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Collection/Sammlung: 083 - CONGRES OUEST - EST



PREMIÈRE CONFÉRENCE

ANTHROPOSOPHIE ET SCIENCE DE LA NATURE

Vienne, le 1er juin 1922
ERSTER VORTRAG

ANTHROPOSOPHIE UND NATURWISSENSCHAFT

Wien, 1. Juni 1922

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 083 017-049 (1981) 01/06/1922


Original





Traducteur: FG v.01 15/02/2022 Editeur: SITE

PREMIÈRE CONFÉRENCE


ERSTER VORTRAG

Vienne, le 1er juin 1922


Wien, 1. Juni 1922

Mes très chers présents ! Ce congrès vous a été annoncé comme un congrès de vision du/façon de voir le monde et vous l'accueillerez volontiers aussi, d'après la manière de l'annoncer comme tel. Mais celui qui veut parler aujourd'hui sur des questions de façon de voir le monde n'a pas la permission de passer à côté de la science de la nature, et surtout pas à côté des conséquences pour la façon de voir le monde que cette science de la nature a apporté. Dans un certain sens, cette science de la nature est devenue depuis des siècles, on peut dire depuis le 15e et le 16e siècle, de plus en plus la maîtresse de la pensée humaine à l'intérieur du monde de la culture.

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Meine sehr verehrten Anwesenden! Dieser Kongreß ist Ihnen als ein Weltanschauungskongreß angekündigt worden, und Sie werden ihn wohl auch nach der Ankündigungsweise als einen solchen hinnehmen. Wer aber heute über Weltanschauungsfragen sprechen will, darf nicht vorbeigehen an der Naturwissenschaft, vor allen Dingen nicht an den Weltanschauungskonsequenzen, welche diese Naturwissenschaft gebracht hat. Diese Naturwissenschaft ist ja in einem gewissen Sinne seit Jahrhunderten, man darf sagen, seit dem 15., 16. Jahrhundert, immer mehr und mehr die Beherrscherin des menschlichen Denkens innerhalb der Kulturwelt geworden.

Or, on aurait beaucoup à dire si l'on voulait attirer l'attention sur les grands triomphes de la connaissance de cette science de la nature et sur la transformation de toute notre vie par les conquêtes de la recherche de science de la nature. Mais cela reviendrait à répéter des choses connues de tous les participants. Du point de vue de la vision du monde, il y a encore quelque chose de tout à fait différent qui doit intéresser aux sciences de la nature. C'est le rôle d'éducateur de toute l'humanité civilisée que la science de la nature a joué depuis longtemps. Et c'est tout de suite quand on parle de ce rôle éducatif dans le cours de l'évolution de l'humanité moderne que l'on arrive alors en fait sur, j'aimerais dire, deux paradoxes. Permettez-moi de partir de ces paradoxes aujourd'hui.

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Nun würde man ja sehr viel zu sagen haben, wenn man hinweisen wollte auf die großen Erkenntnistriumphe dieser Naturwissenschaft und auf die Umgestaltung unseres ganzen Lebens durch die Errungenschaften naturwissenschaftlicher Forschung. Das hieße aber, für alle Anwesenden Bekanntes wiederholen. Vom Weltanschauungsstandpunkt aus muß an der Naturwissenschaft noch etwas ganz anderes interessieren. Das ist die Rolle als Erzieher der ganzen zivilisierten Menschheit, welche die Naturwissenschaft seit langer Zeit eingenommen hat. Und gerade wenn man von dieser erzieherischen Rolle im Entwickelungsgang der modernen Menschheit spricht, dann kommt man eigentlich auf, ich möchte sagen, zwei Paradoxien. Gestatten Sie mir, von diesen Paradoxien heute auszugehen.

La première chose qui s'est produite, surtout en en rapport à l'intérieur humain, à partir du mode de recherche de science de la nature, c'est une transformation de la vie des pensées humaines en tant que telle. Celui qui sait regarder sans préjugés les courants de vision du monde antérieurs, devra se dire qu'au sein de ces courants de vision du monde, en raison des conditions de l'évolution de l'humanité à des époques plus anciennes, la pensée a ajouté comme évidente un quelque chose de proprement humain à ce que l'expérience et l'observation de la nature donnaient. On a seulement besoin de se souvenir des branches de la connaissance actuellement dépassées/surmontées, de l'astrologie, de l'alchimie, et l'on viendra sur comment, dans de telles sortes de connaissance adaptées aux anciennes époques de culture, la nature était abordée ainsi que comme d'évidence. La pensée humaine ajoutait quelque chose à ce qu'elle voulait énoncer, ou aussi à ce qu'elle laissait se révéler/manifester par les choses du monde.

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Das erste, was sich vollzogen hat mehr in bezug auf das menschliche Innere, von der naturwissenschaftlichen Forschungsweise aus, das ist eine Umgestaltung des menschlichen Gedankenlebens als solchem. Wer unbefangen frühere Weltanschauungsströmungen ins Auge zu fassen weiß, der wird sich sagen müssen, daß innerhalb dieser Weltanschauungsströmungen, aus den Bedingungen der Menschheitsentwickelung in älteren Epochen, das Denken wie selbstverständlich etwas aus dem eigentlichen Menschlichen hinzugetan hat zu demjenigen, was Experiment und Beobachtung der Natur ergaben. Man braucht sich nur zu erinnern an die gegenwärtig überwundenen Erkenntniszweige, an die Astrologie, die Alchimie, und man wird darauf kommen, wie in solchen für ehemalige Kulturepochen angemessenen Erkenntnisarten an die Natur so herangegangen wurde, daß wie selbstverständlich das menschliche Denken aus sich heraus zu demjenigen etwas hinzugab, was es aussagen wollte, oder auch, was es sich offenbaren ließ durch die Dinge der Welt.

Cela a cessé devant la mentalité de science de la nature des temps modernes. Aujourd'hui, si je peux m'exprimer ainsi, nous sommes dans une certaine mesure obligés d'accepter purement les perceptions que nous donnent l'observation et l'expérimentation, de les traiter/élaborer à des ainsi nommées lois de la nature. Nous nous servons toutefois de la pensée dans l'élaboration de l'expérience et de l'observation ; mais nous ne nous servons de la pensée que comme d'un moyen pour rassembler les phénomènes, de sorte qu'ils nous révèlent par leur propre existence/être-là leur pendant/rapport interne, leur légité/loi. Et nous nous faisons pour devoir de ne rien ajouter, à partir de la pensée, à ce que nous pouvons observer dans le monde extérieur. Nous voyons cela comme un idéal de la mentalité de science de la nature, et ce à juste titre.

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Das hat vor der naturwissenschaftlichen Gesinnung der neueren Zeit aufgehört. Wir sind, wenn ich mich so ausdrücken darf, heute gewissermaßen verpflichtet, die Wahrnehmungen, die uns Beobachtung und Experiment geben, rein hinzunehmen, sie zu verarbeiten zu den sogenannten Naturgesetzen. Wir bedienen uns in der Bearbeitung von Experiment und Beobachtung allerdings des Denkens; aber wir bedienen uns des Denkens nur als eines Mittels, um die Erscheinungen zusammenzustellen, so daß sie uns durch ihr eigenes Dasein ihren inneren Zusammenhang, ihre Gesetzmäßigkeit offenbaren. Und machen es uns zur Aufgabe, vom Denken aus nichts hinzuzutun zu dem, was wir in der Außenwelt beobachten können. Wir sehen dies geradezu als ein Ideal naturwissenschaftlicher Gesinnung, und das mit Recht, an.

Qu'est devenue la pensée humaine sous de telles influences ? Elle est en fait devenue le serviteur, le pur moyen pour la recherche. La pensée en tant que telle n'a dans une certaine mesure plus rien à dire lorsqu'il s'agit d'étudier la légité des phénomènes dans le monde.

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Was ist unter solchen Einflüssen das menschliche Denken geworden? Es ist eigentlich der Diener, das bloße Mittel für die Forschung geworden. Der Gedanke als solcher hat gewissermaßen nichts mehr zu sagen, wenn es sich darum handelt, die Gesetzmäßigkeit der Erscheinungen in der Welt zu untersuchen.

Mais c'est là l'un des paradoxes que j'aimerais souligner. La pensée est ainsi, dans une certaine mesure, exclue, en tant qu'expérience humaine, du rapport que l'humain entretient avec le monde en ce qui concerne les réalités. La pensée est devenue un outil/moyen d'aide formel pour comprendre les réalités. Elle n'est plus une révélatrice de soi/un auto révélant au sein de la science de la nature.

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Damit aber ist das eine Paradoxon gegeben, auf das ich hinweisen möchte. Dadurch ist der Gedanke gewissermaßen als ein menschliches Erlebnis ausgeschaltet aus dem Verhältnis, das der Mensch mit der Welt in bezug auf Realitäten eingeht. Der Gedanke ist ein formales Hilfsmittel geworden, um die Realitäten zu begreifen. Er ist innerhalb der Naturwissenschaft nicht mehr ein Selbstoffenbarendes.

Cela signifie extraordinairement beaucoup pour l'intérieur de la vie humaine. Cela signifie que nous devons regarder la pensée comme ce qui doit s'abstenir sagement et modestement lorsqu'il s'agit d'observer le monde extérieur, ce qui est dans une certaine mesure un courant propre à l'intérieur de la vie de l'âme.

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Das bedeutet für das Innere des Menschenlebens außerordentlich viel. Es bedeutet, daß wir hinschauen müssen auf das Denken als auf dasjenige, was sich weise und bescheiden zurückzuhalten hat, wenn es auf die Betrachtung der Außenwelt ankommt, was gewissermaßen innerhalb des Seelenlebens eine eigene Strömung ist.

Et on se demande alors : comment la science de la nature peut-elle elle-même se rapprocher de cette pensée ? Alors on en arrive au paradoxe, alors on en arrive à se dire : si la pensée doit se retirer dans l'élaboration des processus de la nature, si elle ne peut intervenir que de manière formelle, en éclairant, en rassemblant, en ordonnant, alors elle ne se trouve pas non plus à l'intérieur des processus naturels eux-mêmes, alors il devient paradoxal de soulever la question, toutefois justifiée maintenant du point de vue de science de la nature : Comment pouvons-nous, à partir de la légité de science de la nature, concevoir la pensée comme une révélation/manifestation de l'organisme humain ? - Et là, nous ne pouvons rien dire d'autre aujourd'hui, si nous nous tenons sans préjugés et sérieusement dans la vie de science de la nature, que ceci : dans la même mesure où la pensée a dû se retirer des processus naturels, la contemplation des processus naturels peut certes toujours de nouveau s'efforcer d'/aspirer à atteindre jusqu'à la pensée, mais elle ne peut pas amener cet effort/cette aspiration à une quelconque satisfaction. La pensée est dans une certaine mesure exclue/déconnectée des processus naturels, comme elle l'est méthodiquement, est condamnée à n'être qu'une pure image et non une réalité.

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Und fragt man sich dann: Wie kann Naturwissenschaft selber an dieses Denken heranrücken? — dann kommt man eben auf das Paradoxon, dann kommt man dazu, sich zu sagen: Wenn sich das Denken zurückziehen muß in die Verarbeitung der Naturprozesse, wenn es nur formell, aufklärend, zusammenstellend, ordnend eingreifen darf, dann liegt es auch nicht innerhalb der Naturprozesse selber, dann wird es paradox, wenn wir die, allerdings jetzt vom naturwissenschaftlichen Standpunkt aus, berechtigte Frage aufwerfen: Wie können wir aus naturwissenschaftlicher Gesetzmäßigkeit das Denken als eine Offenbarung des menschlichen Organismus begreifen? - Und da können wir heute denn doch nichts anderes sagen, wenn wir unbefangen und ernst im naturwissenschaftlichen Leben drinnenstehen, als: in demselben Maße, in dem sich das Denken zurückziehen mußte von den Naturprozessen, kann zwar die Betrachtung der Naturprozesse immer wieder und wiederum anstreben, bis zum Denken hinzugelangen, aber sie kann dieses Streben nicht zu irgendwelcher Befriedigung bringen. Das Denken ist gewissermaßen, wie es methodisch ausgeschaltet ist, so auch in der Realität aus den Naturprozessen ausgeschaltet, ist verurteilt, bloßes Bild und keine Realität zu sein.

Je ne pense pas qu'aujourd'hui déjà, beaucoup d'humains soient déjà pleinement conscients de la portée de ce paradoxe. Mais dans les profondeurs subconscientes de la vie de l'âme, une quantité innombrable d'hommes et de femmes d'aujourd'hui ont déjà le sentiment que nous traversons le monde avec ce qui fait de nous des humains - car nous ne pouvons nous considérer comme des humains qu'en tant qu'êtres pensants, c'est dans la pensée que nous voyons notre dignité humaine - comme avec quelque chose dont nous ne pouvons provisoirement pas admettre la réalité, que nous portons à travers le monde comme un être-là-image. Nous nous sentons dans une certaine mesure dans une non-réalité, en nous référant à ce qu'il y a de plus noble dans la nature humaine.

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Ich glaube nicht, daß heute schon viele Menschen im vollen Bewußtsein sich die Tragweite dieses Paradoxons klarmachen. Aber in den unterbewußten Untergründen des Seelenlebens lebt in einer ungezählten Menge von Menschen der Gegenwart schon die Empfindung davon, daß wir mit demjenigen, was uns zum Menschen eigentlich macht - denn nur als denkende Wesen können wir uns als Menschen betrachten, im Denken sehen wir unsere menschliche Würde -, als mit etwas durch die Welt gehen, dessen Realität wir vorläufig nicht zugeben können, das wir als Bilddasein durch die Welt tragen. Wir fühlen uns gewissermaßen in einer Nichtrealität, indem wir auf unser Edelstes in der Menschennatur hinweisen.

C'est là quelque chose qui pèse/repose sur l'âme de celui qui s'est sérieusement engagé dans les méthodes de recherche de science de la nature, aussi bien dans la science de la nature non organique que dans la biologie, et qui aimerait tirer pour lui-même, au sens d'une vision du monde, les conséquences de ces méthodes de recherche plutôt que des résultats individuels.

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Das ist etwas, was dem auf der Seele liegt, der in ernster Weise sich in die naturwissenschaftlichen Forschungsmethoden sowohl der unorganischen Naturwissenschaft wie der Biologie eingelassen hat und für sich im Sinne einer Weltanschauung mehr die Konsequenzen dieser Forschungsmethoden als der einzelnen Ergebnisse ziehen möchte.

On aimerait dire qu'il y a là quelque chose qui peut conduire l'âme humaine à de profonds doutes. Les doutes naissent d'abord dans la raison analytique, mais ils fluent vers en bas dans l'âme tranquille humaine (Gemut). Et tout de suite celui qui sait considérer la nature humaine dans un sens profond et impartial, dans le sens que j'aurai à expliquer en détail dans les prochains exposés, sait comment la constitution d'âme tranquille, notamment lorsque certains courants de cette constitution d'âme tranquille se prolongent/passent dans la durée, œuvre vers le bas, même dans la constitution du corps de l'humain, et comment de cette constitution du corps ou de cette disposition du corps, rejaillit à telle ou telle ambiance de vie. Que nous devions ou non envoyé descendre le doute dans notre âme tranquille ou non, cela dépend de notre capacité à avancer dans la vie avec courage, de telle sorte que nous sachions nous tenir debout pour nous-mêmes, que nous puissions aussi œuvrer de manière salutaire auprès de nos semblables, ou bien que nous marchions dans la vie de mauvaise humeur, abattus, inaptes pour nous-mêmes, inaptes pour nos semblables. Je ne dis pas, et mes prochains exposés montreront que je n'ai pas besoin de le dire, que ce que je viens d'exprimer doit constamment conduire au doute ; mais cela conduit facilement, si aucun prolongement la science de la nature n'a lieu dans ces directions que je vais décrire, sur le chemin du doute.

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Man möchte sagen: Hier liegt etwas, was zu herben Zweifeln der Menschenseele hinführen kann. Zweifel entstehen allerdings zunächst im Verstand, aber sie strömen hinunter in das menschliche Gemüt. Und gerade derjenige, welcher in einem tieferen, unbefangenen Sinn die menschliche Natur — in dem Sinn, wie ich es in den nächsten Vorträgen für Einzelheiten werde auszuführen haben — zu betrachten versteht, der weiß, wie die Gemütsverfassung, namentlich wenn gewisse Strömungen dieser Gemütsverfassung in die Dauer übergehen, hinunterwirkt selbst in die Leibesverfassung des Menschen und wie aus dieser Leibesverfassung oder Leibesdisposition zu diesem und jenem wiederum heraufquillt die Lebensstimmung. Ob wir den Zweifel hinunterschicken müssen durch unser Gemüt oder nicht, davon hängt es ab, ob wir mutvoll durch das Leben schreiten, so daß wir für uns selbst aufrecht zu stehen wissen, daß wir auch in heilsamer Weise wirken können unter unseren Mitmenschen, oder ob wir verstimmt, niedergeschlagen, untüchtig für uns selbst, untüchtig für unsere Mitmenschen durch das Leben wandeln. Ich sage nicht — und meine nächsten Vorträge werden zeigen, daß ich das nicht zu sagen brauche —, daß das, was ich jetzt ausgesprochen habe, dauernd zum Zweifel führen muß; aber es führt leicht, wenn keine Fortsetzung der Naturwissenschaft nach jenen Richtungen hin stattfindet, die ich zu schildern haben werde, auf den Weg des Zweifels.

Les magnifiques conquêtes de la science de la nature vers le monde extérieur posent à l'humain des exigences extraordinaires en ce qui concerne son âme, si, comme le point de vue de vision du monde défendu ici doit absolument le faire, il se tient de manière positive par rapport à la science de la nature : pouvoir opposer au doute quelque chose de plus fort, de plus vigoureux que ce que l'on a besoin d'opposer, si ces exigences ne proviennent pas des résultats sûrs/sécurisés de la science de la nature.

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Die großartigen Errungenschaften der Naturwissenschaft nach der Außenwelt hin stellen an den Menschen in bezug auf seine Seele außerordentliche Anforderungen, wenn er, wie es der hier vertretene Weltanschauungsstandpunkt durchaus muß, in positiver Art zur Naturwissenschaft steht — Anforderungen: Stärkeres, Kräftigeres dem Zweifel entgegensetzen zu können, als man entgegenzusetzen braucht, wenn diese Anforderungen nicht von den gesicherten Ergebnissen der Naturwissenschaft kommen.

Si, de ce côté, la science de la nature conduit, en apparence seulement, à quelque chose de négatif pour la vie de l'âme, elle nous a apporté, et c'est là que j'ai mon deuxième paradoxe à exprimer, de l'autre côté, quelque chose d'extraordinairement positif ; et j'exprime à nouveau par ce positif un paradoxe qui s'est présenté à moi avec une force particulière lorsque j'ai élaboré, il y a maintenant plus de vingt ans, ma "Philosophie de la liberté", lorsque j'ai essayé, tout en maintenant une véritable vision du monde de science de la nature, de découvrir l'essence de la liberté humaine.

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Führt nach dieser Seite hin also, allerdings nur scheinbar, die Naturwissenschaft zu etwas Negativem für das Seelenleben, so hat sie uns — und damit habe ich mein zweites Paradoxon auszusprechen — nach der anderen Seite etwas außerordentlich Positives gebracht; und ich spreche mit diesem Positiven wiederum ein Paradoxon aus, das mir besonders stark vor die Seele getreten ist, als ich vor jetzt mehr als zwanzig Jahren meine «Philosophie der Freiheit» ausgearbeitet habe, als ich versuchte, unter Aufrechterhaltung einer wirklichen naturwissenschaftlichen Weltanschauung hinter das Wesen der menschlichen Freiheit zu kommen.

Oui, la science de la nature, avec sa légité, en vient théoriquement facilement à nier la liberté humaine. Mais c'est ici que la science de la nature obtient théoriquement pour ses façons de voir, le contraire de ce qui en sort dans la pratique. Si nous nous plongeons/approfondissons de plus en plus sérieusement dans la nature d'image de la pensée, si nous en venons, tout de suite de la poursuite du mode de vision de science de la nature et non des théories de science de la nature, à vivre intérieurement psychiquement/avec âme correctement cette nature d'image de la pensée dont j'ai parlé, alors nous nous disons : si la pensée est en nous seulement image, si elle n'est pas une réalité, alors elle n'a pas, comme une force de la nature, un mode d'action contraignant. Je peux alors comparer cette pensée, et la comparaison est plus qu'une telle image reflet, quelque peu une somme d'images reflet. Les images devant lesquelles je me tiens ne peuvent pas me contraindre. Les forces disponibles peuvent me contraindre, qu'elles soient pensées comme extérieures à moi ou présentes en moi ; des images ne peuvent pas me contraindre. Si je suis donc en situation de saisir mes impulsions morales à l'intérieur de cette pensée pure que tout de suite la science de la nature éduque en nous par ses méthodes, si je peux façonner en moi des impulsions morales ainsi qu'à leur façonnement, je vive dans la même pensée que celle à laquelle la science de la nature m'éduque, alors je n'ai pas de forces contraignantes dans ces impulsions morales saisies dans la pensée pure, mais des forces et des images selon lesquelles je peux seulement me déterminer moi-même. Cela signifie que si aussi la science de la nature doit ainsi tant, on aimerait dire, même avec un certain droit, nier la liberté à partir de ses fondements, ainsi elle éduque, en ce qu'elle éduque à la pensée image, l'humain de notre monde de culture à la liberté.

