Ce que l'on pourrait
appeler des programmes sociaux ou
des choses de ce genre voltigent
aujourd'hui en nombre infini dans
l'air, défiés en vérité plus qu'à
n'importe quelle autre époque par
toutes les forces qui agissent
actuellement et qui conduisent à
la destruction. Les propositions
de reconstruction à partir de
cette destruction ne manquent pas.
Si, malgré tout, ce que l'on peut
appeler l'idée de la trimembrement
de l'organisme social, poussée par
les nécessités de l'époque, veut
s'imposer parmi ces diverses
propositions, c'est d'abord et
avant tout parce que l'on
considère qu'avec cette idée de la
triarticulation de l'organisme
social, il y a quelque chose qui,
si on le saisit dans son essence,
ne peut pas être mis sur le même
plan que des propositions de type
programme ou des idéaux sociaux
dans un sens abstrait. Ce que je
voudrais vous présenter ici doit
absolument être imprégné de la
reconnaissance du fait qu'il
existe aujourd'hui un grand danger
pour toutes ces choses de tomber
dans l'utopisme. Il suffit de
penser qu'au fond, même si cela
n'est pas encore suffisamment
remarqué ici ou là dans le monde
européen, tout ce que l'on croyait
solidement établi dans l'ordre
économique, juridique et spirituel
traditionnel est soumis à un
certain processus de destruction,
et que ce processus de destruction
ne s'est que trop clairement
manifesté au cours des quatre ou
cinq dernières années d'horreur de
la civilisation européenne.
|
01
|
Was
man soziale Programme oder
dergleichen nennen könnte,
schwirrt heute in endloser Zahl
durch die Luft, herausgefordert
wahrhaftig mehr als zu irgendeiner
anderen Zeit, durch alles das, was
in der Gegenwart an Kräften wirkt,
die in die Zerstörung
hineinführen. An Vorschlägen, wie
sich aus dieser Zerstörung heraus
etwa ein Neuaufbau entwickeln
soll, fehlt es eigentlich nicht.
Wenn dennoch das, was man nennen
kann die Idee von der
Dreigliederung des sozialen
Organismus, sich, durch die Not
der Zeit gedrängt, Geltung
verschaffen will unter diesen
mancherlei Vorschlägen, so
geschieht es zunächst
hauptsächlich aus der Anschauung
heraus, daß mit dieser Idee der
Dreigliederung des sozialen
Organismus etwas gegeben ist, was,
wenn man es seiner inneren
Wesenheit nach erfaßt, nicht
irgendwie gleichgestellt werden
kann mit programmartigen
Vorschlägen oder sozialen Idealen
in abstraktem Sinne. Was ich
Ihnen hier darbieten möchte, soll
durchaus durchdrungen sein von der
Erkenntnis, daß ja heute die große
Gefahr für all dergleichen Dinge
vorliegt, in das Utopistische zu
verfallen. Man braucht nur daran
zu denken, wie im Grunde genommen,
wenn es auch da oder dort in oder
europäischen Welt noch nicht
hinlänglich bemerkt wird, alles,
wovon man geglaubt hat, daß es
feststehe in der hergebrachten
wirtschaftlichen, juristischen,
geistigen Ordnung, einem gewissen
Zerstörungsprozeß unterliegt und
wie sich dieser Zerstörungsprozeß
im Laufe der letzten vier bis fünf
Schreckensjahre der europäischen
Zivilisation nur allzu deutlich
gezeigt hat.
|
Dans une telle période,
on ne peut pas se baser sur ce qui
existe déjà, sur ce qui a conservé
sa réalité. Ces dernières années,
les institutions les plus
"solidement vissées" ont été
poussées à l'absurde. Il est donc
évident qu'il faut en quelque
sorte construire à partir d'une
toute nouvelle base. L'humain ne
peut le faire qu'en construisant à
partir des fondements de sa
pensée, et il s'avère alors
rapidement que les bases qui
rendent possible une construction
solide ne sont pas faciles à
trouver. Car on n'a tout d'abord
apparemment aucun point de repère
pour savoir si ce que l'on veut
transposer dans la réalité à
partir de ses pensées peut aussi
être fondé d'une manière ou d'une
autre dans cette réalité. Et tout
ce qui ne montre pas d'emblée, par
son contenu même, et ne peut pas
prouver qu'il peut s'inscrire
pleinement dans la réalité, est en
effet utopiste.
|
02
|
In
einer solchen Zeit kann man nicht
auf das, oder jenes, was schon da
ist, was seine Wirklichkeit
bewahrt hat, aufbauen. Es haben
sich ja sozusagen die'
festgeschraubtesten Institutionen
durch die letzten Jahre ad
absurdum geführt. Und da liegt es
selbstverständlich nahe,
gewissermaßen aus einem ganz neuen
Fundament heraus zu bauen. Das
kann dann der Mensch nur, indem er
aus dem Gedankenfundament heraus
baut, und da zeigt es sich denn
alsbald, daß die Grundlagen nicht
leicht zu finden sind, die einen
gediegenen Aufbau möglich machen.
Denn man hat zunächst scheinbar
gar keinen Anhaltspunkt, ob das,
was man aus den Gedanken heraus in
die Wirklichkeit umsetzen will,
auch irgendwie in dieser
Wirklichkeit sich begründen läßt.
Und alles das, was nicht von
vornherein durch seinen Inhalt
selbst zeigt und erweisen kann,
daß es sich voll in die
Wirklichkeit hineinstellen kann,
ist ja utopistisch.
|
C'est précisément le
danger de l'utopisme que l'idée de
la triarticulation de l'organisme
social voudrait éviter, et elle
voudrait l'éviter par le fait
qu'elle n'établit pas du tout, au
fond, quelque chose que l'on
appelle une conception sociale de
la vie, un programme social, mais
qu'elle veut indiquer une manière
particulière dont les humains
peuvent coopérer dans la vie
publique, afin qu'aux forces de
destruction puissent s'opposer des
forces de construction nouvelle,
de nouveaux développements.
|
03
|
Gerade
der Gefahr des Utopistischen
möchte nun die Idee der
Dreigliederung des sozialen
Organismus entgehen, und sie
möchte ihr dadurch entgehen, daß
sie im Grunde genommen gar nicht
etwas aufstellt, was man eine
soziale Lebensauffassung, was
man ein soziales Programm nennt,
sondern daß sie hinweisen will
auf eine besondere Art, wie
Menschen im öffentlichen Leben
zusammenwirken können, damit
den Kräften der Zerstörung
Kräfte des Neubaus, der
Neuentwickelung entgegengestellt
werden können.
|
J'aimerais dire que ce
que les autres indiquent devoir se
produire ne doit, selon l'idée de
la triarticulation, voir le jour
que lorsqu'une telle collaboration
entre les humains et les groupes
d'humains, dont veut parler l'idée
de la triarticulation de
l'organisme social, pourra avoir
lieu. Lorsque l'on se tient sur ce
terrain, on ne se place pas du
point de vue que l'on est en
quelque sorte omniscient, que l'on
est prophète et que l'on peut
indiquer comment telle ou telle
institution doit se présenter dans
l'avenir pour le salut de
l'humanité, mais on veut seulement
faire appel au jugement des
humains qui ont quelque chose à
dire, de telle sorte que, par la
collaboration des humains, ce
jugement puisse aussi devenir une
réalité objective.
|
04
|
Ich
möchte sagen, dasjenige, wovon die
anderen angeben, daß es geschehen
soll, das soll der Idee der
Dreigliederung nach erst
entstehen, wenn ein solches
Zusammenarbeiten von Menschen und
Menschengruppen einmal stattfinden
kann, von dem die Idee der
Dreigliederung des sozialen
Organismus sprechen will. Man
steht nicht, wenn man auf diesem
Boden steht, auf dem Standpunkt,
daß man irgendwie allwissend ist,
daß man Prophet ist, der angeben
kann, wie sich diese oder jene
Institution in der Zukunft zum
Heil der Menschheit ausnehmen
soll, sondern man will nur das
Urteil der Menschen, die etwas zu
sagen haben, in einer Weise
aufrufen, daß durch das
Zusammenarbeiten der Menschen
dieses Urteil auch sachliche
Wirklichkeit werden kann.
|
L'origine de cette idée
de la triarticulation de
l'organisme social remonte en fait
à loin pour celui qui se permet de
vous parler. Il faut la chercher
dans des décennies d'expériences
de vie qui se rapportent aux
conditions sociales des régions
les plus diverses de l'Europe,
mais surtout de l'Europe centrale
et des parties de l'Europe
centrale, qui montrent précisément
par leur destin dans la dernière
grande catastrophe de la guerre
comment ce qui était jusqu'à
présent la structure sociale de
l'humanité, de l'humanité
civilisée de l'Europe, tend
d'elle-même vers quelque chose de
nouveau, comment elle n'est pas à
la hauteur des forces qui, je
voudrais dire, veulent aujourd'hui
se déplacer des profondeurs de
l'humanité vers la surface. Si
l'on observe la vie historique
sans préjugés, on peut constater,
notamment dans le dernier tiers du
XIXe siècle, dans les années du
XXe siècle, qu'il n'y a pas eu de
révolution. On voit bien comment
ce à quoi on tient si
dogmatiquement, que l'on considère
encore aujourd'hui, même s'il est
ébranlé dans de nombreuses régions
d'Europe, comme quelque chose
qu'il ne faut pas ébranler, comme
l'État unitaire qui a
progressivement envahi tous les
domaines de la vie publique depuis
trois ou quatre siècles, n'est en
fait plus à la hauteur de sa tâche
face à certaines grandes exigences
de l'humanité, comme il n'est pas
capable d'embrasser en même temps
la vie spirituelle, la vie
étatique et politique ou la vie de
droit au sens étroit ou aussi
large, et la vie de l'économie.
C'est pourquoi ceux qui se sont
penchés en dernier lieu sur l'idée
de la triarticulation ont eu
l'idée de commencer précisément
par là et de soulever la question
: Quelle forme l'État, considéré
jusqu'à présent comme une unité
nécessaire, doit-il prendre par
rapport aux trois principaux
domaines de la vie de l'humanité,
le domaine spirituel, le domaine
juridico-politique et le domaine
économique ? Et maintenant, avant
de passer à une sorte de
justification, je veux d'abord me
permettre de vous présenter une
brève esquisse de la manière dont
la coopération entre les humains
doit être pensée, afin que les
tâches qui incombent aux humains
dans ces trois domaines principaux
de la vie puissent vraiment être
accomplies à partir de la
structure sociale.
|
05
|
Der
Anlaß zu dieser Idee von der
Dreigliederung des sozialen
Organismus liegt eigentlich bei
demjenigen, der sich erlaubt, zu
Ihnen zu sprechen, weit zurück. Er
ist zu suchen in jahrzehntelangen
Lebenserfahrungen, die sich auf
die sozialen Verhältnisse der
verschiedensten Gegenden Europas
beziehen, namentlich aber
Mitteleuropas und der Teile
Mitteleuropas, die gerade an ihrem
Schicksal in der letzten großen
Kriegskatastrophe zeigen, wie das,
was bisher soziale Struktur der
Menschheit, der zivilisierten
Menschheit Europas war, aus sich
selbst nach etwas Neuem
hintendiert, wie es den Kräften
nicht gewachsen ist, die, ich
möchte sagen, aus den Tiefen der
Menschheit sich heute an die
Oberfläche bewegen wollen. Man
kann, wenn man unbefangen das
geschichtliche Leben betrachtet,
namentlich in dem letzten Drittel
des 19. Jahrhunderts, in den
Jahren des 20. Jahrhunderts, die
1914 vorangegangen sind, durchaus
sehen, wie dasjenige, an dem man
so dogmatisch festhält, das man
heute noch, wenn es auch in vielen
Gebieten Europas erschüttert ist,
doch noch immer als etwas
betrachtet, an dem man nicht
rütteln soll, wie der
Einheitsstaat, der alle Gebiete
des öffentlichen Lebens seit drei
bis vier Jahrhunderten allmählich
erfaßt hat, eigentlich seiner
Aufgabe gegenüber gewissen großen
Menschheitsforderungen nicht mehr
gewachsen ist, wie er nicht fähig
ist, zu gleicher Zeit zu umfassen
das geistige Leben, das
staatlich-politische oder
Rechtsleben im engeren oder auch
im weiteren Sinne, und das
Wirtschaftsleben. Daher entstand
für diejenigen, die sich mit der
Idee von der Dreigliederung
zuletzt befaßten, der Gedanke,
gerade da einzusetzen und die
Frage aufzuwerfen: Welche Gestalt
muß der bisher als eine notwendige
Einheit angesehene Staat annehmen
gegenüber den drei
hauptsächlichsten Lebensgebieten
der Menschheit, gegenüber dem
geistigen Gebiet, gegenüber dem
rechtlich-politischen Gebiet und
gegenüber dem wirtschaftlichen
Gebiet? Und nun will ich, bevor
ich zu einer Art Begründung
übergehe, mir zuerst erlauben,
Ihnen in einer kurzen Skizze
darzulegen, wie das
Zusammenarbeiten der Menschen
gedacht werden soll, damit nun
wirklich aus der sozialen Struktur
heraus die Aufgaben bewältigt
werden können, die den Menschen
aus diesen drei hauptsächlichsten
Lebensgebieten erwachsen.
|
Au fond, la vie de ces
trois domaines n'a été résumée
qu'au cours des trois ou quatre
derniers siècles. Il suffit de se
rappeler - pour ne citer qu'un
exemple - comment, avec
l'évolution des conditions
médiévales vers les temps
modernes, les écoles, jusqu'aux
universités, n'étaient pas des
fondations de l'État, mais des
fondations de communautés
ecclésiales ou d'autres
communautés qui se sont
développées parallèlement aux
débuts de la vie étatique. Ce
n'est qu'au cours des trois ou
quatre derniers siècles qu'est
apparue l'idée que l'État unitaire
devait également étendre son
pouvoir, par exemple par le biais
d'écoles, d'universités et autres.
De la même manière, on peut dire
que la vie économique était portée
par des corporations créées sous
l'impulsion de l'économie, elle
était dirigée par des
personnalités qui ont formé des
associations uniquement sur la
base d'impulsions économiques. Et
ce n'est qu'au cours des trois ou
quatre derniers siècles que l'État
a étendu son pouvoir sur la vie
économique, de sorte que ce
regroupement de la vie de
l'esprit, de la vie de droit et de
la vie de l'économie est en fait
quelque chose qui n'a pris toute
son importance qu'à l'époque
moderne, même si ses prémices se
sont bien sûr déjà manifestées ici
et là, car tout s'annonce à
l'avance dans la vie historique
des humains.
|
06
|
Zusammengefaßt
ist im Grunde genommen erst in den
letzten drei bis vier
Jahrhunderten das Leben dieser
drei Gebiete. Sie brauchen sich
nur zu erinnern — um eines
anzuführen —, wie mit der
Entwickelung der mittelalterlichen
Verhältnisse in die neuzeitlichen
herauf Schulen, bis in die
Universitäten herauf, nicht
Gründungen des Staates waren,
sondern Gründungen waren von
Kirchengemeinschaften oder anderen
Gemeinschaften, die ihre
Entwickelung neben den Ansätzen
zum staatlichen Leben gehabt
haben. Erst im Laufe der drei bis
vier letzten Jahrhunderte entstand
die Anschauung, daß der
Einheitsstaat seine Macht auch
ausdehnen müsse zum Beispiel über
Schulen, über Universitäten und
dergleichen. Ebenso kann man
sagen: auch das Wirtschaftsleben
war getragen von unter
wirtschaftlichen Impulsen gefaßten
Korporationen, es war geführt von
denjenigen Persönlichkeiten, die
Vereinigungen gebildet haben nur
aus wirtschaftlichen Antrieben
heraus. Und erst wiederum im Laufe
der drei bis vier letzten
Jahrhunderte hat der Staat auch
über das Wirtschaftsleben seine
Macht ausgedehnt, so daß diese
Zusammenfassung von Geistesleben,
Rechtsleben und Wirtschaftsleben
eigentlich etwas ist, was erst in
der neueren Zeit in seiner vollen
Bedeutung heraufgezogen ist, wenn
es auch seine Ansätze
selbstverständlich, weil ja alles
im geschichtlichen Leben der
Menschen sich voraus ankündigt,
schon früher da und dort gezeigt
hat.
|
Par contre, l'idée de la
triarticulation de l'organisme
social veut placer chacun de ces
trois domaines sur son propre
terrain. Elle part du principe
qu'au cours de l'histoire la plus
récente, une certaine impulsion
est remontée avec une nécessité
interne, je dirais encore une
fois, des profondeurs du sentiment
et de la sensibilité humaine à la
surface du devenir historique. Et
c'est - je crois qu'on ne peut pas
le nier, même si l'on est très
partial - que dans la vie
publique, malgré tout ce qui
ressort aujourd'hui, l'impulsion
la plus puissante est celle de la
démocratie. Cette impulsion se
manifeste comme quelque chose
d'élémentaire dans l'évolution de
l'humanité. On peut dire que, de
même que la maturité sexuelle
apparaît, disons, chez l'individu
à une certaine époque de sa vie,
de même la tendance à la
démocratie apparaît dans
l'évolution de l'humanité
européenne, se préparant depuis le
XVe siècle.
|
07
|
Demgegenüber
möchte die Idee von der
Dreigliederung des sozialen
Organismus jedes dieser drei
Gebiete auf seinen selbständigen
Boden stellen. Sie geht davon aus,
daß ein gewisser Impuls mit einer
inneren Notwendigkeit im Laufe der
neuesten Geschichte, ich möchte
wieder sagen, aus den Tiefen des
menschlichen Fühlens und
Empfindens heraufgezogen ist an
die Oberfläche des
geschichtlichen Werdens. Und das
ist — man kann es, ich glaube,
selbst wenn man noch so befangen
ist, nicht leugnen —, daß im
öffentlichen Leben trotz allem,
was heute hervortritt, der
mächtigste Impuls der ist nach der
Demokratie. Dieser Impuls tritt
wie etwas Elementares auf in der
Menschheitsentwickelung. Man kann
sagen: Wie in dem einzelnen
Menschen einer bestimmten Epoche
seines Lebens, sagen wir, die
Geschlechtsreife auftritt, so
tritt in der Entwickelung der
europäischen Menschheit, sich
vorbereitend seit dem 15.
Jahrhundert, die Tendenz nach der
Demokratie hervor.
|
Si l'on essaie de dégager
l'essentiel des différentes formes
exigées pour la coexistence
démocratique des humains, on
arrive à la conclusion qu'il
s'agit là d'une tendance. En
conclusion - du moins est-ce la
seule chose synthétiquement
raisonnable possible -, les
affaires de l'État doivent être
gérées par la coopération et le
jugement commun de tous les
humains devenus majeurs, qui sont
considérés comme égaux dans cette
collaboration et ce jugement
commun, de sorte que chacun se
trouve en face des autres comme un
égal, également justifié dans son
jugement, égal dans la
contribution qu'il doit apporter à
la vie sociale, égal aussi dans
tout ce qu'il doit exiger de cette
vie sociale. Il s'agit tout
d'abord d'une exigence
démocratique abstraite. Elle
devient concrète du fait que des
sentiments et des impulsions
émotionnelles importants s'y
rattachent dans la vie historique
récente de l'humanité. On peut
aussi dire que cette tendance
démocratique a pénétré dans les
structures étatiques de l'Europe,
luttant de diverses manières
contre ce qui s'est élevé des
ordres sociaux féodaux ou autres.
La tendance démocratique s'est
plus ou moins glissée dans les
anciennes formes restées en place.
Mais cette tendance s'est
clairement manifestée au cours de
l'histoire récente. Comme les
États n'ont pas pu s'empêcher
d'ajouter d'une manière ou d'une
autre la force démocratique à
leurs forces antérieures, même si
certains ne l'ont fait, je dirais,
que de manière honteuse, ils ont
étendu ce principe démocratique
aux domaines de la vie de l'esprit
et de la vie de l'économie.
|
08
|
Versucht
man in den verschiedenen Formen,
die für das demokratische
Zusammenleben der Menschen
gefordert werden, das
Wesentlichste herauszufinden, so
ist es zum. Schlusse doch dieses —
wenigstens ergibt sich dies als
das einzig Vernunftmögliche —, daß
die Angelegenheiten des Staates
besorgt werden sollen aus dem
Zusammenarbeiten und
Zusammenurteilen aller mündig
gewordenen Menschen, die in diesem
Zusammenarbeiten, in diesem
Zusammenurteilen als Gleiche
angesehen werden, so daß jeder als
ein Gleicher dem anderen
gegenübersteht, gleichberechtigt
in seinem Urteil, gleichberechtigt
in dem Beitrag, den er zum
sozialen Leben zu leisten hat,
auch gleich in allem, was er von
diesem sozialen Leben zu fordern
hat. Dies ist zunächst die
abstrakte demokratische Forderung.
Sie wird konkret dadurch, daß
wichtigste Empfindungen und
Gefühlsimpulse mit ihr im neueren
geschichtlichen Leben der
Menschheit sich verbinden. Man
kann auch sagen, daß diese
demokratische Tendenz in die
Staatsgebilde Europas eingezogen
ist in der verschiedensten Weise
kämpfend gegen dasjenige, was aus
feudalen, aus anderen
Gesellschaftsordnungen
heraufgezogen ist. Es hat sich der
demokratische Zug mehr oder
weniger hineingeschoben in die
altgebliebenen Formen. Aber der
Drang dazu prägte sich ganz
deutlich in der neueren Geschichte
aus. Indem so die Staaten nicht
umhin konnten, zu ihren früheren
Kräften die demokratische Kraft
irgendwie hinzuzufügen, wenn es
auch manche, ich möchte sagen, nur
schandenhalber getan haben, so
dehnten sie dieses demokratische
Prinzip auch über die Gebiete des
Geisteslebens und des
Wirtschaftslebens aus.
|
Or, dans l'évolution de
l'humanité moderne, une
contradiction importante est
apparue dans toute la vie
publique. C'est précisément celui
qui pense sérieusement et
honnêtement à la réalisation de
l'instinct démocratique qui doit
remarquer cette contradiction
interne dans la vie publique
moderne. C'est cette contradiction
que je voudrais caractériser de la
manière suivante : la vie de
l'esprit, jusque dans sa partie la
plus importante, la vie scolaire,
ne peut pas se développer à partir
d'autre chose que des capacités
des humains, qui sont tout à fait
différentes les unes des autres.
Dès l'instant où l'on veut étendre
le nivellement démocratique sur ce
qui veut se développer
individuellement pour la floraison
et l'épanouissement de la vie de
l'esprit, la vie de l'esprit doit
toujours souffrir d'une manière ou
d'une autre, elle doit toujours se
sentir opprimée d'une manière ou
d'une autre. C'est pourquoi je
pense que celui qui est sincère
avec la tendance démocratique, au
point de dire qu'il doit y avoir
démocratie partout où elle ne peut
exister que dans la vie publique,
doit dire qu'il faut alors
éliminer de tout ce sur quoi tous
les humains devenus majeurs
décident en tant qu'égaux, ce sur
quoi tous les humains devenus
majeurs ne peuvent vraiment pas
avoir un jugement approprié en
tant qu'égaux. En poursuivant
cette pensée jusqu'à ses
conséquences les plus extrêmes, en
vérifiant aussi si l'on tient
vraiment compte de tout ce qui
entre en ligne de compte, on en
vient tout de même à se dire que
si l'on aspire à démocratiser la
vie de l'État moderne, il faut
justement extraire toute la vie de
l'esprit de cette vie de l'État,
de la vie politico-juridique.
|
09
|
Nun
aber kam dadurch herauf in der
Entwickelung der neueren
Menschheit ein bedeutsamer
Widerspruch im ganzen öffentlichen
Leben. Gerade derjenige, der es
ernst und ehrlich meint mit der
Verwirklichung des demokratischen
Triebes, der muß eigentlich diesen
inneren Widerspruch im modernen
öffentlichen Leben bemerken. Es
ist der Widerspruch, den ich in
der folgenden Weise
charakterisieren möchte: Das
Geistesleben kann sich bis in
seinen wichtigsten Teil, in das
Schulleben hinein, nicht aus etwas
anderem herausentwickeln als aus
den Fähigkeiten der Menschen, die
durchaus individuell voneinander
verschieden sind. In dem
Augenblick, wo man das
nivellierende Demokratische
ausdehnen will über dasjenige, was
einzeln in individueller Gestalt
erwachsen will zum Blühen und
Gedeihen des Geisteslebens, in dem
Augenblick muß immer das
Geistesleben in irgendeiner Weise
leiden, muß immer in irgendeiner
Weise sich gedrückt fühlen.
Deshalb glaube ich: derjenige
gerade, der es ehrlich meint mit
der demokratischen Tendenz, so daß
er sagt, überall da, wo nur im
öffentlichen Leben Demokratie sein
kann, muß sie sein, der muß sagen:
Dann muß man von all dem, worüber
alle mündig gewordenen Menschen
entscheiden als Gleiche,
dasjenige ausscheiden, worüber
wahrhaftig nicht alle mündig
gewordenen Menschen als Gleiche
ein sachgemäßes Urteil haben
können. Indem dieser Gedanke bis
in seine äußersten Konsequenzen
verfolgt wird, indem man sich auch
prüft, ob man wirklich alles
berücksichtigt, was dabei in
Betracht kommt, kommt man doch
dazu, sich zu sagen: gerade wenn
man Demokratisierung des modernen
Staatslebens anstrebt, muß man
herausschälen das ganze
Geistesleben aus diesem
Staatsleben, aus dem
politisch-juristischen Leben.
|
La vie de l'esprig doit
être placée sur son propre
terrain. Elle doit être placée sur
son propre terrain de telle sorte
que ceux qui enseignent, par
exemple, soient en même temps les
administrateurs de l'éducation et
de l'enseignement, depuis l'école
la plus basse jusqu'aux plus hauts
niveaux de l'enseignement, et que
l'administration de l'éducation et
de l'enseignement soit liée à
l'ensemble de la vie de l'esprit
d'un organisme social cohérent. Ce
n'est que si - j'aimerais parler
concrètement - on ne donne à celui
qui se trouve dans l'école et qui
enseigne, en même temps, que ce
qu'il faut à sa tâche pour qu'il
ait le temps d'être en même temps
administrateur de l'enseignement,
du niveau le plus élevé au niveau
le plus bas. Ce n'est que si l'on
crée des institutions telles que
celui qui doit agir dans la vie de
l'esprit, en particulier enseigner
et éduquer, n'ait à faire qu'à des
enseignants et des éducateurs, que
l'organisme spirituel tout entier
est une unité autonome, construite
sur elle-même, que toutes les
forces qui sont inscrites dans
l'humanité peuvent être réellement
libérées dans le domaine de la vie
spirituelle, et qu'alors la vie de
l'esprit peut se développer dans
toute sa fécondité. Quelque chose
semble bien indiquer d'abord, au
moins sous une forme abstraite, la
nécessité de séparer la vie de
l'esprit, qui doit être construite
sur ses propres principes, sur ses
propres impulsions, de tout ce qui
monte dans le démocratique.
|
10
|
Das
Geistesleben muß auf seinen
eigenen Boden gestellt werden. Es
muß so stark auf seinen eigenen
Boden gestellt werden, daß
diejenigen, die zum Beispiel
unterrichten, von der untersten
Schule bis zu den höchsten Stufen
des Unterrichts hinauf zu gleicher
Zeit die Verwalter des Erziehungs-
und Unterrichtswesens sind, daß
zusammenhängt Verwaltung des
Erziehungs- und Unterrichtswesens
mit dem gesamten irgendwie
gearteten Geistesleben eines
zusammengehörigen sozialen
Organismus. Nur wenn man — ich
möchte konkret sprechen —
demjenigen, der in der Schule
steht und unterrichtet, zu
gleicher Zeit nur soviel zu seiner
Aufgabe macht, daß im übrigen
zugleich Zeit bleibt, daneben
Verwalter des Unterrichtswesens
zu sein von der .untersten Stufe
bis zu der obersten Stufe, nur
dann, wenn man solche
Institutionen schafft, daß
derjenige, der im Geistesleben zu
wirken hat, insbesondere
unterrichtet und erzieht, mit
nichts anderem zu tun hat als
wiederum mit Unterrichtenden und
Erziehenden, wenn der ganze
geistige Organismus eine
selbständige Einheit, auf sich
selbst aufgebaut, ist, können alle
Kräfte, die in der Menschheit
veranlagt sind, auf dem Gebiet des
geistigen Lebens wirklich
entfesselt werden, dann kann das
Geistesleben sich in seiner vollen
Fruchtbarkeit entwickeln. Etwas
scheint doch wohl zunächst
wenigstens in einer Art abstrakten
Form auf die Notwendigkeit
hinzuweisen, das Geistesleben, das
auf seine eigenen Prinzipien, auf
seine eigenen Impulse aufgebaut
werden muß, abzugliedern von all
dem, was im Demokratischen
aufgeht.
|
Mais de la même manière
que la vie de l'esprit doit être
séparée de la pure vie de l'État,
la vie de l'économie doit aussi
être démembrée de celle-ci. On
entre alors dans un domaine où
l'on trouve aujourd'hui moins
d'adversaires que pour la vie de
l'esprit. Dans le domaine de la
vie de l'esprit, et en particulier
pour le système scolaire, il est
devenu courant, au cours des trois
ou quatre derniers siècles, de
considérer comme un esprit éclairé
celui qui considère que le pouvoir
de l'État sur l'enseignement est
la bonne chose à faire et qui ne
peut même pas imaginer que l'on
puisse revenir à l'indépendance de
la vie de l'esprit sans tomber
dans le cléricalisme ou quelque
chose de semblable.
|
11
|
Ebenso
aber muß, wie das Geistesleben
abgegliedert werden muß von dem
bloßen Staatsleben, auf der
anderen Seite von diesem
abgegliedert werden auch das
Wirtschaftsleben. Da betritt man
allerdings ein Gebiet, auf dem man
heute weniger Gegner findet als
beim Geistesleben. Beim
Geistesleben, insbesondere beim
Schulwesen, ist es in den letzten
drei bis vier Jahrhunderten üblich
geworden, denjenigen allein als
einen aufgeklärten Kopf zu
betrachten, der die Macht des
Staates über das Schulwesen als
das Richtige betrachtet, der sich
gar nicht denken kann, daß man
ohne in Klerikalismus oder
dergleichen zu verfallen, wiederum
zurückgehen könnte zur
Selbständigkeit des Geisteslebens.
|
Les choses sont
fondamentalement similaires pour
la vie de l'économie. Tandis que
la vie de l'esprit a à faire avec
ce qui est prédisposé dans
l'humain en tant que faculté, qui
doit être développé de manière
libre, ce que l'humain apporte en
quelque sorte par sa naissance
dans l'existence physique, la vie
de l'économie a à faire avec ce
qui doit être construit sur
l'expérience, ce qui doit être
construit à partir de ce dans quoi
on grandit en se fondant dans un
domaine économique déterminé avec
son activité professionnelle.
