| 
                                
                                 | 
                               
                               | 
                               
                               | 
                             
                            
                              | 
                                
                                 | 
                               
                               | 
                             
                            
                              
                                
                                  
                                  
                                    
                                      
                                        
                                          
                                            
                                              QUATRIÈME
                                                          CONFÉRENCE  
                                                ANTHROPOSOPHIE ET ÉVOLUTION
                                                  DU MONDE
                                                
                                                  Du point de vue géographique 
                                                Vienne, le 4
                                                          juin 1922 | 
                                              VIERTER
                                                          VORTRAG
                                                 
                                                 ANTHROPOSOPHIE
                                                            UND WELTENTWICKELUNG
                                                 Wien, 4. Juni
                                                          1922 | 
                                             
                                          
                                         
                                          
                                       | 
                                     
                                    
                                       
                                       | 
                                     
                                  
                                 
                                 | 
                                | 
                             
                            
                              
                                
                                  
                                  
                                    
                                       
                                       | 
                                      Les
                                        références Rudolf Steiner Œuvres
                                        complètes ga 083 108-134 (1981)
                                        04/06/1922 
                                         
                                        
                                       | 
                                     
                                  
                                 
                                 | 
                               
                               | 
                             
                            
                              | 
                                
                                 | 
                               
                               | 
                             
                            
                               
                               | 
                               
                               | 
                               
                               | 
                             
                          
                         
                        
                        
                          
                          
                          
                            
                              | Traducteur:
                                FG v.01 03/03/2022 | 
                              Editeur: SITE | 
                             
                            
                              
                                
                                  
                                    
                                       
                                         
                                      
                                        
                                          | 
                                              Mes très chers présents ! De
                                              même que l'on peut décrire les
                                              conditions de la terre selon le
                                              principe d'une géographie
                                              physique, de même les impulsions
                                              spirituelles qui agissent sur la
                                              terre et qui ont déjà été plus ou
                                              moins caractérisées dans ces
                                              conférences peuvent être décrites
                                              dans une sorte de géographie
                                              spirituelle - en particulier
                                              l'interaction des impulsions
                                              orientales et occidentales de la
                                              vie spirituelle de l'humanité avec
                                              toutes leurs différentes
                                              différenciations. Ce qui doit être
                                              dit aujourd'hui dans cette
                                              intention ne peut toutefois être
                                              qu'esquissé ; mais il s'agit aussi
                                              plus de trouver un point de vue
                                              particulier pour certaines choses
                                              qui ont déjà été caractérisées ici
                                              que de faire une description tout
                                              à fait détaillée. 
                                           | 
                                          
                                              01 
                                           | 
                                          
                                              Meine sehr
                                              verehrten Anwesenden! Wie man die
                                              Verhältnisse der Erde schildern
                                              kann nach dem Prinzip einer
                                              physischen Geographie, so lassen
                                              sich wohl auch die in diesen
                                              Vorträgen schon mehr oder weniger
                                              charakterisierten geistigen
                                              Impulse, die über die Erde hin
                                              wirken, in einer Art geistiger
                                              Geographie schildern -
                                              insbesondere das Zusammenwirken
                                              der östlichen und westlichen
                                              Impulse des geistigen Lebens der
                                              Menschheit mit all ihren
                                              verschiedenen Differenzierungen.
                                              Was in dieser Absicht heute gesagt
                                              werden soll, kann allerdings nur
                                              ganz skizzenhaft geschehen; aber
                                              es handelt sich auch mehr darum,
                                              einen besonderen Gesichtspunkt für
                                              mancherlei zu finden, was hier
                                              schon charakterisiert worden ist,
                                              als um eine ganz eingehende
                                              Schilderung. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Lorsqu'il est regardé vers
                                              l'Orient - dont le rapport avec
                                              l'Occident est si souvent évoqué
                                              par l'expression symbolique selon
                                              laquelle la lumière vient de
                                              l'Orient -, alors l'humain
                                              occidental, l'humain de la
                                              civilisation moderne en général, a
                                              quand même l'impression d'une vie
                                              de l'esprit onirique. Par rapport
                                              à l'habitude de la vie de l'esprit
                                              moderne à des concepts aux
                                              contours nets et précis, à des
                                              concepts qui s'appuient
                                              étroitement sur ce qui peut
                                              devenir une observation
                                              extérieure, les représentations de
                                              l'Orient, souvent mobiles,
                                              fluctuantes, qui ne s'appuient pas
                                              aussi directement sur des éléments
                                              extérieurs aux contours nets, ont
                                              l'air d'un rêve. 
                                           | 
                                          
                                              02 
                                           | 
                                          
                                              Wenn nach dem Osten
                                              geschaut wird - von dessen
                                              Verhältnis zum Westen so häufig
                                              das symbolische Wort gebraucht
                                              wird, das Licht komme aus dem
                                              Osten -, dann erhält der westliche
                                              Mensch, der Mensch der neueren
                                              Zivilisation überhaupt, doch den
                                              Eindruck eines traumhaften
                                              Geisteslebens. Gegenüber der
                                              Gewöhnung des modernen
                                              Geisteslebens an scharfumrissene,
                                              scharfkonturierte Begriffe, an
                                              Begriffe, die sich eng anlehnen an
                                              das, was äußerliche Beobachtung
                                              werden kann, nehmen sich die
                                              vielfach beweglichen,
                                              fluktuierenden, nicht so
                                              unmittelbar an Äußerliches in
                                              scharfen Konturen sich anlehnenden
                                              Vorstellungen des Ostens traumhaft
                                              aus. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Il faut dire que c'est à partir
                                              de cette vie de l'esprit onirique,
                                              qui s'est exprimée dans les poèmes
                                              les plus magnifiques, dans les
                                              Vedas, que se sont développés les
                                              concepts pointus d'une philosophie
                                              globale, comme la philosophie du
                                              Vedanta ; des concepts qui ne sont
                                              pas obtenus par la comparaison de
                                              faits extérieurs, par l'analyse ;
                                              des concepts qui sont nés, je
                                              dirais, de la vie de l'esprit
                                              vécue intérieurement, saisie
                                              intérieurement. 
                                           | 
                                          
                                              03 
                                           | 
                                          
                                              Wobei man
                                              allerdings sagen muß, daß aus
                                              diesem traumhaften Geistesleben,
                                              das sich ja in den herrlichsten
                                              Dichtungen, in den Veden,
                                              ausgelebt hat, wiederum die
                                              scharfen Begriffe einer
                                              umfassenden Philosophie, etwa der
                                              Vedantaphilosophie, sich
                                              entwickelt haben; Begriffe, die
                                              nicht gewonnen sind durch
                                              Vergleich äußerer Tatsachen, durch
                                              Analyse; Begriffe, die, ich möchte
                                              sagen, herausgeboren sind aus dem
                                              innerlich erlebten, innerlich
                                              ergriffenen Geistesleben. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais lorsque cette vie de
                                              l'esprit onirique agit sur nous,
                                              lorsque nous nous adonnons à cette
                                              vie de l'esprit avec un certain
                                              amour intérieur et que nous ne
                                              faisons tout d'abord pas attention
                                              au fait qu'elle soit très
                                              différente de la nôtre, nous
                                              recevons quand même une impression
                                              singulière. En effet, on ne peut
                                              pas s'arrêter à cette vie de
                                              l'esprit si on, aimerais-je dire,
                                              la laisse agir sur son âme dans
                                              ses différentes configurations. On
                                              ne peut pas simplement absorber
                                              les représentations, les idées que
                                              l'on y reçoit. En recevant de
                                              telles représentations, de telles
                                              idées, que ce soit de la poésie,
                                              de la philosophie de l'Orient, ou
                                              des formes de cette poésie, de
                                              cette philosophie, qui, devenues
                                              vieilles, se sont maintenues en
                                              Orient jusqu'à aujourd'hui, alors
                                              on reçoit un besoin spirituel
                                              intérieur d'aller au-delà de ces
                                              images, de ces idées, de ces
                                              représentations ; et quelque chose
                                              apparaît alors devant le coup
                                              d'œil de l'âme. Nous ne pouvons
                                              souvent pas faire autrement,
                                              lorsqu'une telle idée orientale
                                              surgit du rapport de comment
                                              l'humain s'approche du mystère et
                                              de la création mystérieuse de la
                                              nature et du monde, nous ne
                                              pouvons pas faire autrement,
                                              lorsque nous laissons cette image
                                              agir sur nous, que de laisser
                                              grandir devant nous en esprit ce
                                              qui est également le symbole d'une
                                              telle notion en Orient : la fleur
                                              de lotus, comme elle enroule ses
                                              feuilles autour de ce qui doit
                                              être mystérieusement caché. Et si
                                              nous nous plongeons avec un peu
                                              d'amour dans les concepts aux
                                              multiples mouvements, dans les
                                              concepts qui sont plus aptes à
                                              toucher délicatement les choses
                                              extérieures et à les entourer
                                              comme d'un souffle de brume qu'à
                                              les saisir dans des contours
                                              précis, nous ne pouvons pas nous
                                              empêcher de nous plonger dans les
                                              ramifications de ces concepts,
                                              dans cet enchevêtrement, que de
                                              voir surgir devant notre âme toute
                                              la végétation de l'Orient qui
                                              s'enchevêtre et se ramifie, ainsi
                                              que tout ce qu'alors la main
                                              humaine, l'esprit humain et la
                                              culture ont ensuite produit à
                                              partir de pierres et d'autres
                                              produits du travail dans le sens
                                              de ces concepts qui s'écoulent et
                                              se ramifient. 
                                           | 
                                          
                                              04 
                                           | 
                                          
                                              Wenn dieses
                                              traumhafte Geistesleben aber auf
                                              uns wirkt, wenn wir uns mit einer
                                              gewissen inneren Liebe diesem
                                              Geistesleben hingeben und zunächst
                                              nicht darauf achten, wie sehr es
                                              von dem unsrigen verschieden ist,
                                              dann bekommen wir doch einen
                                              eigentümlichen Eindruck. Man kann
                                              nämlich bei diesem Geistesleben,
                                              wenn man es, ich möchte sagen, in
                                              seinen verschiedenen
                                              Konfigurationen in der Breite auf
                                              seine Seele wirken läßt, nicht
                                              stehenbleiben. Man kann nicht
                                              Vorstellungen, Ideen, die man da
                                              empfängt, einfach aufnehmen. Indem
                                              man solche Vorstellungen, solche
                                              Ideen empfängt, sei es aus der
                                              Dichtung, sei es aus der
                                              Philosophie des Ostens, auch aus
                                              den Gestaltungen dieser Dichtung,
                                              dieser Philosophie, die sich als
                                              altgewordene im Orient bis heute
                                              erhalten haben, dann bekommt man
                                              ein inneres geistiges Bedürfnis,
                                              über diese Bilder, über diese
                                              Ideen, über diese Vorstellungen
                                              hinauszugehen; und es taucht vor
                                              dem Seelenblick dann etwas auf.
                                              Wir können oftmals gar nicht
                                              anders, wenn solch eine
                                              orientalische Idee auftaucht von
                                              dem Verhältnis, wie sich der
                                              Mensch nähert dem Geheimnis und
                                              dem geheimnisvollen Schaffen der
                                              Natur und der Welt, wir können
                                              nicht anders, wenn wir dieses Bild
                                              auf uns wirken lassen, als vor uns
                                              im Geiste das erwachsen zu lassen,
                                              was auch dem Orient Symbolum ist
                                              für einen solchen Begriff: die
                                              Lotusblume, wie sie ihre Blätter
                                              herumschlingt um das, was
                                              geheimnisvoll verborgen sein soll.
                                              Und wenn wir uns mit einiger Liebe
                                              hineinversenken in die vielfach
                                              beweglichen Begriffe, in die
                                              Begriffe, welche mehr geeignet
                                              sind, die äußeren Dinge zart zu
                                              berühren und wie mit einem
                                              Nebelhauch zu umgeben, als sie in
                                              scharfen Konturen zu fassen,
                                              können wir nicht anders, wenn wir
                                              uns in die Verzweigungen dieser
                                              Begriffe, in dieses sich
                                              Verschlingende hineinversetzen,
                                              als vor unserer Seele auftauchen
                                              zu sehen die ganze sich
                                              verschlingende, verästelnde
                                              Vegetation des Orients und auch
                                              alles das, was dann die
                                              menschliche Hand, der menschliche
                                              Geist und die Kultur aus Steinen
                                              und anderen Arbeitsprodukten
                                              hervorgebracht hat im Sinne dieser
                                              verfließenden, sich verzweigenden
                                              Begriffe. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              On a la permission de dire que
                                              l'âme ne peut pas faire autrement,
                                              lorsqu'elle s'approfondit dans ces
                                              représentations, dans ces
                                              concepts, que de voir se lever
                                              devant elle une nature qui, dans
                                              sa vie, dans toute sa diversité,
                                              dans son activité pleine de
                                              fantaisie, est semblable à ce que
                                              l'âme vit dans les concepts, dans
                                              les représentations de cette
                                              création de l'esprit orientale. 
                                           | 
                                          
                                              05 
                                           | 
                                          
                                              Man darf sagen: die
                                              Seele kann gar nicht anders, wenn
                                              sie sich in diese Vorstellungen,
                                              in diese Begriffe vertieft, als
                                              vor sich eine Natur aufgehen zu
                                              sehen, die in ihrem Leben, in
                                              ihrer ganzen Mannigfaltigkeit, in
                                              ihrem phantasievollen Wirken dem
                                              ähnlich ist, was von der Seele in
                                              den Begriffen, in den
                                              Vorstellungen dieses
                                              orientalischen Geistesschaffens
                                              erlebt wird. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Il ne me semble pas qu'il y ait
                                              une raison extérieure pour passer
                                              de cette création de l'esprit à
                                              une "observation fidèle de la
                                              nature", mais il me semble que
                                              dans les représentations et les
                                              concepts orientaux eux-mêmes se
                                              trouvent les impulsions pour ne
                                              pas simplement les accepter, mais
                                              pour les appliquer au monde
                                              extérieur. Et si les Européens ont
                                              peut-être le sentiment que tout
                                              cela ne peut pas être appliqué au
                                              monde extérieur, précisément à
                                              cause de son caractère flou et
                                              souvent fantastique, alors on peut
                                              se demander : oui, comment peut-on
                                              suivre, avec des concepts aux
                                              contours précis, les formations
                                              nuageuses fluctuantes, qui
                                              apparaissent rapidement sous les
                                              formes les plus diverses ? Mais il
                                              faut aussi suivre de telles formes
                                              en ce qui concerne la création de
                                              la nature, si l'on veut observer
                                              cette création dans sa
                                              manifestation immédiate telle
                                              qu'elle se présente aux sens
                                              humains et à l'âme humaine. 
                                           | 
                                          
                                              06 
                                           | 
                                          
                                              Mir scheint kein
                                              äußerer Anlaß vorhanden zu sein,
                                              von diesem Geistesschaffen zu
                                              einer «getreulichen
                                              Naturbeobachtung» überzugehen,
                                              sondern es scheint mir, daß in den
                                              orientalischen Vorstellungen und
                                              Begriffen selber die Impulse
                                              liegen dafür, sie nicht einfach
                                              hinzunehmen, sondern sie
                                              anzuwenden auf die äußere Welt.
                                              Und wenn vielleicht die Europäer
                                              das Gefühl haben: das läßt sich
                                              nicht alles auf die äußere Welt
                                              anwenden  eben wegen seiner
                                              Verschwommenheit, wegen seines
                                              ihnen oftmals phantastisch
                                              erscheinenden Charakters -, dann
                                              darf man fragen: Ja, wie soll man
                                              denn mit scharfkonturierten
                                              Begriffen den fluktuierenden, in
                                              den mannigfaltigsten Formen
                                              schnell wechselnd erscheinenden
                                              Wolkengebilden folgen? Solchen
                                              Gebilden aber muß man auch folgen
                                              in bezug auf das Schaffen der
                                              Natur, wenn man dieses Schaffen im
                                              unmittelbaren Offenbaren, wie es
                                              sich hinstellt vor die
                                              menschlichen Sinne und die
                                              menschliche Seele, beobachten
                                              will. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Pourquoi en est-il ainsi ? Il me
                                              semble qu'il ne peut y avoir
                                              d'autre raison que le fait que,
                                              dans ce qui nous parvient de cette
                                              création spirituelle orientale,
                                              vit un élément à partir duquel il
                                              fut jadis
                                              directement/immédiatement créé. 
                                           | 
                                          
                                              07 
                                           | 
                                          
                                              Warum ist dies so?
                                              Mir scheint, es kann keinen
                                              anderen Grund dafür geben als den,
                                              daß einfach in dem, was da von
                                              diesem östlichen Geistesschaffen
                                              zu uns herübertönt, ein Element
                                              lebt, aus dem es einstmals
                                              unmittelbar geschaffen wurde. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              À l'époque où l'Oriental formait
                                              précisément ce qu'il y avait de
                                              plus grandiose dans sa vision du
                                              monde, qui s'est ensuite souvent
                                              transmise à ses descendants dans
                                              un état décadent, l'Orient créait
                                              tout avec un amour dévoué. L'amour
                                              vit dans chacune de ses idées,
                                              dans chacun de ses concepts et de
                                              ses images, et nous ressentons
                                              l'amour dans ces idées, dans ces
                                              concepts et dans ces images.
                                              L'amour veut s'écouler dans les
                                              objets. Et il s'écoule de manière
                                              conforme à la nature et fait
                                              apparaître comme par magie devant
                                              les yeux de notre âme ce que
                                              l'Oriental représentait aussi par
                                              des symboles - avec une
                                              compréhension intime de maintes
                                              choses suprasensibles - lorsqu'il
                                              voulait représenter ce qu'il
                                              éprouvait comme spirituel dans les
                                              choses. Bien entendu, il ne s'agit
                                              pas d'affirmer qu'une telle
                                              configuration d'esprit, répandue
                                              sur toute la terre, puisse être
                                              une pleine bénédiction pour
                                              l'évolution mondiale. Mais
                                              puisqu'elle est apparue une fois
                                              en un point du globe et qu'elle a
                                              souvent répandu ses effets sur
                                              d'autres régions de la vie
                                              terrestre, elle doit être
                                              envisagée sans préjugé,
                                              précisément à une époque où
                                              l'entente entre les humains doit
                                              être établie. 
                                           | 
                                          
                                              08 
                                           | 
                                          
                                              In der Zeit, als
                                              der Orientale gerade das
                                              Großartigste seiner Weltanschauung
                                              ausbildete, das sich dann auf die
                                              Nachkommen vielfach in dekadentem
                                              Zustand übertragen hat, schuf der
                                              Osten alles mit hingebender Liebe.
                                              In jeder seiner Ideen, in jedem
                                              seiner Begriffe und seiner Bilder
                                              lebt die Liebe, und die Liebe
                                              verspüren wir in diesen Ideen, in
                                              diesen Begriffen und Bildern. Die
                                              Liebe will. ausfließen in die
                                              Objekte. Und sie fließt
                                              naturgemäßerweise aus und zaubert
                                              das vor unser Seelenauge hin, was
                                              der Orientale auch an Symbolen
                                              hinstellte - mit innigem
                                              Verständnis von manchem, was
                                              übersinnlich wirkt -, wenn er
                                              hinstellen wollte, was er als
                                              Geistiges in den Dingen empfand.
                                              Selbstverständlich soll damit
                                              nicht behauptet werden, daß eine
                                              solche Geisteskonfiguration, etwa
                                              über die ganze Erde ausgebreitet,
                                              der Weltentwickelung zum vollen
                                              Segen gereichen könne. Aber da sie
                                              einmal an einem Fleck der Erde
                                              aufgetaucht ist und vielfach ihre
                                              Wirkung ausgegossen hat über
                                              andere Gebiete des Erdenlebens, so
                                              muß sie eben gerade in einem
                                              Zeitalter, wo Verständigung unter
                                              den Menschen herbeigeführt werden
                                              soll, unbefangen ins Auge gefaßt
                                              werden. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Considérons au contraire ce qui
                                              s'est développé comme une vision
                                              particulière, certainement non
                                              moins justifiée, mais sous une
                                              forme tout à fait différente, plus
                                              orientée vers l'Occident - et nous
                                              vivons aussi beaucoup dans cet
                                              Occident à cet égard -. Nous y
                                              voyons comment on considère et
                                              doit considérer comme un idéal que
                                              l'on se retire de ce que les sens
                                              observent immédiatement, ce qui
                                              est étalé dans l'espace et dans le
                                              temps, et d'examiner ce que la
                                              nature offre, ce qui devrait
                                              conduire au mystère du monde,
                                              selon la position dans l'espace,
                                              le mouvement, la mesure et le
                                              poids, de découper ce qui se
                                              présente directement à l'œil, de
                                              le prendre sous le microscope et
                                              de se former alors des
                                              représentations qui ne peuvent
                                              justement se donner que sous le
                                              microscope. 
                                           | 
                                          
