Aujourd'hui, je vais à nouveau
insérer une sorte d'épisode dans nos
réflexions, qui nous servira à
poursuivre le thème proprement dit
demain. Pour pouvoir vous parler de
certaines choses, je vais être obligé
d'utiliser aujourd'hui une forme de
présentation un peu plus aphoristique.
Nous avons en effet extrait les
symptômes et les phénomènes les plus
divers de l'actualité, afin de
reconnaître comment cette actualité
guide l'humanité vers une saisie des
réalités spirituelles. Et ce fut
non-effort de rendre clair que cette
saisie des réalités spirituelles ne
pouvait pas se limiter à ce que
l'humain, dans une certaine mesure, ne
saisisse le monde spirituel à l'avenir
que pour en tirer quelque chose,
j'aimerais dire pour ses heures du
dimanche. Ce fut tout de suite ce qui
a été pernicieux dans la civilisation
qui s'est développée au cours des
derniers siècles, que la vie de
l'esprit soit devenue peu à peu
quelque chose de si détaché/retiré, de
si abstrait. À la question que j'ai
posée lors d'une conférence publique à
Bâle il y a quelque temps : Quel est
le lien entre la vision du monde, la
vision sur le spirituel ou aussi sur
le non-spirituel qu'a un
fonctionnaire, un avocat, un
fabricant, un commerçant, et ce qu'il
fait/propulse au quotidien ? — On peut
dire qu'il ne coule des pensées qu'il
a comme vision du monde, rien qui
entre dans ses affaires
professionnelles et de tous les jours,
je pense, dans la conduite de
celles-ci. On est d'un côté un humain
de la vie pratique extérieure, et à
côté on a une vision du monde purement
abstraite, qu'elle soit plus ou moins
religieuse, plus ou moins teintée de
science. C'est donc devenu un usus
courant au cours des derniers siècles
et a atteint son apogée à notre époque
si enceinte de malheur. Et ce qui
repose à la base de tout cela
s'exprime dans une autre circonstance,
à vrai dire encore plus fatale, à
savoir que des humains qui ont la
bonne volonté d'acquérir une vision
spirituelle du monde, intègrent dans
le contenu de cette vision spirituelle
du monde le fait que cette vision
spirituelle du monde n'a rien à voir
avec leur vie pratique. Car la vie
pratique, c'est le réel, c'est ce à
quoi on se consacre extérieurement, la
spiritualité, on l'a pour le dimanche,
on l'a retirée de la vie, et la vie
n'est pas digne d'accueillir cette
spiritualité. - Je me suis toujours
efforcé de faire comprendre que la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique dont il est question
ici veut certes s'élever dans les
hauteurs les plus élevées de la vie
spirituelle, mais qu'elle doit
ensuite, par cette ascension dans les
mondes spirituels, éduquer chez
l'humain un type de pensée, un type de
représentation qui le rend apte à
s'engager habilement et pratiquement
dans chaque branche de la vie
quotidienne. On doit avoir pour ses
affaires, pour la vie pratique
quotidienne, quelque chose de ce que
l'on s'élabore spirituellement aussi
pour les mondes supérieurs.
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01
|
Ich werde heute wiederum eine Art
Episode einfügen in unsere
Betrachtungen, die uns dazu dienen
wird, das eigentliche Thema morgen
weiterzuführen. Ich werde genötigt
sein, um Ihnen gewisse Dinge erörtern
zu können, heute eine etwas
aphoristischere Art der Darstellung zu
verwenden. Wir haben ja die
mannigfaltigsten Symptome und
Erscheinungen aus dem Zeitgeschehen
herausgeholt, um zu erkennen, wie
dieses Zeitgeschehen die Menschheit
hinleitet zu einem Ergreifen geistiger
Wirklichkeiten. Und es war mein
Bestreben, klarzumachen, daß es bei
dieser Ergreifung geistiger
Wirklichkeiten sich nicht bloß darum
handeln kann, daß der Mensch
gewissermaßen auch in der Zukunft die
geistige Welt nur ergreife, um an ihr
etwas zu haben, ich möchte sagen, für
seine Sonntagsstunden. Das war ja
gerade das Verderbliche in der
Zivilisation, die sich in den letzten
Jahrhunderten herausgebildet hat, daß
das Geistesleben allmählich etwas so
Abgezogenes, Abstraktes geworden ist.
