« La volonté
sociale, fondement d'un nouvel ordre
scientifique », tel est le sujet qui a
été souhaité pour ce soir. J'ignore
les raisons qui ont motivé ce choix,
mais lorsqu'on m'en fit part, je le
trouvai extrêmement heureux, car il
prend en fait le ton qu'il me semble
nécessaire d'adopter envers les
réalités que le mouvement social a
introduites dans le présent et qui
parlent vraiment un langage beaucoup
plus clair que toutes les discussions
et les débats préalables qui ont eu
lieu sur la question sociale au cours
des dernières décennies.
On peut suivre à
travers de longues périodes cette
évolution du mouvement social de notre
époque moderne et, concernant la
volonté sociale précisément qui, dans
un sens ou dans l'autre, s'est
exprimée avec toujours plus d'acuité
dans les aspirations sociales ou
autres, on a pu remarquer que quelque
chose s'était échappé et avait glissé
furtivement dans cette volonté, dans
la mentalité sociale des temps
modernes, quelque chose qui peut
donner l'impression de voiler une
superstition des anciens temps
moyenâgeux dominant dans un tout autre
domaine. Cette superstition se
présente à nous de nouveau lorsqu'on
se plonge dans la seconde partie du Faust
de Goethe et que l'on découvre
la scène où Goethe fait préparer ä son
personnage Wagner l'homunculus2, le
petit homme qui voudrait trou-ver la
voie lui permettant de passer de
l'état d'ho-monculus ä celui d'être
humain. La superstition du Moyen Âge
repose selon Goethe sur le fait qu'à
l'époque on a voulu donner forme ä
quelque chose de réellement vivant ä
partir de ce que seul produit
l'entendement humain théorique, qui
agence et ras-semble froidement et
sèchement les faits extérieurs, cet
entendement qui imaginer ce qui a le
caractère d'un être. L'impossibilité
de créer soi-même quelque chose de
vivant ä partir des abstractions
détournées de la vie extérieure
apparut ä Goethe de manière
particulièrement évidente. Le Moyen
Âge ne domine pas précisément le
penser actuel lui-même, mais il me
semble régner une métamor-phose,
dirais-je, de bien des superstitions
dans toutes les impulsions, les
instincts de nos contem-porains, chez
bon nombre d'entre eux qui préten-dent
posséder une volonté sociale. On
observe l'évolution de la vie sociale,
telle qu'elle s'est dérou-lée au cours
de l'histoire de l'humanité jusqu'à
nos jours, on imagine certains
principes, certains pré-ceptes selon
lesquels il faut procéder, ou bien —
comme certains disent — qui veulent se
réaliser eux-mêmes, et ensuite on
pense par là pouvoir égale-ment
édifier ce qu'on peut appeler
l'organisme social, avec des principes
abstraits, ceux selon lesquels
l'homunculus était censé être formé.
C'est ä cet
organisme social justement qu'aspire
en vérité, si je puis dire,
l'inconscient de l'humanité moderne.
Pour comprendre cela, il suffit de
bien se rendre compte de ce qui suit.
Bien entendu, la vie sociale de
l'humanité n'est pas en elle-même une
nouveauté, elle se manifeste seulement
de manière différente à l'époque
moderne. Jusqu'alors, la structure de
l'organisme social était en réalité
déterminée à partir d'instincts
humains, à partir du subconscient des
impulsions humaines. Et ce qui est
significatif dans les forces
naissantes de l'époque moderne, c'est
que l'humanité ne peut plus en rester
à une volonté purement instinctive,
que, provoquée par la nature même de
l'évolution, il faut tout simplement
qu'elle se donne les moyens d'acquérir
une volonté consciente, précisément en
ce qui concerne l'édification de la
structure sociale. Mais si l'on veut
se pourvoir d'une volonté consciente,
on a besoin de pensées qui fondent
cette volonté, qui soutiennent la
réalité, et pas seulement de pensées
complètement abstraites de la réalité.
Il faut des pensées qui relient la
volonté personnelle aux forces qui
vivent au coeur du cours des
événements de la nature, du règne de
l'Univers. Il faut en quelque sorte
s'unir de par sa propre volonté aux
forces créatrices de l'existence
naturelle.
Mais c'est là quelque chose que des
milieux étendus de l'humanité ont
encore à apprendre. Il leur faut
apprendre à penser qu'en réalité on ne
peut s'y prendre d'une manière où l'on
pense par exemple : Que faut-il faire
pour mettre en place une structure
sociale possible qui est censée sortir
d'une vie ressentie par beaucoup
comme insupportable ? On ne peut pas
procéder ainsi. On ne peut pas
chercher à imaginer ce que sont les
maladies sociales. On peut seulement
rassembler tous ses efforts pour
trouver, en partant de l'être humain
lui-même, comment les hommes qui
vivent ensemble dans la société
doi-vent harmoniser leurs rapports
mutuels pour déve-lopper dans cette
vie d'échange ce qui est nécessaire
pour donner naissance ä la structure
sociale.
Après avoir étudié
pendant des années cette question
sociale, je crois avoir compris que
cette question fondamentale, que la
pensée abstraite considère justement
aujourd'hui comme une question
uni-taire, doit 'être vue comme
tripartite, comme ayant une structure
ternaire. Il faut y voir tout d'abord
une question culturelle, puis une
question juridique et ensuite une
question économique. Ce qui a surgi
dans l'économie moderne capitaliste
sur la base de la technologie qui
s'est développée a quasiment hypnotisé
le regard humain en l'orientant
exclusi-vement vers la vie économique
et a détourné l'at-tention du fait
qu'a côté de l'aspect économique, la
question sociale revêt aussi avant
tout celui de l'esprit et celui du
droit.
Je me permettrai de
traiter tout d'abord la question de
l'esprit, non pour la raison que
peut-être, comme certains le croient,
de manière toute sub-jective cette
question me serait familière, mais au
contraire parce que je suis
effectivement d'avis que — même si les
hommes d'aujourd'hui qui cultivent une
pensée prolétarienne justement
refusent de voir dans le spirituel
quelque chose pouvant contribuer ä la
résolution de la question sociale —
pour l'obser-vateur réaliste, c'est
justement le spirituel qui doit
prendre la première place. Pour s'en
rendre compte, il faut envisager l'âme
de l'homme touché par le mouvement
social moderne sous sa forme
véritable. Il faut tenter de
reconnaître les impulsions
volontaires qui vivent en réalité
dans les milieux à tendance
socialiste précisément. Il faut avant
tout rechercher d'où sont venues ces
impulsions.
Voyez-vous, lorsque,
avec la technologie et le capitalisme,
commença l'existence moderne des
hommes, la partie dominante de
l'humanité, la soi-disant classe
dirigeante se sépara toujours
davantage de ce qui, dans les domaines
les plus divers, se développa sous la
forme du prolétariat. Quiconque a du
discernement ne pourra le nier, entre
la volonté prolétarienne et la vie
non prolétarienne règne en effet
aujourd'hui un fossé qui est
infranchissable si on ne fait pas au
moins l'essai de travailler dans le
mouvement social avec des pensées et
des impulsions volontaires nouvelles,
et pas seulement avec celles du passé.
Au sein même du prolétariat n'a cessé
de se développer avec le temps la
croyance que la classe socialement
désavantagée n'a rien à espérer des
classes dominant jusqu'à présent sur
le plan social, si elles comptent sur
la bonne volonté, les idées, etc., de
celle-ci, et étant donné les rapports
existants, on ne peut en aucun cas
considérer cette croyance comme étant
de quelque manière injustifiée. Une
profonde méfiance s'est insinuée, si
je puis dire, entre les différentes
classes humaines. Et cette méfiance
émane de quelque chose de profond qui
jusqu'ici n'atteint pas du tout la
conscience de l'humanité, mais demeure
présent dans le subconscient.
Il s'en est suivi, surtout au début de
l'époque moderne, que la classe
laborieuse a pour la dernière fois
fait preuve d'une grande confiance
envers la bourgeoisie, et que, non
dans sa conviction, mais dans le
sentiment qu'elle avait de cette
dernière grande marque de confiance,
elle a été trompée. Voyez-vous, on
parle aujourd'hui de conception
prolétarienne du monde. Beaucoup même
parmi les personnalités dirigeantes
qui croient exprimer dans leurs
pensées la volonté prolétarienne
ignorent en réalité l'origine de
toutes leurs pensées et de leur
volonté. Les exigences qui, issues de
la vie même, vivent aujourd'hui dans
le mouvement social, contrastent
curieusement avec ce que le
prolétariat lui-même pense ä leur
sujet, au sujet de ces impulsions
sociales de vie.
S'il me faut
exprimer brièvement mon opinion dans
ce domaine, il me faut dire ceci : Une
culture prolétarienne sociale a donc
vu le jour, mais au sein du sentiment
prolétaire, au sein de la culture
sociale et de la vie règne un héritage
provenant précisément des opinions et
conceptions de la vie qui, ä l'instant
décisif de leur évolution historique,
sont nées jus-tement de la
bourgeoisie.
L:observateur de
cette évolution doit bel et bien voir
cet instant décisif de l'évolution
historique moderne dans le fait que le
mode de penser scien-tifique moderne
(je vous prie de considérer que je ne
dis pas : les sciences de la nature,
mais le mode de penser scientifique)
s'est développé ä partir d'an-ciennes
impulsions spirituelles, mais cela
d'une manière telle que ce mode de
penser n'a pas reçu la même impulsion,
la même force spirituelle que les
anciennes conceptions du monde.
Celles-ci prenaient
racine dans des impulsions humaines
plus vastes que le mode de penser
scientifique moderne. Elles étaient
en mesure d'envoyer dans l'âme humaine
des impulsions grâce auxquelles
l'être humain pouvait, conformément à
sa sensibilité, à ses sentiments,
répondre à la question qui le touche
toujours autant : Que suis-je en
réalité en tant qu'être humain dans
le monde ? Il n'est pas donné au mode
de penser scientifique moderne
d'insuffler une telle impulsion à
l'intérieur de la vie de l'âme. Bien
entendu, de par une nécessité
historique, mais qui n'en est pas
moins une fatalité historique, les
anciennes conceptions du monde se sont
montrées hostiles envers ce mode de
penser à l'instant décisif, au lieu de
laisser affluer en elles, en toute
amitié, ce qu'il avait de porteur pour
la vie spirituelle de l'être humain,
pour son âme. C'est alors que se
produisit l'état de fait suivant.
La machine, l'ordre
économique capitaliste, arracha un
certain nombre d'êtres humains de leur
contexte de vie habituel, de ce
contexte dans lequel ces gens avaient
vécu jusqu'alors et où régnaient de
tout autres rapports de vie pour le
sentiment de leur humanité, pour le
sentiment de leur dignité humaine. Il
y avait une relation entre ce qu'est
l'homme et ce qu'il fait. Pensez
seulement au rapport qui existait de
manière évidente dans l'artisanat de
jadis, jusqu'au mile siècle et même
plus tard encore, dans ce qui en
reste! Eh bien, un groupe important
d'individus fut arraché de ce contexte
et propulsé devant la machine, dans
cet ordre moderne de l'économie. Lä,
il n'existe aucune relation pos-sible
avec les moyens de production, aucune
possi-bilité de créer un lien
quelconque entre l'homme et ce qu'il
fait en réalité. Ainsi, cette partie
de l'être humain qu'à Père des
machines le prolétaire moderne ne peut
développer ne peut échapper ä la
question : Quelle est ma valeur en
tant qu'être humain ?
On ne peut plus
répondre ä cette question en se basant
sur des rapports de vie traditionnels,
ayant perdu toute valeur ; il faut
aller chercher la réponse au fond de
soi-même, dans ce qui ne dépend pas du
contexte de vie extérieur. Donc cette
classe d'hommes n'eut plus d'autre
choix que d'adopter ce qui jaillit
dans la simultanéité de l'histoire
uni-verselle avec l'êre des machines,
avec l'ordre écono-mique : le mode de
penser scientifique moderne.
Les anciennes
classes ne furent pas contraintes d'en
faire leur croyance, leur conception
de vie ; elles n'eurent qu'à en faire
leur conviction théorique. Car ce
qu'il introduisait dans la vie était
quelque chose de transmis, il
s'agissait d'impulsions issues
d'autres temps et dont elles
héritaient. Seul le prolétaire se
trouva arraché de tout, ne pouvant en
conséquence se reconnaître d'aucune
conception de vie liée aux anciens
rapports de vie, et de par son
existence tout ä fait extérieure
précisément, il fut prédestiné ä faire
de ce nouveau qui apparaissait le
contenu de son âme. Ainsi, aussi
paradoxal, aussi incroyable que cela
puisse paraître ä beaucoup, c'est
justement lui, ce prolétaire, qui est
l'homme véritablement, pure-ment
orienté scientifiquement.
Pour mesurer toute
la portée de ce fait, il ne suffit pas
d'avoir appris à raisonner sur le
mouvement prolétarien, il faut de par
son destin avoir eu l'occasion de
penser avec le prolétaire, notamment
avec les hommes de cette classe qui,
venant d'horizons différents, sont
devenus les leaders du mouvement. On
pouvait alors ressentir très nettement
comment ce que je vais vous expliquer
se propage dans le présent social
immédiat depuis des époques révolues.
N'est-ce pas, vous
pouvez dire : Oui, les milieux
bourgeois ont pourtant largement
adopté le mode de penser scientifique.
Mais prenez même des cercles bourgeois
intelligents, pensez à ces hommes dont
la pensée, les convictions sont
complètement orientées
scientifiquement : ils vivent bel et
bien avec leurs sentiments, avec toute
leur sensation de la vie dans des
rapports qui ne sont pas complètement
déterminés par l'orientation
scientifique. On peut être penseur
matérialiste moderne, on peut se dire
averti, être athée, on peut
reconnaître cela vraiment comme son
intime conviction, mais on n'a
absolument pas besoin de renier tous
les vestiges de sensibilité des
anciennes conditions de vie qui ne
sont pas issues de cette orientation
scientifique, mais qui sont apparues
en des temps où il y avait encore des
impulsions spirituelles possédant la
force de dynamisme que j'ai évoquée
précédemment.
L'orientation
purement scientifique a agi tout
autrement. Je ne dis pas les sciences,
car naturellement cette orientation a
également agi sur des prolétaires
totalement incultes, ignorants, mais
ses effets furent tout autres
justement là où elle a été répandue
parmi le prolétariat en tant que
concep-tion de l'existence.
J'aimerais vous
l'expliquer par un exemple. Je me
trouvai il y a de nombreuses années ä
la même table de conférence que Rosa
Luxemburg7, disparue der-nièrement de
manière si tragique. Elle s'exprima
sur le sujet suivant : « La science et
les ouvriers ». Je ne peux m'empêcher
de toujours repenser ä la manière dont
elle montra avec flamme devant une
grande assemblée qu'en réalité tous
les préjugés qui règnent dans les
anciennes classes dominantes ä propos
de la position sociale des hommes, de
l'ordre hiérarchique humain, sont liés
ä des représentations qui vivaient au
sein d'anciennes conceptions
spirituelles de l'univers. Selon elle,
il incombe purement et sim-plement au
prolétaire moderne de bien retenir que
l'homme n'est pas d'origine angélique
ou divine, mais qu'il est censé avoir
évolué jadis sur des arbres de manière
tout ä fait inconvenante, qu'il a
évolué en s'élevant au-dessus de
stades animaux qui en vérité, si on
suit leur évolution, fondent
nécessairement cette conviction que
tous les hommes sont égaux. Et toutes
les différences de rang des époques
passées proviennent de préjugés
quelconques. Il ne faut pas s'arrêter
ici ä la formulation, mais regarder
plutôt la puissance avec laquelle de
telles paroles agissent sur les âmes
des prolétaires.
En fait, je n'ai
voulu prendre en compte que le concept
lorsque j'ai dit qu'à l'époque
moderne, le prolétaire est orienté «
scientifiquement» dans toute sa
conception de l'univers. Et cette
orientation scientifique n'a pas
comblé son âme au point de lui permettre
de répondre à la question : Que
suis-je m réalité dans l'univers en
tant qu'être humain ?, l'y répondre
comme il en avait besoin, comme il :ût
été souhaitable, conformément à sa
sensibilité.
Et d'où le
prolétaire a-t-il reçu cette
conception du monde ? D'où est venue
cette orientation scientifique qu'il
lui faut parfois admettre de manière
totalement erronée? Car il s'agit bien
d'une science. Il l'a reçue de
l'ancien héritage de la classe
bourgeoise. Elle est née de
l'ancienne conception du monde au sein
de la classe bourgeoise, lors du
passage à l'ère capitaliste moderne
des machines, lorsque la machine et le
capitalisme ont subjugué les hommes.
L'autre fait qui est
si souvent mis en relief avec la
nuance correspondante, c'est qu'au
sein du prolétariat la vie de
l'esprit est devenue quelque chose qui
est ressenti comme une idéologie.
C'est ce que vous entendez le plus
fréquemment lorsque sont exposés les
fondements de la conception
prolétarienne de l'univers : l'art,
la religion, la science, l'éthique, le
droit, etc., sont des reflets
idéologiques de la réalité matérielle
extérieure.
Mais le sentiment
que tout cela est ainsi, que la vie
spirituelle est idéologique, n'est pas
né au sein du prolétariat, le
prolétaire l'a reçu en «dot» de la
bourgeoisie. Et la dernière grande
marque de confiance dont le
prolétariat a fait preuve envers cette
classe bourgeoise consista pour lui à
accepter de la nourriture, de la
nourriture spirituelle pour son âme.
Étant donné qu'il fut privé de vie de
l'esprit au moment où, placé dans la
structure sociale, il fut appelé hors
de l'ancien contexte, pour tra-vailler
sur la machine, il ne put en effet
qu'élever le regard vers les
connaissances qui s'étaient répandues
ä propos de l'homme et du monde. Il ne
put élever son regard que sur ce que
la bourgeoisie avait engen-dré : il
accueillit avec crédulité, de manière
dogma-tique dirais-je, l'idéologie de
la bourgeoisie. Cela n'a pas encore
imprégné sa conviction, mais bien le
sentiment de déception qui se présente
nécessaire-ment lorsqu'on ne peut pas
considérer le spirituel comme quelque
chose qui contient une réalité
supé-rieure fondée en elle-même, mais
qu'on est contraint de le regarder
seulement comme une idéo-logie. Même
si cela n'est pas encore su, tout cela
vit et est clairement ressenti dans
les sentiments sub-conscients d'un
grand nombre des leaders du mou-vement
social : nous avons montré une grande
confiance envers la bourgeoisie ; nous
avons recueilli un héritage qui aurait
dû nous apporter le salut de l'âme,
nous apporter des forces de soutien.
La bour-geoisie ne nous a rien apporté
de tout cela ; elle ne nous a apporté
que l'idéologie, qui ne renferme
aucune réalité et ne peut soutenir
l'existence.
On peut controverser
longtemps pour déterminer si
l'idéologie est vraiment le caractère
fonda-mental de la vie de l'esprit, ou
non. Ce n'est pas ce qui importe. Non,
ce qui compte, c'est que cette vie de
l'esprit soit ressentie aujourd'hui
comme telle par une grande partie de
l'humanité, et que, lors-qu'on ressent
la vie comme une idéologie, l'âme s'en
trouve dévastée, reste vide, que
l'élan spirituel est paralysé et qu'il
apparaît ce qui est apparu de nos
jours : la volonté sociale est privée
de la croyance que quelque chose de
spirituel pourrait se développer
quelque part, qu'un centre pourrait
apparaître, un véritable centre d'où
pourrait venir le salut pour notre
conception du monde, ainsi que pour
une configuration souhaitable du
mouvement social. Je dirais que la vie
de l'esprit a été introduite avant
tout dans l'évolution de l'humanité
prolétaire moderne comme quelque chose
de négatif. Or les aspirations de
cette humanité réclament quelque chose
de positif. Elles réclament quelque
chose qui soutienne l'âme, alors que
l'héritage qui leur a été donné dévore
l'âme.
