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Œuvres complètes de Rudolf Steiner - GA334

DE L'ÉTAT UNITAIRE À L’ORGANISME SOCIAL TRI-ARTICULÉ.




CHEMINS ET BUTS DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE)

Première conférence,
Bâle, 5 janvier 1920

WEGE UND ZIELE DER GEISTESWISSENSCHAFT (ANTHROPOSOPHIE)

Erster Vortrag,
Basel, 5. Januar 1920

 


 

Les références Rudolf Steiner Œuvres complètes ga 334  011-034 1983  05/01/1920



Original





Traducteur: FG v.01 - 08/10/2022 Editeur: SITE

Celui qui dehors, dans le voisinage, observe le bâtiment qu'on appelle le Goetheanum, consacré à ce une université libre pour la science de l'esprit, qui veut servir les intérêts de l'esprit et de la civilisation de l'avenir, peut tout d'abord être étrangement touché par les formes et la manière du style qui se présentent à lui. On peut avoir beaucoup d'objections à ce que l'on voit là. Ceux qui participent à la construction pourront tout à fait comprendre ces objections, à savoir qu'il s'agit d'un essai provisoire, si elles sont issues d'une bonne volonté. Mais face à cette construction, il faut soulever une certaine question, caractéristique de tout ce que veut et aspire le mouvement spirituel dont cette construction doit être le représentant. Si l'on avait eu besoin, de manière habituelle, d'ériger quelque part un bâtiment indépendant pour un certain courant spirituel, pour un certain type d'activité spirituelle, on se serait sans doute adressé à tel ou tel architecte, à tel ou tel artiste, et l'on aurait peut-être négocié avec eux ce qui devait être fait dans un tel bâtiment, et l'on aurait alors érigé, dans un style antique, dans un style Renaissance ou dans un autre style quelconque, un bâtiment dans lequel cette activité de science spirituelle devait trouver sa demeure. Il n'y aurait qu'un rapport extérieur entre les formes à l'intérieur du bâtiment et autour du bâtiment dédié à cette activité spirituelle et cette dernière elle-même.

01

Wer draußen in der Nachbarschaft den Bau betrachtet, der dem sogenannten Goetheanum, einer freien Hochschule für Geisteswissenschaft, gewidmet ist, die den Geistes-, den Zivilisationsinteres­sen der Zukunft dienen will, der kann zunächst absonderlich be­rührt sein von den Formen, von der Stilweise, die ihm da entgegen­treten. Man mag nun gegen das, was man da sieht, mancherlei einzuwenden haben. Diejenigen, die am Bau beteiligt sind, werden solche Einwände, daß es sich um einen vorläufigen Versuch handelt, durchaus verstehen können, wenn sie aus gutem Willen hervorge­hen. Aber gegenüber diesem Bau muß eine gewisse Frage aufge­worfen werden, die charakteristisch ist für alles das, was jene geistige Bewegung will und anstrebt, deren Repräsentant dieser Bau sein soll. Hätte man in der gewöhnlichen Art die Notwendigkeit gehabt, für eine gewisse geistige Strömung, für eine gewisse Art von geistiger Tätigkeit einen selbständigen Bau irgendwo zu errichten, dann hätte man sich wohl an diesen oder jenen Architekten ge­wandt, an diesen oder jenen Künstler, und man hätte vielleicht mit ihnen verhandelt darüber, was in einem solchen Bau getrieben werden soll, und dann wäre in irgendeinem antiken, einem Renais­sancestil oder in irgendeinem anderen Stil ein Bau errichtet worden, in dem nun diese geisteswissenschaftliche Tätigkeit ihre Wohnung finden sollte. Es würde nur ein äußerliches Verhältnis bestehen zwi­schen den Formen innerhalb des Gebäudes und um das Gebäude, das dieser geistigen Tätigkeit gewidmet ist, und dieser letzteren selbst.

Cela ne pouvait pas être fait ainsi pour ce mouvement spirituel. Il s'agit ici de créer pour un certain courant spirituel une enveloppe extérieure qui, dans son ensemble et dans chaque détail, même le plus infime, est comme née de l'ensemble de la pensée, du ressenti et du vouloir de ce mouvement spirituel lui-même. Il s'agissait de créer dans les formes extérieures, jusque dans le moindre détail, quelque chose qui soit une expression extérieure de ce qui est voulu intérieurement, de la même manière que la parole ou toute autre chose qui doit exprimer le contenu de ce mouvement spirituel lui-même. On ne pouvait donc pas se tourner vers un quelconque style déjà existant, vers un quelconque langage formel transmis par l'histoire. Il fallait alors puiser dans le même fondement spirituel, d'où est tiré le contenu de la vision du monde, ce qui apparaît à l'œil nu dans les formes de construction. Cela ne réside pas seulement dans l'impulsion la plus intime du mouvement de la science de l'esprit, qui se nomme aussi anthroposophique, mais dans toute la manière dont ce mouvement saisit sa mission, ses voies, ses objectifs par rapport aux grandes exigences du monde civilisé actuel.

02

So konnte es gerade bei dieser geistigen Bewegung nicht gemacht werden. Hier handelt es sich darum, für eine gewisse Geistesströmung eine äußere Umhüllung zu schaffen, welche im ganzen und in jeder, auch der geringsten Einzelheit wie herausgeboren ist aus dem ganzen Denken, Empfinden und Wollen dieser Geistesbewegung selbst. Es handelte sich darum, in den äußeren Formen bis ins einzelnste hinein etwas zu schaffen, was in gleicher Weise ein äußerer Ausdruck ist für das innerlich Gewollte wie das Wort oder irgend etwas anderes, das ausdrücken soll den Inhalt dieser Geistes­bewegung selbst. Da konnte man sich nicht wenden an irgendeinen schon bestehenden Stil, an irgendwelche Formensprache, die histo­risch überliefert ist. Da mußte aus demselben geistigen Untergrunde heraus, aus dem der Inhalt der Weltanschauung geschöpft ist, auch das geschöpft werden, was für das Auge sichtbar in den Bauformen auftritt. Nicht nur im innersten Antriebe der geisteswissenschaft­lichen Bewegung, die sich auch die anthroposophische nennt, liegt dies, sondern in der ganzen Art, wie diese Bewegung ihre Aufgabe, ihre Wege, ihre Ziele im Verhältnis zu den großen Anforderungen der gegenwärtigen zivilisierten Welt auffaßt.

Ce mouvement spirituel ne veut pas être une quelconque théorie extraite, une science qui n'occupe que l'intellect, il ne veut pas être quelque chose qui ne peut servir qu'à satisfaire unilatéralement les intérêts intérieurs de l'âme, il veut être quelque chose qui peut cependant donner une satisfaction, une satisfaction intime à ces désirs de l'âme humaine qui vont vers une vision du monde. Mais il veut ancrer cette vision du monde si fermement dans la réalité qu'elle puisse intervenir dans toute la vie pratique. Et c'est ainsi que ce que nous avons pu accomplir tout d'abord seuls, la création directe de formes architecturales et artistiques pour notre cause, est caractéristique de tout ce mouvement. De même qu'il n'est intervenu directement dans la vie la plus pratique que dans un domaine restreint et apparemment éloigné de la vie extérieure, de même ce mouvement spirituel veut chercher des chemins et montrer des objectifs qui s'étendent à tout ce qui est social, à tout ce qui est moral, à toute la vie commune humaine à concevoir dans sa plus large étendue. Les idéalistes qui s'appuient sur cette science de l'esprit ne doivent pas être des idéalistes étrangers au monde, mais ils doivent devenir des idéalistes capables d'intégrer directement dans leur vie pratique ce qui sort de leur âme. Et tout ce qui est souvent si étranger à ce que l'humain pense doit être harmonisé avec ce qui se trouve dans les aspirations les plus intimes de l'âme humaine. La pratique de la vie extérieure doit s'unir à ce par quoi l'humain cherche ses impulsions morales, développe ses instincts sociaux, s'adonne à son culte religieux. Avec une telle mentalité, avec une telle vision, ce courant spirituel scientifique est aujourd'hui encore assez éloigné de ce qui est recherché, voulu, voire considéré comme donc ce qui est correct dans les cercles les plus larges des humains cultivés d'aujourd'hui.

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Diese geistige Bewegung will nicht so irgendeine abgezogene Theorie, eine nur den Intellekt beschäftigende Wissenschaft, sie will nicht etwas sein, was dienen kann allein einer einseitigen Befriedigung der inneren Seeleninteressen, sie will etwas sein, was allerdings Befriedigung, innigste Befriedigung gewähren kann jenen Sehnsüchten der menschlichen Seele, die nach Weltanschauung hingehen. Sie will aber diese Weltanschauung so fest in der Wirklichkeit verankern, daß sie einzugreifen vermag in alles praktische Leben. Und so ist, was wir ja zunächst allein leisten konnten, das unmittelbare Schaffen von Bau- und Kunstformen für unsere Sache, charakteristisch für diese ganze Bewegung. Wie sie da allerdings nur auf einem engbegrenzten und zunächst auch dem äußeren Leben scheinbar fernliegenden Gebiete unmittelbar in das Allerpraktischste eingegriffen hat, so will diese geistige Bewegung Wege suchen und Ziele weisen, die in alles Soziale, in alles Sittliche, in alles in weitestem Umfange zu denkende menschliche Zusammenleben hineingreifen. Nicht weltfremde Idealisten sollen jene Idealisten sein, welche auf diese Geisteswissenschaft bauen, sondern sie sollen solche Idealisten werden, welche das, was aus ihrer Seele wird, unmittelbar einfließen lassen können in ihre praktische Lebensbetä­tigung. Und alles das, was oftmals so fremd verläuft in demjenigen, was der Mensch denkt, das soll zusammengestimmt werden mit dem, was in des Menschen innerstem seelischen Streben ist. Die äußere Lebenspraxis, sie soll eins werden mit dem, wodurch der Mensch seine sittlichen Impulse sucht, seine sozialen Triebe entwik­kelt, seiner religiösen Verehrung nachhängt. Mit einer solchen Gesinnung, mit einer solchen Anschauung steht allerdings diese geisteswissenschaftliche Strömung heute noch ziemlich fern demjenigen, was in weitesten Kreisen der heute gebildeten Menschen angestrebt, gewollt, ja für das Richtige gehalten wird.

On peut voir qu'il doit en être ainsi, mais aussi qu'il est nécessaire qu'un tel mouvement spirituel s'inscrive dans notre civilisation moderne, si l'on tourne le regard vers la manière dont toute notre vie, dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, a en fait conflué à partir des courants les plus divers. Je voudrais tout d'abord parler aujourd'hui de deux courants principaux de notre vie de civilisation. Nous avons aujourd'hui ce que nous appelons notre formation spirituelle, dans laquelle s'enracinent nos convictions religieuses, dans laquelle naissent nos idéaux moraux, mais dans laquelle s'enracine également toute notre vie spirituelle plus haute. Nous avons ce qui doit permettre à l'humain de développer ses capacités et ses forces pour une formation spirituelle au-delà du travail manuel habituel. Et à côté de cela, nous avons l'activité pratique de la vie, qui a reçu des impulsions si intenses au cours des derniers siècles. Nous avons autour de nous une technique, certes stimulée par notre science, mais qui s'immisce profondément dans la vie sociale et qui a transformé la vie de la civilisation moderne dans un sens qui aurait certainement été totalement insaisissable pour un humain il y a encore huit ou neuf siècles.

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Daß das so sein muß, aber auch daß es notwendig ist, daß in unsere moderne Zivilisation sich eine solche geistige Bewegung hineinstellt, das kann ersichtlich werden, wenn man den Blick wendet auf die Art und Weise, wie unser ganzes Leben, in dem wir heute drinnenstehen, eigentlich aus den verschiedensten Strömungen zusammengeflossen ist. Ich möchte heute zunächst von zwei hauptsächlichsten Strömungen unseres Zivilisationslebens spre­chen. Wir haben heute das, was wir unsere geistige Bildung nennen, in dem unsere religiösen Überzeugungen wurzeln, in dem unsere sittlichen Ideale entspringen, aber in dem auch unser ganzes höheres Geistesleben wurzelt. Wir haben dasjenige, wodurch der Mensch ausbilden soll über das gewöhnliche Handarbeitliche hinaus seine Fähigkeiten und Kräfte für eine geistige Bildung. Und wir haben neben dem die praktische Lebenstätigkeit, die in den letzten Jahr­hunderten so intensive Impulse erhalten hat. Wir haben um uns herum eine allerdings von unserer Wissenschaft angeregte, aber tief in das soziale Leben hineingreifende Technik, die umgestaltet hat das moderne Zivilisationsleben in einem Sinne, welcher ganz gewiß noch einem Menschen vor acht bis neun Jahrhunderten völlig unfaßlich gewesen wäre.

Si nous nous demandons maintenant d'où vient l'un, notre vie de formation spirituelle, qui ne domine pas seulement nos écoles supérieures, qui déploie ses pulsions jusque dans nos écoles primaires, et d'où vient d'autre part notre pratique de la vie, traversée par une technique si étendue, on obtient une réponse dont l'humain d'aujourd'hui ne se rend pas encore compte. Mais il suffit - et nous en parlerons plus en détail dans le troisième exposé - de considérer ce qui constitue en quelque sorte le fondement de notre civilisation occidentale, notamment de sa partie spirituelle supérieure, de regarder le christianisme au sens le plus large, et l'on pourra se dire, même en considérant superficiellement l'histoire du monde : Si l'on part de ce qui vit en nous en tant que conceptions et convictions chrétiennes, à partir desquelles se sont formées tant de nos conceptions et convictions spirituelles générales, beaucoup plus que ce que l'on veut bien admettre aujourd'hui, si l'on cherche l'origine de ces convictions et de ces conceptions, on arrivera finalement au chemin que le christianisme a pris depuis l'Orient jusqu'à l'Occident. Et l'on peut continuer à chercher le fil conducteur que l'on a obtenu de cette manière, et l'on trouvera que les chemins qui se présentent lorsque l'on retrace notre formation spirituelle - ces chemins qui mènent au latin-romain, au grec, dont notre formation spirituelle montre pourtant encore clairement la succession intérieure -, que ces chemins mènent finalement à la constitution particulière de l'esprit, à la constitution particulière de l'âme, par laquelle, il y a des millénaires, des millénaires préhistoriques, notre vie éducative, plus orientée vers l'intérieur, vers le spirituel, a pris naissance en Orient. Ce n'est que parce que cette vie éducative, cette conception intérieure de l'esprit a beaucoup changé au cours des siècles et des millénaires, que nous ne remarquons plus aujourd'hui comment elle tire son origine de ce qui, comme je l'ai dit, a pris naissance avant les millénaires préchrétiens, à partir d'une constitution d'esprit qui est devenue tout à fait étrangère aux humains civilisés d'aujourd'hui. Pour comprendre ce vaste chemin, il ne faut pas seulement revenir à ce que l'historiographie extérieure, étayée par des documents, nous offre, il faut aller au-delà de ce que cette historiographie peut dire, précisément dans les temps préhistoriques. Cela devient bien difficile pour l'humain présent. Car il pense au plus profond de lui-même qu'il est allé "si loin" dans les choses de l'esprit au cours des derniers siècles, peut-être seulement du tout dernier siècle, que tout ce qui se situe à des époques auxquelles il vient d'être fait allusion doit être relégué dans le domaine de l'enfance, du primitif.

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Wenn wir uns nun fragen, woher das eine, unser geistiges Bildungsleben, das nicht etwa bloß unsere höheren Schulen beherrscht, das bis in unsere Volksschulen hinunter seine Triebe entfaltet, und woher andererseits unsere von einer so ausgebreiteten Technik durchzogene Lebenspraxis kommt, so erhält man eine Antwort, über die sich der Mensch der Gegenwart heute noch wenig Rechen­schaft gibt. Aber man braucht ja nur — und wir werden das noch ausführlicher im dritten Vortrag auseinandersetzen —, man braucht nur das, was gewissermaßen doch die Grundlage für unsere abend­ländische Zivilisation, namentlich für ihren höheren geistigen Teil bildet, ins Auge zu fassen, man braucht im weitesten Sinne auf das Christentum zu sehen, so wird man sich auch bei einer oberfläch­lichen weltgeschichtlichen Betrachtung sagen können: Wenn man von dem, was in uns als die christlichen Anschauungen, die christ­lichen Überzeugungen lebt, aus denen sich soviel von unseren allgemein geistigen Anschauungen und Überzeugungen herausge­bildet hat, viel mehr, als man heute zugeben will, wenn man den Ursprung dieser Überzeugungen und Anschauungen sucht, so wird man zuletzt doch auf den Weg kommen, den das Christentum genommen hat vom Orient herüber zum Okzident. Und man kann ja nach dem Leitfaden, den man in solcher Art gewonnen hat, weiter Umschau halten, und man wird finden, daß jene Wege, die sich ergeben, wenn man unsere geistige Bildung zurückverfolgt — jene Wege, die ins Lateinisch-Römische hinein, ins Griechische führen, von denen unsere geistige Bildung doch innerlich noch die Nachfol­gerschaft deutlich zeigt —, daß diese Wege zuletzt hinüberführen in die besondere Geistesverfassung, in die besondere Seelenkonstitu­tion, durch welche vor Jahrtausenden, vor vorgeschichtlichen Jahr­tausenden, aus dem Orient herüber gerade unser mehr auf das Innere, auf das Seelisch-Geistige gerichtetes Bildungsleben seinen Ursprung genommen hat. Nur weil dieses Bildungsleben, diese innere Geistesanschauung sich im Laufe der Jahrhunderte und Jahrtausende sehr gewandelt hat, bemerken wir heute nicht mehr, wie es seine Herkunft ableitet von dem, was, wie gesagt, vor vorchristlichen Jahrtausenden aus einer Geistesverfassung heraus, die den heutigen zivilisierten Menschen ganz fremd geworden ist, seinen Ursprung genommen hat. Man muß, um diesen weiten Weg zu verstehen, nicht allein zurückgehen auf das, was die äußere, durch Dokumente zu belegende Geschichtsschreibung bietet, man muß über das, was diese Geschichtsschreibung sagen kann, hinaus­gehen eben in vorgeschichtliche Zeiten. Das wird dem gegenwär­tigen Menschen recht schwierig. Denn der denkt in seinem Innersten, daß er es im Laufe der letzten Jahrhunderte, vielleicht erst des allerletzten Jahrhunderts, in geistigen Dingen «so herrlich weit gebracht» habe, daß alles dasjenige, was in Zeiten liegt, auf die eben hingedeutet worden ist, in das Gebiet des Kindlichen, des Primiti­ven verwiesen werden müsse.

Mais celui qui, sans se laisser troubler par un tel préjugé, parvient à remonter le chemin jusqu'à l'ancienne culture de l'Orient, voit que, dans les temps préchrétiens, la civilisation et la formation de l'esprit en Orient étaient essentiellement différentes, mais qu'elles offraient aux âmes humaines des contenus spirituels tout à fait intenses. Seulement, ceux-ci étaient atteints d'une tout autre manière, je dirais même d'une manière radicalement différente de ce qui est atteint aujourd'hui par les humains qui doivent maîtriser une formation spirituelle plus haute dans des écoles supérieures.