Auf die Frage, die ich in einem
öffentlichen Vortrage in Basel vor
einiger Zeit gestellt habe: Was
verbindet die Weltanschauung, die
Anschauung über das Geistige oder auch
über das Ungeistige, die jemand hat,
der Beamter, Rechtsanwalt, Fabrikant,
Kaufmann ist, mit dem, was einer
alltäglich treibt ? -- kann man sagen:
Es fließt von den Gedanken, die er
als Weltanschauung hat, nichts in
seine beruflichen und alltäglichen
Angelegenheiten, ich meine in die
Führung derselben hinein. Man ist auf
der einen Seite ein Mensch des äußeren
praktischen Lebens, und daneben hat
man eine rein abstrakte
Weltanschauung, sei sie mehr oder
weniger religiös, sei sie mehr oder
weniger wissenschaftlich gefärbt. Das
ist ja Usus geworden im Laufe der
letzten Jahrhunderte und zu einem
Höhepunkt gelangt in unserer so
unheilschwangeren Zeit. Und was da
zugrunde liegt, drückt sich aus in
einem andern, eigentlich noch
fataleren Umstande, daß Menschen, die
den guten Willen haben, sich eine
geistige Weltanschauung anzueignen,
geradezu in den Inhalt dieser
geistigen Weltanschauung aufnehmen,
daß diese geistige Weltanschauung
nichts zu tun habe mit ihrem
praktischen Leben. Denn das praktische
Leben, das ist das Reale, das ist
dasjenige, dem man sich äußerlich
widmet, die Geistigkeit hat man für
den Sonntag, man hat sie abgezogen vom
Leben, und das Leben ist nicht würdig,
diese Geistigkeit aufzunehmen. — Ich
habe mich immer bemüht, klarzumachen,
daß gerade die hier gemeinte
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft zwar in die
höchsten Höhen des geistigen Lebens
hinaufsteigen will, aber dann in dem
Menschen durch dieses Hinaufsteigen in
die geistigen Welten eine Art des
Denkens, eine Art des Vorstellens
heranerziehen soll, welche ihn
geeignet macht, geschickt, praktisch
in jeden Zweig des alltäglichen Lebens
sich hineinzustellen. Man soll für
sein Geschäft, für das tägliche
praktische Leben etwas haben von dem,
was man sich geistig auch für die
höheren Welten erarbeitet.
|
Ce travail pour les mondes
spirituels doit être tel qu'il ne nous
amène pas à dire : ce monde spirituel,
c'est l'au-delà, il ne doit pas du
tout être touché par le grossier
quotidien ; le grossier quotidien est
là à part, on le méprise, le monde
spirituel est le haut, le sublime. -
Au cours des années passées, j'ai
souvent attiré l'attention sur ces
choses et j'ai dit qu'au fil des
années, plus d'un humain est venu me
voir et m'a dit : "Ah, j'ai une
profession si prosaïque, je voudrais
quitter cette profession prosaïque et
me consacrer à quelque chose de plus
idéal. - C'est la pire des maximes que
l'on puisse avoir dans la vie. Celui
qui, par son destin, par son karma,
est fonctionnaire de la poste et un
fonctionnaire ordinaire, sert
certainement plus le monde - je l'ai
souvent dit - s'il remplit sa
profession correctement, que s'il est
un mauvais poète ou même un mauvais
journaliste ou quelque chose de ce
genre, dont on a parfois envie. Il
s'agit seulement, lorsque l'on
s'approche du spirituel, d'accueillir
ce spirituel dans son esprit de telle
sorte qu'il ne rende pas maladroit,
mais habile pour la vie extérieure.
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02
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Dieses Arbeiten für die geistigen
Welten soll so sein, daß es einen
nicht dazu verführt, zu sagen: Diese
geistige Welt, das ist das Jenseitige,
das darf gar nicht berührt werden von
dem groben Alltäglichen; das grobe
Alltägliche ist gesondert da, das
verachtet man, die geistige Welt ist
das Hohe, das Erhabene. — Ich habe in
früheren Jahren oftmals und sehr
scharf auf diese Dinge hingedeutet und
habe ausgesprochen, daß ja wirklich im
Laufe der Jahre mancher Mensch zu mir
gekommen ist und mir sagte: Ach, ich
habe einen so prosaischen Beruf, ich
möchte diesen prosaischen Beruf
verlassen und mich Idealerem widmen. —
Das ist die schlechteste Maxime, die
man im Leben haben kann. Wer durch
sein Schicksal, durch sein Karma
Postbeamter ist und ein ordentlicher
Postbeamter ist, der dient — so sagte
ich oftmals — gewiß, wenn er seinen
Beruf ordentlich ausfüllt, der Welt
mehr, als wenn er ein schlechter
Dichter ist oder gar ein schlechter
Journalist oder dergleichen, wonach es
einen manchmal gelüstet. Es handelt
sich nur darum, wenn man dem Geistigen
sich nähert, dieses Geistige so in
sein Gemüt aufzunehmen, daß es einen
nicht ungeschickt, sondern geschickt
macht für das äußere Leben.
|
C'est parce que cette maxime a
disparu de la vie depuis le XVe siècle
et que la vie s'est en quelque sorte
divisée en deux courants, la vie
pratique extérieure, méprisée par les
idéalistes et les mystiques, et la vie
mystique, religieuse, idéaliste,
considérée par les praticiens comme
quelque peu exaltée et rêveuse, que
nous nous trouvons aujourd'hui dans
l'impasse de la vie qui vous a été
décrite hier. C'est la raison profonde
pour laquelle nous nous trouvons dans
cette impasse. C'est ainsi que, d'un
côté, dans la vie pratique, chaque
individu se trouve dans un petit
cercle, comme je l'ai dit hier,
travaillant sans vue d'ensemble et
sans participation chaleureuse à
l'ensemble, et que, de l'autre côté,
si l'on est suffisamment idéaliste
pour se consacrer à une vision
spirituelle du monde, on veut alors
avoir cette vision spirituelle du
monde de telle sorte que l'on ne soit
pas éduqué dans cette vision
spirituelle du monde, par exemple pour
la tenue pratique, disons d'un grand
livre comptable ou d'un journal
comptable. Il y a des gens qui
considèrent comme un avantage le fait
que quelqu'un ne comprenne pas et ne
puisse pas du tout comprendre comment
on tient un journal ou un livre de
caisse. C'est le grand dommage qui
s'est progressivement
implanté/naturalisé au cours des
derniers siècles.
