Parmi les jugements en quelque sorte
déterminants qui ont été portés à
l'heure actuelle sur la situation
mondiale si chaotique, l'un des plus
importants est sans aucun doute celui
de l'Anglais John Maynard Keynes qui,
dans son livre "Die wirtschaftlichen
Folgen des Versaillerfriedens" (Les
conséquences économiques du traité de
Versailles), a porté une telle
appréciation sur la situation générale
actuelle du monde. Keynes est sans
aucun doute appelé à porter un tel
jugement en raison de ses rapports
extérieurs. Affecté au Trésor anglais
pendant la guerre, il était en mesure
de se forger une base pour un tel
jugement, bien entendu à partir des
éléments qui se présentaient à lui.
D'autre part, il était parmi les
émissaires, parmi les collaborateurs
du traité de paix de Versailles
lui-même. Il a toutefois démissionné
de cette position dès juin 1919. Et
cette démission, ainsi que les
conclusions auxquelles il parvient
dans son livre sur les conséquences
économiques du traité de paix, sont
précisément ce qui jette une lumière
significative sur la manière dont
cette personnalité se positionne par
rapport à la situation mondiale
actuelle. Keynes faisait lui aussi
partie de ceux qui, au début,
probablement encore lors de leur
visite à Versailles, voyaient dans la
personnalité de Woodrow Wilson, venue
d'Amérique et accueillie avec tant de
gloire, quelque chose comme un
prophète et un ordonnateur de la
situation mondiale actuelle. Il s'est
complètement écarté de ce jugement. Et
celui qui, comme moi, même à l'époque
où Woodrow Wilson a été déclaré par
une foule immense comme un libérateur
du monde, celui qui - je l'ai
également fait depuis cette place - a
donné ici en Suisse son jugement sans
ambiguïté sur le fait que les
discussions vides et abstraites de
Woodrow Wilson et ses manifestes ne
peuvent rien apporter à une véritable
reconstruction de la civilisation
détruite, celui-là peut bien se
référer aujourd'hui à un tel jugement
déterminant. Dans son livre, Keynes
décrit, en ce qui concerne la
personnalité, avec une plastique
intense - pourrait-on dire. Il décrit
comment Woodrow Wilson arrive à
Versailles, comment il participe aux
réunions, comment sa pensée est lente,
comment il est en quelque sorte
partout à la traîne. Alors que les
autres sont déjà très en avance dans
leur évaluation des choses, il est
encore très en retard sur quelque
chose qui a été dit cinq, six ou dix
phrases auparavant, c'est vraiment un
homme qui souffre de la lenteur de sa
pensée. Bien d'autres choses sont
décrites de manière plastique en ce
qui concerne la personnalité de ce
prétendu libérateur du monde.
|
01
|
Unter den irgendwie maßgeblichen
Urteilen, die in der Gegenwart
abgegeben worden sind über die heutige
so chaotische Weltlage, ist zweifellos
eines der allerbedeutsamsten dasjenige
des Engländers John Maynard Keynes,
der in seinem Buch «Die
wirtschaftlichen Folgen des Versailler
Friedensschlusses» eine solche
Beurteilung der gegenwärtigen
allgemeinen Weltenlage gebracht hat.
Keynes ist ganz zweifellos auch durch
seine äußeren Verhältnisse zu einem
solchen Urteil berufen. Er war während
der Kriegszeit zugeteilt dem
englischen Schatzamt, war in der Lage,
selbstverständlich aus den sich ihm da
ergebenden Untergründen heraus, sich
eine Grundlage für ein entsprechendes
Urteil zu bilden. Auf der anderen
Seite war er unter den Abgesandten,
unter den Mitarbeitern des Versailler
Friedensschlusses selbst. Allerdings
trat er schon im Juni 1919 von dieser
Stellung zurück. Und dieser Rücktritt
wie auch die Schlüsse, zu denen er in
seinem Buch über die wirtschaftlichen
Folgert des Friedensschlusses kommt,
sie sind gerade ;dasjenige, was ein
bedeutungsvolles Licht wirft auf die
Art und Weise, wie sich diese
Persönlichkeit zu der Weltlage der
Gegenwart stellt. Auch Keynes gehörte
ja zu denjenigen, welche zunächst
wahrscheinlich wohl noch bei ihrem
Gang nach Versailles in der von
Amerika herübergekommenen, mit so
großer Glorie empfangenen
Persönlichkeit Woodrow Wilson etwas
wie einen Propheten und Ordner der
gegenwärtigen Weltlage sahen. Er ist
gründlich von diesem Urteil
abgekommen. Und derjenige, der wie
ich, auch in den Zeiten, in denen
Woodrow Wilson von einer ungeheueren
Menschenmenge geradezu zu einem
Weltbefreier erklärt worden ist, der —
auch von dieser Stelle aus habe ich
das getan -- hier in der Schweiz
unumwunden sein Urteil dahin
abgegeben hat, daß die inhaltsleeren
und abstrakten Auseinandersetzungen
Woodrow Wilsons und seine Manifeste zu
einem wirklichen Neubau der zerstörten
Zivilisation nichts beitragen können,
der darf wohl hinweisen heute auf ein
solches maßgebendes Urteil. Keynes
schildert in seinem Buche geradezu,
was die Persönlichkeit anbelangt, mit
einer intensiven Plastik — möchte man
sagen. Er schildert, wie Woodrow
Wilson in Versailles ankommt, wie er
an den Versammlungen teilnimmt, wie
sein Denken ein langsames ist, wie er
gewissermaßen überall hintennach
hinkte. Während die anderen schon weit
vorne sind mit ihrer Beurteilung der
Dinge, ist er noch weit zurück bei
irgend etwas, das man vor fünf, sechs
oder vor zehn Sätzen gesprochen hat,
geradezu ein Mann, der an der
Langsamkeit seines Denkens leidet.
Vieles andere wird plastisch
geschildert in bezug auf die
Persönlichkeit dieses angeblichen
Weltenbefreiers.
|
Mais Keynes évoque aussi avec
insistance les autres personnalités
dirigeantes qui ont participé à la
conclusion de la paix. Il décrit
comment Clemenceau est un homme qui,
en fait, a raté toute l'évolution de
l'humanité européenne depuis les
années soixante-dix, qui ne voulait en
fait rien d'autre, lors de la
conclusion de la paix, que de ramener,
dans un certain sens, le monde à ce
qu'il était dans les années
soixante-dix en Europe. Et il décrit
ensuite de manière non moins claire et
plastique comment Lloyd George est en
fait supérieur à tout le monde, comme
il a un certain instinct pour
ressentir ce qui est pensé, fait, et
voulu par les personnalités de son
entourage. Et l'on voit à travers tout
cela combien il est difficile
aujourd'hui, même pour un descripteur
perspicace comme Keynes, de se faire
peu à peu un jugement par la force des
faits. C'est ce qui contribue de plus
en plus au chaos de notre situation
mondiale actuelle, à savoir que les
personnalités dirigeantes qui ont
traité les affaires que la vie
publique de ces dernières décennies a
fait remonter à la surface ne sont pas
du tout à la hauteur des grandes
exigences de l'époque actuelle. C'est
précisément ce qui ressort de
l'ouvrage en question et de son
jugement. On y voit que tout ce qui
agit dans le monde en termes de forces
destructrices ne peut absolument pas
être mis dans un ordre de jugement
quelconque par ceux qui ont été
appelés à diriger par la vie publique.
Et comme Keynes a vu que rien ne
pouvait sortir de cette conférence qui
conduise à un développement salutaire
et prospère de la civilisation
européenne, il a démissionné de son
poste dès le début des négociations.
Et la manière dont il a construit son
jugement est extrêmement importante.
Et en fait, à l'heure actuelle, on n'a
besoin que de former quelque chose de
réel sur des jugements qui reposent
sur de tels documents. Le jugement de
Keynes est, je dirais, calculé. Seules
les personnalités qui ont un certain
sens et un certain instinct pour
calculer d'une certaine manière
l'avenir avec sobriété à partir des
forces encore disponibles peuvent en
fait s'exprimer dans le présent. On
est particulièrement incité à les
écouter parce que la plupart des
jugements actuels sont basés sur des
préjugés populistes, chauvins ou
autres, tandis que le nombre de ceux
qui se laissent dicter leur jugement
de manière objective, à partir du
langage des faits, est faible. Keynes
en fait partie. Il s'interroge sur ce
qui pourrait résulter, surtout en
matière d'économie, de ce que les
trois personnalités de premier plan
citées ont concocté à Versailles, sur
ce qui devrait vraiment se produire
peu à peu dans la vie économique de la
civilisation européenne, si rien
d'autre ne se produit que l'action des
forces qui ont été mises en œuvre à
Versailles. Et Keynes calcule - je le
dis expressément et j'insiste beaucoup
sur ce point - Keynes calcule que rien
d'autre ne peut s'ensuivre de cette
conclusion de la paix que la ruine
économique de l'Europe. Il va de soi
que la ruine économique de l'Europe
doit s'accompagner d'une ruine
intellectuelle et politique.
|
02
|
Aber auch auf die anderen führenden
Persönlichkeiten, die bei diesem
Friedensschlusse tätig waren, kommt
Keynes zu sprechen, eindringlich zu
sprechen. Er schildert, wie Clemenceau
ein Mann ist, der eigentlich die ganze
Entwickelung der europäischen
Menschheit seit den siebziger Jahren
verschlafen hat, der eigentlich nichts
anderes wollte bei diesem
Friedensschlusse, als in einem
gewissen Sinne die Welt wiederum
zurückschrauben zu dem, was in den
siebziger Jahren innerhalb Europas
vorhanden war. Und er schildert dann
nicht minder anschaulich und
plastisch, wie Lloyd George eigentlich
allen überlegen ist, wie er einen
gewissen Instinkt hat, um zu erfühlen
dasjenige, was bei den
Persönlichkeiten seiner Umgebung
gedacht und getan und gewollt wird.
Und man sieht aber aus alledem, wie
schwer es heute selbst einem
scharfsinnigen Beschreiber wie Keynes
wird, sich nach und nach durch die
Gewalt der Tatsachen ein Urteil zu
verschaffen. Das ist es ja, was immer
mehr und mehr beiträgt zu dem
Chaotischwerden unserer gegenwärtigen
Weltenlage, daß gerade die führenden
Persönlichkeiten, die ` die
Angelegenheiten, die das öffentliche
Leben der letzten Jahrzehnte an die
Oberfläche gebracht hat, daß die so
gar nicht gewachsen sind den großen
Anforderungen, welche die heutige Zeit
stellt. Gerade das geht aus dem
angezeigten Buche und seinem Urteil
hervor. Man sieht daraus, daß alles
dasjenige, was an zerstörenden
Mächten in der Welt wirkt, durchaus
nicht in irgendeine Urteilsordnung
gebracht werden kann von denjenigen,
die eben durch das öffentliche Leben
zur Führerschaft berufen worden sind.
Und da Keynes sah, daß nichts
irgendwie bei dieser Konferenz
herauskommen könne, was zu einer
heilsamen und gedeihlichen
Weiterentwickelung der europäischen
Zivilisation führt, so legte er eben
sein Amt nieder gleich in den Anfängen
der Verhandlungen. Und wie er nun sein
Urteil aufbaut, das ist
außerordentlich bedeutsam. Und
eigentlich hat man in der Gegenwart
nur nötig, auf Urteile, die auf
solchen Unterlagen ruhen, etwas
Wirkliches zu bilden. Das Urteil von
Keynes ist, ich möchte sagen,
errechnet. Nur diejenigen
Persönlichkeiten können eigentlich in
der Gegenwart mitsprechen, die einen
gewissen Sinn und Instinkt haben, aus
noch vorhandenen Kräften in einer
gewissen Weise die Zukunft mit aller
Nüchternheit zu errechnen. Auf sie zu
hören hat man deshalb besondere
Veranlassung, weil ja weitaus die
größte Zahl der heutigen Urteile
abgegeben wird aus irgendwelchen
völkisch-chauvinistischen oder
sonstigen Vorurteilen heraus, während
die Zahl derjenigen gering ist, die
in objektiver Weise aus der Sprache
der Tatsachen selber heraus sich ihr
Urteil diktieren lassen. Zu ihnen
gehört Keynes. Er hält Umschau über
dasjenige, was vor allen Dingen in
bezug auf Ökonomisches aus dem
hervorgehen könne, was die drei
genannten führenden Persönlichkeiten
in Versailles gebraut haben, was
wirklich gerade im wirtschaftlichen
Leben der europäischen Zivilisation
nach und nach erfolgen müsse, wenn
nichts anderes eintritt, als daß die
Kräfte wirken, die dazumal in
Versailles zur Geltung gebracht worden
sind. Und Keynes errechnet — ich sage
ausdrücklich und ich betone es sehr
stark —, Keynes errechnet, daß aus
diesem Friedensschlusse nichts anderes
folgen könne, als der wirtschaftliche
Ruin Europas. Selbstverständlich muß
mit dem wirtschaftlichen Ruin Europas
verbunden sein der geistige und der
politische Ruin.
|
Ainsi, le livre sur les conséquences
économiques du traité de Versailles
est déjà suffisamment intéressant par
son contenu. Mais d'une certaine
manière, il devient encore plus
intéressant par sa conclusion. Dans
cette conclusion, Keynes avoue sans
ambages qu'il n'a en fait aucune idée
de ce qu'il faut faire ou vouloir pour
sortir du chaos dans lequel nous
entrons. Et il dit, en faisant cet
aveu, quelque chose d'extrêmement
important, qu'il résume en une seule
phrase pleine de sens. Il dit qu'on ne
peut qu'espérer qu'un quelconque salut
pour la civilisation européenne
résulterait de la réunion de toutes
les forces en présence en un nouvel
état d'esprit et de nouvelles
imaginations.
|
03
|
So ist das Buch über die
wirtschaftlichen Folgen des Versailler
Friedensschlusses schon durch diesen
seinen Inhalt interessant genug. Aber
in gewisser Beziehung wird es noch
interessanter durch seinen Schluß. In
diesem Schluß gesteht Keynes ganz
unverhohlen, daß er eigentlich keine
Ahnung habe von demjenigen, was zu tun
oder zu wollen sei, um aus dem Chaos,
in das wir hineintreten,
herauszukommen. Und er sagt, indem er
dieses Geständnis macht, etwas
eigentlich außerordentlich
Bedeutungsvolles, in einen einzigen
Satz faßt er dieses bedeutungsvoll
zusammen. Er sagt, man könne nur
erhoffen, daß irgendein Heil für die
europäische Zivilisation erfolge aus
dem Zusammennehmen aller in Betracht
kommenden Kräfte zu einer neuen
Seelenverfassung und zu neuen
Imaginationen.
|
Mes très chers présents, c'est un
homme qui s'est trouvé au cœur de la
situation, qui a été appelé à y
participer, qui montre par ses débats
qu'il est un homme capable de calculer
sobrement dans le sens le plus large
du terme, qui dit cela. Où trouver un
nouvel état d'âme, un rassemblement de
toutes les forces en vue d'une
nouvelle conception des pouvoirs
actifs dans la vie publique de
l'humanité ? Comment y parvenir ?
|
04
|
Meine sehr verehrten Anwesenden, das
sagt ein Mann, der drinnengestanden
hat in den Verhältnissen, der berufen
war mitzutun, der durch seine
Auseinandersetzung zeigt, daß er ein
Mensch ist, der im weitesten Umfange
nüchtern rechnen kann. Eine neue
Seelenverfassung, ein Zusammennehmen
aller Kräfte zu einer neuen
Anschauung der im öffentlichen Leben
der Menschheit tätigen Gewalten, wo
sind diese zu finden? Wie ist zu
diesen zu kommen?
|
Eh bien, mes très chers présents, il
suffit d'un peu d'impartialité pour
admettre que le premier pas à faire
est d'explorer, sans préjugés,
l'essentiel de la vie publique
contemporaine ; de se demander :
quelles sont donc les forces actives
de cette vie publique contemporaine ?
Dans des conférences antérieures que
j'ai eu l'honneur de prononcer ici,
j'ai indiqué à quel genre de
considérations historiques on doit de
parvenir à des forces réellement
efficaces dans la vie de l'humanité.
Il faut avant tout regarder certains
symptômes qui permettent de comprendre
ce qui agit dans les profondeurs de
l'évolution de l'humanité. Et c'est
pourquoi, pour évoquer quelque chose
qui est peut-être l'une des plus
remarquables parmi les forces qui ont
participé à l'œuvre de destruction, je
voudrais justement attirer l'attention
sur la base de la vision du monde
actuel, telle qu'elle s'est formée au
cours des trois ou quatre derniers
siècles. Non pas que je veuille
éveiller l'opinion selon laquelle une
vision du monde fondée dans un atelier
de pensée solitaire s'étendrait et
agirait sur chaque âme individuelle,
et que les affaires publiques
découleraient en quelque sorte d'une
telle vision du monde. Ce n'est
certainement pas le cas. Mais de même
que les affaires publiques naissent du
vouloir, du ressenti, de la vie d'âme
tranquille, des pensées de la
constitution générale de l'humain, de
même la vision du monde naît de cette
constitution générale de la vie
humaine, et notamment de l'âme
humaine. Et l'on peut voir, comme à
travers un symptôme, comment les
humains d'une époque sont constitués
dans toute leur activité, dans toute
leur action, si l'on considère en
quelque sorte le symptôme de la vision
du monde, dans la mesure où l'on veut
indiquer les visions du monde qui font
autorité et qui ont été mises en
valeur précisément à l'époque
actuelle. Ce qui fait autorité se
caractérise en particulier par le fait
que tout ce qui n'est pas entré dans
notre vision du monde par la tradition
des temps anciens s'est développé à
partir du terrain de la science de la
nature, qui veut construire ses
connaissances sur la seule observation
matérielle extérieure. Que montre
donc, considérée plus profondément,
cette vision du monde de science de la
nature ?
|
05
|
Nun, meine sehr verehrten
Anwesenden, es bedarf wohl nur einiger
Unbefangenheit, so wird man zugeben
müssen, daß dazu der erste Schritt
sein müsse der: in voller
Vorurteilslosigkeit das Wesentliche
im öffentlichen Leben der Gegenwart zu
erforschen; sich zu fragen: Welches
sind denn eigentlich die wirksamen
Kräfte in diesem öffentlichen Leben
der Gegenwart? In früheren Vorträgen,
die ich hier zu halten die Ehre hatte,
habe ich darauf hingewiesen, welcher
Art von geschichtlichen Betrachtungen
es verdankt werden soll, auf wirklich
wirksame Kräfte im Leben der
Menschheit zu kommen. Da muß man vor
allen Dingen auf gewisse Symptome
sehen, durch die anschaulich wird
dasjenige, was in den Tiefen der
Menschheitsentwickelung wirkt. Und
deshalb möchte ich, um etwas, was
vielleicht zum Hervorragendsten gehört
unter den Kräften, die mit am
Zerstörungswerk gearbeitet haben,
möchte ich hinweisen gerade auf die
Weltanschauungsgrundlage der
Gegenwart, allerdings so, wie sie
sich herausgebildet hat im Laufe der
letzten drei bis vier Jahrhunderte.
Nicht als ob ich die Meinung erwecken
wollte, als ob eine Weltanschauung,
die begründet wird in einsamer
Denkerstube, nun etwa hingehen würde
und wirkte auf jede einzelne Seele,
und daß die öffentlichen
Angelegenheiten gewissermaßen aus
einer solchen Weltanschauung heraus
zustande kämen. Das ist ja ganz gewiß
nicht der Fall. Aber so wie dasjenige,
was öffentliche Angelegenheiten sind,
herauswächst aus dem Wollen, aus dem
Empfinden, aus dem Gemütsleben, aus
den Gedanken der Gesamtverfassung des
Menschen, so wächst eben auch die
Weltanschauung heraus aus dieser
Gesamtverfassung des menschlichen
Lebens, namentlich der menschlichen
Seele. Und man kann sehen wie an einem
Symptom, wie die Menschen eines
Zeitalters beschaffen sind in ihrem
ganzen Wirken, in ihrem ganzen Tun,
wenn man gewissermaßen das Symptom der
Weltanschauung ins Auge faßt, insofern
man auf die gerade in der Gegenwart
maßgebenden, zur Geltung gekommenen
Weltanschauungen hinweisen will.
Dieses Maßgebende charakterisiert sich
ja insbesondere dadurch, daß alles
dasjenige, was nicht durch Tradition
von alten Zeiten in unsere
Weltanschauung hineingekommen ist,
sich herausentwickelt hat aus dem
Boden der Naturwissenschaft, die auf
äußere materielle Beobachtung allein
ihre Erkenntnisse bauen will. Was
zeigt denn, tiefer betrachtet, diese
naturwissenschaftliche Weltanschauung?
|
Celui qui peut l'admirer est
peut-être le seul à pouvoir la juger
correctement. Et dans des conférences
antérieures, j'ai certainement exprimé
avec suffisamment de force mon
admiration pour la vision du monde de
science de la nature. Ce n'est pas un
quelconque combat contre cette vision
du monde de science de la nature, qui
est certes extrêmement justifiée dans
son domaine, qui doit soutenir les
explications que je développe ici.
Cette vision de science de la nature a
conduit, notamment dans ses
conséquences techniques et
économiques, à de magnifiques fruits
de civilisation pour l'humanité. Mais
supposons qu'il existe aujourd'hui un
esprit quelconque - ce n'est déjà plus
guère possible, premièrement dans le
vaste domaine de la connaissance de
science de la nature, deuxièmement
dans sa spécialisation -, mais
supposons qu'il existe aujourd'hui un
esprit qui embrasse tout le tournant
de la vision de science de la nature,
des mathématiques et de la mécanique
jusqu'en haut dans la biologie et
jusqu'en haut dans ce qui peut être
gagné par la biologie pour la doctrine
de l'âme humaine : un tel esprit
pourrait sans aucun doute gagner des
vues significatives dans certains
domaines de le créer et l'être de la
nature. Seulement, si un tel esprit se
posait avec une totale clarté la
grande question globale de l'humanité
: Qu'est-ce que l'humain dans son
essence propre et tout son rapport au
monde ? - alors celui qui se tient
fermement sur le terrain de la science
de la nature, celui qui parvient à
évaluer correctement la portée de la
connaissance de science de la nature,
devrait dire : pour répondre à ces
questions sur l'être humain et sur la
relation de l'humain avec le reste du
cosmos, la vision du monde de science
de la nature ne peut rien dire. Cette
question reste justement sans réponse
dans la connaissance physique la plus
récente de science de la nature.
Comment l'humain est passé, dans son
évolution physique extérieure, de
formes inférieures, semblables à des
animaux, à sa forme humaine actuelle,
il existe déjà de grandes ébauches de
connaissances à ce sujet. Ce que
l'humain est dans son rapport avec les
mondes spirituels, c'est précisément
ce que ces débuts de connaissance ont
éloigné de l'humain. Celui qui ne peut
pas l'admettre sans préjugés ne pourra
pas non plus porter de jugement sur
les impulsions intérieures qui
poussent l'humanité actuelle à
organiser les affaires publiques ou à
détruire les organisations publiques.
