Celui qui dehors, dans le
voisinage, observe le bâtiment
qu'on appelle le Goetheanum,
consacré à ce une université libre
pour la science de l'esprit, qui
veut servir les intérêts de
l'esprit et de la civilisation de
l'avenir, peut tout d'abord être
étrangement touché par les formes
et la manière du style qui se
présentent à lui. On peut avoir
beaucoup d'objections à ce que
l'on voit là. Ceux qui participent
à la construction pourront tout à
fait comprendre ces objections, à
savoir qu'il s'agit d'un essai
provisoire, si elles sont issues
d'une bonne volonté. Mais face à
cette construction, il faut
soulever une certaine question,
caractéristique de tout ce que
veut et aspire le mouvement
spirituel dont cette construction
doit être le représentant. Si l'on
avait eu besoin, de manière
habituelle, d'ériger quelque part
un bâtiment indépendant pour un
certain courant spirituel, pour un
certain type d'activité
spirituelle, on se serait sans
doute adressé à tel ou tel
architecte, à tel ou tel artiste,
et l'on aurait peut-être négocié
avec eux ce qui devait être fait
dans un tel bâtiment, et l'on
aurait alors érigé, dans un style
antique, dans un style Renaissance
ou dans un autre style quelconque,
un bâtiment dans lequel cette
activité de science spirituelle
devait trouver sa demeure. Il n'y
aurait qu'un rapport extérieur
entre les formes à l'intérieur du
bâtiment et autour du bâtiment
dédié à cette activité spirituelle
et cette dernière elle-même.
|
01
|
Wer
draußen in der Nachbarschaft den
Bau betrachtet, der dem
sogenannten Goetheanum, einer
freien Hochschule für
Geisteswissenschaft, gewidmet ist,
die den Geistes-, den
Zivilisationsinteressen der
Zukunft dienen will, der kann
zunächst absonderlich berührt
sein von den Formen, von der
Stilweise, die ihm da
entgegentreten. Man mag nun gegen
das, was man da sieht, mancherlei
einzuwenden haben. Diejenigen, die
am Bau beteiligt sind, werden
solche Einwände, daß es sich um
einen vorläufigen Versuch handelt,
durchaus verstehen können, wenn
sie aus gutem Willen hervorgehen.
Aber gegenüber diesem Bau muß eine
gewisse Frage aufgeworfen werden,
die charakteristisch ist für alles
das, was jene geistige Bewegung
will und anstrebt, deren
Repräsentant dieser Bau sein soll.
Hätte man in der gewöhnlichen Art
die Notwendigkeit gehabt, für eine
gewisse geistige Strömung, für
eine gewisse Art von geistiger
Tätigkeit einen selbständigen Bau
irgendwo zu errichten, dann hätte
man sich wohl an diesen oder jenen
Architekten gewandt, an diesen
oder jenen Künstler, und man hätte
vielleicht mit ihnen verhandelt
darüber, was in einem solchen Bau
getrieben werden soll, und dann
wäre in irgendeinem antiken, einem
Renaissancestil oder in
irgendeinem anderen Stil ein Bau
errichtet worden, in dem nun diese
geisteswissenschaftliche Tätigkeit
ihre Wohnung finden sollte. Es
würde nur ein äußerliches
Verhältnis bestehen zwischen den
Formen innerhalb des Gebäudes und
um das Gebäude, das dieser
geistigen Tätigkeit gewidmet ist,
und dieser letzteren selbst.
|
Cela ne pouvait pas être
fait ainsi pour ce mouvement
spirituel. Il s'agit ici de créer
pour un certain courant spirituel
une enveloppe extérieure qui, dans
son ensemble et dans chaque
détail, même le plus infime, est
comme née de l'ensemble de la
pensée, du ressenti et du vouloir
de ce mouvement spirituel
lui-même. Il s'agissait de créer
dans les formes extérieures,
jusque dans le moindre détail,
quelque chose qui soit une
expression extérieure de ce qui
est voulu intérieurement, de la
même manière que la parole ou
toute autre chose qui doit
exprimer le contenu de ce
mouvement spirituel lui-même. On
ne pouvait donc pas se tourner
vers un quelconque style déjà
existant, vers un quelconque
langage formel transmis par
l'histoire. Il fallait alors
puiser dans le même fondement
spirituel, d'où est tiré le
contenu de la vision du monde, ce
qui apparaît à l'œil nu dans les
formes de construction. Cela ne
réside pas seulement dans
l'impulsion la plus intime du
mouvement de la science de
l'esprit, qui se nomme aussi
anthroposophique, mais dans toute
la manière dont ce mouvement
saisit sa mission, ses voies, ses
objectifs par rapport aux grandes
exigences du monde civilisé
actuel.
|
02
|
So
konnte es gerade bei dieser
geistigen Bewegung nicht gemacht
werden. Hier handelt es sich
darum, für eine gewisse
Geistesströmung eine äußere
Umhüllung zu schaffen, welche im
ganzen und in jeder, auch der
geringsten Einzelheit wie
herausgeboren ist aus dem ganzen
Denken, Empfinden und Wollen
dieser Geistesbewegung selbst. Es
handelte sich darum, in den
äußeren Formen bis ins einzelnste
hinein etwas zu schaffen, was in
gleicher Weise ein äußerer
Ausdruck ist für das innerlich
Gewollte wie das Wort oder irgend
etwas anderes, das ausdrücken soll
den Inhalt dieser Geistesbewegung
selbst. Da konnte man sich nicht
wenden an irgendeinen schon
bestehenden Stil, an irgendwelche
Formensprache, die historisch
überliefert ist. Da mußte aus
demselben geistigen Untergrunde
heraus, aus dem der Inhalt der
Weltanschauung geschöpft ist, auch
das geschöpft werden, was für das
Auge sichtbar in den Bauformen
auftritt. Nicht nur im innersten
Antriebe der
geisteswissenschaftlichen
Bewegung, die sich auch die
anthroposophische nennt, liegt
dies, sondern in der ganzen Art,
wie diese Bewegung ihre Aufgabe,
ihre Wege, ihre Ziele im
Verhältnis zu den großen
Anforderungen der gegenwärtigen
zivilisierten Welt auffaßt.
|
Ce mouvement spirituel ne
veut pas être une quelconque
théorie extraite, une science qui
n'occupe que l'intellect, il ne
veut pas être quelque chose qui ne
peut servir qu'à satisfaire
unilatéralement les intérêts
intérieurs de l'âme, il veut être
quelque chose qui peut cependant
donner une satisfaction, une
satisfaction intime à ces désirs
de l'âme humaine qui vont vers une
vision du monde. Mais il veut
ancrer cette vision du monde si
fermement dans la réalité qu'elle
puisse intervenir dans toute la
vie pratique. Et c'est ainsi que
ce que nous avons pu accomplir
tout d'abord seuls, la création
directe de formes architecturales
et artistiques pour notre cause,
est caractéristique de tout ce
mouvement. De même qu'il n'est
intervenu directement dans la vie
la plus pratique que dans un
domaine restreint et apparemment
éloigné de la vie extérieure, de
même ce mouvement spirituel veut
chercher des chemins et montrer
des objectifs qui s'étendent à
tout ce qui est social, à tout ce
qui est moral, à toute la vie
commune humaine à concevoir dans
sa plus large étendue. Les
idéalistes qui s'appuient sur
cette science de l'esprit ne
doivent pas être des idéalistes
étrangers au monde, mais ils
doivent devenir des idéalistes
capables d'intégrer directement
dans leur vie pratique ce qui sort
de leur âme. Et tout ce qui est
souvent si étranger à ce que
l'humain pense doit être harmonisé
avec ce qui se trouve dans les
aspirations les plus intimes de
l'âme humaine. La pratique de la
vie extérieure doit s'unir à ce
par quoi l'humain cherche ses
impulsions morales, développe ses
instincts sociaux, s'adonne à son
culte religieux. Avec une telle
mentalité, avec une telle vision,
ce courant spirituel scientifique
est aujourd'hui encore assez
éloigné de ce qui est recherché,
voulu, voire considéré comme donc
ce qui est correct dans les
cercles les plus larges des
humains cultivés d'aujourd'hui.
|
03
|
Diese
geistige Bewegung will nicht so
irgendeine abgezogene Theorie,
eine nur den Intellekt
beschäftigende Wissenschaft, sie
will nicht etwas sein, was dienen
kann allein einer einseitigen
Befriedigung der inneren
Seeleninteressen, sie will etwas
sein, was allerdings Befriedigung,
innigste Befriedigung gewähren
kann jenen Sehnsüchten der
menschlichen Seele, die nach
Weltanschauung hingehen. Sie will
aber diese Weltanschauung so fest
in der Wirklichkeit verankern, daß
sie einzugreifen vermag in alles
praktische Leben. Und so ist, was
wir ja zunächst allein leisten
konnten, das unmittelbare Schaffen
von Bau- und Kunstformen für
unsere Sache, charakteristisch für
diese ganze Bewegung. Wie sie da
allerdings nur auf einem
engbegrenzten und zunächst auch
dem äußeren Leben scheinbar
fernliegenden Gebiete unmittelbar
in das Allerpraktischste
eingegriffen hat, so will diese
geistige Bewegung Wege suchen und
Ziele weisen, die in alles
Soziale, in alles Sittliche, in
alles in weitestem Umfange zu
denkende menschliche Zusammenleben
hineingreifen. Nicht weltfremde
Idealisten sollen jene Idealisten
sein, welche auf diese
Geisteswissenschaft bauen, sondern
sie sollen solche Idealisten
werden, welche das, was aus ihrer
Seele wird, unmittelbar einfließen
lassen können in ihre praktische
Lebensbetätigung. Und alles das,
was oftmals so fremd verläuft in
demjenigen, was der Mensch denkt,
das soll zusammengestimmt werden
mit dem, was in des Menschen
innerstem seelischen Streben ist.
Die äußere Lebenspraxis, sie soll
eins werden mit dem, wodurch der
Mensch seine sittlichen Impulse
sucht, seine sozialen Triebe
entwikkelt, seiner religiösen
Verehrung nachhängt. Mit einer
solchen Gesinnung, mit einer
solchen Anschauung steht
allerdings diese
geisteswissenschaftliche Strömung
heute noch ziemlich fern
demjenigen, was in weitesten
Kreisen der heute gebildeten
Menschen angestrebt, gewollt, ja
für das Richtige gehalten wird.
|
On peut voir qu'il doit
en être ainsi, mais aussi qu'il
est nécessaire qu'un tel mouvement
spirituel s'inscrive dans notre
civilisation moderne, si l'on
tourne le regard vers la manière
dont toute notre vie, dans
laquelle nous nous trouvons
aujourd'hui, a en fait conflué à
partir des courants les plus
divers. Je voudrais tout d'abord
parler aujourd'hui de deux
courants principaux de notre vie
de civilisation. Nous avons
aujourd'hui ce que nous appelons
notre formation spirituelle, dans
laquelle s'enracinent nos
convictions religieuses, dans
laquelle naissent nos idéaux
moraux, mais dans laquelle
s'enracine également toute notre
vie spirituelle plus haute. Nous
avons ce qui doit permettre à
l'humain de développer ses
capacités et ses forces pour une
formation spirituelle au-delà du
travail manuel habituel. Et à côté
de cela, nous avons l'activité
pratique de la vie, qui a reçu des
impulsions si intenses au cours
des derniers siècles. Nous avons
autour de nous une technique,
certes stimulée par notre science,
mais qui s'immisce profondément
dans la vie sociale et qui a
transformé la vie de la
civilisation moderne dans un sens
qui aurait certainement été
totalement insaisissable pour un
humain il y a encore huit ou neuf
siècles.
|
04
|
Daß
das so sein muß, aber auch daß es
notwendig ist, daß in unsere
moderne Zivilisation sich eine
solche geistige Bewegung
hineinstellt, das kann ersichtlich
werden, wenn man den Blick wendet
auf die Art und Weise, wie unser
ganzes Leben, in dem wir heute
drinnenstehen, eigentlich aus den
verschiedensten Strömungen
zusammengeflossen ist. Ich möchte
heute zunächst von zwei
hauptsächlichsten Strömungen
unseres Zivilisationslebens
sprechen. Wir haben heute das,
was wir unsere geistige Bildung
nennen, in dem unsere religiösen
Überzeugungen wurzeln, in dem
unsere sittlichen Ideale
entspringen, aber in dem auch
unser ganzes höheres Geistesleben
wurzelt. Wir haben dasjenige,
wodurch der Mensch ausbilden soll
über das gewöhnliche
Handarbeitliche hinaus seine
Fähigkeiten und Kräfte für eine
geistige Bildung. Und wir haben
neben dem die praktische
Lebenstätigkeit, die in den
letzten Jahrhunderten so
intensive Impulse erhalten hat.
Wir haben um uns herum eine
allerdings von unserer
Wissenschaft angeregte, aber tief
in das soziale Leben
hineingreifende Technik, die
umgestaltet hat das moderne
Zivilisationsleben in einem Sinne,
welcher ganz gewiß noch einem
Menschen vor acht bis neun
Jahrhunderten völlig unfaßlich
gewesen wäre.
|
Si nous nous demandons
maintenant d'où vient l'un, notre
vie de formation spirituelle, qui
ne domine pas seulement nos écoles
supérieures, qui déploie ses
pulsions jusque dans nos écoles
primaires, et d'où vient d'autre
part notre pratique de la vie,
traversée par une technique si
étendue, on obtient une réponse
dont l'humain d'aujourd'hui ne se
rend pas encore compte. Mais il
suffit - et nous en parlerons plus
en détail dans le troisième exposé
- de considérer ce qui constitue
en quelque sorte le fondement de
notre civilisation occidentale,
notamment de sa partie spirituelle
supérieure, de regarder le
christianisme au sens le plus
large, et l'on pourra se dire,
même en considérant
superficiellement l'histoire du
monde : Si l'on part de ce qui vit
en nous en tant que conceptions et
convictions chrétiennes, à partir
desquelles se sont formées tant de
nos conceptions et convictions
spirituelles générales, beaucoup
plus que ce que l'on veut bien
admettre aujourd'hui, si l'on
cherche l'origine de ces
convictions et de ces conceptions,
on arrivera finalement au chemin
que le christianisme a pris depuis
l'Orient jusqu'à l'Occident. Et
l'on peut continuer à chercher le
fil conducteur que l'on a obtenu
de cette manière, et l'on trouvera
que les chemins qui se présentent
lorsque l'on retrace notre
formation spirituelle - ces
chemins qui mènent au
latin-romain, au grec, dont notre
formation spirituelle montre
pourtant encore clairement la
succession intérieure -, que ces
chemins mènent finalement à la
constitution particulière de
l'esprit, à la constitution
particulière de l'âme, par
laquelle, il y a des millénaires,
des millénaires préhistoriques,
notre vie éducative, plus orientée
vers l'intérieur, vers le
spirituel, a pris naissance en
Orient. Ce n'est que parce que
cette vie éducative, cette
conception intérieure de l'esprit
a beaucoup changé au cours des
siècles et des millénaires, que
nous ne remarquons plus
aujourd'hui comment elle tire son
origine de ce qui, comme je l'ai
dit, a pris naissance avant les
millénaires préchrétiens, à partir
d'une constitution d'esprit qui
est devenue tout à fait étrangère
aux humains civilisés
d'aujourd'hui. Pour comprendre ce
vaste chemin, il ne faut pas
seulement revenir à ce que
l'historiographie extérieure,
étayée par des documents, nous
offre, il faut aller au-delà de ce
que cette historiographie peut
dire, précisément dans les temps
préhistoriques. Cela devient bien
difficile pour l'humain présent.
Car il pense au plus profond de
lui-même qu'il est allé "si loin"
dans les choses de l'esprit au
cours des derniers siècles,
peut-être seulement du tout
dernier siècle, que tout ce qui se
situe à des époques auxquelles il
vient d'être fait allusion doit
être relégué dans le domaine de
l'enfance, du primitif.
|
05
|
Wenn
wir uns nun fragen, woher das
eine, unser geistiges
Bildungsleben, das nicht etwa bloß
unsere höheren Schulen beherrscht,
das bis in unsere Volksschulen
hinunter seine Triebe entfaltet,
und woher andererseits unsere von
einer so ausgebreiteten Technik
durchzogene Lebenspraxis kommt, so
erhält man eine Antwort, über die
sich der Mensch der Gegenwart
heute noch wenig Rechenschaft
gibt. Aber man braucht ja nur —
und wir werden das noch
ausführlicher im dritten Vortrag
auseinandersetzen —, man braucht
nur das, was gewissermaßen doch
die Grundlage für unsere
abendländische Zivilisation,
namentlich für ihren höheren
geistigen Teil bildet, ins Auge zu
fassen, man braucht im weitesten
Sinne auf das Christentum zu
sehen, so wird man sich auch bei
einer oberflächlichen
weltgeschichtlichen Betrachtung
sagen können: Wenn man von dem,
was in uns als die christlichen
Anschauungen, die christlichen
Überzeugungen lebt, aus denen sich
soviel von unseren allgemein
geistigen Anschauungen und
Überzeugungen herausgebildet hat,
viel mehr, als man heute zugeben
will, wenn man den Ursprung dieser
Überzeugungen und Anschauungen
sucht, so wird man zuletzt doch
auf den Weg kommen, den das
Christentum genommen hat vom
Orient herüber zum Okzident. Und
man kann ja nach dem Leitfaden,
den man in solcher Art gewonnen
hat, weiter Umschau halten, und
man wird finden, daß jene Wege,
die sich ergeben, wenn man unsere
geistige Bildung zurückverfolgt —
jene Wege, die ins
Lateinisch-Römische hinein, ins
Griechische führen, von denen
unsere geistige Bildung doch
innerlich noch die
Nachfolgerschaft deutlich zeigt
—, daß diese Wege zuletzt
hinüberführen in die besondere
Geistesverfassung, in die
besondere Seelenkonstitution,
durch welche vor Jahrtausenden,
vor vorgeschichtlichen
Jahrtausenden, aus dem Orient
herüber gerade unser mehr auf das
Innere, auf das Seelisch-Geistige
gerichtetes Bildungsleben seinen
Ursprung genommen hat. Nur weil
dieses Bildungsleben, diese innere
Geistesanschauung sich im Laufe
der Jahrhunderte und Jahrtausende
sehr gewandelt hat, bemerken wir
heute nicht mehr, wie es seine
Herkunft ableitet von dem, was,
wie gesagt, vor vorchristlichen
Jahrtausenden aus einer
Geistesverfassung heraus, die den
heutigen zivilisierten Menschen
ganz fremd geworden ist, seinen
Ursprung genommen hat. Man muß, um
diesen weiten Weg zu verstehen,
nicht allein zurückgehen auf das,
was die äußere, durch Dokumente zu
belegende Geschichtsschreibung
bietet, man muß über das, was
diese Geschichtsschreibung sagen
kann, hinausgehen eben in
vorgeschichtliche Zeiten. Das wird
dem gegenwärtigen Menschen recht
schwierig. Denn der denkt in
seinem Innersten, daß er es im
Laufe der letzten Jahrhunderte,
vielleicht erst des allerletzten
Jahrhunderts, in geistigen Dingen
«so herrlich weit gebracht» habe,
daß alles dasjenige, was in Zeiten
liegt, auf die eben hingedeutet
worden ist, in das Gebiet des
Kindlichen, des Primitiven
verwiesen werden müsse.
|
Mais celui qui, sans se
laisser troubler par un tel
préjugé, parvient à remonter le
chemin jusqu'à l'ancienne culture
de l'Orient, voit que, dans les
temps préchrétiens, la
civilisation et la formation de
l'esprit en Orient étaient
essentiellement différentes, mais
qu'elles offraient aux âmes
humaines des contenus spirituels
tout à fait intenses. Seulement,
ceux-ci étaient atteints d'une
tout autre manière, je dirais même
d'une manière radicalement
différente de ce qui est atteint
aujourd'hui par les humains qui
doivent maîtriser une formation
spirituelle plus haute dans des
écoles supérieures.
|
06
|
Wer
nun aber ungetrübt durch ein
solches Vorurteil den Weg in die
alte Kultur des Orients
zurückzugehen vermag, der sieht,
daß allerdings in den
vorchristlichen Zeiten im Orient
die Zivilisation, die
Geistesbildung eine wesentlich
andere war, daß sie aber durchaus
intensive geistige Inhalte den
menschlichen Seelen bot. Nur
wurden diese auf ganz andere, ich
möchte sagen, auf radikal andere
Weise erreicht, als heute das
erreicht wird, was die Menschen
beherrschen sollen, die an höheren
Schulen sich eine höhere
Geistesbildung aneignen.
|
Celui qui devait un jour
acquérir la culture spirituelle
plus haute dans l'Orient ancien
devait subir une transformation
complète de tout son être humain,
après avoir été choisi par les
directeurs et les responsables des
centres de formation concernés. Je
parle des lieux de formation de
cet Orient ancien. Ils sont
accessibles à la science de
l'esprit dont il est question ici,
du point de vue de la connaissance
; mais si l'on est suffisamment
libre de préjugés, si l'on a un
certain courage de penser et de
connaître, alors on peut aussi
déduire de ce qui nous est
transmis par l'histoire ce qui
existait là dans les temps
anciens. Il faut parler de ces
lieux de formation de telle sorte
qu'ils avaient comme une unité
interne ce qui chez nous se
présente séparément. Ces lieux de
formation, auxquels se rattache
tout ce que nous portons encore en
nous aujourd'hui, mais sous une
forme essentiellement transformée,
étaient à la fois ce que nous
appelons aujourd'hui l'église,
mais aussi ce que nous appelons
aujourd'hui l'école, étaient aussi
ce que nous appelons aujourd'hui
les institutions artistiques.
