Collection:
GA337b - Œuvres
complètes de Rudolf Steiner - IDÉES
SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE
SOCIALE
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CINQUIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION -
Dornach, 23 août 1920 -
LE TESTAMENT DE PIERRE LE
GRAND.
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FÜNFTER
DISKUSSIONSABEND -
Dornach, 23. August 1920 -
DAS TESTAMENT PETERS DES
GROSSEN.
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Les
références Rudolf Steiner Œuvres
complètes ga 337b 081-096 1999
23/08/1920 |
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Traducteur:
FG v. 01- 2022 |
Editeur: SITE |
L'efficacité du Testament de Pierre Le
Grand dans les événements politiques
du 19ème siècle. La confrontation en
Autriche en raison de l'occupation de
la Bosnie-Herzégovine. Politiciens
hors pair de la monarchie des
Habsbourg dans le dernier tiers du 19e
siècle. Les aspirations politiques des
conditions de Pierre Le Grand. Leur
dépôt dans le testament rédigé par
Sokolnicky. Le testament comme un
pouvoir politique réel - malgré le
manque d'authenticité.
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Die Wirksamkeit des Testamentes von
Peter dem Großen in den politischen
Ereignissen des 19. Jahrhunderts. Die
Auseinandersetzung in Österreich wegen
der Okkupation von Bosnien und der
Herzegowina. Herausragende Politiker
der Habsburger Monarchie im letzten
Drittel des 19. Jahrhunderts. Die
politischen Bestrebungen Peters des
Großen; ihr Niederschlag in dem von
Sokolnicky verfaßten Testament. Das
Testament als reale politische Macht —
trotz der fehlenden Echtheit.
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Ludwig Polzer-Hoditz fait
une conférence sur "Le testament
de Pierre le Grand". A l'issue de
la discussion, Rudolf Steiner
prononce un mot de conclusion.
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01
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Ludwig
Polzer-Hoditz hält einen Vortrag
über «Das Testament Peters des
Großen». Anschließend an die
Diskussion spricht Rudolf Steiner
ein Schluß-Wort.
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Rudolf Steiner : Mes très
chers présents ! Il y aurait bien
sûr beaucoup à dire en
rattachement avec les explications
très stimulantes du comte Polzer
et avec les différentes questions
qui ont stimulé ceci ou cela dans
la discussion. Vu l'heure tardive,
nous devrons toutefois nous
limiter à quelques points.
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02
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Rudolf
Steiner: Meine verehrten
Anwesenden! Es wäre natürlich
außerordentlich viel zu sagen in
Anknüpfung an die ja sehr an
regenden Ausführungen des Grafen
Polzer und an verschiedene Fragen,
die das oder jenes angeregt haben
in der Diskussion. Der
vorgerückten Zeit halber wird man
sich aber wohl auf einiges
beschränken müssen.
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J'aimerais tout d'abord
rendre attentif que le comte
Polzer a donc manifestement voulu
mettre l'accent sur l'importance
de l'impulsion donnée par le
testament de Pierre le Grand à la
politique européenne, plutôt que
sur les détails relatifs à
l'efficacité de ce testament de
Pierre le Grand. Et c'est tout de
suite en rapport à cela que je
voudrais dire que des choses comme
le testament de Pierre le Grand ne
peuvent être jugées que dans le
contexte global des événements
dans lesquels elles sont apparues.
Il se trouve que dans les années
auxquelles le comte Polzer a fait
allusion, dans les années
soixante-dix, dans les années qui
ont suivi la guerre
austro-prussienne de 1866, et
ensuite dans les années du
gouvernement du comte Taaffe en
Autriche, beaucoup de choses se
sont passées en Autriche qui
allaient dans le sens du testament
de Pierre le Grand. On pourrait
mettre en exergue différents
événements parmi la multitude de
ceux-là, l'un illustrant peut-être
aussi bien que l'autre ce que l'on
veut dire. Je me contenterai d'en
souligner quelques-uns, des
événements qui n'ont apparemment
rien à voir avec le testament de
Pierre le Grand, mais dans
lesquels ce testament est pourtant
tout à fait efficace.
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03
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Ich
möchte zunächst darauf aufmerksam
machen, daß ja offenbar Graf
Polzer mehr die Bedeutung jenes
Impulses, der im Testament Peters
des Großen für die europäische
Politik lag, hervorheben wollte
als etwa Einzelheiten, die sich
auf die Wirksamkeit dieses
Testamentes Peters des Großen
beziehen. Und gerade mit Bezug
darauf möchte ich sagen: Solche
Dinge wie dieses Testament Peters
des Großen lassen sich eigentlich
nur beurteilen aus dem ganzen
Zusammenhang der Ereignisse
heraus, in denen sie irgendwie
zum Vorschein gekommen sind. Es
ist nun einmal so, daß gerade in
den Jahren, auf die Graf Polzer
hingewiesen hat, in den siebziger
Jahren, in den Jahren, die folgten
auf den Preußisch-Österreichischen
Krieg vom Jahre 1866, und dann in
den Jahren der Regierung des
Grafen Taaffe in Österreich, daß
da gerade vieles sich in
Österreich abspielte, was in der
Richtung lag, in der das Testament
Peters des Großen wirkte. Man
könnte verschiedenes herausheben
aus der reichen Fülle dieser
Ereignisse, eines würde ungefähr
ebensogut wie das andere
vielleicht illustrieren können,
was man sagen will. Ich will nur
einiges hervorheben, Ereignisse,
die scheinbar zunächst mit dem
Testament Peters des Großen nichts
zu tun haben, in denen aber doch
dieses Testament durchaus wirksam
ist.
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Prenons la fin de
l'époque à laquelle le comte
Polzer a particulièrement fait
allusion, l'époque où l'Autriche
avait reçu du traité de Berlin le
mandat d'occuper la Bosnie et
l'Herzégovine. L'occupation de la
Bosnie et de l'Herzégovine a fait
l'objet d'un débat très important
au sein de la politique
autrichienne. Comme l'a déjà
souligné le comte Polzer, il y
avait des opposants farouches à ce
déplacement du centre de gravité
qui poussait l'Autriche vers
l'est, et il y avait en Autriche
des partisans de cette occupation,
de ce déplacement du centre de
gravité vers l'est. Les partisans
étaient en fait essentiellement
ceux qui avaient d'une manière ou
d'une autre des raisons
particulières de se mettre au
service de la politique de la
maison Habsbourg. Il faut juste se
rappeler qu'à l'époque, cette
politique des Habsbourg était déjà
tombée à un tel point de décadence
qu'elle n'était déjà plus qu'une
politique de prestige. Ce qui se
préparait depuis un siècle s'était
en effet réalisé avec la guerre
austro-prussienne, et les
Habsbourg avaient besoin d'une
sorte de compensation. Ils ont
donc eu recours à ce qui a été
jeté à l'Autriche. Or, on peut
prendre en considération tout ce
qui se trouve au fond dans ce
point du testament de Pierre le
Grand, qui indique comment on doit
apporter toujours plus de discorde
et de querelle à l'Autriche, en
lui donnant apparemment quelque
chose. Cette occupation de la
Bosnie et de l'Herzégovine a été
une véritable pomme de discorde,
et elle n'a été sauvée que par la
scission de la soi-disant gauche
allemande au sein du Reichsrat
autrichien, qui était encore
considérée à l'époque, et par la
soi-disant gauche bosniaque.
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04
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Nehmen
wir einmal das Ende der Zeit, auf
die Graf Polzer besonders
hingewiesen hat, die Zeit, in der
Österreich vom Berliner Vertrag
das Mandat erhalten hatte, Bosnien
und die Herzegowina zu okkupieren.
Über die Okkupation Bosniens und
der Herzegowina entwickelte sich
ja innerhalb der österreichischen
Politik ein sehr bedeutsamer
Streit. Es gab, wie schon Graf
Polzer hervorgehoben hat, heftige
Gegner dieser Verlegung des
Schwerpunktes, der Österreich nach
dem Osten hinüberschob, und es gab
in Österreich Anhänger dieser
Okkupation, dieser Verlegung des
Schwerpunktes nach dem Osten
hinüber. Anhänger waren eigentlich
im wesentlichen diejenigen, die in
irgendeiner Weise ganz besondere
Gründe hatte, sich zu Dienern der
habsburgischen Hauspolitik zu
machen. Man muß eben nur bedenken,
daß diese habsburgische
Hauspolitik damals schon auf einen
solchen Punkt der Dekadenz
heruntergesunken war, daß sie im
Grunde schon dazumal eine bloße
Prestigepolitik war. Dasjenige,
was seit einem Jahrhundert sich
vorbereitet hatte, das hatte sich
ja mit dem
Preußisch-Österreichischen Krieg
erfüllt, und die Habsburger
brauchten eine Art Ausgleich
dafür. Sie nahmen daher Zuflucht
zu dem, was nun Österreich
hingeworfen wurde. Nun kann man
aber in vollem Bedacht alles
dasjenige in Betracht ziehen, was
im Grunde genommen lag in jenem
Punkte des Testamentes Peters des
Großen, der darauf hinweist, wie
man immer mehr Zwist und Zank nach
Österreich bringen soll, indem man
scheinbar ihm etwas zuschanzt,
indem man ihm etwas gibt. Es war
ja ein richtiger Zankapfel, diese
Okkupation von Bosnien und der
Herzegowina, und gerettet wurde
sie im Grunde genommen nur
dadurch, daß sich von der damals
immerhin noch in Betracht
kommenden sogenannten deutschen
Linken im österreichischen
Reichsrat die sogenannte bosnische
Linke abspaltete.
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Vous voyez, le leader de
la gauche allemande au Reichsrat
autrichien était le député Herbst.
La politique d'Herbst s'est
développée à partir de la
politique d'après 1866 ; c'était
une politique soudée par un
certain effort pour laisser à
l'Autriche une sorte de caractère
allemand, tout en lui donnant une
sorte de caractère abstrait et
libéral. Cette politique
s'opposait à l'occupation de la
Bosnie, en particulier en la
personne du député Herbst, parce
que les gens de Herbst se disaient
: si l'Autriche reçoit encore plus
de Slaves - c'était en effet une
addition de Slaves que l'on
recevait avec la Bosnie et
l'Herzégovine, à l'exception de
l'élément turc que l'on y trouvait
également -, si l'Autriche reçoit
encore plus de Slaves, il sera
d'autant moins possible à l'avenir
de faire prévaloir l'élément
allemand en Autriche.
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05
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Sehen
Sie, der Führer der deutschen
linken Partei im österreichischen
Reichsrat war der Abgeordnete
Herbst. Die Herbstsche Politik
entwickelte sich heraus aus der
Politik nach 1866; sie war eine
Politik, welche zusammengeschweißt
war aus einem gewissen Bestreben,
Österreich doch eine Art deutschen
Charakters zu lassen, aber zu
gleicher Zeit ihm eine Art
abstrakt-liberalistischen
Charakters zu geben. Diese Politik
sträubte sich gegen die Okkupation
von Bosnien, insbesondere in der
Person des Abgeordneten Herbst,
weil sich die Herbst-Leute sagten:
Wenn Österreich noch mehr Slawen
bekommt — es war ja eine Zugabe
von Slawen, die man da bekam mit
Bosnien und der Herzegowina, mit
Ausnahme des türkischen Elementes,
das da auch zu finden war —, wenn
Österreich noch mehr Slawen
bekommt, so wird es umso weniger
möglich sein, daß in der Zukunft
in Österreich irgendwie das
deutsche Element zum besonderen
Vorrang gebracht werden könnte.
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Maintenant ce Herbst a
donc trouvé une expédition/un
dédommagement épigrammatique par
Bismarck. Bismarck tenait à ce que
l'Autriche soit plongée dans une
sorte de confusion, à ce que
l'Autriche déplace son centre de
gravité vers l'Est, afin que plus
jamais aucune aspiration de la
part de la puissance domestique
des Habsbourg ne puisse s'élever
contre les aspirations des
Hohenzollern. Car une grande
partie de la politique d'Europe
centrale au XIXe siècle, notamment
au milieu du XIXe siècle et dans
la seconde moitié, était en fait
une querelle entre les deux
puissances domestiques, celle des
Habsbourg et celle des
Hohenzollern. Bismarck, qui
voulait que la puissance des
Hohenzollern soit grande, voulait
repousser l'Autriche vers la
Slavonie, vers l'Est, et cela ne
l'arrangeait guère que ces gens de
Herbst en Autriche travaillent
contre lui. Bismarck a donc, comme
c'était sa façon, inventé une
épigramme amusante, l'une de ces
épigrammes de la vie politique qui
tuent celui qu'elles atteignent.
Il a appelé les gens de Herbst les
"Herbstzeitlosen (dépourvus de
temps d'automne)", en faisant
remarquer que simplement l'époque
exigeait que le centre de gravité
de l'Autriche soit déplacé en
dehors d'Autriche vers l'Est, et
que celui qui ne savait pas
s'adapter à cette exigence de
l'époque était justement un
"Herbstzeitlose", parce que le
leader de ce parti libéral
allemand autrichien était
justement l'automne. Or, toute
cette affaire a été sauvée par le
fait qu'à cette époque, le jeune
Plener, alors qu'il était
auparavant tout à fait à
l'intérieur du parti des gens
d'automne/de Herbst, s'en est
sorti avec un certain nombre
d'appendices, ce qui a permis de
former une majorité au Reichsrat
autrichien pour l'occupation de la
Bosnie et de l'Herzégovine ;
Plener formait alors la gauche
bosniaque.
