Collection:
GA337b - Œuvres
complètes de Rudolf Steiner - IDÉES
SOCIALES, RÉALITÉ SOCIALE, PRATIQUE
SOCIALE
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TROISIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION.
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Dornach, le 9 août 1920. -
LA JUSTIFICATION DE LA
TRIARTICULATION À PARTIR DES
LOIS SOCIALES.
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DRITTER
DISKUSSIONSABEND. -
Dornach, 9. August 1920. - Die BEGRÜNDUNG
DER DREIGLIEDERUNG AUS DEN
SOZIALEN GESETZMÄSSIGKEITEN.
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Les
références Rudolf Steiner Œuvres
complètes ga 337b 043-052 1999
09/08/1920 |
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Traducteur:
FG v.01 - 2022 |
Editeur: SITE |
Le
caractère de marchandise de l'argent ;
son dépassement par une refonte du
système monétaire. Les conditions
préalables pour la réalisation de la
tri-articulation ; ce que le
gouvernement a à faire pour cela. La
demande vers compréhensibilité
commune. Un exemple de l'abstraction
de la façon de voir l'universitaire.
La loi de l'individualisme et la loi
du socialisme ; apparente
contradiction entre les deux lois.
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Der Warencharakter des Geldes; seine
Überwindung durch eine Neugestaltung
des Geldwesens. Die Voraussetzungen
für die Verwirklichung der
Dreigliederung ; was die Regierung
dabei zu tun hat. Die Forderung nach
Gemeinverständlichkeit. Ein Beispiel
für die Abstraktheit universitärer
Anschauung. Das Gesetz des
Individualismus und das Gesetz des
Sozialismus; scheinbarer Widerspruch
zwischen beiden Gesetzen.
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Richard Eriksen fait un
exposé sur "La justification
philosophique de la
triarticulation de l'organisme
social". Un débat a lieu ensuite,
à la fin duquel Rudolf Steiner
s'exprime à nouveau sur
différentes questions.
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01
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Richard
Eriksen hält einen Vortrag über
«Die philosophische Begründung der
Dreigliederung des sozialen
Organismus». Danach findet eine
Aussprache statt, an deren Schluß
sich Rudolf Steiner wieder zu
verschiedenen Fragen äußert.
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Rudolf Steiner : Mes très
chers présents, les questions qui
ont été posées et sur lesquelles
j'aimerais aller sont les
suivantes. Tout d'abord, la
première question:
Que faut-il répondre
lorsque le monde extérieur nous
pose la question pratique : D'où
l'ouvrier doit-il recevoir son
argent dans l'organisme social
triarticulé ?
Maintenant, je crois
qu'il est possible de répondre
clairement à cette question, dans
sa nature purement extérieure, à
partir des "points essentiels". Il
s'agit du fait que, dans le sens
des points essentiels - des
conditions qui y sont indiquées -,
la structure de l'organisme social
doit être telle qu'il y ait un
chef de travail pour ceux qui ont
besoin d'un tel chef de travail et
qui travaillent sous sa direction,
et que le chef de travail soit
aussi essentiellement
l'intermédiaire pour la manière
dont les produits fabriqués en
commun avec l'ouvrier sont
transférés dans le commerce. Par
cela il devient donc évident
qu'une autre mentalité dans
l'administration de ce qui figure
comme argent dans l'organisme
social triparticulé en résultera.
Conformément à ces accords
contractuels, qui sont également
caractérisés dans les "points
essentiels", celui qui est
l'ouvrier recevra son argent du
chef de travail. Il s'agit là d'un
processus purement extérieur, qui
ne sera guère différent de ce qui
est actuellement en usage. Mais,
mes très chers présents, il ne
s'agit donc pas de tels processus
extérieurs, mais il s'agit de
quelle fonction l'argent jouera
dans l'organisme social
triarticulé. Aujourd'hui,
l'argent, lorsqu'il s'agit de
papier-monnaie, est lui-même une
marchandise intercalée entre les
autres. L'argent doit perdre peu à
peu ce caractère dans l'organisme
social triarticulé. Et il va de
soi que la détermination des prix
ne peut se passer qu'à l'intérieur
du membre économique de
l'organisme social. Les billets de
banque doivent devenir de plus en
plus une partie de la grande
comptabilité [qui a lieu] entre
tous les humains qui participent à
la vie économique - et ce sont
donc tous les humains dans un
domaine fermé quelconque. Si cette
grande comptabilité se met en
place d'elle-même, alors on a
simplement dans le billet de
banque ce que l'on doit
inscrire/consigner à l'actif. Ceux
qui pensent de manière abstraite
pensent à peu près comme on pense
dans les cercles bourgeois qu'une
telle comptabilité existe déjà
réellement. C'est bien sûr une
absurdité, car elle n'est pas
souhaitable telle qu'elle est.
Mais une telle comptabilité, telle
qu'elle sera nécessaire, se forme
d'elle-même, elle ne sera pas
abstraitement une grande
comptabilité d'une manière ou
d'une autre, mais elle sera
simplement présente dans la
réalité. Et c'est là que se donne
une certaine relation entre le
chef de travail et celui qui doit
travailler sous la direction du
chef de travail. Et pour une telle
relation, le fait que l'ouvrier
reçoive l'argent du chef de
travail n'a pas de sens, tout
comme le fait d'être, disons,
fonctionnaire quelque part et de
recevoir l'argent de la caisse n'a
pas de sens. Ces choses doivent
être considérées dans le contexte
de l'ensemble de la question du
capital et du travail humain ; ce
n'est qu'alors qu'elle prend, je
dirais, sa correcte nuance.
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02
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Rudolf
Steiner: Meine sehr verehrten
Anwesenden, die Fragen, die
gestellt worden sind und auf die
ich eingehen möchte, sind die
folgenden. Zunächst die erste
Frage:
Was
soll geantwortet werden, wenn die
Außenwelt an uns die praktische
Frage stellt: Woraus soll der
Arbeiter im dreigliedrigen
sozialen Organimus sein Geld
bekommen?
Nun,
ich glaube, daß diese Frage in
ihrer rein äußerlichen Natur aus
den «Kernpunkten» klar zu
beantworten ist. Es handelt sich
darum, daß im Sinne der Kernpunkte
— aus jenen Bedingungen, die dort
angegeben sind — die Gliederung im
sozialen Organismus sich so
gestalten muß, daß ein
Arbeitsleiter vorhanden ist für
diejenigen, die einen solchen
Arbeitsleiter brauchen und unter
seiner Führung eben arbeiten, und
daß der Arbeitsleiter im
wesentlichen auch der Vermittler
sein wird dafür, wie die nun
gemeinschaftlich mit dem Arbeiter
erzeugten Produkte in den Handel
übergeführt werden. Dadurch wird
ja selbstverständlich auch eine
andere Gesinnung in die Verwaltung
desjenigen kommen, was im
dreigliedrigen sozialen
Organismus als Geld figuriert.
Gemäß jenen Vertragsabmachungen,
die ja auch in den «Kernpunkten»
charakterisiert sind, wird
derjenige, der der Arbeiter ist,
von dem Arbeitsleiter sein Geld
übermittelt bekommen. Das ist der
rein äußerliche Vorgang, der sich
ja — als äußerlicher Vorgang —
kaum sehr viel unterscheiden wird
von dem, was jetzt gebräuchlich
ist. Aber, meine sehr verehrten
Anwesenden, um solche äußeren
Vorgänge handelt es sich ja nicht,
sondern es handelt sich darum,
welche Funktionen das Geld im
dreigegliederten sozialen
Organismus spielen wird. Heute ist
das Geld, wenn es Papiergeld ist,
ja selbst eine zwischen die
sonstigen Waren eingeschoben Ware.
