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Institut pour une triarticulation sociale
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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA334

DE L'ÉTAT UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL TRI-ARTICULÉ.




LA TRIARTICULATION ET LA SITUATION MONDIALE ACTUELLE
Zurich, le 19 mars 1920 devant la Société statistique-économique du canton de Zurich
DREIGLIEDERUNG UND GEGENWÄRTIGE WELTLAGE
Zürich, 19. März 1920 vor der Statistisch-Volkswirtschaftlichen Gesellschaft des Kantons Zürich

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 334  136-172 1983  19/03/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 28/10/2022 Editeur: SITE

Ce que l'on pourrait appeler des programmes sociaux ou des choses de ce genre voltigent aujourd'hui en nombre infini dans l'air, défiés en vérité plus qu'à n'importe quelle autre époque par toutes les forces qui agissent actuellement et qui conduisent à la destruction. Les propositions de reconstruction à partir de cette destruction ne manquent pas. Si, malgré tout, ce que l'on peut appeler l'idée de la trimembrement de l'organisme social, poussée par les nécessités de l'époque, veut s'imposer parmi ces diverses propositions, c'est d'abord et avant tout parce que l'on considère qu'avec cette idée de la triarticulation de l'organisme social, il y a quelque chose qui, si on le saisit dans son essence, ne peut pas être mis sur le même plan que des propositions de type programme ou des idéaux sociaux dans un sens abstrait. Ce que je voudrais vous présenter ici doit absolument être imprégné de la reconnaissance du fait qu'il existe aujourd'hui un grand danger pour toutes ces choses de tomber dans l'utopisme. Il suffit de penser qu'au fond, même si cela n'est pas encore suffisamment remarqué ici ou là dans le monde européen, tout ce que l'on croyait solidement établi dans l'ordre économique, juridique et spirituel traditionnel est soumis à un certain processus de destruction, et que ce processus de destruction ne s'est que trop clairement manifesté au cours des quatre ou cinq dernières années d'horreur de la civilisation européenne.

01

Was man soziale Programme oder dergleichen nennen könnte, schwirrt heute in endloser Zahl durch die Luft, herausgefordert wahrhaftig mehr als zu irgendeiner anderen Zeit, durch alles das, was in der Gegenwart an Kräften wirkt, die in die Zerstörung hineinführen. An Vorschlägen, wie sich aus dieser Zerstörung heraus etwa ein Neuaufbau entwickeln soll, fehlt es eigentlich nicht. Wenn dennoch das, was man nennen kann die Idee von der Dreiglie­derung des sozialen Organismus, sich, durch die Not der Zeit gedrängt, Geltung verschaffen will unter diesen mancherlei Vor­schlägen, so geschieht es zunächst hauptsächlich aus der Anschau­ung heraus, daß mit dieser Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus etwas gegeben ist, was, wenn man es seiner inneren Wesenheit nach erfaßt, nicht irgendwie gleichgestellt werden kann mit programmartigen Vorschlägen oder sozialen Idealen in abstrak­tem Sinne. Was ich Ihnen hier darbieten möchte, soll durchaus durchdrungen sein von der Erkenntnis, daß ja heute die große Gefahr für all dergleichen Dinge vorliegt, in das Utopistische zu verfallen. Man braucht nur daran zu denken, wie im Grunde genommen, wenn es auch da oder dort in oder europäischen Welt noch nicht hinlänglich bemerkt wird, alles, wovon man geglaubt hat, daß es feststehe in der hergebrachten wirtschaftlichen, juristi­schen, geistigen Ordnung, einem gewissen Zerstörungsprozeß un­terliegt und wie sich dieser Zerstörungsprozeß im Laufe der letzten vier bis fünf Schreckensjahre der europäischen Zivilisation nur allzu deutlich gezeigt hat.

Dans une telle période, on ne peut pas se baser sur ce qui existe déjà, sur ce qui a conservé sa réalité. Ces dernières années, les institutions les plus "solidement vissées" ont été poussées à l'absurde. Il est donc évident qu'il faut en quelque sorte construire à partir d'une toute nouvelle base. L'humain ne peut le faire qu'en construisant à partir des fondements de sa pensée, et il s'avère alors rapidement que les bases qui rendent possible une construction solide ne sont pas faciles à trouver. Car on n'a tout d'abord apparemment aucun point de repère pour savoir si ce que l'on veut transposer dans la réalité à partir de ses pensées peut aussi être fondé d'une manière ou d'une autre dans cette réalité. Et tout ce qui ne montre pas d'emblée, par son contenu même, et ne peut pas prouver qu'il peut s'inscrire pleinement dans la réalité, est en effet utopiste.

02

In einer solchen Zeit kann man nicht auf das, oder jenes, was schon da ist, was seine Wirklichkeit bewahrt hat, aufbauen. Es haben sich ja sozusagen die' festgeschraubtesten Institutionen durch die letzten Jahre ad absurdum geführt. Und da liegt es selbstverständlich nahe, gewissermaßen aus einem ganz neuen Fundament heraus zu bauen. Das kann dann der Mensch nur, indem er aus dem Gedankenfundament heraus baut, und da zeigt es sich denn alsbald, daß die Grundlagen nicht leicht zu finden sind, die einen gediegenen Auf­bau möglich machen. Denn man hat zunächst scheinbar gar keinen Anhaltspunkt, ob das, was man aus den Gedanken heraus in die Wirklichkeit umsetzen will, auch irgendwie in dieser Wirklichkeit sich begründen läßt. Und alles das, was nicht von vornherein durch seinen Inhalt selbst zeigt und erweisen kann, daß es sich voll in die Wirklichkeit hineinstellen kann, ist ja utopistisch.

C'est précisément le danger de l'utopisme que l'idée de la triarticulation de l'organisme social voudrait éviter, et elle voudrait l'éviter par le fait qu'elle n'établit pas du tout, au fond, quelque chose que l'on appelle une conception sociale de la vie, un programme social, mais qu'elle veut indiquer une manière particulière dont les humains peuvent coopérer dans la vie publique, afin qu'aux forces de destruction puissent s'opposer des forces de construction nouvelle, de nouveaux développements.

03

Gerade der Gefahr des Utopistischen möchte nun die Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus entgehen, und sie möchte ihr dadurch entgehen, daß sie im Grunde genommen gar nicht etwas aufstellt, was man eine soziale Lebensauffassung, was man ein soziales Programm nennt, sondern daß sie hinweisen will auf eine besondere Art, wie Menschen im öffentlichen Leben zusammen­wirken können, damit den Kräften der Zerstörung Kräfte des Neubaus, der Neuentwickelung entgegengestellt werden können.

J'aimerais dire que ce que les autres indiquent devoir se produire ne doit, selon l'idée de la triarticulation, voir le jour que lorsqu'une telle collaboration entre les humains et les groupes d'humains, dont veut parler l'idée de la triarticulation de l'organisme social, pourra avoir lieu. Lorsque l'on se tient sur ce terrain, on ne se place pas du point de vue que l'on est en quelque sorte omniscient, que l'on est prophète et que l'on peut indiquer comment telle ou telle institution doit se présenter dans l'avenir pour le salut de l'humanité, mais on veut seulement faire appel au jugement des humains qui ont quelque chose à dire, de telle sorte que, par la collaboration des humains, ce jugement puisse aussi devenir une réalité objective.

04

Ich möchte sagen, dasjenige, wovon die anderen angeben, daß es geschehen soll, das soll der Idee der Dreigliederung nach erst entstehen, wenn ein solches Zusammenarbeiten von Menschen und Menschengruppen einmal stattfinden kann, von dem die Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus sprechen will. Man steht nicht, wenn man auf diesem Boden steht, auf dem Standpunkt, daß man irgendwie allwissend ist, daß man Prophet ist, der angeben kann, wie sich diese oder jene Institution in der Zukunft zum Heil der Menschheit ausnehmen soll, sondern man will nur das Urteil der Menschen, die etwas zu sagen haben, in einer Weise aufrufen, daß durch das Zusammenarbeiten der Menschen dieses Urteil auch sachliche Wirklichkeit werden kann.

L'origine de cette idée de la triarticulation de l'organisme social remonte en fait à loin pour celui qui se permet de vous parler. Il faut la chercher dans des décennies d'expériences de vie qui se rapportent aux conditions sociales des régions les plus diverses de l'Europe, mais surtout de l'Europe centrale et des parties de l'Europe centrale, qui montrent précisément par leur destin dans la dernière grande catastrophe de la guerre comment ce qui était jusqu'à présent la structure sociale de l'humanité, de l'humanité civilisée de l'Europe, tend d'elle-même vers quelque chose de nouveau, comment elle n'est pas à la hauteur des forces qui, je voudrais dire, veulent aujourd'hui se déplacer des profondeurs de l'humanité vers la surface. Si l'on observe la vie historique sans préjugés, on peut constater, notamment dans le dernier tiers du XIXe siècle, dans les années du XXe siècle, qu'il n'y a pas eu de révolution. On voit bien comment ce à quoi on tient si dogmatiquement, que l'on considère encore aujourd'hui, même s'il est ébranlé dans de nombreuses régions d'Europe, comme quelque chose qu'il ne faut pas ébranler, comme l'État unitaire qui a progressivement envahi tous les domaines de la vie publique depuis trois ou quatre siècles, n'est en fait plus à la hauteur de sa tâche face à certaines grandes exigences de l'humanité, comme il n'est pas capable d'embrasser en même temps la vie spirituelle, la vie étatique et politique ou la vie de droit au sens étroit ou aussi large, et la vie de l'économie. C'est pourquoi ceux qui se sont penchés en dernier lieu sur l'idée de la triarticulation ont eu l'idée de commencer précisément par là et de soulever la question : Quelle forme l'État, considéré jusqu'à présent comme une unité nécessaire, doit-il prendre par rapport aux trois principaux domaines de la vie de l'humanité, le domaine spirituel, le domaine juridico-politique et le domaine économique ? Et maintenant, avant de passer à une sorte de justification, je veux d'abord me permettre de vous présenter une brève esquisse de la manière dont la coopération entre les humains doit être pensée, afin que les tâches qui incombent aux humains dans ces trois domaines principaux de la vie puissent vraiment être accomplies à partir de la structure sociale.

05

Der Anlaß zu dieser Idee von der Dreigliederung des sozialen Organismus liegt eigentlich bei demjenigen, der sich erlaubt, zu Ihnen zu sprechen, weit zurück. Er ist zu suchen in jahrzehntelan­gen Lebenserfahrungen, die sich auf die sozialen Verhältnisse der verschiedensten Gegenden Europas beziehen, namentlich aber Mit­teleuropas und der Teile Mitteleuropas, die gerade an ihrem Schick­sal in der letzten großen Kriegskatastrophe zeigen, wie das, was bisher soziale Struktur der Menschheit, der zivilisierten Menschheit Europas war, aus sich selbst nach etwas Neuem hintendiert, wie es den Kräften nicht gewachsen ist, die, ich möchte sagen, aus den Tiefen der Menschheit sich heute an die Oberfläche bewegen wollen. Man kann, wenn man unbefangen das geschichtliche Leben betrachtet, namentlich in dem letzten Drittel des 19. Jahrhunderts, in den Jahren des 20. Jahrhunderts, die 1914 vorangegangen sind, durchaus sehen, wie dasjenige, an dem man so dogmatisch festhält, das man heute noch, wenn es auch in vielen Gebieten Europas erschüttert ist, doch noch immer als etwas betrachtet, an dem man nicht rütteln soll, wie der Einheitsstaat, der alle Gebiete des öffentli­chen Lebens seit drei bis vier Jahrhunderten allmählich erfaßt hat, eigentlich seiner Aufgabe gegenüber gewissen großen Menschheits­forderungen nicht mehr gewachsen ist, wie er nicht fähig ist, zu gleicher Zeit zu umfassen das geistige Leben, das staatlich-politische oder Rechtsleben im engeren oder auch im weiteren Sinne, und das Wirtschaftsleben. Daher entstand für diejenigen, die sich mit der Idee von der Dreigliederung zuletzt befaßten, der Gedanke, gerade da einzusetzen und die Frage aufzuwerfen: Welche Gestalt muß der bisher als eine notwendige Einheit angesehene Staat annehmen gegenüber den drei hauptsächlichsten Lebensgebieten der Mensch­heit, gegenüber dem geistigen Gebiet, gegenüber dem rechtlich-poli­tischen Gebiet und gegenüber dem wirtschaftlichen Gebiet? Und nun will ich, bevor ich zu einer Art Begründung übergehe, mir zuerst erlauben, Ihnen in einer kurzen Skizze darzulegen, wie das Zusammenarbeiten der Menschen gedacht werden soll, damit nun wirklich aus der sozialen Struktur heraus die Aufgaben bewältigt werden können, die den Menschen aus diesen drei hauptsächlich­sten Lebensgebieten erwachsen.

Au fond, la vie de ces trois domaines n'a été résumée qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles. Il suffit de se rappeler - pour ne citer qu'un exemple - comment, avec l'évolution des conditions médiévales vers les temps modernes, les écoles, jusqu'aux universités, n'étaient pas des fondations de l'État, mais des fondations de communautés ecclésiales ou d'autres communautés qui se sont développées parallèlement aux débuts de la vie étatique. Ce n'est qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles qu'est apparue l'idée que l'État unitaire devait également étendre son pouvoir, par exemple par le biais d'écoles, d'universités et autres. De la même manière, on peut dire que la vie économique était portée par des corporations créées sous l'impulsion de l'économie, elle était dirigée par des personnalités qui ont formé des associations uniquement sur la base d'impulsions économiques. Et ce n'est qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles que l'État a étendu son pouvoir sur la vie économique, de sorte que ce regroupement de la vie de l'esprit, de la vie de droit et de la vie de l'économie est en fait quelque chose qui n'a pris toute son importance qu'à l'époque moderne, même si ses prémices se sont bien sûr déjà manifestées ici et là, car tout s'annonce à l'avance dans la vie historique des humains.

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Zusammengefaßt ist im Grunde genommen erst in den letzten drei bis vier Jahrhunderten das Leben dieser drei Gebiete. Sie brauchen sich nur zu erinnern — um eines anzuführen —, wie mit der Entwickelung der mittelalterlichen Verhältnisse in die neuzeitlichen herauf Schulen, bis in die Universitäten herauf, nicht Gründungen des Staates waren, sondern Gründungen waren von Kirchengemeinschaften oder anderen Gemeinschaften, die ihre Entwickelung ne­ben den Ansätzen zum staatlichen Leben gehabt haben. Erst im Laufe der drei bis vier letzten Jahrhunderte entstand die Anschau­ung, daß der Einheitsstaat seine Macht auch ausdehnen müsse zum Beispiel über Schulen, über Universitäten und dergleichen. Ebenso kann man sagen: auch das Wirtschaftsleben war getragen von unter wirtschaftlichen Impulsen gefaßten Korporationen, es war geführt von denjenigen Persönlichkeiten, die Vereinigungen gebildet haben nur aus wirtschaftlichen Antrieben heraus. Und erst wiederum im Laufe der drei bis vier letzten Jahrhunderte hat der Staat auch über das Wirtschaftsleben seine Macht ausgedehnt, so daß diese Zusam­menfassung von Geistesleben, Rechtsleben und Wirtschaftsleben eigentlich etwas ist, was erst in der neueren Zeit in seiner vollen Bedeutung heraufgezogen ist, wenn es auch seine Ansätze selbstver­ständlich, weil ja alles im geschichtlichen Leben der Menschen sich voraus ankündigt, schon früher da und dort gezeigt hat.

Par contre, l'idée de la triarticulation de l'organisme social veut placer chacun de ces trois domaines sur son propre terrain. Elle part du principe qu'au cours de l'histoire la plus récente, une certaine impulsion est remontée avec une nécessité interne, je dirais encore une fois, des profondeurs du sentiment et de la sensibilité humaine à la surface du devenir historique. Et c'est - je crois qu'on ne peut pas le nier, même si l'on est très partial - que dans la vie publique, malgré tout ce qui ressort aujourd'hui, l'impulsion la plus puissante est celle de la démocratie. Cette impulsion se manifeste comme quelque chose d'élémentaire dans l'évolution de l'humanité. On peut dire que, de même que la maturité sexuelle apparaît, disons, chez l'individu à une certaine époque de sa vie, de même la tendance à la démocratie apparaît dans l'évolution de l'humanité européenne, se préparant depuis le XVe siècle.

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Demgegenüber möchte die Idee von der Dreigliederung des sozialen Organismus jedes dieser drei Gebiete auf seinen selbstän­digen Boden stellen. Sie geht davon aus, daß ein gewisser Impuls mit einer inneren Notwendigkeit im Laufe der neuesten Geschichte, ich möchte wieder sagen, aus den Tiefen des menschlichen Fühlens und Empfindens heraufgezogen ist an die Oberfläche des geschichtli­chen Werdens. Und das ist — man kann es, ich glaube, selbst wenn man noch so befangen ist, nicht leugnen —, daß im öffentlichen Leben trotz allem, was heute hervortritt, der mächtigste Impuls der ist nach der Demokratie. Dieser Impuls tritt wie etwas Elementares auf in der Menschheitsentwickelung. Man kann sagen: Wie in dem einzelnen Menschen einer bestimmten Epoche seines Lebens, sagen wir, die Geschlechtsreife auftritt, so tritt in der Entwickelung der europäischen Menschheit, sich vorbereitend seit dem 15. Jahrhun­dert, die Tendenz nach der Demokratie hervor.

Si l'on essaie de dégager l'essentiel des différentes formes exigées pour la coexistence démocratique des humains, on arrive à la conclusion qu'il s'agit là d'une tendance. En conclusion - du moins est-ce la seule chose synthétiquement raisonnable possible -, les affaires de l'État doivent être gérées par la coopération et le jugement commun de tous les humains devenus majeurs, qui sont considérés comme égaux dans cette collaboration et ce jugement commun, de sorte que chacun se trouve en face des autres comme un égal, également justifié dans son jugement, égal dans la contribution qu'il doit apporter à la vie sociale, égal aussi dans tout ce qu'il doit exiger de cette vie sociale. Il s'agit tout d'abord d'une exigence démocratique abstraite. Elle devient concrète du fait que des sentiments et des impulsions émotionnelles importants s'y rattachent dans la vie historique récente de l'humanité. On peut aussi dire que cette tendance démocratique a pénétré dans les structures étatiques de l'Europe, luttant de diverses manières contre ce qui s'est élevé des ordres sociaux féodaux ou autres. La tendance démocratique s'est plus ou moins glissée dans les anciennes formes restées en place. Mais cette tendance s'est clairement manifestée au cours de l'histoire récente. Comme les États n'ont pas pu s'empêcher d'ajouter d'une manière ou d'une autre la force démocratique à leurs forces antérieures, même si certains ne l'ont fait, je dirais, que de manière honteuse, ils ont étendu ce principe démocratique aux domaines de la vie de l'esprit et de la vie de l'économie.

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Versucht man in den verschiedenen Formen, die für das demokra­tische Zusammenleben der Menschen gefordert werden, das Wesent­lichste herauszufinden, so ist es zum. Schlusse doch dieses — wenig­stens ergibt sich dies als das einzig Vernunftmögliche —, daß die Angelegenheiten des Staates besorgt werden sollen aus dem Zusam­menarbeiten und Zusammenurteilen aller mündig gewordenen Menschen, die in diesem Zusammenarbeiten, in diesem Zusammen­urteilen als Gleiche angesehen werden, so daß jeder als ein Gleicher dem anderen gegenübersteht, gleichberechtigt in seinem Urteil, gleichberechtigt in dem Beitrag, den er zum sozialen Leben zu leisten hat, auch gleich in allem, was er von diesem sozialen Leben zu fordern hat. Dies ist zunächst die abstrakte demokratische Forderung. Sie wird konkret dadurch, daß wichtigste Empfin­dungen und Gefühlsimpulse mit ihr im neueren geschichtlichen Leben der Menschheit sich verbinden. Man kann auch sagen, daß diese demokratische Tendenz in die Staatsgebilde Europas eingezo­gen ist in der verschiedensten Weise kämpfend gegen dasjenige, was aus feudalen, aus anderen Gesellschaftsordnungen heraufgezogen ist. Es hat sich der demokratische Zug mehr oder weniger hineinge­schoben in die altgebliebenen Formen. Aber der Drang dazu prägte sich ganz deutlich in der neueren Geschichte aus. Indem so die Staaten nicht umhin konnten, zu ihren früheren Kräften die demo­kratische Kraft irgendwie hinzuzufügen, wenn es auch manche, ich möchte sagen, nur schandenhalber getan haben, so dehnten sie dieses demokratische Prinzip auch über die Gebiete des Geistes­lebens und des Wirtschaftslebens aus.

Or, dans l'évolution de l'humanité moderne, une contradiction importante est apparue dans toute la vie publique. C'est précisément celui qui pense sérieusement et honnêtement à la réalisation de l'instinct démocratique qui doit remarquer cette contradiction interne dans la vie publique moderne. C'est cette contradiction que je voudrais caractériser de la manière suivante : la vie de l'esprit, jusque dans sa partie la plus importante, la vie scolaire, ne peut pas se développer à partir d'autre chose que des capacités des humains, qui sont tout à fait différentes les unes des autres. Dès l'instant où l'on veut étendre le nivellement démocratique sur ce qui veut se développer individuellement pour la floraison et l'épanouissement de la vie de l'esprit, la vie de l'esprit doit toujours souffrir d'une manière ou d'une autre, elle doit toujours se sentir opprimée d'une manière ou d'une autre. C'est pourquoi je pense que celui qui est sincère avec la tendance démocratique, au point de dire qu'il doit y avoir démocratie partout où elle ne peut exister que dans la vie publique, doit dire qu'il faut alors éliminer de tout ce sur quoi tous les humains devenus majeurs décident en tant qu'égaux, ce sur quoi tous les humains devenus majeurs ne peuvent vraiment pas avoir un jugement approprié en tant qu'égaux. En poursuivant cette pensée jusqu'à ses conséquences les plus extrêmes, en vérifiant aussi si l'on tient vraiment compte de tout ce qui entre en ligne de compte, on en vient tout de même à se dire que si l'on aspire à démocratiser la vie de l'État moderne, il faut justement extraire toute la vie de l'esprit de cette vie de l'État, de la vie politico-juridique.

09

Nun aber kam dadurch herauf in der Entwickelung der neueren Menschheit ein bedeutsamer Widerspruch im ganzen öffentlichen Leben. Gerade derjenige, der es ernst und ehrlich meint mit der Verwirklichung des demokratischen Triebes, der muß eigentlich diesen inneren Widerspruch im modernen öffentlichen Leben be­merken. Es ist der Widerspruch, den ich in der folgenden Weise charakterisieren möchte: Das Geistesleben kann sich bis in seinen wichtigsten Teil, in das Schulleben hinein, nicht aus etwas anderem herausentwickeln als aus den Fähigkeiten der Menschen, die durch­aus individuell voneinander verschieden sind. In dem Augenblick, wo man das nivellierende Demokratische ausdehnen will über dasjenige, was einzeln in individueller Gestalt erwachsen will zum Blühen und Gedeihen des Geisteslebens, in dem Augenblick muß immer das Geistesleben in irgendeiner Weise leiden, muß immer in irgendeiner Weise sich gedrückt fühlen. Deshalb glaube ich: derjeni­ge gerade, der es ehrlich meint mit der demokratischen Tendenz, so daß er sagt, überall da, wo nur im öffentlichen Leben Demokratie sein kann, muß sie sein, der muß sagen: Dann muß man von all dem, worüber alle mündig gewordenen Menschen entscheiden als Glei­che, dasjenige ausscheiden, worüber wahrhaftig nicht alle mündig gewordenen Menschen als Gleiche ein sachgemäßes Urteil haben können. Indem dieser Gedanke bis in seine äußersten Konsequen­zen verfolgt wird, indem man sich auch prüft, ob man wirklich alles berücksichtigt, was dabei in Betracht kommt, kommt man doch dazu, sich zu sagen: gerade wenn man Demokratisierung des mo­dernen Staatslebens anstrebt, muß man herausschälen das ganze Geistesleben aus diesem Staatsleben, aus dem politisch-juristischen Leben.

La vie de l'esprig doit être placée sur son propre terrain. Elle doit être placée sur son propre terrain de telle sorte que ceux qui enseignent, par exemple, soient en même temps les administrateurs de l'éducation et de l'enseignement, depuis l'école la plus basse jusqu'aux plus hauts niveaux de l'enseignement, et que l'administration de l'éducation et de l'enseignement soit liée à l'ensemble de la vie de l'esprit d'un organisme social cohérent. Ce n'est que si - j'aimerais parler concrètement - on ne donne à celui qui se trouve dans l'école et qui enseigne, en même temps, que ce qu'il faut à sa tâche pour qu'il ait le temps d'être en même temps administrateur de l'enseignement, du niveau le plus élevé au niveau le plus bas. Ce n'est que si l'on crée des institutions telles que celui qui doit agir dans la vie de l'esprit, en particulier enseigner et éduquer, n'ait à faire qu'à des enseignants et des éducateurs, que l'organisme spirituel tout entier est une unité autonome, construite sur elle-même, que toutes les forces qui sont inscrites dans l'humanité peuvent être réellement libérées dans le domaine de la vie spirituelle, et qu'alors la vie de l'esprit peut se développer dans toute sa fécondité. Quelque chose semble bien indiquer d'abord, au moins sous une forme abstraite, la nécessité de séparer la vie de l'esprit, qui doit être construite sur ses propres principes, sur ses propres impulsions, de tout ce qui monte dans le démocratique.

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Das Geistesleben muß auf seinen eigenen Boden gestellt werden. Es muß so stark auf seinen eigenen Boden gestellt werden, daß diejenigen, die zum Beispiel unterrichten, von der untersten Schule bis zu den höchsten Stufen des Unterrichts hinauf zu gleicher Zeit die Verwalter des Erziehungs- und Unterrichtswesens sind, daß zusammenhängt Verwaltung des Erziehungs- und Unterrichts­wesens mit dem gesamten irgendwie gearteten Geistesleben eines zusammengehörigen sozialen Organismus. Nur wenn man — ich möchte konkret sprechen — demjenigen, der in der Schule steht und unterrichtet, zu gleicher Zeit nur soviel zu seiner Aufgabe macht, daß im übrigen zugleich Zeit bleibt, daneben Verwalter des Unter­richtswesens zu sein von der .untersten Stufe bis zu der obersten Stufe, nur dann, wenn man solche Institutionen schafft, daß derjeni­ge, der im Geistesleben zu wirken hat, insbesondere unterrichtet und erzieht, mit nichts anderem zu tun hat als wiederum mit Unterrichtenden und Erziehenden, wenn der ganze geistige Orga­nismus eine selbständige Einheit, auf sich selbst aufgebaut, ist, können alle Kräfte, die in der Menschheit veranlagt sind, auf dem Gebiet des geistigen Lebens wirklich entfesselt werden, dann kann das Geistesleben sich in seiner vollen Fruchtbarkeit entwickeln. Etwas scheint doch wohl zunächst wenigstens in einer Art abstrakten Form auf die Notwendigkeit hinzuweisen, das Geistesleben, das auf seine eigenen Prinzipien, auf seine eigenen Impulse aufgebaut werden muß, abzugliedern von all dem, was im Demokratischen aufgeht.

Mais de la même manière que la vie de l'esprit doit être séparée de la pure vie de l'État, la vie de l'économie doit aussi être démembrée de celle-ci. On entre alors dans un domaine où l'on trouve aujourd'hui moins d'adversaires que pour la vie de l'esprit. Dans le domaine de la vie de l'esprit, et en particulier pour le système scolaire, il est devenu courant, au cours des trois ou quatre derniers siècles, de considérer comme un esprit éclairé celui qui considère que le pouvoir de l'État sur l'enseignement est la bonne chose à faire et qui ne peut même pas imaginer que l'on puisse revenir à l'indépendance de la vie de l'esprit sans tomber dans le cléricalisme ou quelque chose de semblable.

11

Ebenso aber muß, wie das Geistesleben abgegliedert werden muß von dem bloßen Staatsleben, auf der anderen Seite von diesem abgegliedert werden auch das Wirtschaftsleben. Da betritt man allerdings ein Gebiet, auf dem man heute weniger Gegner findet als beim Geistesleben. Beim Geistesleben, insbesondere beim Schulwe­sen, ist es in den letzten drei bis vier Jahrhunderten üblich gewor­den, denjenigen allein als einen aufgeklärten Kopf zu betrachten, der die Macht des Staates über das Schulwesen als das Richtige betrach­tet, der sich gar nicht denken kann, daß man ohne in Klerikalismus oder dergleichen zu verfallen, wiederum zurückgehen könnte zur Selbständigkeit des Geisteslebens.