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03
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Weil diese Maxime verschwunden ist
aus dem Leben seit dem 15.
Jahrhundert und gewissermaßen das
Leben sich in diese zwei Strömungen
gespalten hat, in das von Idealisten
und Mystikern verachtete äußere
praktische Leben und in das von
Praktikern als etwas
schwärmerisch-träumerisch angesehene
mystische, religiöse, idealistische
Leben, stehen wir heute in der Ihnen
gestern geschilderten Sackgasse des
Lebens darinnen. Das ist der tiefere
Grund, warum wir in dieser Sackgasse
darinnenstecken. Dadurch ist es
gekommen, daß auf der einen Seite im
praktischen Leben jeder einzelne
dasteht in einem kleinen Kreise, wie
ich gestern gesagt habe, arbeitend
ohne Übersicht und auch ohne herzliche
Anteilnahme an dem Ganzen, und
wiederum, wenn man idealistisch genug
dazu ist, sich einer geistigen
Weltanschauung zu widmen, man dann
diese geistige Weltanschauung so haben
will, daß man in dieser geistigen
Weltanschauung ja nicht erzogen wird
zum Beispiel zur praktischen Führung,
sagen wir eines ordentlichen
Hauptbuches oder eines ordentlichen
Journals. Es gibt Leute, die sehen es
geradezu als einen Vorzug an, wenn
jemand nicht versteht und gar nicht
begreifen kann, wie man ein Journal
oder ein Kassabuch führt. Das ist der
große Schaden, welcher sich durch die
letzten Jahrhunderte allmählich immer
mehr und mehr eingebürgert hat.
|
Ce n'est pas un avantage de ne pas
savoir comment on conduit un grand
livre ou un livre de caisse, et il
n'est aucune bénédiction pour
l'humanité s'il y a autant de
personnes que possible qui veulent
être des idéalistes, en ne comprenant
rien de toute la pratique et veulent
seulement s'adonner à des
considérations spirituelles. La seule
chose saine dans la vie, c'est quand
ces deux maximes se confondent dans la
vie de telle sorte que l'une porte
l'autre. Mais ce qui, dans les plus
petits cercles, est progressivement
apparu de plus en plus comme une
atteinte à la vie au cours des
derniers siècles, s'exprime aussi dans
les grandes affaires de la vie, dans
la mesure où personne, vraiment, on
peut dire personne, à part quelques
humains qui ont rendu les choses très
peu pratiques, ne s'en est préoccupé :
Comment peut-on faire quelque chose de
vraiment sain à partir de ces entités
qui sont dépassées - je vous les ai
caractérisées hier, à quoi elles
ressemblent sur la carte - qu'on
appelait avant la guerre, jusqu'en
1914, les États de la terre ? - Oui,
aujourd'hui, même avec les épreuves
des quatre ou cinq dernières années,
on n'est malheureusement pas encore
assez avancé pour réfléchir à ces
choses de manière saine. Prenez
seulement ceci. Lorsque l'on aura la
tête froide pour examiner les causes
lointaines de la terrible catastrophe
de ces quatre ans et demi ou cinq
dernières années, on découvrira que
ces causes résident entre l'Europe
centrale et les régions occidentales,
y compris l'Amérique, dans des
rapports industriels et commerciaux,
dans ces rapports industriels et
commerciaux qui sont depuis longtemps
entrés en contradiction avec les
frontières nationales. Les structures
étatiques qui se sont formées à partir
de conditions tout à fait différentes
et qui sont une dépendance des
conditions médiévales, ces conditions
étatiques ont été utilisées
artificiellement comme cadre pour ce
qui n'est qu'intérêts commerciaux et
industriels. Ils n'étaient pas du tout
adaptés à cela, mais ils ont pu être
utilisés à cet effet. Et aujourd'hui,
on le remarque si peu qu'un mouvement
social-démocrate, certes sans espoir à
long terme, mais extraordinairement
dérangeant à court terme, ne fait pas
autrement. Nous voyons aujourd'hui
apparaître partout des théories
socialistes, même jusque dans les
mondes asiatiques, qui deviennent
particulièrement radicales. Ces
théories socialistes veulent former
quelque chose de pratique. Avant la
guerre, elles voulaient utiliser les
cadres des anciens États, maintenant
elles veulent utiliser les cadres de
ce qui s'est formé à partir de la
catastrophe de la guerre, donc disons
que la Russie telle qu'elle s'est
formée à partir de la guerre, doit
être utilisée comme cadre pour les
théories bolcheviques. Si l'on peut
penser conformément à la réalité, on
ne peut rien imaginer de plus absurde
que ce qui est tenté. Il n'y a pas de
plus grande absurdité que cette
structure qui est d'abord née de
forces purement médiévales, combinées
ensuite avec les résultats contre
nature qui sont apparus de plus en
plus dans la guerre qui a abouti à la
paix de Versailles, c'est-à-dire à la
discorde. Le fait que cette entité à
l'est de l'Europe doive maintenant
accueillir les fantaisies de Lénine et
de Trotsky est un non-sens à long
terme, un tumulte à court terme, qui
doit retarder énormément le
développement sain de l'humanité en
Europe. C'est ce qui se donne quand on
a un sens pour la réalité.
