wenden, bei denen man
an die Einsicht appellieren
müßte, sondern man muß an die
Interessen derjenigen
appellieren, die nicht anders
können, als aus innerem Zwang
heraus für die neuere Zeit
eintreten.
|
C'est l'égoïsme vers
lequel Karl Marx a évolué.
|
09
|
Das ist der Egoismus, zu
dem Karl Marx sich hinentwickelt
hat.
|
C'est pourquoi il n'a
plus cru que le progrès de
l'humanité vers des conditions
sociales plus récentes pouvait
provenir d'une autre œuvre humaine
que celle du prolétariat lui-même.
Selon Karl Marx, le prolétariat ne
peut aspirer à un renouvellement
des conditions sociales humaines
qu'à partir de ses propres
intérêts, de ses intérêts
individuels et égoïstes. Et c'est
ainsi que le prolétariat, non pas
par philanthropie, mais par
intérêt égoïste, libérera tout le
reste de l'humanité, parce qu'il
ne peut y avoir rien d'autre que
ce qu'accomplissent les humains
qui ne sont pas attachés aux vieux
biens et qui n'ont rien à perdre
des vieux biens en cas de
transformation.
|
10
|
Daher hat er nicht mehr
geglaubt, daß der Fortschritt der
Menschheit zu neueren sozialen
Zuständen von anderem
Menschenwerke herkommen könne als
von dem Werke des Proletariats
selbst. Das Proletariat könne nur,
so meint Karl Marx, aus seinen
Interessen, aus seinen
einzelegoistischen Interessen her,
eine Erneuerung der menschlichen
sozialen Zustände erstreben. Und
damit wird das Proletariat, aber
jetzt nicht aus
Menschenfreundlichkeit, sondern
aus egoistischem Interesse, auch
die ganze übrige Menschheit
befreien, weil es nichts anderes
mehr geben kann als dasjenige, was
die Menschen bewirken, die nicht
an alten Gütern hängen und bei
einer Umwandlung nichts von alten
Gütern zu verlieren haben.
|
On se dit donc : d'un
côté, il y a les cercles
dirigeants, leaders, qui ont
certains droits qui leur ont été
conférés dans le passé ou qui leur
ont été imposés dans le passé, qui
se sont transmis par héritage dans
leurs familles, et ils s'y
accrochent. Ces cercles dirigeants
sont en possession de ceci ou de
cela, qu'ils transmettent à leur
tour au sein de leur cercle, de
leur famille et ainsi de suite.
Ces cercles ont toujours quelque
chose à perdre lors d'une
transformation, car bien sûr,
s'ils ne perdaient rien, aucune
transformation n'aurait lieu. Il
s'agit en effet que ceux qui n'ont
rien reçoivent quelque chose, donc
ceux qui ont quelque chose ne
peuvent que perdre. On ne pourrait
donc faire appel au discernement
que si ce discernement donnait à
la classe dirigeante possédante
l'impulsion de vouloir perdre
quelque chose.
|
11
|
Man
sagt sich also: Da sind auf der
einen Seite die leitenden,
führenden Kreise, die haben
gewisse Rechte, die ihnen in
früheren Zeiten verliehen worden
sind oder die in früheren Zeiten
von ihnen erzwungen worden sind,
die sich vererbt haben in ihren
Familien, an denen halten sie
fest. Diese leitenden, führenden
Kreise sind im Besitz von dem
oder jenem, das vererben sie
wiederum weiter innerhalb ihrer
Kreise, ihrer Familie und so
weiter. Diese Kreise haben bei
einer Umwandlung immer etwas zu
verlieren, denn
selbstverständlich, wenn sie
nichts verlören, würde ja keine
Umwandlung geschehen. Es handelt
sich ja darum, daß diejenigen,
die nichts haben, etwas bekommen
sollen, daher können diejenigen,
die etwas haben, nur verlieren.
Also man könnte nur an die
Einsicht appellieren, wenn diese
Einsicht der besitzenden,
führenden Klasse den Impuls
eingeben würde, etwas verlieren
zu wollen.
|
Ils n'acceptent pas cela.
- C'était le point de vue de Karl
Marx. Il faut donc faire appel à
ceux qui n'ont rien à perdre.
C'est pourquoi le "Manifeste
communiste" de 1848 se termine par
ces mots : "Les prolétaires n'ont
rien à perdre que leurs chaînes,
mais ils ont tout à gagner.
Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous". Eh bien, vous
voyez, c'est devenu en quelque
sorte une conviction depuis la
publication du Manifeste
communiste. Et aujourd'hui, alors
que certains sentiments, déjà sous
l'influence de cette conception,
vivent justement dans la majorité
du prolétariat, on ne peut plus
vraiment s'imaginer quel énorme
bouleversement s'est opéré dans la
conception socialiste vers le
milieu du XIXe siècle. Mais il
serait bon que vous preniez
quelque chose comme l'"Évangile
d'un pauvre pécheur" de Weitling,
un compagnon tailleur, qui a été
écrit pas si longtemps avant le
Manifeste communiste, et que vous
le compariez à tout ce qui a été
écrit après la parution du
Manifeste communiste. Dans cet
"Évangile d'un pauvre pécheur",
vraiment empreint d'une
authentique sensibilité
prolétarienne, règne un langage
ardent, on peut même dire poétique
dans un certain sens, mais un
langage qui veut absolument faire
appel à la bonne volonté, au
discernement des humains. C'est la
conviction de Weitling que l'on
peut faire quelque chose avec la
bonne volonté des humains. Et
cette conviction ne s'est
affaiblie que vers le milieu du
XIXe siècle. Et l'acte par lequel
elle s'est affaiblie est justement
la publication du Manifeste
communiste. Et depuis cette
époque, depuis 1848, nous pouvons
en fait suivre ce que nous
appelons aujourd'hui la question
sociale. Car si nous voulions
parler aujourd'hui comme
Saint-Simon, comme Fourier, comme
Weitling, oui, nous prêcherions
aujourd'hui vraiment la sourde
oreille. Car jusqu'à un certain
point, il est tout à fait exact
que l'on ne peut rien entreprendre
dans la question sociale si l'on
fait appel à la compréhension des
cercles dirigeants, leaders, qui
ont quelque chose. C'est tout à
fait vrai. Ils ne le savent même
pas s'ils le font, car des forces
inconscientes jouent un rôle
extrêmement important dans l'âme
humaine.
|
12
|
Darauf
lassen sie sich nicht ein. — Das
war die Anschauung von Karl
Marx. Man muß also an diejenigen
appellieren, die nichts zu
verlieren haben. Deshalb
schließt auch im Jahre 1848 das
«Kommunistische Manifest» mit
den Worten: «Proletarier haben
nichts zu verlieren als ihre
Ketten, sie haben aber alles zu
gewinnen. Proletarier aller
Länder, vereinigt euch!» Nun
sehen Sie, das ist seit der
Veröffentlichung des
Kommunistischen Manifests
gewissermaßen eine Überzeugung
geworden. Und heute, wo gewisse
Empfindungen, die schon unter
dem Einfluß dieser Anschauung
stehen, eben in der Majorität
des Proletariats leben, heute
kann man sich gar nicht mehr
richtig vorstellen, was für ein
ungeheurer Umschwung in der
sozialistischen Anschauung um
die Mitte des 19. Jahrhunderts
sich vollzogen hat. Aber es
wäre gut, wenn Sie sich
herbeiließen, so etwas zu nehmen
wie das «Evangelium eines armen
Sünders» von Weitling, einem
Schneidergesellen, das gar nicht
so lange Zeit vor dem
Kommunistischen Manifest
geschrieben worden ist, und wenn
Sie das vergleichen würden mit
alle dem, was nach dem
Erscheinen des Kommunistischen
Manifestes geschrieben ist. In
diesem wirklich von echter
proletarischer Empfindung
eingegebenen «Evangelium eines
armen Sünders» herrscht eine,
man kann sagen, in gewissem
Sinne sogar poetische, glühende
Sprache, aber durchaus eine
Sprache, die appellieren will an
den guten Willen, an die
Einsicht der Menschen. Das ist
Weitlings Überzeugung, daß man
etwas anfangen könne mit dem
guten Willen der Menschen. Und
diese Überzeugung, die ist erst
um die Mitte des 19.
Jahrhunderts geschwunden. Und
die Tat, durch die sie
geschwunden ist, ist eben die
Publikation des Kommunistischen
Manifestes. Und seit der Zeit,
seit dem Jahre 1848, können wir
eigentlich das verfolgen, was
wir heute die soziale Frage
nennen. Denn wenn wir heute so
reden wollten wie Saint-Simon,
wie Fourier, wie Weitling -- ja,
wir würden heute wirklich ganz
tauben Ohren predigen. Denn bis
zu einem gewissen Grade ist es
durchaus richtig, daß man in der
sozialen Frage nichts anfangen
kann, wenn man an die Einsicht
der leitenden, führenden Kreise
appelliert, die etwas haben. Das
ist schon richtig. Die
leitenden, führenden Kreise
haben das zwar niemals
zugegeben, sie werden es auch
heute kaum zugeben — sie wissen
es gar nicht einmal, wenn sie es
doch tun, denn da spielen
unbewußte Kräfte in der
menschlichen Seele eine
außerordentlich große Rolle.
|
Vous voyez, au cours du
XIXe siècle, notre culture
spirituelle est presque
entièrement devenue une phrase. Et
le fait que nous vivions dans la
phrase en ce qui concerne la
culture spirituelle est un fait
social beaucoup plus important
qu'on ne le pense habituellement.
Et donc, naturellement, les
membres des cercles dirigeants,
des cercles de direction, disent
aussi toutes sortes de belles
choses sur la question sociale, et
ils sont eux-mêmes souvent
convaincus qu'ils ont déjà la
bonne volonté.
|
13
|
Sehen Sie, es ist ja nun
einmal unsere geistige Kultur im
Laufe des 19. Jahrhunderts fast
ganz zur Phrase geworden. Und daß
wir mit Bezug auf die geistige
Kultur in der Phrase leben, ist
eine viel wichtigere soziale
Tatsache, als man gewöhnlich
meint. Und so reden natürlich die
Angehörigen der leitenden,
führenden Kreise auch über die
soziale Frage allerlei schöne
Dinge, und sie sind selbst oftmals
überzeugt, daß sie schon den guten
Willen hätten.
|
Mais en réalité, ils ne
font que le croire, ce n'est
qu'une illusion ; dès que quelque
chose de réel est entrepris dans
ce domaine, il apparaît
immédiatement qu'il s'agit d'une
illusion. Nous en parlerons plus
tard. Mais comme je l'ai dit, nous
ne pouvons plus parler aujourd'hui
comme nous le faisions à l'époque
des utopies. C'est la véritable
conquête de Karl Marx, qui a
montré comment l'humanité est
aujourd'hui tellement empêtrée
dans l'illusionnisme que c'est un
non-sens de compter sur autre
chose que l'égoïsme. Il faut
compter avec cela ; on ne peut
donc rien obtenir si l'on veut
compter d'une manière ou d'une
autre sur l'altruisme, sur la
bonne volonté, sur les principes
moraux des humains - je dis
toujours "en ce qui concerne la
question sociale". Et ce
revirement, qui nous a conduits à
devoir parler aujourd'hui d'une
toute autre manière que l'on
pouvait par exemple encore parler
de la question sociale dans la
première moitié du XIXe siècle, ce
revirement est justement arrivé
avec le Manifeste communiste. Mais
tout n'est pas arrivé d'un seul
coup, mais il était tout de même
possible qu'après le Manifeste
communiste, jusque dans les années
soixante, comme vous le savez tous
- certains jeunes socialistes ont
déjà oublié cette époque -, cette
tout autre forme de pensée
sociale, la forme de Ferdinand
Lassalle, ait touché les cœurs et
les âmes. Et même après la mort de
Lassalle, survenue en 1864, ce qui
était le socialisme de Lassalle
s'est poursuivi. Lassalle fait
partie de ces gens qui, malgré
l'avènement d'un autre mode de
pensée, comptaient encore sur la
force de frappe des idées.
Lassalle voulait encore saisir les
humains en tant que tels dans leur
compréhension, dans leur volonté
sociale avant tout. Mais de plus
en plus, cette nuance lassallienne
diminuait et l'autre nuance, la
nuance marxiste, qui ne voulait
compter que sur les intérêts de
cette partie de la population
humaine qui ne possédait
qu'elle-même et sa force de
travail, prenait le dessus. Mais
ce n'était pas si rapide. Une
telle façon de penser ne s'est
développée que peu à peu dans
l'humanité.
|
14
|
Aber
in Wirklichkeit glauben sie das
nur, es ist nur ihre Illusion;
in dem Augenblick, wo irgend
etwas Reales in dieser Beziehung
in Angriff genommen wird, kommt
es auch gleich heraus, daß das
eine Illusion ist. Davon wollen
wir nachher noch sprechen. Aber
wie gesagt, so können wir heute
nicht mehr reden, wie im
Zeitalter der Utopien geredet
worden ist. Das ist die
wirkliche Errungenschaft, die
durch Karl Marx gekommen ist,
daß er gezeigt hat, wie heute
die Menschheit so in den
Illusionismus hineinverstrickt
ist, daß es ein Unsinn ist, auf
etwas anderes zu rechnen als auf
den Egoismus. Es muß damit
einmal gerechnet werden; es kann
daher gar nichts erreicht
werden, wenn man auf die
Selbstlosigkeit, auf den guten
Willen, auf die sittlichen
Grundsätze der Menschen — ich
sage immer «in bezug auf die
Soziale Frage» — irgendwie
rechnen will. Und dieser
Umschwung, der dazu geführt hat,
daß wir eben heute ganz anders
reden müssen, als zum Beispiel
noch in der ersten Hälfte des
19. Jahrhunderts geredet werden
konnte mit Bezug auf die soziale
Frage, dieser Umschwung ist eben
mit dem Kommunistischen Manifest
gekommen. Aber es ist nicht
alles auf einmal gekommen,
sondern es war ja immerhin
möglich, daß auch nach dem
Kommunistischen Manifest noch
bis in die sechziger Jahre
hinein, wie Sie alle wissen
werden — manche jüngere
Sozialisten haben ja die Zeit
schon vergessen —, diese ganz
andere Art des sozialen Denkens,
die Art des Ferdinand Lassalle,
die Herzen, die Seelen ergriffen
hat. Und auch nach dem Tode von
Lassalle, der 1864 erfolgt ist,
hat sich noch fortgesetzt
dasjenige, was Lassallescher
Sozialismus war. Lassalle gehört
durchaus zu den Menschen, die,
trotzdem die andere Denkweise
schon heraufgekommen war, noch
rechneten auf die Schlagkraft
der Ideen. Lassalle wollte
durchaus noch die Menschen als
solche ergreifen in ihrer
Einsicht, in ihrem sozialen
Wollen vor allen Dingen. Aber
immer mehr und mehr nahm diese
Lassallesche Schattierung ab und
nahm überhand die andere, die
marxistische Schattierung, die
nur rechnen wollte auf die
Interessen desjenigen Teiles der
menschlichen Bevölkerung, der
nur sich selbst besaß und seine
Arbeitskraft. Aber es ging
immerhin nicht so schnell. Solch
eine Denkweise entwickelte sich
erst nach und nach in der
Menschheit.
|
Dans les années soixante,
soixante-dix, et même encore dans
les années quatre-vingt, les gens
qui appartenaient au prolétariat
ou qui faisaient partie des gens
politiquement ou socialement
dépendants - même s'ils n'étaient
pas exactement des prolétaires -
jugeaient en quelque sorte
moralement leur dépendance et
condamnaient moralement les
milieux non dépendants de la
population humaine. Selon leur
conscience, c'était de la mauvaise
volonté de la part des cercles
dirigeants, leaders, de la
population humaine, qu'ils
laissent la grande masse du
prolétariat dans la dépendance,
qu'ils la payent mal, etc. Si je
peux m'exprimer trivialement, je
peux dire que dans les années
soixante, soixante-dix, jusque
dans les années quatre-vingt, on
fabriquait beaucoup d'indignation
sociale et on parlait du point de
vue de l'indignation sociale.
Puis, au milieu des années
quatre-vingt, l'étrange revirement
s'est vraiment produit. Les
personnalités les plus en vue du
mouvement social ont alors
complètement cessé de parler de la
question sociale sur la base de
l'indignation morale dans les
années 80. C'était l'époque où les
leaders sociaux, que vous, les
plus jeunes, avez seulement vus
mourir, étaient grands et plus ou
moins encore animés par l'ardeur
de leur jeunesse : Adler,
Pernerstorfer, Wilhelm Liebknecht,
Auer, Bebel, Singer et ainsi de
suite. Ces dirigeants plus âgés
ont justement cessé de plus en
plus de prêcher ce socialisme
d'indignation à l'époque, dans les
années 80. Je voudrais dire que
ces dirigeants du socialisme ont
exprimé leur conviction intime
lorsqu'ils ont transposé l'ancien
socialisme d'indignation dans leur
nouvelle vision socialiste du
monde. Vous trouverez que ce que
je vous dis maintenant ne figure
dans aucun livre sur l'histoire du
socialisme. Mais ceux qui ont vécu
à l'époque et qui ont participé à
cela savent que les gens,
lorsqu'ils étaient livrés à
eux-mêmes, parlaient ainsi.
|
15
|
In den
sechziger, siebziger Jahren,
auch noch in den achtziger
Jahren war es durchaus so, daß
die Leute, die dem Proletariat
angehörten oder die zu den
Leuten gehörten, die politisch
oder sozial abhängig — wenn auch
nicht gerade Proletarier —
waren, ihre Abhängigkeit
gewissermaßen moralisch
beurteilten und daß sie die
nicht-abhängigen Kreise der
menschlichen Bevölkerung
moralisch verurteilten. Ihrem
Bewußtsein nach war es böser
Wille der leitenden, führenden
Kreise der menschlichen
Bevölkerung, daß sie die große
Masse des Proletariats in
Abhängigkeit ließen, daß sie sie
schlecht bezahlten und so
weiter. Wenn ich es trivial
ausdrücken darf, so kann ich
sagen, in den sechziger,
siebziger Jahren, bis in die
achtziger Jahre hinein, wurde
viel soziale Entrüstung
fabriziert und vom Standpunkt
der sozialen Entrüstung aus
gesprochen. Dann trat in der
Mitte der achtziger Jahre der
merkwürdige Umschwung eigentlich
erst so recht ein. Die mehr
führenden Persönlichkeiten der
sozialen Bewegung, die hörten
dann in den achtziger Jahren
ganz auf, aus moralischer
Entrüstung heraus über die
soziale Frage zu sprechen. Das
war ja die Zeit, in der groß
waren und mehr oder weniger noch
von jugendlichem Feuereifer
durchglüht waren diejenigen
sozialen Führer, die Sie, die
Sie jünger sind, nur noch haben
sterben sehen: Adler,
Pernerstorfer, Wilhelm
Liebknecht, Auer, Bebel, Singer
und so weiter. Diese älteren
Führer hörten gerade damals in
den achtziger Jahren immer mehr
auf, diesen
Entrüstungssozialismus zu
predigen. Ich möchte es so
ausdrücken, daß diese Führer des
Sozialismus ihre innerste
Überzeugung aussprachen, als sie
damals den alten
Entrüstungssozialismus
überleiteten in ihre neuere
sozialistische Weltanschauung.
Sie werden finden, was ich Ihnen
jetzt sage, das stehe ja in
keinem Buche über die Geschichte
des Sozialismus. Aber wer
dazumal gelebt hat und das
mitgemacht hat, der weiß, daß
die Leute, wenn sie sich selbst
überlassen waren, so geredet
haben.
|
Supposons que dans les
années quatre-vingt, des
dirigeants du socialisme se soient
réunis pour discuter avec des
bourgeois [purs] dans leurs
convictions, et supposons qu'il y
ait eu une troisième sorte : des
bourgeois idéalistes qui voulaient
du bien à tous les humains, qui
auraient été d'accord pour rendre
tous les humains heureux. Il
aurait pu arriver que les
bourgeois déclarent qu'il faut
toujours qu'il y ait des gens
pauvres et des gens riches, et
ainsi de suite, car c'est la seule
façon de maintenir la société
humaine. Alors peut-être que la
voix de l'un de ces idéalistes qui
s'indignaient de voir tant de gens
vivre dans la pauvreté et la
dépendance se serait élevée. Un
tel humain aurait peut-être dit :
"Oui, il faut y parvenir, il faut
faire comprendre à ces gens qui
possèdent, aux entrepreneurs, aux
capitalistes, qu'ils doivent
renoncer à leurs biens, qu'ils
doivent prendre des mesures qui
permettront à la grande masse de
changer de situation, et ainsi de
suite. - De très beaux discours
auraient pu être prononcés sur
cette base. Mais alors, quelqu'un
qui, à l'époque, venait de
s'initier au socialisme et à son
évolution, aurait élevé la voix et
dit : "Qu'est-ce que vous
racontez, vous êtes un enfant ;
tout cela n'est qu'enfantillages,
absurdités ! Les gens qui sont des
capitalistes, des entrepreneurs,
ce sont tous de pauvres sbires,
ils ne savent rien d'autre que ce
qu'on leur a inculqué depuis des
générations. S'ils entendaient
dire qu'ils devraient faire
autrement, ils ne pourraient même
pas le faire, car ils ne sauraient
pas comment s'y prendre. Cela ne
rentre pas du tout dans leur crâne
que l'on puisse faire quelque
chose différemment. Il ne faut pas
accuser les gens, il ne faut pas
condamner moralement les gens, ils
ne sont pas du tout à condamner
moralement ; les gars ont grandi
dans ce milieu, ces pauvres
sbires, dans tout ce milieu, et ça
les inspire avec les idées qu'ils
ont. Les accuser moralement, c'est
ne rien comprendre aux lois de
l'évolution de l'humanité, c'est
se bercer d'illusions. Ces humains
ne peuvent jamais vouloir que le
monde prenne une autre forme.
Parler d'eux avec indignation,
c'est de l'enfantillage pur et
simple. Tout cela est devenu ainsi
par nécessité, et cela ne peut
devenir différent que par
nécessité. Vous voyez, on ne peut
rien faire avec ces gars qui
croient pouvoir prêcher aux
possédants, aux capitalistes,
qu'il faut instaurer un nouvel
ordre mondial, on ne peut rien
faire avec ces gars ; on ne peut
pas instaurer un nouvel ordre
mondial avec eux ; ils ne font que
s'adonner à la croyance que l'on
peut accuser ces pauvres sbires de
capitalistes de faire un autre
monde. - Je dois dire les choses
un peu clairement, c'est pourquoi
certaines choses sont dites avec
des contours nets, mais de telle
manière que vous avez pu entendre
partout les discours dont je
parle.
|
16
|
Nehmen
wir einmal an, es seien in den
achtziger Jahren solche
führenden Leute des Sozialismus
zu einer Diskussion
zusammengekommen mit solchen,
die [reine] Bourgeois waren in
ihren Gesinnungen, und nehmen
wir an, es wäre noch eine dritte
Sorte dabeigewesen: Bourgeois,
die Idealisten waren und allen
Menschen Gutes wünschten, die
damit einverstanden gewesen
wären, alle Menschen glücklich
zu machen. Da hätte es geschehen
können, daß die Bourgeois
erklärten, es müsse immer Leute
geben, die arm sind, und solche,
die reich sind, und so weiter,
denn nur das könne die
menschliche Gesellschaft
aufrechterhalten. Dann hätte
sich vielleicht die Stimme eines
von denjenigen erhoben, welche
Idealisten waren, die da
entrüstet waren darüber, daß so
viele Leute in Armut und
Abhängigkeit leben mußten. So
einer hätte dann vielleicht
gesagt: Ja, das muß erreicht
werden, daß klargemacht wird
diesen besitzenden Leuten, den
Unternehmern, den Kapitalisten,
daß sie loslassen müssen von
ihrem Besitz, daß sie
Einrichtungen treffen müssen,
durch welche die große Masse in
eine andere Lage kommt, und
dergleichen. — Da könnten sehr
schöne Reden gehalten werden aus
diesen Tönen heraus. Dann aber
hätte solch einer seine Stimme
erhoben, der damals sich gerade
hineinfand in den Sozialismus
und seinen Werdegang, und hätte
gesagt: Was reden Sie da, Sie
sind ein Kind; das ist alles
Kinderei, alles Unsinn! Die
Leute, die da Kapitalisten sind,
die Unternehmer sind, das sind
alles arme Hascherin, die wissen
nichts anderes, als was ihnen
eingebleut worden ist von
Generationen her. Wenn die auch
hören, sie sollten es anders
machen, dann könnten sie es
nicht einmal, denn sie kämen
nicht darauf, wie sie es machen
sollten. So etwas geht gar nicht
in ihre Schädel hinein, daß man
etwas anders machen kann. Man
darf nicht die Leute anklagen,
man darf nicht die Leute
moralisch verurteilen, die sind
gar nicht moralisch zu
verurteilen; die Kerle sind da
hineingewachsen, diese armen
Hascherin, in das ganze Milieu,
und das inspiriert sie mit den
Ideen, die sie haben. Sie
moralisch anklagen heißt, nichts
verstehen von den Gesetzen der
Menschheitsentwicklung, heißt,
sich Illusionen hingeben. Diese
Menschen können niemals wollen,
daß die Welt eine andere Form
annimmt. Mit Entrüstung von
ihnen zu sprechen, ist die pure
Kinderei. Das ist alles
notwendig so geworden, und
anders kann das auch wiederum
nur durch Notwendigkeit werden.
Seht ihr, mit solchen kindischen
Kerlen, die da glauben, sie
könnten den Besitzenden, den
Kapitalisten predigen, es solle
eine neue Weltordnung
heraufgeführt werden, mit
solchen kindischen Kerlen kann
man nichts anfangen; mit ihnen
ist keine neue Weltordnung
herbeizuführen; die geben sich
nur dem Glauben hin, daß man
anklagen kann diese armen
Hascherin von Kapitalisten, daß
sie eine andere Welt machen
sollten. — Ich muß die Sache
etwas deutlich aussprechen,
daher ist manches in scharfen
Konturen gesagt, aber doch so,
daß Sie die Reden, von denen ich
spreche, durchaus überall hören
konnten.
|
Quand on les écrivait, on
les retouchait un peu, on les
écrivait un peu différemment, mais
c'était la base.
|
17
|
Wenn sie geschrieben
wurden, dann wurden sie ja ein
bißchen retuschiert, ein bißchen
anders geschrieben, aber das lag
zugrunde.
|
Puis ils ont continué à
parler : avec ces gars - ce sont
des idéalistes, ils se
représentent le monde en termes
d'idéologie -, on ne peut rien
faire avec eux. Nous devons
compter sur ceux qui n'ont rien,
qui veulent donc quelque chose de
différent de leurs intérêts que
ceux liés aux intérêts
capitalistes.
|
18
|
Dann redeten sie weiter:
Mit diesen Kerlen — das sind
Idealisten, die stellen sich die
Welt im Sinne einer Ideologie vor
—, mit denen ist nichts
anzufangen. Wir müssen uns auf
diejenigen verlassen, die nichts
haben, die daher etwas anderes
wollen aus ihren Interessen heraus
als die, die mit kapitalistischen
Interessen verbunden sind.
|
Et ceux-là n'aspireront
pas non plus à un changement de
situation en vertu d'un quelconque
principe moral, mais uniquement
par convoitise, pour avoir plus
que ce qu'ils avaient jusqu'à
présent, pour avoir une existence
indépendante.
|
19
|
Und die werden auch nicht
aus irgendeinem moralischen
Grundsatz eine Änderung der
Lebenslage anstreben, sondern nur
aus Begehrlichkeit, um mehr zu
haben als sie bisher hatten, um
ein unabhängiges Dasein zu haben.
|
Cette manière de penser
est apparue de plus en plus dans
les années quatre-vingt, de ne
plus concevoir l'évolution de
l'humanité dans le sens où
l'individu est particulièrement
responsable de ce qu'il fait, mais
qu'il fait ce qu'il doit faire en
raison de la situation économique.
