Mon exposé d'aujourd'hui sera
épisodique, une parenthèse dans nos
réflexions, car je voudrais que nos
amis anglais, qui vont bientôt
retourner dans leur pays, puissent en
tirer le plus de choses possible.
C'est pourquoi j'organise ces exposés
de telle sorte que l'un ou l'autre
puisse servir de support à
l'efficacité nécessaire. Et c'est là
que je voudrais développer
aujourd'hui, et d'abord
historiquement, pas tellement en ce
qui concerne le présent - cela pourra
peut-être alors se passer demain -,
j'aimerais vous développer
spirituellement scientifiquement
historiquement, quelques choses sur
l'impérialisme. L'impérialisme est un
phénomène dont on a parlé plusieurs
fois ces derniers temps, et on en
parle de telle manière que ceux qui en
parlent ont une conscience plus ou
moins claire de son lien avec
l'ensemble des phénomènes sociaux
actuels. Mais lorsqu'on discute de
telles choses aujourd'hui, on ne tient
pas compte de ce que nous vivons dans
le cours historique de l'humanité, que
nous nous trouvons dans une époque de
développement historique bien
déterminée et que l'on ne peut
comprendre cette époque de
développement de l'humanité que si
l'on sait d'où viennent les phénomènes
qui nous entourent aujourd'hui, dans
lesquels nous vivons aujourd'hui. Au
fond, on voit d'abord apparaître ce
qui est aujourd'hui un impérialisme
efficace, qui sera efficace à
l'avenir, dont le porteur sera la
population anglo-américaine et qui
est, au fond, très récent dans sa
dénomination ; cet impérialisme se
présente comme un impérialisme
économique. Mais l'essentiel, c'est
que dans tout ce qui est dit sur les
choses liées à cet impérialisme
économique, au fond, rien n'est vrai,
tout est faux, tout plane, j'aimerais
dire, en l'air et, planant en l'air,
conduit plus ou moins consciemment à
la fausseté/non-véracité. Mais pour
envisager comment, en notre temps, les
réalités sont tout autres que ce qui
est dit de ces réalités,
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01
|
Mein Vortrag wird heute episodisch
sein, eine Einschiebung in unsere
Betrachtungen, denn ich möchte, daß
unsere englischen Freunde, die ja nun
bald wiederum in ihr Land zurückgehen,
von hier aus möglichst viel
hinübernehmen können. Deshalb richte
ich diese Vorträge so ein, daß das
eine oder das andere zur Stütze der
Wirksamkeit, die notwendig ist,
dienen kann. Und da möchte ich heute,
und zwar zunächst geschichtlich, nicht
so sehr auf die Gegenwart bezüglich —
das kann vielleicht dann morgen
geschehen —, ich möchte geschichtlich,
geisteswissenschaftlich-geschichtlich
einiges Ihnen entwickeln über
Imperialismus. Der Imperialismus ist
ja eine in der letzten Zeit mehrfach
besprochene Erscheinung, und er wird
so besprochen, daß bei denjenigen, die
über ihn sprechen, ein mehr oder
weniger deutliches Bewußtsein
vorhanden ist von seinem Zusammenhange
mit den gesamten sozialen
Erscheinungen der Gegenwart. Aber
wenn man solche Dinge heute bespricht,
so berücksichtigt man nicht,dazu ist
notwendig, einen tieferen Blick in den
geschichtlichen Hergang dieser Dinge
zu tun. wenigstens nicht genügend, daß
wir ja im geschichtlichen Hergang der
Menschheit leben, daß wir in einer
ganz bestimmten geschichtlichen
Entwickelungsepoche stehen und daß man
diese Entwickelungsepoche der
Menschheit nur verstehen kann, wenn
man weiß, woher die Erscheinungen
kommen, die uns heute umgeben, in
denen wir heute drinnen leben. Im
Grunde genommen zeigt sich zunächst
dasjenige, was heute wirksamer, in die
Zukunft hinein wirksamer Imperialismus
ist, dessen Träger die
anglo-amerikanische Bevölkerung sein
wird und der im Grunde genommen der
Benennung nach sehr neueren Datums
ist; dieser Imperialismus zeigt sich
als Wirtschaftsimperialismus. Aber
das Wesentliche ist, daß in all dem,
was über die Dinge gesprochen wird,
die mit diesem wirtschaftlichen
Imperialismus zusammenhängen, im
Grunde genommen gar nichts wahr ist,
sondern alles unwahr ist, alles, ich
möchte sagen, in der Luft schwebt und,
schwebend in der Luft, mehr oder
weniger bewußt zur Unwahrhaftigkeit
führt. Aber um das einzusehen, wie in
unserer Zeit die Wirklichkeiten ganz
andere sind als dasjenige, was von
diesen Wirklichkeiten gesagt wird,
|
Je n'ai besoin de mentionner qu'une
seule chose vis-à-vis des faits
actuels pour caractériser dans une
certaine mesure la capacité de
jugement de l'opinion publique
contemporaine. Nous avons vu que
Woodrow Wilson a été glorifié dans les
régions les plus diverses d'Europe et
finalement même en Allemagne. Nos amis
suisses savent très bien que, pendant
la glorification de Woodrow Wilson, je
me suis toujours prononcé, ici en
Suisse, de la manière la plus sévère
contre Woodrow Wilson, car ce que
Woodrow Wilson est aujourd'hui, il
l'était bien entendu déjà à l'époque
où il était glorifié par le monde
entier. Aujourd'hui, on annonce déjà -
je ne veux pas dire par là que c'est
la vérité la plus profonde - qu'en
Amérique, on pense à déclarer Woodrow
Wilson inapte au gouvernement, qu'on
doute de sa capacité de jugement. Le
jugement public, tel qu'il circule
aujourd'hui dans le monde, est donc
tout de suite suffisamment caractérisé
par de telles choses, notamment dans
ses valeurs.
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02
|
Ich brauche ja gegenüber den
heutigen Tatsachen nur das eine zu
erwähnen, um einigermaßen die
Urteilsfähigkeit der öffentlichen
Gegenwart zu charakterisieren. Wir
haben ja erlebt, daß zunächst in den
verschiedensten Gegenden Europas und
zuletzt sogar in Deutschland selber
Woodrow Wilson glorifiziert worden
ist. Unsere Schweizer Freunde wissen
ganz gut, daß während der
Glorifizierung von Woodrow Wilson ich
auch hier in der Schweiz in schärfster
Weise mich immer gegen Woodrow Wilson
ausgesprochen habe, denn dasjenige,
was Woodrow Wilson heute ist, war er
selbstverständlich auch schon in
derjenigen Zeit, in der er von der
ganzen Welt glorifiziert worden ist.
Heute meldet man bereits — womit ich
nicht sagen will, daß das die
allertiefste Wahrheit wiederum ist —,
daß man in Amerika daran denke,
Woodrow Wilson für unfähig für die
Regierung zu erklären, daß man an
seiner Urteilsfähigkeit zweifle. Das
öffentliche Urteil, wie es heute durch
die Welt schwirrt, ist ja gerade durch
solche Dinge genügend charakterisiert,
namentlich in seinen Werten
charakterisiert.
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Et on a seulement besoin de se
souvenir d'un deuxième fait. Au cours
des quatre ou cinq dernières années,
il a beaucoup été parlé de toutes
sortes de belles choses :
l'autodétermination des peuples, et
ainsi de suite. - Toutes ces choses
n'étaient pas vraies, car ce qui se
cachait derrière était tout autre
chose, il s'agissait évidemment de
questions de pouvoir. Et pour celui
qui veut comprendre, il s'agit de
remonter aux réalités à partir de ce
qui est dit, pensé et jugé. Et ainsi
doit en particulier lorsqu'un mot tel
qu'impérialisme - "Imperial
Federation" est le mot officiel depuis
le début du 20e siècle en Angleterre
-, lorsqu'il est parle sur de telles
choses, ainsi doit être tenu compte
que nous avons en ces choses les
dérivés les plus extérieurs, des
produits tardifs de l'évolution, et
que ceux-ci remontent à des temps
lointains et ne trouvent leur
explication que dans ce qu'une
véritable considération historique
peut offrir.
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03
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Und man braucht sich nur an eine
zweite Tatsache zu erinnern. In den
letzten vier bis fünf Jahren ist
außerordentlich viel über allerlei
schöne Dinge gesprochen worden:
Selbstbestimmung der Völker und so
weiter. — Alle diese Dinge waren
nicht wahr; denn dasjenige, was
dahinter war, das war etwas ganz
anderes, das waren selbstverständlich
Machtfragen. Und wer verstehen will,
bei dem handelt es sich darum, daß er
von dem, was gesagt, gedacht und
geurteilt wird, auf die Wirklichkeiten
zurückgeht. Und so muß insbesondere,
wenn ein solches Wort wie
Imperialismus — «Imperial Federation»
ist das offizielle Wort seit dem
Beginn des 20. Jahrhunderts in England
—, wenn über solche Dinge gesprochen
wird, so muß berücksichtigt werden,
daß wir in diesen Dingen die äußersten
Ableitungen haben, Spätprodukte der
Entwickelung, und daß diese
zurückführen in weit vergangene Zeiten
und ihre Erklärung erst finden durch
dasjenige, was eine wirkliche
Geschichtsbetrachtung bieten kann.
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Nous ne voulons pas remonter aussi
loin que l'on pourrait remonter
spirituellement historiquement de
l'humanité, mais nous voulons au moins
remonter jusqu'à quelques millénaires
avant le compte du temps chrétien. Là,
nous trouvons d'abord des empires
impérialistes en Asie, et une variante
de tels empires impérialistes en
Égypte. L'Empire perse, bien connu
dans l'histoire, mais surtout l'empire
assyrien, est quelque peu
caractéristique de l'impulsion
orientale. Or, on ne s'en sort pas si
l'on suit cette première phase de
l'impérialisme uniquement dans les
derniers stades historiques de
l'empire assyrien, parce que l'on ne
comprend tout simplement pas ce qui
règne comme impulsion dans l'empire
assyrien sans pouvoir remonter à des
états orientaux antérieurs. Même en
Chine, dont toute l'organisation
remonte à des temps très anciens, très
lointains, certaines choses ont
tellement changé que l'on ne peut plus
reconnaître dans cette organisation,
qui existait encore il y a peu de
temps, le véritable caractère d'un
impérialisme oriental, tel qu'il a
existé dans l'empire d'Orient. Mais on
peut encore voir, à partir des
conditions connues historiquement, ce
qui repose réellement à la base.
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04
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Wir wollen nicht so weit
zurückgehen, als man
geistesgeschichtlich in der
Entwickelung der Menschheit
zurückgehen könnte; aber wir wollen
wenigstens zurückgehen bis einige
Jahrtausende vor der christlichen
Zeitrechnung. Da finden wir zunächst
imperialistische Reiche in Asien, eine
Abart solcher imperialistischer Reiche
in Ägypten. Ganz charakteristisch für
den orientalischen Impuls ist etwa das
geschichtlich bekannte persische
Reich, aber insbesondere das
assyrische Reich. Nun kommt man nicht
zurecht, wenn man diese erste Phase
des Imperialismus nur in den letzten,
geschichtlich geschilderten Stadien
des assyrischen Reiches verfolgt, weil
man einfach dasjenige, was als
Antriebe im assyrischen Reich
herrscht, nicht versteht, ohne daß man
zurückgehen kann auf frühere
orientalische Zustände. Selbst in
China, dessen ganze Organisation in
sehr vergangene, weit vergangene
Zeiten zurückreicht, hat sich manches
so geändert, daß man in dieser bis vor
kurzer Zeit be‑ stehenden Organisation
nicht mehr den eigentlichen Charakter
eines orientalischen Imperialismus,
wie er entsprechend dem orientalischen
Reiche durchaus bestanden hat,
erkennen kann. Man kann aber von den
Verhältnissen, die geschichtlich
bekannt sind, noch durchschauen auf
dasjenige, was eigentlich zugrunde
liegt.
|
Or, on ne comprend pas tout
l'impérialisme oriental,
l'impérialisme ancien, si l'on ne sait
pas quelle relation était supposée
exister dans la conscience publique
entre la population d'une région
quelconque, disons d'un empire, et ce
que nous appellerions aujourd'hui le
souverain de cet empire ou les
dirigeants de cet empire. Car
évidemment nos mots comme souverain,
roi ou autre n'expriment plus ce qui
était ressenti autrefois par le
souverain/régnant ou les
dirigeants/les régnants. On peut
difficilement aujourd'hui se faire une
représentation de l'ensemble du monde
de ressenti qui régnait dans les
impérialismes orientaux trois ou
quatre millénaires avant l'ère
chrétienne, parce qu'il est difficile
aujourd'hui de tenir compte de la
manière dont l'humain de cette époque
se représentait l'essence du monde
spirituel par rapport au monde
physique.
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05
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Nun versteht man den ganzen
orientalischen, den alten
Imperialismus nicht, wenn man nicht
weiß, welche Beziehung angenommen war
im öffentlichen Bewußtsein von der
Bevölkerung irgendeines Gebietes,
sagen wir eines Reiches, zu dem, was
wir heute den Herrscher dieses Reiches
oder die Herrschenden dieses Reiches
nennen würden. Denn selbstverständlich
drücken unsere Worte wie Herrscher
oder König oder dergleichen nicht mehr
dasjenige aus, was dazumal von dem
Herrscher oder den Herrschenden
empfunden worden ist. Man kann sich
von der ganzen Empfindungswelt, welche
drei bis vier Jahrtausende vor der
christlichen Zeitrechnung in den
orientalischen Imperialismen
geherrscht hat, heute nur mehr schwer
eine Vorstellung machen, weil man
heute schwer berücksichtigt, wie sich
der Mensch dieser alten Zeit gedacht
hat das Wesen der geistigen Welt im
Verhältnis zur physischen Welt.
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Aujourd'hui, la plupart des humains,
s'ils pensent absolument à un monde
spirituel, pensent que ce monde
spirituel se trouve quelque part,
loin, dans un au-delà ou quelque chose
de ce genre. Et quand est parlé du
monde spirituel, comme toutefois il
faudra d'ailleurs à nouveau en parler
à l'avenir, comme d'un monde existant
parmi nous au même titre que le monde
des sens, alors tout ce qui a conduit
par exemple à la conscience
protestante se dresse à l'époque
moderne. En effet, l'essentiel dans
les temps anciens était que l'on n'a
absolument pas fait une différence
entre le monde physique et le monde
spirituel.
