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Institut pour une triarticulation sociale
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GA337b - Œuvres complètes de Rudolf Steiner - IDÉES SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE SOCIALE




QUATRIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION,
Dornach, 16 août 1920
La formation d'un jugement social
VIERTER DISKUSSIONSABEND,
Dornach, 16. August 1920
Die Bildung eines sozialen Urteils

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 337b  053-080 1999 16/08/1920



Original





Traducteur: FG v. 01 - 31/05/2022 Editeur: SITE

Roman Boos : chers participants, nous allons traiter ce soir la question de la manière dont le jugement est formé dans l'organisme social triarticulé. M. Dr Steiner fera l'exposé introductif. Je vous demande dès à présent de participer activement au débat, et en particulier à ceux qui ont quelque chose à dire sur les problèmes qui seront présentés aujourd'hui, de prendre la parole. Je prie maintenant le Dr Steiner de commencer son exposé.

01

Roman Boos: Sehr verehrte Anwesende, es soll heute Abend behandelt werden die Frage über die Art, wie das Urteil gebildet wird in dem drei­gegliederten sozialen Organismus. Herr Dr. Steiner wird den einleitenden Vortrag halten. Ich möchte Sie schon jetzt bitten, dann an der Aussprache rege teilzunehmen, und besonders diejenigen, die zu den Problemen, die heute vorgebracht werden, etwas zu sagen haben, daß die sich dann zu Worte melden. Ich bitte nun Herrn Dr. Steiner, seinen Vortrag zu beginnen.

Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! J'aimerais introduire la discussion de ce soir par quelques remarques sur la façon et la manière dont un jugement social, sur lequel doit se construire quand même un nouvel ordre social, peut venir en l'état. Je remarque d'emblée qu'il ne sera pas facile de parler tout de suite de cet objet d'une manière populaire. On devrait envisager l'impossibilité de parler de cet objet de manière populaire, des faits, dans lesquels nous vivons maintenant déjà une fois.

02

Rudolf Steiner: Meine sehr verehrten Anwesenden! Ich möchte die Diskussion des heutigen Abends einleiten durch einige Bemerkungen über die Art und Weise, wie ein soziales Urteil, auf welches sich eine neue soziale Ordnung doch aufbauen muß, zustandekommen kann. Ich bemerke von vornherein, daß es nicht leicht sein wird, in einer populären Weise gerade über diesen Gegenstand zu sprechen. Man sollte die Unmöglichkeit, über diesen Gegenstand in populärer Weise zu sprechen, aus den Tatsachen, innerhalb welchen wir nun schon einmal leben, eigentlich einsehen.

Voyez-vous, notre époque est, au fond, à bien des égards, tout à fait opposée à ce que l'humain se forme un jugement social sain. Il est donc exact qu'est beaucoup parlé aujourd'hui sur l'humain en tant qu'être social, sur des rapports sociaux et des exigences sociales absolument. Seulement ce discours sur les exigences sociales n'est pas tout de suite porté par une compréhension profonde de ce qu'est en fait l'être social. Il n'y a donc pas lieu de s'en étonner, par ce qu'en fait d'abord dans le présent est le début de cette période où l'humanité doit devenir mûre pour se former un jugement social. Dans un certain sens, l'humanité n'a pas eu besoin jusqu'à présent de se former un jugement social. Pourquoi ? L'humain a bien sûr toujours vécu dedans des conditions sociales quelconques, mais il n'a pas - jusqu'à présent - organisé ces conditions sociales à partir de sa conscience sociale, à partir d'une véritable compréhension. Il les a maintenues en ordre, si j'ai la permission de dire, par une sorte d'activité instinctive. Jusqu'à la forme de l'État actuel, qui n'a au fond pas plus de trois ou quatre siècles en Europe, les humains ont plutôt formé des rapports à partir de leurs instincts, et cela n'en est pas venu à prévoir la disposition des humains à partir de leur jugement, de leur réflexion, de leur compréhension. C'est à partir de cette compréhension, à partir d'un jugement vraiment clair, que la triarticulation de l'organisme social veut s'attaquer à la question sociale. Ce faisant, elle fait au fond quelque chose qui est jusqu'à présent tout à fait inhabituel pour l'humain et qui est même extrêmement inconfortable pour la plus grande partie des humains actuels.

03

Sehen Sie, unsere Zeit ist im Grunde genommen in vielem ganz dagegen, daß sich der Mensch ein gesundes soziales Urteil bildet. Es ist ja richtig, daß viel heute gesprochen wird über den Menschen als soziales Wesen, über soziale Verhältnisse und soziale Forderun gen überhaupt. Allein, dieses Reden über soziale Forderungen ist nicht gerade von einem tiefen Verständnis dessen getragen, was soziales Wesen eigentlich ist. Man braucht sich deshalb darüber nicht zu wundern, weil eigentlich erst in der Gegenwart der Anfang jener Zeit ist, in der die Menschheit reif werden soll, sich ein soziales Urteil zu bilden. Die Menschheit hat es ja in einem gewissen Sinn nicht nötig gehabt bis jetzt, sich ein soziales Urteil zu bilden. Warum? Der Mensch lebte natürlich immer in irgend­welchen sozialen Verhältnissen drinnen, aber er hat im Grunde genommen nicht — bis jetzt nicht — diese sozialen Verhältnisse aus seinem sozialen Bewußtsein heraus, aus einem wirklichen Verständnis heraus geordnet. Er hat sie, wenn ich so sagen darf, geordnet erhalten durch eine Art Instinkttätigkeit. Die Menschen haben bis zu der Form des gegenwärtigen Staates, der ja für Europa im Grunde genommen nicht älter ist als drei bis vier Jahrhunderte, mehr aus ihren Instinkten heraus Zusammenhänge gebildet, und es ist eigentlich nicht dazu gekommen, aus dem Urteil, aus der Überlegung, aus dem Verständnis heraus die Gruppierung der Menschen vorzunehmen. Aus diesem Verständnis heraus, aus einem wirklich klaren Urteil heraus will die Dreigliederung des sozialen Organismus die soziale Frage in Angriff nehmen. Damit tut sie im Grunde genommen etwas, was dem Menschen bis jetzt ganz ungewohnt ist und was weitaus der größten Anzahl der gegenwärtigen Menschen sogar höchst unbequem ist.

Mais à quoi cela en est-il purement arrivé ? Les anciens groupements sociaux et l'actuel groupement d'États se sont formées à partir des instincts des humains, et ce groupement, qui est encore mêlée à toutes sortes d'instincts nationaux, ce groupement les humains d'aujourd'hui l'acceptent simplement. Ils grandissent dedans ce groupement. Instinctivement, ils grandissent dedans ce groupement et évitent d'y réfléchir - ou du moins, ils évitent d'y réfléchir jusqu'à un certain degré. On réfléchit tout au plus à la mesure dans laquelle on veut avoir son mot à dire dans les affaires de l'État, mais le cadre de l'État, on l'accepte. On l'accepte, même dans l'aile la plus radicale des socialistes ; même Lénine et Trotsky acceptent l'État, l'État qui est assemblé de tout le possible, mais à mesure d'instinct, et auquel le vieux tsarisme a finalement travaillé. Ils l'acceptent et se demandent tout au plus comment ils doivent organiser ce qui leur est souhaitable à l'intérieur de cet État. Ils ne se demandent pas si on doit laisser cet État tel qu'il est ou s'il faut procéder à une autre structuration/articulation/un autre membrement qui est sorti de la compréhension. Mais, voyez-vous, c'est tout de suite cette question - comment l'instinctif de l'ancienne vie sociale peut-il être transformé en une vie sociale née de l'âme humaine ? -C'est donc la question principale qui repose à la base de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social. Cette question ne peut pas être résolue autrement que par l'émergence d'une connaissance plus approfondie de l'humain, plus approfondie que cette connaissance de l'humain qui était là au cours des derniers siècles et qui est là dans le présent.

04

Wozu ist es denn eigentlich bloß gekommen? Aus den Instinkten der Menschen haben sich die früheren sozialen Verbände und der gegenwärtige Staatsverband heraus gebildet, und diesen Verband, der verquickt ist mit allerlei nationalen Instinkten noch, diesen Verband nehmen die Menschen der Gegenwart einfach hin. Sie wachsen in diesen Verband hinein. Instinktiv wachsen sie in diesen Verband hinein und vermeiden es, darüber nachzudenken — oder wenigstens vermeiden sie es bis zu einem gewissen Grad, darüber nachzudenken. Man denkt höchstens darüber nach, wie weit man in den Angelegenheiten des Staates mitreden will, aber den Rahmen des Staates, den nimmt man hin. Man nimmt ihn hin, selbst beim radikalsten Flügel der Sozialisten; auch Lenin und Trotzki nehmen den Staat hin, den Staat, der zusammengebaut ist aus allem möglichen, aber instinktmäßig, an dem zuletzt der alte Zarismus gearbeitet hat. Sie nehmen ihn hin und fragen sich höchstens, wie sie innerhalb dieses Staates dasjenige ausgestalten sollen, was ihnen wünschenswert ist. Zu fragen, ob man diesen Staat so lassen soll oder ob man eine andere Gliederung vornehmen soll, die aus dem Verständnis herausgeholt ist, dazu kommt es nicht. Aber sehen Sie, gerade diese Frage: Wie kann umgewandelt werden das Instinktive des alten sozialen Lebens in ein aus der menschlichen Seele herausgeborenes soziales Leben? —, das ist ja die Hauptfrage, die dem Impuls der Dreigliederung des sozialen Organismus zugrundeliegt. Diese Frage, sie kann gar nicht anders gelöst werden, als daß auftaucht eine gründlichere Erkenntnis des Menschen, gründlicher als diejenige Erkenntnis des Menschen, die da war in den letzten Jahrhunderten und die da ist in der Gegenwart.

On peut dire, tout de suite de la question : comment l'humain devrait-il parvenir à un jugement sur comment il devrait vivre avec les autres humains ? -, tout de suite de cette question qu'est née l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social. Elle est née d'une observation correcte de ce que l'humain doit exiger dans le présent. Mais la plupart des humains n'aimeraient pas s'engager avec sérieux n'importe comment sur les exigences du présent. Ils aimeraient prendre ce qui est déjà et tout au plus apporté ici ou là des améliorations plus ou moins radicales. Un exemple : on pourrait probablement, disons, parler plus facilement avec un Anglais de tout ce qui est possible que de la triarticulation de l'organisme social, s'il considère comme une évidence, comme c'est le cas la plupart du temps, que l'État unitaire d'Angleterre est un idéal auquel on n'a pas la permission de secouer en tant que tel. Partout où l'on touche, on remarque justement ce préjugé. Mais ce n'est rien d'autre que le surplomb de vieux instincts de l'humanité en ce qui concerne la cohabitation sociale, et nous devons en sortir. Nous devons parvenir à une cohabitation consciente. C'est très inconfortable pour les humains du présent, car ils ne veulent en fait pas arriver à un jugement à partir d'une activité intérieure, à partir d'une activation intérieure. Au fond, comme je l'ai déjà dit, ils aimeraient certes avoir leur mot à dire sur ce qui est déjà là, mais ils n'aimeraient pas vraiment réfléchir énergiquement à la manière de redresser ce qui est là et qui, à travers les dernières catastrophes, a conduit à l'absurde. Cette nouveauté absolue de la triarticulation, ils ne veulent au fond pas l'envisager. On ne veut justement en fait pas se laisser aller à former un jugement social.

05

Man kann sagen, gerade aus der Frage: Wie soll der Mensch zu einem Urteil kommen darüber, wie er mit anderen Menschen zusammenleben soll? —, gerade aus dieser Frage ist der Impuls für die Dreigliederung des sozialen Organismus entstanden. Er ist entstanden aus einer richtigen Beobachtung desjenigen, was der Mensch in der Gegenwart fordern muß. Aber die meisten Menschen möchten nicht im Ernste irgendwie auf die Forderungen der Gegenwart eingehen. Sie möchten dasjenige, was ist, mitnehmen und nur höchstens da oder dort mehr oder weniger radikale Verbesserungen vornehmen. Ein Beispiel: Man könnte wahrscheinlich, sagen wir, mit einem Engländer über alles mögliche leichter reden als über die Dreigliederung des sozialen Organismus, wenn er, wie es ja zumeist der Fall ist, es als eine Selbstverständlichkeit betrachtet, daß der Einheitsstaat England ein Ideal ist, an dem als solchem nicht gerüttelt werden darf. Überall, wo man antippt, merkt man gerade dieses Vorurteil. Aber das ist nichts anderes als das Hereinragen der alten Menschheitsinstinkte in bezug auf das soziale Zusammenleben, und über die müssen wir hinauskommen. Zu einem bewußten Zusammenleben müssen wir kommen. Das ist den Menschen der Gegenwart höchst unbequem, denn sie wollen eigentlich nicht aus einer inneren Aktivität heraus, nicht aus einer inneren Betätigung heraus zu einem Urteil kommen. Sie möchten im Grunde genommen, wie ich schon sag­te, zwar mitreden bei dem, was schon da ist, aber sie möchten nicht wirklich durchgreifend denken, wie das, was da ist und was ja durch die letzten Katastrophen ins Absurde hineingeführt hat, wie das zurechtzubringen ist. Dieses absolut Neue der Dreiglie­derung, das will man eigentlich im Grunde genommen nicht einsehen. Man will sich eben eigentlich nicht herbeilassen dazu, ein soziales Urteil zu bilden.

Vous voyez, la question "Comment un jugement social vient-il en état ? -, se divise aussitôt en trois questions distinctes, si l'on va à son corps de la manière correcte spirituellement scientifiquement. Et là-dessus reposent en fait les sources dont découle la triarticulation de l'organisme social, à savoir que cette question : comment se forme-t-on un jugement social ? - se divise aussitôt en trois questions distinctes. Il est impossible d'arriver à un jugement dans la vie de l'esprit sociétale, dans la vie de l'esprit sociale, de la même façon que dans la vie de droit ou d'État ou dans la vie économique. Un article est paru récemment dans le "Berliner Tageblatt" : "La scolastique politique". Un monsieur très intelligent - les journalistes sont habituellement intelligents - se fait drôle sur quand est ambitionné dans la vie publique actuelle de séparer le politique de l'économique. Il se rendrait évidemment aussi drôle et appellerait cela une division scolastique des cheveux, si l'on voulait séparer la vie publique en trois membres, le membre spirituel, le membre de droit ou d'état et le membre économique, car il a une raison très particulière, une raison qui est infiniment plus facile à comprendre pour l'humain contemporain ; il dit : oui, dans la vie réelle, la vie économique n'est nulle part séparée de la vie politique et de la vie spirituelle ; elles se fondent partout l'une dans l'autre, c'est donc scolastique si on les sépare. Maintenant, mes très chers présents, je pense que quelqu'un pourrait aussi dire qu'il ne faut pas ressentir séparément la tête, le tronc et les membres de l'humain, car ils vont ensemble dans la vie réelle. Certes, les trois membres de l'organisme social vont ensemble, mais on ne s'en sort pas si on confond l'un avec l'autre - pas plus que la nature ne s'en sortirait si elle faisait pousser un pied ou une main sur les épaules [de l'humain] au lieu d'une tête, si elle donnait donc à la tête la forme d'une main. C'est déjà une caractéristique particulière de ces gens intelligents de l'époque actuelle que d'avoir eu le plus de chance avec le plus stupide de nos jours, parce que le plus stupide apparaît aujourd'hui comme le plus intelligent du point de vue de l'intelligence de la grande masse.

06

Sehen Sie, die Frage: Wie kommt ein soziales Urteil zustande? —, zerfällt ja sogleich, wenn man ihr in der richtigen Weise geisteswissenschaftlich zu Leibe geht, in drei gesonderte Fragen. Und darauf beruhen eigentlich die Quellen, aus denen die Dreigliederung des sozialen Organismus fließt, daß diese Frage: Wie bildet man sich ein soziales Urteil? — sogleich in drei gesonderte Fragen sich spaltet. Es ist unmöglich, auf dieselbe Art im gemeinschaftlichen Geistesleben, im sozialen Geistesleben, zu einem Urteil zu kommen wie im Rechts- oder Staatsleben oder im wirtschaftlichen Leben. Es ist neulich im «Berliner Tageblatt» ein Aufsatz erschienen: «Politische Scholastik». Da macht sich ein ganz gescheiter Herr — die Journalisten sind ja gewöhnlich gescheit —, er macht sich darüber lustig, wenn in der Gegenwart im öffentlichen Leben angestrebt wird, das Politische von dem Wirtschaftlichen zu trennen. Er würde sich selbstverständlich auch lustig machen und es eine scholastische Haarspalterei nennen, wenn man das öffentliche Leben in die drei Glieder, das geistige Glied, das Rechts- oder Staatsglied und das wirtschaftliche Glied trennen wollte, denn er hat einen ganz besonderen Grund, einen Grund, der dem Menschen der Gegenwart so unendlich leicht einleuchtet; er sagt: Ja, im wirklichen Leben ist doch das wirtschaftliche vom politischen und vom geistigen Leben nirgends getrennt; die fließen doch überall ineinander, also ist es scholastisch, wenn man sie trennt. Nun, meine verehrten Anwesenden, ich denke, es könnte einer auch sagen, man solle den Kopf und den Rumpf und die Gliedmaßen des Menschen nicht getrennt empfinden, denn sie gehören im wirklichen Leben zusammen. Gewiß, die drei Glieder des sozialen Organismus gehören auch zusammen, aber man kommt nicht zurecht, wenn man das eine mit dem anderen verwechselt — geradesowenig, wie die Natur zurechtkommen würde, wenn sie auf den Schultern [des Menschen] einen Fuß oder eine Hand wachsen lassen würde statt eines Kopfes, wenn sie also den Kopf in Handform gestalten würde. Es ist schon einmal ein besonderes Kennzeichen dieser gescheiten Leute der Gegenwart, daß sie mit dem Allerdümmsten das größte Glück bei unseren Zeitgenommen haben, weil das Allerdümmste heute als das verstandesmäßig Gescheiteste der großen Menge erscheint.

Ce qui importe, c'est qu'au moment où l'humanité doit entrer dans la vie publique, non plus instinctivement, mais plus consciemment qu'auparavant, toute la manière dont l'humain se tient dans la vie culturelle spirituelle, comment elle se tient dans la vie de droit et d'état, comment elle se tient dans la vie de l'économie, est autre. Elle est tout de suite autre comme est autre la circulation sanguine dans la tête, dans les pieds ou dans les jambes, et est autre dans le cœur - et pourtant les trois œuvrent tout de suite de la manière correcte ensemble, quand elles sont organisées séparées/particularisées de la manière correcte.

07

Dasjenige, worauf es ankommt, ist, daß in dem Augenblick, wo die Menschheit nicht mehr instinktiv, sondern bewußter als früher eintreten soll in das öffentliche Leben, die ganze Art, wie der Mensch steht im geistigen Kulturleben drinnen, wie er steht im Rechts- und Staatsleben, wie er steht im Wirtschaftsleben, anders ist. Es ist geradeso anders, wie anders ist die Blutzirkulation im Kopfe, in den Füßen oder in den Beinen und anders ist im Herzen — und dennoch wirken die drei gerade in der richtigen Weise zu­sammen, wenn sie in der richtigen Weise gesondert organisiert sind.






Et nous aussi, en tant qu'humains, nous devons former notre jugement social de différentes manières dans le domaine de la vie de l'esprit, dans le domaine de la vie de droit ou d'état et dans le domaine de la vie économique. Mais là on doit trouver les chemins de comment on parvient à un jugement vraiment sain dans les trois domaines. En général, ce chemin - au fond, ce sont trois chemins - est vraiment bien fortement encombré par les préjugés du temps. Là doivent d'abord être écartés du chemin de nombreux obstacles.

08

Und auch wir müssen als Menschen in verschiedener Weise unser soziales Urteil bilden auf dem Gebiete des Geisteslebens, auf dem Gebiete des Rechts- oder Staatslebens und auf dem Gebiete des wirtschaftlichen Lebens. Aber da muß man die Wege finden, wie man zu einem wirklich gesunden Urteil auf den drei Gebieten kommt. Es ist im allgemeinen dieser Weg — im Grunde genommen sind es drei Wege Wege - wirklich recht stark durch die Vorurteile der Zeit verlegt. Da müssen erst viele Hindernisse aus dem Wege geräumt werden.

Pour parvenir à un jugement social sain dans la vie spirituelle, on doit être clair à soi que l'humain actuel est tout à fait inapte à ne serait-ce que se poser la question : Que signifie donc social dans la vie spirituelle ? Que signifie vie commune humaine en relation spirituelle ? Nous n'avons encore aucune science de l'humain qui, je n'aimerais même pas dire une fois, réponde à de telles questions, mais j'aimerais seulement dire qui incite à de telles questions. Cette connaissance de l'humain doit d'abord être créée par la science de l'esprit et être popularisée dans l'humanité. Il faut soulever la question de manière ordonnée et synthétiquement raisonnable : Quelle est donc pour différence [si je fais face à un être humain ou] si j'ai seulement la nature en face de moi en tant qu'observateur solitaire de la nature, donc de me procurer des connaissances sur cette nature en me plaçant directement en tant qu'humain en face de la nature en tant qu'observateur ? - J'entre dans un certain rapport de réciprocité avec la nature ; je laisse la nature faire des impressions sur moi ; j'assimile/élabore ces impressions, je me forme intérieurement des représentations sur ces impressions, en entrant dans un rapport de réciprocité avec la nature ; j'absorbe quelque chose de l'extérieur, je l'assimile intérieurement. C'est au fond, le fait le plus simple. Vu de l'extérieur, il en va de même lorsque j'écoute un humain, c'est-à-dire lorsque j'entre en relation spirituelle avec lui, lorsque je trouve dans ses paroles le sens qu'il y met. Les paroles de l'humain font alors une impression sur moi ; je les transforme à nouveau intérieurement en représentations. J'entre en interaction avec d'autres humains. On pourrait croire que si j'interagis avec la nature ou si j'interagis avec d'autres humains, c'est au fond la même chose. Ce n'est justement pas le cas. Celui qui prétend que c'est une seule et même chose n'a même pas orienté son regard sur cette chose de la bonne manière. Il faut déjà prêter un peu attention à ces choses.