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06
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Nun,
dieser Herbst hat ja eine
epigrammatische Abfertigung
gefunden durch Bismarck. Bismarck
war alles daran gelegen, daß
Österreich in eine Art von
Verwirrung hineingebracht werde,
daß Österreich seinen Schwerpunkt
nach dem Osten verlege, damit auch
niemals mehr irgendwelche
Aspirationen von seiten der
Habsburger Hausmacht aufkommen
könnten gegen die Bestrebungen der
Hohenzollern. Denn ein Großteil
der mitteleuropäischen Politik im
19. Jahrhundert, namentlich im
mittleren 19. Jahrhundert und in
der zweiten Hälfte, war ja
eigentlich ein Streit zwischen den
beiden Hausmächten, der
habsburgischen und der
hohenzollernschen Hausmacht.
Bismarck, der die
Hohenzollern-Hausmacht groß haben
wollte, wollte Österreich
abschieben nach dem Slawentum hin,
nach dem Osten, und da kam es ihm
sehr wenig zurecht, daß diese
Herbst-Leute in Osterreich ihm
entgegenarbeiteten. Bismarck hat
denn auch, wie es seine Art war,
ein witziges Epigramm geprägt, das
eines von den Epigrammen des
politischen Lebens war, die
denjenigen töteten, den sie
trafen. Er hat ja die Herbst-Leute
die «Herbstzeitlosen» genannt,
indem er hinstellte, daß einfach
die Zeit es fordere, daß
Österreichs Schwerpunkt außerhalb
Österreichs nach dem Osten verlegt
werde, und derjenige, der sich
dieser Zeitforderung nicht
anzupassen wisse, sei eben eine
«Herbstzeitlose», weil der Führer
dieser österreichischen
deutschliberalen Partei eben der
Herbst war. Nun, gerettet wurde
diese ganze Sache dadurch, daß
dazumal der jüngere Plener,
während er vorher gerade voll
drinnenstand innerhalb der Partei
der Herbst-Leute, sich mit einem
gewissen Anhang herausschälte,
wodurch eine Majorität gebildet
werden konnte im österreichischen
Reichsrate für die Okkupation von
Bosnien und der Herzegowina;
Plener bildete dazumal die
bosnische Linke.
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Ernst von Plener est
justement une personnalité
caractéristique de ce que le comte
Polzer voulait développer
aujourd'hui.
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07
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Ernst
von Plener ist nun gerade eine
charakteristische Persönlichkeit
für dasjenige, was Graf Polzer
heute ausführen wollte.
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Plener était au parlement
autrichien un orateur tout à fait
dans le style des orateurs
libéraux moyens, un homme qui
s'exprimait au Reichsrat
autrichien de telle manière que ce
qu'il avançait aurait été plus
juste en Angleterre. Plener avait
en effet été pendant de longues
années attaché de légation à
l'ambassade d'Autriche à Londres
et s'était bien acclimaté à ce que
l'on appelle le parlementarisme
anglais. Ce parlementarisme
anglais, qui s'est très bien
développé à partir de l'élément
anglais et qui s'y adapte bien, a
été transposé plus ou moins
heureusement dans toute l'Europe,
et il est l'un des facteurs qui
prouvent à quel point les
impulsions occidentales ont peu à
peu gagné en influence sur
l'Europe. Je voudrais dire que
lorsque Plener s'exprimait au
Parlement de Vienne, c'était en
fait le politicien formé à la
politique anglaise qui
s'exprimait. Pour l'Autriche, à
laquelle cela ne convenait pas du
tout, cela avait bien sûr quelque
chose d'extraordinairement
abstrait. Il suffit de penser à
l'amalgame de nationalités les
plus diverses qui existait dans
cette Autriche, mais qui était
maintenu par le cléricalisme du
pouvoir des Habsbourg. Dans ce
contexte, le modèle d'opinion
anglais avec son système de
balancier entre la gauche et la
droite se présentait en fait comme
un élément tout à fait abstrait.
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08
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Plener
war in österreichischen Parlament
ein Redner so ganz nach Art der
liberalistischen
Durchschnittsredner, ein Mann, der
im österreichischen Reichsrat so
sprach, daß er das, was er
vorbrachte, durchaus richtiger in
England vorgebracht hätte. Plener
war ja auch lange Jahre
Gesandtschafts-Attaché bei der
österreichischen Botschaft in
London gewesen und hatte sich sehr
eingelebt in das, was man
englischen Parlamentarismus nennt.
Dieser englische Parlamentarismus,
der aus dem englischen Element
sehr gut herausgewachsen ist und
dort gut paßt, der wurde nun
eigentlich mehr oder weniger
glücklich auf ganz Europa
übertragen, und er ist einer von
denjenigen Faktoren, welche
beweisen, wie sehr die westlichen
Impulse über Europa nach und nach
Einfluß gewannen. Ich möchte
sagen: Wenn Plener im Wiener
Parlamente sprach, so sprach
eigentlich der durch und durch
nach englisch-politischer
Schablone geschulte Politiker. Das
hatte natürlich für Österreich,
worauf es gar nicht paßte, etwas
außerordentlich Abstraktes. Man
muß nur bedenken, was in diesem
Österreich da zusammengewürfelt
war von verschiedensten
Nationalitäten, aber
zusammengehalten wurde durch den
Klerikalismus der habsburgischen
Hausmacht. Dahinein stellte sich
die englische Meinungsschablone
mit dem Pendelsystem von Links und
Rechts eigentlich wie ein ganz
abstraktes Element.
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Et un tel abstrait comme
Plener ne s'est jamais soucié de
penser à partir des forces
concrètes en présence, mais il
pouvait toujours penser autrement.
Et Herbst, qui était obstiné, têtu
dans un certain sens, est resté
sur son point de vue
germano-libéral. En revanche,
Plener, qui était une sorte
d'homme du monde - je le vois
encore aujourd'hui : il n'arrivait
jamais au Parlement autrement
qu'avec des vêtements de couleur
claire, toujours un peu retroussés
en bas, et avec une sorte de barbe
qui tenait le milieu entre le
stutzertum et la barbe de
diplomate -, Plener pouvait
toujours être différent. Il a
formé la gauche bosniaque pour
rendre un service à l'empereur
François-Joseph ou à la maison des
Habsbourg, un service qui pourrait
être honoré plus tard. Je dois
dire qu'il m'a toujours semblé
qu'il y avait un certain lien
entre deux événements, entre la
formation de la gauche bosniaque
au parlement autrichien par Ernst
von Plener à l'occasion de
l'occupation de la
Bosnie-Herzégovine et un événement
ultérieur, apparemment
insignifiant, mais qui doit être
pris en compte comme
symptomatique. Plener est ensuite
devenu brièvement ministre des
Finances lorsque le ministère de
coalition Windischgrätz a remplacé
le ministère Taaffe ; c'est ce à
quoi il a toujours aspiré. Mais la
gloire n'a pas duré longtemps. Il
s'est alors passé quelque chose
qui indique toujours que des
forces souterraines sont à
l'œuvre. Plener est devenu
président de la Cour suprême des
comptes et s'est ensuite
curieusement retiré de la
politique, bien qu'il ait toujours
joué un rôle remarquable au sein
de son parti. Et lorsqu'on l'a
interviewé un jour pour savoir
pourquoi il s'était retiré, il a
répondu : "C'est quelque chose qui
ne concerne que moi et mon
empereur, c'est un secret dont je
ne veux pas parler". J'ai toujours
dû reconnaître un certain lien
entre les événements qui se sont
déroulés lors de la formation de
la gauche bosniaque dans les
années 1970 et cet événement qui
n'a eu lieu que dans les années
1990. Regardons ce qui s'est passé
après l'occupation bosniaque. Le
deuxième ministère du comte Taaffe
a vu le jour en Autriche, après
que les dernières phases de ce
système de gouvernement par
concession se soient déroulées,
précisément parce que l'on
essayait de savoir, après la
guerre austro-prussienne, si l'on
pouvait ou non s'accommoder de
l'élément allemand en Autriche.
C'est ce qu'on a essayé de faire
avec le soi-disant ministère des
citoyens de 1867 à 1870, d'abord
avec le prince Carlos Auersperg,
puis avec l'épisode de Potocki et
Hohenwart, où l'élément slave
s'est affirmé. Mais ensuite, de
1871 à la fin des années 70, est
venu le ministère du prince Adolf
Auersperg, à nouveau une sorte de
ministère des citoyens, qui, comme
je l'ai dit, constituait la
dernière phase de ce que l'on
essayait de faire. Puis vint le
ministère du comte Taaffe. Voyons
un peu ce ministère Taaffe. Il
s'est occupé des affaires
gouvernementales en Autriche
pendant plus d'une décennie, on
peut dire, dans les années 80, et
c'est là que s'est déroulé, je
dirais dans le tableau, tout ce
qui est un compendium de la
politique européenne. Taaffe est
Premier ministre ; il se maintient
à la tête du ministère, malgré le
fait qu'il soit une tête tout à
fait incompétente. Il se maintient
au ministère principalement parce
qu'il sait particulièrement bien
projeter des lapins sur les murs
avec son mouchoir et ses doigts,
le soir, lors des conversations à
la cour. Cela plaisait tellement
aux dames de la cour, lorsque le
comte Taaffe faisait des lapins et
d'autres tours similaires, et
c'est ainsi qu'il s'est maintenu
aussi longtemps dans le
gouvernement autrichien. On peut
dire que dans ces années 1980, la
germanité était donc repoussée en
Autriche. Les Länder de ce côté-ci
de la Leitha - oui, cette région
n'avait pas vraiment de nom, on
appelait cette région, ce qui
était de ce côté-ci de la Leitha,
"les royaumes et les Länder
représentés au Conseil impérial",
et les Länder de l'autre côté de
la Leitha, qui avaient au moins un
nom synthétique, on les appelait
"les Länder de la Sainte Couronne
de Saint-Étienne" -, les Länder de
ce côté-ci de la Leitha, donc "les
royaumes et les Länder représentés
au Conseil impérial", étaient
alors gouvernés par le ministère à
la tête duquel se trouvait Taaffe.
Certains journaux humoristiques
écrivaient Taaffe de manière très
étrange : Ta - affe (c'est écrit
au tableau - ndt affe veut dire
"singe").
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09
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Und
solch einem Abstraktling wie
Plener kam es eigentlich niemals
darauf an, aus den konkreten
wirksamen Kräften heraus zu
denken, sondern er konnte immer
auch anders. Und Herbst, der
starrsinnig, stierhaft in gewisser
Beziehung war, er blieb auf seinem
deutschliberalen Standpunkt
stehen. Dagegen Plener, der eine
Art Weltmann war — ich sehe ihn
heute noch vor mir: er kam niemals
anders ins Parlament als in hellen
Beinkleidern, die immer unten
etwas aufgestülpt waren, und mit
einer Art Bart, der so die Mitte
hielt zwischen Stutzertum und
Diplomatenbart —, Plener konnte
eben immer auch anders. Er bildete
die bosnische Linke, um dem Kaiser
Franz Joseph respektive der
habsburgischen Hausmacht einen
Dienst zu erweisen, der später
honoriert werden könnte. Ich muß
sagen, es schien mir immer ein
gewisser Zusammenhang zu sein
zwischen zwei Ereignissen,
zwischen der Bildung der
bosnischen Linken im
österreichischen Parlament durch
Ernst von Plener gelegentlich der
Okkupation von Bosnien und der
Herzegowina und einem späteren
Ereignis, das scheinbar
unbedeutend ist, das aber als
symptomatisch berücksichtigt
werden muß. Plener ist dann, als
an Stelle des Ministeriums Taaffe
das Koalitionsministerium
Windischgrätz trat, für kurze Zeit
Finanzminister geworden; das hat
er immer erstrebt. Aber die
Herrlichkeit dauerte nicht lange.
Dann geschah etwas, was eigentlich
ja immer darauf hinweist, daß da
unterirdische Kräfte spielen.
Plener wurde Präsident des
Obersten Rechnungshofes und zog
sich dann, als er das geworden
war, merkwürdigerweise von der
Politik zurück, trotzdem er immer
eine hervorragende Rolle in seiner
Partei gespielt hatte. Und als er
dann einmal interviewt wurde,
warum er sich denn zurückgezogen
habe, da antwortete er: «Das ist
etwas, was nur mich und meinen
Kaiser angeht, das ist ein
Geheimnis, über das ich nicht
sprechen will.» Ich habe immer
einen gewissen Zusammenhang
erkennen müssen zwischen den
Ereignissen, die sich abgespielt
haben bei der Bildung der
bosnischen Linken in den siebziger
Jahren, und diesem Ereignis, das
erst in den neunziger Jahren
stattgefunden hat. Sehen wir uns
einmal an, was nun geworden ist
nach dieser bosnischen Okkupation.
Es kam eben in Österreich das
zweite Ministerium des Grafen
Taaffe zustande, nachdem die
letzten Phasen sich abgeSpielt
hatten jenes
Konzessions-Regierungssystems, das
zustandegekommen war, eben weil
man probierte nach dem
PreußischÖsterreichischen Kriege,
ob man mit dem deutschen Elemente
in Österreich zurechtkomme oder
nicht. Das ist mit dem sogenannten
Bürgerministerium von 1867 bis
1870 versucht worden, zunächst mit
dem Fürsten Carlos Auersperg, dann
kam die Episode unter Potocki und
Hohenwart, wo das slawische
Element sich geltend machte. Dann
kam aber 1871 bis zum Ende der
siebziger Jahre das Ministerium
unter Adolf Fürst Auersperg,
wiederum eine Art
Bürgerministerium, das eben, wie
gesagt, die letzte Phase bildete
desjenigen, was man da versuchte.