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06
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Heute denken die meisten Menschen,
wenn sie überhaupt über eine geistige
Welt denken, diese geistige Welt
irgendwo fern in einem Jenseits oder
dergleichen. Und wenn von der
geistigen Welt gesprochen wird, wie
allerdings in der Zukunft wieder wird
gesprochen werden müssen als einer
ebenso unter uns daseienden wie die
Sinneswels, dann stemmt sich alles
dasjenige in der neueren Zeit auf, was
zum Beispiel zum protestantischen
Bewußtsein geführt hat. Es war nämlich
das Wesentliche in älteren Zeiten, daß
man überhaupt einen Unterschied
zwischen der physischen Welt und der
geistigen Welt nicht gemacht hat.
|
C'est si fortement vrai que si l'on
dit les choses qui se rapportent à ces
temps anciens, l'humain d'aujourd'hui
peut à peine se représenter quelque
chose de correct, tant le monde de
représentation des anciens était
différent du monde de représentation
des humains plus récents. Ce qui était
là physiquement, des humains
dominants, une caste régnante, des
humains asservis, des humains dominés,
c'était la réalité, ce n'était pas
quelque chose qu'on appelait une
réalité physique, mais c'était la
réalité, c'était à la fois la réalité
physique et la réalité spirituelle. Et
le souverain des empires orientaux,
qu'était-il donc ? Le
souverain/régnant des empires
orientaux était le dieu. Et dans le
vaste périmètre de la population, il
n'y avait pas un dieu au-delà des
nuages dans les temps anciens - je
parle toujours des temps anciens -, il
n'y avait pas pour les gens un chœur
d'esprits qui entouraient à nouveau le
dieu suprême, c'étaient déjà des
conceptions plus tardives dans le
cours de l'histoire terrestre, mais ce
que nous appellerions aujourd'hui des
ministres ou des courtisans, quelque
peu méprisables ou même bientôt
respectables, c'étaient des entités de
nature divine. Car on se rendait
compte que, grâce à l'entraînement aux
mystères par lequel ces humains
étaient passés, ils étaient devenus
quelque chose de plus élevé que les
humains ordinaires. On les regardait
comme la conscience protestante
regarde son Dieu ou comme certains
cercles déjà plus libéraux regardent
leurs anges invisibles et autres. Car
pour ces populations de l'Orient
ancien, il n'y avait pas d'anges
extra-invisibles ou de Dieu
extra-invisible dans le domaine
suprasensible. Tout ce qui était
spirituel vivait dans l'humain. Dans
l'humain ordinaire vivait une âme
humaine. Dans ce que nous appellerions
aujourd'hui un souverain/régnant
vivait une âme divine, un dieu.
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07
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Das ist so stark wahr, daß, wenn man
die Dinge sagt, die sich auf jene
älteren Zeiten beziehen, sich der
heutige Mensch kaum mehr etwas
Ordentliches dabei vorstellen kann, so
verschieden war die Vorstellungswelt
der alten Menschen von der
Vorstellungswelt der neueren Menschen.
Dasjenige, was physisch da war,
herrschende Menschen, eine herrschende
Kaste, versklavte Menschen,
beherrschte Menschen, das war die
Wirklichkeit, das war nicht etwas, was
man eine physische Wirklichkeit
nannte, sondern das war die
Wirklichkeit, das war zu gleicher Zeit
die physische und die geistige
Wirklichkeit. Und der Herrscher der
orientalischen Reiche, was war denn
der ? Der Herrscher der
orientalischen Reiche war der Gott.
Und in dem weiten Umkreis der
Bevölkerung gab es nicht einen Gott
jenseits der Wolken in älteren Zeiten
— ich spreche immer von älteren Zeiten
—, es gab nicht für die Leute einen
Chor von Geistern, die nun wiederum
den höchsten Gott umgaben, das waren
schon im irdischen Verlauf spätere
Anschauungen, sondern dasjenige, was
wir heute Minister oder Hofschranzen
nennen würden, etwas despektierlich
oder bald sogar respektierlich, das
waren Wesenheiten göttlicher Natur.
Denn man war sich klar darüber, daß
durch die Mysterienschulung, durch die
diese Menschen durchgegangen waren,
sie etwas Höheres als gewöhnliche
Menschen geworden waren. Man sah zu
ihnen auf, so wie das protestantische
Bewußtsein zu seinem Gotte oder wie
gewisse schon mehr liberale Kreise zu
ihren unsichtbaren Engeln und
dergleichen aufsehen. Denn extra
unsichtbare Engel oder einen extra im
Übersinnlichen unsichtbaren Gott hat
es für diese Bevölkerungen des alten
Orients nicht gegeben. Alles, was
geistig war, lebte im Menschen. Im
gewöhnlichen Menschen lebte eine
menschliche Seele. In demjenigen, was
wir heute einen Herrscher nennen
würden, lebte eine göttliche Seele,
ein Gott.
|
Aujourd'hui, on ne se fait plus
aucune idée de ces représentations
d'un royaume de Dieu réel étant là et
qui est en même temps un royaume
physique. Que, disons, le roi ait eu
un réel pouvoir divin et une dignité
divine vaut évidemment aujourd'hui
pour absurde, mais c'était autrefois
une réalité dans les impérialismes
orientaux. On ne parlait pas de
quelque chose qui est purement
saisissable dans l'esprit en tant que
tel.
|
08
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Von diesen Vorstellungen eines
daseienden wirklichen Gottesreiches,
das zu gleicher Zeit physisches Reich
ist, macht man sich heute keine
Vorstellung mehr. Daß, sagen wir, der
König wirkliche göttliche Gewalt und
göttliche Würde hatte, das gilt
selbstverständlich heute als absurd,
war aber einmal in orientalischen
Imperalismen Wirklichkeit. Von etwas,
was bloß im Geiste als solchem zu
fassen ist, davon sprach man da
zunächst nicht.
|
J'ai dit qu'il y avait une variante
dans l'égyptianisme, car on y trouve
vraiment une transition vers une
époque ultérieure. Si nous remontons
donc aux formes les plus anciennes de
l'impérialisme, cet impérialisme
s'écrit à partir de la cause que le
roi, le souverain, qui est Dieu, le
Dieu réellement apparu physiquement
sur la terre, le fils du ciel
réellement apparu physiquement sur la
terre, est même le père du ciel. C'est
tellement paradoxal pour l'humain
contemporain que cela semble à peine
croyable, mais c'est ainsi. Mais c'est
de là que découle ce que l'on peut
encore observer dans les documents
assyriens, dans la manière dont les
conquêtes impérialistes sont
justifiées : Elles sont tout
simplement faites. Le droit à de
telles conquêtes découlait du fait que
l'on devait étendre le royaume de Dieu
de plus en plus loin. Si l'on avait
conquis un territoire quelconque et
que les conquis étaient donc devenus
des sujets, ils devaient alors vénérer
celui qui était le conquérant comme
leur dieu. A l'époque, on ne pensait
pas du tout à la propagation de
conceptions religieuses du monde.
Pourquoi en aurait-on eu besoin ? Si
l'individu qui appartenait au
territoire conquis reconnaissait
extérieurement l'autre, qui était le
conquérant, s'il le suivait, alors
tout allait bien, car il pouvait
croire ce qu'il voulait. La foi -
c'était l'opinion personnelle -, on
n'y touchait pas du tout, surtout dans
les temps anciens. On ne s'en
préoccupait pas du tout.
|
09
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Eine Abart, sagte ich, war im
Ägyptertum vorhanden, denn da findet
sich wirklich ein Übergang zu einer
späteren Zeit. Wenn wir also
zurückgehen zu den ältesten Formen
des Imperialismus, so schreibt sich
dieser Imperialismus von der Ursache
her, daß der König, der Herrscher,
der Gott ist, der wirklich physisch
auf der Erde erschienene Gott, der
wirklich physisch auf der Erde
erschienene Sohn des Himmels, sogar
Vater des Himmels ist. Es ist so
paradox für den Menschen der
Gegenwart, daß es kaum glaublich
erscheint, aber es ist so. Davon aber
leitete sich her, was man noch in
assyrischen Urkunden beobachten kann
in der Art und Weise, wie
imperialistische Eroberungen
gerechtfertigt werden: Sie werden
einfach gemacht. Das Recht zu solchen
Eroberungen leitete sich daraus her,
daß man das Gottesreich immer weiter
und weiter auszudehnen hatte. Hatte
man irgendein Gebiet erobert und waren
also die Eroberten Untertanen
geworden, dann mußten sie denjenigen,
der der Eroberer war, als ihren Gott
verehren. An eine Ausbreitung von
religiösen Weltanschauungen dachte man
in jener alten Zeit durchaus nicht.
Wozu hätte man denn das nötig gehabt ?
Es war ja alles in der physischen Welt
verwirklicht gedacht.Wenn der
Betreffende, der zu dem eroberten
Gebiete gehörte, den andern, der der
Eroberer war, äußerlich anerkannte,
wenn er ihm folgte, dann war ja alles
in Ordnung, denn glauben konnte er,
was er wollte. Den Glauben — das war
die persönliche Meinung —, den tastete
man gerade in alten Zeiten ganz und
gar nicht an. Darum kümmerte man sich
gar nicht.
|
Ce fut la première forme sous
laquelle l'impérialisme a émergé. La
deuxième forme était celle où le
dominant, celui qui devait assumer un
rôle de dominant, de dirigeant,
n'était pas Dieu lui-même, mais
l'envoyé de Dieu ou l'inspiré de Dieu,
celui qui est imprégné du divin. Dans
les premiers impérialismes, on avait
affaire à des réalités. C'est
l'essentiel. Première phase des
impérialismes : on avait affaire à des
réalités.
|
10
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Das war die erste Form, in der der
Imperialismus aufgetaucht ist. Die
zweite Form war diejenige, wo der
Herrschende, derjenige, der eine
herrschende, eine führende Rolle
einnehmen sollte, nun nicht der Gott
selber war, wohl aber der von Gott
Gesandte oder der von Gott
Inspirierte, der von dem Göttlichen
Durchdrungene. In den ersten
Imperialismen hatte man es mit
Wirklichkeiten zu tun. Das ist das
Wesentliche. Erste Phase der
Imperialismen: Man hatte es mit den
Wirklichkeiten zu tun.
|
Lorsqu'un dirigeant oriental des
temps anciens apparaissait au milieu
de son peuple, il était vêtu de ses
ornements parce qu'en tant que dieu,
il avait le droit de revêtir de tels
vêtements. C'étaient les vêtements
d'un dieu. C'est l'apparence d'un
dieu. Cela ne signifiait rien d'autre
que, parmi les dieux, c'était la mode
de la façon dont le souverain
apparaissait. Et ceux qui étaient ses
paladins n'étaient pas des
fonctionnaires ou quoi que ce soit
d'autre, mais des êtres supérieurs qui
l'entouraient et qui faisaient ce
qu'ils faisaient en vertu de leur
qualité d'êtres supérieurs.
|
11
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Wenn nun solch ein orientalischer
Herrscher der Urzeiten unter seinem
Volke erschien, erschien er in seinem
Ornate, weil er als Gott berechtigt
war, solche Kleider anzuziehen. Das
waren die Kleider eines Gottes. So sah
ein Gott aus. Das bedeutete weiter
nichts, als daß unter Göttern dieses
Mode war, wie der Herrscher erschien.
Und diejenigen, die seine Paladine
waren, die waren nicht etwa irgendwie
Beamtete oder so etwas, sondern sie
waren höhere Wesen, die ihn umgaben
und die kraft ihrer Eigenschaft als
höhere Wesen dasjenige taten, was sie
taten.
|
Puis vint le temps où, comme je l'ai
dit, on présenta le souverain et ceux
qui étaient ses paladins comme des
envoyés de Dieu, des personnes
imprégnées de divinité, des
mandataires. Cela transparaît encore
très fortement chez Denys
l'Aréopagite. Lisez ses écrits,
comment il décrit toute la hiérarchie
des diacres, des archidiacres, des
évêques, des archevêques, donc toute
la hiérarchie de l'Église. Comment la
représente-t-il ? Denys l'Aréopagite
présente l'ensemble de la manière
suivante : dans cette hiérarchie
ecclésiastique terrestre, on a une
image de ce qu'est le Dieu
suprasensible avec ses forces
primitives, ses archanges et ses
anges. De sorte que l'on a déjà en
haut la hiérarchie céleste et en bas
son image, la hiérarchie séculière.
C'est là que les gens de la hiérarchie
séculière, les diacres, les
archidiacres, revêtent leurs vêtements
ou accomplissent leurs actes, parce
que ce sont des signes, parce que ce
sont des symboles. Dans la première
phase, on a affaire à des réalités,
dans la deuxième phase, on a affaire à
des signes, à des symboles. Bien sûr,
cela aussi a été plus ou moins oublié.
Car dans la conscience générale de
l'humanité, on ne retient plus guère
aujourd'hui, même dans la population
catholique, que les diacres, les
curés, les doyens, les évêques, les
archevêques sont les représentants,
les suppléants des hiérarchies
célestes. Mais c'est justement
seulement tombé dans l'oubli.
|
12
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Dann kam die Zeit, wo man eben, wie
gesagt, den Herrscher und auch
diejenigen, die seine Paladine waren,
als Gottgesandte vorstellte, als von
dem Göttlichen Durchdrungene, als
Beauftragte. Das leuchtet sehr stark
noch durch bei Dionysios, dem
Areopagiten. Lesen Sie seine
Schriften, wie er beschreibt die ganze
Hierarchie von den Diakonen,
Archidiakonen, Bischöfen,
Erzbischöfen, also hinauf die ganze
Hierarchie der Kirche. Wie stellt er
diese dar ? Dionysios der Areopagite
stellt das Ganze so dar, daß in dieser
irdischen kirchlichen Hierarchie man
ein Abbild hat desjenigen, was
übersinnlich der Gott mit seinen
Urkräften, Erzengeln, Engeln ist. So
daß man also da schon hat oben die
himmlische Hierarchie und unten ihr
Abbild, die weltliche Hierarchie. Da
ziehen also die Leute der weltlichen
Hierarchie, die Diakone, Archidiakone,
ihre Gewänder an, oder sie verrichten
ihre Handlungen, weil das Zeichen,
weil das Symbole sind. In der ersten
Phase hat man es mit Wirklichkeiten zu
tun, in der zweiten Phase hat man es
mit Zeichen, mit Symbolen zu tun. Auch
das ist natürlich mehr oder weniger
vergessen worden. Denn im allgemeinen
Menschheitsbewußtsein wird das heute
nur noch wenig festgehalten, auch in
der katholischen Bevölkerung, daß die
Diakone, die Pfarrer, die Dechanten,
die Bischöfe, die Erzbischöfe die
Repräsentanten, die Stellvertreter für
die himmlischen Hierarchien sind. Aber
es ist eben nur in Vergessenheit
geraten.
|
Or, avec cette progression de
l'impérialisme, une division,
j'aimerais dire un véritable clivage,
est apparu. D'un côté, ce qui avait
dedans le leadership, la domination,
scintillait plus vers l'envoyé de
Dieu, vers la prêtrise, où les prêtres
sont des rois ; de l'autre côté, ça
scintillait plus vers le temporel,
mais toujours par la grâce de Dieu,
toujours en tant que fonctionnaires de
Dieu, destinés à cela. Au fond, ce ne
sont que deux variétés. Et nous avons
ensuite les deux variantes dans
l'évolution historique : les
communautés ecclésiales et les
communautés impériales.