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Ja, Naturwissenschaft mit ihrer Gesetzmäßigkeit kommt eigentlich theoretisch leicht zu einer Ableugnung der menschlichen Freiheit. Hier aber ist es, wo Naturwissenschaft für ihre Anschauungen theoretisch eigentlich das Gegenteil von dem herausbekommt, was sie in der Praxis ausbildet. Wenn wir immer ernster und ernster uns vertiefen in die Bildnatur des Denkens, wenn wir gerade aus dem Verfolg naturwissenschaftlicher Anschauungsart, nicht naturwissenschaftlicher Theorien, dazu kommen, diese Bildnatur des Denkens, von der ich gesprochen habe, innerlich seelisch richtig zu erleben, dann sagen wir uns: Wenn das Denken in uns nur Bild ist, wenn es nicht eine Realität ist, dann hat es nicht wie eine Naturkraft eine zwingende Wirkungsweise. Ich darf dann dieses Denken vergleichen, und der Vergleich ist mehr als ein solcher, etwa einer Summe von Spiegelbildern. Bilder, vor denen ich stehe, können mich nicht zwingen. Vorhandene Kräfte können mich zwingen, ob sie außer mir oder in mir vorhanden gedacht werden; Bilder können mich nicht zwingen. Bin ich also in der Lage, innerhalb jenes reinen Denkens, das gerade die Naturwissenschaft durch ihre Methoden in uns heranerzieht, meine moralischen Impulse zu fassen, kann ich moralische Impulse so in mir ausgestalten, daß ich zu ihrer Ausgestaltung lebe in dem selben Denken, zu dem mich die Naturwissenschaft erzieht, dann habe ich in diesen im reinen Denken erfaßten moralischen Impulsen keine zwingenden Kräfte, sondern Kräfte und Bilder, nach denen ich mich nur selbst bestimmen kann. Das heißt, wenn Naturwissenschaft auch noch so sehr, man möchte sagen, sogar mit einem gewissen Rechte, aus ihren Untergründen heraus die Freiheit leugnen muß, so erzieht sie, indem sie zu dem Bilddenken erzieht, den Menschen unserer Kulturwelt zur Freiheit.

Tels sont, j'aimerais dire, les deux pôles, l'un relatif à la vie de la pensée, l'autre à la vie de la volonté, devant lesquels l'âme humaine est placée par les façons de voir de science de la nature de notre époque. Mais nous indiquons avec cela en même temps sur comment la vision du monde de science de la nature montre par soi-même vers dehors. Elle doit donc prendre une position quelconque à la pensée humaine. Mais elle déconnecte cette pensée humaine.

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Das sind, ich möchte sagen, die beiden Pole, der eine in bezug auf das Gedankenleben, der andere in bezug auf das Willensleben, vor die die menschliche Seele durch die naturwissenschaftlichen Anschauungen der Gegenwart hingestellt wird. Aber damit weisen wir zugleich darauf hin, wie die naturwissenschaftliche Weltanschauung über sich selbst hinauszeigt. Sie muß ja irgendeine Stellung einnehmen zu dem menschlichen Denken. Aber sie schaltet dieses menschliche Denken aus.

Elle indique ainsi une méthode de recherche qui se justifie pleinement devant elle, devant cette science de la nature, et qui peut néanmoins conduire à une expérience compréhensible de la pensée. D'un autre côté, elle indique que la façon de voir de science de la nature, parce qu'elle ne peut pas parvenir à la liberté en théorie, doit être poursuivie dans un autre domaine afin justement d'atteindre la sphère de la liberté.

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Sie weist damit auf eine Forschungsmethode hin, die sich vor ihr, vor dieser Naturwissenschaft, voll rechtfertigen und die dennoch zu einem begreiflichen Erleben des Denkens hinführen kann. Sie weist auf der anderen Seite darauf hin, daß die naturwissenschaftliche Anschauungsweise, weil sie selbst im Grunde genommen theoretisch bis zur Freiheit nicht herankommen kann, fortgesetzt werden muß in ein anderes Gebiet, um eben die Sphäre der Freiheit zu erreichen.

Ce que je présente ici comme une nécessité découlant de la science de la nature elle-même, la continuation de cette science de la nature dans un domaine auquel au moins la science de la nature reconnue aujourd'hui ne peut pas accéder, la conception du monde qui devrait être représentée ici le tente. Elle le peut aujourd'hui, puisqu'elle se trouve au début de son devenir, évidemment seulement d'une façon quelque peu imparfaite. Mais la tentative doit être faite, car tout de suite les expériences de l'âme concernant la pensée et la liberté que j'ai décrites se répandent sur un nombre croissant d'âmes de l'humanité de culture actuelle. Nous n'avons plus la permission de croire aujourd'hui que seuls ceux qui ont eu affaire à la science, d'une manière ou d'une autre, doivent se poser des exigences, questions et énigmes telles que je les ai caractérisées. Aussi dans les cercles, on aimerait dire jusque dans les villages les plus éloignés, où ne parviennent pas de résultats de science de la sorte importante, l'éducation à une telle pensée, telle que l'exige la science de la nature, pénètre et apporte alors, même si c'est encore aujourd'hui très, très inconsciemment, l'incertitude concernant la liberté humaine. C'est pourquoi il ne s'agit pas purement de questions scientifiques, mais absolument de questions générales d'humanité.

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Was ich hier wie eine Notwendigkeit, die sich aus der Naturwissenschaft selbst ergibt, hinstelle, das Fortsetzen dieser Naturwissenschaft in ein Gebiet hinein, zu dem wenigstens die heute anerkannte Naturwissenschaft nicht kommen kann, versucht die Weltanschauung, die hier vertreten werden soll. Sie kann das heute, da sie im Anfang ihres Werdens steht, selbstverständlich nur in einer gewissen unvollkommenen Art. Aber der Versuch muß gemacht werden; denn gerade die Seelenerlebnisse in bezug auf das Denken und die Freiheit, die ich geschildert habe, breiten sich aus über immer mehr Seelen der gegenwärtigen Kulturmenschheit. Wir dürfen ja heute nicht mehr glauben, daß sich etwa nur diejenigen, die sich irgendwie mit der Wissenschaft zu tun gemacht haben, solche Forderungen und Fragen und Rätsel vorlegen müssen, wie ich sie charakterisiert habe. Auch in die Kreise, man möchte sagen, bis in die fernsten Dörfer hinaus, in die keine naturwissenschaftlichen Ergebnisse erheblicher Art dringen, dringt die Erziehung zu einem solchen Denken, wie die Naturwissenschaft es fordert, und bringt dann, wenn auch heute noch sehr, sehr unbewußt, die Ungewißheit in bezug auf die menschliche Freiheit. Daher handelt es sich bei diesen Dingen nicht bloß um wissenschaftliche Fragen, sondern es handelt sich durchaus um allgemeine Menschheitsfragen.

Il s'agit donc de ce qu'en se plaçant sur le terrain de l'éducation scientifique, on peut aller plus loin sur le chemin de la connaissance que ne le font les sciences naturelles actuelles. Mesdames et Messieurs ici présents ! Cela peut être tenté ; cela peut être tenté de telle sorte que l'on puisse justifier les chemins devant le scientifique le plus rigoureux ; cela peut être cherché sur des chemins qui sont conçus par l'esprit et la conscience scientifiques. C'est de tels chemins que je voudrais parler aujourd'hui, en introduction de mes conférences. Mais ce chemin de la connaissance, bien qu'il soit déjà inconsciemment désiré par de nombreuses âmes aujourd'hui, n'est pas encore facile à exprimer, même en termes conceptuels. C'est pourquoi, afin que nous puissions nous entendre ce soir, je voudrais, uniquement pour nous faire comprendre, faire appel à la description de chemins de connaissance plus anciens que l'humanité a empruntés pour parvenir à des connaissances qui se situent au-delà de ce domaine dont traite aujourd'hui la science naturelle.

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Es handelt sich also darum: Kann man, wenn man sich auf den Boden naturwissenschaftlicher Erziehung stellt, innerhalb des Erkenntnisweges weiter dringen, als die Naturwissenschaft der Gegenwart dringen kann? Meine sehr verehrten Anwesenden! Das kann versucht werden; kann so versucht werden, daß man die Wege vor dem strengsten Naturwissenschafter rechtfertigen kann; kann auf Wegen gesucht werden, die von naturwissenschaftlicher Gesinnung und von naturwissenschaftlicher Gewissenhaftigkeit angelegt sind. Von solchen Wegen möchte ich nun zunächst heute, meine Vorträge einleitend, sprechen. Aber dieser Erkenntnisweg ist, obzwar er von vielen Seelen heute bereits unbewußt ersehnt wird, noch nicht einmal in Begriffen leicht auszusprechen. Daher möchte ich, damit wir uns am heutigen Abend verständigen können, nur zur Verständigung, die Schilderung von älteren Erkenntniswegen heranziehen, welche die Menschheit gegangen ist, um zu Erkenntnissen zu kommen, die über dieses Gebiet, das heute die Naturwissenschaft behandelt, hinaus liegen.

On peut dire que beaucoup de choses dont on pense aujourd'hui qu'elles ne peuvent pas être objet de connaissance, mais seulement objet de croyance, qui sont traditionnellement apparues dans l'évolution de l'humanité, qui vivent aujourd'hui comme une tradition vénérable et qui sont acceptées comme telles comme contenu de la croyance, sont, avant une considération historique vraiment impartiale, issues de méthodes de connaissance plus anciennes, qui ne sont plus adaptées à notre culture actuelle. Tout ce que l'on croit aujourd'hui devoir rester une croyance, tout ce qui est accepté comme une tradition vénérable, ramène l'observateur psychologique de l'histoire à des époques très anciennes de l'humanité.

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Man kann sagen: Vieles von dem, wovon heute die Meinung besteht, daß es gar nicht Objekt der Erkenntnis sein könne, sondern nur Objekt eines Glaubens, was traditionell heraufgekommen ist in der Menschheitsentwickelung, was als ehrwürdige Tradition heute lebt und als solche als Glaubensinhalt hingenommen wird, das ist, vor einer wirklich unbefangenen Geschichtsbetrachtung, doch herstammend aus älteren, unserer heutigen Kultur nicht mehr angemessenen Erkenntnismethoden. Alles, wovon man heute glaubt, daß es eben Glaubensvorstellung bleiben solle, was als altehrwürdige Tradition hingenommen wird, das führt den psychologischen Geschichtsbetrachter zurück in uralte Menschheitsepochen.

Et là, il s'avère que ces croyances actuelles ont été recherchées par des hommes quelconques en tant que contenus de connaissance adaptés à l'époque, par la formation de leur propre âme, par le développement des forces cachées de l'âme, et qu'elles ont donc constitué de véritables contenus de connaissance. On ne se rend pas compte aujourd'hui à quel point certaines choses ont été trouvées un jour, ce qui est arrivé historiquement dans l'évolution de l'humanité ; mais elles ont été trouvées par des voies de connaissance plus anciennes.

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Und dort zeigt sich, daß solche heutigen Glaubensinhalte als der damaligen Zeit angemessene Erkenntnisinhalte von irgendwelchen Menschen durch Ausbildung ihrer eigenen Seele, durch Entwickelung verborgener Seelenkräfte gesucht worden sind, also wirkliche Erkenntnisinhalte bildeten. Man ist sich heute nicht bewußt, wie manches einmal gefunden worden ist, was geschichtlich heraufgekommen ist in der Menschheitsentwickelung; aber es ist auf älteren Erkenntniswegen gefunden worden.

Lorsque je décris de tels chemins de connaissance, je le fais déjà à l'aide des méthodes que je décrirai plus tard, de telle sorte que ceux qui ne décrivent les époques les plus anciennes de l'humanité qu'à partir de documents historiques extérieurs et non spirituels peuvent souvent s'offusquer de ma description. Mais celui qui examine sans préjugés les documents historiques extérieurs et les compare ensuite avec ce que j'ai à dire aujourd'hui à partir d'une certaine vision ne trouvera pas de véritable contradiction. Et en second lieu, je voudrais souligner que je ne décris pas ces chemins de connaissance plus anciens parce que je voudrais les recommander aujourd'hui à quelqu'un pour obtenir des connaissances plus élevées. Elles sont adaptées à des époques plus anciennes et peuvent même être préjudiciables à l'homme d'aujourd'hui s'il les applique à lui-même par erreur. C'est donc seulement pour que nous puissions nous entendre sur les méthodes de connaissance actuelles que je vais prendre deux chemins plus anciens, les décrire et illustrer par là les chemins que l'homme doit emprunter aujourd'hui s'il veut dépasser la simple sphère de la connaissance scientifique telle qu'elle est valable aujourd'hui.

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Wenn ich solche Erkenntniswege schildere, so geschieht es allerdings schon mit Hilfe der Methoden, die ich später schildern werde, also so, daß vielfach diejenigen, die nur aus äußeren historischen, nicht aus geistigen Dokumenten die älteren Epochen der Menschheit schildern, Anstoß nehmen können an meiner Schilderung. Derjenige aber, der unbefangen auch die äußeren historischen Dokumente prüft und sie dann vergleicht mit dem, was ich heute aus einem gewissen Schauen heraus zu sagen haben werde, der wird dennoch einen wirklichen Widerspruch nicht finden. Und als zweites möchte ich betonen, daß ich diese älteren Erkenntniswege nicht etwa aus dem Grund schildere, weil ich sie heute irgend jemandem anempfehlen möchte, um höhere Erkenntnisse zu erringen. Sie sind älteren Epochen angemessen und können heute dem Menschen, wenn er sie aus einem Irrtum heraus auf sich anwendet, sogar schädlich werden. Also nur damit wir uns verständigen können über heutige Erkenntnismethoden, greife ich zwei ältere Wege heraus, schildere sie und veranschauliche daran die Wege, die der Mensch heute zu gehen hat, wenn er über die bloße Sphäre des naturwissenschaftlichen Erkennens, wie es heute gilt, hinaus will.

Nous avons tout d'abord un chemin - comme je l'ai dit, je pourrais en choisir d'autres parmi la multitude de chemins de connaissance plus anciens, mais je choisis les deux suivants -, nous avons tout d'abord un chemin qui, sous sa forme pure, a été emprunté par des hommes individuels dans des temps très anciens en Orient : le chemin du yoga.

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Da haben wir zunächst einen Weg - wie gesagt, ich könnte aus der Fülle der älteren Erkenntniswege auch andere herausgreifen, ich greife aber die zwei folgenden heraus -, da haben wir zunächst einen Weg, der in seiner reinen Gestalt in uralten Zeiten im Orient von einzelnen Menschen begangen worden ist: den Jogaweg.

Le chemin du yoga a traversé de multiples phases, et c'est précisément ce sur quoi j'insisterai le plus aujourd'hui qui est arrivé à des époques ultérieures dans un état tout à fait décadent et nuisible, de sorte que l'historien, lorsqu'il considérera des époques ultérieures, devra décrire, en partant de l'homme, ce que j'aurai à décrire comme quelque chose de nuisible pour lui. La nature humaine a connu les évolutions les plus diverses au cours des époques successives. Pour les époques anciennes, quelque chose de tout à fait différent était approprié à la nature humaine que pour les époques ultérieures. Ce qui, dans les temps anciens, pouvait être une véritable méthode de connaissance, n'a peut-être été utilisé plus tard que pour s'adonner à l'excitation du pouvoir des hommes, à l'excitation du pouvoir de l'homme individuel vis-à-vis de ses semblables. Ce n'était pas le cas dans les temps les plus anciens, pour lesquels je voudrais caractériser l'exercice du yoga.

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Der Jogaweg hat mannigfaltige Phasen durchgemacht, und gerade das, worauf ich heute den größten Wert legen werde, ist in spätere Epochen hineingekommen in einem durchaus dekadenten, schadhaften Zustand, so daß der Historiker, wenn er spätere Epochen betrachtet, vom Menschen ausgehend das, was ich zu schildern haben werde, als etwas für ihn sogar Schädliches wird schildern müssen. Allein die Menschennatur hat in den aufeinanderfolgenden Epochen die mannigfaltigsten Entwickelungen durchgemacht. Für alte Epochen war etwas ganz anderes der Menschennatur angemessen als in späteren. Was in früheren Zeiten eine echte Erkenntnismethode sein konnte, wurde vielleicht später nur verwendet, um dem Machtkitzel der Menschen, dem Machtkitzel des einzelnen Menschen gegenüber seinen Mitmenschen zu frönen. Das war in den ältesten Zeiten, für die ich die Jogaübung charakterisieren möchte, nicht der Fall.

En quoi consistait la voie du yoga suivie dans les temps très anciens de l'Orient par des individus qui, si nous voulons utiliser l'expression actuelle, formaient des érudits dans les régions supérieures du monde ? Eh bien, elle consistait, entre autres, en un type particulier d'exercices de respiration. Je choisis les exercices de respiration parmi une multitude d'exercices que l'élève ou l'érudit du yoga, le yogi, devait entreprendre. Si nous observons aujourd'hui notre respiration, nous devons dire qu'il s'agit d'un processus qui se déroule en grande partie de manière inconsciente dans un organisme humain sain. Il faut déjà porter en soi, d'une manière ou d'une autre, quelque chose de malsain, si l'on sent que l'on respire. On pourrait dire que plus le processus de respiration est naturel dans notre vie, plus il est correct pour la conscience ordinaire et la vie ordinaire. Mais le yogi a transformé le processus respiratoire pour le temps de sa pratique, pendant laquelle il voulait développer des forces de connaissance qui ne font que sommeiller dans la conscience ordinaire. Pourquoi a-t-il fait cela ? Il l'a transformé de telle sorte qu'il a utilisé une durée différente pour inspirer, retenir sa respiration, expirer, que celle que l'on utilise dans la respiration habituelle et naturelle. Il a fait cela pour prendre conscience du processus de respiration. Le rythme respiratoire habituel n'est pas conscient. Le rythme respiratoire transformé, dont les durées sont fixées par la volonté humaine, se déroule de manière entièrement consciente. Mais que se passe-t-il alors ? Eh bien, il suffit de s'exprimer physiologiquement si l'on veut comprendre ce que le yogi a réalisé en rendant conscient son processus respiratoire : lorsque nous inspirons, le souffle entre dans notre organisme, mais il entre aussi dans le cerveau humain par le canal de la moelle épinière. C'est là que le rythme du courant respiratoire s'unit aux processus qui sont les supports matériels de la vie de la pensée, aux processus nerveux et sensoriels. En fait, lorsque nous vivons dans la pensée ordinaire, nous n'avons jamais de simples processus sensoriels nerveux, mais toujours des processus sensoriels nerveux qui sont traversés par le rythme de notre respiration. Une liaison, une interaction, une harmonisation des processus sensoriels nerveux et des processus du rythme respiratoire ont toujours lieu lorsque nous laissons se dérouler notre vie mentale. En envoyant de manière pleinement consciente son rythme respiratoire modifié dans le processus nerveux-sensoriel, le yogi reliait aussi pour sa conscience le rythme respiratoire au rythme de la pensée, au rythme logique, mieux encore, à la composition et à l'analyse logiques des pensées. Il modifia ainsi toute sa vie mentale. Dans quelle direction l'a-t-il modifiée ? Eh bien, précisément parce qu'il prenait pleinement conscience de sa vie respiratoire, les pensées traversaient dans une certaine mesure son organisme comme le courant respiratoire lui-même. On pourrait dire que le yogi laissait courir ses pensées sur les courants respiratoires, et qu'il se sentait rempli, au rythme intérieur de son être humain, de pensées vivant sur les courants de la respiration. C'est ainsi que le savant du yoga se distinguait de la masse de ses semblables, et qu'il pouvait annoncer à cette masse des connaissances qu'elle ne pouvait pas avoir elle-même.

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Worin bestand der Jogaweg, der in sehr alten orientalischen Zeiten von einzelnen, die, wenn wir den heutigen Ausdruck gebrauchen wollen, Gelehrte in höheren Weltengebieten bildeten, gegangen worden ist? Nun, er bestand neben anderem in einer besonderen Art von Atmungsübungen. Ich greife die Atmungsübungen aus einer Fülle von Übungen, die der Jogaschüler oder -Gelehrte, der Jogi, auf sich nehmen mußte, heraus. Wenn wir heute auf unser Atmen achten, so müssen wir sagen: Es ist ein Prozeß, der sich im gesunden menschlichen Organismus zum größten Teil unbewußt vollzieht. Man muß schon in irgendeiner Weise etwas Krankhaftes in sich tragen, wenn man das Atmen spürt. Je selbstverständlicher, so möchte man sagen, sich der Atmungsvorgang in unserem Leben abspielt, desto richtiger ist es für das gewöhnliche Bewußtsein und für das gewöhnliche Leben. Der Jogi aber gestaltete für die Zeit seines Übens, in der er sich Erkenntniskräfte anentwickeln wollte, die im gewöhnlichen Bewußtsein nur schlummern, den Atmungsprozeß um. Warum tat er das? Er gestaltete ihn so um, daß er eine andere Zeitlänge zum Einatmen, zum Atemhalten, zum Ausatmen verwendete, als man das im gewöhnlichen selbstverständlichen Atmen tut. Er tat das, um sich den Atmungsprozeß zum Bewußtsein zu bringen. Der gewöhnliche Atmungsrhythmus wird nicht bewußt. Der umgestaltete Atmungsrhythmus, der aus der menschlichen Willkür heraus in seinen Zeitlängen festgesetzt wird, der verläuft vollständig bewußt. Was aber geschieht dadurch? Nun, man braucht sich nur physiologisch auszudrücken, wenn man einsehen will, was der Jogi erreichte durch dieses Sich-zum-Bewußtsein-Bringen seines Atmungsprozesses: Wenn wir einatmen, geht der Atemstoß in unseren Organismus hinein, er geht aber auch durch den Rückenmarkskanal in das menschliche Gehirn hinein. Da vereinigt sich der Rhythmus der Atmungsströmung mit den Vorgängen, welche die materiellen Träger des Gedankenlebens sind, mit den NervenSinnesvorgängen. Wir haben eigentlich niemals, wenn wir im gewöhnlichen Denken leben, bloße NervenSinnesvorgänge, sondern immer Nerven-Sinnesvorgänge, die durchströmt sind von unserem Atmungsrhythmus. Eine Verbindung, ein Ineinanderwirken, ein SichHarmonisieren der Nerven-Sinnesvorgänge und der Atmungsrhythmus-Vorgänge, die finden immer statt, wenn wir unser Gedankenleben ablaufen lassen. Indem nun der Jogi in vollbewußter Weise seinen veränderten Atmungsrhythmus in den Nerven-Sinnesprozeß hineinschickte, verband er auch für sein Bewußtsein den Atmungsrhythmus mit dem Denkrhythmus, mit dem logischen Rhythmus, besser gesagt, mit der logischen Zusammensetzung und Analyse der Gedanken. Dadurch veränderte er sein ganzes Gedankenleben. Nach welcher Richtung veränderte er es? — Nun, gerade dadurch, daß ihm sein Atmungsleben voll bewußt wurde, durchströmten gewissermaßen die Gedanken nun ebenso seinen Organismus wie die Atmungsströmung selbst. Man möchte sagen: der Jogi ließ auf den Atmungsströmungen die Gedanken laufen, und er erlebte sich im inneren Rhythmus seines menschlichen Wesens erfüllt mit auf den Strömungen des Atmens lebenden Gedanken. Dadurch hob sich der Jogagelehrte heraus von der übrigen Masse seiner Mitmenschen, und er konnte dieser Masse Erkenntnisse verkünden, die sie selber nicht haben konnte.