L'art, la science et la religion
formaient une unité dans les
civilisations humaines plus
anciennes. Et celui qui devait se
développer dans ces lieux de
formation devait faire évoluer
tout son être humain. Il devait
transformer tout son être humain.
Il devait adopter une autre forme
de pensée que celle qui est
efficace dans la vie quotidienne.
Il devait s'abandonner à la pensée
contemplative. Il devait
s'habituer à traiter la pensée
comme on le fait habituellement
avec le monde extérieur. Mais il a
aussi dû s'habituer à transformer
toute sa vie affective et sa
volonté. Il est difficile
aujourd'hui de se faire une
représentation de ce qui a été
recherché dans cette direction.
Car comment pensons-nous vraiment
sur notre vie ? Nous admettons que
l'enfant doit être développé. Ses
capacités et ses forces, avec
lesquelles il est plongé dans le
monde, doivent être développées
par l'éducation. Eh bien, l'enfant
ne peut pas s'éduquer lui-même ;
les autres, les adultes, ont
d'abord l'idée que l'enfant doit
être développé avec ses capacités
et ses forces. Et nous faisons
aussi en sorte que l'enfant pense,
ressente et veuille différemment
de ce qu'il est à sa naissance
dans le monde. Mais si nous
exigeons de l'humain qu'il
poursuive son développement même
lorsqu'il est déjà parvenu à sa
propre volonté, lorsque les autres
ne s'occupent plus de son
développement à partir de leurs
conceptions, alors l'humain actuel
trouve là une étrange imposition ;
car on ne doit être développé que
tant qu'on ne peut pas s'occuper
de ce développement par sa propre
volonté, qu'on ne peut pas le
prendre en main. Si l'on parvient
une fois à une certaine liberté en
ce qui concerne son propre
développement, alors on abandonne
l'évolution. C'est l'orgueil
intellectuel dans lequel nous
vivons aujourd'hui. Au moment où
nous serions en mesure de prendre
en main notre propre évolution,
nous pensons que nous sommes déjà
prêts et nous nous présentons dans
le monde comme des humains finis.
|
07
|
Wer
einstmals im alten Orient die
höhere Geisteskultur sich aneignen
sollte, der mußte durchmachen,
nachdem er auserwählt war von den
Leitern und Lenkern der
betreffenden Bildungsstätten, eine
völlige Umwandlung seines ganzen
menschlichen Wesens. Von den
Bildungsstätten dieses alten
Orients spreche ich. Der
Geisteswissenschaft, von der hier
gesprochen wird, sind sie
erkenntnismäßig zugänglich; aber
wenn man vorurteilslos genug ist,
wenn man einen gewissen Mut des
Denkens und Erkennens hat, dann
kann man auch aus dem, was
geschichtlich überliefert ist,
zurück-schließen auf das, was da
vorgeschichtlich vorhanden war.
Von diesen Bildungsstätten muß man
so sprechen, daß sie dasjenige wie
in einer inneren Einheit hatten,
was bei uns getrennt auftritt.
Diese Bildungsstätten, auf die
zurückweist alles, was wir
eigentlich heute noch in uns
tragen, aber in wesentlich
verwandelter Gestalt, sie waren
zugleich das, was wir heute Kirche
nennen, aber auch das, was wir
heute Schule nennen, waren
zugleich auch das, was wir heute
Kunstanstalten nennen. Kunst,
Wissenschaft, Religion, sie
bildeten in älteren menschlichen
Zivilisationen eine Einheit. Und
wer in diesen Bildungsstätten
entwickelt werden sollte, der
mußte seinen ganzen Menschen zur
Entwickelung bringen. Er mußte
seinen ganzen Menschen umwandeln.
Er mußte eine andere Form des
Denkens annehmen als diejenige,
die im alltäglichen Leben die
wirksame ist. Er mußte sich
hingeben beschaulichem Denken. Er
mußte sich daran gewöhnen, mit dem
Denken so umzugehen, wie man sonst
nur mit der äußeren Welt umgeht.
Er mußte sich aber auch daran
gewöhnen, sein ganzes Gefühls- und
Willensleben umzuwandeln. Man
macht sich heute schwer eine
Vorstellung von dem, was in
solcher Richtung angestrebt worden
ist. Denn wie denken wir
eigentlich über unser Leben? Wir
geben zu: das Kind, das muß
entwickelt werden. Seine
Fähigkeiten und Kräfte, mit deren
Anlagen es in die Welt
hereinversetzt ist, sie müssen
durch die Erziehung entwickelt
werden. Nun ja, das Kind kann sich
nicht selber erziehen; die
anderen, die Erwachsenen, haben
zunächst die Anschauung, daß das
Kind mit seinen Fähigkeiten und
Kräften entwickelt werden muß. Und
wir machen das Kind auch anders in
bezug auf sein Denken, Fühlen und
Wollen, als es hereingeboren wird
in die Welt. Wenn wir aber nun dem
Menschen zumuten, daß er auch dann
noch, wenn er bereits zu seinem
eigenen Willen gekommen ist, wenn
nicht mehr die anderen aus ihren
Anschauungen heraus seine
Entwickelung besorgen, diese
Entwickelung fortsetzen soll, dann
findet der gegenwärtige Mensch
darin eine sonderbare Zumutung;
denn man soll nur entwickelt
werden, solange man diese
Entwickelung nicht durch eigene
Willkür besorgen, nicht selbst in
die Hand nehmen kann. Kommt man
einmal zu einer gewissen Freiheit
in bezug auf sein eigenes
Entwickeln, dann verläßt man die
Entwickelung. Das ist der
intellektuelle Hochmut, in dem wir
heute leben. Wir denken in dem
Augenblicke, wo wir in die Lage
kämen, unsere Entwickelung selbst
in die Hand zu nehmen, wir seien
schon fertig, und stellen uns als
fertige Menschen in die Welt
hinein.
|
Une telle vision
n'existait pas à l'intérieur de
cette civilisation à laquelle
j'aimerais faire allusion ici,
mais l'humain fut développé plus
loin et toujours plus loin. Et
justement ainsi que ce que
l'enfant est capable de
reconnaître, de ressentir, de
faire, après être passé par une
certaine formation, représente une
sorte d'éveil dans la constitution
d'âme, de même il y a un tel éveil
pour le développement ultérieur
que l'humain peut maintenant
prendre en main. C'est à cet éveil
aux activités de l'âme, qui
étaient supérieures aux activités
ordinaires, dans le même sens que
les capacités supérieures des
adultes sont supérieures à celles
des enfants, que l'élève oriental
des mystères a été éduqué. Et l'on
avait l'intuition que seul celui
qui avait vécu cet éveil ultérieur
dans le meilleur sens du terme
était capable de juger des
affaires les plus élevées de la
vie. Et on n'a pas seulement été
préparé à être un homme qui,
lorsqu'il réfléchit, lorsqu'il
développe un certain sentiment et
une certaine émotion intérieure,
se sent satisfait de la
connaissance de son lien avec un
monde spirituel, non, on n'a pas
seulement développé la capacité
d'une vision du monde, on a
développé les capacités par
lesquelles la vie sociale et
technique extérieure était
dirigée, par lesquelles la vie
commune humaine était dirigée.
Toute la vie était alors
influencée par la formation et
l'évolution spirituelle.
|
08
|
Solch
eine Anschauung gab es innerhalb
jener Zivilisation, auf die ich
hier hindeuten möchte, nicht,
sondern der Mensch wurde weiter
und immer weiter entwickelt. Und
ebenso wie dasjenige, was das Kind
imstande ist zu erkennen, zu
fühlen, zu tun, nachdem es durch
eine gewisse Schulung gegangen
ist, wie das in der
Seelenverfassung eine Art
Aufwachen darstellt, so gibt es
für die Weiterentwickelung, die
der Mensch nun in die Hand nehmen
kann, auch ein solches Aufwachen.
Zu diesem Aufwachen in
Seelentätigkeiten, die höhere
waren gegenüber den gewöhnlichen
in demselben Sinne, wie die
höheren Fähigkeiten der
Erwachsenen höher sind als die des
Kindes, zu solchem Aufwachen
wurde der orientalische
Mysterienschüler erzogen. Und man
hatte die Anschauung, daß nur
derjenige urteilsfähig sei über
die höchsten Angelegenheiten des
Lebens, welcher also jene spätere
Erweckung im besten Sinne des
Wortes im Leben durchgemacht hat.
Und vorbereitet wurde man da nicht
etwa bloß dazu, nun ein Mensch zu
sein, der, wenn er nachdenkt, wenn
er ein gewisses innerliches Fühlen
und Empfinden entwickelt, durch
das Wissen von seinem Zusammenhang
mit einer geistigen Welt sich
befriedigt fühlt, nein, entwickelt
wurde da nicht nur die Fähigkeit
für eine Weltanschauung,
entwickelt wurden da jene
Fähigkeiten, durch die das soziale
und äußerlich technische Leben
geleitet, durch die das
menschliche Zusammenleben
dirigiert wurde. Das ganze Leben
wurde da aus der geistigen Bildung
und Entwickelung heraus
beeinflußt.
|
Il nous est si difficile
de nous replacer dans le contexte
qui prévalait il y a des
millénaires en Orient, au point de
départ de notre évolution humaine
récente, parce que notre état
d'âme tout entier est devenu autre
au fur et à mesure de l'évolution
de l'humanité, parce que nous
sommes parvenus à d'autres
sensations et à d'autres visions
sur la vie. Pour les humains qui
se trouvaient dans la formation de
l'esprit évoquée ici, il était
instinctif de s'élever vers une
telle transformation de l'être
humain. Les instincts de ces
humains étaient différents. Ils
tendaient vers une telle
contemplation de la vie de
l'esprit après une certaine
transformation. Les humains qui
n'ont pas suivi eux-mêmes une
telle formation ont regardé vers
le haut, à partir de leurs
instincts qui étaient aussi
présents chez eux, vers ce que les
personnes formées pouvaient leur
donner. Ils les suivaient en
rapport à la formation de leur vie
psychique intérieure. Mais ils les
ont également suivis en ce qui
concerne l'organisation de la vie
sociétale, en ce qui concerne le
se-placer dans la vie globale.
|
09
|
Wir
können uns so schwer
zurückversetzen in das, was da am
Ausgangspunkt unserer neueren
menschlichen Entwickelung vor
Jahrtausenden im Orient drüben
waltend war, weil unsere ganze
Seelenverfassung mit der
Fortentwickelung der Menschheit
etwas anderes geworden ist, weil
wir zu anderen Empfindungen und
Anschauungen über das Leben
gekommen sind. Denjenigen
Menschen, die in der hier
angedeuteten Geistesbildung
drinnenstanden, war es instinktiv,
zu einer solchen Umbildung des
menschlichen Wesens
hinaufzurücken. Die Instinkte
dieser Menschen waren andere. Sie
tendierten hin zu einem solchen
Erschauen des Geisteslebens nach
einer gewissen Umbildung. Die
Menschen, die nicht selbst solche
Ausbildung durchmachten, sahen aus
ihren Instinkten, die auch bei
ihnen vorhanden waren, zu
demjenigen empor, was die
Ausgebildeten ihnen geben konnten.
Sie folgten ihnen in bezug auf die
Ausbildung ihres inneren
Seelenlebens. Sie folgten ihnen
aber auch in bezug auf die
Einrichtung des gesellschaftlichen
Lebens, in bezug auf das
Sich-Hineinstellen in das
Gesamtleben.
|
Les instincts qui ont
conduit à une telle vie sont tout
autant issus de la culture
générale actuelle de l'humanité
que les instincts particuliers de
l'âme de l'enfant ont été
transformés chez l'adulte. Mais
grâce à ces instincts, en relation
avec ce qui est sorti de ces lieux
de formation que l'on peut
justement appeler des mystères, il
en résulta une disposition de
l'âme humaine par laquelle on ne
pouvait pas faire autrement que de
chercher ce qui est le noyau de
l'être de l'humain, non pas ici
dans le cercle de la vie qui
enferme le corps humain en
lui-même, mais toute cette
conception de la vie conduisait à
cela, à s'élever en quelque sorte
instinctivement, à s'élever dans
une conscience tout à fait
populaire vers l'homme supérieur
dans l'humain, vers ce qui dans
l'humain est essentiellement de
nature spirituelle et psychique,
vers ce qui dans l'humaine
apparaît certes dans le corps
sensible pour la période entre la
naissance et la mort, mais qui est
en soi éternelle et appartient à
un monde spirituel dans lequel on
regardait justement
instinctivement. Quelque chose de
surhumain, si je peux utiliser
cette expression qui est devenue
un peu inquiétante pour les
adeptes de Nietzsche, quelque
chose de surhumain était considéré
comme l'essence de l'humain. Ce
sur quoi l'humain regardait comme
sa propre essence était quelque
chose qui dépassait l'humain
ordinaire. C'est en cela que cette
formation était grande :
rechercher l'humain d'après un
spirituel et d'âme, qui trouve
dans le corporel seulement son
expression, qui de monde spirituel
d'âme intervient dans tout l'être
humain à partir du monde spirituel
et d'âme, dirigeant cet être
humain dans ses
manifestations/extériorisation les
plus matérielles à partir du
spirituel et d'âme.
|
10
|
Die
Instinkte, die zu solchem Leben
führten, sie sind ebenso aus der
heutigen Gesamtkultur der
Menschheit heraus, wie beim
Erwachsenen die besonderen
Seeleninstinkte des Kindes
umgewandelt sind. Aber durch diese
Instinkte, im Zusammenhang mit
dem, was aus jenen
Bildungsstätten, die man eben
Mysterien nennen kann, erwachsen
ist, ergab sich eine menschliche
Seelenstimmung, durch die man gar
nicht anders konnte, als das, was
des Menschen Wesenskern ist, nicht
hier in dem Umkreis des Lebens zu
suchen, der den menschlichen Leib
in sich schließt, sondern diese
ganze Lebensanschauung führte
dahin, auch gewissermaßen
instinktiv sich zu erheben, im
ganz populären Bewußtsein sich zu
erheben zu dem höheren Menschen im
Menschen, zu demjenigen im
Menschen, was wesentlich
geistig-seelischer Art ist, zu
demjenigen im Menschen, was zwar
im sinnlichen Leibe für die Zeit
zwischen Geburt und Tod erscheint,
was aber in sich selber ewig ist
und einer geistigen Welt angehört,
in die man eben instinktiv
hineinschaute. Etwas
Übermenschliches, wenn ich diesen
Ausdruck, der durch die
Nietzsche-Anhänger etwas
bedenklich geworden ist,
gebrauchen darf, etwas
Übermenschliches wurde als das
Wesen des Menschen angesehen.
Dasjenige, worauf der Mensch
hinsah als auf sein eigenes Wesen,
war etwas, was über diesen
gewöhnlichen Menschen hinausging.
Darin war jene Bildung groß: den
Menschen aufzusuchen seinem Wesen
nach in einem Geistig-Seelischen,
das im Leiblichen nur seinen
Ausdruck findet, das aus
geistig-seelischer Welt
hereingreift in das ganze
Menschenwesen, dieses
Menschenwesen in seinen
materiellsten Äußerungen vom
Geistig-Seelischen aus
dirigierend.
|
En de nombreuses
métamorphoses, à travers de
nombreuses transformations, ce qui
vint en l'état comme le contenu de
la formation de l'esprit a alors
été élaboré en Orient en de larges
transformations, est arrivé en
Grèce. Cela y apparaît, j'aimerais
dire, filtré. Tandis que dans la
plus ancienne période grecque, que
Friedrich Nietzsche a appelée
l'âge tragique des Grecs, nous
voyons encore quelque chose d'une
telle orientation de l'humain
entier vers l'humain supérieur,
dans la période grecque ultérieure
apparaît ce que l'on peut appeler,
dans un sens plus englobant,
l'essence dialectique, purement
intellectuelle, de l'humain. Tout
le contenu riche et intensément
humain d'une culture primitive a
été en quelque sorte filtré et
filtré encore et encore, et c'est
dans son état le plus dilué qu'il
est parvenu à notre époque. Et
cela forme ainsi l'un des courants
de notre vie qui monta absolument
jusqu'à l'humain spirituel d'âme
et donna à l'humain une conscience
qui lui a permis de se sentir à
chaque instant de la vie, dans la
prière et dans le travail le plus
sale, comme une expression
extérieure de l'humain spirituel
et psychique.
|
11
|
In
vielen Metamorphosen, durch viele
Umwandlungen hindurch ist das, was
da als Inhalt der Geistesbildung
zustande kam, dann ausgearbeitet
worden im Orient, ist in weiten
Umwandlungen herübergekommen nach
Griechenland. Es erscheint da, ich
möchte sagen, filtriert. Während
wir in der ältesten Griechenzeit,
die Friedrich Nietzsche genannt
hat das tragische Zeitalter der
Griechen, noch etwas sehen von
einem solchen Hinauflenken des
ganzen Menschen zum höheren
Menschen, tritt in der späteren
Griechenzeit das ein, was man in
einem umfassenderen Sinne das
dialektische, das rein
intellektuelle Wesen des Menschen
nennen kann. Es wurde
gewissermaßen der ganze reiche und
intensiv allmenschliche Inhalt
einer Urkultur filtriert und
weiter und weiter filtriert, und
im verdünntesten Zustande kam er
herüber in unser Zeitalter. Und so
bildet das die eine Strömung
unseres Lebens, was durchaus
hinaufging zum geistig-seelischen
Menschen und was dem Menschen ein
Bewußtsein gab, durch das er sich
in jedem Augenblick des Lebens,
beim Gebet und bei der
schmutzigsten Arbeit, als einen
äußerlichen Ausdruck fühlte des
geistig-seelischen Menschen.
|
Nous verrons dans le
troisième exposé que le mystère du
Golgotha, à partir duquel le
christianisme s'est développé sur
cette terre, est un fait en soi
qui peut être compris de
différentes manières à différentes
époques. Mais ce à partir de quoi
on a forgé la compréhension
suivante de ce mystère du
Golgotha, c'est ce que l'on avait
rapporté comme formation depuis
l'Orient. Et au fond, dans tout ce
que nous faisons encore
aujourd'hui pour comprendre le
christianisme vit ce qui est la
dernière expérience de l'Orient,
toutefois diluée à la mesure de
l'esprit. Il y a une certaine
particularité de toute cette
configuration d'âme qui vit
seulement plus en nous dans sa
dernière métamorphose. Et cette
particularité, il faut la chercher
dans ce qui suit.
|
12
|
Wir
werden im dritten Vortrage sehen:
das Mysterium von Golgatha, von
dem das Christentum in seiner
Entwickelung auf dieser Erde
ausgegangen ist, steht als eine
Tatsache für sich da, die in
verschiedenen Zeitaltern in
verschiedenster Weise begriffen
werden kann. Aber das, woraus man
geprägt hat das nächste
Verständnis dieses Mysteriums von
Golgatha, das war das, was man an
Bildung vom Orient herübergebracht
hatte. Und im Grunde genommen lebt
in alledem, was wir auch heute
noch aufbringen zum Begreifen des
Christentums, dasjenige, was
letztes, allerdings geistesmäßig
verdünntes Erleben des Orients
ist. Es gibt eine gewisse
Eigentümlichkeit dieser ganzen
Seelenkonfiguration, die nur mehr
in ihrer letzten Metamorphose in
uns lebt. Und diese
Eigentümlichkeit muß man in dem
Folgenden suchen.
|
Aussi grande et puissante
que soit cette conception du monde
en rapport à l'ascension vers le
surhumain dans l'humain, descendre
vers ce vers quoi la civilisation
occidentale est montée et dans
quoi elle est devenue grande,
cette civilisation orientale
n'aurait jamais pu le faire. Elle
a pu produire le surhomme, le
spirituel-psychique, elle n'a pas
pu produire autre chose. C'est une
chose à laquelle j'ai déjà fait
allusion ici dans d'autres
contextes. C'est précisément à
l'époque où la dernière
métamorphose de la vie de l'esprit
orientale commençait à prendre
place en Occident que commença un
début à une nouvelle vie vie de
l'esprit, à une vie de l'esprit
qui, jusqu'à notre époque, a
toutefois produit d'énormes fleurs
dans la pratique de la vie, mais
des fleurs d'un tout autre sorte
que la vie de l'esprit orientale
que j'ai justement décrite.