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13
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Nun trat mit diesem Fortschreiten
des Imperialismus ein eine Spaltung,
möchte ich sagen, eine richtige
Spaltung. Auf der einen Seite
schimmerte dasjenige, was die
Führerschaft, die Herrschaft
innehatte, mehr nach dem Gottgesandten
hin, nach der Priesterschaft, wo die
Priester Könige sind; auf der andern
Seite schimmerte es mehr nach dem
Weltlichen hin, aber immer noch von
Gottes Gnaden, immer als von Gott dazu
Beamtete, dazu Bestimmte. Im Grunde
genommen sind das nur zwei Abarten.
Und wir haben dann die beiden Abarten
in der geschichtlichen Entwickelung:
die Kirchengemeinschaften und die
Reichsgemeinschaften.
|
Une telle chose n'aurait pas été
concevable dans la première période
des impérialismes, où tout ce qui
était physique était réalité. Mais
dans la deuxième phase des
impérialismes, les choses se sont
séparées. L'un était alors plus
séculier, mais tout de même un envoyé
de Dieu, l'autre était plus
ecclésiastique, également un envoyé de
Dieu. Cela remonte au Moyen-Âge ; et
j'aimerais dire que, dans un phénomène
historique caractéristique, cette vie
dans le royaume extérieur, dans la
réalité extérieure des rois envoyés
par Dieu, des paladins envoyés par
Dieu et ainsi de suite, a été
maintenue jusqu'en 1806, mais déjà à
l'époque avec une existence d'ombre.
Extérieurement, il y avait l'Église
romaine et son expansion ; c'était
plus coloré par le sacerdoce. Mais ce
qui a été retenu tout au long du
Moyen-Âge, ce qui a strictement retenu
le caractère de l'envoyé de Dieu ici
sur la terre physique, c'est ce que
l'on appelle le "Saint Empire romain
de la nation allemande", qui n'a
disparu qu'en 1806. C'est ainsi que
s'appelait ce qui existait en Europe
centrale comme une sorte d'empire :
Saint Empire romain de la nation
allemande. Dans le mot "saint", vous
avez encore un soupçon de ce qui était
divin sur la terre dans les temps
anciens ; "romain" signifie l'origine,
d'où il est venu ; "nation allemande"
est ce sur quoi il a été plaqué, le
déjà plus séculier, sur lequel c'était
plaqué.
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14
|
So etwas wäre in der ersten Zeit der
Imperialismen, wo alles Physische
Wirklichkeit war, nicht denkbar
gewesen. Aber in der zweiten Phase der
Imperialismen trennte sich das. Da war
der eine mehr weltlich, aber immerhin
ein Gottgesandter, der andere war mehr
kirchlich, auch ein Gottgesandter. Das
geht bis ins Mittelalter; und, ich
möchte sagen, in einer
charakteristischen historischen
Erscheinung ist eigentlich bis zum
Jahre 1806, nur damals schon mit einem
Schattendasein, festgehalten worden
dieses Im-äußeren-Reiche-,
In-der-äußeren-Wirklichkeit-Leben der
gottgesandten Könige, gottgesandten
Paladine und so weiter. Äußerlich war
ja da die römische Kirche mit ihrer
Ausbreitung; das war mehr nach dem
Priesterlichen gefärbt. Aber was das
ganze Mittelalter hindurch
festgehalten worden ist, was das ganze
Mittelalter hindurch streng den
Charakter des Gottgesandten hier auf
der physischen Erde festgehalten hat,
das ist das, wie gesagt, erst im Jahre
1806 verschwundene sogenannte «Heilige
Römische Reich Deutscher Nation». So
hat ja das geheißen, was da in
Mitteleuropa als eine Art Reich
existiert hat: Heiliges Römisches
Reich Deutscher Nation. In dem
«Heiligen» haben Sie noch einen Anflug
von dem, was da Göttliches in alten
Zeiten auf der Erde war; «Römisch»
bedeutet den Ursprung, wo es
hergekommen war; «Deutscher Nation»
ist das, worauf es gestülpt war, das
mehr schon Weltliche, worauf es
gestülpt war.
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Et ainsi, dans la deuxième phase des
impérialismes, nous n'avons plus
seulement l'impérialisme oint par
l'Église, mais nous avons la confusion
entre l'oint divin et l'oint séculier
dans l'Empire. Cela commence déjà avec
l'ancien Empire romain à l'époque
préchrétienne et se poursuit jusqu'à
la fin du Moyen-Âge. Le Saint Empire
romain germanique a toujours eu un
double caractère, en tant
qu'impérialisme. Pensez seulement
qu'il remonte tout de même à
Charlemagne. Mais Charlemagne est
couronné à Rome par le pape. Ainsi,
même extérieurement, la dignité royale
est transformée en symbole, de sorte
que ce qui existe ici sur la terre
physique n'est plus une réalité. Les
humains du Moyen-Âge n'ont pas vénéré
Charlemagne, Otton Ier, comme des
dieux, comme c'était le cas dans les
temps anciens, mais ils ont vu en eux
des humains envoyés par Dieu. Et cela
devait encore être affirmé. Bien sûr,
cela vivait de moins en moins dans les
consciences. Mais même si c'est
extériorisé, cela avait encore, dans
le signe, dans le symbolum, au moins
une réalité symbolique, une réalité de
signe. Ces empereurs du Saint Empire
romain germanique allaient à Rome pour
se faire coiffer de la couronne par le
pape. C'est ainsi que le Hongrois
Istwan Ier est fait roi de Hongrie par
le pape en l'an 1000. L'onction et
donc le pouvoir sont conférés à ce qui
règne dans le monde par ce qui est
religieux ou spirituel.
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15
|
Und so haben wir in der zweiten
Phase der Imperialismen nicht mehr
bloß den gesalbten Imperialismus der
Kirche, sondern wir haben das
Durcheinanderziehen des göttlichen und
weltlichen Gesalbten in dem Reiche.
Das beginnt schon mit dem alten
Römischen Reiche in der
vorchristlichen Zeit, geht bis in die
Spätzeiten des Mittelalters hinein.
Das hat immer einen Doppelcharakter,
was da als Imperialismen entstanden
ist, das Heilige Römische Reich
Deutscher Nation. Denken Sie nur
einmal, daß es ja doch zum Schlusse
zurückführt auf Karl den Großen. Aber
Karl dem Großen wird in Rom die Krone
aufgesetzt von dem Papste. Also auch
äußerlich wird die Königswürde zum
Symbolum ge‑ macht, so daß dasjenige,
was hier auf der physischen Erde da
ist, nicht mehr Wirklichkeit ist. Die
Menschen des Mittelalters haben Karl
den Großen, Otto I., nicht als Götter
verehrt, wie das in uralten Zeiten der
Fall war, aber sie haben in ihnen
gesehen gottgesandte Menschen. Und das
mußte noch immer bekräftigt werden.
Natürlich immer weniger und weniger
stark lebte das im Bewußtsein. Aber
wenn es auch veräußerlicht ist, es
hatte eben im Zeichen, im Symbolum
noch wenigstens eine symbolische, eine
Zeichenwirklichkeit. Diese Kaiser des
Heiligen Römischen Reiches Deutscher
Nation gingen nach Rom, um sich dort
vom Papste die Krone aufsetzen zu
lassen. So wird auch der ungarische
Istwan I. im Jahre 1000 von dem Papste
zum König von Ungarn gemacht. Es wird
dem, was in der Welt herrscht, von
dem, was geistlich oder geistig ist,
die Salbung und damit die Gewalt
verliehen.
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Mais ce qui entre par là dans la
conscience des humains a pour effet
que les humains ont cru qu'ils avaient
le droit d'inclure les autres humains
dans cet empire, qui a été oint par
les dieux eux-mêmes à travers les
humains, c'est pourquoi Dante lui-même
est d'avis que celui qui est empereur
du Saint Empire romain germanique est
au fond autorisé à dominer le monde
entier. C'est en cela que la formule
de l'impérialisme est tout de suite
chez Dante.
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16
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Das aber, was dadurch ins Bewußtsein
der Menschen hineinkommt, das bewirkt
wiederum, daß die Menschen geglaubt
haben, es liege eine Berechtigung vor,
die andern Menschen in dieses Reich,
das ja von den Göttern selbst durch
Menschen gesalbt ist, einzubeziehen,
daher selbst Dante der Ansicht ist,
daß derjenige, der Kaiser des Heiligen
Römischen Reiches Deutscher Nation
ist, im Grunde genommen berechtigt
ist, die ganze Welt zu beherrschen.
Darinnen ist gerade bei Dante die
Formel des Imperialismus.
|
Dans les légendes et les traditions,
dans lesquelles se cristallisent dans
la conscience des humains des
événements historiques, s'expriment en
général des choses qui doivent être
considérées sous les angles les plus
divers, et pas seulement d'un seul
point de vue. On peut dire qu'au XIe
et au XIIe siècle, il y avait encore
en Europe une conscience très forte,
mais pas très claire, seulement une
conscience sensible, mais très forte,
du fait qu'à une époque très ancienne,
en Orient, des humains avaient vécu
sur la Terre, sur la Terre physique,
et qu'ils étaient eux-mêmes des dieux.
On ne pensait pas que c'était une
superstition, oh non, mais on se
disait : maintenant, seuls ces dieux
ne peuvent plus vivre sur la Terre,
parce que la Terre est devenue si
mauvaise. Ce qui faisait des humains
des dieux s'est perdu, le "Saint
Graal" s'est perdu, et maintenant, au
Moyen-Âge, on ne peut l'obtenir que de
la manière dont Perceval l'obtient :
on cherche le moyen de trouver le dieu
à l'intérieur, alors qu'avant le dieu
était une réalité dans le royaume.
Maintenant, le royaume n'est qu'une
somme de symboles, de signes, et il
faut trouver le dieu à partir des
symboles, à partir des signes.
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17
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In den Sagen und Überlieferungen, in
denen sich in dem Bewußtsein der
Menschen historische Hergänge
kristallisieren, drücken sich in der
Regel Dinge aus, die von den
verschiedensten Gesichtspunkten, nicht
bloß von einem Gesichtspunkt aus
betrachtet werden dürfen. Man kann
sagen: Im 11., 12. Jahrhundert war
durchaus in Europa noch ein starkes
Bewußtsein, aber nicht mehr klar, nur
ein Empfindungsbewußtsein, aber das
stark vorhanden, daß einmal in recht
alten Zeiten da im Oriente drüben
Menschen auf der Erde, auf der
physischen Erde gelebt haben, die
selber Götter waren. Man dachte nicht
etwa, daß das ein Aberglaube war, o
nein, sondern man dachte sich: Jetzt
können nur solche Götter nicht mehr
auf der Erde leben, weil die Erde so
schlecht geworden ist. Das ist
verlorengegangen, was Menschen zu
Göttern gemacht hat, der «Heilige
Gral» ist verlorengegangen, und jetzt,
im Mittelalter, kann er nur erlangt
werden auf die Weise, wie ihn Parzival
er‑ langt: Man sucht den Weg, im
Innern den Gott zu finden, während
früher der Gott eine Wirklichkeit im
Reiche war. Jetzt ist das Reich nur
eine Summe von Symbolen, von Zeichen,
und man muß aus den Symbolen, aus den
Zeichen heraus den Gott finden.
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De toutes les choses qui ont existé,
il reste alors des vestiges. La
réalité s'émousse. Des restes
demeurent, des restes de toutes
sortes. Alors qu'en règle générale,
tant que les choses sont des réalités,
elles sont univoques dans le monde,
elles deviennent ensuite ambiguës. Et
c'est ainsi que la diversité est née
en Europe de l'ancienne univocité.
Tant que le Saint Empire romain
germanique avait une signification
dans la conscience des humains, le
représentant de ce Saint Empire romain
germanique était en quelque sorte
aussi puissant, capable de maîtriser
les différents symboles angéliques qui
étaient les princes territoriaux, car
on avait encore conscience qu'il avait
justement le droit de le faire. Mais
son droit reposait plus ou moins sur
quelque chose d'idéel. Cela perdait
peu à peu de son importance. Il ne
restait donc plus que les princes
territoriaux. Et nous avons en quelque
sorte, dans le Saint Empire romain
germanique, quelque chose qui, peu à
peu, expulse sa véritable substance
intérieure, et il ne reste que
l'extérieur. On perd la conscience que
les humains terrestres sont envoyés
par Dieu. Et l'expression du fait que
l'on ne peut plus penser que des
humains terrestres sont envoyés par
Dieu, c'est justement le
protestantisme. Le protestantisme est
la protestation contre la
signification réelle des humains
terrestres envoyés par Dieu.
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18
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Von all den Dingen, die einmal
existiert haben, bleiben dann
Überreste vorhanden. Die Wirklichkeit
stumpft sich ab. Überreste bleiben
vorhanden, Überreste der
mannigfaltigsten Art. Während in der
Regel, solange die Dinge
Wirklichkeiten sind, sie in der Welt
eindeutig sind, werden sie nachher
vieldeutig. Und so ist Mannigfaltiges
in Europa entstanden aus der alten
Eindeutigkeit heraus. Solange im
Bewußtsein der Menschen das Heilige
Römische Reich Deutscher Nation eine
Bedeutung hatte, so lange war
gewissermaßen der Repräsentant dieses
Heiligen Römischen Reiches Deutscher
Nation auch mächtig, fähig, die
einzelnen Engelsymbole, die die
Territorialfürsten waren, zu bändigen;
denn man hatte noch ein Bewußtsein,
daß er eben ein Recht dazu hatte. Aber
sein Recht beruhte mehr oder weniger
auf etwas Ideellem. Das verlor nach
und nach seine Bedeutung. Dadurch
blieben dann die Territorialfürsten
übrig. Und wir haben gewissermaßen in
dem Heiligen Römischen Reiche
Deutscher Nation etwas, was nach und
nach seine eigentliche innere Substanz
auspreßt, und es bleibt nur das Äußere
übrig. Es geht das Bewußtsein
verloren, daß irdische Menschen
gottgesandt sind. Und der Ausdruck
dafür, daß man nicht mehr denken kann,
irdische Menschen seien gottgesandt,
ist eben der Protestantismus. Der
Protestantismus ist der Protest gegen
die reale Bedeutung der gottgesandten
irdischen Menschen.
|
Si le principe du protestantisme
s'était imposé de manière conséquente,
aucune tête couronnée ou courtisée
n'aurait jamais pu se nommer à nouveau
"par la grâce de Dieu". Mais les
choses sont toujours restées à l'état
de restes. Jusqu'en 1918, les restes
sont restés, puis ces restes ont
disparu. Ces restes, qui avaient déjà
perdu toute signification à
l'intérieur, étaient encore là en tant
que manifestations extérieures. Ces
princes territoriaux allemands étaient
encore là en tant qu'apparition
extérieure ; ils n'avaient de
signification que dans ces temps
anciens, où ils étaient les symboles
d'un royaume céleste inspirant.
