Hier, je me suis permis
d'expliquer comment trois
puissances destructrices agissent
dans les phénomènes de déclin de
notre temps : la domination
mondiale de la phrase, la
domination mondiale de la
convention, la domination mondiale
de la routine. Et j'ai déjà essayé
hier d'indiquer comment le
discours rempli de pensées, la
pensée imprégnée de substance
spirituelle, qui peut s'exprimer
par le langage dans la vie sociale
des humains, devrait à nouveau
remplacer la phrase. Et j'ai
essayé d'indiquer dans ce contexte
comment la convention doit être
remplacée, précisément par la
revitalisation de la vie de
l'esprit, par ce qui peut naître
de l'interaction vivante des
humains majeurs vivant ensemble au
sens démocratique. Et j'ai essayé
d'indiquer comment la pratique de
la vie, imprégnée de spiritualité,
devait remplacer la pure routine,
la routine dépourvue d'esprit.
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01
|
Gestern
erlaubte ich mir auszuführen, wie
in den Niedergangserscheinungen
unserer Zeit drei zerstörende
Mächte wirken: die Weltherrschaft
der Phrase, die Weltherrschaft der
Konvention, die Weltherrschaft der
Routine. Und ich versuchte gestern
schon anzudeuten, wie treten
müsse an die Stelle der Phrase
wiederum die gedankenerfüllte
Rede, der von geistiger Substanz
durchdrungene Gedanke, der sich
durch die Sprache ausleben kann im
sozialen Leben der Menschen. Und
ich versuchte damit im
Zusammenhang anzudeuten, wie an
die Stelle der Konvention treten
müsse gerade durch die
Wiederbelebung des Geisteslebens
dasjenige, was auch aus der
lebendigen Wechselwirkung der im
demokratischen Sinne miteinander
lebenden mündigen Menschen allein
entstehen kann. Und anzudeuten
versuchte ich, wie an die Stelle
der bloßen Routine, der geistlosen
Routine, treten müsse die
durchgeistigte Lebenspraxis.
|
Si l'on caractérise
d'abord toutes ces choses de
l'extérieur, elles semblent en
fait ne toucher que des faits
superficiels de notre vie
actuelle. Mais en réalité, elles
poussent précisément vers ce qui,
d'un côté, s'enracine dans
l'intimité la plus profonde de
l'être humain, et qui, de l'autre,
s'exprime dans les faits sociaux
les plus significatifs, les plus
envahissants et les plus
déterminants pour la vie.
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02
|
Wenn
man zunächst alle diese Dinge nur
von außen her charakterisiert, so
scheinen sie eigentlich auch
Oberflächentatsachen unseres
gegenwärtigen Lebens nur zu
berühren. In Wahrheit aber drängen
sie hin gerade zu demjenigen, was
auf der einen Seite im
Allerintimsten der
Menschenwesenheit wurzelt, was auf
der anderen Seite aber auch
wiederum sich auslebt in den
bedeutsamsten, eingreifendsten
und für das Leben maßgebenden
sozialen Tatsachen.
|
Hier déjà, j'ai indiqué
comment il fallait rechercher dans
un symptôme déterminé l'une des
causes fondamentales de notre
civilisation actuelle, traversée
par tant de forces destructrices.
J'ai attiré l'attention sur le
fait que depuis trois ou quatre
siècles, c'est essentiellement la
connaissance de science de la
nature qui constitue la base de
notre vision du monde, de cette
vision du monde qui veut fonder la
nouveauté. Ce qui existe par
ailleurs dans notre vie sociale,
ce sont les impulsions
traditionnelles à la vision du
monde. Ce qui est nouveau, ce qui
motive vraiment les humains depuis
trois ou quatre siècles, c'est la
question suivante : de quelle
manière une vision du monde
peut-elle s'écouler à partir des
bases de science de la nature de
la connaissance humaine ? Il n'est
pas étonnant que sous l'impulsion
de fonder ainsi une vision du
monde, les forces de la vie
psychique humaine qui se sont
développées sont précisément
celles qui sont aptes à donner vie
à une telle vision du monde. Un
type de pensée et un type de
volonté très particuliers se sont
développés au cours des derniers
siècles et ont atteint un certain
point culminant de leur activité à
l'heure actuelle. La recherche sur
la nature souligne toujours et
encore qu'il est important pour
elle, pour sa méthode
consciencieuse, d'explorer le
monde des faits, de sorte que rien
n'entre dans ce qui est établi sur
les faits eux-mêmes, que rien
n'entre dans ce qui vient de
l'humain, de la personnalité
humaine elle-même. C'est en vain
que des esprits comme Goethe, qui
ont compris à quelle partialité
devait conduire une simple
connaissance de la nature, une
connaissance de la nature séparée
de l'humain, ont attiré
l'attention sur le fait que la
connaissance réelle, utilisable
pour une vision globale du monde,
ne devait pas être séparée de
l'humain, sur le fait que même le
fait physique extérieur devait
être considéré en relation avec
l'humain qui se trouve dans le
monde. D'un autre côté, on peut
tout de même dire que cette
approche séparée de l'humain a de
nouveau célébré ses grands
triomphes en amenant le monde de
la technique à ce qu'il est
aujourd'hui. Mais tout cela n'a pu
voir le jour que sous l'influence
d'un certain type de pensée, une
pensée qui s'abandonne soit à ce
que la nature offre d'elle-même à
l'observation, soit à ce que nous
pouvons représenter par
l'expérimentation. Comprendre le
langage des faits eux-mêmes, c'est
l'idéal de cette pensée.
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03
|
Nun
habe ich schon gestern angedeutet,
wie man an einem bestimmten
Symptom aufsuchen müsse eine der
Grundursachen unserer
gegenwärtigen, von so vielen
Zerstörungskräften durchsetzten
Zivilisation. Ich habe darauf
aufmerksam gemacht, daß seit drei
bis vier Jahrhunderten es im
wesentlichen die
naturwissenschaftliche Erkenntnis
ist, welche die Grundlage unserer
Weltanschauung abgibt, derjenigen
Weltanschauung, die Neues
begründen will. Was sonst in
unserem sozialen Leben vorhanden
ist, es sind die traditionellen
Impulse zur Weltanschauung. Was
neu fruchtet, was die Menschen
wirklich bewegt seit drei bis vier
Jahrhunderten, das ist die Frage:
In welcher Art kann aus den
naturwissenschaftlichen Grundlagen
des menschlichen Erkennens eine
Weltanschauung fließen? Kein
Wunder, daß unter dem Drang, auf
diese Weise eine Weltanschauung zu
begründen, gerade diejenigen
Kräfte des menschlichen
Seelenlebens sich ausgebildet
haben, die geeignet sind, eine
solche Weltanschauung ins Leben zu
rufen. Eine ganz bestimmte Art des
Denkens und eine ganz bestimmte
Art des Wollens hat sich in diesen
letzten Jahrhunderten
herausgebildet und ist in unserer
Gegenwart bis zu einem gewissen
Höhepunkt des Wirkens gekommen.
Die Naturforschung betont ja immer
wieder und wiederum, daß es für
sie, für ihre gewissenhafte
Methode darauf ankomme, die Welt
der Tatsachen zu erforschen, so
daß nichts einfließe in dasjenige,
was ausgemacht wird über die
Tatsachen selbst, daß da nichts
einfließe von dem, was aus dem
Menschen, aus der menschlichen
Persönlichkeit selbst kommt.
Vergeblich haben solche Geister
wie Goethe, die einsahen, zu
welcher Einseitigkeit bloßes
Naturerkennen, vom Menschen
abgesondertes Naturerkennen
führen müsse, aufmerksam darauf
gemacht, wie wirkliches, zu einer
umfassenden Weltanschauung
brauchbares Erkennen nicht
abgesondert werden dürfe vom
Menschen, wie selbst die äußere
physikalische Tatsache im
Zusammenhange mit dem in der Welt
stehenden Menschen betrachtet
werden müsse. Allein auf der
anderen Seite kann man doch
sagen, daß diese vom Menschen
abgesonderte Betrachtungsweise
wiederum ihre großen Triumphe
gefeiert hat dadurch, daß sie die
Welt der Technik zu dem gebracht
hat, was diese eben heute ist. Das
alles aber konnte nur unter dem
Einflusse einer gewissen Art des
Denkens entstehen; jenes Denkens,
das sich hingibt entweder dem, was
die Natur durch sich selbst der
Beobachtung darbietet, oder
demjenigen, was wir im Experimente
darstellen können. Die Sprache der
Tatsachen selber zu verstehen, es
ist das Ideal dieses Denkens.
|
Celui qui, en plus de la
science de l'esprit, a aussi eu
affaire à la science de la nature
de manière consciencieuse et
méthodique, sait ce qu'est la
volonté humaine, ce qui nous
pousse à accomplir notre tâche
extérieurement dans la vie, à
entrer en contact et en relation
avec d'autres humains, en d'autres
termes, à nous placer dans l'être
social. Oui, les grands triomphes
de la science de la nature et de
la technique n'ont été possibles
que parce que l'humain a appris à
penser de telle sorte que cette
pensée soit aussi peu influencée
que possible par sa volonté. On
peut dire qu'une sorte d'habitude
de pensée s'est développée sous
l'influence de ce fait au cours
des trois ou quatre derniers
siècles.
|
04
|
In
dieses Denken fließt wenig von dem
hinein — derjenige, der gerade
neben Geisteswissenschaft auch mit
Naturwissenschaft in
gewissenhafter Weise, in
methodischer Weise zu tun gehabt
hat, der weiß es, was menschlicher
Wille ist, von dem, was uns
impulsiert, indem wir äußerlich im
Leben unsere Aufgabe vollziehen,
indem wir mit anderen Menschen in
Berührung und in Beziehung treten,
indem wir mit anderen Worten ins
soziale Wesen uns hineinstellen.
Ja, die großen Triumphe der
Naturwissenschaft und der Technik
sind nur möglich geworden dadurch,
daß gewissermaßen der Mensch
denken gelernt hat in der Weise,
daß dieses Denken so wenig wie
möglich von seinem Wollen
beeinflußt ist. Eine Art von
Denkgewohnheit, kann man schon
sagen, ist unter dem Einflusse
dieser Tatsache im Laufe der
letzten drei bis vier Jahrhunderte
entstanden.
|
Or, avec une telle
pensée, on peut reconnaître de
grandes choses dans le domaine du
monde minéral, du monde végétal
encore, déjà moins dans le monde
animal, et - comme je l'ai déjà
indiqué hier - on ne peut rien
reconnaître du tout en ce qui
concerne la véritable nature de
l'humain. Et le fait que l'on
n'ait pas formé d'autre pensée à
côté de cette pensée, je dirais,
dépourvue de volonté, s'explique
d'une certaine manière par la
crainte de tout ce qui entre dans
notre pensée lorsque l'humain, de
lui-même, de sa volonté, donne à
cette pensée sa structure, son
organisation. Le fantastique,
l'arbitraire peuvent ainsi
s'introduire dans la pensée par le
biais de la volonté humaine. Et
l'on ne cesse de souligner à quel
point les visions du monde de
certains philosophes, qui ont
pourtant introduit le vouloir
humain dans leur pensée, sont
fantastiques, en comparaison avec
les résultats sûrs auxquels sont
parvenus les naturalistes, qui ont
laissé parle seul ce que leur
disait la nature elle-même ou
l'expérience.
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05
|
Nun
kann man mit einem solchen Denken
Großartiges erkennen auf dem
Gebiete der mineralischen Welt,
der pflanzlichen Welt noch,
weniger schon der tierischen Welt
und — wie ich gestern schon
angedeutet habe — gar nichts
erkennen mit Bezug auf das wahre
Wesen des Menschen. Und daß man
neben diesem, ich möchte sagen,
willensentblößten Denken kein
anderes Denken ausgebildet hat,
das hat seinen Grund in einer
gewissen Weise in der Furcht vor
alle dem, was in unser Denken
hineinkommt, wenn der Mensch von
sich aus, von seinem Willen,
diesem Denken seine Struktur,
seine Organisation gibt.
Phantastik, Willkürlichkeit kann
auf diesem Wege durch das
menschliche Wollen in das Denken
hineinkommen. Und immer wieder und
wiederum wird darauf hingewiesen,
wie phantastisch die
Weltanschauungen gewisser
Philosophen sich ausnehmen, die
allerdings menschliches Wollen in
ihr Denken hineingelegt haben,
gegenüber den sicheren
Ergebnissen, zu denen
Naturforscher gekommen sind, die
ganz allein sprechen ließen
dasjenige, was die Natur ihnen
selbst oder das Experiment sagte.
|
On n'a justement pas su
qu'il était possible d'imprégner
la pensée humaine de volonté de
telle sorte que, dans cette pensée
bien entraînée et portée par la
volonté, tout arbitraire
disparaisse, comme il disparaît
par rapport à la pensée qui ne
s'occupe que de faits extérieurs
ou d'expériences. Pour trouver une
telle pensée imprégnée de volonté,
il faut cependant des exercices
intérieurs de l'âme accomplis avec
énergie, soin et patience. Pour
cela, il faut que l'humain qui
veut devenir un chercheur de
l'esprit, qui veut vraiment
pénétrer dans le monde spirituel,
d'où seul peut jaillir la
connaissance de l'humain, que
l'humain se réserve toujours et
encore, pendant de longues
périodes et avec une méthodologie
intérieure de l'âme, des pensées
sur lesquelles il ne développe
rien d'autre qu'un vouloir
intérieur, qu'il développe sur ces
pensées un vouloir tel qu'on ne le
développe normalement que dans le
monde extérieur. Dans le monde
extérieur, on aime, on hait, on
prend telle ou telle activité, on
rejette telle ou telle activité.
Dans le monde extérieur, on a
affaire à quelque chose sur lequel
on peut simplement avoir des
opinions. On a affaire à ce qui
contient des crises en soi. Ce que
l'on reconnaît par sa volonté dans
le monde extérieur, ou ce contre
quoi on se bat, il faut le porter
dans le monde de ses pensées si
l'on veut devenir un chercheur
d'esprit, et l'on remarquera peu à
peu que ces pensées deviennent
vraiment des puissances portées
par la volonté, imprégnées de
légalité/légité intérieure. Vous
devez seulement accepter ce que je
viens de dire dans une apparente
abstraction, de telle sorte que le
travail qui est ainsi caractérisé,
le travail intérieur de l'âme, est
un travail qui prend beaucoup de
temps, qui n'est vraiment pas
moins méthodique, même s'il est
effectué sur le champ spirituel,
que tout ce que nous faisons avec
les instruments de précision les
plus exacts pour nos expériences
de chimie ou de physique. De même
que le chimiste ou le physicien
réalise ses expériences avec
précision, de même le chercheur
d'esprit réalise ce qui est la
pesée d'une pensée par rapport à
une autre, l'effet d'une pensée
sur l'autre. Il en arrive ainsi à
ce que la pensée abstraite, qui
s'est justement formée sous
l'influence de la recherche
scientifique au cours des trois ou
quatre derniers siècles, s'élève à
une pensée intérieurement vivante,
à une pensée qui est plus une
vision d'images de type spirituel
que la pensée abstraite
habituelle. C'est l'un des aspects
qui doit être formé à la véritable
connaissance de l'humain, parce
qu'il est impossible d'utiliser
cette pensée abstraite pour cette
connaissance de l'humain, qui doit
être une connaissance de l'esprit,
une vision de l'esprit qui célèbre
ses grands triomphes dans la
science de la nature. Mais cette
pensée, qui est parfaitement à sa
place dans la science de la
nature, cette pensée a certains
résultats, je dirais même
impossibles, en particulier dans
la vie sociale au sens le plus
large. Plus notre pensée devient
abstraite, plus elle devient
autoritaire/ayant raison chez
l'individu. Certes, on devient
très critique, on devient
consciencieux, on devient
méthodique en appliquant la pensée
qui a été cultivée au cours des
trois ou quatre derniers siècles.
Mais on devient tout de même
autoritaire en ce qui concerne son
intégration sociale dans
l'humanité entière ou dans une
partie de l'humanité. Il suffit de
faire une recherche et on verra si
l'on s'en tient à la pensée qui a
fait la grandeur de la science de
la nature : On s'habitue à avoir
toujours raison - et l'autre a
aussi raison ! Et les humains, ce
serait l'extrême, ne pourraient au
fond plus rien se communiquer.
|
06
|
Man
hat eben nicht gewußt, daß es
möglich ist, das Denken des
Menschen mit dem Willen so zu
durchdringen, daß bei diesem
wohlgeschulten, willengetragenen
Denken ebenso jede Willkür
verschwindet, wie sie verschwindet
gegenüber jenem Denken, das sich
nur mit äußeren Tatsachen oder mit
Experimenten befaßt. Um ein
solches Denken, das vom Willen
durchdrungen ist, aufzufinden,
dazu gehören allerdings mit
Energie, Sorgfalt und Geduld
vollbrachte innerliche
Seelenübungen. Dazu gehört, daß
der Mensch, der ein
Geistesforscher werden will, der
wirklich eindringen will in die
geistige Welt, aus der allein
heraus Erkenntnis des Menschen
erfließen kann, daß der Mensch
sich immer wieder und wiederum
durch lange Zeiten und mit
innerlicher Seelenmethodik
Gedanken vorhält, an denen er
nichts anderes entwickelt, als
innerliches Wollen, daß er an
diesen Gedanken ein solches Wollen
entwickelt, wie man es sonst nur
in der äußeren Welt entwickelt. In
der äußeren Welt liebt man, haßt
man, man nimmt diese oder jene
Tätigkeit auf, weist diese oder
jene Tätigkeit ab. Man hat es in
der äußeren Welt zu tun mit etwas,
worüber man bloß Ansichten haben
kann. Man hat es mit dem zu tun,
was Krisen in sich enthält.
Dasjenige, was man da in der
äußeren Welt durch seinen Willen
erkennt, oder wovon man bekämpft
wird, das muß man hineintragen,
wenn man Geistesforscher werden
will, in die Welt seiner Gedanken,
und man wird nach und nach
bemerken, daß diese Gedanken
wirklich willengetragene Mächte
werden, von innerer
Gesetzmäßigkeit durchtränkt. Sie
müssen nur das, was ich jetzt eben
in scheinbarer Abstraktheit gesagt
habe, so hinnehmen, daß die
Arbeit, die damit charakterisiert
wird, die innere Seelenarbeit,
eine solche ist, die lange Zeit in
Anspruch nimmt, die wahrhaftig
nicht weniger methodisch, wenn
auch auf geistigem Felde,
durchgeführt wird, als alles
dasjenige, was wir mit den
exaktesten Präzisionsinstrumenten
für unsere chemischen oder
physikalischen Experimente
durchführen. Wie der Chemiker
oder der Physiker exakt seine
Experimente durchführt, so führt
der Geistesforscher dasjenige
durch, was Abwägen des einen
Gedankens an dem anderen ist,
Wirkung des einen Gedankens auf
den anderen. Er kommt dadurch
dazu, daß das abstrakte Denken,
das gerade unter dem Einfluß des
naturwissenschaftlichen Forschens
im Laufe der drei bis vier letzten
Jahrhunderte sich herausgebildet
hat, zu einem innerlich lebendigen
Denken aufsteigt, zu einem Denken,
das mehr ein Bildanschauen
geistiger Art ist als das
gewöhnliche abstrakte Denken. Das
ist die eine Seite, die
ausgebildet werden muß zu
wirklicher Menschenerkenntnis,
weil es unmöglich ist, jenes
abstrakte Denken zu gebrauchen für
diese Menschenerkenntnis, die eine
Geist-Erkenntnis sein muß, eine
Geistanschauung, das in der
Naturwissenschaft seine großen
Triumphe feiert. Allein dieses
Denken, das in der
Naturwissenschaft voll am Platze
ist, dieses Denken hat
insbesondere im sozialen Leben im
weitesten Sinne gewisse, ich
möchte sagen, unmögliche
Ergebnisse. Je abstrakter unser
Denken wird, desto
rechthaberischer im einzelnen
Menschen wird es. Gewiß, man wird
sehr kritisch, man wird
gewissenhaft, man wird methodisch,
wenn man das in den letzten drei
bis vier Jahrhunderten
großgezogene Denken anwendet. Aber
man wird doch in bezug auf seine
soziale Eingliederung in die ganze
Menschheit oder in einen Teil der
Menschheit rechthaberisch. Man
forsche nur einmal nach und man
wird sehen, wenn man sich an das
Denken hält, das die
Naturwissenschaft groß gemacht
hat: Man gewöhnt sich daran, immer
recht zu haben — und der andere
hat auch recht! Und die Menschen,
das würde das Extrem sein, könnten
sich im Grunde genommen eigentlich
gar nichts mehr mitteilen.
|
Ne vivons-nous pas au
milieu de cette situation ? Celui
qui a traversé une expérience de
vie riche en épreuves et qui a
lutté pendant des décennies avec
les problèmes, celui qui est
obligé, à partir de l'éducation
actuelle de l'humanité, de
présenter ces problèmes dans les
formes usuelles praticables des
concepts spirituels scientifiques,
ne trouve-t-il pas partout les
gens les plus jeunes qui viennent
dire, avec leur expérience d'une
décennie et demie tout au plus :
voilà mon point de vue, voilà ce
que je pense, voilà ce que
j'oppose aux riches expériences de
la vie. Et finalement,
abstraitement parlant, on ne peut
même pas donner tort à ces
débutants de la vie, qui peuvent
tout aussi bien penser logiquement
que les vieillards expérimentés de
la vie, car ce qui constitue le
nerf de notre connaissance
scientifique actuelle n'est pas
fondamentalement lié aux
développements humains, c'est
quelque chose que l'on atteint,
dans lequel on se trouve, et que
l'on obtient finalement quand on a
atteint un certain degré de
maturité. On peut donc dire que
cette pensée abstraite, cet
intellectualisme, qui a maintenant
atteint un haut degré de
perfection, donne à chacun quelque
chose qu'il voudrait communiquer à
tout autre, mais que l'autre sait
déjà par lui-même. On aimerait
communiquer dans la vie sociale.
On ne peut pas se communiquer
parce que l'autre n'est pas enclin
à recevoir la communication, mais
tout au plus à lui opposer son
point de vue.
|
07
|
Leben
wir nicht mitten in diesem
Zustande? Findet nicht heute
derjenige, der durch eine
prüfungsreiche Lebenserfahrung
gegangen ist und durch Jahrzehnte
gerungen hat mit den Problemen,
der genötigt ist, aus der heutigen
Menschheitserziehung heraus diese
Probleme in den gangbaren
gebräuchlichen Formen der
geisteswissenschaftlichen
Begriffe darzustellen, findet er
nicht überall die jüngsten Leute,
die kommen und sagen mit ihrer
anderthalb Jahrzehnte höchstens
dauernden Erfahrung: Das ist mein
Standpunkt, das denke ich, das
setze ich entgegen den reichen
Lebenserfahrungen. Und
schließlich, abstrakt genommen,
kann man diesen Lebensanfängern,
die ebensogut logisch denken
können wie die lebenserfahrenen
Greise, man kann ihnen nicht
einmal unrecht geben, denn
dasjenige, was den Nerv ausmacht
unseres gegenwärtigen
wissenschaftlichen Erkennens, das
ist im Grunde nicht gebunden an
menschliche Entwickelungen, das
ist etwas, was man erreicht,
wohinein man sich findet, und was
man schließlich, wenn man einen
gewissen Grad von Erwachsenheit
erreicht hat, eben erlangt. Und so
kann man sagen: Dieses abstrakte
Denken, dieser
intellektualismu.s, der es ieute
zu einem hohen Grade an
Vollkommenheit gebracht hat, der
gibt jedem etwas, was er
eigentlich jedem anderen mitteilen
möchte, aber was der andere schon
von sich selber aus weiß. Man
möchte sich mitteilen im sozialen
Leben. Man kann sich nicht
mitteilen, weil der andere nicht
geneigt ist, die Mitteilung zu
empfangen, sondern höchstens ihr
seinen Standpunkt
entgegenzustemmen.
|
Ce que la science de la
nature fait de grand est
inapplicable dans la vie sociale,
parce que l'humain donne par là
quelque chose, veut donner quelque
chose qu'aucun autre ne veut
vraiment recevoir, parce qu'il
croit déjà l'avoir. Celui qui
réfléchit correctement à ce qui
est la véritable direction
fondamentale de toute notre vie
psychique actuelle, verra une
grande partie des forces de
destruction qui existent
aujourd'hui dans notre vie
sociale, ce qui sépare les humains
au lieu de les réunir, il devra le
voir en partie dans ce que je
viens de caractériser comme une
particularité et une conséquence
sociale de la pensée abstraite,
précisément adaptée à la science
de la nature.
|
08
|
Was
die Naturwissenschaft groß macht,
das ist unanwendbar im sozialen
Leben, denn der Mensch gibt
dadurch etwas, möchte etwas geben,
was kein anderer eigentlich
empfangen will, weil er es schon
zu haben glaubt. Wer nur richtig
durchdenkt dasjenige, was die
wirkliche Grundrichtung unseres
ganzen heutigen Seelenlebens ist,
der wird vieles von dem, was heute
in unserem sozialen Leben an
Zerstörungskräften vorhanden ist,
was die Menschen auseinander-.
treibt, statt sie
zusammenzuführen, er wird es zum
Teil in dem sehen müssen, was ich
jetzt als eine Eigentümlichkeit
und soziale Konsequenz des
abstrakten, gerade für die
Naturwissenschaft tauglichen
Denkens charakterisiert habe.
|
La science de l'esprit
conduira au-delà de cette pensée,
parce qu'elle cultive ce qui reste
inconscient dans la pensée
actuelle, parce qu'elle pousse le
vouloir - c'est justement ce qui
reste inconscient - dans cette
pensée, parce qu'elle développe la
pensée volontaire. Et c'est à
partir de la pensée volontaire que
peut s'effectuer une véritable
connaissance de l'être humain.