Pour envisager ce qui se passa en fait là, on doit regarder un peu vers la façon particulière dont les connaissances plus anciennes œuvraient dans la conscience populaire ordinaire des masses humaines.

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Um einzusehen, was da eigentlich geschah, muß man ein wenig hinschauen auf die besondere Art, wie die älteren Erkenntnisse im gewöhnlichen populären Bewußtsein der Menschenmassen wirkten.

Aujourd'hui, nous attachons la plus grande valeur sur ce que, lorsque nous regardons dehors dans le monde extérieur, nous voyons de pures couleurs que, lorsque nous entendons des sons, nous entendons de purs sons, et que nous acceptons justement ainsi les perceptions restantes dans une certaine pureté, c'est-à-dire dans la pureté que peut nous donner le simple processus sensoriel.

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Wir legen heute den größten Wert darauf, daß, wenn wir in die Außenwelt hinausschauen, wir reine Farben schauen, daß, wenn wir Töne hören, wir reine Töne hören, und daß wir ebenso die übrigen Wahrnehmungen in einer gewissen Reinheit, das heißt in der Reinheit, wie sie uns der bloße Sinnesprozeß geben kann, hinnehmen.

Ce n'était pas ainsi pour les consciences de culture humaines plus anciennes. Non pas que, comme le croit souvent à tort une certaine érudition, les humains des temps anciens aient imaginé toutes sortes de choses dans la nature ! L'imagination/la fantaisie n'était pas aussi extraordinairement efficace. Mais il était tout à fait naturel pour cette humanité de culture plus ancienne, de par toute la constitution de l'humain de cette époque, de ne pas seulement voir de pures apparitions de couleurs, de pures apparitions de sons, de pures autres qualités sensorielles, mais de percevoir en même temps dans tout cela un aspect psychospirituel. C'est ainsi que l'on voyait dans le soleil et la lune, dans les étoiles, dans le vent et le temps, dans la source et le fleuve, dans les êtres des différents règnes de la nature, des choses spirituelles et d'âme, comme nous voyons aujourd'hui de pures couleurs, entendons de purs sons, que nous ne cherchons ensuite à reconnaître dans leur contexte qu'à l'aide de la pensée devenue pure. Mais il y avait encore une autre donnée pour l'humanité plus ancienne : c'est qu'il n'y avait pas à l'époque une conscience de soi aussi forte et intérieurement consolidée que celle que nous avons aujourd'hui. En percevant le spirituel et l'âme dans toutes les choses de son environnement, l'humain se percevait lui-même comme un membre de tout cet environnement. Il ne se séparait pas de cet environnement en tant que moi indépendant.

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Das war für die Bewußtseine älterer Kulturmenschen nicht so. Nicht daß, wie vielfach irrtümlicherweise eine gewisse Gelehrsamkeit glaubt, die Menschen älterer Zeiten in die Natur allerlei hineinphantasiert hätten! Die Phantasie war nicht so außerordentlich wirksam. Aber es war dieser älteren Kulturmenschheit durch die ganze Konstitution des Menschen der damaligen Zeit ganz natürlich, nicht bloß reine Farbenerscheinungen, reine Tonerscheinungen, reine andere Sinnesqualitäten zu sehen, sondern in allem zugleich ein Seelisch-Geistiges wahrzunehmen. So sah man in Sonne und Mond, in den Sternen, in Wind und Wetter, in Quelle und Fluß, in den Wesen der einzelnen Naturreiche Geistig-Seelisches, wie wir heute reine Farben sehen, reine Töne hören, die wir dann erst mit Hilfe des rein gewordenen Denkens in ihrem Zusammenhang zu erkennen suchen. Damit war aber für die ältere Menschheit ein anderes noch gegeben: nämlich daß damals nicht ein so starkes, innerlich gefestigtes Selbstbewußtsein vorhanden war, wie wir es heute haben. Indem der Mensch Geistig-Seelisches in allen Dingen der Umwelt wahrnahm, nahm er sich selber als ein Glied dieser ganzen Umwelt wahr. Er sonderte sich nicht als ein selbständiges Ich von dieser Umwelt ab.

Si je voulais parler en termes de comparaison, je pourrais dire : si ma main avait conscience, comment penserait-elle sur elle-même ? Elle se dirait qu'elle n'est pas un être autonome, qu'elle n'a de sens qu'à mon organisme. C'est ainsi que l'ancien humain ne pouvait pas se considérer comme un être indépendant, mais comme un membre de la nature entière, qu'il devait cependant considérer comme traversée d'esprit, traversée d'âme.

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Wenn ich vergleichsweise sprechen wollte, so könnte ich sagen: Wenn meine Hand Bewußtsein hätte, wie würde sie dann denken über sich selbst? Sie würde sich sagen, sie sei kein selbständiges Wesen, habe nur Sinn an meinem Organismus. So etwa hat der ältere Mensch sich nicht als ein selbständiges Wesen ansehen können, sondern als ein Glied der gesamten Natur, die er aber durchgeistigt, durchseelt anschauen mußte.

C'est de cette façon de voir, qui conditionnait la non-indépendance du moi humain, que le yogi s'est élevé. En couplant dans une certaine mesure sa pensée avec le processus respiratoire qui remplit toute l'entité intérieure de l'humain, il est parvenu à une saisie du soi humain, le moi humain. Ce qui, j'aimerais dire, est évident pour nous aujourd'hui, grâce à nos qualités héréditaires, à notre éducation, lorsque nous sommes adultes, que nous nous sentons comme soi, que nous nous sentons je, a dû être conquis dans ces temps anciens par des exercices. Mais par cela on avait de l'expérience de ce soi, de ce je, quelque chose de tout à fait différent de ce que nous avons aujourd'hui. c'est absolument deux choses : si l'on a à accepter quelque chose comme une expérience évidente - et pour nous, le sentiment du moi, le sentiment de soi, est une expérience évidente - ou si l'on doit d'abord le conquérir par des voies telles que celles de la connaissance, comme c'était le cas pour une culture orientale plus ancienne. On vivait là avec ce qui agit, ondule et se tisse dans l'univers, pendant qu'aujourd'hui, si l'on vit déjà la même chose à un certain niveau, on ne vit plus rien avec de l'univers. C'est pourquoi, au yogi, se révélait par ses exercices, l'être soi humain, l'être je humain, l'être d'âme humain.

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Aus dieser Anschauung, die die Unselbständigkeit des menschlichen Ichs bedingte, hob sich der Jogi heraus. Er kam dadurch, daß er sein Denken gewissermaßen zusammenkoppelte mit dem Atmungsprozeß, der die ganze innere Wesenheit des Menschen erfüllt, zu einer Erfassung des menschlichen Selbstes, des menschlichen Ichs. Dasjenige, möchte ich sagen, was für uns heute durch unsere vererbten Eigenschaften, durch unsere Erziehung, wenn wir ein erwachsener Mensch sind, selbstverständlich ist, daß wir uns als Selbst, als Ich fühlen, das mußte in jenen alten Zeiten auf dem Umwege durch Übungen errungen werden. Dadurch aber hatte man von dem Erleben dieses Selbstes, dieses Ichs, etwas ganz anderes, als wir heute haben. Es ist durchaus zweierlei: ob man etwas wie selbstverständliches Erleben hinzunehmen hat - und uns ist das Ich-Gefühl, das Selbstgefühl ein selbstverständliches Erleben -, oder ob man es auf solchen Wegen, auf Erkenntniswegen, sich erst erringt, wie es für eine ältere orientalische Kultur der Fall war. Da lebte man mit, was im Universum kraftet und wellt und webt, während man heute, wenn man schon auf einem gewissen Niveau dasselbe erlebt, nichts mehr vorn Universum miterlebt. Daher offenbarte sich durch seine Übungen die menschliche Selbstheit, die menschliche Ichheit, das menschliche Seelenwesen für den Jogi.

Et nous pouvons dire qu'en ce qu'alors, ce qui a pu être trouvé sur ce chemin de la connaissance a été transmis sous forme de révélations dans la conscience de culture générale, c'est devenu le contenu des principales productions spirituelles des temps anciens.

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Und wir können sagen: Indem dann dasjenige, was auf diesem Erkenntniswege gefunden werden konnte, als Offenbarungen in das allgemeine Kulturbewußtsein überging, wurde es der Inhalt wichtigster geistiger Erzeugnisse älterer Zeiten.

À nouveau je veux soulever une chose parmi beaucoup. Nous avons éclairant merveilleusement de l'Orient ancien, le magnifique chant de la Bhagavad Gita. Dans cette Gita, nous avons décrit d'une manière merveilleuse, à partir du lyrisme humain le plus profond, les expériences du soi humain : comment ce soi, lorsqu'il se reconnaît en l'expérimentant, en le connaissant, conduit l'humain à une compassion avec l'univers, comment il lui révèle sa véritable humanité et son lien avec un monde supérieur, avec un monde spirituel, avec un monde suprasensible. La Gita décrit sur des tons toujours plus merveilleux cette expérience de soi dans son abandon au Tout. Pour celui qui, comme je l'ai dit, sait se plonger dans ces temps anciens avec une observation historique impartiale, il est clair que les sons magnifiques de la Gita sont issus de ce qui pouvait être vécu par des exercices de connaissance tels que ceux que j'ai décrits.

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Wiederum will ich aus vielem eines herausheben. Da haben wir wunderbar herüberleuchtend aus dem alten Orient das herrliche Lied Bhagavad Gita. Wir haben in dieser Gita in einer wunderbaren Weise, aus tiefster menschlicher Lyrik heraus, die Erlebnisse an dem menschlichen Selbst geschildert: wie dieses Selbst den Menschen, wenn er es erlebend erkennt, erkennend erlebt, zu einem Mitfühlen mit dem All führt, wie es ihm seine eigentliche Menschlichkeit und seinen Zusammenhang mit einer Überwelt, mit einer geistigen, mit einer übersinnlichen Welt offenbart. In immer neuen wunderbaren Tönen schildert die Gita dieses Erleben des eigenen Selbstes in seiner Hingabe an das All. Für denjenigen, der sich, wie gesagt, mit unbefangener Geschichtsbetrachtung in diese älteren Zeiten zu vertiefen versteht, ist es klar, daß die herrlichen Klänge der Gita hervorgegangen sind aus dem, was durch solche Erkenntnisübungen, wie ich sie geschildert habe, erlebt werden konnte.

Un tel chemin de connaissance était approprié pour une époque de culture orientale plus ancienne. C'était alors un jugement général de l'humanité que l'on devait se retirer dans une certaine solitude et un certain ermitage si l'on voulait avoir un contact avec les mondes suprasensibles. Et c'est à la solitude, à l'ermitage, que se condamnait d'une certaine manière celui qui pratiquait de tels exercices. Car ces exercices amènent l'humain à une certaine sensibilité. Ils le rendent hypersensible à la robustesse du monde extérieur. Il doit se retirer de la vie. Dans les temps anciens, tout de suite de tels humains solitaires trouvaient de la confiance chez leurs semblables. On prenait ce qu'ils avaient à dire comme des représentations de connaissance. Aujourd'hui, cela ne convient plus à notre culture. L'humanité d'aujourd'hui exige à juste titre que celui en qui elle doit avoir confiance en tant que connaisseur soit au cœur de la vie, qu'il puisse faire face à la vie robuste, au travail humain et à l'activité humaine, tels que les exigences du temps les façonnent. Les humains d'aujourd'hui ne se sentent pas liés à celui qui doit se retirer de la vie de la même manière que les humains des époques culturelles plus anciennes.

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Ein solcher Erkenntnisweg war für eine ältere orientalische Kulturepoche der angemessene. Es war dazumal allgemeines Menschheitsurteil, daß man sich in eine gewisse Einsamkeit und Einsiedelei zurückziehen müsse, wenn man Verbindung mit übersinnlichen Welten haben wollte. Und zur Einsamkeit, zur Einsiedelei verurteilte sich in einer gewissen Beziehung derjenige, der solche Übungen machte. Denn diese Übungen bringen den Menschen in eine gewisse Sensibilität. Sie machen ihn überempfindlich gegenüber der robusten Außenwelt. Er muß sich vom Leben zurückziehen. In älteren Zeiten fanden gerade solche einsame Menschen Vertrauen bei ihren Mitmenschen. Man nahm, was sie zu sagen hatten, als Erkenntnisvorstellungen hin. Heute ist das unserer Kultur nicht mehr angemessen. Mit Recht fordert die heutige Menschheit, daß derjenige, zu dem sie als einem Erkennenden Vertrauen haben soll, mitten im Leben drinnenstehe, daß er es aufnehmen könne mit dem robusten Leben, mit menschlicher Arbeit und menschlichem Wirken, wie es die Zeitforderung gestaltet. Mit dem, der sich zurückziehen muß vom Leben, fühlen sich die heutigen Menschen eben nicht in derselben Weise verbunden wie die Menschen älterer Kulturepochen.

Celui qui réfléchit fondamentalement à cela doit se dire que les chemins de la connaissance actuels doivent être autres et nous aurons à parler de ces autres chemins juste après. Mais auparavant, j'aimerais encore une fois décrire, dans son principe, un chemin qui était aussi approprié pour les temps plus anciens, la voie de l'ascèse, uniquement pour la compréhension et non parce que je voudrais la recommander à un humain du présent.

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Wer das gründlich überdenkt, muß sich sagen: Heutige Erkenntniswege müssen anders sein — und wir werden von solchen anderen Wegen gleich nachher zu sprechen haben. Vorher möchte ich aber, wiederum nur zur Verständigung, nicht, weil ich ihn etwa anempfehlen möchte für einen Menschen der Gegenwart, noch einen Weg, der ebenfalls für ältere Zeiten ein angemessener war, den Weg der Askese, seinem Prinzip nach schildern.

Ce chemin de l'ascèse a été suivi en paralysant, en réduisant les processus corporels, les exigences corporelles, de sorte que le corps humain n'agisse pas de la même manière robuste qu'il le fait dans la vie normale. On paralysait aussi les fonctions corporelles en mettant l'organisme physique extérieur de l'humain dans des états douloureux.

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Dieser Weg der Askese wurde dadurch gegangen, daß man Leibesvorgänge, Leibesanforderungen herablähmte, herabstimmte, so daß der menschliche Leib nicht in derselben robusten Weise wirkte, wie er im normalen Leben wirkt. Man lähmte die Leibesfunktionen auch dadurch herab, daß man den menschlichen äußeren physischen Organismus in schmerzhafte Zustände hineinbrachte.

Tout cela a amené ceux qui ont suivi cette voie ascétique à certaines expériences humaines, qui étaient absolument des expériences de connaissance. Je ne veux certainement pas dire qu'il serait juste pour l'organisme humain sain, par lequel nous sommes nés à la vie terrestre entre la naissance et la mort, de le rabaisser/déprécier lorsqu'il s'agit de placer efficacement cet organisme dans la vie ordinaire. Cet organisme sain est tout à fait approprié à la nature sensible extérieure qui porte la vie humaine entre la naissance et la mort. Il n'en reste pas moins vrai que les anciens ascètes, qui avaient déprécié cette organisation, en sont venus à vivre leur âme de manière pure et à savoir se tenant avec leur âme dans un monde spirituel.

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Alles das brachte diejenigen, die diesen asketischen Weg gingen, zu gewissen menschlichen Erlebnissen, die durchaus Erkenntniserlebnisse waren. Ich will gewiß nicht sagen, daß es für den gesunden menschlichen Organismus, durch den wir hereingeboren sind in das Erdenleben zwischen Geburt und Tod, richtig sei, ihn herabzustimmen, wenn es sich darum handelt, diesen Organismus in das gewöhnliche Leben wirksam hineinzustellen. Dieser gesunde Organismus ist für die äußere sinnliche Natur, die zwischen Geburt und Tod des Menschen doch das menschliche Leben trägt, durchaus das Angemessene. Dabei bleibt es dennoch richtig, daß die alten Asketen, die diese Organisation herabgestimmt hatten, dazu kamen, nun ihr Seelisches rein zu erleben und sich mit ihrem Seelischen drinnenstehend zu wissen in einer geistigen Welt.

C'est tout de suite par cela que notre organisme physique sensoriel est notamment adapté à la vie entre la naissance et la mort, que, comme les expériences des ascètes ont pu le montrer, il nous cache ce qu'est le monde spirituel.

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Gerade dadurch ist nämlich unser physisch-sinnlicher Organismus für das Leben zwischen Geburt und Tod das Angemessene, daß er uns, wie eben die Erlebnisse der Asketen zeigen konnten, verbirgt, was geistige Welt ist.

Et c'était tout simplement une expérience des anciens ascètes que de pouvoir entrer consciemment dans les mondes spirituels par dépréciation des fonctions corporelles. À nouveau, ce n'est pas une voie pour le présent. Celui qui déprécie son organisme de cette façon se rend inapte à l'ouvrage parmi ses semblables, il se rend également inapte envers lui-même. La vie actuelle exige des humains qui ne se retirent pas d'elle, qui se conservent leur santé ou, si elle est affaiblie, la renforcent même, mais pas des humains qui se retirent de la vie.

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Und es war einfach ein Erlebnis der alten Asketen, daß man durch Herabstimmen der Leibesfunktionen in die geistigen Welten bewußt eintreten konnte. Das ist wiederum kein Weg für die Gegenwart. Derjenige, der in dieser Art seinen Organismus herabstimmt, der macht sich untauglich für das Wirken unter seinen Mitmenschen, der macht sich auch untauglich gegenüber sich selbst. Das heutige Leben fordert Menschen, die sich aus ihm nicht zurückziehen, die sich ihre Gesundheit erhalten oder, wenn sie geschwächt ist, sie sogar verstärken, nicht aber Menschen, die sich vom Leben zurückziehen.

Ceux-là ne pourraient gagner aucune confiance, simplement selon la mentalité de notre présent. C'est pourquoi cette voie de l'ascèse, qui a pourtant conduit à des connaissances dans des temps plus anciens, ne peut pas être une voie actuelle.

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Die könnten kein Vertrauen gewinnen, einfach nach der Gesinnung unserer Gegenwart. Daher kann dieser Weg der Askese, der aber durchaus in älteren Zeiten zu Erkenntnissen geführt hat, nicht ein heutiger Weg sein.

Mais tant la voie du yoga que celle de l'ascèse, qui ont apporté des connaissances sur le monde suprasensible, sont conservées dans des traditions ancestrales, je dirais même sacrées, et sont acceptées aujourd'hui par l'humanité comme quelque chose qui satisfait certains besoins de l'âme. Et on ne se demande pas comment ce que l'on reçoit ainsi comme des croyances a néanmoins été recherché sur un véritable chemin de connaissance, même s'il n'est plus adapté à notre époque.

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Aber sowohl dasjenige, was der Jogaweg, wie dasjenige, was der asketische Weg an Erkenntnissen über die übersinnliche Welt geliefert hat, ist in uralten, ich möchte sagen, heiligen Traditionen erhalten, wird heute von der Menschheit hingenommen als etwas, was gewisse seelische Bedürfnisse befriedigt. Und man fragt nicht danach, wie das, was man so als Glaubensvorstellungen aufnimmt, dennoch auf einem wirklichen, wenn auch für unsere heutige Zeit nicht mehr angemessenen Erkenntnisweg gesucht worden ist.

Le chemin de connaissance actuel doit être absolument un autre. Nous avons donc vu que l'une des voies, la voie du yoga, essayait dans une certaine mesure d'atteindre la pensée par le biais de la respiration, afin de vivre cette pensée d'une autre manière que celle perçue dans la vie ordinaire. Nous ne pouvons pas faire ce détour par la respiration pour la raison déjà mentionnée. C'est pourquoi nous devons essayer d'arriver à une transformation de la pensée d'une autre manière, afin d'arriver ensuite, grâce à la pensée transformée, à des connaissances qui sont une sorte de prolongement de la connaissance de la nature. C'est pourquoi, si nous nous comprenons bien, nous partons aujourd'hui du principe qu'il ne faut pas travailler la pensée par le détour de la respiration, mais la travailler directement en faisant certains exercices par lesquels nous rendons la pensée intérieurement plus puissante, plus énergique qu'elle ne l'est dans la conscience ordinaire.