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Wer nun aber ungetrübt durch ein solches Vorurteil den Weg in die alte Kultur des Orients zurückzugehen vermag, der sieht, daß allerdings in den vorchristlichen Zeiten im Orient die Zivilisation, die Geistesbildung eine wesentlich andere war, daß sie aber durchaus intensive geistige Inhalte den menschlichen Seelen bot. Nur wurden diese auf ganz andere, ich möchte sagen, auf radikal andere Weise erreicht, als heute das erreicht wird, was die Menschen beherrschen sollen, die an höheren Schulen sich eine höhere Geistes­bildung aneignen.

Celui qui devait un jour acquérir la culture spirituelle plus haute dans l'Orient ancien devait subir une transformation complète de tout son être humain, après avoir été choisi par les directeurs et les responsables des centres de formation concernés. Je parle des lieux de formation de cet Orient ancien. Ils sont accessibles à la science de l'esprit dont il est question ici, du point de vue de la connaissance ; mais si l'on est suffisamment libre de préjugés, si l'on a un certain courage de penser et de connaître, alors on peut aussi déduire de ce qui nous est transmis par l'histoire ce qui existait là dans les temps anciens. Il faut parler de ces lieux de formation de telle sorte qu'ils avaient comme une unité interne ce qui chez nous se présente séparément. Ces lieux de formation, auxquels se rattache tout ce que nous portons encore en nous aujourd'hui, mais sous une forme essentiellement transformée, étaient à la fois ce que nous appelons aujourd'hui l'église, mais aussi ce que nous appelons aujourd'hui l'école, étaient aussi ce que nous appelons aujourd'hui les institutions artistiques. L'art, la science et la religion formaient une unité dans les civilisations humaines plus anciennes. Et celui qui devait se développer dans ces lieux de formation devait faire évoluer tout son être humain. Il devait transformer tout son être humain. Il devait adopter une autre forme de pensée que celle qui est efficace dans la vie quotidienne. Il devait s'abandonner à la pensée contemplative. Il devait s'habituer à traiter la pensée comme on le fait habituellement avec le monde extérieur. Mais il a aussi dû s'habituer à transformer toute sa vie affective et sa volonté. Il est difficile aujourd'hui de se faire une représentation de ce qui a été recherché dans cette direction. Car comment pensons-nous vraiment sur notre vie ? Nous admettons que l'enfant doit être développé. Ses capacités et ses forces, avec lesquelles il est plongé dans le monde, doivent être développées par l'éducation. Eh bien, l'enfant ne peut pas s'éduquer lui-même ; les autres, les adultes, ont d'abord l'idée que l'enfant doit être développé avec ses capacités et ses forces. Et nous faisons aussi en sorte que l'enfant pense, ressente et veuille différemment de ce qu'il est à sa naissance dans le monde. Mais si nous exigeons de l'humain qu'il poursuive son développement même lorsqu'il est déjà parvenu à sa propre volonté, lorsque les autres ne s'occupent plus de son développement à partir de leurs conceptions, alors l'humain actuel trouve là une étrange imposition ; car on ne doit être développé que tant qu'on ne peut pas s'occuper de ce développement par sa propre volonté, qu'on ne peut pas le prendre en main. Si l'on parvient une fois à une certaine liberté en ce qui concerne son propre développement, alors on abandonne l'évolution. C'est l'orgueil intellectuel dans lequel nous vivons aujourd'hui. Au moment où nous serions en mesure de prendre en main notre propre évolution, nous pensons que nous sommes déjà prêts et nous nous présentons dans le monde comme des humains finis.

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Wer einstmals im alten Orient die höhere Geisteskultur sich aneignen sollte, der mußte durchmachen, nachdem er auserwählt war von den Leitern und Lenkern der betreffenden Bildungsstätten, eine völlige Umwandlung seines ganzen menschlichen Wesens. Von den Bildungsstätten dieses alten Orients spreche ich. Der Geisteswissenschaft, von der hier gesprochen wird, sind sie erkenntnis­mäßig zugänglich; aber wenn man vorurteilslos genug ist, wenn man einen gewissen Mut des Denkens und Erkennens hat, dann kann man auch aus dem, was geschichtlich überliefert ist, zurück-schließen auf das, was da vorgeschichtlich vorhanden war. Von diesen Bildungsstätten muß man so sprechen, daß sie dasjenige wie in einer inneren Einheit hatten, was bei uns getrennt auftritt. Diese Bildungsstätten, auf die zurückweist alles, was wir eigentlich heute noch in uns tragen, aber in wesentlich verwandelter Gestalt, sie waren zugleich das, was wir heute Kirche nennen, aber auch das, was wir heute Schule nennen, waren zugleich auch das, was wir heute Kunstanstalten nennen. Kunst, Wissenschaft, Religion, sie bildeten in älteren menschlichen Zivilisationen eine Einheit. Und wer in diesen Bildungsstätten entwickelt werden sollte, der mußte seinen ganzen Menschen zur Entwickelung bringen. Er mußte seinen ganzen Menschen umwandeln. Er mußte eine andere Form des Denkens annehmen als diejenige, die im alltäglichen Leben die wirksame ist. Er mußte sich hingeben beschaulichem Denken. Er mußte sich daran gewöhnen, mit dem Denken so umzugehen, wie man sonst nur mit der äußeren Welt umgeht. Er mußte sich aber auch daran gewöhnen, sein ganzes Gefühls- und Willensleben umzuwandeln. Man macht sich heute schwer eine Vorstellung von dem, was in solcher Richtung angestrebt worden ist. Denn wie denken wir eigentlich über unser Leben? Wir geben zu: das Kind, das muß entwickelt werden. Seine Fähigkeiten und Kräfte, mit deren Anlagen es in die Welt hereinversetzt ist, sie müssen durch die Erziehung entwickelt werden. Nun ja, das Kind kann sich nicht selber erziehen; die anderen, die Erwachsenen, haben zunächst die Anschauung, daß das Kind mit seinen Fähigkeiten und Kräften entwickelt werden muß. Und wir machen das Kind auch anders in bezug auf sein Denken, Fühlen und Wollen, als es hereingeboren wird in die Welt. Wenn wir aber nun dem Menschen zumuten, daß er auch dann noch, wenn er bereits zu seinem eigenen Willen gekommen ist, wenn nicht mehr die anderen aus ihren Anschauungen heraus seine Entwickelung besorgen, diese Entwickelung fortsetzen soll, dann findet der gegenwärtige Mensch darin eine sonderbare Zumutung; denn man soll nur entwickelt werden, solange man diese Entwickelung nicht durch eigene Willkür besor­gen, nicht selbst in die Hand nehmen kann. Kommt man einmal zu einer gewissen Freiheit in bezug auf sein eigenes Entwickeln, dann verläßt man die Entwickelung. Das ist der intellektuelle Hochmut, in dem wir heute leben. Wir denken in dem Augenblicke, wo wir in die Lage kämen, unsere Entwickelung selbst in die Hand zu neh­men, wir seien schon fertig, und stellen uns als fertige Menschen in die Welt hinein.

Une telle vision n'existait pas à l'intérieur de cette civilisation à laquelle j'aimerais faire allusion ici, mais l'humain fut développé plus loin et toujours plus loin. Et justement ainsi que ce que l'enfant est capable de reconnaître, de ressentir, de faire, après être passé par une certaine formation, représente une sorte d'éveil dans la constitution d'âme, de même il y a un tel éveil pour le développement ultérieur que l'humain peut maintenant prendre en main. C'est à cet éveil aux activités de l'âme, qui étaient supérieures aux activités ordinaires, dans le même sens que les capacités supérieures des adultes sont supérieures à celles des enfants, que l'élève oriental des mystères a été éduqué. Et l'on avait l'intuition que seul celui qui avait vécu cet éveil ultérieur dans le meilleur sens du terme était capable de juger des affaires les plus élevées de la vie. Et on n'a pas seulement été préparé à être un homme qui, lorsqu'il réfléchit, lorsqu'il développe un certain sentiment et une certaine émotion intérieure, se sent satisfait de la connaissance de son lien avec un monde spirituel, non, on n'a pas seulement développé la capacité d'une vision du monde, on a développé les capacités par lesquelles la vie sociale et technique extérieure était dirigée, par lesquelles la vie commune humaine était dirigée. Toute la vie était alors influencée par la formation et l'évolution spirituelle.

08

Solch eine Anschauung gab es innerhalb jener Zivilisation, auf die ich hier hindeuten möchte, nicht, sondern der Mensch wurde weiter und immer weiter entwickelt. Und ebenso wie dasjenige, was das Kind imstande ist zu erkennen, zu fühlen, zu tun, nachdem es durch eine gewisse Schulung gegangen ist, wie das in der Seelenverfassung eine Art Aufwachen darstellt, so gibt es für die Weiterentwickelung, die der Mensch nun in die Hand nehmen kann, auch ein solches Aufwachen. Zu diesem Aufwachen in Seelentätigkeiten, die höhere waren gegenüber den gewöhnlichen in demselben Sinne, wie die höheren Fähigkeiten der Erwachsenen höher sind als die des Kin­des, zu solchem Aufwachen wurde der orientalische Mysterien­schüler erzogen. Und man hatte die Anschauung, daß nur derjenige urteilsfähig sei über die höchsten Angelegenheiten des Lebens, welcher also jene spätere Erweckung im besten Sinne des Wortes im Leben durchgemacht hat. Und vorbereitet wurde man da nicht etwa bloß dazu, nun ein Mensch zu sein, der, wenn er nachdenkt, wenn er ein gewisses innerliches Fühlen und Empfinden entwickelt, durch das Wissen von seinem Zusammenhang mit einer geistigen Welt sich befriedigt fühlt, nein, entwickelt wurde da nicht nur die Fähigkeit für eine Weltanschauung, entwickelt wurden da jene Fähigkeiten, durch die das soziale und äußerlich technische Leben geleitet, durch die das menschliche Zusammenleben dirigiert wurde. Das ganze Leben wurde da aus der geistigen Bildung und Entwickelung heraus beeinflußt.

Il nous est si difficile de nous replacer dans le contexte qui prévalait il y a des millénaires en Orient, au point de départ de notre évolution humaine récente, parce que notre état d'âme tout entier est devenu autre au fur et à mesure de l'évolution de l'humanité, parce que nous sommes parvenus à d'autres sensations et à d'autres visions sur la vie. Pour les humains qui se trouvaient dans la formation de l'esprit évoquée ici, il était instinctif de s'élever vers une telle transformation de l'être humain. Les instincts de ces humains étaient différents. Ils tendaient vers une telle contemplation de la vie de l'esprit après une certaine transformation. Les humains qui n'ont pas suivi eux-mêmes une telle formation ont regardé vers le haut, à partir de leurs instincts qui étaient aussi présents chez eux, vers ce que les personnes formées pouvaient leur donner. Ils les suivaient en rapport à la formation de leur vie psychique intérieure. Mais ils les ont également suivis en ce qui concerne l'organisation de la vie sociétale, en ce qui concerne le se-placer dans la vie globale.

09

Wir können uns so schwer zurückversetzen in das, was da am Ausgangspunkt unserer neueren menschlichen Entwickelung vor Jahrtausenden im Orient drüben waltend war, weil unsere ganze Seelenverfassung mit der Fortentwickelung der Menschheit etwas anderes geworden ist, weil wir zu anderen Empfindungen und Anschauungen über das Leben gekommen sind. Denjenigen Men­schen, die in der hier angedeuteten Geistesbildung drinnenstanden, war es instinktiv, zu einer solchen Umbildung des menschlichen Wesens hinaufzurücken. Die Instinkte dieser Menschen waren andere. Sie tendierten hin zu einem solchen Erschauen des Geistes­lebens nach einer gewissen Umbildung. Die Menschen, die nicht selbst solche Ausbildung durchmachten, sahen aus ihren Instinkten, die auch bei ihnen vorhanden waren, zu demjenigen empor, was die Ausgebildeten ihnen geben konnten. Sie folgten ihnen in bezug auf die Ausbildung ihres inneren Seelenlebens. Sie folgten ihnen aber auch in bezug auf die Einrichtung des gesellschaftlichen Lebens, in bezug auf das Sich-Hineinstellen in das Gesamtleben.

Les instincts qui ont conduit à une telle vie sont tout autant issus de la culture générale actuelle de l'humanité que les instincts particuliers de l'âme de l'enfant ont été transformés chez l'adulte. Mais grâce à ces instincts, en relation avec ce qui est sorti de ces lieux de formation que l'on peut justement appeler des mystères, il en résulta une disposition de l'âme humaine par laquelle on ne pouvait pas faire autrement que de chercher ce qui est le noyau de l'être de l'humain, non pas ici dans le cercle de la vie qui enferme le corps humain en lui-même, mais toute cette conception de la vie conduisait à cela, à s'élever en quelque sorte instinctivement, à s'élever dans une conscience tout à fait populaire vers l'homme supérieur dans l'humain, vers ce qui dans l'humain est essentiellement de nature spirituelle et psychique, vers ce qui dans l'humaine apparaît certes dans le corps sensible pour la période entre la naissance et la mort, mais qui est en soi éternelle et appartient à un monde spirituel dans lequel on regardait justement instinctivement. Quelque chose de surhumain, si je peux utiliser cette expression qui est devenue un peu inquiétante pour les adeptes de Nietzsche, quelque chose de surhumain était considéré comme l'essence de l'humain. Ce sur quoi l'humain regardait comme sa propre essence était quelque chose qui dépassait l'humain ordinaire. C'est en cela que cette formation était grande : rechercher l'humain d'après un spirituel et d'âme, qui trouve dans le corporel seulement son expression, qui de monde spirituel d'âme intervient dans tout l'être humain à partir du monde spirituel et d'âme, dirigeant cet être humain dans ses manifestations/extériorisation les plus matérielles à partir du spirituel et d'âme.

10

Die Instinkte, die zu solchem Leben führten, sie sind ebenso aus der heutigen Gesamtkultur der Menschheit heraus, wie beim Erwachsenen die besonderen Seeleninstinkte des Kindes umgewandelt sind. Aber durch diese Instinkte, im Zusammenhang mit dem, was aus jenen Bildungsstätten, die man eben Mysterien nennen kann, erwachsen ist, ergab sich eine menschliche Seelenstimmung, durch die man gar nicht anders konnte, als das, was des Menschen Wesenskern ist, nicht hier in dem Umkreis des Lebens zu suchen, der den menschlichen Leib in sich schließt, sondern diese ganze Lebensanschauung führte dahin, auch gewissermaßen instinktiv sich zu erheben, im ganz populären Bewußtsein sich zu erheben zu dem höheren Menschen im Menschen, zu demjenigen im Menschen, was wesentlich geistig-seelischer Art ist, zu demjenigen im Menschen, was zwar im sinnlichen Leibe für die Zeit zwischen Geburt und Tod erscheint, was aber in sich selber ewig ist und einer geistigen Welt angehört, in die man eben instinktiv hineinschaute. Etwas Übermenschliches, wenn ich diesen Ausdruck, der durch die Nietzsche-Anhänger etwas bedenklich geworden ist, gebrauchen darf, etwas Übermenschliches wurde als das Wesen des Menschen angesehen. Dasjenige, worauf der Mensch hinsah als auf sein eigenes Wesen, war etwas, was über diesen gewöhnlichen Menschen hinausging. Darin war jene Bildung groß: den Menschen aufzusuchen seinem Wesen nach in einem Geistig-Seelischen, das im Leiblichen nur seinen Ausdruck findet, das aus geistig-seelischer Welt hereingreift in das ganze Menschenwesen, dieses Menschenwesen in seinen materiellsten Äußerungen vom Geistig-Seelischen aus dirigierend.

En de nombreuses métamorphoses, à travers de nombreuses transformations, ce qui vint en l'état comme le contenu de la formation de l'esprit a alors été élaboré en Orient en de larges transformations, est arrivé en Grèce. Cela y apparaît, j'aimerais dire, filtré. Tandis que dans la plus ancienne période grecque, que Friedrich Nietzsche a appelée l'âge tragique des Grecs, nous voyons encore quelque chose d'une telle orientation de l'humain entier vers l'humain supérieur, dans la période grecque ultérieure apparaît ce que l'on peut appeler, dans un sens plus englobant, l'essence dialectique, purement intellectuelle, de l'humain. Tout le contenu riche et intensément humain d'une culture primitive a été en quelque sorte filtré et filtré encore et encore, et c'est dans son état le plus dilué qu'il est parvenu à notre époque. Et cela forme ainsi l'un des courants de notre vie qui monta absolument jusqu'à l'humain spirituel d'âme et donna à l'humain une conscience qui lui a permis de se sentir à chaque instant de la vie, dans la prière et dans le travail le plus sale, comme une expression extérieure de l'humain spirituel et psychique.

11

In vielen Metamorphosen, durch viele Umwandlungen hindurch ist das, was da als Inhalt der Geistesbildung zustande kam, dann ausgearbeitet worden im Orient, ist in weiten Umwandlungen herübergekommen nach Griechenland. Es erscheint da, ich möchte sagen, filtriert. Während wir in der ältesten Griechenzeit, die Friedrich Nietzsche genannt hat das tragische Zeitalter der Griechen, noch etwas sehen von einem solchen Hinauflenken des ganzen Menschen zum höheren Menschen, tritt in der späteren Griechenzeit das ein, was man in einem umfassenderen Sinne das dialektische, das rein intellektuelle Wesen des Menschen nennen kann. Es wurde gewissermaßen der ganze reiche und intensiv allmenschliche Inhalt einer Urkultur filtriert und weiter und weiter filtriert, und im verdünntesten Zustande kam er herüber in unser Zeitalter. Und so bildet das die eine Strömung unseres Lebens, was durchaus hinauf­ging zum geistig-seelischen Menschen und was dem Menschen ein Bewußtsein gab, durch das er sich in jedem Augenblick des Lebens, beim Gebet und bei der schmutzigsten Arbeit, als einen äußerlichen Ausdruck fühlte des geistig-seelischen Menschen.

Nous verrons dans le troisième exposé que le mystère du Golgotha, à partir duquel le christianisme s'est développé sur cette terre, est un fait en soi qui peut être compris de différentes manières à différentes époques. Mais ce à partir de quoi on a forgé la compréhension suivante de ce mystère du Golgotha, c'est ce que l'on avait rapporté comme formation depuis l'Orient. Et au fond, dans tout ce que nous faisons encore aujourd'hui pour comprendre le christianisme vit ce qui est la dernière expérience de l'Orient, toutefois diluée à la mesure de l'esprit. Il y a une certaine particularité de toute cette configuration d'âme qui vit seulement plus en nous dans sa dernière métamorphose. Et cette particularité, il faut la chercher dans ce qui suit.

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Wir werden im dritten Vortrage sehen: das Mysterium von Golgatha, von dem das Christentum in seiner Entwickelung auf dieser Erde ausgegangen ist, steht als eine Tatsache für sich da, die in verschiedenen Zeitaltern in verschiedenster Weise begriffen werden kann. Aber das, woraus man geprägt hat das nächste Verständnis dieses Mysteriums von Golgatha, das war das, was man an Bildung vom Orient herübergebracht hatte. Und im Grunde genommen lebt in alledem, was wir auch heute noch aufbringen zum Begreifen des Christentums, dasjenige, was letztes, allerdings geistesmäßig verdünntes Erleben des Orients ist. Es gibt eine gewisse Eigentüm­lichkeit dieser ganzen Seelenkonfiguration, die nur mehr in ihrer letzten Metamorphose in uns lebt. Und diese Eigentümlichkeit muß man in dem Folgenden suchen.

