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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA334

DE L'ÉTAT UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL TRI-ARTICULÉ.




LA CRISE ÉCONOMIQUE ACTUELLE ET L'ASSAINISSEMENT DE LA VIE ÉCONOMIQUE PAR LA TRIARTICULATION DE L'ORGANISME SOCIAL -
Bâle, le 26 avril 1920
DIE GEGENWÄRTIGE WIRTSCHAFTSKRISIS UND DIE GESUNDUNG DES WIRTSCHAFTSLEBENS DURCH DIE DREIGLIEDERUNG DES SOZIALEN ORGANISMUS -
Basel, 26. April 1920 [p. 194]

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 334  194-224 1983  26/04/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 15/01/2023 Editeur: SITE

J'imagine que le rédacteur d'un journal humoristique pourrait être séduit par l'intervention du constructeur de l'Université libre des sciences spirituelles de Dornach, le Goetheanum, lors de l'organisation d'une foire d'échantillons sur l'assainissement de la vie économique. Car il est déjà bien établi dans la conscience générale de l'époque que rien ne pourrait être plus éloigné l'un de l'autre que ce que les hommes qui connaissent superficiellement la chose s'imaginent sous la mystique nébuleuse du Goetheanum de Dornach, et que l'on considère comme la pratique de la vie. Et pourtant, il pourrait peut-être sembler encore plus paradoxal et amusant que ce soit précisément ces derniers temps, ces dernières semaines, dans un lieu du sud de l'Allemagne - et la Suisse suivra ce modèle dans un avenir très proche - que l'on s'apprête à fonder, précisément par le courant d'esprit et de vision du monde représenté à Dornach, des entreprises purement économiques, une société anonyme pour la promotion de valeurs économiques et spirituelles réelles.

01

Ich könnte mir denken, daß es den Redaktor eines Witzblattes reizen könnte, wenn bei einer Veranstaltung einer Mustermesse über die Gesundung des wirtschaftlichen Lebens der Erbauer der Dornacher Freien Hochschule für Geisteswissenschaft, des Goe­theanum, das Wort ergreift. Denn es ist ja schon einmal im allge­meinen Zeitbewußtsein wohl gelegen, daß nichts einander ferner stehen könnte, als dasjenige, was sich die Menschen, die die Sache oberflächlich kennen, vorstellen unter der nebulosen Mystik des Dornacher Goetheanum, und was man ansieht als die Lebenspraxis. Und dennoch, es könnte ja vielleicht noch paradoxer und witziger erscheinen, daß gerade in den letzten Zeiten, in den letzten Wochen, an einem Orte Süddeutschlands — und die Schweiz wird in allernäch­ster Zeit diesem Muster folgen -- an die Gründung gegangen wird, gerade von derjenigen Geistes- und Weltanschauungsströmung, die in Dornach vertreten wird, rein wirtschaftlicher Unternehmungen, einer Aktiengesellschaft zur Förderung wirtschaftlicher und geisti­ger realer Werte.

Comme je l'ai dit, cela pourrait paraître encore plus paradoxal. Car on voit dans un mouvement spirituel tel que celui dont le bâtiment de Dornach est censé être l'expression extérieure, on y voit quelque chose de tout à fait impraticable, qui n'a de raison d'être que si l'on doit se détourner plus ou moins des véritables objectifs pratiques de la vie pour se reposer le dimanche.

02

Wie gesagt, das könnte noch paradoxer erscheinen. Denn man sieht eben in einer solchen geistigen Bewegung, wie diese ist, für die der Dornacher Bau als Repräsentant der äußerliche Ausdruck sein soll, man sieht eben darinnen durchaus etwas Unpraktisches, das nur dann zu reden hat, wenn man sich mehr oder weniger zur Sonntagsruhe abzuwenden hat von den wirklichen praktischen Lebenszielen.

Maintenant, mes très chers présents, je ne veux absolument pas vous retenir longtemps, en guise d'introduction, par un quelconque exposé sur les tâches du mouvement spirituel représenté par le Goetheanum. Mais je voudrais seulement dire que ce mouvement spirituel, par sa particularité, veut être la base de la pratique de vie dont nous avons besoin aujourd'hui pour sortir de ce dans quoi nous sommes entrés, de ce que l'on a toujours considéré comme si pratique, et qui s'est montré si particulièrement pratique dans la ruine de la civilisation européenne au cours des cinq ou six dernières années !

03

Nun, meine sehr verehrten Anwesenden, ich will Sie durchaus nicht etwa lange aufhalten einleitend mit irgendeiner Ausführung über die Aufgaben der durch das Goetheanum repräsentierten Geistesbewegung. Aber ich möchte nur so viel sagen, daß diese Geistesbewegung gerade durch ihre besondere Eigenart sein will die Grundlage für diejenige Lebenspraxis, die wir so recht für die Gegenwart brauchen, um herauszukommen aus demjenigen, wohin­ein uns geritten hat dasjenige, was man immer als so praktisch angesehen hat, und was sich so ganz besonders praktisch gezeigt hat an dem Ruinieren der europäischen Zivilisation in den letzten fünf bis sechs Jahren!

Certes, dans cette université libre de la science de l'esprit dont il est question ici, le regard de l'humain ne doit pas seulement se tourner vers ce qui se présente à l'humain dans le monde matériel extérieur, mais l'humanité doit une fois de plus être rendue attentive au fait que tout ce qui est matériel repose sur du spirituel, et que l'on ne peut justement pas comprendre le matériel si l'on ne comprend pas le spirituel qui le sous-tend. Mais je ne veux pas parler aujourd'hui de la manière dont le monde spirituel doit être ouvert ni des chemins que l'individu doit emprunter pour accéder à ce monde spirituel réel et effectif. On en a parlé dans les différents livres qui ont été publiés en abondance sur ce sujet. Mais je voudrais parler du fait que c'est précisément le type particulier d'activité spirituelle qui doit être cultivé pour obtenir ce que l'on appelle la science de l'esprit, qui, par ce type particulier d'activité et d'effort spirituels, produit quelque chose dans l'humain qui ne le rend pas impratique, mais tout de suite pratique, en lui ouvrant un regard sain et sans illusion sur la réalité. Aussi étrange que cela puisse paraître, l'école supérieure de Dornach n'a pas pour but de fuir la réalité, bien au contraire. L'objectif de l'école supérieure de Dornach est l'acquisition d'un regard sain sur la réalité, l'acquisition d'un tel regard sain qui peut voir ce qui se passe aussi dans chaque réalité, qui doit être dirigée par l'humain lui-même, avant tout aussi dans la réalité économique.

04

Gewiß, in jener freien Hochschule für Geisteswissenschaft, die hier gemeint ist, soll der Blick der Menschen nicht nur auf dasjenige gewendet werden, was in der äußeren materiellen Welt dem Men­schen entgegentritt, sondern es soll wiederum einmal die Mensch­heit darauf hingewiesen werden, daß allem Materiellen Geistiges zugrunde liegt, und daß man gerade das Materielle nicht verstehen kann, wenn man nicht das zugrunde liegende Geistige versteht. Aber wie die geistige Welt erschlossen werden soll, welche Wege der einzelne Mensch einzuschlagen hat, um zu dieser wirklichen, realen Geisteswelt zu kommen, darüber will ich ja heute nicht sprechen. Darüber ist gesprochen in den verschiedenen Büchern, die ja reich­lich gerade über diesen Gegenstand erschienen sind. Aber davon möchte ich sprechen, daß gerade die besondere Art der geistigen Betätigung, die gepflegt werden muß, um dasjenige, was man die Geisteswissenschaft nennt, durch diese besondere Art geistiger Betätigung und Anstrengung etwas hervorruft im Menschen, was ihn nun nicht unpraktisch, sondern gerade praktisch macht, indem sie ihm eröffnet einen gesunden, illusionsfreien Blick auf die Wirk­lichkeit. So sonderbar es klingt, durch die Dornacher Hochschule wird nicht angestrebt eine Flucht aus der Wirklichkeit, sondern im Gegenteil. Durch die Dornacher Hochschule wird angestrebt die Aneignung eines gesunden Blickes für die Wirklichkeit, die Aneig­nung eines solchen gesunden Blickes, der sehen kann, was auch in jeder Wirklichkeit vor sich geht, die vom Menschen selbst dirigiert werden muß, vor allen Dingen auch in der wirtschaftlichen Wirklichkeit.

Et pour m'exprimer encore plus clairement sur ce que je pense en fait, j'aimerais illustrer ce que j'ai à dire par la comparaison suivante.

05

Und um mich noch deutlicher zu dem, was ich eigentlich meine, auszudrücken, möchte ich durch folgenden Vergleich das, was ich zu sagen habe, veranschaulichen.

Voyez-vous, mes très chers présents, si quelqu'un prétendait, en tant que chimiste, avoir inventé un moyen de blanchir le linge, un nouveau moyen de blanchir le linge, et qu'il se met ensuite à utiliser ce moyen, et que le linge devient brun sale à cause de ce moyen, on ne le considérerait probablement pas comme un bon chimiste, et on dirait qu'il ne comprend en fait rien à la véritable science chimique. Il en va de même aujourd'hui dans le domaine de la technique et de la vie extérieure, dans la mesure où ce domaine dépend de la pensée scientifique. Mais ce n'est absolument pas le cas lorsqu'il s'agit de la technique qui se manifeste dans la vie économique, dans la gestion de la vie économique, et qui doit dépendre d'une manière ou d'une autre d'une pensée économique saine, d'une véritable économie, disons nationale ou sociale, ou semblable. Vous voyez, un exemple de cela — mais je pourrais en citer beaucoup : Il y a quelque temps déjà, on se disputait beaucoup dans le monde international parmi les personnes qui réfléchissaient aux questions économiques, sur la meilleure façon de faire triompher le mouvement économique que l'on appelle le mouvement de libre-échange. On étudiait d'un certain point de vue les dommages causés à la vie économique internationale par l'imposition de droits de douane et autres aux frontières des pays, droits de douane qui étaient motivés par les intentions les plus diverses. Bref, il y a eu des parlements - il y a bien longtemps maintenant que cette époque est révolue - où l'on considérait le libre-échange comme un idéal, comme un idéal économique. On a alors cherché dans certains cercles un moyen de promouvoir le libre-échange, le libre-échange douanier avant toute chose. On s'est alors pris aux cheveux, on s'est tellement pris aux cheveux qu'on a dit : c'est par l'amour et par la question des droits de douane que l'on devient le plus fou au monde. Les partisans de la monnaie d'or et les partisans du métallisme, de la monnaie d'or et d'argent, étaient alors à couteaux tirés. Les partisans de la prétendue monnaie d'or étaient les personnes qui disaient, sur la base de leurs connaissances scientifiques et économiques, que la monnaie d'or n'était pas une monnaie : en favorisant la monnaie-or, nous favorisons le libre-échange. - C'était une conviction économique et scientifique.

06

Sehen Sie, meine sehr verehrten Anwesenden, wenn jemand als Chemiker behaupten würde, er habe ein Mittel erfunden, um Wäsche zu bleichen, ein neues Mittel, um Wäsche zu bleichen, und er dann dieses Mittel in Angriff nehmen würde, und siehe da, die Wäsche würde von diesem Mittel schmutzig braun, man würde ihn wahrscheinlich nicht für einen guten Chemiker halten, und man würde sagen: Der versteht eigentlich nichts von der wirklichen chemischen Wissenschaft. So gilt es heute durchaus auf dem Gebiete der Technik und des äußeren Lebens, insofern dieses Gebiet abhän­gig ist vom naturwissenschaftlichen Denken. So gilt es aber durch­aus nicht, wenn es sich um jene Technik handelt, die im Wirtschafts­leben, in der Handhabung des Wirtschaftslebens zutage tritt, und die in irgendeiner Weise abhängig sein soll auch von einem gesunden wirtschaftlichen Denken, von einer wirklichen, sagen wir National­oder Sozialökonomie oder dergleichen. Sehen Sie, dafür ein Beispiel -- aber ich könnte viele anführen: Es ist schon einige Zeit her, da stritt man viel in der internationalen Welt unter denjenigen Leuten, die über wirtschaftliche Fragen nachdachten, wie man am besten derjenigen wirtschaftlichen Bewegung Geltung verschaffen könnte, welche man Freihandelsbewegung nennt. Man untersuchte von einem gewissen Gesichtspunkte aus, welche Schädigungen das in­ternationale Wirtschaftsleben dadurch erleidet, daß an den Grenzen der Länder Zölle erhoben werden und dergleichen; Zölle, denen die verschiedensten Absichten zugrunde liegen. Kurz, es gab einmal Parlamente — jetzt sind sie ja schon lange vorbei die Zeiten —, in denen man als ein Ideal, als ein wirtschaftliches Ideal, die Freihan­delsbewegung ansah. Man hat dann nach einem Mittel gesonnen in gewissen Kreisen, wie man den Freihandel, den Zollfreihandel vor allen Dingen fördern kann. Da lag man sich in den Haaren, so stark lag man sich in den Haaren, daß man sagte: Durch die Liebe und durch die Schutzzollfrage wird man in der Welt am meisten när­risch. Da lagen sich dazumal die Anhänger der Goldwährung und die Anhänger des Metallismus, der Gold- und Silberwährung in den Haaren. Die Anhänger der vermeintlichen Goldwährung, das wa­ren diejenigen Menschen, die da sagten aus ihrer wissenschaftlich‑ wirtschaftlichen Einsicht heraus: Indem wir die Goldwährung för­dern, fördern wir den Freihandel. — Das war wirtschaftlich-wissen­schaftliche Überzeugung.

Qu'est-ce qui s'est passé dans la réalité ? Il est vrai que le hasard a voulu qu'après le lancement de ces déclamations scientifiques et économiques, d'importantes découvertes d'or aient été faites en Afrique, et que les pays qui ne disposaient que de peu de ressources dans les régions où l'or avait été découvert aient pu le produire en quantité particulièrement importante. Mais on devrait toujours compter avec de telles choses, on devrait surtout compter avec l'analogie du chimiste, avec ce que j'ai cité pour illustrer mon propos. Mais en réalité, qu'est-ce qui s'est passé ? Il s'est avéré que l'introduction de la monnaie-or a déclenché partout le mouvement de protection douanière, c'est-à-dire que la réalité a montré exactement le contraire de ce que l'on avait prédit en théorie sur la base de la pensée économique.

07

Was hat dann die Wirklichkeit ergeben? Es hat sich allerdings der Zufall ereignet, daß gerade, nachdem diese wissenschaftlich-wirt­schaftlichen Deklamationen losgelassen waren, daß da gerade bedeu­tende Goldfunde in Afrika gemacht worden sind, und diejenigen Länder, welche wenig hatten gerade von den Gebieten, in denen Gold gefunden wurde, konnten das Gold in besonders reichlichem Maße ausprägen. Aber mit solchen Dingen müßte man ja eigentlich immer rechnen, müßte vor allen Dingen das Analogon des Chemi­kers rechnen damit, was ich zur Verdeutlichung angeführt habe. Aber in Wirklichkeit, was hat sich ergeben? Es hat sich ergeben, daß durch Einführung der Goldwährung überall die Schutzzollbewe­gung in die Wege geleitet worden ist, das heißt, die Wirklichkeit hat genau das Gegenteil von dem gezeigt, was man theoretisch aus wirtschaftlichem Denken vorausgesagt hat.

C'est exactement ce qui s'est passé lorsqu'un chimiste a rendu le linge brun sale avec un produit censé le blanchir. Comme je l'ai dit, on pourrait citer de nombreux exemples de ce genre, où la réalité n'est pas du tout touchée par la pensée économique, où la réalité va justement dans le sens contraire. On pourrait citer de nombreux exemples de ce genre.

08

Genau so ist es eingetroffen, wie wenn ein Chemiker mit einem Mittel, das bleichen soll die Wäsche, die Wäsche schmutzig braun machte. Wie gesagt, solche Beispiele könnte man viele anführen, wo aus dem wirtschaftlichen Denken heraus die Wirklichkeit nicht im allerentferntesten berührt wird, wo die Wirklichkeit gerade im entgegengesetzten Sinne verläuft. Solche Beispiele könnte man viele anführen.

Ceux qui posent aujourd'hui la question de savoir s'il y a une crise économique, une crise économique internationale, n'ont qu'à regarder la situation. Cette crise économique est partout à nos portes. Les gens pensent toutefois de différentes manières à sa forme particulière et à sa cause. Mais peut-on vraiment espérer qu'avec une telle façon de penser la réalité, un phénomène aussi compliqué, un fait aussi compliqué que la crise économique internationale, puisse être compris sans plus ?

09

Wer heute die Frage aufwirft: Gibt es eine wirtschaftliche Krise, eine internationale wirtschaftliche Krise? — der braucht ja wahrhaf­tig nur auf die Verhältnisse zu schauen. Diese wirtschaftliche Krise ist ja überall vor der Türe. Über die besondere Gestaltung und über die Ursache denken allerdings die Leute in der verschiedensten Weise. Aber kann man denn eigentlich hoffen, daß bei einem so gearteten Denken gegenüber der Wirklichkeit ein so kompliziertes Phänomen, eine so komplizierte Tatsache, wie die internationale Wirtschaftskrise, ohne weiteres verstanden werden kann?

N'est-ce pas, ça ne peut être le cas ! Maintenant vous allez dire : "Ah, voilà quelqu'un qui prétend que les penseurs économiques sont tous stupides, qu'ils ne savent rien ; l'économie tourne et les penseurs économiques sont tous stupides. Non, je n'affirme absolument pas que tous sont stupides, j'affirme plutôt qu'il y a parmi les humains économiques des gens très intelligents, beaucoup plus intelligents à certains égards que dans toutes les autres professions de la vie, mais que ce qu'ont dit les monométallistes, les partisans de la monnaie-or, et ce qui s'est passé, était le contraire de ce que les gens très intelligents ont défendu dans des phrases et des tournures et des théories très intelligentes. Non, je ne prétends pas du tout que tous les économistes sont stupides, mais je veux justement partir du fait étrange que la civilisation moderne a donné naissance à ce phénomène singulier que l'on peut être un brillant penseur économique et penser exactement le contraire de ce qui est réel dans la vie économique ! C'est un phénomène frappant, un phénomène qui se manifeste encore par le fait que l'on est en fait assez impuissant face à la confusion européenne actuelle, précisément dans les cercles de ceux qui ont le mieux appris à penser économiquement de manière traditionnelle.

10

Nicht wahr, das kann nicht der Fall sein! Nun werden Sie sagen: Aha, da ist einer, der behauptet, die wirtschaftlichen Denker seien alle dumm, sie wissen alle nichts; die Wirtschaft läuft, und die wirtschaftlichen Denker sind alle dumm. Nein, ich behaupte durch­aus nicht, daß alle dumm seien, behaupte vielmehr, daß es unter den wirtschaftlichen Menschen sehr gescheite Leute gibt, in gewisser Beziehung viel gescheiter als in allen anderen Berufen des Lebens, daß aber dasjenige, was die Monometallisten, die Anhänger der Goldwährung waren, geredet haben, und das, was geschehen ist, das Gegenteil von dem war, was die sehr gescheiten Leute in sehr gescheiten Sätzen und Wendungen und Theorien vertreten haben. Nein, das behaupte ich durchaus nicht, daß alle Wirtschafter dumm sind, sondern ich will gerade ausgehen von der merkwürdigen Tatsache, daß die moderne Zivilisation die eigentümliche Er­scheinung heraufgebracht hat, daß man ein glänzender wirtschaftli­cher Denker sein kann, und genau das Gegenteil von dem denken kann, was im wirtschaftlichen Leben Wirklichkeit ist! Das ist eine auffällige Erscheinung, eine Erscheinung, die sich aber auch darin­nen noch zeigt, daß man eigentlich gegenüber der heutigen euro­päischen Verwirrung ziemlich hilflos ist gerade in den Kreisen der­jenigen, die in hergebrachter Weise das wirtschaftliche Denken am besten gelernt haben.

Et c'est là que vous voyez, c'est là que je voudrais affirmer que ce que l'on a simplement acquis comme technique de pensée, grâce à la saine science de l'esprit qui est pratiquée dans le mouvement dont Dornach est le représentant extérieur, grâce à cette technique de pensée, il est également possible de percer à jour les choses de la réalité extérieure, dont on peut simplement prouver par d'innombrables exemples qu'elles ne sont justement pas percées à jour par ceux que l'on considère comme des spécialistes.

11

Und da sehen Sie, da möchte ich eben behaupten, daß dasjenige, was man sich einfach als eine Denktechnik angeeignet hat, durch die gesunde Geisteswissenschaft, welche in derjenigen Bewegung ge­trieben wird, für die Dornach der äußere Repräsentant ist, durch diese Denktechnik ist es möglich, die Dinge in der äußeren Wirk­lichkeit auch zu durchschauen, von denen man eben durch unzähli­ge Beispiele einfach beweisen kann, daß sie gerade von denjenigen nicht durchschaut werden, die man als Fachleute ansieht.

Vous voyez, avant toute chose, lorsqu'on parle de crises économiques - les gens pensent généralement à ce qui se passe entre la consommation et la production -, on parle d'une crise économique lorsqu'il y a une surproduction qui ne peut pas être utilisée par la consommation. On peut tout aussi bien prouver que la crise économique ne vient pas de la surproduction, mais de la sous-consommation, tout simplement parce que les gens, qui n'ont peut-être pas assez d'argent pour acheter ce qu'ils produisent, n'achètent pas assez. Et ce qui est étrange, c'est que l'on peut prouver l'un et l'autre. Si vous passez en revue les crises économiques de 1919, vous constatez que l'une d'entre elles a pour cause la surproduction, l'autre la sous-consommation, la troisième des causes tout à fait différentes, par exemple comme un mauvais rapport entre le capitalisme et les travailleurs, ou, ce qui est également valable pour des cas isolés, que les crises économiques doivent survenir lorsqu'on épargne trop dans une grande communauté humaine, et ainsi de suite. Eh bien, toutes ces choses ne tiennent pas compte de ce qui est le plus important pour la vie économique actuelle.

12

Sehen Sie, vor allen Dingen, wenn von wirtschaftlichen Krisen zu reden ist — die Leute denken ja dann gewöhnlich an dasjenige, was etwa in den Konstellationen liegt zwischen Konsum und zwischen Produktion —, man redet davon, eine Wirtschaftskrise tritt dann ein, wenn eine Überproduktion da ist, die vom Konsum nicht aufge­braucht werden kann. Man kann ebensogut beweisen, daß die Wirtschaftskrise nicht von der Überproduktion komme, sondern vom Unterkonsum kommt, einfach davon, daß dann die Leute, die vielleicht auch nicht genug Geld haben, um sich das Produzierte zu kaufen, also zu wenig einkaufen. Und das Merkwürdige ist, man kann das eine und das andere beweisen. Wenn Sie die Wirtschafts­krisen nur von 1919 durchgehen, finden Sie, die eine hat als Ursache Überproduktion, die andere hat als Ursache Unterkonsumtion, die dritte hat wieder ganz andere Ursachen, wie zum Beispiel ein falsches Verhälnis zwischen Kapitalismus und Arbeiterschaft, oder, was auch wiederum für einzelne Fälle gilt, daß die wirtschaftli­chen Krisen da kommen müssen, wenn man zuviel spart in einer großen Menschengemeinschaft und so weiter. Nun, alle diese Dinge berücksichtigen nicht dasjenige, was gerade für das Wirtschafts­leben der Gegenwart das Allerallerwichtigste ist.

Là, j'ai donc la permission de vraiment parler d'une sorte d'expérience personnelle. Il y a longtemps déjà, c'était à la fin des années 90 du siècle dernier et au début de ce siècle, j'ai appris à connaître en profondeur les ouvriers d'Europe centrale. J'étais professeur dans une école d'éducation ouvrière, mais j'avais ainsi pu avoir de véritables contacts avec le mouvement ouvrier de tous les côtés. Et j'ai appris à les connaître, premièrement, parce que les conférences les plus diverses que j'avais à tenir étaient parfois suivies de discussions très animées, qui montraient ce que l'on pensait dans les cercles les plus larges de la classe ouvrière en pleine croissance. D'autre part, je me suis vu accueilli avec mes propres conférences, et j'ai pu voir comment on peut absorber en soi ce qui n'est pas seulement économique et ainsi de suite. Et celui qui a vécu, je dirais, avec un certain sens de l'observation des conditions humaines et sans préjugés, sait quelle erreur on commet aujourd'hui en pensant qu'il y a plus dans les simples catégories économiques, comme le capital et le salaire et autres, ou l'importation et l'exportation, le commerce, la finance, la balance des paiements, la valeur et autres choses, dans ces choses que ce qui se passe seulement à la surface. Non, c'est vraiment dans ces choses que se trouve, pour la crise actuelle, ce qui ne se passe qu'en surface. Car tout ce qui se passe dans la vie économique part finalement de l'humain, des pensées de l'humain, et de ce que l'humain fait, de sorte qu'il en résulte des qualifications de rapports de capitaux et de salaires, d'importations et d'exportations et ainsi de suite, de fluctuations de valeurs. Cela dépend finalement de ce qui ressort de la pensée des humains.