Dann kam dieses Ministerium des
Grafen Taaffe. Dieses Ministerium
Taaffe sehen wir uns einmal an. Es
besorgte ja die
Regierungsgeschäfte in Österreich
durch mehr als ein Jahrzehnt kann
man sagen, in den achtziger
Jahren, und da spielte sich, ich
möchte sagen im Tableau alles
dasjenige ab, was ein Kompendium
europäischer Politik ist. Taaffe
ist Ministerpräsident; er hält
sich an der Spitze des
Ministeriums, trotzdem er wohl ein
ganz unfähiger Kopf ist. Er hält
sich hauptsächlich dadurch im
Ministerium, daß er besonders gut
versteht, abends bei den
Unterhaltungen bei Hofe mit dem
Taschentuch und den Fingern
Häschen an die Wand zu
projizieren. Das gefiel den Damen
bei Hofe so außerordentlich gut,
wenn der Graf Taaffe Häschen
machte und andere ähnliche Künste,
und dadurch hielt er sich solange
in der österreichischen Regierung.
Nun kann man sagen, in diesen
achtziger Jahren, da war also das
Deutschtum zurückgedrängt in
Österreich. Die Länder diesseits
der Leitha — ja, einen Namen hatte
dieses Gebiet eigentlich nicht,
man nannte dieses Gebiet, was
diesseits der Leitha war, «die im
Reichsrat vertretenen Königreiche
und Länder», und die Länder
drüben, jenseits der Leitha, die
hatten wenigstens einen
zusammenfassenden Namen, man
nannte sie «die Länder der
Heiligen Stephanskrone» —, die
Länder diesseits der Leitha, also
«die im Reichsrat vertretenen
Königreiche und Länder», die
wurden regiert damals von dem
Ministerium, an dessen Spitze
Taaffe stand. Gewisse Witzblätter
schrieben Taaffe sehr merkwürdig:
Ta - affe (es wird an die Tafel
geschrieben).
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Il était également
difficile de trouver un nom commun
pour ces pays, car qu'englobait ce
territoire "des royaumes et pays
représentés au Conseil impérial" ?
Il y avait d'abord la Bucovine,
puis le royaume de Galicie avec la
Ruthénie, dont la capitale était
Lviv ; il y aurait environ
Cracovie (on la dessine au
tableau). Cette Galicie était
principalement habitée par
l'élément polonais (hachuré, à
gauche), mais ici par l'élément
ruthène (hachuré, à droite) - les
ruthènes étant une sorte de
Slaves, les Polonais une sorte de
Slaves. Ensuite, il y avait la
région silésienne, la région
morave et la région tchèque -
partout des Slaves et des
Allemands mélangés. Puis vient la
Basse et la Haute-Autriche,
Salzbourg, le Vorarlberg, le
Tyrol, la Styrie jusqu'à Brunn -
en grande partie allemande ; puis
slave du sud, slovène en Carinthie
et en Carniole ; ici en bas,
l'Istrie et la Dalmatie. De
l'autre côté de la Leitha se
trouvaient les pays de la Sainte
Couronne de Saint-Étienne : ici la
Hongrie avec la Transylvanie, puis
la Croatie avec la Slavonie. Ici,
nous aurions à chercher quelque
part la Leitha ; tout ce qui se
trouvait ici, de l'autre côté,
tous ces peuples mélangés,
formaient les "royaumes et pays
représentés au Conseil impérial".
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Nun,
es war auch schwer, einen
gemeinsamen Namen zu finden für
diese Länder, denn was umfaßte
dieses Gebiet «der im Reichsrat
vertretenen Königreiche und
Länder»? Da war zunächst die
Bukowina, dann kam anstoßend daran
das Königreich Galizien mit
Ruthenien mit Lemberg als
Hauptstadt; da würde etwa Krakau
sein (es wird an die Tafel
gezeichnet). Dieses Galizien war
hauptsächlich vom polnischen
Element bewohnt (schraffiert,
links), hier aber bewohnt vom
ruthenischen Element (schraffiert,
rechts) — die Ruthenen eine Art
Slawen, die Polen eine Art Slawen.
Weiter war dann hier das
schlesische Gebiet, das mährischen
und das böhmische Gebiet —
überall Slawen und Deutsche
zusammengewürfelt. Dann kommt
Nieder- und Oberösterreich,
Salzburg, Vorarlberg, Tirol,
Steiermark bis herunter zu Brunn —
zum größten Teil deutsch; dann
südslawisch, slowenisch bei
Kärnten und Krain; hier unten
Istrien und Dalmatien. Hier
herüber, jenseits der Leitha,
waren die Länder der Heiligen
Stephanskrone: hier Ungarn mit
Siebenbürgen, dann Kroatien mit
Slawonien. Hier würden wir
irgendwo die Leitha zu suchen
haben; alles das, was hier herüber
war, all diese zusammengewürfelten
Völkerschaften, die bildeten die
im «Reichsrat vertretenen
Königreiche und Länder».
|
Comment était la
représentation des "royaumes et
pays représentés au Conseil
impérial" à Vienne ? Elle était au
fond assez mémorable. Regardez le
banc des ministres : au centre se
trouvait Taaffe, le fabricant de
lapins au front fuyant, à sa
droite Dunajewski, le ministre des
Finances, un Urpole (Polonais
originel), puis une personnalité
marquante, le ministre Prazâk, un
Tchèque, et Smolka, un Urpole, un
de ces Polonais qui ont été
décapités in effigie en Autriche
parce qu'ils étaient des traîtres
à l'État, mais qui s'est ensuite
relevé [politiquement]. On peut
dire que lorsqu'on parlait de ces
personnalités, c'était dans un
certain sens extrêmement
intéressant.
|
11
|
Nun,
wie war die Vertretung der «im
Reichsrate vertretenen Königreiche
und Länder» in Wien? Sie war im
Grunde genommen denkwürdig genug.
Sehen Sie, wenn man sich die
Ministerbank anschaute: In der
Mitte saß der mit der
zurückfliehenden Stirn behaftete
Häschenfabrikant Taaffe, an seiner
Seite rechts Dunajewski, der
Finanzminister, ein Urpole, dann
war da eine markante
Persönlichkeit, Minister Prazâk,
ein Tscheche, ferner Smolka, ein
Urpole, einer derjenigen Polen,
welche einmal in effigie geköpft
worden sind in Österreich, weil
sie Staatsverräter waren, der sich
aber dann [politisch wieder]
aufgeschwungen hatte. Man kann
sagen: Wenn da von diesen
Persönlichkeiten gesprochen wurde,
so war es ja in einem gewissen
Sinn außerordentlich interessant.
|
Sur le premier banc des
députés de gauche - disons, par
exemple, qu'il s'agissait d'un
débat budgétaire - était assis un
bon Allemand, Carneri ; vous
connaissez la figure de Carneri
dans mon livre "De l'énigme
humaine". Il entamait le débat
dans le sens de l'Europe centrale
; il lançait généralement les
accusations les plus terribles
contre ce ministère Taaffe. L'un
de ses discours les plus efficaces
se terminait par ces mots -
c'était peut-être en 1883 - :
"Pauvre Autriche ! - Puis, un peu
plus loin, il y avait Herbst,
Plener et ainsi de suite. Mais
tout ce qui parlait en Autriche
parlait en fait comme les gens
d'un courant disparu. Ce que
disait Carneri, par exemple, était
beau, spirituel, grand, mais ce
n'était pas quelque chose qui
pouvait vivre. Mais quelque chose
d'autre vivait à l'époque en
Autriche ; quelque chose vivait
vraiment en Autriche lorsque le
député polonais Otto Hausner
parlait, par exemple. En Autriche,
cela ne comptait pas tellement
qu'un député ait un nom allemand ;
car si l'on s'appelait par exemple
Grégr et que l'on était un député
libéral jeune-tchèque,
c'est-à-dire que l'on avait un nom
avec un crochet, avant de devenir
tchèque, on s'appelait Gröger ; il
y a de telles métamorphoses. Quand
Otto Hausner parlait, il
soulignait en même temps qu'il
parlait tout de même à partir de
l'élément polonais, et c'est ce
qu'il faisait, même s'il
soulignait qu'il avait des
globules de sang alémanique dans
les veines - je ne sais pas ce que
c'est, des globules de sang
alémanique. Il n'a pas été une
personne sympathique pour moi. Je
m'en souviens encore très bien:
quand on se promenait
dans la Herrengasse à Vienne et
que le vieux Hausner passait par
là, ce vieux coquin avec son
monocle, qui se mouchait encore,
bien qu'il n'ait pas l'air d'un
vieil homme très mignon ; il
n'était pas vraiment une
personnalité sympathique. Il faut
dire qu'au cours de ces années qui
comptaient justement, quand
Hausner parlait, il parlait de
telle manière que l'histoire
mondiale roulait à travers lui. Et
je voudrais dire que lorsque Otto
Hausner parlait, on entendait
rouler les mots du testament de
Pierre le Grand. On les entendait
rouler lorsqu'il parlait du fait
que les Autrichiens ne devaient
pas se laisser duper par Berlin,
par Bismarck, qu'ils ne devaient
pas accepter le traité de Berlin.
C'est l'époque qui parle, l'époque
qui roule, quand Otto Hausner
parle du chemin de fer de
l'Arlberg, en tant que chemin de
fer stratégique, pour rendre
possible une alliance entre
l'Autriche et la France contre la
politique allemande. Et on
aimerait dire que dans les
discours d'Otto Hausner de
l'époque, il y avait quelque chose
qui prédisait de manière
prophétique tout ce qui est devenu
par la suite. Mais il y avait en
particulier un discours de Hausner
sur la "germanité et l'Empire
allemand", dans lequel il
présentait de manière rhétorique,
dans une caractéristique tout à
fait merveilleuse, tous les côtés
sombres, en particulier les côtés
sombres de la germanité et de
l'être allemand, jamais les côtés
lumineux. Ce député polonais, Otto
Hausner, a su à l'époque, d'une
manière merveilleuse, intégrer
dans son discours tout ce qui, en
Europe centrale, menait à la
ruine. En dehors de lui, un
personnage étrange, qui s'appelait
Dzieduszycki, prenait souvent la
parole. C'était extraordinairement
curieux, car lorsqu'il parlait, on
avait l'impression qu'il n'avait
pas seulement une boulette, mais
deux boulettes dans la bouche (ndt
spécialité de boulettes de pomme
de terre pochées) qui se
rejoignaient et se séparaient.
Mais malgré tout, quand il
parlait, l'histoire du monde
roulait à travers ce qu'il disait.
C'était l'histoire du monde qui
parlait - et c'était aussi le cas
de bien d'autres personnes assises
là. Et encore une fois, quand ces
gens ne parlaient qu'à partir de
leur personnalité, ce n'était pas
du tout l'histoire du monde.
|
12
|
Auf
der ersten Abgeordnetenbank der
Linken — sagen wir zum Beispiel,
es wäre eine Budgetdebatte gewesen
— saß ein guter Deutscher,
Carneri; Sie kennen die Gestalt
von Carneri aus meinem Buche «Vom
Menschenrätsel». Er fing die
Debatte an in mitteleuropäischem
Sinne; er schleuderte in der Regel
diesem Ministerium Taaffe die
furchtbarsten Anklagen entgegen.
Eine seiner wirksamsten Reden
schloß mit den Worten — es war
vielleicht im Jahre 1883 —: Armes
Österreich! — Dann etwas weiter
von ihm saßen Herbst, Plener und
so weiter. Aber alles, was da
redete in Österreich, redete
eigentlich so, wie Leute einer
untergegangenen Strömung reden.
Was zum Beispiel Carneri redete,
war schön, geistvoll, groß, aber
es war nicht etwas, was leben
konnte. Aber: etwas anderes lebte
dazumal in Österreich; es lebte
wirklich etwas in Österreich,
wenn zum Beispiel der polnische
Abgeordnete Otto Hausner sprach.