Aussi grande et puissante que soit cette conception du monde en rapport à l'ascension vers le surhumain dans l'humain, descendre vers ce vers quoi la civilisation occidentale est montée et dans quoi elle est devenue grande, cette civilisation orientale n'aurait jamais pu le faire. Elle a pu produire le surhomme, le spirituel-psychique, elle n'a pas pu produire autre chose. C'est une chose à laquelle j'ai déjà fait allusion ici dans d'autres contextes. C'est précisément à l'époque où la dernière métamorphose de la vie de l'esprit orientale commençait à prendre place en Occident que commença un début à une nouvelle vie vie de l'esprit, à une vie de l'esprit qui, jusqu'à notre époque, a toutefois produit d'énormes fleurs dans la pratique de la vie, mais des fleurs d'un tout autre sorte que la vie de l'esprit orientale que j'ai justement décrite. Regardons ces autres fleurs.

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So groß und gewaltig diese Weltanschauung ist mit Bezug auf das Hinaufgehen zum Übermenschlichen im Menschen, heruntersteigen zu dem, wozu die abendländische, die westliche Zivilisation gestiegen und worin sie groß geworden ist, hätte diese orientalische Zivilisation niemals können. Den Übermenschen, den geistig-seeli­schen, konnte sie hervorbringen, etwas anderes konnte sie nicht hervorbringen. Es ist etwas, worauf ich in anderen Zusammen­hängen hier schon hingedeutet habe. Gerade in der Zeit, als schon die letzte Metamorphose des orientalischen Geisteslebens im Abendlande begann Platz zu greifen, da fing ein Ansatz zu einem neuen Geistesleben an, zu einem Geistesleben, das bis in unsere Zeit in der Lebenspraxis allerdings gewaltige Blüten hervorgebracht hat, aber Blüten ganz anderer Art als das eben geschilderte orientalische Geistesleben. Sehen wir auf diese anderen Blüten.

J'aimerais là encore une fois attirer l'attention sur le fait suivant. Comme je l'ai dit, je l'ai déjà exposé ici sous d'autres points de vue. Si nous examinons aujourd'hui les manuels usuels après le nombre d'êtres humains sur la Terre, on nous dit qu'environ 1500 millions d'humains habitent la Terre. Si nous regardons ce qui est travaillé à l'intérieur de la civilisation humaine, si nous regardons les forces de travail qui sont actives dans notre être humain et notre vie humaine, alors nous devons de manière étrange dire autre chose. Nous devrions alors dire : la terre travaille comme si elle était habitée non pas par 1500 millions d'humains, mais par 2200 millions d'humains. Depuis trois ou quatre siècles, notre monde de machines travaille ainsi que par là du travail est fourni que l'on pourrait se penser aussi fourni par des humains. Nous remplaçons la force de travail humaine par de la force de machines. Et si l'on convertit ce que nos machines fournissent en force humaine de travail, ainsi on en obtient, si l'on considère un temps de travail de huit heures, que le travail de notre Terre contient sept à huit fois cent millions d'hommes, c'est-à-dire non pas des humains réels, mais du travail humain, mais fourni par des machines.

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Auf folgende Tatsache möchte ich da noch einmal hinweisen. Ich habe sie, wie gesagt, von anderen Gesichtspunkten aus auch hier schon angeführt. Wenn wir heute die gebräuchlichen Handbücher durchschauen danach, wie viele Menschen auf der Erde sind, so wird uns gesagt, ungefähr 1500 Millionen Menschen bewohnen die Erde. Wenn wir auf das schauen, was innerhalb der menschlichen Zivilisation gearbeitet wird, wenn wir auf die Arbeitskräfte schauen, die in unserem Menschenwesen und Menschenleben tätig sind, dann müssen wir merkwürdigerweise etwas anderes sagen. Dann müßten wir eigentlich sagen: die Erde arbeitet so, wie wenn sie nicht bloß von 1500 Millionen Menschen, sondern von 2200 Millionen Menschen bewohnt wäre. Seit drei bis vier Jahrhunderten arbeitet unsere Welt der Maschinen so, daß dadurch Arbeit geleistet wird, die man sich denken könnte auch von Menschen geleistet. Wir ersetzen menschliche Arbeitskraft durch Maschinenkraft. Und wenn man umrechnet, was unsere Maschinen leisten, in menschliche Arbeitskraft, so bekommt man heraus, wenn man achtstündige Arbeitszeit in Anschlag bringt, daß in unserer Erdenarbeit drinnenstecken sieben- bis achtmal hundert Millionen Menschen, das heißt, nicht wirkliche Menschen, sondern menschliche Arbeit, die aber durch Maschinen aufgebracht wird.

C'est quelque chose qui est livré à la civilisation de l'humanité par ces forces spirituelles qui ont grandies à l'humain de l'Ouest, ces forces spirituelles qui n'auraient jamais pu se développer en ligne droite à partir de cette culture intérieure de l'esprit et de l'âme qui s'était élancée de manière si grandiose vers le surhumain, vers l'humain supérieur dans l'humain, vers l'humain spirituel psychique. Cette culture est restée à certaines hauteurs de l'âme. Elle n'embrassait pas ce que nous appelons aujourd'hui la vie pratique. Elle n'aurait jamais pu placer un métal mort ou un autre matériau dans un contexte tel que travaille parmi les humains, non toutefois un surhumain, mais un sous-humain, un humain qui est en fait un homoncule vis-à-vis de l'humain de chair et de sang, un mécanisme qui introduit dans la culture humaine ce que les humains pourraient y introduire sinon. C'est l'essence même de notre vie intellectuelle occidentale. C'est d'autant plus caractéristique pour notre vie de l'esprit occidentale que plus nous allons vers l'Ouest, où l'humain mécanique, le sous-homme, est issu de cette vie de l'esprit, comme l'humain psycho-spirituel, le surhomme, est issu de la vie de l'esprit orientale.

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Das ist etwas, was hineingeliefert wird in die Menschheitszivilisation durch jene Geisteskräfte, die erwachsen sind dem Menschen des Westens, jene Geisteskräfte, die niemals hätten in gerader Linie sich entwickeln können aus jener inneren Geistes- und Seelenkul­tur, die in so grandioser Weise zu dem Übermenschen hinauf, zu dem höheren Menschen im Menschen, zu dem geistig-seelischen Menschen sich aufgeschwungen hatte. Diese Kultur blieb in gewis­sen Seelenhöhen. Sie durchdrang nicht das, was wir heute prakti­sches Leben nennen. Sie hätte niemals totes Metall oder sonstiges Material in solchen Zusammenhang bringen können, daß mitten unter den Menschen arbeitet, jetzt allerdings kein Übermensch, aber ein Untermensch, ein Mensch, der eigentlich gegenüber den Menschen aus Fleisch und Blut ein Homunkulus ist, ein Mecha­nismus, der aber in die menschliche Kultur hereinstellt das, was sonst Menschen hereinstellen könnten. Das ist das Wesentliche unseres westlichen Geisteslebens. Es ist um so mehr charakteristisch für dieses westliche Geistesleben, je weiter wir nach dem Westen kommen, wo aus diesem Geistesleben hervorgegangen ist der me­chanische Mensch, der Untermensch, wie aus dem orientalischen Geistesleben der seelisch-geistige Mensch, der Übermensch hervor­gegangen ist.

Mais le fait que de telles choses aient pu être créées en Occident n'est pas ici un phénomène isolé de la vie de civilisation. C'est lié à toute la formation du représenter, du sentir et du penser. Les humains qui ont introduit cet homoncule dans la vie sont naturellement grands dans toute la constitution de leur âme, évidemment grands d'après l'autre direction que l'humain oriental. Aujourd'hui, on ne peut pas comprendre la vie si on ne peut pas comprendre cette opposition dans toute son intensité. Car d'une part, cet humain moderne porte encore en lui la dernière métamorphose de ce qui lui est venu d'Orient, et d'autre part, il absorbe depuis des siècles déjà l'autre élément, qui est l'essentiel de la vie de l'esprit occidentale. Une compensation n'est pas encore là aujourd'hui. Ils sont là comme deux courants séparés l'un de l'autre, le courant du surhumain, quand bien aussi très modifié, le courant du sous-humain, même s'il n'en est qu'à ses débuts. Et l'humain moderne, l'humain du présent, lorsqu'il prend conscience que ces deux courants vivent non médiés dans son âme, il souffre psychiquement, spirituellement et probablement/volontiers aussi corporellement de la discordance qui là en sort. Certes, ce sont des choses qui se déroulent si profondément dans ce qui reste inconscient et subconscient que dans la conscience de l'humain, non seulement dans celle-ci, mais même dans sa constitution corporelle, il entre tout autre chose que la cause réelle. L'humain moderne se trouve nerveux, il se trouve insatisfait des conditions. On pourrait citer des centaines de choses sur la façon dont cet humain moderne ressent un désaccord entre lui-même et l'environnement, sur la façon dont ce désaccord s'exprime aussi dans sa santé corporelle. Ce qui a été évoqué est sous-jacent. Derrière tout cela se cache la grande question : comment harmoniser, pour la civilisation de l'avenir, ce qui a produit le sous-homme avec ce qui vit en nous dans sa dernière phase, comme héritage d'une civilisation qui a conduit à l'humain spirituel et psychique ?

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Daß aber solches geschaffen werden konnte im Westen, das ist hier nicht eine isolierte Erscheinung des Zivilisationslebens. Es hängt ja zusammen mit der ganzen Ausbildung des Vorstellens, Fühlens und Denkens. Die Menschen, die diesen Homunkulus ins Leben hereinstellten, die sind in ihrer ganzen Seelenverfassung selbstverständlich groß nach der anderen Richtung hin als der orientalische Mensch. Man kann heute das Leben nicht durchschauen, wenn man nicht diesen Gegensatz in seiner ganzen Intensi­tät durchschauen kann. Denn auf der einen Seite trägt dieser moder­ne Mensch in sich noch die letzte Metamorphose desjenigen, was ihm vom Orient gekommen ist, und auf der anderen Seite nimmt er auf schon seit Jahrhunderten das andere, was das Wesentlichste des westlichen Geisteslebens ist. Ein Ausgleich ist heute noch nicht da. Wie zwei getrennt voneinander fließende Strömungen, so stehen sie da, die Strömung vom Übermenschen, wenn auch sehr verändert, die Strömung vom Untermenschen, wenn auch erst in ihrem Anfange. Und der moderne Mensch, der Mensch der Gegenwart, wenn er zum Bewußtsein erwacht, daß in seiner Seele unvermittelt diese beiden Strömungen leben, er leidet seelisch, geistig und wohl auch leiblich an dem Mißklang, der da herauskommt. Gewiß, das sind Dinge, die sich so tief in demjenigen abwickeln, was unbewußt und unterbewußt bleibt, daß in das Bewußtsein des Menschen herauf, nicht allein nur in dieses, sondern sogar in seine Leibeskonstitution ganz anderes eintritt als die eigentliche Ursache. Der moderne Mensch findet sich nervös, findet sich unzufrieden in den Verhält­nissen. Hunderterlei könnte man anführen, wie dieser moderne Mensch einen Mißklang zwischen sich selbst und der Umgebung fühlt, wie dieser Mißklang auch in seiner leiblichen Gesundheit zum Ausdruck kommt. Das, was angeführt worden ist, das steckt dahin­ter. Es steckt dahinter die große Frage: Wie bringen wir für die Zivilisation der Zukunft das in Einklang, was den Untermenschen hervorgebracht hat, mit dem, was in seiner letzten Phase in uns lebt als Erbstück einer Zivilisation, die zum geistig-seelischen Menschen geführt hat?

Ce qui repose là dans les forces de notre civilisation, comme je viens de vous l'indiquer, la science de l'esprit d'orientation anthroposophique cherche particulièrement à le placer devant l'âme. Elle voit comme un objectif nécessaire, porté par les exigences les plus importantes de notre temps, un équilibre entre les forces de l'âme qui ont conduit dans une direction et les forces de l'âme qui ont conduit dans l'autre direction. Et elle est consciente de l'immense nécessité et de l'importance pour l'humanité de trouver les moyens d'atteindre ce but. J'ai appelé la vie de l'esprit orientale "instinctive".

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Dieses, was da liegt in den Kräften unserer Zivilisation, wie ich es Ihnen eben angeführt habe, das sucht sich anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft besonders vor die Seele zu stellen. Sie sieht als ein notwendiges, von den bedeutsamsten Zeitforderungen getragenes Ziel vor sich einen Ausgleich zwischen den Seelenkräften, die in der einen Richtung, und den Seelenkräften, die in der anderen Richtung geführt haben. Und sie ist sich bewußt, wie ungeheuer notwendig und bedeutungsvoll es für die Menschheit ist, die Wege zu finden zu diesem Ziele. Instinktiv habe ich das orientali­sche Geistesleben genannt.

Cette vie de l'esprit était née des instincts des anciens humains. Nous l'avons obtenue en héritage. Mais nous l'avons obtenue dans un état déjà intellectualisé ; elle s'est inscrite/mis à vivre dans notre civilisation sous forme de concepts, de représentations de sorte bien abstraite. Car nous n'avons plus les instincts qu'avait le porteur autrefois de cette vie de l'esprit. On peut fantasmer tant qu'on veut sur le fait que l'humain contemporain devrait retourner à la naïveté, qu'il devrait à nouveau devenir instinctif. On a certainement raison, en une certaine relation, avec une telle exigence. Mais la naïveté s'exprimera autrement qu'auparavant. La vie instinctive prendra d'autres directions. Et exiger que nous devenions comme les humains des millénaires précédents, cela revient à exiger que l'adulte joue comme l'enfant. Non, nous ne pouvons pas retourner, pour satisfaire nos besoins les plus profonds de l'âme, dans la civilisation des millénaires révolus, et nous ne pouvons pas non plus, si nous ne voulons pas tomber dans la décadence, crier en tant qu'Occidentaux "ex oriente lux" ; non, nous n'avons pas la permission de crier cela, c'est de l'Orient que nous viendrait la lumière. Car la lumière qui s'y trouve aujourd'hui a elle aussi subi de nombreuses métamorphoses, et nous ne pouvons absolument pas nous bercer de l'illusion que ce que l'on trouve encore aujourd'hui quelque part en Orient représente une spiritualité qui pourrait d'une manière ou d'une autre intervenir de manière fructueuse dans notre civilisation. C'était une décadence de la pire sorte lorsqu'un mouvement théosophique s'est affirmé à partir des besoins religieux et culturels de l'Occident, à partir de l'âge des machines qui s'était également formé une vision du monde mécaniste qui ne peut pas satisfaire l'humain, c'était une décadence de la pire espèce qu'on aille dans le domaine qui a aujourd'hui l'héritage oriental décadent d'une vie spirituelle des temps passés. Si l'on a recherché aujourd'hui la culture indienne pour l'intégrer à la théosophie de l'Occident, cela a montré à quel point on était devenu stérile/infécond, à quel point les forces créatrices ne s'excitaient plus à partir de la vie de l'esprit propre, à quel point on ne pouvait être grand que dans le mécanistique, mais à quel point on ne trouvait pas de chemin propre dans les domaines dont l'âme a besoin pour sa conception de la véritable essence spirituelle et d'âme de l'humain.

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Aus den Instinkten der alten Menschen war dieses Geistesleben herausgeboren. Wir haben es als Erbstück erhalten. Aber wir haben es erhalten in einem schon intellektualisierten Zustande; in Begriffen, in Vorstellungen recht abstrakter Art hat es sich in unsere Zivilisation hineingelebt. Denn wir haben nicht mehr die Instinkte, die der ehemalige Träger dieses Geisteslebens hatte. Man mag, soviel man will, davon phantasieren, daß der gegenwärtige Mensch zur Naivität zurückkehren, daß er wiederum instinktiv werden soll. Man hat gewiß in einer Beziehung recht mit einer solchen Forde­rung. Allein die Naivität wird sich in anderer Weise ausdrücken als früher. Das Instinktleben wird nach anderen Richtungen gehen. Und zu fordern, wir sollten so werden wie Menschen früherer Jahrtausende, das kommt gleich der Forderung: der Erwachsene solle spielen wie das Kind. Nein, weder können wir zurückgehen, um unsere tiefsten Seelenbedürfnisse zu befriedigen, in die Zivili­sation abgelebter Jahrtausende, noch können wir, wenn wir nicht in Dekadenz verfallen wollen, als abendländische Menschen «ex oriente lux» rufen; nein, das dürfen wir nicht rufen, aus dem Orient komme uns das Licht. Denn das Licht, das heute dort ist, das hat ebenfalls viele Metamorphosen durchgemacht, und wir können uns durchaus nicht der Illusion hingeben, daß das, was heute noch irgendwo im Orient zu finden ist, eine Spiritualität darstelle, die irgendwie fruchtbar in unsere Zivilisation hineingreifen könne. Es war eine Dekadenz der schlimmsten Art, als eine theosophische Bewegung sich geltend machte aus den religiösen und Kulturbe­dürfnissen des Abendlandes heraus, aus dem Maschinenzeitalter heraus, das sich auch eine mechanistische Weltanschauung, die den Menschen nicht befriedigen kann, gebildet hatte, es war Dekadenz der schlimmsten Sorte, daß man in dasjenige Gebiet ging, das die heutige dekadente orientalische Nachfolgerschaft eines geistigen Lebens früherer Zeiten hat. Wenn man indische Kultur heute aufgesucht hat, um sie der Theosophie des Abendlandes einzuver­leiben, so zeigte das eben, wie unfruchtbar man geworden war, wie nicht mehr sich die Schaffenskräfte regen aus dem eigenen Geistes­leben heraus, wie man nur groß sein konnte im Mechanistischen, wie man aber keinen eigenen Weg fand in diejenigen Gebiete hinein, die die Seele braucht zu ihrer Anschauung von dem wahren geistig-seelischen Wesen des Menschen.

Cette tendance ne repose d'ailleurs que trop à la base de la vie actuelle. Ne voyons-nous pas comment ceux qui sont insatisfaits du christianisme actuel font souvent des recherches ? Comment était le christianisme autrefois ? Comment était le christianisme primitif ? Faisons à nouveau comme les premiers chrétiens. Comme si nous n'avions pas progressé depuis lors, comme si nous n'avions pas besoin d'une nouvelle compréhension du christianisme ! Oh, il y a partout la caractéristique de la stérilité, de l'impossibilité de créer soi-même. Non, ce n'est pas ce que veut la science de l'esprit d'orientation anthroposophique : faire des emprunts à une quelque culture ancienne ou à la succession actuelle d'une culture ancienne.