Les choses sont fondamentalement similaires pour la vie de l'économie. Tandis que la vie de l'esprit a à faire avec ce qui est prédisposé dans l'humain en tant que faculté, qui doit être développé de manière libre, ce que l'humain apporte en quelque sorte par sa naissance dans l'existence physique, la vie de l'économie a à faire avec ce qui doit être construit sur l'expérience, ce qui doit être construit à partir de ce dans quoi on grandit en se fondant dans un domaine économique déterminé avec son activité professionnelle. C'est pourquoi, dans la vie de l'économie, ce qui provient de la vie démocratique ne peut pas être déterminant, mais seulement ce qui est issu d'une base professionnelle et objective.

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Beim Wirtschaftsleben liegen im Grunde die Dinge ähnlich. Während das Geistesleben es zu tun hat mit demjenigen, was als Fähigkeit im Menschen veranlagt ist, was in freier Weise entfaltet werden muß, was gewissermaßen der Mensch durch seine Geburt hier ins physische Dasein hereinträgt, hat es das Wirtschaftsleben zu tun mit dem, was auf der Erfahrung aufgebaut sein muß, was aufgebaut sein muß aus dem, wohinein man wächst, indem man in einem bestimmten Wirtschaftsgebiet mit seiner Berufstätigkeit auf­geht. Daher kann im Wirtschaftsleben wiederum das nicht maßge­bend sein, was aus dem demokratischen Leben stammt, sondern nur dasjenige, was aus fachlichen und sachlichen Untergründen heraus ist.

Comment ces fondements techniques et objectifs peuvent-ils être donnés à la vie de l'économie ? En fait, pas par une sorte de corporation, par une sorte d'organisation que l'on aime tant aujourd'hui, mais uniquement par ce que j'aimerais appeler des associations. De sorte que des associations se forment à partir des humains qui s'engagent dans les professions, qui deviennent vraiment compétentes et expertes dans le domaine de la vie de l'économie. Non pas que l'on organise les humains, mais qu'ils s'assemblent selon des points de vue objectifs tels qu'ils résultent des branches économiques particulières, du rapport entre producteurs et consommateurs, du rapport entre les branches professionnelles et les branches économiques. Il en résulte même - vous pouvez le lire plus clairement dans mes écrits - une certaine loi sur la taille de telles associations, sur la manière dont elles doivent se former, sur les conséquences néfastes qu'elles peuvent avoir si elles deviennent trop grandes, sur les conséquences néfastes qu'elles peuvent avoir si elles deviennent trop petites. Il est tout à fait possible de fonder une vie de l'économie en la basant sur de telles associations, en plaçant tout ce qui se produit dans la structure sociale au sein de telles associations, sous l'impulsion purement économique, uniquement sur le plan matériel et professionnel. Chacun sait en quelque sorte à qui il doit s'adresser pour telle ou telle chose, s'il sait qu'il est enchaîné d'une manière ou d'une autre à l'autre par la structure sociale des associations, qu'il doit faire passer son produit de telle manière par une chaîne d'associations et ainsi de suite.

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Wie lassen sich diese fachlichen und sachlichen Untergründe dem Wirtschaftsleben geben? Eigentlich alle nicht durch eine Art von Korporation, durch eine Art von Organisation, die man heute so sehr liebt, sondern einzig und allein durch dasjenige, was ich nennen möchte Assoziationen. So daß sich aus den Menschen, die sich in die Berufe hineinleben, die wirklich sach- und fachkundig auf dem Gebiet des Wirtschaftslebens werden, Assoziationen bilden. Nicht daß man die Menschen organisiert, sondern daß sie sich zusammenschließen nach sachlichen Gesichtspunkten, wie sie sich ergeben aus den einzelnen Wirtschaftszweigen heraus, aus dem Verhältnis von Produzenten und Konsumenten, aus dem Verhältnis der Berufs­zweige und Wirtschaftszweige. Da ergibt sich — das können Sie in meinen Schriften deutlicher nachlesen in seinen Einzelheiten — sogar ein gewisses Gesetz, wie groß solche Assoziationen sein dürfen, wie sie sich zu gestalten haben, wodurch sie schädlich werden, wenn sie zu groß werden, wodurch sie schädlich werden, wenn sie zu klein werden. Man kann durchaus dadurch ein Wirtschaftsleben begrün­den, daß man es auf solche Assoziationen aufbaut, indem man alles das, was innerhalb solcher Assoziationen aus rein wirtschaftlichem Impuls heraus in der sozialen Struktur bewirkt wird, eben nur auf das Sachliche und Fachliche stellt. Es weiß gewissermaßen jeder, an wen er sich zu wenden hat mit dem oder jenem, wenn er weiß, er ist so oder so durch die soziale Struktur der Assoziationen mit dem anderen zusammengekettet, er hat sein Produkt in einer solchen Weise durch eine Kette von Assoziationen zu leiten und derglei­chen.

Naturellement, comme je dois parler brièvement, je ne peux ici qu'esquisser les principes de la chose. Ainsi, aimerais-je dire, la vie spirituelle doit s'édifier de manière autonome à partir de ses propres forces, en ce que ceux qui l'accomplissent sont en même temps les administrateurs ; de même, la vie économique doit se développer à partir de ses propres points de vue, ceux qui sont actifs dans la vie économique s'unissant selon les principes de la vie de l'économie. Si la vie économique est autonome, alors ce qui ne peut reposer que sur le même jugement de tous les humains devenus majeurs se donnera comme le contenu du troisième membre de l'organisme social, la communauté étatique proprement dite.

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Ich kann natürlich hier, da ich kurz sprechen muß, nur die Prinzipien der Sache skizzieren. Und so, möchte ich sagen,- muß sich das geistige Leben selbständig ausbauen aus seinen eigenen Kräften heraus, indem diejenigen, die es leisten, zu gleicher Zeit die Verwal­ter sind; ebenso das Wirtschaftsleben aus seinen eigenen Gesichts­punkten heraus, indem diejenigen, die im Wirtschaftsleben tätig sind, sich zusammenschließen nach Grundsätzen des Wirtschaftsle­bens. Ist das Wirtschaftsleben selbständig, dann wird sich dasjenige, was nur beruhen kann auf dem gleichen Urteil aller mündig gewor­denen Menschen, als der Inhalt des dritten Gliedes des sozialen Organismus, der eigentlichen staatlichen Gemeinschaft, ergeben.

Je sais très bien que beaucoup d'humains sont véritablement effrayés lorsqu'on leur parle de cette triarticulation de l'organisme social, qui doit s'avérer nécessaire pour l'avenir. Mais c'est uniquement parce que l'on croit généralement que l'État devrait maintenant être divisé en trois parties : comment ces trois parties peuvent-elles alors agir ensemble ? - En réalité, c'est précisément en amenant ces trois parties à leur plein épanouissement, de la manière que je n'ai pu qu'esquisser, que l'unité est maintenue, car l'humain, en tant qu'unité, est présent dans les trois membres. Il participe d'une manière ou d'une autre à l'organisme spirituel. S'il a des enfants, il s'intéresse à l'organisme spirituel par le biais de l'école. Avec ses intérêts spirituels, il est en quelque sorte impliqué dans l'organisme spirituel. Il porte dans ses actes et dans sa vie ce qu'il tire de l'organisme spirituel, puisqu'il participe à la vie de l'État démocratique en tant qu'humain devenu majeur. Mais ce qui est le droit public, la sécurité publique, le bien-être public et ainsi de suite, ce qui concerne tout humain devenu majeur, est développé sur le terrain de l'État unitaire. Et avec les constitutions de l'âme que l'on y développe dans le rapport direct de réciprocité entre les humains, on entre à nouveau dans la vie économique dans son domaine spécifique, dans lequel on est enchaîné par différentes associations dans lesquelles on est actif. On apporte dans cette vie de l'économie ce que l'on a de la vie de l'esprit, de la vie de l'État, on la féconde par cela, on la maintient, on apporte le droit et la fécondation spirituelle dans cette vie de l'économie. L'humain lui-même forme l'unité entre ce qui n'est pas un membre ment/une articulation en classes/en états sociaux.

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Ich weiß sehr gut, daß viele Menschen einen wahren Schrecken bekommen, wenn man ihnen von dieser Dreigliederung des sozialen Organismus, die sich als notwendig erweisen soll für die Zukunft, spricht. Aber das geschieht nur aus dem Grunde, weil man gewöhn­lich glaubt, nun soll der Staat auseinandergesplittert werden in drei Teile: Wie sollen diese drei Teile dann zusammenwirken? — In Wahrheit wird gerade dadurch, daß diese drei Teile zu ihrer vollen Entfaltung gebracht werden auf die Art, wie ich es allerdings nur skizzieren konnte, die Einheit aufrecht erhalten, denn der Mensch als Einheit steht ja in allen drei Gliedern darinnen. Er wirkt mit in irgendeiner Weise an dem geistigen Organismus. Wenn er Kinder hat, so ist er interessiert an dem geistigen Organismus durch die Schule. Mit seinen geistigen Interessen ist er irgendwie verstrickt in den geistigen Organismus. Er trägt das, was er aus dem geistigen Organismus hat, da er mitwirkend ist als mündig gewordener Mensch im demokratischen Staatswesen, in seinen Taten, in seinem Leben auch in dieses demokratische Staatswesen hinein. Das aber, was öffentliches Recht, was öffentliche Sicherheit, öffentliche Wohl­fahrt und so weiter ist, was angeht jeden mündig gewordenen Menschen, das wird auf dem Boden des einheitlichen Staatswesens entwickelt. Und mit den Verfassungen der Seele, die man da entwik­kelt im unmittelbaren Wechselverhältnis von Mensch zu Mensch, tritt man wieder ein im Wirtschaftsleben in sein spezielles Gebiet, in dem man verkettet ist durch verschiedene Assoziationen, in denen man tätig ist. Man trägt das, was man aus dem Geistesleben, aus dem Staatsleben hat, in dieses Wirtschaftsleben hinein, befruchtet es durch das, hält es aufrecht, bringt Recht und bringt geistige Befruch­tung hinein in dieses Wirtschaftsleben. Der Mensch selbst bildet die Einheit zwischen dem, was nicht Gliederung in Stände ist.

On m'a souvent objecté que l'on en revenait à ce qui, dans la Grèce antique, comprenait l'état de nutrition, l'état de défense, l'état d'enseignement. Une telle objection témoigne seulement de la manière très superficielle dont on considère souvent ces choses aujourd'hui. Car il ne s'agit pas d'une division des humains eux-mêmes, ni d'une répartition en classes, mais du fait que la vie extérieure est divisée en trois parties dans ses institutions. C'est précisément parce que l'humain se trouve à l'intérieur d'un tel organisme social triarticulé qu'il est possible que toutes les classes cessent, que la véritable démocratie s'installe. C'est ce qu'indique, j'aimerais dire, pour toute personne non prévenue, avec une nécessité interne, l'évolution des États modernes.

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Man hat mir vielfach eingewendet, da würde man wiederum zurückgehen auf dasjenige, was im alten Griechenland Nährstand, Wehrstand, Lehrstand umfaßt hat. Ein solcher Einwand bezeugt nur, wie sehr oberflächlich man heute oftmals solche Dinge betrach­tet. Denn nicht um eine Gliederung der Menschen selber, nicht um eine Einteilung in Stände, sondern darum handelt es sich, daß das äußere Leben in seinen Einrichtungen dreigegliedert wird. Gerade dadurch, daß der Mensch sich drinnen befindet in einem solchen dreigegliederten sozialen Organismus, ist es möglich, daß alle Stän­de aufhören, daß wirkliche Demokratie eintritt. Darauf weist, ich möchte sagen, für jeden Unbefangenen mit einer inneren Notwen­digkeit gerade die Entwickelung der modernen Staaten.

Ne voyons-nous donc pas que, d'un côté, ils doivent tenir compte de l'impulsion nécessaire à la démocratie, mais que, de l'autre côté, laisser la démocratie se détériorer du fait que, évidemment, dans la vie de l'État démocratique, celui qui est capable aura toujours plus de poids que celui qui est moins capable ? Dans les domaines où la capacité est importante, c'est tout à fait justifié, par exemple dans le domaine spirituel. En revanche, l'État démocratique proprement dit doit être maintenu libre et pur de l'influence excessive de personnalités particulièrement capables, car il doit exister un domaine, conformément à l'exigence fondamentale de l'humanité moderne, dans lequel ne s'affirme que ce qui revient de manière égale à tous les humains devenus majeurs.

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Sehen wir denn nicht, daß sie auf der einen Seite dem notwendi­gen Impuls nach Demokratie Rechnung tragen müssen, aber dann die Demokratie wiederum verderben lassen dadurch, daß selbstver­ständlich aus dem Geistesleben heraus der Fähige im demokrati­schen Staatsleben immer mehr Gewicht haben wird als der weniger Fähige? In den Dingen, wo es auf die Fähigkeit ankommt, ist das ganz gerechtfertigt, zum Beispiel im geistigen Gebiet. Dagegen muß das eigentlich demokratische Staatswesen frei und rein gehalten werden von solchen übermächtigen Einflüssen besonders befähigter Persönlichkeiten, denn es muß eben ein Gebiet geben nach der Grundforderung der modernen Menschheit, in dem sich nur gel­tend macht dasjenige, was allen Menschen, die mündig geworden sind, in gleicher Weise zukommt.

Le domaine économique montre dans une mesure particulière comment il est impossible de laisser agir ce que l'humain acquiert comme faculté dans la vie de l'économie grâce à sa nature/façon particulière. Il s'acquiert peut-être par cela une surpuissance économique. Mais elle ne doit pas devenir une supériorité sociale. Elle ne le devient pas du seul fait que ce qui est puissance économique, ce qui reste à l'intérieur de la vie de l'économie, ne peut pas devenir une surpuissance politique, juridique. Tout ce qui a conduit aujourd'hui à la caricature de la soi-disant question sociale serait surmonté si l'on voulait accepter que la vie de l'économie soit placée sur son propre terrain et que la vie démocratique de l'État puisse ainsi se placer honnêtement et sincèrement à nouveau sur son propre terrain. L'évolution des États récents montre à quel point il est nécessaire que l'humanité se tourne vers de tels principes. C'est pourquoi, outre les impulsions historiques qu'il faut prendre en compte pour être orienté vers cette idée de la triarticulation de l'organisme social, permettez-moi de caractériser encore un peu les deux sources subjectives desquelles, depuis de longues années, s'est donnée à moi cette impulsion de la triarticulation de l'organisme social.

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Das wirtschaftliche Gebiet zeigt im besonderen Maße, wie un­möglich es ist, das einwirken zu lassen, was der Mensch durch seine besondere Artung sich als Fähigkeit im Wirtschaftsleben erwirbt. Er erwirbt sich dadurch vielleicht eine wirtschaftliche Übermacht. Sie darf aber nicht zu einer sozialen Übermacht werden. Sie wird es nur dadurch nicht, daß dasjenige, was wirtschaftliche Macht ist, was innerhalb des Wirtschaftslebens verbleibt, unmöglich zu einer poli­tischen, zu einer rechtlichen Übermacht werden kann. Alles dasjeni­ge, was heute gerade zur Karikatur der sogenannten sozialen Frage geführt hat, das würde überwunden werden, wenn man sich einlas­sen wollte darauf, daß das Wirtschaftsleben auf seinen eigenen Boden gestellt würde und das demokratische Staatsleben gerade dadurch ehrlich und aufrichtig wiederum auf seinen eigenen Boden sich stellen könnte. Die neueren Staaten lehren durch ihre Entwicke­lung, wie notwendig die Hinwendung der Menschheit zu solchen Prinzipien ist. Und daher gestatten Sie mir, daß ich Ihnen neben den geschichtlichen Impulsen, die man aufnehmen muß, um hinge­wiesen zu werden auf diese Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus, zunächst einmal, ich möchte sagen, die zwei subjek­tiven Quellen noch etwas charakterisiere, aus denen seit langen Jahren sich mir dieser Impuls von der Dreigliederung des sozialen Organismus ergeben hat.

L'une des sources est qu'avec les connaissances spirituelles scientifiques, que je me suis donc choisi de représenter comme ma conception de la vie, je peux enseigner autrement sur certaines conditions de développement de l'humanité autrement qu'à partir de la vision du monde matérialiste et scientifique aujourd'hui en vogue. Cette vision du monde matérialiste et scientifique, aujourd'hui courante, ne peut en fait pas parvenir à une véritable connaissance du devenir historique de l'humanité, car ce que nous appelons aujourd'hui "histoire" est au fond plus ou moins une fable convenue. Nous faisons aujourd'hui de l'histoire - et voulons ensuite tirer des leçons de cette histoire pour les tâches sociales et politiques du présent - en nous imaginant que ce qui suit dans le devenir humain est toujours l'effet de ce qui précède, que ce qui précède est à son tour l'effet de ce qui précède, et ainsi de suite. Une comparaison vraiment appropriée, non purement basée sur des analogies, de tout le devenir de l'humanité avec le devenir de l'humain individuel pourrait nous guérir de cette erreur.

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Die eine Quelle ist die, daß man mit geisteswissenschaftlichen Erkenntnissen, die ich mir ja als meine Lebensauffassung zu vertreten erwählt habe, über gewisse Entwickelungsbedingungen der Menschheit sich anders unterrichten kann, als aus der heute gang und gäben materialistisch-naturwissenschaftlichen Weltanschau‑ ung heraus. Diese heute gang und gäbe materialistisch-naturwissen‑ schaftliche Weltanschauung kann eigentlich zu einer wirklichen Erkenntnis des geschichtlichen Werdens der Menschheit nicht kommen, denn das, was wir heute «Geschichte» nennen, ist im Grunde genommen mehr oder weniger eine Fable convenue. Wir treiben heute so Geschichte — und wollen dann für die sozialen, für die politischen Aufgaben der Gegenwart aus dieser Geschichte etwas lernen —, daß wir uns vorstellen, das Folgende im Menschen‑ werden ist immer die.Wirkung des Vorhergehenden, dieses Vorher‑ gehende wiederum die Wirkung eines Weitervorhergehenden und so weiter. Eine wirklich sachgemäße, nicht bloß auf Analogien beruhende Vergleichung des ganzen Werdens der Menschheit mit dem Werden des einzelnen Menschen könnte einen heilen von diesem Irrtum.

Lorsque je vois l'humain individuel se développer, alors je dois dire que ce qui apparaît chez lui au cours des premières années de sa vie, au milieu de sa vie, à la fin de sa vie, ne se présente pas simplement de manière à ce que je puisse parler de cause et d'effet.

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Wenn ich den einzelnen Menschen sich entwickeln sehe, dann muß ich sagen: Was bei ihm auftritt in den ersten Lebensjahren, in den mittleren Lebensjahren, am Ende des Lebens, das stellt sich nicht bloß so dar, daß ich von Ursache und Wirkung sprechen kann.

Je ne peux véritablement pas dire que l'humain qui atteint l'âge trente-cinq ans vit organiquement seulement l'effet de ce qu'il a vécu à vingt ou vingt-cinq ans, mais nous voyons, au fur et à mesure que l'humain se développe, certaines impulsions de développement, certaines forces de développement s'élever de son organisme, de tout son être organique, et se montrer particulièrement efficaces à certaines époques.

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Ich kann wahrhaftig nicht sagen, daß der Mensch, der fünfunddreißig Jahre alt wird, organisch nur dasjenige erlebt, was die Wirkung ist dessen, was er mit zwanzig oder fünfundzwanzig Jahren erlebt hat, sondern wir sehen, indem der Mensch sich entwickelt, wie aus seinem Organismus heraus, aus seinem ganzen organischen Sein und Wesen heraus gewisse Entwickelungsimpulse, Entwickelungskräfte aufsteigen, die sich zu bestimmten Zeit‑ epochen ganz besonders wirksam zeigen.

C'est ainsi qu'il faut dire qu'il y a des époques de vie pour l'humain individuel : lorsque la dentition change, vers la septième année, nous constatons, si nous avons seulement un seul organe pour observer la chose, que toute la vie d'âme de l'enfant devient différente, que l'enfant passe du statut d'être imitatif à celui d'être qui a besoin de venir sous une certaine autorité, de se conformer aux jugements des humains, alors qu'auparavant il imitait. À nouveau lors de la maturité sexuelle, une transformation de la vie de l'âme démarre. On peut aussi remarquer cette transformation de la vie de l'âme pour des époques ultérieures, si l'on a un organe pour cela.

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So muß man für den einzelnen Menschen sagen, es gibt für ihn Lebensepochen: Wenn der Zahnwechsel eintritt ungefähr um das siebente Jahr herum, da finden wir, wenn wir nur ein Organ haben, die Sache zu beobachten, daß das ganze Seelenleben des Kindes anders wird, daß das Kind von einem nachahmenden Wesen zu einem solchen wird, das Bedürfnis hat, unter eine gewisse Autorität zu kommen, nach Urteilen von Menschen sich zu richten, während es früher nachahmte. Wiederum bei der Geschlechtsreife setzt auch deutlich eine Umwandlung des Seelenlebens ein. Man kann auch für spätere Epochen diese Umwandlung des Seelenlebens bemerken, wenn man nur ein Organ dafür hat.

De même que pour l'humain individuel, il n'y a pas purement une cause et un effet, mais que les forces d'évolution jaillissent des profondeurs de son être, il en va de même pour l'humanité entière. Et si l'on étudie vraiment l'histoire de manière appropriée, on trouve - pour n'en citer qu'une - vers le milieu du 14e ou du 15e siècle, une telle rupture dans l'évolution de toute l'humanité moderne civilisée. C'est précisément à ce moment-là que l'on trouve la transition qui, par nécessité élémentaire de développement, a permis à l'humanité moderne de naître avec ses exigences. Oh, il y a une grande différence entre ce que l'humain considère comme étant juste pour lui, pour une existence digne de l'humain, depuis le XVe siècle, et ce que l'humain du Moyen Âge considérait comme tel.

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Wie für den einzelnen Menschen nicht bloß Ursache und Wir­kung dastehen, sondern wie aus den Tiefen seines Wesens die Entwickelungskräfte aufschießen, so ist es der Fall mit der ganzen Menschheit. Und studiert man Geschichte wirklich sachgemäß, dann findet man — um nur eines anzuführen — so um die Mitte des 14., 15. Jahrhunderts solch einen Einschnitt in der Entwickelung der ganzen zivilisierten neueren Menschheit. Da findet man gerade jenen Übergang, der aus elementarer Notwendigkeit der Entwik­kelung heraus die neuere Menschheit mit ihren Forderungen eigent­lich erst hat entstehen lassen. Oh, es ist ein großer Unterschied zwischen dem, was der Mensch als das Richtige für sich ansieht zu einem menschenwürdigen Dasein seit diesem 15. Jahrhundert, und dem, was der Mensch des Mittelalters dafür angesehen hat.

L'histoire de l'âme - nous ne l'avons en fait pas pratiquée - telle qu'elle peut résulter de la science de l'esprit, dont notre bâtiment de Dornach est le représentant, nous conduit à considérer ce que j'ai appelé le principe démocratique comme quelque chose qui se produit dans l'humanité récente, de la même manière que l'on considère les caractéristiques qui apparaissent chez l'humain individuel, disons à l'âge de la maturité sexuelle. En tenant compte du fait que l'humanité moderne est tout à fait différente et qu'il faut tenir compte des principes de développement de l'humanité entière et de l'humain individuel, on acquiert la conviction que la démocratie est quelque chose contre quoi on ne peut pas s'opposer, mais que, parce que la démocratie est quelque chose qui jaillit de l'être humain le plus élémentaire, on doit justement diviser l'organisme social en trois parties pour que ce qui peut être ordonné démocratiquement trouve son droit dans le développement de l'humanité. C'est une chose, ce regard spirituel scientifique sur les impulsions de l'évolution de l'humanité. L'autre chose est l'observation des faits de la vie des peuples.

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Seelengeschichte -- wir haben sie eigentlich gar nicht getrieben —, wie sie aus der Geisteswissenschaft hervorgehen kann, deren Reprä­sentant unser Bau in Dornach ist, die führt einen dazu, dasjenige, was ich das demokratische Prinzip genannt habe, als etwas in der neueren Menschheit so Auftretendes anzusehen, wie man die Eigen­schaften ansieht, die auftreten im einzelnen Menschen, sagen wir im Alter der Geschlechtsreife. Durch dieses Hinblicken auf die Tatsa­che, daß die neuere Menschheit eben eine ganz andere ist, und daß auch bei der ganzen Menschheit wie beim einzelnen Menschen Rechnung getragen werden muß seinen Entwickelungsprinzipien, dadurch ergibt sich die Stärke der Überzeugung, daß Demokratie etwas ist, wogegen man sich nicht stemmen kann, daß man aber, weil Demokratie etwas ist, was aus dem elementarsten Menschen­wesen heraufsprießt, gerade deshalb den sozialen Organismus drei-gliedern muß, damit dasjenige, was demokratisch geordnet werden kann, eben in der Entwickelung der Menschheit zu seinem Recht kommt. Das ist das eine, dieses geisteswissenschaftliche Hinblicken auf die Entwickelungsimpulse der Menschheit. Das andere ist die Beobachtung der Tatsachen des Völkerlebens.

Je peux toutefois seulement vous donner quelques exemples isolés. Mais il est tout de même intéressant de voir, à partir d'exemples isolés, l'impossibilité pour les nouvelles formations d'États unitaires de parvenir, à partir de leur unité, à une structure sociale réellement viable. Il est seulement nécessaire, pour le démontrer, de se référer à des exemples particuliers. Vous comprendrez qu'en tant que non-Suisse, je ne cite pas précisément la Suisse comme exemple évident. Je n'ai qu'à mentionner que ce qui s'est déjà produit dans une si large mesure pour certaines formations étatiques d'Europe se produira aussi peu à peu pour les autres, et que c'est faire preuve d'une grande myopie que de se baser encore et toujours sur cette idée : Ah, chez nous, c'est encore différent, nous n'avons pas à nous soucier de ce qui se passe ailleurs.

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Da kann ich Ihnen allerdings nur einzelne Beispiele angeben. Aber es ist immerhin interessant, an einzelnen Beispielen die Un­möglichkeit zu sehen, daß die neueren Einheitsstaatsgebilde aus ihrer Einheit heraus zu einer wirklich lebensfähigen sozialen Struk­tur kommen. Es ist nur notwendig, um das zu zeigen, eben auf einzelne Beispiele hinzuweisen. Sie werden es begreiflich finden, daß ich als Nicht-Schweizer nicht gerade die Schweiz als nahelie­gendes Beispiel anführe. Ich brauche nur zu erwähnen, daß, was bei einzelnen Staatsgebilden Europas in so hohem Maße schon einge­treten ist, auch bei den anderen nach und nach eintreten wird, und daß es recht große Kurzsichtigkeit ist, wenn man immer wiederum darauf baut: Ach, bei uns ist es noch anders, wir brauchen uns nicht um das zu kümmern, was sonstwo geschieht.

Maintenant je choisis peut-être la Russie, à l'est de l'Europe, comme exemple, non purement parce que son destin tragique actuel est particulièrement significatif pour l'étude de l'humain, mais aussi parce que, d'après les jugements politiques pratiques des dirigeants anglais, la Russie est le pays où l'on peut voir le plus clairement, je dirais même comme une expérience se déroulant dans la vie des peuples, quels sont les besoins et les impossibilités de la vie moderne des peuples. Permettez-moi de souligner quelques aspects de l'être de peuple russe.

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Nun wähle ich vielleicht als ein Beispiel den Osten Europas, Rußland, nicht bloß deshalb, weil Rußland durch sein heutiges tragisches Schicksal besonders bedeutsam ist für die Menschenbe­trachtung, sondern weil Rußland nach den praktischen politischen Urteilen der führenden englischen Politiker auch das Land ist, an dem sich am alleranschaulichsten, ich möchte sagen, wie an einem im Völkerleben sich abspielenden Experiment zeigen muß, was für Bedürfnisse und was für Unmöglichkeiten im modernen Völker­leben walten. Nur einiges aus diesem russischen Volkswesen lassen Sie mich Ihnen hervorheben.

Au milieu de l'absolutisme russe des années soixante, que vous connaissez bien, nous voyons apparaître l'étrange institution des zemstvos. Il s'agit d'assemblées paysannes où les représentants de la vie paysanne, les personnes impliquées dans la vie économique ou dans d'autres domaines de la vie de certaines régions, se réunissent dans certaines assemblées pour délibérer, je dirais, à la manière d'un conseil ou d'un équivalent, d'un conseil cantonal, sur ces affaires. La Russie est remplie de tels zemstvos depuis les années soixante. Ils accomplissent en fait un travail fructueux ; ils collaborent avec quelque chose d'ancestral en Russie : les organisations Mir des différentes communautés villageoises, une sorte d'organisation forcée pour la vie économique du village. Nous y trouvons tout d'abord des coutumes démocratiques anciennes dans l'organisation paysanne russe, mais nous avons aussi, dans l'apparition des zemstvos, quelque chose de plus récent qui s'oriente tout à fait vers la démocratie. Mais il se passe quelque chose de très étrange. Et cette bizarrerie devient encore plus frappante si nous considérons un autre phénomène, tel qu'il s'est produit en Russie avant que la catastrophe mondiale ne détruise tout cela ou ne le place sous un autre jour.