C'est pourquoi, dans la vie de
l'économie, ce qui provient de la
vie démocratique ne peut pas être
déterminant, mais seulement ce qui
est issu d'une base
professionnelle et objective.
|
12
|
Beim
Wirtschaftsleben liegen im Grunde
die Dinge ähnlich. Während das
Geistesleben es zu tun hat mit
demjenigen, was als Fähigkeit im
Menschen veranlagt ist, was in
freier Weise entfaltet werden muß,
was gewissermaßen der Mensch durch
seine Geburt hier ins physische
Dasein hereinträgt, hat es das
Wirtschaftsleben zu tun mit dem,
was auf der Erfahrung aufgebaut
sein muß, was aufgebaut sein muß
aus dem, wohinein man wächst,
indem man in einem bestimmten
Wirtschaftsgebiet mit seiner
Berufstätigkeit aufgeht. Daher
kann im Wirtschaftsleben wiederum
das nicht maßgebend sein, was aus
dem demokratischen Leben stammt,
sondern nur dasjenige, was aus
fachlichen und sachlichen
Untergründen heraus ist.
|
Comment ces fondements
techniques et objectifs
peuvent-ils être donnés à la vie
de l'économie ? En fait, pas par
une sorte de corporation, par une
sorte d'organisation que l'on aime
tant aujourd'hui, mais uniquement
par ce que j'aimerais appeler des
associations. De sorte que des
associations se forment à partir
des humains qui s'engagent dans
les professions, qui deviennent
vraiment compétentes et expertes
dans le domaine de la vie de
l'économie. Non pas que l'on
organise les humains, mais qu'ils
s'assemblent selon des points de
vue objectifs tels qu'ils
résultent des branches économiques
particulières, du rapport entre
producteurs et consommateurs, du
rapport entre les branches
professionnelles et les branches
économiques. Il en résulte même -
vous pouvez le lire plus
clairement dans mes écrits - une
certaine loi sur la taille de
telles associations, sur la
manière dont elles doivent se
former, sur les conséquences
néfastes qu'elles peuvent avoir si
elles deviennent trop grandes, sur
les conséquences néfastes qu'elles
peuvent avoir si elles deviennent
trop petites. Il est tout à fait
possible de fonder une vie de
l'économie en la basant sur de
telles associations, en plaçant
tout ce qui se produit dans la
structure sociale au sein de
telles associations, sous
l'impulsion purement économique,
uniquement sur le plan matériel et
professionnel. Chacun sait en
quelque sorte à qui il doit
s'adresser pour telle ou telle
chose, s'il sait qu'il est
enchaîné d'une manière ou d'une
autre à l'autre par la structure
sociale des associations, qu'il
doit faire passer son produit de
telle manière par une chaîne
d'associations et ainsi
de suite.
|
13
|
Wie
lassen sich diese fachlichen und
sachlichen Untergründe dem
Wirtschaftsleben geben? Eigentlich
alle nicht durch eine Art von
Korporation, durch eine Art von
Organisation, die man heute so
sehr liebt, sondern einzig und
allein durch dasjenige, was ich
nennen möchte Assoziationen. So
daß sich aus den Menschen, die
sich in die Berufe hineinleben,
die wirklich sach- und fachkundig
auf dem Gebiet des
Wirtschaftslebens werden,
Assoziationen bilden. Nicht daß
man die Menschen organisiert,
sondern daß sie sich
zusammenschließen nach sachlichen
Gesichtspunkten, wie sie sich
ergeben aus den einzelnen
Wirtschaftszweigen heraus, aus dem
Verhältnis von Produzenten und
Konsumenten, aus dem Verhältnis
der Berufszweige und
Wirtschaftszweige. Da ergibt sich
— das können Sie in meinen
Schriften deutlicher nachlesen in
seinen Einzelheiten — sogar ein
gewisses Gesetz, wie groß solche
Assoziationen sein dürfen, wie sie
sich zu gestalten haben, wodurch
sie schädlich werden, wenn sie zu
groß werden, wodurch sie schädlich
werden, wenn sie zu klein werden.
Man kann durchaus dadurch ein
Wirtschaftsleben begründen, daß
man es auf solche Assoziationen
aufbaut, indem man alles das, was
innerhalb solcher Assoziationen
aus rein wirtschaftlichem Impuls
heraus in der sozialen Struktur
bewirkt wird, eben nur auf das
Sachliche und Fachliche stellt. Es
weiß gewissermaßen jeder, an wen
er sich zu wenden hat mit dem oder
jenem, wenn er weiß, er ist so
oder so durch die soziale Struktur
der Assoziationen mit dem anderen
zusammengekettet, er hat sein
Produkt in einer solchen Weise
durch eine Kette von Assoziationen
zu leiten und dergleichen.
|
Naturellement, comme je
dois parler brièvement, je ne peux
ici qu'esquisser les principes de
la chose. Ainsi, aimerais-je dire,
la vie spirituelle doit s'édifier
de manière autonome à partir de
ses propres forces, en ce que ceux
qui l'accomplissent sont en même
temps les administrateurs ; de
même, la vie économique doit se
développer à partir de ses propres
points de vue, ceux qui sont
actifs dans la vie économique
s'unissant selon les principes de
la vie de l'économie. Si la vie
économique est autonome, alors ce
qui ne peut reposer que sur le
même jugement de tous les humains
devenus majeurs se donnera comme
le contenu du troisième membre de
l'organisme social, la communauté
étatique proprement dite.
|
14
|
Ich
kann natürlich hier, da ich kurz
sprechen muß, nur die Prinzipien
der Sache skizzieren. Und so,
möchte ich sagen,- muß sich das
geistige Leben selbständig
ausbauen aus seinen eigenen
Kräften heraus, indem diejenigen,
die es leisten, zu gleicher Zeit
die Verwalter sind; ebenso das
Wirtschaftsleben aus seinen
eigenen Gesichtspunkten heraus,
indem diejenigen, die im
Wirtschaftsleben tätig sind, sich
zusammenschließen nach Grundsätzen
des Wirtschaftslebens. Ist das
Wirtschaftsleben selbständig, dann
wird sich dasjenige, was nur
beruhen kann auf dem gleichen
Urteil aller mündig gewordenen
Menschen, als der Inhalt des
dritten Gliedes des sozialen
Organismus, der eigentlichen
staatlichen Gemeinschaft, ergeben.
|
Je sais très bien que
beaucoup d'humains sont
véritablement effrayés lorsqu'on
leur parle de cette
triarticulation de l'organisme
social, qui doit s'avérer
nécessaire pour l'avenir. Mais
c'est uniquement parce que l'on
croit généralement que l'État
devrait maintenant être divisé en
trois parties : comment ces trois
parties peuvent-elles alors agir
ensemble ? - En réalité, c'est
précisément en amenant ces trois
parties à leur plein
épanouissement, de la manière que
je n'ai pu qu'esquisser, que
l'unité est maintenue, car
l'humain, en tant qu'unité, est
présent dans les trois membres. Il
participe d'une manière ou d'une
autre à l'organisme spirituel.
S'il a des enfants, il s'intéresse
à l'organisme spirituel par le
biais de l'école. Avec ses
intérêts spirituels, il est en
quelque sorte impliqué dans
l'organisme spirituel. Il porte
dans ses actes et dans sa vie ce
qu'il tire de l'organisme
spirituel, puisqu'il participe à
la vie de l'État démocratique en
tant qu'humain devenu majeur. Mais
ce qui est le droit public, la
sécurité publique, le bien-être
public et ainsi de suite, ce qui
concerne tout humain devenu
majeur, est développé sur le
terrain de l'État unitaire. Et
avec les constitutions de l'âme
que l'on y développe dans le
rapport direct de réciprocité
entre les humains, on entre à
nouveau dans la vie économique
dans son domaine spécifique, dans
lequel on est enchaîné par
différentes associations dans
lesquelles on est actif. On
apporte dans cette vie de
l'économie ce que l'on a de la vie
de l'esprit, de la vie de l'État,
on la féconde par cela, on la
maintient, on apporte le droit et
la fécondation spirituelle dans
cette vie de l'économie. L'humain
lui-même forme l'unité entre ce
qui n'est pas un membre ment/une
articulation en classes/en états
sociaux.
|
15
|
Ich
weiß sehr gut, daß viele Menschen
einen wahren Schrecken bekommen,
wenn man ihnen von dieser
Dreigliederung des sozialen
Organismus, die sich als notwendig
erweisen soll für die Zukunft,
spricht. Aber das geschieht nur
aus dem Grunde, weil man
gewöhnlich glaubt, nun soll der
Staat auseinandergesplittert
werden in drei Teile: Wie sollen
diese drei Teile dann
zusammenwirken? — In Wahrheit wird
gerade dadurch, daß diese drei
Teile zu ihrer vollen Entfaltung
gebracht werden auf die Art, wie
ich es allerdings nur skizzieren
konnte, die Einheit aufrecht
erhalten, denn der Mensch als
Einheit steht ja in allen drei
Gliedern darinnen. Er wirkt mit in
irgendeiner Weise an dem geistigen
Organismus. Wenn er Kinder hat, so
ist er interessiert an dem
geistigen Organismus durch die
Schule. Mit seinen geistigen
Interessen ist er irgendwie
verstrickt in den geistigen
Organismus. Er trägt das, was er
aus dem geistigen Organismus hat,
da er mitwirkend ist als mündig
gewordener Mensch im
demokratischen Staatswesen, in
seinen Taten, in seinem Leben auch
in dieses demokratische
Staatswesen hinein. Das aber, was
öffentliches Recht, was
öffentliche Sicherheit,
öffentliche Wohlfahrt und so
weiter ist, was angeht jeden
mündig gewordenen Menschen, das
wird auf dem Boden des
einheitlichen Staatswesens
entwickelt. Und mit den
Verfassungen der Seele, die man da
entwikkelt im unmittelbaren
Wechselverhältnis von Mensch zu
Mensch, tritt man wieder ein im
Wirtschaftsleben in sein
spezielles Gebiet, in dem man
verkettet ist durch verschiedene
Assoziationen, in denen man tätig
ist. Man trägt das, was man aus
dem Geistesleben, aus dem
Staatsleben hat, in dieses
Wirtschaftsleben hinein,
befruchtet es durch das, hält es
aufrecht, bringt Recht und bringt
geistige Befruchtung hinein in
dieses Wirtschaftsleben. Der
Mensch selbst bildet die Einheit
zwischen dem, was nicht Gliederung
in Stände ist.
|
On m'a souvent objecté
que l'on en revenait à ce qui,
dans la Grèce antique, comprenait
l'état de nutrition, l'état de
défense, l'état d'enseignement.
Une telle objection témoigne
seulement de la manière très
superficielle dont on considère
souvent ces choses aujourd'hui.
Car il ne s'agit pas d'une
division des humains eux-mêmes, ni
d'une répartition en classes, mais
du fait que la vie extérieure est
divisée en trois parties dans ses
institutions. C'est précisément
parce que l'humain se trouve à
l'intérieur d'un tel organisme
social triarticulé qu'il est
possible que toutes les classes
cessent, que la véritable
démocratie s'installe. C'est ce
qu'indique, j'aimerais dire, pour
toute personne non prévenue, avec
une nécessité interne, l'évolution
des États modernes.
|
16
|
Man
hat mir vielfach eingewendet, da
würde man wiederum zurückgehen auf
dasjenige, was im alten
Griechenland Nährstand, Wehrstand,
Lehrstand umfaßt hat. Ein solcher
Einwand bezeugt nur, wie sehr
oberflächlich man heute oftmals
solche Dinge betrachtet. Denn
nicht um eine Gliederung der
Menschen selber, nicht um eine
Einteilung in Stände, sondern
darum handelt es sich, daß das
äußere Leben in seinen
Einrichtungen dreigegliedert wird.
Gerade dadurch, daß der Mensch
sich drinnen befindet in einem
solchen dreigegliederten sozialen
Organismus, ist es möglich, daß
alle Stände aufhören, daß
wirkliche Demokratie eintritt.
Darauf weist, ich möchte sagen,
für jeden Unbefangenen mit einer
inneren Notwendigkeit gerade die
Entwickelung der modernen Staaten.
|
Ne voyons-nous donc pas
que, d'un côté, ils doivent tenir
compte de l'impulsion nécessaire à
la démocratie, mais que, de
l'autre côté, laisser la
démocratie se détériorer du fait
que, évidemment, dans la vie de
l'État démocratique, celui qui est
capable aura toujours plus de
poids que celui qui est moins
capable ? Dans les domaines où la
capacité est importante, c'est
tout à fait justifié, par exemple
dans le domaine spirituel. En
revanche, l'État démocratique
proprement dit doit être maintenu
libre et pur de l'influence
excessive de personnalités
particulièrement capables, car il
doit exister un domaine,
conformément à l'exigence
fondamentale de l'humanité
moderne, dans lequel ne s'affirme
que ce qui revient de manière
égale à tous les humains devenus
majeurs.
|
17
|
Sehen
wir denn nicht, daß sie auf der
einen Seite dem notwendigen
Impuls nach Demokratie Rechnung
tragen müssen, aber dann die
Demokratie wiederum verderben
lassen dadurch, daß
selbstverständlich aus dem
Geistesleben heraus der Fähige im
demokratischen Staatsleben immer
mehr Gewicht haben wird als der
weniger Fähige? In den Dingen, wo
es auf die Fähigkeit ankommt, ist
das ganz gerechtfertigt, zum
Beispiel im geistigen Gebiet.
Dagegen muß das eigentlich
demokratische Staatswesen frei und
rein gehalten werden von solchen
übermächtigen Einflüssen besonders
befähigter Persönlichkeiten, denn
es muß eben ein Gebiet geben nach
der Grundforderung der modernen
Menschheit, in dem sich nur
geltend macht dasjenige, was
allen Menschen, die mündig
geworden sind, in gleicher Weise
zukommt.
|
Le domaine économique
montre dans une mesure
particulière comment il est
impossible de laisser agir ce que
l'humain acquiert comme faculté
dans la vie de l'économie grâce à
sa nature/façon particulière. Il
s'acquiert peut-être par cela une
surpuissance économique. Mais elle
ne doit pas devenir une
supériorité sociale. Elle ne le
devient pas du seul fait que ce
qui est puissance économique, ce
qui reste à l'intérieur de la vie
de l'économie, ne peut pas devenir
une surpuissance politique,
juridique. Tout ce qui a conduit
aujourd'hui à la caricature de la
soi-disant question sociale serait
surmonté si l'on voulait accepter
que la vie de l'économie soit
placée sur son propre terrain et
que la vie démocratique de l'État
puisse ainsi se placer honnêtement
et sincèrement à nouveau sur son
propre terrain. L'évolution des
États récents montre à quel point
il est nécessaire que l'humanité
se tourne vers de tels principes.
C'est pourquoi, outre les
impulsions historiques qu'il faut
prendre en compte pour être
orienté vers cette idée de la
triarticulation de l'organisme
social, permettez-moi de
caractériser encore un peu les
deux sources subjectives
desquelles, depuis de longues
années, s'est donnée à moi cette
impulsion de la triarticulation de
l'organisme social.
|
18
|
Das
wirtschaftliche Gebiet zeigt im
besonderen Maße, wie unmöglich es
ist, das einwirken zu lassen, was
der Mensch durch seine besondere
Artung sich als Fähigkeit im
Wirtschaftsleben erwirbt. Er
erwirbt sich dadurch vielleicht
eine wirtschaftliche Übermacht.
Sie darf aber nicht zu einer
sozialen Übermacht werden. Sie
wird es nur dadurch nicht, daß
dasjenige, was wirtschaftliche
Macht ist, was innerhalb des
Wirtschaftslebens verbleibt,
unmöglich zu einer politischen,
zu einer rechtlichen Übermacht
werden kann. Alles dasjenige, was
heute gerade zur Karikatur der
sogenannten sozialen Frage geführt
hat, das würde überwunden werden,
wenn man sich einlassen wollte
darauf, daß das Wirtschaftsleben
auf seinen eigenen Boden gestellt
würde und das demokratische
Staatsleben gerade dadurch ehrlich
und aufrichtig wiederum auf seinen
eigenen Boden sich stellen könnte.
Die neueren Staaten lehren durch
ihre Entwickelung, wie notwendig
die Hinwendung der Menschheit zu
solchen Prinzipien ist. Und daher
gestatten Sie mir, daß ich Ihnen
neben den geschichtlichen
Impulsen, die man aufnehmen muß,
um hingewiesen zu werden auf
diese Idee der Dreigliederung des
sozialen Organismus, zunächst
einmal, ich möchte sagen, die zwei
subjektiven Quellen noch etwas
charakterisiere, aus denen seit
langen Jahren sich mir dieser
Impuls von der Dreigliederung des
sozialen Organismus ergeben hat.
|
L'une des sources est
qu'avec les connaissances
spirituelles scientifiques, que je
me suis donc choisi de représenter
comme ma conception de la vie, je
peux enseigner autrement sur
certaines conditions de
développement de l'humanité
autrement qu'à partir de la vision
du monde matérialiste et
scientifique aujourd'hui en vogue.
Cette vision du monde matérialiste
et scientifique, aujourd'hui
courante, ne peut en fait pas
parvenir à une véritable
connaissance du devenir historique
de l'humanité, car ce que nous
appelons aujourd'hui "histoire"
est au fond plus ou moins une
fable convenue. Nous faisons
aujourd'hui de l'histoire - et
voulons ensuite tirer des leçons
de cette histoire pour les tâches
sociales et politiques du présent
- en nous imaginant que ce qui
suit dans le devenir humain est
toujours l'effet de ce qui
précède, que ce qui précède est à
son tour l'effet de ce qui
précède, et ainsi de suite. Une
comparaison vraiment appropriée,
non purement basée sur des
analogies, de tout le devenir de
l'humanité avec le devenir de
l'humain individuel pourrait nous
guérir de cette erreur.
|
19
|
Die
eine Quelle ist die, daß man mit
geisteswissenschaftlichen
Erkenntnissen, die ich mir ja als
meine Lebensauffassung zu
vertreten erwählt habe, über
gewisse Entwickelungsbedingungen
der Menschheit sich anders
unterrichten kann, als aus der
heute gang und gäben
materialistisch-naturwissenschaftlichen
Weltanschau‑ ung heraus. Diese
heute gang und gäbe
materialistisch-naturwissen‑
schaftliche Weltanschauung kann
eigentlich zu einer wirklichen
Erkenntnis des geschichtlichen
Werdens der Menschheit nicht
kommen, denn das, was wir heute
«Geschichte» nennen, ist im Grunde
genommen mehr oder weniger eine
Fable convenue. Wir treiben heute
so Geschichte — und wollen dann
für die sozialen, für die
politischen Aufgaben der Gegenwart
aus dieser Geschichte etwas lernen
—, daß wir uns vorstellen, das
Folgende im Menschen‑ werden ist
immer die.Wirkung des
Vorhergehenden, dieses Vorher‑
gehende wiederum die Wirkung eines
Weitervorhergehenden und so
weiter. Eine wirklich sachgemäße,
nicht bloß auf Analogien beruhende
Vergleichung des ganzen Werdens
der Menschheit mit dem Werden des
einzelnen Menschen könnte einen
heilen von diesem Irrtum.
|
Lorsque je vois l'humain
individuel se développer, alors je
dois dire que ce qui apparaît chez
lui au cours des premières années
de sa vie, au milieu de sa vie, à
la fin de sa vie, ne se présente
pas simplement de manière à ce que
je puisse parler de cause et
d'effet.
|
20
|
Wenn
ich den einzelnen Menschen sich
entwickeln sehe, dann muß ich
sagen: Was bei ihm auftritt in den
ersten Lebensjahren, in den
mittleren Lebensjahren, am Ende
des Lebens, das stellt sich nicht
bloß so dar, daß ich von Ursache
und Wirkung sprechen kann.
|
Je ne peux véritablement
pas dire que l'humain qui atteint
l'âge trente-cinq ans vit
organiquement seulement l'effet de
ce qu'il a vécu à vingt ou
vingt-cinq ans, mais nous voyons,
au fur et à mesure que l'humain se
développe, certaines impulsions de
développement, certaines forces de
développement s'élever de son
organisme, de tout son être
organique, et se montrer
particulièrement efficaces à
certaines époques.
|
21
|
Ich
kann wahrhaftig nicht sagen, daß
der Mensch, der fünfunddreißig
Jahre alt wird, organisch nur
dasjenige erlebt, was die Wirkung
ist dessen, was er mit zwanzig
oder fünfundzwanzig Jahren erlebt
hat, sondern wir sehen, indem der
Mensch sich entwickelt, wie aus
seinem Organismus heraus, aus
seinem ganzen organischen Sein und
Wesen heraus gewisse
Entwickelungsimpulse,
Entwickelungskräfte aufsteigen,
die sich zu bestimmten Zeit‑
epochen ganz besonders wirksam
zeigen.
|
C'est ainsi qu'il faut
dire qu'il y a des époques de vie
pour l'humain individuel : lorsque
la dentition change, vers la
septième année, nous constatons,
si nous avons seulement un seul
organe pour observer la chose, que
toute la vie d'âme de l'enfant
devient différente, que l'enfant
passe du statut d'être imitatif à
celui d'être qui a besoin de venir
sous une certaine autorité, de se
conformer aux jugements des
humains, alors qu'auparavant il
imitait. À nouveau lors de la
maturité sexuelle, une
transformation de la vie de l'âme
démarre. On peut aussi remarquer
cette transformation de la vie de
l'âme pour des époques
ultérieures, si l'on a un organe
pour cela.
|
22
|
So
muß man für den einzelnen Menschen
sagen, es gibt für ihn
Lebensepochen: Wenn der
Zahnwechsel eintritt ungefähr um
das siebente Jahr herum, da finden
wir, wenn wir nur ein Organ haben,
die Sache zu beobachten, daß das
ganze Seelenleben des Kindes
anders wird, daß das Kind von
einem nachahmenden Wesen zu einem
solchen wird, das Bedürfnis hat,
unter eine gewisse Autorität zu
kommen, nach Urteilen von Menschen
sich zu richten, während es früher
nachahmte. Wiederum bei der
Geschlechtsreife setzt auch
deutlich eine Umwandlung des
Seelenlebens ein. Man kann auch
für spätere Epochen diese
Umwandlung des Seelenlebens
bemerken, wenn man nur ein Organ
dafür hat.
|
De même que pour l'humain
individuel, il n'y a pas purement
une cause et un effet, mais que
les forces d'évolution jaillissent
des profondeurs de son être, il en
va de même pour l'humanité
entière. Et si l'on étudie
vraiment l'histoire de manière
appropriée, on trouve - pour n'en
citer qu'une - vers le milieu du
14e ou du 15e siècle, une telle
rupture dans l'évolution de toute
l'humanité moderne civilisée.
C'est précisément à ce moment-là
que l'on trouve la transition qui,
par nécessité élémentaire de
développement, a permis à
l'humanité moderne de naître avec
ses exigences. Oh, il y a une
grande différence entre ce que
l'humain considère comme étant
juste pour lui, pour une existence
digne de l'humain, depuis le XVe
siècle, et ce que l'humain du
Moyen Âge considérait comme tel.
|
23
|
Wie
für den einzelnen Menschen nicht
bloß Ursache und Wirkung
dastehen, sondern wie aus den
Tiefen seines Wesens die
Entwickelungskräfte aufschießen,
so ist es der Fall mit der ganzen
Menschheit. Und studiert man
Geschichte wirklich sachgemäß,
dann findet man — um nur eines
anzuführen — so um die Mitte des
14., 15. Jahrhunderts solch einen
Einschnitt in der Entwickelung der
ganzen zivilisierten neueren
Menschheit. Da findet man gerade
jenen Übergang, der aus
elementarer Notwendigkeit der
Entwikkelung heraus die neuere
Menschheit mit ihren Forderungen
eigentlich erst hat entstehen
lassen. Oh, es ist ein großer
Unterschied zwischen dem, was der
Mensch als das Richtige für sich
ansieht zu einem menschenwürdigen
Dasein seit diesem 15.
Jahrhundert, und dem, was der
Mensch des Mittelalters dafür
angesehen hat.
|
L'histoire de l'âme -
nous ne l'avons en fait pas
pratiquée - telle qu'elle peut
résulter de la science de
l'esprit, dont notre bâtiment de
Dornach est le représentant, nous
conduit à considérer ce que j'ai
appelé le principe démocratique
comme quelque chose qui se produit
dans l'humanité récente, de la
même manière que l'on considère
les caractéristiques qui
apparaissent chez l'humain
individuel, disons à l'âge de la
maturité sexuelle. En tenant
compte du fait que l'humanité
moderne est tout à fait différente
et qu'il faut tenir compte des
principes de développement de
l'humanité entière et de l'humain
individuel, on acquiert la
conviction que la démocratie est
quelque chose contre quoi on ne
peut pas s'opposer, mais que,
parce que la démocratie est
quelque chose qui jaillit de
l'être humain le plus élémentaire,
on doit justement diviser
l'organisme social en trois
parties pour que ce qui peut être
ordonné démocratiquement trouve
son droit dans le développement de
l'humanité. C'est une chose, ce
regard spirituel scientifique sur
les impulsions de l'évolution de
l'humanité. L'autre chose est
l'observation des faits de la vie
des peuples.
|
24
|
Seelengeschichte
-- wir haben sie eigentlich gar
nicht getrieben —, wie sie aus der
Geisteswissenschaft hervorgehen
kann, deren Repräsentant unser
Bau in Dornach ist, die führt
einen dazu, dasjenige, was ich das
demokratische Prinzip genannt
habe, als etwas in der neueren
Menschheit so Auftretendes
anzusehen, wie man die
Eigenschaften ansieht, die
auftreten im einzelnen Menschen,
sagen wir im Alter der
Geschlechtsreife. Durch dieses
Hinblicken auf die Tatsache, daß
die neuere Menschheit eben eine
ganz andere ist, und daß auch bei
der ganzen Menschheit wie beim
einzelnen Menschen Rechnung
getragen werden muß seinen
Entwickelungsprinzipien, dadurch
ergibt sich die Stärke der
Überzeugung, daß Demokratie etwas
ist, wogegen man sich nicht
stemmen kann, daß man aber, weil
Demokratie etwas ist, was aus dem
elementarsten Menschenwesen
heraufsprießt, gerade deshalb den
sozialen Organismus drei-gliedern
muß, damit dasjenige, was
demokratisch geordnet werden kann,
eben in der Entwickelung der
Menschheit zu seinem Recht kommt.
Das ist das eine, dieses
geisteswissenschaftliche
Hinblicken auf die
Entwickelungsimpulse der
Menschheit. Das andere ist die
Beobachtung der Tatsachen des
Völkerlebens.
|
Je peux toutefois
seulement vous donner quelques
exemples isolés. Mais il est tout
de même intéressant de voir, à
partir d'exemples isolés,
l'impossibilité pour les nouvelles
formations d'États unitaires de
parvenir, à partir de leur unité,
à une structure sociale réellement
viable. Il est seulement
nécessaire, pour le démontrer, de
se référer à des exemples
particuliers. Vous comprendrez
qu'en tant que non-Suisse, je ne
cite pas précisément la Suisse
comme exemple évident. Je n'ai
qu'à mentionner que ce qui s'est
déjà produit dans une si large
mesure pour certaines formations
étatiques d'Europe se produira
aussi peu à peu pour les autres,
et que c'est faire preuve d'une
grande myopie que de se baser
encore et toujours sur cette idée
: Ah, chez nous, c'est encore
différent, nous n'avons pas à nous
soucier de ce qui se passe
ailleurs.
|
25
|
Da
kann ich Ihnen allerdings nur
einzelne Beispiele angeben. Aber
es ist immerhin interessant, an
einzelnen Beispielen die
Unmöglichkeit zu sehen, daß die
neueren Einheitsstaatsgebilde aus
ihrer Einheit heraus zu einer
wirklich lebensfähigen sozialen
Struktur kommen. Es ist nur
notwendig, um das zu zeigen, eben
auf einzelne Beispiele
hinzuweisen. Sie werden es
begreiflich finden, daß ich als
Nicht-Schweizer nicht gerade die
Schweiz als naheliegendes
Beispiel anführe. Ich brauche nur
zu erwähnen, daß, was bei
einzelnen Staatsgebilden Europas
in so hohem Maße schon
eingetreten ist, auch bei den
anderen nach und nach eintreten
wird, und daß es recht große
Kurzsichtigkeit ist, wenn man
immer wiederum darauf baut: Ach,
bei uns ist es noch anders, wir
brauchen uns nicht um das zu
kümmern, was sonstwo geschieht.
|
Maintenant je choisis
peut-être la Russie, à l'est de
l'Europe, comme exemple, non
purement parce que son destin
tragique actuel est
particulièrement significatif pour
l'étude de l'humain, mais aussi
parce que, d'après les jugements
politiques pratiques des
dirigeants anglais, la Russie est
le pays où l'on peut voir le plus
clairement, je dirais même comme
une expérience se déroulant dans
la vie des peuples, quels sont les
besoins et les impossibilités de
la vie moderne des peuples.
Permettez-moi de souligner
quelques aspects de l'être de
peuple russe.
|
26
|
Nun
wähle ich vielleicht als ein
Beispiel den Osten Europas,
Rußland, nicht bloß deshalb, weil
Rußland durch sein heutiges
tragisches Schicksal besonders
bedeutsam ist für die
Menschenbetrachtung, sondern weil
Rußland nach den praktischen
politischen Urteilen der führenden
englischen Politiker auch das Land
ist, an dem sich am
alleranschaulichsten, ich möchte
sagen, wie an einem im Völkerleben
sich abspielenden Experiment
zeigen muß, was für Bedürfnisse
und was für Unmöglichkeiten im
modernen Völkerleben walten. Nur
einiges aus diesem russischen
Volkswesen lassen Sie mich Ihnen
hervorheben.
|
Au milieu de
l'absolutisme russe des années
soixante, que vous connaissez
bien, nous voyons apparaître
l'étrange institution des
zemstvos. Il s'agit d'assemblées
paysannes où les représentants de
la vie paysanne, les personnes
impliquées dans la vie économique
ou dans d'autres domaines de la
vie de certaines régions, se
réunissent dans certaines
assemblées pour délibérer, je
dirais, à la manière d'un conseil
ou d'un équivalent, d'un conseil
cantonal, sur ces affaires. La
Russie est remplie de tels
zemstvos depuis les années
soixante. Ils accomplissent en
fait un travail fructueux ; ils
collaborent avec quelque chose
d'ancestral en Russie : les
organisations Mir des différentes
communautés villageoises, une
sorte d'organisation forcée pour
la vie économique du village. Nous
y trouvons tout d'abord des
coutumes démocratiques anciennes
dans l'organisation paysanne
russe, mais nous avons aussi, dans
l'apparition des zemstvos, quelque
chose de plus récent qui s'oriente
tout à fait vers la démocratie.