C'est là quelque
chose qui souffle et s'épanche
silencieusement à travers tout notre
mouvement social actuel, quelque chose
qu'on ne saisit pas avec des concepts,
mais qui donne sa forme à l'un des
constituants, nous en verrons trois,
de ce mouvement. Et dès qu'on
comprend qu'il en est ainsi, on se
demande aussi comment cela est arrivé
et comment on peut y remédier. Au
lieu que la volonté, cette volonté
sociale, continue d'être paralysée,
comment peut-elle être enflammée,
fortifiée ? Voilà la question qu'il
faut se poser.
Or un événement se
produisit au moment où la vie
spirituelle moderne arriva au tournant
décisif auquel j'ai déjà fait
allusion. Les classes dominantes de
l'époque étaient liées par l'ensemble
de leurs rapports de vie à ce que nous
appelons aujourd'hui l'Etat. Certaines
individualités ont souvent souligné
le fait que l'homme moderne croit que
ce qu'il appelle actuellement l'État
aurait en réalité toujours existé sous
cette forme. Mais cela n'est pas du
tout exact. Ce que nous appelons
aujourd'hui l'État, ce qui par exemple
dans la philosophie de Hegel appa-raît
pratiquement comme l'expression du
divin lui-même, n'est au fond qu'un
produit de la pensée des quatre ä cinq
siècles derniers. Les organismes
sociaux des époques antérieures
étaient tout ä fait autres.
Prenez seulement le
fait suivant qui s'est encore produit
récemment : des établissements
d'enseigne-ment libre, d'anciennes
écoles secondaires qui étaient tout ä
fait autonomes vis-ä-vis de l'État,
sont devenus des établissements
publics. L'État est devenu en quelque
sorte le dépositaire du patri-moine
intellectuel de l'humanité. Qu'il le
soit devenu correspond ä un intérêt
bourgeois du début de 1'ère moderne.
L'État a grandi au contact de l'âme du
bourgeois, qui s'y est attaché avec
tous ses besoins. Et de cette
impulsion jaillit le rapport moderne
entre le bien culturel de l'humanité
et l'État, le fait que ce dernier
devint gardien de ce patrimoine et
qu'il exigea de ceux qui devaient se
tourner vers ce gardien qu'en réalité
ils organisent leur vie pour lui.
Lorsqu'on regarde un
peu plus profondément dans la
structure intérieure de ce bien
culturel des hommes, on constate que
ce n'est pas seulement son
administration extérieure, la
législation sur les uni-versités, sur
les écoles, les écoles primaires, qui
sont devenues publiques, mais aussi
son contenu même.
Certes, les
mathématiques ne revêtent pas un
caractère étatique, mais d'autres
branches de notre bien culturel ont
reçu une empreinte, ont subi ce
rapprochement avec les intérêts de
l'État ä l'époque moderne, et ce
rapprochement n'est pas sans avoir
participé au processus qui a fait
évoluer le bien cul-turel vers
l'idéologie. En réalité, il ne peut
préser-ver et porter en lui sa propre
réalité intérieure que lorsqu'il peut,
s'appuyant sur ses propres forces,
s'administrer lui-même, lorsque, ä
partir de son ini-tiative directe, il
donne ä l'État ce qui est du ressort
de l'État, mais qu'il n'a pas ä
recevoir les exigences de celui-ci.
Certes, il s'en
trouvera aujourd'hui encore beaucoup
qui ne verront pas dans ce que je
viens d'ex-primer une réalité sociale
fondamentale. Mais on verra que
l'esprit qui règne dans la réalité ne
pourra ä nouveau donner ce qui est
juste ä l'humanité que lorsqu'il sera
séparé de l'organisation étatique
exté-rieure, lorsqu'il sera réduit ä
ses propres moyens. Je sais les
objections qu'on peut faire ä cela,
mais lä n'est pas l'important. La
seule chose qui importe, c'est que
l'esprit, pour pouvoir se développer
conve-nablement, réclame de pouvoir
sans cesse jaillir de l'initiative
libre et immédiate de la personnalité
humaine.
On arrive ainsi ä la
forme véritable d'un des constituants
de la question sociale moderne, ce qui
fait qu'on porte un regard juste sur
la vie culturelle et qu'on comprend la
nécessité que ce qui a péné-tré dans
la structure de l'État en soit
progressive-ment ä nouveau retiré,
afin de pouvoir développer sa propre
force et agir ensuite en retour,
justement parce que ce sera libéré,
parce que cela évoluera de manière
autonome à côté des autres domaines de
la structure sociale, et que
précisément à ce titre cela pourra
agir de façon juste sur cette
structure sociale. Si l'on doit parler
des implications pratiques pour ce
premier constituant des questions
sociales, alors il faut demander que
la tendance de l'évolution aille dans
le sens d'une dénationalisation de la
vie culturelle à l'échelle la plus
large. Il y a même un domaine de cette
vie culturelle pour lequel il
paraîtra aujourd'hui certainement
très paradoxal de pouvoir affirmer
qu'il doit être désétatisé : le
rapport dans lequel entre une personne
amenée à juger avec des individus
ayant à faire à la loi pénale ou de
quelque manière au droit privé, est un
rapport si humain, si personnel, que
l'acte de juger relève aussi
directement de ce qu'il faut
considérer comme faisant partie
intégrante de la vie de l'esprit.
Certains cercles d'orientation
psychologique l'ont d'ailleurs
compris, mais en abordant les choses
complètement à l'envers. Si bien qu'il
me faut donc ranger au nombre des
choses où doit se développer la
tendance à la dénationalisation aussi
bien les convictions religieuses qui
règnent dans l'humanité, que toute vie
artistique et tout ce qui concerne le
droit privé et pénal.
Pourquoi lorsqu'on
entend parler de mesures radicales
devrait-on penser aussitôt à une
révolution violente ? Même dans les
milieux socialistes de l'époque
moderne, on y pense de moins en moins.
Je ne crois pas non plus qu'il faille
tout désétatiser du jour au lendemain;
mais je pense que dans la volonté
sociale de l'humanité peut pénétrer
l'idée que les différentes mesures ä
prendre pour telle ou telle chose, et
il est même nécessaire que cela se
pro-duise quotidiennement ici et lä,
soient orientées vers une libération
progressive de la vie spirituelle du
joug de l'État. Vous pourrez vous
représenter très concrètement ce que
cela veut dire.
Nous devons
considérer l'État comme quelque chose
qui est devenu particulièrement cher ä
l'âme de la bourgeoisie qui ä l'époque
moderne n'a cessé de s'affirmer comme
la classe dominante. Or cette
bourgeoisie n'a pas seulement
introduit dans cet État la vie
culturelle, mais également ce qui, au
sein de l'évolution humaine moderne,
s'est pour ainsi dire rendu maître de
l'ensemble de l'organisme social,
c'est-à-dire la vie économique. Cette
entrée dans la vie de l'État a
commencé avec la nationali-sation des
voies de transport et de
communication, la poste, le chemin de
fer, etc. Ceci a engendré une certaine
superstition envers l'État, envers la
com-munauté humaine tournée vers
l'État. Et c'est chez les gens
d'orientation socialiste qu'on trouve
le der-nier vestige de cette croyance
selon laquelle on ne peut voir le
salut que dans l'administration
collec-tive de toute la vie
économique. Voilà donc encore quelque
chose qui a été hérité des modes de
pensée et de conception bourgeois.
Or la vie de
l'esprit doit avoir sa place propre,
et la vie de l'économie la sienne ; au
milieu se trouve l'État.
Vous pouvez vous
demander ce qui restera encore ä
l'État, car nous verrons tout ä
l'heure que la vie économique ne
supporte pas non plus la confusion
avec la vie de l'État proprement dite.
Nous aurons peut-être une idée claire
de la question en plaçant devant notre
regard ce que les classes bourgeoises
ont vraiment gagné en cet État moderne
qui s'est développé. Ils y ont trouvé
un rempart pour leurs droits.
Observons à présent
ce que sont en réalité les droits. Je
n'entends pas seulement par là le
droit pénal, je ne pense pas non plus
au droit privé dans la mesure où il ne
concerne pas le rapport de personne à
personne, mais je pense au droit
public dont relèvent également par
exemple les négociations au sujet des
rapports de propriété. Car qu'est-ce
finalement que la propriété ? La
propriété n'est que l'expression du
droit d'être seul à posséder et
exploiter une chose quelconque en tant
que personne. Elle était donc ancrée
dans un droit. Tout ce que nous
considérons en fait souvent comme une
chose extérieure prend racine dans son
rapport à l'être humain dans les
droits. Ces droits, la bourgeoisie et
ce qui lui était apparenté se les
étaient déjà acquis à l'époque qui
précéda notre conception moderne de
l'État, et c'est lorsqu'elle intégra à
la vie même de l'État tout ce qui
pouvait s'y rapporter qu'elle les
trouva protégés au mieux.
Ainsi apparut la
tendance à attirer toujours davantage
la vie de l'économie dans celle de
l'État. Celle-ci pénètre celle-là
grâce à une somme de droits. Ces
droits ne sont pas du tout censés être
retirés à l'État au cours de
l'évolution à venir, mais il est
nécessaire que la volonté sociale
apprenne justement à faire la
différence de manière précise entre
tout ce qui est vie juridique, vie de
l'esprit propre-ment dite, et vie de
l'économie.
Le courant social
moderne met cela tout
parti-culièrement en évidence par le
fait qu'il y a quelque chose que les
milieux dominants n'ont pas intégré
dans la vie juridique de leur État
moderne. S'ils y ont introduit bien
des choses appartenant ä la pure vie
économique, il y a une chose qu'ils
ont oubliée : c'est la force de
travail de l'ouvrier prolétaire.
Celle-ci est restée dans la
circulation du processus économique.
C'est cela qui a
profondément marqué l'âme du
prolétaire, ä tel point que le
marxisme et ses succes-seurs ont pu
lui expliquer : Il y a toujours un
mar-ché du travail, comme il y a un
marché de marchandises. Et de même que
sur ce dernier des produits sont
proposés et qu'il y a une demande, de
même tu apportes, toi, ta force de
travail, la seule chose que tu
possèdes, sur le marché du travail, et
elle n'a qu'une valeur de marchandise.
On l'achète comme telle, et c'est en
tant que telle qu'elle s'ins-crit dans
le processus économique moderne.
Nous touchons lä la
forme véritable de la seconde exigence
sociale moderne. Elle s'exprime dans
le fait que, par une certaine
subconscience de sa dignité humaine,
le prolétaire moderne trouva
insuppor-table que sa force de travail
fût achetée et vendue sur le marché
comme une marchandise.
Certes, la théorie
des penseurs socialistes dit : Les
choses en sont arrivées lä de par les
lois objectives de la vie économique
qui ont placé la force de tra-vail sur
le marché comme elles l'auraient fait
d'autres marchandises. Cela vit dans
les consciences, peut-être même dans
celle du prolétaire lui-même. Mais
dans le subconscient règne tout autre
chose, je veux parler d'une
continuation de l'antique esclavage,
de l'ancienne question du servage. Ce
subconscient ne voit qu'une chose :
aux temps des esclaves, c'est tout
l'être humain qui était marchandise
sur le marché du travail et pouvait
être acheté et vendu; par la suite,
avec le servage, ce ne fut plus qu'une
partie moindre, et de nos jours le
reste encore la force de travail de
l'ouvrier. Mais de cette manière il se
livre entièrement au processus
économique, ce qu'il ressent comme
impossible, comme indigne.
De là naît cette
seconde exigence sociale de l'époque
moderne : libérer la force de travail
de son caractère de marchandise.
Je sais
qu'aujourd'hui encore nombreux sont
ceux qui pensent : comment faire ?
Comment donc organiser une vie
économique autrement qu'en rétribuant
le travail, la force de travail ? Mais
réagir ainsi, c'est déjà l'acheter! Et
il suffit seulement d'objecter à cela
que finalement même Platon et Aristote
trouvaient complètement naturel,
considéraient comme une chose évidente
la nécessité de l'existence des
esclaves. C'est pourquoi il faut bien
pardonner aux penseurs modernes de
tenir pour nécessaire que la force de
travail doive être mise sur le marché.
Il n'est pas
toujours possible de se représenter ce
qui peut-être sera déjà tout
prochainement une réalité. Mais nous
devons nous demander aujourd'hui : Par
quoi la force de travail peut-elle
être dégagée du caractère de
marchandise ? Cela ne peut arriver
qu'en l'élevant dans le domaine du pur
État de droit, l'État dont seront
séparés la vie spirituelle d'une part,
comme je l'ai caractérisé, et d'autre
part tout ce qui relève du processus
économique dans le sens indiqué
auparavant. Si nous divisons
l'en-semble de l'organisme social ou
l'imaginons arti-culé en ces trois
parties : la vie autonome de l'esprit,
la vie juridique et la vie économique,
alors nous avons, dans le domaine
économique, l' homo véri-table
ä la place de homunculus, alors
notre regard spirituel se pose sur
l'organisme social véritable-ment
viable, et non pas sur un organisme
composé d'agents chimiques.
Bien loin de moi la
pensée de faire ici une analo-gie
entre la biologie et la sociologie. Je
ne tomberai pas non plus dans l'erreur
de Schäffle8, ni dans celle que commit
Meray avec sa Mutation de
l'univers; lä n'est pas mon
intention, lä n'est pas ce qui
importe. Non, ce qui compte, c'est de
voir que de même que dans l'organisme
humain naturel agissent l'un ä côté de
l'autre trois systèmes de manière tout
ä fait autonome, je l'ai expliqué du
moins sommairement sur le plan
scientifique dans mon dernier livre Des
énigmes de liirne9, de
même trois systèmes appli-cables
séparément doivent également régner
dans l'organisme social : le système
culturel, le système judiciaire,
ensuite celui du droit public — comme
je l'ai dit, droit privé et droit
pénal en sont exclus — et le système
économique proprement dit.
Mais alors, lorsque,
entre la vie de l'esprit et celle de
l'économie, on trouve celle de l'État,
du droit, régulatrice, on a introduit
dans l'organisme social quelque chose
d'aussi viable que ce que l'on trouve,
relativement indépendant, dans
l'organisme humain naturel : le
système de la circulation, le système
du coeur et des poumons, placé entre
le système de la tête et le système
digestif. Alors, si ce domaine du
droit évolue sur ses propres bases,
complètement en dehors de la seule
vie économique — pensons à une
administration, une administration
démocratique vivant sur la base du
droit —, si chacun use de la même
manière de ses droits qui règlent le
rapport d'homme à homme uniquement sur
ce terrain, alors l'intégration de la
force de travail dans le processus
économique sera tout autre que ce
qu'elle est actuellement.
Vous voyez que je ne
vous donne aucun principe, ni une
théorie quelconque du genre : voilà
comment faire pour arriver à libérer
la force de travail de son caractère
de marchandise, je vous dis au
contraire : Quelle attitude les hommes
doivent-ils tout d'abord adopter,
comment doivent-ils articuler
l'organisme social pour que leur
activité, leur penser, leur vouloir
engendrent un organisme social viable.
Je ne veux donner aucun remède
général, je ne veux que décrire
comment l'humanité devrait être
articulée dans l'organisme social pour
que sa saine volonté sociale génère de
manière continue ce qui rendra cet
organisme social viable. Je veux pour
ainsi dire remplacer le penser
théorique par un penser intimement
lié à la réalité. Qu'arrivera-t-il si,
abstraction faite de la vie
économique, sur une base indépendante
qui s'administrera et se régulera dans
une relative autonomie, en s'appuyant
sur ses propres forces, si sur ce
terrain on débat sur le droit du
travail uniquement ä partir de
fondements humains, et qu'a partir de
là des lois seront émises ? Cela
donnera quelque chose qui agira au
sein du processus économique comme le
font actuellement les fondements
naturels de ce processus. Ces
fon-dements naturels nous apparaissent
de manière évi-dente lorsque nous
étudions vraiment le processus
économique. Ils régulent ce dernier de
sorte que leurs règles se dérobent ä
ce que l'être humain pour-rait y
apporter lui-même. N'est-ce pas, il
suffit d'ob-server ce qui saute aux
yeux.
Je prendrai des
exemples flagrants. Dans certaines
régions qui, certes, sont éloignées de
nous, la banane est un article
extrêmement important. Mais le travail
fourni pour transporter ce fruit
jusqu'à l'endroit où il pourra être
consommé est on ne peut plus infime
sur son lieu d'origine, comparé ä
celui qui est nécessaire dans nos
régions européennes pour amener le blé
jusqu'à son lieu de consomma-tion. Ce
travail qui rend la banane consommable
équivaut ä 1 °/o, et même moins, de
celui qui est nécessaire pour la
consommation du blé. Celui-ci est donc
cent fois plus important. Et nous
pour-rions ainsi citer les grandes
différences qui existent sur le plan
de la réglementation de la vie
écono-mique. Celles-ci sont
indépendantes de ce que l'être humain
lui-même y apporte : elles résident
dans la richesse du sol, dans
l'existence d'autres rapports et
autres paramètres de ce genre ; elles
s'insèrent dans la vie économique
comme un facteur constant, indépendant
de l'homme qui travaille. Voilà ce qui
se produit d'une part.
Imaginez maintenant
la vie du droit du travail totalement
séparée d'autre part de la vie
économique, dans ces conditions, s'il
n'y a plus d'intérêts économiques
intervenant librement dans la
détermination du temps de travail,
dans l'utilisation de la force de
travail, il se formera dans les
rapports purement humains entre les
individus, indépendamment de la vie
économique, quelque chose qui d'un
côté influera sur cette dernière, tout
comme le font d'un autre côté les
facteurs provenant des conditions
naturelles10.
Dans la
détermination des prix", dans la
valeur des marchandises sur le marché,
il faut suivre la manière dont
agissent les facteurs naturels. Si
l'on veut que l'organisme social soit
viable, on devra à l'avenir chercher
comment il faut produire, comment
doit se dérouler la circulation des
marchandises. Lorsque cette dernière
ne déterminera plus la rémunération,
le temps de travail, le droit du
travail en général, mais qu'au
contraire, indépendamment du marché,
le temps de travail sera déterminé
dans le domaine de la vie juridique
relevant de l'État, uniquement à
partir des besoins humains, des points
de vue purement humains, alors le prix
d'une marchandise sera tout
simplement égal au coût du temps
nécessaire à la réalisation d'un
certain travail, mais ce temps ne sera
pas réglementé par la vie économique,
comme c'est le cas de nos jours où,
dans le processus d'économie
politique, le temps de travail, le
rapport au travail sont souvent
obligatoirement déterminés d'après les
prix des marchandises. C'est l'inverse
qui se produira avec une articulation
juste de l'organisme social.
On ne peut
aujourd'hui que faire allusion ä ces
rapports. Mais vous voyez qu'ils
jaillissent d'une volonté sociale qui
est tout à fait différente de celle
qui, dans le cours des événements de
la planète, nous a entraînés dans la
situation affligeante d'au-jourd'hui.
Ils naissent de cette volonté sociale
qui n'aménagera pas toute chose, sur
le mode de l'inté-rêt général, ä
partir de la pensée humaine, comme on
est contraint de le faire afin que
ceci ou cela se déroule de la manière
qui convient. Ils jaillissent d'un
penser qui est ä ce point lié ä la
réalité qu'il n'apparaît pas lorsque
les hommes sont insérés de telle ou
telle manière dans une articulation de
l'or-ganisme social. Alors, parce
qu'ils seront sainement articulés dans
l'organisme social, ils décideront ce
qui est juste, ils agiront de la juste
manière.
Il faut avoir vécu
comment ceux qui avaient une volonté
sociale déterminèrent les rapports
dans la vie réelle, dans cette
Autriche précisément qui a déjà
périclité. C'était bien un État, mais
dans cet É,tat ne vivait pas seulement
l'activité juridique, dans l'état
vivait même de manière très prononcée
l'acti-vité économique née des
intérêts de cercles humains
particuliers. Pensez donc seulement ä
ce qu'était l'ancien parlement
autrichien jusqu'à la fin des années
quatre-vingt-dix ! Ce qui était
représenté dans ce parlement provoqua
bel et bien les circons-tances qui
jouèrent un rôle jusque dans la
catas-trophe qu'était la guerre
mondiale, ce parlement qui se
composait de quatre curies : la
chambre de commerce, les gros
propriétaires fonciers, la curie des
villes, des marchés et des sites
industriels, et celle des milieux
économiques solidement installés. Ces
derniers n'étaient pas représentés sur
la base d'un parlement économique,
mais c'étaient leurs intérêts qui
déterminaient l'État, c'est-à-dire que
les droits publics étaient déterminés
en fonction de leurs intérêts. De
même qu'il est impossible qu'un parti
d'esprit confessionnel, comme ce fut
le cas en Allemagne, au sein de la
diète d'empire, fasse son apparition
et influence la vie juridique de
l'État par ses définitions et
institutions, un organisme social à
l'intérieur duquel les cercles
d'intérêts économiques régulent la
vie juridique n'est pas viable.