Es kam in Österreich nicht so
darauf an, ob ein Abgeordneter
einen deutschen Namen hatte; denn
wenn man zum Beispiel Grégr hieß
und jungtschechisch-liberaler
Abgeordneter war, also so einen
Namen mit einem Haken hatte, so
hat man, bevor man Tscheche
geworden war, Gröger geheißen; es
gibt solche Metamorphosen. Wenn
Otto Hausner sprach, dann betonte
er zu gleicher Zeit, daß er doch
durchaus aus dem polnischen
Element heraus spräche, und das
tat er auch, obwohl er betonte, er
hätte rätischalemannische
Blutkügelchen in seinen Adern —
ich weiß zwar nicht, was das sind,
rätisch-alemannische
Blutkügelchen. Er ist mir keine
sympathische Person gewesen. Ich
erinnere mich noch lebhaft:
Wenn
man durch die Wiener Herrengasse
ging und der alte Hausner
daherkam, dieser alte Geck mit
seinem Monokel, der sich noch
putzte, trotzdem er eigentlich ein
gar nicht niedlich aussehender
alter Mann war; er ist nicht
gerade eine eigentlich
sympathische Persönlichkeit
gewesen. Man muß sagen: Wenn in
diesen Jahren, auf die es gerade
ankam, Hausner sprach, dann sprach
er so, daß die Weltgeschichte
durch ihn rollte. Und ich möchte
sagen, wenn der Otto Hausner
sprach, dann hörte man rollen die
Worte des Testamentes Peters des
Großen. Man hörte sie rollen dann,
wenn er davon sprach, daß sich die
Menschen in Österreich nicht
dürften düpieren lassen durch
Berlin, durch Bismarck, daß sie
nicht dürften den Berliner Vertrag
annehmen. Es sprach die Zeit, die
rollende Zeit, wenn Otto Hausner
über die Arlbergbahn sprach, als
strategische Bahn sie auffaßte, um
ein Bündnis zwischen Österreich
und Frankreich möglich zu machen
gegen die deutsche Politik. Und
man möchte sagen, in den Reden von
Otto Hausner von dazumal war
etwas, was wie prophetisch all das
voraussagte, was später geworden
ist. Insbesondere aber war wirksam
eine Rede, die Hausner gehalten
hat über «Deutschtum und Deutsches
Reich», worinnen er rhetorisch in
einer ganz wunderbaren
Charakteristik alle
Schattenseiten, vorzüglich die
Schattenseiten des Deutschtums und
des deutschen Wesens gegeben hat,
niemals die Lichtseiten. All das,
was in Mitteleuropa eigentlich auf
den Untergang hinwirkte, das hat
gerade dieser polnische
Abgeordnete Otto Hausner dazumal
in seine Rede in einer wunderbaren
Weise hineinzugeheimnissen gewußt.
Außer ihm sprach dann öfter eine
merkwürdige Gestalt, Dzieduszycki
hieß er. Es war außerordentlich
merkwürdig, denn wenn er sprach,
hatte man das Gefühl, daß er nicht
nur einen Kloß, sondern zwei Kloße
im Munde habe, die einander
nachlaufen und wieder
zurücklaufen. Aber dennoch, wenn
er sprach, rollte Weltgeschichte
durch das, was er sprach. Es war
Weltgeschichte, die da sprach —
und so noch bei manchem anderen,
der da saß. Und wiederum, wenn
diese Leute nur aus ihrer
Persönlichkeit heraus sprachen,
dann war das gar nicht
Weltgeschichte.
|
À l'époque où, en
Autriche, la loi sur l'école, déjà
ruinée par les libéraux, devait
être complètement ruinée - comment
la majorité s'est-elle formée ? Je
vais vous révéler un grand secret
: malgré la politique
autrichienne, l'Autriche a
effectivement eu les meilleurs
lycées jusque dans les années 70 ;
et le futur ministre de
l'éducation Gautsch n'a réussi que
très difficilement à détruire ces
bons lycées d'un certain point de
vue. Et vous savez à qui revient
la faute d'avoir créé ces bons
lycées en Autriche - bons pour
l'époque ? C'est l'anticlérical
Leo Graf Thun qui a introduit ces
lycées en Autriche. En Autriche,
il était curieux de constater que
l'objectivité s'alliait parfois à
la politique la plus têtue. Ce
clérical tout à fait noir dans de
nombreuses directions, le comte
Leo Thun, a mis en place un
système scolaire brillant en
Autriche, qui a ensuite été
interrompu par les libéraux, et ce
que les libéraux ont laissé sera
encore plus ruiné par la suite.
Comment s'est formée la majorité
au Reichsrat sur ces questions ?
Oui, ces majorités se sont formées
de manière étrange. Il y avait les
Ruthènes, et il y avait les
Polonais. Si l'on voulait faire
passer certaines choses qui
étaient plus faciles à faire
passer avec les Polonais, on
formait un ministère composé
d'Allemands et de Polonais. Et si
l'on voulait imposer quelque chose
d'une autre nature, on éliminait
les Polonais et on formait une
majorité d'Allemands et de
Ruthènes. Les Ruthènes et les
Polonais, qui se battaient alors
terriblement, servaient à faire
pencher la balance. Et selon ce
que l'on mettait dans le plateau
de la balance à la fin, il en
résultait le contraire. Or, à
l'époque où la loi sur l'école
devait être entièrement détruite,
ce sont justement les Polonais qui
faisaient pencher la balance ; il
fallait donc négocier quelque
chose entre les cléricaux et les
Polonais. Si les cléricaux
s'associaient aux Polonais, on se
disait que la loi sur l'école
pourrait être détruite. Mais les
Polonais ont tout de même eu
l'intelligence de dire que l'on ne
pouvait pas faire cela à la
Galicie en imposant une [nouvelle]
loi scolaire à leur pays. Et c'est
là qu'ils ont trouvé une solution
et ont dit : "Oui, nous allons
avec vous, nous supprimons
l'[ancienne] loi scolaire, seule
la Galicie est exclue". - Ce qui
est étrange, c'est qu'un élément
slave a servi de couverture, mais
cet élément slave s'est exclu
lui-même de ce qu'il a clairement
admis vouloir exclure de son
propre pays. Telle était les
conditions/rapports particuliers
en Autriche à l'époque.
|
13
|
In
der Zeit, als in Österreich das
von den Liberalen schon ruinierte
Schulgesetz vollends ruiniert
werden sollte — wie kam da die
Mehrheit zustande? Ich will Ihnen
ein großes Geheimnis verraten:
Trotz der österreichischen Politik
hat Österreich tatsächlich die
besten Gymnasien gehabt hat bis in
die siebziger Jahre hinein; und es
ist dem späteren
Unterrichtsminister Gautsch nur
sehr schwer gelungen, diese von
einem gewissen Gesichtspunkt guten
Gymnasien durchaus
kaputtzumachen. Und wissen Sie,
wer schuld daran war, daß diese
guten Gymnasien in Österreich —
gut für die damalige Zeit —
begründet worden waren? Es war der
Urklerikale Leo Graf Thun, der
diese Gymnasien in Österreich
eingeführt hat. Es war eben in
Österreich so, daß
merkwürdigerweise zuweilen
Sachliches zusammenwirkte mit
ganz stierhafter Politik. Dieser
nach vieler Richtung hin ganz
schwarze Klerikale, Leo Graf Thun,
er hat ein glänzendes Schulsystem
in Österreich zum Durchbruch
gebracht, das aber dann durch die
Liberalen wiederum zum Abbruch
gebracht worden ist, und was die
Liberalen übrig gelassen haben,
das sollte dann später noch mehr
ruiniert werden. Wie bildete sich
nun die Majorität im Reichsrat bei
diesen Dingen heraus? Ja, diese
Majoritäten kamen auf merkwürdige
Weise zustande. Da waren die
Ruthenen, und da waren die Polen.
Wenn man nun gewisse Dinge
durchsetzen wollte, die sich
leichter mit den Polen durchsetzen
ließen, dann bildete man ein
Ministerium, das aus Deutschen und
Polen bestand. Und wenn man etwas
von anderer Art durchsetzen
wollte, dann schaltete man die
Polen aus und bildete eine
Majorität aus Deutschen und
Ruthenen. Die Ruthenen und die
Polen, die sich dann furchtbar
bekämpften, gebrauchte man als
Zünglein an der Waage. Und je
nachdem, was in die Waagschale zum
Schlusse geworfen wurde, kam das
Entgegengesetzte heraus. Nun,
dazumal, als das Schulgesetz ganz
kaputtgemacht werden sollte, da
waren gerade die Polen das
Zünglein an der Waage; es sollte
also etwas ausgehandelt werden
zwischen den Klerikalen und den
Polen. Wenn die Klerikalen mit den
Polen zusammengingen, so sagte man
sich, dann könne das Schulgesetz
kaputtgemacht werden. Aber die
Polen waren immerhin so
intelligent einzuwenden, daß man
das doch nicht Galizien antun
könne, ihrem Land ein solches
[neues] Schulgesetz hinzustellen.
Und da haben sie dann zu einem
Ausweg gegriffen und gesagt: Ja,
wir gehen mit euch zusammen, wir
beseitigen das [alte] Schulgesetz,
nur Galizien wird ausgenommen. —
Es trat damit das Merkwürdige
zutage, daß ein slawisches Element
zur Tarnung diente, aber dieses
slawische Element nahm sich selbst
aus für das, wovon es ganz
deutlich zugab, daß es sein
eigenes Land davon ausnehmen
wolle. So waren eben damals die
besonderen Verhältnisse in
Österreich.
|
Là siègeait aussi encore
la figure caractéristique de
l'ancien Tchèque Rieger. Alors que
les Allemands gouvernaient de
manière libérale, formaliste et
abstraite, les Tchèques
n'entraient pas au Parlement de
Vienne ; ils s'absentaient. Le
comte Taaffe eut alors le grand
mérite extérieur de faire revenir
le club tchèque. C'est ainsi que
Rieger se trouvait maintenant
parmi ces parlementaires viennois
: une figure extraordinairement
caractéristique, pleine de feu
intérieur, une petite figure un
peu chétive, mais avec une tête
puissante, des yeux d'où l'on
croyait qu'il sortirait à la fin
non pas un, mais plusieurs
diables, crachant du feu. Il y
avait en effet quelque chose
d'extraordinairement vivant en
lui.
|
14
|
Da
saß auch noch die
charakteristische Gestalt des
Alttschechen Rieger. Während die
Deutschen liberalistisch,
formalistisch, abstrakt regierten,
kamen die Tschechen nicht ins
Wiener Parlament; sie absentierten
sich. Graf Taaffe hatte nun das
äußerlich große Verdienst sich
erworben, daß der tschechische
Club wieder hineinkam. So war also
jetzt Rieger auch unter diesen
Wiener Parlamentaristen: Eine
außerordentlich charakteristische
Figur voll inneren Feuers, eine
etwas schlotterige, kleine
Gestalt, aber mit einem mächtigen
Kopf, mit Augen, aus denen man
glaubte, daß am Ende nicht bloß
ein Teufel, sondern mehrere Teufel
herauskämen, die Feuer sprühten.
Es war tatsächlich etwas
außerordentlich Lebendiges in ihm.
|
Vous voyez, c'était la
situation. On pourrait dire que
l'on savait qu'il y avait un
élément que l'on ne pouvait pas
saisir, mais on pouvait le voir :
le testament de Pierre le Grand
s'exprimait vraiment à travers
cette configuration particulière
en Autriche. Quand on avait ces
conditions concrètes devant soi,
on savait qu'il y avait quelque
chose comme ça. En fait, on savait
exactement pourquoi, par exemple,
la politique du comte Andrâssy -
qui, bien que hongrois, a été un
temps ministre autrichien des
Affaires étrangères - a eu du mal
à s'imposer : parce que les gens
ne pouvaient pas s'imaginer que
l'Autriche devait se tourner vers
l'Est, vers les pays slaves. On
voyait bien que l'élément slave
s'affirmait, mais on ne pouvait
pas se dire autre chose : Oui, que
va-t-il advenir de tout cela ?
Qu'est-ce qui veut devenir là ?
Qu'est-ce que donc que le tout ? -
Et on voyait en fait l'élément
slave agir tout de suite sous ce
Taaffe, ce Taaffe incompétent - il
avait en effet parmi ses ministres
quelques têtes slaves très
compétentes, par exemple comme
Dunajewski, le ministre polonais
des Finances, ou encore Prazâk.
Mais à travers l'élément slave,
c'est la confusion qui agit ; des
têtes compétentes, des têtes tout
à fait excellentes en partie, mais
à travers l'ensemble, c'est quand
même la confusion qui agit.
|
15
|
Sehen
Sie, das war so die Situation. Man
könnte sagen, man wußte, es gibt
da ein Element, das man nicht
greifen konnte, aber es war zu
schauen: Es wirkte durch diese
eigentümliche Konfiguration in
Österreich wirklich dieses
Testament Peters des Großen durch.
Wenn man diese konkreten
Verhältnisse vor sich hatte, da
wußte man, daß es so etwas gibt.