Mais ce n'est qu'un élément.
|
09
|
Über
dieses Denken hinaus wird
Geisteswissenschaft führen, weil
sie kultiviert dasjenige, was
unbewußt bleibt in dem heute
gebräuchlichen Denken, weil sie
das Wollen -- das ist es eben, was
unbewußt bleibt — in dieses Denken
hineindrängt, weil sie
willentliches Denken entwickelt.
Und aus dem willentlichen Denken
heraus kann wirkliche
Menschenkenntnis erfolgen. Aber
das ist nur das eine Element.
|
L'autre chose est que
c'est précisément sous l'influence
de ce mode de pensée, tel qu'il
est apparu dans la vision
scientifique du monde, que
l'humain en est venu à opposer la
pensée dépouillée de volonté à la
volonté dépouillée de pensée. Au
fond, l'humain d'aujourd'hui est
constitué de cette dualité, de cet
élément de l'âme que l'on ne peut
pas désigner autrement que par la
pensée dénuée de volonté, et de
l'autre élément de l'âme que l'on
doit désigner par le vouloir dénué
de pensée. La connaissance en
science de l'esprit, de même
qu'elle essaie de faire entrer la
volonté dans la pensée, cherche à
amener l'humain qui veut devenir
un chercheur en science de
l'esprit à faire face à ses
propres actes, aux résultats de sa
volonté, avec une telle
objectivité que l'on ne se trouve
normalement que face à des faits
extérieurs. L'humain doit devenir,
lorsqu'il s'engage sur le chemin
de l'étude de l'esprit, un
observateur fidèle de ce qu'il
fait lui-même, de ce qu'il veut
lui-même. D'une certaine manière,
il doit d'abord se distinguer
idéalement et marcher à côté de
lui-même, comme dans quelque chose
de plus élevé que lui. Et ce
Supérieur à côté de lui-même doit
observer l'humain dans tout ce
qu'il fait, comme on ne l'observe
habituellement que lorsqu'on
observe les faits extérieurs de la
nature ou l'expérience. Car c'est
alors que l'on apprend à
développer des pensées sur ce qui,
au cours des trois ou quatre
derniers siècles, est le plus
souvent dominé et impulsé par les
émotions les plus personnelles, en
particulier dans certains cercles
radicaux extrêmes. On apprend à
reconnaître dans les pensées ce
que l'on ne voit pas du tout
autrement, dont les pensées
restent sinon complètement dans
l'inconscient.
|
10
|
Das
andere ist, daß gerade unter dem
Einfluß dieser Denkweise, wie sie
in der naturwissenschaftlichen
Weltanschauung hervorgetreten
ist, der Mensch auch dazu gekommen
ist, gegenüberzustellen dem
willensentblößten Denken das
gedankenentblößte Wollen. Aus
dieser Zweiheit besteht im Grunde
genommen der heutige Mensch, aus
jenem Seelenelemente, das man
nicht anders bezeichnen kann, als
willensentblößtes Denken, und aus
dem anderen Seelenelemente, das
man bezeichnen muß als
gedankenentblößtes Wollen.
Geisteswissenschaftliche
Erkenntnis, sie sucht ebenso, wie
sie den Willen hineinzuschieben
versucht in das Denken, den
Menschen, der ein Geistesforscher
werden will, dazu zu bringen,
seinen eigenen Handlungen, seinen
eigenen Willensergebnissen mit
einer solchen Objektivität
gegenüberzustehen, wie man sonst
nur gegenübersteht äußeren
Tatsachen. Der Mensch muß werden,
wenn er sich auf den Weg des
Geistesforschens begibt, ein
treuer Beobachter dessen, was er
selber tut, was er selber will.
Gewissermaßen muß er sich ideell
zunächst herausheben und muß wie
in einem Höheren von sich selbst
neben sich einhergehen. Und dieses
Höhere neben sich selbst muß den
Menschen so beobachten in allem,
was er tut, wie man sonst nur
beobachtet, wenn man äußere
Naturtatsachen oder das Experiment
beobachtet. Denn dann lernt man an
etwas Gedanken entwickeln, was
gerade in den letzten drei bis
vier Jahrhunderten am
allermeisten, besonders bei
gewissen radikalen extremen
Kreisen, nur beherrscht und
impulsiert wird von den
persönlichsten Emotionen. Man
lernt erkennen dasjenige in
Gedanken, worauf man sonst
eigentlich gar nicht sieht, dessen
Gedanken sonst völlig im
Unbewußten bleiben.
|
Et c'est pourquoi, parce
que l'être humain se décompose en
ces deux éléments, nous voyons
aujourd'hui, d'un côté, la
connaissance abstraite de science
de la nature, qui ne concerne que
l'extra-humain, et les impulsions
sociales qui n'agissent que comme
des instincts personnels. Nous
voyons comment la science de la
nature s'est élevée à certaines
hauteurs, comment on veut
maintenant, par exemple à l'Est -
et cela ne s'arrêtera pas à l'Est
-, malheureusement, tirer de
l'éducation que l'on a tirée de
cette pensée scientifique des
principes pour la coexistence
sociale des humains, mais comment
il s'avère à l'Est que l'on ne
peut rien faire d'autre avec la
politique sociale de science de la
nature que d'organiser les
instincts humains les plus
sauvages, organiser de telle sorte
que l'organisation doit conduire
l'humanité dans le déclin.
|
11
|
Und
deshalb, weil der Mensch in diese
beiden Elemente zerfällt, sehen
wir auch heute auseinandergerissen
auf der einen Seite die abstrakt
naturwissenschaftliche Erkenntnis,
die nur auf das Außermenschliche
geht, und die sozialen Impulse
bloß als persönliche Instinkte
wirksam. Wir sehen, wie die
Naturwissenschaft auf gewisse
Höhen gestiegen ist, wie man aus
der Erziehung, die man aus diesem
naturwissenschaftlichen Denken
gewonnen hat, jetzt zum Beispiel
im Osten — und es wird nicht beim
Osten verbleiben, leider
Grundsätze daraus gewinnen will
für das soziale Zusammenleben der
Menschen, wie sich aber in diesem
Osten zeigt, daß man mit
naturwissenschaftlicher
Sozialpolitik nichts anderes kann,
als wüsteste menschliche
Instinkte organisieren,
organisieren so, daß die
Organisation die Menschheit in den
Untergang hineintreiben muß.
|
Ces choses sont pendantes
à ce qui est devenu grand au cours
des derniers siècles, et il faut
les considérer dans ce contexte.
Ce n'est que lorsqu'on cultivera
la volonté dans la pensée, comme
je l'ai indiqué, puis la pensée
dans le vouloir - vous pouvez
trouver la description exacte dans
mes livres "Comment acquiert-on
des connaissances des mondes
supérieurs" et dans la deuxième
partie de ma "Science secrète", et
dans des livres similaires -, ce
n'est que lorsqu'on fondera une
telle science de l'esprit de cette
manière, qui peut pénétrer dans
l'essence réelle de l'humain,
qu'une telle science ne sera pas
impuissante face à la personnalité
humaine tout entière. Oui, notre
science actuelle est impuissante
face à la personnalité humaine
tout entière, car la pensée dans
laquelle la volonté n'entre pas en
jeu est une simple occupation de
la tête humaine, c'est un
intellectualisme qui n'a aucune
force de communication pour la
vie. La connaissance spirituelle
telle qu'elle se forme peu à peu
en une vision du monde à partir
des bases que je n'ai pu
qu'esquisser maintenant, la
science de l'esprit est quelque
chose qui ne s'empare pas
seulement des pensées humaines, de
l'intellect humain, mais de la
personnalité humaine tout entière.
Parce qu'elle est issue de la
volonté, de la pensée portée par
la volonté, elle place cette
pensée humaine dans la communauté
sociale, et parce qu'elle porte la
pensée dans le vouloir, elle peut
aussi stimuler en l'humain des
pensées qui engendrent une
véritable pratique de la vie, pas
simplement une routine, mais une
pratique de la vie qui ne peut
justement reposer que sur des
idées, sur un vouloir porté par
l'esprit.
|
12
|
Diese
Dinge hängen zusammen mit dem, was
in den letzten Jahrhunderten groß
geworden ist, und man muß sie in
diesem Zusammenhange betrachten.
Erst dann, wenn man den Willen
kultiviert im Denken, wie ich es
angedeutet habe, dann das Denken
im Wollen kultiviert — die genaue
Beschreibung können Sie in meinen
Büchern «Wie erlangt man
Erkenntnisse der höheren Welten?»
und im zweiten Teile meiner
«Geheimwissenschaft», und in
ähnlichen Büchern finden —, erst
dann, wenn man eine solche
Geisteswissenschaft auf diese Art
begründet, die in das wirkliche
Wesen des Menschen eindringen
kann, wird eine solche
Wissenschaft nicht machtlos
gegenüberstehen der ganzen
menschlichen Persönlichkeit. Ja,
unsere gegenwärtige Wissenschaft,
sie steht der ganzen menschlichen
Persönlichkeit machtlos gegenüber,
denn dasjenige Denken, in das
nicht der Wille hineinpulsiert, es
ist eine Beschäftigung bloß des
menschlichen Kopfes, es ist
Intellektualismus, der keine
mitteilende Kraft für das Leben
hat. Geistige Erkenntnis, wie sie
nach und nach zu einer
Weltanschauung sich formt aus
solchen Grundlagen heraus, wie ich
sie jetzt nur andeuten konnte,
Geisteswissenschaft ist etwas,
was' nicht nur die menschlichen
Gedanken, den menschlichen
Intellekt, sondern was die ganze
menschliche Persönlichkeit
ergreift. Weil sie aus dem Willen
hervorgegangen ist, aus dem
willengetragenen Denken, stellt
sie dieses menschliche Denken
hinein in die soziale
Gemeinschaft, und weil sie den
Gedanken hineinträgt in das
Wollen, kann sie auch Gedanken im
Menschen anregen, welche
wahrhaftige Lebenspraxis
hervorbringen, nicht bloß
Routine, sondern Lebenspraxis, die
eben nur beruhen kann auf Ideen,
auf geistgetragenem Wollen.
|
Nous avons surtout besoin
aujourd'hui d'une telle vision du
monde spirituelle scientifique sur
le terrain de cette vie de
l'esprit, qui est la plus
importante pour le public, nous en
avons besoin sur le terrain de
l'art de l'éducation. Et c'est
tout de suite dans l'art de
l'éducation que l'on peut explorer
la vérité intérieure de ce que je
viens de caractériser comme les
principes d'une science de
l'esprit. Dans l'école Waldorf
déjà mentionnée, qui a été créée
sous l'égide de notre ami Monsieur
Molt à Stuttgart, on a essayé de
fonder la pédagogie en tant qu'art
de l'éducation sur la base de la
science de l'esprit. Cette école
Waldorf ne veut pas être une école
de vision du monde. Ces humains
qui disent qu'elle veut être une
école dans laquelle la science de
l'esprit d'orientation
anthroposophique est transmise dès
l'enfance à la place des anciennes
visions du monde disent la
non-vérité. Ce n'est pas de cela
qu'il s'agit dans cette école,
mais plutôt du fait que ce que
l'on entend ici par science de
l'esprit peut justement saisir la
volonté de l'humain, imprégner son
action, et que ce qui, dans
d'autres visions du monde, ne
reste qu'une pensée, une idée,
peut être saisi méthodiquement
dans la vision du monde de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement. C'est
pourquoi, dans le cas de l'école
Waldorf de Stuttgart, il ne s'agit
pas de ce que l'on veut
transmettre aux enfants en termes
de contenu, mais il s'agit de
faire en sorte que notre science
de l'esprit devienne une méthode,
qu'elle devienne le fondement de
l'enseignement, de l'éducation, de
l'action et de la volonté du
maître.
|
13
|
Solche
geisteswissenschaftliche
Weltanschauung, wir brauchen sie
heute vor allen Dingen auf dem
Boden desjenigen Geisteslebens,
das für die Öffentlichkeit das
Allerwichtigste ist, wir brauchen
sie auf dem Boden der
Erziehungskunst. Und gerade in der
Erziehungskunst kann man die
innere Wahrheit desjenigen
erforschen, was ich als Prinzipien
einer Geisteswissenschaft eben
charakterisiert habe. In der schon
erwähnten «Waldorfschule», die
unter der Ägide unseres Freundes,
des Herrn Molt in Stuttgart
errichtet worden ist, fi ist
versucht worden, auf
geisteswissenschaftlicher
Grundlage Pädagogik als
Erziehungskunst zu begründen.
Diese Waldorfschule will nicht
eine Weltanschauungsschule sein.
Diejenigen Menschen sagen die
Unwahrheit, welche sagen, sie will
eine Schule sein, in die anstelle
alter Weltanschauungen
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft schon in das
Kind hineingetragen wird. Darum
handelt es sich gerade bei dieser
Schule nicht, sondern darum
handelt es sich, daß das, was als
Geisteswissenschaft hier gemeint
ist, eben den Willen des Menschen
erfassen kann, sein Handeln
durchdringen kann und daß
dasjenige, was in anderen
Weltanschauungen nur Gedanke, Idee
bleibt, bei der anthroposophisch
orientierten
geisteswissenschaftlichen
Weltanschauung methodisch gefaßt
werden kann. Daher handelt es
sich bei der Waldorfschule in
Stuttgart nicht darum, was man
inhaltlich an die Kinder
heranbringen will, sondern es
handelt sich darum, daß unsere
Geisteswissenschaft in ihr Methode
wird, wird dasjenige, was die
Grundlage abgibt zu der
Verrichtung im Lehren, im
Erziehen, zum Handeln, zum Wollen
des Lehrers.
|
Mais pour cela, il
appartient toutefois que cette
pédagogie, cet art de l'éducation
soit construit sur une véritable
connaissance de l'humain. Une
véritable connaissance de l'humain
se donne seulement des méthodes
que j'ai décrites aujourd'hui. On
y apprend à reconnaître comment, à
partir du spirituel intérieur, on
peut avant tout distinguer
certaines époques dans l'humain en
devenir. Ces époques sont ce que
l'on ignore aujourd'hui
superficiellement dans l'être
humain, même dans la science qui
se veut très exacte. On voit
certains processus chez l'enfant
lorsque, vers la septième année,
il change de dents. Mais celui qui
regarde plus profondément dans la
nature humaine voit aussi comment,
pendant cette période de
changement de dents, il se produit
chez l'enfant une métamorphose
complète de toute sa vie
psychique/de l'âme. Alors que dans
la première période, de la
naissance à la septième année,
tout ce que fait l'enfant, tout ce
pour quoi il se sent enclin et
capable, provient du principe de
l'imitation, de l'imitation, d'une
empathie avec tout ce que fait
l'entourage, avec la poussée
dentaire, vers la septième année,
commence chez l'enfant l'époque où
ses capacités intérieures le
prédisposent à l'autorité. Jusqu'à
l'âge de sept ans, l'enfant, comme
s'il s'agissait d'une vie
élémentaire évidente, fera
lui-même, dans les mouvements de
ses mains et dans la formation de
son langage, ce que font les
adultes de son entourage. Il se
mêlera entièrement à ce qui émane
même des impondérables des pensées
et des représentations de son
entourage. Dès la septième année,
l'enfant a besoin, dans son
entourage, de celui dont il peut
croire qu'il sait, dans un certain
sens, ce qui est juste ; il a
besoin d'autorité. On a beau
s'insurger aujourd'hui contre
l'autorité, il faut tenir compte
du fait que depuis l'âge de sept
ans jusqu'à l'âge de la maturité
sexuelle, l'autorité est quelque
chose sous l'influence duquel
l'humain doit se trouver s'il veut
se développer sainement. Car une
deuxième période de l'enfance
humaine est celle qui va de la
poussée des dents à la maturité
sexuelle, jusqu'à quatorze ans
environ. Approximativement, dis-je
; ce n'est pas un jeu de chiffres
qui entre en ligne de compte, mais
ce sont les étapes importantes,
les changements des métamorphoses
de la vie qui entrent en ligne de
compte. Vers la quatorzième année,
l'humain atteint la maturité
sexuelle. C'est là qu'intervient
une transformation complète de sa
vie psychique/de l'âme, c'est là
qu'intervient ce qui le rend
intérieurement capable de juger de
façon autonome, de s'opposer au
monde avec ce qui naît en lui
comme jugement, tandis que de la
septième à la quatorzième année,
il s'épanouit lorsqu'il peut avoir
à côté de lui l'autorité vers
laquelle il regarde.
|
14
|
Dazu
gehört aber allerdings, daß diese
Pädagogik, diese Erziehungskunst
gebaut werde auf wirkliche
Menschenkenntnis. Wirkliche
Menschenkenntnis ergibt sich nur
mit den Methoden, die ich heute
andeutend charakterisiert habe. Da
lernt man erkennen, wie aus dem
inneren Seelisch-Geistigen heraus
vor allen Dingen gewisse Epochen
sich unterscheiden lassen in dem
werdenden Menschen. Diese Epochen,
sie sind dasjenige in der
menschlichen Wesenheit, worüber
man heute oftmals selbst in der
Wissenschaft, die sich sehr exakt
dünkt, oberflächlich hinweggeht.
Man sieht ja in dem Kinde gewisse
Vorgänge, wenn um das siebente
Jahr herum der Zahnwechsel
eintritt. Aber derjenige, der
tiefer hineinschaut in die
menschliche Natur, der sieht auch,
wie in dieser Zeit des
Zahnwechsels im Kinde eine
vollständige Metamorphose des
ganzen Seelenlebens vor sich
geht. Während in der ersten Zeit,
von der Geburt bis zum siebenten
Jahre, alles, was das Kind treibt,
wozu das Kind sich geneigt,
befähigt fühlt, herausstammt aus
dem Prinzip der Imitation, der
Nachahmung, aus einem
Sich-Hineinfühlen in alles
dasjenige, was die Umgebung tut,
beginnt mit dem Zahnwechsel
ungefähr gegen das siebente Jahr
beim Kinde die Epoche, wo es durch
seine inneren Fähigkeiten auf
Autorität hin angelegt ist. Wie
durch das selbstverständliche
elementarische Leben wird das Kind
bis zum siebenten Jahr hin selbst
in seinen Handbewegungen, in der
Formung seiner Sprache dasjenige
tun, was die Erwachsenen seiner
Umgebung tun. Es wird sich ganz
hineinverweben in dasjenige, was
ausströmt selbst von den
Imponderabilien der Gedanken- und
Vorstellungsrichtungen der
Umgebung. Vom siebenten Jahr an
braucht das Kind in seiner
Umgebung den, von dem es glauben
kann: der weiß in gewissem Sinne
das Richtige; es braucht die
Autorität. Man mag heute noch so
sehr gegen Autorität wettern, man
sollte berücksichtigen, daß
Autorität vom siebenten Jahr an
ungefähr bis zu dem Jahre, wo die
Geschlechtsreife eintritt, etwas
ist, unter dessen Einfluß der
Mensch stehen muß, wenn er sich
gesund entwickeln will. Denn eine
zweite Epoche in der menschlichen
Kindheit ist diese vom Zahnwechsel
bis zu der Geschlechtsreife, bis
zum vierzehnten Jahre ungefähr.
Ungefähr, sage ich; hier ist nicht
irgendein Zahlenspiel in Frage
kommend, sondern es sind die
wichtigen Abschnitte, die
Umänderungen der
Lebensmetamorphosen sind es, die
in Frage kommen. Mit diesem
vierzehnten Jahre ungefähr wird
der Mensch geschlechtsreif. Da
tritt eine vollständige Umwandlung
seines Seelenlebens ein, da tritt
dasjenige ein, was ihn innerlich
befähigt, selbständig zu urteilen,
der Welt sich entgegenzustellen
mit dem, was als Urteil in seinem
Inneren entsteht, während er vom
siebenten bis vierzehnten Jahr
recht gedeiht, wenn er neben sich
die Autorität haben kann, zu der
er aufschaut.
|
Or, c'est justement
pendant les années qui vont de la
poussée dentaire à la maturité
sexuelle que l'on doit s'occuper
de l'enfant en matière
d'enseignement et d'éducation
pendant ce que l'on appelle
l'école primaire. Mais même
pendant cette période, on peut
encore distinguer certaines
époques, sous-époques. L'instinct
d'imitation qui émane de l'être le
plus intime de l'humain jusqu'à
l'âge de sept ans s'étend encore,
en s'affaiblissant, mais en se
manifestant clairement, au-delà de
la septième année jusqu'à la
neuvième année. Et celui qui, par
la science de l'esprit,
s'approprie un sens vivant de la
manière dont se manifeste chez
chaque enfant cette interaction de
la capacité d'imitation, du besoin
d'autorité dans tout apprentissage
et vis-à-vis de toute éducation,
pourra voir dans chaque enfant,
même s'il a la plus grande classe
devant lui, un problème
d'éducation propre. Car un tel
humain, en tant qu'éducateur et
enseignant, ne pourra pas
s'adonner à une quelconque
pédagogie normative, à une
pédagogie qui, à son tour, pose
des principes abstraits, par
exemple à partir de
l'intellectualisme : c'est ainsi
qu'il faut éduquer, ou c'est ainsi
qu'il faut éduquer -- non, celui
qui est devenu enseignant par la
science de l'esprit voit dans
l'enfant en devenir quelque chose
que l'artiste voit dans chaque
individu qu'il crée : toujours une
nouveauté et une nouveauté. Il n'y
a pas de principes pédagogiques
abstraits, il y a une découverte
vivante de l'enfant, une création
à partir de l'enfant lui-même, une
résolution de l'énigme de ce qui
est caché dans l'enfant, de ce qui
veut sortir par la corporalité en
tant que spirituel-âme. Car c'est
le propre de la connaissance de
l'esprit, qui doit être appliquée
avant tout dans l'art de
l'éducation, que cette
connaissance de l'esprit ramène
l'humain à la vitalité immédiate.
Ce n'est pas le cas de
l'intellectualisme, de la
connaissance abstraite. Si j'ai
compris quelque chose de manière
abstraite, eh bien, je l'ai
compris, je le transporte ensuite
dans la vie. Je me souviens tout
au plus de ce que j'ai déjà
appris. Il n'en va pas de même
pour la connaissance de l'esprit.
Celui qui n'a fait que quelques
pas dans cette connaissance de
l'esprit sait que cette
connaissance de l'esprit ne donne
rien dont on puisse simplement se
souvenir. De même, la connaissance
de l'esprit ne donne rien dont on
puisse simplement se souvenir,
tout comme ce que j'ai mangé et bu
aujourd'hui peut me donner quelque
chose dont je puisse simplement me
souvenir demain et les jours
suivants ; on n'est pas satisfait
en tant qu'être humain si l'on ne
doit se souvenir que de ce que
l'on a mangé il y a quatre
semaines. Mais on est satisfait,
en tant qu'être humain qui a
assimilé une connaissance
abstraite, si l'on se souvient de
ce que l'on a appris ou acquis il
y a quatre semaines. Il n'en va
pas de même avec la connaissance
de l'esprit. La connaissance de
l'esprit s'entrelace avec l'être
humain, elle descend, est digérée
et doit toujours être ravivée,
elle entre ainsi dans les
phénomènes de la vie.
|
15
|
Nun
sind es gerade die Jahre vom
Zahnwechsel bis zu der
Geschlechtsreife, in denen man das
Kind zu betreuen hat in
Unterricht und Erziehung während
seiner sogenannten Volksschulzeit.
Aber auch in dieser Zeit kann man
noch gewisse Epochen,
Unterepochen unterscheiden.
Dasjenige, was als
Nachahmungstrieb aus der innersten
Wesenheit des Menschen heraus bis
zum siebenten Jahre waltet, es
erstreckt sich noch in seiner
Abschwächung, aber deutlich sich
offenbarend, über das siebente
Jahre hinaus bis ins neunte
Lebensjahr hinein. Und derjenige,
der sich aneignet durch
Geisteswissenschaft einen
lebendigen Sinn, wie in jedem
einzelnen Kinde zum Vorschein
kommt dieses Zusammenspielen von
Nachahmungsfähigkeit, von
Autoritätsbedürfnis in allem
Lernen und gegenüber aller
Erziehung, der wird in jedem
Kinde, selbst wenn er die größte
Klasse vor sich hat, ein eigenes
Erziehungsproblem sehen können.
Denn ein solcher Mensch als
Erzieher und Lehrer wird nicht
hingegeben sein können irgendeiner
Normpädagogik, nicht einer
Pädagogik, die wiederum abstrakte
Grundsätze etwa aufstellt aus dem
Intellektualismus heraus : so muß
man erziehen, oder so muß man
erziehen -- nein, derjenige, der
durch Geisteswissenschaft zum
Lehrer geworden ist, der sieht in
dem werdenden Kinde etwas, was der
Künstler in jedem einzelnen, das
er schafft, sieht: immer wieder
ein Neues und ein Neues. Da gibt
es nicht abstrakte pädagogische
Grundsätze, da gibt es ein
lebendiges Sich-Hineinfinden in
das Kind, ein Herausschaffen aus
dem Kinde selbst, ein Rätsellösen
desjenigen, was im Kinde verborgen
ist, was durch die Leiblichkeit
als ein Geistig-Seelisches heraus
will. Denn das ist das
Eigentümliche beim
Geist-Erkennen, das vor allen
Dingen in der Erziehungskunst zur
Anwendung kommen muß, daß dieses
Geist-Erkennen den Menschen
zurückführt zur unmittelbaren
Lebendigkeit. Das ist beim
Intellektualismus, beim abstrakten
Erkennen nicht der Fall. Wenn ich
abstrakt irgend etwas aufgefaßt
habe, nun, da habe ich es
aufgefaßt, da trage ich es dann
weiter ins Leben fort. Da erinnere
ich mich höchstens an dasjenige,
was ich schon gelernt habe. So ist
es bei der Geist-Erkenntnis nicht.