Celle-ci doit se développer
séparément, uniquement à partir de ce
qui concerne le rapport d'être humain
à être humain, disons de manière
parfaitement démocratique. Alors
l'organisme ternaire réglera la vie
économique de manière appropriée grâce
à cette vie juridique d'une part, et
grâce à la base naturelle d'autre
part.
Et au sein de cette
vie économique qui, à son tour, a donc
désormais des représentants des
tendances les plus diverses, des
facteurs et des intérêts purement
économiques sont nécessaires. Il
s'agit d'un organisme social dans
lequel il y a, si je puis m'exprimer
selon les habitudes de langage de
notre époque, trois classes, trois
secteurs, chacun possédant sa
législation et son administration
propres. Leurs relations sont celles,
je dirais, d'États souverains, même
s'ils s'interpénètrent et tiennent
compte l'un de l'autre. Cela peut
s'avérer difficile et inconfortable
pour l'être humain, mais c'est lä ce
qui est sain, c'est tout simplement ce
qui rendra l'organisme social viable
pour l'avenir. Car la vie économique
elle-même ne pourra être déterminée ä
partir de ses propres facteurs qu'à la
condition que n'agissent sur son
terrain que les seuls intérêts
éco-nomiques, lesquels ne peuvent être
définis que par le rapport nécessaire
entre production et consommation. Et
ce rapport ne peut exister dans la vie
économique que sur une base
associative, comme cela aurait pu se
faire dans le contexte des syndicats
et des coopératives. Mais aujourd'hui
les rapports de ces derniers sont
encore complètement empreints du
caractère qui est le leur justement
parce qu'ils sont nés de la vie de
l'État. Il leur faut se développer ä
l'intérieur de la vie économique,
devenir des corporations au seul
service de la vie économique. Alors
l'organisme social se développera
sainement.
Je sais que ce que
j'ai dit paraît extrêmement radi-cal ä
plus d'un. Mais radical ou non, lä
n'est pas la question. Ce qui importe,
c'est que l'organisme social devienne
viable, que les hommes, tandis qu'ils
commenceront de passer de l'ancienne
vie sociale instinctive ä la vie
sociale consciente, se pénètrent
d'impulsions qui jailliront parce
qu'ils auront dis-cerné comment on
doit se situer au sein de l'orga-nisme
social. C'est aujourd'hui être inculte
que de ne pas connaître les tables de
multiplication ou toute autre chose
appartenant une bonne fois pour toutes
ä la culture générale, mais si vous
n'avez aucune conscience sociale ou
vivez dans la société l'âme endormie,
vous n'êtes pas considéré comme
ignorant. C'est là quelque chose qui à
l'avenir devra profondément changer!
Et cela changera lorsque naîtra
l'opinion que cela fait tout
simplement partie de l'éducation
scolaire la plus élémentaire que de
s'armer de volonté sociale, de même
qu'on le fait avec la connaissance des
tables de multiplication. Aujourd'hui,
chacun doit savoir combien font trois
fois trois. À l'avenir il ne semblera
pas plus difficile de connaître le
rapport entre l'intérêt du capital et
la rente foncière, pour prendre un
exemple de la vie actuelle. Ce ne sera
pas plus compliqué que de savoir que
trois fois trois font neuf. Mais cette
connaissance donnera une base pour une
situation saine à l'intérieur de
l'organisme social, c'est-à-dire pour
une vie sociale plus saine. Et c'est
vers cette vie sociale saine qu'il
faut tendre.
Dans la conscience
saine de l'humanité se prépare ce
dont je vous ai parlé. Il faut
seulement avoir du flair pour ce qui
se prépare et lutte dans notre vie
moderne actuelle pour se révéler et se
réaliser.
Repensez aux trois
grands idéaux de la Révolution
française : liberté, égalité,
fraternité. Quiconque étudie quels
destins ont suivis ces idées au fil du
temps dans les esprits des hommes sait
comme souvent les hommes ont lutté
avec logique contre la contradiction
qui existe entre la liberté d'une
part, qui renvoie à l'initiative
personnelle individuelle, et l'égalité
d'autre part qui est censée être
concrétisée dans la centralisation de
l'organisme social orienté vers
l'État. Cela ne va pas. Mais la manie
de cette confusion est apparue ä
l'époque moderne. Le fait que le
capitalisme d'aujourd'hui n'a pas
encore pu saisir le concept d'un
organisme social ternaire vient de
l'idée de l'État entièrement
centralisé.
Lorsqu'on saisit
aujourd'hui ce qui vit dans cette
volonté qui s'exprime dans les trois
idéaux : liberté, égalité, fraternité,
on en vient aisément ä considé-rer la
chose du point de vue de l'organisme
social tripartite. On trouve alors
tout d'abord la vie culturelle, qui
doit totalement se pénétrer du
principe, de l'impulsion de la
liberté. Lä, tout doit et peut reposer
sur la libre initiative de l'être
humain, et c'est ainsi que cela agira
de la manière la plus féconde. Pour ce
qui est de l'État de droit, qui régule
entre la vie spirituelle et
économique, c'est-à-dire le système
vraiment politique, c'est l'égalité
entre les êtres humains qui doit tout
pénétrer. Et dans le domaine de la vie
économique peut seule valoir la
fraternité, le partage social de
l'ensemble de la vie extérieure et
intérieure d'un homme avec l'autre.
Dans la vie
économique de l'organisme social ne
peut régner que l'intérêt. Mais cet
intérêt produit une particularité très
précise du constituant écono-mique de
l'organisme social. Car, au fond, que
montre tout ce ä quoi tout aboutit
dans la vie éco-nomique ? Dans ce
domaine, tout aboutit ä ce que de la
manière la meilleure, la plus
adéquate, ce que le processus
économique produit puisse aussi être
consommé. Je parle de consommer au
sens le plus strict qui exclut alors
le spirituel. La force de travail, la
force de travail humaine peut par
exemple être consommée. Mais l'homme
moderne ressent qu'il n'est pas permis
que sa force de travail soit purement
consommée. De même qu'il acquiert un
intérêt par cette force, il lui faut
également acquérir un intérêt dans la
production spirituelle par son calme,
sa réceptivité sereine du spirituel.
L'homme est consommé dans la vie
économique. Il doit constamment
s'arracher à celle-ci grâce aux deux
autres constituants de l'organisme
social sain, s'il ne veut pas être
ainsi consommé dans la vie économique.
La question sociale
n'est pas quelque chose qui est apparu
dans la vie moderne, qui a la
possibilité d'être résolu, et qui
alors le sera donc certainement. Non,
la question sociale est entrée dans la
vie moderne, et elle ne quittera plus
cette vie pour tout l'avenir de
l'humanité. Il y aura toujours
davantage une question sociale. Et
elle ne sera pas non plus résolue en
une fois, par telle ou telle mesure,
mais par la volonté constante des
hommes, dans la mesure où ce que le
processus économique consomme de
l'être humain sera sans cesse régulé
par la vie juridique, d'un point de
vue strictement politique, et où ce
qui est consommé pourra à son tour
être équilibré par la production
culturelle, grâce à l'organisme
culturel autonome.
Quiconque a vu comme
la question sociale s'est développée
au cours des dernières décennies — il
n'y a encore pas si longtemps qu'elle
s'est préparée à sa forme actuelle —,
quiconque a observé avec attention et
avec une participation intime la
manière dont elle a évolué depuis ses
débuts, peut justement, en ce qui
concerne la volonté sociale et son
impulsion directrice pour la forme
future de la vie humaine, en venir ä
des réflexions qu'il est peut-être
possible de caractériser de la façon
suivante.
Il y a des
décennies, de nombreuses personnes,
même beaucoup de gens parfaitement
éclairés ne voyaient pas encore la
question sociale comme quelque chose
qui existait. J'ai connu dans ma
jeu-nesse un ministre autrichien'2
qui, regardant par-delà la frontière
entre la Bohême et l'Allemagne, énonça
la sentence grotesque que voilà : La
question sociale s'arrête ä Bodenbach
! Et je me souviens encore très bien
comme les premiers mineurs
sociaux-démocrates ont défilé devant
la maison de mes parents avec un
groupe important pour se rendre ä leur
assemblée. J'ai alors observé comment
la volonté sociale est née, non pas en
tant que pen-sée sur le mouvement
social, mais par l'expérience commune
de ce mouvement social. Je dus alors
me dire : Il a fallu passer par
beaucoup d'épreuves et assumer
beaucoup d'erreurs aussi! Et même chez
les penseurs ä tendance socialiste de
l'époque moderne, ces erreurs ont été
très nombreuses. Il semble
préci-sément dans ce domaine que les
hommes, par les cerveaux qu'ils
développent, ne s'en rendent pas
compte. Lerreur a pris une ampleur
effrayante.
J'ai tenté ce soir
de vous parler de la volonté sociale ä
partir d'un état d'esprit que j'ai
acquis en me fondant sur ces
observations. Vous m'y avez invité en
qualité de membres d'une communauté
humaine qui porte son regard sur ce
que la volonté sociale doit apporter ä
l'avenir pour le salut des hommes.
Les personnes d'un
certain âge, comme moi par exemple,
qui pendant des décennies ne cessent
de parler à des personnes telles que
vous, regardent aussi de temps en
temps en arrière, vers tout ce qui a
dû être traversé pour arriver à notre
aujourd'hui. Mais grâce à tout cela
précisément, elles acquièrent la
conviction que l'erreur ne fut pas
inutile, que même si aujourd'hui les
faits parlent un langage attristant,
souvent effrayant, les hommes seront
cependant assez forts pour trouver
l'issue à ce qu'une grande part de
l'humanité ressent actuellement comme
insupportable.
C'est dans ce sens
que je vous prie d'accueillir ce que
je me suis permis d'exprimer ce soir
devant vous. Car les faits parlent un
langage clair dans bien des domaines.
Et ils disent également cette parole
claire : Plus il y aura d'individus,
parmi ceux qui aujourd'hui sont encore
jeunes, qui adopteront une volonté
sociale vraie, viable, plus
l'organisme social humain, actif, sera
viable.
Que les personnes
qui souhaitent s'exprimer le fassent.
Monsieur Boos, qui a tenu une
conférence il y a environ une semaine,
s'est déclaré prêt à mener le débat.
Un orateur prend la parole
[sténogramme incomplet].
R. Steiner : Ce que
vous avez souligné provient du fait
que vous n'avez pas vu ce qui doit
apparaître grâce à l'articulation
tendant vers une relative indépendance
de l'État de droit d'une part, et de
la vie économique d'autre part. Les
organisations de travail, qui seront
pour une part des sociétés de
production, ou des sociétés de
consommation, ou bien encore des
intermédiaires entre les deux,
n'au-ront, en tout état de cause, ä
faire qu'aux facteurs économiques qui
interviennent au sein de l'écono-mie
elle-même.
La réglementation du
droit du travail incombe ä l'État,
relativement indépendant. Lä,
disais-je, tout ce qui concerne le
rapport d'être humain ä être humain ne
sera pas décidé autrement que sur une
base démocratique. C'est pourquoi j'ai
évoqué éga-lement ä propos de la base
de cet État purement démocratique
qu'il est un lien entre les deux
autres pôles ; sur ce terrain règne
l'égalité des hommes devant la loi.
C'est alors que cesseront les seuls
désirs des différentes organisations
économiques, parce qu'elles devront
s'accorder dans la vie juri-dique
démocratique aux intérêts des autres
milieux. C'est donc précisément cela
qui doit être réalisé. Il faut
justement remédier ä ce que vous
ressentez comme un dommage qui se
produirait sans nul doute si par
exemple le temps de travail était
déter-miné au sein de l'organisation
de la vie économique. Les
organisations de la vie économique
n'ont ä faire qu'à la vie économique,
c'est-à-dire la réglementa-tion au
sens du droit du travail. Mais la
détermina-tion du temps de travail
n'est plus soumise qu'à la corporation
de l'État, qui a ä faire au rapport
d'être humain ä être humain.
N'oublions pas quels
changements importants interviendront
par là entre les hommes par le fait
que les intérêts unilatéraux
s'émousseront. Bien entendu, rien ne
sera absolument parfait dans le monde,
mais les intérêts unilatéraux
s'émousseront dans une structure
d'État démocratique qui aura pour base
l'égalité de l'homme devant l'homme.
Imaginons qu'une
certaine organisation économique ait
un intérêt à travailler avec des
horaires réduits. Elle devra accepter
de composer avec les intérêts des
personnes qui souffriraient de cette
courte durée de travail. Mais si on ne
pense pas du tout à de quelconques
forces subconscientes — tout comme
dans l'ordre de la nature il y a
toujours à peu près, au moins
approximativement, autant d'hommes que
de femmes, ce qui naturellement ne
doit pas être et ne peut devenir une
loi naturelle stricte —, il s'avérera
aussi que, si les différents facteurs
coopèrent de la juste manière, une
situation malsaine ne sera pas
engendrée du fait que certains
individus pourront développer de
petits intérêts préjudiciables pour
d'autres au plus haut point.
Le fondement de mon
mode de penser social diffère de
nombreux autres du fait que ceux-ci
sont plus abstraits. Avec la logique,
on peut toujours parfaitement déduire
une chose d'une autre; bien des choses
logiques découlent d'une autre chose
logique. Mais dans ces questions,
seule l'expérience de la vie peut en
réalité être décisive. Naturellement
je ne peux prouver logiquement, aucun
homme ne le peut, qu'aucune
contradiction ne pourra apparaître au
niveau des intérêts dans un futur
organisme de ce type. Mais on peut
supposer que, si les forces peuvent se
développer dans le milieu qui leur est
propre, conforme à leur nature, alors
nous verrons une évolution pleine
d'humanité. Ce que je veux dire, si
vous considérez justement ce que je
souhaite développer, c'est que si la
détermination du temps de travail sort
du seul processus écono-mique pour
entrer dans la sphère juridique de
l'É-tat, alors ces dommages ne
pourront apparaître dans le domaine
pratique. Voilà ce que j'ai ä dire ä
ce sujet.
Un autre orateur
s'exprime. [Sténogramme incomplet].
R. Steiner : J'aimerais
remarquer ce qui suit à l'exposé du
cher orateur précédent :
évidemment, chaque conférence souffre
dans une certaine mesure de ce qu'on
ne peut pas tout dire dans une seule
conférence, et je ne sais pas de
quelles remarques de ma conférence le
cher orateur précédent a tiré la
conclusion que je n'aurais pas de
position à la psyché moderne du
travailleur, que je ne prendrais pas
en compte le mouvement des
travailleurs et du genre. Chacun fait
cela évidemment d'après sa manière. Je
fus des années durant par exemple
professeur dans les différentes
matières d'une école de formation de
travailleurs, j'ai fait des exercices
de la parole avec les travailleurs
dans les syndicats et aussi dans des
organisations politiques. J'ai
aujourd'hui le droit d'avoir la
conscience justifiée qu'un grand
nombre de travailleurs qui aujourd'hui
tiennent leurs discours en Allemagne,
l'on apprit par mes exercices de
parole. Lors de ces exercices de
parole ont été discutées toutes les
questions possibles, et des questions
qui maintenant ne se tenaient pas loin
des plus intimes particularités de la
psyché de travailleur. Donc, je ne
sais pas – je n'aurais naturellement
aucune raison de placer aussi ce côté
particulièrement pratique de mon
action et volonté sociale dans la
claire lumière, mais je ne peux aussi
pas bien comprendre de quelles
remarques de mon discours devrait
provenir que je devrais me tenir
absolument si loin du mouvement
ouvrier pratique.
Certainement, c'est une
évidence qu'à l'intérieur du mouvement
social moderne tout de suite les
travailleurs eux-mêmes seront
considérés. Mais réfléchissez
seulement que j'ai toujours accentué
toute la soirée à quoi ça ressemble en
fait tout de suite à l'intérieur du
prolétariat. J'ai donc parlé du
prolétariat en tant que tel. Vous avez
pu remarquer si vous avez bien écouté
comme tout de suite à joué dans ma
conférence ce que je crois avoir
expliqué qui vit aujourd'hui tout de
suite pratique dans la compagnie des
travailleurs.
Ce qui maintenant
concerne le reproche que j'ai peut
être présenter unilatéralement le
fait, comme il ne semble significatif
fondamental que la manière de penser
bourgeoise a été reprise par la
compagnie des travailleurs, notamment
les guides de la compagnie des
travailleurs, ainsi repose cette
remarque que j'ai faite et que j'ai
donc aussi évidemment éclairée
seulement d'un seul côté, vraiment sur
une étude plus exacte de la psyché
ouvrière et de tout le mouvement
ouvrier moderne.
Je voudrais en cela vous
rendre attentif à ce qui suit :
un écrivain russe m'étant aussi
personnellement connu a dernièrement
indiqué d'une manière très
particulière que la philosophie, qu'à
Jünger, tout de suite ici à Zurich, a
jouée un grand rôle : la
philosophie d'Avenarius, qui donc de
son côté a certes grandie de pur
soubassement bourgeois. Je ne peux au
moins pas me représenter qu'Avenarius
a pensé à ce que sa philosophie joue
aujourd'hui en Russie ce rôle qu'elle
joue dans le mouvement ouvrier.
Autant que je sache est très fortement
représentée ici , tout de suite à
Zurich, par Adler notamment, la
conviction philosophique de Mach qui a
été prélevée de la science de la
nature. Ces deux orientations
philosophiques sont dans une certaine
mesure les philosophies
d'administration du bolchevisme, du
socialisme le plus radical. L'écrivain
russe Berdjajev dit cela dans un essai
– il est contenu dans la traduction
d'un livre très intéressant sur
« Âme politique russe » -,
et dans cet essai, Berdjajev a de
manière très claire tout de suite fait
ressortir cette âme politique. Et
ainsi, on pourrait vous mentionner de
nombreux exemples, qui seraient
semblables à ce que je vous ai
auparavant retiré du discours de la
décédée Rosa Luxemburg qui vous
prouverait que justement la dernière
pièce significative de l'héritage de
la vie bourgeoise saisissant tout de
suite profondément le mouvement
ouvrier est la manière de penser
bourgeoise, qui est orientée
scientifiquement.
La possibilité de faire absolument
idéologie la vie spirituelle est
d'origine bourgeoise.
La bourgeoisie, quand on à le droit
d'utiliser de telles catégories, a
tout d'abord fait idéologie la manière
de penser orientée scientifiquement
sur le domaine de la connaissance de
la nature.
Elle ne l'a pas transférée à
l'intérieur de sa classe sur la
véritable pensée scientifique. La
pensée prolétarienne a alors tiré
cette dernière conséquence.
Certainement, la pensée prolétarienne
a tiré d'autres conséquences, mais a
justement tiré des conséquences des
bases qui aujourd'hui sont à
reconnaître clairement comme racinant
à l'intérieur de la manière de
représentation scientifique
bourgeoise, et l'a seulement
perfectionnée quelque peu plus loin.
Cela ne devrait justement pas être
méconnu dans son importance.
Car celui-là qui se
tient plus profondément aussi dans
l'ensemble, qui a développé le plus
profond intérêt pour la part, que la
psyché ouvrière a au mouvement ouvrier
moderne, celui-là attend, j'aimerai
dire, avec un certain souci d'un côté,
mais aussi avec une certaine
satisfaction intérieure de l'autre
côté, sur le moment, où cela se
manifestera à l'intérieur du mouvement
socialiste moderne. On remarquera un
jour, on remontera à la conscience, ce
qui maintenant encore repose dans le
sous-conscient, on remarquera un
jour : aha, nous avons encore
cela dans notre pensée supérieure de
l'âme – si j'ai le droit d'utiliser
l'expression – dans notre pensée
supérieure psychique, cela doit
sortir. Nous avons la nostalgie
d'orienter toute notre dignité humaine
scientifiquement, cela ne nous a pas
rendu possible jusqu'à présent la
ligne d'héritage bourgeoise.