09

Um zu einem gesunden sozialen Urteil zu kommen im geistigen Leben, muß man sich klar sein darüber, daß der heutige Mensch ganz und gar ungeeignet ist, sich die Frage auch nur vorzulegen:§ Was bedeutet denn Soziales im geistigen Leben? Was bedeutet menschliches Zusammenleben in geistiger Beziehung? Wir haben noch keine Menschenkunde, die, ich möchte gar nicht einmal sagen, Antwort gibt auf solche Fragen, sondern ich möchte nur sagen, die anregt zu solchen Fragen. Diese Menschenkunde muß durch die Geisteswissenschaft erst geschaffen werden und in der Menschheit populär gemacht werden. Man muß ordentlich und vernünftig die Frage aufwerfen: Was ist es denn für ein Unterschied, [ob ich einem Menschen gegenüberstehe oder] ob ich als einsamer Naturbetrachter nur die Natur mir gegenüber habe, also mir Erkenntnisse von dieser Natur so verschaffe, indem ich als Mensch direkt mich der Natur als Beobachter gegenüberstelle? — Ich trete in ein gewisses Wechselverhältnis zur Natur; ich lasse die Natur Eindrücke auf mich machen; ich verarbeite diese Eindrücke, bilde mir innerlich Vorstellungen über diese Eindrücke, indem ich in ein Wechselverhältnis zur Natur trete; ich nehme etwas auf von außen, verarbeite es innerlich. Das ist im Grunde genommen die einfache Tatsache. Äußerlich angesehen sieht es ebenso aus, wenn ich einem Menschen zuhöre, also zu ihm in eine geistige Beziehung trete, in seinen Worten den Sinn finde, den er in sie hineinlegt. Da machen die Worte des Menschen auf mich einen Eindruck; ich verarbeite sie wieder innerlich zu Vorstellungen. Ich trete in Wechselwirkung zu anderen Menschen. Man könnte glauben: Ob ich nun zur Natur in Wechselwirkung trete oder ob ich zu anderen Menschen in Wechselwirkung trete, das ist im Grunde genommen einerlei. Das ist es eben nicht. Derjenige, der behauptet, das sei einerlei, der hat ja nicht einmal den Blick auf diese Sache in der richtigen Weise gelenkt. Man muß schon auf diese Dinge auch etwas Aufmerksamkeit wenden.

Vous voyez, j'aimerais maintenant citer un exemple concret. Il y a dans la vie spirituelle allemande un fait sans lequel cette vie spirituelle allemande ne serait pas pensable. Lorsque l'on décrit la vie de l'esprit d'une certaine région, on décrit généralement - selon l'occasion - soit les conditions économiques de l'époque où cette vie spirituelle s'est développée, soit quelques grandes personnalités qui ont fécondé cette vie spirituelle grâce à leurs prestations de génie. Mais je pense maintenant un fait qui est d'une tout autre nature et sans lequel on ne peut pas penser la nature particulière de la vie spirituelle allemande au XIXe siècle. Il s'agit, j'aimerais dire, d'un phénomène originel de cohabitation spirituelle sociale : c'est le rapport intime de dix ans entre Goethe et Schiller. On ne peut pas dire que Goethe a donné quelque chose à Schiller ou que Schiller a donné quelque chose à Goethe et qu'ils ont travaillé ensemble. Cela ne correspond pas au fait auquel je pense, c'est autre chose. Schiller est devenu grâce à Goethe quelque chose qu'il n'aurait jamais pu devenir seul. Goethe est devenu grâce à Schiller ce qu'il ne serait jamais devenu seul. Et si l'on a seulement Goethe, et si l'on a seulement Schiller, et que l'on pense à leur effet sur le peuple allemand - il n'en ressort pas ce qui est devenu en réalité. Car si l'on a seulement Goethe, si l'on a seulement Schiller, et si l'on pense aux effets qui émanent des deux, il n'y a pas encore ce qui est devenu, mais il naît de la confluence des deux une troisième chose, tout à fait invisible, mais dont l'effet est extrêmement puissant (il est dessiné au tableau). Vous voyez, c'est un phénomène originel d'interaction sociale dans le domaine spirituel.

10

Sehen Sie, ich möchte nun ein konkretes Beispiel anführen. Es gibt im deutschen Geistesleben eine Tatsache, ohne die dieses deutsche Geistesleben gar nicht denkbar ist. Wenn man das Geistesleben eines gewissen Gebietes schildert, dann schildert man gewöhnlich — je nachdem man nun gerade eine Veranlassung hat —, man schildert entweder die wirtschaftlichen Verhältnisse der Zeit, wo sich dieses Geistesleben herausentwickelt hat, oder man schildert einzelne große Persönlichkeiten, die aus ihren genialen Leistungen heraus dieses Geistesleben befruchtet haben. Aber ich meine jetzt eine Tatsache, die ganz anderer Natur ist und ohne die die beson­dere Art des deutschen Geisteslebens im 19. Jahrhundert gar nicht zu denken ist. Das ist, ich möchte sagen ein Urphänomen sozialen geistigen Zusammenlebens: es ist das zehnjährige, intime Verhältnis von Goethe und Schiller. Man kann nicht sagen, Goethe habe Schiller etwas gegeben oder Schiller habe Goethe etwas gegeben und sie hätten zusammengewirkt. Damit trifft man nicht die Tat­sache, die ich meine, sondern es ist etwas anderes. Schiller ist durch Goethe etwas geworden, was er allein niemals geworden wäre. Goethe ist durch Schiller etwas geworden, was er allein niemals geworden wäre. Und hat man bloß den Goethe, und hat man bloß den Schiller und denkt sich ihre Wirkung auf das deutsche Volk — es kommt nicht das heraus, was in Wirklichkeit geworden ist. Denn hat man bloß Goethe, hat man bloß Schiller, und bedenkt man die Wirkungen, die aus beiden ausströmen, so gibt es noch nicht das, was geworden ist, sondern es entsteht aus dem Zusam­menfluß der beiden ein Drittes, ganz Unsichtbares, das aber von ungeheuer starker Wirkung ist (Es wird an die Tafel gezeichnet). Sehen Sie, das ist ein Urphänomen sozialen Zusammenwirkens auf geistigem Gebiete.

Car qu'est-ce qui repose en fait là à la base ? La science grossière d'aujourd'hui n'étudie pas ce genre de choses, parce que la science d'aujourd'hui ne se presse absolument pas jusqu'à l'humain. La science de l'esprit étudiera de telles choses et apportera en premier par cela de la lumière dans la vie en commun sociale spirituelle des humains. Ceux d'entre vous qui ont entendu parler de la science de l'esprit savent ce que je ne veux maintenant qu'évoquer brièvement. La science de l'esprit montre que l'évolution de l'humain est un fait réel et effectif. Elle montre qu'un humain, en se développant, devient de plus en plus mûr, produit toujours d'autres choses des profondeurs de son être. Et quand la vie sociale réprime cette production, c'est que cette vie sociale est justement fausse et qu'elle doit être amenée sur d'autres voies.

11

Was liegt denn da eigentlich zugrunde? Solche Dinge studiert die heutige, grobe Wissenschaft nicht, weil die heutige Wissenschaft überhaupt nicht bis zum Menschen herandringt. Geisteswissen­schaft wird solche Dinge studieren und dadurch erst Licht bringen auch in das soziale geistige Zusammenleben der Menschen. Diejeni­gen von Ihnen, welche etwas von Geisteswissenschaft gehört haben, wissen dasjenige, was ich jetzt nur kurz andeuten will. Geisteswis­senschaft zeigt, daß die Entwicklung des Menschen eine wirkliche, reale Tatsache ist. Sie zeigt, daß ein Mensch, indem er sich ent­wickelt, immer reifer und reifer wird, immer anderes und anderes aus den Tiefen seines Wesens hervorbringt. Und wenn das soziale Leben dieses Hervorbringen unterdrückt, so ist dieses soziale Leben eben falsch und muß in andere Bahnen gebracht werden.

Maintenant, Goethe et Schiller étaient tous deux des individualités, des personnalités socialement heureuses/comblées au sens le plus élevé du terme. Quand est donc arrivé le moment où l'on peut dire que c'est Schiller qui a le mieux compris Goethe, que c'est Goethe qui a le mieux compris Schiller? Ils ont pu le mieux s'entretenir ensemble, le mieux échanger leurs idées et réaliser quelque chose de commun, justement cet invisible, qui s'est ensuite propagé et qui est l'un des faits les plus importants de la vie intellectuelle allemande. Je me suis beaucoup efforcé de faire ressortir l'année de la cohabitation la plus intime des deux, là où les idées de l'un ont pénétré, je dirais, le plus profondément dans les idées de l'autre. Je trouve que c'est autour de l'année 1795 ou 1796 (c'est écrit au tableau). En 1796, il y a vraiment quelque chose de très particulier dans cette collaboration entre Goethe et Schiller.

12

Nun, Goethe und Schiller waren beide sozial im höchsten Sinne beglückte Individualitäten, Persönlichkeiten. Wann ist denn dasjenige eingetreten, von dem man sagen kann, Schiller habe Goethe am besten verstanden, Goethe habe Schiller am besten verstanden?w Sie haben sich am besten miteinander unterhalten können, am besten miteinander ihre Ideen austauschen können und etwas Gemeinsames, eben dieses Unsichtbare, zustandegebracht, was dann wiederum fortgewirkt hat und was eine der bedeutendsten Tatsachen im deutschen Geistesleben ist. Ich habe mich viel bemüht, das Jahr des intimsten Zusammenlebens der beiden, da, wo die Ideen des einen, ich möchte sagen am gründlichsten in die Ideen des anderen eingedrungen sind, herauszubringen. Ich finde, es ist so um das Jahr 1795 oder 1796 (Es wird an die Tafel geschrieben). 1796, da ist wirklich in diesem Zusammenwirken von Goethe und Schiller etwas ganz Besonderes da.

Si l'on cherche pourquoi c'est justement Schiller qui a le mieux compris Goethe cette année-là, et pourquoi c'est justement cette année-là que Goethe a pu le mieux se faire comprendre de Schiller, on arrive à cette conclusion. N'est-ce pas, Schiller est né en 1759 ; il avait donc trente-sept ans en 1796. Goethe avait dix ans de plus ; il avait donc quarante-sept ans. La science de l'esprit nous montre maintenant qu'il y a différents nœuds de vie dans la vie humaine ; on n'en tient généralement pas compte aujourd'hui : le changement de dents - l'humain devient quelque chose de différent en passant le cap du changement de dents, aussi en relation psychospirituelle -, la maturité sexuelle, les transitions ultérieures - elles sont moins remarquables, mais elles sont tout de même là à la 28e année, à nouveau à la 35e et à la 42e année. Si l'on peut vraiment observer cette vie humaine intérieure, on sait que le début de la quarantaine, je dirais en moyenne la quarante-deuxième année, lorsque l'humain se développe intérieurement, lorsqu'il passe par une vie spirituelle intérieure, cette quarante-deuxième année est quelque chose de très particulier. Entre la 35e année et la 42e année, ce que l'on peut appeler l'âme de conscience arrive à maturité chez l'humain. Et elle est devenue tout à fait mûre, cette âme de conscience qui juge, cette âme consciente qui sort entièrement du Je pour entrer en un rapport au monde - cette âme de conscience devient alors mûre. Schiller, à 37 ans, avait cinq ans de moins que 42, Goethe, à 47 ans, avait cinq ans de plus que 42. Goethe avait dépassé la 42e année autant que Schiller était en dessous.

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Wenn man nun nachforscht, warum just Schiller in diesem Jahr Goethe am besten verstanden hat und warum Goethe sich am besten hat verstehen lassen können von Schiller just in diesem Jahre, so kommt man darauf. Nicht wahr, Schiller ist 1759 geboren; er war also im Jahre 1796 siebenunddreißig Jahre alt. Goethe war zehn Jahre älter; er war also siebenundvierzig Jahre alt. Nun zeigt uns die Geisteswissenschaft, daß es verschiedene Lebensknotenpunkte im menschlichen Leben gibt; sie werden heute gewöhnlich nicht berücksichtigt: der Zahnwechsel — der Mensch wird etwas anderes, indem er den Zahnwechsel übersteht, auch in geistigseelischer Beziehung —, die Geschlechtsreife, spätere Übergänge — sie sind weniger bemerklich, aber sie sind doch da im 28. Jahre, wiederum im 35. und im 42. Jahr. Wenn man wirklich dieses innere menschliche Leben beobachten kann, so weiß man, daß der Anfang der 40er Jahre, ich möchte sagen im Durchschnitt das 42. Jahr, wenn der Mensch sich innerlich entwickelt, wenn er innerlich ein Geistesleben durchmacht, dieses 42. Jahr etwas ganz Besonderes ist. Zwischen dem 35. Jahr und dem 42. Jahr wird das reif im Menschen, was man die Bewußtseinsseele nennen kann. Und sie ist ganz reif geworden, diese urteilende Bewußtseinsseele, diese bewußte Seele, die ganz aus dem Ich heraus zur Welt in ein Verhältnis tritt — diese Bewußtseinsseele wird da reif. Schiller mit 37 Jahren war fünf Jahre jünger als 42, Goethe mit 47 Jahren war fünf Jahre älter als 42. Goethe hatte das 42. Jahr ebensoweit überschritten wie Schiller darunter war.






Schiller se trouvait juste à l'intérieur de l'évolution de l'âme de conscience, Goethe était au-delà ; ils étaient à égale distance de celle-ci. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie vraiment, en ce qui concerne l'âme, une opposition similaire - je sais que de telles comparaisons sont osées, mais notre langage est aussi grossier, et on ne peut donc utiliser des comparaisons osées que si l'on a des faits importants et fondamentaux à citer -, cela signifie pour le spirituel-âme une opposition similaire à celle du masculin et du féminin pour le physique-sexuel. En ce qui concerne le développement physique, les sexualités sont justement d'un développement inégal. Par politesse envers les dames, et pour ne pas rendre ces messieurs orgueilleux, je ne veux pas dire quelle sexualité est un développement ultérieur, quelle sexualité est un développement antérieur, mais elles sont d'un développement temporel différent. Ce n'est pas l'humain tout entier, la tête n'y participe pas, donc ceux dont la sexualité doit être pensée à un stade de développement antérieur ne doivent pas se sentir offensés. Mais il n'en va pas de même en ce qui concerne l'âme/est d'âme ; là, ce qui est antérieur peut rejoindre ce qui est postérieur, et il se produit alors une fécondation tout à fait particulière. C'est alors que se produit quelque chose qui ne peut naître qu'à travers ces différentes natures à différentes époques. C'est bien sûr un cas particulier ; dans la vie sociale commune, l'interaction d'âme à âme se forme d'une façon particulière. Toujours quand des humains agissent les uns sur les autres apparaît quelque chose qui ne peut jamais naître de la simple interaction entre l'humain et la nature considérée. Vous voyez, on reçoit un certain concept de ce que cela signifie en fait, de laisser agir sur soi ce qui ne sort pas de la nature, mais d'un autre être humain.

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Schiller stand in der Entwicklung der Bewußtseinsseele eben darinnen, Goethe war darüber hinaus; sie waren in gleichem Ab­stand davon. Was bedeutet denn das? Das bedeutet in bezug auf das Seelische wirklich einen ähnlichen Gegensatz — ich weiß, solche Vergleiche sind gewagt, aber unsere Sprache ist ja auch grob, und man kann deshalb nur gewagte Vergleiche gebrauchen, wenn man wichtige, fundamentale Tatsachen anzuführen hat —, das bedeutet für das Seelisch-Geistige einen ähnlichen Gegensatz wie das Männ­liche und Weibliche für das Physisch-Geschlechtliche. In bezug auf die physische Entwicklung sind eben die Sexualitäten von unglei­cher Entwicklung. Ich will jetzt aus Höflichkeit gegen die Damen, und um die Herren nicht hochmütig zu machen, nicht sagen, wel­che Sexualität eben eine spätere Entwicklung ist, welche Sexualität eine frühere Entwicklung ist, aber sie sind von einer verschiedenen zeitlichen Entwicklung. Es ist ja nicht der ganze Mensch, der Kopf nimmt nicht teil daran, also brauchen sich diejenigen ja nicht ge­kränkt zu fühlen, deren Sexualität in einer früheren Entwicklungs­stufe gedacht werden muß. Aber so ist es nicht in bezug auf das Seelische; da kann das Frühere mit dem Späteren zusammenkom­men, dann entsteht eine ganz besondere Befruchtung. Dann entsteht etwas, was eben nur durch diese verschiedene Artung zu verschiedenen Zeiten entstehen kann. Das ist natürlich ein besonderer Fall; da wird im sozialen Zusammenleben das Wechselspiel von Seele zu Seele in einer besonderen Art gebildet. Immer, wenn Menschen aufeinander wirken, entsteht etwas, was niemals durch die bloße Wechselwirkung von Mensch und der betrachteten Natur entstehen kann. Sie sehen, man bekommt einen gewissen Begriff, was das eigentlich heißt, dasjenige auf sich wirken zu lassen, was nicht von der Natur, sondern was von einem anderen Menschen ausgeht.

C'est devenu un problème tout particulier pour moi lorsque je me suis plongé dans Nietzsche, par exemple. Nietzsche avait quelque chose que possèdent déjà un grand nombre d'humains qui ont une formation similaire à celle de Nietzsche ; il l'avait justement seulement dans un sens particulièrement radical. Il a par exemple observé les philosophes, les anciens philosophes grecs, il a observé Schopenhauer, il a observé Eduard von Hartmann et ainsi de suite. On peut dire que Nietzsche ne s'est jamais intéressé au contenu de la philosophie. Ce contenu de la philosophie, ce contenu de la vision du monde, il s'en moque éperdument ; mais ce qui l'intéressait, c'était l'humain. Ce que Thalès a justement pensé comme contenu de sa vision du monde lui est indifférent, mais comment cet humain Thalès vit jusqu'à ses concepts, cela l'intéresse. C'est ce qui l'intéresse chez Héraclite, ce n'est pas le contenu de la philosophie d'Héraclite qui l'intéresse. C'est précisément ce qui vient de l'humain qui agit sur lui, et c'est ainsi que Nietzsche se révèle être un personnage particulièrement moderne. Mais cela deviendra la constitution générale de la vie psychique humaine. Aujourd'hui, les humains se disputent encore souvent à propos d'opinions. Ils devront un jour cesser de se disputer à propos des opinions, pour la simple raison que chacun doit avoir sa propre opinion. C'est comme si on avait un arbre et qu'on le photographiait sous différents angles, c'est toujours le même arbre, mais les photographies sont très différentes ; chacun peut donc avoir sa propre opinion, cela dépend seulement du point de vue qu'il adopte. S'il est raisonnable au sens actuel du terme, il ne discute plus du tout des opinions, mais il trouve tout au plus certaines opinions saines et d'autres malades. Il ne discute plus des opinions. Ce serait comme si quelqu'un regardait différentes photographies et disait ensuite : "Oui, elles sont très différentes, celles-ci sont justes et celles-là sont fausses". - Tout au plus peut-on s'intéresser à la manière dont quelqu'un parvient à son opinion : qu'elle soit particulièrement spirituelle ou insensée, qu'elle soit basse et ne porte pas de fruits ou qu'elle soit haute et bénéfique pour l'humanité - cela peut nous intéresser.

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Mir war das ein ganz besonderes Problem geworden, als ich mich zum Beispiel in Nietzsche vertiefte. Nietzsche hatte etwas, was jetzt schon eine ganze Anzahl von Menschen haben, die eine ähnliche Vorbildung haben, wie Nietzsche sie hatte; er hatte es eben nur in einem ganz besonders radikalen Sinn. Er hat zum Beispiel Philosophen betrachtet, die alten griechischen Philosophen, er hat Schopenhauer betrachtet, er hat Eduard von Hartmann betrachtet und so weiter. Man kann sagen, Nietzsche interessierte eigentlich niemals der Inhalt einer Philosophie. Dieser Inhalt der Philosophie, dieser Inhalt der Weltanschauung, der ist ihm eigentlich höchst gleichgültig; aber ihn interessierte der Mensch. Was der Thales gerade gedacht hat als Inhalt seiner Weltanschauung, das ist ihm gleichgültig, aber wie dieser Mensch Thales zu seinen Begriffen sich heranlebt, das interessiert ihn. Das interessiert ihn bei Heraklit, nicht der Inhalt der Philosophie des Heraklit interessiert ihn. Gerade das, was vom Menschen kommt, das wirkt auf ihn, und dadurch zeigt sich Nietzsche als ein besonders moderner Charakter. Das wird aber allgemeine Konstitution des menschlichen Seelenlebens werden. Heute streiten sich die Menschen noch vielfach über Meinungen. Sie werden einmal aufhören müssen, über Meinungen zu streiten, aus dem einfachen Grunde, weil jeder seine eigene Meinung haben muß. Geradeso, wie wenn man einen Baum hat und den von verschiedenen Seiten fotografiert, so ist es immer noch derselbe Baum, aber die Fotografien sehen ganz verschieden aus; so kann jeder seine eigene Meinung haben, je nachdem — es kommt nur auf den Standpunkt an, auf den er sich stellt. Wenn er vernünftig ist im heutigen Sinne, so streitet er sich gar nicht mehr über Meinungen, sondern er findet höchstens manche Meinungen gesund und manche krank. Er streitet nicht mehr über Meinungen. Es wäre ebenso, wie wenn einer verschiedene Fotografien ansieht und dann sagte: Ja, die sind ja ganz verschieden, diese sind richtig, und diese sind falsch. — Es kann einen höchstens interessieren, wie einer zu seiner Meinung kommt: ob das nun besonders geistreich oder töricht ist, ob es niedrig ist und nichts fruchtet oder ob es hoch ist und für die Menschheit förderlich ist — das kann einen interessieren.