                                              09 
                                           | 
                                          
                                              Stellen wir dagegen
                                              dasjenige, was ganz gewiß nicht
                                              mit minderer Berechtigung, aber in
                                              ganz anderer Gestalt, mehr nach
                                              dem Westen hin - und wir leben
                                              auch in dieser Beziehung durchaus
                                              vielfach in diesem Westen drinnen
                                              - als eine besondere Anschauung
                                              sich entwickelt hat. Da sehen wir,
                                              wie als ein Ideal betrachtet wird
                                              und betrachtet werden muß, daß man
                                              sich gerade zurückzieht vor dem,
                                              was unmittelbar die Sinne
                                              beobachten, was ausgebreitet da
                                              draußen im Raum und in der Zeit
                                              liegt, und daß man das, was die
                                              Natur darbietet, was zum
                                              Weltgeheimnis führen soll, nach
                                              räumlicher Lage, nach Bewegung,
                                              nach Maß und Gewicht prüft, daß
                                              man das, was sich unmittelbar dem
                                              Auge darstellt, zerschneidet,
                                              unter das Mikroskop nimmt und dann
                                              sich Vorstellungen bildet, die
                                              sich eben nur unter dem Mikroskop
                                              ergeben können. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Transposons-nous bien une fois
                                              dans nos laboratoires : comment
                                              sommes-nous alors équipés de ces
                                              concepts qui, au fond, sont
                                              obtenus tout à fait en dehors de
                                              l'observation immédiate. Comment
                                              observons-nous aujourd'hui la
                                              lumière qui traverse le monde ?
                                              Comment la considérons-nous avec
                                              des concepts déduits ? Il faut
                                              bien qu'il y en ait, sinon nous
                                              n'arriverions pas à une
                                              compréhension. Mais combien est
                                              éloigné ce que nous trouvons
                                              maintes fois enregistré dans notre
                                              création spirituelle de la lumière
                                              et des couleurs, de ce qui se
                                              présente à nous dans les forêts et
                                              les prés, dans les formations
                                              nuageuses, dans le soleil. Nous
                                              pouvons dire que ce que nous
                                              formons dans nos concepts aux
                                              contours précis, avec la balance,
                                              avec la règle, avec les types les
                                              plus divers d'appareils de
                                              comptage et ainsi de suite, ce qui
                                              nous conduit dans certaines
                                              profondeurs de l'existence de la
                                              nature et résout bien des énigmes,
                                              ne nous rapproche pas tout d'abord
                                              de l'observation immédiate de la
                                              nature. On peut bien dire que
                                              l'humain tourne son attention vers
                                              l'observation des sens et qu'il
                                              essaie ensuite de tirer sa vision
                                              du monde de l'observation des
                                              sens. Au fond, ce n'est pas du
                                              tout le cas. Ce que nous fondons
                                              comme vision scientifique du monde
                                              est très éloigné de ce que les
                                              sens observent. 
                                           | 
                                          
                                              10 
                                           | 
                                          
                                              Versetzen wir uns
                                              nur einmal recht in unsere
                                              Laboratorien: wie wir dann
                                              ausgerüstet sind mit diesen
                                              Begriffen, die im Grunde genommen
                                              ganz abseits von der unmittelbaren
                                              Beobachtung gewonnen werden. Wie
                                              betrachten wir heute das durch die
                                              Welt flutende Licht! Wie
                                              betrachten wir es mit abgezogenen
                                              Begriffen! Sie müssen ja sein,
                                              sonst würden wir nicht zum
                                              Verständnis kommen. Aber wie weit
                                              ist das entfernt, was wir in
                                              unserem geistigen Schaffen von dem
                                              Licht und den Farben vielfach
                                              verzeichnet finden, von dem, was
                                              uns entgegentritt in Wald und
                                              Wiese, in Wolkengebilden, bei der
                                              Sonne. Wir können sagen, das, was
                                              wir ausbilden in unseren
                                              scharfkonturierten Begriffen mit
                                              der Waage, mit dem Maßstab, mit
                                              den verschiedensten Arten von
                                              Zählapparaten und so weiter, was
                                              uns in gewisse Untiefen des
                                              Naturdaseins hineinführt und
                                              manches Rätsel löst, das bringt
                                              uns zunächst nicht an die
                                              unmittelbare Naturbeobachtung
                                              heran. Man kann ut sagen, der
                                              Mensch wende seine Aufmerksamkeit
                                              der Sinnesbeobachtung zu und
                                              versuche dann, aus der
                                              Sinnesbeobachtung seine
                                              Weltanschauung zu gewinnen. Das
                                              ist ja im Grunde genommen gar
                                              nicht der Fall. Weit entfernt ist
                                              das, was wir als wissenschaftliche
                                              Weltanschauung begründen, von dem,
                                              was die Sinne beobachten. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              En fait, nous devons dire que si
                                              nous fondons notre connaissance
                                              avec les outils de notre science,
                                              avec lesquels nous venons
                                              peut-être d'obtenir les plus beaux
                                              fruits de notre science de la
                                              nature actuelle, alors nous
                                              devons, si nous voulons à notre
                                              tour atteindre la nature, d'abord
                                              commuter quelque chose dans notre
                                              âme. Si nous sommes botanistes, si
                                              nous avons beaucoup observé au
                                              microscope, si nous avons appris à
                                              connaître la vie des cellules, si
                                              nous nous sommes fait des idées à
                                              partir de la façon atomisante
                                              d'aujourd'hui, alors nous devons
                                              commuter quelque chose dans notre
                                              âme pour à nouveau avoir de
                                              l'amour au monde végétal immédiat,
                                              florissant et verdoyant. Si nous
                                              nous sommes fait une
                                              représentation de science de la
                                              nature de l'édifice de l'animal et
                                              de l'humain, nous devons à nouveau
                                              commuter quelque chose en nous si
                                              nous voulons parvenir à
                                              l'observation directe/immédiate de
                                              la forme et de l'activité de
                                              l'animal, si nous devions nous
                                              réjouir de voir l'animal s'ébattre
                                              sur le pré, ou s'il tourne vers
                                              nous son regard mélancolique ou
                                              silencieux, ou s'il nous regarde
                                              avec confiance. Justement ainsi,
                                              nous devons changer quelque chose
                                              dans notre âme si nous voulons
                                              nous projeter dans ce que l'œil
                                              peut regarder, en dirigeant son
                                              regard vers la forme humaine, en
                                              suivant la configuration des
                                              surfaces avec un regard artistique
                                              et ainsi de suite. L'Oriental n'a
                                              pas besoin de commuter. Ce qu'il
                                              appelait sa science le conduisait,
                                              en ce qu'il le vivait
                                              imprégné/l'âme parcourue d'amour,
                                              dehors à la vision immédiate.
                                              Celle-ci était très immédiatement
                                              l'écho de ce qu'il vivait dans
                                              l'âme. 
                                           | 
                                          
                                              11 
                                           | 
                                          
                                              Wir müssen
                                              eigentlich sagen: Wenn wir, mit
                                              dem Rüstzeug unserer Wissenschaft
                                               mit dem wir vielleicht gerade
                                              die schönsten Früchte unserer
                                              gegenwärtigen Naturwissenschaft
                                              gewonnen haben  ausgestattet,
                                              unsere Erkenntnis begründen, dann
                                              müssen wir, wenn wir wiederum an
                                              die Natur herankommen wollen, erst
                                              etwas in unserer Seele umschalten.
                                              Sind wir Botaniker, haben wir viel
                                              mikroskopiert, haben wir das Leben
                                              der Zellen kennengelernt, haben
                                              wir uns Vorstellungen gemacht aus
                                              der atomisierenden Art von heute,
                                              dann müssen wir in der Seele etwas
                                              umschalten, um wiederum Liebe zu
                                              haben zu der unmittelbaren
                                              blühenden und grünenden
                                              Pflanzenwelt. Wir müssen, wenn wir
                                              uns eine naturwissenschaftliche
                                              Vorstellung gemacht haben vom Bau
                                              des Tieres und des Menschen, etwas
                                              in uns wiederum umschalten, wenn
                                              wir vordringen wöllen zur
                                              unmittelbaren Beobachtung der
                                              tierischen Gestalt und Tätigkeit,
                                              wenn wir uns freuen sollen, wie
                                              sich das Tier auf der Wiese
                                              tummelt, oder wenn es uns seinen
                                              melancholischen oder stieren Blick
                                              zuwendet oder uns zutraulich
                                              anschaut. Ebenso müssen wir etwas
                                              in unserer Seele umschalten, wenn
                                              wir uns hineinversetzen wollen in
                                              das, was das Auge schauen kann,
                                              indem es den Blick richtet auf die
                                              menschliche Gestalt, die
                                              Flächengestaltung verfolgt mit
                                              künstlerischem Blick und so
                                              weiter. Der Orientale braucht
                                              nicht umzuschalten. Das was er
                                              seine Wissenschaft nannte, führte
                                              ihn, indem er es von Liebe
                                              durchseelt erlebte, hinaus zu der
                                              unmittelbaren Anschauung. Die war
                                              ganz unmittelbar das Echo dessen,
                                              was er in der Seele erlebte. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Ce sont des différences
                                              d'humeur/d'ambiance dans la saisie
                                              du monde et de la vie en Orient et
                                              en Occident. Et ces différences
                                              d'ambiance interagissent de la
                                              manière la plus diverse chez
                                              l'humain du centre. Car dans ce
                                              que nous vivons dans notre âme
                                              scientifiquement, artistiquement
                                              et religieusement, afflue beaucoup
                                              de cette ambiance/atmosphère que
                                              je viens d'essayer de caractériser
                                              un peu comme celle qui souffle de
                                              l'Orient. Mais dans une autre
                                              relation, règne en nous quelque
                                              chose du vivre qui continue, qui
                                              est enflammé par cette
                                              scientificité que l'Occident a
                                              développée, qui est, j'aimerais
                                              dire, une scientificité et une
                                              connaissance jeunes par rapport à
                                              l'Orient devenu vieux. Et dans
                                              chaque âme de la civilisation
                                              médiane, ces deux courants
                                              affluent ensemble. Au fond, la vie
                                              qui nous entoure en Europe est une
                                              confluence, une confluence telle
                                              que nous avons aujourd'hui grand
                                              besoin de regarder avec une pleine
                                              compréhension ce qui conflue. 
                                           | 
                                          
                                              12 
                                           | 
                                          
                                              Das sind
                                              Stimmungsunterschiede in der Welt-
                                              und Lebensauffassung in Ost und
                                              West. Und diese
                                              Stimmungsunterschiede wirken in
                                              dem Menschen der Mitte in der
                                              mannigfaltigsten Weise zusammen.
                                              Denn in dem, was wir in unserer
                                              Seele wissenschaftlich,
                                              künstlerisch, religiös erleben, da
                                              flutet vieles von jener Stimmung,
                                              die ich eben ein wenig zu
                                              charakterisieren versuchte als die
                                              aus dem Orient herüberwehende. In
                                              anderer Beziehung waltet aber in
                                              uns wiederum etwas von dem
                                              Weiterleben, das entzündet ist von
                                              jener Wissenschaftlichkeit, die
                                              der Westen ausgebildet hat, die,
                                              ich möchte sagen, eine junge
                                              Wissenschaftlichkeit und
                                              Erkenntnis ist gegenüber der
                                              altgewordenen des Ostens. Und in
                                              jeder Seele der mittleren
                                              Zivilisation fluten diese beiden
                                              Strömungen zusammen. Im Grunde
                                              genommen ist das Leben, das uns
                                              gerade in Europa umgibt, ein
                                              Zusammenfluten, ein solches
                                              Zusammenfluten, daß wir heute gar
                                              sehr nötig haben, mit vollem
                                              Verständnis hineinzuschauen in
                                              das, was da zusammenflutet. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              On peut encore caractériser
                                              d'une autre manière la manière
                                              dont les atmosphères de l'Orient
                                              et de l'Occident se touchent dans
                                              notre vie actuelle de l'esprit. 
                                           | 
                                          
                                              13 
                                           | 
                                          
                                              Man kann noch in
                                              anderer Weise charakterisieren,
                                              wie die Stimmungen des Ostens und
                                              des Westens einander in unserem
                                              gegenwärtigen Geistesleben
                                              berühren. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              De ce qui vient d'être décrit
                                              pour l'Orient, il ressort une
                                              chose pour l'Oriental. En
                                              s'immergeant dans sa vie de
                                              l'esprit, il vit cette vie de
                                              l'esprit comme une réalité
                                              immédiate, il la porte
                                              immédiatement dans son âme comme
                                              la réalité qui lui est évidente.
                                              Alors la nature extérieure, et en
                                              général tout le monde extérieur
                                              jusqu'aux formations stellaires,
                                              lui apparaît comme un écho, qui
                                              est pourtant au fond la même chose
                                              que ce qu'il porte en son
                                              intérieur. Mais ce qui lui résonne
                                              là comme un écho, ce qui lui
                                              apparaît comme un reflet, il ne
                                              peut pas l'aborder comme une
                                              réalité dans le même sens qu'il
                                              peut aborder comme une réalité ce
                                              qu'il vit immédiatement dans son
                                              psychisme/ce qui lui est d'âme. Ce
                                              qu'il vit dans le psychisme, il y
                                              est lié, il en dit que c'est parce
                                              qu'il éprouve son être comme son
                                              propre être, parce qu'il sait donc
                                              quel genre d'être lui revient.
                                              S'il regarde au dehors, là où le
                                              reflet de cet étant brille vers
                                              lui, alors il sait à sa façon :
                                              cela n'a pas dans le même sens
                                              réalité, ce n'est pas réalité dans
                                              le même sens. 
                                           | 
                                          
                                              14 
                                           | 
                                          
                                              Aus dem eben für
                                              den Osten Geschilderten geht für
                                              den Orientalen eines hervor. Indem
                                              er sich in sein Geistesleben
                                              einlebt, erlebt er dieses
                                              Geistesleben als unmittelbare
                                              Realität, er trägt es unmittelbar
                                              in seiner Seele als die ihm
                                              selbstverständliche Wirklichkeit.
                                              Dann erscheint ihm die äußere
                                              Natur, überhaupt die ganze äußere
                                              Welt bis zu den Sternengebilden
                                              hinauf, wie ein Echo, das aber im
                                              Grunde genommen dasselbe ist wie
                                              das, was er in seinem Innern
                                              trägt. Allein was ihm da wie ein
                                              Echo entgegentönt, was ihm wie ein
                                              Widerschein vorkommt, das kann er
                                              nicht in demselben Sinn als
                                              Wirklichkeit ansprechen, wie er
                                              das, was er unmittelbar in seinem
                                              Seelischen erlebt, als
                                              Wirklichkeit ansprechen kann. Was
                                              er im Seelischen erlebt, mit dem
                                              ist er verbunden, zu dem sagt er:
                                              es ist, weil er dessen Sein wie
                                              sein eigenes Sein empfindet, weil
                                              er daher weiß, welche Art des
                                              Seins ihm zukommt. Schaut er
                                              hinaus, wo ihm der Widerschein
                                              dieses Seienden entgegenleuchtet,
                                              dann weiß er in seiner Art: Das
                                              hat nicht in demselben Sinn
                                              Realität, das ist nicht in
                                              demselben Sinn Wirklichkeit. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Si je ne l'éclairais pas avec la
                                              lumière qui flue de mon propre
                                              intérieur, elle serait muette et
                                              sombre. Et en ressentant cela de
                                              plus en plus, il arrive à
                                              l'atmosphère d'âme qui dit : "La
                                              vérité, la réalité, elle vit dans
                                              ce que l'âme expérimente
                                              immédiatement. Ce qui brille là
                                              dehors en vis-à-vis de reflet,
                                              c'est justement l'apparence, c'est
                                              la Maya, ce n'est aucune pleine
                                              réalité, cela devient premièrement
                                              réalité lorsqu'il est touché par
                                              ce qui doit d'abord se révéler à
                                              travers le propre intérieur de
                                              l'âme humaine. 
                                           | 
                                          
                                              15 
                                           | 
                                          
                                              Würde ich es nicht
                                              durchleuchten mit dem Licht, das
                                              aus meinem eigenen Innern strömt,
                                              so wäre es stumm und dunkel. Und
                                              indem er dies immer mehr und mehr
                                              empfindet, kommt er zu der
                                              Seelenstimmung, die da sagt:
                                              Wahrheit, Wirklichkeit, sie lebt
                                              in dem, was die Seele unmittelbar
                                              erfährt. Was ihr da draußen als
                                              Widerschein entgegenleuchtet, das
                                              ist eben der Schein, das ist die
                                              Maja, das ist keine volle
                                              Wirklichkeit, das wird erst
                                              Wirklichkeit, wenn es von dem
                                              berührt wird, was sich durch das
                                              eigene menschliche Seeleninnere
                                              erst offenbaren muß. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              C'est ainsi que nous voyons se
                                              développer en Orient la façon de
                                              voir que le monde spirituel est la
                                              réalité, que le monde extérieur,
                                              le monde extérieur sensible, est
                                              le monde apparent, la grande
                                              illusion, la maja. 
                                           | 
                                          
                                              16 
                                           | 
                                          
                                              So sehen wir denn,
                                              wie da im Osten die Anschauung
                                              sich heranbildet, daß die geistige
                                              Welt die Wirklichkeit ist, daß die
                                              äußere Welt, die äußere sinnliche
                                              Welt, die scheinende Welt ist, die
                                              große Täuschung, die Maja. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais on n'a pas la permission de
                                              croire pour autant que l'Oriental
                                              détourne son coup d'œil de ce
                                              monde extérieur, comme absolument
                                              au temps prébouddhique. Il
                                              l'accepte, même si, dans un sens
                                              plus élevé, il doit s'avouer, à sa
                                              façon, qu'il n'a pas affaire à la
                                              pleine réalité, mais à une
                                              apparence, au grand non-être, à la
                                              Maya, dans ce qui est étalé dans
                                              l'espace et le temps. Mais cela
                                              répand à nouveau une atmosphère
                                              particulière sur la vie de l'âme
                                              de l'Orient, l'atmosphère par
                                              laquelle l'âme se sent reliée à un
                                              monde spirituel et par laquelle
                                              elle en vient à voir dans tout ce
                                              qui vit dans le monde extérieur
                                              des sens, dans une certaine mesure
                                              une image de la vraie forme
                                              originelle du monde qui est
                                              disponible dans l'esprit. Mais
                                              cela s'étend finalement à la
                                              vision que sa propre entité
                                              sensorielle humaine est aussi une
                                              image d'un être humain qui se
                                              tient originairement dans le monde
                                              spirituel. Et là, on aimerait dire
                                              que, d'une manière absolument
                                              uniforme, l'Oriental regarde le
                                              monde extérieur comme un monde de
                                              représentations/images décalquées
                                              (ndt Abbilder) d'un monde
                                              spirituel, de même qu'il se
                                              regarde lui-même comme une image
                                              de ce qu'il était avant de
                                              descendre dans le monde physique
                                              et sensoriel. 
                                           | 
                                          
                                              17 
                                           | 
                                          
                                              Man darf deshalb
                                              aber nicht glauben, daß der
                                              Orientale etwa seinen Blick - so
                                              in der vorbuddhistischen Zeit
                                              durchaus abwendet von dieser
                                              äußeren Welt. Er nimmt sie hin,
                                              wenn er auch in einem höheren Sinn
                                              sich eben in seiner Art gestehen
                                              muß, er habe es in dem, was
                                              ausgebreitet in Raum und Zeit
                                              liegt, nicht mit der vollen
                                              Wirklichkeit, sondern mit einem
                                              Schein zu tun, mit dem großen
                                              Nichtsein, mit der Maja. Das aber
                                              gießt wiederum eine besondere
                                              Stimmung aus über das Seelenleben
                                              des Orients, die Stimmung, durch
                                              die sich die Seele verbunden fühlt
                                              mit einer geistigen Welt und durch
                                              die sie dazu kommt, in all dem,
                                              was da lebt in der äußeren
                                              Sinneswelt, gewissermaßen ein
                                              Abbild zu sehen der wahren
                                              Urgestalt der Welt, die im Geiste
                                              vorhanden ist. Das aber dehnt sich
                                              zuletzt zu der Anschauung aus, daß
                                              auch die eigene menschliche
                                              Sinneswesenheit ein Abbild ist
                                              eines Menschenwesens, das in der
                                              geistigen Welt urständet. Und da
                                              möchte man sagen: In einer
                                              durchaus einheitlichen Weise
                                              schaut der Orientale die äußere
                                              Welt an als Welt von Abbildern
                                              einer geistigen Welt, ebenso wie
                                              er sich selbst als Abbild dessen
                                              ansieht, was er war, bevor er
                                              heruntergestiegen ist in die
                                              physisch-sinnliche Welt. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              De son point de vue, les deux
                                              visions, celle de l'humain et
                                              celle de la nature, sont
                                              absolument en harmonie/résonnance. 
                                           | 
                                          
                                              18 
                                           | 
                                          
                                              Beide,
                                              Menschenanschauung und
                                              Naturanschauung, stehen von seinem
                                              Gesichtspunkt aus durchaus im
                                              Einklang. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais comment cette résonnance
                                              est possible, comment elle n'est
                                              certes plus à la mesure de nos
                                              conceptions, mais comment elle
                                              exprime tout de même une vérité,
                                              même si c'est d'une certaine
                                              manière unilatérale, c'est ce qui
                                              peut nous être montré à nouveau
                                              lorsque nous abordons nous-mêmes
                                              la contemplation de ce sentiment
                                              de connaissance oriental avec les
                                              méthodes de recherche en sciences
                                              de l'esprit que j'ai décrites ici
                                              ces jours-ci. 
                                           | 
                                          
                                              19 
                                           | 
                                          
                                              Wie aber dieser
                                              Einklang möglich ist, wie er zwar
                                              nicht mehr unseren Anschauungen
                                              angemessen ist, wie er aber doch,
                                              wenn auch in einer gewissen
                                              einseitigen Weise, eine Wahrheit
                                              zum Ausdruck bringt, das kann sich
                                              uns wiederum zeigen, wenn wir mit
                                              den Methoden
                                              geisteswissenschaftlicher
                                              Forschung, die ich in diesen Tagen
                                              hier geschildert habe, selber an
                                              die Betrachtung dieser
                                              orientalischen Erkenntnisstimmung
                                              herantreten. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              J'ai donc expliqué comment, en
                                              éveillant les forces qui
                                              sommeillent dans l'âme, on peut
                                              parvenir à une vision du monde
                                              spirituel dans un sens adapté à
                                              l'humain moderne actuel, comment
                                              on peut à nouveau voir dans un
                                              monde spirituel, comment un monde
                                              spirituel commence à s'étendre
                                              pour l'humain, pour son œil
                                              spirituel, justement ainsi que le
                                              monde physico-sensible s'étend
                                              pour l'œil sensoriel. Mais si l'on
                                              se forme encore plus loin cette
                                              façon de voir, alors le monde
                                              spirituel ne reste pas simplement
                                              l'image panthéiste et nébuleuse
                                              d'un spirituel général, mais le
                                              monde spirituel devient alors
                                              aussi concret dans les différentes
                                              formes que le monde sensible l'est
                                              dans les différentes formes des
                                              règnes de la nature. Mais il en
                                              résulte alors une façon de voir
                                              l'humain que je veux caractériser
                                              aujourd'hui tout d'abord de
                                              manière comparative. 
                                           | 
                                          