Regardons ces autres fleurs.
|
13
|
So
groß und gewaltig diese
Weltanschauung ist mit Bezug auf
das Hinaufgehen zum
Übermenschlichen im Menschen,
heruntersteigen zu dem, wozu die
abendländische, die westliche
Zivilisation gestiegen und worin
sie groß geworden ist, hätte diese
orientalische Zivilisation niemals
können. Den Übermenschen, den
geistig-seelischen, konnte sie
hervorbringen, etwas anderes
konnte sie nicht hervorbringen. Es
ist etwas, worauf ich in anderen
Zusammenhängen hier schon
hingedeutet habe. Gerade in der
Zeit, als schon die letzte
Metamorphose des orientalischen
Geisteslebens im Abendlande begann
Platz zu greifen, da fing ein
Ansatz zu einem neuen Geistesleben
an, zu einem Geistesleben, das bis
in unsere Zeit in der Lebenspraxis
allerdings gewaltige Blüten
hervorgebracht hat, aber Blüten
ganz anderer Art als das eben
geschilderte orientalische
Geistesleben. Sehen wir auf diese
anderen Blüten.
|
J'aimerais là encore une
fois attirer l'attention sur le
fait suivant. Comme je l'ai dit,
je l'ai déjà exposé ici sous
d'autres points de vue. Si nous
examinons aujourd'hui les manuels
usuels après le nombre d'êtres
humains sur la Terre, on nous dit
qu'environ 1500 millions d'humains
habitent la Terre. Si nous
regardons ce qui est travaillé à
l'intérieur de la civilisation
humaine, si nous regardons les
forces de travail qui sont actives
dans notre être humain et notre
vie humaine, alors nous devons de
manière étrange dire autre chose.
Nous devrions alors dire : la
terre travaille comme si elle
était habitée non pas par 1500
millions d'humains, mais par 2200
millions d'humains. Depuis trois
ou quatre siècles, notre monde de
machines travaille ainsi que par
là du travail est fourni que l'on
pourrait se penser aussi fourni
par des humains. Nous remplaçons
la force de travail humaine par de
la force de machines. Et si l'on
convertit ce que nos machines
fournissent en force humaine de
travail, ainsi on en obtient, si
l'on considère un temps de travail
de huit heures, que le travail de
notre Terre contient sept à huit
fois cent millions d'hommes,
c'est-à-dire non pas des humains
réels, mais du travail humain,
mais fourni par des machines.
|
14
|
Auf
folgende Tatsache möchte ich da
noch einmal hinweisen. Ich habe
sie, wie gesagt, von anderen
Gesichtspunkten aus auch hier
schon angeführt. Wenn wir heute
die gebräuchlichen Handbücher
durchschauen danach, wie viele
Menschen auf der Erde sind, so
wird uns gesagt, ungefähr 1500
Millionen Menschen bewohnen die
Erde. Wenn wir auf das schauen,
was innerhalb der menschlichen
Zivilisation gearbeitet wird, wenn
wir auf die Arbeitskräfte schauen,
die in unserem Menschenwesen und
Menschenleben tätig sind, dann
müssen wir merkwürdigerweise etwas
anderes sagen. Dann müßten wir
eigentlich sagen: die Erde
arbeitet so, wie wenn sie nicht
bloß von 1500 Millionen Menschen,
sondern von 2200 Millionen
Menschen bewohnt wäre. Seit drei
bis vier Jahrhunderten arbeitet
unsere Welt der Maschinen so, daß
dadurch Arbeit geleistet wird, die
man sich denken könnte auch von
Menschen geleistet. Wir ersetzen
menschliche Arbeitskraft durch
Maschinenkraft. Und wenn man
umrechnet, was unsere Maschinen
leisten, in menschliche
Arbeitskraft, so bekommt man
heraus, wenn man achtstündige
Arbeitszeit in Anschlag bringt,
daß in unserer Erdenarbeit
drinnenstecken sieben- bis achtmal
hundert Millionen Menschen, das
heißt, nicht wirkliche Menschen,
sondern menschliche Arbeit, die
aber durch Maschinen aufgebracht
wird.
|
C'est quelque chose qui
est livré à la civilisation de
l'humanité par ces forces
spirituelles qui ont grandies à
l'humain de l'Ouest, ces forces
spirituelles qui n'auraient jamais
pu se développer en ligne droite à
partir de cette culture intérieure
de l'esprit et de l'âme qui
s'était élancée de manière si
grandiose vers le surhumain, vers
l'humain supérieur dans l'humain,
vers l'humain spirituel psychique.
Cette culture est restée à
certaines hauteurs de l'âme. Elle
n'embrassait pas ce que nous
appelons aujourd'hui la vie
pratique. Elle n'aurait jamais pu
placer un métal mort ou un autre
matériau dans un contexte tel que
travaille parmi les humains, non
toutefois un surhumain, mais un
sous-humain, un humain qui est en
fait un homoncule vis-à-vis de
l'humain de chair et de sang, un
mécanisme qui introduit dans la
culture humaine ce que les humains
pourraient y introduire sinon.
C'est l'essence même de notre vie
intellectuelle occidentale. C'est
d'autant plus caractéristique pour
notre vie de l'esprit occidentale
que plus nous allons vers l'Ouest,
où l'humain mécanique, le
sous-homme, est issu de cette vie
de l'esprit, comme l'humain
psycho-spirituel, le surhomme, est
issu de la vie de l'esprit
orientale.
|
15
|
Das
ist etwas, was hineingeliefert
wird in die
Menschheitszivilisation durch jene
Geisteskräfte, die erwachsen sind
dem Menschen des Westens, jene
Geisteskräfte, die niemals hätten
in gerader Linie sich entwickeln
können aus jener inneren Geistes-
und Seelenkultur, die in so
grandioser Weise zu dem
Übermenschen hinauf, zu dem
höheren Menschen im Menschen, zu
dem geistig-seelischen Menschen
sich aufgeschwungen hatte. Diese
Kultur blieb in gewissen
Seelenhöhen. Sie durchdrang nicht
das, was wir heute praktisches
Leben nennen. Sie hätte niemals
totes Metall oder sonstiges
Material in solchen Zusammenhang
bringen können, daß mitten unter
den Menschen arbeitet, jetzt
allerdings kein Übermensch, aber
ein Untermensch, ein Mensch, der
eigentlich gegenüber den Menschen
aus Fleisch und Blut ein
Homunkulus ist, ein Mechanismus,
der aber in die menschliche Kultur
hereinstellt das, was sonst
Menschen hereinstellen könnten.
Das ist das Wesentliche unseres
westlichen Geisteslebens. Es ist
um so mehr charakteristisch für
dieses westliche Geistesleben, je
weiter wir nach dem Westen kommen,
wo aus diesem Geistesleben
hervorgegangen ist der
mechanische Mensch, der
Untermensch, wie aus dem
orientalischen Geistesleben der
seelisch-geistige Mensch, der
Übermensch hervorgegangen ist.
|
Mais le fait que de
telles choses aient pu être créées
en Occident n'est pas ici un
phénomène isolé de la vie de
civilisation. C'est lié à toute la
formation du représenter, du
sentir et du penser. Les humains
qui ont introduit cet homoncule
dans la vie sont naturellement
grands dans toute la constitution
de leur âme, évidemment grands
d'après l'autre direction que
l'humain oriental. Aujourd'hui, on
ne peut pas comprendre la vie si
on ne peut pas comprendre cette
opposition dans toute son
intensité. Car d'une part, cet
humain moderne porte encore en lui
la dernière métamorphose de ce qui
lui est venu d'Orient, et d'autre
part, il absorbe depuis des
siècles déjà l'autre élément, qui
est l'essentiel de la vie de
l'esprit occidentale. Une
compensation n'est pas encore là
aujourd'hui. Ils sont là comme
deux courants séparés l'un de
l'autre, le courant du surhumain,
quand bien aussi très modifié, le
courant du sous-humain, même s'il
n'en est qu'à ses débuts. Et
l'humain moderne, l'humain du
présent, lorsqu'il prend
conscience que ces deux courants
vivent non médiés dans son âme, il
souffre psychiquement,
spirituellement et
probablement/volontiers aussi
corporellement de la discordance
qui là en sort. Certes, ce sont
des choses qui se déroulent si
profondément dans ce qui reste
inconscient et subconscient que
dans la conscience de l'humain,
non seulement dans celle-ci, mais
même dans sa constitution
corporelle, il entre tout autre
chose que la cause réelle.
L'humain moderne se trouve
nerveux, il se trouve insatisfait
des conditions. On pourrait citer
des centaines de choses sur la
façon dont cet humain moderne
ressent un désaccord entre
lui-même et l'environnement, sur
la façon dont ce désaccord
s'exprime aussi dans sa santé
corporelle. Ce qui a été évoqué
est sous-jacent. Derrière tout
cela se cache la grande question :
comment harmoniser, pour la
civilisation de l'avenir, ce qui a
produit le sous-homme avec ce qui
vit en nous dans sa dernière
phase, comme héritage d'une
civilisation qui a conduit à
l'humain spirituel et psychique ?
|
16
|
Daß
aber solches geschaffen werden
konnte im Westen, das ist hier
nicht eine isolierte Erscheinung
des Zivilisationslebens. Es hängt
ja zusammen mit der ganzen
Ausbildung des Vorstellens,
Fühlens und Denkens. Die Menschen,
die diesen Homunkulus ins Leben
hereinstellten, die sind in ihrer
ganzen Seelenverfassung
selbstverständlich groß nach der
anderen Richtung hin als der
orientalische Mensch. Man kann
heute das Leben nicht
durchschauen, wenn man nicht
diesen Gegensatz in seiner ganzen
Intensität durchschauen kann.
Denn auf der einen Seite trägt
dieser moderne Mensch in sich
noch die letzte Metamorphose
desjenigen, was ihm vom Orient
gekommen ist, und auf der anderen
Seite nimmt er auf schon seit
Jahrhunderten das andere, was das
Wesentlichste des westlichen
Geisteslebens ist. Ein Ausgleich
ist heute noch nicht da. Wie zwei
getrennt voneinander fließende
Strömungen, so stehen sie da, die
Strömung vom Übermenschen, wenn
auch sehr verändert, die Strömung
vom Untermenschen, wenn auch erst
in ihrem Anfange. Und der moderne
Mensch, der Mensch der Gegenwart,
wenn er zum Bewußtsein erwacht,
daß in seiner Seele unvermittelt
diese beiden Strömungen leben, er
leidet seelisch, geistig und wohl
auch leiblich an dem Mißklang, der
da herauskommt. Gewiß, das sind
Dinge, die sich so tief in
demjenigen abwickeln, was unbewußt
und unterbewußt bleibt, daß in das
Bewußtsein des Menschen herauf,
nicht allein nur in dieses,
sondern sogar in seine
Leibeskonstitution ganz anderes
eintritt als die eigentliche
Ursache. Der moderne Mensch findet
sich nervös, findet sich
unzufrieden in den Verhältnissen.
Hunderterlei könnte man anführen,
wie dieser moderne Mensch einen
Mißklang zwischen sich selbst und
der Umgebung fühlt, wie dieser
Mißklang auch in seiner leiblichen
Gesundheit zum Ausdruck kommt.
Das, was angeführt worden ist, das
steckt dahinter. Es steckt
dahinter die große Frage: Wie
bringen wir für die Zivilisation
der Zukunft das in Einklang, was
den Untermenschen hervorgebracht
hat, mit dem, was in seiner
letzten Phase in uns lebt als
Erbstück einer Zivilisation, die
zum geistig-seelischen Menschen
geführt hat?
|
Ce qui repose là dans les
forces de notre civilisation,
comme je viens de vous l'indiquer,
la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique
cherche particulièrement à le
placer devant l'âme. Elle voit
comme un objectif nécessaire,
porté par les exigences les plus
importantes de notre temps, un
équilibre entre les forces de
l'âme qui ont conduit dans une
direction et les forces de l'âme
qui ont conduit dans l'autre
direction. Et elle est consciente
de l'immense nécessité et de
l'importance pour l'humanité de
trouver les moyens d'atteindre ce
but. J'ai appelé la vie de
l'esprit orientale "instinctive".
|
17
|
Dieses,
was da liegt in den Kräften
unserer Zivilisation, wie ich es
Ihnen eben angeführt habe, das
sucht sich anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
besonders vor die Seele zu
stellen. Sie sieht als ein
notwendiges, von den bedeutsamsten
Zeitforderungen getragenes Ziel
vor sich einen Ausgleich zwischen
den Seelenkräften, die in der
einen Richtung, und den
Seelenkräften, die in der anderen
Richtung geführt haben. Und sie
ist sich bewußt, wie ungeheuer
notwendig und bedeutungsvoll es
für die Menschheit ist, die Wege
zu finden zu diesem Ziele.
Instinktiv habe ich das
orientalische Geistesleben
genannt.
|
Cette vie de l'esprit
était née des instincts des
anciens humains. Nous l'avons
obtenue en héritage. Mais nous
l'avons obtenue dans un état déjà
intellectualisé ; elle s'est
inscrite/mis à vivre dans notre
civilisation sous forme de
concepts, de représentations de
sorte bien abstraite. Car nous
n'avons plus les instincts
qu'avait le porteur autrefois de
cette vie de l'esprit. On peut
fantasmer tant qu'on veut sur le
fait que l'humain contemporain
devrait retourner à la naïveté,
qu'il devrait à nouveau devenir
instinctif. On a certainement
raison, en une certaine relation,
avec une telle exigence. Mais la
naïveté s'exprimera autrement
qu'auparavant. La vie instinctive
prendra d'autres directions. Et
exiger que nous devenions comme
les humains des millénaires
précédents, cela revient à exiger
que l'adulte joue comme l'enfant.
Non, nous ne pouvons pas
retourner, pour satisfaire nos
besoins les plus profonds de
l'âme, dans la civilisation des
millénaires révolus, et nous ne
pouvons pas non plus, si nous ne
voulons pas tomber dans la
décadence, crier en tant
qu'Occidentaux "ex oriente lux" ;
non, nous n'avons pas la
permission de crier cela, c'est de
l'Orient que nous viendrait la
lumière. Car la lumière qui s'y
trouve aujourd'hui a elle aussi
subi de nombreuses métamorphoses,
et nous ne pouvons absolument pas
nous bercer de l'illusion que ce
que l'on trouve encore aujourd'hui
quelque part en Orient représente
une spiritualité qui pourrait
d'une manière ou d'une autre
intervenir de manière fructueuse
dans notre civilisation. C'était
une décadence de la pire sorte
lorsqu'un mouvement théosophique
s'est affirmé à partir des besoins
religieux et culturels de
l'Occident, à partir de l'âge des
machines qui s'était également
formé une vision du monde
mécaniste qui ne peut pas
satisfaire l'humain, c'était une
décadence de la pire espèce qu'on
aille dans le domaine qui a
aujourd'hui l'héritage oriental
décadent d'une vie spirituelle des
temps passés. Si l'on a recherché
aujourd'hui la culture indienne
pour l'intégrer à la théosophie de
l'Occident, cela a montré à quel
point on était devenu
stérile/infécond, à quel point les
forces créatrices ne s'excitaient
plus à partir de la vie de
l'esprit propre, à quel point on
ne pouvait être grand que dans le
mécanistique, mais à quel point on
ne trouvait pas de chemin propre
dans les domaines dont l'âme a
besoin pour sa conception de la
véritable essence spirituelle et
d'âme de l'humain.
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18
|
Aus
den Instinkten der alten Menschen
war dieses Geistesleben
herausgeboren. Wir haben es als
Erbstück erhalten. Aber wir haben
es erhalten in einem schon
intellektualisierten Zustande; in
Begriffen, in Vorstellungen recht
abstrakter Art hat es sich in
unsere Zivilisation hineingelebt.
Denn wir haben nicht mehr die
Instinkte, die der ehemalige
Träger dieses Geisteslebens hatte.
Man mag, soviel man will, davon
phantasieren, daß der gegenwärtige
Mensch zur Naivität zurückkehren,
daß er wiederum instinktiv werden
soll. Man hat gewiß in einer
Beziehung recht mit einer solchen
Forderung. Allein die Naivität
wird sich in anderer Weise
ausdrücken als früher. Das
Instinktleben wird nach anderen
Richtungen gehen. Und zu fordern,
wir sollten so werden wie Menschen
früherer Jahrtausende, das kommt
gleich der Forderung: der
Erwachsene solle spielen wie das
Kind. Nein, weder können wir
zurückgehen, um unsere tiefsten
Seelenbedürfnisse zu befriedigen,
in die Zivilisation abgelebter
Jahrtausende, noch können wir,
wenn wir nicht in Dekadenz
verfallen wollen, als
abendländische Menschen «ex
oriente lux» rufen; nein, das
dürfen wir nicht rufen, aus dem
Orient komme uns das Licht. Denn
das Licht, das heute dort ist, das
hat ebenfalls viele Metamorphosen
durchgemacht, und wir können uns
durchaus nicht der Illusion
hingeben, daß das, was heute noch
irgendwo im Orient zu finden ist,
eine Spiritualität darstelle, die
irgendwie fruchtbar in unsere
Zivilisation hineingreifen könne.
Es war eine Dekadenz der
schlimmsten Art, als eine
theosophische Bewegung sich
geltend machte aus den religiösen
und Kulturbedürfnissen des
Abendlandes heraus, aus dem
Maschinenzeitalter heraus, das
sich auch eine mechanistische
Weltanschauung, die den Menschen
nicht befriedigen kann, gebildet
hatte, es war Dekadenz der
schlimmsten Sorte, daß man in
dasjenige Gebiet ging, das die
heutige dekadente orientalische
Nachfolgerschaft eines geistigen
Lebens früherer Zeiten hat. Wenn
man indische Kultur heute
aufgesucht hat, um sie der
Theosophie des Abendlandes
einzuverleiben, so zeigte das
eben, wie unfruchtbar man geworden
war, wie nicht mehr sich die
Schaffenskräfte regen aus dem
eigenen Geistesleben heraus, wie
man nur groß sein konnte im
Mechanistischen, wie man aber
keinen eigenen Weg fand in
diejenigen Gebiete hinein, die die
Seele braucht zu ihrer Anschauung
von dem wahren geistig-seelischen
Wesen des Menschen.
|
Cette tendance ne repose
d'ailleurs que trop à la base de
la vie actuelle. Ne voyons-nous
pas comment ceux qui sont
insatisfaits du christianisme
actuel font souvent des recherches
? Comment était le christianisme
autrefois ? Comment était le
christianisme primitif ? Faisons à
nouveau comme les premiers
chrétiens. Comme si nous n'avions
pas progressé depuis lors, comme
si nous n'avions pas besoin d'une
nouvelle compréhension du
christianisme ! Oh, il y a partout
la caractéristique de la
stérilité, de l'impossibilité de
créer soi-même. Non, ce n'est pas
ce que veut la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique :
faire des emprunts à une quelque
culture ancienne ou à la
succession actuelle d'une culture
ancienne.
|
19
|
Diese
Tendenz liegt übrigens dem
heutigen Leben nur allzu sehr
zugrunde. Sehen wir denn nicht,
wie diejenigen, die mit dem
gegenwärtigen Christentum
unzufrieden sind, oftmals
nachforschen: Wie war das
Christentum früher? Wie war das
Urchristentum? Machen wir es
wiederum so, wie es die Urchristen
gemacht haben. Als ob wir nicht
fortgeschritten wären seither, als
ob wir nicht ein neues Verständnis
des Christentums brauchten! Oh, es
ist überall das Charakteristikon
der Unfruchtbarkeit da, der
Unmöglichkeit des eigenen
Schaffens. Nein, das will
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft nicht:
Anleihen machen bei irgendeiner
alten Kultur oder bei der
gegenwärtigen Nachfolgerschaft
einer alten Kultur.
|
C'est tout de suite quand
on comprend le caractère concret
de ce dans quoi s'enracine la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique que l'on
envisagera facilement ce qui a été
dit. Vous pouvez entendre comment
l'Oriental actuel cherche encore,
je dirais, à reproduire
d'anciennes méthodes, le chemin
vers le spirituel dans un certain
processus de respiration, dans une
régulation de la respiration qui
cherche à former la constitution
humaine par laquelle on trouve des
forces intérieures de
connaissance, de sentiment et de
volonté, pour monter dans le monde
spirituel où se trouve l'humain
spirituel-âme, où se trouve la
véritable connaissance de soi.