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Diese Tendenz liegt übrigens dem heutigen Leben nur allzu sehr zugrunde. Sehen wir denn nicht, wie diejenigen, die mit dem gegenwärtigen Christentum unzufrieden sind, oftmals nachforschen: Wie war das Christentum früher? Wie war das Urchristen­tum? Machen wir es wiederum so, wie es die Urchristen gemacht haben. Als ob wir nicht fortgeschritten wären seither, als ob wir nicht ein neues Verständnis des Christentums brauchten! Oh, es ist überall das Charakteristikon der Unfruchtbarkeit da, der Unmög­lichkeit des eigenen Schaffens. Nein, das will anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft nicht: Anleihen machen bei irgend­einer alten Kultur oder bei der gegenwärtigen Nachfolgerschaft einer alten Kultur.

C'est tout de suite quand on comprend le caractère concret de ce dans quoi s'enracine la science de l'esprit d'orientation anthroposophique que l'on envisagera facilement ce qui a été dit. Vous pouvez entendre comment l'Oriental actuel cherche encore, je dirais, à reproduire d'anciennes méthodes, le chemin vers le spirituel dans un certain processus de respiration, dans une régulation de la respiration qui cherche à former la constitution humaine par laquelle on trouve des forces intérieures de connaissance, de sentiment et de volonté, pour monter dans le monde spirituel où se trouve l'humain spirituel-âme, où se trouve la véritable connaissance de soi. L'Oriental fait aujourd'hui ce que l'Oriental a toujours fait au cours des siècles et des millénaires précédents pour emprunter ce chemin : il descend de la simple vie intellectuelle de la tête vers la vie de l'humain tout entier. Il sait quel est le lien organique interne entre la manière dont nous inspirons, dont nous expirons - j'en parlerai encore dans les prochains jours - et le processus de notre représenter et de notre pensée. Mais il sait aussi que le penser et le représenter croit/pousse comme du processus respiratoire. Et ainsi j'aimerais revenir à la racine du penser, au processus de respiration. Dans une régulation du processus respiratoire, il cherche le chemin vers en haut dans le monde spirituel. Nous ne pouvons pas imiter ce chemin. Si nous l'imitions, nous pécherions contre notre constitution humaine, qui est devenue tout autre. La structure interne de notre cerveau et de notre système nerveux est autre que celle qui a donné naissance à la culture spirituelle instinctive de l'Orient.

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Gerade wenn man das Konkrete desjenigen begreift, worin anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft wurzelt, wird man das Gesagte leicht einsehen. Sie können hören, wie der heutige Orientale noch, ich möchte sagen, wie nachbildend alte Methoden, den Weg ins Geistige sucht in einem gewissen Atmungsprozesse, in einer Regelung des Atmens diejenige Menschheitskonstitution auszubilden sucht, durch die man innere Erkenntniskräfte und Fühlenskräfte und Willenskräfte findet, um in die geistige Welt hinauf‑ zusteigen, wo der geistig-seelische Mensch zu finden ist, wo wahre Selbsterkenntnis ist. Der Orientale tut heute das, was der Orientale in früheren Jahrhunderten und Jahrtausenden immer für solchen Weg getan hat, er steigt herunter von dem bloßen intellektuellen Leben des Kopfes in das Leben des ganzen Menschen. Er weiß, welcher innere organische Zusammenhang ist zwischen der Art, wie wir ein-, wie wir ausatmen — ich werde in den nächsten Tagen davon noch sprechen — und dem Vorgang unseres Vorstellens und Den‑ kens. Aber er weiß auch, daß das Denken und Vorstellen wie herauswächst aus dem Atmungsprozeß. Und so möchte er zurück‑ gehen zu der Wurzel des Denkens, zum Atmungsprozeß. In einer Regulierung des Atmungsprozesses sucht er den Weg hinauf in die geistige Welt. Diesen Weg können wir nicht nachmachen. Würden wir ihn nachmachen, so würden wir sündigen wider unsere ganz anders gewordene Menschenkonstitution. Das innere Gefüge unseres Gehirns und Nervensystems ist ein anderes als dasjenige, aus dem die instinktive Geisteskultur des Orients hervorgegangen ist.

Si nous considérions aujourd'hui comme ce qui est correct de nous livrer uniquement à un processus respiratoire régulé, nous renierions la vie intellectuelle. Nous renierions ce pour quoi nous sommes aujourd'hui constitués. Nous devons, pour remonter les chemins vers le monde spirituel, engager d'autres métamorphoses. Nous ne devons plus revenir de la pensée à des processus corporels comme la respiration, nous devons former la pensée elle-même. C'est pourquoi la science de l'esprit actuelle, qui vit à la hauteur de son époque, doit parler d'une formation de la vie intellectuelle, mais pas de cette vie intellectuelle que l'on connaît aujourd'hui presque exclusivement.

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Würden wir heute als das Richtige ansehen, uns nur einem regulierten Atmungsprozeß hinzugeben, so würden wir verleugnen das intellektuelle Leben. Wir würden verleugnen das, wofür wir heute konstituiert sind. Wir müssen, um die Wege in die geistige Welt hinaufzugehen, andere Metamorphosen einschlagen. Wir müssen nicht mehr zurückgehen vom Denken zu Leibesvorgängen wie dem Atem, wir müssen das Denken selber ausbilden. Deshalb muß heutige, auf der Höhe ihrer Zeit lebende Geisteswissenschaft sprechen von einer Ausbildung des intellektuellen Lebens, aber nicht desjenigen intellektuellen Lebens, das man heute fast einzig und allein kennt.

C'est tout de suite cette vie intellectuelle qui nous a rendus comme desséchés, secs et sobres pour toute l'étendue de la vie. Même si certains s'insurgent de nos jours contre l'intellectualisme unilatéral, on ne trouve rien pour pouvoir vraiment combattre cet intellectualisme. On sent que les simples concepts, même ceux qui sont tirés de la science sérieuse et consciencieuse, laissent l'âme froide, de sorte qu'elle ne trouve pas les chemins de la vraie vie. Mais d'un autre côté, on ne trouve pas la possibilité d'orienter cette vie intellectuelle dans une direction qui puisse être satisfaisante, parce qu'on veut justement éviter ce que la science de l'esprit dont il est question ici doit considérer comme ce qui est correct pour l'humain contemporain. L'humain contemporain ne peut pas, s'il reconnaît l'aridité, la sobriété, l'unilatéralité du simple intellectualisme, aller chercher des émotions dans ce que l'on appelle souvent une vie élémentaire du pré-penser et primitive, afin de s'améliorer en tant qu'humain intellectuel. Il ne peut pas, je dirais, chercher dans une vie aveugle que l'on ne comprend pas, ce qu'il veut coller extérieurement à la civilisation intellectualiste.

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Gerade dieses intellektuelle Leben hat uns für den ganzen Umfang des Lebens wie ausgedörrt gemacht, trocken und nüchtern gemacht. So sehr auch von einzelnen Seiten in der Gegenwart gewettert wird gegen den einseitigen Intellektualismus, man bringt ja nichts auf, um diesen Intellektualismus wirklich bekämpfen zu können. Man fühlt, die bloßen Begriffe, auch diejenigen, die aus der ernsten und gewissenhaften Wissenschaft genommen sind, lassen die Seele kalt, so daß sie die Wege durch das wahre Leben nicht findet. Aber man findet andererseits nicht die Möglichkeit, dieses intellektuelle Leben nach einer Richtung hin zu lenken, die befriedigend sein kann, weil man gerade dasjenige vermeiden will, was die hier gemeinte Gei­steswissenschaft als das Richtige für den Gegenwartsmenschen ansehen muß. Der Gegenwartsmensch kann nicht, wenn er einsieht die Trockenheit, die Nüchternheit, das Einseitige des bloßen Intel­lektualismus, aus irgendeinem, wie man oftmals sagt, vorgedank­lichen, primitiven elementarischen Leben heraus Emotionen holen, um sich aufzubessern als intellektueller Mensch. Er kann nicht, ich möchte sagen, in einem blindwütigen Leben, das man nicht versteht, dasjenige suchen, was er äußerlich anleimen will an die intellektua­listische Zivilisation.

C'est pourquoi la science de l'esprit orientée anthroposophiquement cherche, par le développement de l'âme par l'exercice, ce à quoi aspire réellement l'humain moderne pour la satisfaction réelle de son âme. J'ai décrit en détail dans la deuxième partie de ma "Science secrète", dans mon livre "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs" et dans d'autres de mes écrits, comment ce chemin doit être parcouru d'une manière adaptée à l'humain occidental. En principe, je veux seulement indiquer qu'il s'agit de prendre en main la vie de l'âme de telle sorte que l'on évite toutefois de développer des représentations, des concepts, des idées vers le plus haut, que l'on ne développe donc pas unilatéralement la seule vie de la pensée, mais que l'on exerce l'âme de telle sorte qu'avec les pensées elles-mêmes qui viennent, qui se lient, qui se séparent, se lient les sentiments les plus vivants. Tandis qu'aujourd'hui l'intellectualiste unilatéral est sobre dans sa vie de pensée, mais laisse aussi cette vie de pensée se promener dans le domaine de la science, étranger à la vie, ou dans d'autres domaines, et vit par ailleurs dans la vie sinon dépourvu de pensées, ce que la science de l'esprit d'orientée anthroposophiquement appelle son exercice cherche à s'approfondir dans la pensée, mais à développer un sentiment dans cet approfondissement de la pensée, de sorte que l'on puisse se réjouir, se mettre en colère, haïr et aimer ce que l'on ne fait que penser, haïr et aimer les gens, se mettre en colère contre les événements extérieurs, de sorte que toute une vie intérieure s'épanouisse, s'épanouisse dans une vitalité telle que la vie extérieure. Les livres cités doivent justement témoigner du fait que cela peut être fait de manière systématique.

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Deshalb sucht anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft durch übungsmäßige Entwickelung der Seele dasjenige, wonach dieser moderne Mensch eigentlich zur wirklichen Befriedigung seiner Seele lechzt. Im einzelnen habe ich beschrieben im zweiten Teil meiner «Geheimwissenschaft», in meinem Buch «Wie erlangt man Erkenntnisse der höheren Welten?» und in anderen meiner Schriften, wie dieser Weg in einer dem abendländischen Menschen angemessenen Weise gegangen werden soll. Prinzipiell will ich nur andeuten, daß es sich darum handelt, das Seelenleben so in die Hand zu nehmen, daß man allerdings vermeidet, Vorstellungen, Begriffe, Ideen ins Höchste hineingehend zu entwickeln, daß man also nicht einseitig bloß das Gedankenleben entwickelt, sondern die Seele so übt, daß mit den Gedanken selber, die da kommen, die sich verbinden, die sich trennen, die lebendigsten Gefühle sich verbinden. Während heute der einseitige inteliektualist nüchtern in seinem Gedankenleben ist, aber auch dieses Gedankenleben spazieren läßt auf dem dem Leben fremden Gebiete der Wissenschaft oder auf anderen Gebieten und sonst gedankenlos sich ins Leben hineinlebt, sucht dasjenige, was anthroposophisch orientierte Geisteswissen­schaft ihr Üben nennt, ins Denken sich zu vertiefen, aber an dieser Vertiefung des Denkens Gefühl zu entwickeln, so daß man sich freuen kann, zornig werden kann, daß man hassen und lieben kann das, was man nur denkt, wie man Menschen haßt und liebt, wie man zornig wird über äußere Ereignisse, daß ein ganzes inneres Leben aufgeht, in solcher Lebendigkeit aufgeht, wie das äußere Leben ist. Daß dies systematisch gemacht werden kann, dafür sollen eben die genannten Bücher Zeugnis ablegen.

Mais alors, si l'humain cherche de tels chemins, s'il développe réellement les forces de connaissance, de sentiment et de volonté qui dorment en lui, s'il prend en main son développement non pas à partir du corps, comme dans l'ancienne culture orientale, dans un processus respiratoire régulé, mais à partir de l'âme et de l'esprit, alors il trouve le chemin vers le monde spirituel. Et quelles sont les forces qu'il utilise ? Il utilise les forces qui ont fait la grandeur de sa civilisation. Il utilise les forces qu'il a utilisées en développant ses machines, en développant ses conceptions astronomiques mécanistes coperniciennes, galiléennes, keplériennes, newtoniennes. Ce que notre esprit et notre âme développent dans les machines en termes de finesse d'imagination, ce qui vit dans notre astronomie, dans notre chimie, ce qui réside dans notre vie sociale, tout cela est formé. L'Oriental n'avait pas du tout cela. Il n'aurait pas pu poursuivre sa vie de l'âme jusqu'à ces forces de l'âme. Il devait aller jusqu'à la respiration du corps pour emprunter le chemin de la connaissance. Nous devons commencer là où nous commençons dans la vie pratique extérieure. Nous devons partir des mêmes forces de l'âme et de l'esprit qui vivent dans notre culture mécaniste et qui ont produit le sous-humain en sept à huit cents millions d'exemplaires. Nous devons former un nouvel Orient, c'est-à-dire une vision du supérieur, de l'éternel, de l'humain immortel à partir du plus sensuel, du plus machinal, à partir de ce qui se révèle à notre civilisation occidentale comme le chemin vers le sous-humain.

24

Dann aber, wenn der Mensch solche Wege aufsucht, wenn er wirklich das, was sonst in seinem Inneren schläft an Erkenntnis-, an Fühlens- und Wollenskräften, zur Entwickelung bringt, wenn er also nicht vom Leibe aus, wie die alte orientalische Kultur, in einem regulierten Atmungsprozeß, sondern von der Seele und vom Geiste aus seine Entwickelung in die Hand nimmt, dann findet er den Weg in die geistige Welt hinein. Und was wendet er für Kräfte an? Er wendet die Kräfte an, durch die seine Zivilisation groß geworden ist. Er wendet die Kräfte an, die er auch anwandte, indem er seine Maschinen ausbaute, indem er seine mechanistischen Kopernikanischen, Galileischen, Keplerschen, Newtonschen astronomischen Anschauungen entwickelte. Was von unserem Geiste und von unserer Seele in die Maschinen hinein sich an Scharfsinn des Vorstellens entwickelt, was lebt in unserer Astronomie, in unserer Chemie, was liegt in unserem sozialen Leben, alles das wird ausgebildet. Der Orientale hatte das gar nicht. Er hätte sein Seelenleben nicht bis zu diesen Seelenkräften fortsetzen können. Er mußte zur Atmung des Leibes gehen, um den Erkenntnisweg zu beschreiten. Wir müssen einsetzen da, worinnen wir im äußeren praktischen Leben einset­zen. Wir müssen von denselben Seelen- und Geisteskräften ausge­hen, die in unserer mechanistischen Kultur leben, die den Unter­menschen in sieben- bis achthundert Millionen Exemplaren hervor­gebracht haben. Wir müssen einen neuen Orient, das heißt, ein Erschauen des Höheren, des Ewigen, des unsterblichen Menschen aus dem Sinnlichsten, aus dem Maschinellsten, aus demjenigen herausbilden, was unserer abendländischen Zivilisation als der Weg zum Untermenschen sich erweist.

Toutefois, il n'est pas en tous points sympathiques à l'humain moderne qui veut donc se placer dans la civilisation moderne. Car cet humain moderne, il exige donc justement que l'enfant doive se développer, car il ne peut pas encore prendre lui-même la décision de son développement. À l'instant où il doit prendre lui-même la décision, il ne s'engage plus dans le développement ; à ce moment-là, on est prêt ; on se fait élire à l'assemblée municipale, au parlement, car on sait tout. On connaît tout. On n'a plus besoin de descendre dans le développement des facultés par lesquelles on sait quelque chose. On est critique de tout, une fois que l'on est venu à la conscience de son arbitraire, une fois que les autres seuls n'ont plus le droit de faire n'importe quoi en ce qui concerne l'évolution. Cet humain moderne doit justement chercher le chemin pour s'élever à nouveau vers ces hauteurs où l'on trouve l'humain spirituel et psychique.

25

Allerdings, es ist den modernen Menschen nicht in allen Punkten sympathisch, was also in die moderne Zivilisation sich hineinstellen will. Denn dieser moderne Mensch, er verlangt ja eben, das Kind solle sich entwickeln, denn das kann noch nicht selber die Entschei­dung über seine Entwickelung treffen. In dem Augenblick, wo er selber die Entscheidung treffen soll, da läßt er sich nicht mehr ein auf die Entwickelung; da ist man fertig; da läßt man sich in die Stadtversammlung, ins Parlament wählen, denn man weiß ja alles. Man kennt alles. Man braucht nicht mehr hinunterzusteigen zu der Entwickelung der Fähigkeiten, durch die man etwas weiß. Man ist Kritiker für alles, wenn man nur einmal zum Bewußtsein seiner Willkür gekommen ist, wenn nur die anderen allein nicht mehr herummurksen dürfen in bezug auf die Entwickelung. Dieser mo­derne Mensch, er muß eben den Weg suchen, hinaufzusteigen wiederum zu jenen Höhen, wo man findet den geistig-seelischen Menschen.

Maintenant, la chose est ainsi que, pour l'instant, l'impulsion intérieure à rechercher cet humain spirituel et d'âme, à parcourir le chemin vers ces connaissances, est encore un renoncement, car ce chemin exige une vie qui se déroule certes dans la douleur et la souffrance, une vie que tout le monde ne doit pas encore mener aujourd'hui, que tout le monde ne peut pas mener, et que tout le monde n'a pas non plus besoin de mener. Mais de même que tout le monde ne peut pas devenir chimiste, mais que les résultats de la chimie peuvent être utiles à tous les humains, de même que tout le monde ne peut pas devenir astronome, mais que les résultats de l'astronomie peuvent avoir une influence sur toutes les âmes, de même il peut y avoir peu d'explorateurs de l'esprit, mais les résultats de cette recherche spirituelle peuvent - je l'ai souvent dit ici - être compris avec le bon sens/la saine raison analytique ordinaire. Les rares chercheurs d'esprit peuvent communiquer leurs visions spirituelles, et le bon sens humain les comprendra. Mais c'est justement ce que les gens nient aujourd'hui. Ils viennent et disent : "Ce que tu nous communiques, toi, le chercheur d'esprit, ce sont peut-être de belles fantaisies ; mais nous les décomposons logiquement, nous ne les admettons pas, car elles ne se manifestent pas devant notre bon sens humain. Nous ne sommes pas encore parvenus à une vision plus élevée.

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Nun ist die Sache ja so, daß vorläufig der innere Antrieb, diesen geistig-seelischen Menschen zu suchen, den Weg zu diesen Erkennt­nissen zu beschreiten, noch ein entsagungsvoller ist, denn dieser Weg fordert ein Leben, das allerdings in Schmerzen und Leiden vor sich geht, ein Leben, das heute noch nicht jeder gehen muß, nicht jeder gehen kann, auch nicht jeder zu gehen braucht. Aber geradeso, wie nicht jeder ein Chemiker werden kann, aber die Ergebnisse der Chemie für alle Menschen nützlich werden können, wie nicht jeder ein Astronom werden kann, aber die Ergebnisse der Astronomie in alle Seelen hineinspielen können, so kann es wenige Geistesforscher geben, aber die Ergebnisse dieser Geistesforschung, sie können — das habe ich hier oftmals gesagt — mit dem gewöhnlichen gesunden Menschenverstande begriffen werden. Die wenigen Geistesforscher können ihre geistigen Schauungen mitteilen, und der gesunde Men­schenverstand wird sie begreifen. Aber das leugnen ja heute gerade die Menschen. Sie kommen und sagen: Was du Geistesforscher uns mitteilst, das mögen schöne Phantasien sein; aber wir zergliedern es logisch, wir lassen es nicht gelten, denn vor unserem Menschenverstand zeigt es sich nicht. Zum höheren Schauen haben wir uns noch nicht hinaufgebildet.