                                              20 
                                           | 
                                          
                                              Ich habe ja
                                              auseinandergesetzt, wie man durch
                                              das Erwecken in der Seele
                                              schlummernder Kräfte zu einer
                                              Anschauung der geistigen Welt auch
                                              in einem Sinne kommen kann, der
                                              dem heutigen, dem modernen
                                              Menschen angemessen ist, wie man
                                              da wiederum hineinschauen kann in
                                              eine geistige Welt, wie sich eine
                                              geistige Welt für den Menschen,
                                              für sein Geistesauge ebenso
                                              auszubreiten beginnt, wie sich für
                                              das Sinnesauge die
                                              physich-sinnliche Welt ausbreitet.
                                              Bildet man aber diese Anschauung
                                              weiter aus, dann bleibt die
                                              geistige Welt nicht etwa bloß das
                                              pantheistische, nebulose Gebilde
                                              eines allgemein Geistigen, sondern
                                              dann wird die geistige Welt in den
                                              einzelnen Gebilden so konkret, wie
                                              die sinnliche Welt in den
                                              einzelnen Gebilden der Naturreiche
                                              konkret ist. Dann aber ergibt sich
                                              eine Anschauung über den Menschen,
                                              die ich heute zunächst
                                              vergleichsweise charakterisieren
                                              will. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Prenons une fois le fait qui se
                                              présente à nous à chaque instant
                                              de notre vie : nous avons une
                                              expérience extérieure, un vécu
                                              extérieur. Nous nous trouvons
                                              d'abord à l'intérieur de cette
                                              expérience extérieure, de cette
                                              expérience extérieure, nous nous y
                                              tenons avec notre perception
                                              sensorielle, nous en faisons
                                              peut-être aussi l'expérience en
                                              mettant notre volonté en
                                              mouvement, en nous activant. Nous
                                              vivons avec les faits du monde
                                              extérieur. C'est pour nous une
                                              expérience immédiatement présente.
                                              Au fond, l'existence humaine sur
                                              terre se compose de telles
                                              expériences. Nous gardons de ces
                                              expériences des images de pensées
                                              qui sont alors nos souvenirs. Nous
                                              jetons un oup d'œil rétrospectif
                                              sur nos expériences en portant en
                                              nous les images pâlies, les images
                                              ombrées, les images à puissance de
                                              pensées de ces expériences/vécus. 
                                           | 
                                          
                                              21 
                                           | 
                                          
                                              Nehmen wir einmal
                                              die Tatsache, die sich für uns in
                                              jedem Augenblick unseres Lebens
                                              ergibt: daß wir eine äußere
                                              Erfahrung, ein äußeres Erlebnis
                                              haben. Wir stehen zunächst in
                                              dieser äußeren Erfahrung, diesem
                                              äußeren Erlebnis drinnen, wir
                                              stehen mit unserer
                                              Sinneswahrnehmung drinnen, wir
                                              erleben es vielleicht auch, indem
                                              wir unseren Willen in Bewegung
                                              bringen, indem wir uns betätigen.
                                              Wir leben uns mit den Tatsachen
                                              der Außenwelt zusammen. Das ist
                                              für uns ein unmittelbar
                                              gegenwärtiges Erlebnis. Aus
                                              solchen Erlebnissen setzt sich im
                                              Grunde genommen das menschliche
                                              Erdendasein zusammen. Wir behalten
                                              von solchen Erlebnissen die
                                              Gedankenbilder, die dann unsere
                                              Erinnerungen sind. Wir blicken auf
                                              unsere Erlebnisse zurück, indem
                                              wir die abgeblaßten, die
                                              schattenhaften, eben die
                                              gedankenhaften Bilder der
                                              Erlebnisse in uns tragen. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Que l'on soit tout à fait
                                              honnête avec soi-même en cette
                                              relation et que l'on demande à la
                                              conscience actuelle s'il y a en
                                              elle, à un moment quelconque de sa
                                              vie, beaucoup plus que les
                                              souvenirs d'expériences
                                              sensorielles extérieures
                                              effectives. Certes, maint mystique
                                              nébuleux s'imagine qu'il fait
                                              remonter des profondeurs de son
                                              âme toutes sortes de choses
                                              éternelles. S'il y regardait de
                                              plus près, s'il était en mesure
                                              d'examiner réellement ces
                                              constructions de l'âme qu'il fait
                                              remonter, il trouverait qu'elles
                                              ne sont en général rien d'autre
                                              que des perceptions extérieures
                                              transformées. Au fond de l'être
                                              humain, les souvenirs ne sont pas
                                              seulement fidèlement conservés,
                                              ils sont souvent transformés, et
                                              alors l'être humain ne les
                                              reconnaît pas, il croit, en tant
                                              que mystique, faire remonter
                                              quelque chose des profondeurs de
                                              son âme, alors qu'il n'a fait que
                                              faire remonter de sa mémoire une
                                              expérience extérieure transformée. 
                                           | 
                                          
                                              22 
                                           | 
                                          
                                              Man sei in dieser
                                              Beziehung nur ganz ehrlich mit
                                              sich selber und frage einmal das
                                              gegenwärtige Bewußtsein, ob
                                              inhaltlich in ihm in irgendeinem
                                              Lebensaugenblicke viel mehr
                                              darinnen ist als die Erinnerungen
                                              an äußere tatsächliche
                                              Sinneserlebnisse. Gewiß, mancher
                                              nebulose Mystiker vermeint, daß er
                                              aus den Tiefen seiner Seele
                                              allerlei Ewiges heraufhole. Wenn
                                              er genauer zusehen würde, wenn er
                                              in der Lage wäre, diese
                                              Seelengebilde, die er da
                                              heraufholt, wirklich zu prüfen,
                                              würde er finden, daß sie in der
                                              Regel nichts weiter sind als
                                              umgebildete äußere Wahrnehmungen.
                                              Im Innern des Menschen werden die
                                              Erinnerungen nicht nur treulich
                                              bewahrt, sie werden vielfach
                                              umgestaltet, und dann erkennt sie
                                              der Mensch nicht wieder, er glaubt
                                              als Mystiker irgend etwas aus den
                                              Tiefen seiner Seele hervorzuholen,
                                              während er nur ein umgestaltetes
                                              äußeres Erlebnis aus der
                                              Erinnerung heraufgeholt hat. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Certes, nous avons seulement
                                              besoin de nous souvenir des
                                              vérités mathématiques pour savoir
                                              que toutes sortes de structures
                                              internes s'animent dans ce qui est
                                              la vie de l'âme. En règle
                                              générale, le mystique ne cherche
                                              pas ces structures intérieures.
                                              Mais celui qui veut accepter sans
                                              préjugé la vie de l'âme
                                              quotidienne telle qu'elle se
                                              présente dans la conscience
                                              ordinaire doit dire : cette vie de
                                              l'âme est la somme d'images qui
                                              sont les restes de nos
                                              expériences, qui ont été réalisées
                                              par des perceptions, et d'autres
                                              expériences à l'intérieur du monde
                                              extérieur des faits sensoriels ;
                                              de sorte que lorsque nous
                                              regardons notre psychique et aussi
                                              le spirituel qui imprègne ce
                                              psychique, tel que nous l'avons
                                              d'abord dans la vie physique
                                              terrestre, nous pouvons alors dire
                                              : dehors, le monde physique
                                              s'étend dans l'espace, le monde
                                              qui déploie ses causes et ses
                                              effets dans le temps, le monde des
                                              faits donc. 
                                           | 
                                          
                                              23 
                                           | 
                                          
                                              Gewiß, wir brauchen
                                              uns nur an die mathematischen
                                              Wahrheiten zu erinnern, so werden
                                              wir wissen, daß sich allerlei
                                              innere Strukturen hineinleben in
                                              das, was Seelenleben ist. Allein
                                              diese inneren Strukturen sucht in
                                              der Regel der Mystiker nicht.
                                              Derjenige aber, der das
                                              alltägliche Seelenleben unbefangen
                                              hinnehmen will, wie es sich im
                                              gewöhnlichen Bewußtsein darstellt,
                                              muß sagen: Dieses Seelenleben ist
                                              die Summe von Bildern, die die
                                              Reste sind unserer Erlebnisse, die
                                              zustande gekommen sind durch
                                              Wahrnehmungen, und anderer
                                              Erlebnisse innerhalb der äußeren
                                              sinnlichen Tatsachenwelt; so daß
                                              wir, wenn wir auf unser Seelisches
                                              hinblicken und auch auf das dieses
                                              Seelische durchdringende Geistige,
                                              wie wir es zunächst im physischen
                                              Erdenleben haben, dann sagen
                                              können: Da draußen ist die
                                              physische Welt im Raume
                                              ausgebreitet, die Welt, die in der
                                              Zeit ihre Ursachen und Wirkungen
                                              entfaltet, die Welt der Tatsachen
                                              also. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              C'est ici que se trouve le monde
                                              des ombres de l'âme, que nous
                                              vivons certes dans son ensemble
                                              comme un vivant de l'âme, mais
                                              dont le contenu n'est que le
                                              décalque d'un monde de faits, d'un
                                              monde des sens. Or, aussi
                                              paradoxal que cela puisse encore
                                              sonner aux façons de voir de notre
                                              époque, l'inverse se produit aussi
                                              pour la vision que j'ai développée
                                              ici en ces jours. Lorsque du
                                              spirituel est réellement vécu dans
                                              le monde, du spirituel au sein des
                                              phénomènes naturels, tel qu'il se
                                              présente à la conscience vide à
                                              partir de la méditation, lorsque
                                              du spirituel est observé comme le
                                              spirituel et d'âme de l'humain
                                              lui-même, tel qu'il est avant
                                              d'être descendu dans son existence
                                              corporelle à partir d'un monde
                                              spirituel, lorsque le spirituel
                                              concret est réellement observé par
                                              l'organe de l'esprit qui a été
                                              ouvert, lorsque le monde qui nous
                                              entoure devient aussi spirituel
                                              qu'il est sensible, physique, pour
                                              nos sens, alors nous commençons
                                              aussi à contempler notre
                                              organisation physique, comme dans
                                              un souvenir des temps où nous
                                              vivions en tant qu'êtres
                                              spirituels-âmes dans les mondes
                                              purement spirituels-âmes : comment
                                              elle est, dans ses détails, une
                                              image/un décalque de ce qui nous
                                              entoure en tant que monde
                                              spirituel. Avec la physiologie et
                                              l'anatomie, nous ne pouvons
                                              considérer nos poumons, notre cœur
                                              et nos autres organes que comme
                                              des choses extérieures ; mais
                                              ensuite, lorsque nous sommes en
                                              mesure de voir l'environnement
                                              spirituel autour de nous, ce qui
                                              se trouve effectivement à
                                              l'intérieur de nous en tant que
                                              poumons, en tant que cœur, devient
                                              pour nous l'image existante dans
                                              le physique de ce qui est préformé
                                              spirituellement. De même que dans
                                              notre conscience ordinaire, le
                                              monde extérieur est physique et
                                              que notre âme se crée des images
                                              et les vit comme des expériences,
                                              de même nous apprenons qu'il
                                              existe un monde spirituel à
                                              l'extérieur et que les images de
                                              ce monde spirituel sont présentes
                                              dans nos propres organes. Nous
                                              apprenons maintenant à connaître
                                              l'humain dans sa structure/son
                                              membrement que lorsque nous
                                              apprenons à connaitre le monde
                                              spirituel. Et alors, ce que l'on
                                              appelle habituellement
                                              matière/substance cesse d'avoir la
                                              même signification que celle
                                              qu'elle a prise dans la
                                              civilisation récente, de même que
                                              l'esprit cesse d'avoir la
                                              signification de l'abstrait, de ce
                                              qu'il est justement devenu au sein
                                              de la civilisation récente. Nous
                                              voyons alors comment, en fait,
                                              dans ce qui travaille
                                              organiquement en nous, il y a une
                                              image/un décalque de ce que nous
                                              étions avant de descendre à l'être
                                              terrestre. 
                                           | 
                                          
                                              24 
                                           | 
                                          
                                              Hier drinnen ist
                                              die Welt der Seelenschatten, die
                                              wir zwar im ganzen als ein
                                              Seelisch-Lebendiges erleben, ihrem
                                              Inhalte nach aber eben durchaus
                                              nur als Abbild einer
                                              Tatsachenwelt, einer Sinneswelt.
                                              Nun, so paradox es für heutige
                                              Anschauung noch vielfach klingt:
                                              für die Anschauung, die ich in
                                              diesen Tagen hier entwickelt habe,
                                              stellt sich auch das Umgekehrte
                                              ein. Wenn Geistiges in der Welt
                                              wirklich erlebt wird, Geistiges
                                              innerhalb der Naturerscheinungen,
                                              wie es sich dem leeren Bewußtsein
                                              aus der Meditation heraus ergibt,
                                              wenn Geistiges beobachtet wird als
                                              das Geistig-Seelische des Menschen
                                              selber, wie er ist, bevor er
                                              heruntergestiegen ist in sein
                                              leibliches Dasein aus einer
                                              geistigen Welt, wenn so das
                                              konkrete Geistige wirklich durch
                                              das erschlossene Geistesorgan
                                              beobachtet wird, wenn die Welt um
                                              uns herum ebenso zu einer
                                              geistigen wird, wie sie für unsere
                                              Sinne eine sinnliche, eine
                                              physische ist, dann beginnen wir
                                              auch, wie in einer Erinnerung an
                                              die Zeiten, wo wir als
                                              geistig-seelische Wesen in den
                                              rein geistig-seelischen Welten
                                              gelebt haben, unsere physische
                                              Organisation zu erschauen: wie sie
                                              in ihren Einzelheiten ein Abbild
                                              dessen ist, was als geistige Welt
                                              um uns herum ist. Wir können ja
                                              mit Physiologie und Anatomie
                                              unsere Lunge, unser Herz, unsere
                                              übrigen Organe nur als Außendinge
                                              betrachten; dann aber, wenn wir in
                                              der Lage sind, die geistige Umwelt
                                              um uns herum zu schauen, dann wird
                                              uns das, was nun tatsächlich in
                                              unserem Innern ist als Lunge, als
                                              Herz, zum im Physischen
                                              bestehenden Abbild desjenigen, was
                                              geistig vorgebildet ist. So wie in
                                              unserem gewöhnlichen Bewußtsein
                                              die Welt draußen physisch ist und
                                              unser Seelisches sich die Abbilder
                                              schafft und sie als Erlebnisse
                                              hat, so erfahren wir, daß da
                                              draußen eine geistige Welt ist und
                                              daß die Abbilder dieser geistigen
                                              Welt in unseren eigenen Organen
                                              vorhanden sind. Wir lernen jetzt
                                              den Menschen erst in seiner
                                              Gliederung kennen, wenn wir die
                                              geistige Welt kennenlernen. Und
                                              dann hört auch das, was man
                                              gewöhnlich Stoff nennt, auf,
                                              dieselbe Bedeutung zu haben, die
                                              es angenommen hat in der neueren
                                              Zivilisation, ebenso wie der Geist
                                              aufhört, die Bedeutung des
                                              Abstrakten zu haben, desjenigen,
                                              was er eben innerhalb der neueren
                                              Zivilisation geworden ist. Dann
                                              sehen wir, wie in der Tat in dem,
                                              was in uns organisch arbeitet, ein
                                              Abbild dessen vorhanden ist, was
                                              wir waren, bevor wir zum
                                              Erdendasein heruntergestiegen
                                              sind. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et maintenant, il arrive que
                                              même le matérialisme, tant qu'il
                                              est justifié - et il a aussi
                                              apporté son lot de bienfaits, il
                                              nous a apporté d'innombrables
                                              connaissances -, ne nous effraie
                                              plus. Nous regardons le cerveau
                                              humain, le système nerveux humain
                                              dans son travail physique. Nous
                                              admettons certes que la pensée
                                              ordinaire, quotidienne, est une
                                              fonction de ces organes physiques.
                                              Nous sommes tout à fait en accord
                                              avec ce qu'une science rigoureuse
                                              doit affirmer aujourd'hui en
                                              rapport à ces choses. Mais nous
                                              savons de l'autre côté que ce qui
                                              travaille en nous sous des formes
                                              matérielles est justement l'image
                                              ultérieure (?) transformée du
                                              spirituel. Cela a la permission
                                              d'être matériel parce que le
                                              matériel est une transformation du
                                              spirituel, parce que le spirituel,
                                              en se transformant en l'humain
                                              terrestre, a cherché la faculté
                                              matérielle du cerveau, des nerfs,
                                              pour accomplir dans le décalque
                                              matériel ce qui est préformé
                                              spirituellement. 
                                           | 
                                          
                                              25 
                                           | 
                                          
                                              Und jetzt tritt das
                                              ein, daß uns sogar der
                                              Materialismus, insofern er
                                              berechtigt ist - und auch er hat
                                              ja sein Gutes gebracht, hat uns
                                              unzählige Erkenntnisse gebracht -,
                                              nicht mehr erschreckt. Wir schauen
                                              hin auf das menschliche Gehirn,
                                              auf das menschliche Nervensystem
                                              in seiner physischen Arbeit. Wir
                                              gestehen uns zwar, daß das
                                              gewöhnliche, alltägliche Denken
                                              eine Funktion dieser physischen
                                              Organe ist. Wir sind durchaus im
                                              Einklang mit dem, was eine strenge
                                              Wissenschaft heute in bezug auf
                                              diese Dinge behaupten muß. Aber
                                              wir wissen auf der anderen Seite,
                                              daß das, was da in materiellen
                                              Formen in uns arbeitet, eben das
                                              umgewandelte Nachbild von
                                              Geistigem ist. Es darf materiell
                                              sein, weil das Materielle eine
                                              Umwandlung des Geistigen ist, weil
                                              das Geistige sich, indem es sich
                                              in den Erdenmenschen verwandelt
                                              hat, die materielle Fähigkeit des
                                              Gehirns, der Nerven gesucht hat,
                                              um im materiellen Abbild das zu
                                              vollziehen, was geistig
                                              vorgebildet ist. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              C'est ce qui se présente à l'œil
                                              spirituel de l'humain moderne par
                                              le développement ces forces de
                                              connaissance dont j'ai parlé ces
                                              jours-ci. Mais j'aimerais dire
                                              qu'est disponible justement un
                                              modèle onirique de cela dans cette
                                              vision orientale du monde que j'ai
                                              pu esquisser en quelques traits,
                                              qui est aujourd'hui vieille et
                                              vieillissante, mais qui continue à
                                              œuvrer avec certaines
                                              particularités dans la formation
                                              de notre cœur et de notre âme.
                                              Dans sa clairvoyance instinctive,
                                              cet Orient ancien a pressenti que
                                              le monde spirituel est une réalité
                                              à laquelle il se sentait lié, et
                                              que la nature, avec ce qui chez
                                              l'homme lui-même est nature, est
                                              un décalque du spirituel, que
                                              c'est à travers elle que se
                                              révèle, sous forme d'apparence
                                              extérieure, ce qui est
                                              intérieurement spirituel. 
                                           | 
                                          
                                              26 
                                           | 
                                          
                                              Das tritt vor das
                                              geistige Auge des modernen
                                              Menschen durch die Entwickelung
                                              jener Erkenntniskräfte, von denen
                                              ich in diesen Tagen gesprochen
                                              habe. Aber ich möchte sagen, eben
                                              ein traumhaftes Vorbild davon ist
                                              vorhanden in jener orientalischen
                                              Weltanschauung, die ich in ein
                                              paar Strichen skizzieren konnte,
                                              die heute alt und greisenhaft
                                              geworden ist, die aber noch immer
                                              mit gewissen Eigentümlichkeiten in
                                              unsere Herzens- und Seelenbildung
                                              hereinwirkt. Geahnt hat dieser
                                              alte Orient in seiner instinktiven
                                              Hellsichtigkeit, daß die geistige
                                              Welt eine Realität ist, mit der er
                                              sich verbunden fühlte, und daß die
                                              Natur mit dem, was am Menschen
                                              selber Natur ist, ein Abbild des
                                              Geistigen ist, daß durch sie als
                                              äußerer Schein das zur Offenbarung
                                              kommt, was innerlich geistig ist. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais qu'on ne dise seulement pas
                                              que l'Oriental n'aurait pas
                                              observé la nature. Il a eu des
                                              organes fins pour l'observation de
                                              la nature. Mais de tout ce qu'il
                                              observait fidèlement en tant que
                                              décalque et qu'il vénérait dans
                                              l'amour, il voyait justement
                                              briller un élément spirituel. Pour
                                              lui, la nature révélait l'esprit,
                                              l'esprit rayonnait partout vers
                                              lui. Et cet esprit, il l'appelait
                                              sa réalité. Mais ce qui se
                                              répandait à l'extérieur, c'était
                                              pour lui Maja. 
                                           | 
                                          
                                              27 
                                           | 
                                          
                                              Man sage nur nicht,
                                              daß der Orientale nicht die Natur
                                              beobachtet habe. Er hat feine
                                              Organe für die Naturbeobachtung
                                              gehabt. Aber ihm leuchtete aus all
                                              dem, was er als Abbild treulich
                                              beobachtete, in Liebe verehrte,
                                              eben ein Geistiges entgegen. Natur
                                              enthüllte für ihn Geist, strahlte
                                              ihm überall Geist entgegen. Und
                                              diesen Geist nannte er seine
                                              Wirklichkeit. Das aber, was sich
                                              äußerlich ausbreitete, das war ihm
                                              Maja. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais on voit déjà au bouddhisme,
                                              qui a donc gagné une influence
                                              beaucoup plus grande sur la vie
                                              orientale qu'on ne le croit
                                              habituellement, car il a pris les
                                              formes les plus diverses dans la
                                              vie ultérieure, comment le fait de
                                              se tenir immédiatement à
                                              l'intérieur du monde spirituel
                                              s'est atténué au cours de
                                              l'évolution ultérieure de
                                              l'humanité et de la terre, comment
                                              le regard s'est en quelque sorte
                                              tourné de plus en plus vers la
                                              Maya, et comment la sensation de
                                              la grande illusion, de la grande
                                              non-existence, de la Maya, est
                                              devenue peu à peu la chose
                                              principale, comment en est né le
                                              sentiment du besoin de rédemption
                                              de ce qui peut être vécu au sein
                                              de cette Maya, vécu en particulier
                                              dans le sens du Bouddha, qui
                                              considérait les expériences
                                              directes de cette Maya comme une
                                              somme de souffrances qui affluent
                                              sur l'humain. 
                                           | 
                                          