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04
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Es ist kein Vorzug, keinen Dunst zu
haben von der Art und Weise, wie man
Hauptbücher, Kassenbücher führt, und
es ist kein Segen für die Menschheit,
wenn es möglichst viele Personen gibt,
die Idealisten sein wollen, indem sie
von allem Praktischen nichts verstehen
und nur sich geistigen Betrachtungen
hingeben wollen. Das einzig Gesunde im
Leben ist, wenn diese beiden Maximen
im Leben so durcheinandergehen, daß
das eine das andere trägt. Aber
dasjenige, was im kleinsten Kreise
allmählich immer mehr und mehr als
ein Lebensschaden in den letzten
Jahrhunderten zum Vorschein gekommen
ist, es spricht sich auch aus in den
großen Angelegenheiten des Lebens
insofern, als niemand eigentlich,
wirklich, man kann sagen, niemand
außer einigen Menschen, die es recht
unpraktisch gemacht haben, sich darum
bekümmert hat: Wie kann eigentlich aus
den Gebilden, die veraltet sind — ich
habe es Ihnen gestern charakterisiert,
wie sie auf der Landkarte ausschauen
—, die man vor dem Kriege, bis 1914,
als die Staaten der Erde bezeichnet
hat, etwas wirklich Gesundes entstehen
? — Ja, man ist heute selbst durch die
Prüfungen der letzten vier bis fünf
Jahre leider noch nicht weit genug,
über diese Dinge in gesunder Art
nachzudenken. Nehmen Sie nur das eine.
Wenn man einmal kühlen Kopf dafür
haben wird, die ferneren Ursachen der
furchtbaren Katastrophe der letzten
viereinhalb oder fünf Jahre zu
betrachten, so wird man finden, wie
diese Ursachen zwischen Mitteleuropa
und den westlichen Gegenden, auch
Amerikas, in
industriell-kommerziellen
Verhältnissen liegen, in jenen
industriell-kommerziellen
Verhältnissen, die längst in
Widerspruch gekommen sind mit den
Staatsgrenzen. Die Staatsgebilde, die
aus ganz andern Verhältnissen heraus
sich gebildet haben und die eine
Dependenz mittelalterlicher
Verhältnisse sind, diese
Staatsverhältnisse haben sich
künstlich als Rahmen gebrauchen lassen
für das, was nur kommerzielle und
industrielle Interessen sind. Sie
taugten gar nicht dazu, aber sie
ließen sich dazu gebrauchen. Und heute
bemerkt man das so wenig, daß eine,
allerdings für längere Zeiten
aussichtslose, aber für kürzere Zeiten
außerordentlich störende
sozialdemokratische Bewegung es auch
nicht anders macht. Wir erleben es
heute, daß überall sozialistische
Theorien auftauchen, sogar bis in die
Welten Asiens hinüber, die ganz
besonders radikal werden. Diese
sozialistischen Theorien wollen etwas
Praktisches formen. Vor dem Kriege
haben sie die Rahmen der alten Staaten
benützen wollen, jetzt wollen sie die
Rahmen desjenigen benützen, was sich
aus der Kriegskatastrophe
herausgebildet hat, also sagen wir
Rußland, wie es sich aus dem Kriege
herausgebildet hat, soll als ein
Rahmen benutzt werden für
bolschewistische Theorien. Man kann
sich, wenn man der Wirklichkeit gemäß
denken kann, nichts Unsinnigeres
denken, als daß dies versucht wird. Es
gibt keinen größeren Nonsens als
dieses Gebilde, das zunächst
entstanden ist aus rein
mittelalterlichen Kräften heraus,
kombiniert dann mit den unnatürlichen
Ergebnissen, die immer mehr in dem bis
zum Versailler Frieden, das heißt,
Unfrieden gekommenen Krieg entstanden
sind. Daß dieses Gebilde im Osten von
Europa nun die Phantasien von Lenin
und Trotzkij aufnehmen soll, ist für
die Dauer ein Unsinn, für eine kurze
Zeit ein Tumult, der ungeheuer die
gesunde Entwickelung der Menschheit
Europas aufhalten muß. Das ergibt
sich, wenn man Sinn für Wirklichkeit
hat.