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19
|
Wäre das Prinzip des Protestantismus
konsequent ganz durchgedrungen, so
hätte kein gekröntes oder gefürstetes
Haupt sich jemals wiederum «von
Gottes Gnaden» nennen können. Aber die
Dinge blieben immer als Reste. Bis
1918 sind ja die Reste geblieben, dann
sind diese Reste verschwunden. Diese
Reste, die schon innerlich alle
Bedeutung verloren hatten, sie waren
als äußerliche Erscheinungen noch da.
Diese deutschen Territorialfürsten
waren als äußere Erscheinung noch da;
eine Bedeutung hatten sie nur in jenen
alten Zeiten, wo sie Symbole waren für
ein inspirierendes Himmelsreich.
|
C'est ainsi que se conservent encore
d'autres vestiges, dont on ne se rend
même pas compte comment ils se
conservent en tant que vestiges. Il
n'y a pas si longtemps, un évêque
d'Europe centrale - peut-être était-il
aussi un archevêque - a publié une
lettre pastorale. Dans cette lettre
pastorale, il était dit que le prêtre
catholique est plus puissant que
Jésus-Christ, pour la simple raison
que lorsque le prêtre catholique
effectue la transsubstantiation à
l'autel, le Christ Jésus doit être
présent dans le sanctissime, dans
l'hostie. Il faut que la
transsubstantiation s'accomplisse
réellement par le pouvoir du prêtre.
C'est-à-dire que l'acte que le prêtre
accomplit oblige le Christ Jésus à
être présent sur l'autel. Ainsi, le
plus puissant n'est pas le Christ
Jésus, mais le plus puissant est celui
qui accomplit la transsubstantiation
sur l'autel !
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20
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So erhalten sich noch andere Reste,
bei denen man sich gar nicht be‑ wußt
wird, wie sie sich als Reste erhalten.
Es ist gar nicht so weit zurück, da
erschien von einem mitteleuropäischen
Bischof — vielleicht war es auch ein
Erzbischof — ein Hirtenbrief. In
diesem Hirtenbrief wurde ungefähr
ausgeführt, daß der katholische
Priester mächtiger ist als Jesus
Christus, aus dem einfachen Grunde,
weil ja, wenn der katholische Priester
am Altar die Transsubstantiation
vollzieht, der Christus Jesus in dem
Sanktissimum, in der Hostie anwesend
werden muß. Es muß die
Transsubstantiation durch die Gewalt
des Priesters wirklich sich
vollziehen. Das heißt, die Handlung,
die der Priester vollzieht, zwingt den
Christus Jesus, auf dem Altar
gegenwärtig zu sein. Also ist der
Mächtigere nicht der Christus Jesus,
sondern der Mächtigere ist derjenige,
der auf dem Altare die
Transsubstantiation vollzieht !
|
Si nous voulons comprendre une telle
chose, qui, comme je l'ai dit, est
apparue il y a quelques années encore
dans une lettre pastorale, nous devons
remonter non pas au temps des seconds
impérialismes, mais au temps des
premiers impérialismes, comme
d'ailleurs l'Église catholique et ses
institutions ont conservé de nombreux
éléments des premiers impérialismes.
Il y a encore là un reste de cette
conscience que ceux qui gouvernent sur
la terre sont les dieux, tandis que le
Christ Jésus n'est que le Fils de
Dieu. Il va de soi que ce qui est
écrit dans une telle lettre pastorale
est une impossibilité pour une
conscience protestante, tout comme il
est impossible pour un humain
d'aujourd'hui de croire qu'il y a des
millénaires, les humains ont vu le
dieu dans le souverain. Mais tout
cela, ce sont de véritables facteurs
historiques, ce sont des faits réels,
des faits qui ont joué un rôle dans le
devenir historique, dans la réalité
historique, et dont les restes
existent encore aujourd'hui.
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21
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Wenn wir eine solche Sache verstehen
wollen, die, wie gesagt, noch vor
wenigen Jahren in einem Hirtenbrief
erschienen ist, so müssen wir nicht in
die Zeiten der zweiten Imperialismen,
sondern in die Zeiten der ersten
Imperialismen zurückgehen, wie
überhaupt in der katholischen Kirche
und ihren Einrichtungen sich
Mannigfaltiges von den ersten
Imperialismen erhalten hat. Darinnen
liegt noch ein Rest jenes Bewußtseins,
daß diejenigen, die regieren auf der
Erde, die Götter sind, während der
Christus Jesus der Gottessohn nur ist.
Es ist dasjenige, was in einem solchen
Hirtenbrief steht, selbstverständlich
für ein protestantisches Bewußtsein
eine solche Unmöglichkeit, wie es für
einen heutigen Menschen schließlich ja
auch eine Unmöglichkeit ist, zu
glauben, daß vor Jahrtausenden die
Menschen in dem Herrscher den Gott
gesehen haben. Aber das alles sind
eben wirkliche historische Faktoren,
sind wirkliche Tatsachen, Tatsachen,
die im geschichtlichen Werden, in der
geschichtlichen Wirklichkeit eine
Rolle gespielt haben und deren Reste
bis heute eben vorhanden sind.
|
Et c'est ainsi que des réalités
antérieures interviennent fortement
dans les phénomènes ultérieurs. Non
pas que la vision reste toujours la
même, mais les usages qui découlent de
ces visions sont restés les mêmes.
Regardez comment le mahométisme s'est
répandu. Certes, Mahomet n'a pas dit
lui-même : "Mahomet est votre dieu",
comme cela devait être dit il y a des
millénaires par un souverain
sacerdotal oriental. Il s'est contenté
de dire, ce qui était déjà plus à la
mode à l'époque, qu'il y a un Dieu et
que Mahomet est son prophète. - Donc
pour la conscience des humains, il a
déjà accepté la mission de Dieu, la
deuxième phase de l'impérialisme. Mais
pour la manière dont le mahométisme
s'est répandu, la première phase est
encore valable. Car les mahométans
n'ont jamais été aussi intolérants
envers les autres croyants que ceux
qui accordent de l'importance à la
confession. Les mahométans se sont
contentés de conquérir les autres et
d'en faire des sujets, exactement
comme dans les temps anciens, où la
confession n'avait pas d'importance
non plus, parce qu'après tout, ce que
l'on croyait n'avait aucune importance
si l'on reconnaissait seulement le
dieu. La manière dont le mahométisme
s'est répandu est l'usage de la
première phase de l'impérialisme.
|
22
|
Und so spielen in spätere
Erscheinungen frühere Wirklichkeiten
in starkem Maße hinein. Nicht daß
immer die Anschauung dieselbe bleibt;
aber die Usancen, die aus diesen
Anschauungen hervorgehen, die blieben
dieselben. Schauen Sie sich an, wie
der Mohammedanismus sich ausgebreitet
hat. Gewiß, Mohammed hat nicht selber
gesagt: Mohammed ist euer Gott —, wie
es gesagt werden mußte vor
Jahrtausenden von einem orientalischen
Priesterherrscher. Er hat sich
beschränkt darauf, was schon damals
mehr zeitgemäß war, zu sagen: Da ist
ein Gott, und Mohammed ist sein
Prophet. — Also für das Bewußtsein der
Menschen hat er schon angenommen die
Gottgesandtschaft, die zweite Phase
des Imperialismus. Für die Art und
Weise, wie der Mohammedanismus
ausgebreitet worden ist, gilt aber
noch die erste Phase. Denn niemals
sind Mohammedaner in derselben Weise
unduldsam gegen Andersgläubige
gewesen wie diejenigen, die auf das
Bekenntnis etwas geben. Die
Mohammedaner sind zufrieden gewesen,
die andern zu erobern und zu
Untertanen zu machen, geradeso wie in
alten Zeiten, wo es auch nicht auf das
Bekenntnis ankam, weil es ja
schließlich gleichgültig war, was man
glaubte, wenn man nur den Gott
anerkannte. Die Art und Weise der
Verbreitung des Mohammedanismus, die
ist die Usance der ersten Phase des
Imperialismus.
|
Et quelque chose de la première
phase de l'impérialisme - fortement
teinté par la deuxième - a été
conservé dans le despotisme russe,
dans le tsarisme. Dans toute la
manière dont le tsar a été pensé par
ceux qui le reconnaissaient, il y a au
moins dans l'état d'esprit quelque
chose qui remonte à la première phase
de l'impérialisme. C'est pourquoi, en
Russie, il importait si peu que ce qui
était dans la conscience de la
population russe elle-même et ce qui
émanait du tsarisme se rejoignent, car
la domination du tsarisme reposait en
fait sur l'élément germanique et
mongol, et non sur l'élément de la
paysannerie russe proprement dite.
C'est ainsi que sont restés les
vestiges des temps anciens. On peut
également voir, sur des périodes plus
courtes, comment les restes des
époques précédentes sont restés.
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23
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Und etwas hat sich noch erhalten von
der ersten Phase des Imperialismus —
stark gefärbt durch die zweite — in
der russischen Despotie, in dem
Zarismus. Da ist durchaus in der
ganzen Art und Weise, wie über den
Zaren gedacht worden ist von
denjenigen, die ihn anerkannten, da
ist wenigstens in der Stimmung des
Gemütes etwas, was bis in die erste
Phase des Imperialismus zurückgeht.
Daher kam es in Rußland so wenig
darauf an, daß zusammenwuchs
dasjenige, was im Bewußtsein der
russischen Bevölkerung selber war, mit
demjenigen, was vom Zarismus ausging;
denn eigentlich beruhte die Herrschaft
des Zarismus auf dem germanischen und
auf dem mongolischen Elemente, nicht
auf dem Elemente des eigentlich
russischen Bauerntums. So blieben die
Reste aus früheren Zeiten. Auch in
kürzeren Zeiträumen kann man sehen,
wie die Reste aus früheren Zeiten
blieben.
|
Maintenant, la troisième forme
d'impérialisme. Elle n'est formulée
que depuis le 20e siècle, depuis que
Chamberlain et ses collaborateurs ont
créé le concept de "fédération
impériale" ; mais les causes remontent
plus loin, jusqu'à la deuxième moitié
du 17e siècle. C'est à la fin du XVIIe
siècle que s'est produit en Angleterre
ce grand bouleversement par lequel la
royauté, ce qui était autrefois Dieu,
puis l'Oint, est devenu pour toutes
les régions occidentales où se trouve
une population anglo-américaine, une
simple existence de l'ombre, une
simple décoration, on ne peut pas
dire, mais quelque chose de simplement
toléré, alors qu'en fait, depuis le
XVIIe siècle, ce qui est voulu
publiquement se transmet à toute la
population, certes d'abord par couches
de classes, mais à toute la
population.
|
24
|
Nun die dritte Form des
Imperialismus. Formuliert wird sie ja
erst seit dem 20. Jahrhundert, seit
etwa Chamberlain und seine Leute den
Begriff «Imperial Federation» geprägt
haben; aber es führen die Ursachen
weiter zurück, bis in die zweite
Hälfte des 17. Jahrhunderts, wo in
England jene große Umwälzung vor sich
gegangen ist, durch die eigentlich
für alle westlichen Gebiete, in denen
anglo-amerikanische Bevölkerung ist,
das Königtum, dasjenige, was früher
Gott, dann Gesalbter war, zum bloßen
Schattendasein, zur bloßen, man kann
nicht sagen, Dekoration, sondern zu
etwas bloß Geduldetem wurde, während
tat‑ sächlich seit dem 17.
Jahrhunderte auf die ganze
Bevölkerung, gewiß zunächst
klassenweise geschichtet, aber auf die
ganze Bevölkerung übergeht dasjenige,
was öffentlich gewollt wird.
|
Or, la population anglo-américaine
pose d'autres conditions préalables à
cette, disons, volonté populaire, au
système électoral issu du peuple, que
par exemple la population française,
la population romane, et en général la
population latine. La population
latine, en particulier la population
française, a certes connu la
révolution au XVIIIe siècle ; mais
sous l'influence de ce que je vous ai
décrit il y a quelques heures, le
peuple français est aujourd'hui, en
tant que peuple, plus royal que tout
autre. On n'est pas royal uniquement
parce qu'il y a un roi à la tête.
Certes, un humain ne peut pas bien se
promener si on lui a coupé la tête ;
mais le peuple français est royal,
impérialiste, sans avoir de roi. Ce
qui compte, c'est l'état d'âme. Ce
sentiment compact d'être un, toute
cette conscience populaire, c'est en
fait un reste très réel de la
conscience de Louis XIV.
|
25
|
Nun bringt die anglo-amerikanische
Bevölkerung andere Vorbedingungen
diesem, sagen wir, Volkswillen, dem
Wahlsystem aus dem Volke entgegen, als
zum Beispiel die französische, die
romanische Bevölkerung, überhaupt die
lateinische Bevölkerung. Die
lateinische Bevölkerung, insbesondere
die französische, hat gewiß die
Revolution durchgemacht im 18.
Jahrhundert; aber unter dem Einfluß
desjenigen, was ich Ihnen vor einigen
Stunden hier charakterisiert habe, ist
eigentlich das französische Volk heute
als Volk königlicher als irgendein
anderes. Königlich ist man ja nicht
nur dadurch, daß ein König an der
Spitze ist. Gewiß, ein Mensch kann
nicht gut herumlaufen, wenn man ihm
den Kopf abgeschlagen hat; aber das
französische Volk ist königlich,
imperialistisch, ohne daß es einen
König hat. Es kommt auf die
Seelenverfassung an. Dieses kompakte
Sich-als-Eins-Fühlen, dieses ganze
Volksbewußtsein, das ist eigentlich
durchaus ein sehr realer Rest des
Ludwig XIV.-Bewußtseins.
|
Mais la population anglophone a posé
d'autres conditions préalables à ce
qu'on pourrait appeler la volonté du
peuple. Et c'est là que s'est
développée peu à peu la troisième
forme d'impérialisme, qui n'a été
formulée que par Chamberlain et
d'autres, et qui est devenue
l'émanation de ce qui est sorti des
humains élus des parlements. Mais nous
voulons aujourd'hui l'examiner du
point de vue de l'âme, ce troisième
impérialisme.
|
26
|
Aber andere Vorbedingungen brachte
die englisch sprechende Bevölkerung
dem entgegen, was man Volkswillen
nennen könnte. Und da wurde nach und
nach wirklich dasjenige, was
öffentlich als Urteil geltend gemacht
wurde, wurde wirklich der Ausfluß
desjenigen, was aus den gewählten
Menschen der Parlamente hervorging, da
entwickelte sich die dritte Form des
Imperialismus, die dann erst
formuliert wurde zum Beispiel durch
Chamberlain und andere. Aber wir
wollen ihn heute seelisch betrachten,
diesen dritten Imperialismus.
|
Le premier impérialisme avait des
réalités : un humain était le dieu
pour la conscience des autres humains.