Car même si nous ne sommes pas
toujours conscients de ce que nous
pensons consciemment de l'être de
l'humain et de sa position dans le
monde, même si nous ne sommes pas
toujours conscients des pensées que
nous entretenons dans cette position,
ces pensées, aussi inconscientes,
aussi instinctives soient-elles,
agissent dans nos sentiments, dans nos
décisions de volonté. Elles deviennent
donc tout de même les créatrices de
toute la vie publique, spirituelle,
politique et économique. Celui qui
veut seulement regarder les choses
correctement remarquera comment les
rapports économiques, puisqu'ils sont
faits par des humains, mais que les
humains agissent à nouveau à partir
des impulsions de leur âme, comment
les rapports économiques du monde
représentent absolument un reflet de
ce que l'humain est capable de
ressentir à propos de lui-même et de
son rapport au monde. Nous devons
maintenant dire que la vision de
science de la nature du monde est
devenue grande pour tout ce qui est
extrahumain. Elle ne peut pas donner
de réponse sur l'humain lui-même. Elle
est grande lorsqu'on demande des
renseignements sur les règnes qui sont
sous-humains. Mais quel est le rapport
entre les informations que nous
conquérons en tant qu'êtres humains et
ce que nous devons laisser couler de
nos idées, de nos impulsions
intérieures de l'âme dans la vie
sociale, en général dans la vie
commune d'humain à humain et dans les
groupes humains ? Peut-on recevoir une
quelconque impulsion pour l'activité
humaine, pour la cohabitation humaine,
de la part des domaines qui se
trouvent en dehors de l'humain ? La
meilleure façon de montrer que l'on ne
peut pas le faire est d'observer le
rapport de l'humain au langage.
|
06
|
Derjenige kann sie vielleicht allein
richtig beurteilen, der sie bewundern
kann. Und in früheren Vorträgen habe
ich diese meine Bewunderung für die
naturwissenschaftliche Weltanschauung
gewiß stark genug zum Ausdruck
gebracht. Nicht von irgendeiner
Bekämpfung dieser
naturwissenschaftlichen
Weltanschauung, die auf ihrem Gebiete
gewiß außerordentlich berechtigt ist,
sollen diese Ausführungen, die ich
hier entwickele, getragen werden.
Diese naturwissenschaftliche
Anschauung hat namentlich in ihren
technischen und wirtschaftlichen
Konsequenzen zu großartigen
Zivilisationsfrüchten für die
Menschheit geführt. Aber nehmen wir
an, es gäbe heute irgendeinen Geist —
er ist schon kaum mehr möglich erstens
bei dem großen Gebiete
naturwissenschaftlicher Erkenntnis,
zweitens bei ihrer Spezialisierung —,
aber nehmen wir an, es gäbe heute
einen Geist, welcher den ganzen
Umschwung der naturwissenschaftlichen
Anschauung von der Mathematik und von
der Mechanik bis herauf in die
Biologie und bis herauf in dasjenige,
was über die Biologie für die
menschliche Seelenkunde gewonnen
werden kann, umspannte: ein solcher
Geist, er würde in gewissen Gebieten
des Naturschaffens und Naturseins ganz
zweifellos bedeutsame Einblicke
gewinnen können. Allein, wenn ein
solcher Geist mit völliger Klarheit
sich die umfassende große
Menschheitsfrage stellte: Was ist
eigentlich der Mensch in seinem
eigenen Wesen und in seinem ganzen
Verhältnis zur Welt? — dann müßte
gerade derjenige, der auf dem Boden
der Naturwissenschaft ganz fest steht,
der die Tragweite der
naturwissenschaftlichen Erkenntnis
gerade richtig zu beurteilen vermag,
er müßte sagen: für die Beantwortung
dieser Fragen nach dem Menschenwesen
und nach dem Verhältnis des Menschen
zu dem übrigen Kosmos vermag die
naturwissenschaftliche Weltanschauung
nichts zu sagen. Diese Frage bleibt
gerade von der neusten physischen
naturwissenschaftlichen Erkenntnis
unbeantwortet. Wie der Mensch
hervorgegangen ist in äußerlicher
physischer Entwickelung von niederen,
tierähnlichen Formen, zu seiner
heutigen Menschengestalt, darüber sind
schon großartige Erkenntnisansätze
vorhanden. Was der Mensch ist in
seinem Verhältnis zu geistigen Welten,
davon haben gerade diese
Erkenntnisansätze den Menschen weit
abgeführt. Wer sich das nicht
unbefangen eingestehen kann, der wird
auch kein Urteil darüber gewinnen
können, aus welchen inneren Impulsen
heraus die gegenwärtige Menschheit
wirkt, indem sie die öffentlichen
Angelegenheiten organisiert oder auch
öffentliche Organisationen zerstört.
Denn mögen wir uns auch nicht immer
bewußt sein wie aus dem, was wir über
das Wesen des Menschen und seine
Stellung zur Welt bewußt denken, mögen
wir uns auch nicht immer bewußt sein,
welche Gedanken wir in dieser Stellung
hegen, diese Gedanken, so unbewußt, so
instinktiv sie sein mögen, sie wirken
in unseren Empfindungen, in unseren
Willensentschlüssen. Sie werden daher
doch die Schöpfer des ganzen
öffentlichen, geistigen, politischen
und wirtschaftlichen Lebens. Wer nur
die Dinge richtig ansehen will, der
wird gewahr werden, wie auch die
wirtschaftlichen Zusammenhänge, da
sie doch von Menschen gemacht werden,
Menschen aber wiederum aus ihren
Seelenimpulsen heraus handeln, wie
auch die wirtschaftlichen
Zusammenhänge der Welt durchaus ein
Abbild desjenigen darstellen, was der
Mensch über sich zu empfinden vermag
und über sein Verhältnis zur Welt. Nun
müssen wir sagen: groß ist geworden
die naturwissenschaftliche
Weltanschauung über alles dasjenige,
was außermenschlich ist. Über den
Menschen selber vermag sie keine
Antwort zu geben. Groß ist sie, wenn
über die Reiche, die untermenschlich
sind, Auskunft verlangt wird. Wie aber
verhalten sich die Auskünfte, die wir
uns erobern als Menschen zu dem, was
wir aus unseren Ideen, aus unseren
inneren Seelenimpulsen einfließen
lassen sollen in das soziale Leben,
überhaupt in das Zusammenleben von
Mensch zu Mensch und in
Menschengruppen? Kann man denn
irgendwelche Antriebe empfangen von
denjenigen Gebieten, die außerhalb des
Menschen liegen, für das menschliche
Wirken, für das menschliche
Zusammenleben? Das zeigt sich am
besten, daß man das nicht kann, wenn
man das Verhältnis des Menschen zur
Sprache beobachtet.
|
Au fond, c'est dans la langue que
vit tout ce qui conduit d'humain à
humain. C'est aussi par la langue que
nous maîtrisons la vie économique.
C'est par la langue que nous
inaugurons les rapports politiques et
spirituels extérieurs. Or, il y a une
chose très étrange qui n'est
malheureusement pas assez souvent
considérée à fond. Lorsque nous
essayons d'utiliser notre langage pour
les connaissances de science de la
nature, nous ne pouvons en fait jamais
faire autre chose que d'étendre à la
nature les mots, les expressions, même
tout ce par quoi nous exprimons les
lois de la nature, ces lois de la
nature que nous admirons tant
aujourd'hui comme le grand progrès de
l'humanité moderne, nous ne pouvons
rien faire d'autre que d'étendre à la
nature ce que nous avons formé dans
les mots comme expression des rapports
intérieurs de l'âme ou des rapports
avec l'humain. Des esprits aussi
subtils que Goethe l'ont remarqué.
C'est pourquoi Goethe a dit :
"L'humain ne comprend pas du tout à
quel point il est anthropomorphique. —
Si nous disons : une balle élastique
en pousse une autre - et que nous en
déduisons les lois de l'élasticité. Si
nous déduisons les lois du choc en
physique, nous partons au fond de ce
que nous avons dans la signification
des mots pour le choc que nous
effectuons dans notre propre
organisme. Et celui qui veut seulement
faire des recherches correctes verra
que tout ce qui peut être appliqué par
le langage à la science de la nature,
qui traite de l'extrahumain, doit être
pris à partir de l'humain.
|
07
|
In der Sprache lebt im Grunde
genommen doch alles dasjenige, was
Mensch zu Mensch führt. Durch die
Sprache beherrschen wir auch das
wirtschaftliche Leben. Durch die
Sprache inaugurieren wir die äußeren
politischen und geistigen
Verhältnisse. Nun gibt es ein höchst
Merkwürdiges, das nur leider nicht oft
genug gründlich betrachtet wird. Wenn
wir versuchen, unsere Sprache
anzuwenden für die
naturwissenschaftlichen Erkenntnisse,
so können wir eigentlich niemals
etwas anderes tun, als die Worte, die
Redewendungen, auch alles dasjenige,
wodurch wir Naturgesetze ausdrücken,
jene Naturgesetze, die wir heute so
bewundern als den großen Fortschritt
der neueren Menschheit, wir können
nichts anderes als dasjenige, was wir
uns gebildet haben in den Worten als
Ausdruck für innere Seelenverhältnisse
oder für Verhältnisse am Menschen, auf
die Natur hinaus auszudehnen. So
feinsinnige Geister wie Goethe, die
bemerkten das. Deshalb sagte Goethe:
Der Mensch begreift gar nicht, wie
anthropomorphistisch er ist. -- Wenn
wir sagen: eine elastische Kugel stößt
die andere —, und wir daraus die
Gesetze des elastischen. Stoßes in der
Physik ableiten, so gehen wir im
Grunde genommen aus von dem, was wir
in der Wortbedeutung für den Stoß
haben, den wir in unserem eigenen
Organismus ausführen. Und derjenige,
der nur richtig nachforschen will,
wird sehen, daß alles dasjenige, was
nur überhaupt von der Sprache
angewendet werden kann auf die
Naturwissenschaft, die das
Außermenschliche behandelt, vom
Menschen her genommen werden muß.
|
Comment donc notre langage est-il
parvenu à un contenu ? - Il serait
parvenu à un contenu très faible si
nous ne pouvions qu'imiter le
meuglement de la vache et d'autres
sons animaux. Comment notre langue
est-elle donc parvenue à un contenu ?
Celui qui peut observer sans préjugés
le cours de l'évolution de l'humanité
trouve que tout le contenu du langage
provient du fait que l'humanité, à des
époques certes plus reculées que notre
civilisation, avait une certaine
connaissance instinctive-spirituelle,
je dis bien : une connaissance
instinctive-spirituelle avec les
réminiscences élémentaires naturelles
qui montent dans l'âme humaine. Avec
les impulsions de la volonté, avec
l'imagination imagée qui s'exprimait
dans le mythe, dans la mythologie,
l'humain a eu des conceptions
spirituelles, et à partir de ces
conceptions spirituelles, il s'est
formé le contenu de l'âme, qui est
ensuite devenu le contenu de son
langage à l'époque moderne, qui est
grande parce qu'elle a regardé d'une
certaine manière avec mépris ce que
les capacités spirituelles
instinctives avaient donné à l'humain
d'une époque antérieure. Dans cette
époque récente, où l'on est devenu
grand de préférence en ce qui concerne
la science de la nature, nos paroles
n'ont pas reçu de nouveau contenu. Et
une chose est historiquement
importante, surtout au cours des deux
à quatre derniers siècles : notre
langue, toutes les langues de notre
monde civilisé, ont perdu leur ancien
contenu. Aucun contenu nouveau n'a pu
y être déversé, parce que ce qui ne
peut pas donner un tel contenu, la
simple connaissance de la nature, est
ce qui est devenu grand précisément à
cette époque. Et c'est à cette époque,
que nous devons admirer sous d'autres
aspects, que s'est produit ce que l'on
peut appeler le vidage des langues
civilisées de leurs anciens contenus
spirituels.
|
08
|
Wie ist denn unsere Sprache zu einem
Inhalte gekommen? — Sie wäre zu einem
sehr geringen Inhalte gekommen, wenn
wir nur das Muhen der Kuh und andere
tierische Laute nachahmen könnten. Wie
ist denn unsere Sprache zu einem
Inhalte gekommen? Wer unbefangen den
Entwickelungsgang der Menschheit
betrachten kann, der findet, daß aller
Inhalt der Sprache davon herkommt, daß
die Menschheit in Zeiten, die
allerdings hinter unserer Zivilisation
zurückliegen, eine gewisse
instinktiv-geistige Erkenntnis hatte,
ich sage: eine instinktiv-geistige
Erkenntnis hatte mit den natürlichen
elementaren Nachempfindungen, die in
der menschlichen Seele aufsteigen. Mit
den Willensimpulsen, mit dem
bildhaften Vorstellen, die sich im
Mythus, in Mythologie auslebten, kamen
dem Menschen geistige Anschauungen,
und aus diesen geistigen Anschauungen
heraus bildete er sich den
Seeleninhalt, der dann zum Inhalt
seiner Sprache wurde in der neueren
Zeit, die groß ist dadurch, daß sie in
einer gewissen Weise verachtungsvoll
hinsah auf dasjenige, was instinktive
geistige Fähigkeiten dem Menschen
einer früheren Zeit gegeben haben. In
dieser neueren Zeit, in der man
vorzugsweise groß geworden ist in
bezug auf die Naturwissenschaft, in
dieser neueren Zeit haben unsere Worte
keinen neuen Inhalt bekommen. Und
eines ist geschichtlich bedeutsam
gerade in den letzten zwei bis vier
Jahrhunderten: Unsere Sprache, alle
Sprachen unserer zivilisierten Welt
haben ihren alten Inhalt verloren.
Kein neuer Inhalt konnte in sie
ergossen werden, weil dasjenige, was
einen solchen Inhalt nicht geben kann,
die bloße Naturerkenntnis, dasjenige
ist, was gerade in dieser Zeit, groß
geworden ist. Und in der Zeit, die wir
in anderer Beziehung so bewundern
müssen, spielte sich das ab, was man
nennen kann Entleerung der
zivilisierten Sprachen von ihren alten
geistigen Inhalten.
|
Que sont devenues les langues
civilisées du fait qu'elles ont perdu
leur ancien contenu instinctif et que
la science de la nature n'a pas pu
leur en donner un nouveau ? - Elles
sont devenues ce qui s'est élevé
jusqu'à un certain point dans le
présent. Elles sont devenues ce qui
s'est développé en phrases, et
vraiment rien qui n'a de sens que dans
un domaine limité, mais on appelle ce
qui exerce aujourd'hui une domination
mondiale quand on parle aujourd'hui de
phrases. Et les quatre ou cinq années
de terreur que nous avons derrière
nous ont montré la domination mondiale
de la phrase à son apogée. Nous vivons
aujourd'hui sous la domination
mondiale de la phrase. Quel est le
remède à cette domination mondiale de
la phrase ? Uniquement et uniquement
l'acquisition d'un nouveau contenu
spirituel, d'un contenu spirituel
conscient. L'ancien contenu spirituel,
acquis de manière instinctive par
l'humanité précédente, qui a fait du
langage une somme de mots et non de
phrases, a disparu, l'humanité
réellement attachée au présent ne peut
plus y croire. Un nouveau contenu
spirituel conscient doit être conquis.
|
09
|
Was wurden die zivilisierten
Sprachen dadurch, daß sie ihren alten
Instinktinhalt verloren haben und
ihnen die Naturwissenschaft keinen
neuen geben konnte? — Sie wurden
dasjenige, was nun in der Gegenwart
bis zu einem gewissen Höhepunkt
gestiegen ist. Sie wurden dasjenige,
was sich ausbildete zur Phrase, und
wahrhaftig nichts, was nur in einem
eingeschränkten Gebiete einen Sinn
hätte, sondern man nennt dasjenige,
was heute Weltherrschaft ausübt, wenn
man heute von Phrase spricht. Und die
vier bis fünf Schreckensjahre, die wir
hinter uns haben, sie haben die
Weltherrschaft der Phrase auf ihrem
Höhepunkt gezeigt. Wir leben heute
geradezu unter der Weltherrschaft der
Phrase. Was gibt es gegen diese
Weltherrschaft der Phrase für ein
Heilmittel? Einzig und allein die
Gewinnung eines neuen geistigen
Inhaltes, eines bewußten geistigen
Inhaltes. Der alte, durch die frühere
Menschheit auf instinktivem Wege
gewonnene geistige Inhalt, der die
Sprache zur Summe von Worten, nicht
von Phrasen gemacht hat, er ist dahin,
an ihn kann die wirklich an der
Gegenwart hängende Menschheit nicht
mehr glauben. Ein neuer bewußter
geistiger Inhalt muß erobert werden.
|
Voilà, mes très chers présents, ce
que la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique, qui a
son représentant dans l'édifice de
Dornach, s'efforce de faire de manière
tout à fait consciente : ajouter la
connaissance spirituelle consciente à
la connaissance scientifique qui donne
de si grandes informations sur tout ce
qui est extrahumain, ajouter avec la
même clarté de pensée, la même rigueur
logique, la même conscience
scientifique, la connaissance
spirituelle qui peut maintenant donner
des informations sur la grande
question de l'essence de l'humain et
de la position de l'humain par rapport
au reste du cosmos. Toutefois, avant
de pouvoir progresser vers une telle
connaissance, il faut s'avouer que la
méthode de science de la nature
extérieure doit certes être imitée
dans sa conscience par toute
connaissance aujourd'hui, mais qu'elle
ne peut pas elle-même conduire à la
connaissance de l'esprit. Pour
parvenir à la connaissance de
l'esprit, il est nécessaire que
l'humain d'aujourd'hui mette en valeur
avant tout les facultés intérieures
qui doivent justement se développer
sur le terrain de la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement
qui est pensée ici. J'ai expliqué
comment l'humain peut parvenir à de
telles connaissances par sa propre vie
de l'âme, par exemple dans mon livre
"Wie ert man Erkenntnisse der höheren
Welten ? (Comment obtient-on des
connaissances des mondes supérieurs)"
et dans la deuxième partie de ma
"Science secrète". Toutefois alors, il
y a une chose nécessaire - je l'ai
déjà souligné ici à plusieurs reprises
- une chose nécessaire pour l'humain,
à laquelle il ne se rend aujourd'hui
qu'à contrecœur. Ce qui est
nécessaire, c'est ce que j'appellerais
la modestie intellectuelle. L'humain
d'aujourd'hui est si fier de son
développement intellectuel. La
modestie intellectuelle ne s'affirme
que lorsque l'on se dit par exemple :
supposons que l'on mette un volume de
poésie de Goethe entre les mains d'un
enfant de cinq ans. Que fera l'enfant
de ce recueil de poèmes lyriques de
Goethe ? Il va probablement le
déchirer ou jouer avec. Il n'aura
certainement pas du recueil de poèmes
lyriques de Goethe ce que l'adulte
peut avoir et qui est en fait ce à
quoi le recueil de poèmes lyriques de
Goethe est destiné. Il faut d'abord
que l'enfant développe peu à peu les
facultés qui peuvent le déterminer,
qui peuvent lui permettre de laisser
agir sur lui le recueil lyrique de
Goethe de la bonne manière. Dans la
vie humaine d'aujourd'hui, il y a
beaucoup à dire sur ce développement
des capacités de l'enfant. Mais que
l'humain, lorsqu'il sera adulte et
qu'il ne sera équipé que des facultés
que l'on peut acquérir aujourd'hui
dans la vie humaine extérieure
normale, puisse alors se tenir devant
le monde comme l'enfant de cinq ans
devant le recueil de poèmes lyriques
de Goethe, qu'il doive d'abord se
développer en prenant lui-même en main
les facultés de son âme, pour tirer de
ce qui lui est présenté dans le monde
quelque chose de comparable à ce que
l'enfant ne tire du recueil de poèmes
lyriques de Goethe que lorsqu'il est
adulte, c'est-à-dire ce qu'il commence
à vingt-cinq ans avec le recueil de
poèmes lyriques de Goethe - oui, l'hum
contemporain, dans son orgueil
intellectuel, ne veut pas l'admettre.
Mais il faut avant tout faire valoir
que la véritable connaissance de
l'humain, l'accomplissement final de
l'expression apollinienne "Connais-toi
toi-même", nécessite une prise en main
des facultés de l'âme humaine. Comment
cela est-il possible en détail, c'est
ce qui fera l'objet de l'exposé de
demain.<<<<
|
10
|
Das, meine sehr verehrten
Anwesenden, ist es, was die
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft, die ihren
Repräsentanten in dem Dornacher Bau
hat, in ganz bewußter Weise anstrebt:
bewußte geistige Erkenntnis zu dem
naturwissenschaftlichen Erkennen, das
über alles Außermenschliche so
großartige Aufschlüsse gibt,
hinzuzuerobern mit derselben
Gedankenklarheit, logischen Strenge,
mit derselben wissenschaftlichen
Gewissenhaftigkeit hinzuzuerobern
geistige Erkenntnis, die nun Auskunft
geben kann über die große Frage nach
dem Wesen des Menschen und nach der
Stellung des Menschen zum übrigen
Kosmos. Allerdings, gestehen muß man
sich, bevor man zu einer solchen
Erkenntnis vorschreiten kann, daß eben
die äußere naturwissenschaftliche
Methode zwar in ihrer
Gewissenhaftigkeit nachgeahmt werden
muß heute von jeder Erkenntnis, daß
sie aber selbst nicht zur
Geist-Erkenntnis führen kann. Um zur
Geisteserkenntnis zu kommen ist
notwendig, daß der heutige Mensch vor
allen Dingen diejenigen inneren
Fähigkeiten zur Geltung bringt, welche
gerade auf dem Boden der hier
gemeinten anthroposophisch
orientierten Geisteswissenschaft
erwachsen sollen. Ich habe
dargestellt, wie der Mensch durch sein
eigenes Seelenleben zu solchen
Erkenntnissen kommen kann, zum
Beispiel in meinem Buche «Wie erlangt
man Erkenntnisse der höheren Welten?»
und im zweiten Teil meiner
«Geheimwissenschaft». Allerdings dann
ist eines notwendig — ich habe es ja
auch hier schon des öfteren
hervorgehoben —, eines ist notwendig
für den Menschen, dem er sich heute
nur höchst widerwillig ergibt. Es ist
dasjenige notwendig, was ich nennen
möchte intellektuelle Bescheidenheit.
Auf seine intellektuelle Entwickelung
ist ja der heutige Mensch so stolz.