Nous devons chercher une autre vie de
l'esprit.
Je crois toutefois
qu'alors, quand ce moment sera arrivé,
quand ressort la pleine, entière
nostalgie que peut être d'un certain
côté uniquement des humains modernes,
à savoir les humains prolétariens –
quand aussi ce n'est pas encore venu à
pleine expression dans le temps
moderne -, quand cette nostalgie du
prolétaire moderne vers une totale
formation de la manière de penser
scientifique en conception du monde,
avec la force des vieilles religions,
quand cela sera rentrer, parce qu'il
est venu là dessus, qu'il ne devrait
plus être marchandise, il ne tirera
plus la conséquence de la manière de
penser bourgeoise, alors sera arrivé
le moment, où on pourra parler
absolument premièrement de ce que le
fructueux organiser du vouloir social
est là .
Dans le pur socialisme
et dans son rapport, que le cher
monsieur orateur précédent a relevé, à
la philosophie de Bergson, je crois
qu'on n’a pas le droit de se placer si
dogmatique. Je ne veux donc évidemment
pas discuter aujourd'hui sur de telles
questions philosophiques. Le Monsieur
orateur précédent disait que Bergson
est un représentant typique de la
manière de penser bourgeoise. Alors,
le socialisme aurait tout de suite
justement bien repris des fondements
bourgeois de la philosophie de Bergson
! On peut aujourd'hui prouver que la
philosophie de Bergson, d'après son
contenu, est parcourue de beaucoup de
« schopenhauerismes »
entièrement non mesurables, que
Bergson est beaucoup plus influencé
par Schopenhauer que vous le pensez
d'une manière ou d'une autre.
Maintenant, voudrait-on
débattre d'une seule chose dans le
détail ainsi on devrait justement
vraiment pouvoir être vraiment bien
détaillé. Je ne peux pas cela
aujourd'hui, mais je vous mentionne
seulement qu'il y a aussi à
l'intérieur du monde prolétarien un
humain se sentant comme penseur,
comme, par exemple Mehring, Franz
Mehring, qui en réalité est en
beaucoup semblable à Bergson ;
celui-là a caractérisé tout de suite
Schopenhauer comme le représentant de
l'empire petit-bourgeois !
Sur ces choses on peut
être de différents avis, et je ne
crois pas qu'on a le droit de
dogmatiser ainsi. On peut donc avoir
l'avis que Bergson est le philosophe
le plus progressiste et a des éléments
irrationnels dans sa philosophie. Mais
on aimerait demander : qu'a donc
un élément irrationnel à faire avec la
question sociale ? - Irrationnel
un prolétaire peut l'être tout de
suite aussi bien qu'un bourgeois. Je
ne peux pas bien reconnaître ce que
tout l'irrationnel a à faire avec
cela. Là on doit déjà faire
l'hypothèse dogmatique : Bergson
est absolument celui-là qui est le
philosophe moderne, quand donc les
prolétaires devraient penser
correctement, ainsi il devraient
devenir bergsoniens, n'est-ce pas.
Cela alla à travers toute la question.
Car c'est sans doute que
sur les différents domaines dans la
vie moderne se sont montrées des
tendances qui s'orientent d'après ce
que j'ai caractérisé aujourd'hui. Ce
serai donc maintenant vraiment triste
commandé par la vie humaine quand cela
irait toujours tout de suite,
aimerais-je dire, par-dessus le
diaphragme, quand cela se
développerait toujours dans la
direction opposée de la
correcte ! N'est-ce pas, ce ne
peut naturellement pas être le cas. Je
disais même que par exemple sur le
domaine du système des tribunaux que
certaines choses sont attisées de
quelques humains entièrement orientés
psychologiquement. De tels exemples on
pourrait naturellement en exposé des
innombrables. Mais c'est aussi une
dérivation de la discussion sur voie
secondaire quand on ne parvient pas
sur ce qui a été fait valant, mais
présente une opinion favorite.
Certainement on peut donc beaucoup
sympathiser avec maints qui a été dit
aujourd'hui comme donc plus principes
indiquant sur périodes historiques en
rapport à des impulsions ; mais
sans aller plus sur la dernière –
voudrait-on aller sur toutes ces
choses, je devrais alors rester très
longtemps ici -, donc sans aller plus
loin sur la dernière, j'aimerais
dire : beaucoup d'humains sont
aujourd'hui obstinés intérieurement
quand on parle de cette
triarticulation, de laquelle je vous
ai parlé aujourd'hui. Ils disent
alors : il ne peut donc pas y
avoir trois membres, qui seront
conduits et guidés d'après des
principes différents.
Mais je n'ai pas parlé
de trois parties distinctes qui
seraient régies selon trois principes
différents ; j'ai parlé d'une
articulation ternaire de l'organisme
social! Songez seulement que cette
arti-culation ternaire doit être
trouvée progressivement, conformément
au mode de penser actuel, tout comme
ont été trouvées jadis les antiques
articula-tions que l'on trouve chez
Platon13 et qui étaient justifiées ä
l'époque. Quelqu'un m'a dit un jour
après ma conférence : Voilà donc bien
ä nouveau une référence aux anciennes
articulations de Platon : les paysans,
l'armée et le corps enseignant! Ce que
j'ai dit est tout ä fait le contraire
de cela. Car les hommes ne sont pas
divisés en catégories sociales, mais
on tentera une articulation de
l'orga-nisme social. Nous autres,
humains, ne devons jus-tement pas être
divisés ! Le même individu peut
parfaitement être actif dans le
domaine spirituel, ou bien dans la
partie juridique et même dans le
domaine économique. Par lä, l'homme
est juste-ment émancipé d'une
quelconque unilatéralité dans
l'appartenance à l'un des domaines de
l'organisme social. Il ne s'agit donc
pas de diviser les hommes en ces
classes indépendantes, en développant
l'organisme social sain, mais il
s'agit au contraire que ce dernier
soit ordonné selon ses lois propres.
C'est là la différence radicale.
Autrefois on partageait les hommes. À
présent, conformément au mode de
penser de notre époque, c'est
l'organisme social lui-même qui doit
être partagé, afin que l'homme puisse
regarder ce dans quoi il vit, pour
pouvoir, selon ses besoins, ses
rapports et capacités, agir dans l'un
ou l'autre domaine. Il pourra par
exemple être tout à fait possible qu'à
l'avenir quelqu'un d'actif dans la vie
économique soit en même temps député
dans le domaine de l'État purement
politique. Il fera cependant bien
évidemment valoir ses intérêts
économiques d'une tout autre manière
qu'il peut le faire avec ce qui entre
uniquement en considération dans le
domaine de l'État de droit. Ces trois
domaines veilleront eux-mêmes à la
délimitation de leurs territoires. Il
n'y aura pas de confusion du fait
qu'un domaine s'immisce dans les
affaires de l'autre.
On y arrivera bien mieux si les choses
sont séparées. Ce sont, bien entendu,
les mêmes dispositions humaines qui
décident dans l'un ou l'autre domaine.
Mais de même que l'organisation
humaine naturelle a trois parties
centralisées en elle : le système
neuro-sensoriel, le système
poumons-respiration et le système
métabolique — bien que je ne souhaite
pas faire d'analogie, je voulais y
faire allusion —, l'organisme social
sain a, lui aussi, trois constituants.
C'est là une chose qui ne fait pas
encore partie aujourd'hui des
habitudes de pensée courantes, mais
dont je crois qu'elle y entrera, et
qu'à mon sens il ne faut pas traiter
avec moins de profondeur que lorsqu'on
ne fait qu'expliquer son opinion
favorite.
Dr Roman Boos : Ai-je
encore le droit de m'autoriser
d'orienter la question au monsieur
référent en rapport à ce qui a
justement été demandé sur le domaine
du droit pénal ? Maintenant quand a
été parlée de la liberté du juge, si
avec cela aussi est pensé une
infraction contre le principe
qu'aucune peine ne devrait être
prononcée sans loi – comme il me
semble que c'est pensé ainsi que la
loi pénale comme telle, doit donc être
donnée pas à partir du domaine de la
libre vie de l'esprit, mais des
instances politiques, la question
contient vraisemblablement un
malentendu chez le Monsieur Dr. Weiss,
qui a pensé que serait exigé une
infraction contre le principe qu'aucun
ne pourrait être jugé à une peine, qui
n'a pas enfreint une loi déterminée. -
Ai-je le droit de vous prier encore à
vous exprimer à cela ?
Dr Steiner :
n'est-ce pas, dans cette question se
touchent évidemment le système du
droit public avec le système de la
juridiction pratique. Ce que j'ai
accentué est la séparation du jugement
pratique. C'est pourquoi j'ai utilisé
l'expression « juger »,
expressément le juger pratique de la
vie générale de droit public, que je
dois ainsi penser centralisée dans
l’État politique chez l'organisme
social sain que l'organisme social
sain doit veiller dans sa vie de droit
public à cela que devra être procédé
conformément d'après d'une loi
déterminée par lui. Que ne pourra pas
être jugé de la manière la plus
arbitraire, cela est entièrement
évident. Mais je n'ai pas pensé à de
telles choses qui sont abstraites et
qui dans leur abstraction sont plus ou
moins évidentes.
Je n'ai aujourd'hui pas, disons, eu à
parler sur le domaine d'action du
droit, mais j'ai eu à parler sur
l'organisme social et sur le vouloir
social. Et là je vous prie de
réfléchir à ce qui suit au sens du
thème.
Voyez-vous, j'ai presque passé un
temps aussi long de ma vie en Autriche
qu'en Allemagne. J'ai pu apprendre à
connaître la vie autrichienne
fondamentalement, vous avez le droit
de me croire, cela n'est pas une
prétention abrupte quand je dis que
beaucoup de ce qui s'est passé dans
l’État autrichien ainsi nommé ces
derniers temps est en rapport avec des
événements qui se sont montrés tout de
suite dans les années soixante-dix,
quatre-vingts du siècle dernier comme
profonds rapports faussés. N'oubliez
pas que dans un tel état comme
l'Autriche – dans d'autres régions
cela ne se laisserait pas caractériser
si clairement, mais c'est aussi
disponible en cette forme ou autre
aussi -, particulièrement en Autriche
les différents secteurs de langues
sont beaucoup poussés les uns dans les
autres, vous pouvez par exemple faire
l'expérience qu'un allemand parce
qu'il appartient tout de suite
fortuitement à une quelque paroisse (NDT
le lexique donne bien ce terme pour
« Sprengel », nous dirions
« circonscription »)de
tribunal dans lequel est en fonction
un juge tchèque, qui ne pouvait parler
allemand, qu'il était jugé par un juge
tchèque dans une langue qu'il ne
comprenait pas. Il ne savait pas ce
qui a été jugé sur lui et ce qui se
passait avec lui, il remarquait
seulement qu'on l'emmenait. Justement
ainsi c'était aussi le cas quand un
juge allemand qui ne comprenait pas le
tchèque, jugeait un tchèque qui ne
comprenait pas l'allemand. Ce que je
pense est la formation individuelle,
la libre formation des rapports de
celui à condamner (NDT Verurteilenden :
serait-ce simplement le
justiciable) au juge.
Donc un tel État comme
l'Autriche aurait là un grand résultat
à en attendre. Mais cette impulsion
aurait exigé que toujours pour peut
être cinq ou dix ans – les rapports se
déplacent perpétuellement -, chaque
fois du condamnable ou du justiciable
aurait pu être choisit son juge, en
libre choix du juge...
(Lacune dans le
sténogramme)
Cela est simplement pas du tout un
objet de la vie spirituelle, mais
c'est du début un objet de la vie dans
l’État de droit, afin, que donc sera
seulement jugé d'après une loi,
laquelle a existé alors que le fait a
été commis, le deuxième sera veillant
déjà à la loi étatique, comme comptant
à sa compétence ; il tirera déjà pour
chaque cas ses conséquences,
évidemment.
Mais la question est
une tout autre, quand vous prenez les
choses plus exactement, ainsi vous
verrez que toutes les solutions de ces
cas se montrent très très
conséquentes. Je pouvais donc
aujourd'hui seulement vous dire les
toutes premières conditions
préalables, je devrais sinon aussi
continuer à parler toute la nuit, mais
aussi encore au jour de demain.
|
Als Thema für den
heutigen Abend ist gewünscht worden
«Das soziale Wollen als Grundlage
einer neuen Wissenschaftsordnung». Ich
weiß nicht, aus welchen Motiven heraus
gerade dieses Thema gestellt worden
ist, aber als seine Forderung zu mir
gelangte, fand ich es außerordentlich
glücklich, denn es schlägt in der Tat
denjenigen Ton an, der mir notwendig
dünkt gerade gegenüber den Tatsachen,
welche die soziale Bewegung in die
Gegenwart hereingetragen hat, und die
ja wahrhaftig eine viel deutlichere
Sprache sprechen als alles dasjenige,
was vorbereitend diskutiert,
verhandelt worden ist über die soziale
Frage im Laufe der letzten Jahrzehnte.
Man kann durch
lange Zeiten verfolgen diese
Entwickelung der sozialen Bewegung
in der neueren Zeit, der Gegenwart,
und man konnte gerade gegenüber dem
sozialen Wollen, das sich immer mehr
und mehr nach der einen oder nach
der anderen Seite in diesen sozialen
oder anderen Wollungen aussprach,
bemerken, daß sich etwas
hereingeflüchtet, hereingeschlichen
hat in dieses soziale Wollen, in die
soziale Gesinnung der neueren Zeit,
das einem erscheinen kann wie eine
Umhüllung eines auf einem ganz
anderen Gebiete herrschenden
Aberglaubens älterer
mittelalterlicher Zeiten, eines
Aberglaubens, der einem wiederum
vor Augen tritt, wenn man sich
vertieft in den zweiten Teil von Goethes «Faust» und dort auf
die Szene stößt, wo Goethe seinen
Wagner den Homunkulus bereiten läßt,
das Menschlein, das auf dem Wege
sein möchte, aus einem Homunkulus
ein Mensch zu werden. Es beruht der
Aberglaube des Mittelalters auch
nach der Meinung Goethes darauf, daß
man damals aus dem, was nur der
theoretische, nur die äußeren
Tatsachen nüchtern und trocken
zusammenstellende, zusammenfassende
menschliche Verstand, der
Wesenhaftes ausdenken kann, daß man
nach diesem Ausgedachten etwas
wirklich Lebendiges formen wollte.
Die Unmöglichkeit,
aus den Abstraktionen, die abgezogen
sind vom äußeren Leben, etwas
Lebendiges selbst zu formen, die
trat Goethe ganz besonders vor
Augen. Dieses Mittelalter aber
beherrscht ja nicht gerade das
heutige Denken selbst, aber es
scheint mir in all den Impulsen, in den Instinkten
unserer Zeitgenossen, vieler unserer
Zeitgenossen, die sich
soziales Wollen zusprechen möchten,
eine Metamorphose, möchte ich sagen,
manchen
Aberglaubens zu herrschen. Man
beobachtet die Entwickelung des
sozialen Lebens, wie es sich im
Laufe der Menschheitsgeschichte bis
in die Gegenwart herein ergeben hat,
man denkt sich aus gewisse
Prinzipien, gewisse Grundsätze, nach
denen verfahren werden soll, oder,
wie man
auf manchen Seiten hört, die sich
selber verwirklichen wollen, und
dann meint man dadurch, mit
abstrakten Prinzipien, nach denen
der Homunkulus geformt werden
sollte, auch das formen zu können,
was man den sozialen Organismus
nennen kann.
Nach diesem sozialen
Organismus nämlich strebt eigentlich,
ich darf sagen, das Unbewußte der
modernen Menschheit hin. Man braucht
sich nur das Folgende klarzumachen, um
das zu verstehen. Das soziale Leben
der Menschheit ist ja
selbstverständlich als solches nichts
Neues, es tritt nur in einer anderen
Erscheinung in der neueren Zeit auf.
Die soziale Struktur des
gesellschaftlichen Organismus wurde
bis eigentlich in die neuere Zeit
herauf aus menschlichen Instinkten,
aus dem Unterbewußten der
menschlichen Impulse heraus bestimmt.
Und das ist das Bedeutsame in den
heraufkommenden Kräften der neueren
Zeit, daß die Menschheit nicht mehr
stehenbleiben kann bei einem bloß
instinktiven Wollen, daß sie einfach,
durch die Natur der Entwickelung
herausgefordert, zu einem bewußten
Wollen gerade mit Bezug auf die
Gestaltung der sozialen Struktur sich
ausrüsten muß. Will man sich aber mit
einem bewußten Wollen ausrüsten, so
braucht man diesem Wollen
zugrundeliegende,
wirklichkeitstragende Gedanken, nicht
bloß Gedanken, die ganz aus der
Wirklichkeit abstrahiert sind, sondern
Gedanken, die das eigene Wollen
verwandt machen mit den Kräften, die
im Naturgeschehen, die im
Weltenwalten selber drinnen sind. Man
muß gewissermaßen mit seinem eigenen
Wollen verwandt werden mit den
Schöpferkräften des natürlichen
Daseins.
Das ist etwas, was aber
weite Kreise der Menschheit erst noch
lernen müssen. Sie müssen daran denken
lernen, daß man eigentlich so gar
nicht verfahren kann, daß man sich
denkt : Was soll geschehen, um aus
einer sozialen Struktur, die aus einem
von vielen als unerträglich
empfundenen Leben heraus kommen soll,
eine mögliche soziale Struktur
hinzustellen. Man kann gar nicht so
verfahren. Man kann nichts ausdenken,
was gewissermaßen die sozialen
Krankheiten sind. Man kann nur seine
besten Bestrebungen darauf richten,
aus dem Menschen selbst zu finden, wie
die in der Gesellschaft
zusammenlebenden Menschen ihre
gegenseitigen Verhältnisse in
gegenseitige Harmonien bringen müssen,
um in diesem Wechselleben das zu
entfalten, was notwendig ist, um die
soziale Struktur herbeizuführen.
Da hat sich mir, wie
ich glaube, aus langjährigen Studien
der sozialen Frage ergeben, daß man
diese Grundfrage, die man gerade durch
das abstrakte Denken heute als eine
einheitliche betrachtet, daß man diese
soziale Frage in drei Gliedern sehen
muß, dreigliederig sehen muß, und zwar
sehen muß erstens als eine
Geistesfrage, zweitens als eine
Rechtsfrage und drittens als eine
Wirtschaftsfrage. Dasjenige, was im
modernen kapitalistischen
Wirtschaftsleben heraufgekommen ist,
heraufgekommen ist auf Grundlage des
Technischen, das sich ausgebildet hat
in der neueren Zeit, das hat, wie
hypnotisiert, den menschlichen Blick
einzig und allein auf dieses
Wirtschaftsleben hingelenkt, hat die
Aufmerksamkeit ganz davon abgezogen,
daß die soziale Frage neben einer
Wirtschaftsfrage vor allen Dingen auch
eine Geistesfrage ist und eine
Rechtsfrage.
Ich werde mir erlauben,
zuerst die Geistesfrage zu behandeln,
nicht aus dem Grunde, weil vielleicht,
wie einige glauben, die Betrachtung
des geistigen Lebens mir subjektiv
besonders nahe liegt, sondern weil ich
allerdings der Meinung bin, daß, wenn
auch gerade proletarisch denkende
Menschen der heutigen Zeit es
ablehnen, im Geistigen etwas zu sehen,
was zur Lösung der sozialen Frage
etwas beitragen kann, gerade für den
wirklichkeitsgemäßen Betrachter dieser
sozialen Frage sich das Geistige an
erste Stelle stellen muß. Da muß man,
um das einzusehen, die Seele des von
der modernen sozialen Bewegung
berührten Menschen in ihrer wahren
Gestalt betrachten. Man muß versuchen
zu erkennen, was eigentlich gerade in
den sozialistisch orientierten Kreisen
an Willensimpulsen lebt. Man muß vor
allen Dingen ergründen, woher diese
Willensimpulse gekommen sind.