Diesen Charakter muß das Geld ja
im dreigegliederten sozialen
Organismus nach und nach
verlieren. Und es kann
selbstverständlich die
Preisbestimmung dann nur innerhalb
des wirtschaftlichen Gliedes des
sozialen Organismus geschehen. Die
Geldscheine müssen immer mehr
werden ein Teil der großen
Buchführung, welche zwischen
allen Menschen [stattfindet], die
eben am Wirtschaftsleben beteiligt
sind — und das sind ja alle Leute
in irgendeinem geschlossenen
Gebiete. Wenn diese große
Buchführung von selbst eintritt,
so hat man einfach in dem
Geldscheine dasjenige, was man auf
seiner Aktivseite zu verzeichnen
hat. Diejenigen, die abstrakt
denken, die denken etwa so, wie
man ja in bourgeoishaften Kreisen
denkt, daß eine solche Buchführung
wirklich schon vorhanden ist. Das
ist natürlich ein Unsinn, weil sie
so, wie sie ist, nicht
wünschenswert ist. Aber eine
solche Buchführung, wie man sie
brauchen wird, sie bildet sich
ganz von selbst, sie wird nicht
abstrakt eine große Buchführung
irgendwie sein, sondern sie ist
dann einfach vorhanden in der
Realität. Und darauf kommt es, daß
eine bestimmte Beziehung sich
ergibt zwischen dem Arbeitsleiter
und demjenigen, der unter der
Führung des Arbeitsleiters zu
arbeiten hat. Und für eine solche
Beziehung ist es bedeutungslos,
wenn der Arbeiter vom
Arbeitsleiter das Geld bekommt,
ebenso, wie es etwa jetzt
bedeutungslos ist, wenn man, sagen
wir, irgendwo Beamter ist und aus
der Kasse das Geld ausbezahlt
bekommt. Diese Dinge müssen im
Zusammenhang mit dem ganzen
Fragenkomplex von Kapital und
Menschenarbeit gesehen werden;
erst dann bekommt sie, ich möchte
sagen, die richtige Nuance.
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La deuxième question:
Comment pense-t-on le passage des
conditions sociales et économiques
actuelles à la réalisation
pratique de la triarticulation ?
En fait, il n'est pas du tout dans
l'esprit des idées fondamentales
de mes "Points essentiels de la
question sociale" qu'une telle
question puisse être posée ici.
Car il ne s'agit pas, dans ce qui
est défendu dans les "Points
essentiels", d'une quelconque
utopie qui devrait remplacer ce
qui existe actuellement et où il
faudrait créer une transition
entre les conditions actuelles et
les conditions suivantes, mais il
s'agit de la naissance de cette
triarticulation, si seulement une
fois l'idée de la triarticulation
est comprise par un nombre
suffisamment grand d'humains et si
ensuite, à partir de cette
compréhension, les humains
s'occupent de leurs conditions
spirituelles, de leurs conditions
étatiques et de leurs conditions
économiques. Cette triarticulation
de l'organisme social naît de la
même manière que, par exemple, un
costume naît lorsque, en tant que
tailleur, on a appris comment
coudre un costume ; alors on peut
aussi la réaliser. Et c'est ainsi,
parce qu'elle est conçue comme
quelque chose de tout à fait
pratique, que la triarticulation
de l'organisme social se
réalisera. Il n'y a pas besoin de
transition. C'est pourquoi j'ai
dit dans les points essentiels :
ce dont il est question ici peut
être entrepris à tout moment, et
il n'est pas nécessaire de
s'inquiéter d'une transition. Il
n'est pas plus nécessaire de
penser à une transition que de
réfléchir à la question : "Oui,
j'ai un humain qui a maintenant 17
ans, il en aura 18 l'année
prochaine ; comment sera la
transition entre la 17e et la 18e
année" ?
Il n'est pas nécessaire
de soulever de telles questions si
l'on a affaire à une idée pratique
qui regarde simplement ce qui est
maintenant et se demande : que
demandent les conditions actuelles
? Si elles se développent
conformément à la nature, et non
pas contre nature, elles exigent
justement ce que donne la
triarticulation ; et là, il n'est
pas nécessaire de penser à une
transition particulière. Les
conditions sociales et économiques
actuelles sont telles que soit on
continue à les traiter de manière
non naturelle, soit on élabore des
utopies quelconques, par exemple
comme le léninisme et le
trotskisme, et on veut les
façonner à partir de là, soit on
les aborde conformément à la
nature - et alors naît la
triarticulation. Et c'est de cela
qu'il s'agit en réalité. On ne
peut donc pas du tout se demander
comment se fait le passage à la
réalisation pratique, mais on doit
toujours saisir ces choses dans le
concret. Mais, voyez-vous, dans le
concret, les gens n'aiment alors
pas saisir les choses.
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03
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Die
zweite Frage:§ Wie denkt man sich
den Übergang von den heutigen
sozialen und wirtschaftlichen
Zuständen zur praktischen
Verwirklichung der Dreigliederung?
Eigentlich liegt es gar nicht im
Sinne der Grundgedanken meiner
«Kernpunkte der sozialen Frage»,
daß eine solche Frage hier
gestellt werden kann. Denn es
handelt sich bei dem, was in den
«Kernpunkten» vertreten wird,
nicht um irgendeine Utopie, die an
die Stelle desjenigen treten soll,
was jetzt da ist und wo ein
Übergang geschaffen werden müßte
zwischen den jetzigen Zuständen
und den folgenden, sondern es
handelt sich darum, daß diese
Dreigliederung entsteht, wenn nur
einmal die Dreigliederungsidee von
einer genügend großen Anzahl von
Menschen verstanden wird und wenn
dann aus diesem Verstehen heraus
die Menschen ihre geistigen, ihre
staatlichen und ihre
wirtschaftlichen Zustände besorgen
werden. Diese Dreigliederung des
sozialen Organismus entsteht auf
dieselbe Weise, wie etwa ein Rock
entsteht, wenn man als Schneider
gelernt hat, wie man einen Rock zu
nähen hat; dann kann man ihn auch
verwirklichen. Und so wird, weil
sie als etwas durchaus Praktisches
gedacht ist, die Dreigliederung
des sozialen Organismus sich eben
verwirklichen. Man braucht keinen
Übergang. Deshalb sagte ich in
den Kernpunkten: Dasjenige, was da
gemeint ist, kann jeden Augenblick
in Angriff genommen werden, und
man braucht sich gar nicht zu
bekümmern um einen Übergang. Es
ist da ebensowenig notwendig, an
einen Übergang zu denken, wie man
nötig hat etwa nachzudenken über
die Frage: Ja, da habe ich einen
Menschen, der ist jetzt 17 Jahre,
er will im nächsten Jahre 18
Jahre sein; wie wird der Übergang
sein zwischen dem 17. und dem 18.
Jahr?§ Es ist nicht nötig, daß man
solche Fragen aufwirft, wenn man
es mit einer praktischen Idee zu
tun hat, die einfach hinschaut auf
dasjenige, was jetzt ist, und sich
fragt: Was fordern die
gegenwärtigen Verhältnisse? Wenn
sie sich naturgemäß, nicht
unnaturgemäß weiterentwickeln,
fordern sie eben dasjenige, was
die Dreigliederung gibt; und da
braucht man nicht an einen
besonderen Übergang zu denken.
Die heutigen sozialen und
wirtschaftlichen Zustände sind
solche, daß man entweder sie
weiter unnatürlich behandeln oder
irgendwelche Utopien aufstellen
kann, wie zum Beispiel den
Leninismus und Trotzkismus, und
sie von diesen aus gestalten will,
oder aber daß man sie naturgemäß
anfaßt — dann entsteht
Dreigliederung. Und das ist es, um
was es sich eigentlich handelt.
Man kann also gar nicht fragen,
wie der Übergang zur praktischen
Verwirklichung geschieht, sondern
man muß immer im Konkreten diese
Dinge anfassen. Aber, sehen Sie,
im Konkreten fassen die Leute die
Dinge dann nicht gerne an.
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C'est ainsi qu'à l'époque
où l'on se trouvait encore dans un
public plus restreint avec la
triarticulation de l'organisme
social, on posait cette question
un peu différemment
qu'aujourd'hui, parce qu'à
l'époque, on avait une peur
terrible que tout soit brisé. On
se demandait alors : "Mais que
doit faire le gouvernement ? On
devait là simplement dire ce qui
était pratique pour le
gouvernement [en tant que voie] :
à savoir qu'en tant que
gouvernement, il devait simplement
quitter la vie spirituelle et de
la vie économique ; ces domaines
devaient devenir plus libres. Une
fois, un ministre du travail m'a
demandé ce qu'il devait faire,
[j'ai dû lui répondre] : Vous
voyez, [les difficultés] viennent
du fait que les trois membres de
l'organisme social ont été
mélangés ensemble ; vous vous
trouvez maintenant dans une
situation telle que vous avez d'un
côté des mandats qui
n'appartiennent qu'à l'État de
droit, et de l'autre, uniquement à
la vie économique. Et c'est ainsi
que l'on souhaiterait - ce que je
n'aimerais tout de suite pas vous
souhaiter personnellement - ainsi
on aimerait en fait souhaiter que
vous soyez, comme le Turc, battu
par le bon Souabe au centre. - La
division devrait donc déjà
commencer avec le ministre du
Travail concerné. Vous voyez, ce
sont des choses sur lesquelles il
faut toujours insister, à savoir
que la triarticulation doit être
pensée comme une chose éminemment
pratique. Alors, on ne posera pas
de questions comme celle du
passage de la situation actuelle à
la réalisation pratique de la
triarticulation.