Tatsächlich, man wußte genau,
warum sich zum Beispiel die
Politik des Grafen Andrâssy — der,
trotzdem er Ungar war, eine
zeitlang österreichischer
Außenminister war —, schwer
durchsetzte: weil die Leute sich
nicht vorstellen konnten, daß
Österreich seinen Schwerpunkt nach
Osten, nach den slawischen Ländern
hin nehmen sollte. Man konnte
sehen, es machte sich das
slawische Element geltend, aber
man konnte sich nichts anderes
sagen als: Ja, was wird denn nun
eigentlich aus dem Ganzen? Was
will denn da werden? Was ist es
denn, das Ganze? — Und man sah
eigentlich im Grunde genommen
gerade unter diesem Taaffe, dem
unfähigen Taaffe — er hatte ja
unter seinen Ministern einzelne
sehr befähigte slawische Köpfe
eben wie zum Beispiel Dunajewski,
den polnischen Finanzminister,
oder auch Prazâk —, das slawische
Element wirken. Aber durch das
slawische Element wirkte die
Verwirrung; fähige Köpfe, ganz
ausgezeichnete Köpfe zum Teil,
aber durch das ganze wirkte doch
die Verwirrung durch.
|
Et c'est encore plus vrai
avec l'élément allemand, la
confusion a agi.
|
16
|
Und
erst recht mit dem deutschen
Element zusammen wirkte die
Verwirrung.
|
Maintenant, s'il vous
plaît, faites le lien avec autre
chose, faites le lien avec le fait
que Pierre le Grand est la
personnalité qui, dans sa
jeunesse, va à l'Ouest, à La Haye,
revient de l'Ouest à
Saint-Pétersbourg, qu'il est la
personnalité qui s'efforce
d'introduire l'essence occidentale
en Russie, contre les aspirations
de beaucoup de ceux qui croyaient
être des gens authentiquement
russes, orthodoxes-russes. Essayez
de vous rendre compte des rapports
historiques entre la russité et ce
que Pierre le Grand a apporté en
Russie. Ce qu'il y a apporté,
Pierre le Grand, n'était
effectivement pas quelque chose
qui n'agissait que pour demain ou
après-demain, mais c'était déjà
quelque chose qui donnait une
impulsion au-delà des siècles. On
pourrait dire que l'on sait ce que
veut le slavisme enraciné en
Russie, on sait comment il
interagit avec le slavisme
différencié, mais il y a encore là
ce que Pierre le Grand a apporté
de l'Occident. Eh bien, Pierre le
Grand n'a rien écrit, mais il a
mené ses actions gouvernementales
dans une certaine direction ; ce
qu'il a fait, il l'a fait dans une
certaine direction, dans un
certain style. Et c'est ainsi que
ce qui vient du slavisme seul
roule en parallèle et s'entrelace
avec ce qui a été apporté de
l'Occident par Pierre le Grand,
qui est devenu puissant selon
l'âme. Si vous vous reportez à une
époque quelconque après Pierre le
Grand et que vous observez la
politique européenne, ne
pouvez-vous pas dire : oui, il y a
des facteurs concrets qui agissent
dans ce qui se perpétue depuis
Pierre le Grand ? - Quiconque a vu
des choses comme celles que je
viens de vous décrire sait
qu'elles sont là.
|
17
|
Nun
bitte, stellen Sie sich das mit
etwas anderem zusammen, stellen
Sie das zusammen damit, daß Peter
der Große diejenige Persönlichkeit
ist, welche in ihrer Jugend nach
dem Westen geht, nach dem Haag,
aus dem Westen zurückkommt nach
St. Petersburg, daß er diejenige
Persönlichkeit ist, die bestrebt
ist, westländisches Wesen in
Rußland einzuführen gegen die
Bestrebungen vieler, die glaubten,
echt russische, orthodox-russische
Leute zu sein. Versuchen Sie es
sich klarzumachen, wie da in der
Geschichte die Verhältnisse sind
zwischen dem, was Russentum ist
und dem, was Peter der Große nach
Rußland hineingetragen hat. Was er
da hineingetragen hat, Peter der
Große, das war ja tatsächlich
nicht etwas, das bloß für morgen
oder übermorgen wirkte, sondern es
war schon etwas, das einen Impuls
über die Jahrhunderte hinaus gab.
Man könnte sagen, man weiß, was
das in Rußland wurzelnde Slawentum
will, man weiß, wie es
zusammenwirkt mit dem
differenzierten Slawentum, aber da
steckt doch noch darinnen
dasjenige, was vom Westen her
Peter der Große gebracht hat. Nun,
Peter der Große hat eben nichts
aufgeschrieben, aber er hat in
einer gewissen Richtung seine
Regierungshandlungen getrieben;
was er getan hat, das ist in einer
gewissen Richtung, in einem
gewissen Stil gehalten. Und so
rollt dasjenige, was aus dem
Slawentum allein kommt, es rollt
parallel und verwebt sich mit dem
anderen, was aus dem Westen durch
den dort seelisch mächtig
gewordenen Peter den Großen
gebracht worden ist. Versetzen Sie
sich nun einmal in irgendeine Zeit
nach Peter dem Großen und schauen
Sie sich die europäische Politik
an — können Sie da nicht sagen:
Ja, in dem, was da fortwirkt von
Peter dem Großen her, da sind
konkrete Faktoren drinnen, die
wirken? — Wer solche Dinge gesehen
hat, wie ich sie Ihnen jetzt
geschildert habe, der weiß: sie
sind da.
|
Maintenant, un tel
Sokolnicki arrive et médite sur
les conditions dans lesquelles il
a vécu. C'est alors qu'apparaît au
fond de son âme ce qu'on appelle
le "testament de Pierre le Grand".
Il se demande : quelles sont donc
les forces qui émanent de Pierre
le Grand ? Que se passera-t-il si
cela s'accomplit ? Que se
passerait-il si l'on mettait par
écrit le testament non écrit de
Pierre le Grand, si on le pensait
écrit à partir de ce qui résulte
en partie de l'inspiration, en
partie de documents d'État et
autres ? - Faut-il donc se
demander comment il a trempé sa
plume dans l'encre, quelle encre
il a utilisée ou comment il a
manié sa plume, lorsqu'on
s'interroge sur la genèse d'un
écrit ? Dans l'histoire du monde,
ce n'est pas ainsi.
|
18
|
Nun
kommt so ein Sokolnicki, und über
die Verhältnisse, unter denen er
gelebt hat, meditiert er. Da geht
im Innern seiner Seele auf
dasjenige, was man nennt das
«Testament Peters des Großen». Er
fragt sich: Was liegen denn für
Kräfte in dem, was von Peter dem
Großen ausgeht? Was wird, wenn das
sich vollzieht? Wie wäre das, wenn
man das ungeschriebene Testament
Peters des Großen niederschriebe,
wenn man es niedergeschrieben
dächte aus dem, was sich zum Teil
aus Eingebungen ergibt, zum Teil
aus Staatspapieren und
dergleichen? — Muß man denn danach
fragen, wie derjenige die Feder in
die Tinte getaucht hat oder welche
Tinte er benützt hat oder wie er
die Feder geführt hat, wenn man
nach der Entstehung von einem
Schriftstück fragt? In der
Weltgeschichte ist es nicht so.
|
J'ai souvent raconté ici
une petite chose qui m'est arrivée
un jour. J'ai essayé de démontrer
comment l'essai de Goethe sur la
nature, l'Hymne à la nature, a été
écrit.
|
19
|
Ich
habe öfter eine kleine Sache hier
erzählt, die mir selbst einmal
passierte. Ich habe versucht
nachzuweisen, wie der Goethesche
Aufsatz über die Natur, die Hymne
an die Natur, entstanden ist.
|
J'ai prouvé que Goethe se
promenait sur l'Ilm avec le Suisse
Tobler et qu'il se récitait cet
essai.
|
20
|
Ich
habe nachgewiesen, daß Goethe mit
dem Schweizer Tobler an der Ilm
spazieren ging und diesen Aufsatz
vor sich hin sprach.
|
Tobler avait une mémoire
si excellente qu'il est rentré
chez lui et a écrit ce qu'il avait
entendu de Goethe et l'a fait
paraître dans le "Tiefurter
Journal" - qui a été retrouvé à
l'époque où j'étais à Weimar. Dans
le septième volume des Annales
Goethe, j'ai essayé de prouver,
pour des raisons intérieures et
spirituelles, que cet article du
Tiefurter Journal était de Goethe,
bien que cet article "Die Natur"
soit, d'après l'écriture de
Tobler, aussi littéralement que
possible dans le Journal.
|
21
|
Tobler
hatte nun ein so ausgezeichnetes
Gedächtnis, daß er hinterher nach
Hause ging und aufschrieb, was er
von Goethe gehört hatte und es im
«Tiefurter Journal» — das gerade
aufgefunden worden ist zu der
Zeit, als ich in Weimar war —
erscheinen ließ. Ich habe nun im
7. Band der Goethe-Jahrbücher
nachzuweisen versucht, aus
innerlichem und geistigem Grunde
nachzuweisen versucht, daß dieser
Aufsatz im Tiefurter Journal von
Goethe war, trotzdem dieser
Aufsatz «Die Natur» nach Toblers
Handschrift so wörtlich wie
möglich im Journal steht.
|
Il s'agit de ne pas se
tromper d'histoire si l'on
s'interroge sur l'origine des
choses les plus importantes d'une
manière, je dirais, prosaïquement
littérale et philologique. Certes,
le testament est un faux en ce qui
concerne l'écriture - mais il est
une véritable réalité. Et nous
avons la véritable origine du
testament, tout de suite l'origine
que le comte Polzer a essayé de
démontrer, si nous nous disons :
le Sokolnicki a écrit cette chose
dans une sorte de méditation et de
recueillement intérieur, en se
rattachant à ce qui était là, donc
à ce qui s'est passé. Mais il ne
l'a pas tirée de ses doigts ou
expérimentée par un simple
mysticisme intérieur, mais il l'a
vue dans le contexte global des
événements mondiaux. Et l'on
pourrait dire qu'il a justement
voulu toucher ce qui avait été
inauguré par Pierre le Grand, ce
qu'il avait apporté de l'Occident,
mais qui n'était pas encore
arrivé.
|
22
|
Es
handelt sich darum, daß man
geschichtlich nicht zurechtkommt,
wenn man gerade gerade bei den
wichtigsten Dingen in einer, ich
möchte sagen prosaisch-philiströs
wortwörtlichen, philologischen
Weise fragt nach dem Ursprung.
Gewiß, in bezug auf das Schreiben
ist das Testament eine Fälschung —
aber es ist eine wahrhaftige
Realität. Und wir haben den
wirklichen Ursprung des
Testamentes, gerade jenen
Ursprung, den Graf Polzer
nachzuweisen versuchte, wenn wir
uns sagen: Der Sokolnicki hat in
einer Art von Meditation und
innerer Versenkung in Anknüpfung
an das, was da war, also an das,
was geschah, diese Sache
aufgeschrieben. Aber er hat sie
sich ja nicht aus den Fingern
gesogen oder durch eine bloße
innere Mystik erfahren, sondern er
hat sie im ganzen Zusammenhang
mit den Weltereignissen gesehen.
Und man könnte sagen: Er hat
gerade das treffen wollen, was von
Peter dem Großen inauguriert war,
was er aus dem Westen gebracht
hat, was aber noch nicht geschehen
war.
|
Et maintenant, regardons
cette tour babylonienne du Conseil
impérial autrichien sous le
ministère Taaffe, comme je viens
de le décrire. Observons comment
l'élément slave est assis, comment
il est justement l'élément le plus
doué, mais comment il ne peut que
semer la confusion. Et si l'on va
au fond des choses, on trouve dans
ce qui s'exprime là quelque chose
comme une continuation de ce
testament de Pierre le Grand. On
peut donc dire : oui, ce testament
de Pierre le Grand agit comme une
force historique, mais en même
temps, si l'on considère les faits
concrets, il agit de telle sorte
qu'il déconcerte/induit en erreur.
Maintenant, ajoutez à cela ce que
j'ai souvent expliqué à d'autres
occasions, comment l'Occident a
inauguré la politique ultérieure,
dont j'ai dit qu'elle pouvait très
bien remonter aux années soixante.
Cette politique consiste à vouloir
provoquer à l'Est ce qui s'est
ensuite suffisamment réalisé dans
les moindres détails, ce qui a en
fait provoqué la catastrophe de la
guerre mondiale. On peut alors se
dire, si l'on est capable de
penser correctement en termes
d'histoire, en termes d'histoire
intérieure : oui, toute l'affaire
de Pierre le Grand n'est-elle pas
un merveilleux prélude, un prélude
grandiose à ce qui est arrivé plus
tard ? - Je voudrais dire que si
un esprit quelconque avait voulu
produire ce qui est arrivé plus
tard au XXe siècle, il n'aurait
pas pu mieux créer la confusion
qui est partie de l'Est qu'en
faisant venir Pierre le Grand à La
Haye, où l'on a toujours concocté
des choses différentes en ce qui
concerne les rapports de la
politique européenne, car il y a
un court chemin vers
l'anglo-américain. Mais Pierre le
Grand est ensuite retourné à
Saint-Pétersbourg, et il y a
inauguré ce qui est devenu le
"testament de Pierre le Grand",
par lequel on a introduit d'une
manière merveilleuse ce qui a
justement créé les conditions
nécessaires à l'avènement de ce
qui est arrivé plus tard.
|
23
|
Und
nun sehen wir uns einmal an diesen
babylonischen Turm des
österreichischen Reichsrates unter
dem Ministerium Taaffe, wie ich
ihn nun geschildert habe. Sehen
wir uns an, wie das slawische
Element dasitzt, wie es gerade
das begabte Element ist, aber eben
nur Verwirrung bringen kann. Und
geht man dem auf den Grund, so
findet man in dem, was da zum
Ausdruck kommt, eben etwas wie ein
Fortwirken dieses Testaments Peter
des Großen. So kann man sagen: Ja,
dieses Testament Peters des
Großen, es wirkt als eine
historische Macht, aber es wirkt
zu gleicher Zeit, wenn man die
konkreten Tatsachen ins Auge
faßt, so, daß es verwirrt. Nun,
nehmen Sie das dazu, was ich
oftmals bei anderen Gelegenheiten
ausgeführt habe, wie vom Westen
inauguriert worden ist die spätere
Politik, von der ich gesagt habe,
sie läßt sich bis in die sechziger
Jahre ganz gut zurückführen. Diese
Politik besteht darin, daß
angestrebt worden ist, im Osten
dasjenige hervorzurufen, was sich
ja dann auch hinlänglich erfüllt
hat bis in alle Einzelheiten, was
dann im Grunde genommen die
Weltkriegskatastrophe
hervorgebracht hat. Dann kann man
sich ja sagen, wenn man jetzt
ordentlich geschichtlich,
innerlich geschichtlich zu denken
vermag: Ja, ist denn nicht die
ganze Sache mit Peter dem Großen
ein wunderbares Vorspiel, ein
grandioses Vorspiel desjenigen,
was später gekommen ist? — Ich
möchte sagen, wenn irgendein Geist
dasjenige hätte erzeugen wollen,
was dann später gekommen ist im
20. Jahrhundert, er hätte nicht
besser die Verwirrung, die vom
Osten ausgeht, anrichten können
als dadurch, daß er sich hätte
kommen lassen den Peter den Großen
nach dem Haag, wo immer
verschiedenes gebraut worden ist
in bezug auf die Zusammenhänge der
europäischen Politik, denn da gibt
es einen kurzen Weg nach dem
Anglo-Amerikanischen hinüber. Aber
es ist Peter der Große dann
zurückgegangen nach Petersburg,
und er hat dort dasjenige
inauguriert, was fortwirkte als
«Testament Peters des Großen»,
womit man in einer wunderbaren
Weise das eingeleitet hat, was
eben jene Zustände geschaffen hat,
die man brauchte, um dann das
Spätere herbeizuführen.
|
Cela sonne, mes très
chers présents, quand on dit cela,
naturellement toujours ainsi que
les choses sont délibérément
poussées jusqu'au paradoxe ; mais
quand on doit présenter quelque
chose brièvement, on ne peut pas
faire autrement que de présenter
certaines choses de manière plus
tranchée. Mais je voulais
justement montrer - si l'on
voulait être très précis, il
faudrait dire certaines choses
différemment - comment le
testament de Pierre le Grand est
effectivement une puissance
historique réelle, même si, comme
l'a dit le comte Polzer, c'est un
faux et que Pierre le Grand n'a
jamais écrit quelque chose comme
ce testament ou autre. Je vous ai
montré comment cela a circulé,
comme on peut le voir dans
l'exemple des royaumes et des pays
représentés au Conseil impérial
autrichien. Je vous ai montré
comment on peut dire que si l'on
prend les discours de Hausner sur
la civilisation et que l'on lit
tous les discours qui ont été
prononcés par Prazâk et d'autres,
on sent, j'aimerais dire le vent
qui vient de ce Pierre le Grand.