                                              28 
                                           | 
                                          
                                              Man sieht aber
                                              schon am Buddhismus, der ja einen
                                              viel größeren Einfluss auf das
                                              orientalische Leben gewonnen hat,
                                              als man gewöhnlich glaubt, denn er
                                              hat die mannigfaltigsten Formen im
                                              späteren Leben angenommen, wie das
                                              unmittelbare Drinnenstehen in der
                                              geistigen Welt im Verlaufe der
                                              weiteren Menschheits- und
                                              Erdenentwickelung abgedämpft
                                              worden ist, wie gewissermaßen der
                                              Blick immer weiter und weiter auf
                                              die Maja gerichtet worden ist und
                                              wie die Empfindung von der großen
                                              Täuschung, von dem großen
                                              Nichtsein, von der Maja nach und
                                              nach die Hauptsache wurde, wie
                                              daraus die Stimmung des
                                              Erlösungsbedürfnisses von dem, was
                                              innerhalb dieser Maja erlebt
                                              werden kann, entstand, erlebt
                                              insbesondere im Sinne des Buddha,
                                              der ja die unmittelbaren
                                              Erlebnisse dieser Maja ansah wie
                                              eine Summe von Leiden, die auf den
                                              Menschen einströmen. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais cette atténuation du fait
                                              de se tenir à l'intérieur du monde
                                              spirituel justifie pour nous, si
                                              nous en venons à nouveau à la
                                              connaissance moderne de l'esprit,
                                              de considérer la vision du monde
                                              de l'Orient ancien comme quelque
                                              chose d'instinctif, aussi
                                              d'unilatéral, auquel nous devons
                                              cependant revenir en toute
                                              sérénité et avec une conscience
                                              claire. Car il ne doit pas se
                                              produire une deuxième fois dans
                                              l'évolution du monde qu'une
                                              paralysie de l'activité humaine se
                                              produise face aux exigences du
                                              monde extérieur terrestre.
                                              L'humain ne doit pas se réfugier
                                              une deuxième fois dans la vie de
                                              l'esprit de telle sorte que sa
                                              fuite l'empêche d'intervenir avec
                                              toute sa force dans la tâche
                                              terrestre, dans tout ce que
                                              l'Oriental éprouve souvent comme
                                              la Maya, même s'il ne l'appelle
                                              pas ainsi à cause de sa concession
                                              aux concepts modernes, alors qu'il
                                              ressent comme la réalité ce qui se
                                              révèle en lui. C'est là que se
                                              trouve pour lui la lumière, qui
                                              est pour lui le reflet direct du
                                              divin-spirituel dans le monde. 
                                           | 
                                          
                                              29 
                                           | 
                                          
                                              Diese Abdämpfung
                                              aber des Drinnenstehens in der
                                              geistigen Welt rechtfertigt für
                                              uns, wenn wir wiederum zur
                                              modernen Geist-Erkenntnis kommen,
                                              die altorientalische
                                              Weltanschauung als etwas
                                              Instinktives, auch Einseitiges zu
                                              betrachten, zu dem wir aber mit
                                              voller Besonnenheit, mit hellem
                                              Bewußtsein wieder kommen müssen.
                                              Denn es darf nicht ein zweites Mal
                                              in der Weltentwickelung geschehen,
                                              daß eine Lähmung eintritt der
                                              menschlichen Aktivität gegenüber
                                              den Forderungen der irdischen
                                              Außenwelt. Der Mensch darf nicht
                                              ein zweites Mal eine Flucht in das
                                              Geistesleben so anstellen, daß ihn
                                              seine Flucht hindert, mit voller
                                              Kraft einzugreifen in die
                                              Erdenaufgabe, in alles das, was
                                              der Orientale vielfach sogar, wenn
                                              er es auch aus seiner Konzession
                                              an moderne Begriffe heraus nicht
                                              so nennt, als die Maja empfindet,
                                              während er als die Wirklichkeit
                                              das empfindet, was sich in seinem
                                              Innern offenbart. Da ist ihm das
                                              Licht darinnen, das ihm
                                              unmittelbarer Widerglanz des
                                              GöttlichGeistigen in der Welt ist. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Maintenant, j'aimerais opposer à
                                              ce que je viens de décrire comme
                                              un déferlement de géographie
                                              spirituelle dans notre vie
                                              moderne, une autre image, une
                                              image qui est justement ainsi
                                              tirée de l'évolution de l'esprit
                                              humain, de l'évolution du monde,
                                              mais qui appartient à notre
                                              présent immédiat. Celui qui s'est
                                              beaucoup déplacé dans les sphères
                                              d'où s'élèvent aujourd'hui tant de
                                              choses dans notre civilisation,
                                              devenue d'une certaine relation
                                              ancienne, aussi pour l'Europe,
                                              dans les sphères d'où s'élèvent
                                              les aspirations/nostalgies en
                                              relation sociale, et aussi les
                                              luttes sociales, aura trouvé
                                              quelque chose que je veux
                                              caractériser de la façon suivante. 
                                           | 
                                          
                                              30 
                                           | 
                                          
                                              Nun, dem, was ich
                                              da geschildert habe als
                                              geistiggeographisch hereinflutend
                                              in unser modernes Leben, möchte
                                              ich ein anderes Bild
                                              gegenüberstellen, ein Bild, das
                                              ebenso der menschlichen
                                              Geistesentwickelung, der
                                              Weltentwickelung entnommen ist,
                                              das aber unserer unmittelbaren
                                              Gegenwart angehört. Wer sich viel
                                              herumbewegt hat in den Sphären,
                                              aus denen heute so vieles
                                              aufsteigt in unsere auch für
                                              Europa in gewisser Beziehung
                                              altgewordene Zivilisation, in den
                                              Sphären, aus denen Sehnsüchte in
                                              sozialer Beziehung, auch soziale
                                              Kämpfe aufsteigen, der wird etwas
                                              gefunden haben, was ich in der
                                              folgenden Art charakterisieren
                                              will. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              J'ai longtemps été enseignant
                                              dans des cercles socialistes, sans
                                              que l'on puisse pour autant
                                              m'accuser, parce que ce serait
                                              faux, d'être socialiste. Je l'ai
                                              été précisément pour répandre au
                                              sein de ces cercles - le temps
                                              n'était pas encore venu, il y a
                                              plus de vingt ans - une vie de
                                              l'esprit qui pourrait conduire à
                                              des formes plus conformes à la
                                              réalité que celles auxquelles on
                                              aspire à partir du marxisme
                                              abstrait ou du marxisme modifié et
                                              ainsi de suite, et qui sont
                                              justement à bien des égards
                                              irréalistes. 
                                           | 
                                          
                                              31 
                                           | 
                                          
                                              Ich war lange Zeit,
                                              ohne daß man mich deshalb, weil
                                              das unwahr wäre, sozialistischer
                                              Gesinnung anklagen dürfte, Lehrer
                                              in sozialistischen Kreisen. Ich
                                              war es gerade, um innerhalb dieser
                                              Kreise - die Zeit dafür war
                                              dazumal noch nicht da, es ist über
                                              zwanzig Jahre her - ein
                                              Geistesleben zu verbreiten, das zu
                                              wirklichkeitsgemäßeren
                                              Gestaltungen führen könnte, als
                                              diejenigen sind, die aus
                                              abstraktem Marxismus oder aus
                                              modifiziertem Marxismus und so
                                              weiter angestrebt werden und die
                                              eben doch in vieler Beziehung
                                              unwirklichkeitsgemäß sind. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais si l'on observe dans ces
                                              cercles quelque chose qui est là
                                              comme une ambiance fondamentale -
                                              que l'on peut reconnaître comme un
                                              commencement, mais qui est aussi
                                              profondément ancré dans les âmes
                                              que l'ambiance de la Maya
                                              orientale est ancrée dans les âmes
                                              comme une fin à l'Est par-dessus
                                              là-bas -, alors un mot tombe
                                              lourdement sur l'âme, un mot qui
                                              exprime aussi beaucoup de
                                              sentiments inconscients, d'idées
                                              et de concepts inconscients,
                                              d'aspirations/nostalgies
                                              inconscientes, un mot que l'on
                                              peut entendre encore et encore,
                                              que l'on doit ressentir depuis des
                                              décennies comme étant
                                              caractéristique de larges cercles
                                              de l'humanité. Ce mot exprime un
                                              état d'esprit qui s'étend sur des
                                              millions de personnes : c'est le
                                              mot idéologie. Ce mot s'est formé
                                              à partir de cette vision que tout
                                              de suite la classe prolétarienne a
                                              intégrée dans sa formation. La
                                              scientificité se matérialisant de
                                              plus en plus, il s'est formé la
                                              vision que la réalité historique
                                              n'existait que dans les luttes
                                              économiques, dans les façonnements
                                              économiques, dans les luttes de
                                              classes, bref, dans ce qui est
                                              directement et extérieurement
                                              matériel, sensoriel et physique,
                                              dans la vie humaine, dans la vie
                                              historique, que les forces
                                              économiques sont donc le véritable
                                              réel, la réalité. 
                                           | 
                                          
                                              32 
                                           | 
                                          
                                              Aber wenn man in
                                              diesen Kreisen etwas beobachtet,
                                              was als eine Grundstimmung da
                                              vorhanden ist - was man erkennen
                                              kann als einen Anfang, der aber so
                                              tief sitzt in den Seelen, wie die
                                              orientalische Majastimmung als ein
                                              Ende im Osten drüben in den Seelen
                                              sitzt -, dann fällt einem ein Wort
                                              schwer auf die Seele, ein Wort,
                                              das vieles von unbewußten
                                              Empfindungen, unbewußten Ideen und
                                              Begriffen, unbewußten Sehnsüchten
                                              auch ausdrückt, ein Wort, das man
                                              immer wieder und wiederum hören
                                              kann, das man seit Jahrzehnten als
                                              das Charakteristische empfinden
                                              muß innerhalb weiter Kreise der
                                              Menschheit. Über Millionen von
                                              Menschen ausgebreitet findet sich
                                              eine Stimmung, die durch dieses
                                              Wort ausgedrückt wird: es ist das
                                              Wort Ideologie. Dies Wort hat sich
                                              herausgebildet aus jener
                                              Anschauung, die gerade die
                                              proletarische Klasse in ihre
                                              Bildung aufgenommen hat. Da hat
                                              sich aus der sich immer mehr und
                                              mehr vermaterialisierenden
                                              Wissenschaftlichkeit die
                                              Anschauung herausgebildet, daß
                                              eigentlich die geschichtliche
                                              Wirklichkeit nur in
                                              Wirtschaftskämpfen, in
                                              Wirtschaftsgestaltungen bestehe,
                                              in Klassenkämpfen, kurz, in dem,
                                              was das unmittelbare äußerlich
                                              sinnlich-physisch Materielle am
                                              Menschenleben, am geschichtlichen
                                              Leben ist, daß also die
                                              wirtschaftlichen Kräfte das
                                              eigentlich Reale, das Wirkliche
                                              sind. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Ce matérialisme économique, qui
                                              est beaucoup plus répandu que ne
                                              le pensent encore aujourd'hui de
                                              nombreuses personnes des classes
                                              supérieures, est en un certain
                                              sens le résultat de la conception
                                              matérialiste générale, que l'on
                                              croit aujourd'hui même
                                              scientifiquement dépassée, mais
                                              qui pourtant tire tout de suite
                                              les plus larges cercles dans les
                                              humeurs et les dispositions des
                                              âmes de l'Occident. 
                                           | 
                                          
                                              33 
                                           | 
                                          
                                              Dieser
                                              wirtschaftliche Materialismus, der
                                              eine viel größere Ausbreitung hat,
                                              als viele Menschen der höheren
                                              Klassen heute noch meinen, ist in
                                              gewissem Sinne ein Ergebnis der
                                              allgemeinen materialistischen
                                              Anschauung, die heute sogar
                                              wissenschaftlich überwunden
                                              geglaubt wird, die aber dennoch
                                              gerade in den Stimmungen und
                                              Gesinnungen der Seelen des
                                              Abendlandes die weitesten Kreise
                                              zieht. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et idéologie, qu'est-ce que cela
                                              signifie ? Cela signifie : la vie
                                              de droit, la moralité, ce qui
                                              repose dans le beau, les concepts
                                              religieux, les concepts d'État,
                                              bref, tout ce qui est vie
                                              spirituelle, ce n'est aucune vraie
                                              réalité, c'est une écume et une
                                              apparence qui s'élèvent de la
                                              vraie réalité, qui réside dans les
                                              luttes et les configurations
                                              matérielles. Idéologie, cela doit
                                              désigner le fait que ce que
                                              l'humain vit en son for intérieur,
                                              que ce soit l'art, la science, le
                                              droit, les maximes de l'État, les
                                              impulsions religieuses, est une
                                              Maya, si j'ai la permission de me
                                              servir maintenant de l'expression
                                              orientale. 
                                           | 
                                          
                                              34 
                                           | 
                                          
                                              Und Ideologie, was
                                              heißt das? Das heißt: das
                                              Rechtsleben, die Sittlichkeit,
                                              das, was im Schönen liegt, die
                                              religiösen Begriffe, die
                                              Staatsbegriffe, kurz, alles was
                                              geistiges Leben ist, das ist keine
                                              wahre Wirklichkeit, das ist ein
                                              aus der wahren Wirklichkeit, die
                                              in den materiellen Kämpfen und
                                              Gestaltungen liegt, aufsteigender
                                              Schaum und Schein. Ideologie, das
                                              soll bezeichnen, daß das, was der
                                              Mensch in seinem Innern erlebt,
                                              sei es Kunst, sei es Wissenschaft,
                                              sei es Recht, seien es
                                              Staatsmaximen, seien es religiöse
                                              Impulse, eine Maja ist, wenn ich
                                              mich jetzt des orientalischen
                                              Ausdrucks bedienen darf. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Avec le mot idéologie est décrit
                                              quelque chose, si on ne le prend
                                              pas de manière extérieure,
                                              abstraite, si on peut ressentir ce
                                              que des millions d'humains
                                              pensent, ce qui doit prendre les
                                              dimensions les plus terribles si
                                              ce n'est pas amené à temps dans un
                                              bon chenal. Ce que l'âme vit et
                                              façonne intérieurement n'est
                                              aucune réalité, la vraie réalité
                                              n'est que ce qui vit
                                              extérieurement dans des faits
                                              sensibles aux sens ! Et c'est
                                              ainsi qu'au sein de la
                                              civilisation occidentale, s'est
                                              formée l'atmosphère polairement
                                              opposée à celle qui a longtemps
                                              dominée l'Orient et qui,
                                              aujourd'hui, est encore disponible
                                              de façon vieillissante, plus comme
                                              une parure extérieure. Là-bas : la
                                              vraie réalité, ce qui est vécu
                                              dans l'esprit Maja, ce qui se
                                              passe extérieurement dans la
                                              réalité physique ; ici : Maja,
                                              idéologie, qui est en fait la
                                              traduction du mot Maja, mais qui
                                              s'applique maintenant au domaine
                                              spirituel, ce qui est vécu dans
                                              l'esprit, Réalité, ce qui est
                                              répandu tombant sous les sens,
                                              disponible dans le monde comme une
                                              réalité de faits tombant sous les
                                              sens. 
                                           | 
                                          
                                              35 
                                           | 
                                          
                                              Mit dem Wort
                                              Ideologie wird etwas bezeichnet,
                                              wenn man es nicht äußerlich,
                                              abstrakt nimmt, wenn man empfinden
                                              kann, was Millionen von Menschen
                                              denken, was die furchtbarsten
                                              Dimensionen annehmen muß, wenn es
                                              nicht rechtzeitig in ein gutes
                                              Fahrwasser hineingebracht wird.
                                              Was die Seele innerlich erlebt und
                                              gestaltet, ist keine Wirklichkeit,
                                              wahre Wirklichkeit ist nur das,
                                              was äußerlich in sinnenfälligen
                                              Tatsachen lebt! Und so hat sich
                                              innerhalb der abendländischen, der
                                              westlichen Zivilisation genau die
                                              polarisch entgegengesetzte
                                              Stimmung gegenüber derjenigen
                                              herausgebildet, die den Orient
                                              lange Zeit beherrscht hat und die
                                              heute eben greisenhaft, mehr als
                                              äußerer Aufputz noch vorhanden
                                              ist. Dort: wahre Wirklichkeit, was
                                              im Geist erlebt wird  Maja, was
                                              äußerlich in physischer
                                              Tatsächlichkeit vor sich geht;
                                              hier: Maja, Ideologie, was
                                              eigentlich die Übersetzung des
                                              Wortes Maja, aber jetzt für das
                                              geistige Gebiet ist, was im Geist
                                              erlebt wird  Wirklichkeit, was
                                              sinnenfällig ausgebreitet, als
                                              sinnenfällige Tatsächlichkeit in
                                              der Welt vorhanden ist. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Dans son évolution, le monde
                                              aspire à la pleine réalisation de
                                              ses possibilités individuelles. De
                                              même que l'unilatéralité s'est
                                              formée en Orient, de même l'autre
                                              unilatéralité devait-elle aussi
                                              une fois s'emparer de l'humanité.
                                              Mais si l'on veut faire évoluer
                                              l'humanité, si l'on veut faire
                                              évoluer le monde dans un sens
                                              fécond, dans un sens tel que nous
                                              puissions à nouveau passer des
                                              forces de déclin aux forces
                                              d'ascension, on doit seulement se
                                              placer une fois devant l'âme ce
                                              que peut en fait signifier cette
                                              ambiance dans l'idéologie. Elle
                                              est jeune, elle est donc un début. 
                                           | 
                                          
                                              36 
                                           | 
                                          
                                              Die Welt strebt in
                                              ihrer Entwickelung nach voller
                                              Ausgestaltung ihrer einzelnen
                                              Möglichkeiten. Wie die eine
                                              Einseitigkeit sich im Orient
                                              ausgebildet hat, so mußte die
                                              andere Einseitigkeit auch einmal
                                              die Menschheit ergreifen. Aber man
                                              muß sich, wenn man Entwickelung
                                              der Menschheit, wenn man
                                              Weltentwickelung in einem
                                              fruchtbaren Sinn, in einem solchen
                                              Sinn schaffen will, daß wir
                                              wiederum aus den
                                              Niedergangskräften zu
                                              Aufgangskräften kommen, man muß
                                              sich nur einmal vor die Seele
                                              stellen, was diese Stimmung in der
                                              Ideologie eigentlich bedeuten
                                              kann. Sie ist jung, sie ist also
                                              ein Anfang. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Si nous nous tournons à nouveau
                                              vers ce que peut nous dire la
                                              vision moderne de science de
                                              l'esprit, nous trouverons qu'en
                                              Orient, il y avait
                                              instinctivement, obscurément, en
                                              rêvant, la connaissance qu'il y
                                              avait une réalité spirituelle,
                                              qu'ici, dans le physique, il y
                                              avait l'image sensorielle de cette
                                              réalité spirituelle. Comme
                                              l'attention de l'âme était de
                                              préférence dirigée vers la réalité
                                              spirituelle, la réalité
                                              sensorielle est justement devenue
                                              une irréalité, une apparence
                                              extérieure, une Maya. Mais cette
                                              Maya n'a pas seulement une
                                              signification pour notre travail
                                              extérieur - le monde peut être une
                                              Maya, nous devons d'abord adresser
                                              notre travail à cette Maya en tant
                                              que réalité pour nous les humains
                                              -, elle a aussi une signification
                                              pour le "connais-toi toi-même",
                                              pour une vision véritablement
                                              humaine. Pourquoi ? Eh bien, nous
                                              pouvons nous élever jusqu'à une
                                              vie dans le monde spirituel, comme
                                              je l'ai décrit, nous pouvons voir
                                              avec des concepts aux contours
                                              précis et comprendre ainsi ce qui
                                              paraissait un rêve à l'Orient.
                                              Mais jamais, au cours de
                                              l'évolution de l'humanité, nous
                                              n'aurions pu parvenir à
                                              l'impulsion de la liberté en
                                              faisant l'expérience d'un tel
                                              monde. 
                                           | 
                                          
                                              37 
                                           | 
                                          
                                              Wenden wir uns
                                              wiederum an das, was uns gerade
                                              die moderne
                                              geisteswissenschaftliche
                                              Anschauung sagen kann, dann werden
                                              wir finden: im Orient war
                                              instinktiv, dunkel, träumerisch
                                              die Erkenntnis vorhanden, daß es
                                              eine geistige Wirklichkeit gibt,
                                              daß hier im Physischen das
                                              Sinnenabbild vorhanden ist von
                                              dieser geistigen Wirklichkeit.
                                              Weil man vorzugsweise die
                                              Aufmerksamkeit der Seele auf die
                                              geistige Wirklichkeit richtete,
                                              wurde die sinnliche Wirklichkeit
                                              eben zur Unwirklichkeit, zum
                                              äußeren Schein, zur Maja. Aber
                                              diese Maja hat nicht nur für unser
                                              äußeres Arbeiten ihre Bedeutung 
                                              die Welt mag Maja sein, unsere
                                              Arbeit müssen wir ja doch als eine
                                              Wirklichkeit für uns Menschen
                                              zunächst an diese Maja wenden ,
                                              sie hat auch eine Bedeutung für
                                              das «Erkenne dich selbst», für
                                              eine wahrhaft menschliche
                                              Anschauung. Warum? Nun, wir können
                                              uns allerdings hinauferheben zu
                                              einem Leben in der geistigen Welt,
                                              wie ich es geschildert habe,
                                              können mit scharfkonturierten
                                              Begriffen erschauen und dadurch
                                              verstehen, was dem Orient
                                              traumhaft erschien. Aber niemals
                                              hätten wir innerhalb der
                                              Menschheitsentwickelung in dem
                                              Erleben einer solchen Welt zu dem
                                              Impuls der Freiheit kommen können. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              L'humain devait se développer
                                              avec sa conscience hors du monde
                                              spirituel, auquel il se sent
                                              intérieurement lié, mais dont il
                                              est en même temps intérieurement
                                              déterminé et dépendant, et se
                                              tourner vers un monde de pure
                                              réalité/factualité pour une époque
                                              passagère de l'évolution
                                              historique dans laquelle nous nous
                                              trouvons entièrement. Lorsque
                                              l'humain se trouve face à cette
                                              réalité extérieure, sa vie d'âme
                                              devient l'image de cette
                                              factualité. Ce qui traverse cette
                                              vie de l'âme en tant qu'esprit
                                              devient des concepts abstraits,
                                              cela devient progressivement
                                              quelque chose qui doit être pure
                                              image, qui doit être reconnu dans
                                              sa reproductibilité/son statut de
                                              décalque. 
                                           | 
                                          