Derjenige, der nur einige Schritte
in dieser Geist-Erkenntnis gemacht
hat, der weiß, daß diese
Geist-Erkenntnis nichts gibt,
woran man sich bloß erinnern kann.
Ebensowenig gibt Geist-Erkenntnis
etwas, woran man sich bloß
erinnern kann, wie dasjenige, was
ich heute gegessen und getrunken
habe, mir etwas geben kann, woran
ich mich morgen und die folgenden
Tage bloß erinnern kann; man ist
nicht zufrieden als Mensch, wenn
man sich nur erinnern soll an
dasjenige, was man gegessen hat
vor vier Wochen. Aber man ist
zufrieden als Mensch, der eine
abstrakte Erkenntnis aufgenommen
hat, wenn man sich an das
erinnert, was man vor vier Wochen
gelernt hat oder sich angeeignet
hat. Mit Geist-Erkenntnis ist es
nicht so. Geist-Erkenntnis verwebt
sich dem menschlichen Wesen, geht
hinunter, wird verdaut und muß
immer neu belebt werden, geht so
hinein in die Erscheinungen des
Lebens.
|
Si quelqu'un était un
grand chercheur d'esprit dans sa
quarantième année et qu'il ne
continuait pas à entretenir un
contact vivant avec ce qui est à
connaître, il mourrait de faim par
rapport au contenu
psycho-spirituel, comme mourrait
de faim celui qui cesserait de
manger à l'âge de quarante ans. La
connaissance abstraite telle que
la science de la nature l'a rendue
grande, peut se contenter de
phénomènes. Elle est terminée une
fois pour toutes. La connaissance
spirituelle met l'être humain en
pendant vivant avec son
environnement, elle doit sans
cesse être renouvelée si elle ne
veut pas mourir, elle devient
semblable dans la vie à ce que
sont, dans un domaine inférieur,
le manger et le boire.
|
16
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Wenn
irgend jemand ein großer
Geistesforscher wäre in seinem
vierzigsten Lebensjahre und er
würde nicht fortpflegen immerfort
den lebendigen Umgang mit dem, was
zu erkennen ist, er würde
gegenüber dem seelisch-geistigen
Inhalt so verhungern, wie jemand
verhungern würde, der mit seinem
vierzigsten Jahre zu essen
aufhörte. Abstrakte Erkenntnis,
wie sie die Naturwissenschaft groß
gemacht hat, die kann zufrieden
sein mit Erscheinungen. Die ist
einmal abgeschlossen.
Geist-Erkenntnis bringt den
Menschen in lebendigen
Zusammenhang mit seiner Umgebung,
muß immerfort erneuert werden,
wenn sie nicht absterben soll,
wird im Leben ähnlich, wie auf
einem niedrigeren Gebiete Essen
und Trinken.
|
En disant cela, le monde
devrait reconnaître à quel point
cette connaissance de l'esprit est
radicalement différente de celle
que l'on croit aujourd'hui être la
seule possible. Mais
représentez-vous que cette
connaissance de l'esprit imprègne
tout ce que l'éducateur et
l'enseignant veulent faire,
qu'elle imprègne ses actes, ses
pensées lorsqu'il entre dans la
salle de classe, comme le fer
vivifie notre sang - imaginez un
état d'esprit qui vient d'une
connaissance de l'esprit et qui
sait que vous devez vous occuper
de chaque individu en particulier,
que vous ne pouvez rien retenir,
que vous devez faire face à chaque
enfant comme à une nouvelle énigme
- cela donne en premier une
véritable pédagogie, une pédagogie
vivante. Aujourd'hui, on parle
beaucoup d'éduquer
l'individualité. On donne aussi
toutes sortes de beaux principes
abstraits à ce sujet - on
n'obtiendra rien de cette manière.
On n'obtiendra quelque chose pour
notre époque exigeante en matière
de vie que si l'on fonde une
pédagogie en tant qu'art. Cette
pédagogie en tant qu'art, qui
regarde à l'intérieur de l'humain
à tout moment, oublie la science
de la connaissance, comme
l'artiste se débarrasse de toute
esthétique et de tout lorsqu'il
veut créer positivement. À quoi
"nous servent tous les principes
sur la beauté si nous voulons
façonner l'argile ! Celui qui sait
ce qu'est la création artistique
me donne raison. À quoi servent
toutes les règles pédagogiques si
nous devons commencer à déchiffrer
et à développer ce qui se trouve
dans l'âme et l'esprit de l'enfant
? Il s'agit ici de devenir des
artistes en tant que pédagogues.
Nous pouvons le devenir si la
science de l'esprit pénètre dans
notre civilisation en tant
qu'élément vivant.
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17
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Indem
man so etwas ausspricht, sollte
die Welt erkennen, wie radikal
verschieden diese Geist-Erkenntnis
von derjenigen ist, von der man
heute glaubt, daß sie die einzig
mögliche ist. Aber stellen Sie
sich vor, diese Geist-Erkenntnis
durchdringend alles dasjenige, was
der Erzieher und der Unterrichter
tun will, so durchdringend, seine
Handlungen, seine Gedanken, wenn
er das Schulzimmer betritt, wie
das Eisen unser Blut belebt —
stellen Sie sich vor eine
Gesinnung, die aus einer
Geist-Erkenntnis kommt und die
weiß: du mußt jedes einzelne
Individuum besonders anfassen, du
kannst dir nichts merken, du mußt
jedem Kinde als einem neuen Rätsel
gegenüberstehen — das gibt erst
eine wirkliche Pädagogik, eine
lebensvolle Pädagogik. Man redet
heute viel davon, man soll die
Individualität erziehen. Man gibt
auch allerlei schöne abstrakte
Grundsätze darüber — dadurch wird
man nichts erreichen. Erreichen
für unsere Leben fordernde Zeit
wird man nur dadurch etwas, daß
man eine Pädagogik als Kunst
begründet. Diese Pädagogik als
Kunst, die hineinschaut jederzeit
aufs neue in den Menschen, sie
vergißt die
Erkenntniswissenschaft, wie der
Künstler alle Ästhetik und alles
wegwirft, wenn er positiv schaffen
will. Was "nützen uns alle
Grundsätze über das Schöne, wenn
wir den Ton formen wollen!
Derjenige, der weiß, was
künstlerisch Schaffen ist, der
gibt mir recht darin. Was nützen
uns alle pädagogischen Regeln,
wenn wir dasjenige, was als
Seelisch-Geistiges im Kinde ist,
zu enträtseln beginnen und
entwickeln sollen? Da handelt es
sich darum, daß wir als Pädagogen
zu Künstlern werden. Das können
wir werden, wenn in unsere
Zivilisation Geisteswissenschaft
als ein lebendiger Bestandteil
eindringt.
|
Mais nous verrons alors
aussi comment, à l'âge où le sens
de l'imitation et le sens de
l'autorité s'équilibrent entre
sept et neuf ans, nous devons
former la volonté, comment nous ne
devons pas accorder trop
d'importance à l'intellect de
l'enfant. Nous ne devons surtout
pas transmettre à l'enfant, de
manière non artistique, ce qui est
fixé par la convention humaine.
Nous ne devons pas amener à
l'enfant, comme une convention, ce
qui parle simplement à
l'intellect. C'est aussi la forme
des lettres, c'est aussi
l'écriture, la lecture. Tout cela,
tel que nous l'avons aujourd'hui,
car nous ne sommes plus à l'époque
de l'ancienne écriture
pictographique, repose sur une
convention humaine. Nous devons
nous en débarrasser. C'est
pourquoi, à l'école Waldorf, on
essaie de faire naître la lecture
et l'écriture - d'abord l'écriture
- à partir de l'artistique. On
essaie d'abord de dessiner, voire
de peindre, des formes à partir
desquelles on peut ensuite
construire les formes des lettres
; donc d'abord l'artistique, puis
l'intellectuel. Mais pour que ce
que la nature de l'enfant désire
vraiment à cette époque puisse
germer de la bonne manière, tout
doit être conçu en fonction de cet
enseignement artistique. Et
maintenant que nous donnons notre
enseignement à l'école Waldorf
depuis quelques mois seulement,
nous voyons comment il est
vraiment possible de travailler à
partir de l'artistique, comment il
est possible, surtout dans le
domaine de la musique, du chant,
de l'eurythmie, de l'art des sons
animés - car c'est encore
l'eurythmie pour l'enfant -,
comment il est possible de donner
à l'enfant quelque chose que sa
nature exige, que sa nature veut,
mais qui en même temps rend le
sens artistique flexible, le sens
artistique enclin à recevoir le
monde entier de manière
artistique. Alors, à l'approche de
la neuvième année, lorsque
l'humain peut établir son rapport
entre le moi et le monde
extérieur, on peut se diriger
expérimentalement vers ce qui est
une description de la nature, on
peut alors faire naître la science
à partir de l'artistique.
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18
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Dann
werden wir aber auch sehen, wie
wir in der Zeit, wo zwischen dem
siebenten und neunten Jahre der
Nachahmungssinn mit dem
Autoritätssinn sich die Waage
hält, wie wir da gerade den Willen
ausbilden müssen, wie wir da nicht
auf den Intellekt des Kindes zu
große Bedeutung legen dürfen. Da
dürfen wir vor allen Dingen nicht
unkünstlerisch an das Kind
heranbringen, was durch
menschliche Konvention festgelegt
ist. Wir dürfen nicht dasjenige,.
was bloß zum Intellekt spricht,
als Konvention an das Kind
heranbringen. Das sind auch die
Buchstabenformen, das ist auch
Schreiben, Lesen. All das beruht,
so wie wir es heute haben, denn
wir sind nicht mehr in der Zeit
der alten Bilderschrift, auf
menschlicher Konvention. Wir
müssen davon loskommen. Daher wird
in der Waldorfschule versucht,
Lesen und Schreiben — zunächst
Schreiben — aus dem Künstlerischen
hervorzurufen. Es wird versucht,
zuerst solche Formen zu zeichnen,
ja auch zu malen, aus denen sich
dann aufbauen lassen die
Buchstabenformen; also erst das
Künstlerische, daraus dann das
Intellektualistische. Damit aber
dasjenige, was eigentlich die
Kindesnatur begehrt in diesem
Zeitalter, in der richtigen Weise
aufsprossen kann, muß alles auf
diesen künstlerischen Unterricht
angelegt sein. Und jetzt, wo wir
erst einige Monate in der
Waldorfschule unseren Unterricht
geben, jetzt sehen wir, wie
wirklich aus dem Künstlerischen
sich heraus arbeiten läßt, wie es
möglich ist, vor allen Dingen im
Musikalischen, im Gesanglichen, im
Eurythmischen, in beseelter
Tonkunst — denn das ist für das
Kind noch die Eurythmie —, wie es
möglich ist, in alledem dem Kinde
etwas zu geben, das seine Natur
fordert, das seine Natur will, das
aber zu gleicher Zeit den
künstlerischen Sinn biegsam macht,
den künstlerischen Sinn geneigt
macht, die ganze Welt in
künstlerischer Weise
entgegenzunehmen. Dann kann man,
wenn das neunte Jahr herankommt,
wo der Mensch sein Verhältnis
setzen kann zwischen dem Ich und
der Außenwelt, dann kann man
experimentell zusteuern auf
dasjenige, was Naturbeschreibung
ist, dann kann man Wissenschaft
hervorrufen aus dem
Künstlerischen.
|
Toutefois, il faut
toujours tenir compte du fait -
aussi étrange, aussi trivial que
cela puisse paraître, il faut le
dire - que l'humain est l'humain.
L'aménagement de ce que l'on
appelle l'emploi du temps, tel que
nous l'avons souvent aujourd'hui,
ne tient pas compte du fait que
l'humain est un être humain. Il
n'y a rien de plus antipédagogique
que d'enseigner à l'enfant trois
quarts d'heure de ceci, puis trois
quarts d'heure de quelque chose de
totalement opposé. Trois quarts
d'heure de religion, trois quarts
d'heure de calcul, trois quarts
d'heure d'écriture et ainsi de
suite. A l'école Waldorf, nous
cherchons à tout faire ressortir
des lois qui s'expriment dans
l'âme et l'esprit de l'enfant. Il
est cependant nécessaire de
pratiquer quelque chose, par
exemple le calcul, pendant trois,
quatre, cinq ou six semaines,
uniquement et exclusivement, sans
horaire, et ce n'est que lorsque
l'on a assimilé un certain volume
de travail que l'on passe à autre
chose. Cela devient une
concentration de l'enseignement. A
la fin de l'année scolaire, on
peut alors résumer tout ce qui
entre en ligne de compte par des
révisions. Mais l'emploi du temps
est en fait l'ennemi de tout
véritable art éducatif.
|
19
|
Allerdings
muß da darauf Rücksicht genommen
werden immer -so sonderbar, so
trivial es klingt, es muß gesagt
werden —, daß der Mensch Mensch
ist. Nicht Rücksicht darauf, daß
der Mensch Mensch ist, nimmt die
Einrichtung, wie wir sie heute
vielfach haben, des sogenannten
Stundenplanes. Nichts
Unpädagogischeres gibt es, als dem
Kinde beizubringen
Dreiviertelstunden das, nachher
gleich Dreiviertelstunden etwas
ganz Entgegengesetztes.
Dreiviertelstunden Religion,
Dreiviertelstunden Rechnen,
Dreiviertelstunden Schreiben und
so weiter. Wir suchen in der
Waldorfschule alles hervorzuholen
aus den Gesetzen, die im
Seelisch-Geistigen des Kindes sich
selber aussprechen. Da ist
allerdings nötig, daß man irgend
etwas, zum Beispiel Rechnen, durch
drei, vier, fünf bis sechs Wochen
einzig und allein treibt, ohne
Stundenplan, und erst wenn man ein
bestimmtes Pensum aufgearbeitet
hat, geht man zu etwas anderem
über. Das wird Konzentration des
Unterrichtes. Es kann dann am Ende
des Schuljahres durch
Wiederholungen alles, was in
Betracht kommt, zusammengefaßt
werden. Aber der Stundenplan, der
ist eigentlich der Feind jeder
wirklichen Erziehungskunst.
|
Et c'est ainsi que l'on
parvient non seulement à obtenir
quelque chose en ce qui concerne
la direction éducative et
pédagogique de l'enfant, mais
aussi à déduire les nécessités du
plan d'études à partir du
développement de l'enfant
lui-même. Lorsque j'ai donné aux
enseignants de l'école Waldorf le
cours pédagogique qui les a
préparés à leur tâche, j'ai
surtout veillé à élaborer un
programme d'enseignement qui soit
en fait le simple résultat de ce
que l'enfant exige de la sixième,
septième à la huitième, neuvième
année, de la neuvième à la
douzième année, de la douzième
année à la maturité sexuelle. Si
l'on a le sens et la compréhension
de l'être humain par la science de
l'esprit, on peut lire d'année en
année ce qui doit être fait à
partir de ce que la nature humaine
développe de manière élémentaire,
et on peut le lire avec un sens
pédagogique profond, en entrant
dans la salle de classe, à partir
de ce que nous disent les visages
des enfants assis devant nous.
C'est ainsi que l'on tente - je ne
peux que vous en donner une
esquisse, je ne peux évidemment
pas décrire ces choses dans tous
les détails - d'apporter une vie
directe par la science de l'esprit
dans l'un des domaines sociaux les
plus importants, l'art de
l'éducation.
|
20
|
Und
auf diese Weise gelangt man dazu,
nicht nur in bezug auf die
erzieherische und unterrichtende
Führung des Kindes etwas zu
erringen, sondern man gelangt
dazu, aus der Entwickelung des
Kindes selber die Notwendigkeiten
des Lehrplanes abzulesen. Als ich
für die Lehrer der Waldorfschule
den pädagogischen Kursus
abgehalten habe, der sie
vorbereitet hat zu ihrer Aufgabe,
da war ich vor allen Dingen darauf
bedacht, einen Lehrplan
auszuarbeiten, der eigentlich das
bloße Ergebnis desjenigen ist, was
das Kind verlangt vom sechsten,
siebenten bis zum achten, neunten
Jahre, vom neunten Jahre bis zum
zwölften Jahre, vom zwölften Jahre
bis zur Geschlechtsreife. Ablesen
aus dem, was elementar die
Menschennatur entwickelt,
dasjenige, was getan werden soll,
man kann es, wenn man Sinn und
Verständnis für das Menschenwesen
durch Geisteswissenschaft hat, von
Jahr zu Jahr, und man kann es,
wenn man das Schulzimmer betritt,
mit tiefem pädagogischen Sinn
ablesen dem, was einem die
Gesichter der Kinder sagen, die
vor einem sitzen. So wird versucht
— ich kann es Ihnen nur
skizzieren, kann
selbstverständlich nicht diese
Dinge bis in alle Einzelheiten
schildern —, durch
Geisteswissenschaft unmittelbares
Leben hineinzubringen in eines der
wichtigsten sozialen Gebiete, in
die Erziehungskunst.
|
Toutes les abstractions,
tout ce qui fait la grandeur de la
technique, ne sont pas fructueuses
lorsqu'il s'agit de rassembler les
humains. Le véritable art de
l'éducation doit chercher ses
sources dans la science de
l'esprit. Elle ne pourra le faire
que si, dans le sens de la
triarticulation de l'organisme
social, la vie spirituelle est
libérée de la vie étatique,
libérée de la vie économique. En
fait, ce n'est que grâce au fait
que la loi scolaire du Wurtemberg
comporte encore un trou dans
lequel on pouvait se glisser,
qu'il a été possible d'y faire
entrer l'école Waldorf en tant
qu'école libre, dans laquelle on
peut vraiment procéder selon des
principes pédagogiques et
artistiques. Pour accepter la
science de l'esprit, il n'est pas
nécessaire de devenir chercheur en
sciences de l'esprit. De même que
l'on peut accepter l'astronomie
moderne ou la chimie moderne sans
avoir besoin de devenir astronome
ou chimiste, de même que l'on n'a
besoin que du bon sens, de même
n'a-t-on besoin que du bon sens,
si seulement on ne se laisse pas
influencer par des préjugés, pour
accueillir ce que le chercheur en
sciences spirituelles fait
remonter à la surface des
profondeurs de l'âme. Mais si l'on
s'imprègne de ce qui est reconnu à
partir de pensées portées par la
volonté, à partir d'un vouloir
porté par la pensée, alors on
obtient aussi l'enthousiasme
nécessaire pour la vie, qui manque
à l'humanité endormie
d'aujourd'hui et qui doit venir si
l'on veut que les choses
s'améliorent.
|
21
|
Alle
Abstraktionen, alles dasjenige,
was die Technik groß macht, das
ist nicht fruchtbar da, wo es sich
darum handelt, die Menschen
zusammenzubringen. Wirkliche
Erziehungskunst, sie wird ihre
Quellen suchen müssen in der
Geisteswissenschaft. Sie wird es
nur können, wenn im Sinne der
Dreigliederung des sozialen
Organismus das geistige Leben
befreit ist vom staatlichen,
befreit ist vom wirtschaftlichen
Leben. Eigentlich nur dadurch, daß
das Württembergische Schulgesetz
noch ein Loch hat, in das man
hineinschlüpfen konnte, war es
möglich, die Waldorfschule in
dieses Loch hineinzubringen als
eine freie Schule, in der wirklich
verfahren werden kann nach
pädagogisch-künstlerischen
Prinzipien. Um die
Geisteswissenschaft anzunehmen,
braucht man nicht Geistesforscher
zu werden. So wie man die moderne
Astronomie oder die moderne Chemie
annehmen kann und man nicht
Astronom oder Chemiker zu werden
braucht, wie man dazu nur den
gesunden Menschenverstand nötig
hat, so hat man auch nur den
gesunden Menschenverstand nötig,
wenn man sich nur nicht von
Vorurteilen beeinflussen läßt, um
dasjenige aufzunehmen, was der
geisteswissenschaftliche Forscher
aus den Tiefen der Seele an die
Oberfläche fördert. Aber wenn man
sich durchdringt mit dem, was aus
willen-getragenen Gedanken, aus
gedankengetragenem Wollen heraus
erkannt wird, dann bekommt man
auch die nötige
Lebensbegeisterung, die der
heutigen schlafenden Menschheit
fehlt und die kommen muß, wenn es
besser werden soll.
|
Tant qu'un nombre
suffisamment important de
personnes n'exigera pas
énergiquement ce qui est
nécessaire à une nouvelle
construction, celle-ci ne sortira
pas d'elle-même d'un coin
quelconque. L'évolution actuelle
de l'humanité est prédisposée à
exiger les grands objectifs de la
vie à partir de la volonté, de la
volonté consciente. Nous avons
mené assez longtemps cette
politique qui regarde toujours
avec diplomatie ce qui se trouve
là [lacune] et après laquelle on
dit : cela finira par s'arranger.
Aujourd'hui, les gens voient la
situation se dégrader de jour en
jour ; chaque jour, ils croient
que ce qui vient de se produire va
rester. On n'a pas le moindre sens
pour le fait que dans le déclin
doit être reconnue la force du
relèvement. Et ainsi, comme dans
l'art de l'éducation, il faudra
aussi chercher dans la vie
populaire les forces qui peuvent
conduire à une nouvelle
construction. Là aussi, il ne peut
s'agir que des forces qui viennent
de l'esprit, de la connaissance de
l'esprit, de la contemplation de
l'esprit. Comme les deux éléments
de l'âme auxquels j'ai fait
allusion s'opposent aujourd'hui
dans notre vie sociale, dans notre
vie populaire ! La pensée
abstraite, que tout humain possède
en fait - il est tout à fait
indifférent que l'on soit sorti de
l'atelier du cordonnier, que l'on
soit le fils du cordonnier ou
[lacune], si l'on est arrivé à un
certain niveau de pensée. Cette
pensée, elle est indépendante de
la personnalité, c'est à partir de
cette pensée que l'on a son point
de vue. Mais tous ces points de
vue ne sont en fait pas
nécessaires, car chaque être
humain a en fait le droit d'avoir
son propre point de vue, et il
pourrait en fait parcourir le
monde avec ce point de vue comme
un solitaire. On n'a pas besoin de
vivre ensemble si chacun a "son
point de vue", si personne n'a
rien à dire à l'autre.
|
22
|
Bevor
nicht von einer genügend großen
Anzahl von Menschen energisch
verlangt wird dasjenige, was
notwendig ist zu einem Neuaufbau,
wird es nicht aus irgendwelcher
Ecke von selbst heraus kommen. Die
heutige Menschheitsentwickelung
ist dazu veranlagt, aus dem
Wollen, aus dem bewußten Wollen
heraus die großen Lebensziele zu
fordern. jene Politik haben wir
lange genug getrieben, die immer
diplomatisch hinschaut auf
dasjenige, was dort [Lücke] und
nach der man sagt: es wird sich
schon wieder geben. Heute sehen
die Menschen, wie es täglich
schlechter wird; jeden Tag von
neuem glauben sie, es bleibe bei
dem, was gerade eingetreten ist.
Man hat nicht den geringsten Sinn
dafür, daß erkannt werden muß im
Niedergange die Kraft des
Aufganges. Und so wird man, wie in
der Erziehungskunst, auch im
Volksleben suchen müssen selbst
diejenigen Kräfte, die zum
Neuaufbau führen können. Es können
auch da nur jene Kräfte sein,
welche da kommen aus dem Geiste,
aus der Erkenntnis des Geistes,
aus dem Anschauen des Geistes. Wie
stehen sich doch jene zwei
Seelenelemente in unserem sozialen
Leben, in unserem Volksleben heute
gegenüber, auf die ich
hingedeutet habe! Das abstrakte
Denken, das eigentlich jeder
Mensch hat — es ist ja ganz
gleichgültig, ob man
herausgewachsen ist aus der
Schusterwerkstätte, der Sohn des
Schusters ist oder [Lücke], wenn
man es bis zu einer Stufe des
Denkens gebracht hat. Dieses
Denken, es ist unabhängig vom
Persönlichen, von diesem Denken
aus hat man seinen Standpunkt.
Aber diese Standpunkte sind ja
alle eigentlich nicht notwendig,
denn jeder Mensch hat eigentlich
das Recht für seinen eigenen
Standpunkt, und er könnte
eigentlich mit diesem Standpunkt
als ein Einsamer durch die Welt
ziehen. Man braucht gar nicht
miteinander zu leben, wenn jeder
«seinen Standpunkt» hat, wenn
keiner dem anderen etwas zu sagen
hat.
|
Mais c'est le propre de
la connaissance de l'esprit que de
s'affranchir complètement de ces
"points de vue", de cette position
sur des points de vue, pour
devenir en fait quelque chose qui
rend les humains réceptifs à la
vie, à une véritable école. Celui
qui se familiarise avec la science
de l'esprit dans le sens où nous
l'entendons ici en tant que
science d'orientation
anthroposophique, telle qu'elle
est représentée par l'édifice de
Dornach, pour lui, chaque personne
qu'il rencontre dans la vie
devient un problème intéressant.