Mais il se passe quelque chose de
très étrange. Et cette bizarrerie
devient encore plus frappante si
nous considérons un autre
phénomène, tel qu'il s'est produit
en Russie avant que la catastrophe
mondiale ne détruise tout cela ou
ne le place sous un autre jour.
|
27
|
Da
tritt uns, mitten hineingestellt
in den Ihnen ja sattsam bekannten
russischen Absolutismus in den
sechziger Jahren, die merkwürdige
Einrichtung der Semstwos entgegen.
Landschaftsversammlungen, wo sich
die Vertreter des landschaftlichen
Lebens, diejenigen Menschen, die
im Wirtschaftsleben oder in
sonstigen Lebensgebieten in
einzelnen Landschaften
drinnenstehen, in gewissen
Versammlungen zusammenfinden, um,
ich möchte sagen, nach Art eines
Rates oder dergleichen, eines
Kantonsrates, über diese Angele‑
genheiten zu beraten. Rußland ist
von den sechziger Jahren an mit
solchen Semstwos erfüllt. Sie
leisten eigentlich eine fruchtbare
Arbeit; sie arbeiten zusammen mit
etwas anderem, was
Althergebrachtes in Rußland ist:
den Mir-Organisationen der
einzelnen Dorfgemeinden, eine Art
Zwangsorganisation zum
wirtschaftlichen Leben des
Dorfes. Da haben wir
drinnenstehend erstens
altdemokratische Gebräuche in der
russischen Bauernorganisation, wir
haben aber in dem Auftreten der
Semstwos etwas Neueres, was
durchaus nach dem Demokratischen
hintendiert. Aber etwas höchst
Merkwürdiges zeigt sich. Und
dieses Merkwürdige wird noch
auffälliger, wenn wir eine andere
Erscheinung betrachten, wie sie
sich ergeben hat in Rußland, bevor
die Weltkatastrophe das alles
vernichtet oder in ein anderes
Licht gestellt hat.
|
En Russie, il s'est avéré
que les humains des professions
les plus diverses se sont associés
entre elles, et que des
associations se sont formées d'une
profession à l'autre - des
employés de caisse de banque, des
caissiers de banque ont formé des
associations. Ces associations se
sont à leur tour regroupées pour
former des associations plus
larges. Celui qui est venu en
Russie n'a pas fait de rencontres
avec des humains individuels, mais
il a buté sur de telles
associations partout où il a eu
affaire à quelque chose.
|
28
|
In
Rußland hat sich ergeben, daß sich
die Menschen der verschiedensten
einzelnen Berufe untereinander
assoziiert haben, und wiederum,
daß Assoziationen entstanden sind
von Beruf zu Beruf —
Bankkassenbeamte,
Bankkassenausträger haben
Assoziationen gebildet. Diese
Assoziationen haben sich wiederum
zu umfassenderen Assoziationen
zusammengetan. Wer nach Rußland
gekommen ist, hat eigentlich seine
Begegnungen gehalten nicht mit
einzelnen Menschen, sondern er
stieß überall, wo er mit irgend
etwas zu tun hatte, auf solche
Assoziationen.
|
Tout cela s'est glissé
dans le reste de la vie étatique
de l'absolutisme. Maintenant,
quand on étudie ces semstvos,
quand on étudie les associations,
quand on étudie même
l'organisation Mir, on remarque
une chose. Certes, ces
organisations s'étendent aussi à
d'autres domaines de la vie, aux
institutions scolaires et autres,
mais elles ne fournissent là rien
de particulier. Qui se livre à une
étude impartiale de ces
associations - car finalement les
zemstvos ne se sont pas
transformés en corporations, mais
en associations, les agriculteurs
se sont associés à ceux qui
étaient en train de naître à la
vie industrielle, etc. -, même si
tout cela prenait un caractère qui
ressemblait à une institution
publique, en réalité on avait
affaire à des associations, et
toutes fournissaient du bon. Mais
ce qu'elles fournissaient, elles
le fournissaient seulement sur le
terrain de la vie de l'économie.
Et nous pouvons dire que c'est
dans cette Russie qu'apparaît
l'étrangeté de la création d'un
système organique fondé sur
l'association. Il s'avère en outre
que l'État russe est incapable de
faire quoi que ce soit avec ce qui
est en train de naître. De sorte
que nous pouvons dire : dans la
mesure où la nécessité du
développement capitaliste précoce,
tel qu'il apparaît en Russie,
conduit à des organisations
économiques, celles-ci doivent,
par une nécessité interne, se
placer à côté des institutions
politiques.
|
29
|
Das
alles schob sich hinein in das
sonstige Staatsleben des
Absolutismus. Nun, wenn man diese
Semstwos, wenn man die
Assoziationen, wenn man selbst
die Mir-Organisation studiert, so
bemerkt man eines. Gewiß, diese
Organisationen erstrecken sich
auch auf manche andere Gebiete des
Lebens, Schuleinrichtungen und
dergleichen, aber da leisten sie
nichts Besonderes. Wer sich auf
ein unbefangenes Studium dieser
Assoziationen einläßt — denn
schließlich gestalteten sich die
Semstwos auch nicht zu
Korporationen, sondern eigentlich
zu Assoziationen, die Landwirte
verbanden sich mit denen, die im
Aufgange des industriellen Lebens
standen und so weiter —, wenn das
auch alles einen solchen Charakter
bekam, der wie eine öffentliche
Einrichtung aussah, in
Wirklichkeit hatte man es mit
Assoziationen zu tun, und sie alle
leisteten Gutes. Aper was sie
leisteten, leisteten sie
eigentlich nur auf dem Boden des
Wirtschaftslebens. Und wir können
sagen: In diesem Rußland zeigt
sich das Merkwürdige, daß ein auf
Assoziationswesen begründetes
organisches System entsteht. Es
erweist sich weiter, daß der
russische Staat unfähig ist,
irgend etwas mit dem anzufangen,
was da im Werden ist. So daß wir
sagen können: Indem die
Notwendigkeit der
frühkapitalistischen Entwickelung,
wie sie in Rußland auftritt, zu
wirtschaftlichen Organisationen
führt, müssen sich diese aus einer
inneren Notwendigkeit heraus neben
die politischen Institutionen
hinstellen.
|
Maintenant, une autre
particularité apparaît en Russie
au XIXe et au début du XXe siècle.
Oui, certes, l'absolutisme fonde
ses écoles ; mais ces écoles ne
sont rien d'autre, j'aimerais
dire, qu'un reflet des besoins de
la vie étatique absolutiste.
Maintenant, une vie de l'esprit se
développe en Russie, une vie de
l'esprit plus intensive que ne
l'admet l'Europe occidentale. Mais
comment cette vie de l'esprit
doit-elle se développer ?
Absolument en opposition, ou en
révolte révolutionnaire contre
tout ce qui est le système d'État
russe. On voit que cet État
organisé de manière rigoureusement
unitaire éclate en trois membres,
mais veut en fait purement se
diviser. Mais il ne le peut pas.
Il nous montre justement, à
travers ce qu'il vit, à quel point
il est impossible de presser
ensemble ces trois domaines de vie
les plus remarquables des humains
avec l'État unitaire.
|
30
|
Nun,
etwas anderes Eigentümliches tritt
in Rußland auf im 19. und im
Beginn des 20. Jahrhunderts. Ja,
gewiß, der Absolutismus gründet
seine Schulen; aber diese Schulen
sind nichts anderes als, ich
möchte sagen, ein Spiegelbild für
die Bedürfnisse des
absolutistischen staatlichen
Lebens. Nun, ein Geistesleben
entwickelt sich in Rußland, ein
intensiveres Geistesleben, als der
Westen Europas annimmt. Aber wie
muß dieses Geistesleben sich
entwickeln? Durchaus in
Opposition, ja in revolutionärem
Aufruhr gegen alles, was
russisches Staatswesen ist. Man
sieht, dieser stramm einheitlich
organisierte Staat splittert sich
auseinander in drei Glieder, aber
will sich eigentlich bloß
auseinandersplittern. Er kann es
aber nicht. Er zeigt uns gerade an
dem, was er erlebt, wie unmöglich
es ist, mit dem Einheitsstaat
diese drei vorzüglichsten
Lebensgebiete der Menschen
zusammenzupressen.
|
Je peux aussi seulement
l'esquisser. Si l'on étudie en
détail comment ces trois membres
dans la vie de l'État russe se
développent alors dans la guerre
mondiale, comment la guerre
mondiale débouche d'abord sur le
règne vraiment sans essence de
Milioukov, puis comment se
développe sous Kérenski ce que
l'on peut appeler la
transformation de l'absolutisme en
un système d'État démocratique,
mais encore absolument avec la foi
dans la toute-puissance de l'État
unitaire, alors on peut tout de
suite voir à ce à quoi a dû
échouer Kerenski après un court
temps de gouvernement, comment cet
État russe qui veut devenir
démocratique est placé dans
l'impossibilité d'aborder les
questions les plus importantes,
une question économique, la
question agraire en fait, parce
que dans la question agraire, les
associations de la vie russe sont
telles que ce qui a été tenté en
matière de démocratie à partir de
l'ancien absolutisme se brise.
|
31
|
Ich
kann Ihnen das auch nur
skizzieren. Wenn man im einzelnen
studiert, wie sich diese drei
Glieder im russischen Staatsleben
dann hineinentwickeln in den
Weltkrieg, wie sich aus dem
Weltkrieg herausentwickelt zuerst
die wirklich wesenlose Herrschaft
Miljukows, wie sich dann aber
unter Kerenski etwas
herausentwickelt, was man nennen
kann die Umwandlung des
Absolutismus in ein demokratisches
Staatswesen, aber noch durchaus
mit dem Glauben an die Allmacht
des Einheitsstaates, dann kann man
gerade an dem sehen, woran nach
kurzer Regierungszeit Kerenski
scheitern muß, wie dieser
demokratisch werden wollende
russische Staat in die
Unmöglichkeit versetzt ist, die
wichtigsten Fragen, eine
wirtschaftliche Frage, die
Agrarfrage eigentlich nur
anzufassen, weil in der Agrarfrage
die Assoziationen des russischen
Lebens so sind, daß an ihnen das,
was an Demokratie versucht wird
aus dem alten Absolutismus
heraus, zerbricht.
|
Certes, tout se manifeste
aussi d'une certaine manière
concrète. On ne peut pas tout y
voir tout de suite. Mais celui qui
observe sans préjugé le devenir de
la Russie, son orientation vers
une structure social-démocrate
impossible, parce que l'État
unitaire est justement fragmenté
par l'impossibilité de regrouper
les trois domaines de la vie,
verra que cet exemple de l'Europe
de l'Est est justement très
significatif et que les
politiciens anglais voyants loin
ont bien raison de considérer la
Russie comme le champ où se
manifeste, comme dans une
expérience mondiale, le processus
d'évolution de l'humanité.
|
32
|
Gewiß,
es zeigt sich alles eben auch in
einer bestimmten konkreten Weise.
Man kann nicht alles gleich darin
sehen. Aber wer es unbefangen
überblickt, dieses Werden
Rußlands, sein Hinein-steuern in
eine unmögliche
sozialdemokratische Struktur, weil
eben zersplittert ist der
Einheitsstaat an der
Unmöglichkeit, die drei
Lebensgebiete zusammenzufassen,
der wird sehen, daß gerade dieses
Beispiel von Osteuropa ein sehr
bedeutungsvolles ist und daß die
weitblickenden englischen
Politiker wohl recht haben, die
gerade Rußland betrachten als
dasjenige Feld, auf dem sich wie
in einem Weltexperiment zeigt der
Hergang der Entwickelung der
Menschheit.
|
On pourrait embrasser
toute l'Europe d'un tel point de
vue, on verrait partout comment
l'État unitaire se dissout peu à
peu. Même s'il semble encore
solidement établi dans certaines
régions, il se dissoudra parce
qu'il ne peut pas maîtriser
l'interaction correcte des trois
domaines de la vie humaine.
Regardez comment, à notre époque,
là où, par exemple, le sens
politique, la mentalité politique
remplit entièrement l'être le plus
intime de l'humain, la mentalité
politique ne peut devenir maître
sur la vie économique.
|
33
|
Man
könnte ganz Europa überschauen von
solchen Gesichtspunkten, man
würde überall sehen, wie der
Einheitsstaat allmählich sich
auflöst. Wenn er auch in manchen
Gegenden noch festgefügt
erscheint, er wird sich auflösen,
weil er nicht bewältigen kann das
richtige Zusammenwirken der drei
menschlichen Lebensgebiete. Sehen
Sie nur, wie in der neueren Zeit
da, wo zum Beispiel der politische
Sinn, die politische Gesinnung
ganz das innerste Wesen des
Menschen erfüllt, wie da die
politische Gesinnung nicht Herr
werden kann über das
wirtschaftliche Leben.
|
À cet égard, la France
est un bon exemple. La France a
sauvé de sa révolution du XVIIIe
siècle ce qui est maintenant un
véritable sens démocratique
intérieur, même si ce sens
démocratique est couplé à un grand
conservatisme en ce qui concerne
la vie familiale. Même si beaucoup
de choses rappellent le patriarcat
philistin, la tendance à la
démocratie est peut-être, sinon la
plus pure, du moins la plus forte
de l'humanité européenne dans
l'essence profonde de la mentalité
française. Ce sens démocratique a
d'abord cherché à s'exprimer dans
la vie de l'État. Tout de suite
par cette expression du sens
démocratique dans la vie d'etat
française celle-ci a d'un côté été
abstraitement divisée en ses
départements ; mais ces
départements ont à nouveau été
rassemblés en une unité. Tout cela
comme fruit de la Révolution
française.
|
34
|
In
dieser Beziehung bildet ein gutes
Beispiel Frankreich. Frankreich
hat sich aus seiner Revolution im
18. Jahrhundert heraus das
gerettet, was nun wirklicher
innerer demokratischer Sinn ist,
wenn auch dieser demokratische
Sinn mit einem großen
Konservatismus in bezug auf das
Familienleben gepaart ist. Wenn
auch vieles ',wischen dem
Demokratischen an philiströses
Patriarchales erinnert, so ist
doch im tiefsten Wesen der
Gesinnung des Franzosen die
Tendenz nach der Demokratie
vielleicht, wenn auch nicht am
reinsten, so doch am stärksten
unter der europäischen Menschheit
ausgesprochen. Dieser
demokratische Sinn suchte sich
zunächst im Staatsleben
auszugestalten. Gerade durch diese
Ausgestaltung des demokratischen
Sinns im französischen Staatsleben
ist dieses auf der einen Seite
abstrakt zergliedert worden in
seine Departements; aber diese
Departements sind wiederum in eine
Einheit zusammengefaßt worden. Das
alles als Frucht der Französischen
Revolution.
|
Il suffit d'observer une
seule chose dans cette structure
de l'État français : la position
du préfet de département, et l'on
verra de quelle manière
inorganique l'élément politique et
juridique, l'élément étatique, est
attaché à l'élément économique. Le
préfet n'est en fait rien d'autre,
d'un certain côté, que l'organe
exécutif du gouvernement parisien.
Le gouvernement parisien a,
j'aimerais dire, comme ses
nombreuses mains, les différents
préfets de département. Mais le
préfet de département doit à son
tour être en relation avec les
groupes d'intérêts économiques de
son département. Ainsi, lorsqu'une
élection est en France, certes le
préfet dirigera ces élections,
mais elles ne seront quand même
pas différentes de ce que le
préfet peut accorder aux groupes
d'intérêts économiques.
|
35
|
Man
braucht nur eines zu betrachten in
dieser Struktur des französischen
Staates: die Stellung des
Departementspräfekten, und man
wird sehen, in welch unorganischer
Weise verknüpft ist das
politisch-rechtliche, das
staatliche Element mit dem
wirtschaftlichen Element. Der
Präfekt ist eigentlich nichts
anderes von einer gewissen Seite
her als das ausführende Organ der
Pariser Regierung. Die Pariser
Regierung hat, ich möchte sagen,
wie zu ihren vielen Händen die
verschiedenen
Departementspräfekten. Aber der
Departementspräfekt wiederum muß
in Verbindung stehen mit den
wirtschaftlichen Interessengruppen
seines Departements. So daß, wenn
eine Wahl in Frankreich ist, gewiß
der Präfekt diese Wahl leiten
wird, aber sie wird doch nicht
anders ausfallen, als sie
ausfallen kann aus dem, was der
Präfekt den wirtschaftlichen
Interessengruppen zugesteht.
|
Nous voyons ainsi comment
il existe en France des partis,
des partis sous devises de parti,
sous slogans de parti volontiers
aussi, mais comment ces slogans de
parti signifient beaucoup moins de
choses réelles que ce qui émerge
des intérêts économiques des
départements. En cette relation,
l'étude des faits individuels de
la vie française est
extraordinairement intéressante.
On voit tout de suite en France
comment une interaction correcte
entre le système
juridique-étatique et l'e système
économique ne peut pas se
transformer en une certaine vérité
publique, parce que l'élément
étatique ne peut pas maîtriser
l'économique.
|
36
|
So
sehen wir, wie in Frankreich
Parteien vorhanden sind, Parteien
unter Parteidevisen, unter
Parteischlagworten wohl auch, wie
aber diese Parteischlagworte viel
weniger Reales bedeuten als
dasjenige, was herauswächst aus
den wirtschaftlichen Interessen
des Departements. In dieser
Beziehung ist das Studium der
einzelnen Tatsachen des
französischen Lebens
außerordentlich interessant.
Gerade an Frankreich sieht man,
wie ein richtiges Zusammenwirken
des rechtlich-staatlichen Wesens
und des wirtschaftlichen Wesens zu
einer gewissen öffentlichen
Wahrheit sich nicht umgestalten
kann, weil das staatliche Element
das wirtschaftliche nicht
bewältigen kann.
|
J'ai moi-même étudié,
j'aimerais dire, pendant des
décennies, ce qui devait
nécessairement mener à la chute,
disons, de l'Autriche. Cette
Autriche ne pouvait pas ne pas
s'effondrer d'une manière ou d'une
autre. Car lorsque la nouvelle vie
démocratique s'est développée,
elle a dû introduire quelque chose
de semblable à la démocratie dans
sa vie d'État, dans cette vie
d'État qui avait avant tout une
structure spirituelle d'une telle
diversité de peuples qu'il y avait
en fait treize langues officielles
en Autriche, qui avait d'autre
part une vie économique
compliquée, adossée d'un côté à
l'Orient, de l'autre à l'Allemagne
et à l'ouest de l'Europe, à
l'Italie, etc. Lorsqu'il s'est agi
d'introduire quelque chose de
démocratique dans la vie de l'État
autrichien, celui-ci a été
constitué de telle sorte que l'on
a créé un conseil impérial. Quatre
sections différentes ont été élues
dans ce conseil impérial : la
curie des chambres de commerce, la
curie des grands propriétaires
terriens, la curie des villes, des
marchés et des sites industriels
et la curie des communes rurales.
Si l'on regarde de plus près, ce
sont tous des représentants
d'intérêts économiques qui ont été
élus au Parlement autrichien, où
ils devaient façonner l'État. Bien
entendu, ils n'ont réussi qu'à
métamorphoser les intérêts
économiques en intérêts étatiques,
et il n'en est rien résulté de
véritablement étatique, mais
plutôt un conglomérat d'intérêts
économiques contre lequel s'est
ensuite dressée la vie spirituelle
des différentes nations, quelque
chose qui, pour des raisons
internes, devait nécessairement
aller vers son éclatement.
|
37
|
Ich
selbst habe, ich möchte sagen,
jahrzehntelang aus unmittelbarer
Anschauung das studiert, was da
notwendig führen mußte zum
Untergang, sagen wir Österreichs.
Dieses Österreich konnte gar nicht
anders als auf irgendeine Weise
zugrundegehen. Denn als das neuere
demokratische Leben heraufzog, da
mußte es auch so etwas wie
Demokratie in sein Staatsleben
hereinbringen, in dieses
Staatsleben, das vor allen Dingen
seine geistige Struktur hatte von
einer solchen Vielgestaltetheit in
den Völkerschaften, daß eigentlich
dreizehn offizielle Sprachen in
Österreich vorhanden waren, das
auf der anderen Seite ein
kompliziertes Wirtschaftsleben
hatte, an den Orient auf der einen
Seite hin angelehnt, an
Deutschland und an den Westen
Europas auf der anderen Seite, an
Italien und so weiter. Als nun
auch etwas Demokratisches
hineingebracht werden sollte in
dieses österreichische
Staatsleben, da wurde es so
gebildet, daß man einen Reichsrat
gestaltete. In diesen Reichsrat
wurden gewählt vier verschiedene
Sektionen: Die Kurie der
Handelskammern, die Kurie der
Großgrundbesitzer, die Kurie der
Städte, Märkte und Industrialorte
und die Kurie der Landgemeinden.
Geht man genauer auf den Grund:
lauter Vertreter wirtschaftlicher
Interessen, die wurden in das
österreichische Parlament gewählt,
da sollten sie den Staat
gestalten. Sie brachten
selbstverständlich nichts
zustande, als daß sie die
wirtschaftlichen Interessen
metamorphosierten in staatliche
Interessen, und es entstand
überhaupt nichts von wirklichem
Staate, sondern es entstand ein
Konglomerat von wirtschaftlichen
Interessen, gegen das sich dann
aufbäumte das geistige Leben der
verschiedenen Nationen, etwas,
was notwendig aus inneren Gründen
seiner Zersplitterung
entgegengehen mußte.
|
Nous pouvons encore
observer quelque chose d'autre,
mais qui est beaucoup plus
international et universel, et
nous verrons par là comment tout
ce qui est considéré sans préjugés
dans la vie récente de l'humanité
tend vers cette triarticulation.
Car prenez ce qui s'est passé de
plus frappant, prenez, je ne dis
pas expressément la question
sociale, je dis la question
sociale-démocrate. En Russie,
parce que l'ancienne vie de
l'État, lorsqu'elle a voulu se
démocratiser, s'est morcelée en
raison de l'impossibilité de
regrouper les trois domaines de la
vie de manière aussi homogène que
le veut la conception démocratique
de l'État, en Russie, il s'est
passé que quelque chose de
totalement étranger a été comme
plaqué sur le peuple russe, et que
ce qui se développe aujourd'hui en
Russie n'est évidemment rien
d'autre qu'une chose qui doit
nécessairement mener la vie
sociale qu'elle touche à sa perte.
Ce que la social-démocratie, la
tendance socialiste qui ne jure
que par le marxisme, peut apporter
dans la pratique, avant tout à la
démocratie véritablement exigée
par l'humain le plus intime, se
manifeste précisément dans le
triste état de la Russie actuelle,
dont on peut déjà dire que les
idéaux des ouvriers crédules sont
réalisés de telle manière, que
l'on est maintenant contraint, par
la nécessité des circonstances, de
transformer la journée de huit
heures en une journée de douze
heures, que l'on substitue à
l'organisation ordinaire, dans
laquelle l'ouvrier croit trouver
sa liberté, un régiment militaire
de travail qui promet de devenir
beaucoup plus tyrannique que ne
l'a jamais été le régiment
militaire prussien. Ce sont les
fruits du léninisme, du trotskisme
!
|
38
|
Etwas
anderes noch können wir
beobachten, was aber viel
internationaler und universell
ist, und wir werden daran sehen,
wie alles, was unbefangen
betrachtet wird im neueren Leben
der Menschheit, nach dieser
Dreigliederung hintendiert. Denn
nehmen Sie das Auffälligste, was
heraufgezogen ist, nehmen Sie, ich
sage ausdrücklich nicht die
soziale, ich sage die
sozialdemokratische Frage. In
Rußland hat sich ja, weil das
alte Staatsleben, als es sich
demokratisieren wollte,
zersplittert an der Unmöglichkeit,
die drei Lebensgebiete so
einheitlich zusammenzufassen, wie
man es aus demokratischer
Staatsauffassung heraus will, in
Rußland hat sich ja ergehen, daß
etwas völlig Fremdes wie
darübergestülpt wurde über das
russische Volkstum, und daß das,
was nun heute in Rußland entfaltet
wird, selbstverständlich nichts
anderes ist als etwas, was
notwendigerweise das soziale
Leben, das es trifft, in den
Untergang hineinführen muß. Was
praktisch die Sozialdemokratie,
die auf den Marxismus schwörende
sozialistische Richtung leisten
kann, vor allen Dingen für die
wahrhaftig doch von dem innersten
Menschen geforderte Demokratie,
das zeigt sich gerade an dem
traurigen Zustand des heutigen
Rußland, von dem schon berichtet
werden kann, daß die Ideale der
gutgläubigen Arbeiter so erfüllt
werden, daß man jetzt unter der
Notwendigkeit der Verhältnisse
genötigt ist, den Achtstundentag
in den Zwölfstundentag zu
verwandeln, daß man anstelle der
gewöhnlichen Organisation, in der
der Arbeiter vermeint seine
Freiheit zu finden, ein
Militär-Arbeitsregiment
einrichtet, das viel tyrannischer
zu werden verspricht, als jemals
das preußische Militärregiment
tyrannisch war. Das sind die
Früchte des Leninismus, des
Trotzkismus!
|
Ils ne peuvent pas être
différents non plus. Ils montrent
seulement, à travers l'émergence
la plus radicale, comment le
courant social-démocrate s'est
développé à partir du prolétariat
- car la domination russe actuelle
sur les nombreux millions du
peuple russe ne comprend que
quelques millions d'ouvriers
industriels et, au fond, il y a
aujourd'hui une tyrannie des
quelques millions d'ouvriers
industriels -. Comment s'est-il
développé ? Oui, nous pouvons dire
que cette social-démocratie, qui
se caractérise en particulier par
le fait qu'elle dérive toute la
vie de l'humanité uniquement de la
production économique, qu'elle
considère toute vie spirituelle
uniquement comme une idéologie,
comme quelque chose qui s'élève
comme une fumée de la production
économique, cette
social-démocratie, comment
a-t-elle pu naître ?
|
39
|
Sie
können auch nicht anders sein. Sie
zeigen nur an dem radikalsten
Auswuchs, wie sich aus dem
Proletariat heraus — denn die
heutige russische Herrschaft
gegenüber den vielen Millionen des
russischen Volks umfaßt ja nur ein
paar Millionen von
Industriearbeitern, und im Grunde
genommen ist dort heute eine
Tyrannei der wenigen Millionen
Industriearbeiter vorhanden —, wie
sich eben die sozialdemokratische
Strömung entwickelt hat. Wodurch
hat sie sich entwickelt? Ja, wir
können sagen: diese
Sozialdemokratie, die sich
besonders dadurch charakterisiert,
daß sie alles Leben der
Menschheit nur von der
wirtschaftlichen Produktion
herleitet, daß sie alles geistige
Leben nur wie eine Ideologie
anschaut, wie etwas, was als ein
Rauch aufsteigt aus der
wirtschaftlichen Produktion, diese
Sozialdemokratie, wie konnte sie
entstehen?
|
Cette social-démocratie,
qui se tient sous influence
marxiste - je ne pense pas le
socialisme sain, évidemment-, est
en fait le péché des courants
bourgeois qui ont émergé à
l'époque moderne, le résultat du
péché des courants bourgeois,
pourrais-je dire aussi. Car si
l'on regarde partout, si l'on
parcourait, comme je l'ai montré à
travers deux exemples, la France
et la Russie, l'ensemble du monde
civilisé dans son évolution à
l'époque moderne, on verrait
partout : la vie économique est
devenue telle qu'elle a été
marquée par la technique, qu'elle
a arraché l'humain à son ancien
lien avec sa profession, qu'elle
l'a placé dans la machine
abstraite et indifférente, dans
l'usine indifférente - et le
prolétariat n'a au fond rien connu
d'autre que la vie de l'économie.
|
40
|
Diese
Sozialdemokratie, die unter
marxistischem Einfluß steht — ich
meine nicht den gesunden
Sozialismus, selbstverständlich —,
ist eigentlich die Sünde der
bürgerlichen Strömungen, die in
der neueren Zeit heraufgezogen
sind, das Ergebnis der Sünde der
bürgerlichen Strömungen, könnte
ich auch sagen. Denn sieht man
überall hin, würde man so, wie ich
es an zwei Beispielen, an
Frankreich und Rußland gezeigt
habe, die ganze zivilisierte Welt
durchgehen in ihrer Entwickelung
in der neueren Zeit, würde man
überall sehen: das
Wirtschaftsleben ist ein solches
geworden, das durch die Technik
seinen Stempel aufgedrückt
erhalten hat, das den Menschen
hinweggeholt hat von seiner
früheren Verbindung mit seinem
Beruf, ihn an die abstrakte,
gleichgültige Maschine, in die
gleichgültige Fabrik
hineingestellt hat — und das
Proletariat, es hat im Grunde
genommen nichts anderes
kennengelernt als das
Wirtschaftsleben.
|
A l'époque moderne, il
aurait été nécessaire de placer ce
prolétariat devenant de plus en
plus grand dans une structure
sociale. On n'a pas pu tirer
quelque chose de ce que
l'évolution historique a apporté à
l'humanité, par quoi on aurait en
quelque sorte imaginé une
structure uniforme pour ceux qui
sont les dirigeants dans la vie
économique, dans la vie
spirituelle et ainsi de suite, et
ceux qui doivent travailler avec
les mains. On avait en quelque
sorte omis de développer de
nouvelles forces à partir des
anciennes. Les anciens États
princiers n'ont pas donné
naissance à de véritables
institutions qui auraient été
portées par la démocratie. Il faut
donc dire que ce qui est la
social-démocratie moderne est né
du fait que les classes
dirigeantes, les personnes
dirigeantes de l'histoire moderne
n'ont pas pu maîtriser ce que la
vie économique a fait monter. On a
laissé les États organisés de
telle sorte qu'ils ne pouvaient
pas englober la vie économique qui
devenait de plus en plus
exubérante. Et c'est ainsi que la
non-maîtrise de ce qui est apparu
dans les âmes humaines avec la
naissance du prolétariat montre le
fait que rien de fécond pour une
structure possible de l'organisme
social n'a pu naître de ce que
l'on pouvait se représenter de
l'État.