Intellektuelle Bescheidenheit, sie
macht sich erst dann geltend, wenn
man sich zum Beispiel sagt:
Angenommen, man gebe einem
fünfjährigen Kind einen Band von
Goethes Lyrik in die Hand. Was wird
das Kind mit dem Band Goethes
lyrischer Gedichte anfangen? Es wird
ihn wahrscheinlich zerreißen oder es
wird spielen damit. Es wird ganz gewiß
nicht dasjenige von dem Band Goethes
lyrischer Gedichte haben, was der
Erwachsene haben kann, und was
eigentlich das ist, wozu der Band
Goethescher Lyrik bestimmt ist. Es
müssen in dem Kinde erst nach und nach
die Fähigkeiten heranerzogen werden,
welche es bestimmen können, welche ihm
möglich machen können, den Band
Goethescher Lyrik in der rechten Weise
auf sich wirken zu lassen. Für diese
Entwikkelung der kindlichen
Fähigkeiten gibt man einiges zu im
Menschenleben heute. Daß aber der
Mensch etwa, wenn er erwachsen ist und
nur ausgerüstet ist mit den
Fähigkeiten, die man eben im normalen
äußeren sinnlichen Menschenleben heute
sich aneignen kann, daß er dann vor
der Welt selber so stehen könnte, wie
das fünfjährige Kind vor dem Band
Goethes lyrischer Gedichte, daß er
durch das eigene In-die-Hand-Nehmen
seiner Seelenfähigkeiten sich erst
entwickeln müsse, um aus dem, was ihm
in der Welt vorliegt, etwas
herauszuziehen, w as sich vergleichen
läßt mit dem, was das Kind erst, wenn
es erwachsen ist, aus dem Band Goethes
lyrischer Gedichte herauszieht, also,
was es mit dem Band Goethes lyrischer
Gedichte mit fünfundzwanzig Jahren
anfängt — ja, das zuzugeben, dazu will
sich der Mensch der Gegenwart in
seinem intellektuellen Hochmut nicht
bequemen. Das aber muß vor allen
Dingen geltend gemacht werden, daß zur
wirklichen Menschenerkenntnis, zum
endlichen Erfüllen des apollinischen
Ausspruches «Erkenne dich selbst»
notwendig ist ein In-die-Hand-Nehmen
der menschlichen Seelenfähigkeiten.
Wie das im einzelnen möglich ist, das
wird Gegenstand des morgigen Vortrages
sein.
|
Aujourd'hui, je veux seulement
souligner en général qu'il est
toutefois possible que l'humain, par
un certain traitement de sa pensée,
que je décrirai demain, s'approprie
cette pensée, qu'elle ne passe plus
passivement à côté des phénomènes,
mais qu'elle soit saisie
intérieurement comme par une volonté,
qu'elle devienne active, qu'elle
s'intensifie, qu'elle se manifeste de
telle sorte que l'humain sache, par
l'expérience intérieure, dans le vécu
immédiat, que la pensée est maintenant
devenue une vision spirituelle et
psychique/d'âme. Alors qu'avec la
pensée ordinaire, on est dépendant de
son appareil à penser, de son corps,
du système nerveux, et alors que
justement, quand on développe un peu
la pensée, on voit bien cette
dépendance, on sait aussi que lorsque
la pensée se renforce par les voies
appropriées décrites dans les livres
indiqués, elle devient libre du corps,
elle devient une activité qui n'est
plus guidée par l'instrument du corps.
Certaines méditations, auxquelles on
s'adonne avec la même objectivité que
lorsqu'on fait une expérience dans un
laboratoire de chimie ou qu'on observe
les étoiles à l'observatoire,
renforcent cette pensée et la libèrent
de l'instrument du corps. Il faut
seulement, si l'on veut utiliser cette
pensée pour une véritable vision du
monde, que l'autoculture de la volonté
s'installe. Lorsque l'autoculture de
la volonté se développe avec la
méditation intérieure en une pensée
imprégnée de volonté, indépendante du
corps, alors seulement intervient la
connaissance de l'esprit, une
connaissance consciente de l'esprit
qui peut à son tour donner à l'humain
ce que lui a donné autrefois une
connaissance instinctive de l'esprit :
Contenu pour son discours, contenu
pour le langage. Pour que l'homme
ressente en lui l'impulsion de donner
de lui-même un contenu à son langage,
l'évolution de l'humanité s'est
arrêtée sous un certain rapport,
l'ancienne connaissance instinctive de
l'esprit a été abandonnée, la
connaissance extérieure de la nature
l'a remplacée, ce qui ne peut pas
donner de contenu au langage. Mais
l'humain doit reconnaître, à partir
des signes du présent, que par un
travail d'âme intérieur conscient, par
le développement de sa pensée vers la
vision d'âme, il doit à nouveau
acquérir la connaissance de soi, la
connaissance de l'humanité, et que
c'est seulement ainsi que peut naître
ce qui donne à nouveau un contenu à
notre langage, ce qui peut éliminer la
domination mondiale de la phrase.
|
11
|
Heute will ich nur im allgemeinen
hervorheben, daß es allerdings möglich
ist, daß der Mensch durch eine gewisse
Behandlung seines Denkens, die ich
dann morgen schildern werde, dieses
Denken sich erkrafte, daß es nicht
mehr passiv an den Erscheinungen dahin
geht, sondern daß es innerlich wie
durch einen Willen ergriffen wird,
aktiv wird, daß es intensiver wird,
daß es auftritt so, daß der Mensch
durch innere Erfahrung im
unmittelbaren Erleben weiß: jetzt ist
das Denken ein geistig-seelisches
Schauen geworden. Während man mit dem
gewöhnlichen Denken abhängig ist von
seinem Denkapparat, von seinem Leibe,
von dem Nervensystem, und während man
gerade, wenn man das Denken etwas
entwickelt, diese Abhängigkeit genau
durchschaut, weiß man auch, daß wenn
das Denken auf den entsprechenden
Wegen, die in den angegebenen Büchern
geschildert sind, sich erkraftet, es
frei wird vom Leibe, es eine Tätigkeit
wird, die nicht mehr durch das
Instrument des Leibes geführt wird.
Gewisse Meditationen, denen man sich
hingibt mit derselben Objektivität,
wie man im chemischen Laboratorium ein
Experiment macht oder auf der
Sternwarte die Sterne beobachtet,
erkraften dieses Denken und befreien
es von dem Werkzeug des Leibes. Es muß
nur dazu kommen, wenn dann dieses
Denken gebraucht werden soll für ein
wirkliches Weltschauen, daß
Selbstzucht des Willens eintrete. Wenn
Selbstzucht des Willens mit innerem
Meditieren sich zu einem
willensdurchtränkten Denken
entwickelt, das unabhängig vom Leibe
ist, dann erst tritt Geist-Erkenntnis
ein, bewußte Geist-Erkenntnis, die nun
wiederum dem Menschen das geben kann,
was ihm einstmals eine instinktive
Geist-Erkenntnis gegeben hat: Inhalt
für seine Rede, Inhalt für die
Sprache. Damit der Mensch in sich den
Impuls fühle, aus sich selbst heraus
seiner Sprache einen Inhalt zu geben,
setzte in einer gewissen Beziehung die
Menschheitsentwickelung aus, hörte auf
das alte instinktive Geist-Erkennen,
trat das äußere Naturerkennen an
dessen Stelle, was der Sprache keinen
Inhalt geben kann. Aber der Mensch muß
aus den Zeichen der Gegenwart heraus
erkennen, daß er durch bewußtes
inneres seelisches Arbeiten, durch
Entwickelung seines Denkens zum
seelischen Schauen sich wiederum
Selbsterkenntnis,
Menschheitserkenntnis erwerben müsse
und dadurch allein das entstehen kann,
was unserer Sprache wiederum Inhalt
gibt, was beseitigen kann die
Weltherrschaft der Phrase.
|
Mais une telle connaissance donne en
même temps la vue que justement le
monde extérieur, en ce que nous le
contemplons avec nos sens, nous y
grandissons au cours de notre vie
entre la naissance et la mort, que ces
observations extérieures ne peuvent
pas nous donner le contenu proprement
spirituel, que celui-ci, le contenu
proprement spirituel, est apporté par
nous dans le monde, que nous
l'apportons nous-mêmes en descendant
des mondes spirituels - comme je l'ai
dit, nous parlerons plus précisément
de ces choses demain - dans ce monde
physique par la naissance, que nous
devons regarder, lorsque nous parlons
du contenu spirituel, ce que les
humains portent dedans, ce qu'ils
développent peu à peu, d'année en
année, seulement par l'instrument de
leur corps. Ce n'est pas ce qui nous
parvient sous la forme d'un contenu
cosmique toujours plus riche dans
l'expérience extérieure qui porte dans
la réalité de l'esprit, mais ce que
nous apportons dans le monde en tant
qu'individualité humaine par notre
naissance. Les humains ont peur
aujourd'hui seulement de ce que
l'humain lui-même apporte dans le
monde. Ils ont peur parce qu'ils
pensent que s'il le fait valoir, cela
mènera à la fantaisie/au fantastique.
Mais il existe des méthodes pour
éviter ce fantastique. Mais celui qui
comprend comment, au fond, tout
contenu spirituel doit venir des
individualités humaines, admettra sans
supplément qu'un développement
prospère de cette vie de l'esprit
pourrait seulement avoir lieu si la
pleine possibilité d'évolution humaine
est donnée à l'être humain, si, dans
son évolution spirituelle et dans les
présentations et les révélations de
son esprit, il ne dépend d'aucunes
puissances extérieures qui ne servent
qu'ici dans le monde physique. Car
avec la montée de la pure connaissance
de science de nature, de cette
connaissance qui donne seulement des
informations par l'intermédiaire de
l'extrahumain, est aussi montée, comme
organiquement liée à elle, la
dépendance de la vie de l'esprit, non
pas de ce que l'humain apporte dans le
monde par sa naissance, mais de ce que
la vie d'état extérieure établit, de
ce que la vie de l'économie fait de
l'humain. Dans le même temps où la
science de la nature a pris de
l'ampleur/est devenue grande, nous
avons vu l'omnipotence de l'État se
développer au plus haut point par le
fait que l'État étend ses tentacules
sur tout ce qui est vie de l'esprit ;
il a commencé à organiser la vie
scolaire, la vie économique est
devenue d'un autre côté déterminante
pour l'intégration des personnalités
qui pouvaient justement entrer dans ce
champ de l'esprit. Mais cela est allé
main dans la main avec ce que l'humain
a perdu la possibilité d'accoucher de
lui-même d'un contenu spirituel, de
donner un contenu spirituel à ses
paroles. C'est pourquoi s'est
développée, à l'époque de la science
de la nature, la dépendance de la vie
de l'esprit des puissances politiques
et économiques, et s'est développée la
domination mondiale de la phrase.
|
12
|
Aber solch eine Erkenntnis gibt zu
gleicher Zeit die Einsicht, daß eben
die Außenwelt, indem wir sie mit
unseren Sinnen betrachten, wir
hineinwachsen im Verlaufe unseres
Lebens zwischen Geburt und Tod, daß
diese äußeren Betrachtungen uns nicht
das eigentlich Geistige geben können,
daß dieses, der eigentlich geistige
Inhalt, von uns in die Welt
hineingetragen wird, daß wir ihn
selbst mitbringen, indem wir aus
geistigen Welten — wie gesagt, über
diese Dinge werden wir morgen genauer
sprechen — durch die Geburt
heruntersteigen in diese physische
Welt, daß wir hinschauen müssen, wenn
wir von dem geistigen Inhalt sprechen,
auf dasjenige, was die Menschen
hereintragen, was sie nur durch das
Instrument ihres Leibes nach und nach
von Jahr zu Jahr entwickeln. Nicht
dasjenige, was als immer reicherer
Welteninhalt in der äußeren Erfahrung
an uns herantritt, das bringt in die
Wirklichkeit den Geist, sondern
dasjenige, was wir als
Menschenindividualität durch unsere
Geburt in die Welt hereintragen. Die
Menschen fürchten sich nur heute vor
demjenigen, was der Mensch selber in
die Welt hereinträgt. Sie fürchten
sich, weil sie glauben, daß, wenn er
es geltend macht, es in die Phantastik
führen würde. Allein es gibt durchaus
Methoden, diese Phantastik zu
vermeiden. Derjenige aber, der
durchschaut, wie im Grunde genommen
doch aller geistige Inhalt aus den
menschlichen Individualitäten kommen
muß, der wird ohne weiteres zugeben,
daß eine gedeihliche Entwickelung
dieses Geisteslebens nur kommen könne,
wenn dem Menschen die volle
menschliche Enwickelungsmöglichkeit
gegeben ist, wenn er in seiner
geistigen Entwickelung und in den
Darlegungen und Offenbarungen seines
Geistes von keinen äußeren Mächten,
die nur hier in der physischen Welt
dienen, abhängig ist. Denn mit dem
Heraufkommen der reinen
naturwissenschaftlichen Erkenntnis,
jener Erkenntnis, die nur durch das
Außermenschliche Auskunft gibt, ist
eben, wie organisch damit verbunden,
auch heraufgekommen die Abhängigkeit
des Geisteslebens jetzt nicht von dem,
was der Mensch durch die Geburt in die
Welt hereinträgt, sondern von dem, was
das äußere Staatsleben feststellt, von
dem, was das Wirtschaftsleben aus dem
Menschen macht. In derselben Zeit, in
der die Naturwissenschaften groß
geworden sind, haben wir die
Omnipotenz des Staates aufs höchste
entwickelt gesehen dadurch, daß der
Staat seine Fangarme ausstreckt über
alles dasjenige, was Geistesleben ist;
er hat das Schulleben angefangen zu
organisieren, das Wirtschaftsleben ist
auf der anderen Seite maßgebend
geworden für das Einleben derjenigen
Persönlichkeiten, die eben in dieses
Geistesfeld kommen konnten. Das aber
ist Hand in Hand gegangen damit, daß
der Mensch verloren hat die
Möglichkeit, herauszugebären aus sich
selbst einen geistigen Inhalt, seinen
Worten einen geistigen Inhalt zu
geben. Daher hat sich entwickelt im
Zeitalter der Naturwissenschaft die
Abhängigkeit des Geisteslebens von den
politischen, von den wirtschaftlichen
Mächten, und es hat sich unter diesem
Einflusse entwickelt die
Weltherrschaft der Phrase.
|
C'est le premier membre des
organisations actuelles qui
travaillent à la destruction : la
domination mondiale de la phrase, le
discours vide de contenu. Si l'humain
n'est pas en mesure de mettre dans les
mots la substance spirituelle qu'il
tire directement de son lien avec le
monde de l'esprit, les mots doivent
devenir des phrases, les mots doivent
emménager peu à peu en l'humain de
telle sorte que l'humain ne se laisse
en quelque sorte emporter que par les
mécanismes du langage. Et c'est ce que
nous voyons malheureusement trop
clairement monter à l'époque moderne :
ce qui jaillit avec une puissance
originelle de l'intérieur spirituel et
psychique de l'humain, ce qui se
décharge dans une certaine mesure
seulement dans le langage, disparaît.
La vie dans les mécanismes du langage
devient de plus en plus intense, et
elle est arrivée à son apogée ces
dernières années. Parce que les
humains, en parlant les uns avec les
autres de par le monde civilisé, ne
parlaient en fait de rien, directement
ou indirectement, à cause de la
pression, et parce que les mots ne se
jouaient que dans leur mécanisme, se
développa ce qui poussait à la
destruction par des forces chaotiques.
|
13
|
Das ist das erste Glied in den nach
der Zerstörung hin arbeitenden
gegenwärtigen Organisationen: die
Weltherrschaft der Phrase, die
inhaltsleere Rede. Wenn der Mensch
nicht in der Lage ist, geistige
Substanz, die er unmittelbar aus
seiner Verbindung mit der Geisteswelt
schöpft, in die Worte hineinzulegen,
müssen die Worte zur Phrase werden,
müssen die Worte allmählich in den
Menschen sich so eingewöhnen, daß der
Mensch gewissermaßen nur sich
forttragen läßt von den Mechanismen
der Sprache. Und das sehen wir nur
leider allzu deutlich in der neueren
Zeit heraufkommen: dasjenige, was mit
Urgewalt hervorbricht aus dem
geistig-seelischen Inneren des
Menschen, was sich gewissermaßen nur
entlädt in der Sprache, das
verschwindet. Das Leben in den
Mechanismen der Sprache wird immer
intensiver und intensiver, und es ist
an seinem Höhepunkt angelangt in den
letzten Jahren. Weil die Menschen,
indem sie miteinander redeten über die
zivilisierte Welt hin, redeten
unmittelbar oder mittelbar durch den
Druck eigentlich von nichts, und indem
die Worte nur in ihrem Mechanismus
sich abspielten, entwikkelte sich
dasjenige, was an chaotischen Kräften
zur Zerstörung hintrieb.
|
Je sais très bien qu'à l'heure
actuelle, on est peu enclin à entrer
dans cette intimité de la vie humaine
lorsqu'il s'agit de parler des causes
du chaos actuel. Mais personne
n'obtiendra des notions claires et des
jugements précis sur ces causes s'il
ne veut pas entrer dans ces intimités
de la vie humaine de l'âme. L'harmonie
ne pourra pas non plus remplacer le
chaos dans les affaires publiques
avant que l'approfondissement
spirituel, la véritable science de
l'esprit, ne fasse naître en l'humain
le besoin de donner un contenu complet
à ses paroles. Car ce qui apparaît
toutefois d'abord dans le domaine
scientifique, ce qui est mis bas dans
le domaine scientifique, s'impose dans
les habitudes de la vie restantes
devient ce qui donne le ton dans la
vie publique. Et celui qui a le sens
de l'observation de la vie voit
comment, dans la vie quotidienne, ne
se déroulent finalement que les
dernières conséquences de ce qui, en
fin de compte, est quand même présent
comme caractéristique là où l'on fait
des visions du monde. Toutefois, il y
a longtemps que les gens ne veulent
pas voir correctement les rapports qui
apparaissent. Ici, en Suisse, a agi
une fois un esprit polémique, je le
nomme expressément un esprit
polémique, pour que vous voyiez que je
ne le surestime pas, Johannes Scherr.
Il a gâché bien des choses par son ton
et ses jugements polis, même s'il y
avait des idées saines dans ce qu'il
avait à dire publiquement. Dans les
années soixante et soixante-dix du
siècle dernier, il a prononcé un
jugement très important sur la base
d'une observation vraiment pénétrante
de la vie historique et sociale, il a
dit : Si le non esprit matérialiste,
qui désormais s'appuie sur ce que
l'humain voit et vit dans le monde
extérieur, continue à dominer, il
s'immiscera aussi dans tout ce que
l'humain fait dans les affaires
publiques extérieures ; il s'immiscera
dans la vie économique, dans la vie
financière, et il se développera une
structure sociale qui conduira
finalement à ce que l'on doive dire :
Absurde/insensé, tu as gagné !
|
14
|
Ich weiß sehr gut, daß in der
Gegenwart wenig Neigung dafür
vorhanden ist, auf diese Intimitäten
des menschlichen Lebens einzugehen,
wenn von den Ursachen des
gegenwärtigen Chaos die Rede sein
soll. Aber niemand wird über diese
Ursachen klare Begriffe und klare
Urteile gewinnen, der nicht auf diese
Intimitäten des menschlichen
Seelenlebens eingehen will. Nicht
früher auch wird in die öffentlichen
Angelegenheiten wiederum Harmonie
anstelle des Chaos kommen, nicht
früher, als bis durch geistige
Vertiefung, durch wirkliche
Geisteswissenschaft in dem Menschen
wiederum der Drang entsteht, seinen
Worten einen vollen Inhalt zu geben.
Denn dasjenige, was allerdings zuerst
auf wissenschaftlichem Gebiete
auftritt, was auf wissenschaftlichem
Gebiete geboren wird, es drängt sich
hinein in die übrigen
Lebensgewohnheiten, es wird im
öffentlichen Leben zu dem
Tonangebenden. Und wer einen Sinn hat
für Lebensbeobachtung, der sieht, wie
im Alltagsleben zuletzt sich nur die
letzten Konsequenzen von dem
abspielen, was zum Schluß doch als das
Charakteristische vorhanden ist da, wo
man Weltanschauungen macht.
Allerdings, die Zusammenhänge, die da
auftreten, die Menschen wollen sie
schon seit langem nicht ordentlich
überschauen. Hier in der Schweiz hat
einmal ein polternder Geist gewirkt,
ich nenne ihn ausdrücklich einen
polternden Geist, damit Sie sehen, ich
überschätze ihn nicht, Johannes
Scherr. Er hat durch seinen polternden
Ton und sein polterndes Urteil
manches, sich verdorben, was
allerdings auch an gesunden Gedanken
in dem war, was er öffentlich zu sagen
hatte. Er hat in den sechziger,
siebziger Jahren des vorigen
Jahrhunderts aus einer wirklich
eindringlichen Beobachtung des
geschichtlichen, sozialen Lebens
heraus ein sehr bedeutsames Urteil
gefällt, Er hat gesagt: Wenn der
materialistische Ungeist, der nurmehr
sich stützt auf dasjenige, was der
Mensch in der Außenwelt erschaut und
erlebt, wenn der fortherrscht, wird er
einziehen auch in alles dasjenige, was
der Mensch in den äußeren öffentlichen
Angelegenheiten tut; er wird eingehen
in das Wirtschafts-, in das
finanzielle Leben, und es wird sich
eine soziale Struktur entwickeln, die
endlich dazu führen wird, daß man
sagen muß: Unsinn, du hast gesiegt!
|
Mes très chers présents ! On
n'écoute pas volontiers ce genre de
gens. On n'a pas non plus écouté le
jugement de Johannes Scherr. Mais
maintenant, cinquante ans plus tard,
il faut le dire pour ceux qui
regardent tout ce qui est lié à ce que
l'on appelle la catastrophe de la
guerre mondiale : les paroles de cet
observateur du monde qu'était Johannes
Scherr, qui culminaient dans la phrase
: Vous devrez dire : Foutaise, tu as
vaincu - ces paroles se sont réalisées
! Car ce Johannes Scherr a bien vu
comment ce qui est esprit s'est peu à
peu extirpé de la vie humaine, comment
le non-esprit matérialiste a pris la
place de l'esprit, et il a pu faire de
cette observation une véritable
prophétie. Le monde ne sait pas que ce
qui n'est d'abord qu'une vision du
monde, qu'une théorie, devient au
fond, après deux générations, une
action morale et publique. Oh, on
devrait remarquer beaucoup, beaucoup
mieux certains rapports dans le monde
! On devrait se faire un jugement
beaucoup plus approfondi, un jugement
réel sur certaines choses !
|
15
|
Meine sehr verehrten Anwesenden! Auf
solche Leute hört man nicht gern. Auch
dieses Urteil des Johannes Scherr hat
man überhört. Aber jetzt nach fünfzig
Jahren muß für denjenigen, der auf
alles, was mit der sogenannten
Weltkriegskatastrophe zusammenhängt,
hinschaut, gesagt werden: Die Worte
dieses Weltenbeobachters Johannes
Scherr, die in dem Satze gipfelten:
Ihr werdet sagen müssen: Unsinn, du
hast gesiegt, — die Worte haben sich
erfüllt! Denn dieser Johannes Scherr
hat gut gesehen, wie sich
herausgepreßt hat allmählich aus dem
menschlichen Leben dasjenige, was
Geist ist, wie an die Stelle des
Geistes der materialistische Ungeist
getreten ist, und er hat aus dieser
Beobachtung eine wahre Prophetie
machen können. Die Welt weiß eben
nicht, daß dasjenige, was zuerst nur
Weltanschauung, nur Theorie ist, daß
das im Grunde genommen nach zwei
Generationen moralisches, öffentliches
Wirken wird, Tat wird. Oh, man sollte
gewisse Zusammenhänge in der Welt
viel, viel besser bemerken! Man sollte
sich ein viel gründlicheres Urteil,
ein reales Urteil über gewisse Dinge
verschaffen!
|
Un philosophe, Avenarius, a aussi
travaillé une fois ici. C'est un
parent spirituel de Mach, qui avait
lui-même de nouveau un élève qui
œuvrait ici à Zurich il y a très peu
de temps. Ces gens ont tiré les
conséquences, dans le domaine de la
vision du monde, du non-esprit
matérialiste actuel - je l'appelle non
esprit, parce que justement la pure
connaissance de la nature ne peut
déverser aucun contenu substantiel
dans notre langage. Ils ont, les
philosophes, Avenarius et ainsi de
suite, tiré les conséquences de la
vision du monde du non-esprit
matérialiste de l'époque. La
philosophie qu'ils ont gagnée, et
toute la façon et la manière dont des
gens tels qu'Avenarius se sont
présentés sont bien bourgeoises.