Aujourd'hui, il s'agit vraiment d'éclairer le regard sur la manière dont l'humain se situe par rapport à l'humain dans la coexistence sociale spirituelle, sur la manière dont l'humain doit donner quelque chose à l'humain. Cela se manifeste tout particulièrement lorsque l'on voit ce que l'humain, en tant qu'enfant en pleine croissance, doit recevoir de l'autre humain, qui est sa personnalité d'enseignant. Il y a là des forces tout à fait différentes de celles qui sont en jeu entre Goethe et Schiller, même si elles ne sont pas placées aussi haut, mais des forces plus complexes sont en jeu. Ce que je suis en train de développer ici donne la possibilité de trouver le moyen de s'élever à un jugement vraiment social dans le domaine de la vie de l'esprit.

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Es handelt sich heute darum, wirklich den Blick hell zu machen, wie Mensch zu Mensch steht im geistigen sozialen Zusammenleben, wie der Mensch dem Menschen etwas zu geben hat. Es tritt einem das ja ganz besonders dann entgegen, wenn man sieht, was der Mensch als aufwachsendes Kind empfangen muß von dem anderen Menschen, der seine Lehrerpersönlichkeit ist. Da sind noch ganz andere Kräfte im Spiel als zwischen Goethe und Schiller, wenn sie auch nicht in eine so hohe Lage hinaufversetzt sind, aber es sind kompliziertere Kräfte dabei im Spiel. Das, was ich jetzt hier entwickle, das gibt eine Möglichkeit, den Weg aufzufinden, wie man sich auf dem Gebiete des Geisteslebens zu einem wirklich sozialen Urteil aufschwingen kann.

Vous voyez, j'ai déjà dit que je ne pouvais pas parler de manière particulièrement populaire aujourd'hui, parce que si je veux discuter de ces questions, je dois partir du point de vue d'une science de l'humain encore inconnue aujourd'hui, du moins dans d'autres cercles. Dans mon livre "Von Seelenrätseln" (Des mystères de l'âme), j'ai attiré l'attention sur le fait que l'humain est un être triarticulé : il est un humain de tête ou un humain des sens nerveux, humain rythmique, humain métabolique. L'humain des sens nerveux comprend tout ce que sont les sens et tout ce que sont les organes de la tête. L'humain rythmique, l'humain du tronc, pourrait-on aussi dire, englobe ce qui est rythmique dans l'humain, ce qui est mouvement cardiaque, mouvement pulmonaire et ainsi de suite. Le troisième, l'humain métabolique, englobe tout le reste.

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Sehen Sie, ich sagte schon, ich kann heute, gerade heute, nicht besonders populär sprechen, weil ich ja, wenn ich diese Fragen erörtern will, vom Standpunkte einer heute noch unbekannten Menschenkunde, wenigstens in weiteren Kreisen noch unbekannten Menschenkunde, ausgehen muß. Ich habe in meinem Buche «Von Seelenrätseln» darauf aufmerksam gemacht, wie der Mensch ein dreigliedriges Wesen ist: er ist Kopfmensch oder Nervensinnes mensch, rhythmischer Mensch, Stoffwechselmensch. Der Nerven-sinnesmensch umfaßt alles dasjenige, was die Sinne sind und was die Organe des Hauptes sind. Der rhythmische Mensch, der Rumpfmensch könnte man auch sagen, umfaßt dasjenige, was rhythmisch ist im Menschen, was Herzbewegung, Lungenbewegung ist und so weiter. Der dritte, der Stoffwechselmensch, umfaßt alles übrige.

Ces trois membres existent dans la nature humaine ; dans un certain sens, ils sont fondamentalement différents les uns des autres, mais on vient difficilement à leurs véritables différences. On peut souligner ce qui suit en ce qui concerne l'humain rythmique. - Vous entendrez encore parler de l'aspect rythmique de l'humain ce soir, lorsque le Dr Boos parlera de la formation du jugement social dans la vie de droit ou d'état, ce qui constituera la deuxième partie de l'introduction. Dr Boos parlera de ce qui lui est particulièrement proche, de la formation du jugement social dans le deuxième membre de l'organisme social, dans la vie de droit et d'état. - Mais j'aimerais maintenant souligner ce qui suit : Ce qu'est l'activité rythmique dans l'humain nous apparaît de manière particulièrement forte lorsque nous saisissons comment l'humain inspire l'air extérieur, le transforme en lui, comment il inspire l'oxygène et expire le gaz carbonique. Inspiration - expiration, inspiration - expiration : c'est d'abord l'un des rythmes actifs dans l'humain. C'est un processus relativement facile à comprendre : inspiration - expiration = activité rythmique.

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Diese drei Glieder bestehen in der menschlichen Natur; sie sind in einem gewissen Sinne voneinander grundverschieden, aber man kommt schwer auf ihre eigentlichen Verschiedenheiten. Man kann da beim rhythmischen Menschen das folgende hervorheben. — Von dem Rhythmischen im Menschen werden Sie später noch allerlei hören am heutigen Abend, wenn Dr. Boos sprechen wird über die Bildung des sozialen Urteils im Rechts- oder Staatsleben, was dann den zweiten Teil der Einleitung ausmachen wird. Dr. Boos wird über dasjenige, was ihm besonders naheliegt, über die Bildung des sozialen Urteils im zweiten Gliede des sozialen Organismus, im Rechts- und Staatsleben, sprechen. — Jetzt möchte ich aber das folgende hervorheben: Dasjenige, was rhythmische Tätigkeit im Menschen ist, das tritt uns ja ganz besonders stark entgegen, wenn wir auffassen, wie der Mensch die äußere Luft einatmet, sie in sich verarbeitet, wie er Sauerstoff einatmet und Kohlensäure ausatmet. Einatmung — Ausatmung, Einatmung — Ausatmung: das ist zu­nächst einer der Rhythmen, die im Menschen tätig sind. Es ist ein verhältnismäßig leicht zu begreifender Vorgang: Einatmen — Aus­atmen = rhythmische Tätigkeit.

On ne parvient peut-être aux deux autres activités que si l'on part de cette activité rythmique. Dans un certain sens, l'humain tout entier est prédisposé à l'activité rythmique. Mais avec la science ordinaire, on ne reconnaît pas du tout l'activité des sens nerveux, l'activité tête proprement dite. On ne peut pas la comparer à l'activité pulmonaire et cardiaque, à l'activité rythmique. Je ne peux que mentionner quelque chose qui peut sembler paradoxal à ceux qui connaissent moins bien la science de l'esprit, avec l'anthroposophie, mais qui sera confirmé par une véritable science. À l'avenir, ce que je dis maintenant apparaîtra dans le monde comme un fait scientifique tout à fait exact, lorsque l'on aura compris les rapports nécessaires. Lors de l'inspiration et de l'expiration, la est d'abord disponible un certain équilibre. Cet équilibre qui est disponible là, on pourrait le représenter cet équilibre par une image, comme un pendule qui va et vient. Il monte aussi haut d'un côté que de l'autre. Il oscille d'avant en arrière. Il y a donc aussi un équilibre entre l'inspiration et l'expiration, l'inspiration et l'expiration, et ainsi de suite.

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Zu den anderen beiden Tätigkeiten kommt man vielleicht nur, wenn man ausgeht von dieser rhythmischen Tätigkeit. In gewissem Sinne ist eigentlich der ganze Mensch zur rhythmischen Tätigkeit veranlagt. Aber man erkennt mit der gewöhnlichen Wissenschaft die Nervensinnestätigkeit, die eigentliche Hauptestätigkeit, ja gar nicht. Man kann sie nicht vergleichen mit der Lungen- und Herz­tätigkeit, mit der rhythmischen Tätigkeit. Ich kann nur etwas an­führen, was denjenigen, die mit Geisteswissenschaft, mit Anthro­posophie weniger bekannt sind, vielleicht paradox erscheint, was aber von einer wirklichen Wissenschaft erhärtet werden wird. Zu­künftig wird das, was ich jetzt sage, als eine ganz exakte wissen­schaftliche Tatsache in der Welt dastehen, wenn man die notwen­digen Verhältnisse durchschauen wird. Bei Ein- und Ausatmung, da ist ein gewisses Gleichgewicht zunächst vorhanden. Dieses Gleichgewicht, das da vorhanden ist, das könnte man bildhaft dar­stellen wie ein Pendel, das hin- und hergeht. Es geht auf der einen Seite ebenso hoch hinauf wie auf der anderen Seite. Es schwingt hin und her. So ist auch ein Gleichgewicht vorhanden zwischen Ein­atmung und Ausatmung, Einatmen und Ausatmen und so weiter.





Si l'humain ne vivait pas spirituellement-animiquement avec d'autres humains, si l'humain était seul et ne pouvait qu'observer la nature, donc pouvait seulement entrer en un rapport de réciprocité avec la nature, regarder la nature et la transformer intérieurement en représentations, alors il se passerait quelque chose de très particulier avec l'humain. Comme je l'ai dit, cela semble aujourd'hui extrêmement paradoxal pour l'humain, mais c'est pourtant le cas : sa tête deviendrait notamment trop légère. En ce que nous observons la nature, est donc disponible une activité. Nous ne faisons pas rien en observant la nature ; tout est en nous dans une certaine activité. Cette activité est en quelque sorte une activité qui aspire la tête de l'humain - pas tout l'organisme, mais la tête de l'humain. Et cette activité d'aspiration doit être compensée, sinon notre tête deviendrait trop légère ; nous nous évanouirions. Elle est compensée par le fait que la tête dans une certaine mesure devenue trop légère subit à nouveau un métabolisme, sang - alimentation, et tout cela se dirige vers la tête. Et c'est ainsi que nous avons en ce que nous observons la nature : constamment un devenir trop léger de la tête et à nouveau un devenir lourd, parce que l'activité digestive remonte vers la tête.

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Wenn nun der Mensch nicht mit anderen Menschen geistig-seelisch zusammenleben würde, wenn der Mensch einsam wäre und nur die Natur beobachten könnte, also nur in ein Wechselver­hältnis zur Natur treten könnte, die Natur anschauen und sie in­nerlich zu Vorstellungen verarbeiten könnte, dann würde etwas ganz Besonderes mit dem Menschen geschehen. Wie gesagt, heute erscheint das den Menschen höchst paradox, aber es ist doch so: es würde nämlich sein Kopf zu leicht werden. Indem wir die Natur beobachten, ist ja eine Tätigkeit vorhanden. Wir tun nicht nichts, indem wir die Natur beobachten; da ist alles in uns in einer gewis­sen Tätigkeit. Diese Tätigkeit, die ist gewissermaßen eine am Men­schenhaupte saugende Tätigkeit — nicht am ganzen Organismus, aber am Menschenhaupt saugende Tätigkeit. Und diese saugende Tätigkeit muß ausgeglichen werden, sonst würde unser Kopf zu leicht werden; wir würden ohnmächtig werden. Sie wird dadurch ausgeglichen, daß gewissermaßen der zu leicht gewordene Kopf wiederum einen Stoffwechsel durchmacht, Blut — Ernährung, und das alles schießt zum Kopfe hin. Und so haben wir, indem wir die Natur beobachten, fortwährend ein Zuleichtwerden des Kopfes und ein wiederum Schwerwerden dadurch, daß die Verdauungs­tätigkeit in den Kopf hinaufgeht.

Tafel 3






Tableau 3 Cet équilibre doit avoir lieu. C'est une activité rythmique supérieure. Mais cette activité deviendrait extrêmement unilatérale si l'humain ne faisait face qu'à la nature. En effet, l'humain deviendrait trop léger dans sa tête s'il ne se trouvait qu'à l'extérieur face à la nature ; il n'enverrait pas de l'intérieur suffisamment d'activité métabolique compensatrice vers le haut de la tête. Il le fait suffisamment lorsqu'il entre en rapport avec ses semblables.

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Dieser Ausgleich muß stattfinden. Es ist eine höhere rhythmi­sche Tätigkeit. Aber diese Tätigkeit würde höchst einseitig werden, wenn der Mensch nur der Natur gegenüberstünde. Der Mensch würde in der Tat zu leicht werden in seinem Kopfe, wenn er nur außen der Natur gegenüberstünde; er würde nicht von innen ge­nügend ausgleichende Stoffwechseltätigkeit in den Kopf hinauf-senden. Das tut er in ausreichendem Maße, wenn er mit seinen Mitmenschen in ein Verhältnis tritt.

C'est de là, voyez-vous, que ça vient que vous ressentez un certain plaisir quand vous entrer dans un rapport avec vos semblables, en échange de pensées ou d'idées, ou à recevoir leur enseignement ou autre chose de ce genre. Ce n'est pas la même chose de marcher dans la nature froide ou d'être en face d'un humain qui vous exprime ses idées. Lorsque l'on se trouve en face d'un humain qui exprime ses idées - il suffit de s'observer soigneusement -, on éprouve un certain bien-être. Et celui qui peut analyser ce sentiment de bien-être trouve une similitude entre ce sentiment de bien-être et le sentiment qu'il a lorsqu'il digère. C'est une grande similitude, sauf que l'une des sensations va vers l'estomac, l'autre va vers la tête. Vous voyez, c'est tout de suite le propre du matérialisme : ces processus matériels subtils dans le corps humain restent fermés au matérialisme. Les humains ne remarquent pas, à cause de la science grossière d'aujourd'hui, qu'une activité digestive cachée se déroule vers la tête, précisément parce qu'on est assis en face d'un humain avec lequel on parle, avec lequel on échange des idées. C'est pourquoi ils ne peuvent pas non plus répondre aux questions sociales, aux questions relatives au contexte humain, même si elles sont tout à fait triviales.

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Daher, sehen Sie, kommt es, daß Sie ein gewisses Wohlgefallen fühlen, wenn Sie mit Ihren Mitmenschen in ein Verhältnis treten, in Gedanken- oder Ideenaustausch treten oder wenn sie belehrt werden von ihnen oder dergleichen. Es ist etwas anderes, ob man durch die kalte Natur geht oder ob man einem Menschen gegenübersteht, der einem seine Ideen äußert. Wenn man einem Menschen gegenüber­steht, der einem seine Ideen äußert — man soll das nur einmal in sorg­fältiger Selbstbeobachtung sich vorlegen —, dann hat man ein gewis­ses Wohlgefühl. Und der, der dieses Wohlgefühl analysieren kann, der findet eine Ähnlichkeit zwischen diesem Wohlgefühl und dem Gefühl, das er hat, wenn er verdaut. Es ist eine große Ähnlichkeit, nur geht das eine Gefühl nach dem Magen hin, das andere geht nach dem Kopf hinauf. Sehen Sie, das ist gerade das Eigentümliche des Materialismus: Diese feinen materiellen Vorgänge im Menschenleibe bleiben dem Materialismus verschlossen. Daß da eine verborgene Verdauungstätigkeit nach dem Kopfe gerade dadurch stattfindet, daß man einem Menschen gegenübersitzt, mit dem man redet, mit dem man Ideen austauscht, das merken die Menschen durch die heutige grobe Wissenschaft nicht. Daher können sie auch soziale Fragen, Fragen des Menschenzusammenhanges, selbst wenn sie ganz trivial sind, nicht beantworten.

Pour le scientifique de l'esprit, l'anthroposophe, il est tout à fait clair pourquoi les sœurs de café aiment tant s'asseoir ensemble. Ce s'asseoir ensemble n'a pas lieu purement parce qu'elles aiment le café, mais il a lieu parce qu'elles se digèrent elles-mêmes. La digestion se fait par la tête, et elles ressentent cela comme une sensation de bien-être. Et en s'asseyant ainsi, sœur de café à côté de sœur de café, ou bien, je ne peux pas dire frère de café, mais frère de skat à côté de frère de skat lors du pot du crépuscule et ainsi de suite, la même chose se produit naturellement entre hommes. Je ne veux offenser personne, mais en s'asseyant ainsi, oui, les gens ressentent cette activité digestive qui va vers la tête, et cela signifie un certain bien-être. Ce qui se passe là est vraiment nécessaire à la vie humaine. C'est vraiment nécessaire, sauf qu'on peut l'utiliser pour une activité plus élevée que celle qui consiste à prendre un verre au crépuscule ou à boire un café. De même que le sang ne doit pas s'arrêter dans l'humain, de même ce qui se passe dans la tête ne doit pas s'arrêter. Un rythme atrophié s'installerait dans le système nerveux sensoriel si nous n'étions pas en relation spirituelle avec les gens du dehors de la bonne manière. Notre véritable humanité, le fait que nous devenions véritablement des humains, dépend du fait que nous entrions dans un rapport synthétiquement raisonnable avec les autres humains.

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Dem Geisteswissenschaftler, dem Anthroposophen, ist es ganz klar, warum die Kaffeeschwestern so furchtbar gern sich zusammensetzen. Dieses Sich-Zusammensetzen geschieht nicht bloß deshalb, weil ihnen der Kaffee schmeckt, sondern dieses Sich-Zusammensetzen geschieht aus dem Grunde, weil sie dann sich selber verdauen. Es geht die Verdauung nach dem Kopfe, und das fühlen sie als Wohlgefühl. Und indem so Kaffeeschwester neben Kaffeeschwester sitzt oder auch, ich kann nicht sagen Kaffeebruder, aber Skatbruder neben Skatbruder beim Dämmerschoppen und so weiter sitzt, da findet natürlich dasselbe unter Männern statt. Ich will niemanden beleidigen, aber indem die Leute sich so zusammensetzen, ja, da fühlen sie diese nach dem Haupte gehende Verdauungstätigkeit, und das bedeutet ein gewisses Wohlgefühl. Das, was da geschieht, das ist für das Menschenleben wirklich notwendig. Das ist wirklich notwendig, nur kann man es zu höherer Betätigung verwenden als gerade just zum Dämmerschoppen- und zum Kaffeeschwesterntum. Geradeso, wie das Blut nicht stillstehen darf im Menschen, so darf dasjenige, was da im Haupte sich abspielt, nicht stillstehen. Es würde ein verkümmerter Rhythmus eintreten im Nervensinnessystem, wenn wir nicht in der richtigen Weise mit den Menschen draußen in geistigem Zusammenhange stünden. Unser richtiges Menschentum, daß wir richtig Menschen werden, das hängt davon ab, daß wir mit den anderen Menschen in einen vernünftigen Zusammenhang kommen.

Et ainsi, on ne peut former un jugement social que si l'on remarque ce qui est nécessaire à l'humain - aussi nécessaire que sa naissance. Lorsque l'on remarque que l'humain doit entrer en relation spirituelle avec d'autres humains, alors seulement on peut former un jugement social correct sur la manière dont le membre spirituel de l'organisme social doit être organisé. Car on sait alors que cette vie sociale commune repose sur le fait que l'humain doit entrer dans un rapport individuel correct avec l'humain, qu'une vie étatique abstraite ne doit pas intervenir, que rien ne doit être organisé d'en haut, mais que tout dépend du fait que ce qui est originel dans l'humain puisse s'approcher de ce qui est originel dans l'autre humain, qu'il y ait donc une liberté réelle, authentique, une liberté directe d'individu à individu, que ce soit dans la vie sociale commune du maître avec ses élèves ou dans la vie sociale commune en général. Les êtres humains dépérissent lorsque les règlements scolaires ou les ordonnances sur la cohabitation spirituelle rendent impossible que ce qui se trouve dans un être humain se répercute de manière fécondante sur ce qui se trouve dans un autre être humain. Un véritable jugement social dans le domaine de la vie spirituelle ne peut se former que si ce qui élève l'humain au-dessus de lui-même, ce qui est plus en l'humain que dans l'autre humain, peut agir sur l'autre humain et si, à son tour, ce qui est plus en l'autre humain qu'en lui-même peut agir en retour sur lui. On ne comprend la nécessité d'une liberté de la vie spirituelle que si l'on voit comment cette coexistence humaine ne peut se façonner sur le plan spirituel et psychique que si ce qui entre dans l'être-là avec nous par la naissance et qui se développe grâce à nos dispositions peut agir librement sur l'autre humain. C'est pourquoi le membre spirituel de l'organisme social doit aussi seulement être géré à l'intérieur de lui-même. Celui qui est actif dans la vie spirituelle doit en même temps avoir en main l'administration de la vie spirituelle. Donc : autogestion à l'intérieur de ce domaine spirituel. Vous voyez, c'est là que l'on a la particularité de cette vie de l'esprit, qui résulte d'une véritable science humaine.

