Collection:
Œuvres
complètes de Rudolf Steiner - GA334
DE L'ÉTAT
UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL
TRI-ARTICULÉ.
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LES FORCES MORALES ET
RELIGIEUSES DANS LE SENS DE LA
SCIENCE DE L'ESPRIT
Troisième conférence,
Bâle, 7 janvier 1920
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DIE SITTLICHEN UND
RELIGIÖSEN KRÄFTE IM SINNE DER
GEISTESWISSENSCHAFT
Dritter Vortrag,
Basel, 7. Januar 1920 [p. 57]
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Les
références Rudolf Steiner Œuvres
complètes ga 334 057-079
1983 07/01/1920 |
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Traducteur:
FG v.01 - 01/11/2022 |
Editeur: SITE |
Une vision du monde,
telle qu'elle veut l'être la
spirituelle scientifique, doit
faire ses preuves en donnant à
l'humain un appui pour ce dont il
a besoin dans la vie. Le soutien
pour la vie doit être ce que nous
pouvons appeler l'aptitude morale,
la force morale. Mais le soutien
pour la vie doit aussi être, entre
autres, ce que nous pouvons
appeler la constitution intérieure
de l'âme qui peut être donnée à
l'humain par le fait qu'il se sent
membre du grand ensemble cosmique,
qu'il se sent intégré dans
l'ensemble cosmique de la manière
qui correspond à ce que l'on peut
appeler son besoin religieux. En
ce qui concerne tout d'abord la
force morale intérieure de
l'humain, Schopenhauer a prononcé
une parole excellente, même si les
explications ultérieures qu'il a
attachées à ces paroles à sa
manière semblent assez
contestables. Il a dit : prêcher
la morale est facile, fonder la
morale est difficile. - C'est
effectivement une parole de vie.
Car comprendre en général ce
qu'est le bien, ce que la vie
morale exige de nous, c'est
relativement facile en tant
qu'affaire d'intellect. Par
contre, faire surgir des forces
primitives de l'âme les impulsions
nécessaires à l'humain pour qu'il
se place dans la structure de la
vie comme un être moralement fort,
cela est difficile. Mais cela
signifie d'abord fonder la morale.
Fonder la morale ne signifie pas
simplement dire ce qui est bon, ce
qui est moral. Fonder la morale,
c'est donner à l'humain des
impulsions qui, en étant absorbées
dans sa vie psychique, deviennent
en lui une véritable force, une
véritable compétence.
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01
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Eine
Anschauung von der Welt, wie sie
ja auch die
geisteswissenschaftliche sein
will, muß sich dadurch bewähren,
daß sie dem Menschen eine Stütze
gibt für dasjenige, was er im
Leben braucht. Stütze für das
Leben muß das sein, was wir nennen
können moralische Tüchtigkeit,
moralische Kraft. Stütze für das
Leben muß aber auch unter anderem
dasjenige sein, was wir nennen
können die innere
Seelenverfassung, die dem Menschen
werden kann dadurch, daß er sich
in dem großen Weltenganzen als ein
Glied fühlt, daß er sich so
eingegliedert fühlt in das
Weltenganze, wie es entspricht
dem, was man nennen kann sein
religiöses Bedürfnis. Was nun
zunächst die innere moralische
Kraft des Menschen betrifft, so
hat Schopenhauer ein treffliches
Wort gesprochen, wenn auch die
weiteren Ausführungen, die er an
diese Worte in seiner Art geknüpft
hat, recht anfechtbar erscheinen.
Er sagte: Moral predigen ist
leicht, Moral begründen ist
schwierig. — Dies ist tatsächlich
ein wahres Lebenswort. Denn
einsehen im allgemeinen, was das
Gute ist, was das moralische Leben
von uns fordert, das ist als eine
Sache des Intellektes
verhältnismäßig leicht. Dagegen
heraufholen aus den Urkräften der
Seele diejenigen Antriebe, die im
Menschen notwendig sind, damit er
sich in das Lebensgefüge als ein
moralisch Kraftvoller
hineinstellt, das ist schwierig.
Das aber heißt erst Moral
begründen. Moral begründen heißt
nicht bloß sagen, was gut, was
moralisch ist. Moral begründen
heißt an den Menschen solche
Impulse heranbringen, welche,
indem er sie in sein Seelenleben
aufnimmt, in ihm eine wirkliche
Kraft, eine wirkliche Tüchtigkeit
werden.
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Or, l'humain de notre
stade actuel de civilisation se
trouve, en ce qui concerne sa
conscience morale, d'une manière
tout à fait singulière dans le
monde, d'une manière qui n'est pas
toujours pleinement consciente,
mais qui est la raison de bien des
incertitudes et de l'insécurité
qui se manifestent dans la vie des
humains. D'un côté, nous avons
notre savoir orienté vers
l'intellectualisme, notre
connaissance qui nous permet de
pénétrer dans les phénomènes
naturels, qui nous permet
d'absorber jusqu'à un certain
degré l'ensemble du monde dans
notre représenter, qui nous permet
de nous faire des représentations
sur l'essence de l'humain dans une
mesure toutefois très limitée,
comme nous l'avons vu dans les
deux dernières réflexions ici.
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02
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Nun
steht der Mensch unserer
gegenwärtigen Zivilisationsstufe
mit Bezug auf sein sittliches
Bewußtsein in einer ganz
eigenartigen Weise in der Welt
drinnen, in einer Weise, die
durchaus nicht immer voll bewußt
beobachtet wird, die aber der
Grund ist für mancherlei
Unsicherheit und Haltlosigkeit,
die sich im Leben der Menschen
geltend machen. Wir haben auf der
einen Seite unser
intellektualistisch orientiertes
Wissen, unsere Erkenntnis, die es
uns möglich macht, in die
Naturerscheinungen einzudringen,
die es uns möglich macht, das
Weltenganze in unser Vorstellen
bis zu einem gewissen Grade
aufzunehmen, die es uns möglich
macht, in einem allerdings, wie
wir in den zwei letzten
Betrachtungen hier gesehen haben,
sehr eingeschränkten Maße uns auch
Vorstellungen über das Wesen des
Menschen zu machen.
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À côté de ce qui brille
en nous comme faculté de
connaissance, comme tout ce qui
est, j'aimerais dire, dirigé par
notre logique humaine, à côté de
tout cela s'affirme, doit
s'affirmer en l'humain un autre
élément de son être, celui d'où
jaillissent pour lui son devoir
moral, son amour moral, bref, les
impulsions à agir moralement. Et
il faut dire que l'humain moderne
vit d'un côté dans ses facultés de
connaissance et leurs résultats,
et d'autre part dans ce qui
constitue ses motivations morales.
Les deux sont des contenus de
l'âme. Mais pour cet humain
moderne, il n'y a au fond que peu
de médiation entre les deux, si
peu de médiation que Kant, par
exemple, a pu s'exprimer ainsi :
Deux choses sont pour lui les plus
précieuses au monde, le ciel
étoilé au-dessus de lui, la loi
morale en lui. - Mais justement,
ce type de représentation
kantienne, qui se trouve dans
l'humain moderne occidental, ne
connaît pas de pont entre ce qui
conduit à la connaissance du monde
d'un côté, et ce que sont les
impulsions morales de l'autre
côté. Avec quelle soudaineté Kant
considère la vie de la
connaissance dans sa "Critique de
la raison pure", la vie morale
dans sa "Critique de la raison
pratique".
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03
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Neben
dem, was da in uns aufleuchtet als
unsere Erkenntnisfähigkeit, als
alles dasjenige, was, ich möchte
sagen, dirigiert wird von unserer
Menschenlogik, neben all dem macht
sich geltend, muß sich geltend
machen im Menschen ein anderes
Element seines Wesens, dasjenige,
aus dem ihm seine sittliche
Pflicht, seine sittliche Liebe,
kurz, die Antriebe zum moralischen
Handeln quellen. Und man muß
sagen: der moderne Mensch lebt auf
der einen Seite in seinen
Erkenntnisfähigkeiten und ihren
Ergebnissen, auf der anderen Seite
lebt er in dem, was seine
moralischen Antriebe sind. Beides
sind Seeleninhalte. Aber es ist
für diesen modernen Menschen im
Grunde genommen zunächst wenig
Vermittlung zwischen beiden, so
wenig Vermittlung, daß zum
Beispiel Kant den Ausspruch tun
konnte: Zweierlei sei ihm das
Wertvollste in der Welt, der
gestirnte Himmel über ihm, das
moralische Gesetz in ihm. — Aber
gerade diese Kantsche
Vorstellungsart, die in dem
modernen Menschen west, sie kennt
keine Brücke zwischen dem, was zur
Erkenntnis der Welt auf der einen
Seite führt, und dem, was
moralische Impulse auf der anderen
Seite sind. Wie unvermittelt
betrachtet Kant das
Erkenntnisleben in seiner «Kritik
der reinen Vernunft», das
moralische Leben in seiner
«Kritik der praktischen Vernunft».
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Et nous devons en fait
dire, si nous sommes tout à fait
honnêtes vis-à-vis de notre
conscience du temps, qu'il y a là
un abîme entre deux types
d'expériences de la nature
humaine. En se faisant des idées
sur le cours de l'évolution du
monde dans les domaines de
connaissance les plus divers, la
science actuelle observe les
événements de la nature depuis les
êtres vivants les plus simples, et
même depuis la nature inorganique
jusqu'à l'humain. Elle se fait des
idées sur la manière dont s'est
formé l'ensemble du monde qui nous
est directement présenté. Elle se
fait aussi des idées sur les
processus par lesquels pourrait se
dérouler la fin de cet ensemble
cosmique qui nous est d'abord
présenté. Mais maintenant, de
l'humain, qui est pourtant englobé
dans cet ordre naturel, jaillit ce
qu'il appelle ses idéaux moraux.
Et l'humain ressent ces idéaux
moraux de telle sorte qu'il ne
peut en fait se sentir lui-même
précieux que s'il suit ces idéaux,
s'il y a un accord entre lui et
ces idéaux. L'humain fait dépendre
sa valeur de ces idéaux moraux.
Mais si nous nous imaginons qu'un
jour, grâce aux forces de la
nature auxquelles l'humain aura
accès par sa connaissance,
l'ensemble du monde qui nous est
accessible ira vers sa fin, que
restera-t-il pour la conscience
actuelle de notre époque de ce que
l'humain crée à partir de ses
idéaux moraux, de ses impulsions
morales ? Celui qui est honnête,
qui n'enveloppe pas dans le
nébuleux ce qui est la conscience
actuelle du temps, doit se dire
que ces idéaux moraux sont, face à
la vision actuelle de la science
de la nature, quelque chose que
l'humain doit certes suivre dans
sa vie, mais qui ne donne rien qui
puisse triompher un jour, lorsque
la terre, avec l'humain lui-même,
ira vers sa destruction.
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04
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Und
wir müssen eigentlich sagen, wenn
wir völlig ehrlich sind gegenüber
unserem Zeitbewußtsein, daß hier
ein Abgrund liegt zwischen
zweierlei Erlebnissen der
Menschennatur. Indem die heutige
Wissenschaft sich Vorstellungen
macht über den Gang der
Weltenentwickelung in den
verschiedensten Wissensgebieten,
betrachtet sie das Geschehen der
Natur von den einfachsten Lebewe‑
sen, ja von der unorganischen
Natur an bis herauf zum Menschen.
Sie macht sich Vorstellungen
darüber, wie etwa dieses uns
unmittelbar vorliegende
Weltenganze entstanden sei. Sie
macht sich auch Vorstellungen, in
welchen Vorgängen das einstmalige
Ende dieses uns zunächst
vorliegenden Weltenganzen sich
abspielen könnte. Aber nun quillt
aus dem Menschen, der doch
eingesponnen ist in diese
Naturordnung, das hervor, was er
seine sittlichen Ideale nennt. Und
diese sittlichen Ideale empfindet
der Mensch so, daß er eigentlich
sich selbst nur als wertvoll
fühlen kann, wenn er diesen
Idealen folgt, wenn eine
Übereinstimmung ist zwischen ihm
und diesen Idealen. Der Mensch
macht seinen Wert abhängig von
diesen sittlichen Idealen. Aber
wenn wir uns vorstellen, daß
einstmals durch die Naturkräfte,
die dem Menschen zugänglich werden
durch seine Erkenntnis, das uns
zugängliche Weltenganze seinem
Ende entgegengeht, wo bleibt für
das heutige Zeitbewußtsein
dasjenige, was der Mensch aus
seinen sittlichen Idealen, aus
seinen moralischen Antrieben
heraus schafft? Wer ehrlich ist,
wer nicht in Nebuloses einhüllt
dasjenige, was heutiges
Zeitbewußtsein ist, der muß sich
sagen: Diese sittlichen Ideale
sind vor der gegenwärtigen
naturwissenschaftlichen Anschauung
etwas, wonach sich der Mensch im
Leben zwar richten muß, wodurch
aber nichts entsteht, was
einstmals triumphieren könnte,
wenn die Erde mit dem Menschen
selbst ihrem Untergang
entgegengeht.
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Il faut seulement
s'avouer que, pour la conscience
contemporaine, il n'y a pas de
pont entre les facultés cognitives
qui conduisent au savoir de la
nature et les facultés qui nous
dominent en tant qu'êtres moraux.
L'humain n'est pas conscient de
tout ce qui se passe dans les
profondeurs de son âme. Beaucoup
de choses restent inconscientes.
Mais ce qui gronde inconsciemment
en bas se manifeste dans la vie
par des dysharmonies, par des
manifestations de maladies
psychiques ou même corporelles. Et
celui qui veut seulement regarder
sans préjugés ce qui se passe
aujourd'hui devra se dire : notre
vie est en train d'onduler, et les
humains sont dans cette vie avec
toutes sortes de divisions
psychiques et corporelles. Et ce
qui s'agite là s'agite d'une
profondeur dans laquelle quelque
chose est actif, comme ces faibles
forces humaines qui ne peuvent pas
construire de pont entre la vie
morale et la connaissance de la
nature. La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement se
pose ces questions de la manière
suivante. Elle doit abandonner
tout ce qui, d'une part, n'est
qu'une vision théorique de la
réalité extérieure. Elle doit donc
reconnaître - comme je l'ai
expliqué dans les deux dernières
conférences - tout ce qui, dans
cette vision de la nature,
voudrait en quelque sorte exclure
l'humain, afin qu'une objectivité
correcte puisse seulement
apparaître.
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05
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Es
ist für das heutige
Zeitbewußtsein, das muß man sich
nur gestehen, keine Brücke
zwischen den
Erkenntnisfähigkeiten, die zum
Naturwissen führen, und den
Fähigkeiten, welche uns
beherrschen, indem wir sittliche
Wesen sind. Dem Menschen wird
nicht alles bewußt, was in den
Tiefen seiner Seele vorgeht.
Vieles bleibt unbewußt. Aber was
da unten unbewußt rumort, das
macht sich geltend im Leben durch
Disharmonien, durch seelische oder
sogar leibliche
Krankheitserscheinungen. Und wer
nur unbefangen sehen will in
dasjenige, wa.s heute vorgeht, der
wird sich sagen müssen: da wogt
unser Leben, und da sind die
Menschen in diesem Leben drinnen
mit allen möglichen seelischen und
leiblichen Zwiespalten. Und das,
was da wogt, das wogt auf aus
einer Tiefe herauf, in der
allerdings so etwas tätig ist wie
jene schwachen Menschheitskräfte,
die keine Brücke bauen können
zwischen dem moralischen Leben und
dem Naturerkennen.
Anthroposophisch orientierte
Geisteswis‑ senschaft stellt sich
zu diesen Fragen in der folgenden
Art. Sie muß verlassen alles
dasjenige, was auf der einen Seite
nur theoretische Anschauung der
äußeren Wirklichkeit ist. Sie muß
also alles das erkennen — das habe
ich in den beiden letzten
Vorträgen hier ausgeführt —, was
den Menschen gewissermaßen bei
dieser An‑ schauung von der Natur
ausschalten möchte, damit nur ja
eine rechte Objektivität entstehen
könne.
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Ce que j'ai décrit comme
étant le chemin vers le monde
spirituel se présente donc -
j'aimerais le dire encore une fois
en résumant - à peu près de la
façon suivante : tout d'abord,
celui qui veut suivre ce chemin
dans le monde spirituel doit
s'adonner à un certain travail
psychique et spirituel intérieur.
Dans mes livres, j'ai appelé cet
exercice intérieur, ce travail
spirituel intérieur, un travail de
méditation, un travail de
concentration. Ce travail permet à
l'humain de se confronter à sa vie
de représentation autrement que
cela se passe dans la vie
ordinaire, lorsque nous suivons
les phénomènes de la nature ou
aussi la vie sociale. C'est une
communion complète avec les
représentations qui, sinon,
n'accompagnent les impressions
extérieures que sous forme
d'ombres. Comme nous nous
confrontons sinon aux humains, à
la nature ou à toute autre chose
dans la vie physique avec nos
sentiments, nos sympathies et nos
antipathies, comme nous nous
confrontons aux faits avec nos
émotions de volonté, nous nous
tenons aux pures représentations
en tant que personnes qui
cherchent le chemin du monde
spirituel. Comment les
représentations se présentent nous
excite, cela défie notre sympathie
et notre antipathie, elle stimule
toute notre force vitale. Cela
devient pour nous un destin.
Tandis que nous sommes tout à fait
tranquilles à l'extérieur, nous
traversons intérieurement quelque
chose qui n'est pas du tout plus
faible que ce que nous traversons
par ailleurs comme destin de vie
dans le monde extérieur. Nous
doublons dans une certaine mesure
notre vie. Alors qu'en temps
normal nous nous agitons,
développons sympathie et
antipathie, faisons valoir des
impulsions de volonté uniquement
dans la vie extérieure, face à des
événements extérieurs, nous
portons dans notre vie intérieure
de pensée ce qui ne nous occupe
normalement que dans ce monde
matériel extérieur. Pouvons-nous
le faire - et chaque être humain
peut le faire s'il s'exerce de la
manière que j'ai décrit dans mon
livre "Comment acquiert-on des
connaissances des mondes
supérieurs ? " ou dans ma "Science
secrète" -, l'humain parvient à le
faire réellement, il arrive
finalement un instant où il a des
images du monde non seulement
lorsqu'il ouvre ses sens,
lorsqu'il entend ou voit, mais où
il a des images purement issues de
la vie représentative, des images
si pleines de contenu - si j'ai la
permission d'utiliser cette
expression -, des images si
pleines de contenu comme elles
nous viennent normalement
seulement par la perception
sensorielle. Elles proviennent de
cette vie de représentation
renforcée et accentuée. Sans avoir
la perception sensorielle, nous
vivons dans un monde d'images
comme sinon, elles nous viennent
seulement par la perception
sensorielle.
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06
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Was
ich als Weg in die geistige Welt
charakterisierte, das stellt sich
ja — ich möchte zusammenfassend
das noch einmal sagen — etwa in
der folgenden Art dar: Zunächst
muß sich derjenige, der diesen Weg
in die geistige Welt hinein gehen
will, einer gewissen inneren
seelisch-geistigen Arbeit
hingeben. In meinen Büchern habe
ich zusammenfassend dieses innere
Üben, dieses innere
geistig-seelische Arbeiten eine
Meditations-, eine
Konzentrationsarbeit genannt.
Diese Arbeit bringt den Menschen
in die Lage, sich seinem
Vorstellungsleben anders
gegenüberzustellen, als das im
gewöhnlichen Leben geschieht, wenn
wir die Naturerscheinungen oder
auch das soziale Leben verfolgen.
Es ist ein vollständiges Zusam‑
mensein mit den Vorstellungen, die
sonst nur schattenhaft die äußeren
Eindrücke begleiten. Wie wir
sonst, so sagte ich, mit unserem
Gefühl, mit unseren Sympathien und
Antipathien Menschen oder der
Natur oder sonst etwas im
physischen Leben gegenüberstehen,
wie wir Tatsachen gegenüberstehen
mit unseren Willensemotionen, so
stehen wir als einer, der den Weg
in die geistige Welt sucht, den
bloßen Vorstellungen gegenüber.