13

Da darf ich ja wirklich aus einer Art persönlicher Erfahrung heraus sprechen. Es ist jetzt schon lange her, es war Ende der neunziger Jahre des vorigen Jahrhunderts und im Anfange dieses Jahrhunderts, da lernte ich gründlich die mitteleuropäische Arbei­terschaft kennen. Ich war Lehrer an einer Arbeiter-Bildungsschule, hatte aber dadurch Zusammenhänge mit der Arbeiterbewegung nach allen Seiten hin wirklich bekommen können. Und ich lernte kennen erstens dadurch, daß sich an die verschiedensten Vorträge, die ich zu halten hatte, zuweilen sehr lebhafte Diskussionen ange­schlossen haben, die zeigten, was man in den breitesten Kreisen der heranwachsenden Arbeiterschaft denkt. Auf der anderen Seite sah ich mich mit meinen eigenen Vorträgen aufgenommen, und konnte sehen, wie man da in sich aufnehmen kann, was nicht bloß wirt­schaftlich und so weiter ist. Und derjenige, der, ich möchte sagen, mit einem gewissen beobachtenden Sinn für menschliche Verhält­nisse und ohne Vorurteile in so etwas gelebt hat, der weiß zu sagen, welcher Irrtum es ist, wenn man heute meint, in bloßen wirtschaftli­chen Kategorien, wie Kapital und Lohn und dergleichen, oder Einfuhr und Ausfuhr, Handel, Finanz, Zahlungsbilanz, Valuta und anderen Dingen, in diesen ingen läge mehr als dasjenige, was sich nur an der Oberfläche abspielt. Nein, in diesen Dingen liegt wirk­lich für die gegenwärtige Krise dasjenige, was sich nur an der Oberfläche abspielt. Denn alles dasjenige, was sich im wirtschaft­lichen Leben abspielt, geht zuletzt doch von dem Menschen aus, von den Gedanken der Menschen aus, und was die Menschen tun, so daß herauskommen Qualifikationen von Kapital- und Lohnverhält­nissen, von Einfuhr und Ausfuhr und so weiter, von Valutaschwan­kungen. Das ist zuletzt abhängig von dem, was aus den Gedanken der Menschen hervorgeht.

Vous voyez, je peux vraiment parler là sans préjugés, car j'ai été pendant cinq ou six ans enseignant parmi les ouvriers et j'ai réussi à ce qu'il y ait finalement un grand nombre de partisans parmi les ouvriers, mais qu'un beau jour, les dirigeants de cette classe ouvrière aient remarqué qu'il y avait là quelqu'un qu'on ne pouvait pas tolérer, qu'il y avait quelqu'un qui n'enseignait pas le marxisme orthodoxe, qu'il y avait quelqu'un qui s'efforçait de faire entrer dans les cœurs et dans les esprits tout autre chose que la doctrine orthodoxe.

14

Sehen Sie, ich kann da wirklich unbefangen sprechen, denn ich war durch fünf bis sechs Jahre eben Lehrer unter Arbeitern und habe es dahin gebracht, daß zuletzt allerdings eine große Anhänger­schaft da war unter den Arbeitern, daß aber eines schönen Tages die Führer dieser Arbeiterschaft merkten, daß da einer ist, den man nicht dulden kann, daß da einer ist, der nicht orthodoxen Marxis­mus lehrt, daß da einer ist, der sich bemüht, ganz anderes in die Herzen und in die Gemüter hineinzubringen als die orthodoxe Lehre ist.

Une séance a été organisée avec mes élèves. Des centaines de mes élèves étaient présents à cette réunion, ainsi que des dirigeants ouvriers, certes de second rang, mais habilement de premier rang, qui ont avancé toutes sortes d'arguments, dont le fait que j'étais une personnalité impossible dans le mouvement ouvrier. J'ai dit : "Oui, mais voulez-vous à l'avenir cultiver ici quelque chose qui soit valable pour l'avenir, et vous ne comprenez pas la chose la plus simple, la liberté d'enseignement ? L'un des dirigeants a tout de même réussi à prononcer ce mot : Liberté d'enseignement ? Non, nous ne connaissons que la contrainte raisonnable ! Et malgré le vote de tous contre les quatre, contre les quatre dirigeants, mon activité était bien sûr tout à fait impossible plus avant.

15

Es wurde eine Sitzung mit meinen Schülern abgehalten. Dazumal waren bei der Sitzung Hunderte meiner Schüler anwesend, und Arbeiterführer, zwar von zweiter Garnitur, aber geschickt von erster Garnitur, die alles mögliche vorbrachten, so auch: daß ich eben in der Arbeiterbewegung eine unmögliche Persönlichkeit sei. Ich sagte: Ja, aber wollen Sie wohl in Zukunft hier etwas pflegen, was für die Zukunft taugen soll, und Sie verstehen nicht das Einfachste, Lehrfreiheit? Da brachte es doch einer der Führer dahin, das Wort auszusprechen: Lehrfreiheit? Nein, wir kennen nur ver­nünftigen Zwang! Und trotzdem die Abstimmung mit allen gegen die vier war, gegen die vier Führer, war meine Tätigkeit ferner natürlich ganz unmöglich.

Cela, voyez-vous, m'autorise à parler avec une certaine impartialité, sur la base des faits, de ce qui se passe aujourd'hui dans la vie économique de l'Europe internationale.

16

Das, sehen Sie, das berechtigt mich, eben aus den Tatsachen heraus doch mit einiger Unbefangenheit über dasjenige zu sprechen, was heute sich eigentlich hineinstellt ganz im internationalen Euro­pa in das Wirtschaftsleben.

Mais il faut aussi pouvoir étudier réellement ce qui émane de l'humain lui-même, et ce qui provoque en fait les catégories dont j'ai parlé et que l'on énumère habituellement. Il faut d'abord se demander : quelles sont les particularités de la foi qui s'est peu à peu répandue dans le prolétariat européen ?

17

Aber man muß auch dasjenige wirklich studieren können, was aus dem Menschen selbst herauskommt, und was jene Kategorien, von denen ich gesprochen habe, die man gewöhnlich aufzählt, eigentlich erst bewirkt. Man muß sich zunächst fragen: Was für Eigentümlich­keiten hat denn der Glaube, der sich allmählich ausgebreitet hat in dem europäischen Proletariat?

Voyez-vous, le signe le plus caractéristique de la conception de millions de personnes est que, premièrement, les gens pensent à la vie de l'esprit de telle manière que tout ce que l'humain produit spirituellement, y compris ce qu'il produit de son esprit comme droit, comme coutume, comme religion, comme science, n'est rien d'autre que quelque chose que le cerveau humain enfante de manière abstraite, qui est une sorte de superstructure idéologique sur la seule réalité, la sous-structure, la seule réalité : la vie économique de production et de consommation.

18

Sehen Sie, das charakteristischste Zeichen für die Anschauung von Millionen von Menschen ist, daß die Leute erstens gegenüber dem Geistesleben so denken, daß alles dasjenige, was der Mensch geistig hervorbringe, auch dasjenige, was er aus seinem Geiste heraus als Recht, als Sitte, als Religion hervorbringe, als Wissen­schaft hervorbringe, daß das nichts weiter ist als etwas, was in abstrakter Art das menschliche Gehirn gebiert, was eine Art von ideologischem Oberbau ist auf der einzigen Wirklichkeit, dem Unterbau, der einzigen Wirklichkeit: dem wirtschaftlichen Produk­tions- und Konsumtionsleben.

Cela s'est installé chez des millions et des millions de personnes. Je ne veux pas examiner maintenant dans quelle mesure cela remonte à la théorie de Marx et Engels, mais cela s'est fixé chez des millions et des millions de personnes : toute la vie spirituelle est une idéologie, quelque chose qui est simplement issu de la vie économique.

19

Das hat sich festgesetzt bei Millionen und aber Millionen von Menschen. Ich will jetzt nicht untersuchen, inwieweit das zurück­geht auf die Theorie des Marx und Engels, festgesetzt hat sich das in Millionen und aber Millionen von Menschen: Das ganze geistige Leben ist eine Ideologie, etwas bloß aus dem Wirtschaftsleben Herausgewachsenes.

Oui, peut-être que dans les cercles de ceux qui se sentent très intelligents économiquement, on pensera peu à la crise économique actuelle dans la vie internationale, à cette croyance du prolétariat. Mais c'est justement la grande erreur de penser peu aux choses les plus importantes aujourd'hui. Car on n'apprend pas à reconnaître d'où provient la crise, d'où provient ce qui vit dans l'inconscient des humains, et d'où provient pourtant le malheur économique, si l'on ne porte pas son regard sur la vie psychique de la grande masse. Il faut prendre en considération la vie psychique de la grande masse, car on peut croire que la vie spirituelle n'est qu'une idéologie, mais on ne peut pas vivre avec, et l'humain se désole, l'humain perd pied dans la vie.

20

Ja, vielleicht wird man doch in den Kreisen derjenigen, die sich wirtschaftlich sehr gescheit fühlen, gering denken mit Bezug auf die gegenwärtige wirtschaftliche Krisis im internationalen Leben, über diesen Glauben des Proletariats. Aber das ist gerade der große Fehler, daß man über die wichtigsten Dinge heute gering denkt. Denn man lernt nicht erkennen, woraus die Krise entspringt, woraus dasjenige entspringt namentlich, was im Unbewußten der Menschen lebt, und woraus doch das wirtschaftliche Unheil hervor­geht, wenn man nicht den Blick auf das Seelenleben der großen Masse richtet. Man muß das Seelenleben der großen Masse ins Auge fassen; denn es läßt sich das glauben, Geistesleben sei nur eine Ideologie, aber es läßt sich nicht damit leben, und der Mensch verödet, der Mensch verliert den Halt im Leben.

Et c'est cela qui est particulier : la grande masse s'accroche avec un fanatisme sans pareil à ces doctrines, notamment la masse qui donne aujourd'hui le ton dans certains milieux économiques ouvriers, la masse s'accroche avec fanatisme à ces doctrines ; mais elle s'y désole de plus en plus.

21

Und das ist das Eigentümliche: Mit einem Fanatismus ohneglei­chen hängt die große Masse an diesen Lehren, die Masse namentlich, die heute in gewissen wirtschaftlichen Arbeiterkreisen den Ton angibt, mit Fanatismus hängt die Masse an diesen Lehren; aber immer mehr verödet sie dabei.

Comment cela est-il arrivé ? Le matérialisme n'est pas issu de cette classe ouvrière elle-même, le matérialisme est né au cours des quatre derniers siècles dans les cercles dirigeants. Seulement, les cercles dirigeants ont conservé les anciennes traditions par une certaine demi-mesure. D'une part, ils ont commencé à penser de manière matérialiste à la vie extérieure dans laquelle ils se trouvent, et d'autre part, ils ont conservé les anciennes traditions comme leur religion, leur moralité, et ainsi de suite, et tiennent au fond une double comptabilité de vie.

22

Wie ist das gekommen? Der Materialismus ist nicht dieser Arbei­terschaft selbst entsprungen, der Materialismus ist entsprungen in den letzten vier Jahrhunderten in den führenden Kreisen. Nur, die führenden Kreise haben sich aus einer gewissen Halbheit heraus die alten Traditionen bewahrt. Auf der einen Seite haben sie über das äußere Leben, in dem sie drinnenstehen, materialistisch zu denken begonnen, auf der anderen Seite haben sie sich die alten Traditionen als ihre Religion, als ihre Sittlichkeit und so weiter bewahrt, und führen im Grunde genommen eine doppelte Lebensbuchführung.

Cela l'ouvrier ne le peut pas qui a été appelé à quitter ce à quoi il était autrefois attaché, ce avec quoi il avait grandi : l'artisanat, dont il aimait les produits dans lesquels il déposait sa vie. Il a été appelé à la machine abstraite, placé dans l'usine abstraite. Il cherche son salut dans ce que les autres ne prennent qu'à moitié. On peut en juger quand on a été à l'intérieur. Cela s'est fait petit à petit. Et c'est ainsi que cette grande non-compréhension est née en Europe.

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Das kann der Arbeiter nicht, der hinweggerufen worden ist von dem, woran er früher stand, mit dem er zusammengewachsen war: vom Handwerk, dessen Produkte er lieb hatte, in die er sein Leben hineinlegte. Er ist hingerufen worden an die abstrakte Maschine, in die abstrakte Fabrik hineingestellt. Er sucht sein Heil in demjenigen, das die anderen nur zur Hälfte nehmen. Man kann es eben beurtei­len, wenn man darinnen gestanden hat. Das hat sich nach und nach heraus ergeben. Und so ist in Europa jenes große Nichtverstehen entstanden.

Cette incompréhension pèse aujourd'hui sur l'Europe comme un terrible destin. En haut, il y a ceux qui doivent gérer les capitaux, il y a ceux qui doivent diriger la vie de l'économie, qui pourraient la diriger s'ils le voulaient seulement, qui pourraient aussi transformer le matérialisme en une vision saine du monde, qui pourraient aussi être pratiques. La sont ceux qui pourraient tout s'ils le voulaient.

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Das liegt wie ein furchtbares Schicksal heute über Europa, dieses Nichtverstehen. Da sind oben diejenigen, die die Kapitalien zu verwalten haben, da sind oben diejenigen, die das Wirtschaftsleben zu leiten haben, die es leiten könnten, wenn sie nur wollten, die auch den Materialismus umwandeln könnten in eine gesunde Weltan­schauung, die auch praktisch sein könnten. Da sind diejenigen, die alles könnten, wenn sie wollten.

En bas, il y a ceux qui ont pris au sérieux ce qui s'est formé comme matérialisme dans ces cercles dirigeants, qui ne peuvent rien, qui croient, en disant qu'il faut combattre le capitalisme, qu'on peut obtenir quelque chose avec cette phrase ; qui ne savent pas qu'on ne peut pas du tout avoir de vie économique sans capitalisme au sens moderne du terme, que sans capitalisme on ne peut que retourner dans la barbarie. L'ouvrier est devenu impuissant dans ses pensées, impuissant face à la réalité dans toute l'Europe, l'ouvrier qui a été contraint à la machine, qui imagine sérieusement les théories qui, je dirais, tombent comme des sous-produits de la vie chez les autres, avec lesquelles on ne peut pas vivre, ni même faire de l'économie, comme le montrent justement des choses comme le métallisme et le monométallisme et autres.

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Da sind unten diejenigen, die ernst genommen haben dasjenige, was sich als Materialismus bei diesen führenden Kreisen herausge­bildet hat, die nichts können, die da glauben, indem sie sagen: den Kapitalismus muß man bekämpfen —, man könne irgend etwas mit dieser Phrase erreichen; die da nicht wissen, daß man ja Wirtschafts­leben ohne Kapitalismus im modernen Sinne des Wortes überhaupt nicht haben kann, daß man ohne Kapitalismus nur in die Barbarei zurückkehren kann. Hilflos in seinen Gedanken, hilflos gegenüber der Wirklichkeit ist der Arbeiter geworden über ganz Europa hin, der Arbeiter, der an die Maschine gezwängt worden ist, der sich ausmalt im Ernste diejenigen Theorien, die, ich möchte sagen, als Nebenprodukte des Lebens bei den anderen abfallen, mit denen man nicht leben, und wohl auch nicht wirtschaften kann, wie eben solche Dinge wie der Metallismus und Monometallismus und ähnli­ches zeigen.

Cette grande mécompréhension qu'a-t-elle amené en haut ? Maintenant, vous pouvez le voir ce qu'elle a apporté dans l'évolution des rapports européens. Regardez la Russie. En Russie, conformément à la particularité du peuple, il s'est produit quelque chose qui est difficile à étudier pour celui qui regarde ces choses sans préjugés et sans être un agitateur. Il y avait de nombreuses différenciations des idéaux socialistes et sociaux en Russie. Qu'y avait-il dans cette Russie jusqu'en 1914 ? Retenu par le militarisme russe, retenu par le tsarisme que tant de gens haïssaient, ce qui vivait dans les larges masses, ce qui constituait précisément dans ces larges masses ce à partir de quoi il n'était pas possible de trouver un pont vers l'autre, ce qui vivait dans les cercles dirigeants. On ne voulait pas atteindre ce qu'on aurait dû atteindre : construire le pont, construire ce pont en tant que dirigeants, en tant qu'intellectuels. Nous voyons monter le capitalisme moderne. Nous voyons monter l'individualisme moderne avec l'appel d'une foule de millions de personnes dans les usines, sur les machines. Ce qu'il aurait été nécessaire de faire, de recourir à une nouvelle pensée pratique, comme il aurait été nécessaire, du côté des intellectuels, de se faire le guide, de gagner la confiance, de faire comprendre aux grandes masses que l'on sait vraiment mettre en œuvre, même sérieusement, les allures de la vie de l'économie, on n'a rien fait de tout cela. On a vécu pour soi, une classe supérieure. On a laissé les autres étudier. Le prolétariat a tout de suite beaucoup étudié, il s'est simplement consacré en solitaire à ce qui était les déchets de l'éducation, les déchets matérialistes de l'éducation.

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Dieses große Mißverstehen, was hat es denn heraufgebracht? Nun, Sie können es sehen an der Entwickelung der europäischen Verhältnisse, was es heraufgebracht hat. Sehen Sie sich Rußland an. In Rußland hat sich der Volkseigentümlichkeit gemäß etwas erge­ben, was schwierig zu studieren ist für den, der unbefangen und vorurteilsfrei, ohne ein Agitator zu sein, auf diese Dinge hinsieht. Es waren viele Differenzierungen der sozialistischen und sozialen Ideale in Rußland da. Was war da in diesem Rußland bis 1914? Durch den russischen Militarismus niedergehalten, niedergehalten durch den von so vielen gehaßten Zarismus, war dasjenige, was in den breiten Massen lebte, was gerade in diesen breiten Massen dasjenige bildete, von dem keine Brücke zu finden war zu dem anderen, was in den leitenden Kreisen lebte. Man wollte nicht dasjenige erreichen, was man hätte erreichen müssen: die Brücke zu bauen, als Führende, als Intellektuelle diese Brücke zu bauen. Wir sehen heraufkommen den modernen Kapitalismus. Wir sehen her­aufkommen den modernen Individualismus mit dem Hereinrufen einer millionenfachen Menschenmenge in Fabriken, an Maschinen. Was da notwendig gewesen wäre, zu einem neuen praktischen Denken zu greifen, wie es notwendig gewesen wäre, auf seiten der Intellektuellen, sich zum Führer zu machen, Vertrauen zu gewin­nen, begreiflich zu machen den großen Massen, daß man versteht, die Allüren des Wirtschaftslebens wirklich auch im Ernste durchzu­führen, man hat nichts von dem getan. Man hat für sich gelebt, eine Oberschicht. Man hat die anderen studieren lassen. Studiert hat ja gerade das Proletariat außerordentlich viel, einfach einsam für sich hingegeben an dasjenige, was Abfallprodukte der Bildung, materiali­stische Abfallprodukte der Bildung waren.

Aujourd'hui, les fruits en sont là, dans la crise économique de l'Europe. C'est un destin tragique, conditionné par l'esprit.

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Heute sind die Früchte davon in der Wirtschaftskrisis Europas da. Es ist ein geistig bedingtes, tragisches Schicksal.

Ensuite, les catastrophes guerrières européennes sont nées de ce qui retenait ce que l'on ne voulait pas pénétrer spirituellement, ce que l'on ne voulait pas imposer spirituellement par des conceptions raisonnables, ce que l'on voulait retenir par la violence physique extérieure du militarisme et de la monarchie absolue ou de n'importe quel autre pouvoir, de ce qui était utilisé pour rendre inoffensif ce que l'on ne voulait pas vaincre spirituellement.

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Dann kamen aus dem heraus geboren, was niederhielt dasjenige, was man nicht geistig durchdringen wollte, was man nicht geistig durchsetzen wollte mit vernünftigen Anschauungen, was man nie­derhalten wollte durch äußere physische Gewalt des Militarismus und desjenigen der absoluten Monarchie oder irgendwelcher ande­rer Mächte, aus dem heraus, was gebraucht wurde, um unschädlich zu machen dasjenige, was man nicht geistig bezwingen wollte, aus dem heraus kamen die europäischen Kriegskatastrophen.

Et que s'est-il passé ensuite ? Le léninisme et le trotskisme sont alors apparus en Russie. Non pas du socialisme russe, oh non, le léninisme et le trotskisme ne sont pas du tout nés du socialisme russe. Jamais rien de tel que le léninisme et le trotskisme n'aurait pu naître du socialisme russe. Quelque chose de tout à fait différent serait apparu si l'on avait cherché une entente raisonnable entre les intellectuels et la grande masse de la population. Non, Lénine et Trotsky ne sont pas nés de la révolution ! Lénine et Trotsky sont sortis des cercles de ce que la guerre a apporté comme résultat, de ce qui est devenu par la guerre comme conséquence ultime du militarisme, c'est de là que Lénine et Trotsky sont sortis. Les résultats de la guerre sont entrés en Russie et ont à nouveau étouffé ce qui voulait venir d'en bas et avec lequel on aurait dû s'entendre. Lénine et Trotsky ne sont pas des héros du socialisme ; ils sont les fils de la catastrophe de la guerre européenne et n'ont été possibles que parce que la misère des conséquences de la guerre s'est étendue sur la Russie. Et ce qui s'est passé dans le reste de l'Europe, lisez le très beau livre - mais on pourrait en suivre bien d'autres - de Keynes, "Les conséquences économiques de la conclusion de la paix en Europe". Ce qui s'est répandu dans le reste de l'Europe, qu'est-ce que c'est ? Est-ce la profession de foi de la pensée économique ; est-ce l'aspiration économique jusqu'en 1914 qui nous a conduits à la terrible catastrophe ? Non, ce n'est pas cela, mais ce que nous vivons, y compris tous les soucis de devise de certains pays, n'est pas un retour sain à des vues saines, que l'on croit pouvoir obtenir en disant que la maladie se serait rendue absurde par les catastrophes. Ce que nous vivons est le résultat de la guerre. C'est sur la base d'un jugement à très, très courte vue qu'un général allemand a prononcé les mots qui ont été souvent répétés pendant cette catastrophe de guerre : la guerre n'est que la politique menée par d'autres moyens.

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Und was entstand dann? Dann entstand für Rußland der Leninis­mus, der Trotzkismus. Nicht etwa heraus aus dem russischen Sozialismus, o nein, am allerwenigsten ist der Leninismus und Trotzkismus aus dem russischen Sozialismus heraus geboren. Nie­mals hätte etwas wie der Leninismus und der Totzkismus aus dem russischen Sozialismus heraus geboren werden können. Da wäre etwas ganz anderes herausgekommen, wenn man Verständigung gesucht hätte in vernünftiger Weise von Seiten der Intellektuellen zur Seite der breiten Masse der Bevölkerung. Nein, Lenin und Trotzki sind nicht aus der Revolution herausgewachsen! Lenin und Trotzki sind aus den Kreisen herausgewachsen desjenigen, was der Krieg als Ergebnis gebracht hat, desjenigen, was durch den Krieg geworden ist als letzte Konsequenz des Militarismus, daraus sind Lenin und Trotzki erwachsen. Die Ergebnisse des Krieges sind eingezogen in Rußland und haben neuerdings dasjenige, was von unten heraufwollte, mit dem man sich hätte verständigen sollen, niedergehalten. Lenin und Trotzki sind keine Helden des Sozia­lismus; sie sind die Söhne der europäischen Kriegskatastrophe und sind nur dadurch möglich geworden, daß über Rußland sich das Elend der Kriegsfolgen ausgebreitet hat. Und dasjenige, was im übrigen Europa war, lesen Sie das sehr schöne Buch — aber man könnte vieles andere noch verfolgen — von Keynes, «Die ökonomi­schen Folgen des europäischen Friedensschlusses». Dasjenige, was sich über das übrige Europa ausbreitete -- was ist es denn? Ist es etwa das Bekenntnis des wirtschaftlichen Denkens; ist es das wirtschaft‑ liche Streben bis 1914, das uns in die furchtbare Katastrophe hineingebracht hat? Nein, das ist es nicht, sondern dasjenige, was wir erleben, einschließlich aller Valutasorgen einzelner Länder, ist nicht ein gesundes Zurückkehren zu gesunden Ansichten, die man glaubt bekommen zu können dadurch, daß die Krankheit sich ad absurdum geführt habe durch die Katastrophen. Dasjenige, was wir erleben, ist Ergebnis des Krieges. Aus einem sehr, sehr kurzsichti­gen Urteil heraus hat ein deutscher General die Worte geprägt, die während dieser Kriegskatastrophe vielfach nachgesprochen worden sind: Der Krieg ist nur die Politik mit anderen Mitteln ausgeführt.