L'enfant lui-même, c'est justement
important pour l'art de
l'éducation ; l'enfant devient un
problème intéressant. Et de même
que dans la vie physique on
ressent la faim par rapport à la
nature extérieure, de même qu'on
doit s'unir à la nature
extérieure, de même on ressent, en
tant que spécialiste de la science
de l'esprit, le besoin de se
confronter toujours et encore à ce
que les autres humains pensent, à
ce que les autres humains pensent,
ressentent et veulent. La science
de l'esprit nous met en contact
avec les humains dans le sens le
plus large du terme.
|
23
|
Das
aber ist das Eigentümliche bei der
Geist-Erkenntnis, daß sie von
diesen «Standpunkten», von diesem
Stehen auf Standpunkten ganz
loskommt, daß sie eigentlich wird
etwas, was Menschen empfänglich
macht für das Leben, für eine
wahre Schule. Derjenige, der sich
mit Geisteswissenschaft in dem
Sinne, wie sie hier als
anthroposophisch orientierte
gemeint ist, wie sie durch den
Dornacher Bau repräsentiert wird,
bekannt macht, für den wird jeder
einzelne Mensch, dem er im Leben
begegnet, ein interessantes
Problem. Das Kind selbst, das ist
ja wichtig gerade für die
Erziehungskunst; das Kind wird
ein interessantes Problem. Und so
wie man im physischen Leben Hunger
fühlt gegenüber der äußeren Natur,
wie man sich verbinden muß mit der
äußeren Natur, so fühlt man als
Geisteswissenschafter das
Bedürfnis, sich immer und immer
mit dem auseinanderzusetzen, was
andere Menschen meinen, was andere
Menschen denken, empfinden und
wollen. Geisteswissenschaft bringt
uns im weitesten Umfange mit den
Menschen zusammen.
|
Aujourd'hui, le chercheur
en sciences humaines peut dire
avant tout que lorsqu'il lit
d'autres visions du monde, il les
laisse agir sur lui différemment
des autres humains. Il s'interroge
moins sur ce qui est erreur ou
vérité, car c'est le plus souvent
son propre point de vue qui en
décide, et c'est sur ce point de
vue je me suis donc tout de suite
exprimé. Mais, quelle que soit
l'erreur présumée produite par tel
ou tel en pensant ou en agissant,
ce que l'être humain nous présente
est le complément de notre propre
être lorsque nous nous imprégnons
de la science de l'esprit. De même
que le naturaliste a besoin de se
confronter à l'expérimentation, le
chercheur de l'esprit a besoin de
se confronter à tout ce qui est
humain. S'il fonde une vision du
monde, celle-ci devient une
impulsion sociale, parce qu'elle
ne sépare pas les humains, parce
qu'elle les rassemble ; parce
qu'elle introduit à son tour la
vie individuelle dans ce qui n'est
sinon qu'un point de vue abstrait
que chacun peut avoir vis-à-vis de
tous. Le chercheur d'esprit se
trouve face au petit enfant qui ne
sait peut-être que balbutier, qui
ne sait peut-être même pas
balbutier, qui peut lui révéler
des secrets à partir de regards
élémentaires à travers son œil
encore tout enfantin. Il reçoit
des révélations de tout ce qui est
humain. Ainsi, ce que la science
de l'esprit a à dire, si on
l'intègre une fois dans la vie
humaine, devient une impulsion
pour la vie sociale des humains.
De même que la connaissance
scientifique a extrait du langage
humain le contenu de la pensée, de
même qu'elle a créé la phrase, de
même la science de l'esprit
introduira dans notre langage une
substantialité spirituelle
vivante, et notre langage, par le
fait que la science de l'esprit
conduit l'humain à l'humain,
deviendra le principal moyen
d'amélioration sociale pour les
temps à venir.
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24
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Heute
kann der Geisteswissenschafter vor
allen Dingen sagen: wenn er andere
Weltanschauungen liest, oh, er
läßt sie anders auf sich wirken
als andere Menschen. Er fragt
weniger nach dem, was Irrtum oder
Wahrheit ist, denn das ist ja
zumeist nur der eigene Standpunkt,
der darüber entscheidet, und über
diesen Standpunkt habe ich mich ja
gerade ausgesprochen. Aber wie
groß auch der vermeintliche Irrtum
sein mag, der von dem oder jenem
hervorgebracht wird denkend oder
handelnd, dasjenige, was der
Mensch uns darlebt, es ist die
Ergänzung unseres eigenen Wesens,
wenn wir uns von
Geisteswissenschaft durchdringen.
So wie der Naturforscher das
Bedürfnis hat, sich mit dem
Experiment auseinanderzusetzen, so
hat der Geistesforscher das
Bedürfnis, sich mit allem
Menschlichen auseinanderzusetzen.
Begründet er eine Weltanschauung,
so wird sie zu einem sozialen
Impuls, weil sie die Menschen
nicht auseinanderbringt, weil sie
die Menschen zusammenführt; weil
sie wiederum individuelles Leben
hineinbringt in dasjenige, was
sonst nur abstrakter Standpunkt
ist, den jeder jedem gegenüber
haben kann. Der Geistesforscher,
er tritt dem kleinen Kinde
gegenüber, das vielleicht nur
lallen kann, vielleicht nicht
einmal lallen kann, das aus
elementaren Blicken heraus ihm
Geheimnisse durch das noch ganz
kindliche Auge enthüllen kann. Er
empfängt Offenbarungen von allem
Menschlichen. Dadurch wird
dasjenige, was
Geisteswissenschaft zu sagen hat,
wenn man es nur einmal aufnehmen
wird in das menschliche Leben, zum
Impuls für soziales Zusammensein
der Menschen. So wie die
naturwissenschaftliche Erkenntnis
herausgeholt hat aus der
menschlichen Sprache den
Gedankeninhalt, so wie sie die
Phrase geschaffen hat, so wird
Geisteswissenschaft in unsere
Sprache hineingeheimnissen
lebendige geistige
Substantialität, und unsere
Sprache wird dadurch, daß
Geisteswissenschaft den Menschen
zum Menschen führt, zu dem
wichtigsten sozialen
Besserungsmittel für die kommende
Zeit werden.
|
Et c'est tout de suite
parce que la connaissance est
devenue si abstraite d'un côté,
que la volonté est devenue
dépendante des simples émotions,
des simples instincts personnels,
comme je l'ai aussi expliqué
aujourd'hui. Du fait que la
science de l'esprit crée ses
contenus à partir de la volonté
portée par la pensée, ce qu'elle
peut donner à l'humain est la base
d'intérêts plus vastes que ceux
que peuvent donner le simple
sentiment personnel, le simple
égoïsme personnel. En conclusion,
qu'est-ce qui est devenu
l'impactant dans la vie sociale au
cours des trois ou quatre derniers
siècles ? L'impactant est devenu
l'égoïsme. Si l'on ne peut pas
s'élever par la connaissance
[lacune] vers l'humain, si
l'humain ne peut pas nous
pénétrer, alors nous ne pouvons
faire valoir que l'égoïsme dans la
vie sociale. Mais dès l'instant où
nous avons la vie de l'esprit dans
son indépendance, et que nous
pouvons ainsi fonder cette
indépendance dans l'art de
l'éducation que j'ai esquissée
aujourd'hui, et dès l'instant où
nous imprégnons notre volonté
d'idées, nous pouvons trouver le
chemin de l'humain à l'humain dans
notre vie économique, nous pouvons
former des associations à partir
des états de professions, nous
pouvons former des associations à
partir de la réunion de
consommateurs et de producteurs,
nous pouvons former une structure
économique dans l'organisme social
qui est précisément construite sur
ce qu'un humain peut apprendre
d'un autre, sur ce qu'un humain
peut expérimenter d'un autre. La
routine de la vie se transforme
ainsi en pratique de la vie. Plus
on observe la vie humaine de
l'intérieur, plus on regarde la
vie humaine elle-même, plus la
nécessité de la triarticulation de
l'organisme social s'impose de
toutes parts. Et de même que d'un
côté la vie de l'économie est
fécondée par un vouloir imprégné
d'idées, et de l'autre la vie de
l'esprit [lacune], de même ce qui
se passe entre les humains - à
notre époque, cela ne se passe en
fait que sous forme de convention,
et ce à tel point, que l'on veut
aussi la convention sous la forme
de la Société des Nations entre
les peuples -, devient un élément
vivant dans la vie de droit
étatique, qui doit se tenir en
face des autres membres
indépendants, de la vie de
l'esprit indépendante, de la vie
de l'économie indépendante, en
tant que membre indépendant de
l'organisme social triarticulé.
Mais vous voyez en même temps,
tout de suite à partir de
l'exemple de l'art de l'éducation,
comment la science de l'esprit,
comment cette science de l'esprit
doit être la base sur laquelle
doit être édifiée la structure de
l'organisme social triarticulé,
intervient dans la vie populaire,
dans la vie sociale. Oh, à quoi
est-on arrivé à notre époque sous
l'influence des deux éléments
d'âme que nous venons de décrire ?
D'un côté, nous avons, la pensée
abstraite qui dépasse, j'aimerais
dire, toute individualité humaine,
et qui est la même chez tous les
humains qui sont parvenus à la
capacité de cette pensée
intellectuelle logiquement
abstraite. Parce que c'est la même
chose, il est nécessaire que ce
que l'humain ne peut pas acquérir
en tant qu'humain abstrait, ce
qu'il veut acquérir dans la
communauté sociale, s'appuie sur
le sous-humain, sur les simples
instincts, sur les instincts
égoïstes. Et c'est ainsi que nous
voyons, comme à l'époque du
darwinisme, où l'on a remarqué
dans le règne animal la lutte pour
l'existence, même si elle n'était
que limitée, comment les
naturalistes ont voulu devenir des
politiciens sociaux, des
scientifiques sociaux, et ont
maintenant voulu établir la lutte
pour l'existence comme une
évidence dans la vie humaine. Oui,
il est même vrai que la lutte pour
l'existence ferait rage dans la
vie humaine si seuls les instincts
de l'égoïsme pouvaient être actifs
dans la vie sociale. Et [cette
lutte pour l'existence], Lénine et
Trotsky veulent aussi la mener ;
ils ne feront qu'organiser
l'égoïsme. Cela, tous ceux qui
peuvent voir la vie humaine
aujourd'hui le savent. Tout le
reste ne sera qu'un masque. Nous
voyons déjà aujourd'hui la
fausseté interne du léninisme, qui
promet aux gens des montagnes
d'or, un temps de travail court,
et qui en est déjà arrivé à
établir un temps de travail de
douze heures, parce que cela
s'avère être une nécessité dans le
cadre du mécanisme que l'on veut
introduire.
|
25
|
Und
gerade dadurch, daß die Erkenntnis
auf der einen Seite so abstrakt
geworden ist, ist der Wille
abhängig geworden von den bloßen
Emotionen, von den bloßen
persönlichen Instinkten, wie ich
heute auch ausgeführt habe.
Dadurch, daß Geisteswissenschaft
herausschafft ihre Inhalte aus dem
gedankengetragenen Willen, dadurch
ist das, was sie dem Menschen
geben kann, die Grundlage für
weitergehende Interessen, als sie
das bloß persönliche Fühlen, der
bloß persönliche Egoismus geben
kann. Was ist denn zum Schluß in
den letzten drei bis vier
Jahrhunderten im sozialen Leben
das Ausschlaggebende geworden? Das
Ausschlaggebende ist der Egoismus
geworden. Wenn man sich nicht
erheben kann durch die Erkenntnis,
[Lücke] zu dem Menschlichen, wenn
das Menschliche uns nicht
durchdringen kann, dann können wir
im sozialen Leben nur den Egoismus
geltend machen. In dem Augenblicke
aber, wo wir das Geistesleben in
seiner Selbständigkeit haben, und
dadurch jene Selbständigkeit
begründen können in der
Erziehungskunst, die ich heute
skizziert habe, und in dem
Augenblick, wo wir unser Wollen
von Ideen durchdringen, können wir
in unserem Wirtschaftsleben den
Weg finden von Mensch zu Mensch,
können aus den Berufsständen,
können aus dem Zusammenfügen von
Konsumenten und Produzenten
Assoziationen bilden, können
bilden eine Wirtschaftsstruktur im
sozialen Organismus, die aufgebaut
ist gerade auf demjenigen, was
ein Mensch vom anderen lernen
kann, was ein Mensch vom anderen
erfahren kann. Lebensroutine wird
sich verwandeln dadurch in
Lebenspraxis. Je innerlicher man
betrachtet das Menschenleben, je
mehr man auf das Menschenleben
selbst hinsieht, desto mehr drängt
sich aus jeder Ecke die
Notwendigkeit der Dreigliederung
des sozialen Organismus heraus.
Und wie auf der einen Seite das
Wirtschaftsleben befruchtet wird
durch ein von Ideen durchdrungenem
Wollen, auf der anderen Seite das
Geistesleben [Lücke], so wird
dasjenige, was zwischen Mensch zu
Mensch sich abspielt — in der
heutigen Zeit spielt es sich
eigentlich nur als Konvention ab,
und zwar so sehr, daß man
Konvention auch will in Form des
Völkerbundes zwischen den Völkern
—, zum lebendigen Elemente im
staatlichen Rechtsleben, das als
ein selbständiges Glied im
dreigliedrigen sozialen Organismus
den anderen selbständigen
Gliedern, dem selbständigen
Geistesleben, dem selbständigen
Wirtschaftsleben gegenüberstehen
soll. Aber Sie sehen zugleich
gerade an dem Beispiel der
Erziehungskunst, wie in das
Volksleben, in das soziale Leben
hereingreift die
Geisteswissenschaft, wie diese
Geisteswissenschaft es sein muß,
auf deren Grundlagen aufgebaut
werden muß die Struktur des
dreigliedrigen sozialen
Organismus. Oh, zu was allem ist
man gekommen in der neuesten Zeit
unter dem Einflusse der zwei
geschilderten Seelenelemente! Da
haben wir auf der einen Seite das,
ich möchte sagen, über alle
menschliche Individualität
hinausgreifende abstrakte Denken,
das gleich ist bei allen Menschen,
die es zu der Fähigkeit dieses
logisch abstrakten
intellektualistischen Denkens
gebracht haben. Weil das gleich
ist, deshalb ist auch notwendig,
daß dasjenige, was der Mensch doch
nicht als abstrakter Mensch
erlangen kann, was er erwerben
will in der sozialen Gemeinschaft,
daß sich das auf das
Untermenschliche, auf die bloßen
Instinkte, auf die egoistischen
Instinkte aufbaut. Und so sehen
wir, wie in der Zeit des
Darwinismus, wo man bemerkt hat
im Tierreiche den allerdings auch
da nur eingeschränkt geltenden
Kampf ums Dasein, wie es gekommen
ist, daß Naturforscher
Sozialpolitiker,
Sozialwissenschafter werden
wollten, und nun auch im
Menschenleben den Kampf ums Dasein
statuieren wollten als das
Selbstverständliche. Ja, es ist
sogar wahr, daß der Kampf ums
Dasein im Menschenleben wüten
würde, wenn nur die Instinkte des
Egoismus im sozialen Leben tätig
sein könnten. Und [diesen Kampf
ums Dasein wollen] auch Lenin und
Trotzki statuieren; sie werden nur
den Egoismus organisieren. Das
weiß jeder, der das Menschenleben
heute durchschauen kann. Alles
übrige wird eine Maske sein. Wir
sehen schon heute die innere
Unwahrheit des Leninismus, der den
Leuten goldene Berge verspricht,
kurze Arbeitszeit, und jetzt
bereits dabei angekommen ist,
zwölfstündige Arbeitszeit zu
statuieren, weil sich das als eine
Notwendigkeit herausstellt
innerhalb des Mechanismus, den man
da einführen will.
|
Mais dans la vie humaine,
ce qui est présent en lui en tant
que pensée abstraite, ce qui est
identique chez tous les humains,
ne pourra jamais dire oui à cette
lutte pour l'existence, il sera
toujours insatisfait de cette
lutte pour l'existence, il
aspirera toujours à l'harmonie, au
dépassement de la lutte pour
l'existence. Mais si nous ne
parvenons pas à insuffler une
véritable spiritualité dans
l'intellectualisme abstrait, le
monde de l'abstraction sera trop
faible pour faire sortir l'égoïsme
de la vie sociale. Et d'un autre
côté, l'égoïsme restera brutal si
on n'y verse pas ce que seules la
connaissance de l'esprit, la
vision de l'esprit peuvent
apporter à l'humain. Ce qui se
présente aujourd'hui de manière
dualiste chez l'humain, d'un côté
l'intellectualisme abstrait, de
l'autre le simple fonctionnement
des instincts, ne peut trouver son
équilibre que si les deux peuvent
être imprégnés par l'esprit. Si
les pensées sont spiritualisées,
elles s'approchent de l'humain
individuel et font de cet humain
individuel celui qui ne veut pas
seulement avoir raison, qui ne
peut pas seulement donner ce que
les autres ne veulent pas, mais
qui doit sans cesse se confronter
aux autres humains, qui doit sans
cesse mener avec les autres
humains le langage de la pensée,
en quelque sorte, au lieu du
langage des phrases. Mais celui-ci
ne peut être mené qu'à partir
d'une vie spirituelle qui n'est
pas seulement construite sur le
souvenir, mais qui, comme la faim
et la soif, est construite sur le
renouvellement quotidien, sur la
métamorphose de la vie, qui doit
sans cesse se renouveler, quand
bien même elle serait déjà
parvenue au plus haut niveau. Cela
ne peut se produire que si les
instincts sont pénétrés par les
pensées qui naissent de la manière
que j'ai décrite aujourd'hui.
Alors, l'humain pourra vouloir,
dans le cadre de ses associations
économiques, ce qui dépasse
l'humain individuel. Alors, la vie
de l'économie pourra être
spirituelle. Il est vrai
qu'aujourd'hui, quand on regarde
le monde, quand on regarde la vie
réelle, la nécessité de ce que
l'on peut exiger comme
triarticulation de l'organisme
social se fait sentir. Ce n'est
pas une utopie. Seuls les humains
qui n'ont pas le sens de la
réalité, qui sont eux-mêmes des
utopistes, et qui déclarent donc
utopique tout ce qui ne va pas
dans leurs utopies, qualifient la
triarticulation d'utopie.
|
26
|
Aber
niemals wird im Menschenleben das,
was in ihm als abstraktes Denken
vorhanden ist, was bei allen
Menschen gleich ist, ja sagen
können zu diesem Kampf ums Dasein,
das wird immer unzufrieden sein
mit diesem Kampf ums Dasein, das
wird immer nach Harmonie, nach
Überwindung des Kampfes ums Dasein
hinstreben. Wenn wir aber nicht
dazu gelangen, hineinzugießen
wirkliche Geistigkeit in den
abstrakten Intellektualismus, so
wird die Welt der Abstraktion zu
schwach sein, um aus dem sozialen
Leben den Egoismus
herauszubringen. Und auf der
anderen Seite wird der Egoismus
brutal bleiben, wenn in ihn nicht
hineingegossen wird dasjenige, was
nur Geist-Erkenntnis, Geistesschau
über den Menschen bringen kann.
Dasjenige, was im Menschen heute
dualistisch auftritt, auf der
einen Seite der abstrakte
Intellektualismus, auf der anderen
Seite das bloße Walten der
Instinkte, es kann nur seinen
Ausgleich finden dadurch, daß
beides durchdrungen werden kann
vom Geiste. Werden die Gedanken
vergeistigt, dann werden sie an
den individuellen Menschen
herangebracht und machen diesen
individuellen Menschen zu dem, der
nicht nur recht haben will, der
nicht nur dasjenige geben kann,
was die anderen nicht wollen,
sondern der sich mit den anderen
Menschen fortwährend
auseinandersetzen muß, fortwährend
mit den anderen Menschen
gewissermaßen anstelle der
Phrasensprache die Gedankensprache
führen muß. Die wird aber nur
geführt aus einem Geistesleben
heraus, das nicht bloß auf die
Erinnerung gebaut ist, sondern das
wie Hunger und Durst auf die
tägliche Erneuerung, auf die
Metamorphose des Lebens gebaut
ist, das immerfort sich erneuern
muß, wenn es auch bis zum Höchsten
schon gediehen wäre. Das kann nur
geschehen, wenn die Instinkte
durchdrungen werden von
denjenigen Gedanken, die auf die
Art entstehen, wie ich das heute
geschildert habe. Dann wird der
Mensch innerhalb seiner
wirtschaftlichen Assoziationen
dasjenige wollen können, was über
den einzelnen Menschen hinausgeht.
Dann wird das Wirtschaftsleben
durchgeistigt sein können. Es ist
schon so, wo man die Welt auch
anfaßt heute, wo man hineinschaut
ins wirklichkeitsgemäße Leben, da
ergibt sich die Notwendigkeit zu
dem, was man als Dreigliederung
des sozialen Organismus fordern
kann. Das ist nicht eine Utopie.
Als Utopie bezeichnen die
Dreigliederung nur diejenigen
Menschen, die keinen
Wirklichkeitssinn haben, die
selber Utopisten sind, und die
daher alles dasjenige, was ihnen
in ihre Utopien nicht hineinpaßt,
zur Utopie erklären.
|
Ce qui est présenté au
monde comme l'impulsion de la
triarticulation de l'organisme
social est tiré de la vie pleine.
Mais cela montre aussi que cette
vie pleine exige aujourd'hui une
imprégnation de ce qui peut être
saisi de manière vivante dans la
vision de l'esprit. Cette vision
de l'esprit est nécessaire à
l'humain. Et tant que l'on n'aura
pas reconnu que l'humain n'est pas
un simple être naturel, on ne
pourra pas parvenir à une solution
des problèmes sociaux si pressants
aujourd'hui. Il y a des années,
lorsque le matérialisme théorique
était à son apogée, les gens qui
pouvaient déjà voir que ce
matérialisme théorique devait
aussi conduire au matérialisme
pratique se sont emportés contre
ce matérialisme. Mais on ne peut
pas s'empêcher de dire qu'en fin
de compte, les humains qui sont
devenus des matérialistes
théoriques, comme Haeckel et
d'autres, n'étaient pas aussi des
humains intelligents. On se trouve
alors face à un phénomène
singulier : des esprits vraiment
brillants sont devenus
matérialistes. Pourquoi ? Ils sont
devenus matérialistes parce que la
pensée qui s'est développée au
cours des trois ou quatre derniers
siècles en tant que pensée
abstraite - cela devient clair
pour les chercheurs en sciences de
l'esprit - doit être expliquée de
manière matérialiste. Cette pensée
qui fait la grandeur de la science
de la nature est liée à l'outil du
cerveau, à l'outil du corps
humain. La pensée s'arrête à/avec
la mort. Seul si nous insufflons
la volonté dans nos opérations de
pensée, si nous ne nous laissons
pas seulement guider par
l'observation de la nature et
l'expérimentation, si nous
insufflons dans la pensée ce qui
s'élève de la volonté, alors il en
résulte quelque chose qui peut
devenir libre du corps, qui est
vraiment psycho-spirituel. Le
matérialisme avait raison pour la
pensée qui s'est développée au
cours des trois ou quatre derniers
siècles et qui a atteint son
apogée à l'époque actuelle. Il
faut expliquer cela de manière
matérialiste. C'est pourquoi les
humains les plus intelligents sont
devenus matérialistes dans la
deuxième moitié du XIXe siècle,
parce qu'ils se sont finalement
retrouvés face à la grande énigme
suivante : qu'en est-il de la
pensée ordinaire qui atteint une
telle hauteur précisément dans la
science de la nature ? Cela doit
être expliqué de manière
matérialiste. Le matérialisme, à
sa manière, a pleinement raison,
et personne ne peut être
spiritualiste, au sens de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, s'il ne sait
pas que le matérialisme a raison
dans son domaine limité. Celui qui
pose la question : Soit le
matérialisme, soit le
spiritualisme ? - il fait fausse
route. Car le matérialisme a son
domaine, et il faut bien
comprendre que si l'humain veut
sauver le spirituel, il doit aussi
aller au-delà de la pensée dont il
est si fier aujourd'hui. De même,
un véritable ordre social
souhaitable ne pourra jamais voir
le jour si l'humain ne veut fonder
ces ordres sociaux qu'à partir des
émotions égoïstes ordinaires, car
celles-ci ne peuvent fonder que la
lutte pour l'existence, et non un
rêve social à la Lénine. L'humain
peut seulement fonder un véritable
ordre social s'il déverse dans
cette vie sociale le
spirituel-d'âme tel qu'il est
décrit aujourd'hui et tel qu'il
est stimulé en lui par cette
vision du monde qui vient de la
vision de l'esprit. L'humain
pourra alors reconnaître et
réaliser par la vie ce que Goethe
avait planant devant lui lorsqu'il
a posé son regard sur l'essence de
l'humain et s'est demandé :
"comment l'humain se tient-il en
fait à la nature ? - Goethe se
disait : "Si nous considérons tout
cela, depuis les merveilleuses
étoiles au-dessus de nous jusqu'à
tout ce qui se présente comme
nature autour de nous dans les
différents règnes, nous devons
regarder l'humain, face à cette
nature, comment il absorbe cette
nature en lui, comment il la
transforme, comment il la fait
naître en lui comme quelque chose
de nouveau, créant une nature
supérieure par l'humain dans
l'humain, une nature supérieure
qui est spirituelle-âme,
psychique-spirituelle. C'est ce
qu'exprime si bien Goethe en
disant :
|
27
|
Dasjenige,
was der Welt entgegengehalten wird
als der Impuls der Dreigliederung
des sozialen Organismus, es ist
aus dem vollen Leben
herausgegriffen. Es zeigt aber
auch, daß dieses volle Leben heute
fordert eine Durchdringung mit
dem, was lebendig in Geistesschau
ergriffen werden kann. Diese
Geistesschau ist dem Menschen
notwendig. Und ehe man nicht
erkannt, daß der Mensch nicht ein
bloßes Naturwesen ist, ehedem wird
man nicht zu einer Lösung der
heute so drängenden sozialen
Probleme kommen können. Vor
Jahren, als der theoretische
Materialismus in seiner Blüte
stand, da haben sich die Leute
ereifert, die schon durchschauen
konnten, daß dieser theoretische
Materialismus auch zum praktischen
Materialismus führen müsse, sie
haben sich ereifert gegen diesen
Materialismus. Aber man kann doch
nicht umhin zu sagen, daß
schließlich die Menschen, die
theoretische Materialisten
geworden sind, wie Haeckel und
ähnliche, nicht auch gescheite
Menschen gewesen sind. Man steht
da der eigentümlichen Erscheinung
gegenüber, daß wahrhaft helle
Köpfe Materialisten geworden sind.