On fait donc l'expérience des choses très étranges dans ce domaine. Une nouvelle brochure est justement de nouveau parue sur ce que je dois représenter aujourd'hui devant l'humanité en tant que vision du monde orientée anthroposophiquement. Là, un homme qui est, disons, "professeur d'université", dit, alors qu'il me dénigre en tant que philosophe et, comme il le dit, en tant que théosophe : oui, ce Steiner prétend qu'il faut devenir chimiste pour comprendre les choses chimiques, qu'il faut devenir physicien pour comprendre les choses physiques ; on peut le lui accorder. Mais il est maintenant très étrange de voir comment ce monsieur se comporte bizarrement. Il dit : tout le monde peut être d'accord avec le fait que les chimistes affirment ceci ou cela, car s'il devient lui-même chimiste, il comprendra que c'est juste ; tout le monde peut être d'accord avec ce que les physiciens affirment, car s'il devient lui-même physicien, il comprendra que ce que les physiciens disent est juste. Mais pour voir ce que dit la science de l'esprit, il faudrait donc développer des capacités particulières.

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Man erfährt ja auf diesem Gebiete ganz sonderbare Dinge. Eben ist wieder eine Broschüre erschienen über das, was ich als anthropo­sophisch orientierte Weltanschauung vor der Menschheit heute zu vertreten habe. Da sagt ein Mann, der, nun, «Universitätsprofessor» ist, der sagt da, wo er mich abkanzelt als Philosoph und, wie er sagt, als Theosoph: Ja, da behauptet dieser Steiner, daß man ja auch ein Chemiker werden müsse, um die chemischen Dinge zu verstehen, ein Physiker werden müsse, um die physischen Dinge zu verstehen; das kann man ihm zugeben. Aber nun ist es sehr merkwürdig, wie sich dieser Herr sonderbar verhält. Er sagt: Jeder kann einverstan­den sein damit, daß die Chemiker dieses oder jenes behaupten, denn wenn er selbst Chemiker wird, so wird er ja einsehen, daß das richtig ist; jedermann kann einverstanden sein mit dem, was die Physiker behaupten, denn wenn er selbst Physiker wird, so wird er einsehen, daß das richtig ist, was die Physiker sagen. Aber um dasjenige einzusehen, was Geisteswissenschaft sagt, müßte man ja besondere Fähigkeiten entwickeln.

Je ne dis pas autre chose non plus. De même que l'humain doit devenir chimiste pour avoir un jugement sur la chimie, de même que l'humain doit devenir physicien pour avoir un jugement sur la physique, de même l'humain doit devenir chercheur en science de l'esprit pour décider sur la science de l'esprit. Mais maintenant, en poursuivant son texte, cet étrange - peut-être n'est-il pas étrange du tout - professeur d'université dit : "Il ne s'agit pas du fait que ce que Steiner affirme ne peut être justifié que devant des gens formés en science de l'esprit, mais cela doit se justifier devant moi ! C'est-à-dire que cela doit se justifier devant celui qui non seulement n'en a pas la moindre nuée, mais qui ne veut pas non plus s'en procurer.

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Etwas anderes sage ich aber auch nicht. Wie der Mensch, um über Chemie ein Urteil zu haben, Chemiker werden muß, wie der Mensch, um über Physik ein Urteil zu haben, Physiker werden muß, so muß der Mensch, um über Geisteswissenschaft zu entscheiden, Geisteswissenschafter werden. Aber nun sagt, seinen Text weitersetzend, jener sonderbare — vielleicht ist er gar nicht sonder­bar — Universitätsprofessor: Es handelt sich nicht darum, daß das, was Steiner behauptet, sich nur vor geisteswissenschaftlich geschul­ten Leuten rechtfertigen läßt, sondern es muß sich vor mir recht­fertigen lassen! Das heißt, es muß sich rechtfertigen lassen vor dem, der nicht nur keinen Dunst davon hat, sondern sich auch nicht verschaffen will.

Il s'agit toutefois d'un "bon sens", écrit entre guillemets, qui ne permet pas de comprendre ce que la science de l'esprit a à enregistrer. Le bon sens impartial le saisira. Oui, on pensera peut-être encore à l'avenir à ces choses de manière tout à fait autre de ce que l'on a l'habitude de penser aujourd'hui dans de nombreux cercles. Le monde est là. Les philosophes se sont toujours disputés à propos du monde. Eh bien, les philosophes auront tout de même du bon sens. Et on peut même dire, si l'on est impartial, que la philosophie vaut mieux que sa réputation. Mais les philosophes se disputent. Et si l'on est impartial, on peut même reconnaître une certaine perspicacité dans le domaine philosophique à celui qui dit le contraire de ce qu'un autre avance, à nouveau à partir d'une certaine perspicacité. Oui, si l'on est impartial dans ce domaine, on en vient à porter un jugement très étrange sur le bon sens. Il est là. Les gens parlent en général avec ce bon sens. Mais il n'est pas du tout apte à comprendre le monde, sinon les philosophes n'auraient pas besoin de se disputer. Ce bon sens ordinaire ne semble pas du tout apte à comprendre le monde qui se présente extérieurement aux sens. Qu'on essaie de voir s'il comprend ce que la science de l'esprit a à dire, et l'on verra que le chemin s'ouvrira pour que l'on comprenne précisément cela. Ce n'est pas seulement un préjugé, c'est aussi de la poudre aux yeux, quand on dit : les scientifiques de l'esprit affirment aussi des choses différentes ; l'un ceci ou l'autre cela. On dit cela sans connaître les faits. Si l'on apprend à connaître les faits, on n'affirmera plus cela.

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Das ist allerdings ein «gesunder Menschenverstand», in Anführungszeichen geschrieben, der nicht taugt, das zu verstehen, was Geisteswissenschaft zu verzeichnen hat. Der unbefangene gesunde Menschenverstand wird es fassen. Ja, man wird über diese Dinge vielleicht in der Zukunft noch ganz anders denken, als man heute in vielen Kreisen gewohnt ist, zu denken. Die Welt ist da. Die Philosophen haben sich immer gestritten um die Welt. Nun, die Philoso­phen werden doch gesunden Menschenverstand haben. Und man kann sogar sagen, wenn man unbefangen ist: die Philosophie ist besser als ihr Ruf. Aber die Philosophen streiten sich. Und ist man unbefangen, so kann man sogar demjenigen einen gewissen Scharfsinn auf philosophischem Gebiete zubilligen, der das Gegenteil von dem sagt, was eben ein anderer vorbringt, wiederum aus einem gewissen Scharfsinn heraus. Ja, man kommt, wenn man hier auf diesem Gebiete unbefangen ist, dazu, ein sehr merkwürdiges Urteil über den gesunden Menschenverstand zu gewinnen. Er ist da. Die Leute reden im allgemeinen in diesem gesunden Menschenverstand. Aber er ist ja gar nicht geeignet, die Welt zu begreifen, sonst brauchten sich die Philosophen nicht zu streiten. Die Welt, die äußerlich den Sinnen vorliegt, so ohne weiteres zu begreifen, dazu scheint gar nicht zu taugen dieser gewöhnliche gesunde Menschen­verstand. Man probiere es einmal, ob er dasjenige begreift, was Geisteswissenschaft zu sagen hat, und man wird sehen: der Weg wird sich eröffnen, daß man gerade das begreifen wird. Es ist Wischiwaschi, nicht einmal bloß ein Vorurteil, wenn man sagt: Geisteswissenschafter behaupten auch verschiedenes; der eine das oder der andere das. Das sagt man ohne Kenntnis der Tatsachen. Lernt man die Tatsachen kennen, so wird man dies nicht mehr behaupten.

Il faudra donc surmonter bien des préjugés et surtout bien des pressentis si la science de l'esprit orientée anthroposophiquement pensée ci doit se placer dans la vie moderne. Mais elle devra s'y insérer. Car le chemin devra être trouvé de relier les deux courants spirituels vous ayant été caractérisé aujourd'hui. Nous ne pouvons pas devenir des réactionnaires pour revenir à des formations spirituelles antérieures. Nous devons nous placer dans ce qu'a produit l'ère de science de la nature, l'ère mécaniste. Mais nous devons spiritualiser les forces qui ont produit un Copernic, un Galilée, un Giordano Bruno, un Röntgen, un Becquerel et ainsi de suite jusqu'à nos jours, nous devons spiritualiser les forces jusqu'à ce que, grâce à ces mêmes forces de l'âme humaine, par lesquelles nous construisons des machines, nous nous élevions aussi jusqu'à la connaissance de l'humain spirituel-âme. Alors, nous ne parlerons plus purement de l'esprit, alors nous pourrons donner un contenu à l'aspiration à l'esprit.

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So wird allerdings manches Vorurteil und namentlich manches Vorempfinden überwunden werden müssen, wenn sich die hier gemeinte anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft in das moderne Leben hineinstellen soll. Aber sie wird sich hineinstellen müssen. Denn der Weg wird gefunden werden müssen, um die beiden Ihnen heute gekennzeichneten Geistesströmungen zu verbinden. Wir können keine Reaktionäre werden, um zurückzukeh­ren zu früheren Geistesbildungen. Wir müssen uns hineinstellen in dasjenige, was das naturwissenschaftliche, das mechanistische Zeit­alter hervorgebracht hat. Aber wir müssen die Kräfte, die einen Kopernikus, einen Galilei, einen Giordano Bruno, einen Röntgen, einen Becquerel und so weiter bis in unsere Tage hervorgebracht haben, wir müssen die Kräfte so weit vergeistigen, daß wir durch dieselben Kräfte der menschlichen Seele, durch die wir Maschinen bauen, auch hinaufsteigen zur Erkenntnis des geistig-seelischen Menschen. Dann werden wir nicht mehr bloß vom Geiste reden, dann werden wir dem Streben nach dem Geiste einen Inhalt zu geben vermögen.

C'est ce qui touche de si près l'observateur profond de la civilisation contemporaine : les gens parlent aujourd'hui beaucoup de l'esprit, mais ne donnent aucun contenu à ce discours sur l'esprit. C'est ainsi que naissent des visions du monde d'un côté, et que la pratique de la vie est liée de manière inorganique à ces visions du monde de l'autre côté, comme le serait notre vision du monde basée sur la science de l'esprit dans une maison qui porte un style architectural ancien. Notre vision du monde orientée les spirituellement scientifiquement veut vivre dans des formes de construction qui sont nées d'elle. Elle doit créer et peut créer de telle sorte qu'elle soit capable de pénétrer la vie matérielle extérieure jusque dans les détails techniques, jusque dans les enchaînements sociaux. Alors, ce sera cette science de l'esprit pourra devenir le porteur d'une civilisation qui trouvera les bons chemins vers les objectifs qui ont été évoqués aujourd'hui. Alors ce sera cette science de l'esprit qui ne laissera plus devenir grande cette vie dont on peut dire : maintenant oui, certains aspirent de nouveau à l'esprit ; ils exigent que l'humain qui travaille dur à l'usine ne travaille plus purement à l'usine, mais qu'il ait suffisamment de temps de reste pour se consacrer aussi à l'esprit. Oh, non, la science de l'esprit n'exige pas seulement que l'on travaille à l'usine et qu'en fermant la porte derrière soi, on sorte de l'usine pour y trouver la vie de l'esprit. Non, la science de l'esprit exige l'inverse : que, lorsqu'on ouvre l'usine pour aller travailler, on y porte l'esprit, afin que chaque machine soit imprégnée de ce qui porte aussi la vision du monde vers les hauteurs les plus élevées de la connaissance, de l'immortalité. La science de l'esprit n'aimerait pas laisser du temps pour l'esprit, mais imprégner tout le temps de ce que l'humain peut trouver comme le contenu de son esprit.

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Das ist es, was dem tieferen Betrachter der Gegenwartszivilisation so nahegeht, daß die Leute heute viel vom Geiste reden, aber diesem Reden vom Geiste keinen Inhalt geben. Dadurch entstehen Weltanschauungen auf der einen Seite, entsteht die Lebenspraxis unorganisch mit diesen Weltanschauungen verbunden auf der ande­ren Seite so, wie sich ausnehmen würde unsere geisteswissenschaft­lich schaffende Weltanschauung in einem Hause, das einen alten Baustil trägt. Unsere geisteswissenschaftlich orientierte Weltan­schauung will in Bauformen leben, die aus ihr selbst geboren sind. Sie soll so schaffen und kann so schaffen, daß sie das äußere materielle Leben bis in die technischen Einzelheiten, bis in die sozialen Verkettungen zu durchdringen vermag. Dann wird diese Geisteswissenschaft der Träger einer Zivilisation werden können, die die rechten Wege findet zu den Zielen, die heute angedeutet worden sind. Dann wird diese Geisteswissenschaft es sein, welche nicht mehr groß werden läßt jenes Leben, von dem man sagen kann: Nun ja, einzelne streben wieder nach dem Geiste hin; sie verlangen, daß der Mensch, der in der Fabrik hart arbeitet, nicht mehr bloß in der Fabrik arbeitet, sondern daß er Zeit genug übrig habe, um sich auch dem Geiste zu widmen. Oh, nein, das verlangt Geisteswissen­schaft nicht allein, daß man in der Fabrik zu arbeiten hat und, wenn man die Türe hinter sich zuschließt, dann heraustritt aus der Fabrik, um da das Geistesleben zu finden. Nein, das Umgekehrte verlangt Geisteswissenschaft, daß, wenn man sie aufschließt, die Fabrik, um zur Arbeit zu gehen, man den Geist hineintrage, damit jede Maschine durchgeistigt ist von dem, was auch die Weltanschauung in die höchsten Höhen des Erkennens, des Unsterblichen hinaufträgt. Nicht Zeit übrig lassen für den Geist möchte die Geisteswissenschaft, sondern alle Zeit durchtränken von dem, was der Mensch als den Inhalt seines Geistes finden kann.

Maintenant les humains réclament souvent de l'esprit. Un livre sur le socialisme vient de paraître - il y a toutes sortes de visions pleines de sensation et parfois aussi raisonnables - de Robert Wilbrandt, professeur d'université à Tübingen. Il s'en dégage : oui, mais nous n'irons pas plus loin avec le socialisme si nous ne trouvons pas le nouvel esprit, la nouvelle âme. Dans les dernières pages du livre, c'est donc le cri pour l'esprit, pour l'âme ! Mais si l'on amène un tel homme, une telle personnalité, là où l'on doit donner un contenu à l'esprit, là où l'on n'évoque pas seulement in abstracto l'esprit et l'âme, là où l'on parle de contenus spirituels et d'âme, comme la science de la nature parle de contenus naturels, là la personnalité concernée se dérobe, là elle n'a pas le courage d'avouer qu'elle a un véritable esprit substantiel/plein de contenu. Et c'est ce que nous voyons chez beaucoup. Ils crient à l'esprit. Mais lorsque l'esprit cherche un véritable contenu, alors ils ne s'y retrouvent pas. Ils en restent à la simple évocation d'une union abstraite des âmes humaines avec le spirituel. C'est ce que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique cherche comme chemin : le chemin vers un contenu spirituel réel, vers un monde spirituel réel, à partir de nos propres forces de connaissance organiques comme but : former les deux courants, l'orientalisme et l'occidentalisme, qui sont simplement réunis en nous de manière inorganique, en une aspiration qui, à partir de nos propres aspirations, trouve le chemin vers le bas dans le mécanisme, et vers le haut dans la spiritualité la plus élevée.

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Nun, die Menschen schreien heute vielfach nach Geist. Eben ist ein Buch über den Sozialismus erschienen — es gibt allerlei gefühlvolle und auch manchmal verständige Anschauungen — von Robert Wilbrandt, dem Tübinger Universitätsprofessor. Es tönt aus: Ja, aber wir kommen mit dem Sozialismus doch nicht weiter, wenn wir nicht den neuen Geist, die neue Seele finden. Auf den letzten Seiten des Buches also der Schrei nach dem Geist, nach der Seele! Führt man einen solchen Mann, eine solche Persönlichkeit jedoch dahin, wo dem Geiste Inhalt gegeben werden soll, wo man nicht nur in abstracto nach dem Geiste und der Seele deutet, wo man von geistigen und Seeleninhalten spricht, wie sonst die Naturwissen­schaft von natürlichen Inhalten spricht, da drückt sich die betref­fende Persönlichkeit hinweg, da hat sie nicht den Mut, zum wirkli­chen inhaltsvollen Geiste sich zu bekennen. Und so sehen wir das bei vielen. Sie schreien nach dem Geiste. Aber wenn dann der Geist einen wirklichen Inhalt sucht, dann finden sie sich nicht ein. Sie bleiben beim bloßen Hinweisen auf ein abstraktes Zusammen­schließen der Menschenseelen mit dem Geistigen. Das ist dasjenige, was anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft als Weg sucht: den Weg zum wirklichen geistigen Inhalte, zu einer wirkli­chen geistigen Welt, aus unseren eigenen organischen Erkenntnis­kräften heraus als Ziel sucht: sich die bloß unorganisch in uns zusammengefügten zwei Strömungen, den Orientalismus und den Okzidentalismus, zu einem Streben auszubilden, das aus unserem eigenen Streben den Weg wie hinunter in den Mechanismus, so hinauf in die höchste Spiritualität findet.

Des explications supplémentaires de ce thème, que je donnerai demain et après-demain, où aussi maint pourra être caractérisé plus largement, que je n'ai pu le faire aujourd'hui comme l'introduction, j'aimerais encore envoyer d'avance en guise de conclusion, ce qui suit : l'appel à une nouvelle spiritualité traverse aujourd'hui de nombreux cœurs et de nombreux esprits et, d'une certaine manière, on pressent déjà que notre malheur, qui s'est manifesté de manière si terrible et si effroyable au cours des cinq dernières années, est lié dans le monde extérieur au fait que notre esprit est arrivé dans une impasse. Qu'il faut briser un mur pour avancer en esprit. On pressent que nous ne pouvons pas avancer dans le social, le politique, le technique extérieur sans un nouvel esprit. Un homme qui n'a peut-être pas toujours joué un rôle tout à fait avantageux, mais qui a peut-être été plus habile que certains de ses collègues parmi les "hommes d'État" - je le dis entre guillemets quand je parle d'hommes d'État aujourd'hui - au cours des dernières années, a maintenant aussi - les hommes d'État et les généraux écrivent aujourd'hui des souvenirs de guerre -, a maintenant aussi écrit ses souvenirs de guerre. Ils se terminent par les mots suivants :

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Den weiteren Ausführungen dieses Themas, die ich morgen und übermorgen geben werde, wo auch manches wird breiter charakterisiert werden können, als ich das heute in der Einleitung tun konnte, will ich zum Schlusse heute nur das Folgende noch vorausschicken, Der Ruf nach einer neuen Geistigkeit, er geht heute durch viele Herzen, durch viele Gemüter, und in einer gewissen Weise ahnt man schon, daß unser Unglück, das sich so furchtbar, so schrecklich geoffenbart hat in den letzten fünf Jahren, in der äußeren Welt zusammenhängt damit, daß unser Geist in eine Sackgasse geraten ist. Daß durchbrochen werden müsse eine Wand, um vorwärtszu­kommen im Geiste. Geahnt wird, daß wir im Sozialen, im Politi­schen, im äußerlich Technischen nicht weiterkommen ohne einen neuen Geist. Ein Mann, der vielleicht nicht immer eine ganz vorteil­hafte, aber doch vielleicht eine gescheitere Rolle als mancher seiner Kollegen unter den «Staatsmännern» — ich sage das in Anführungs­zeichen, wenn ich von Staatsmännern heute spreche — in den letzten Jahren gespielt hat, der hat nun auch — Staatsmänner und Generäle schreiben ja heute Kriegserinnerungen —, der hat nun auch seine Kriegserinnerungen geschrieben. Sie endigen mit den folgenden Worten:

La guerre continue, même si elle a changé de forme. Je crois que les générations à venir n'appelleront pas du tout le grand drame qui domine le monde depuis cinq ans la guerre mondiale, mais la révolution mondiale...".