|
41
|
In
der neueren Zeit hätte man
notwendig gehabt, dieses immer
größer und größer werdende
Proletariat hineinzustellen in
eine soziale Struktur. Man konnte
nicht aus dem, was die
geschichtliche Entwickelung in der
Menschheit heraufgebracht hat,
etwas gewinnen, wodurch man
gewissermaßen eine einheitliche
Struktur ausgedacht hätte über
diejenigen, die die Führenden sind
im Wirtschaftsleben, im geistigen
Leben und so weiter, und
diejenigen, die mit der Hand
arbeiten müssen. Man hatte
gewissermaßen unterlassen, aus den
alten Kräften neue Kräfte
herauszuentwickeln. Aus den alten
Fürstenstaaten entstanden nicht
wirkliche Einrichtungen, die von
der Demokratie getragen gewesen
wären. So muß man sagen, daß
eigentlich das, was moderne
Sozialdemokratie ist, dadurch
entstanden ist, daß von den
führenden Ständen, von den
führenden Leuten in der neueren
Geschichte das nicht bewältigt
werden konnte, was das
Wirtschaftsleben heraufgebracht
hat. Man hat die Staaten eben so
organisiert gelassen, daß sie das
immer wuchtender und wuchtender
werdende Wirtschaftsleben nicht
umfassen konnten. Und so zeigt
sich gerade an der
Nichtbewältigung dessen, was mit
der Entstehung des Proletarischen
in den Menschenseelen
heraufgezogen ist, die Tatsache,
daß aus dem, was man sich vom
Staate vorstellen konnte, nichts
Fruchtbares für eine mögliche
Struktur des sozialen Organismus
hervorgehen konnte.
|
Et ainsi, je pourrais
encore citer beaucoup de choses,
cela vous montrerait qu'en fait,
de ce que l'on peut observer,
découle la nécessité de placer les
trois principaux domaines de la
vie de l'humain et de l'humanité
sur leur propre terrain.
|
42
|
Und
so könnte ich noch vieles
anführen, es würde Ihnen zeigen,
daß tatsächlich aus dem, was man
beobachten kann, die
Notwendigkeit folgt, die drei
hauptsächlichsten Lebensgebiete
des Menschen und der Menschheit
auf ihren eigenen Boden zu
stellen.
|
Il est vrai que l'on
pouvait aussi parler de cette
nécessité avant que cette terrible
catastrophe ne se produise dans le
monde et ne révèle si clairement
les forces destructrices au cours
des quatre ou cinq dernières
années. Mais je ne crois pas que
l'humanité, avant 1914, où l'on ne
vivait que dans l'illusion de ce
que l'on ressentait comme un
grand, un énorme essor dans
l'humanité moderne, aurait pu être
gagnée à la compréhension de cette
nécessité. Les temps sont
maintenant venus où il n'est pas
seulement nécessaire de prouver
théoriquement l'existence d'une
telle nécessité, mais où les États
qui étaient tout particulièrement
exposés aux dangers de l'État
unitaire ont été balayés dans leur
ancienne forme et se trouvent
devant la nécessité de se
reconstruire entièrement.
|
43
|
Über
diese Notwendigkeit konnte man
wahrhaftig auch sprechen, bevor
diese furchtbare Katastrophe in
der Welt heraufgezogen ist und die
zerstörenden Kräfte so klar
geoffenbart hat in den letzten
vier bis fünf Jahren. Aber ich
glaube nicht, daß die Menschheit
in der Zeit vor 1914, wo man nur
in Illusionen lebte über das, was
man als einen großen, gewaltigen
Aufschwung in der neueren
Menschheit empfand, für ein
Verständnis dieser Notwendigkeit
irgendwie zu gewinnen gewesen
wäre. Jetzt sind Zeiten
heraufgezogen, in denen man nicht
bloß theoretisch zu beweisen
braucht, daß eine solche
Notwendigkeit besteht, sondern in
denen Staaten, die ganz besonders
den Gefahren des Einheitsstaates
ausgesetzt waren, hinweggefegt
worden sind in ihrer alten Form
und vor der Notwendigkeit stehen,
sich ganz neu aufzubauen.
|
Nous voyons l'ancien
système d'État russe oriental
fragmenté, confronté à la
nécessité de se reconstruire, mais
aussi à l'impuissance de se
reconstruire de manière prospère,
en acceptant qu'on lui impose
quelque chose qui n'est jamais
issu de son propre peuple, mais
qui est plaqué sur lui comme un
moule socialiste général
applicable à tout. Et nous voyons
par exemple en Allemagne, où une
révolution ratée, la révolution de
novembre 1918, montre vraiment
bien comment les circonstances ne
donnent lieu qu'à un chaos, un
véritable chaos. Et ce qui est le
plus frappant, je dirais même
déchirant, dans la vie de
l'Allemagne d'aujourd'hui, c'est
que partout où on les rencontre et
où on doit parler avec eux
d'affaires publiques, les humains
se montrent perplexes. Pourquoi se
montrent-ils perplexes ? Pour la
simple raison que le dogme de
l'État unitaire est fermement
enraciné dans les âmes et que les
terribles leçons des quatre ou
cinq dernières années n'ont
vraiment pas suffi à éradiquer ce
dogme chez les humains. J'ai
demandé à plusieurs personnes d'où
venait le fait que l'on dormait
ainsi, que l'on ne pouvait
convaincre personne de se
mobiliser pour quelque chose de
positif dans la direction de la
construction. Les gens avouaient
tranquillement : "Oui, nous avons
passé tant et tant de temps dans
les tranchées, nous ne savions pas
si nous serions encore en vie dans
huit jours, cela devait nous
devenir peu à peu indifférent de
savoir si nous serions encore en
vie dans huit jours ; ne
devrions-nous pas être
indifférents à ce que les
institutions sociales seront
faites dans huit jours ? On se
laisse aller à bien des états
d'âme. C'est ce qu'on dit plus
d'un, et pas n'importe qui.
|
44
|
Wir
sehen das östliche ehemalige
russische Staatswesen
zersplittert, vor der
Notwendigkeit, sich neu
aufzubauen, aber auch vor der
Ohnmacht, sich in gedeihlicher
Weise neu aufzubauen, indem es
sich gefallen lassen muß, daß ihm
übergestülpt wird etwas, was
niemals aus dem eigenen Volkstum
heraus erwächst, sondern was wie
eine allgemeine sozialistische
Schablone, die auf alles
anwendbar ist, über das Volkstum
drübergestülpt wird. Und wir sehen
zum Beispiel an Deutschland, wo
eine verunglückte Revolution, die
Revolution vom November 1918,
wirklich viel erkennen läßt, wie
aus den Verhältnissen heraus sich
nur ein Chaos, ein wirkliches
Chaos, ergibt. Und das
Auffallendste, ich möchte sagen,
eigentlich Herzzerreißende, im
Leben des heutigen Deutschland
ist, daß die Menschen überall, wo
man auf sie trifft und über
öffentliche Angelegenheiten mit
ihnen zu sprechen hat, sich ratlos
zeigen. Warum zeigen sie sich
ratlos? Aus dem einfachen Grunde,
weil das Dogma von dem
Einheitsstaate in den Seelen
festgewurzelt ist und weil die
furchtbaren Lehren der letzten
vier bis fünf Jahre wahrhaftig
noch nicht hinreichend waren für
die Menschen, um dieses Dogma aus
ihnen auszutilgen. Ich habe
manchen einzelnen gefragt, woher
es denn kommt, daß man so schläft,
daß man niemanden gewinnen kann
zum Aufraffen für irgend etwas
Positives nach der Richtung des
Aufbaus. Die Leute gestanden
ruhig: Ja, wir waren so und so
lange im Schützengraben, wir haben
nicht gewußt, ob wir in acht Tagen
noch leben, es mußte uns
allmählich gleichgültig werden,
ob wir in acht Tagen noch leben;
sollte es uns jetzt nicht
gleichgültig sein, was für soziale
Einrichtungen in acht Tagen
gemacht werden? Man fügt sich in
so manche Seelen‑ stimmungen
hinein. So hat manch einer,
wahrhaftig nicht bloß einer
gesagt.
|
Certes, les conditions
temporelles rendent certaines
choses explicables, mais la
nécessité historique, purement
humaine, est quelque chose de plus
grand, de plus significatif. La,
il n'y a qu'un où bien l'un ou
bien l'autre. Et je crois qu'ici
aussi, on pourrait déjà
reconnaître - puisque les
conditions ne sont vraiment pas
loin, qui sont susceptibles de
projeter leurs ondes dans toute
l'Europe - ce qui doit être
reconnu : c'est l'impossible de
réunir les trois domaines de la
vie, la vie de l'esprit, la vie de
l'État, la vie économique, en une
unité. La nécessité de placer
chacun de ces trois domaines sur
son propre terrain devrait être
envisagée.
|
45
|
Gewiß,
die Zeitverhältnisse machen
manches erklärlich, aber etwas
Größeres, etwas Bedeutsameres ist
die historische, die rein
menschliche Notwendigkeit. Da gibt
es nur ein Entweder-Oder. Und ich
glaube, auch hier könnte schon
eingesehen werden — da die
Zustände wahrlich nicht weit weg
sind, die geeignet sind, ihre
Wellen nach ganz Europa
hineinzuwerfen —, was eingesehen
werden soll: das ist das
Unmögliche, die drei
Lebensgebiete, Geistesleben,
Staatsleben, wirtschaftliches
Leben in eine Einheit
zusammenzubringen. Die
Notwendigkeit sollte eingesehen
werden, jedes dieser drei Gebiete
auf seinen eigenen Boden zu
stellen.
|
Je sais très bien combien
les anciennes conceptions peuvent
s'opposer à cette triarticulation
de l'organisme social. Mais celui
qui considère la situation
mondiale actuelle, telle que j'ai
essayé de la décrire à l'aide
d'exemples isolés, se dira que
cette proposition de
triarticulation de l'organisme
social se distingue de toutes les
autres, de nature plus utopique,
par le fait qu'elle ne donne pas
un programme, qu'elle ne se
présente absolument pas avec la
prétention du tout-savoir, mais
qu'elle dit : Si les humains
s'organisent socialement de telle
sorte que le meilleur d'eux-mêmes
émerge dans une vie intellectuelle
libre et émancipée, que ce en quoi
tous les humains devenus majeurs
sont égaux émerge dans une vie
étatique démocratique
indépendante, que ce en quoi tout
doit se développer à partir de
soubassements économiques émerge
dans une vie de l'économie
indépendante, alors c'est tout de
suite parce que les humains sont
appelés à une action sociale que
quelque chose comme la solution de
la question sociale verra le jour.
|
46
|
Ich
weiß sehr wohl, wieviel sich aus
den alten Anschauungen heraus
gegen diese Dreigliederung des
sozialen Organismus einwenden
läßt. Wer aber die gegenwärtige
Weltlage, wie ich sie an einzelnen
Beispielen zu schildern versuchte,
ins Auge faßt, der wird sich
sagen: von allen anderen, mehr
utopistisch gearteten
Vorschlägen, unterscheidet sich
dieser nach der Dreigliederung des
sozialen Organismus dadurch, daß
er nicht ein Programm gibt, daß er
durchaus nicht auftritt mit der
Prätention des Alleswissens,
sondern daß er sagt: Wenn die
Menschen sich sozial so gliedern,
daß ihr Bestes selbständig in
einem freien emanzipierten
Geistesleben, dasjenige, worinnen
alle mündig gewordenen Menschen
gleich sind, in einem
selbständigen demokratischen
Staatsleben, dasjenige, wo-rinnen
alles aus wirtschaftlichen
Unterlagen heraus sich entwickeln
muß, in einem selbständigen
Wirtschaftsleben herauskommt, dann
wird dadurch gerade, daß die
Menschen aufgerufen werden zu
einem sozialen Wirken, so etwas
wie die Lösung der sozialen Frage
zustande kommen.
|
Car je ne crois pas que
celui qui connait la vie peut
adhérer à la vision superficielle
selon laquelle la question sociale
est quelque chose qui est apparue
hier et pour laquelle il suffit
d'avoir des idées ou de tirer des
conclusions de la vie pour
élaborer un programme, et la
question sociale sera résolue. De
telles mixtures il y a beaucoup.
|
47
|
Denn
ich glaube nicht, daß derjenige,
der das Leben kennt, mitgehen kann
mit der oberflächlichen
Anschauung, als ob die soziale
Frage etwas wäre, gestern
entstanden, für die man nur
irgendwelche Ideen zu haben oder
irgendwelche Schlüsse aus dem
Leben zu ziehen braucht, um ein
Programm zu zimmern, und dann wird
die soziale Frage gelöst sein.
Solche Mixturen gibt es viele.
|
Mais l'impulsion en
faveur de la triarticulation de
l'organisme social ne se situe pas
sur ce terrain du tout-savoir.
Elle est imprégnée de la
conviction que la question sociale
s'est posée, qu'on ne peut pas la
résoudre du jour au lendemain ou
avec un individu quelconque : elle
sera toujours là dans l'avenir,
elle imprégnera notre vie, et la
solution ne peut consister qu'à se
tenir continuellement sous de
telles institutions, de sorte que
les difficultés qui surgissent
chaque jour soient peu à peu
surmontées. Toute la vie future
consistera en une sorte de
solution à la question
sociale.<<<<
|
48
|
Aber
auf diesem Boden des Alleswissens
steht der Impuls für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus nicht. Er ist
durchdrungen von der Überzeugung,
daß die soziale Frage allerdings
heraufgekommen ist, daß man sie
überhaupt nicht von heute auf
morgen oder mit irgendeinem
Einzelnen lösen kann: sie wird
immer in der Zukunft da sein, sie
wird unser Leben durchdringen, und
die Lösung kann nur darin
bestehen, daß man fortlaufend
unter solchen Einrichtungen steht,
daß die täglich neu kommenden
Schwierigkeiten nach und nach
überwunden werden. Das ganze Leben
in der Zukunft wird darin
bestehen, daß es eine Art Lösung
der sozialen Frage ist.
|
L'impulsion en faveur de
la triarticulation espère que ce
que l'on pourrait appeler une
solution de la question sociale
proviendra de ce que les humains
individuels feront en travaillant
et en jugeant de manière naturelle
dans l'organisme social
triarticulée. Elle ne veut pas
résoudre la question sociale de
manière théorique, elle veut
donner aux humains la possibilité
de résoudre la question sociale en
collaborant et en jugeant
ensemble. Mais même ce qui peut
être fait comme proposition - je
n'ai pu vous en donner qu'une
esquisse aujourd'hui -, cette
caractéristique des trois domaines
de l'organisme social, même cela
n'est absolument pas considéré par
les porteurs de cette pensée comme
quelque chose qui pourrait être un
dogme quelconque. C'est seulement
cela que j'aimerais : qu'il soit
discuté, que le plus grand nombre
possible d'humains soit pénétré de
ce que la détresse de l'époque
actuelle enseigne, que l'on fasse
ce qui peut conduire à une
construction à partir des
meilleures forces de l'être
humain.
|
49
|
Von
dem, was die einzelnen Menschen
wirken werden, indem sie in
naturgemäßer Weise in dem
dreigegliederten sozialen
Organismus arbeiten und urteilen
können, davon erhofft der Impuls
für die Dreigliederung dasjenige,
was man eine Lösung der sozialen
Frage nennen könnte. Er will nicht
die soziale Frage theoretisch
lösen, er will den Menschen die
Möglichkeit geben, daß alle im
Zusammenwirken, Zusammenurteilen
die soziale Frage lösen. Aber
selbst das, was als Vorschlag
gemacht werden kann — ich habe
Ihnen heute nur eine Skizze geben
können —, diese Charakteristik der
drei Gebiete des sozialen
Organismus, selbst das wird
keineswegs von den Trägern dieses
Gedankens als etwas betrachtet,
was irgendein Dogma sein könnte.
Das ist es allein, was ich möchte:
daß es diskutiert würde, daß
möglichst viele Menschen
durchdrungen wären von dem, was
die Not der heutigen Zeit lehrt,
daß aus den besten Kräften des
Menschenwesens heraus das getan
werde, was zu einem Aufbau führen
kann.
|
Si les bonnes volontés
des côtés les plus divers agissent
de la sorte, une discussion
fructueuse peut s'engager. Et
c'est à une telle discussion
fructueuse que s'attachent en fait
ceux qui sont porteurs de l'idée
de la triarticulation de
l'organisme social. S'ils doivent
croire qu'ils n'auraient pas pu se
manifester avant que la
catastrophe mondiale ne survienne
- ils ont maintenant un certain
optimisme, mais je dirais un
optimisme triste : que la misère
qui se propage de plus en plus
doit devenir le grand maître, que
c'est précisément à partir de la
misère que les humains devront
reconnaître que quelque chose
comme ce qui s'exprime aujourd'hui
- je ne veux pas dire déjà dans le
contenu que nous sommes capables
de donner sur l'idée de la
triarticulation de l'organisme
social, mais dans l'impulsion que
nous voulons donner à la
discussion publique par cette idée
- doit être pris au sérieux d'une
manière ou d'une autre. Beaucoup
dépendra du fait que de telles
choses puissent être prises au
sérieux. Une sorte de somnolence
des âmes se répand encore sur
l'humanité européenne, sur
l'humanité civilisée moderne en
général, et même si ceux qui
agissent déjà aujourd'hui dans le
mouvement pour la triarticulation
de l'organisme social ont fait
l'une ou l'autre chose à partir de
leurs convictions, ils savent que
ce qui est juste ne viendra que
lorsqu'un nombre suffisamment
grand de personnes s'engagera dans
les détails de la chose.
|
50
|
Wenn
so die guten Willen von den
verschiedensten Seiten
zusammenwirken, dann kann eine
fruchtbare Diskussion entstehen.
Und auf eine solche fruchtbare
Diskussion kommt es eigentlich
denen an, die die Träger des
Gedankens von der Dreigliederung
des sozialen Organismus sind. Wenn
diese glauben müssen, daß sie
nicht hätten hervortreten können,
bevor die Not der Weltkatastrophe
eingetreten ist — einigen
Optimismus haben sie jetzt;
allerdings, ich möchte sagen,
einen traurigen Optimismus: daß
die sich immer weiter verbreitende
Not die große Lehrmeisterin werden
muß, daß gerade aus der Not die
Menschen werden erkennen müssen,
daß so etwas, wie es sich heute
aussprechen will — ich will nicht
sagen schon in dem Inhalt, den wir
zu geben vermögen über die Idee
der Dreigliederung des sozialen
Organismus, sondern in dem Impuls,
den wir der öffentlichen
Diskussion geben möchten durch
diese Idee —, daß das irgendwie
ernst genommen werden muß. Viel
wird davon abhängen, daß solche
Dinge ernst genommen werden
können. Noch immer breitet sich
aus über der europäischen
Menschheit, überhaupt über der
modernen zivilisierten Menschheit
etwas wie eine Schläfrigkeit der
Seelen, und wenn auch diejenigen,
die heute schon wirken in der
Bewegung für die Dreigliederung
des sozialen Organismus, das eine
oder andere aus ihren
Überzeugungen getan haben, sie
wissen: das Richtige wird erst
kommen, wenn eine genügend große
Anzahl von Menschen sich auf die
Einzelheiten der Sache einläßt.
|
Nous avons déjà eu la
possibilité de fonder une école
libre à l'école Waldorf de
Stuttgart, dans laquelle les
enfants de six, sept, quatorze et
quinze ans sont instruits dans une
école primaire de huit classes
selon les principes d'une vie de
l'esprit libre, de sorte qu'ils
grandissent à partir d'une vie de
l'esprit libre dans un ordre
social. Nous avons essayé les
choses les plus diverses dans ce
domaine, et nous envisageons aussi
des choses économiques, où nous
voulons essayer de placer les
branches les plus diverses de la
vie économique sous les points de
vue de la triarticulation, de les
organiser, de les financer selon
ces points de vue ; car il sera
peut-être particulièrement
nécessaire, pour avoir un effet
convaincant, que le modèle, que
l'exemple soit là. Mais pour que
cet exemple ait un impact
suffisant, pour qu'il puisse être
intégré dans la réalité, il faut
avant tout qu'un nombre
suffisamment important d'humains
participent à la discussion sur ce
que veut réellement l'impulsion
pour la triarticulation de
l'organisme social.
|
51
|
Wir
haben ja schon die Möglichkeit
gehabt, in der Waldorfschule in
Stuttgart eine Freie Schule zu
begründen, in der Kinder zwischen
dem sechsten, siebenten und dem
vierzehnten und fünfzehnten
Lebensjahre in einer achtklassigen
Volksschule nach den Grundsätzen
eines freien Geisteslebens
unterrichtet werden, so daß sie
aus einem freien Geistesleben
heraus in eine soziale Ordnung
hineinwachsen. Wir haben das
Verschiedenste auf diesem Gebiet
versucht, und auch wirtschaftliche
Dinge sind in Aussicht genommen,
wo wir versuchen wollen, die
verschiedensten Zweige des
wirtschaftlichen Lebens unter die
Gesichtspunkte der Dreigliederung
zu stellen, sie zu organisieren,
sie zu finanzieren nach diesen
Gesichtspunkten; denn es wird
vielleicht ganz besonders
notwendig sein, um überzeugend zu
wirken, daß das Vorbild, daß das
Beispiel dastehe. Aber um dieses
Beispiel in genügendem Maße zur
Wirkung zu bringen, um es
überhaupt in die Wirklichkeit
hineinzustellen, ist eben vor
allen Dingen notwendig, daß eine
genügend große Anzahl von Menschen
sich an der Diskussion darüber
beteiligt, was der Impuls für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus eigentlich will.
|
C'est à cela et à rien
d'autre que j'aimerais avoir
incité un peu avec les
explications, certes très
sommaires, que j'ai pu donner ce
soir dans le court laps de temps
qui m'était imparti.
|
52
|
Zu
diesem und nichts anderem möchte
ich gern ein wenig angeregt haben
mit den allerdings ganz
skizzenhaften Ausführungen, die
ich in dieser kurzen Zeit am
heutigen Abend habe geben können.
|
S'ensuit une discussion
au cours de laquelle diverses
questions et objections ont été
formulées à l'encontre des
explications données dans
l'exposé.
|
53
|
Es
folgt eine Diskussion, in welcher
verschiedene Fragen und Einwände
gegenüber den Ausführungen des
Vortrages laut geworden waren.
|
Mot de la fin
|
54
|
Schlußwort
|
En fait, je dois avouer
qu'aucune objection réelle n'a été
formulée. Je comprends très bien
que les questions les plus
diverses peuvent être posées sur
la base de ce que j'ai dit ce
soir, et je pense qu'il est
impossible de traiter une telle
question de manière suffisamment
exhaustive en une heure d'exposé
pour que des centaines et des
milliers de questions, et
peut-être plus encore, ne soient
pas posées à la suite. C'est
pourquoi je voudrais seulement
faire quelques remarques qui
pourraient peut-être donner
quelques indications au lieu d'une
réponse aux différentes questions,
qui devrait vraiment durer
plusieurs jours.
|
55
|
Eigentlich
muß ich gestehen, daß wirkliche
Einwendungen nicht vorgebracht
worden sind. Ich begreife sehr
gut, daß angelehnt an das, was ich
heute abend gesagt habe, die
verschiedenartigsten Fragen
gestellt werden können, und ich
glaube, daß es unmöglich ist, in
einem einstündigen Vortrag eine
solche Frage so erschöpfend zu
behandeln, daß nicht Hunderte und
Tausende und vielleicht noch mehr
Fragen im Anschluß daran gestellt
werden können. Ich möchte deshalb
auch nur einiges bemerken, das
vielleicht statt einer Antwort auf
die verschiedenen Fragen, die ja
wirklich mehrere Tage dauern
müßte, wenigstens einige
Andeutungen geben kann.
|
Tout d'abord, en ce qui
concerne ce que Monsieur le
Président a dit en dernier, à
savoir qu'il n'existe pas de
formulations claires sur ce que
veut réellement la
triarticulation. Vous voyez, j'ai
essayé, dans mon livre "Les points
essentiels de la question
sociale", de discuter autant que
possible de certains de ces
problèmes, par exemple comme celui
de la circulation des moyens de
production que j'ai déjà exposé et
que je dois mettre à la place de
l'impraticable socialisation des
moyens de production, et ainsi de
suite. Vous trouverez dans les
"Points essentiels de la question
sociale" plus de détails de ce
genre que vous ne le pensez
peut-être. Je dois toujours
souligner que la façon dont
j'essaie de saisir cette impulsion
de la triarticulation est en fait
puisée dans la vie entière et
pleine, et la vie entière et
pleine a en fait des dimensions
non seulement dans deux
directions, mais aussi toujours
des dimensions vers les
profondeurs, et c'est là que les
formulations abstraites ne sont
parfois pas aussi faciles à
entourer de contours que l'on
pourrait peut-être le souhaiter,
parce que naturellement les
problèmes particuliers doivent
d'abord être développés. Je vous
prie de tenir compte du fait que
le mouvement en est à ses débuts
et qu'à la fin de mon exposé
d'aujourd'hui, si je peux
l'appeler ainsi, j'ai justement
appelé à une discussion. Je pense
que seule une discussion permettra
d'aboutir à quelque chose de
vraiment fructueux.
|
56
|
Zunächst
mit Bezug auf dasjenige, was der
Herr Vorsitzende zuletzt gesagt
hat, daß keine klaren
Formulierungen vorliegen über das,
was die Dreigliederung eigentlich
will. Sehen Sie, ich habe
versucht, in meinem Buch «Die
Kernpunkte der sozialen Frage», so
gut es geht bei einer solchen
Bewegung, die im Grunde genommen
erst am Anfang ihres Wirkens ist,
einzelne dieser Probleme zu
besprechen, wie zum Beispiel das
schon dargestellte der Zirkulation
der Produktionsmittel, die ich an
die Stelle der undurchführbaren
Vergesellschaftung der
Produktionsmittel zu setzen habe
und so weiter. Sie werden in den
«Kernpunkten der sozialen Frage»
mehr solcher Einzelheiten finden,
als vielleicht vermutet wird. Ich
muß immer wieder betonen: wie ich
versuche, diesen
Dreigliederungsimpuls zu fassen,
so ist er eigentlich aus dem
ganzen, vollen Leben
herausgeschöpft, und das ganze,
volle Leben hat eigentlich
Dimensionen nicht nur nach zwei
Richtungen, sondern immer auch
Dimensionen nach den Tiefen, und
da sind zuweilen die, abstrakten
Formulierungen nicht so einfach
mit Konturen zu umschließen, wie
man das vielleicht wünschenswert
findet, weil natürlich die
einzelnen Probleme erst ausgebaut
werden müssen. Das bitte ich doch
zu berücksichtigen, daß die
Bewegung am Anfang steht und daß
ich am Schluß meines heutigen
Referates, wenn ich es so nennen
darf, eigentlich aufgefordert habe
gerade zu einer Diskussion. Ich
glaube, daß erst aus einer
Diskussion das recht Fruchtbare
herauskommen wird.
|
J'aimerais maintenant
aborder certaines questions, au
moins de manière allusive. Un
malentendu important entre M. Le
Dr S. et moi est justement né du
fait que je ne parle donc pas du
tout, comme l'a compris M. le
docteur, de trois parlements. Je
ne vois pas l'essence de cette
triarticulation dans le fait que
l'on divise aujourd'hui le
parlement unique en trois
parlements, mais dans le fait que
l'on n'a un parlement, au sens
actuel du terme, que pour ce qui
peut être géré ou orienté
démocratiquement, et que les deux
autres domaines ne sont pas gérés
parlementairement, mais par ce qui
en découle. Il m'est très
difficile de parler de ces choses
concrètes en termes abstraits. Je
voudrais donc construire la
réponse en quelque sorte.
|
57
|
Nun
möchte ich doch auf einzelne
Fragen wenigstens andeutend
eingehen. Ein wesentliches
Mißverständnis zwischen Herrn Dr.
S. und mir wird gerade dadurch
heraufgekommen sein, daß ich ja
gar nicht spreche, wie der Herr
Doktor das aufgefaßt hat, von drei
Parlamenten. Ich sehe gerade das
Wesentliche dieser Dreigliederung
nicht darin, daß man etwa heute
das Einheitsparlament in drei
Parlamente teile, sondern daß man
ein Parlament im heutigen Sinn nur
hat für dasjenige, was
demokratisch verwaltet respektive
orientiert werden kann, daß aber
die beiden anderen Gebiete eben
nicht parlamentarisch verwaltet
werden, sondern verwaltet werden
aus dem, was sich aus ihnen selbst
heraus ergibt. Es ist mir sehr
schwer, in abstrakten Begriffen
diese konkreten Dinge zu
besprechen. Ich möchte daher die
Antwort gewissermaßen aufbauen.
|
Lors de la mise en place
de l'école Waldorf, j'ai dû à
nouveau me pencher de manière
approfondie sur tout ce qui se
présente, je dirais, comme une
coupe transversale : le résultat
de l'administration étatique pour
le système scolaire. N'est-ce pas,
j'ai dû constituer l'école Waldorf
à partir de deux points de vue.
L'une consistait à se baser sur ce
que je croyais être l'impulsion de
l'école Waldorf à partir des
simples exigences de la vie
spirituelle elle-même.
|
58
|
Ich
habe gerade bei dem Einrichten der
Waldorfschule mich wiederum
eingehend befassen müssen mit all
dem, was sich, ich möchte sagen,
einem wie ein Querschnitt ergibt:
das Ergebnis staatlicher
Verwaltung für das Schulwesen.
Nicht wahr, ich hatte von zwei
Seiten her die Waldorfschule zu
konstituieren. Das eine war,
dasjenige zugrunde zu legen, was
ich glaubte, aus den bloßen
Anforderungen geistigen des
geistigen Leben selbst als Impuls
der Waldorfschule.
|
Maintenant, j'aimerais
que ce soit celui qui se trouve
dans l'enseignement vivant qui
fixe les objectifs de
l'enseignement, et non pas celui
qui en est arraché et devient
fonctionnaire d'État, qui passe
donc de l'enseigner vivant à la
démocratie. J'aimerais donc que ce
qui englobe la vie spirituelle
soit géré par ceux qui sont encore
à l'intérieur, qui construisent
cette vie spirituelle. Il est donc
important que toute la structure
de l'administration soit
construite sur la structure même
d'une vie de l'esprit elle-même.
N'est-ce pas, aujourd'hui encore,
j'ai dû faire en sorte que les
enfants, après avoir terminé trois
classes, puissent à nouveau s'y
joindre - afin d'avoir la liberté
de s'y joindre à nouveau après
trois autres années, à partir de
la douzième année. Je devais donc
tenir compte d'un extérieur.
|
59
|
Nun
möchte ich, daß derjenige die
Lehrziele festsetzt, der im
lebendigen Unterricht
drinnensteht, und nicht derjenige,
der herausgerissen wird und
Staatsbeamter wird, der also
übergeht von dem lebendigen Lehren
zur Demokratie. Ich möchte also,
daß das, was das geistige Leben
umfaßt, von denen verwaltet wird,
die noch drinnenstehen, die dieses
geistige Leben aufbauen. Also es
kommt darauf an, daß die ganze
Struktur der Verwaltung aufgebaut
ist auf dem Gefüge eines
Geisteslebens selbst. Nicht wahr,
ich mußte zum Beispiel heute noch
die Einteilung treffen, daß die
Kinder, wenn sie drei Klassen
absolviert haben, sich wiederum
anschließen können — um dazwischen
Freiheit zu haben nach weiteren
drei Jahren, mit dem zwölften
Jahre, wiederum sich anschließen
können. Also ich mußte einem
Äußeren gerecht werden.
|
C'est l'essence même de
la triarticulation. Elle se tient
partout sur un terrain réel, elle
doit aussi travailler à partir
d'un terrain réel. Mais si l'on a
un terrain réel, on n'a pas
quelque chose d'indéterminé. La
vie de l'esprit est quand même là,
elle a quand même une
administration, simplement par le
fait que l'un se trouve dans une
position, l'autre dans une autre.