Warum? Sie sind Materialisten
geworden, weil das Denken, das
sich im Laufe der letzten drei bis
vier Jahrhunderte als das
abstrakte Denken entwikkelt hat —
gerade für den Geistesforscher
wird das klar —, materialistisch
erklärt werden muß. Dasjenige
Denken, das die Naturwissenschaft
groß macht, das ist an das
Werkzeug des Gehirns, an das
Werkzeug des menschlichen Leibes
gebunden. Das Denken hört mit dem
Tode auf. Allein wenn wir den
Willen hineingießen in unsere
Gedankenoperationen, wenn wir uns
nicht nur leiten lassen von
Naturbeobachtung und Experiment,
wenn wir das Denken durchgießen
mit demjenigen, was aus dem Willen
aufsteigt, dann ergibt sich etwas,
was leibfrei werden kann, was
wirklich seelisch-geistig ist. Der
Materialismus hatte recht für
dasjenige Denken, das gerade in
den letzten drei bis vier
Jahrhunderten groß geworden und
auf seinen Höhepunkt gekommen ist
in die Gegenwart herein. Das muß
man materialistisch erklären.
Daher sind die gescheitesten
Menschen in der zweiten Hälfte des
19. Jahrhunderts Materialisten
geworden, weil ihnen schließlich
nur vorlag das große Rätsel: Wie
ist es mit dem gewöhnlichen
Denken, das gerade in der
Naturwissenschaft zu solcher Höhe
kommt? Das muß materialistisch
erklärt werden. Der Materialismus
auf seine Art ist in vollem Recht,
und keiner kann im Sinne
anthroposophisch orientierter
Geisteswissenschaft Spiritualist
sein, der nicht weiß, daß der
Materialismus auf seinem
eingeschränkten Gebiete sein Recht
hat. Wer nun die Frage stellt:
Entweder Materialismus oder
Spiritualismus? — der ist auf dem
Holzwege. Denn der Materialismus
hat sein Gebiet, und man muß sich
klar darüber sein, daß der Mensch,
will er das Seelisch-Geistige
retten, auch über das Denken
hinauskommen muß, auf das er heute
so stolz ist. Und ebenso wird
niemals eine wirkliche soziale
wünschenswerte Ordnung eintreten
können, wenn der Mensch nur aus
den gewöhnlichen egoistischen
Emotionen heraus diese sozialen
Ordnungen begründen will, denn die
können nur den Kampf ums Dasein
begründen, nicht einen Leninschen
sozialen Traum. Eine wirkliche
soziale Ordnung kann der Mensch
nur begründen, wenn er das
Geistig-Seelische, wie es heute
geschildert ist, und wie es
angeregt in ihm wird durch jene
Weltanschauung, die aus der
Geistesschau kommt, in dieses
soziale Leben hineingießt. Dann
wird der Mensch erkennen und durch
das Leben bewahrheiten können, was
Goethe vorschwebte, als er seinen
Blick richtete auf das Wesen des
Menschen und sich fragte: Wie
steht eigentlich der Mensch zur
Natur? — Goethe sagte sich: Wenn
wir alles das überblicken, von den
wunderbaren Sternen obën bis zu
all dem, was sich in den
verschiedenen Reichen darbietet
als Natur um uns herum, müssen wir
den Menschen anschauen,
gegenüberstehend dieser Natur, wie
er diese Natur in sich aufnimmt,
wie er sie umformt, wie er sie als
etwas Neues in sich schaffend
erstehen läßt, eine höhere Natur
durch den Menschen im Menschen
schaffend, eine höhere Natur, die
geist-seelisch, seelisch-geistig
ist. Das drückt Goethe so schön
aus, indem er sagt:
|
"En ce que l'humain est
placé au sommet de la nature,
ainsi il se considère de nouveau
comme une nature entière, qui a à
nouveau à produire un sommet en
elle-même. Pour cela, il s'élève
en s'imprégnant de toutes les
perfections et vertus, en appelant
le choix, l'ordre, l'harmonie et
la signification, et en s'élevant
enfin jusqu'à la production de
l'œuvre d'art, qui occupe une
place brillante à côté de ses
autres actes et œuvres". Et comme
le complément de cette pensée est
l'autre, qui se trouve dans le
livre sur Winckelmann, où l'on
trouve aussi celle qui vient
d'être mentionnée, lorsque Goethe
dit : "Quand la saine nature de
l'humain agit/œuvre comme un tout,
s'il se sent dans le monde comme
dans un grand, beau, digne et
précieux ensemble, si le confort
harmonieux lui accordait un pur et
libre ravissement ; alors
l'univers, s'il pouvait se sentir
lui-même, pousserait des cris de
joie comme s'il était arrivé à son
but et admirerait le sommet de son
propre devenir et de son essence.
Car à quoi sert toute la dépense
de soleils, de planètes et de
lunes, d'étoiles et de voies
lactées, de comètes et de taches
nébuleuses, de mondes devenus et
en devenir, si ce n'est, pour
finir, qu'un humain heureux se
réjouit inconsciemment de son
existence/être-là ?"
|
28
|
«Indem
der Mensch auf den Gipfel der
Natur gestellt ist, so sieht er
sich wieder als eine ganze Natur
an, die in sich abermals einen
Gipfel hervorzubringen hat. Dazu
steigert er sich, indem er sich
mit allen Vollkommenheiten und
Tugenden durchdringt, Wahl,
Ordnung, Harmonie und Bedeutung
aufruft, und sich endlich bis zur
Produktion des Kunstwerkes erhebt,
das neben seinen übrigen Taten und
Werken einen glänzenden Platz
einnimmt.» Und wie die Ergänzung
zu diesem Gedanken ist der andere,
der in dem Buche über Winckelmann
steht, in dem auch der eben
genannte zu finden ist, wenn
Goethe sagt: «Wenn die gesunde
Natur des Menschen als ein Ganzes
wirkt, wenn er sich in der Welt
als in einem großen, schönen,
würdigen und werten Ganzen fühlt,
wenn das harmonische Behagen ihm
ein reines freies Entzücken
gewährt; dann würde das Weltall,
wenn es sich selbst empfinden
könnte, als an sein Ziel gelangt
aufjauchzen und den Gipfel des
eigenen Werdens und Wesens
bewundern. Denn wozu dient all der
Aufwand von Sonnen und Planeten
und Monden, von Sternen und
Milchstraßen, von Kometen und
Nebelflecken, von gewordenen und
werdenden Welten, wenn sich nicht
zuletzt ein glücklicher Mensch
unbewußt seines Daseins erfreut?»
|
C'est à partir d'une
telle mentalité, qui conduit
l'humain à travers la nature, par
la nature, vers lui-même, vers le
psycho-spirituel, c'est à partir
d'un tel état d'esprit que peut
naître ce qui devrait construire
notre vie sociale. Mais elle ne
naîtra que si l'humain, par sa
volonté, dirige son regard vers ce
que l'exploration de la vie de
l'esprit elle-même peut lui
donner.
|
29
|
Aus
solcher Gesinnung heraus, die den
Menschen durch die Natur, über die
Natur zu sich selbst, zum
Seelisch-Geistigen führt, aus
solcher Gesinnung heraus kann nur
dasjenige entstehen, was unser
soziales Leben aufbauen soll. Aber
es wird nur entstehen, wenn der
Mensch durch seinen Willen seine
Blicke hinlenkt auf dasjenige, was
ihm die Erforschung des
Geisteslebens selber geben kann.
|
C'est pourquoi il doit
être dit : ce n'est pas dans les
institutions extérieures et dans
leur transformation que nous
devons voir ce qui peut nous
conduire plus loin. Quelle que
soit la manière dont nous
transformons les institutions
extérieures, cela ne conduira pas
à une nouvelle construction. Cela
ne peut se faire que si l'humain
va chercher en lui-même ce qui en
lui tend actuellement à la
destruction. Car tout ce qui est
extérieur dans la vie de l'humain
est fait par l'humain lui-même,
par l'essence la plus intime de
l'humain. Ce n'est qu'en
réapprenant, en repensant que nous
pouvons avancer. Il n'y aura pas
d'amélioration plus tôt que
lorsqu'un nombre suffisamment
important d'êtres humains auront
le courage de repenser, de
réapprendre. Et finalement, ce qui
pourra un jour venir à nouveau sur
l'humanité en tant que forces
constructives devra provenir du
courage de s'élever vers l'esprit
réel, afin que celui-ci puisse,
comme je l'ai déjà dit hier à la
fin, éliminer peu à peu, mais
efficacement, le non-esprit.
|
30
|
Daher
muß gesagt werden: Nicht in
äußeren Institutionen und in ihrer
Umgestaltung sollen wir dasjenige
sehen, was uns weiterführen kann.
Wie wir auch äußere Institutionen
umgestalten mögen, es wird doch zu
keinem Neuaufbau führen. Zu einem
solchen kann nur führen, wenn der
Mensch dasjenige, was in ihm
gegenwärtig zur Zerstörung neigt,
in Ceinem eigenen Inneren selber
aufsucht. Denn alles Äußere, was
im Leben des Menschen entsteht,
wird von dem Menschen selbst, von
dem innersten Wesen des Menschen
gemacht. Nur durch Umlernen, nur
durch Umdenken können wir
vorwärtskommen. 'naher kann es
nicht früher besser werden, als
bis eine genügend große Anzahl von
Menschen den Mut aufbringt zum
Umdenken, zum Umlernen. Und
schließlich wird dasjenige, was
einstmals wiederum als aufbauende
Kräfte über die Menschheit kommen
kann, hervorgehen müssen aus dem
Mute zur Erhebung zum wirklichen
Geiste, damit dieser, wie ich
schon gestern am Schlusse sagte,
nach und nach, aber wirksam den
Ungeist beseitigen könne.
|
[Un débat s'ensuit].
|
31
|
[Es
folgt eine Aussprache.]
|
Mot de la fin
|
32
|
Schlußwort
|
Mes très chers présents.
Je n'ai aucun point d'appui
particulier dans les propos de M.
B. pour dire quelque chose
d'important dans cette conclusion,
car il a donné l'exemple de la
manière dont on juge, à partir de
la pensée abstraite de notre
époque, ce que l'on aimerait dire
à partir de la pensée féconde de
l'esprit. C'est pourquoi je
voudrais dire quelques mots à
l'intention des auditeurs qui
auraient pu mal comprendre ce que
j'ai dit sur le programme/plan
scolaire.
|
33
|
Meine
sehr verehrten Anwesenden! Ich
habe eigentlich keinen besonderen
Anhaltspunkt aus den Ausführungen
des Herrn B. heraus, um irgend
etwas Erhebliches in diesem
Schlußwort zu sagen, denn er hat
,das Beispiel erbracht, wie man
aus dem abstrakten Denken der
Gegenwart heraus dasjenige
beurteilt, was eben aus dem
geistbefruchteten Denken heraus
gern gesagt sein möchte. Und daher
möchte ich für diejenigen der
verehrten Zuhörer, welche etwa
auch, aber vielleicht doch
berechtigt, mißverstanden haben
könnten dasjenige, was ich über
den Lehrplan gesagt habe, einige
Worte hier anbringen.
|
Ce que j'ai dit sur le
plan scolaire, c'est qu'il devrait
viser la concentration. Je n'ai
pas dit qu'il ne devait pas y
avoir d'alternance. Mis à part le
fait que l'on pourrait se demander
si cette alternance doit être
créée après trois à cinq semaines
pour le calcul, ou si c'est mieux
ou pas, c'est une question
purement didactique qui ne peut
pas être traitée de manière
agitatrice, mais uniquement de
manière objective. Mais à part
cela, il faut travailler sur la
concentration dans l'enseignement,
c'est-à-dire qu'il faut traiter
une certaine charge de travail de
telle sorte que l'emploi du temps
ne nous gêne pas, qu'on puisse
vraiment travailler pendant trois
à six semaines, aussi longtemps
qu'il le faut, sans être
interrompu par autre chose. Il va
de soi que l'on tient pleinement
compte de l'entité de l'enfant.
Pour que vous ne vous mépreniez
pas, j'aimerais vous expliquer
comment cela se passe dans
n'importe quelle classe de l'école
Waldorf. Prenons la cinquième
classe de l'école primaire. Je
pourrais tout aussi bien citer la
première. Les cours commencent
quelques minutes après huit heures
du matin. Pendant les deux
premières heures, on travaille
justement à cette concentration
dans ce qui, dans les matières
scolaires habituelles, est
déconcentré par l'emploi du temps,
réparti sur une courte durée sans
aucune concentration. Ainsi,
pendant ces deux premières heures,
jusqu'à quelques minutes après dix
heures, on travaille de manière
concentrée sur ce que l'on
considère habituellement comme le
contenu des matières scolaires.
Ainsi, pendant ce temps, disons un
nombre suffisamment important de
semaines, on travaille le calcul,
puis à nouveau l'étude des langues
pendant un certain nombre de
semaines, et ainsi de suite.
Ensuite vient ce qui rend possible
une concentration en la pratiquant
d'une certaine manière ; chez
nous, on enseigne les langues
étrangères dès les plus petits
enfants, le français et l'anglais,
de sorte que les premières classes
reçoivent déjà un enseignement en
langue étrangère. Et c'est très
impressionnant de voir ces petits
bouts de chou arriver à leurs
cours et de constater qu'ils ont
effectivement fait des progrès
avec une grande joie en quelques
semaines dans l'enseignement des
langues étrangères. On travaille
vraiment avec eux sur
l'utilisation de la langue. Pour
la première classe, c'est déjà le
cas pendant cinq à six semaines ;
on y travaille le français jusqu'à
onze heures, l'anglais jusqu'à
midi. Ensuite, les enfants
rentrent chez eux. Et certains
après-midi - les enfants ont
suffisamment de temps libre, cela
fait aussi partie de l'alternance,
qu'ils sortent à nouveau -
certains après-midi, quand ils
reviennent, ils ont du chant, de
la musique et de l'eurythmie, de
la gymnastique pourvue d'âme, de
l'art du mouvement pourvu d'âme.
Dans cet art du mouvement pourvu
d'âme, les enfants n'ont pas
purement une gymnastique
physiologique, qui est aussi
pratiquée, mais un mouvement
transspiritualisé. Ils ont pour
ainsi dire un langage muet donné
dans l'eurythmie. Les enfants s'y
trouvent extraordinairement bien.
Et lorsqu'il y a souvent des
représentations d'eurythmie lors
de journées où les enfants sont
convoqués pour des fêtes
particulières, les enfants s'y
pressent et on voit comment tout
cela vit. On ne peut donc pas dire
qu'il n'y a pas de variété ou que
l'on ne tient pas compte de ce qui
correspond à la nature de
l'enfant. Mais si l'on dit
maintenant : si les enfants
s'ennuient trop, il faut trouver
autre chose - oui, mes très chers
présents, c'est tout de suite la
tâche de ne jamais laisser les
enfants s'ennuyer ! Les enfants se
fâchent tout au plus une fois
parce que quelque chose les pique,
mais par ennui - il faut y veiller
- ils ne veulent jamais que
l'enseignement s'arrête d'une
manière ou d'une autre. Et j'ai
déjà pu me rendre compte, dans ce
court laps de temps, puisque j'ai
fréquenté l'école deux fois
pendant une longue période et que
j'ai toujours l'enseignement entre
les mains, de la vie qui est ainsi
réellement apportée à l'ensemble
de l'enseignement.
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34
|
Was
ich über den Lehrplan gesagt habe,
das ist das, daß er auf
Konzentration hinarbeiten sollte.
Ich habe nicht gesagt, daß keine
Abwechslung da sein sollte.
Abgesehen davon, daß man ja
streiten könnte, ob diese
Abwechslung nach drei bis fünf
Wochen geschaffen werden soll für
das Rechnen, oder ob das besser
ist oder das, das ist eine rein
didaktische Frage, die sich nicht
agitatorisch behandeln läßt,
sondern nur sachlich. Aber
abgesehen davon: man hat auf
Konzentration im Unterricht zu
arbeiten, daß man also ein
gewisses Pensum so aufzuarbeiten
hat, daß einen der Stundenplan
dabei nicht geniert, daß man
wirklich drei bis sechs Wochen, so
lange es notwendig ist, ein Pensum
durcharbeitet, ohne durch etwas
anderes unterbrochen zu sein.
Selbstverständlich wird dabei der
Wesenheit des Kindes voll Rechnung
getragen. Damit Sie mich nicht
mißverstehen, möchte ich Ihnen
ausführen, wie es etwa in
irgendeiner Klasse der
Waldorfschule zugeht. Nehmen wir
die fünfte Volksschulklasse. Ich
könnte ebensogut die erste
anführen. Da beginnt der
Unterricht einige Minuten nach
acht Uhr morgens. Da wird zunächst
in den ersten zwei Stunden eben
auf diese Konzentration in dem
hingewirkt, was sonst in den
gewöhnlichen Schulgegenständen
durch den Stundenplan
dekonzentriert, ohne alle
Konzentration verteilt wird auf
kurze Zeit. So daß also in diesen
zwei ersten Stunden bis etwa ein
paar Minuten nach zehn Uhr in
konzentrierter Weise auf das
hingearbeitet wird, was man sonst
als Inhalt der Schulgegenstände
anschaut. So daß also in dieser
Zeit, sagen wir, durch eine
genügend große Anzahl von Wochen,
Rechnen getrieben wird, dann
wieder Sprachlehre durch eine
Anzahl von Wochen und so weiter.
Dann kommt anschließend dasjenige,
was eine Konzentration dadurch
möglich macht, daß man es in einer
gewissen Weise treibt; schon bei
den kleinsten Kindern wird bei uns
fremdsprachlicher Unterricht
getrieben, französischer und
englischer Unterricht, so daß
schon die ersten Klassen
fremdsprachlichen Unterricht
bekommen. Und es übt einen großen
Eindruck aus, wenn man die kleinen
Sputze kommen sieht in ihre
Stunden und sieht, wie sie
tatsächlich mit einer großen
Freude Fortschritte in den wenigen
Wochen schon gemacht haben im
fremdsprachlichen Unterricht. Da
wird mit ihnen tatsächlich auf das
Gebrauchen der Sprache hin
gearbeitet. Also fünf bis sechs
Wochen ist es bei der ersten
Klasse schon so der Fall; da wird
dann bis elf Uhr Französisch, bis
zwölf Uhr Englisch getrieben. Dann
gehen die Kinder nach Hause. Und
an einigen Nachmittagen — die
Kinder haben genug frei, das
gehört auch zur Abwechslung, daß
sie nun wieder hinauskommen —, an
einigen Nachmittagen, wenn sie nun
wieder kommen, haben sie Gesang,
Musik und Eurythmie, beseeltes
Turnen, beseelte Bewegungskunst.
In dieser beseelten Bewegungskunst
haben die Kinder nicht bloß
physiologisches Turnen, das auch
getrieben wird, sondern
durchgeistigte Bewegung. Sie haben
gleichsam eine stumme Sprache in
der Eurythmie gegeben. In das
finden sich die Kinder
außerordentlich gut hinein. Und
wenn öfter einmal an solchen
Tagen, wo die Kinder zu besonderen
Festlichkeiten zusammengerufen
werden, dann Eurythmieaufführungen
sind, dann drängen sich die Kinder
dazu, dann sieht man, wie das
alles lebt. So daß also davon gar
keine Rede sein kann, daß keine
Abwechslung sei oder keine
Rücksicht auf dasjenige, was der
Natur des Kindes entspricht,
genommen werde. Wenn nun aber
gesagt wird: Wenn es den Kindern
zu langweilig wird, muß etwas
anderes kommen — ja, meine sehr
verehrten Anwesenden, das ist
gerade die Aufgabe, daß es niemals
den Kindern zu langweilig wird!
Die Kinder werden höchstens
einmal ungezogen, weil sie irgend
etwas sticht, aber aus
Langweiligkeit — dafür muß Sorge
getragen werden — wollen sie
niemals, daß der Unterricht
irgendwie aufhöre. Und ich konnte
mich schon in dieser kurzen Zeit,
da ich ja zweimal durch längere
Zeit die Schule besucht habe und
den Unterricht eigentlich immer in
meiner Hand habe, ich konnte mich
überzeugen, wie auf diese Weise
tatsächlich Leben in den ganzen
Unterricht hineingebracht wird.
|
Mes très chers présents,
si l'on ne veut pas fonder par le
bavardage, mais par l'action, ce
qui est un droit égal pour tous,
il ne faut vraiment pas s'énerver
de manière bavarde sur la
différence entre les entrepreneurs
et les ouvriers, qui existe encore
aujourd'hui malgré tout le
bavardage ; elle est simplement là
comme un fait, et quand on parle
aujourd'hui, on ne peut vraiment
pas effacer cette différence pour
le moment. Dans l'école Waldorf,
l'enfant du prolétariat est assis
à côté de l'enfant de
l'entrepreneur. Les enfants sont
éduqués dans une unité complète,
et l'égalité des droits pour tous
est fondée en acte ! Alors qu'avec
tout le bavardage et l'agitation :
il ne faut pas qu'il y ait des
"entrepreneurs" et des "ouvriers",
on n'arrivera à rien, mais ils
doivent avoir les mêmes droits.
Bref, ce n'est pas en bavardant
que l'on résoudra la question,
mais uniquement en créant des
objectifs et, surtout, en
envisageant une véritable solution
à la question sociale. Ce n'est
pas en bavardant avec des phrases
d'agitation chaque fois qu'il
s'agit de passer à l'action que
l'on fera un seul pas vers
l'amélioration ! C'est ce qui
importe aujourd'hui de faire la
différence entre l'action et le
bavardage.
|
35
|
Meine
sehr verehrten Anwesenden, wenn
man nicht durch Schwätzen, sondern
durch die Tat dasjenige begründen
will, was gleiches Recht für alle
ist, so muß man sich wirklich
nicht in geschwätziger Weise über
den Unterschied zwischen
Unternehmer und Arbeitern
aufregen, der da heute trotz allen
Geschwätzes doch noch vorhanden
ist; er ist einfach als eine
Tatsache da, und wenn man heute
redet, so kann man nun wahrhaftig
diesen Unterschied vorläufig nicht
hinweg-wischen. Es handelt sich
darum bei der Waldorfschule, daß
in der Tat das Proletarierkind
sitzt neben dem Unternehmerkind.
Die Kinder werden in vollständiger
Einheit erzogen, und da wird durch
die Tat gleiches Recht für alle
begründet! Während mit allem
Geschwätz und allem agitatorischen
Herumreden: es müssen nicht
«Unternehmer» und «Arbeiter» da
sein, man noch nichts erreichen
wird, sondern sie müssen gleiches
Recht haben. Kurz, mit Schwätzen
läßt sich die Frage nicht lösen,
einzig und allein dadurch, daß man
Ziele schafft, und vor allen
Dingen die wirkliche Lösung der
sozialen Frage ins Auge faßt.
Dadurch, daß man immer dann, wenn
es sich um die Tat handelt,
hineinschwätzt mit agitatorischen
Phrasen, dadurch kann doch nicht
ein einziger Schritt zur Besserung
jemals gemacht werden! Das ist es,
worauf es heute ankommt, zu
unterscheiden zwischen Tat und
Schwätzen.
|
Si l'on ne fait pas cette
différence entre les bavards et
ceux qui veulent faire quelque
chose, on n'arrivera pas à une
branche verte, mais les bavards
parleront à mort carrément tout
ordre social. De nos jours, il
n'est pas possible d'obtenir quoi
que ce soit avec de beaux
bavardages, même si ce bavardage
part d'une justification de
l'égalité. L'égalité des droits
doit être fondée, et parler
purement d'égalité de droit ne
mène à rien.
|
36
|
Wenn
man diesen Unterschied nicht
machen wird zwischen den
Schwätzern und denjenigen, die
etwas tun wollen, wird man nicht
auf einen grünen Zweig kommen,
sondern es werden die Schwätzer
alle soziale Ordnung geradezu
totreden. Mit schönem Geschwätz
ist in unserer heutigen Zeit
nichts zu erreichen, wenn dieses
Geschwätz noch so sehr von
Gleichberechtigung ausgeht.
Gleichberechtigtheit muß begründet
werden, von Gleichberechtigtheit
bloß zu schwätzen, damit ist gar
nichts erreicht.
|
Une autre question, mes
très chers présents : Ne faut-il
pas aujourd'hui créer les
conditions matérielles préalables
pour les personnes économiquement
opprimées afin de leur offrir la
possibilité d'absorber du
spirituel ? J'ai tout de suite
écrit un article dans le dernier
ou l'avant-dernier numéro de la
revue "Dreigliederung des sozialen
Organismus (Tri articulation de
l'organisme social)", qui paraît à
Stuttgart :
|
37
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Eine
andere Frage, meine sehr verehrten
Anwesenden: Muß heute dem
wirtschaftlich Bedrückten nicht
die materielle Vorbedingung
geschaffen sein, damit ihm die
Möglichkeit geboten wird,
Geistiges aufzunehmen? Ich habe
gerade in der letzten oder in der
vorletzten Nummer der Zeitschrift
für «Dreigliederung des sozialen
Organismus», die in Stuttgart
erscheint, einen Artikel
geschrieben:
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"Les idées et le pain" -
pour opposer au préjugé courant le
pays selon lequel, lorsque du côté
des rassasiés et ceux qui peuvent
encore se rassasier aujourd'hui
est toujours de nouveau et de
nouveau indiqué sur : Il n'y a
rien d'autre à faire pour résoudre
la question sociale que de faire
travailler les gens. C'est facile
à dire ! Il s'agit de faire en
sorte que les gens voient un but,
un sens à leur travail ! Mais d'un
autre côté, rien n'est fait non
plus si l'on dit toujours de
l'autre côté : il faut d'abord
donner du pain aux gens, ensuite
ils s'élèveront spirituellement,
ou alors on peut faire en sorte
qu'ils s'élèvent spirituellement.