Sehen Sie, als mit
Technik und Kapitalismus das neuere
Menschheitsleben heraufzog, da
gliederte sich immer mehr und mehr der
herrschende Teil der Menschheit, die
sogenannte herrschende Klasse, von dem
ab, was sich in den verschiedensten
Gebieten als das Proletariertum
herausbildete. Zwischen dem
proletarischen Wollen und dem
nichtproletarischen Leben herrscht ja
heute, das wird der Einsichtige nicht
leugnen, eine Kluft, die kaum zu
überbrücken ist, wenn man nicht
wenigstens den Versuch macht, nicht
nur mit den alten Gedanken und alten
Willensimpulsen in der sozialen
Bewegung tätig zu sein, sondern mit
neuen Gedanken und Willensimpulsen. Es
hat sich ja im Laufe der Zeit immer
mehr und mehr herausgebildet innerhalb
des Proletariertums selbst der Glaube
— und man kann, so wie die
Verhältnisse liegen, diesen Glauben
durchaus nicht als einen irgendwie
unbegründeten ansehen —, es hat sich
der Glaube herausgebildet, daß die
sozial benachteiligte Klasse von den
sozial bis jetzt herrschenden Klassen
nichts zu hoffen habe, wenn sie auf
deren guten Willen, deren Ideen und so
weiter bauen. Es hat sich, wenn ich so
sagen darf, ein tiefes Mißtrauen
eingeschlichen zwischen den einzelnen
Menschenklassen. Und dieses Mißtrauen
hat sich ergeben aus Untergründen, die
bisher gar nicht in das Bewußtsein der
Menschheit recht hinaufspielen, die im
Unterbewußten noch immer vorhanden
sind. Es hat sich daraus ergeben, daß
die arbeitende Klasse dem Bürgertum,
namentlich im Anfange der neueren
Zeit, ein letztes großes Vertrauen
entgegengebracht hat, und daß sie,
nicht in ihrer Überzeugung, aber in
ihrem Gefühl von diesem letzten großen
Vertrauen getäuscht worden ist. Sehen
Sie, man redet heute von
proletarischer Weltanschauung. Viele,
auch führende Persönlichkeiten, die
glauben das proletarische Wollen in
ihrem Denken zum Ausdruck zu bringen,
die wissen eigentlich nicht, welches
der Ursprung ihres ganzen Denkens und
Wollens ist. Was an Forderungen, die
aus dem Leben selbst kommen, heute in
der sozialen Bewegung lebt, das steht
eigentlich in einem merkwürdigen
Kontraste mit dem, was über diese
Forderung, über diese sozialen
Lebensimpulse sogar vom Proletariat
selbst gedacht wird.
Wenn ich kurz
ausdrücken soll, was ich auf diesem
Gebiete meine, so muß ich sagen : Es
ist proletarische, es ist soziale
Kultur also entstanden; aber innerhalb
des proletarischen Fühlens, innerhalb
der sozialen Kultur und des Lebens
herrscht ein Erbgut gerade aus
denjenigen Anschauungen und
Lebensauffassungen heraus, die sich in
dem entscheidenden Augenblicke ihrer
geschichtlichen Entwickelung gerade im
Bürgertum ergeben haben.
Diesen entscheidenden
Augenblick der neueren geschichtlichen
Entwickelung muß der Betrachter
dieser Entwickelung doch darinnen
sehen, daß sich die neuere
wissenschaftliche Denkungsweise
entwickelt hat — ich bitte zu
beachten, daß ich nicht sage : die
Naturwissenschaft, sondern die neuere
naturwissenschaftliche Denkungsweise —
in einer solchen Art aus alten
geistigen Impulsen heraus, daß diese
wissenschaftliche Denkungsart nicht
dieselbe Stoßkraft, dieselbe geistige
Stoßkraft mitbekommen hat, welche die
alten Weltanschauungen hatten.
Die alten
Weltanschauungen wurzelten in
breiteren menschlichen Impulsen als
die moderne wissenschaftliche
Denkungsweise. Diese alten
Weltanschauungen waren imstande,
Impulse in die menschliche Seele
hineinzusenden, durch die der Mensch
empfindungs- und gefühlsmäßig sich
die ihn immer so berührende Frage
beantworten konnte : Was bin ich
eigentlich als Mensch in der Welt? —
Solche Stoßkraft in das Seelenleben
hinein ist der neueren
wissenschaftlichen Denkungsweise nicht
gegeben. Selbstverständlich, aus einer
geschichtlichen Notwendigkeit heraus,
die aber deshalb nicht minder ein
geschichtliches Verhängnis ist, haben
sich die alten Weltanschauungen im
entscheidenden Augenblick feindlich
gestellt der neueren
wissenschaftlichen Denkungsweise
gegenüber, statt in sie hineinfließen
zu lassen in voller Freundschaft mit
ihr, was sie für das geistige Leben
des Menschen für seine Seele Tragendes
hatte. Und so kam folgender
Tatbestand.
Die Maschine,
die kapitalistische
Wirtschaftsordnung, riß eine Anzahl
von Menschen aus dem bisherigen
Lebenszusammenhang heraus, aus
diesem Lebenszusammenhang, in dem
diese Menschen bisher gestanden
hatten, aus ganz anderen
Lebensverhältnissen für ihr
Menschheitsempfinden, für die
Empfindung ihrer Menschenwürde. Es
war ein Zusammenhang
zwischen dem, was der Mensch ist und
tut. Denken Sie nur einmal
an den Zusammenhang, der im alten
Handwerk bis zum 13. Jahrhundert ganz
deutlich bestand und später auch noch
in Resten bestand ! Aus diesem
Zusammenhange heraus ist eine große
Gruppe von Menschen an die Maschine
geworfen, in die moderne
Wirtschaftsordnung hineingeworfen. Da
gibt es kein irgendwie geartetes
Verhältnis zu den Produktionsmitteln;
da gibt es keine Möglichkeit,
irgendeine Wirkung herzustellen
zwischen dem Menschen und dem, was er
eigentlich tut. Und so ist gerade
jene Seite im Menschen, die der
moderne Proletarier im
Maschinenzeitalter nicht entwickelt,
darauf angewiesen, zu fragen: Was bin
ich als Mensch wert? Was bin ich als
Mensch wert?
Diese Frage ist nicht
mehr aus überkommenen, wertlos
gewordenen Lebenszusammenhängen heraus
zu beantworten, sondern sie ist aus
dem eigenen Inneren heraus zu holen,
aus demjenigen, was unabhängig ist von
den äußeren Lebenszusammenhängen. Und
da ergab sich nichts anderes für diese
Menschenklasse, als dasjenige, was mit
dem Maschinenzeitalter, mit der
Wirtschaftsordnung in welthistorischer
Gleichzeitigkeit heraufkam : es ergab
sich die moderne wissenschaftliche
Denkungsweise.
Die alten Klassen waren
nicht genötigt, diese
wissenschaftliche Denkungsweise zu
ihrem Glauben, zu ihrer
Lebensauffassung zu machen; sie
brauchten sie bloß zu ihrer
theoretischen Überzeugung zu machen.
Denn dasjenige, was sie ins Leben
hineinstellte, das war etwas
Überliefertes, das waren Impulse, die
aus anderen Zeiten herrührten und die
sie erbten aus älteren Zeiten. Der
Proletarier allein war es, der aus
allem herausgerissen war, der daher
auch nicht sich bekennen konnte zu
irgendwelcher Lebensauffassung, die
mit den alten Lebenszusammenhängen
verbunden war, und der gerade durch
sein ganzes äußerliches Dasein
prädestiniert war, das Neue, das
heraufkam, zu seinem Seeleninhalt zu
machen. So ist er, so paradox es
klingt, so unglaublich es für viele
ausschaut, so ist er gerade, dieser
Proletarier, der eigentliche, bloß
wissenschaftlich orientierte Mensch.
Um die ganze Tragweite
dieser Tatsache zu würdigen, muß man
nicht nur gelernt haben über die
Proletarierbewegung zu denken, man muß
durch sein Schicksal in die
Möglichkeit versetzt gewesen sein, mit
dem Proletarier zu denken, namentlich
mit solchen Menschen aus der
Proletarierklasse zu denken, die von
der oder jener Seite her gerade zu
Trägern wurden der proletarischen
Bewegung. Da konnte man das Folgende
ganz deutlich fühlen, wie es sich
heute aus älteren Zeiten gerade
ausbreitet in die unmittelbare soziale
Gegenwart.
Nicht wahr, Sie können
sagen: Ja, die wissenschaftliche
Denkungsweise haben doch bürgerliche
Kreise in ausgiebigem Maße angenommen.
— Aber nehmen Sie selbst intelligente
bürgerliche Kreise, denken Sie an
solche Menschen, die ganz und gar in
ihrem Denken, in ihren Überzeugungen
wissenschaftlich orientiert sind: mit
ihrem Fühlen, mit ihrer ganzen
Lebensempfindung stehen sie doch in
Zusammenhängen drinnen, die nicht ganz
und gar bestimmt sind durch die
wissenschaftliche Orientierung. Man
kann materialistischer Denker der
modernen Zeit sein, kann sich
aufgeklärt nennen, kann Atheist sein,
kann das wirklich als seine ehrliche
Überzeugung bekennen, aber man braucht
durchaus nicht sich loszusagen von
allen empfindungsgemäßen Resten der
alten Lebenszusammenhänge, die doch
nicht aus dieser wissenschaftlichen
Orientierung heraus entstanden sind,
sondern die entstanden sind in Zeiten,
in denen noch geistige Impulse die
vorhin skizzierte Stoßkraft hatten.
Ganz anders wirkte die
rein wissenschaftliche Orientierung.
Ich sage nicht, die Wissenschaften,
denn selbstverständlich wirkte diese
wissenschaftliche Orientierung auf
ganz ungelehrte Proletarier,
ungebildete Proletarier; aber ganz
anders wirkte sie eben da, wo sie als
Lebensanschauung über das Proletariat
hingetragen worden ist.
Ich
möchte Ihnen das an einem Beispiel
klarmachen. Ich stand vor vielen
Jahren gemeinsam an einem
Vortragstisch mit der ja jetzt in so
tragischer Weise untergegangenen Rosa Luxemburg; sie sprach über das
Thema : «Die Wissenschaft und die
Arbeiter.» Ich muß immer wieder und
wiederum denken, wie sie zündend für
eine große Versammlung darauf
hinwies, daß eigentlich alle
Vorurteile, die mit Bezug auf
menschliche soziale Stellung,
menschliche Rangordnung in den alten
herrschenden Klassen sind,
zusammenhängen mit den
Vorstellungen, die alte geistige
Weltanschauungen in sich getragen
haben. Dem modernen Proletarier,
meinte sie, komme es einzig und
allein zu, darauf zu hören, wie der
Mensch nicht einen engelhaften,
göttlichen Ursprung genommen
hat, sondern wie er einstmals ganz
unanständig auf Bäumen
herumgeklettert sein soll, aus
tierischen Untergründen herauf sich
entwickelt hat, aus Untergründen, die
wahrhaftig, wenn sie in ihrer
Entwickelung verfolgt werden, die
Überzeugung begründen müssen: Mensch
ist gleich Mensch. Und alle früheren
Rangunterschiede rühren von
irgendwelchen Vorurteilen her. — Man
muß da nicht auf die Formulierung
sehen, sondern auf die Stoßkraft muß
man sehen, wie solche Worte auf die
proletarisch gesinnten Seelen wirken.
Hinsehen rein auf den
Begriff, habe ich eigentlich gemeint,
wenn ich sage : Der Proletarier ist in
der neueren Zeit in seiner ganzen
Weltanschauung «wissenschaftlich»
orientiert. Und diese
wissenschaftliche Orientierung füllte
seine Seele nicht so aus, daß er in
der wünschenswerten Weise
empfindungsgemäß, wie er es brauchte,
die Frage beantworten konnte: Was bin
ich eigentlich in der Welt als Mensch?
Und woher hat der
Proletarier diese Weltanschauung
bekommen? Woher rührte diese
wissenschaftliche Orientierung, die er
manchmal in ganz unrichtiger Weise
aufzunehmen hat? Sie ist doch eine
Wissenschaft. Die hat er genommen aus
dem alten Erbgut der bürgerlichen
Menschenklasse. Sie ist entstanden
aus alter Weltanschauung heraus
innerhalb der bürgerlichen
Menschenklasse beim Übergange in das
neuere Maschinen- und
kapitalistische Zeitalter, als da
Maschine und Kapitalismus die
Menschen überwältigt hat.
Das nächste, was man so
oftmals mit der entsprechenden Färbung
betonen hört, ist : Innerhalb des
Proletariats ist das menschliche
Geistesleben zu dem geworden, was als
Ideologie empfunden wird. Das hören
Sie am alleröftersten, wenn die
Untergründe der proletarischen
Weltanschauung auseinandergesetzt
werden : daß Kunst, Religion,
Wissenschaft, Sitte, Recht und so
weiter ideologische Spiegelbilder der
äußeren materiellen Wirklichkeit sind.
Aber diese Empfindung,
daß das alles so ist, daß das geistige
Leben ein ideologisches ist, die ist
nicht entstanden innerhalb des
Proletariats, die hat der Proletarier
empfangen als Mitgift vom Bürgertum.
Und das letzte Vertrauen, das letzte
große Vertrauen, das das Proletariat
entgegengebracht hat dem Bürgertum,
das bestand darinnen, daß es Nahrung
übernommen hat, geistige Nahrung für
seine Seele. Es konnte ja, da es
entblößt war des Geisteslebens, als es
gerufen wurde aus älterem
Zusammenhang zur Maschine und
hineingestellt wurde in die soziale
Struktur, es konnte nur hinaufschauen
zu dem, was sich entwickelt hatte als
Wissen über den Menschen, über die
Welt; es konnte nur hinaufschauen zu
dem, was sich aus dem Bürgertum
ergeben hat : es übernahm gläubig,
dogmatisch, möchte ich sagen, es
übernahm Ideologie von dem Bürgertum.
In die Überzeugung ist es noch nicht
hineingegangen, aber in die Empfindung
als die Enttäuschung, die das bieten
muß, wenn man das Geistige nicht
ansehen kann als etwas, was eine in
sich selbst begründete höhere
Wirklichkeit enthält, sondern wenn man
es ansehen muß nur als Ideologie. In
den unterbewußten Empfindungen lebt es
bei einer großen Anzahl der Träger der
sozialen Bewegung, wird noch nicht
gewußt, wird aber deutlich empfunden :
Wir haben ein großes Vertrauen
entgegengebracht dem Bürgertum; wir
haben ein Erbgut angetreten, das uns
Seelenheil, das uns tragende Kräfte
hätte bringen sollen. Das Bürgertum
hat sie uns nicht gebracht; nur die
Ideologie hat es uns gebracht, die
keine Wirklichkeit enthält, die nicht
das Leben tragen kann.
Man kann viel streiten,
ob Ideologie wirklich das ist, was der
Grundcharakter des Geisteslebens ist,
oder nicht. Darauf kommt es nicht an,
sondern darauf kommt es an, daß dieses
Geistesleben heute von einem großen
Teile der Menschheit als Ideologie
empfunden wird, und daß, wenn man das
Leben als Ideologie empfindet, die
Seele verödet wird, leer bleibt, die
geistige Schwungkraft gelähmt wird,
und das entsteht, was heute entstanden
ist : Die Entblößung des sozialen
Wollens von dem Glauben, daß irgendwo
etwas Geistiges sich entwickeln
könnte, irgendwo ein Mittelpunkt
auftreten könnte, ein wirklicher
Mittelpunkt, aus dem unserer
Weltanschauung oder dergleichen das
Heil kommen könnte, auch mit Bezug auf
die wünschenswerte Gestaltung der
sozialen Bewegung. Ich möchte sagen,
als ein Negatives ist das Geistesleben
hineingetragen in die Entwickelung
der modernen proletarischen
Menschheit vor allen Dingen; und ein
Positives fordern die Sehnsüchte
dieser Menschheit. Ein Seelentragendes
fordern sie, und ein die Seele
Verzehrendes ist ihnen als Erbgut
gegeben worden.
Das ist etwas, was so
weht und still rinnt durch unsere
ganze gegenwärtige soziale Bewegung,
was man nicht mit Begriffen erfaßt,
was aber die
Gestaltung des einen der Glieder —
wir werden drei kennenlernen — der
sozialen Bewegung, der gegenwärtigen
sozialen Bewegung ausmacht. Und
sobald man einsieht, daß dies so
ist, dann frägt man sich auch
sachgemäß : Woher ist es gekommen
und wie kann ihm abgeholfen werden?
Statt daß das
Wollen weiterhin gelähmt ist, dieses
soziale Wollen,
wie kann es befeuert werden, wie
kann es durchkraftet werden ? Diese
Frage muß man sich vorlegen.
Nun trat ein Ereignis
ein, als das moderne Geistesleben an
den entscheidenden Punkt kam, den ich
schon angedeutet habe. Die
herrschenden Klassen von damals, die
waren durch ihre ganzen
Lebensverhältnisse mit dem verbunden,
was wir heute Staat nennen. Es ist von
einzelnen Menschen oftmals betont
worden — ich kann das alles heute der
Kürze der Zeit wegen nicht anführen,
inwiefern es richtig ist —, es ist oft
betont worden, daß der moderne Mensch
glaube, das, was er heute Staat nennt,
hätte eigentlich so immer bestanden.
Das ist aber durchaus nicht richtig.
Das, was wir heute Staat nennen, was
zum Beispiel im Hegeltum geradezu wie
der Ausdruck des Göttlichen selbst
erscheint, das ist im Grunde nur ein
Produkt des Denkens der letzten vier
bis fünf Jahrhunderte. Die sozialen
Organismen früherer Zeiten waren ganz
anders.
Nehmen Sie nur eine
einzige Tatsache, nehmen Sie die
jüngst noch aufgetretene Tatsache, daß
sich aus den freien Lehranstalten,
freien höheren Lehranstalten früherer
Zeiten, die ganz auf sich selbst
gebaut waren gegenüber dem Staate,
lauter Staatsanstalten herausgebildet
haben, daß gewissermaßen der Staat zum
Verwahrer des Geistesgutes der
Menschheit geworden ist. Daß er das
geworden ist, das ist ein
bürgerliches Interesse im Beginne der
neueren Zeit. Der Staat war es, der
dem Bürger an die Seele heranwuchs,
dem er mit all seinen Bedürfnissen
verbunden war. Und aus diesem Impuls
heraus erwuchs das Verhältnis, das
neuere Verhältnis zwischen dem
Geistesgut der Menschheit und zwischen
dem Staate, erwuchs das, daß dieser
Staat Verwahrer dieses Geistesgutes
der Menschheit wurde, und daß er
verlangte von denjenigen, die zu
diesem Verwahrer kommen sollten, daß
sie ihr Leben für ihn eigentlich
einrichteten.
Wenn man etwas tiefer
hineinblickt in das innere Gefüge des
menschlichen Geistesgutes, dann kommt
man darauf, daß nicht etwa bloß die
äußere Verwaltung dieses Geistesgutes,
die Gesetzgebung über Universitäten
staatlich geworden ist, über Schulen,
Volksschulen staatlich geworden ist,
sondern staatlich ist auch der Inhalt
dieses Geistesgutes geworden.
Gewiß, die Mathematik
trägt nicht einen staatlichen
Charakter; aber andere Zweige unseres
Geistesgutes haben ihr Gepräge, haben
das Zusammenwachsen dieses
Geistesgutes mit staatlichen
Interessen in der neueren Zeit
erhalten. Und dieses Zusammenwachsen
ist nicht ohne Anteil an dem Werden
zur Ideologie von seiten des
Geistesgutes. Dieses Geistesgut kann
nur seine eigene innere Wirklichkeit
recht bewahren, in sich tragen, wenn
es sich selbst, unter seine eigenen
Kräfte gestellt, verwalten kann, wenn
es aus seiner unmittelbaren Initiative
heraus dem Staat gibt, was des Staates
ist, wenn es aber vom Staate nicht die
Forderungen zu empfangen hat.
Gewiß, es wird heute
noch viele geben, die in dem, was ich
eben ausgesprochen habe, keine
fundamentale soziale Tatsache sehen.