Le capitaliste, l'entrepreneur,
écrase les autres dans la plus
grande innocence. Celui qui est
prolétaire, non pas en vertu d'un
principe moral, mais en toute
innocence, en raison d'une
nécessité humaine, va
révolutionner et prendre les
moyens de production, le capital,
des mains de ceux qui justement le
possèdent. Cela doit se dérouler
comme une nécessité historique. -
Cette façon de penser monta.
|
20
|
Diese
Denkweise kam in den achtziger
Jahren immer mehr und mehr
herauf, die
Menschheitsentwicklung nicht
mehr in dem Sinne aufzufassen,
daß der einzelne Mensch
besonders verantwortlich ist für
das, was er tut, sondern daß er
tut, was er aus der
wirtschaftlichen Lage heraus
tun muß. Der Kapitalist, der
Unternehmer, schindet die
anderen in höchster Unschuld.
Derjenige, der Proletarier ist,
der wird nicht aus einem
sittlichen Grundsatz, sondern in
aller Unschuld aus einer
menschlichen Notwendigkeit
heraus revolutionieren und die
Produktionsmittel, das Kapital,
aus den Händen derjenigen
nehmen, die es eben haben. Das
muß sich abspielen als eine
geschichtliche Notwendigkeit. —
Diese Denkweise kam herauf.
|
Eh bien, voyez-vous, ce
n'est qu'en 1891, au congrès
d'Erfurt, que tout le
lassallianisme, qui était encore
basé sur la compréhension des
humains, s'est transformé en
croyance dans le soi-disant
"programme d'Erfurt", qui était
destiné à faire du marxisme la
vision officielle du prolétariat.
Si vous lisez les programmes des
congrès de Gotha et d'Eisenach,
vous y trouverez deux
revendications authentiquement
prolétariennes de l'époque, qui
sont encore liées au
lassallianisme. La première
revendication était l'abolition du
rapport salarial ; la deuxième
revendication était l'égalité
politique de tous les humains,
l'abolition de tous les privilèges
politiques. Toutes les
revendications prolétariennes
jusqu'aux années 1990, jusqu'au
congrès d'Erfurt qui a apporté le
grand changement, sont parties de
ces deux revendications.
|
21
|
Nun, sehen Sie, es war
eigentlich erst im Jahre 1891 auf
dem Erfurter Parteitag, als dann
aller Lassallianismus, der eben
doch noch auf die Einsicht der
Menschen basiert war, überging in
den Glauben an das sogenannte
«Erfurter Programm», welches
bestimmt war, den Marxismus zur
offiziellen Anschauung des
Proletariats zu machen. Lesen Sie
die Programme des Gothaer, des
Eisenacher Parteitages durch, da
werden Sie zwei Forderungen finden
als echt proletarische Forderungen
der damaligen Zeit, die noch
zusammenhängen mit Las
sallianismus. Die erste Forderung
war: die Abschaffung des
Lohnverhältnisses; die zweite
Forderung war: die politische
Gleichstellung aller Menschen, die
Abschaffung aller politischen
Vorrechte. Auf diese beiden
Forderungen gingen alle
proletarischen Forderungen aus bis
zu den neunziger Jahren, bis zu
dem Erfurter Parteitag, der den
großen Umschwung brachte.
|
Regardez une fois ces
deux revendications exactement et
comparez-les avec les principales
revendications du congrès
d'Erfurt.
|
22
|
Schauen Sie einmal diese
beiden Forderungen genau an, und
vergleichen Sie sie mit den
Hauptforderungen des Erfurter
Parteitages.
|
Quelles sont les
principales revendications du
congrès d'Erfurt ? Ce sont les
suivantes : Transfert de la
propriété privée des moyens de
production à la propriété commune
; gestion de toute la production
de biens, de toute la production
par une sorte de grande
coopérative, en laquelle l'État
actuel doit se transformer.
Comparez l'ancien programme, qui
était le programme prolétarien des
années quatre-vingt, avec celui
qui est issu du programme du parti
d'Erfurt et qui existe depuis les
années quatre-vingt-dix. Vous
verrez que dans l'ancien programme
de Gotha et d'Eisenach, les
exigences du socialisme sont
encore des exigences purement
humaines : égalité politique de
tous les humains, abolition du
rapport salarial dégradant. Au
début des années quatre-vingt-dix,
ce que je vous ai décrit comme
l'état d'esprit qui s'est
développé au cours des années
quatre-vingt a déjà agi. Ce qui
était encore une exigence de
l'humanité s'est transformé en une
exigence purement économique. Vous
ne lisez plus rien sur l'idéal
d'abolir le rapport salarial, vous
ne lisez que des revendications
économiques.
|
23
|
Welches sind nun die
Hauptforderungen des Erfurter
Parteitages? Es sind: Überführung
des Privateigentums an
Produktionsmitteln in das
gemeinschaftliche Eigentum;
Verwaltung aller Gütererzeugung,
aller Produktion durch eine Art
große Genossenschaft, in welche
sich umzuwandeln hat der bisherige
Staat. Vergleichen Sie das
ehemalige Programm, welches das
proletarische Programm der
achtziger Jahre war, mit
demjenigen, was aus dem Erfurter
Parteiprogramm hervorgegangen ist
und seit den neunziger Jahren
existiert. Sie werden sehen, im
alten Gothaer und Eisenacher
Programm sind die Forderungen des
Sozialismus noch rein menschliche
Forderungen: politische Gleichheit
aller Menschen, Abschaffung des
entwürdigenden Lohnverhältnisses.
Im Anfang der neunziger Jahre hat
schon gewirkt dasjenige, was ich
Ihnen charakterisiert habe als die
Gesinnung, die im Laufe der
achtziger Jahre heraufgekommen
ist. Da ist verwandelt worden das,
was noch mehr Menschheitsforderung
war, in eine rein wirtschaftliche
Forderung. Da lesen Sie nichts
mehr von dem Ideal, das
Lohnverhältnis abzuschaffen, da
lesen Sie nur von
Wirtschaftsforderungen.
|
Eh bien, vous voyez, ces
choses sont liées à la formation
progressive de l'idée que l'on
avait de la réalisation extérieure
d'un meilleur état social de
l'humanité. Il a souvent été dit
par ces gens qui avaient encore
des idéaux : ah, quel dommage cela
fait-il de tout casser, il faut
bien qu'un autre ordre se mette en
place ; il faut donc qu'il y ait
une révolution, il faut que tout
soit cassé, il faut qu'il y ait
une grande claque, car c'est
seulement de là que peut naître un
meilleur ordre social. - C'est ce
que disaient encore certaines
personnes dans les années 80, qui
étaient de bons socialistes
idéalistes. On leur répondait par
d'autres, ceux qui étaient à la
hauteur, qui étaient devenus les
leaders - ceux qui, comme je l'ai
dit, sont maintenant enterrés -,
qui disaient : tout cela n'a pas
de sens, des révolutions aussi
soudaines n'ont aucun sens. La
seule chose qui ait un sens, c'est
que nous abandonnions le
capitalisme à lui-même. Nous
voyons bien qu'auparavant, il n'y
avait que de petits capitalistes,
puis ils sont devenus grands ; ils
se sont associés à d'autres, sont
devenus des groupes de
capitalistes. Les capitaux se sont
de plus en plus concentrés. C'est
dans ce processus que nous nous
trouvons, à savoir que les
capitaux sont de plus en plus
concentrés. Le temps viendra où il
n'y aura plus que quelques grands
trusts et consortiums
capitalistes. Il sera alors
nécessaire que le prolétariat, en
tant que classe non possédante,
transmette un beau jour, de
manière tout à fait pacifique, par
voie parlementaire, la propriété
capitaliste, les moyens de
production, à la propriété
commune. Cela peut être très bien
fait, mais il faut attendre. D'ici
là, les choses doivent évoluer. Le
capitalisme, qui est en fait un
enfant innocent, n'y peut rien
s'il est inhumain - c'est la
nécessité historique qui l'impose.
Mais il travaille aussi à
l'avance, car il concentre les
capitaux ; ils sont alors bien
groupés, il suffit qu'ils soient
repris par la collectivité. Il ne
s'agit pas d'une révolution
rapide, mais d'une évolution
lente.
|
24
|
Nun,
sehen Sie, diese Sachen hängen
dann zusammen mit dem
allmählichen Ausbilden der Idee,
die man hatte über die
äußerliche Herbeiführung eines
besseren sozialen Zustandes der
Menschheit. Es ist auch oftmals
von solchen Leuten, die noch
Ideale hatten, gesagt worden:
Ach, was schadet es denn, wenn
man alles kurz und klein
schlägt, es muß ja eine andere
Ordnung herbeigeführt werden;
also, es muß eine Revolution
kommen, es muß alles kurz und
klein geschlagen werden, es muß
der große Kladderadatsch kommen,
denn nur daraus kann eine
bessere Gesellschaftsordnung
entstehen. — Das sagten noch
manche Leute in den achtziger
Jahren, die gute, idealistische
Sozialisten waren. Denen wurde
geantwortet von den anderen, die
auf der Höhe der Zeit standen,
die die Führer geworden waren —
diejenigen, die jetzt, wie ich
sagte, begraben sind —, die
sagten: Das hat alles keinen
Sinn, solche plötzlichen
Revolutionen sind sinnlos. Das
einzige, was Sinn hat, das ist,
daß wir den Kapitalismus sich
selber überlassen. Wir sehen ja,
früher gab es nur kleine
Kapitalisten, dann sind es große
geworden; sie haben sich
zusammengetan mit anderen, sind
zu Kapitalistengruppen
geworden. Die Kapitalien haben
sich immer mehr konzentriert. In
diesem Prozeß sind wir drinnen,
daß die Kapitalien immer mehr
und mehr konzentriert werden.
Dann wird die Zeit kommen, wo
eigentlich nur noch einige
wenige große kapitalistische
Trusts, Konsortien vorhanden
sind. Dann wird es nur noch
notwendig sein, daß das
Proletariat, als die
nichtbesitzende Klasse, eines
schönen Tages auf ganz
friedliche Weise, auf
parlamentarischem Wege, den
Kapitalistenbesitz, die
Produktionsmittel, überführt in
den Gemeinschaftsbesitz. Das
kann ganz gut gemacht werden,
aber man muß abwarten. Bis dahin
müssen sich die Dinge
entwickeln. Der Kapitalismus,
der eigentlich ein unschuldiges
Kind ist, kann ja nichts dafür,
daß er menschenschinderisch ist
— das bringt die geschichtliche
Notwendigkeit herauf. Er
arbeitet aber auch vor, denn er
konzentriert die Kapitalien; sie
sind dann schön beieinander,
dann brauchen sie nur
übernommen zu werden von der
Allgemeinheit. Nichts von
rascher Revolution, sondern
langsame Entwicklung.
|
Vous voyez, le secret de
la vision, le secret public de la
vision, qui est à la base de tout
cela, a été joliment expliqué par
Engels dans les années 90. Il a
dit : "Pourquoi des révolutions
rapides ? Ce qui se passe
lentement dans le développement du
nouveau capitalisme, ce
regroupement des capitaux, cette
concentration des capitaux, tout
cela travaille pour nous. Nous
n'avons pas besoin de créer une
communauté, les capitalistes le
font déjà. Nous n'avons qu'à le
transformer en propriété
prolétarienne. C'est pourquoi -
dit Engels - les rôles se sont en
fait inversés. Nous, qui
représentons le prolétariat,
n'avons pas à nous plaindre de
l'évolution, ce sont les autres
qui doivent se plaindre. Car les
gars qui sont aujourd'hui dans les
cercles des possédants doivent se
dire : nous accumulons les
capitaux, mais nous les accumulons
pour les autres. Voyez, ces types
doivent en fait s'inquiéter de
perdre leurs capitaux ; ils ont
les joues creuses, ils se
dessèchent à force de se demander
ce qui va se passer. En tant que
socialistes, nous nous
épanouissons très bien dans cette
évolution. Engels dit que nous
avons les muscles saillants et les
joues pleines et que nous
ressemblons à la vie éternelle. -
C'est ce que dit Engels dans une
introduction qu'il a écrite dans
les années 1990, en décrivant
comment ce qui se développe est
tout à fait juste, et comment il
suffit d'attendre le
développement, qui est en fait
assuré par le capitalisme
lui-même. Cette évolution débouche
ensuite sur le transfert de ce que
le capitalisme a d'abord concentré
dans la propriété commune de ceux
qui n'avaient rien jusqu'alors. -
C'était en fait l'état d'esprit
dans lequel les cercles dirigeants
du prolétariat sont entrés au XXe
siècle.
|
25
|
Sehen
Sie, das Geheimnis der
Anschauung, das öffentliche
Geheimnis der Anschauung, das
da zugrundeliegt, hat ja in den
neunziger Jahren Engels schön
auseinandergesetzt. Er hat
gesagt: Wozu schnelle
Revolutionen? Dasjenige, was
langsam geschieht unter der
Entwicklung des neueren
Kapitalismus, dieses
Zusammenrotten der Kapitalien,
dieses Konzentrieren der
Kapitalien, das arbeitet ja
alles für uns. Wir brauchen
nicht erst eine Gemeinsamkeit
herzustellen, die Kapitalisten
machen das schon. Wir brauchen
es nur überzuführen in den
proletarischen Besitz. Daher —
sagt Engels — haben sich
eigentlich die Rollen
vertauscht. Wir, die wir das
Proletariat vertreten, haben
uns ja gar nicht zu beklagen
über die Entwicklung, die
anderen haben sich zu beklagen.
Denn die Kerle, die heute in den
Kreisen der besitzenden Leute
sind, die müssen sich sagen: Wir
sammeln die Kapitalien an, aber
für die anderen sammeln wir sie
an. Seht, die Kerle müssen sich
eigentlich sorgen, daß sie ihre
Kapitalien verlieren; die
kriegen eingefallene Backen, die
werden dürr von diesen Sorgen,
was da werden soll. Wir
gedeihen gerade als Sozialisten
sehr gut in dieser Entwicklung
drin. Wir kriegen, sagt Engels,
pralle Muskeln und volle Backen
und sehen aus wie das ewige
Leben. — Das sagt Engels in
einer Einleitung, die er in den
neunziger Jahren schrieb, indem
er charakterisierte, wie es ganz
recht ist, was sich da
herausentwickelt, und wie man
nur abzuwarten brauchte die
Entwicklung, die eigentlich
durch den Kapitalismus von
selber besorgt wird. Diese
Entwicklung mündet dann ein in
die Überführung desjenigen, was
der Kapitalismus erst
konzentriert hat, in den
Gemeinbesitz derer, die bisher
nichts gehabt haben. — Das war
eigentlich die Stimmung, in der
das 20. Jahrhundert von den
führenden Kreisen des
Proletariats betreten worden
ist.
|
Et c'est ainsi qu'on a
pensé, surtout depuis l'époque où
le marxisme n'a plus été pris
comme dans les années 1990, mais
où il a été soumis à une révision,
comme on disait, à l'époque où
sont apparus les révisionnistes,
c'est-à-dire ceux qui sont encore
vivants aujourd'hui, mais qui sont
des vieux, comme Bernstein par
exemple. C'est donc là que les
révisionnistes sont arrivés. Ils
disaient qu'il était possible
d'encourager un peu toute
l'évolution, car si les
travailleurs se contentent de
travailler jusqu'à ce que les
capitalistes aient tout rassemblé,
ils seront encore dans le besoin
avant, notamment lorsqu'ils seront
âgés, ils n'auront rien. On a donc
créé des assurances et ainsi de
suite ; et surtout, on a veillé à
s'approprier ce que les classes
dirigeantes avaient comme
institutions dans la vie
politique. Vous savez, c'est à
cette époque qu'est née la vie
syndicale.
|
26
|
Und so hat man gedacht,
besonders seit der Zeit, in der
der Marxismus nicht mehr so
genommen worden ist wie in den
neunziger Jahren, sondern als er
einer Revision, wie man sagte,
unterzogen worden ist, in der
Zeit, als die Revisionisten
auftraten, also diejenigen, die
heute noch leben, aber alte Leute
sind, wie zum Beispiel Bernstein.
Da kamen also die Revisionisten.
Die sagten, man kann die ganze
Entwicklung etwas fördern, denn
wenn die Arbeiter bloß arbeiten,
bis die Kapitalisten alles
zusammengescharrt haben, werden
sie doch vorher noch Not leiden,
namentlich im Alter haben sie
nichts. Da wurden dann
Versicherungen gemacht und so
weiter; und vor allen Dingen sah
man darauf, daß man dasjenige, was
die führenden Klassen hatten als
Einrichtungen im politischen
Leben, daß man sich das auch
aneignete. Sie wissen, damals
entstand ja namentlich auch das
gewerkschaftliche Leben.
|
Et à l'intérieur du parti
socialiste, il y avait deux
tendances fortement divergentes :
le parti syndical et le parti
politique proprement dit, comme on
disait alors. Le parti politique
se tenait plus sur le terrain, une
révolution soudaine ne servirait à
rien, l'évolution devait se
dérouler comme je viens de le
décrire. Il s'agissait donc de
tout préparer pour le moment où le
capitalisme serait suffisamment
concentré et où le prolétariat
aurait la majorité dans les
parlements. Tout doit être
poursuivi par la voie du
parlementarisme, de
l'appropriation de la majorité,
afin qu'au moment où les moyens de
production seront transférés à la
propriété commune, il y ait aussi
la majorité pour ce transfert.
C'est notamment dans ce groupe de
personnes qui pensaient tout du
parti politique que l'on ne
pensait pas beaucoup au mouvement
syndical à la fin du XIXe siècle.
À cette époque, celui-ci
s'efforçait justement d'instaurer
une sorte de compétition ordonnée
entre lui et les entrepreneurs,
afin d'obtenir de temps en temps
des entreprises des augmentations
de salaire et des choses
similaires. Bref, on s'est arrangé
pour imiter le système de
négociations réciproques qui
existait entre les milieux
dirigeants, entre les dirigeants
eux-mêmes, et on l'a étendu aux
relations entre les milieux
dirigeants et le prolétariat. Vous
savez que les représentants du
système socialiste proprement
politique ont particulièrement
accusé ceux qui sont devenus les
plus bourgeois du mouvement
syndical. Et à la fin des années
quatre-vingt-dix et au début du
XXe siècle, on pouvait voir
partout, chez ceux qui étaient
plus orientés vers le système
politique, un grand mépris pour
les gens qui s'étaient entièrement
plongés dans la vie syndicale,
notamment les typographes, qui
avaient à leur tour développé un
tout autre système de vie
syndical, jusqu'à l'extrême.
|
27
|
Und
innerhalb der sozialistischen
Partei waren das die zwei stark
divergierenden Richtungen: die
ausgesprochene
Gewerkschaftspartei und die
eigentliche, wie man damals
sagte, politische Partei. Die
politische Partei stand mehr auf
dem Boden, eine plötzliche
Revolution nütze nichts, die
Entwicklung müsse so vor sich
gehen, wie ich es eben
beschrieben habe. Daher handle
es sich darum, daß alles
vorbereitet werde auf den einen
Zeitpunkt, wo der Kapitalismus
genügend konzentriert ist und
das Proletariat in den
Parlamenten die Majorität hat.
Es müsse alles auf dem Wege des
Parlamentarismus, der Aneignung
der Majorität, fortgetrieben
werden, damit an dem Zeitpunkte,
wo die Produktionsmittel in den
Gemeinbesitz übernommen werden
sollten, dann auch die Majorität
für diese Überführung da ist.
Namentlich in dieser Gruppe von
Leuten, die alles von der
politischen Partei hielten, da
hielt man am Ende des 19.
Jahrhunderts nicht sehr viel von
der gewerkschaftlichen Bewegung.
Diese setzte sich in jener Zeit
eben dafür ein, so eine Art
Wettkampf in geordneter Art
zwischen sich und den
Unternehmern einzurichten, um
von Zeit zu Zeit immer wieder
von den Unternehmungen
Lohnerhöhungen und ähnliche
Dinge herauszubekommen. Kurz,
man stellte sich so ein, daß man
nachmachte jenes System
gegenseitiger Verhandlungen, wie
es unter den leitenden,
führenden Kreisen untereinander
selbst vorhanden war, daß man
dieses auch ausdehnte auf das
Verhältnis zwischen den
leitenden Kreisen und dem
Proletariat. Sie wissen ja, daß
ganz besonders angeklagt wurden
von den Vertretern des
eigentlich politischen
sozialistischen Systems
diejenigen, die dann am meisten
bürgerlich wurden unter der
Gewerkschaftsbewegung. Und am
Ende der neunziger Jahre und am
Anfang des 20. Jahrhunderts
konnte man überall sehen bei
denjenigen, die mehr auf das
politische System eingerichtet
waren, die große Verachtung für
jene Leute, die sich ganz
eingefuchst hatten auf das
gewerkschaftliche Leben,
namentlich zum Beispiel die
Buchdrucker, die wiederum ein
ganz anderes System
gewerkschaftlichen Lebens bis
zum Extrem ausgebildet hatten.
|
Il s'agissait de deux
tendances très distinctes dans la
vie sociale : les syndicalistes et
ceux qui penchaient plutôt vers le
parti politique. Et au sein des
syndicats, les typographes de
l'association des typographes
étaient justement les garçons
modèles ; ils étaient les garçons
modèles qui avaient acquis la
pleine reconnaissance des cercles
bourgeois. Et je crois que, de
même que l'on a eu une certaine
crainte, une certaine inquiétude à
l'égard du parti politique
socialiste, on a vu peu à peu
émerger avec une grande
satisfaction des gens aussi braves
que les gens de l'association des
typographes. On se disait à leur
sujet : ils s'embourgeoisent, on
peut toujours négocier avec eux,
ça se passe très bien. S'ils s'en
prennent à leurs salaires, nous
nous en prenons à nos prix, que
nous exigeons. Ça marche. - Et,
n'est-ce pas, c'était aussi
possible pour les années
suivantes, et les gens ne pensent
pas plus loin. On était donc très
satisfait de cette formation
exemplaire du développement
syndical. Eh bien, si j'omets
quelques nuances, on peut dire que
ces deux directions se sont plus
ou moins développées jusqu'à
l'époque où la catastrophe de la
guerre mondiale les a surpris.
Mais malheureusement, les gens
n'ont pas appris de cette
catastrophe mondiale tout ce qui
aurait dû être appris en ce qui
concerne la question sociale.
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28
|
Das
waren zwei ganz streng
voneinander geschiedene
Richtungen im sozialen Leben:
die Gewerkschafter und
diejenigen, die mehr der
politischen Partei zuneigten.
Und innerhalb der Gewerkschaften
waren ja die Buchdrucker im
Buchdruckerverband geradezu die
Musterknaben; sie waren
diejenigen Musterknaben, die
sich ja auch die volle
Anerkennung der bürgerlichen
Kreise erworben hatten. Und ich
glaube, daß ebenso, wie man eine
gewisse Angst gehabt hat, eine
gewisse Sorge gehabt hat über
die politische sozialistische
Partei, so hat man nach und nach
mit großer Befriedigung
heraufkommen sehen solche braven
Leute wie die Leute im
Buchdruckerverband. Von denen
sagte man sich: Die
verbürgerlichen sich, mit denen
kann man immer verhandeln, das
geht ganz gut. Wenn die
aufschlagen mit ihren Löhnen,
dann schlagen wir auf mit
unseren Preisen, die wir
fordern. Das geht. — Und, nicht
wahr, für die nächsten Jahre
ging es auch, und weiter denken
die Leute ja auch nicht. Also da
war man mit dieser musterhaften
Ausbildung der
gewerkschaftlichen Entwicklung
sehr zufrieden. Nun ja, wenn ich
einiges auslasse, was mehr
Nuancen sind, kann man sagen,
daß sich dann diese beiden
Richtungen mehr oder weniger
herausgebildet haben bis in die
Zeiten, die dann überrascht
worden sind von der
Weltkriegskatastrophe. Aber da
haben die Leute leider von
dieser Weltkriegskatastrophe ja
nicht alles gelernt, was mit
Be‑zug auf die soziale Frage
eigentlich hätte gelernt werden
sollen.
|
N'est-ce pas, si l'on
considère les rapports à l'est de
l'Europe, en Europe centrale, si
l'on fait abstraction du monde
anglo-américain et en partie du
monde roman, si l'on se limite
donc à l'Europe centrale et
orientale, on peut dire qu'il n'y
a rien de juste dans cette
histoire, que l'on a toujours
définie ainsi : Les capitaux se
concentrent et, lorsque l'on aura
la majorité dans les parlements,
les capitaux seront transférés à
la communauté, et ainsi de suite.
- La catastrophe de la guerre
mondiale a fait en sorte que l'on
ne puisse pas s'y attendre aussi
facilement aujourd'hui. Ceux qui
s'attendaient à une révolution
quelconque ont souvent été
considérés comme des enfants, mais
au fond, que s'est-il passé au
cours des quatre ou cinq dernières
années ? Gardons à l'esprit ce qui
s'est passé de manière claire et
nette. N'est-ce pas, vous l'avez
souvent entendu, ce qui s'est
passé au cours des quatre ou cinq
dernières années : en juillet
1914, les gouvernements sont
devenus un peu "tordus" - ou très
"tordus" - et ont poussé les gens
à la guerre mondiale. Les gens ont
cru qu'il y avait une guerre
mondiale, que des batailles
avaient eu lieu - mais avec les
moyens de guerre modernes, avec
les moyens mécaniques, il y avait
quelque chose de tout à fait
différent que dans les guerres
précédentes. Il n'y avait plus
aucune possibilité que quelqu'un
devienne un général
particulièrement célèbre, car tout
dépendait finalement de la
quantité de munitions et d'autres
moyens de guerre dont disposait
l'un des deux partis, si l'un
fabriquait mieux que l'autre les
moyens de guerre mécaniques ou
avait découvert un gaz et d'autres
choses de ce genre que les autres
n'avaient pas. D'abord l'un
gagnait, puis l'autre découvrait à
nouveau quelque chose, puis le
premier à nouveau ; tout cela
était une guerre terriblement
mécanique. Et tout ce qui a été
dit sur ce qui s'est passé ici et
là de la part des humains, c'était
sous l'influence de la phrase,
c'était tout à fait de la phrase.
Et peu à peu, l'humanité moderne
comprendra, même en Europe
centrale, tout ce qu'il y a eu
comme phrases dans le fait que
l'un ou l'autre, qui n'était en
fait rien d'autre qu'un soldat
moyen un peu tordu, a été
transformé en un grand général en
Europe centrale. Ces choses n'ont
été possibles que sous l'influence
de la phrase. Eh bien, c'est ce
qui s'est passé.
|
29
|
Nicht
wahr, sobald man nun betrachtet
die Verhältnisse im Osten von
Europa, in Mitteleuropa, wenn
man absieht von der eigentlich
anglo-amerikanischen Welt und
zum Teil auch von der
romanischen Welt, wenn man sich
also auf Mittel- und Osteuropa
beschränkt, so kann man sagen,
mit dieser Geschichte ist
eigentlich nichts Rechtes
geworden, die man immer so
definiert hat: Die Kapitalien
konzentrieren sich, und, wenn
man in den Parlamenten die
Majorität haben wird, dann
werden die Kapitalien in den
Besitz der Gemeinschaft
übergeführt werden und so
weiter. — Daß das nicht so glatt
erwartet werden kann heute,
dafür hat die
Weltkriegskatastrophe gesorgt.