Dans ce détachement du corps
spirituel du corps de l'État,
j'aimerais maintenant que
l'administration se forme/façonne
hiérarchiquement, et je crois -
évidemment, c'est naturellement
quelque chose qui ne peut pas être
développé aussi rapidement
maintenant - que l'administration
hiérarchique aura toutes les
imperfections. Je sais ce qui tout
particulièrement est objecté par
des professeurs, mais peut-être
que même pour de telles
transitions, sont parfois
nécessaires de plus grandes
imperfections pour que l'on arrive
à quelque chose de parfait, mais
ce dont il s'agit, c'est que peu à
peu, à partir des pures conditions
pédagogiques et didactiques et
conditions supplémentaires de la
vie de l'esprit, se forme un corps
purement didactique de la vie de
l'esprit, qui administre ainsi que
c'est fondé dans le factuel, en
faisant seulement allusion de
manière un peu abstraite à la
"république des savants/érudits"
de Klopstock, et que quelque chose
de ce genre est effectivement
possible dans le domaine de la vie
de l'esprit, si l'on a seulement
la bonne volonté de le fonder.
|
60
|
Das
ist das Wesen der Dreigliederung.
Sie steht überall auf einem realen
Boden, muß auch aus einem realen
Boden heraus arbeiten. Aber wenn
man einen realen Boden hat, hat
man nicht irgend etwas
Unbestimmtes. Das Geistesleben ist
doch da, es hat doch eine
Verwaltung, einfach dadurch, daß
der eine in der Position, der
andere in einer anderen Position
steht. Ich möchte nun in dieser
Loslösung des Geisteskörpers vom
Staatskörper einfach, daß die
Verwaltung sich hierarchisch
gestalte, und ich glaube —
selbstverständlich ist das
natürlich etwas, was jetzt nicht
so schnell ausgeführt werden kann
—, daß die hierarchische
Verwaltung alle
Unvollkommenheiten haben wird.
Ich weiß, was ganz besonders von
Dozenten eingewendet wird, aber
vielleicht sind sogar zu solchen
Übergängen manchmal größere
Unvollkommenheiten notwendig,
damit man auf etwas Vollkommenes
kommt, aber worum es sich handelt,
das ist, daß sich nach und nach
nur aus den rein pädagogischen
und didaktischen Bedingungen und
weiteren Bedingungen des
Geisteslebens eine rein
didaktische Körperschaft des
Geisteslebens bildet, die so
verwaltet, wie es im Sachlichen
begründet ist, nur etwas abstrakt
anklingend an die Klopstocksche
«Gelehrtenrepublik», und daß so
etwas auf dem Gebiet des
Geisteslebens tatsächlich möglich
ist, wenn man nur den guten Willen
hat, es zu begründen.
|
Je me pense qu'il
apparaîtra alors très clairement -
laissez-moi mentionner quelque
chose de concret, de prendre un
exemple - que la pédagogie,
pratiquée dans les universités, a
fait partie des pires/plus
mauvaises disciplines jusqu'à
présent, du moins dans toute
l'Europe centrale. En règle
générale, elle a été confiée à un
pédagogue quelconque, qui l'a
pratiquée en tant que matière
secondaire. Dans une telle
république savante, celui qui se
montre compétent peut être appelé
pendant trois ans, enseigner la
pédagogie, puis alors à nouveau
retourner à l'enseignement de la
matière.
|
61
|
Ich
denke mir, daß dann sehr deutlich
hervortreten wird — lassen Sie
mich etwas Konkretes erwähnen, ein
Beispiel herausgreifen —, daß die
Pädagogik, hochschulmäßig
betrieben, zu den schlechtesten
Disziplinen bis jetzt gehört hat,
wenigstens in ganz Mitteleuropa.
In der Regel ist sie irgendeinem
Pädagogen aufgehalst worden, der
sie im Nebenfach betrieben hat. In
einer solchen Gelehrtenrepublik
kann derjenige, der sich tüchtig
erweist, drei Jahre abgerufen
werden, kann Pädagogik lehren,
dann wiederum zurückkehren in das
Lehrfach.
|
Mais en ce qui concerne
la constitution extérieure, je
dois dire que jusqu'à présent,
cela s'est très bien passé dans
notre corps enseignant de l'école
Waldorf à Stuttgart. Dès le début,
la question s'est posée : qui sera
le directeur ? - Évidemment,
personne ; nous avons simplement
des enseignants également
justifies de par toutes les
classes, et l'un d'entre eux, qui
a un peu moins d'heures que les
autres, s'occupe des choses
administratives. On voit déjà que
les enseignants compétents ont
aussi une certaine autorité sur
les autres, une autorité conforme
à la nature, et un certain système
hiérarchique s'en forme. Il n'est
pas nécessaire de répondre à la
question comme a pensé M. le juge
en chef L. : Qui commande ? - mais
cela se fait de soi-même. Je me
garderai bien de citer des noms,
mais cela se fait. Donc, sur le
domaine de la vie de l'esprit.
|
62
|
Was
aber die äußere Konstitution
betrifft, muß ich sagen, es ging
im kleinen bis jetzt vorzüglich
bei unserer Lehrerschaft der
Waldorfschule in Stuttgart. Da
ist gleich eingangs die Frage
aufgetaucht: Wer wird der Direktor
sein? — Selbstverständlich
niemand; wir haben einfach
gleichberechtigte Lehrer durch
alle Klassen, und einer aus dieser
Lehrerschaft, der etwas weniger
Stunden hat als die anderen, der
besorgt die Verwaltungsdinge.
Dabei sieht man schon jetzt, daß
die tüchtigen Lehrer auch eine
gewisse Autorität über die anderen
haben, eine naturgemäße Autorität,
und ein gewisses hierarchisches
System bildet sich heraus. Das
braucht aller gar keine
Beantwortung der Frage zu sein,
wie der Herr Oberrichter L.
gemeint hat: Wer befiehlt? —
sondern das macht sich von selber.
Ich werde mich natürlich hüten,
Namen zu nennen; aber es bildet
sich dies heraus. Also auf dem
Gebiet des Geisteslebens.
|
Comment interrogez-vous
les parents sur l'état
d'enseignement ? C'est quand même
de la dictature !
|
63
|
Wie
fragen Sie die Eltern über den
Lehrstand? Das ist doch Diktatur!
|
De manière
professionnelle et objective !
Certes, appelez cela une dictature
si vous voulez, le nom ne
m'importe pas là. C'est une
dictature dans la mesure où ce
n'est pas l'individu qui décide.
Comme vous êtes un scientifique,
vous comprendrez aisément que je
dise qu'il n'y a pas de mal à ce
qu'une "dictature" décide de la
justesse du théorème de Pythagore,
car il repose une certaine
nécessité dans la chose.
|
64
|
Fachlich-sachlich!
Gewiß, nennen Sie es meinetwillen
Diktatur, auf den Namen kommt es
mir da nicht an. Insofern ist es
eine Diktatur, als nicht der
einzelne entscheidet. Da Sie
Wissenschafter sind, werden Sie es
leicht verstehen, wenn ich sage:
über die Richtigkeit des
pythagoräischen Lehrsatzes schadet
es nicht, wenn eine «Diktatur»
entscheidet, weil eine gewisse
Notwendigkeit in der Sache liegt.
|
Et l'enseignement
religieux ?
|
65
|
Und
der Religionsunterricht?
|
Là il s'agit que maintes
questions théoriques se
transforment désormais en
questions didactiques. En ce qui
concerne l'enseignement religieux
tel qu'il est ordonné dans l'école
Waldorf - ce en quoi je ne veux
pas dire qu'il sera toujours
ordonné de cette manière, parce
que peut être là aussi une
évolution à lieu-, il s'agit de ce
qu'il est tout d'abord ma foi
opportun, ou quelque chose comme
ça, que ce que j'ai pu donner
comme cours d'enseignement
pédagogique et didactique
s'exprime seulement dans la
méthodologie, non pas dans la
vision du monde, mais dans la
prise en main de l'enseignement.
L'école Waldorf ne doit en aucune
direction être une école de vision
du monde. Cela n'a été à atteindre
que parce que mes institutions se
sont toutes référées à la
pédagogie et à la didactique et
ont travaillé à partir de là. Les
enfants qui viennent de parents
catholiques ont leur cours de
religion catholique, les enfants
qui viennent de parents
protestants ont leur cours de
religion protestante dispensé par
les pasteurs catholiques et
protestants respectifs. Il s'est
avéré qu'il y avait un grand
nombre d'enfants de prolétaires et
aussi d'anthroposophes et que fut
aussi exigé un enseignement
religieux libre. Et les enfants
dont les parents demandent un
enseignement religieux libre
reçoivent de notre part un
enseignement religieux libre, issu
de nos convictions. Don dans cette
question, c'est donc une vérité de
sentiment, liée à certaines forces
de motivation sociales, qui
décide.
|
66
|
Da
handelt es sich darum, daß manche
theoretischen Fragen nunmehr
übergehen in didaktische Fragen.
Beim Religionsunterricht, wie er
geordnet ist in der Waldorfschule,
wobei ich nicht sagen will, daß er
immer so geordnet wird, weil
vielleicht auch da eine
Entwickelung stattfindet, handelt
es sich darum, daß es zunächst
meinetwillen opportun oder so
etwas ist, daß zum Beispiel
dasjenige, was ich geben konnte
als einen pädagogischen und
didaktischen Unterrichtskurs, sich
nur in der Methodik äußert, nicht
in der Weltanschauung, sondern in
der Handhabung des Unterrichts.
Die Waldorfschule soll nach keiner
Richtung hin eine
Weltanschauungsschule sein. Das
ist nur dadurch zu erreichen
gewesen, daß meine Einrichtungen
sich alle auf das
Pädagogisch-Didaktische bezogen
und aus dem heraus arbeiten. Die
Kinder, die von katholischen
Eltern kommen, haben ihren
katholischen Religionsunterricht,
die Kinder, die von evangelischen
Eltern kommen, haben ihren
evangelischen Religionsunterricht
von dem jeweiligen katholischen
und evangelischen Pfarrer. Nun, da
gab es sich, daß eine große Anzahl
Proletarierkinder und auch
Anthroposophenkinder da waren und
daß auch verlangt wurde ein freier
Religionsunterricht. Und die
Kinder, deren Eltern einen freien
Religionsunterricht verlangen, die
bekommen von uns ihren freien, aus
unseren Überzeugungen
hervorgehenden
Religionsunterricht. Also in
dieser Frage entscheidet eine
Gefühlswahrheit, verbunden mit
gewissen sozialen Triebkräften.
|
Les choses se comportent
naturellement autrement dans le
devenir qu'après un certain temps.
Mais c'est tout de suite à la
pratique que l'on voit que l'on
peut avancer si l'on ne veut aucun
parlement pour les affaires
spirituelles. C'est pourquoi je ne
peux pas non plus suivre avec les
"trois parlements", ni répondre à
la question "si Kerenski avait eu
trois parlements..." ; c'est
justement parce qu'il aurait dû
résoudre la question agraire dans
son seul parlement et qu'il a
échoué. Je ne vois par exemple
aucun lien de causalité entre la
triarticulation et ce qui existait
auparavant, je voulais seulement
attirer l'attention sur le fait
que ce qui existait auparavant a
échoué aux trois domaines de la
vie, que je ne peux pas prendre
comme deux ou quatre ou même plus,
parce qu'il n'y en a que trois.
|
67
|
Die
Dinge nehmen sich natürlich im
Werden anders aus als nach einiger
Zeit. Aber gerade an der Praxis
zeigt es sich, daß man
vorwärtskommen kann, wenn man für
die geistigen Angelegenheiten
kein Parlament will. Deshalb kann
ich auch nicht mit den «drei
Parlamenten» mitgehen, kann auch
nicht die Frage beantworten,
«wenn der Kerenski drei Parlamente
gehabt hätte...»; das ist es eben,
daß er in seinem einen die
Agrarfrage hätte lösen sollen und
gescheitert ist daran. Ich sehe
zum Beispiel keinen Kausalnexus
zwischen Dreigliederung und dem,
was vorher war, ich wollte nur
darauf aufmerksam machen, daß
dasjenige, was vorher war,
scheiterte an den drei
Lebensgebieten, die ich nicht als
zwei oder vier oder noch mehr
nehmen kann, weil es nur drei
sind.
|
Dr S. : Je n'ai pas non
plus sérieusement envisagé cette
objection.
|
68
|
Dr.
S.: Den Einwand habe ich auch
nicht im Ernst erwogen.
|
Dr Steiner : Je ne l'ai
pas compris autrement non plus !
Je me demande maintenant, après
que l'État a échoué dans
l'institution des trois parlements
qu'il a formés, comment on peut
progresser par un nouveau départ,
et non par un lien de cause à
effet, tout en conservant ce qui
est bon. Vous voyez que les
éléments de réponse à vos
questions se trouvent dans ce que
vous avez dit. Je ne souhaite pas
non plus de parlement dans le
domaine économique ; pour l'amour
du ciel, pas de démocratie dans le
domaine économique ! Mais un ordre
qui n’est pas hiérarchique, mais
qui résulte de la chose elle-même.
|
69
|
Dr.
Steiner: Das habe ich auch nicht
anders aufgefaßt! Ich frage mich
nun, nachdem der Staat gescheitert
ist an der Einrichtung der drei
Parlamente, die er bildete, wie
man durch einen neuen Anfang
weiterkommen kann, nicht durch
einen Kausalnexus, wobei aber
allerdings dasjenige bestehen
bleiben muß, was Gutes ist. Sie
sehen, die Elemente der
Beantwortung Ihrer Fragen liegen
in dem, was Sie sagten. Auch auf
wirtschaftlichem Gebiet wünsche
ich kein Parlament; um Gottes
willen keine Demokratie auf
wirtschaftlichem Gebiet! Aber eine
nun nicht hierarchisch, sondern
aus der Sache selbst hervorgehende
Ordnung.
|
Maintenant, ces domaines
ne sont absolument pas simplement
juxtaposés, mais si vous lisez mes
"points essentiels", vous
trouverez que la circulation des
moyens de production est
essentiellement déterminée par ce
qui est déterminé dans le domaine
spirituel, de sorte que le
spirituel agit directement sur
l'économique. Et c'est ainsi que
beaucoup de choses dans la vie
économique, en ce qui concerne la
position de chacun, sont
déterminées de l'organisation
spirituelle. Je veux donc dire que
dans l'organisation spirituelle,
il s'agit aussi de déterminer si
un humain est capable de faire
telle ou telle chose et s'il est
formé pour cela ; de cela dépend
la position économique dans
laquelle il peut être placé.
|
70
|
Nun
stehen durchaus nicht einfach
nebeneinandergeordnet diese
Gebiete, sondern wenn Sie meine
«Kernpunkte» nachlesen, so werden
Sie finden, daß die Zirkulation
der Produktionsmittel im
wesentlichen mitbestimmt wird
gerade durch das, was im Geistigen
bestimmt wird, so daß also das
Geistige direkt herüberwirkt in
das Wirtschaftliche. Und so wird
vieles im wirtschaftlichen Leben
in bezug auf die Stellung, die
einer hat, bestimmt aus der
geistigen Organisation herüber.
Ich will also sagen, in der
geistigen Organisation wird es
sich ja auch handeln um die
Feststellung, ob ein Mensch zu dem
oder jenem fähig ist und dafür
ausgebildet wird; davon hängt es
ab, in welche wirtschaftliche
Position er hineingestellt werden
kann.
|
Cela doit naturellement
se faire en commun entre
l'économique et le spirituel. Du
fait qu'il est capable de faire
ceci ou cela, il sera déjà
supérieur à un autre qui se trouve
dans une autre position. Il n'en
résulte rien de hiérarchique, mais
dans un certain sens, rien de
bureaucratique non plus. Tout
parlement bureaucratique pour le
système économique ne conduit qu'à
la dissolution du système
l'économique. Ainsi, l'essentiel
chez-moi réside dans la manière
dont les trois membres sont
organisés, et on ne peut pas dire
: chacun sera dans trois
parlements ; il n'y a qu'un seul
parlement, dans lequel chacun peut
être, mais qui ne repose que sur
la faculté de jugement de chaque
humain devenu majeur. Donc, nous
disons, pour mettre en évidence le
domaine le plus important : toutes
les questions juridiques/de droit.
Les questions juridiques sont
effectivement telles qu'elles sont
au moins dans l'intérêt de chaque
personne devenue majeure, et
j'aimerais dire, évidemment, que
chaque humain devenu majeur n'est
donc aussi pas idéalement
également capable que tout autre
humain devenu majeur. Mais pour
cela, une certaine moyenne
arithmétique donne quand même le
résultat correspondant en ce qui
concerne les questions
juridiques/de droit. Là, on
devrait maintenant absolument en
venir à parler sur la théorie de
la fondation du droit. Le droit ne
repose en fait pas vraiment sur le
jugement, mais sur la sensibilité,
sur les habitudes qui naissent de
l'interaction entre les humains
qui vivent ensemble. Là-dessus se
laisse en juger lorsque des
humains allant ensemble en jugent.
Je ne crois pas, Monsieur le
Docteur S., que l'humain
individuel ait besoin de trouver
le droit correct, mais c'est
ensemble qu'ils le trouveront.
C'est ce que fait la démocratie.
Je vois des choses bien plus
importantes dans l'interaction que
dans l'individu. J'aimerais donc
que les humains devenus majeurs
siègent au parlement démocratique
et qu'ils y prennent des
décisions, principalement sur des
choses juridiques, mais aussi, à
juste titre, aussi sur des
institutions de bienfaisance, car
chaque humain devenu majeur peut
également prendre des décisions
dans ce domaine ; bien entendu, en
beaucoup de choses non sur le
concret et le professionnel.
|
71
|
Das
muß natürlich nun gemeinschaftlich
geschehen zwischen dem
Wirtschaftlichen und dem
Geistigen. Dadurch, daß er zu
diesem oder jenem befähigt ist,
wird er schon einem anderen
übergeordnet sein, der in einer
anderen Position drinnensteht.
Daraus entwickelt sich nichts
Hierarchisches, aber in einem
gewissen Sinne auch nichts
Bürokratisches. Jedes
bürokratische Parlament für das
Wirtschaftswesen führt nur zur
Auflösung des Wirtschaftswesens.
So daß also das Wesentliche bei
mir liegt in der Art und Weise,
wie die drei Glieder organisiert
sind, und man kann nicht sagen:
jeder wird in drei Parlamenten
drinnenstehen; es ist nur ein
Parlament, in dem jeder
drinnenstehen kann, aber nur auf
der Urteilsfähigkeit eines jeden
mündig gewordenen Menschen
beruhend. Also sagen wir, um das
wichtigste Gebiet herauszuheben:
alle Rechtsfragen. Die
Rechtsfragen sind tatsächlich so,
daß sie zum mindesten im Interesse
jedes mündig gewordenen Menschen
liegen, und ich möchte sagen,
selbstverständlich, jeder mündig
gewordene Mensch ist ja auch nicht
idealiter gleich fähig mit jedem
anderen mündig gewordenen
Menschen. Dafür aber ergibt ein
gewisses arithmetisches Mittel
doch das Entsprechende in bezug
auf die Rechtsfragen. Da müßte man
jetzt auf die Theorie der
Rechtsbegründung überhaupt zu
sprechen kommen. Das Recht beruht
eigentlich nicht auf dem Urteil,
sondern auf der Empfindung, auf
den Gewohnheiten, die aus dem
Wechselspiel der
zusammenwohnenden Menschen
entstehen. Darüber läßt sich
urteilen, wenn zusammengehörige
Menschen darüber urteilen. Ich
glaube nicht, Herr Doktor S., daß
der einzelne Mensch deshalb das
richtige Recht zu finden braucht,
aber zusammen werden sie es
finden. Das macht die Demokratie.
Ich sehe viel Wichtigeres im
Wechselspiel als im einzelnen.
Also ich möchte die mündig
gewordenen Menschen im
demokratischen Parlament haben und
sie da beschließen lassen
hauptsächlich über Rechtssachen,
aber mit Recht auch über
Wohlfahrtseinrichtungen, weil da
auch jeder mündig gewordene Mensch
entscheiden kann;
selbstverständlich in vielen
Dingen nicht über das Sachliche
und Fachliche.
|
Maintenant, la journée de
huit heures est une chose qui ne
peut sérieusement entrer en ligne
de compte pour la triarticulation
de l'organisme social, car que
signifie réellement la journée de
huit heures ? Je dois avouer que
je n'ai pas de réputation, mais la
plus grande partie de l'année, je
travaille beaucoup plus de huit
heures et je ne trouve pas cela
exagéré, et je ne pense pas qu'il
soit possible de fixer une telle
journée de huit heures sans saper
notre vie sociale réelle. C'est
pourquoi vous trouverez dans mes
"Points essentiels de la question
sociale" que tout ce qui se
rapporte au temps de travail est
fixé au sein de l'État
démocratique et que c'est sur
cette base que sont conclus les
contrats de répartition des
revenus, non pas des contrats de
travail, mais des contrats de
répartition du résultat entre ce
que j'appelle directeur de travail
et ce que je dois justement
appeler travailleur.
|
72
|
Nun,
der Achtstundentag, der ist etwas,
was überhaupt für die
Dreigliederung des sozialen
Organismus ernsthaftig doch nicht
in Frage kommen kann, denn was
heißt eigentlich Achtstundentag?
Ich muß gestehen, ich renommiere
nicht, aber den größten Teil des
Jahres arbeite ich viel mehr als
acht Stunden und finde es durchaus
nicht irgendwie übertrieben, und
ich glaube nicht, daß es möglich
ist, ohne eine Untergrabung
unseres wirklichen sozialen Lebens
einen solchen Achtstundentag
festzulegen. In meinen
«Kernpunkten der sozialen Frage»
finden Sie deshalb ausgeführt, daß
alles das, was sich auf die Zeit
der Arbeit bezieht, innerhalb des
demokratischen Staatswesens
festgesetzt wird, und .auf
Grundlage dessen kommen dann die
Verträge zustande über die
Verteilung der Erträgnisse, nicht
Arbeitsverträge, sondern Verträge
über die Verteilung des
Ergebnisses zwischen dem, was ich
Arbeitsleiter nenne, und zwischen
dem, was ich eben Arbeiter nennen
muß.
|
Donc cela dans le
parlement de droit ?
|
73
|
Also
das im Rechtsparlament?
|
Dans le parlement de
droit, on détermine le temps et la
sorte/façon du travail. Là, le
travailleur manuel est tout à fait
égal au travailleur spirituel, car
le travailleur spirituel ne peut
pas faire valoir ses intérêts. On
peut s'entendre mutuellement avec
de la bonne volonté, mais on ne
peut pas poser des exigences
quelconques qui se rapportent à la
vie de l'économie elle-même, on ne
peut pas régler l'exportation et
l'importation selon des lois
parlementaires, mais cela doit
être étudié à partir des
conditions économiques, à partir
de connaissances préalables
objectives et professionnelles. Le
fait d'être depuis vingt ans dans
une entreprise me donne un autre
crédit moral auprès de mes
cohumains que si je n'y suis resté
qu'un an. Dans la vie
démocratique, il n'entre pas en
considération que je sois un jeune
blaireau insolent de vingt et un
ans pour juger de quoi que ce
soit. Dans la vie économique, il
est simplement important que
l'expérience de la vie soit prise
en compte. C'est tout simplement
nécessaire pour le salut de
l'humanité.
|
74
|
Im
Rechtsparlament wird die Zeit und
die Art der Arbeit bestimmt. Da
ist der Handarbeiter ganz gleich
mit dem geistigen Arbeiter, denn
der geistige Arbeiter kann nicht
seine Interessen geltend machen.
Man kann sich gegenseitig
verständigen mit gutem Willen,
aber man kann nicht irgendwelche
Anforderungen stellen, die sich
auf das Wirtschaftsleben selbst
beziehen, nicht Export und Import
nach parlamentarischen Gesetzen
regeln, sondern das muß studiert
werden aus den wirtschaftlichen
Bedingungen heraus, aus
sachlich-fachlichen Vorkenntnissen
heraus. Dadurch, daß ich zwanzig
Jahre in einem Betrieb stehe, habe
ich auch einen anderen moralischen
Kredit bei meinen Mitmenschen, als
wenn ich nur ein Jahr
drinnenstehe. Im demokratischen
Leben kommt es nicht in Betracht,
ob ich ein frecher junger Dachs
mit einundzwanzig Jahren bin, um
über irgend etwas zu urteilen. Im
Wirtschaftsleben kommt es einfach
darauf an, daß die Lebenserfahrung
in Rechnung gezogen wird. Das ist
einfach notwendig zum Heil der
Menschheit.
|
C'est à dessein que j'ai
posé la question de la journée de
huit heures. Si l'on avait une
journée de quatre heures, que
pourrait faire le directeur ? Je
ne tiens pas du tout à la journée
de huit heures. Je travaille aussi
plus. Je pense de la
réglementation du temps de
travail.
|
75
|
Ich
habe absichtlich die Frage des
Achtstundentages gestellt. Wenn
man nun einen Vierstundentag
hätte, was kann der Leiter machen?
Mir liegt an dem Achtstundentag
gar nichts. Ich arbeite auch mehr.
Ich meine die Regelung der
Arbeitszeit.
|
Bien. La chose est
celle-ci : si le parlement
démocratique décide d'une journée
de quatre heures, soit cette
journée de quatre heures suffira à
la gestion de la vie économique,
soit elle ne suffira pas. N'est-ce
pas, il s'agira alors que chacun
comprenne, grâce à sa raison
devenue adulte - le changement
doit en effet être effectué par la
voie démocratique - que c'est par
la voie démocratique que le
changement aura lieu, et non par
une autre voie, par exemple en
permettant au plus puissant
économiquement d'exercer une
pression. Ce qui existe en tant
que rapports juridiques de la vie
économique doit donc être traité
par le parlement démocratique.
Mais en ce qui concerne la
question économique - n'est-ce
pas, qu'est-ce qui n'est pas une
question économique ? On peut dire
: peut-on vraiment séparer la vie
spirituelle de la vie économique ?
- Ici, on a objecté à juste titre
la question de l'argent : cela
coûte quelque chose. Maintenant
c'est pourquoi je vois dans la vie
économique des associations naître
des différentes branches de la vie
économique qui s'entrelacent, des
branches apparentées et non
apparentées, de la production, de
la consommation et ainsi de suite.
Décrire cela en détail
m'entraînerait trop loin.
|
76
|
Gut.
Die Sache ist diese: Wenn das
demokratische Parlament einen
Vierstundentag beschließt, so wird
dieser Vierstundentag innerhalb
des Wirtschaftslebens entweder
ausreichen, um das
Wirtschaftsleben zu führen, oder
er wird nicht ausreichen. Nicht
wahr, dann wird es sich darum
handeln, daß jeder wiederum aus
seiner mündig gewordenen Vernunft
einsieht — die Änderung ist
nämlich auch notwendig auf
demokratischem Weg durchzuführen
—, daß auf demokratischem Weg
wiederum die Änderung zustande
komme, nicht auf einem anderen
Weg, nicht dadurch, daß der
wirtschaftlich Mächtigere etwa
einen Druck ausüben kann. Also
das, was besteht als
Rechtsverhältnisse des
Wirtschaftslebens, gehört hinein
in das demokratische Parlament.
Was aber die wirtschaftliche Frage
ist — nicht wahr, was ist nicht
eine wirtschaftliche Frage? Man
kann sagen: Kann man denn das
geistige Leben überhaupt trennen
von dem wirtschaftlichen Leben? —
Hier hat man mit Recht die
Geldfrage eingewendet: es kostet
etwas. Nun, darum sehe ich im
Wirtschaftsleben Assoziationen
entstehen aus den einzelnen
Zweigen des Wirtschaftslebens, die
sich verweben, von verwandten und
nichtverwandten Zweigen,
Produktion, Konsumtion und so
weiter. Dies im einzelnen zu
schildern, würde zu weit führen.
|
Ce dont il s'agit, c'est
ceci : les différents membres de
la vie de l'esprit sont, dans leur
administration de la vie de
l'esprit, ce que j'ai décrit pour
la vie de l'esprit ; en tant que
participants à la vie de
l'économie, ils forment des
consommateurs économiques et sont
des membres, des associations, qui
appartiennent au corps économique.
Ce que je sépare, c'est la vie ;
ce n'est pas une séparation
abstraite en trois corps, mais
c'est la vie qui est
membrée/articulée. N'est-ce pas,
la vie spirituelle est
effectivement gérée de manière
hiérarchique, mais la vie
économique de tous ceux qui
œuvrent spirituellement se trouve
dans la vie économique des
associations. Donc dans leur
économie/gestion sont des
enseignants et ainsi de suite
aussi absolument des corps
économiques, des organisations
économiques. Et ainsi, les
différents agissent effectivement
les uns à travers les autres. Et
cela se laisse vraiment seulement
suivre dans le détail ; comme
finalement, si l'on veut présenter
la chimie, on ne peut pas non plus
tout exposer en une heure, mais il
faut justement renvoyer à ce qui
doit ensuite être réalisé dans le
détail.
|
77
|
Worauf
es ankommt, ist das: die
verschiedenen Angehörigen des
Geisteslebens, die sind in ihrer
Verwaltung des Geisteslebens das,
was ich geschildert habe für das
Geistesleben; als Teilnehmer am
Wirtschaftsleben bilden sie
wirtschaftliche Konsumenten und
sind Glieder, Assoziationen, die
zum Wirtschaftskörper gehören. Was
ich trenne, ist das Leben; es ist
nicht eine abstrakte Trennung in
drei Körperschaften, sondern es
ist das Leben, das gegliedert
wird. Nicht wahr, das geistige
Leben wird tatsächlich
hierarchisch verwaltet, aber das
wirtschaftliche Leben all der
geistig Wirkenden, das steht im
Wirtschaftsleben der Assoziationen
drinnen. Also in ihrem
Wirtschaften sind Lehrer und so
weiter auch durchaus
Wirtschaftskörper,
Wirtschaftsorganisationen. Und so
- wirken die Verschiedenen
tatsächlich durcheinander. Und das
läßt sich ja wirklich nur im
einzelnen verfolgen; wie
schließlich, wenn man Chemie
darstellen will, in einer Stunde
auch nicht alles vorgebracht
werden kann, sondern man muß eben
auf das verweisen, was dann im
einzelnen durchzuführen ist.
|
Mais que, pour répondre à
une question de M. le juge en chef
L., il soit plus facile de traiter
et de répondre à certaines
questions de l'humain simplement
devenu majeur qu'à des questions
objectives, je pense que cela va
finalement de soi. Certains
socialistes - ils ne sont vraiment
plus apparus par dizaines, mais
par chocs à l'époque, n'est-ce
pas, où l'on a soudain pu à
nouveau s'agiter en Allemagne -,
certains socialistes se sont
représente comment on peut
organiser les différentes branches
et ainsi de suite, en appliquant à
la vie économique ce qu'ils
avaient appris en tant
qu'agitateurs politiques. C'est le
grand malheur de la discussion
politique actuelle : les gens
n'ont acquis une certaine
formation que dans la lutte
purement politique, dans les
élections et ainsi de suite, mais
ils ne peuvent pas aborder la vie
de l'économie.
|
78
|
Daß
aber, um eine Frage des Herrn
Oberrichters L. zu beantworten,
leichter gewisse Fragen dem
einfach mündig gewordenen Menschen
zu behandeln und zu beantworten
sind als sachliche Fragen, ich
meine, das ist doch schließlich
auf der Hand liegend. Gewisse
Sozialisten — sie sind wirklich
nicht mehr dutzend-, sodern
schockweise aufgetreten in der
Zeit, nicht wahr, als man
plötzlich in Deutschland drüben
sich wieder regen durfte —,
gewisse Sozialisten haben sich
vorgestellt, wie man die einzelnen
Zweige organisieren kann und so
weiter, indem sie das, was sie als
politische Agitatoren gelernt
haben, daraufgestülpt haben auf
das Wirtschaftsleben. Das ist ja
das große Unglück in der heutigen
politischen Diskussion, daß
eigentlich die Leute eine gewisse
Schulung nur erlangt haben bei dem
rein politischen Kampf, bei den
Wahlen und so weiter, aber nun
nicht eingehen können auf das
Wirtschaftsleben.
|
Au fond, les agitateurs
socialistes n'ont la plupart du
temps aucune idée de la vie
économique et encore moins des
conditions de la vie économique.