C'est le travail spirituel qui
permet d'obtenir du pain. Il faut
organiser, il faut, d'une certaine
manière, donner une structure
quelconque, une structure sociale,
à ce qui est travaillé, sinon le
pain ne peut pas être produit. Si
une terrible vague de famine
s'étend aujourd'hui sur l'Europe
centrale, cette vague de famine -
même si la situation n'était
évidemment pas bonne auparavant,
nous ne voulons pas en discuter
maintenant - n'est pas venue du
fait que le pain s'est
soudainement retiré de l'humain,
mais du fait que les humains sont
entrés dans un ordre social par la
catastrophe de la guerre, au sein
duquel aucun pain n'est produit,
au sein duquel aucune idée n'agit
pour faire travailler le pain. Les
idées qui ont été adorées jusqu'en
1914 par les gens qui étaient les
leaders ont été rendues absurdes
par les cinq ou six dernières
années, elles ont été rejetées.
Nous avons besoin de nouvelles
idées ! Et si l'on ne se décide
pas à dire : nous avons besoin
d'idées nouvelles - c'est par ces
idées nouvelles que l'ordre social
sera organisé, que le pain
nécessaire sera créé ; si l'on ne
se décide pas à le faire, nous ne
parviendrons pas de manière
salutaire à un développement
ultérieur dans l'avenir.
|
38
|
«Ideen
und Brot» —, um entgegenzutreten
dem landläufigen Vorurteil, daß,
wenn von seiten der Gesättigten
und auch heute noch
Sich-sättigen-Könnenden immer
wieder und wieder darauf
hingewiesen wird: Es braucht ja
nichts anderes getan zu werden, um
die soziale Frage zu lösen, als
daß die Leute arbeiten. Das ist
leicht gesagt! Es handelt sich
darum, daß die Leute ein Ziel
sehen, einen Sinn in ihrer Arbeit!
Aber auf der anderen Seite ist
auch nichts damit getan, wenn
immer gesagt wird von der anderen
Seite: Erst muß den Leuten Brot
geschaffen werden, dann werden sie
geistig hochkom‑ men, oder dann
kann man dafür sorgen, daß sie
geistig hochkom‑ men. Geistige
Arbeit ist es ja, welche dazu
führt, daß das Brot erarbeitet
werde. Man muß organisieren, man
muß in einer gewissen Weise
dasjenige, was gearbeitet wird, in
irgendeine Struktur bringen, in
eine soziale, sonst kann das Brot
nicht entstehen. Wenn jetzt über
Mitteleuropa eine furchtbare
Hungersnotwelle sich ausbreitet,
so ist ja diese Hungersnotwelle —
wenn es auch vorher
selbstverständlich nicht gut war,
darüber wollen wir uns jetzt nicht
unteralten — nicht gekommen
dadurch, daß plötzlich das Brot
sich entzogen hat dem Menschen,
sondern daß die Menschen in eine
soziale Ordnung hineingekommen
sind durch die Kriegskatastrophe,
innerhalb welcher kein Brot
erarbeitet wird, innerhalb welcher
keine Ideen wirken, die das Brot
erarbeiten lassen. Die Ideen, die
bis 1914 von den Leuten angebetet
worden sind, die die Führenden
waren, die sind ad absurdum
geführt durch die letzten fünf bis
sechs Jahre, die sind abgetan. Wir
brauchen neue Ideen! Und wenn man
sich nicht entschließt, sich zu
sagen: Wir brauchen neue Ideen —,
durch diese neuen Ideen wird die
soziale Ordnung organisiert,
dadurch wird das nötige Brot
geschaffen; wenn man sich nicht
entschließt dazu, dann kommen wir
doch in keiner heilsamen Weise zur
Weiterentwickelung in die Zukunft
hinein.
|
Il est très étrange de
constater, j'aimerais dire, dans
certains cas, que les gens ne
veulent pas admettre comment se
situe et se déroule la vérité.
L'un des plus radicaux était
certainement le prince Krapotkin
jusqu'en 1914. Lorsqu'il est
reparti en Russie, on a entendu
peu de temps après : oui, si nous
recevons seulement du pain de
l'Occident, les choses iront mieux
! - Et à côté de cela, on
entendait dire qu'il écrivait une
"éthique". Vous voyez, c'est ce
qui nous a ruinés, le fait que les
gens aient d'un côté la vie
matérielle, de l'autre une vie
spirituelle abstraite, et que rien
de cette vie spirituelle abstraite
n'intervienne dans la vie
réellement matérielle. L'esprit ne
se manifeste pas par le fait qu'on
l'adore, l'esprit se manifeste par
le fait qu'il devient capable de
dominer et d'organiser aussi la
matière. C'est précisément ce qui
est grave, que nos confessions en
soient arrivées à vouloir
simplement donner à l'humain un
beau contenu lorsqu'il a cessé de
travailler, ou tout au plus une
directive sur la première page
blanche du grand livre, où il est
écrit : "Avec Dieu" - même si ce
qui est traité là en débit et en
crédit ne justifie absolument pas
toujours qu'il soit écrit : "Avec
Dieu" ! Mais c'est là que se
manifestent les phénomènes de
déclin de notre époque, que nous
avons perdu le pouvoir de trouver
la transition vers la vie
matérielle par le biais de ce à
quoi nous adhérons
spirituellement, que c'est
précisément l'attitude qui prévaut
et qui dit : "Ah oui, ne pas lier
la vie matérielle à l'esprit !
L'esprit est quelque chose de tout
à fait sublime, il faut le garder
libre de la vie matérielle ! -
Non, l'esprit n'est pas là pour
qu'on le tienne à l'écart de la
vie matérielle, pour qu'en sortant
de l'usine, il ne soit qu'une
sensation du dimanche après-midi,
aussi noble soit-elle, mais
l'esprit est là pour qu'on le
fasse entrer par la porte de
l'usine, pour que les machines
fonctionnent selon l'esprit, pour
que les ouvriers soient organisés
selon l'esprit. L'esprit est là
pour cela, pour qu'il pénètre la
vie matérielle ! Et nous avons
péri parce que ce n'est pas le
cas, parce que nous avons une vie
spirituelle abstraite à côté d'une
vie matérielle sans esprit,
dominée par de simples routiniers.
Les choses ne s'amélioreront pas
avant que l'esprit ne devienne si
puissant qu'il puisse dominer la
matière. Ce n'est pas à l'esprit
étranger à la matière, étranger au
monde, que la science de l'esprit
veut conduire, mais à l'esprit qui
peut dominer les humains, que l'on
ne trouve pas seulement lorsqu'on
est heureux de pouvoir sortir de
l'usine, mais que l'on apporte
joyeusement dans l'usine, afin que
chaque geste individuel se fasse à
la lumière de cette vie de
l'esprit.
|
39
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Es
ist sehr merkwürdig, wie sich, ich
möchte sagen, im einzelnen Falle
zeigt, daß die Menschen sich nicht
eingestehen wollen, wie eigentlich
die Wahrheit liegt und läuft.
Einer der Radikalsten war gewiß
bis zum Jahr 1914 der Fürst
Krapotkin. Als er wieder nach
Rußland gegangen war, da hörte man
bald danach: Ja, wenn wir nur von
dem Westen Brot bekommen, dann
wird es schon besser gehen! — Und
daneben hörte man, daß er eine
«Ethik» schreibt. Sehen Sie, das
ist dasjenige, was uns zugrunde
gerichtet hat, daß die Leute auf
der einen Seite das materielle
Leben haben, auf der anderen Seite
ein abstraktes Geistesleben, und
daß von dem abstrakten
Geistesleben nichts hereinspielt
in das wirklich materielle Leben.
Der Geist zeigt sich nicht
dadurch, daß man ihn anbetet, der
Geist zeigt sich dadurch, daß er
fähig wird, auch die Materie zu
beherrschen und zu organisieren.
Das ist gerade das Schlimme, daß
unsere Bekenntnisse es dahin
gebracht haben, dem Menschen einen
schönen Inhalt bloß geben zu
wollen, wenn er aufgehört hat zu
arbeiten, oder höchstens eine
Direktive auf der ersten weißen
Seite des Hauptbuches, wo steht:
«Mit Gott» — wenn auch das, was da
in Soll und Haben verarbeitet
wird, durchaus nicht immer
rechtfertigt, daß da steht: «Mit
Gott»! Aber darinnen zeigen sich
die Niedergangserscheinungen
unserer Zeit, daß wir die Macht
verloren haben, über das, wozu wir
uns geistig bekennen, den Übergang
zu finden zum materiellen Leben,
daß geradezu die Gesinnung
herrschend wird, die da sagt: Ach
ja nicht verknüpfen das materielle
Leben mit dem Geist! Der Geist ist
etwas ganz Erhabenes, den muß man
frei halten vom materiellen Leben!
— Nein, nicht dazu ist der Geist
da, daß man ihn freihält vom
materiellen Leben, daß man ihn,
wenn man aus der Fabrik
herausgeht, ihn als
Sonntag-Nachmittag-Sensation nur
haben kann, wenn auch noch so
edler Art, sondern dazu ist der
Geist da, daß man ihn durch das
Tor der Fabrik hineinträgt, daß
die Maschinen nach dem Geiste
gehen, daß die Arbeiter nach dem
Geiste organisiert sind. Dazu ist
der Geist da, daß er das
materielle Leben durchdringe! Und
daran sind wir zugrunde gegangen,
daß das nicht der Fall ist, daß
wir ein abstraktes Geistesleben
neben einem geistlosen, von bloßen
Routiniers beherrschten
materiellen Leben haben. Eher wird
es nicht besser, bis der Geist so
mächtig wird, daß er die Materie
beherrschen kann. Nicht der der
Materie fremde, weltenfremde Geist
ist es, zu dem Geisteswissenschaft
führen will, sondern der Geist,
der die Menschen beherrschen kann,
den man nicht nur findet, wenn man
froh ist, daß man aus der Fabrik
hinausgehen kann, sondern den man
froh und freudig in die Fabrik
hineinträgt, damit jeder einzelne
Handgriff im Lichte dieses
Geisteslebens geschehe.
|
Ceux qui veulent l'esprit
dans le sens où nous l'entendons
ici ne veulent vraiment pas un
esprit non pratique, ils veulent
l'esprit qui n'a vraiment pas
seulement quelque chose à dire
dans le monde, qui n'a pas
seulement quelque chose à dire qui
puisse nous réjouir aux heures
libres, mais un esprit qui, en
dominant la matière, organise la
vie peut se lier intimement à la
vie. C'est de cet esprit, ou de
son acceptation que dépendra notre
volonté, si nous le renions, de
naviguer de plus en plus
profondément dans le malheur ou
non. C'est entre ce "ou bien ou
bien" qu'il faut choisir
aujourd'hui. Plus il y aura
d'humains qui décideront de
s'engager dans cet esprit actif,
mieux ce sera pour l'avenir de
l'humanité.
|
40
|
Diejenigen,
die in dem Sinne, wie es hier
gemeint ist, den Geist wollen, die
wollen wahrhaftig nicht einen
unpraktischen Geist, die wollen
den Geist, der in der Welt
wirklich nicht nur etwas zu
schwatzen hat, nicht nur etwas zu
sagen hat, was einen in freien
Stunden erfreuen kann, sondern
einen Geist, der dadurch, daß er
die Materie beherrscht, das Leben
durchorganisiert, mit dem Leben
sich innig verbinden kann. Von
diesem Geiste beziehungsweise von
seiner Annahme wird es abhängen,
ob wir, wenn wir ihn verleugnen,
immer tiefer und tiefer in das
Unglück hineinsegeln wollen oder
nicht. Zwischen diesem
«Entweder-Oder» muß man heute
entscheiden. Je mehr Menschen
entscheiden werden dahin, daß sie
sich zu diesem tätigen Geist
aufraffen, desto besser wird es
für die Zukunft der Menschheit
sein.
|
C'est ce que je voulais
encore ajouter à mes paroles
d'aujourd'hui.
|
41
|
Das
ist dasjenige, was ich zu meinen
heutigen Worten noch hinzufügen
wollte.
|
Français
seulement
LES FORCES SPIRITUELLES DANS L'ART DE
L'ÉDUCATION ET DANS LA VIE POPULAIRE -
Deuxième conférence, Zurich, 18 mars 1920
De la pensée scientifique dénudée de volonté à
la pensée vivante parcourue d’âme. Le
dépassement de la volonté dénudée de penser
par volonté portée par l’esprit. La science de
l’esprit orientée anthroposophiquement comme
base méthodologique de l'art de l'éducation.
Époques dans le développement de l'enfant. La
signification de l’artistique pour
l'éducation. Pensées sur la formation de plan
d'enseignement et d’heure de cours.
L'extension de notre propre être par la
science de l’esprit pour le dépassement de la
pensée abstraite. Nécessité et sens des
réalités d’un organisme social tri-articulé.
Mots de conclusion après une discussion
01
Hier, je me suis permis d'expliquer comment
trois puissances destructrices agissent dans
les phénomènes de déclin de notre temps : la
domination mondiale de la phrase, la
domination mondiale de la convention, la
domination mondiale de la routine. Et j'ai
déjà essayé hier d'indiquer comment le
discours rempli de pensées, la pensée
imprégnée de substance spirituelle, qui peut
s'exprimer par le langage dans la vie sociale
des humains, devrait à nouveau remplacer la
phrase. Et j'ai essayé d'indiquer dans ce
contexte comment la convention doit être
remplacée, précisément par la revitalisation
de la vie de l'esprit, par ce qui peut naître
de l'interaction vivante des humains majeurs
vivant ensemble au sens démocratique. Et j'ai
essayé d'indiquer comment la pratique de la
vie, imprégnée de spiritualité, devait
remplacer la pure routine, la routine
dépourvue d'esprit.
02
Si l'on caractérise d'abord toutes ces choses
de l'extérieur, elles semblent en fait ne
toucher que des faits superficiels de notre
vie actuelle. Mais en réalité, elles poussent
précisément vers ce qui, d'un côté, s'enracine
dans l'intimité la plus profonde de l'être
humain, et qui, de l'autre, s'exprime dans les
faits sociaux les plus significatifs, les plus
envahissants et les plus déterminants pour la
vie.
03
Hier déjà, j'ai indiqué comment il fallait
rechercher dans un symptôme déterminé l'une
des causes fondamentales de notre civilisation
actuelle, traversée par tant de forces
destructrices. J'ai attiré l'attention sur le
fait que depuis trois ou quatre siècles, c'est
essentiellement la connaissance de science de
la nature qui constitue la base de notre
vision du monde, de cette vision du monde qui
veut fonder la nouveauté. Ce qui existe par
ailleurs dans notre vie sociale, ce sont les
impulsions traditionnelles à la vision du
monde. Ce qui est nouveau, ce qui motive
vraiment les humains depuis trois ou quatre
siècles, c'est la question suivante : de
quelle manière une vision du monde peut-elle
s'écouler à partir des bases de science de la
nature de la connaissance humaine ? Il n'est
pas étonnant que sous l'impulsion de fonder
ainsi une vision du monde, les forces de la
vie psychique humaine qui se sont développées
sont précisément celles qui sont aptes à
donner vie à une telle vision du monde. Un
type de pensée et un type de volonté très
particuliers se sont développés au cours des
derniers siècles et ont atteint un certain
point culminant de leur activité à l'heure
actuelle. La recherche sur la nature souligne
toujours et encore qu'il est important pour
elle, pour sa méthode consciencieuse,
d'explorer le monde des faits, de sorte que
rien n'entre dans ce qui est établi sur les
faits eux-mêmes, que rien n'entre dans ce qui
vient de l'humain, de la personnalité humaine
elle-même. C'est en vain que des esprits comme
Goethe, qui ont compris à quelle partialité
devait conduire une simple connaissance de la
nature, une connaissance de la nature séparée
de l'humain, ont attiré l'attention sur le
fait que la connaissance réelle, utilisable
pour une vision globale du monde, ne devait
pas être séparée de l'humain, sur le fait que
même le fait physique extérieur devait être
considéré en relation avec l'humain qui se
trouve dans le monde. D'un autre côté, on peut
tout de même dire que cette approche séparée
de l'humain a de nouveau célébré ses grands
triomphes en amenant le monde de la technique
à ce qu'il est aujourd'hui. Mais tout cela n'a
pu voir le jour que sous l'influence d'un
certain type de pensée, une pensée qui
s'abandonne soit à ce que la nature offre
d'elle-même à l'observation, soit à ce que
nous pouvons représenter par
l'expérimentation. Comprendre le langage des
faits eux-mêmes, c'est l'idéal de cette
pensée.
04
Celui qui, en plus de la science de l'esprit,
a aussi eu affaire à la science de la nature
de manière consciencieuse et méthodique, sait
ce qu'est la volonté humaine, ce qui nous
pousse à accomplir notre tâche extérieurement
dans la vie, à entrer en contact et en
relation avec d'autres humains, en d'autres
termes, à nous placer dans l'être social. Oui,
les grands triomphes de la science de la
nature et de la technique n'ont été possibles
que parce que l'humain a appris à penser de
telle sorte que cette pensée soit aussi peu
influencée que possible par sa volonté. On
peut dire qu'une sorte d'habitude de pensée
s'est développée sous l'influence de ce fait
au cours des trois ou quatre derniers siècles.
05
Or, avec une telle pensée, on peut reconnaître
de grandes choses dans le domaine du monde
minéral, du monde végétal encore, déjà moins
dans le monde animal, et - comme je l'ai déjà
indiqué hier - on ne peut rien reconnaître du
tout en ce qui concerne la véritable nature de
l'humain. Et le fait que l'on n'ait pas formé
d'autre pensée à côté de cette pensée, je
dirais, dépourvue de volonté, s'explique d'une
certaine manière par la crainte de tout ce qui
entre dans notre pensée lorsque l'humain, de
lui-même, de sa volonté, donne à cette pensée
sa structure, son organisation. Le
fantastique, l'arbitraire peuvent ainsi
s'introduire dans la pensée par le biais de la
volonté humaine. Et l'on ne cesse de souligner
à quel point les visions du monde de certains
philosophes, qui ont pourtant introduit le
vouloir humain dans leur pensée, sont
fantastiques, en comparaison avec les
résultats sûrs auxquels sont parvenus les
naturalistes, qui ont laissé parle seul ce que
leur disait la nature elle-même ou
l'expérience.
06
On n'a justement pas su qu'il était possible
d'imprégner la pensée humaine de volonté de
telle sorte que, dans cette pensée bien
entraînée et portée par la volonté, tout
arbitraire disparaisse, comme il disparaît par
rapport à la pensée qui ne s'occupe que de
faits extérieurs ou d'expériences. Pour
trouver une telle pensée imprégnée de volonté,
il faut cependant des exercices intérieurs de
l'âme accomplis avec énergie, soin et
patience. Pour cela, il faut que l'humain qui
veut devenir un chercheur de l'esprit, qui
veut vraiment pénétrer dans le monde
spirituel, d'où seul peut jaillir la
connaissance de l'humain, que l'humain se
réserve toujours et encore, pendant de longues
périodes et avec une méthodologie intérieure
de l'âme, des pensées sur lesquelles il ne
développe rien d'autre qu'un vouloir
intérieur, qu'il développe sur ces pensées un
vouloir tel qu'on ne le développe normalement
que dans le monde extérieur. Dans le monde
extérieur, on aime, on hait, on prend telle ou
telle activité, on rejette telle ou telle
activité. Dans le monde extérieur, on a
affaire à quelque chose sur lequel on peut
simplement avoir des opinions. On a affaire à
ce qui contient des crises en soi. Ce que l'on
reconnaît par sa volonté dans le monde
extérieur, ou ce contre quoi on se bat, il
faut le porter dans le monde de ses pensées si
l'on veut devenir un chercheur d'esprit, et
l'on remarquera peu à peu que ces pensées
deviennent vraiment des puissances portées par
la volonté, imprégnées de légalité/légité
intérieure. Vous devez seulement accepter ce
que je viens de dire dans une apparente
abstraction, de telle sorte que le travail qui
est ainsi caractérisé, le travail intérieur de
l'âme, est un travail qui prend beaucoup de
temps, qui n'est vraiment pas moins
méthodique, même s'il est effectué sur le
champ spirituel, que tout ce que nous faisons
avec les instruments de précision les plus
exacts pour nos expériences de chimie ou de
physique. De même que le chimiste ou le
physicien réalise ses expériences avec
précision, de même le chercheur d'esprit
réalise ce qui est la pesée d'une pensée par
rapport à une autre, l'effet d'une pensée sur
l'autre. Il en arrive ainsi à ce que la pensée
abstraite, qui s'est justement formée sous
l'influence de la recherche scientifique au
cours des trois ou quatre derniers siècles,
s'élève à une pensée intérieurement vivante, à
une pensée qui est plus une vision d'images de
type spirituel que la pensée abstraite
habituelle. C'est l'un des aspects qui doit
être formé à la véritable connaissance de
l'humain, parce qu'il est impossible
d'utiliser cette pensée abstraite pour cette
connaissance de l'humain, qui doit être une
connaissance de l'esprit, une vision de
l'esprit qui célèbre ses grands triomphes dans
la science de la nature. Mais cette pensée,
qui est parfaitement à sa place dans la
science de la nature, cette pensée a certains
résultats, je dirais même impossibles, en
particulier dans la vie sociale au sens le
plus large. Plus notre pensée devient
abstraite, plus elle devient autoritaire/ayant
raison chez l'individu. Certes, on devient
très critique, on devient consciencieux, on
devient méthodique en appliquant la pensée qui
a été cultivée au cours des trois ou quatre
derniers siècles. Mais on devient tout de même
autoritaire en ce qui concerne son intégration
sociale dans l'humanité entière ou dans une
partie de l'humanité. Il suffit de faire une
recherche et on verra si l'on s'en tient à la
pensée qui a fait la grandeur de la science de
la nature : On s'habitue à avoir toujours
raison - et l'autre a aussi raison ! Et les
humains, ce serait l'extrême, ne pourraient au
fond plus rien se communiquer.
07
Ne vivons-nous pas au milieu de cette
situation ? Celui qui a traversé une
expérience de vie riche en épreuves et qui a
lutté pendant des décennies avec les
problèmes, celui qui est obligé, à partir de
l'éducation actuelle de l'humanité, de
présenter ces problèmes dans les formes
usuelles praticables des concepts spirituels
scientifiques, ne trouve-t-il pas partout les
gens les plus jeunes qui viennent dire, avec
leur expérience d'une décennie et demie tout
au plus : voilà mon point de vue, voilà ce que
je pense, voilà ce que j'oppose aux riches
expériences de la vie. Et finalement,
abstraitement parlant, on ne peut même pas
donner tort à ces débutants de la vie, qui
peuvent tout aussi bien penser logiquement que
les vieillards expérimentés de la vie, car ce
qui constitue le nerf de notre connaissance
scientifique actuelle n'est pas
fondamentalement lié aux développements
humains, c'est quelque chose que l'on atteint,
dans lequel on se trouve, et que l'on obtient
finalement quand on a atteint un certain degré
de maturité. On peut donc dire que cette
pensée abstraite, cet intellectualisme, qui a
maintenant atteint un haut degré de
perfection, donne à chacun quelque chose qu'il
voudrait communiquer à tout autre, mais que
l'autre sait déjà par lui-même. On aimerait
communiquer dans la vie sociale. On ne peut
pas se communiquer parce que l'autre n'est pas
enclin à recevoir la communication, mais tout
au plus à lui opposer son point de vue.
08
Ce que la science de la nature fait de grand
est inapplicable dans la vie sociale, parce
que l'humain donne par là quelque chose, veut
donner quelque chose qu'aucun autre ne veut
vraiment recevoir, parce qu'il croit déjà
l'avoir. Celui qui réfléchit correctement à ce
qui est la véritable direction fondamentale de
toute notre vie psychique actuelle, verra une
grande partie des forces de destruction qui
existent aujourd'hui dans notre vie sociale,
ce qui sépare les humains au lieu de les
réunir, il devra le voir en partie dans ce que
je viens de caractériser comme une
particularité et une conséquence sociale de la
pensée abstraite, précisément adaptée à la
science de la nature.
09
La science de l'esprit conduira au-delà de
cette pensée, parce qu'elle cultive ce qui
reste inconscient dans la pensée actuelle,
parce qu'elle pousse le vouloir - c'est
justement ce qui reste inconscient - dans
cette pensée, parce qu'elle développe la
pensée volontaire. Et c'est à partir de la
pensée volontaire que peut s'effectuer une
véritable connaissance de l'être humain. Mais
ce n'est qu'un élément.