Diejenigen sind ja oftmals als
kindisch hingestellt worden, die
irgendeine Revolution erwartet
haben, aber im Grunde genommen,
was ist denn geschehen in den
letzten vier bis fünf Jahren?
Halten wir uns das ganz klar und
deutlich vor Augen, was
geschehen ist. Nicht wahr, Sie
haben es ja auch öfter gehört,
was in den letzten vier bis fünf
Jahren geschehen ist: Im Juli
1914 sind die Regierungen ein
bißchen «verdreht» geworden —
oder stark «verdreht» geworden —
und haben die Leute in den
Weltkrieg gehetzt. Da haben die
Leute geglaubt, es sei ein
Weltkrieg da, es haben
Schlachten stattgefunden — aber
mit den modernen Kriegsmitteln,
mit den Maschinenmitteln, war
etwas ganz anderes da als in
früheren Kriegen. Es ist doch
keine Möglichkeit mehr da
gewesen, daß irgendeiner ein
besonders berühmter Feldherr
wurde, denn schließlich kam es
nur darauf an, ob eine Partei
die größere Menge an Munition
hatte und sonstige Mittel der
Kriegführung, ob eine Partei die
mechanischen Kriegsmittel besser
herstellte als die andere oder
ein Gas entdeckt hatte und
dergleichen, das die anderen
nicht hatten. Erst siegte der
eine, dann entdeckte der andere
wieder etwas, dann wieder der
erste; das Ganze war eine
furchtbar mechanische
Kriegführung. Und alles, was
geredet worden ist über
dasjenige, was da und dort
geschehen ist von seiten der
Menschen, das war unter dem
Einfluß der Phrase geschehen, es
war durchaus Phrase. Und nach
und nach wird die moderne
Menschheit einsehen, auch in
Mitteleuropa, was alles als
Phrase drinnengesteckt hat, wenn
der eine oder andere, der
eigentlich nichts anderes war
als ein etwas verdrehter
Durchschnittssoldat, zu einem
großen Feldherrn gemacht worden
ist in Mitteleuropa. Diese Dinge
sind nur unter dem Einfluß der
Phrase möglich geworden. Nun ja,
das war eben so.
|
Mais que s'est-il passé
en réalité ? Les gens ne l'ont pas
remarqué à cause des événements
extérieurs. Alors que les gens
croyaient qu'une guerre mondiale
avait été menée - qui n'était en
fait qu'un masque -, une
révolution s'est en réalité
produite. En réalité, une
révolution s'est produite pendant
ces quatre ou cinq ans. Mais les
gens ne le savent pas encore
aujourd'hui, ils n'y prêtent pas
attention. La guerre est
l'extérieur, le masque ; la
vérité, c'est que la révolution a
eu lieu. Et parce que la
révolution a eu lieu, la société
d'Europe centrale et orientale se
trouve aujourd'hui dans un tout
autre état, et on ne peut rien
faire de ce que les gens avaient
envisagé pour les situations
antérieures. Aujourd'hui, il est
nécessaire de réorganiser toutes
les idées que l'on se faisait
auparavant, de penser les choses
de manière totalement nouvelle.
C'est ce qu'a tenté de faire le
livre "Les points essentiels de la
question sociale" : tenir compte
de la situation dans laquelle les
événements récents nous ont
placés. Il n'est donc pas étonnant
que les membres des partis
socialistes, qui ne peuvent pas
suivre le mouvement assez
rapidement, se méprennent sur ce
livre. Si les gens acceptaient une
seule fois d'examiner leurs
propres pensées - d'examiner un
peu ce qu'ils disent vouloir -,
ils verraient à quel point ils
vivent sous l'influence des idées
qu'ils se sont faites jusqu'en
1914. C'est la vieille habitude.
|
30
|
Nun,
was ist denn aber in
Wirklichkeit geschehen? Das
haben die Leute vor lauter
äußeren Ereignissen nicht
gemerkt. Während die Leute
glaubten, daß ein Weltkrieg
geführt worden sei — der
eigentlich nur eine Maske war —,
hat sich in Wirklichkeit eine
Revolution vollzogen. In
Wirklichkeit ist eine Revolution
geschehen in diesen vier bis
fünf Jahren. Das wissen die
Leute heute nur noch nicht, das
beachten sie heute noch nicht.
Der Krieg ist die Außenseite,
die Maske; die Wahrheit ist die,
daß sich die Revolution
vollzogen hat. Und weil sich die
Revolution vollzogen hat, ist
heute die Gesellschaft Mittel-
und Osteuropas in einer ganz
anderen Verfassung, und man kann
nichts anfangen mit dem, was die
Leute bedacht hatten für frühere
Lagen. Heute ist es notwendig,
daß all die Gedanken, die man
sich früher gemacht hat, ganz
neu geordnet werden, daß man
ganz neu über die Dinge denkt.
Und das ist versucht worden mit
dem Buche «Die Kernpunkte der
Sozialen Frage»: ganz richtig zu
rechnen mit der Lage, in die wir
gekommen sind durch die
allerjüngsten Ereignisse. Daher
ist es kein Wunder, daß die
Menschen in den sozialistischen
Parteien, die nicht schnell
genug mitkommen können, diesem
Buch Mißverständnis über
Mißverständnis entgegenbringen.
Wenn die Menschen nur einmal
sich darauf einließen, ihre
eigenen Gedanken zu prüfen — ein
bißchen zu prüfen dasjenige,
wovon sie sagen, daß sie es
wollen —, dann würden sie sehen,
wie sehr sie leben unter dem
Einfluß der Ideen, die sie sich
bis zum Jahre 1914 gemacht
haben. Das ist die alte
Gewohnheit.
|
N'est-ce pas, ces idées
que l'on a eues jusqu'en 1914,
elles se sont tellement incrustées
dans l'environnement des humains
qu'elles ne peuvent plus en sortir
maintenant. Et quelle est la
conséquence ? La conséquence,
c'est que malgré la nécessité
d'une nouvelle action aujourd'hui,
malgré la révolution qui s'est
produite en Europe centrale et
orientale, malgré la nécessité de
construire aujourd'hui - non pas
selon les anciennes idées, mais
selon les nouvelles idées -,
malgré tout cela, les gens
prêchent les anciennes idées. Et
que sont aujourd'hui les partis, y
compris les partis socialistes ?
Les partis socialistes sont ceux
qui continuent à prêcher
aujourd'hui tel ou tel évangile
socialiste, à l'ancienne manière,
comme ils l'ont fait jusqu'en
juillet 1914, car il n'y a pas de
différence dans ces programmes de
parti par rapport aux anciens -
tout au plus la différence qui
vient de l'extérieur. Pour celui
qui connaît les choses, il y a
terriblement peu de nouveautés,
voire rien de nouveau, dans les
différents groupes de partis. Les
vieilles idées sont toujours
véhiculées aujourd'hui. Maintenant
oui, il y a une petite différence
: si l'on a un chaudron en cuivre
et que l'on tape dessus, cela
sonne ; si l'on tape de la même
manière sur un tonneau en bois,
cela sonne différemment ; mais le
coup peut être tout à fait le
même. Cela dépend alors de ce sur
quoi on tape, si cela sonne
différemment.
|
31
|
Nicht wahr, diese Ideen,
die man bis 1914 gehabt hat, die
haben sich so eingefressen in die
Umgebung der Menschen, daß sie
jetzt nicht wieder herauskommen.
Und was ist die Folge? Die Folge
ist: Trotzdem heute ein neues
Handeln notwendig ist, trotzdem
sich die Revolution vollzogen hat
in Ost- und Mitteleuropa, trotzdem
wir heute notwendig haben, einen
Aufbau zu vollziehen — nicht nach
alten Ideen, sondern nach neuen
Ideen —, trotz alledem predigen
die Leute die alten Ideen. Und was
sind heute die Parteien, auch die
sozialistischen Parteien? Die
sozialistischen Parteien sind
diejenigen, die in der alten
Weise, wie sie bis zum Juli 1914
gepredigt haben, dieses oder jenes
sozialistische Evangelium auch
heute weiter predigen, denn ein
Unterschied ist bei diesen
Parteiprogrammen nicht gegenüber
den früheren — höchstens der
Unterschied, der von außen kommt.
Für den, der die Dinge kennt, für
den wird in der einzelnen
Parteigruppierung furchtbar wenig
Neues, ja gar nichts Neues gesagt.
Die alten Ladenhüter von Gedanken
werden auch heute noch verzapft.
Nun ja, es ist ja ein bißchen ein
Unterschied: Wenn man einen
kupfernen Kessel hat und klopft
daran, dann klingt es; klopft man
genauso auf ein hölzernes Faß,
dann klingt es anders; aber das
Klopfen kann ganz dasselbe sein.
Es hängt dann von dem ab, worauf
man klopft, ob es anders klingt.
|
Et c'est ce qui se passe
aujourd'hui lorsque les gens se
mettent à parler de leurs
programmes de parti. Ce qui est
contenu dans ces anciens
programmes de parti, c'est en fait
le vieux garde-fou du parti ;
c'est seulement parce qu'il y a
maintenant d'autres conditions
sociales que cela sonne
aujourd'hui un peu différemment,
comme cela sonne différemment dans
une chaudière en cuivre ou dans un
tonneau en bois.
|
32
|
Und so ist es heute, wenn
die Leute ihre Parteiprogramme
verzapfen. Das, was in diesen
alten Parteiprogrammen enthalten
ist, das ist eigentlich der alte
Parteiladenhüter; nur weil jetzt
andere soziale Verhältnisse da
sind, klingt es heute etwas
anders, so wie es anders klingt
bei einem kupfernen Kessel oder
bei einem hölzernen Faß.
|
Lorsque les socialistes
indépendants, les socialistes
majoritaires ou les communistes
parlent, ils prononcent de
vieilles phrases de parti, et cela
sonne différemment parce qu'il n'y
a pas un chaudron en cuivre, mais
un tonneau en bois. En vérité, on
n'a rien appris du tout, du tout,
du tout, de bien des côtés. Mais
ce qui compte, c'est qu'on
apprenne quelque chose, que cette
terrible guerre mondiale, comme on
l'appelle, mais qui était en fait
une révolution mondiale, nous dise
quelque chose.
|
33
|
Wenn die Unabhängigen
Sozialisten oder die
Mehrheitssozialisten oder die
Kommunisten reden — sie reden eben
alte Parteiphrasen, und es klingt
anders, weil nicht ein kupferner
Kessel, sondern ein hölzernes Faß
da ist. In Wahrheit hat man auf
vielen Seiten eben gar, gar, gar
nichts gelernt. Aber darauf kommt
es an, daß man etwas lernt, daß
einem dieser furchtbare Weltkrieg,
wie man ihn nennt, der aber
eigentlich eine Weltrevolution
war, irgend etwas sagt.
|
Et là, on peut vraiment
dire que dans les masses les plus
larges, on est préparé à entendre
quelque chose de nouveau. Mais
dans les grandes masses, on écoute
ce que disent les dirigeants. Il y
a une bonne compréhension, un bon
sens chez les masses populaires
non éduquées, et on a toujours pu
compter sur la compréhension
lorsqu'on propose quelque chose de
vraiment moderne, quelque chose
qui peut être qualifié de moderne
dans le meilleur sens du terme.
Cela s'explique en partie par le
fait que les masses ne sont pas
éduquées. Mais dès que les gens
entrent dans le type d'éducation
que l'on peut avoir depuis les
trois ou quatre derniers siècles,
cette caractéristique d'inculture
disparaît. Si l'on considère
l'enseignement bourgeois actuel,
de l'école primaire jusqu'à
l'université - et ce sera encore
pire lorsque l'école unique
socialiste sera fondée, car tout
ce que l'école primaire bourgeoise
a fait de mal y sera présent dans
la plus grande mesure -, on voit
bien que l'enseignement bourgeois
n'a pas de sens : ce qui se fait
dans les écoles forme les esprits
et les rend étrangers à la vie.
|
34
|
Und da
kann man wirklich schon sagen:
In den breitesten Massen ist
man vorbereitet darauf, etwas
Neues zu hören. Aber bei den
breiten Massen ist das so: Da
wird zugehört dem, was die
Führer sagen. Es ist ein gutes
Verständnis da, ein guter,
gesunder Menschenverstand in
den breiten, unverbildeten
Massen, und man konnte
eigentlich immer auf Verständnis
rechnen, wenn man etwas richtig
Zeitgemäßes, etwas im besten
Sinne des Wortes zeitgemäß zu
Nennendes vorbringt. Das ist zum
Teil darauf zurückzuführen, daß
die Massen unverbildet sind.
Aber sobald sich die Menschen in
die Art der Schulung
hineinbegeben, die man haben
kann seit den letzten drei bis
vier Jahrhunderten, da hört
diese Eigenschaft des
Unverbildetseins auf. Wenn man
dasjenige, was die heutige
bürgerliche Schulbildung ist,
von der Volksschule bis hinauf
zur Universität, betrachtet —
und am ärgsten wird es sein,
wenn jetzt die sozialistische
Einheitsschule gegründet wird,
da wird alles im größten Maße
vorhanden sein, was von der
bürgerlichen Volksschule
verbrochen worden ist —, da
sieht man: Was da verzapft wird
in den Schulen, das verbildet
die Köpfe, das macht sie dem
Leben fremd.
|
Il faut sortir de tout
cela, il faut vraiment se mettre
sur ses propres jambes dans la vie
spirituelle si l'on veut sortir de
cette méformation. Mais,
voyez-vous, c'est grâce à cette
méformation que les dirigeants
prolétariens, grands et petits,
sont devenus ainsi. Ils ont dû
s'approprier cette formation ;
cette formation se trouve dans nos
écoles et dans les écrits
populaires, elle se trouve
partout. Et c'est là que l'on
commence à avoir le cerveau
desséché et que l'on n'est plus
accessible aux faits, mais que
l'on s'arrête aux programmes de
parti et aux opinions que l'on a
greffés et martelés.
|
35
|
Man muß aus dem ganzen
Zeug herauskommen, man muß sich
wirklich im geistigen Leben auf
eigene Beine stellen, wenn man aus
dieser Verbildung herauskommen
will. Aber sehen Sie, durch diese
Verbildung sind die großen und
kleinen proletarischen Führer so
geworden. Sie mußten sich diese
Bildung aneignen; diese Bildung
steckt in unseren Schulen und in
den populären Schriften, überall
steckt sie drinnen. Und da fängt
man dann an, so ein vertrocknetes
Gehirn zu kriegen und nicht mehr
für die Tatsachen zugänglich zu
sein, sondern bei Parteiprogrammen
und Meinungen, die man sich
eingepfropft und eingehämmert hat,
bei denen bleibt man stehen.
|
Même la révolution
mondiale peut alors arriver, on
continue à siffler les vieux
programmes.
|
36
|
Da kann dann selbst die
Weltrevolution kommen, man pfeift
immer noch die alten Programme
darauf los.
|
Vous voyez, c'est
essentiellement ce sort qui a été
réservé à ce qui a été voulu dans
de nombreuses directions avec ce
livre "Les points essentiels de la
question sociale" et les
conférences. On y a vraiment tenu
compte de ce dont le prolétariat a
absolument besoin aujourd'hui, de
ce qui est nécessaire compte tenu
de la situation actuelle. On l'a
compris au début [dans le
prolétariat], mais ensuite ceux
qui sont les dirigeants du
prolétariat dans les différents
groupes de partis ne l'ont pas
compris. Cela dit, je ne veux pas
être trop injuste et je ne veux
pas presser la vérité ; je ne veux
pas affirmer que ces dirigeants,
par exemple, ne comprennent pas ce
livre, car je ne peux pas supposer
qu'ils l'ont lu, qu'ils le
connaissent. Je n'affirmerais pas
quelque chose de juste si je
disais : ils ne peuvent pas
comprendre ce livre. Mais ils ne
peuvent absolument pas se décider
à comprendre que quelque chose
d'autre soit nécessaire que ce
qu'ils pensent depuis des
décennies. Leur cerveau est devenu
trop sec, trop rigide pour cela.
Et c'est pourquoi ils s'en
tiennent à ce qu'ils ont pensé
depuis longtemps et trouvent que
ce qui est le contraire de toute
utopie, c'est une utopie. Car,
voyez-vous, le livre "Les points
essentiels" tient pleinement
compte du fait qu'on ne peut plus
aujourd'hui se mouvoir dans des
utopies dans le sens des
Saint-Simon, Fourier, Proudhon et
ainsi de suite, mais aussi du fait
qu'on ne peut plus jamais se
placer du point de vue :
L'évolution se fera d'elle-même.
Car ce que Marx et Engels ont vu,
ce qui s'est développé [à leur
époque], ce dont ils ont tiré
leurs conclusions, on ne peut plus
en tirer de conclusions
aujourd'hui, car la guerre
mondiale l'a balayé, il n'est plus
là sous sa forme véritable. Celui
qui dit aujourd'hui la même chose
que Marx et Engels, dit quelque
chose que Marx n'aurait jamais
dit.
|
37
|
Sehen
Sie, dieses Schicksal hat im
wesentlichen dasjenige erfahren,
was mit diesem Buche «Die
Kernpunkte der Sozialen Frage»
und den Vorträgen in vieler
Richtung gewollt worden ist. Da
wurde einmal wirklich mit dem
gerechnet, was das Proletariat
heute unbedingt braucht, was
notwendig ist aus der Zeitlage
heraus. Das verstand man auch
anfangs [im Proletariat], aber
dann verstanden es diejenigen
nicht, die die Führer des
Proletariats in den
verschiedenen
Parteigruppierungen sind. Das
heißt, ich will ja nicht allzu
ungerecht sein, und ich will
nicht die Wahrheit pressen; ich
will nicht behaupten, daß zum
Beispiel diese Führer dieses
Buch nicht verstehen, denn ich
kann nicht annehmen, daß sie es
gelesen haben, daß sie es
kennen. Ich würde nicht etwas
Richtiges behaupten, wenn ich
sagte: sie können das Buch nicht
verstehen. Aber sie können sich
überhaupt nicht entschließen zu
verstehen, daß etwas anderes
notwendig sein soll, als das,
was sie seit Jahrzehnten denken.
Dazu ist ihr Gehirn zu trocken,
zu steif geworden. Und daher
bleiben sie stehen bei dem, was
sie seit langer Zeit gedacht
haben und finden, daß dasjenige,
was das Gegenteil von aller
Utopie ist, daß das eine Utopie
sei. Denn sehen Sie, das Buch
«Die Kernpunkte» rechnet voll
damit, daß man heute nicht mehr
im Sinne der Saint-Simon,
Fourier, Proudhon und so weiter
in Utopien sich bewegen kann,
aber auch damit, daß man
nimmermehr sich auf den
Standpunkt stellen kann: Die
Entwicklung wird es schon von
selber geben. Denn das, was Marx
und Engels gesehen haben, was
sich [zu ihren Zeiten]
entwickelte, woraus sie ihre
Schlüsse gezogen haben, aus dem
kann man heute nicht mehr
Schlüsse ziehen, denn das hat
der Weltkrieg weggefegt, das ist
in seiner wahren Gestalt nicht
mehr da. Wer heute dasselbe sagt
wie Marx und Engels, der sagt
etwas, was Marx niemals gesagt
hätte.
|
Il a eu peur de ses
partisans, car il a dit : en ce
qui me concerne, je ne suis pas
marxiste. - Et aujourd'hui, il
dirait : à l'époque, les faits
étaient encore différents ; à
l'époque, je tirais mes
conclusions de faits qui n'avaient
pas encore été modifiés, changés,
comme la guerre mondiale a tout
changé par la suite.
|
38
|
Dem ist angst und bange
geworden gerade vor seinen
Anhängern, denn er hat gesagt: Was
mich anbetrifft, ich bin kein
Marxist. — Und heute würde er
sagen: Damals waren die Tatsachen
noch andere; damals habe ich meine
Schlüsse gezogen aus Tatsachen,
die noch nicht so modifiziert, so
verändert worden sind, wie der
Weltkrieg alles verändert hat
nachher.
|
Mais, voyez-vous, ces
humains qui ne peuvent rien
apprendre des événements, qui ont
aujourd'hui la même attitude que
les anciens catholiques vis-à-vis
de leurs évêques et de leurs
papes, ne peuvent même pas
imaginer qu'une chose telle que le
marxisme doit être développée dans
le sens des faits. C'est ce que
font les socialistes, mais aussi
les bourgeois. Les cercles les
plus larges le font ainsi. Les
bourgeois le font naturellement de
manière somnolente, l'âme
complètement endormie, les autres
le font de telle sorte qu'ils se
trouvent au milieu et voient
l'effondrement, mais qu'ils ne
veulent pas s'attendre aux faits
qui se révèlent ainsi.
Aujourd'hui, nous avons justement
besoin que quelque chose de
nouveau arrive parmi les humains.
Et c'est pourquoi il est
nécessaire de comprendre quelque
chose [comme la triarticulation]
qui n'est pas une utopie, mais qui
compte justement avec les faits.
Si, de ce côté, on appelle ce qui
compte ainsi avec les faits,
l'ergotage, on pourrait en fait
être tout à fait satisfait. Car si
les gens appellent ce qu'ils font
avancer une ligne droite, alors il
faut, pour faire quelque chose de
raisonnable, tirer dans le sens du
poil, pour amener ce qui est
déraisonnable dans une autre
direction, raisonnable. Mais vous
voyez, ceux qui comprennent encore
ce qui est raisonnable devraient
approfondir ce qui est présenté
ici. Et c'est à cela que peuvent
servir ces soirées.
|
39
|
Aber
sehen Sie, diejenigen Menschen,
die nichts lernen können von den
Ereignissen, die heute von einer
Gesinnung sind, wie die alten
Katholiken ihren Bischöfen und
Päpsten gegenüber waren, die
können sich gar nicht denken,
daß so etwas, wie es der
Marxismus ist, auch
fortentwickelt werden muß im
Sinne der Tatsachen.Sie sehen
immer noch die alten Tatsachen
vor sich, und deshalbpfeifen und
fauchen die Leute noch immer
dasselbe, was sie gepfif‑fen und
gefaucht haben vor dem
Weltkrieg. So machen es die
Sozialisten, aber auch die
Bürgerlichen. Die weitesten
Kreise machenes so. Die
Bürgerlichen machen es natürlich
ganz schläfrig, mit völlig
verschlafener Seele, die anderen
machen es so, daß sie
allerdings mitten drinnen
stehen und den Zusammenbruch
sehen, daß sie aber nicht mit
den Tatsachen, die sich dadurch
offenbaren, rechnen wollen. Wir
haben eben heute notwendig, daß
etwas Neues unter die Menschen
kommt. Und deshalb ist es nötig,
so etwas zu verstehen [wie die
Dreigliederung], die keine
Utopie ist, sondern die gerade
mit den Tatsachen rechnet. Wenn
von jener Seite dasjenige, was
so mit den Tatsachen rechnet,
Quertreiberei genannt wird, so
könnte man eigentlich ganz
zufrieden sein. Denn wenn die
Leute das, was sie
vorwärtstreiben, eine gerade
Linie nennen, dann muß man, um
etwas Vernünftiges zu betreiben,
in die Quere hineinschießen, um
das Unvernünftige in andere, in
vernünftige Richtung zu
bringen. Aber sehen Sie,
diejenigen, die das Vernünftige
doch noch einsehen, die sollten
sich vertiefen in das, was hier
vorgebracht wird. Und dazu
können ja diese Abende da sein.
|
Non, il y a longtemps que
l'on a essayé de mettre en
pratique ce que l'on a tiré des
faits. Et c'est ainsi que nous
nous sommes réunis depuis des
semaines - je n'ai pas besoin de
répéter toutes ces choses, vous
pouvez encore poser des questions
ou discuter des pour et des contre
à l'issue de cet exposé -, nous
nous sommes réunis depuis des
semaines pour mettre sur pied ce
que nous appelons le corps des
conseils d'entreprise. Nous avons
essayé de créer ces conseils
d'entreprise à partir des faits
actuels nécessaires, de les créer
vraiment de telle sorte qu'ils
viennent de la simple vie de
l'économie, qu'ils ne viennent pas
de la vie politique, qui ne peut
pas constituer la base de la vie
de l'économie. Car si l'on regarde
les faits en face aujourd'hui, il
faut se tenir strictement sur le
terrain de l'organisme social
triarticulé. Et celui qui ne veut
pas de cette triarticulation
aujourd'hui va à l'encontre de la
nécessité historique de
l'évolution de l'humanité.
Aujourd'hui, il doit en être
ainsi, comme je l'ai souvent
expliqué : que la vie spirituelle
soit placée sur elle-même, que la
vie économique soit placée sur
elle-même, que la vie de droit ou
politique soit administrée
démocratiquement. Et dans la vie
économique, le premier pas vers un
façonnement réellement social doit
être fait avec les conseils
d'entreprise. Mais comment cela
peut-il se faire ? Uniquement en
posant d'abord la question :
maintenant oui, il y a l'impulsion
de l'organisme social triarticulé,
c'est nouveau par rapport à toutes
les anciennes momies de parti ; y
a-t-il quelque chose d'autre de
nouveau ? Les imbéciles prétendent
aujourd'hui que les idées ne font
que tourbillonner dans l'air. Si
l'on écoute les discussions, elles
apportent toutes sortes de choses
négatives, mais elles n'apportent
rien qui puisse être mis en
parallèle avec la triarticulation
de l'organisme social. Tout cela
n'est que de l'eau de rose lorsque
les socialistes affirment que les
idées ne font que pendre dans
l'air - comme cela a été dit dans
une revue nouvellement créée, lors
d'une discussion sur la
triarticulation.
|
40
|
Nicht
wahr, es ist ja längst
dasjenige, was da aus den
Tatsachen herausgeholt wird,
versucht worden, in die Praxis
hineinzutragen. Und so haben wir
uns seit Wochen versammelt — ich
brauche alle diese Dinge nicht
zu wiederholen, Sie können ja
auch im Anschluß an diesen
Vortrag noch Fragen stellen oder
pro und contra diskutieren —,
wir haben uns seit Wochen
versammelt, um das, was wir
Betriebsräteschaft nennen, auf
die Beine zu bringen. Wir haben
versucht, diese
Betriebsräteschaft aus den
gegenwärtig notwendigen
Tatsachen heraus zu schaffen,
wirklich so sie zu schaffen, daß
sie aus dem bloßen
Wirtschaftsleben kommen, daß sie
nicht kommen aus dem
politischen Leben, das nicht die
Grundlage des Wirtschaftslebens
abgeben kann. Denn man muß, wenn
man heute den Tatsachen ins Auge
schaut, streng stehen auf dem
Boden des dreigliedrigen
sozialen Organismus. Und
derjenige, der heute diese
Dreigliederung nicht will, der
handelt der geschichtlichen
Notwendigkeit der
Menschheitsentwicklung entgegen.
Heute muß das so sein, wie ich
es oftmals ausgeführt habe: daß
das geistige Leben auf sich
gestellt wird, daß das
wirtschaftliche Leben auf sich
gestellt wird, daß das Rechts-
oder politische Leben
demokratisch verwaltet wird.