Wie Vorstellungen auftreten, das
regt uns auf, das fordert unsere
Sympathie und Antipathie heraus,
das regt unsere ganze Lebenskraft
an. Das wird für uns ein
Schicksal. Wir machen, während wir
äußerlich ganz ruhig sind,
innerlich etwas durch, was
durchaus nicht schwä‑ cher ist als
dasjenige, was wir sonst als
Lebensschicksal in der äußeren
Welt durchmachen. Wir verdoppeln
gewissermaßen unser Leben. Während
wir sonst in Aufregung geraten,
Sympathie und Antipathie
entwickeln, Willensimpulse geltend
machen nur im äußeren Leben,
äußeren Ereignissen gegenüber,
tragen wir das, was uns sonst nur
in dieser äußeren materiellen Welt
beschäftigt, hinein in unser
inneres Gedankenleben. Können wir
dies — und jeder Mensch kann es,
wenn er in der Art sich übt, wie
ich es beschrieben habe in meinem
Buche «Wie erlangt man
Erkenntnisse der höheren Welten?»
oder in meiner
«Geheimwissenschaft» —, kommt der
Mensch dazu, dies wirklich
auszuführen, so tritt für ihn
zuletzt ein Augenblick ein, in dem
er Bilder der Welt nicht nur hat,
wenn er seine Sinne öffnet, wenn
er hört oder sieht, sondern wo er
Bilder hat rein aus dem
Vorstellungsleben heraus, so
vollinhaltliche Bilder — wenn ich
den Ausdruck gebrauchen darf —, so
vollsaftige Bilder, wie sie sonst
nur durch die Sinneswahrnehmung
uns kommen. Die kommen durch
dieses also verstärkte und
verschärfte Vorstellungsleben.
Ohne das Sinneswahrnehmen zu
haben, leben wir in einer Welt von
Bildern, wie sie uns sonst nur
werden durch die
Sinneswahrnehmung.
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Mais une autre expérience
significative y est attachée - ces
choses peuvent seulement être
comprises comme des expériences
vécues, la logique abstraite, la
soi-disant démonstration ne permet
pas de les atteindre -, une autre
expérience y est liée : Nous
apprenons à savoir, par une telle
pratique, ce que cela signifie de
développer une activité psychiqud
et spirituelle indépendamment de
l'activité corporelle. Il se
produit un moment où l'humain peut
- si je peux m'exprimer ainsi -
s'avouer à juste titre être un
matérialiste, aussi étrange et
paradoxal que cela puisse
paraître. À ce moment-là, il peut
dire : oui, dans la vie ordinaire,
nous sommes entièrement dépendants
de l'instrument de notre corps.
Nous pensons à travers l'outil de
notre système nerveux. Mais c'est
justement la caractéristique de
cette vie extérieure, que nous la
parcourons en ne pouvant
développer le spirituel-d'âme que
s'il se sert des outils du corps.
Mais ce spirituel-d'âme n'est pas
obligé de se servir purement des
instruments corporels. Grâce aux
efforts décrits, il peut se
détacher de l'outil corporel, il
peut devenir libre d'emprunter. On
peut toujours spéculer et
philosopher autant qu'on veut avec
le matérialisme. Si on ne lui
oppose que ce que l'on peut savoir
de la vie ordinaire, on ne le
réfutera jamais, car pour la vie
ordinaire, le matérialisme a
raison. On ne peut réfuter le
matérialisme que par la pratique
spirituelle, en détachant
l'âme-esprit du corps dans
l'expérience directe. On
représente en images - j'ai appelé
cela dans les livres cités
représenter imaginatif ou
imagination -, on représente en
images, mais en dehors du corps,
le "dehors" n'étant évidemment pas
à représenter dans l'espace, mais
indépendamment du corps. C'est
l'un des côtés de ce que l'on doit
apprendre à connaître à
l'intérieur de la science de
l'esprit orientée
anthroposophiquement, afin de
pouvoir vraiment jeter le pont qui
ne peut pas être jeté de la
manière que nous avons décrite. Ce
que l'on obtient de cette façon
comme contenu de la connaissance
imaginative n'est pas dans le
corps humain, c'est en dehors du
corps humain et donne
l'explication pratique que notre
être le plus intime, avant de
s'être revêtu de ce corps, était
dans le monde spirituel et
psychique. Car on n'est pas
seulement en dehors du corps, on
est en dehors du temps dans lequel
on vit avec le corps. De cette
façon, on vit vraiment ce qui est
prénatal ou, disons, ce qui se
trouve avant la conception
physique dans l'être humain. De
même qu'une lumière extérieure
brille dans la pièce, de même
notre vie prénatale brille dans
notre vie actuelle dans cette
imagination.
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07
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Damit
ist aber ein anderes bedeutsames
Erlebnis verknüpft — diese Dinge
können nur als Erlebnisse
verstanden werden, abstrakte
Logik, sogenannte Beweisführung
führt nicht an sie heran —, ein
anderes Erlebnis ist damit
verbunden: Wir lernen wissen durch
solches Üben, was es heißt, eine
geistig-seelische Tätigkeit
unabhängig von der leiblichen
Tätigkeit zu entwickeln. Es tritt
der Augenblick für den Menschen
ein, wo er sich — wenn ich mich so
ausdrücken darf — mit Recht
gestehen darf, ein Materialist zu
sein, so sonderbar und paradox das
klingt. Er darf in diesem
Augenblick sagen: jawohl, im
gewöhnlichen Leben sind wir ganz
abhängig von dem Werkzeug unseres
Leibes. Da denken wir durch das
Werkzeug unseres Nervensystems.
Aber das ist eben gerade das
Charakteristische dieses äußeren
Lebens, daß wir es durchmessen,
indem wir das Geistig-Seelische
nur dann entwickeln können, wenn
es sich der leiblichen Werkzeuge
bedient. Aber dieses
Geistig-Seelische ist nicht
angewiesen darauf, sich bloß der
leiblichen Werkzeuge zu bedienen.
Es kann sich durch die
geschilderten Anstrengungen
loslösen von dem leiblichen
Werkzeug, kann leihfrei. werden.
Man kann noch soviel spekulieren
und philosophieren mit dem
Materialismus. Wenn man nur das
gegen ihn ins Feld führt, was man
wissen kann aus dem gewöhnlichen
Leben, wird man ihn nie
widerlegen, denn für das
gewöhnliche Leben hat der
Materialismus Recht. Widerlegen
kann man den Materialismus nur
durch die spirituelle Praxis,
dadurch, daß man im unmittelbaren
Erleben loslöst das
Seelisch-Geistige von dem
Leiblichen. Man stellt in Bildern
vor — ich nannte es in den
genannten Büchern imaginatives
Vorstellen oder Imagination —, man
stellt in Bildern vor, aber
außerhalb des Leibes, wobei das
«außerhalb» selbstverständlich
nicht räumlich, sondern unabhängig
vom Leibe vorzustellen ist. Das
ist die eine Seite desjenigen, was
man kennenlernen muß innerhalb der
anthroposophisch orientierten
Geisteswissenschaft, um die
Brücke, die auf die Art nicht
geschlagen werden kann, wie wir es
geschildert haben, wirklich zu
schlagen. Was man auf diese Art
erlangt als Inhalt der
imaginativen Erkenntnis, das ist
nicht im Menschenleibe, das ist
außerhalb des Menschenleibes und
gibt die praktische Erklärung, daß
unser innerstes Wesen, bevor es
sich mit diesem Leibe umkleidet
hat, in der geistig-seelischen
Welt war. Denn man ist nicht nur
außerhalb des Leibes, man ist
außerhalb der Zeit, in der man mit
dem Leibe lebt. Man erlebt auf
diese Art wirklich das
Vorgeburtliche, oder sagen wir,
das vor der physischen Empfängnis
Liegende im Menschen. Wie ein
Licht von außerhalb in das Zimmer
hereinscheint, so scheint unser
vorgeburtliches Leben in dieser
Imagination in unser
gegenwärtiges Leben herein.
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Ce qui transparaît là
n'est pas purement des pensées,
cela a un contenu vivant. Ce
contenu vivant se révèle/dévoile
comme quelque chose de très
particulier. Il se dévoile comme
un certain, j'aimerais dire,
contenu d'intelligence. Alors que
nous cultivons, aiguisons,
renforçons la vie de
représentation de la façon que
j'ai décrite, nous sortons de
nous-mêmes pour entrer dans un
contenu de volonté qui, en même
temps, a quelque chose de vivant.
C'est le contenu de la volonté qui
crée en nous ce qui se revêt du
corps physique, ce que nous
n'avons pas par hérédité, ce que
nous n'avons absolument pas du
monde physique.
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08
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Was
da hereinscheint, das sind jetzt
nicht bloß Gedanken, das hat einen
lebendigen Inhalt. Dieser
lebendige Inhalt enthüllt sich als
etwas ganz Besonderes. Er enthüllt
sich als ein gewisser, ich möchte
sagen, Intelligenzinhalt. Während
wir also auf die Art, wie ich es
geschildert habe, das
Vorstellungsleben pflegen,
schärfen, erkraften, kommen wir
aus uns selber heraus in einen
Willensinhalt hinein, der aber zu
gleicher Zeit etwas Lebendiges
hat. Es ist der Willensinhalt, der
dasjenige in uns schafft, was sich
mit dem physischen Leib umkleidet,
was wir nicht durch Vererbung, was
wir überhaupt nicht aus der
physischen Welt haben.
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La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement ne
parvient pas à la connaissance de
l'immortalité par une élaboration
spéculative de la vie ordinaire,
mais par la culture d'une faculté
de connaissance qui n'est tout
d'abord pas là dans la vie
ordinaire. Mais ce qui est
particulièrement important pour
nous aujourd'hui, c'est que nous,
humains, parvenons de cette
manière à l'extérieur de notre
corps physique, même en dehors du
temps, dans lequel vit notre corps
physique. On arrive là à des idées
qui sont encore difficilement
représentables pour la plus grande
partie des humains actuels, mais
qui doivent constituer un membre
important dans l'évolution de
l'humanité vers l'avenir.
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09
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Zur
Erkenntnis der Unsterblichkeit
gelangt die anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
nicht durch spekulatives
Verarbeiten des gewöhnlichen
Lebens, sondern durch die
Kultivierung einer
Erkenntnisfähigkeit, die zunächst
im gewöhnlichen Leben nicht da
ist. Was heute für uns besonders
wichtig ist, ist aber, daß wir
Menschen auf diese Weise außerhalb
unseres physischen Leibes
gelangen, sogar außerhalb der
Zeit, in der unser physischer Leib
lebt. Man gelangt da zu Ideen, die
für den größten Teil der
gegenwärtigen Menschen noch
schwer vorstellbar sind, die aber
ein wichtiges Glied in der
Entwickelung der Menschheit nach
der Zukunft zu werden bilden
müssen.
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Et maintenant, il se
produit quelque chose de très
étrange quand on ne fait pas
seulement des exercices d'un côté,
celui de la vie de représentation,
mais quand on fait aussi des
exercices du côté de la vie de la
volonté. Nous, les humains, nous
vivons, j'aimerais dire, comme
Faust vit sa vie, qui dit là :
"J'ai seulement couru à travers le
monde. - Nous courrons à travers
le monde. Certes, nous traversons
une évolution entre la naissance
et la mort, de mois en mois,
d'année en année, de décennie en
décennie ; mais nous traversons
cette évolution en nous
abandonnant en quelque sorte à
l'objectivité extérieure : la main
sur le cœur, combien d'humains
font-ils autrement que de se
laisser porter par la vie, que ce
soit par la vie d'enfant, où les
adultes les éduquent, ou par la
vie ultérieure et son destin ? Ils
deviennent plus parfaits parce que
le monde les rend plus parfaits.
Mais que font donc la plupart des
humains sinon qu'ils s'abandonnent
au courant de la vie ? Ce n'est
pas en s'abandonnant au courant de
la vie que l'on parvient au chemin
de la science de l'esprit dont il
est question ici. Il est
nécessaire que l'on prenne en
charge sa propre culture, que l'on
travaille effectivement sur
soi-même de telle sorte que l'on
n'évolue pas seulement par la vie
qui se présente à nous par le
destin, mais que l'on évolue en se
disant : tu veux t'implanter telle
ou telle direction de mentalité.
Maintenant, on travaille à
s'implanter cette direction de
mentalité.
|
10
|
Und
jetzt stellt sich etwas sehr
Merkwürdiges heraus, wenn man
nicht nur nach der einen Seite
hin, nach der des
Vorstellungslebens Übungen macht,
sondern wenn man auch nach der
Seite des Willenslebens Übungen
macht. Wir Menschen leben, ich
möchte sagen, so, wie Faust das
Leben durchmacht, der da sagt: Ich
bin nur durch die Welt gerannt. —
Wir rennen durch die Welt. Gewiß,
wir machen eine Entwickelung durch
zwischen Geburt und Tod, von Monat
zu Monat, von Jahr zu Jahr, von
Jahrzehnt zu Jahrzehnt; aber wir
machen diese Entwickelung durch,
indem wir uns gewissermaßen der
äußeren Objektivität überlassen:'
Hand aufs Herz, wie viele Menschen
tun es denn anders, als sich vom
Leben, sei es vom Kindesleben, wo
die Erwachsenen sie erziehen, sei
es von dem späteren Leben und
seinem Schicksal tragen lassen?
Sie werden vollkommener, weil die
Welt sie vollkommener macht. Aber
was tun denn die meisten Menschen
anderes, als daß sie sich eben dem
Strom des Lebens überlassen? Mit
diesem Sich-Überlassen dem Strom
des Lebens kommt man allerdings
nicht auf den hier gemeinten
geisteswissenschaftlichen Weg. Da
ist notwendig, daß man in
Selbsttätigkeit seine Selbstzucht
übernimmt, daß man tatsächlich an
sich so arbeitet, daß man nicht
nur durch das Leben, das an einen
durch das Schicksal herantritt,
sich weiterentwickelt, sondern daß
man sich weiterentwickelt dadurch,
daß man sich vornimmt: du willst
dir diese oder jene
Gesinnungsrichtung einpflanzen.
Jetzt arbeitet man daran, diese
Gesinnungsrichtung sich
einzupflanzen.
|
On peut entreprendre
quelque chose de tel à petite ou à
grande échelle. Mais il y a une
grande différence si on conduit
seulement quelque chose à
soi-même, dans la culture de son
propre être, en s'abandonnant à la
vie, ou si on prend en main cette
culture de son propre soi à
nouveau par son propre woi. Par
cette prise en main, on apprend à
connaître la volonté dans son
efficacité, car on apprend à
reconnaître quelles sont les
résistances qui s'opposent à cette
volonté lorsqu'on veut maintenant
la cultiver en culture de soi. Oh,
on apprend à connaître toutes
sortes de choses de cette manière,
on renforce avant tout ses propres
forces du spirituel-d'âme, et on
remarquera très vite, si l'on
pratique de tels exercices de
discipline personnelle - mais n
doit les pratiquer pendant des
années -, que des forces
intérieures s'accroissent alors.
Ces forces intérieures sont de
telle sorte que nous ne les
trouvons pas dans la nature
extérieure. Elles sont de telle
sorte que nous ne les trouvons
aussi pas dans la vie de l'âme
ordinaire que nous portions en
nous avant nos exercices. Nous
découvrons ces forces seulement
lorsque nous démarrons un tel
exercice intérieur. Ces forces
sont capables de faire quelque
chose de très précis : elles sont
capables d'absorber dans notre
propre moi, de manière beaucoup
plus consciente, les impulsions
morales qui, autrement,
jaillissent dans l'âme de manière
instinctive, comme indéterminée et
séparée des facultés de
connaissance. Mais comprenez-moi
bien, non pas dans le soi que nous
développons dans notre corps, mais
dans ce soi que nous développons
lorsque nous sortons de notre
corps avec notre imagination, de
la manière décrite précédemment.
Nous ne pouvons pas faire entrer
la vraie forme des
pulsions/motivations morales dans
notre corps sensible, dans notre
connaissance sensorielle ; mais
nous obtenons ce qui se tient
ainsi isolé que Kant l'a placé de
manière tout à fait isolée comme
un impératif catégorique, nous
l'obtenons dedans dans notre soi
qui s'est séparé du corps.
|
11
|
Man
kann im kleinen, man kann im
großen so etwas unternehmen. Aber
es ist ein großer Unterschied, ob
man irgend etwas an sich selbst,
in der Zucht seines eigenen Wesens
nur ausführt, indem man sich dem
Leben überläßt, oder ob man diese
Zucht des eigenen Selbst wiederum
durch das eigene Selbst in die
Hand nimmt. Man lernt durch dieses
In-die-Hand-Nehmen den Willen in
seiner Wirksamkeit kennen; denn
man lernt erkennen, was für
Widerstände diesem Willen
entgegenstehen, wenn man ihn nun
in Selbstzucht kultivieren will.
Oh, man lernt auf diese Weise
allerlei kennen, man verstärkt vor
allen Dingen die eigenen Kräfte
des Geistig-Seelischen, und man
wird sehr bald bemerken, wenn man
solche Übungen in Selbstzucht
ausübt -- aber man muß sie
jahrelang ausüben —, daß einem
dann innere Kräfte zuwachsen.
Diese inneren Kräfte, die sind von
solcher Art, daß wir sie nicht in
der äußeren Natur finden. Sie sind
von solcher Art, daß wir sie auch
nicht in dem gewöhnlichen
Seelenleben finden, das wir vor
unseren Übungen in uns getragen
haben. Diese Kräfte entdecken wir
erst, wenn wir eben eine solche
innere Übung mit uns anstellen.
Diese Kräfte sind zu etwas ganz
Bestimmtem imstande: Sie sind
imstande, die moralischen
Antriebe, die sonst wie
instinktiv, wie unbestimmt und
getrennt von den
Erkenntnisfähigkeiten aufquellen
in der Seele, in unser eigenes
Selbst viel bewußter aufzunehmen.
Aber verstehen Sie mich recht,
nicht in das Selbst, das wir
entwickeln in unserem Leibe,
sondern in dasjenige Selbst, das
wir entwickeln, wenn wir auf die
vorhin geschilderte Weise aus
unserem Leibe heraustreten mit
unserer Imagination. Nicht können
wir die wahre Gestalt der
moralischen Antriebe in unseren
sinnlichen Leib, in unser
sinnliches Erkennen
hereinbekommen; aber wir bekommen
das, was so isoliert dasteht, daß
Kant es ganz isoliert als
kategorischen Imperativ
hinstellte, wir bekommen das
herein in unser Selbst, das sich
vom Leibe getrennt hat.
|
Et alors, ce que j'ai
décrit tout à l'heure comme
imagination, comme représentations
imagées, est imprégné de ce que
l'on peut appeler la force
objective des impulsions morales ;
il est imprégné de l'inspiration
morale. Nous reconnaissons
maintenant que ce qui jaillit en
nous comme impératifs moraux,
comme idéaux moraux, ne s'enracine
pas purement en nous, mais dans
l'ensemble du monde. Nous
apprenons, en étant en dehors de
notre humain physique, à
reconnaître que ce qui n'apparaît
pas dans sa véritable forme à
l'intérieur de l'organisation
physique est, dans cette véritable
forme dans laquelle nous le
reconnaissons par une vision
imaginative, des forces objectives
du monde.
|
12
|
Und
dann wird das, was ich vorhin
geschildert habe als Imagination,
als Bildvorstellungen, durchtränkt
von dem, was man nennen kann die
objektive Kraft der sittlichen
Impulse; es wird durchtränkt von
der sittlichen Inspiration. Wir
erkennen jetzt, daß dasjenige, was
in uns als sittliche Imperative,
als sittliche Ideale aufquillt,
nicht bloß in uns wurzelt, daß es
im Weltenganzen wurzelt. Wir
lernen, indem wir außerhalb
unseres physischen Menschen sind,
erkennen, daß dasjenige, was in
seiner wahren Gestalt nicht
innerhalb der physischen
Organisation erscheint, in dieser
seiner wahren Gestalt, in der wir
es erkennen durch imaginatives
Anschauen, objektive Kräfte der
Welt sind.
|
Une telle vision peut
s'imposer à l'humain qui accueille
correctement, avec son bon sens/sa
saine raison analytique humaine,
ce que le chercheur en sciences de
l'esprit parvient à dire à partir
de sa vision du monde spirituel.