                                              38 
                                           | 
                                          
                                              Der Mensch mußte
                                              sich aus der geistigen Welt, mit
                                              der er sich innerlich verbunden
                                              fühlt, aber zu gleicher Zeit von
                                              ihr innerlich bestimmt und
                                              abhängig, mit seinem Bewußtsein
                                              herausentwickeln und sich für eine
                                              vorübergehende Epoche
                                              geschichtlicher Entwickelung, in
                                              der wir ganz drinnenstehen, einer
                                              Welt der bloßen Tatsächlichkeit
                                              zuwenden. Wenn der Mensch dieser
                                              äußeren Tatsächlichkeit
                                              gegenübersteht, wird sein
                                              Seelenleben zum Bild dieser
                                              Tatsächlichkeit. Das, was als
                                              Geist dieses Seelenleben
                                              durchzieht, das wird zu abstrakten
                                              Begriffen, das wird allmählich zu
                                              etwas, was bloßes Bild sein muß,
                                              was erkannt werden muß in seiner
                                              Abbildlichkeit. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Je l'ai déjà suggéré : si nous
                                              portons des images en nous, nous
                                              pouvons être libres. Des
                                              images-miroir ne nous déterminent
                                              pas. Si nous voulons nous orienter
                                              en fonction d'images-miroir qui
                                              sont en elles-mêmes sans force,
                                              nous devons nous donner
                                              l'impulsion nous-mêmes. Il en va
                                              de même pour ce qui devient en
                                              nous des concepts abstraits. Et en
                                              faisant surgir en nous, dans la
                                              pensée pure, ce que nous portons
                                              en nous de plus noble, le
                                              moral-religieux, cela devient pour
                                              nous une impulsion de liberté.
                                              C'est un contenu des plus
                                              précieux/valable pour la vie
                                              humaine. Mais il apparaît dans la
                                              pensée abstraite à l'époque où
                                              l'humain se trouve directement
                                              confronté dans sa vision à la
                                              factualité physique. 
                                           | 
                                          
                                              39 
                                           | 
                                          
                                              Ich habe es schon
                                              angedeutet: wenn wir Bilder in uns
                                              tragen, können wir frei sein.
                                              Spiegelbilder bestimmen uns nicht.
                                              Wenn wir uns nach Spiegelbildern
                                              richten wollen, die in sich
                                              kraftlos sind, so müssen wir uns
                                              selbst die Impulse geben. So ist
                                              es auch mit dem, was in uns zu
                                              abstrakten Begriffen wird. Und
                                              indem in uns im reinen Denken das
                                              Edelste auftritt, was wir in uns
                                              tragen, das Moralisch-Religiöse,
                                              wird es für uns zu einem Impuls
                                              der Freiheit. Es ist ein
                                              wertvollster Inhalt für das
                                              menschliche Leben. Aber es tritt
                                              in der Epoche, wo der Mensch sich
                                              unmittelbar in seiner Anschauung
                                              der physischen Tatsächlichkeit
                                              gegenübergestellt findet, im
                                              abstrakten Denken auf. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et à partir du moment où le
                                              moral apparaît comme intuition
                                              morale dans la pensée pure, la
                                              tâche de l'époque qui s'est
                                              développée à partir du
                                              spirituel-réel vers l'esprit de
                                              l'abstrait et qui, j'aimerais
                                              dire, en radicalisant cette
                                              atmosphère d'âme, saisit
                                              maintenant tout ce qui est
                                              spirituel comme une maya, comme
                                              une pure apparence, comme une
                                              idéologie, est accomplie. Nous
                                              avons un certain droit de saisir
                                              tout cela comme une idéologie qui
                                              est image miroir de l'être naturel
                                              extérieur. Dès l'instant où le
                                              moral, en tant qu'intuition
                                              morale, exerce son
                                              influence/impact dans cette
                                              pensée-maya, dans cette idéologie,
                                              là est atteinte la première
                                              marche, où nous reconnaissons à
                                              nouveau que cette idéologie, qui
                                              est vécue en nous comme un pur
                                              être image, doit être éveillée à
                                              la vie intérieure en nous
                                              énergisant nous-mêmes, en laissant
                                              jaillir la vie intérieure qui est
                                              cachée en nous. Le contenu du
                                              monde devait d'abord devenir une
                                              idéologie pour l'humanité, afin
                                              que l'humain puisse verser sa
                                              réalité dans ce contenu du monde. 
                                           | 
                                          
                                              40 
                                           | 
                                          
                                              Und in dem Moment,
                                              wo das Moralische als moralische
                                              Intuition im reinen Denken
                                              auftritt, da ist die Aufgabe der
                                              Epoche erfüllt, die sich aus dem
                                              GeistigRealen herausentwickelt hat
                                              zu dem Geist des Abstrakten und
                                              die, ich möchte sagen,
                                              radikalisierend diese
                                              Seelenstimmung, nun alles Geistige
                                              als eine Maja, als einen bloßen
                                              Schein, als Ideologie auffaßt. Wir
                                              haben ein gewisses Recht, das
                                              alles als eine Ideologie
                                              aufzufassen, was Spiegelbild des
                                              äußeren natürlichen Daseins ist.
                                              In dem Augenblick, wo das
                                              Moralische als moralische
                                              Intuition seinen Einschlag übt in
                                              dieses Majadenken, in diese
                                              Ideologie, da ist die erste Stufe
                                              erreicht, wo wir wiederum
                                              erkennen: diese Ideologie, die in
                                              uns erlebt wird als bloßes
                                              Bilddasein, muß, indem wir uns
                                              selbst energisieren, indem wir
                                              inneres Leben, das in uns
                                              verborgen ist, hervorsprießen
                                              lassen, zu innerlichem Leben
                                              erweckt werden. Der Weltinhalt
                                              mußte erst für die Menschheit
                                              Ideologie werden, damit der Mensch
                                              seine Realität in diesen
                                              Weltinhalt hineingießen konnte. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              C'était nécessaire à
                                              l'expérience de liberté de
                                              l'humanité, qui est donc quand
                                              même d'abord une expérience de
                                              l'Occident, de la civilisation la
                                              plus récente. C'était nécessaire
                                              de la manière que l'humain, avec
                                              tout ce qu'il a de plus précieux,
                                              avec son art, sa science, ses
                                              concepts moraux, bref, avec tout
                                              ce qui est sa vie spirituelle, se
                                              sentait comme dans un irréel et
                                              que tout ce qui apparaît brillant
                                              au-devant de lui comme une chose
                                              éphémère, comme la seule réalité,
                                              parce que cette réalité, si elle
                                              est correctement contemplée de
                                              part en part, ne peut pas du tout
                                              porter atteinte à sa liberté, dans
                                              la mesure où il est un être
                                              spirituel qui ne se crée dans la
                                              réalité/factualité
                                              physique-sensible qu'un décalque
                                              de l'esprit lui-même. 
                                           | 
                                          
                                              41 
                                           | 
                                          
                                              Das war notwendig
                                              zum Freiheitserlebnis der
                                              Menschheit, das ja doch erst ein
                                              Erlebnis des Westens, der neueren
                                              Zivilisation ist. Das war
                                              notwendig in der Weise, daß sich
                                              der Mensch zunächst mit all dem,
                                              was ihm das Wertvollste ist, mit
                                              seiner Kunst, seiner Wissenschaft,
                                              seinen Moralbegriffen, kurz, mit
                                              all dem, was sein geistiges Leben
                                              ist, wie in einem Unrealen
                                              erfühlte und daß ihm alles das,
                                              was ihm entgegenleuchtet als ein
                                              Vergängliches, als die einzige
                                              Wirklichkeit erscheint, weil diese
                                              Wirklichkeit, wenn sie richtig
                                              durchschaut wird, seine Freiheit
                                              gar nicht beeinträchtigen kann,
                                              insofern er ja doch ein geistiges
                                              Wesen ist, das sich in der
                                              physisch-sinnlichen
                                              Tatsächlichkeit nur ein Abbild des
                                              Geistes selbst erschafft. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Nous pouvons ainsi sentir
                                              comment, dans ce qui se présente
                                              comme une idéologie, il y a,
                                              radicalisé, une ambiance que nous
                                              devons en fait avoir à l'égard des
                                              concepts sur la nature, qui vit
                                              dans des rapports de situation, de
                                              mouvement, de mesure et de nombre.
                                              Si la nature nous transmettait
                                              autre chose que des concepts, elle
                                              ne nous laisserait jamais devenir
                                              des humains libres. Ce n'est qu'en
                                              nous hissant à des concepts qui
                                              n'apparaissent alors que comme
                                              idéologie à celui qui reste
                                              d'abord prisonnier de ce niveau,
                                              qu'une nouvelle forme
                                              réelle-spirituelle du monde
                                              supérieur peut se déverser dans
                                              ces concepts d'abord irréels.
                                              C'est le début à partir duquel une
                                              nouvelle forme du monde spirituel
                                              doit naître pour l'humain. Et si
                                              l'expérience unilatérale de
                                              l'idéologie se présente à nous,
                                              celui qui aujourd'hui ne reste pas
                                              prisonnier des visions immédiates
                                              du jour, mais qui est capable de
                                              regarder l'évolution du monde,
                                              doit se dire : puisqu'il était
                                              nécessaire que l'humain puisse
                                              arriver à un tel niveau
                                              d'évolution, où il peut parler
                                              d'idéologie en regardant
                                              unilatéralement le monde et
                                              soi-même, il doit à nouveau
                                              parvenir à l'opinion, à la
                                              conviction, à la force, au courage
                                              de verser dans cette idéologie un
                                              monde spirituellement vu,
                                              spirituellement vécu. 
                                           | 
                                          
                                              42 
                                           | 
                                          
                                              So können wir
                                              fühlen, wie in dem, was als
                                              Ideologie auftritt, radikalisiert
                                              eine Stimmung da ist, die wir
                                              eigentlich haben müssen gegenüber
                                              den Begriffen über die Natur, die
                                              in Lageverhältnissen, in Bewegung,
                                              in Maß und Zahl lebt. Würde die
                                              Natur uns etwas anderes
                                              überliefern als Begriffe, sie
                                              würde uns niemals zu freien
                                              Menschen werden lassen. Nur
                                              dadurch, daß wir uns zu Begriffen
                                              aufschwingen, die dann dem, der
                                              zunächst auf dieser Stufe befangen
                                              bleibt, nur wie Ideologie
                                              erscheinen, kann sich in diese
                                              zunächst unrealen Begriffe eine
                                              neue real-geistige Form der
                                              höheren Welt ergießen. Das ist der
                                              Anfang, aus dem sich eine neue
                                              Form der geistigen Welt für den
                                              Menschen herausgebären muß. Und
                                              wenn uns einseitig das Erlebnis
                                              der Ideologie entgegentritt, so
                                              muß derjenige, der heute nicht
                                              befangen bleibt in den
                                              unmittelbaren Tagesanschauungen,
                                              sondern der hinzuschauen vermag
                                              auf Weltentwickelung, sich sagen:
                                              Da es notwendig war, daß der
                                              Mensch zu einer solchen Stufe der
                                              Entwickelung kommen konnte, wo er,
                                              einseitig die Welt und sich
                                              anschauend, von Ideologie reden
                                              kann, so muß er wiederum zu der
                                              Meinung, zu der Überzeugung, zu
                                              der Kraft, zu dem Mut kommen, in
                                              diese Ideologie hineinzugießen
                                              eine geistig geschaute, geistig
                                              erlebte Welt. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Sinon, même si elle est
                                              dédiscutée philosophiquement,
                                              l'idéologie reste une idéologie.
                                              Et les forces de déclin se
                                              développeront dans un sens très
                                              réel, comme nous le verrons dans
                                              la deuxième partie de ces
                                              conférences, qui traiteront
                                              d'"anthroposophie et sociologie". 
                                           | 
                                          
                                              43 
                                           | 
                                          
                                              Sonst bleibt, wenn
                                              es auch vielleicht philosophisch
                                              abdiskutiert wird, die Ideologie
                                              eben Ideologie. Und die
                                              Niedergangskräfte werden sich 
                                              wir werden es im zweiten Teil
                                              dieser Vorträge sehen, die über
                                              «Anthroposophie und Soziologie»
                                              handeln werden  in einem sehr
                                              wirklichen Sinn ausbilden. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Ainsi, deux images se tiennent
                                              devant nous : le monde de l'esprit
                                              comme réalité et le monde des sens
                                              comme maïa, le monde des sens
                                              comme réalité et le monde de
                                              l'esprit comme maïa. 
                                           | 
                                          
                                              44 
                                           | 
                                          
                                              So stehen zwei
                                              Bilder vor uns: die Geisteswelt
                                              als Wirklichkeit und die
                                              Sinnenwelt als Maja, die
                                              Sinnenwelt als Wirklichkeit und
                                              die Geisteswelt als Maja. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Seule et unique une conception
                                              du monde et de la vie capable
                                              d'apporter l'intuition
                                              spirituelle, l'imagination et
                                              l'inspiration spirituelle dans le
                                              monde spirituel contemplé
                                              idéologiquement, de sorte que ce
                                              qui apparaît aujourd'hui
                                              indiciblement vide soit à nouveau
                                              rempli d'un contenu spirituel, et
                                              qui soit en même temps capable
                                              d'envisager en quel sens est quand
                                              même une réalité ce que l'Orient
                                              éprouve comme une apparence, comme
                                              une Maya, une réalité en ce sens
                                              qu'il s'agit d'une image vraie et
                                              fidèle, d'une transformation du
                                              monde spirituel, qui était
                                              nécessaire à l'évolution de
                                              l'humanité dans la liberté,
                                              uniquement et seulement une telle
                                              conception du monde et de la vie,
                                              qui regarde vers ces deux images
                                              au point de pouvoir en quelque
                                              sorte les emboîter l'une dans
                                              l'autre, qui ne produit pas
                                              seulement une somme extérieure
                                              sèche, mais qui, par sa propre vie
                                              intérieure, ne se développe ni à
                                              partir de l'une ni à partir de
                                              l'autre, mais à partir de
                                              l'essence humaine immédiate dans
                                              son essor spirituel, peut apporter
                                              une compréhension de ce qui nous
                                              apparaît comme deux tableaux
                                              mondiaux si polairement opposés. 
                                           | 
                                          
                                              45 
                                           | 
                                          
                                              Einzig und allein
                                              eine Welt- und Lebensanschauung,
                                              die in die ideologisch geschaute
                                              Geisteswelt geistige Intuition,
                                              geistige Imagination und
                                              Inspiration hineinzutragen vermag,
                                              so daß das, was heute unsäglich
                                              leer erscheint, wiederum erfüllt
                                              wird mit geistigem Inhalt, und die
                                              zu gleicher Zeit einzusehen
                                              vermag, in welchem Sinne doch eine
                                              Realität ist, was das Morgenland
                                              als einen Schein, als eine Maja
                                              empfindet, eine Realität in dem
                                              Sinne, daß es ja ein wahres,
                                              treues Abbild ist, eine Umwandlung
                                              der geistigen Welt, die notwendig
                                              war zur Entwickelung der
                                              Menschheit in der Freiheit, einzig
                                              und allein eine solche Welt- und
                                              Lebensauffassung, die so nach
                                              diesen beiden Bildern hinblickt,
                                              daß sie sie gewissermaßen
                                              ineinanderzuschieben vermag, die
                                              nicht nur eine trockene, äußere
                                              Summe herstellt, sondern die sich
                                              durch eigenes inneres Leben weder
                                              aus dem einen noch dem anderen,
                                              sondern aus der unmittelbaren
                                              menschlichen Wesenheit im
                                              geistigen Aufschwung
                                              herausentwickelt, kann
                                              Verständigung für das bringen, was
                                              uns als zwei einander so polarisch
                                              entgegengesetzte Welttableaus
                                              entgegentritt. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et ces tableaux mondiaux jouent
                                              au fond un rôle dans tout ce que
                                              nous traversons vivant
                                              spirituellement. Il est absolument
                                              ainsi que ces atmosphères
                                              interviennent dans les détails de
                                              la vie, dans les détails des
                                              visions humaines. J'aimerais
                                              éviter, en tant qu'Européen
                                              central en Europe centrale, de
                                              porter un jugement personnel sur
                                              ce point précis. Je voudrais faire
                                              part du jugement qu'un Anglais a
                                              exprimé il y a quelques années, en
                                              comparant l'Europe occidentale et
                                              l'Europe centrale à propos d'un
                                              certain côté de la vie
                                              spirituelle. Cet Anglais voulait
                                              caractériser la manière dont la
                                              vie spirituelle se présentait dans
                                              les différentes manifestations. Il
                                              a attiré l'attention sur la
                                              parution, à la fin des années
                                              cinquante et au début des années
                                              soixante, de l'œuvre importante de
                                              Buckle, "L'histoire de la
                                              civilisation", et sur comment ce
                                              dernier considère la vie
                                              historique en grande partie à
                                              partir d'impulsions économiques,
                                              pas encore aussi radicalement que
                                              les marxistes par exemple, mais à
                                              partir de telles impulsions, de
                                              sorte qu'au fond, la vie
                                              spirituelle s'élève à partir des
                                              forces économiques dans leur
                                              interaction et leur divergence. On
                                              n'est pas obligé de critiquer ce
                                              genre de choses, on peut se
                                              montrer positif à leur égard ; on
                                              peut dire que, puisque l'humain
                                              est aussi un être économique, il
                                              est devenu nécessaire, dans
                                              l'évolution de l'humanité, de voir
                                              la vie humaine aussi sous cette
                                              lumière. Mais alors, cet Anglais
                                              fait référence à une autre œuvre
                                              qui a vu le jour en Europe
                                              centrale à l'époque où Buckle
                                              écrivait son histoire de la
                                              civilisation, l'œuvre "Die
                                              Geschichte der Renaissance in
                                              Italien (L'histoire de la
                                              Renaissance en Italie)" de Jacob
                                              Burckhardt. L'Anglais lui-même
                                              fait remarquer qu'il y règne un
                                              tout autre esprit ; car Jacob
                                              Burckhardt décrit comment les
                                              humains ressentent, comment ils
                                              sont disposés les uns envers les
                                              autres, comment ils arrivent, par
                                              les conceptions qu'ils ont les uns
                                              des autres, à certains rapports
                                              qui déterminent à leur tour les
                                              autres événements qui se déroulent
                                              parmi eux. 
                                           | 
                                          
                                              46 
                                           | 
                                          
                                              Und diese
                                              Welttableaus spielen im Grunde
                                              genommen in alles das hinein, was
                                              wir geistig durchleben. Es ist
                                              durchaus so, daß in die
                                              Einzelheiten des Lebens, die
                                              Einzelheiten der menschlichen
                                              Anschauungen diese Stimmungen
                                              hineinspielen. Ich möchte es
                                              vermeiden, hier als Mitteleuropäer
                                              in Mitteleuropa gerade über diesen
                                              Punkt ein eigenes Urteil
                                              abzugeben. Ich möchte das Urteil
                                              mitteilen, das vor einigen Jahren
                                              ein Engländer ausgesprochen hat,
                                              der West- und Mitteleuropa in
                                              bezug auf eine gewisse Seite des
                                              geistigen Lebens verglich. Dieser
                                              Engländer wollte charakterisieren,
                                              wie das geistige Leben in
                                              einzelnen Erscheinungen sich
                                              präsentiert hat. Er wies darauf
                                              hin, wie Ende der fünfziger und
                                              Anfang der sechziger Jahre das
                                              bedeutsame Werk von Buckle
                                              erschienen ist, «Die Geschichte
                                              der Zivilisation», und wie dieser
                                              Buckle das geschichtliche Leben
                                              zum großen Teil aus
                                              wirtschaftlichen Impulsen heraus
                                              betrachtet, noch nicht so radikal
                                              wie zum Beispiel die Marxisten,
                                              aber doch aus solchen Impulsen
                                              heraus, so daß im Grunde genommen
                                              das geistige Leben aufsteigt aus
                                              den wirtschaftlichen Kräften in
                                              ihrem Zusammen- und
                                              Auseinanderwirken. Man muß ja
                                              nicht durchaus Kritik an so etwas
                                              anlegen, man kann sich zu so etwas
                                              positiv verhalten; man kann sagen:
                                              Es ist eben einmal, da der Mensch
                                              auch ein wirtschaftliches Wesen
                                              ist, notwendig geworden in der
                                              Menschheitsentwickelung, das
                                              Menschenleben geschichtlich auch
                                              in diesem Lichte zu sehen. Dann
                                              aber weist dieser Engländer hin
                                              auf ein anderes Werk, das in
                                              Mitteleuropa zu derselben Zeit
                                              entstanden ist, als Buckle seine
                                              Geschichte der Zivilisation
                                              geschrieben hat, das Werk «Die
                                              Geschichte der Renaissance in
                                              Italien» von Jacob Burckhardt. Der
                                              Engländer weist selber darauf hin,
                                              wie da ein ganz anderer Geist
                                              drinnen waltet; denn Jacob
                                              Burckhardt schildert, wie die
                                              Menschen fühlen, wie sie
                                              gegeneinander gesinnt sind, wie
                                              sie durch die Anschauungen, die
                                              sie voneinander haben, in gewisse
                                              Verhältnisse kommen, wodurch
                                              wieder die anderen unter ihnen
                                              sich abspielenden Ereignisse
                                              bestimmt werden. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et l'Anglais résume alors son
                                              jugement en disant - je ne juge
                                              pas moi-même, je cite le jugement
                                              de l'Anglais - : Buckle décrit
                                              l'humain tel qu'il mange et boit,
                                              Burckhardt décrit l'humain tel
                                              qu'il pense et ressent. 
                                           | 
                                          