On sent dans tous les discours qui
ont été tenus contre et pour
l'occupation de la Bosnie et de
l'Herzégovine, on sent dans ces
luttes qui se sont déroulées à
l'époque comment quelque chose
devait devenir. On a essayé de
donner un sens à la politique
autrichienne : il n'a pas été
possible d'en donner un parce que
ce qui devait enlever le sens, ce
qui devait d'abord semer la
confusion, a agi pour pouvoir
provoquer ce qui est arrivé au
XIXe siècle et plus tard.
|
24
|
Es
klingt, meine sehr verehrten
Anwesenden, wenn man so etwas
sagt, natürlich immer so, als
würden die Dinge geradezu
absichtlich ins Paradoxe gezerrt;
aber wenn man etwas kurz
darstellen muß, kann man es nicht
anders, als daß man manches in
schärferer Weise darstellt. Aber
ich wollte eben darstellen —
wollte man es ganz genau
schildern, so müßte man eben
manches anders sagen —, wie
tatsächlich das Testament Peters
des Großen eine reale historische
Macht ist, trotzdem es in dem
Sinne, wie Graf Polzer gesagt hat,
eine Fälschung ist und Peter der
Große niemals so etwas geschrieben
hat wie dieses Testament oder
dergleichen. Ich habe Ihnen
gezeigt, wie es Kreise gezogen
hat, wie man sehen kann am
Beispiel der im österreichischen
Reichsrat vertretenen Königreiche
und Länder. Ich habe Ihnen
gezeigt, wie man sagen kann, daß
es da durchzittert, wenn man die
Hausnerschen Reden über die
Zivilisation nimmt und alle die
Reden liest, die da gehalten
wurden von Prazâk und anderen —
man spürt, ich möchte sagen den
Wind, der von diesem Peter dem
Großen kommt. Man spürt in alle
den Reden, die gegen und für die
Okkupation von Bosnien und der
Herzegovina gehalten worden sind,
man spürt da in diesen Kämpfen,
die sich damals abgespielt haben,
wie irgend etwas werden x sollte.
Man versuchte, einen Sinn
hineinzubringen in die
österreichische Politik: Es konnte
kein Sinn hineingebracht werden,
weil dasjenige wirkte, was den
Sinn herausnehmen sollte, was
zunächst Verwirrung stiften
sollte, um dasjenige bewirken zu
können, was dann im 19.
Jahrhundert und später gekommen
ist.
|
Malheureusement, le temps
a été trop court pour expliquer
ces choses aussi précisément
qu'elles devraient l'être si l'on
voulait les présenter de manière
probante. Mais les choses sont
telles que l'on peut tout à fait
voir comment le testament de
Pierre le Grand a agi et comment
il est en fait important de
comprendre l'efficacité de ce
testament. Car ce testament - je
ne le dis pas avec une nuance
moralisatrice, mais purement comme
un fait, sans émotion -, ce
testament de Pierre le Grand a en
fait détruit l'Autriche, en plus
bien sûr de l'incapacité des
Allemands en Autriche à comprendre
ce testament.
|
25
|
Es
ist leider die Zeit natürlich zu
kurz gewesen, um so genau diese
Dinge auszuführen, wie sie
ausgeführt werden müßten, wenn man
sie etwa beweisend darstellen
wollte. Aber es liegt die Sache
so, daß man durchaus sehen kann,
wie das Testament Peters des
Großen wirkte und wie es
eigentlich darauf ankommt, die
Wirksamkeit dieses Testamentes zu
verstehen. Denn dieses Testament —
ich sage das jetzt nicht mit einer
moralisierenden Nuance, sondern
rein als Tatsache, ohne Emotion —,
dieses Testament Peters des Großen
hat eigentlich Österreich
kaputtgemacht, natürlich neben der
Unfähigkeit der Deutschen in
Österreich, dieses Testament zu
verstehen.
|
Et c'est pourquoi on peut
dire que si l'on veut maintenant
vraiment quelque chose de
prometteur, il faut remplacer le
testament de Pierre le Grand par
un autre document. Et là, il est
nécessaire d'aller chercher les
forces qui viennent d'être
présentées par les thèses
auxquelles le comte Polzer a fait
allusion. Je ne veux pas m'y
attarder maintenant. Je voulais
juste indiquer en quelques lignes
comment on peut se représenter le
testament de Pierre le Grand comme
une réalité qui a fait des émules,
et comment ces émules sont aussi
des réalités politiques et
historiques.
|
26
|
Und
daher kann man schon sagen: Wer
nun wirklich etwas Aussichtsvolles
will, der muß eben ein anderes
Dokument an die Stelle des
Testamentes Peters des Großen
setzen. Und da ist es schon
notwendig, die Kräfte aufzusuchen,
die eben dargestellt wurden durch
jene Thesen, auf die Graf Polzer
ja hingewiesen hat. Auf diese
Sache will ich jetzt nicht
eingehen. Ich wollte nur mit ein
paar Strichen angeben, wie man
sich vorzustellen hat, wie eben
das Testament Peters des Großen
eine Realität ist, die Kreise
gezogen hat, und wie diese Kreise
durchaus auch
politisch-historische Realitäten
sind.
|
Français
seulement
CINQUIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION -
Dornach, 23 août 1920 -
LE TESTAMENT DE PIERRE LE GRAND.
L'efficacité du Testament de Pierre Le Grand
dans les événements politiques du 19ème siècle.
La confrontation en Autriche en raison de
l'occupation de la Bosnie-Herzégovine.
Politiciens hors pair de la monarchie des
Habsbourg dans le dernier tiers du 19e siècle.
Les aspirations politiques des conditions de
Pierre Le Grand. Leur dépôt dans le testament
rédigé par
Sokolnicky. Le
testament comme un pouvoir politique réel -
malgré le manque d'authenticité.
01
Ludwig Polzer-Hoditz fait une conférence sur "Le
testament de Pierre le Grand". A l'issue de la
discussion, Rudolf Steiner prononce un mot de
conclusion.
02
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! Il y
aurait bien sûr beaucoup à dire en rattachement
avec les explications très stimulantes du comte
Polzer et avec les différentes questions qui ont
stimulé ceci ou cela dans la discussion. Vu
l'heure tardive, nous devrons toutefois nous
limiter à quelques points.
03
J'aimerais tout d'abord rendre attentif que le
comte Polzer a donc manifestement voulu mettre
l'accent sur l'importance de l'impulsion donnée
par le testament de Pierre le Grand à la
politique européenne, plutôt que sur les détails
relatifs à l'efficacité de ce testament de
Pierre le Grand. Et c'est tout de suite en
rapport à cela que je voudrais dire que des
choses comme le testament de Pierre le Grand ne
peuvent être jugées que dans le contexte global
des événements dans lesquels elles sont
apparues. Il se trouve que dans les années
auxquelles le comte Polzer a fait allusion, dans
les années soixante-dix, dans les années qui ont
suivi la guerre austro-prussienne de 1866, et
ensuite dans les années du gouvernement du comte
Taaffe en Autriche, beaucoup de choses se sont
passées en Autriche qui allaient dans le sens du
testament de Pierre le Grand. On pourrait mettre
en exergue différents événements parmi la
multitude de ceux-là, l'un illustrant peut-être
aussi bien que l'autre ce que l'on veut dire. Je
me contenterai d'en souligner quelques-uns, des
événements qui n'ont apparemment rien à voir
avec le testament de Pierre le Grand, mais dans
lesquels ce testament est pourtant tout à fait
efficace.
04
Prenons la fin de l'époque à laquelle le comte
Polzer a particulièrement fait allusion,
l'époque où l'Autriche avait reçu du traité de
Berlin le mandat d'occuper la Bosnie et
l'Herzégovine. L'occupation de la Bosnie et de
l'Herzégovine a fait l'objet d'un débat très
important au sein de la politique autrichienne.
Comme l'a déjà souligné le comte Polzer, il y
avait des opposants farouches à ce déplacement
du centre de gravité qui poussait l'Autriche
vers l'est, et il y avait en Autriche des
partisans de cette occupation, de ce déplacement
du centre de gravité vers l'est. Les partisans
étaient en fait essentiellement ceux qui avaient
d'une manière ou d'une autre des raisons
particulières de se mettre au service de la
politique de la maison Habsbourg. Il faut juste
se rappeler qu'à l'époque, cette politique des
Habsbourg était déjà tombée à un tel point de
décadence qu'elle n'était déjà plus qu'une
politique de prestige. Ce qui se préparait
depuis un siècle s'était en effet réalisé avec
la guerre austro-prussienne, et les Habsbourg
avaient besoin d'une sorte de compensation. Ils
ont donc eu recours à ce qui a été jeté à
l'Autriche. Or, on peut prendre en considération
tout ce qui se trouve au fond dans ce point du
testament de Pierre le Grand, qui indique
comment on doit apporter toujours plus de
discorde et de querelle à l'Autriche, en lui
donnant apparemment quelque chose. Cette
occupation de la Bosnie et de l'Herzégovine a
été une véritable pomme de discorde, et elle n'a
été sauvée que par la scission de la soi-disant
gauche allemande au sein du Reichsrat
autrichien, qui était encore considérée à
l'époque, et par la soi-disant gauche bosniaque.
05
Vous voyez, le leader de la gauche allemande au
Reichsrat autrichien était le député Herbst. La
politique d'Herbst s'est développée à partir de
la politique d'après 1866 ; c'était une
politique soudée par un certain effort pour
laisser à l'Autriche une sorte de caractère
allemand, tout en lui donnant une sorte de
caractère abstrait et libéral. Cette politique
s'opposait à l'occupation de la Bosnie, en
particulier en la personne du député Herbst,
parce que les gens de Herbst se disaient : si
l'Autriche reçoit encore plus de Slaves -
c'était en effet une addition de Slaves que l'on
recevait avec la Bosnie et l'Herzégovine, à
l'exception de l'élément turc que l'on y
trouvait également -, si l'Autriche reçoit
encore plus de Slaves, il sera d'autant moins
possible à l'avenir de faire prévaloir l'élément
allemand en Autriche.
06
Maintenant ce Herbst a donc trouvé une
expédition/un dédommagement épigrammatique par
Bismarck. Bismarck tenait à ce que l'Autriche
soit plongée dans une sorte de confusion, à ce
que l'Autriche déplace son centre de gravité
vers l'Est, afin que plus jamais aucune
aspiration de la part de la puissance domestique
des Habsbourg ne puisse s'élever contre les
aspirations des Hohenzollern. Car une grande
partie de la politique d'Europe centrale au XIXe
siècle, notamment au milieu du XIXe siècle et
dans la seconde moitié, était en fait une
querelle entre les deux puissances domestiques,
celle des Habsbourg et celle des Hohenzollern.
Bismarck, qui voulait que la puissance des
Hohenzollern soit grande, voulait repousser
l'Autriche vers la Slavonie, vers l'Est, et cela
ne l'arrangeait guère que ces gens de Herbst en
Autriche travaillent contre lui. Bismarck a
donc, comme c'était sa façon, inventé une
épigramme amusante, l'une de ces épigrammes de
la vie politique qui tuent celui qu'elles
atteignent. Il a appelé les gens de Herbst les
"Herbstzeitlosen (dépourvus de temps
d'automne)", en faisant remarquer que simplement
l'époque exigeait que le centre de gravité de
l'Autriche soit déplacé en dehors d'Autriche
vers l'Est, et que celui qui ne savait pas
s'adapter à cette exigence de l'époque était
justement un "Herbstzeitlose", parce que le
leader de ce parti libéral allemand autrichien
était justement l'automne. Or, toute cette
affaire a été sauvée par le fait qu'à cette
époque, le jeune Plener, alors qu'il était
auparavant tout à fait à l'intérieur du parti
des gens d'automne/de Herbst, s'en est sorti
avec un certain nombre d'appendices, ce qui a
permis de former une majorité au Reichsrat
autrichien pour l'occupation de la Bosnie et de
l'Herzégovine ; Plener formait alors la gauche
bosniaque.