Und im wirtschaftlichen Leben
soll der erste Anfang zu einer
wirklich sozialen Gestaltung mit
den Betriebsräten gemacht
werden. Wodurch kann aber das
nur geschehen? Nur dadurch, daß
man zuerst die Frage aufstellt:
Nun ja, da ist der Impuls des
dreigliedrigen sozialen
Organismus, der ist neu
gegenüber allen früheren
Parteimumien; ist noch etwas
anderes Neues da? Blödlinge
behaupten heute, daß die Ideen
nur so durch die Luft schwirren
würden. Hört man die
Diskussionen an, so bringen sie
allerlei Negatives, aber sie
bringen nichts, was der
Dreigliederung des sozialen
Organismus an die Seite zu
stellen wäre. Das ist alles
Wischiwaschi, wenn da von
sozialistischer Seite herkommt,
daß die Ideen nur so in der Luft
hängen — wie das gesagt worden
ist in einer neu begründeten
Zeitschrift in einer Besprechung
der Dreigliederung.
|
Il s'agit tout d'abord
qu’on lance la question et d'y
voir clair : N'y a-t-il rien
d'autre ? Ensuite, on s'en tient
d'abord à la triarticulation de
l'organisme social, jusqu'à ce
qu'on puisse la réfuter de manière
objective, jusqu'à ce qu'on puisse
placer à côté d'elle des choses
objectivement équivalentes. On ne
peut plus discuter des anciens
programmes de parti, c'est la
guerre mondiale qui en a discuté ;
celui qui a vraiment de la
compréhension sait que ces
anciennes idées de parti sont
réfutées par la catastrophe de la
guerre mondiale. Mais alors, si
l'on ne peut pas répondre à cette
question en plaçant à côté quelque
chose d'objectivement équivalent,
et si l'on veut aller plus loin,
alors on peut honnêtement se dire
: nous travaillons donc dans le
sens de la triarticulation de
l'organisme social. Disons-le
franchement : les anciennes
structures de parti ont perdu leur
signification ; il faut travailler
dans le sens de la
triarticulation.
|
41
|
Es handelt sich erstens
darum, daß man die Frage aufwirft
und sich darüber klar wird: Ist
nichts anderes da? Dann hält man
sich zunächst an die
Dreigliederung des sozialen
Organismus, bis man sie in
sachlicher Weise widerlegen kann,
bis man sachlich Gleichwertiges
daneben stellen kann. Über die
alten Parteiprogramme kann man
nicht mehr diskutieren, darüber
hat der Weltkrieg diskutiert; wer
wirklich Verständnis hat, der
weiß, daß diese alten Parteimumien
durch die Weltkriegskatastrophe
widerlegt sind. Dann aber, wenn
man diese Frage nicht dadurch
beantworten kann, daß man etwas
sachlich Gleichwertiges daneben
stellt, und wenn man weitergehen
will, dann kann man ehrlich sich
sagen: Also arbeiten wir im Sinne
der Dreigliederung des sozialen
Organismus. Sagen wir uns ehrlich:
Die alten Parteizusammenhänge
haben ihre Bedeutung verloren; es
muß im Sinne der Dreigliederung
gearbeitet werden.
|
Lorsque j'ai pris la
parole avant-hier à Mannheim, un
monsieur s'est présenté à la fin
et a dit : "Ce que Steiner a dit
est bien, mais ce n'est pas ce que
nous voulons ; nous ne voulons pas
ajouter un nouveau parti à tous
les anciens partis. Les gens qui
veulent une telle chose doivent
entrer dans les anciens partis et
y travailler. — Je ne pouvais que
répondre : j'ai suivi la vie
politique de très près depuis
longtemps, alors que le monsieur
qui parlait n'était pas encore né.
Et bien que j'aie été familiarisé
par ma vie avec tout ce qui
fonctionnait socialement comme
force, je n'ai jamais pu agir au
sein d'un parti quelconque ou m'y
tenir, et il ne me vient pas à
l'esprit, à la fin de ma sixième
décennie, de devenir un humain de
parti : je ne veux rien avoir à
faire ni avec un autre parti ni
avec un parti que j'aurais fondé
moi-même. Je ne veux pas non plus
avoir affaire à un parti que
j'aurais fondé moi-même ; personne
ne doit craindre qu'un nouveau
parti soit fondé par moi. Car j'ai
appris que chaque parti, par la
force des choses, devient stupide
au bout d'un certain temps,
précisément parce que je ne me
suis jamais engagé dans aucun
parti. Et j'ai appris à plaindre
les gens qui n'ont pas compris
cela. C'est pourquoi personne ne
doit craindre qu'un nouveau parti
vienne s'ajouter aux anciens.
C'est pourquoi nous n'avons pas
fondé de nouveau parti, mais la
Fédération pour la triarticulation
de l'organisme social s'est réunie
pour représenter les idées de
l'organisme triarticulé, dont le
caractère non utopiste, dont le
caractère réel est tout de même
perçu par un certain nombre de
personnes. Les personnes qui le
reconnaissent devraient aussi
l'affirmer honnêtement et
sincèrement.
|
42
|
Als
ich vorgestern in Mannheim
gesprochen habe, trat zuletzt
ein Herr auf, der sagte: Was da
der Steiner gesagt hat, ist
schön, aber es ist nicht das,
was wir wollen; wir wollen nicht
zu allen alten Parteien noch
eine neue Partei. Die Leute, die
so etwas wollen, die sollen in
die alten Parteien eintreten und
darin wirken. -- Ich konnte
darauf nur sagen: Ich habe das
politische Leben längst sehr
genau verfolgt, als der Herr,
der da sprach, noch lange nicht
geboren war. Und ichhabe,
trotzdem ich mit allem
bekanntgeworden bin durch mein
Leben, was sozial irgendwie als
Kraft funktionierte, ich habe
doch niemals innerhalb
irgendeiner Partei gewirkt oder
darinnen stehen können, und es
fällt mir nicht ein, jetzt, am
Ende meines sechsten
Lebensjahrzehnts, irgendwie ein
Parteimensch zu werden: Weder
mit einer andern Partei noch mit
einer selbstgegründeten möchte
ich irgend etwas zu tun haben.
Also auch nicht mit einer
selbstgegründeten Partei möchte
ich etwas zu tun haben; das
braucht niemand zu fürchten, daß
durch mich eine neue Partei
gegründet wird. Denn daß jede
Partei durch Naturnotwendigkeit
nach einiger Zeit töricht wird,
das habe ich gelernt, gerade
indem ich mich niemals mit
irgendeiner Partei eingelassen
habe. Und ich habe gelernt, die
Leute zu bedauern, die das nicht
durchschauen. Daher braucht
niemand zu fürchten, daß zu den
alten Parteien eine neue Partei
kommt. Deshalb ist auch von uns
nicht eine neue Partei gegründet
worden, sondern der Bund für
Dreigliederung des sozialen
Organismus hat sich
zusammengeschlossen, um die
Ideen des dreigliedrigen
Organismus zu vertreten, deren
nicht-utopistischer Charakter,
deren Wirklichkeitscharakter
eben doch von einer Anzahl von
Menschen durchschaut wird. Die
Menschen, die das einsehen, die
sollten aber auch ehrlich und
aufrichtig sich dazu bekennen.
|
Car cela non plus ne doit
pas arriver : Il y a une pièce de
théâtre dans laquelle un coq
chante à l'aube, et chaque fois
que le coq a chanté, le soleil se
lève. Eh bien, le coq ne peut pas
voir le contexte, c'est pourquoi
il croit que lorsqu'il chante,
c'est que le soleil répond à son
appel, qu'il vient parce qu'il a
chanté, qu'il a fait en sorte que
le soleil se lève. - Enfin, si
quelqu'un dans la vie non sociale
se laisse aller à une telle
illusion, comme ce coq qui chante
sur le fumier et veut faire se
lever le soleil, cela ne fait
rien. Mais si, dans certaines
circonstances, il arrivait que
l'idée des conseils d'entreprise
véritablement économiques prospère
sur le sol de l'organisme
triarticulé et que les personnes
qui s'en occupent veuillent nier
l'origine, à savoir que
l'impulsion de la triarticulation
a mis cette idée en mouvement, et
si ces personnes croient que parce
qu'on a chanté, les conseils
d'entreprise vont venir, alors ce
serait la même erreur, et une
erreur très fatale. Mais cela ne
doit pas arriver. Ce qui se passe
dans cette direction [les conseils
d'entreprise], ce qui a été
entrepris ici, ne doit pas être
dissocié, cela doit rester en
rapport avec l'impulsion bien
comprise de la triarticulation de
l'organisme social. Et ceux qui
veulent réaliser les conseils
d'entreprise dans le sens de cette
impulsion ne peuvent jamais
accepter que les conseils
d'entreprise soient créés de
manière unilatérale et que l'on ne
crie que "conseils d'entreprise,
conseils d'entreprise". Ce n'est
pas suffisant. Cela n'a de sens
que si l'on aspire en même temps à
tout ce qui doit être recherché
par l'impulsion de l'organisme
social triarticulé. C'est ce qui
est important. Car si vous voulez
vraiment comprendre ce qui est
écrit dans les "points
essentiels", vous devez vous
placer du point de vue que l'on
peut apprendre des faits que les
quatre ou cinq dernières années
ont offerts. Pour celui qui voit
clair dans ces faits, ils
apparaissent comme s'il avait vécu
des siècles, et pour celui qui
voit les programmes des partis
comme si leurs promoteurs avaient
dormi pendant des siècles.
Aujourd'hui, cela doit être
envisagé clairement et sans
réserve.
|
43
|
Denn
auch das darf nicht geschehen:
Es gibt ein Theaterstück, da
kräht ein Hahn in der Früh, und
immer, wenn der Hahn gekräht
hat, geht die Sonne auf. Nun ja,
der Hahn kann nicht den
Zusammenhang durchschauen, daher
glaubt er, wenn er kräht, dann
folge die Sonne seinem Ruf, sie
komme, weil er gekräht hat, er
habe bewirkt, daß die Sonne
aufgeht. — Wenn schließlich
jemand im nicht-sozialen Leben
sich einer solchen Täuschung
hingibt, wie dieser Hahn, der
auf dem Mist kräht und die Sonne
aufgehen machen will, so macht
es nichts. Wenn aber unter
Umständen es hier geschehen
würde, daß die Idee der wirklich
wirtschaftlichen Betriebsräte
gedeiht auf dem Boden des
dreigliedrigen Organismus und
diejenigen Menschen, die das
pflegen, verleugnen wollten etwa
den Ursprung, nämlich daß der
Impuls der Dreigliederung diese
Idee in Fluß gebracht hat, und
wenn diese Menschen glauben,
weil man gekräht habe, kämen die
Betriebsräte, dann wäre das
derselbe Irrtum, und zwar ein
sehr verhängnisvoller Irrtum.
Das darf aber nicht kommen. Das,
was in dieser Richtung [der
Betriebsräte] geschieht, was in
Angriff genommen worden ist
hier, das darf nicht losgelöst
werden, es muß im Zusammenhang
bleiben mit dem richtig
verstandenen Impuls der
Dreigliederung des sozialen
Organismus. Und diejenigen, die
im Sinne dieses Impulses die
Betriebsräteschaft verwirklichen
wollen, die können sich niemals
darauf einlassen, daß etwa in
einseitiger Weise bloß die
Betriebsräteschaft gegründet
würde und immer nur gekräht
würde «Betriebsräte,
Betriebsräte». Damit ist es
nicht genug. Das hat nur einen
Sinn, wenn man zugleich anstrebt
alles, was durch den Impuls des
dreigliedrigen sozialen
Organismus angestrebt werden
soll. Das ist es, worauf es
ankommt. Denn wollen Sie
wirklich das verstehen, was in
den «Kernpunkten» steht, dann
müssen Sie sich auf den
Standpunkt stellen, den man
lernen kann aus den Tatsachen,
die die letzten vier bis fünf
Jahre geboten haben. Wer diese
Tatsachen durchschaut, auf den
wirken sie so, als wenn er
Jahrhunderte durchlebt hätte,
und auf den wirken die
Parteiprogramme so, als wenn
ihre Träger Jahrhunderte
geschlafen hätten. Heute muß
dieses klar und rückhaltlos ins
Auge gefaßt werden.
|
Ce que je viens de vous
raconter, j'aurais bien sûr tout
aussi bien pu l'écrire en
préambule de ce livre. Seulement,
on a pu constater ces derniers
mois à quel point les programmes
des partis sont actuellement
rigides et stériles. Mais il
serait utile que cela figure en
préambule de ce livre. Je vous ai
raconté aujourd'hui beaucoup de
choses qui n'y figurent pas,
puisque vous avez décidé, me
semble-t-il, de vous réunir ici
pour étudier correctement les
graves questions sociales
actuelles dans le prolongement de
ce livre. Mais avant de s'y
atteler, il faut déjà se rendre
compte que l'on ne peut pas
continuer à trottiner dans le
vieux style des programmes et des
modèles de parti, mais que l'on
doit se décider à aborder
aujourd'hui les faits conformément
à la réalité et à tirer un trait
sur tout ce qui ne tient pas
compte de ces nouveaux faits. Ce
n'est qu'ainsi que vous
comprendrez correctement ce qui
doit être réalisé, précisément
avec cette impulsion vers un
organisme social triarticulé. Et
vous le comprendrez de la bonne
manière si vous trouvez que chaque
phrase de ce livre est susceptible
d'être mise en pratique, d'être
transformée en réalité immédiate.
Et la plupart de ceux qui disent
qu'ils ne comprennent pas ou qu'il
s'agit d'utopies et autres, n'ont
tout simplement pas le courage de
penser assez fort aujourd'hui pour
que les pensées puissent
intervenir dans la réalité.
|
44
|
Das,
was ich Ihnen jetzt erzählt
habe, das hätte ich natürlich
ebensogut als Vorrede in dieses
Buch schreiben können. Allein,
man hat ja erst in den letzten
Monaten gesehen, wie steif und
unfruchtbar die Parteiprogramme
gegenwärtig sind. Aber es wäre
schon nützlich, wenn gerade das
als Vorrede in diesem Buche
stehen würde. Vieles, was nicht
darin steht, habe ich Ihnen
heute erzählt, da Sie, wie mir
scheint, beschlossen haben, hier
zusammenzukommen, um in
Anknüpfung an dieses Buch die
ernsten sozialen Fragen der
Gegenwart sachgemäß zu
studieren. Aber bevor man sich
an das macht, muß man sich schon
klarmachen, daß man nicht
forttrotteln kann in dem alten
Stil der Parteiprogramme und
Parteischablonen, sondern daß
man sich dazu entschließen muß,
heutedie Tatsachen
wirklichkeitsgemäß anzufassen
und einen Strich zumachen unter
alles das, was nicht rechnet mit
diesen neuen Tat‑sachen. Nur
dadurch werden Sie das, was
erreicht werden soll ge‑rade mit
diesem Impuls vorn
dreigliedrigen sozialen
Organismus, in der richtigen
Weise auffassen. Und Sie werden
es in der richtigen Weise
auffassen, wenn Sie finden, daß
jeder Satz in diesem Buch dazu
angetan ist, Tat werden zu
können, umgesetzt werden zu
können in unmittelbare
Wirklichkeit. Und die meisten,
die sagen, sie würden das nicht
verstehen oder es seien Utopien
und dergleichen, denen fehlt
einfach der Mut, die Courage,
heute so stark zu denken, daß
die Gedanken in die Wirklichkeit
eingreifen können.
|
Ceux qui crient toujours
"dictature du prolétariat",
"conquête du pouvoir",
"socialisme", pensent généralement
très peu. Il n'est donc pas
possible d'intervenir dans la
réalité avec ces modèles de mots.
Mais ils viennent ensuite dire
qu'on ne propose [avec les "points
essentiels"] que quelque chose qui
est une utopie. Ce n'est que dans
l'esprit des gens qui n'y
comprennent rien que cela devient
une utopie.
|
45
|
Diejenigen, die immer
krähen «Diktatur des
Proletariats», «Eroberung der
Macht», «Sozialismus», die denken
zumeist sehr wenig dabei. Es kann
daher mit diesen Wortschablonen
nicht in die Wirklichkeit
eingegriffen werden. Dann aber
kommen diese und sagen, da würde
[mit den «Kernpunkten»] nur etwas
geboten, was eine Utopie ist. Eine
Utopie wird es erst in den Köpfen
von den Leuten, die nichts davon
verstehen.
|
C'est pourquoi il
faudrait faire comprendre à ces
gens ce que Goethe a dit un jour,
sous une forme un peu différente
et en se référant à autre chose,
en se moquant du physiologiste
Haller, qui était un naturaliste
ossifié. Haller avait inventé la
parole : aucun esprit créé ne
pénètre à l'intérieur de la
nature.
|
46
|
Deshalb sollte man diesen
Leuten klarmachen, was, in einer
etwas veränderten Form mit Bezug
auf etwas anderes, Goethe einmal
gesagt hat, indem er gelacht hat
über den Physiologen Haller, der
ein verknöcherter Naturforscher
war. Haller hatte das Wort
geprägt: Ins Innere der Natur
Dringt kein erschaffner Geist.
|
Heureux celui à qui elle
indique seulement l'enveloppe
extérieure ! Cela répugnait à
Goethe, et il disait : "À
l'intérieur de la nature" - ô
philistin ! - "Aucun esprit créé
ne pénètre". "Heureux celui à qui
elle indique seulement l'enveloppe
extérieure !" J'entends cela se
répéter depuis soixante ans, je le
maudis, mais en cachette.
|
47
|
Glückselig, wem sie nur
Die äußere Schale weist! Das
widerstrebte Goethe, und er sagte:
«Ins Innere der Natur» — O, du
Philister! — «Dringt kein
erschaffner Geist.» «Glückselig,
wem sie nur Die äußere Schale
weist!» Das hör ich sechzig Jahre
wiederholen, Ich fluche drauf,
aber verstohlen.
|
La nature n'a ni noyau ni
enveloppe, elle est tout en une
seule fois.
|
48
|
Natur hat weder Kern Noch
Schale, Alles ist sie mit einem
Male.
|
Examine-toi donc le plus
possible pour savoir si tu es le
noyau ou la coquille ! Ceux qui
parlent de la triarticulation de
l'organisme social comme d'une
utopie, on aimerait aussi leur
dire : "Examine-toi seulement si
ce qui hante ton cerveau est
soi-même une utopie ou une
réalité. — On trouvera alors que
tous les corbeaux ont la plupart
du temps des utopies à l'intérieur
et que la réalité dans leur propre
tête devient donc aussi une utopie
ou une idéologie, ou comme ils
l'appellent alors. C'est pourquoi
il est si difficile aujourd'hui de
faire passer la réalité, parce que
les gens se sont tellement barré
l'accès à la réalité.
|
49
|
Dich prüfe du nur
allermeist, Ob du Kern oder Schale
seist! Diejenigen, die von der
Dreigliederung des sozialen
Organismus als von einer Utopie
sprechen, zu denen möchte man auch
so sagen: Dich prüfe du nur
zuallermeist, ob das in deinem
Gehirn drinnen Spukende selber
Utopie oder Wirklichkeit ist. --
Da wird man finden, daß all die
Kräher zumeist Utopien drinnen
haben und deshalb die Wirklichkeit
in ihrem eigenen Kopfe auch eine
Utopie wird oder eine Ideologie
oder wie sie es dann nennen.
Deshalb ist es heute so schwer,
mit der Wirklichkeit
durchzudringen, weil die Leute
sich so verbaut haben den Zugang
zu der Wirklichkeit.
|
Mais nous devons nous
dire que nous devons travailler
sérieusement, sinon nous ne
pourrons pas passer de notre
volonté à l'action ; et c'est ce
qui importe, que nous passions de
notre volonté à l'action. Et si
nous devions renoncer à tout,
parce que nous le reconnaissons
comme une erreur, alors nous
devrions, pour pouvoir passer du
vouloir à l'action, nous tourner
vers la vérité, que nous voulons
percer à jour en tant que vérité,
car rien d'autre ne peut conduire
du vouloir à l'action que la
poursuite impitoyable et
courageuse de la vérité. Cela
devrait en fait être écrit comme
une devise, comme un slogan, avant
les études de ces soirées. Je
voulais vous présenter ce soir une
préface à ces soirées d'étude.
J'espère que ce préambule ne vous
empêchera pas de cultiver ces
études de telle sorte qu'enfin,
avant qu'il ne soit trop tard, des
pensées qui portent en elles des
germes d'action puissent s'insérer
dans le monde de manière
fructueuse.
|
50
|
Das
aber müssen wir uns sagen, daß
wir ernstlich arbeiten müssen,
sonst werden wir nicht
überführen können unser Wollen
in die Tat; und darauf kommt es
an, daß wir unser Wollen in die
Tat überführen. Und wenn wir von
allem Abschied nehmen müßten,
weil wir es als einen Irrtum
erkennen, so müßten wir, um vom
Wollen zur Tat kommen zu können,
uns doch zur Wahrheit wenden,
die wir als Wahrheit
durchschauen wollen, denn nichts
anderes kann vom Wollen zur Tat
führen, als das rücksichtslose,
couragierte Verfolgen der
Wahrheit. Das sollte eigentlich
als eine Devise, als ein Motto,
vor die Studien dieser Abende
geschrieben werden. Ich wollte
Ihnen heute Abend eine Vorrede
halten zu diesen Studienabenden.
Ich hoffe, daß diese Vorrede Sie
nicht abhält, diese Studien so
zu pflegen, daß endlich
wirklich, ehe es zu spät wird,
Gedanken, die Tatenkeime in sich
tragen, sich fruchtbar in die
Welt hineinstellen können.
|
Nous aurons l'occasion
d'en discuter.
|
51
|
Es wird die Gelegenheit
zu einer Aussprache gegeben.
|
#diffPF
Rudolf
Steiner : Le livre "Les points
essentiels de la question sociale"
est écrit d'une manière
particulière, et ce pour deux
raisons : premièrement, il est
écrit de telle manière qu'il est
en fait entièrement tiré de la
réalité. Certaines personnes qui
lisent le livre n'y pensent pas.
Je peux aussi comprendre que cela
ne soit pas pleinement pris en
compte aujourd'hui. J'ai déjà
parlé ici, dans ce cercle - mais
tous ceux qui sont là aujourd'hui
n'étaient pas présents - de la
façon dont les gens pensent
vraiment aujourd'hui. J'ai
notamment fait référence à
l'exemple du professeur d'économie
nationale, Lujo Brentano, qui l'a
si bien présenté dans le dernier
numéro de la "Feuille jaune" ; je
veux le répéter brièvement, car je
veux m'y rattacher un peu. Cette
lumière de la théorie d'économie
politique/de peuple actuelle de
l'université - il est le premier,
pour ainsi dire - a développé le
concept d'entrepreneur et a tenté
de caractériser les
caractéristiques de l'entrepreneur
à partir de sa pensée éclairée. Je
n'ai pas besoin d'énumérer la
première et la deuxième
caractéristique ; la troisième est
que l'entrepreneur est celui qui
met ses moyens de production au
service de l'ordre social à son
propre compte et à ses propres
risques. Il a maintenant cette
notion d'entrepreneur, et il
l'applique. Il arrive alors à
l'étrange résultat que l'ouvrier
prolétarien d'aujourd'hui est en
fait aussi un entrepreneur, car il
correspond à son concept
d'entrepreneur en ce qui concerne
la première, la deuxième et la
troisième caractéristique. Car
l'ouvrier a sa propre force de
travail comme moyen de production
; il en dispose, et par rapport à
celle-ci, il s'adresse au
processus social à son propre
compte et à ses propres risques. -
Ainsi, cette lumière de l'économie
de peuple intègre très bien le
concept de travailleur prolétarien
dans son concept d'entrepreneur.
Vous voyez, c'est ainsi que
pensent justement les humains qui
se font des concepts qui n'ont
aucun sens ; ils n'ont aucun sens
si l'on exige des concepts qui
doivent être réellement
applicables à la réalité. Mais
même si vous ne l'acceptez
peut-être pas, on peut dire
tranquillement que plus de
quatre-vingt-dix pour cent de tout
ce qui est enseigné ou imprimé
aujourd'hui utilise de tels
concepts ; si on veut les
appliquer à la réalité, cela ne
marche pas plus que le concept
d'entrepreneur de Lujo Brentano.
C'est ainsi dans la science, c'est
ainsi dans la science sociale,
c'est ainsi partout, c'est
pourquoi les gens ont désappris à
comprendre ce qui travaille avec
des concepts conformes à la
réalité.
|
52
|
Rudolf
Steiner: Das Buch «Die
Kernpunkte der Sozialen Frage»
ist ja nach zweifacher ichtung
in einer besonderen Art
geschrieben, Erstens ist es so
geschrieben, daß es tatsächlich
ganz aus der Wirklichkeit heraus
stammt. Das bedenken manche
Leute nicht, die das Buch lesen.
Ich kann auch begreifen, daß das
heute nicht voll bedacht wird.
Ich habe schon einmal hier in
diesem Kreise — aber es waren
nicht alle die da, die heute da
sind — davon gesprochen, wie nun
wirklich die Leute heute denken.
Ich habe namentlich hingewiesen
auf das Beispiel des Professors
der Nationalökonomie, Lujo
Brentano, der das so nett
geliefert hat in der vorigen
Nummer des «Gelben Blattes»; ich
will es kurz wiederholen, weil
ich daran etwas anknüpfen will.
Da hat diese Leuchte der
heutigen Volkswirtschaftslehre
der Universität — er ist ja der
Erste sozusagen — den Begriff
des Unternehmers entwickelt und
hat versucht, aus seinem
erleuchteten Denken heraus die
Merkmale des Unternehmers zu
charakterisieren. Das erste und
zweite Merkmal brauche ich nicht
aufzuzählen; als drittes gibt er
an, daß der Unternehmer
derjenige ist, der seine
Produktionsmittel auf eigene
Rechnung und Gefahr in den
Dienst der sozialen Ordnung
stellt. Nun hat er diesen
Begriff des Unternehmers, und
den wendet er nun an. Da kommt
er zu dem merkwürdigen Resultat,
daß der proletarische Arbeiter
von heute eigentlich auch ein
Unternehmer ist, denn er
entspricht diesem seinem Begriff
des Unternehmers in bezug auf
die erste, zweite und dritte
Eigenschaft. Denn der Arbeiter
hat seine eigene Arbeitskraft
als Produktionsmittel; darüber
verfügt er, in bezug auf diese
wendet er sich an den sozialen
Prozeß auf eigene Rechnung und
Gefahr. — So bringt diese
Leuchte der Volkswirtschaft den
Begriff des proletarischen
Arbeitnehmers in seinen Begriff
des Unternehmers sehr gut
hinein. Sehen Sie, so denken
eben die Menschen, die sich
Begriffe machen, die gar keinen
Sinn haben; sie haben keinen
Sinn, wenn Begriffe verlangt
werden, die auf die Wirklichkeit
wirklich anwendbar sein sollen.
Aber so wenig Sie das vielleicht
auch annehmen werden, man kann
ruhig sagen: Weit über neunzig
Prozent alles desjenigen, was
heute gelehrt oder gedruckt
wird, das operiert mit solchen
Begriffen; wenn man sie anwenden
will auf die Wirklichkeit, so
geht es ebensowenig wie bei Lujo
Brentanos Begriff vom
Unternehmer. So ist es in der
Wissenschaft, so ist es in der
Sozialwissenschaft, so ist es
überall, daher haben die Leute
verlernt, überhaupt das zu
verstehen, was mit
wirklichkeitsgemäßen Begriffen
arbeitet.
|
Prenez par exemple la
base de la triarticulation de
l'organisme social. N'est-ce pas,
on peut les poser de différentes
manières, ces bases, parce que la
vie a besoin de nombreuses bases.