Pendant la guerre, j'ai toujours comparé ce dicton à la parole : le divorce n'est que la continuation du mariage par d'autres moyens ! Mais avec une certaine variante juste, on pourrait quand même dire : cette paix, en particulier dans le domaine de la vie économique, n'est que la continuation de la guerre par d'autres moyens. Ce n'est vraiment pas ce que l'on dit en considérant la situation économique actuelle d'un point de vue agitateur ou d'un autre, mais c'est ce que disent même des juges objectifs, du côté qui serait aujourd'hui le plus fondé à porter un jugement objectif, du côté des Anglais, c'est ce que dit Keynes dans son livre "Les conséquences économiques de la conclusion de la paix".

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Ich habe während des Krieges immer wieder dieses Diktum mit dem Wort verglichen: Die Scheidung ist nur die Ehe mit anderen Mitteln fortgeführt! Aber mit einer gewissen richtigen Variante könnte man doch sagen: Dieser Friede ist, insbesondere auf dem Gebiete des Wirtschaftslebens, nur die Fortführung des Krieges mit anderen Mitteln. Das sagt man wahrhaftig nicht wiederum mit einer agitatorisch oder von irgendeiner Seite her gefärbten Betrachtung der gegenwärtigen wirtschaftlichen Zustände, sondern das sagen selbst so objektive Urteiler, von derjenigen Seite, die heute am allermeisten Veranlassung hätte, objektiv zu urteilen, von seiten der Engländer, das sagt eben Keynes in seinem Buche «Die ökonomi­schen Folgen des Friedensschlusses».

Maintenant voyez-vous, si l'on considère vraiment ces choses, alors on doit dire : Oh, les causes des catastrophes économiques actuelles sont beaucoup, beaucoup plus profondes ! Et enfin, il suffit d'observer la vie économique actuelle telle qu'elle s'est développée. Il n'est pas nécessaire de se laisser captiver par les déclamations unilatérales sur le capitalisme et l'anticapitalisme, mais il suffit de s'abandonner aux faits objectifs et certainement justifiés par les conditions modernes, à savoir que notre vie économique est intimement mêlée à ce que nous devons appeler l'économie monétaire.

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Nun, sehen Sie, wenn man diese Dinge wirklich ins Auge faßt, dann muß man sagen: Oh, viel, viel tiefer liegen die Ursachen der gegenwärtigen wirtschaftlichen Katastrophen! Und schließlich, man braucht ja nur einmal das heutige Wirtschaftsleben, wie es sich heraufentwickelt hat, zu betrachten. Man braucht sich nicht gefan­gennehmen zu lassen von den einseitigen Deklamationen über Kapitalismus und Antikapitalismus, sondern man braucht sich nur den objektiven und gewiß durch die modernen Verhältnisse berech­tigten Tatsachen hinzugeben, daß unser Wirtschaftsleben innig verquickt ist mit dem, was wir nennen müssen die Geldwirtschaft.

Je suis bien entendu loin de l'idée saugrenue de vouloir combattre l'économie monétaire. Il ne peut pas s'agir de cela, car je considérerais cela comme une idée insensée, tout comme je considère comme une idée insensée de vouloir réformer l'argent d'une manière ou d'une autre. Non, mais ce dont il s'agit, c'est qu'en raison de l'ensemble des conditions économiques modernes, ce qui est présent dans l'argent est devenu abstrait au sein de la vie économique.

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Nun, ich bin selbstverständlich weit entfernt von der närrischen Idee, etwa die Geldwirtschaft bekämpfen zu wollen. Darum kann es sich nicht handeln, denn das würde ich eben für eine närrische Idee halten, ebenso gut wie ich es für eine närrische Idee halte, das Geld irgendwie auch reformieren zu wollen. Nein, sondern dasjenige, um was es sich handelt, ist, daß durch die ganzen modernen wirtschaft­lichen Verhältnisse dasjenige, was im Gelde vorliegt, innerhalb des Wirtschaftslebens abstrakt geworden ist.

Un journaliste économique anglais a dit à juste titre : les fonctions réelles de l'argent dans notre vie économique sont extrêmement compliquées et ne peuvent pas vraiment être décortiquées. - C'est vrai. Mais je pourrais me faire comprendre par une comparaison.

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Ein englischer ökonomischer Zeitungsmann sagte mit vollem Rechte: Welche Funktionen eigentlich das Geld in unserem Wirt­schaftsleben hat, das ist außerordentlich verwickelt und eigentlich gar nicht wirklich auseinander zu schälen für eine Betrachtung. — So ist es ja. Aber ich könnte mich durch einen Vergleich klarmachen.

Voyez-vous, mes très chers présents, si quelqu'un est un penseur d'une entité assez abstraite, s'il passe toujours immédiatement du particulier au général, s'il voit par exemple dans la prairie toutes sortes de fleurs portant un nom concret et dit ensuite : plantes ou fleurs - et compare "fleurs" à animal et ainsi de suite, il pense de manière abstraite. Il apporte des pensées abstraites qui englobent beaucoup de choses, et les étend comme un tapis sur les parties concrètes.

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Sehen Sie, meine sehr verehrten Anwesenden, wenn jemand ein Denker ist von recht abstrakter Wesenheit, wenn er immer gleich übergeht von dem Besonderen zum Allgemeinen, wenn er etwa draußen auf der Wiese allerlei Blumen mit einem konkreten Namen sieht, und dann sagt: Pflanzen oder Blumen — und «Blumen» vergleicht mit Tier und so weiter, so denkt er abstrakt. Er bringt abstrakte Gedanken, die vieles umfassen, und breitet sie wie einen Teppich aus über die konkreten Teile.

Il en va de même pour l'argent dans la vie économique réelle. L'argent apporte dans la vie économique réelle, dans la réalité, un élément tout à fait abstrait. Pensez donc, si je suis le propriétaire de 50 francs, je suis justement le propriétaire de ces 50 francs, et il est tout à fait indifférent au départ, si j'ai les 50 francs dans mon porte-monnaie, que je m'achète demain un lapin avec les 50 francs ou que je m'achète de la farine ou une montre en argent, ou que je m'achète un costume ou quelque chose de semblable. Le caractère concret de la vie économique s'arrête face au caractère abstrait de l'argent. Cela se manifeste au moment où l'argent s'échange contre de l'argent, où l'on achète de l'argent. On peut le mieux voir comment, tout comme les abstractions se cachent de la réalité de la pensée, comment l'abstraction de l'argent se cache de la réalité. Voyez-vous, si vous avez suivi les journaux en Allemagne ces dernières semaines, vous avez pu constater que les gens se sont réjouis de la petite amélioration de la devise. Mais elle a ensuite baissé. Et celui qui connaît le contexte profond ne sera pas très impressionné par une amélioration temporaire de cette devise. Mais l'affaire a été attribuée à toutes les causes possibles, sans qu'il y ait autre chose en arrière-plan que le fait que des billets allemands présents en Espagne aient été achetés en bourse par des Américains à la suite d'une constellation particulière, d'une intention particulière, et que cela ait provoqué une petite hausse de la devise allemande. Cela a échappé aux regards pour la simple raison que chaque fois que l'argent en tant que tel circule dans le commerce, chaque fois que l'argent est négocié en tant que tel, cela est éloigné de la vie économique concrète et on ne voit plus le contexte. De même que lorsque quelqu'un parle de manière abstraite, une roue de moulin tourne dans la tête et on n'a plus aucune idée de ce qu'il veut dire par son abstraction, de même, lorsqu'il s'agit de manipulations monétaires, on ne sait plus ce qui se passe réellement dans la vie économique.

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So ist es im wirklichen Wirtschaftsleben mit dem Gelde. Das Geld bringt in das reale wirtschaftliche Leben, in die Wirklichkeit ein ganz abstraktes Element hinein. Denken Sie doch, wenn ich der Besitzer von 50 Franken bin, so bin ich eben der Besitzer dieser 50 Franken, und es ist ganz gleichgültig zunächst, wenn ich die 50 Franken im Portemonnaie habe, ob ich mir morgen für die 50 Franken einen Hasen oder ob ich mir Mehl oder irgendeine silberne Uhr kaufe, oder ob ich mir einen Rock kaufen werde oder derglei­chen. Die Konkretheit des Wirtschaftslebens hört auf gegenüber der Abstraktheit des Geldes. Das kommt dann zum Vorschein in dem Augenblicke, wo Geld gegen Geld steht, wo man Geld kauft. Man kann das am besten sehen, wie sich, geradeso wie die Abstraktionen sich verbergen vor der Realität des Denkens, wie sich die Ab­straktheit des Geldes verbirgt vor der Realität. Sehen Sie, wer in den letzten Wochen die Zeitungen verfolgt hat in Deutschland, der konnte finden, daß die Leute eine große Freude gehabt haben über das bißchen Besserwerden der Valuta. Sie ist ja dann aber zurückgegangen. Und wer die tieferen Zusammenhänge kennt, der wird sich nicht sehr imponieren lassen von zeitweiligem Besserwerden dieser Valuta. Nun, aber allen möglichen Ursachen wurde die Sache zugeschoben, wobei aber im Hintergrunde nichts anderes stand, als daß in Spanien vorhandene deutsche Noten durch irgendeine beson­dere Konstellation, durch eine besondere Absicht von Amerikanern an der Börse gekauft worden sind, und daß das das bißchen Hinauf­schnellen der deutschen Valuta bewirkt hat. Das entzog sich den Blicken aus dem einfachen Grunde, weil immer dann, wenn das Geld als solches im Handel umläuft, wenn Geld als solches gehan­delt wird, dann steht das ferne dem konkreten Wirtschaftsleben, und man sieht nicht mehr die Zusammenhänge. So wie wenn jemand eben abstrakt spricht, einem ein Mühlrad im Kopfe herumgeht und man nicht mehr eine Ahnung davon hat, was er eigentlich mit seiner Abstraktheit meint, so weiß man nicht mehr bei den Geldmanipula­tionen, was nun eigentlich im Wirtschaftsleben vor sich geht.

Vous voyez, dans ces domaines, il s'agit essentiellement d'un devenir étranger du moyen d'échange qu'est l'argent dans la vie économique proprement dite ; et c'est la raison pour laquelle nous sommes entrés dans une crise économique aussi terrible. Car cette crise économique était en fait déjà là avant la guerre, et la guerre n'était que l'expression de cette crise économique. [Lacune.]

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Sehen Sie, in diesen Dingen liegt es im wesentlichen in einem Fremdwerden des Verkehrsmittels Geld im eigentlichen Wirt­schaftsleben; und das ist der Grund, daß wir in eine so furchtbare Wirtschaftskrise hineingekommen sind. Denn diese Wirtschafts­krisis war eigentlich schon vor dem Kriege da, und der Krieg war nur der Ausdruck für diese Wirtschaftskrise. [Lücke.]

Vous voyez, quelqu'un aurait pu, disons en 1865, avoir les plus grandes installations possibles pour la navigation aérienne, mais il n'a pas pu les faire fonctionner parce qu'il n'y avait pas encore de navigation aérienne ! Il ne sert à rien d'être simplement intelligent dans n'importe quel domaine de la vie. Si les circonstances nous éloignent de l'expérience directe de ce qui doit être vécu, alors toute pensée intelligente ne sert à rien. Et c'est précisément dans le domaine économique, comme dans d'autres domaines, que l'on a été entraîné loin de la vie réelle, ce que toute la civilisation moderne a produit en soudant de plus en plus les trois domaines principaux de la vie : la vie de l'esprit, la vie politique ou de droit et la vie de l'économie, en un État unitaire.

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Sehen Sie, es könnte ja einer, sagen wir, im Jahre 1865, die größtmöglichen Anlagen gehabt haben für die Luftschiffahrt, — er konnte diese Anlagen nicht betätigen, weil es noch keine Luftschiff­fahrt gab! Es hilft nichts, auf irgendeinem Gebiete des Lebens bloß gescheit zu sein. Wenn einen die Verhältnisse hinwegführen von dem unmittelbaren Erleben desjenigen, das erlebt werden soll, dann hilft einem jeglicher gescheite Gedanke gar nichts. Und daß man gerade auf wirtschaftlichem Gebiete, wie auch auf anderen Gebie­ten, hinweggetrieben worden ist vom wirklichen Leben, das brachte die ganze moderne Zivilisation dadurch hervor, daß man die drei Hauptgebiete des Lebens: Geistesleben, politisches oder Rechts­leben und Wirtschaftsleben, immer mehr und mehr zu einem Einheitsstaat zusammengeschweißt hat.

L'économie monétaire a favorisé cette fusion au sein de l'État unitaire. Comme je l'ai dit, je vous prie de ne pas vous méprendre sur mes intentions, qui seraient de m'opposer à l'économie monétaire. Je veux seulement attirer l'attention sur le fait que ce qui n'a pas été saisi par l'économie monétaire doit précisément conduire à la santé de notre vie économique !

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Dem Zusammenschweißen in dem Einheitsstaat war die Geld­wirtschaft günstig. Wie gesagt, ich bitte, mich durchaus nicht mißzuverstehen, daß ich etwa gegen die Geldwirtschaft irgend etwas einwenden wolle. Ich will nur darauf hinweisen, wie dasjeni­ge, was nicht erfaßt worden ist von der Geldwirtschaft, gerade zur Gesundung unseres wirtschaftlichen Lebens führen muß!

On a toujours fait valoir, et encore une fois dans les idées récentes, que l'État unitaire est une panacée. Cette panacée a été mise en lumière par les dirigeants actuels, mais aussi par les socialistes ; car que veulent les socialistes ? Utiliser le cadre, le cadre étendu de l'État, pour y construire leurs illusions socialistes. Même Lénine et Trotsky n'ont rien fait d'autre que d'arroser de leurs concepts abstraits socialistes ce que la guerre leur avait laissé de l'ancien État tsariste russe. Cette pensée de l'État unitaire est devenue, au cours des trois ou quatre dernières décennies - celui qui sait vraiment regarder l'histoire sait que cela ne fait pas si longtemps en réalité - pour ainsi dire seulement la pensée de tous ceux qui croient vouloir le bien de tous les rapports publics et qui, par conséquent, négligent de voir ce qui mûrit dans la réalité de l'humanité : que dans la réalité de l'humanité mûrit le besoin d'arriver, par rapport à la vie de l'esprit, le besoin d'arriver, par rapport à la vie de droit ou d'état et par rapport à la vie de l'économie, à des constellations tout à fait différentes de celles que l'on a eues jusqu'à présent. Je veux aborder la chose par un bout, aimerais-je dire.

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Es ist ja immer wieder und wiederum in den Gedanken der neueren Zeit dies geltend gemacht worden, daß der Einheitsstaat ein Allheilmittel ist. Dieses Allheilmittel, es hat vorgeleuchtet den bis jetzt führenden Leuten, aber auch den Sozialisten; denn was wollen die Sozialisten? Den Rahmen, den ausgewalzten Rahmen des Staates benützen, um ihre sozialistischen Trugschlüsse [Lücke] hineinzu­bauen. Sogar Lenin und Trotzki taten nichts anderes als dasjenige, was ihnen der Krieg übriggelassen hat von dem alten russischen Zarenstaat, zu übergießen mit ihren sozialistischen abstrakten Be­griffen. Dieser Gedanke des Einheitsstaates ist in den letzten drei bis vier Jahrzehnten — wer die Geschichte wirklich zu betrachten weiß, der weiß, daß es erst so lange her ist in Wirklichkeit — sozusagen erst der Gedanke all derjenigen geworden, die glauben, das Richtige aller öffentlichen Verhältnisse zu wollen, und die darüber versäumen, zu sehen, was in der Wirklichkeit der Menschheit heranreift: daß heranreift in der Wirklichkeit der Menschheit der Drang, gegenüber dem Geistesleben, der Drang, gegenüber dem Rechts- oder Staats­leben und gegenüber dem Wirtschaftsleben zu ganz anderen Kon­stellationen zu kommen, als man sie bisher gehabt hat. Ich will an einem Zipfel, möchte ich sagen, die Sache anfassen.

Dans certaines régions de la vie européenne, ce que nous appelons le droit successoral se détache d'anciennes institutions. Le droit d'héritage est lié aux rapports de liens de sang entre les humains. Si vous suivez ce qui émane/rayonne du droit successoral dans l'ensemble des rapports publics, aussi dans la configuration des pendants entre les États et les sociétés, vous verrez combien de choses dépendent également de ce droit successoral dans la vie économique. Le droit successoral a une influence sur certaines personnes dans telle ou telle branche économique, il fait entrer les gens, ils sont là-dedans, et c'est à partir de leurs facultés que se font des choses particulières. Mais finalement, c'est à partir de ces choses particulières que se compose une grande partie de la vie économique globale. Bref, nous avons le droit de succession étroitement lié aux liens du sang, à ce qui est organisé de la nature dans l'humanité.

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In manchen Gebieten des europäischen Lebens ragt hervor aus alten Einrichtungen dasjenige, was wir das Erbrecht nennen. Erb­recht, es hängt zusammen mit den Verhältnissen der Blutsbande der Menschen. Verfolgen Sie dasjenige, was von dem Erbrecht aus­strahlt in die ganzen öffentlichen Verhältnisse, auch in die Konfigu­ration der Staaten- und Gesellschaftszusammenhänge, so werden Sie sehen, wie viel auch im wirtschaftlichen Leben an diesem Erbrecht hängt. Das Erbrecht wirkt bei gewissen Leuten in diese oder jene Wirtschaftszweige hinein, es bringt die Leute hinein, sie sind da drinnen, und aus ihren Fähigkeiten heraus werden einzelne Dinge. Aber schließlich, aus diesen einzelnen Dingen setzt sich wiederum ein großer Teil des Gesamtwirtschaftslebens zusammen. Kurz, wir haben das Erbrecht eng gebunden an Blutsbande, an dasjenige, was von der Natur in der Menschheit organisiert ist.

Que s'est-il donc passé au cours des trois ou quatre derniers siècles dans ces États qui se considèrent comme les plus exemplaires ? On a appris l'organiser de la nature. On attribue aux Allemands en particulier la capacité d'organiser. Ils n'ont su le faire que si bien qu'ils l'ont déformé jusqu'à la mécanisation. Mais cela s'est essentiellement répandu sur l'ensemble du monde civilisé. L'organiser, qui est propre à l'humanité de par sa nature, a été transférée/porté dans la vie sociale. Et cette organiser, qui est pendant aux liens du sang, cet organiser, qui a un aspect très symptomatique - il y en a beaucoup d'autres - dans le droit de succession, cet organiser, au fond, ressort aussi très clairement dans l'organisation de la vie spirituelle. Et finalement - toutefois l'Église catholique veut être une institution démocratique qui permette à ceux qui sont en bas de l'échelle de s'élever jusqu'aux plus hauts postes de la hiérarchie ecclésiastique - dans la pratique, ce qui a soudé ces choses, comme les anciennes organisations liées par les liens du sang, s'est aussi glissé dans les organisations ecclésiastiques catholiques ; car finalement, plus de nobles sont devenus archevêques que d'autres, et ainsi de suite.

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Was ist denn geschehen gerade in denjenigen Staaten, die sich am allermustergültigsten betrachten in den letzten drei bis vier Jahrhunderten? Man hat von der Natur das Organisieren gelernt. Man schreibt ja besonders den Deutschen das Organisieren zu. Sie haben es nur so gut gekonnt, daß sie es bis zum Mechanisieren verzerrt haben. Aber es ist im wesentlichen über die ganze zivilisierte Welt ausgegossen. Man hat das Organisieren, das von der Natur aus der Menschheit eigentümlich ist, auch in das soziale Leben hineingetragen. Und dieses Organisieren, das mit den Blutsbanden zusammenhängt, dieses Organisieren, das ein sehr Symptomatisches — es gibt viele andere — im Erbrecht hat, dieses Organisieren, es kommt ja im Grunde genommen sehr deutlich auch in der Organisation des geistigen Lebens heraus. Und schließlich — allerdings will die katholische Kirche eine demokratische Einrichtung sein, die denjenigen, der da unten aus dem alleruntersten Stande ist, auch unter Umständen heraufkommen läßt bis zu den höchsten Stellen der kirchlichen Hierarchien — hat sich in der Praxis aber auch da dasjenige, was zusammengeschweißt hat solche Dinge, wie die alten Organisationen, die an den Blutsbanden hängen, auch in katholische Kirchenorganisationen hineingeschlichen; denn schließlich waren doch mehr Hochadlige Erzbischöfe geworden als andere und so weiter.

Bref, nous voyons en beaucoup de relations comment ce qui provient des liens du sang dépasse dans l'ordre social moderne ; et ce qui s'exprime particulièrement dans des choses comme le droit de succession, le genre humain l'a en fait dépassé par sa conscience la plus intime. Si quelqu'un dit : l'humain est l'humain et qu'il désigne un enfant de sept ans et un adulte de quarante ans, vous rirez. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans ne fait que rire. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans ne fait que rire. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans n'est que la conséquence de l'humain de trente-cinq ans, de l'humain de trente ans et ainsi de suite, mais vous regarderez l'humain de telle manière que ce qui réside dans son essence se développe à partir de ses profondeurs. Ce n'est qu'au cours de l'histoire que l'on en est arrivé à la conclusion stupide que ce qui suit est toujours l'effet de ce qui précède, alors que depuis longtemps le genre humain est tel que les phases successives de son essence la plus intime se produisent de la même manière que le changement de dents ou la maturité sexuelle chez l'individu. Ainsi, tout simplement, au cours des derniers temps, alors que les éléments hérités de la vie spirituelle, économique et juridique sont restés ceux qui sont issus des anciens liens du sang et des conditions qui en découlent, alors que les anciens droits publics sont restés, l'humain a inconsciemment ressenti le besoin d'un nouvel ordre, le besoin que quelque chose d'autre doive intervenir.

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Kurz, wir sehen in vieler Beziehung, wie hereinragt in die moderne gesellschaftliche Ordnung, was aus den Blutsbanden kommt; und was in solchen Dingen, wie dem Erbrecht, besonders zum Aus‑ druck kommt, darüber ist aber eigentlich das Menschengeschlecht mit seinem innersten Bewußtsein hinausgewachsen. Wenn einer sagt: Mensch ist Mensch und weist auf ein siebenjähriges Kind und auf einen vierzigjährigen erwachsenen Menschen, so werden Sie lachen. Sie werden nicht sagen, daß der vierzigjährige Mensch nur lachen. Sie werden nicht sagen, daß der vierzigjährige Mensch nur lachen. Sie werden nicht sagen, daß der vierzigjährige Mensch nur etwa die Folge des fünfunddreißigjährigen, des dreißigjährigen und so weiter Menschen ist, sondern Sie werden so auf den Menschen hinschauen, wie aus seinen Tiefen heraus dasjenige sich entwickelt, was in seinem Wesen liegt. Nur in der Geschichte ist man zu der törichten Anschauung gekommen, daß immer nur das Folgende die Wirkung des Vorhergehenden ist, während seit langer Zeit das Menschengeschlecht so ist, daß die aufeinanderfolgenden Phasen in seinem innersten Wesen sich so ergeben, wie etwa Zahnwechsel oder Geschlechtsreife in dem einzelnen Individuum. So hat sich einfach während der letzten Zeit, während als Erbteile im Geistes­leben, Wirtschafts- und Rechtsleben diejenigen Dinge geblieben sind, die aus den alten Blutsbanden und den dadurch bedingten Verhältnissen hervorgegangen sind, während die alten öffentlichen Rechte geblieben sind, hat sich in dem Menschen unbewußt festge­setzt der Drang nach einer neuen Ordnung, nach dem, daß etwas anderes eintreten soll.

Là vous voyez, quand on veut essayer d'écouter ce que les humains veulent vraiment, on voit apparaître quelque chose comme dans mes "Points essentiels de la question sociale". Mais on ne remarque pas comment ces choses sont tirées de la vraie réalité et de la vraie pratique, de ce que la vie exige aujourd'hui. Nous avons le droit d'héritage issu de l'ancienne évolution de l'humanité. On veut le conserver, tout comme un humain qui ne comprend pas qu'à vingt ans, on doit être différent de ce qu'on était à douze ou quatorze ans, veut conserver ses douze ou quatorze ans d'évolution. Bien sûr, on ne voudra pas de telles folies dans le détail. C'est là que nous avons le droit d'héritage. C'est devenu une chose à laquelle la conscience des humains ne veut pas se soumettre. L'humain tient aujourd'hui, par un sentiment élémentaire, trop à son individualité pour vouloir s'accrocher, même si c'est extérieurement par convention, au moyen conventionnel du droit d'héritage [lacune]. Si l'on est honnête et que l'on écoute ce que veut réellement l'humanité, on arrive à ce que vous trouverez dans les "Points essentiels de la question sociale", où il est montré que l'humanité aspire à un ordre social dans lequel l'humain, qui possède certaines facultés, est lié aux moyens de production, ou, disons au capital. S'il n'est plus en mesure d'associer ces capacités, la somme des moyens de production ou le capital doit être transféré à une personne compétente. C'est là que l'on voit comment l'ancien temps doit évoluer vers le nouveau. L'ancien temps faisait dépendre la configuration économique du sang. Le temps nouveau rend la configuration de la vie économique dépendante - elle l'est déjà dans la conscience des humains - et veut la rendre dépendante de ce qui est vécu consciemment. Ainsi, dans le nouvel ordre, on ne parle pas de droit d'héritage au sens habituel du terme. C'est pour cette raison que l'on met souvent en doute aujourd'hui, par exemple, le droit de succession, que l'on doute que l'on puisse parler de droit de succession. Il doit seulement être question du fait que si, grâce à mes capacités, j'ai acquis une somme de moyens de production qui me permet de réaliser quelque chose, si j'ai accumulé un capital, j'ai l'obligation, lorsque je ne peux plus être moi-même l'administrateur, de le transmettre à un autre qui, à son tour, doit y être lié selon ses capacités. Ce qui dépendait uniquement du sang doit être remplacé par la raison et l'individualité humaine.