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Der heutige Erkenntnisweg muß ein durchaus anderer sein. Wir haben ja gesehen: der eine Weg, der Jogaweg, versuchte gewissermaßen auf dem Umweg durch das Atmen zu dem Denken zu kommen, um dieses Denken in einer anderen Weise zu erleben, als es im gewöhnlichen Leben wahrgenommen wird. Wir können aus dem schon angeführten Grunde diesen Umweg durch das Atmen nicht machen. Daher müssen wir versuchen, auf eine andere Weise zu einer Umgestaltung des Denkens zu kommen, um durch das umgestaltete Denken dann zu Erkenntnissen zu gelangen, die eine Art Fortsetzung der Naturerkenntnisse sind. Deshalb gehen wir heute, wenn wir uns richtig verstehen, davon aus, das Denken nicht durch den Umweg des Atmens zu bearbeiten, sondern es direkt zu bearbeiten, indem wir gewisse Übungen machen, durch die wir das Denken innerlich kraftvoller, energischer gestalten, als es im gewöhnlichen Bewußtsein ist.

Dans la conscience ordinaire, nous nous livrons à une pensée plus passive, qui s'en tient au déroulement des processus extérieurs. Si nous voulons emprunter un chemin de connaissance suprasensible plus récent, nous plaçons certaines représentations faciles à comprendre au centre de notre conscience. Nous restons dans le cadre de la simple pensée. Je sais que maints humains veulent déjà trouver ce que je vais décrire dans le chemin du yoga plus tardif, par exemple dans celui du Patanjali. Mais tel que c'est fait aujourd'hui, ce n'est pas encore inclus dans la formation orientale de l'esprit, parce que même si un humain exécutait aujourd'hui les exercices de yoga, ils agiraient autrement que chez les humains d'époques antérieures à cause des changements qu'a traversés l'organisme humain.

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Im gewöhnlichen Bewußtsein geben wir uns einem mehr passiven Denken hin, das sich an den Verlauf der äußeren Vorgänge hält. Wenn wir einen neueren übersinnlichen Erkenntnisweg gehen wollen, dann setzen wir gewisse leicht überschauliche Vorstellungen in den Mittelpunkt unseres Bewußtseins. Wir bleiben innerhalb des bloßen Gedankens. Ich weiß, daß manche Menschen dasjenige, was ich jetzt schildern werde, schon im späteren Jogaweg, zum Beispiel in dem des Patanjali, finden wollen. Aber so, wie das heute gemacht wird, ist es durchaus innerhalb orientalischer Geistesschulung noch nicht enthalten; deshalb nicht enthalten, weil selbst, wenn heute ein Mensch die Jogaübungen ausführte, sie anders wirkten — wegen der Veränderung, die der menschliche Organismus durchgemacht hat —, als sie bei den Menschen früherer Epochen gewirkt haben.

Aujourd'hui, nous nous adressons donc directement à la pensée, en cultivant la méditation, en nous concentrant sur certains contenus de pensée pendant de longues périodes. Nous exécutons psychiquement quelque chose qui se laisse comparer au renforcement d'un muscle. Si nous utilisons un muscle dans un travail continu, toujours de nouveau et à nouveau, bien égal le but et l'objectif de ce travail, il doit se renforcer.

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Wir wenden uns also heute direkt an das Denken und zwar dadurch, daß wir Meditation pflegen, daß wir uns konzentrieren auf gewisse Gedankeninhalte durch längere Zeiten. Wir machen seelisch etwas durch, was sich vergleichen läßt mit der Erkraftung eines Muskels. Wenn wir einen Muskel in fortdauernder Arbeit immer wieder und wiederum gebrauchen, ganz gleichgültig, welches Zweck und Ziel dieser Arbeit sind, muß er erkraften.

Nous pouvons exécuter la même chose avec la pensée. Au lieu de nous contenter de suivre le cours des processus extérieurs, nous plaçons au centre de notre conscience, au prix d'un effort de volonté intense, des représentations claires, formées par nous-mêmes ou données par quelqu'un de compétent dans ce domaine, dans lesquelles ne peut vivre aucune réminiscence dont nous ne sommes pas conscients, nous éliminons toute autre conscience et nous nous concentrons uniquement sur un tel contenu de conscience. J'aimerais dire, avec un mot du Faust de Goethe : "C'est certes facile, ça semble notamment ainsi, le facile est quand même difficile ! Car cela doit être accompli par l'un pendant des semaines, par l'autre pendant des mois. Si la conscience apprend alors à reposer sur le même contenu de pensées et à toujours de nouveau y reposer, qu'il soit complètement indifférent, et si l'on tourne toute l'attention intérieure et toute l'expérience intérieure vers le renforcement, vers l'énergétisation psychique de la vie de pensée, alors nous arrivons finalement au processus opposé à celui que le yogi traversait. Nous arrachons en effet notre pensée au processus respiratoire.

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Dasselbe können wir mit dem Denken ausführen. Statt daß wir uns mit diesem Denken immer nur hingeben dem Verlauf der äußeren Vorgänge, bringen wir mit starker Willensanstrengung von uns selbst gebildete oder von einem auf diesem Gebiet Kundigen uns gegebene, überschaubare Vorstellungen, in denen keine Erinnerungsreminiszenzen leben können, deren wir uns nicht bewußt sind, in den Mittelpunkt unseres Bewußtseins, schalten alles andere Bewußtsein aus, konzentrieren uns nur auf einen solchen Bewußtseinsinhalt. Ich möchte mit einem Goetheschen Faust-Wort sagen: Zwar ist es leicht — es sieht nämlich so aus —, doch ist das Leichte schwer! Denn das muß von dem einen wochenlang, von dem andern monatelang vollzogen werden. Wenn dann das Bewußtsein lernt, auf demselben Gedankeninhalt so zu ruhen und immer wieder zu ruhen, daß er einem völlig gleichgültig ist, und man alle innere Aufmerksamkeit und alles innere Erleben auf die Erkraftung, auf die seelische Energisierung des Gedankenlebens wendet, dann gelangen wir zuletzt zu dem entgegengesetzten Vorgang gegenüber dem, den der Jogi durchmachte. Wir reißen nämlich unser Denken von dem Atmungsprozeß los.

Aujourd'hui encore, cela apparaît à l'humain comme quelque chose d'absurde, comme quelque chose de fantastique. Mais, de même que le yogi a dans une certaine mesure poussé sa pensée vers l'intérieur de son corps pour la relier au rythme de son souffle corporel et faire ainsi l'expérience de son moi, de sa spiritualité intérieure, de même nous détachons la pensée du reste du processus respiratoire qui vit inconsciemment dans toutes nos pensées habituelles. Les exercices plus précis, dans tous leurs détails, qui constituent un système strictement exact, sont décrits dans mon livre "Comment acquérir la connaissance des mondes supérieurs" ou dans l'autre, "Science secrète", ou encore dans "Des énigmes de l'âme" et dans d'autres de mes écrits. On arrive ainsi peu à peu à extraire le processus de pensée non seulement du processus respiratoire, mais aussi à le rendre complètement libre de la corporéité. C'est alors seulement que l'on se rend compte du grand service que la vision du monde dite matérialiste, ou mieux dite, la vision du monde mécaniste, a rendu à l'humanité. Elle elle nous a rendu attentif à ce que la pensée ordinaire repose sur le soubassement des processus corporels. Par cela peut tout de suite venir l'incitation à chercher une pensée qui ne repose plus sur des processus corporels. Mais cela peut seulement être trouvé si la pensée ordinaire est renforcée de la manière décrite. Nous parvenons ainsi à une pensée libre de corps, à une pensée qui consiste en de simples processus psychiques/d'âme. Oui, nous apprenons ainsi à connaître ce qui était en nous une nature d'image, certes d'abord seulement comme des images, mais comme des images qui nous montrent une vie autonome, indépendante de notre corporéité.

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Es erscheint das heute noch dem Menschen als etwas Absurdes, als etwas Phantastisches. Allein, geradeso wie der Jogi gewissermaßen sein Denken nach dem Innern des Leibes getrieben hat, um es mit dem Rhythmus seines Leibesatems zu verbinden und so sein Selbst, seine innere Geistigkeit zu erleben, geradeso lösen wir das Denken los auch von dem Rest des Atmungsprozesses, der unbewußt in all unserem gewöhnlichen Denken lebt. — Die genaueren Übungen, in allen Einzelheiten, die ein streng exaktes System darstellen, finden Sie geschildert in meinem Buche «Wie erlangt man Erkenntnisse der höheren Welten?» oder in dem anderen, «Geheimwissenschaft», oder auch in «Von Seelenrätseln» und in anderen meiner Schriften. — Man gelangt allmählich auf diese Weise dazu, den Gedankengang nicht nur aus dem Atmungsprozeß herauszuziehen, sondern völlig frei von der Leiblichkeit zu machen. Jetzt sieht man erst ein, welch großen Dienst auch die sogenannte materialistische, besser gesagt mechanistische Weltanschauung der Menschheit geleistet hat. Sie hat uns aufmerksam gemacht, daß das gewöhnliche Denken auf dem Untergrunde leiblicher Vorgänge steht. Dadurch kann gerade die Anregung kommen, ein Denken zu suchen, das nicht mehr auf leiblichen Vorgängen ruht. Das kann aber nur gefunden werden, indem das gewöhnliche Denken erkraftet wird in der geschilderten Weise. Dadurch gelangen wir zu einem leibfreien Denken, zu einem Denken, das in bloß seelischen Vorgängen besteht. Ja, wir lernen auf diese Weise das, was in uns Bildnatur war, zwar zunächst nur als Bilder kennen, aber als Bilder, die selbständiges, von unserer Leiblichkeit unabhängiges Leben uns zeigen.

C'est le premier pas vers un chemin de connaissance tel qu'il convient à l'humain moderne actuellement. Mais nous accédons par cela à une expérience qui est cachée à la conscience ordinaire. Comme le yogi indien s'est relié dans sa pensée à ce qui était son rythme respiratoire intérieur, et donc aussi à son soi spirituel qui vit dans ce rythme respiratoire, de même il s'est élevé vers l'intérieur, de même nous allons vers l'extérieur. En ce que nous arrachons la pensée logique à l'organisme auquel elle est en fait attachée en tant que pensée logique, nous pénétrons avec cette pensée dans le rythme extérieur du monde, et nous expérimentons maintenant d'abord qu'il y a un tel rythme extérieur. Comme le yogi s'amena à la conscience le rythme intérieur de son corps, ainsi nous vient à la conscience de façon spirituelle, un rythme extérieur du monde. Si m'est permis de m'exprimer de manière imagée, nous nous tenons, dans la conscience ordinaire, ainsi là que nous assemblons nos pensées logiquement et que nous nous servons ainsi de la pensée comme d'un moyen de connaissance du monde extérieur sensible. Maintenant, nous laissons la pensée marcher dans une sorte d'élément musical, qui est cependant absolument un élément de connaissance, nous percevons un rythme qui est disponible sur le fond de toutes choses comme un rythme spirituel, nous pénétrons dans le monde en commençant à le percevoir en esprit. Notre pensée passe d'une pensée abstraite morte, d'une pure pensée image, à une pensée animée/vivifiée en soi-même. C'est la transition significative qui peut être faite de la pensée abstraite, purement logique, à une pensée vivante, dont nous avons absolument le sentiment qu'elle est capable de former une réalité, comme notre processus de croissance est reconnu par nous comme une réalité vivante.

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Das ist der erste Schritt zu einem Erkenntnisweg, wie er dem modernen Menschen heute angemessen ist. Dadurch aber gelangen wir zu einem Erlebnis, das dem gewöhnlichen Bewußtsein verborgen ist. Wie der indische Jogi sich in seinem Denken verbunden hat mit dem, was innerer Atmungsrhythmus war, und dadurch auch mit seinem geistigen Selbst, das in dem Atmungsrhythmus lebt, ebenso wie er also nach innen stieg, so gehen wir nach außen. Indem wir das logische Denken losreißen von dem Organismus, an den es eigentlich gebunden ist als logisches Denken, dringen wir mit diesem Denken in den äußeren Rhythmus der Welt ein, ja wir erfahren jetzt erst, daß es einen solchen äußeren Rhythmus gibt. Wie sich der Jogi den inneren Rhythmus seines Leibes zum Bewußtsein brachte, so kommt uns auf geistige Art ein äußerer Weltrhythmus zum Bewußtsein. Wenn ich mich bildlich ausdrücken darf: wir stehen im gewöhnlichen Bewußtsein so da, daß wir unsere Gedanken logisch zusammensetzen und uns damit des Denkens als eines Mittels zur Erkenntnis der äußeren sinnlichen Welt bedienen. Jetzt lassen wir das Denken einlaufen in eine Art musikalischen Elementes, das aber durchaus ein Erkenntniselement ist, wir gewahren einen Rhythmus, der auf dem Grund aller Dinge als ein geistiger Rhythmus vorhanden ist, wir dringen ein in die Welt, indem wir sie im Geiste beginnen wahrzunehmen. Unser Denken wird aus dem abstrakten toten Denken, aus dem bloßen Bilddenken ein in sich selbst belebtes Denken. Das ist der bedeutsame Übergang, der durchgemacht werden kann von dem abstrakten, bloß logischen Denken zu einem lebendigen Denken, von dem wir durchaus das Gefühl haben, daß es fähig ist, eine Realität zu bilden, wie unser Wachstumsprozeß als lebendige Realität von uns erkannt wird.

Mais avec cette pensée vivante, on peut pénétrer maintenant plus profondément dans la nature qu'on ne peut le faire par la pensée ordinaire. Comment cela peut-il se faire ? J'aimerais l'illustrer par un exemple tiré de la vie actuelle, même si c'est un exemple très contesté. Aujourd'hui, par exemple, nous orientons notre vie de pensée abstraite vers un animal supérieur observant et expérimentant. Par cette pensée, nous nous représentons/rendons présent à force d'image intérieurement comment est la configuration des organes de cet animal, le système osseux, le système musculaire et ainsi de suite, comment les processus vitaux s'entremêlent/affluent les uns dans les autres. Nous nous faisons une image de pensées de cet animal. Alors, nous passons à l'humain avec la même pensée, nous nous faisons à nouveau intérieurement une image de pensées de cet humain, nous nous actualisons à nouveau la configuration de son système osseux, de son système musculaire, de l'interpénétration de ses processus vitaux et ainsi de suite. Nous pouvons alors comparer extérieurement les images de pensées que nous avons acquises/gagnées dans l'un et l'autre cas, les unes avec les autres. Si nous sommes plus darwinistement enclin, nous laissons l'humain se développer à partir d'ancêtres animaux d'un processus sensoriel réel ; si nous sommes plus spirituel-idéalistement enclins, nous nous représentons la parenté d'une autre manière. Nous ne voulons pas nous y attarder maintenant. Mais ce qui est important, c'est que nous ne sommes pas en état, avec notre pensée abstraite et morte, lorsque nous nous sommes forgé l'image de l'animal, de passer de la vie intérieure des pensées à l'image humaine: nous devons atteindre la réalité extérieure des sens de l'humain avec la vie des pensées, nous devons acquérir nos idées, nos images de pensées aux réalités des sens et nous pouvons alors les comparer entre elles. Mais si nous sommes parvenus à la pensée vivante, alors nous pouvons aussi former une image de pensées, mais une vivante image de pensées, du système osseux, du système musculaire, de l'interpénétration des processus vitaux dans l'animal, et nous pouvons alors, parce que notre pensée est devenue plus vivante, poursuivre cette pensée intérieurement comme une structure vivante et arriver, par la pensée elle-même, à l'image de l'humain. J'aimerais dire que la pensée de l'animal s'accroit en pensée de l'humain. Je ne peux qu'évoquer un exemple de comment on procède.

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Mit diesem lebendigen Denken aber kann man nun tiefer in die Natur hineindringen, als man es durch das gewöhnliche Denken kann. Wie das? Ich möchte es an einem Beispiel veranschaulichen, das dem heutigen Leben entnommen ist, wenn auch an einem viel angefochtenen Beispiel. Wir richten unser abstraktes Gedankenleben heute zum Beispiel beobachtend und experimentierend auf ein höheres Tier. Wir machen uns durch dieses Denken innerlich bildhaft gegenwärtig, wie die Gestaltung der Organe dieses Tieres ist, das Knochensystem, Muskelsystem und so weiter, wie die Lebensprozesse ineinander überströmen. Wir machen uns ein Gedankenbild dieses Tieres. Dann gehen wir mit demselben Denken über zu dem Menschen, machen uns wiederum innerlich ein Gedankenbild von diesem Menschen, wir vergegenwärtigen uns wiederum die Gestaltung seines Knochensystems, seines Muskelsystems, des Ineinanderströmens seiner Lebensvorgänge und so weiter. Dann können wir äußerlich das, was wir an Gedankenbildern gewonnen haben in dem einen und andern Fall, miteinander vergleichen. Sind wir mehr darwinistisch geneigt, so lassen wir den Menschen in einem realsinnlichen Prozeß sich herausentwickeln aus tierischen Vorfahren; sind wir mehr spirituell-idealistisch geneigt, so stellen wir uns die Verwandtschaft in einer anderen Weise vor. Darauf wollen wir jetzt nicht eingehen. Wichtig aber ist, daß wir nicht imstande sind, mit unserem abstrakten, toten Den, ken, wenn wir uns das Bild gestaltet haben von dem Tier, aus dem inneren Gedankenleben zu dem menschlichen Bild herüberzukommen: wir müssen mit dem Gedankenleben an die äußere sinnliche Wirklichkeit des Menschen herandringen, müssen unsere Ideen, unsere Gedankenbilder an den Sinnesrealitäten gewinnen und können sie dann miteinander vergleichen. Wenn wir aber vorgedrungen sind zum lebendigen Denken, dann können wir auch ein Gedankenbild, aber ein lebendiges Gedankenbild, formen von dem Knochensystem, von dem Muskelsystem, von dem Ineinanderfließen der Lebensvorgänge im Tiere, und wir können, weil jetzt unser Gedanke ein lebendiger geworden ist, diesen Gedanken dann innerlich als ein lebendiges Gebilde verfolgen und kommen im Gedanken selbst herüber zum Bild des Menschen. Ich möchte sagen: Es wächst sich der Gedanke des Tieres zum Gedanken des Menschen aus. Wie man da vorgeht , kann ich nur an einem Beispiel andeuten.

Lorsque nous avons une aiguille aimantée devant nous, nous savons qu'elle reste, si elle est aimantée, seulement dans une situation de repos, et d'ailleurs alors quand sa direction coïncide avec la direction nord-sud du magnétisme de notre Terre. Cette direction est particulièrement excellente ; pour toutes les autres directions, l'aiguille magnétique se comporte de manière neutre. Tout ce que nous avons devant nous dans cet exemple devient pour la pensée vivante une expérience par rapport à l'espace global. Pour la pensée vivante, l'espace n'est plus une juxtaposition indifférente, comme il l'est pour la pensée abstraite et morte.

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Wenn wir eine Magnetnadel vor uns haben, so wissen wir, sie bleibt, wenn sie magnetisiert ist, nur in einer Lage in Ruhe, und zwar dann, wenn ihre Richtung zusammenfällt mit der Nord-Südrichtung des Magnetismus unserer Erde. Diese Richtung ist eine besonders ausgezeichnete; für alle anderen Richtungen verhält sich die Magnetnadel neutral. Alles das, was wir da an diesem Beispiel vor uns haben, wird für das lebendige Denken Erlebnis gegenüber dem Gesamtraum. Der Raum ist für das lebendige Denken nicht mehr das gleichgültige Nebeneinander, wie er es ist für das abstrakte, tote Denken.

L'espace est différencié intérieurement, et nous apprenons à reconnaître ce que signifie chez l'animal la ligne de la colonne vertébrale qui est essentiellement horizontale. Là où ce n'est pas le cas, nous pouvons démontrer que l'anomalie est particulièrement significative, précisément en raison d'une loi plus profonde ; mais pour l'essentiel, la ligne de la colonne vertébrale de l'animal se trouve à l'horizontale, on aimerait dire : parallèle à la surface de la Terre. Il n'est pas indifférent que la ligne médullaire se trouve dans cette direction spatiale ou dans la direction verticale vers laquelle l'humain s'élève au cours de sa vie. Nous apprenons ainsi par la pensée vivante à reconnaître que si nous voulions redresser la ligne principale de l'animal, c'est-à-dire l'amener dans une autre direction spatiale, nous devrions transformer tous les autres organes. La pensée devient vivante simplement par la rotation de 90 degrés de l'orientation horizontale à l'orientation verticale. Ainsi, stimulés intérieurement, nous passons de la forme animale à la forme humaine.