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Da tritt uns, mitten hineingestellt in den Ihnen ja sattsam bekann­ten russischen Absolutismus in den sechziger Jahren, die merk­würdige Einrichtung der Semstwos entgegen. Landschaftsversamm­lungen, wo sich die Vertreter des landschaftlichen Lebens, diejeni­gen Menschen, die im Wirtschaftsleben oder in sonstigen Lebensge­bieten in einzelnen Landschaften drinnenstehen, in gewissen Ver­sammlungen zusammenfinden, um, ich möchte sagen, nach Art eines Rates oder dergleichen, eines Kantonsrates, über diese Angele‑ genheiten zu beraten. Rußland ist von den sechziger Jahren an mit solchen Semstwos erfüllt. Sie leisten eigentlich eine fruchtbare Arbeit; sie arbeiten zusammen mit etwas anderem, was Altherge­brachtes in Rußland ist: den Mir-Organisationen der einzelnen Dorfgemeinden, eine Art Zwangsorganisation zum wirtschaftli­chen Leben des Dorfes. Da haben wir drinnenstehend erstens altdemokratische Gebräuche in der russischen Bauernorganisation, wir haben aber in dem Auftreten der Semstwos etwas Neueres, was durchaus nach dem Demokratischen hintendiert. Aber etwas höchst Merkwürdiges zeigt sich. Und dieses Merkwürdige wird noch auffälliger, wenn wir eine andere Erscheinung betrachten, wie sie sich ergeben hat in Rußland, bevor die Weltkatastrophe das alles vernichtet oder in ein anderes Licht gestellt hat.

En Russie, il s'est avéré que les humains des professions les plus diverses se sont associés entre elles, et que des associations se sont formées d'une profession à l'autre - des employés de caisse de banque, des caissiers de banque ont formé des associations. Ces associations se sont à leur tour regroupées pour former des associations plus larges. Celui qui est venu en Russie n'a pas fait de rencontres avec des humains individuels, mais il a buté sur de telles associations partout où il a eu affaire à quelque chose.

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In Rußland hat sich ergeben, daß sich die Menschen der verschie­densten einzelnen Berufe untereinander assoziiert haben, und wie­derum, daß Assoziationen entstanden sind von Beruf zu Beruf — Bankkassenbeamte, Bankkassenausträger haben Assoziationen ge­bildet. Diese Assoziationen haben sich wiederum zu umfassenderen Assoziationen zusammengetan. Wer nach Rußland gekommen ist, hat eigentlich seine Begegnungen gehalten nicht mit einzelnen Menschen, sondern er stieß überall, wo er mit irgend etwas zu tun hatte, auf solche Assoziationen.

Tout cela s'est glissé dans le reste de la vie étatique de l'absolutisme. Maintenant, quand on étudie ces semstvos, quand on étudie les associations, quand on étudie même l'organisation Mir, on remarque une chose. Certes, ces organisations s'étendent aussi à d'autres domaines de la vie, aux institutions scolaires et autres, mais elles ne fournissent là rien de particulier. Qui se livre à une étude impartiale de ces associations - car finalement les zemstvos ne se sont pas transformés en corporations, mais en associations, les agriculteurs se sont associés à ceux qui étaient en train de naître à la vie industrielle, etc. -, même si tout cela prenait un caractère qui ressemblait à une institution publique, en réalité on avait affaire à des associations, et toutes fournissaient du bon. Mais ce qu'elles fournissaient, elles le fournissaient seulement sur le terrain de la vie de l'économie. Et nous pouvons dire que c'est dans cette Russie qu'apparaît l'étrangeté de la création d'un système organique fondé sur l'association. Il s'avère en outre que l'État russe est incapable de faire quoi que ce soit avec ce qui est en train de naître. De sorte que nous pouvons dire : dans la mesure où la nécessité du développement capitaliste précoce, tel qu'il apparaît en Russie, conduit à des organisations économiques, celles-ci doivent, par une nécessité interne, se placer à côté des institutions politiques.

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Das alles schob sich hinein in das sonstige Staatsleben des Absolu­tismus. Nun, wenn man diese Semstwos, wenn man die Assozia­tionen, wenn man selbst die Mir-Organisation studiert, so bemerkt man eines. Gewiß, diese Organisationen erstrecken sich auch auf manche andere Gebiete des Lebens, Schuleinrichtungen und derglei­chen, aber da leisten sie nichts Besonderes. Wer sich auf ein unbefangenes Studium dieser Assoziationen einläßt — denn schließlich gestalteten sich die Semstwos auch nicht zu Korporationen, sondern eigentlich zu Assoziationen, die Landwirte verbanden sich mit denen, die im Aufgange des industriellen Lebens standen und so weiter —, wenn das auch alles einen solchen Charakter bekam, der wie eine öffentliche Einrichtung aussah, in Wirklichkeit hatte man es mit Assoziationen zu tun, und sie alle leisteten Gutes. Aper was sie leisteten, leisteten sie eigentlich nur auf dem Boden des Wirt­schaftslebens. Und wir können sagen: In diesem Rußland zeigt sich das Merkwürdige, daß ein auf Assoziationswesen begründetes orga­nisches System entsteht. Es erweist sich weiter, daß der russische Staat unfähig ist, irgend etwas mit dem anzufangen, was da im Werden ist. So daß wir sagen können: Indem die Notwendigkeit der frühkapitalistischen Entwickelung, wie sie in Rußland auftritt, zu wirtschaftlichen Organisationen führt, müssen sich diese aus einer inneren Notwendigkeit heraus neben die politischen Institutionen hinstellen.

Maintenant, une autre particularité apparaît en Russie au XIXe et au début du XXe siècle. Oui, certes, l'absolutisme fonde ses écoles ; mais ces écoles ne sont rien d'autre, j'aimerais dire, qu'un reflet des besoins de la vie étatique absolutiste. Maintenant, une vie de l'esprit se développe en Russie, une vie de l'esprit plus intensive que ne l'admet l'Europe occidentale. Mais comment cette vie de l'esprit doit-elle se développer ? Absolument en opposition, ou en révolte révolutionnaire contre tout ce qui est le système d'État russe. On voit que cet État organisé de manière rigoureusement unitaire éclate en trois membres, mais veut en fait purement se diviser. Mais il ne le peut pas. Il nous montre justement, à travers ce qu'il vit, à quel point il est impossible de presser ensemble ces trois domaines de vie les plus remarquables des humains avec l'État unitaire.

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Nun, etwas anderes Eigentümliches tritt in Rußland auf im 19. und im Beginn des 20. Jahrhunderts. Ja, gewiß, der Absolutismus gründet seine Schulen; aber diese Schulen sind nichts anderes als, ich möchte sagen, ein Spiegelbild für die Bedürfnisse des absolutisti­schen staatlichen Lebens. Nun, ein Geistesleben entwickelt sich in Rußland, ein intensiveres Geistesleben, als der Westen Europas annimmt. Aber wie muß dieses Geistesleben sich entwickeln? Durchaus in Opposition, ja in revolutionärem Aufruhr gegen alles, was russisches Staatswesen ist. Man sieht, dieser stramm einheitlich organisierte Staat splittert sich auseinander in drei Glieder, aber will sich eigentlich bloß auseinandersplittern. Er kann es aber nicht. Er zeigt uns gerade an dem, was er erlebt, wie unmöglich es ist, mit dem Einheitsstaat diese drei vorzüglichsten Lebensgebiete der Menschen zusammenzupressen.

Je peux aussi seulement l'esquisser. Si l'on étudie en détail comment ces trois membres dans la vie de l'État russe se développent alors dans la guerre mondiale, comment la guerre mondiale débouche d'abord sur le règne vraiment sans essence de Milioukov, puis comment se développe sous Kérenski ce que l'on peut appeler la transformation de l'absolutisme en un système d'État démocratique, mais encore absolument avec la foi dans la toute-puissance de l'État unitaire, alors on peut tout de suite voir à ce à quoi a dû échouer Kerenski après un court temps de gouvernement, comment cet État russe qui veut devenir démocratique est placé dans l'impossibilité d'aborder les questions les plus importantes, une question économique, la question agraire en fait, parce que dans la question agraire, les associations de la vie russe sont telles que ce qui a été tenté en matière de démocratie à partir de l'ancien absolutisme se brise.

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Ich kann Ihnen das auch nur skizzieren. Wenn man im einzelnen studiert, wie sich diese drei Glieder im russischen Staatsleben dann hineinentwickeln in den Weltkrieg, wie sich aus dem Weltkrieg herausentwickelt zuerst die wirklich wesenlose Herrschaft Milju­kows, wie sich dann aber unter Kerenski etwas herausentwickelt, was man nennen kann die Umwandlung des Absolutismus in ein demokratisches Staatswesen, aber noch durchaus mit dem Glauben an die Allmacht des Einheitsstaates, dann kann man gerade an dem sehen, woran nach kurzer Regierungszeit Kerenski scheitern muß, wie dieser demokratisch werden wollende russische Staat in die Unmöglichkeit versetzt ist, die wichtigsten Fragen, eine wirtschaftliche Frage, die Agrarfrage eigentlich nur anzufassen, weil in der Agrarfrage die Assoziationen des russischen Lebens so sind, daß an ihnen das, was an Demokratie versucht wird aus dem alten Absolu­tismus heraus, zerbricht.

Certes, tout se manifeste aussi d'une certaine manière concrète. On ne peut pas tout y voir tout de suite. Mais celui qui observe sans préjugé le devenir de la Russie, son orientation vers une structure social-démocrate impossible, parce que l'État unitaire est justement fragmenté par l'impossibilité de regrouper les trois domaines de la vie, verra que cet exemple de l'Europe de l'Est est justement très significatif et que les politiciens anglais voyants loin ont bien raison de considérer la Russie comme le champ où se manifeste, comme dans une expérience mondiale, le processus d'évolution de l'humanité.

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Gewiß, es zeigt sich alles eben auch in einer bestimmten konkre­ten Weise. Man kann nicht alles gleich darin sehen. Aber wer es unbefangen überblickt, dieses Werden Rußlands, sein Hinein-steuern in eine unmögliche sozialdemokratische Struktur, weil eben zersplittert ist der Einheitsstaat an der Unmöglichkeit, die drei Lebensgebiete zusammenzufassen, der wird sehen, daß gerade die­ses Beispiel von Osteuropa ein sehr bedeutungsvolles ist und daß die weitblickenden englischen Politiker wohl recht haben, die gerade Rußland betrachten als dasjenige Feld, auf dem sich wie in einem Weltexperiment zeigt der Hergang der Entwickelung der Mensch­heit.

On pourrait embrasser toute l'Europe d'un tel point de vue, on verrait partout comment l'État unitaire se dissout peu à peu. Même s'il semble encore solidement établi dans certaines régions, il se dissoudra parce qu'il ne peut pas maîtriser l'interaction correcte des trois domaines de la vie humaine. Regardez comment, à notre époque, là où, par exemple, le sens politique, la mentalité politique remplit entièrement l'être le plus intime de l'humain, la mentalité politique ne peut devenir maître sur la vie économique.

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Man könnte ganz Europa überschauen von solchen Gesichts­punkten, man würde überall sehen, wie der Einheitsstaat allmählich sich auflöst. Wenn er auch in manchen Gegenden noch festgefügt erscheint, er wird sich auflösen, weil er nicht bewältigen kann das richtige Zusammenwirken der drei menschlichen Lebensgebiete. Sehen Sie nur, wie in der neueren Zeit da, wo zum Beispiel der politische Sinn, die politische Gesinnung ganz das innerste Wesen des Menschen erfüllt, wie da die politische Gesinnung nicht Herr werden kann über das wirtschaftliche Leben.

À cet égard, la France est un bon exemple. La France a sauvé de sa révolution du XVIIIe siècle ce qui est maintenant un véritable sens démocratique intérieur, même si ce sens démocratique est couplé à un grand conservatisme en ce qui concerne la vie familiale. Même si beaucoup de choses rappellent le patriarcat philistin, la tendance à la démocratie est peut-être, sinon la plus pure, du moins la plus forte de l'humanité européenne dans l'essence profonde de la mentalité française. Ce sens démocratique a d'abord cherché à s'exprimer dans la vie de l'État. Tout de suite par cette expression du sens démocratique dans la vie d'etat française celle-ci a d'un côté été abstraitement divisée en ses départements ; mais ces départements ont à nouveau été rassemblés en une unité. Tout cela comme fruit de la Révolution française.

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In dieser Beziehung bildet ein gutes Beispiel Frankreich. Frank­reich hat sich aus seiner Revolution im 18. Jahrhundert heraus das gerettet, was nun wirklicher innerer demokratischer Sinn ist, wenn auch dieser demokratische Sinn mit einem großen Konservatismus in bezug auf das Familienleben gepaart ist. Wenn auch vieles ',wischen dem Demokratischen an philiströses Patriarchales erin­nert, so ist doch im tiefsten Wesen der Gesinnung des Franzosen die Tendenz nach der Demokratie vielleicht, wenn auch nicht am reinsten, so doch am stärksten unter der europäischen Menschheit ausgesprochen. Dieser demokratische Sinn suchte sich zunächst im Staatsleben auszugestalten. Gerade durch diese Ausgestaltung des demokratischen Sinns im französischen Staatsleben ist dieses auf der einen Seite abstrakt zergliedert worden in seine Departements; aber diese Departements sind wiederum in eine Einheit zusammengefaßt worden. Das alles als Frucht der Französischen Revolution.

Il suffit d'observer une seule chose dans cette structure de l'État français : la position du préfet de département, et l'on verra de quelle manière inorganique l'élément politique et juridique, l'élément étatique, est attaché à l'élément économique. Le préfet n'est en fait rien d'autre, d'un certain côté, que l'organe exécutif du gouvernement parisien. Le gouvernement parisien a, j'aimerais dire, comme ses nombreuses mains, les différents préfets de département. Mais le préfet de département doit à son tour être en relation avec les groupes d'intérêts économiques de son département. Ainsi, lorsqu'une élection est en France, certes le préfet dirigera ces élections, mais elles ne seront quand même pas différentes de ce que le préfet peut accorder aux groupes d'intérêts économiques.

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Man braucht nur eines zu betrachten in dieser Struktur des französischen Staates: die Stellung des Departementspräfekten, und man wird sehen, in welch unorganischer Weise verknüpft ist das politisch-rechtliche, das staatliche Element mit dem wirtschaftli­chen Element. Der Präfekt ist eigentlich nichts anderes von einer gewissen Seite her als das ausführende Organ der Pariser Regierung. Die Pariser Regierung hat, ich möchte sagen, wie zu ihren vielen Händen die verschiedenen Departementspräfekten. Aber der De­partementspräfekt wiederum muß in Verbindung stehen mit den wirtschaftlichen Interessengruppen seines Departements. So daß, wenn eine Wahl in Frankreich ist, gewiß der Präfekt diese Wahl leiten wird, aber sie wird doch nicht anders ausfallen, als sie ausfallen kann aus dem, was der Präfekt den wirtschaftlichen Inter­essengruppen zugesteht.

Nous voyons ainsi comment il existe en France des partis, des partis sous devises de parti, sous slogans de parti volontiers aussi, mais comment ces slogans de parti signifient beaucoup moins de choses réelles que ce qui émerge des intérêts économiques des départements. En cette relation, l'étude des faits individuels de la vie française est extraordinairement intéressante. On voit tout de suite en France comment une interaction correcte entre le système juridique-étatique et l'e système économique ne peut pas se transformer en une certaine vérité publique, parce que l'élément étatique ne peut pas maîtriser l'économique.

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So sehen wir, wie in Frankreich Parteien vorhanden sind, Parteien unter Parteidevisen, unter Parteischlagworten wohl auch, wie aber diese Parteischlagworte viel weniger Reales bedeuten als dasjenige, was herauswächst aus den wirtschaftlichen Interessen des Departe­ments. In dieser Beziehung ist das Studium der einzelnen Tatsachen des französischen Lebens außerordentlich interessant. Gerade an Frankreich sieht man, wie ein richtiges Zusammenwirken des recht­lich-staatlichen Wesens und des wirtschaftlichen Wesens zu einer gewissen öffentlichen Wahrheit sich nicht umgestalten kann, weil das staatliche Element das wirtschaftliche nicht bewältigen kann.

J'ai moi-même étudié, j'aimerais dire, pendant des décennies, ce qui devait nécessairement mener à la chute, disons, de l'Autriche. Cette Autriche ne pouvait pas ne pas s'effondrer d'une manière ou d'une autre. Car lorsque la nouvelle vie démocratique s'est développée, elle a dû introduire quelque chose de semblable à la démocratie dans sa vie d'État, dans cette vie d'État qui avait avant tout une structure spirituelle d'une telle diversité de peuples qu'il y avait en fait treize langues officielles en Autriche, qui avait d'autre part une vie économique compliquée, adossée d'un côté à l'Orient, de l'autre à l'Allemagne et à l'ouest de l'Europe, à l'Italie, etc. Lorsqu'il s'est agi d'introduire quelque chose de démocratique dans la vie de l'État autrichien, celui-ci a été constitué de telle sorte que l'on a créé un conseil impérial. Quatre sections différentes ont été élues dans ce conseil impérial : la curie des chambres de commerce, la curie des grands propriétaires terriens, la curie des villes, des marchés et des sites industriels et la curie des communes rurales. Si l'on regarde de plus près, ce sont tous des représentants d'intérêts économiques qui ont été élus au Parlement autrichien, où ils devaient façonner l'État. Bien entendu, ils n'ont réussi qu'à métamorphoser les intérêts économiques en intérêts étatiques, et il n'en est rien résulté de véritablement étatique, mais plutôt un conglomérat d'intérêts économiques contre lequel s'est ensuite dressée la vie spirituelle des différentes nations, quelque chose qui, pour des raisons internes, devait nécessairement aller vers son éclatement.

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Ich selbst habe, ich möchte sagen, jahrzehntelang aus unmittel­barer Anschauung das studiert, was da notwendig führen mußte zum Untergang, sagen wir Österreichs. Dieses Österreich konnte gar nicht anders als auf irgendeine Weise zugrundegehen. Denn als das neuere demokratische Leben heraufzog, da mußte es auch so etwas wie Demokratie in sein Staatsleben hereinbringen, in dieses Staatsleben, das vor allen Dingen seine geistige Struktur hatte von einer solchen Vielgestaltetheit in den Völkerschaften, daß eigentlich dreizehn offizielle Sprachen in Österreich vorhanden waren, das auf der anderen Seite ein kompliziertes Wirtschaftsleben hatte, an den Orient auf der einen Seite hin angelehnt, an Deutschland und an den Westen Europas auf der anderen Seite, an Italien und so weiter. Als nun auch etwas Demokratisches hineingebracht werden sollte in dieses österreichische Staatsleben, da wurde es so gebildet, daß man einen Reichsrat gestaltete. In diesen Reichsrat wurden gewählt vier verschiedene Sektionen: Die Kurie der Handelskammern, die Kurie der Großgrundbesitzer, die Kurie der Städte, Märkte und Indu­strialorte und die Kurie der Landgemeinden. Geht man genauer auf den Grund: lauter Vertreter wirtschaftlicher Interessen, die wurden in das österreichische Parlament gewählt, da sollten sie den Staat gestalten. Sie brachten selbstverständlich nichts zustande, als daß sie die wirtschaftlichen Interessen metamorphosierten in staatliche Interessen, und es entstand überhaupt nichts von wirklichem Staate, sondern es entstand ein Konglomerat von wirtschaftlichen Interes­sen, gegen das sich dann aufbäumte das geistige Leben der verschie­denen Nationen, etwas, was notwendig aus inneren Gründen seiner Zersplitterung entgegengehen mußte.

Nous pouvons encore observer quelque chose d'autre, mais qui est beaucoup plus international et universel, et nous verrons par là comment tout ce qui est considéré sans préjugés dans la vie récente de l'humanité tend vers cette triarticulation. Car prenez ce qui s'est passé de plus frappant, prenez, je ne dis pas expressément la question sociale, je dis la question sociale-démocrate. En Russie, parce que l'ancienne vie de l'État, lorsqu'elle a voulu se démocratiser, s'est morcelée en raison de l'impossibilité de regrouper les trois domaines de la vie de manière aussi homogène que le veut la conception démocratique de l'État, en Russie, il s'est passé que quelque chose de totalement étranger a été comme plaqué sur le peuple russe, et que ce qui se développe aujourd'hui en Russie n'est évidemment rien d'autre qu'une chose qui doit nécessairement mener la vie sociale qu'elle touche à sa perte. Ce que la social-démocratie, la tendance socialiste qui ne jure que par le marxisme, peut apporter dans la pratique, avant tout à la démocratie véritablement exigée par l'humain le plus intime, se manifeste précisément dans le triste état de la Russie actuelle, dont on peut déjà dire que les idéaux des ouvriers crédules sont réalisés de telle manière, que l'on est maintenant contraint, par la nécessité des circonstances, de transformer la journée de huit heures en une journée de douze heures, que l'on substitue à l'organisation ordinaire, dans laquelle l'ouvrier croit trouver sa liberté, un régiment militaire de travail qui promet de devenir beaucoup plus tyrannique que ne l'a jamais été le régiment militaire prussien. Ce sont les fruits du léninisme, du trotskisme !

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Etwas anderes noch können wir beobachten, was aber viel interna­tionaler und universell ist, und wir werden daran sehen, wie alles, was unbefangen betrachtet wird im neueren Leben der Menschheit, nach dieser Dreigliederung hintendiert. Denn nehmen Sie das Auf­fälligste, was heraufgezogen ist, nehmen Sie, ich sage ausdrücklich nicht die soziale, ich sage die sozialdemokratische Frage. In Ruß­land hat sich ja, weil das alte Staatsleben, als es sich demokratisieren wollte, zersplittert an der Unmöglichkeit, die drei Lebensgebiete so einheitlich zusammenzufassen, wie man es aus demokratischer Staatsauffassung heraus will, in Rußland hat sich ja ergehen, daß etwas völlig Fremdes wie darübergestülpt wurde über das russische Volkstum, und daß das, was nun heute in Rußland entfaltet wird, selbstverständlich nichts anderes ist als etwas, was notwendiger­weise das soziale Leben, das es trifft, in den Untergang hineinführen muß. Was praktisch die Sozialdemokratie, die auf den Marxismus schwörende sozialistische Richtung leisten kann, vor allen Dingen für die wahrhaftig doch von dem innersten Menschen geforderte Demokratie, das zeigt sich gerade an dem traurigen Zustand des heutigen Rußland, von dem schon berichtet werden kann, daß die Ideale der gutgläubigen Arbeiter so erfüllt werden, daß man jetzt unter der Notwendigkeit der Verhältnisse genötigt ist, den Acht­stundentag in den Zwölfstundentag zu verwandeln, daß man anstel­le der gewöhnlichen Organisation, in der der Arbeiter vermeint seine Freiheit zu finden, ein Militär-Arbeitsregiment einrichtet, das viel tyrannischer zu werden verspricht, als jemals das preußische Militärregiment tyrannisch war. Das sind die Früchte des Leninis­mus, des Trotzkismus!

Ils ne peuvent pas être différents non plus. Ils montrent seulement, à travers l'émergence la plus radicale, comment le courant social-démocrate s'est développé à partir du prolétariat - car la domination russe actuelle sur les nombreux millions du peuple russe ne comprend que quelques millions d'ouvriers industriels et, au fond, il y a aujourd'hui une tyrannie des quelques millions d'ouvriers industriels -. Comment s'est-il développé ? Oui, nous pouvons dire que cette social-démocratie, qui se caractérise en particulier par le fait qu'elle dérive toute la vie de l'humanité uniquement de la production économique, qu'elle considère toute vie spirituelle uniquement comme une idéologie, comme quelque chose qui s'élève comme une fumée de la production économique, cette social-démocratie, comment a-t-elle pu naître ?

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Sie können auch nicht anders sein. Sie zeigen nur an dem radikal­sten Auswuchs, wie sich aus dem Proletariat heraus — denn die heutige russische Herrschaft gegenüber den vielen Millionen des russischen Volks umfaßt ja nur ein paar Millionen von Industriear­beitern, und im Grunde genommen ist dort heute eine Tyrannei der wenigen Millionen Industriearbeiter vorhanden —, wie sich eben die sozialdemokratische Strömung entwickelt hat. Wodurch hat sie sich entwickelt? Ja, wir können sagen: diese Sozialdemokratie, die sich besonders dadurch charakterisiert, daß sie alles Leben der Mensch­heit nur von der wirtschaftlichen Produktion herleitet, daß sie alles geistige Leben nur wie eine Ideologie anschaut, wie etwas, was als ein Rauch aufsteigt aus der wirtschaftlichen Produktion, diese Sozialdemokratie, wie konnte sie entstehen?

Cette social-démocratie, qui se tient sous influence marxiste - je ne pense pas le socialisme sain, évidemment-, est en fait le péché des courants bourgeois qui ont émergé à l'époque moderne, le résultat du péché des courants bourgeois, pourrais-je dire aussi. Car si l'on regarde partout, si l'on parcourait, comme je l'ai montré à travers deux exemples, la France et la Russie, l'ensemble du monde civilisé dans son évolution à l'époque moderne, on verrait partout : la vie économique est devenue telle qu'elle a été marquée par la technique, qu'elle a arraché l'humain à son ancien lien avec sa profession, qu'elle l'a placé dans la machine abstraite et indifférente, dans l'usine indifférente - et le prolétariat n'a au fond rien connu d'autre que la vie de l'économie.

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Diese Sozialdemokratie, die unter marxistischem Einfluß steht — ich meine nicht den gesunden Sozialismus, selbstverständlich —, ist eigentlich die Sünde der bürgerlichen Strömungen, die in der neue­ren Zeit heraufgezogen sind, das Ergebnis der Sünde der bürgerli­chen Strömungen, könnte ich auch sagen. Denn sieht man überall hin, würde man so, wie ich es an zwei Beispielen, an Frankreich und Rußland gezeigt habe, die ganze zivilisierte Welt durchgehen in ihrer Entwickelung in der neueren Zeit, würde man überall sehen: das Wirtschaftsleben ist ein solches geworden, das durch die Tech­nik seinen Stempel aufgedrückt erhalten hat, das den Menschen hinweggeholt hat von seiner früheren Verbindung mit seinem Be­ruf, ihn an die abstrakte, gleichgültige Maschine, in die gleichgültige Fabrik hineingestellt hat — und das Proletariat, es hat im Grunde genommen nichts anderes kennengelernt als das Wirtschaftsleben.

A l'époque moderne, il aurait été nécessaire de placer ce prolétariat devenant de plus en plus grand dans une structure sociale. On n'a pas pu tirer quelque chose de ce que l'évolution historique a apporté à l'humanité, par quoi on aurait en quelque sorte imaginé une structure uniforme pour ceux qui sont les dirigeants dans la vie économique, dans la vie spirituelle et ainsi de suite, et ceux qui doivent travailler avec les mains. On avait en quelque sorte omis de développer de nouvelles forces à partir des anciennes. Les anciens États princiers n'ont pas donné naissance à de véritables institutions qui auraient été portées par la démocratie. Il faut donc dire que ce qui est la social-démocratie moderne est né du fait que les classes dirigeantes, les personnes dirigeantes de l'histoire moderne n'ont pas pu maîtriser ce que la vie économique a fait monter. On a laissé les États organisés de telle sorte qu'ils ne pouvaient pas englober la vie économique qui devenait de plus en plus exubérante. Et c'est ainsi que la non-maîtrise de ce qui est apparu dans les âmes humaines avec la naissance du prolétariat montre le fait que rien de fécond pour une structure possible de l'organisme social n'a pu naître de ce que l'on pouvait se représenter de l'État.

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In der neueren Zeit hätte man notwendig gehabt, dieses immer größer und größer werdende Proletariat hineinzustellen in eine soziale Struktur. Man konnte nicht aus dem, was die geschichtliche Entwickelung in der Menschheit heraufgebracht hat, etwas gewin­nen, wodurch man gewissermaßen eine einheitliche Struktur ausge­dacht hätte über diejenigen, die die Führenden sind im Wirtschafts­leben, im geistigen Leben und so weiter, und diejenigen, die mit der Hand arbeiten müssen. Man hatte gewissermaßen unterlassen, aus den alten Kräften neue Kräfte herauszuentwickeln. Aus den alten Fürstenstaaten entstanden nicht wirkliche Einrichtungen, die von der Demokratie getragen gewesen wären. So muß man sagen, daß eigentlich das, was moderne Sozialdemokratie ist, dadurch entstan­den ist, daß von den führenden Ständen, von den führenden Leuten in der neueren Geschichte das nicht bewältigt werden konnte, was das Wirtschaftsleben heraufgebracht hat. Man hat die Staaten eben so organisiert gelassen, daß sie das immer wuchtender und wuchten­der werdende Wirtschaftsleben nicht umfassen konnten. Und so zeigt sich gerade an der Nichtbewältigung dessen, was mit der Entstehung des Proletarischen in den Menschenseelen heraufge­zogen ist, die Tatsache, daß aus dem, was man sich vom Staate vorstellen konnte, nichts Fruchtbares für eine mögliche Struktur des sozialen Organismus hervorgehen konnte.