Ses paladins étaient des dieux qui
l'entouraient, des sous-dieux.
Deuxième forme d'impérialisme : ce qui
était sur la Terre était un signe, un
symbole. Le dieu n'agissait qu'à
l'intérieur des humains. Troisième
forme d'impérialisme : ce qui émane
d'abord des âmes ici sur Terre se
dépouille aussi de son caractère de
symbole, de signe. De même qu'il est
passé de la réalité au signe, au
symbole, de même il passe du signe, du
symbole à la phrase/au phrasé. Tableau
16
|
27
|
Der erste Imperialismus hatte
Wirklichkeiten: Ein Mensch war der
Gott für das Bewußtsein der andern
Menschen. Seine Paladine waren Götter,
die um ihn herum waren, Untergötter.
Zweite Form des Imperialismus: Das,
was auf der Erde war, war Zeichen,
Symbol. Der Gott wirkte nur herein in
die Menschen. Dritte Form des
Imperialismus: Dasjenige, was hier
auf der Erde zunächst von den Seelen
ausgeht, entkleidet sich auch des
Charakters des Symboles, des Zeichens.
Wie es von der Wirklichkeit zum
Zeichen, zum Symbol gekommen ist, so
kommt es vom Zeichen, vom Symbol zur
Phrase. Tafel 16
|
Ceci est présenté sans aucune
excitation de l'âme tranquille, donc
sine ira, mais de manière purement
objective le fait, à partir de la
nécessité du devenir terrestre. Depuis
le XVIIe siècle, ce qui se passe dans
la vie publique de la population
anglo-américaine, ce dont on parle, ce
que l'on fabrique dans les livres de
lois, c'est vraiment la volonté du
peuple, certes, stratifiée par classes
- nous en viendrons peut-être à la
caractérisation demain ou après-demain
- mais c'est de la phrase, il n'y a
même pas entre ce qui est dit et la
réalité un rapport tel qu'entre le
symbolum et la réalité. C'est ainsi
que cela se passe ; selon l'âme, cela
se passe ainsi : des réalités aux
symboles et ensuite à la phrase, à ce
qui est une parole pressée, vidée de
son contenu. Et ce qui se passe sous
la parole pressée et vidée, ce sont
d'abord les réalités. Personne ne
s'imagine qu'elles sont divines, du
moins pas là où elles ont leur
origine.
|
28
|
Das ist ohne irgendwelche
Gemütserregung, also sine ira, sondern
rein objektiv die Tatsache
dargestellt, aus der Notwendigkeit des
irdischen Werdens heraus. Seit dem
17. Jahrhundert ist wirklich
dasjenige, was im öffentlichen Leben
der anglo-amerikanischen Bevölkerung
vorgeht, wovon gesprochen wird, was
man in den Gesetzbüchern fabriziert,
Volkswille, gewiß, klassenweise
geschichtet — zur Charakteristik
dessen kommen wir vielleicht morgen
oder übermorgen — aber es ist Phrase,
es ist nicht einmal zwischen dem, was
gesprochen wird, und der Wirklichkeit
eine solche Beziehung wie zwischen dem
Symbolum und der Wirklichkeit. So daß
dies der Gang ist; seelisch geht das
so vor sich: von Wirklichkeiten zu
Symbolen und dann zur Phrase, zu dem,
was ausgequetschtes, ausgeleertes Wort
ist. Und dasjenige, was unter dem
ausgequetschten, ausgeleerten Wort vor
sich geht, das sind erst die
Wirklichkeiten. Von denen stellt sich
kein Mensch vor, daß sie göttlich
sind, wenigstens nicht da, wo sie
ihren Ursprung haben.
|
Car imaginons un instant le
fondement de cet impérialisme qui a
pour élément dominant la phrase : dans
les premiers impérialismes les rois,
dans les seconds impérialismes les
oints, maintenant la phrase. Il va de
soi que les décisions majoritaires ne
deviennent rien de réel, mais une
phrase dominante. Et les réalités
flottent en dessous et ne sont
absolument pas considérées comme
quelque chose de divin. Car prenons
une base importante pour ce qui s'est
déroulé comme réalités : la
colonisation. La colonisation joue un
rôle important dans la formation de ce
troisième impérialisme. Pour le
système de colonisation, l'extension
de l'empire sur les colonies, la
"Fédération impériale" est la forme,
le type particulier de regroupement.
Mais comment ces colonies se
rattachent-elles initialement à
l'empire ? Pensez aux cas réels : des
aventuriers dont on ne peut pas
vraiment se servir dans l'Empire, qui
sont un peu en haillons, partent
ensuite dans les colonies,
s'enrichissent, utilisent ensuite leur
richesse dans leur patrie, mais ne
sont pas pour autant des gens
respectés, ce sont toujours des
aventuriers, des bohémiens. C'est
ainsi que se constitue l'empire
colonial. C'est la réalité qui existe
sous le phrasé. Mais il reste des
vestiges. De même qu'il reste des
symboles et des phrases comme restes
des réalités originelles, ou des
couronnes princières symboliques ou
des tsarismes, de même il reste des
entreprises d'aventuriers des colons
un peu mal famés considérés, les
réalités qu'on a maintenant. N'est-ce
pas, l'un s'est, disons, "approprié"
cela ; le fils, oui, il n'est déjà
plus si mal famé, il sent déjà
meilleur. Le petit-fils, lui, sent
encore meilleur, et puis, n'est-ce
pas, vient un temps où tout sent déjà
bon. C'est alors que la phrase peut
s'emparer de ce qui commence déjà à
sentir très bon. La phrase s'identifie
alors à la vraie réalité. C'est là que
l'État déploie ses ailes, c'est là que
l'État devient le protecteur, et c'est
là que tout se fait honnêtement.
|
29
|
Denn denken wir uns einmal die
Grundlage jenes Imperialismus, der zu
seinem herrschenden Elemente die
Phrase hat: in den ersten
Imperialismen die Könige, in den
zweiten Imperialismen die Gesalbten,
jetzt die Phrase. Aus den
Majoritätsbeschlüssen wird
selbstverständlich nichts Wirkliches,
sondern eine herrschende Phrase. Und
die Wirklichkeiten schweben darunter
und werden durchaus nicht als etwas
Göttliches angesehen. Denn nehmen wir
eine wichtige Grundlage für dasjenige,
was da als Wirklichkeiten sich
abspielte: die Kolonisation. Die
Kolonisation spielt eine große Rolle
bei der Bildung dieses dritten
Imperialismus. Für das
Kolonisationssystem, das Ausbreiten
des Imperiums über die Kolonien, ist
ja zuletzt die «Imperial Federation»
die Form, die besondere Art der
Zusammenfassung. Aber wie gliedern
sich ursprünglich diese Kolonien an an
das Imperium ? Denken Sie an die
realen Fälle zurück: Abenteurer, die
man im Imperium nicht recht brauchen
kann, die ein bißchen zerlumpt sind,
die ziehen dann in die Kolonien,
werden reich, verwenden dann ihren
Reichtum in der Heimat, sind aber
dadurch zunächst durchaus nicht etwa
angesehene Leute, sind Abenteurer
weiterhin, Bohemiens. So wird das
Kolonialreich zusammengebracht. Das
ist die unter der Phrase bestehende
Wirklichkeit. Aber es bleiben Reste.
Wie von den ursprünglichen
Wirklichkeiten Symbole und Phrasen als
Reste bleiben, oder symbolische
Fürstenkronen oder Zarismen, so
bleiben von den
Abenteurerunternehmungen der etwas
übel berüchtigten Kolonisten die
Wirklichkeiten übrig, die
Wirklichkeiten, die man nun hat. Nicht
wahr, der eine hat sich das, sagen
wir, «angeeignet»; der Sohn, ja der
ist schon nicht mehr so übel
berüchtigt, der riecht schon besser.
Der Enkel gar riecht noch besser, und
dann, nicht wahr, dann kommt eine
Zeit, wo alles schon gut riecht. Da
kann sich die Phrase bemächtigen
dessen, was jetzt schon anfängt, ganz
gut zu riechen. Da identifiziert sich
dann die Phrase mit der wahren
Wirklichkeit. Da breitet der Staat
seine Fittiche aus, da wird der Staat
der Protektor, und da wird alles
ehrlich gemacht.
|
Il est nécessaire de prendre les
choses par - on ne peut peut-être pas
dire leur vrai nom, car les noms
désignent très rarement les réalités -
mais leur vrai bout. C'est nécessaire,
car ce n'est qu'ainsi que l'on
parvient à comprendre les tâches que
l'époque actuelle impose aux humains
et les responsabilités que l'époque
actuelle impose aux humains. Ce n'est
qu'ainsi que l'on pourra comprendre
quelle est la fable convenue de ce que
l'on appelle l'histoire, c'est-à-dire
l'histoire transmise dans les écoles
et les universités. Cette histoire
n'appelle vraiment pas les choses par
leur nom correct, au contraire, elle
fait en sorte que de proche en proche
les noms valent pour le non correct.
|
30
|
Es ist nötig, die Dinge — beim
wirklichen Namen kann man vielleicht
nicht sagen, weil die Namen sehr
selten die Wirklichkeiten bezeichnen
—, aber beim wirklichen Zipfel
anzupacken. Das ist schon nötig, denn
nur dadurch kommt man dahin, zu
begreifen, welche Aufgaben die heutige
Zeit den Menschen stellt und welche
Verantwortlichkeit die heutige Zeit
den Menschen auferlegt. Nur dadurch
kommt man auch dahin, einzusehen,
welche Fable convenue die sogenannte
Geschichte eigentlich ist, das heißt
die Geschichte, die in den Schulen und
Universitäten tradiert wird. Diese
Geschichte nennt die Dinge wirklich
nicht bei dem rechten Namen, im
Gegenteil, sie bewirkt, daß nach und
nach die Namen für das Unrechte
gelten.
|
C'est quelque chose de très grave,
n'est-ce pas, ce que je viens de
décrire. Mais vous voyez, il s'agit
maintenant d'orienter justement un peu
ses sentiments, ses émotions vers les
responsabilités. Considérons
maintenant l'autre côté. Considérons
un ancien empire. Celui-ci était réel,
terrestre et réel dans la
représentation ; le prêtre-roi était
issu des mystères. Le second n'était
plus terrestrement réel, mais le
second était symbolique. Il y a loin
entre ce que, dans l'ancien empire
oriental, les dirigeants et leurs
paladins portaient comme ornements
divins et ce que l'on mettait ensuite
sur le dos des gens comme "aigle rouge
ou noir" de troisième, deuxième ou
première qualité. Mais c'est pourtant
là l'évolution historique. On est
passé de la réalité au néant pour ce
qui n'était finalement même pas un
signe, mais au fond seulement
l'expression pour une phrase. N'est-ce
pas, finalement, même dans les
apparences, le système général du
phrasé, qui s'est répandu de
l'Occident au reste du monde, a
pénétré dans les affaires publiques.
J'ai même rencontré des conseillers de
cour titulaires ! Les conseillers de
la Cour n'avaient déjà pas grand-chose
à conseiller - en tout cas, ils
n'avaient pas grand-chose à conseiller
-, mais les conseillers titulaires !
Ce n'était qu'une phrase qui a été
collée sur un humain. Et pourtant,
tout remonte à ces anciens usages dont
j'ai parlé.
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31
|
Es ist etwas sehr Schlimmes, nicht
wahr, was ich jetzt geschildert habe.
Aber sehen Sie, nun handelt es sich
darum, eben gerade ein wenig seine
Empfindungen, seine Gefühle auf die
Verantwortlichkeiten zu lenken.
Betrachten wir jetzt die andere Seite.
Sehen wir uns einmal an so ein altes
Imperium. Das war wirklich,
irdisch-wirklich in der Vorstellung;
der Priesterkönig ging aus den
Mysterien hervor. Das zweite war nicht
mehr irdisch-wirklich, sondern das
zweite war Symbolum. Es ist ein weiter
Weg von dem, was sich in dem alten
orientalischen Reiche die Herrschenden
und ihre Paladine als ein
Göttergeschmeide umhängten, und
demjenigen, was als «roter oder
schwarzer Adler» dritter, zweiter,
erster Güte den Leuten dann angehängt
wird. Aber dennoch ist das die
geschichtliche Entwickelung. Es ist
von der Wirklichkeit zu dem Nichts
geworden dasjenige, was zuletzt nicht
einmal ein Zeichen war, sondern im
Grunde genommen nur der Ausdruck für
eine Phrase. Nicht wahr, schließlich
ist sogar in Äußerlichkeiten das
allgemeine Phrasensystem, das ja vom
Westen sich über die übrige Welt
ausgebreitet hat, eingedrungen in die
öffentlichen Angelegenheiten. Ich habe
sogar Titularhofräte kennengelernt !
Nun haben schon die Hofräte
außerordentlich wenig zu raten gehabt
— jedenfalls wenig zu raten gewußt —,
aber die Titularhofräte ! Das war eben
nur Phrase, die einem Menschen
angehängt worden ist Und dennoch,
alles geht zurück auf jene alten
Usancen, von denen ich gesprochen
habe.
|
Dans la première phase dont j'ai
parlé, nous avons pensé ce qui était
extérieurement le royaume physique, le
terrestre-réel, comme étant
entièrement spirituel ; dans la
deuxième phase, nous l'avons seulement
imprégné de substance spirituelle. Et
la troisième phase doit sortir de ce
que je viens de vous décrire, du
royaume de la phrase et de la réalité
dont nous venons de parler. La
troisième, celle qui doit se réaliser
ici sur Terre, c'est le royaume de
l'esprit.
|
32
|
In der ersten Phase, von der ich
sprach, haben wir dasjenige, was
äußerlich physisches Reich war, das
Irdisch-Wirkliche, ganz als geistig
gedacht, in der zweiten Phase nur
durchdrungen von geistiger Substanz.