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Und so kann man sich erst ein soziales Urteil bilden, wenn man merkt, was für den Menschen notwendig ist — ebenso notwendig ist, wie daß er geboren wird. Wenn man merkt, daß der Mensch mit anderen Menschen in einen geistig-seelischen Zusammenhang kommen muß, dann erst kann man sich ein richtiges soziales Urteil bilden über die Art und Weise, wie das geistige Glied des sozialen Organismus gestaltet werden muß. Denn dann weiß man, daß dieses soziale Zusammenleben ja darauf beruht, daß in einen richtigen individuellen Zusammenhang Mensch mit Mensch kommen muß, daß da nicht eingreifen darf irgendein abstraktes Staatsleben, daß da nichts von oben organisiert werden darf, sondern daß alles davon abhängt, daß das Ursprüngliche im Menschen an das Ur­sprüngliche im anderen Menschen herantreten kann, daß also wirk­liche, echte Freiheit, unmittelbare Freiheit von Individuum zu In­dividuum da sei, sei es im sozialen Zusammenleben des Lehrers mit seinen Schülern, sei es im sozialen Zusammenleben überhaupt. Die Menschen verkümmern, wenn Schulverordnungen oder Verord­nungen über das geistige Zusammenleben unmöglich machen, daß das, was in dem einen Menschen ist, befruchtend hinüberwirkt auf das, was in dem anderen Menschen ist. Ein wirkliches soziales Urteil auf dem Gebiete des geistigen Lebens kann sich nur dann bilden, wenn das, was den Menschen über sich selbst erhebt, was im Menschen mehr ist als im andern Menschen, wenn das auf den anderen Menschen wirken kann und wenn das wiederum, was im andern Menschen mehr ist als in ihm selber, auf ihn zurückwirken kann. Man begreift nur die Notwendigkeit einer Freiheit des Gei­steslebens, wenn man einsieht, wie dieses menschliche Zusammen­leben sich in geistig-seelischer Beziehung nur gestalten kann, wenn das, was durch die Geburt mit uns ins Dasein tritt und was sich durch unsere Anlagen entwickelt, in freier Weise auf den anderen Menschen wirken kann. Daher muß das geistige Glied des sozialen Organismus auch nur innerhalb seiner selbst verwaltet werden. Derjenige, der tätig ist im geistigen Leben, muß zu gleicher Zeit die Verwaltung des geistigen Lebens in der Hand haben. Also: Selbst­verwaltung innerhalb dieses geistigen Gebietes. Sehen Sie, da hat man das ganz Besondere dieses Geisteslebens, was aus einer wirk­lichen Menschenkunde heraus sich ergibt.

La vie de droit, vous l'entendrez ensuite décrite plus précisément par le Dr Boos, sous les mêmes aspects. La vie de droit se déroule ainsi : Lorsque l'humanité, par les exigences de l'époque actuelle, se dirige de plus en plus vers un état démocratique, de sorte que l'humain devenu majeur se trouve en face d'un autre humain devenu majeur, on n'a pas encore affaire à ce qui agit d'un humain sur un autre humain, comme je l'ai décrit pour la vie de l'esprit, où l'activité digestive s'élève dans la tête. Dans la vie de droit, où l'humain complet se trouve en face de l'humain complet, il ne se produit pas dans les humains de tels changements que dans la vie spirituelle, mais seulement des interactions entre l'humain et l'humain ; dans la vie de l'esprit, l'effet s'écoule de telle sorte que quelque chose de nouveau naît dans l'autre humain. Dans la vie de droit, c'est précisément sur le milieu de l'être humain que l'on agit, sur ce qui se trouve à l'intérieur de la rythmique proprement dite. Vous le comprendrez des explications ultérieures.

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Das Rechtsleben, das werden Sie dann von Dr. Boos genauer beschrieben hören von denselben Gesichtspunkten aus. Das Rechtsleben verläuft so: Wenn die Menschheit durch die Forderun­gen der Gegenwart immer mehr und mehr zusteuert zu einem demokratischen Staate, so daß gegenübersteht der mündig gewordene Mensch dem anderen mündig gewordenen Menschen, da hat man es noch nicht zu tun mit dem, was in einer solchen Weise hinüberwirkt von dem einen Menschen auf den anderen Menschen, wie ich das für das Geistesleben geschildert habe, wo die Verdau­ungstätigkeit in den Kopf hinaufschießt. Im Rechtsleben, wo Voll­mensch dem Vollmenschen gegenübersteht, geschehen in den Men­schen keine solchen Veränderungen wie im Geistesleben, sondern es geschehen nur Wechselwirkungen zwischen Mensch und Mensch; im Geistesleben aber fließt die Wirkung so hinüber, daß in dem anderen Menschen etwas Neues entsteht. Im Rechtsleben ist es so, daß gerade auf das Mittlere des Menschen gewirkt wird, auf dasjenige, was im eigentlichen Rhythmischen drinnensteht. Sie werden das aus den späteren Auseinandersetzungen begreifen.

Je veux maintenant, en laissant de côté ce milieu, passer à la vie de l'économie, au troisième membre de l'organisme social. Aujourd'hui, on ne saisit pas non plus cette vie de l'économie de manière à ce qu'un véritable jugement social puisse se former à partir de cette saisie. Que peut-on donc en fait seulement vie de l'économie ? Voyez-vous, on peut délimiter nettement la vie de l'économie quand on la pense à l'intérieur de l'organisme social. N'est-ce pas, prenons une espèce animale quelconque ? On ne peut pas dire qu'elle vit dans une communauté sociale qui est de sorte humaine, car l'espèce animale trouve ce qu'elle désire dans la nature elle-même. Elle prend dans la nature extérieure ce dont elle a besoin pour continuer à vivre ; ce qui se trouve d'abord à l'extérieur dans la nature passe dans l'animal, l'animal l'assimile et le restitue - à nouveau une sorte d'interaction. Vous voyez : nous avons là quelque chose qui est, je dirais, organisé dans la nature. Une telle espèce animale ne fait en quelque sorte que prolonger la vie de la nature en elle-même. Il n'y a pas de changement dans la nature. L'animal prend pour sa nourriture ce qui est dans la nature - ainsi, que c'est dans la nature tout d'abord. Nous pouvons trouver là un contraste complet, et ce contraste existe chez les animaux de zoo, qui reçoivent toute leur nourriture par l'intermédiaire des humains, où c'est donc la raison synthétique humaine qui fournit la nourriture aux animaux, où l'organisation humaine juge d'abord ce que les animaux reçoivent alors. Les animaux sont ainsi complètement arrachés à la nature. Les animaux domestiques sont aussi complètement arrachés à la nature ; ils sont dans une certaine mesure modifiés ainsi qu'ils n'absorbent pas purement des substances alimentaires naturelles, mais que la nourriture préparée par la raison synthétique humaine est greffée en eux. Les animaux domestiques deviennent un moyen d'expression de ce qui est en quelque sorte traité/élaboré spirituellement, mais ils n'y font rien eux-mêmes. Les animaux sont donc soit tels qu'ils intègrent tel quel dans leur propre activité ce qui se trouve dans la nature, soit, lorsque les humains leur fournissent quelque chose, ils ne peuvent rien y contribuer ; ils ne travaillent pas à la préparation de ce qui leur est fourni là.

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Ich will jetzt, indem ich dieses Mittlere auslasse, übergehen auf das Wirtschaftsleben, auf das dritte Glied des sozialen Organismus. Dieses Wirtschaftsleben erfaßt man ja eigentlich heute auch nicht so, daß aus diesem Erfassen ein wirkliches soziales Urteil sich bilden kann. Was kann man denn eigentlich nur Wirtschaftsleben nennen? Sehen Sie, man kann das Wirtschaftsleben scharf abgren­zen, wenn man es im sozialen Organismus drinnen denkt. Nicht wahr, nehmen wir irgendeine Tiergattung. Man kann nicht sagen, daß sie in einer sozialen Gemeinschaft lebt, die menschlicher Art ist, denn die Tiergattung findet dasjenige, was sie begehrt, in der Natur selber. Sie nimmt das, was sie braucht, um weiterzuleben, von der äußeren Natur auf; was zunächst draußen in der Natur ist, geht in das Tier über, das Tier verarbeitet es, gibt es wieder ab — wiederum eine Art Wechselwirkung. Sie sehen: Da haben wir etwas, was, ich möchte sagen, in die Natur hineinorganisiert ist. Solch eine Tiergattung setzt gewissermaßen das Leben der Natur nur in sich selber fort. Da wird nicht irgend etwas in der Natur verändert. Das Tier nimmt das zu seiner Nahrung auf, was in der Natur ist — so, "wie es in der Natur ist zunächst. Wir können da einen vollständigen Gegensatz finden, und dieser Gegensatz ist bei den Zootieren vorhanden, die alles, was sie an Nahrung bekom­men, durch die Menschen zugeführt bekommen, wo also menschliche Vernunft dem Tiere die Nahrung zuführt, wo die menschliche Organisation das erst beurteilt, was dann die Tiere bekommen. Dadurch werden die Tiere eigentlich ganz herausgerissen aus der Natur. Die Haustiere sind ja auch ganz herausgerissen aus der Natur; sie sind gewissermaßen so verändert, daß sie in ihr Inneres nicht nur bloß natürliche Nahrungsstoffe aufnehmen, sondern daß durch die menschliche Vernunft zubereitete Nahrung in sie hinein­gepfropft wird. Die Haustiere werden ein Ausdrucksmittel desje­nigen, was gewissermaßen geistig verarbeitet ist, aber sie tun selber nichts daran. Die Tiere sind also entweder so, daß sie das, was in der Natur ist, in ihre eigene Tätigkeit unverändert aufnehmen, oder, wenn die Menschen ihnen etwas zuführen, so können sie nichts dazu beitragen; sie arbeiten nicht mit an der Zubereitung desjenigen, was ihnen da zugeführt wird.

Au milieu de ces deux extrêmes se trouve l'activité économique humaine, pour autant qu'elle vit dans l'organisme social, tout au plus alors pas lorsque l'humain se trouve au niveau inférieur d'un peuple de chasseurs, lorsqu'il prend encore ce qui est dans la nature sans le modifier, s'il le savoure cru, ce qu'il ne fait déjà plus aujourd'hui. Mais dès l'instant où la culture humaine commence à ce niveau, l'humain s'alimente de quelque chose qu'il prépare déjà lui-même, où il modifie la nature. L'animal ne fait pas cela, et s'il est domestique, on lui apporte quelque chose d'étranger. C'est en fait une activité économique : ce que l'humain fait en communion avec la nature en s'apportant la nature modifiée. On peut dire que toute activité économique de l'humain se situe en fait entre ces deux extrêmes : entre ce que l'animal, qui n'est pas encore un être social, prend tel quel dans la nature, et ce que prend l'animal domestique, qui est maintenant entièrement nourri à l'étable, uniquement par ce que les humains lui préparent. Et lorsque l'humain travaille, il se trouve, avec son activité économique, entre son intérieur et la nature. Et cette vie de l'économie que nous connaissons dans l'organisme social : elle n'est en fait qu'un résumé systématique de ce que les individus font justement dans la direction que j'ai caractérisée.

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Mitten drinnen zwischen diesen zwei Extremen steht die menschliche wirtschaftliche Tätigkeit, insofern sie im sozialen Or­ganismus lebt, höchstens dann nicht, wenn der Mensch auf der niederen Stufe eines Jägervolkes ist, wenn er dasjenige, was in der Natur ist, noch unverändert nimmt, falls er es roh genießt, was er heute eigentlich schon nicht mehr tut. Aber in dem Augenblicke, wo menschliche Kultur in dieser Beziehung anfängt, führt sich der Mensch etwas zu, was er schon selber zubereitet, wo er die Natur verändert. Das tut das Tier nicht, und wenn es Haustier ist, wird ihm etwas Fremdes zugeführt. Das ist eigentlich wirtschaftliche Tätigkeit: das, was da der Mensch in Gemeinschaft mit der Natur vollführt, indem er sich die veränderte Natur zuführt. Man kann sagen, alle wirtschaftliche Tätigkeit des Menschen liegt eigentlich zwischen diesen zwei Extremen: zwischen dem, was das Tier, das noch kein soziales Wesen ist, unverändert aus der Natur nimmt, und dem, was das Haustier aufnimmt, das nun ganz und gar im Stall gefüttert wird, nur durch das, was die Menschen ihm zuberei­ten. Und wenn der Mensch arbeitet, ist er mit seiner wirtschaft­lichen Tätigkeit zwischen seinem Inneren und der Natur drinnen. Und dieses Wirtschaftsleben, das wir im sozialen Organismus kennen: es ist eigentlich nur eine systematische Zusammenfassung desjenigen, was die einzelnen Menschen eben nach der Richtung tun, die ich charakterisiert habe.

Comparons, dans le domaine social, la vie économique avec la vie spirituelle que nous venons de caractériser. La vie spirituelle repose sur le fait que l'individu a en quelque sorte trop. Ce que les humains possèdent spirituellement, ils le donnent généralement très volontiers ; ils sont généreux et le cèdent volontiers aux autres. En ce qui concerne les possessions matérielles, les humains ne sont pas généreux dans le même sens ; ils préfèrent garder les possessions matérielles pour eux. Mais ce qu'ils possèdent spirituellement, ils le donnent volontiers, c'est là qu'ils sont généreux. Mais cela repose sur une bonne loi universelle. L'humain peut justement aller au-delà de lui-même dans les relations spirituelles ; et de la manière dont je viens de le décrire, il est bénéfique pour l'autre que l'humain lui donne quelque chose, même s'il ne reçoit rien de l'autre. En d'autres termes, en entrant dans la vie sociale par la relation spirituelle, l'humain a, je dirais, trop de jugements, trop de représentations dans son for intérieur ; il est poussé à donner, il doit se communiquer aux autres.

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Vergleichen wir einmal in sozialer Beziehung das wirtschaftliche Leben mit dem geistigen Leben, das wir ja gerade charakterisiert haben. Das geistige Leben beruht darauf, daß der einzelne Mensch gewissermaßen zuviel hat. Dasjenige, was die Menschen geistig besitzen, geben sie ja zumeist sehr gern ab; da sind sie freigebig, und sie überliefern das gern den anderen. Gegenüber demjenigen, was materieller Besitz ist, da sind die Menschen nicht im gleichen Sinne freigebig; den materiellen Besitz behalten sie lieber für sich selbst. Aber das, was sie geistig besitzen, das geben sie ganz gern ab, da sind sie freigebig. Das beruht aber auf einem guten Welt­gesetz. Der Mensch kann eben über sich hinausgehen in geistiger Beziehung; und in der Weise, wie ich es eben geschildert habe, ist es dem anderen förderlich, wenn der Mensch ihm etwas gibt, auch wenn er wiederum von dem anderen nichts entgegennimmt. Das heißt, indem der Mensch in geistiger Beziehung in das soziale Leben eintritt, hat er, ich möchte sagen, in seinem Innern zuviel an Urteil, zuviel an Vorstellungen; es drängt ihn abzugeben, er muß sich den anderen mitteilen.

Dans la vie de l'économie, c'est exactement l'inverse. Mais on n'y parvient que si l'on part de l'expérience et non d'une quelconque science théorisante. Dans la vie de l'économie, on ne peut en effet pas arriver à un jugement de la même manière que dans la vie de l'esprit - c'est-à-dire d'humain à humain -, mais dans la vie de l'économie, on ne peut arriver à un jugement que si l'on se trouve, en tant qu'humain individuel ou en tant qu'humain placé dans une association quelconque, en face d'une autre association. C'est pourquoi l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social exige/promeut l'association : les humains doivent s'associer selon leurs branches professionnelles ou selon les producteurs, les consommateurs et ainsi de suite. Dans la vie économique, l'association se tiendra vis-à-vis de l'association. Comparons cela à l'individu qui, pour ma part, a beaucoup d'esprit dans la tête ; il peut communiquer cet esprit à beaucoup d'humains. L'un l'accepte mieux, l'autre moins bien, mais il peut communiquer cet esprit qu'il a à beaucoup d'humains. Il est donc possible que l'humain transmette à de nombreux humains ce qu'il possède comme esprit. Dans la vie économique, c'est exactement l'inverse.

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Im Wirtschaftsleben ist es genau umgekehrt. Aber man kommt darauf nur, wenn man eben von Erfahrungen ausgeht, nicht von irgendeiner theoretisierenden Wissenschaft. Im Wirtschaftsleben kann man nämlich nicht auf dieselbe Weise wie im Geistesleben — also von Mensch zu Mensch — zu einem Urteil kommen, sondern im Wirtschaftsleben kann man nur zu einem Urteil kommen, wenn man als einzelner Mensch oder auch als in irgendeine Assoziation hineingestellter Mensch wiederum einer anderen Assoziation ge­genübersteht. Deshalb fordert der Impuls für die Dreigliederung des sozialen Organismus das Assoziative: Die Menschen müssen sich nach ihren Berufszweigen oder nach Produzenten, Konsumen­ten und so weiter assoziieren. Es wird im Wirtschaftsleben Asso­ziation der Assoziation gegenüberstehen. Vergleichen wir das mit dem einzelnen Menschen, der meinetwillen viel Geist im Kopfe hat; diesen Geist kann er vielen Menschen mitteilen. Der eine nimmt's besser, der andere schlechter auf, aber er kann diesen Geist, den er hat, vielen Menschen mitteilen. Da ist die Möglichkeit also vorhanden, daß der Mensch dasjenige, was er an Geist besitzt, an viele Menschen abgibt. Im Wirtschaftsleben ist das genau umgekehrt.

Au début, nous n'avons absolument rien en tête de la vie de l'économie. Ce que j'ai déjà dit hier à certains d'entre vous est tout à fait vrai : si l'on veut juger de ce qui est juste ou faux, sain ou malsain dans la vie de l'économie, et si l'on veut seulement le déduire de l'intérieur, alors on ressemble à cet humain de Jean Paul qui se réveille au milieu de la nuit dans une chambre obscure et qui réfléchit à l'heure qu'il est, et qui veut donc découvrir l'heure qu'il est dans cette chambre obscure où il ne voit rien et n'entend rien. On ne peut pas savoir quelle heure il est en réfléchissant. On ne peut pas non plus arriver à un jugement économique par la réflexion ou par le développement intérieur. On ne peut même pas arriver à un jugement économique lorsqu'on négocie avec un autre humain. Goethe et Schiller ont bien pu échanger entre eux ce qui est spirituel et psychique. Deux personnes ne peuvent pas parvenir à un jugement économique. On ne peut parvenir à un jugement économique que si l'on se trouve face à un groupe d'humains qui ont fait des expériences, chacun dans son domaine, et si l'on prend ensuite comme jugement ce qu'ils ont obtenu en tant qu'association, en tant que groupe. De la même manière qu'il faut regarder l'heure quand on veut savoir quelle heure il est, il faut, pour parvenir à un jugement économique, prendre en compte les expériences, les expériences consignées d'une association. Et on peut entendre de très belles choses sur ce qu'est le devoir d'un humain envers un autre humain, sur ce qu'est le droit d'un humain envers un autre humain lorsqu'il est en face d'un autre humain ; mais on ne peut pas arriver à un jugement économique si un humain est simplement en face d'un autre humain, mais on ne peut arriver à un jugement économique que si l'on comprend ce qui est consigné comme expérience économique dans les associations, dans les groupes d'humains, dans les échanges économiques réciproques. Il doit y avoir là tout de suite le contraire de la manière dont on vit ensemble socialement sur le plan spirituel et psychique. Dans le domaine spirituel et psychique, l'individu doit transmettre aux autres ce qu'il développe en son for intérieur. Dans le domaine économique, l'individu doit recevoir ce que sont les expériences de l'association. Si je veux me former un jugement économique, je ne peux le faire que si j'ai demandé aux associations quelles expériences elles ont faites avec tel ou tel article dans la production, dans les échanges réciproques, etc. Et c'est de cela que dépendra la formation d'un jugement social dans le domaine économique, à savoir que de telles associations constituent précisément le corps économique de l'organisme social triarticulé et que chaque individu appartient à de telles associations. Pour parvenir à un jugement économique à partir duquel on peut à nouveau agir, il faut disposer des expériences économiques des associations. Ce que nous devons apprendre sur le plan scientifique, sur le plan de la connaissance, nous devons l'obtenir dans la vie de l'esprit libre, à travers les expériences individuelles. Ce qui doit nous inciter à la volonté économique, l'individu doit l'apprendre en recevant les expériences des associations. Ce n'est que par l'association de personnes exerçant une activité économique que nous pouvons nous-mêmes parvenir à un vouloir économique.