Personne ne verra naturellement dans
ces gens qu'ils sont autre chose que
de bons citoyens/bourgeois de l'état.
Mais aujourd'hui, on devrait notifier
autre chose. Aujourd'hui, on devrait
étudier la question à partir des faits
: quelle est la philosophie de l'État
de Lénine et Trotski ? Quelle est la
philosophie d'État des bolcheviks ? -
C'est celle d'Avenarius, celle de Mach
! Ce n'est pas purement un pendant
temporel qu'un certain nombre de ces
gens ont étudié ici à Zurich, il y a
un pendant de faits internes, à savoir
que ce qui vit dans les âmes humaines
en tant que pensée de la vision du
monde dans une génération devient des
actes dans la troisième génération. Et
c'est à ces actes que l'on peut voir
les causes de la façon dont elles se
jouent dans le monde. Mais l'humanité
d'aujourd'hui ne veut que des
jugements logiques abstraits et ne
comprend pas que quelque chose de
logiquement élaboré n'est pas encore
un jugement de fait, une conclusion de
fait, qu'il faut regarder avec une
véritable vision spirituelle dans le
contexte réel, dans le contexte de la
réalité, et alors ce qui est
apparemment le plus dissemblable, la
vision bourgeoise du monde
d'Avenarius, mais qui est issue d'un
non-esprit matérialiste, revit
profondément dans ce qui détruit de
fond en comble toute société humaine,
ce qui conduit aux fossoyeurs de toute
la civilisation européenne.
|
16
|
Hier hat auch einmal ein Philosoph
gewirkt, Avenarius. Er ist ein
Geistesverwandter von Mach, der
wiederum einen Schüler vor ganz kurzer
Zeit hier in Zürich wirken hatte.
Diese Leute haben auf dem
Weltanschauungsfelde die Konsequenzen
gezogen des gegenwärtigen
materialistischen Ungeistes — ich
nenne ihn Ungeist, weil eben bloße
Naturerkenntnis in unsere Sprache
keinen substantiellen Inhalt
hineingießen kann. Sie haben, die
Philosophen, Avenarius und so weiter,
die Weltanschauungskonsequenzen
gezogen aus dem materialistischen
Ungeist der Zeit. Die Philosophie, die
sie gewonnen haben, und die ganze Art
und Weise, wie solche Leute wie
Avenarius sich darlebten, ist gut
bürgerlich. Niemand wird selbst‑
verständlich diesen Leuten ansehen,
daß sie etwas anderes sind, als brave
Staatsbürger. Aber heute sollte man
etwas anderes notifizieren. Heute
sollte man einmal aus den Tatsachen
heraus die Frage studieren: Welches
ist die Staatsphilosophie des Lenin
und Trotzki geworden? Welches ist die
Staatsphilosophie der Bolschewisten? —
Das ist die Avenariussche, die
Machsche! Da ist nicht bloß der
zeitliche Zusammenhang, daß eine
Anzahl dieser Leute hier in Zürich
studiert haben, da ist der innere
Tatsachenzusammenhang, daß dasjenige,
was in den menschlichen Seelen als
Weltanschauungsgedanke in einer
Generation lebt, in der dritten
Generation zu Taten wird. Und an
diesen Taten kann man die Ursachen
sehen, wie sie in der Welt spielen.
Aber die heutige Menschheit will nur
abstrakt logische Urteile und begreift
nicht, daß etwas, was logisch
erschlossen ist, noch kein
Tatsachenurteil, kein Tatsachenschluß
ist, daß man mit wirklichem geistigem
Schauen hineinblicken muß in den
realen Zusammenhang, in den
Wirklichkeitszusammenhang, und dann
das scheinbar Unähnlichste, die
bourgeoise Weltanschauung des
Avenarius, die aber aus
materialistischem Ungeiste
hervorgegangen ist, wieder auflebt
tief in demjenigen, was alle
menschliche Gesellschaft von Grund aus
zerstört, was zu den Totengräbern
hinführt der ganzen europäischen
Zivilisation.
|
Avec cela est indiqué en même temps
que cette domination mondiale de la
phrase n'est toutefois pas quelque
chose qui ne vaut que dans un domaine
restreint. C'est quelque chose qui
traverse toute notre vie publique
comme une force fondamentale, avant
tout dans le domaine de l'esprit. Et
il n'y aura pas de salut tant que la
vie de l'esprit ne se sera pas
émancipée de ce qui a justement servi
de base à cette phraséologie, tant que
la vie de l'esprit ne se sera pas
émancipée de la vie politique ou
juridique extérieure, de la vie de
l'économie, et qu'elle ne sera pas
construite uniquement sur ce que
l'esprit lui-même produit de soi,
c'est-à-dire sur ce que l'humain
individuel produit à partir de ce
qu'il apporte dans le monde sensible
par sa naissance dans le monde de
l'esprit. Arriver à un contenu
spirituel est le seul moyen de
surmonter la domination mondiale de la
phrase. Et il y a autre chose qui est
intimement lié à la phrase. Parce que
la phrase ne lie pas le lien du mot
avec le contenu, le mot devient très
facilement, à l'époque de la phrase,
le porteur du mensonge. Et de la
phrase au mensonge, il y a un droit
chemin. D'où la domination, le
triomphe du mensonge au cours des
quatre à cinq dernières années, qui
participe à son tour tant au processus
de destruction vers lequel nous
allons, si l'esprit n'est pas appelé à
remplacer le non-esprit !
|
17
|
Damit ist zu gleicher Zeit
angedeutet, daß allerdings diese
Weltherrschaft der Phrase nicht etwas
ist, was nur auf einem engen Gebiete
gilt. Es ist etwas, was als eine
Grundkraft unser ganzes öffentliches
Leben, vor allen Dingen auf dem
Gebiete des Geistes durchzieht. Und
eher wird kein Heil sein, als bis das
Geistesleben sich emanzipiert von dem,
was sich gerade als die Grundlage zu
diesem Phrasentum ergeben hat, bis
sich das Geistesleben emanzipiert von
dem äußeren politischen oder
Rechtsleben, von dem Wirtschaftsleben,
und allein auf dasjenige gebaut wird,
was der Geist selber aus sich
hervorbringt, das heißt, dasjenige,
was der individuelle Mensch produziert
aus dem, was er durch die Geburt aus
der Geisteswelt in die sinnliche Welt
hereinträgt. Zu geistigem Inhalt zu
kommen ist allein der Weg, die
Weltherrschaft der Phrase zu
überwinden. Und mit der Phrase innig
im Bunde ist etwas anderes. Weil die
Phrase nicht den Zusammenhang des
Wortes mit den Inhalten verbindet, so
wird das Wort sehr leicht in dem
Zeitalter der Phrase zum Träger der
Lüge. Und von der Phrase zur Lüge
führt ein gerader Weg. Daher auch die
Herrschaft, der Siegeszug der Lüge in
den letzten vier bis fünf Jahren, der
wiederum so viel Anteil hat an dem
Zerstörungsprozesse, dem wir
entgegengehen, wenn nicht Geist an die
Stelle des Ungeistes gerufen wird!
|
Maintenant, chers présents, cela sur
un domaine de la vie publique, sur le
domaine de la vie de l'esprig. Mais il
y a encore d'autres domaines. Mais
vous tous, vous êtes dépendants de la
vie de l'esprit dans une certaine
relation. Si la vie de l'esprit est
dominée par la phrase, par le discours
sans contenu, alors ce qui vient de ce
discours, ce qui peut être appris
notamment en pendant avec le discours
au sein de la communauté sociale,
n'est pas non plus approprié pour se
vivre dans les sensations, dans les
sentiments. Mais ce qui se développe
dans les sensations et les sentiments
dans la vie en commun sociale, ce qui
s'enflamme dans les échanges d'humain
à humain, dans la mesure où l'un
compatit/sent avec l'autre, c'est la
coutume, c'est ce qui devient coutume
à partir de la communauté sociale. Et
ce n'est qu'à partir de cette coutume
que le droit peut se développer
historiquement. Mais ce droit peut
seulement se développer si la phrase
ne s'intègre/se vit pas dans les
sentiments qui ont lieu dans l'échange
entre l'humain et l'humain, si la
parole remplie de substance, le
discours porté par la pensée
s'intègre/se membre dans ces
sentiments. Et à l'époque de la
phrase, le sentiment entre l'humain et
l'humain ne peut aussi pas s'enflammer
de manière correspondante, peut
seulement se donner un rapport
extérieur d'humain à humain. La
conséquence est donc qu'à l'époque où
la phrase se développe dans le domaine
de la vie sociale de l'esprit, la
phrase se développe dans le domaine de
la sensation social au lieu du rapport
immédiatement substantiel d'humain à
humain, le comportement sans contenu
de l'humain envers l'humain, qui peut
tout au plus être réglé par des
contrats extérieurs, que l'on
s'extasie même entre les peuples sur
les contrats, parce que l'on n'arrive
pas à l'expression élémentaire de ce
qui peut être dévoilé d'humain à
humain. Cette ère de la convention
vide de son contenu un deuxième
domaine de notre vie publique : elle
désertifie la cohabitation humaine,
comme la phrase désertifie la vie de
l'esprit, la vie de l'âme.
|
18
|
Nun, sehr verehrte Anwesende, das
auf dem einen Gebiete des öffentlichen
Lebens, auf dem Gebiete des
Geisteslebens. Aber es gibt noch
andere Gebiete. Sie alle aber, Sie
sind abhängig in einer gewissen
Beziehung von dem Geistesleben. Wird
das Geistesleben beherrscht von der
Phrase, von der inhaltslosen Rede, so
ist auch dasjenige, was aus dieser
Rede kommt, was namentlich im
Zusammenhange mit der Rede innerhalb
der sozialen Gemeinschaft gelernt
werden kann, nicht geeignet, in die
Gefühle, in die Empfindungen hinein
sich auszuleben. Dasjenige aber, was
in den Gefühlen und Empfindungen im
sozialen Zusammenleben sich
entwickelt, was sich in dem
Wechselverkehr von Mensch zu Mensch
entzündet, indem der eine Mensch mit
dem anderen mitfühlt, das ist Sitte,
das ist dasjenige, was aus der
sozialen Gemeinschaft heraus zur
Gewohnheitssitte wird. Und nur aus
dieser Gewohnheitssitte kann sich
geschichtlich das Recht entwickeln.
Aber dieses Recht kann sich nur
entwickeln, wenn in die Empfindungen,
die im Wechselverkehre zwischen
Mensch und Mensch stattfinden, nicht
die Phrase sich hineinlebt, wenn in
diese Empfindungen das
substanzerfüllte Wort, die
gedankengetragene Rede sich
hineingliedern. Und im Zeitalter der
Phrase kann auch die Empfindung
zwischen Mensch und Mensch sich nicht
in entsprechender Weise entzünden,
kann sich nur ergeben ein äußeres
Verhältnis von Mensch zu Mensch. Die
Folge ist daher, daß in dem Zeitalter,
wo sich auf dem Gebiete des sozialen
Geisteslebens die Phrase entwickelt,
sich auf dem Gebiete des sozialen
Fühlens statt des unmittelbar
substantiellen Verhältnisses von
Mensch zu Mensch die Konventionen
entwickeln, das inhaltlose Verhalten
des Menschen zum Menschen, das
höchstens durch äußere Verträge
geregelt werden kann, daß man selbst
zwischen Völkern schwärmt von
Verträgen, weil man zum elementaren
Ausleben desjenigen, was von Mensch zu
Mensch enthüllt werden kann, nicht
kommt. Dieses Zeitalter der
Konvention, es macht ein zweites
Gebiet unseres öffentlichen Lebens so
inhaltsleer: Es verödet das
menschliche Zusammenleben, wie die
Phrase das Geistesleben, das
Seelenleben verödet.
|
C'est ce qui conduit justement ainsi
à l'humain purement extérieur, et non
au droit né de l'intérieur de
l'humain. Car ce droit, il peut
seulement s'enflammer si la parole
portée par la pensée s'écoule de la
tête au cœur. De même que le droit
réel, qui seul peut s'épanouir dans la
vie sociale, appartient à la vie de
l'esprit réelle, qui est remplie
d'esprit substantiel, de même la
convention appartient à la vie de
l'esprit qui vit dans la phrase. Avec
cela, nous avons caractérisé deux
domaines de notre vie publique
actuelle.
|
19
|
Das ist es, was hinführt ebenso zum
bloßen äußeren Menschen, nicht zu dem
aus dem Inneren des Menschen geborenen
Recht. Denn dieses Recht, es kann sich
nur entzünden, wenn das
gedankengetragene Wort vom ,Kopfe zum
Herzen fließt. Wie das wirkliche
Recht, das im sozialen Leben allein
gedeihen kann, zu dem wirklichen
Geistesleben, das von substantiellem
Geiste erfüllt ist, gehört, so gehört
die Konvention zu dem Geistesleben,
das in der Phrase lebt. Damit haben
wir zwei Gebiete unseres öffentlichen
Lebens in der Gegenwart
charakterisiert.
|
Le troisième domaine d'où provient
la vie publique est le vouloir humain.
Un vouloir conscient, un vouloir qui
place l'humain dans la société humaine
de telle sorte que cet humain apporte
dans la société quelque chose qui
découle de sa nature humaine
elle-même, à un tel vouloir ça ne peut
pas arriver si ce vouloir ne peut pas
être propulsé par de véritables
comportements substantiels,
spirituels. La phrase est
impropre/inappropriée à susciter un
véritable vouloir conscient. De même
que la vie de l'esprit devient une
phrase lorsqu'elle devient dépendante
de la vie extérieure de l'État ou de
la vie de droit, dépendante de la vie
de l'économie extérieure, de même que
la vie de droit elle-même se dissout
dans la convention lorsqu'elle peut
seulement être alimentée par la
phrase, de même le domaine de la vie
économique, le domaine de la
coexistence humaine extérieure, au
lieu d'être porté par une véritable
pratique de vie, devient une simple
routine de vie si le vouloir n'est pas
motivé par l'esprit. À côté de la
phrase, à côté de la convention, nous
voyons donc monter, à l'époque d'où
s'est développé notre présent, dans le
domaine de la vie et dans le domaine
de la représentation extérieure de la
vie, dans le domaine de la vie de
l'économie, partout la routine.
|
20
|
Das dritte Gebiet, aus dem das
öffentliche Leben hervorgeht, ist das
menschliche Wollen. Zu einem bewußten
Wollen, zu einem Wollen, welches nun
den Menschen hineinstellt in die
menschliche Gesellschaft so, daß
dieser Mensch in die Gesellschaft
hineinträgt etwas, was aus seiner
menschlichen Natur selber fließt, zu
einem solchen Wollen kann es nicht
kommen, wenn dieses Wollen nicht
getrieben werden kann von wirklichen
substantiellen, geistigen Gehalten.
Die Phrase ist ungeeignet, ein
wirkliches bewußtes Wollen
hervorzurufen. Wie das Geistesleben
zur Phrase wird, wenn es abhängig wird
vom äußeren Staats- oder Rechtsleben,
abhängig vom äußeren Wirtschaftsleben,
wie das Rechtsleben selber in der
Konvention aufgeht, wenn es nur
gespeist werden kann von der Phrase,
so wird das Gebiet des
wirtschaftlichen Lebens, das Gebiet
des äußeren menschlichen
Zusammenlebens, statt von wirklicher
Lebenspraxis von bloßer Lebensroutine
getragen, wenn das Wollen nicht
angetrieben wird vom Geiste. Neben der
Phrase, neben der Konvention sehen wir
daher heraufkommen in dem Zeitalter,
aus dem sich unsere Gegenwart
entwickelt hat auf dem Gebiete des
Lebens und auf dem Gebiete der äußeren
Darstellung des Lebens, auf dem
Gebiete des Wirtschaftslebens überall
die Routine.
|
Ce qui est pensé par là - notre vie
de l'économie est dominée par la
routine - deviendra peut-être clair si
je dis qu'une observation réaliste de
notre vie publique a révélé que, dans
le domaine de la vie de l’économie, il
faut mettre fin au chaos qui règne
actuellement, où chacun ne veut
acquérir que par égoïsme et où
personne ne connaît le rapport dans
lequel sa propre production se place
par rapport à la production de
l'ensemble. Ce n'est que lorsque l'on
comprend que cette vie de l’économie,
qui est peu à peu entrée dans le
chaos, ne peut être saine que si les
domaines professionnels et les
domaines de la vie les plus divers
s'associent les uns aux autres, si les
personnes appartenant à des
professions différentes se
membrent/s'articulent réellement les
unes aux autres, de sorte que des
associations naissent d'une profession
à l'autre, que des associations
naissent entre les consommateurs d'une
profession et les producteurs de cette
profession, bref, que notre vie
économique acquiert une structure, de
sorte que les producteurs se
rassemblent s'organisant
intérieurement avec leurs
consommateurs, de sorte que l'individu
se tenant consommant ou produisant
dans une profession puisse voir
comment sa consommation et sa
production s'inscrivent/s'en ordonne
dans un cours de cycle économique
quelconque - ce n'est que lorsque
l'humain vit dans une telle
organisation, lorsque notre vie de
l'économie est fondée sur
l'association, seulement alors
l'humain individuel voit comment, il
contribue par ce qu'il produit ou
comment il participe par ce qu'il
consomme au processus économique.
Alors, l'individu ne sait pas
seulement avoir en main ceci ou cela
dans une quelconque routine de vie,
alors il sait que ce qu'il fait, il
fait partie de l'ensemble du processus
de la vie économique de l'humanité.
Alors il œuvre à partir d'autres
motivations. Ce qu'il fait n'est alors
pas dominé par une routine
superficielle, mais par une pratique
de vie qui est seulement donnée si
l'on peut y associer une idée, si l'on
se place soi-même économiquement dans
l'organisme global de l'humanité.
Parce que la vie de la phrase a saisi
la place, du fait que la convention a
saisi la place dans le trafic des
échanges entre les humains, par cela
les humains n'ont aussi pas trouvé
l'occasion de s'associer de cette
manière, par cela ils ont été écartés
des tâches dans lesquelles ils se
tiennent, ils sont devenus de purs
routiniers. Et la routine s'est
étendue de l'action mécanique
individuelle/particulière au mécanisme
de notre organisation d'ensemble et de
notre économie financière d'ensemble.
Du temps rempli de phrases vint le
temps des routiniers. Et les
routiniers ont provoqué cette
catastrophe qui montre ceci ou cela à
la surface, mais qui révèle dans ses
profondeurs les causes qui se trouvent
dans le domaine qui vient d'être
caractérisé.
|
21
|
Was damit gemeint ist: unser
Wirtschaftsleben ist von der Routine
beherrscht —, es wird vielleicht klar
werden dadurch, wenn ich sage: Einer
wirklichkeitsgemäßen Betrachtung
unseres öffentlichen Lebens hat sich
ergeben, daß auf dem Gebiete des
Wirtschaftslebens jenes Chaos aufhören
müsse, das in der Gegenwart herrschend
ist, wo jeder nur aus seinem Egoismus
heraus erwerben will und keiner den
Zusammenhang kennt, in den sich sein
eigenes Produzieren hineinstellt
gegenüber dem Produzieren der
Gesamtheit. Erst wenn man durchschaut,
daß dieses Wirtschaftsleben, das
allmählich in das Chaos hineingekommen
ist, nur gesunden kann dadurch, daß
sich die verschiedensten Berufs- und
Lebensgebiete miteinander
assoziieren, daß zusammengehörige
Menschen in verschiedenen Berufen sich
wirklich auch ineinandergliedern, so
daß Assoziationen entstehen von Beruf
zu Beruf, daß Assoziationen entstehen
zwischen den Konsumenten eines Berufes
mit den Produzenten des Berufes, kurz,
daß unser Wirtschaftsleben eine
Struktur erhalte, so daß die
Produzenten sich innerlich
organisierend mit ihren Konsumenten
zusammenschließen, so daß der
einzelne, der konsumierend oder
produzierend in einem Beruf steht,
erschauen kann, wie sich sein
Konsumieren und Produzieren in
irgendeinen wirtschaftlichen Kreislauf
hineinordnet — nur dann, wenn der
Mensch in einer solchen Organisation
lebt, wenn unser Wirtschaftsleben auf
Assoziation gegründet ist, nur dann
sieht der einzelne Mensch, wie er
beiträgt durch dasjenige, was er
produziert oder wie er mitwirkt durch
dasjenige, was er konsumiert, zu dem
Wirtschaftsprozeß. Dann weiß der
einzelne Mensch nicht nur zu handhaben
in irgendeiner Lebensroutine das oder
jenes, dann weiß er, daß dasjenige,
was er tut, hineingehört in den
Gesamtprozeß des wirtschaftlichen
Lebens der Menschheit. Dann wirkt er
aus anderen Antrieben heraus. Dann
wird dasjenige, was er tut, nicht
beherrscht von einer oberflächlichen
Routine, sondern von Lebenspraxis, die
nur gegeben ist, wenn man eine Idee
damit verbinden kann, wenn man sich
selber wirtschaftlich in den
Gesamtorganismus der Menschheit
hineinstellt. Dadurch, daß das Leben
der Phrase Platz gegriffen hat, daß im
Wechselverkehr der Menschen die
Konvention Platz gegriffen hat,
dadurch fanden die Menschen auch nicht
die Gelegenheit, sich in dieser Weise
zu assoziieren, dadurch wurden sie
hinweggewiesen von den Aufgaben, in
denen sie stehen, wurden sie zu bloßen
Routiniers. Und die Routine breitete
sich aus von dem einzelnen
mechanischen Tun zum Mechanismus
unserer gesamten Organisation und
unserer gesamten Finanzwirtschaft. Aus
der phraseerfüllten Zeit wurde die
Zeit der Routiniers. Und die
Routiniers führten herbei jene
Katastrophe, die an der Oberfläche
dies oder jenes zeigt, die aber in
ihren Tiefen die Ursachen zeigt, die
auf dem Gebiete liegen, das eben jetzt
charakterisiert worden ist.
|
Si nous examinons ainsi sans
préjugé, sans sympathie et antipathie,
ce qui domine la vie actuelle, nous
devons dire : dans le domaine de la
vie de l'esprit, la phrase ; dans le
domaine de la vie de droit, la
convention ; et dans le domaine de la
vie de l'économie, la routine. Seules
les forces que je me permettrai de
décrire demain peuvent conduire au
salut, c'est-à-dire lorsque la phrase
est remplacée par le discours rempli
d'un esprit substantiel, d'un esprit
contemplé, qui ne peut venir que d'une
vie de l'esprit placée sur elle-même,
qui porte ce que l'humain doit en
apporter dans la vie extérieure, qui
ne veut pas dominer cette vie
spirituelle comme les lois de la
nature qui sont gagnées par
l'expérience extérieure. La convention
de ce qui est fixé extérieurement doit
être remplacée par l'interaction
vivante qui peut naître lorsque, sur
un terrain strictement démocratique,
tous les humains devenus majeurs
s'engagent pour ce qui est
généralement des affaires humaines, ce
que l'humain n'apporte pas par sa
naissance, mais qui ne peut se
développer que dans la vie humaine
commune des humains devenus majeurs.