Mais l'une d'entre elles est que
l'on sait que l'époque récente a
vu l'émergence de ce que l'on
pourrait appeler l'impulsion de la
démocratie. La démocratie doit
consister en ce que tout humain
devenu majeur puisse établir son
rapport de droit dans des
parlements démocratiques,
directement ou indirectement par
rapport à tout autre humain devenu
majeur. Mais justement, si l'on
veut honnêtement et sincèrement
instaurer cette démocratie dans le
monde, on ne peut pas gérer les
affaires spirituelles dans le sens
de cette démocratie, car chaque
humain devenu majeur devrait alors
décider de ce qu'il ne comprend
pas.
|
53
|
Nehmen Sie einmal die
Grundlage der Dreigliederung des
sozialen Organismus. Nicht wahr,
man kann sie in der
verschiedensten Weise legen, diese
Grundlagen, weil das Leben viele
Grundlagen braucht. Aber eine ist
diese, daß man weiß: in der
neueren Zeit ist das
heraufgezogen, was man nennen
könnte den Impuls der Demokratie.
Die Demokratie muß darin bestehen,
daß jeder mündig gewordene Mensch
sein Rechtsverhältnis festsetzen
kann in demokratischen Parlamenten
-- mittelbar oder unmittelbar
gegenüber jedem anderen mündig
gewordenen Menschen. Aber gerade
wenn man ehrlich und aufrichtig
diese Demokratie in die Welt
setzen will, dann kann man die
geistigen Angelegenheiten nicht im
Sinne dieser Demokratie verwalten,
denn da würde entscheiden müssen
jeder mündig gewordene Mensch über
das, was er nicht versteht.
|
Les affaires spirituelles
doivent être réglées à partir de
la compréhension de la chose,
c'est-à-dire qu'elles doivent être
placées sur elles-mêmes ; elles ne
peuvent donc absolument pas être
administrées dans un parlement
démocratique, mais elles doivent
avoir leur propre administration,
qui ne peut pas être démocratique,
mais qui doit être issue de la
chose. Il en va de même dans la
vie de l'économie ; la chose doit
être gérée à partir de
l'expérience économique et du
vivre dedans la vie de l'économie.
C'est pourquoi la vie de
l'économie d'un côté et la vie de
l'esprit de l'autre doivent être
séparées du parlement
démocratique. C'est ainsi que naît
l'organisme social triarticulé.
|
54
|
Die
geistigen Angelegenheiten müssen
aus dem Verständnis heraus für
die Sache geregelt werden, das
heißt auf sich selbst gestellt
werden; sie können also
überhaupt nicht in einem
demokratischen Parlament
verwaltet werden, sondern sie
müssen ihre eigene Verwaltung
haben, die nicht demokratisch
sein kann, sondern die aus der
Sache heraus sein muß. Ebenso
ist es im Wirtschaftsleben; da
muß aus der wirtschaftlichen
Erfahrung und dem Drinnenleben
im Wirtschaftsleben die Sache
verwaltet werden. Daher muß
ausgeschieden werden aus dem
demokratischen Parlament das
Wirtschaftsleben auf der einen
Seite und das Geistesleben auf
der anderen Seite. Daraus
entsteht der dreigegliederte
soziale Organismus.
|
Là y a maintenant à
Tübingen le professeur Heck, c'est
lui - j'en ai déjà parlé - qui a
dit qu'il ne fallait absolument
pas se laisser aller à dire que le
rapport salarial habituel, où l'on
est rémunéré pour son travail,
avait quelque chose d'humiliant
pour le prolétaire, car Caruso
était aussi dans un rapport
salarial. La différence ne serait
pas de principe : Caruso chante et
reçoit son salaire, et le
prolétaire ordinaire travaille et
reçoit aussi son salaire ; et lui,
en tant que professeur, reçoit
aussi son salaire lorsqu'il donne
une conférence. 1 a seule
différence entre Caruso et le
prolétaire serait que Caruso
reçoit trente à quarante mille
marks pour une soirée et le
prolétaire un peu moins. Mais il
ne s'agit pas d'une différence de
principe, seulement d'une
différence concernant la somme de
la rémunération. Et donc, selon ce
professeur plein d'esprit, on n'a
pas besoin de ressentir quelque
chose de dégradant dans la
rémunération ; lui non plus ne le
ressent pas ainsi. - Ce n'est
qu'une parenthèse. Mais ce
professeur intelligent a également
écrit un long article contre la
triarticulation. Là, il part de ce
que si l'on articule en trois, on
en arrive à trois parlements. - Et
maintenant, il montre que ce n'est
pas possible avec trois
parlements, car il dit : dans le
parlement économique, le petit
artisan ne comprendra pas le point
de vue du grand industriel, et
ainsi de suite. - C'est là que le
bon professeur s'est fait ses
idées sur la triarticulation, et
contre ces idées - que je trouve
encore bien plus stupides que le
professeur Heck ne les trouve ; je
les critiquerais aussi jusqu'à la
moelle -, il s'en prend à elles,
mais il les a faites lui-même. Il
s'agit en effet de ne pas
juxtaposer trois parlements, mais
d'en retirer ce qui n'a pas sa
place dans un parlement. Il fait
simplement trois parlements et dit
: ce n'est pas possible. - C'est
ainsi que l'on vit dans des
concepts étrangers à la réalité et
que l'on juge les autres en
fonction de ceux-ci.
|
55
|
Da
gibt es nun in Tübingen den
Professor Heck, das ist der —
ich habe schon davon gesprochen
—, der gesagt hat, man brauche
sich durchaus nicht
herbeizulassen zu sagen, daß das
gewöhnliche Lohnverhältnis, wo
man entlohnt wird für seine
Arbeit, etwas Erniedrigendes
hätte für den Proletarier, denn
Caruso stehe ja auch im
Lohnverhältnis. Der Unterschied
wäre kein prinzipieller: Caruso
singe und bekomme seinen Lohn,
und der gewöhnliche Proletarier
arbeite und bekomme auch seinen
Lohn; und er als Professor
bekomme auch seinen Lohn, wenn
er vortrage. 1 er Unterschied
zwischen Caruso und dem
Proletarier wäre nur der, daß
Caruso für einen Abend dreißig-
bis vierzigtausend Mark bekommt
und der Proletarier etwas
weniger. Aber das sei kein
prinzipieller Unterschied,
sondern nur ein Unterschied in
bezug auf die Summe der
Entlohnung. Und so braucht man,
so meint dieser geistreiche
Professor, in der Entlohnung
durchaus nicht etwas
Entwürdigendes zu fühlen; er
fühle das auch nicht so. — Das
nur nebenbei. Aber nun hat
dieser gescheite Professor auch
einen langen Artikel geschrieben
gegen die Dreigliederung. Da
geht er aus davon: Gliedern wir
dreifach, dann kommen wir ja zu
drei Parlamenten. — Und jetzt
zeigt er, daß das nicht geht mit
drei Parlamenten, denn er sagt:
Im Wirtschaftsparlament wird der
kleine Handwerker nicht
verstehen die Standpunkte des
Großindustriellen und so weiter.
— Da hat sich der gute Professor
seine Ideen über die
Dreigliederung gemacht, und
gegen diese Ideen — die ich noch
viel dümmer finde als Professor
Heck sie findet; die würde ich
auch in Grund und Boden hinein
kritisieren —, gegen die geht er
an, aber die hat er selbst
gemacht. Es handelt sich nämlich
darum, daß nicht drei Parlamente
nebeneinanderstehen, sondern daß
herausgenommen wird das, was in
kein Parlament gehört. Er macht
einfach drei Parlamente und
sagt: Das geht nicht. — So lebt
man in wirklichkeitsfremden
Begriffen und beurteilt das
andere auch danach.
|
Maintenant, dans
l'économie nationale, la théorie
d'économie de peuple, est presque
seulement inclus ce que sont des
concepts irréels. Mais,
voyez-vous, je ne pourrais pas,
maintenant que le temps presse,
écrire une bibliothèque entière
dans laquelle seraient répertoriés
tous les concepts d'économie de
peuple. C'est pourquoi se trouve
naturellement dans les "points
essentiels" une multitude de
concepts qui doivent être
abordés/discutés de manière
appropriée. Il me suffit par
exemple d'attirer l'attention sur
ce qui suit : n'est-il pas vrai
qu'à une époque que nous avons
dépassée, les relations sociales
étaient essentiellement le fruit
de la conquête ? Un territoire
quelconque était occupé par un
peuple ou une race ; un autre
peuple faisait irruption et
conquérait le territoire. Les
races ou les peuples qui étaient
auparavant à l'intérieur ont été
soumis au travail. Le peuple
conquérant a pris le sol en
possession, ce qui a créé un
certain rapport entre les
conquérants et les conquis. Les
conquérants, du fait qu'ils
étaient des conquérants, avaient
le sol en possession.
|
56
|
Nun
ist gerade in die
Nationalökonomie, in die
Volkswirtschaftslehre, fast nur
das eingezogen, was unwirkliche
Begriffe sind. Aber sehen Sie,
ich könnte doch nicht jetzt, wo
die Zeit drängt, eine ganze
Bibliothek schreiben, worin alle
volkswirtschaftlichen Begriffe
aufgeführt werden. Daher finden
sich natürlich in den
«Kernpunkten» eine Menge von
Begriffen, die sachgemäß
besprochen werden müssen. Ich
brauche zum Beispiel nur auf
folgendes aufmerksam zu machen:
Nicht wahr, in einer Zeit, über
die wir hinaus sind, da
entstanden soziale Verhältnisse
im Grunde genommen einzig und
allein durch Eroberung.
Irgendein Territorium wurde von
einem Volke oder von einer Rasse
besetzt; ein anderes Volk brach
herein und eroberte das Gebiet.
Diejenigen Rassen oder Völker,
die früher drinnen waren, wurden
heruntergedrängt zur Arbeit. Das
erobernde Volk nahm den Boden in
Besitz, und dadurch entstand ein
gewisses Verhältnis zwischen
Eroberern und Eroberten. Die
Eroberer hatten dadurch, daß sie
Eroberer waren, den Boden in
Besitz.
|
De ce fait, ils étaient
les plus forts économiquement, les
conquis étaient les plus faibles
économiquement, et il s'en est
formé ce qui est devenu un rapport
de droit. C'est pourquoi, à
presque toutes les époques
anciennes de l'évolution
historique, on a des rapports de
droit fondés sur des conquêtes,
c'est-à-dire des privilèges et des
droits de désavantage. Les temps
sont maintenant venus où il
n'était plus possible de conquérir
librement. Vous pouvez étudier la
différence entre la conquête libre
et la conquête liée en regardant
par exemple le début du Moyen Âge.
Vous pouvez étudier comment
certains peuples, les Goths, sont
descendus vers le sud, mais dans
des régions entièrement occupées ;
ils ont alors été amenés, en ce
qui concerne l'ordre social, à
faire autre chose que les Francs,
qui sont allés vers l'ouest et n'y
ont pas trouvé de régions
entièrement occupées. Cela a donné
naissance à d'autres droits de
conquête. À l'époque moderne, ce
ne sont pas seulement les droits
fonciers issus des conquêtes qui
ont agi, mais aussi les droits des
humains qui avaient des privilèges
de possession et qui pouvaient
désormais s'approprier les moyens
de production grâce au pouvoir
économique. La possession des
moyens de production, c'est-à-dire
la propriété privée des capitaux,
s'est ajoutée au droit foncier au
sens actuel du terme. Cela a donné
lieu à des rapports de droit issus
de rapports économiques. Comme
vous le voyez, ces rapports de
droit sont nés tout seuls à partir
de rapports économiques.
|
57
|
Dadurch
waren sie die wirtschaftlich
Starken, die Eroberten waren die
wirtschaftlich Schwachen, und es
bildete sich das heraus, was ein
Rechtsverhältnis wurde. Daher
hat man in fast allen älteren
Epochen im geschichtlichen
Werden durch Eroberungen
begründete Rechtsverhältnisse,
das heißt Vorrechte und
Benachteiligungsrechte. Nun
kamen die Zeiten herbei, in
denen nicht mehr frei erobert
werden konnte. Sie können den
Unterschied studieren im freien
und gebundenen Erobern, wenn Sie
zum Beispiel sich das frühe
Mittelalter ansehen. Sie können
studieren, wie gewisse
Völkerschaften, die Goten,
hinuntergedrungen waren nach dem
Süden, aber in vollbesetzte
Gebiete; da wurden sie zu
anderem veranlaßt in bezug auf
die soziale Ordnung als die
Franken, die nach dem Westen
zogen und dort nicht
vollbesetzte Gebiete fanden.
Dadurch entstanden andere
Erobererrechte. In der neueren
Zeit wirkten dann nicht allein
die von Grund und Boden
abhängigen Rechte, welche aus
Eroberungen hervorgegangen
waren, es kamen dazu die Rechte
derjenigen Menschen, die
Vorrechte aus Besitz hatten und
die jetzt durch wirtschaftliche
Macht sich aneignen konnten die
Produktionsmittel. Da kam zu
dem, was Bodenrecht ist im
heutigen Sinne, der Besitz der
Produktionsmittel dazu, das
heißt der Privatbesitz von
Kapitalien. Das ergab dann
Rechtsverhältnisse aus
wirtschaftlichen Verhältnissen
heraus. Sie sehen, es sind diese
Rechtsverhältnisse ganz allein
aus den wirtschaftlichen
Verhältnissen heraus entstanden.
|
Maintenant, les humains
viennent et veulent des notions de
pouvoir économique, d'importance
économique de la terre, ils
veulent des concepts de moyens
d'exploitation, de moyens de
production, de capitaux, etc.,
mais ils n'ont pas vraiment de
compréhension profonde du cours
des choses. Ils prennent alors les
faits superficiels et n'arrivent
pas à comprendre ce qui se cache
derrière les droits fonciers,
derrière les rapports de force en
ce qui concerne les moyens de
production. Bien sûr, toutes ces
choses sont prises en compte dans
mon livre. Là est pensé
correctement ; là est, quand est
parlé de droits, à partir de la
conscience de la manière dont le
droit s'est développé à travers
les siècles ; quand on parle de
capital, on parle de la conscience
de comment le capital est
devenu. Là est évité soigneusement
d'utiliser un concept qui n'est
pas entièrement saisi à partir de
sa genèse ; c'est pourquoi ces
concepts se présentent
différemment que dans les manuels
habituels d'aujourd'hui.
|
58
|
Nun
kommen die Menschen und wollen
Begriffe von wirtschaftlicher
Macht, von der wirtschaftlichen
Bedeutung des Grund und Bodens,
sie wollen Begriffe der
Betriebsmittel, der
Produktionsmittel, der
Kapitalien und so weiter haben.
ja, aber sie habenkeine wirklich
tiefere Einsicht in den Gang der
Dinge. Da nehmensie dann die
oberflächlichen Tatsachen und
kommen nicht darauf,was
eigentlich hinter den
Bodenrechten, hinter den
Machtverhältnissen in bezug auf
die Produktionsmittel steckt. Natürlich,
alle diese Dinge sind in
meinem Buche berücksichtigt.
Da ist richtig gedacht; da
ist, wenn von Rechten
gesprochen wird, aus dem
Bewußtsein heraus gesprochen,
wie das Recht durch
Jahrhunderte hindurch
entstanden ist; da ist, wenn
von Kapital gesprochen wird,
aus dem Bewußtsein heraus
gesprochen, wie das Kapital
geworden ist. Da ist
sorgfältig vermieden, einen
Begriff anzuwenden, der nicht
vollständig aus der Entstehung
heraus gefaßt ist; daher
nehmen sich diese Begriffe
anders aus als in den
gewöhnlichen heutigen
Lehrbüchern.
|
Mais aussi quelque chose
d'autre est pris en compte.
Prenons un fait précis, n'est-ce
pas, le fait que le protestantisme
est né un jour. Dans les livres
d'histoire, on raconte très
souvent que Tetzel a parcouru
l'Europe centrale et que les gens
étaient indignés par la vente des
indulgences et autres choses de ce
genre. Mais ce n'était pas
seulement cela, ce n'est qu'une
vision superficielle. L'élément
principal était le fait qu'il y
avait à Gênes une banque pour le
compte de laquelle - et non pour
le compte du pape - ce marchand
d'indulgences se déplaçait en
Allemagne, car cette banque avait
accordé des crédits au pape pour
ses autres besoins. Toute cette
histoire était une entreprise
capitaliste. Cet exemple du
commerce des indulgences en tant
qu'entreprise capitaliste, où même
le spirituel a été négocié, vous
permet d'étudier - ou plutôt, si
l'on commence à étudier, on arrive
peu à peu à la conclusion - que
finalement, tout pouvoir du
capital se ramène à la suprématie
du spirituel. Si vous étudiez
comment le capital a acquis son
pouvoir, vous trouverez partout la
suprématie du spirituel. Et c'est
vraiment ainsi. N'est-ce pas,
celui qui est intelligent, celui
qui est débrouillard, a un pouvoir
plus grand que celui qui n'est pas
intelligent, qui n'est pas
débrouillard. Et c'est ainsi que
naissent, de façon justifiée ou
non, beaucoup de choses qui sont
des concentrations de capital. Il
faut en tenir compte lorsqu'on
envisage le concept de capital.
|
59
|
Aber
auch noch etwas anderes ist
berücksichtigt. Nehmen wir eine
bestimmte Tatsache, nicht wahr,
die Tatsache, wie der
Protestantismus einmal
entstanden ist. In den
Geschichtsbüchern wird es ja
sehr häufig so erzählt, daß der
Tetzel herumgezogen ist
innerhalb Mitteleuropas und daß
die Leute entrüstet waren über
den Ablaßverkauf und
dergleichen. Aber das war es
nicht allein, das ist nur die
Oberflächenansicht. Die
Hauptsache, die dahinter stak,
war die Tatsache, daß es in
Genua ein Bankhaus gab, in
dessen Auftrag — nicht im
Auftrag des Papstes — dieser
Ablaßkrämer in Deutschland
herumzog, denn dieses Bankhaus
hatte dem Papst für seine
anderen Bedürfnisse Kredite
gewährt. Die ganze Geschichte
war eine kapitalistische
Unternehmung. An diesem Beispiel
des Ablaßhandels als einer
kapitalistischen Unternehmung,
wo sogar auch mit Geistigem
gehandelt worden ist, an diesem
Beispiel können Sie studieren —
oder besser gesagt, wenn man da
anfängt zu studieren, kommt man
allmählich darauf —, daß
schließlich alle Kapitalmacht
zurückgeht auf die Übermacht des
Geistigen. Studieren Sie, wie
das Kapital eigentlich zu seiner
Macht gekommen ist, so finden
Sie überall die Übermacht des
Geistigen. Und so ist es
wirklich. Nicht wahr, wer schlau
ist, wer findig ist, der hat
eine größere Macht als
derjenige, der nicht schlau, der
nicht findig ist. Und
auf diese Art entsteht
gerechtfertigterweise — oder
auch ungerechtfertigterweise —
vieles, was Zusammenscharrung
des Kapitals ist. Das muß
berücksichtigt werden, wenn
man ins Auge faßt den
Kapitalbegriff.
|
Ces études réelles
permettent de comprendre que le
capital repose sur le
développement du pouvoir spirituel
et que le pouvoir de l'ancien
esprit théocratique est venu
s'ajouter aux droits fonciers, aux
droits de conquête, d'un autre
côté. L'ancienne Église est à
l'origine d'une grande partie de
ce qui a ensuite été transféré
dans le capitalisme moderne. Il
existe un lien secret entre le
pouvoir capitaliste moderne et le
pouvoir de l'ancienne Église. Et
tout cela s'est rassemblé en un
méli-mélo dans l'État de pouvoir
moderne. Là-dedans, vous trouvez
les restes de l'ancienne
théocratie, les restes des
anciennes conquêtes. Et
finalement, les conquêtes modernes
sont venues s'y ajouter, et la
conquête la plus moderne serait
maintenant la conquête de l'État
par le socialisme. Mais en
réalité, ce n'est pas ainsi qu'il
faut procéder. Il doit y avoir
quelque chose de nouveau, qui
fasse complètement table rase de
ces anciens concepts et
impulsions. C'est pourquoi il est
important que nous nous penchions
aussi, dans nos études, sur les
notions qui sont à la base de tout
cela. Nous devons aujourd'hui
expliquer précisément à tous ceux
qui veulent parler de choses
sociales ce qu'est le droit, ce
qu'est le pouvoir et ce qui est en
réalité un bien [économique], un
bien sous forme de marchandises et
autres. C'est dans ce domaine que
les plus grandes erreurs sont
commises. Je veux par exemple
attirer votre attention sur l'une
d'entre elles ; si vous n'y êtes
pas attentifs, vous comprendrez
mal beaucoup de choses dans mon
livre.
|
60
|
Bei
solchen realen Studien kommt man
dahinter, daß Kapital auf
Entfaltung der geistigen Macht
beruht und daß zu den Grund- und
Bodenrechten, zu den
Erobererrechten, von anderer
Seite hinzugekommen ist die
Macht des alten theokratischen
Geistes. Von der alten Kirche
ist viel von dem ausgegangen,
was dann übergegangen ist
eigentlich in den modernen
Kapitalismus. Es gibt einen
geheimen Zusammenhang zwischen
der modernen kapitalistischen
Macht und der Macht der alten
Kirche. Und das alles hat sich
zu einem Kuddelmuddel
zusammengezogen in den modernen
Machtstaat. Da drinnen finden
Sie die Überreste der alten
Theokratie, die Überreste der
alten Eroberungen. Und
schließlich kamen die modernen
Eroberungen dazu, und die
allermodernste Eroberung soll
jetzt die Eroberung des Staates
durch den Sozialismus sein. Aber
so darf man es in Wirklichkeit
nicht machen. Es muß etwas Neues
werden, was mit diesen alten
Begriffen und Impulsen
vollständig aufräumt. Daher wird
es darauf ankommen, daß wir uns
bei unseren Studien auch
befassen mit den Begriffen, die
hier zugrundeliegen. Wir müssen
heute jedem, der über soziale
Sachen reden will, genau
Aufschluß geben darüber, was
Recht ist, was Macht ist und was
in Wirklichkeit ein
[wirtschaftliches] Gut ist, ein
Gut in Form von Waren und
dergleichen. Auf diesem Gebiet
werden die größten Fehler
gemacht. Ich will zum Beispiel
auf einen aufmerksam machen;
wenn Sie darauf nicht aufmerksam
sind, werden Sie vieles in
meinem Buche mißverstehen.
|
Aujourd'hui, on pense
souvent que la marchandise est du
travail stocké, que le capital est
aussi du travail stocké. - Vous
pouvez dire qu'il est inoffensif
d'avoir de telles notions. Ce
n'est pas inoffensif, car de tels
concepts empoisonnent toute la
pensée sociale.
|
61
|
Es herrscht heute
vielfach die Ansicht, daß Ware
aufgespeicherte Arbeit ist, daß
auch Kapital aufgespeicherte
Arbeit ist. — Sie können sagen, es
sei harmlos, solche Begriffe zu
haben. Es ist nicht harmlos, denn
solche Begriffe vergiften das
ganze soziale Denken.
|
Vous voyez, qu'en est-il
du travail - le travail en tant
que dépense/application de force
de travail ? Oui, il y a une
grande différence entre, par
exemple, utiliser ma force
musculaire physique en faisant du
sport et couper du bois. Si je
fais du sport, j'use ma force
musculaire physique ; je peux être
aussi fatigué et devoir remplacer
ma force musculaire autant que
celui qui coupe du bois. Je peux
appliquer la même quantité de
travail au sport qu'à la coupe de
bois. La différence ne réside pas
dans le fait que la force de
travail doit être remplacée - elle
doit bien sûr être remplacée -
mais dans le fait que l'une des
forces de travail est utilisée
uniquement pour moi, dans un sens
égoïste, l'autre dans un sens
social pour la société. C'est la
fonction sociale qui différencie
ces choses. Si je dis maintenant
que quelque chose est du travail
accumulé, je ne tiens pas compte
du fait que le travail cesse en
fait d'être dans une chose
quelconque au moment où l'on ne
travaille plus. Je ne peux pas
dire que le capital est du travail
accumulé, mais je dois dire que le
travail n'existe que tant qu'il
est effectué. Mais dans notre
ordre social actuel, le capital
conserve le pouvoir d'appeler à
nouveau le travail à tout moment.
Ce n'est pas dans le fait que le
capital soit du travail accumulé
que réside la fatalité, comme le
pense Marx, mais dans le fait que
le capital donne le pouvoir
d'appeler à son service un nouveau
travail - non pas un travail
accumulé - mais un nouveau
travail. Il dépend beaucoup de
cela, et il dépendra encore
beaucoup de cela, que l'on
parvienne à des notions claires,
fondées sur la réalité, sur ces
choses. Et c'est à partir de
telles notions, qui sont
maintenant totalement ancrées dans
la réalité, que ce livre est
écrit. Il ne tient pas compte de
ces notions, qui étaient tout à
fait utiles pour l'éducation du
prolétariat. Mais aujourd'hui,
alors que l'on doit construire
quelque chose, ces notions n'ont
plus de sens.
|
62
|
Sehen
Sie, wie ist es eigentlich mit
der Arbeit — Arbeit als
Aufwendung von Arbeitskraft? Ja,
da verhält es sich so, daß ein
großer Unterschied ist, ob ich
zum Beispiel meine physische
Muskelkraftabnütze, indem ich
Sport treibe, oder ob ich Holz
hacke. Wenn ichSport treibe, da
nütze ich meine physische
Muskelkraft ab; ichkann geradeso
müde werden und meine
Muskelkraft wieder erset‑zen
müssen wie einer, der Holz
hackt. Dieselbe Menge von
Arbeitkann ich anwenden auf den
Sport wie auf das Holzhacken.
Der Unterschied ist nicht da in
bezug darauf, daß die
Arbeitskraft wieder ersetzt
werden muß — sie muß natürlich
ersetzt werden —, sondern der
Unterschied besteht darin, daß
die eine Arbeitskraft angewendet
wird nur für mich, im
egoistischen Sinn, die andere im
sozialen Sinn für die
Gesellschaft. Durch die soziale
Funktion unterscheiden sich
diese Dinge. Sage ich jetzt,
irgend etwas ist aufgespeicherte
Arbeit, so berücksichtige ich
nicht, daß die Arbeit eigentlich
aufhört, in irgendeiner Sache
drinnen zu sein in dem
Augenblick, wo nicht mehr
gearbeitet wird. Nicht kann ich
sagen: Das Kapital ist
aufgespeicherte Arbeit —,
sondern ich muß sagen: Die
Arbeit ist nur so lange da, als
sie verrichtet wird. Aber in
unserer heutigen sozialen
Ordnung behält das Kapital die
Macht, die Arbeit jederzeit
wiederum aufzurufen. Nicht in
dem liegt das Verhängnisvolle,
was Marx meint, daß Kapital
aufgespeicherte Arbeit ist,
sondern in der Einrichtung, daß
Kapital die Macht gibt, neue
Arbeit — nicht aufgespeicherte
Arbeit —, sondern neue Arbeit
immer wiederum in seinen Dienst
zu stellen. Davon hängt viel ab,
und davon wird weiter viel
abhängen, daß man zu klaren, in
der Wirklichkeit fußenden
Begriffen über diese Dinge
kommt. Und von solchen
Begriffen, die nun ganz
drinnenstecken in der
Wirklichkeit, geht dieses mein
Buch aus. Das rechnet nicht mit
solchen Begriffen, die ganz
nützlich waren für die Erziehung
des Proletariats. Aber heute, wo
man etwas bauen soll, haben sie
keinen Sinn mehr, diese
Begriffe.
|
Vous voyez, quand je dis
que le capital est du travail
accumulé, c'est bon pour
l'éducation du prolétariat ; il a
reçu les sentiments qu'il devait
recevoir. Il n'était pas important
que le concept soit
fondamentalement faux - on peut
éduquer même avec des concepts
fondamentalement faux. Mais on ne
peut construire quelque chose
qu'avec des concepts corrects.