07
Ernst von Plener est justement une personnalité
caractéristique de ce que le comte Polzer
voulait développer aujourd'hui.
08
Plener était au parlement autrichien un orateur
tout à fait dans le style des orateurs libéraux
moyens, un homme qui s'exprimait au Reichsrat
autrichien de telle manière que ce qu'il
avançait aurait été plus juste en Angleterre.
Plener avait en effet été pendant de longues
années attaché de légation à l'ambassade
d'Autriche à Londres et s'était bien acclimaté à
ce que l'on appelle le parlementarisme anglais.
Ce parlementarisme anglais, qui s'est très bien
développé à partir de l'élément anglais et qui
s'y adapte bien, a été transposé plus ou moins
heureusement dans toute l'Europe, et il est l'un
des facteurs qui prouvent à quel point les
impulsions occidentales ont peu à peu gagné en
influence sur l'Europe. Je voudrais dire que
lorsque Plener s'exprimait au Parlement de
Vienne, c'était en fait le politicien formé à la
politique anglaise qui s'exprimait. Pour
l'Autriche, à laquelle cela ne convenait pas du
tout, cela avait bien sûr quelque chose
d'extraordinairement abstrait. Il suffit de
penser à l'amalgame de nationalités les plus
diverses qui existait dans cette Autriche, mais
qui était maintenu par le cléricalisme du
pouvoir des Habsbourg. Dans ce contexte, le
modèle d'opinion anglais avec son système de
balancier entre la gauche et la droite se
présentait en fait comme un élément tout à fait
abstrait.
09
Et un tel abstrait comme Plener ne s'est jamais
soucié de penser à partir des forces concrètes
en présence, mais il pouvait toujours penser
autrement. Et Herbst, qui était obstiné, têtu
dans un certain sens, est resté sur son point de
vue germano-libéral. En revanche, Plener, qui
était une sorte d'homme du monde - je le vois
encore aujourd'hui : il n'arrivait jamais au
Parlement autrement qu'avec des vêtements de
couleur claire, toujours un peu retroussés en
bas, et avec une sorte de barbe qui tenait le
milieu entre le stutzertum et la barbe de
diplomate -, Plener pouvait toujours être
différent. Il a formé la gauche bosniaque pour
rendre un service à l'empereur François-Joseph
ou à la maison des Habsbourg, un service qui
pourrait être honoré plus tard. Je dois dire
qu'il m'a toujours semblé qu'il y avait un
certain lien entre deux événements, entre la
formation de la gauche bosniaque au parlement
autrichien par Ernst von Plener à l'occasion de
l'occupation de la Bosnie-Herzégovine et un
événement ultérieur, apparemment insignifiant,
mais qui doit être pris en compte comme
symptomatique. Plener est ensuite devenu
brièvement ministre des Finances lorsque le
ministère de coalition Windischgrätz a remplacé
le ministère Taaffe ; c'est ce à quoi il a
toujours aspiré. Mais la gloire n'a pas duré
longtemps. Il s'est alors passé quelque chose
qui indique toujours que des forces souterraines
sont à l'œuvre. Plener est devenu président de
la Cour suprême des comptes et s'est ensuite
curieusement retiré de la politique, bien qu'il
ait toujours joué un rôle remarquable au sein de
son parti. Et lorsqu'on l'a interviewé un jour
pour savoir pourquoi il s'était retiré, il a
répondu : "C'est quelque chose qui ne concerne
que moi et mon empereur, c'est un secret dont je
ne veux pas parler". J'ai toujours dû
reconnaître un certain lien entre les événements
qui se sont déroulés lors de la formation de la
gauche bosniaque dans les années 1970 et cet
événement qui n'a eu lieu que dans les années
1990. Regardons ce qui s'est passé après
l'occupation bosniaque. Le deuxième ministère du
comte Taaffe a vu le jour en Autriche, après que
les dernières phases de ce système de
gouvernement par concession se soient déroulées,
précisément parce que l'on essayait de savoir,
après la guerre austro-prussienne, si l'on
pouvait ou non s'accommoder de l'élément
allemand en Autriche. C'est ce qu'on a essayé de
faire avec le soi-disant ministère des citoyens
de 1867 à 1870, d'abord avec le prince Carlos
Auersperg, puis avec l'épisode de Potocki et
Hohenwart, où l'élément slave s'est affirmé.
Mais ensuite, de 1871 à la fin des années 70,
est venu le ministère du prince Adolf Auersperg,
à nouveau une sorte de ministère des citoyens,
qui, comme je l'ai dit, constituait la dernière
phase de ce que l'on essayait de faire. Puis
vint le ministère du comte Taaffe. Voyons un peu
ce ministère Taaffe. Il s'est occupé des
affaires gouvernementales en Autriche pendant
plus d'une décennie, on peut dire, dans les
années 80, et c'est là que s'est déroulé, je
dirais dans le tableau, tout ce qui est un
compendium de la politique européenne. Taaffe
est Premier ministre ; il se maintient à la tête
du ministère, malgré le fait qu'il soit une tête
tout à fait incompétente. Il se maintient au
ministère principalement parce qu'il sait
particulièrement bien projeter des lapins sur
les murs avec son mouchoir et ses doigts, le
soir, lors des conversations à la cour. Cela
plaisait tellement aux dames de la cour, lorsque
le comte Taaffe faisait des lapins et d'autres
tours similaires, et c'est ainsi qu'il s'est
maintenu aussi longtemps dans le gouvernement
autrichien. On peut dire que dans ces années
1980, la germanité était donc repoussée en
Autriche. Les Länder de ce côté-ci de la Leitha
- oui, cette région n'avait pas vraiment de nom,
on appelait cette région, ce qui était de ce
côté-ci de la Leitha, "les royaumes et les
Länder représentés au Conseil impérial", et les
Länder de l'autre côté de la Leitha, qui avaient
au moins un nom synthétique, on les appelait
"les Länder de la Sainte Couronne de
Saint-Étienne" -, les Länder de ce côté-ci de la
Leitha, donc "les royaumes et les Länder
représentés au Conseil impérial", étaient alors
gouvernés par le ministère à la tête duquel se
trouvait Taaffe. Certains journaux humoristiques
écrivaient Taaffe de manière très étrange : Ta -
affe (c'est écrit au tableau - ndt affe veut
dire "singe").
10
Il était également difficile de trouver un nom
commun pour ces pays, car qu'englobait ce
territoire "des royaumes et pays représentés au
Conseil impérial" ? Il y avait d'abord la
Bucovine, puis le royaume de Galicie avec la
Ruthénie, dont la capitale était Lviv ; il y
aurait environ Cracovie (on la dessine au
tableau). Cette Galicie était principalement
habitée par l'élément polonais (hachuré, à
gauche), mais ici par l'élément ruthène
(hachuré, à droite) - les ruthènes étant une
sorte de Slaves, les Polonais une sorte de
Slaves. Ensuite, il y avait la région
silésienne, la région morave et la région
tchèque - partout des Slaves et des Allemands
mélangés. Puis vient la Basse et la
Haute-Autriche, Salzbourg, le Vorarlberg, le
Tyrol, la Styrie jusqu'à Brunn - en grande
partie allemande ; puis slave du sud, slovène en
Carinthie et en Carniole ; ici en bas, l'Istrie
et la Dalmatie. De l'autre côté de la Leitha se
trouvaient les pays de la Sainte Couronne de
Saint-Étienne : ici la Hongrie avec la
Transylvanie, puis la Croatie avec la Slavonie.
Ici, nous aurions à chercher quelque part la
Leitha ; tout ce qui se trouvait ici, de l'autre
côté, tous ces peuples mélangés, formaient les
"royaumes et pays représentés au Conseil
impérial".
11
Comment était la représentation des "royaumes et
pays représentés au Conseil impérial" à Vienne ?
Elle était au fond assez mémorable. Regardez le
banc des ministres : au centre se trouvait
Taaffe, le fabricant de lapins au front fuyant,
à sa droite Dunajewski, le ministre des
Finances, un Urpole (Polonais originel), puis
une personnalité marquante, le ministre Prazâk,
un Tchèque, et Smolka, un Urpole, un de ces
Polonais qui ont été décapités in effigie en
Autriche parce qu'ils étaient des traîtres à
l'État, mais qui s'est ensuite relevé
[politiquement]. On peut dire que lorsqu'on
parlait de ces personnalités, c'était dans un
certain sens extrêmement intéressant.
12
Sur le premier banc des députés de gauche -
disons, par exemple, qu'il s'agissait d'un débat
budgétaire - était assis un bon Allemand,
Carneri ; vous connaissez la figure de Carneri
dans mon livre "De l'énigme humaine". Il
entamait le débat dans le sens de l'Europe
centrale ; il lançait généralement les
accusations les plus terribles contre ce
ministère Taaffe. L'un de ses discours les plus
efficaces se terminait par ces mots - c'était
peut-être en 1883 - : "Pauvre Autriche ! - Puis,
un peu plus loin, il y avait Herbst, Plener et
ainsi de suite. Mais tout ce qui parlait en
Autriche parlait en fait comme les gens d'un
courant disparu. Ce que disait Carneri, par
exemple, était beau, spirituel, grand, mais ce
n'était pas quelque chose qui pouvait vivre.
Mais quelque chose d'autre vivait à l'époque en
Autriche ; quelque chose vivait vraiment en
Autriche lorsque le député polonais Otto Hausner
parlait, par exemple. En Autriche, cela ne
comptait pas tellement qu'un député ait un nom
allemand ; car si l'on s'appelait par exemple
Grégr et que l'on était un député libéral
jeune-tchèque, c'est-à-dire que l'on avait un
nom avec un crochet, avant de devenir tchèque,
on s'appelait Gröger ; il y a de telles
métamorphoses. Quand Otto Hausner parlait, il
soulignait en même temps qu'il parlait tout de
même à partir de l'élément polonais, et c'est ce
qu'il faisait, même s'il soulignait qu'il avait
des globules de sang alémanique dans les veines
- je ne sais pas ce que c'est, des globules de
sang alémanique. Il n'a pas été une personne
sympathique pour moi. Je m'en souviens encore
très bien:
quand on se promenait dans la Herrengasse à
Vienne et que le vieux Hausner passait par là,
ce vieux coquin avec son monocle, qui se
mouchait encore, bien qu'il n'ait pas l'air d'un
vieil homme très mignon ; il n'était pas
vraiment une personnalité sympathique. Il faut
dire qu'au cours de ces années qui comptaient
justement, quand Hausner parlait, il parlait de
telle manière que l'histoire mondiale roulait à
travers lui. Et je voudrais dire que lorsque
Otto Hausner parlait, on entendait rouler les
mots du testament de Pierre le Grand. On les
entendait rouler lorsqu'il parlait du fait que
les Autrichiens ne devaient pas se laisser duper
par Berlin, par Bismarck, qu'ils ne devaient pas
accepter le traité de Berlin. C'est l'époque qui
parle, l'époque qui roule, quand Otto Hausner
parle du chemin de fer de l'Arlberg, en tant que
chemin de fer stratégique, pour rendre possible
une alliance entre l'Autriche et la France
contre la politique allemande. Et on aimerait
dire que dans les discours d'Otto Hausner de
l'époque, il y avait quelque chose qui prédisait
de manière prophétique tout ce qui est devenu
par la suite. Mais il y avait en particulier un
discours de Hausner sur la "germanité et
l'Empire allemand", dans lequel il présentait de
manière rhétorique, dans une caractéristique
tout à fait merveilleuse, tous les côtés
sombres, en particulier les côtés sombres de la
germanité et de l'être allemand, jamais les
côtés lumineux. Ce député polonais, Otto
Hausner, a su à l'époque, d'une manière
merveilleuse, intégrer dans son discours tout ce
qui, en Europe centrale, menait à la ruine. En
dehors de lui, un personnage étrange, qui
s'appelait Dzieduszycki, prenait souvent la
parole. C'était extraordinairement curieux, car
lorsqu'il parlait, on avait l'impression qu'il
n'avait pas seulement une boulette, mais deux
boulettes dans la bouche (ndt spécialité de
boulettes de pomme de terre pochées) qui se
rejoignaient et se séparaient. Mais malgré tout,
quand il parlait, l'histoire du monde roulait à
travers ce qu'il disait. C'était l'histoire du
monde qui parlait - et c'était aussi le cas de
bien d'autres personnes assises là. Et encore
une fois, quand ces gens ne parlaient qu'à
partir de leur personnalité, ce n'était pas du
tout l'histoire du monde.