Celui qui s'imprègne d'une telle
vision ressent quelque chose de
tout à fait particulier par
rapport à ce que sont aujourd'hui
les conférences publiques
populaires. Cela peut paraître
étrange si je l'exprime, mais
j'aimerais dire que celui qui
accueille sans préjugé cette
inspiration dans l'imagination,
qui coïncide avec les forces
morales qui sont dans la vie
humaine, et qui s'imagine comment,
de nos jours, grâce à la
connaissance de l'esprit, une
telle chose peut être comprise,
aimerait bien se dire : si
seulement une telle connaissance
pouvait saisir les humains,
seulement aussi fortement qu'ils
soient saisis lorsqu'ils entendent
que les rayons X ou la télégraphie
sans fil ont été trouvés ! Au vu
de ce qui se passe dans l'âme d'un
chercheur de l'esprit, on aimerait
dire qu'il est très nécessaire
pour la civilisation actuelle que
les humains en viennent à
apprécier les forces qui peuvent
être trouvées sur le chemin
spirituel pour le renforcement de
l'humain, tout comme ce qui peut
être utile et bénéfique dans la
vie extérieure.
|
13
|
Solch
eine Anschauung kann dem Menschen
aufgehen, der richtig mit seinem
gesunden Menschenverstand das
aufnimmt, was der Geistesforscher
zu sagen vermag aus seiner
Anschauung der geistigen Welt
heraus. Wer sich mit solcher
Anschauung durchdringt, der fühlt
gegenüber dem, was heute populäre
öffentliche Vorträge sind, etwas
ganz besonderes. Es klingt
vielleicht sonderbar, wenn ich das
ausspreche, aber ich möchte sagen:
Wer dieses Inspirierte in der
Imagination, das sich deckt mit
den sittlichen Kräften, die im
Menschenleben sind, unbefangen
aufnimmt und sich vorstellt, wie
in der Gegenwart durch
Geist-Erkenntnis so etwas
durchschaut werden kann, der
möchte sich am liebsten denken:
wenn doch solch eine Erkenntnis
die Menschen ergreifen könnte, nur
so stark wenigstens, wie sie
ergriffen werden, wenn sie hören,
die Röntgenstrahlen oder die
drahtlose Telegraphie sind
gefunden worden! Man möchte
angesichts desjenigen, was sich da
in die Seele eines
Geistesforschers senkt, sagen: es
ist sehr notwendig für die
Zivilisation der Gegenwart, daß
die Menschen dahin kommen, das auf
geistigem Wege an Kräften für
Menschenerstarkung zu Findende
ebenso zu schätzen wie das, was
nützlich und förderlich sein kann
im äußeren Leben.
|
Avec cela nous avons
comme je le crois touché une
exigence importante de la
civilisation actuelle. Les
connaissances spirituelles
scientifiques, je le répète, ne
sont pas des spéculations, ce sont
des expériences. Et si, si peu de
gens les acceptent encore
aujourd'hui, c'est parce que la
plupart d'entre eux se laissent
aveugler par les conceptions
matérialistes de science de la
nature, se jettent leurs propres
préjugés sur le chemin,
n'utilisent pas leur bon sens et
ne peuvent donc pas examiner de
manière correcte ce que dit le
scientifique de l'esprit. Ils
disent toujours : nous ne pouvons
pas voir nous-mêmes ce que dit le
chercheur de l'esprit. Je voudrais
savoir combien de gens qui croient
aux passages de Vénus ont déjà vu
un passage de Vénus ! J'aimerais
savoir combien de personnes qui
disent que l'eau est composée
d'hydrogène et d'oxygène ont déjà
observé dans un laboratoire
comment on établit que l'eau est
composée d'hydrogène et d'oxygène,
et ainsi de suite. Il existe
pourtant une logique du bon sens.
Grâce à elle, on peut vérifier ce
que dit le chercheur de l'esprit.
Je ne peux certainement pas
peindre des illusions devant ceux
qui utilisent leur bon sens, je ne
peux pas leur raconter des
fantaisies, car ils peuvent faire
attention, grâce à leur bon sens,
si je parle comme un exalté ou si
je parle dans des rapports
logiques, si je parle comme
quelqu'un qui met idée sur idée,
comme on le fait aussi dans la
science la plus exacte. Celui qui
acquiert une telle connaissance
saine de l'humain et une telle
vision de l'humain pourra
distinguer s'il a devant lui un
fantaisiste ou un humain qui doit
être pris au sérieux parce qu'il
sait habiller sa vision de formes
logiques saines et qu'il ne donne
pas l'impression d'être un exalté.
Nous devons décider de beaucoup de
choses dans la vie de cette
manière ; pourquoi ne
déciderions-nous pas ainsi de ce
qui est le plus important : la
compréhension de l'ordre du monde
? La science de l'esprit est
quelque chose de vécu, quelque
chose qui doit être expérimenté,
pas quelque chose qui s'obtient
uniquement par des déductions
logiques.
|
14
|
Damit
haben wir, wie ich glaube, an eine
wichtige Zivilisationsforderung
der Gegenwart gerührt. Die
geisteswissenschaftlichen
Erkenntnisse sind, ich sage es
noch einmal, keine Spekulation,
sie sind Erlebnisse. Und daß sie
von so wenigen heute noch
angenommen werden, das beruht
darauf, daß die meisten sich
blenden lassen von den
materialistischen
naturwissenschaftlichen
Anschauungen, sich ihre Vorurteile
selber in den Weg werfen, ihren
gesunden Menschenverstand nicht
anwenden, daher nicht in der
richtigen Weise prüfen können, was
der Geisteswissenschafter sagt.
Sie sagen im‑ mer: wir können das
ja nicht selber sehen, was der
Geistesforscher sagt. Ich möchte
wissen, wie viele Leute, die an
die Venus-Durchgänge glauben,
jemals einen Venus-Durchgang
gesehen haben! Ich möchte wissen,
wie viele Leute, die da sagen, das
Wasser besteht aus Wasserstoff und
Sauerstoff, jemals in einem
Laboratorium beobachtet haben,
wie man feststellt, daß Wasser aus
Wasserstoff und Sauerstoff besteht
und so weiter. Es gibt doch eine
Logik des gesunden
Menschenverstands. Durch sie kann
man prüfen, was der
Geistesforscher sagt. Ich kann
gewiß vor denjenigen, die ihren
gesunden Menschenverstand
gebrauchen, keine Illusionen
hinmalen, keine Phantastereien
vor sie hinschwätzen, denn sie
können achtgeben durch ihren
gesunden Menschenverstand, ob ich
rede wie ein Schwärmer oder ob ich
in logischen Zusammenhängen rede,
ob ich rede wie jemand, der Idee
auf Idee stellt, wie man das auch
in der exaktesten Wissenschaft
tut. Wer sich eine solche gesunde
Menschenerkenntnis und
Menschenanschauung erwirbt, der
wird unterscheiden können, ob er
einen Phantasten vor sich hat oder
einen Menschen, der dadurch, daß
er seine Anschauung in gesunde
logische Formen zu kleiden weiß
und auch sonst nicht den Eindruck
eines Schwärmers macht, ernst zu
nehmen ist. Vieles im Leben müssen
wir auf diese Art entscheiden;
warum sollten wir dasjenige, was
zum Wichtigsten gehört: die
Einsicht in die Weltenordnung,
nicht so entscheiden? Auf eine
andere Art läßt sich zunächst für
den, der nicht selbst
Geistesforscher werden kann — bis
zu einem gewissen Grade kann aber
jeder ein Geistesforscher werden,
wie ich es in den genannten
Büchern dargestellt habe —, auf
eine andere Art läßt sich das
nicht feststellen; denn
Geisteswissenschaft ist etwas
Erlebtes, etwas, was erfahren
werden muß, nicht etwas, was nur
durch logische Schlußfolgerungen
erreicht wird.
|
Si l'on apprend donc à
connaître les visions du monde
par, j'aimerais dire, la
combinaison entre l'imagination et
la moralité inspirée, alors on
apprend à connaître encore autre
chose, alors on apprend à
reconnaître ce qu'il en est de la
contradiction entre ce que l'on
appelle la causalité naturelle, la
nécessité naturelle, et l'élément
dans lequel l'humain vit en tant
que dans sa liberté. Car c'est
seulement dans l'élément de la
liberté que nous pouvons vivre
avec nos impulsions morales. Nous
regardons la nature extérieure. Ce
que l'on appelle le lien
nécessaire entre ce qui suit et ce
qui précède, ce que l'on appelle
la causalité générale, exerce une
influence écrasante sur la
conception de la nature qui s'est
développée au cours des trois ou
quatre derniers siècles. C'est
ainsi que la nature, y compris
l'être humain, se présente, comme
si tout était saisi par une
nécessité naturelle. Mais alors,
il en irait mal de notre liberté ;
nous ne pourrions pas agir
autrement que ce que la nécessité
naturelle impose en nous. La
liberté serait une impossibilité
si le monde était constitué comme
le veut la vision de science de la
nature devenue populaire au cours
des trois ou quatre derniers
siècles.
|
15
|
Lernt
man also die Weltanschauungen
durch, ich möchte sagen, die
Kombination zwischen Imagination
und inspirierter Sittlichkeit
kennen, dann lernt man noch etwas
anderes kennen, dann lernt man
erkennen, was es mit dem
Widerspruche für ein Bewenden hat
zwischen der sogenannten
Naturkausalität, der
Naturnotwendigkeit, und dem
Elemente, in dem der Mensch als in
seiner Freiheit lebt. Denn nur in
dem Elemente der Freiheit können
wir mit unseren sittlichen
Impulsen leben. Wir sehen hinaus
in die äußere Natur. Überwältigend
wirkt auf die Naturanschauung, die
sich in den letzten drei bis vier
Jahrhunderten herausgebildet hat,
dasjenige, was man den
notwendigen Zusammenhang des
Folgenden mit dem Vorhergehenden,
was man die allgemeine
Ursächlichkeit nennt. So stellt
sich die Natur einschließlich der
Menschenwesenheit dar, als ob
alles von einer Naturnotwendigkeit
ergriffen wäre. Dann stünde es
aber schlimm mit unserer Freiheit;
dann könnten wir nicht anders
handeln, als die
Naturnotwendigkeit in uns das
Handeln erzwingt. Freiheit wäre
eine Unmöglichkeit, wenn die Welt
so beschaffen wäre, wie die in den
letzten drei bis vier
Jahrhunderten beliebt gewordene
naturwissenschaftliche Anschauung
will.
|
Mais si l'on a acquis le
point de vue que je viens de
décrire, le point de vue de
l'observation en dehors du corps
humain, alors tout ce qui est
imprégné de nécessité se présente
à nous en quelque sorte comme une
sorte de corps naturel. Et ce
corps naturel fait naître en tous
lieux possibles une âme naturelle,
un esprit naturel. Le corps
naturel est en quelque sorte ce
que le monde en devenir a éjecté
et rejeté ; l'esprit naturel,
l'âme naturelle est ce qui croît
dans l'avenir.
|
16
|
Aber
wenn man den Standpunkt errungen
hat, den ich eben geschildert
habe, den Standpunkt der
Beobachtung außerhalb des
menschlichen Leibes, dann stellt
sich einem alles dasjenige, was
von Notwendigkeit durchdrungen
ist, gewissermaßen als eine Art
Naturleib dar. Und dieser
Naturleib treibt an allen
möglichen Stellen eine Naturseele,
einen Naturgeist hervor. Der
Naturleib ist gleichsam
dasjenige, was ausgeworfen und
abgeworfen hat die werdende Welt;
der Naturgeist, die Naturseele ist
dasjenige, was in die Zukunft
hinüberwächst.
|
De même que lorsque je
vois un cadavre devant moi, ce
cadavre n'a plus la possibilité de
suivre autre chose que les
nécessités que le spirituel-d'âme
qui l'a habité lui a dictées, de
même ce qui est cadavérique dans
la nature extérieure n'a rien en
lui de plus que les nécessités.
Mais à chaque endroit, ce qui
pousse dans l'avenir jaillit.
Notre science de la nature a
seulement été habituée à observer
le cadavre de la nature, elle ne
voit donc partout que la
nécessité. La science de l'esprit
doit s'y ajouter. Elle verra la
vie qui germe, éclôt partout.
|
17
|
So
wie, wenn ich einen Leichnam vor
mir sehe, dieser Leichnam keine
Möglichkeit mehr hat, etwas
anderem zu folgen als den
Notwendigkeiten, die veranlagt hat
das Geistig-Seelische, das in ihm
gewohnt hat, so hat dasjenige, was
leichenhaft ist an der äußeren
Natur, nichts in sich von
Antrieben als Notwendigkeiten.
Aber an jeder Stelle sprießt
hervor, was in die Zukunft
hinüberwächst. Unsere
Naturwissenschaft ist nur gewohnt
worden, den Naturleichnam zu
beobachten, sieht daher überall
nur die Notwendigkeit.
Geisteswissenschaft muß
dazukommen. Die wird das überall
sprießende, sprossende Leben
sehen.
|
Mais l'humain est ainsi
placé, d'un côté, dans la
causalité naturelle et de l'autre
côté, dans ce qui est aussi là,
mais qui ne contient pas de
causalité, mais qui contient
quelque chose qui est égal à
l'élément de liberté vécu
intérieurement.
|
18
|
Damit
aber ist der Mensch auf der einen
Seite in die Naturkausalität
hineingestellt, auf der anderen
Seite hineingestellt in dasjenige,
was auch da ist, aber keine
Kausalität enthält, sondern etwas
enthält, was gleich ist mit dem
innerlich erlebten Elemente der
Freiheit.
|
Cet élément de liberté,
nous l'expérimentons tel que je
l'ai présenté dans ma "Philosophie
de la liberté", lorsque nous nous
élevons à la pensée intérieurement
transparente et pure, qui est en
fait une émanation de notre
activité de volonté. Vous
trouverez plus de détails dans ma
"Philosophie de la liberté".
|
19
|
Dieses
Element der Freiheit erleben wir
so, wie ich es dargestellt habe in
meiner «Philosophie der Freiheit»,
wenn wir uns erheben zum innerlich
durchsichtigen, reinen Denken, das
aber eigentlich ein Ausfluß
unserer Willenstätigkeit ist. Das
Genauere finden Sie in dieser
meiner «Philosophie der Freiheit».
|
Ainsi, ce que nous
conquérons en nous créant une
possibilité de connaissance en
dehors du corps humain nous
transporte dans un monde où
l'opposition entre la nécessité
naturelle et la liberté devient
explicable. Nous apprenons à
connaître la liberté elle-même
dans le monde. Nous apprenons à
nous sentir dans un monde où la
liberté est/génère. Si je vous
décris quelque chose comme ça, ce
n'est pas pour vous montrer
uniquement le contenu de ce que je
décris, mais j'aimerais vous
montrer ce que je décris parce que
j’aimerais vous y montrer comment
l'humain arrive à un certain état
d'âme en s'imprégnant de
connaissances qui sont tirées de
telles régions, en ce qu'il se
vivifie avec telles connaissances.
|
20
|
So
trägt uns dasjenige, was wir uns
erringen, indem wir uns eine
Erkenntnismöglichkeit schaffen
außerhalb des menschlichen Leibes,
hinein in eine Welt, wo der
Gegensatz erklärlich wird zwischen
Naturnotwendigkeit und Freiheit.
Wir lernen die Freiheit selber in
der Welt kennen. Wir lernen uns
fühlen in einer Welt, in welcher
die Freiheit west. Wenn ich Ihnen
so etwas schildere, dann schildere
ich es Ihnen nicht, um Ihnen
gewissermaßen nur den Inhalt
desjenigen, was ich schildere, zu
zeigen, sondern ich möchte Ihnen
das, was ich schilde‑re, aus dem
Grunde darstellen, weil ich daran
zeigen möchte, wie der Mensch in
eine gewisse Seelenverfassung
kommt, indem er sich mit
Erkenntnissen, die aus solchen
Regionen herausgeholt sind,
durchdringt, indem er sich belebt
mit solchen Erkenntnissen.
|
De même que nous sommes
envahis par de la joie lorsque
nous vivons un événement
extraordinairement joyeux comme
maints humains, quand ils ont bu
tant et tant de vin de Moselle,
sont complètement envahis par
cette humeur qui vient justement
du vin de Moselle, de même l'état
d'âme entier de l'humain peut être
saisi par quelque chose de si
réellement spirituel qui pénètre
l'humain. Quand sa constitution
d'âme a-t-elle été saisie par
quelque chose dont elle n'est
d'abord saisie que dans la vie
extérieure, mais alors à force
d'ombre ? Lorsque l'impératif
catégorique ou la conscience
s'éveille face aux obligations
morales.
|
21
|
Wie
wir, wenn wir meinetwillen ein
außerordentlich freudiges Ereignis
erleben, von Freude durchdrungen
werden, wie manche Menschen, wenn
sie so und soviel Mosel getrunken
haben, von jener Stimmung ganz
durchdrungen werden, die eben vom
Moselwein kommt, so kann auch die
ganze Seelenverfassung des
Menschen ergriffen werden von
etwas so Real-Spirituellem, das
den Menschen durchdringt. Wann ist
seine Seelenverfassung von etwas
ergriffen worden, von dem sie
zunächst nur im äußeren Leben,
dann aber schattenhaft ergriffen
ist? Wenn gegenüber den sittlichen
Verpflichtungen der kategorische
Imperativ oder das Gewissen sich
regt.
|
Mais le contenu de cette
conscience s'éclaire maintenant,
et il prend aussi une autre nuance
de sentiment. Car que s'est-il
réellement passé - que l'humain
soit lui-même un chercheur
d'esprit, qu'il reçoive ce que le
chercheur d'esprit apporte par son
bon sens humain et l'intègre comme
connaissances dans son âme -, que
s'est-il passé avec l'humain ? Il
s'est associé à quelque chose, il
s'est associé à quelque chose avec
lequel on ne peut s'associer que
si l'on sort de soi-même, si l'on
s'aliène à soi-même. Vous ne
trouverez pas de meilleure
définition, plus réaliste, de
l'amour et du sentiment amoureux
que ce que l'on peut décrire comme
l'état d'âme qui vous envahit
lorsque vous pénétrez sans corps
dans l'essentialité du monde
extérieur. Si les impératifs
moraux agissent autrement comme
une contrainte, ils peuvent être
coulés dans une forme telle qu'ils
apparaissent imprégnés du même
sentiment dont doivent être
imprégnées les connaissances de la
science de l'esprit. Ces
impulsions morales, ces impératifs
moraux peuvent apprendre de ce que
l'on reçoit comme humeur de l'âme
en recevant la science de l'esprit
; cette morale peut être
réchauffée par ce qui doit vivre
dans la science de l'esprit au
sens le plus élevé : l'amour.
|
22
|
Aber
der Inhalt dieses Gewissens wird
jetzt hell, und er wird auch eine
andere Gefühlsnuance annehmen.