                                              47 
                                           | 
                                          
                                              Und der Engländer
                                              faßt dann sein Urteil so zusammen,
                                              daß er sagt - ich urteile nicht
                                              selbst, ich führe das Urteil des
                                              Engländers an -: Buckle schildert
                                              den Menschen, wie er ißt und
                                              trinkt, Burckhardt schildert den
                                              Menschen, wie er denkt und fühlt. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et maintenant, je voudrais
                                              ajouter quelque chose : si nous
                                              avons entendu comment l'Occident
                                              envisage la réalité extérieure et
                                              en fait jaillir la vie spirituelle
                                              comme résultat, comment l'Européen
                                              central envisage ce qui vit au
                                              sein de l'âme, mais en tant qu'âme
                                              dans l'existence terrestre, alors
                                              il faudrait ajouter une troisième
                                              chose : l'homme oriental, déjà à
                                              bien des égards l'homme oriental
                                              européen, décrit l'homme comme il
                                              prêche et comme il sacrifie. 
                                           | 
                                          
                                              48 
                                           | 
                                          
                                              Und jetzt möchte
                                              ich etwas hinzu sagen: Wenn wir
                                              gehört haben, wie der Westen die
                                              äußere Tatsächlichkeit ins Auge
                                              faßt und das geistige Leben als
                                              Ergebnis daraus entspringen läßt,
                                              wie der Mitteleuropäer das, was
                                              lebt innerhalb des Seelischen,
                                              aber als Seelisches im irdischen
                                              Dasein, ins Auge faßt, so wäre als
                                              drittes hinzuzufügen: der östliche
                                              Mensch, in vieler Beziehung schon
                                              der europäisch östliche Mensch,
                                              schildert den Menschen, wie er
                                              predigt und opfert. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et ainsi nous pourrions dire, en
                                              complétant le jugement de
                                              l'Anglais : en Occident, l'humain
                                              est décrit comme il mange et boit
                                              - je ne dis pas cela dans un sens
                                              péjoratif ; dans le monde médian,
                                              comme il pense et ressent ; en
                                              Orient, comme il prêche et
                                              sacrifie. Ce que je me suis permis
                                              de décrire comme l'atmosphère
                                              orientale entre en jeu dans la
                                              prédication et le sacrifice. Ce
                                              que j'ai décrit comme l'état
                                              d'esprit occidental entre en ligne
                                              de compte dans la vision de
                                              l'histoire qui est aujourd'hui
                                              devenue courante dans les cercles
                                              les plus larges, et qui se reflète
                                              aussi dans le sentiment de
                                              l'idéologie. Mais nous devons
                                              aussi voir comment, dans ce qui
                                              est décrit au centre, où l'humain
                                              est représenté tel qu'il pense et
                                              ressent, comment les deux courants
                                              convergent, comment on est amené
                                              aujourd'hui à comprendre ce
                                              concours/cet écoulement commun de
                                              la manière correcte, à partir d'un
                                              commencement qui doit s'élaborer
                                              vers la spiritualité. 
                                           | 
                                          
                                              49 
                                           | 
                                          
                                              Und so könnten wir
                                              sagen, das Urteil des Engländers
                                              ergänzend: Im Westen wird der
                                              Mensch geschildert, wie er ißt und
                                              trinkt - ich sage das nicht in
                                              abfälligem Sinne; in der mittleren
                                              Welt, wie er denkt und fühlt; in
                                              der östlichen, wie er predigt und
                                              opfert. Da spielt hinein, in das
                                              Predigen und Opfern, was ich als
                                              östliche Stimmung mir zu schildern
                                              erlaubte. Da spielt hinein, in die
                                              Geschichtsbetrachtung, die heute
                                              den weitesten Kreisen geläufig
                                              geworden ist, die sich auch
                                              widerspiegelt in der Empfindung
                                              der Ideologie, was ich als
                                              westliche Stimmung geschildert
                                              habe. Aber wir müssen auch
                                              schauen, wie in dem, was in der
                                              Mitte geschildert wird, wo der
                                              Mensch dargestellt wird, wie er
                                              denkt und fühlt, wie da die beiden
                                              Strömungen zusammenfließen, wie
                                              man heute veranlaßt ist, dieses
                                              Zusammenströmen in der richtigen
                                              Weise zu verstehen, aus einem
                                              Anfang heraus, der sich
                                              hinaufarbeiten muß zur
                                              Geistigkeit. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Et je voudrais résumer en une
                                              image ce que j'ai voulu
                                              représenter comme deux ambiances,
                                              pour montrer ce qui doit
                                              réellement s'entendre/s'accorder
                                              entre l'Orient et l'Occident. Je
                                              voudrais le résumer dans une image
                                              supplémentaire, en montrant
                                              comment, à l'époque où, en Orient
                                              déjà, le monde physique et
                                              sensoriel, mais aussi la vie
                                              humaine, étaient ressentis comme
                                              une Maya, comment celui qu'on a
                                              appelé le Bouddha a trouvé, au
                                              cours de ses pérégrinations, les
                                              révélations les plus diverses de
                                              la souffrance humaine sur terre,
                                              comment, parmi ces révélations, il
                                              y a aussi un cadavre, comment le
                                              Bouddha est confronté à la mort et
                                              comment, à partir de cette vision
                                              de la mort humaine, il en arrive à
                                              sa conclusion : la vie est
                                              souffrance. 
                                           | 
                                          
                                              50 
                                           | 
                                          
                                              Und in ein Bild
                                              möchte ich zusammenfassen, was ich
                                              als zwei Stimmungen habe
                                              darstellen wollen, um zu zeigen,
                                              was sich eigentlich verständigen
                                              muß zwischen Osten und Westen. Ich
                                              möchte das zusammenfassen in einem
                                              weiteren Bild, indem ich darauf
                                              hinweise, wie in der Zeit, wo
                                              schon im Morgenlande die
                                              physisch-sinnliche Welt, aber auch
                                              das menschliche Leben als Maja
                                              empfunden worden ist, wie da
                                              derjenige, der der Buddha genannt
                                              worden ist, auf seinen Wanderungen
                                              die verschiedensten Offenbarungen
                                              menschlichen Erdenleids fand, wie
                                              unter diesen Offenbarungen auch
                                              ein Leichnam ist, wie dem Buddha
                                              der Tod gegenübertritt und wie er
                                              aus dieser Anschauung des
                                              menschlichen Todes zu seiner
                                              Folgerung kommt: Leben ist Leiden. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              C'est la façon et la manière
                                              comment se joue la culture
                                              orientale six cents ans avant la
                                              fondation du christianisme. Six
                                              cents ans plus tard, le
                                              christianisme est fondé et un
                                              symbole important se dresse alors
                                              : celui du crucifix, la croix
                                              dressée avec le Rédempteur, avec
                                              le corps humain mort dessus. Et
                                              d'innombrables personnes se
                                              tournent vers le cadavre, vers
                                              l'image du cadavre en Occident,
                                              comme d'innombrables personnes
                                              devenues disciples de Bouddha se
                                              sont tournées vers le cadavre
                                              duquel Bouddha a tiré son
                                              enseignement. Comme l'a confessé
                                              l'Orient : la vie est souffrance,
                                              nous aspirons à la rédemption,
                                              ainsi les Occidentaux ont regardé
                                              l'image du cadavre, mais ils n'ont
                                              pas prononcé les mots suivants à
                                              la vue de ce cadavre : "La vie est
                                              souffrance ! Non, la vue de la
                                              mort est devenue pour eux le
                                              symbole d'une résurrection, d'une
                                              résurrection de l'esprit à partir
                                              de la force humaine intérieure, le
                                              symbole du fait que la souffrance
                                              peut tout de suite être rachetée
                                              par ce que le physique est
                                              surmonté et qu'il n'est pas
                                              surmonté dans le sens où on s'en
                                              détourne de manière ascétique,
                                              mais en le gardant pleinement à
                                              l'œil, ne le considère tout de
                                              suite pas comme une Maya, mais en
                                              le surmontant par le travail, par
                                              l'activité, par la vivacité de la
                                              volonté. De la vie contemplative
                                              de l'Orient est née la vision du
                                              cadavre, avec la conclusion
                                              suivante : la vie est souffrance ;
                                              l'homme doit être délivré de la
                                              vie. De la vie occidentale, qui
                                              tend vers l'activité, il est
                                              ressorti de la vision du cadavre
                                              que la vie doit développer en elle
                                              une force, afin que les forces de
                                              la mort puissent être surmontées
                                              et que le travail humain puisse
                                              accomplir sa tâche dans
                                              l'évolution du monde. 
                                           | 
                                          
                                              51 
                                           | 
                                          
                                              Das ist die Art und
                                              Weise, wie sich orientalische
                                              Kultur abspielt sechshundert Jahre
                                              vor der Begründung des
                                              Christentums. Sechshundert Jahre
                                              später wird das Christentum
                                              begründet und ein bedeutsames
                                              Symbolum steht danach da: das des
                                              Kruzifixus, das erhobene Kreuz mit
                                              dem Erlöser, mit dem toten
                                              Menschenkörper darauf. Und
                                              unzählige Menschen schauen zu dem
                                              Leichnam, zu dem Bild des
                                              Leichnams hin im Westen, wie
                                              unzählige Menschen, die Anhänger
                                              Buddhas geworden sind, nach dem
                                              Leichnam hinschauten, von dem
                                              Buddha seine Lehre genommen hat.
                                              Wie der Osten bekannte: Das Leben
                                              ist Leid, wir sehnen uns nach
                                              Erlösung  so schauten die
                                              westlichen Menschen das Bild des
                                              Leichnams, sie aber sprachen nicht
                                              aus dem Anblick dieses Leichnams
                                              heraus bloß die Worte: Das Leben
                                              ist Leid!  Nein, der Anblick des
                                              Todes wurde ihnen das Symbolum für
                                              eine Auferstehung, für eine
                                              Auferstehung des Geistes aus
                                              innerer Menschenkraft, das
                                              Symbolum dafür, daß das Leid
                                              gerade dadurch erlöst werden kann,
                                              daß das Physische überwunden wird
                                              und daß es nicht etwa überwunden
                                              wird in dem Sinne, daß man sich
                                              asketisch von ihm abwendet,
                                              sondern indem man es voll im Auge
                                              behält, gerade nicht als Maja
                                              ansieht, aber es überwindet durch
                                              Arbeit, durch Tätigkeit, durch die
                                              Regsamkeit des Willens. Aus dem
                                              beschaulichen Leben des Orients
                                              heraus ist entsprungen die
                                              Anschauung des Leichnams mit der
                                              Folgerung: Leben ist Leid; der
                                              Mensch muß erlöst werden von dem
                                              Leben. Aus dem nach Tätigkeit
                                              hinstrebenden Leben des
                                              Abendlandes ist aus dem Anblick
                                              des Leichnams hervorgesproßt:
                                              Leben muß Kraft in sich
                                              entwickeln, damit auch die Kräfte
                                              des Todes überwunden werden können
                                              und die menschliche Arbeit in der
                                              Weltentwickelung ihre Aufgabe
                                              verrichten kann. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              L'une de ces visions du monde
                                              est ancienne et vieillissante. 
                                           | 
                                          
                                              52 
                                           | 
                                          
                                              Die eine
                                              Weltanschauung ist alt und
                                              greisenhaft. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais elle porte en elle quelque
                                              chose de si grand que, même si on
                                              la qualifie de vieillissante, on
                                              se tient devant elle comme devant
                                              quelque chose de vénérable. On
                                              vénère le vieillard. 
                                           | 
                                          
                                              53 
                                           | 
                                          
                                              Aber sie trägt so
                                              Großes in sich, daß, wenn man sie
                                              auch als greisenhaft anspricht,
                                              man vor ihr steht als vor etwas
                                              Altehrwürdigem. Den Greis verehrt
                                              man. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Mais on ne lui demande pas
                                              d'adhérer aux idées de la
                                              jeunesse. Mais ce qui se présente
                                              à nous en Occident porte le
                                              caractère du début. Nous avons
                                              montré ce qu'il fallait faire de
                                              ce qui se présentait comme une
                                              idéologie dans l'ambiance. C'est
                                              jeune, c'est ce que la force
                                              juvénile doit développer en elle
                                              afin de parvenir à l'esprit à sa
                                              façon, comme l'Orient est parvenu
                                              à l'esprit à sa façon évidente. 
                                           | 
                                          
                                              54 
                                           | 
                                          
                                              Aber man mutet ihm
                                              nicht zu, daß er sich zu den
                                              Anschauungen der Jugend bekenne.
                                              Das aber, was uns im Westen
                                              entgegentritt, trägt den Charakter
                                              des Anfangs. Wir zeigten, was
                                              werden muß aus dem, was als
                                              Ideologie in der Stimmung
                                              auftritt. Das ist jung, das ist
                                              das, was jugendliche Kraft in sich
                                              entwickeln muß, damit es auf seine
                                              Art zum Geiste gelangt, wie auf
                                              seine selbstverständliche Art der
                                              Orient zum Geiste gelangt ist. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Si nous vénérons l'Orient pour
                                              sa spiritualité, nous devons
                                              néanmoins être clairs : nous
                                              devons former notre propre
                                              spiritualité à partir de notre
                                              début occidental. Mais nous devons
                                              la former de telle sorte que nous
                                              puissions nous entendre sur toute
                                              la terre avec toutes les
                                              conceptions existantes, en
                                              particulier avec les conceptions
                                              vénérables. Ce sera le cas si
                                              nous, en tant qu'humains médians
                                              et occidentaux, prenons conscience
                                              de ce que cela signifie : notre
                                              vision du monde et de la vie a des
                                              défauts, mais ce sont des manques
                                              de la jeunesse. 
                                           | 
                                          
                                              55 
                                           | 
                                          
                                              Verehren wir den
                                              Orient wegen seiner Geistigkeit,
                                              so müssen wir uns dennoch klar
                                              darüber sein: wir müssen unsere
                                              eigene Geistigkeit aus unserem
                                              abendländischen Anfang heraus
                                              bilden. Wir müssen sie aber so
                                              gestalten, daß wir uns über die
                                              ganze Erde hin mit jeglicher
                                              Anschauung, die vorhanden ist,
                                              insbesondere mit altehrwürdigen
                                              Anschauungen, verständigen können.
                                              Das wird der Fall sein können,
                                              wenn wir als mittlere und
                                              westliche Menschen uns bewußt
                                              werden, was es bedeutet: unsere
                                              Welt- und Lebensanschauung hat
                                              Mängel, aber es sind Mängel der
                                              Jugend. 
                                           | 
                                         
                                        
                                          | 
                                              Si nous comprenons cela, c'est
                                              une invitation à avoir le courage
                                              à la force. Mettons en face de ce
                                              que nous devons avoir de l'Orient,
                                              le respect, l'amour, l'admiration
                                              pour sa spiritualité, mettons en
                                              face non pas une réception
                                              passive, mais un travail assidu à
                                              partir de ce qui est peut-être
                                              encore non spirituel aujourd'hui
                                              en Occident, mais qui porte en lui
                                              le germe de la spiritualité,
                                              mettons la force en face du
                                              respect, et nous ferons ce qui est
                                              correct pour le
                                              développement/l'évolution de
                                              l'humanité. 
                                           | 
                                          
                                              56 
                                           | 
                                          
                                              Verstehen wir das,
                                              so ist es eine Aufforderung, den
                                              Mut zu haben zur Kraft. Stellen
                                              wir dem, was wir vom Osten haben
                                              müssen, der Ehrfurcht, der Liebe,
                                              der Bewunderung vor seiner
                                              Geistigkeit, stellen wir dem nicht
                                              ein passives Empfangen gegenüber,
                                              sondern ein emsiges Arbeiten aus
                                              dem, was heute vielleicht noch
                                              ungeistig ist im Westen, was aber
                                              den Keim der Geistigkeit in sich
                                              trägt, stellen wir zu der
                                              Ehrfurcht die Kraft hin, dann
                                              werden wir das Richtige tun für
                                              die Menschheitsentwickelung. 
                                           | 
                                         
                                      
                                     
                                   
                                 
                               | 
                             
                          
                         
                           
                        
                         
                         