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04
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So
stellte man in der Zeit, als man
mit der Dreigliederung des
sozialen Organismus sich noch in
einer kleineren Öffentlichkeit
befand, diese Frage noch etwas
anders als jetzt, weil man dazumal
eine scheußliche Angst hatte, daß
alles zerbrochen werden könnte. Da
fragte man: Ja, was soll denn
eigentlich die Regierung tun? Man
mußte da einfach sagen, was für
die Regierung [als Weg] praktisch
ist: nämlich einfach als Regierung
zu quittieren das geistige Leben
und das wirtschaftliche Leben;
diese Gebiete sollten freier
werden. Als einmal ein
Arbeitsminister mich fragte, was
er tun solle, [da mußte ich ihm
antworten]: Sehen Sie, [die
Schwierigkeiten] kommen daher,
daß die drei Glieder des sozialen
Organismus zusammengewürfelt
worden sind; Sie stehen nun so da,
daß Sie auf der einen Seite
Mandate haben, die nur in den
Rechtsstaat hineingehören, auf
der anderen Seite nur ins
Wirtschaftsleben hinein. Und so
möchte man eigentlich wünschen —
was ich nicht gerade Ihnen
persönlich gegenüber wünschen
möchte —, so möchte man
eigentlich wünschen, daß Sie so
wie der Türke von dem biederen
Schwaben in der Mitte
entzweigeschlagen würden. — Die
Teilung müßte also schon bei dem
betreffenden Arbeitsminister
anfangen. Nun sehen Sie, das sind
die Dinge, auf die immer wieder
hingewiesen werden muß, daß eben
die Dreigliederung als eine
eminent praktische Sache gedacht
werden muß. Dann wird man nicht
Fragen stellen wie die nach dem
Übergange von den heutigen
Zuständen zur praktischen
Verwirklichung der Dreigliederung.
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Une troisième question:
Un membre du groupe pour la
triarticulation de l'organisme
social est fondé de pouvoir
salarié d'une grande société
corporative dont l'activité
s'étend comme un filet sur le nord
de l'Angleterre ; elle compte 10
millions de membres. Il aimerait
savoir dans quelle mesure une
telle société corporative est en
accord avec le principe de la
triarticulation et où elle s'en
écarte.
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05
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Ein
dritte Frage: Ein Mitglied der
Gruppe für Dreigliederung des
sozialen Organismus ist
angestellter Prokurist für eine
große korporative Gesellschaft,
deren Tätigkeit wie ein Netz über
den Norden Englands sich
erstreckt; sie zählt 10 Millionen
Mitglieder. Er möchte gern wissen,
inwieweit eine solche korporative
Gesellschaft in Übereinstimmung
steht mit dem Prinzip der
Dreigliederung und wo sie davon
abweicht.
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Maintenant, mes très
chers présents, la personne
concernée ne pourra probablement
répondre à cette question que de
manière tout à fait personnelle,
car elle s'apercevra très vite que
la société dont elle est le fondé
de pouvoir n'a absolument pas
grand-chose à faire avec la
triarticulation ; soit elle peut
être fondée de pouvoir pour cette
société, soit elle veut agir pour
la triarticulation de l'organisme
social. Les deux ne sont pas
facilement compatibles. Mais s'il
pourra propager la triarticulation
au sein de la société corporative,
cela dépendra uniquement de sa
capacité à gagner les 10 millions
de membres à l'idée de la
triarticulation par la force de
son esprit, par tout ce qu'il a à
dire pour fonder l'idée de la
triarticulation. S'il les gagne,
alors son activité de fondé de
pouvoir au sein de ces 10 millions
sera tout à fait justifiée, et on
voudra alors le féliciter
extraordinairement en tant que
représentant acharné de la
triarticulation. Mais je pense que
ces deux activités ne seront guère
compatibles, à savoir représentant
de la triarticulation et fondé de
pouvoir auprès de la société
corporative. Mais, n'est-ce pas,
elles sont parfois compatibles ;
ce qui compte dans la
triarticulation de l'organisme
social, ce sont les humains. Nous
l'avons toujours compris et
expérimenté dans la
triarticulation.
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06
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Nun,
meine sehr verehrten Anwesenden,
das wird ja der Betreffende
wahrscheinlich sich nur ganz
persönlich beantworten können,
denn er wird ja wohl sehr bald
bemerken, daß diese Gesellschaft,
für die er Prokurist ist, durchaus
mit der Dreigliederung nicht viel
zu tun hat; er wird entweder
Prokurist für jene Gesellschaft
sein können oder wirken wollen für
die Dreigliederung des sozialen
Organismus. Beides wird sich nicht
leicht miteinander vertragen. Ob
er aber innerhalb der korporativen
Gesellschaft die Dreigliederung
wird propagieren können, das wird
lediglich davon abhängen, ob er
imstande ist, durch die Kraft
seines Geistes, durch alles
dasjenige, was er zur Fundierung
der Dreigliederungsidee zu sagen
hat, die 10 Millionen Mitglieder
für die Dreigliederungsidee zu
gewinnen. Wenn er sie gewinnt,
dann ist seine Tätigkeit als
Prokurist innerhalb dieser 10
Millionen ganz entschieden
gerechtfertigt, und dann möchte
man ihn als einen strammen
Vertreter der Dreigliederung
außerordentlich beglückwünschen.
Ich glaube aber, vereinbar werden
diese beiden Tätigkeiten kaum
sein, also Vertreter der
Dreigliederung und Prokurist bei
der korporativen Gesellschaft.
Aber, nicht wahr, manchmal sind
sie ja auch vereinbar; es kommt in
der Dreigliederung des sozialen
Organismus nur auf die Menschen
an. Das haben wir in der
Dreigliederung immer und immer
wieder eingesehen und erfahren.
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Maintenant, encore
quelques mots ; il est trop tard
pour développer aujourd'hui
certaines choses que j'aimerais
bien développer. Vous voyez, il
est vrai qu'aujourd'hui, certaines
choses sont toujours abordées du
mauvais coin.
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07
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Nun
noch ein paar Worte; es ist zu
spät, um manche Dinge heute noch
auszuführen, die ich gerne
ausführen würde. Sehen sie, es ist
ja tatsächlich so, daß heute
gewisse Dinge immer aus der
verkehrten Ecke heraus angefaßt
werden.
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Là a par exemple, été
exigé que soit parlé au
prolétariat d'une manière
compréhensible pour tous. Oui,
vous voyez, la manière dont on a
parlé au prolétariat à Stuttgart à
partir d'avril 1919 était si
compréhensible que très vite des
milliers et des milliers
d'ouvriers se sont réunis et ont
trouvé que le langage n'était
absolument pas incompréhensible.
Puis sont apparus des gens qui ont
parlé avec les vieilles phrases
marxistes. Oui, mes très chers
présents, si un public, j'aimerais
dire, socialement vierge, un
public qui n'était pas encore
gorgé de slogans marxistes, avait
écouté ce que ces dirigeants
disaient parfois à leurs ouailles
en termes de phrases marxistes et
autres, ces gens auraient dit :
totalement incompréhensible. Ils
n'ont trouvé cela compréhensible
que parce qu'ils ont parfois
attrapé un mot - "plus-value" et
ainsi de suite - que les gens qui
étaient alors des dirigeants ont
versé dans une sauce socialiste
qui n'était vraiment pas
compréhensible pour tous ; elle
était souvent incompréhensible par
son absurdité. Oui, mais
"l'intelligibilité commune" - on
fait beaucoup de bêtises avec ce
genre de choses. Il faut dire que
ce que l'on appelle aujourd'hui
souvent l'intelligibilité commune
dans les milieux ouvriers, c'est
en fait aussi quelque chose - j'ai
d'ailleurs montré de tels
héritages dans mes "Points
essentiels de la question sociale"
- que le prolétariat a reçu de la
bourgeoisie. Ce que l'on y appelle
l'incompréhensibilité, c'est aussi
quelque chose que le prolétariat a
repris de la bourgeoisie.