Denn was ist eigentlich geschehen
— ob der Mensch nun selber ein
Geistesforscher ist, ob er das,
was der Geistesforscher bringt,
durch seinen gesunden Men‑
schenverstand aufnimmt und als
Erkenntnisse seiner Seele einver‑
leibt —, was ist denn mit dem
Menschen geschehen? Er ist mit
etwas zusammengegangen, hat sich
mit etwas zusammengeschlossen, mit
dem man nur zusammenkommt, wenn
man aus sich herausgeht, wenn man
sich seiner selbst entfremdet. Sie
finden keine bessere,
realistischere Definition der
Liebe und des Liebesgefühls als
dasjenige, was man schildern kann
als die Seelenverfassung, die
einen überkommt, wenn man leibfrei
hineindringt in die
Wesenhaftigkeit der äußeren Welt.
Wirken die sittlichen Imperative
sonst wie ein Zwang, so können sie
in eine solche Form gegossen
werden, daß sie durchdrungen
erscheinen von derselben Stimmung,
von der die
geisteswissenschaftlichen
Erkenntnisse durchdrungen sein
müssen. Diese sittlichen Antriebe,
diese moralischen Imperative
können lernen von dem, was man als
Seelenstimmung bekommt im
Aufnehmen von
Geisteswissenschaft; diese Moral
kann durchwärmt werden von dem,
was in Geisteswissenschaft leben
muß im höchsten Sinne: von Liebe.
|
C'est ce que j'ai essayé
de montrer dans ma "Philosophie de
la liberté", à savoir que
l'impulsion la plus digne de
l'humain pour l'action morale est
l'amour. Au sein de l'évolution
moderne de l'esprit, il a déjà été
question de ces choses de manière
plus instinctive qu'il ne peut
l'être aujourd'hui, alors que nous
pouvons, si nous le voulons, être
plus avancés dans la science de
l'esprit. Kant a parlé une fois de
l'obligation impérative, de
l'impératif catégorique qui,
j'aimerais dire, dompte l'humain
et qui ne permet aucune ingérence
d'une quelconque sympathie. Ce que
l'on fait par devoir moral, on le
fait parce qu'on le doit. C'est
pourquoi Kant dit : devoir,
sublime et grand nom, qui ne porte
rien chez toi qui puisse signifier
flatterie ou quoi que ce soit de
ce genre, mais seulement la
soumission la plus stricte. -
Schiller trouvait que cette
soumission servile au devoir
n'était pas digne de l'humain. Et
il a opposé à cette exécution
kantienne ce qu'il a si bien, si
magnifiquement exprimé dans ses
"Lettres sur l'éducation
esthétique de l'humain".
|
23
|
Das
versuchte ich wiederum zu zeigen
in meiner «Philosophie der
Freiheit», daß des Menschen
würdigster Antrieb für das
sittliche Handeln die Liebe ist.
Innerhalb der modernen
Geistesentwickelung war von
diesen Dingen schon einmal, mehr
instinktiv die Rede, als es heute
schon sein kann, wo wir eben in
der Geisteswissenschaft, wenn wir
wollen, vorgeschritten sein
können. Kant sprach einstmals von
der zwingenden Pflicht, von dem,
ich möchte sagen, den Menschen
bändigenden kategorischen
Imperativ, der nichts gestattet
von Einmischung irgendeiner
Sympathie. Was man tut aus
sittlicher Pflicht, tut man, weil
man es muß. Kant sagt deshalb:
Pflicht, du erhabener, großer
Name, der du nichts bei dir
führest, was Einschmeichelung oder
dergleichen bedeutet, sondern nur
strengste Unterwerfung. — Schiller
fand dieses sklavische
Unterwerfen unter die Pflicht
nicht menschenwürdig. Und er
setzte entgegen dieser Kantschen
Ausführung das, was er so schön,
so großartig ausgedrückt hat in
seinen «Briefen über die
ästhetische Erziehung des
Menschen».
|
Mais nous avons seulement
besoin de prendre une petite
épigramme que Schiller a forgée
contre ce concept kantien
rigoriste et rigide du devoir, et
nous avons une opposition humaine
importante en ce qui concerne la
vie morale : "Je sers volontiers
mes amis" - dit Schiller - "mais
je le fais malheureusement avec
inclination. Et c'est ainsi que je
m'en veux souvent de ne pas être
vertueux". Il veut dire qu'au sens
kantien, il ne faudrait pas aimer
servir ses amis, mais se soumettre
au devoir en obéissant. Mais ce
qui peut rendre la vie humaine
digne d'être vécue, c'est
l'accomplissement de ce que Goethe
dit en quelques mots de manière
tout à fait monumentale : le
devoir, où l'on aime ce que l'on
se commande à soi-même. - Mais le
sentiment d'aimer ce que l'on se
commande à soi-même ne peut être
stimulé que par l'état de l'âme
humaine qui vient en état dans
l'acquisition de la science de
l'esprit.
|
24
|
Aber
wir brauchen nur ein kleines
Epigramm zu nehmen, das Schiller
geprägt hat gegen diesen Kantschen
rigoristischen, starren
Pflichtbegriff, so haben wir einen
wichtigen menschlichen Gegensatz
in bezug auf das sittliche Leben:
«Gerne dien' ich den Freunden» —
sagt Schiller — «doch tu ich es
leider mit Neigung. Und so wurmt
es mich oft, daß ich nicht
tugendhaft bin.» Er meint, im
Kantschen Sinne müßte man nicht
gerne den Freunden dienen, sondern
sich gehorchend der Pflicht
unterwerfen. Das aber, was das
Menschenleben erst menschenwert
machen kann, das ist, wenn erfüllt
wird, was Goethe in ein paar
Worten ganz monumental sagt:
Pflicht, wo man liebt, was man
sich selbst befiehlt. — Aber die
Stimmung, zu lieben, was man sich
selbst befiehlt, sie kann nur
angefeuert werden aus jener
Verfassung der menschlichen Seele,
die im Erwerben der
Geisteswissenschaft zustande
kommt.
|
Ainsi, lorsque l'on se
plonge dans la science de
l'esprit, il n'y a pas quelque
chose qui se déroule à côté de la
vie, comme prêcher la morale, mais
il y a là un développement de
force qui saisit directement le
vouloir moral. Il y a là un
fondement de la morale. Il y a là
ce qui déverse en l'humain l'amour
moral. La science de l'esprit ne
prêche pas seulement la morale, la
science de l'esprit, lorsqu'elle
est prise dans tout son sérieux,
dans toute sa force, fonde la
morale, non pas en donnant des
paroles de morale, mais en donnant
la force de l'amour vertueux, de
la vertu aimante.
|
25
|
So
ist, wenn man sich in die
Geisteswissenschaft vertieft,
nicht etwas neben dem Leben
herlaufend, wie Moral predigen,
sondern es ist darinnen eine
Kraftentwickelung, welche das
sittliche Wollen unmittelbar
ergreift. Es ist ein Begründen der
Moral da. Es ist dasjenige da, was
in den Menschen hineingießt die
sittliche Liebe.
Geisteswissenschaft predigt nicht
bloß Moral, Geisteswissenschaft,
wenn sie in ihrem vollen Ernst, in
ihrer vollen Kraft genommen wird,
begründet die Moral, doch indem
sie nicht Worte der Moral gibt,
sondern Kraft zur tugendlichen
Liebe, zur liebenden Tugend gibt.
|
La science de l'esprit
n'est pas purement une théorie,
elle est vie. Et lorsque l'on
s'approprie de la science de
l'esprit, ce n'est pas purement
une réflexion, c'est quelque chose
comme une absorption de la vie,
comme la respiration elle-même.
C'est ce que cette science de
l'esprit veut apporter à la
civilisation moderne dans le
domaine moral, c'est ce qu'elle
doit lui apporter. Car dans les
temps anciens, je l'ai évoqué
avant-hier, on avait aussi une
science de l'esprit, mais une
science instinctive. D'où venait
la science de l'esprit de
l'ancienne sagesse orientale qui
s'est développée il y a des
millénaires ? Il s'agissait d'un
sourd, d'un onirique se rendre le
monde image. Elle montait des
instincts humains, de la vie des
pulsions humaines. Cette science
de l'esprit était instinctive. Les
humains voyaient dans la nature
par une sorte de clairvoyance. Et
cette clairvoyance était liée à
leur sang, était liée à leur
corporéité extérieure. Mais les
impulsions morales de l'époque
étaient également liées à ce sang,
à cette corporéité extérieure. Les
deux provenaient d'une source.
L'humanité - je l'ai dit et répété
en ces jours - traverse une
évolution et croit que nous
pouvons être comme les humains
d'il y a des millénaires ; cela
revient à croire que l'humain
adulte peut être comme l'enfant.
Nous ne pouvons plus nous tenir au
point de vue des arts de
clairvoyance primitifs de l'ancien
Orient ou de l'ancienne Égypte.
Nous sommes passés au galiléisme,
au copernicisme. Nous avons
progressé vers la vision qui monte
dans l'intellect. Dans ces
anciennes visions orientales,
l'intellect n'était pas encore
développé. Mais pour cela
revanche, nous devons aussi
chercher les impulsions de notre
action morale de l'esprit et non
des l'instinct.
|
26
|
Geisteswissenschaft
ist eben nicht bloß Theorie, sie
ist Leben. Und wenn man
Geisteswissenschaft sich aneignet,
so ist es nicht bloß ein
Nachdenken, so ist es etwas wie
ein Aufnehmen des Lebens wie beim
Atmen selber. Das ist es, was
diese Geisteswissenschaft der
modernen Zivilisation auf
sittlichem Gebiete leisten möchte,
was sie ihr leisten muß. Denn in
alten Zeiten, ich habe das
vorgestern angedeutet, hatte man •
auch eine Geisteswissenschaft,
aber eine instinktive. Woher kam
die Geisteswissenschaft der alten,
vor Jahrtausenden sich
entwickelnden orientalischen
Weisheit? Es war ein dumpfes,
traumhaftes Sich-Verbildlichen der
Welt. Es kam herauf aus den
menschlichen Instinkten, aus dem
menschlichen Triebleben.
Instinktiv war diese
Geisteswissenschaft. Die Menschen
sahen hinein durch eine Art
Hellsehen in die Natur. Und dieses
Hellsehen war verbunden mit ihrem
Blute, war verbunden mit ihrer
äußeren Leiblichkeit. Mit diesem
Blute, mit dieser äußeren
Leiblichkeit waren aber auch
verbunden die damaligen sittlichen
Antriebe. Beides kam aus einer
Quelle. Die Menschheit — ich habe
es gerade in diesen Tagen immer
wieder gesagt — macht eine
Entwikkelung durch und glaubt,
wir könnten so sein wie die
Menschen vor Jahrtausenden; das
kommt dem gleich, zu glauben, der
erwachsene Mann könnte gleich sein
dem Kinde. Wir können nicht mehr
auf dem Standpunkt der primitiven
hellseherischen Künste des alten
Orients oder des alten Ägyptens
stehen. Wir sind vorgerückt zum
Galileismus, zum Kopernikanismus.
Wir sind vorgerückt zu demjenigen
Anschauen, das im Intellekt
aufgeht. In jenen alten
orientalischen Anschauungen war
der Intellekt noch nicht
entwickelt. Dafür müssen wir aber
auch aus dem Geiste heraus, nicht
aus dem Instinkte heraus die
Impulse unseres sittlichen
Handelns holen.
|
C'est ce qui est le plus
grave aujourd'hui : en parlant
d'idéaux ou d'impulsions de vie,
les humains absolutisent toujours
tout. Lorsqu'aujourd'hui, un
humain de parti ou un théoricien
exalté qui voudrait instaurer le
royaume millénaire se présente, il
dit : je veux ceci ou cela pour
l'humanité - et il pense que ce
qu'il dit là est bon pour
l'humanité dans toutes les époques
suivantes et sur toute la terre.
Ce serait bon dans le sens le plus
absolu. Celui qui regarde vraiment
dans la vie de l'humanité en
développement sait que ce qui est
bon, ce qui est valable pour la
vision du monde, ne correspond
toujours qu'à une certaine époque,
qu'il faut connaître la nature de
cette époque. Lors de conférences
précédentes, j'ai souvent dit ici
que la science de l'esprit,
orientée anthroposophiquement,
telle que je l'exprime ici, ne
s'imagine pas être quelque chose
d'absolu. Mais elle croit qu'elle
parle depuis le cœur du présent et
de l'avenir proche, qu'elle dit
pour les âmes humaines ce dont ces
âmes humaines ont besoin dans le
présent et l'avenir proche. Mais
elle sait très bien, cette science
de l'esprit, que lorsque, dans
cinq cents ans, quelqu'un parlera
à nouveau des grandes énigmes de
l'immensité et des affaires de
l'humanité, il parlera sur un
autre ton, d'une autre manière,
car il n'y a rien d'absolu dans ce
sens, rien d'éternellement
durable.
|
27
|
Das
ist heute das Schlimmste, daß die
Menschen, indem sie von Idealen
oder Lebensimpulsen reden, immer
alles verabsolutieren. Wenn heute
irgendein Parteimensch oder ein
schwärmerischer Theoretiker, der
das tausendjährige Reich
herbeiführen möchte, auftritt, da
sagen sie: dies oder jenes will
ich für die Menschheit — und sie
denken sich dabei, das, was sie da
aussprechen, sei gut für die
Menschheit in alle folgenden
Zeiten hinein und über die ganze
Erde hin. Das sei im absolutesten
Sinne gut. Wer wirklich
hineinschaut in das Leben der sich
entwickelnden Menschheit, der
weiß, daß dasjenige, was gut ist,
was gültig ist für die
Weltanschauung, immer nur für ein
gewisses Zeitalter entsprechend
ist, daß man die Natur dieses
Zeitalters kennen muß. Ich habe
bei früheren Vorträgen hier öfter
gesagt: Geisteswissenschaft,
anthroposophisch orientiert, wie
ich sie hier ausspreche, bildet
sich nicht ein, etwas Absolutes zu
sein. Sie glaubt aber, daß sie aus
dem Herzen der Gegenwart und der
nächsten Zukunft heraus so redet,
daß sie für Menschenseelen das
sagt, was diese Menschenseelen in
der Gegenwart und in der nächsten
Zukunft brauchen. Sie weiß aber
sehr gut, diese
Geisteswissenschaft: wenn in
fünfhundert Jahren wiederum jemand
sprechen wird von den großen
Weitenrätseln und von den
Menschheits‑ angelegenheiten, so
wird er =in anderen Tönen, in
anderer Art sprechen, denn es gibt
nichts Absolutes in diesem Sinne,
nichts ewig Dauerndes.
|
C'est tout de suite par
cela que nous agissons dans la
vie, en ce que nous sommes
capables de la comprendre dans sa
vivacité, dans sa métamorphose,
aussi là où nous sommes. Il est
plus facile d'établir des idéaux
absolus dans l'abstraction que de
connaître d'abord son époque et de
parler de ce qui lui convient à
partir de l'essence de cette
époque. Ensuite, lorsque l'humain,
en recevant les impulsions
spirituelles scientifiques,
s'imprégnera, comme cela a été
indiqué, de ce qui lui vient de
l'esprit, alors il saura qu'en
tant qu'être humain, il est
esprit, il est âme, alors il saura
qu'il vit à travers le monde en
tant qu'esprit et âme. Et alors,
il s'adressera à tout autre être
humain en tant qu'esprit et âme.
On aimerait dire qu'il en
proviendra un monstrueux si cela
devient une science de l'esprit
dans la vie humaine, si cela
devient une mentalité imprégnant
cette vie humaine, ainsi que l'on
affronte l'autre humain avec une
pleine conscience, comme une
énigme que l'on doit résoudre,
parce que l'on regarde avec chaque
humain dans un infini, dans des
souterrains et des abîmes
spirituels.
|
28
|
Gerade
dadurch wirken wir im Leben, daß
wir es in seiner Lebendigkeit, in
seiner Metamorphose auch da, wo
wir drinnen-stehen, entsprechend
aufzufassen vermögen. Leichter ist
es, in Abstraktionen absolute
Ideale aufzustellen, als erst sein
Zeitalter kennenzulernen und aus
dem Wesen dieses Zeitalters heraus
das zu sprechen, was ihm
angemessen ist. Dann, wenn aus dem
Aufnehmen der
geisteswissenschaftlichen Impulse
der Mensch sich so, wie das
angeführt worden ist, durchdringt
mit dem, was ihm vom Geiste kommt,
dann wird er wissen, daß er als
Mensch Geist ist, Seele ist, dann
wird er wissen, daß er lebt durch
die Welt als Geist und Seele. Und
dann wird er jeden anderen
Menschen als Geist und Seele
ansprechen. Ein Ungeheures, möchte
man sagen, wird hervorgehen, wenn
das zur Geisteswissenschaft wird
im Menschenleben, zu dieses
Menschenleben durchtränkender
Gesinnung wird so, daß man mit
vollem Bewußtsein dem anderen
Menschen entgegentritt wie einem
Rätsel, das man zu lösen hat, weil
man mit jedem Menschen in ein
Unendliches, in geistige
Untergründe und Abgründe
hineinblickt.
|
Ce qui se forme là à
partir de cette vision réelle du
cohumain en tant qu'esprit et âme
donnera des forces sociales et
morales qui devront constituer la
base d'un véritable traitement de
la question sociale si brûlante à
notre époque. Je ne peux pas me
représenter autre chose que ceux
qui souffrent certains tourments
de l'âme, qui pénètrent toute
l'essence de la question sociale
et qui, en même temps, laissent
agir sur eux la constitution
actuelle de l'humanité. Nous
vivons à une époque où la question
sociale doit être résolue d'une
certaine manière. Nous vivons en
même temps à une époque où les
promoteurs de l'ordre social sont
habités par les pulsions les plus
antisociales, où l'exigence d'une
organisation sociale de la vie
apparaît comme la contrepartie de
ce qui vit dans l'âme humaine
comme pulsions antisociales. On a
beau élaborer les plus beaux
programmes, on a beau se faire de
belles idées sur ce qui doit
devenir la solution de la question
sociale, on ne peut trouver un
chemin vers la solution que si
l'esprit est vu, senti, ressenti
parmi les humains, si les humains
se confrontent les uns aux autres
de telle sorte qu'ils respectent,
protègent, honorent, aiment
l'esprit et l'âme de leurs
semblables, et pas seulement ce
que l'on a aujourd'hui à côté de
soi dans son prochain/cohumain.
|
29
|
Was
sich da bildet aus diesem
wirklichen Anschauen des
Mitmenschen als Geist und Seele,
das wird sozial-sittliche Kräfte
geben, welche die Grundlage werden
bilden müssen für eine wirkliche
Behandlung der so brennenden
sozialen Frage in unserer Zeit.