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Der Raum wird innerlich differenziert, und wir lernen erkennen, was es heißt, daß beim Tiere die Rückgratlinie im wesentlichen horizontal geht. Wo das nicht der Fall ist, können wir gerade aus tieferer Gesetzmäßigkeit die Abnormität als besonders bedeutsam nachweisen; aber im wesentlichen liegt die Rückgratlinie des Tieres in der Horizontalen, man möchte sagen: parallel zur Erdoberfläche. Es ist nun nicht gleichgültig, ob die Rückenmarkslinie in dieser Raumrichtung drinnenliegt oder in der Vertikalrichtung, zu der sich der Mensch im Verlaufe seines Lebens aufrichtet. So lernen wir im lebendigen Denken erkennen, daß wir, wenn wir die Hauptlinie des Tieres aufrecht richten wollten, also in eine andere Weltraumrichtung bringen wollten, alle übrigen Organe umformen müßten. Der Gedanke wird lebendig einfach durch die Drehung, die um 90 Grad von der Horizontalzur Vertikalorientierung durchgemacht wird. Wir gelangen so, innerlich angeregt, herüber aus der Tiergestalt in die menschliche Gestalt.

Mais de cette manière, en nous immergeant d'abord dans le rythme de l'événement naturel et en atteignant ainsi le spirituel qui repose à la base de la nature, nous continuons à pénétrer à l'intérieur de l'événement naturel. Nous parvenons à avoir dans nos pensées vivantes quelque chose qui nous permet de nous immerger dans la croissance et le devenir du monde extérieur. Nous entrons à nouveau dans les mystères de l'existence, dont nous nous sommes extraits au cours de l'évolution de l'humanité par l'épanouissement de la conscience Je, du sentiment de soi.

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Auf diese Weise dringen wir aber, indem wir zuerst untertauchen in den Rhythmus des Naturgeschehens und dadurch auf das der Natur zugrunde liegende Geistige kommen, weiter in das Innere des Naturgeschehens hinein. Wir gelangen dazu, in unseren lebendigen Gedanken etwas zu haben, womit wir untertauchen in Wachstum und Werden der Außenwelt. Wir gelangen wieder hinein in die Geheimnisse des Daseins, aus denen wir uns herausgezogen haben im Verlauf der Menschheitsentwickelung durch die Entfaltung des Ich-Bewußtseins, des Selbstgefühls.

Maintenant, mes très chers présents, chacun d'entre vous peut faire une objection de poids. On peut dire par exemple : oui, certaines personnalités ont eu une telle pensée, apparemment vivante, mais l'époque contemporaine, avec son esprit de recherche sérieux, s'est à juste titre détournée d'une telle "pensée vivante", comme l'a par exemple développé le philosophe Schelling ou le philosophe de la nature Oken. Je donne moi aussi entièrement raison à ceux qui font d'abord une telle objection, car la manière dont Oken et Schelling rendent intérieurement vivantes des idées-images acquises sur des processus et des êtres extérieurs, et les appliquent ensuite à d'autres faits et êtres de la nature, pour regarder ainsi "dans le sens de la nature", pour ainsi dire, cette manière a quelque chose de très fantastique, quelque chose de ce qui s'éloigne de la réalité, qui ne respire pas la réalité en soi. Tant que l'on ne passe pas, sur le chemin de la connaissance, à un autre élément avec cette pensée vivante que celle-ci, tant que l'on n'arrive pas non plus, par la pensée vivante, à une garantie de la réalité. Ce n'est que lorsque l'on ajoute aux exercices de pensée des exercices de volonté que l'on parvient à avoir une caution de réalité spirituelle dans la pensée vivante.

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Nun, meine sehr verehrten Anwesenden, kann jeder von Ihnen einen sehr gewichtigen Einwand machen. Man kann zum Beispiel sagen: Ja, ein solches Denken, das ja scheinbar lebendig war, haben gewisse Persönlichkeiten gehabt, aber die Gegenwart mit ihrer ernsten Forschergesinnung hat sich mit Recht abgewendet von solchem «lebendigen Denken», wie es zum Beispiel der Philosoph Schelling entfaltet hat oder der Naturphilosoph Oken. Auch ich gebe denjenigen völlig recht, die zunächst einen solchen Einwand machen, denn die Art und Weise, wie Oken und Schelling an äußeren Vorgängen und Wesenheiten gewonnene Bildideen innerlich lebendig machen und sie dann auf andere Naturtatsachen und Wesen anwenden, um so «im Sinne der Natur» sozusagen zu schauen, diese Art hat etwas sehr Phantastisches, etwas von dem, was sich entfernt von der Realität, was nicht Wirklichkeit in sich atmet. Solange man nicht auf dem Erkenntnisweg zu einem anderen Element übergeht mit diesem lebendigen Denken, als dieses selbst ist, so lange kommt man auch nicht durch das lebendige Denken zu einem Verbürgen der Wirklichkeit. Erst dann, wenn man zu den Gedankenübungen Willensübungen hinzumacht, kommt man dazu, in den lebendigen Gedanken ein Verbürgtsein geistiger Wirklichkeit zu haben.

Les exercices de volonté peuvent être caractérisés de la manière suivante. Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Dans la vie ordinaire, nous devons nous dire, quand nous pensons à dix ou vingt ans en arrière : dans le contenu même de notre vie psychique, nous sommes souvent devenus d'autres humains ; mais nous le sommes devenus en nous abandonnant plus ou moins passivement, en tant qu'enfants, aux caractéristiques héritées, à l'environnement, à l'éducation, et plus tard, à cette vie elle-même. Celui qui veut parvenir à une (re) connaissance de la réalité spirituelle doit prendre en main lui-même, par une éducation intérieure de la volonté, une discipline de la volonté, si je peux me servir d'une expression grossière, ce qui n'est pas vécu au sens plein du terme, mais de manière plus ou moins passive.

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Willensübungen können in der folgenden Weise charakterisiert werden. Seien wir einmal ganz ehrlich mit uns selbst. Im gewöhnlichen Leben müssen wir uns sagen, wenn wir zehn Jahre, zwanzig Jahre zurückdenken: Im eigentlichen Inhalt unseres Seelenlebens sind wir vielfach andere Menschen geworden; aber wir sind es geworden, indem wir uns als Kinder den vererbten Eigenschaften, der Umgebung, der Erziehung, im späteren Leben diesem Leben selbst mehr oder weniger passiv hingegeben haben. Derjenige, der zu einem Erkennen der geistigen Wirklichkeit gelangen will, muß das, was allerdings nicht etwa im vollen Sinne des Wortes, sondern mehr oder weniger passiv erlebt wird, in innerer Willenserziehung, Willenszucht, wenn ich mich des groben Ausdrucks bedienen darf, selber in die Hand nehmen.

Vous trouverez les exercices correspondants, qui sont des exercices intimes de l'âme, décrits dans les livres mentionnés. J'aimerais seulement indiquer en principe ce dont il s'agit.

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Sie finden die entsprechenden Übungen, die intime Seelenübungen sind, wiederum in den genannten Büchern geschildert. Ich möchte nur prinzipiell andeuten, worauf es ankommt.

De même que nous avons aujourd'hui certaines habitudes que nous n'avions peut-être pas il y a dix ans, parce que c'est la vie qui nous les a imposées, nous pouvons aussi nous fixer un objectif intérieur : Tu vas t'imprégner de tel ou tel trait de caractère. Le meilleur moyen d'imprimer de tels traits de caractère, pour lesquels il faut travailler sur soi pendant des années, c'est d'attirer souvent l'attention sur la force de la volonté qui est liée à une telle discipline personnelle.

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Wie wir heute gewisse Gewohnheiten haben, die wir vor zehn Jahren vielleicht noch nicht hatten, weil sie erst das Leben uns aufgedrungen hat, so können wir auch mit festem innerem Sinn uns vornehmen: Du prägst dir diese oder jene Charaktereigenschaften ein. Am besten geschieht das Einprägen solcher Charaktereigenschaften, für deren Gestaltung man jahrelang an sich arbeiten muß, so, daß man oft und oft die Aufmerksamkeit hinlenken muß auf jene Willenserkraftung, Willenserstarkung, die verbunden ist mit einer solchen Selbstzucht.

Lorsque l'on prend ainsi en main le développement de sa volonté, de telle sorte que l'on fait en partie de soi-même ce que le monde fait de nous en tant qu'être humain, les pensées vivantes dans lesquelles on s'est plongé par la méditation et la concentration prennent un caractère très particulier pour notre expérience. Elles deviennent en effet de plus en plus des expériences douloureuses, des expériences intérieures malheureuses de ce qui est d'âme. Et personne ne peut parvenir à des connaissances supérieures s'il n'a pas traversé ces expériences de souffrance et de douleur. Ces expériences de souffrance et de douleur doivent être vécues et alors surmontées, de sorte que l'on puisse dans une certaine mesure se les assimiler/incorporer et les dépasser, et gagne à leur égard un sentiment/une ambiance neutre.

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Wenn man in dieser Weise seine Willensentwickelung in die eigene Hand nimmt, so daß man in der Tat dasjenige, was sonst die Welt aus einem als Mensch macht, zum Teil selbst aus sich macht, dann nehmen die lebendigen Gedanken, in die man sich durch die Meditation und Konzentration hineingefunden hat, für unser Erleben etwas ganz Besonderes an. Sie werden nämlich immer mehr und mehr zu schmerzhaften Erlebnissen, zu inneren Leiderlebnissen des Seelischen. Und niemand kann im Grunde genommen zu höheren Erkenntnissen kommen, der nicht diese Leid- und Schmerzerlebnisse durchgemacht hat. Diese Leid- und Schmerzerlebnisse müssen durchgemacht und dann überwunden werden, so daß man sie sich gewissermaßen einverleibt und über sie hinauskommt, zu ihnen wiederum eine neutrale Stimmung gewinnt.

C'est ainsi que l'on peut se rendre compte/s'actualiser de ce qui se passe en l'humain : Prenez l'œil humain - ce que je dis pourrait être développé de manière très scientifique dans tous les détails, mais je ne peux que l'indiquer de manière générale - prenez cet œil. Lorsque la lumière, les couleurs agissent sur lui, des changements se produisent à l'intérieur physique de cet œil. Si nous n'étions pas aussi robustes, une humanité plus ancienne a certainement ressenti ces changements comme une souffrance, une légère douleur, nous devrions également ressentir ces changements dans l'œil et dans l'oreille comme une légère douleur, si nous ne nous comportions pas de manière neutre par rapport à eux, pour ainsi dire, grâce à notre organisation. Toute perception sensorielle se construit, prise au fond, sur la douleur et la souffrance.

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Was da im Menschen vorgeht, kann man sich so vergegenwärtigen: Nehmen Sie das menschliche Auge — was ich sage, könnte in allen Einzelheiten sehr wissenschaftlich ausgeführt werden; ich kann es aber nur allgemein andeuten —, nehmen Sie dieses Auge. Indem das Licht, indem Farben auf dasselbe wirken, gehen Veränderungen im physischen Innern dieses Auges vor sich. Wir würden, wenn wir nicht so robust wären — eine ältere Menschheit hat gewiß diese Veränderungen als Leid, als leisen Schmerz empfunden —, auch diese Veränderungen im Auge, im Ohr, wenn wir uns also nicht sozusagen neutral gegen sie verhielten durch unsere Organisation, als leisen Schmerz erleben müssen. Alle Sinneswahrnehmung baut sich im Grunde genommen auf Schmerz und Leid auf.

En ce que nous imprégnons de cette manière toute notre vie psychique/de l'âme avec des pensées vivantes, douloureuses, pleines de souffrance, nous n'imprégnons pas le corps de la même manière que l'ascète - de douleur et de souffrance ; nous le laissons en bonne santé, nous le laissons se développer selon les exigences de la vie ordinaire, mais nous éprouvons intérieurement et intimement douleur et souffrance dans l'âme. Celui - cela aimerait être attiré de manière comparative -, qui est parvenu à une connaissance un peu plus élevée, vous dira toujours : ce que le destin de la vie a apporté comme plaisir et comme joie, je l'accepte avec reconnaissance de mon destin ; mais mes connaissances, je les dois à ce que j'ai souffert, à mes douleurs, à ma souffrance.

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Indem wir auf diese Weise unser ganzes Seelenleben mit den lebendigen Gedanken schmerzhaft, leidvoll durchdringen, durchdringen wir den Leib — nicht in der selben Weise wie der Asket -- mit Schmerz und Leid; wir lassen ihn gesund, lassen ihn den Anforderungen des gewöhnlichen Lebens gemäß entwickelt, aber wir erleben innerlich-intim Schmerz und Leid in der Seele. Derjenige - das mag vergleichsweise herangezogen werden -, der es ein wenig zu höherer Erkenntnis gebracht hat, der wird Ihnen immer sagen: Das, was mir das Lebensschicksal an Lust und Freude gebracht hat, ich nehme es dankbar von meinem Schicksal hin; meine Erkenntnisse aber verdanke ich dem, was ich gelitten habe, meinen Schmerzen, meinem Leid.

Ainsi, la vie prépare déjà d'une certaine manière celui qui cherche la connaissance à devoir passer par une partie de son véritable chemin de connaissance supérieur en surmontant la souffrance et la douleur.

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So bereitet das Leben den Erkenntnissuchenden schon in einer gewissen Weise darauf vor, daß er einen Teil seines wahren höheren Erkenntnisweges durch Überwindung von Leiden und Schmerzen durchmachen muß.

Car si nous surmontons cette souffrance, cette douleur, nous faisons de tout l'être de notre âme un "organe des sens", si j'ai permission de me servir d'une expression comparable, en fait nous devons dire un organe de l'esprit/d'esprit, un organe de l'âme/d'âme. Et maintenant, nous apprenons à regarder ainsi dans le monde spirituel comme nous regardons et écoutons dans le monde physique à travers nos sens habituels. Je n'ai pas besoin de parler aujourd'hui de considérations épistémologiques. Je connais bien sûr l'objection selon laquelle le mode de connaissance extérieur doit lui aussi être examiné, mais cela ne nous concerne pas aujourd'hui. Je veux seulement dire que, dans le sens où nous trouvons dans la vie ordinaire le monde physique extérieur garanti par nos perceptions sensorielles, nous trouvons, après avoir surmonté la souffrance de l'âme, le monde spirituel garanti par notre organe de l'âme, par notre organe de l'esprit, que nous sommes devenus en tant qu'humain psychique entier.

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Denn überwinden wir dieses Leid, diesen Schmerz, dann machen wir unser ganzes Seelenwesen zu einem, wenn ich mich des Ausdrucks vergleichsweise bedienen darf, «Sinnesorgan», eigentlich müssen wir sagen Geistorgan, Seelenorgan. Und jetzt lernen wir so hineinschauen in die geistige Welt, wie wir durch unsere gewöhnlichen Sinne hineinschauen, hineinhören in die physische Welt. Von erkenntnistheoretischen Erwägungen brauche ich heute nicht zu sprechen. Ich kenne natürlich den Einwand, daß auch die äußere Erkenntnisweise erst untersucht werden muß; allein das geht uns heute nichts an. Ich will nur sagen, daß wir in demselben Sinn, in dem wir im gewöhnlichen Leben die äußere physische Welt durch unsere Sinneswahrnehmungen verbürgt finden, nach dem überwundenen Seelenleid durch unser Seelen-, durch unser Geistorgan, das wir als ganzer seelischer Mensch geworden sind, die geistige Welt verbürgt finden.

Avec cette vision, que j'aimerais aussi appeler la clairvoyance moderne exacte - contrairement à tous les anciens arts clairvoyants nébuleux qui appartiennent au passé -, nous pouvons aussi pénétrer dans ce qu'est l'entité humaine éternelle. Nous pouvons pénétrer d'une manière exacte dans la signification de l'immortalité humaine. Mais cela doit être réservé à l'exposé de demain, où j'aurai à parler de la relation particulière de cette vision du monde avec les questions de l'âme de l'humain.

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Mit diesem Schauen, das ich auch - im Gegensatz zu allen alten nebulosen hellseherischen Künsten, die der Vergangenheit angehören - das moderne exakte Hellsehen nennen möchte, können wir auch eindringen in das, was die menschliche ewige Wesenheit ist. Wir können in einer exakten Weise eindringen in die Bedeutung der menschlichen Unsterblichkeit. Doch das muß dem morgigen Vortrag vorbehalten bleiben, wo ich über die besondere Beziehung dieser Weltanschauung zu den Seelenfragen des Menschen werde zu sprechen haben.

Aujourd'hui, j'ai voulu montrer comment l'humain peut accéder à une voie de connaissance suprasensible moderne, contrairement aux voies de connaissance plus anciennes. Le yogi cherchait à pénétrer au Soi dans l'entité humaine ; nous cherchons à pénétrer au rythme du monde. L'ancien ascète dépréciait le corps afin que l'expérience psycho-spirituelle soit dans une certaine mesure pressée vers dehors et puisse être là pour elle-même ; le chemin de connaissance moderne n'est pas enclin à l'ascèse, fait abstraction de tous les arts de mortification et se tourne intimement vers la vie de l'âme elle-même. Les deux voies modernes laissent donc à l'humain se tenir pleinement dans la vie. Mais l'ancienne voie ascétique et l'ancienne voie du yoga tiraient l'humain hors de la vie.

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Heute wollte ich zeigen, wie der Mensch, im Gegensatz zu älteren Erkenntniswegen, zu einem modernen übersinnlichen Erkenntnisweg gelangen kann. Der Jogi suchte zum Selbst in die menschliche Wesenheit hineinzudringen; wir suchen zum Rhythmus der Welt hinauszudringen. Der alte Asket stimmte den Leib herab, damit gewissermaßen das seelisch-geistige Erleben herausgepreßt wurde und für sich da sein konnte; der moderne Erkenntnisweg ist nicht der Askese geneigt, sieht ab von allen Kasteiungskünsten, wendet sich intim an das Seelenleben selber. Beide modernen Wege also lassen den Menschen voll im Leben drinnenstehen. Der alte asketische und der alte Jogaweg zogen aber den Menschen aus dem Leben heraus.

J'ai donc essayé de vous décrire aujourd'hui un chemin qui peut être parcouru en développant les forces de connaissance qui sommeillent dans l'âme d'une manière plus spirituelle qu'elles ne l'ont été autrefois.

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So versuchte ich, Ihnen heute einen Weg zu schildern, der gemacht werden kann dadurch, daß man in der Seele schlummernde Erkenntniskräfte auf mehr geistigseelische Erkenntnisart entwickelt, als sie einstmals entwickelt worden sind.

Mais on parvient aussi par cela - je veux encore l'indiquer en conclusion - plus profondément dans l'essence de la nature. La vision du monde dont je parle ici ne s'oppose nullement à la science de la nature actuelle. Au contraire, elle prend tout de suite ce qui est un véritable esprit de recherche au sein de cette recherche de science de la nature et le développe par ses exercices comme une capacité/faculté humaine propre. La science de la nature actuelle recherche l'exactitude et se sent particulièrement satisfaite lorsqu'elle peut la rechercher par l'application des mathématiques aux processus de la nature.

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Dadurch aber gelangt man auch -- das will ich zum Schluß noch andeuten - tiefer in das Wesen der Natur hinein. Die Weltanschauung, von der ich hier spreche, steht in keinerlei Opposition zu der Naturwissenschaft der Gegenwart. Im Gegenteil, sie nimmt gerade das, was echte Forschergesinnung ist innerhalb dieser naturwissenschaftlichen Forschung, heraus und bildet es durch ihre Übungen als eigene menschliche Fähigkeit aus. Die heutige Naturwissenschaft sucht Exaktheit und fühlt sich besonders befriedigt, wenn sie diese suchen kann durch die Anwendung der Mathematik auf die Naturvorgänge.

Pourquoi est-ce le cas ? C'est le cas pour la raison que les perceptions que la nature extérieure nous donne par le biais des sens pour l'observation et l'expérimentation sont tout simplement hors de nous. Nous les pénétrons avec quelque chose que nous formons tout seuls dans notre être humain le plus intime, nous les pénétrons avec les connaissances mathématiques. Et le mot kantien est souvent prononcé, mais encore plus souvent, j'aimerais dire, exercé par des penseurs en science de la nature : Dans toute connaissance réelle à chacun, il n'y a de science qu'autant qu'il y a de mathématiques dedans. C'est unilatéral si l'on prend les mathématiques ordinaires. Mais en les appliquant aux phénomènes naturels, aux phénomènes naturels inanimés, en y voyant même déjà aujourd'hui un certain idéal, par exemple de pouvoir compter les chromosomes dans les gamètes, on montre comment on se sent satisfait quand on peut imposer par les mathématiques ce qui se trouve autrement comme extérieur à côté ou devant nous. Pourquoi ? Parce que les mathématiques sont vécues intérieurement avec une certitude immédiate, ce que nous devons certes souvent symboliser par des dessins ; mais les dessins seuls ne sont pas essentiels pour la certitude, pour la vérité. Les mathématiques sont regardées et trouvées intérieurement, et ce que nous trouvons intimement intérieurement, nous le relions à ce que nous voyons extérieurement.

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Warum ist das der Fall? Das ist aus dem Grunde der Fall, weil die Wahrnehmungen, die uns die äußere Natur durch die Sinne für die Beobachtung und das Experiment gibt, schlechterdings außer uns sind. Wir durchdringen sie mit etwas, was wir ganz allein in unserem innersten Menschenwesen ausbilden, wir durchdringen sie mit den mathematischen Erkenntnissen. Und das Kantsche Wort wird oftmals ausgesprochen, aber noch viel öfter, ich möchte sagen, ausgeübt von naturwissenschaftlich Denkenden: In einer jeden wirklichen Erkenntnis ist nur so viel Wissenschaft, als Mathematik drinnen ist. Einseitig ist das, wenn man die gewöhnliche Mathematik nimmt. Aber indem man diese auf die Naturerscheinungen anwendet, auf die leblosen Naturerscheinungen, sogar heute schon ein gewisses Ideal darinnen sieht, zum Beispiel die Chromosomen in den Keimanlagen zählen zu können, zeigt man, wie man sich befriedigt fühlt, wenn man das, was sonst als Äußeres neben oder vor uns steht, mit Mathematik durchsetzen kann. Warum? Weil Mathematik im Innern in unmittelbarer Gewißheit erlebt wird, was wir uns zwar durch Zeichnungen oft versinnbildlichen müssen; allein die Zeichnungen sind nicht wesentlich für die Gewißheit, für die Wahrheit. Das Mathematische wird innerlich angeschaut und gefunden, und das, was wir intim innerlich finden, verbinden wir mit dem äußerlich Angeschauten.