|
Mais ce sens des réalités, on
aimerait dire qu'il manque aujourd'hui
à tout le jugement public de
l'humanité. Tout le jugement public de
l'humanité n'est pas formé à partir
d'un sens des réalités, mais en fait à
partir d'abstractions, de théories
abstraites. Et si une fois survient
quelque chose qui n'est pas une
théorie abstraite, comme la
triarticulation, quelque chose qui est
tiré/saisi de la vie et que l'on doit
résumer brièvement, parce que l'on ne
peut pas écrire tout de suite trente
volumes que les gens ne liraient pas
non plus, on ne reconnaît pas l'esprit
de réalité, mais on considère, parce
que l'on est aujourd'hui complètement
rempli de théories, que c'est encore
plus une théorie. On n'a plus du tout
le sens de ce qui est tiré de la
réalité, parce qu'on s'est
complètement aliéné la réalité.
|
05
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Aber dieser Sinn für Wirklichkeiten,
der fehlt eben heute, man möchte
sagen, dem ganzen öffentlichen Urteil
der Menschheit. Das ganze öffentliche
Urteil der Menschheit wird nicht aus
einem Sinn für Wirklichkeiten heraus
gebildet, sondern eigentlich aus
Abstraktionen, aus abstrakten
Theorien. Und wenn einmal etwas
auftritt, was nicht aus abstrakten
Theorien ist, wie die Dreigliederung,
etwas, was aus dem Leben
herausgegriffen ist und was man, weil
man nicht gleich dreißig Bände
schreiben kann, welche die Leute auch
nicht lesen würden, kurz
zusammenfassen muß, so erkennt man
daran den Wirklichkeitsgeist nicht,
sondern hält, weil man heute ganz
angefüllt ist von Theorien, das erst
recht für eine Theorie. Man hat gar
nicht mehr Sinn für das, was der
Wirklichkeit entnommen ist, weil man
ganz und gar sich der Wirklichkeit
entfremdet hat.
|
Il doit intervenir que les gens
puissent aujourd'hui devenir pratiques
au sens le plus éminent, et cependant
pouvoir regarder vers le haut, vers le
monde spirituel. Car ce n'est qu'ainsi
que l'âme tranquille humaine se
développera sainement dans l'avenir,
que ces deux éléments pourront
coexister dans l'âme tranquille
humaine. Lorsque viendra le temps où
ne vaudra plus pour un fou celui qui
dira : En Orient, de l'autre côté,
vivent des âmes qui, en raison des
conditions historiques particulières
de l'Asie, se sont développées de
telle sorte qu'elles n'ont aujourd'hui
que peu de sens pour le monde
extérieur et qu'elles ont donc
naturellement pu facilement devenir la
proie des Européens attachés au seul
monde matériel, mais qu'elles ont pu
conserver leur vision vers en haut
dans le monde spirituel, alors on
verra que nous avons de telles âmes en
Orient. Je vous ai souvent cité un
représentant particulièrement
important en la personne de
Rabindranath Tagore. Mais ce
Rabindranath Tagore, qui n'est même
pas un initié, mais simplement un
intellectuel de l'Asie, a en lui, je
dirais, tout l'esprit de l'Asie, et
vous pouvez tirer de son recueil de
conférences "Nationalisme" beaucoup de
choses sur cet actif esprit de l'Asie.
|
06
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Das muß eintreten, daß die Leute im
eminentesten Sinne heute praktisch
werden können und dennoch
hinaufschauen können zur geistigen
Welt. Denn nur dadurch wird sich das
Menschengemüt gesund in die Zukunft
hineinentwickeln, daß diese beiden
Elemente im Menschengemüt
nebeneinandergehen können. Wenn die
Zeit kommen wird, wo derjenige nicht
mehr als ein Narr gelten wird, der
sagt: Im Osten drüben leben Seelen,
welche sich durch besondere
historische Verhältnisse Asiens so
entwickelt haben, daß sie heute wenig
Sinn haben für die äußere Welt und
dadurch selbstverständlich auch leicht
die Beute der an der bloßen
materiellen Welt hängenden Europäer
werden konnten, daß sie aber sich
bewahren konnten die Aufschau in die
geistige Welt —, dann wird man sehen,
im Orient haben wir solche Seelen. Ein
besonders wichtiger Repräsentant ist
Ihnen ja von mir oft in der Person des
Rabindranath Tagore genannt worden.
Aber dieser Rabindranath Tagore, der
nicht einmal ein Eingeweihter, sondern
bloß ein Intellektueller Asiens ist,
hat in sich, ich möchte sagen, den
ganzen Geist Asiens, und Sie können
aus seiner Vortragssammlung
«Nationalismus» vieles über diesen
strebenden Geist Asiens entnehmen.
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À ces âmes qui sont là-bas manque
cependant chacune relation intérieure
avec ce qui a été fait/mut en Europe
et en Amérique en ce qui concerne la
vie extérieure. Je rappelle encore une
fois quelque chose que j'ai déjà
exprimé devant vous. Ce sont d'abord
les derniers siècles qui nous ont
apporté ce que l'on peut appeler une
culture purement mécaniste.