Und die dritte Phase muß herauswachsen
aus dem, was ich Ihnen jetzt
geschildert habe, aus dem Reich der
Phrase und derjenigen Wirklichkeit,
von der wir eben gesprochen haben. Das
dritte, das muß hier auf der Erde
verwirklichen das Geistesreich.
|
Alors que dans la première phase, la
réalité physique était conçue comme
spirituelle, dans l'avenir, la réalité
physique ne doit pas être conçue comme
spirituelle, mais le spirituel doit
être présent ici dans le monde
physique. Cela signifie qu'à côté de
la réalité physique doit vivre la
réalité spirituelle. L'humain doit se
promener ici, au sein de la réalité
physique, et reconnaître une réalité
spirituelle, il doit parler de quelque
chose de réel, de suprasensible,
d'invisible, mais qui est là, qui doit
être fondé parmi nous.
|
33
|
Während in der ersten Phase die
physische Wirklichkeit als geistig
gedacht war, darf in der Zukunft die
physische Wirklichkeit nicht als
geistig gedacht sein, dafür aber muß
das Geistige hier in der physischen
Welt anwesend sein. Das heißt, es muß
neben der physischen Wirklichkeit
leben die geistige Wirklichkeit. Der
Mensch muß hier herumgehen, innerhalb
der physischen Wirklichkeit, und eine
geistige Wirklichkeit anerkennen, muß
sprechen als von etwas Wirklichem,
Übersinnlichem, Unsichtbarem, was aber
da ist, was begründet werden muß unter
uns.
|
J'ai parlé de quelque chose de très
grave, de la phrase. Mais si le monde
extérieur n'était pas devenu si
phrasé, il n'y aurait pas de place
pour l'intrusion d'un royaume
spirituel. C'est précisément parce que
tout ce qui est ancien n'est
finalement plus qu'une phrase que se
crée l'espace vide dans lequel doit
pénétrer le royaume de l'esprit. C'est
précisément en Occident, dans le monde
anglo-américain, que l'humanité se
dirige vers une situation où l'on
continuera à parler, disons, dans les
idiomes usuels, de toutes sortes de
choses qui sont venues de temps
immémoriaux. Comme je l'ai dit, cela
va rouler comme une balle roule. Dans
les mots, cela va rouler. Vous
trouverez d'innombrables formules, en
particulier en Occident, qui ont perdu
toute signification, mais qui sont
utilisées. Mais ce n'est pas seulement
dans ces formules, mais dans tout ce
que l'on désigne par des mots anciens,
que vit ce qui est en fait une phrase,
dans laquelle il n'y a pas de réalité,
d'où la réalité est extirpée. Il y a
alors de la place pour que le
spirituel, quelque chose qui ne
correspond à rien d'ancien, prenne
place. L'ancien devait d'abord devenir
une phrase ; il faut rejeter tout ce
qui continue à se heurter au langage,
et il faut y introduire quelque chose
de complètement nouveau, qui ne peut
se répandre que comme monde spirituel.
|
34
|
Ich habe von etwas sehr Schlimmem
gesprochen, von der Phrase. Aber wenn
die äußere Welt nicht so phrasig
geworden wäre, wäre ja kein Platz für
das Eindringen eines Geistesreiches.
Gerade dadurch, daß schließlich alles
Alte nurmehr Phrase ist, dadurch
entsteht der leere Raum, in den das
Geistesreich eindringen soll. Gerade
im Westen, in der anglo-amerikanischen
Welt, da steuert die Menschheit dahin,
daß man viel noch fortsprechen wird,
sagen wir, in den gebräuchlichen
Idiomen, von allerlei Dingen, die von
altersher gekommen sind. Wie gesagt,
das wird so fortrollen wie eine Kugel
fortrollt. In den Worten wird das
fortrollen. Unzählige Formeln finden
Sie insbesondere im Westen, die jede
Bedeutung verloren haben, die aber
gebraucht werden. Aber nicht nur in
diesen Formeln, sondern in all dem,
was man mit alten Worten bezeichnet,
lebt dasjenige, was eigentlich Phrase
ist, worinnen keine Wirklichkeit ist,
woraus die Wirklichkeit herausgepreßt
ist. Da ist dann Platz, daß das
Geistige, etwas, was mit nichts Altem
übereinstimmt, Platz greife. Das Alte
mußte zuerst zur Phrase werden;
abgeworfen werden muß alles dasjenige,
was so fortkollert mit der Sprache,
und hinein muß etwas vollständig
Neues, das nur als geistige Welt sich
ausbreiten kann.
|
Alors seulement, il pourra y avoir
un royaume de Christ sur la Terre (ndt
depuis un moment est question de
royaume, selon l'usage français pour
le contexte, mais le mot allemand
"Reich" vaut aussi bien pour empire
que pour royaume). Car dans ce
royaume, il doit y avoir une réalité :
"Mon royaume n'est pas de ce monde".
Dans le royaume de ce monde, dans
lequel s'est d'abord étendu le royaume
du Christ, il y avait encore beaucoup
de choses de ce monde qui n'étaient
pas devenues des phrases. Mais dans le
monde occidental, tout ce qui vient
des temps anciens sera prédestiné à
devenir une phrase. Oui, en Occident,
dans le monde anglo-américain, tout ce
qui est tradition humaine deviendra
une phrase. C'est pour cela qu'il est
de notre responsabilité de mettre dans
le récipient vide un esprit dont on
puisse dire qu'il n'existe pas : ce
royaume n'est pas de ce monde ! -
C'est la grande responsabilité.
|
35
|
Dann erst kann es ein Christus-Reich
geben auf der Erde. Denn in diesem
Reiche muß eine Wirklichkeit sein:
«Mein Reich ist nicht von dieser
Welt.» In dem Reiche von dieser Welt,
in dem zunächst sich ausbreitete das
Christus-Reich, da war noch sehr viel
von dieser Welt vorhanden, was nicht
zur Phrase geworden war. Aber in der
westlichen Welt wird alles dasjenige,
was von alten Zeiten stammt, dazu
vorherbestimmt sein, zur Phrase zu
werden. Ja im Westen, in der
anglo-amerikanischen Welt, wird alles,
was menschliche Überlieferung ist,
Phrase werden. Dafür ist die
Verantwortlichkeit da, in das
leergewordene Gefäß einen Geist
hineinzusetzen, von dem gesagt werden
kann: Dies Reich ist nicht von dieser
Welt! — Das ist die große
Verantwortlichkeit.
|
Ce qui compte, ce n'est pas la
manière dont une chose est née, mais
ce que l'on fait ensuite avec ce qui
est ainsi né. Et c'est ainsi que se
présente le contexte.
|
36
|
Es kommt nicht darauf an, wie etwas
entstanden ist, sondern was man weiter
mit dem so Entstandenen tut. Und so
sind die Zusammenhänge.
|
Nous aurons à parler demain de la
manière dont ces liens peuvent se
réaliser, car sous la surface, dans
les pays occidentaux, les sociétés
secrètes sont très efficaces, et elles
poussent traditionnellement la
deuxième phase de l'impérialisme dans
la troisième. Car dans la population
anglo-américaine, vous avez mélangé
deux impérialismes, l'impérialisme
économique d'un Chamberlain et
l'impérialisme symbolique des sociétés
secrètes, qui est très efficace, mais
qui est absolument tenu secret devant
la grande population.
|
37
|
Nun werden wir morgen davon zu
sprechen haben, wie diese Zu‑
sammenhänge sich des weiteren
realisieren können, da ja unter der
Oberfläche gerade in westlichen
Ländern sehr wirksam die Geheim‑
gesellschaften sind, die nun
traditionell die zweite Phase des
Imperialismus in die dritte
hineinschieben. Denn in der
anglo-amerikanischen Bevölkerung haben
Sie zwei Imperialismen
durcheinandergeschoben, den
wirtschaftlichen eines Chamberlain und
den symbolischen Imperialismus der
Geheimgesellschaften, der sehr wirksam
hineingeschoben ist, der aber durchaus
geheimgehalten wird vor der großen
Bevölkerung.
|
Français
seulement
SEIZIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le
20 février 1920
Le développement
historique de l'impérialisme, première
conférence
01
Mon exposé d'aujourd'hui sera épisodique, une
parenthèse dans nos réflexions, car je
voudrais que nos amis anglais, qui vont
bientôt retourner dans leur pays, puissent en
tirer le plus de choses possible. C'est
pourquoi j'organise ces exposés de telle sorte
que l'un ou l'autre puisse servir de support à
l'efficacité nécessaire. Et c'est là que je
voudrais développer aujourd'hui, et d'abord
historiquement, pas tellement en ce qui
concerne le présent - cela pourra peut-être
alors se passer demain -, j'aimerais vous
développer spirituellement scientifiquement
historiquement, quelques choses sur
l'impérialisme. L'impérialisme est un
phénomène dont on a parlé plusieurs fois ces
derniers temps, et on en parle de telle
manière que ceux qui en parlent ont une
conscience plus ou moins claire de son lien
avec l'ensemble des phénomènes sociaux
actuels. Mais lorsqu'on discute de telles
choses aujourd'hui, on ne tient pas compte de
ce que nous vivons dans le cours historique de
l'humanité, que nous nous trouvons dans une
époque de développement historique bien
déterminée et que l'on ne peut comprendre
cette époque de développement de l'humanité
que si l'on sait d'où viennent les phénomènes
qui nous entourent aujourd'hui, dans lesquels
nous vivons aujourd'hui. Au fond, on voit
d'abord apparaître ce qui est aujourd'hui un
impérialisme efficace, qui sera efficace à
l'avenir, dont le porteur sera la population
anglo-américaine et qui est, au fond, très
récent dans sa dénomination ; cet impérialisme
se présente comme un impérialisme économique.
Mais l'essentiel, c'est que dans tout ce qui
est dit sur les choses liées à cet
impérialisme économique, au fond, rien n'est
vrai, tout est faux, tout plane, j'aimerais
dire, en l'air et, planant en l'air, conduit
plus ou moins consciemment à la
fausseté/non-véracité. Mais pour envisager
comment, en notre temps, les réalités sont
tout autres que ce qui est dit de ces
réalités,
02
Je n'ai besoin de mentionner qu'une seule
chose vis-à-vis des faits actuels pour
caractériser dans une certaine mesure la
capacité de jugement de l'opinion publique
contemporaine. Nous avons vu que Woodrow
Wilson a été glorifié dans les régions les
plus diverses d'Europe et finalement même en
Allemagne. Nos amis suisses savent très bien
que, pendant la glorification de Woodrow
Wilson, je me suis toujours prononcé, ici en
Suisse, de la manière la plus sévère contre
Woodrow Wilson, car ce que Woodrow Wilson est
aujourd'hui, il l'était bien entendu déjà à
l'époque où il était glorifié par le monde
entier. Aujourd'hui, on annonce déjà - je ne
veux pas dire par là que c'est la vérité la
plus profonde - qu'en Amérique, on pense à
déclarer Woodrow Wilson inapte au
gouvernement, qu'on doute de sa capacité de
jugement. Le jugement public, tel qu'il
circule aujourd'hui dans le monde, est donc
tout de suite suffisamment caractérisé par de
telles choses, notamment dans ses valeurs.
03
Et on a seulement besoin de se souvenir d'un
deuxième fait. Au cours des quatre ou cinq
dernières années, il a beaucoup été parlé de
toutes sortes de belles choses :
l'autodétermination des peuples, et ainsi de
suite. - Toutes ces choses n'étaient pas
vraies, car ce qui se cachait derrière était
tout autre chose, il s'agissait évidemment de
questions de pouvoir. Et pour celui qui veut
comprendre, il s'agit de remonter aux réalités
à partir de ce qui est dit, pensé et jugé. Et
ainsi doit en particulier lorsqu'un mot tel
qu'impérialisme - "Imperial Federation" est le
mot officiel depuis le début du 20e siècle en
Angleterre -, lorsqu'il est parle sur de
telles choses, ainsi doit être tenu compte que
nous avons en ces choses les dérivés les plus
extérieurs, des produits tardifs de
l'évolution, et que ceux-ci remontent à des
temps lointains et ne trouvent leur
explication que dans ce qu'une véritable
considération historique peut offrir.
04
Nous ne voulons pas remonter aussi loin que
l'on pourrait remonter spirituellement
historiquement de l'humanité, mais nous
voulons au moins remonter jusqu'à quelques
millénaires avant le compte du temps chrétien.
Là, nous trouvons d'abord des empires
impérialistes en Asie, et une variante de tels
empires impérialistes en Égypte. L'Empire
perse, bien connu dans l'histoire, mais
surtout l'empire assyrien, est quelque peu
caractéristique de l'impulsion orientale. Or,
on ne s'en sort pas si l'on suit cette
première phase de l'impérialisme uniquement
dans les derniers stades historiques de
l'empire assyrien, parce que l'on ne comprend
tout simplement pas ce qui règne comme
impulsion dans l'empire assyrien sans pouvoir
remonter à des états orientaux antérieurs.
Même en Chine, dont toute l'organisation
remonte à des temps très anciens, très
lointains, certaines choses ont tellement
changé que l'on ne peut plus reconnaître dans
cette organisation, qui existait encore il y a
peu de temps, le véritable caractère d'un
impérialisme oriental, tel qu'il a existé dans
l'empire d'Orient. Mais on peut encore voir, à
partir des conditions connues historiquement,
ce qui repose réellement à la base.
05
Or, on ne comprend pas tout l'impérialisme
oriental, l'impérialisme ancien, si l'on ne
sait pas quelle relation était supposée
exister dans la conscience publique entre la
population d'une région quelconque, disons
d'un empire, et ce que nous appellerions
aujourd'hui le souverain de cet empire ou les
dirigeants de cet empire. Car évidemment nos
mots comme souverain, roi ou autre n'expriment
plus ce qui était ressenti autrefois par le
souverain/régnant ou les dirigeants/les
régnants. On peut difficilement aujourd'hui se
faire une représentation de l'ensemble du
monde de ressenti qui régnait dans les
impérialismes orientaux trois ou quatre
millénaires avant l'ère chrétienne, parce
qu'il est difficile aujourd'hui de tenir
compte de la manière dont l'humain de cette
époque se représentait l'essence du monde
spirituel par rapport au monde physique.
06
Aujourd'hui, la plupart des humains, s'ils
pensent absolument à un monde spirituel,
pensent que ce monde spirituel se trouve
quelque part, loin, dans un au-delà ou quelque
chose de ce genre. Et quand est parlé du monde
spirituel, comme toutefois il faudra
d'ailleurs à nouveau en parler à l'avenir,
comme d'un monde existant parmi nous au même
titre que le monde des sens, alors tout ce qui
a conduit par exemple à la conscience
protestante se dresse à l'époque moderne. En
effet, l'essentiel dans les temps anciens
était que l'on n'a absolument pas fait une
différence entre le monde physique et le monde
spirituel.