L'Oriental fait aujourd'hui ce que
l'Oriental a toujours fait au
cours des siècles et des
millénaires précédents pour
emprunter ce chemin : il descend
de la simple vie intellectuelle de
la tête vers la vie de l'humain
tout entier. Il sait quel est le
lien organique interne entre la
manière dont nous inspirons, dont
nous expirons - j'en parlerai
encore dans les prochains jours -
et le processus de notre
représenter et de notre pensée.
Mais il sait aussi que le penser
et le représenter croit/pousse
comme du processus respiratoire.
Et ainsi j'aimerais revenir à la
racine du penser, au processus de
respiration. Dans une régulation
du processus respiratoire, il
cherche le chemin vers en haut
dans le monde spirituel. Nous ne
pouvons pas imiter ce chemin. Si
nous l'imitions, nous pécherions
contre notre constitution humaine,
qui est devenue tout autre. La
structure interne de notre cerveau
et de notre système nerveux est
autre que celle qui a donné
naissance à la culture spirituelle
instinctive de l'Orient.
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Gerade
wenn man das Konkrete desjenigen
begreift, worin anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
wurzelt, wird man das Gesagte
leicht einsehen. Sie können hören,
wie der heutige Orientale noch,
ich möchte sagen, wie nachbildend
alte Methoden, den Weg ins
Geistige sucht in einem gewissen
Atmungsprozesse, in einer Regelung
des Atmens diejenige
Menschheitskonstitution
auszubilden sucht, durch die man
innere Erkenntniskräfte und
Fühlenskräfte und Willenskräfte
findet, um in die geistige Welt
hinauf‑ zusteigen, wo der
geistig-seelische Mensch zu finden
ist, wo wahre Selbsterkenntnis
ist. Der Orientale tut heute das,
was der Orientale in früheren
Jahrhunderten und Jahrtausenden
immer für solchen Weg getan hat,
er steigt herunter von dem bloßen
intellektuellen Leben des Kopfes
in das Leben des ganzen Menschen.
Er weiß, welcher innere organische
Zusammenhang ist zwischen der Art,
wie wir ein-, wie wir ausatmen —
ich werde in den nächsten Tagen
davon noch sprechen — und dem
Vorgang unseres Vorstellens und
Den‑ kens. Aber er weiß auch, daß
das Denken und Vorstellen wie
herauswächst aus dem
Atmungsprozeß. Und so möchte er
zurück‑ gehen zu der Wurzel des
Denkens, zum Atmungsprozeß. In
einer Regulierung des
Atmungsprozesses sucht er den Weg
hinauf in die geistige Welt.
Diesen Weg können wir nicht
nachmachen. Würden wir ihn
nachmachen, so würden wir sündigen
wider unsere ganz anders gewordene
Menschenkonstitution. Das innere
Gefüge unseres Gehirns und
Nervensystems ist ein anderes als
dasjenige, aus dem die instinktive
Geisteskultur des Orients
hervorgegangen ist.
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Si nous considérions
aujourd'hui comme ce qui est
correct de nous livrer uniquement
à un processus respiratoire
régulé, nous renierions la vie
intellectuelle. Nous renierions ce
pour quoi nous sommes aujourd'hui
constitués. Nous devons, pour
remonter les chemins vers le monde
spirituel, engager d'autres
métamorphoses. Nous ne devons plus
revenir de la pensée à des
processus corporels comme la
respiration, nous devons former la
pensée elle-même. C'est pourquoi
la science de l'esprit actuelle,
qui vit à la hauteur de son
époque, doit parler d'une
formation de la vie
intellectuelle, mais pas de cette
vie intellectuelle que l'on
connaît aujourd'hui presque
exclusivement.
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21
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Würden
wir heute als das Richtige
ansehen, uns nur einem regulierten
Atmungsprozeß hinzugeben, so
würden wir verleugnen das
intellektuelle Leben. Wir würden
verleugnen das, wofür wir heute
konstituiert sind. Wir müssen, um
die Wege in die geistige Welt
hinaufzugehen, andere
Metamorphosen einschlagen. Wir
müssen nicht mehr zurückgehen vom
Denken zu Leibesvorgängen wie dem
Atem, wir müssen das Denken selber
ausbilden. Deshalb muß heutige,
auf der Höhe ihrer Zeit lebende
Geisteswissenschaft sprechen von
einer Ausbildung des
intellektuellen Lebens, aber nicht
desjenigen intellektuellen Lebens,
das man heute fast einzig und
allein kennt.
|
C'est tout de suite cette
vie intellectuelle qui nous a
rendus comme desséchés, secs et
sobres pour toute l'étendue de la
vie. Même si certains s'insurgent
de nos jours contre
l'intellectualisme unilatéral, on
ne trouve rien pour pouvoir
vraiment combattre cet
intellectualisme. On sent que les
simples concepts, même ceux qui
sont tirés de la science sérieuse
et consciencieuse, laissent l'âme
froide, de sorte qu'elle ne trouve
pas les chemins de la vraie vie.
Mais d'un autre côté, on ne trouve
pas la possibilité d'orienter
cette vie intellectuelle dans une
direction qui puisse être
satisfaisante, parce qu'on veut
justement éviter ce que la science
de l'esprit dont il est question
ici doit considérer comme ce qui
est correct pour l'humain
contemporain. L'humain
contemporain ne peut pas, s'il
reconnaît l'aridité, la sobriété,
l'unilatéralité du simple
intellectualisme, aller chercher
des émotions dans ce que l'on
appelle souvent une vie
élémentaire du pré-penser et
primitive, afin de s'améliorer en
tant qu'humain intellectuel. Il ne
peut pas, je dirais, chercher dans
une vie aveugle que l'on ne
comprend pas, ce qu'il veut coller
extérieurement à la civilisation
intellectualiste.
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22
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Gerade
dieses intellektuelle Leben hat
uns für den ganzen Umfang des
Lebens wie ausgedörrt gemacht,
trocken und nüchtern gemacht. So
sehr auch von einzelnen Seiten in
der Gegenwart gewettert wird gegen
den einseitigen Intellektualismus,
man bringt ja nichts auf, um
diesen Intellektualismus wirklich
bekämpfen zu können. Man fühlt,
die bloßen Begriffe, auch
diejenigen, die aus der ernsten
und gewissenhaften Wissenschaft
genommen sind, lassen die Seele
kalt, so daß sie die Wege durch
das wahre Leben nicht findet. Aber
man findet andererseits nicht die
Möglichkeit, dieses intellektuelle
Leben nach einer Richtung hin zu
lenken, die befriedigend sein
kann, weil man gerade dasjenige
vermeiden will, was die hier
gemeinte Geisteswissenschaft als
das Richtige für den
Gegenwartsmenschen ansehen muß.
Der Gegenwartsmensch kann nicht,
wenn er einsieht die Trockenheit,
die Nüchternheit, das Einseitige
des bloßen Intellektualismus, aus
irgendeinem, wie man oftmals sagt,
vorgedanklichen, primitiven
elementarischen Leben heraus
Emotionen holen, um sich
aufzubessern als intellektueller
Mensch. Er kann nicht, ich möchte
sagen, in einem blindwütigen
Leben, das man nicht versteht,
dasjenige suchen, was er äußerlich
anleimen will an die
intellektualistische
Zivilisation.
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C'est pourquoi la science
de l'esprit orientée
anthroposophiquement cherche, par
le développement de l'âme par
l'exercice, ce à quoi aspire
réellement l'humain moderne pour
la satisfaction réelle de son âme.
J'ai décrit en détail dans la
deuxième partie de ma "Science
secrète", dans mon livre "Comment
acquiert-on des connaissances des
mondes supérieurs" et dans
d'autres de mes écrits, comment ce
chemin doit être parcouru d'une
manière adaptée à l'humain
occidental. En principe, je veux
seulement indiquer qu'il s'agit de
prendre en main la vie de l'âme de
telle sorte que l'on évite
toutefois de développer des
représentations, des concepts, des
idées vers le plus haut, que l'on
ne développe donc pas
unilatéralement la seule vie de la
pensée, mais que l'on exerce l'âme
de telle sorte qu'avec les pensées
elles-mêmes qui viennent, qui se
lient, qui se séparent, se lient
les sentiments les plus vivants.
Tandis qu'aujourd'hui
l'intellectualiste unilatéral est
sobre dans sa vie de pensée, mais
laisse aussi cette vie de pensée
se promener dans le domaine de la
science, étranger à la vie, ou
dans d'autres domaines, et vit par
ailleurs dans la vie sinon
dépourvu de pensées, ce que la
science de l'esprit d'orientée
anthroposophiquement appelle son
exercice cherche à s'approfondir
dans la pensée, mais à développer
un sentiment dans cet
approfondissement de la pensée, de
sorte que l'on puisse se réjouir,
se mettre en colère, haïr et aimer
ce que l'on ne fait que penser,
haïr et aimer les gens, se mettre
en colère contre les événements
extérieurs, de sorte que toute une
vie intérieure s'épanouisse,
s'épanouisse dans une vitalité
telle que la vie extérieure. Les
livres cités doivent justement
témoigner du fait que cela peut
être fait de manière systématique.
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23
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Deshalb
sucht anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft durch
übungsmäßige Entwickelung der
Seele dasjenige, wonach dieser
moderne Mensch eigentlich zur
wirklichen Befriedigung seiner
Seele lechzt. Im einzelnen habe
ich beschrieben im zweiten Teil
meiner «Geheimwissenschaft», in
meinem Buch «Wie erlangt man
Erkenntnisse der höheren Welten?»
und in anderen meiner Schriften,
wie dieser Weg in einer dem
abendländischen Menschen
angemessenen Weise gegangen werden
soll. Prinzipiell will ich nur
andeuten, daß es sich darum
handelt, das Seelenleben so in die
Hand zu nehmen, daß man allerdings
vermeidet, Vorstellungen,
Begriffe, Ideen ins Höchste
hineingehend zu entwickeln, daß
man also nicht einseitig bloß das
Gedankenleben entwickelt, sondern
die Seele so übt, daß mit den
Gedanken selber, die da kommen,
die sich verbinden, die sich
trennen, die lebendigsten Gefühle
sich verbinden. Während heute der
einseitige inteliektualist
nüchtern in seinem Gedankenleben
ist, aber auch dieses
Gedankenleben spazieren läßt auf
dem dem Leben fremden Gebiete der
Wissenschaft oder auf anderen
Gebieten und sonst gedankenlos
sich ins Leben hineinlebt, sucht
dasjenige, was anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
ihr Üben nennt, ins Denken sich zu
vertiefen, aber an dieser
Vertiefung des Denkens Gefühl zu
entwickeln, so daß man sich freuen
kann, zornig werden kann, daß man
hassen und lieben kann das, was
man nur denkt, wie man Menschen
haßt und liebt, wie man zornig
wird über äußere Ereignisse, daß
ein ganzes inneres Leben aufgeht,
in solcher Lebendigkeit aufgeht,
wie das äußere Leben ist. Daß dies
systematisch gemacht werden kann,
dafür sollen eben die genannten
Bücher Zeugnis ablegen.
|
Mais alors, si l'humain
cherche de tels chemins, s'il
développe réellement les forces de
connaissance, de sentiment et de
volonté qui dorment en lui, s'il
prend en main son développement
non pas à partir du corps, comme
dans l'ancienne culture orientale,
dans un processus respiratoire
régulé, mais à partir de l'âme et
de l'esprit, alors il trouve le
chemin vers le monde spirituel. Et
quelles sont les forces qu'il
utilise ? Il utilise les forces
qui ont fait la grandeur de sa
civilisation. Il utilise les
forces qu'il a utilisées en
développant ses machines, en
développant ses conceptions
astronomiques mécanistes
coperniciennes, galiléennes,
keplériennes, newtoniennes. Ce que
notre esprit et notre âme
développent dans les machines en
termes de finesse d'imagination,
ce qui vit dans notre astronomie,
dans notre chimie, ce qui réside
dans notre vie sociale, tout cela
est formé. L'Oriental n'avait pas
du tout cela. Il n'aurait pas pu
poursuivre sa vie de l'âme jusqu'à
ces forces de l'âme. Il devait
aller jusqu'à la respiration du
corps pour emprunter le chemin de
la connaissance. Nous devons
commencer là où nous commençons
dans la vie pratique extérieure.
Nous devons partir des mêmes
forces de l'âme et de l'esprit qui
vivent dans notre culture
mécaniste et qui ont produit le
sous-humain en sept à huit cents
millions d'exemplaires. Nous
devons former un nouvel Orient,
c'est-à-dire une vision du
supérieur, de l'éternel, de
l'humain immortel à partir du plus
sensuel, du plus machinal, à
partir de ce qui se révèle à notre
civilisation occidentale comme le
chemin vers le sous-humain.
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24
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Dann
aber, wenn der Mensch solche Wege
aufsucht, wenn er wirklich das,
was sonst in seinem Inneren
schläft an Erkenntnis-, an
Fühlens- und Wollenskräften, zur
Entwickelung bringt, wenn er also
nicht vom Leibe aus, wie die alte
orientalische Kultur, in einem
regulierten Atmungsprozeß, sondern
von der Seele und vom Geiste aus
seine Entwickelung in die Hand
nimmt, dann findet er den Weg in
die geistige Welt hinein. Und was
wendet er für Kräfte an? Er wendet
die Kräfte an, durch die seine
Zivilisation groß geworden ist. Er
wendet die Kräfte an, die er auch
anwandte, indem er seine Maschinen
ausbaute, indem er seine
mechanistischen Kopernikanischen,
Galileischen, Keplerschen,
Newtonschen astronomischen
Anschauungen entwickelte. Was von
unserem Geiste und von unserer
Seele in die Maschinen hinein sich
an Scharfsinn des Vorstellens
entwickelt, was lebt in unserer
Astronomie, in unserer Chemie, was
liegt in unserem sozialen Leben,
alles das wird ausgebildet. Der
Orientale hatte das gar nicht. Er
hätte sein Seelenleben nicht bis
zu diesen Seelenkräften fortsetzen
können. Er mußte zur Atmung des
Leibes gehen, um den Erkenntnisweg
zu beschreiten. Wir müssen
einsetzen da, worinnen wir im
äußeren praktischen Leben
einsetzen. Wir müssen von
denselben Seelen- und
Geisteskräften ausgehen, die in
unserer mechanistischen Kultur
leben, die den Untermenschen in
sieben- bis achthundert Millionen
Exemplaren hervorgebracht haben.
Wir müssen einen neuen Orient, das
heißt, ein Erschauen des Höheren,
des Ewigen, des unsterblichen
Menschen aus dem Sinnlichsten, aus
dem Maschinellsten, aus demjenigen
herausbilden, was unserer
abendländischen Zivilisation als
der Weg zum Untermenschen sich
erweist.
|
Toutefois, il n'est pas
en tous points sympathiques à
l'humain moderne qui veut donc se
placer dans la civilisation
moderne. Car cet humain moderne,
il exige donc justement que
l'enfant doive se développer, car
il ne peut pas encore prendre
lui-même la décision de son
développement. À l'instant où il
doit prendre lui-même la décision,
il ne s'engage plus dans le
développement ; à ce moment-là, on
est prêt ; on se fait élire à
l'assemblée municipale, au
parlement, car on sait tout. On
connaît tout. On n'a plus besoin
de descendre dans le développement
des facultés par lesquelles on
sait quelque chose. On est
critique de tout, une fois que
l'on est venu à la conscience de
son arbitraire, une fois que les
autres seuls n'ont plus le droit
de faire n'importe quoi en ce qui
concerne l'évolution. Cet humain
moderne doit justement chercher le
chemin pour s'élever à nouveau
vers ces hauteurs où l'on trouve
l'humain spirituel et psychique.
|
25
|
Allerdings,
es ist den modernen Menschen nicht
in allen Punkten sympathisch, was
also in die moderne Zivilisation
sich hineinstellen will. Denn
dieser moderne Mensch, er verlangt
ja eben, das Kind solle sich
entwickeln, denn das kann noch
nicht selber die Entscheidung
über seine Entwickelung treffen.
In dem Augenblick, wo er selber
die Entscheidung treffen soll, da
läßt er sich nicht mehr ein auf
die Entwickelung; da ist man
fertig; da läßt man sich in die
Stadtversammlung, ins Parlament
wählen, denn man weiß ja alles.
Man kennt alles. Man braucht nicht
mehr hinunterzusteigen zu der
Entwickelung der Fähigkeiten,
durch die man etwas weiß. Man ist
Kritiker für alles, wenn man nur
einmal zum Bewußtsein seiner
Willkür gekommen ist, wenn nur die
anderen allein nicht mehr
herummurksen dürfen in bezug auf
die Entwickelung. Dieser moderne
Mensch, er muß eben den Weg
suchen, hinaufzusteigen wiederum
zu jenen Höhen, wo man findet den
geistig-seelischen Menschen.
|
Maintenant, la chose est
ainsi que, pour l'instant,
l'impulsion intérieure à
rechercher cet humain spirituel et
d'âme, à parcourir le chemin vers
ces connaissances, est encore un
renoncement, car ce chemin exige
une vie qui se déroule certes dans
la douleur et la souffrance, une
vie que tout le monde ne doit pas
encore mener aujourd'hui, que tout
le monde ne peut pas mener, et que
tout le monde n'a pas non plus
besoin de mener. Mais de même que
tout le monde ne peut pas devenir
chimiste, mais que les résultats
de la chimie peuvent être utiles à
tous les humains, de même que tout
le monde ne peut pas devenir
astronome, mais que les résultats
de l'astronomie peuvent avoir une
influence sur toutes les âmes, de
même il peut y avoir peu
d'explorateurs de l'esprit, mais
les résultats de cette recherche
spirituelle peuvent - je l'ai
souvent dit ici - être compris
avec le bon sens/la saine raison
analytique ordinaire. Les rares
chercheurs d'esprit peuvent
communiquer leurs visions
spirituelles, et le bon sens
humain les comprendra. Mais c'est
justement ce que les gens nient
aujourd'hui. Ils viennent et
disent : "Ce que tu nous
communiques, toi, le chercheur
d'esprit, ce sont peut-être de
belles fantaisies ; mais nous les
décomposons logiquement, nous ne
les admettons pas, car elles ne se
manifestent pas devant notre bon
sens humain. Nous ne sommes pas
encore parvenus à une vision plus
élevée.
|
26
|
Nun
ist die Sache ja so, daß vorläufig
der innere Antrieb, diesen
geistig-seelischen Menschen zu
suchen, den Weg zu diesen
Erkenntnissen zu beschreiten,
noch ein entsagungsvoller ist,
denn dieser Weg fordert ein Leben,
das allerdings in Schmerzen und
Leiden vor sich geht, ein Leben,
das heute noch nicht jeder gehen
muß, nicht jeder gehen kann, auch
nicht jeder zu gehen braucht. Aber
geradeso, wie nicht jeder ein
Chemiker werden kann, aber die
Ergebnisse der Chemie für alle
Menschen nützlich werden können,
wie nicht jeder ein Astronom
werden kann, aber die Ergebnisse
der Astronomie in alle Seelen
hineinspielen können, so kann es
wenige Geistesforscher geben, aber
die Ergebnisse dieser
Geistesforschung, sie können — das
habe ich hier oftmals gesagt — mit
dem gewöhnlichen gesunden
Menschenverstande begriffen
werden. Die wenigen
Geistesforscher können ihre
geistigen Schauungen mitteilen,
und der gesunde Menschenverstand
wird sie begreifen. Aber das
leugnen ja heute gerade die
Menschen. Sie kommen und sagen:
Was du Geistesforscher uns
mitteilst, das mögen schöne
Phantasien sein; aber wir
zergliedern es logisch, wir lassen
es nicht gelten, denn vor unserem
Menschenverstand zeigt es sich
nicht. Zum höheren Schauen haben
wir uns noch nicht hinaufgebildet.