10
L'autre chose est que c'est précisément sous
l'influence de ce mode de pensée, tel qu'il
est apparu dans la vision scientifique du
monde, que l'humain en est venu à opposer la
pensée dépouillée de volonté à la volonté
dépouillée de pensée. Au fond, l'humain
d'aujourd'hui est constitué de cette dualité,
de cet élément de l'âme que l'on ne peut pas
désigner autrement que par la pensée dénuée de
volonté, et de l'autre élément de l'âme que
l'on doit désigner par le vouloir dénué de
pensée. La connaissance en science de
l'esprit, de même qu'elle essaie de faire
entrer la volonté dans la pensée, cherche à
amener l'humain qui veut devenir un chercheur
en science de l'esprit à faire face à ses
propres actes, aux résultats de sa volonté,
avec une telle objectivité que l'on ne se
trouve normalement que face à des faits
extérieurs. L'humain doit devenir, lorsqu'il
s'engage sur le chemin de l'étude de l'esprit,
un observateur fidèle de ce qu'il fait
lui-même, de ce qu'il veut lui-même. D'une
certaine manière, il doit d'abord se
distinguer idéalement et marcher à côté de
lui-même, comme dans quelque chose de plus
élevé que lui. Et ce Supérieur à côté de
lui-même doit observer l'humain dans tout ce
qu'il fait, comme on ne l'observe
habituellement que lorsqu'on observe les faits
extérieurs de la nature ou l'expérience. Car
c'est alors que l'on apprend à développer des
pensées sur ce qui, au cours des trois ou
quatre derniers siècles, est le plus souvent
dominé et impulsé par les émotions les plus
personnelles, en particulier dans certains
cercles radicaux extrêmes. On apprend à
reconnaître dans les pensées ce que l'on ne
voit pas du tout autrement, dont les pensées
restent sinon complètement dans l'inconscient.
11
Et c'est pourquoi, parce que l'être humain se
décompose en ces deux éléments, nous voyons
aujourd'hui, d'un côté, la connaissance
abstraite de science de la nature, qui ne
concerne que l'extra-humain, et les impulsions
sociales qui n'agissent que comme des
instincts personnels. Nous voyons comment la
science de la nature s'est élevée à certaines
hauteurs, comment on veut maintenant, par
exemple à l'Est - et cela ne s'arrêtera pas à
l'Est -, malheureusement, tirer de l'éducation
que l'on a tirée de cette pensée scientifique
des principes pour la coexistence sociale des
humains, mais comment il s'avère à l'Est que
l'on ne peut rien faire d'autre avec la
politique sociale de science de la nature que
d'organiser les instincts humains les plus
sauvages, organiser de telle sorte que
l'organisation doit conduire l'humanité dans
le déclin.
12
Ces choses sont pendantes à ce qui est devenu
grand au cours des derniers siècles, et il
faut les considérer dans ce contexte. Ce n'est
que lorsqu'on cultivera la volonté dans la
pensée, comme je l'ai indiqué, puis la pensée
dans le vouloir - vous pouvez trouver la
description exacte dans mes livres "Comment
acquiert-on des connaissances des mondes
supérieurs" et dans la deuxième partie de ma
"Science secrète", et dans des livres
similaires -, ce n'est que lorsqu'on fondera
une telle science de l'esprit de cette
manière, qui peut pénétrer dans l'essence
réelle de l'humain, qu'une telle science ne
sera pas impuissante face à la personnalité
humaine tout entière. Oui, notre science
actuelle est impuissante face à la
personnalité humaine tout entière, car la
pensée dans laquelle la volonté n'entre pas en
jeu est une simple occupation de la tête
humaine, c'est un intellectualisme qui n'a
aucune force de communication pour la vie. La
connaissance spirituelle telle qu'elle se
forme peu à peu en une vision du monde à
partir des bases que je n'ai pu qu'esquisser
maintenant, la science de l'esprit est quelque
chose qui ne s'empare pas seulement des
pensées humaines, de l'intellect humain, mais
de la personnalité humaine tout entière. Parce
qu'elle est issue de la volonté, de la pensée
portée par la volonté, elle place cette pensée
humaine dans la communauté sociale, et parce
qu'elle porte la pensée dans le vouloir, elle
peut aussi stimuler en l'humain des pensées
qui engendrent une véritable pratique de la
vie, pas simplement une routine, mais une
pratique de la vie qui ne peut justement
reposer que sur des idées, sur un vouloir
porté par l'esprit.
13
Nous avons surtout besoin aujourd'hui d'une
telle vision du monde spirituelle scientifique
sur le terrain de cette vie de l'esprit, qui
est la plus importante pour le public, nous en
avons besoin sur le terrain de l'art de
l'éducation. Et c'est tout de suite dans l'art
de l'éducation que l'on peut explorer la
vérité intérieure de ce que je viens de
caractériser comme les principes d'une science
de l'esprit. Dans l'école Waldorf déjà
mentionnée, qui a été créée sous l'égide de
notre ami Monsieur Molt à Stuttgart, on a
essayé de fonder la pédagogie en tant qu'art
de l'éducation sur la base de la science de
l'esprit. Cette école Waldorf ne veut pas être
une école de vision du monde. Ces humains qui
disent qu'elle veut être une école dans
laquelle la science de l'esprit d'orientation
anthroposophique est transmise dès l'enfance à
la place des anciennes visions du monde disent
la non-vérité. Ce n'est pas de cela qu'il
s'agit dans cette école, mais plutôt du fait
que ce que l'on entend ici par science de
l'esprit peut justement saisir la volonté de
l'humain, imprégner son action, et que ce qui,
dans d'autres visions du monde, ne reste
qu'une pensée, une idée, peut être saisi
méthodiquement dans la vision du monde de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement. C'est pourquoi, dans le
cas de l'école Waldorf de Stuttgart, il ne
s'agit pas de ce que l'on veut transmettre aux
enfants en termes de contenu, mais il s'agit
de faire en sorte que notre science de
l'esprit devienne une méthode, qu'elle
devienne le fondement de l'enseignement, de
l'éducation, de l'action et de la volonté du
maître.
14
Mais pour cela, il appartient toutefois que
cette pédagogie, cet art de l'éducation soit
construit sur une véritable connaissance de
l'humain. Une véritable connaissance de
l'humain se donne seulement des méthodes que
j'ai décrites aujourd'hui. On y apprend à
reconnaître comment, à partir du spirituel
intérieur, on peut avant tout distinguer
certaines époques dans l'humain en devenir.
Ces époques sont ce que l'on ignore
aujourd'hui superficiellement dans l'être
humain, même dans la science qui se veut très
exacte. On voit certains processus chez
l'enfant lorsque, vers la septième année, il
change de dents. Mais celui qui regarde plus
profondément dans la nature humaine voit aussi
comment, pendant cette période de changement
de dents, il se produit chez l'enfant une
métamorphose complète de toute sa vie
psychique/de l'âme. Alors que dans la première
période, de la naissance à la septième année,
tout ce que fait l'enfant, tout ce pour quoi
il se sent enclin et capable, provient du
principe de l'imitation, de l'imitation, d'une
empathie avec tout ce que fait l'entourage,
avec la poussée dentaire, vers la septième
année, commence chez l'enfant l'époque où ses
capacités intérieures le prédisposent à
l'autorité. Jusqu'à l'âge de sept ans,
l'enfant, comme s'il s'agissait d'une vie
élémentaire évidente, fera lui-même, dans les
mouvements de ses mains et dans la formation
de son langage, ce que font les adultes de son
entourage. Il se mêlera entièrement à ce qui
émane même des impondérables des pensées et
des représentations de son entourage. Dès la
septième année, l'enfant a besoin, dans son
entourage, de celui dont il peut croire qu'il
sait, dans un certain sens, ce qui est juste ;
il a besoin d'autorité. On a beau s'insurger
aujourd'hui contre l'autorité, il faut tenir
compte du fait que depuis l'âge de sept ans
jusqu'à l'âge de la maturité sexuelle,
l'autorité est quelque chose sous l'influence
duquel l'humain doit se trouver s'il veut se
développer sainement. Car une deuxième période
de l'enfance humaine est celle qui va de la
poussée des dents à la maturité sexuelle,
jusqu'à quatorze ans environ.
Approximativement, dis-je ; ce n'est pas un
jeu de chiffres qui entre en ligne de compte,
mais ce sont les étapes importantes, les
changements des métamorphoses de la vie qui
entrent en ligne de compte. Vers la
quatorzième année, l'humain atteint la
maturité sexuelle. C'est là qu'intervient une
transformation complète de sa vie psychique/de
l'âme, c'est là qu'intervient ce qui le rend
intérieurement capable de juger de façon
autonome, de s'opposer au monde avec ce qui
naît en lui comme jugement, tandis que de la
septième à la quatorzième année, il s'épanouit
lorsqu'il peut avoir à côté de lui l'autorité
vers laquelle il regarde.
15
Or, c'est justement pendant les années qui
vont de la poussée dentaire à la maturité
sexuelle que l'on doit s'occuper de l'enfant
en matière d'enseignement et d'éducation
pendant ce que l'on appelle l'école primaire.
Mais même pendant cette période, on peut
encore distinguer certaines époques,
sous-époques. L'instinct d'imitation qui émane
de l'être le plus intime de l'humain jusqu'à
l'âge de sept ans s'étend encore, en
s'affaiblissant, mais en se manifestant
clairement, au-delà de la septième année
jusqu'à la neuvième année. Et celui qui, par
la science de l'esprit, s'approprie un sens
vivant de la manière dont se manifeste chez
chaque enfant cette interaction de la capacité
d'imitation, du besoin d'autorité dans tout
apprentissage et vis-à-vis de toute éducation,
pourra voir dans chaque enfant, même s'il a la
plus grande classe devant lui, un problème
d'éducation propre. Car un tel humain, en tant
qu'éducateur et enseignant, ne pourra pas
s'adonner à une quelconque pédagogie
normative, à une pédagogie qui, à son tour,
pose des principes abstraits, par exemple à
partir de l'intellectualisme : c'est ainsi
qu'il faut éduquer, ou c'est ainsi qu'il faut
éduquer -- non, celui qui est devenu
enseignant par la science de l'esprit voit
dans l'enfant en devenir quelque chose que
l'artiste voit dans chaque individu qu'il crée
: toujours une nouveauté et une nouveauté. Il
n'y a pas de principes pédagogiques abstraits,
il y a une découverte vivante de l'enfant, une
création à partir de l'enfant lui-même, une
résolution de l'énigme de ce qui est caché
dans l'enfant, de ce qui veut sortir par la
corporalité en tant que spirituel-âme. Car
c'est le propre de la connaissance de
l'esprit, qui doit être appliquée avant tout
dans l'art de l'éducation, que cette
connaissance de l'esprit ramène l'humain à la
vitalité immédiate. Ce n'est pas le cas de
l'intellectualisme, de la connaissance
abstraite. Si j'ai compris quelque chose de
manière abstraite, eh bien, je l'ai compris,
je le transporte ensuite dans la vie. Je me
souviens tout au plus de ce que j'ai déjà
appris. Il n'en va pas de même pour la
connaissance de l'esprit. Celui qui n'a fait
que quelques pas dans cette connaissance de
l'esprit sait que cette connaissance de
l'esprit ne donne rien dont on puisse
simplement se souvenir. De même, la
connaissance de l'esprit ne donne rien dont on
puisse simplement se souvenir, tout comme ce
que j'ai mangé et bu aujourd'hui peut me
donner quelque chose dont je puisse simplement
me souvenir demain et les jours suivants ; on
n'est pas satisfait en tant qu'être humain si
l'on ne doit se souvenir que de ce que l'on a
mangé il y a quatre semaines. Mais on est
satisfait, en tant qu'être humain qui a
assimilé une connaissance abstraite, si l'on
se souvient de ce que l'on a appris ou acquis
il y a quatre semaines. Il n'en va pas de même
avec la connaissance de l'esprit. La
connaissance de l'esprit s'entrelace avec
l'être humain, elle descend, est digérée et
doit toujours être ravivée, elle entre ainsi
dans les phénomènes de la vie.
16
Si quelqu'un était un grand chercheur d'esprit
dans sa quarantième année et qu'il ne
continuait pas à entretenir un contact vivant
avec ce qui est à connaître, il mourrait de
faim par rapport au contenu psycho-spirituel,
comme mourrait de faim celui qui cesserait de
manger à l'âge de quarante ans. La
connaissance abstraite telle que la science de
la nature l'a rendue grande, peut se contenter
de phénomènes. Elle est terminée une fois pour
toutes. La connaissance spirituelle met l'être
humain en pendant vivant avec son
environnement, elle doit sans cesse être
renouvelée si elle ne veut pas mourir, elle
devient semblable dans la vie à ce que sont,
dans un domaine inférieur, le manger et le
boire.
17
En disant cela, le monde devrait reconnaître à
quel point cette connaissance de l'esprit est
radicalement différente de celle que l'on
croit aujourd'hui être la seule possible. Mais
représentez-vous que cette connaissance de
l'esprit imprègne tout ce que l'éducateur et
l'enseignant veulent faire, qu'elle imprègne
ses actes, ses pensées lorsqu'il entre dans la
salle de classe, comme le fer vivifie notre
sang - imaginez un état d'esprit qui vient
d'une connaissance de l'esprit et qui sait que
vous devez vous occuper de chaque individu en
particulier, que vous ne pouvez rien retenir,
que vous devez faire face à chaque enfant
comme à une nouvelle énigme - cela donne en
premier une véritable pédagogie, une pédagogie
vivante. Aujourd'hui, on parle beaucoup
d'éduquer l'individualité. On donne aussi
toutes sortes de beaux principes abstraits à
ce sujet - on n'obtiendra rien de cette
manière. On n'obtiendra quelque chose pour
notre époque exigeante en matière de vie que
si l'on fonde une pédagogie en tant qu'art.
Cette pédagogie en tant qu'art, qui regarde à
l'intérieur de l'humain à tout moment, oublie
la science de la connaissance, comme l'artiste
se débarrasse de toute esthétique et de tout
lorsqu'il veut créer positivement. À quoi
"nous servent tous les principes sur la beauté
si nous voulons façonner l'argile ! Celui qui
sait ce qu'est la création artistique me donne
raison. À quoi servent toutes les règles
pédagogiques si nous devons commencer à
déchiffrer et à développer ce qui se trouve
dans l'âme et l'esprit de l'enfant ? Il s'agit
ici de devenir des artistes en tant que
pédagogues. Nous pouvons le devenir si la
science de l'esprit pénètre dans notre
civilisation en tant qu'élément vivant.
18
Mais nous verrons alors aussi comment, à l'âge
où le sens de l'imitation et le sens de
l'autorité s'équilibrent entre sept et neuf
ans, nous devons former la volonté, comment
nous ne devons pas accorder trop d'importance
à l'intellect de l'enfant. Nous ne devons
surtout pas transmettre à l'enfant, de manière
non artistique, ce qui est fixé par la
convention humaine. Nous ne devons pas amener
à l'enfant, comme une convention, ce qui parle
simplement à l'intellect. C'est aussi la forme
des lettres, c'est aussi l'écriture, la
lecture. Tout cela, tel que nous l'avons
aujourd'hui, car nous ne sommes plus à
l'époque de l'ancienne écriture
pictographique, repose sur une convention
humaine. Nous devons nous en débarrasser.
C'est pourquoi, à l'école Waldorf, on essaie
de faire naître la lecture et l'écriture -
d'abord l'écriture - à partir de l'artistique.
On essaie d'abord de dessiner, voire de
peindre, des formes à partir desquelles on
peut ensuite construire les formes des lettres
; donc d'abord l'artistique, puis
l'intellectuel. Mais pour que ce que la nature
de l'enfant désire vraiment à cette époque
puisse germer de la bonne manière, tout doit
être conçu en fonction de cet enseignement
artistique. Et maintenant que nous donnons
notre enseignement à l'école Waldorf depuis
quelques mois seulement, nous voyons comment
il est vraiment possible de travailler à
partir de l'artistique, comment il est
possible, surtout dans le domaine de la
musique, du chant, de l'eurythmie, de l'art
des sons animés - car c'est encore l'eurythmie
pour l'enfant -, comment il est possible de
donner à l'enfant quelque chose que sa nature
exige, que sa nature veut, mais qui en même
temps rend le sens artistique flexible, le
sens artistique enclin à recevoir le monde
entier de manière artistique. Alors, à
l'approche de la neuvième année, lorsque
l'humain peut établir son rapport entre le moi
et le monde extérieur, on peut se diriger
expérimentalement vers ce qui est une
description de la nature, on peut alors faire
naître la science à partir de l'artistique.
19
Toutefois, il faut toujours tenir compte du
fait - aussi étrange, aussi trivial que cela
puisse paraître, il faut le dire - que
l'humain est l'humain. L'aménagement de ce que
l'on appelle l'emploi du temps, tel que nous
l'avons souvent aujourd'hui, ne tient pas
compte du fait que l'humain est un être
humain. Il n'y a rien de plus antipédagogique
que d'enseigner à l'enfant trois quarts
d'heure de ceci, puis trois quarts d'heure de
quelque chose de totalement opposé. Trois
quarts d'heure de religion, trois quarts
d'heure de calcul, trois quarts d'heure
d'écriture et ainsi de suite. A l'école
Waldorf, nous cherchons à tout faire ressortir
des lois qui s'expriment dans l'âme et
l'esprit de l'enfant. Il est cependant
nécessaire de pratiquer quelque chose, par
exemple le calcul, pendant trois, quatre, cinq
ou six semaines, uniquement et exclusivement,
sans horaire, et ce n'est que lorsque l'on a
assimilé un certain volume de travail que l'on
passe à autre chose. Cela devient une
concentration de l'enseignement. A la fin de
l'année scolaire, on peut alors résumer tout
ce qui entre en ligne de compte par des
révisions. Mais l'emploi du temps est en fait
l'ennemi de tout véritable art éducatif.
20
Et c'est ainsi que l'on parvient non seulement
à obtenir quelque chose en ce qui concerne la
direction éducative et pédagogique de
l'enfant, mais aussi à déduire les nécessités
du plan d'études à partir du développement de
l'enfant lui-même. Lorsque j'ai donné aux
enseignants de l'école Waldorf le cours
pédagogique qui les a préparés à leur tâche,
j'ai surtout veillé à élaborer un programme
d'enseignement qui soit en fait le simple
résultat de ce que l'enfant exige de la
sixième, septième à la huitième, neuvième
année, de la neuvième à la douzième année, de
la douzième année à la maturité sexuelle. Si
l'on a le sens et la compréhension de l'être
humain par la science de l'esprit, on peut
lire d'année en année ce qui doit être fait à
partir de ce que la nature humaine développe
de manière élémentaire, et on peut le lire
avec un sens pédagogique profond, en entrant
dans la salle de classe, à partir de ce que
nous disent les visages des enfants assis
devant nous. C'est ainsi que l'on tente - je
ne peux que vous en donner une esquisse, je ne
peux évidemment pas décrire ces choses dans
tous les détails - d'apporter une vie directe
par la science de l'esprit dans l'un des
domaines sociaux les plus importants, l'art de
l'éducation.
21
Toutes les abstractions, tout ce qui fait la
grandeur de la technique, ne sont pas
fructueuses lorsqu'il s'agit de rassembler les
humains. Le véritable art de l'éducation doit
chercher ses sources dans la science de
l'esprit. Elle ne pourra le faire que si, dans
le sens de la triarticulation de l'organisme
social, la vie spirituelle est libérée de la
vie étatique, libérée de la vie économique. En
fait, ce n'est que grâce au fait que la loi
scolaire du Wurtemberg comporte encore un trou
dans lequel on pouvait se glisser, qu'il a été
possible d'y faire entrer l'école Waldorf en
tant qu'école libre, dans laquelle on peut
vraiment procéder selon des principes
pédagogiques et artistiques. Pour accepter la
science de l'esprit, il n'est pas nécessaire
de devenir chercheur en sciences de l'esprit.
De même que l'on peut accepter l'astronomie
moderne ou la chimie moderne sans avoir besoin
de devenir astronome ou chimiste, de même que
l'on n'a besoin que du bon sens, de même
n'a-t-on besoin que du bon sens, si seulement
on ne se laisse pas influencer par des
préjugés, pour accueillir ce que le chercheur
en sciences spirituelles fait remonter à la
surface des profondeurs de l'âme. Mais si l'on
s'imprègne de ce qui est reconnu à partir de
pensées portées par la volonté, à partir d'un
vouloir porté par la pensée, alors on obtient
aussi l'enthousiasme nécessaire pour la vie,
qui manque à l'humanité endormie d'aujourd'hui
et qui doit venir si l'on veut que les choses
s'améliorent.
22
Tant qu'un nombre suffisamment important de
personnes n'exigera pas énergiquement ce qui
est nécessaire à une nouvelle construction,
celle-ci ne sortira pas d'elle-même d'un coin
quelconque. L'évolution actuelle de l'humanité
est prédisposée à exiger les grands objectifs
de la vie à partir de la volonté, de la
volonté consciente. Nous avons mené assez
longtemps cette politique qui regarde toujours
avec diplomatie ce qui se trouve là [lacune]
et après laquelle on dit : cela finira par
s'arranger. Aujourd'hui, les gens voient la
situation se dégrader de jour en jour ; chaque
jour, ils croient que ce qui vient de se
produire va rester. On n'a pas le moindre sens
pour le fait que dans le déclin doit être
reconnue la force du relèvement. Et ainsi,
comme dans l'art de l'éducation, il faudra
aussi chercher dans la vie populaire les
forces qui peuvent conduire à une nouvelle
construction. Là aussi, il ne peut s'agir que
des forces qui viennent de l'esprit, de la
connaissance de l'esprit, de la contemplation
de l'esprit. Comme les deux éléments de l'âme
auxquels j'ai fait allusion s'opposent
aujourd'hui dans notre vie sociale, dans notre
vie populaire ! La pensée abstraite, que tout
humain possède en fait - il est tout à fait
indifférent que l'on soit sorti de l'atelier
du cordonnier, que l'on soit le fils du
cordonnier ou [lacune], si l'on est arrivé à
un certain niveau de pensée. Cette pensée,
elle est indépendante de la personnalité,
c'est à partir de cette pensée que l'on a son
point de vue. Mais tous ces points de vue ne
sont en fait pas nécessaires, car chaque être
humain a en fait le droit d'avoir son propre
point de vue, et il pourrait en fait parcourir
le monde avec ce point de vue comme un
solitaire. On n'a pas besoin de vivre ensemble
si chacun a "son point de vue", si personne
n'a rien à dire à l'autre.
23
Mais c'est le propre de la connaissance de
l'esprit que de s'affranchir complètement de
ces "points de vue", de cette position sur des
points de vue, pour devenir en fait quelque
chose qui rend les humains réceptifs à la vie,
à une véritable école. Celui qui se
familiarise avec la science de l'esprit dans
le sens où nous l'entendons ici en tant que
science d'orientation anthroposophique, telle
qu'elle est représentée par l'édifice de
Dornach, pour lui, chaque personne qu'il
rencontre dans la vie devient un problème
intéressant. L'enfant lui-même, c'est
justement important pour l'art de l'éducation
; l'enfant devient un problème intéressant. Et
de même que dans la vie physique on ressent la
faim par rapport à la nature extérieure, de
même qu'on doit s'unir à la nature extérieure,
de même on ressent, en tant que spécialiste de
la science de l'esprit, le besoin de se
confronter toujours et encore à ce que les
autres humains pensent, à ce que les autres
humains pensent, ressentent et veulent. La
science de l'esprit nous met en contact avec
les humains dans le sens le plus large du
terme.
24
Aujourd'hui, le chercheur en sciences humaines
peut dire avant tout que lorsqu'il lit
d'autres visions du monde, il les laisse agir
sur lui différemment des autres humains. Il
s'interroge moins sur ce qui est erreur ou
vérité, car c'est le plus souvent son propre
point de vue qui en décide, et c'est sur ce
point de vue je me suis donc tout de suite
exprimé. Mais, quelle que soit l'erreur
présumée produite par tel ou tel en pensant ou
en agissant, ce que l'être humain nous
présente est le complément de notre propre
être lorsque nous nous imprégnons de la
science de l'esprit. De même que le
naturaliste a besoin de se confronter à
l'expérimentation, le chercheur de l'esprit a
besoin de se confronter à tout ce qui est
humain. S'il fonde une vision du monde,
celle-ci devient une impulsion sociale, parce
qu'elle ne sépare pas les humains, parce
qu'elle les rassemble ; parce qu'elle
introduit à son tour la vie individuelle dans
ce qui n'est sinon qu'un point de vue abstrait
que chacun peut avoir vis-à-vis de tous. Le
chercheur d'esprit se trouve face au petit
enfant qui ne sait peut-être que balbutier,
qui ne sait peut-être même pas balbutier, qui
peut lui révéler des secrets à partir de
regards élémentaires à travers son œil encore
tout enfantin. Il reçoit des révélations de
tout ce qui est humain. Ainsi, ce que la
science de l'esprit a à dire, si on l'intègre
une fois dans la vie humaine, devient une
impulsion pour la vie sociale des humains. De
même que la connaissance scientifique a
extrait du langage humain le contenu de la
pensée, de même qu'elle a créé la phrase, de
même la science de l'esprit introduira dans
notre langage une substantialité spirituelle
vivante, et notre langage, par le fait que la
science de l'esprit conduit l'humain à
l'humain, deviendra le principal moyen
d'amélioration sociale pour les temps à venir.
25
Et c'est tout de suite parce que la
connaissance est devenue si abstraite d'un
côté, que la volonté est devenue dépendante
des simples émotions, des simples instincts
personnels, comme je l'ai aussi expliqué
aujourd'hui. Du fait que la science de
l'esprit crée ses contenus à partir de la
volonté portée par la pensée, ce qu'elle peut
donner à l'humain est la base d'intérêts plus
vastes que ceux que peuvent donner le simple
sentiment personnel, le simple égoïsme
personnel. En conclusion, qu'est-ce qui est
devenu l'impactant dans la vie sociale au
cours des trois ou quatre derniers siècles ?