Ich kann mir nicht anders
vorstellen, als daß ,diejenigen
geradezu gewisse Seelenqualen
leiden, die das ganze Wesen der
sozialen Frage durchschauen und zu
gleicher Zeit die heutige
Menschheitsverfassung auf sich
wirken lassen. Wir leben in einer
Zeit, wo die soziale Frage gelöst
sein will in einer bestimmten
Weise. Wir leben zugleich in einer
Zeit, in der die Förderer der
sozialen Ordnung durchseelt sind
von den antisozialsten Trieben, wo
einem die Forderung nach sozialer
Gestaltung des Lebens wie der
Widerpart erscheint zu dem, was in
den Menschenseelen als antisoziale
Triebe lebt. Man mag die schönsten
Programme aufstellen, man mag sich
noch so schönen Vorstellungen
hingeben über das, was werden soll
zur Lösung der sozialen Frage,
ein Weg zur Lösung kann sich nur
finden, wenn Geist geschaut,
gefühlt, empfunden wird unter den
Menschen, wenn die Menschen so
einander gegenübertreten, daß sie
in ihren Mitmenschen achten,
schützen, ehren, lieben Geist und
Seele, nicht bloß dasjenige, was
man heute im Mitmenschen neben
sich hat.
|
C'est pourquoi, dans mon
livre "Les points essentiels de la
question sociale", j'ai exigé que
la vie de l'esprit soit séparée du
reste de la vie sociale, afin que
cette vie de l'esprit ne puisse
être placée que sur ses propres
bases, qu'elle puisse suivre
purement la nature humaine,
indépendamment de l'État et
indépendamment des impulsions
économiques. Seule une telle vie
de l'esprit libre répandra
réellement parmi les humains des
instincts sociaux, des conceptions
et des mentalités sociales. La
moralité sociale dépend aussi de
l'assimilation par les humains,
dans leur état d'âme, de ce qu'ils
peuvent devenir en suivant ce que
l'on a à dire à partir des
recherches de la science de
l'esprit.
|
30
|
Darum
habe ich in meinem Buch «Die
Kernpunkte der sozialen Frage» die
Absonderung des Geisteslebens von
dem übrigen sozialen Leben
gefordert, damit dieses
Geistesleben nur auf seine eigenen
Untergründe gestellt werden kann,
unabhängig vom Staatlichen und
unabhängig von wirtschaftlichen
Impulsen rein der Menschennatur
folgen kann. Nur ein solches
freies Geistesleben wird wirklich
auch soziale Triebe, soziale
Auffassungen und Gesinnungen unter
die Menschen verbreiten. Auch die
soziale Sittlichkeit hängt daran,
daß die Menschen in ihre
Seelenverfassung das aufnehmen,
was ihnen werden kann im Verfolge
dessen, was man zu sagen hat aus
den Forschungen der
Geisteswissenschaft heraus.
|
Et l'élément religieux,
dans lequel l'humain doit reposer
en tant qu'ensemble précieux et
digne, afin qu'il ne se sente pas
comme un simple voyageur solitaire
dans le monde, mais comme un
membre de l'ensemble du monde, ne
peut être attisé et stimulé, dans
le sens dont l'humain moderne a
besoin, que par ce qui est conquis
comme ambiance dans la poursuite
de la science de l'esprit.
|
31
|
Und
das, worin der Mensch als in einem
werten und würdigen Ganzen ruhen
muß, damit er sich nicht als
bloßer einsamer Weltenwanderer
fühle, sondern als ein Glied des
Weltenganzen, das religiöse
Element, es kann in dem Sinne, wie
das der moderne Mensch braucht,
wohl auch nur angefacht und
angefeuert werden durch dasjenige,
was als Stimmung errungen wird im
Verfolgen der Gesteswissenschaft.
|
Ces événements de l'ordre
cosmique ou de l'évolution humaine
sur lesquels se portent les
regards des sentiments religieux,
ils sont là comme des faits. Le
mystère du Golgotha, par exemple,
se tient là comme un fait. Ce qui
s'est passé en Palestine au début
de notre ère, l'incarnation du
Christ en Jésus, est un fait. Il
faut distinguer ce fait, ce fait
objectif, de la manière dont
l'humain s'approche de la
compréhension, de la contemplation
d'un tel fait. À l'époque où le
christianisme s'est d'abord
répandu, il a pu s'écouler au sein
des conceptions de l'humanité qui
étaient encore venues de l'Orient
ancien, on a compris ce qui s'est
passé en Palestine comme
l'événement du Golgotha avec des
représentations qui venaient d'une
certaine manière des temps
anciens, des conceptions
primitives de l'humanité. Tout au
long des siècles, les humains qui
pouvaient l'être étaient honnêtes
et sincères, comprenant
l'événement du Golgotha à travers
de telles représentations. Puis
vint l'époque où le galiléisme fit
son apparition, où Giordano Bruno
dépassa l'espace d'une manière si
étrange pour la vision humaine, en
montrant que ce qui est là-haut le
firmament bleu n'est que ce qui
vit en nous-mêmes, les limites que
nous fixons nous-mêmes, tandis que
dans un vaste océan spatial, les
étoiles sont à l'infini. Tout ce
que Copernic a apporté, tout ce
qui a été introduit dans la
nouvelle vision du monde extérieur
par les esprits qui ont vécu
jusqu'à aujourd'hui, est arrivé. À
cette époque, les humains se sont
habitués intérieurement à une
autre vision du monde que celle
par laquelle le christianisme a
d'abord été compris. C'est aussi à
cette époque qu'un nouveau rapport
doit être établi avec les
fondements religieux de
l'évolution de l'humanité. Il ne
s'agit pas d'ébranler les faits
qui sont à la base de l'évolution
religieuse de l'humanité. Mais il
s'agit de faire appel aujourd'hui
à la conscience humaine moderne de
telle sorte que l'humain
d'aujourd'hui puisse comprendre
l'événement du Christ à partir de
son état d'âme, comme il le doit.
|
32
|
Diejenigen
Ereignisse der Weltenordnung oder
der menschlichen Entwickelung, auf
die die religiösen Empfindungen
hinschauen, sie stehen als
Tatsache da. Als Tatsache steht da
zum Beispiel das Mysterium von
Golgatha. Als Tatsache steht da,
was im Beginn unserer Zeitrechnung
in Palästina sich abgespielt hat
als die Menschwerdung des Christus
in dem Jesus. Man muß
unterscheiden diese Tatsache,
diese objektive Tatsache, von der
Art und Weise, wie der Mensch sich
nähert dem Verstehen, dem
Anschauen einer solchen Tatsache.
in den Zeiten, in denen das
Christentum sich zuerst
ausgebreitet hat, da konnte es
strömen innerhalb der
Menschheitsgesinnungen, die noch
herübergekommen sind aus dem alten
Orient, man verstand das, was in
Palästina als das Ereignis von
Golgatha geschehen ist, mit den
Vorstellungen, die in gewisser
Weise aus alten Zeiten, aus
urtümlichen
Menschheitsanschauungen stammten.
Durch die Jahrhunderte hindurch
waren die Menschen, die es sein
konnten, ehrlich und aufrichtig,
indem sie das Ereignis von
Golgatha verstanden durch solche
Vorstellungen. Dann kam aber die
Zeit, in welcher der Galileismus
auftauchte, in welcher Giordano
Bruno in einer so merkwürdigen
Weise für die menschliche
Anschauung den Raum überwand,
indem er zeigte, daß, was da oben
blaues Firmament ist, nur
dasjenige ist, was in uns selber
lebt, die Grenzen, die wir selber
setzen, während in einem weit
ausgedehnten Raumesmeere die
Sterne sind in einer
Unendlichkeit. Es kam alles
dasjenige, was Kopernikus brachte,
was gebracht wurde in die neuere
Weltanschauung des Äußerlichen
durch die Geister, die gelebt
haben bis heute. In dieser Zeit
haben die Menschen innerlich sich
gewöhnt an ein anderes Anschauen
der Welt, als dasjenige war, durch
das zuerst das Christentum
begriffen worden ist. In dieser
Zeit muß auch ein neues Verhältnis
gewonnen werden zu den religiösen
Grundlagen der
Menschheitsentwickelung. Nicht
handelt es sich darum, etwas zu
erschüttern an den Tatsachen, die
der religiösen Entwickelung der
Menschheit zugrunde liegen. Es
handelt sich aber darum, heute an
das moderne Menschengewissen so zu
appellieren, daß der Mensch der
heutigen Zeit aus seiner
Seelenverfassung heraus so, wie er
es muß, das Christus-Ereignis
verstehen könne.
|
Ceux qui sont les plus
honnêtes et les plus respectueux
envers la religion sont ceux qui
disent qu'il faut aussi chercher
un nouveau chemin vers les faits
anciens sur le terrain religieux.
La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement devient la
meilleure préparation à la
compréhension moderne du
christianisme ou d'autres contenus
religieux. Ceux qui ne l'admettent
pas ne sont pas honnêtes avec la
vie religieuse, car ils veulent
préserver les chemins qui mènent
aux fondements de la vie
religieuse, auxquels l'humain
d'aujourd'hui, s'il rend hommage
aux conceptions de son temps, ne
peut pas rendre hommage.
|
33
|
Die
meinen es mit der Religion am
ehrlichsten und am
ehrerbietigsten, die da sagen:
ein neuer Weg muß auch zu den
alten Tatsachen auf religiösem
Boden gesucht werden.
Geisteswissenschaft,
anthroposophisch orientiert, wird
die beste Vorbereitung, in der
modernen Art das Christentum oder
andere religiöse Inhalte zu
verstehen. Diejenigen meinen es
nicht ehrlich mit dem religiösen
Leben, die das nicht zugeben, denn
sie wollen Wege bewahren zu den
Grundlagen des religiösen Lebens,
denen heute der Mensch, wenn er
sonst den Anschauungen seiner Zeit
huldigt, nicht huldigen kann.
|
Nous en sommes arrivés au
matérialisme à l'époque moderne.
Certes, différentes sortes
d'humains sont devenus les
instigateurs du matérialisme ;
mais parmi ces humains, il y a
aussi ceux qui ont conservé
certaines anciennes habitudes de
vie dans l'évolution de
l'humanité, des habitudes de vie
qui sont allées jusqu'à donner aux
confessions un monopole sur tout
ce qui peut être dit sur l'esprit
et l'âme. Du fait que les
confessions de foi avaient seules
le droit de décider de ce qu'il
fallait croire sur l'esprit et
l'âme, la recherche sur la nature
s'est retrouvée sans esprit. La
recherche sur la nature croit
aujourd'hui qu'elle a pris sa
forme parce qu'il doit en être
ainsi dans la recherche sur la
nature, qu'il faut éliminer
l'esprit. Oh non, la recherche sur
la nature est devenue ainsi parce
qu'autrefois il était interdit de
faire des recherches sur la nature
avec l'esprit, car c'était
l'Église qui décidait de l'esprit
et de l'âme. Et aujourd'hui, on
perpétue les habitudes et on les
affiche en plus comme un jugement
scientifique sans préjugés.
|
34
|
Wir
haben es in der neueren Zeit zum
Materialismus gebracht. Gewiß,
verschiedene Arten von Menschen
sind die Veranlasser des
Materialismus geworden; aber unter
diesen Menschen sind auch die,
welche bewahrt haben gewisse alte
Lebensgewohnheiten in der
Menschheitsentwickelung,
Lebensgewohnheiten, die dahin
gingen, daß man den Bekenntnissen
ein Monopol gegeben hat auf alles
das, was über Geist und Seele zu
sagen ist. Dadurch, daß die
Bekenntnisse allein das Recht
hatten, zu entscheiden, was man
glauben müsse über Geist und
Seele, dadurch kam es, daß die
Naturforschung ohne Geist
forschte. Die Naturforschung
glaubt heute, sie habe ihre
Gestalt dadurch angenommen, daß es
eben so sein müsse beim
Naturforschen, daß man ausschalten
müsse den Geist. O nein, die
Naturforschung ist so geworden,
weil in früheren Zeiten es
verboten war, über die Natur mit
Geist zu forschen, denn über den
Geist und über die Seele hatte die
Kirche zu entscheiden. Und heute
setzt man die Gewohnheiten fort
und posaunt sie noch dazu aus als
vorurteilsloses wissenschaftliches
Urteil.
|
Qu'on regarde seulement
une fois chez de tels chercheurs
qui doivent être loués au plus
haut point dans le sens d'une
recherche matérialiste, par
exemple comme le père jésuite et
chercheur sur les fourmis Wasmann,
l'excellent chercheur matérialiste
dans le domaine de la recherche
sur la nature, un chercheur qui ne
laisse pas non plus entrer une
once d'esprit de ce qui est le
dogme. L'esprit et l'âme doivent
rester en dehors de cela. C'est
pourquoi la science extérieure est
matérialiste. Ce ne sont pas les
porteurs des religions de
confession qui sont les fondateurs
du matérialisme moderne, loin de
là. Aussi paradoxal que cela
puisse paraître aujourd'hui, c'est
ainsi : parce que l'Église n'a pas
permis à l'esprit d'entrer dans la
contemplation de la nature, la
science de la nature est devenue
dépourvue d'esprit. Les autres
n'ont fait qu'en prendre
l'habitude. La science de l'esprit
d'orientation anthroposophique
doit réintroduire l'esprit dans
l'étude de la nature. Encore une
fois, je voudrais dire que cette
science de l'esprit ne se base pas
sur le fait que l'esprit doit
seulement, comme dans le
matérialisme, faire de temps en
temps des visites de logis ou de
brèves visites passagères, afin
que l'humain puisse se convaincre
qu'il y a un esprit - non, cette
science de l'esprit veut montrer
que dans les petites et les
grandes choses, dans tout ce qui
est matériel, il y a toujours et
partout de l'esprit, que l'on peut
toujours et partout suivre
l'esprit. Mais du fait que la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement explore
toujours et partout l'esprit dans
ce qu'il y a de plus matériel,
elle démontre qu'il n'y a pas plus
de matière à côté de l'esprit en
tant qu'entité indépendante qu'il
n'y a de glace dans l'eau en tant
qu'entité indépendante - la glace
est de l'eau transformée, l'eau
est refroidie, la matière est
esprit, solidifiée. Il suffit de
l'expliquer de manière correcte.
En montrant comment l'esprit agit
partout où il y a de la matière,
partout où il y a une vie
extérieure, et en amenant l'humain
à s'unir à l'esprit qui agit, la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement fournit
aujourd'hui encore les impulsions
nécessaires à un véritable
approfondissement religieux.
|
35
|
Man
sehe nur einmal nach bei solchen
Forschern, die im Sinne von
materialistischer Forschung aufs
höchste gelobt werden müssen, wie
zum Beispiel bei dem Jesuitenpater
und Ameisenforscher Wasmann, dem
ausgezeichneten materialistischen
Forscher auf dem Gebiete der
Naturforschung, ein Forscher, der
aber auch nicht ein Quentchen
Geist hineinfließen läßt von
demjenigen, was das Dogma ist. Da
muß Geist und Seele herausbleiben.
Deshalb: äußere Wissenschaft
materialistisch. Nicht zum
geringsten Teile sind die Träger
der Bekenntnisreligionen die
Begründer des modernen
Materialismus. So paradox das
heute klingt, es ist so: weil die
Kirche in die Naturbetrachtung den
Geist hineinzutragen nicht
erlaubte, deshalb ist die
Naturwissenschaft geistlos
geworden. Die anderen haben sich
das nur als Gewohnheit angeeignet.
Anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft muß in die
Naturforschung wieder den Geist
hineintragen. Noch einmal möchte
ich sagen: Nicht steht diese
Geisteswissenschaft auf dem Boden,
daß der Geist nur wie beim
Materialismus zuweilen
Logierbesuche oder kurze
vorübergehende Besuche machen
soll, damit der Mensch sich
überzeugen kann, daß es einen
Geist gibt — nein, diese
Geisteswissenschaft will zeigen,
daß im Kleinen und Großen, in
allem Materiellen immer und
überall Geist ist, daß man immer
und überall den Geist verfolgen
kann. Dadurch aber, daß
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft immer und
überall im Materiellsten den Geist
erforscht, darlegt, daß es ein
Materielles neben dem Geist
ebensowenig als Selbständiges
gibt, wie es Eis in dem Wasser als
Selbständiges gibt — Eis ist
verwandeltes Wasser, ist Wasser
abgekühlt, Materie ist Geist,
verfestigt. Man muß es im
einzelnen nur in der richtigen
Weise erklären. Indem
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft zeigt, wie
überall, wo Materie ist, wo
äußeres Leben ist, Geist waltet
und den Menschen dazu bringt, sich
mit dem waltenden Geiste zu
verbinden, liefert sie auch heute
die Antriebe zu einer wirklichen
religiösen Vertiefung.
|
Mais on vit donc bien des
choses différentes sur ce champ.
Voyez-vous, voici l'expérience
d'un homme même bien intentionné.
Quelqu'un dit : la science de
l'esprit telle que la donne
Steiner, je ne peux pas l'examiner
; elle peut contenir des vérités,
mais il faut la tenir complètement
à l'écart de toute vie religieuse,
car la vie religieuse, loin de
toute connaissance, doit
représenter une relation directe,
une union directe de l'humain avec
Dieu. Et maintenant, l'intéressé
dit très curieusement : à notre
époque, nous avons trop d'intérêt
religieux, trop d'expérience
religieuse, les humains veulent
toujours vivre quelque chose de
religieux. Ils veulent avoir un
intérêt religieux. On n'a pas
besoin de tout cela dans la
religion. Dans la religion, on n'a
besoin que de l'unité immédiate de
l'humain avec Dieu. Fini, dit
l'homme d'église en question, avec
tout intérêt religieux, toute
expérience religieuse.
|
36
|
Aber
man erlebt ja auf diesem Felde gar
mancherlei. Sehen Sie, ein
Erlebnis von einem sogar
gutwilligen Manne ist das
Folgende. Da sagt jemand: die
Geisteswissenschaft, wie sie der
Steiner gibt, ich kann sie nicht
prüfen; sie mag Wahrheiten
enthalten, aber man soll sie ganz
fernhalten von jeglichem
religiösen Leben, denn das
religiöse Leben, das muß fern von
aller Kenntnis ein unmittelbares
Verhältnis, eine unmittelbare
Einheit des Menschen mit Gott
darstellen. Und nun sagt der
Betreffende sehr merkwürdig: wir
haben in unserer Zeit zu viel von
religiösem Interesse, von
religiösem Erleben, die Menschen
wollen nur immer etwas Religiöses
erleben. Sie wollen religiöses
Interesse haben. Das braucht man
alles nicht in der Religion. In
der Religion braucht man nur
unmittelbare Einheit des Menschen
mit Gott. Weg, sagt der
betreffende Kirchenmann, mit allem
religiösen Interesse, mit allem
religiösen Erleben.
|
Eh bien, un humain sans
préjugés doit dire aujourd'hui que
si les humains aspirent encore
aujourd'hui à une expérience
religieuse peu claire, s'ils
éveillent encore en eux un intérêt
religieux peu clair, c'est
justement le début de cette
aspiration à trouver vraiment un
chemin, comme je vous l'ai décrit
maintenant, vers l'élément
religieux. Celui qui veut
honnêtement et sincèrement la vie
religieuse devrait saisir
l'impulsion de l'intérêt
religieux, de l'expérience
religieuse. Au lieu de cela,
l'humain d'Église réprouve
l'expérience religieuse, l'intérêt
religieux. On se demande
aujourd'hui où se trouve la
véritable compréhension
religieuse, chez ceux qui parlent
ainsi ou chez ceux qui essaient de
parler comme je vous ai parlé
aujourd'hui. Mais là aussi, il
faut reconnaître les gens à leurs
fruits.
|
37
|
Nun,
ein vorurteilsloser Mensch muß
heute sagen, wenn die Menschen
heute auch noch nach einem
unklaren religiösen Erleben
lechzen, wenn sie auch noch ein
unklares religiöses Interesse in
sich erwecken, so ist das eben der
Anfang zu jener Sehnsucht,
wirklich einen Weg, wie ich ihn
Ihnen jetzt geschildert habe, in
das religiöse Element hinein zu
finden. Wer es ehrlich und
aufrichtig mit dem religiösen
Leben meint, der sollte ergreifen
jenen Trieb des religiö‑ sen
Interesses, des religiösen
Erlebens. Statt dessen verpönt der
Kirchenmann religiöses Erleben,
religiöses Interesse. Man fragt
heute, wo wirkliches religiöses
Verständnis ist, bei denen, die so
sprechen, oder bei denjenigen, die
versuchen, so zu sprechen, wie ich
heute zu Ihnen gesprochen habe.
Allerdings, man muß auch da an
ihren Früchten die Leute erkennen.
|
Un homme qui est aussi un
homme d'Église, mais qui est aussi
professeur d'université, a tenté
récemment, dans une conférence, de
réfuter la science de l'esprit
orientée anthroposophiquement.