07
C'est si fortement vrai que si l'on dit les
choses qui se rapportent à ces temps anciens,
l'humain d'aujourd'hui peut à peine se
représenter quelque chose de correct, tant le
monde de représentation des anciens était
différent du monde de représentation des
humains plus récents. Ce qui était là
physiquement, des humains dominants, une caste
régnante, des humains asservis, des humains
dominés, c'était la réalité, ce n'était pas
quelque chose qu'on appelait une réalité
physique, mais c'était la réalité, c'était à
la fois la réalité physique et la réalité
spirituelle. Et le souverain des empires
orientaux, qu'était-il donc ? Le
souverain/régnant des empires orientaux était
le dieu. Et dans le vaste périmètre de la
population, il n'y avait pas un dieu au-delà
des nuages dans les temps anciens - je parle
toujours des temps anciens -, il n'y avait pas
pour les gens un chœur d'esprits qui
entouraient à nouveau le dieu suprême,
c'étaient déjà des conceptions plus tardives
dans le cours de l'histoire terrestre, mais ce
que nous appellerions aujourd'hui des
ministres ou des courtisans, quelque peu
méprisables ou même bientôt respectables,
c'étaient des entités de nature divine. Car on
se rendait compte que, grâce à l'entraînement
aux mystères par lequel ces humains étaient
passés, ils étaient devenus quelque chose de
plus élevé que les humains ordinaires. On les
regardait comme la conscience protestante
regarde son Dieu ou comme certains cercles
déjà plus libéraux regardent leurs anges
invisibles et autres. Car pour ces populations
de l'Orient ancien, il n'y avait pas d'anges
extra-invisibles ou de Dieu extra-invisible
dans le domaine suprasensible. Tout ce qui
était spirituel vivait dans l'humain. Dans
l'humain ordinaire vivait une âme humaine.
Dans ce que nous appellerions aujourd'hui un
souverain/régnant vivait une âme divine, un
dieu.
08
Aujourd'hui, on ne se fait plus aucune idée de
ces représentations d'un royaume de Dieu réel
étant là et qui est en même temps un royaume
physique. Que, disons, le roi ait eu un réel
pouvoir divin et une dignité divine vaut
évidemment aujourd'hui pour absurde, mais
c'était autrefois une réalité dans les
impérialismes orientaux. On ne parlait pas de
quelque chose qui est purement saisissable
dans l'esprit en tant que tel.
09
J'ai dit qu'il y avait une variante dans
l'égyptianisme, car on y trouve vraiment une
transition vers une époque ultérieure. Si nous
remontons donc aux formes les plus anciennes
de l'impérialisme, cet impérialisme s'écrit à
partir de la cause que le roi, le souverain,
qui est Dieu, le Dieu réellement apparu
physiquement sur la terre, le fils du ciel
réellement apparu physiquement sur la terre,
est même le père du ciel. C'est tellement
paradoxal pour l'humain contemporain que cela
semble à peine croyable, mais c'est ainsi.
Mais c'est de là que découle ce que l'on peut
encore observer dans les documents assyriens,
dans la manière dont les conquêtes
impérialistes sont justifiées : Elles sont
tout simplement faites. Le droit à de telles
conquêtes découlait du fait que l'on devait
étendre le royaume de Dieu de plus en plus
loin. Si l'on avait conquis un territoire
quelconque et que les conquis étaient donc
devenus des sujets, ils devaient alors vénérer
celui qui était le conquérant comme leur dieu.
A l'époque, on ne pensait pas du tout à la
propagation de conceptions religieuses du
monde. Pourquoi en aurait-on eu besoin ? Si
l'individu qui appartenait au territoire
conquis reconnaissait extérieurement l'autre,
qui était le conquérant, s'il le suivait,
alors tout allait bien, car il pouvait croire
ce qu'il voulait. La foi - c'était l'opinion
personnelle -, on n'y touchait pas du tout,
surtout dans les temps anciens. On ne s'en
préoccupait pas du tout.
10
Ce fut la première forme sous laquelle
l'impérialisme a émergé. La deuxième forme
était celle où le dominant, celui qui devait
assumer un rôle de dominant, de dirigeant,
n'était pas Dieu lui-même, mais l'envoyé de
Dieu ou l'inspiré de Dieu, celui qui est
imprégné du divin. Dans les premiers
impérialismes, on avait affaire à des
réalités. C'est l'essentiel. Première phase
des impérialismes : on avait affaire à des
réalités.
11
Lorsqu'un dirigeant oriental des temps anciens
apparaissait au milieu de son peuple, il était
vêtu de ses ornements parce qu'en tant que
dieu, il avait le droit de revêtir de tels
vêtements. C'étaient les vêtements d'un dieu.
C'est l'apparence d'un dieu. Cela ne
signifiait rien d'autre que, parmi les dieux,
c'était la mode de la façon dont le souverain
apparaissait. Et ceux qui étaient ses paladins
n'étaient pas des fonctionnaires ou quoi que
ce soit d'autre, mais des êtres supérieurs qui
l'entouraient et qui faisaient ce qu'ils
faisaient en vertu de leur qualité d'êtres
supérieurs.
12
Puis vint le temps où, comme je l'ai dit, on
présenta le souverain et ceux qui étaient ses
paladins comme des envoyés de Dieu, des
personnes imprégnées de divinité, des
mandataires. Cela transparaît encore très
fortement chez Denys l'Aréopagite. Lisez ses
écrits, comment il décrit toute la hiérarchie
des diacres, des archidiacres, des évêques,
des archevêques, donc toute la hiérarchie de
l'Église. Comment la représente-t-il ? Denys
l'Aréopagite présente l'ensemble de la manière
suivante : dans cette hiérarchie
ecclésiastique terrestre, on a une image de ce
qu'est le Dieu suprasensible avec ses forces
primitives, ses archanges et ses anges. De
sorte que l'on a déjà en haut la hiérarchie
céleste et en bas son image, la hiérarchie
séculière. C'est là que les gens de la
hiérarchie séculière, les diacres, les
archidiacres, revêtent leurs vêtements ou
accomplissent leurs actes, parce que ce sont
des signes, parce que ce sont des symboles.
Dans la première phase, on a affaire à des
réalités, dans la deuxième phase, on a affaire
à des signes, à des symboles. Bien sûr, cela
aussi a été plus ou moins oublié. Car dans la
conscience générale de l'humanité, on ne
retient plus guère aujourd'hui, même dans la
population catholique, que les diacres, les
curés, les doyens, les évêques, les
archevêques sont les représentants, les
suppléants des hiérarchies célestes. Mais
c'est justement seulement tombé dans l'oubli.
13
Or, avec cette progression de l'impérialisme,
une division, j'aimerais dire un véritable
clivage, est apparu. D'un côté, ce qui avait
dedans le leadership, la domination,
scintillait plus vers l'envoyé de Dieu, vers
la prêtrise, où les prêtres sont des rois ; de
l'autre côté, ça scintillait plus vers le
temporel, mais toujours par la grâce de Dieu,
toujours en tant que fonctionnaires de Dieu,
destinés à cela. Au fond, ce ne sont que deux
variétés. Et nous avons ensuite les deux
variantes dans l'évolution historique : les
communautés ecclésiales et les communautés
impériales.
14
Une telle chose n'aurait pas été concevable
dans la première période des impérialismes, où
tout ce qui était physique était réalité. Mais
dans la deuxième phase des impérialismes, les
choses se sont séparées. L'un était alors plus
séculier, mais tout de même un envoyé de Dieu,
l'autre était plus ecclésiastique, également
un envoyé de Dieu. Cela remonte au Moyen-Âge ;
et j'aimerais dire que, dans un phénomène
historique caractéristique, cette vie dans le
royaume extérieur, dans la réalité extérieure
des rois envoyés par Dieu, des paladins
envoyés par Dieu et ainsi de suite, a été
maintenue jusqu'en 1806, mais déjà à l'époque
avec une existence d'ombre. Extérieurement, il
y avait l'Église romaine et son expansion ;
c'était plus coloré par le sacerdoce. Mais ce
qui a été retenu tout au long du Moyen-Âge, ce
qui a strictement retenu le caractère de
l'envoyé de Dieu ici sur la terre physique,
c'est ce que l'on appelle le "Saint Empire
romain de la nation allemande", qui n'a
disparu qu'en 1806. C'est ainsi que s'appelait
ce qui existait en Europe centrale comme une
sorte d'empire : Saint Empire romain de la
nation allemande. Dans le mot "saint", vous
avez encore un soupçon de ce qui était divin
sur la terre dans les temps anciens ; "romain"
signifie l'origine, d'où il est venu ; "nation
allemande" est ce sur quoi il a été plaqué, le
déjà plus séculier, sur lequel c'était plaqué.
15
Et ainsi, dans la deuxième phase des
impérialismes, nous n'avons plus seulement
l'impérialisme oint par l'Église, mais nous
avons la confusion entre l'oint divin et
l'oint séculier dans l'Empire. Cela commence
déjà avec l'ancien Empire romain à l'époque
préchrétienne et se poursuit jusqu'à la fin du
Moyen-Âge. Le Saint Empire romain germanique a
toujours eu un double caractère, en tant
qu'impérialisme. Pensez seulement qu'il
remonte tout de même à Charlemagne. Mais
Charlemagne est couronné à Rome par le pape.
Ainsi, même extérieurement, la dignité royale
est transformée en symbole, de sorte que ce
qui existe ici sur la terre physique n'est
plus une réalité. Les humains du Moyen-Âge
n'ont pas vénéré Charlemagne, Otton Ier, comme
des dieux, comme c'était le cas dans les temps
anciens, mais ils ont vu en eux des humains
envoyés par Dieu. Et cela devait encore être
affirmé. Bien sûr, cela vivait de moins en
moins dans les consciences. Mais même si c'est
extériorisé, cela avait encore, dans le signe,
dans le symbolum, au moins une réalité
symbolique, une réalité de signe. Ces
empereurs du Saint Empire romain germanique
allaient à Rome pour se faire coiffer de la
couronne par le pape. C'est ainsi que le
Hongrois Istwan Ier est fait roi de Hongrie
par le pape en l'an 1000. L'onction et donc le
pouvoir sont conférés à ce qui règne dans le
monde par ce qui est religieux ou spirituel.
16
Mais ce qui entre par là dans la conscience
des humains a pour effet que les humains ont
cru qu'ils avaient le droit d'inclure les
autres humains dans cet empire, qui a été oint
par les dieux eux-mêmes à travers les humains,
c'est pourquoi Dante lui-même est d'avis que
celui qui est empereur du Saint Empire romain
germanique est au fond autorisé à dominer le
monde entier. C'est en cela que la formule de
l'impérialisme est tout de suite chez Dante.
17
Dans les légendes et les traditions, dans
lesquelles se cristallisent dans la conscience
des humains des événements historiques,
s'expriment en général des choses qui doivent
être considérées sous les angles les plus
divers, et pas seulement d'un seul point de
vue. On peut dire qu'au XIe et au XIIe siècle,
il y avait encore en Europe une conscience
très forte, mais pas très claire, seulement
une conscience sensible, mais très forte, du
fait qu'à une époque très ancienne, en Orient,
des humains avaient vécu sur la Terre, sur la
Terre physique, et qu'ils étaient eux-mêmes
des dieux. On ne pensait pas que c'était une
superstition, oh non, mais on se disait :
maintenant, seuls ces dieux ne peuvent plus
vivre sur la Terre, parce que la Terre est
devenue si mauvaise. Ce qui faisait des
humains des dieux s'est perdu, le "Saint
Graal" s'est perdu, et maintenant, au
Moyen-Âge, on ne peut l'obtenir que de la
manière dont Perceval l'obtient : on cherche
le moyen de trouver le dieu à l'intérieur,
alors qu'avant le dieu était une réalité dans
le royaume. Maintenant, le royaume n'est
qu'une somme de symboles, de signes, et il
faut trouver le dieu à partir des symboles, à
partir des signes.
18
De toutes les choses qui ont existé, il reste
alors des vestiges. La réalité s'émousse. Des
restes demeurent, des restes de toutes sortes.
Alors qu'en règle générale, tant que les
choses sont des réalités, elles sont univoques
dans le monde, elles deviennent ensuite
ambiguës. Et c'est ainsi que la diversité est
née en Europe de l'ancienne univocité. Tant
que le Saint Empire romain germanique avait
une signification dans la conscience des
humains, le représentant de ce Saint Empire
romain germanique était en quelque sorte aussi
puissant, capable de maîtriser les différents
symboles angéliques qui étaient les princes
territoriaux, car on avait encore conscience
qu'il avait justement le droit de le faire.
Mais son droit reposait plus ou moins sur
quelque chose d'idéel. Cela perdait peu à peu
de son importance. Il ne restait donc plus que
les princes territoriaux. Et nous avons en
quelque sorte, dans le Saint Empire romain
germanique, quelque chose qui, peu à peu,
expulse sa véritable substance intérieure, et
il ne reste que l'extérieur. On perd la
conscience que les humains terrestres sont
envoyés par Dieu. Et l'expression du fait que
l'on ne peut plus penser que des humains
terrestres sont envoyés par Dieu, c'est
justement le protestantisme. Le protestantisme
est la protestation contre la signification
réelle des humains terrestres envoyés par
Dieu.
19
Si le principe du protestantisme s'était
imposé de manière conséquente, aucune tête
couronnée ou courtisée n'aurait jamais pu se
nommer à nouveau "par la grâce de Dieu". Mais
les choses sont toujours restées à l'état de
restes. Jusqu'en 1918, les restes sont restés,
puis ces restes ont disparu. Ces restes, qui
avaient déjà perdu toute signification à
l'intérieur, étaient encore là en tant que
manifestations extérieures. Ces princes
territoriaux allemands étaient encore là en
tant qu'apparition extérieure ; ils n'avaient
de signification que dans ces temps anciens,
où ils étaient les symboles d'un royaume
céleste inspirant.
20
C'est ainsi que se conservent encore d'autres
vestiges, dont on ne se rend même pas compte
comment ils se conservent en tant que
vestiges. Il n'y a pas si longtemps, un évêque
d'Europe centrale - peut-être était-il aussi
un archevêque - a publié une lettre pastorale.
Dans cette lettre pastorale, il était dit que
le prêtre catholique est plus puissant que
Jésus-Christ, pour la simple raison que
lorsque le prêtre catholique effectue la
transsubstantiation à l'autel, le Christ Jésus
doit être présent dans le sanctissime, dans
l'hostie. Il faut que la transsubstantiation
s'accomplisse réellement par le pouvoir du
prêtre. C'est-à-dire que l'acte que le prêtre
accomplit oblige le Christ Jésus à être
présent sur l'autel. Ainsi, le plus puissant
n'est pas le Christ Jésus, mais le plus
puissant est celui qui accomplit la
transsubstantiation sur l'autel !