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Da sehen Sie, wenn man versuchen will, zu erlauschen, was die Menschen wirklich wollen, dann erscheint eben so etwas wie in meinen «Kernpunkten der sozialen Frage». Man beachtet nur nicht, wie in der wahren Wirklichkeit und wahren Praxis, dem, was das Leben heute fordert, diese Dinge abgelauscht sind. Da haben wir das Erbrecht aus der alten Menschheitsentwickelung heraus. Man will es behalten so wie etwa seine zwölfjährige oder vierzehnjährige Entwickelungszeit ein Mensch behalten wollte, der nicht einsieht, daß man mit zwanzig anders sein muß als mit zwölf und vierzehn Jahren. Man wird natürlich im einzelnen solche Torheiten nicht wollen. Da haben wir das Erbrecht. Es ist zu etwas geworden, wohinein sich das Bewußtsein der Menschen nicht fügen will. Der Mensch hält heute aus einem elementaren Gefühl heraus zu viel von seiner Individualität, als daß er, wenn er auch äußerlich aus Konven­tion festhalten will an dem konventionellen Mittel des Erbrechts [Lücke]. Ist man ehrlich und hört hin auf das, was die Menschheit eigentlich will, so kommt man auf das, was Sie ausgeführt finden in den «Kernpunkten der sozialen Frage», wo gezeigt ist, daß die Menschheit hintendiert in einer sozialen Ordnung nach einem Verbundensein des Menschen, der gewisse Fähigkeiten hat, mit den Produktionsmitteln, oder sagen wir mit dem Kapital. Kann er diese Fähigkeiten damit nicht mehr verbinden, dann muß die Summe der Produktionsmittel oder das Kapital von ihm übergehen wiederum an einen Befähigten. Da zeigt sich, wie die alte Zeit in die neue Zeit hineinwachsen muß. Die alte Zeit machte abhängig die wirtschaft­liche Konfiguration vom Blute. Die neue Zeit macht abhängig — im Bewußtsein der Menschen ist es schon vorhanden —, will abhängig machen die Konfiguration des Wirtschaftslebens von dem, was bewußt erlebt wird. So daß in der neuen Ordnung nicht im gewöhn­lichen Sinne vom Erbrecht gesprochen wird. Es wird aus diesem Grunde vielfach heute zum Beispiel das Erbrecht angezweifelt, es wird angezweifelt, daß vom Erbrecht die Rede sein kann. Es soll nur davon die Rede sein, daß, wenn ich durch meine Fähigkeiten mir eine Summe von Produktionsmitteln erworben habe, durch die ich etwas erreichen kann, ein Kapital angesammelt habe, so habe ich die Verpflichtung, wenn ich selber nicht mehr der Verwalter sein kann, das an einen anderen zu übertragen, der wiederum, seinen Fähig­keiten nach, damit verbunden sein muß. Ersetzt werden muß durch Vernunft und Menschenindividualität das, was nur vom Blute abhängig war.

Cela semble radical pour certains, mais ce n'est pas dit par un quelconque radicalisme, mais seulement entendu à partir de ce que l'humanité veut réellement de manière inconsciente.

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Das klingt für manchen radikal, aber es ist ja nicht aus irgendei­nem Radikalismus gesprochen, sondern nur erlauscht aus dem, was unbewußt die Menschheit eigentlich will.

Si l'on considère de cette manière ce qui se présente aujourd'hui comme l'évolution de l'humanité, on arrive à la conclusion que, grâce au point de vue que les humains ont atteint dans la science générale du genre humain, dans la vie de l'esprit, dans la vie de droit ou d'état et dans la vie de l'économie, ils sont aujourd'hui arrivés à un point tel qu'ils ne se laissent plus comprimer dans l'État unitaire.

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Betrachtet man in dieser Weise dasjenige, was sich heute als Menschheitsentwickelung darstellt, dann kommt man darauf, daß ja durch den Standpunkt, den die Menschen erreicht haben in der allgemeinen Wissenschaft des menschlichen Geschlechtes, im Gei­stesleben, Rechts- oder Staatsleben und Wirtschaftsleben heute eben so weit gekommen sind, daß sie sich nicht mehr in den Einheitsstaat zusammenpressen lassen.

C'est ici que commence l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social, de telle sorte qu'elle exige pour la vie de l'esprit d'être complètement autonome, qu'elle exige ce qui est peut-être le plus combattu aujourd'hui, parce que l’on considère comme particulièrement intelligent de faire de l'État le gardien de la vie de l'esprit. Mais cela doit être exigé de celui qui reconnaît aujourd'hui ce que l'humanité veut inconsciemment, à savoir que la vie de l'esprit est entièrement placée sur elle-même.

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Hier setzt der Impuls für die Dreigliederung des sozialen Orga­nismus ein, so ein, daß er verlangt für das Geistesleben ein vollstän­diges Auf-sich-selbst-Gestelltsein, daß er verlangt dasjenige, was heute gerade vielleicht am meisten bekämpft werden wird, weil man es für besonders gescheit hält, den Staat zum Wächter über das Geistesleben zu machen. Das aber muß verlangt werden von dem, der heute erkennt, was die Menschheit unbewußt will, daß das Geistesleben völlig auf sich selbst gestellt wird.

Prenons l'un des éléments les plus importants : le système public d'écoles. Depuis l'enseignant de la classe d'école la plus basse jusqu'à l'enseignant le plus élevé, tout doit être de l'autogestion.

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Nehmen wir einen der wichtigsten Teile: das öffentliche Schulwe­sen. Vom Lehrer der untersten Schulklasse bis hinauf zum höchsten Lehrer muß alles Selbstverwaltung sein.

Vous voyez, c'est sur ces principes pédagogiques et didactiques qui découlent d'une telle manière de pensée que j'ai été appelé à fonder l'école Waldorf à Stuttgart. Emil Molt, le fabricant local de l'usine Waldorf-Astoria, a créé cette école Waldorf. Il m'incombait de donner à l'école Waldorf son fondement spirituel, et jusqu'à aujourd'hui, même si cela n'est parfois pas visible de l'extérieur, c'est à moi qu'a été confiée la véritable direction, la véritable gestion de l'école. Pendant des semaines, j'ai donné aux enseignants un cours de pédagogie en séminaire, afin d'indiquer la direction dans laquelle cette école devait œuvrer.

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Sehen Sie, über jene pädagogisch-didaktischen Prinzipien, die sich ergeben aus einer solchen Denkweise, war ich ja dazu berufen, in Stuttgart die Waldorfschule zu begründen. Emil Molt, der dortige Fabrikant der Waldorf-Astoria-Fabrik, hat diese Waldorfschule eingerichtet. Mir oblag es, der Waldorfschule die geistige Grundlage zu geben, und bis heute ist mir — wenn auch zuweilen von außen nicht erkennbar — die eigentliche Leitung, die eigentliche Führung der Schule übertragen. Und da hatte ich wochenlang für die Lehrer einen seminaristischen, pädagogischen Kursus gegeben, um eben die Richtung anzugeben, in der diese Schule wirken soll.

Oui, j'ai aussi été contraint là - vous aurez l'occasion de voir jusqu'où nous sommes allés jusqu'à présent - de reconnaître la pente sur laquelle se trouve la vie de l'esprit dans son domaine le plus important, le système d'école. J'ai naturellement dû élaborer des programmes d'enseignement et, pour m'orienter, j'ai dû voir ce qui existait pour répondre aux objectifs et aux programmes scolaires actuels.

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Ja, da war ich auch genötigt — zu sehen, wie weit wir es bis jetzt gebracht haben, wird Ihnen noch Gelegenheit geboten werden —, da war ich auch genötigt, sehen Sie, zu erkennen, auf welcher abschüs­sigen Bahn gerade das Geistesleben an seinem wichtigsten Gebiete, dem Schulwesen, sich befindet. Ich mußte ja natürlich auch Lehrplä­ne ausarbeiten, und mußte, um mich zu orientieren, einsehen, was da ist, um den gegenwärtigen Schul-Lehrzielen und Lehrplänen gerecht zu werden.

Maintenant, mes très chers présents, je peux encore me souvenir - il y a longtemps, il est vrai, lorsque j'étais moi-même à l'école ou que je fréquentais des enseignants - que tout ce qui concernait les programmes scolaires tenait sur une page ; maintenant, ce sont de gros livres et tout est spécifié dans les moindres détails. D'un côté, il y a ce que les artistes pédagogiques et les scientifiques pédagogiques mettent dans leurs livres, ce qu'ils transmettent à l'enseignant. Il y a d'un côté ce qui provient de la connaissance et de l'expertise. Ensuite, il y a le côté bureaucratique qui vient de l'État. C'est beaucoup plus important qu'on ne le pense ! Cela n'a aucune justification que quelque chose d'autre que l'expertise technique s'exprime dans l'administration de la vie de l'esprit. Cela apparaît tout de suite clairement, par exemple, dans le domaine du système d'école. Comme les humains seraient éduqués différemment et placés dans la vie de l'économie si la vie de l'esprit pouvait s'administrer totalement librement, uniquement à partir de ses propres fondements ! Seul celui qui a vraiment acquis un jugement sain sur le contexte de la vie spirituelle libre, du développement des facultés humaines à partir de l'expérience spirituelle libre, et sur sa signification pour la vie de l'économie et la vie de l'État, peut en prendre la mesure. - Il s'agit d'en arriver finalement sur quelle est la place de la vie de l'esprit dans l'ensemble de l'évolution humaine ?

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Nun, meine sehr verehrten Anwesenden, ich kann mich noch erinnern — es ist allerdings lange her, als ich selber in der Schule war, oder mit Lehrern verkehrt habe —, da war es so, daß alles Schulprogrammäßige, es war so etwas Gedrucktes, noch auf einer Seite stand; jetzt sind das dicke Bücher geworden, und alles ist bis ins einzelne hinein spezifiziert. Auf der einen Seite hat man dasjenige, was die pädagogischen Künstler und pädagogischen Wissenschafter in ihre Bücher hineinlegen, was sie übermitteln dem Lehrenden. Da hat man dasjenige, was aus der Sachkenntnis und Fachkunde heraus kommt. Dann das Bürokratische, das vom Staate herkommt. Viel wichtiger als man denkt ist das! Es hat keine Berechtigung, daß irgend etwas anderes hineinspricht als das sachlich Fachkundige in die Verwaltung des Geisteslebens. Gerade zum Beispiel auf dem Gebiete des Schulwesens zeigt sich das mit Deutlichkeit. Wie anders würden die Menschen erzogen und hineingestellt ins Wirtschafts­leben, wenn das Geistesleben völlig frei, nur aus seinen eigenen Grundlagen heraus sich verwalten könnte! Das kann nur derjenige ermessen, der wirklich sich ein gesundes Urteil über den Zusam­menhang des freien geistigen Lebens, des Entwickelns der menschli­chen Fähigkeiten aus dem freien geistigen Erleben heraus, auch in bezug auf die Bedeutung für das Wirtschaftsleben und das Staats­leben erworben hat. — Da handelt es sich darum, daß man endlich darauf kommt: Wie steht das Geistesleben in der ganzen mensch­lichen Entwickelung darinnen?

Maintenant, mes très chers présents, la vie de l'esprit est organisée. Et la vie de l'esprit est d'autant plus organisée qu'un domaine est plus élémentaire. Considérez-le à l'exemple de la famille. Regardez comment l'individu grandit hors de la famille, comment le fils grandit dans l'art, hors de ce qui ressemblait à son père ou à sa mère, pas seulement physiquement, mais aussi spirituellement et d'âme. Plus on remonte dans le temps, plus on voit, à travers ce qui sort des familles, comment là la vie de l'esprit est tout de suite organisée de la nature.

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Nun, meine sehr verehrten Anwesenden, das Geistesleben ist organisiert. Und das Geistesleben ist um so mehr organisiert, um so elementarer ein Gebiet ist. Betrachten Sie es an dem Beispiel der Familie. Sehen Sie sich an, wie der einzelne aus der Familie heraus­wächst, der eine Sohn ins Künstlerische hereinwächst, heraus aus dem, was Vater oder Mutter ähnlich war, nicht nur äußerlich physisch, sondern geistig-seelisch. Man sieht gerade, je weiter man zurückgeht in den Jahren, an dem, was aus den Familien heraus­wächst, wie da von Natur aus gerade das Geistesleben organisiert ist.

En quoi consiste donc ce que nous avons à fournir pour la vie de l'esprit ? En ce qui concerne les individus particuliers, cela consiste à faire sortir l'individu particulier de l'organisation : nous devons surmonter l'organisation, l'organisation qui est donnée par la nature ; nous devons éduquer l'individu dans la liberté. La liberté doit d'abord être acquise au cours de la vie terrestre. La liberté ne peut être acquise que si nous sommes vraiment capables, en tant qu'enseignants, en tant qu'éducateurs ou en tant que participants à la vie de l'esprit, de comprendre l'humain, de travailler à partir des capacités individuelles de l'humain et de placer l'humain dans la vie de l'économie selon les capacités avec lesquelles il se révèle à nous sous forme d'impulsions dans le pendant de la nature.

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Worin besteht denn dasjenige, was wir für das Geistesleben zu leisten haben? In bezug auf die einzelnen Individuen besteht es darin, daß wir das einzelne Individuum herauszubringen haben aus der Organisation: Wir müssen die Organisation überwinden, die Organisation, die von Natur gegeben ist; wir müssen den einzelnen in die Freiheit hinein erziehen. Die Freiheit muß im Erdenleben erst erworben werden. Dann kann die Freiheit nur erworben werden, wenn wir wirklich imstande sein werden, als Lehrer, als Erzieher oder eben als Teilnehmer des Geisteslebens den Menschen zu verstehen, aus den individuellsten Fähigkeiten des Menschen heraus zu arbeiten, und den Menschen auch ins Wirtschaftsleben hinein zu stellen gemäß den Fähigkeiten, mit denen er impulsiert im Natur­zusammenhange sich uns offenbart.

C'est le propre de la vie de l'esprit que l'on doit dire : tout de suite celui qui pense honnêtement sur la démocratie pense précisément de la même manière que la maturité sexuelle arrive chez l'humain à la quatorzième ou seizième année. C'est ainsi que la tendance à la démocratie s'est imposée à l'humanité au cours des trois ou quatre derniers siècles. Tout de suite celui qui pense honnêtement exige que toutes les affaires que les humains développent lorsqu'ils atteignent leur majorité soient traitées de manière à ce qu'ils soient égaux entre égaux et qu'ils aient à régler/ordonner les choses. Cela se donnera dans ce qui constitue l'éducation/la formation humaine dans le domaine de la vie de l'esprit. Cela dépend tellement de la capacité et des connaissances individuelles de l'humain que cela ne peut jamais être l'objet d'une administration ou d'une constitution démocratique, mais seulement d'une autogestion de cette vie de l'esprit. La vie de l'esprit est organisée, et elle doit être arrachée à l'organisation.

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Das ist das eigentümliche des Geisteslebens, daß man sagen muß: Gerade derjenige, der ehrlich über die Demokratie denkt, der denkt gerade so, wie im vierzehnten, sechzehnten Jahre über den Men­schen kommt die Geschlechtsreife. So ist über die Menschheit gekommen im Laufe der letzten drei bis vier Jahrhunderte die Tendenz nach der Demokratie. Gerade derjenige, der ehrlich denkt, verlangt, daß alle diejenigen Angelegenheiten, die die Menschen entwickeln, wenn sie mündig geworden sind, so behandelt werden, daß sie als gleiche unter gleichen die Dinge zu ordnen haben. Das wird sich ergeben in demjenigen, was Menschenbildung ist im Gebiete des Geisteslebens. Das hängt so sehr ab von der mensch­lichen einzelnen Fähigkeit und Sachkenntnis, so daß das niemals Gegenstand der demokratischen Verwaltung oder Verfassung sein darf, so daß das nur gestellt sein darf auf Selbstverwaltung dieses Geisteslebens. Das geistige Leben, es ist organisiert, und es muß der Organisation entrissen werden.

Et la vie de l'économie ? La vie de l'économie ne peut pas être organisée [lacune]. Des gens idéologiques, étrangers au monde, indiquent tous les idéaux utopistes possibles selon quelles formes la vie de l'économie devrait s'organiser, par quoi on devrait faire entrer la vie de l'économie dans telle ou telle structure. Ce serait la mort de la vie de l'économie ! Cette absurdité, on l'a commencée lorsque la soi-disant République allemande a voulu se mettre sur pied. C'est tout aussi absurde que l'économiste planificateur qui pense que la vie de l'économie on peut l'organiser ! Celui qui comprend quelque chose de la vie de l'économie, il sait pourtant que la vie économique ne peut pas être organisée ! La vie de l'économique peut seulement grandir ensemble en un tout en associations. Cela signifie que la vie de l'économie ne peut pas être organisée d'en haut ou d'une direction ou d'un côté quelconque, mais que la vie de l'économie ne peut être couronnée de succès que dans des associations qui se développent à partir des professions, à partir de celles qui vont ensemble, qui vont ensemble dans un certain domaine de production, dans un certain domaine de consommation.

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Und das Wirtschaftsleben? Das Wirtschaftsleben kann nicht organisiert werden [Lücke]. Ideologische, weltfremde Leute geben in allen möglichen utopistischen Idealen an, nach welchen Formen sich das Wirtschaftsleben organisieren soll, wodurch man das Wirt­schaftsleben in diese oder jene Struktur hineinbringen soll. Das wäre der Tod des Wirtschaftslebens! Diesen Unsinn hat man begonnen, als die sogenannte Deutsche Republik sich zuerst auf die Beine hat stellen wollen. Ebenso unsinnig ist es, wie der Planwirtschafter denkt: Das Wirtschaftsleben kann man organisieren! Wer etwas versteht von dem Wirtschaftsleben, der weiß aber: Das Wirtschafts­leben kann man nicht organisieren! Das Wirtschaftsleben kann nur in Assoziationen zu einem Ganzen zusammenwachsen. Das heißt: Das Wirtschaftsleben kann nicht von oben oder von irgendeiner Richtung her, von irgendeiner Seite her organisiert werden, sondern das Wirtschaftsleben kann nur in Assoziationen, die herauswachsen aus den Berufsständen, aus denjenigen, die zusammengehören, auf einem gewissen Produktionsgebiete zusammengehören, auf einem gewissen Konsumtionsgebiete, erfolgreich sein.

Ce qui a des intérêts similaires se membre/s'articule/se rattache dans les associations, à ce qui a des intérêts apparentés. Les intérêts apparentés ont un enchaînement. Un enchaînement, une subdivision/transarticulation ne se forment cependant pas ainsi qu'on l'organise de l'extérieur, mais parce qu'un membre se rattache/se membre à ces associations par l'intermédiaire d'autres membres. Il s'agit d'un enchaînement et d'un enchevêtrement d'humains tels qu'ils sont dans la vie, qui poussent/grandissent vers dehors de la vie, qui ont des connaissances et des facultés dans un domaine déterminé de la vie de l'économie, qui ont grandi dans la vie de l'économie d'une certaine manière, qui peuvent aussi gagner la confiance parce qu'ils se tiennent dans la vie, parce qu'ils sont en un certain sens apparenté à une branche. Mais il est nécessaire que cette branche se rattache/se membre associativement à la suivante, de sorte que l'on ne soit pas contraint, d'en venir à chercher, par hasard, à partir de l'abstraction de l'acquisition d'argent, mais parce que l'on sait qu'en se tenant à l'intérieur d'un travail économique associatif, on se tourne dans ce but au représentant d'une autre association. Celui-ci sait à nouveau comment cela se comporte là.

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Dasjenige, was gleichartige Interessen hat, gliedert sich an in den Assoziationen an dasjenige, was verwandte Interessen hat. Ver­wandte Interessen haben eine Verkettung. Eine Verkettung, eine Durchgliederung bildet sich aber nicht so, daß man sie von außen her organisiert, sondern dadurch, daß sich ein Glied durch andere Glieder an diese Assoziationen anhängt. Es handelt sich um eine Verkettung und Verschlingung von solchen Menschen, die darinnen stehen im Leben, die herauswachsen aus dem Leben, die Sach­kenntnis und Fähigkeit auf einem bestimmten Gebiete des Wirt­schaftslebens haben, die hineingewachsen sind in das Wirtschafts­leben in einer bestimmten Weise, die auch Vertrauen gewinnen können, weil sie drinnenstehen, weil sie in gewissem Sinne einem Zweige verwandt sind. Aber notwendig ist es, daß dieser Zweig sich assoziativ angliedert an den nächsten, so daß man nicht in einer zufälligen Weise gezwungen ist, von der Abstraktheit des Geld­erwerbes heraus zu kommen, zu suchen, sondern weil man weiß, daß es, indem man in einer assoziationswirtschaftlichen Arbeit drinnensteht, man sich zu diesem Zwecke an den Vertreter einer anderen Assoziation wendet. Der weiß wiederum, wie es sich da verhält.

Oui, voyez-vous, mes très chers présents, là ça en sort, quand on a une telle vie économique fondée sur l'association, que l'intelligence de la pensée économique nous aide un peu ! À quoi sert l'intelligence quand on est confronté à l'opacité de la vie économique ? On peut le voir avec le monométallisme, le libre-échange. Ils ont justement entraîné les droits de douane protecteurs dans leur sillage. Aujourd'hui, on ne voit pas clairement à travers dans la vie de l'économie. Les conditions de vie doivent d'abord être amenées par lesquelles on peut voir à travers les pendants. On verra à travers les pendants économiques lorsque celui qui fait partie d'une association s'entendra avec celui qui fait partie d'une autre association à partir d'un autre carrefour. S'il peut s'adresser directement à cette association ou à n'importe quelle autre, alors l'intelligence l'aide un peu, comme elle est pendante par les associations, et ces pendants, ces mesures, on doit les saisir d'une manière ou d'une autre, et même les arcs pourraient être tendus aussi loin que la réalité le permet à travers la chaîne des associations. C'était donc la particularité de l'économie jusqu'à présent de ne pas avoir la possibilité de progresser de cette manière et de laisser les choses en grandir. Cela, mes très chers présents, n'est toujours pas embrassé du regard actuellement.

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Ja, sehen Sie, meine sehr verehrten Anwesenden, da kommt es heraus, wenn man ein solches, auf Assoziation gebautes Wirtschafts­leben hat, daß einem die Gescheitheit des wirtschaftlichen Denkens etwas hilft! Was hilft einem die Gescheitheit, wenn man dem undurchsichtigen Wirtschaftsleben gegenübersteht? Das kann man sehen an dem Monometallismus, dem Freihandel. Sie haben gerade die Schutzzölle in ihrem Gefolge bewirkt. Man durchschaut das Wirtschaftsleben heute nicht. Es müssen erst die Lebensverhältnisse herbeigeführt werden, durch die man Zusammenhänge durch­schauen kann. Man wird die wirtschaftlichen Zusammenhänge durchschauen, wenn sich derjenige von einer Assoziation meinet­willen von einem anderen Kreuzpunkte aus mit dem, der in einer anderen Assoziation drinnensteht, verständigt. Wenn sich der an diese oder irgendeine andere Assoziation unmittelbar wenden kann, dann hilft einem die Gescheitheit etwas, so wie sie durch die Assoziationen zusammenhängt, und diese Zusammenhänge, diese Maßregeln muß man irgendwie ergreifen, und selbst so weit könn­ten die Bögen gespannt werden, wie die Wirklichkeit durch die Kette der Assoziationen hindurch erlaubt. Das war ja die Eigentüm­lichkeit in der bisherigen Wirtschaft, daß einem die Möglichkeit fehlte, auf diese Weise fortzuschreiten und die Dinge auswachsen zu lassen. Das, meine sehr verehrten Anwesenden, ist heute noch immer nicht durchschaut.