Nous nous sentons satisfaits par cela.

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Dadurch fühlen wir uns befriedigt.

Celui qui parcourt ce processus de connaissance dans sa totalité doit se dire que tout cela peut seul satisfaire l'humain à la mesure de la connaissance, peut seul conduire l'humain à une science, ce qui repose sur quelque chose qu'il peut réellement vivre et contempler grâce aux forces de son être intérieur. Avec les mathématiques, on pénètre dans les faits et dans les structures de l'essence du monde inanimé, tout au plus, je dirais, de manière primitive, un peu plus haut dans le monde animé. Mais il faut une vision intérieure aussi exacte que la vision mathématique si l'on veut pénétrer dans les modes d'action supérieurs du monde extérieur. L'école de Haeckel elle-même, par l'intermédiaire de l'un de ses plus éminents représentants, a expressément admis que l'on devait passer à une tout autre manière de rechercher et d'observer si l'on voulait s'élever de l'inorganique à l'organique de la nature. Pour l'inorganique, on a les mathématiques, la géométrie ; pour l'organique, pour le vivant, on n'a d'abord rien qui soit formé intérieurement comme un triangle, comme un cercle, comme une ellipse. On y parvient par la pensée vivante : non pas avec les mathématiques ordinaires des chiffres et des figures, mais avec une mathématique supérieure, avec une vision qui est qualitative, qui agit de manière formatrice, qui, même si je dois dire quelque chose d'horrible pour beaucoup, je dois le dire, s'élève/saisit vers en haut jusqu'à l'artistique.

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Wer in seiner Ganzheit diesen Erkenntnisvorgang durchschaut, muß sich sagen: Alles das kann den Menschen allein erkenntnismäßig befriedigen, kann im Menschen allein zu einer Wissenschaft führen, was auf etwas beruht, was er wirklich durch die Kräfte seines Inneren erleben, erschauen kann. Mit der Mathematik dringt man ein in die Tatsachen und in die Wesensstrukturen der leblosen Welt, höchstens, ich möchte sagen, primitiv etwas herauf in die belebte Welt. Man braucht aber eine innerliche Anschauung, so exakt, wie die mathematische Anschauung ist, wenn man in die höheren Wirkungsweisen der Außenwelt eindringen will. Die Haeckelsche Schule selber hat in einem ihrer hervorragendsten Vertreter ausdrücklich zugestanden, daß man zu einer ganz anderen Forschungs- und Betrachtungsweise vordringen müsse, wenn man aus dem Anorganischen in das Organische der Natur heraufwill. Für das Anorganische hat man die Mathematik, die Geometrie; für das Organische, für das Lebendige hat man zunächst noch nichts, was innerlich so gestaltet wird wie etwa ein Dreieck, wie ein Kreis, wie eine Ellipse. Durch lebendiges Denken gelangt man dazu: nicht mit gewöhnlicher Zahlen- und Figurenmathematik, sondern mit einer höheren Mathesis, mit einer Anschauung, die qualitativ ist, die gestaltend wirkt, die — wenn ich auch dadurch für viele etwas Horribles aussprechen muß, so muß ich es doch sagen — ins Künstlerische heraufgreift.

En pénétrant avec de telles mathématiques dans des mondes que nous ne pouvons pas pénétrer autrement, nous étendons la mentalité de science de la nature vers en haut au domaine biologique. Et l'on peut se tenir pour convaincu qu'un jour viendra l'époque où l'on dira : les temps anciens ont souligné à juste titre qu'il y a autant de science à tirer de la nature inorganique que l'on peut en tirer par les mathématiques au sens le plus large, dans la mesure où les mathématiques sont quantitatives ; on peut tirer autant de science des processus vitaux que l'on est capable d'y pénétrer avec une formation de pensées intérieurement vivante, avec une clairvoyance exacte.

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Indem wir mit einer solchen Mathematik eindringen in die Welten, in die wir sonst nicht eindringen können, erweitern wir naturwissenschaftliche Gesinnung ins biologische Gebiet herauf. Und man kann sich überzeugt halten, daß einstmals die Epoche kommen wird, wo man sagen wird: ältere Zeiten haben mit Recht betont, aus der unorganischen Natur ist soviel Wissenschaft zu gewinnen, als man ihr mit der Mathematik im weitesten Sinne beikommen kann, insofern die Mathematik eine quantitative ist; aus den Lebensvorgängen kann soviel Wissenschaft gewonnen werden, als man fähig ist, in sie einzudringen mit einer innerlich lebendigen Gedankengestaltung, mit einem exakten Hellsehen.

On ne croit pas du tout combien cette sorte moderne de la clairvoyance est en réalité proche tout de suite de la vision mathématique. Et l'on trouvera un jour justifié, quand on envisagera comment de l'esprit de la connaissance moderne de la nature ici de l'esprit-connaissance devrait être obtenu, tout de suite à partir de ce domaine de la connaissance moderne de la nature, la science de l'esprit pensée ici. Car elle ne veut pas entrer dans une quelque opposition aux résultats significatifs et grandioses de la science de la nature. Elle aimerait tenter quelque chose d'autre : tout de suite ainsi que lorsque nous avons un être humain se tenant devant nous, nous pouvons regarder avec nos sens extérieurs sa forme sensorielle, ses gestes, son jeu de mimiques expressions, le regard particulier de ses yeux, mais comme nous ne reconnaissons qu'un aspect extérieur de l'être humain, si nous ne regardons pas à travers tout cela un ce qui est d'âme en lui, ce par quoi nous aurions en premier l'humain entier se tenant devant nous, tout de suite ainsi, sans parcourir des chemins de l'esprit, nous ne voyons avec une science de nature que la physionomie extérieure du monde, que, j'aimerais dire, les gestes du monde, la mimique du monde. Ce n'est qu'alors que nous reconnaissons quelque chose de ce à quoi nous sommes nous-mêmes apparentés en tant qu'éternels de ce monde, lorsque nous pénétrons dans ce qui est d'âme du monde par la physionomie extérieure que nous donnent les phénomènes naturels, par ces mimiques et ces gestes.

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Man glaubt gar nicht, wie nahe in Wirklichkeit diese moderne Art des Hellsehens gerade dem mathematischen Anschauen steht. Und man wird einstmals, wenn man einsehen wird, wie aus dem Geiste moderner Naturerkenntnis hier Geist-Erkenntnis gewonnen werden soll, gerade aus diesem Gebiet moderner Naturerkenntnis heraus die hier gemeinte Geisteswissenschaft gerechtfertigt finden. Denn sie will nicht in irgendeine Opposition treten zu den bedeutsamen, großartigen Ergebnissen der Naturwissenschaft. Sie möchte etwas anderes versuchen: Geradeso wie wir, wenn wir einen Menschen vor uns stehen haben, mit den äußeren Sinnen seine Sinnesgestalt anschauen können, seine Gebärden, sein Mienenspiel, den eigentümlichen Blick seiner Augen, wie wir aber nur ein Äußeres des Menschen erkennen, wenn wir nicht durch all das hindurchschauen auf ein Seelisches in ihm, wodurch wir erst den ganzen Menschen vor uns stehen haben, geradeso schauen wir, ohne Geisteswege zu wandeln, mit einer Naturwissenschaft nur die äußere Physiognomie der Welt, nur, ich möchte sagen, die Gebärden der Welt, die Mimik der Welt. Erst dann erkennen wir etwas von dem, womit wir selber verwandt sind als dem Ewigen dieser Welt, wenn wir über die äußere Physiognomie, die uns die Naturerscheinungen geben, über diese Mimik und Gebärden, hineindringen in das Seelische der Welt.

C'est ce qu'aimerait cette vision spirituelle scientifique dont je voulais vous décrire les méthodes en guise d'introduction. Elle n'aimerait pas être une adversaire de la moderne triomphante science de la nature, elle aimerait l'accepter pleinement dans sa signification et son essence, comme on accepte pleinement l'humain extérieur. Mais de la même manière que l'on regarde l'âme à travers l'humain extérieur, elle aimerait, à travers les lois de la nature, non pas avec dilettantisme et amateurisme, mais avec un esprit sérieux, pénétrer à travers la physionomie des lois de la nature jusqu'à ce qui repose à la base du monde en tant que spirituel, en tant qu'âme. Et ainsi, cette vision spirituelle scientifique n'aimerait pas créer une quelconque opposition à la science de la nature, mais elle aimerait être l'âme, l'esprit de cette science de la nature.

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Das möchte jene geisteswissenschaftliche Anschauung, deren Methoden ich Ihnen zunächst einleitend heute schildern wollte. Sie möchte nicht sein eine Gegnerin der triumphalen modernen Naturwissenschaft, sie möchte diese in ihrer Bedeutung und Wesenheit voll hinnehmen, wie man den äußeren Menschen voll hinnimmt. Sie möchte aber so, wie man, durch den äußeren Menschen durchdringend, auf das Seelische schaut, durch die Naturgesetze, nicht mit Dilettantismus und Laientum, sondern mit ernsthafter Gesinnung, durch die Physiognomie der Naturgesetze hindurchdringen zu dem, was als Geistiges, als Seelisches der Welt zugrunde liegt. Und so möchte diese geisteswissenschaftliche Anschauung nicht der Naturwissenschaft irgendwelche Gegnerschaft schaffen, sondern sie möchte sein die Seele, der Geist dieser Naturwissenschaft.