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Vom Wirtschaftsleben haben wir zunächst überhaupt nichts im Kopfe. Dasjenige, was ich zu einigen von Ihnen schon gestern gesagt habe, das ist durchaus wahr: Wenn man urteilen will über das, was im Wirtschaftsleben richtig oder unrichtig ist, gesund oder ungesund ist, und wenn man das nur herausspinnen will aus dem Inneren, dann gleicht man eben jenem Jean Paulschen Menschen, der mitten in der Nacht im finstern Zimmer aufwacht und nachdenkt, wieviel Uhr es ist, der also herauskriegen will im finsteren Zimmer, wo er nichts sieht und nichts hört, wieviel Uhr es ist. Man kann nicht durch Nachdenken herauskriegen, wieviel Uhr es ist. Man kann ebensowenig durch Nachdenken oder durch innere Entwicklung zu einem wirtschaftlichen Urteil kommen. Man kann nicht einmal zu einem wirtschaftlichen Urteil kommen, wenn man mit einem anderen Menschen verhandelt. Goethe und Schiller haben gut dasjenige, was Geistig-Seelisches ist, miteinander austauschen können. Zwei Menschen miteinander können nicht zu einem wirtschaftlichen Urteil kommen. Zu einem wirtschaftlichen Urteile kann man nur kommen, wenn man einer Gruppe von Menschen gegenübersteht, die Erfahrungen gemacht haben, jeder auf seinem Gebiete, und wenn man das dann als Urteil aufnimmt, was sie als Assoziation, als Gruppe, herausgekriegt haben. Geradeso, wie man auf die Uhr schauen muß, wenn man wissen will, wieviel Uhr es ist, muß man, um zu einem wirtschaftlichen Urteil zu kommen, die Erfahrungen, die niedergelegten Erfahrungen einer Assoziation, aufnehmen. Und man kann sehr schöne Dinge über dasjenige hören, was die Pflicht des einen Menschen gegenüber dem anderen Menschen ist, was das Recht des einen Menschen gegenüber dem anderen Menschen ist, wenn er dem anderen gegenübersteht; aber man kann nicht zu einem wirtschaftlichen Urteil kommen, wenn bloß ein Mensch dem anderen gegenübersteht, sondern man kann nur zu einem wirtschaftlichen Urteil kommen, wenn man das auf­faßt, was in Assoziationen, in Menschengruppen, im gegenseitigen wirtschaftlichen Verkehr als wirtschaftliche Erfahrung niedergelegt ist. Da muß das gerade Gegenteil von dem vorhanden sein, wie man sozial geistig-seelisch zusammenlebt. Im Geistig-Seelischen muß der einzelne Mensch das, was er in seinem Innern entwickelt, an die Menschen abgeben. Im Wirtschaftlichen muß der einzelne Mensch das, was die Erfahrungen der Assoziation sind, aufnehmen. Wenn ich mir ein wirtschaftliches Urteil bilden will, kann ich mir das nur bilden, wenn ich bei Assoziationen angefragt habe, was sie mit diesem oder jenem Artikel in der Produktion, im gegenseitigen Verkehr und so weiter für Erfahrungen gemacht haben. Und dar­auf wird es ankommen bei der Bildung eines sozialen Urteils auf wirtschaftlichem Gebiete, daß solche Assoziationen gerade den Wirtschaftskörper des dreigliedrigen sozialen Organismus ausma­chen und daß jeder einzelne solchen Assoziationen angehört. Um zu einem wirtschaftlichen Urteil zu kommen, aus dem heraus man wiederum handeln kann, müssen die wirtschaftlichen Erfahrungen der Assoziationen vorliegen. Was wir Wissenschaftliches, Erkennt­nismäßiges erfahren sollen, das müssen wir im freien Geistesleben durch die einzelnen individuellen Erfahrungen bekommen. Was uns anregen soll zum wirtschaftlichen Wollen, das muß der einzel­ne erfahren, indem er von Assoziationen die Erfahrungen über­liefert bekommt. Nur durch Zusammenschluß von Menschen, die in wirtschaftlicher Tätigkeit sind, können wir selber zu einem wirtschaftlichen Wollen kommen.

La formation du jugement est radicalement différente dans le domaine spirituel et dans le domaine économique. Et une vie de l'économie ne peut se développer de manière prospère à côté d'une vie de l'esprit si les deux domaines reçoivent des ordonnances d'une seule et même instance, mais seulement si la vie de l'esprit est placée de telle sorte que l'individualité particulière puisse y transmettre tout à fait librement ce qu'elle possède à une autre. Et la vie économique peut seulement prospérer si les associations sont telles que les branches économiques apparentées entre elles par la production ou la consommation sont réunies de manière associative et que c'est ainsi que naît le jugement économique, qui est à nouveau à la base de la volonté économique. Sinon, on en fait un méli-mélo et on obtient ce que sont les idées réactionnaires, libérales ou sociales des temps modernes, où l'on ne voit jamais à quel point les activités de l'humain sont radicalement différentes les unes des autres dans le domaine spirituel, économique et, au milieu, dans le domaine juridique ou étatique.

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Radikal voneinander verschieden ist die Bildung des Urteiles im geistig-seelischen Gebiete und im wirtschaftlichen Gebiete. Und gedeihlich entwickeln kann sich ein Wirtschaftsleben neben einem Geistesleben nicht, wenn die beiden Gebiete Verordnungen von einer und derselben Stelle kriegen, sondern nur, wenn das Geistes­leben so gestellt ist, daß die einzelne Individualität darinnen völlig frei dasjenige, was sie hat, einer anderen überliefern kann. Und das wirtschaftliche Leben kann nur gedeihen, wenn die Assoziationen so sind, daß die miteinander durch Produktion oder Komsumtion verwandten Wirtschaftszweige assoziativ zusammengeschlossen sind und dadurch das wirtschaftliche Urteil, welches wieder dem wirtschaftlichen Wollen zugrundeliegt, entsteht. Sonst macht man daraus ein Kuddelmuddel, und man bekommt dann dasjenige heraus, was so die reaktionären oder liberalen oder auch sozialen Ideen der neueren Zeit sind, wo man nie einsieht, wie radikal von­einander verschieden die Betätigungen des Menschen sind auf gei­stigem, auf wirtschaftlichem und, in der Mitte drinnen, auf recht­lichem oder staatlichem Gebiet.

Au fond, s'il est si difficile aujourd'hui pour l'humain de parvenir à un jugement sain dans ce domaine, c'est parce que les confessions de foi traditionnelles l'ont déjà empêché de voir la véritable articulation de l'humain en corps, âme et esprit. L'humain devrait seulement être une dualité, un corps et une âme. Tout est ainsi confondu. Ce n'est que lorsqu'on aura divisé l'humain en esprit, âme et corps, ce n'est que lorsqu'on saura comment l'esprit est ce que nous apportons à l'existence par la naissance, comment l'esprit est ce qui amène en nous les dispositions à se développer, que nous devons justement apporter dans le social, que nous aurons une idée de la manière dont cette partie spirituelle de l'organisme social doit avoir une existence séparée. Si nous savons comment de l'âme, qui est intimement liée à notre vie rythmique, jaillit tout ce qui constitue la vie commune des humains dans les cercles de devoir, dans les cercles de travail, dans les cercles d'amour, alors on comprend ce qui doit exister dans l'État démocratique comme organisation de droit de l'organisme triarticulé. Et si l'on envisage comment l'humain ne peut vraiment pas parvenir à un jugement économique, et donc à une action économique, sans être intégré dans un tissu d'associations dans l'organisme social triarticulé, si l'on comprend cela, alors on en vient vraiment à comprendre comment seul ce qui est un type particulier de formation de jugement dans le domaine économique peut conduire à une aide dans l'avenir.

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Im Grunde genommen ist es dem Menschen heute so schwer, zu einem gesunden Urteil auf diesem Gebiete zu kommen, weil er nun schon einmal durch die traditionellen Glaubensbekenntnisse davon abgebracht worden ist, die wirkliche Gliederung des Men­schen in Leib, Seele und Geist zu sehen. Der Mensch soll nur eine Zweiheit sein, nur Leib und Seele. Dadurch ist alles durcheinan­dergeworfen. Erst wenn man den Menschen gliedert in Geist, Seele und Leib, erst wenn man weiß, wie der Geist dasjenige ist, was wir uns durch die Geburt ins Dasein bringen, wie der Geist dasjenige ist, was in uns die Anlagen zur Entwicklung bringt, die wir eben ins Soziale hineinbringen müssen, dann werden wir einen Begriff bekommen, wie dieser geistige Teil des sozialen Organismus ein gesondertes Dasein haben muß. Wenn wir wis­sen, wie aus der Seele, die innig zusammenhängt mit unserem rhythmischen Leben, alles dasjenige quillt, was Zusammenleben der Menschen in Pflichtenkreisen, in Arbeitskreisen, in Liebes­kreisen ist, dann sieht man das ein, was im demokratischen Staate als Rechtsorganisation des dreigliedrigen Organismus da sein muß. Und wenn man einsieht, wie der Mensch wirklich nicht zu einem wirtschaftlichen Urteil und daher auch nicht zu einem wirtschaftlichen Tun kommen kann, ohne eingegliedert zu sein in ein Gewebe von Assoziationen im dreigliedrigen sozialen Orga­nismus, wenn man das einsieht, dann kommt man dazu, nun auch wirklich zu durchschauen, wie nur dasjenige, was eine besondere Art der Urteilsbildung ist auf wirtschaftlichem Gebiete, zur Hilfe in der Zukunft führen kann.

La tâche du présent est déjà d'acquérir une véritable connaissance de l'humain et, à partir de cette connaissance réelle de l'humain, de parvenir à la compréhension de ce qui aspire aujourd'hui à une véritable compréhension. La manière dont l'humain juge dans la vie sociale est tout à fait différente dans le domaine spirituel que dans le juridique, et elle est à son tour tout à fait différente dans le domaine économique. C'est pourquoi, si l'on veut que ces trois contextes sociaux de nature très différente se développent sainement à l'avenir, ils doivent être gérés séparément et agir ensemble. De même que dans un organisme individuel, là où doit se former la tête, il ne peut se former une autre forme que celle de la tête, de même qu'il ne peut se former ni main, ni pied, ni cœur, ni foie, de même l'organisme spirituel ne doit pas être aussi systématisé que l'organisme économique ou l'organisme juridique, par exemple. Mais c'est précisément lorsqu'ils sont correctement organisés en un lieu approprié qu'ils agissent ensemble pour former un tout, comme la main et le pied, le tronc et la tête de l'humain agissent ensemble pour former un tout. L'unité juste résulte précisément du fait que chacun est organisé correctement selon sa façon/sorte.

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Es ist schon einmal die Aufgabe der Gegenwart, daß man eine wirkliche Menschenkunde erlangt und von dieser wirklichen Men­schenkunde aus dann zum Verständnis desjenigen sich durchringt, was heute nach einer wirklichen Verständigung hinstrebt. Es ist ganz anders, wie der Mensch im sozialen Leben urteilt auf geisti­gem Gebiet als auf rechtlichem, und es ist wiederum ganz anders als auf wirtschaftlichem Gebiet. Daher müssen, wenn diese drei ganz verschieden gestalteten sozialen Zusammenhänge in gesunder Weise sich in die Zukunft hinein entwickeln sollen, sie auch geson­dert verwaltet werden und dann zusammenwirken. Geradeso, wie im einzelnen Organismus nicht da, wo der Kopf entstehen soll, eine andere Form als die Kopfesform gebildet werden kann, wie da nicht Hand oder Fuß oder Herz oder Leber entstehen kann, so darf der geistige Organismus nicht so systematisiert sein wie etwa der wirtschaftliche Organismus oder der rechtliche Organismus. Aber gerade wenn sie richtig organisiert sind an einem richtigen Orte, wirken sie zusammen zu einem Ganzen, wie Hand und Fuß und Rumpf und Kopf des Menschen zu einem Ganzen zusammen­wirken. Die richtige Einheit entsteht eben gerade dadurch, daß jedes nach seiner Art richtig organisiert ist.

Vous en voyez, mes très chers présents, que ce n'est vraiment pas une idée frivole qui est présentée à l'humanité avec la triarticulation de l'organisme social, mais que cette idée est tirée d'une véritable science. Cette science doit d'abord être combattue contre le chaos scientifique qui règne aujourd'hui. Mais ce n'est pas seulement un mur, j'aimerais dire, c'est un épais mur de préjugés, à travers lequel il faut d'abord se battre, se battre d'abord avec ce qui doit être à la base de la science de l'humain, et ensuite avec ce qui ressort de cette véritable science de l'humain comme une impulsion vers une véritable reconstruction sociale. On peut dire que le cœur saigne quand on regarde aujourd'hui le chaos de la méfiance sociale qui règne partout et la somnolence sociale. Et il faut se dire qu'il n'est pas possible que chacun fasse aujourd'hui une réorganisation sociale à partir de ce que l'humanité européenne a reçu comme préjugé depuis trois ou quatre siècles d'une science erronée. C'est une chose terrible que de parler d'ordre social à partir d'une science qui ne peut jamais fonder un jugement social, parce qu'elle ne connaît pas l'humain. Cette science, mes très chers présents, ne considère pas l'humain en tant qu'humain, mais elle le considère seulement comme le membre le plus élevé de la série animale. Elle ne demande pas : "Qu'est-ce que l'humain ? Que sont les animaux ? -- Elle dit seulement : si les animaux se développent au plus haut, c'est justement l'humain. - On ne se demande pas ce qu'est l'humain, mais les animaux sont là, et à la série animale, on ajoute l'humain en dernier, sans dire sur l'humain lui-même autre chose que ce que l'on dit sur l'être animal. Une telle science ne créera jamais une nouvelle construction sociale.

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Sie sehen daraus, meine sehr verehrten Anwesenden, daß es wahr­haftig keine leichtsinnige Idee ist, die mit der Dreigliederung des sozialen Organismus vor die Menschheit hingestellt ist, sondern diese Idee ist herausgeholt aus einer wirklichen Wissenschaft. Diese Wissenschaft muß allerdings selbst erst durchgekämpft werden ge­gen all jenes wissenschaftliche Chaos, welches heute das herrschende ist. Aber es ist, ich möchte sagen, nicht nur eine Wand, es ist ein dicker Wall von Vorurteilen, durch die man sich erst durchkämpfen muß, durchkämpfen muß zunächst mit dem, was als Wissenschaft vom Menschen zugrundeliegen muß, und dann mit dem, was aus dieser wahren Wissenschaft des Menschen hervorgeht als ein Impuls zu einem wirklichen sozialen Neuaufbau. Man kann sagen: Es blutet einem das Herz, wenn man heute in dieses Chaos von sozialem Miß-urteil, das überall herrschend ist, und auf die soziale Schläfrigkeit hinblickt. Und man muß sich sagen: Es ist ja nicht möglich, daß jeder aus dem, was seit drei bis vier Jahrhunderten diese europäische Menschheit von einer irregehenden Wissenschaft als Vorurteil auf­genommen hat, von dem aus nun heute eine soziale Neuordnung zu machen. Es ist etwas Furchtbares, wenn geredet wird von einer so­zialen Ordnung von einer Wissenschaft aus, die niemals ein soziales Urteil begründen kann, weil sie den Menschen nicht kennt. Jene Wissenschaft, meine sehr verehrten Anwesenden, betrachtet den Menschen nicht als Menschen, sondern sie betrachtet ihn nur als das höchste Glied in der Tierreihe. Sie fragt nicht: Was ist der Mensch? —, sondern: Was sind die Tiere? -- Sie sagt nur: Wenn sich die Tiere am höchsten entwickeln, ist das eben der Mensch. — Da fragt man nicht, was der Mensch ist, sondern die Tiere sind da, und an die Tierreihe, da stückelt man den Menschen als letztes an, ohne daß man über den Menschen selber etwas anderes sagt, als was man über das Tierwesen sagt. Eine solche Wissenschaft wird niemals einen sozialen Neuaufbau schaffen.

C'est ce qui nous remplit d'une telle douleur que les humains d'aujourd'hui ne sont pas assez radicaux pour se dire : nous devons d'abord exiger une vraie connaissance, une vraie science - mais qu'ils sont aujourd'hui plus croyants par rapport à l'autorité scientifique extérieure que ne l'ont jamais été les catholiques d'autrefois par rapport à l'autorité papale. À l'époque, certains au moins se sont encore rebellés contre cette autorité pontificale. Mais aujourd'hui, tout se réfugie sous l'autorité scientifique, même des socialistes aussi radicaux que Lunatcharski ; au moment où il s'agit de défendre la vieille science contre un renouvellement de la science, il se glisse sous l'autorité scientifique, parce qu'il ne peut même pas se penser que la science elle-même a besoin d'une transformation si nous voulons progresser. Ces choses doivent être considérées avec le plus grand sérieux, et elles doivent être dites. Et même si les humains se rassemblent dans autant de clubs sociaux et de communautés libérales que possible, dans autant de communautés de construction que possible, dans autant d'associations de femmes et de clubs de femmes que possible, il n'en sortira jamais rien si l'on n'aborde pas la chose de manière radicale, si l'on ne part pas de ce qui permet d'arriver à un véritable jugement social : et ce n'est qu'une connaissance sociale de l'humain qui peut donner ce que la science actuelle ne peut pas donner. Et seule une véritable science de l'esprit peut donner un renouvellement de la science.

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Das ist dasjenige, was einen mit solchem Schmerz erfüllt, daß die Menschen heute nicht radikal genug sind, sich zu sagen: Wir müs­sen erst eine wirkliche Erkenntnis, eine wirkliche Wissenschaft fordern —, sondern daß sie heute gläubiger sind in bezug auf die äußere wissenschaftliche Autorität, als jemals in früheren Zeiten die Katholiken waren gegenüber der päpstlichen Autorität. Damals haben sich doch wenigstens manche noch aufgelehnt gegen diese päpstliche Autorität. Heute aber taucht alles unter unter die wissenschaftliche Autorität, selbst so radikale Sozialisten wie Lunatscharski; in dem Augenblick, wo es darauf ankommt, die alte Wissenschaft zu verteidigen gegen eine Erneuerung der Wissen­schaft, da kriecht er unter unter die wissenschaftliche Autorität, weil er sich gar nicht denken kann, daß die Wissenschaft selber einer Umwandlung bedarf, wenn wir weiterkommen wollen. Diese Dinge müssen durchaus ernst betrachtet werden, und sie müssen gesagt werden. Und wenn sich die Menschen zusammentun in noch so vielen sozialen Klubs und in noch so vielen liberalen Ge­meinschaften, in noch so vielen Aufbaugemeinschaften und in noch so vielen Frauenzusammenrottungen und Frauenklubs — es wird nie etwas herauskommen, wenn man die Sache nicht radikal anfaßt, wenn man nicht ausgeht von demjenigen, was einen zu einem wirk­lichen sozialen Urteil kommen läßt: Und das ist nur eine soziale Menschenerkenntnis, die das geben kann, was die heutige Wissen­schaft nicht geben kann. Und eine Erneuerung der Wissenschaft geben, das kann nur eine wirkliche Geisteswissenschaft.

Voilà ce que je voulais dire en introduction de cette soirée. Je demande maintenant au Dr Boos de parler de la deuxième partie de l'organisme social, de la vie juridique.

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Das ist das, was ich zur Einleitung des heutigen Abends sagen wollte. Ich bitte nun Herrn Dr. Boos, über den zweiten Teil des sozialen Organismus, über das Rechtsleben zu sprechen.

Roman Boos parlera de "La formation du jugement dans le membre de droit de l'organisme social". Cette intervention sera suivie d'une discussion.

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Roman Boos spricht über «Die Urteilsbildung im Rechtsglied des sozialen Organismus». Anschließend findet eine Diskussion statt.

Roman Boos : Peut-être que quelqu'un a encore une question à poser, peut-être que quelqu'un veut encore ajouter quelque chose ? - Cela ne semble pas être le cas. Je ne sais pas si l'on pourrait encore demander à M. Steiner de conclure. Il est très tard, et je ne sais pas s'il y a d'autres questions à traiter par M. Steiner.

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Roman Boos: Vielleicht hat jemand noch eine Frage zu stellen, vielleicht möchte irgend jemand noch etwas anfügen? — Das scheint nicht der Fall zu sein. Ich weiß nicht, ob Herr Dr. Steiner noch um ein Schlußwort gebeten werden könnte. Es ist ja sehr spät, und ich weiß nicht, ob sonst noch Fragen da sind, die von Herrn Dr. Steiner zu behandeln wären.

Rudolf Steiner : Compte tenu de la fin de la journée, j'aimerais juste ajouter quelques mots, parce qu'il est d'usage de conclure une discussion. Ces deux choses de ce soir, l'exigence d'une réorganisation sociale d'une part, et d'autre part la nécessité d'aller aux sources de la science de l'esprit, parce que c'est là seulement que l'on peut puiser les forces pour répondre aux exigences du jour, ces deux choses doivent toujours être soulignées à nouveau dans toute leur gravité, précisément à partir de ce point. Cela a souvent été dit, mais on ne peut pas le répéter trop souvent.

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Rudolf Steiner: Die Späte des Tages berücksichtigend, möchte ich nur noch ein paar Worte anfügen, weil nun schon einmal bei einer Diskussion ein Schlußwort üblich ist. Diese zwei Dinge des heu­tigen Abends, die Forderung nach einer sozialen Neugestaltung auf der einen Seite und auf der anderen Seite die Notwendigkeit, zu den Quellen der Geisteswissenschaft vorzudringen, weil nur da die Kräfte zu holen sind, um den Forderungen des Tages gerecht zu werden, diese zwei Dinge müssen ja immer wiederum in ihrem vollen Ernste gerade von dieser Stelle aus betont werden. Das ist oft gesagt worden, aber es kann nicht zu oft gesagt werden.