Deux de mes jeunes amis ont
assisté à cette conférence, et ils
ont pu s'exprimer ensuite lors de
la discussion. Comme le contexte
l'exigeait, ces deux jeunes gens,
qui avaient pourtant bien reçu les
impulsions de la science de
l'esprit, ont présenté des paroles
de la Bible pour prouver à quel
point ce qui est écrit dans la
Bible, si on le comprend
correctement, correspond à ce que
la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement a à dire dans
ce domaine. Et là, le président,
qui était un vrai homme d'Église,
n'a pas pu s'empêcher de dire à un
moment donné : "Le Christ n'a pas
raison : ici, le Christ se trompe
! On pouvait lui rétorquer : tu
crois donc en un Dieu qui se
trompe ! Belle attitude/mentalité
religieuse. Elle fleurit
étrangement aujourd'hui. La
mentalité religieuse est seulement
authentique lorsqu'elle se
transforme en vie morale. Mais là,
on fait de drôles d'expériences.
Je trouve maintenant que toute une
série de journaux allemands ont
menti du début à la fin sur ce qui
apparaît comme conséquence sociale
dans cette science de l'esprit
orientée anthroposophiquement, et
c'est à peu près ce qui peut être
dit de plus général. Mais les
humains trouvent cela compatible
avec la morale d'aujourd'hui, à
une époque où ce qui suit peut se
produire, disons, comme
conséquence morale de la pratique
religieuse. Récemment, dans une
ville, un chanoine, c'est-à-dire
un homme d'Église de type
catholique, a tenu une conférence
sur cette science de l'esprit, et
à la fin, il a dit :
convainquez-vous en lisant les
écrits de l'adversaire de la
vision du monde que cet homme
défend, car vous ne pouvez pas
lire ses propres écrits ni ceux de
ses partisans. Le pape a en effet
interdit aux catholiques de les
lire.
|
38
|
Ein
Mann, der auch ein Kirchenmann,
aber allerdings daneben auch noch
Universitätsprofessor ist,
versuchte in einem Vortrag vor
kurzem eine Widerlegung der
anthroposophisch orientierten
Geisteswissenschaft. Zwei junge
Freunde von mir waren in diesem
Vortrag, und sie konnten nachher
in der Diskussion sprechen. Weil
der Zusammenhang es ergab, so
brachten diese beiden jungen
Leute, die aber gut aufgenommen
hatten die Impulse der
Geisteswissenschaft, Worte der
Bibel vor, um zu beweisen, wie
übereinstimme das, was in der
Bibel steht, wenn es richtig
verstanden wird, mit demjenigen,
was auf diesem Gebiete
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft zu sagen hat.
Und da wußte sich der
Vorsitzende, der ein richtiger
Kirchenmann war, nicht anders zu
helfen, als daß er sagte an einer
Stelle: Hier irrt Christus! Es
konnte ihm erwidert werden: Also
du glaubst an einen Gott, der
irrt! Schöne religiöse Gesinnung.
Sie treibt sonderbare Blüten
heute. Religiöse Gesinnung ist nur
echt, wenn sie ins wirklich
moralische Leben übertritt. Da
macht man allerdings sonderbare
Erfahrungen. So ziemlich das
Allergemeinste, was gesagt werden
kann, finde ich jetzt durch eine
ganze Reihe deutscher Zeitungen
über dasjenige, was als soziale
Konsequenz auftritt in dieser
anthroposophisch orientierten
Geisteswissenschaft, vom Anfang
bis zum Ende erlogen. Aber die
Menschen finden es mit einer Moral
heute vereinbar, allerdings in
einer Zeit, in der das Folgende
als Moralkonsequenz religiöser
Praxis, sagen wir, geschehen kann.
Vor kurzem hat auch in einer Stadt
ein Domkapitular, also ein
Kirchenmann von der katholischen
Art, einen Vortrag gehalten über
diese hier vertretene
Geisteswissenschaft, und am
Schlusse hat er gesagt: überzeugen
Sie sich aus den gegnerischen
Schriften, was der Mann für eine
Weltanschauung vertritt, denn
seine eigenen Schriften und die
seiner Anhänger dürfen Sie nicht
lesen. Die hat nämlich zum Lesen
für Katholiken der Papst verboten.
|
La recommandation
d'apprendre quelque chose à partir
de ce qui est malveillant, à
partir des écrits adverses les
plus malveillants, est la
conséquence morale de certaines
pratiques religieuses actuelles.
Il n'est pas étonnant que ce que
nous avons vécu au cours des cinq
dernières années se soit déversé
sur le monde à partir de tels
fondements de la vie. Ne
s'agissait-il pas d'une dérive
superficielle du mensonge, de la
haine de l'humain et de bien
d'autres choses, mais qui
s'enracinait et s'enracine encore
aujourd'hui dans les profondeurs
de l'âme humaine ? Le fait que
l'on a vécu ne devrait-il pas
inciter à se demander très
sérieusement s'il n'est pas
nécessaire de réapprendre à fond ?
Une sorte d'immoralité historique
mondiale n'est-elle pas apparue à
la surface de l'histoire mondiale
actuelle ? Ou est-ce un sentiment
religieux qui s'est manifesté dans
le monde au cours des cinq
dernières années ? Les mentalités
qui n'auraient pas eu des siècles,
des millénaires pour travailler à
l'amélioration de l'humanité, vous
voyez aujourd'hui leurs fruits !
La théologie du XIXe siècle ne
sait plus rien de la spiritualité
de l'événement du Golgotha. Cette
spiritualité, ce Christ divin dans
l'humain Jésus, sera retrouvé sur
le chemin de la science de
l'esprit orientée
anthroposophiquement. De là, elle
pénétrera à nouveau dans les âmes
humaines pour les inciter à ne pas
se contenter de prêcher la morale,
mais à fonder en elles le bon
instinct, la bonne impulsion de
l'action et du travail moraux dans
le monde. Un renouvellement, une
construction ne sont-ils pas
manifestement nécessaires ? Cette
nécessité ne s'impose-t-elle pas
si l'on considère les événements
des cinq ou six dernières années,
n'y voit-on pas les fruits de ce
qui a vécu pendant des siècles
sous la surface et qui est
maintenant remonté à la surface ?
Cela ne devrait-il pas être la
preuve de la nécessité d'un
travail religieux et moral
approfondi ?
|
39
|
Die
Empfehlung, etwas kennenzulernen
aus dem Übelgewollten, aus den
übelwollendsten gegnerischen
Schriften, das ist moralische
Konsequenz mancher religiösen
Praxis der Gegenwart. Kein
Wunder, daß aus solchen
Untergründen des Lebens über die
Welt hin sich das ergossen hat,
was wir in den letzten fünf Jahren
erlebt haben. Oder war es nicht
ein An-die-Oberfläche-Treiben von
Lüge und Menschenhaß und vielem
anderen, was aber wurzelte und
heute noch wurzelt in den Tiefen
der Menschenseelen? Sollte die
Tatsache, die man erlebt hat,
nicht Veranlassung geben, ganz
ernstlich mit sich zu Rate zu
gehen, ob nicht ein gründliches
Umlernen notwendig sei? Ist nicht
an die Oberfläche des
Welthistorischen in der Gegenwart
so etwas wie welthistorische
Unmoral gekommen? Oder ist es
religiöse Gesinnung, die sich in
den letzten fünf Jahren in der
Welt ausgelebt hat? Die
Gesinnungen, die nicht
Jahrhunderte, die Jahrtausende
Zeit gehabt hätten, an der
Verbesserung der Menschheit zu
arbeiten, Sie sehen heute ihre
Früchte! Die Theologie des 19.
Jahrhunderts weiß nichts mehr von
der Geistigkeit des Ereignisses
von Golgatha. Diese Geistigkeit,
dieser göttliche Christus in dem
Menschen Jesus, auf dem Wege
anthroposophisch orientierter
Geisteswissenschaft wird er wieder
gefunden werden. Von da aus wird
er wiederum in die Menschenseelen
einziehen, um sie zu veranlassen,
daß sie nicht bloß predigen von
Moral, sondern daß in ihnen
begründet werde das richtige
Triebhafte, das richtige Impulsive
des moralischen Wirkens und
Arbeitens in der Welt. Ist nicht
eine Erneuerung, ein Aufbau
augenscheinlich notwendig? Stellt
sich diese Notwendigkeit nicht
heraus, wenn man die Ereignisse
der letzten fünf bis sechs Jahre
betrachtet, sieht man nicht da die
Früchte desjenigen, was
jahrhundertelang unter der
Oberfläche gelebt hat und jetzt
heraufgekommen ist? Sollte das
nicht Beweis sein, daß gründliche
religiös-moralische Arbeit
notwendig ist?
|
La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement veut
collaborer à ce travail, dont
toute personne impartiale doit
aujourd'hui admettre la nécessité
si elle ne dort pas avec son âme
au milieu des grands événements de
l'époque. Et celui qui veut la
critiquer, la condamner devrait
d'abord se poser la question
fondamentale : veut-elle
sincèrement collaborer au progrès
réel de l'humanité ? - Et
lorsqu'il se sera
consciencieusement informé, de
manière à pouvoir porter un
jugement à ce sujet, alors
seulement apparaîtra dans quelle
mesure cette science de l'esprit
orientée anthroposophiquement a le
droit d'y collaborer. Car elle
veut collaborer honnêtement et
sincèrement au progrès nécessaire,
au changement de mentalité et au
réapprentissage de l'humanité.
|
40
|
An
dieser Arbeit, deren Notwendigkeit
jeder Unbefangene heute zugeben
muß, wenn er nicht mit seiner
Seele schläft innerhalb der großen
Ereignisse der Zeit, möchte die
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft mitarbeiten.
Und wer sie kritisieren, wer sie
verdammen will, der sollte erst
die gründliche Frage aufwerfen:
will sie ehrlich mitarbeiten an
dem wirklichen Fortschritt der
Menschheit? — Und wenn er sich
gewissenhaft davon unterrichtet
hat, so daß er ein Urteil darüber
hat gewinnen können, dann wird
sich erst zeigen, inwiefern diese
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft ein Recht
hat, mitzuarbeiten. Denn sie
möchte ehrlich und aufrichtig an
dem notwendigen Fortschritt, an
dem notwendigen Umdenken und
Umlernen der Menschheit
mitarbeiten.
|
Français
seulement
LES FORCES MORALES ET RELIGIEUSES DANS LE
SENS DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT
Troisième conférence, Bâle, 7 janvier 1920
LES FORCES MORALES ET RELIGIEUSES DANS LE SENS
DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT -
Troisième conférence,
Bâle, 7 janvier 1920
Capacité de connaissance et motivations morales.
Chemin à la connaissance imaginative. Exercices
pour développer la vie de volonté. La
pénétration des imaginations par inspirations
morales. Connaissances de sciences de l’esprit
comme expériences. Causalité naturelle et la
liberté dans leur rapport à la moralité. Amour
comme la plus digne motivation à l’action
morale. Science de l’esprit non pas comme un
prédicateur, mais fondateur de la morale. La
connaissance d'esprit et d'âme et de leur
importance pour la science actuelle.
01
Une vision du monde, telle qu'elle veut l'être
la spirituelle scientifique, doit faire ses
preuves en donnant à l'humain un appui pour ce
dont il a besoin dans la vie. Le soutien pour la
vie doit être ce que nous pouvons appeler
l'aptitude morale, la force morale. Mais le
soutien pour la vie doit aussi être, entre
autres, ce que nous pouvons appeler la
constitution intérieure de l'âme qui peut être
donnée à l'humain par le fait qu'il se sent
membre du grand ensemble cosmique, qu'il se sent
intégré dans l'ensemble cosmique de la manière
qui correspond à ce que l'on peut appeler son
besoin religieux. En ce qui concerne tout
d'abord la force morale intérieure de l'humain,
Schopenhauer a prononcé une parole excellente,
même si les explications ultérieures qu'il a
attachées à ces paroles à sa manière semblent
assez contestables. Il a dit : prêcher la morale
est facile, fonder la morale est difficile. -
C'est effectivement une parole de vie. Car
comprendre en général ce qu'est le bien, ce que
la vie morale exige de nous, c'est relativement
facile en tant qu'affaire d'intellect. Par
contre, faire surgir des forces primitives de
l'âme les impulsions nécessaires à l'humain pour
qu'il se place dans la structure de la vie comme
un être moralement fort, cela est difficile.
Mais cela signifie d'abord fonder la morale.
Fonder la morale ne signifie pas simplement dire
ce qui est bon, ce qui est moral. Fonder la
morale, c'est donner à l'humain des impulsions
qui, en étant absorbées dans sa vie psychique,
deviennent en lui une véritable force, une
véritable compétence.
02
Or, l'humain de notre stade actuel de
civilisation se trouve, en ce qui concerne sa
conscience morale, d'une manière tout à fait
singulière dans le monde, d'une manière qui
n'est pas toujours pleinement consciente, mais
qui est la raison de bien des incertitudes et de
l'insécurité qui se manifestent dans la vie des
humains. D'un côté, nous avons notre savoir
orienté vers l'intellectualisme, notre
connaissance qui nous permet de pénétrer dans
les phénomènes naturels, qui nous permet
d'absorber jusqu'à un certain degré l'ensemble
du monde dans notre représenter, qui nous permet
de nous faire des représentations sur l'essence
de l'humain dans une mesure toutefois très
limitée, comme nous l'avons vu dans les deux
dernières réflexions ici.
03
À côté de ce qui brille en nous comme faculté de
connaissance, comme tout ce qui est, j'aimerais
dire, dirigé par notre logique humaine, à côté
de tout cela s'affirme, doit s'affirmer en
l'humain un autre élément de son être, celui
d'où jaillissent pour lui son devoir moral, son
amour moral, bref, les impulsions à agir
moralement. Et il faut dire que l'humain moderne
vit d'un côté dans ses facultés de connaissance
et leurs résultats, et d'autre part dans ce qui
constitue ses motivations morales. Les deux sont
des contenus de l'âme. Mais pour cet humain
moderne, il n'y a au fond que peu de médiation
entre les deux, si peu de médiation que Kant,
par exemple, a pu s'exprimer ainsi : Deux choses
sont pour lui les plus précieuses au monde, le
ciel étoilé au-dessus de lui, la loi morale en
lui. - Mais justement, ce type de représentation
kantienne, qui se trouve dans l'humain moderne
occidental, ne connaît pas de pont entre ce qui
conduit à la connaissance du monde d'un côté, et
ce que sont les impulsions morales de l'autre
côté. Avec quelle soudaineté Kant considère la
vie de la connaissance dans sa "Critique de la
raison pure", la vie morale dans sa "Critique de
la raison pratique".
04
Et nous devons en fait dire, si nous sommes tout
à fait honnêtes vis-à-vis de notre conscience du
temps, qu'il y a là un abîme entre deux types
d'expériences de la nature humaine. En se
faisant des idées sur le cours de l'évolution du
monde dans les domaines de connaissance les plus
divers, la science actuelle observe les
événements de la nature depuis les êtres vivants
les plus simples, et même depuis la nature
inorganique jusqu'à l'humain. Elle se fait des
idées sur la manière dont s'est formé l'ensemble
du monde qui nous est directement présenté. Elle
se fait aussi des idées sur les processus par
lesquels pourrait se dérouler la fin de cet
ensemble cosmique qui nous est d'abord présenté.
Mais maintenant, de l'humain, qui est pourtant
englobé dans cet ordre naturel, jaillit ce qu'il
appelle ses idéaux moraux. Et l'humain ressent
ces idéaux moraux de telle sorte qu'il ne peut
en fait se sentir lui-même précieux que s'il
suit ces idéaux, s'il y a un accord entre lui et
ces idéaux. L'humain fait dépendre sa valeur de
ces idéaux moraux. Mais si nous nous imaginons
qu'un jour, grâce aux forces de la nature
auxquelles l'humain aura accès par sa
connaissance, l'ensemble du monde qui nous est
accessible ira vers sa fin, que restera-t-il
pour la conscience actuelle de notre époque de
ce que l'humain crée à partir de ses idéaux
moraux, de ses impulsions morales ? Celui qui
est honnête, qui n'enveloppe pas dans le
nébuleux ce qui est la conscience actuelle du
temps, doit se dire que ces idéaux moraux sont,
face à la vision actuelle de la science de la
nature, quelque chose que l'humain doit certes
suivre dans sa vie, mais qui ne donne rien qui
puisse triompher un jour, lorsque la terre, avec
l'humain lui-même, ira vers sa destruction.
05
Il faut seulement s'avouer que, pour la
conscience contemporaine, il n'y a pas de pont
entre les facultés cognitives qui conduisent au
savoir de la nature et les facultés qui nous
dominent en tant qu'êtres moraux. L'humain n'est
pas conscient de tout ce qui se passe dans les
profondeurs de son âme. Beaucoup de choses
restent inconscientes. Mais ce qui gronde
inconsciemment en bas se manifeste dans la vie
par des dysharmonies, par des manifestations de
maladies psychiques ou même corporelles. Et
celui qui veut seulement regarder sans préjugés
ce qui se passe aujourd'hui devra se dire :
notre vie est en train d'onduler, et les humains
sont dans cette vie avec toutes sortes de
divisions psychiques et corporelles. Et ce qui
s'agite là s'agite d'une profondeur dans
laquelle quelque chose est actif, comme ces
faibles forces humaines qui ne peuvent pas
construire de pont entre la vie morale et la
connaissance de la nature. La science de
l'esprit orientée anthroposophiquement se pose
ces questions de la manière suivante. Elle doit
abandonner tout ce qui, d'une part, n'est qu'une
vision théorique de la réalité extérieure. Elle
doit donc reconnaître - comme je l'ai expliqué
dans les deux dernières conférences - tout ce
qui, dans cette vision de la nature, voudrait en
quelque sorte exclure l'humain, afin qu'une
objectivité correcte puisse seulement
apparaître.
06
Ce que j'ai décrit comme étant le chemin vers le
monde spirituel se présente donc - j'aimerais le
dire encore une fois en résumant - à peu près de
la façon suivante : tout d'abord, celui qui veut
suivre ce chemin dans le monde spirituel doit
s'adonner à un certain travail psychique et
spirituel intérieur. Dans mes livres, j'ai
appelé cet exercice intérieur, ce travail
spirituel intérieur, un travail de méditation,
un travail de concentration. Ce travail permet à
l'humain de se confronter à sa vie de
représentation autrement que cela se passe dans
la vie ordinaire, lorsque nous suivons les
phénomènes de la nature ou aussi la vie sociale.
C'est une communion complète avec les
représentations qui, sinon, n'accompagnent les
impressions extérieures que sous forme d'ombres.
Comme nous nous confrontons sinon aux humains, à
la nature ou à toute autre chose dans la vie
physique avec nos sentiments, nos sympathies et
nos antipathies, comme nous nous confrontons aux
faits avec nos émotions de volonté, nous nous
tenons aux pures représentations en tant que
personnes qui cherchent le chemin du monde
spirituel. Comment les représentations se
présentent nous excite, cela défie notre
sympathie et notre antipathie, elle stimule
toute notre force vitale. Cela devient pour nous
un destin. Tandis que nous sommes tout à fait
tranquilles à l'extérieur, nous traversons
intérieurement quelque chose qui n'est pas du
tout plus faible que ce que nous traversons par
ailleurs comme destin de vie dans le monde
extérieur. Nous doublons dans une certaine
mesure notre vie. Alors qu'en temps normal nous
nous agitons, développons sympathie et
antipathie, faisons valoir des impulsions de
volonté uniquement dans la vie extérieure, face
à des événements extérieurs, nous portons dans
notre vie intérieure de pensée ce qui ne nous
occupe normalement que dans ce monde matériel
extérieur. Pouvons-nous le faire - et chaque
être humain peut le faire s'il s'exerce de la
manière que j'ai décrit dans mon livre "Comment
acquiert-on des connaissances des mondes
supérieurs ? " ou dans ma "Science secrète" -,
l'humain parvient à le faire réellement, il
arrive finalement un instant où il a des images
du monde non seulement lorsqu'il ouvre ses sens,
lorsqu'il entend ou voit, mais où il a des
images purement issues de la vie représentative,
des images si pleines de contenu - si j'ai la
permission d'utiliser cette expression -, des
images si pleines de contenu comme elles nous
viennent normalement seulement par la perception
sensorielle. Elles proviennent de cette vie de
représentation renforcée et accentuée. Sans
avoir la perception sensorielle, nous vivons
dans un monde d'images comme sinon, elles nous
viennent seulement par la perception
sensorielle.