 
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PREMIÈRE CONFÉRENCE

ANTHROPOSOPHIE ET SCIENCE DE LA NATURE
Vienne, le 1er juin 1922
01
Mes très chers présents ! Ce congrès vous a été annoncé comme un congrès de vision du/façon de voir le monde et vous l'accueillerez volontiers aussi, d'après la manière de l'annoncer comme tel. Mais celui qui veut parler aujourd'hui sur des questions de façon de voir le monde n'a pas la permission de passer à côté de la science de la nature, et surtout pas à côté des conséquences pour la façon de voir le monde que cette science de la nature a apporté. Dans un certain sens, cette science de la nature est devenue depuis des siècles, on peut dire depuis le 15e et le 16e siècle, de plus en plus la maîtresse de la pensée humaine à l'intérieur du monde de la culture.
02
Or, on aurait beaucoup à dire si l'on voulait attirer l'attention sur les grands triomphes de la connaissance de cette science de la nature et sur la transformation de toute notre vie par les conquêtes de la recherche de science de la nature. Mais cela reviendrait à répéter des choses connues de tous les participants. Du point de vue de la vision du monde, il y a encore quelque chose de tout à fait différent qui doit intéresser aux sciences de la nature. C'est le rôle d'éducateur de toute l'humanité civilisée que la science de la nature a joué depuis longtemps. Et c'est tout de suite quand on parle de ce rôle éducatif dans le cours de l'évolution de l'humanité moderne que l'on arrive alors en fait sur, j'aimerais dire, deux paradoxes. Permettez-moi de partir de ces paradoxes aujourd'hui.
03
La première chose qui s'est produite, surtout en en rapport à l'intérieur humain, à partir du mode de recherche de science de la nature, c'est une transformation de la vie des pensées humaines en tant que telle. Celui qui sait regarder sans préjugés les courants de vision du monde antérieurs, devra se dire qu'au sein de ces courants de vision du monde, en raison des conditions de l'évolution de l'humanité à des époques plus anciennes, la pensée a ajouté comme évidente un quelque chose de proprement humain à ce que l'expérience et l'observation de la nature donnaient. On a seulement besoin de se souvenir des branches de la connaissance actuellement dépassées/surmontées, de l'astrologie, de l'alchimie, et l'on viendra sur comment, dans de telles sortes de connaissance adaptées aux anciennes époques de culture, la nature était abordée ainsi que comme d'évidence. La pensée humaine ajoutait quelque chose à ce qu'elle voulait énoncer, ou aussi à ce qu'elle laissait se révéler/manifester par les choses du monde.
04
Cela a cessé devant la mentalité de science de la nature des temps modernes. Aujourd'hui, si je peux m'exprimer ainsi, nous sommes dans une certaine mesure obligés d'accepter purement les perceptions que nous donnent l'observation et l'expérimentation, de les traiter/élaborer à des ainsi nommées lois de la nature. Nous nous servons toutefois de la pensée dans l'élaboration de l'expérience et de l'observation ; mais nous ne nous servons de la pensée que comme d'un moyen pour rassembler les phénomènes, de sorte qu'ils nous révèlent par leur propre existence/être-là leur pendant/rapport interne, leur légité/loi. Et nous nous faisons pour devoir de ne rien ajouter, à partir de la pensée, à ce que nous pouvons observer dans le monde extérieur. Nous voyons cela comme un idéal de la mentalité de science de la nature, et ce à juste titre.
05
Qu'est devenue la pensée humaine sous de telles influences ? Elle est en fait devenue le serviteur, le pur moyen pour la recherche. La pensée en tant que telle n'a dans une certaine mesure plus rien à dire lorsqu'il s'agit d'étudier la légité des phénomènes dans le monde.
06
Mais c'est là l'un des paradoxes que j'aimerais souligner. La pensée est ainsi, dans une certaine mesure, exclue, en tant qu'expérience humaine, du rapport que l'humain entretient avec le monde en ce qui concerne les réalités. La pensée est devenue un outil/moyen d'aide formel pour comprendre les réalités. Elle n'est plus une révélatrice de soi/un auto révélant au sein de la science de la nature.
07
Cela signifie extraordinairement beaucoup pour l'intérieur de la vie humaine. Cela signifie que nous devons regarder la pensée comme ce qui doit s'abstenir sagement et modestement lorsqu'il s'agit d'observer le monde extérieur, ce qui est dans une certaine mesure un courant propre à l'intérieur de la vie de l'âme.
08
Et on se demande alors : comment la science de la nature peut-elle elle-même se rapprocher de cette pensée ? Alors on en arrive au paradoxe, alors on en arrive à se dire : si la pensée doit se retirer dans l'élaboration des processus de la nature, si elle ne peut intervenir que de manière formelle, en éclairant, en rassemblant, en ordonnant, alors elle ne se trouve pas non plus à l'intérieur des processus naturels eux-mêmes, alors il devient paradoxal de soulever la question, toutefois justifiée maintenant du point de vue de science de la nature : Comment pouvons-nous, à partir de la légité de science de la nature, concevoir la pensée comme une révélation/manifestation de l'organisme humain ? - Et là, nous ne pouvons rien dire d'autre aujourd'hui, si nous nous tenons sans préjugés et sérieusement dans la vie de science de la nature, que ceci : dans la même mesure où la pensée a dû se retirer des processus naturels, la contemplation des processus naturels peut certes toujours de nouveau s'efforcer d'/aspirer à atteindre jusqu'à la pensée, mais elle ne peut pas amener cet effort/cette aspiration à une quelconque satisfaction. La pensée est dans une certaine mesure exclue/déconnectée des processus naturels, comme elle l'est méthodiquement, est condamnée à n'être qu'une pure image et non une réalité.
09
Je ne pense pas qu'aujourd'hui déjà, beaucoup d'humains soient déjà pleinement conscients de la portée de ce paradoxe. Mais dans les profondeurs subconscientes de la vie de l'âme, une quantité innombrable d'hommes et de femmes d'aujourd'hui ont déjà le sentiment que nous traversons le monde avec ce qui fait de nous des humains - car nous ne pouvons nous considérer comme des humains qu'en tant qu'êtres pensants, c'est dans la pensée que nous voyons notre dignité humaine - comme avec quelque chose dont nous ne pouvons provisoirement pas admettre la réalité, que nous portons à travers le monde comme un être-là-image. Nous nous sentons dans une certaine mesure dans une non-réalité, en nous référant à ce qu'il y a de plus noble dans la nature humaine.
10
C'est là quelque chose qui pèse/repose sur l'âme de celui qui s'est sérieusement engagé dans les méthodes de recherche de science de la nature, aussi bien dans la science de la nature non organique que dans la biologie, et qui aimerait tirer pour lui-même, au sens d'une vision du monde, les conséquences de ces méthodes de recherche plutôt que des résultats individuels.
11
On aimerait dire qu'il y a là quelque chose qui peut conduire l'âme humaine à de profonds doutes. Les doutes naissent d'abord dans la raison analytique, mais ils fluent vers en bas dans l'âme tranquille humaine (Gemut). Et tout de suite celui qui sait considérer la nature humaine dans un sens profond et impartial, dans le sens que j'aurai à expliquer en détail dans les prochains exposés, sait comment la constitution d'âme tranquille, notamment lorsque certains courants de cette constitution d'âme tranquille se prolongent/passent dans la durée, œuvre vers le bas, même dans la constitution du corps de l'humain, et comment de cette constitution du corps ou de cette disposition du corps, rejaillit à telle ou telle ambiance de vie. Que nous devions ou non envoyé descendre le doute dans notre âme tranquille ou non, cela dépend de notre capacité à avancer dans la vie avec courage, de telle sorte que nous sachions nous tenir debout pour nous-mêmes, que nous puissions aussi œuvrer de manière salutaire auprès de nos semblables, ou bien que nous marchions dans la vie de mauvaise humeur, abattus, inaptes pour nous-mêmes, inaptes pour nos semblables. Je ne dis pas, et mes prochains exposés montreront que je n'ai pas besoin de le dire, que ce que je viens d'exprimer doit constamment conduire au doute ; mais cela conduit facilement, si aucun prolongement la science de la nature n'a lieu dans ces directions que je vais décrire, sur le chemin du doute.
12
Les magnifiques conquêtes de la science de la nature vers le monde extérieur posent à l'humain des exigences extraordinaires en ce qui concerne son âme, si, comme le point de vue de vision du monde défendu ici doit absolument le faire, il se tient de manière positive par rapport à la science de la nature : pouvoir opposer au doute quelque chose de plus fort, de plus vigoureux que ce que l'on a besoin d'opposer, si ces exigences ne proviennent pas des résultats sûrs/sécurisés de la science de la nature.
13
Si, de ce côté, la science de la nature conduit, en apparence seulement, à quelque chose de négatif pour la vie de l'âme, elle nous a apporté, et c'est là que j'ai mon deuxième paradoxe à exprimer, de l'autre côté, quelque chose d'extraordinairement positif ; et j'exprime à nouveau par ce positif un paradoxe qui s'est présenté à moi avec une force particulière lorsque j'ai élaboré, il y a maintenant plus de vingt ans, ma "Philosophie de la liberté", lorsque j'ai essayé, tout en maintenant une véritable vision du monde de science de la nature, de découvrir l'essence de la liberté humaine.
14
Oui, la science de la nature, avec sa légité, en vient théoriquement facilement à nier la liberté humaine. Mais c'est ici que la science de la nature obtient théoriquement pour ses façons de voir, le contraire de ce qui en sort dans la pratique. Si nous nous plongeons/approfondissons de plus en plus sérieusement dans la nature d'image de la pensée, si nous en venons, tout de suite de la poursuite du mode de vision de science de la nature et non des théories de science de la nature, à vivre intérieurement psychiquement/avec âme correctement cette nature d'image de la pensée dont j'ai parlé, alors nous nous disons : si la pensée est en nous seulement image, si elle n'est pas une réalité, alors elle n'a pas, comme une force de la nature, un mode d'action contraignant. Je peux alors comparer cette pensée, et la comparaison est plus qu'une telle image reflet, quelque peu une somme d'images reflet. Les images devant lesquelles je me tiens ne peuvent pas me contraindre. Les forces disponibles peuvent me contraindre, qu'elles soient pensées comme extérieures à moi ou présentes en moi ; des images ne peuvent pas me contraindre. Si je suis donc en situation de saisir mes impulsions morales à l'intérieur de cette pensée pure que tout de suite la science de la nature éduque en nous par ses méthodes, si je peux façonner en moi des impulsions morales ainsi qu'à leur façonnement, je vive dans la même pensée que celle à laquelle la science de la nature m'éduque, alors je n'ai pas de forces contraignantes dans ces impulsions morales saisies dans la pensée pure, mais des forces et des images selon lesquelles je peux seulement me déterminer moi-même. Cela signifie que si aussi la science de la nature doit ainsi tant, on aimerait dire, même avec un certain droit, nier la liberté à partir de ses fondements, ainsi elle éduque, en ce qu'elle éduque à la pensée image, l'humain de notre monde de culture à la liberté.
15
Tels sont, j'aimerais dire, les deux pôles, l'un relatif à la vie de la pensée, l'autre à la vie de la volonté, devant lesquels l'âme humaine est placée par les façons de voir de science de la nature de notre époque. Mais nous indiquons avec cela en même temps sur comment la vision du monde de science de la nature montre par soi-même vers dehors. Elle doit donc prendre une position quelconque à la pensée humaine. Mais elle déconnecte cette pensée humaine.
16
Elle indique ainsi une méthode de recherche qui se justifie pleinement devant elle, devant cette science de la nature, et qui peut néanmoins conduire à une expérience compréhensible de la pensée. D'un autre côté, elle indique que la façon de voir de science de la nature, parce qu'elle ne peut pas parvenir à la liberté en théorie, doit être poursuivie dans un autre domaine afin justement d'atteindre la sphère de la liberté.
17
Ce que je présente ici comme une nécessité découlant de la science de la nature elle-même, la continuation de cette science de la nature dans un domaine auquel au moins la science de la nature reconnue aujourd'hui ne peut pas accéder, la conception du monde qui devrait être représentée ici le tente. Elle le peut aujourd'hui, puisqu'elle se trouve au début de son devenir, évidemment seulement d'une façon quelque peu imparfaite. Mais la tentative doit être faite, car tout de suite les expériences de l'âme concernant la pensée et la liberté que j'ai décrites se répandent sur un nombre croissant d'âmes de l'humanité de culture actuelle. Nous n'avons plus la permission de croire aujourd'hui que seuls ceux qui ont eu affaire à la science, d'une manière ou d'une autre, doivent se poser des exigences, questions et énigmes telles que je les ai caractérisées. Aussi dans les cercles, on aimerait dire jusque dans les villages les plus éloignés, où ne parviennent pas de résultats de science de la sorte importante, l'éducation à une telle pensée, telle que l'exige la science de la nature, pénètre et apporte alors, même si c'est encore aujourd'hui très, très inconsciemment, l'incertitude concernant la liberté humaine. C'est pourquoi il ne s'agit pas purement de questions scientifiques, mais absolument de questions générales d'humanité.
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Il s'agit donc de ce qu'en se plaçant sur le terrain de l'éducation scientifique, on peut aller plus loin sur le chemin de la connaissance que ne le font les sciences naturelles actuelles. Mesdames et Messieurs ici présents ! Cela peut être tenté ; cela peut être tenté de telle sorte que l'on puisse justifier les chemins devant le scientifique le plus rigoureux ; cela peut être cherché sur des chemins qui sont conçus par l'esprit et la conscience scientifiques. C'est de tels chemins que je voudrais parler aujourd'hui, en introduction de mes conférences. Mais ce chemin de la connaissance, bien qu'il soit déjà inconsciemment désiré par de nombreuses âmes aujourd'hui, n'est pas encore facile à exprimer, même en termes conceptuels. C'est pourquoi, afin que nous puissions nous entendre ce soir, je voudrais, uniquement pour nous faire comprendre, faire appel à la description de chemins de connaissance plus anciens que l'humanité a empruntés pour parvenir à des connaissances qui se situent au-delà de ce domaine dont traite aujourd'hui la science naturelle.
19
On peut dire que beaucoup de choses dont on pense aujourd'hui qu'elles ne peuvent pas être objet de connaissance, mais seulement objet de croyance, qui sont traditionnellement apparues dans l'évolution de l'humanité, qui vivent aujourd'hui comme une tradition vénérable et qui sont acceptées comme telles comme contenu de la croyance, sont, avant une considération historique vraiment impartiale, issues de méthodes de connaissance plus anciennes, qui ne sont plus adaptées à notre culture actuelle. Tout ce que l'on croit aujourd'hui devoir rester une croyance, tout ce qui est accepté comme une tradition vénérable, ramène l'observateur psychologique de l'histoire à des époques très anciennes de l'humanité.
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Et là, il s'avère que ces croyances actuelles ont été recherchées par des hommes quelconques en tant que contenus de connaissance adaptés à l'époque, par la formation de leur propre âme, par le développement des forces cachées de l'âme, et qu'elles ont donc constitué de véritables contenus de connaissance. On ne se rend pas compte aujourd'hui à quel point certaines choses ont été trouvées un jour, ce qui est arrivé historiquement dans l'évolution de l'humanité ; mais elles ont été trouvées par des voies de connaissance plus anciennes.
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Lorsque je décris de tels chemins de connaissance, je le fais déjà à l'aide des méthodes que je décrirai plus tard, de telle sorte que ceux qui ne décrivent les époques les plus anciennes de l'humanité qu'à partir de documents historiques extérieurs et non spirituels peuvent souvent s'offusquer de ma description. Mais celui qui examine sans préjugés les documents historiques extérieurs et les compare ensuite avec ce que j'ai à dire aujourd'hui à partir d'une certaine vision ne trouvera pas de véritable contradiction. Et en second lieu, je voudrais souligner que je ne décris pas ces chemins de connaissance plus anciens parce que je voudrais les recommander aujourd'hui à quelqu'un pour obtenir des connaissances plus élevées. Elles sont adaptées à des époques plus anciennes et peuvent même être préjudiciables à l'homme d'aujourd'hui s'il les applique à lui-même par erreur. C'est donc seulement pour que nous puissions nous entendre sur les méthodes de connaissance actuelles que je vais prendre deux chemins plus anciens, les décrire et illustrer par là les chemins que l'homme doit emprunter aujourd'hui s'il veut dépasser la simple sphère de la connaissance scientifique telle qu'elle est valable aujourd'hui.
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Nous avons tout d'abord un chemin - comme je l'ai dit, je pourrais en choisir d'autres parmi la multitude de chemins de connaissance plus anciens, mais je choisis les deux suivants -, nous avons tout d'abord un chemin qui, sous sa forme pure, a été emprunté par des hommes individuels dans des temps très anciens en Orient : le chemin du yoga.
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Le chemin du yoga a traversé de multiples phases, et c'est précisément ce sur quoi j'insisterai le plus aujourd'hui qui est arrivé à des époques ultérieures dans un état tout à fait décadent et nuisible, de sorte que l'historien, lorsqu'il considérera des époques ultérieures, devra décrire, en partant de l'homme, ce que j'aurai à décrire comme quelque chose de nuisible pour lui. La nature humaine a connu les évolutions les plus diverses au cours des époques successives. Pour les époques anciennes, quelque chose de tout à fait différent était approprié à la nature humaine que pour les époques ultérieures. Ce qui, dans les temps anciens, pouvait être une véritable méthode de connaissance, n'a peut-être été utilisé plus tard que pour s'adonner à l'excitation du pouvoir des hommes, à l'excitation du pouvoir de l'homme individuel vis-à-vis de ses semblables. Ce n'était pas le cas dans les temps les plus anciens, pour lesquels je voudrais caractériser l'exercice du yoga.
24
En quoi consistait la voie du yoga suivie dans les temps très anciens de l'Orient par des individus qui, si nous voulons utiliser l'expression actuelle, formaient des érudits dans les régions supérieures du monde ? Eh bien, elle consistait, entre autres, en un type particulier d'exercices de respiration. Je choisis les exercices de respiration parmi une multitude d'exercices que l'élève ou l'érudit du yoga, le yogi, devait entreprendre. Si nous observons aujourd'hui notre respiration, nous devons dire qu'il s'agit d'un processus qui se déroule en grande partie de manière inconsciente dans un organisme humain sain. Il faut déjà porter en soi, d'une manière ou d'une autre, quelque chose de malsain, si l'on sent que l'on respire. On pourrait dire que plus le processus de respiration est naturel dans notre vie, plus il est correct pour la conscience ordinaire et la vie ordinaire. Mais le yogi a transformé le processus respiratoire pour le temps de sa pratique, pendant laquelle il voulait développer des forces de connaissance qui ne font que sommeiller dans la conscience ordinaire. Pourquoi a-t-il fait cela ? Il l'a transformé de telle sorte qu'il a utilisé une durée différente pour inspirer, retenir sa respiration, expirer, que celle que l'on utilise dans la respiration habituelle et naturelle. Il a fait cela pour prendre conscience du processus de respiration. Le rythme respiratoire habituel n'est pas conscient. Le rythme respiratoire transformé, dont les durées sont fixées par la volonté humaine, se déroule de manière entièrement consciente. Mais que se passe-t-il alors ? Eh bien, il suffit de s'exprimer physiologiquement si l'on veut comprendre ce que le yogi a réalisé en rendant conscient son processus respiratoire : lorsque nous inspirons, le souffle entre dans notre organisme, mais il entre aussi dans le cerveau humain par le canal de la moelle épinière. C'est là que le rythme du courant respiratoire s'unit aux processus qui sont les supports matériels de la vie de la pensée, aux processus nerveux et sensoriels. En fait, lorsque nous vivons dans la pensée ordinaire, nous n'avons jamais de simples processus sensoriels nerveux, mais toujours des processus sensoriels nerveux qui sont traversés par le rythme de notre respiration. Une liaison, une interaction, une harmonisation des processus sensoriels nerveux et des processus du rythme respiratoire ont toujours lieu lorsque nous laissons se dérouler notre vie mentale. En envoyant de manière pleinement consciente son rythme respiratoire modifié dans le processus nerveux-sensoriel, le yogi reliait aussi pour sa conscience le rythme respiratoire au rythme de la pensée, au rythme logique, mieux encore, à la composition et à l'analyse logiques des pensées. Il modifia ainsi toute sa vie mentale. Dans quelle direction l'a-t-il modifiée ? Eh bien, précisément parce qu'il prenait pleinement conscience de sa vie respiratoire, les pensées traversaient dans une certaine mesure son organisme comme le courant respiratoire lui-même. On pourrait dire que le yogi laissait courir ses pensées sur les courants respiratoires, et qu'il se sentait rempli, au rythme intérieur de son être humain, de pensées vivant sur les courants de la respiration. C'est ainsi que le savant du yoga se distinguait de la masse de ses semblables, et qu'il pouvait annoncer à cette masse des connaissances qu'elle ne pouvait pas avoir elle-même.
25
Pour envisager ce qui se passa en fait là, on doit regarder un peu vers la façon particulière dont les connaissances plus anciennes œuvraient dans la conscience populaire ordinaire des masses humaines.
26
Aujourd'hui, nous attachons la plus grande valeur sur ce que, lorsque nous regardons dehors dans le monde extérieur, nous voyons de pures couleurs que, lorsque nous entendons des sons, nous entendons de purs sons, et que nous acceptons justement ainsi les perceptions restantes dans une certaine pureté, c'est-à-dire dans la pureté que peut nous donner le simple processus sensoriel.
27
Ce n'était pas ainsi pour les consciences de culture humaines plus anciennes. Non pas que, comme le croit souvent à tort une certaine érudition, les humains des temps anciens aient imaginé toutes sortes de choses dans la nature ! L'imagination/la fantaisie n'était pas aussi extraordinairement efficace. Mais il était tout à fait naturel pour cette humanité de culture plus ancienne, de par toute la constitution de l'humain de cette époque, de ne pas seulement voir de pures apparitions de couleurs, de pures apparitions de sons, de pures autres qualités sensorielles, mais de percevoir en même temps dans tout cela un aspect psychospirituel. C'est ainsi que l'on voyait dans le soleil et la lune, dans les étoiles, dans le vent et le temps, dans la source et le fleuve, dans les êtres des différents règnes de la nature, des choses spirituelles et d'âme, comme nous voyons aujourd'hui de pures couleurs, entendons de purs sons, que nous ne cherchons ensuite à reconnaître dans leur contexte qu'à l'aide de la pensée devenue pure. Mais il y avait encore une autre donnée pour l'humanité plus ancienne : c'est qu'il n'y avait pas à l'époque une conscience de soi aussi forte et intérieurement consolidée que celle que nous avons aujourd'hui. En percevant le spirituel et l'âme dans toutes les choses de son environnement, l'humain se percevait lui-même comme un membre de tout cet environnement. Il ne se séparait pas de cet environnement en tant que moi indépendant.
28
Si je voulais parler en termes de comparaison, je pourrais dire : si ma main avait conscience, comment penserait-elle sur elle-même ? Elle se dirait qu'elle n'est pas un être autonome, qu'elle n'a de sens qu'à mon organisme. C'est ainsi que l'ancien humain ne pouvait pas se considérer comme un être indépendant, mais comme un membre de la nature entière, qu'il devait cependant considérer comme traversée d'esprit, traversée d'âme.
29
C'est de cette façon de voir, qui conditionnait la non-indépendance du moi humain, que le yogi s'est élevé. En couplant dans une certaine mesure sa pensée avec le processus respiratoire qui remplit toute l'entité intérieure de l'humain, il est parvenu à une saisie du soi humain, le moi humain. Ce qui, j'aimerais dire, est évident pour nous aujourd'hui, grâce à nos qualités héréditaires, à notre éducation, lorsque nous sommes adultes, que nous nous sentons comme soi, que nous nous sentons je, a dû être conquis dans ces temps anciens par des exercices. Mais par cela on avait de l'expérience de ce soi, de ce je, quelque chose de tout à fait différent de ce que nous avons aujourd'hui. c'est absolument deux choses : si l'on a à accepter quelque chose comme une expérience évidente - et pour nous, le sentiment du moi, le sentiment de soi, est une expérience évidente - ou si l'on doit d'abord le conquérir par des voies telles que celles de la connaissance, comme c'était le cas pour une culture orientale plus ancienne. On vivait là avec ce qui agit, ondule et se tisse dans l'univers, pendant qu'aujourd'hui, si l'on vit déjà la même chose à un certain niveau, on ne vit plus rien avec de l'univers. C'est pourquoi, au yogi, se révélait par ses exercices, l'être soi humain, l'être je humain, l'être d'âme humain.
30
Et nous pouvons dire qu'en ce qu'alors, ce qui a pu être trouvé sur ce chemin de la connaissance a été transmis sous forme de révélations dans la conscience de culture générale, c'est devenu le contenu des principales productions spirituelles des temps anciens.
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À nouveau je veux soulever une chose parmi beaucoup. Nous avons éclairant merveilleusement de l'Orient ancien, le magnifique chant de la Bhagavad Gita. Dans cette Gita, nous avons décrit d'une manière merveilleuse, à partir du lyrisme humain le plus profond, les expériences du soi humain : comment ce soi, lorsqu'il se reconnaît en l'expérimentant, en le connaissant, conduit l'humain à une compassion avec l'univers, comment il lui révèle sa véritable humanité et son lien avec un monde supérieur, avec un monde spirituel, avec un monde suprasensible. La Gita décrit sur des tons toujours plus merveilleux cette expérience de soi dans son abandon au Tout. Pour celui qui, comme je l'ai dit, sait se plonger dans ces temps anciens avec une observation historique impartiale, il est clair que les sons magnifiques de la Gita sont issus de ce qui pouvait être vécu par des exercices de connaissance tels que ceux que j'ai décrits.
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Un tel chemin de connaissance était approprié pour une époque de culture orientale plus ancienne. C'était alors un jugement général de l'humanité que l'on devait se retirer dans une certaine solitude et un certain ermitage si l'on voulait avoir un contact avec les mondes suprasensibles. Et c'est à la solitude, à l'ermitage, que se condamnait d'une certaine manière celui qui pratiquait de tels exercices. Car ces exercices amènent l'humain à une certaine sensibilité. Ils le rendent hypersensible à la robustesse du monde extérieur. Il doit se retirer de la vie. Dans les temps anciens, tout de suite de tels humains solitaires trouvaient de la confiance chez leurs semblables. On prenait ce qu'ils avaient à dire comme des représentations de connaissance. Aujourd'hui, cela ne convient plus à notre culture. L'humanité d'aujourd'hui exige à juste titre que celui en qui elle doit avoir confiance en tant que connaisseur soit au cœur de la vie, qu'il puisse faire face à la vie robuste, au travail humain et à l'activité humaine, tels que les exigences du temps les façonnent. Les humains d'aujourd'hui ne se sentent pas liés à celui qui doit se retirer de la vie de la même manière que les humains des époques culturelles plus anciennes.
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Celui qui réfléchit fondamentalement à cela doit se dire que les chemins de la connaissance actuels doivent être autres et nous aurons à parler de ces autres chemins juste après. Mais auparavant, j'aimerais encore une fois décrire, dans son principe, un chemin qui était aussi approprié pour les temps plus anciens, la voie de l'ascèse, uniquement pour la compréhension et non parce que je voudrais la recommander à un humain du présent.
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Ce chemin de l'ascèse a été suivi en paralysant, en réduisant les processus corporels, les exigences corporelles, de sorte que le corps humain n'agisse pas de la même manière robuste qu'il le fait dans la vie normale. On paralysait aussi les fonctions corporelles en mettant l'organisme physique extérieur de l'humain dans des états douloureux.