Aujourd'hui encore, vous trouvez dans
les livres de géographie que la Terre
entière est peuplée d'environ quinze
cents millions d'êtres humains. Mais
ce n'est pas vrai si l'on tient compte
du travail effectué sur la Terre. Si,
disons, un habitant de Mars descendait
un jour sur la Terre et qu'il évaluait
la population terrestre en termes de
nombre, il demanderait d'abord :
combien travaille un humain sur la
Terre, compte tenu de la force de
travail qu'il peut utiliser ? - et
ensuite il demanderait : Combien
travaille-t-on au total ? - Si nous
prenons les chiffres qui existaient
avant la guerre, on peut difficilement
utiliser les chiffres actuels, ils ne
sont d'ailleurs pas encore
disponibles, alors si l'on notait
combien d'humains travaillent sur la
Terre, on n'obtiendrait pas quinze
cents millions, mais deux mille
millions ou même deux mille deux cents
millions d'humains comme population
terrestre. Pourquoi ? Parce qu'en
réalité, les machines fournissent sur
Terre une quantité de travail telle
qu'elle équivaut à environ sept cents
millions de prestations humaines. Si
les machines ne travaillaient pas et
si ce que les machines fournissent
devait être fourni par la main-d'œuvre
humaine, il devrait y avoir sept cents
millions d'habitants de plus sur la
Terre. J'ai calculé cela à partir de
la quantité de charbon utilisée sur la
terre, en me basant sur un temps de
travail quotidien de huit heures. Ce
que j'ai dit est valable pour la
consommation de charbon au début du
XXe siècle et pour un temps de travail
de huit heures, de sorte que l'on peut
dire : d'après ce que l'on fait sur la
Terre, il y a en fait deux mille deux
cents millions de personnes sur la
terre. - Mais ce qui est réalisé par
des instruments de travail purement
mécaniques est réalisé plus ou moins
entièrement en Europe et en Amérique,
et pas beaucoup en Asie aujourd'hui.
Cela a commencé là-bas aussi, mais
c'est encore assez embryonnaire, car
l'Asiatique n'a pas encore le sens de
cette mécanisation du monde, il lui
manque totalement le sens de ce qui
s'est développé en Occident depuis le
siècle dernier ou même depuis le
milieu du XVe siècle. Mais nous ne
devons pas seulement penser au travail
mécanique, nous devons aussi penser au
fait que tout l'imaginaire des humains
se tourne vers cette mécanisation du
monde. Quelqu'un peut dire aujourd'hui
: pour construire le tunnel du
Gothard, il a fallu tant d'ouvriers.
Mais aujourd'hui, on ne peut pas
construire un tunnel au Gothard sans
connaître le calcul différentiel et
intégral, et cela vient de Leibniz,
les Anglais disent de Newton ; nous ne
voulons pas nous disputer à ce sujet.
Le tunnel du Gothard ou le tunnel du
Hauenstein n'auraient donc pas pu être
construits dans les environs si
Leibniz n'avait pas trouvé le calcul
différentiel et intégral dans sa salle
d'étude. Toute la pensée européenne
depuis Copernic-Galilée va dans le
sens de cette mécanisation du monde.
Lisez Rabindranath Tagore et vous
verrez à quel point il déteste cette
mécanisation du monde.
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07
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Diese Seelen, die da drüben sind,
denen fehlt aber jede innere
Beziehung zu dem, was in Europa und
in Amerika in bezug auf das äußere
Leben getrieben worden ist. Ich
erinnere noch einmal an etwas, das ich
ja vor Ihnen schon ausgesprochen habe.
Erst die letzten Jahrhunderte haben
uns das gebracht, was man nennen kann
die rein mechanistische Kultur. Sie
finden heute noch in
Geographiebüchern, daß die gesamte
Erde bevölkert ist von etwa
fünfzehnhundert Millionen Menschen.
Das stimmt aber nicht, wenn man die
Arbeit, die auf der Erde verrichtet
wird, in Betracht zieht. Wenn, sagen
wir, einmal ein Marsbewohner
herunterkommen würde auf die Erde und
er würde die Erdenbevölkerung
zahlenmäßig in der folgenden Weise
beurteilen, daß er zuerst fragen
würde: Wieviel arbeitet auf der Erde
ein Mensch, wenn man Rücksicht nimmt
auf die Arbeitskraft, die er anwenden
kann ? — und weiter fragen würde:
Wieviel wird insgesamt gearbeitet ? —
nehmen wir die Zahlen, die vor dem
Kriege bestanden haben, die
derzeitigen Zahlen kann man schlecht
dazu gebrauchen, sie sind auch noch
nicht da, dann würden, wenn man
notieren würde, wieviel von Menschen
auf der Erde geleistet wird, nicht
fünfzehnhundert Millionen
herauskommen, sondern zweitausend
Millionen oder sogar
zweitausendzweihundert Millionen
Menschen als Erdenbevölkerung. Warum ?