Ce n'est vraiment pas par une quelconque surestimation que je dis cela, mais je le dis parce que je pense que chacun peut l'envisager aujourd'hui. Il n'a pas été reconnu que cette triarticulation de l'organisme social doit intervenir pour l'indépendance de la vie de l'esprit, de cette vie de l'économie qui est construite sur des associations et sur rien d'autre que des associations, entièrement sur les associations qui émergent/grandissent du sous-sol économique lui-même, tandis que l'État doit rester pour ce qui se trouve entre les deux, n'a pas la permission d'avoir à faire avec la vie de l'économie, n'a pas la permission d'avoir à faire avec la libre vie de l'esprit. La vie de l'esprit doit être construite sur la connaissance de l'humain individuel et sur sa capacité. Ce qui est économique doit être fondé sur cette expérience pratique et cette maîtrise de la vie économique, qui peuvent être acquises par l'échange/le trafic vivant d'association à association. L'État n'a rien à voir avec ces deux aspects. L'État a quelque chose à faire avec les humains qui se tiennent de cette manière dans la vie de l'économie, qui se tiennent de l'autre côté dans la vie de l'esprit, qui se trouveront avec tous les humains devenus majeurs dans la vie démocratique de l'État, où le droit public est établi, qui rayonne alors d'un côté dans la vie de l'esprit, de l'autre dans la vie de l'économie. On n’a pas besoin de craindre que les trois membres de l'organisme social tombent l'un hors de l'autre. Ils seront reliés par les humains. Un humain se trouve à l'intérieur d'un cercle, l'autre à l'intérieur de l'autre. Les trois organisations ne sont séparées que pour le bien/salut de l'humanité, parce que les conditions devenues plus compliquées des temps modernes exigent cette articulation de l'organisme social.

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Wahrhaftig nicht aus irgendeiner Selbstüberschätzung sage ich das, sondern ich sage es, weil ich glaube, daß das heute jeder einsehen kann. Es ist nicht erkannt worden, daß diese Dreigliede­rung des sozialen Organismus eintreten muß für die Selbständigkeit des Geisteslebens, desjenigen Wirtschaftslebens, das auf Assozia­tionen und auf nichts anderem als auf Assoziationen gebaut ist, ganz und gar auf die aus dem wirtschaftlichen Untergrund selbst heraus­wachsenden Assoziationen, während der Staat bleiben muß für das, was dazwischen ist, nichts zu tun haben darf mit dem Wirtschafts­leben, nichts zu tun haben darf mit dem freien Geistesleben. Das Geistesleben muß auf die Erkenntnis des einzelnen Menschen und auf seine Tüchtigkeit aufgebaut sein. Dasjenige, was wirtschaftlich ist, muß aufgebaut sein auf jene praktischen Erfahrungen und Handhabungen des Wirtschaftslebens, die erworben werden kön­nen in dem lebendigen Verkehr von Assoziation mit Assoziation. Mit beidem hat der Staat nichts zu tun. Der Staat hat etwas zu tun mit den Menschen, die auf diese Weise im Wirtschaftsleben stehen, auf der anderen Seite im Geistesleben stehen, die sich finden werden mit allen mündig gewordenen Menschen im demokratischen Staats­leben, wo das öffentliche Recht festgesetzt ist, das dann ausstrahlt auf der einen Seite ins Geistesleben, auf der anderen Seite ins Wirtschaftsleben. Man braucht sich nicht zu fürchten, daß die drei Glieder des sozialen Organismus auseinanderfallen werden. Sie werden sich verbinden durch die Menschen. Der eine Mensch steht in dem einen Kreis drinnen, der andere in dem anderen. Die drei Organisationen sind nur zum Heile der Menschheit getrennt, weil die komplizierter gewordenen Verhältnisse der neueren Zeit diese Gliederung des sozialen Organismus fordern.

C'est ce qui peut vraiment intervenir de manière salutaire dans la vie économique entièrement secouée par des crises. J'ai dit dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale" : l'idée de la triarticulation n'est pas une utopie quelconque, la pensée de triarticulation peut se rattacher partout à la réalité immédiate. Cette réalité immédiate doit être prise telle qu'elle est, mais elle doit à son tour croître vers la guérison par une vie associative, libre d'États sur le domaine économique. Démembrer la vie de l'économie de l'organiser de l'État et placer cette vie de l'économie sur ses propres lois, qui peuvent seulement se donner d'association à association, voilà ce qui est nécessaire. Cela semble abstrait, mais, mes très chers participants, ce n'est pas abstrait, c'est la chose la plus concrète.

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Das ist es, was wirklich gesundend eingreifen kann in das ganz und gar von Krisen erschütterte Wirtschaftsleben. Ich sagte in meinem Buche «Die Kernpunkte der sozialen Frage»: Der Dreiglie­derungsgedanke ist nicht irgendeine Utopie, der Dreigliederungs­gedanke kann überall an die unmittelbare Wirklichkeit anknüpfen. Diese unmittelbare Wirklichkeit soll genommen werden so, wie sie ist; aber sie soll wiederum in die Gesundung hineinwachsen durch staatsfreies, assoziatives Leben auf dem Gebiete des Wirtschaftli­chen. Herausgliedern das Wirtschaftsleben aus dem Organisieren des Staates und Stellen dieses Wirtschaftsleben auf seine eigenen Gesetze, die sich nur ergeben können von Assoziation zu Assozia­tion, das ist es, was notwendig ist. Das sieht abstrakt aus, aber meine sehr verehrten Anwesenden, es ist nicht abstrakt, es ist das allerkon­kreteste.

Les économistes sont là, il s'agit seulement de rechercher l'association correspondante, sans se soucier des frontières politiques, selon les rapports de parenté qui existent entre la production et la consommation, entre telle branche professionnelle, entre telle branche de production et telle autre branche de production. Et à la longue, une aspiration solidaire des humains engagés dans la vie de l'économie internationale devrait effectivement réussir à s'en sortir face aux efforts qui se manifestent aujourd'hui ici ou là pour améliorer la devise et ainsi de suite. Il suffit de penser à la manière dont la simple économie abstraite peut se détacher des conditions réelles. Prenez l'Allemagne avant 1914 : en une année, 5 à 6 milliards de capital ont été épargnés et gagnés/élaborés. Les nouvelles émissions, y compris les obligations hypothécaires, les dettes inscrites au registre foncier et tout ce qui a été dépensé pour des constructions luxueuses, de nouveaux logements et autres, représentaient au total environ 11 milliards de marks avant 1914. Un capital de 5 à 6 milliards a été gagné, épargné, les nouvelles émissions se sont élevées à 11 milliards, le double ! Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que l'on se situe au-delà de l'économie réelle, car l'économie réelle doit être travaillée : au-delà de l'économie réelle, il y a la valeur du capital, le double de ce qu'est la valeur réelle du capital. En effet, la valeur du capital produite n'aurait dû apparaître que sous la forme de nouvelles émissions et d'obligations garanties d'un montant de 5 à 6 milliards de marks. C'est ce qu'il y avait en réalité. Pensez-vous où cela nous mènerait si l'économie monétaire abstraite s'émancipait ainsi de la vie économique concrète !

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Die Wirtschafter sind da, es handelt sich nur darum, daß sie nach den verwandten Beziehungen, die da herrschen zwischen Produk­tion und Konsumtion, zwischen dem einen Berufszweig, zwischen dem einen Produktionszweig und dem anderen Produktionszweig entsprechende Assoziation, unbekümmert um politische Grenzen, anstreben. Und es würde auf die Dauer tatsächlich einem solidari­schen Streben der international in das Wirtschaftsleben hineinge­stellten Menschen gelingen müssen, gegenüber den Bestrebungen, die heute da oder dort zur Verbesserung der Valuta und so weiter auftreten, gegenüber denen zurecht zu kommen. Man denke nur einmal, wie sich das bloße abstrakte Wirtschaften im Gelde von den realen Verhältnissen loslösen kann. Nehmen Sie Deutschland vor dem Jahre 1914. Da wurde ungefähr in einem Jahre 5 bis 6 Milliar­den Kapital erspart und erarbeitet. Neue Emissionen auch unter Einbeziehung von Pfandobligationen, Grundbuchschulden und all­dem, was ausgegeben wurde für Luxusbauten, neue Wohnungen und dergleichen, das gab zusammen vor dem Jahre 1914 ungefähr 11 Milliarden Mark. Erarbeitet, erspart wurde ein Kapital von 5 bis 6 Milliarden, neue Emissionen beliefen sich auf 11 Milliarden, doppelt so viel! Was bedeutet das? Das bedeutet: man bewegt sich jenseits der wirklichen Wirtschaft, denn die wirkliche Wirtschaft muß erarbeitet werden: jenseits der wirklichen Wirtschaft steckt der Kapitalwert, um das doppelte dessen, was der reale Kapitalwert ist. Denn der erarbeitete Kapitalwert hätte bloß aus neuen Emissionen und Pfandrechtsobligationen in Höhe von 5 bis 6 Milliarden Mark erscheinen dürfen. Das war ja in Wirklichkeit da. Denken Sie sich, wohin das führt, wenn in dieser Weise sich die abstrakte Geldwirt­schaft emanzipiert von der konkreten des Wirtschaftslebens!

Cela ne peut être guéri que si l'humain rencontre à nouveau les expériences de la vie économique elle-même, c'est-à-dire que celui qui se trouve dans un domaine de la vie de l'économie s'associe avec le système dans lequel se trouve un autre, avec le système dans un autre domaine. Ce que montre la triarticulation de l'organisme social n'est pas une chose dilettante, ce n'est pas quelque chose d'utopique, c'est quelque chose qui touche partout immédiatement la vie pratique. Et les gens ne s'y retrouvent pas aujourd'hui dans cette idée de triarticulation pour une raison bien précise : ils ne veulent pas encore compter avec ce que nous soyons plongés dans une grande confusion, ils aimeraient toujours aider par de petites portes de mélange et de petits moyens. Cela ne marchera pas, mes très chers présents ! Si quelqu'un est très malade, il doit aussi recourir à des médicaments puissants. Ce que l'on recommande habituellement comme remèdes sociaux ne suffira pas. Il faut toutefois admettre que ce qui se présente sous cette idée de triarticulation de l'organisme social veut être un remède puissant. Mais il n'y a pas que le proverbe qui s'applique : à gros morceau, grosse pièce, mais aussi l'autre proverbe : à une maladie grave, il faut aussi un remède radical. Et je crois que celui qui est capable de voir la confusion toujours plus grande de la vie économique internationale en Europe, ce glissement vers la barbarie, aura tout de même assez de sérieux pour regarder un peu ce qui croit pouvoir mener de ce déclin à une nouvelle ascension, ce qui croit justement être le résultat d'un véritable suivi de la situation, non pas d'un suivi tel que l'ont fait les monométallistes, mais d'un suivi réel des circonstances, de sorte que l'on se retrouve comme celui qui traite le linge avec un produit chimique et le rend ensuite noir ou brun - par rapport à la réalité -, je pense que si l'on comprend l'ampleur du danger européen, on s'approchera alors sérieusement de l'étude du remède. C'est ce qui importe, et c'est ce sur quoi j'ai voulu attirer l'attention de diverses manières depuis si longtemps, et c'est ce que j'ai voulu indiquer aujourd'hui encore, mes très chers présents, par ces mots, de la manière la plus sérieuse.

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Das ist nur zu heilen dadurch, daß der Mensch wiederum mit den Erfahrungen des Wirtschaftslebens selbst zusammenkommt, das heißt, daß der im Wirtschaftsleben in einem Gebiete stehende sich assoziiert mit dem System, in dem ein anderer drinnensteht, mit dem System auf einem anderen Gebiete. Dasjenige, was Dreiglie­derung des sozialen Organismus zeigt, ist keine dilettantische Sache, ist nichts Utopistisches, ist etwas, was überall das praktische Leben unmittelbar angreift. Und die Leute finden sich heute mit dieser Dreigliederungsidee aus einem ganz bestimmten Grunde nicht zurecht: sie wollen noch nicht rechnen damit, daß wir in einer großen Verwirrung drinnenstehen, sie möchten immer mit kleinen Mixtürchen und mit kleinen Mittelchen helfen. Das wird nicht gehen, meine sehr verehrten Anwesenden! Wenn einer stark krank ist, dann muß er auch zu starken Arzneien greifen. Mit demjenigen, was man sonst empfiehlt an sozialen Heilmitteln, wird man nicht auskommen. Es ist allerdings zuzugeben, daß dasjenige, was unter dieser Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus auftritt, ein starkes Heilmittel sein will. Allein es gilt ja nicht bloß das Sprich­wort: Auf einen groben Klotz gehört ein grober Keil, sondern es gilt auch das andere Sprichwort: Auf eine schwere Krankheit gehört auch ein radikales Heilmittel. Und ich glaube, derjenige, der die immer größer und größer werdende Verwirrung des internationalen Wirtschaftslebens in Europa durchschauen kann, dieses Hinein­gehen in die Barbarei, der wird doch Ernst genug dazu haben, ein wenig sich anzuschauen dasjenige, was glaubt herausführen zu können aus diesem Niedergang zu einem neuen Aufstieg, was glaubt, gerade aus einem wirklichen Verfolgen der Verhältnisse, nicht aus einem solchen, wie es die Monometallisten gemacht haben, sondern aus einem wirklichen Verfolgen der Verhältnisse, so daß man dasteht, wie der, der mit chemischem Mittel die Wäsche behandelt und sie dann schwarz oder braun macht — gegenüber der Wirklichkeit —, man wird, glaube ich, wenn man die Größe der europäischen Gefahr einsieht, man wird dann doch im Ernste herantreten an das Studium des Heilmittels. Das ist dasjenige, worauf es ankommt, und worauf ich jetzt schon seit so langer Zeit in der verschiedensten Weise aufmerksam machen wollte, und worauf ich auch wiederum heute, meine sehr verehrten Anwesenden, mit diesen Worten in ernsthaftester Art habe hindeuten wollen.

Tout d'abord, la question m'a été posée :

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Zunächst ist die Frage an mich gerichtet worden:

La propriété du capital est-elle supprimée dans l'organisme social triarticulé ?

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Wird im dreigliedrigen sozialen Organismus der Kapitalbesitz aufgehoben?

Voyez-vous, il s'agit en réalité d'autre chose que de la propriété du capital. Il s'agit d'abord de la possibilité de travailler sous forme de capital. Il n'est pas possible, dans notre vie moderne compliquée, que le capital en tant que tel soit supprimé, comme tant de gens le demandent de manière incompréhensible. On a bien sûr besoin de capital, même si ce n'est que sous la forme de moyens de production. On a besoin de capital pour pouvoir mettre en œuvre l'appareil économique moderne. Le capital doit donc être là.

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Sehen Sie, es handelt sich ja wirklich der Realität gegenüber um etwas anderes, als um den Kapitalbesitz. Es handelt sich darum, daß erstens möglich ist, kapitalmäßig zu arbeiten. Es ist nicht möglich, daß in unserem komplizierten modernen Leben etwa das Kapital als solches, wie so viele unverständigerweise fordern, abgeschafft wür­de. Man braucht ja selbstverständlich Kapital, wenn auch nur in Form der Produktionsmittel. Man braucht Kapital, um den moder­nen Wirtschaftsapparat in Wirksamkeit setzen zu können. Also das Kapital muß da sein.

Je l'ai expliqué plus en détail dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale". Mais il s'agit justement de trouver, pour la gestion du capital par celui qui, par ses capacités dans un domaine quelconque, est appelé à gérer ce capital, qui l'a en quelque sorte réuni ou qui l'a obtenu d'une autre manière, les voies indiquées dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale dans les nécessités vitales du présent et de l'avenir" à propos de ce capital, à savoir qu'il ne gère ce capital, ou la production, que tant qu'il peut être présent lui-même - de ce point de vue, la terre est aussi un moyen de production. Ensuite, qu'il s'agisse de la terre ou d'autres moyens de production, ils passent à leur tour à quelqu'un d'autre, de la manière dont la personne concernée peut encore les régler elle-même, qui est à son tour liée à eux par ses capacités. C'est ainsi que, peu à peu, il apparaîtra que plus il y aura de gens capables, plus la vie économique sera fructueuse, parce que la gestion du capital pourra vraiment être transmise aux gens capables.

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Ich habe das genauer ausgeführt in meinem Buche «Die Kern­punkte der sozialen Frage». Aber es handelt sich eben darum, über die Verwaltung des Kapitals von demjenigen, der durch seine Fähigkeiten in irgendeinem Gebiet dazu berufen ist, dieses Kapital zu verwalten, der es gewissermaßen zusammengebracht hat, oder auf eine andere Weise erreicht hat, die Wege zu finden, wie sie in meinem Buche «Die Kernpunkte der sozialen Frage in den Lebens­notwendigkeiten der Gegenwart und Zukunft» über dieses Kapital angegeben sind, daß der dieses Kapital nur solange verwaltet, beziehungsweise die Produktion, solange verwaltet — Grund und Boden ist von diesem Gesichtspunkt aus auch ein Produktionsmit­tel —, als er selber dabei sein kann. Dann geht, sei es Grund und Boden, seien es andere Produktionsmittel, dann geht es wiederum über auf einen anderen in der Weise, wie der Betreffende selbst es noch regeln kann, der nun wiederum durch seine Fähigkeiten damit verknüpft ist. So wird allmählich sich von selbst das herausbilden, daß das Wirtschaftsleben um so fruchtbarer werden kann, je mehr fähige Leute da sind, weil wirklich auf die fähigen Leute die Kapitalverwaltung übergehen kann.

Vous voyez, il ne s'agit pas du tout d'être autre chose que l'administrateur de ce qui doit être considéré comme un capital. Aujourd'hui, les gens ne peuvent pas encore se l'imaginer ainsi. Mais prenez quelque chose qui est, je dirais, déjà exemplaire d'une certaine manière, comme ce que j'ai dû mentionner à plusieurs reprises dans mon exposé, le bâtiment de Dornach.

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Sehen Sie, es kommt durchaus nicht darauf an, etwas anderes zu sein, als der Verwalter desjenigen, was als Kapital aufgefaßt werden soll. Das können sich heute die Menschen noch nicht so vorstellen. Aber nehmen Sie nur so etwas, was, ich möchte sagen, schon in einer gewissen Weise vorbildlich dasteht, wie gerade das, was ich im Vortrag öfter erwähnen mußte, den Dornacher Bau.

On peut se poser la question : à qui appartient-il donc ? En fait, il n'appartient à personne au sens ancien du terme. Il n'a de sens que s'il est transmis à la personne qui pourra le diriger de manière appropriée. Il suffit de trouver les moyens de le diriger.

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Es kann die Frage entstehen: Wem gehört denn der? Er gehört eigentlich nicht in dem alten Sinne irgend jemandem. Er hat nur dann Sinn, wenn er an denjenigen einmal übergeht, der ihn in der entsprechenden Weise einmal leiten kann. Es müssen nur die Mittel und Wege gefunden werden, um ihn zu leiten.

Ce qui peut être réalisé avec un institut plus ou moins idéal, peut aussi l'être, justement si on le fait dans un esprit pratique, avec n'importe quelle institution pratique, avec n'importe quelle usine. Et vous pouvez facilement imaginer une structure sociale qui remplace l'ancienne propriété liée aux liens du sang par la gestion de celui qui dispose d'un capital sur la base de ses capacités.

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Das, was mit einem mehr oder weniger idealen Institut erreicht werden kann, es kann auch, gerade wenn man es im praktischen Geiste tut, mit jeder praktischen Einrichtung, mit jeder Fabrik geschehen. Und Sie können sich leicht eine soziale Struktur denken, durch die der alte, an die Blutsbande geknüpfte Besitz ersetzt wird, durch die Verwaltung desjenigen, der über Kapital verfügt auf Grund von Fähigkeiten.

J'y associe la question qui a été posée oralement tout à l'heure par un monsieur :

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Damit will ich dann gleich verknüpfen die Frage, die hier münd­lich vorhin von einem Herrn gestellt worden ist:

Dans quelle mesure ces institutions pourront-elles éliminer ce que l'on appelle l'exploitation ?

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Inwiefern werden diese Einrichtungen die sogenannte Ausbeutung beseitigen können?

Il est tout à fait clair que cette exploitation ne peut exister que tant qu'il y a un pouvoir personnel dans le domaine économique. Dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale", je vous explique comment l'organisme social se présente en trois parties et comment la vie économique est entièrement organisée d'un point de vue économique. Dans une entreprise, disons qu'il y a le chef de travail et les prestataires de travail, peut-être aussi structurés hiérarchiquement, le chef de travail supérieur, le chef de travail intermédiaire et ainsi de suite jusqu'au travailleur manuel proprement dit. Personne ne se trouve dans un rapport de force économique avec un autre. Car la position de l'humain devenu majeur par rapport à l'humain devenu majeur n'est pas du tout réglée dans la vie économique. Dans la vie économique, on a affaire à l'économie. Mais la position de l'humain devenu majeur par rapport à l'humain devenu majeur, c'est justement l'objet de la vie étatique ou juridique, la mesure, la durée du travail, tout cela s'ordonne d'une manière ou d'une autre dans le domaine étatique, politique ou juridique. On m'a objecté que cette triarticulation de l'organisme social était déjà celle que Platon défendait en divisant la société humaine en état nourricier, état de défense et état d'enseignement, - m'a-t-on dit.

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Da ist es ganz klar, daß diese Ausbeutung doch nur so lange da sein kann, so lange auch persönliche Macht da ist im Wirtschaftli­chen. Sie finden in meinem Buche «Die Kernpunkte der sozialen Frage» ausgeführt, wie der soziale Organismus in drei Gliedern auftritt, wie das Wirtschaftsleben ganz aus wirtschaftlichen Ge­sichtspunkten heraus gestaltet ist. Da stehen dann, sagen wir, in einem Betrieb drinnen, der Arbeitsleiter und die Arbeitsleister, vielleicht auch hierarchisch gegliedert oberste Arbeitsleiter, mittlere und so weiter bis zu dem eigentlichen Handarbeiter. Keiner steht zu einem anderen in einem wirtschaftlichen Machtverhältnisse. Denn die Stellung des mündig gewordenen Menschen zum mündig ge­wordenen Menschen, die wird gar nicht im Wirtschaftsleben gere­gelt. Im Wirtschaftsleben hat man es zu tun mit Wirtschaft. Die Stellung aber des mündig gewordenen Menschen zum mündig gewordenen Menschen, das ist eben Gegenstand des Staats- oder Rechtslebens, das Maß, die Dauer der Arbeit, das ordnet sich irgendwie gegenseitig im staatlichen, politischen oder rechtlichen Gebiete. Diese Dreigliederung des sozialen Organismus, hat man mir eingewendet, ist ja dasjenige, was schon Plato vertreten hat, indem er die menschliche Gesellschaft in Nährstand, Wehrstand, Lehrstand gegliedert hat, — so wurde mir gesagt.

Non, mes très chers présents. C'est exactement le contraire de ce que Platon a dit, quand il a divisé la société humaine en trois groupes : la classe nourricière, la classe militaire et la classe enseignante ; il a divisé les humains en ces trois groupes, et chaque individu appartenait à l'un de ces trois groupes. Aujourd'hui, ce ne sont pas les humains qui sont divisés, mais l'organisation qui se présente comme triarticulée, et chaque humain, avec ses intérêts, se trouve dans les trois organisations, l'un d'une certaine manière, l'autre d'une autre.

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Nein, sehr verehrte Anwesende. Es ist das gerade Gegenteil von dem, wenn Plato gesagt hat, die menschliche Gesellschaft sei einge­teilt in Nährstand, Wehrstand, Lehrstand; da gliederte er die Men­schen in diese drei Gruppen, und der einzelne gehörte zu einer der drei Gruppen. Heute handelt es sich darum, daß nicht die Menschen gegliedert werden, sondern daß die Organisation als eine drei­gliedrige auftritt, und jeder Mensch mit seinen Interessen in allen drei Organisationen drinnensteht, der eine so, der andere so.

Pensez qu'un humain a des enfants. De ce fait, il se trouve dans l'organisation spirituelle par le biais du système scolaire. Il se trouve d'emblée, comme tout être humain devenu majeur, dans l'organisation juridique en tant qu'égal aux autres, indépendamment de ce qu'il est, s'il a une autre profession ou une autre activité qu'un autre. Et il se trouve dans l'organisation économique, car l'enseignant, dans la mesure où il doit manger et boire, fait partie de l'organisme économique. C'est ce qui entre en ligne de compte : ce ne sont pas les humains qui sont structurés, mais l'organisme social qui est structuré.

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Denken Sie sich, ein Mensch hat Kinder. Dadurch steht er in der geistigen Organisation durch das Schulwesen drinnen. Er steht von vornherein wie jeder Mensch als ein mündiggewordener Mensch als ein gleicher anderen gegenüber in der rechtlichen Organisation drinnen, gleichgültig, was er ist, ob er irgendeinen anderen Beruf oder irgendeine andere Betätigung hat als ein anderer. Und er steht in der wirtschaftlichen Organisation drinnen, denn der Lehrer, insoferne er essen und trinken muß, gehört dem wirtschaftlichen Organismus an. Das ist dasjenige, was in Betracht kommt: Nicht die Menschen sind gegliedert, sondern der gesellschaftliche Organis­mus ist gegliedert.