|
On fait donc l'expérience
des choses très étranges dans ce
domaine. Une nouvelle brochure est
justement de nouveau parue sur ce
que je dois représenter
aujourd'hui devant l'humanité en
tant que vision du monde orientée
anthroposophiquement. Là, un homme
qui est, disons, "professeur
d'université", dit, alors qu'il me
dénigre en tant que philosophe et,
comme il le dit, en tant que
théosophe : oui, ce Steiner
prétend qu'il faut devenir
chimiste pour comprendre les
choses chimiques, qu'il faut
devenir physicien pour comprendre
les choses physiques ; on peut le
lui accorder. Mais il est
maintenant très étrange de voir
comment ce monsieur se comporte
bizarrement. Il dit : tout le
monde peut être d'accord avec le
fait que les chimistes affirment
ceci ou cela, car s'il devient
lui-même chimiste, il comprendra
que c'est juste ; tout le monde
peut être d'accord avec ce que les
physiciens affirment, car s'il
devient lui-même physicien, il
comprendra que ce que les
physiciens disent est juste. Mais
pour voir ce que dit la science de
l'esprit, il faudrait donc
développer des capacités
particulières.
|
27
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Man
erfährt ja auf diesem Gebiete ganz
sonderbare Dinge. Eben ist wieder
eine Broschüre erschienen über
das, was ich als anthroposophisch
orientierte Weltanschauung vor der
Menschheit heute zu vertreten
habe. Da sagt ein Mann, der, nun,
«Universitätsprofessor» ist, der
sagt da, wo er mich abkanzelt als
Philosoph und, wie er sagt, als
Theosoph: Ja, da behauptet dieser
Steiner, daß man ja auch ein
Chemiker werden müsse, um die
chemischen Dinge zu verstehen, ein
Physiker werden müsse, um die
physischen Dinge zu verstehen; das
kann man ihm zugeben. Aber nun ist
es sehr merkwürdig, wie sich
dieser Herr sonderbar verhält. Er
sagt: Jeder kann einverstanden
sein damit, daß die Chemiker
dieses oder jenes behaupten, denn
wenn er selbst Chemiker wird, so
wird er ja einsehen, daß das
richtig ist; jedermann kann
einverstanden sein mit dem, was
die Physiker behaupten, denn wenn
er selbst Physiker wird, so wird
er einsehen, daß das richtig ist,
was die Physiker sagen. Aber um
dasjenige einzusehen, was
Geisteswissenschaft sagt, müßte
man ja besondere Fähigkeiten
entwickeln.
|
Je ne dis pas autre chose
non plus. De même que l'humain
doit devenir chimiste pour avoir
un jugement sur la chimie, de même
que l'humain doit devenir
physicien pour avoir un jugement
sur la physique, de même l'humain
doit devenir chercheur en science
de l'esprit pour décider sur la
science de l'esprit. Mais
maintenant, en poursuivant son
texte, cet étrange - peut-être
n'est-il pas étrange du tout -
professeur d'université dit : "Il
ne s'agit pas du fait que ce que
Steiner affirme ne peut être
justifié que devant des gens
formés en science de l'esprit,
mais cela doit se justifier devant
moi ! C'est-à-dire que cela doit
se justifier devant celui qui non
seulement n'en a pas la moindre
nuée, mais qui ne veut pas non
plus s'en procurer.
|
28
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Etwas
anderes sage ich aber auch nicht.
Wie der Mensch, um über Chemie ein
Urteil zu haben, Chemiker werden
muß, wie der Mensch, um über
Physik ein Urteil zu haben,
Physiker werden muß, so muß der
Mensch, um über
Geisteswissenschaft zu
entscheiden, Geisteswissenschafter
werden. Aber nun sagt, seinen Text
weitersetzend, jener sonderbare —
vielleicht ist er gar nicht
sonderbar —
Universitätsprofessor: Es handelt
sich nicht darum, daß das, was
Steiner behauptet, sich nur vor
geisteswissenschaftlich
geschulten Leuten rechtfertigen
läßt, sondern es muß sich vor mir
rechtfertigen lassen! Das heißt,
es muß sich rechtfertigen lassen
vor dem, der nicht nur keinen
Dunst davon hat, sondern sich auch
nicht verschaffen will.
|
Il s'agit toutefois d'un
"bon sens", écrit entre
guillemets, qui ne permet pas de
comprendre ce que la science de
l'esprit a à enregistrer. Le bon
sens impartial le saisira. Oui, on
pensera peut-être encore à
l'avenir à ces choses de manière
tout à fait autre de ce que l'on a
l'habitude de penser aujourd'hui
dans de nombreux cercles. Le monde
est là. Les philosophes se sont
toujours disputés à propos du
monde. Eh bien, les philosophes
auront tout de même du bon sens.
Et on peut même dire, si l'on est
impartial, que la philosophie vaut
mieux que sa réputation. Mais les
philosophes se disputent. Et si
l'on est impartial, on peut même
reconnaître une certaine
perspicacité dans le domaine
philosophique à celui qui dit le
contraire de ce qu'un autre
avance, à nouveau à partir d'une
certaine perspicacité. Oui, si
l'on est impartial dans ce
domaine, on en vient à porter un
jugement très étrange sur le bon
sens. Il est là. Les gens parlent
en général avec ce bon sens. Mais
il n'est pas du tout apte à
comprendre le monde, sinon les
philosophes n'auraient pas besoin
de se disputer. Ce bon sens
ordinaire ne semble pas du tout
apte à comprendre le monde qui se
présente extérieurement aux sens.
Qu'on essaie de voir s'il comprend
ce que la science de l'esprit a à
dire, et l'on verra que le chemin
s'ouvrira pour que l'on comprenne
précisément cela. Ce n'est pas
seulement un préjugé, c'est aussi
de la poudre aux yeux, quand on
dit : les scientifiques de
l'esprit affirment aussi des
choses différentes ; l'un ceci ou
l'autre cela. On dit cela sans
connaître les faits. Si l'on
apprend à connaître les faits, on
n'affirmera plus cela.
|
29
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Das
ist allerdings ein «gesunder
Menschenverstand», in
Anführungszeichen geschrieben, der
nicht taugt, das zu verstehen, was
Geisteswissenschaft zu verzeichnen
hat. Der unbefangene gesunde
Menschenverstand wird es fassen.
Ja, man wird über diese Dinge
vielleicht in der Zukunft noch
ganz anders denken, als man heute
in vielen Kreisen gewohnt ist, zu
denken. Die Welt ist da. Die
Philosophen haben sich immer
gestritten um die Welt. Nun, die
Philosophen werden doch gesunden
Menschenverstand haben. Und man
kann sogar sagen, wenn man
unbefangen ist: die Philosophie
ist besser als ihr Ruf. Aber die
Philosophen streiten sich. Und ist
man unbefangen, so kann man sogar
demjenigen einen gewissen
Scharfsinn auf philosophischem
Gebiete zubilligen, der das
Gegenteil von dem sagt, was eben
ein anderer vorbringt, wiederum
aus einem gewissen Scharfsinn
heraus. Ja, man kommt, wenn man
hier auf diesem Gebiete unbefangen
ist, dazu, ein sehr merkwürdiges
Urteil über den gesunden
Menschenverstand zu gewinnen. Er
ist da. Die Leute reden im
allgemeinen in diesem gesunden
Menschenverstand. Aber er ist ja
gar nicht geeignet, die Welt zu
begreifen, sonst brauchten sich
die Philosophen nicht zu streiten.
Die Welt, die äußerlich den Sinnen
vorliegt, so ohne weiteres zu
begreifen, dazu scheint gar nicht
zu taugen dieser gewöhnliche
gesunde Menschenverstand. Man
probiere es einmal, ob er
dasjenige begreift, was
Geisteswissenschaft zu sagen hat,
und man wird sehen: der Weg wird
sich eröffnen, daß man gerade das
begreifen wird. Es ist
Wischiwaschi, nicht einmal bloß
ein Vorurteil, wenn man sagt:
Geisteswissenschafter behaupten
auch verschiedenes; der eine das
oder der andere das. Das sagt man
ohne Kenntnis der Tatsachen. Lernt
man die Tatsachen kennen, so wird
man dies nicht mehr behaupten.
|
Il faudra donc surmonter
bien des préjugés et surtout bien
des pressentis si la science de
l'esprit orientée
anthroposophiquement pensée ci
doit se placer dans la vie
moderne. Mais elle devra s'y
insérer. Car le chemin devra être
trouvé de relier les deux courants
spirituels vous ayant été
caractérisé aujourd'hui. Nous ne
pouvons pas devenir des
réactionnaires pour revenir à des
formations spirituelles
antérieures. Nous devons nous
placer dans ce qu'a produit l'ère
de science de la nature, l'ère
mécaniste. Mais nous devons
spiritualiser les forces qui ont
produit un Copernic, un Galilée,
un Giordano Bruno, un Röntgen, un
Becquerel et ainsi de suite
jusqu'à nos jours, nous devons
spiritualiser les forces jusqu'à
ce que, grâce à ces mêmes forces
de l'âme humaine, par lesquelles
nous construisons des machines,
nous nous élevions aussi jusqu'à
la connaissance de l'humain
spirituel-âme. Alors, nous ne
parlerons plus purement de
l'esprit, alors nous pourrons
donner un contenu à l'aspiration à
l'esprit.
|
30
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So
wird allerdings manches Vorurteil
und namentlich manches
Vorempfinden überwunden werden
müssen, wenn sich die hier
gemeinte anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft in
das moderne Leben hineinstellen
soll. Aber sie wird sich
hineinstellen müssen. Denn der Weg
wird gefunden werden müssen, um
die beiden Ihnen heute
gekennzeichneten Geistesströmungen
zu verbinden. Wir können keine
Reaktionäre werden, um
zurückzukehren zu früheren
Geistesbildungen. Wir müssen uns
hineinstellen in dasjenige, was
das naturwissenschaftliche, das
mechanistische Zeitalter
hervorgebracht hat. Aber wir
müssen die Kräfte, die einen
Kopernikus, einen Galilei, einen
Giordano Bruno, einen Röntgen,
einen Becquerel und so weiter bis
in unsere Tage hervorgebracht
haben, wir müssen die Kräfte so
weit vergeistigen, daß wir durch
dieselben Kräfte der menschlichen
Seele, durch die wir Maschinen
bauen, auch hinaufsteigen zur
Erkenntnis des geistig-seelischen
Menschen. Dann werden wir nicht
mehr bloß vom Geiste reden, dann
werden wir dem Streben nach dem
Geiste einen Inhalt zu geben
vermögen.
|
C'est ce qui touche de si
près l'observateur profond de la
civilisation contemporaine : les
gens parlent aujourd'hui beaucoup
de l'esprit, mais ne donnent aucun
contenu à ce discours sur
l'esprit. C'est ainsi que naissent
des visions du monde d'un côté, et
que la pratique de la vie est liée
de manière inorganique à ces
visions du monde de l'autre côté,
comme le serait notre vision du
monde basée sur la science de
l'esprit dans une maison qui porte
un style architectural ancien.
Notre vision du monde orientée les
spirituellement scientifiquement
veut vivre dans des formes de
construction qui sont nées d'elle.
Elle doit créer et peut créer de
telle sorte qu'elle soit capable
de pénétrer la vie matérielle
extérieure jusque dans les détails
techniques, jusque dans les
enchaînements sociaux. Alors, ce
sera cette science de l'esprit
pourra devenir le porteur d'une
civilisation qui trouvera les bons
chemins vers les objectifs qui ont
été évoqués aujourd'hui. Alors ce
sera cette science de l'esprit qui
ne laissera plus devenir grande
cette vie dont on peut dire :
maintenant oui, certains aspirent
de nouveau à l'esprit ; ils
exigent que l'humain qui travaille
dur à l'usine ne travaille plus
purement à l'usine, mais qu'il ait
suffisamment de temps de reste
pour se consacrer aussi à
l'esprit. Oh, non, la science de
l'esprit n'exige pas seulement que
l'on travaille à l'usine et qu'en
fermant la porte derrière soi, on
sorte de l'usine pour y trouver la
vie de l'esprit. Non, la science
de l'esprit exige l'inverse : que,
lorsqu'on ouvre l'usine pour aller
travailler, on y porte l'esprit,
afin que chaque machine soit
imprégnée de ce qui porte aussi la
vision du monde vers les hauteurs
les plus élevées de la
connaissance, de l'immortalité. La
science de l'esprit n'aimerait pas
laisser du temps pour l'esprit,
mais imprégner tout le temps de ce
que l'humain peut trouver comme le
contenu de son esprit.
|
31
|
Das
ist es, was dem tieferen
Betrachter der
Gegenwartszivilisation so
nahegeht, daß die Leute heute viel
vom Geiste reden, aber diesem
Reden vom Geiste keinen Inhalt
geben. Dadurch entstehen
Weltanschauungen auf der einen
Seite, entsteht die Lebenspraxis
unorganisch mit diesen
Weltanschauungen verbunden auf der
anderen Seite so, wie sich
ausnehmen würde unsere
geisteswissenschaftlich
schaffende Weltanschauung in einem
Hause, das einen alten Baustil
trägt. Unsere
geisteswissenschaftlich
orientierte Weltanschauung will
in Bauformen leben, die aus ihr
selbst geboren sind. Sie soll so
schaffen und kann so schaffen, daß
sie das äußere materielle Leben
bis in die technischen
Einzelheiten, bis in die sozialen
Verkettungen zu durchdringen
vermag. Dann wird diese
Geisteswissenschaft der Träger
einer Zivilisation werden können,
die die rechten Wege findet zu den
Zielen, die heute angedeutet
worden sind. Dann wird diese
Geisteswissenschaft es sein,
welche nicht mehr groß werden läßt
jenes Leben, von dem man sagen
kann: Nun ja, einzelne streben
wieder nach dem Geiste hin; sie
verlangen, daß der Mensch, der in
der Fabrik hart arbeitet, nicht
mehr bloß in der Fabrik arbeitet,
sondern daß er Zeit genug übrig
habe, um sich auch dem Geiste zu
widmen. Oh, nein, das verlangt
Geisteswissenschaft nicht allein,
daß man in der Fabrik zu arbeiten
hat und, wenn man die Türe hinter
sich zuschließt, dann heraustritt
aus der Fabrik, um da das
Geistesleben zu finden. Nein, das
Umgekehrte verlangt
Geisteswissenschaft, daß, wenn man
sie aufschließt, die Fabrik, um
zur Arbeit zu gehen, man den Geist
hineintrage, damit jede Maschine
durchgeistigt ist von dem, was
auch die Weltanschauung in die
höchsten Höhen des Erkennens, des
Unsterblichen hinaufträgt. Nicht
Zeit übrig lassen für den Geist
möchte die Geisteswissenschaft,
sondern alle Zeit durchtränken von
dem, was der Mensch als den Inhalt
seines Geistes finden kann.
|
Maintenant les humains
réclament souvent de l'esprit. Un
livre sur le socialisme vient de
paraître - il y a toutes sortes de
visions pleines de sensation et
parfois aussi raisonnables - de
Robert Wilbrandt, professeur
d'université à Tübingen. Il s'en
dégage : oui, mais nous n'irons
pas plus loin avec le socialisme
si nous ne trouvons pas le nouvel
esprit, la nouvelle âme. Dans les
dernières pages du livre, c'est
donc le cri pour l'esprit, pour
l'âme ! Mais si l'on amène un tel
homme, une telle personnalité, là
où l'on doit donner un contenu à
l'esprit, là où l'on n'évoque pas
seulement in abstracto l'esprit et
l'âme, là où l'on parle de
contenus spirituels et d'âme,
comme la science de la nature
parle de contenus naturels, là la
personnalité concernée se dérobe,
là elle n'a pas le courage
d'avouer qu'elle a un véritable
esprit substantiel/plein de
contenu. Et c'est ce que nous
voyons chez beaucoup. Ils crient à
l'esprit. Mais lorsque l'esprit
cherche un véritable contenu,
alors ils ne s'y retrouvent pas.
Ils en restent à la simple
évocation d'une union abstraite
des âmes humaines avec le
spirituel. C'est ce que la science
de l'esprit d'orientation
anthroposophique cherche comme
chemin : le chemin vers un contenu
spirituel réel, vers un monde
spirituel réel, à partir de nos
propres forces de connaissance
organiques comme but : former les
deux courants, l'orientalisme et
l'occidentalisme, qui sont
simplement réunis en nous de
manière inorganique, en une
aspiration qui, à partir de nos
propres aspirations, trouve le
chemin vers le bas dans le
mécanisme, et vers le haut dans la
spiritualité la plus élevée.
|
32
|
Nun,
die Menschen schreien heute
vielfach nach Geist. Eben ist ein
Buch über den Sozialismus
erschienen — es gibt allerlei
gefühlvolle und auch manchmal
verständige Anschauungen — von
Robert Wilbrandt, dem Tübinger
Universitätsprofessor. Es tönt
aus: Ja, aber wir kommen mit dem
Sozialismus doch nicht weiter,
wenn wir nicht den neuen Geist,
die neue Seele finden. Auf den
letzten Seiten des Buches also der
Schrei nach dem Geist, nach der
Seele! Führt man einen solchen
Mann, eine solche Persönlichkeit
jedoch dahin, wo dem Geiste Inhalt
gegeben werden soll, wo man nicht
nur in abstracto nach dem Geiste
und der Seele deutet, wo man von
geistigen und Seeleninhalten
spricht, wie sonst die
Naturwissenschaft von natürlichen
Inhalten spricht, da drückt sich
die betreffende Persönlichkeit
hinweg, da hat sie nicht den Mut,
zum wirklichen inhaltsvollen
Geiste sich zu bekennen. Und so
sehen wir das bei vielen. Sie
schreien nach dem Geiste. Aber
wenn dann der Geist einen
wirklichen Inhalt sucht, dann
finden sie sich nicht ein. Sie
bleiben beim bloßen Hinweisen auf
ein abstraktes Zusammenschließen
der Menschenseelen mit dem
Geistigen. Das ist dasjenige, was
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft als Weg sucht:
den Weg zum wirklichen geistigen
Inhalte, zu einer wirklichen
geistigen Welt, aus unseren
eigenen organischen
Erkenntniskräften heraus als Ziel
sucht: sich die bloß unorganisch
in uns zusammengefügten zwei
Strömungen, den Orientalismus und
den Okzidentalismus, zu einem
Streben auszubilden, das aus
unserem eigenen Streben den Weg
wie hinunter in den Mechanismus,
so hinauf in die höchste
Spiritualität findet.
|
Des explications
supplémentaires de ce thème, que
je donnerai demain et
après-demain, où aussi maint
pourra être caractérisé plus
largement, que je n'ai pu le faire
aujourd'hui comme l'introduction,
j'aimerais encore envoyer d'avance
en guise de conclusion, ce qui
suit : l'appel à une nouvelle
spiritualité traverse aujourd'hui
de nombreux cœurs et de nombreux
esprits et, d'une certaine
manière, on pressent déjà que
notre malheur, qui s'est manifesté
de manière si terrible et si
effroyable au cours des cinq
dernières années, est lié dans le
monde extérieur au fait que notre
esprit est arrivé dans une
impasse. Qu'il faut briser un mur
pour avancer en esprit. On
pressent que nous ne pouvons pas
avancer dans le social, le
politique, le technique extérieur
sans un nouvel esprit. Un homme
qui n'a peut-être pas toujours
joué un rôle tout à fait
avantageux, mais qui a peut-être
été plus habile que certains de
ses collègues parmi les "hommes
d'État" - je le dis entre
guillemets quand je parle d'hommes
d'État aujourd'hui - au cours des
dernières années, a maintenant
aussi - les hommes d'État et les
généraux écrivent aujourd'hui des
souvenirs de guerre -, a
maintenant aussi écrit ses
souvenirs de guerre. Ils se
terminent par les mots suivants :
|
33
|
Den
weiteren Ausführungen dieses
Themas, die ich morgen und
übermorgen geben werde, wo auch
manches wird breiter
charakterisiert werden können, als
ich das heute in der Einleitung
tun konnte, will ich zum Schlusse
heute nur das Folgende noch
vorausschicken, Der Ruf nach einer
neuen Geistigkeit, er geht heute
durch viele Herzen, durch viele
Gemüter, und in einer gewissen
Weise ahnt man schon, daß unser
Unglück, das sich so furchtbar, so
schrecklich geoffenbart hat in den
letzten fünf Jahren, in der
äußeren Welt zusammenhängt damit,
daß unser Geist in eine Sackgasse
geraten ist. Daß durchbrochen
werden müsse eine Wand, um
vorwärtszukommen im Geiste.