C'est pourquoi nous avons
aujourd'hui besoin de concepts
corrects dans tous les domaines de
l'économie de peuple et nous ne
pouvons pas continuer à travailler
avec des concepts erronés. Ce
n'est pas par frivolité que je dis
que l'on peut aussi éduquer avec
des concepts erronés, mais en
vertu des principes généraux de
l'éducation. Vous voyez, lorsque
vous racontez des contes de fées
aux enfants, vous ne voulez pas
non plus construire avec ces
choses que vous développez ; dans
l'éducation, quelque chose d'autre
entre en ligne de compte que ce
qui entre en ligne de compte pour
la construction dans la réalité
physique. Il faut travailler avec
des concepts réels. Un concept tel
que "le capital est du travail
accumulé" n'est pas un concept. Le
capital est un pouvoir et confère
le pouvoir de mettre à tout moment
à son service le travail qui se
crée. C'est un vrai concept avec
une logique de fait. Il faut
travailler avec des concepts vrais
dans ces domaines. C'est ce qui a
été tenté dans les "points
essentiels". C'est pourquoi je
pense qu'une grande partie de ce
qui n'y figure pas en termes de
définition des termes, de
caractéristiques des termes, doit
être élaborée. Et celui qui peut
contribuer à l'élaboration de ce
dont on a besoin pour comprendre
le mode de pensée, la base de ce
livre, apportera une très bonne
contribution à ces soirées
d'étude. C'est donc ce qui compte,
mes très chers présents, c'est ce
qui compte tout particulièrement.
|
63
|
Sehen
Sie, wenn ich sage: Kapital ist
aufgespeicherte Arbeit —, so ist
das gut für die Erziehung des
Proletariats; es bekam die
Gefühle, die es bekommen sollte.
Da kam es nicht darauf an, daß
der Begriff grundfalsch ist —
erziehen kann man auch mit
grundfalschen Begriffen. Aber
etwas aufbauen, das kann man nur
mit richtigen Begriffen. Daher
brauchen wir heute auf allen
Gebieten der Volkswirtschaft
richtige Begriffe und können
nicht weiter mit falschen
Begriffen arbeiten. Das sage ich
nicht aus Frivolität, daß man
auch mit falschen Begriffen
erziehen kann, sondern aus
allgemeinen
Erziehungsgrundsätzen heraus.
Sehen Sie, wenn Sie Kindern
Märchen erzählen, dann wollen
Sie ja auch nicht mit diesen
Dingen, die Sie da
herausentwickeln, bauen; bei der
Erziehung kommt etwas anderes in
Betracht, als in Betracht kommt
beim Aufbauen in der physischen
Wirklichkeit. Da muß mit
wirklichen Begriffen gearbeitet
werden. Solch ein Begriff wie
«Kapital ist aufgespeicherte
Arbeit», das ist kein Begriff.
Kapital ist Macht und verleiht
Macht, jederzeit neu entstehende
Arbeit in seinen Dienst zu
stellen. Das ist ein wirklicher
Begriff mit Tatsachenlogik. Mit
wahren Begriffen muß man
arbeiten auf diesen Gebieten.
Das ist versucht worden in den
«Kernpunkten». Daher glaube ich,
daß viel von dem, was da nicht
drinnensteht an Definition der
Begriffe, an Charakteristik der
Begriffe, daß das erarbeitet
werden muß. Und wer dann dazu
beitragen kann, daß dies
erarbeitet wird, was man
braucht, um das zu verstehen,
was die Denkweise, die Grundlage
dieses Buches ist, der wird sehr
Gutes beitragen zu diesen
Studienabenden. Also darauf
kommt es an, meine sehr
verehrten Anwesenden, darauf
kommt es ganz besonders an.
|
Oui, n'est-ce pas, il
faudrait écrire un dictionnaire si
l'on voulait clarifier tous les
termes - mais ce qu'est le
"capital" peut maintenant être
réglé en une seule soirée d'étude
de ce genre. Sans que l'on ait
clairement compris aujourd'hui :
qu'est-ce que le capital ?
Qu'est-ce que la marchandise ?
Qu'est-ce que le travail ?
Qu'est-ce que le droit ? -, sans
ces notions, on ne peut pas
avancer. Et ces notions sont tout
à fait confuses dans les cercles
les plus larges ; elles doivent
avant tout être rectifiées.
Aujourd'hui, on se désespère quand
on parle de l'ordre social avec
des gens ; ils ne peuvent pas
participer parce qu'ils n'ont pas
appris à maîtriser la réalité.
C'est ce qu'il faut faire.
|
64
|
Ja,
nicht wahr, man müßte ein
Lexikon schreiben, wenn man alle
Begriffe klarmachen wollte —,
aber was «Kapital» ist, das kann
jetzt an einem einzigen solchen
Studienabend erledigt werden.
Ohne daß man heute klar
begriffen hat: Was ist
eigentlich Kapital? Was ist
Ware? Was ist Arbeit? Was ist
Recht? —, ohne diese Begriffe
kommt man nicht weiter. Und
diese Begriffe sind ganz konfus
in den weitesten Kreisen; sie
müssen vor allen Dingen
richtiggestellt werden. Man
verzweifelt heute ja geradezu,
wenn man redet mit Leuten über
die soziale Ordnung; sie können
nicht mit, weil sie nicht
gelernt haben, die Wirklichkeit
zu beherrschen. Das ist
dasjenige, was namentlich
besorgt werden sollte.
|
|
|
|
Français
seulement
II - SOIRÉES D’ÉTUDE DE L’UNION POUR LA
TRI-ARTICULATION DE L’ORGANISME SOCIAL
PREMIÈRE SÉANCE D'ÉTUDES - Stuttgart,
30 juillet 1919 - Sur l'histoire du
mouvement social.
Les utopistes sociaux et leurs espoirs pour la
solution de la question sociale par la raison
de l'individu. En contradiction à cela, la
conviction de Karl Marx que seul le
prolétariat en tant que classe prendra fait et
cause pour un changement de la société. Énorme
revirement dans la façon de voir socialiste
dans les années quatre-vingt : les points de
vues moraux sont remplacés par des nécessités
de développement social. Du « Programme de
Gotha » au « programme d'Erfurt ». La
croyance dans le développement courant par
contrainte au communisme. Le clivage du
mouvement socialiste en une direction
syndicale parlementaire. La survie des
vieilles façons de voir de parti, en dépit de
la transformation révolutionnaire de la
société par la catastrophe mondiale de la
guerre mondiale. Tri-articulation sociale
comme une nécessité historique L’union pour la
tri-arculation n’est pas un parti. Les «
Points fondamentaux » ne sont pas utopiques :
chaque phrase peut être transposée en
immédiate réalité. Le manque de concepts à la
mesure de la réalité dans la science. La
polémique absurde du professeur Heck contre «
trois parlements ». Le rapport historique
manquant des concepts actuels d’économie
politique. Le rapport entre le capitalisme
moderne et l'Église. Définitions de capital et
travail comme des exemples pour une formation
abstraite de concepts.
01
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Je
ne vais pas anticiper ce soir sur ce qui doit
être mis en place ici en tant que soirées
d'étude qui se tiendront sur la base du livre
"Les points essentiels de la question
sociale", mais je vais essayer de vous donner
une sorte d'introduction à ces soirées. Par
cette introduction, je voudrais vous faire
ressentir les points de vue qui ont présidé à
l'écriture de ce livre. Il a été écrit avant
tout en fonction de l'actualité immédiate, de
la conviction que la question sociale a elle
aussi pris une nouvelle forme à la suite des
événements actuels et qu'il est nécessaire de
parler aujourd'hui de la question sociale
d'une manière tout à fait différente de celle
dont on parlait, de quelque côté que ce soit,
de la question sociale avant la catastrophe de
la guerre mondiale. Avec ce livre, on a en
quelque sorte essayé, à ce moment de
l'évolution de l'humanité où la question
sociale devient particulièrement urgente et où
tout homme qui vit consciemment aujourd'hui,
qui ne vit pas la vie de l'humanité en
somnolant et en dormant, devrait savoir
quelque chose sur ce qui doit se passer dans
le sens de ce qu'on appelle habituellement la
question sociale. Il serait peut-être bon de
jeter un petit coup d'œil en arrière
aujourd'hui. J'aurai peut-être à mentionner
des choses - mais nous les présenterons sous
un jour un peu différent de celui dans lequel
elles ont été présentées -, j'aurai à
mentionner des choses que vous connaissez en
partie.
02
Vous savez probablement que ce qui est dit
aujourd'hui sur la question sociale est dit
depuis relativement longtemps. Et on cite
aujourd'hui les noms de Proudhon, Fourier,
Louis Blanc comme les premiers à avoir traité
la question sociale jusqu'au milieu du XIXe
siècle. Vous savez aussi que la manière dont
cette question sociale a été traitée jusqu'au
milieu du XIXe siècle est appelée par les
représentants actuels, du moins par de
nombreux représentants actuels de la question
sociale, "l'ère des utopies sociales". Il est
bon de préciser ce que l'on entend par là
lorsque l'on dit qu'à son premier stade, la
question sociale est apparue de telle sorte
qu'elle vivait dans un "âge des utopies". Mais
on ne peut pas parler de cette chose dans un
sens absolu, on ne peut en fait parler qu'à
partir des sentiments des représentants de la
question sociale dans le présent. Ils
ressentent les choses comme je veux les
décrire maintenant.
03
Ils sentent que toutes les questions sociales
qui sont apparues à l'époque dont je veux
parler en premier lieu étaient au stade de
l'utopie.
04
Et qu'est-ce que les gens entendent par là
quand ils disent que la question sociale était
alors au stade de l'utopie ? Ils entendent par
là - on l'a déjà remarqué à l'époque ;
Saint-Simon et Fourier l'ont bien remarqué -
qu'il y a, même après la Révolution française,
des humains d'une certaine minorité sociale
qui sont en possession des moyens de
production et aussi d'autres biens humains, et
qu'il y a un grand nombre d'autres humains -
c'est même la majorité - qui ne sont pas en
possession de tels biens. Ces personnes ne
peuvent travailler sur les moyens de
production qu'en se mettant au service de ceux
qui possèdent les moyens de production et
aussi la terre - elles n'ont en fait rien
d'autre qu'elles-mêmes et leur force de
travail. On a noté que la vie de cette grande
masse de l'humanité est une vie de détresse,
en grande partie dans la pauvreté, par
opposition à ceux qui sont en minorité ; et on
a fait allusion à la situation de la minorité
et à la situation de la majorité.
05
Ceux qui ont écrit sur cette situation sociale
de l'humanité, comme Saint-Simon et Fourier,
mais aussi Proudhon, sont partis d'un certain
postulat. Ils sont partis du principe qu'il
était nécessaire d'attirer l'attention des
humains sur ce point : Voyez, la grande masse
vit dans la misère, dans l'absence de liberté,
dans la dépendance économique, ce n'est pas
une existence digne de l'humain pour la grande
masse.
06
Il faut changer cela. - Et on a alors imaginé
toutes sortes de moyens par lesquels cette
inégalité entre les humains pouvait être
modifiée. Mais il y avait toujours une
certaine condition préalable, et cette
condition préalable était que l'on se disait :
si l'on sait ce qui fonde l'inégalité et si
l'on a des paroles suffisamment fortes, si
l'on a une conscience morale suffisante pour
attirer fortement l'attention sur le fait que
la grande majorité des humains vit dans la
dépendance économique et juridique et est
pauvre, alors ce discours touchera les cœurs,
les âmes de la minorité, des nantis, de la
minorité la plus favorisée. Et c'est en
faisant comprendre à cette minorité que les
choses ne peuvent pas rester en l'état, qu'il
faut apporter des changements, qu'il faut
mettre en place un autre ordre social, qu'un
autre ordre social sera instauré. La condition
préalable était donc que les humains se
laissent entraîner à faire quelque chose pour
la libération de la grande masse de l'humanité
à partir de l'élan de leur âme. Et on
proposait alors ce qu'il fallait faire. Et on
pensait que si la minorité, si les gens qui
sont les dirigeants, les leaders, comprenaient
que ce qu'on voulait faire était bien, alors
il y aurait une amélioration générale de la
situation de l'humanité.
07
Beaucoup de choses extrêmement intelligentes
ont été dites de ce côté-là, mais tout ce qui
a été entrepris dans ce sens est aujourd'hui
considéré comme utopique par la plupart des
représentants de la question sociale. Cela
signifie qu'aujourd'hui, on ne compte plus sur
le fait qu'il suffise de dire : c'est ainsi
qu'il faudrait organiser le monde, et
l'inégalité économique, politique et juridique
des humains cesserait. - Il ne sert à rien
aujourd'hui d'en appeler à la compréhension,
au discernement des humains qui sont
favorisés, qui sont dans le privilège, qui
sont en possession des moyens de production et
autres. Si je dois exprimer ce qui a été perdu
au cours de la deuxième moitié du XIXe siècle,
je dois dire que l'on a perdu la foi en la
compréhension et en la bonne volonté des
humains. C'est pourquoi les représentants de
la question sociale, dont je parle maintenant,
se disent : on peut élaborer de beaux plans
sur la manière d'aménager le monde des
humains, mais il n'en résultera rien ; car on
aura beau prêcher de beaux plans, on aura beau
faire appel aux cœurs et aux âmes des
minorités dirigeantes avec des paroles
touchantes, il ne se passera rien. Tout cela,
ce sont des idées sans valeur, et les idées
sans valeur qui imaginent l'avenir sont en
réalité, pour parler en termes populaires, des
utopies. Il ne sert donc à rien, dit-on,
d'imaginer quoi que ce soit dans l'avenir, car
il n'y aura personne pour renoncer à ses
intérêts, pour être saisi par sa conscience,
par son sens moral, etc. - La foi dans la
conscience et le discernement moral a
justement été perdue dans les cercles les plus
larges, notamment chez les représentants de la
question sociale. On se dit que les humains
n'agissent pas du tout en fonction de leur
discernement lorsqu'ils prennent des mesures
sociales ou lorsqu'ils mènent leur vie
sociale, ils agissent en fonction de leur
intérêt. Et les possédants ont bien entendu
intérêt à rester dans leurs possessions. Les
privilégiés sociaux ont intérêt à conserver
leurs privilèges sociaux. C'est pourquoi il
est illusoire de compter sur le fait qu'il
suffit de dire aux gens de faire ceci ou cela.
Ils ne le font pas, parce qu'ils n'agissent
pas en fonction de leur compréhension, mais en
fonction de leur intérêt.
08
Au sens le plus large, on peut dire que Karl
Marx a peu à peu - mais vraiment peu à peu -
adhéré à cette vue. On peut décrire toute une
série d'époques dans la vie de Karl Marx. Dans
sa jeunesse, Marx était aussi un penseur
idéaliste et il pensait encore, dans le sens
que je viens de caractériser, à la faisabilité
des utopies. Mais c'est justement lui, et
après lui son ami Engels, qui s'est écarté de
la manière la plus radicale de ce calcul sur
le discernement des humains. Et si je
caractérise en général ce qui est en fait une
grande histoire, je peux dire ceci : Karl Marx
est finalement parvenu à la conviction que les
choses ne pouvaient pas s'améliorer dans le
monde d'une autre manière qu'en faisant appel
aux humains qui n'ont pas intérêt à ce que
leurs biens, leurs privilèges leur soient
conservés. Ceux qui ont intérêt à ce que leurs
biens soient préservés, ceux-là, on ne peut
absolument pas les voir, on doit les laisser
complètement de côté, car ils ne se laisseront
jamais aller à faire quoi que ce soit, même si
on leur fait de beaux sermons. En revanche, il
y a justement la grande masse des ouvriers
prolétaires [qui n'ont rien à perdre en termes
de biens]. Karl Marx lui-même a vécu dans
cette conviction à l'époque où ce que l'on
appelle aujourd'hui le prolétariat était en
train de naître en Europe centrale ; il a vu
le prolétariat naître en Europe centrale à
partir d'autres conditions économiques. Plus
tard, lorsqu'il vivait en Angleterre, c'était
un peu différent. Mais à l'époque où Karl Marx
est passé de l'idéaliste au matérialiste
économique, c'était encore comme si le
prolétariat moderne était en train d'émerger
en Europe centrale. Et maintenant, il se
disait : ce prolétariat moderne a des intérêts
tout à fait différents de ceux de la minorité
dirigeante, car il se compose d'humains qui ne
possèdent rien d'autre que leur force de
travail, d'humains qui ne peuvent pas vivre
autrement qu'en mettant leur force de travail
au service des possédants, notamment au
service des possesseurs des moyens de
production. Lorsque ces travailleurs quittent
leur travail, ils sont - c'était
particulièrement vrai à l'époque, de la
manière la plus radicale - jetés à la rue. Ils
n'ont rien d'autre devant eux que la
possibilité d'un front pour ceux qui sont les
propriétaires des moyens de production. Ces
gens ont un tout autre intérêt que ceux qui
possèdent. Ils ont intérêt à ce que tout
l'ordre social antérieur prenne fin, à ce que
cet ordre social soit transformé. Il n'est pas
nécessaire de leur prêcher de manière à ce
qu'ils comprennent, mais seulement de manière
à ce que leur égoïsme et leur intérêt soient
saisis. On peut compter sur cela. Prêcher à
ceux sur le discernement desquels on doit
compter ne donne aucun résultat, car les
humains n'agissent pas par discernement, ils
n'agissent que par intérêt. Donc, on ne peut
pas s'adresser à ceux chez qui on devrait
faire appel au discernement, mais on doit
faire appel aux intérêts de ceux qui ne
peuvent pas faire autrement que de s'engager
pour les temps modernes par contrainte
intérieure.
09
C'est l'égoïsme vers lequel Karl Marx a
évolué.
10
C'est pourquoi il n'a plus cru que le progrès
de l'humanité vers des conditions sociales
plus récentes pouvait provenir d'une autre
œuvre humaine que celle du prolétariat
lui-même. Selon Karl Marx, le prolétariat ne
peut aspirer à un renouvellement des
conditions sociales humaines qu'à partir de
ses propres intérêts, de ses intérêts
individuels et égoïstes. Et c'est ainsi que le
prolétariat, non pas par philanthropie, mais
par intérêt égoïste, libérera tout le reste de
l'humanité, parce qu'il ne peut y avoir rien
d'autre que ce qu'accomplissent les humains
qui ne sont pas attachés aux vieux biens et
qui n'ont rien à perdre des vieux biens en cas
de transformation.
11
On se dit donc : d'un côté, il y a les cercles
dirigeants, leaders, qui ont certains droits
qui leur ont été conférés dans le passé ou qui
leur ont été imposés dans le passé, qui se
sont transmis par héritage dans leurs
familles, et ils s'y accrochent. Ces cercles
dirigeants sont en possession de ceci ou de
cela, qu'ils transmettent à leur tour au sein
de leur cercle, de leur famille et ainsi de
suite. Ces cercles ont toujours quelque chose
à perdre lors d'une transformation, car bien
sûr, s'ils ne perdaient rien, aucune
transformation n'aurait lieu. Il s'agit en
effet que ceux qui n'ont rien reçoivent
quelque chose, donc ceux qui ont quelque chose
ne peuvent que perdre. On ne pourrait donc
faire appel au discernement que si ce
discernement donnait à la classe dirigeante
possédante l'impulsion de vouloir perdre
quelque chose.
12
Ils n'acceptent pas cela. - C'était le point
de vue de Karl Marx. Il faut donc faire appel
à ceux qui n'ont rien à perdre. C'est pourquoi
le "Manifeste communiste" de 1848 se termine
par ces mots : "Les prolétaires n'ont rien à
perdre que leurs chaînes, mais ils ont tout à
gagner. Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous". Eh bien, vous voyez, c'est
devenu en quelque sorte une conviction depuis
la publication du Manifeste communiste. Et
aujourd'hui, alors que certains sentiments,
déjà sous l'influence de cette conception,
vivent justement dans la majorité du
prolétariat, on ne peut plus vraiment
s'imaginer quel énorme bouleversement s'est
opéré dans la conception socialiste vers le
milieu du XIXe siècle. Mais il serait bon que
vous preniez quelque chose comme l'"Évangile
d'un pauvre pécheur" de Weitling, un compagnon
tailleur, qui a été écrit pas si longtemps
avant le Manifeste communiste, et que vous le
compariez à tout ce qui a été écrit après la
parution du Manifeste communiste. Dans cet
"Évangile d'un pauvre pécheur", vraiment
empreint d'une authentique sensibilité
prolétarienne, règne un langage ardent, on
peut même dire poétique dans un certain sens,
mais un langage qui veut absolument faire
appel à la bonne volonté, au discernement des
humains. C'est la conviction de Weitling que
l'on peut faire quelque chose avec la bonne
volonté des humains. Et cette conviction ne
s'est affaiblie que vers le milieu du XIXe
siècle. Et l'acte par lequel elle s'est
affaiblie est justement la publication du
Manifeste communiste. Et depuis cette époque,
depuis 1848, nous pouvons en fait suivre ce
que nous appelons aujourd'hui la question
sociale. Car si nous voulions parler
aujourd'hui comme Saint-Simon, comme Fourier,
comme Weitling, oui, nous prêcherions
aujourd'hui vraiment la sourde oreille. Car
jusqu'à un certain point, il est tout à fait
exact que l'on ne peut rien entreprendre dans
la question sociale si l'on fait appel à la
compréhension des cercles dirigeants, leaders,
qui ont quelque chose. C'est tout à fait vrai.
Ils ne le savent même pas s'ils le font, car
des forces inconscientes jouent un rôle
extrêmement important dans l'âme humaine.
13
Vous voyez, au cours du XIXe siècle, notre
culture spirituelle est presque entièrement
devenue une phrase. Et le fait que nous
vivions dans la phrase en ce qui concerne la
culture spirituelle est un fait social
beaucoup plus important qu'on ne le pense
habituellement. Et donc, naturellement, les
membres des cercles dirigeants, des cercles de
direction, disent aussi toutes sortes de
belles choses sur la question sociale, et ils
sont eux-mêmes souvent convaincus qu'ils ont
déjà la bonne volonté.
14
Mais en réalité, ils ne font que le croire, ce
n'est qu'une illusion ; dès que quelque chose
de réel est entrepris dans ce domaine, il
apparaît immédiatement qu'il s'agit d'une
illusion. Nous en parlerons plus tard. Mais
comme je l'ai dit, nous ne pouvons plus parler
aujourd'hui comme nous le faisions à l'époque
des utopies. C'est la véritable conquête de
Karl Marx, qui a montré comment l'humanité est
aujourd'hui tellement empêtrée dans
l'illusionnisme que c'est un non-sens de
compter sur autre chose que l'égoïsme. Il faut
compter avec cela ; on ne peut donc rien
obtenir si l'on veut compter d'une manière ou
d'une autre sur l'altruisme, sur la bonne
volonté, sur les principes moraux des humains
- je dis toujours "en ce qui concerne la
question sociale". Et ce revirement, qui nous
a conduits à devoir parler aujourd'hui d'une
toute autre manière que l'on pouvait par
exemple encore parler de la question sociale
dans la première moitié du XIXe siècle, ce
revirement est justement arrivé avec le
Manifeste communiste. Mais tout n'est pas
arrivé d'un seul coup, mais il était tout de
même possible qu'après le Manifeste
communiste, jusque dans les années soixante,
comme vous le savez tous - certains jeunes
socialistes ont déjà oublié cette époque -,
cette tout autre forme de pensée sociale, la
forme de Ferdinand Lassalle, ait touché les
cœurs et les âmes. Et même après la mort de
Lassalle, survenue en 1864, ce qui était le
socialisme de Lassalle s'est poursuivi.
Lassalle fait partie de ces gens qui, malgré
l'avènement d'un autre mode de pensée,
comptaient encore sur la force de frappe des
idées. Lassalle voulait encore saisir les
humains en tant que tels dans leur
compréhension, dans leur volonté sociale avant
tout. Mais de plus en plus, cette nuance
lassallienne diminuait et l'autre nuance, la
nuance marxiste, qui ne voulait compter que
sur les intérêts de cette partie de la
population humaine qui ne possédait
qu'elle-même et sa force de travail, prenait
le dessus. Mais ce n'était pas si rapide. Une
telle façon de penser ne s'est développée que
peu à peu dans l'humanité.
15
Dans les années soixante, soixante-dix, et
même encore dans les années quatre-vingt, les
gens qui appartenaient au prolétariat ou qui
faisaient partie des gens politiquement ou
socialement dépendants - même s'ils n'étaient
pas exactement des prolétaires - jugeaient en
quelque sorte moralement leur dépendance et
condamnaient moralement les milieux non
dépendants de la population humaine. Selon
leur conscience, c'était de la mauvaise
volonté de la part des cercles dirigeants,
leaders, de la population humaine, qu'ils
laissent la grande masse du prolétariat dans
la dépendance, qu'ils la payent mal, etc. Si
je peux m'exprimer trivialement, je peux dire
que dans les années soixante, soixante-dix,
jusque dans les années quatre-vingt, on
fabriquait beaucoup d'indignation sociale et
on parlait du point de vue de l'indignation
sociale. Puis, au milieu des années
quatre-vingt, l'étrange revirement s'est
vraiment produit. Les personnalités les plus
en vue du mouvement social ont alors
complètement cessé de parler de la question
sociale sur la base de l'indignation morale
dans les années 80. C'était l'époque où les
leaders sociaux, que vous, les plus jeunes,
avez seulement vus mourir, étaient grands et
plus ou moins encore animés par l'ardeur de
leur jeunesse : Adler, Pernerstorfer, Wilhelm
Liebknecht, Auer, Bebel, Singer et ainsi de
suite. Ces dirigeants plus âgés ont justement
cessé de plus en plus de prêcher ce socialisme
d'indignation à l'époque, dans les années 80.
Je voudrais dire que ces dirigeants du
socialisme ont exprimé leur conviction intime
lorsqu'ils ont transposé l'ancien socialisme
d'indignation dans leur nouvelle vision
socialiste du monde. Vous trouverez que ce que
je vous dis maintenant ne figure dans aucun
livre sur l'histoire du socialisme. Mais ceux
qui ont vécu à l'époque et qui ont participé à
cela savent que les gens, lorsqu'ils étaient
livrés à eux-mêmes, parlaient ainsi.
16
Supposons que dans les années quatre-vingt,
des dirigeants du socialisme se soient réunis
pour discuter avec des bourgeois [purs] dans
leurs convictions, et supposons qu'il y ait eu
une troisième sorte : des bourgeois idéalistes
qui voulaient du bien à tous les humains, qui
auraient été d'accord pour rendre tous les
humains heureux. Il aurait pu arriver que les
bourgeois déclarent qu'il faut toujours qu'il
y ait des gens pauvres et des gens riches, et
ainsi de suite, car c'est la seule façon de
maintenir la société humaine. Alors peut-être
que la voix de l'un de ces idéalistes qui
s'indignaient de voir tant de gens vivre dans
la pauvreté et la dépendance se serait élevée.