Mais cela rend impossible tout ce qui conduit à l'exploitation au sens actuel du terme. Ce qui conduit aujourd'hui à l'exploitation, c'est premièrement le pouvoir politique extérieur, y compris celui de l'individu humain, c'est-à-dire le pouvoir politique qui est réglé politiquement. Deuxièmement : le pouvoir économique. Le pouvoir économique, par exemple, dans le rapport salarial, c'est impossible. Car à l'avenir, si l'on pouvait penser que les humains se trouveraient vraiment en nombre suffisant et que l'organisme social triarticulé imprimerait sa marque sur les rapports sains, si on lui donnait accès, il ne pourrait pas y avoir de véritable exploitation dans cet organisme social triarticulé. Mais une chose serait reconnue : voyez-vous, tous les idéaux sociaux, lorsqu'ils se manifestent aujourd'hui de manière aussi globale, relèvent plus ou moins du bricolage, pour la simple raison qu'ils ne tiennent pas compte des conditions réelles. Les gens pensent en effet toujours : comment l'organisme social doit-il être aménagé pour que tout le monde aille bien ? Bien sûr, chacun a encore ses opinions subjectives à ce sujet. Ce n'est pas du tout la question que pose l'idée de la triarticulation de l'organisme social ! Car bien sûr, si vous considérez un organisme naturel, l'organisme du lion ou quelque chose comme ça, vous pouvez idéalement penser à quelque chose de bien mieux aménagé que l'organisme du lion. Il suffit de penser à sa possibilité à partir de ses conditions. Ainsi, les idées de la triarticulation ne pensent pas à un royaume millénaire, ne croient pas à un paradis sur Terre, mais l'idée de la triarticulation se demande quelle organisation sociale est possible si les humains sont tels qu'ils sont. C'est alors qu'elle obtient la structure sociale qui réside dans l'organisme social triarticulé. L'organisation associative de la vie de l’économie vous montre à quel point les choses sont pensées à partir de la réalité.

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Dadurch aber ist alles dasjenige unmöglich, was gerade im heuti­gen Sinne zur Ausbeutung führt. Zur Ausbeutung führt heute erstens: äußere politische Macht, auch die des menschlichen Indivi­duums, also politische Macht, die politisch geregelt sind. Zweitens: wirtschaftliche Macht. Wirtschaftliche Macht zum Beispiel beim Lohnverhältnis, das ist unmöglich. Denn es wird in der Zukunft, — also ich meine, wenn man daran denken könnte, daß wirklich die Menschen in einer genügend großen Anzahl sich finden würden und dadurch den gesunden Verhältnissen das aufgeprägt würde durch den dreigliedrigen sozialen Organismus, wenn ihm Eingang ver­schafft würde — es würde in diesem dreigliedrigen sozialen Organis­mus gar nicht zu einer wirklichen Ausbeutung kommen können. Aber es würde allerdings eines erkannt werden: Sehen Sie, alle sozialen Ideale sind mehr oder weniger, wenn sie heute so umfas­send auftreten, mehr oder weniger Kurpfuscherei, aus dem einfa­chen Grunde, weil sie nicht unter Berücksichtigung der wirklichen Verhältnisse geschehen. Die Menschen denken nämlich immer: Wie muß der soziale Organismus eingerichtet werden, damit es allen Leuten gut geht? Natürlich hat darüber noch jeder seine subjektiven Ansichten. So fragt die Idee der Dreigliederung des sozialen Orga­nismus gar nicht! Denn selbstverständlich, wenn Sie einen natürli­chen Organismus betrachten, den Löwenorganismus oder so etwas, Sie können sich ideal etwas viel besser eingerichtetes denken als den Löwenorganismus. Man muß nur aus seinen Bedingungen heraus an seine Möglichkeit denken. So denken auch die Ideen der Dreigliede­rung nicht an ein tausendjähriges Reich, glauben nicht an ein Paradies auf Erden, sondern die Idee der Dreigliederung fragt, welche gesellschaftliche Gestaltung ist möglich, wenn die Menschen so sind, wie sie sind. Da bekommt sie heraus die gesellschaftliche Gliederung, die im dreigliedrigen sozialen Organismus liegt. Gera­de aus der assoziativen Gestaltung des Wirtschaftslebens ersehen Sie, wie durchaus aus der Wirklichkeit heraus die Sachen gedacht sind.

Oui, il est en fait très facile d'établir des programmes sociaux, des programmes globaux ! Oh, je me souviens encore des années quatre-vingt du XIXe siècle : j'étais souvent au café nommé Griensteidl de Vienne, qui était si célèbre parce que les anciens quarante-huitards le fréquentaient déjà ; pendant la révolution, il est devenu le café des littéraires. Karl Kraus, dont on a déjà entendu parler en Suisse, a écrit son petit livre "Die demolierte Literatur" (La littérature démolie) sur ce café Griensteidl très célèbre. C'était effectivement le cas, car tous ceux qui allaient au café Griensteidl s'imaginaient être de grands humains. C'est ainsi qu'à chaque table, l'après-midi, quand on buvait son café, la question sociale était résolue trois fois, entre deux et quatre heures, et par les mêmes personnes la nuit, jusqu'après minuit, si l'on n'attachait pas trop d'importance au "Sperr-Sechserl" !

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Ja, es ist im Grunde genommen recht leicht, soziale Programme aufzustellen, umfassende Programme! Oh, ich weiß mich noch zu erinnern in den achtziger Jahren des 19. Jahrhunderts: Ich war recht oft im Wiener sogenannten Cafe Griensteidl, das so berühmt war, weil schon die alten Achtundvierziger dort verkehrt haben; wäh­rend der Revolution ist es das Literaten-Cafe geworden. Karl Kraus, von dem man ja in der Schweiz schon gehört hat, hat über dieses recht berühmte Cafe Griensteidl sein Büchelchen «Die demolierte Literatur» geschrieben. Es war in der Tat so; denn jeder, der ins Cafe Griensteidl ging, bildete sich ein, ein großer Mann zu sein. So wurde also eigentlich an jedem Tische nachmittags, wenn man seinen Kaffee trank, an jedem Tische die soziale Frage dreimal gelöst, zwischen zwei und vier Uhr, und von denselben Menschen in der Nacht, bis nach Mitternacht, wenn man nicht gerade auf das «Sperr-Sechserl» zu großen Wert legte!

On peut donc très bien trouver des solutions programmatiques à cette question sociale !

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Also programmäßige Lösungen dieser sozialen Frage lassen sich sehr gut finden!

Vous voyez, si on ne regarde pas du tout la réalité, mais qu'on travaille à partir de programmes et d'idéaux abstraits, on peut imaginer des organisations à profusion.

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Sehen Sie, wenn man überhaupt nicht auf die Wirklichkeit sieht, sondern aus Programmen und abstrakten Idealen heraus arbeitet, so lassen sich Organisationen ausdenken in Hülle und Fülle.

Goethe a si bien satirisé la forme abstraite des visions du monde dans son poème : "Le monde est une salade d'anchois !" On peut tout aussi bien dire comment le monde, au lieu de se composer d'atomes abstraits, comme on le fait par exemple chez les monistes, on peut tout aussi bien dire que le monde est une salade d'anchois et le prouver ; ou bien on peut aller aussi loin que Gustav Theodor Fechner, qui a prouvé très exactement dans une très jolie petite brochure, un petit écrit, que la lune est composée d’iode. Vous y trouverez une preuve très précise. Ainsi, si l'on pense de manière abstraite, on peut prouver tout ce que l'on veut. C'est justement ce qui fait que les gens se trompent tellement, qu'ils suivent l'abstrait et n'entrent pas dans la réalité. Mais il ne suffit pas d'être logique. Il faut en plus être conforme à la réalité. La pensée réelle doit avoir une double nature : Logicité et conformité à la réalité. L'une est généralement concevable sans l'autre. Mais avant tout, la conformité à la réalité est nécessaire.

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Goethe hat so sehr schön das abstrakte Gestalten von Weltan­schauungen persifliert in seinem Gedichte: «Die Welt ist ein Sardel­lensalat!» Man kann ebensogut sagen, wie die Welt, statt daß sie aus abstrakten Atomen besteht, wie man zum Beispiel bei den Monisten vorgeht, man kann ebensogut sagen, daß die Welt ein Sardellensalat ist, und das beweisen; oder man kann so weit gehen wie Gustav Theodor Fechner, der ganz exakt in einer sehr netten kleinen Broschüre, einer kleinen Schrift bewiesen hat, daß der Mond aus Jodin besteht. Sie finden da einen sehr exakten Beweis. So kann man im Grunde genommen, wenn man abstrakt denkt, alles Mögliche beweisen. Das ist eben gerade das, wodurch die Leute so sehr in Irrtümer hineinkommen, daß sie dem Abstrakten nachgehen, und nicht in die Wirklichkeit hineingehen. Aber es genügt nicht, daß man logisch ist. Man muß außerdem noch wirklichkeitsgemäß sein. Ein zweifaches muß das wirkliche Denken haben: Logizität und Wirkli.cnkeitsgemäßheit. Das eine ist ohne das andere meist denk­bar. Aber vor allen ingen: das Wirklichkeitsgemäße ist notwendig.

C'est pourquoi il est également nécessaire de ne pas imaginer un état quelconque du monde et de forger des programmes en conséquence, mais de se demander ce qui est possible. C'est la question fondamentale pour la triarticulation de l'organisme social ! Et il n'y a absolument aucune possibilité d'exploitation au sens actuel du terme. Vous voyez, toutes les choses ont deux côtés ! De son point de vue, même le capitaliste peut dire qu'il est exploité. N'est-ce pas, il s'agit de regarder ce qui est possible.

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Und so ist es auch notwendig, daß man sich nicht einen beliebigen Zustand der Welt vorstellt und daraufhin Programme schmiedet, sondern es ist notwendig, daß man fragt: Was ist möglich? Das ist die Grundfrage für die Dreigliederung des sozialen Organismus! Und es ist gar keine Möglichkeit vorhanden, daß in dem heutigen Sinne eine Ausbeutung stattfindet. Sehen Sie, alle Sachen haben zwei Seiten! Von seinem Gesichtspunkte aus kann sogar der Kapitalist sagen: er wird ausgebeutet. Nicht wahr, es handelt sich darum, daß man auf das Mögliche hinsieht.

Ensuite, il y a une autre question intéressante :

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Dann ist noch eine interessante Frage da:

Qu'est-ce que les idées présentées doivent faire pour écarter le danger du bolchevisme ?

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Was hat durch die vorgetragenen Gedanken zur Abwendung der Gefahr des Bolsche­wismus zu geschehen?

Vous voyez, il faut le dire encore et encore - et ce n'est pas pour rien que je le répète encore et encore dans le journal de Stuttgart sur la triarticulation, qui paraît chaque semaine, et j'ai déjà développé cette idée dans le journal consacré à la triarticulation de l'organisme social ici en Suisse : dans "Sozialen Zukunft", qui est rédigé par le Dr. Boos, qui est particulièrement adapté aux conditions suisses et dans lequel la triarticulation est représentée ici en Suisse, qu'il est avant tout nécessaire que l'idée de la triarticulation prenne place dans un nombre suffisamment important d'esprits. Il faut d'abord la comprendre. Les gens doivent être là et la comprendre pour qu'elle puisse prendre racine. Car, mes très chers présents, cette pensée de triarticulation, ou ce qu'elle deviendra, sera alors le seul véritable remède aux maux actuels.

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Sehen Sie, es muß immer wieder und wiederum das gesagt werden — und nicht umsonst wiederhole ich es immer wieder und wiederum in der Stuttgarter Dreigliederungszeitung, die jede Woche erscheint und ich habe den Gedanken schon auch ausgeführt in der Zeitung, die der Dreigliederung des sozialen Organismus gewidmet ist hier in der Schweiz: in der «Sozialen Zukunft», die von Dr. Boos hier redigiert wird und besonders ausgeführt wird für schweizerische Verhältnisse, und in der vertreten wird die Dreigliederung hier in der Schweiz, daß es notwendig ist vor allen Dingen, daß der Dreigliederungsgedanke in einer genügend großen Anzahl von Köpfen Platz greife. Man muß ihn erst verstehen. Die Menschen müssen da sein und ihn verstehen, damit er Wurzel fassen kann. Denn, meine sehr verehrten Anwesenden, dann ist er selber, dieser Dreigliederungsgedanke, beziehungsweise das, was aus ihm wird, die einzig wirkliche Abwendung gegenwärtigen Übels.

 

Français seulement

          LA CRISE ÉCONOMIQUE ACTUELLE ET L'ASSAINISSEMENT DE LA VIE ÉCONOMIQUE PAR LA TRIARTICULATION DE L'ORGANISME SOCIAL -
Bâle, le 26 avril 1920

              Pour économistes à l'occasion dela foire aux 'échantillon à Bâle dans la grande salle des « Rebleuten » (NDT gens de la vigne ?)
Activités de science de l’esprit comme base pour saisir la réalité. Le concept de crise dans l'économie. Superstructure idéologique et réalité. L'origine du matérialisme. Sur l’histoire du développement de la Russie. Le rapport de l'économie de l'argent à l'ensemble de la vie de l'économie. L'État unitaire comme une panacée dans la conscience du présent. La signification du droit d'héritage dans la vie économique et de droit actuelle. Les trois exigences de base de l’impulsion de tri-articulation : une vie de l’esprit libérale, une vie de droit démocratique, la vie de l’économie formée associativement.
Réponse aux questions