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08
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Da
ist zum Beispiel gefordert worden,
daß gesprochen werden sollte zu
dem Proletariat in einer
gemeinverständlichen Weise, Ja,
sehen Sie, die Art und Weise, wie
vom April 1919 an in Stuttgart zum
Proletariat gesprochen worden ist,
war so gemeinverständlich, daß
sich sehr bald Tausende und
Tausende von Arbeitern
zusammengefunden haben und die
Sprache durchaus nicht
ungemeinverständlich gefunden
haben. Dann sind die Leute
aufgetreten, welche in den alten
marxistischen Phrasen gesprochen
haben. Ja, meine sehr verehrten
Anwesenden, wenn ein, ich möchte
sagen sozial jungfräuliches
Publikum, ein Publikum, welches
noch nicht vollgepfropft gewesen
wäre mit marxistischen
Schlagworten, sich angehört hätte,
was zuweilen diese Führer da zu
ihren Schäflein gesagt haben an
marxistischen Phrasen und
dergleichen, dann würden diese
Leute gesagt haben: total
unverständlich. Sie haben es nur
verständlich gefunden, weil sie
manchmal ein Wort — «Mehrwert» und
so weiter — aufgefischt haben, das
die Leute, die da Führer waren, in
eine sozialistische Sauce gegossen
haben, die nun wahrhaftig nicht
gemeinverständlich war; sie war
unverständlich oftmals durch ihre
Unsinnigkeit. Ja, aber
«Gemeinverständlichkeit» — es wird
viel Unfug getrieben mit
solcherlei Dingen. Man muß sagen,
daß das, was heute häufig in
Arbeiterkreisen
Gemeinverständlichkeit genannt
wird, daß das eigentlich auch
etwas ist — ich habe ja solche
Erbstücke aufgezeigt in meinen
«Kernpunkten der Sozialen Frage»
—, was das Proletariat vom
Bürgertum entgegengenommen hat.
Was man dort Unverständlichkeit
nennt, das ist auch etwas, was das
Proletariat vom Bürgertum
übernommen hat.
|
Cette compréhension
commune, oui, vous voyez, il faut
aussi l'avoir vécue dans la
pratique. J'ai été invité une fois
à Berlin, il y a de nombreuses
années, pour parler du "Faust" de
Goethe. Il y avait là, dans une
société, des gens qui n'étaient
vraiment pas des ouvriers, mais
qui étaient déjà des bourgeois
bourrés de porte-monnaie et
d'autres encore, en tout cas pas
des ouvriers. J'avais alors essayé
de parler du "Faust" de Goethe
comme on doit le faire. Il y avait
aussi des gens qui disaient après
coup : "Oui, le "Faust" de Goethe,
on ne peut pas l'avoir le soir au
théâtre ; ce n'est pas une pièce
de théâtre, comme Blumenthal fait
des pièces de théâtre ; c'est une
science ; on ne veut pas avoir ça
le soir, une telle science. - Et
si l'on se souvient des points de
vue à partir desquels l'éducation
populaire est parfois menée, a été
menée notamment au cours des
dernières décennies, disons par
exemple par des poètes de théâtre
qui faisaient de la vulgarisation
- mais en fait seulement pour leur
poche -, alors seulement on
obtient historiquement une idée de
ce que l'on entend par
vulgarisation. Et l'on voit
comment, dans cette exigence de
compréhension commune, il y a
justement quelque chose dont les
ouvriers doivent encore se
débarrasser comme d'un reste de ce
qu'ils ont hérité de la
bourgeoisie, de cette bourgeoisie
confortable et endormie qui ne
veut pas penser. Car la
compréhension commune est en fait
l'exigence d'entendre quelque
chose pour lequel on n'a pas
besoin de penser. Mais c'est ainsi
que nous sommes entrés dans la
période catastrophique où les gens
ne veulent pas penser. Et nous
n'en sortirons pas avant que les
gens ne se décident à penser.
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09
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Dieses
Gemeinverständliche, ja, sehen
sie, das muß man auch praktisch
erlebt haben. Ich wurde einmal in
Berlin eingeladen vor vielen
Jahren, über Goethes «Faust» zu
sprechen. Da fanden sich in einer
Gesellschaft Leute ein, die nun
wahrhaftig nicht aus Arbeitern
bestanden, sondern es waren schon
Portemonnaie-behaftete Bürger und
manche andere noch, jedenfalls
nicht Arbeiter. Da hatte ich
damals versucht, in der Weise über
Goethes «Faust» zu sprechen, wie
man eben sprechen muß. Da fanden
sich nun auch Leute, die hinterher
sagten: Ja, Goethes «Faust», den
kann man doch eigentlich abends im
Theater nicht haben; das ist ja
nicht ein Theaterstück, wie
Blumenthal Theaterstücke macht;
das ist ja eine Wissenschaft; das
will man doch nicht abends noch
haben, eine solche Wissenschaft. —
Und wenn man sich erinnert, aus
welchen Gesichtspunkten heraus
manchmal Volkserziehung getrieben
wird, getrieben wurde namentlich
in den letzten Dezennien, sagen
wir zum Beispiel von
Theaterdichtern, die in
Gemeinverständlichkeit machten —
aber eigentlich nur für ihre
Tasche —, dann bekommt man erst
historisch einen Begriff von dem,
was mit Gemeinverständlichkeit
eben gemeint ist. Und man erkennt,
wie in dieser Forderung nach
Gemeinverständlichkeit eben etwas
ist, was die Arbeiterschaft noch
abzustreifen hat als einen Rest
dessen, was sie vom Bürgertum, von
diesem bequemen, schläfrigen
Bürgertum, was nicht denken will,
ererbt hat. Denn
Gemeinverständlichkeit ist
eigentlich die Forderung nach dem
Hören von etwas, bei dem man nicht
zu denken braucht. Dadurch aber
sind wir gerade in die
katastrophale Zeit hineingekommen,
daß die Leute nicht denken wollen.
Und wir kommen nicht früher
heraus, bis die Leute sich dazu
entschließen zu denken.
|
Eh bien, au fond, ce que
l'on appelle aujourd'hui le
socialisme est ce qu'il y a de
plus abstrait. N'est-ce pas,
combien de fois entend-on pester
contre les "-istes" et les
"-ismes". Or, aux "idéalisme",
"spiritualisme", "réalisme",
"mécanisme", aux "idéalistes", aux
"spiritualistes" et ainsi de
suite, nous avons encore ajouté à
l'époque récente : "bolchevisme"
et "bolchevistes", "marxistes" et
"marxisme".
|
10
|
Nun,
im Grunde genommen leistete gerade
das, was man heute Sozialismus
nennt, doch das Alleräußerste an
Abstraktheit. Nicht wahr, wie oft
hört man schimpfen über die
«-isten» und über die «-ismen».
Nun haben wir zu «Idealismus»,
«Spiritualismus», «Realismus»,
«Mechanismus», zu den
«Idealisten», zu «Spiritualisten»
und so weiter in der neueren Zeit
auch noch bekommen:
«Bolschewismus» und
«Bolschewisten», «Marxisten» und
«Marxismus».
|
Avec "mécanisme", on peut
au moins associer un terme:
"mécanique" ; "spiritualistes",
"spiritualisme", on peut associer
le terme "spirituel" ;
"idéalisme", il y a encore le mot
"idéal" comme terme. Mais
"bolchevisme" et "bolchevistes",
"marxistes", "marxisme" - il n'y a
plus rien du tout dans les mots.
C'est l'"isme" de Marx, les
marxistes sont ceux qui veulent
Marx. C'est l'ironie la plus
amère, [la plus extrême] de ce que
l'on ait jamais pu faire en
matière d'abstraction ; c'est
quelque chose de grotesque, si
l'on considère à quel point
l'abstraction est arrivée
précisément dans un mouvement qui
se veut tout à fait compréhensible
pour tous.
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11
|
Mit
«Mechanismus» kann man wenigstens
einen Begriff verbinden:§
«mechanisch»; «Spiritualisten»,
«Spiritualismus» kann man mit dem
Begriff «spirituell» verbinden;
«Idealismus», da ist noch das Wort
«ideal» als Begriff drinnen. Aber
«Bolschewismus» und
«Bolschewisten», «Marxisten»,
«Marxismus» — da ist gar nichts
mehr drinnen in den Worten. Es ist
der «Ismus» des Marx, Marxisten
sind diejenigen, die Marx wollen.