                         
                        QUATRIÈME CONFÉRENCE 
                        ANTHROPOSOPHIE ET ÉVOLUTION DU MONDE 
                         
                        Du point de vue géographique 
                        Vienne, le 4 juin 1922 
                        01 
                        Mes très chers présents ! De même que l'on peut décrire
                        les conditions de la terre selon le principe d'une
                        géographie physique, de même les impulsions spirituelles
                        qui agissent sur la terre et qui ont déjà été plus ou
                        moins caractérisées dans ces conférences peuvent être
                        décrites dans une sorte de géographie spirituelle - en
                        particulier l'interaction des impulsions orientales et
                        occidentales de la vie spirituelle de l'humanité avec
                        toutes leurs différentes différenciations. Ce qui doit
                        être dit aujourd'hui dans cette intention ne peut
                        toutefois être qu'esquissé ; mais il s'agit aussi plus
                        de trouver un point de vue particulier pour certaines
                        choses qui ont déjà été caractérisées ici que de faire
                        une description tout à fait détaillée. 
                        02 
                        Lorsqu'il est regardé vers l'Orient - dont le rapport
                        avec l'Occident est si souvent évoqué par l'expression
                        symbolique selon laquelle la lumière vient de l'Orient
                        -, alors l'humain occidental, l'humain de la
                        civilisation moderne en général, a quand même
                        l'impression d'une vie de l'esprit onirique. Par rapport
                        à l'habitude de la vie de l'esprit moderne à des
                        concepts aux contours nets et précis, à des concepts qui
                        s'appuient étroitement sur ce qui peut devenir une
                        observation extérieure, les représentations de l'Orient,
                        souvent mobiles, fluctuantes, qui ne s'appuient pas
                        aussi directement sur des éléments extérieurs aux
                        contours nets, ont l'air d'un rêve. 
                        03 
                        Il faut dire que c'est à partir de cette vie de l'esprit
                        onirique, qui s'est exprimée dans les poèmes les plus
                        magnifiques, dans les Vedas, que se sont développés les
                        concepts pointus d'une philosophie globale, comme la
                        philosophie du Vedanta ; des concepts qui ne sont pas
                        obtenus par la comparaison de faits extérieurs, par
                        l'analyse ; des concepts qui sont nés, je dirais, de la
                        vie de l'esprit vécue intérieurement, saisie
                        intérieurement. 
                        04 
                        Mais lorsque cette vie de l'esprit onirique agit sur
                        nous, lorsque nous nous adonnons à cette vie de l'esprit
                        avec un certain amour intérieur et que nous ne faisons
                        tout d'abord pas attention au fait qu'elle soit très
                        différente de la nôtre, nous recevons quand même une
                        impression singulière. En effet, on ne peut pas
                        s'arrêter à cette vie de l'esprit si on, aimerais-je
                        dire, la laisse agir sur son âme dans ses différentes
                        configurations. On ne peut pas simplement absorber les
                        représentations, les idées que l'on y reçoit. En
                        recevant de telles représentations, de telles idées, que
                        ce soit de la poésie, de la philosophie de l'Orient, ou
                        des formes de cette poésie, de cette philosophie, qui,
                        devenues vieilles, se sont maintenues en Orient jusqu'à
                        aujourd'hui, alors on reçoit un besoin spirituel
                        intérieur d'aller au-delà de ces images, de ces idées,
                        de ces représentations ; et quelque chose apparaît alors
                        devant le coup d'œil de l'âme. Nous ne pouvons souvent
                        pas faire autrement, lorsqu'une telle idée orientale
                        surgit du rapport de comment l'humain s'approche du
                        mystère et de la création mystérieuse de la nature et du
                        monde, nous ne pouvons pas faire autrement, lorsque nous
                        laissons cette image agir sur nous, que de laisser
                        grandir devant nous en esprit ce qui est également le
                        symbole d'une telle notion en Orient : la fleur de
                        lotus, comme elle enroule ses feuilles autour de ce qui
                        doit être mystérieusement caché. Et si nous nous
                        plongeons avec un peu d'amour dans les concepts aux
                        multiples mouvements, dans les concepts qui sont plus
                        aptes à toucher délicatement les choses extérieures et à
                        les entourer comme d'un souffle de brume qu'à les saisir
                        dans des contours précis, nous ne pouvons pas nous
                        empêcher de nous plonger dans les ramifications de ces
                        concepts, dans cet enchevêtrement, que de voir surgir
                        devant notre âme toute la végétation de l'Orient qui
                        s'enchevêtre et se ramifie, ainsi que tout ce qu'alors
                        la main humaine, l'esprit humain et la culture ont
                        ensuite produit à partir de pierres et d'autres produits
                        du travail dans le sens de ces concepts qui s'écoulent
                        et se ramifient. 
                        05 
                        On a la permission de dire que l'âme ne peut pas faire
                        autrement, lorsqu'elle s'approfondit dans ces
                        représentations, dans ces concepts, que de voir se lever
                        devant elle une nature qui, dans sa vie, dans toute sa
                        diversité, dans son activité pleine de fantaisie, est
                        semblable à ce que l'âme vit dans les concepts, dans les
                        représentations de cette création de l'esprit orientale. 
                        06 
                        Il ne me semble pas qu'il y ait une raison extérieure
                        pour passer de cette création de l'esprit à une
                        "observation fidèle de la nature", mais il me semble que
                        dans les représentations et les concepts orientaux
                        eux-mêmes se trouvent les impulsions pour ne pas
                        simplement les accepter, mais pour les appliquer au
                        monde extérieur. Et si les Européens ont peut-être le
                        sentiment que tout cela ne peut pas être appliqué au
                        monde extérieur, précisément à cause de son caractère
                        flou et souvent fantastique, alors on peut se demander :
                        oui, comment peut-on suivre, avec des concepts aux
                        contours précis, les formations nuageuses fluctuantes,
                        qui apparaissent rapidement sous les formes les plus
                        diverses ? Mais il faut aussi suivre de telles formes en
                        ce qui concerne la création de la nature, si l'on veut
                        observer cette création dans sa manifestation immédiate
                        telle qu'elle se présente aux sens humains et à l'âme
                        humaine. 
                        07 
                        Pourquoi en est-il ainsi ? Il me semble qu'il ne peut y
                        avoir d'autre raison que le fait que, dans ce qui nous
                        parvient de cette création spirituelle orientale, vit un
                        élément à partir duquel il fut jadis
                        directement/immédiatement créé. 
                        08 
                        À l'époque où l'Oriental formait précisément ce qu'il y
                        avait de plus grandiose dans sa vision du monde, qui
                        s'est ensuite souvent transmise à ses descendants dans
                        un état décadent, l'Orient créait tout avec un amour
                        dévoué. L'amour vit dans chacune de ses idées, dans
                        chacun de ses concepts et de ses images, et nous
                        ressentons l'amour dans ces idées, dans ces concepts et
                        dans ces images. L'amour veut s'écouler dans les objets.
                        Et il s'écoule de manière conforme à la nature et fait
                        apparaître comme par magie devant les yeux de notre âme
                        ce que l'Oriental représentait aussi par des symboles -
                        avec une compréhension intime de maintes choses
                        suprasensibles - lorsqu'il voulait représenter ce qu'il
                        éprouvait comme spirituel dans les choses. Bien entendu,
                        il ne s'agit pas d'affirmer qu'une telle configuration
                        d'esprit, répandue sur toute la terre, puisse être une
                        pleine bénédiction pour l'évolution mondiale. Mais
                        puisqu'elle est apparue une fois en un point du globe et
                        qu'elle a souvent répandu ses effets sur d'autres
                        régions de la vie terrestre, elle doit être envisagée
                        sans préjugé, précisément à une époque où l'entente
                        entre les humains doit être établie. 
                        09 
                        Considérons au contraire ce qui s'est développé comme
                        une vision particulière, certainement non moins
                        justifiée, mais sous une forme tout à fait différente,
                        plus orientée vers l'Occident - et nous vivons aussi
                        beaucoup dans cet Occident à cet égard -. Nous y voyons
                        comment on considère et doit considérer comme un idéal
                        que l'on se retire de ce que les sens observent
                        immédiatement, ce qui est étalé dans l'espace et dans le
                        temps, et d'examiner ce que la nature offre, ce qui
                        devrait conduire au mystère du monde, selon la position
                        dans l'espace, le mouvement, la mesure et le poids, de
                        découper ce qui se présente directement à l'œil, de le
                        prendre sous le microscope et de se former alors des
                        représentations qui ne peuvent justement se donner que
                        sous le microscope. 
                        10 
                        Transposons-nous bien une fois dans nos laboratoires :
                        comment sommes-nous alors équipés de ces concepts qui,
                        au fond, sont obtenus tout à fait en dehors de
                        l'observation immédiate. Comment observons-nous
                        aujourd'hui la lumière qui traverse le monde ? Comment
                        la considérons-nous avec des concepts déduits ? Il faut
                        bien qu'il y en ait, sinon nous n'arriverions pas à une
                        compréhension. Mais combien est éloigné ce que nous
                        trouvons maintes fois enregistré dans notre création
                        spirituelle de la lumière et des couleurs, de ce qui se
                        présente à nous dans les forêts et les prés, dans les
                        formations nuageuses, dans le soleil. Nous pouvons dire
                        que ce que nous formons dans nos concepts aux contours
                        précis, avec la balance, avec la règle, avec les types
                        les plus divers d'appareils de comptage et ainsi de
                        suite, ce qui nous conduit dans certaines profondeurs de
                        l'existence de la nature et résout bien des énigmes, ne
                        nous rapproche pas tout d'abord de l'observation
                        immédiate de la nature. On peut bien dire que l'humain
                        tourne son attention vers l'observation des sens et
                        qu'il essaie ensuite de tirer sa vision du monde de
                        l'observation des sens. Au fond, ce n'est pas du tout le
                        cas. Ce que nous fondons comme vision scientifique du
                        monde est très éloigné de ce que les sens observent. 
                        11 
                        En fait, nous devons dire que si nous fondons notre
                        connaissance avec les outils de notre science, avec
                        lesquels nous venons peut-être d'obtenir les plus beaux
                        fruits de notre science de la nature actuelle, alors
                        nous devons, si nous voulons à notre tour atteindre la
                        nature, d'abord commuter quelque chose dans notre âme.
                        Si nous sommes botanistes, si nous avons beaucoup
                        observé au microscope, si nous avons appris à connaître
                        la vie des cellules, si nous nous sommes fait des idées
                        à partir de la façon atomisante d'aujourd'hui, alors
                        nous devons commuter quelque chose dans notre âme pour à
                        nouveau avoir de l'amour au monde végétal immédiat,
                        florissant et verdoyant. Si nous nous sommes fait une
                        représentation de science de la nature de l'édifice de
                        l'animal et de l'humain, nous devons à nouveau commuter
                        quelque chose en nous si nous voulons parvenir à
                        l'observation directe/immédiate de la forme et de
                        l'activité de l'animal, si nous devions nous réjouir de
                        voir l'animal s'ébattre sur le pré, ou s'il tourne vers
                        nous son regard mélancolique ou silencieux, ou s'il nous
                        regarde avec confiance. Justement ainsi, nous devons
                        changer quelque chose dans notre âme si nous voulons
                        nous projeter dans ce que l'œil peut regarder, en
                        dirigeant son regard vers la forme humaine, en suivant
                        la configuration des surfaces avec un regard artistique
                        et ainsi de suite. L'Oriental n'a pas besoin de
                        commuter. Ce qu'il appelait sa science le conduisait, en
                        ce qu'il le vivait imprégné/l'âme parcourue d'amour,
                        dehors à la vision immédiate. Celle-ci était très
                        immédiatement l'écho de ce qu'il vivait dans l'âme. 
                        12 
                        Ce sont des différences d'humeur/d'ambiance dans la
                        saisie du monde et de la vie en Orient et en Occident.
                        Et ces différences d'ambiance interagissent de la
                        manière la plus diverse chez l'humain du centre. Car
                        dans ce que nous vivons dans notre âme scientifiquement,
                        artistiquement et religieusement, afflue beaucoup de
                        cette ambiance/atmosphère que je viens d'essayer de
                        caractériser un peu comme celle qui souffle de l'Orient.
                        Mais dans une autre relation, règne en nous quelque
                        chose du vivre qui continue, qui est enflammé par cette
                        scientificité que l'Occident a développée, qui est,
                        j'aimerais dire, une scientificité et une connaissance
                        jeunes par rapport à l'Orient devenu vieux. Et dans
                        chaque âme de la civilisation médiane, ces deux courants
                        affluent ensemble. Au fond, la vie qui nous entoure en
                        Europe est une confluence, une confluence telle que nous
                        avons aujourd'hui grand besoin de regarder avec une
                        pleine compréhension ce qui conflue. 
                        13 
                        On peut encore caractériser d'une autre manière la
                        manière dont les atmosphères de l'Orient et de
                        l'Occident se touchent dans notre vie actuelle de
                        l'esprit. 
                        14 
                        De ce qui vient d'être décrit pour l'Orient, il ressort
                        une chose pour l'Oriental. En s'immergeant dans sa vie
                        de l'esprit, il vit cette vie de l'esprit comme une
                        réalité immédiate, il la porte immédiatement dans son
                        âme comme la réalité qui lui est évidente. Alors la
                        nature extérieure, et en général tout le monde extérieur
                        jusqu'aux formations stellaires, lui apparaît comme un
                        écho, qui est pourtant au fond la même chose que ce
                        qu'il porte en son intérieur. Mais ce qui lui résonne là
                        comme un écho, ce qui lui apparaît comme un reflet, il
                        ne peut pas l'aborder comme une réalité dans le même
                        sens qu'il peut aborder comme une réalité ce qu'il vit
                        immédiatement dans son psychisme/ce qui lui est d'âme.
                        Ce qu'il vit dans le psychisme, il y est lié, il en dit
                        que c'est parce qu'il éprouve son être comme son propre
                        être, parce qu'il sait donc quel genre d'être lui
                        revient. S'il regarde au dehors, là où le reflet de cet
                        étant brille vers lui, alors il sait à sa façon : cela
                        n'a pas dans le même sens réalité, ce n'est pas réalité
                        dans le même sens. 
                        15 
                        Si je ne l'éclairais pas avec la lumière qui flue de mon
                        propre intérieur, elle serait muette et sombre. Et en
                        ressentant cela de plus en plus, il arrive à
                        l'atmosphère d'âme qui dit : "La vérité, la réalité,
                        elle vit dans ce que l'âme expérimente immédiatement. Ce
                        qui brille là dehors en vis-à-vis de reflet, c'est
                        justement l'apparence, c'est la Maya, ce n'est aucune
                        pleine réalité, cela devient premièrement réalité
                        lorsqu'il est touché par ce qui doit d'abord se révéler
                        à travers le propre intérieur de l'âme humaine. 
                        16 
                        C'est ainsi que nous voyons se développer en Orient la
                        façon de voir que le monde spirituel est la réalité, que
                        le monde extérieur, le monde extérieur sensible, est le
                        monde apparent, la grande illusion, la maja. 
                        17 
                        Mais on n'a pas la permission de croire pour autant que
                        l'Oriental détourne son coup d'œil de ce monde
                        extérieur, comme absolument au temps prébouddhique. Il
                        l'accepte, même si, dans un sens plus élevé, il doit
                        s'avouer, à sa façon, qu'il n'a pas affaire à la pleine
                        réalité, mais à une apparence, au grand non-être, à la
                        Maya, dans ce qui est étalé dans l'espace et le temps.
                        Mais cela répand à nouveau une atmosphère particulière
                        sur la vie de l'âme de l'Orient, l'atmosphère par
                        laquelle l'âme se sent reliée à un monde spirituel et
                        par laquelle elle en vient à voir dans tout ce qui vit
                        dans le monde extérieur des sens, dans une certaine
                        mesure une image de la vraie forme originelle du monde
                        qui est disponible dans l'esprit. Mais cela s'étend
                        finalement à la vision que sa propre entité sensorielle
                        humaine est aussi une image d'un être humain qui se
                        tient originairement dans le monde spirituel. Et là, on
                        aimerait dire que, d'une manière absolument uniforme,
                        l'Oriental regarde le monde extérieur comme un monde de
                        représentations/images décalquées (ndt Abbilder) d'un
                        monde spirituel, de même qu'il se regarde lui-même comme
                        une image de ce qu'il était avant de descendre dans le
                        monde physique et sensoriel. 
                        18 
                        De son point de vue, les deux visions, celle de l'humain
                        et celle de la nature, sont absolument en
                        harmonie/résonnance. 
                        19 
                        Mais comment cette résonnance est possible, comment elle
                        n'est certes plus à la mesure de nos conceptions, mais
                        comment elle exprime tout de même une vérité, même si
                        c'est d'une certaine manière unilatérale, c'est ce qui
                        peut nous être montré à nouveau lorsque nous abordons
                        nous-mêmes la contemplation de ce sentiment de
                        connaissance oriental avec les méthodes de recherche en
                        sciences de l'esprit que j'ai décrites ici ces jours-ci. 
                        20 
                        J'ai donc expliqué comment, en éveillant les forces qui
                        sommeillent dans l'âme, on peut parvenir à une vision du
                        monde spirituel dans un sens adapté à l'humain moderne
                        actuel, comment on peut à nouveau voir dans un monde
                        spirituel, comment un monde spirituel commence à
                        s'étendre pour l'humain, pour son œil spirituel,
                        justement ainsi que le monde physico-sensible s'étend
                        pour l'œil sensoriel. Mais si l'on se forme encore plus
                        loin cette façon de voir, alors le monde spirituel ne
                        reste pas simplement l'image panthéiste et nébuleuse
                        d'un spirituel général, mais le monde spirituel devient
                        alors aussi concret dans les différentes formes que le
                        monde sensible l'est dans les différentes formes des
                        règnes de la nature. Mais il en résulte alors une façon
                        de voir l'humain que je veux caractériser aujourd'hui
                        tout d'abord de manière comparative. 
                        21 
                        Prenons une fois le fait qui se présente à nous à chaque
                        instant de notre vie : nous avons une expérience
                        extérieure, un vécu extérieur. Nous nous trouvons
                        d'abord à l'intérieur de cette expérience extérieure, de
                        cette expérience extérieure, nous nous y tenons avec
                        notre perception sensorielle, nous en faisons peut-être
                        aussi l'expérience en mettant notre volonté en
                        mouvement, en nous activant. Nous vivons avec les faits
                        du monde extérieur. C'est pour nous une expérience
                        immédiatement présente. Au fond, l'existence humaine sur
                        terre se compose de telles expériences. Nous gardons de
                        ces expériences des images de pensées qui sont alors nos
                        souvenirs. Nous jetons un oup d'œil rétrospectif sur nos
                        expériences en portant en nous les images pâlies, les
                        images ombrées, les images à puissance de pensées de ces
                        expériences/vécus. 
                        22 
                        Que l'on soit tout à fait honnête avec soi-même en cette
                        relation et que l'on demande à la conscience actuelle
                        s'il y a en elle, à un moment quelconque de sa vie,
                        beaucoup plus que les souvenirs d'expériences
                        sensorielles extérieures effectives. Certes, maint
                        mystique nébuleux s'imagine qu'il fait remonter des
                        profondeurs de son âme toutes sortes de choses
                        éternelles. S'il y regardait de plus près, s'il était en
                        mesure d'examiner réellement ces constructions de l'âme
                        qu'il fait remonter, il trouverait qu'elles ne sont en
                        général rien d'autre que des perceptions extérieures
                        transformées. Au fond de l'être humain, les souvenirs ne
                        sont pas seulement fidèlement conservés, ils sont
                        souvent transformés, et alors l'être humain ne les
                        reconnaît pas, il croit, en tant que mystique, faire
                        remonter quelque chose des profondeurs de son âme, alors
                        qu'il n'a fait que faire remonter de sa mémoire une
                        expérience extérieure transformée. 
                        23 
                        Certes, nous avons seulement besoin de nous souvenir des
                        vérités mathématiques pour savoir que toutes sortes de
                        structures internes s'animent dans ce qui est la vie de
                        l'âme. En règle générale, le mystique ne cherche pas ces
                        structures intérieures. Mais celui qui veut accepter
                        sans préjugé la vie de l'âme quotidienne telle qu'elle
                        se présente dans la conscience ordinaire doit dire :
                        cette vie de l'âme est la somme d'images qui sont les
                        restes de nos expériences, qui ont été réalisées par des
                        perceptions, et d'autres expériences à l'intérieur du
                        monde extérieur des faits sensoriels ; de sorte que
                        lorsque nous regardons notre psychique et aussi le
                        spirituel qui imprègne ce psychique, tel que nous
                        l'avons d'abord dans la vie physique terrestre, nous
                        pouvons alors dire : dehors, le monde physique s'étend
                        dans l'espace, le monde qui déploie ses causes et ses
                        effets dans le temps, le monde des faits donc. 
                        24 
                        C'est ici que se trouve le monde des ombres de l'âme,
                        que nous vivons certes dans son ensemble comme un vivant
                        de l'âme, mais dont le contenu n'est que le décalque
                        d'un monde de faits, d'un monde des sens. Or, aussi
                        paradoxal que cela puisse encore sonner aux façons de
                        voir de notre époque, l'inverse se produit aussi pour la
                        vision que j'ai développée ici en ces jours. Lorsque du
                        spirituel est réellement vécu dans le monde, du
                        spirituel au sein des phénomènes naturels, tel qu'il se
                        présente à la conscience vide à partir de la méditation,
                        lorsque du spirituel est observé comme le spirituel et
                        d'âme de l'humain lui-même, tel qu'il est avant d'être
                        descendu dans son existence corporelle à partir d'un
                        monde spirituel, lorsque le spirituel concret est
                        réellement observé par l'organe de l'esprit qui a été
                        ouvert, lorsque le monde qui nous entoure devient aussi
                        spirituel qu'il est sensible, physique, pour nos sens,
                        alors nous commençons aussi à contempler notre
                        organisation physique, comme dans un souvenir des temps
                        où nous vivions en tant qu'êtres spirituels-âmes dans
                        les mondes purement spirituels-âmes : comment elle est,
                        dans ses détails, une image/un décalque de ce qui nous
                        entoure en tant que monde spirituel. Avec la physiologie
                        et l'anatomie, nous ne pouvons considérer nos poumons,
                        notre cœur et nos autres organes que comme des choses
                        extérieures ; mais ensuite, lorsque nous sommes en
                        mesure de voir l'environnement spirituel autour de nous,
                        ce qui se trouve effectivement à l'intérieur de nous en
                        tant que poumons, en tant que cœur, devient pour nous
                        l'image existante dans le physique de ce qui est
                        préformé spirituellement. De même que dans notre
                        conscience ordinaire, le monde extérieur est physique et
                        que notre âme se crée des images et les vit comme des
                        expériences, de même nous apprenons qu'il existe un
                        monde spirituel à l'extérieur et que les images de ce
                        monde spirituel sont présentes dans nos propres organes.
                        Nous apprenons maintenant à connaître l'humain dans sa
                        structure/son membrement que lorsque nous apprenons à
                        connaitre le monde spirituel. Et alors, ce que l'on
                        appelle habituellement matière/substance cesse d'avoir
                        la même signification que celle qu'elle a prise dans la
                        civilisation récente, de même que l'esprit cesse d'avoir
                        la signification de l'abstrait, de ce qu'il est
                        justement devenu au sein de la civilisation récente.
                        Nous voyons alors comment, en fait, dans ce qui
                        travaille organiquement en nous, il y a une image/un
                        décalque de ce que nous étions avant de descendre à
                        l'être terrestre. 
                        25 
                        Et maintenant, il arrive que même le matérialisme, tant
                        qu'il est justifié - et il a aussi apporté son lot de
                        bienfaits, il nous a apporté d'innombrables
                        connaissances -, ne nous effraie plus. Nous regardons le
                        cerveau humain, le système nerveux humain dans son
                        travail physique. Nous admettons certes que la pensée
                        ordinaire, quotidienne, est une fonction de ces organes
                        physiques. Nous sommes tout à fait en accord avec ce
                        qu'une science rigoureuse doit affirmer aujourd'hui en
                        rapport à ces choses. Mais nous savons de l'autre côté
                        que ce qui travaille en nous sous des formes matérielles
                        est justement l'image ultérieure (?) transformée du
                        spirituel. Cela a la permission d'être matériel parce
                        que le matériel est une transformation du spirituel,
                        parce que le spirituel, en se transformant en l'humain
                        terrestre, a cherché la faculté matérielle du cerveau,
                        des nerfs, pour accomplir dans le décalque matériel ce
                        qui est préformé spirituellement. 
                        26 
                        C'est ce qui se présente à l'œil spirituel de l'humain
                        moderne par le développement ces forces de connaissance
                        dont j'ai parlé ces jours-ci. Mais j'aimerais dire
                        qu'est disponible justement un modèle onirique de cela
                        dans cette vision orientale du monde que j'ai pu
                        esquisser en quelques traits, qui est aujourd'hui
                        vieille et vieillissante, mais qui continue à œuvrer
                        avec certaines particularités dans la formation de notre
                        cœur et de notre âme. Dans sa clairvoyance instinctive,
                        cet Orient ancien a pressenti que le monde spirituel est
                        une réalité à laquelle il se sentait lié, et que la
                        nature, avec ce qui chez l'homme lui-même est nature,