01
J'imagine que le rédacteur d'un journal humoristique pourrait être séduit par l'intervention du constructeur de l'Université libre des sciences spirituelles de Dornach, le Goetheanum, lors de l'organisation d'une foire d'échantillons sur l'assainissement de la vie économique. Car il est déjà bien établi dans la conscience générale de l'époque que rien ne pourrait être plus éloigné l'un de l'autre que ce que les hommes qui connaissent superficiellement la chose s'imaginent sous la mystique nébuleuse du Goetheanum de Dornach, et que l'on considère comme la pratique de la vie. Et pourtant, il pourrait peut-être sembler encore plus paradoxal et amusant que ce soit précisément ces derniers temps, ces dernières semaines, dans un lieu du sud de l'Allemagne - et la Suisse suivra ce modèle dans un avenir très proche - que l'on s'apprête à fonder, précisément par le courant d'esprit et de vision du monde représenté à Dornach, des entreprises purement économiques, une société anonyme pour la promotion de valeurs économiques et spirituelles réelles.
02
Comme je l'ai dit, cela pourrait paraître encore plus paradoxal. Car on voit dans un mouvement spirituel tel que celui dont le bâtiment de Dornach est censé être l'expression extérieure, on y voit quelque chose de tout à fait impraticable, qui n'a de raison d'être que si l'on doit se détourner plus ou moins des véritables objectifs pratiques de la vie pour se reposer le dimanche.
03
Maintenant, mes très chers présents, je ne veux absolument pas vous retenir longtemps, en guise d'introduction, par un quelconque exposé sur les tâches du mouvement spirituel représenté par le Goetheanum. Mais je voudrais seulement dire que ce mouvement spirituel, par sa particularité, veut être la base de la pratique de vie dont nous avons besoin aujourd'hui pour sortir de ce dans quoi nous sommes entrés, de ce que l'on a toujours considéré comme si pratique, et qui s'est montré si particulièrement pratique dans la ruine de la civilisation européenne au cours des cinq ou six dernières années !
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Certes, dans cette université libre de la science de l'esprit dont il est question ici, le regard de l'humain ne doit pas seulement se tourner vers ce qui se présente à l'humain dans le monde matériel extérieur, mais l'humanité doit une fois de plus être rendue attentive au fait que tout ce qui est matériel repose sur du spirituel, et que l'on ne peut justement pas comprendre le matériel si l'on ne comprend pas le spirituel qui le sous-tend. Mais je ne veux pas parler aujourd'hui de la manière dont le monde spirituel doit être ouvert ni des chemins que l'individu doit emprunter pour accéder à ce monde spirituel réel et effectif. On en a parlé dans les différents livres qui ont été publiés en abondance sur ce sujet. Mais je voudrais parler du fait que c'est précisément le type particulier d'activité spirituelle qui doit être cultivé pour obtenir ce que l'on appelle la science de l'esprit, qui, par ce type particulier d'activité et d'effort spirituels, produit quelque chose dans l'humain qui ne le rend pas impratique, mais tout de suite pratique, en lui ouvrant un regard sain et sans illusion sur la réalité. Aussi étrange que cela puisse paraître, l'école supérieure de Dornach n'a pas pour but de fuir la réalité, bien au contraire. L'objectif de l'école supérieure de Dornach est l'acquisition d'un regard sain sur la réalité, l'acquisition d'un tel regard sain qui peut voir ce qui se passe aussi dans chaque réalité, qui doit être dirigée par l'humain lui-même, avant tout aussi dans la réalité économique.
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Et pour m'exprimer encore plus clairement sur ce que je pense en fait, j'aimerais illustrer ce que j'ai à dire par la comparaison suivante.
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Voyez-vous, mes très chers présents, si quelqu'un prétendait, en tant que chimiste, avoir inventé un moyen de blanchir le linge, un nouveau moyen de blanchir le linge, et qu'il se met ensuite à utiliser ce moyen, et que le linge devient brun sale à cause de ce moyen, on ne le considérerait probablement pas comme un bon chimiste, et on dirait qu'il ne comprend en fait rien à la véritable science chimique. Il en va de même aujourd'hui dans le domaine de la technique et de la vie extérieure, dans la mesure où ce domaine dépend de la pensée scientifique. Mais ce n'est absolument pas le cas lorsqu'il s'agit de la technique qui se manifeste dans la vie économique, dans la gestion de la vie économique, et qui doit dépendre d'une manière ou d'une autre d'une pensée économique saine, d'une véritable économie, disons nationale ou sociale, ou semblable. Vous voyez, un exemple de cela — mais je pourrais en citer beaucoup : Il y a quelque temps déjà, on se disputait beaucoup dans le monde international parmi les personnes qui réfléchissaient aux questions économiques, sur la meilleure façon de faire triompher le mouvement économique que l'on appelle le mouvement de libre-échange. On étudiait d'un certain point de vue les dommages causés à la vie économique internationale par l'imposition de droits de douane et autres aux frontières des pays, droits de douane qui étaient motivés par les intentions les plus diverses. Bref, il y a eu des parlements - il y a bien longtemps maintenant que cette époque est révolue - où l'on considérait le libre-échange comme un idéal, comme un idéal économique. On a alors cherché dans certains cercles un moyen de promouvoir le libre-échange, le libre-échange douanier avant toute chose. On s'est alors pris aux cheveux, on s'est tellement pris aux cheveux qu'on a dit : c'est par l'amour et par la question des droits de douane que l'on devient le plus fou au monde. Les partisans de la monnaie d'or et les partisans du métallisme, de la monnaie d'or et d'argent, étaient alors à couteaux tirés. Les partisans de la prétendue monnaie d'or étaient les personnes qui disaient, sur la base de leurs connaissances scientifiques et économiques, que la monnaie d'or n'était pas une monnaie : en favorisant la monnaie-or, nous favorisons le libre-échange. - C'était une conviction économique et scientifique.
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Qu'est-ce qui s'est passé dans la réalité ? Il est vrai que le hasard a voulu qu'après le lancement de ces déclamations scientifiques et économiques, d'importantes découvertes d'or aient été faites en Afrique, et que les pays qui ne disposaient que de peu de ressources dans les régions où l'or avait été découvert aient pu le produire en quantité particulièrement importante. Mais on devrait toujours compter avec de telles choses, on devrait surtout compter avec l'analogie du chimiste, avec ce que j'ai cité pour illustrer mon propos. Mais en réalité, qu'est-ce qui s'est passé ? Il s'est avéré que l'introduction de la monnaie-or a déclenché partout le mouvement de protection douanière, c'est-à-dire que la réalité a montré exactement le contraire de ce que l'on avait prédit en théorie sur la base de la pensée économique.
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C'est exactement ce qui s'est passé lorsqu'un chimiste a rendu le linge brun sale avec un produit censé le blanchir. Comme je l'ai dit, on pourrait citer de nombreux exemples de ce genre, où la réalité n'est pas du tout touchée par la pensée économique, où la réalité va justement dans le sens contraire. On pourrait citer de nombreux exemples de ce genre.
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Ceux qui posent aujourd'hui la question de savoir s'il y a une crise économique, une crise économique internationale, n'ont qu'à regarder la situation. Cette crise économique est partout à nos portes. Les gens pensent toutefois de différentes manières à sa forme particulière et à sa cause. Mais peut-on vraiment espérer qu'avec une telle façon de penser la réalité, un phénomène aussi compliqué, un fait aussi compliqué que la crise économique internationale, puisse être compris sans plus ?
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N'est-ce pas, ça ne peut être le cas ! Maintenant vous allez dire : "Ah, voilà quelqu'un qui prétend que les penseurs économiques sont tous stupides, qu'ils ne savent rien ; l'économie tourne et les penseurs économiques sont tous stupides. Non, je n'affirme absolument pas que tous sont stupides, j'affirme plutôt qu'il y a parmi les humains économiques des gens très intelligents, beaucoup plus intelligents à certains égards que dans toutes les autres professions de la vie, mais que ce qu'ont dit les monométallistes, les partisans de la monnaie-or, et ce qui s'est passé, était le contraire de ce que les gens très intelligents ont défendu dans des phrases et des tournures et des théories très intelligentes. Non, je ne prétends pas du tout que tous les économistes sont stupides, mais je veux justement partir du fait étrange que la civilisation moderne a donné naissance à ce phénomène singulier que l'on peut être un brillant penseur économique et penser exactement le contraire de ce qui est réel dans la vie économique ! C'est un phénomène frappant, un phénomène qui se manifeste encore par le fait que l'on est en fait assez impuissant face à la confusion européenne actuelle, précisément dans les cercles de ceux qui ont le mieux appris à penser économiquement de manière traditionnelle.
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Et c'est là que vous voyez, c'est là que je voudrais affirmer que ce que l'on a simplement acquis comme technique de pensée, grâce à la saine science de l'esprit qui est pratiquée dans le mouvement dont Dornach est le représentant extérieur, grâce à cette technique de pensée, il est également possible de percer à jour les choses de la réalité extérieure, dont on peut simplement prouver par d'innombrables exemples qu'elles ne sont justement pas percées à jour par ceux que l'on considère comme des spécialistes.
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Vous voyez, avant toute chose, lorsqu'on parle de crises économiques - les gens pensent généralement à ce qui se passe entre la consommation et la production -, on parle d'une crise économique lorsqu'il y a une surproduction qui ne peut pas être utilisée par la consommation. On peut tout aussi bien prouver que la crise économique ne vient pas de la surproduction, mais de la sous-consommation, tout simplement parce que les gens, qui n'ont peut-être pas assez d'argent pour acheter ce qu'ils produisent, n'achètent pas assez. Et ce qui est étrange, c'est que l'on peut prouver l'un et l'autre. Si vous passez en revue les crises économiques de 1919, vous constatez que l'une d'entre elles a pour cause la surproduction, l'autre la sous-consommation, la troisième des causes tout à fait différentes, par exemple comme un mauvais rapport entre le capitalisme et les travailleurs, ou, ce qui est également valable pour des cas isolés, que les crises économiques doivent survenir lorsqu'on épargne trop dans une grande communauté humaine, et ainsi de suite. Eh bien, toutes ces choses ne tiennent pas compte de ce qui est le plus important pour la vie économique actuelle.
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Là, j'ai donc la permission de vraiment parler d'une sorte d'expérience personnelle. Il y a longtemps déjà, c'était à la fin des années 90 du siècle dernier et au début de ce siècle, j'ai appris à connaître en profondeur les ouvriers d'Europe centrale. J'étais professeur dans une école d'éducation ouvrière, mais j'avais ainsi pu avoir de véritables contacts avec le mouvement ouvrier de tous les côtés. Et j'ai appris à les connaître, premièrement, parce que les conférences les plus diverses que j'avais à tenir étaient parfois suivies de discussions très animées, qui montraient ce que l'on pensait dans les cercles les plus larges de la classe ouvrière en pleine croissance. D'autre part, je me suis vu accueilli avec mes propres conférences, et j'ai pu voir comment on peut absorber en soi ce qui n'est pas seulement économique et ainsi de suite. Et celui qui a vécu, je dirais, avec un certain sens de l'observation des conditions humaines et sans préjugés, sait quelle erreur on commet aujourd'hui en pensant qu'il y a plus dans les simples catégories économiques, comme le capital et le salaire et autres, ou l'importation et l'exportation, le commerce, la finance, la balance des paiements, la valeur et autres choses, dans ces choses que ce qui se passe seulement à la surface. Non, c'est vraiment dans ces choses que se trouve, pour la crise actuelle, ce qui ne se passe qu'en surface. Car tout ce qui se passe dans la vie économique part finalement de l'humain, des pensées de l'humain, et de ce que l'humain fait, de sorte qu'il en résulte des qualifications de rapports de capitaux et de salaires, d'importations et d'exportations et ainsi de suite, de fluctuations de valeurs. Cela dépend finalement de ce qui ressort de la pensée des humains.
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Vous voyez, je peux vraiment parler là sans préjugés, car j'ai été pendant cinq ou six ans enseignant parmi les ouvriers et j'ai réussi à ce qu'il y ait finalement un grand nombre de partisans parmi les ouvriers, mais qu'un beau jour, les dirigeants de cette classe ouvrière aient remarqué qu'il y avait là quelqu'un qu'on ne pouvait pas tolérer, qu'il y avait quelqu'un qui n'enseignait pas le marxisme orthodoxe, qu'il y avait quelqu'un qui s'efforçait de faire entrer dans les cœurs et dans les esprits tout autre chose que la doctrine orthodoxe.
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Une séance a été organisée avec mes élèves. Des centaines de mes élèves étaient présents à cette réunion, ainsi que des dirigeants ouvriers, certes de second rang, mais habilement de premier rang, qui ont avancé toutes sortes d'arguments, dont le fait que j'étais une personnalité impossible dans le mouvement ouvrier. J'ai dit : "Oui, mais voulez-vous à l'avenir cultiver ici quelque chose qui soit valable pour l'avenir, et vous ne comprenez pas la chose la plus simple, la liberté d'enseignement ? L'un des dirigeants a tout de même réussi à prononcer ce mot : Liberté d'enseignement ? Non, nous ne connaissons que la contrainte raisonnable ! Et malgré le vote de tous contre les quatre, contre les quatre dirigeants, mon activité était bien sûr tout à fait impossible plus avant.
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Cela, voyez-vous, m'autorise à parler avec une certaine impartialité, sur la base des faits, de ce qui se passe aujourd'hui dans la vie économique de l'Europe internationale.
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Mais il faut aussi pouvoir étudier réellement ce qui émane de l'humain lui-même, et ce qui provoque en fait les catégories dont j'ai parlé et que l'on énumère habituellement. Il faut d'abord se demander : quelles sont les particularités de la foi qui s'est peu à peu répandue dans le prolétariat européen ?
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Voyez-vous, le signe le plus caractéristique de la conception de millions de personnes est que, premièrement, les gens pensent à la vie de l'esprit de telle manière que tout ce que l'humain produit spirituellement, y compris ce qu'il produit de son esprit comme droit, comme coutume, comme religion, comme science, n'est rien d'autre que quelque chose que le cerveau humain enfante de manière abstraite, qui est une sorte de superstructure idéologique sur la seule réalité, la sous-structure, la seule réalité : la vie économique de production et de consommation.
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Cela s'est installé chez des millions et des millions de personnes. Je ne veux pas examiner maintenant dans quelle mesure cela remonte à la théorie de Marx et Engels, mais cela s'est fixé chez des millions et des millions de personnes : toute la vie spirituelle est une idéologie, quelque chose qui est simplement issu de la vie économique.
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Oui, peut-être que dans les cercles de ceux qui se sentent très intelligents économiquement, on pensera peu à la crise économique actuelle dans la vie internationale, à cette croyance du prolétariat. Mais c'est justement la grande erreur de penser peu aux choses les plus importantes aujourd'hui. Car on n'apprend pas à reconnaître d'où provient la crise, d'où provient ce qui vit dans l'inconscient des humains, et d'où provient pourtant le malheur économique, si l'on ne porte pas son regard sur la vie psychique de la grande masse. Il faut prendre en considération la vie psychique de la grande masse, car on peut croire que la vie spirituelle n'est qu'une idéologie, mais on ne peut pas vivre avec, et l'humain se désole, l'humain perd pied dans la vie.
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Et c'est cela qui est particulier : la grande masse s'accroche avec un fanatisme sans pareil à ces doctrines, notamment la masse qui donne aujourd'hui le ton dans certains milieux économiques ouvriers, la masse s'accroche avec fanatisme à ces doctrines ; mais elle s'y désole de plus en plus.
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Comment cela est-il arrivé ? Le matérialisme n'est pas issu de cette classe ouvrière elle-même, le matérialisme est né au cours des quatre derniers siècles dans les cercles dirigeants. Seulement, les cercles dirigeants ont conservé les anciennes traditions par une certaine demi-mesure. D'une part, ils ont commencé à penser de manière matérialiste à la vie extérieure dans laquelle ils se trouvent, et d'autre part, ils ont conservé les anciennes traditions comme leur religion, leur moralité, et ainsi de suite, et tiennent au fond une double comptabilité de vie.
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Cela l'ouvrier ne le peut pas qui a été appelé à quitter ce à quoi il était autrefois attaché, ce avec quoi il avait grandi : l'artisanat, dont il aimait les produits dans lesquels il déposait sa vie. Il a été appelé à la machine abstraite, placé dans l'usine abstraite. Il cherche son salut dans ce que les autres ne prennent qu'à moitié. On peut en juger quand on a été à l'intérieur. Cela s'est fait petit à petit. Et c'est ainsi que cette grande non-compréhension est née en Europe.
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Cette incompréhension pèse aujourd'hui sur l'Europe comme un terrible destin. En haut, il y a ceux qui doivent gérer les capitaux, il y a ceux qui doivent diriger la vie de l'économie, qui pourraient la diriger s'ils le voulaient seulement, qui pourraient aussi transformer le matérialisme en une vision saine du monde, qui pourraient aussi être pratiques. La sont ceux qui pourraient tout s'ils le voulaient.
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En bas, il y a ceux qui ont pris au sérieux ce qui s'est formé comme matérialisme dans ces cercles dirigeants, qui ne peuvent rien, qui croient, en disant qu'il faut combattre le capitalisme, qu'on peut obtenir quelque chose avec cette phrase ; qui ne savent pas qu'on ne peut pas du tout avoir de vie économique sans capitalisme au sens moderne du terme, que sans capitalisme on ne peut que retourner dans la barbarie. L'ouvrier est devenu impuissant dans ses pensées, impuissant face à la réalité dans toute l'Europe, l'ouvrier qui a été contraint à la machine, qui imagine sérieusement les théories qui, je dirais, tombent comme des sous-produits de la vie chez les autres, avec lesquelles on ne peut pas vivre, ni même faire de l'économie, comme le montrent justement des choses comme le métallisme et le monométallisme et autres.
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Cette grande mécompréhension qu'a-t-elle amené en haut ? Maintenant, vous pouvez le voir ce qu'elle a apporté dans l'évolution des rapports européens. Regardez la Russie. En Russie, conformément à la particularité du peuple, il s'est produit quelque chose qui est difficile à étudier pour celui qui regarde ces choses sans préjugés et sans être un agitateur. Il y avait de nombreuses différenciations des idéaux socialistes et sociaux en Russie. Qu'y avait-il dans cette Russie jusqu'en 1914 ? Retenu par le militarisme russe, retenu par le tsarisme que tant de gens haïssaient, ce qui vivait dans les larges masses, ce qui constituait précisément dans ces larges masses ce à partir de quoi il n'était pas possible de trouver un pont vers l'autre, ce qui vivait dans les cercles dirigeants. On ne voulait pas atteindre ce qu'on aurait dû atteindre : construire le pont, construire ce pont en tant que dirigeants, en tant qu'intellectuels. Nous voyons monter le capitalisme moderne. Nous voyons monter l'individualisme moderne avec l'appel d'une foule de millions de personnes dans les usines, sur les machines. Ce qu'il aurait été nécessaire de faire, de recourir à une nouvelle pensée pratique, comme il aurait été nécessaire, du côté des intellectuels, de se faire le guide, de gagner la confiance, de faire comprendre aux grandes masses que l'on sait vraiment mettre en œuvre, même sérieusement, les allures de la vie de l'économie, on n'a rien fait de tout cela. On a vécu pour soi, une classe supérieure. On a laissé les autres étudier. Le prolétariat a tout de suite beaucoup étudié, il s'est simplement consacré en solitaire à ce qui était les déchets de l'éducation, les déchets matérialistes de l'éducation.
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Aujourd'hui, les fruits en sont là, dans la crise économique de l'Europe. C'est un destin tragique, conditionné par l'esprit.
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Ensuite, les catastrophes guerrières européennes sont nées de ce qui retenait ce que l'on ne voulait pas pénétrer spirituellement, ce que l'on ne voulait pas imposer spirituellement par des conceptions raisonnables, ce que l'on voulait retenir par la violence physique extérieure du militarisme et de la monarchie absolue ou de n'importe quel autre pouvoir, de ce qui était utilisé pour rendre inoffensif ce que l'on ne voulait pas vaincre spirituellement.
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Et que s'est-il passé ensuite ? Le léninisme et le trotskisme sont alors apparus en Russie. Non pas du socialisme russe, oh non, le léninisme et le trotskisme ne sont pas du tout nés du socialisme russe. Jamais rien de tel que le léninisme et le trotskisme n'aurait pu naître du socialisme russe. Quelque chose de tout à fait différent serait apparu si l'on avait cherché une entente raisonnable entre les intellectuels et la grande masse de la population. Non, Lénine et Trotsky ne sont pas nés de la révolution ! Lénine et Trotsky sont sortis des cercles de ce que la guerre a apporté comme résultat, de ce qui est devenu par la guerre comme conséquence ultime du militarisme, c'est de là que Lénine et Trotsky sont sortis. Les résultats de la guerre sont entrés en Russie et ont à nouveau étouffé ce qui voulait venir d'en bas et avec lequel on aurait dû s'entendre. Lénine et Trotsky ne sont pas des héros du socialisme ; ils sont les fils de la catastrophe de la guerre européenne et n'ont été possibles que parce que la misère des conséquences de la guerre s'est étendue sur la Russie. Et ce qui s'est passé dans le reste de l'Europe, lisez le très beau livre - mais on pourrait en suivre bien d'autres - de Keynes, "Les conséquences économiques de la conclusion de la paix en Europe". Ce qui s'est répandu dans le reste de l'Europe, qu'est-ce que c'est ? Est-ce la profession de foi de la pensée économique ; est-ce l'aspiration économique jusqu'en 1914 qui nous a conduits à la terrible catastrophe ? Non, ce n'est pas cela, mais ce que nous vivons, y compris tous les soucis de devise de certains pays, n'est pas un retour sain à des vues saines, que l'on croit pouvoir obtenir en disant que la maladie se serait rendue absurde par les catastrophes. Ce que nous vivons est le résultat de la guerre. C'est sur la base d'un jugement à très, très courte vue qu'un général allemand a prononcé les mots qui ont été souvent répétés pendant cette catastrophe de guerre : la guerre n'est que la politique menée par d'autres moyens.
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Pendant la guerre, j'ai toujours comparé ce dicton à la parole : le divorce n'est que la continuation du mariage par d'autres moyens ! Mais avec une certaine variante juste, on pourrait quand même dire : cette paix, en particulier dans le domaine de la vie économique, n'est que la continuation de la guerre par d'autres moyens. Ce n'est vraiment pas ce que l'on dit en considérant la situation économique actuelle d'un point de vue agitateur ou d'un autre, mais c'est ce que disent même des juges objectifs, du côté qui serait aujourd'hui le plus fondé à porter un jugement objectif, du côté des Anglais, c'est ce que dit Keynes dans son livre "Les conséquences économiques de la conclusion de la paix".
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Maintenant voyez-vous, si l'on considère vraiment ces choses, alors on doit dire : Oh, les causes des catastrophes économiques actuelles sont beaucoup, beaucoup plus profondes ! Et enfin, il suffit d'observer la vie économique actuelle telle qu'elle s'est développée. Il n'est pas nécessaire de se laisser captiver par les déclamations unilatérales sur le capitalisme et l'anticapitalisme, mais il suffit de s'abandonner aux faits objectifs et certainement justifiés par les conditions modernes, à savoir que notre vie économique est intimement mêlée à ce que nous devons appeler l'économie monétaire.
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Je suis bien entendu loin de l'idée saugrenue de vouloir combattre l'économie monétaire. Il ne peut pas s'agir de cela, car je considérerais cela comme une idée insensée, tout comme je considère comme une idée insensée de vouloir réformer l'argent d'une manière ou d'une autre. Non, mais ce dont il s'agit, c'est qu'en raison de l'ensemble des conditions économiques modernes, ce qui est présent dans l'argent est devenu abstrait au sein de la vie économique.
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Un journaliste économique anglais a dit à juste titre : les fonctions réelles de l'argent dans notre vie économique sont extrêmement compliquées et ne peuvent pas vraiment être décortiquées. - C'est vrai. Mais je pourrais me faire comprendre par une comparaison.
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Voyez-vous, mes très chers présents, si quelqu'un est un penseur d'une entité assez abstraite, s'il passe toujours immédiatement du particulier au général, s'il voit par exemple dans la prairie toutes sortes de fleurs portant un nom concret et dit ensuite : plantes ou fleurs - et compare "fleurs" à animal et ainsi de suite, il pense de manière abstraite. Il apporte des pensées abstraites qui englobent beaucoup de choses, et les étend comme un tapis sur les parties concrètes.
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Il en va de même pour l'argent dans la vie économique réelle. L'argent apporte dans la vie économique réelle, dans la réalité, un élément tout à fait abstrait. Pensez donc, si je suis le propriétaire de 50 francs, je suis justement le propriétaire de ces 50 francs, et il est tout à fait indifférent au départ, si j'ai les 50 francs dans mon porte-monnaie, que je m'achète demain un lapin avec les 50 francs ou que je m'achète de la farine ou une montre en argent, ou que je m'achète un costume ou quelque chose de semblable. Le caractère concret de la vie économique s'arrête face au caractère abstrait de l'argent. Cela se manifeste au moment où l'argent s'échange contre de l'argent, où l'on achète de l'argent. On peut le mieux voir comment, tout comme les abstractions se cachent de la réalité de la pensée, comment l'abstraction de l'argent se cache de la réalité. Voyez-vous, si vous avez suivi les journaux en Allemagne ces dernières semaines, vous avez pu constater que les gens se sont réjouis de la petite amélioration de la devise. Mais elle a ensuite baissé. Et celui qui connaît le contexte profond ne sera pas très impressionné par une amélioration temporaire de cette devise. Mais l'affaire a été attribuée à toutes les causes possibles, sans qu'il y ait autre chose en arrière-plan que le fait que des billets allemands présents en Espagne aient été achetés en bourse par des Américains à la suite d'une constellation particulière, d'une intention particulière, et que cela ait provoqué une petite hausse de la devise allemande. Cela a échappé aux regards pour la simple raison que chaque fois que l'argent en tant que tel circule dans le commerce, chaque fois que l'argent est négocié en tant que tel, cela est éloigné de la vie économique concrète et on ne voit plus le contexte. De même que lorsque quelqu'un parle de manière abstraite, une roue de moulin tourne dans la tête et on n'a plus aucune idée de ce qu'il veut dire par son abstraction, de même, lorsqu'il s'agit de manipulations monétaires, on ne sait plus ce qui se passe réellement dans la vie économique.
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Vous voyez, dans ces domaines, il s'agit essentiellement d'un devenir étranger du moyen d'échange qu'est l'argent dans la vie économique proprement dite ; et c'est la raison pour laquelle nous sommes entrés dans une crise économique aussi terrible. Car cette crise économique était en fait déjà là avant la guerre, et la guerre n'était que l'expression de cette crise économique. [Lacune.]
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Vous voyez, quelqu'un aurait pu, disons en 1865, avoir les plus grandes installations possibles pour la navigation aérienne, mais il n'a pas pu les faire fonctionner parce qu'il n'y avait pas encore de navigation aérienne ! Il ne sert à rien d'être simplement intelligent dans n'importe quel domaine de la vie. Si les circonstances nous éloignent de l'expérience directe de ce qui doit être vécu, alors toute pensée intelligente ne sert à rien. Et c'est précisément dans le domaine économique, comme dans d'autres domaines, que l'on a été entraîné loin de la vie réelle, ce que toute la civilisation moderne a produit en soudant de plus en plus les trois domaines principaux de la vie : la vie de l'esprit, la vie politique ou de droit et la vie de l'économie, en un État unitaire.
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L'économie monétaire a favorisé cette fusion au sein de l'État unitaire. Comme je l'ai dit, je vous prie de ne pas vous méprendre sur mes intentions, qui seraient de m'opposer à l'économie monétaire. Je veux seulement attirer l'attention sur le fait que ce qui n'a pas été saisi par l'économie monétaire doit précisément conduire à la santé de notre vie économique !
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On a toujours fait valoir, et encore une fois dans les idées récentes, que l'État unitaire est une panacée. Cette panacée a été mise en lumière par les dirigeants actuels, mais aussi par les socialistes ; car que veulent les socialistes ? Utiliser le cadre, le cadre étendu de l'État, pour y construire leurs illusions socialistes. Même Lénine et Trotsky n'ont rien fait d'autre que d'arroser de leurs concepts abstraits socialistes ce que la guerre leur avait laissé de l'ancien État tsariste russe. Cette pensée de l'État unitaire est devenue, au cours des trois ou quatre dernières décennies - celui qui sait vraiment regarder l'histoire sait que cela ne fait pas si longtemps en réalité - pour ainsi dire seulement la pensée de tous ceux qui croient vouloir le bien de tous les rapports publics et qui, par conséquent, négligent de voir ce qui mûrit dans la réalité de l'humanité : que dans la réalité de l'humanité mûrit le besoin d'arriver, par rapport à la vie de l'esprit, le besoin d'arriver, par rapport à la vie de droit ou d'état et par rapport à la vie de l'économie, à des constellations tout à fait différentes de celles que l'on a eues jusqu'à présent. Je veux aborder la chose par un bout, aimerais-je dire.
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Dans certaines régions de la vie européenne, ce que nous appelons le droit successoral se détache d'anciennes institutions. Le droit d'héritage est lié aux rapports de liens de sang entre les humains. Si vous suivez ce qui émane/rayonne du droit successoral dans l'ensemble des rapports publics, aussi dans la configuration des pendants entre les États et les sociétés, vous verrez combien de choses dépendent également de ce droit successoral dans la vie économique. Le droit successoral a une influence sur certaines personnes dans telle ou telle branche économique, il fait entrer les gens, ils sont là-dedans, et c'est à partir de leurs facultés que se font des choses particulières. Mais finalement, c'est à partir de ces choses particulières que se compose une grande partie de la vie économique globale. Bref, nous avons le droit de succession étroitement lié aux liens du sang, à ce qui est organisé de la nature dans l'humanité.
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Que s'est-il donc passé au cours des trois ou quatre derniers siècles dans ces États qui se considèrent comme les plus exemplaires ? On a appris l'organiser de la nature. On attribue aux Allemands en particulier la capacité d'organiser. Ils n'ont su le faire que si bien qu'ils l'ont déformé jusqu'à la mécanisation. Mais cela s'est essentiellement répandu sur l'ensemble du monde civilisé. L'organiser, qui est propre à l'humanité de par sa nature, a été transférée/porté dans la vie sociale. Et cette organiser, qui est pendant aux liens du sang, cet organiser, qui a un aspect très symptomatique - il y en a beaucoup d'autres - dans le droit de succession, cet organiser, au fond, ressort aussi très clairement dans l'organisation de la vie spirituelle. Et finalement - toutefois l'Église catholique veut être une institution démocratique qui permette à ceux qui sont en bas de l'échelle de s'élever jusqu'aux plus hauts postes de la hiérarchie ecclésiastique - dans la pratique, ce qui a soudé ces choses, comme les anciennes organisations liées par les liens du sang, s'est aussi glissé dans les organisations ecclésiastiques catholiques ; car finalement, plus de nobles sont devenus archevêques que d'autres, et ainsi de suite.