Et ainsi, je pourrais encore citer beaucoup de choses, cela vous montrerait qu'en fait, de ce que l'on peut observer, découle la nécessité de placer les trois principaux domaines de la vie de l'humain et de l'humanité sur leur propre terrain.

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Und so könnte ich noch vieles anführen, es würde Ihnen zeigen, daß tatsächlich aus dem, was man beobachten kann, die Notwendig­keit folgt, die drei hauptsächlichsten Lebensgebiete des Menschen und der Menschheit auf ihren eigenen Boden zu stellen.

Il est vrai que l'on pouvait aussi parler de cette nécessité avant que cette terrible catastrophe ne se produise dans le monde et ne révèle si clairement les forces destructrices au cours des quatre ou cinq dernières années. Mais je ne crois pas que l'humanité, avant 1914, où l'on ne vivait que dans l'illusion de ce que l'on ressentait comme un grand, un énorme essor dans l'humanité moderne, aurait pu être gagnée à la compréhension de cette nécessité. Les temps sont maintenant venus où il n'est pas seulement nécessaire de prouver théoriquement l'existence d'une telle nécessité, mais où les États qui étaient tout particulièrement exposés aux dangers de l'État unitaire ont été balayés dans leur ancienne forme et se trouvent devant la nécessité de se reconstruire entièrement.

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Über diese Notwendigkeit konnte man wahrhaftig auch spre­chen, bevor diese furchtbare Katastrophe in der Welt heraufgezogen ist und die zerstörenden Kräfte so klar geoffenbart hat in den letzten vier bis fünf Jahren. Aber ich glaube nicht, daß die Menschheit in der Zeit vor 1914, wo man nur in Illusionen lebte über das, was man als einen großen, gewaltigen Aufschwung in der neueren Menschheit empfand, für ein Verständnis dieser Notwendigkeit irgendwie zu gewinnen gewesen wäre. Jetzt sind Zeiten heraufgezogen, in denen man nicht bloß theoretisch zu beweisen braucht, daß eine solche Notwendigkeit besteht, sondern in denen Staaten, die ganz beson­ders den Gefahren des Einheitsstaates ausgesetzt waren, hinweg­gefegt worden sind in ihrer alten Form und vor der Notwendigkeit stehen, sich ganz neu aufzubauen.

Nous voyons l'ancien système d'État russe oriental fragmenté, confronté à la nécessité de se reconstruire, mais aussi à l'impuissance de se reconstruire de manière prospère, en acceptant qu'on lui impose quelque chose qui n'est jamais issu de son propre peuple, mais qui est plaqué sur lui comme un moule socialiste général applicable à tout. Et nous voyons par exemple en Allemagne, où une révolution ratée, la révolution de novembre 1918, montre vraiment bien comment les circonstances ne donnent lieu qu'à un chaos, un véritable chaos. Et ce qui est le plus frappant, je dirais même déchirant, dans la vie de l'Allemagne d'aujourd'hui, c'est que partout où on les rencontre et où on doit parler avec eux d'affaires publiques, les humains se montrent perplexes. Pourquoi se montrent-ils perplexes ? Pour la simple raison que le dogme de l'État unitaire est fermement enraciné dans les âmes et que les terribles leçons des quatre ou cinq dernières années n'ont vraiment pas suffi à éradiquer ce dogme chez les humains. J'ai demandé à plusieurs personnes d'où venait le fait que l'on dormait ainsi, que l'on ne pouvait convaincre personne de se mobiliser pour quelque chose de positif dans la direction de la construction. Les gens avouaient tranquillement : "Oui, nous avons passé tant et tant de temps dans les tranchées, nous ne savions pas si nous serions encore en vie dans huit jours, cela devait nous devenir peu à peu indifférent de savoir si nous serions encore en vie dans huit jours ; ne devrions-nous pas être indifférents à ce que les institutions sociales seront faites dans huit jours ? On se laisse aller à bien des états d'âme. C'est ce qu'on dit plus d'un, et pas n'importe qui.

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Wir sehen das östliche ehemalige russische Staatswesen zersplit­tert, vor der Notwendigkeit, sich neu aufzubauen, aber auch vor der Ohnmacht, sich in gedeihlicher Weise neu aufzubauen, indem es sich gefallen lassen muß, daß ihm übergestülpt wird etwas, was niemals aus dem eigenen Volkstum heraus erwächst, sondern was wie eine allgemeine sozialistische Schablone, die auf alles anwend­bar ist, über das Volkstum drübergestülpt wird. Und wir sehen zum Beispiel an Deutschland, wo eine verunglückte Revolution, die Revolution vom November 1918, wirklich viel erkennen läßt, wie aus den Verhältnissen heraus sich nur ein Chaos, ein wirkliches Chaos, ergibt. Und das Auffallendste, ich möchte sagen, eigentlich Herzzerreißende, im Leben des heutigen Deutschland ist, daß die Menschen überall, wo man auf sie trifft und über öffentliche Angelegenheiten mit ihnen zu sprechen hat, sich ratlos zeigen. Warum zeigen sie sich ratlos? Aus dem einfachen Grunde, weil das Dogma von dem Einheitsstaate in den Seelen festgewurzelt ist und weil die furchtbaren Lehren der letzten vier bis fünf Jahre wahr­haftig noch nicht hinreichend waren für die Menschen, um die­ses Dogma aus ihnen auszutilgen. Ich habe manchen einzelnen ge­fragt, woher es denn kommt, daß man so schläft, daß man nie­manden gewinnen kann zum Aufraffen für irgend etwas Positives nach der Richtung des Aufbaus. Die Leute gestanden ruhig: Ja, wir waren so und so lange im Schützengraben, wir haben nicht gewußt, ob wir in acht Tagen noch leben, es mußte uns allmählich gleich­gültig werden, ob wir in acht Tagen noch leben; sollte es uns jetzt nicht gleichgültig sein, was für soziale Einrichtungen in acht Tagen gemacht werden? Man fügt sich in so manche Seelen‑ stimmungen hinein. So hat manch einer, wahrhaftig nicht bloß einer gesagt.

Certes, les conditions temporelles rendent certaines choses explicables, mais la nécessité historique, purement humaine, est quelque chose de plus grand, de plus significatif. La, il n'y a qu'un où bien l'un ou bien l'autre. Et je crois qu'ici aussi, on pourrait déjà reconnaître - puisque les conditions ne sont vraiment pas loin, qui sont susceptibles de projeter leurs ondes dans toute l'Europe - ce qui doit être reconnu : c'est l'impossible de réunir les trois domaines de la vie, la vie de l'esprit, la vie de l'État, la vie économique, en une unité. La nécessité de placer chacun de ces trois domaines sur son propre terrain devrait être envisagée.

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Gewiß, die Zeitverhältnisse machen manches erklärlich, aber etwas Größeres, etwas Bedeutsameres ist die historische, die rein menschliche Notwendigkeit. Da gibt es nur ein Entweder-Oder. Und ich glaube, auch hier könnte schon eingesehen werden — da die Zustände wahrlich nicht weit weg sind, die geeignet sind, ihre Wellen nach ganz Europa hineinzuwerfen —, was eingesehen werden soll: das ist das Unmögliche, die drei Lebensgebiete, Geistesleben, Staatsleben, wirtschaftliches Leben in eine Einheit zusammenzu­bringen. Die Notwendigkeit sollte eingesehen werden, jedes dieser drei Gebiete auf seinen eigenen Boden zu stellen.

Je sais très bien combien les anciennes conceptions peuvent s'opposer à cette triarticulation de l'organisme social. Mais celui qui considère la situation mondiale actuelle, telle que j'ai essayé de la décrire à l'aide d'exemples isolés, se dira que cette proposition de triarticulation de l'organisme social se distingue de toutes les autres, de nature plus utopique, par le fait qu'elle ne donne pas un programme, qu'elle ne se présente absolument pas avec la prétention du tout-savoir, mais qu'elle dit : Si les humains s'organisent socialement de telle sorte que le meilleur d'eux-mêmes émerge dans une vie intellectuelle libre et émancipée, que ce en quoi tous les humains devenus majeurs sont égaux émerge dans une vie étatique démocratique indépendante, que ce en quoi tout doit se développer à partir de soubassements économiques émerge dans une vie de l'économie indépendante, alors c'est tout de suite parce que les humains sont appelés à une action sociale que quelque chose comme la solution de la question sociale verra le jour.

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Ich weiß sehr wohl, wieviel sich aus den alten Anschauungen heraus gegen diese Dreigliederung des sozialen Organismus ein­wenden läßt. Wer aber die gegenwärtige Weltlage, wie ich sie an einzelnen Beispielen zu schildern versuchte, ins Auge faßt, der wird sich sagen: von allen anderen, mehr utopistisch gearteten Vor­schlägen, unterscheidet sich dieser nach der Dreigliederung des sozialen Organismus dadurch, daß er nicht ein Programm gibt, daß er durchaus nicht auftritt mit der Prätention des Alleswissens, sondern daß er sagt: Wenn die Menschen sich sozial so gliedern, daß ihr Bestes selbständig in einem freien emanzipierten Geistesleben, dasjenige, worinnen alle mündig gewordenen Menschen gleich sind, in einem selbständigen demokratischen Staatsleben, dasjenige, wo-rinnen alles aus wirtschaftlichen Unterlagen heraus sich entwickeln muß, in einem selbständigen Wirtschaftsleben herauskommt, dann wird dadurch gerade, daß die Menschen aufgerufen werden zu einem sozialen Wirken, so etwas wie die Lösung der sozialen Frage zustande kommen.

Car je ne crois pas que celui qui connait la vie peut adhérer à la vision superficielle selon laquelle la question sociale est quelque chose qui est apparue hier et pour laquelle il suffit d'avoir des idées ou de tirer des conclusions de la vie pour élaborer un programme, et la question sociale sera résolue. De telles mixtures il y a beaucoup.

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Denn ich glaube nicht, daß derjenige, der das Leben kennt, mitgehen kann mit der oberflächlichen Anschauung, als ob die soziale Frage etwas wäre, gestern entstanden, für die man nur irgendwelche Ideen zu haben oder irgendwelche Schlüsse aus dem Leben zu ziehen braucht, um ein Programm zu zimmern, und dann wird die soziale Frage gelöst sein. Solche Mixturen gibt es viele.

Mais l'impulsion en faveur de la triarticulation de l'organisme social ne se situe pas sur ce terrain du tout-savoir. Elle est imprégnée de la conviction que la question sociale s'est posée, qu'on ne peut pas la résoudre du jour au lendemain ou avec un individu quelconque : elle sera toujours là dans l'avenir, elle imprégnera notre vie, et la solution ne peut consister qu'à se tenir continuellement sous de telles institutions, de sorte que les difficultés qui surgissent chaque jour soient peu à peu surmontées. Toute la vie future consistera en une sorte de solution à la question sociale.<<<<

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Aber auf diesem Boden des Alleswissens steht der Impuls für die Dreigliederung des sozialen Organismus nicht. Er ist durchdrungen von der Überzeugung, daß die soziale Frage allerdings heraufge­kommen ist, daß man sie überhaupt nicht von heute auf morgen oder mit irgendeinem Einzelnen lösen kann: sie wird immer in der Zukunft da sein, sie wird unser Leben durchdringen, und die Lösung kann nur darin bestehen, daß man fortlaufend unter solchen Einrichtungen steht, daß die täglich neu kommenden Schwierig­keiten nach und nach überwunden werden. Das ganze Leben in der Zukunft wird darin bestehen, daß es eine Art Lösung der sozialen Frage ist.

L'impulsion en faveur de la triarticulation espère que ce que l'on pourrait appeler une solution de la question sociale proviendra de ce que les humains individuels feront en travaillant et en jugeant de manière naturelle dans l'organisme social triarticulée. Elle ne veut pas résoudre la question sociale de manière théorique, elle veut donner aux humains la possibilité de résoudre la question sociale en collaborant et en jugeant ensemble. Mais même ce qui peut être fait comme proposition - je n'ai pu vous en donner qu'une esquisse aujourd'hui -, cette caractéristique des trois domaines de l'organisme social, même cela n'est absolument pas considéré par les porteurs de cette pensée comme quelque chose qui pourrait être un dogme quelconque. C'est seulement cela que j'aimerais : qu'il soit discuté, que le plus grand nombre possible d'humains soit pénétré de ce que la détresse de l'époque actuelle enseigne, que l'on fasse ce qui peut conduire à une construction à partir des meilleures forces de l'être humain.

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Von dem, was die einzelnen Menschen wirken werden, indem sie in naturgemäßer Weise in dem dreigegliederten sozialen Organis­mus arbeiten und urteilen können, davon erhofft der Impuls für die Dreigliederung dasjenige, was man eine Lösung der sozialen Frage nennen könnte. Er will nicht die soziale Frage theoretisch lösen, er will den Menschen die Möglichkeit geben, daß alle im Zusammen­wirken, Zusammenurteilen die soziale Frage lösen. Aber selbst das, was als Vorschlag gemacht werden kann — ich habe Ihnen heute nur eine Skizze geben können —, diese Charakteristik der drei Gebiete des sozialen Organismus, selbst das wird keineswegs von den Trägern dieses Gedankens als etwas betrachtet, was irgendein Dog­ma sein könnte. Das ist es allein, was ich möchte: daß es diskutiert würde, daß möglichst viele Menschen durchdrungen wären von dem, was die Not der heutigen Zeit lehrt, daß aus den besten Kräften des Menschenwesens heraus das getan werde, was zu einem Aufbau führen kann.

Si les bonnes volontés des côtés les plus divers agissent de la sorte, une discussion fructueuse peut s'engager. Et c'est à une telle discussion fructueuse que s'attachent en fait ceux qui sont porteurs de l'idée de la triarticulation de l'organisme social. S'ils doivent croire qu'ils n'auraient pas pu se manifester avant que la catastrophe mondiale ne survienne - ils ont maintenant un certain optimisme, mais je dirais un optimisme triste : que la misère qui se propage de plus en plus doit devenir le grand maître, que c'est précisément à partir de la misère que les humains devront reconnaître que quelque chose comme ce qui s'exprime aujourd'hui - je ne veux pas dire déjà dans le contenu que nous sommes capables de donner sur l'idée de la triarticulation de l'organisme social, mais dans l'impulsion que nous voulons donner à la discussion publique par cette idée - doit être pris au sérieux d'une manière ou d'une autre. Beaucoup dépendra du fait que de telles choses puissent être prises au sérieux. Une sorte de somnolence des âmes se répand encore sur l'humanité européenne, sur l'humanité civilisée moderne en général, et même si ceux qui agissent déjà aujourd'hui dans le mouvement pour la triarticulation de l'organisme social ont fait l'une ou l'autre chose à partir de leurs convictions, ils savent que ce qui est juste ne viendra que lorsqu'un nombre suffisamment grand de personnes s'engagera dans les détails de la chose.

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Wenn so die guten Willen von den verschiedensten Seiten zusam­menwirken, dann kann eine fruchtbare Diskussion entstehen. Und auf eine solche fruchtbare Diskussion kommt es eigentlich denen an, die die Träger des Gedankens von der Dreigliederung des sozialen Organismus sind. Wenn diese glauben müssen, daß sie nicht hätten hervortreten können, bevor die Not der Weltkatastrophe einge­treten ist — einigen Optimismus haben sie jetzt; allerdings, ich möchte sagen, einen traurigen Optimismus: daß die sich immer weiter verbreitende Not die große Lehrmeisterin werden muß, daß gerade aus der Not die Menschen werden erkennen müssen, daß so etwas, wie es sich heute aussprechen will — ich will nicht sagen schon in dem Inhalt, den wir zu geben vermögen über die Idee der Dreigliederung des sozialen Organismus, sondern in dem Impuls, den wir der öffentlichen Diskussion geben möchten durch diese Idee —, daß das irgendwie ernst genommen werden muß. Viel wird davon abhängen, daß solche Dinge ernst genommen werden kön­nen. Noch immer breitet sich aus über der europäischen Mensch­heit, überhaupt über der modernen zivilisierten Menschheit etwas wie eine Schläfrigkeit der Seelen, und wenn auch diejenigen, die heute schon wirken in der Bewegung für die Dreigliederung des sozialen Organismus, das eine oder andere aus ihren Überzeu­gungen getan haben, sie wissen: das Richtige wird erst kommen, wenn eine genügend große Anzahl von Menschen sich auf die Einzelheiten der Sache einläßt.

Nous avons déjà eu la possibilité de fonder une école libre à l'école Waldorf de Stuttgart, dans laquelle les enfants de six, sept, quatorze et quinze ans sont instruits dans une école primaire de huit classes selon les principes d'une vie de l'esprit libre, de sorte qu'ils grandissent à partir d'une vie de l'esprit libre dans un ordre social. Nous avons essayé les choses les plus diverses dans ce domaine, et nous envisageons aussi des choses économiques, où nous voulons essayer de placer les branches les plus diverses de la vie économique sous les points de vue de la triarticulation, de les organiser, de les financer selon ces points de vue ; car il sera peut-être particulièrement nécessaire, pour avoir un effet convaincant, que le modèle, que l'exemple soit là. Mais pour que cet exemple ait un impact suffisant, pour qu'il puisse être intégré dans la réalité, il faut avant tout qu'un nombre suffisamment important d'humains participent à la discussion sur ce que veut réellement l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social.

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Wir haben ja schon die Möglichkeit gehabt, in der Waldorfschule in Stuttgart eine Freie Schule zu begründen, in der Kinder zwischen dem sechsten, siebenten und dem vierzehnten und fünfzehnten Lebensjahre in einer achtklassigen Volksschule nach den Grund­sätzen eines freien Geisteslebens unterrichtet werden, so daß sie aus einem freien Geistesleben heraus in eine soziale Ordnung hineinwachsen. Wir haben das Verschiedenste auf diesem Gebiet versucht, und auch wirtschaftliche Dinge sind in Aussicht genom­men, wo wir versuchen wollen, die verschiedensten Zweige des wirtschaftlichen Lebens unter die Gesichtspunkte der Dreigliede­rung zu stellen, sie zu organisieren, sie zu finanzieren nach diesen Gesichtspunkten; denn es wird vielleicht ganz besonders notwendig sein, um überzeugend zu wirken, daß das Vorbild, daß das Beispiel dastehe. Aber um dieses Beispiel in genügendem Maße zur Wirkung zu bringen, um es überhaupt in die Wirklichkeit hineinzustellen, ist eben vor allen Dingen notwendig, daß eine genügend große Anzahl von Menschen sich an der Diskussion darüber beteiligt, was der Impuls für die Dreigliederung des sozialen Organismus eigentlich will.

C'est à cela et à rien d'autre que j'aimerais avoir incité un peu avec les explications, certes très sommaires, que j'ai pu donner ce soir dans le court laps de temps qui m'était imparti.

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Zu diesem und nichts anderem möchte ich gern ein wenig ange­regt haben mit den allerdings ganz skizzenhaften Ausführungen, die ich in dieser kurzen Zeit am heutigen Abend habe geben können.

S'ensuit une discussion au cours de laquelle diverses questions et objections ont été formulées à l'encontre des explications données dans l'exposé.

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Es folgt eine Diskussion, in welcher verschiedene Fragen und Einwände gegenüber den Ausführungen des Vortrages laut geworden waren.

Mot de la fin

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Schlußwort

En fait, je dois avouer qu'aucune objection réelle n'a été formulée. Je comprends très bien que les questions les plus diverses peuvent être posées sur la base de ce que j'ai dit ce soir, et je pense qu'il est impossible de traiter une telle question de manière suffisamment exhaustive en une heure d'exposé pour que des centaines et des milliers de questions, et peut-être plus encore, ne soient pas posées à la suite. C'est pourquoi je voudrais seulement faire quelques remarques qui pourraient peut-être donner quelques indications au lieu d'une réponse aux différentes questions, qui devrait vraiment durer plusieurs jours.

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Eigentlich muß ich gestehen, daß wirkliche Einwendungen nicht vorgebracht worden sind. Ich begreife sehr gut, daß angelehnt an das, was ich heute abend gesagt habe, die verschiedenartigsten Fragen gestellt werden können, und ich glaube, daß es unmöglich ist, in einem einstündigen Vortrag eine solche Frage so erschöpfend zu behandeln, daß nicht Hunderte und Tausende und vielleicht noch mehr Fragen im Anschluß daran gestellt werden können. Ich möchte deshalb auch nur einiges bemerken, das vielleicht statt einer Antwort auf die verschiedenen Fragen, die ja wirklich mehrere Tage dauern müßte, wenigstens einige Andeutungen geben kann.

Tout d'abord, en ce qui concerne ce que Monsieur le Président a dit en dernier, à savoir qu'il n'existe pas de formulations claires sur ce que veut réellement la triarticulation. Vous voyez, j'ai essayé, dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale", de discuter autant que possible de certains de ces problèmes, par exemple comme celui de la circulation des moyens de production que j'ai déjà exposé et que je dois mettre à la place de l'impraticable socialisation des moyens de production, et ainsi de suite. Vous trouverez dans les "Points essentiels de la question sociale" plus de détails de ce genre que vous ne le pensez peut-être. Je dois toujours souligner que la façon dont j'essaie de saisir cette impulsion de la triarticulation est en fait puisée dans la vie entière et pleine, et la vie entière et pleine a en fait des dimensions non seulement dans deux directions, mais aussi toujours des dimensions vers les profondeurs, et c'est là que les formulations abstraites ne sont parfois pas aussi faciles à entourer de contours que l'on pourrait peut-être le souhaiter, parce que naturellement les problèmes particuliers doivent d'abord être développés. Je vous prie de tenir compte du fait que le mouvement en est à ses débuts et qu'à la fin de mon exposé d'aujourd'hui, si je peux l'appeler ainsi, j'ai justement appelé à une discussion. Je pense que seule une discussion permettra d'aboutir à quelque chose de vraiment fructueux.

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Zunächst mit Bezug auf dasjenige, was der Herr Vorsitzende zuletzt gesagt hat, daß keine klaren Formulierungen vorliegen über das, was die Dreigliederung eigentlich will. Sehen Sie, ich habe versucht, in meinem Buch «Die Kernpunkte der sozialen Frage», so gut es geht bei einer solchen Bewegung, die im Grunde genommen erst am Anfang ihres Wirkens ist, einzelne dieser Probleme zu besprechen, wie zum Beispiel das schon dargestellte der Zirkulation der Produktionsmittel, die ich an die Stelle der undurchführbaren Vergesellschaftung der Produktionsmittel zu setzen habe und so weiter. Sie werden in den «Kernpunkten der sozialen Frage» mehr solcher Einzelheiten finden, als vielleicht vermutet wird. Ich muß immer wieder betonen: wie ich versuche, diesen Dreigliederungsim­puls zu fassen, so ist er eigentlich aus dem ganzen, vollen Leben herausgeschöpft, und das ganze, volle Leben hat eigentlich Dimen­sionen nicht nur nach zwei Richtungen, sondern immer auch Dimensionen nach den Tiefen, und da sind zuweilen die, abstrakten Formulierungen nicht so einfach mit Konturen zu umschließen, wie man das vielleicht wünschenswert findet, weil natürlich die einzel­nen Probleme erst ausgebaut werden müssen. Das bitte ich doch zu berücksichtigen, daß die Bewegung am Anfang steht und daß ich am Schluß meines heutigen Referates, wenn ich es so nennen darf, eigentlich aufgefordert habe gerade zu einer Diskussion. Ich glaube, daß erst aus einer Diskussion das recht Fruchtbare herauskommen wird.

J'aimerais maintenant aborder certaines questions, au moins de manière allusive. Un malentendu important entre M. Le Dr S. et moi est justement né du fait que je ne parle donc pas du tout, comme l'a compris M. le docteur, de trois parlements. Je ne vois pas l'essence de cette triarticulation dans le fait que l'on divise aujourd'hui le parlement unique en trois parlements, mais dans le fait que l'on n'a un parlement, au sens actuel du terme, que pour ce qui peut être géré ou orienté démocratiquement, et que les deux autres domaines ne sont pas gérés parlementairement, mais par ce qui en découle. Il m'est très difficile de parler de ces choses concrètes en termes abstraits. Je voudrais donc construire la réponse en quelque sorte.

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Nun möchte ich doch auf einzelne Fragen wenigstens andeutend eingehen. Ein wesentliches Mißverständnis zwischen Herrn Dr. S. und mir wird gerade dadurch heraufgekommen sein, daß ich ja gar nicht spreche, wie der Herr Doktor das aufgefaßt hat, von drei Parlamenten. Ich sehe gerade das Wesentliche dieser Dreigliederung nicht darin, daß man etwa heute das Einheitsparlament in drei Parlamente teile, sondern daß man ein Parlament im heutigen Sinn nur hat für dasjenige, was demokratisch verwaltet respektive orien­tiert werden kann, daß aber die beiden anderen Gebiete eben nicht parlamentarisch verwaltet werden, sondern verwaltet werden aus dem, was sich aus ihnen selbst heraus ergibt. Es ist mir sehr schwer, in abstrakten Begriffen diese konkreten Dinge zu besprechen. Ich möchte daher die Antwort gewissermaßen aufbauen.

Lors de la mise en place de l'école Waldorf, j'ai dû à nouveau me pencher de manière approfondie sur tout ce qui se présente, je dirais, comme une coupe transversale : le résultat de l'administration étatique pour le système scolaire. N'est-ce pas, j'ai dû constituer l'école Waldorf à partir de deux points de vue. L'une consistait à se baser sur ce que je croyais être l'impulsion de l'école Waldorf à partir des simples exigences de la vie spirituelle elle-même.

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Ich habe gerade bei dem Einrichten der Waldorfschule mich wiederum eingehend befassen müssen mit all dem, was sich, ich möchte sagen, einem wie ein Querschnitt ergibt: das Ergebnis staatlicher Verwaltung für das Schulwesen. Nicht wahr, ich hatte von zwei Seiten her die Waldorfschule zu konstituieren. Das eine war, dasjenige zugrunde zu legen, was ich glaubte, aus den bloßen Anforderungen geistigen des geistigen Leben selbst als Impuls der Waldorfschule.

Maintenant, j'aimerais que ce soit celui qui se trouve dans l'enseignement vivant qui fixe les objectifs de l'enseignement, et non pas celui qui en est arraché et devient fonctionnaire d'État, qui passe donc de l'enseigner vivant à la démocratie. J'aimerais donc que ce qui englobe la vie spirituelle soit géré par ceux qui sont encore à l'intérieur, qui construisent cette vie spirituelle. Il est donc important que toute la structure de l'administration soit construite sur la structure même d'une vie de l'esprit elle-même. N'est-ce pas, aujourd'hui encore, j'ai dû faire en sorte que les enfants, après avoir terminé trois classes, puissent à nouveau s'y joindre - afin d'avoir la liberté de s'y joindre à nouveau après trois autres années, à partir de la douzième année. Je devais donc tenir compte d'un extérieur.

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Nun möchte ich, daß derjenige die Lehrziele festsetzt, der im lebendigen Unterricht drinnensteht, und nicht derjenige, der her­ausgerissen wird und Staatsbeamter wird, der also übergeht von dem lebendigen Lehren zur Demokratie. Ich möchte also, daß das, was das geistige Leben umfaßt, von denen verwaltet wird, die noch drinnenstehen, die dieses geistige Leben aufbauen. Also es kommt darauf an, daß die ganze Struktur der Verwaltung aufgebaut ist auf dem Gefüge eines Geisteslebens selbst. Nicht wahr, ich mußte zum Beispiel heute noch die Einteilung treffen, daß die Kinder, wenn sie drei Klassen absolviert haben, sich wiederum anschließen können — um dazwischen Freiheit zu haben nach weiteren drei Jahren, mit dem zwölften Jahre, wiederum sich anschließen können. Also ich mußte einem Äußeren gerecht werden.