07
Mais une autre expérience significative y est
attachée - ces choses peuvent seulement être
comprises comme des expériences vécues, la
logique abstraite, la soi-disant démonstration
ne permet pas de les atteindre -, une autre
expérience y est liée : Nous apprenons à savoir,
par une telle pratique, ce que cela signifie de
développer une activité psychiqud et spirituelle
indépendamment de l'activité corporelle. Il se
produit un moment où l'humain peut - si je peux
m'exprimer ainsi - s'avouer à juste titre être
un matérialiste, aussi étrange et paradoxal que
cela puisse paraître. À ce moment-là, il peut
dire : oui, dans la vie ordinaire, nous sommes
entièrement dépendants de l'instrument de notre
corps. Nous pensons à travers l'outil de notre
système nerveux. Mais c'est justement la
caractéristique de cette vie extérieure, que
nous la parcourons en ne pouvant développer le
spirituel-d'âme que s'il se sert des outils du
corps. Mais ce spirituel-d'âme n'est pas obligé
de se servir purement des instruments corporels.
Grâce aux efforts décrits, il peut se détacher
de l'outil corporel, il peut devenir libre
d'emprunter. On peut toujours spéculer et
philosopher autant qu'on veut avec le
matérialisme. Si on ne lui oppose que ce que
l'on peut savoir de la vie ordinaire, on ne le
réfutera jamais, car pour la vie ordinaire, le
matérialisme a raison. On ne peut réfuter le
matérialisme que par la pratique spirituelle, en
détachant l'âme-esprit du corps dans
l'expérience directe. On représente en images -
j'ai appelé cela dans les livres cités
représenter imaginatif ou imagination -, on
représente en images, mais en dehors du corps,
le "dehors" n'étant évidemment pas à représenter
dans l'espace, mais indépendamment du corps.
C'est l'un des côtés de ce que l'on doit
apprendre à connaître à l'intérieur de la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, afin de pouvoir vraiment
jeter le pont qui ne peut pas être jeté de la
manière que nous avons décrite. Ce que l'on
obtient de cette façon comme contenu de la
connaissance imaginative n'est pas dans le corps
humain, c'est en dehors du corps humain et donne
l'explication pratique que notre être le plus
intime, avant de s'être revêtu de ce corps,
était dans le monde spirituel et psychique. Car
on n'est pas seulement en dehors du corps, on
est en dehors du temps dans lequel on vit avec
le corps. De cette façon, on vit vraiment ce qui
est prénatal ou, disons, ce qui se trouve avant
la conception physique dans l'être humain. De
même qu'une lumière extérieure brille dans la
pièce, de même notre vie prénatale brille dans
notre vie actuelle dans cette imagination.
08
Ce qui transparaît là n'est pas purement des
pensées, cela a un contenu vivant. Ce contenu
vivant se révèle/dévoile comme quelque chose de
très particulier. Il se dévoile comme un
certain, j'aimerais dire, contenu
d'intelligence. Alors que nous cultivons,
aiguisons, renforçons la vie de représentation
de la façon que j'ai décrite, nous sortons de
nous-mêmes pour entrer dans un contenu de
volonté qui, en même temps, a quelque chose de
vivant. C'est le contenu de la volonté qui crée
en nous ce qui se revêt du corps physique, ce
que nous n'avons pas par hérédité, ce que nous
n'avons absolument pas du monde physique.
09
La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement ne parvient pas à la
connaissance de l'immortalité par une
élaboration spéculative de la vie ordinaire,
mais par la culture d'une faculté de
connaissance qui n'est tout d'abord pas là dans
la vie ordinaire. Mais ce qui est
particulièrement important pour nous
aujourd'hui, c'est que nous, humains, parvenons
de cette manière à l'extérieur de notre corps
physique, même en dehors du temps, dans lequel
vit notre corps physique. On arrive là à des
idées qui sont encore difficilement
représentables pour la plus grande partie des
humains actuels, mais qui doivent constituer un
membre important dans l'évolution de l'humanité
vers l'avenir.
10
Et maintenant, il se produit quelque chose de
très étrange quand on ne fait pas seulement des
exercices d'un côté, celui de la vie de
représentation, mais quand on fait aussi des
exercices du côté de la vie de la volonté. Nous,
les humains, nous vivons, j'aimerais dire, comme
Faust vit sa vie, qui dit là : "J'ai seulement
couru à travers le monde. - Nous courrons à
travers le monde. Certes, nous traversons une
évolution entre la naissance et la mort, de mois
en mois, d'année en année, de décennie en
décennie ; mais nous traversons cette évolution
en nous abandonnant en quelque sorte à
l'objectivité extérieure : la main sur le cœur,
combien d'humains font-ils autrement que de se
laisser porter par la vie, que ce soit par la
vie d'enfant, où les adultes les éduquent, ou
par la vie ultérieure et son destin ? Ils
deviennent plus parfaits parce que le monde les
rend plus parfaits. Mais que font donc la
plupart des humains sinon qu'ils s'abandonnent
au courant de la vie ? Ce n'est pas en
s'abandonnant au courant de la vie que l'on
parvient au chemin de la science de l'esprit
dont il est question ici. Il est nécessaire que
l'on prenne en charge sa propre culture, que
l'on travaille effectivement sur soi-même de
telle sorte que l'on n'évolue pas seulement par
la vie qui se présente à nous par le destin,
mais que l'on évolue en se disant : tu veux
t'implanter telle ou telle direction de
mentalité. Maintenant, on travaille à
s'implanter cette direction de mentalité.
11
On peut entreprendre quelque chose de tel à
petite ou à grande échelle. Mais il y a une
grande différence si on conduit seulement
quelque chose à soi-même, dans la culture de son
propre être, en s'abandonnant à la vie, ou si on
prend en main cette culture de son propre soi à
nouveau par son propre woi. Par cette prise en
main, on apprend à connaître la volonté dans son
efficacité, car on apprend à reconnaître quelles
sont les résistances qui s'opposent à cette
volonté lorsqu'on veut maintenant la cultiver en
culture de soi. Oh, on apprend à connaître
toutes sortes de choses de cette manière, on
renforce avant tout ses propres forces du
spirituel-d'âme, et on remarquera très vite, si
l'on pratique de tels exercices de discipline
personnelle - mais n doit les pratiquer pendant
des années -, que des forces intérieures
s'accroissent alors. Ces forces intérieures sont
de telle sorte que nous ne les trouvons pas dans
la nature extérieure. Elles sont de telle sorte
que nous ne les trouvons aussi pas dans la vie
de l'âme ordinaire que nous portions en nous
avant nos exercices. Nous découvrons ces forces
seulement lorsque nous démarrons un tel exercice
intérieur. Ces forces sont capables de faire
quelque chose de très précis : elles sont
capables d'absorber dans notre propre moi, de
manière beaucoup plus consciente, les impulsions
morales qui, autrement, jaillissent dans l'âme
de manière instinctive, comme indéterminée et
séparée des facultés de connaissance. Mais
comprenez-moi bien, non pas dans le soi que nous
développons dans notre corps, mais dans ce soi
que nous développons lorsque nous sortons de
notre corps avec notre imagination, de la
manière décrite précédemment. Nous ne pouvons
pas faire entrer la vraie forme des
pulsions/motivations morales dans notre corps
sensible, dans notre connaissance sensorielle ;
mais nous obtenons ce qui se tient ainsi isolé
que Kant l'a placé de manière tout à fait isolée
comme un impératif catégorique, nous l'obtenons
dedans dans notre soi qui s'est séparé du corps.
12
Et alors, ce que j'ai décrit tout à l'heure
comme imagination, comme représentations
imagées, est imprégné de ce que l'on peut
appeler la force objective des impulsions
morales ; il est imprégné de l'inspiration
morale. Nous reconnaissons maintenant que ce qui
jaillit en nous comme impératifs moraux, comme
idéaux moraux, ne s'enracine pas purement en
nous, mais dans l'ensemble du monde. Nous
apprenons, en étant en dehors de notre humain
physique, à reconnaître que ce qui n'apparaît
pas dans sa véritable forme à l'intérieur de
l'organisation physique est, dans cette
véritable forme dans laquelle nous le
reconnaissons par une vision imaginative, des
forces objectives du monde.
13
Une telle vision peut s'imposer à l'humain qui
accueille correctement, avec son bon sens/sa
saine raison analytique humaine, ce que le
chercheur en sciences de l'esprit parvient à
dire à partir de sa vision du monde spirituel.
Celui qui s'imprègne d'une telle vision ressent
quelque chose de tout à fait particulier par
rapport à ce que sont aujourd'hui les
conférences publiques populaires. Cela peut
paraître étrange si je l'exprime, mais
j'aimerais dire que celui qui accueille sans
préjugé cette inspiration dans l'imagination,
qui coïncide avec les forces morales qui sont
dans la vie humaine, et qui s'imagine comment,
de nos jours, grâce à la connaissance de
l'esprit, une telle chose peut être comprise,
aimerait bien se dire : si seulement une telle
connaissance pouvait saisir les humains,
seulement aussi fortement qu'ils soient saisis
lorsqu'ils entendent que les rayons X ou la
télégraphie sans fil ont été trouvés ! Au vu de
ce qui se passe dans l'âme d'un chercheur de
l'esprit, on aimerait dire qu'il est très
nécessaire pour la civilisation actuelle que les
humains en viennent à apprécier les forces qui
peuvent être trouvées sur le chemin spirituel
pour le renforcement de l'humain, tout comme ce
qui peut être utile et bénéfique dans la vie
extérieure.
14
Avec cela nous avons comme je le crois
touché une exigence importante de la
civilisation actuelle. Les connaissances
spirituelles scientifiques, je le répète, ne
sont pas des spéculations, ce sont des
expériences. Et si, si peu de gens les acceptent
encore aujourd'hui, c'est parce que la plupart
d'entre eux se laissent aveugler par les
conceptions matérialistes de science de la
nature, se jettent leurs propres préjugés sur le
chemin, n'utilisent pas leur bon sens et ne
peuvent donc pas examiner de manière correcte ce
que dit le scientifique de l'esprit. Ils disent
toujours : nous ne pouvons pas voir nous-mêmes
ce que dit le chercheur de l'esprit. Je voudrais
savoir combien de gens qui croient aux passages
de Vénus ont déjà vu un passage de Vénus !
J'aimerais savoir combien de personnes qui
disent que l'eau est composée d'hydrogène et
d'oxygène ont déjà observé dans un laboratoire
comment on établit que l'eau est composée
d'hydrogène et d'oxygène, et ainsi de suite. Il
existe pourtant une logique du bon sens. Grâce à
elle, on peut vérifier ce que dit le chercheur
de l'esprit. Je ne peux certainement pas peindre
des illusions devant ceux qui utilisent leur bon
sens, je ne peux pas leur raconter des
fantaisies, car ils peuvent faire attention,
grâce à leur bon sens, si je parle comme un
exalté ou si je parle dans des rapports
logiques, si je parle comme quelqu'un qui met
idée sur idée, comme on le fait aussi dans la
science la plus exacte. Celui qui acquiert une
telle connaissance saine de l'humain et une
telle vision de l'humain pourra distinguer s'il
a devant lui un fantaisiste ou un humain qui
doit être pris au sérieux parce qu'il sait
habiller sa vision de formes logiques saines et
qu'il ne donne pas l'impression d'être un
exalté. Nous devons décider de beaucoup de
choses dans la vie de cette manière ; pourquoi
ne déciderions-nous pas ainsi de ce qui est le
plus important : la compréhension de l'ordre du
monde ? La science de l'esprit est quelque chose
de vécu, quelque chose qui doit être
expérimenté, pas quelque chose qui s'obtient
uniquement par des déductions logiques.
15
Si l'on apprend donc à connaître les visions du
monde par, j'aimerais dire, la combinaison entre
l'imagination et la moralité inspirée, alors on
apprend à connaître encore autre chose, alors on
apprend à reconnaître ce qu'il en est de la
contradiction entre ce que l'on appelle la
causalité naturelle, la nécessité naturelle, et
l'élément dans lequel l'humain vit en tant que
dans sa liberté. Car c'est seulement dans
l'élément de la liberté que nous pouvons vivre
avec nos impulsions morales. Nous regardons la
nature extérieure. Ce que l'on appelle le lien
nécessaire entre ce qui suit et ce qui précède,
ce que l'on appelle la causalité générale,
exerce une influence écrasante sur la conception
de la nature qui s'est développée au cours des
trois ou quatre derniers siècles. C'est ainsi
que la nature, y compris l'être humain, se
présente, comme si tout était saisi par une
nécessité naturelle. Mais alors, il en irait mal
de notre liberté ; nous ne pourrions pas agir
autrement que ce que la nécessité naturelle
impose en nous. La liberté serait une
impossibilité si le monde était constitué comme
le veut la vision de science de la nature
devenue populaire au cours des trois ou quatre
derniers siècles.
16
Mais si l'on a acquis le point de vue que je
viens de décrire, le point de vue de
l'observation en dehors du corps humain, alors
tout ce qui est imprégné de nécessité se
présente à nous en quelque sorte comme une sorte
de corps naturel. Et ce corps naturel fait
naître en tous lieux possibles une âme
naturelle, un esprit naturel. Le corps naturel
est en quelque sorte ce que le monde en devenir
a éjecté et rejeté ; l'esprit naturel, l'âme
naturelle est ce qui croît dans l'avenir.
17
De même que lorsque je vois un cadavre devant
moi, ce cadavre n'a plus la possibilité de
suivre autre chose que les nécessités que le
spirituel-d'âme qui l'a habité lui a dictées, de
même ce qui est cadavérique dans la nature
extérieure n'a rien en lui de plus que les
nécessités. Mais à chaque endroit, ce qui pousse
dans l'avenir jaillit. Notre science de la
nature a seulement été habituée à observer le
cadavre de la nature, elle ne voit donc partout
que la nécessité. La science de l'esprit doit
s'y ajouter. Elle verra la vie qui germe, éclôt
partout.
18
Mais l'humain est ainsi placé, d'un côté, dans
la causalité naturelle et de l'autre côté, dans
ce qui est aussi là, mais qui ne contient pas de
causalité, mais qui contient quelque chose qui
est égal à l'élément de liberté vécu
intérieurement.
19
Cet élément de liberté, nous l'expérimentons tel
que je l'ai présenté dans ma "Philosophie de la
liberté", lorsque nous nous élevons à la pensée
intérieurement transparente et pure, qui est en
fait une émanation de notre activité de volonté.
Vous trouverez plus de détails dans ma
"Philosophie de la liberté".
20
Ainsi, ce que nous conquérons en nous créant une
possibilité de connaissance en dehors du corps
humain nous transporte dans un monde où
l'opposition entre la nécessité naturelle et la
liberté devient explicable. Nous apprenons à
connaître la liberté elle-même dans le monde.
Nous apprenons à nous sentir dans un monde où la
liberté est/génère. Si je vous décris quelque
chose comme ça, ce n'est pas pour vous montrer
uniquement le contenu de ce que je décris, mais
j'aimerais vous montrer ce que je décris parce
que j’aimerais vous y montrer comment l'humain
arrive à un certain état d'âme en s'imprégnant
de connaissances qui sont tirées de telles
régions, en ce qu'il se vivifie avec telles
connaissances.
21
De même que nous sommes envahis par de la joie
lorsque nous vivons un événement
extraordinairement joyeux comme maints humains,
quand ils ont bu tant et tant de vin de Moselle,
sont complètement envahis par cette humeur qui
vient justement du vin de Moselle, de même
l'état d'âme entier de l'humain peut être saisi
par quelque chose de si réellement spirituel qui
pénètre l'humain. Quand sa constitution d'âme
a-t-elle été saisie par quelque chose dont elle
n'est d'abord saisie que dans la vie extérieure,
mais alors à force d'ombre ? Lorsque l'impératif
catégorique ou la conscience s'éveille face aux
obligations morales.
22
Mais le contenu de cette conscience s'éclaire
maintenant, et il prend aussi une autre nuance
de sentiment. Car que s'est-il réellement passé
- que l'humain soit lui-même un chercheur
d'esprit, qu'il reçoive ce que le chercheur
d'esprit apporte par son bon sens humain et
l'intègre comme connaissances dans son âme -,
que s'est-il passé avec l'humain ? Il s'est
associé à quelque chose, il s'est associé à
quelque chose avec lequel on ne peut s'associer
que si l'on sort de soi-même, si l'on s'aliène à
soi-même. Vous ne trouverez pas de meilleure
définition, plus réaliste, de l'amour et du
sentiment amoureux que ce que l'on peut décrire
comme l'état d'âme qui vous envahit lorsque vous
pénétrez sans corps dans l'essentialité du monde
extérieur. Si les impératifs moraux agissent
autrement comme une contrainte, ils peuvent être
coulés dans une forme telle qu'ils apparaissent
imprégnés du même sentiment dont doivent être
imprégnées les connaissances de la science de
l'esprit. Ces impulsions morales, ces impératifs
moraux peuvent apprendre de ce que l'on reçoit
comme humeur de l'âme en recevant la science de
l'esprit ; cette morale peut être réchauffée par
ce qui doit vivre dans la science de l'esprit au
sens le plus élevé : l'amour.
23
C'est ce que j'ai essayé de montrer dans ma
"Philosophie de la liberté", à savoir que
l'impulsion la plus digne de l'humain pour
l'action morale est l'amour. Au sein de
l'évolution moderne de l'esprit, il a déjà été
question de ces choses de manière plus
instinctive qu'il ne peut l'être aujourd'hui,
alors que nous pouvons, si nous le voulons, être
plus avancés dans la science de l'esprit. Kant a
parlé une fois de l'obligation impérative, de
l'impératif catégorique qui, j'aimerais dire,
dompte l'humain et qui ne permet aucune
ingérence d'une quelconque sympathie. Ce que
l'on fait par devoir moral, on le fait parce
qu'on le doit. C'est pourquoi Kant dit : devoir,
sublime et grand nom, qui ne porte rien chez toi
qui puisse signifier flatterie ou quoi que ce
soit de ce genre, mais seulement la soumission
la plus stricte. - Schiller trouvait que cette
soumission servile au devoir n'était pas digne
de l'humain. Et il a opposé à cette exécution
kantienne ce qu'il a si bien, si magnifiquement
exprimé dans ses "Lettres sur l'éducation
esthétique de l'humain".
24
Mais nous avons seulement besoin de prendre une
petite épigramme que Schiller a forgée contre ce
concept kantien rigoriste et rigide du devoir,
et nous avons une opposition humaine importante
en ce qui concerne la vie morale : "Je sers
volontiers mes amis" - dit Schiller - "mais je
le fais malheureusement avec inclination. Et
c'est ainsi que je m'en veux souvent de ne pas
être vertueux". Il veut dire qu'au sens kantien,
il ne faudrait pas aimer servir ses amis, mais
se soumettre au devoir en obéissant. Mais ce qui
peut rendre la vie humaine digne d'être vécue,
c'est l'accomplissement de ce que Goethe dit en
quelques mots de manière tout à fait monumentale
: le devoir, où l'on aime ce que l'on se
commande à soi-même. - Mais le sentiment d'aimer
ce que l'on se commande à soi-même ne peut être
stimulé que par l'état de l'âme humaine qui
vient en état dans l'acquisition de la science
de l'esprit.