Es ist die bitterste Ironie, [das
Alleräußerste], was man eigentlich
an Abstraktheit jemals hat treiben
können; es ist ja etwas Groteskes,
wenn man bedenkt, wie weit die
Abstraktheit gekommen ist gerade
in einer Bewegung, die ganz
allgemeinverständlich sein will.
|
Et maintenant, pour
terminer, encore un mot sur ce qui
a été avancé à propos des deux
lois sociales telles que je les ai
formulées, celle de
l'individualisme et celle du
socialisme. J'ai formulé la
première loi en me référant au
livre de Ludwig Stein. J'avais à
l'époque un livre de Ludwig Stein
à commenter, un gros livre sur la
question sociale du point de vue
philosophique. Il n'était pas
facile de se frayer un chemin à
travers les méandres de la pensée
de Ludwig Stein, ce philosophe
typique de notre époque. C'est ce
même Ludwig Stein qui, parce qu'il
a écrit beaucoup de choses, a dû
écrire si vite qu'il lui est
arrivé une fois la chose suivante
: lorsqu'il a voulu prouver dans
un livre que seuls les gens de la
zone tempérée de la terre
pouvaient développer une culture,
il a dit que c'était tout à fait
naturel, que seuls les gens de la
zone tempérée pouvaient développer
une véritable culture, parce qu'au
pôle Nord, ils devaient mourir de
froid et qu'au pôle Sud, ils
devaient brûler. - Eh bien, vous
voyez, c'est l'énonciation d'un
philosophe qui, pendant de
nombreuses années, a fourni la
faculté de philosophie de Berne en
philosophie. Et ce philosophe
jouissait d'un certain prestige.
|
12
|
Und
nun zum Schluß noch etwas über
dasjenige, was vorgebracht worden
ist über die zwei sozialen
Geset7e, wie ich sie formuliert
habe, das des Individualismus und
das des Sozialismus. Ich habe das
eine Gesetz in Anknüpfung an das
Buch von Ludwig Stein formuliert.
Ich hatte dazumal ein Buch von
Ludwig Stein zu besprechen, ein
dickes Buch über die soziale Frage
vom philosophischen Standpunkte.
Es war einigermaßen nicht leicht,
sich durch das Gedankengewinde des
Ludwig Stein, dieses typischen
Philosophen der Gegenwart,
hindurchzuwinden. Es ist derselbe
Ludwig Stein, der, weil er vieles
geschrieben hat, so schnell
schreiben mußte, daß ihm einmal
das folgende passiert ist: Als er
in einem Buch beweisen wollte, daß
nur die Leute der gemäßigten Zone
der Erde eine Kultur entwickeln
können, da sagte er, das sei ganz
natürlich, daß nur die Leute in
der gemäßigten Zone eine wirkliche
Kultur entwickeln können, denn auf
dem Nordpol müßten sie erfrieren
und auf dem Südpol müßten sie
verbrennen. — Nun, sehen Sie, das
ist die Enunziation eines
Philosophen, der durch viele Jahre
hindurch die Philosophische
Fakultät Bern mit Philosophie
versorgt hat. Und jener Philosoph
genoß eine gewisses Ansehen.
|
Vous voyez à quel point
une telle abstraction peut devenir
grotesque, cela m'est apparu une
fois à Weimar. Un autre professeur
bernois travaillait chez nous,
dans les archives Goethe et
Schiller, et cet autre professeur
racontait l'histoire suivante.
Nous avons parlé des premières
œuvres de Robert Saitschick.
Saitschick a vraiment livré
quelques premières œuvres qui
étaient déjà quelque chose de
respectable ; ce n'est que plus
tard qu'il est devenu un tel
"Kohler/charbonnier", comme il
l'est maintenant. Robert
Saitschick était alors
privat-docent à l'université de
Berne, Ludwig Stein professeur.
|
13
|
Sehen
Sie, wie grotesk eine solche
Abstraktheit werden kann, das ging
mir einmal in Weimar auf. Da
arbeitete bei uns im Goethe- und
Schiller-Archiv ein anderer Berner
Professor, und dieser andere
erzählte folgende Geschichte. Wir
kamen nämlich ins Gespräch über
die Erstlingswerke von Robert
Saitschick. Saitschick hat
wirklich einige Erstlingswerke
geliefert, die schon immerhin
etwas Respektables waren; erst
später wurde er ein solcher
«Kohler», wie er eben jetzt ist.
Der Robert Saitschick war dazumal
Privatdozent an der Universität
Bern, der Ludwig Stein Professor.
|
Robert Saitschick était
un pauvre gars ; et Ludwig Stein,
en plus d'être professeur à
l'université de Berne, était
propriétaire de toute une façade
de maison dans la Köpenikerstrasse
à Berlin. Et c'est pourquoi, à
Berlin aussi, on connaissait aussi
ce professeur Ludwig Stein.
|
14
|
Robert
Saitschick war ein armer Kerl; und
der Ludwig Stein war, außerdem,
daß er Professor an der
Universität Bern war, Besitzer
einer ganzen Häuserfront in der
Köpenikerstraße in Berlin. Und
daher kannte man auch in Berlin
diesen Professor Ludwig Stein.
|
Je ne pouvais par exemple
pas me débarrasser de lui ; quand
j'étais de temps en temps à
Berlin, il y avait aussi le Stein
qui, comme je l'avais écrit dans
cette critique, me disait ensuite
: j'aurais à nouveau envie de
parler comme son positif avec mon
comparatif. - C'était la blague
permanente qu'il faisait. Eh bien,
Stein était professeur ordinaire à
Berne, Saitschick privat-docent,
et le professeur qui l'a raconté -
c'était d'ailleurs un très brave
monsieur, juste encore très
imprégné des conceptions
universitaires - a dit : Ce Robert
Saitschick, c'est un type tout à
fait inqualifiable, on ne peut
même pas parler de lui. - J'ai dit
: il a pourtant écrit de très
beaux livres. - Oui, pensez à ce
qu'il a fait, a dit le professeur.
C'est un gars très pauvre, et il a
pompé sur son professeur
titulaire. L'ordinaire lui a donné
de l'argent, et quand il a trouvé
que c'était trop long, il a
demandé à Saitschick de rendre
l'argent. Et celui-ci l'a fait en
disant : "Monsieur le professeur,
après ce que vous avez dit, je
vous demande de me certifier par
écrit que vous êtes un gars
méchant". Et c'est l'Ordinaire qui
a établi ce document ! - C'est ce
que m'a dit le professeur ; je ne
fais que répéter ce qu'il m'a dit
: eh bien, pensez-vous qu'un
privat-docent qui oblige son
professeur titulaire à lui
délivrer un tel document, c'est
quand même un gars très méchant ?
- C'est justement une vision
universitaire.
|
15
|
Ich
kriegte ihn zum Beispiel gar nicht
los; wenn ich ab und zu in Berlin
war, kam auch der Stein, der dann,
wie ich diese Rezension
geschrieben hatte, nachher zu mir
sagte: Ich hätte wieder Lust, als
ihr Positiv mit meinem Komparativ
zu sprechen. — Das war der
ständige Witz, den er machte. Nun,
der Stein war Ordinarius in Bern,
der Saitschick Privatdozent, und
jener Professor, der es erzählt
hat — er war übrigens ein sehr
biederer, lieber Herr, nur eben
noch sehr in universitären
Anschauungen drinnen —, der
sagte:§ Dieser Robert Saitschick,
das ist ein ganz
unqualifizierbarer Kerl, über den
kann man gar nicht reden. — Ich
sagte: Er hat doch eigentlich ganz
nette Bücher geschrieben. — Ja,
denken Sie, was der gemacht hat,
sagte der Professor. Er ist ein
ganz armer Kerl, und er hat seinen
Ordinarius angepumpt. Der
Ordinarius hat ihm Geld gegeben,
und als es ihm zu lange wurde, da
hat er den Saitschick
aufgefordert, das Geld
zurückzugeben. Und das hat dieser
in der Form getan, daß er sagte:
Herr Professor, nachdem Sie das
gesagt haben, bitte ich Sie, mir
schriftlich auszustellen, daß Sie
ein gemeiner Kerl sind. Und — der
Ordinarius hat dieses Dokument
ausgestellt! — Das sagte mir der
Professor; ich erzähle nur
wiederum, was er mir erzählt hat:
Nun, denken Sie, ein Privatdozent,
der seinen Ordinarius dazu zwingt,
daß er ihm ein solches Dokument
ausstellt, das ist doch ein ganz
gemeiner Kerl. — Das ist eben
universitäre Anschauung.
|
Oui, j'ai eu à faire la
critique de ce livre de Ludwig
Stein, et j'ai dû faire remarquer
que le processus naturel de
l'évolution humaine dans le
domaine social est que les humains
vivent d'abord en étant liés, dans
les groupements et que l'individu
se dégage/s'élabore vers dehors
ensuite de ces groupements à
l'individualité. D'un côté
indépendant, j'ai essayé plus tard
de formuler l'autre loi, la loi de
la vie sociale, et j'ai expliqué
que toute la constitution sociale
ne peut se former que si
l'individu, dans le contexte
économique, ne vit pas de ce qu'il
gagne lui-même, mais s'il donne à
la communauté ce qu'il gagne
lui-même et s'il est à son tour
soutenu par la communauté - les
"points essentiels" montrent
justement comment cela se passe,
et j'ai donc déjà expliqué cela à
Zurich une fois. Maintenant,
quiconque peut aujourd'hui voir à
travers les rapports sociaux sait
- même si cela semble différent au
premier abord - il sait que celui
qui fabrique aujourd'hui un
costume pour lui-même ne la
produit en fait pas en réalité.