J'ai commencé à dire aujourd'hui que les humains ont grandi instinctivement dans l'ordre social actuel, et qu'en fait les matérialistes voudraient y rester. Ils ne veulent pas tenir compte du fait qu'aujourd'hui, le temps est venu de passer à l'activité du jugement, c'est-à-dire à la conscience, et de créer un nouveau monde social à partir de la conscience. Mais nous devons parvenir à cette conscience si nous ne voulons pas simplement poursuivre la politique catastrophique de ces dernières années, qui a pris place de manière si terrible et qui se poursuit maintenant au sein de la vie civilisationnelle européenne et de son annexe. J'ai déjà attiré ici l'attention sur le fait qu'un esprit génial d'un côté, mais malade de l'autre, comme Oswald Spengler, en arrive à prouver sérieusement et scientifiquement que l'Occident, au début du troisième millénaire, doit être arrivé à la barbarie, à la décadence complète et achevée. On éprouve précisément la douleur dont j'ai parlé aujourd'hui à la fin de mon introduction, quand on voit combien il est extraordinairement difficile de faire pénétrer dans les esprits actuels le sentiment de la gravité des temps, et combien il est encore plus difficile d'y faire pénétrer le sentiment de la nécessité d'accomplir une véritable transformation avec la connaissance du présent.

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Ich habe heute damit begonnen zu sagen, daß die Menschen instinktiv hineingewachsen sind in die gegenwärtigen sozialen Ordnungen, ragen, un eigentlich möchtendieMaterialisten ins e.inkti v auch darinnen bleiben. Sie möchten nicht berücksichtigen, daß heute die Zeit gekommen ist, zur Aktivität des Urteils, das heißt zur Bewußtheit, überzugehen und aus der Bewußtheit heraus auch eine neue soziale Welt zu schaffen. Zu dieser Bewußtheit müssen wir aber vordringen, wenn wir nicht einfach die katastropdalc Politik der letzten Jahre fortsetzen wollen, die Platz gegriffen hat in so furchtbarer Art und die sich nun fortsetzt innerhalb des europäischen zivilisatorischen Lebens und seines Anhanges. Ich habe ja auch hier schon darauf aufmerksam gemacht, wie ein auf der einen Seite immerhin genialer, auf der anderen Seite kranker Geist wie Oswald Spengler darauf kommt, ernstlich wissenschaft­lich zu beweisen, daß das Abendland im Beginne des dritten Jahr­tausends bei der Barbarei, dem vollständigen, vollendeten Nieder­gang angekommen sein müsse. Man bekommt eben jenen Schmerz, von dem ich heute am Schluß meiner einleitenden Worte sprach, wenn man sieht, wie außerordentlich schwer es ist, in die gegen­wärtigen Gemüter die Empfindung hineinzubringen von dem Ernste der Zeit, und wie noch viel schwerer es ist, hineinzubringen die Empfindung von der Notwendigkeit, eine wirkliche Umwand­lung mit dem Wissen der Gegenwart zu vollziehen.

Mes très chers présents, ne dites pas que cette connaissance du présent se trouve uniquement chez quelques savants ou dans certaines conceptions contemporaines des humains. Non, ce savoir est partout, mais les humains ne se l'avouent pas. Cela ne dépend pas du fait que l'on défende telle ou telle hypothèse, telle ou telle théorie scientifique, mais cela dépend du fait que l'on se déplace avec toute sa vie de représentation et de sensation dans une certaine direction qui, finalement, aboutit à cette vie scientifique du présent qui appauvrit l'humain et le vide de sa substance. Certes, il se peut que certains ne s'occupent pas du fait qu'il est dans la conséquence de la science actuelle que la terre soit sorti d'un brouillard mondial et qu'elle arrive à un état final de chaleur quelconque, dans lequel toute vie est détruite. Peut-être même certains diront-ils : "C'est peut-être vrai, je ne m'en soucie pas". - Mais, mes très chers présents, il ne s'agit pas de cela. Ouvrez aujourd'hui n'importe quelle chimie, n'importe quelle physiologie, n'importe quelle zoologie ou n'importe quelle anthropologie, lisez-y cinq lignes et prenez ces cinq lignes - il y a quelque chose dans ce sens. Peu importe que vous ouvriez ceci ou cela et que vous adoptiez ceci ou cela, vous êtes dans la direction qui mène à ces conceptions. Il est évidemment commode aujourd'hui, lorsqu'on veut savoir quelque chose sur ceci ou cela, de recourir aux choses courantes et de ne pas penser que même ces choses ont besoin d'une transformation profonde. Aujourd'hui, il est facile, si l'on veut en savoir plus sur la malachite, de se rendre au dictionnaire de conversation, de prendre le volume contenant "M", d'ouvrir "malachite" et de lire ce qui y est écrit. Si l'on accepte ce qui y est écrit sans le vérifier, indépendamment de ce que l'on pense par ailleurs, et si l'on ne se rend pas compte que l'on vit aujourd'hui dans une période de transformation sérieuse, alors on s'endort, on n'est pas attentif à ce qui est nécessaire à l'époque actuelle. Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de prendre conscience de la gravité de la situation à n'importe quel moment, lorsque l'on réfléchit aux derniers problèmes de la vision du monde, mais aujourd'hui, il s'agit d'être conscient chaque minute de la journée qu'il est de notre devoir de collaborer à la transformation, car nous vivons à une époque très sérieuse. Et c'est justement ces jours-ci que nous vivons à nouveau la tragédie que les problèmes les plus importants se déroulent, peut-être encore plus importants que pendant les années de guerre extérieure, et que les humains s'efforcent de dormir le plus possible, de ne même pas participer avec leur conscience à ce qui se déroule réellement.

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Meine sehr verehrten Anwesenden, sagen Sie nicht, dieses Wis­sen der Gegenwart sei nur bei ein paar Gelehrten oder bei irgend­welchen Gegenwartsanschauungen der Menschen. Nein, dieses Wissen ist überall, nur gestehen es die Menschen sich nicht. Es kommt ja nicht darauf an, ob man nun diese oder jene Hypothese, diese oder jene wissenschaftliche Theorie vertritt, sondern es kommt darauf an, ob man mit seinem ganzen Vorstellungs- und Empfindungsleben in einer gewissen Richtung sich bewegt, die zuletzt doch hinausläuft auf dieses den Menschen verarmende, den Menschen ausleerende wissenschaftliche Leben der Gegenwart. Gewiß, es mag sich mancher nicht beschäftigen damit, daß es in der Konsequenz der gegenwärtigen Wissenschaft liegt, die Erde sei ausgegangen von einem Weltennebel und würde in irgendeinen Wärme-Endzustand kommen, in welchem alles Leben vernichtet wird. Vielleicht gibt es sogar manche, die sagen: Das mag sein wie auch immer, darum kümmere ich mich nicht. — Aber, meine sehr verehrten Anwesenden, darauf kommt es nicht an. Schlagen Sie heute irgendeine Chemie, irgendeine Physiologie, irgendeine Zoo­logie oder irgendeine Anthropologie auf, lesen Sie darin fünf Zeilen und nehmen Sie diese fünf Zeilen — es steht etwas in der Richtung drinnen. Gleichgültig, ob Sie dies oder das aufschlagen und dies oder das übernehmen, Sie sind in der Richtung drinnen, die zu diesen Anschauungen führt. Es ist ja selbstverständlich heute bequem, wenn man über dies oder jenes etwas wissen will, zu den gebräuchlichen Dingen zu greifen und nicht daran zu denken, daß selbst so etwas einer gründlichen Umwandlung bedarf. Es ist heute bequem, wenn man über den Malachit etwas erfahren will, ans Konversationslexikon zu gehen, den Band mit «M» herauszunehmen, «Malachit» aufzuschlagen und nachzulesen, was da drinnensteht. Nimmt man es ungeprüft hin, was da drinnensteht, gleichgültig, was man sonst dabei denkt, und wird man sich nicht bewußt, daß man heute in einer ernsten Zeit der Umwandlung lebt, dann schläft man, dann ist man nicht bedacht für dasjenige, was der heutigen Zeit notwendig ist. Heute handelt es sich darum, daß man nicht bloß zu irgendwelchen Zeiten, wenn man über die letzten Weltanschauungsprobleme nachdenkt, sich des Ernstes bewußt wird, sondern heute handelt es sich darum, daß man in jeder Minute des Tages sich bewußt ist, daß es Pflicht ist, an der Umwandlung mitzuarbeiten, denn wir leben in einer durch und durch ernsten Zeit. Und gerade in diesen Tagen erleben wir wiederum das Tragische, daß die wichtigsten Probleme sich abspielen, vielleicht noch wichtigere als während der äußeren Kriegsjahre, und daß die Menschen sich bemühen, soviel als möglich zu schlafen, nicht einmal mit ihrem Bewußtsein teilzunehmen an demjenigen, was sich eigentlich vollzieht.

Accepter l'anthroposophie en tant que profession de foi ne signifie pas défendre ceci ou cela de manière purement théorique, parler de corps éthérique et de corps astral, de réincarnation et de karma. Accepter l'anthroposophie, c'est être lié dans ses sentiments, dans tout son être humain, à ce qui s'accomplit maintenant dans la journée et maintenant dans la grande époque comme l'impulsion d'une transformation importante. Et si l'on observe aujourd'hui le sommeil des humains, on a le cœur qui saigne. Car aujourd'hui, c'est l'éveil qui compte. Et je voudrais toujours dire, et je voudrais conclure chaque discussion par ceci : qu'on essaie d'atteindre les sources d'une connaissance spirituelle ; car avec l'eau qui vient de ces sources, on s'asperge d'une véritable source de conscience. Cette connaissance touche tellement la propre personnalité que l'on remonte, dirais-je, des profondeurs les plus profondes de l'être terrestre jusqu'à l'intérieur de l'humain : réveille-toi et accomplis tes tâches face aux grandes exigences de l'époque.

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Anthroposophie als ein Bekenntnis annehmen heißt nicht, das oder jenes bloß theoretisch zu vertreten, von Ätherleib und Astralleib, von Reinkarnation und Karma zu sprechen. Anthroposophie annehmen heißt, in seinen Empfindungen, mit seinem ganzen Menschen verbunden zu sein mit demjenigen, was sich jetzt im Tag und jetzt in der großen Zeitepoche als der Impuls einer bedeutsamen Umwandlung vollzieht. Und sieht man heute hinein in das Schlafen der Menschen, dann blutet einem eben das Herz. Denn heute kommt es auf das Wachen an. Und immer wiederum möchte ich sagen, und jede Auseinandersetzung möchte ich damit schließen:§ Man versuche, zu den Quellen eines geistigen Erkennens vorzudringen; denn mit dem Wasser, das aus diesen Quellen kommt, bespritzt man sich aus einem wirklichen Bewußtseinsquell. Dieses Erkennen berührt die eigene Persönlichkeit so, daß man, möchte ich sagen, aus den tiefsten Tiefen des Erdenwesens herauf es in das menschliche Innere hineinnimmt: Wache auf, und erfülle deine Aufgaben gegenüber den großen Forderungen der Zeit.

Roman Boos : Nous allons encore annoncer ce qui sera discuté ici aujourd'hui, dans huit jours. C'est la fin de l'événement d'aujourd'hui.

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Roman Boos: Es wird noch bekanntgegeben werden, was heute in acht Tagen hier besprochen werden wird. Damit ist die heutige Veranstaltung zu Ende.

 

Français seulement




QUATRIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION, Dornach, 16 août 1920
La formation d'un jugement social