La vraie pratique de la vie peut
seulement se développer à partir de la
routine qui reste attachée à l'objet
économique éphémère si l'humain passe
d'une parole sans phrases, remplie de
pensées, à une vision du monde telle
qu'il sache qu'il doit fonder des
associations qui témoignent/attestent,
qui révèlent que ce qui est effectué
sur le terrain de la vie de l'économie
est encore plus que ce que l'on amène
en état par la machine, que c'est un
membre dans le processus global de
l'évolution de l'humanité sur la
Terre. On ne s'y tiendra pas si l'on
se tient en tant que routinier devant
sa machine, dans son usine, dans sa
banque ou sinon n'importe où, on y
parviendra seulement si les fils de
l'association partent d'un humain vers
un autre, si l'humain
apprend/expérimente d'un autre humain
comment il est dépendant de
l'organisation sociale la plus proche
de lui dans sa consommation et dans sa
production. Dans ce que ces humains
effectuent ensemble, dans ces
associations, il en résultera qu'ils
fonderont dans leur vie économique
quelque chose qui est plus que ce que
l'humain peut avoir dans la vie de
l'économie. L'humain doit faire
l'économie/gérer, mais il s'élève,
avec tout son être humain, de
l'éphémère à l'éternel en faisant
l'économie/gérant. Et il apprendra de
sa vie de l'économie que c'est tout de
suite en devenant un praticien ici
dans la vie qu'il a une école dans la
pratique, dont il peut encore porter
les résultats à travers la mort.
|
22
|
Wenn wir so unbefangen, ohne
Sympathie und Antipathie, dasjenige
prüfen, was das Leben der Gegenwart
beherrscht, so müssen wir sagen: Auf
dem Gebiete des Geisteslebens die
Phrase, auf dem Gebiete des
Rechtslebens die Konvention, und auf
dem Gebiete des Wirtschaftslebens die
Routine. Zum Heile können allein die
Kräfte führen, die ich mir erlauben
werde morgen zu schildern, also wenn
an die Stelle der Phrase tritt die von
substantiellem Geist, von angeschautem
Geiste erfüllte Rede, die nur kommen
kann in einem auf sich selbst
gestellten Geistesleben, das
herausträgt, was der Mensch
hereinzutragen hat in das äußere
Leben, das nicht so beherrschen will
dieses Geistesleben wie die
Naturgesetze, die gewonnen werden
durch die äußere Erfahrung. An die
Stelle der Konvention desjenigen, was
äußerlich festgesetzt ist, muß das
lebendige Wechselspiel treten, das
entstehen kann, wenn auf streng
demokratischem Boden alle mündig
gewordenen Menschen für dasjenige, was
allgemein menschliche Angelegenheiten
sind, was der Mensch nicht durch seine
Geburt hereinträgt, sondern was sich
erst im menschlichen Zusammenleben der
mündig gewordenen Menschen entwickeln
kann, eintreten. Aus der Routine, die
haften bleibt am vergänglichen
Wirtschaftsobjekte, kann sich nur die
wahre Lebenspraxis entwickeln, wenn
der Mensch aus dem phrasenfreien,
gedankenerfüllten Worte zu einer
solchen Weltanschauung kommt, daß er
weiß: er muß Assoziationen begründen,
die bezeugen, die offenbaren, daß
dasjenige, was bewirkt wird auf dem
Boden des Wirtschaftslebens, noch mehr
ist als dasjenige, was man durch die
Maschine zustande bringt, daß es ein
Glied ist in dem Gesamtprozesse der
Menschheitsentwickelung auf der Erde.
Darinnen wird man nicht stehen, wenn
man als Routinier an seiner Maschine,
in seiner Fabrik, in seiner Bank oder
sonst irgendwo steht, darinnen wird
man nur stehen, wenn von einem zu dem
anderen Menschen ausgehen die Fäden
der Assoziation, wenn der Mensch von
dem anderen Menschen erfährt, wie er
in seinem Konsumieren, in seinem
Produzieren mit der' ihm
nächstliegenden sozialen Organisation
zusammenhängt. Da wird sich in dem,
was diese Menschen zusammen wirken,
in diesen Assoziationen ergeben, daß
sie in ihrem Wirtschaftsleben etwas
begründen, was mehr ist als der Mensch
im Wirtschaftsleben haben kann. Der
Mensch muß wirtschaften, aber er
erhebt sich mit seinem ganzen
Menschenwesen aus dem Wirtschaften
heraus aus dem Vergänglichen zum
Ewigen. Und er wird erfahren aus
seinem Wirtschaftsleben, daß er
gerade, indem er hier im Leben ein
Praktiker wird, an der Praxis eine
Schule hat, deren Ergebnisse er noch
durch den Tod hindurchtragen kann.
|
Ainsi, c'est tout de suite d'une
observation plus d'après l'esprit de
la vie actuelle à partir des trois
domaines de domination les plus
caractéristiques, celui de la phrase,
celui de la convention, celui de la
routine, que résulte la nécessité
d'agir en vue d'une triarticulation de
la vie sociale, d'un assainissement de
notre vie de l'esprit par son
indépendance, à l'assainissement de
notre vie de droit, qui peut seulement
être libéré de la convention si
l'interaction démocratique vivante
s'instaure entre tous les humains
devenus majeurs, à l'assainissement de
la vie de l'économie, en ce sens que
l'autonomie de la vie de l'économie
supprime la routine au profit d'une
véritable pratique de la vie. Mais
cela peut seulement se passer si
l'humain se lie associativement à
l'humain ; car ce n'est que par cette
collaboration sociale que ce que
l'individu peut gagner/élaborer
économiquement devient quelque chose
qui fait passer/conduit toute
l'humanité de la pure matière à
l'esprit. Dans le domaine de la vie
intellectuelle, la phrase signifie le
non-esprit ; dans le domaine de la vie
étatique, de droit, la convention
signifie le non-esprit ; dans le
domaine de la vie économique, la
routine signifie le non-esprit sur le
domaine de la vie de l'économie.
L'esprit doit remplacer le non-esprit.
Qu'il le puisse, avec quelles forces
il le peut, c'est ce que je me
permettrai de décrire demain. Car ce
n'est que lorsque la phrase sera à
nouveau remplacée par le discours
soutenu par la pensée, et donc à
nouveau par l'esprit, par la véritable
vie de l'esprit, que la convention
sera remplacée par la vie de droit
remplie du sentiment social humain, et
que la routine économique sera
remplacée par l'économie traversée par
l'esprit, l'économie ordonnée par
l'esprit, l'économie imprégnée
d'associations, que toute notre vie
publique pourra être guérie de ce dont
elle souffre actuellement, il faut le
dire : de quoi elle devrait périr si
aucun processus de guérison
n'intervenait.
|
23
|
So ergibt sich gerade aus einer mehr
nach dem Geiste hin trachtenden
Beobachtung über das gegenwärtige
Leben aus den drei
charakteristischsten
Herrschaftsgebieten, dem der Phrase,
dem der Konvention, dem der Routine,
die Notwendigkeit, zu wirken nach
einer Dreigliederung des sozialen
Lebens, nach einer Gesundung unseres
Geisteslebens durch seine
Selbständigkeit, nach einer Gesundung
unseres Rechtslebens, das nur befreit
werden kann von der Konvention, wenn
die lebendige demokratische
Wechselwirkung eintritt zwischen allen
mündig gewordenen Menschen, nach einer
Gesundung des Wirtschaftslebens, indem
durch die Selbständigkeit des
Wirtschaftslebens die Routine
aufgehoben wird zugunsten einer
wirklichen Lebenspraxis. Das kann aber
nur geschehen, wenn Mensch mit Mensch
sich assoziativ verbindet; denn nur
durch dieses soziale Zusammenwirken
entsteht aus dem, was der einzelne
erwirtschaften kann, etwas, was die
ganze Menschheit über sich selbst von
der bloßen Materie zum Geiste
hinführt. Phrase bedeutet tet auf dem
Gebiete des Geisteslebens den Ungeist;
Konvention bedeutet auf dem Gebiete
des staatlichen, des Rechtslebens den
Ungeist; Routine bedeutet den Ungeist
auf dem Gebiet des Wirtschaftslebens.
An die Stelle des Ungeistes muß der
Geist treten. Daß er es könne, mit
welchen Kräften er es könne, das will
ich mir erlauben, morgen zu schildern.
Denn allein, wenn da tritt an die
Stelle der Phrase wiederum die
gedankengetragene Rede, dadurch aber
wiederum der Geist, wahres
Geistesleben, nur dadurch, daß an die
Stelle der Konvention das vom
menschlichen sozialen Fühlen erfüllte
Rechtsleben tritt, und nur dadurch,
daß an die Stelle der wirtschaftlichen
Routine die durchgeistete Wirtschaft,
die vorn Geiste geordnete,
assoziationendurchtränkte Wirtschaft
tritt, dadurch allein wird unser
ganzes öffentliches Leben geheilt
werden können von dem, woran es krankt
in der Gegenwart, man muß das sagen:
woran es zugrunde gehen müßte, wenn
kein Heilungsprozeß eintreten würde.
|
Dans le présent, nous remarquons
malheureusement trop la phrase, la
convention, la routine. Nous voyons le
résultat : le chaos. Pour l'avenir,
nous avons besoin d'une parole
porteuse de pensées, d'un esprit
rempli de substance, d'un droit vivant
résultant de la collaboration de tous
les humains devenus majeurs. C'est
cela, l'esprit, plutôt que le
non-esprit. Dans le domaine de la vie
de l'économie, nous avons besoin des
associations issues de l'esprit, nous
avons besoin que la routine soit
remplacée par la véritable économie,
celle qui est portée par l'esprit.
Dans le domaine de la vie économique,
cela signifie dissolution du
non-esprit du présent par l'esprit
pour l'avenir. Et ce n'est qu'ainsi
que nous pouvons sortir des humeurs
pessimistes, qui ne sont que trop
justifiées aujourd'hui par
l'observation de la vie extérieure,
pour nous élever à certains espoirs
pour l'avenir, que nous ne comptons
pas du tout sur ce qui pourrait nous
être jeté quelque part aujourd'hui
comme espoir pour l'avenir, mais que
nous comptons sur notre propre volonté
humaine, qui veut mettre en place, à
partir de sa force, de sa
persévérance, de son feu, à partir du
présent, pour l'avenir, la victoire de
l'esprit sur le non-esprit.
|
24
|
In der Gegenwart bemerken wir nur
leider zuviel die Phrase, die
Konvention, die Routine. Wir sehen das
Ergebnis: das Chaos. Für die Zukunft
brauchen wir das gedankengetragene
Wort, den von Substanz erfüllten
Geist, das aus dem Zusammenwirken
aller mündig gewordenen Menschen sich
ergebende lebendige Recht. Das ist an
dieser Stelle Geist statt des
Ungeistes. Auf dem Gebiete des
Wirtschaftslebens brauchen wir die aus
dem Geiste hervorgehenden
Assoziationen, brauchen die Ablösung
der Routine durch die wahre,
geistgetragene Wirtschaft. Das
bedeutet auf dem Gebiete des
Wirtschaftslebens Ablösung des
Ungeistes der Gegenwart durch den
Geist für die Zukunft. Und allein
dadurch können wir aus pessimistischen
Stimmungen, die ja aus der Beobachtung
des äußeren Lebens heraus heute nur
allzu gerechtfertigt sind, uns erheben
zu gewissen Zukunftshoffnungen, daß
wir gar nicht bauen auf dasjenige, was
uns irgendwo heute zugeworfen werden
könnte als Hoffnung für die Zukunft,
sondern daß wir bauen auf den eigenen
menschlichen Willen, der da setzen
will aus seiner Kraft, aus seiner
Ausdauer, aus seinem Feuer heraus, aus
der Gegenwart heraus f" 1uŸ die
Zukunft den Sieg des Geistes über den
Ungeist.
|
[Un bref débat s'ensuit].
|
25
|
[Es folgt eine kurze Aussprache].
|
Mot de la fin
|
26
|
Schlußwort
|
Tout d'abord, le premier Monsieur,
orateur de la discussion a fait
culminer son intervention en évoquant
une langue internationale en tant
qu'élément unificateur de l'humanité.
Je n'aimerais pas entrer dans le
détail des arguments pour et contre
que l'on peut faire valoir à l'égard
d'une telle langue internationale, car
cela ne peut être décidé que par des
débats approfondis. Je veux seulement
supposer que ceux qui s'efforcent de
fonder une telle langue internationale
ont un certain droit. On sait ce qui a
été tenté et fait dans cette
direction. Eh bien, la façon
associative dont une telle langue a
été pratiquée jusqu'à présent n'est
pas encore suffisante, car une telle
langue devrait trouver d'autres voies
vers les humains que celles qu'elle a
trouvées jusqu'à présent, si elle
devait avoir une signification
vraiment pratique. Mais je ne veux pas
du tout parler contre un tel langage.
Car, voyez-vous, je sais d'une part
que ce qui est créé artificiellement à
notre époque porte aussi en lui les
caractéristiques de tout ce que notre
époque peut produire, un certain à la
mesure de la raison analytique, un
certain intellectualisme. Et je ne
peux m'empêcher d'avouer qu'il me
semble que c'est précisément ce qui
nous a fait descendre aujourd'hui,
l'intellectualisme,
l'anti-élémentaire, qui a été
essentiellement actif dans la
construction de la langue
internationale tentée aujourd'hui. Je
peux très bien apprécier la vision de
ceux qui disent : que deviendra
finalement cette originalité de la
révélation humaine dans la poésie,
dans la parole, qui est vraiment
pendante à l'essence humaine dans ce
qu'elle a de plus intime, si nous
déversons un langage abstrait sur
toute l'humanité ? Mais d'un autre
côté, j'ai entendu de très belles
poésies en espéranto, et je dois dire
que j'ai déjà essayé de gagner une
certaine objectivité sur cette
question.
|
27
|
Es hat zunächst der erste Herr
Diskussionsredner seine Ausführungen
dahin gipfeln lassen, daß er hinwies
auf eine internationale Sprache als
auf ein Verbindendes in der
Menschheit. Ich möchte nicht, weil das
nur wirklich durch ausführliche
Erörterungen entschieden werden kann,
auf das Pro und Kontra eingehen, das
man geltend machen kann gegenüber
einer solchen internationalen
Sprache. Allein ich will annehmen,
daß diejenigen ein gewisses Recht
haben, die sich bestreben, eine solche
internationale Sprache zu begründen.
Man kennt dasjenige, was nach dieser
Richtung versucht und getan worden
ist. Nun ja, mit der vereinsmäßigen
Art, in der eine solche Sprache bisher
getrieben worden ist, ist es ja noch
nicht getan, denn eine solche Sprache
müßte noch ganz andere Wege zu den
Menschen finden, als sie bisher
gefunden hat, wenn sie eine wirklich
praktische Bedeutung haben sollte. Ich
will aber durchaus nicht gerade gegen
eine solche Sprache sprechen. Denn
sehen Sie, ich weiß auf der einen
Seite, daß dasjenige, was künstlich
entsteht in unserer heutigen Zeit,
auch die charakteristischen
Eigenschaften all dessen an sich
trägt, was unsere heutige Zeit eben
hervorbringen kann, ein gewisses
Verstandesmäßiges, ein gewisses
Intellektualistisches. Und ich kann
nicht umhin zu bekennen, daß mir doch
scheint, daß gerade dasjenige, was uns
heute heruntergebracht hat, der
Intellektualismus, das
Anti-Elementarische, wesentlich auch
beim Aufbau der heutigen versuchten
internationalen Sprache tätig war. Ich
kann sehr gut würdigen die Anschauung
derjenigen, die sagen: was soll
schließlich aus jener Ursprünglichkeit
des menschlichen Sich-Offenbarens in
der Dichtung, in der Rede, die
wirklich im Innerlichsten mit der
Menschenwesenheit zusammenhängt,
werden, wenn wir eine abstrakte
Sprache über die ganze Menschheit
ergießen? Ich habe aber auch auf der
anderen Seite wirklich ganz
wunderschöne Dichtungen in Esperanto
gehört, und ich muß sagen, ich habe
schon versucht, eine gewisse
Objektivität in dieser Frage zu
gewinnen.
|
Mais ce que j'ai présenté
aujourd'hui, mes très chers présents,
n'est pas du tout concerné par la
question d'une telle langue. Car, en
supposant qu'une telle langue
parvienne à se répandre dans
l'humanité, elle ne pourrait contenir
que des phrases, si nous n'arrivions
pas à un nouveau réveil de l'esprit
substantiel. Que nous finissions par
tourner des phrases en espéranto, en
anglais, en allemand, en français ou
en russe, cela n'a aucune importance.
Ce qui importe, c'est que nous
trouvions la possibilité d'apporter
l'esprit substantiel en russe, en
allemand, en anglais, en français et
en espéranto. Et c'est l'une des
questions que j'ai traitées
aujourd'hui.
|
28
|
Allein dasjenige, meine sehr
verehrten Anwesenden, was ich heute
vorgebracht habe, das wird durchaus
nicht berührt von der Frage nach einer
solchen Sprache. Denn eben,
hypothetisch angenommen, es glückte,
eine solche Sprache in die Menschheit
zu ergießen, sie würde auch nichts
anderes in sich enthalten können als
Phrasen, wenn wir eben nicht zu einem
neuen Aufleben des substantiellen
Geistes kämen. Ob wir schließlich auf
Esperanto Phrasen drechseln oder auf
englisch oder auf deutsch oder
französisch oder auf russisch, das ist
ganz gleich. Dasjenige, worauf es
ankommt, ist, daß wir die Möglichkeit
finden, substantiellen Geist ins
Russische, ins Deutsche, ins
Englische, ins Französische und ins
Esperanto zu bringen. Und das ist eine
der Fragen, die ich heute behandelt
habe.
|
Donc, comme je l'ai dit, je ne veux
pas dire quelque chose contre les
efforts de ceux qui vont vers une
telle langue abstraite. Je crois que
l'un des points de vue ne serait
peut-être pas tout à fait stérile si
l'on parvenait à avoir une langue
internationale pour ce qui vit
réellement dans la vie économique
internationale, par exemple, et que
l'on aurait alors peut-être la
possibilité de faire sortir de
l'individualité la vie de l'esprit
proprement dite, qui doit toujours
émerger de l'individualité, de libérer
les autres langues - ce qui ne peut se
faire que si elles peuvent se
développer de manière tout à fait
individuelle, comme l'esprit en
général doit se développer de manière
individuelle, si elles ne sont pas
perturbées dans leur développement par
un quelconque désir de conquête et de
domination de la part des puissances
politiques. Je crois cependant que les
espoirs des espérantistes et d'autres
personnes similaires reposent sur un
terrain beaucoup plus faible que les
espoirs de ceux qui croient que si
seulement un nombre suffisamment grand
d'hommes peut se réunir aujourd'hui
pour coopérer à un renouvellement de
notre vie de l'esprit à partir de
l'esprit réel, alors une époque
meilleure pourra s'ouvrir, bien sûr
pas parfaite. Celui qui voit la
réalité en face ne peut pas espérer un
paradis terrestre. Je crois que les
humains de cette dernière catégorie se
tiennent sur un terrain plus solide
que ceux qui espèrent une langue
internationale.
|
29
|
Also wie gesagt, ich will nichts
gegen die Bestrebungen derjenigen
sagen, die nach einer solchen
abstrakten Sprache gehen. Ich glaube,
daß vielleicht der eine Gesichtspunkt
nicht ganz unfruchtbar sein könnte,
wenn es gelänge, für dasjenige, was
nun wirklich im internationalen
Wirtschaftsleben zum Beispiel lebt,
eine internationale Sprache zu haben,
daß dann vielleicht gerade die
Möglichkeit gegeben wäre, für das
eigentliche Geistesleben, das ja doch
immer aus der Individualität
hervorgehen muß, die anderen Sprachen
zu befreien — was nur dann sein kann,
wenn sie sich ganz individuell
entwickeln können, wie der Geist
überhaupt sich individuell entwickeln
muß, wenn sie nicht durch irgendwelche
Eroberer-Herrschaftsgelüste von
seiten der politischen Mächte in ihrer
Entwikkelung gestört werden. Ich
glaube aber allerdings, daß die
Hoffnungen der Esperantisten und
ähnlicher Leute auf einem viel
schwächeren Boden noch sind, als die
Hoffnungen derjenigen, die glauben,
daß wenn sich nur eine genügend große
Anzahl von Menschen heute
zusammenfinden kann, um an einer
Erneuerung unseres Geisteslebens vom
wirklichen Geiste aus mitzuwirken, daß
dann eine bessere Zeit anbrechen
könne, selbstverständlich keine
vollkommene. Zu dem Erhoffen eines
irdischen Paradieses kann derjenige
nicht gehören, der die Wirklichkeit
durchschaut. Ich glaube, daß die
Menschen der letzteren Art doch noch
auf einem festeren Wirklichkeitsboden
stehen, ais die Erhoffer einer
internationalen Sprache.
|
Ce qui a été avancé par le deuxième
orateur de la discussion était
essentiellement une sorte
d'interprétation de ce que j'ai dit
dans une partie de mon exposé, et je
voudrais seulement faire remarquer
qu'il ne faut pas oublier que si l'on
parle aujourd'hui de telles choses, si
l'on parle à partir de telles bases,
comme on a essayé de le faire pour mon
exposé d'aujourd'hui, il est alors
nécessaire que l'on ne conçoive pas
l'humain comme si l'on pouvait
simplement s'approcher de lui et le
rendre meilleur par de l'enseignement.
J'ai souvent utilisé l'image de la
méthode d'enseignement pure dans la
vie publique : Si j'ai un poêle devant
moi, je peux dire : regarde, c'est ton
devoir de réchauffer la pièce, ton
impératif catégorique est de
réchauffer la pièce. Je peux
maintenant continuer à prêcher, avec
tout le discernement kantien, je peux
continuer à prêcher, ça ne chauffe
pas. Si je reste muet et que je mets
simplement du bois dans le poêle et
que je l'allume, le poêle chauffera la
pièce sans aucun sermon. Il en va de
même pour l'humain. Si l'humain tout
entier est en cause, si ce n'est pas
seulement ce qui peut fournir un écho
théorique dans l'humain qui est en
cause, si l'humain tout entier est en
cause, la prédication est extrêmement
peu utile, car on a alors affaire
avant tout à la position intérieure de
l'humain dans une totalité sociale. Et
l'humain dans une totalité sociale est
autre chose que l'humain individuel.