13
À l'époque où, en Autriche, la loi sur l'école,
déjà ruinée par les libéraux, devait être
complètement ruinée - comment la majorité
s'est-elle formée ? Je vais vous révéler un
grand secret : malgré la politique autrichienne,
l'Autriche a effectivement eu les meilleurs
lycées jusque dans les années 70 ; et le futur
ministre de l'éducation Gautsch n'a réussi que
très difficilement à détruire ces bons lycées
d'un certain point de vue. Et vous savez à qui
revient la faute d'avoir créé ces bons lycées en
Autriche - bons pour l'époque ? C'est
l'anticlérical Leo Graf Thun qui a introduit ces
lycées en Autriche. En Autriche, il était
curieux de constater que l'objectivité s'alliait
parfois à la politique la plus têtue. Ce
clérical tout à fait noir dans de nombreuses
directions, le comte Leo Thun, a mis en place un
système scolaire brillant en Autriche, qui a
ensuite été interrompu par les libéraux, et ce
que les libéraux ont laissé sera encore plus
ruiné par la suite. Comment s'est formée la
majorité au Reichsrat sur ces questions ? Oui,
ces majorités se sont formées de manière
étrange. Il y avait les Ruthènes, et il y avait
les Polonais. Si l'on voulait faire passer
certaines choses qui étaient plus faciles à
faire passer avec les Polonais, on formait un
ministère composé d'Allemands et de Polonais. Et
si l'on voulait imposer quelque chose d'une
autre nature, on éliminait les Polonais et on
formait une majorité d'Allemands et de Ruthènes.
Les Ruthènes et les Polonais, qui se battaient
alors terriblement, servaient à faire pencher la
balance. Et selon ce que l'on mettait dans le
plateau de la balance à la fin, il en résultait
le contraire. Or, à l'époque où la loi sur
l'école devait être entièrement détruite, ce
sont justement les Polonais qui faisaient
pencher la balance ; il fallait donc négocier
quelque chose entre les cléricaux et les
Polonais. Si les cléricaux s'associaient aux
Polonais, on se disait que la loi sur l'école
pourrait être détruite. Mais les Polonais ont
tout de même eu l'intelligence de dire que l'on
ne pouvait pas faire cela à la Galicie en
imposant une [nouvelle] loi scolaire à leur
pays. Et c'est là qu'ils ont trouvé une solution
et ont dit : "Oui, nous allons avec vous, nous
supprimons l'[ancienne] loi scolaire, seule la
Galicie est exclue". - Ce qui est étrange, c'est
qu'un élément slave a servi de couverture, mais
cet élément slave s'est exclu lui-même de ce
qu'il a clairement admis vouloir exclure de son
propre pays. Telle était les conditions/rapports
particuliers en Autriche à l'époque.
14
Là siègeait aussi encore la figure
caractéristique de l'ancien Tchèque Rieger.
Alors que les Allemands gouvernaient de manière
libérale, formaliste et abstraite, les Tchèques
n'entraient pas au Parlement de Vienne ; ils
s'absentaient. Le comte Taaffe eut alors le
grand mérite extérieur de faire revenir le club
tchèque. C'est ainsi que Rieger se trouvait
maintenant parmi ces parlementaires viennois :
une figure extraordinairement caractéristique,
pleine de feu intérieur, une petite figure un
peu chétive, mais avec une tête puissante, des
yeux d'où l'on croyait qu'il sortirait à la fin
non pas un, mais plusieurs diables, crachant du
feu. Il y avait en effet quelque chose
d'extraordinairement vivant en lui.
15
Vous voyez, c'était la situation. On pourrait
dire que l'on savait qu'il y avait un élément
que l'on ne pouvait pas saisir, mais on pouvait
le voir : le testament de Pierre le Grand
s'exprimait vraiment à travers cette
configuration particulière en Autriche. Quand on
avait ces conditions concrètes devant soi, on
savait qu'il y avait quelque chose comme ça. En
fait, on savait exactement pourquoi, par
exemple, la politique du comte Andrâssy - qui,
bien que hongrois, a été un temps ministre
autrichien des Affaires étrangères - a eu du mal
à s'imposer : parce que les gens ne pouvaient
pas s'imaginer que l'Autriche devait se tourner
vers l'Est, vers les pays slaves. On voyait bien
que l'élément slave s'affirmait, mais on ne
pouvait pas se dire autre chose : Oui, que
va-t-il advenir de tout cela ? Qu'est-ce qui
veut devenir là ? Qu'est-ce que donc que le tout
? - Et on voyait en fait l'élément slave agir
tout de suite sous ce Taaffe, ce Taaffe
incompétent - il avait en effet parmi ses
ministres quelques têtes slaves très
compétentes, par exemple comme Dunajewski, le
ministre polonais des Finances, ou encore
Prazâk. Mais à travers l'élément slave, c'est la
confusion qui agit ; des têtes compétentes, des
têtes tout à fait excellentes en partie, mais à
travers l'ensemble, c'est quand même la
confusion qui agit.
16
Et c'est encore plus vrai avec l'élément
allemand, la confusion a agi.
17
Maintenant, s'il vous plaît, faites le lien avec
autre chose, faites le lien avec le fait que
Pierre le Grand est la personnalité qui, dans sa
jeunesse, va à l'Ouest, à La Haye, revient de
l'Ouest à Saint-Pétersbourg, qu'il est la
personnalité qui s'efforce d'introduire
l'essence occidentale en Russie, contre les
aspirations de beaucoup de ceux qui croyaient
être des gens authentiquement russes,
orthodoxes-russes. Essayez de vous rendre compte
des rapports historiques entre la russité et ce
que Pierre le Grand a apporté en Russie. Ce
qu'il y a apporté, Pierre le Grand, n'était
effectivement pas quelque chose qui n'agissait
que pour demain ou après-demain, mais c'était
déjà quelque chose qui donnait une impulsion
au-delà des siècles. On pourrait dire que l'on
sait ce que veut le slavisme enraciné en Russie,
on sait comment il interagit avec le slavisme
différencié, mais il y a encore là ce que Pierre
le Grand a apporté de l'Occident. Eh bien,
Pierre le Grand n'a rien écrit, mais il a mené
ses actions gouvernementales dans une certaine
direction ; ce qu'il a fait, il l'a fait dans
une certaine direction, dans un certain style.
Et c'est ainsi que ce qui vient du slavisme seul
roule en parallèle et s'entrelace avec ce qui a
été apporté de l'Occident par Pierre le Grand,
qui est devenu puissant selon l'âme. Si vous
vous reportez à une époque quelconque après
Pierre le Grand et que vous observez la
politique européenne, ne pouvez-vous pas dire :
oui, il y a des facteurs concrets qui agissent
dans ce qui se perpétue depuis Pierre le Grand ?
- Quiconque a vu des choses comme celles que je
viens de vous décrire sait qu'elles sont là.
18
Maintenant, un tel Sokolnicki arrive et médite
sur les conditions dans lesquelles il a vécu.
C'est alors qu'apparaît au fond de son âme ce
qu'on appelle le "testament de Pierre le Grand".
Il se demande : quelles sont donc les forces qui
émanent de Pierre le Grand ? Que se passera-t-il
si cela s'accomplit ? Que se passerait-il si
l'on mettait par écrit le testament non écrit de
Pierre le Grand, si on le pensait écrit à partir
de ce qui résulte en partie de l'inspiration, en
partie de documents d'État et autres ? - Faut-il
donc se demander comment il a trempé sa plume
dans l'encre, quelle encre il a utilisée ou
comment il a manié sa plume, lorsqu'on
s'interroge sur la genèse d'un écrit ? Dans
l'histoire du monde, ce n'est pas ainsi.
19
J'ai souvent raconté ici une petite chose qui
m'est arrivée un jour. J'ai essayé de démontrer
comment l'essai de Goethe sur la nature, l'Hymne
à la nature, a été écrit.
20
J'ai prouvé que Goethe se promenait sur l'Ilm
avec le Suisse Tobler et qu'il se récitait cet
essai.
21
Tobler avait une mémoire si excellente qu'il est
rentré chez lui et a écrit ce qu'il avait
entendu de Goethe et l'a fait paraître dans le
"Tiefurter Journal" - qui a été retrouvé à
l'époque où j'étais à Weimar. Dans le septième
volume des Annales Goethe, j'ai essayé de
prouver, pour des raisons intérieures et
spirituelles, que cet article du Tiefurter
Journal était de Goethe, bien que cet article
"Die Natur" soit, d'après l'écriture de Tobler,
aussi littéralement que possible dans le
Journal.
22
Il s'agit de ne pas se tromper d'histoire si
l'on s'interroge sur l'origine des choses les
plus importantes d'une manière, je dirais,
prosaïquement littérale et philologique. Certes,
le testament est un faux en ce qui concerne
l'écriture - mais il est une véritable réalité.
Et nous avons la véritable origine du testament,
tout de suite l'origine que le comte Polzer a
essayé de démontrer, si nous nous disons : le
Sokolnicki a écrit cette chose dans une sorte de
méditation et de recueillement intérieur, en se
rattachant à ce qui était là, donc à ce qui
s'est passé. Mais il ne l'a pas tirée de ses
doigts ou expérimentée par un simple mysticisme
intérieur, mais il l'a vue dans le contexte
global des événements mondiaux. Et l'on pourrait
dire qu'il a justement voulu toucher ce qui
avait été inauguré par Pierre le Grand, ce qu'il
avait apporté de l'Occident, mais qui n'était
pas encore arrivé.
23
Et maintenant, regardons cette tour babylonienne
du Conseil impérial autrichien sous le ministère
Taaffe, comme je viens de le décrire. Observons
comment l'élément slave est assis, comment il
est justement l'élément le plus doué, mais
comment il ne peut que semer la confusion. Et si
l'on va au fond des choses, on trouve dans ce
qui s'exprime là quelque chose comme une
continuation de ce testament de Pierre le Grand.
On peut donc dire : oui, ce testament de Pierre
le Grand agit comme une force historique, mais
en même temps, si l'on considère les faits
concrets, il agit de telle sorte qu'il
déconcerte/induit en erreur. Maintenant, ajoutez
à cela ce que j'ai souvent expliqué à d'autres
occasions, comment l'Occident a inauguré la
politique ultérieure, dont j'ai dit qu'elle
pouvait très bien remonter aux années soixante.
Cette politique consiste à vouloir provoquer à
l'Est ce qui s'est ensuite suffisamment réalisé
dans les moindres détails, ce qui a en fait
provoqué la catastrophe de la guerre mondiale.
On peut alors se dire, si l'on est capable de
penser correctement en termes d'histoire, en
termes d'histoire intérieure : oui, toute
l'affaire de Pierre le Grand n'est-elle pas un
merveilleux prélude, un prélude grandiose à ce
qui est arrivé plus tard ? - Je voudrais dire
que si un esprit quelconque avait voulu produire
ce qui est arrivé plus tard au XXe siècle, il
n'aurait pas pu mieux créer la confusion qui est
partie de l'Est qu'en faisant venir Pierre le
Grand à La Haye, où l'on a toujours concocté des
choses différentes en ce qui concerne les
rapports de la politique européenne, car il y a
un court chemin vers l'anglo-américain. Mais
Pierre le Grand est ensuite retourné à
Saint-Pétersbourg, et il y a inauguré ce qui est
devenu le "testament de Pierre le Grand", par
lequel on a introduit d'une manière merveilleuse
ce qui a justement créé les conditions
nécessaires à l'avènement de ce qui est arrivé
plus tard.
24
Cela sonne, mes très chers présents, quand on
dit cela, naturellement toujours ainsi que les
choses sont délibérément poussées jusqu'au
paradoxe ; mais quand on doit présenter quelque
chose brièvement, on ne peut pas faire autrement
que de présenter certaines choses de manière
plus tranchée. Mais je voulais justement montrer
- si l'on voulait être très précis, il faudrait
dire certaines choses différemment - comment le
testament de Pierre le Grand est effectivement
une puissance historique réelle, même si, comme
l'a dit le comte Polzer, c'est un faux et que
Pierre le Grand n'a jamais écrit quelque chose
comme ce testament ou autre. Je vous ai montré
comment cela a circulé, comme on peut le voir
dans l'exemple des royaumes et des pays
représentés au Conseil impérial autrichien. Je
vous ai montré comment on peut dire que si l'on
prend les discours de Hausner sur la
civilisation et que l'on lit tous les discours
qui ont été prononcés par Prazâk et d'autres, on
sent, j'aimerais dire le vent qui vient de ce
Pierre le Grand. On sent dans tous les discours
qui ont été tenus contre et pour l'occupation de
la Bosnie et de l'Herzégovine, on sent dans ces
luttes qui se sont déroulées à l'époque comment
quelque chose devait devenir. On a essayé de
donner un sens à la politique autrichienne : il
n'a pas été possible d'en donner un parce que ce
qui devait enlever le sens, ce qui devait
d'abord semer la confusion, a agi pour pouvoir
provoquer ce qui est arrivé au XIXe siècle et
plus tard.
25
Malheureusement, le temps a été trop court pour
expliquer ces choses aussi précisément qu'elles
devraient l'être si l'on voulait les présenter
de manière probante. Mais les choses sont telles
que l'on peut tout à fait voir comment le
testament de Pierre le Grand a agi et comment il
est en fait important de comprendre l'efficacité
de ce testament. Car ce testament - je ne le dis
pas avec une nuance moralisatrice, mais purement
comme un fait, sans émotion -, ce testament de
Pierre le Grand a en fait détruit l'Autriche, en
plus bien sûr de l'incapacité des Allemands en
Autriche à comprendre ce testament.
26
Et c'est pourquoi on peut dire que si l'on veut
maintenant vraiment quelque chose de prometteur,
il faut remplacer le testament de Pierre le
Grand par un autre document. Et là, il est
nécessaire d'aller chercher les forces qui
viennent d'être présentées par les thèses
auxquelles le comte Polzer a fait allusion. Je
ne veux pas m'y attarder maintenant. Je voulais
juste indiquer en quelques lignes comment on
peut se représenter le testament de Pierre le
Grand comme une réalité qui a fait des émules,
et comment ces émules sont aussi des réalités
politiques et historiques.
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