Man wird aber sehen, daß erst dann
wiederum der in der Wirklichkeit
waltende Geist der Menschheit das
Rechte geben kann, wenn dieser Geist
von der äußeren staatlichen
Organisation getrennt, auf sich selbst
gestellt ist. Ich weiß, was man für
Einwände dagegen machen kann, aber
darauf kommt es nicht an; sondern
allein darauf kommt es an, daß der
Geist, um recht gedeihen zu können,
fordert, daß er immerfort hervorgehen
kann aus der unmittelbaren freien
Initiative der menschlichen
Persönlichkeit.
So kommt man auf die
wahre Gestalt des einen Gliedes der
modernen sozialen Frage heran, daß man
das geistige Leben recht betrachtet
und die Notwendigkeit einsieht, daß
dasjenige, was in die Struktur des
Staates hineinstößt, allmählich aus
diesem Staat wiederum herausgebracht
wird, so daß es seine eigene innere
Tragkraft entfalten kann und dann
wiederum zurückwirken kann, gerade
weil es befreit ist, weil es sich
selbständig neben den anderen Gliedern
der sozialen Struktur entwikkelt, und
gerade dadurch richtig auf diese
soziale Struktur wirken kann, Soll man
über das Praktische in diesem ersten
Gliede der sozialen Fragen reden, so
muß man sagen : Die Tendenz der
Entwickelung muß auf Entstaatlichung
des geistigen Lebens im weitesten
Umfange gehen. Und sogar ein Glied
dieses geistigen Lebens muß
entstaatlicht werden, dem
gegenüber es heute wahrscheinlich
höchst paradox erscheint, daß man so
über dasselbe reden kann: das
Verhältnis, in das eine richtende
Persönlichkeit eintritt zu den
Menschen, die mit dem Strafgesetz oder
irgendwie mit dem Privatrecht zu tun
haben, das ist ein so menschliches ---
man hat in gewissen psychologisch
orientierten Kreisen heute das auch
eingesehen, aber die Sache von einer
ganz verkehrten Seite angefaßt —, ein
so persönliches, daß das Richten
unmittelbar auch zu demjenigen
gehört, was zum Internen des
Geisteslebens gerechnet werden muß. So
daß ich sowohl dasjenige, was als
religiöse Überzeugung in der
Menschheit geltend ist, alles
künstlerische Leben, aber auch alles
auf Privatrecht und Strafrecht
Bezügliche zu dem rechnen muß, bei dem
die Tendenz sich zu entwickeln hat
nach Entstaatlichung.
Warum sollte derjenige,
der von radikalen Maßregeln hört,
gleich an eine gewaltsame Revolution
denken? Auch in sozialistischen
Kreisen der neueren Zeit denkt man ja
allmählich nicht daran. Ich denke mir
auch nicht, daß von heute auf morgen
alles entstaatlicht werden kann; aber
ich denke mir, daß in das soziale
Wollen der Menschheit das eingehen
kann, daß die einzelnen Maßnahmen, die
zu treffen sind gegenüber dem oder
jenem—und daß muß ja selbst täglich da
oder dort geschehen —, hinorientiert
werden nach einem solchen allmählichen
Loslösen des geistigen Lebens vom
Staatlichen. Sie werden ganz konkret
sich vorstellen können, was damit
eigentlich gemeint ist.
Den Staat müssen wir
als etwas betrachten, was dem in der
neueren Zeit immer mehr und mehr sich
zur herrschenden Klasse ausbildenden
Bürgertum besonders an die Seele
gewachsen ist. Dieses Bürgertum hat
nun in diesen Staat hineingetragen
nicht nur das geistige Leben, sondern
auch dasjenige, was sozusagen
innerhalb der neueren menschheitlichen
Entwickelung wie überwältigt hat den
ganzen sozialen Organismus : nämlich
das wirtschaftliche Leben. Dieses
wirtschaftliche Leben hineintragen in
das Staatsleben hat damit begonnen,
daß man gerade Verkehrsinteressen,
Post, Eisenbahn und so weiter
verstaatlicht hat. Daraus ist ein
gewisser Aberglaube gegenüber dem
Staat, gegenüber der staatlich
orientierten menschlichen Gemeinschaft
entstanden. Und der letzte Rest dieses
Glaubens ist der Glaube der
sozialistisch orientierten Menschen :
daß eigentlich das Heil nur zu sehen
ist in der gemeinsamen Verwaltung des
gesamten Wirtschaftslebens. Auch das
ist also als ein Erbgut übernommen
worden von der bürgerlichen Denk- und
Anschauungsweise.
Nun ist das
Geistesleben auf die eine Seite
gestellt, das Wirtschaftsleben auf
die andere Seite gestellt; mitten
drinnen steht der Staat.
Sie können sich fragen
: Was soll denn nun eigentlich dem
Staat verbleiben? — denn wir werden
gleich nachher sehen, daß auch das
wirtschaftliche Leben die
Konfundierung mit dem eigentlichen
Staatsleben nicht verträgt. Wir kommen
zu einer klaren Ansicht über diese
Frage vielleicht dadurch, daß wir uns
vor Augen halten, was eigentlich an
dem sich herausbildenden modernen
Staat die bürgerlichen Klassen
gefunden haben. Sie haben in diesem
Staat gefunden den Hort ihrer Rechte.
Blicken wir nun auf das
hin, was eigentlich Rechte sind. Ich
denke dabei nicht nur an das
Strafrecht, ich denke dabei auch nicht
an Privatrechte, insofern sie sich
nicht auf das Verhältnis von
Persönlichkeit zu Persönlichkeit
beziehen, sondern ich denke an das
öffentliche Recht. Zum öffentlichen
Recht gehören zum Beispiel auch die
Verhandlungen über die
Besitzverhältnisse. Denn was ist
schließlich Eigentum? Eigentum ist
nur der Ausdruck für die Berechtigung,
daß man irgend etwas als
Persönlichkeit allein besitzt und
bearbeiten darf. Das Eigentum
wurzelte in einem Rechte. Alles
dasjenige, das wir eigentlich vielfach
als äußere Sache betrachten, das
wurzelt in seinem Verhältnis zum
Menschen in Rechten. Solche Rechte
hatte sich in der neueren Zeit, die
unserer modernen Staatsauffassung
vorangingen, das Bürgertum und was mit
ihm verwandt war, schon früher
erworben; solche Rechte fand es am
besten beschützt, wenn es hereinnahm
alles dasjenige, was sich auf solche
Rechte beziehen konnte, in das
Staatsleben selbst.
Und so entstand
die Tendenz, das Wirtschaftsleben
immer mehr und mehr hereinzuziehen
in das Staatsleben. Das Staatsleben
durchdringt die Struktur des
Wirtschaftslebens mit einer Summe
von Rechten. Nun, diese Rechte
sollen dem Staatsleben auch
keineswegs in der Entwickelung der
Zukunft genommen werden. Aber das
soziale Wollen muß sich gerade dahin
ausbilden, genau zu unterscheiden
zwischen alledem, was Rechtsleben
ist, was eigentliches
Geistesleben ist, und was
Wirtschaftsleben ist.
Die moderne soziale
Bewegung macht dies ganz besonders
dadurch anschaulich, daß die
herrschenden Kreise etwas nicht
hereingenommen haben in das
Rechtsleben ihres modernen Staates.
Während sie vieles aus dem
Wirtschaftsleben herausgenommen haben,
aus dem bloßen isolierten
Wirtschaftsleben herausgenommen und in
die Rechtsstruktur des Staates
eingegliedert haben, haben sie eines
nicht in die Rechtsstruktur des
Staates eingegliedert : und das ist
die Arbeitskraft des proletarischen
Arbeiters. Diese Arbeitskraft des
proletarischen Arbeiters ist
drinnen-gelassen worden in der
Zirkulation des Wirtschaftsprozesses.
Das ist es, was
zutiefst eingeschlagen hat in das
Gemüt des modernen Proletariers, daß
ihm durch den Marxismus und seine
Nachfolger klargemacht werden konnte
: Es gibt immer einen Arbeitsmarkt,
wie es einen Warenmarkt gibt. Und wie
auf dem Warenmarkt Waren angeboten
werden und nach ihnen Nachfrage ist,
so bringst du deine Arbeitskraft —
das einzige, was du besitzest — auf
den Arbeitsmarkt, und sie gilt nur als
Ware. Sie wird gekauft wie Ware; sie
steht in dem modernen
Wirtschaftsprozeß wie eine Ware
drinnen.
Damit kommen wir auf
die wahre Gestalt der zweiten modernen
sozialen Forderung. Diese drückt sich
darinnen aus, daß aus einem gewissen
Unterbewußtsein seiner Menschenwürde
heraus der moderne Proletarier es
unerträglich fand, daß seine
Arbeitskraft als Ware auf dem
Warenmarkt gekauft und verkauft wird.
Gewiß, die Theorie der
sozialistischen Denker sagt: So ist es
gekommen durch die objektiven Gesetze
des Wirtschaftslebens selbst; die
haben die Arbeitskraft auf den Markt
hingestellt eben wie andere Waren. Das
ist im Bewußtsein, vielleicht im
Bewußtsein des Proletariers selbst.
Aber im Unterbewußtsein waltet etwas
ganz anderes. Im Unterbewußtsein
waltet eine Fortsetzung der alten
Sklaverei, der alten
Leibeigenschaftsfrage. Da sieht man
in diesem Unterbewußtsein nur, daß
während der Sklavenzeit der ganze
Mensch als Ware auf dem Arbeitsmarkt
war und als Ware gekauft und verkauft
werden konnte, daß dann etwas weniger
von dem Menschen in der
Leibeigenschaft es war, und daß jetzt
noch geblieben ist die Arbeitskraft
des Arbeiters. Damit gibt er sich aber
auch ganz an den Wirtschaftsprozeß
hin. Das empfindet er als unmöglich,
als unwürdig.
Daraus entsteht diese
zweite soziale Forderung der neueren
Zeit : Die Arbeitskraft zu entkleiden
des Warencharakters.
Ich weiß, daß
heute noch viele, sehr viele
Menschen denken : Wie soll das
gemacht werden ? Wie soll denn
anders überhaupt ein
Wirtschaftsleben eingerichtet
werden als dadurch, daß man die
Arbeitstätigkeit, die Arbeitskraft
entlohnt? -- Damit aber kauft man
sie schon ! Aber man braucht ja auch
nur dem entgegenhalten, daß
schließlich auch Plato
und
Aristoteles
durchaus
es selbstverständlich fanden, es für
selbstverständlich hielten, daß
Sklaven da sein müssen. So muß man
es schon verzeihen den modernen
Denkern, daß sie es für notwendig
halten, daß die Arbeitskraft zu
Markte getragen werden muß.
Man kann sich nicht
immer denken, was vielleicht schon in
allernächster Zeit eine Wirklichkeit
ist. Aber fragen muß man heute :
Wodurch kann die Arbeitskraft des
Charakters der Ware entkleidet werden?
Das kann dadurch allein geschehen, daß
sie heraufgehoben wird in das Gebiet
des reinen Rechtsstaates, desjenigen
Staates, aus dem ausgeschieden wird
das geistige Leben auf der einen
Seite, wie früher charakterisiert, und
ausgeschieden wird auf der anderen
Seite alles dasjenige, was im vorher
charakterisierten Sinne zum
Wirtschaftsprozeß gehört. Gliedern wir
den ganzen sozialen Organismus oder
denken wir ihn uns gegliedert in diese
drei Glieder : in das selbständige
Geistesleben, in das Rechtsleben und
in das Wirtschaftsleben, dann haben
wir statt des Homunkulus im Gebiete
des Wirtschaftslebens den wirklichen
Homo im Gebiete des Wirtschaftslebens,
dann haben wir unser geistiges Auge
gestellt auf den wirklich
lebensfähigen, nicht den aus
chemischen Agenzien zusammengesetzten
sozialen Organismus.
Ich will
wahrhaftig hier nicht Analogiespiel
treiben zwischen Biologie und
Soziologie — das liegt mir fern,
ganz fern —, will weder in die
Fehler des Schäffle
noch
des Meray
in
seiner «Weltmutation» fallen; das
alles will ich nicht, darauf kommt
es nicht an. Aber es kommt darauf
an, zu sehen, so wie im einzelnen
menschlichen natürlichen Organismus
drei selbständig nebeneinander
herrschende Systeme tätig sind — ich
habe dies im wissenschaftlichen
Bereich in meinem letzten Buche «Von
Seelenrätseln»
wenigstens skizzenhaft ausgeführt —,
so müssen auch im sozialen
Organismus drei selbständig
anzuwendende Systeme herrschen
: das geistige System, das
richterliche System, dann das System
des öffentlichen Rechtes — wie gesagt,
Privatrecht und Strafrecht ist
ausgeschlossen —, und das eigentliche
Wirtschaftssystem.
Dann aber, wenn man
zwischen dem Geistesleben und dem
Wirtschaftsleben das regulierende
Staatsleben hat, das regulierende
Rechtsleben, dann hat man etwas so
Lebensfähiges eingegliedert in den
sozialen Organismus, wie man in den
natürlichen menschlichen Organismus
eingegliedert findet als ein relativ
selbständiges System das
Zirkulationssystem, das
Lungen-Herzsystem, zwischen das
Kopfsystem und das Verdauungssystem.
Dann aber, wenn es auf eigenem Boden
ganz und gar herausgestaltet ist aus
dem bloßen Wirtschaftsleben — denken
wir an eine Verwaltung, eine
demokratische Verwaltung auf diesem
Boden des Rechtslebens —, wenn jeder
in der gleichen Weise seine Rechte in
Anspruch zu nehmen hat, die das
Verhältnis von Mensch zu Mensch allein
auf diesem Boden regeln, dann wird die
Eingliederung der Arbeitskraft in den
Wirtschaftsprozeß zu etwas ganz
anderem, als es jetzt der Fall ist.
Sie sehen, ich gebe
Ihnen nicht an irgendein Prinzip,
irgendeine Theorie : so kann man es
machen, wenn man die Arbeitskraft des
Warencharakters entkleiden will —,
sondern ich sage Ihnen : Wie müssen
sich die Menschen zunächst stellen,
den sozialen Organismus gliedern,
damit durch ihre Tätigkeit, durch ihr
Denken, durch ihr Wollen dasjenige
entsteht, was als sozialer Organismus
lebensfähig ist. — Ich will kein
allgemeines Heilmittel angeben,
sondern ich will nur erzählen, wie die
Menschheit im sozialen Organismus
gegliedert sein müsse, damit aus ihrem
gesunden sozialen Wollen heraus
fortdauernd sich ergibt, was den
sozialen Organismus lebensfähig macht.
Ich will sozusagen an die Stelle des
theoretischen Denkens ein mit der
Wirklichkeit innig verwandtes und
vertrautes Denken setzen. Was wird
entstehen, wenn, ganz abgesehen vom
Wirtschaftsleben, auf einem für sich
bestehenden Boden, der nach seinen
eigenen Kräften relativ selbständig
sich verwaltet und regiert, wenn auf
diesem Boden über Arbeitsrecht so rein
aus den menschlichen Untergründen
heraus verhandelt wird und daraus
Gesetze gegeben werden? Dann wird
etwas daraus entstehen, was ähnlich in
den Wirtschaftsprozeß hineinwirkt wie
jetzt die Naturgrundlagen dieses
Wirtschaftsprozesses. Diese
Naturgrundlagen des
Wirtschaftsprozesses, wir sehen sie
ja, wenn wir den Wirtschaftsprozeß
wirklich studieren, klar und deutlich
vor uns. Sie regeln den
Wirtschaftsprozeß so, daß sich ihre
Regelung dem, was der Mensch selber
tun kann zu diesem Wirtschaftsprozeß,
entzieht. Nicht wahr, man braucht nur
Auffälliges zu beobachten.
Nehmen Sie nur einmal —
ich will radikal deutliche Beispiele
anführen — die Tatsache, daß in
gewissen Gegenden, die allerdings den
unsrigen entfernt liegen, die Banane
ein außerordentlich bedeutsamer
Artikel ist. Aber die Arbeit, die man
hat, um die Banane hinzubringen an den
Ort, wo sie konsumiert werden kann,
ist außerordentlich gering an ihrem
Ausgangspunkt, sagen wir im Vergleich
zu der, die notwendig in unseren
natürlich europäischen Gegenden ist,
um den Weizen von seinem Ausgangsort
bis zu seinem Konsumort zu bringen.
Diese Arbeit, die die Banane
konsumfähig macht im Verhältnis zu dem
Weizen, verhält sich so ungefähr wie
eins zu hundert, oder das Verhältnis
ist sogar ein noch größeres als eins
zu hundert. Also hundertmal größere
Arbeit, als man für die Banane
braucht, ist notwendig für die
Konsumtion von Weizen. Und so könnten
wir auch innerhalb des
Wirtschaftsgebietes die großen
Unterschiede anführen, welche in bezug
auf die Regelung des Wirtschaftslebens
bestehen. Diese sind unabhängig von
dem, was der Mensch selbst
hinzubringt: die liegen in der
Ergiebigkeit des Bodens, in anderen
Verhältnissen noch, und dergleichen;
die stellen sich hinein in das
Wirtschaftsleben wie ein konstanter
Faktor, wie ein vom wirtschaftenden
Menschen unabhängiger Faktor. Das
stellt sich von der einen Seite aus
her.
Denken Sie sich nun das
Arbeits-Rechtsleben ganz abgesondert
auf der anderen Seite von dem
Wirtschaftsleben, dann wird sich, wenn
nicht mehr wirtschaftliche Interessen
in die Festsetzung der Arbeitszeit, in
die Verwendung der Arbeitskraft
selbständig hineinspielen in den rein
menschlichen Verkehr zwischen Mensch
und Mensch, etwas bilden, unabhängig
vom Wirtschaftsleben, das von der
anderen Seite ebenso hineinspielt in
dieses Wirtschaftsleben, wie von jener
Seite hineinspielen die von der
Naturgrundlage gegebenen Faktoren.
Man muß sich in der
Preisbildung, man muß sich in dem, was
die Ware Wert hat am Warenmarkt, nach
dem richten, wie die Naturfaktoren
wirken. Man wird sich in der Zukunft,
wenn der soziale Organismus
lebensfähig sein soll, auch danach zu
richten haben, wie produziert werden
muß, wie die Warenzirkulation
verlaufen muß. Wenn nicht diese
Warenzirkulation bestimmt Entlohnung,
Arbeitszeit, Arbeitsrecht überhaupt,
sondern wenn unabhängig von der
Warenzirkulation, von dem Warenmarkt,
auf dem Gebiete des staatlichen
Rechtslebens, bloß aus den
menschlichen Bedürfnissen, bloß aus
rein menschlichen Gesichtspunkten
heraus die Arbeitszeit festgesetzt
werden wird, dann wird es so sein, daß
einfach eine Ware so viel kostet, als
das Notwendige kostet zu ihrer
Aufbringung der Zeit, die für eine
bestimmte Arbeit notwendig ist, die
aber geregelt ist durch ein von dem
Wirtschaftsleben unabhängiges Leben,
während zum Beispiel das
Wirtschaftsleben heute von sich aus
regelt das Arbeitsverhältnis, so daß
nach den Preisen der Ware sich
vielfach im volkswirtschaftlichen
Prozeß regeln muß Arbeitszeit,
Arbeitsverhältnis. Das Umgekehrte wird
eintreten bei einer richtigen
Gliederung des sozialen Organismus.
Man kann heute diese
Verhältnisse erst andeuten. Sie sehen
aber, sie entspringen aus einem
sozialen Wollen, welches ganz
verschieden ist von dem, das uns heute
in eine so traurige Lage im
Weltgeschehen hineinversetzt hat ;
sie entspringen aus dem sozialen
Wollen, das nicht in einer gewissen
gemeinnützigen Weise aus dem
menschlichen Denken alles
herausspinnen wird, herausspinnen, wie
man es muß, damit dies oder jenes in
der richtigen Weise vor sich geht,
sondern sie entspringen aus einem
Denken, das so mit der Wirklichkeit
verwandt ist, daß es nicht zutage
tritt, wenn die Menschen in diesem
oder jenem Verhältnis so oder so im
sozialen Organismus gegliedert sein
werden. Dann werden sie, weil sie dann
gesund gegliedert sind im sozialen
Organismus, das Rechte festsetzen,
dann werden sie in der rechten Weise
wirken.