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«Der Krieg geht weiter, wenn auch in veränderter Form. Ich glaube, daß die kommenden Generationen das große Drama, wel­ches seit fünf Jahren die Welt beherrscht, gar nicht den Weltkrieg nennen werden, sondern die Weltrevolution...»

C'est ce que dit Czernin, l'homme d'État autrichien. Il y en a donc au moins un qui voit déjà comment les choses sont liées, même si c'est encore dans une mesure très limitée. Et il poursuit :

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Das sagt Czernin, der österreichische Staatsmann. Also wenigstens einer sieht schon Dinge ein, wie sie zusammenhängen, wenn auch noch in sehr beschränktem Maße. Und er fährt fort:

et nous saurons que cette révolution mondiale a seulement commencé avec la guerre mondiale. Ni Versailles ni Saint-Germain ne créeront une œuvre durable. Dans cette paix se trouve le germe corrosif de la mort. Les convulsions qui secouent l'Europe ne sont pas encore en train de s'apaiser. Comme lors d'un violent tremblement de terre, les grondements souterrains se poursuivent. Bientôt, ici et là, la terre s'ouvrira et projettera du feu vers le ciel, des événements de nature et de violence élémentaires continueront à s'abattre sur les pays. Jusqu'à ce que tout ce qui rappelle la folie de cette guerre et la paix française soit balayé.

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«... und wissen werden, daß diese Weltrevolution nur mit dem Weltkrieg begonnen hat. Weder Versailles noch Saint Germain werden ein dauerndes Werk schaffen. In diesem Frieden liegt der zersetzende Keim des Todes. Die Krämpfe, die Europa schütteln, sind noch nicht im Abnehmen. So wie bei einem gewaltigen Erdbeben dauert das unterirdische Grollen an. Immer wieder wird sich bald hier, bald dort die Erde öffnen und Feuer gegen den Himmel schleudern, immer wieder werden Ereignisse elementaren Charak­ters und elementarer Gewalt verheerend über die Länder stürmen. Bis alles das hinweggefegt ist, was an den Wahnsinn dieses Krieges und die französischen Frieden erinnert.

Lentement, dans d'indicibles souffrances, un nouveau monde naîtra. Les générations à venir regarderont notre époque en arrière comme un long mauvais rêve, mais la nuit la plus noire est suivie un jour par le jour. Des générations ont sombré dans la tombe, assassinées, affamées, succombant à la maladie. Des millions sont morts en voulant détruire et anéantir, la haine et le meurtre au cœur.

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Langsam, unter unsäglichen Qualen, wird eine neue Welt geboren werden. Die kommenden Generationen werden zurückblicken auf unsere Zeit wie auf einen langen bösen Traum, aber der schwär­zesten Nacht folgt einmal der Tag. Generationen sind in das Grab gesunken, ermordet, verhungert, der Krankheit erlegen. Millionen sind gestorben in dem Bestreben, zu vernichten und zu zerstören, Haß und Mord im Herzen.

Mais d'autres générations se lèvent, et avec elles un esprit nouveau. Elles construiront ce que la guerre et la révolution ont détruit. Chaque hiver est suivi d'un printemps. C'est là aussi une loi éternelle du cycle de la vie : la mort est suivie de la résurrection.

38

Aber andere Generationen erstehen und mit ihnen ein neuer Geist. Sie werden aufbauen, was Krieg und Revolution zerstört haben. Jedem Winter folgt der Frühling. Auch das ist ein ewiges Gesetz im Kreislauf des Lebens, daß dem Tod die Auferstehung folgt.

Heureux ceux qui seront appelés à participer à l'édification du monde nouveau en tant que soldats du travail".

39

Wohl denen, die berufen sein werden, als Soldaten der Arbeit die neue Welt mitaufzubauen.»

Ici aussi, l'appel à l'esprit nouveau émane d'un esprit d'homme d'État limité de l'ancien temps. Eh bien, cet appel au nouvel esprit doit seulement être compris et prendre racine dans les âmes humaines avec suffisamment de vérité et de sérieux. Car même ce qu'il y a de plus extérieur dans la vie est lié à ce qu'il y a de plus intérieur, les événements matériels les plus extérieurs sont liés aux expériences spirituelles les plus intérieures. Et si nous regardons ce qui s'est vécu comme l'esprit qui a atteint son apogée au début du XXe siècle, dans les événements de ces dernières années, nous comprendrons que l'appel à une nouvelle vie spirituelle doit se faire entendre. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement voudrait que ses chemins et ses objectifs pour la construction du monde soient liés à cette nouvelle vie de l'esprit, tout comme les efforts spirituels qu'elle combat sont manifestement liés aux terribles événements de ces dernières années.

40

Auch hier aus einem beschränkten staatsmännischen Geist der alten Zeit heraus der Ruf nach dem neuen Geiste. Nun ja, dieser Ruf nach dem neuen Geiste muß nur begriffen werden und wahr und ernst genug in den Menschenseelen Wurzeln fassen. Denn auch das Äußerlichste im Leben hängt mit dem Innerlichsten, die äußerlichsten materiellen Ereignisse mit den innerlichsten geistigen Erleb­nissen zusammen. Und wenn wir anschauen, was sich als der Geist, der im Beginn des 20. Jahrhunderts seinen Höhepunkt erreicht hat, ausgelebt hat in den Ereignissen der letzten Jahre, dann werden wir verstehen, daß der Ruf eintreten muß nach einem neuen Geistes­leben. Mit diesem neuen Geistesleben möchte ihre Wege und Ziele die anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft zum Aufbau der Welt ebenso verbunden haben, wie diejenigen geistigen Bestre­bungen, die sie bekämpfen, ersichtlich verbunden sind mit den furchtbaren Ereignissen der letzten Jahre.

Ces jours-ci encore, j'ai lu une curieuse conférence qui a été donnée dans le pays balte - notez la date - le 1er mai 1918. La conférence d'un physicien, le 1er mai 1918, se termine par ces mots : "La guerre mondiale a montré que les efforts spirituels du présent, les travaux scientifiques du présent, sont encore trop isolés. La guerre mondiale - c'est à peu près ce que dit ce physicien - nous a appris qu'à l'avenir, ce qui se fait dans les laboratoires scientifiques doit être en relation organique interne, en échange d'idées interne permanent avec ce qui se fait dans les états-majors généraux. Il faut viser une alliance intime -- dit ce physicien - entre la science et l'état-major général. Il y voit le salut de l'avenir !

41

Ich habe noch in diesen Tagen einen merkwürdigen Vortrag gelesen, der im Baltenlande gehalten worden ist — merken Sie auf das Datum — am 1. Mai 1918. Da klingt der Vortrag eines Physikers, am 1. Mai 1918, aus in die Worte: Der Weltkrieg hat doch gezeigt, daß noch zu isoliert dastehen die geistigen Bestrebungen der Gegen­wart, die wissenschaftlichen Arbeiten der Gegenwart. Der Welt­krieg -- so ungefähr sagt dieser Physiker — hat uns gelehrt, daß zukünftig dasjenige, was in den wissenschaftlichen Laboratorien gearbeitet wird, in innerem organischem Zusammenhange, in fort­währendem innerem Ideenaustausch mit dem stehen muß, was in den Generalstäben gearbeitet wird. Es muß ein innigstes Bündnis angestrebt werden -- so sagt dieser Physiker — zwischen der Wissen­schaft und dem Generalstab. Darin sieht er das Heil der Zukunft!

On voit que la science du passé peut même considérer comme un idéal les alliances conclues entre elle et les forces les plus destructrices de l'humanité. La science de l'esprit d'orientation anthroposophique voudrait conclure l'alliance entre ses aspirations spirituelles et toutes les forces véritablement constructrices de la civilisation humaine.

42

Man sieht, die Wissenschaft der Vergangenheit kann Bündnisse, die zwischen ihr und den zerstörendsten Kräften der Menschheit geschlossen werden, sogar als Ideal ansehen. Anthroposophisch orientierte Geisteswissenschaft möchte das Bündnis zwischen ih­rem geistigen Streben und allen wahrhaft aufbauenden Kräften der Menschheitszivilisation schließen.

Français seulement

CHEMINS ET BUTS DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE)