Et c'est ainsi que les utopies les
plus diverses ont été élaborées
sur la manière dont on peut
articuler ceci ou cela. Je veux
par exemple mentionner la manière
dont les branches industrielles,
qui reposent sur une imbrication
fine et minutieuse de choses très
différentes, doivent s'en sortir
avec leur exportation, si elles
doivent être organisées selon une
économie planifiée de Möllendorff
ou autre. Il est important que
certaines choses, qui ne peuvent
être gérées qu'à partir d'un
organisme économique, ne soient
pas gérées de manière
gouvernementale, mais de manière
autonome.
|
79
|
Im
Grunde genommen haben
sozialistische Agitatoren zumeist
keinen Dunst vom Wirtschaftsleben
und für die Bedingungen des
Wirtschaftslebens erst recht
nicht. Und so sind die
verschiedensten Utopien
aufgestellt worden, wie man nun
das oder jenes gliedern kann. Ich
will zum Beispiel erwähnen, wie
Industriezweige, die auf einem
feinen, minuziösen
Ineinandergreifen von ganz
Verschiedenem beruhen, mit ihrem
Export zurechtkommen sollen, wenn
sie nach einer Möllendorffschen
Planwirtschaft oder dergleichen
organisiert werden sollen. Es
kommt darauf an, gewisse Dinge,
die nur aus einem
Wirtschaftsorganismus heraus
verwaltet werden können, nicht
regierungsmäßig, sondern aus sich
selbst heraus zu verwalten.
|
Il est caractéristique,
par exemple, quand est dit : On ne
peut pas aujourd'hui retirer
l'école de l'État, on ne se laisse
pas faire, et dans un État
socialiste, ce n'est pas
nécessaire. - Celui qui connaît
les conditions réelles de
l'humanité, et non celles qui
hantent les têtes des agitateurs
politiques, doit se dire que dans
un État socialiste, ce serait
encore plus nécessaire ! Il serait
d'autant plus nécessaire, pour le
bien de l'humanité, de retirer au
moins l'école de ce que l'État
socialiste, tel qu'il est présenté
par les marxistes, envisage faire
de l'humanité.
|
80
|
Charakteristisch
ist es zum Beispiel, wenn gesagt
wird: Man kann heute die Schule
nicht herausnehmen aus dem Staate,
man läßt sich das nicht gefallen,
und in einem sozialistischen Staat
ist es nicht notwendig. — Wer die
Verhältnisse, die in der
Menschheit wirklich sind, nicht
die, die in den Köpfen der
politischen Agitatoren spuken,
kennt, der muß sich sagen: im
sozialistischen Staate wäre es
erst recht notwendig! Da wäre vor
allen Dingen zum Heile der
Menschen erst recht notwendig,
mindestens die Schule aus dem
heraus‑ zunehmen, was da im
sozialistischen Staat, wie er
marxistisch vorgestellt wird, mit
der Menschheit beabsichtigt wird.
|
Je crois donc que si la
bonne volonté est présente pour
entrer dans le détail -
l'objection des trois parlements
m'a déjà été faite à plusieurs
reprises -, je veux tout de suite
avoir la triarticulation
objective, non pas pour avoir
purement trois groupes d'humains,
trois maisons les unes à côté des
autres ; ce ne seront vraiment pas
trois maisons. Si je suis bien
compris, on trouvera probablement
que l'on peut déjà se rencontrer
dans les solutions concrètes que
j'ai déjà données pour certaines
questions et que je donnerai
encore pour d'autres, si j'ai
encore quelque temps à vivre - je
préférerais que d'autres les
donnent - je crois que l'on
s'entendra déjà parfaitement.
|
81
|
Also
ich glaube, wenn der gute Wille
vorhanden ist, gerade auf das
einzelne einzugehen — mir ist der
Einwand von den drei Parlamenten
schon wiederholt gemacht worden —,
ich will gerade sachlich die
Dreigliederung haben, nicht etwa,
um bloß drei Gruppen von Menschen
zu haben, drei Häuser
nebeneinander; es werden wirklich
nicht drei Häuser sein. Wenn ich
richtig verstanden werde, so wird
man wahrscheinlich finden, daß man
sich schon begegnen kann in den
konkreten Lösungen, die ich für
einzelne Fragen schon gegeben
habe, für andere, wenn ich noch
einige Zeit zu leben habe, noch
geben werde — lieber wäre es mir,
wenn sie andere geben werden ich
glaube, man wird schon durchaus
zurechtkommen.
|
J'aimerais à nouveau
souligner qu'il ne peut pas s'agir
d'un savoir universel, mais qu'il
s'agit d'une tentative de
déterminer sans utopie ce qui doit
se passer jusque dans le détail,
en partant du principe que les
trois domaines de la vie ont des
conditions de vie très
différentes, et qu'alors quand les
humains collaborent ainsi dans les
trois domaines de la vie, ils
collaborent de manière
qualitativement différente, donc
pas purement parlementaire
quantitative, mais qualitative,
qu'alors premières les
constatations concrètes se
donneront de manière correcte.
|
082
|
Ich
möchte hier wiederum betonen:
nicht um ein Alleswissen kann es
sich handeln, sondern es handelt
sich darum, daß versucht worden
ist, einmal ohne Utopie das
festzustellen, was bis ins
einzelne geschehen soll,
auszugehen davon, daß die drei
Lebensgebiete ganz verschiedene
Lebensbedingungen haben, und daß
dann, wenn die Menschen so
zusammenwirken von den drei
Lebensgebieten, qualitativ
verschieden zusammenwirken, also
nicht bloß parlamentarisch
quantitativ, sondern qualitativ,
daß dann erst die konkreten
Feststellungen sich in der
richtigen Weise ergeben werden.
|
Je dois donc dire que
pour moi, cette triarticulation de
l'organisme social est si solide
que je voudrais comparer cette
solidité à peu près, c'est-à-dire
naturellement cum grano salis, à
la solidité du dogme
pythagoricien. On ne peut pas non
plus le prouver partout, dans tous
les cas, mais on peut prouver
qu'on peut l'utiliser. La
triarticulation n'a absolument pas
besoin d'être abstraite de tout ce
qui est particulier, mais elle est
applicable dans tous les détails,
et dans ce cas, elle est
applicable dans la pratique, dans
la mesure où, dans l'organisme
triarticule justement, la vie de
l'État, la vie de l'économie et la
vie de l'esprit sont organisées de
cette manière - une pratique sera
atteinte.
|
83
|
Geradeso
muß ich sagen: für mich steht
diese Dreigliederung des sozialen
Organismus so fest, daß ich dieses
Feststehen vergleichen möchte
ungefähr, also natürlich cum grano
salis, mit dem Feststehen des
pythagoräischen Lehrsatzes. Man
kann ihn auch nicht überall, in
allen Fällen beweisen, aber man
kann beweisen, daß man ihn
brauchen kann. Die Dreigliederung
braucht durchaus nicht
abstrahiert zu sein von allem
einzelnen, aber sie ist in allen
Einzelheiten anwendbar, in diesem
Falle praktisch anwendbar, indem
in dem dreigliedrigen Organismus
eben das Staatsleben,
Wirtschaftsleben und Geistesleben
so organisiert wird — es wird eine
Praxis erreicht werden.
|
Je pense qu'il serait
trop long ce soir de répondre aux
questions naturellement très
vastes de M. le juge en chef L. ;
mais il est peut-être évident
qu'il s'agit ici partout de partir
de l'organisation concrète de la
réalité, et qu'il est donc
extrêmement difficile de donner
des réponses abstraites, parce que
l'on veut justement rester dans la
pleine réalité.
|
84
|
Die
ja natürlich sehr weitgehenden
Fragen des Herrn Oberrichters L.
zu beantworten, würde, glaube ich,
heute abend zu lange dauern; aber
es ist vielleicht doch
ersichtlich, daß es sich hier
überall darum handelt, von der
konkreten Gestaltung der
Wirklichkeit auszugehen, und daß
es daher mit abstrakten Antworten
außerordentlich schwierig ist,
weil man eben in der vollen
Wirklichkeit drinnenbleiben will.
|
J'aimerais seulement
encore revenir sur cela : je le
trouve aussi extrêmement
intéressant que le syndicalisme
soit apparu au sein du peuple
français, et je pense que la
meilleure façon de résoudre cette
question est d'étudier la
sociétalisation. Il est très
intéressant d'étudier les
différentes nuances du socialisme
anglais et du socialisme français.
Le socialisme anglais est en fait
une méthode capitaliste atténuée.
C'est en fait absolument ce qui
agit dans le capitalisme. Dans la
question ouvrière anglaise,
l'élément purement économique
n'est en fait que concentré sur
les intérêts de l'ouvrier, mais il
n'est pas complètement sorti, de
sorte que le socialisme anglais a
une coloration économique
opportuniste.
|
085
|
Ich
möchte nur noch darauf
zurückkommen: ich finde es auch
außerordentlich interessant, daß
innerhalb des französischen
Volkstums gerade der
Syndikalismus heraufgekommen ist,
und glaube, daß man diese Frage am
besten löst, wenn man das
Vergesellschaften studiert. Es ist
sehr interessant, die
verschiedenen Nuancen des
englischen und des französischen
Sozialismus zu studieren. Der
englische Sozialismus ist im
Grunde genommen eine abgeschwächte
kapitalistische Methode. Es ist
eigentlich durchaus dasjenige, was
im Kapitalismus wirkt. Also das
rein wirtschaftliche Element ist
eigentlich in der englischen
Arbeiterfrage im großen nur eben
auf die Interessen des Arbeiters
zugespitzt; aber es ist nicht ganz
herausgegangen, so daß der
englische Sozialismus eine
wirtschaftlich opportunistische
Färbung hat.
|
Le socialisme allemand a
accueilli le marxisme avec une
capacité militaire et un esprit
d'organisation militaire, et il
s'est doté d'une organisation
militaire rigoureuse. Et celui
qui, comme moi, a travaillé dans
une école d'éducation ouvrière,
qui était entièrement issue de la
social-démocratie, a été éjecté
par son orthodoxie non marxiste,
c'est-à-dire par son non-marxisme,
en disant : "La liberté, c'est la
liberté : Ce n'est pas la liberté,
mais une contrainte raisonnable -
il peut déjà en juger. Le
socialisme allemand est au fond
quelque chose qui se situe tout à
fait à l'intérieur du même esprit
qui a engendré le militarisme
prussien.
|
086
|
Der
deutsche Sozialismus hat mit einer
militärischen Tüchtigkeit und mit
militärischem Organisationsgeist
den Marxismus aufgenommen, und er
hat eine stramme militärische
Organisation bekommen. Und wer,
wie ich, gewirkt hat in einer
Arbeiter-Bildungsschule, die ganz
aus der Sozialdemokratie
herausgewachsen war, allerdings
auch durch seine nichtmarxistische
Orthodoxie, also durch seinen
Nicht-Marxismus herausgeworfen
worden ist, indem man gesagt hat:
Nicht Freiheit, sondern ein
vernünftiger Zwang — der kann
schon darüber urteilen. Der
deutsche Sozialismus ist im Grunde
genommen etwas, was ganz
drinnensteht in demselben Geist,
der den preußischen Militarismus
hervorgebracht hat.
|
Le syndicalisme français
est quand même - vraiment sans
vouloir faire crédit à une
quelconque sorte de peuple ou sans
vouloir accrocher quelque chose à
l'allemand - le syndicalisme
français est quand même ce que je
dois voir, par son caractère
associatif, comme le meilleur
début justement de ce que je dois
penser comme l'association dans la
vie économique. Et justement, si
je le compare au socialisme
anglais et au socialisme allemand,
je vois qu'il est issu de ce que
j'ai essayé de caractériser, de la
mentalité démocratique. Il y a
deux côtés ; l'un s'est manifesté
chez la bourgeoisie, l'autre chez
les ouvriers. Et ce qui, chez la
bourgeoisie, s'est développé de
manière plus capitaliste et
rentière, s'est développé chez
l'ouvrier de manière syndicaliste.
Ce n'est que côté pile et face.
|
87
|
Der
französische Syndikalismus ist
doch das — wirklich ohne
irgendeiner Volksart etwas zugute
sagen zu wollen oder ohne dem
Deutschen etwas anzuhängen —, der
französische Syndikalismus ist
doch dasjenige, was ich durch
seinen assoziativen Charakter als
den besten Anfang gerade zu dem
sehen mu3, was ich mir als die
Assoziation im Wirtschaftsleben
denken muß. Und gerade wenn ich es
vergleiche mit dem englischen und
mit dem deutschen Sozialismus,
dann sehe ich doch, daß es
hervorgeht aus demselben, was ich
versuchte zu charakterisieren, aus
der demokratischen Gesinnung. Es
sind zwei Seiten; die eine Seite
hat sich gezeigt bei dem
Bürgertum, die andere Seite bei
den Arbeitern. Und was sich bei
dem Bürgertum eben mehr
kapitalistisch und rentiermäßig
ausgestaltete, das ist beim
Arbeiter die syndikalistische
Ausgestaltung. Es ist nur Avers-
und Revers-Seite.
|
Je crois donc que ces
trois nuances différentes, la
nuance anglaise, la nuance
française et la nuance allemande
du socialisme sont liées aux
qualités du peuple.
|
88
|
Also
ich glaube, daß diese drei
verschiedenen Nuancen, die
englische, französische und die
deutsche Nuance des Sozialismus,
zusammenhängen mit den Qualitäten
des Volkstums.
|
Et c'est là que l'on en
vient à une question que je
considère comme extraordinairement
importante. Il ne faut pas non
plus partir d'un socialisme
général et ne pas croire qu'il
existe un socialisme abstrait,
mais il faut se demander comment
chaque peuple doit être traité à
partir de ses propres entités. -
Et celui qui vient d'observations
d'Europe occidentale, qui les a
encore incubées ici en Suisse, qui
va en Russie et qui impose au
peuple russe quelque chose de tout
à fait étranger, celui-là détruit
en fait ce qui a pu se former à
partir du peuple russe. - Mais,
comme je l'ai dit, toutes les
questions sociales ne peuvent plus
être résolues aujourd'hui.
|
89
|
Und
da kommt man dann auf eine Frage,
die ich für außerordentlich
wichtig halte. Man soll eben auch
nicht von einem allgemeinen
Sozialismus ausgehen und soll
nicht glauben, daß es einen
abstrakten Sozialismus gebe,
sondern soll fragen: Wie muß ein
jedes Volkstum aus seinen eigenen
Entitäten heraus behandelt werden?
— Und derjenige, der von
westeuropäischen Beobachtungen
kommt, sie hier in der Schweiz
noch bebrütet hat, nach Rußland
geht und dem russischen Volk etwas
ganz Fremdes aufdrängt, der
zerstört eigentlich das, was sich
aus dem russischen Volk heraus hat
bilden können. — Aber, wie gesagt,
es können heute nicht alle
sozialen Fragen mehr gelöst
werden.
|
Français
seulement
LA TRIARTICULATION ET LA SITUATION MONDIALE
ACTUELLE
Zurich, le 19 mars
1920
devant la Société statistique-économique du
canton de Zurich
01
Ce que l'on pourrait appeler des programmes
sociaux ou des choses de ce genre voltigent
aujourd'hui en nombre infini dans l'air,
défiés en vérité plus qu'à n'importe quelle
autre époque par toutes les forces qui
agissent actuellement et qui conduisent à la
destruction. Les propositions de
reconstruction à partir de cette destruction
ne manquent pas. Si, malgré tout, ce que l'on
peut appeler l'idée de la trimembrement de
l'organisme social, poussée par les nécessités
de l'époque, veut s'imposer parmi ces diverses
propositions, c'est d'abord et avant tout
parce que l'on considère qu'avec cette idée de
la triarticulation de l'organisme social, il y
a quelque chose qui, si on le saisit dans son
essence, ne peut pas être mis sur le même plan
que des propositions de type programme ou des
idéaux sociaux dans un sens abstrait. Ce que
je voudrais vous présenter ici doit absolument
être imprégné de la reconnaissance du fait
qu'il existe aujourd'hui un grand danger pour
toutes ces choses de tomber dans l'utopisme.
Il suffit de penser qu'au fond, même si cela
n'est pas encore suffisamment remarqué ici ou
là dans le monde européen, tout ce que l'on
croyait solidement établi dans l'ordre
économique, juridique et spirituel
traditionnel est soumis à un certain processus
de destruction, et que ce processus de
destruction ne s'est que trop clairement
manifesté au cours des quatre ou cinq
dernières années d'horreur de la civilisation
européenne.
02
Dans une telle période, on ne peut pas se
baser sur ce qui existe déjà, sur ce qui a
conservé sa réalité. Ces dernières années, les
institutions les plus "solidement vissées" ont
été poussées à l'absurde. Il est donc évident
qu'il faut en quelque sorte construire à
partir d'une toute nouvelle base. L'humain ne
peut le faire qu'en construisant à partir des
fondements de sa pensée, et il s'avère alors
rapidement que les bases qui rendent possible
une construction solide ne sont pas faciles à
trouver. Car on n'a tout d'abord apparemment
aucun point de repère pour savoir si ce que
l'on veut transposer dans la réalité à partir
de ses pensées peut aussi être fondé d'une
manière ou d'une autre dans cette réalité. Et
tout ce qui ne montre pas d'emblée, par son
contenu même, et ne peut pas prouver qu'il
peut s'inscrire pleinement dans la réalité,
est en effet utopiste.
03
C'est précisément le danger de l'utopisme que
l'idée de la triarticulation de l'organisme
social voudrait éviter, et elle voudrait
l'éviter par le fait qu'elle n'établit pas du
tout, au fond, quelque chose que l'on appelle
une conception sociale de la vie, un programme
social, mais qu'elle veut indiquer une manière
particulière dont les humains peuvent coopérer
dans la vie publique, afin qu'aux forces de
destruction puissent s'opposer des forces de
construction nouvelle, de nouveaux
développements.
04
J'aimerais dire que ce que les autres
indiquent devoir se produire ne doit, selon
l'idée de la triarticulation, voir le jour que
lorsqu'une telle collaboration entre les
humains et les groupes d'humains, dont veut
parler l'idée de la triarticulation de
l'organisme social, pourra avoir lieu. Lorsque
l'on se tient sur ce terrain, on ne se place
pas du point de vue que l'on est en quelque
sorte omniscient, que l'on est prophète et que
l'on peut indiquer comment telle ou telle
institution doit se présenter dans l'avenir
pour le salut de l'humanité, mais on veut
seulement faire appel au jugement des humains
qui ont quelque chose à dire, de telle sorte
que, par la collaboration des humains, ce
jugement puisse aussi devenir une réalité
objective.
05
L'origine de cette idée de la triarticulation
de l'organisme social remonte en fait à loin
pour celui qui se permet de vous parler. Il
faut la chercher dans des décennies
d'expériences de vie qui se rapportent aux
conditions sociales des régions les plus
diverses de l'Europe, mais surtout de l'Europe
centrale et des parties de l'Europe centrale,
qui montrent précisément par leur destin dans
la dernière grande catastrophe de la guerre
comment ce qui était jusqu'à présent la
structure sociale de l'humanité, de l'humanité
civilisée de l'Europe, tend d'elle-même vers
quelque chose de nouveau, comment elle n'est
pas à la hauteur des forces qui, je voudrais
dire, veulent aujourd'hui se déplacer des
profondeurs de l'humanité vers la surface. Si
l'on observe la vie historique sans préjugés,
on peut constater, notamment dans le dernier
tiers du XIXe siècle, dans les années du XXe
siècle, qu'il n'y a pas eu de révolution. On
voit bien comment ce à quoi on tient si
dogmatiquement, que l'on considère encore
aujourd'hui, même s'il est ébranlé dans de
nombreuses régions d'Europe, comme quelque
chose qu'il ne faut pas ébranler, comme l'État
unitaire qui a progressivement envahi tous les
domaines de la vie publique depuis trois ou
quatre siècles, n'est en fait plus à la
hauteur de sa tâche face à certaines grandes
exigences de l'humanité, comme il n'est pas
capable d'embrasser en même temps la vie
spirituelle, la vie étatique et politique ou
la vie de droit au sens étroit ou aussi large,
et la vie de l'économie. C'est pourquoi ceux
qui se sont penchés en dernier lieu sur l'idée
de la triarticulation ont eu l'idée de
commencer précisément par là et de soulever la
question : Quelle forme l'État, considéré
jusqu'à présent comme une unité nécessaire,
doit-il prendre par rapport aux trois
principaux domaines de la vie de l'humanité,
le domaine spirituel, le domaine
juridico-politique et le domaine économique ?
Et maintenant, avant de passer à une sorte de
justification, je veux d'abord me permettre de
vous présenter une brève esquisse de la
manière dont la coopération entre les humains
doit être pensée, afin que les tâches qui
incombent aux humains dans ces trois domaines
principaux de la vie puissent vraiment être
accomplies à partir de la structure sociale.
06
Au fond, la vie de ces trois domaines n'a été
résumée qu'au cours des trois ou quatre
derniers siècles. Il suffit de se rappeler -
pour ne citer qu'un exemple - comment, avec
l'évolution des conditions médiévales vers les
temps modernes, les écoles, jusqu'aux
universités, n'étaient pas des fondations de
l'État, mais des fondations de communautés
ecclésiales ou d'autres communautés qui se
sont développées parallèlement aux débuts de
la vie étatique. Ce n'est qu'au cours des
trois ou quatre derniers siècles qu'est
apparue l'idée que l'État unitaire devait
également étendre son pouvoir, par exemple par
le biais d'écoles, d'universités et autres. De
la même manière, on peut dire que la vie
économique était portée par des corporations
créées sous l'impulsion de l'économie, elle
était dirigée par des personnalités qui ont
formé des associations uniquement sur la base
d'impulsions économiques. Et ce n'est qu'au
cours des trois ou quatre derniers siècles que
l'État a étendu son pouvoir sur la vie
économique, de sorte que ce regroupement de la
vie de l'esprit, de la vie de droit et de la
vie de l'économie est en fait quelque chose
qui n'a pris toute son importance qu'à
l'époque moderne, même si ses prémices se sont
bien sûr déjà manifestées ici et là, car tout
s'annonce à l'avance dans la vie historique
des humains.
07
Par contre, l'idée de la triarticulation de
l'organisme social veut placer chacun de ces
trois domaines sur son propre terrain. Elle
part du principe qu'au cours de l'histoire la
plus récente, une certaine impulsion est
remontée avec une nécessité interne, je dirais
encore une fois, des profondeurs du sentiment
et de la sensibilité humaine à la surface du
devenir historique. Et c'est - je crois qu'on
ne peut pas le nier, même si l'on est très
partial - que dans la vie publique, malgré
tout ce qui ressort aujourd'hui, l'impulsion
la plus puissante est celle de la démocratie.
Cette impulsion se manifeste comme quelque
chose d'élémentaire dans l'évolution de
l'humanité. On peut dire que, de même que la
maturité sexuelle apparaît, disons, chez
l'individu à une certaine époque de sa vie, de
même la tendance à la démocratie apparaît dans
l'évolution de l'humanité européenne, se
préparant depuis le XVe siècle.
08
Si l'on essaie de dégager l'essentiel des
différentes formes exigées pour la coexistence
démocratique des humains, on arrive à la
conclusion qu'il s'agit là d'une tendance. En
conclusion - du moins est-ce la seule chose
synthétiquement raisonnable possible -, les
affaires de l'État doivent être gérées par la
coopération et le jugement commun de tous les
humains devenus majeurs, qui sont considérés
comme égaux dans cette collaboration et ce
jugement commun, de sorte que chacun se trouve
en face des autres comme un égal, également
justifié dans son jugement, égal dans la
contribution qu'il doit apporter à la vie
sociale, égal aussi dans tout ce qu'il doit
exiger de cette vie sociale. Il s'agit tout
d'abord d'une exigence démocratique abstraite.
Elle devient concrète du fait que des
sentiments et des impulsions émotionnelles
importants s'y rattachent dans la vie
historique récente de l'humanité. On peut
aussi dire que cette tendance démocratique a
pénétré dans les structures étatiques de
l'Europe, luttant de diverses manières contre
ce qui s'est élevé des ordres sociaux féodaux
ou autres. La tendance démocratique s'est plus
ou moins glissée dans les anciennes formes
restées en place. Mais cette tendance s'est
clairement manifestée au cours de l'histoire
récente. Comme les États n'ont pas pu
s'empêcher d'ajouter d'une manière ou d'une
autre la force démocratique à leurs forces
antérieures, même si certains ne l'ont fait,
je dirais, que de manière honteuse, ils ont
étendu ce principe démocratique aux domaines
de la vie de l'esprit et de la vie de
l'économie.
09
Or, dans l'évolution de l'humanité moderne,
une contradiction importante est apparue dans
toute la vie publique. C'est précisément celui
qui pense sérieusement et honnêtement à la
réalisation de l'instinct démocratique qui
doit remarquer cette contradiction interne
dans la vie publique moderne. C'est cette
contradiction que je voudrais caractériser de
la manière suivante : la vie de l'esprit,
jusque dans sa partie la plus importante, la
vie scolaire, ne peut pas se développer à
partir d'autre chose que des capacités des
humains, qui sont tout à fait différentes les
unes des autres. Dès l'instant où l'on veut
étendre le nivellement démocratique sur ce qui
veut se développer individuellement pour la
floraison et l'épanouissement de la vie de
l'esprit, la vie de l'esprit doit toujours
souffrir d'une manière ou d'une autre, elle
doit toujours se sentir opprimée d'une manière
ou d'une autre. C'est pourquoi je pense que
celui qui est sincère avec la tendance
démocratique, au point de dire qu'il doit y
avoir démocratie partout où elle ne peut
exister que dans la vie publique, doit dire
qu'il faut alors éliminer de tout ce sur quoi
tous les humains devenus majeurs décident en
tant qu'égaux, ce sur quoi tous les humains
devenus majeurs ne peuvent vraiment pas avoir
un jugement approprié en tant qu'égaux. En
poursuivant cette pensée jusqu'à ses
conséquences les plus extrêmes, en vérifiant
aussi si l'on tient vraiment compte de tout ce
qui entre en ligne de compte, on en vient tout
de même à se dire que si l'on aspire à
démocratiser la vie de l'État moderne, il faut
justement extraire toute la vie de l'esprit de
cette vie de l'État, de la vie
politico-juridique.
10
La vie de l'esprig doit être placée sur son
propre terrain. Elle doit être placée sur son
propre terrain de telle sorte que ceux qui
enseignent, par exemple, soient en même temps
les administrateurs de l'éducation et de
l'enseignement, depuis l'école la plus basse
jusqu'aux plus hauts niveaux de
l'enseignement, et que l'administration de
l'éducation et de l'enseignement soit liée à
l'ensemble de la vie de l'esprit d'un
organisme social cohérent. Ce n'est que si -
j'aimerais parler concrètement - on ne donne à
celui qui se trouve dans l'école et qui
enseigne, en même temps, que ce qu'il faut à
sa tâche pour qu'il ait le temps d'être en
même temps administrateur de l'enseignement,
du niveau le plus élevé au niveau le plus bas.
Ce n'est que si l'on crée des institutions
telles que celui qui doit agir dans la vie de
l'esprit, en particulier enseigner et éduquer,
n'ait à faire qu'à des enseignants et des
éducateurs, que l'organisme spirituel tout
entier est une unité autonome, construite sur
elle-même, que toutes les forces qui sont
inscrites dans l'humanité peuvent être
réellement libérées dans le domaine de la vie
spirituelle, et qu'alors la vie de l'esprit
peut se développer dans toute sa fécondité.
Quelque chose semble bien indiquer d'abord, au
moins sous une forme abstraite, la nécessité
de séparer la vie de l'esprit, qui doit être
construite sur ses propres principes, sur ses
propres impulsions, de tout ce qui monte dans
le démocratique.
11
Mais de la même manière que la vie de l'esprit
doit être séparée de la pure vie de l'État, la
vie de l'économie doit aussi être démembrée de
celle-ci. On entre alors dans un domaine où
l'on trouve aujourd'hui moins d'adversaires
que pour la vie de l'esprit. Dans le domaine
de la vie de l'esprit, et en particulier pour
le système scolaire, il est devenu courant, au
cours des trois ou quatre derniers siècles, de
considérer comme un esprit éclairé celui qui
considère que le pouvoir de l'État sur
l'enseignement est la bonne chose à faire et
qui ne peut même pas imaginer que l'on puisse
revenir à l'indépendance de la vie de l'esprit
sans tomber dans le cléricalisme ou quelque
chose de semblable.
12
Les choses sont fondamentalement similaires
pour la vie de l'économie. Tandis que la vie
de l'esprit a à faire avec ce qui est
prédisposé dans l'humain en tant que faculté,
qui doit être développé de manière libre, ce
que l'humain apporte en quelque sorte par sa
naissance dans l'existence physique, la vie de
l'économie a à faire avec ce qui doit être
construit sur l'expérience, ce qui doit être
construit à partir de ce dans quoi on grandit
en se fondant dans un domaine économique
déterminé avec son activité professionnelle.