Dans un domaine où nous avons
aujourd'hui une division du
travail aussi poussée, le fait
qu'il la produise n'est qu'une
représentation illusoire, car ce
qu'il produit est consommé par
lui-même. Mais cette loi de la vie
sociale est absolument valable.
Les choses sont telles que cette
loi ne peut être réalisée
consciemment que par ceux qui se
détachent des groupements et
deviennent des individus. Ces deux
choses sont peut-être
contradictoires dans l'abstrait ;
dans la réalité, elles s'exigent
l'une l'autre et vont absolument
ensemble. L'individualité devrait
d'abord se détacher sortant des
groupements afin que le social
puisse se réaliser. C'est la
solution de l'énigme dans ce cas.
Et c'est ainsi que différentes
contradictions apparentes se
résoudraient si l'on voulait
entrer en matière.
|
16
|
Ja
nun, also ich hatte dieses Buch
von Ludwig Stein zu rezensieren,
und ich mußte dabei darauf
hinweisen, daß der naturgemäße
Gang der menschlichen Entwicklung
in sozialer Beziehung der ist, daß
die Menschen erst in Gebundenheit
leben, in den Verbänden, der
einzelne dann aus den Verbänden
sich herausarbeitet zur
Individualität. Von einer
selbständigen Seite aus versuchte
ich später zu formulieren das
andere Gesetz, das Gesetz des
sozialen Lebens, und stellte dar,
daß die ganze soziale Konstitution
sich nur bilden kann, wenn der
einzelne im wirtschaftlichen
Zusammenhange nicht lebt von
demjenigen, was er selbst
verdient, sondern wenn er
dasjenige, was er selbst verdient,
an die Gemeinschaft abgibt und
wenn er wiederum aus der
Gemeinschaft erhalten wird — auf
welchem Wege das geschieht, zeigen
ja gerade die «Kernpunkte», und
ich habe das in Zürich einmal
auseinandergesetzt. Nun, wer
soziale Zusammenhänge heute
durchschauen kann, der weiß — wenn
es auch zunächst anders aussieht
—, daß derjenige, der heute einen
Rock für sich selber fabriziert,
tatsächlich ihn nicht in
Wirklichkeit produziert. Daß er
ihn produziert — das ist auf einem
Gebiet, wo wir heute eine so
weitgehende Arbeitsteilung haben,
nur eine Scheinvorstellung, weil
das, was er produziert, von ihm
selbst kosumiert wird. Aber dieses
Gesetz des sozialen Lebens gilt
durchaus. Es liegen die Dinge ja
so, daß dieses Gesetz bewußt nur
verwirklicht werden kann von
denjenigen, die sich aus den
Verbänden herauslösen und zur
Individualität werden. Diese
beiden Dinge sind vielleicht
abstrakt im Widerspruch; in der
Realität fordern sie einander,
gehören durchaus zusammen. Es
müßte die Individualität sich
aus den Verbänden erst
herauslösen, damit aus der
Individualität heraus sich das
Soziale verwirklichen kann. Das
ist des Rätsels Lösung in diesem
Falle. Und so würden sich
verschiedene scheinbare
Widersprüche lösen, wenn man auf
das eingehen wollte.
|
Il y aurait naturellement
beaucoup à ajouter aujourd'hui à
ce qui a été dit ; mais l'heure
est tellement avancée et je crois
que ces soirées de la
triarticulation ne sont pas
terminées avec ce soir, de sorte
que l'on pourra peut-être
continuer à parler de ces choses
une prochaine fois.
|
17
|
Es
wäre natürlich heute an dasjenige,
was gesagt worden ist,
außerordentlich viel anzufügen;
allein die Zeit ist so vorgerückt,
und ich glaube, daß diese
Dreigliederungsabende mit dem
heutigen Abend nicht ihr Ende
erreicht haben, so daß ja über
derlei Dinge vielleicht ein
nächstes Mal weiter wird
gesprochen werden können.
|
|
|
|
Français
seulement
TROISIÈME SOIRÉE DE DISCUSSION. - Dornach, le
9 août 1920. -
LA JUSTIFICATION DE LA TRIARTICULATION À
PARTIR DES LOIS SOCIALES.
Le caractère de marchandise de
l'argent ; son dépassement par une
refonte du système monétaire. Les conditions
préalables pour la réalisation de la
tri-articulation ; ce que le gouvernement
a à faire pour cela. La demande vers
compréhensibilité commune. Un exemple de
l'abstraction de la façon de voir
l'universitaire. La loi de l'individualisme et
la loi du socialisme ; apparente
contradiction entre les deux lois.
01
Richard Eriksen fait un exposé sur "La
justification philosophique de la
triarticulation de l'organisme social". Un débat
a lieu ensuite, à la fin duquel Rudolf Steiner
s'exprime à nouveau sur différentes questions.
02
Rudolf Steiner : Mes très chers présents, les
questions qui ont été posées et sur lesquelles
j'aimerais aller sont les suivantes. Tout
d'abord, la première question:
Que faut-il répondre lorsque le monde extérieur
nous pose la question pratique : D'où l'ouvrier
doit-il recevoir son argent dans l'organisme
social triarticulé ?
Maintenant, je crois qu'il est possible de
répondre clairement à cette question, dans sa
nature purement extérieure, à partir des "points
essentiels". Il s'agit du fait que, dans le sens
des points essentiels - des conditions qui y
sont indiquées -, la structure de l'organisme
social doit être telle qu'il y ait un chef de
travail pour ceux qui ont besoin d'un tel chef
de travail et qui travaillent sous sa direction,
et que le chef de travail soit aussi
essentiellement l'intermédiaire pour la manière
dont les produits fabriqués en commun avec
l'ouvrier sont transférés dans le commerce. Par
cela il devient donc évident qu'une autre
mentalité dans l'administration de ce qui figure
comme argent dans l'organisme social
triparticulé en résultera. Conformément à ces
accords contractuels, qui sont également
caractérisés dans les "points essentiels", celui
qui est l'ouvrier recevra son argent du chef de
travail. Il s'agit là d'un processus purement
extérieur, qui ne sera guère différent de ce qui
est actuellement en usage. Mais, mes très chers
présents, il ne s'agit donc pas de tels
processus extérieurs, mais il s'agit de quelle
fonction l'argent jouera dans l'organisme social
triarticulé. Aujourd'hui, l'argent, lorsqu'il
s'agit de papier-monnaie, est lui-même une
marchandise intercalée entre les autres.
L'argent doit perdre peu à peu ce caractère dans
l'organisme social triarticulé. Et il va de soi
que la détermination des prix ne peut se passer
qu'à l'intérieur du membre économique de
l'organisme social. Les billets de banque
doivent devenir de plus en plus une partie de la
grande comptabilité [qui a lieu] entre tous les
humains qui participent à la vie économique - et
ce sont donc tous les humains dans un domaine
fermé quelconque. Si cette grande comptabilité
se met en place d'elle-même, alors on a
simplement dans le billet de banque ce que l'on
doit inscrire/consigner à l'actif. Ceux qui
pensent de manière abstraite pensent à peu près
comme on pense dans les cercles bourgeois qu'une
telle comptabilité existe déjà réellement. C'est
bien sûr une absurdité, car elle n'est pas
souhaitable telle qu'elle est. Mais une telle
comptabilité, telle qu'elle sera nécessaire, se
forme d'elle-même, elle ne sera pas
abstraitement une grande comptabilité d'une
manière ou d'une autre, mais elle sera
simplement présente dans la réalité. Et c'est là
que se donne une certaine relation entre le chef
de travail et celui qui doit travailler sous la
direction du chef de travail. Et pour une telle
relation, le fait que l'ouvrier reçoive l'argent
du chef de travail n'a pas de sens, tout comme
le fait d'être, disons, fonctionnaire quelque
part et de recevoir l'argent de la caisse n'a
pas de sens. Ces choses doivent être considérées
dans le contexte de l'ensemble de la question du
capital et du travail humain ; ce n'est qu'alors
qu'elle prend, je dirais, sa correcte nuance.