Si l'on exige de l'humain individuel
qu'il contribue d'une manière ou d'une
autre à l'amélioration de l'humanité
par une vie de pensée concentrée,
alors il faut d'abord qu'il soit
possible qu'une telle vie de pensée
concentrée se développe de manière
fructueuse. En fin de compte, cela
n'est possible que dans une vie de
l'esprit libre. Vous trouverez
d'autres explications dans les "Points
essentiels de la question sociale". Il
ne s'agit donc pas tant aujourd'hui
d'étudier ce qui est bon pour
l'individu, mais ce qu'il faut mettre
en place dans l'organisme social
humain pour que l'individu puisse
vraiment à son déploiement.
|
30
|
Was von seiten des zweiten
Diskussionsredners vorgebracht worden
ist, war ja im wesentlichen eine Art
Interpretation desjenigen, was ich in
einem Teil meiner Ausführungen gesagt
habe, und ich möchte nur bemerken, daß
nicht vergessen werden darf, wenn man
heute über solche Dinge spricht, aus
solchen Grundlagen heraus redet, wie
es für meinen heutigen Vortrag
versucht worden ist, daß dann
notwendig ist, daß man den Menschen
nicht so auffasse, als ob man einfach
an ihn herantreten könne und durch
Belehrung ihn besser machen könne. Ich
habe oftmals für die reine Lehrmethode
im öffentlichen Leben das Bild
gebraucht: Wenn ich einen Ofen vor mir
habe, dann kann ich sagen: sieh
einmal, es ist deine Ofenpflicht, das
Zimmer zu erwärmen, dein kategorischer
Imperativ ist es, das Zimmer zu
erwärmen. Ich kann nun fortpredigen,
mit aller Kantschen Einsicht kann ich
fortpredigen, es wird nicht warm. Wenn
ich stumm bleibe und bloß Holz in den
Ofen lege und es anzünde, wird der
Ofen ohne alles Predigen das Zimmer
erwärmen. So ist es auch mit Bezug auf
den Menschen. Wenn der ganze Mensch in
Frage kommt, wenn nicht nur das in
Frage kommt, was etwa in dem Menschen
ein theoretisches Echo liefern kann,
wenn der ganze Mensch in Frage kommt,
nützt Predigen außerordentlich wenig,
denn da hat man es ja zu tun vor allen
Dingen mit dem Drinnenstehen des
Menschen in einer sozialen Ganzheit.
Und der Mensch in einer sozialen
Ganzheit ist etwas anderes als der
einzelne, individuelle Mensch.
Verlangt man von dem einzelnen
individuellen Menschen, er solle durch
ein konzentriertes Gedankenleben
irgendwie zur Besserung der Menschheit
beitragen, dann muß es erst möglich
sein, daß ein solches konzentriertes
Gedankenleben in fruchtbarer Art sich
entwickelt. Das ist nur in einem
freien Geistesleben letzten Endes
möglich. Weitere Ausführungen finden
Sie in den «Kernpunkten der sozialen
Frage». Es handelt sich also weniger
heute darum, daß man dasjenige
untersucht, was dem einzelnen Menschen
frommt, sondern was man herbeiführen
muß in dem menschlichen sozialen
Organismus, damit der einzelne
wirklich zu seiner Entfaltung kommen
könne.
|
J'ai publié pour la première fois ma
"Philosophie de la liberté" dans les
années quatre-vingt-dix, en 1894. On y
trouve aussi, comme conséquence d'une
vision spirituelle du monde, une
certaine éthique qui se fonde
précisément sur l'humain individuel.
Mais la condition préalable y est
posée, et cette condition préalable
doit être posée par tous ceux qui
saisissent le problème de la liberté
dans un sens sérieux et conforme à la
réalité, à savoir qu'effectivement,
s'il est possible d'avoir des
intuitions qui fondent la liberté
réelle de l'humain, alors de cet
humain individuel peut aussi émerger
ce sur quoi on peut construire dans la
vie sociale commune. Mais c'est sur
cette cohabitation sociale qu'il faut
sans cesse porter le regard. C'est
pourquoi je peux dire que, dans un
certain sens, mes "Points essentiels
de la question sociale" constituent le
complément de ma "Philosophie de la
liberté". De même que ma "Philosophie
de la liberté" examine d'où
proviennent les forces de la liberté
chez l'individu, de même mes "Points
essentiels de la question sociale"
examinent comment l'organisme social
doit être constitué pour que
l'individu puisse se développer
librement. Et ce sont là, au fond, les
deux grandes questions qui doivent
nous préoccuper dans la vie publique
actuelle. Une véritable réponse à
cette question pourra en même temps
apporter un peu de lumière dans le
chaos.
|
31
|
Ich habe in den neunziger Jahren,
1894, meine «Philosophie der Freiheit»
zum ersten Mal veröffentlicht.
Darinnen findet sich als Konsequenz
einer geistigen Weltanschauung auch
eine gewisse Ethik, die gerade auf den
individuellen Menschen gebaut ist.
Aber es ist da die Voraussetzung
gemacht, und diese Voraussetzung muß
jeder machen, der das Freiheitsproblem
in ernstem und wirklichkeitsgemäßem
Sinne erfaßt, daß tatsächlich dann,
wenn es möglich ist, Intuitionen zu
haben, die des Menschen wirkliche
Freiheit begründen, daß dann aus
diesem einzelnen Menschen auch
hervorkommen könne dasjenige, worauf
man bauen könne im sozialen
Zusammenleben. Aber auf dieses soziale
Zusammenleben muß fortwährend der
Blick gerichtet werden. Daher darf ich
sagen, daß in gewissem Sinne die
Ergänzung zu meiner «Philosophie der
Freiheit» meine «Kernpunkte der
sozialen Frage» sind. Wie meine
«Philosophie der Freiheit» untersucht,
woraus beim einzelnen Menschen die
Kräfte zur Freiheit kommen, so
untersuchen meine «Kernpunkte der
sozialen Frage», wie der soziale
Organismus beschaffen sein muß, damit
der einzelne Mensch sich frei
entwickeln kann. Und das sind im
Grunde genommen die beiden großen
Fragen, die uns im öffentlichen Leben
der Gegenwart beschäftigen müssen.
Eine wirkliche Antwort auf diese Frage
wird zu gleicher Zeit einiges Licht in
das Chaos bringen können.
|
Je voudrais faire remarquer que j'ai
organisé l'exposé d'aujourd'hui et
celui de demain de telle sorte que
l'exposé d'aujourd'hui devrait plutôt
être une critique de l'époque, en
montrant ce qui s'est passé jusqu'à
présent dans le présent, que ce
présent est devenu tel que nous le
voyons, entraîné dans le chaos et doté
de forces de destruction énormes.
Demain, je voudrais précisément
expliquer ce qui doit être fait pour
que la vie du peuple dans sa plus
large dimension et la vie de
l'humanité civilisée en général
puissent à nouveau sortir du chaos. Je
voudrais montrer comment les forces
qui résident déjà dans l'humain, et
qui résident notamment dans la
cohabitation humaine, peuvent être
libérées, mais comment elles sont
aujourd'hui entravées. C'est pourquoi
le côté positif que le dernier orateur
voulait manifestement souligner sera
davantage mis en valeur dans mon
exposé de demain que dans celui
d'aujourd'hui. Mais il fallait
justement attirer l'attention sur ce
dont nous souffrons, afin que sur
cette connaissance du présent puisse
se construire une connaissance de la
volonté, nécessaire à une évolution
prospère dans l'avenir.
|
32
|
Ich möchte bemerken, daß ich den
heutigen und den morgigen Vortrag so
eingerichtet habe, daß gewissermaßen
der heutige Vortrag mehr eine
Zeitkritik sein sollte, auf dasjenige
hinweisend, was bisher ist in der
Gegenwart, daß diese Gegenwart so
geworden ist, wie wir sie, in ein
Chaos hineintreibend, ausgerüstet mit
ungeheueren Zerstörungskräften sehen.
Morgen möchte ich gerade dasjenige
ausführen, was getan werden soll,
damit das Volksleben im weitesten
Umfange und das Leben der
zivilisierten Menschheit überhaupt
sich wiederum herauswinden könne aus
dem Chaos. Ich möchte zeigen, wie die
Kräfte, die schon im Menschen liegen,
und die namentlich im menschlichen
Zusammenleben liegen, entfesselt
werden können, wie sie heute aber
gefesselt sind. Daher wird das
Positive, auf das der letzte Redner
offenbar hinweisen wollte, mehr in
meinem morgigen Vortrage als in meinem
heutigen zur Geltung kommen. Allein es
mußte gerade darauf hingewiesen
werden, woran wir kranken, damit
aufgebaut werden kann auf dieser
Erkenntnis der Gegenwart eine
Erkenntnis des Willens, die notwendig
ist für eine gedeihliche Entwickelung
in der Zukunft.
|
Mais je voudrais encore mentionner
une chose pour conclure. Celui qui
prend au sérieux les grandes questions
du présent ne doit pas être un
partisan, dans un sens traditionnel,
de quelque chose de semblable à un
"royaume de mille ans" et autres
choses de ce genre, il ne doit pas
être d'avis que nous pouvons fonder
ici un paradis sur Terre, mais il doit
être d'avis que la réalité n'est
qu'une réalité, que chaque réalité ne
peut développer que les conditions
d'existence qui lui conviennent, que
l'on ne peut parvenir à un oui dans
cette vie entre la naissance et la
mort que si l'on est en mesure de
compléter constamment ce que la vie
dans le monde physique a d'imparfait
par la perspective d'une vie
spirituelle : L'une des plus grandes
erreurs de notre époque est qu'un
grand nombre d'humains veulent peu à
peu réclamer à la simple vie
extérieure tout ce qui fait que la vie
vaut la peine d'être vécue. Et c'est
précisément ainsi que sont formulées
aujourd'hui les questions sociales :
quelle doit être la nature de la vie
extérieure pour qu'elle donne à
l'humain tout ce qu'il s'imagine être
un paradis ? Celui qui pose la
question de cette manière ne
parviendra jamais à une réponse. Il
n'obtiendra pas de réponse. On ne peut
parvenir à une réponse vraie,
authentique, que si l'on est rempli
d'un sens de la réalité. Et ce qu'un
tel sens de la réalité peut donner
comme réponse à la grande question du
présent, je me permettrai d'en parler
demain.
|
33
|
Ich möchte zum Schlusse aber doch
das eine noch erwähnen. Derjenige, der
es ernst meint mit den großen Fragen
der Gegenwart, der darf nicht in einem
althergebrachten Sinne ein Anhänger
von so etwas Ähnlichem sein wie einem
«Tausendjährigen Reich» und
dergleichen, der darf nicht der
Meinung sein, daß wir hier ein
Paradies auf Erden begründen können,
sondern der muß der Meinung sein, daß
jede Wirklichkeit nur die ihr gemäßen
Daseinsbedingungen entfalten kann,
daß man innerhalb des Lebens zwischen
Geburt und Tod nur dann zu einem Ja in
diesem Leben kommen könne, wenn man in
der Lage ist, dasjenige, was das Leben
im Physischen an Unvollkommenheiten
hat, ständig zu ergänzen durch den
Ausblick auf ein geistiges Leben:
Einer der größten Fehler unserer Zeit
ist der, daß eine große Anzahl von
Menschen allmählich alles, was das
Leben lebenswert macht, beanspruchen
will von dem bloßen äußeren Leben. Und
geradezu werden so heute die sozialen
Fragen formuliert: Wie muß das äußere
Leben beschaffen sein, damit es dem
Menschen alles dasjenige gibt, was er
ungefähr von einem Paradiese sich
vorstellt? Wer die Frage so stellt,
wird niemals zu einer. Antwort kommen.
Zu einer wahren, echten Antwort kann
man nur kommen, wenn man mit einem
Wirklichkeitssinn erfüllt ist. Und
dasjenige, was ein solcher
Wirklichkeitssinn geben kann als
Antwort auf die große Frage der
Gegenwart, davon werde ich mir dann
erlauben morgen zu sprechen.
|
Français
seulement
NON-ESPRIT ET ESPRIT DANS LE PRÉSENT ET POUR
L'AVENIR
Première conférence, Zurich, 17 mars 1920
01
Parmi les jugements en quelque sorte
déterminants qui ont été portés à l'heure
actuelle sur la situation mondiale si
chaotique, l'un des plus importants est sans
aucun doute celui de l'Anglais John Maynard
Keynes qui, dans son livre "Die
wirtschaftlichen Folgen des
Versaillerfriedens" (Les conséquences
économiques du traité de Versailles), a porté
une telle appréciation sur la situation
générale actuelle du monde. Keynes est sans
aucun doute appelé à porter un tel jugement en
raison de ses rapports extérieurs. Affecté au
Trésor anglais pendant la guerre, il était en
mesure de se forger une base pour un tel
jugement, bien entendu à partir des éléments
qui se présentaient à lui. D'autre part, il
était parmi les émissaires, parmi les
collaborateurs du traité de paix de Versailles
lui-même. Il a toutefois démissionné de cette
position dès juin 1919. Et cette démission,
ainsi que les conclusions auxquelles il
parvient dans son livre sur les conséquences
économiques du traité de paix, sont
précisément ce qui jette une lumière
significative sur la manière dont cette
personnalité se positionne par rapport à la
situation mondiale actuelle. Keynes faisait
lui aussi partie de ceux qui, au début,
probablement encore lors de leur visite à
Versailles, voyaient dans la personnalité de
Woodrow Wilson, venue d'Amérique et accueillie
avec tant de gloire, quelque chose comme un
prophète et un ordonnateur de la situation
mondiale actuelle. Il s'est complètement
écarté de ce jugement. Et celui qui, comme
moi, même à l'époque où Woodrow Wilson a été
déclaré par une foule immense comme un
libérateur du monde, celui qui - je l'ai
également fait depuis cette place - a donné
ici en Suisse son jugement sans ambiguïté sur
le fait que les discussions vides et
abstraites de Woodrow Wilson et ses manifestes
ne peuvent rien apporter à une véritable
reconstruction de la civilisation détruite,
celui-là peut bien se référer aujourd'hui à un
tel jugement déterminant. Dans son livre,
Keynes décrit, en ce qui concerne la
personnalité, avec une plastique intense -
pourrait-on dire. Il décrit comment Woodrow
Wilson arrive à Versailles, comment il
participe aux réunions, comment sa pensée est
lente, comment il est en quelque sorte partout
à la traîne. Alors que les autres sont déjà
très en avance dans leur évaluation des
choses, il est encore très en retard sur
quelque chose qui a été dit cinq, six ou dix
phrases auparavant, c'est vraiment un homme
qui souffre de la lenteur de sa pensée. Bien
d'autres choses sont décrites de manière
plastique en ce qui concerne la personnalité
de ce prétendu libérateur du monde.
02
Mais Keynes évoque aussi avec insistance les
autres personnalités dirigeantes qui ont
participé à la conclusion de la paix. Il
décrit comment Clemenceau est un homme qui, en
fait, a raté toute l'évolution de l'humanité
européenne depuis les années soixante-dix, qui
ne voulait en fait rien d'autre, lors de la
conclusion de la paix, que de ramener, dans un
certain sens, le monde à ce qu'il était dans
les années soixante-dix en Europe. Et il
décrit ensuite de manière non moins claire et
plastique comment Lloyd George est en fait
supérieur à tout le monde, comme il a un
certain instinct pour ressentir ce qui est
pensé, fait, et voulu par les personnalités de
son entourage. Et l'on voit à travers tout
cela combien il est difficile aujourd'hui,
même pour un descripteur perspicace comme
Keynes, de se faire peu à peu un jugement par
la force des faits. C'est ce qui contribue de
plus en plus au chaos de notre situation
mondiale actuelle, à savoir que les
personnalités dirigeantes qui ont traité les
affaires que la vie publique de ces dernières
décennies a fait remonter à la surface ne sont
pas du tout à la hauteur des grandes exigences
de l'époque actuelle. C'est précisément ce qui
ressort de l'ouvrage en question et de son
jugement. On y voit que tout ce qui agit dans
le monde en termes de forces destructrices ne
peut absolument pas être mis dans un ordre de
jugement quelconque par ceux qui ont été
appelés à diriger par la vie publique. Et
comme Keynes a vu que rien ne pouvait sortir
de cette conférence qui conduise à un
développement salutaire et prospère de la
civilisation européenne, il a démissionné de
son poste dès le début des négociations. Et la
manière dont il a construit son jugement est
extrêmement importante. Et en fait, à l'heure
actuelle, on n'a besoin que de former quelque
chose de réel sur des jugements qui reposent
sur de tels documents. Le jugement de Keynes
est, je dirais, calculé. Seules les
personnalités qui ont un certain sens et un
certain instinct pour calculer d'une certaine
manière l'avenir avec sobriété à partir des
forces encore disponibles peuvent en fait
s'exprimer dans le présent. On est
particulièrement incité à les écouter parce
que la plupart des jugements actuels sont
basés sur des préjugés populistes, chauvins ou
autres, tandis que le nombre de ceux qui se
laissent dicter leur jugement de manière
objective, à partir du langage des faits, est
faible. Keynes en fait partie. Il s'interroge
sur ce qui pourrait résulter, surtout en
matière d'économie, de ce que les trois
personnalités de premier plan citées ont
concocté à Versailles, sur ce qui devrait
vraiment se produire peu à peu dans la vie
économique de la civilisation européenne, si
rien d'autre ne se produit que l'action des
forces qui ont été mises en œuvre à
Versailles. Et Keynes calcule - je le dis
expressément et j'insiste beaucoup sur ce
point - Keynes calcule que rien d'autre ne
peut s'ensuivre de cette conclusion de la paix
que la ruine économique de l'Europe. Il va de
soi que la ruine économique de l'Europe doit
s'accompagner d'une ruine intellectuelle et
politique.
03
Ainsi, le livre sur les conséquences
économiques du traité de Versailles est déjà
suffisamment intéressant par son contenu. Mais
d'une certaine manière, il devient encore plus
intéressant par sa conclusion. Dans cette
conclusion, Keynes avoue sans ambages qu'il
n'a en fait aucune idée de ce qu'il faut faire
ou vouloir pour sortir du chaos dans lequel
nous entrons. Et il dit, en faisant cet aveu,
quelque chose d'extrêmement important, qu'il
résume en une seule phrase pleine de sens. Il
dit qu'on ne peut qu'espérer qu'un quelconque
salut pour la civilisation européenne
résulterait de la réunion de toutes les forces
en présence en un nouvel état d'esprit et de
nouvelles imaginations.
04
Mes très chers présents, c'est un homme qui
s'est trouvé au cœur de la situation, qui a
été appelé à y participer, qui montre par ses
débats qu'il est un homme capable de calculer
sobrement dans le sens le plus large du terme,
qui dit cela. Où trouver un nouvel état d'âme,
un rassemblement de toutes les forces en vue
d'une nouvelle conception des pouvoirs actifs
dans la vie publique de l'humanité ? Comment y
parvenir ?
05
Eh bien, mes très chers présents, il suffit
d'un peu d'impartialité pour admettre que le
premier pas à faire est d'explorer, sans
préjugés, l'essentiel de la vie publique
contemporaine ; de se demander : quelles sont
donc les forces actives de cette vie publique
contemporaine ? Dans des conférences
antérieures que j'ai eu l'honneur de prononcer
ici, j'ai indiqué à quel genre de
considérations historiques on doit de parvenir
à des forces réellement efficaces dans la vie
de l'humanité. Il faut avant tout regarder
certains symptômes qui permettent de
comprendre ce qui agit dans les profondeurs de
l'évolution de l'humanité. Et c'est pourquoi,
pour évoquer quelque chose qui est peut-être
l'une des plus remarquables parmi les forces
qui ont participé à l'œuvre de destruction, je
voudrais justement attirer l'attention sur la
base de la vision du monde actuel, telle
qu'elle s'est formée au cours des trois ou
quatre derniers siècles. Non pas que je
veuille éveiller l'opinion selon laquelle une
vision du monde fondée dans un atelier de
pensée solitaire s'étendrait et agirait sur
chaque âme individuelle, et que les affaires
publiques découleraient en quelque sorte d'une
telle vision du monde. Ce n'est certainement
pas le cas. Mais de même que les affaires
publiques naissent du vouloir, du ressenti, de
la vie d'âme tranquille, des pensées de la
constitution générale de l'humain, de même la
vision du monde naît de cette constitution
générale de la vie humaine, et notamment de
l'âme humaine. Et l'on peut voir, comme à
travers un symptôme, comment les humains d'une
époque sont constitués dans toute leur
activité, dans toute leur action, si l'on
considère en quelque sorte le symptôme de la
vision du monde, dans la mesure où l'on veut
indiquer les visions du monde qui font
autorité et qui ont été mises en valeur
précisément à l'époque actuelle. Ce qui fait
autorité se caractérise en particulier par le
fait que tout ce qui n'est pas entré dans
notre vision du monde par la tradition des
temps anciens s'est développé à partir du
terrain de la science de la nature, qui veut
construire ses connaissances sur la seule
observation matérielle extérieure. Que montre
donc, considérée plus profondément, cette
vision du monde de science de la nature ?
06
Celui qui peut l'admirer est peut-être le seul
à pouvoir la juger correctement. Et dans des
conférences antérieures, j'ai certainement
exprimé avec suffisamment de force mon
admiration pour la vision du monde de science
de la nature. Ce n'est pas un quelconque
combat contre cette vision du monde de science
de la nature, qui est certes extrêmement
justifiée dans son domaine, qui doit soutenir
les explications que je développe ici. Cette
vision de science de la nature a conduit,
notamment dans ses conséquences techniques et
économiques, à de magnifiques fruits de
civilisation pour l'humanité. Mais supposons
qu'il existe aujourd'hui un esprit quelconque
- ce n'est déjà plus guère possible,
premièrement dans le vaste domaine de la
connaissance de science de la nature,
deuxièmement dans sa spécialisation -, mais
supposons qu'il existe aujourd'hui un esprit
qui embrasse tout le tournant de la vision de
science de la nature, des mathématiques et de
la mécanique jusqu'en haut dans la biologie et
jusqu'en haut dans ce qui peut être gagné par
la biologie pour la doctrine de l'âme humaine
: un tel esprit pourrait sans aucun doute
gagner des vues significatives dans certains
domaines de le créer et l'être de la nature.
Seulement, si un tel esprit se posait avec une
totale clarté la grande question globale de
l'humanité : Qu'est-ce que l'humain dans son
essence propre et tout son rapport au monde ?