C'est l'essence même de la triarticulation. Elle se tient partout sur un terrain réel, elle doit aussi travailler à partir d'un terrain réel. Mais si l'on a un terrain réel, on n'a pas quelque chose d'indéterminé. La vie de l'esprit est quand même là, elle a quand même une administration, simplement par le fait que l'un se trouve dans une position, l'autre dans une autre. Dans ce détachement du corps spirituel du corps de l'État, j'aimerais maintenant que l'administration se forme/façonne hiérarchiquement, et je crois - évidemment, c'est naturellement quelque chose qui ne peut pas être développé aussi rapidement maintenant - que l'administration hiérarchique aura toutes les imperfections. Je sais ce qui tout particulièrement est objecté par des professeurs, mais peut-être que même pour de telles transitions, sont parfois nécessaires de plus grandes imperfections pour que l'on arrive à quelque chose de parfait, mais ce dont il s'agit, c'est que peu à peu, à partir des pures conditions pédagogiques et didactiques et conditions supplémentaires de la vie de l'esprit, se forme un corps purement didactique de la vie de l'esprit, qui administre ainsi que c'est fondé dans le factuel, en faisant seulement allusion de manière un peu abstraite à la "république des savants/érudits" de Klopstock, et que quelque chose de ce genre est effectivement possible dans le domaine de la vie de l'esprit, si l'on a seulement la bonne volonté de le fonder.

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Das ist das Wesen der Dreigliederung. Sie steht überall auf einem realen Boden, muß auch aus einem realen Boden heraus arbeiten. Aber wenn man einen realen Boden hat, hat man nicht irgend etwas Unbestimmtes. Das Geistesleben ist doch da, es hat doch eine Verwaltung, einfach dadurch, daß der eine in der Position, der andere in einer anderen Position steht. Ich möchte nun in dieser Loslösung des Geisteskörpers vom Staatskörper einfach, daß die Verwaltung sich hierarchisch gestalte, und ich glaube — selbstver­ständlich ist das natürlich etwas, was jetzt nicht so schnell ausge­führt werden kann —, daß die hierarchische Verwaltung alle Unvoll­kommenheiten haben wird. Ich weiß, was ganz besonders von Dozenten eingewendet wird, aber vielleicht sind sogar zu solchen Übergängen manchmal größere Unvollkommenheiten notwendig, damit man auf etwas Vollkommenes kommt, aber worum es sich handelt, das ist, daß sich nach und nach nur aus den rein pädagogi­schen und didaktischen Bedingungen und weiteren Bedingungen des Geisteslebens eine rein didaktische Körperschaft des Geistes­lebens bildet, die so verwaltet, wie es im Sachlichen begründet ist, nur etwas abstrakt anklingend an die Klopstocksche «Gelehrtenre­publik», und daß so etwas auf dem Gebiet des Geisteslebens tatsächlich möglich ist, wenn man nur den guten Willen hat, es zu begründen.

Je me pense qu'il apparaîtra alors très clairement - laissez-moi mentionner quelque chose de concret, de prendre un exemple - que la pédagogie, pratiquée dans les universités, a fait partie des pires/plus mauvaises disciplines jusqu'à présent, du moins dans toute l'Europe centrale. En règle générale, elle a été confiée à un pédagogue quelconque, qui l'a pratiquée en tant que matière secondaire. Dans une telle république savante, celui qui se montre compétent peut être appelé pendant trois ans, enseigner la pédagogie, puis alors à nouveau retourner à l'enseignement de la matière.

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Ich denke mir, daß dann sehr deutlich hervortreten wird — lassen Sie mich etwas Konkretes erwähnen, ein Beispiel herausgreifen —, daß die Pädagogik, hochschulmäßig betrieben, zu den schlechtesten Disziplinen bis jetzt gehört hat, wenigstens in ganz Mitteleuropa. In der Regel ist sie irgendeinem Pädagogen aufgehalst worden, der sie im Nebenfach betrieben hat. In einer solchen Gelehrtenrepublik kann derjenige, der sich tüchtig erweist, drei Jahre abgerufen wer­den, kann Pädagogik lehren, dann wiederum zurückkehren in das Lehrfach.

Mais en ce qui concerne la constitution extérieure, je dois dire que jusqu'à présent, cela s'est très bien passé dans notre corps enseignant de l'école Waldorf à Stuttgart. Dès le début, la question s'est posée : qui sera le directeur ? - Évidemment, personne ; nous avons simplement des enseignants également justifies de par toutes les classes, et l'un d'entre eux, qui a un peu moins d'heures que les autres, s'occupe des choses administratives. On voit déjà que les enseignants compétents ont aussi une certaine autorité sur les autres, une autorité conforme à la nature, et un certain système hiérarchique s'en forme. Il n'est pas nécessaire de répondre à la question comme a pensé M. le juge en chef L. : Qui commande ? - mais cela se fait de soi-même. Je me garderai bien de citer des noms, mais cela se fait. Donc, sur le domaine de la vie de l'esprit.

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Was aber die äußere Konstitution betrifft, muß ich sagen, es ging im kleinen bis jetzt vorzüglich bei unserer Lehrerschaft der Waldorf­schule in Stuttgart. Da ist gleich eingangs die Frage aufgetaucht: Wer wird der Direktor sein? — Selbstverständlich niemand; wir haben einfach gleichberechtigte Lehrer durch alle Klassen, und einer aus dieser Lehrerschaft, der etwas weniger Stunden hat als die anderen, der besorgt die Verwaltungsdinge. Dabei sieht man schon jetzt, daß die tüchtigen Lehrer auch eine gewisse Autorität über die anderen haben, eine naturgemäße Autorität, und ein gewisses hierar­chisches System bildet sich heraus. Das braucht aller gar keine Beantwortung der Frage zu sein, wie der Herr Oberrichter L. gemeint hat: Wer befiehlt? — sondern das macht sich von selber. Ich werde mich natürlich hüten, Namen zu nennen; aber es bildet sich dies heraus. Also auf dem Gebiet des Geisteslebens.

Comment interrogez-vous les parents sur l'état d'enseignement ? C'est quand même de la dictature !

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Wie fragen Sie die Eltern über den Lehrstand? Das ist doch Diktatur!

De manière professionnelle et objective ! Certes, appelez cela une dictature si vous voulez, le nom ne m'importe pas là. C'est une dictature dans la mesure où ce n'est pas l'individu qui décide. Comme vous êtes un scientifique, vous comprendrez aisément que je dise qu'il n'y a pas de mal à ce qu'une "dictature" décide de la justesse du théorème de Pythagore, car il repose une certaine nécessité dans la chose.

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Fachlich-sachlich! Gewiß, nennen Sie es meinetwillen Diktatur, auf den Namen kommt es mir da nicht an. Insofern ist es eine Diktatur, als nicht der einzelne entscheidet. Da Sie Wissenschafter sind, werden Sie es leicht verstehen, wenn ich sage: über die Richtigkeit des pythagoräischen Lehrsatzes schadet es nicht, wenn eine «Diktatur» entscheidet, weil eine gewisse Notwendigkeit in der Sache liegt.

Et l'enseignement religieux ?

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Und der Religionsunterricht?

Là il s'agit que maintes questions théoriques se transforment désormais en questions didactiques. En ce qui concerne l'enseignement religieux tel qu'il est ordonné dans l'école Waldorf - ce en quoi je ne veux pas dire qu'il sera toujours ordonné de cette manière, parce que peut être là aussi une évolution à lieu-, il s'agit de ce qu'il est tout d'abord ma foi opportun, ou quelque chose comme ça, que ce que j'ai pu donner comme cours d'enseignement pédagogique et didactique s'exprime seulement dans la méthodologie, non pas dans la vision du monde, mais dans la prise en main de l'enseignement. L'école Waldorf ne doit en aucune direction être une école de vision du monde. Cela n'a été à atteindre que parce que mes institutions se sont toutes référées à la pédagogie et à la didactique et ont travaillé à partir de là. Les enfants qui viennent de parents catholiques ont leur cours de religion catholique, les enfants qui viennent de parents protestants ont leur cours de religion protestante dispensé par les pasteurs catholiques et protestants respectifs. Il s'est avéré qu'il y avait un grand nombre d'enfants de prolétaires et aussi d'anthroposophes et que fut aussi exigé un enseignement religieux libre. Et les enfants dont les parents demandent un enseignement religieux libre reçoivent de notre part un enseignement religieux libre, issu de nos convictions. Don dans cette question, c'est donc une vérité de sentiment, liée à certaines forces de motivation sociales, qui décide.

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Da handelt es sich darum, daß manche theoretischen Fragen nunmehr übergehen in didaktische Fragen. Beim Religionsunter­richt, wie er geordnet ist in der Waldorfschule, wobei ich nicht sagen will, daß er immer so geordnet wird, weil vielleicht auch da eine Entwickelung stattfindet, handelt es sich darum, daß es zunächst meinetwillen opportun oder so etwas ist, daß zum Beispiel dasjeni­ge, was ich geben konnte als einen pädagogischen und didaktischen Unterrichtskurs, sich nur in der Methodik äußert, nicht in der Weltanschauung, sondern in der Handhabung des Unterrichts. Die Waldorfschule soll nach keiner Richtung hin eine Weltanschauungs­schule sein. Das ist nur dadurch zu erreichen gewesen, daß meine Einrichtungen sich alle auf das Pädagogisch-Didaktische bezogen und aus dem heraus arbeiten. Die Kinder, die von katholischen Eltern kommen, haben ihren katholischen Religionsunterricht, die Kinder, die von evangelischen Eltern kommen, haben ihren evange­lischen Religionsunterricht von dem jeweiligen katholischen und evangelischen Pfarrer. Nun, da gab es sich, daß eine große Anzahl Proletarierkinder und auch Anthroposophenkinder da waren und daß auch verlangt wurde ein freier Religionsunterricht. Und die Kinder, deren Eltern einen freien Religionsunterricht verlangen, die bekommen von uns ihren freien, aus unseren Überzeugungen her­vorgehenden Religionsunterricht. Also in dieser Frage entscheidet eine Gefühlswahrheit, verbunden mit gewissen sozialen Trieb­kräften.

Les choses se comportent naturellement autrement dans le devenir qu'après un certain temps. Mais c'est tout de suite à la pratique que l'on voit que l'on peut avancer si l'on ne veut aucun parlement pour les affaires spirituelles. C'est pourquoi je ne peux pas non plus suivre avec les "trois parlements", ni répondre à la question "si Kerenski avait eu trois parlements..." ; c'est justement parce qu'il aurait dû résoudre la question agraire dans son seul parlement et qu'il a échoué. Je ne vois par exemple aucun lien de causalité entre la triarticulation et ce qui existait auparavant, je voulais seulement attirer l'attention sur le fait que ce qui existait auparavant a échoué aux trois domaines de la vie, que je ne peux pas prendre comme deux ou quatre ou même plus, parce qu'il n'y en a que trois.

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Die Dinge nehmen sich natürlich im Werden anders aus als nach einiger Zeit. Aber gerade an der Praxis zeigt es sich, daß man vorwärtskommen kann, wenn man für die geistigen Angelegen­heiten kein Parlament will. Deshalb kann ich auch nicht mit den «drei Parlamenten» mitgehen, kann auch nicht die Frage beant­worten, «wenn der Kerenski drei Parlamente gehabt hätte...»; das ist es eben, daß er in seinem einen die Agrarfrage hätte lösen sollen und gescheitert ist daran. Ich sehe zum Beispiel keinen Kausalnexus zwischen Dreigliederung und dem, was vorher war, ich wollte nur darauf aufmerksam machen, daß dasjenige, was vorher war, scheiter­te an den drei Lebensgebieten, die ich nicht als zwei oder vier oder noch mehr nehmen kann, weil es nur drei sind.

Dr S. : Je n'ai pas non plus sérieusement envisagé cette objection.

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Dr. S.: Den Einwand habe ich auch nicht im Ernst erwogen.

Dr Steiner : Je ne l'ai pas compris autrement non plus ! Je me demande maintenant, après que l'État a échoué dans l'institution des trois parlements qu'il a formés, comment on peut progresser par un nouveau départ, et non par un lien de cause à effet, tout en conservant ce qui est bon. Vous voyez que les éléments de réponse à vos questions se trouvent dans ce que vous avez dit. Je ne souhaite pas non plus de parlement dans le domaine économique ; pour l'amour du ciel, pas de démocratie dans le domaine économique ! Mais un ordre qui n’est pas hiérarchique, mais qui résulte de la chose elle-même.

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Dr. Steiner: Das habe ich auch nicht anders aufgefaßt! Ich frage mich nun, nachdem der Staat gescheitert ist an der Einrichtung der drei Parlamente, die er bildete, wie man durch einen neuen Anfang weiterkommen kann, nicht durch einen Kausalnexus, wobei aber allerdings dasjenige bestehen bleiben muß, was Gutes ist. Sie sehen, die Elemente der Beantwortung Ihrer Fragen liegen in dem, was Sie sagten. Auch auf wirtschaftlichem Gebiet wünsche ich kein Parla­ment; um Gottes willen keine Demokratie auf wirtschaftlichem Gebiet! Aber eine nun nicht hierarchisch, sondern aus der Sache selbst hervorgehende Ordnung.

Maintenant, ces domaines ne sont absolument pas simplement juxtaposés, mais si vous lisez mes "points essentiels", vous trouverez que la circulation des moyens de production est essentiellement déterminée par ce qui est déterminé dans le domaine spirituel, de sorte que le spirituel agit directement sur l'économique. Et c'est ainsi que beaucoup de choses dans la vie économique, en ce qui concerne la position de chacun, sont déterminées de l'organisation spirituelle. Je veux donc dire que dans l'organisation spirituelle, il s'agit aussi de déterminer si un humain est capable de faire telle ou telle chose et s'il est formé pour cela ; de cela dépend la position économique dans laquelle il peut être placé.

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Nun stehen durchaus nicht einfach nebeneinandergeordnet diese Gebiete, sondern wenn Sie meine «Kernpunkte» nachlesen, so werden Sie finden, daß die Zirkulation der Produktionsmittel im wesentlichen mitbestimmt wird gerade durch das, was im Geistigen bestimmt wird, so daß also das Geistige direkt herüberwirkt in das Wirtschaftliche. Und so wird vieles im wirtschaftlichen Leben in bezug auf die Stellung, die einer hat, bestimmt aus der geistigen Organisation herüber. Ich will also sagen, in der geistigen Organi­sation wird es sich ja auch handeln um die Feststellung, ob ein Mensch zu dem oder jenem fähig ist und dafür ausgebildet wird; davon hängt es ab, in welche wirtschaftliche Position er hineinge­stellt werden kann.

Cela doit naturellement se faire en commun entre l'économique et le spirituel. Du fait qu'il est capable de faire ceci ou cela, il sera déjà supérieur à un autre qui se trouve dans une autre position. Il n'en résulte rien de hiérarchique, mais dans un certain sens, rien de bureaucratique non plus. Tout parlement bureaucratique pour le système économique ne conduit qu'à la dissolution du système l'économique. Ainsi, l'essentiel chez-moi réside dans la manière dont les trois membres sont organisés, et on ne peut pas dire : chacun sera dans trois parlements ; il n'y a qu'un seul parlement, dans lequel chacun peut être, mais qui ne repose que sur la faculté de jugement de chaque humain devenu majeur. Donc, nous disons, pour mettre en évidence le domaine le plus important : toutes les questions juridiques/de droit. Les questions juridiques sont effectivement telles qu'elles sont au moins dans l'intérêt de chaque personne devenue majeure, et j'aimerais dire, évidemment, que chaque humain devenu majeur n'est donc aussi pas idéalement également capable que tout autre humain devenu majeur. Mais pour cela, une certaine moyenne arithmétique donne quand même le résultat correspondant en ce qui concerne les questions juridiques/de droit. Là, on devrait maintenant absolument en venir à parler sur la théorie de la fondation du droit. Le droit ne repose en fait pas vraiment sur le jugement, mais sur la sensibilité, sur les habitudes qui naissent de l'interaction entre les humains qui vivent ensemble. Là-dessus se laisse en juger lorsque des humains allant ensemble en jugent. Je ne crois pas, Monsieur le Docteur S., que l'humain individuel ait besoin de trouver le droit correct, mais c'est ensemble qu'ils le trouveront. C'est ce que fait la démocratie. Je vois des choses bien plus importantes dans l'interaction que dans l'individu. J'aimerais donc que les humains devenus majeurs siègent au parlement démocratique et qu'ils y prennent des décisions, principalement sur des choses juridiques, mais aussi, à juste titre, aussi sur des institutions de bienfaisance, car chaque humain devenu majeur peut également prendre des décisions dans ce domaine ; bien entendu, en beaucoup de choses non sur le concret et le professionnel.

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Das muß natürlich nun gemeinschaftlich geschehen zwischen dem Wirtschaftlichen und dem Geistigen. Dadurch, daß er zu diesem oder jenem befähigt ist, wird er schon einem anderen übergeordnet sein, der in einer anderen Position drinnensteht. Daraus entwickelt sich nichts Hierarchisches, aber in einem gewis­sen Sinne auch nichts Bürokratisches. Jedes bürokratische Parla­ment für das Wirtschaftswesen führt nur zur Auflösung des Wirt­schaftswesens. So daß also das Wesentliche bei mir liegt in der Art und Weise, wie die drei Glieder organisiert sind, und man kann nicht sagen: jeder wird in drei Parlamenten drinnenstehen; es ist nur ein Parlament, in dem jeder drinnenstehen kann, aber nur auf der Urteilsfähigkeit eines jeden mündig gewordenen Menschen beru­hend. Also sagen wir, um das wichtigste Gebiet herauszuheben: alle Rechtsfragen. Die Rechtsfragen sind tatsächlich so, daß sie zum mindesten im Interesse jedes mündig gewordenen Menschen liegen, und ich möchte sagen, selbstverständlich, jeder mündig gewordene Mensch ist ja auch nicht idealiter gleich fähig mit jedem anderen mündig gewordenen Menschen. Dafür aber ergibt ein gewisses arithmetisches Mittel doch das Entsprechende in bezug auf die Rechtsfragen. Da müßte man jetzt auf die Theorie der Rechtsbe­gründung überhaupt zu sprechen kommen. Das Recht beruht eigentlich nicht auf dem Urteil, sondern auf der Empfindung, auf den Gewohnheiten, die aus dem Wechselspiel der zusammenwoh­nenden Menschen entstehen. Darüber läßt sich urteilen, wenn zusammengehörige Menschen darüber urteilen. Ich glaube nicht, Herr Doktor S., daß der einzelne Mensch deshalb das richtige Recht zu finden braucht, aber zusammen werden sie es finden. Das macht die Demokratie. Ich sehe viel Wichtigeres im Wechselspiel als im einzelnen. Also ich möchte die mündig gewordenen Menschen im demokratischen Parlament haben und sie da beschließen lassen hauptsächlich über Rechtssachen, aber mit Recht auch über Wohl­fahrtseinrichtungen, weil da auch jeder mündig gewordene Mensch entscheiden kann; selbstverständlich in vielen Dingen nicht über das Sachliche und Fachliche.

Maintenant, la journée de huit heures est une chose qui ne peut sérieusement entrer en ligne de compte pour la triarticulation de l'organisme social, car que signifie réellement la journée de huit heures ? Je dois avouer que je n'ai pas de réputation, mais la plus grande partie de l'année, je travaille beaucoup plus de huit heures et je ne trouve pas cela exagéré, et je ne pense pas qu'il soit possible de fixer une telle journée de huit heures sans saper notre vie sociale réelle. C'est pourquoi vous trouverez dans mes "Points essentiels de la question sociale" que tout ce qui se rapporte au temps de travail est fixé au sein de l'État démocratique et que c'est sur cette base que sont conclus les contrats de répartition des revenus, non pas des contrats de travail, mais des contrats de répartition du résultat entre ce que j'appelle directeur de travail et ce que je dois justement appeler travailleur.

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Nun, der Achtstundentag, der ist etwas, was überhaupt für die Dreigliederung des sozialen Organismus ernsthaftig doch nicht in Frage kommen kann, denn was heißt eigentlich Achtstundentag? Ich muß gestehen, ich renommiere nicht, aber den größten Teil des Jahres arbeite ich viel mehr als acht Stunden und finde es durchaus nicht irgendwie übertrieben, und ich glaube nicht, daß es möglich ist, ohne eine Untergrabung unseres wirklichen sozialen Lebens einen solchen Achtstundentag festzulegen. In meinen «Kern­punkten der sozialen Frage» finden Sie deshalb ausgeführt, daß alles das, was sich auf die Zeit der Arbeit bezieht, innerhalb des demokra­tischen Staatswesens festgesetzt wird, und .auf Grundlage dessen kommen dann die Verträge zustande über die Verteilung der Erträg­nisse, nicht Arbeitsverträge, sondern Verträge über die Verteilung des Ergebnisses zwischen dem, was ich Arbeitsleiter nenne, und zwischen dem, was ich eben Arbeiter nennen muß.

Donc cela dans le parlement de droit ?

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Also das im Rechtsparlament?

Dans le parlement de droit, on détermine le temps et la sorte/façon du travail. Là, le travailleur manuel est tout à fait égal au travailleur spirituel, car le travailleur spirituel ne peut pas faire valoir ses intérêts. On peut s'entendre mutuellement avec de la bonne volonté, mais on ne peut pas poser des exigences quelconques qui se rapportent à la vie de l'économie elle-même, on ne peut pas régler l'exportation et l'importation selon des lois parlementaires, mais cela doit être étudié à partir des conditions économiques, à partir de connaissances préalables objectives et professionnelles. Le fait d'être depuis vingt ans dans une entreprise me donne un autre crédit moral auprès de mes cohumains que si je n'y suis resté qu'un an. Dans la vie démocratique, il n'entre pas en considération que je sois un jeune blaireau insolent de vingt et un ans pour juger de quoi que ce soit. Dans la vie économique, il est simplement important que l'expérience de la vie soit prise en compte. C'est tout simplement nécessaire pour le salut de l'humanité.

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Im Rechtsparlament wird die Zeit und die Art der Arbeit be­stimmt. Da ist der Handarbeiter ganz gleich mit dem geistigen Arbeiter, denn der geistige Arbeiter kann nicht seine Interessen geltend machen. Man kann sich gegenseitig verständigen mit gutem Willen, aber man kann nicht irgendwelche Anforderungen stellen, die sich auf das Wirtschaftsleben selbst beziehen, nicht Export und Import nach parlamentarischen Gesetzen regeln, sondern das muß studiert werden aus den wirtschaftlichen Bedingungen heraus, aus sachlich-fachlichen Vorkenntnissen heraus. Dadurch, daß ich zwan­zig Jahre in einem Betrieb stehe, habe ich auch einen anderen moralischen Kredit bei meinen Mitmenschen, als wenn ich nur ein Jahr drinnenstehe. Im demokratischen Leben kommt es nicht in Betracht, ob ich ein frecher junger Dachs mit einundzwanzig Jahren bin, um über irgend etwas zu urteilen. Im Wirtschaftsleben kommt es einfach darauf an, daß die Lebenserfahrung in Rechnung gezogen wird. Das ist einfach notwendig zum Heil der Menschheit.

C'est à dessein que j'ai posé la question de la journée de huit heures. Si l'on avait une journée de quatre heures, que pourrait faire le directeur ? Je ne tiens pas du tout à la journée de huit heures. Je travaille aussi plus. Je pense de la réglementation du temps de travail.

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Ich habe absichtlich die Frage des Achtstundentages gestellt. Wenn man nun einen Vierstundentag hätte, was kann der Leiter machen? Mir liegt an dem Achtstundentag gar nichts. Ich arbeite auch mehr. Ich meine die Regelung der Arbeitszeit.

Bien. La chose est celle-ci : si le parlement démocratique décide d'une journée de quatre heures, soit cette journée de quatre heures suffira à la gestion de la vie économique, soit elle ne suffira pas. N'est-ce pas, il s'agira alors que chacun comprenne, grâce à sa raison devenue adulte - le changement doit en effet être effectué par la voie démocratique - que c'est par la voie démocratique que le changement aura lieu, et non par une autre voie, par exemple en permettant au plus puissant économiquement d'exercer une pression. Ce qui existe en tant que rapports juridiques de la vie économique doit donc être traité par le parlement démocratique. Mais en ce qui concerne la question économique - n'est-ce pas, qu'est-ce qui n'est pas une question économique ? On peut dire : peut-on vraiment séparer la vie spirituelle de la vie économique ? - Ici, on a objecté à juste titre la question de l'argent : cela coûte quelque chose. Maintenant c'est pourquoi je vois dans la vie économique des associations naître des différentes branches de la vie économique qui s'entrelacent, des branches apparentées et non apparentées, de la production, de la consommation et ainsi de suite. Décrire cela en détail m'entraînerait trop loin.

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Gut. Die Sache ist diese: Wenn das demokratische Parlament einen Vierstundentag beschließt, so wird dieser Vierstundentag innerhalb des Wirtschaftslebens entweder ausreichen, um das Wirt­schaftsleben zu führen, oder er wird nicht ausreichen. Nicht wahr, dann wird es sich darum handeln, daß jeder wiederum aus seiner mündig gewordenen Vernunft einsieht — die Änderung ist nämlich auch notwendig auf demokratischem Weg durchzuführen —, daß auf demokratischem Weg wiederum die Änderung zustande komme, nicht auf einem anderen Weg, nicht dadurch, daß der wirtschaftlich Mächtigere etwa einen Druck ausüben kann. Also das, was besteht als Rechtsverhältnisse des Wirtschaftslebens, gehört hinein in das demokratische Parlament. Was aber die wirtschaftliche Frage ist — nicht wahr, was ist nicht eine wirtschaftliche Frage? Man kann sagen: Kann man denn das geistige Leben überhaupt trennen von dem wirtschaftlichen Leben? — Hier hat man mit Recht die Geldfra­ge eingewendet: es kostet etwas. Nun, darum sehe ich im Wirt­schaftsleben Assoziationen entstehen aus den einzelnen Zweigen des Wirtschaftslebens, die sich verweben, von verwandten und nichtverwandten Zweigen, Produktion, Konsumtion und so weiter. Dies im einzelnen zu schildern, würde zu weit führen.

Ce dont il s'agit, c'est ceci : les différents membres de la vie de l'esprit sont, dans leur administration de la vie de l'esprit, ce que j'ai décrit pour la vie de l'esprit ; en tant que participants à la vie de l'économie, ils forment des consommateurs économiques et sont des membres, des associations, qui appartiennent au corps économique. Ce que je sépare, c'est la vie ; ce n'est pas une séparation abstraite en trois corps, mais c'est la vie qui est membrée/articulée. N'est-ce pas, la vie spirituelle est effectivement gérée de manière hiérarchique, mais la vie économique de tous ceux qui œuvrent spirituellement se trouve dans la vie économique des associations. Donc dans leur économie/gestion sont des enseignants et ainsi de suite aussi absolument des corps économiques, des organisations économiques. Et ainsi, les différents agissent effectivement les uns à travers les autres. Et cela se laisse vraiment seulement suivre dans le détail ; comme finalement, si l'on veut présenter la chimie, on ne peut pas non plus tout exposer en une heure, mais il faut justement renvoyer à ce qui doit ensuite être réalisé dans le détail.

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Worauf es ankommt, ist das: die verschiedenen Angehörigen des Geisteslebens, die sind in ihrer Verwaltung des Geisteslebens das, was ich geschildert habe für das Geistesleben; als Teilnehmer am Wirtschaftsleben bilden sie wirtschaftliche Konsumenten und sind Glieder, Assoziationen, die zum Wirtschaftskörper gehören. Was ich trenne, ist das Leben; es ist nicht eine abstrakte Trennung in drei Körperschaften, sondern es ist das Leben, das gegliedert wird. Nicht wahr, das geistige Leben wird tatsächlich hierarchisch verwaltet, aber das wirtschaftliche Leben all der geistig Wirkenden, das steht im Wirtschaftsleben der Assoziationen drinnen. Also in ihrem Wirtschaften sind Lehrer und so weiter auch durchaus Wirtschafts­körper, Wirtschaftsorganisationen. Und so - wirken die Verschie­denen tatsächlich durcheinander. Und das läßt sich ja wirklich nur im einzelnen verfolgen; wie schließlich, wenn man Chemie darstel­len will, in einer Stunde auch nicht alles vorgebracht werden kann, sondern man muß eben auf das verweisen, was dann im einzelnen durchzuführen ist.

Mais que, pour répondre à une question de M. le juge en chef L., il soit plus facile de traiter et de répondre à certaines questions de l'humain simplement devenu majeur qu'à des questions objectives, je pense que cela va finalement de soi. Certains socialistes - ils ne sont vraiment plus apparus par dizaines, mais par chocs à l'époque, n'est-ce pas, où l'on a soudain pu à nouveau s'agiter en Allemagne -, certains socialistes se sont représente comment on peut organiser les différentes branches et ainsi de suite, en appliquant à la vie économique ce qu'ils avaient appris en tant qu'agitateurs politiques. C'est le grand malheur de la discussion politique actuelle : les gens n'ont acquis une certaine formation que dans la lutte purement politique, dans les élections et ainsi de suite, mais ils ne peuvent pas aborder la vie de l'économie.