L'impactant est devenu l'égoïsme. Si l'on ne
peut pas s'élever par la connaissance [lacune]
vers l'humain, si l'humain ne peut pas nous
pénétrer, alors nous ne pouvons faire valoir
que l'égoïsme dans la vie sociale. Mais dès
l'instant où nous avons la vie de l'esprit
dans son indépendance, et que nous pouvons
ainsi fonder cette indépendance dans l'art de
l'éducation que j'ai esquissée aujourd'hui, et
dès l'instant où nous imprégnons notre volonté
d'idées, nous pouvons trouver le chemin de
l'humain à l'humain dans notre vie économique,
nous pouvons former des associations à partir
des états de professions, nous pouvons former
des associations à partir de la réunion de
consommateurs et de producteurs, nous pouvons
former une structure économique dans
l'organisme social qui est précisément
construite sur ce qu'un humain peut apprendre
d'un autre, sur ce qu'un humain peut
expérimenter d'un autre. La routine de la vie
se transforme ainsi en pratique de la vie.
Plus on observe la vie humaine de l'intérieur,
plus on regarde la vie humaine elle-même, plus
la nécessité de la triarticulation de
l'organisme social s'impose de toutes parts.
Et de même que d'un côté la vie de l'économie
est fécondée par un vouloir imprégné d'idées,
et de l'autre la vie de l'esprit [lacune], de
même ce qui se passe entre les humains - à
notre époque, cela ne se passe en fait que
sous forme de convention, et ce à tel point,
que l'on veut aussi la convention sous la
forme de la Société des Nations entre les
peuples -, devient un élément vivant dans la
vie de droit étatique, qui doit se tenir en
face des autres membres indépendants, de la
vie de l'esprit indépendante, de la vie de
l'économie indépendante, en tant que membre
indépendant de l'organisme social triarticulé.
Mais vous voyez en même temps, tout de suite à
partir de l'exemple de l'art de l'éducation,
comment la science de l'esprit, comment cette
science de l'esprit doit être la base sur
laquelle doit être édifiée la structure de
l'organisme social triarticulé, intervient
dans la vie populaire, dans la vie sociale.
Oh, à quoi est-on arrivé à notre époque sous
l'influence des deux éléments d'âme que nous
venons de décrire ? D'un côté, nous avons, la
pensée abstraite qui dépasse, j'aimerais dire,
toute individualité humaine, et qui est la
même chez tous les humains qui sont parvenus à
la capacité de cette pensée intellectuelle
logiquement abstraite. Parce que c'est la même
chose, il est nécessaire que ce que l'humain
ne peut pas acquérir en tant qu'humain
abstrait, ce qu'il veut acquérir dans la
communauté sociale, s'appuie sur le
sous-humain, sur les simples instincts, sur
les instincts égoïstes. Et c'est ainsi que
nous voyons, comme à l'époque du darwinisme,
où l'on a remarqué dans le règne animal la
lutte pour l'existence, même si elle n'était
que limitée, comment les naturalistes ont
voulu devenir des politiciens sociaux, des
scientifiques sociaux, et ont maintenant voulu
établir la lutte pour l'existence comme une
évidence dans la vie humaine. Oui, il est même
vrai que la lutte pour l'existence ferait rage
dans la vie humaine si seuls les instincts de
l'égoïsme pouvaient être actifs dans la vie
sociale. Et [cette lutte pour l'existence],
Lénine et Trotsky veulent aussi la mener ; ils
ne feront qu'organiser l'égoïsme. Cela, tous
ceux qui peuvent voir la vie humaine
aujourd'hui le savent. Tout le reste ne sera
qu'un masque. Nous voyons déjà aujourd'hui la
fausseté interne du léninisme, qui promet aux
gens des montagnes d'or, un temps de travail
court, et qui en est déjà arrivé à établir un
temps de travail de douze heures, parce que
cela s'avère être une nécessité dans le cadre
du mécanisme que l'on veut introduire.
26
Mais dans la vie humaine, ce qui est présent
en lui en tant que pensée abstraite, ce qui
est identique chez tous les humains, ne pourra
jamais dire oui à cette lutte pour
l'existence, il sera toujours insatisfait de
cette lutte pour l'existence, il aspirera
toujours à l'harmonie, au dépassement de la
lutte pour l'existence. Mais si nous ne
parvenons pas à insuffler une véritable
spiritualité dans l'intellectualisme abstrait,
le monde de l'abstraction sera trop faible
pour faire sortir l'égoïsme de la vie sociale.
Et d'un autre côté, l'égoïsme restera brutal
si on n'y verse pas ce que seules la
connaissance de l'esprit, la vision de
l'esprit peuvent apporter à l'humain. Ce qui
se présente aujourd'hui de manière dualiste
chez l'humain, d'un côté l'intellectualisme
abstrait, de l'autre le simple fonctionnement
des instincts, ne peut trouver son équilibre
que si les deux peuvent être imprégnés par
l'esprit. Si les pensées sont spiritualisées,
elles s'approchent de l'humain individuel et
font de cet humain individuel celui qui ne
veut pas seulement avoir raison, qui ne peut
pas seulement donner ce que les autres ne
veulent pas, mais qui doit sans cesse se
confronter aux autres humains, qui doit sans
cesse mener avec les autres humains le langage
de la pensée, en quelque sorte, au lieu du
langage des phrases. Mais celui-ci ne peut
être mené qu'à partir d'une vie spirituelle
qui n'est pas seulement construite sur le
souvenir, mais qui, comme la faim et la soif,
est construite sur le renouvellement
quotidien, sur la métamorphose de la vie, qui
doit sans cesse se renouveler, quand bien même
elle serait déjà parvenue au plus haut niveau.
Cela ne peut se produire que si les instincts
sont pénétrés par les pensées qui naissent de
la manière que j'ai décrite aujourd'hui.
Alors, l'humain pourra vouloir, dans le cadre
de ses associations économiques, ce qui
dépasse l'humain individuel. Alors, la vie de
l'économie pourra être spirituelle. Il est
vrai qu'aujourd'hui, quand on regarde le
monde, quand on regarde la vie réelle, la
nécessité de ce que l'on peut exiger comme
triarticulation de l'organisme social se fait
sentir. Ce n'est pas une utopie. Seuls les
humains qui n'ont pas le sens de la réalité,
qui sont eux-mêmes des utopistes, et qui
déclarent donc utopique tout ce qui ne va pas
dans leurs utopies, qualifient la
triarticulation d'utopie.
27
Ce qui est présenté au monde comme l'impulsion
de la triarticulation de l'organisme social
est tiré de la vie pleine. Mais cela montre
aussi que cette vie pleine exige aujourd'hui
une imprégnation de ce qui peut être saisi de
manière vivante dans la vision de l'esprit.
Cette vision de l'esprit est nécessaire à
l'humain. Et tant que l'on n'aura pas reconnu
que l'humain n'est pas un simple être naturel,
on ne pourra pas parvenir à une solution des
problèmes sociaux si pressants aujourd'hui. Il
y a des années, lorsque le matérialisme
théorique était à son apogée, les gens qui
pouvaient déjà voir que ce matérialisme
théorique devait aussi conduire au
matérialisme pratique se sont emportés contre
ce matérialisme. Mais on ne peut pas
s'empêcher de dire qu'en fin de compte, les
humains qui sont devenus des matérialistes
théoriques, comme Haeckel et d'autres,
n'étaient pas aussi des humains intelligents.
On se trouve alors face à un phénomène
singulier : des esprits vraiment brillants
sont devenus matérialistes. Pourquoi ? Ils
sont devenus matérialistes parce que la pensée
qui s'est développée au cours des trois ou
quatre derniers siècles en tant que pensée
abstraite - cela devient clair pour les
chercheurs en sciences de l'esprit - doit être
expliquée de manière matérialiste. Cette
pensée qui fait la grandeur de la science de
la nature est liée à l'outil du cerveau, à
l'outil du corps humain. La pensée s'arrête
à/avec la mort. Seul si nous insufflons la
volonté dans nos opérations de pensée, si nous
ne nous laissons pas seulement guider par
l'observation de la nature et
l'expérimentation, si nous insufflons dans la
pensée ce qui s'élève de la volonté, alors il
en résulte quelque chose qui peut devenir
libre du corps, qui est vraiment
psycho-spirituel. Le matérialisme avait raison
pour la pensée qui s'est développée au cours
des trois ou quatre derniers siècles et qui a
atteint son apogée à l'époque actuelle. Il
faut expliquer cela de manière matérialiste.
C'est pourquoi les humains les plus
intelligents sont devenus matérialistes dans
la deuxième moitié du XIXe siècle, parce
qu'ils se sont finalement retrouvés face à la
grande énigme suivante : qu'en est-il de la
pensée ordinaire qui atteint une telle hauteur
précisément dans la science de la nature ?
Cela doit être expliqué de manière
matérialiste. Le matérialisme, à sa manière, a
pleinement raison, et personne ne peut être
spiritualiste, au sens de la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement, s'il
ne sait pas que le matérialisme a raison dans
son domaine limité. Celui qui pose la question
: Soit le matérialisme, soit le spiritualisme
? - il fait fausse route. Car le matérialisme
a son domaine, et il faut bien comprendre que
si l'humain veut sauver le spirituel, il doit
aussi aller au-delà de la pensée dont il est
si fier aujourd'hui. De même, un véritable
ordre social souhaitable ne pourra jamais voir
le jour si l'humain ne veut fonder ces ordres
sociaux qu'à partir des émotions égoïstes
ordinaires, car celles-ci ne peuvent fonder
que la lutte pour l'existence, et non un rêve
social à la Lénine. L'humain peut seulement
fonder un véritable ordre social s'il déverse
dans cette vie sociale le spirituel-d'âme tel
qu'il est décrit aujourd'hui et tel qu'il est
stimulé en lui par cette vision du monde qui
vient de la vision de l'esprit. L'humain
pourra alors reconnaître et réaliser par la
vie ce que Goethe avait planant devant lui
lorsqu'il a posé son regard sur l'essence de
l'humain et s'est demandé : "comment l'humain
se tient-il en fait à la nature ? - Goethe se
disait : "Si nous considérons tout cela,
depuis les merveilleuses étoiles au-dessus de
nous jusqu'à tout ce qui se présente comme
nature autour de nous dans les différents
règnes, nous devons regarder l'humain, face à
cette nature, comment il absorbe cette nature
en lui, comment il la transforme, comment il
la fait naître en lui comme quelque chose de
nouveau, créant une nature supérieure par
l'humain dans l'humain, une nature supérieure
qui est spirituelle-âme,
psychique-spirituelle. C'est ce qu'exprime si
bien Goethe en disant :
28
"En ce que l'humain est placé au sommet de la
nature, ainsi il se considère de nouveau comme
une nature entière, qui a à nouveau à produire
un sommet en elle-même. Pour cela, il s'élève
en s'imprégnant de toutes les perfections et
vertus, en appelant le choix, l'ordre,
l'harmonie et la signification, et en
s'élevant enfin jusqu'à la production de
l'œuvre d'art, qui occupe une place brillante
à côté de ses autres actes et œuvres". Et
comme le complément de cette pensée est
l'autre, qui se trouve dans le livre sur
Winckelmann, où l'on trouve aussi celle qui
vient d'être mentionnée, lorsque Goethe dit :
"Quand la saine nature de l'humain agit/œuvre
comme un tout, s'il se sent dans le monde
comme dans un grand, beau, digne et précieux
ensemble, si le confort harmonieux lui
accordait un pur et libre ravissement ; alors
l'univers, s'il pouvait se sentir lui-même,
pousserait des cris de joie comme s'il était
arrivé à son but et admirerait le sommet de
son propre devenir et de son essence. Car à
quoi sert toute la dépense de soleils, de
planètes et de lunes, d'étoiles et de voies
lactées, de comètes et de taches nébuleuses,
de mondes devenus et en devenir, si ce n'est,
pour finir, qu'un humain heureux se réjouit
inconsciemment de son existence/être-là ?"
29
C'est à partir d'une telle mentalité, qui
conduit l'humain à travers la nature, par la
nature, vers lui-même, vers le
psycho-spirituel, c'est à partir d'un tel état
d'esprit que peut naître ce qui devrait
construire notre vie sociale. Mais elle ne
naîtra que si l'humain, par sa volonté, dirige
son regard vers ce que l'exploration de la vie
de l'esprit elle-même peut lui donner.
30
C'est pourquoi il doit être dit : ce n'est pas
dans les institutions extérieures et dans leur
transformation que nous devons voir ce qui
peut nous conduire plus loin. Quelle que soit
la manière dont nous transformons les
institutions extérieures, cela ne conduira pas
à une nouvelle construction. Cela ne peut se
faire que si l'humain va chercher en lui-même
ce qui en lui tend actuellement à la
destruction. Car tout ce qui est extérieur
dans la vie de l'humain est fait par l'humain
lui-même, par l'essence la plus intime de
l'humain. Ce n'est qu'en réapprenant, en
repensant que nous pouvons avancer. Il n'y
aura pas d'amélioration plus tôt que lorsqu'un
nombre suffisamment important d'êtres humains
auront le courage de repenser, de réapprendre.
Et finalement, ce qui pourra un jour venir à
nouveau sur l'humanité en tant que forces
constructives devra provenir du courage de
s'élever vers l'esprit réel, afin que celui-ci
puisse, comme je l'ai déjà dit hier à la fin,
éliminer peu à peu, mais efficacement, le
non-esprit.
31
[Un débat s'ensuit].
32
Mot de la fin
33
Mes très chers présents. Je n'ai aucun point
d'appui particulier dans les propos de M. B.
pour dire quelque chose d'important dans cette
conclusion, car il a donné l'exemple de la
manière dont on juge, à partir de la pensée
abstraite de notre époque, ce que l'on
aimerait dire à partir de la pensée féconde de
l'esprit. C'est pourquoi je voudrais dire
quelques mots à l'intention des auditeurs qui
auraient pu mal comprendre ce que j'ai dit sur
le programme/plan scolaire.
34
Ce que j'ai dit sur le plan scolaire, c'est
qu'il devrait viser la concentration. Je n'ai
pas dit qu'il ne devait pas y avoir
d'alternance. Mis à part le fait que l'on
pourrait se demander si cette alternance doit
être créée après trois à cinq semaines pour le
calcul, ou si c'est mieux ou pas, c'est une
question purement didactique qui ne peut pas
être traitée de manière agitatrice, mais
uniquement de manière objective. Mais à part
cela, il faut travailler sur la concentration
dans l'enseignement, c'est-à-dire qu'il faut
traiter une certaine charge de travail de
telle sorte que l'emploi du temps ne nous gêne
pas, qu'on puisse vraiment travailler pendant
trois à six semaines, aussi longtemps qu'il le
faut, sans être interrompu par autre chose. Il
va de soi que l'on tient pleinement compte de
l'entité de l'enfant. Pour que vous ne vous
mépreniez pas, j'aimerais vous expliquer
comment cela se passe dans n'importe quelle
classe de l'école Waldorf. Prenons la
cinquième classe de l'école primaire. Je
pourrais tout aussi bien citer la première.
Les cours commencent quelques minutes après
huit heures du matin. Pendant les deux
premières heures, on travaille justement à
cette concentration dans ce qui, dans les
matières scolaires habituelles, est
déconcentré par l'emploi du temps, réparti sur
une courte durée sans aucune concentration.
Ainsi, pendant ces deux premières heures,
jusqu'à quelques minutes après dix heures, on
travaille de manière concentrée sur ce que
l'on considère habituellement comme le contenu
des matières scolaires. Ainsi, pendant ce
temps, disons un nombre suffisamment important
de semaines, on travaille le calcul, puis à
nouveau l'étude des langues pendant un certain
nombre de semaines, et ainsi de suite. Ensuite
vient ce qui rend possible une concentration
en la pratiquant d'une certaine manière ; chez
nous, on enseigne les langues étrangères dès
les plus petits enfants, le français et
l'anglais, de sorte que les premières classes
reçoivent déjà un enseignement en langue
étrangère. Et c'est très impressionnant de
voir ces petits bouts de chou arriver à leurs
cours et de constater qu'ils ont effectivement
fait des progrès avec une grande joie en
quelques semaines dans l'enseignement des
langues étrangères. On travaille vraiment avec
eux sur l'utilisation de la langue. Pour la
première classe, c'est déjà le cas pendant
cinq à six semaines ; on y travaille le
français jusqu'à onze heures, l'anglais
jusqu'à midi. Ensuite, les enfants rentrent
chez eux. Et certains après-midi - les enfants
ont suffisamment de temps libre, cela fait
aussi partie de l'alternance, qu'ils sortent à
nouveau - certains après-midi, quand ils
reviennent, ils ont du chant, de la musique et
de l'eurythmie, de la gymnastique pourvue
d'âme, de l'art du mouvement pourvu d'âme.
Dans cet art du mouvement pourvu d'âme, les
enfants n'ont pas purement une gymnastique
physiologique, qui est aussi pratiquée, mais
un mouvement transspiritualisé. Ils ont pour
ainsi dire un langage muet donné dans
l'eurythmie. Les enfants s'y trouvent
extraordinairement bien. Et lorsqu'il y a
souvent des représentations d'eurythmie lors
de journées où les enfants sont convoqués pour
des fêtes particulières, les enfants s'y
pressent et on voit comment tout cela vit. On
ne peut donc pas dire qu'il n'y a pas de
variété ou que l'on ne tient pas compte de ce
qui correspond à la nature de l'enfant. Mais
si l'on dit maintenant : si les enfants
s'ennuient trop, il faut trouver autre chose -
oui, mes très chers présents, c'est tout de
suite la tâche de ne jamais laisser les
enfants s'ennuyer ! Les enfants se fâchent
tout au plus une fois parce que quelque chose
les pique, mais par ennui - il faut y veiller
- ils ne veulent jamais que l'enseignement
s'arrête d'une manière ou d'une autre. Et j'ai
déjà pu me rendre compte, dans ce court laps
de temps, puisque j'ai fréquenté l'école deux
fois pendant une longue période et que j'ai
toujours l'enseignement entre les mains, de la
vie qui est ainsi réellement apportée à
l'ensemble de l'enseignement.
35
Mes très chers présents, si l'on ne veut pas
fonder par le bavardage, mais par l'action, ce
qui est un droit égal pour tous, il ne faut
vraiment pas s'énerver de manière bavarde sur
la différence entre les entrepreneurs et les
ouvriers, qui existe encore aujourd'hui malgré
tout le bavardage ; elle est simplement là
comme un fait, et quand on parle aujourd'hui,
on ne peut vraiment pas effacer cette
différence pour le moment. Dans l'école
Waldorf, l'enfant du prolétariat est assis à
côté de l'enfant de l'entrepreneur. Les
enfants sont éduqués dans une unité complète,
et l'égalité des droits pour tous est fondée
en acte ! Alors qu'avec tout le bavardage et
l'agitation : il ne faut pas qu'il y ait des
"entrepreneurs" et des "ouvriers", on
n'arrivera à rien, mais ils doivent avoir les
mêmes droits. Bref, ce n'est pas en bavardant
que l'on résoudra la question, mais uniquement
en créant des objectifs et, surtout, en
envisageant une véritable solution à la
question sociale. Ce n'est pas en bavardant
avec des phrases d'agitation chaque fois qu'il
s'agit de passer à l'action que l'on fera un
seul pas vers l'amélioration ! C'est ce qui
importe aujourd'hui de faire la différence
entre l'action et le bavardage.
36
Si l'on ne fait pas cette différence entre les
bavards et ceux qui veulent faire quelque
chose, on n'arrivera pas à une branche verte,
mais les bavards parleront à mort carrément
tout ordre social. De nos jours, il n'est pas
possible d'obtenir quoi que ce soit avec de
beaux bavardages, même si ce bavardage part
d'une justification de l'égalité. L'égalité
des droits doit être fondée, et parler
purement d'égalité de droit ne mène à rien.
37
Une autre question, mes très chers présents :
Ne faut-il pas aujourd'hui créer les
conditions matérielles préalables pour les
personnes économiquement opprimées afin de
leur offrir la possibilité d'absorber du
spirituel ? J'ai tout de suite écrit un
article dans le dernier ou l'avant-dernier
numéro de la revue "Dreigliederung des
sozialen Organismus (Tri articulation de
l'organisme social)", qui paraît à Stuttgart :
38
"Les idées et le pain" - pour opposer au
préjugé courant le pays selon lequel, lorsque
du côté des rassasiés et ceux qui peuvent
encore se rassasier aujourd'hui est toujours
de nouveau et de nouveau indiqué sur : Il n'y
a rien d'autre à faire pour résoudre la
question sociale que de faire travailler les
gens. C'est facile à dire ! Il s'agit de faire
en sorte que les gens voient un but, un sens à
leur travail ! Mais d'un autre côté, rien
n'est fait non plus si l'on dit toujours de
l'autre côté : il faut d'abord donner du pain
aux gens, ensuite ils s'élèveront
spirituellement, ou alors on peut faire en
sorte qu'ils s'élèvent spirituellement. C'est
le travail spirituel qui permet d'obtenir du
pain. Il faut organiser, il faut, d'une
certaine manière, donner une structure
quelconque, une structure sociale, à ce qui
est travaillé, sinon le pain ne peut pas être
produit. Si une terrible vague de famine
s'étend aujourd'hui sur l'Europe centrale,
cette vague de famine - même si la situation
n'était évidemment pas bonne auparavant, nous
ne voulons pas en discuter maintenant - n'est
pas venue du fait que le pain s'est
soudainement retiré de l'humain, mais du fait
que les humains sont entrés dans un ordre
social par la catastrophe de la guerre, au
sein duquel aucun pain n'est produit, au sein
duquel aucune idée n'agit pour faire
travailler le pain. Les idées qui ont été
adorées jusqu'en 1914 par les gens qui étaient
les leaders ont été rendues absurdes par les
cinq ou six dernières années, elles ont été
rejetées. Nous avons besoin de nouvelles idées
! Et si l'on ne se décide pas à dire : nous
avons besoin d'idées nouvelles - c'est par ces
idées nouvelles que l'ordre social sera
organisé, que le pain nécessaire sera créé ;
si l'on ne se décide pas à le faire, nous ne
parviendrons pas de manière salutaire à un
développement ultérieur dans l'avenir.
39
Il est très étrange de constater, j'aimerais
dire, dans certains cas, que les gens ne
veulent pas admettre comment se situe et se
déroule la vérité. L'un des plus radicaux
était certainement le prince Krapotkin
jusqu'en 1914. Lorsqu'il est reparti en
Russie, on a entendu peu de temps après : oui,
si nous recevons seulement du pain de
l'Occident, les choses iront mieux ! - Et à
côté de cela, on entendait dire qu'il écrivait
une "éthique". Vous voyez, c'est ce qui nous a
ruinés, le fait que les gens aient d'un côté
la vie matérielle, de l'autre une vie
spirituelle abstraite, et que rien de cette
vie spirituelle abstraite n'intervienne dans
la vie réellement matérielle. L'esprit ne se
manifeste pas par le fait qu'on l'adore,
l'esprit se manifeste par le fait qu'il
devient capable de dominer et d'organiser
aussi la matière. C'est précisément ce qui est
grave, que nos confessions en soient arrivées
à vouloir simplement donner à l'humain un beau
contenu lorsqu'il a cessé de travailler, ou
tout au plus une directive sur la première
page blanche du grand livre, où il est écrit :
"Avec Dieu" - même si ce qui est traité là en
débit et en crédit ne justifie absolument pas
toujours qu'il soit écrit : "Avec Dieu" ! Mais
c'est là que se manifestent les phénomènes de
déclin de notre époque, que nous avons perdu
le pouvoir de trouver la transition vers la
vie matérielle par le biais de ce à quoi nous
adhérons spirituellement, que c'est
précisément l'attitude qui prévaut et qui dit
: "Ah oui, ne pas lier la vie matérielle à
l'esprit ! L'esprit est quelque chose de tout
à fait sublime, il faut le garder libre de la
vie matérielle ! - Non, l'esprit n'est pas là
pour qu'on le tienne à l'écart de la vie
matérielle, pour qu'en sortant de l'usine, il
ne soit qu'une sensation du dimanche
après-midi, aussi noble soit-elle, mais
l'esprit est là pour qu'on le fasse entrer par
la porte de l'usine, pour que les machines
fonctionnent selon l'esprit, pour que les
ouvriers soient organisés selon l'esprit.
L'esprit est là pour cela, pour qu'il pénètre
la vie matérielle ! Et nous avons péri parce
que ce n'est pas le cas, parce que nous avons
une vie spirituelle abstraite à côté d'une vie
matérielle sans esprit, dominée par de simples
routiniers. Les choses ne s'amélioreront pas
avant que l'esprit ne devienne si puissant
qu'il puisse dominer la matière. Ce n'est pas
à l'esprit étranger à la matière, étranger au
monde, que la science de l'esprit veut
conduire, mais à l'esprit qui peut dominer les
humains, que l'on ne trouve pas seulement
lorsqu'on est heureux de pouvoir sortir de
l'usine, mais que l'on apporte joyeusement
dans l'usine, afin que chaque geste individuel
se fasse à la lumière de cette vie de
l'esprit.
40
Ceux qui veulent l'esprit dans le sens où nous
l'entendons ici ne veulent vraiment pas un
esprit non pratique, ils veulent l'esprit qui
n'a vraiment pas seulement quelque chose à
dire dans le monde, qui n'a pas seulement
quelque chose à dire qui puisse nous réjouir
aux heures libres, mais un esprit qui, en
dominant la matière, organise la vie peut se
lier intimement à la vie. C'est de cet esprit,
ou de son acceptation que dépendra notre
volonté, si nous le renions, de naviguer de
plus en plus profondément dans le malheur ou
non. C'est entre ce "ou bien ou bien" qu'il
faut choisir aujourd'hui. Plus il y aura
d'humains qui décideront de s'engager dans cet
esprit actif, mieux ce sera pour l'avenir de
l'humanité.
41
C'est ce que je voulais encore ajouter à mes
paroles d'aujourd'hui.
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