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Tout cela a amené ceux qui ont suivi cette voie ascétique à certaines expériences humaines, qui étaient absolument des expériences de connaissance. Je ne veux certainement pas dire qu'il serait juste pour l'organisme humain sain, par lequel nous sommes nés à la vie terrestre entre la naissance et la mort, de le rabaisser/déprécier lorsqu'il s'agit de placer efficacement cet organisme dans la vie ordinaire. Cet organisme sain est tout à fait approprié à la nature sensible extérieure qui porte la vie humaine entre la naissance et la mort. Il n'en reste pas moins vrai que les anciens ascètes, qui avaient déprécié cette organisation, en sont venus à vivre leur âme de manière pure et à savoir se tenant avec leur âme dans un monde spirituel.
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C'est tout de suite par cela que notre organisme physique sensoriel est notamment adapté à la vie entre la naissance et la mort, que, comme les expériences des ascètes ont pu le montrer, il nous cache ce qu'est le monde spirituel.
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Et c'était tout simplement une expérience des anciens ascètes que de pouvoir entrer consciemment dans les mondes spirituels par dépréciation des fonctions corporelles. À nouveau, ce n'est pas une voie pour le présent. Celui qui déprécie son organisme de cette façon se rend inapte à l'ouvrage parmi ses semblables, il se rend également inapte envers lui-même. La vie actuelle exige des humains qui ne se retirent pas d'elle, qui se conservent leur santé ou, si elle est affaiblie, la renforcent même, mais pas des humains qui se retirent de la vie.
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Ceux-là ne pourraient gagner aucune confiance, simplement selon la mentalité de notre présent. C'est pourquoi cette voie de l'ascèse, qui a pourtant conduit à des connaissances dans des temps plus anciens, ne peut pas être une voie actuelle.
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Mais tant la voie du yoga que celle de l'ascèse, qui ont apporté des connaissances sur le monde suprasensible, sont conservées dans des traditions ancestrales, je dirais même sacrées, et sont acceptées aujourd'hui par l'humanité comme quelque chose qui satisfait certains besoins de l'âme. Et on ne se demande pas comment ce que l'on reçoit ainsi comme des croyances a néanmoins été recherché sur un véritable chemin de connaissance, même s'il n'est plus adapté à notre époque.
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Le chemin de connaissance actuel doit être absolument un autre. Nous avons donc vu que l'une des voies, la voie du yoga, essayait dans une certaine mesure d'atteindre la pensée par le biais de la respiration, afin de vivre cette pensée d'une autre manière que celle perçue dans la vie ordinaire. Nous ne pouvons pas faire ce détour par la respiration pour la raison déjà mentionnée. C'est pourquoi nous devons essayer d'arriver à une transformation de la pensée d'une autre manière, afin d'arriver ensuite, grâce à la pensée transformée, à des connaissances qui sont une sorte de prolongement de la connaissance de la nature. C'est pourquoi, si nous nous comprenons bien, nous partons aujourd'hui du principe qu'il ne faut pas travailler la pensée par le détour de la respiration, mais la travailler directement en faisant certains exercices par lesquels nous rendons la pensée intérieurement plus puissante, plus énergique qu'elle ne l'est dans la conscience ordinaire.
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Dans la conscience ordinaire, nous nous livrons à une pensée plus passive, qui s'en tient au déroulement des processus extérieurs. Si nous voulons emprunter un chemin de connaissance suprasensible plus récent, nous plaçons certaines représentations faciles à comprendre au centre de notre conscience. Nous restons dans le cadre de la simple pensée. Je sais que maints humains veulent déjà trouver ce que je vais décrire dans le chemin du yoga plus tardif, par exemple dans celui du Patanjali. Mais tel que c'est fait aujourd'hui, ce n'est pas encore inclus dans la formation orientale de l'esprit, parce que même si un humain exécutait aujourd'hui les exercices de yoga, ils agiraient autrement que chez les humains d'époques antérieures à cause des changements qu'a traversés l'organisme humain.
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Aujourd'hui, nous nous adressons donc directement à la pensée, en cultivant la méditation, en nous concentrant sur certains contenus de pensée pendant de longues périodes. Nous exécutons psychiquement quelque chose qui se laisse comparer au renforcement d'un muscle. Si nous utilisons un muscle dans un travail continu, toujours de nouveau et à nouveau, bien égal le but et l'objectif de ce travail, il doit se renforcer.
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Nous pouvons exécuter la même chose avec la pensée. Au lieu de nous contenter de suivre le cours des processus extérieurs, nous plaçons au centre de notre conscience, au prix d'un effort de volonté intense, des représentations claires, formées par nous-mêmes ou données par quelqu'un de compétent dans ce domaine, dans lesquelles ne peut vivre aucune réminiscence dont nous ne sommes pas conscients, nous éliminons toute autre conscience et nous nous concentrons uniquement sur un tel contenu de conscience. J'aimerais dire, avec un mot du Faust de Goethe : "C'est certes facile, ça semble notamment ainsi, le facile est quand même difficile ! Car cela doit être accompli par l'un pendant des semaines, par l'autre pendant des mois. Si la conscience apprend alors à reposer sur le même contenu de pensées et à toujours de nouveau y reposer, qu'il soit complètement indifférent, et si l'on tourne toute l'attention intérieure et toute l'expérience intérieure vers le renforcement, vers l'énergétisation psychique de la vie de pensée, alors nous arrivons finalement au processus opposé à celui que le yogi traversait. Nous arrachons en effet notre pensée au processus respiratoire.
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Aujourd'hui encore, cela apparaît à l'humain comme quelque chose d'absurde, comme quelque chose de fantastique. Mais, de même que le yogi a dans une certaine mesure poussé sa pensée vers l'intérieur de son corps pour la relier au rythme de son souffle corporel et faire ainsi l'expérience de son moi, de sa spiritualité intérieure, de même nous détachons la pensée du reste du processus respiratoire qui vit inconsciemment dans toutes nos pensées habituelles. Les exercices plus précis, dans tous leurs détails, qui constituent un système strictement exact, sont décrits dans mon livre "Comment acquérir la connaissance des mondes supérieurs" ou dans l'autre, "Science secrète", ou encore dans "Des énigmes de l'âme" et dans d'autres de mes écrits. On arrive ainsi peu à peu à extraire le processus de pensée non seulement du processus respiratoire, mais aussi à le rendre complètement libre de la corporéité. C'est alors seulement que l'on se rend compte du grand service que la vision du monde dite matérialiste, ou mieux dite, la vision du monde mécaniste, a rendu à l'humanité. Elle elle nous a rendu attentif à ce que la pensée ordinaire repose sur le soubassement des processus corporels. Par cela peut tout de suite venir l'incitation à chercher une pensée qui ne repose plus sur des processus corporels. Mais cela peut seulement être trouvé si la pensée ordinaire est renforcée de la manière décrite. Nous parvenons ainsi à une pensée libre de corps, à une pensée qui consiste en de simples processus psychiques/d'âme. Oui, nous apprenons ainsi à connaître ce qui était en nous une nature d'image, certes d'abord seulement comme des images, mais comme des images qui nous montrent une vie autonome, indépendante de notre corporéité.
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C'est le premier pas vers un chemin de connaissance tel qu'il convient à l'humain moderne actuellement. Mais nous accédons par cela à une expérience qui est cachée à la conscience ordinaire. Comme le yogi indien s'est relié dans sa pensée à ce qui était son rythme respiratoire intérieur, et donc aussi à son soi spirituel qui vit dans ce rythme respiratoire, de même il s'est élevé vers l'intérieur, de même nous allons vers l'extérieur. En ce que nous arrachons la pensée logique à l'organisme auquel elle est en fait attachée en tant que pensée logique, nous pénétrons avec cette pensée dans le rythme extérieur du monde, et nous expérimentons maintenant d'abord qu'il y a un tel rythme extérieur. Comme le yogi s'amena à la conscience le rythme intérieur de son corps, ainsi nous vient à la conscience de façon spirituelle, un rythme extérieur du monde. Si m'est permis de m'exprimer de manière imagée, nous nous tenons, dans la conscience ordinaire, ainsi là que nous assemblons nos pensées logiquement et que nous nous servons ainsi de la pensée comme d'un moyen de connaissance du monde extérieur sensible. Maintenant, nous laissons la pensée marcher dans une sorte d'élément musical, qui est cependant absolument un élément de connaissance, nous percevons un rythme qui est disponible sur le fond de toutes choses comme un rythme spirituel, nous pénétrons dans le monde en commençant à le percevoir en esprit. Notre pensée passe d'une pensée abstraite morte, d'une pure pensée image, à une pensée animée/vivifiée en soi-même. C'est la transition significative qui peut être faite de la pensée abstraite, purement logique, à une pensée vivante, dont nous avons absolument le sentiment qu'elle est capable de former une réalité, comme notre processus de croissance est reconnu par nous comme une réalité vivante.
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Mais avec cette pensée vivante, on peut pénétrer maintenant plus profondément dans la nature qu'on ne peut le faire par la pensée ordinaire. Comment cela peut-il se faire ? J'aimerais l'illustrer par un exemple tiré de la vie actuelle, même si c'est un exemple très contesté. Aujourd'hui, par exemple, nous orientons notre vie de pensée abstraite vers un animal supérieur observant et expérimentant. Par cette pensée, nous nous représentons/rendons présent à force d'image intérieurement comment est la configuration des organes de cet animal, le système osseux, le système musculaire et ainsi de suite, comment les processus vitaux s'entremêlent/affluent les uns dans les autres. Nous nous faisons une image de pensées de cet animal. Alors, nous passons à l'humain avec la même pensée, nous nous faisons à nouveau intérieurement une image de pensées de cet humain, nous nous actualisons à nouveau la configuration de son système osseux, de son système musculaire, de l'interpénétration de ses processus vitaux et ainsi de suite. Nous pouvons alors comparer extérieurement les images de pensées que nous avons acquises/gagnées dans l'un et l'autre cas, les unes avec les autres. Si nous sommes plus darwinistement enclin, nous laissons l'humain se développer à partir d'ancêtres animaux d'un processus sensoriel réel ; si nous sommes plus spirituel-idéalistement enclins, nous nous représentons la parenté d'une autre manière. Nous ne voulons pas nous y attarder maintenant. Mais ce qui est important, c'est que nous ne sommes pas en état, avec notre pensée abstraite et morte, lorsque nous nous sommes forgé l'image de l'animal, de passer de la vie intérieure des pensées à l'image humaine: nous devons atteindre la réalité extérieure des sens de l'humain avec la vie des pensées, nous devons acquérir nos idées, nos images de pensées aux réalités des sens et nous pouvons alors les comparer entre elles. Mais si nous sommes parvenus à la pensée vivante, alors nous pouvons aussi former une image de pensées, mais une vivante image de pensées, du système osseux, du système musculaire, de l'interpénétration des processus vitaux dans l'animal, et nous pouvons alors, parce que notre pensée est devenue plus vivante, poursuivre cette pensée intérieurement comme une structure vivante et arriver, par la pensée elle-même, à l'image de l'humain. J'aimerais dire que la pensée de l'animal s'accroit en pensée de l'humain. Je ne peux qu'évoquer un exemple de comment on procède.
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Lorsque nous avons une aiguille aimantée devant nous, nous savons qu'elle reste, si elle est aimantée, seulement dans une situation de repos, et d'ailleurs alors quand sa direction coïncide avec la direction nord-sud du magnétisme de notre Terre. Cette direction est particulièrement excellente ; pour toutes les autres directions, l'aiguille magnétique se comporte de manière neutre. Tout ce que nous avons devant nous dans cet exemple devient pour la pensée vivante une expérience par rapport à l'espace global. Pour la pensée vivante, l'espace n'est plus une juxtaposition indifférente, comme il l'est pour la pensée abstraite et morte.
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L'espace est différencié intérieurement, et nous apprenons à reconnaître ce que signifie chez l'animal la ligne de la colonne vertébrale qui est essentiellement horizontale. Là où ce n'est pas le cas, nous pouvons démontrer que l'anomalie est particulièrement significative, précisément en raison d'une loi plus profonde ; mais pour l'essentiel, la ligne de la colonne vertébrale de l'animal se trouve à l'horizontale, on aimerait dire : parallèle à la surface de la Terre. Il n'est pas indifférent que la ligne médullaire se trouve dans cette direction spatiale ou dans la direction verticale vers laquelle l'humain s'élève au cours de sa vie. Nous apprenons ainsi par la pensée vivante à reconnaître que si nous voulions redresser la ligne principale de l'animal, c'est-à-dire l'amener dans une autre direction spatiale, nous devrions transformer tous les autres organes. La pensée devient vivante simplement par la rotation de 90 degrés de l'orientation horizontale à l'orientation verticale. Ainsi, stimulés intérieurement, nous passons de la forme animale à la forme humaine.
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Mais de cette manière, en nous immergeant d'abord dans le rythme de l'événement naturel et en atteignant ainsi le spirituel qui repose à la base de la nature, nous continuons à pénétrer à l'intérieur de l'événement naturel. Nous parvenons à avoir dans nos pensées vivantes quelque chose qui nous permet de nous immerger dans la croissance et le devenir du monde extérieur. Nous entrons à nouveau dans les mystères de l'existence, dont nous nous sommes extraits au cours de l'évolution de l'humanité par l'épanouissement de la conscience Je, du sentiment de soi.
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Maintenant, mes très chers présents, chacun d'entre vous peut faire une objection de poids. On peut dire par exemple : oui, certaines personnalités ont eu une telle pensée, apparemment vivante, mais l'époque contemporaine, avec son esprit de recherche sérieux, s'est à juste titre détournée d'une telle "pensée vivante", comme l'a par exemple développé le philosophe Schelling ou le philosophe de la nature Oken. Je donne moi aussi entièrement raison à ceux qui font d'abord une telle objection, car la manière dont Oken et Schelling rendent intérieurement vivantes des idées-images acquises sur des processus et des êtres extérieurs, et les appliquent ensuite à d'autres faits et êtres de la nature, pour regarder ainsi "dans le sens de la nature", pour ainsi dire, cette manière a quelque chose de très fantastique, quelque chose de ce qui s'éloigne de la réalité, qui ne respire pas la réalité en soi. Tant que l'on ne passe pas, sur le chemin de la connaissance, à un autre élément avec cette pensée vivante que celle-ci, tant que l'on n'arrive pas non plus, par la pensée vivante, à une garantie de la réalité. Ce n'est que lorsque l'on ajoute aux exercices de pensée des exercices de volonté que l'on parvient à avoir une caution de réalité spirituelle dans la pensée vivante.
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Les exercices de volonté peuvent être caractérisés de la manière suivante. Soyons honnêtes avec nous-mêmes. Dans la vie ordinaire, nous devons nous dire, quand nous pensons à dix ou vingt ans en arrière : dans le contenu même de notre vie psychique, nous sommes souvent devenus d'autres humains ; mais nous le sommes devenus en nous abandonnant plus ou moins passivement, en tant qu'enfants, aux caractéristiques héritées, à l'environnement, à l'éducation, et plus tard, à cette vie elle-même. Celui qui veut parvenir à une (re) connaissance de la réalité spirituelle doit prendre en main lui-même, par une éducation intérieure de la volonté, une discipline de la volonté, si je peux me servir d'une expression grossière, ce qui n'est pas vécu au sens plein du terme, mais de manière plus ou moins passive.
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Vous trouverez les exercices correspondants, qui sont des exercices intimes de l'âme, décrits dans les livres mentionnés. J'aimerais seulement indiquer en principe ce dont il s'agit.
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De même que nous avons aujourd'hui certaines habitudes que nous n'avions peut-être pas il y a dix ans, parce que c'est la vie qui nous les a imposées, nous pouvons aussi nous fixer un objectif intérieur : Tu vas t'imprégner de tel ou tel trait de caractère. Le meilleur moyen d'imprimer de tels traits de caractère, pour lesquels il faut travailler sur soi pendant des années, c'est d'attirer souvent l'attention sur la force de la volonté qui est liée à une telle discipline personnelle.
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Lorsque l'on prend ainsi en main le développement de sa volonté, de telle sorte que l'on fait en partie de soi-même ce que le monde fait de nous en tant qu'être humain, les pensées vivantes dans lesquelles on s'est plongé par la méditation et la concentration prennent un caractère très particulier pour notre expérience. Elles deviennent en effet de plus en plus des expériences douloureuses, des expériences intérieures malheureuses de ce qui est d'âme. Et personne ne peut parvenir à des connaissances supérieures s'il n'a pas traversé ces expériences de souffrance et de douleur. Ces expériences de souffrance et de douleur doivent être vécues et alors surmontées, de sorte que l'on puisse dans une certaine mesure se les assimiler/incorporer et les dépasser, et gagne à leur égard un sentiment/une ambiance neutre.
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C'est ainsi que l'on peut se rendre compte/s'actualiser de ce qui se passe en l'humain : Prenez l'œil humain - ce que je dis pourrait être développé de manière très scientifique dans tous les détails, mais je ne peux que l'indiquer de manière générale - prenez cet œil. Lorsque la lumière, les couleurs agissent sur lui, des changements se produisent à l'intérieur physique de cet œil. Si nous n'étions pas aussi robustes, une humanité plus ancienne a certainement ressenti ces changements comme une souffrance, une légère douleur, nous devrions également ressentir ces changements dans l'œil et dans l'oreille comme une légère douleur, si nous ne nous comportions pas de manière neutre par rapport à eux, pour ainsi dire, grâce à notre organisation. Toute perception sensorielle se construit, prise au fond, sur la douleur et la souffrance.
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En ce que nous imprégnons de cette manière toute notre vie psychique/de l'âme avec des pensées vivantes, douloureuses, pleines de souffrance, nous n'imprégnons pas le corps de la même manière que l'ascète - de douleur et de souffrance ; nous le laissons en bonne santé, nous le laissons se développer selon les exigences de la vie ordinaire, mais nous éprouvons intérieurement et intimement douleur et souffrance dans l'âme. Celui - cela aimerait être attiré de manière comparative -, qui est parvenu à une connaissance un peu plus élevée, vous dira toujours : ce que le destin de la vie a apporté comme plaisir et comme joie, je l'accepte avec reconnaissance de mon destin ; mais mes connaissances, je les dois à ce que j'ai souffert, à mes douleurs, à ma souffrance.
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Ainsi, la vie prépare déjà d'une certaine manière celui qui cherche la connaissance à devoir passer par une partie de son véritable chemin de connaissance supérieur en surmontant la souffrance et la douleur.
58
Car si nous surmontons cette souffrance, cette douleur, nous faisons de tout l'être de notre âme un "organe des sens", si j'ai permission de me servir d'une expression comparable, en fait nous devons dire un organe de l'esprit/d'esprit, un organe de l'âme/d'âme. Et maintenant, nous apprenons à regarder ainsi dans le monde spirituel comme nous regardons et écoutons dans le monde physique à travers nos sens habituels. Je n'ai pas besoin de parler aujourd'hui de considérations épistémologiques. Je connais bien sûr l'objection selon laquelle le mode de connaissance extérieur doit lui aussi être examiné, mais cela ne nous concerne pas aujourd'hui. Je veux seulement dire que, dans le sens où nous trouvons dans la vie ordinaire le monde physique extérieur garanti par nos perceptions sensorielles, nous trouvons, après avoir surmonté la souffrance de l'âme, le monde spirituel garanti par notre organe de l'âme, par notre organe de l'esprit, que nous sommes devenus en tant qu'humain psychique entier.
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Avec cette vision, que j'aimerais aussi appeler la clairvoyance moderne exacte - contrairement à tous les anciens arts clairvoyants nébuleux qui appartiennent au passé -, nous pouvons aussi pénétrer dans ce qu'est l'entité humaine éternelle. Nous pouvons pénétrer d'une manière exacte dans la signification de l'immortalité humaine. Mais cela doit être réservé à l'exposé de demain, où j'aurai à parler de la relation particulière de cette vision du monde avec les questions de l'âme de l'humain.
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Aujourd'hui, j'ai voulu montrer comment l'humain peut accéder à une voie de connaissance suprasensible moderne, contrairement aux voies de connaissance plus anciennes. Le yogi cherchait à pénétrer au Soi dans l'entité humaine ; nous cherchons à pénétrer au rythme du monde. L'ancien ascète dépréciait le corps afin que l'expérience psycho-spirituelle soit dans une certaine mesure pressée vers dehors et puisse être là pour elle-même ; le chemin de connaissance moderne n'est pas enclin à l'ascèse, fait abstraction de tous les arts de mortification et se tourne intimement vers la vie de l'âme elle-même. Les deux voies modernes laissent donc à l'humain se tenir pleinement dans la vie. Mais l'ancienne voie ascétique et l'ancienne voie du yoga tiraient l'humain hors de la vie.
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J'ai donc essayé de vous décrire aujourd'hui un chemin qui peut être parcouru en développant les forces de connaissance qui sommeillent dans l'âme d'une manière plus spirituelle qu'elles ne l'ont été autrefois.
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Mais on parvient aussi par cela - je veux encore l'indiquer en conclusion - plus profondément dans l'essence de la nature. La vision du monde dont je parle ici ne s'oppose nullement à la science de la nature actuelle. Au contraire, elle prend tout de suite ce qui est un véritable esprit de recherche au sein de cette recherche de science de la nature et le développe par ses exercices comme une capacité/faculté humaine propre. La science de la nature actuelle recherche l'exactitude et se sent particulièrement satisfaite lorsqu'elle peut la rechercher par l'application des mathématiques aux processus de la nature.
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Pourquoi est-ce le cas ? C'est le cas pour la raison que les perceptions que la nature extérieure nous donne par le biais des sens pour l'observation et l'expérimentation sont tout simplement hors de nous. Nous les pénétrons avec quelque chose que nous formons tout seuls dans notre être humain le plus intime, nous les pénétrons avec les connaissances mathématiques. Et le mot kantien est souvent prononcé, mais encore plus souvent, j'aimerais dire, exercé par des penseurs en science de la nature : Dans toute connaissance réelle à chacun, il n'y a de science qu'autant qu'il y a de mathématiques dedans. C'est unilatéral si l'on prend les mathématiques ordinaires. Mais en les appliquant aux phénomènes naturels, aux phénomènes naturels inanimés, en y voyant même déjà aujourd'hui un certain idéal, par exemple de pouvoir compter les chromosomes dans les gamètes, on montre comment on se sent satisfait quand on peut imposer par les mathématiques ce qui se trouve autrement comme extérieur à côté ou devant nous. Pourquoi ? Parce que les mathématiques sont vécues intérieurement avec une certitude immédiate, ce que nous devons certes souvent symboliser par des dessins ; mais les dessins seuls ne sont pas essentiels pour la certitude, pour la vérité. Les mathématiques sont regardées et trouvées intérieurement, et ce que nous trouvons intimement intérieurement, nous le relions à ce que nous voyons extérieurement.
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Nous nous sentons satisfaits par cela.
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Celui qui parcourt ce processus de connaissance dans sa totalité doit se dire que tout cela peut seul satisfaire l'humain à la mesure de la connaissance, peut seul conduire l'humain à une science, ce qui repose sur quelque chose qu'il peut réellement vivre et contempler grâce aux forces de son être intérieur. Avec les mathématiques, on pénètre dans les faits et dans les structures de l'essence du monde inanimé, tout au plus, je dirais, de manière primitive, un peu plus haut dans le monde animé. Mais il faut une vision intérieure aussi exacte que la vision mathématique si l'on veut pénétrer dans les modes d'action supérieurs du monde extérieur. L'école de Haeckel elle-même, par l'intermédiaire de l'un de ses plus éminents représentants, a expressément admis que l'on devait passer à une tout autre manière de rechercher et d'observer si l'on voulait s'élever de l'inorganique à l'organique de la nature. Pour l'inorganique, on a les mathématiques, la géométrie ; pour l'organique, pour le vivant, on n'a d'abord rien qui soit formé intérieurement comme un triangle, comme un cercle, comme une ellipse. On y parvient par la pensée vivante : non pas avec les mathématiques ordinaires des chiffres et des figures, mais avec une mathématique supérieure, avec une vision qui est qualitative, qui agit de manière formatrice, qui, même si je dois dire quelque chose d'horrible pour beaucoup, je dois le dire, s'élève/saisit vers en haut jusqu'à l'artistique.
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En pénétrant avec de telles mathématiques dans des mondes que nous ne pouvons pas pénétrer autrement, nous étendons la mentalité de science de la nature vers en haut au domaine biologique. Et l'on peut se tenir pour convaincu qu'un jour viendra l'époque où l'on dira : les temps anciens ont souligné à juste titre qu'il y a autant de science à tirer de la nature inorganique que l'on peut en tirer par les mathématiques au sens le plus large, dans la mesure où les mathématiques sont quantitatives ; on peut tirer autant de science des processus vitaux que l'on est capable d'y pénétrer avec une formation de pensées intérieurement vivante, avec une clairvoyance exacte.
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On ne croit pas du tout combien cette sorte moderne de la clairvoyance est en réalité proche tout de suite de la vision mathématique. Et l'on trouvera un jour justifié, quand on envisagera comment de l'esprit de la connaissance moderne de la nature ici de l'esprit-connaissance devrait être obtenu, tout de suite à partir de ce domaine de la connaissance moderne de la nature, la science de l'esprit pensée ici. Car elle ne veut pas entrer dans une quelque opposition aux résultats significatifs et grandioses de la science de la nature. Elle aimerait tenter quelque chose d'autre : tout de suite ainsi que lorsque nous avons un être humain se tenant devant nous, nous pouvons regarder avec nos sens extérieurs sa forme sensorielle, ses gestes, son jeu de mimiques expressions, le regard particulier de ses yeux, mais comme nous ne reconnaissons qu'un aspect extérieur de l'être humain, si nous ne regardons pas à travers tout cela un ce qui est d'âme en lui, ce par quoi nous aurions en premier l'humain entier se tenant devant nous, tout de suite ainsi, sans parcourir des chemins de l'esprit, nous ne voyons avec une science de nature que la physionomie extérieure du monde, que, j'aimerais dire, les gestes du monde, la mimique du monde. Ce n'est qu'alors que nous reconnaissons quelque chose de ce à quoi nous sommes nous-mêmes apparentés en tant qu'éternels de ce monde, lorsque nous pénétrons dans ce qui est d'âme du monde par la physionomie extérieure que nous donnent les phénomènes naturels, par ces mimiques et ces gestes.
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C'est ce qu'aimerait cette vision spirituelle scientifique dont je voulais vous décrire les méthodes en guise d'introduction. Elle n'aimerait pas être une adversaire de la moderne triomphante science de la nature, elle aimerait l'accepter pleinement dans sa signification et son essence, comme on accepte pleinement l'humain extérieur. Mais de la même manière que l'on regarde l'âme à travers l'humain extérieur, elle aimerait, à travers les lois de la nature, non pas avec dilettantisme et amateurisme, mais avec un esprit sérieux, pénétrer à travers la physionomie des lois de la nature jusqu'à ce qui repose à la base du monde en tant que spirituel, en tant qu'âme. Et ainsi, cette vision spirituelle scientifique n'aimerait pas créer une quelconque opposition à la science de la nature, mais elle aimerait être l'âme, l'esprit de cette science de la nature.




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