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Daß aber, um eine Frage des Herrn Oberrichters L. zu beant­worten, leichter gewisse Fragen dem einfach mündig gewordenen Menschen zu behandeln und zu beantworten sind als sachliche Fragen, ich meine, das ist doch schließlich auf der Hand liegend. Gewisse Sozialisten — sie sind wirklich nicht mehr dutzend-, sodern schockweise aufgetreten in der Zeit, nicht wahr, als man plötzlich in Deutschland drüben sich wieder regen durfte —, gewisse Sozialisten haben sich vorgestellt, wie man die einzelnen Zweige organisieren kann und so weiter, indem sie das, was sie als politische Agitatoren gelernt haben, daraufgestülpt haben auf das Wirtschafts­leben. Das ist ja das große Unglück in der heutigen politischen Diskussion, daß eigentlich die Leute eine gewisse Schulung nur erlangt haben bei dem rein politischen Kampf, bei den Wahlen und so weiter, aber nun nicht eingehen können auf das Wirtschaftsleben.

Au fond, les agitateurs socialistes n'ont la plupart du temps aucune idée de la vie économique et encore moins des conditions de la vie économique. Et c'est ainsi que les utopies les plus diverses ont été élaborées sur la manière dont on peut articuler ceci ou cela. Je veux par exemple mentionner la manière dont les branches industrielles, qui reposent sur une imbrication fine et minutieuse de choses très différentes, doivent s'en sortir avec leur exportation, si elles doivent être organisées selon une économie planifiée de Möllendorff ou autre. Il est important que certaines choses, qui ne peuvent être gérées qu'à partir d'un organisme économique, ne soient pas gérées de manière gouvernementale, mais de manière autonome.

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Im Grunde genommen haben sozialistische Agitatoren zumeist keinen Dunst vom Wirtschaftsleben und für die Bedingungen des Wirtschaftslebens erst recht nicht. Und so sind die verschiedensten Utopien aufgestellt worden, wie man nun das oder jenes gliedern kann. Ich will zum Beispiel erwähnen, wie Industriezweige, die auf einem feinen, minuziösen Ineinandergreifen von ganz Verschie­denem beruhen, mit ihrem Export zurechtkommen sollen, wenn sie nach einer Möllendorffschen Planwirtschaft oder dergleichen orga­nisiert werden sollen. Es kommt darauf an, gewisse Dinge, die nur aus einem Wirtschaftsorganismus heraus verwaltet werden können, nicht regierungsmäßig, sondern aus sich selbst heraus zu verwalten.

Il est caractéristique, par exemple, quand est dit : On ne peut pas aujourd'hui retirer l'école de l'État, on ne se laisse pas faire, et dans un État socialiste, ce n'est pas nécessaire. - Celui qui connaît les conditions réelles de l'humanité, et non celles qui hantent les têtes des agitateurs politiques, doit se dire que dans un État socialiste, ce serait encore plus nécessaire ! Il serait d'autant plus nécessaire, pour le bien de l'humanité, de retirer au moins l'école de ce que l'État socialiste, tel qu'il est présenté par les marxistes, envisage faire de l'humanité.

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Charakteristisch ist es zum Beispiel, wenn gesagt wird: Man kann heute die Schule nicht herausnehmen aus dem Staate, man läßt sich das nicht gefallen, und in einem sozialistischen Staat ist es nicht notwendig. — Wer die Verhältnisse, die in der Menschheit wirklich sind, nicht die, die in den Köpfen der politischen Agitatoren spuken, kennt, der muß sich sagen: im sozialistischen Staate wäre es erst recht notwendig! Da wäre vor allen Dingen zum Heile der Men­schen erst recht notwendig, mindestens die Schule aus dem heraus‑ zunehmen, was da im sozialistischen Staat, wie er marxistisch vorgestellt wird, mit der Menschheit beabsichtigt wird.

Je crois donc que si la bonne volonté est présente pour entrer dans le détail - l'objection des trois parlements m'a déjà été faite à plusieurs reprises -, je veux tout de suite avoir la triarticulation objective, non pas pour avoir purement trois groupes d'humains, trois maisons les unes à côté des autres ; ce ne seront vraiment pas trois maisons. Si je suis bien compris, on trouvera probablement que l'on peut déjà se rencontrer dans les solutions concrètes que j'ai déjà données pour certaines questions et que je donnerai encore pour d'autres, si j'ai encore quelque temps à vivre - je préférerais que d'autres les donnent - je crois que l'on s'entendra déjà parfaitement.

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Also ich glaube, wenn der gute Wille vorhanden ist, gerade auf das einzelne einzugehen — mir ist der Einwand von den drei Parlamen­ten schon wiederholt gemacht worden —, ich will gerade sachlich die Dreigliederung haben, nicht etwa, um bloß drei Gruppen von Menschen zu haben, drei Häuser nebeneinander; es werden wirk­lich nicht drei Häuser sein. Wenn ich richtig verstanden werde, so wird man wahrscheinlich finden, daß man sich schon begegnen kann in den konkreten Lösungen, die ich für einzelne Fragen schon gegeben habe, für andere, wenn ich noch einige Zeit zu leben habe, noch geben werde — lieber wäre es mir, wenn sie andere geben werden ich glaube, man wird schon durchaus zurechtkommen.

J'aimerais à nouveau souligner qu'il ne peut pas s'agir d'un savoir universel, mais qu'il s'agit d'une tentative de déterminer sans utopie ce qui doit se passer jusque dans le détail, en partant du principe que les trois domaines de la vie ont des conditions de vie très différentes, et qu'alors quand les humains collaborent ainsi dans les trois domaines de la vie, ils collaborent de manière qualitativement différente, donc pas purement parlementaire quantitative, mais qualitative, qu'alors premières les constatations concrètes se donneront de manière correcte.

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Ich möchte hier wiederum betonen: nicht um ein Alleswissen kann es sich handeln, sondern es handelt sich darum, daß versucht worden ist, einmal ohne Utopie das festzustellen, was bis ins einzelne geschehen soll, auszugehen davon, daß die drei Lebensge­biete ganz verschiedene Lebensbedingungen haben, und daß dann, wenn die Menschen so zusammenwirken von den drei Lebensge­bieten, qualitativ verschieden zusammenwirken, also nicht bloß par­lamentarisch quantitativ, sondern qualitativ, daß dann erst die konkre­ten Feststellungen sich in der richtigen Weise ergeben werden.

Je dois donc dire que pour moi, cette triarticulation de l'organisme social est si solide que je voudrais comparer cette solidité à peu près, c'est-à-dire naturellement cum grano salis, à la solidité du dogme pythagoricien. On ne peut pas non plus le prouver partout, dans tous les cas, mais on peut prouver qu'on peut l'utiliser. La triarticulation n'a absolument pas besoin d'être abstraite de tout ce qui est particulier, mais elle est applicable dans tous les détails, et dans ce cas, elle est applicable dans la pratique, dans la mesure où, dans l'organisme triarticule justement, la vie de l'État, la vie de l'économie et la vie de l'esprit sont organisées de cette manière - une pratique sera atteinte.

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Geradeso muß ich sagen: für mich steht diese Dreigliederung des sozialen Organismus so fest, daß ich dieses Feststehen vergleichen möchte ungefähr, also natürlich cum grano salis, mit dem Feststehen des pythagoräischen Lehrsatzes. Man kann ihn auch nicht überall, in allen Fällen beweisen, aber man kann beweisen, daß man ihn brauchen kann. Die Dreigliederung braucht durchaus nicht abstra­hiert zu sein von allem einzelnen, aber sie ist in allen Einzelheiten anwendbar, in diesem Falle praktisch anwendbar, indem in dem dreigliedrigen Organismus eben das Staatsleben, Wirtschaftsleben und Geistesleben so organisiert wird — es wird eine Praxis erreicht werden.

Je pense qu'il serait trop long ce soir de répondre aux questions naturellement très vastes de M. le juge en chef L. ; mais il est peut-être évident qu'il s'agit ici partout de partir de l'organisation concrète de la réalité, et qu'il est donc extrêmement difficile de donner des réponses abstraites, parce que l'on veut justement rester dans la pleine réalité.

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Die ja natürlich sehr weitgehenden Fragen des Herrn Oberrich­ters L. zu beantworten, würde, glaube ich, heute abend zu lange dauern; aber es ist vielleicht doch ersichtlich, daß es sich hier überall darum handelt, von der konkreten Gestaltung der Wirklichkeit auszugehen, und daß es daher mit abstrakten Antworten außeror­dentlich schwierig ist, weil man eben in der vollen Wirklichkeit drinnenbleiben will.

J'aimerais seulement encore revenir sur cela : je le trouve aussi extrêmement intéressant que le syndicalisme soit apparu au sein du peuple français, et je pense que la meilleure façon de résoudre cette question est d'étudier la sociétalisation. Il est très intéressant d'étudier les différentes nuances du socialisme anglais et du socialisme français. Le socialisme anglais est en fait une méthode capitaliste atténuée. C'est en fait absolument ce qui agit dans le capitalisme. Dans la question ouvrière anglaise, l'élément purement économique n'est en fait que concentré sur les intérêts de l'ouvrier, mais il n'est pas complètement sorti, de sorte que le socialisme anglais a une coloration économique opportuniste.

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Ich möchte nur noch darauf zurückkommen: ich finde es auch außerordentlich interessant, daß innerhalb des französischen Volks­tums gerade der Syndikalismus heraufgekommen ist, und glaube, daß man diese Frage am besten löst, wenn man das Vergesellschaften studiert. Es ist sehr interessant, die verschiedenen Nuancen des englischen und des französischen Sozialismus zu studieren. Der englische Sozialismus ist im Grunde genommen eine abgeschwächte kapitalistische Methode. Es ist eigentlich durchaus dasjenige, was im Kapitalismus wirkt. Also das rein wirtschaftliche Element ist eigentlich in der englischen Arbeiterfrage im großen nur eben auf die Interessen des Arbeiters zugespitzt; aber es ist nicht ganz herausgegangen, so daß der englische Sozialismus eine wirtschaft­lich opportunistische Färbung hat.

Le socialisme allemand a accueilli le marxisme avec une capacité militaire et un esprit d'organisation militaire, et il s'est doté d'une organisation militaire rigoureuse. Et celui qui, comme moi, a travaillé dans une école d'éducation ouvrière, qui était entièrement issue de la social-démocratie, a été éjecté par son orthodoxie non marxiste, c'est-à-dire par son non-marxisme, en disant : "La liberté, c'est la liberté : Ce n'est pas la liberté, mais une contrainte raisonnable - il peut déjà en juger. Le socialisme allemand est au fond quelque chose qui se situe tout à fait à l'intérieur du même esprit qui a engendré le militarisme prussien.

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Der deutsche Sozialismus hat mit einer militärischen Tüchtigkeit und mit militärischem Organisationsgeist den Marxismus aufge­nommen, und er hat eine stramme militärische Organisation be­kommen. Und wer, wie ich, gewirkt hat in einer Arbeiter-Bildungs­schule, die ganz aus der Sozialdemokratie herausgewachsen war, allerdings auch durch seine nichtmarxistische Orthodoxie, also durch seinen Nicht-Marxismus herausgeworfen worden ist, indem man gesagt hat: Nicht Freiheit, sondern ein vernünftiger Zwang — der kann schon darüber urteilen. Der deutsche Sozialismus ist im Grunde genommen etwas, was ganz drinnensteht in demselben Geist, der den preußischen Militarismus hervorgebracht hat.

Le syndicalisme français est quand même - vraiment sans vouloir faire crédit à une quelconque sorte de peuple ou sans vouloir accrocher quelque chose à l'allemand - le syndicalisme français est quand même ce que je dois voir, par son caractère associatif, comme le meilleur début justement de ce que je dois penser comme l'association dans la vie économique. Et justement, si je le compare au socialisme anglais et au socialisme allemand, je vois qu'il est issu de ce que j'ai essayé de caractériser, de la mentalité démocratique. Il y a deux côtés ; l'un s'est manifesté chez la bourgeoisie, l'autre chez les ouvriers. Et ce qui, chez la bourgeoisie, s'est développé de manière plus capitaliste et rentière, s'est développé chez l'ouvrier de manière syndicaliste. Ce n'est que côté pile et face.

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Der französische Syndikalismus ist doch das — wirklich ohne irgendeiner Volksart etwas zugute sagen zu wollen oder ohne dem Deutschen etwas anzuhängen —, der französische Syndikalismus ist doch dasjenige, was ich durch seinen assoziativen Charakter als den besten Anfang gerade zu dem sehen mu3, was ich mir als die Assoziation im Wirtschaftsleben denken muß. Und gerade wenn ich es vergleiche mit dem englischen und mit dem deutschen Sozialis­mus, dann sehe ich doch, daß es hervorgeht aus demselben, was ich versuchte zu charakterisieren, aus der demokratischen Gesinnung. Es sind zwei Seiten; die eine Seite hat sich gezeigt bei dem Bürger­tum, die andere Seite bei den Arbeitern. Und was sich bei dem Bürgertum eben mehr kapitalistisch und rentiermäßig ausgestaltete, das ist beim Arbeiter die syndikalistische Ausgestaltung. Es ist nur Avers- und Revers-Seite.

Je crois donc que ces trois nuances différentes, la nuance anglaise, la nuance française et la nuance allemande du socialisme sont liées aux qualités du peuple.

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Also ich glaube, daß diese drei verschiedenen Nuancen, die englische, französische und die deutsche Nuance des Sozialismus, zusammenhängen mit den Qualitäten des Volkstums.

Et c'est là que l'on en vient à une question que je considère comme extraordinairement importante. Il ne faut pas non plus partir d'un socialisme général et ne pas croire qu'il existe un socialisme abstrait, mais il faut se demander comment chaque peuple doit être traité à partir de ses propres entités. - Et celui qui vient d'observations d'Europe occidentale, qui les a encore incubées ici en Suisse, qui va en Russie et qui impose au peuple russe quelque chose de tout à fait étranger, celui-là détruit en fait ce qui a pu se former à partir du peuple russe. - Mais, comme je l'ai dit, toutes les questions sociales ne peuvent plus être résolues aujourd'hui.

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Und da kommt man dann auf eine Frage, die ich für außeror­dentlich wichtig halte. Man soll eben auch nicht von einem allge­meinen Sozialismus ausgehen und soll nicht glauben, daß es einen abstrakten Sozialismus gebe, sondern soll fragen: Wie muß ein jedes Volkstum aus seinen eigenen Entitäten heraus behandelt werden? — Und derjenige, der von westeuropäischen Beobachtungen kommt, sie hier in der Schweiz noch bebrütet hat, nach Rußland geht und dem russischen Volk etwas ganz Fremdes aufdrängt, der zerstört eigentlich das, was sich aus dem russischen Volk heraus hat bilden können. — Aber, wie gesagt, es können heute nicht alle sozialen Fragen mehr gelöst werden.

 

Français seulement


LA TRIARTICULATION ET LA SITUATION MONDIALE ACTUELLE

Zurich, le 19 mars 1920
devant la Société statistique-économique du canton de Zurich