Man muß nur erlebt
haben, wie die anderen Sozialwollenden
im wirklichen Leben drinnen die
Verhältnisse bestimmten, eben in dem
schon jetzt untergegangenen
Österreich. Ein Staat war es, aber im
Staate lebte nicht bloß das
Rechtsleben, im Staate lebte sogar in
ganz ausgesprochener Weise das von
den Interessen der einzelnen
menschlichen Kreise entsprungene
Wirtschaftsleben. Denken Sie doch nur
einmal, wie das alte österreichische
Parlament war bis in das Ende der
neunziger Jahre ! Und aus dem, was in
diesem Parlament vertreten war, gingen
doch die Verhältnisse hervor, die bis
in die Weltkriegskatastrophe
hineinspielten, aus diesem Parlament,
das aus vier Kurien bestand : der
Handelskammer, der Großgrundbesitzer,
aus der Kurie der Städte, Märkte und
Industrialorte, und der Kurie der
festeingefahrenen Wirtschaftskreise.
Diese Wirtschaftskreise waren nicht
auf dem Boden eines
Wirtschaftsparlaments vertreten,
sondern ihre Interessen bestimmten das
Staatswesen, also die öffentlichen
Rechte wurden nach ihren Interessen
bestimmt. Geradeso wie es unmöglich
ist, daß eine konfessionelle
Gesinnungspartei, wie es im letzten
deutschen Reichstag war, entsteht, und
aus den Definitionen, Institutionen
heraus das Rechtsleben des Staates
beeinflußt, ebensowenig ist ein
sozialer Organismus lebensfähig, der
so gestimmt ist, daß wirtschaftliche
Interessenkreise das Rechtsleben
bestimmen. Abgesondert muß dieses
Rechtsleben sich entwickeln, heraus
nur aus dem, was das Verhältnis
zwischen Mensch und Mensch
meinetwillen in ganz demokratischer
Weise betrifft. Dann wird durch dieses
Rechtsleben in entsprechender Weise
der dreigliederige Organismus auf der
einen Seite das Wirtschaftsleben, auf
der anderen Seite durch die
Naturgrundlage dieses Wirtschaftsleben
regeln.
Und innerhalb dieses
Wirtschaftslebens, das nun wiederum
Vertreter der verschiedensten Seiten
dastehen hat, werden rein
wirtschaftliche Faktoren und
Interessen nötig sein. Man wird den
sozialen Organismus haben, in dem —
wenn ich mich jetzt nach den
Gewohnheiten der Zeit ausdrücken darf
— nun drei Klassen, drei Gebiete sind,
jedes mit eigener Gesetzgebung und
eigener Verwaltung. Sie stehen
zueinander, ich möchte sagen, als
souveräne Staaten, wenn sie sich auch
durchdringen ; sie rechnen
miteinander. Das mag kompliziert sein,
das mag dem Menschen unbequem sein;
aber es ist das Gesunde, ist
dasjenige, was einzig und allein den
sozialen Organismus für die Zukunft
lebensfähig machen wird. Denn das
Wirtschaftsleben selbst wird aus
seinen Faktoren heraus nur dann
bestimmt werden können, wenn auf
seinem Boden einzig und allein
Wirtschaftsinteressen tätig
erscheinen, die nur bestimmt werden
können durch das im Wirtschaftsleben
notwendige Verhältnis zwischen
Produktion und Konsumtion. Dieses
Verhältnis zwischen Produktion und
Konsumtion kann sich aber im
Wirtschaftsleben nur ergeben auf
assoziativer Grundlage, auf
assoziativer Grundlage, wie es hätte
werden können im Gewerkschafts-,
Genossenschaftszusammenhang. Aber
heute tragen Gewerkschafts-,
Genossenschaftszusammenhänge durchaus
noch den Charakter, daß sie gerade
herausgewachsen sind aus dem
Staatsleben. Sie müssen hineinwachsen
in das Wirtschaftsleben, müssen bloß
dem wirtschaftlichen Leben dienende
Körperschaften werden. Dann
entwickelt sich der soziale Organismus
in einer gesunden Weise.
Ich weiß, daß
dasjenige, was ich gesagt habe,
manchem außerordentlich radikal
erscheint. Aber ob radikal oder nicht,
darauf kommt es nicht an ; sondern es
kommt darauf an, daß der soziale
Organismus lebensfähig werde, daß die
Menschen, indem sie den Anfang machen
von dem alten instinktiven sozialen
Leben zu dem bewußten sozialen Leben,
sich durchdringen mit Impulsen, die
aus der Einsicht entspringen, wie man
drinnensteht im ganzen sozialen
Organismus. Man ist heute ein
ungebildeter Mensch, wenn man das
Einmaleins nicht kann; man ist heute
ein ungebildeter Mensch, wenn man
irgend etwas anderes, was zur Bildung
nun einmal gehört, nicht weiß; aber
man ist kein ungebildeter Mensch, wenn
man kein soziales Bewußtsein hat, oder
wenn man mit schlafender Seele im
sozialen Organismus drinnensteht. Das
ist etwas, was in der Zukunft
gründlich anders werden muß ! Es wird
anders werden, wenn das Urteil
entstehen wird, daß es einfach zur
allerelementarsten Schulbildung
gehört, sich mit sozialem Wollen
auszurüsten, wie man sich mit der
Kenntnis des Einmaleins ausrüstet.
Heute muß jeder wissen, wieviel drei
mal drei ist. In Zukunft wird es auch
nicht schwieriger erscheinen, zu
wissen, wie sich Kapitalzins zur
Grundrente verhält, wenn ich etwas aus
dem heutigen Leben heraus wähle. Es
soll gar nicht schwieriger sein in
Zukunft, als zu wissen, daß dreimal
drei neun ist. Aber dieses Wissen wird
eine Grundlage geben für ein gesundes
Drinnenstehen im sozialen Organismus,
das heißt für ein gesünderes soziales
Leben. Und dieses gesunde soziale
Leben muß angestrebt werden.
Es bereitet sich vor im
gesunden Menschheitsbewußtsein
dasjenige, was ich gesagt habe. Man
muß nur einen Spürsinn haben für das,
was sich vorbereitet und was in
unserem gegenwärtigen neueren Leben
nach Offenbarung und nach Gestaltung
ringt.
Denken Sie
zurück an die drei großen Ideale der
Französischen Revolution:
Freiheit, Gleichheit und
Brüderlichkeit. Derjenige, der
verfolgt, was diese Ideen in den
Köpfen der Menschen im Laufe der
Zeit für Schicksale durchgemacht
haben, der weiß, wie oftmals die
Menschen logisch gerungen haben mit
dem Widerspruch, der besteht
zwischen der Freiheit auf der einen
Seite, die auf die einzelne
persönliche Initiative hinweist, und
der Gleichheit auf der anderen
Seite, die realisiert werden soll in
der Zentralisierung des staatlich
orientierten sozialen Organismus.
Das geht doch nicht. Aber die Sucht
nach dieser Konfundierung ist
entstanden in der neueren Zeit. Daß
der Kapitalismus von heute noch
nicht die Konzeption fassen konnte
nach dem dreigliederigen sozialen
Organismus, das ist entstanden aus
der Idee des ganz zentralisierten
Staates heraus.
Faßt man heute
dasjenige, was schon in diesem Wollen,
das sich in den drei Idealen :
Freiheit, Gleichheit, Brüderlichkeit
zum Ausdrucke bringt, auf, so faßt man
es heute leicht so auf, daß man es
betrachtet von dem Gesichtspunkte des
dreigliederig geordneten sozialen
Organismus. Dann findet man als erstes
Glied das geistige Leben. Es muß sich
ganz durchdringen von dem Prinzip, dem
Impuls der Freiheit. Da muß alles
gestellt sein auf die freie Initiative
des Menschen, und kann es auch, wird
am fruchtbarsten wirken, wenn es so
gestellt ist. In bezug auf den
Rechtsstaat, in bezug auf das zwischen
dem geistigen und dem
wirtschaftlichen Leben regulierende
Staatswesen, das eigentlich politische
System, ist dasjenige, was alles
durchdringen muß, die Gleichheit von
Mensch und Mensch. Und in bezug auf
das Wirtschaftsleben kann einzig und
allein gelten die Brüderlichkeit, das
soziale Miterleben des ganzen äußeren
und inneren Lebens des einen Menschen
durch den anderen.
Im sozialen
Organismus kann innerhalb des
Wirtschaftslebens nur herrschen das
Interesse. Dieses Interesse aber,
das bringt eine ganz bestimmte
Eigenschaft des wirtschaftlichen
Organgliedes hervor. Worauf deutet
eigentlich im Grunde genommen alles,
worauf läuft alles hinaus im
Wirtschaftsleben? Es läuft alles
darauf hinaus im Wirtschaftsleben,
daß in der besten, zweckmäßigsten
Weise, was der Wirtschaftsprozeß
erzeugt, auch verbraucht werden
kann. Ich rede vom Verbrauchen im
engeren Sinne, aus dem
das Geistige dann ausgeschlossen
ist. Verbraucht werden kann
zum Beispiel Arbeitskraft, menschliche
Arbeitskraft. Das fühlt aber der
moderne Mensch : bloß verbraucht darf
seine Arbeitskraft nicht werden. Er
muß ebenso, wie er ein Interesse
erwirbt durch seine Arbeitskraft, bei
der geistigen Produktion auch ein
Interesse erwerben durch seine Ruhe,
durch seine ruhevolle
Aufnahmefähigkeit des Geistigen. Der
Mensch wird im Wirtschaftsleben
verbraucht. Er muß sich fortwährend
aus diesem Wirtschaftsleben
herausreißen durch die anderen beiden
Glieder des gesunden sozialen
Organismus, wenn er innerhalb des
Wirtschaftslebens nicht verbraucht
werden soll.
Die soziale Frage ist
nicht so da im modernen Leben, wie sie
jetzt entstanden ist und vielleicht
gelöst werden kann, und dann eben
gelöst ist. Nein, die soziale Frage
ist als etwas da, was in das moderne
Leben eingetreten ist und nicht mehr
aus diesem Leben in aller
Menschenzukunft herauskommen wird.
Eine soziale Frage wird es im Hinblick
auf die Zukunft immer mehr geben.
Aber diese soziale Frage wird auch
nicht auf einmal, nicht durch diese
oder jene Maßnahme, sondern durch das
fortdauernde Wollen der Menschen
gelöst werden, indem immerzu
dasjenige, was der Wirtschaftsprozeß
vom Menschen verbraucht, reguliert
wird durch das Rechtsleben vom rein
politischen Standpunkt aus, und
immerzu das Verbrauchte wiederum durch
die geistige Produktion ausgeglichen
werden kann durch den selbständigen
geistigen Organismus.
Wer gesehen hat, wie
sich in den letzten Jahrzehnten die
soziale Frage entwickelt hat — es ist
ja verhältnismäßig noch nicht so lange
her, daß die soziale Frage sich zu
ihrer gegenwärtigen Gestaltung
vorbereitet hat —, wer aufmerksam und
mit innigem Anteil beobachtet hat, wie
sich diese soziale Frage aus ihren
Anfängen heraus entwickelt hat, der
kann gerade mit Bezug auf soziales
Wollen und seinen richtunggebenden
Impuls für die zukünftige Gestaltung
des Menschenlebens zu Gedanken kommen,
die man vielleicht durch das Folgende
charakterisieren kann.
Die soziale Frage sahen
viele Menschen, auch viele recht
aufgeklärte Menschen vor Jahrzehnten
noch überhaupt nicht als etwas
Existierendes an. Ich habe noch in
meiner Jugend einen österreichischen
Minister kennengelernt, der hinübersah
über die böhmisch-deutsche Grenze und
den grotesken Ausspruch getan hat: Die
soziale Frage hört bei Bodenbach auf!
— Und ich erinnere mich noch sehr gut
daran, wie die ersten
sozialdemokratischen Bergleute mit
einer großen Gruppe an der Wohnung
meiner Eltern vorbeigezogen sind und
zu ihrer Versammlung gezogen sind.
Ich habe dann beobachtet, wie das
soziale Wollen entstanden ist, nicht
als Denken über die soziale Bewegung,
sondern durch das Miterleben dieser
sozialen Bewegung. Da mußte ich mir
sagen : Vieles mußte durchgemacht
werden, viele Irrtümer auch mußten
durchgemacht werden ! Und selbst bei
sozialistisch orientierten Denkern der
neueren Zeit sind diese Irrtümer recht
zahlreich gewesen. Es scheint gerade
auf diesem Gebiete, daß die Menschen
durch die Köpfe, die sie entwickeln,
dies nicht erleben. Der Irrtum ist zu
einer furchtbaren Breite gekommen.
Aus einem Geiste, der
sich mir aus solchen Beobachtungen
heraus ergeben hat, habe ich
versucht, heute Abend über das soziale
Wollen zu Ihnen zu sprechen. Sie haben
mich dazu eingeladen als Mitglieder
einer Menschengemeinschaft, die
hinschaut auf dasjenige, was das
soziale Wollen zum Menschenheil in der
Zukunft bringen soll.
Diejenigen, die als
ältere Leute, wie zum Beispiel ich,
immer durch Jahrzehnte zu solchen
Menschen sprechen, die blicken
zuweilen auch zurück auf dasjenige,
was alles durchwandelt werden mußte,
um zu dem Heutigen zu kommen. Dann
aber bekommen sie durch manches, was
durchwandelt werden mußte, doch auch
die Überzeugung, daß der Irrtum nicht
fruchtlos war, daß, selbst wenn heute
die Tatsachen eine traurige, oftmals
eine erschreckende Sprache sprechen,
die Menschen doch stark genug sein
werden, den Ausweg zu finden aus
demjenigen, was als unerträglich von
einem großen Teile der Menschheit
heute empfunden wird.
In diesem Sinne bitte
ich Sie, aufzunehmen dasjenige, was
ich mir erlaubte, am heutigen Abend
zu Ihnen zu sprechen. Denn die
Tatsachen sprechen auf manchem Gebiet
eine deutliche Sprache. Und sie
sprechen auch das deutliche Wort : Je
mehr Menschen unter jenen, die heute
noch jung sind, wahrhaftiges,
lebensfähiges soziales Wollen
aufnehmen, desto lebensfähiger wird
der tüchtige, menschliche soziale
Organismus sein.
Wer sich zum
Wort zu melden wünscht, der möge es
tun. Herr Dr. Boos,
der
heute vor einer Woche ungefähr einen
Vortrag gehalten hat, hat sich
bereit erklärt, die Diskussion zu
führen.
Ein Redner meldet sich
zum Wort (Stenogramm unvollständig).
Dr. Steiner:
Dasjenige,
was Sie geltend gemacht haben, das
bekommt seine Form dadurch, daß Sie
übersehen haben, was eintreten muß
durch die Gliederung zu relativer
Selbständigkeit des Rechtsstaates
auf der einen Seite, und des
Wirtschaftslebens auf der anderen
Seite. Die Arbeitsorganisationen,
die zum Teil
Produktionsgesellschaften, oder
Konsumtionsgesellschaften, oder auch
Verbindungen zwischen beiden sein
werden, die haben es überhaupt nur
zu tun mit Wirtschaftsfaktoren, die
innerhalb des Wirtschaftslebens
selbst spielen.
Die Regelung des
Arbeitsrechtes, die fällt dem relativ
selbständigen Staate zu. Dort wird
nicht anders entschieden als auf
demokratischer Basis, sagte ich, alles
dasjenige, was da betrifft das
Verhältnis von Mensch zu Mensch.
Deshalb erwähnte ich auch bei dem
Boden dieses rein demokratischen
Staates, daß das ein Verbindungsglied
zwischen den beiden anderen Faktoren
ist; auf diesem Boden herrscht
Gleichheit der Menschen vor dem
Gesetze. Da werden aufhören die bloßen
Wünsche einzelner wirtschaftlicher
Organisationen, weil sie sich in dem
demokratischen Rechtsleben
ausgleichen müssen mit den Interessen
anderer Kreise. — Also das ist gerade
das, was bewirkt werden soll; dem soll
eben abgeholfen werden, was Sie als
einen Schaden empfinden, der ganz
gewiß entstehen würde, wenn zum
Beispiel die Arbeitszeit selbst
festgesetzt würde innerhalb der
Organisation des Wirtschaftslebens.
Die Organisationen des
Wirtschaftslebens haben es nur zu tun
mit dem Wirtschaftsleben selbst : die
Regelung im Sinne des Arbeitsrechtes
also. Aber die Feststellung der
Arbeitszeit, die unterliegt nurmehr
der Staatskörperschaft, die es zu tun
hat mit dem Verhältnis von Mensch zu
Mensch.
Wir dürfen nicht
vergessen, welch große Veränderungen
von Mensch zu Mensch dadurch auftreten
werden, daß einseitige Interessen sich
abschleifen werden.
Selbstverständlich, ganz vollkommen
wird natürlich nichts auf der Welt
sein; aber einseitige Interessen
werden sich abschleifen im
demokratischen Staatsgebilde, das die
Gleichheit des Menschen vor dem
Menschen zu seiner Grundlage hat.
Denken wir nur daran,
daß wenn zum Beispiel eine gewisse
Wirtschaftsorganisation ein Interesse
hat, eine bestimmte kurze Zeit zu
arbeiten, so wird sie sich bequemen
müssen, dieses Interesse
auszugleichen mit den Interessen
derjenigen Menschen, die leiden würden
unter dieser kurzen Arbeitszeit. Aber
wenn man gar nicht denkt an
irgendwelche unterbewußte Kräfte, so
wird sich — geradeso wie sich im
Naturorganismus wenigstens annähernd
ergibt, immer annähernd natürlich, daß
immer gleichviel Männer und gleichviel
Frauen da sind, was aber
dochnatürlichnicht einstriktes
Naturgesetz sein darfoder werden
kann—, so wird sich auch ergeben, daß,
wenn in der richtigen Weise die
einzelnen Faktoren des sozialen
Organismus zusammenwirken, nicht ein
Unzuträgliches dadurch entstehen
wird, daß einzelne kleine Interessen
werden entwickeln können, die für
andere in weitestem Maße schädlich
sind.
Dasjenige, was meiner
sozialen Denkweise zugrunde liegt, das
unterscheidet sich von vielen anderen
sozialen Denkweisen dadurch, daß diese
letzteren mehr abstrakt sind. Logisch
kann man immer das eine von dem
anderen sehr gut ableiten; es folgt
manches Logische aus dem anderen.
Entscheidend in solchen Fragen kann
aber eigentlich nur die
Lebenserfahrung sein. Natürlich kann
ich nicht logisch beweisen — das kann
kein Mensch —, daß nicht in einem
solchen zukünftigen Organismus einmal
eine Diskrepanz der Interessen
eintreten kann; aber anzunehmen ist,
daß, wenn die Kräfte sich innerhalb
ihres eigenen Kreises, der ihnen
angemessen ist, entwickeln können,
dann eine humane Entwickelung
eintreten wird. Ich meine, wenn Sie
das gerade betrachten, was ich
vorlegen möchte, die Festsetzung der
Arbeitszeit aus dem bloßen
Wirtschaftsprozeß heraus in den
Rechtskreis des Staates, daß dann
diese Schäden nicht werden entstehen
können im praktischen Gebiete. Das ist
es, was ich dazu zu sagen habe.
Ein weiterer Redner
äußert sich (Stenogramm
unvollständig).
Dr. Steiner
: Ich
möchte zu der Ausführung des
verehrten Vorredners folgendes
bemerken: Selbstverständlich leidet
ja gewissermaßen jeder Vortrag
daran, daß man nicht in einem
einzelnen Vortrage alles sagen kann,
und ich weiß nicht, aus welchen
Auslassungen meines Vortrages der
verehrte Vorredner die
Schlußfolgerung gezogen hat, daß ich
keine Stellungnahme hätte zu der
modernen Arbeiterpsyche, daß ich die
moderne Arbeiterbewegung nicht
berücksichtigen würde und
dergleichen. Jeder tut das
selbstverständlich nach seiner Art.