Un tel humain aurait peut-être dit : "Oui, il
faut y parvenir, il faut faire comprendre à
ces gens qui possèdent, aux entrepreneurs, aux
capitalistes, qu'ils doivent renoncer à leurs
biens, qu'ils doivent prendre des mesures qui
permettront à la grande masse de changer de
situation, et ainsi de suite. - De très beaux
discours auraient pu être prononcés sur cette
base. Mais alors, quelqu'un qui, à l'époque,
venait de s'initier au socialisme et à son
évolution, aurait élevé la voix et dit :
"Qu'est-ce que vous racontez, vous êtes un
enfant ; tout cela n'est qu'enfantillages,
absurdités ! Les gens qui sont des
capitalistes, des entrepreneurs, ce sont tous
de pauvres sbires, ils ne savent rien d'autre
que ce qu'on leur a inculqué depuis des
générations. S'ils entendaient dire qu'ils
devraient faire autrement, ils ne pourraient
même pas le faire, car ils ne sauraient pas
comment s'y prendre. Cela ne rentre pas du
tout dans leur crâne que l'on puisse faire
quelque chose différemment. Il ne faut pas
accuser les gens, il ne faut pas condamner
moralement les gens, ils ne sont pas du tout à
condamner moralement ; les gars ont grandi
dans ce milieu, ces pauvres sbires, dans tout
ce milieu, et ça les inspire avec les idées
qu'ils ont. Les accuser moralement, c'est ne
rien comprendre aux lois de l'évolution de
l'humanité, c'est se bercer d'illusions. Ces
humains ne peuvent jamais vouloir que le monde
prenne une autre forme. Parler d'eux avec
indignation, c'est de l'enfantillage pur et
simple. Tout cela est devenu ainsi par
nécessité, et cela ne peut devenir différent
que par nécessité. Vous voyez, on ne peut rien
faire avec ces gars qui croient pouvoir
prêcher aux possédants, aux capitalistes,
qu'il faut instaurer un nouvel ordre mondial,
on ne peut rien faire avec ces gars ; on ne
peut pas instaurer un nouvel ordre mondial
avec eux ; ils ne font que s'adonner à la
croyance que l'on peut accuser ces pauvres
sbires de capitalistes de faire un autre
monde. - Je dois dire les choses un peu
clairement, c'est pourquoi certaines choses
sont dites avec des contours nets, mais de
telle manière que vous avez pu entendre
partout les discours dont je parle.
17
Quand on les écrivait, on les retouchait un
peu, on les écrivait un peu différemment, mais
c'était la base.
18
Puis ils ont continué à parler : avec ces gars
- ce sont des idéalistes, ils se représentent
le monde en termes d'idéologie -, on ne peut
rien faire avec eux. Nous devons compter sur
ceux qui n'ont rien, qui veulent donc quelque
chose de différent de leurs intérêts que ceux
liés aux intérêts capitalistes.
19
Et ceux-là n'aspireront pas non plus à un
changement de situation en vertu d'un
quelconque principe moral, mais uniquement par
convoitise, pour avoir plus que ce qu'ils
avaient jusqu'à présent, pour avoir une
existence indépendante.
20
Cette manière de penser est apparue de plus en
plus dans les années quatre-vingt, de ne plus
concevoir l'évolution de l'humanité dans le
sens où l'individu est particulièrement
responsable de ce qu'il fait, mais qu'il fait
ce qu'il doit faire en raison de la situation
économique. Le capitaliste, l'entrepreneur,
écrase les autres dans la plus grande
innocence. Celui qui est prolétaire, non pas
en vertu d'un principe moral, mais en toute
innocence, en raison d'une nécessité humaine,
va révolutionner et prendre les moyens de
production, le capital, des mains de ceux qui
justement le possèdent. Cela doit se dérouler
comme une nécessité historique. - Cette façon
de penser monta.
21
Eh bien, voyez-vous, ce n'est qu'en 1891, au
congrès d'Erfurt, que tout le lassallianisme,
qui était encore basé sur la compréhension des
humains, s'est transformé en croyance dans le
soi-disant "programme d'Erfurt", qui était
destiné à faire du marxisme la vision
officielle du prolétariat. Si vous lisez les
programmes des congrès de Gotha et d'Eisenach,
vous y trouverez deux revendications
authentiquement prolétariennes de l'époque,
qui sont encore liées au lassallianisme. La
première revendication était l'abolition du
rapport salarial ; la deuxième revendication
était l'égalité politique de tous les humains,
l'abolition de tous les privilèges politiques.
Toutes les revendications prolétariennes
jusqu'aux années 1990, jusqu'au congrès
d'Erfurt qui a apporté le grand changement,
sont parties de ces deux revendications.
22
Regardez une fois ces deux revendications
exactement et comparez-les avec les
principales revendications du congrès
d'Erfurt.
23
Quelles sont les principales revendications du
congrès d'Erfurt ? Ce sont les suivantes :
Transfert de la propriété privée des moyens de
production à la propriété commune ; gestion de
toute la production de biens, de toute la
production par une sorte de grande
coopérative, en laquelle l'État actuel doit se
transformer. Comparez l'ancien programme, qui
était le programme prolétarien des années
quatre-vingt, avec celui qui est issu du
programme du parti d'Erfurt et qui existe
depuis les années quatre-vingt-dix. Vous
verrez que dans l'ancien programme de Gotha et
d'Eisenach, les exigences du socialisme sont
encore des exigences purement humaines :
égalité politique de tous les humains,
abolition du rapport salarial dégradant. Au
début des années quatre-vingt-dix, ce que je
vous ai décrit comme l'état d'esprit qui s'est
développé au cours des années quatre-vingt a
déjà agi. Ce qui était encore une exigence de
l'humanité s'est transformé en une exigence
purement économique. Vous ne lisez plus rien
sur l'idéal d'abolir le rapport salarial, vous
ne lisez que des revendications économiques.
24
Eh bien, vous voyez, ces choses sont liées à
la formation progressive de l'idée que l'on
avait de la réalisation extérieure d'un
meilleur état social de l'humanité. Il a
souvent été dit par ces gens qui avaient
encore des idéaux : ah, quel dommage cela
fait-il de tout casser, il faut bien qu'un
autre ordre se mette en place ; il faut donc
qu'il y ait une révolution, il faut que tout
soit cassé, il faut qu'il y ait une grande
claque, car c'est seulement de là que peut
naître un meilleur ordre social. - C'est ce
que disaient encore certaines personnes dans
les années 80, qui étaient de bons socialistes
idéalistes. On leur répondait par d'autres,
ceux qui étaient à la hauteur, qui étaient
devenus les leaders - ceux qui, comme je l'ai
dit, sont maintenant enterrés -, qui disaient
: tout cela n'a pas de sens, des révolutions
aussi soudaines n'ont aucun sens. La seule
chose qui ait un sens, c'est que nous
abandonnions le capitalisme à lui-même. Nous
voyons bien qu'auparavant, il n'y avait que de
petits capitalistes, puis ils sont devenus
grands ; ils se sont associés à d'autres, sont
devenus des groupes de capitalistes. Les
capitaux se sont de plus en plus concentrés.
C'est dans ce processus que nous nous
trouvons, à savoir que les capitaux sont de
plus en plus concentrés. Le temps viendra où
il n'y aura plus que quelques grands trusts et
consortiums capitalistes. Il sera alors
nécessaire que le prolétariat, en tant que
classe non possédante, transmette un beau
jour, de manière tout à fait pacifique, par
voie parlementaire, la propriété capitaliste,
les moyens de production, à la propriété
commune. Cela peut être très bien fait, mais
il faut attendre. D'ici là, les choses doivent
évoluer. Le capitalisme, qui est en fait un
enfant innocent, n'y peut rien s'il est
inhumain - c'est la nécessité historique qui
l'impose. Mais il travaille aussi à l'avance,
car il concentre les capitaux ; ils sont alors
bien groupés, il suffit qu'ils soient repris
par la collectivité. Il ne s'agit pas d'une
révolution rapide, mais d'une évolution lente.
25
Vous voyez, le secret de la vision, le secret
public de la vision, qui est à la base de tout
cela, a été joliment expliqué par Engels dans
les années 90. Il a dit : "Pourquoi des
révolutions rapides ? Ce qui se passe
lentement dans le développement du nouveau
capitalisme, ce regroupement des capitaux,
cette concentration des capitaux, tout cela
travaille pour nous. Nous n'avons pas besoin
de créer une communauté, les capitalistes le
font déjà. Nous n'avons qu'à le transformer en
propriété prolétarienne. C'est pourquoi - dit
Engels - les rôles se sont en fait inversés.
Nous, qui représentons le prolétariat, n'avons
pas à nous plaindre de l'évolution, ce sont
les autres qui doivent se plaindre. Car les
gars qui sont aujourd'hui dans les cercles des
possédants doivent se dire : nous accumulons
les capitaux, mais nous les accumulons pour
les autres. Voyez, ces types doivent en fait
s'inquiéter de perdre leurs capitaux ; ils ont
les joues creuses, ils se dessèchent à force
de se demander ce qui va se passer. En tant
que socialistes, nous nous épanouissons très
bien dans cette évolution. Engels dit que nous
avons les muscles saillants et les joues
pleines et que nous ressemblons à la vie
éternelle. - C'est ce que dit Engels dans une
introduction qu'il a écrite dans les années
1990, en décrivant comment ce qui se développe
est tout à fait juste, et comment il suffit
d'attendre le développement, qui est en fait
assuré par le capitalisme lui-même. Cette
évolution débouche ensuite sur le transfert de
ce que le capitalisme a d'abord concentré dans
la propriété commune de ceux qui n'avaient
rien jusqu'alors. - C'était en fait l'état
d'esprit dans lequel les cercles dirigeants du
prolétariat sont entrés au XXe siècle.
26
Et c'est ainsi qu'on a pensé, surtout depuis
l'époque où le marxisme n'a plus été pris
comme dans les années 1990, mais où il a été
soumis à une révision, comme on disait, à
l'époque où sont apparus les révisionnistes,
c'est-à-dire ceux qui sont encore vivants
aujourd'hui, mais qui sont des vieux, comme
Bernstein par exemple. C'est donc là que les
révisionnistes sont arrivés. Ils disaient
qu'il était possible d'encourager un peu toute
l'évolution, car si les travailleurs se
contentent de travailler jusqu'à ce que les
capitalistes aient tout rassemblé, ils seront
encore dans le besoin avant, notamment
lorsqu'ils seront âgés, ils n'auront rien. On
a donc créé des assurances et ainsi de suite ;
et surtout, on a veillé à s'approprier ce que
les classes dirigeantes avaient comme
institutions dans la vie politique. Vous
savez, c'est à cette époque qu'est née la vie
syndicale.
27
Et à l'intérieur du parti socialiste, il y
avait deux tendances fortement divergentes :
le parti syndical et le parti politique
proprement dit, comme on disait alors. Le
parti politique se tenait plus sur le terrain,
une révolution soudaine ne servirait à rien,
l'évolution devait se dérouler comme je viens
de le décrire. Il s'agissait donc de tout
préparer pour le moment où le capitalisme
serait suffisamment concentré et où le
prolétariat aurait la majorité dans les
parlements. Tout doit être poursuivi par la
voie du parlementarisme, de l'appropriation de
la majorité, afin qu'au moment où les moyens
de production seront transférés à la propriété
commune, il y ait aussi la majorité pour ce
transfert. C'est notamment dans ce groupe de
personnes qui pensaient tout du parti
politique que l'on ne pensait pas beaucoup au
mouvement syndical à la fin du XIXe siècle. À
cette époque, celui-ci s'efforçait justement
d'instaurer une sorte de compétition ordonnée
entre lui et les entrepreneurs, afin d'obtenir
de temps en temps des entreprises des
augmentations de salaire et des choses
similaires. Bref, on s'est arrangé pour imiter
le système de négociations réciproques qui
existait entre les milieux dirigeants, entre
les dirigeants eux-mêmes, et on l'a étendu aux
relations entre les milieux dirigeants et le
prolétariat. Vous savez que les représentants
du système socialiste proprement politique ont
particulièrement accusé ceux qui sont devenus
les plus bourgeois du mouvement syndical. Et à
la fin des années quatre-vingt-dix et au début
du XXe siècle, on pouvait voir partout, chez
ceux qui étaient plus orientés vers le système
politique, un grand mépris pour les gens qui
s'étaient entièrement plongés dans la vie
syndicale, notamment les typographes, qui
avaient à leur tour développé un tout autre
système de vie syndical, jusqu'à l'extrême.
28
Il s'agissait de deux tendances très
distinctes dans la vie sociale : les
syndicalistes et ceux qui penchaient plutôt
vers le parti politique. Et au sein des
syndicats, les typographes de l'association
des typographes étaient justement les garçons
modèles ; ils étaient les garçons modèles qui
avaient acquis la pleine reconnaissance des
cercles bourgeois. Et je crois que, de même
que l'on a eu une certaine crainte, une
certaine inquiétude à l'égard du parti
politique socialiste, on a vu peu à peu
émerger avec une grande satisfaction des gens
aussi braves que les gens de l'association des
typographes. On se disait à leur sujet : ils
s'embourgeoisent, on peut toujours négocier
avec eux, ça se passe très bien. S'ils s'en
prennent à leurs salaires, nous nous en
prenons à nos prix, que nous exigeons. Ça
marche. - Et, n'est-ce pas, c'était aussi
possible pour les années suivantes, et les
gens ne pensent pas plus loin. On était donc
très satisfait de cette formation exemplaire
du développement syndical. Eh bien, si j'omets
quelques nuances, on peut dire que ces deux
directions se sont plus ou moins développées
jusqu'à l'époque où la catastrophe de la
guerre mondiale les a surpris. Mais
malheureusement, les gens n'ont pas appris de
cette catastrophe mondiale tout ce qui aurait
dû être appris en ce qui concerne la question
sociale.
29
N'est-ce pas, si l'on considère les rapports à
l'est de l'Europe, en Europe centrale, si l'on
fait abstraction du monde anglo-américain et
en partie du monde roman, si l'on se limite
donc à l'Europe centrale et orientale, on peut
dire qu'il n'y a rien de juste dans cette
histoire, que l'on a toujours définie ainsi :
Les capitaux se concentrent et, lorsque l'on
aura la majorité dans les parlements, les
capitaux seront transférés à la communauté, et
ainsi de suite. - La catastrophe de la guerre
mondiale a fait en sorte que l'on ne puisse
pas s'y attendre aussi facilement aujourd'hui.
Ceux qui s'attendaient à une révolution
quelconque ont souvent été considérés comme
des enfants, mais au fond, que s'est-il passé
au cours des quatre ou cinq dernières années ?
Gardons à l'esprit ce qui s'est passé de
manière claire et nette. N'est-ce pas, vous
l'avez souvent entendu, ce qui s'est passé au
cours des quatre ou cinq dernières années : en
juillet 1914, les gouvernements sont devenus
un peu "tordus" - ou très "tordus" - et ont
poussé les gens à la guerre mondiale. Les gens
ont cru qu'il y avait une guerre mondiale, que
des batailles avaient eu lieu - mais avec les
moyens de guerre modernes, avec les moyens
mécaniques, il y avait quelque chose de tout à
fait différent que dans les guerres
précédentes. Il n'y avait plus aucune
possibilité que quelqu'un devienne un général
particulièrement célèbre, car tout dépendait
finalement de la quantité de munitions et
d'autres moyens de guerre dont disposait l'un
des deux partis, si l'un fabriquait mieux que
l'autre les moyens de guerre mécaniques ou
avait découvert un gaz et d'autres choses de
ce genre que les autres n'avaient pas. D'abord
l'un gagnait, puis l'autre découvrait à
nouveau quelque chose, puis le premier à
nouveau ; tout cela était une guerre
terriblement mécanique. Et tout ce qui a été
dit sur ce qui s'est passé ici et là de la
part des humains, c'était sous l'influence de
la phrase, c'était tout à fait de la phrase.
Et peu à peu, l'humanité moderne comprendra,
même en Europe centrale, tout ce qu'il y a eu
comme phrases dans le fait que l'un ou
l'autre, qui n'était en fait rien d'autre
qu'un soldat moyen un peu tordu, a été
transformé en un grand général en Europe
centrale. Ces choses n'ont été possibles que
sous l'influence de la phrase. Eh bien, c'est
ce qui s'est passé.
30
Mais que s'est-il passé en réalité ? Les gens
ne l'ont pas remarqué à cause des événements
extérieurs. Alors que les gens croyaient
qu'une guerre mondiale avait été menée - qui
n'était en fait qu'un masque -, une révolution
s'est en réalité produite. En réalité, une
révolution s'est produite pendant ces quatre
ou cinq ans. Mais les gens ne le savent pas
encore aujourd'hui, ils n'y prêtent pas
attention. La guerre est l'extérieur, le
masque ; la vérité, c'est que la révolution a
eu lieu. Et parce que la révolution a eu lieu,
la société d'Europe centrale et orientale se
trouve aujourd'hui dans un tout autre état, et
on ne peut rien faire de ce que les gens
avaient envisagé pour les situations
antérieures. Aujourd'hui, il est nécessaire de
réorganiser toutes les idées que l'on se
faisait auparavant, de penser les choses de
manière totalement nouvelle. C'est ce qu'a
tenté de faire le livre "Les points essentiels
de la question sociale" : tenir compte de la
situation dans laquelle les événements récents
nous ont placés. Il n'est donc pas étonnant
que les membres des partis socialistes, qui ne
peuvent pas suivre le mouvement assez
rapidement, se méprennent sur ce livre. Si les
gens acceptaient une seule fois d'examiner
leurs propres pensées - d'examiner un peu ce
qu'ils disent vouloir -, ils verraient à quel
point ils vivent sous l'influence des idées
qu'ils se sont faites jusqu'en 1914. C'est la
vieille habitude.
31
N'est-ce pas, ces idées que l'on a eues
jusqu'en 1914, elles se sont tellement
incrustées dans l'environnement des humains
qu'elles ne peuvent plus en sortir maintenant.
Et quelle est la conséquence ? La conséquence,
c'est que malgré la nécessité d'une nouvelle
action aujourd'hui, malgré la révolution qui
s'est produite en Europe centrale et
orientale, malgré la nécessité de construire
aujourd'hui - non pas selon les anciennes
idées, mais selon les nouvelles idées -,
malgré tout cela, les gens prêchent les
anciennes idées. Et que sont aujourd'hui les
partis, y compris les partis socialistes ? Les
partis socialistes sont ceux qui continuent à
prêcher aujourd'hui tel ou tel évangile
socialiste, à l'ancienne manière, comme ils
l'ont fait jusqu'en juillet 1914, car il n'y a
pas de différence dans ces programmes de parti
par rapport aux anciens - tout au plus la
différence qui vient de l'extérieur. Pour
celui qui connaît les choses, il y a
terriblement peu de nouveautés, voire rien de
nouveau, dans les différents groupes de
partis. Les vieilles idées sont toujours
véhiculées aujourd'hui. Maintenant oui, il y a
une petite différence : si l'on a un chaudron
en cuivre et que l'on tape dessus, cela sonne
; si l'on tape de la même manière sur un
tonneau en bois, cela sonne différemment ;
mais le coup peut être tout à fait le même.
Cela dépend alors de ce sur quoi on tape, si
cela sonne différemment.
32
Et c'est ce qui se passe aujourd'hui lorsque
les gens se mettent à parler de leurs
programmes de parti. Ce qui est contenu dans
ces anciens programmes de parti, c'est en fait
le vieux garde-fou du parti ; c'est seulement
parce qu'il y a maintenant d'autres conditions
sociales que cela sonne aujourd'hui un peu
différemment, comme cela sonne différemment
dans une chaudière en cuivre ou dans un
tonneau en bois.
33
Lorsque les socialistes indépendants, les
socialistes majoritaires ou les communistes
parlent, ils prononcent de vieilles phrases de
parti, et cela sonne différemment parce qu'il
n'y a pas un chaudron en cuivre, mais un
tonneau en bois. En vérité, on n'a rien appris
du tout, du tout, du tout, de bien des côtés.
Mais ce qui compte, c'est qu'on apprenne
quelque chose, que cette terrible guerre
mondiale, comme on l'appelle, mais qui était
en fait une révolution mondiale, nous dise
quelque chose.
34
Et là, on peut vraiment dire que dans les
masses les plus larges, on est préparé à
entendre quelque chose de nouveau. Mais dans
les grandes masses, on écoute ce que disent
les dirigeants. Il y a une bonne
compréhension, un bon sens chez les masses
populaires non éduquées, et on a toujours pu
compter sur la compréhension lorsqu'on propose
quelque chose de vraiment moderne, quelque
chose qui peut être qualifié de moderne dans
le meilleur sens du terme. Cela s'explique en
partie par le fait que les masses ne sont pas
éduquées. Mais dès que les gens entrent dans
le type d'éducation que l'on peut avoir depuis
les trois ou quatre derniers siècles, cette
caractéristique d'inculture disparaît. Si l'on
considère l'enseignement bourgeois actuel, de
l'école primaire jusqu'à l'université - et ce
sera encore pire lorsque l'école unique
socialiste sera fondée, car tout ce que
l'école primaire bourgeoise a fait de mal y
sera présent dans la plus grande mesure -, on
voit bien que l'enseignement bourgeois n'a pas
de sens : ce qui se fait dans les écoles forme
les esprits et les rend étrangers à la vie.
35
Il faut sortir de tout cela, il faut vraiment
se mettre sur ses propres jambes dans la vie
spirituelle si l'on veut sortir de cette
méformation. Mais, voyez-vous, c'est grâce à
cette méformation que les dirigeants
prolétariens, grands et petits, sont devenus
ainsi. Ils ont dû s'approprier cette formation
; cette formation se trouve dans nos écoles et
dans les écrits populaires, elle se trouve
partout. Et c'est là que l'on commence à avoir
le cerveau desséché et que l'on n'est plus
accessible aux faits, mais que l'on s'arrête
aux programmes de parti et aux opinions que
l'on a greffés et martelés.
36
Même la révolution mondiale peut alors
arriver, on continue à siffler les vieux
programmes.
37
Vous voyez, c'est essentiellement ce sort qui
a été réservé à ce qui a été voulu dans de
nombreuses directions avec ce livre "Les
points essentiels de la question sociale" et
les conférences. On y a vraiment tenu compte
de ce dont le prolétariat a absolument besoin
aujourd'hui, de ce qui est nécessaire compte
tenu de la situation actuelle. On l'a compris
au début [dans le prolétariat], mais ensuite
ceux qui sont les dirigeants du prolétariat
dans les différents groupes de partis ne l'ont
pas compris. Cela dit, je ne veux pas être
trop injuste et je ne veux pas presser la
vérité ; je ne veux pas affirmer que ces
dirigeants, par exemple, ne comprennent pas ce
livre, car je ne peux pas supposer qu'ils
l'ont lu, qu'ils le connaissent. Je
n'affirmerais pas quelque chose de juste si je
disais : ils ne peuvent pas comprendre ce
livre. Mais ils ne peuvent absolument pas se
décider à comprendre que quelque chose d'autre
soit nécessaire que ce qu'ils pensent depuis
des décennies. Leur cerveau est devenu trop
sec, trop rigide pour cela. Et c'est pourquoi
ils s'en tiennent à ce qu'ils ont pensé depuis
longtemps et trouvent que ce qui est le
contraire de toute utopie, c'est une utopie.
Car, voyez-vous, le livre "Les points
essentiels" tient pleinement compte du fait
qu'on ne peut plus aujourd'hui se mouvoir dans
des utopies dans le sens des Saint-Simon,
Fourier, Proudhon et ainsi de suite, mais
aussi du fait qu'on ne peut plus jamais se
placer du point de vue : L'évolution se fera
d'elle-même. Car ce que Marx et Engels ont vu,
ce qui s'est développé [à leur époque], ce
dont ils ont tiré leurs conclusions, on ne
peut plus en tirer de conclusions aujourd'hui,
car la guerre mondiale l'a balayé, il n'est
plus là sous sa forme véritable. Celui qui dit
aujourd'hui la même chose que Marx et Engels,
dit quelque chose que Marx n'aurait jamais
dit.
38
Il a eu peur de ses partisans, car il a dit :
en ce qui me concerne, je ne suis pas
marxiste. - Et aujourd'hui, il dirait : à
l'époque, les faits étaient encore différents
; à l'époque, je tirais mes conclusions de
faits qui n'avaient pas encore été modifiés,
changés, comme la guerre mondiale a tout
changé par la suite.
39
Mais, voyez-vous, ces humains qui ne peuvent
rien apprendre des événements, qui ont
aujourd'hui la même attitude que les anciens
catholiques vis-à-vis de leurs évêques et de
leurs papes, ne peuvent même pas imaginer
qu'une chose telle que le marxisme doit être
développée dans le sens des faits. C'est ce
que font les socialistes, mais aussi les
bourgeois. Les cercles les plus larges le font
ainsi. Les bourgeois le font naturellement de
manière somnolente, l'âme complètement
endormie, les autres le font de telle sorte
qu'ils se trouvent au milieu et voient
l'effondrement, mais qu'ils ne veulent pas
s'attendre aux faits qui se révèlent ainsi.
Aujourd'hui, nous avons justement besoin que
quelque chose de nouveau arrive parmi les
humains. Et c'est pourquoi il est nécessaire
de comprendre quelque chose [comme la
triarticulation] qui n'est pas une utopie,
mais qui compte justement avec les faits. Si,
de ce côté, on appelle ce qui compte ainsi
avec les faits, l'ergotage, on pourrait en
fait être tout à fait satisfait. Car si les
gens appellent ce qu'ils font avancer une
ligne droite, alors il faut, pour faire
quelque chose de raisonnable, tirer dans le
sens du poil, pour amener ce qui est
déraisonnable dans une autre direction,
raisonnable. Mais vous voyez, ceux qui
comprennent encore ce qui est raisonnable
devraient approfondir ce qui est présenté ici.
Et c'est à cela que peuvent servir ces
soirées.
40
Non, il y a longtemps que l'on a essayé de
mettre en pratique ce que l'on a tiré des
faits. Et c'est ainsi que nous nous sommes
réunis depuis des semaines - je n'ai pas
besoin de répéter toutes ces choses, vous
pouvez encore poser des questions ou discuter
des pour et des contre à l'issue de cet exposé
-, nous nous sommes réunis depuis des semaines
pour mettre sur pied ce que nous appelons le
corps des conseils d'entreprise. Nous avons
essayé de créer ces conseils d'entreprise à
partir des faits actuels nécessaires, de les
créer vraiment de telle sorte qu'ils viennent
de la simple vie de l'économie, qu'ils ne
viennent pas de la vie politique, qui ne peut
pas constituer la base de la vie de
l'économie. Car si l'on regarde les faits en
face aujourd'hui, il faut se tenir strictement
sur le terrain de l'organisme social
triarticulé. Et celui qui ne veut pas de cette
triarticulation aujourd'hui va à l'encontre de
la nécessité historique de l'évolution de
l'humanité. Aujourd'hui, il doit en être
ainsi, comme je l'ai souvent expliqué : que la
vie spirituelle soit placée sur elle-même, que
la vie économique soit placée sur elle-même,
que la vie de droit ou politique soit
administrée démocratiquement. Et dans la vie
économique, le premier pas vers un façonnement
réellement social doit être fait avec les
conseils d'entreprise. Mais comment cela
peut-il se faire ? Uniquement en posant
d'abord la question : maintenant oui, il y a
l'impulsion de l'organisme social triarticulé,
c'est nouveau par rapport à toutes les
anciennes momies de parti ; y a-t-il quelque
chose d'autre de nouveau ? Les imbéciles
prétendent aujourd'hui que les idées ne font
que tourbillonner dans l'air. Si l'on écoute
les discussions, elles apportent toutes sortes
de choses négatives, mais elles n'apportent
rien qui puisse être mis en parallèle avec la
triarticulation de l'organisme social. Tout
cela n'est que de l'eau de rose lorsque les
socialistes affirment que les idées ne font
que pendre dans l'air - comme cela a été dit
dans une revue nouvellement créée, lors d'une
discussion sur la triarticulation.