25
Ainsi, lorsque l'on se plonge dans la science de
l'esprit, il n'y a pas quelque chose qui se
déroule à côté de la vie, comme prêcher la
morale, mais il y a là un développement de force
qui saisit directement le vouloir moral. Il y a
là un fondement de la morale. Il y a là ce qui
déverse en l'humain l'amour moral. La science de
l'esprit ne prêche pas seulement la morale, la
science de l'esprit, lorsqu'elle est prise dans
tout son sérieux, dans toute sa force, fonde la
morale, non pas en donnant des paroles de
morale, mais en donnant la force de l'amour
vertueux, de la vertu aimante.
26
La science de l'esprit n'est pas purement une
théorie, elle est vie. Et lorsque l'on
s'approprie de la science de l'esprit, ce n'est
pas purement une réflexion, c'est quelque chose
comme une absorption de la vie, comme la
respiration elle-même. C'est ce que cette
science de l'esprit veut apporter à la
civilisation moderne dans le domaine moral,
c'est ce qu'elle doit lui apporter. Car dans les
temps anciens, je l'ai évoqué avant-hier, on
avait aussi une science de l'esprit, mais une
science instinctive. D'où venait la science de
l'esprit de l'ancienne sagesse orientale qui
s'est développée il y a des millénaires ? Il
s'agissait d'un sourd, d'un onirique se rendre
le monde image. Elle montait des instincts
humains, de la vie des pulsions humaines. Cette
science de l'esprit était instinctive. Les
humains voyaient dans la nature par une sorte de
clairvoyance. Et cette clairvoyance était liée à
leur sang, était liée à leur corporéité
extérieure. Mais les impulsions morales de
l'époque étaient également liées à ce sang, à
cette corporéité extérieure. Les deux
provenaient d'une source. L'humanité - je l'ai
dit et répété en ces jours - traverse une
évolution et croit que nous pouvons être comme
les humains d'il y a des millénaires ; cela
revient à croire que l'humain adulte peut être
comme l'enfant. Nous ne pouvons plus nous tenir
au point de vue des arts de clairvoyance
primitifs de l'ancien Orient ou de l'ancienne
Égypte. Nous sommes passés au galiléisme, au
copernicisme. Nous avons progressé vers la
vision qui monte dans l'intellect. Dans ces
anciennes visions orientales, l'intellect
n'était pas encore développé. Mais pour cela
revanche, nous devons aussi chercher les
impulsions de notre action morale de l'esprit et
non des l'instinct.
27
C'est ce qui est le plus grave aujourd'hui : en
parlant d'idéaux ou d'impulsions de vie, les
humains absolutisent toujours tout.
Lorsqu'aujourd'hui, un humain de parti ou un
théoricien exalté qui voudrait instaurer le
royaume millénaire se présente, il dit : je veux
ceci ou cela pour l'humanité - et il pense que
ce qu'il dit là est bon pour l'humanité dans
toutes les époques suivantes et sur toute la
terre. Ce serait bon dans le sens le plus
absolu. Celui qui regarde vraiment dans la vie
de l'humanité en développement sait que ce qui
est bon, ce qui est valable pour la vision du
monde, ne correspond toujours qu'à une certaine
époque, qu'il faut connaître la nature de cette
époque. Lors de conférences précédentes, j'ai
souvent dit ici que la science de l'esprit,
orientée anthroposophiquement, telle que je
l'exprime ici, ne s'imagine pas être quelque
chose d'absolu. Mais elle croit qu'elle parle
depuis le cœur du présent et de l'avenir proche,
qu'elle dit pour les âmes humaines ce dont ces
âmes humaines ont besoin dans le présent et
l'avenir proche. Mais elle sait très bien, cette
science de l'esprit, que lorsque, dans cinq
cents ans, quelqu'un parlera à nouveau des
grandes énigmes de l'immensité et des affaires
de l'humanité, il parlera sur un autre ton,
d'une autre manière, car il n'y a rien d'absolu
dans ce sens, rien d'éternellement durable.
28
C'est tout de suite par cela que nous agissons
dans la vie, en ce que nous sommes capables de
la comprendre dans sa vivacité, dans sa
métamorphose, aussi là où nous sommes. Il est
plus facile d'établir des idéaux absolus dans
l'abstraction que de connaître d'abord son
époque et de parler de ce qui lui convient à
partir de l'essence de cette époque. Ensuite,
lorsque l'humain, en recevant les impulsions
spirituelles scientifiques, s'imprégnera, comme
cela a été indiqué, de ce qui lui vient de
l'esprit, alors il saura qu'en tant qu'être
humain, il est esprit, il est âme, alors il
saura qu'il vit à travers le monde en tant
qu'esprit et âme. Et alors, il s'adressera à
tout autre être humain en tant qu'esprit et âme.
On aimerait dire qu'il en proviendra un
monstrueux si cela devient une science de
l'esprit dans la vie humaine, si cela devient
une mentalité imprégnant cette vie humaine,
ainsi que l'on affronte l'autre humain avec une
pleine conscience, comme une énigme que l'on
doit résoudre, parce que l'on regarde avec
chaque humain dans un infini, dans des
souterrains et des abîmes spirituels.
29
Ce qui se forme là à partir de cette vision
réelle du cohumain en tant qu'esprit et âme
donnera des forces sociales et morales qui
devront constituer la base d'un véritable
traitement de la question sociale si brûlante à
notre époque. Je ne peux pas me représenter
autre chose que ceux qui souffrent certains
tourments de l'âme, qui pénètrent toute
l'essence de la question sociale et qui, en même
temps, laissent agir sur eux la constitution
actuelle de l'humanité. Nous vivons à une époque
où la question sociale doit être résolue d'une
certaine manière. Nous vivons en même temps à
une époque où les promoteurs de l'ordre social
sont habités par les pulsions les plus
antisociales, où l'exigence d'une organisation
sociale de la vie apparaît comme la contrepartie
de ce qui vit dans l'âme humaine comme pulsions
antisociales. On a beau élaborer les plus beaux
programmes, on a beau se faire de belles idées
sur ce qui doit devenir la solution de la
question sociale, on ne peut trouver un chemin
vers la solution que si l'esprit est vu, senti,
ressenti parmi les humains, si les humains se
confrontent les uns aux autres de telle sorte
qu'ils respectent, protègent, honorent, aiment
l'esprit et l'âme de leurs semblables, et pas
seulement ce que l'on a aujourd'hui à côté de
soi dans son prochain/cohumain.
30
C'est pourquoi, dans mon livre "Les points
essentiels de la question sociale", j'ai exigé
que la vie de l'esprit soit séparée du reste de
la vie sociale, afin que cette vie de l'esprit
ne puisse être placée que sur ses propres bases,
qu'elle puisse suivre purement la nature
humaine, indépendamment de l'État et
indépendamment des impulsions économiques. Seule
une telle vie de l'esprit libre répandra
réellement parmi les humains des instincts
sociaux, des conceptions et des mentalités
sociales. La moralité sociale dépend aussi de
l'assimilation par les humains, dans leur état
d'âme, de ce qu'ils peuvent devenir en suivant
ce que l'on a à dire à partir des recherches de
la science de l'esprit.
31
Et l'élément religieux, dans lequel l'humain
doit reposer en tant qu'ensemble précieux et
digne, afin qu'il ne se sente pas comme un
simple voyageur solitaire dans le monde, mais
comme un membre de l'ensemble du monde, ne peut
être attisé et stimulé, dans le sens dont
l'humain moderne a besoin, que par ce qui est
conquis comme ambiance dans la poursuite de la
science de l'esprit.
32
Ces événements de l'ordre cosmique ou de
l'évolution humaine sur lesquels se portent les
regards des sentiments religieux, ils sont là
comme des faits. Le mystère du Golgotha, par
exemple, se tient là comme un fait. Ce qui s'est
passé en Palestine au début de notre ère,
l'incarnation du Christ en Jésus, est un fait.
Il faut distinguer ce fait, ce fait objectif, de
la manière dont l'humain s'approche de la
compréhension, de la contemplation d'un tel
fait. À l'époque où le christianisme s'est
d'abord répandu, il a pu s'écouler au sein des
conceptions de l'humanité qui étaient encore
venues de l'Orient ancien, on a compris ce qui
s'est passé en Palestine comme l'événement du
Golgotha avec des représentations qui venaient
d'une certaine manière des temps anciens, des
conceptions primitives de l'humanité. Tout au
long des siècles, les humains qui pouvaient
l'être étaient honnêtes et sincères, comprenant
l'événement du Golgotha à travers de telles
représentations. Puis vint l'époque où le
galiléisme fit son apparition, où Giordano Bruno
dépassa l'espace d'une manière si étrange pour
la vision humaine, en montrant que ce qui est
là-haut le firmament bleu n'est que ce qui vit
en nous-mêmes, les limites que nous fixons
nous-mêmes, tandis que dans un vaste océan
spatial, les étoiles sont à l'infini. Tout ce
que Copernic a apporté, tout ce qui a été
introduit dans la nouvelle vision du monde
extérieur par les esprits qui ont vécu jusqu'à
aujourd'hui, est arrivé. À cette époque, les
humains se sont habitués intérieurement à une
autre vision du monde que celle par laquelle le
christianisme a d'abord été compris. C'est aussi
à cette époque qu'un nouveau rapport doit être
établi avec les fondements religieux de
l'évolution de l'humanité. Il ne s'agit pas
d'ébranler les faits qui sont à la base de
l'évolution religieuse de l'humanité. Mais il
s'agit de faire appel aujourd'hui à la
conscience humaine moderne de telle sorte que
l'humain d'aujourd'hui puisse comprendre
l'événement du Christ à partir de son état
d'âme, comme il le doit.
33
Ceux qui sont les plus honnêtes et les plus
respectueux envers la religion sont ceux qui
disent qu'il faut aussi chercher un nouveau
chemin vers les faits anciens sur le terrain
religieux. La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement devient la meilleure
préparation à la compréhension moderne du
christianisme ou d'autres contenus religieux.
Ceux qui ne l'admettent pas ne sont pas honnêtes
avec la vie religieuse, car ils veulent
préserver les chemins qui mènent aux fondements
de la vie religieuse, auxquels l'humain
d'aujourd'hui, s'il rend hommage aux conceptions
de son temps, ne peut pas rendre hommage.
34
Nous en sommes arrivés au matérialisme à
l'époque moderne. Certes, différentes sortes
d'humains sont devenus les instigateurs du
matérialisme ; mais parmi ces humains, il y a
aussi ceux qui ont conservé certaines anciennes
habitudes de vie dans l'évolution de l'humanité,
des habitudes de vie qui sont allées jusqu'à
donner aux confessions un monopole sur tout ce
qui peut être dit sur l'esprit et l'âme. Du fait
que les confessions de foi avaient seules le
droit de décider de ce qu'il fallait croire sur
l'esprit et l'âme, la recherche sur la nature
s'est retrouvée sans esprit. La recherche sur la
nature croit aujourd'hui qu'elle a pris sa forme
parce qu'il doit en être ainsi dans la recherche
sur la nature, qu'il faut éliminer l'esprit. Oh
non, la recherche sur la nature est devenue
ainsi parce qu'autrefois il était interdit de
faire des recherches sur la nature avec
l'esprit, car c'était l'Église qui décidait de
l'esprit et de l'âme. Et aujourd'hui, on
perpétue les habitudes et on les affiche en plus
comme un jugement scientifique sans préjugés.
35
Qu'on regarde seulement une fois chez de tels
chercheurs qui doivent être loués au plus haut
point dans le sens d'une recherche matérialiste,
par exemple comme le père jésuite et chercheur
sur les fourmis Wasmann, l'excellent chercheur
matérialiste dans le domaine de la recherche sur
la nature, un chercheur qui ne laisse pas non
plus entrer une once d'esprit de ce qui est le
dogme. L'esprit et l'âme doivent rester en
dehors de cela. C'est pourquoi la science
extérieure est matérialiste. Ce ne sont pas les
porteurs des religions de confession qui sont
les fondateurs du matérialisme moderne, loin de
là. Aussi paradoxal que cela puisse paraître
aujourd'hui, c'est ainsi : parce que l'Église
n'a pas permis à l'esprit d'entrer dans la
contemplation de la nature, la science de la
nature est devenue dépourvue d'esprit. Les
autres n'ont fait qu'en prendre l'habitude. La
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique doit réintroduire l'esprit dans
l'étude de la nature. Encore une fois, je
voudrais dire que cette science de l'esprit ne
se base pas sur le fait que l'esprit doit
seulement, comme dans le matérialisme, faire de
temps en temps des visites de logis ou de brèves
visites passagères, afin que l'humain puisse se
convaincre qu'il y a un esprit - non, cette
science de l'esprit veut montrer que dans les
petites et les grandes choses, dans tout ce qui
est matériel, il y a toujours et partout de
l'esprit, que l'on peut toujours et partout
suivre l'esprit. Mais du fait que la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement explore
toujours et partout l'esprit dans ce qu'il y a
de plus matériel, elle démontre qu'il n'y a pas
plus de matière à côté de l'esprit en tant
qu'entité indépendante qu'il n'y a de glace dans
l'eau en tant qu'entité indépendante - la glace
est de l'eau transformée, l'eau est refroidie,
la matière est esprit, solidifiée. Il suffit de
l'expliquer de manière correcte. En montrant
comment l'esprit agit partout où il y a de la
matière, partout où il y a une vie extérieure,
et en amenant l'humain à s'unir à l'esprit qui
agit, la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement fournit aujourd'hui encore
les impulsions nécessaires à un véritable
approfondissement religieux.
36
Mais on vit donc bien des choses différentes sur
ce champ. Voyez-vous, voici l'expérience d'un
homme même bien intentionné. Quelqu'un dit : la
science de l'esprit telle que la donne Steiner,
je ne peux pas l'examiner ; elle peut contenir
des vérités, mais il faut la tenir complètement
à l'écart de toute vie religieuse, car la vie
religieuse, loin de toute connaissance, doit
représenter une relation directe, une union
directe de l'humain avec Dieu. Et maintenant,
l'intéressé dit très curieusement : à notre
époque, nous avons trop d'intérêt religieux,
trop d'expérience religieuse, les humains
veulent toujours vivre quelque chose de
religieux. Ils veulent avoir un intérêt
religieux. On n'a pas besoin de tout cela dans
la religion. Dans la religion, on n'a besoin que
de l'unité immédiate de l'humain avec Dieu.
Fini, dit l'homme d'église en question, avec
tout intérêt religieux, toute expérience
religieuse.
37
Eh bien, un humain sans préjugés doit dire
aujourd'hui que si les humains aspirent encore
aujourd'hui à une expérience religieuse peu
claire, s'ils éveillent encore en eux un intérêt
religieux peu clair, c'est justement le début de
cette aspiration à trouver vraiment un chemin,
comme je vous l'ai décrit maintenant, vers
l'élément religieux. Celui qui veut honnêtement
et sincèrement la vie religieuse devrait saisir
l'impulsion de l'intérêt religieux, de
l'expérience religieuse. Au lieu de cela,
l'humain d'Église réprouve l'expérience
religieuse, l'intérêt religieux. On se demande
aujourd'hui où se trouve la véritable
compréhension religieuse, chez ceux qui parlent
ainsi ou chez ceux qui essaient de parler comme
je vous ai parlé aujourd'hui. Mais là aussi, il
faut reconnaître les gens à leurs fruits.
38
Un homme qui est aussi un homme d'Église, mais
qui est aussi professeur d'université, a tenté
récemment, dans une conférence, de réfuter la
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement. Deux de mes jeunes amis
ont assisté à cette conférence, et ils ont pu
s'exprimer ensuite lors de la discussion. Comme
le contexte l'exigeait, ces deux jeunes gens,
qui avaient pourtant bien reçu les impulsions de
la science de l'esprit, ont présenté des paroles
de la Bible pour prouver à quel point ce qui est
écrit dans la Bible, si on le comprend
correctement, correspond à ce que la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement a à dire
dans ce domaine. Et là, le président, qui était
un vrai homme d'Église, n'a pas pu s'empêcher de
dire à un moment donné : "Le Christ n'a pas
raison : ici, le Christ se trompe ! On pouvait
lui rétorquer : tu crois donc en un Dieu qui se
trompe ! Belle attitude/mentalité religieuse.
Elle fleurit étrangement aujourd'hui. La
mentalité religieuse est seulement authentique
lorsqu'elle se transforme en vie morale. Mais
là, on fait de drôles d'expériences. Je trouve
maintenant que toute une série de journaux
allemands ont menti du début à la fin sur ce qui
apparaît comme conséquence sociale dans cette
science de l'esprit orientée
anthroposophiquement, et c'est à peu près ce qui
peut être dit de plus général. Mais les humains
trouvent cela compatible avec la morale
d'aujourd'hui, à une époque où ce qui suit peut
se produire, disons, comme conséquence morale de
la pratique religieuse. Récemment, dans une
ville, un chanoine, c'est-à-dire un homme
d'Église de type catholique, a tenu une
conférence sur cette science de l'esprit, et à
la fin, il a dit : convainquez-vous en lisant
les écrits de l'adversaire de la vision du monde
que cet homme défend, car vous ne pouvez pas
lire ses propres écrits ni ceux de ses
partisans. Le pape a en effet interdit aux
catholiques de les lire.
39
La recommandation d'apprendre quelque chose à
partir de ce qui est malveillant, à partir des
écrits adverses les plus malveillants, est la
conséquence morale de certaines pratiques
religieuses actuelles. Il n'est pas étonnant que
ce que nous avons vécu au cours des cinq
dernières années se soit déversé sur le monde à
partir de tels fondements de la vie. Ne
s'agissait-il pas d'une dérive superficielle du
mensonge, de la haine de l'humain et de bien
d'autres choses, mais qui s'enracinait et
s'enracine encore aujourd'hui dans les
profondeurs de l'âme humaine ? Le fait que l'on
a vécu ne devrait-il pas inciter à se demander
très sérieusement s'il n'est pas nécessaire de
réapprendre à fond ? Une sorte d'immoralité
historique mondiale n'est-elle pas apparue à la
surface de l'histoire mondiale actuelle ? Ou
est-ce un sentiment religieux qui s'est
manifesté dans le monde au cours des cinq
dernières années ? Les mentalités qui n'auraient
pas eu des siècles, des millénaires pour
travailler à l'amélioration de l'humanité, vous
voyez aujourd'hui leurs fruits ! La théologie du
XIXe siècle ne sait plus rien de la spiritualité
de l'événement du Golgotha. Cette spiritualité,
ce Christ divin dans l'humain Jésus, sera
retrouvé sur le chemin de la science de l'esprit
orientée anthroposophiquement. De là, elle
pénétrera à nouveau dans les âmes humaines pour
les inciter à ne pas se contenter de prêcher la
morale, mais à fonder en elles le bon instinct,
la bonne impulsion de l'action et du travail
moraux dans le monde. Un renouvellement, une
construction ne sont-ils pas manifestement
nécessaires ? Cette nécessité ne s'impose-t-elle
pas si l'on considère les événements des cinq ou
six dernières années, n'y voit-on pas les fruits
de ce qui a vécu pendant des siècles sous la
surface et qui est maintenant remonté à la
surface ? Cela ne devrait-il pas être la preuve
de la nécessité d'un travail religieux et moral
approfondi ?
40
La science de l'esprit orientée
anthroposophiquement veut collaborer à ce
travail, dont toute personne impartiale doit
aujourd'hui admettre la nécessité si elle ne
dort pas avec son âme au milieu des grands
événements de l'époque. Et celui qui veut la
critiquer, la condamner devrait d'abord se poser
la question fondamentale : veut-elle sincèrement
collaborer au progrès réel de l'humanité ? - Et
lorsqu'il se sera consciencieusement informé, de
manière à pouvoir porter un jugement à ce sujet,
alors seulement apparaîtra dans quelle mesure
cette science de l'esprit orientée
anthroposophiquement a le droit d'y collaborer.
Car elle veut collaborer honnêtement et
sincèrement au progrès nécessaire, au changement
de mentalité et au réapprentissage de
l'humanité.
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