Geahnt wird, daß wir im Sozialen,
im Politischen, im äußerlich
Technischen nicht weiterkommen
ohne einen neuen Geist. Ein Mann,
der vielleicht nicht immer eine
ganz vorteilhafte, aber doch
vielleicht eine gescheitere Rolle
als mancher seiner Kollegen unter
den «Staatsmännern» — ich sage das
in Anführungszeichen, wenn ich
von Staatsmännern heute spreche —
in den letzten Jahren gespielt
hat, der hat nun auch —
Staatsmänner und Generäle
schreiben ja heute
Kriegserinnerungen —, der hat nun
auch seine Kriegserinnerungen
geschrieben. Sie endigen mit den
folgenden Worten:
|
La guerre continue, même
si elle a changé de forme. Je
crois que les générations à venir
n'appelleront pas du tout le grand
drame qui domine le monde depuis
cinq ans la guerre mondiale, mais
la révolution mondiale...".
|
34
|
«Der
Krieg geht weiter, wenn auch in
veränderter Form. Ich glaube, daß
die kommenden Generationen das
große Drama, welches seit fünf
Jahren die Welt beherrscht, gar
nicht den Weltkrieg nennen werden,
sondern die Weltrevolution...»
|
C'est ce que dit Czernin,
l'homme d'État autrichien. Il y en
a donc au moins un qui voit déjà
comment les choses sont liées,
même si c'est encore dans une
mesure très limitée. Et il
poursuit :
|
35
|
Das
sagt Czernin, der österreichische
Staatsmann. Also wenigstens einer
sieht schon Dinge ein, wie sie
zusammenhängen, wenn auch noch in
sehr beschränktem Maße. Und er
fährt fort:
|
… et
nous saurons que cette révolution
mondiale a seulement commencé avec
la guerre mondiale. Ni Versailles
ni Saint-Germain ne créeront une
œuvre durable. Dans cette paix se
trouve le germe corrosif de la
mort. Les convulsions qui secouent
l'Europe ne sont pas encore en
train de s'apaiser. Comme lors
d'un violent tremblement de terre,
les grondements souterrains se
poursuivent. Bientôt, ici et là,
la terre s'ouvrira et projettera
du feu vers le ciel, des
événements de nature et de
violence élémentaires continueront
à s'abattre sur les pays. Jusqu'à
ce que tout ce qui rappelle la
folie de cette guerre et la paix
française soit balayé.
|
36
|
«...
und wissen werden, daß diese
Weltrevolution nur mit dem
Weltkrieg begonnen hat. Weder
Versailles noch Saint Germain
werden ein dauerndes Werk
schaffen. In diesem Frieden liegt
der zersetzende Keim des Todes.
Die Krämpfe, die Europa schütteln,
sind noch nicht im Abnehmen. So
wie bei einem gewaltigen Erdbeben
dauert das unterirdische Grollen
an. Immer wieder wird sich bald
hier, bald dort die Erde öffnen
und Feuer gegen den Himmel
schleudern, immer wieder werden
Ereignisse elementaren Charakters
und elementarer Gewalt verheerend
über die Länder stürmen. Bis alles
das hinweggefegt ist, was an den
Wahnsinn dieses Krieges und die
französischen Frieden erinnert.
|
Lentement, dans
d'indicibles souffrances, un
nouveau monde naîtra. Les
générations à venir regarderont
notre époque en arrière comme un
long mauvais rêve, mais la nuit la
plus noire est suivie un jour par
le jour. Des générations ont
sombré dans la tombe, assassinées,
affamées, succombant à la maladie.
Des millions sont morts en voulant
détruire et anéantir, la haine et
le meurtre au cœur.
|
37
|
Langsam,
unter unsäglichen Qualen, wird
eine neue Welt geboren werden. Die
kommenden Generationen werden
zurückblicken auf unsere Zeit wie
auf einen langen bösen Traum, aber
der schwärzesten Nacht folgt
einmal der Tag. Generationen sind
in das Grab gesunken, ermordet,
verhungert, der Krankheit erlegen.
Millionen sind gestorben in dem
Bestreben, zu vernichten und zu
zerstören, Haß und Mord im Herzen.
|
Mais d'autres générations
se lèvent, et avec elles un esprit
nouveau. Elles construiront ce que
la guerre et la révolution ont
détruit. Chaque hiver est suivi
d'un printemps. C'est là aussi une
loi éternelle du cycle de la vie :
la mort est suivie de la
résurrection.
|
38
|
Aber
andere Generationen erstehen und
mit ihnen ein neuer Geist. Sie
werden aufbauen, was Krieg und
Revolution zerstört haben. Jedem
Winter folgt der Frühling. Auch
das ist ein ewiges Gesetz im
Kreislauf des Lebens, daß dem Tod
die Auferstehung folgt.
|
Heureux ceux qui seront
appelés à participer à
l'édification du monde nouveau en
tant que soldats du travail".
|
39
|
Wohl
denen, die berufen sein werden,
als Soldaten der Arbeit die neue
Welt mitaufzubauen.»
|
Ici aussi, l'appel à
l'esprit nouveau émane d'un esprit
d'homme d'État limité de l'ancien
temps. Eh bien, cet appel au
nouvel esprit doit seulement être
compris et prendre racine dans les
âmes humaines avec suffisamment de
vérité et de sérieux. Car même ce
qu'il y a de plus extérieur dans
la vie est lié à ce qu'il y a de
plus intérieur, les événements
matériels les plus extérieurs sont
liés aux expériences spirituelles
les plus intérieures. Et si nous
regardons ce qui s'est vécu comme
l'esprit qui a atteint son apogée
au début du XXe siècle, dans les
événements de ces dernières
années, nous comprendrons que
l'appel à une nouvelle vie
spirituelle doit se faire
entendre. La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement
voudrait que ses chemins et ses
objectifs pour la construction du
monde soient liés à cette nouvelle
vie de l'esprit, tout comme les
efforts spirituels qu'elle combat
sont manifestement liés aux
terribles événements de ces
dernières années.
|
40
|
Auch
hier aus einem beschränkten
staatsmännischen Geist der alten
Zeit heraus der Ruf nach dem neuen
Geiste. Nun ja, dieser Ruf nach
dem neuen Geiste muß nur begriffen
werden und wahr und ernst genug in
den Menschenseelen Wurzeln fassen.
Denn auch das Äußerlichste im
Leben hängt mit dem Innerlichsten,
die äußerlichsten materiellen
Ereignisse mit den innerlichsten
geistigen Erlebnissen zusammen.
Und wenn wir anschauen, was sich
als der Geist, der im Beginn des
20. Jahrhunderts seinen Höhepunkt
erreicht hat, ausgelebt hat in den
Ereignissen der letzten Jahre,
dann werden wir verstehen, daß der
Ruf eintreten muß nach einem neuen
Geistesleben. Mit diesem neuen
Geistesleben möchte ihre Wege und
Ziele die anthroposophisch
orientierte Geisteswissenschaft
zum Aufbau der Welt ebenso
verbunden haben, wie diejenigen
geistigen Bestrebungen, die sie
bekämpfen, ersichtlich verbunden
sind mit den furchtbaren
Ereignissen der letzten Jahre.
|
Ces jours-ci encore, j'ai
lu une curieuse conférence qui a
été donnée dans le pays balte -
notez la date - le 1er mai
1918. La conférence d'un
physicien, le 1er mai 1918,
se termine par ces mots : "La
guerre mondiale a montré que les
efforts spirituels du présent, les
travaux scientifiques du présent,
sont encore trop isolés. La guerre
mondiale - c'est à peu près ce que
dit ce physicien - nous a appris
qu'à l'avenir, ce qui se fait dans
les laboratoires scientifiques
doit être en relation organique
interne, en échange d'idées
interne permanent avec ce qui se
fait dans les états-majors
généraux. Il faut viser une
alliance intime -- dit ce
physicien - entre la science et
l'état-major général. Il y voit le
salut de l'avenir !
|
41
|
Ich
habe noch in diesen Tagen einen
merkwürdigen Vortrag gelesen, der
im Baltenlande gehalten worden ist
— merken Sie auf das Datum — am 1.
Mai 1918. Da klingt der Vortrag
eines Physikers, am 1. Mai 1918,
aus in die Worte: Der Weltkrieg
hat doch gezeigt, daß noch zu
isoliert dastehen die geistigen
Bestrebungen der Gegenwart, die
wissenschaftlichen Arbeiten der
Gegenwart. Der Weltkrieg -- so
ungefähr sagt dieser Physiker —
hat uns gelehrt, daß zukünftig
dasjenige, was in den
wissenschaftlichen Laboratorien
gearbeitet wird, in innerem
organischem Zusammenhange, in
fortwährendem innerem
Ideenaustausch mit dem stehen muß,
was in den Generalstäben
gearbeitet wird. Es muß ein
innigstes Bündnis angestrebt
werden -- so sagt dieser Physiker
— zwischen der Wissenschaft und
dem Generalstab. Darin sieht er
das Heil der Zukunft!
|
On voit que la science du
passé peut même considérer comme
un idéal les alliances conclues
entre elle et les forces les plus
destructrices de l'humanité. La
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique voudrait conclure
l'alliance entre ses aspirations
spirituelles et toutes les forces
véritablement constructrices de la
civilisation humaine.
|
42
|
Man
sieht, die Wissenschaft der
Vergangenheit kann Bündnisse, die
zwischen ihr und den
zerstörendsten Kräften der
Menschheit geschlossen werden,
sogar als Ideal ansehen.
Anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft möchte das
Bündnis zwischen ihrem geistigen
Streben und allen wahrhaft
aufbauenden Kräften der
Menschheitszivilisation schließen.
|
Français
seulement
CHEMINS ET BUTS
DE LA SCIENCE DE L'ESPRIT (ANTHROPOSOPHIE)
Première conférence, Bâle, 5 janvier 1920
01
Celui qui dehors, dans le voisinage, observe
le bâtiment qu'on appelle le Goetheanum,
consacré à ce une université libre pour la
science de l'esprit, qui veut servir les
intérêts de l'esprit et de la civilisation de
l'avenir, peut tout d'abord être étrangement
touché par les formes et la manière du style
qui se présentent à lui. On peut avoir
beaucoup d'objections à ce que l'on voit là.
Ceux qui participent à la construction
pourront tout à fait comprendre ces
objections, à savoir qu'il s'agit d'un essai
provisoire, si elles sont issues d'une bonne
volonté. Mais face à cette construction, il
faut soulever une certaine question,
caractéristique de tout ce que veut et aspire
le mouvement spirituel dont cette construction
doit être le représentant. Si l'on avait eu
besoin, de manière habituelle, d'ériger
quelque part un bâtiment indépendant pour un
certain courant spirituel, pour un certain
type d'activité spirituelle, on se serait sans
doute adressé à tel ou tel architecte, à tel
ou tel artiste, et l'on aurait peut-être
négocié avec eux ce qui devait être fait dans
un tel bâtiment, et l'on aurait alors érigé,
dans un style antique, dans un style
Renaissance ou dans un autre style quelconque,
un bâtiment dans lequel cette activité de
science spirituelle devait trouver sa demeure.
Il n'y aurait qu'un rapport extérieur entre
les formes à l'intérieur du bâtiment et autour
du bâtiment dédié à cette activité spirituelle
et cette dernière elle-même.
02
Cela ne pouvait pas être fait ainsi pour ce
mouvement spirituel. Il s'agit ici de créer
pour un certain courant spirituel une
enveloppe extérieure qui, dans son ensemble et
dans chaque détail, même le plus infime, est
comme née de l'ensemble de la pensée, du
ressenti et du vouloir de ce mouvement
spirituel lui-même. Il s'agissait de créer
dans les formes extérieures, jusque dans le
moindre détail, quelque chose qui soit une
expression extérieure de ce qui est voulu
intérieurement, de la même manière que la
parole ou toute autre chose qui doit exprimer
le contenu de ce mouvement spirituel lui-même.
On ne pouvait donc pas se tourner vers un
quelconque style déjà existant, vers un
quelconque langage formel transmis par
l'histoire. Il fallait alors puiser dans le
même fondement spirituel, d'où est tiré le
contenu de la vision du monde, ce qui apparaît
à l'œil nu dans les formes de construction.
Cela ne réside pas seulement dans l'impulsion
la plus intime du mouvement de la science de
l'esprit, qui se nomme aussi anthroposophique,
mais dans toute la manière dont ce mouvement
saisit sa mission, ses voies, ses objectifs
par rapport aux grandes exigences du monde
civilisé actuel.
03
Ce mouvement spirituel ne veut pas être une
quelconque théorie extraite, une science qui
n'occupe que l'intellect, il ne veut pas être
quelque chose qui ne peut servir qu'à
satisfaire unilatéralement les intérêts
intérieurs de l'âme, il veut être quelque
chose qui peut cependant donner une
satisfaction, une satisfaction intime à ces
désirs de l'âme humaine qui vont vers une
vision du monde. Mais il veut ancrer cette
vision du monde si fermement dans la réalité
qu'elle puisse intervenir dans toute la vie
pratique. Et c'est ainsi que ce que nous avons
pu accomplir tout d'abord seuls, la création
directe de formes architecturales et
artistiques pour notre cause, est
caractéristique de tout ce mouvement. De même
qu'il n'est intervenu directement dans la vie
la plus pratique que dans un domaine restreint
et apparemment éloigné de la vie extérieure,
de même ce mouvement spirituel veut chercher
des chemins et montrer des objectifs qui
s'étendent à tout ce qui est social, à tout ce
qui est moral, à toute la vie commune humaine
à concevoir dans sa plus large étendue. Les
idéalistes qui s'appuient sur cette science de
l'esprit ne doivent pas être des idéalistes
étrangers au monde, mais ils doivent devenir
des idéalistes capables d'intégrer directement
dans leur vie pratique ce qui sort de leur
âme. Et tout ce qui est souvent si étranger à
ce que l'humain pense doit être harmonisé avec
ce qui se trouve dans les aspirations les plus
intimes de l'âme humaine. La pratique de la
vie extérieure doit s'unir à ce par quoi
l'humain cherche ses impulsions morales,
développe ses instincts sociaux, s'adonne à
son culte religieux. Avec une telle mentalité,
avec une telle vision, ce courant spirituel
scientifique est aujourd'hui encore assez
éloigné de ce qui est recherché, voulu, voire
considéré comme donc ce qui est correct dans
les cercles les plus larges des humains
cultivés d'aujourd'hui.
04
On peut voir qu'il doit en être ainsi, mais
aussi qu'il est nécessaire qu'un tel mouvement
spirituel s'inscrive dans notre civilisation
moderne, si l'on tourne le regard vers la
manière dont toute notre vie, dans laquelle
nous nous trouvons aujourd'hui, a en fait
conflué à partir des courants les plus divers.
Je voudrais tout d'abord parler aujourd'hui de
deux courants principaux de notre vie de
civilisation. Nous avons aujourd'hui ce que
nous appelons notre formation spirituelle,
dans laquelle s'enracinent nos convictions
religieuses, dans laquelle naissent nos idéaux
moraux, mais dans laquelle s'enracine
également toute notre vie spirituelle plus
haute. Nous avons ce qui doit permettre à
l'humain de développer ses capacités et ses
forces pour une formation spirituelle au-delà
du travail manuel habituel. Et à côté de cela,
nous avons l'activité pratique de la vie, qui
a reçu des impulsions si intenses au cours des
derniers siècles. Nous avons autour de nous
une technique, certes stimulée par notre
science, mais qui s'immisce profondément dans
la vie sociale et qui a transformé la vie de
la civilisation moderne dans un sens qui
aurait certainement été totalement
insaisissable pour un humain il y a encore
huit ou neuf siècles.
05
Si nous nous demandons maintenant d'où vient
l'un, notre vie de formation spirituelle, qui
ne domine pas seulement nos écoles
supérieures, qui déploie ses pulsions jusque
dans nos écoles primaires, et d'où vient
d'autre part notre pratique de la vie,
traversée par une technique si étendue, on
obtient une réponse dont l'humain
d'aujourd'hui ne se rend pas encore compte.
Mais il suffit - et nous en parlerons plus en
détail dans le troisième exposé - de
considérer ce qui constitue en quelque sorte
le fondement de notre civilisation
occidentale, notamment de sa partie
spirituelle supérieure, de regarder le
christianisme au sens le plus large, et l'on
pourra se dire, même en considérant
superficiellement l'histoire du monde : Si
l'on part de ce qui vit en nous en tant que
conceptions et convictions chrétiennes, à
partir desquelles se sont formées tant de nos
conceptions et convictions spirituelles
générales, beaucoup plus que ce que l'on veut
bien admettre aujourd'hui, si l'on cherche
l'origine de ces convictions et de ces
conceptions, on arrivera finalement au chemin
que le christianisme a pris depuis l'Orient
jusqu'à l'Occident. Et l'on peut continuer à
chercher le fil conducteur que l'on a obtenu
de cette manière, et l'on trouvera que les
chemins qui se présentent lorsque l'on retrace
notre formation spirituelle - ces chemins qui
mènent au latin-romain, au grec, dont notre
formation spirituelle montre pourtant encore
clairement la succession intérieure -, que ces
chemins mènent finalement à la constitution
particulière de l'esprit, à la constitution
particulière de l'âme, par laquelle, il y a
des millénaires, des millénaires
préhistoriques, notre vie éducative, plus
orientée vers l'intérieur, vers le spirituel,
a pris naissance en Orient. Ce n'est que parce
que cette vie éducative, cette conception
intérieure de l'esprit a beaucoup changé au
cours des siècles et des millénaires, que nous
ne remarquons plus aujourd'hui comment elle
tire son origine de ce qui, comme je l'ai dit,
a pris naissance avant les millénaires
préchrétiens, à partir d'une constitution
d'esprit qui est devenue tout à fait étrangère
aux humains civilisés d'aujourd'hui. Pour
comprendre ce vaste chemin, il ne faut pas
seulement revenir à ce que l'historiographie
extérieure, étayée par des documents, nous
offre, il faut aller au-delà de ce que cette
historiographie peut dire, précisément dans
les temps préhistoriques. Cela devient bien
difficile pour l'humain présent. Car il pense
au plus profond de lui-même qu'il est allé "si
loin" dans les choses de l'esprit au cours des
derniers siècles, peut-être seulement du tout
dernier siècle, que tout ce qui se situe à des
époques auxquelles il vient d'être fait
allusion doit être relégué dans le domaine de
l'enfance, du primitif.
06
Mais celui qui, sans se laisser troubler par
un tel préjugé, parvient à remonter le chemin
jusqu'à l'ancienne culture de l'Orient, voit
que, dans les temps préchrétiens, la
civilisation et la formation de l'esprit en
Orient étaient essentiellement différentes,
mais qu'elles offraient aux âmes humaines des
contenus spirituels tout à fait intenses.
Seulement, ceux-ci étaient atteints d'une tout
autre manière, je dirais même d'une manière
radicalement différente de ce qui est atteint
aujourd'hui par les humains qui doivent
maîtriser une formation spirituelle plus haute
dans des écoles supérieures.
07
Celui qui devait un jour acquérir la culture
spirituelle plus haute dans l'Orient ancien
devait subir une transformation complète de
tout son être humain, après avoir été choisi
par les directeurs et les responsables des
centres de formation concernés. Je parle des
lieux de formation de cet Orient ancien. Ils
sont accessibles à la science de l'esprit dont
il est question ici, du point de vue de la
connaissance ; mais si l'on est suffisamment
libre de préjugés, si l'on a un certain
courage de penser et de connaître, alors on
peut aussi déduire de ce qui nous est transmis
par l'histoire ce qui existait là dans les
temps anciens. Il faut parler de ces lieux de
formation de telle sorte qu'ils avaient comme
une unité interne ce qui chez nous se présente
séparément. Ces lieux de formation, auxquels
se rattache tout ce que nous portons encore en
nous aujourd'hui, mais sous une forme
essentiellement transformée, étaient à la fois
ce que nous appelons aujourd'hui l'église,
mais aussi ce que nous appelons aujourd'hui
l'école, étaient aussi ce que nous appelons
aujourd'hui les institutions artistiques.