- alors celui qui se tient fermement sur le
terrain de la science de la nature, celui qui
parvient à évaluer correctement la portée de
la connaissance de science de la nature,
devrait dire : pour répondre à ces questions
sur l'être humain et sur la relation de
l'humain avec le reste du cosmos, la vision du
monde de science de la nature ne peut rien
dire. Cette question reste justement sans
réponse dans la connaissance physique la plus
récente de science de la nature. Comment
l'humain est passé, dans son évolution
physique extérieure, de formes inférieures,
semblables à des animaux, à sa forme humaine
actuelle, il existe déjà de grandes ébauches
de connaissances à ce sujet. Ce que l'humain
est dans son rapport avec les mondes
spirituels, c'est précisément ce que ces
débuts de connaissance ont éloigné de
l'humain. Celui qui ne peut pas l'admettre
sans préjugés ne pourra pas non plus porter de
jugement sur les impulsions intérieures qui
poussent l'humanité actuelle à organiser les
affaires publiques ou à détruire les
organisations publiques. Car même si nous ne
sommes pas toujours conscients de ce que nous
pensons consciemment de l'être de l'humain et
de sa position dans le monde, même si nous ne
sommes pas toujours conscients des pensées que
nous entretenons dans cette position, ces
pensées, aussi inconscientes, aussi
instinctives soient-elles, agissent dans nos
sentiments, dans nos décisions de volonté.
Elles deviennent donc tout de même les
créatrices de toute la vie publique,
spirituelle, politique et économique. Celui
qui veut seulement regarder les choses
correctement remarquera comment les rapports
économiques, puisqu'ils sont faits par des
humains, mais que les humains agissent à
nouveau à partir des impulsions de leur âme,
comment les rapports économiques du monde
représentent absolument un reflet de ce que
l'humain est capable de ressentir à propos de
lui-même et de son rapport au monde. Nous
devons maintenant dire que la vision de
science de la nature du monde est devenue
grande pour tout ce qui est extrahumain. Elle
ne peut pas donner de réponse sur l'humain
lui-même. Elle est grande lorsqu'on demande
des renseignements sur les règnes qui sont
sous-humains. Mais quel est le rapport entre
les informations que nous conquérons en tant
qu'êtres humains et ce que nous devons laisser
couler de nos idées, de nos impulsions
intérieures de l'âme dans la vie sociale, en
général dans la vie commune d'humain à humain
et dans les groupes humains ? Peut-on recevoir
une quelconque impulsion pour l'activité
humaine, pour la cohabitation humaine, de la
part des domaines qui se trouvent en dehors de
l'humain ? La meilleure façon de montrer que
l'on ne peut pas le faire est d'observer le
rapport de l'humain au langage.
07
Au fond, c'est dans la langue que vit tout ce
qui conduit d'humain à humain. C'est aussi par
la langue que nous maîtrisons la vie
économique. C'est par la langue que nous
inaugurons les rapports politiques et
spirituels extérieurs. Or, il y a une chose
très étrange qui n'est malheureusement pas
assez souvent considérée à fond. Lorsque nous
essayons d'utiliser notre langage pour les
connaissances de science de la nature, nous ne
pouvons en fait jamais faire autre chose que
d'étendre à la nature les mots, les
expressions, même tout ce par quoi nous
exprimons les lois de la nature, ces lois de
la nature que nous admirons tant aujourd'hui
comme le grand progrès de l'humanité moderne,
nous ne pouvons rien faire d'autre que
d'étendre à la nature ce que nous avons formé
dans les mots comme expression des rapports
intérieurs de l'âme ou des rapports avec
l'humain. Des esprits aussi subtils que Goethe
l'ont remarqué. C'est pourquoi Goethe a dit :
"L'humain ne comprend pas du tout à quel point
il est anthropomorphique. — Si nous disons :
une balle élastique en pousse une autre - et
que nous en déduisons les lois de
l'élasticité. Si nous déduisons les lois du
choc en physique, nous partons au fond de ce
que nous avons dans la signification des mots
pour le choc que nous effectuons dans notre
propre organisme. Et celui qui veut seulement
faire des recherches correctes verra que tout
ce qui peut être appliqué par le langage à la
science de la nature, qui traite de
l'extrahumain, doit être pris à partir de
l'humain.
08
Comment donc notre langage est-il parvenu à un
contenu ? - Il serait parvenu à un contenu
très faible si nous ne pouvions qu'imiter le
meuglement de la vache et d'autres sons
animaux. Comment notre langue est-elle donc
parvenue à un contenu ? Celui qui peut
observer sans préjugés le cours de l'évolution
de l'humanité trouve que tout le contenu du
langage provient du fait que l'humanité, à des
époques certes plus reculées que notre
civilisation, avait une certaine connaissance
instinctive-spirituelle, je dis bien : une
connaissance instinctive-spirituelle avec les
réminiscences élémentaires naturelles qui
montent dans l'âme humaine. Avec les
impulsions de la volonté, avec l'imagination
imagée qui s'exprimait dans le mythe, dans la
mythologie, l'humain a eu des conceptions
spirituelles, et à partir de ces conceptions
spirituelles, il s'est formé le contenu de
l'âme, qui est ensuite devenu le contenu de
son langage à l'époque moderne, qui est grande
parce qu'elle a regardé d'une certaine manière
avec mépris ce que les capacités spirituelles
instinctives avaient donné à l'humain d'une
époque antérieure. Dans cette époque récente,
où l'on est devenu grand de préférence en ce
qui concerne la science de la nature, nos
paroles n'ont pas reçu de nouveau contenu. Et
une chose est historiquement importante,
surtout au cours des deux à quatre derniers
siècles : notre langue, toutes les langues de
notre monde civilisé, ont perdu leur ancien
contenu. Aucun contenu nouveau n'a pu y être
déversé, parce que ce qui ne peut pas donner
un tel contenu, la simple connaissance de la
nature, est ce qui est devenu grand
précisément à cette époque. Et c'est à cette
époque, que nous devons admirer sous d'autres
aspects, que s'est produit ce que l'on peut
appeler le vidage des langues civilisées de
leurs anciens contenus spirituels.
09
Que sont devenues les langues civilisées du
fait qu'elles ont perdu leur ancien contenu
instinctif et que la science de la nature n'a
pas pu leur en donner un nouveau ? - Elles
sont devenues ce qui s'est élevé jusqu'à un
certain point dans le présent. Elles sont
devenues ce qui s'est développé en phrases, et
vraiment rien qui n'a de sens que dans un
domaine limité, mais on appelle ce qui exerce
aujourd'hui une domination mondiale quand on
parle aujourd'hui de phrases. Et les quatre ou
cinq années de terreur que nous avons derrière
nous ont montré la domination mondiale de la
phrase à son apogée. Nous vivons aujourd'hui
sous la domination mondiale de la phrase. Quel
est le remède à cette domination mondiale de
la phrase ? Uniquement et uniquement
l'acquisition d'un nouveau contenu spirituel,
d'un contenu spirituel conscient. L'ancien
contenu spirituel, acquis de manière
instinctive par l'humanité précédente, qui a
fait du langage une somme de mots et non de
phrases, a disparu, l'humanité réellement
attachée au présent ne peut plus y croire. Un
nouveau contenu spirituel conscient doit être
conquis.
10
Voilà, mes très chers présents, ce que la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique, qui a son représentant dans
l'édifice de Dornach, s'efforce de faire de
manière tout à fait consciente : ajouter la
connaissance spirituelle consciente à la
connaissance scientifique qui donne de si
grandes informations sur tout ce qui est
extrahumain, ajouter avec la même clarté de
pensée, la même rigueur logique, la même
conscience scientifique, la connaissance
spirituelle qui peut maintenant donner des
informations sur la grande question de
l'essence de l'humain et de la position de
l'humain par rapport au reste du cosmos.
Toutefois, avant de pouvoir progresser vers
une telle connaissance, il faut s'avouer que
la méthode de science de la nature extérieure
doit certes être imitée dans sa conscience par
toute connaissance aujourd'hui, mais qu'elle
ne peut pas elle-même conduire à la
connaissance de l'esprit. Pour parvenir à la
connaissance de l'esprit, il est nécessaire
que l'humain d'aujourd'hui mette en valeur
avant tout les facultés intérieures qui
doivent justement se développer sur le terrain
de la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement qui est pensée ici. J'ai
expliqué comment l'humain peut parvenir à de
telles connaissances par sa propre vie de
l'âme, par exemple dans mon livre "Wie ert man
Erkenntnisse der höheren Welten ? (Comment
obtient-on des connaissances des mondes
supérieurs)" et dans la deuxième partie de ma
"Science secrète". Toutefois alors, il y a une
chose nécessaire - je l'ai déjà souligné ici à
plusieurs reprises - une chose nécessaire pour
l'humain, à laquelle il ne se rend aujourd'hui
qu'à contrecœur. Ce qui est nécessaire, c'est
ce que j'appellerais la modestie
intellectuelle. L'humain d'aujourd'hui est si
fier de son développement intellectuel. La
modestie intellectuelle ne s'affirme que
lorsque l'on se dit par exemple : supposons
que l'on mette un volume de poésie de Goethe
entre les mains d'un enfant de cinq ans. Que
fera l'enfant de ce recueil de poèmes lyriques
de Goethe ? Il va probablement le déchirer ou
jouer avec. Il n'aura certainement pas du
recueil de poèmes lyriques de Goethe ce que
l'adulte peut avoir et qui est en fait ce à
quoi le recueil de poèmes lyriques de Goethe
est destiné. Il faut d'abord que l'enfant
développe peu à peu les facultés qui peuvent
le déterminer, qui peuvent lui permettre de
laisser agir sur lui le recueil lyrique de
Goethe de la bonne manière. Dans la vie
humaine d'aujourd'hui, il y a beaucoup à dire
sur ce développement des capacités de
l'enfant. Mais que l'humain, lorsqu'il sera
adulte et qu'il ne sera équipé que des
facultés que l'on peut acquérir aujourd'hui
dans la vie humaine extérieure normale, puisse
alors se tenir devant le monde comme l'enfant
de cinq ans devant le recueil de poèmes
lyriques de Goethe, qu'il doive d'abord se
développer en prenant lui-même en main les
facultés de son âme, pour tirer de ce qui lui
est présenté dans le monde quelque chose de
comparable à ce que l'enfant ne tire du
recueil de poèmes lyriques de Goethe que
lorsqu'il est adulte, c'est-à-dire ce qu'il
commence à vingt-cinq ans avec le recueil de
poèmes lyriques de Goethe - oui, l'hum
contemporain, dans son orgueil intellectuel,
ne veut pas l'admettre. Mais il faut avant
tout faire valoir que la véritable
connaissance de l'humain, l'accomplissement
final de l'expression apollinienne
"Connais-toi toi-même", nécessite une prise en
main des facultés de l'âme humaine. Comment
cela est-il possible en détail, c'est ce qui
fera l'objet de l'exposé de
demain.<<<<
11
Aujourd'hui, je veux seulement souligner en
général qu'il est toutefois possible que
l'humain, par un certain traitement de sa
pensée, que je décrirai demain, s'approprie
cette pensée, qu'elle ne passe plus
passivement à côté des phénomènes, mais
qu'elle soit saisie intérieurement comme par
une volonté, qu'elle devienne active, qu'elle
s'intensifie, qu'elle se manifeste de telle
sorte que l'humain sache, par l'expérience
intérieure, dans le vécu immédiat, que la
pensée est maintenant devenue une vision
spirituelle et psychique/d'âme. Alors qu'avec
la pensée ordinaire, on est dépendant de son
appareil à penser, de son corps, du système
nerveux, et alors que justement, quand on
développe un peu la pensée, on voit bien cette
dépendance, on sait aussi que lorsque la
pensée se renforce par les voies appropriées
décrites dans les livres indiqués, elle
devient libre du corps, elle devient une
activité qui n'est plus guidée par
l'instrument du corps. Certaines méditations,
auxquelles on s'adonne avec la même
objectivité que lorsqu'on fait une expérience
dans un laboratoire de chimie ou qu'on observe
les étoiles à l'observatoire, renforcent cette
pensée et la libèrent de l'instrument du
corps. Il faut seulement, si l'on veut
utiliser cette pensée pour une véritable
vision du monde, que l'autoculture de la
volonté s'installe. Lorsque l'autoculture de
la volonté se développe avec la méditation
intérieure en une pensée imprégnée de volonté,
indépendante du corps, alors seulement
intervient la connaissance de l'esprit, une
connaissance consciente de l'esprit qui peut à
son tour donner à l'humain ce que lui a donné
autrefois une connaissance instinctive de
l'esprit : Contenu pour son discours, contenu
pour le langage. Pour que l'homme ressente en
lui l'impulsion de donner de lui-même un
contenu à son langage, l'évolution de
l'humanité s'est arrêtée sous un certain
rapport, l'ancienne connaissance instinctive
de l'esprit a été abandonnée, la connaissance
extérieure de la nature l'a remplacée, ce qui
ne peut pas donner de contenu au langage. Mais
l'humain doit reconnaître, à partir des signes
du présent, que par un travail d'âme intérieur
conscient, par le développement de sa pensée
vers la vision d'âme, il doit à nouveau
acquérir la connaissance de soi, la
connaissance de l'humanité, et que c'est
seulement ainsi que peut naître ce qui donne à
nouveau un contenu à notre langage, ce qui
peut éliminer la domination mondiale de la
phrase.
12
Mais une telle connaissance donne en même
temps la vue que justement le monde extérieur,
en ce que nous le contemplons avec nos sens,
nous y grandissons au cours de notre vie entre
la naissance et la mort, que ces observations
extérieures ne peuvent pas nous donner le
contenu proprement spirituel, que celui-ci, le
contenu proprement spirituel, est apporté par
nous dans le monde, que nous l'apportons
nous-mêmes en descendant des mondes spirituels
- comme je l'ai dit, nous parlerons plus
précisément de ces choses demain - dans ce
monde physique par la naissance, que nous
devons regarder, lorsque nous parlons du
contenu spirituel, ce que les humains portent
dedans, ce qu'ils développent peu à peu,
d'année en année, seulement par l'instrument
de leur corps. Ce n'est pas ce qui nous
parvient sous la forme d'un contenu cosmique
toujours plus riche dans l'expérience
extérieure qui porte dans la réalité de
l'esprit, mais ce que nous apportons dans le
monde en tant qu'individualité humaine par
notre naissance. Les humains ont peur
aujourd'hui seulement de ce que l'humain
lui-même apporte dans le monde. Ils ont peur
parce qu'ils pensent que s'il le fait valoir,
cela mènera à la fantaisie/au fantastique.
Mais il existe des méthodes pour éviter ce
fantastique. Mais celui qui comprend comment,
au fond, tout contenu spirituel doit venir des
individualités humaines, admettra sans
supplément qu'un développement prospère de
cette vie de l'esprit pourrait seulement avoir
lieu si la pleine possibilité d'évolution
humaine est donnée à l'être humain, si, dans
son évolution spirituelle et dans les
présentations et les révélations de son
esprit, il ne dépend d'aucunes puissances
extérieures qui ne servent qu'ici dans le
monde physique. Car avec la montée de la pure
connaissance de science de nature, de cette
connaissance qui donne seulement des
informations par l'intermédiaire de
l'extrahumain, est aussi montée, comme
organiquement liée à elle, la dépendance de la
vie de l'esprit, non pas de ce que l'humain
apporte dans le monde par sa naissance, mais
de ce que la vie d'état extérieure établit, de
ce que la vie de l'économie fait de l'humain.
Dans le même temps où la science de la nature
a pris de l'ampleur/est devenue grande, nous
avons vu l'omnipotence de l'État se développer
au plus haut point par le fait que l'État
étend ses tentacules sur tout ce qui est vie
de l'esprit ; il a commencé à organiser la vie
scolaire, la vie économique est devenue d'un
autre côté déterminante pour l'intégration des
personnalités qui pouvaient justement entrer
dans ce champ de l'esprit. Mais cela est allé
main dans la main avec ce que l'humain a perdu
la possibilité d'accoucher de lui-même d'un
contenu spirituel, de donner un contenu
spirituel à ses paroles. C'est pourquoi s'est
développée, à l'époque de la science de la
nature, la dépendance de la vie de l'esprit
des puissances politiques et économiques, et
s'est développée la domination mondiale de la
phrase.
13
C'est le premier membre des organisations
actuelles qui travaillent à la destruction :
la domination mondiale de la phrase, le
discours vide de contenu. Si l'humain n'est
pas en mesure de mettre dans les mots la
substance spirituelle qu'il tire directement
de son lien avec le monde de l'esprit, les
mots doivent devenir des phrases, les mots
doivent emménager peu à peu en l'humain de
telle sorte que l'humain ne se laisse en
quelque sorte emporter que par les mécanismes
du langage. Et c'est ce que nous voyons
malheureusement trop clairement monter à
l'époque moderne : ce qui jaillit avec une
puissance originelle de l'intérieur spirituel
et psychique de l'humain, ce qui se décharge
dans une certaine mesure seulement dans le
langage, disparaît. La vie dans les mécanismes
du langage devient de plus en plus intense, et
elle est arrivée à son apogée ces dernières
années. Parce que les humains, en parlant les
uns avec les autres de par le monde civilisé,
ne parlaient en fait de rien, directement ou
indirectement, à cause de la pression, et
parce que les mots ne se jouaient que dans
leur mécanisme, se développa ce qui poussait à
la destruction par des forces chaotiques.
14
Je sais très bien qu'à l'heure actuelle, on
est peu enclin à entrer dans cette intimité de
la vie humaine lorsqu'il s'agit de parler des
causes du chaos actuel. Mais personne
n'obtiendra des notions claires et des
jugements précis sur ces causes s'il ne veut
pas entrer dans ces intimités de la vie
humaine de l'âme. L'harmonie ne pourra pas non
plus remplacer le chaos dans les affaires
publiques avant que l'approfondissement
spirituel, la véritable science de l'esprit,
ne fasse naître en l'humain le besoin de
donner un contenu complet à ses paroles. Car
ce qui apparaît toutefois d'abord dans le
domaine scientifique, ce qui est mis bas dans
le domaine scientifique, s'impose dans les
habitudes de la vie restantes devient ce qui
donne le ton dans la vie publique. Et celui
qui a le sens de l'observation de la vie voit
comment, dans la vie quotidienne, ne se
déroulent finalement que les dernières
conséquences de ce qui, en fin de compte, est
quand même présent comme caractéristique là où
l'on fait des visions du monde. Toutefois, il
y a longtemps que les gens ne veulent pas voir
correctement les rapports qui apparaissent.
Ici, en Suisse, a agi une fois un esprit
polémique, je le nomme expressément un esprit
polémique, pour que vous voyiez que je ne le
surestime pas, Johannes Scherr. Il a gâché
bien des choses par son ton et ses jugements
polis, même s'il y avait des idées saines dans
ce qu'il avait à dire publiquement. Dans les
années soixante et soixante-dix du siècle
dernier, il a prononcé un jugement très
important sur la base d'une observation
vraiment pénétrante de la vie historique et
sociale, il a dit : Si le non esprit
matérialiste, qui désormais s'appuie sur ce
que l'humain voit et vit dans le monde
extérieur, continue à dominer, il s'immiscera
aussi dans tout ce que l'humain fait dans les
affaires publiques extérieures ; il
s'immiscera dans la vie économique, dans la
vie financière, et il se développera une
structure sociale qui conduira finalement à ce
que l'on doive dire : Absurde/insensé, tu as
gagné !
15
Mes très chers présents ! On n'écoute pas
volontiers ce genre de gens. On n'a pas non
plus écouté le jugement de Johannes Scherr.
Mais maintenant, cinquante ans plus tard, il
faut le dire pour ceux qui regardent tout ce
qui est lié à ce que l'on appelle la
catastrophe de la guerre mondiale : les
paroles de cet observateur du monde qu'était
Johannes Scherr, qui culminaient dans la
phrase : Vous devrez dire : Foutaise, tu as
vaincu - ces paroles se sont réalisées ! Car
ce Johannes Scherr a bien vu comment ce qui
est esprit s'est peu à peu extirpé de la vie
humaine, comment le non-esprit matérialiste a
pris la place de l'esprit, et il a pu faire de
cette observation une véritable prophétie. Le
monde ne sait pas que ce qui n'est d'abord
qu'une vision du monde, qu'une théorie,
devient au fond, après deux générations, une
action morale et publique. Oh, on devrait
remarquer beaucoup, beaucoup mieux certains
rapports dans le monde ! On devrait se faire
un jugement beaucoup plus approfondi, un
jugement réel sur certaines choses !
16
Un philosophe, Avenarius, a aussi travaillé
une fois ici. C'est un parent spirituel de
Mach, qui avait lui-même de nouveau un élève
qui œuvrait ici à Zurich il y a très peu de
temps. Ces gens ont tiré les conséquences,
dans le domaine de la vision du monde, du
non-esprit matérialiste actuel - je l'appelle
non esprit, parce que justement la pure
connaissance de la nature ne peut déverser
aucun contenu substantiel dans notre langage.
Ils ont, les philosophes, Avenarius et ainsi
de suite, tiré les conséquences de la vision
du monde du non-esprit matérialiste de
l'époque. La philosophie qu'ils ont gagnée, et
toute la façon et la manière dont des gens
tels qu'Avenarius se sont présentés sont bien
bourgeoises. Personne ne verra naturellement
dans ces gens qu'ils sont autre chose que de
bons citoyens/bourgeois de l'état. Mais
aujourd'hui, on devrait notifier autre chose.
Aujourd'hui, on devrait étudier la question à
partir des faits : quelle est la philosophie
de l'État de Lénine et Trotski ? Quelle est la
philosophie d'État des bolcheviks ? - C'est
celle d'Avenarius, celle de Mach ! Ce n'est
pas purement un pendant temporel qu'un certain
nombre de ces gens ont étudié ici à Zurich, il
y a un pendant de faits internes, à savoir que
ce qui vit dans les âmes humaines en tant que
pensée de la vision du monde dans une
génération devient des actes dans la troisième
génération. Et c'est à ces actes que l'on peut
voir les causes de la façon dont elles se
jouent dans le monde. Mais l'humanité
d'aujourd'hui ne veut que des jugements
logiques abstraits et ne comprend pas que
quelque chose de logiquement élaboré n'est pas
encore un jugement de fait, une conclusion de
fait, qu'il faut regarder avec une véritable
vision spirituelle dans le contexte réel, dans
le contexte de la réalité, et alors ce qui est
apparemment le plus dissemblable, la vision
bourgeoise du monde d'Avenarius, mais qui est
issue d'un non-esprit matérialiste, revit
profondément dans ce qui détruit de fond en
comble toute société humaine, ce qui conduit
aux fossoyeurs de toute la civilisation
européenne.
17
Avec cela est indiqué en même temps que cette
domination mondiale de la phrase n'est
toutefois pas quelque chose qui ne vaut que
dans un domaine restreint. C'est quelque chose
qui traverse toute notre vie publique comme
une force fondamentale, avant tout dans le
domaine de l'esprit. Et il n'y aura pas de
salut tant que la vie de l'esprit ne se sera
pas émancipée de ce qui a justement servi de
base à cette phraséologie, tant que la vie de
l'esprit ne se sera pas émancipée de la vie
politique ou juridique extérieure, de la vie
de l'économie, et qu'elle ne sera pas
construite uniquement sur ce que l'esprit
lui-même produit de soi, c'est-à-dire sur ce
que l'humain individuel produit à partir de ce
qu'il apporte dans le monde sensible par sa
naissance dans le monde de l'esprit. Arriver à
un contenu spirituel est le seul moyen de
surmonter la domination mondiale de la phrase.