03
La deuxième question: Comment pense-t-on le
passage des conditions sociales et économiques
actuelles à la réalisation pratique de la
triarticulation ? En fait, il n'est pas du tout
dans l'esprit des idées fondamentales de mes
"Points essentiels de la question sociale"
qu'une telle question puisse être posée ici. Car
il ne s'agit pas, dans ce qui est défendu dans
les "Points essentiels", d'une quelconque utopie
qui devrait remplacer ce qui existe actuellement
et où il faudrait créer une transition entre les
conditions actuelles et les conditions
suivantes, mais il s'agit de la naissance de
cette triarticulation, si seulement une fois
l'idée de la triarticulation est comprise par un
nombre suffisamment grand d'humains et si
ensuite, à partir de cette compréhension, les
humains s'occupent de leurs conditions
spirituelles, de leurs conditions étatiques et
de leurs conditions économiques. Cette
triarticulation de l'organisme social naît de la
même manière que, par exemple, un costume naît
lorsque, en tant que tailleur, on a appris
comment coudre un costume ; alors on peut aussi
la réaliser. Et c'est ainsi, parce qu'elle est
conçue comme quelque chose de tout à fait
pratique, que la triarticulation de l'organisme
social se réalisera. Il n'y a pas besoin de
transition. C'est pourquoi j'ai dit dans les
points essentiels : ce dont il est question ici
peut être entrepris à tout moment, et il n'est
pas nécessaire de s'inquiéter d'une transition.
Il n'est pas plus nécessaire de penser à une
transition que de réfléchir à la question :
"Oui, j'ai un humain qui a maintenant 17 ans, il
en aura 18 l'année prochaine ; comment sera la
transition entre la 17e et la 18e année" ?
Il n'est pas nécessaire de soulever de telles
questions si l'on a affaire à une idée pratique
qui regarde simplement ce qui est maintenant et
se demande : que demandent les conditions
actuelles ? Si elles se développent conformément
à la nature, et non pas contre nature, elles
exigent justement ce que donne la
triarticulation ; et là, il n'est pas nécessaire
de penser à une transition particulière. Les
conditions sociales et économiques actuelles
sont telles que soit on continue à les traiter
de manière non naturelle, soit on élabore des
utopies quelconques, par exemple comme le
léninisme et le trotskisme, et on veut les
façonner à partir de là, soit on les aborde
conformément à la nature - et alors naît la
triarticulation. Et c'est de cela qu'il s'agit
en réalité. On ne peut donc pas du tout se
demander comment se fait le passage à la
réalisation pratique, mais on doit toujours
saisir ces choses dans le concret. Mais,
voyez-vous, dans le concret, les gens n'aiment
alors pas saisir les choses.
04
C'est ainsi qu'à l'époque où l'on se trouvait
encore dans un public plus restreint avec la
triarticulation de l'organisme social, on posait
cette question un peu différemment
qu'aujourd'hui, parce qu'à l'époque, on avait
une peur terrible que tout soit brisé. On se
demandait alors : "Mais que doit faire le
gouvernement ? On devait là simplement dire ce
qui était pratique pour le gouvernement [en tant
que voie] : à savoir qu'en tant que
gouvernement, il devait simplement quitter la
vie spirituelle et de la vie économique ; ces
domaines devaient devenir plus libres. Une fois,
un ministre du travail m'a demandé ce qu'il
devait faire, [j'ai dû lui répondre] : Vous
voyez, [les difficultés] viennent du fait que
les trois membres de l'organisme social ont été
mélangés ensemble ; vous vous trouvez maintenant
dans une situation telle que vous avez d'un côté
des mandats qui n'appartiennent qu'à l'État de
droit, et de l'autre, uniquement à la vie
économique. Et c'est ainsi que l'on souhaiterait
- ce que je n'aimerais tout de suite pas vous
souhaiter personnellement - ainsi on aimerait en
fait souhaiter que vous soyez, comme le Turc,
battu par le bon Souabe au centre. - La division
devrait donc déjà commencer avec le ministre du
Travail concerné. Vous voyez, ce sont des choses
sur lesquelles il faut toujours insister, à
savoir que la triarticulation doit être pensée
comme une chose éminemment pratique. Alors, on
ne posera pas de questions comme celle du
passage de la situation actuelle à la
réalisation pratique de la triarticulation.
05
Une troisième question: Un membre du groupe pour
la triarticulation de l'organisme social est
fondé de pouvoir salarié d'une grande société
corporative dont l'activité s'étend comme un
filet sur le nord de l'Angleterre ; elle compte
10 millions de membres. Il aimerait savoir dans
quelle mesure une telle société corporative est
en accord avec le principe de la triarticulation
et où elle s'en écarte.
06
Maintenant, mes très chers présents, la personne
concernée ne pourra probablement répondre à
cette question que de manière tout à fait
personnelle, car elle s'apercevra très vite que
la société dont elle est le fondé de pouvoir n'a
absolument pas grand-chose à faire avec la
triarticulation ; soit elle peut être fondée de
pouvoir pour cette société, soit elle veut agir
pour la triarticulation de l'organisme social.
Les deux ne sont pas facilement compatibles.
Mais s'il pourra propager la triarticulation au
sein de la société corporative, cela dépendra
uniquement de sa capacité à gagner les 10
millions de membres à l'idée de la
triarticulation par la force de son esprit, par
tout ce qu'il a à dire pour fonder l'idée de la
triarticulation. S'il les gagne, alors son
activité de fondé de pouvoir au sein de ces 10
millions sera tout à fait justifiée, et on
voudra alors le féliciter extraordinairement en
tant que représentant acharné de la
triarticulation. Mais je pense que ces deux
activités ne seront guère compatibles, à savoir
représentant de la triarticulation et fondé de
pouvoir auprès de la société corporative. Mais,
n'est-ce pas, elles sont parfois compatibles ;
ce qui compte dans la triarticulation de
l'organisme social, ce sont les humains. Nous
l'avons toujours compris et expérimenté dans la
triarticulation.
07
Maintenant, encore quelques mots ; il est trop
tard pour développer aujourd'hui certaines
choses que j'aimerais bien développer. Vous
voyez, il est vrai qu'aujourd'hui, certaines
choses sont toujours abordées du mauvais coin.
08
Là a par exemple, été exigé que soit parlé au
prolétariat d'une manière compréhensible pour
tous. Oui, vous voyez, la manière dont on a
parlé au prolétariat à Stuttgart à partir
d'avril 1919 était si compréhensible que très
vite des milliers et des milliers d'ouvriers se
sont réunis et ont trouvé que le langage n'était
absolument pas incompréhensible. Puis sont
apparus des gens qui ont parlé avec les vieilles
phrases marxistes. Oui, mes très chers présents,
si un public, j'aimerais dire, socialement
vierge, un public qui n'était pas encore gorgé
de slogans marxistes, avait écouté ce que ces
dirigeants disaient parfois à leurs ouailles en
termes de phrases marxistes et autres, ces gens
auraient dit : totalement incompréhensible. Ils
n'ont trouvé cela compréhensible que parce
qu'ils ont parfois attrapé un mot - "plus-value"
et ainsi de suite - que les gens qui étaient
alors des dirigeants ont versé dans une sauce
socialiste qui n'était vraiment pas
compréhensible pour tous ; elle était souvent
incompréhensible par son absurdité. Oui, mais
"l'intelligibilité commune" - on fait beaucoup
de bêtises avec ce genre de choses. Il faut dire
que ce que l'on appelle aujourd'hui souvent
l'intelligibilité commune dans les milieux
ouvriers, c'est en fait aussi quelque chose -
j'ai d'ailleurs montré de tels héritages dans
mes "Points essentiels de la question sociale" -
que le prolétariat a reçu de la bourgeoisie. Ce
que l'on y appelle l'incompréhensibilité, c'est
aussi quelque chose que le prolétariat a repris
de la bourgeoisie.