Ich war jahrelang zum Beispiel Lehrer
auf den verschiedenen Gebieten einer
Arbeiterbildungsschule, habe mit den
Arbeitern in Gewerkschaften und auch
in politischen Organisationen
Redeübungen getrieben. Ich darf heute
das berechtigte Bewußtsein haben, daß
eine ganz zahlreiche Menge von
Arbeitern, die heute in Deutschland
ihre Reden halten, das Reden dazu in
meinen Redeübungen gelernt haben. Bei
diesen Redeübungen wurden alle
möglichen Fragen besprochen, und
Fragen, die nun wahrhaftig nicht ferne
standen den allerintimsten
Eigentümlichkeiten der Arbeiterpsyche.
Also ich weiß nicht — ich hatte
natürlich keine Veranlassung, auch
diese besondere praktische Seite
meines sozialen Wirkens und Wollens
ins helle Licht zu stellen, aber ich
kann auch nicht recht verstehen, aus
welchen Auslassungen meiner Rede
hervorgegangen sein soll, daß ich der
praktischen Arbeiterbewegung so
absolut fernstehen sollte.
Gewiß, es ist ein
Selbstverständliches, daß innerhalb
der modernen sozialen Bewegung gerade
die Arbeiter selbst berücksichtigt
werden. Aber bedenken Sie nur, daß ich
den ganzen Abend immer betont habe,
wie es aussieht eigentlich gerade
innerhalb des Proletariats. Ich habe
ja von dem Proletariat als solchem
gesprochen. Sie haben bemerken
können, wenn Sie gut zugehört haben,
wie gerade das in meinen Vortrag
hereinspielte, was ich glaube,
praktisch auseinandergesetzt zu haben,
was praktisch gerade in der
proletarischen Arbeiterschaft von
heute lebt.
Was nun den
Vorwurf betrifft, daß ich vielleicht
zu einseitig dargestellt
habe die, wie mir scheinen will,
fundamental bedeutsame Tatsache, daß
die bürgerliche Denkweise übernommen
worden ist von der Arbeiterschaft,
von namentlich den Führern der
Arbeiterschaft, so beruht dieser
Ausspruch, den ich getan habe und
den ich ja auch nur von einzelnen
Seiten her selbstverständlich
beleuchtet habe, wirklich auf einem
genaueren Studium gerade der
Arbeiterpsyche und der ganzen
modernen Arbeiterbewegung.
Ich möchte Sie dabei
zum Beispiel auf folgendes aufmerksam
machen : Ein mir auch persönlich
bekannter russischer Schriftsteller
hat jüngst auf
eine sehr eigentümliche Weise darauf
hingewiesen, daß die Philosophie,
die Jünger hat, gerade hier in
Zürich eine große Rolle gespielt hat
: die Philosophie des Avenarius, die doch ihrerseits
gewiß aus rein bürgerlichem
Untergrund erwachsen ist. Ich kann
mir wenigstens nicht vorstellen, daß
Avenarius daran gedacht hat, daß
seine Philosophie in der
Arbeiterbewegung in Rußland
diejenige Rolle spielt, die sie
heute spielt. Soviel ich weiß, ist
sehr stark hier vertreten, gerade in
Zürich, von Adler
namentlich,
die aus der Naturwissenschaft
entnommene philosophische
Überzeugung von Mach.
Diese
beiden philosophischen Richtungen
sind gewissermaßen die
Amtsphilosophien des Bolschewismus,
des radikalsten Sozialismus. Der
russische Schriftsteller Berdjajev sagt das in einem
Aufsatz — er ist enthalten in der
Übersetzung eines sehr interessanten
Buches über «Rußlands politische
Seele» —, und in diesem Aufsatz hat
Berdjajev in sehr deutlicher Weise
gerade diese politische Seele
herausgearbeitet. Und so könnte man
Ihnen zahlreiche Beispiele anführen;
ich könnte Ihnen zahlreiche
Beispiele anführen, die ähnlich
wären dem, das ich Ihnen vorhin
entnommen habe aus der Rede der
verstorbenen Rosa
Luxemburg, die
Ihnen beweisen würden, daß eben das
letzte bedeutende und gerade in die
Arbeiterbewegung tief eingreifende
Erbstück aus dem bürgerlichen Leben
die bürgerliche Denkweise ist, die
wissenschaftlich orientiert ist. Die
Möglichkeit, das geistige Leben
überhaupt zur Ideologie zu machen,
ist bürgerlichen Ursprungs. Das
Bürgertum, wenn man solche
Kategorien gebrauchen darf, hat
zuerst die wissenschaftlich
orientierte Denkweise auf dem
Gebiete des Naturerkennens zur
Ideologie gemacht. Sie hat es nicht
innerhalb ihrer Klasse auf das
eigentlich wissenschaftliche Denken
übertragen. Diese letztere
Konsequenz hat dann das
proletarische Denken gezogen. Gewiß,
das proletarische Denken hat andere
Konsequenzen gezogen; aber es hat
eben Konsequenzen gezogen aus den
Grundlagen, die heute deutlich zu
erkennen sind als innerhalb der
bürgerlichen wissenschaftlichen
Vorstellungsart wurzelnd, und nur
etwas weiter fortgebildet. Das
sollte eben in seiner Wichtigkeit
nicht verkannt werden.
Denn derjenige, der
tiefer drinnensteht auch in der
Gesamtheit, der tieferes Interesse
entwickelt hat für den Anteil, den die
moderne Arbeiterpsyche an der modernen
Arbeiterbewegung hat, der wartet, ich
möchte sagen, mit einer gewissen Sorge
auf der einen Seite, aber auch mit
einer gewissen inneren Befriedigung
auf der anderen Seite auf den Moment,
wo das innerhalb der modernen
sozialistischen Bewegung zum Vorschein
kommen wird. Man wird eines Tages
bemerken, zum Bewußtsein
heraufbringen, was jetzt noch im
Unterbewußten ruht, man wird eines
Tages bemerken : Aha, das haben wir
noch in unserem Seelenoberdenken —
wenn ich den Ausdruck gebrauchen darf
—, in unserem seelischen Oberdenken;
das muß heraus. Wir haben die
Sehnsucht, unsere ganze Menschenwürde
wissenschaftlich zu orientieren; das
hat uns die bürgerliche Erblinie der
Wissenschaft bis jetzt nicht möglich
gemacht. Wir müssen ein anderes
Geistesleben suchen.
Ich glaube
allerdings, daß dann, wenn dieser
Moment eingetreten sein wird, wenn
die ganze, volle Sehnsucht des
vielleicht von einer gewissen Seite
her einzig modernen Menschen,
nämlich des proletarischen Menschen
herauskommt — wenn es auch in der
modernen Zeit noch nicht zum vollen
Ausdruck gekommen ist —, wenn diese
Sehnsucht des modernen Proletariers
nach einer völligen Ausbildung
der wissenschaftlichen
Denkweise zur Weltanschauung, mit
der Kraft der alten Religionen, wenn
das eingetreten sein wird, wenn er
nicht mehr, weil er darauf gekommen
ist, daß er nicht mehr Ware sein
soll, die Konsequenz der
bürgerlichen Denkweise ziehen wird,
dann wird der Moment eingetreten
sein, wo man überhaupt erst wird
davon reden können, daß fruchtbares
Organisieren des sozialen Wollens da
ist.
In dem bloßen
Sozialismus und in seiner Beziehung,
die der verehrte Herr Vorredner
hervorgehoben hat, zu der
Philosophie des Bergson,
glaube
ich, daß man nicht so dogmatisch
sich stellen darf. Ich will ja
selbstverständlich nicht über solche
philosophischen Fragen heute
diskutieren. Der Herr Vorredner
sagte, daß Bergson ein typischer
Vertreter und Repräsentant der
bürgerlichsten Denkweise ist. Dann
würde der Sozialismus aus der
Philosophie des Bergson gerade eben
recht bürgerliche Untergründe
herausgenommen haben ! Man kann
heute zum Beispiel nachweisen, daß
Bergsons Philosophie ihrem Inhalte
nach von ganz unermeßbar vielen
«Schopenhauerianismen» durchzogen
ist, daß Bergson viel mehr
beeinflußt ist von Schopenhauer, als
Sie nur irgend denken.
Nun, wollte man
eine solche Sache ausführlich
erörtern, so müßte man eben wirklich
recht ausführlich sein können. Ich
kann das heute nicht ; aber ich
erwähne Ihnen nur, daß es auch einen
innerhalb der proletarischen Welt
sich als Denker fühlenden Menschen
gibt, wie zum Beispiel Mehring, Franz Mehring, der also
in vielem in Wirklichkeit ähnlich
ist dem Bergson; der hat
Schopenhauer gerade als den
Repräsentanten des bürgerlichsten
Spießertums in der Philosophie
charakterisiert !
Über diese Dinge kann
man verschiedener Ansicht sein, und
ich glaube nicht, daß man über diese
Dinge so dogmatisieren darf. Man kann
ja die Ansicht haben, daß Bergson der
fortgeschrittenste Philosoph ist und
irrationale Elemente drinnen hat in
seiner Philosophie. Aber man möchte
fragen: Was hat denn irrationales
Element mit der sozialen Frage zu tun?
— Irrational kann doch geradesogut ein
Proletarier sein wie ein Bürgerlicher.
Ich kann nicht recht einsehen, was das
ganze Irrationale damit zu tun hat.
Da muß man schon die dogmatische
Voraussetzung machen: Bergson ist
absolut derjenige, der der moderne
Philosoph ist; wenn also die
Proletarier richtig denken sollen, so
müssen sie Bergsonianer werden, nicht
wahr. Das ging durch die ganze Frage.
Denn zweifellos ist es,
daß auf den verschiedensten Gebieten
im modernen Leben Tendenzen
aufgetreten sind, die sich nach dem
hin richten, was ich heute
charakterisiert habe. Es wäre doch nun
wirklich traurig um das menschliche
Leben bestellt, wenn es immer gerade,
möchte ich sagen, überzwerch gehen
würde, wenn es immer in der
entgegengesetzten Richtung von dem
Rechten sich entwickeln würde ! Nicht
wahr, das kann natürlich nicht der
Fall sein. Ich sagte selbst, daß zum
Beispiel auf dem Gebiete des
Gerichtswesens von einigen ganz
psychologisch orientierten Menschen
gewisse Dinge angefacht sind. Solche
Beispiele könnte man natürlich
unzählige anführen. Aber es ist auch
eine Ableitung der Diskussion auf
Nebengeleise, wenn man nicht eingeht
auf dasjenige, was geltend gemacht
worden ist, sondern eine
Lieblingsmeinung vorbringt. Gewiß,
man kann ja sehr sympathisieren mit
manchem, was heute als doch mehr auf
geschichtliche Perioden hindeutende
Prinzipien in bezug auf Impulse gesagt
worden ist; aber ohne mehr auf das
letztere einzugehen — wollte man auf
alle diese Dinge eingehen, müßte ich
Sie aber sehr lange hier aufhalten —,
also ohne mehr auf das letzte
einzugehen, möchte ich sagen : Sehr
viele Menschen sind heute noch
innerlich obstinat, wenn man von
dieser Dreigliederung spricht, von der
ich heute gesprochen habe. Sie sagen
dann : Es kann doch nicht drei
verschiedene Glieder geben, die nach
verschiedenen Prinzipien gelenkt und
geleitet werden.
Aber
ich habe nicht von drei
verschiedenen Gliedern gesprochen,
die nach drei verschiedenen
Prinzipien gelenkt würden, sondern
von einer Dreigliederung des
sozialen Organismus habe ich
gesprochen ! Bedenken Sie nur, daß
diese Dreigliederung des
sozialen Organismus in unserer Zeit
ihrer ganzen Denkweise nach ebenso
entsprechend gefunden werden muß
nach und nach, wie zum Beispiel die
uralten Gliederungen, die Sie bei
Plato auch finden und die damals
berechtigt waren. Mir hat einmal
jemand hinterher nach meinem Vortrag
gesagt: Also haben wir doch wiederum
einen Hinweis auf die alten
Gliederungen Platos : Nährstand,
Wehrstand, Lehrstand ! — Das, was
ich gesagt habe, ist das Gegenteil
der Gliederung in Nähr-, Wehr- und
Lehrstand; denn es werden nicht die
Menschen in Stände gegliedert,
sondern es wird eine Gliederung
versucht des sozialen Organismus.
Wir Menschen sollen gerade nicht
abgeteilt werden ! Es kann ganz gut
derselbe Mensch tätig sein in dem
geistigen Glied, oder tätig sein im
rechtlichen und sogar in dem
wirtschaftlichen Gliede. Der Mensch
ist gerade dadurch emanzipiert von
irgendwelcher Einseitigkeit in
irgendeinem der Glieder des sozialen
Organismus. Es handelt sich also
nicht darum, daß die Menschen in
solche selbständigen Klassen
abgeteilt werden sollen, wenn man
den gesunden sozialen Organismus
entwickelt, sondern daß der soziale
Organismus selber nach seinen
Gesetzen geordnet wird. Das ist der
durchgreifende Unterschied. Früher
hat man Menschen gegliedert. Nun
soll, der Denkweise unserer Zeit
entsprechend, der soziale Organismus
selbst gegliedert werden, damit der
Mensch hinschauen kann auf
dasjenige, worin er drinnen lebt,
um je nach seinen Bedürfnissen, nach
seinen Verhältnissen und Fähigkeiten
in dem einen oder in dem anderen
Gliede tätig sein zu können. Es wird
zum Beispiel ganz gut möglich sein,
daß in der Zukunft ein Mensch, der
im Wirtschaftsleben tätig ist, zu
gleicher Zeit Abgeordneter ist auf
dem Gebiet des rein politischen
Staates. Er wird aber dann ganz
selbstverständlich seine
wirtschaftlichen Interessen
in einer anderen Weise geltend machen
müssen, als er geltend machen kann
dasjenige, was allein in Betracht
kommt auf dem Gebiete des
Rechtsstaates. Diese drei Glieder
werden selber sorgen für die
Abgrenzung ihrer Territorien. Es wird
nicht alles durcheinanderkonfundiert
werden, daß sich das eine in das
andere hineinmischt.
Es wird auf viel
bessere Weise erreicht, wenn die Dinge
getrennt werden. Es sind ja natürlich
dieselben menschlichen Anlagen, die in
dem einen und anderen Gliede
entscheiden. Aber so wie es in der
menschlichen natürlichen Organisation
— trotzdem ich kein Analogiespiel
treiben will, möchte ich dies
erwähnen — drei in sich zentralisierte
Teile hat : das Nerven-Sinnessystem,
das Lungen-Atmungssystem und das
Stoffwechselsystem, so hat der
gesunde soziale Organismus drei
Glieder. Das ist etwas, was heute noch
zu den gewöhnlichen Denkgewohnheiten
nicht gehört, von dem ich aber glaube,
daß es sich in die Denkgewohnheiten
der Menschen hineinfinden wird, und
daß man es doch nicht weniger
gründlich, meine ich, nehmen muß, als
man es nimmt, wenn man nur
gewissermaßen seine Lieblingsmeinung
auseinandersetzt.
Dr. Roman
Boos: Darf
ich
mir noch gestatten, die Frage an den
Herrn Referenten zu richten in bezug
auf das, was eben auf
strafrechtlichem Gebiet gefragt
worden ist? Nun,wenn von der
Freiheit der Richter gesprochen
worden ist, ob damit auch ein
Verstoß gegen den Satz gemeint ist,
daß keine Strafe ohne Gesetz
ausgesprochen werden soll — wie mir
scheint, ist das so gemeint, daß das
Strafgesetz als solches doch nicht
aus dem Gebiet des freien
Geisteslebens heraus gegeben werden
soll, sondern aus der politischen
Instanz, daß die Frage
wahrscheinlich ein Mißverständnis
enthält bei dem Herrn Dr. Weiß, der
gemeint hat, es werde ein Verstoß
gegen das Prinzip gefordert, daß
keiner zu einer Strafe verurteilt
werden kann, der nicht ein
bestimmtes Gesetz übertreten hat. —
Darf ich vielleicht noch bitten,
sich dazu zu äußern?
Dr. Steiner:
Nicht
wahr, in dieser Frage berühren sich
ja selbstverständlich das System
des öffentlichen Rechts mit dem
System der praktischen
Gerichtsbarkeit. Was ich betont
habe, ist die Trennung des
praktischen Richtens. Deshalb habe
ich den Ausdruck «Richten»
gebraucht, ausdrücklich des
praktischen Richtens von dem
allgemeinen öffentlichen
Rechtsleben, das ich bei dem
gesunden sozialen Organismus im
politischen Staat zentralisiert so
denken muß, daß der gesunde soziale
Organismus
in seinem öffentlichen Rechtsleben
dafür sorgen muß, daß entsprechend nach einem
von ihm bestimmten Gesetze verfahren
werden muß. Daß nicht in der
willkürlichsten Weise gerichtet werden
kann, das ist ganz selbstverständlich.
Aber ich habe nicht an solche Dinge
gedacht, die abstrakt sind und die in
ihrer Abstraktheit mehr oder weniger
selbstverständlich sind. Ich habe auch
heute nicht über, sagen wir, den
Wirkungsbereich des Rechtes zu
sprechen gehabt, sondern ich habe über
den sozialen Organismus und über
soziales Wollen zu sprechen gehabt.
Und da bitte ich Sie, im Sinne des
Themas das Folgende zu bedenken.
Sehen Sie, ich habe
eine fast ebensolange Zeit meines
Lebens in Österreich zugebracht wie
in Deutschland. Ich habe das
österreichische Leben gründlich
kennenlernen können; Sie dürfen mir
glauben, daß es nicht eine abrupte
Behauptung ist, wenn ich sage, daß
vieles von dem, was im
österreichischen sogenannten Staate in
letzter Zeit geschehen ist,
zusammenhängt mit Ereignissen, die
sich gerade in den siebziger,
achtziger Jahren des vorigen
Jahrhunderts als tiefe Mißverhältnisse
ergeben haben. Vergessen Sie nicht,
daß in einem solchen Staate wie
Österreich—auf anderen Gebieten würde
sich das nicht in so radikaler Weise
charakterisieren lassen, aber
vorhanden ist es in dieser oder jener
Form auch —, besonders weil in
Österreich durcheinandergeschoben sind
die verschiedenen Sprachgebiete, Sie
es zum Beispiel erleben konnten, daß
ein Deutscher, weil er gerade
zufällig in irgendeinen
Gerichtssprengel hineingehörte, in
dem ein tschechischer Richter
amtierte, der nicht Deutsch konnte,
daß er abgeurteilt wurde von einem
tschechischen Richter in einer
Sprache, die er nicht verstand. Er
wußte nicht, was über ihn geurteilt
wurde und was geschah mit ihm; er
merkte nur, daß man ihn abführte.
Ebenso war es umgekehrt der Fall, wenn
ein deutscher Richter, der nicht
Tschechisch verstand, einen Tschechen
aburteilte, der kein Deutsch verstand.
Was ich meine, ist die individuelle
Gestaltung, die freie Gestaltung des
Verhältnisses des zu Verurteilenden
zum Richter.
Also ein solcher Staat
wie Österreich hätte hiervon einen
großen Erfolg zu erwarten. Aber
dieser Impuls hätte erfordert, daß
immer, für vielleicht fünf oder zehn
Jahre — die Verhältnisse verschieben
sich fortwährend —, jedenfalls von
dem zu Verurteilenden oder zu
Richtenden sein Richter hätte gewählt
werden können, in freier Wahl des
Richters.
(Lücke im Stenogramm)
Das ist einfach ein
Gegenstand gar nicht des geistigen
Lebens, sondern es ist von vornherein
ein Gegenstand des Lebens im
Rechtsstaat; dafür, daß also nur nach
einem Gesetze gerichtet wird, welches
bestanden hat, als die Tat begangen
worden ist, wird das zweite, das
staatliche Gesetz, als zu seiner
Kompetenz rechnend, schon sorgen; es
wird schon für jeden Fall seine
Konsequenzen ziehen,
selbstverständlich.
Aber die Frage ist eine
ganz andere; wenn Sie die Dinge
genauer nehmen, so werden Sie sehen,
daß alle Lösungen dieser Fälle sehr,
sehr konsequent sich ergeben. Ich
konnte Ihnen ja heute nur die
allerersten Voraussetzungen sagen;
ich müßte sonst nicht nur die ganze
Nacht, sondern auch noch am morgigen
Tage weiter reden.
|