41
Il s'agit tout d'abord qu’on lance la question
et d'y voir clair : N'y a-t-il rien d'autre ?
Ensuite, on s'en tient d'abord à la
triarticulation de l'organisme social, jusqu'à
ce qu'on puisse la réfuter de manière
objective, jusqu'à ce qu'on puisse placer à
côté d'elle des choses objectivement
équivalentes. On ne peut plus discuter des
anciens programmes de parti, c'est la guerre
mondiale qui en a discuté ; celui qui a
vraiment de la compréhension sait que ces
anciennes idées de parti sont réfutées par la
catastrophe de la guerre mondiale. Mais alors,
si l'on ne peut pas répondre à cette question
en plaçant à côté quelque chose
d'objectivement équivalent, et si l'on veut
aller plus loin, alors on peut honnêtement se
dire : nous travaillons donc dans le sens de
la triarticulation de l'organisme social.
Disons-le franchement : les anciennes
structures de parti ont perdu leur
signification ; il faut travailler dans le
sens de la triarticulation.
42
Lorsque j'ai pris la parole avant-hier à
Mannheim, un monsieur s'est présenté à la fin
et a dit : "Ce que Steiner a dit est bien,
mais ce n'est pas ce que nous voulons ; nous
ne voulons pas ajouter un nouveau parti à tous
les anciens partis. Les gens qui veulent une
telle chose doivent entrer dans les anciens
partis et y travailler. — Je ne pouvais que
répondre : j'ai suivi la vie politique de très
près depuis longtemps, alors que le monsieur
qui parlait n'était pas encore né. Et bien que
j'aie été familiarisé par ma vie avec tout ce
qui fonctionnait socialement comme force, je
n'ai jamais pu agir au sein d'un parti
quelconque ou m'y tenir, et il ne me vient pas
à l'esprit, à la fin de ma sixième décennie,
de devenir un humain de parti : je ne veux
rien avoir à faire ni avec un autre parti ni
avec un parti que j'aurais fondé moi-même. Je
ne veux pas non plus avoir affaire à un parti
que j'aurais fondé moi-même ; personne ne doit
craindre qu'un nouveau parti soit fondé par
moi. Car j'ai appris que chaque parti, par la
force des choses, devient stupide au bout d'un
certain temps, précisément parce que je ne me
suis jamais engagé dans aucun parti. Et j'ai
appris à plaindre les gens qui n'ont pas
compris cela. C'est pourquoi personne ne doit
craindre qu'un nouveau parti vienne s'ajouter
aux anciens. C'est pourquoi nous n'avons pas
fondé de nouveau parti, mais la Fédération
pour la triarticulation de l'organisme social
s'est réunie pour représenter les idées de
l'organisme triarticulé, dont le caractère non
utopiste, dont le caractère réel est tout de
même perçu par un certain nombre de personnes.
Les personnes qui le reconnaissent devraient
aussi l'affirmer honnêtement et sincèrement.
43
Car cela non plus ne doit pas arriver : Il y a
une pièce de théâtre dans laquelle un coq
chante à l'aube, et chaque fois que le coq a
chanté, le soleil se lève. Eh bien, le coq ne
peut pas voir le contexte, c'est pourquoi il
croit que lorsqu'il chante, c'est que le
soleil répond à son appel, qu'il vient parce
qu'il a chanté, qu'il a fait en sorte que le
soleil se lève. - Enfin, si quelqu'un dans la
vie non sociale se laisse aller à une telle
illusion, comme ce coq qui chante sur le
fumier et veut faire se lever le soleil, cela
ne fait rien. Mais si, dans certaines
circonstances, il arrivait que l'idée des
conseils d'entreprise véritablement
économiques prospère sur le sol de l'organisme
triarticulé et que les personnes qui s'en
occupent veuillent nier l'origine, à savoir
que l'impulsion de la triarticulation a mis
cette idée en mouvement, et si ces personnes
croient que parce qu'on a chanté, les conseils
d'entreprise vont venir, alors ce serait la
même erreur, et une erreur très fatale. Mais
cela ne doit pas arriver. Ce qui se passe dans
cette direction [les conseils d'entreprise],
ce qui a été entrepris ici, ne doit pas être
dissocié, cela doit rester en rapport avec
l'impulsion bien comprise de la
triarticulation de l'organisme social. Et ceux
qui veulent réaliser les conseils d'entreprise
dans le sens de cette impulsion ne peuvent
jamais accepter que les conseils d'entreprise
soient créés de manière unilatérale et que
l'on ne crie que "conseils d'entreprise,
conseils d'entreprise". Ce n'est pas
suffisant. Cela n'a de sens que si l'on aspire
en même temps à tout ce qui doit être
recherché par l'impulsion de l'organisme
social triarticulé. C'est ce qui est
important. Car si vous voulez vraiment
comprendre ce qui est écrit dans les "points
essentiels", vous devez vous placer du point
de vue que l'on peut apprendre des faits que
les quatre ou cinq dernières années ont
offerts. Pour celui qui voit clair dans ces
faits, ils apparaissent comme s'il avait vécu
des siècles, et pour celui qui voit les
programmes des partis comme si leurs
promoteurs avaient dormi pendant des siècles.
Aujourd'hui, cela doit être envisagé
clairement et sans réserve.
44
Ce que je viens de vous raconter, j'aurais
bien sûr tout aussi bien pu l'écrire en
préambule de ce livre. Seulement, on a pu
constater ces derniers mois à quel point les
programmes des partis sont actuellement
rigides et stériles. Mais il serait utile que
cela figure en préambule de ce livre. Je vous
ai raconté aujourd'hui beaucoup de choses qui
n'y figurent pas, puisque vous avez décidé, me
semble-t-il, de vous réunir ici pour étudier
correctement les graves questions sociales
actuelles dans le prolongement de ce livre.
Mais avant de s'y atteler, il faut déjà se
rendre compte que l'on ne peut pas continuer à
trottiner dans le vieux style des programmes
et des modèles de parti, mais que l'on doit se
décider à aborder aujourd'hui les faits
conformément à la réalité et à tirer un trait
sur tout ce qui ne tient pas compte de ces
nouveaux faits. Ce n'est qu'ainsi que vous
comprendrez correctement ce qui doit être
réalisé, précisément avec cette impulsion vers
un organisme social triarticulé. Et vous le
comprendrez de la bonne manière si vous
trouvez que chaque phrase de ce livre est
susceptible d'être mise en pratique, d'être
transformée en réalité immédiate. Et la
plupart de ceux qui disent qu'ils ne
comprennent pas ou qu'il s'agit d'utopies et
autres, n'ont tout simplement pas le courage
de penser assez fort aujourd'hui pour que les
pensées puissent intervenir dans la réalité.
45
Ceux qui crient toujours "dictature du
prolétariat", "conquête du pouvoir",
"socialisme", pensent généralement très peu.
Il n'est donc pas possible d'intervenir dans
la réalité avec ces modèles de mots. Mais ils
viennent ensuite dire qu'on ne propose [avec
les "points essentiels"] que quelque chose qui
est une utopie. Ce n'est que dans l'esprit des
gens qui n'y comprennent rien que cela devient
une utopie.
46
C'est pourquoi il faudrait faire comprendre à
ces gens ce que Goethe a dit un jour, sous une
forme un peu différente et en se référant à
autre chose, en se moquant du physiologiste
Haller, qui était un naturaliste ossifié.
Haller avait inventé la parole : aucun esprit
créé ne pénètre à l'intérieur de la nature.
47
Heureux celui à qui elle indique seulement
l'enveloppe extérieure ! Cela répugnait à
Goethe, et il disait : "À l'intérieur de la
nature" - ô philistin ! - "Aucun esprit créé
ne pénètre". "Heureux celui à qui elle indique
seulement l'enveloppe extérieure !" J'entends
cela se répéter depuis soixante ans, je le
maudis, mais en cachette.
48
La nature n'a ni noyau ni enveloppe, elle est
tout en une seule fois.
49
Examine-toi donc le plus possible pour savoir
si tu es le noyau ou la coquille ! Ceux qui
parlent de la triarticulation de l'organisme
social comme d'une utopie, on aimerait aussi
leur dire : "Examine-toi seulement si ce qui
hante ton cerveau est soi-même une utopie ou
une réalité. — On trouvera alors que tous les
corbeaux ont la plupart du temps des utopies à
l'intérieur et que la réalité dans leur propre
tête devient donc aussi une utopie ou une
idéologie, ou comme ils l'appellent alors.
C'est pourquoi il est si difficile aujourd'hui
de faire passer la réalité, parce que les gens
se sont tellement barré l'accès à la réalité.
50
Mais nous devons nous dire que nous devons
travailler sérieusement, sinon nous ne
pourrons pas passer de notre volonté à
l'action ; et c'est ce qui importe, que nous
passions de notre volonté à l'action. Et si
nous devions renoncer à tout, parce que nous
le reconnaissons comme une erreur, alors nous
devrions, pour pouvoir passer du vouloir à
l'action, nous tourner vers la vérité, que
nous voulons percer à jour en tant que vérité,
car rien d'autre ne peut conduire du vouloir à
l'action que la poursuite impitoyable et
courageuse de la vérité. Cela devrait en fait
être écrit comme une devise, comme un slogan,
avant les études de ces soirées. Je voulais
vous présenter ce soir une préface à ces
soirées d'étude. J'espère que ce préambule ne
vous empêchera pas de cultiver ces études de
telle sorte qu'enfin, avant qu'il ne soit trop
tard, des pensées qui portent en elles des
germes d'action puissent s'insérer dans le
monde de manière fructueuse.
51
Nous aurons l'occasion d'en discuter.
52
Rudolf Steiner : Le livre "Les points
essentiels de la question sociale" est écrit
d'une manière particulière, et ce pour deux
raisons : premièrement, il est écrit de telle
manière qu'il est en fait entièrement tiré de
la réalité. Certaines personnes qui lisent le
livre n'y pensent pas. Je peux aussi
comprendre que cela ne soit pas pleinement
pris en compte aujourd'hui. J'ai déjà parlé
ici, dans ce cercle - mais tous ceux qui sont
là aujourd'hui n'étaient pas présents - de la
façon dont les gens pensent vraiment
aujourd'hui. J'ai notamment fait référence à
l'exemple du professeur d'économie nationale,
Lujo Brentano, qui l'a si bien présenté dans
le dernier numéro de la "Feuille jaune" ; je
veux le répéter brièvement, car je veux m'y
rattacher un peu. Cette lumière de la théorie
d'économie politique/de peuple actuelle de
l'université - il est le premier, pour ainsi
dire - a développé le concept d'entrepreneur
et a tenté de caractériser les
caractéristiques de l'entrepreneur à partir de
sa pensée éclairée. Je n'ai pas besoin
d'énumérer la première et la deuxième
caractéristique ; la troisième est que
l'entrepreneur est celui qui met ses moyens de
production au service de l'ordre social à son
propre compte et à ses propres risques. Il a
maintenant cette notion d'entrepreneur, et il
l'applique. Il arrive alors à l'étrange
résultat que l'ouvrier prolétarien
d'aujourd'hui est en fait aussi un
entrepreneur, car il correspond à son concept
d'entrepreneur en ce qui concerne la première,
la deuxième et la troisième caractéristique.
Car l'ouvrier a sa propre force de travail
comme moyen de production ; il en dispose, et
par rapport à celle-ci, il s'adresse au
processus social à son propre compte et à ses
propres risques. - Ainsi, cette lumière de
l'économie de peuple intègre très bien le
concept de travailleur prolétarien dans son
concept d'entrepreneur. Vous voyez, c'est
ainsi que pensent justement les humains qui se
font des concepts qui n'ont aucun sens ; ils
n'ont aucun sens si l'on exige des concepts
qui doivent être réellement applicables à la
réalité. Mais même si vous ne l'acceptez
peut-être pas, on peut dire tranquillement que
plus de quatre-vingt-dix pour cent de tout ce
qui est enseigné ou imprimé aujourd'hui
utilise de tels concepts ; si on veut les
appliquer à la réalité, cela ne marche pas
plus que le concept d'entrepreneur de Lujo
Brentano. C'est ainsi dans la science, c'est
ainsi dans la science sociale, c'est ainsi
partout, c'est pourquoi les gens ont désappris
à comprendre ce qui travaille avec des
concepts conformes à la réalité.
53
Prenez par exemple la base de la
triarticulation de l'organisme social.
N'est-ce pas, on peut les poser de différentes
manières, ces bases, parce que la vie a besoin
de nombreuses bases. Mais l'une d'entre elles
est que l'on sait que l'époque récente a vu
l'émergence de ce que l'on pourrait appeler
l'impulsion de la démocratie. La démocratie
doit consister en ce que tout humain devenu
majeur puisse établir son rapport de droit
dans des parlements démocratiques, directement
ou indirectement par rapport à tout autre
humain devenu majeur. Mais justement, si l'on
veut honnêtement et sincèrement instaurer
cette démocratie dans le monde, on ne peut pas
gérer les affaires spirituelles dans le sens
de cette démocratie, car chaque humain devenu
majeur devrait alors décider de ce qu'il ne
comprend pas.
54
Les affaires spirituelles doivent être réglées
à partir de la compréhension de la chose,
c'est-à-dire qu'elles doivent être placées sur
elles-mêmes ; elles ne peuvent donc absolument
pas être administrées dans un parlement
démocratique, mais elles doivent avoir leur
propre administration, qui ne peut pas être
démocratique, mais qui doit être issue de la
chose. Il en va de même dans la vie de
l'économie ; la chose doit être gérée à partir
de l'expérience économique et du vivre dedans
la vie de l'économie. C'est pourquoi la vie de
l'économie d'un côté et la vie de l'esprit de
l'autre doivent être séparées du parlement
démocratique. C'est ainsi que naît l'organisme
social triarticulé.
55
Là y a maintenant à Tübingen le professeur
Heck, c'est lui - j'en ai déjà parlé - qui a
dit qu'il ne fallait absolument pas se laisser
aller à dire que le rapport salarial habituel,
où l'on est rémunéré pour son travail, avait
quelque chose d'humiliant pour le prolétaire,
car Caruso était aussi dans un rapport
salarial. La différence ne serait pas de
principe : Caruso chante et reçoit son
salaire, et le prolétaire ordinaire travaille
et reçoit aussi son salaire ; et lui, en tant
que professeur, reçoit aussi son salaire
lorsqu'il donne une conférence. 1 a seule
différence entre Caruso et le prolétaire
serait que Caruso reçoit trente à quarante
mille marks pour une soirée et le prolétaire
un peu moins. Mais il ne s'agit pas d'une
différence de principe, seulement d'une
différence concernant la somme de la
rémunération. Et donc, selon ce professeur
plein d'esprit, on n'a pas besoin de ressentir
quelque chose de dégradant dans la
rémunération ; lui non plus ne le ressent pas
ainsi. - Ce n'est qu'une parenthèse. Mais ce
professeur intelligent a également écrit un
long article contre la triarticulation. Là, il
part de ce que si l'on articule en trois, on
en arrive à trois parlements. - Et maintenant,
il montre que ce n'est pas possible avec trois
parlements, car il dit : dans le parlement
économique, le petit artisan ne comprendra pas
le point de vue du grand industriel, et ainsi
de suite. - C'est là que le bon professeur
s'est fait ses idées sur la triarticulation,
et contre ces idées - que je trouve encore
bien plus stupides que le professeur Heck ne
les trouve ; je les critiquerais aussi jusqu'à
la moelle -, il s'en prend à elles, mais il
les a faites lui-même. Il s'agit en effet de
ne pas juxtaposer trois parlements, mais d'en
retirer ce qui n'a pas sa place dans un
parlement. Il fait simplement trois parlements
et dit : ce n'est pas possible. - C'est ainsi
que l'on vit dans des concepts étrangers à la
réalité et que l'on juge les autres en
fonction de ceux-ci.
56
Maintenant, dans l'économie nationale, la
théorie d'économie de peuple, est presque
seulement inclus ce que sont des concepts
irréels. Mais, voyez-vous, je ne pourrais pas,
maintenant que le temps presse, écrire une
bibliothèque entière dans laquelle seraient
répertoriés tous les concepts d'économie de
peuple. C'est pourquoi se trouve naturellement
dans les "points essentiels" une multitude de
concepts qui doivent être abordés/discutés de
manière appropriée. Il me suffit par exemple
d'attirer l'attention sur ce qui suit :
n'est-il pas vrai qu'à une époque que nous
avons dépassée, les relations sociales étaient
essentiellement le fruit de la conquête ? Un
territoire quelconque était occupé par un
peuple ou une race ; un autre peuple faisait
irruption et conquérait le territoire. Les
races ou les peuples qui étaient auparavant à
l'intérieur ont été soumis au travail. Le
peuple conquérant a pris le sol en possession,
ce qui a créé un certain rapport entre les
conquérants et les conquis. Les conquérants,
du fait qu'ils étaient des conquérants,
avaient le sol en possession.
57
De ce fait, ils étaient les plus forts
économiquement, les conquis étaient les plus
faibles économiquement, et il s'en est formé
ce qui est devenu un rapport de droit. C'est
pourquoi, à presque toutes les époques
anciennes de l'évolution historique, on a des
rapports de droit fondés sur des conquêtes,
c'est-à-dire des privilèges et des droits de
désavantage. Les temps sont maintenant venus
où il n'était plus possible de conquérir
librement. Vous pouvez étudier la différence
entre la conquête libre et la conquête liée en
regardant par exemple le début du Moyen Âge.
Vous pouvez étudier comment certains peuples,
les Goths, sont descendus vers le sud, mais
dans des régions entièrement occupées ; ils
ont alors été amenés, en ce qui concerne
l'ordre social, à faire autre chose que les
Francs, qui sont allés vers l'ouest et n'y ont
pas trouvé de régions entièrement occupées.
Cela a donné naissance à d'autres droits de
conquête. À l'époque moderne, ce ne sont pas
seulement les droits fonciers issus des
conquêtes qui ont agi, mais aussi les droits
des humains qui avaient des privilèges de
possession et qui pouvaient désormais
s'approprier les moyens de production grâce au
pouvoir économique. La possession des moyens
de production, c'est-à-dire la propriété
privée des capitaux, s'est ajoutée au droit
foncier au sens actuel du terme. Cela a donné
lieu à des rapports de droit issus de rapports
économiques. Comme vous le voyez, ces rapports
de droit sont nés tout seuls à partir de
rapports économiques.
58
Maintenant, les humains viennent et veulent
des notions de pouvoir économique,
d'importance économique de la terre, ils
veulent des concepts de moyens d'exploitation,
de moyens de production, de capitaux, etc.,
mais ils n'ont pas vraiment de compréhension
profonde du cours des choses. Ils prennent
alors les faits superficiels et n'arrivent pas
à comprendre ce qui se cache derrière les
droits fonciers, derrière les rapports de
force en ce qui concerne les moyens de
production. Bien sûr, toutes ces choses sont
prises en compte dans mon livre. Là est pensé
correctement ; là est, quand est parlé de
droits, à partir de la conscience de la
manière dont le droit s'est développé à
travers les siècles ; quand on parle de
capital, on parle de la conscience de comment
le capital est devenu. Là est évité
soigneusement d'utiliser un concept qui n'est
pas entièrement saisi à partir de sa genèse ;
c'est pourquoi ces concepts se présentent
différemment que dans les manuels habituels
d'aujourd'hui.
59
Mais aussi quelque chose d'autre est pris en
compte. Prenons un fait précis, n'est-ce pas,
le fait que le protestantisme est né un jour.
Dans les livres d'histoire, on raconte très
souvent que Tetzel a parcouru l'Europe
centrale et que les gens étaient indignés par
la vente des indulgences et autres choses de
ce genre. Mais ce n'était pas seulement cela,
ce n'est qu'une vision superficielle.
L'élément principal était le fait qu'il y
avait à Gênes une banque pour le compte de
laquelle - et non pour le compte du pape - ce
marchand d'indulgences se déplaçait en
Allemagne, car cette banque avait accordé des
crédits au pape pour ses autres besoins. Toute
cette histoire était une entreprise
capitaliste. Cet exemple du commerce des
indulgences en tant qu'entreprise capitaliste,
où même le spirituel a été négocié, vous
permet d'étudier - ou plutôt, si l'on commence
à étudier, on arrive peu à peu à la conclusion
- que finalement, tout pouvoir du capital se
ramène à la suprématie du spirituel. Si vous
étudiez comment le capital a acquis son
pouvoir, vous trouverez partout la suprématie
du spirituel. Et c'est vraiment ainsi.
N'est-ce pas, celui qui est intelligent, celui
qui est débrouillard, a un pouvoir plus grand
que celui qui n'est pas intelligent, qui n'est
pas débrouillard. Et c'est ainsi que naissent,
de façon justifiée ou non, beaucoup de choses
qui sont des concentrations de capital. Il
faut en tenir compte lorsqu'on envisage le
concept de capital.
60
Ces études réelles permettent de comprendre
que le capital repose sur le développement du
pouvoir spirituel et que le pouvoir de
l'ancien esprit théocratique est venu
s'ajouter aux droits fonciers, aux droits de
conquête, d'un autre côté. L'ancienne Église
est à l'origine d'une grande partie de ce qui
a ensuite été transféré dans le capitalisme
moderne. Il existe un lien secret entre le
pouvoir capitaliste moderne et le pouvoir de
l'ancienne Église. Et tout cela s'est
rassemblé en un méli-mélo dans l'État de
pouvoir moderne. Là-dedans, vous trouvez les
restes de l'ancienne théocratie, les restes
des anciennes conquêtes. Et finalement, les
conquêtes modernes sont venues s'y ajouter, et
la conquête la plus moderne serait maintenant
la conquête de l'État par le socialisme. Mais
en réalité, ce n'est pas ainsi qu'il faut
procéder. Il doit y avoir quelque chose de
nouveau, qui fasse complètement table rase de
ces anciens concepts et impulsions. C'est
pourquoi il est important que nous nous
penchions aussi, dans nos études, sur les
notions qui sont à la base de tout cela. Nous
devons aujourd'hui expliquer précisément à
tous ceux qui veulent parler de choses
sociales ce qu'est le droit, ce qu'est le
pouvoir et ce qui est en réalité un bien
[économique], un bien sous forme de
marchandises et autres. C'est dans ce domaine
que les plus grandes erreurs sont commises. Je
veux par exemple attirer votre attention sur
l'une d'entre elles ; si vous n'y êtes pas
attentifs, vous comprendrez mal beaucoup de
choses dans mon livre.
61
Aujourd'hui, on pense souvent que la
marchandise est du travail stocké, que le
capital est aussi du travail stocké. - Vous
pouvez dire qu'il est inoffensif d'avoir de
telles notions. Ce n'est pas inoffensif, car
de tels concepts empoisonnent toute la pensée
sociale.
62
Vous voyez, qu'en est-il du travail - le
travail en tant que dépense/application de
force de travail ? Oui, il y a une grande
différence entre, par exemple, utiliser ma
force musculaire physique en faisant du sport
et couper du bois. Si je fais du sport, j'use
ma force musculaire physique ; je peux être
aussi fatigué et devoir remplacer ma force
musculaire autant que celui qui coupe du bois.
Je peux appliquer la même quantité de travail
au sport qu'à la coupe de bois. La différence
ne réside pas dans le fait que la force de
travail doit être remplacée - elle doit bien
sûr être remplacée - mais dans le fait que
l'une des forces de travail est utilisée
uniquement pour moi, dans un sens égoïste,
l'autre dans un sens social pour la société.
C'est la fonction sociale qui différencie ces
choses. Si je dis maintenant que quelque chose
est du travail accumulé, je ne tiens pas
compte du fait que le travail cesse en fait
d'être dans une chose quelconque au moment où
l'on ne travaille plus. Je ne peux pas dire
que le capital est du travail accumulé, mais
je dois dire que le travail n'existe que tant
qu'il est effectué. Mais dans notre ordre
social actuel, le capital conserve le pouvoir
d'appeler à nouveau le travail à tout moment.
Ce n'est pas dans le fait que le capital soit
du travail accumulé que réside la fatalité,
comme le pense Marx, mais dans le fait que le
capital donne le pouvoir d'appeler à son
service un nouveau travail - non pas un
travail accumulé - mais un nouveau travail. Il
dépend beaucoup de cela, et il dépendra encore
beaucoup de cela, que l'on parvienne à des
notions claires, fondées sur la réalité, sur
ces choses. Et c'est à partir de telles
notions, qui sont maintenant totalement
ancrées dans la réalité, que ce livre est
écrit. Il ne tient pas compte de ces notions,
qui étaient tout à fait utiles pour
l'éducation du prolétariat. Mais aujourd'hui,
alors que l'on doit construire quelque chose,
ces notions n'ont plus de sens.
63
Vous voyez, quand je dis que le capital est du
travail accumulé, c'est bon pour l'éducation
du prolétariat ; il a reçu les sentiments
qu'il devait recevoir. Il n'était pas
important que le concept soit fondamentalement
faux - on peut éduquer même avec des concepts
fondamentalement faux. Mais on ne peut
construire quelque chose qu'avec des concepts
corrects. C'est pourquoi nous avons
aujourd'hui besoin de concepts corrects dans
tous les domaines de l'économie de peuple et
nous ne pouvons pas continuer à travailler
avec des concepts erronés. Ce n'est pas par
frivolité que je dis que l'on peut aussi
éduquer avec des concepts erronés, mais en
vertu des principes généraux de l'éducation.
Vous voyez, lorsque vous racontez des contes
de fées aux enfants, vous ne voulez pas non
plus construire avec ces choses que vous
développez ; dans l'éducation, quelque chose
d'autre entre en ligne de compte que ce qui
entre en ligne de compte pour la construction
dans la réalité physique. Il faut travailler
avec des concepts réels. Un concept tel que
"le capital est du travail accumulé" n'est pas
un concept. Le capital est un pouvoir et
confère le pouvoir de mettre à tout moment à
son service le travail qui se crée. C'est un
vrai concept avec une logique de fait. Il faut
travailler avec des concepts vrais dans ces
domaines. C'est ce qui a été tenté dans les
"points essentiels". C'est pourquoi je pense
qu'une grande partie de ce qui n'y figure pas
en termes de définition des termes, de
caractéristiques des termes, doit être
élaborée. Et celui qui peut contribuer à
l'élaboration de ce dont on a besoin pour
comprendre le mode de pensée, la base de ce
livre, apportera une très bonne contribution à
ces soirées d'étude. C'est donc ce qui compte,
mes très chers présents, c'est ce qui compte
tout particulièrement.
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Oui, n'est-ce pas, il faudrait écrire un
dictionnaire si l'on voulait clarifier tous
les termes - mais ce qu'est le "capital" peut
maintenant être réglé en une seule soirée
d'étude de ce genre. Sans que l'on ait
clairement compris aujourd'hui : qu'est-ce que
le capital ? Qu'est-ce que la marchandise ?
Qu'est-ce que le travail ? Qu'est-ce que le
droit ? -, sans ces notions, on ne peut pas
avancer. Et ces notions sont tout à fait
confuses dans les cercles les plus larges ;
elles doivent avant tout être rectifiées.
Aujourd'hui, on se désespère quand on parle de
l'ordre social avec des gens ; ils ne peuvent
pas participer parce qu'ils n'ont pas appris à
maîtriser la réalité. C'est ce qu'il faut
faire.
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