09
Cette compréhension commune, oui, vous voyez, il
faut aussi l'avoir vécue dans la pratique. J'ai
été invité une fois à Berlin, il y a de
nombreuses années, pour parler du "Faust" de
Goethe. Il y avait là, dans une société, des
gens qui n'étaient vraiment pas des ouvriers,
mais qui étaient déjà des bourgeois bourrés de
porte-monnaie et d'autres encore, en tout cas
pas des ouvriers. J'avais alors essayé de parler
du "Faust" de Goethe comme on doit le faire. Il
y avait aussi des gens qui disaient après coup :
"Oui, le "Faust" de Goethe, on ne peut pas
l'avoir le soir au théâtre ; ce n'est pas une
pièce de théâtre, comme Blumenthal fait des
pièces de théâtre ; c'est une science ; on ne
veut pas avoir ça le soir, une telle science. -
Et si l'on se souvient des points de vue à
partir desquels l'éducation populaire est
parfois menée, a été menée notamment au cours
des dernières décennies, disons par exemple par
des poètes de théâtre qui faisaient de la
vulgarisation - mais en fait seulement pour leur
poche -, alors seulement on obtient
historiquement une idée de ce que l'on entend
par vulgarisation. Et l'on voit comment, dans
cette exigence de compréhension commune, il y a
justement quelque chose dont les ouvriers
doivent encore se débarrasser comme d'un reste
de ce qu'ils ont hérité de la bourgeoisie, de
cette bourgeoisie confortable et endormie qui ne
veut pas penser. Car la compréhension commune
est en fait l'exigence d'entendre quelque chose
pour lequel on n'a pas besoin de penser. Mais
c'est ainsi que nous sommes entrés dans la
période catastrophique où les gens ne veulent
pas penser. Et nous n'en sortirons pas avant que
les gens ne se décident à penser.
10
Eh bien, au fond, ce que l'on appelle
aujourd'hui le socialisme est ce qu'il y a de
plus abstrait. N'est-ce pas, combien de fois
entend-on pester contre les "-istes" et les
"-ismes". Or, aux "idéalisme", "spiritualisme",
"réalisme", "mécanisme", aux "idéalistes", aux
"spiritualistes" et ainsi de suite, nous avons
encore ajouté à l'époque récente : "bolchevisme"
et "bolchevistes", "marxistes" et "marxisme".
11
Avec "mécanisme", on peut au moins associer un
terme: "mécanique" ; "spiritualistes",
"spiritualisme", on peut associer le terme
"spirituel" ; "idéalisme", il y a encore le mot
"idéal" comme terme. Mais "bolchevisme" et
"bolchevistes", "marxistes", "marxisme" - il n'y
a plus rien du tout dans les mots. C'est
l'"isme" de Marx, les marxistes sont ceux qui
veulent Marx. C'est l'ironie la plus amère, [la
plus extrême] de ce que l'on ait jamais pu faire
en matière d'abstraction ; c'est quelque chose
de grotesque, si l'on considère à quel point
l'abstraction est arrivée précisément dans un
mouvement qui se veut tout à fait compréhensible
pour tous.
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Et maintenant, pour terminer, encore un mot sur
ce qui a été avancé à propos des deux lois
sociales telles que je les ai formulées, celle
de l'individualisme et celle du socialisme. J'ai
formulé la première loi en me référant au livre
de Ludwig Stein. J'avais à l'époque un livre de
Ludwig Stein à commenter, un gros livre sur la
question sociale du point de vue philosophique.
Il n'était pas facile de se frayer un chemin à
travers les méandres de la pensée de Ludwig
Stein, ce philosophe typique de notre époque.
C'est ce même Ludwig Stein qui, parce qu'il a
écrit beaucoup de choses, a dû écrire si vite
qu'il lui est arrivé une fois la chose suivante
: lorsqu'il a voulu prouver dans un livre que
seuls les gens de la zone tempérée de la terre
pouvaient développer une culture, il a dit que
c'était tout à fait naturel, que seuls les gens
de la zone tempérée pouvaient développer une
véritable culture, parce qu'au pôle Nord, ils
devaient mourir de froid et qu'au pôle Sud, ils
devaient brûler. - Eh bien, vous voyez, c'est
l'énonciation d'un philosophe qui, pendant de
nombreuses années, a fourni la faculté de
philosophie de Berne en philosophie. Et ce
philosophe jouissait d'un certain prestige.
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Vous voyez à quel point une telle abstraction
peut devenir grotesque, cela m'est apparu une
fois à Weimar. Un autre professeur bernois
travaillait chez nous, dans les archives Goethe
et Schiller, et cet autre professeur racontait
l'histoire suivante. Nous avons parlé des
premières œuvres de Robert Saitschick.
Saitschick a vraiment livré quelques premières
œuvres qui étaient déjà quelque chose de
respectable ; ce n'est que plus tard qu'il est
devenu un tel "Kohler/charbonnier", comme il
l'est maintenant. Robert Saitschick était alors
privat-docent à l'université de Berne, Ludwig
Stein professeur.
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Robert Saitschick était un pauvre gars ; et
Ludwig Stein, en plus d'être professeur à
l'université de Berne, était propriétaire de
toute une façade de maison dans la
Köpenikerstrasse à Berlin. Et c'est pourquoi, à
Berlin aussi, on connaissait aussi ce professeur
Ludwig Stein.
15
Je ne pouvais par exemple pas me débarrasser de
lui ; quand j'étais de temps en temps à Berlin,
il y avait aussi le Stein qui, comme je l'avais
écrit dans cette critique, me disait ensuite :
j'aurais à nouveau envie de parler comme son
positif avec mon comparatif. - C'était la blague
permanente qu'il faisait. Eh bien, Stein était
professeur ordinaire à Berne, Saitschick
privat-docent, et le professeur qui l'a raconté
- c'était d'ailleurs un très brave monsieur,
juste encore très imprégné des conceptions
universitaires - a dit : Ce Robert Saitschick,
c'est un type tout à fait inqualifiable, on ne
peut même pas parler de lui. - J'ai dit : il a
pourtant écrit de très beaux livres. - Oui,
pensez à ce qu'il a fait, a dit le professeur.
C'est un gars très pauvre, et il a pompé sur son
professeur titulaire. L'ordinaire lui a donné de
l'argent, et quand il a trouvé que c'était trop
long, il a demandé à Saitschick de rendre
l'argent. Et celui-ci l'a fait en disant :
"Monsieur le professeur, après ce que vous avez
dit, je vous demande de me certifier par écrit
que vous êtes un gars méchant". Et c'est
l'Ordinaire qui a établi ce document ! - C'est
ce que m'a dit le professeur ; je ne fais que
répéter ce qu'il m'a dit : eh bien, pensez-vous
qu'un privat-docent qui oblige son professeur
titulaire à lui délivrer un tel document, c'est
quand même un gars très méchant ? - C'est
justement une vision universitaire.
16
Oui, j'ai eu à faire la critique de ce livre de
Ludwig Stein, et j'ai dû faire remarquer que le
processus naturel de l'évolution humaine dans le
domaine social est que les humains vivent
d'abord en étant liés, dans les groupements et
que l'individu se dégage/s'élabore vers dehors
ensuite de ces groupements à l'individualité.
D'un côté indépendant, j'ai essayé plus tard de
formuler l'autre loi, la loi de la vie sociale,
et j'ai expliqué que toute la constitution
sociale ne peut se former que si l'individu,
dans le contexte économique, ne vit pas de ce
qu'il gagne lui-même, mais s'il donne à la
communauté ce qu'il gagne lui-même et s'il est à
son tour soutenu par la communauté - les "points
essentiels" montrent justement comment cela se
passe, et j'ai donc déjà expliqué cela à Zurich
une fois. Maintenant, quiconque peut aujourd'hui
voir à travers les rapports sociaux sait - même
si cela semble différent au premier abord - il
sait que celui qui fabrique aujourd'hui un
costume pour lui-même ne la produit en fait pas
en réalité. Dans un domaine où nous avons
aujourd'hui une division du travail aussi
poussée, le fait qu'il la produise n'est qu'une
représentation illusoire, car ce qu'il produit
est consommé par lui-même. Mais cette loi de la
vie sociale est absolument valable. Les choses
sont telles que cette loi ne peut être réalisée
consciemment que par ceux qui se détachent des
groupements et deviennent des individus. Ces
deux choses sont peut-être contradictoires dans
l'abstrait ; dans la réalité, elles s'exigent
l'une l'autre et vont absolument ensemble.
L'individualité devrait d'abord se détacher
sortant des groupements afin que le social
puisse se réaliser. C'est la solution de
l'énigme dans ce cas. Et c'est ainsi que
différentes contradictions apparentes se
résoudraient si l'on voulait entrer en matière.
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Il y aurait naturellement beaucoup à ajouter
aujourd'hui à ce qui a été dit ; mais l'heure
est tellement avancée et je crois que ces
soirées de la triarticulation ne sont pas
terminées avec ce soir, de sorte que l'on pourra
peut-être continuer à parler de ces choses une
prochaine fois.
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