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Ce que l'on pourrait appeler des programmes sociaux ou des choses de ce genre voltigent aujourd'hui en nombre infini dans l'air, défiés en vérité plus qu'à n'importe quelle autre époque par toutes les forces qui agissent actuellement et qui conduisent à la destruction. Les propositions de reconstruction à partir de cette destruction ne manquent pas. Si, malgré tout, ce que l'on peut appeler l'idée de la trimembrement de l'organisme social, poussée par les nécessités de l'époque, veut s'imposer parmi ces diverses propositions, c'est d'abord et avant tout parce que l'on considère qu'avec cette idée de la triarticulation de l'organisme social, il y a quelque chose qui, si on le saisit dans son essence, ne peut pas être mis sur le même plan que des propositions de type programme ou des idéaux sociaux dans un sens abstrait. Ce que je voudrais vous présenter ici doit absolument être imprégné de la reconnaissance du fait qu'il existe aujourd'hui un grand danger pour toutes ces choses de tomber dans l'utopisme. Il suffit de penser qu'au fond, même si cela n'est pas encore suffisamment remarqué ici ou là dans le monde européen, tout ce que l'on croyait solidement établi dans l'ordre économique, juridique et spirituel traditionnel est soumis à un certain processus de destruction, et que ce processus de destruction ne s'est que trop clairement manifesté au cours des quatre ou cinq dernières années d'horreur de la civilisation européenne.
02
Dans une telle période, on ne peut pas se baser sur ce qui existe déjà, sur ce qui a conservé sa réalité. Ces dernières années, les institutions les plus "solidement vissées" ont été poussées à l'absurde. Il est donc évident qu'il faut en quelque sorte construire à partir d'une toute nouvelle base. L'humain ne peut le faire qu'en construisant à partir des fondements de sa pensée, et il s'avère alors rapidement que les bases qui rendent possible une construction solide ne sont pas faciles à trouver. Car on n'a tout d'abord apparemment aucun point de repère pour savoir si ce que l'on veut transposer dans la réalité à partir de ses pensées peut aussi être fondé d'une manière ou d'une autre dans cette réalité. Et tout ce qui ne montre pas d'emblée, par son contenu même, et ne peut pas prouver qu'il peut s'inscrire pleinement dans la réalité, est en effet utopiste.
03
C'est précisément le danger de l'utopisme que l'idée de la triarticulation de l'organisme social voudrait éviter, et elle voudrait l'éviter par le fait qu'elle n'établit pas du tout, au fond, quelque chose que l'on appelle une conception sociale de la vie, un programme social, mais qu'elle veut indiquer une manière particulière dont les humains peuvent coopérer dans la vie publique, afin qu'aux forces de destruction puissent s'opposer des forces de construction nouvelle, de nouveaux développements.
04
J'aimerais dire que ce que les autres indiquent devoir se produire ne doit, selon l'idée de la triarticulation, voir le jour que lorsqu'une telle collaboration entre les humains et les groupes d'humains, dont veut parler l'idée de la triarticulation de l'organisme social, pourra avoir lieu. Lorsque l'on se tient sur ce terrain, on ne se place pas du point de vue que l'on est en quelque sorte omniscient, que l'on est prophète et que l'on peut indiquer comment telle ou telle institution doit se présenter dans l'avenir pour le salut de l'humanité, mais on veut seulement faire appel au jugement des humains qui ont quelque chose à dire, de telle sorte que, par la collaboration des humains, ce jugement puisse aussi devenir une réalité objective.
05
L'origine de cette idée de la triarticulation de l'organisme social remonte en fait à loin pour celui qui se permet de vous parler. Il faut la chercher dans des décennies d'expériences de vie qui se rapportent aux conditions sociales des régions les plus diverses de l'Europe, mais surtout de l'Europe centrale et des parties de l'Europe centrale, qui montrent précisément par leur destin dans la dernière grande catastrophe de la guerre comment ce qui était jusqu'à présent la structure sociale de l'humanité, de l'humanité civilisée de l'Europe, tend d'elle-même vers quelque chose de nouveau, comment elle n'est pas à la hauteur des forces qui, je voudrais dire, veulent aujourd'hui se déplacer des profondeurs de l'humanité vers la surface. Si l'on observe la vie historique sans préjugés, on peut constater, notamment dans le dernier tiers du XIXe siècle, dans les années du XXe siècle, qu'il n'y a pas eu de révolution. On voit bien comment ce à quoi on tient si dogmatiquement, que l'on considère encore aujourd'hui, même s'il est ébranlé dans de nombreuses régions d'Europe, comme quelque chose qu'il ne faut pas ébranler, comme l'État unitaire qui a progressivement envahi tous les domaines de la vie publique depuis trois ou quatre siècles, n'est en fait plus à la hauteur de sa tâche face à certaines grandes exigences de l'humanité, comme il n'est pas capable d'embrasser en même temps la vie spirituelle, la vie étatique et politique ou la vie de droit au sens étroit ou aussi large, et la vie de l'économie. C'est pourquoi ceux qui se sont penchés en dernier lieu sur l'idée de la triarticulation ont eu l'idée de commencer précisément par là et de soulever la question : Quelle forme l'État, considéré jusqu'à présent comme une unité nécessaire, doit-il prendre par rapport aux trois principaux domaines de la vie de l'humanité, le domaine spirituel, le domaine juridico-politique et le domaine économique ? Et maintenant, avant de passer à une sorte de justification, je veux d'abord me permettre de vous présenter une brève esquisse de la manière dont la coopération entre les humains doit être pensée, afin que les tâches qui incombent aux humains dans ces trois domaines principaux de la vie puissent vraiment être accomplies à partir de la structure sociale.
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Au fond, la vie de ces trois domaines n'a été résumée qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles. Il suffit de se rappeler - pour ne citer qu'un exemple - comment, avec l'évolution des conditions médiévales vers les temps modernes, les écoles, jusqu'aux universités, n'étaient pas des fondations de l'État, mais des fondations de communautés ecclésiales ou d'autres communautés qui se sont développées parallèlement aux débuts de la vie étatique. Ce n'est qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles qu'est apparue l'idée que l'État unitaire devait également étendre son pouvoir, par exemple par le biais d'écoles, d'universités et autres. De la même manière, on peut dire que la vie économique était portée par des corporations créées sous l'impulsion de l'économie, elle était dirigée par des personnalités qui ont formé des associations uniquement sur la base d'impulsions économiques. Et ce n'est qu'au cours des trois ou quatre derniers siècles que l'État a étendu son pouvoir sur la vie économique, de sorte que ce regroupement de la vie de l'esprit, de la vie de droit et de la vie de l'économie est en fait quelque chose qui n'a pris toute son importance qu'à l'époque moderne, même si ses prémices se sont bien sûr déjà manifestées ici et là, car tout s'annonce à l'avance dans la vie historique des humains.
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Par contre, l'idée de la triarticulation de l'organisme social veut placer chacun de ces trois domaines sur son propre terrain. Elle part du principe qu'au cours de l'histoire la plus récente, une certaine impulsion est remontée avec une nécessité interne, je dirais encore une fois, des profondeurs du sentiment et de la sensibilité humaine à la surface du devenir historique. Et c'est - je crois qu'on ne peut pas le nier, même si l'on est très partial - que dans la vie publique, malgré tout ce qui ressort aujourd'hui, l'impulsion la plus puissante est celle de la démocratie. Cette impulsion se manifeste comme quelque chose d'élémentaire dans l'évolution de l'humanité. On peut dire que, de même que la maturité sexuelle apparaît, disons, chez l'individu à une certaine époque de sa vie, de même la tendance à la démocratie apparaît dans l'évolution de l'humanité européenne, se préparant depuis le XVe siècle.
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Si l'on essaie de dégager l'essentiel des différentes formes exigées pour la coexistence démocratique des humains, on arrive à la conclusion qu'il s'agit là d'une tendance. En conclusion - du moins est-ce la seule chose synthétiquement raisonnable possible -, les affaires de l'État doivent être gérées par la coopération et le jugement commun de tous les humains devenus majeurs, qui sont considérés comme égaux dans cette collaboration et ce jugement commun, de sorte que chacun se trouve en face des autres comme un égal, également justifié dans son jugement, égal dans la contribution qu'il doit apporter à la vie sociale, égal aussi dans tout ce qu'il doit exiger de cette vie sociale. Il s'agit tout d'abord d'une exigence démocratique abstraite. Elle devient concrète du fait que des sentiments et des impulsions émotionnelles importants s'y rattachent dans la vie historique récente de l'humanité. On peut aussi dire que cette tendance démocratique a pénétré dans les structures étatiques de l'Europe, luttant de diverses manières contre ce qui s'est élevé des ordres sociaux féodaux ou autres. La tendance démocratique s'est plus ou moins glissée dans les anciennes formes restées en place. Mais cette tendance s'est clairement manifestée au cours de l'histoire récente. Comme les États n'ont pas pu s'empêcher d'ajouter d'une manière ou d'une autre la force démocratique à leurs forces antérieures, même si certains ne l'ont fait, je dirais, que de manière honteuse, ils ont étendu ce principe démocratique aux domaines de la vie de l'esprit et de la vie de l'économie.
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Or, dans l'évolution de l'humanité moderne, une contradiction importante est apparue dans toute la vie publique. C'est précisément celui qui pense sérieusement et honnêtement à la réalisation de l'instinct démocratique qui doit remarquer cette contradiction interne dans la vie publique moderne. C'est cette contradiction que je voudrais caractériser de la manière suivante : la vie de l'esprit, jusque dans sa partie la plus importante, la vie scolaire, ne peut pas se développer à partir d'autre chose que des capacités des humains, qui sont tout à fait différentes les unes des autres. Dès l'instant où l'on veut étendre le nivellement démocratique sur ce qui veut se développer individuellement pour la floraison et l'épanouissement de la vie de l'esprit, la vie de l'esprit doit toujours souffrir d'une manière ou d'une autre, elle doit toujours se sentir opprimée d'une manière ou d'une autre. C'est pourquoi je pense que celui qui est sincère avec la tendance démocratique, au point de dire qu'il doit y avoir démocratie partout où elle ne peut exister que dans la vie publique, doit dire qu'il faut alors éliminer de tout ce sur quoi tous les humains devenus majeurs décident en tant qu'égaux, ce sur quoi tous les humains devenus majeurs ne peuvent vraiment pas avoir un jugement approprié en tant qu'égaux. En poursuivant cette pensée jusqu'à ses conséquences les plus extrêmes, en vérifiant aussi si l'on tient vraiment compte de tout ce qui entre en ligne de compte, on en vient tout de même à se dire que si l'on aspire à démocratiser la vie de l'État moderne, il faut justement extraire toute la vie de l'esprit de cette vie de l'État, de la vie politico-juridique.
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La vie de l'esprig doit être placée sur son propre terrain. Elle doit être placée sur son propre terrain de telle sorte que ceux qui enseignent, par exemple, soient en même temps les administrateurs de l'éducation et de l'enseignement, depuis l'école la plus basse jusqu'aux plus hauts niveaux de l'enseignement, et que l'administration de l'éducation et de l'enseignement soit liée à l'ensemble de la vie de l'esprit d'un organisme social cohérent. Ce n'est que si - j'aimerais parler concrètement - on ne donne à celui qui se trouve dans l'école et qui enseigne, en même temps, que ce qu'il faut à sa tâche pour qu'il ait le temps d'être en même temps administrateur de l'enseignement, du niveau le plus élevé au niveau le plus bas. Ce n'est que si l'on crée des institutions telles que celui qui doit agir dans la vie de l'esprit, en particulier enseigner et éduquer, n'ait à faire qu'à des enseignants et des éducateurs, que l'organisme spirituel tout entier est une unité autonome, construite sur elle-même, que toutes les forces qui sont inscrites dans l'humanité peuvent être réellement libérées dans le domaine de la vie spirituelle, et qu'alors la vie de l'esprit peut se développer dans toute sa fécondité. Quelque chose semble bien indiquer d'abord, au moins sous une forme abstraite, la nécessité de séparer la vie de l'esprit, qui doit être construite sur ses propres principes, sur ses propres impulsions, de tout ce qui monte dans le démocratique.
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Mais de la même manière que la vie de l'esprit doit être séparée de la pure vie de l'État, la vie de l'économie doit aussi être démembrée de celle-ci. On entre alors dans un domaine où l'on trouve aujourd'hui moins d'adversaires que pour la vie de l'esprit. Dans le domaine de la vie de l'esprit, et en particulier pour le système scolaire, il est devenu courant, au cours des trois ou quatre derniers siècles, de considérer comme un esprit éclairé celui qui considère que le pouvoir de l'État sur l'enseignement est la bonne chose à faire et qui ne peut même pas imaginer que l'on puisse revenir à l'indépendance de la vie de l'esprit sans tomber dans le cléricalisme ou quelque chose de semblable.
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Les choses sont fondamentalement similaires pour la vie de l'économie. Tandis que la vie de l'esprit a à faire avec ce qui est prédisposé dans l'humain en tant que faculté, qui doit être développé de manière libre, ce que l'humain apporte en quelque sorte par sa naissance dans l'existence physique, la vie de l'économie a à faire avec ce qui doit être construit sur l'expérience, ce qui doit être construit à partir de ce dans quoi on grandit en se fondant dans un domaine économique déterminé avec son activité professionnelle. C'est pourquoi, dans la vie de l'économie, ce qui provient de la vie démocratique ne peut pas être déterminant, mais seulement ce qui est issu d'une base professionnelle et objective.
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Comment ces fondements techniques et objectifs peuvent-ils être donnés à la vie de l'économie ? En fait, pas par une sorte de corporation, par une sorte d'organisation que l'on aime tant aujourd'hui, mais uniquement par ce que j'aimerais appeler des associations. De sorte que des associations se forment à partir des humains qui s'engagent dans les professions, qui deviennent vraiment compétentes et expertes dans le domaine de la vie de l'économie. Non pas que l'on organise les humains, mais qu'ils s'assemblent selon des points de vue objectifs tels qu'ils résultent des branches économiques particulières, du rapport entre producteurs et consommateurs, du rapport entre les branches professionnelles et les branches économiques. Il en résulte même - vous pouvez le lire plus clairement dans mes écrits - une certaine loi sur la taille de telles associations, sur la manière dont elles doivent se former, sur les conséquences néfastes qu'elles peuvent avoir si elles deviennent trop grandes, sur les conséquences néfastes qu'elles peuvent avoir si elles deviennent trop petites. Il est tout à fait possible de fonder une vie de l'économie en la basant sur de telles associations, en plaçant tout ce qui se produit dans la structure sociale au sein de telles associations, sous l'impulsion purement économique, uniquement sur le plan matériel et professionnel. Chacun sait en quelque sorte à qui il doit s'adresser pour telle ou telle chose, s'il sait qu'il est enchaîné d'une manière ou d'une autre à l'autre par la structure sociale des associations, qu'il doit faire passer son produit de telle manière par une chaîne d'associations et ainsi de suite.
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Naturellement, comme je dois parler brièvement, je ne peux ici qu'esquisser les principes de la chose. Ainsi, aimerais-je dire, la vie spirituelle doit s'édifier de manière autonome à partir de ses propres forces, en ce que ceux qui l'accomplissent sont en même temps les administrateurs ; de même, la vie économique doit se développer à partir de ses propres points de vue, ceux qui sont actifs dans la vie économique s'unissant selon les principes de la vie de l'économie. Si la vie économique est autonome, alors ce qui ne peut reposer que sur le même jugement de tous les humains devenus majeurs se donnera comme le contenu du troisième membre de l'organisme social, la communauté étatique proprement dite.
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Je sais très bien que beaucoup d'humains sont véritablement effrayés lorsqu'on leur parle de cette triarticulation de l'organisme social, qui doit s'avérer nécessaire pour l'avenir. Mais c'est uniquement parce que l'on croit généralement que l'État devrait maintenant être divisé en trois parties : comment ces trois parties peuvent-elles alors agir ensemble ? - En réalité, c'est précisément en amenant ces trois parties à leur plein épanouissement, de la manière que je n'ai pu qu'esquisser, que l'unité est maintenue, car l'humain, en tant qu'unité, est présent dans les trois membres. Il participe d'une manière ou d'une autre à l'organisme spirituel. S'il a des enfants, il s'intéresse à l'organisme spirituel par le biais de l'école. Avec ses intérêts spirituels, il est en quelque sorte impliqué dans l'organisme spirituel. Il porte dans ses actes et dans sa vie ce qu'il tire de l'organisme spirituel, puisqu'il participe à la vie de l'État démocratique en tant qu'humain devenu majeur. Mais ce qui est le droit public, la sécurité publique, le bien-être public et ainsi de suite, ce qui concerne tout humain devenu majeur, est développé sur le terrain de l'État unitaire. Et avec les constitutions de l'âme que l'on y développe dans le rapport direct de réciprocité entre les humains, on entre à nouveau dans la vie économique dans son domaine spécifique, dans lequel on est enchaîné par différentes associations dans lesquelles on est actif. On apporte dans cette vie de l'économie ce que l'on a de la vie de l'esprit, de la vie de l'État, on la féconde par cela, on la maintient, on apporte le droit et la fécondation spirituelle dans cette vie de l'économie. L'humain lui-même forme l'unité entre ce qui n'est pas un membre ment/une articulation en classes/en états sociaux.
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On m'a souvent objecté que l'on en revenait à ce qui, dans la Grèce antique, comprenait l'état de nutrition, l'état de défense, l'état d'enseignement. Une telle objection témoigne seulement de la manière très superficielle dont on considère souvent ces choses aujourd'hui. Car il ne s'agit pas d'une division des humains eux-mêmes, ni d'une répartition en classes, mais du fait que la vie extérieure est divisée en trois parties dans ses institutions. C'est précisément parce que l'humain se trouve à l'intérieur d'un tel organisme social triarticulé qu'il est possible que toutes les classes cessent, que la véritable démocratie s'installe. C'est ce qu'indique, j'aimerais dire, pour toute personne non prévenue, avec une nécessité interne, l'évolution des États modernes.
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Ne voyons-nous donc pas que, d'un côté, ils doivent tenir compte de l'impulsion nécessaire à la démocratie, mais que, de l'autre côté, laisser la démocratie se détériorer du fait que, évidemment, dans la vie de l'État démocratique, celui qui est capable aura toujours plus de poids que celui qui est moins capable ? Dans les domaines où la capacité est importante, c'est tout à fait justifié, par exemple dans le domaine spirituel. En revanche, l'État démocratique proprement dit doit être maintenu libre et pur de l'influence excessive de personnalités particulièrement capables, car il doit exister un domaine, conformément à l'exigence fondamentale de l'humanité moderne, dans lequel ne s'affirme que ce qui revient de manière égale à tous les humains devenus majeurs.
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Le domaine économique montre dans une mesure particulière comment il est impossible de laisser agir ce que l'humain acquiert comme faculté dans la vie de l'économie grâce à sa nature/façon particulière. Il s'acquiert peut-être par cela une surpuissance économique. Mais elle ne doit pas devenir une supériorité sociale. Elle ne le devient pas du seul fait que ce qui est puissance économique, ce qui reste à l'intérieur de la vie de l'économie, ne peut pas devenir une surpuissance politique, juridique. Tout ce qui a conduit aujourd'hui à la caricature de la soi-disant question sociale serait surmonté si l'on voulait accepter que la vie de l'économie soit placée sur son propre terrain et que la vie démocratique de l'État puisse ainsi se placer honnêtement et sincèrement à nouveau sur son propre terrain. L'évolution des États récents montre à quel point il est nécessaire que l'humanité se tourne vers de tels principes. C'est pourquoi, outre les impulsions historiques qu'il faut prendre en compte pour être orienté vers cette idée de la triarticulation de l'organisme social, permettez-moi de caractériser encore un peu les deux sources subjectives desquelles, depuis de longues années, s'est donnée à moi cette impulsion de la triarticulation de l'organisme social.
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L'une des sources est qu'avec les connaissances spirituelles scientifiques, que je me suis donc choisi de représenter comme ma conception de la vie, je peux enseigner autrement sur certaines conditions de développement de l'humanité autrement qu'à partir de la vision du monde matérialiste et scientifique aujourd'hui en vogue. Cette vision du monde matérialiste et scientifique, aujourd'hui courante, ne peut en fait pas parvenir à une véritable connaissance du devenir historique de l'humanité, car ce que nous appelons aujourd'hui "histoire" est au fond plus ou moins une fable convenue. Nous faisons aujourd'hui de l'histoire - et voulons ensuite tirer des leçons de cette histoire pour les tâches sociales et politiques du présent - en nous imaginant que ce qui suit dans le devenir humain est toujours l'effet de ce qui précède, que ce qui précède est à son tour l'effet de ce qui précède, et ainsi de suite. Une comparaison vraiment appropriée, non purement basée sur des analogies, de tout le devenir de l'humanité avec le devenir de l'humain individuel pourrait nous guérir de cette erreur.
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Lorsque je vois l'humain individuel se développer, alors je dois dire que ce qui apparaît chez lui au cours des premières années de sa vie, au milieu de sa vie, à la fin de sa vie, ne se présente pas simplement de manière à ce que je puisse parler de cause et d'effet.
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Je ne peux véritablement pas dire que l'humain qui atteint l'âge trente-cinq ans vit organiquement seulement l'effet de ce qu'il a vécu à vingt ou vingt-cinq ans, mais nous voyons, au fur et à mesure que l'humain se développe, certaines impulsions de développement, certaines forces de développement s'élever de son organisme, de tout son être organique, et se montrer particulièrement efficaces à certaines époques.
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C'est ainsi qu'il faut dire qu'il y a des époques de vie pour l'humain individuel : lorsque la dentition change, vers la septième année, nous constatons, si nous avons seulement un seul organe pour observer la chose, que toute la vie d'âme de l'enfant devient différente, que l'enfant passe du statut d'être imitatif à celui d'être qui a besoin de venir sous une certaine autorité, de se conformer aux jugements des humains, alors qu'auparavant il imitait. À nouveau lors de la maturité sexuelle, une transformation de la vie de l'âme démarre. On peut aussi remarquer cette transformation de la vie de l'âme pour des époques ultérieures, si l'on a un organe pour cela.
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De même que pour l'humain individuel, il n'y a pas purement une cause et un effet, mais que les forces d'évolution jaillissent des profondeurs de son être, il en va de même pour l'humanité entière. Et si l'on étudie vraiment l'histoire de manière appropriée, on trouve - pour n'en citer qu'une - vers le milieu du 14e ou du 15e siècle, une telle rupture dans l'évolution de toute l'humanité moderne civilisée. C'est précisément à ce moment-là que l'on trouve la transition qui, par nécessité élémentaire de développement, a permis à l'humanité moderne de naître avec ses exigences. Oh, il y a une grande différence entre ce que l'humain considère comme étant juste pour lui, pour une existence digne de l'humain, depuis le XVe siècle, et ce que l'humain du Moyen Âge considérait comme tel.
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L'histoire de l'âme - nous ne l'avons en fait pas pratiquée - telle qu'elle peut résulter de la science de l'esprit, dont notre bâtiment de Dornach est le représentant, nous conduit à considérer ce que j'ai appelé le principe démocratique comme quelque chose qui se produit dans l'humanité récente, de la même manière que l'on considère les caractéristiques qui apparaissent chez l'humain individuel, disons à l'âge de la maturité sexuelle. En tenant compte du fait que l'humanité moderne est tout à fait différente et qu'il faut tenir compte des principes de développement de l'humanité entière et de l'humain individuel, on acquiert la conviction que la démocratie est quelque chose contre quoi on ne peut pas s'opposer, mais que, parce que la démocratie est quelque chose qui jaillit de l'être humain le plus élémentaire, on doit justement diviser l'organisme social en trois parties pour que ce qui peut être ordonné démocratiquement trouve son droit dans le développement de l'humanité. C'est une chose, ce regard spirituel scientifique sur les impulsions de l'évolution de l'humanité. L'autre chose est l'observation des faits de la vie des peuples.
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Je peux toutefois seulement vous donner quelques exemples isolés. Mais il est tout de même intéressant de voir, à partir d'exemples isolés, l'impossibilité pour les nouvelles formations d'États unitaires de parvenir, à partir de leur unité, à une structure sociale réellement viable. Il est seulement nécessaire, pour le démontrer, de se référer à des exemples particuliers. Vous comprendrez qu'en tant que non-Suisse, je ne cite pas précisément la Suisse comme exemple évident. Je n'ai qu'à mentionner que ce qui s'est déjà produit dans une si large mesure pour certaines formations étatiques d'Europe se produira aussi peu à peu pour les autres, et que c'est faire preuve d'une grande myopie que de se baser encore et toujours sur cette idée : Ah, chez nous, c'est encore différent, nous n'avons pas à nous soucier de ce qui se passe ailleurs.
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Maintenant je choisis peut-être la Russie, à l'est de l'Europe, comme exemple, non purement parce que son destin tragique actuel est particulièrement significatif pour l'étude de l'humain, mais aussi parce que, d'après les jugements politiques pratiques des dirigeants anglais, la Russie est le pays où l'on peut voir le plus clairement, je dirais même comme une expérience se déroulant dans la vie des peuples, quels sont les besoins et les impossibilités de la vie moderne des peuples. Permettez-moi de souligner quelques aspects de l'être de peuple russe.
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Au milieu de l'absolutisme russe des années soixante, que vous connaissez bien, nous voyons apparaître l'étrange institution des zemstvos. Il s'agit d'assemblées paysannes où les représentants de la vie paysanne, les personnes impliquées dans la vie économique ou dans d'autres domaines de la vie de certaines régions, se réunissent dans certaines assemblées pour délibérer, je dirais, à la manière d'un conseil ou d'un équivalent, d'un conseil cantonal, sur ces affaires. La Russie est remplie de tels zemstvos depuis les années soixante. Ils accomplissent en fait un travail fructueux ; ils collaborent avec quelque chose d'ancestral en Russie : les organisations Mir des différentes communautés villageoises, une sorte d'organisation forcée pour la vie économique du village. Nous y trouvons tout d'abord des coutumes démocratiques anciennes dans l'organisation paysanne russe, mais nous avons aussi, dans l'apparition des zemstvos, quelque chose de plus récent qui s'oriente tout à fait vers la démocratie. Mais il se passe quelque chose de très étrange. Et cette bizarrerie devient encore plus frappante si nous considérons un autre phénomène, tel qu'il s'est produit en Russie avant que la catastrophe mondiale ne détruise tout cela ou ne le place sous un autre jour.
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En Russie, il s'est avéré que les humains des professions les plus diverses se sont associés entre elles, et que des associations se sont formées d'une profession à l'autre - des employés de caisse de banque, des caissiers de banque ont formé des associations. Ces associations se sont à leur tour regroupées pour former des associations plus larges. Celui qui est venu en Russie n'a pas fait de rencontres avec des humains individuels, mais il a buté sur de telles associations partout où il a eu affaire à quelque chose.
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Tout cela s'est glissé dans le reste de la vie étatique de l'absolutisme. Maintenant, quand on étudie ces semstvos, quand on étudie les associations, quand on étudie même l'organisation Mir, on remarque une chose. Certes, ces organisations s'étendent aussi à d'autres domaines de la vie, aux institutions scolaires et autres, mais elles ne fournissent là rien de particulier. Qui se livre à une étude impartiale de ces associations - car finalement les zemstvos ne se sont pas transformés en corporations, mais en associations, les agriculteurs se sont associés à ceux qui étaient en train de naître à la vie industrielle, etc. -, même si tout cela prenait un caractère qui ressemblait à une institution publique, en réalité on avait affaire à des associations, et toutes fournissaient du bon. Mais ce qu'elles fournissaient, elles le fournissaient seulement sur le terrain de la vie de l'économie. Et nous pouvons dire que c'est dans cette Russie qu'apparaît l'étrangeté de la création d'un système organique fondé sur l'association. Il s'avère en outre que l'État russe est incapable de faire quoi que ce soit avec ce qui est en train de naître. De sorte que nous pouvons dire : dans la mesure où la nécessité du développement capitaliste précoce, tel qu'il apparaît en Russie, conduit à des organisations économiques, celles-ci doivent, par une nécessité interne, se placer à côté des institutions politiques.
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Maintenant, une autre particularité apparaît en Russie au XIXe et au début du XXe siècle. Oui, certes, l'absolutisme fonde ses écoles ; mais ces écoles ne sont rien d'autre, j'aimerais dire, qu'un reflet des besoins de la vie étatique absolutiste. Maintenant, une vie de l'esprit se développe en Russie, une vie de l'esprit plus intensive que ne l'admet l'Europe occidentale. Mais comment cette vie de l'esprit doit-elle se développer ? Absolument en opposition, ou en révolte révolutionnaire contre tout ce qui est le système d'État russe. On voit que cet État organisé de manière rigoureusement unitaire éclate en trois membres, mais veut en fait purement se diviser. Mais il ne le peut pas. Il nous montre justement, à travers ce qu'il vit, à quel point il est impossible de presser ensemble ces trois domaines de vie les plus remarquables des humains avec l'État unitaire.
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Je peux aussi seulement l'esquisser. Si l'on étudie en détail comment ces trois membres dans la vie de l'État russe se développent alors dans la guerre mondiale, comment la guerre mondiale débouche d'abord sur le règne vraiment sans essence de Milioukov, puis comment se développe sous Kérenski ce que l'on peut appeler la transformation de l'absolutisme en un système d'État démocratique, mais encore absolument avec la foi dans la toute-puissance de l'État unitaire, alors on peut tout de suite voir à ce à quoi a dû échouer Kerenski après un court temps de gouvernement, comment cet État russe qui veut devenir démocratique est placé dans l'impossibilité d'aborder les questions les plus importantes, une question économique, la question agraire en fait, parce que dans la question agraire, les associations de la vie russe sont telles que ce qui a été tenté en matière de démocratie à partir de l'ancien absolutisme se brise.
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Certes, tout se manifeste aussi d'une certaine manière concrète. On ne peut pas tout y voir tout de suite. Mais celui qui observe sans préjugé le devenir de la Russie, son orientation vers une structure social-démocrate impossible, parce que l'État unitaire est justement fragmenté par l'impossibilité de regrouper les trois domaines de la vie, verra que cet exemple de l'Europe de l'Est est justement très significatif et que les politiciens anglais voyants loin ont bien raison de considérer la Russie comme le champ où se manifeste, comme dans une expérience mondiale, le processus d'évolution de l'humanité.
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On pourrait embrasser toute l'Europe d'un tel point de vue, on verrait partout comment l'État unitaire se dissout peu à peu. Même s'il semble encore solidement établi dans certaines régions, il se dissoudra parce qu'il ne peut pas maîtriser l'interaction correcte des trois domaines de la vie humaine. Regardez comment, à notre époque, là où, par exemple, le sens politique, la mentalité politique remplit entièrement l'être le plus intime de l'humain, la mentalité politique ne peut devenir maître sur la vie économique.
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À cet égard, la France est un bon exemple. La France a sauvé de sa révolution du XVIIIe siècle ce qui est maintenant un véritable sens démocratique intérieur, même si ce sens démocratique est couplé à un grand conservatisme en ce qui concerne la vie familiale. Même si beaucoup de choses rappellent le patriarcat philistin, la tendance à la démocratie est peut-être, sinon la plus pure, du moins la plus forte de l'humanité européenne dans l'essence profonde de la mentalité française. Ce sens démocratique a d'abord cherché à s'exprimer dans la vie de l'État. Tout de suite par cette expression du sens démocratique dans la vie d'etat française celle-ci a d'un côté été abstraitement divisée en ses départements ; mais ces départements ont à nouveau été rassemblés en une unité. Tout cela comme fruit de la Révolution française.
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Il suffit d'observer une seule chose dans cette structure de l'État français : la position du préfet de département, et l'on verra de quelle manière inorganique l'élément politique et juridique, l'élément étatique, est attaché à l'élément économique. Le préfet n'est en fait rien d'autre, d'un certain côté, que l'organe exécutif du gouvernement parisien. Le gouvernement parisien a, j'aimerais dire, comme ses nombreuses mains, les différents préfets de département. Mais le préfet de département doit à son tour être en relation avec les groupes d'intérêts économiques de son département. Ainsi, lorsqu'une élection est en France, certes le préfet dirigera ces élections, mais elles ne seront quand même pas différentes de ce que le préfet peut accorder aux groupes d'intérêts économiques.
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Nous voyons ainsi comment il existe en France des partis, des partis sous devises de parti, sous slogans de parti volontiers aussi, mais comment ces slogans de parti signifient beaucoup moins de choses réelles que ce qui émerge des intérêts économiques des départements. En cette relation, l'étude des faits individuels de la vie française est extraordinairement intéressante. On voit tout de suite en France comment une interaction correcte entre le système juridique-étatique et l'e système économique ne peut pas se transformer en une certaine vérité publique, parce que l'élément étatique ne peut pas maîtriser l'économique.
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J'ai moi-même étudié, j'aimerais dire, pendant des décennies, ce qui devait nécessairement mener à la chute, disons, de l'Autriche. Cette Autriche ne pouvait pas ne pas s'effondrer d'une manière ou d'une autre. Car lorsque la nouvelle vie démocratique s'est développée, elle a dû introduire quelque chose de semblable à la démocratie dans sa vie d'État, dans cette vie d'État qui avait avant tout une structure spirituelle d'une telle diversité de peuples qu'il y avait en fait treize langues officielles en Autriche, qui avait d'autre part une vie économique compliquée, adossée d'un côté à l'Orient, de l'autre à l'Allemagne et à l'ouest de l'Europe, à l'Italie, etc. Lorsqu'il s'est agi d'introduire quelque chose de démocratique dans la vie de l'État autrichien, celui-ci a été constitué de telle sorte que l'on a créé un conseil impérial. Quatre sections différentes ont été élues dans ce conseil impérial : la curie des chambres de commerce, la curie des grands propriétaires terriens, la curie des villes, des marchés et des sites industriels et la curie des communes rurales. Si l'on regarde de plus près, ce sont tous des représentants d'intérêts économiques qui ont été élus au Parlement autrichien, où ils devaient façonner l'État. Bien entendu, ils n'ont réussi qu'à métamorphoser les intérêts économiques en intérêts étatiques, et il n'en est rien résulté de véritablement étatique, mais plutôt un conglomérat d'intérêts économiques contre lequel s'est ensuite dressée la vie spirituelle des différentes nations, quelque chose qui, pour des raisons internes, devait nécessairement aller vers son éclatement.
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Nous pouvons encore observer quelque chose d'autre, mais qui est beaucoup plus international et universel, et nous verrons par là comment tout ce qui est considéré sans préjugés dans la vie récente de l'humanité tend vers cette triarticulation. Car prenez ce qui s'est passé de plus frappant, prenez, je ne dis pas expressément la question sociale, je dis la question sociale-démocrate. En Russie, parce que l'ancienne vie de l'État, lorsqu'elle a voulu se démocratiser, s'est morcelée en raison de l'impossibilité de regrouper les trois domaines de la vie de manière aussi homogène que le veut la conception démocratique de l'État, en Russie, il s'est passé que quelque chose de totalement étranger a été comme plaqué sur le peuple russe, et que ce qui se développe aujourd'hui en Russie n'est évidemment rien d'autre qu'une chose qui doit nécessairement mener la vie sociale qu'elle touche à sa perte. Ce que la social-démocratie, la tendance socialiste qui ne jure que par le marxisme, peut apporter dans la pratique, avant tout à la démocratie véritablement exigée par l'humain le plus intime, se manifeste précisément dans le triste état de la Russie actuelle, dont on peut déjà dire que les idéaux des ouvriers crédules sont réalisés de telle manière, que l'on est maintenant contraint, par la nécessité des circonstances, de transformer la journée de huit heures en une journée de douze heures, que l'on substitue à l'organisation ordinaire, dans laquelle l'ouvrier croit trouver sa liberté, un régiment militaire de travail qui promet de devenir beaucoup plus tyrannique que ne l'a jamais été le régiment militaire prussien. Ce sont les fruits du léninisme, du trotskisme !