Première conférence, Bâle, 5 janvier 1920

01
Celui qui dehors, dans le voisinage, observe le bâtiment qu'on appelle le Goetheanum, consacré à ce une université libre pour la science de l'esprit, qui veut servir les intérêts de l'esprit et de la civilisation de l'avenir, peut tout d'abord être étrangement touché par les formes et la manière du style qui se présentent à lui. On peut avoir beaucoup d'objections à ce que l'on voit là. Ceux qui participent à la construction pourront tout à fait comprendre ces objections, à savoir qu'il s'agit d'un essai provisoire, si elles sont issues d'une bonne volonté. Mais face à cette construction, il faut soulever une certaine question, caractéristique de tout ce que veut et aspire le mouvement spirituel dont cette construction doit être le représentant. Si l'on avait eu besoin, de manière habituelle, d'ériger quelque part un bâtiment indépendant pour un certain courant spirituel, pour un certain type d'activité spirituelle, on se serait sans doute adressé à tel ou tel architecte, à tel ou tel artiste, et l'on aurait peut-être négocié avec eux ce qui devait être fait dans un tel bâtiment, et l'on aurait alors érigé, dans un style antique, dans un style Renaissance ou dans un autre style quelconque, un bâtiment dans lequel cette activité de science spirituelle devait trouver sa demeure. Il n'y aurait qu'un rapport extérieur entre les formes à l'intérieur du bâtiment et autour du bâtiment dédié à cette activité spirituelle et cette dernière elle-même.
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Cela ne pouvait pas être fait ainsi pour ce mouvement spirituel. Il s'agit ici de créer pour un certain courant spirituel une enveloppe extérieure qui, dans son ensemble et dans chaque détail, même le plus infime, est comme née de l'ensemble de la pensée, du ressenti et du vouloir de ce mouvement spirituel lui-même. Il s'agissait de créer dans les formes extérieures, jusque dans le moindre détail, quelque chose qui soit une expression extérieure de ce qui est voulu intérieurement, de la même manière que la parole ou toute autre chose qui doit exprimer le contenu de ce mouvement spirituel lui-même. On ne pouvait donc pas se tourner vers un quelconque style déjà existant, vers un quelconque langage formel transmis par l'histoire. Il fallait alors puiser dans le même fondement spirituel, d'où est tiré le contenu de la vision du monde, ce qui apparaît à l'œil nu dans les formes de construction. Cela ne réside pas seulement dans l'impulsion la plus intime du mouvement de la science de l'esprit, qui se nomme aussi anthroposophique, mais dans toute la manière dont ce mouvement saisit sa mission, ses voies, ses objectifs par rapport aux grandes exigences du monde civilisé actuel.
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Ce mouvement spirituel ne veut pas être une quelconque théorie extraite, une science qui n'occupe que l'intellect, il ne veut pas être quelque chose qui ne peut servir qu'à satisfaire unilatéralement les intérêts intérieurs de l'âme, il veut être quelque chose qui peut cependant donner une satisfaction, une satisfaction intime à ces désirs de l'âme humaine qui vont vers une vision du monde. Mais il veut ancrer cette vision du monde si fermement dans la réalité qu'elle puisse intervenir dans toute la vie pratique. Et c'est ainsi que ce que nous avons pu accomplir tout d'abord seuls, la création directe de formes architecturales et artistiques pour notre cause, est caractéristique de tout ce mouvement. De même qu'il n'est intervenu directement dans la vie la plus pratique que dans un domaine restreint et apparemment éloigné de la vie extérieure, de même ce mouvement spirituel veut chercher des chemins et montrer des objectifs qui s'étendent à tout ce qui est social, à tout ce qui est moral, à toute la vie commune humaine à concevoir dans sa plus large étendue. Les idéalistes qui s'appuient sur cette science de l'esprit ne doivent pas être des idéalistes étrangers au monde, mais ils doivent devenir des idéalistes capables d'intégrer directement dans leur vie pratique ce qui sort de leur âme. Et tout ce qui est souvent si étranger à ce que l'humain pense doit être harmonisé avec ce qui se trouve dans les aspirations les plus intimes de l'âme humaine. La pratique de la vie extérieure doit s'unir à ce par quoi l'humain cherche ses impulsions morales, développe ses instincts sociaux, s'adonne à son culte religieux. Avec une telle mentalité, avec une telle vision, ce courant spirituel scientifique est aujourd'hui encore assez éloigné de ce qui est recherché, voulu, voire considéré comme donc ce qui est correct dans les cercles les plus larges des humains cultivés d'aujourd'hui.
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On peut voir qu'il doit en être ainsi, mais aussi qu'il est nécessaire qu'un tel mouvement spirituel s'inscrive dans notre civilisation moderne, si l'on tourne le regard vers la manière dont toute notre vie, dans laquelle nous nous trouvons aujourd'hui, a en fait conflué à partir des courants les plus divers. Je voudrais tout d'abord parler aujourd'hui de deux courants principaux de notre vie de civilisation. Nous avons aujourd'hui ce que nous appelons notre formation spirituelle, dans laquelle s'enracinent nos convictions religieuses, dans laquelle naissent nos idéaux moraux, mais dans laquelle s'enracine également toute notre vie spirituelle plus haute. Nous avons ce qui doit permettre à l'humain de développer ses capacités et ses forces pour une formation spirituelle au-delà du travail manuel habituel. Et à côté de cela, nous avons l'activité pratique de la vie, qui a reçu des impulsions si intenses au cours des derniers siècles. Nous avons autour de nous une technique, certes stimulée par notre science, mais qui s'immisce profondément dans la vie sociale et qui a transformé la vie de la civilisation moderne dans un sens qui aurait certainement été totalement insaisissable pour un humain il y a encore huit ou neuf siècles.
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Si nous nous demandons maintenant d'où vient l'un, notre vie de formation spirituelle, qui ne domine pas seulement nos écoles supérieures, qui déploie ses pulsions jusque dans nos écoles primaires, et d'où vient d'autre part notre pratique de la vie, traversée par une technique si étendue, on obtient une réponse dont l'humain d'aujourd'hui ne se rend pas encore compte. Mais il suffit - et nous en parlerons plus en détail dans le troisième exposé - de considérer ce qui constitue en quelque sorte le fondement de notre civilisation occidentale, notamment de sa partie spirituelle supérieure, de regarder le christianisme au sens le plus large, et l'on pourra se dire, même en considérant superficiellement l'histoire du monde : Si l'on part de ce qui vit en nous en tant que conceptions et convictions chrétiennes, à partir desquelles se sont formées tant de nos conceptions et convictions spirituelles générales, beaucoup plus que ce que l'on veut bien admettre aujourd'hui, si l'on cherche l'origine de ces convictions et de ces conceptions, on arrivera finalement au chemin que le christianisme a pris depuis l'Orient jusqu'à l'Occident. Et l'on peut continuer à chercher le fil conducteur que l'on a obtenu de cette manière, et l'on trouvera que les chemins qui se présentent lorsque l'on retrace notre formation spirituelle - ces chemins qui mènent au latin-romain, au grec, dont notre formation spirituelle montre pourtant encore clairement la succession intérieure -, que ces chemins mènent finalement à la constitution particulière de l'esprit, à la constitution particulière de l'âme, par laquelle, il y a des millénaires, des millénaires préhistoriques, notre vie éducative, plus orientée vers l'intérieur, vers le spirituel, a pris naissance en Orient. Ce n'est que parce que cette vie éducative, cette conception intérieure de l'esprit a beaucoup changé au cours des siècles et des millénaires, que nous ne remarquons plus aujourd'hui comment elle tire son origine de ce qui, comme je l'ai dit, a pris naissance avant les millénaires préchrétiens, à partir d'une constitution d'esprit qui est devenue tout à fait étrangère aux humains civilisés d'aujourd'hui. Pour comprendre ce vaste chemin, il ne faut pas seulement revenir à ce que l'historiographie extérieure, étayée par des documents, nous offre, il faut aller au-delà de ce que cette historiographie peut dire, précisément dans les temps préhistoriques. Cela devient bien difficile pour l'humain présent. Car il pense au plus profond de lui-même qu'il est allé "si loin" dans les choses de l'esprit au cours des derniers siècles, peut-être seulement du tout dernier siècle, que tout ce qui se situe à des époques auxquelles il vient d'être fait allusion doit être relégué dans le domaine de l'enfance, du primitif.
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Mais celui qui, sans se laisser troubler par un tel préjugé, parvient à remonter le chemin jusqu'à l'ancienne culture de l'Orient, voit que, dans les temps préchrétiens, la civilisation et la formation de l'esprit en Orient étaient essentiellement différentes, mais qu'elles offraient aux âmes humaines des contenus spirituels tout à fait intenses. Seulement, ceux-ci étaient atteints d'une tout autre manière, je dirais même d'une manière radicalement différente de ce qui est atteint aujourd'hui par les humains qui doivent maîtriser une formation spirituelle plus haute dans des écoles supérieures.
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Celui qui devait un jour acquérir la culture spirituelle plus haute dans l'Orient ancien devait subir une transformation complète de tout son être humain, après avoir été choisi par les directeurs et les responsables des centres de formation concernés. Je parle des lieux de formation de cet Orient ancien. Ils sont accessibles à la science de l'esprit dont il est question ici, du point de vue de la connaissance ; mais si l'on est suffisamment libre de préjugés, si l'on a un certain courage de penser et de connaître, alors on peut aussi déduire de ce qui nous est transmis par l'histoire ce qui existait là dans les temps anciens. Il faut parler de ces lieux de formation de telle sorte qu'ils avaient comme une unité interne ce qui chez nous se présente séparément. Ces lieux de formation, auxquels se rattache tout ce que nous portons encore en nous aujourd'hui, mais sous une forme essentiellement transformée, étaient à la fois ce que nous appelons aujourd'hui l'église, mais aussi ce que nous appelons aujourd'hui l'école, étaient aussi ce que nous appelons aujourd'hui les institutions artistiques. L'art, la science et la religion formaient une unité dans les civilisations humaines plus anciennes. Et celui qui devait se développer dans ces lieux de formation devait faire évoluer tout son être humain. Il devait transformer tout son être humain. Il devait adopter une autre forme de pensée que celle qui est efficace dans la vie quotidienne. Il devait s'abandonner à la pensée contemplative. Il devait s'habituer à traiter la pensée comme on le fait habituellement avec le monde extérieur. Mais il a aussi dû s'habituer à transformer toute sa vie affective et sa volonté. Il est difficile aujourd'hui de se faire une représentation de ce qui a été recherché dans cette direction. Car comment pensons-nous vraiment sur notre vie ? Nous admettons que l'enfant doit être développé. Ses capacités et ses forces, avec lesquelles il est plongé dans le monde, doivent être développées par l'éducation. Eh bien, l'enfant ne peut pas s'éduquer lui-même ; les autres, les adultes, ont d'abord l'idée que l'enfant doit être développé avec ses capacités et ses forces. Et nous faisons aussi en sorte que l'enfant pense, ressente et veuille différemment de ce qu'il est à sa naissance dans le monde. Mais si nous exigeons de l'humain qu'il poursuive son développement même lorsqu'il est déjà parvenu à sa propre volonté, lorsque les autres ne s'occupent plus de son développement à partir de leurs conceptions, alors l'humain actuel trouve là une étrange imposition ; car on ne doit être développé que tant qu'on ne peut pas s'occuper de ce développement par sa propre volonté, qu'on ne peut pas le prendre en main. Si l'on parvient une fois à une certaine liberté en ce qui concerne son propre développement, alors on abandonne l'évolution. C'est l'orgueil intellectuel dans lequel nous vivons aujourd'hui. Au moment où nous serions en mesure de prendre en main notre propre évolution, nous pensons que nous sommes déjà prêts et nous nous présentons dans le monde comme des humains finis.
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Une telle vision n'existait pas à l'intérieur de cette civilisation à laquelle j'aimerais faire allusion ici, mais l'humain fut développé plus loin et toujours plus loin. Et justement ainsi que ce que l'enfant est capable de reconnaître, de ressentir, de faire, après être passé par une certaine formation, représente une sorte d'éveil dans la constitution d'âme, de même il y a un tel éveil pour le développement ultérieur que l'humain peut maintenant prendre en main. C'est à cet éveil aux activités de l'âme, qui étaient supérieures aux activités ordinaires, dans le même sens que les capacités supérieures des adultes sont supérieures à celles des enfants, que l'élève oriental des mystères a été éduqué. Et l'on avait l'intuition que seul celui qui avait vécu cet éveil ultérieur dans le meilleur sens du terme était capable de juger des affaires les plus élevées de la vie. Et on n'a pas seulement été préparé à être un homme qui, lorsqu'il réfléchit, lorsqu'il développe un certain sentiment et une certaine émotion intérieure, se sent satisfait de la connaissance de son lien avec un monde spirituel, non, on n'a pas seulement développé la capacité d'une vision du monde, on a développé les capacités par lesquelles la vie sociale et technique extérieure était dirigée, par lesquelles la vie commune humaine était dirigée. Toute la vie était alors influencée par la formation et l'évolution spirituelle.
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Il nous est si difficile de nous replacer dans le contexte qui prévalait il y a des millénaires en Orient, au point de départ de notre évolution humaine récente, parce que notre état d'âme tout entier est devenu autre au fur et à mesure de l'évolution de l'humanité, parce que nous sommes parvenus à d'autres sensations et à d'autres visions sur la vie. Pour les humains qui se trouvaient dans la formation de l'esprit évoquée ici, il était instinctif de s'élever vers une telle transformation de l'être humain. Les instincts de ces humains étaient différents. Ils tendaient vers une telle contemplation de la vie de l'esprit après une certaine transformation. Les humains qui n'ont pas suivi eux-mêmes une telle formation ont regardé vers le haut, à partir de leurs instincts qui étaient aussi présents chez eux, vers ce que les personnes formées pouvaient leur donner. Ils les suivaient en rapport à la formation de leur vie psychique intérieure. Mais ils les ont également suivis en ce qui concerne l'organisation de la vie sociétale, en ce qui concerne le se-placer dans la vie globale.
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Les instincts qui ont conduit à une telle vie sont tout autant issus de la culture générale actuelle de l'humanité que les instincts particuliers de l'âme de l'enfant ont été transformés chez l'adulte. Mais grâce à ces instincts, en relation avec ce qui est sorti de ces lieux de formation que l'on peut justement appeler des mystères, il en résulta une disposition de l'âme humaine par laquelle on ne pouvait pas faire autrement que de chercher ce qui est le noyau de l'être de l'humain, non pas ici dans le cercle de la vie qui enferme le corps humain en lui-même, mais toute cette conception de la vie conduisait à cela, à s'élever en quelque sorte instinctivement, à s'élever dans une conscience tout à fait populaire vers l'homme supérieur dans l'humain, vers ce qui dans l'humain est essentiellement de nature spirituelle et psychique, vers ce qui dans l'humaine apparaît certes dans le corps sensible pour la période entre la naissance et la mort, mais qui est en soi éternelle et appartient à un monde spirituel dans lequel on regardait justement instinctivement. Quelque chose de surhumain, si je peux utiliser cette expression qui est devenue un peu inquiétante pour les adeptes de Nietzsche, quelque chose de surhumain était considéré comme l'essence de l'humain. Ce sur quoi l'humain regardait comme sa propre essence était quelque chose qui dépassait l'humain ordinaire. C'est en cela que cette formation était grande : rechercher l'humain d'après un spirituel et d'âme, qui trouve dans le corporel seulement son expression, qui de monde spirituel d'âme intervient dans tout l'être humain à partir du monde spirituel et d'âme, dirigeant cet être humain dans ses manifestations/extériorisation les plus matérielles à partir du spirituel et d'âme.
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En de nombreuses métamorphoses, à travers de nombreuses transformations, ce qui vint en l'état comme le contenu de la formation de l'esprit a alors été élaboré en Orient en de larges transformations, est arrivé en Grèce. Cela y apparaît, j'aimerais dire, filtré. Tandis que dans la plus ancienne période grecque, que Friedrich Nietzsche a appelée l'âge tragique des Grecs, nous voyons encore quelque chose d'une telle orientation de l'humain entier vers l'humain supérieur, dans la période grecque ultérieure apparaît ce que l'on peut appeler, dans un sens plus englobant, l'essence dialectique, purement intellectuelle, de l'humain. Tout le contenu riche et intensément humain d'une culture primitive a été en quelque sorte filtré et filtré encore et encore, et c'est dans son état le plus dilué qu'il est parvenu à notre époque. Et cela forme ainsi l'un des courants de notre vie qui monta absolument jusqu'à l'humain spirituel d'âme et donna à l'humain une conscience qui lui a permis de se sentir à chaque instant de la vie, dans la prière et dans le travail le plus sale, comme une expression extérieure de l'humain spirituel et psychique.
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Nous verrons dans le troisième exposé que le mystère du Golgotha, à partir duquel le christianisme s'est développé sur cette terre, est un fait en soi qui peut être compris de différentes manières à différentes époques. Mais ce à partir de quoi on a forgé la compréhension suivante de ce mystère du Golgotha, c'est ce que l'on avait rapporté comme formation depuis l'Orient. Et au fond, dans tout ce que nous faisons encore aujourd'hui pour comprendre le christianisme vit ce qui est la dernière expérience de l'Orient, toutefois diluée à la mesure de l'esprit. Il y a une certaine particularité de toute cette configuration d'âme qui vit seulement plus en nous dans sa dernière métamorphose. Et cette particularité, il faut la chercher dans ce qui suit.
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Aussi grande et puissante que soit cette conception du monde en rapport à l'ascension vers le surhumain dans l'humain, descendre vers ce vers quoi la civilisation occidentale est montée et dans quoi elle est devenue grande, cette civilisation orientale n'aurait jamais pu le faire. Elle a pu produire le surhomme, le spirituel-psychique, elle n'a pas pu produire autre chose. C'est une chose à laquelle j'ai déjà fait allusion ici dans d'autres contextes. C'est précisément à l'époque où la dernière métamorphose de la vie de l'esprit orientale commençait à prendre place en Occident que commença un début à une nouvelle vie vie de l'esprit, à une vie de l'esprit qui, jusqu'à notre époque, a toutefois produit d'énormes fleurs dans la pratique de la vie, mais des fleurs d'un tout autre sorte que la vie de l'esprit orientale que j'ai justement décrite. Regardons ces autres fleurs.
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J'aimerais là encore une fois attirer l'attention sur le fait suivant. Comme je l'ai dit, je l'ai déjà exposé ici sous d'autres points de vue. Si nous examinons aujourd'hui les manuels usuels après le nombre d'êtres humains sur la Terre, on nous dit qu'environ 1500 millions d'humains habitent la Terre. Si nous regardons ce qui est travaillé à l'intérieur de la civilisation humaine, si nous regardons les forces de travail qui sont actives dans notre être humain et notre vie humaine, alors nous devons de manière étrange dire autre chose. Nous devrions alors dire : la terre travaille comme si elle était habitée non pas par 1500 millions d'humains, mais par 2200 millions d'humains. Depuis trois ou quatre siècles, notre monde de machines travaille ainsi que par là du travail est fourni que l'on pourrait se penser aussi fourni par des humains. Nous remplaçons la force de travail humaine par de la force de machines. Et si l'on convertit ce que nos machines fournissent en force humaine de travail, ainsi on en obtient, si l'on considère un temps de travail de huit heures, que le travail de notre Terre contient sept à huit fois cent millions d'hommes, c'est-à-dire non pas des humains réels, mais du travail humain, mais fourni par des machines.
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C'est quelque chose qui est livré à la civilisation de l'humanité par ces forces spirituelles qui ont grandies à l'humain de l'Ouest, ces forces spirituelles qui n'auraient jamais pu se développer en ligne droite à partir de cette culture intérieure de l'esprit et de l'âme qui s'était élancée de manière si grandiose vers le surhumain, vers l'humain supérieur dans l'humain, vers l'humain spirituel psychique. Cette culture est restée à certaines hauteurs de l'âme. Elle n'embrassait pas ce que nous appelons aujourd'hui la vie pratique. Elle n'aurait jamais pu placer un métal mort ou un autre matériau dans un contexte tel que travaille parmi les humains, non toutefois un surhumain, mais un sous-humain, un humain qui est en fait un homoncule vis-à-vis de l'humain de chair et de sang, un mécanisme qui introduit dans la culture humaine ce que les humains pourraient y introduire sinon. C'est l'essence même de notre vie intellectuelle occidentale. C'est d'autant plus caractéristique pour notre vie de l'esprit occidentale que plus nous allons vers l'Ouest, où l'humain mécanique, le sous-homme, est issu de cette vie de l'esprit, comme l'humain psycho-spirituel, le surhomme, est issu de la vie de l'esprit orientale.
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Mais le fait que de telles choses aient pu être créées en Occident n'est pas ici un phénomène isolé de la vie de civilisation. C'est lié à toute la formation du représenter, du sentir et du penser. Les humains qui ont introduit cet homoncule dans la vie sont naturellement grands dans toute la constitution de leur âme, évidemment grands d'après l'autre direction que l'humain oriental. Aujourd'hui, on ne peut pas comprendre la vie si on ne peut pas comprendre cette opposition dans toute son intensité. Car d'une part, cet humain moderne porte encore en lui la dernière métamorphose de ce qui lui est venu d'Orient, et d'autre part, il absorbe depuis des siècles déjà l'autre élément, qui est l'essentiel de la vie de l'esprit occidentale. Une compensation n'est pas encore là aujourd'hui. Ils sont là comme deux courants séparés l'un de l'autre, le courant du surhumain, quand bien aussi très modifié, le courant du sous-humain, même s'il n'en est qu'à ses débuts. Et l'humain moderne, l'humain du présent, lorsqu'il prend conscience que ces deux courants vivent non médiés dans son âme, il souffre psychiquement, spirituellement et probablement/volontiers aussi corporellement de la discordance qui là en sort. Certes, ce sont des choses qui se déroulent si profondément dans ce qui reste inconscient et subconscient que dans la conscience de l'humain, non seulement dans celle-ci, mais même dans sa constitution corporelle, il entre tout autre chose que la cause réelle. L'humain moderne se trouve nerveux, il se trouve insatisfait des conditions. On pourrait citer des centaines de choses sur la façon dont cet humain moderne ressent un désaccord entre lui-même et l'environnement, sur la façon dont ce désaccord s'exprime aussi dans sa santé corporelle. Ce qui a été évoqué est sous-jacent. Derrière tout cela se cache la grande question : comment harmoniser, pour la civilisation de l'avenir, ce qui a produit le sous-homme avec ce qui vit en nous dans sa dernière phase, comme héritage d'une civilisation qui a conduit à l'humain spirituel et psychique ?
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Ce qui repose là dans les forces de notre civilisation, comme je viens de vous l'indiquer, la science de l'esprit d'orientation anthroposophique cherche particulièrement à le placer devant l'âme. Elle voit comme un objectif nécessaire, porté par les exigences les plus importantes de notre temps, un équilibre entre les forces de l'âme qui ont conduit dans une direction et les forces de l'âme qui ont conduit dans l'autre direction. Et elle est consciente de l'immense nécessité et de l'importance pour l'humanité de trouver les moyens d'atteindre ce but. J'ai appelé la vie de l'esprit orientale "instinctive".
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Cette vie de l'esprit était née des instincts des anciens humains. Nous l'avons obtenue en héritage. Mais nous l'avons obtenue dans un état déjà intellectualisé ; elle s'est inscrite/mis à vivre dans notre civilisation sous forme de concepts, de représentations de sorte bien abstraite. Car nous n'avons plus les instincts qu'avait le porteur autrefois de cette vie de l'esprit. On peut fantasmer tant qu'on veut sur le fait que l'humain contemporain devrait retourner à la naïveté, qu'il devrait à nouveau devenir instinctif. On a certainement raison, en une certaine relation, avec une telle exigence. Mais la naïveté s'exprimera autrement qu'auparavant. La vie instinctive prendra d'autres directions. Et exiger que nous devenions comme les humains des millénaires précédents, cela revient à exiger que l'adulte joue comme l'enfant. Non, nous ne pouvons pas retourner, pour satisfaire nos besoins les plus profonds de l'âme, dans la civilisation des millénaires révolus, et nous ne pouvons pas non plus, si nous ne voulons pas tomber dans la décadence, crier en tant qu'Occidentaux "ex oriente lux" ; non, nous n'avons pas la permission de crier cela, c'est de l'Orient que nous viendrait la lumière. Car la lumière qui s'y trouve aujourd'hui a elle aussi subi de nombreuses métamorphoses, et nous ne pouvons absolument pas nous bercer de l'illusion que ce que l'on trouve encore aujourd'hui quelque part en Orient représente une spiritualité qui pourrait d'une manière ou d'une autre intervenir de manière fructueuse dans notre civilisation. C'était une décadence de la pire sorte lorsqu'un mouvement théosophique s'est affirmé à partir des besoins religieux et culturels de l'Occident, à partir de l'âge des machines qui s'était également formé une vision du monde mécaniste qui ne peut pas satisfaire l'humain, c'était une décadence de la pire espèce qu'on aille dans le domaine qui a aujourd'hui l'héritage oriental décadent d'une vie spirituelle des temps passés. Si l'on a recherché aujourd'hui la culture indienne pour l'intégrer à la théosophie de l'Occident, cela a montré à quel point on était devenu stérile/infécond, à quel point les forces créatrices ne s'excitaient plus à partir de la vie de l'esprit propre, à quel point on ne pouvait être grand que dans le mécanistique, mais à quel point on ne trouvait pas de chemin propre dans les domaines dont l'âme a besoin pour sa conception de la véritable essence spirituelle et d'âme de l'humain.
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Cette tendance ne repose d'ailleurs que trop à la base de la vie actuelle. Ne voyons-nous pas comment ceux qui sont insatisfaits du christianisme actuel font souvent des recherches ? Comment était le christianisme autrefois ? Comment était le christianisme primitif ? Faisons à nouveau comme les premiers chrétiens. Comme si nous n'avions pas progressé depuis lors, comme si nous n'avions pas besoin d'une nouvelle compréhension du christianisme ! Oh, il y a partout la caractéristique de la stérilité, de l'impossibilité de créer soi-même. Non, ce n'est pas ce que veut la science de l'esprit d'orientation anthroposophique : faire des emprunts à une quelque culture ancienne ou à la succession actuelle d'une culture ancienne.
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C'est tout de suite quand on comprend le caractère concret de ce dans quoi s'enracine la science de l'esprit d'orientation anthroposophique que l'on envisagera facilement ce qui a été dit. Vous pouvez entendre comment l'Oriental actuel cherche encore, je dirais, à reproduire d'anciennes méthodes, le chemin vers le spirituel dans un certain processus de respiration, dans une régulation de la respiration qui cherche à former la constitution humaine par laquelle on trouve des forces intérieures de connaissance, de sentiment et de volonté, pour monter dans le monde spirituel où se trouve l'humain spirituel-âme, où se trouve la véritable connaissance de soi. L'Oriental fait aujourd'hui ce que l'Oriental a toujours fait au cours des siècles et des millénaires précédents pour emprunter ce chemin : il descend de la simple vie intellectuelle de la tête vers la vie de l'humain tout entier. Il sait quel est le lien organique interne entre la manière dont nous inspirons, dont nous expirons - j'en parlerai encore dans les prochains jours - et le processus de notre représenter et de notre pensée. Mais il sait aussi que le penser et le représenter croit/pousse comme du processus respiratoire. Et ainsi j'aimerais revenir à la racine du penser, au processus de respiration. Dans une régulation du processus respiratoire, il cherche le chemin vers en haut dans le monde spirituel. Nous ne pouvons pas imiter ce chemin. Si nous l'imitions, nous pécherions contre notre constitution humaine, qui est devenue tout autre. La structure interne de notre cerveau et de notre système nerveux est autre que celle qui a donné naissance à la culture spirituelle instinctive de l'Orient.
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Si nous considérions aujourd'hui comme ce qui est correct de nous livrer uniquement à un processus respiratoire régulé, nous renierions la vie intellectuelle. Nous renierions ce pour quoi nous sommes aujourd'hui constitués. Nous devons, pour remonter les chemins vers le monde spirituel, engager d'autres métamorphoses. Nous ne devons plus revenir de la pensée à des processus corporels comme la respiration, nous devons former la pensée elle-même. C'est pourquoi la science de l'esprit actuelle, qui vit à la hauteur de son époque, doit parler d'une formation de la vie intellectuelle, mais pas de cette vie intellectuelle que l'on connaît aujourd'hui presque exclusivement.
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C'est tout de suite cette vie intellectuelle qui nous a rendus comme desséchés, secs et sobres pour toute l'étendue de la vie. Même si certains s'insurgent de nos jours contre l'intellectualisme unilatéral, on ne trouve rien pour pouvoir vraiment combattre cet intellectualisme. On sent que les simples concepts, même ceux qui sont tirés de la science sérieuse et consciencieuse, laissent l'âme froide, de sorte qu'elle ne trouve pas les chemins de la vraie vie. Mais d'un autre côté, on ne trouve pas la possibilité d'orienter cette vie intellectuelle dans une direction qui puisse être satisfaisante, parce qu'on veut justement éviter ce que la science de l'esprit dont il est question ici doit considérer comme ce qui est correct pour l'humain contemporain. L'humain contemporain ne peut pas, s'il reconnaît l'aridité, la sobriété, l'unilatéralité du simple intellectualisme, aller chercher des émotions dans ce que l'on appelle souvent une vie élémentaire du pré-penser et primitive, afin de s'améliorer en tant qu'humain intellectuel. Il ne peut pas, je dirais, chercher dans une vie aveugle que l'on ne comprend pas, ce qu'il veut coller extérieurement à la civilisation intellectualiste.
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C'est pourquoi la science de l'esprit orientée anthroposophiquement cherche, par le développement de l'âme par l'exercice, ce à quoi aspire réellement l'humain moderne pour la satisfaction réelle de son âme. J'ai décrit en détail dans la deuxième partie de ma "Science secrète", dans mon livre "Comment acquiert-on des connaissances des mondes supérieurs" et dans d'autres de mes écrits, comment ce chemin doit être parcouru d'une manière adaptée à l'humain occidental. En principe, je veux seulement indiquer qu'il s'agit de prendre en main la vie de l'âme de telle sorte que l'on évite toutefois de développer des représentations, des concepts, des idées vers le plus haut, que l'on ne développe donc pas unilatéralement la seule vie de la pensée, mais que l'on exerce l'âme de telle sorte qu'avec les pensées elles-mêmes qui viennent, qui se lient, qui se séparent, se lient les sentiments les plus vivants. Tandis qu'aujourd'hui l'intellectualiste unilatéral est sobre dans sa vie de pensée, mais laisse aussi cette vie de pensée se promener dans le domaine de la science, étranger à la vie, ou dans d'autres domaines, et vit par ailleurs dans la vie sinon dépourvu de pensées, ce que la science de l'esprit d'orientée anthroposophiquement appelle son exercice cherche à s'approfondir dans la pensée, mais à développer un sentiment dans cet approfondissement de la pensée, de sorte que l'on puisse se réjouir, se mettre en colère, haïr et aimer ce que l'on ne fait que penser, haïr et aimer les gens, se mettre en colère contre les événements extérieurs, de sorte que toute une vie intérieure s'épanouisse, s'épanouisse dans une vitalité telle que la vie extérieure. Les livres cités doivent justement témoigner du fait que cela peut être fait de manière systématique.
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Mais alors, si l'humain cherche de tels chemins, s'il développe réellement les forces de connaissance, de sentiment et de volonté qui dorment en lui, s'il prend en main son développement non pas à partir du corps, comme dans l'ancienne culture orientale, dans un processus respiratoire régulé, mais à partir de l'âme et de l'esprit, alors il trouve le chemin vers le monde spirituel. Et quelles sont les forces qu'il utilise ? Il utilise les forces qui ont fait la grandeur de sa civilisation. Il utilise les forces qu'il a utilisées en développant ses machines, en développant ses conceptions astronomiques mécanistes coperniciennes, galiléennes, keplériennes, newtoniennes. Ce que notre esprit et notre âme développent dans les machines en termes de finesse d'imagination, ce qui vit dans notre astronomie, dans notre chimie, ce qui réside dans notre vie sociale, tout cela est formé. L'Oriental n'avait pas du tout cela. Il n'aurait pas pu poursuivre sa vie de l'âme jusqu'à ces forces de l'âme. Il devait aller jusqu'à la respiration du corps pour emprunter le chemin de la connaissance. Nous devons commencer là où nous commençons dans la vie pratique extérieure. Nous devons partir des mêmes forces de l'âme et de l'esprit qui vivent dans notre culture mécaniste et qui ont produit le sous-humain en sept à huit cents millions d'exemplaires. Nous devons former un nouvel Orient, c'est-à-dire une vision du supérieur, de l'éternel, de l'humain immortel à partir du plus sensuel, du plus machinal, à partir de ce qui se révèle à notre civilisation occidentale comme le chemin vers le sous-humain.
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Toutefois, il n'est pas en tous points sympathiques à l'humain moderne qui veut donc se placer dans la civilisation moderne. Car cet humain moderne, il exige donc justement que l'enfant doive se développer, car il ne peut pas encore prendre lui-même la décision de son développement. À l'instant où il doit prendre lui-même la décision, il ne s'engage plus dans le développement ; à ce moment-là, on est prêt ; on se fait élire à l'assemblée municipale, au parlement, car on sait tout. On connaît tout. On n'a plus besoin de descendre dans le développement des facultés par lesquelles on sait quelque chose. On est critique de tout, une fois que l'on est venu à la conscience de son arbitraire, une fois que les autres seuls n'ont plus le droit de faire n'importe quoi en ce qui concerne l'évolution. Cet humain moderne doit justement chercher le chemin pour s'élever à nouveau vers ces hauteurs où l'on trouve l'humain spirituel et psychique.
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Maintenant, la chose est ainsi que, pour l'instant, l'impulsion intérieure à rechercher cet humain spirituel et d'âme, à parcourir le chemin vers ces connaissances, est encore un renoncement, car ce chemin exige une vie qui se déroule certes dans la douleur et la souffrance, une vie que tout le monde ne doit pas encore mener aujourd'hui, que tout le monde ne peut pas mener, et que tout le monde n'a pas non plus besoin de mener. Mais de même que tout le monde ne peut pas devenir chimiste, mais que les résultats de la chimie peuvent être utiles à tous les humains, de même que tout le monde ne peut pas devenir astronome, mais que les résultats de l'astronomie peuvent avoir une influence sur toutes les âmes, de même il peut y avoir peu d'explorateurs de l'esprit, mais les résultats de cette recherche spirituelle peuvent - je l'ai souvent dit ici - être compris avec le bon sens/la saine raison analytique ordinaire. Les rares chercheurs d'esprit peuvent communiquer leurs visions spirituelles, et le bon sens humain les comprendra. Mais c'est justement ce que les gens nient aujourd'hui. Ils viennent et disent : "Ce que tu nous communiques, toi, le chercheur d'esprit, ce sont peut-être de belles fantaisies ; mais nous les décomposons logiquement, nous ne les admettons pas, car elles ne se manifestent pas devant notre bon sens humain. Nous ne sommes pas encore parvenus à une vision plus élevée.
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On fait donc l'expérience des choses très étranges dans ce domaine. Une nouvelle brochure est justement de nouveau parue sur ce que je dois représenter aujourd'hui devant l'humanité en tant que vision du monde orientée anthroposophiquement. Là, un homme qui est, disons, "professeur d'université", dit, alors qu'il me dénigre en tant que philosophe et, comme il le dit, en tant que théosophe : oui, ce Steiner prétend qu'il faut devenir chimiste pour comprendre les choses chimiques, qu'il faut devenir physicien pour comprendre les choses physiques ; on peut le lui accorder. Mais il est maintenant très étrange de voir comment ce monsieur se comporte bizarrement. Il dit : tout le monde peut être d'accord avec le fait que les chimistes affirment ceci ou cela, car s'il devient lui-même chimiste, il comprendra que c'est juste ; tout le monde peut être d'accord avec ce que les physiciens affirment, car s'il devient lui-même physicien, il comprendra que ce que les physiciens disent est juste. Mais pour voir ce que dit la science de l'esprit, il faudrait donc développer des capacités particulières.
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Je ne dis pas autre chose non plus. De même que l'humain doit devenir chimiste pour avoir un jugement sur la chimie, de même que l'humain doit devenir physicien pour avoir un jugement sur la physique, de même l'humain doit devenir chercheur en science de l'esprit pour décider sur la science de l'esprit. Mais maintenant, en poursuivant son texte, cet étrange - peut-être n'est-il pas étrange du tout - professeur d'université dit : "Il ne s'agit pas du fait que ce que Steiner affirme ne peut être justifié que devant des gens formés en science de l'esprit, mais cela doit se justifier devant moi ! C'est-à-dire que cela doit se justifier devant celui qui non seulement n'en a pas la moindre nuée, mais qui ne veut pas non plus s'en procurer.
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Il s'agit toutefois d'un "bon sens", écrit entre guillemets, qui ne permet pas de comprendre ce que la science de l'esprit a à enregistrer. Le bon sens impartial le saisira. Oui, on pensera peut-être encore à l'avenir à ces choses de manière tout à fait autre de ce que l'on a l'habitude de penser aujourd'hui dans de nombreux cercles. Le monde est là. Les philosophes se sont toujours disputés à propos du monde. Eh bien, les philosophes auront tout de même du bon sens. Et on peut même dire, si l'on est impartial, que la philosophie vaut mieux que sa réputation. Mais les philosophes se disputent. Et si l'on est impartial, on peut même reconnaître une certaine perspicacité dans le domaine philosophique à celui qui dit le contraire de ce qu'un autre avance, à nouveau à partir d'une certaine perspicacité. Oui, si l'on est impartial dans ce domaine, on en vient à porter un jugement très étrange sur le bon sens. Il est là. Les gens parlent en général avec ce bon sens. Mais il n'est pas du tout apte à comprendre le monde, sinon les philosophes n'auraient pas besoin de se disputer. Ce bon sens ordinaire ne semble pas du tout apte à comprendre le monde qui se présente extérieurement aux sens. Qu'on essaie de voir s'il comprend ce que la science de l'esprit a à dire, et l'on verra que le chemin s'ouvrira pour que l'on comprenne précisément cela. Ce n'est pas seulement un préjugé, c'est aussi de la poudre aux yeux, quand on dit : les scientifiques de l'esprit affirment aussi des choses différentes ; l'un ceci ou l'autre cela. On dit cela sans connaître les faits. Si l'on apprend à connaître les faits, on n'affirmera plus cela.
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Il faudra donc surmonter bien des préjugés et surtout bien des pressentis si la science de l'esprit orientée anthroposophiquement pensée ci doit se placer dans la vie moderne. Mais elle devra s'y insérer. Car le chemin devra être trouvé de relier les deux courants spirituels vous ayant été caractérisé aujourd'hui. Nous ne pouvons pas devenir des réactionnaires pour revenir à des formations spirituelles antérieures. Nous devons nous placer dans ce qu'a produit l'ère de science de la nature, l'ère mécaniste. Mais nous devons spiritualiser les forces qui ont produit un Copernic, un Galilée, un Giordano Bruno, un Röntgen, un Becquerel et ainsi de suite jusqu'à nos jours, nous devons spiritualiser les forces jusqu'à ce que, grâce à ces mêmes forces de l'âme humaine, par lesquelles nous construisons des machines, nous nous élevions aussi jusqu'à la connaissance de l'humain spirituel-âme. Alors, nous ne parlerons plus purement de l'esprit, alors nous pourrons donner un contenu à l'aspiration à l'esprit.
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C'est ce qui touche de si près l'observateur profond de la civilisation contemporaine : les gens parlent aujourd'hui beaucoup de l'esprit, mais ne donnent aucun contenu à ce discours sur l'esprit. C'est ainsi que naissent des visions du monde d'un côté, et que la pratique de la vie est liée de manière inorganique à ces visions du monde de l'autre côté, comme le serait notre vision du monde basée sur la science de l'esprit dans une maison qui porte un style architectural ancien. Notre vision du monde orientée les spirituellement scientifiquement veut vivre dans des formes de construction qui sont nées d'elle. Elle doit créer et peut créer de telle sorte qu'elle soit capable de pénétrer la vie matérielle extérieure jusque dans les détails techniques, jusque dans les enchaînements sociaux. Alors, ce sera cette science de l'esprit pourra devenir le porteur d'une civilisation qui trouvera les bons chemins vers les objectifs qui ont été évoqués aujourd'hui. Alors ce sera cette science de l'esprit qui ne laissera plus devenir grande cette vie dont on peut dire : maintenant oui, certains aspirent de nouveau à l'esprit ; ils exigent que l'humain qui travaille dur à l'usine ne travaille plus purement à l'usine, mais qu'il ait suffisamment de temps de reste pour se consacrer aussi à l'esprit. Oh, non, la science de l'esprit n'exige pas seulement que l'on travaille à l'usine et qu'en fermant la porte derrière soi, on sorte de l'usine pour y trouver la vie de l'esprit. Non, la science de l'esprit exige l'inverse : que, lorsqu'on ouvre l'usine pour aller travailler, on y porte l'esprit, afin que chaque machine soit imprégnée de ce qui porte aussi la vision du monde vers les hauteurs les plus élevées de la connaissance, de l'immortalité. La science de l'esprit n'aimerait pas laisser du temps pour l'esprit, mais imprégner tout le temps de ce que l'humain peut trouver comme le contenu de son esprit.
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Maintenant les humains réclament souvent de l'esprit. Un livre sur le socialisme vient de paraître - il y a toutes sortes de visions pleines de sensation et parfois aussi raisonnables - de Robert Wilbrandt, professeur d'université à Tübingen. Il s'en dégage : oui, mais nous n'irons pas plus loin avec le socialisme si nous ne trouvons pas le nouvel esprit, la nouvelle âme. Dans les dernières pages du livre, c'est donc le cri pour l'esprit, pour l'âme ! Mais si l'on amène un tel homme, une telle personnalité, là où l'on doit donner un contenu à l'esprit, là où l'on n'évoque pas seulement in abstracto l'esprit et l'âme, là où l'on parle de contenus spirituels et d'âme, comme la science de la nature parle de contenus naturels, là la personnalité concernée se dérobe, là elle n'a pas le courage d'avouer qu'elle a un véritable esprit substantiel/plein de contenu. Et c'est ce que nous voyons chez beaucoup. Ils crient à l'esprit. Mais lorsque l'esprit cherche un véritable contenu, alors ils ne s'y retrouvent pas. Ils en restent à la simple évocation d'une union abstraite des âmes humaines avec le spirituel. C'est ce que la science de l'esprit d'orientation anthroposophique cherche comme chemin : le chemin vers un contenu spirituel réel, vers un monde spirituel réel, à partir de nos propres forces de connaissance organiques comme but : former les deux courants, l'orientalisme et l'occidentalisme, qui sont simplement réunis en nous de manière inorganique, en une aspiration qui, à partir de nos propres aspirations, trouve le chemin vers le bas dans le mécanisme, et vers le haut dans la spiritualité la plus élevée.
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Des explications supplémentaires de ce thème, que je donnerai demain et après-demain, où aussi maint pourra être caractérisé plus largement, que je n'ai pu le faire aujourd'hui comme l'introduction, j'aimerais encore envoyer d'avance en guise de conclusion, ce qui suit : l'appel à une nouvelle spiritualité traverse aujourd'hui de nombreux cœurs et de nombreux esprits et, d'une certaine manière, on pressent déjà que notre malheur, qui s'est manifesté de manière si terrible et si effroyable au cours des cinq dernières années, est lié dans le monde extérieur au fait que notre esprit est arrivé dans une impasse. Qu'il faut briser un mur pour avancer en esprit. On pressent que nous ne pouvons pas avancer dans le social, le politique, le technique extérieur sans un nouvel esprit. Un homme qui n'a peut-être pas toujours joué un rôle tout à fait avantageux, mais qui a peut-être été plus habile que certains de ses collègues parmi les "hommes d'État" - je le dis entre guillemets quand je parle d'hommes d'État aujourd'hui - au cours des dernières années, a maintenant aussi - les hommes d'État et les généraux écrivent aujourd'hui des souvenirs de guerre -, a maintenant aussi écrit ses souvenirs de guerre. Ils se terminent par les mots suivants :
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La guerre continue, même si elle a changé de forme. Je crois que les générations à venir n'appelleront pas du tout le grand drame qui domine le monde depuis cinq ans la guerre mondiale, mais la révolution mondiale...".