L'art, la science et la religion formaient une
unité dans les civilisations humaines plus
anciennes. Et celui qui devait se développer
dans ces lieux de formation devait faire
évoluer tout son être humain. Il devait
transformer tout son être humain. Il devait
adopter une autre forme de pensée que celle
qui est efficace dans la vie quotidienne. Il
devait s'abandonner à la pensée contemplative.
Il devait s'habituer à traiter la pensée comme
on le fait habituellement avec le monde
extérieur. Mais il a aussi dû s'habituer à
transformer toute sa vie affective et sa
volonté. Il est difficile aujourd'hui de se
faire une représentation de ce qui a été
recherché dans cette direction. Car comment
pensons-nous vraiment sur notre vie ? Nous
admettons que l'enfant doit être développé.
Ses capacités et ses forces, avec lesquelles
il est plongé dans le monde, doivent être
développées par l'éducation. Eh bien, l'enfant
ne peut pas s'éduquer lui-même ; les autres,
les adultes, ont d'abord l'idée que l'enfant
doit être développé avec ses capacités et ses
forces. Et nous faisons aussi en sorte que
l'enfant pense, ressente et veuille
différemment de ce qu'il est à sa naissance
dans le monde. Mais si nous exigeons de
l'humain qu'il poursuive son développement
même lorsqu'il est déjà parvenu à sa propre
volonté, lorsque les autres ne s'occupent plus
de son développement à partir de leurs
conceptions, alors l'humain actuel trouve là
une étrange imposition ; car on ne doit être
développé que tant qu'on ne peut pas s'occuper
de ce développement par sa propre volonté,
qu'on ne peut pas le prendre en main. Si l'on
parvient une fois à une certaine liberté en ce
qui concerne son propre développement, alors
on abandonne l'évolution. C'est l'orgueil
intellectuel dans lequel nous vivons
aujourd'hui. Au moment où nous serions en
mesure de prendre en main notre propre
évolution, nous pensons que nous sommes déjà
prêts et nous nous présentons dans le monde
comme des humains finis.
08
Une telle vision n'existait pas à l'intérieur
de cette civilisation à laquelle j'aimerais
faire allusion ici, mais l'humain fut
développé plus loin et toujours plus loin. Et
justement ainsi que ce que l'enfant est
capable de reconnaître, de ressentir, de
faire, après être passé par une certaine
formation, représente une sorte d'éveil dans
la constitution d'âme, de même il y a un tel
éveil pour le développement ultérieur que
l'humain peut maintenant prendre en main.
C'est à cet éveil aux activités de l'âme, qui
étaient supérieures aux activités ordinaires,
dans le même sens que les capacités
supérieures des adultes sont supérieures à
celles des enfants, que l'élève oriental des
mystères a été éduqué. Et l'on avait
l'intuition que seul celui qui avait vécu cet
éveil ultérieur dans le meilleur sens du terme
était capable de juger des affaires les plus
élevées de la vie. Et on n'a pas seulement été
préparé à être un homme qui, lorsqu'il
réfléchit, lorsqu'il développe un certain
sentiment et une certaine émotion intérieure,
se sent satisfait de la connaissance de son
lien avec un monde spirituel, non, on n'a pas
seulement développé la capacité d'une vision
du monde, on a développé les capacités par
lesquelles la vie sociale et technique
extérieure était dirigée, par lesquelles la
vie commune humaine était dirigée. Toute la
vie était alors influencée par la formation et
l'évolution spirituelle.
09
Il nous est si difficile de nous replacer dans
le contexte qui prévalait il y a des
millénaires en Orient, au point de départ de
notre évolution humaine récente, parce que
notre état d'âme tout entier est devenu autre
au fur et à mesure de l'évolution de
l'humanité, parce que nous sommes parvenus à
d'autres sensations et à d'autres visions sur
la vie. Pour les humains qui se trouvaient
dans la formation de l'esprit évoquée ici, il
était instinctif de s'élever vers une telle
transformation de l'être humain. Les instincts
de ces humains étaient différents. Ils
tendaient vers une telle contemplation de la
vie de l'esprit après une certaine
transformation. Les humains qui n'ont pas
suivi eux-mêmes une telle formation ont
regardé vers le haut, à partir de leurs
instincts qui étaient aussi présents chez eux,
vers ce que les personnes formées pouvaient
leur donner. Ils les suivaient en rapport à la
formation de leur vie psychique intérieure.
Mais ils les ont également suivis en ce qui
concerne l'organisation de la vie sociétale,
en ce qui concerne le se-placer dans la vie
globale.
10
Les instincts qui ont conduit à une telle vie
sont tout autant issus de la culture générale
actuelle de l'humanité que les instincts
particuliers de l'âme de l'enfant ont été
transformés chez l'adulte. Mais grâce à ces
instincts, en relation avec ce qui est sorti
de ces lieux de formation que l'on peut
justement appeler des mystères, il en résulta
une disposition de l'âme humaine par laquelle
on ne pouvait pas faire autrement que de
chercher ce qui est le noyau de l'être de
l'humain, non pas ici dans le cercle de la vie
qui enferme le corps humain en lui-même, mais
toute cette conception de la vie conduisait à
cela, à s'élever en quelque sorte
instinctivement, à s'élever dans une
conscience tout à fait populaire vers l'homme
supérieur dans l'humain, vers ce qui dans
l'humain est essentiellement de nature
spirituelle et psychique, vers ce qui dans
l'humaine apparaît certes dans le corps
sensible pour la période entre la naissance et
la mort, mais qui est en soi éternelle et
appartient à un monde spirituel dans lequel on
regardait justement instinctivement. Quelque
chose de surhumain, si je peux utiliser cette
expression qui est devenue un peu inquiétante
pour les adeptes de Nietzsche, quelque chose
de surhumain était considéré comme l'essence
de l'humain. Ce sur quoi l'humain regardait
comme sa propre essence était quelque chose
qui dépassait l'humain ordinaire. C'est en
cela que cette formation était grande :
rechercher l'humain d'après un spirituel et
d'âme, qui trouve dans le corporel seulement
son expression, qui de monde spirituel d'âme
intervient dans tout l'être humain à partir du
monde spirituel et d'âme, dirigeant cet être
humain dans ses manifestations/extériorisation
les plus matérielles à partir du spirituel et
d'âme.
11
En de nombreuses métamorphoses, à travers de
nombreuses transformations, ce qui vint en
l'état comme le contenu de la formation de
l'esprit a alors été élaboré en Orient en de
larges transformations, est arrivé en Grèce.
Cela y apparaît, j'aimerais dire, filtré.
Tandis que dans la plus ancienne période
grecque, que Friedrich Nietzsche a appelée
l'âge tragique des Grecs, nous voyons encore
quelque chose d'une telle orientation de
l'humain entier vers l'humain supérieur, dans
la période grecque ultérieure apparaît ce que
l'on peut appeler, dans un sens plus
englobant, l'essence dialectique, purement
intellectuelle, de l'humain. Tout le contenu
riche et intensément humain d'une culture
primitive a été en quelque sorte filtré et
filtré encore et encore, et c'est dans son
état le plus dilué qu'il est parvenu à notre
époque. Et cela forme ainsi l'un des courants
de notre vie qui monta absolument jusqu'à
l'humain spirituel d'âme et donna à l'humain
une conscience qui lui a permis de se sentir à
chaque instant de la vie, dans la prière et
dans le travail le plus sale, comme une
expression extérieure de l'humain spirituel et
psychique.
12
Nous verrons dans le troisième exposé que le
mystère du Golgotha, à partir duquel le
christianisme s'est développé sur cette terre,
est un fait en soi qui peut être compris de
différentes manières à différentes époques.
Mais ce à partir de quoi on a forgé la
compréhension suivante de ce mystère du
Golgotha, c'est ce que l'on avait rapporté
comme formation depuis l'Orient. Et au fond,
dans tout ce que nous faisons encore
aujourd'hui pour comprendre le christianisme
vit ce qui est la dernière expérience de
l'Orient, toutefois diluée à la mesure de
l'esprit. Il y a une certaine particularité de
toute cette configuration d'âme qui vit
seulement plus en nous dans sa dernière
métamorphose. Et cette particularité, il faut
la chercher dans ce qui suit.
13
Aussi grande et puissante que soit cette
conception du monde en rapport à l'ascension
vers le surhumain dans l'humain, descendre
vers ce vers quoi la civilisation occidentale
est montée et dans quoi elle est devenue
grande, cette civilisation orientale n'aurait
jamais pu le faire. Elle a pu produire le
surhomme, le spirituel-psychique, elle n'a pas
pu produire autre chose. C'est une chose à
laquelle j'ai déjà fait allusion ici dans
d'autres contextes. C'est précisément à
l'époque où la dernière métamorphose de la vie
de l'esprit orientale commençait à prendre
place en Occident que commença un début à une
nouvelle vie vie de l'esprit, à une vie de
l'esprit qui, jusqu'à notre époque, a
toutefois produit d'énormes fleurs dans la
pratique de la vie, mais des fleurs d'un tout
autre sorte que la vie de l'esprit orientale
que j'ai justement décrite. Regardons ces
autres fleurs.
14
J'aimerais là encore une fois attirer
l'attention sur le fait suivant. Comme je l'ai
dit, je l'ai déjà exposé ici sous d'autres
points de vue. Si nous examinons aujourd'hui
les manuels usuels après le nombre d'êtres
humains sur la Terre, on nous dit qu'environ
1500 millions d'humains habitent la Terre. Si
nous regardons ce qui est travaillé à
l'intérieur de la civilisation humaine, si
nous regardons les forces de travail qui sont
actives dans notre être humain et notre vie
humaine, alors nous devons de manière étrange
dire autre chose. Nous devrions alors dire :
la terre travaille comme si elle était habitée
non pas par 1500 millions d'humains, mais par
2200 millions d'humains. Depuis trois ou
quatre siècles, notre monde de machines
travaille ainsi que par là du travail est
fourni que l'on pourrait se penser aussi
fourni par des humains. Nous remplaçons la
force de travail humaine par de la force de
machines. Et si l'on convertit ce que nos
machines fournissent en force humaine de
travail, ainsi on en obtient, si l'on
considère un temps de travail de huit heures,
que le travail de notre Terre contient sept à
huit fois cent millions d'hommes, c'est-à-dire
non pas des humains réels, mais du travail
humain, mais fourni par des machines.
15
C'est quelque chose qui est livré à la
civilisation de l'humanité par ces forces
spirituelles qui ont grandies à l'humain de
l'Ouest, ces forces spirituelles qui
n'auraient jamais pu se développer en ligne
droite à partir de cette culture intérieure de
l'esprit et de l'âme qui s'était élancée de
manière si grandiose vers le surhumain, vers
l'humain supérieur dans l'humain, vers
l'humain spirituel psychique. Cette culture
est restée à certaines hauteurs de l'âme. Elle
n'embrassait pas ce que nous appelons
aujourd'hui la vie pratique. Elle n'aurait
jamais pu placer un métal mort ou un autre
matériau dans un contexte tel que travaille
parmi les humains, non toutefois un surhumain,
mais un sous-humain, un humain qui est en fait
un homoncule vis-à-vis de l'humain de chair et
de sang, un mécanisme qui introduit dans la
culture humaine ce que les humains pourraient
y introduire sinon. C'est l'essence même de
notre vie intellectuelle occidentale. C'est
d'autant plus caractéristique pour notre vie
de l'esprit occidentale que plus nous allons
vers l'Ouest, où l'humain mécanique, le
sous-homme, est issu de cette vie de l'esprit,
comme l'humain psycho-spirituel, le surhomme,
est issu de la vie de l'esprit orientale.
16
Mais le fait que de telles choses aient pu
être créées en Occident n'est pas ici un
phénomène isolé de la vie de civilisation.
C'est lié à toute la formation du représenter,
du sentir et du penser. Les humains qui ont
introduit cet homoncule dans la vie sont
naturellement grands dans toute la
constitution de leur âme, évidemment grands
d'après l'autre direction que l'humain
oriental. Aujourd'hui, on ne peut pas
comprendre la vie si on ne peut pas comprendre
cette opposition dans toute son intensité. Car
d'une part, cet humain moderne porte encore en
lui la dernière métamorphose de ce qui lui est
venu d'Orient, et d'autre part, il absorbe
depuis des siècles déjà l'autre élément, qui
est l'essentiel de la vie de l'esprit
occidentale. Une compensation n'est pas encore
là aujourd'hui. Ils sont là comme deux
courants séparés l'un de l'autre, le courant
du surhumain, quand bien aussi très modifié,
le courant du sous-humain, même s'il n'en est
qu'à ses débuts. Et l'humain moderne, l'humain
du présent, lorsqu'il prend conscience que ces
deux courants vivent non médiés dans son âme,
il souffre psychiquement, spirituellement et
probablement/volontiers aussi corporellement
de la discordance qui là en sort. Certes, ce
sont des choses qui se déroulent si
profondément dans ce qui reste inconscient et
subconscient que dans la conscience de
l'humain, non seulement dans celle-ci, mais
même dans sa constitution corporelle, il entre
tout autre chose que la cause réelle. L'humain
moderne se trouve nerveux, il se trouve
insatisfait des conditions. On pourrait citer
des centaines de choses sur la façon dont cet
humain moderne ressent un désaccord entre
lui-même et l'environnement, sur la façon dont
ce désaccord s'exprime aussi dans sa santé
corporelle. Ce qui a été évoqué est
sous-jacent. Derrière tout cela se cache la
grande question : comment harmoniser, pour la
civilisation de l'avenir, ce qui a produit le
sous-homme avec ce qui vit en nous dans sa
dernière phase, comme héritage d'une
civilisation qui a conduit à l'humain
spirituel et psychique ?
17
Ce qui repose là dans les forces de notre
civilisation, comme je viens de vous
l'indiquer, la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique cherche
particulièrement à le placer devant l'âme.
Elle voit comme un objectif nécessaire, porté
par les exigences les plus importantes de
notre temps, un équilibre entre les forces de
l'âme qui ont conduit dans une direction et
les forces de l'âme qui ont conduit dans
l'autre direction. Et elle est consciente de
l'immense nécessité et de l'importance pour
l'humanité de trouver les moyens d'atteindre
ce but. J'ai appelé la vie de l'esprit
orientale "instinctive".
18
Cette vie de l'esprit était née des instincts
des anciens humains. Nous l'avons obtenue en
héritage. Mais nous l'avons obtenue dans un
état déjà intellectualisé ; elle s'est
inscrite/mis à vivre dans notre civilisation
sous forme de concepts, de représentations de
sorte bien abstraite. Car nous n'avons plus
les instincts qu'avait le porteur autrefois de
cette vie de l'esprit. On peut fantasmer tant
qu'on veut sur le fait que l'humain
contemporain devrait retourner à la naïveté,
qu'il devrait à nouveau devenir instinctif. On
a certainement raison, en une certaine
relation, avec une telle exigence. Mais la
naïveté s'exprimera autrement qu'auparavant.
La vie instinctive prendra d'autres
directions. Et exiger que nous devenions comme
les humains des millénaires précédents, cela
revient à exiger que l'adulte joue comme
l'enfant. Non, nous ne pouvons pas retourner,
pour satisfaire nos besoins les plus profonds
de l'âme, dans la civilisation des millénaires
révolus, et nous ne pouvons pas non plus, si
nous ne voulons pas tomber dans la décadence,
crier en tant qu'Occidentaux "ex oriente lux"
; non, nous n'avons pas la permission de crier
cela, c'est de l'Orient que nous viendrait la
lumière. Car la lumière qui s'y trouve
aujourd'hui a elle aussi subi de nombreuses
métamorphoses, et nous ne pouvons absolument
pas nous bercer de l'illusion que ce que l'on
trouve encore aujourd'hui quelque part en
Orient représente une spiritualité qui
pourrait d'une manière ou d'une autre
intervenir de manière fructueuse dans notre
civilisation. C'était une décadence de la pire
sorte lorsqu'un mouvement théosophique s'est
affirmé à partir des besoins religieux et
culturels de l'Occident, à partir de l'âge des
machines qui s'était également formé une
vision du monde mécaniste qui ne peut pas
satisfaire l'humain, c'était une décadence de
la pire espèce qu'on aille dans le domaine qui
a aujourd'hui l'héritage oriental décadent
d'une vie spirituelle des temps passés. Si
l'on a recherché aujourd'hui la culture
indienne pour l'intégrer à la théosophie de
l'Occident, cela a montré à quel point on
était devenu stérile/infécond, à quel point
les forces créatrices ne s'excitaient plus à
partir de la vie de l'esprit propre, à quel
point on ne pouvait être grand que dans le
mécanistique, mais à quel point on ne trouvait
pas de chemin propre dans les domaines dont
l'âme a besoin pour sa conception de la
véritable essence spirituelle et d'âme de
l'humain.
19
Cette tendance ne repose d'ailleurs que trop à
la base de la vie actuelle. Ne voyons-nous pas
comment ceux qui sont insatisfaits du
christianisme actuel font souvent des
recherches ? Comment était le christianisme
autrefois ? Comment était le christianisme
primitif ? Faisons à nouveau comme les
premiers chrétiens. Comme si nous n'avions pas
progressé depuis lors, comme si nous n'avions
pas besoin d'une nouvelle compréhension du
christianisme ! Oh, il y a partout la
caractéristique de la stérilité, de
l'impossibilité de créer soi-même. Non, ce
n'est pas ce que veut la science de l'esprit
d'orientation anthroposophique : faire des
emprunts à une quelque culture ancienne ou à
la succession actuelle d'une culture ancienne.
20
C'est tout de suite quand on comprend le
caractère concret de ce dans quoi s'enracine
la science de l'esprit d'orientation
anthroposophique que l'on envisagera
facilement ce qui a été dit. Vous pouvez
entendre comment l'Oriental actuel cherche
encore, je dirais, à reproduire d'anciennes
méthodes, le chemin vers le spirituel dans un
certain processus de respiration, dans une
régulation de la respiration qui cherche à
former la constitution humaine par laquelle on
trouve des forces intérieures de connaissance,
de sentiment et de volonté, pour monter dans
le monde spirituel où se trouve l'humain
spirituel-âme, où se trouve la véritable
connaissance de soi. L'Oriental fait
aujourd'hui ce que l'Oriental a toujours fait
au cours des siècles et des millénaires
précédents pour emprunter ce chemin : il
descend de la simple vie intellectuelle de la
tête vers la vie de l'humain tout entier. Il
sait quel est le lien organique interne entre
la manière dont nous inspirons, dont nous
expirons - j'en parlerai encore dans les
prochains jours - et le processus de notre
représenter et de notre pensée. Mais il sait
aussi que le penser et le représenter
croit/pousse comme du processus respiratoire.
Et ainsi j'aimerais revenir à la racine du
penser, au processus de respiration. Dans une
régulation du processus respiratoire, il
cherche le chemin vers en haut dans le monde
spirituel. Nous ne pouvons pas imiter ce
chemin. Si nous l'imitions, nous pécherions
contre notre constitution humaine, qui est
devenue tout autre. La structure interne de
notre cerveau et de notre système nerveux est
autre que celle qui a donné naissance à la
culture spirituelle instinctive de l'Orient.
21
Si nous considérions aujourd'hui comme ce qui
est correct de nous livrer uniquement à un
processus respiratoire régulé, nous renierions
la vie intellectuelle. Nous renierions ce pour
quoi nous sommes aujourd'hui constitués. Nous
devons, pour remonter les chemins vers le
monde spirituel, engager d'autres
métamorphoses. Nous ne devons plus revenir de
la pensée à des processus corporels comme la
respiration, nous devons former la pensée
elle-même. C'est pourquoi la science de
l'esprit actuelle, qui vit à la hauteur de son
époque, doit parler d'une formation de la vie
intellectuelle, mais pas de cette vie
intellectuelle que l'on connaît aujourd'hui
presque exclusivement.