01
Roman Boos : chers participants, nous allons traiter ce soir la question de la manière dont le jugement est formé dans l'organisme social triarticulé. M. Dr Steiner fera l'exposé introductif. Je vous demande dès à présent de participer activement au débat, et en particulier à ceux qui ont quelque chose à dire sur les problèmes qui seront présentés aujourd'hui, de prendre la parole. Je prie maintenant le Dr Steiner de commencer son exposé.
02
Rudolf Steiner : Mes très chers présents ! J'aimerais introduire la discussion de ce soir par quelques remarques sur la façon et la manière dont un jugement social, sur lequel doit se construire quand même un nouvel ordre social, peut venir en l'état. Je remarque d'emblée qu'il ne sera pas facile de parler tout de suite de cet objet d'une manière populaire. On devrait envisager l'impossibilité de parler de cet objet de manière populaire, des faits, dans lesquels nous vivons maintenant déjà une fois.
03
Voyez-vous, notre époque est, au fond, à bien des égards, tout à fait opposée à ce que l'humain se forme un jugement social sain. Il est donc exact qu'est beaucoup parlé aujourd'hui sur l'humain en tant qu'être social, sur des rapports sociaux et des exigences sociales absolument. Seulement ce discours sur les exigences sociales n'est pas tout de suite porté par une compréhension profonde de ce qu'est en fait l'être social. Il n'y a donc pas lieu de s'en étonner, par ce qu'en fait d'abord dans le présent est le début de cette période où l'humanité doit devenir mûre pour se former un jugement social. Dans un certain sens, l'humanité n'a pas eu besoin jusqu'à présent de se former un jugement social. Pourquoi ? L'humain a bien sûr toujours vécu dedans des conditions sociales quelconques, mais il n'a pas - jusqu'à présent - organisé ces conditions sociales à partir de sa conscience sociale, à partir d'une véritable compréhension. Il les a maintenues en ordre, si j'ai la permission de dire, par une sorte d'activité instinctive. Jusqu'à la forme de l'État actuel, qui n'a au fond pas plus de trois ou quatre siècles en Europe, les humains ont plutôt formé des rapports à partir de leurs instincts, et cela n'en est pas venu à prévoir la disposition des humains à partir de leur jugement, de leur réflexion, de leur compréhension. C'est à partir de cette compréhension, à partir d'un jugement vraiment clair, que la triarticulation de l'organisme social veut s'attaquer à la question sociale. Ce faisant, elle fait au fond quelque chose qui est jusqu'à présent tout à fait inhabituel pour l'humain et qui est même extrêmement inconfortable pour la plus grande partie des humains actuels.
04
Mais à quoi cela en est-il purement arrivé ? Les anciens groupements sociaux et l'actuel groupement d'États se sont formées à partir des instincts des humains, et ce groupement, qui est encore mêlée à toutes sortes d'instincts nationaux, ce groupement les humains d'aujourd'hui l'acceptent simplement. Ils grandissent dedans ce groupement. Instinctivement, ils grandissent dedans ce groupement et évitent d'y réfléchir - ou du moins, ils évitent d'y réfléchir jusqu'à un certain degré. On réfléchit tout au plus à la mesure dans laquelle on veut avoir son mot à dire dans les affaires de l'État, mais le cadre de l'État, on l'accepte. On l'accepte, même dans l'aile la plus radicale des socialistes ; même Lénine et Trotsky acceptent l'État, l'État qui est assemblé de tout le possible, mais à mesure d'instinct, et auquel le vieux tsarisme a finalement travaillé. Ils l'acceptent et se demandent tout au plus comment ils doivent organiser ce qui leur est souhaitable à l'intérieur de cet État. Ils ne se demandent pas si on doit laisser cet État tel qu'il est ou s'il faut procéder à une autre structuration/articulation/un autre membrement qui est sorti de la compréhension. Mais, voyez-vous, c'est tout de suite cette question - comment l'instinctif de l'ancienne vie sociale peut-il être transformé en une vie sociale née de l'âme humaine ? -C'est donc la question principale qui repose à la base de l'impulsion de la triarticulation de l'organisme social. Cette question ne peut pas être résolue autrement que par l'émergence d'une connaissance plus approfondie de l'humain, plus approfondie que cette connaissance de l'humain qui était là au cours des derniers siècles et qui est là dans le présent.
05
On peut dire, tout de suite de la question : comment l'humain devrait-il parvenir à un jugement sur comment il devrait vivre avec les autres humains ? -, tout de suite de cette question qu'est née l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social. Elle est née d'une observation correcte de ce que l'humain doit exiger dans le présent. Mais la plupart des humains n'aimeraient pas s'engager avec sérieux n'importe comment sur les exigences du présent. Ils aimeraient prendre ce qui est déjà et tout au plus apporté ici ou là des améliorations plus ou moins radicales. Un exemple : on pourrait probablement, disons, parler plus facilement avec un Anglais de tout ce qui est possible que de la triarticulation de l'organisme social, s'il considère comme une évidence, comme c'est le cas la plupart du temps, que l'État unitaire d'Angleterre est un idéal auquel on n'a pas la permission de secouer en tant que tel. Partout où l'on touche, on remarque justement ce préjugé. Mais ce n'est rien d'autre que le surplomb de vieux instincts de l'humanité en ce qui concerne la cohabitation sociale, et nous devons en sortir. Nous devons parvenir à une cohabitation consciente. C'est très inconfortable pour les humains du présent, car ils ne veulent en fait pas arriver à un jugement à partir d'une activité intérieure, à partir d'une activation intérieure. Au fond, comme je l'ai déjà dit, ils aimeraient certes avoir leur mot à dire sur ce qui est déjà là, mais ils n'aimeraient pas vraiment réfléchir énergiquement à la manière de redresser ce qui est là et qui, à travers les dernières catastrophes, a conduit à l'absurde. Cette nouveauté absolue de la triarticulation, ils ne veulent au fond pas l'envisager. On ne veut justement en fait pas se laisser aller à former un jugement social.
06
Vous voyez, la question "Comment un jugement social vient-il en état ? -, se divise aussitôt en trois questions distinctes, si l'on va à son corps de la manière correcte spirituellement scientifiquement. Et là-dessus reposent en fait les sources dont découle la triarticulation de l'organisme social, à savoir que cette question : comment se forme-t-on un jugement social ? - se divise aussitôt en trois questions distinctes. Il est impossible d'arriver à un jugement dans la vie de l'esprit sociétale, dans la vie de l'esprit sociale, de la même façon que dans la vie de droit ou d'État ou dans la vie économique. Un article est paru récemment dans le "Berliner Tageblatt" : "La scolastique politique". Un monsieur très intelligent - les journalistes sont habituellement intelligents - se fait drôle sur quand est ambitionné dans la vie publique actuelle de séparer le politique de l'économique. Il se rendrait évidemment aussi drôle et appellerait cela une division scolastique des cheveux, si l'on voulait séparer la vie publique en trois membres, le membre spirituel, le membre de droit ou d'état et le membre économique, car il a une raison très particulière, une raison qui est infiniment plus facile à comprendre pour l'humain contemporain ; il dit : oui, dans la vie réelle, la vie économique n'est nulle part séparée de la vie politique et de la vie spirituelle ; elles se fondent partout l'une dans l'autre, c'est donc scolastique si on les sépare. Maintenant, mes très chers présents, je pense que quelqu'un pourrait aussi dire qu'il ne faut pas ressentir séparément la tête, le tronc et les membres de l'humain, car ils vont ensemble dans la vie réelle. Certes, les trois membres de l'organisme social vont ensemble, mais on ne s'en sort pas si on confond l'un avec l'autre - pas plus que la nature ne s'en sortirait si elle faisait pousser un pied ou une main sur les épaules [de l'humain] au lieu d'une tête, si elle donnait donc à la tête la forme d'une main. C'est déjà une caractéristique particulière de ces gens intelligents de l'époque actuelle que d'avoir eu le plus de chance avec le plus stupide de nos jours, parce que le plus stupide apparaît aujourd'hui comme le plus intelligent du point de vue de l'intelligence de la grande masse.
07
Ce qui importe, c'est qu'au moment où l'humanité doit entrer dans la vie publique, non plus instinctivement, mais plus consciemment qu'auparavant, toute la manière dont l'humain se tient dans la vie culturelle spirituelle, comment elle se tient dans la vie de droit et d'état, comment elle se tient dans la vie de l'économie, est autre. Elle est tout de suite autre comme est autre la circulation sanguine dans la tête, dans les pieds ou dans les jambes, et est autre dans le cœur - et pourtant les trois œuvrent tout de suite de la manière correcte ensemble, quand elles sont organisées séparées/particularisées de la manière correcte.
08
Et nous aussi, en tant qu'humains, nous devons former notre jugement social de différentes manières dans le domaine de la vie de l'esprit, dans le domaine de la vie de droit ou d'état et dans le domaine de la vie économique. Mais là on doit trouver les chemins de comment on parvient à un jugement vraiment sain dans les trois domaines. En général, ce chemin - au fond, ce sont trois chemins - est vraiment bien fortement encombré par les préjugés du temps. Là doivent d'abord être écartés du chemin de nombreux obstacles.
09
Pour parvenir à un jugement social sain dans la vie spirituelle, on doit être clair à soi que l'humain actuel est tout à fait inapte à ne serait-ce que se poser la question : Que signifie donc social dans la vie spirituelle ? Que signifie vie commune humaine en relation spirituelle ? Nous n'avons encore aucune science de l'humain qui, je n'aimerais même pas dire une fois, réponde à de telles questions, mais j'aimerais seulement dire qui incite à de telles questions. Cette connaissance de l'humain doit d'abord être créée par la science de l'esprit et être popularisée dans l'humanité. Il faut soulever la question de manière ordonnée et synthétiquement raisonnable : Quelle est donc pour différence [si je fais face à un être humain ou] si j'ai seulement la nature en face de moi en tant qu'observateur solitaire de la nature, donc de me procurer des connaissances sur cette nature en me plaçant directement en tant qu'humain en face de la nature en tant qu'observateur ? - J'entre dans un certain rapport de réciprocité avec la nature ; je laisse la nature faire des impressions sur moi ; j'assimile/élabore ces impressions, je me forme intérieurement des représentations sur ces impressions, en entrant dans un rapport de réciprocité avec la nature ; j'absorbe quelque chose de l'extérieur, je l'assimile intérieurement. C'est au fond, le fait le plus simple. Vu de l'extérieur, il en va de même lorsque j'écoute un humain, c'est-à-dire lorsque j'entre en relation spirituelle avec lui, lorsque je trouve dans ses paroles le sens qu'il y met. Les paroles de l'humain font alors une impression sur moi ; je les transforme à nouveau intérieurement en représentations. J'entre en interaction avec d'autres humains. On pourrait croire que si j'interagis avec la nature ou si j'interagis avec d'autres humains, c'est au fond la même chose. Ce n'est justement pas le cas. Celui qui prétend que c'est une seule et même chose n'a même pas orienté son regard sur cette chose de la bonne manière. Il faut déjà prêter un peu attention à ces choses.
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Vous voyez, j'aimerais maintenant citer un exemple concret. Il y a dans la vie spirituelle allemande un fait sans lequel cette vie spirituelle allemande ne serait pas pensable. Lorsque l'on décrit la vie de l'esprit d'une certaine région, on décrit généralement - selon l'occasion - soit les conditions économiques de l'époque où cette vie spirituelle s'est développée, soit quelques grandes personnalités qui ont fécondé cette vie spirituelle grâce à leurs prestations de génie. Mais je pense maintenant un fait qui est d'une tout autre nature et sans lequel on ne peut pas penser la nature particulière de la vie spirituelle allemande au XIXe siècle. Il s'agit, j'aimerais dire, d'un phénomène originel de cohabitation spirituelle sociale : c'est le rapport intime de dix ans entre Goethe et Schiller. On ne peut pas dire que Goethe a donné quelque chose à Schiller ou que Schiller a donné quelque chose à Goethe et qu'ils ont travaillé ensemble. Cela ne correspond pas au fait auquel je pense, c'est autre chose. Schiller est devenu grâce à Goethe quelque chose qu'il n'aurait jamais pu devenir seul. Goethe est devenu grâce à Schiller ce qu'il ne serait jamais devenu seul. Et si l'on a seulement Goethe, et si l'on a seulement Schiller, et que l'on pense à leur effet sur le peuple allemand - il n'en ressort pas ce qui est devenu en réalité. Car si l'on a seulement Goethe, si l'on a seulement Schiller, et si l'on pense aux effets qui émanent des deux, il n'y a pas encore ce qui est devenu, mais il naît de la confluence des deux une troisième chose, tout à fait invisible, mais dont l'effet est extrêmement puissant (il est dessiné au tableau). Vous voyez, c'est un phénomène originel d'interaction sociale dans le domaine spirituel.
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Car qu'est-ce qui repose en fait là à la base ? La science grossière d'aujourd'hui n'étudie pas ce genre de choses, parce que la science d'aujourd'hui ne se presse absolument pas jusqu'à l'humain. La science de l'esprit étudiera de telles choses et apportera en premier par cela de la lumière dans la vie en commun sociale spirituelle des humains. Ceux d'entre vous qui ont entendu parler de la science de l'esprit savent ce que je ne veux maintenant qu'évoquer brièvement. La science de l'esprit montre que l'évolution de l'humain est un fait réel et effectif. Elle montre qu'un humain, en se développant, devient de plus en plus mûr, produit toujours d'autres choses des profondeurs de son être. Et quand la vie sociale réprime cette production, c'est que cette vie sociale est justement fausse et qu'elle doit être amenée sur d'autres voies.
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Maintenant, Goethe et Schiller étaient tous deux des individualités, des personnalités socialement heureuses/comblées au sens le plus élevé du terme. Quand est donc arrivé le moment où l'on peut dire que c'est Schiller qui a le mieux compris Goethe, que c'est Goethe qui a le mieux compris Schiller? Ils ont pu le mieux s'entretenir ensemble, le mieux échanger leurs idées et réaliser quelque chose de commun, justement cet invisible, qui s'est ensuite propagé et qui est l'un des faits les plus importants de la vie intellectuelle allemande. Je me suis beaucoup efforcé de faire ressortir l'année de la cohabitation la plus intime des deux, là où les idées de l'un ont pénétré, je dirais, le plus profondément dans les idées de l'autre. Je trouve que c'est autour de l'année 1795 ou 1796 (c'est écrit au tableau). En 1796, il y a vraiment quelque chose de très particulier dans cette collaboration entre Goethe et Schiller.
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Si l'on cherche pourquoi c'est justement Schiller qui a le mieux compris Goethe cette année-là, et pourquoi c'est justement cette année-là que Goethe a pu le mieux se faire comprendre de Schiller, on arrive à cette conclusion. N'est-ce pas, Schiller est né en 1759 ; il avait donc trente-sept ans en 1796. Goethe avait dix ans de plus ; il avait donc quarante-sept ans. La science de l'esprit nous montre maintenant qu'il y a différents nœuds de vie dans la vie humaine ; on n'en tient généralement pas compte aujourd'hui : le changement de dents - l'humain devient quelque chose de différent en passant le cap du changement de dents, aussi en relation psychospirituelle -, la maturité sexuelle, les transitions ultérieures - elles sont moins remarquables, mais elles sont tout de même là à la 28e année, à nouveau à la 35e et à la 42e année. Si l'on peut vraiment observer cette vie humaine intérieure, on sait que le début de la quarantaine, je dirais en moyenne la quarante-deuxième année, lorsque l'humain se développe intérieurement, lorsqu'il passe par une vie spirituelle intérieure, cette quarante-deuxième année est quelque chose de très particulier. Entre la 35e année et la 42e année, ce que l'on peut appeler l'âme de conscience arrive à maturité chez l'humain. Et elle est devenue tout à fait mûre, cette âme de conscience qui juge, cette âme consciente qui sort entièrement du Je pour entrer en un rapport au monde - cette âme de conscience devient alors mûre. Schiller, à 37 ans, avait cinq ans de moins que 42, Goethe, à 47 ans, avait cinq ans de plus que 42. Goethe avait dépassé la 42e année autant que Schiller était en dessous.
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Schiller se trouvait juste à l'intérieur de l'évolution de l'âme de conscience, Goethe était au-delà ; ils étaient à égale distance de celle-ci. Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie vraiment, en ce qui concerne l'âme, une opposition similaire - je sais que de telles comparaisons sont osées, mais notre langage est aussi grossier, et on ne peut donc utiliser des comparaisons osées que si l'on a des faits importants et fondamentaux à citer -, cela signifie pour le spirituel-âme une opposition similaire à celle du masculin et du féminin pour le physique-sexuel. En ce qui concerne le développement physique, les sexualités sont justement d'un développement inégal. Par politesse envers les dames, et pour ne pas rendre ces messieurs orgueilleux, je ne veux pas dire quelle sexualité est un développement ultérieur, quelle sexualité est un développement antérieur, mais elles sont d'un développement temporel différent. Ce n'est pas l'humain tout entier, la tête n'y participe pas, donc ceux dont la sexualité doit être pensée à un stade de développement antérieur ne doivent pas se sentir offensés. Mais il n'en va pas de même en ce qui concerne l'âme/est d'âme ; là, ce qui est antérieur peut rejoindre ce qui est postérieur, et il se produit alors une fécondation tout à fait particulière. C'est alors que se produit quelque chose qui ne peut naître qu'à travers ces différentes natures à différentes époques. C'est bien sûr un cas particulier ; dans la vie sociale commune, l'interaction d'âme à âme se forme d'une façon particulière. Toujours quand des humains agissent les uns sur les autres apparaît quelque chose qui ne peut jamais naître de la simple interaction entre l'humain et la nature considérée. Vous voyez, on reçoit un certain concept de ce que cela signifie en fait, de laisser agir sur soi ce qui ne sort pas de la nature, mais d'un autre être humain.
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C'est devenu un problème tout particulier pour moi lorsque je me suis plongé dans Nietzsche, par exemple. Nietzsche avait quelque chose que possèdent déjà un grand nombre d'humains qui ont une formation similaire à celle de Nietzsche ; il l'avait justement seulement dans un sens particulièrement radical. Il a par exemple observé les philosophes, les anciens philosophes grecs, il a observé Schopenhauer, il a observé Eduard von Hartmann et ainsi de suite. On peut dire que Nietzsche ne s'est jamais intéressé au contenu de la philosophie. Ce contenu de la philosophie, ce contenu de la vision du monde, il s'en moque éperdument ; mais ce qui l'intéressait, c'était l'humain. Ce que Thalès a justement pensé comme contenu de sa vision du monde lui est indifférent, mais comment cet humain Thalès vit jusqu'à ses concepts, cela l'intéresse. C'est ce qui l'intéresse chez Héraclite, ce n'est pas le contenu de la philosophie d'Héraclite qui l'intéresse. C'est précisément ce qui vient de l'humain qui agit sur lui, et c'est ainsi que Nietzsche se révèle être un personnage particulièrement moderne. Mais cela deviendra la constitution générale de la vie psychique humaine. Aujourd'hui, les humains se disputent encore souvent à propos d'opinions. Ils devront un jour cesser de se disputer à propos des opinions, pour la simple raison que chacun doit avoir sa propre opinion. C'est comme si on avait un arbre et qu'on le photographiait sous différents angles, c'est toujours le même arbre, mais les photographies sont très différentes ; chacun peut donc avoir sa propre opinion, cela dépend seulement du point de vue qu'il adopte. S'il est raisonnable au sens actuel du terme, il ne discute plus du tout des opinions, mais il trouve tout au plus certaines opinions saines et d'autres malades. Il ne discute plus des opinions. Ce serait comme si quelqu'un regardait différentes photographies et disait ensuite : "Oui, elles sont très différentes, celles-ci sont justes et celles-là sont fausses". - Tout au plus peut-on s'intéresser à la manière dont quelqu'un parvient à son opinion : qu'elle soit particulièrement spirituelle ou insensée, qu'elle soit basse et ne porte pas de fruits ou qu'elle soit haute et bénéfique pour l'humanité - cela peut nous intéresser.
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Aujourd'hui, il s'agit vraiment d'éclairer le regard sur la manière dont l'humain se situe par rapport à l'humain dans la coexistence sociale spirituelle, sur la manière dont l'humain doit donner quelque chose à l'humain. Cela se manifeste tout particulièrement lorsque l'on voit ce que l'humain, en tant qu'enfant en pleine croissance, doit recevoir de l'autre humain, qui est sa personnalité d'enseignant. Il y a là des forces tout à fait différentes de celles qui sont en jeu entre Goethe et Schiller, même si elles ne sont pas placées aussi haut, mais des forces plus complexes sont en jeu. Ce que je suis en train de développer ici donne la possibilité de trouver le moyen de s'élever à un jugement vraiment social dans le domaine de la vie de l'esprit.
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Vous voyez, j'ai déjà dit que je ne pouvais pas parler de manière particulièrement populaire aujourd'hui, parce que si je veux discuter de ces questions, je dois partir du point de vue d'une science de l'humain encore inconnue aujourd'hui, du moins dans d'autres cercles. Dans mon livre "Von Seelenrätseln" (Des mystères de l'âme), j'ai attiré l'attention sur le fait que l'humain est un être triarticulé : il est un humain de tête ou un humain des sens nerveux, humain rythmique, humain métabolique. L'humain des sens nerveux comprend tout ce que sont les sens et tout ce que sont les organes de la tête. L'humain rythmique, l'humain du tronc, pourrait-on aussi dire, englobe ce qui est rythmique dans l'humain, ce qui est mouvement cardiaque, mouvement pulmonaire et ainsi de suite. Le troisième, l'humain métabolique, englobe tout le reste.
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Ces trois membres existent dans la nature humaine ; dans un certain sens, ils sont fondamentalement différents les uns des autres, mais on vient difficilement à leurs véritables différences. On peut souligner ce qui suit en ce qui concerne l'humain rythmique. - Vous entendrez encore parler de l'aspect rythmique de l'humain ce soir, lorsque le Dr Boos parlera de la formation du jugement social dans la vie de droit ou d'état, ce qui constituera la deuxième partie de l'introduction. Dr Boos parlera de ce qui lui est particulièrement proche, de la formation du jugement social dans le deuxième membre de l'organisme social, dans la vie de droit et d'état. - Mais j'aimerais maintenant souligner ce qui suit : Ce qu'est l'activité rythmique dans l'humain nous apparaît de manière particulièrement forte lorsque nous saisissons comment l'humain inspire l'air extérieur, le transforme en lui, comment il inspire l'oxygène et expire le gaz carbonique. Inspiration - expiration, inspiration - expiration : c'est d'abord l'un des rythmes actifs dans l'humain. C'est un processus relativement facile à comprendre : inspiration - expiration = activité rythmique.
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On ne parvient peut-être aux deux autres activités que si l'on part de cette activité rythmique. Dans un certain sens, l'humain tout entier est prédisposé à l'activité rythmique. Mais avec la science ordinaire, on ne reconnaît pas du tout l'activité des sens nerveux, l'activité tête proprement dite. On ne peut pas la comparer à l'activité pulmonaire et cardiaque, à l'activité rythmique. Je ne peux que mentionner quelque chose qui peut sembler paradoxal à ceux qui connaissent moins bien la science de l'esprit, avec l'anthroposophie, mais qui sera confirmé par une véritable science. À l'avenir, ce que je dis maintenant apparaîtra dans le monde comme un fait scientifique tout à fait exact, lorsque l'on aura compris les rapports nécessaires. Lors de l'inspiration et de l'expiration, la est d'abord disponible un certain équilibre. Cet équilibre qui est disponible là, on pourrait le représenter cet équilibre par une image, comme un pendule qui va et vient. Il monte aussi haut d'un côté que de l'autre. Il oscille d'avant en arrière. Il y a donc aussi un équilibre entre l'inspiration et l'expiration, l'inspiration et l'expiration, et ainsi de suite.
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Si l'humain ne vivait pas spirituellement-animiquement avec d'autres humains, si l'humain était seul et ne pouvait qu'observer la nature, donc pouvait seulement entrer en un rapport de réciprocité avec la nature, regarder la nature et la transformer intérieurement en représentations, alors il se passerait quelque chose de très particulier avec l'humain. Comme je l'ai dit, cela semble aujourd'hui extrêmement paradoxal pour l'humain, mais c'est pourtant le cas : sa tête deviendrait notamment trop légère. En ce que nous observons la nature, est donc disponible une activité. Nous ne faisons pas rien en observant la nature ; tout est en nous dans une certaine activité. Cette activité est en quelque sorte une activité qui aspire la tête de l'humain - pas tout l'organisme, mais la tête de l'humain. Et cette activité d'aspiration doit être compensée, sinon notre tête deviendrait trop légère ; nous nous évanouirions. Elle est compensée par le fait que la tête dans une certaine mesure devenue trop légère subit à nouveau un métabolisme, sang - alimentation, et tout cela se dirige vers la tête. Et c'est ainsi que nous avons en ce que nous observons la nature : constamment un devenir trop léger de la tête et à nouveau un devenir lourd, parce que l'activité digestive remonte vers la tête.
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Tableau 3 Cet équilibre doit avoir lieu. C'est une activité rythmique supérieure. Mais cette activité deviendrait extrêmement unilatérale si l'humain ne faisait face qu'à la nature. En effet, l'humain deviendrait trop léger dans sa tête s'il ne se trouvait qu'à l'extérieur face à la nature ; il n'enverrait pas de l'intérieur suffisamment d'activité métabolique compensatrice vers le haut de la tête. Il le fait suffisamment lorsqu'il entre en rapport avec ses semblables.
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C'est de là, voyez-vous, que ça vient que vous ressentez un certain plaisir quand vous entrer dans un rapport avec vos semblables, en échange de pensées ou d'idées, ou à recevoir leur enseignement ou autre chose de ce genre. Ce n'est pas la même chose de marcher dans la nature froide ou d'être en face d'un humain qui vous exprime ses idées. Lorsque l'on se trouve en face d'un humain qui exprime ses idées - il suffit de s'observer soigneusement -, on éprouve un certain bien-être. Et celui qui peut analyser ce sentiment de bien-être trouve une similitude entre ce sentiment de bien-être et le sentiment qu'il a lorsqu'il digère. C'est une grande similitude, sauf que l'une des sensations va vers l'estomac, l'autre va vers la tête. Vous voyez, c'est tout de suite le propre du matérialisme : ces processus matériels subtils dans le corps humain restent fermés au matérialisme. Les humains ne remarquent pas, à cause de la science grossière d'aujourd'hui, qu'une activité digestive cachée se déroule vers la tête, précisément parce qu'on est assis en face d'un humain avec lequel on parle, avec lequel on échange des idées. C'est pourquoi ils ne peuvent pas non plus répondre aux questions sociales, aux questions relatives au contexte humain, même si elles sont tout à fait triviales.