                        est un décalque du spirituel, que c'est à travers elle
                        que se révèle, sous forme d'apparence extérieure, ce qui
                        est intérieurement spirituel. 
                        27 
                        Mais qu'on ne dise seulement pas que l'Oriental n'aurait
                        pas observé la nature. Il a eu des organes fins pour
                        l'observation de la nature. Mais de tout ce qu'il
                        observait fidèlement en tant que décalque et qu'il
                        vénérait dans l'amour, il voyait justement briller un
                        élément spirituel. Pour lui, la nature révélait
                        l'esprit, l'esprit rayonnait partout vers lui. Et cet
                        esprit, il l'appelait sa réalité. Mais ce qui se
                        répandait à l'extérieur, c'était pour lui Maja. 
                        28 
                        Mais on voit déjà au bouddhisme, qui a donc gagné une
                        influence beaucoup plus grande sur la vie orientale
                        qu'on ne le croit habituellement, car il a pris les
                        formes les plus diverses dans la vie ultérieure, comment
                        le fait de se tenir immédiatement à l'intérieur du monde
                        spirituel s'est atténué au cours de l'évolution
                        ultérieure de l'humanité et de la terre, comment le
                        regard s'est en quelque sorte tourné de plus en plus
                        vers la Maya, et comment la sensation de la grande
                        illusion, de la grande non-existence, de la Maya, est
                        devenue peu à peu la chose principale, comment en est né
                        le sentiment du besoin de rédemption de ce qui peut être
                        vécu au sein de cette Maya, vécu en particulier dans le
                        sens du Bouddha, qui considérait les expériences
                        directes de cette Maya comme une somme de souffrances
                        qui affluent sur l'humain. 
                        29 
                        Mais cette atténuation du fait de se tenir à l'intérieur
                        du monde spirituel justifie pour nous, si nous en venons
                        à nouveau à la connaissance moderne de l'esprit, de
                        considérer la vision du monde de l'Orient ancien comme
                        quelque chose d'instinctif, aussi d'unilatéral, auquel
                        nous devons cependant revenir en toute sérénité et avec
                        une conscience claire. Car il ne doit pas se produire
                        une deuxième fois dans l'évolution du monde qu'une
                        paralysie de l'activité humaine se produise face aux
                        exigences du monde extérieur terrestre. L'humain ne doit
                        pas se réfugier une deuxième fois dans la vie de
                        l'esprit de telle sorte que sa fuite l'empêche
                        d'intervenir avec toute sa force dans la tâche
                        terrestre, dans tout ce que l'Oriental éprouve souvent
                        comme la Maya, même s'il ne l'appelle pas ainsi à cause
                        de sa concession aux concepts modernes, alors qu'il
                        ressent comme la réalité ce qui se révèle en lui. C'est
                        là que se trouve pour lui la lumière, qui est pour lui
                        le reflet direct du divin-spirituel dans le monde. 
                        30 
                        Maintenant, j'aimerais opposer à ce que je viens de
                        décrire comme un déferlement de géographie spirituelle
                        dans notre vie moderne, une autre image, une image qui
                        est justement ainsi tirée de l'évolution de l'esprit
                        humain, de l'évolution du monde, mais qui appartient à
                        notre présent immédiat. Celui qui s'est beaucoup déplacé
                        dans les sphères d'où s'élèvent aujourd'hui tant de
                        choses dans notre civilisation, devenue d'une certaine
                        relation ancienne, aussi pour l'Europe, dans les sphères
                        d'où s'élèvent les aspirations/nostalgies en relation
                        sociale, et aussi les luttes sociales, aura trouvé
                        quelque chose que je veux caractériser de la façon
                        suivante. 
                        31 
                        J'ai longtemps été enseignant dans des cercles
                        socialistes, sans que l'on puisse pour autant m'accuser,
                        parce que ce serait faux, d'être socialiste. Je l'ai été
                        précisément pour répandre au sein de ces cercles - le
                        temps n'était pas encore venu, il y a plus de vingt ans
                        - une vie de l'esprit qui pourrait conduire à des formes
                        plus conformes à la réalité que celles auxquelles on
                        aspire à partir du marxisme abstrait ou du marxisme
                        modifié et ainsi de suite, et qui sont justement à bien
                        des égards irréalistes. 
                        32 
                        Mais si l'on observe dans ces cercles quelque chose qui
                        est là comme une ambiance fondamentale - que l'on peut
                        reconnaître comme un commencement, mais qui est aussi
                        profondément ancré dans les âmes que l'ambiance de la
                        Maya orientale est ancrée dans les âmes comme une fin à
                        l'Est par-dessus là-bas -, alors un mot tombe lourdement
                        sur l'âme, un mot qui exprime aussi beaucoup de
                        sentiments inconscients, d'idées et de concepts
                        inconscients, d'aspirations/nostalgies inconscientes, un
                        mot que l'on peut entendre encore et encore, que l'on
                        doit ressentir depuis des décennies comme étant
                        caractéristique de larges cercles de l'humanité. Ce mot
                        exprime un état d'esprit qui s'étend sur des millions de
                        personnes : c'est le mot idéologie. Ce mot s'est formé à
                        partir de cette vision que tout de suite la classe
                        prolétarienne a intégrée dans sa formation. La
                        scientificité se matérialisant de plus en plus, il s'est
                        formé la vision que la réalité historique n'existait que
                        dans les luttes économiques, dans les façonnements
                        économiques, dans les luttes de classes, bref, dans ce
                        qui est directement et extérieurement matériel,
                        sensoriel et physique, dans la vie humaine, dans la vie
                        historique, que les forces économiques sont donc le
                        véritable réel, la réalité. 
                        33 
                        Ce matérialisme économique, qui est beaucoup plus
                        répandu que ne le pensent encore aujourd'hui de
                        nombreuses personnes des classes supérieures, est en un
                        certain sens le résultat de la conception matérialiste
                        générale, que l'on croit aujourd'hui même
                        scientifiquement dépassée, mais qui pourtant tire tout
                        de suite les plus larges cercles dans les humeurs et les
                        dispositions des âmes de l'Occident. 
                        34 
                        Et idéologie, qu'est-ce que cela signifie ? Cela
                        signifie : la vie de droit, la moralité, ce qui repose
                        dans le beau, les concepts religieux, les concepts
                        d'État, bref, tout ce qui est vie spirituelle, ce n'est
                        aucune vraie réalité, c'est une écume et une apparence
                        qui s'élèvent de la vraie réalité, qui réside dans les
                        luttes et les configurations matérielles. Idéologie,
                        cela doit désigner le fait que ce que l'humain vit en
                        son for intérieur, que ce soit l'art, la science, le
                        droit, les maximes de l'État, les impulsions
                        religieuses, est une Maya, si j'ai la permission de me
                        servir maintenant de l'expression orientale. 
                        35 
                        Avec le mot idéologie est décrit quelque chose, si on ne
                        le prend pas de manière extérieure, abstraite, si on
                        peut ressentir ce que des millions d'humains pensent, ce
                        qui doit prendre les dimensions les plus terribles si ce
                        n'est pas amené à temps dans un bon chenal. Ce que l'âme
                        vit et façonne intérieurement n'est aucune réalité, la
                        vraie réalité n'est que ce qui vit extérieurement dans
                        des faits sensibles aux sens ! Et c'est ainsi qu'au sein
                        de la civilisation occidentale, s'est formée
                        l'atmosphère polairement opposée à celle qui a longtemps
                        dominée l'Orient et qui, aujourd'hui, est encore
                        disponible de façon vieillissante, plus comme une parure
                        extérieure. Là-bas : la vraie réalité, ce qui est vécu
                        dans l'esprit Maja, ce qui se passe extérieurement dans
                        la réalité physique ; ici : Maja, idéologie, qui est en
                        fait la traduction du mot Maja, mais qui s'applique
                        maintenant au domaine spirituel, ce qui est vécu dans
                        l'esprit, Réalité, ce qui est répandu tombant sous les
                        sens, disponible dans le monde comme une réalité de
                        faits tombant sous les sens. 
                        36 
                        Dans son évolution, le monde aspire à la pleine
                        réalisation de ses possibilités individuelles. De même
                        que l'unilatéralité s'est formée en Orient, de même
                        l'autre unilatéralité devait-elle aussi une fois
                        s'emparer de l'humanité. Mais si l'on veut faire évoluer
                        l'humanité, si l'on veut faire évoluer le monde dans un
                        sens fécond, dans un sens tel que nous puissions à
                        nouveau passer des forces de déclin aux forces
                        d'ascension, on doit seulement se placer une fois devant
                        l'âme ce que peut en fait signifier cette ambiance dans
                        l'idéologie. Elle est jeune, elle est donc un début. 
                        37 
                        Si nous nous tournons à nouveau vers ce que peut nous
                        dire la vision moderne de science de l'esprit, nous
                        trouverons qu'en Orient, il y avait instinctivement,
                        obscurément, en rêvant, la connaissance qu'il y avait
                        une réalité spirituelle, qu'ici, dans le physique, il y
                        avait l'image sensorielle de cette réalité spirituelle.
                        Comme l'attention de l'âme était de préférence dirigée
                        vers la réalité spirituelle, la réalité sensorielle est
                        justement devenue une irréalité, une apparence
                        extérieure, une Maya. Mais cette Maya n'a pas seulement
                        une signification pour notre travail extérieur - le
                        monde peut être une Maya, nous devons d'abord adresser
                        notre travail à cette Maya en tant que réalité pour nous
                        les humains -, elle a aussi une signification pour le
                        "connais-toi toi-même", pour une vision véritablement
                        humaine. Pourquoi ? Eh bien, nous pouvons nous élever
                        jusqu'à une vie dans le monde spirituel, comme je l'ai
                        décrit, nous pouvons voir avec des concepts aux contours
                        précis et comprendre ainsi ce qui paraissait un rêve à
                        l'Orient. Mais jamais, au cours de l'évolution de
                        l'humanité, nous n'aurions pu parvenir à l'impulsion de
                        la liberté en faisant l'expérience d'un tel monde. 
                        38 
                        L'humain devait se développer avec sa conscience hors du
                        monde spirituel, auquel il se sent intérieurement lié,
                        mais dont il est en même temps intérieurement déterminé
                        et dépendant, et se tourner vers un monde de pure
                        réalité/factualité pour une époque passagère de
                        l'évolution historique dans laquelle nous nous trouvons
                        entièrement. Lorsque l'humain se trouve face à cette
                        réalité extérieure, sa vie d'âme devient l'image de
                        cette factualité. Ce qui traverse cette vie de l'âme en
                        tant qu'esprit devient des concepts abstraits, cela
                        devient progressivement quelque chose qui doit être pure
                        image, qui doit être reconnu dans sa
                        reproductibilité/son statut de décalque. 
                        39 
                        Je l'ai déjà suggéré : si nous portons des images en
                        nous, nous pouvons être libres. Des images-miroir ne
                        nous déterminent pas. Si nous voulons nous orienter en
                        fonction d'images-miroir qui sont en elles-mêmes sans
                        force, nous devons nous donner l'impulsion nous-mêmes.
                        Il en va de même pour ce qui devient en nous des
                        concepts abstraits. Et en faisant surgir en nous, dans
                        la pensée pure, ce que nous portons en nous de plus
                        noble, le moral-religieux, cela devient pour nous une
                        impulsion de liberté. C'est un contenu des plus
                        précieux/valable pour la vie humaine. Mais il apparaît
                        dans la pensée abstraite à l'époque où l'humain se
                        trouve directement confronté dans sa vision à la
                        factualité physique. 
                        40 
                        Et à partir du moment où le moral apparaît comme
                        intuition morale dans la pensée pure, la tâche de
                        l'époque qui s'est développée à partir du spirituel-réel
                        vers l'esprit de l'abstrait et qui, j'aimerais dire, en
                        radicalisant cette atmosphère d'âme, saisit maintenant
                        tout ce qui est spirituel comme une maya, comme une pure
                        apparence, comme une idéologie, est accomplie. Nous
                        avons un certain droit de saisir tout cela comme une
                        idéologie qui est image miroir de l'être naturel
                        extérieur. Dès l'instant où le moral, en tant
                        qu'intuition morale, exerce son influence/impact dans
                        cette pensée-maya, dans cette idéologie, là est atteinte
                        la première marche, où nous reconnaissons à nouveau que
                        cette idéologie, qui est vécue en nous comme un pur être
                        image, doit être éveillée à la vie intérieure en nous
                        énergisant nous-mêmes, en laissant jaillir la vie
                        intérieure qui est cachée en nous. Le contenu du monde
                        devait d'abord devenir une idéologie pour l'humanité,
                        afin que l'humain puisse verser sa réalité dans ce
                        contenu du monde. 
                        41 
                        C'était nécessaire à l'expérience de liberté de
                        l'humanité, qui est donc quand même d'abord une
                        expérience de l'Occident, de la civilisation la plus
                        récente. C'était nécessaire de la manière que l'humain,
                        avec tout ce qu'il a de plus précieux, avec son art, sa
                        science, ses concepts moraux, bref, avec tout ce qui est
                        sa vie spirituelle, se sentait comme dans un irréel et
                        que tout ce qui apparaît brillant au-devant de lui comme
                        une chose éphémère, comme la seule réalité, parce que
                        cette réalité, si elle est correctement contemplée de
                        part en part, ne peut pas du tout porter atteinte à sa
                        liberté, dans la mesure où il est un être spirituel qui
                        ne se crée dans la réalité/factualité physique-sensible
                        qu'un décalque de l'esprit lui-même. 
                        42 
                        Nous pouvons ainsi sentir comment, dans ce qui se
                        présente comme une idéologie, il y a, radicalisé, une
                        ambiance que nous devons en fait avoir à l'égard des
                        concepts sur la nature, qui vit dans des rapports de
                        situation, de mouvement, de mesure et de nombre. Si la
                        nature nous transmettait autre chose que des concepts,
                        elle ne nous laisserait jamais devenir des humains
                        libres. Ce n'est qu'en nous hissant à des concepts qui
                        n'apparaissent alors que comme idéologie à celui qui
                        reste d'abord prisonnier de ce niveau, qu'une nouvelle
                        forme réelle-spirituelle du monde supérieur peut se
                        déverser dans ces concepts d'abord irréels. C'est le
                        début à partir duquel une nouvelle forme du monde
                        spirituel doit naître pour l'humain. Et si l'expérience
                        unilatérale de l'idéologie se présente à nous, celui qui
                        aujourd'hui ne reste pas prisonnier des visions
                        immédiates du jour, mais qui est capable de regarder
                        l'évolution du monde, doit se dire : puisqu'il était
                        nécessaire que l'humain puisse arriver à un tel niveau
                        d'évolution, où il peut parler d'idéologie en regardant
                        unilatéralement le monde et soi-même, il doit à nouveau
                        parvenir à l'opinion, à la conviction, à la force, au
                        courage de verser dans cette idéologie un monde
                        spirituellement vu, spirituellement vécu. 
                        43 
                        Sinon, même si elle est dédiscutée philosophiquement,
                        l'idéologie reste une idéologie. Et les forces de déclin
                        se développeront dans un sens très réel, comme nous le
                        verrons dans la deuxième partie de ces conférences, qui
                        traiteront d'"anthroposophie et sociologie". 
                        44 
                        Ainsi, deux images se tiennent devant nous : le monde de
                        l'esprit comme réalité et le monde des sens comme maïa,
                        le monde des sens comme réalité et le monde de l'esprit
                        comme maïa. 
                        45 
                        Seule et unique une conception du monde et de la vie
                        capable d'apporter l'intuition spirituelle,
                        l'imagination et l'inspiration spirituelle dans le monde
                        spirituel contemplé idéologiquement, de sorte que ce qui
                        apparaît aujourd'hui indiciblement vide soit à nouveau
                        rempli d'un contenu spirituel, et qui soit en même temps
                        capable d'envisager en quel sens est quand même une
                        réalité ce que l'Orient éprouve comme une apparence,
                        comme une Maya, une réalité en ce sens qu'il s'agit
                        d'une image vraie et fidèle, d'une transformation du
                        monde spirituel, qui était nécessaire à l'évolution de
                        l'humanité dans la liberté, uniquement et seulement une
                        telle conception du monde et de la vie, qui regarde vers
                        ces deux images au point de pouvoir en quelque sorte les
                        emboîter l'une dans l'autre, qui ne produit pas
                        seulement une somme extérieure sèche, mais qui, par sa
                        propre vie intérieure, ne se développe ni à partir de
                        l'une ni à partir de l'autre, mais à partir de l'essence
                        humaine immédiate dans son essor spirituel, peut
                        apporter une compréhension de ce qui nous apparaît comme
                        deux tableaux mondiaux si polairement opposés. 
                        46 
                        Et ces tableaux mondiaux jouent au fond un rôle dans
                        tout ce que nous traversons vivant spirituellement. Il
                        est absolument ainsi que ces atmosphères interviennent
                        dans les détails de la vie, dans les détails des visions
                        humaines. J'aimerais éviter, en tant qu'Européen central
                        en Europe centrale, de porter un jugement personnel sur
                        ce point précis. Je voudrais faire part du jugement
                        qu'un Anglais a exprimé il y a quelques années, en
                        comparant l'Europe occidentale et l'Europe centrale à
                        propos d'un certain côté de la vie spirituelle. Cet
                        Anglais voulait caractériser la manière dont la vie
                        spirituelle se présentait dans les différentes
                        manifestations. Il a attiré l'attention sur la parution,
                        à la fin des années cinquante et au début des années
                        soixante, de l'œuvre importante de Buckle, "L'histoire
                        de la civilisation", et sur comment ce dernier considère
                        la vie historique en grande partie à partir d'impulsions
                        économiques, pas encore aussi radicalement que les
                        marxistes par exemple, mais à partir de telles
                        impulsions, de sorte qu'au fond, la vie spirituelle
                        s'élève à partir des forces économiques dans leur
                        interaction et leur divergence. On n'est pas obligé de
                        critiquer ce genre de choses, on peut se montrer positif
                        à leur égard ; on peut dire que, puisque l'humain est
                        aussi un être économique, il est devenu nécessaire, dans
                        l'évolution de l'humanité, de voir la vie humaine aussi
                        sous cette lumière. Mais alors, cet Anglais fait
                        référence à une autre œuvre qui a vu le jour en Europe
                        centrale à l'époque où Buckle écrivait son histoire de
                        la civilisation, l'œuvre "Die Geschichte der Renaissance
                        in Italien (L'histoire de la Renaissance en Italie)" de
                        Jacob Burckhardt. L'Anglais lui-même fait remarquer
                        qu'il y règne un tout autre esprit ; car Jacob
                        Burckhardt décrit comment les humains ressentent,
                        comment ils sont disposés les uns envers les autres,
                        comment ils arrivent, par les conceptions qu'ils ont les
                        uns des autres, à certains rapports qui déterminent à
                        leur tour les autres événements qui se déroulent parmi
                        eux. 
                        47 
                        Et l'Anglais résume alors son jugement en disant - je ne
                        juge pas moi-même, je cite le jugement de l'Anglais - :
                        Buckle décrit l'humain tel qu'il mange et boit,
                        Burckhardt décrit l'humain tel qu'il pense et ressent. 
                        48 
                        Et maintenant, je voudrais ajouter quelque chose : si
                        nous avons entendu comment l'Occident envisage la
                        réalité extérieure et en fait jaillir la vie spirituelle
                        comme résultat, comment l'Européen central envisage ce
                        qui vit au sein de l'âme, mais en tant qu'âme dans
                        l'existence terrestre, alors il faudrait ajouter une
                        troisième chose : l'homme oriental, déjà à bien des
                        égards l'homme oriental européen, décrit l'homme comme
                        il prêche et comme il sacrifie. 
                        49 
                        Et ainsi nous pourrions dire, en complétant le jugement
                        de l'Anglais : en Occident, l'humain est décrit comme il
                        mange et boit - je ne dis pas cela dans un sens
                        péjoratif ; dans le monde médian, comme il pense et
                        ressent ; en Orient, comme il prêche et sacrifie. Ce que
                        je me suis permis de décrire comme l'atmosphère
                        orientale entre en jeu dans la prédication et le
                        sacrifice. Ce que j'ai décrit comme l'état d'esprit
                        occidental entre en ligne de compte dans la vision de
                        l'histoire qui est aujourd'hui devenue courante dans les
                        cercles les plus larges, et qui se reflète aussi dans le
                        sentiment de l'idéologie. Mais nous devons aussi voir
                        comment, dans ce qui est décrit au centre, où l'humain
                        est représenté tel qu'il pense et ressent, comment les
                        deux courants convergent, comment on est amené
                        aujourd'hui à comprendre ce concours/cet écoulement
                        commun de la manière correcte, à partir d'un
                        commencement qui doit s'élaborer vers la spiritualité. 
                        50 
                        Et je voudrais résumer en une image ce que j'ai voulu
                        représenter comme deux ambiances, pour montrer ce qui
                        doit réellement s'entendre/s'accorder entre l'Orient et
                        l'Occident. Je voudrais le résumer dans une image
                        supplémentaire, en montrant comment, à l'époque où, en
                        Orient déjà, le monde physique et sensoriel, mais aussi
                        la vie humaine, étaient ressentis comme une Maya,
                        comment celui qu'on a appelé le Bouddha a trouvé, au
                        cours de ses pérégrinations, les révélations les plus
                        diverses de la souffrance humaine sur terre, comment,
                        parmi ces révélations, il y a aussi un cadavre, comment
                        le Bouddha est confronté à la mort et comment, à partir
                        de cette vision de la mort humaine, il en arrive à sa
                        conclusion : la vie est souffrance. 
                        51 
                        C'est la façon et la manière comment se joue la culture
                        orientale six cents ans avant la fondation du
                        christianisme. Six cents ans plus tard, le christianisme
                        est fondé et un symbole important se dresse alors :
                        celui du crucifix, la croix dressée avec le Rédempteur,
                        avec le corps humain mort dessus. Et d'innombrables
                        personnes se tournent vers le cadavre, vers l'image du
                        cadavre en Occident, comme d'innombrables personnes
                        devenues disciples de Bouddha se sont tournées vers le
                        cadavre duquel Bouddha a tiré son enseignement. Comme
                        l'a confessé l'Orient : la vie est souffrance, nous
                        aspirons à la rédemption, ainsi les Occidentaux ont
                        regardé l'image du cadavre, mais ils n'ont pas prononcé
                        les mots suivants à la vue de ce cadavre : "La vie est
                        souffrance ! Non, la vue de la mort est devenue pour eux
                        le symbole d'une résurrection, d'une résurrection de
                        l'esprit à partir de la force humaine intérieure, le
                        symbole du fait que la souffrance peut tout de suite
                        être rachetée par ce que le physique est surmonté et
                        qu'il n'est pas surmonté dans le sens où on s'en
                        détourne de manière ascétique, mais en le gardant
                        pleinement à l'œil, ne le considère tout de suite pas
                        comme une Maya, mais en le surmontant par le travail,
                        par l'activité, par la vivacité de la volonté. De la vie
                        contemplative de l'Orient est née la vision du cadavre,
                        avec la conclusion suivante : la vie est souffrance ;
                        l'homme doit être délivré de la vie. De la vie
                        occidentale, qui tend vers l'activité, il est ressorti
                        de la vision du cadavre que la vie doit développer en
                        elle une force, afin que les forces de la mort puissent
                        être surmontées et que le travail humain puisse
                        accomplir sa tâche dans l'évolution du monde. 
                        52 
                        L'une de ces visions du monde est ancienne et
                        vieillissante. 
                        53 
                        Mais elle porte en elle quelque chose de si grand que,
                        même si on la qualifie de vieillissante, on se tient
                        devant elle comme devant quelque chose de vénérable. On
                        vénère le vieillard. 
                        54 
                        Mais on ne lui demande pas d'adhérer aux idées de la
                        jeunesse. Mais ce qui se présente à nous en Occident
                        porte le caractère du début. Nous avons montré ce qu'il
                        fallait faire de ce qui se présentait comme une
                        idéologie dans l'ambiance. C'est jeune, c'est ce que la
                        force juvénile doit développer en elle afin de parvenir
                        à l'esprit à sa façon, comme l'Orient est parvenu à
                        l'esprit à sa façon évidente. 
                        55 
                        Si nous vénérons l'Orient pour sa spiritualité, nous
                        devons néanmoins être clairs : nous devons former notre
                        propre spiritualité à partir de notre début occidental.
                        Mais nous devons la former de telle sorte que nous
                        puissions nous entendre sur toute la terre avec toutes
                        les conceptions existantes, en particulier avec les
                        conceptions vénérables. Ce sera le cas si nous, en tant
                        qu'humains médians et occidentaux, prenons conscience de
                        ce que cela signifie : notre vision du monde et de la
                        vie a des défauts, mais ce sont des manques de la
                        jeunesse. 
                        56 
                        Si nous comprenons cela, c'est une invitation à avoir le
                        courage à la force. Mettons en face de ce que nous
                        devons avoir de l'Orient, le respect, l'amour,
                        l'admiration pour sa spiritualité, mettons en face non
                        pas une réception passive, mais un travail assidu à
                        partir de ce qui est peut-être encore non spirituel
                        aujourd'hui en Occident, mais qui porte en lui le germe
                        de la spiritualité, mettons la force en face du respect,
                        et nous ferons ce qui est correct pour le
                        développement/l'évolution de l'humanité. 
                         | 
                     
                    
                    
                  
                 
                
                
                 mwhook="">
                
                
                 |