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Bref, nous voyons en beaucoup de relations comment ce qui provient des liens du sang dépasse dans l'ordre social moderne ; et ce qui s'exprime particulièrement dans des choses comme le droit de succession, le genre humain l'a en fait dépassé par sa conscience la plus intime. Si quelqu'un dit : l'humain est l'humain et qu'il désigne un enfant de sept ans et un adulte de quarante ans, vous rirez. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans ne fait que rire. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans ne fait que rire. Vous ne direz pas que l'humain de quarante ans n'est que la conséquence de l'humain de trente-cinq ans, de l'humain de trente ans et ainsi de suite, mais vous regarderez l'humain de telle manière que ce qui réside dans son essence se développe à partir de ses profondeurs. Ce n'est qu'au cours de l'histoire que l'on en est arrivé à la conclusion stupide que ce qui suit est toujours l'effet de ce qui précède, alors que depuis longtemps le genre humain est tel que les phases successives de son essence la plus intime se produisent de la même manière que le changement de dents ou la maturité sexuelle chez l'individu. Ainsi, tout simplement, au cours des derniers temps, alors que les éléments hérités de la vie spirituelle, économique et juridique sont restés ceux qui sont issus des anciens liens du sang et des conditions qui en découlent, alors que les anciens droits publics sont restés, l'humain a inconsciemment ressenti le besoin d'un nouvel ordre, le besoin que quelque chose d'autre doive intervenir.
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Là vous voyez, quand on veut essayer d'écouter ce que les humains veulent vraiment, on voit apparaître quelque chose comme dans mes "Points essentiels de la question sociale". Mais on ne remarque pas comment ces choses sont tirées de la vraie réalité et de la vraie pratique, de ce que la vie exige aujourd'hui. Nous avons le droit d'héritage issu de l'ancienne évolution de l'humanité. On veut le conserver, tout comme un humain qui ne comprend pas qu'à vingt ans, on doit être différent de ce qu'on était à douze ou quatorze ans, veut conserver ses douze ou quatorze ans d'évolution. Bien sûr, on ne voudra pas de telles folies dans le détail. C'est là que nous avons le droit d'héritage. C'est devenu une chose à laquelle la conscience des humains ne veut pas se soumettre. L'humain tient aujourd'hui, par un sentiment élémentaire, trop à son individualité pour vouloir s'accrocher, même si c'est extérieurement par convention, au moyen conventionnel du droit d'héritage [lacune]. Si l'on est honnête et que l'on écoute ce que veut réellement l'humanité, on arrive à ce que vous trouverez dans les "Points essentiels de la question sociale", où il est montré que l'humanité aspire à un ordre social dans lequel l'humain, qui possède certaines facultés, est lié aux moyens de production, ou, disons au capital. S'il n'est plus en mesure d'associer ces capacités, la somme des moyens de production ou le capital doit être transféré à une personne compétente. C'est là que l'on voit comment l'ancien temps doit évoluer vers le nouveau. L'ancien temps faisait dépendre la configuration économique du sang. Le temps nouveau rend la configuration de la vie économique dépendante - elle l'est déjà dans la conscience des humains - et veut la rendre dépendante de ce qui est vécu consciemment. Ainsi, dans le nouvel ordre, on ne parle pas de droit d'héritage au sens habituel du terme. C'est pour cette raison que l'on met souvent en doute aujourd'hui, par exemple, le droit de succession, que l'on doute que l'on puisse parler de droit de succession. Il doit seulement être question du fait que si, grâce à mes capacités, j'ai acquis une somme de moyens de production qui me permet de réaliser quelque chose, si j'ai accumulé un capital, j'ai l'obligation, lorsque je ne peux plus être moi-même l'administrateur, de le transmettre à un autre qui, à son tour, doit y être lié selon ses capacités. Ce qui dépendait uniquement du sang doit être remplacé par la raison et l'individualité humaine.
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Cela semble radical pour certains, mais ce n'est pas dit par un quelconque radicalisme, mais seulement entendu à partir de ce que l'humanité veut réellement de manière inconsciente.
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Si l'on considère de cette manière ce qui se présente aujourd'hui comme l'évolution de l'humanité, on arrive à la conclusion que, grâce au point de vue que les humains ont atteint dans la science générale du genre humain, dans la vie de l'esprit, dans la vie de droit ou d'état et dans la vie de l'économie, ils sont aujourd'hui arrivés à un point tel qu'ils ne se laissent plus comprimer dans l'État unitaire.
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C'est ici que commence l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social, de telle sorte qu'elle exige pour la vie de l'esprit d'être complètement autonome, qu'elle exige ce qui est peut-être le plus combattu aujourd'hui, parce que l’on considère comme particulièrement intelligent de faire de l'État le gardien de la vie de l'esprit. Mais cela doit être exigé de celui qui reconnaît aujourd'hui ce que l'humanité veut inconsciemment, à savoir que la vie de l'esprit est entièrement placée sur elle-même.
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Prenons l'un des éléments les plus importants : le système public d'écoles. Depuis l'enseignant de la classe d'école la plus basse jusqu'à l'enseignant le plus élevé, tout doit être de l'autogestion.
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Vous voyez, c'est sur ces principes pédagogiques et didactiques qui découlent d'une telle manière de pensée que j'ai été appelé à fonder l'école Waldorf à Stuttgart. Emil Molt, le fabricant local de l'usine Waldorf-Astoria, a créé cette école Waldorf. Il m'incombait de donner à l'école Waldorf son fondement spirituel, et jusqu'à aujourd'hui, même si cela n'est parfois pas visible de l'extérieur, c'est à moi qu'a été confiée la véritable direction, la véritable gestion de l'école. Pendant des semaines, j'ai donné aux enseignants un cours de pédagogie en séminaire, afin d'indiquer la direction dans laquelle cette école devait œuvrer.
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Oui, j'ai aussi été contraint là - vous aurez l'occasion de voir jusqu'où nous sommes allés jusqu'à présent - de reconnaître la pente sur laquelle se trouve la vie de l'esprit dans son domaine le plus important, le système d'école. J'ai naturellement dû élaborer des programmes d'enseignement et, pour m'orienter, j'ai dû voir ce qui existait pour répondre aux objectifs et aux programmes scolaires actuels.
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Maintenant, mes très chers présents, je peux encore me souvenir - il y a longtemps, il est vrai, lorsque j'étais moi-même à l'école ou que je fréquentais des enseignants - que tout ce qui concernait les programmes scolaires tenait sur une page ; maintenant, ce sont de gros livres et tout est spécifié dans les moindres détails. D'un côté, il y a ce que les artistes pédagogiques et les scientifiques pédagogiques mettent dans leurs livres, ce qu'ils transmettent à l'enseignant. Il y a d'un côté ce qui provient de la connaissance et de l'expertise. Ensuite, il y a le côté bureaucratique qui vient de l'État. C'est beaucoup plus important qu'on ne le pense ! Cela n'a aucune justification que quelque chose d'autre que l'expertise technique s'exprime dans l'administration de la vie de l'esprit. Cela apparaît tout de suite clairement, par exemple, dans le domaine du système d'école. Comme les humains seraient éduqués différemment et placés dans la vie de l'économie si la vie de l'esprit pouvait s'administrer totalement librement, uniquement à partir de ses propres fondements ! Seul celui qui a vraiment acquis un jugement sain sur le contexte de la vie spirituelle libre, du développement des facultés humaines à partir de l'expérience spirituelle libre, et sur sa signification pour la vie de l'économie et la vie de l'État, peut en prendre la mesure. - Il s'agit d'en arriver finalement sur quelle est la place de la vie de l'esprit dans l'ensemble de l'évolution humaine ?
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Maintenant, mes très chers présents, la vie de l'esprit est organisée. Et la vie de l'esprit est d'autant plus organisée qu'un domaine est plus élémentaire. Considérez-le à l'exemple de la famille. Regardez comment l'individu grandit hors de la famille, comment le fils grandit dans l'art, hors de ce qui ressemblait à son père ou à sa mère, pas seulement physiquement, mais aussi spirituellement et d'âme. Plus on remonte dans le temps, plus on voit, à travers ce qui sort des familles, comment là la vie de l'esprit est tout de suite organisée de la nature.
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En quoi consiste donc ce que nous avons à fournir pour la vie de l'esprit ? En ce qui concerne les individus particuliers, cela consiste à faire sortir l'individu particulier de l'organisation : nous devons surmonter l'organisation, l'organisation qui est donnée par la nature ; nous devons éduquer l'individu dans la liberté. La liberté doit d'abord être acquise au cours de la vie terrestre. La liberté ne peut être acquise que si nous sommes vraiment capables, en tant qu'enseignants, en tant qu'éducateurs ou en tant que participants à la vie de l'esprit, de comprendre l'humain, de travailler à partir des capacités individuelles de l'humain et de placer l'humain dans la vie de l'économie selon les capacités avec lesquelles il se révèle à nous sous forme d'impulsions dans le pendant de la nature.
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C'est le propre de la vie de l'esprit que l'on doit dire : tout de suite celui qui pense honnêtement sur la démocratie pense précisément de la même manière que la maturité sexuelle arrive chez l'humain à la quatorzième ou seizième année. C'est ainsi que la tendance à la démocratie s'est imposée à l'humanité au cours des trois ou quatre derniers siècles. Tout de suite celui qui pense honnêtement exige que toutes les affaires que les humains développent lorsqu'ils atteignent leur majorité soient traitées de manière à ce qu'ils soient égaux entre égaux et qu'ils aient à régler/ordonner les choses. Cela se donnera dans ce qui constitue l'éducation/la formation humaine dans le domaine de la vie de l'esprit. Cela dépend tellement de la capacité et des connaissances individuelles de l'humain que cela ne peut jamais être l'objet d'une administration ou d'une constitution démocratique, mais seulement d'une autogestion de cette vie de l'esprit. La vie de l'esprit est organisée, et elle doit être arrachée à l'organisation.
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Et la vie de l'économie ? La vie de l'économie ne peut pas être organisée [lacune]. Des gens idéologiques, étrangers au monde, indiquent tous les idéaux utopistes possibles selon quelles formes la vie de l'économie devrait s'organiser, par quoi on devrait faire entrer la vie de l'économie dans telle ou telle structure. Ce serait la mort de la vie de l'économie ! Cette absurdité, on l'a commencée lorsque la soi-disant République allemande a voulu se mettre sur pied. C'est tout aussi absurde que l'économiste planificateur qui pense que la vie de l'économie on peut l'organiser ! Celui qui comprend quelque chose de la vie de l'économie, il sait pourtant que la vie économique ne peut pas être organisée ! La vie de l'économique peut seulement grandir ensemble en un tout en associations. Cela signifie que la vie de l'économie ne peut pas être organisée d'en haut ou d'une direction ou d'un côté quelconque, mais que la vie de l'économie ne peut être couronnée de succès que dans des associations qui se développent à partir des professions, à partir de celles qui vont ensemble, qui vont ensemble dans un certain domaine de production, dans un certain domaine de consommation.
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Ce qui a des intérêts similaires se membre/s'articule/se rattache dans les associations, à ce qui a des intérêts apparentés. Les intérêts apparentés ont un enchaînement. Un enchaînement, une subdivision/transarticulation ne se forment cependant pas ainsi qu'on l'organise de l'extérieur, mais parce qu'un membre se rattache/se membre à ces associations par l'intermédiaire d'autres membres. Il s'agit d'un enchaînement et d'un enchevêtrement d'humains tels qu'ils sont dans la vie, qui poussent/grandissent vers dehors de la vie, qui ont des connaissances et des facultés dans un domaine déterminé de la vie de l'économie, qui ont grandi dans la vie de l'économie d'une certaine manière, qui peuvent aussi gagner la confiance parce qu'ils se tiennent dans la vie, parce qu'ils sont en un certain sens apparenté à une branche. Mais il est nécessaire que cette branche se rattache/se membre associativement à la suivante, de sorte que l'on ne soit pas contraint, d'en venir à chercher, par hasard, à partir de l'abstraction de l'acquisition d'argent, mais parce que l'on sait qu'en se tenant à l'intérieur d'un travail économique associatif, on se tourne dans ce but au représentant d'une autre association. Celui-ci sait à nouveau comment cela se comporte là.
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Oui, voyez-vous, mes très chers présents, là ça en sort, quand on a une telle vie économique fondée sur l'association, que l'intelligence de la pensée économique nous aide un peu ! À quoi sert l'intelligence quand on est confronté à l'opacité de la vie économique ? On peut le voir avec le monométallisme, le libre-échange. Ils ont justement entraîné les droits de douane protecteurs dans leur sillage. Aujourd'hui, on ne voit pas clairement à travers dans la vie de l'économie. Les conditions de vie doivent d'abord être amenées par lesquelles on peut voir à travers les pendants. On verra à travers les pendants économiques lorsque celui qui fait partie d'une association s'entendra avec celui qui fait partie d'une autre association à partir d'un autre carrefour. S'il peut s'adresser directement à cette association ou à n'importe quelle autre, alors l'intelligence l'aide un peu, comme elle est pendante par les associations, et ces pendants, ces mesures, on doit les saisir d'une manière ou d'une autre, et même les arcs pourraient être tendus aussi loin que la réalité le permet à travers la chaîne des associations. C'était donc la particularité de l'économie jusqu'à présent de ne pas avoir la possibilité de progresser de cette manière et de laisser les choses en grandir. Cela, mes très chers présents, n'est toujours pas embrassé du regard actuellement.
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Ce n'est vraiment pas par une quelconque surestimation que je dis cela, mais je le dis parce que je pense que chacun peut l'envisager aujourd'hui. Il n'a pas été reconnu que cette triarticulation de l'organisme social doit intervenir pour l'indépendance de la vie de l'esprit, de cette vie de l'économie qui est construite sur des associations et sur rien d'autre que des associations, entièrement sur les associations qui émergent/grandissent du sous-sol économique lui-même, tandis que l'État doit rester pour ce qui se trouve entre les deux, n'a pas la permission d'avoir à faire avec la vie de l'économie, n'a pas la permission d'avoir à faire avec la libre vie de l'esprit. La vie de l'esprit doit être construite sur la connaissance de l'humain individuel et sur sa capacité. Ce qui est économique doit être fondé sur cette expérience pratique et cette maîtrise de la vie économique, qui peuvent être acquises par l'échange/le trafic vivant d'association à association. L'État n'a rien à voir avec ces deux aspects. L'État a quelque chose à faire avec les humains qui se tiennent de cette manière dans la vie de l'économie, qui se tiennent de l'autre côté dans la vie de l'esprit, qui se trouveront avec tous les humains devenus majeurs dans la vie démocratique de l'État, où le droit public est établi, qui rayonne alors d'un côté dans la vie de l'esprit, de l'autre dans la vie de l'économie. On n’a pas besoin de craindre que les trois membres de l'organisme social tombent l'un hors de l'autre. Ils seront reliés par les humains. Un humain se trouve à l'intérieur d'un cercle, l'autre à l'intérieur de l'autre. Les trois organisations ne sont séparées que pour le bien/salut de l'humanité, parce que les conditions devenues plus compliquées des temps modernes exigent cette articulation de l'organisme social.
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C'est ce qui peut vraiment intervenir de manière salutaire dans la vie économique entièrement secouée par des crises. J'ai dit dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale" : l'idée de la triarticulation n'est pas une utopie quelconque, la pensée de triarticulation peut se rattacher partout à la réalité immédiate. Cette réalité immédiate doit être prise telle qu'elle est, mais elle doit à son tour croître vers la guérison par une vie associative, libre d'États sur le domaine économique. Démembrer la vie de l'économie de l'organiser de l'État et placer cette vie de l'économie sur ses propres lois, qui peuvent seulement se donner d'association à association, voilà ce qui est nécessaire. Cela semble abstrait, mais, mes très chers participants, ce n'est pas abstrait, c'est la chose la plus concrète.
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Les économistes sont là, il s'agit seulement de rechercher l'association correspondante, sans se soucier des frontières politiques, selon les rapports de parenté qui existent entre la production et la consommation, entre telle branche professionnelle, entre telle branche de production et telle autre branche de production. Et à la longue, une aspiration solidaire des humains engagés dans la vie de l'économie internationale devrait effectivement réussir à s'en sortir face aux efforts qui se manifestent aujourd'hui ici ou là pour améliorer la devise et ainsi de suite. Il suffit de penser à la manière dont la simple économie abstraite peut se détacher des conditions réelles. Prenez l'Allemagne avant 1914 : en une année, 5 à 6 milliards de capital ont été épargnés et gagnés/élaborés. Les nouvelles émissions, y compris les obligations hypothécaires, les dettes inscrites au registre foncier et tout ce qui a été dépensé pour des constructions luxueuses, de nouveaux logements et autres, représentaient au total environ 11 milliards de marks avant 1914. Un capital de 5 à 6 milliards a été gagné, épargné, les nouvelles émissions se sont élevées à 11 milliards, le double ! Qu'est-ce que cela signifie ? Cela signifie que l'on se situe au-delà de l'économie réelle, car l'économie réelle doit être travaillée : au-delà de l'économie réelle, il y a la valeur du capital, le double de ce qu'est la valeur réelle du capital. En effet, la valeur du capital produite n'aurait dû apparaître que sous la forme de nouvelles émissions et d'obligations garanties d'un montant de 5 à 6 milliards de marks. C'est ce qu'il y avait en réalité. Pensez-vous où cela nous mènerait si l'économie monétaire abstraite s'émancipait ainsi de la vie économique concrète !
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Cela ne peut être guéri que si l'humain rencontre à nouveau les expériences de la vie économique elle-même, c'est-à-dire que celui qui se trouve dans un domaine de la vie de l'économie s'associe avec le système dans lequel se trouve un autre, avec le système dans un autre domaine. Ce que montre la triarticulation de l'organisme social n'est pas une chose dilettante, ce n'est pas quelque chose d'utopique, c'est quelque chose qui touche partout immédiatement la vie pratique. Et les gens ne s'y retrouvent pas aujourd'hui dans cette idée de triarticulation pour une raison bien précise : ils ne veulent pas encore compter avec ce que nous soyons plongés dans une grande confusion, ils aimeraient toujours aider par de petites portes de mélange et de petits moyens. Cela ne marchera pas, mes très chers présents  ! Si quelqu'un est très malade, il doit aussi recourir à des médicaments puissants. Ce que l'on recommande habituellement comme remèdes sociaux ne suffira pas. Il faut toutefois admettre que ce qui se présente sous cette idée de triarticulation de l'organisme social veut être un remède puissant. Mais il n'y a pas que le proverbe qui s'applique : à gros morceau, grosse pièce, mais aussi l'autre proverbe : à une maladie grave, il faut aussi un remède radical. Et je crois que celui qui est capable de voir la confusion toujours plus grande de la vie économique internationale en Europe, ce glissement vers la barbarie, aura tout de même assez de sérieux pour regarder un peu ce qui croit pouvoir mener de ce déclin à une nouvelle ascension, ce qui croit justement être le résultat d'un véritable suivi de la situation, non pas d'un suivi tel que l'ont fait les monométallistes, mais d'un suivi réel des circonstances, de sorte que l'on se retrouve comme celui qui traite le linge avec un produit chimique et le rend ensuite noir ou brun - par rapport à la réalité -, je pense que si l'on comprend l'ampleur du danger européen, on s'approchera alors sérieusement de l'étude du remède. C'est ce qui importe, et c'est ce sur quoi j'ai voulu attirer l'attention de diverses manières depuis si longtemps, et c'est ce que j'ai voulu indiquer aujourd'hui encore, mes très chers présents, par ces mots, de la manière la plus sérieuse.
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Tout d'abord, la question m'a été posée :
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La propriété du capital est-elle supprimée dans l'organisme social triarticulé ?
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Voyez-vous, il s'agit en réalité d'autre chose que de la propriété du capital. Il s'agit d'abord de la possibilité de travailler sous forme de capital. Il n'est pas possible, dans notre vie moderne compliquée, que le capital en tant que tel soit supprimé, comme tant de gens le demandent de manière incompréhensible. On a bien sûr besoin de capital, même si ce n'est que sous la forme de moyens de production. On a besoin de capital pour pouvoir mettre en œuvre l'appareil économique moderne. Le capital doit donc être là.
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Je l'ai expliqué plus en détail dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale". Mais il s'agit justement de trouver, pour la gestion du capital par celui qui, par ses capacités dans un domaine quelconque, est appelé à gérer ce capital, qui l'a en quelque sorte réuni ou qui l'a obtenu d'une autre manière, les voies indiquées dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale dans les nécessités vitales du présent et de l'avenir" à propos de ce capital, à savoir qu'il ne gère ce capital, ou la production, que tant qu'il peut être présent lui-même - de ce point de vue, la terre est aussi un moyen de production. Ensuite, qu'il s'agisse de la terre ou d'autres moyens de production, ils passent à leur tour à quelqu'un d'autre, de la manière dont la personne concernée peut encore les régler elle-même, qui est à son tour liée à eux par ses capacités. C'est ainsi que, peu à peu, il apparaîtra que plus il y aura de gens capables, plus la vie économique sera fructueuse, parce que la gestion du capital pourra vraiment être transmise aux gens capables.
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Vous voyez, il ne s'agit pas du tout d'être autre chose que l'administrateur de ce qui doit être considéré comme un capital. Aujourd'hui, les gens ne peuvent pas encore se l'imaginer ainsi. Mais prenez quelque chose qui est, je dirais, déjà exemplaire d'une certaine manière, comme ce que j'ai dû mentionner à plusieurs reprises dans mon exposé, le bâtiment de Dornach.
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On peut se poser la question : à qui appartient-il donc ? En fait, il n'appartient à personne au sens ancien du terme. Il n'a de sens que s'il est transmis à la personne qui pourra le diriger de manière appropriée. Il suffit de trouver les moyens de le diriger.
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Ce qui peut être réalisé avec un institut plus ou moins idéal, peut aussi l'être, justement si on le fait dans un esprit pratique, avec n'importe quelle institution pratique, avec n'importe quelle usine. Et vous pouvez facilement imaginer une structure sociale qui remplace l'ancienne propriété liée aux liens du sang par la gestion de celui qui dispose d'un capital sur la base de ses capacités.
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J'y associe la question qui a été posée oralement tout à l'heure par un monsieur :
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Dans quelle mesure ces institutions pourront-elles éliminer ce que l'on appelle l'exploitation ?
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Il est tout à fait clair que cette exploitation ne peut exister que tant qu'il y a un pouvoir personnel dans le domaine économique. Dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale", je vous explique comment l'organisme social se présente en trois parties et comment la vie économique est entièrement organisée d'un point de vue économique. Dans une entreprise, disons qu'il y a le chef de travail et les prestataires de travail, peut-être aussi structurés hiérarchiquement, le chef de travail supérieur, le chef de travail intermédiaire et ainsi de suite jusqu'au travailleur manuel proprement dit. Personne ne se trouve dans un rapport de force économique avec un autre. Car la position de l'humain devenu majeur par rapport à l'humain devenu majeur n'est pas du tout réglée dans la vie économique. Dans la vie économique, on a affaire à l'économie. Mais la position de l'humain devenu majeur par rapport à l'humain devenu majeur, c'est justement l'objet de la vie étatique ou juridique, la mesure, la durée du travail, tout cela s'ordonne d'une manière ou d'une autre dans le domaine étatique, politique ou juridique. On m'a objecté que cette triarticulation de l'organisme social était déjà celle que Platon défendait en divisant la société humaine en état nourricier, état de défense et état d'enseignement, - m'a-t-on dit.
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Non, mes très chers présents. C'est exactement le contraire de ce que Platon a dit, quand il a divisé la société humaine en trois groupes : la classe nourricière, la classe militaire et la classe enseignante ; il a divisé les humains en ces trois groupes, et chaque individu appartenait à l'un de ces trois groupes. Aujourd'hui, ce ne sont pas les humains qui sont divisés, mais l'organisation qui se présente comme triarticulée, et chaque humain, avec ses intérêts, se trouve dans les trois organisations, l'un d'une certaine manière, l'autre d'une autre.
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Pensez qu'un humain a des enfants. De ce fait, il se trouve dans l'organisation spirituelle par le biais du système scolaire. Il se trouve d'emblée, comme tout être humain devenu majeur, dans l'organisation juridique en tant qu'égal aux autres, indépendamment de ce qu'il est, s'il a une autre profession ou une autre activité qu'un autre. Et il se trouve dans l'organisation économique, car l'enseignant, dans la mesure où il doit manger et boire, fait partie de l'organisme économique. C'est ce qui entre en ligne de compte : ce ne sont pas les humains qui sont structurés, mais l'organisme social qui est structuré.
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Mais cela rend impossible tout ce qui conduit à l'exploitation au sens actuel du terme. Ce qui conduit aujourd'hui à l'exploitation, c'est premièrement le pouvoir politique extérieur, y compris celui de l'individu humain, c'est-à-dire le pouvoir politique qui est réglé politiquement. Deuxièmement : le pouvoir économique. Le pouvoir économique, par exemple, dans le rapport salarial, c'est impossible. Car à l'avenir, si l'on pouvait penser que les humains se trouveraient vraiment en nombre suffisant et que l'organisme social triarticulé imprimerait sa marque sur les rapports sains, si on lui donnait accès, il ne pourrait pas y avoir de véritable exploitation dans cet organisme social triarticulé. Mais une chose serait reconnue : voyez-vous, tous les idéaux sociaux, lorsqu'ils se manifestent aujourd'hui de manière aussi globale, relèvent plus ou moins du bricolage, pour la simple raison qu'ils ne tiennent pas compte des conditions réelles. Les gens pensent en effet toujours : comment l'organisme social doit-il être aménagé pour que tout le monde aille bien ? Bien sûr, chacun a encore ses opinions subjectives à ce sujet. Ce n'est pas du tout la question que pose l'idée de la triarticulation de l'organisme social ! Car bien sûr, si vous considérez un organisme naturel, l'organisme du lion ou quelque chose comme ça, vous pouvez idéalement penser à quelque chose de bien mieux aménagé que l'organisme du lion. Il suffit de penser à sa possibilité à partir de ses conditions. Ainsi, les idées de la triarticulation ne pensent pas à un royaume millénaire, ne croient pas à un paradis sur Terre, mais l'idée de la triarticulation se demande quelle organisation sociale est possible si les humains sont tels qu'ils sont. C'est alors qu'elle obtient la structure sociale qui réside dans l'organisme social triarticulé. L'organisation associative de la vie de l’économie vous montre à quel point les choses sont pensées à partir de la réalité.
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Oui, il est en fait très facile d'établir des programmes sociaux, des programmes globaux ! Oh, je me souviens encore des années quatre-vingt du XIXe siècle : j'étais souvent au café nommé Griensteidl de Vienne, qui était si célèbre parce que les anciens quarante-huitards le fréquentaient déjà ; pendant la révolution, il est devenu le café des littéraires. Karl Kraus, dont on a déjà entendu parler en Suisse, a écrit son petit livre "Die demolierte Literatur" (La littérature démolie) sur ce café Griensteidl très célèbre. C'était effectivement le cas, car tous ceux qui allaient au café Griensteidl s'imaginaient être de grands humains. C'est ainsi qu'à chaque table, l'après-midi, quand on buvait son café, la question sociale était résolue trois fois, entre deux et quatre heures, et par les mêmes personnes la nuit, jusqu'après minuit, si l'on n'attachait pas trop d'importance au "Sperr-Sechserl" !
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On peut donc très bien trouver des solutions programmatiques à cette question sociale !
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Vous voyez, si on ne regarde pas du tout la réalité, mais qu'on travaille à partir de programmes et d'idéaux abstraits, on peut imaginer des organisations à profusion.
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Goethe a si bien satirisé la forme abstraite des visions du monde dans son poème : "Le monde est une salade d'anchois !" On peut tout aussi bien dire comment le monde, au lieu de se composer d'atomes abstraits, comme on le fait par exemple chez les monistes, on peut tout aussi bien dire que le monde est une salade d'anchois et le prouver ; ou bien on peut aller aussi loin que Gustav Theodor Fechner, qui a prouvé très exactement dans une très jolie petite brochure, un petit écrit, que la lune est composée d’iode. Vous y trouverez une preuve très précise. Ainsi, si l'on pense de manière abstraite, on peut prouver tout ce que l'on veut. C'est justement ce qui fait que les gens se trompent tellement, qu'ils suivent l'abstrait et n'entrent pas dans la réalité. Mais il ne suffit pas d'être logique. Il faut en plus être conforme à la réalité. La pensée réelle doit avoir une double nature : Logicité et conformité à la réalité. L'une est généralement concevable sans l'autre. Mais avant tout, la conformité à la réalité est nécessaire.
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C'est pourquoi il est également nécessaire de ne pas imaginer un état quelconque du monde et de forger des programmes en conséquence, mais de se demander ce qui est possible. C'est la question fondamentale pour la triarticulation de l'organisme social ! Et il n'y a absolument aucune possibilité d'exploitation au sens actuel du terme. Vous voyez, toutes les choses ont deux côtés ! De son point de vue, même le capitaliste peut dire qu'il est exploité. N'est-ce pas, il s'agit de regarder ce qui est possible.
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Ensuite, il y a une autre question intéressante :
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Qu'est-ce que les idées présentées doivent faire pour écarter le danger du bolchevisme ?
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Vous voyez, il faut le dire encore et encore - et ce n'est pas pour rien que je le répète encore et encore dans le journal de Stuttgart sur la triarticulation, qui paraît chaque semaine, et j'ai déjà développé cette idée dans le journal consacré à la triarticulation de l'organisme social ici en Suisse : dans "Sozialen Zukunft", qui est rédigé par le Dr. Boos, qui est particulièrement adapté aux conditions suisses et dans lequel la triarticulation est représentée ici en Suisse, qu'il est avant tout nécessaire que l'idée de la triarticulation prenne place dans un nombre suffisamment important d'esprits. Il faut d'abord la comprendre. Les gens doivent être là et la comprendre pour qu'elle puisse prendre racine. Car, mes très chers présents, cette pensée de triarticulation, ou ce qu'elle deviendra, sera alors le seul véritable remède aux maux actuels.