22
C'est tout de suite cette vie intellectuelle
qui nous a rendus comme desséchés, secs et
sobres pour toute l'étendue de la vie. Même si
certains s'insurgent de nos jours contre
l'intellectualisme unilatéral, on ne trouve
rien pour pouvoir vraiment combattre cet
intellectualisme. On sent que les simples
concepts, même ceux qui sont tirés de la
science sérieuse et consciencieuse, laissent
l'âme froide, de sorte qu'elle ne trouve pas
les chemins de la vraie vie. Mais d'un autre
côté, on ne trouve pas la possibilité
d'orienter cette vie intellectuelle dans une
direction qui puisse être satisfaisante, parce
qu'on veut justement éviter ce que la science
de l'esprit dont il est question ici doit
considérer comme ce qui est correct pour
l'humain contemporain. L'humain contemporain
ne peut pas, s'il reconnaît l'aridité, la
sobriété, l'unilatéralité du simple
intellectualisme, aller chercher des émotions
dans ce que l'on appelle souvent une vie
élémentaire du pré-penser et primitive, afin
de s'améliorer en tant qu'humain intellectuel.
Il ne peut pas, je dirais, chercher dans une
vie aveugle que l'on ne comprend pas, ce qu'il
veut coller extérieurement à la civilisation
intellectualiste.
23
C'est pourquoi la science de l'esprit orientée
anthroposophiquement cherche, par le
développement de l'âme par l'exercice, ce à
quoi aspire réellement l'humain moderne pour
la satisfaction réelle de son âme. J'ai décrit
en détail dans la deuxième partie de ma
"Science secrète", dans mon livre "Comment
acquiert-on des connaissances des mondes
supérieurs" et dans d'autres de mes écrits,
comment ce chemin doit être parcouru d'une
manière adaptée à l'humain occidental. En
principe, je veux seulement indiquer qu'il
s'agit de prendre en main la vie de l'âme de
telle sorte que l'on évite toutefois de
développer des représentations, des concepts,
des idées vers le plus haut, que l'on ne
développe donc pas unilatéralement la seule
vie de la pensée, mais que l'on exerce l'âme
de telle sorte qu'avec les pensées elles-mêmes
qui viennent, qui se lient, qui se séparent,
se lient les sentiments les plus vivants.
Tandis qu'aujourd'hui l'intellectualiste
unilatéral est sobre dans sa vie de pensée,
mais laisse aussi cette vie de pensée se
promener dans le domaine de la science,
étranger à la vie, ou dans d'autres domaines,
et vit par ailleurs dans la vie sinon dépourvu
de pensées, ce que la science de l'esprit
d'orientée anthroposophiquement appelle son
exercice cherche à s'approfondir dans la
pensée, mais à développer un sentiment dans
cet approfondissement de la pensée, de sorte
que l'on puisse se réjouir, se mettre en
colère, haïr et aimer ce que l'on ne fait que
penser, haïr et aimer les gens, se mettre en
colère contre les événements extérieurs, de
sorte que toute une vie intérieure
s'épanouisse, s'épanouisse dans une vitalité
telle que la vie extérieure. Les livres cités
doivent justement témoigner du fait que cela
peut être fait de manière systématique.
24
Mais alors, si l'humain cherche de tels
chemins, s'il développe réellement les forces
de connaissance, de sentiment et de volonté
qui dorment en lui, s'il prend en main son
développement non pas à partir du corps, comme
dans l'ancienne culture orientale, dans un
processus respiratoire régulé, mais à partir
de l'âme et de l'esprit, alors il trouve le
chemin vers le monde spirituel. Et quelles
sont les forces qu'il utilise ? Il utilise les
forces qui ont fait la grandeur de sa
civilisation. Il utilise les forces qu'il a
utilisées en développant ses machines, en
développant ses conceptions astronomiques
mécanistes coperniciennes, galiléennes,
keplériennes, newtoniennes. Ce que notre
esprit et notre âme développent dans les
machines en termes de finesse d'imagination,
ce qui vit dans notre astronomie, dans notre
chimie, ce qui réside dans notre vie sociale,
tout cela est formé. L'Oriental n'avait pas du
tout cela. Il n'aurait pas pu poursuivre sa
vie de l'âme jusqu'à ces forces de l'âme. Il
devait aller jusqu'à la respiration du corps
pour emprunter le chemin de la connaissance.
Nous devons commencer là où nous commençons
dans la vie pratique extérieure. Nous devons
partir des mêmes forces de l'âme et de
l'esprit qui vivent dans notre culture
mécaniste et qui ont produit le sous-humain en
sept à huit cents millions d'exemplaires. Nous
devons former un nouvel Orient, c'est-à-dire
une vision du supérieur, de l'éternel, de
l'humain immortel à partir du plus sensuel, du
plus machinal, à partir de ce qui se révèle à
notre civilisation occidentale comme le chemin
vers le sous-humain.
25
Toutefois, il n'est pas en tous points
sympathiques à l'humain moderne qui veut donc
se placer dans la civilisation moderne. Car
cet humain moderne, il exige donc justement
que l'enfant doive se développer, car il ne
peut pas encore prendre lui-même la décision
de son développement. À l'instant où il doit
prendre lui-même la décision, il ne s'engage
plus dans le développement ; à ce moment-là,
on est prêt ; on se fait élire à l'assemblée
municipale, au parlement, car on sait tout. On
connaît tout. On n'a plus besoin de descendre
dans le développement des facultés par
lesquelles on sait quelque chose. On est
critique de tout, une fois que l'on est venu à
la conscience de son arbitraire, une fois que
les autres seuls n'ont plus le droit de faire
n'importe quoi en ce qui concerne l'évolution.
Cet humain moderne doit justement chercher le
chemin pour s'élever à nouveau vers ces
hauteurs où l'on trouve l'humain spirituel et
psychique.
26
Maintenant, la chose est ainsi que, pour
l'instant, l'impulsion intérieure à rechercher
cet humain spirituel et d'âme, à parcourir le
chemin vers ces connaissances, est encore un
renoncement, car ce chemin exige une vie qui
se déroule certes dans la douleur et la
souffrance, une vie que tout le monde ne doit
pas encore mener aujourd'hui, que tout le
monde ne peut pas mener, et que tout le monde
n'a pas non plus besoin de mener. Mais de même
que tout le monde ne peut pas devenir
chimiste, mais que les résultats de la chimie
peuvent être utiles à tous les humains, de
même que tout le monde ne peut pas devenir
astronome, mais que les résultats de
l'astronomie peuvent avoir une influence sur
toutes les âmes, de même il peut y avoir peu
d'explorateurs de l'esprit, mais les résultats
de cette recherche spirituelle peuvent - je
l'ai souvent dit ici - être compris avec le
bon sens/la saine raison analytique ordinaire.
Les rares chercheurs d'esprit peuvent
communiquer leurs visions spirituelles, et le
bon sens humain les comprendra. Mais c'est
justement ce que les gens nient aujourd'hui.
Ils viennent et disent : "Ce que tu nous
communiques, toi, le chercheur d'esprit, ce
sont peut-être de belles fantaisies ; mais
nous les décomposons logiquement, nous ne les
admettons pas, car elles ne se manifestent pas
devant notre bon sens humain. Nous ne sommes
pas encore parvenus à une vision plus élevée.
27
On fait donc l'expérience des choses très
étranges dans ce domaine. Une nouvelle
brochure est justement de nouveau parue sur ce
que je dois représenter aujourd'hui devant
l'humanité en tant que vision du monde
orientée anthroposophiquement. Là, un homme
qui est, disons, "professeur d'université",
dit, alors qu'il me dénigre en tant que
philosophe et, comme il le dit, en tant que
théosophe : oui, ce Steiner prétend qu'il faut
devenir chimiste pour comprendre les choses
chimiques, qu'il faut devenir physicien pour
comprendre les choses physiques ; on peut le
lui accorder. Mais il est maintenant très
étrange de voir comment ce monsieur se
comporte bizarrement. Il dit : tout le monde
peut être d'accord avec le fait que les
chimistes affirment ceci ou cela, car s'il
devient lui-même chimiste, il comprendra que
c'est juste ; tout le monde peut être d'accord
avec ce que les physiciens affirment, car s'il
devient lui-même physicien, il comprendra que
ce que les physiciens disent est juste. Mais
pour voir ce que dit la science de l'esprit,
il faudrait donc développer des capacités
particulières.
28
Je ne dis pas autre chose non plus. De même
que l'humain doit devenir chimiste pour avoir
un jugement sur la chimie, de même que
l'humain doit devenir physicien pour avoir un
jugement sur la physique, de même l'humain
doit devenir chercheur en science de l'esprit
pour décider sur la science de l'esprit. Mais
maintenant, en poursuivant son texte, cet
étrange - peut-être n'est-il pas étrange du
tout - professeur d'université dit : "Il ne
s'agit pas du fait que ce que Steiner affirme
ne peut être justifié que devant des gens
formés en science de l'esprit, mais cela doit
se justifier devant moi ! C'est-à-dire que
cela doit se justifier devant celui qui non
seulement n'en a pas la moindre nuée, mais qui
ne veut pas non plus s'en procurer.
29
Il s'agit toutefois d'un "bon sens", écrit
entre guillemets, qui ne permet pas de
comprendre ce que la science de l'esprit a à
enregistrer. Le bon sens impartial le saisira.
Oui, on pensera peut-être encore à l'avenir à
ces choses de manière tout à fait autre de ce
que l'on a l'habitude de penser aujourd'hui
dans de nombreux cercles. Le monde est là. Les
philosophes se sont toujours disputés à propos
du monde. Eh bien, les philosophes auront tout
de même du bon sens. Et on peut même dire, si
l'on est impartial, que la philosophie vaut
mieux que sa réputation. Mais les philosophes
se disputent. Et si l'on est impartial, on
peut même reconnaître une certaine
perspicacité dans le domaine philosophique à
celui qui dit le contraire de ce qu'un autre
avance, à nouveau à partir d'une certaine
perspicacité. Oui, si l'on est impartial dans
ce domaine, on en vient à porter un jugement
très étrange sur le bon sens. Il est là. Les
gens parlent en général avec ce bon sens. Mais
il n'est pas du tout apte à comprendre le
monde, sinon les philosophes n'auraient pas
besoin de se disputer. Ce bon sens ordinaire
ne semble pas du tout apte à comprendre le
monde qui se présente extérieurement aux sens.
Qu'on essaie de voir s'il comprend ce que la
science de l'esprit a à dire, et l'on verra
que le chemin s'ouvrira pour que l'on
comprenne précisément cela. Ce n'est pas
seulement un préjugé, c'est aussi de la poudre
aux yeux, quand on dit : les scientifiques de
l'esprit affirment aussi des choses
différentes ; l'un ceci ou l'autre cela. On
dit cela sans connaître les faits. Si l'on
apprend à connaître les faits, on n'affirmera
plus cela.
30
Il faudra donc surmonter bien des préjugés et
surtout bien des pressentis si la science de
l'esprit orientée anthroposophiquement pensée
ci doit se placer dans la vie moderne. Mais
elle devra s'y insérer. Car le chemin devra
être trouvé de relier les deux courants
spirituels vous ayant été caractérisé
aujourd'hui. Nous ne pouvons pas devenir des
réactionnaires pour revenir à des formations
spirituelles antérieures. Nous devons nous
placer dans ce qu'a produit l'ère de science
de la nature, l'ère mécaniste. Mais nous
devons spiritualiser les forces qui ont
produit un Copernic, un Galilée, un Giordano
Bruno, un Röntgen, un Becquerel et ainsi de
suite jusqu'à nos jours, nous devons
spiritualiser les forces jusqu'à ce que, grâce
à ces mêmes forces de l'âme humaine, par
lesquelles nous construisons des machines,
nous nous élevions aussi jusqu'à la
connaissance de l'humain spirituel-âme. Alors,
nous ne parlerons plus purement de l'esprit,
alors nous pourrons donner un contenu à
l'aspiration à l'esprit.
31
C'est ce qui touche de si près l'observateur
profond de la civilisation contemporaine : les
gens parlent aujourd'hui beaucoup de l'esprit,
mais ne donnent aucun contenu à ce discours
sur l'esprit. C'est ainsi que naissent des
visions du monde d'un côté, et que la pratique
de la vie est liée de manière inorganique à
ces visions du monde de l'autre côté, comme le
serait notre vision du monde basée sur la
science de l'esprit dans une maison qui porte
un style architectural ancien. Notre vision du
monde orientée les spirituellement
scientifiquement veut vivre dans des formes de
construction qui sont nées d'elle. Elle doit
créer et peut créer de telle sorte qu'elle
soit capable de pénétrer la vie matérielle
extérieure jusque dans les détails techniques,
jusque dans les enchaînements sociaux. Alors,
ce sera cette science de l'esprit pourra
devenir le porteur d'une civilisation qui
trouvera les bons chemins vers les objectifs
qui ont été évoqués aujourd'hui. Alors ce sera
cette science de l'esprit qui ne laissera plus
devenir grande cette vie dont on peut dire :
maintenant oui, certains aspirent de nouveau à
l'esprit ; ils exigent que l'humain qui
travaille dur à l'usine ne travaille plus
purement à l'usine, mais qu'il ait
suffisamment de temps de reste pour se
consacrer aussi à l'esprit. Oh, non, la
science de l'esprit n'exige pas seulement que
l'on travaille à l'usine et qu'en fermant la
porte derrière soi, on sorte de l'usine pour y
trouver la vie de l'esprit. Non, la science de
l'esprit exige l'inverse : que, lorsqu'on
ouvre l'usine pour aller travailler, on y
porte l'esprit, afin que chaque machine soit
imprégnée de ce qui porte aussi la vision du
monde vers les hauteurs les plus élevées de la
connaissance, de l'immortalité. La science de
l'esprit n'aimerait pas laisser du temps pour
l'esprit, mais imprégner tout le temps de ce
que l'humain peut trouver comme le contenu de
son esprit.
32
Maintenant les humains réclament souvent de
l'esprit. Un livre sur le socialisme vient de
paraître - il y a toutes sortes de visions
pleines de sensation et parfois aussi
raisonnables - de Robert Wilbrandt, professeur
d'université à Tübingen. Il s'en dégage : oui,
mais nous n'irons pas plus loin avec le
socialisme si nous ne trouvons pas le nouvel
esprit, la nouvelle âme. Dans les dernières
pages du livre, c'est donc le cri pour
l'esprit, pour l'âme ! Mais si l'on amène un
tel homme, une telle personnalité, là où l'on
doit donner un contenu à l'esprit, là où l'on
n'évoque pas seulement in abstracto l'esprit
et l'âme, là où l'on parle de contenus
spirituels et d'âme, comme la science de la
nature parle de contenus naturels, là la
personnalité concernée se dérobe, là elle n'a
pas le courage d'avouer qu'elle a un véritable
esprit substantiel/plein de contenu. Et c'est
ce que nous voyons chez beaucoup. Ils crient à
l'esprit. Mais lorsque l'esprit cherche un
véritable contenu, alors ils ne s'y retrouvent
pas. Ils en restent à la simple évocation
d'une union abstraite des âmes humaines avec
le spirituel. C'est ce que la science de
l'esprit d'orientation anthroposophique
cherche comme chemin : le chemin vers un
contenu spirituel réel, vers un monde
spirituel réel, à partir de nos propres forces
de connaissance organiques comme but : former
les deux courants, l'orientalisme et
l'occidentalisme, qui sont simplement réunis
en nous de manière inorganique, en une
aspiration qui, à partir de nos propres
aspirations, trouve le chemin vers le bas dans
le mécanisme, et vers le haut dans la
spiritualité la plus élevée.
33
Des explications supplémentaires de ce thème,
que je donnerai demain et après-demain, où
aussi maint pourra être caractérisé plus
largement, que je n'ai pu le faire aujourd'hui
comme l'introduction, j'aimerais encore
envoyer d'avance en guise de conclusion, ce
qui suit : l'appel à une nouvelle spiritualité
traverse aujourd'hui de nombreux cœurs et de
nombreux esprits et, d'une certaine manière,
on pressent déjà que notre malheur, qui s'est
manifesté de manière si terrible et si
effroyable au cours des cinq dernières années,
est lié dans le monde extérieur au fait que
notre esprit est arrivé dans une impasse.
Qu'il faut briser un mur pour avancer en
esprit. On pressent que nous ne pouvons pas
avancer dans le social, le politique, le
technique extérieur sans un nouvel esprit. Un
homme qui n'a peut-être pas toujours joué un
rôle tout à fait avantageux, mais qui a
peut-être été plus habile que certains de ses
collègues parmi les "hommes d'État" - je le
dis entre guillemets quand je parle d'hommes
d'État aujourd'hui - au cours des dernières
années, a maintenant aussi - les hommes d'État
et les généraux écrivent aujourd'hui des
souvenirs de guerre -, a maintenant aussi
écrit ses souvenirs de guerre. Ils se
terminent par les mots suivants :
34
La guerre continue, même si elle a changé de
forme. Je crois que les générations à venir
n'appelleront pas du tout le grand drame qui
domine le monde depuis cinq ans la guerre
mondiale, mais la révolution mondiale...".
35
C'est ce que dit Czernin, l'homme d'État
autrichien. Il y en a donc au moins un qui
voit déjà comment les choses sont liées, même
si c'est encore dans une mesure très limitée.
Et il poursuit :
36
… et nous saurons que cette révolution
mondiale a seulement commencé avec la guerre
mondiale. Ni Versailles ni Saint-Germain ne
créeront une œuvre durable. Dans cette paix se
trouve le germe corrosif de la mort. Les
convulsions qui secouent l'Europe ne sont pas
encore en train de s'apaiser. Comme lors d'un
violent tremblement de terre, les grondements
souterrains se poursuivent. Bientôt, ici et
là, la terre s'ouvrira et projettera du feu
vers le ciel, des événements de nature et de
violence élémentaires continueront à s'abattre
sur les pays. Jusqu'à ce que tout ce qui
rappelle la folie de cette guerre et la paix
française soit balayé.
37
Lentement, dans d'indicibles souffrances, un
nouveau monde naîtra. Les générations à venir
regarderont notre époque en arrière comme un
long mauvais rêve, mais la nuit la plus noire
est suivie un jour par le jour. Des
générations ont sombré dans la tombe,
assassinées, affamées, succombant à la
maladie. Des millions sont morts en voulant
détruire et anéantir, la haine et le meurtre
au cœur.
38
Mais d'autres générations se lèvent, et avec
elles un esprit nouveau. Elles construiront ce
que la guerre et la révolution ont détruit.
Chaque hiver est suivi d'un printemps. C'est
là aussi une loi éternelle du cycle de la vie
: la mort est suivie de la résurrection.
39
Heureux ceux qui seront appelés à participer à
l'édification du monde nouveau en tant que
soldats du travail".
40
Ici aussi, l'appel à l'esprit nouveau émane
d'un esprit d'homme d'État limité de l'ancien
temps. Eh bien, cet appel au nouvel esprit
doit seulement être compris et prendre racine
dans les âmes humaines avec suffisamment de
vérité et de sérieux. Car même ce qu'il y a de
plus extérieur dans la vie est lié à ce qu'il
y a de plus intérieur, les événements
matériels les plus extérieurs sont liés aux
expériences spirituelles les plus intérieures.
Et si nous regardons ce qui s'est vécu comme
l'esprit qui a atteint son apogée au début du
XXe siècle, dans les événements de ces
dernières années, nous comprendrons que
l'appel à une nouvelle vie spirituelle doit se
faire entendre. La science de l'esprit
orientée anthroposophiquement voudrait que ses
chemins et ses objectifs pour la construction
du monde soient liés à cette nouvelle vie de
l'esprit, tout comme les efforts spirituels
qu'elle combat sont manifestement liés aux
terribles événements de ces dernières années.
41
Ces jours-ci encore, j'ai lu une curieuse
conférence qui a été donnée dans le pays balte
- notez la date - le 1er mai 1918. La
conférence d'un physicien, le 1er mai
1918, se termine par ces mots : "La guerre
mondiale a montré que les efforts spirituels
du présent, les travaux scientifiques du
présent, sont encore trop isolés. La guerre
mondiale - c'est à peu près ce que dit ce
physicien - nous a appris qu'à l'avenir, ce
qui se fait dans les laboratoires
scientifiques doit être en relation organique
interne, en échange d'idées interne permanent
avec ce qui se fait dans les états-majors
généraux. Il faut viser une alliance intime --
dit ce physicien - entre la science et
l'état-major général. Il y voit le salut de
l'avenir !
42
On voit que la science du passé peut même
considérer comme un idéal les alliances
conclues entre elle et les forces les plus
destructrices de l'humanité. La science de
l'esprit d'orientation anthroposophique
voudrait conclure l'alliance entre ses
aspirations spirituelles et toutes les forces
véritablement constructrices de la
civilisation humaine.
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