Et il y a autre chose qui est intimement lié à
la phrase. Parce que la phrase ne lie pas le
lien du mot avec le contenu, le mot devient
très facilement, à l'époque de la phrase, le
porteur du mensonge. Et de la phrase au
mensonge, il y a un droit chemin. D'où la
domination, le triomphe du mensonge au cours
des quatre à cinq dernières années, qui
participe à son tour tant au processus de
destruction vers lequel nous allons, si
l'esprit n'est pas appelé à remplacer le
non-esprit !
18
Maintenant, chers présents, cela sur un
domaine de la vie publique, sur le domaine de
la vie de l'esprig. Mais il y a encore
d'autres domaines. Mais vous tous, vous êtes
dépendants de la vie de l'esprit dans une
certaine relation. Si la vie de l'esprit est
dominée par la phrase, par le discours sans
contenu, alors ce qui vient de ce discours, ce
qui peut être appris notamment en pendant avec
le discours au sein de la communauté sociale,
n'est pas non plus approprié pour se vivre
dans les sensations, dans les sentiments. Mais
ce qui se développe dans les sensations et les
sentiments dans la vie en commun sociale, ce
qui s'enflamme dans les échanges d'humain à
humain, dans la mesure où l'un compatit/sent
avec l'autre, c'est la coutume, c'est ce qui
devient coutume à partir de la communauté
sociale. Et ce n'est qu'à partir de cette
coutume que le droit peut se développer
historiquement. Mais ce droit peut seulement
se développer si la phrase ne s'intègre/se vit
pas dans les sentiments qui ont lieu dans
l'échange entre l'humain et l'humain, si la
parole remplie de substance, le discours porté
par la pensée s'intègre/se membre dans ces
sentiments. Et à l'époque de la phrase, le
sentiment entre l'humain et l'humain ne peut
aussi pas s'enflammer de manière
correspondante, peut seulement se donner un
rapport extérieur d'humain à humain. La
conséquence est donc qu'à l'époque où la
phrase se développe dans le domaine de la vie
sociale de l'esprit, la phrase se développe
dans le domaine de la sensation social au lieu
du rapport immédiatement substantiel d'humain
à humain, le comportement sans contenu de
l'humain envers l'humain, qui peut tout au
plus être réglé par des contrats extérieurs,
que l'on s'extasie même entre les peuples sur
les contrats, parce que l'on n'arrive pas à
l'expression élémentaire de ce qui peut être
dévoilé d'humain à humain. Cette ère de la
convention vide de son contenu un deuxième
domaine de notre vie publique : elle
désertifie la cohabitation humaine, comme la
phrase désertifie la vie de l'esprit, la vie
de l'âme.
19
C'est ce qui conduit justement ainsi à
l'humain purement extérieur, et non au droit
né de l'intérieur de l'humain. Car ce droit,
il peut seulement s'enflammer si la parole
portée par la pensée s'écoule de la tête au
cœur. De même que le droit réel, qui seul peut
s'épanouir dans la vie sociale, appartient à
la vie de l'esprit réelle, qui est remplie
d'esprit substantiel, de même la convention
appartient à la vie de l'esprit qui vit dans
la phrase. Avec cela, nous avons caractérisé
deux domaines de notre vie publique actuelle.
20
Le troisième domaine d'où provient la vie
publique est le vouloir humain. Un vouloir
conscient, un vouloir qui place l'humain dans
la société humaine de telle sorte que cet
humain apporte dans la société quelque chose
qui découle de sa nature humaine elle-même, à
un tel vouloir ça ne peut pas arriver si ce
vouloir ne peut pas être propulsé par de
véritables comportements substantiels,
spirituels. La phrase est
impropre/inappropriée à susciter un véritable
vouloir conscient. De même que la vie de
l'esprit devient une phrase lorsqu'elle
devient dépendante de la vie extérieure de
l'État ou de la vie de droit, dépendante de la
vie de l'économie extérieure, de même que la
vie de droit elle-même se dissout dans la
convention lorsqu'elle peut seulement être
alimentée par la phrase, de même le domaine de
la vie économique, le domaine de la
coexistence humaine extérieure, au lieu d'être
porté par une véritable pratique de vie,
devient une simple routine de vie si le
vouloir n'est pas motivé par l'esprit. À côté
de la phrase, à côté de la convention, nous
voyons donc monter, à l'époque d'où s'est
développé notre présent, dans le domaine de la
vie et dans le domaine de la représentation
extérieure de la vie, dans le domaine de la
vie de l'économie, partout la routine.
21
Ce qui est pensé par là - notre vie de
l'économie est dominée par la routine -
deviendra peut-être clair si je dis qu'une
observation réaliste de notre vie publique a
révélé que, dans le domaine de la vie de
l’économie, il faut mettre fin au chaos qui
règne actuellement, où chacun ne veut acquérir
que par égoïsme et où personne ne connaît le
rapport dans lequel sa propre production se
place par rapport à la production de
l'ensemble. Ce n'est que lorsque l'on comprend
que cette vie de l’économie, qui est peu à peu
entrée dans le chaos, ne peut être saine que
si les domaines professionnels et les domaines
de la vie les plus divers s'associent les uns
aux autres, si les personnes appartenant à des
professions différentes se
membrent/s'articulent réellement les unes aux
autres, de sorte que des associations naissent
d'une profession à l'autre, que des
associations naissent entre les consommateurs
d'une profession et les producteurs de cette
profession, bref, que notre vie économique
acquiert une structure, de sorte que les
producteurs se rassemblent s'organisant
intérieurement avec leurs consommateurs, de
sorte que l'individu se tenant consommant ou
produisant dans une profession puisse voir
comment sa consommation et sa production
s'inscrivent/s'en ordonne dans un cours de
cycle économique quelconque - ce n'est que
lorsque l'humain vit dans une telle
organisation, lorsque notre vie de l'économie
est fondée sur l'association, seulement alors
l'humain individuel voit comment, il contribue
par ce qu'il produit ou comment il participe
par ce qu'il consomme au processus économique.
Alors, l'individu ne sait pas seulement avoir
en main ceci ou cela dans une quelconque
routine de vie, alors il sait que ce qu'il
fait, il fait partie de l'ensemble du
processus de la vie économique de l'humanité.
Alors il œuvre à partir d'autres motivations.
Ce qu'il fait n'est alors pas dominé par une
routine superficielle, mais par une pratique
de vie qui est seulement donnée si l'on peut y
associer une idée, si l'on se place soi-même
économiquement dans l'organisme global de
l'humanité. Parce que la vie de la phrase a
saisi la place, du fait que la convention a
saisi la place dans le trafic des échanges
entre les humains, par cela les humains n'ont
aussi pas trouvé l'occasion de s'associer de
cette manière, par cela ils ont été écartés
des tâches dans lesquelles ils se tiennent,
ils sont devenus de purs routiniers. Et la
routine s'est étendue de l'action mécanique
individuelle/particulière au mécanisme de
notre organisation d'ensemble et de notre
économie financière d'ensemble. Du temps
rempli de phrases vint le temps des
routiniers. Et les routiniers ont provoqué
cette catastrophe qui montre ceci ou cela à la
surface, mais qui révèle dans ses profondeurs
les causes qui se trouvent dans le domaine qui
vient d'être caractérisé.
22
Si nous examinons ainsi sans préjugé, sans
sympathie et antipathie, ce qui domine la vie
actuelle, nous devons dire : dans le domaine
de la vie de l'esprit, la phrase ; dans le
domaine de la vie de droit, la convention ; et
dans le domaine de la vie de l'économie, la
routine. Seules les forces que je me
permettrai de décrire demain peuvent conduire
au salut, c'est-à-dire lorsque la phrase est
remplacée par le discours rempli d'un esprit
substantiel, d'un esprit contemplé, qui ne
peut venir que d'une vie de l'esprit placée
sur elle-même, qui porte ce que l'humain doit
en apporter dans la vie extérieure, qui ne
veut pas dominer cette vie spirituelle comme
les lois de la nature qui sont gagnées par
l'expérience extérieure. La convention de ce
qui est fixé extérieurement doit être
remplacée par l'interaction vivante qui peut
naître lorsque, sur un terrain strictement
démocratique, tous les humains devenus majeurs
s'engagent pour ce qui est généralement des
affaires humaines, ce que l'humain n'apporte
pas par sa naissance, mais qui ne peut se
développer que dans la vie humaine commune des
humains devenus majeurs. La vraie pratique de
la vie peut seulement se développer à partir
de la routine qui reste attachée à l'objet
économique éphémère si l'humain passe d'une
parole sans phrases, remplie de pensées, à une
vision du monde telle qu'il sache qu'il doit
fonder des associations qui
témoignent/attestent, qui révèlent que ce qui
est effectué sur le terrain de la vie de
l'économie est encore plus que ce que l'on
amène en état par la machine, que c'est un
membre dans le processus global de l'évolution
de l'humanité sur la Terre. On ne s'y tiendra
pas si l'on se tient en tant que routinier
devant sa machine, dans son usine, dans sa
banque ou sinon n'importe où, on y parviendra
seulement si les fils de l'association partent
d'un humain vers un autre, si l'humain
apprend/expérimente d'un autre humain comment
il est dépendant de l'organisation sociale la
plus proche de lui dans sa consommation et
dans sa production. Dans ce que ces humains
effectuent ensemble, dans ces associations, il
en résultera qu'ils fonderont dans leur vie
économique quelque chose qui est plus que ce
que l'humain peut avoir dans la vie de
l'économie. L'humain doit faire
l'économie/gérer, mais il s'élève, avec tout
son être humain, de l'éphémère à l'éternel en
faisant l'économie/gérant. Et il apprendra de
sa vie de l'économie que c'est tout de suite
en devenant un praticien ici dans la vie qu'il
a une école dans la pratique, dont il peut
encore porter les résultats à travers la mort.
23
Ainsi, c'est tout de suite d'une observation
plus d'après l'esprit de la vie actuelle à
partir des trois domaines de domination les
plus caractéristiques, celui de la phrase,
celui de la convention, celui de la routine,
que résulte la nécessité d'agir en vue d'une
triarticulation de la vie sociale, d'un
assainissement de notre vie de l'esprit par
son indépendance, à l'assainissement de notre
vie de droit, qui peut seulement être libéré
de la convention si l'interaction démocratique
vivante s'instaure entre tous les humains
devenus majeurs, à l'assainissement de la vie
de l'économie, en ce sens que l'autonomie de
la vie de l'économie supprime la routine au
profit d'une véritable pratique de la vie.
Mais cela peut seulement se passer si l'humain
se lie associativement à l'humain ; car ce
n'est que par cette collaboration sociale que
ce que l'individu peut gagner/élaborer
économiquement devient quelque chose qui fait
passer/conduit toute l'humanité de la pure
matière à l'esprit. Dans le domaine de la vie
intellectuelle, la phrase signifie le
non-esprit ; dans le domaine de la vie
étatique, de droit, la convention signifie le
non-esprit ; dans le domaine de la vie
économique, la routine signifie le non-esprit
sur le domaine de la vie de l'économie.
L'esprit doit remplacer le non-esprit. Qu'il
le puisse, avec quelles forces il le peut,
c'est ce que je me permettrai de décrire
demain. Car ce n'est que lorsque la phrase
sera à nouveau remplacée par le discours
soutenu par la pensée, et donc à nouveau par
l'esprit, par la véritable vie de l'esprit,
que la convention sera remplacée par la vie de
droit remplie du sentiment social humain, et
que la routine économique sera remplacée par
l'économie traversée par l'esprit, l'économie
ordonnée par l'esprit, l'économie imprégnée
d'associations, que toute notre vie publique
pourra être guérie de ce dont elle souffre
actuellement, il faut le dire : de quoi elle
devrait périr si aucun processus de guérison
n'intervenait.
24
Dans le présent, nous remarquons
malheureusement trop la phrase, la convention,
la routine. Nous voyons le résultat : le
chaos. Pour l'avenir, nous avons besoin d'une
parole porteuse de pensées, d'un esprit rempli
de substance, d'un droit vivant résultant de
la collaboration de tous les humains devenus
majeurs. C'est cela, l'esprit, plutôt que le
non-esprit. Dans le domaine de la vie de
l'économie, nous avons besoin des associations
issues de l'esprit, nous avons besoin que la
routine soit remplacée par la véritable
économie, celle qui est portée par l'esprit.
Dans le domaine de la vie économique, cela
signifie dissolution du non-esprit du présent
par l'esprit pour l'avenir. Et ce n'est
qu'ainsi que nous pouvons sortir des humeurs
pessimistes, qui ne sont que trop justifiées
aujourd'hui par l'observation de la vie
extérieure, pour nous élever à certains
espoirs pour l'avenir, que nous ne comptons
pas du tout sur ce qui pourrait nous être jeté
quelque part aujourd'hui comme espoir pour
l'avenir, mais que nous comptons sur notre
propre volonté humaine, qui veut mettre en
place, à partir de sa force, de sa
persévérance, de son feu, à partir du présent,
pour l'avenir, la victoire de l'esprit sur le
non-esprit.
25
[Un bref débat s'ensuit].
26
Mot de la fin
27
Tout d'abord, le premier Monsieur, orateur de
la discussion a fait culminer son intervention
en évoquant une langue internationale en tant
qu'élément unificateur de l'humanité. Je
n'aimerais pas entrer dans le détail des
arguments pour et contre que l'on peut faire
valoir à l'égard d'une telle langue
internationale, car cela ne peut être décidé
que par des débats approfondis. Je veux
seulement supposer que ceux qui s'efforcent de
fonder une telle langue internationale ont un
certain droit. On sait ce qui a été tenté et
fait dans cette direction. Eh bien, la façon
associative dont une telle langue a été
pratiquée jusqu'à présent n'est pas encore
suffisante, car une telle langue devrait
trouver d'autres voies vers les humains que
celles qu'elle a trouvées jusqu'à présent, si
elle devait avoir une signification vraiment
pratique. Mais je ne veux pas du tout parler
contre un tel langage. Car, voyez-vous, je
sais d'une part que ce qui est créé
artificiellement à notre époque porte aussi en
lui les caractéristiques de tout ce que notre
époque peut produire, un certain à la mesure
de la raison analytique, un certain
intellectualisme. Et je ne peux m'empêcher
d'avouer qu'il me semble que c'est précisément
ce qui nous a fait descendre aujourd'hui,
l'intellectualisme, l'anti-élémentaire, qui a
été essentiellement actif dans la construction
de la langue internationale tentée
aujourd'hui. Je peux très bien apprécier la
vision de ceux qui disent : que deviendra
finalement cette originalité de la révélation
humaine dans la poésie, dans la parole, qui
est vraiment pendante à l'essence humaine dans
ce qu'elle a de plus intime, si nous déversons
un langage abstrait sur toute l'humanité ?
Mais d'un autre côté, j'ai entendu de très
belles poésies en espéranto, et je dois dire
que j'ai déjà essayé de gagner une certaine
objectivité sur cette question.
28
Mais ce que j'ai présenté aujourd'hui, mes
très chers présents, n'est pas du tout
concerné par la question d'une telle langue.
Car, en supposant qu'une telle langue
parvienne à se répandre dans l'humanité, elle
ne pourrait contenir que des phrases, si nous
n'arrivions pas à un nouveau réveil de
l'esprit substantiel. Que nous finissions par
tourner des phrases en espéranto, en anglais,
en allemand, en français ou en russe, cela n'a
aucune importance. Ce qui importe, c'est que
nous trouvions la possibilité d'apporter
l'esprit substantiel en russe, en allemand, en
anglais, en français et en espéranto. Et c'est
l'une des questions que j'ai traitées
aujourd'hui.
29
Donc, comme je l'ai dit, je ne veux pas dire
quelque chose contre les efforts de ceux qui
vont vers une telle langue abstraite. Je crois
que l'un des points de vue ne serait peut-être
pas tout à fait stérile si l'on parvenait à
avoir une langue internationale pour ce qui
vit réellement dans la vie économique
internationale, par exemple, et que l'on
aurait alors peut-être la possibilité de faire
sortir de l'individualité la vie de l'esprit
proprement dite, qui doit toujours émerger de
l'individualité, de libérer les autres langues
- ce qui ne peut se faire que si elles peuvent
se développer de manière tout à fait
individuelle, comme l'esprit en général doit
se développer de manière individuelle, si
elles ne sont pas perturbées dans leur
développement par un quelconque désir de
conquête et de domination de la part des
puissances politiques. Je crois cependant que
les espoirs des espérantistes et d'autres
personnes similaires reposent sur un terrain
beaucoup plus faible que les espoirs de ceux
qui croient que si seulement un nombre
suffisamment grand d'hommes peut se réunir
aujourd'hui pour coopérer à un renouvellement
de notre vie de l'esprit à partir de l'esprit
réel, alors une époque meilleure pourra
s'ouvrir, bien sûr pas parfaite. Celui qui
voit la réalité en face ne peut pas espérer un
paradis terrestre. Je crois que les humains de
cette dernière catégorie se tiennent sur un
terrain plus solide que ceux qui espèrent une
langue internationale.
30
Ce qui a été avancé par le deuxième orateur de
la discussion était essentiellement une sorte
d'interprétation de ce que j'ai dit dans une
partie de mon exposé, et je voudrais seulement
faire remarquer qu'il ne faut pas oublier que
si l'on parle aujourd'hui de telles choses, si
l'on parle à partir de telles bases, comme on
a essayé de le faire pour mon exposé
d'aujourd'hui, il est alors nécessaire que
l'on ne conçoive pas l'humain comme si l'on
pouvait simplement s'approcher de lui et le
rendre meilleur par de l'enseignement. J'ai
souvent utilisé l'image de la méthode
d'enseignement pure dans la vie publique : Si
j'ai un poêle devant moi, je peux dire :
regarde, c'est ton devoir de réchauffer la
pièce, ton impératif catégorique est de
réchauffer la pièce. Je peux maintenant
continuer à prêcher, avec tout le discernement
kantien, je peux continuer à prêcher, ça ne
chauffe pas. Si je reste muet et que je mets
simplement du bois dans le poêle et que je
l'allume, le poêle chauffera la pièce sans
aucun sermon. Il en va de même pour l'humain.
Si l'humain tout entier est en cause, si ce
n'est pas seulement ce qui peut fournir un
écho théorique dans l'humain qui est en cause,
si l'humain tout entier est en cause, la
prédication est extrêmement peu utile, car on
a alors affaire avant tout à la position
intérieure de l'humain dans une totalité
sociale. Et l'humain dans une totalité sociale
est autre chose que l'humain individuel. Si
l'on exige de l'humain individuel qu'il
contribue d'une manière ou d'une autre à
l'amélioration de l'humanité par une vie de
pensée concentrée, alors il faut d'abord qu'il
soit possible qu'une telle vie de pensée
concentrée se développe de manière fructueuse.
En fin de compte, cela n'est possible que dans
une vie de l'esprit libre. Vous trouverez
d'autres explications dans les "Points
essentiels de la question sociale". Il ne
s'agit donc pas tant aujourd'hui d'étudier ce
qui est bon pour l'individu, mais ce qu'il
faut mettre en place dans l'organisme social
humain pour que l'individu puisse vraiment à
son déploiement.
31
J'ai publié pour la première fois ma
"Philosophie de la liberté" dans les années
quatre-vingt-dix, en 1894. On y trouve aussi,
comme conséquence d'une vision spirituelle du
monde, une certaine éthique qui se fonde
précisément sur l'humain individuel. Mais la
condition préalable y est posée, et cette
condition préalable doit être posée par tous
ceux qui saisissent le problème de la liberté
dans un sens sérieux et conforme à la réalité,
à savoir qu'effectivement, s'il est possible
d'avoir des intuitions qui fondent la liberté
réelle de l'humain, alors de cet humain
individuel peut aussi émerger ce sur quoi on
peut construire dans la vie sociale commune.
Mais c'est sur cette cohabitation sociale
qu'il faut sans cesse porter le regard. C'est
pourquoi je peux dire que, dans un certain
sens, mes "Points essentiels de la question
sociale" constituent le complément de ma
"Philosophie de la liberté". De même que ma
"Philosophie de la liberté" examine d'où
proviennent les forces de la liberté chez
l'individu, de même mes "Points essentiels de
la question sociale" examinent comment
l'organisme social doit être constitué pour
que l'individu puisse se développer librement.
Et ce sont là, au fond, les deux grandes
questions qui doivent nous préoccuper dans la
vie publique actuelle. Une véritable réponse à
cette question pourra en même temps apporter
un peu de lumière dans le chaos.
32
Je voudrais faire remarquer que j'ai organisé
l'exposé d'aujourd'hui et celui de demain de
telle sorte que l'exposé d'aujourd'hui devrait
plutôt être une critique de l'époque, en
montrant ce qui s'est passé jusqu'à présent
dans le présent, que ce présent est devenu tel
que nous le voyons, entraîné dans le chaos et
doté de forces de destruction énormes. Demain,
je voudrais précisément expliquer ce qui doit
être fait pour que la vie du peuple dans sa
plus large dimension et la vie de l'humanité
civilisée en général puissent à nouveau sortir
du chaos. Je voudrais montrer comment les
forces qui résident déjà dans l'humain, et qui
résident notamment dans la cohabitation
humaine, peuvent être libérées, mais comment
elles sont aujourd'hui entravées. C'est
pourquoi le côté positif que le dernier
orateur voulait manifestement souligner sera
davantage mis en valeur dans mon exposé de
demain que dans celui d'aujourd'hui. Mais il
fallait justement attirer l'attention sur ce
dont nous souffrons, afin que sur cette
connaissance du présent puisse se construire
une connaissance de la volonté, nécessaire à
une évolution prospère dans l'avenir.
33
Mais je voudrais encore mentionner une chose
pour conclure. Celui qui prend au sérieux les
grandes questions du présent ne doit pas être
un partisan, dans un sens traditionnel, de
quelque chose de semblable à un "royaume de
mille ans" et autres choses de ce genre, il ne
doit pas être d'avis que nous pouvons fonder
ici un paradis sur Terre, mais il doit être
d'avis que la réalité n'est qu'une réalité,
que chaque réalité ne peut développer que les
conditions d'existence qui lui conviennent,
que l'on ne peut parvenir à un oui dans cette
vie entre la naissance et la mort que si l'on
est en mesure de compléter constamment ce que
la vie dans le monde physique a d'imparfait
par la perspective d'une vie spirituelle :
L'une des plus grandes erreurs de notre époque
est qu'un grand nombre d'humains veulent peu à
peu réclamer à la simple vie extérieure tout
ce qui fait que la vie vaut la peine d'être
vécue. Et c'est précisément ainsi que sont
formulées aujourd'hui les questions sociales :
quelle doit être la nature de la vie
extérieure pour qu'elle donne à l'humain tout
ce qu'il s'imagine être un paradis ? Celui qui
pose la question de cette manière ne
parviendra jamais à une réponse. Il
n'obtiendra pas de réponse. On ne peut
parvenir à une réponse vraie, authentique, que
si l'on est rempli d'un sens de la réalité. Et
ce qu'un tel sens de la réalité peut donner
comme réponse à la grande question du présent,
je me permettrai d'en parler demain.
|