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C'est ce que dit Czernin, l'homme d'État autrichien. Il y en a donc au moins un qui voit déjà comment les choses sont liées, même si c'est encore dans une mesure très limitée. Et il poursuit :
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… et nous saurons que cette révolution mondiale a seulement commencé avec la guerre mondiale. Ni Versailles ni Saint-Germain ne créeront une œuvre durable. Dans cette paix se trouve le germe corrosif de la mort. Les convulsions qui secouent l'Europe ne sont pas encore en train de s'apaiser. Comme lors d'un violent tremblement de terre, les grondements souterrains se poursuivent. Bientôt, ici et là, la terre s'ouvrira et projettera du feu vers le ciel, des événements de nature et de violence élémentaires continueront à s'abattre sur les pays. Jusqu'à ce que tout ce qui rappelle la folie de cette guerre et la paix française soit balayé.
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Lentement, dans d'indicibles souffrances, un nouveau monde naîtra. Les générations à venir regarderont notre époque en arrière comme un long mauvais rêve, mais la nuit la plus noire est suivie un jour par le jour. Des générations ont sombré dans la tombe, assassinées, affamées, succombant à la maladie. Des millions sont morts en voulant détruire et anéantir, la haine et le meurtre au cœur.
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Mais d'autres générations se lèvent, et avec elles un esprit nouveau. Elles construiront ce que la guerre et la révolution ont détruit. Chaque hiver est suivi d'un printemps. C'est là aussi une loi éternelle du cycle de la vie : la mort est suivie de la résurrection.
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Heureux ceux qui seront appelés à participer à l'édification du monde nouveau en tant que soldats du travail".
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Ici aussi, l'appel à l'esprit nouveau émane d'un esprit d'homme d'État limité de l'ancien temps. Eh bien, cet appel au nouvel esprit doit seulement être compris et prendre racine dans les âmes humaines avec suffisamment de vérité et de sérieux. Car même ce qu'il y a de plus extérieur dans la vie est lié à ce qu'il y a de plus intérieur, les événements matériels les plus extérieurs sont liés aux expériences spirituelles les plus intérieures. Et si nous regardons ce qui s'est vécu comme l'esprit qui a atteint son apogée au début du XXe siècle, dans les événements de ces dernières années, nous comprendrons que l'appel à une nouvelle vie spirituelle doit se faire entendre. La science de l'esprit orientée anthroposophiquement voudrait que ses chemins et ses objectifs pour la construction du monde soient liés à cette nouvelle vie de l'esprit, tout comme les efforts spirituels qu'elle combat sont manifestement liés aux terribles événements de ces dernières années.
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Ces jours-ci encore, j'ai lu une curieuse conférence qui a été donnée dans le pays balte - notez la date - le 1er mai 1918. La conférence d'un physicien, le 1er mai 1918, se termine par ces mots : "La guerre mondiale a montré que les efforts spirituels du présent, les travaux scientifiques du présent, sont encore trop isolés. La guerre mondiale - c'est à peu près ce que dit ce physicien - nous a appris qu'à l'avenir, ce qui se fait dans les laboratoires scientifiques doit être en relation organique interne, en échange d'idées interne permanent avec ce qui se fait dans les états-majors généraux. Il faut viser une alliance intime -- dit ce physicien - entre la science et l'état-major général. Il y voit le salut de l'avenir !
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On voit que la science du passé peut même considérer comme un idéal les alliances conclues entre elle et les forces les plus destructrices de l'humanité. La science de l'esprit d'orientation anthroposophique voudrait conclure l'alliance entre ses aspirations spirituelles et toutes les forces véritablement constructrices de la civilisation humaine.