C'est pourquoi, dans la vie de l'économie, ce
qui provient de la vie démocratique ne peut
pas être déterminant, mais seulement ce qui
est issu d'une base professionnelle et
objective.
13
Comment ces fondements techniques et objectifs
peuvent-ils être donnés à la vie de l'économie
? En fait, pas par une sorte de corporation,
par une sorte d'organisation que l'on aime
tant aujourd'hui, mais uniquement par ce que
j'aimerais appeler des associations. De sorte
que des associations se forment à partir des
humains qui s'engagent dans les professions,
qui deviennent vraiment compétentes et
expertes dans le domaine de la vie de
l'économie. Non pas que l'on organise les
humains, mais qu'ils s'assemblent selon des
points de vue objectifs tels qu'ils résultent
des branches économiques particulières, du
rapport entre producteurs et consommateurs, du
rapport entre les branches professionnelles et
les branches économiques. Il en résulte même -
vous pouvez le lire plus clairement dans mes
écrits - une certaine loi sur la taille de
telles associations, sur la manière dont elles
doivent se former, sur les conséquences
néfastes qu'elles peuvent avoir si elles
deviennent trop grandes, sur les conséquences
néfastes qu'elles peuvent avoir si elles
deviennent trop petites. Il est tout à fait
possible de fonder une vie de l'économie en la
basant sur de telles associations, en plaçant
tout ce qui se produit dans la structure
sociale au sein de telles associations, sous
l'impulsion purement économique, uniquement
sur le plan matériel et professionnel. Chacun
sait en quelque sorte à qui il doit s'adresser
pour telle ou telle chose, s'il sait qu'il est
enchaîné d'une manière ou d'une autre à
l'autre par la structure sociale des
associations, qu'il doit faire passer son
produit de telle manière par une chaîne
d'associations et ainsi de suite.
14
Naturellement, comme je dois parler
brièvement, je ne peux ici qu'esquisser les
principes de la chose. Ainsi, aimerais-je
dire, la vie spirituelle doit s'édifier de
manière autonome à partir de ses propres
forces, en ce que ceux qui l'accomplissent
sont en même temps les administrateurs ; de
même, la vie économique doit se développer à
partir de ses propres points de vue, ceux qui
sont actifs dans la vie économique s'unissant
selon les principes de la vie de l'économie.
Si la vie économique est autonome, alors ce
qui ne peut reposer que sur le même jugement
de tous les humains devenus majeurs se donnera
comme le contenu du troisième membre de
l'organisme social, la communauté étatique
proprement dite.
15
Je sais très bien que beaucoup d'humains sont
véritablement effrayés lorsqu'on leur parle de
cette triarticulation de l'organisme social,
qui doit s'avérer nécessaire pour l'avenir.
Mais c'est uniquement parce que l'on croit
généralement que l'État devrait maintenant
être divisé en trois parties : comment ces
trois parties peuvent-elles alors agir
ensemble ? - En réalité, c'est précisément en
amenant ces trois parties à leur plein
épanouissement, de la manière que je n'ai pu
qu'esquisser, que l'unité est maintenue, car
l'humain, en tant qu'unité, est présent dans
les trois membres. Il participe d'une manière
ou d'une autre à l'organisme spirituel. S'il a
des enfants, il s'intéresse à l'organisme
spirituel par le biais de l'école. Avec ses
intérêts spirituels, il est en quelque sorte
impliqué dans l'organisme spirituel. Il porte
dans ses actes et dans sa vie ce qu'il tire de
l'organisme spirituel, puisqu'il participe à
la vie de l'État démocratique en tant
qu'humain devenu majeur. Mais ce qui est le
droit public, la sécurité publique, le
bien-être public et ainsi de suite, ce qui
concerne tout humain devenu majeur, est
développé sur le terrain de l'État unitaire.
Et avec les constitutions de l'âme que l'on y
développe dans le rapport direct de
réciprocité entre les humains, on entre à
nouveau dans la vie économique dans son
domaine spécifique, dans lequel on est
enchaîné par différentes associations dans
lesquelles on est actif. On apporte dans cette
vie de l'économie ce que l'on a de la vie de
l'esprit, de la vie de l'État, on la féconde
par cela, on la maintient, on apporte le droit
et la fécondation spirituelle dans cette vie
de l'économie. L'humain lui-même forme l'unité
entre ce qui n'est pas un membre ment/une
articulation en classes/en états sociaux.
16
On m'a souvent objecté que l'on en revenait à
ce qui, dans la Grèce antique, comprenait
l'état de nutrition, l'état de défense, l'état
d'enseignement. Une telle objection témoigne
seulement de la manière très superficielle
dont on considère souvent ces choses
aujourd'hui. Car il ne s'agit pas d'une
division des humains eux-mêmes, ni d'une
répartition en classes, mais du fait que la
vie extérieure est divisée en trois parties
dans ses institutions. C'est précisément parce
que l'humain se trouve à l'intérieur d'un tel
organisme social triarticulé qu'il est
possible que toutes les classes cessent, que
la véritable démocratie s'installe. C'est ce
qu'indique, j'aimerais dire, pour toute
personne non prévenue, avec une nécessité
interne, l'évolution des États modernes.
17
Ne voyons-nous donc pas que, d'un côté, ils
doivent tenir compte de l'impulsion nécessaire
à la démocratie, mais que, de l'autre côté,
laisser la démocratie se détériorer du fait
que, évidemment, dans la vie de l'État
démocratique, celui qui est capable aura
toujours plus de poids que celui qui est moins
capable ? Dans les domaines où la capacité est
importante, c'est tout à fait justifié, par
exemple dans le domaine spirituel. En
revanche, l'État démocratique proprement dit
doit être maintenu libre et pur de l'influence
excessive de personnalités particulièrement
capables, car il doit exister un domaine,
conformément à l'exigence fondamentale de
l'humanité moderne, dans lequel ne s'affirme
que ce qui revient de manière égale à tous les
humains devenus majeurs.
18
Le domaine économique montre dans une mesure
particulière comment il est impossible de
laisser agir ce que l'humain acquiert comme
faculté dans la vie de l'économie grâce à sa
nature/façon particulière. Il s'acquiert
peut-être par cela une surpuissance
économique. Mais elle ne doit pas devenir une
supériorité sociale. Elle ne le devient pas du
seul fait que ce qui est puissance économique,
ce qui reste à l'intérieur de la vie de
l'économie, ne peut pas devenir une
surpuissance politique, juridique. Tout ce qui
a conduit aujourd'hui à la caricature de la
soi-disant question sociale serait surmonté si
l'on voulait accepter que la vie de l'économie
soit placée sur son propre terrain et que la
vie démocratique de l'État puisse ainsi se
placer honnêtement et sincèrement à nouveau
sur son propre terrain. L'évolution des États
récents montre à quel point il est nécessaire
que l'humanité se tourne vers de tels
principes. C'est pourquoi, outre les
impulsions historiques qu'il faut prendre en
compte pour être orienté vers cette idée de la
triarticulation de l'organisme social,
permettez-moi de caractériser encore un peu
les deux sources subjectives desquelles,
depuis de longues années, s'est donnée à moi
cette impulsion de la triarticulation de
l'organisme social.
19
L'une des sources est qu'avec les
connaissances spirituelles scientifiques, que
je me suis donc choisi de représenter comme ma
conception de la vie, je peux enseigner
autrement sur certaines conditions de
développement de l'humanité autrement qu'à
partir de la vision du monde matérialiste et
scientifique aujourd'hui en vogue. Cette
vision du monde matérialiste et scientifique,
aujourd'hui courante, ne peut en fait pas
parvenir à une véritable connaissance du
devenir historique de l'humanité, car ce que
nous appelons aujourd'hui "histoire" est au
fond plus ou moins une fable convenue. Nous
faisons aujourd'hui de l'histoire - et voulons
ensuite tirer des leçons de cette histoire
pour les tâches sociales et politiques du
présent - en nous imaginant que ce qui suit
dans le devenir humain est toujours l'effet de
ce qui précède, que ce qui précède est à son
tour l'effet de ce qui précède, et ainsi de
suite. Une comparaison vraiment appropriée,
non purement basée sur des analogies, de tout
le devenir de l'humanité avec le devenir de
l'humain individuel pourrait nous guérir de
cette erreur.
20
Lorsque je vois l'humain individuel se
développer, alors je dois dire que ce qui
apparaît chez lui au cours des premières
années de sa vie, au milieu de sa vie, à la
fin de sa vie, ne se présente pas simplement
de manière à ce que je puisse parler de cause
et d'effet.
21
Je ne peux véritablement pas dire que l'humain
qui atteint l'âge trente-cinq ans vit
organiquement seulement l'effet de ce qu'il a
vécu à vingt ou vingt-cinq ans, mais nous
voyons, au fur et à mesure que l'humain se
développe, certaines impulsions de
développement, certaines forces de
développement s'élever de son organisme, de
tout son être organique, et se montrer
particulièrement efficaces à certaines
époques.
22
C'est ainsi qu'il faut dire qu'il y a des
époques de vie pour l'humain individuel :
lorsque la dentition change, vers la septième
année, nous constatons, si nous avons
seulement un seul organe pour observer la
chose, que toute la vie d'âme de l'enfant
devient différente, que l'enfant passe du
statut d'être imitatif à celui d'être qui a
besoin de venir sous une certaine autorité, de
se conformer aux jugements des humains, alors
qu'auparavant il imitait. À nouveau lors de la
maturité sexuelle, une transformation de la
vie de l'âme démarre. On peut aussi remarquer
cette transformation de la vie de l'âme pour
des époques ultérieures, si l'on a un organe
pour cela.
23
De même que pour l'humain individuel, il n'y a
pas purement une cause et un effet, mais que
les forces d'évolution jaillissent des
profondeurs de son être, il en va de même pour
l'humanité entière. Et si l'on étudie vraiment
l'histoire de manière appropriée, on trouve -
pour n'en citer qu'une - vers le milieu du 14e
ou du 15e siècle, une telle rupture dans
l'évolution de toute l'humanité moderne
civilisée. C'est précisément à ce moment-là
que l'on trouve la transition qui, par
nécessité élémentaire de développement, a
permis à l'humanité moderne de naître avec ses
exigences. Oh, il y a une grande différence
entre ce que l'humain considère comme étant
juste pour lui, pour une existence digne de
l'humain, depuis le XVe siècle, et ce que
l'humain du Moyen Âge considérait comme tel.
24
L'histoire de l'âme - nous ne l'avons en fait
pas pratiquée - telle qu'elle peut résulter de
la science de l'esprit, dont notre bâtiment de
Dornach est le représentant, nous conduit à
considérer ce que j'ai appelé le principe
démocratique comme quelque chose qui se
produit dans l'humanité récente, de la même
manière que l'on considère les
caractéristiques qui apparaissent chez
l'humain individuel, disons à l'âge de la
maturité sexuelle. En tenant compte du fait
que l'humanité moderne est tout à fait
différente et qu'il faut tenir compte des
principes de développement de l'humanité
entière et de l'humain individuel, on acquiert
la conviction que la démocratie est quelque
chose contre quoi on ne peut pas s'opposer,
mais que, parce que la démocratie est quelque
chose qui jaillit de l'être humain le plus
élémentaire, on doit justement diviser
l'organisme social en trois parties pour que
ce qui peut être ordonné démocratiquement
trouve son droit dans le développement de
l'humanité. C'est une chose, ce regard
spirituel scientifique sur les impulsions de
l'évolution de l'humanité. L'autre chose est
l'observation des faits de la vie des peuples.
25
Je peux toutefois seulement vous donner
quelques exemples isolés. Mais il est tout de
même intéressant de voir, à partir d'exemples
isolés, l'impossibilité pour les nouvelles
formations d'États unitaires de parvenir, à
partir de leur unité, à une structure sociale
réellement viable. Il est seulement
nécessaire, pour le démontrer, de se référer à
des exemples particuliers. Vous comprendrez
qu'en tant que non-Suisse, je ne cite pas
précisément la Suisse comme exemple évident.
Je n'ai qu'à mentionner que ce qui s'est déjà
produit dans une si large mesure pour
certaines formations étatiques d'Europe se
produira aussi peu à peu pour les autres, et
que c'est faire preuve d'une grande myopie que
de se baser encore et toujours sur cette idée
: Ah, chez nous, c'est encore différent, nous
n'avons pas à nous soucier de ce qui se passe
ailleurs.
26
Maintenant je choisis peut-être la Russie, à
l'est de l'Europe, comme exemple, non purement
parce que son destin tragique actuel est
particulièrement significatif pour l'étude de
l'humain, mais aussi parce que, d'après les
jugements politiques pratiques des dirigeants
anglais, la Russie est le pays où l'on peut
voir le plus clairement, je dirais même comme
une expérience se déroulant dans la vie des
peuples, quels sont les besoins et les
impossibilités de la vie moderne des peuples.
Permettez-moi de souligner quelques aspects de
l'être de peuple russe.
27
Au milieu de l'absolutisme russe des années
soixante, que vous connaissez bien, nous
voyons apparaître l'étrange institution des
zemstvos. Il s'agit d'assemblées paysannes où
les représentants de la vie paysanne, les
personnes impliquées dans la vie économique ou
dans d'autres domaines de la vie de certaines
régions, se réunissent dans certaines
assemblées pour délibérer, je dirais, à la
manière d'un conseil ou d'un équivalent, d'un
conseil cantonal, sur ces affaires. La Russie
est remplie de tels zemstvos depuis les années
soixante. Ils accomplissent en fait un travail
fructueux ; ils collaborent avec quelque chose
d'ancestral en Russie : les organisations Mir
des différentes communautés villageoises, une
sorte d'organisation forcée pour la vie
économique du village. Nous y trouvons tout
d'abord des coutumes démocratiques anciennes
dans l'organisation paysanne russe, mais nous
avons aussi, dans l'apparition des zemstvos,
quelque chose de plus récent qui s'oriente
tout à fait vers la démocratie. Mais il se
passe quelque chose de très étrange. Et cette
bizarrerie devient encore plus frappante si
nous considérons un autre phénomène, tel qu'il
s'est produit en Russie avant que la
catastrophe mondiale ne détruise tout cela ou
ne le place sous un autre jour.
28
En Russie, il s'est avéré que les humains des
professions les plus diverses se sont associés
entre elles, et que des associations se sont
formées d'une profession à l'autre - des
employés de caisse de banque, des caissiers de
banque ont formé des associations. Ces
associations se sont à leur tour regroupées
pour former des associations plus larges.
Celui qui est venu en Russie n'a pas fait de
rencontres avec des humains individuels, mais
il a buté sur de telles associations partout
où il a eu affaire à quelque chose.
29
Tout cela s'est glissé dans le reste de la vie
étatique de l'absolutisme. Maintenant, quand
on étudie ces semstvos, quand on étudie les
associations, quand on étudie même
l'organisation Mir, on remarque une chose.
Certes, ces organisations s'étendent aussi à
d'autres domaines de la vie, aux institutions
scolaires et autres, mais elles ne fournissent
là rien de particulier. Qui se livre à une
étude impartiale de ces associations - car
finalement les zemstvos ne se sont pas
transformés en corporations, mais en
associations, les agriculteurs se sont
associés à ceux qui étaient en train de naître
à la vie industrielle, etc. -, même si tout
cela prenait un caractère qui ressemblait à
une institution publique, en réalité on avait
affaire à des associations, et toutes
fournissaient du bon. Mais ce qu'elles
fournissaient, elles le fournissaient
seulement sur le terrain de la vie de
l'économie. Et nous pouvons dire que c'est
dans cette Russie qu'apparaît l'étrangeté de
la création d'un système organique fondé sur
l'association. Il s'avère en outre que l'État
russe est incapable de faire quoi que ce soit
avec ce qui est en train de naître. De sorte
que nous pouvons dire : dans la mesure où la
nécessité du développement capitaliste
précoce, tel qu'il apparaît en Russie, conduit
à des organisations économiques, celles-ci
doivent, par une nécessité interne, se placer
à côté des institutions politiques.
30
Maintenant, une autre particularité apparaît
en Russie au XIXe et au début du XXe siècle.
Oui, certes, l'absolutisme fonde ses écoles ;
mais ces écoles ne sont rien d'autre,
j'aimerais dire, qu'un reflet des besoins de
la vie étatique absolutiste. Maintenant, une
vie de l'esprit se développe en Russie, une
vie de l'esprit plus intensive que ne l'admet
l'Europe occidentale. Mais comment cette vie
de l'esprit doit-elle se développer ?
Absolument en opposition, ou en révolte
révolutionnaire contre tout ce qui est le
système d'État russe. On voit que cet État
organisé de manière rigoureusement unitaire
éclate en trois membres, mais veut en fait
purement se diviser. Mais il ne le peut pas.
Il nous montre justement, à travers ce qu'il
vit, à quel point il est impossible de presser
ensemble ces trois domaines de vie les plus
remarquables des humains avec l'État unitaire.
31
Je peux aussi seulement l'esquisser. Si l'on
étudie en détail comment ces trois membres
dans la vie de l'État russe se développent
alors dans la guerre mondiale, comment la
guerre mondiale débouche d'abord sur le règne
vraiment sans essence de Milioukov, puis
comment se développe sous Kérenski ce que l'on
peut appeler la transformation de
l'absolutisme en un système d'État
démocratique, mais encore absolument avec la
foi dans la toute-puissance de l'État
unitaire, alors on peut tout de suite voir à
ce à quoi a dû échouer Kerenski après un court
temps de gouvernement, comment cet État russe
qui veut devenir démocratique est placé dans
l'impossibilité d'aborder les questions les
plus importantes, une question économique, la
question agraire en fait, parce que dans la
question agraire, les associations de la vie
russe sont telles que ce qui a été tenté en
matière de démocratie à partir de l'ancien
absolutisme se brise.
32
Certes, tout se manifeste aussi d'une certaine
manière concrète. On ne peut pas tout y voir
tout de suite. Mais celui qui observe sans
préjugé le devenir de la Russie, son
orientation vers une structure
social-démocrate impossible, parce que l'État
unitaire est justement fragmenté par
l'impossibilité de regrouper les trois
domaines de la vie, verra que cet exemple de
l'Europe de l'Est est justement très
significatif et que les politiciens anglais
voyants loin ont bien raison de considérer la
Russie comme le champ où se manifeste, comme
dans une expérience mondiale, le processus
d'évolution de l'humanité.
33
On pourrait embrasser toute l'Europe d'un tel
point de vue, on verrait partout comment
l'État unitaire se dissout peu à peu. Même
s'il semble encore solidement établi dans
certaines régions, il se dissoudra parce qu'il
ne peut pas maîtriser l'interaction correcte
des trois domaines de la vie humaine. Regardez
comment, à notre époque, là où, par exemple,
le sens politique, la mentalité politique
remplit entièrement l'être le plus intime de
l'humain, la mentalité politique ne peut
devenir maître sur la vie économique.
34
À cet égard, la France est un bon exemple. La
France a sauvé de sa révolution du XVIIIe
siècle ce qui est maintenant un véritable sens
démocratique intérieur, même si ce sens
démocratique est couplé à un grand
conservatisme en ce qui concerne la vie
familiale. Même si beaucoup de choses
rappellent le patriarcat philistin, la
tendance à la démocratie est peut-être, sinon
la plus pure, du moins la plus forte de
l'humanité européenne dans l'essence profonde
de la mentalité française. Ce sens
démocratique a d'abord cherché à s'exprimer
dans la vie de l'État. Tout de suite par cette
expression du sens démocratique dans la vie
d'etat française celle-ci a d'un côté été
abstraitement divisée en ses départements ;
mais ces départements ont à nouveau été
rassemblés en une unité. Tout cela comme fruit
de la Révolution française.
35
Il suffit d'observer une seule chose dans
cette structure de l'État français : la
position du préfet de département, et l'on
verra de quelle manière inorganique l'élément
politique et juridique, l'élément étatique,
est attaché à l'élément économique. Le préfet
n'est en fait rien d'autre, d'un certain côté,
que l'organe exécutif du gouvernement
parisien. Le gouvernement parisien a,
j'aimerais dire, comme ses nombreuses mains,
les différents préfets de département. Mais le
préfet de département doit à son tour être en
relation avec les groupes d'intérêts
économiques de son département. Ainsi,
lorsqu'une élection est en France, certes le
préfet dirigera ces élections, mais elles ne
seront quand même pas différentes de ce que le
préfet peut accorder aux groupes d'intérêts
économiques.
36
Nous voyons ainsi comment il existe en France
des partis, des partis sous devises de parti,
sous slogans de parti volontiers aussi, mais
comment ces slogans de parti signifient
beaucoup moins de choses réelles que ce qui
émerge des intérêts économiques des
départements. En cette relation, l'étude des
faits individuels de la vie française est
extraordinairement intéressante. On voit tout
de suite en France comment une interaction
correcte entre le système juridique-étatique
et l'e système économique ne peut pas se
transformer en une certaine vérité publique,
parce que l'élément étatique ne peut pas
maîtriser l'économique.
37
J'ai moi-même étudié, j'aimerais dire, pendant
des décennies, ce qui devait nécessairement
mener à la chute, disons, de l'Autriche. Cette
Autriche ne pouvait pas ne pas s'effondrer
d'une manière ou d'une autre. Car lorsque la
nouvelle vie démocratique s'est développée,
elle a dû introduire quelque chose de
semblable à la démocratie dans sa vie d'État,
dans cette vie d'État qui avait avant tout une
structure spirituelle d'une telle diversité de
peuples qu'il y avait en fait treize langues
officielles en Autriche, qui avait d'autre
part une vie économique compliquée, adossée
d'un côté à l'Orient, de l'autre à l'Allemagne
et à l'ouest de l'Europe, à l'Italie, etc.
Lorsqu'il s'est agi d'introduire quelque chose
de démocratique dans la vie de l'État
autrichien, celui-ci a été constitué de telle
sorte que l'on a créé un conseil impérial.
Quatre sections différentes ont été élues dans
ce conseil impérial : la curie des chambres de
commerce, la curie des grands propriétaires
terriens, la curie des villes, des marchés et
des sites industriels et la curie des communes
rurales. Si l'on regarde de plus près, ce sont
tous des représentants d'intérêts économiques
qui ont été élus au Parlement autrichien, où
ils devaient façonner l'État. Bien entendu,
ils n'ont réussi qu'à métamorphoser les
intérêts économiques en intérêts étatiques, et
il n'en est rien résulté de véritablement
étatique, mais plutôt un conglomérat
d'intérêts économiques contre lequel s'est
ensuite dressée la vie spirituelle des
différentes nations, quelque chose qui, pour
des raisons internes, devait nécessairement
aller vers son éclatement.
38
Nous pouvons encore observer quelque chose
d'autre, mais qui est beaucoup plus
international et universel, et nous verrons
par là comment tout ce qui est considéré sans
préjugés dans la vie récente de l'humanité
tend vers cette triarticulation. Car prenez ce
qui s'est passé de plus frappant, prenez, je
ne dis pas expressément la question sociale,
je dis la question sociale-démocrate. En
Russie, parce que l'ancienne vie de l'État,
lorsqu'elle a voulu se démocratiser, s'est
morcelée en raison de l'impossibilité de
regrouper les trois domaines de la vie de
manière aussi homogène que le veut la
conception démocratique de l'État, en Russie,
il s'est passé que quelque chose de totalement
étranger a été comme plaqué sur le peuple
russe, et que ce qui se développe aujourd'hui
en Russie n'est évidemment rien d'autre qu'une
chose qui doit nécessairement mener la vie
sociale qu'elle touche à sa perte. Ce que la
social-démocratie, la tendance socialiste qui
ne jure que par le marxisme, peut apporter
dans la pratique, avant tout à la démocratie
véritablement exigée par l'humain le plus
intime, se manifeste précisément dans le
triste état de la Russie actuelle, dont on
peut déjà dire que les idéaux des ouvriers
crédules sont réalisés de telle manière, que
l'on est maintenant contraint, par la
nécessité des circonstances, de transformer la
journée de huit heures en une journée de douze
heures, que l'on substitue à l'organisation
ordinaire, dans laquelle l'ouvrier croit
trouver sa liberté, un régiment militaire de
travail qui promet de devenir beaucoup plus
tyrannique que ne l'a jamais été le régiment
militaire prussien. Ce sont les fruits du
léninisme, du trotskisme !
39
Ils ne peuvent pas être différents non plus.
Ils montrent seulement, à travers l'émergence
la plus radicale, comment le courant
social-démocrate s'est développé à partir du
prolétariat - car la domination russe actuelle
sur les nombreux millions du peuple russe ne
comprend que quelques millions d'ouvriers
industriels et, au fond, il y a aujourd'hui
une tyrannie des quelques millions d'ouvriers
industriels -. Comment s'est-il développé ?
Oui, nous pouvons dire que cette
social-démocratie, qui se caractérise en
particulier par le fait qu'elle dérive toute
la vie de l'humanité uniquement de la
production économique, qu'elle considère toute
vie spirituelle uniquement comme une
idéologie, comme quelque chose qui s'élève
comme une fumée de la production économique,
cette social-démocratie, comment a-t-elle pu
naître ?
40
Cette social-démocratie, qui se tient sous
influence marxiste - je ne pense pas le
socialisme sain, évidemment-, est en fait le
péché des courants bourgeois qui ont émergé à
l'époque moderne, le résultat du péché des
courants bourgeois, pourrais-je dire aussi.
Car si l'on regarde partout, si l'on
parcourait, comme je l'ai montré à travers
deux exemples, la France et la Russie,
l'ensemble du monde civilisé dans son
évolution à l'époque moderne, on verrait
partout : la vie économique est devenue telle
qu'elle a été marquée par la technique,
qu'elle a arraché l'humain à son ancien lien
avec sa profession, qu'elle l'a placé dans la
machine abstraite et indifférente, dans
l'usine indifférente - et le prolétariat n'a
au fond rien connu d'autre que la vie de
l'économie.
41
A l'époque moderne, il aurait été nécessaire
de placer ce prolétariat devenant de plus en
plus grand dans une structure sociale. On n'a
pas pu tirer quelque chose de ce que
l'évolution historique a apporté à l'humanité,
par quoi on aurait en quelque sorte imaginé
une structure uniforme pour ceux qui sont les
dirigeants dans la vie économique, dans la vie
spirituelle et ainsi de suite, et ceux qui
doivent travailler avec les mains. On avait en
quelque sorte omis de développer de nouvelles
forces à partir des anciennes. Les anciens
États princiers n'ont pas donné naissance à de
véritables institutions qui auraient été
portées par la démocratie. Il faut donc dire
que ce qui est la social-démocratie moderne
est né du fait que les classes dirigeantes,
les personnes dirigeantes de l'histoire
moderne n'ont pas pu maîtriser ce que la vie
économique a fait monter. On a laissé les
États organisés de telle sorte qu'ils ne
pouvaient pas englober la vie économique qui
devenait de plus en plus exubérante. Et c'est
ainsi que la non-maîtrise de ce qui est apparu
dans les âmes humaines avec la naissance du
prolétariat montre le fait que rien de fécond
pour une structure possible de l'organisme
social n'a pu naître de ce que l'on pouvait se
représenter de l'État.
42
Et ainsi, je pourrais encore citer beaucoup de
choses, cela vous montrerait qu'en fait, de ce
que l'on peut observer, découle la nécessité
de placer les trois principaux domaines de la
vie de l'humain et de l'humanité sur leur
propre terrain.
43
Il est vrai que l'on pouvait aussi parler de
cette nécessité avant que cette terrible
catastrophe ne se produise dans le monde et ne
révèle si clairement les forces destructrices
au cours des quatre ou cinq dernières années.
Mais je ne crois pas que l'humanité, avant
1914, où l'on ne vivait que dans l'illusion de
ce que l'on ressentait comme un grand, un
énorme essor dans l'humanité moderne, aurait
pu être gagnée à la compréhension de cette
nécessité. Les temps sont maintenant venus où
il n'est pas seulement nécessaire de prouver
théoriquement l'existence d'une telle
nécessité, mais où les États qui étaient tout
particulièrement exposés aux dangers de l'État
unitaire ont été balayés dans leur ancienne
forme et se trouvent devant la nécessité de se
reconstruire entièrement.
44
Nous voyons l'ancien système d'État russe
oriental fragmenté, confronté à la nécessité
de se reconstruire, mais aussi à l'impuissance
de se reconstruire de manière prospère, en
acceptant qu'on lui impose quelque chose qui
n'est jamais issu de son propre peuple, mais
qui est plaqué sur lui comme un moule
socialiste général applicable à tout. Et nous
voyons par exemple en Allemagne, où une
révolution ratée, la révolution de novembre
1918, montre vraiment bien comment les
circonstances ne donnent lieu qu'à un chaos,
un véritable chaos. Et ce qui est le plus
frappant, je dirais même déchirant, dans la
vie de l'Allemagne d'aujourd'hui, c'est que
partout où on les rencontre et où on doit
parler avec eux d'affaires publiques, les
humains se montrent perplexes. Pourquoi se
montrent-ils perplexes ? Pour la simple raison
que le dogme de l'État unitaire est fermement
enraciné dans les âmes et que les terribles
leçons des quatre ou cinq dernières années
n'ont vraiment pas suffi à éradiquer ce dogme
chez les humains. J'ai demandé à plusieurs
personnes d'où venait le fait que l'on dormait
ainsi, que l'on ne pouvait convaincre personne
de se mobiliser pour quelque chose de positif
dans la direction de la construction. Les gens
avouaient tranquillement : "Oui, nous avons
passé tant et tant de temps dans les
tranchées, nous ne savions pas si nous serions
encore en vie dans huit jours, cela devait
nous devenir peu à peu indifférent de savoir
si nous serions encore en vie dans huit jours
; ne devrions-nous pas être indifférents à ce
que les institutions sociales seront faites
dans huit jours ? On se laisse aller à bien
des états d'âme. C'est ce qu'on dit plus d'un,
et pas n'importe qui.
45
Certes, les conditions temporelles rendent
certaines choses explicables, mais la
nécessité historique, purement humaine, est
quelque chose de plus grand, de plus
significatif. La, il n'y a qu'un où bien l'un
ou bien l'autre. Et je crois qu'ici aussi, on
pourrait déjà reconnaître - puisque les
conditions ne sont vraiment pas loin, qui sont
susceptibles de projeter leurs ondes dans
toute l'Europe - ce qui doit être reconnu :
c'est l'impossible de réunir les trois
domaines de la vie, la vie de l'esprit, la vie
de l'État, la vie économique, en une unité. La
nécessité de placer chacun de ces trois
domaines sur son propre terrain devrait être
envisagée.