Weil tatsächlich auf der Erde von
Maschinen so viel Arbeitsleistung
geliefert wird, daß das etwa
siebenhundert Millionen
Menschenleistungen gleichkommt. Würden
die Maschinen nicht arbeiten und würde
das, was die Maschinen leisten, durch
menschliche Arbeitskräfte geleistet
werden sollen, so müßten siebenhundert
Millionen Menschen mehr auf der Erde
sein. Ich habe das ausgerechnet aus
der Menge der auf der Erde verwendeten
Kohlen und dabei zugrunde gelegt eine
tägliche Arbeitszeit von acht Stunden.
Was ich gesagt habe, gilt für den
Kohlenverbrauch ungefähr im Beginne
des 20. Jahrhunderts und für eine
Arbeitszeit von acht Stunden, so daß
man sagen kann: Nach dem, was auf der
Erde geleistet wird, sind eigentlich
zweitausendzweihundert Millionen
Menschen auf der Erde. — Aber, was da
von rein mechanischen
Arbeitsinstrumenten geleistet wird,
das wird mehr oder weniger ganz in
Europa und Amerika geleistet, in Asien
heute nicht viel davon. Es hat ja auch
dort begonnen, aber es ist noch
ziemlich im Anfang geblieben, denn der
Asiate hat noch keinen Sinn für diese
Mechanisierung der Welt, es fehlt ihm
ganz und gar der Sinn für das, was im
Abendlande aufgegangen ist seit dem
letzten Jahrhundert oder auch seit der
Mitte des 15. Jahrhunderts. Aber da
dürfen wir nicht bloß daran denken,
daß mechanische Arbeit geleistet wird,
sondern wir müssen auch daran denken,
daß das ganze Vorstellungswesen der
Menschen sich hinwendet nach dieser
Mechanisierung der Welt. Es kann heute
einer sagen: Um den Gotthardtunnel zu
bauen, waren soundso viel Arbeiter
nötig. Aber heute kann man nicht einen
Gotthardtunnel bauen, ohne
Differential- und Integralrechnung zu
kennen, und die rührt von Leibniz her,
die Engländer sagen von Newton; wir
wollen uns darüber nicht streiten.
Also würde der Gotthardtunnel oder der
Hauensteintunnel hier in der Nähe
nicht haben gebaut werden können, wenn
nicht Leibniz einmal in seiner
Studierstube die Differential- und
Integralrechnung gefunden hätte. Das
ganze Denken Europas seit
Kopernikus-Galilei geht auf diese
Mechanisierung der Welt hin. Lesen Sie
einmal bei Rabindranath Tagore nach,
wie sehr er diese Mechanisierung der
Welt haßt.
|
Mais à quoi cela doit-il mener ? On
peut le dire dans le miroir de la
vision spirituelle du monde : toutes
les âmes qui sont aujourd'hui
incarnées en Orient, dans ce que nous
appelons l'Orient, chercheront leur
prochaine incarnation en Occident. Les
Occidentaux chercheront davantage leur
prochaine incarnation en Orient. Le
centre devra former une médiation. -
Mais dites quelque chose comme une
exigence historico-culturelle, que
tout le système éducatif et d'autres
choses de ce genre doivent être conçu
pour que cette vague d'âme qui se
croise traverse la terre, dites
quelque chose comme ça aux gens très
intelligents de notre époque, prenons
les plus intelligents, ceux qui sont
choisis par les peuples pour entrer
dans les parlements, et vous entendrez
dire que vous êtes un imbécile, que
c'est tout à fait fou ! Mais la
reconnaissance de ces vérités doit
saisir les humains de la même manière
que, dans le passé, ce que l'on
appelle aujourd'hui les vérités
anthropologiques a saisi les humains ;
le mélange des races, la répartition
mutuelle des races, etc. Il faut
commencer à considérer spirituellement
tout ce qui, auparavant, n'était
considéré que physiologiquement et
extérieurement. Il y a de bons
théosophes qui, dans les moments de
fête de leur vie, pensent que l'humain
vit des vies terrestres répétées ;
c'est pour eux une profession de foi.
Mais ce n'est pas tout. Si l'on croit
simplement à la réincarnation et au
karma en tant qu'article de foi, cela
n'a pas plus de valeur que si l'on
faisait une liste de linge. Ces choses
n'acquièrent de la valeur que si on
les intègre dans l'ensemble de la
pensée sur le monde et aussi dans
l'action, dans l'ensemble des
comportements et des attitudes dans le
monde. Ces choses n'ont de valeur que
si l'on en tient compte dans
l'histoire de la culture. Et lorsque
l'on ne considérera plus ces choses
comme des choses auxquelles on se
consacre uniquement dans les moments
de fête de la vie, mais avec
lesquelles on pénètre la vie, et
lorsque l'on aura vraiment de telles
pensées - on peut bien sûr beaucoup
jouer avec ces pensées sur le plan
théosophique - alors on aura aussi le
sens de la bonne tenue d'un livre de
caisse ou d'un grand livre, de
l'aménagement d'un banc de rabotage
convenable ; on ne dédaignera pas non
plus d'être mis dans la nécessité
d'effectuer soi-même un travail de
cordonnier. Car ce n'est que chez
celui qui peut se tenir à l'intérieur
de la vie pratique, qui peut être
habile dans certaines circonstances
lorsqu'il s'agit d'intervenir partout,
que l'organisme humain entier est
tellement imprégné d'habileté
intérieure que cette habileté
intérieure s'exprime aussi par des
pensées vraiment solides.
|
08
|
Aber wozu wird das führen müssen ?