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Pour le scientifique de l'esprit, l'anthroposophe, il est tout à fait clair pourquoi les sœurs de café aiment tant s'asseoir ensemble. Ce s'asseoir ensemble n'a pas lieu purement parce qu'elles aiment le café, mais il a lieu parce qu'elles se digèrent elles-mêmes. La digestion se fait par la tête, et elles ressentent cela comme une sensation de bien-être. Et en s'asseyant ainsi, sœur de café à côté de sœur de café, ou bien, je ne peux pas dire frère de café, mais frère de skat à côté de frère de skat lors du pot du crépuscule et ainsi de suite, la même chose se produit naturellement entre hommes. Je ne veux offenser personne, mais en s'asseyant ainsi, oui, les gens ressentent cette activité digestive qui va vers la tête, et cela signifie un certain bien-être. Ce qui se passe là est vraiment nécessaire à la vie humaine. C'est vraiment nécessaire, sauf qu'on peut l'utiliser pour une activité plus élevée que celle qui consiste à prendre un verre au crépuscule ou à boire un café. De même que le sang ne doit pas s'arrêter dans l'humain, de même ce qui se passe dans la tête ne doit pas s'arrêter. Un rythme atrophié s'installerait dans le système nerveux sensoriel si nous n'étions pas en relation spirituelle avec les gens du dehors de la bonne manière. Notre véritable humanité, le fait que nous devenions véritablement des humains, dépend du fait que nous entrions dans un rapport synthétiquement raisonnable avec les autres humains.
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Et ainsi, on ne peut former un jugement social que si l'on remarque ce qui est nécessaire à l'humain - aussi nécessaire que sa naissance. Lorsque l'on remarque que l'humain doit entrer en relation spirituelle avec d'autres humains, alors seulement on peut former un jugement social correct sur la manière dont le membre spirituel de l'organisme social doit être organisé. Car on sait alors que cette vie sociale commune repose sur le fait que l'humain doit entrer dans un rapport individuel correct avec l'humain, qu'une vie étatique abstraite ne doit pas intervenir, que rien ne doit être organisé d'en haut, mais que tout dépend du fait que ce qui est originel dans l'humain puisse s'approcher de ce qui est originel dans l'autre humain, qu'il y ait donc une liberté réelle, authentique, une liberté directe d'individu à individu, que ce soit dans la vie sociale commune du maître avec ses élèves ou dans la vie sociale commune en général. Les êtres humains dépérissent lorsque les règlements scolaires ou les ordonnances sur la cohabitation spirituelle rendent impossible que ce qui se trouve dans un être humain se répercute de manière fécondante sur ce qui se trouve dans un autre être humain. Un véritable jugement social dans le domaine de la vie spirituelle ne peut se former que si ce qui élève l'humain au-dessus de lui-même, ce qui est plus en l'humain que dans l'autre humain, peut agir sur l'autre humain et si, à son tour, ce qui est plus en l'autre humain qu'en lui-même peut agir en retour sur lui. On ne comprend la nécessité d'une liberté de la vie spirituelle que si l'on voit comment cette coexistence humaine ne peut se façonner sur le plan spirituel et psychique que si ce qui entre dans l'être-là avec nous par la naissance et qui se développe grâce à nos dispositions peut agir librement sur l'autre humain. C'est pourquoi le membre spirituel de l'organisme social doit aussi seulement être géré à l'intérieur de lui-même. Celui qui est actif dans la vie spirituelle doit en même temps avoir en main l'administration de la vie spirituelle. Donc : autogestion à l'intérieur de ce domaine spirituel. Vous voyez, c'est là que l'on a la particularité de cette vie de l'esprit, qui résulte d'une véritable science humaine.
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La vie de droit, vous l'entendrez ensuite décrite plus précisément par le Dr Boos, sous les mêmes aspects. La vie de droit se déroule ainsi : Lorsque l'humanité, par les exigences de l'époque actuelle, se dirige de plus en plus vers un état démocratique, de sorte que l'humain devenu majeur se trouve en face d'un autre humain devenu majeur, on n'a pas encore affaire à ce qui agit d'un humain sur un autre humain, comme je l'ai décrit pour la vie de l'esprit, où l'activité digestive s'élève dans la tête. Dans la vie de droit, où l'humain complet se trouve en face de l'humain complet, il ne se produit pas dans les humains de tels changements que dans la vie spirituelle, mais seulement des interactions entre l'humain et l'humain ; dans la vie de l'esprit, l'effet s'écoule de telle sorte que quelque chose de nouveau naît dans l'autre humain. Dans la vie de droit, c'est précisément sur le milieu de l'être humain que l'on agit, sur ce qui se trouve à l'intérieur de la rythmique proprement dite. Vous le comprendrez des explications ultérieures.
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Je veux maintenant, en laissant de côté ce milieu, passer à la vie de l'économie, au troisième membre de l'organisme social. Aujourd'hui, on ne saisit pas non plus cette vie de l'économie de manière à ce qu'un véritable jugement social puisse se former à partir de cette saisie. Que peut-on donc en fait seulement vie de l'économie ? Voyez-vous, on peut délimiter nettement la vie de l'économie quand on la pense à l'intérieur de l'organisme social. N'est-ce pas, prenons une espèce animale quelconque ? On ne peut pas dire qu'elle vit dans une communauté sociale qui est de sorte humaine, car l'espèce animale trouve ce qu'elle désire dans la nature elle-même. Elle prend dans la nature extérieure ce dont elle a besoin pour continuer à vivre ; ce qui se trouve d'abord à l'extérieur dans la nature passe dans l'animal, l'animal l'assimile et le restitue - à nouveau une sorte d'interaction. Vous voyez : nous avons là quelque chose qui est, je dirais, organisé dans la nature. Une telle espèce animale ne fait en quelque sorte que prolonger la vie de la nature en elle-même. Il n'y a pas de changement dans la nature. L'animal prend pour sa nourriture ce qui est dans la nature - ainsi, que c'est dans la nature tout d'abord. Nous pouvons trouver là un contraste complet, et ce contraste existe chez les animaux de zoo, qui reçoivent toute leur nourriture par l'intermédiaire des humains, où c'est donc la raison synthétique humaine qui fournit la nourriture aux animaux, où l'organisation humaine juge d'abord ce que les animaux reçoivent alors. Les animaux sont ainsi complètement arrachés à la nature. Les animaux domestiques sont aussi complètement arrachés à la nature ; ils sont dans une certaine mesure modifiés ainsi qu'ils n'absorbent pas purement des substances alimentaires naturelles, mais que la nourriture préparée par la raison synthétique humaine est greffée en eux. Les animaux domestiques deviennent un moyen d'expression de ce qui est en quelque sorte traité/élaboré spirituellement, mais ils n'y font rien eux-mêmes. Les animaux sont donc soit tels qu'ils intègrent tel quel dans leur propre activité ce qui se trouve dans la nature, soit, lorsque les humains leur fournissent quelque chose, ils ne peuvent rien y contribuer ; ils ne travaillent pas à la préparation de ce qui leur est fourni là.
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Au milieu de ces deux extrêmes se trouve l'activité économique humaine, pour autant qu'elle vit dans l'organisme social, tout au plus alors pas lorsque l'humain se trouve au niveau inférieur d'un peuple de chasseurs, lorsqu'il prend encore ce qui est dans la nature sans le modifier, s'il le savoure cru, ce qu'il ne fait déjà plus aujourd'hui. Mais dès l'instant où la culture humaine commence à ce niveau, l'humain s'alimente de quelque chose qu'il prépare déjà lui-même, où il modifie la nature. L'animal ne fait pas cela, et s'il est domestique, on lui apporte quelque chose d'étranger. C'est en fait une activité économique : ce que l'humain fait en communion avec la nature en s'apportant la nature modifiée. On peut dire que toute activité économique de l'humain se situe en fait entre ces deux extrêmes : entre ce que l'animal, qui n'est pas encore un être social, prend tel quel dans la nature, et ce que prend l'animal domestique, qui est maintenant entièrement nourri à l'étable, uniquement par ce que les humains lui préparent. Et lorsque l'humain travaille, il se trouve, avec son activité économique, entre son intérieur et la nature. Et cette vie de l'économie que nous connaissons dans l'organisme social : elle n'est en fait qu'un résumé systématique de ce que les individus font justement dans la direction que j'ai caractérisée.
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Comparons, dans le domaine social, la vie économique avec la vie spirituelle que nous venons de caractériser. La vie spirituelle repose sur le fait que l'individu a en quelque sorte trop. Ce que les humains possèdent spirituellement, ils le donnent généralement très volontiers ; ils sont généreux et le cèdent volontiers aux autres. En ce qui concerne les possessions matérielles, les humains ne sont pas généreux dans le même sens ; ils préfèrent garder les possessions matérielles pour eux. Mais ce qu'ils possèdent spirituellement, ils le donnent volontiers, c'est là qu'ils sont généreux. Mais cela repose sur une bonne loi universelle. L'humain peut justement aller au-delà de lui-même dans les relations spirituelles ; et de la manière dont je viens de le décrire, il est bénéfique pour l'autre que l'humain lui donne quelque chose, même s'il ne reçoit rien de l'autre. En d'autres termes, en entrant dans la vie sociale par la relation spirituelle, l'humain a, je dirais, trop de jugements, trop de représentations dans son for intérieur ; il est poussé à donner, il doit se communiquer aux autres.
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Dans la vie de l'économie, c'est exactement l'inverse. Mais on n'y parvient que si l'on part de l'expérience et non d'une quelconque science théorisante. Dans la vie de l'économie, on ne peut en effet pas arriver à un jugement de la même manière que dans la vie de l'esprit - c'est-à-dire d'humain à humain -, mais dans la vie de l'économie, on ne peut arriver à un jugement que si l'on se trouve, en tant qu'humain individuel ou en tant qu'humain placé dans une association quelconque, en face d'une autre association. C'est pourquoi l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social exige/promeut l'association : les humains doivent s'associer selon leurs branches professionnelles ou selon les producteurs, les consommateurs et ainsi de suite. Dans la vie économique, l'association se tiendra vis-à-vis de l'association. Comparons cela à l'individu qui, pour ma part, a beaucoup d'esprit dans la tête ; il peut communiquer cet esprit à beaucoup d'humains. L'un l'accepte mieux, l'autre moins bien, mais il peut communiquer cet esprit qu'il a à beaucoup d'humains. Il est donc possible que l'humain transmette à de nombreux humains ce qu'il possède comme esprit. Dans la vie économique, c'est exactement l'inverse.
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Au début, nous n'avons absolument rien en tête de la vie de l'économie. Ce que j'ai déjà dit hier à certains d'entre vous est tout à fait vrai : si l'on veut juger de ce qui est juste ou faux, sain ou malsain dans la vie de l'économie, et si l'on veut seulement le déduire de l'intérieur, alors on ressemble à cet humain de Jean Paul qui se réveille au milieu de la nuit dans une chambre obscure et qui réfléchit à l'heure qu'il est, et qui veut donc découvrir l'heure qu'il est dans cette chambre obscure où il ne voit rien et n'entend rien. On ne peut pas savoir quelle heure il est en réfléchissant. On ne peut pas non plus arriver à un jugement économique par la réflexion ou par le développement intérieur. On ne peut même pas arriver à un jugement économique lorsqu'on négocie avec un autre humain. Goethe et Schiller ont bien pu échanger entre eux ce qui est spirituel et psychique. Deux personnes ne peuvent pas parvenir à un jugement économique. On ne peut parvenir à un jugement économique que si l'on se trouve face à un groupe d'humains qui ont fait des expériences, chacun dans son domaine, et si l'on prend ensuite comme jugement ce qu'ils ont obtenu en tant qu'association, en tant que groupe. De la même manière qu'il faut regarder l'heure quand on veut savoir quelle heure il est, il faut, pour parvenir à un jugement économique, prendre en compte les expériences, les expériences consignées d'une association. Et on peut entendre de très belles choses sur ce qu'est le devoir d'un humain envers un autre humain, sur ce qu'est le droit d'un humain envers un autre humain lorsqu'il est en face d'un autre humain ; mais on ne peut pas arriver à un jugement économique si un humain est simplement en face d'un autre humain, mais on ne peut arriver à un jugement économique que si l'on comprend ce qui est consigné comme expérience économique dans les associations, dans les groupes d'humains, dans les échanges économiques réciproques. Il doit y avoir là tout de suite le contraire de la manière dont on vit ensemble socialement sur le plan spirituel et psychique. Dans le domaine spirituel et psychique, l'individu doit transmettre aux autres ce qu'il développe en son for intérieur. Dans le domaine économique, l'individu doit recevoir ce que sont les expériences de l'association. Si je veux me former un jugement économique, je ne peux le faire que si j'ai demandé aux associations quelles expériences elles ont faites avec tel ou tel article dans la production, dans les échanges réciproques, etc. Et c'est de cela que dépendra la formation d'un jugement social dans le domaine économique, à savoir que de telles associations constituent précisément le corps économique de l'organisme social triarticulé et que chaque individu appartient à de telles associations. Pour parvenir à un jugement économique à partir duquel on peut à nouveau agir, il faut disposer des expériences économiques des associations. Ce que nous devons apprendre sur le plan scientifique, sur le plan de la connaissance, nous devons l'obtenir dans la vie de l'esprit libre, à travers les expériences individuelles. Ce qui doit nous inciter à la volonté économique, l'individu doit l'apprendre en recevant les expériences des associations. Ce n'est que par l'association de personnes exerçant une activité économique que nous pouvons nous-mêmes parvenir à un vouloir économique.
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La formation du jugement est radicalement différente dans le domaine spirituel et dans le domaine économique. Et une vie de l'économie ne peut se développer de manière prospère à côté d'une vie de l'esprit si les deux domaines reçoivent des ordonnances d'une seule et même instance, mais seulement si la vie de l'esprit est placée de telle sorte que l'individualité particulière puisse y transmettre tout à fait librement ce qu'elle possède à une autre. Et la vie économique peut seulement prospérer si les associations sont telles que les branches économiques apparentées entre elles par la production ou la consommation sont réunies de manière associative et que c'est ainsi que naît le jugement économique, qui est à nouveau à la base de la volonté économique. Sinon, on en fait un méli-mélo et on obtient ce que sont les idées réactionnaires, libérales ou sociales des temps modernes, où l'on ne voit jamais à quel point les activités de l'humain sont radicalement différentes les unes des autres dans le domaine spirituel, économique et, au milieu, dans le domaine juridique ou étatique.
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Au fond, s'il est si difficile aujourd'hui pour l'humain de parvenir à un jugement sain dans ce domaine, c'est parce que les confessions de foi traditionnelles l'ont déjà empêché de voir la véritable articulation de l'humain en corps, âme et esprit. L'humain devrait seulement être une dualité, un corps et une âme. Tout est ainsi confondu. Ce n'est que lorsqu'on aura divisé l'humain en esprit, âme et corps, ce n'est que lorsqu'on saura comment l'esprit est ce que nous apportons à l'existence par la naissance, comment l'esprit est ce qui amène en nous les dispositions à se développer, que nous devons justement apporter dans le social, que nous aurons une idée de la manière dont cette partie spirituelle de l'organisme social doit avoir une existence séparée. Si nous savons comment de l'âme, qui est intimement liée à notre vie rythmique, jaillit tout ce qui constitue la vie commune des humains dans les cercles de devoir, dans les cercles de travail, dans les cercles d'amour, alors on comprend ce qui doit exister dans l'État démocratique comme organisation de droit de l'organisme triarticulé. Et si l'on envisage comment l'humain ne peut vraiment pas parvenir à un jugement économique, et donc à une action économique, sans être intégré dans un tissu d'associations dans l'organisme social triarticulé, si l'on comprend cela, alors on en vient vraiment à comprendre comment seul ce qui est un type particulier de formation de jugement dans le domaine économique peut conduire à une aide dans l'avenir.
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La tâche du présent est déjà d'acquérir une véritable connaissance de l'humain et, à partir de cette connaissance réelle de l'humain, de parvenir à la compréhension de ce qui aspire aujourd'hui à une véritable compréhension. La manière dont l'humain juge dans la vie sociale est tout à fait différente dans le domaine spirituel que dans le juridique, et elle est à son tour tout à fait différente dans le domaine économique. C'est pourquoi, si l'on veut que ces trois contextes sociaux de nature très différente se développent sainement à l'avenir, ils doivent être gérés séparément et agir ensemble. De même que dans un organisme individuel, là où doit se former la tête, il ne peut se former une autre forme que celle de la tête, de même qu'il ne peut se former ni main, ni pied, ni cœur, ni foie, de même l'organisme spirituel ne doit pas être aussi systématisé que l'organisme économique ou l'organisme juridique, par exemple. Mais c'est précisément lorsqu'ils sont correctement organisés en un lieu approprié qu'ils agissent ensemble pour former un tout, comme la main et le pied, le tronc et la tête de l'humain agissent ensemble pour former un tout. L'unité juste résulte précisément du fait que chacun est organisé correctement selon sa façon/sorte.
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Vous en voyez, mes très chers présents, que ce n'est vraiment pas une idée frivole qui est présentée à l'humanité avec la triarticulation de l'organisme social, mais que cette idée est tirée d'une véritable science. Cette science doit d'abord être combattue contre le chaos scientifique qui règne aujourd'hui. Mais ce n'est pas seulement un mur, j'aimerais dire, c'est un épais mur de préjugés, à travers lequel il faut d'abord se battre, se battre d'abord avec ce qui doit être à la base de la science de l'humain, et ensuite avec ce qui ressort de cette véritable science de l'humain comme une impulsion vers une véritable reconstruction sociale. On peut dire que le cœur saigne quand on regarde aujourd'hui le chaos de la méfiance sociale qui règne partout et la somnolence sociale. Et il faut se dire qu'il n'est pas possible que chacun fasse aujourd'hui une réorganisation sociale à partir de ce que l'humanité européenne a reçu comme préjugé depuis trois ou quatre siècles d'une science erronée. C'est une chose terrible que de parler d'ordre social à partir d'une science qui ne peut jamais fonder un jugement social, parce qu'elle ne connaît pas l'humain. Cette science, mes très chers présents, ne considère pas l'humain en tant qu'humain, mais elle le considère seulement comme le membre le plus élevé de la série animale. Elle ne demande pas : "Qu'est-ce que l'humain ? Que sont les animaux ? -- Elle dit seulement : si les animaux se développent au plus haut, c'est justement l'humain. - On ne se demande pas ce qu'est l'humain, mais les animaux sont là, et à la série animale, on ajoute l'humain en dernier, sans dire sur l'humain lui-même autre chose que ce que l'on dit sur l'être animal. Une telle science ne créera jamais une nouvelle construction sociale.
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C'est ce qui nous remplit d'une telle douleur que les humains d'aujourd'hui ne sont pas assez radicaux pour se dire : nous devons d'abord exiger une vraie connaissance, une vraie science - mais qu'ils sont aujourd'hui plus croyants par rapport à l'autorité scientifique extérieure que ne l'ont jamais été les catholiques d'autrefois par rapport à l'autorité papale. À l'époque, certains au moins se sont encore rebellés contre cette autorité pontificale. Mais aujourd'hui, tout se réfugie sous l'autorité scientifique, même des socialistes aussi radicaux que Lunatcharski ; au moment où il s'agit de défendre la vieille science contre un renouvellement de la science, il se glisse sous l'autorité scientifique, parce qu'il ne peut même pas se penser que la science elle-même a besoin d'une transformation si nous voulons progresser. Ces choses doivent être considérées avec le plus grand sérieux, et elles doivent être dites. Et même si les humains se rassemblent dans autant de clubs sociaux et de communautés libérales que possible, dans autant de communautés de construction que possible, dans autant d'associations de femmes et de clubs de femmes que possible, il n'en sortira jamais rien si l'on n'aborde pas la chose de manière radicale, si l'on ne part pas de ce qui permet d'arriver à un véritable jugement social : et ce n'est qu'une connaissance sociale de l'humain qui peut donner ce que la science actuelle ne peut pas donner. Et seule une véritable science de l'esprit peut donner un renouvellement de la science.
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Voilà ce que je voulais dire en introduction de cette soirée. Je demande maintenant au Dr Boos de parler de la deuxième partie de l'organisme social, de la vie juridique.
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Roman Boos parlera de "La formation du jugement dans le membre de droit de l'organisme social". Cette intervention sera suivie d'une discussion.
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Roman Boos : Peut-être que quelqu'un a encore une question à poser, peut-être que quelqu'un veut encore ajouter quelque chose ? - Cela ne semble pas être le cas. Je ne sais pas si l'on pourrait encore demander à M. Steiner de conclure. Il est très tard, et je ne sais pas s'il y a d'autres questions à traiter par M. Steiner.
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Rudolf Steiner : Compte tenu de la fin de la journée, j'aimerais juste ajouter quelques mots, parce qu'il est d'usage de conclure une discussion. Ces deux choses de ce soir, l'exigence d'une réorganisation sociale d'une part, et d'autre part la nécessité d'aller aux sources de la science de l'esprit, parce que c'est là seulement que l'on peut puiser les forces pour répondre aux exigences du jour, ces deux choses doivent toujours être soulignées à nouveau dans toute leur gravité, précisément à partir de ce point. Cela a souvent été dit, mais on ne peut pas le répéter trop souvent.
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J'ai commencé à dire aujourd'hui que les humains ont grandi instinctivement dans l'ordre social actuel, et qu'en fait les matérialistes voudraient y rester. Ils ne veulent pas tenir compte du fait qu'aujourd'hui, le temps est venu de passer à l'activité du jugement, c'est-à-dire à la conscience, et de créer un nouveau monde social à partir de la conscience. Mais nous devons parvenir à cette conscience si nous ne voulons pas simplement poursuivre la politique catastrophique de ces dernières années, qui a pris place de manière si terrible et qui se poursuit maintenant au sein de la vie civilisationnelle européenne et de son annexe. J'ai déjà attiré ici l'attention sur le fait qu'un esprit génial d'un côté, mais malade de l'autre, comme Oswald Spengler, en arrive à prouver sérieusement et scientifiquement que l'Occident, au début du troisième millénaire, doit être arrivé à la barbarie, à la décadence complète et achevée. On éprouve précisément la douleur dont j'ai parlé aujourd'hui à la fin de mon introduction, quand on voit combien il est extraordinairement difficile de faire pénétrer dans les esprits actuels le sentiment de la gravité des temps, et combien il est encore plus difficile d'y faire pénétrer le sentiment de la nécessité d'accomplir une véritable transformation avec la connaissance du présent.
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Mes très chers présents, ne dites pas que cette connaissance du présent se trouve uniquement chez quelques savants ou dans certaines conceptions contemporaines des humains. Non, ce savoir est partout, mais les humains ne se l'avouent pas. Cela ne dépend pas du fait que l'on défende telle ou telle hypothèse, telle ou telle théorie scientifique, mais cela dépend du fait que l'on se déplace avec toute sa vie de représentation et de sensation dans une certaine direction qui, finalement, aboutit à cette vie scientifique du présent qui appauvrit l'humain et le vide de sa substance. Certes, il se peut que certains ne s'occupent pas du fait qu'il est dans la conséquence de la science actuelle que la terre soit sorti d'un brouillard mondial et qu'elle arrive à un état final de chaleur quelconque, dans lequel toute vie est détruite. Peut-être même certains diront-ils : "C'est peut-être vrai, je ne m'en soucie pas". - Mais, mes très chers présents, il ne s'agit pas de cela. Ouvrez aujourd'hui n'importe quelle chimie, n'importe quelle physiologie, n'importe quelle zoologie ou n'importe quelle anthropologie, lisez-y cinq lignes et prenez ces cinq lignes - il y a quelque chose dans ce sens. Peu importe que vous ouvriez ceci ou cela et que vous adoptiez ceci ou cela, vous êtes dans la direction qui mène à ces conceptions. Il est évidemment commode aujourd'hui, lorsqu'on veut savoir quelque chose sur ceci ou cela, de recourir aux choses courantes et de ne pas penser que même ces choses ont besoin d'une transformation profonde. Aujourd'hui, il est facile, si l'on veut en savoir plus sur la malachite, de se rendre au dictionnaire de conversation, de prendre le volume contenant "M", d'ouvrir "malachite" et de lire ce qui y est écrit. Si l'on accepte ce qui y est écrit sans le vérifier, indépendamment de ce que l'on pense par ailleurs, et si l'on ne se rend pas compte que l'on vit aujourd'hui dans une période de transformation sérieuse, alors on s'endort, on n'est pas attentif à ce qui est nécessaire à l'époque actuelle. Aujourd'hui, il ne s'agit pas seulement de prendre conscience de la gravité de la situation à n'importe quel moment, lorsque l'on réfléchit aux derniers problèmes de la vision du monde, mais aujourd'hui, il s'agit d'être conscient chaque minute de la journée qu'il est de notre devoir de collaborer à la transformation, car nous vivons à une époque très sérieuse. Et c'est justement ces jours-ci que nous vivons à nouveau la tragédie que les problèmes les plus importants se déroulent, peut-être encore plus importants que pendant les années de guerre extérieure, et que les humains s'efforcent de dormir le plus possible, de ne même pas participer avec leur conscience à ce qui se déroule réellement.
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Accepter l'anthroposophie en tant que profession de foi ne signifie pas défendre ceci ou cela de manière purement théorique, parler de corps éthérique et de corps astral, de réincarnation et de karma. Accepter l'anthroposophie, c'est être lié dans ses sentiments, dans tout son être humain, à ce qui s'accomplit maintenant dans la journée et maintenant dans la grande époque comme l'impulsion d'une transformation importante. Et si l'on observe aujourd'hui le sommeil des humains, on a le cœur qui saigne. Car aujourd'hui, c'est l'éveil qui compte. Et je voudrais toujours dire, et je voudrais conclure chaque discussion par ceci : qu'on essaie d'atteindre les sources d'une connaissance spirituelle ; car avec l'eau qui vient de ces sources, on s'asperge d'une véritable source de conscience. Cette connaissance touche tellement la propre personnalité que l'on remonte, dirais-je, des profondeurs les plus profondes de l'être terrestre jusqu'à l'intérieur de l'humain : réveille-toi et accomplis tes tâches face aux grandes exigences de l'époque.
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Roman Boos : Nous allons encore annoncer ce qui sera discuté ici aujourd'hui, dans huit jours. C'est la fin de l'événement d'aujourd'hui.