46
Je sais très bien combien les anciennes
conceptions peuvent s'opposer à cette
triarticulation de l'organisme social. Mais
celui qui considère la situation mondiale
actuelle, telle que j'ai essayé de la décrire
à l'aide d'exemples isolés, se dira que cette
proposition de triarticulation de l'organisme
social se distingue de toutes les autres, de
nature plus utopique, par le fait qu'elle ne
donne pas un programme, qu'elle ne se présente
absolument pas avec la prétention du
tout-savoir, mais qu'elle dit : Si les humains
s'organisent socialement de telle sorte que le
meilleur d'eux-mêmes émerge dans une vie
intellectuelle libre et émancipée, que ce en
quoi tous les humains devenus majeurs sont
égaux émerge dans une vie étatique
démocratique indépendante, que ce en quoi tout
doit se développer à partir de soubassements
économiques émerge dans une vie de l'économie
indépendante, alors c'est tout de suite parce
que les humains sont appelés à une action
sociale que quelque chose comme la solution de
la question sociale verra le jour.
47
Car je ne crois pas que celui qui connait la
vie peut adhérer à la vision superficielle
selon laquelle la question sociale est quelque
chose qui est apparue hier et pour laquelle il
suffit d'avoir des idées ou de tirer des
conclusions de la vie pour élaborer un
programme, et la question sociale sera
résolue. De telles mixtures il y a beaucoup.
48
Mais l'impulsion en faveur de la
triarticulation de l'organisme social ne se
situe pas sur ce terrain du tout-savoir. Elle
est imprégnée de la conviction que la question
sociale s'est posée, qu'on ne peut pas la
résoudre du jour au lendemain ou avec un
individu quelconque : elle sera toujours là
dans l'avenir, elle imprégnera notre vie, et
la solution ne peut consister qu'à se tenir
continuellement sous de telles institutions,
de sorte que les difficultés qui surgissent
chaque jour soient peu à peu surmontées. Toute
la vie future consistera en une sorte de
solution à la question
sociale.<<<<
49
L'impulsion en faveur de la triarticulation
espère que ce que l'on pourrait appeler une
solution de la question sociale proviendra de
ce que les humains individuels feront en
travaillant et en jugeant de manière naturelle
dans l'organisme social triarticulée. Elle ne
veut pas résoudre la question sociale de
manière théorique, elle veut donner aux
humains la possibilité de résoudre la question
sociale en collaborant et en jugeant ensemble.
Mais même ce qui peut être fait comme
proposition - je n'ai pu vous en donner qu'une
esquisse aujourd'hui -, cette caractéristique
des trois domaines de l'organisme social, même
cela n'est absolument pas considéré par les
porteurs de cette pensée comme quelque chose
qui pourrait être un dogme quelconque. C'est
seulement cela que j'aimerais : qu'il soit
discuté, que le plus grand nombre possible
d'humains soit pénétré de ce que la détresse
de l'époque actuelle enseigne, que l'on fasse
ce qui peut conduire à une construction à
partir des meilleures forces de l'être humain.
50
Si les bonnes volontés des côtés les plus
divers agissent de la sorte, une discussion
fructueuse peut s'engager. Et c'est à une
telle discussion fructueuse que s'attachent en
fait ceux qui sont porteurs de l'idée de la
triarticulation de l'organisme social. S'ils
doivent croire qu'ils n'auraient pas pu se
manifester avant que la catastrophe mondiale
ne survienne - ils ont maintenant un certain
optimisme, mais je dirais un optimisme triste
: que la misère qui se propage de plus en plus
doit devenir le grand maître, que c'est
précisément à partir de la misère que les
humains devront reconnaître que quelque chose
comme ce qui s'exprime aujourd'hui - je ne
veux pas dire déjà dans le contenu que nous
sommes capables de donner sur l'idée de la
triarticulation de l'organisme social, mais
dans l'impulsion que nous voulons donner à la
discussion publique par cette idée - doit être
pris au sérieux d'une manière ou d'une autre.
Beaucoup dépendra du fait que de telles choses
puissent être prises au sérieux. Une sorte de
somnolence des âmes se répand encore sur
l'humanité européenne, sur l'humanité
civilisée moderne en général, et même si ceux
qui agissent déjà aujourd'hui dans le
mouvement pour la triarticulation de
l'organisme social ont fait l'une ou l'autre
chose à partir de leurs convictions, ils
savent que ce qui est juste ne viendra que
lorsqu'un nombre suffisamment grand de
personnes s'engagera dans les détails de la
chose.
51
Nous avons déjà eu la possibilité de fonder
une école libre à l'école Waldorf de
Stuttgart, dans laquelle les enfants de six,
sept, quatorze et quinze ans sont instruits
dans une école primaire de huit classes selon
les principes d'une vie de l'esprit libre, de
sorte qu'ils grandissent à partir d'une vie de
l'esprit libre dans un ordre social. Nous
avons essayé les choses les plus diverses dans
ce domaine, et nous envisageons aussi des
choses économiques, où nous voulons essayer de
placer les branches les plus diverses de la
vie économique sous les points de vue de la
triarticulation, de les organiser, de les
financer selon ces points de vue ; car il sera
peut-être particulièrement nécessaire, pour
avoir un effet convaincant, que le modèle, que
l'exemple soit là. Mais pour que cet exemple
ait un impact suffisant, pour qu'il puisse
être intégré dans la réalité, il faut avant
tout qu'un nombre suffisamment important
d'humains participent à la discussion sur ce
que veut réellement l'impulsion pour la
triarticulation de l'organisme social.
52
C'est à cela et à rien d'autre que j'aimerais
avoir incité un peu avec les explications,
certes très sommaires, que j'ai pu donner ce
soir dans le court laps de temps qui m'était
imparti.
53
S'ensuit une discussion au cours de laquelle
diverses questions et objections ont été
formulées à l'encontre des explications
données dans l'exposé.
54
Mot de la fin
55
En fait, je dois avouer qu'aucune objection
réelle n'a été formulée. Je comprends très
bien que les questions les plus diverses
peuvent être posées sur la base de ce que j'ai
dit ce soir, et je pense qu'il est impossible
de traiter une telle question de manière
suffisamment exhaustive en une heure d'exposé
pour que des centaines et des milliers de
questions, et peut-être plus encore, ne soient
pas posées à la suite. C'est pourquoi je
voudrais seulement faire quelques remarques
qui pourraient peut-être donner quelques
indications au lieu d'une réponse aux
différentes questions, qui devrait vraiment
durer plusieurs jours.
56
Tout d'abord, en ce qui concerne ce que
Monsieur le Président a dit en dernier, à
savoir qu'il n'existe pas de formulations
claires sur ce que veut réellement la
triarticulation. Vous voyez, j'ai essayé, dans
mon livre "Les points essentiels de la
question sociale", de discuter autant que
possible de certains de ces problèmes, par
exemple comme celui de la circulation des
moyens de production que j'ai déjà exposé et
que je dois mettre à la place de
l'impraticable socialisation des moyens de
production, et ainsi de suite. Vous trouverez
dans les "Points essentiels de la question
sociale" plus de détails de ce genre que vous
ne le pensez peut-être. Je dois toujours
souligner que la façon dont j'essaie de saisir
cette impulsion de la triarticulation est en
fait puisée dans la vie entière et pleine, et
la vie entière et pleine a en fait des
dimensions non seulement dans deux directions,
mais aussi toujours des dimensions vers les
profondeurs, et c'est là que les formulations
abstraites ne sont parfois pas aussi faciles à
entourer de contours que l'on pourrait
peut-être le souhaiter, parce que
naturellement les problèmes particuliers
doivent d'abord être développés. Je vous prie
de tenir compte du fait que le mouvement en
est à ses débuts et qu'à la fin de mon exposé
d'aujourd'hui, si je peux l'appeler ainsi,
j'ai justement appelé à une discussion. Je
pense que seule une discussion permettra
d'aboutir à quelque chose de vraiment
fructueux.
57
J'aimerais maintenant aborder certaines
questions, au moins de manière allusive. Un
malentendu important entre M. Le Dr S. et moi
est justement né du fait que je ne parle donc
pas du tout, comme l'a compris M. le docteur,
de trois parlements. Je ne vois pas l'essence
de cette triarticulation dans le fait que l'on
divise aujourd'hui le parlement unique en
trois parlements, mais dans le fait que l'on
n'a un parlement, au sens actuel du terme, que
pour ce qui peut être géré ou orienté
démocratiquement, et que les deux autres
domaines ne sont pas gérés parlementairement,
mais par ce qui en découle. Il m'est très
difficile de parler de ces choses concrètes en
termes abstraits. Je voudrais donc construire
la réponse en quelque sorte.
58
Lors de la mise en place de l'école Waldorf,
j'ai dû à nouveau me pencher de manière
approfondie sur tout ce qui se présente, je
dirais, comme une coupe transversale : le
résultat de l'administration étatique pour le
système scolaire. N'est-ce pas, j'ai dû
constituer l'école Waldorf à partir de deux
points de vue. L'une consistait à se baser sur
ce que je croyais être l'impulsion de l'école
Waldorf à partir des simples exigences de la
vie spirituelle elle-même.
59
Maintenant, j'aimerais que ce soit celui qui
se trouve dans l'enseignement vivant qui fixe
les objectifs de l'enseignement, et non pas
celui qui en est arraché et devient
fonctionnaire d'État, qui passe donc de
l'enseigner vivant à la démocratie. J'aimerais
donc que ce qui englobe la vie spirituelle
soit géré par ceux qui sont encore à
l'intérieur, qui construisent cette vie
spirituelle. Il est donc important que toute
la structure de l'administration soit
construite sur la structure même d'une vie de
l'esprit elle-même. N'est-ce pas, aujourd'hui
encore, j'ai dû faire en sorte que les
enfants, après avoir terminé trois classes,
puissent à nouveau s'y joindre - afin d'avoir
la liberté de s'y joindre à nouveau après
trois autres années, à partir de la douzième
année. Je devais donc tenir compte d'un
extérieur.
60
C'est l'essence même de la triarticulation.
Elle se tient partout sur un terrain réel,
elle doit aussi travailler à partir d'un
terrain réel. Mais si l'on a un terrain réel,
on n'a pas quelque chose d'indéterminé. La vie
de l'esprit est quand même là, elle a quand
même une administration, simplement par le
fait que l'un se trouve dans une position,
l'autre dans une autre. Dans ce détachement du
corps spirituel du corps de l'État, j'aimerais
maintenant que l'administration se
forme/façonne hiérarchiquement, et je crois -
évidemment, c'est naturellement quelque chose
qui ne peut pas être développé aussi
rapidement maintenant - que l'administration
hiérarchique aura toutes les imperfections. Je
sais ce qui tout particulièrement est objecté
par des professeurs, mais peut-être que même
pour de telles transitions, sont parfois
nécessaires de plus grandes imperfections pour
que l'on arrive à quelque chose de parfait,
mais ce dont il s'agit, c'est que peu à peu, à
partir des pures conditions pédagogiques et
didactiques et conditions supplémentaires de
la vie de l'esprit, se forme un corps purement
didactique de la vie de l'esprit, qui
administre ainsi que c'est fondé dans le
factuel, en faisant seulement allusion de
manière un peu abstraite à la "république des
savants/érudits" de Klopstock, et que quelque
chose de ce genre est effectivement possible
dans le domaine de la vie de l'esprit, si l'on
a seulement la bonne volonté de le fonder.
61
Je me pense qu'il apparaîtra alors très
clairement - laissez-moi mentionner quelque
chose de concret, de prendre un exemple - que
la pédagogie, pratiquée dans les universités,
a fait partie des pires/plus mauvaises
disciplines jusqu'à présent, du moins dans
toute l'Europe centrale. En règle générale,
elle a été confiée à un pédagogue quelconque,
qui l'a pratiquée en tant que matière
secondaire. Dans une telle république savante,
celui qui se montre compétent peut être appelé
pendant trois ans, enseigner la pédagogie,
puis alors à nouveau retourner à
l'enseignement de la matière.
62
Mais en ce qui concerne la constitution
extérieure, je dois dire que jusqu'à présent,
cela s'est très bien passé dans notre corps
enseignant de l'école Waldorf à Stuttgart. Dès
le début, la question s'est posée : qui sera
le directeur ? - Évidemment, personne ; nous
avons simplement des enseignants également
justifies de par toutes les classes, et l'un
d'entre eux, qui a un peu moins d'heures que
les autres, s'occupe des choses
administratives. On voit déjà que les
enseignants compétents ont aussi une certaine
autorité sur les autres, une autorité conforme
à la nature, et un certain système
hiérarchique s'en forme. Il n'est pas
nécessaire de répondre à la question comme a
pensé M. le juge en chef L. : Qui commande ? -
mais cela se fait de soi-même. Je me garderai
bien de citer des noms, mais cela se fait.
Donc, sur le domaine de la vie de l'esprit.
63
Comment interrogez-vous les parents sur l'état
d'enseignement ? C'est quand même de la
dictature !
64
De manière professionnelle et objective !
Certes, appelez cela une dictature si vous
voulez, le nom ne m'importe pas là. C'est une
dictature dans la mesure où ce n'est pas
l'individu qui décide. Comme vous êtes un
scientifique, vous comprendrez aisément que je
dise qu'il n'y a pas de mal à ce qu'une
"dictature" décide de la justesse du théorème
de Pythagore, car il repose une certaine
nécessité dans la chose.
65
Et l'enseignement religieux ?
66
Là il s'agit que maintes questions théoriques
se transforment désormais en questions
didactiques. En ce qui concerne l'enseignement
religieux tel qu'il est ordonné dans l'école
Waldorf - ce en quoi je ne veux pas dire qu'il
sera toujours ordonné de cette manière, parce
que peut être là aussi une évolution à lieu-,
il s'agit de ce qu'il est tout d'abord ma foi
opportun, ou quelque chose comme ça, que ce
que j'ai pu donner comme cours d'enseignement
pédagogique et didactique s'exprime seulement
dans la méthodologie, non pas dans la vision
du monde, mais dans la prise en main de
l'enseignement. L'école Waldorf ne doit en
aucune direction être une école de vision du
monde. Cela n'a été à atteindre que parce que
mes institutions se sont toutes référées à la
pédagogie et à la didactique et ont travaillé
à partir de là. Les enfants qui viennent de
parents catholiques ont leur cours de religion
catholique, les enfants qui viennent de
parents protestants ont leur cours de religion
protestante dispensé par les pasteurs
catholiques et protestants respectifs. Il
s'est avéré qu'il y avait un grand nombre
d'enfants de prolétaires et aussi
d'anthroposophes et que fut aussi exigé un
enseignement religieux libre. Et les enfants
dont les parents demandent un enseignement
religieux libre reçoivent de notre part un
enseignement religieux libre, issu de nos
convictions. Don dans cette question, c'est
donc une vérité de sentiment, liée à certaines
forces de motivation sociales, qui décide.
67
Les choses se comportent naturellement
autrement dans le devenir qu'après un certain
temps. Mais c'est tout de suite à la pratique
que l'on voit que l'on peut avancer si l'on ne
veut aucun parlement pour les affaires
spirituelles. C'est pourquoi je ne peux pas
non plus suivre avec les "trois parlements",
ni répondre à la question "si Kerenski avait
eu trois parlements..." ; c'est justement
parce qu'il aurait dû résoudre la question
agraire dans son seul parlement et qu'il a
échoué. Je ne vois par exemple aucun lien de
causalité entre la triarticulation et ce qui
existait auparavant, je voulais seulement
attirer l'attention sur le fait que ce qui
existait auparavant a échoué aux trois
domaines de la vie, que je ne peux pas prendre
comme deux ou quatre ou même plus, parce qu'il
n'y en a que trois.
68
Dr S. : Je n'ai pas non plus sérieusement
envisagé cette objection.
69
Dr Steiner : Je ne l'ai pas compris autrement
non plus ! Je me demande maintenant, après que
l'État a échoué dans l'institution des trois
parlements qu'il a formés, comment on peut
progresser par un nouveau départ, et non par
un lien de cause à effet, tout en conservant
ce qui est bon. Vous voyez que les éléments de
réponse à vos questions se trouvent dans ce
que vous avez dit. Je ne souhaite pas non plus
de parlement dans le domaine économique ; pour
l'amour du ciel, pas de démocratie dans le
domaine économique ! Mais un ordre qui n’est
pas hiérarchique, mais qui résulte de la chose
elle-même.
70
Maintenant, ces domaines ne sont absolument
pas simplement juxtaposés, mais si vous lisez
mes "points essentiels", vous trouverez que la
circulation des moyens de production est
essentiellement déterminée par ce qui est
déterminé dans le domaine spirituel, de sorte
que le spirituel agit directement sur
l'économique. Et c'est ainsi que beaucoup de
choses dans la vie économique, en ce qui
concerne la position de chacun, sont
déterminées de l'organisation spirituelle. Je
veux donc dire que dans l'organisation
spirituelle, il s'agit aussi de déterminer si
un humain est capable de faire telle ou telle
chose et s'il est formé pour cela ; de cela
dépend la position économique dans laquelle il
peut être placé.
71
Cela doit naturellement se faire en commun
entre l'économique et le spirituel. Du fait
qu'il est capable de faire ceci ou cela, il
sera déjà supérieur à un autre qui se trouve
dans une autre position. Il n'en résulte rien
de hiérarchique, mais dans un certain sens,
rien de bureaucratique non plus. Tout
parlement bureaucratique pour le système
économique ne conduit qu'à la dissolution du
système l'économique. Ainsi, l'essentiel
chez-moi réside dans la manière dont les trois
membres sont organisés, et on ne peut pas dire
: chacun sera dans trois parlements ; il n'y a
qu'un seul parlement, dans lequel chacun peut
être, mais qui ne repose que sur la faculté de
jugement de chaque humain devenu majeur. Donc,
nous disons, pour mettre en évidence le
domaine le plus important : toutes les
questions juridiques/de droit. Les questions
juridiques sont effectivement telles qu'elles
sont au moins dans l'intérêt de chaque
personne devenue majeure, et j'aimerais dire,
évidemment, que chaque humain devenu majeur
n'est donc aussi pas idéalement également
capable que tout autre humain devenu majeur.
Mais pour cela, une certaine moyenne
arithmétique donne quand même le résultat
correspondant en ce qui concerne les questions
juridiques/de droit. Là, on devrait maintenant
absolument en venir à parler sur la théorie de
la fondation du droit. Le droit ne repose en
fait pas vraiment sur le jugement, mais sur la
sensibilité, sur les habitudes qui naissent de
l'interaction entre les humains qui vivent
ensemble. Là-dessus se laisse en juger lorsque
des humains allant ensemble en jugent. Je ne
crois pas, Monsieur le Docteur S., que
l'humain individuel ait besoin de trouver le
droit correct, mais c'est ensemble qu'ils le
trouveront. C'est ce que fait la démocratie.
Je vois des choses bien plus importantes dans
l'interaction que dans l'individu. J'aimerais
donc que les humains devenus majeurs siègent
au parlement démocratique et qu'ils y prennent
des décisions, principalement sur des choses
juridiques, mais aussi, à juste titre, aussi
sur des institutions de bienfaisance, car
chaque humain devenu majeur peut également
prendre des décisions dans ce domaine ; bien
entendu, en beaucoup de choses non sur le
concret et le professionnel.
72
Maintenant, la journée de huit heures est une
chose qui ne peut sérieusement entrer en ligne
de compte pour la triarticulation de
l'organisme social, car que signifie
réellement la journée de huit heures ? Je dois
avouer que je n'ai pas de réputation, mais la
plus grande partie de l'année, je travaille
beaucoup plus de huit heures et je ne trouve
pas cela exagéré, et je ne pense pas qu'il
soit possible de fixer une telle journée de
huit heures sans saper notre vie sociale
réelle. C'est pourquoi vous trouverez dans mes
"Points essentiels de la question sociale" que
tout ce qui se rapporte au temps de travail
est fixé au sein de l'État démocratique et que
c'est sur cette base que sont conclus les
contrats de répartition des revenus, non pas
des contrats de travail, mais des contrats de
répartition du résultat entre ce que j'appelle
directeur de travail et ce que je dois
justement appeler travailleur.
73
Donc cela dans le parlement de droit ?
74
Dans le parlement de droit, on détermine le
temps et la sorte/façon du travail. Là, le
travailleur manuel est tout à fait égal au
travailleur spirituel, car le travailleur
spirituel ne peut pas faire valoir ses
intérêts. On peut s'entendre mutuellement avec
de la bonne volonté, mais on ne peut pas poser
des exigences quelconques qui se rapportent à
la vie de l'économie elle-même, on ne peut pas
régler l'exportation et l'importation selon
des lois parlementaires, mais cela doit être
étudié à partir des conditions économiques, à
partir de connaissances préalables objectives
et professionnelles. Le fait d'être depuis
vingt ans dans une entreprise me donne un
autre crédit moral auprès de mes cohumains que
si je n'y suis resté qu'un an. Dans la vie
démocratique, il n'entre pas en considération
que je sois un jeune blaireau insolent de
vingt et un ans pour juger de quoi que ce
soit. Dans la vie économique, il est
simplement important que l'expérience de la
vie soit prise en compte. C'est tout
simplement nécessaire pour le salut de
l'humanité.
75
C'est à dessein que j'ai posé la question de
la journée de huit heures. Si l'on avait une
journée de quatre heures, que pourrait faire
le directeur ? Je ne tiens pas du tout à la
journée de huit heures. Je travaille aussi
plus. Je pense de la réglementation du temps
de travail.
76
Bien. La chose est celle-ci : si le parlement
démocratique décide d'une journée de quatre
heures, soit cette journée de quatre heures
suffira à la gestion de la vie économique,
soit elle ne suffira pas. N'est-ce pas, il
s'agira alors que chacun comprenne, grâce à sa
raison devenue adulte - le changement doit en
effet être effectué par la voie démocratique -
que c'est par la voie démocratique que le
changement aura lieu, et non par une autre
voie, par exemple en permettant au plus
puissant économiquement d'exercer une
pression. Ce qui existe en tant que rapports
juridiques de la vie économique doit donc être
traité par le parlement démocratique. Mais en
ce qui concerne la question économique -
n'est-ce pas, qu'est-ce qui n'est pas une
question économique ? On peut dire : peut-on
vraiment séparer la vie spirituelle de la vie
économique ? - Ici, on a objecté à juste titre
la question de l'argent : cela coûte quelque
chose. Maintenant c'est pourquoi je vois dans
la vie économique des associations naître des
différentes branches de la vie économique qui
s'entrelacent, des branches apparentées et non
apparentées, de la production, de la
consommation et ainsi de suite. Décrire cela
en détail m'entraînerait trop loin.
77
Ce dont il s'agit, c'est ceci : les différents
membres de la vie de l'esprit sont, dans leur
administration de la vie de l'esprit, ce que
j'ai décrit pour la vie de l'esprit ; en tant
que participants à la vie de l'économie, ils
forment des consommateurs économiques et sont
des membres, des associations, qui
appartiennent au corps économique. Ce que je
sépare, c'est la vie ; ce n'est pas une
séparation abstraite en trois corps, mais
c'est la vie qui est membrée/articulée.
N'est-ce pas, la vie spirituelle est
effectivement gérée de manière hiérarchique,
mais la vie économique de tous ceux qui
œuvrent spirituellement se trouve dans la vie
économique des associations. Donc dans leur
économie/gestion sont des enseignants et ainsi
de suite aussi absolument des corps
économiques, des organisations économiques. Et
ainsi, les différents agissent effectivement
les uns à travers les autres. Et cela se
laisse vraiment seulement suivre dans le
détail ; comme finalement, si l'on veut
présenter la chimie, on ne peut pas non plus
tout exposer en une heure, mais il faut
justement renvoyer à ce qui doit ensuite être
réalisé dans le détail.
78
Mais que, pour répondre à une question de M.
le juge en chef L., il soit plus facile de
traiter et de répondre à certaines questions
de l'humain simplement devenu majeur qu'à des
questions objectives, je pense que cela va
finalement de soi. Certains socialistes - ils
ne sont vraiment plus apparus par dizaines,
mais par chocs à l'époque, n'est-ce pas, où
l'on a soudain pu à nouveau s'agiter en
Allemagne -, certains socialistes se sont
représente comment on peut organiser les
différentes branches et ainsi de suite, en
appliquant à la vie économique ce qu'ils
avaient appris en tant qu'agitateurs
politiques. C'est le grand malheur de la
discussion politique actuelle : les gens n'ont
acquis une certaine formation que dans la
lutte purement politique, dans les élections
et ainsi de suite, mais ils ne peuvent pas
aborder la vie de l'économie.
79
Au fond, les agitateurs socialistes n'ont la
plupart du temps aucune idée de la vie
économique et encore moins des conditions de
la vie économique. Et c'est ainsi que les
utopies les plus diverses ont été élaborées
sur la manière dont on peut articuler ceci ou
cela. Je veux par exemple mentionner la
manière dont les branches industrielles, qui
reposent sur une imbrication fine et
minutieuse de choses très différentes, doivent
s'en sortir avec leur exportation, si elles
doivent être organisées selon une économie
planifiée de Möllendorff ou autre. Il est
important que certaines choses, qui ne peuvent
être gérées qu'à partir d'un organisme
économique, ne soient pas gérées de manière
gouvernementale, mais de manière autonome.
80
Il est caractéristique, par exemple, quand est
dit : On ne peut pas aujourd'hui retirer
l'école de l'État, on ne se laisse pas faire,
et dans un État socialiste, ce n'est pas
nécessaire. - Celui qui connaît les conditions
réelles de l'humanité, et non celles qui
hantent les têtes des agitateurs politiques,
doit se dire que dans un État socialiste, ce
serait encore plus nécessaire ! Il serait
d'autant plus nécessaire, pour le bien de
l'humanité, de retirer au moins l'école de ce
que l'État socialiste, tel qu'il est présenté
par les marxistes, envisage faire de
l'humanité.
81
Je crois donc que si la bonne volonté est
présente pour entrer dans le détail -
l'objection des trois parlements m'a déjà été
faite à plusieurs reprises -, je veux tout de
suite avoir la triarticulation objective, non
pas pour avoir purement trois groupes
d'humains, trois maisons les unes à côté des
autres ; ce ne seront vraiment pas trois
maisons. Si je suis bien compris, on trouvera
probablement que l'on peut déjà se rencontrer
dans les solutions concrètes que j'ai déjà
données pour certaines questions et que je
donnerai encore pour d'autres, si j'ai encore
quelque temps à vivre - je préférerais que
d'autres les donnent - je crois que l'on
s'entendra déjà parfaitement.
082
J'aimerais à nouveau souligner qu'il ne peut
pas s'agir d'un savoir universel, mais qu'il
s'agit d'une tentative de déterminer sans
utopie ce qui doit se passer jusque dans le
détail, en partant du principe que les trois
domaines de la vie ont des conditions de vie
très différentes, et qu'alors quand les
humains collaborent ainsi dans les trois
domaines de la vie, ils collaborent de manière
qualitativement différente, donc pas purement
parlementaire quantitative, mais qualitative,
qu'alors premières les constatations concrètes
se donneront de manière correcte.
83
Je dois donc dire que pour moi, cette
triarticulation de l'organisme social est si
solide que je voudrais comparer cette solidité
à peu près, c'est-à-dire naturellement cum
grano salis, à la solidité du dogme
pythagoricien. On ne peut pas non plus le
prouver partout, dans tous les cas, mais on
peut prouver qu'on peut l'utiliser. La
triarticulation n'a absolument pas besoin
d'être abstraite de tout ce qui est
particulier, mais elle est applicable dans
tous les détails, et dans ce cas, elle est
applicable dans la pratique, dans la mesure
où, dans l'organisme triarticule justement, la
vie de l'État, la vie de l'économie et la vie
de l'esprit sont organisées de cette manière -
une pratique sera atteinte.
84
Je pense qu'il serait trop long ce soir de
répondre aux questions naturellement très
vastes de M. le juge en chef L. ; mais il est
peut-être évident qu'il s'agit ici partout de
partir de l'organisation concrète de la
réalité, et qu'il est donc extrêmement
difficile de donner des réponses abstraites,
parce que l'on veut justement rester dans la
pleine réalité.
085
J'aimerais seulement encore revenir sur cela :
je le trouve aussi extrêmement intéressant que
le syndicalisme soit apparu au sein du peuple
français, et je pense que la meilleure façon
de résoudre cette question est d'étudier la
sociétalisation. Il est très intéressant
d'étudier les différentes nuances du
socialisme anglais et du socialisme français.
Le socialisme anglais est en fait une méthode
capitaliste atténuée. C'est en fait absolument
ce qui agit dans le capitalisme. Dans la
question ouvrière anglaise, l'élément purement
économique n'est en fait que concentré sur les
intérêts de l'ouvrier, mais il n'est pas
complètement sorti, de sorte que le socialisme
anglais a une coloration économique
opportuniste.
086
Le socialisme allemand a accueilli le marxisme
avec une capacité militaire et un esprit
d'organisation militaire, et il s'est doté
d'une organisation militaire rigoureuse. Et
celui qui, comme moi, a travaillé dans une
école d'éducation ouvrière, qui était
entièrement issue de la social-démocratie, a
été éjecté par son orthodoxie non marxiste,
c'est-à-dire par son non-marxisme, en disant :
"La liberté, c'est la liberté : Ce n'est pas
la liberté, mais une contrainte raisonnable -
il peut déjà en juger. Le socialisme allemand
est au fond quelque chose qui se situe tout à
fait à l'intérieur du même esprit qui a
engendré le militarisme prussien.
87
Le syndicalisme français est quand même -
vraiment sans vouloir faire crédit à une
quelconque sorte de peuple ou sans vouloir
accrocher quelque chose à l'allemand - le
syndicalisme français est quand même ce que je
dois voir, par son caractère associatif, comme
le meilleur début justement de ce que je dois
penser comme l'association dans la vie
économique. Et justement, si je le compare au
socialisme anglais et au socialisme allemand,
je vois qu'il est issu de ce que j'ai essayé
de caractériser, de la mentalité démocratique.
Il y a deux côtés ; l'un s'est manifesté chez
la bourgeoisie, l'autre chez les ouvriers. Et
ce qui, chez la bourgeoisie, s'est développé
de manière plus capitaliste et rentière, s'est
développé chez l'ouvrier de manière
syndicaliste. Ce n'est que côté pile et face.
88
Je crois donc que ces trois nuances
différentes, la nuance anglaise, la nuance
française et la nuance allemande du socialisme
sont liées aux qualités du peuple.
89
Et c'est là que l'on en vient à une question
que je considère comme extraordinairement
importante. Il ne faut pas non plus partir
d'un socialisme général et ne pas croire qu'il
existe un socialisme abstrait, mais il faut se
demander comment chaque peuple doit être
traité à partir de ses propres entités. - Et
celui qui vient d'observations d'Europe
occidentale, qui les a encore incubées ici en
Suisse, qui va en Russie et qui impose au
peuple russe quelque chose de tout à fait
étranger, celui-là détruit en fait ce qui a pu
se former à partir du peuple russe. - Mais,
comme je l'ai dit, toutes les questions
sociales ne peuvent plus être résolues
aujourd'hui.
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