21
Si nous voulons comprendre une telle chose,
qui, comme je l'ai dit, est apparue il y a
quelques années encore dans une lettre
pastorale, nous devons remonter non pas au
temps des seconds impérialismes, mais au temps
des premiers impérialismes, comme d'ailleurs
l'Église catholique et ses institutions ont
conservé de nombreux éléments des premiers
impérialismes. Il y a encore là un reste de
cette conscience que ceux qui gouvernent sur
la terre sont les dieux, tandis que le Christ
Jésus n'est que le Fils de Dieu. Il va de soi
que ce qui est écrit dans une telle lettre
pastorale est une impossibilité pour une
conscience protestante, tout comme il est
impossible pour un humain d'aujourd'hui de
croire qu'il y a des millénaires, les humains
ont vu le dieu dans le souverain. Mais tout
cela, ce sont de véritables facteurs
historiques, ce sont des faits réels, des
faits qui ont joué un rôle dans le devenir
historique, dans la réalité historique, et
dont les restes existent encore aujourd'hui.
22
Et c'est ainsi que des réalités antérieures
interviennent fortement dans les phénomènes
ultérieurs. Non pas que la vision reste
toujours la même, mais les usages qui
découlent de ces visions sont restés les
mêmes. Regardez comment le mahométisme s'est
répandu. Certes, Mahomet n'a pas dit lui-même
: "Mahomet est votre dieu", comme cela devait
être dit il y a des millénaires par un
souverain sacerdotal oriental. Il s'est
contenté de dire, ce qui était déjà plus à la
mode à l'époque, qu'il y a un Dieu et que
Mahomet est son prophète. - Donc pour la
conscience des humains, il a déjà accepté la
mission de Dieu, la deuxième phase de
l'impérialisme. Mais pour la manière dont le
mahométisme s'est répandu, la première phase
est encore valable. Car les mahométans n'ont
jamais été aussi intolérants envers les autres
croyants que ceux qui accordent de
l'importance à la confession. Les mahométans
se sont contentés de conquérir les autres et
d'en faire des sujets, exactement comme dans
les temps anciens, où la confession n'avait
pas d'importance non plus, parce qu'après
tout, ce que l'on croyait n'avait aucune
importance si l'on reconnaissait seulement le
dieu. La manière dont le mahométisme s'est
répandu est l'usage de la première phase de
l'impérialisme.
23
Et quelque chose de la première phase de
l'impérialisme - fortement teinté par la
deuxième - a été conservé dans le despotisme
russe, dans le tsarisme. Dans toute la manière
dont le tsar a été pensé par ceux qui le
reconnaissaient, il y a au moins dans l'état
d'esprit quelque chose qui remonte à la
première phase de l'impérialisme. C'est
pourquoi, en Russie, il importait si peu que
ce qui était dans la conscience de la
population russe elle-même et ce qui émanait
du tsarisme se rejoignent, car la domination
du tsarisme reposait en fait sur l'élément
germanique et mongol, et non sur l'élément de
la paysannerie russe proprement dite. C'est
ainsi que sont restés les vestiges des temps
anciens. On peut également voir, sur des
périodes plus courtes, comment les restes des
époques précédentes sont restés.
24
Maintenant, la troisième forme d'impérialisme.
Elle n'est formulée que depuis le 20e siècle,
depuis que Chamberlain et ses collaborateurs
ont créé le concept de "fédération impériale"
; mais les causes remontent plus loin, jusqu'à
la deuxième moitié du 17e siècle. C'est à la
fin du XVIIe siècle que s'est produit en
Angleterre ce grand bouleversement par lequel
la royauté, ce qui était autrefois Dieu, puis
l'Oint, est devenu pour toutes les régions
occidentales où se trouve une population
anglo-américaine, une simple existence de
l'ombre, une simple décoration, on ne peut pas
dire, mais quelque chose de simplement toléré,
alors qu'en fait, depuis le XVIIe siècle, ce
qui est voulu publiquement se transmet à toute
la population, certes d'abord par couches de
classes, mais à toute la population.
25
Or, la population anglo-américaine pose
d'autres conditions préalables à cette,
disons, volonté populaire, au système
électoral issu du peuple, que par exemple la
population française, la population romane, et
en général la population latine. La population
latine, en particulier la population
française, a certes connu la révolution au
XVIIIe siècle ; mais sous l'influence de ce
que je vous ai décrit il y a quelques heures,
le peuple français est aujourd'hui, en tant
que peuple, plus royal que tout autre. On
n'est pas royal uniquement parce qu'il y a un
roi à la tête. Certes, un humain ne peut pas
bien se promener si on lui a coupé la tête ;
mais le peuple français est royal,
impérialiste, sans avoir de roi. Ce qui
compte, c'est l'état d'âme. Ce sentiment
compact d'être un, toute cette conscience
populaire, c'est en fait un reste très réel de
la conscience de Louis XIV.
26
Mais la population anglophone a posé d'autres
conditions préalables à ce qu'on pourrait
appeler la volonté du peuple. Et c'est là que
s'est développée peu à peu la troisième forme
d'impérialisme, qui n'a été formulée que par
Chamberlain et d'autres, et qui est devenue
l'émanation de ce qui est sorti des humains
élus des parlements. Mais nous voulons
aujourd'hui l'examiner du point de vue de
l'âme, ce troisième impérialisme.
27
Le premier impérialisme avait des réalités :
un humain était le dieu pour la conscience des
autres humains. Ses paladins étaient des dieux
qui l'entouraient, des sous-dieux. Deuxième
forme d'impérialisme : ce qui était sur la
Terre était un signe, un symbole. Le dieu
n'agissait qu'à l'intérieur des humains.
Troisième forme d'impérialisme : ce qui émane
d'abord des âmes ici sur Terre se dépouille
aussi de son caractère de symbole, de signe.
De même qu'il est passé de la réalité au
signe, au symbole, de même il passe du signe,
du symbole à la phrase/au phrasé. Tableau 16
28
Ceci est présenté sans aucune excitation de
l'âme tranquille, donc sine ira, mais de
manière purement objective le fait, à partir
de la nécessité du devenir terrestre. Depuis
le XVIIe siècle, ce qui se passe dans la vie
publique de la population anglo-américaine, ce
dont on parle, ce que l'on fabrique dans les
livres de lois, c'est vraiment la volonté du
peuple, certes, stratifiée par classes - nous
en viendrons peut-être à la caractérisation
demain ou après-demain - mais c'est de la
phrase, il n'y a même pas entre ce qui est dit
et la réalité un rapport tel qu'entre le
symbolum et la réalité. C'est ainsi que cela
se passe ; selon l'âme, cela se passe ainsi :
des réalités aux symboles et ensuite à la
phrase, à ce qui est une parole pressée, vidée
de son contenu. Et ce qui se passe sous la
parole pressée et vidée, ce sont d'abord les
réalités. Personne ne s'imagine qu'elles sont
divines, du moins pas là où elles ont leur
origine.
29
Car imaginons un instant le fondement de cet
impérialisme qui a pour élément dominant la
phrase : dans les premiers impérialismes les
rois, dans les seconds impérialismes les
oints, maintenant la phrase. Il va de soi que
les décisions majoritaires ne deviennent rien
de réel, mais une phrase dominante. Et les
réalités flottent en dessous et ne sont
absolument pas considérées comme quelque chose
de divin. Car prenons une base importante pour
ce qui s'est déroulé comme réalités : la
colonisation. La colonisation joue un rôle
important dans la formation de ce troisième
impérialisme. Pour le système de colonisation,
l'extension de l'empire sur les colonies, la
"Fédération impériale" est la forme, le type
particulier de regroupement. Mais comment ces
colonies se rattachent-elles initialement à
l'empire ? Pensez aux cas réels : des
aventuriers dont on ne peut pas vraiment se
servir dans l'Empire, qui sont un peu en
haillons, partent ensuite dans les colonies,
s'enrichissent, utilisent ensuite leur
richesse dans leur patrie, mais ne sont pas
pour autant des gens respectés, ce sont
toujours des aventuriers, des bohémiens. C'est
ainsi que se constitue l'empire colonial.
C'est la réalité qui existe sous le phrasé.
Mais il reste des vestiges. De même qu'il
reste des symboles et des phrases comme restes
des réalités originelles, ou des couronnes
princières symboliques ou des tsarismes, de
même il reste des entreprises d'aventuriers
des colons un peu mal famés considérés, les
réalités qu'on a maintenant. N'est-ce pas,
l'un s'est, disons, "approprié" cela ; le
fils, oui, il n'est déjà plus si mal famé, il
sent déjà meilleur. Le petit-fils, lui, sent
encore meilleur, et puis, n'est-ce pas, vient
un temps où tout sent déjà bon. C'est alors
que la phrase peut s'emparer de ce qui
commence déjà à sentir très bon. La phrase
s'identifie alors à la vraie réalité. C'est là
que l'État déploie ses ailes, c'est là que
l'État devient le protecteur, et c'est là que
tout se fait honnêtement.
30
Il est nécessaire de prendre les choses par -
on ne peut peut-être pas dire leur vrai nom,
car les noms désignent très rarement les
réalités - mais leur vrai bout. C'est
nécessaire, car ce n'est qu'ainsi que l'on
parvient à comprendre les tâches que l'époque
actuelle impose aux humains et les
responsabilités que l'époque actuelle impose
aux humains. Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra
comprendre quelle est la fable convenue de ce
que l'on appelle l'histoire, c'est-à-dire
l'histoire transmise dans les écoles et les
universités. Cette histoire n'appelle vraiment
pas les choses par leur nom correct, au
contraire, elle fait en sorte que de proche en
proche les noms valent pour le non correct.
31
C'est quelque chose de très grave, n'est-ce
pas, ce que je viens de décrire. Mais vous
voyez, il s'agit maintenant d'orienter
justement un peu ses sentiments, ses émotions
vers les responsabilités. Considérons
maintenant l'autre côté. Considérons un ancien
empire. Celui-ci était réel, terrestre et réel
dans la représentation ; le prêtre-roi était
issu des mystères. Le second n'était plus
terrestrement réel, mais le second était
symbolique. Il y a loin entre ce que, dans
l'ancien empire oriental, les dirigeants et
leurs paladins portaient comme ornements
divins et ce que l'on mettait ensuite sur le
dos des gens comme "aigle rouge ou noir" de
troisième, deuxième ou première qualité. Mais
c'est pourtant là l'évolution historique. On
est passé de la réalité au néant pour ce qui
n'était finalement même pas un signe, mais au
fond seulement l'expression pour une phrase.
N'est-ce pas, finalement, même dans les
apparences, le système général du phrasé, qui
s'est répandu de l'Occident au reste du monde,
a pénétré dans les affaires publiques. J'ai
même rencontré des conseillers de cour
titulaires ! Les conseillers de la Cour
n'avaient déjà pas grand-chose à conseiller -
en tout cas, ils n'avaient pas grand-chose à
conseiller -, mais les conseillers titulaires
! Ce n'était qu'une phrase qui a été collée
sur un humain. Et pourtant, tout remonte à ces
anciens usages dont j'ai parlé.
32
Dans la première phase dont j'ai parlé, nous
avons pensé ce qui était extérieurement le
royaume physique, le terrestre-réel, comme
étant entièrement spirituel ; dans la deuxième
phase, nous l'avons seulement imprégné de
substance spirituelle. Et la troisième phase
doit sortir de ce que je viens de vous
décrire, du royaume de la phrase et de la
réalité dont nous venons de parler. La
troisième, celle qui doit se réaliser ici sur
Terre, c'est le royaume de l'esprit.
33
Alors que dans la première phase, la réalité
physique était conçue comme spirituelle, dans
l'avenir, la réalité physique ne doit pas être
conçue comme spirituelle, mais le spirituel
doit être présent ici dans le monde physique.
Cela signifie qu'à côté de la réalité physique
doit vivre la réalité spirituelle. L'humain
doit se promener ici, au sein de la réalité
physique, et reconnaître une réalité
spirituelle, il doit parler de quelque chose
de réel, de suprasensible, d'invisible, mais
qui est là, qui doit être fondé parmi nous.
34
J'ai parlé de quelque chose de très grave, de
la phrase. Mais si le monde extérieur n'était
pas devenu si phrasé, il n'y aurait pas de
place pour l'intrusion d'un royaume spirituel.
C'est précisément parce que tout ce qui est
ancien n'est finalement plus qu'une phrase que
se crée l'espace vide dans lequel doit
pénétrer le royaume de l'esprit. C'est
précisément en Occident, dans le monde
anglo-américain, que l'humanité se dirige vers
une situation où l'on continuera à parler,
disons, dans les idiomes usuels, de toutes
sortes de choses qui sont venues de temps
immémoriaux. Comme je l'ai dit, cela va rouler
comme une balle roule. Dans les mots, cela va
rouler. Vous trouverez d'innombrables
formules, en particulier en Occident, qui ont
perdu toute signification, mais qui sont
utilisées. Mais ce n'est pas seulement dans
ces formules, mais dans tout ce que l'on
désigne par des mots anciens, que vit ce qui
est en fait une phrase, dans laquelle il n'y a
pas de réalité, d'où la réalité est extirpée.
Il y a alors de la place pour que le
spirituel, quelque chose qui ne correspond à
rien d'ancien, prenne place. L'ancien devait
d'abord devenir une phrase ; il faut rejeter
tout ce qui continue à se heurter au langage,
et il faut y introduire quelque chose de
complètement nouveau, qui ne peut se répandre
que comme monde spirituel.
35
Alors seulement, il pourra y avoir un royaume
de Christ sur la Terre (ndt depuis un moment
est question de royaume, selon l'usage
français pour le contexte, mais le mot
allemand "Reich" vaut aussi bien pour empire
que pour royaume). Car dans ce royaume, il
doit y avoir une réalité : "Mon royaume n'est
pas de ce monde". Dans le royaume de ce monde,
dans lequel s'est d'abord étendu le royaume du
Christ, il y avait encore beaucoup de choses
de ce monde qui n'étaient pas devenues des
phrases. Mais dans le monde occidental, tout
ce qui vient des temps anciens sera prédestiné
à devenir une phrase. Oui, en Occident, dans
le monde anglo-américain, tout ce qui est
tradition humaine deviendra une phrase. C'est
pour cela qu'il est de notre responsabilité de
mettre dans le récipient vide un esprit dont
on puisse dire qu'il n'existe pas : ce royaume
n'est pas de ce monde ! - C'est la grande
responsabilité.
36
Ce qui compte, ce n'est pas la manière dont
une chose est née, mais ce que l'on fait
ensuite avec ce qui est ainsi né. Et c'est
ainsi que se présente le contexte.
37
Nous aurons à parler demain de la manière dont
ces liens peuvent se réaliser, car sous la
surface, dans les pays occidentaux, les
sociétés secrètes sont très efficaces, et
elles poussent traditionnellement la deuxième
phase de l'impérialisme dans la troisième. Car
dans la population anglo-américaine, vous avez
mélangé deux impérialismes, l'impérialisme
économique d'un Chamberlain et l'impérialisme
symbolique des sociétés secrètes, qui est très
efficace, mais qui est absolument tenu secret
devant la grande population.
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