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Ils ne peuvent pas être différents non plus. Ils montrent seulement, à travers l'émergence la plus radicale, comment le courant social-démocrate s'est développé à partir du prolétariat - car la domination russe actuelle sur les nombreux millions du peuple russe ne comprend que quelques millions d'ouvriers industriels et, au fond, il y a aujourd'hui une tyrannie des quelques millions d'ouvriers industriels -. Comment s'est-il développé ? Oui, nous pouvons dire que cette social-démocratie, qui se caractérise en particulier par le fait qu'elle dérive toute la vie de l'humanité uniquement de la production économique, qu'elle considère toute vie spirituelle uniquement comme une idéologie, comme quelque chose qui s'élève comme une fumée de la production économique, cette social-démocratie, comment a-t-elle pu naître ?
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Cette social-démocratie, qui se tient sous influence marxiste - je ne pense pas le socialisme sain, évidemment-, est en fait le péché des courants bourgeois qui ont émergé à l'époque moderne, le résultat du péché des courants bourgeois, pourrais-je dire aussi. Car si l'on regarde partout, si l'on parcourait, comme je l'ai montré à travers deux exemples, la France et la Russie, l'ensemble du monde civilisé dans son évolution à l'époque moderne, on verrait partout : la vie économique est devenue telle qu'elle a été marquée par la technique, qu'elle a arraché l'humain à son ancien lien avec sa profession, qu'elle l'a placé dans la machine abstraite et indifférente, dans l'usine indifférente - et le prolétariat n'a au fond rien connu d'autre que la vie de l'économie.
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A l'époque moderne, il aurait été nécessaire de placer ce prolétariat devenant de plus en plus grand dans une structure sociale. On n'a pas pu tirer quelque chose de ce que l'évolution historique a apporté à l'humanité, par quoi on aurait en quelque sorte imaginé une structure uniforme pour ceux qui sont les dirigeants dans la vie économique, dans la vie spirituelle et ainsi de suite, et ceux qui doivent travailler avec les mains. On avait en quelque sorte omis de développer de nouvelles forces à partir des anciennes. Les anciens États princiers n'ont pas donné naissance à de véritables institutions qui auraient été portées par la démocratie. Il faut donc dire que ce qui est la social-démocratie moderne est né du fait que les classes dirigeantes, les personnes dirigeantes de l'histoire moderne n'ont pas pu maîtriser ce que la vie économique a fait monter. On a laissé les États organisés de telle sorte qu'ils ne pouvaient pas englober la vie économique qui devenait de plus en plus exubérante. Et c'est ainsi que la non-maîtrise de ce qui est apparu dans les âmes humaines avec la naissance du prolétariat montre le fait que rien de fécond pour une structure possible de l'organisme social n'a pu naître de ce que l'on pouvait se représenter de l'État.
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Et ainsi, je pourrais encore citer beaucoup de choses, cela vous montrerait qu'en fait, de ce que l'on peut observer, découle la nécessité de placer les trois principaux domaines de la vie de l'humain et de l'humanité sur leur propre terrain.
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Il est vrai que l'on pouvait aussi parler de cette nécessité avant que cette terrible catastrophe ne se produise dans le monde et ne révèle si clairement les forces destructrices au cours des quatre ou cinq dernières années. Mais je ne crois pas que l'humanité, avant 1914, où l'on ne vivait que dans l'illusion de ce que l'on ressentait comme un grand, un énorme essor dans l'humanité moderne, aurait pu être gagnée à la compréhension de cette nécessité. Les temps sont maintenant venus où il n'est pas seulement nécessaire de prouver théoriquement l'existence d'une telle nécessité, mais où les États qui étaient tout particulièrement exposés aux dangers de l'État unitaire ont été balayés dans leur ancienne forme et se trouvent devant la nécessité de se reconstruire entièrement.
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Nous voyons l'ancien système d'État russe oriental fragmenté, confronté à la nécessité de se reconstruire, mais aussi à l'impuissance de se reconstruire de manière prospère, en acceptant qu'on lui impose quelque chose qui n'est jamais issu de son propre peuple, mais qui est plaqué sur lui comme un moule socialiste général applicable à tout. Et nous voyons par exemple en Allemagne, où une révolution ratée, la révolution de novembre 1918, montre vraiment bien comment les circonstances ne donnent lieu qu'à un chaos, un véritable chaos. Et ce qui est le plus frappant, je dirais même déchirant, dans la vie de l'Allemagne d'aujourd'hui, c'est que partout où on les rencontre et où on doit parler avec eux d'affaires publiques, les humains se montrent perplexes. Pourquoi se montrent-ils perplexes ? Pour la simple raison que le dogme de l'État unitaire est fermement enraciné dans les âmes et que les terribles leçons des quatre ou cinq dernières années n'ont vraiment pas suffi à éradiquer ce dogme chez les humains. J'ai demandé à plusieurs personnes d'où venait le fait que l'on dormait ainsi, que l'on ne pouvait convaincre personne de se mobiliser pour quelque chose de positif dans la direction de la construction. Les gens avouaient tranquillement : "Oui, nous avons passé tant et tant de temps dans les tranchées, nous ne savions pas si nous serions encore en vie dans huit jours, cela devait nous devenir peu à peu indifférent de savoir si nous serions encore en vie dans huit jours ; ne devrions-nous pas être indifférents à ce que les institutions sociales seront faites dans huit jours ? On se laisse aller à bien des états d'âme. C'est ce qu'on dit plus d'un, et pas n'importe qui.
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Certes, les conditions temporelles rendent certaines choses explicables, mais la nécessité historique, purement humaine, est quelque chose de plus grand, de plus significatif. La, il n'y a qu'un où bien l'un ou bien l'autre. Et je crois qu'ici aussi, on pourrait déjà reconnaître - puisque les conditions ne sont vraiment pas loin, qui sont susceptibles de projeter leurs ondes dans toute l'Europe - ce qui doit être reconnu : c'est l'impossible de réunir les trois domaines de la vie, la vie de l'esprit, la vie de l'État, la vie économique, en une unité. La nécessité de placer chacun de ces trois domaines sur son propre terrain devrait être envisagée.
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Je sais très bien combien les anciennes conceptions peuvent s'opposer à cette triarticulation de l'organisme social. Mais celui qui considère la situation mondiale actuelle, telle que j'ai essayé de la décrire à l'aide d'exemples isolés, se dira que cette proposition de triarticulation de l'organisme social se distingue de toutes les autres, de nature plus utopique, par le fait qu'elle ne donne pas un programme, qu'elle ne se présente absolument pas avec la prétention du tout-savoir, mais qu'elle dit : Si les humains s'organisent socialement de telle sorte que le meilleur d'eux-mêmes émerge dans une vie intellectuelle libre et émancipée, que ce en quoi tous les humains devenus majeurs sont égaux émerge dans une vie étatique démocratique indépendante, que ce en quoi tout doit se développer à partir de soubassements économiques émerge dans une vie de l'économie indépendante, alors c'est tout de suite parce que les humains sont appelés à une action sociale que quelque chose comme la solution de la question sociale verra le jour.
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Car je ne crois pas que celui qui connait la vie peut adhérer à la vision superficielle selon laquelle la question sociale est quelque chose qui est apparue hier et pour laquelle il suffit d'avoir des idées ou de tirer des conclusions de la vie pour élaborer un programme, et la question sociale sera résolue. De telles mixtures il y a beaucoup.
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Mais l'impulsion en faveur de la triarticulation de l'organisme social ne se situe pas sur ce terrain du tout-savoir. Elle est imprégnée de la conviction que la question sociale s'est posée, qu'on ne peut pas la résoudre du jour au lendemain ou avec un individu quelconque : elle sera toujours là dans l'avenir, elle imprégnera notre vie, et la solution ne peut consister qu'à se tenir continuellement sous de telles institutions, de sorte que les difficultés qui surgissent chaque jour soient peu à peu surmontées. Toute la vie future consistera en une sorte de solution à la question sociale.<<<<
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L'impulsion en faveur de la triarticulation espère que ce que l'on pourrait appeler une solution de la question sociale proviendra de ce que les humains individuels feront en travaillant et en jugeant de manière naturelle dans l'organisme social triarticulée. Elle ne veut pas résoudre la question sociale de manière théorique, elle veut donner aux humains la possibilité de résoudre la question sociale en collaborant et en jugeant ensemble. Mais même ce qui peut être fait comme proposition - je n'ai pu vous en donner qu'une esquisse aujourd'hui -, cette caractéristique des trois domaines de l'organisme social, même cela n'est absolument pas considéré par les porteurs de cette pensée comme quelque chose qui pourrait être un dogme quelconque. C'est seulement cela que j'aimerais : qu'il soit discuté, que le plus grand nombre possible d'humains soit pénétré de ce que la détresse de l'époque actuelle enseigne, que l'on fasse ce qui peut conduire à une construction à partir des meilleures forces de l'être humain.
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Si les bonnes volontés des côtés les plus divers agissent de la sorte, une discussion fructueuse peut s'engager. Et c'est à une telle discussion fructueuse que s'attachent en fait ceux qui sont porteurs de l'idée de la triarticulation de l'organisme social. S'ils doivent croire qu'ils n'auraient pas pu se manifester avant que la catastrophe mondiale ne survienne - ils ont maintenant un certain optimisme, mais je dirais un optimisme triste : que la misère qui se propage de plus en plus doit devenir le grand maître, que c'est précisément à partir de la misère que les humains devront reconnaître que quelque chose comme ce qui s'exprime aujourd'hui - je ne veux pas dire déjà dans le contenu que nous sommes capables de donner sur l'idée de la triarticulation de l'organisme social, mais dans l'impulsion que nous voulons donner à la discussion publique par cette idée - doit être pris au sérieux d'une manière ou d'une autre. Beaucoup dépendra du fait que de telles choses puissent être prises au sérieux. Une sorte de somnolence des âmes se répand encore sur l'humanité européenne, sur l'humanité civilisée moderne en général, et même si ceux qui agissent déjà aujourd'hui dans le mouvement pour la triarticulation de l'organisme social ont fait l'une ou l'autre chose à partir de leurs convictions, ils savent que ce qui est juste ne viendra que lorsqu'un nombre suffisamment grand de personnes s'engagera dans les détails de la chose.
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Nous avons déjà eu la possibilité de fonder une école libre à l'école Waldorf de Stuttgart, dans laquelle les enfants de six, sept, quatorze et quinze ans sont instruits dans une école primaire de huit classes selon les principes d'une vie de l'esprit libre, de sorte qu'ils grandissent à partir d'une vie de l'esprit libre dans un ordre social. Nous avons essayé les choses les plus diverses dans ce domaine, et nous envisageons aussi des choses économiques, où nous voulons essayer de placer les branches les plus diverses de la vie économique sous les points de vue de la triarticulation, de les organiser, de les financer selon ces points de vue ; car il sera peut-être particulièrement nécessaire, pour avoir un effet convaincant, que le modèle, que l'exemple soit là. Mais pour que cet exemple ait un impact suffisant, pour qu'il puisse être intégré dans la réalité, il faut avant tout qu'un nombre suffisamment important d'humains participent à la discussion sur ce que veut réellement l'impulsion pour la triarticulation de l'organisme social.
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C'est à cela et à rien d'autre que j'aimerais avoir incité un peu avec les explications, certes très sommaires, que j'ai pu donner ce soir dans le court laps de temps qui m'était imparti.
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S'ensuit une discussion au cours de laquelle diverses questions et objections ont été formulées à l'encontre des explications données dans l'exposé.
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Mot de la fin
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En fait, je dois avouer qu'aucune objection réelle n'a été formulée. Je comprends très bien que les questions les plus diverses peuvent être posées sur la base de ce que j'ai dit ce soir, et je pense qu'il est impossible de traiter une telle question de manière suffisamment exhaustive en une heure d'exposé pour que des centaines et des milliers de questions, et peut-être plus encore, ne soient pas posées à la suite. C'est pourquoi je voudrais seulement faire quelques remarques qui pourraient peut-être donner quelques indications au lieu d'une réponse aux différentes questions, qui devrait vraiment durer plusieurs jours.
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Tout d'abord, en ce qui concerne ce que Monsieur le Président a dit en dernier, à savoir qu'il n'existe pas de formulations claires sur ce que veut réellement la triarticulation. Vous voyez, j'ai essayé, dans mon livre "Les points essentiels de la question sociale", de discuter autant que possible de certains de ces problèmes, par exemple comme celui de la circulation des moyens de production que j'ai déjà exposé et que je dois mettre à la place de l'impraticable socialisation des moyens de production, et ainsi de suite. Vous trouverez dans les "Points essentiels de la question sociale" plus de détails de ce genre que vous ne le pensez peut-être. Je dois toujours souligner que la façon dont j'essaie de saisir cette impulsion de la triarticulation est en fait puisée dans la vie entière et pleine, et la vie entière et pleine a en fait des dimensions non seulement dans deux directions, mais aussi toujours des dimensions vers les profondeurs, et c'est là que les formulations abstraites ne sont parfois pas aussi faciles à entourer de contours que l'on pourrait peut-être le souhaiter, parce que naturellement les problèmes particuliers doivent d'abord être développés. Je vous prie de tenir compte du fait que le mouvement en est à ses débuts et qu'à la fin de mon exposé d'aujourd'hui, si je peux l'appeler ainsi, j'ai justement appelé à une discussion. Je pense que seule une discussion permettra d'aboutir à quelque chose de vraiment fructueux.
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J'aimerais maintenant aborder certaines questions, au moins de manière allusive. Un malentendu important entre M. Le Dr S. et moi est justement né du fait que je ne parle donc pas du tout, comme l'a compris M. le docteur, de trois parlements. Je ne vois pas l'essence de cette triarticulation dans le fait que l'on divise aujourd'hui le parlement unique en trois parlements, mais dans le fait que l'on n'a un parlement, au sens actuel du terme, que pour ce qui peut être géré ou orienté démocratiquement, et que les deux autres domaines ne sont pas gérés parlementairement, mais par ce qui en découle. Il m'est très difficile de parler de ces choses concrètes en termes abstraits. Je voudrais donc construire la réponse en quelque sorte.
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Lors de la mise en place de l'école Waldorf, j'ai dû à nouveau me pencher de manière approfondie sur tout ce qui se présente, je dirais, comme une coupe transversale : le résultat de l'administration étatique pour le système scolaire. N'est-ce pas, j'ai dû constituer l'école Waldorf à partir de deux points de vue. L'une consistait à se baser sur ce que je croyais être l'impulsion de l'école Waldorf à partir des simples exigences de la vie spirituelle elle-même.
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Maintenant, j'aimerais que ce soit celui qui se trouve dans l'enseignement vivant qui fixe les objectifs de l'enseignement, et non pas celui qui en est arraché et devient fonctionnaire d'État, qui passe donc de l'enseigner vivant à la démocratie. J'aimerais donc que ce qui englobe la vie spirituelle soit géré par ceux qui sont encore à l'intérieur, qui construisent cette vie spirituelle. Il est donc important que toute la structure de l'administration soit construite sur la structure même d'une vie de l'esprit elle-même. N'est-ce pas, aujourd'hui encore, j'ai dû faire en sorte que les enfants, après avoir terminé trois classes, puissent à nouveau s'y joindre - afin d'avoir la liberté de s'y joindre à nouveau après trois autres années, à partir de la douzième année. Je devais donc tenir compte d'un extérieur.
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C'est l'essence même de la triarticulation. Elle se tient partout sur un terrain réel, elle doit aussi travailler à partir d'un terrain réel. Mais si l'on a un terrain réel, on n'a pas quelque chose d'indéterminé. La vie de l'esprit est quand même là, elle a quand même une administration, simplement par le fait que l'un se trouve dans une position, l'autre dans une autre. Dans ce détachement du corps spirituel du corps de l'État, j'aimerais maintenant que l'administration se forme/façonne hiérarchiquement, et je crois - évidemment, c'est naturellement quelque chose qui ne peut pas être développé aussi rapidement maintenant - que l'administration hiérarchique aura toutes les imperfections. Je sais ce qui tout particulièrement est objecté par des professeurs, mais peut-être que même pour de telles transitions, sont parfois nécessaires de plus grandes imperfections pour que l'on arrive à quelque chose de parfait, mais ce dont il s'agit, c'est que peu à peu, à partir des pures conditions pédagogiques et didactiques et conditions supplémentaires de la vie de l'esprit, se forme un corps purement didactique de la vie de l'esprit, qui administre ainsi que c'est fondé dans le factuel, en faisant seulement allusion de manière un peu abstraite à la "république des savants/érudits" de Klopstock, et que quelque chose de ce genre est effectivement possible dans le domaine de la vie de l'esprit, si l'on a seulement la bonne volonté de le fonder.
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Je me pense qu'il apparaîtra alors très clairement - laissez-moi mentionner quelque chose de concret, de prendre un exemple - que la pédagogie, pratiquée dans les universités, a fait partie des pires/plus mauvaises disciplines jusqu'à présent, du moins dans toute l'Europe centrale. En règle générale, elle a été confiée à un pédagogue quelconque, qui l'a pratiquée en tant que matière secondaire. Dans une telle république savante, celui qui se montre compétent peut être appelé pendant trois ans, enseigner la pédagogie, puis alors à nouveau retourner à l'enseignement de la matière.
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Mais en ce qui concerne la constitution extérieure, je dois dire que jusqu'à présent, cela s'est très bien passé dans notre corps enseignant de l'école Waldorf à Stuttgart. Dès le début, la question s'est posée : qui sera le directeur ? - Évidemment, personne ; nous avons simplement des enseignants également justifies de par toutes les classes, et l'un d'entre eux, qui a un peu moins d'heures que les autres, s'occupe des choses administratives. On voit déjà que les enseignants compétents ont aussi une certaine autorité sur les autres, une autorité conforme à la nature, et un certain système hiérarchique s'en forme. Il n'est pas nécessaire de répondre à la question comme a pensé M. le juge en chef L. : Qui commande ? - mais cela se fait de soi-même. Je me garderai bien de citer des noms, mais cela se fait. Donc, sur le domaine de la vie de l'esprit.
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Comment interrogez-vous les parents sur l'état d'enseignement ? C'est quand même de la dictature !
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De manière professionnelle et objective ! Certes, appelez cela une dictature si vous voulez, le nom ne m'importe pas là. C'est une dictature dans la mesure où ce n'est pas l'individu qui décide. Comme vous êtes un scientifique, vous comprendrez aisément que je dise qu'il n'y a pas de mal à ce qu'une "dictature" décide de la justesse du théorème de Pythagore, car il repose une certaine nécessité dans la chose.
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Et l'enseignement religieux ?
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Là il s'agit que maintes questions théoriques se transforment désormais en questions didactiques. En ce qui concerne l'enseignement religieux tel qu'il est ordonné dans l'école Waldorf - ce en quoi je ne veux pas dire qu'il sera toujours ordonné de cette manière, parce que peut être là aussi une évolution à lieu-, il s'agit de ce qu'il est tout d'abord ma foi opportun, ou quelque chose comme ça, que ce que j'ai pu donner comme cours d'enseignement pédagogique et didactique s'exprime seulement dans la méthodologie, non pas dans la vision du monde, mais dans la prise en main de l'enseignement. L'école Waldorf ne doit en aucune direction être une école de vision du monde. Cela n'a été à atteindre que parce que mes institutions se sont toutes référées à la pédagogie et à la didactique et ont travaillé à partir de là. Les enfants qui viennent de parents catholiques ont leur cours de religion catholique, les enfants qui viennent de parents protestants ont leur cours de religion protestante dispensé par les pasteurs catholiques et protestants respectifs. Il s'est avéré qu'il y avait un grand nombre d'enfants de prolétaires et aussi d'anthroposophes et que fut aussi exigé un enseignement religieux libre. Et les enfants dont les parents demandent un enseignement religieux libre reçoivent de notre part un enseignement religieux libre, issu de nos convictions. Don dans cette question, c'est donc une vérité de sentiment, liée à certaines forces de motivation sociales, qui décide.
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Les choses se comportent naturellement autrement dans le devenir qu'après un certain temps. Mais c'est tout de suite à la pratique que l'on voit que l'on peut avancer si l'on ne veut aucun parlement pour les affaires spirituelles. C'est pourquoi je ne peux pas non plus suivre avec les "trois parlements", ni répondre à la question "si Kerenski avait eu trois parlements..." ; c'est justement parce qu'il aurait dû résoudre la question agraire dans son seul parlement et qu'il a échoué. Je ne vois par exemple aucun lien de causalité entre la triarticulation et ce qui existait auparavant, je voulais seulement attirer l'attention sur le fait que ce qui existait auparavant a échoué aux trois domaines de la vie, que je ne peux pas prendre comme deux ou quatre ou même plus, parce qu'il n'y en a que trois.
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Dr S. : Je n'ai pas non plus sérieusement envisagé cette objection.
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Dr Steiner : Je ne l'ai pas compris autrement non plus ! Je me demande maintenant, après que l'État a échoué dans l'institution des trois parlements qu'il a formés, comment on peut progresser par un nouveau départ, et non par un lien de cause à effet, tout en conservant ce qui est bon. Vous voyez que les éléments de réponse à vos questions se trouvent dans ce que vous avez dit. Je ne souhaite pas non plus de parlement dans le domaine économique ; pour l'amour du ciel, pas de démocratie dans le domaine économique ! Mais un ordre qui n’est pas hiérarchique, mais qui résulte de la chose elle-même.
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Maintenant, ces domaines ne sont absolument pas simplement juxtaposés, mais si vous lisez mes "points essentiels", vous trouverez que la circulation des moyens de production est essentiellement déterminée par ce qui est déterminé dans le domaine spirituel, de sorte que le spirituel agit directement sur l'économique. Et c'est ainsi que beaucoup de choses dans la vie économique, en ce qui concerne la position de chacun, sont déterminées de l'organisation spirituelle. Je veux donc dire que dans l'organisation spirituelle, il s'agit aussi de déterminer si un humain est capable de faire telle ou telle chose et s'il est formé pour cela ; de cela dépend la position économique dans laquelle il peut être placé.
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Cela doit naturellement se faire en commun entre l'économique et le spirituel. Du fait qu'il est capable de faire ceci ou cela, il sera déjà supérieur à un autre qui se trouve dans une autre position. Il n'en résulte rien de hiérarchique, mais dans un certain sens, rien de bureaucratique non plus. Tout parlement bureaucratique pour le système économique ne conduit qu'à la dissolution du système l'économique. Ainsi, l'essentiel chez-moi réside dans la manière dont les trois membres sont organisés, et on ne peut pas dire : chacun sera dans trois parlements ; il n'y a qu'un seul parlement, dans lequel chacun peut être, mais qui ne repose que sur la faculté de jugement de chaque humain devenu majeur. Donc, nous disons, pour mettre en évidence le domaine le plus important : toutes les questions juridiques/de droit. Les questions juridiques sont effectivement telles qu'elles sont au moins dans l'intérêt de chaque personne devenue majeure, et j'aimerais dire, évidemment, que chaque humain devenu majeur n'est donc aussi pas idéalement également capable que tout autre humain devenu majeur. Mais pour cela, une certaine moyenne arithmétique donne quand même le résultat correspondant en ce qui concerne les questions juridiques/de droit. Là, on devrait maintenant absolument en venir à parler sur la théorie de la fondation du droit. Le droit ne repose en fait pas vraiment sur le jugement, mais sur la sensibilité, sur les habitudes qui naissent de l'interaction entre les humains qui vivent ensemble. Là-dessus se laisse en juger lorsque des humains allant ensemble en jugent. Je ne crois pas, Monsieur le Docteur S., que l'humain individuel ait besoin de trouver le droit correct, mais c'est ensemble qu'ils le trouveront. C'est ce que fait la démocratie. Je vois des choses bien plus importantes dans l'interaction que dans l'individu. J'aimerais donc que les humains devenus majeurs siègent au parlement démocratique et qu'ils y prennent des décisions, principalement sur des choses juridiques, mais aussi, à juste titre, aussi sur des institutions de bienfaisance, car chaque humain devenu majeur peut également prendre des décisions dans ce domaine ; bien entendu, en beaucoup de choses non sur le concret et le professionnel.
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Maintenant, la journée de huit heures est une chose qui ne peut sérieusement entrer en ligne de compte pour la triarticulation de l'organisme social, car que signifie réellement la journée de huit heures ? Je dois avouer que je n'ai pas de réputation, mais la plus grande partie de l'année, je travaille beaucoup plus de huit heures et je ne trouve pas cela exagéré, et je ne pense pas qu'il soit possible de fixer une telle journée de huit heures sans saper notre vie sociale réelle. C'est pourquoi vous trouverez dans mes "Points essentiels de la question sociale" que tout ce qui se rapporte au temps de travail est fixé au sein de l'État démocratique et que c'est sur cette base que sont conclus les contrats de répartition des revenus, non pas des contrats de travail, mais des contrats de répartition du résultat entre ce que j'appelle directeur de travail et ce que je dois justement appeler travailleur.
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Donc cela dans le parlement de droit ?
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Dans le parlement de droit, on détermine le temps et la sorte/façon du travail. Là, le travailleur manuel est tout à fait égal au travailleur spirituel, car le travailleur spirituel ne peut pas faire valoir ses intérêts. On peut s'entendre mutuellement avec de la bonne volonté, mais on ne peut pas poser des exigences quelconques qui se rapportent à la vie de l'économie elle-même, on ne peut pas régler l'exportation et l'importation selon des lois parlementaires, mais cela doit être étudié à partir des conditions économiques, à partir de connaissances préalables objectives et professionnelles. Le fait d'être depuis vingt ans dans une entreprise me donne un autre crédit moral auprès de mes cohumains que si je n'y suis resté qu'un an. Dans la vie démocratique, il n'entre pas en considération que je sois un jeune blaireau insolent de vingt et un ans pour juger de quoi que ce soit. Dans la vie économique, il est simplement important que l'expérience de la vie soit prise en compte. C'est tout simplement nécessaire pour le salut de l'humanité.
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C'est à dessein que j'ai posé la question de la journée de huit heures. Si l'on avait une journée de quatre heures, que pourrait faire le directeur ? Je ne tiens pas du tout à la journée de huit heures. Je travaille aussi plus. Je pense de la réglementation du temps de travail.
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Bien. La chose est celle-ci : si le parlement démocratique décide d'une journée de quatre heures, soit cette journée de quatre heures suffira à la gestion de la vie économique, soit elle ne suffira pas. N'est-ce pas, il s'agira alors que chacun comprenne, grâce à sa raison devenue adulte - le changement doit en effet être effectué par la voie démocratique - que c'est par la voie démocratique que le changement aura lieu, et non par une autre voie, par exemple en permettant au plus puissant économiquement d'exercer une pression. Ce qui existe en tant que rapports juridiques de la vie économique doit donc être traité par le parlement démocratique. Mais en ce qui concerne la question économique - n'est-ce pas, qu'est-ce qui n'est pas une question économique ? On peut dire : peut-on vraiment séparer la vie spirituelle de la vie économique ? - Ici, on a objecté à juste titre la question de l'argent : cela coûte quelque chose. Maintenant c'est pourquoi je vois dans la vie économique des associations naître des différentes branches de la vie économique qui s'entrelacent, des branches apparentées et non apparentées, de la production, de la consommation et ainsi de suite. Décrire cela en détail m'entraînerait trop loin.
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Ce dont il s'agit, c'est ceci : les différents membres de la vie de l'esprit sont, dans leur administration de la vie de l'esprit, ce que j'ai décrit pour la vie de l'esprit ; en tant que participants à la vie de l'économie, ils forment des consommateurs économiques et sont des membres, des associations, qui appartiennent au corps économique. Ce que je sépare, c'est la vie ; ce n'est pas une séparation abstraite en trois corps, mais c'est la vie qui est membrée/articulée. N'est-ce pas, la vie spirituelle est effectivement gérée de manière hiérarchique, mais la vie économique de tous ceux qui œuvrent spirituellement se trouve dans la vie économique des associations. Donc dans leur économie/gestion sont des enseignants et ainsi de suite aussi absolument des corps économiques, des organisations économiques. Et ainsi, les différents agissent effectivement les uns à travers les autres. Et cela se laisse vraiment seulement suivre dans le détail ; comme finalement, si l'on veut présenter la chimie, on ne peut pas non plus tout exposer en une heure, mais il faut justement renvoyer à ce qui doit ensuite être réalisé dans le détail.
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Mais que, pour répondre à une question de M. le juge en chef L., il soit plus facile de traiter et de répondre à certaines questions de l'humain simplement devenu majeur qu'à des questions objectives, je pense que cela va finalement de soi. Certains socialistes - ils ne sont vraiment plus apparus par dizaines, mais par chocs à l'époque, n'est-ce pas, où l'on a soudain pu à nouveau s'agiter en Allemagne -, certains socialistes se sont représente comment on peut organiser les différentes branches et ainsi de suite, en appliquant à la vie économique ce qu'ils avaient appris en tant qu'agitateurs politiques. C'est le grand malheur de la discussion politique actuelle : les gens n'ont acquis une certaine formation que dans la lutte purement politique, dans les élections et ainsi de suite, mais ils ne peuvent pas aborder la vie de l'économie.
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Au fond, les agitateurs socialistes n'ont la plupart du temps aucune idée de la vie économique et encore moins des conditions de la vie économique. Et c'est ainsi que les utopies les plus diverses ont été élaborées sur la manière dont on peut articuler ceci ou cela. Je veux par exemple mentionner la manière dont les branches industrielles, qui reposent sur une imbrication fine et minutieuse de choses très différentes, doivent s'en sortir avec leur exportation, si elles doivent être organisées selon une économie planifiée de Möllendorff ou autre. Il est important que certaines choses, qui ne peuvent être gérées qu'à partir d'un organisme économique, ne soient pas gérées de manière gouvernementale, mais de manière autonome.
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Il est caractéristique, par exemple, quand est dit : On ne peut pas aujourd'hui retirer l'école de l'État, on ne se laisse pas faire, et dans un État socialiste, ce n'est pas nécessaire. - Celui qui connaît les conditions réelles de l'humanité, et non celles qui hantent les têtes des agitateurs politiques, doit se dire que dans un État socialiste, ce serait encore plus nécessaire ! Il serait d'autant plus nécessaire, pour le bien de l'humanité, de retirer au moins l'école de ce que l'État socialiste, tel qu'il est présenté par les marxistes, envisage faire de l'humanité.
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Je crois donc que si la bonne volonté est présente pour entrer dans le détail - l'objection des trois parlements m'a déjà été faite à plusieurs reprises -, je veux tout de suite avoir la triarticulation objective, non pas pour avoir purement trois groupes d'humains, trois maisons les unes à côté des autres ; ce ne seront vraiment pas trois maisons. Si je suis bien compris, on trouvera probablement que l'on peut déjà se rencontrer dans les solutions concrètes que j'ai déjà données pour certaines questions et que je donnerai encore pour d'autres, si j'ai encore quelque temps à vivre - je préférerais que d'autres les donnent - je crois que l'on s'entendra déjà parfaitement.
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J'aimerais à nouveau souligner qu'il ne peut pas s'agir d'un savoir universel, mais qu'il s'agit d'une tentative de déterminer sans utopie ce qui doit se passer jusque dans le détail, en partant du principe que les trois domaines de la vie ont des conditions de vie très différentes, et qu'alors quand les humains collaborent ainsi dans les trois domaines de la vie, ils collaborent de manière qualitativement différente, donc pas purement parlementaire quantitative, mais qualitative, qu'alors premières les constatations concrètes se donneront de manière correcte.
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Je dois donc dire que pour moi, cette triarticulation de l'organisme social est si solide que je voudrais comparer cette solidité à peu près, c'est-à-dire naturellement cum grano salis, à la solidité du dogme pythagoricien. On ne peut pas non plus le prouver partout, dans tous les cas, mais on peut prouver qu'on peut l'utiliser. La triarticulation n'a absolument pas besoin d'être abstraite de tout ce qui est particulier, mais elle est applicable dans tous les détails, et dans ce cas, elle est applicable dans la pratique, dans la mesure où, dans l'organisme triarticule justement, la vie de l'État, la vie de l'économie et la vie de l'esprit sont organisées de cette manière - une pratique sera atteinte.
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Je pense qu'il serait trop long ce soir de répondre aux questions naturellement très vastes de M. le juge en chef L. ; mais il est peut-être évident qu'il s'agit ici partout de partir de l'organisation concrète de la réalité, et qu'il est donc extrêmement difficile de donner des réponses abstraites, parce que l'on veut justement rester dans la pleine réalité.
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J'aimerais seulement encore revenir sur cela : je le trouve aussi extrêmement intéressant que le syndicalisme soit apparu au sein du peuple français, et je pense que la meilleure façon de résoudre cette question est d'étudier la sociétalisation. Il est très intéressant d'étudier les différentes nuances du socialisme anglais et du socialisme français. Le socialisme anglais est en fait une méthode capitaliste atténuée. C'est en fait absolument ce qui agit dans le capitalisme. Dans la question ouvrière anglaise, l'élément purement économique n'est en fait que concentré sur les intérêts de l'ouvrier, mais il n'est pas complètement sorti, de sorte que le socialisme anglais a une coloration économique opportuniste.
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Le socialisme allemand a accueilli le marxisme avec une capacité militaire et un esprit d'organisation militaire, et il s'est doté d'une organisation militaire rigoureuse. Et celui qui, comme moi, a travaillé dans une école d'éducation ouvrière, qui était entièrement issue de la social-démocratie, a été éjecté par son orthodoxie non marxiste, c'est-à-dire par son non-marxisme, en disant : "La liberté, c'est la liberté : Ce n'est pas la liberté, mais une contrainte raisonnable - il peut déjà en juger. Le socialisme allemand est au fond quelque chose qui se situe tout à fait à l'intérieur du même esprit qui a engendré le militarisme prussien.
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Le syndicalisme français est quand même - vraiment sans vouloir faire crédit à une quelconque sorte de peuple ou sans vouloir accrocher quelque chose à l'allemand - le syndicalisme français est quand même ce que je dois voir, par son caractère associatif, comme le meilleur début justement de ce que je dois penser comme l'association dans la vie économique. Et justement, si je le compare au socialisme anglais et au socialisme allemand, je vois qu'il est issu de ce que j'ai essayé de caractériser, de la mentalité démocratique. Il y a deux côtés ; l'un s'est manifesté chez la bourgeoisie, l'autre chez les ouvriers. Et ce qui, chez la bourgeoisie, s'est développé de manière plus capitaliste et rentière, s'est développé chez l'ouvrier de manière syndicaliste. Ce n'est que côté pile et face.
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Je crois donc que ces trois nuances différentes, la nuance anglaise, la nuance française et la nuance allemande du socialisme sont liées aux qualités du peuple.
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Et c'est là que l'on en vient à une question que je considère comme extraordinairement importante. Il ne faut pas non plus partir d'un socialisme général et ne pas croire qu'il existe un socialisme abstrait, mais il faut se demander comment chaque peuple doit être traité à partir de ses propres entités. - Et celui qui vient d'observations d'Europe occidentale, qui les a encore incubées ici en Suisse, qui va en Russie et qui impose au peuple russe quelque chose de tout à fait étranger, celui-là détruit en fait ce qui a pu se former à partir du peuple russe. - Mais, comme je l'ai dit, toutes les questions sociales ne peuvent plus être résolues aujourd'hui.