Im Spiegel der geistigen
Weltanschauung kann es gesagt werden:
Alle diejenigen Seelen, die heute im
Osten, in dem, was wir Osten nennen,
verkörpert sind, die werden ihre
nächste Verkörperung im Westen suchen.
Die westlichen Menschen werden ihre
nächste Verkörperung mehr im Osten
suchen. Die Mitte wird eine
Vermittlung bilden müssen. — Sagen Sie
aber so etwas wie eine
kulturhistorische Forderung, daß das
ganze Erziehungswesen und dergleichen
darauf angelegt werden soll, daß diese
sich überkreuzende Seelenwelle über
die Erde geht, sagen Sie so etwas den
ganz gescheiten Menschen der
Gegenwart, nehmen wir die
Gescheitesten, die, welche von den
Völkern auserwählt werden, um in die
Parlamente zu kommen, dann werden Sie
hören, daß Sie ein Narr sind, daß das
ja ganz verrückt ist! Aber die
Anerkennung dieser Wahrheiten muß
ebenso die Menschen ergreifen, wie für
frühere Zeiten dasjenige die Menschen
ergriffen hat, was heute
anthropologische Wahrheiten genannt
wird; die Mischung der Rassen, die
gegenseitige Verteilung der Rassen und
so weiter. Es muß begonnen werden,
alles, was früher bloß äußerlich
physiologisch betrachtet worden ist,
geistig zu betrachten. Es gibt ja gute
Theosophen, die denken in
Feieraugenblicken ihres Lebens daran,
daß der Mensch in wiederholten
Erdenleben lebt; es ist für sie ein
Glaubensbekenntnis. Aber damit ist es
nicht getan. Das ist, wenn man bloß an
Reinkarnation und Karma als an einen
Glaubensartikel glaubt, nicht mehr
wert, als wenn man einen Wäschezettel
macht. Wert bekommen diese Dinge erst,
wenn man sie einfügt in das ganze
Denken über die Welt und auch in das
Handeln, in das ganze Gebaren und
Gehaben in der Welt. Wert haben diese
Dinge erst, wenn man
kulturgeschichtlich damit rechnet. Und
wenn man einmal diese Dinge nicht als
etwas ansehen wird, dem man sich nur
widmet in den Feieraugenblicken des
Lebens, sondern mit dem man das Leben
durchdringt, und wenn man wirklich im
Ernste solche Gedanken hat —
theosophisch spielen kann man
selbstverständlich mit diesen Gedanken
sehr viel —, dann wird man auch Sinn
haben für die ordentliche Führung
eines Kassen- oder Hauptbuches, für
das Ausgestalten einer ordentlichen
Hobelbank; man wird es auch nicht
verschmähen, wenn man in die
Notwendigkeit versetzt wird, selbst
Schusterarbeit zu verrichten. Denn
nur bei demjenigen, der drinnenstehen
kann im praktischen Leben, der unter
Umständen geschickt sein kann, wenn es
darauf ankommt, überall zuzugreifen,
bei dem ist der ganze menschliche
Organismus so durchdrungen von innerer
Geschicklichkeit, daß diese innere
Geschicklichkeit sich auch auslebt in
wirklich tragfähigen Gedanken.
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C'est cela qui devrait imprégner les
esprits. Cela imprégnera la culture si
l'on se familiarise avec ce dont les
humains ont la plus grande crainte à
l'heure actuelle.
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09
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Das ist es, was durchdringen müßte
die Gemüter. Es wird die Kultur
durchdringen, wenn man sich
bekanntmacht mit demjenigen, wovor die
Menschen in der Gegenwart die
allergrößte Furcht haben.
|
On peut dire qu'il y a aujourd'hui
deux choses qui indiquent deux états
de peur de l'humanité actuelle - je ne
crois pas que vous puissiez me donner
tort si vous regardez la situation
avec un sentiment de vérité
intérieure. La première, c'est qu'il
existe dans le monde civilisé une peur
panique de découvrir les véritables
causes de la guerre. On ne veut pas y
regarder de plus près ni y mettre son
nez, tout au plus chez l'adversaire,
mais surtout pas chez soi ! À quelques
exceptions près, les humains évitent
de se pencher sur les véritables
causes de la terrible catastrophe
humaine de ces dernières années, ils
en ont une peur bleue. Pendant la
guerre, cela s'est même manifesté de
manière idéaliste. Il y avait des
humains qui se plaçaient sur le point
de vue : de cette guerre va naître une
nouvelle vie humaine, une nouvelle
fécondation des idéaux de l'humanité,
etc. - On pourra étudier beaucoup de
choses sur les événements de l'époque
moderne, afin de découvrir la
véritable cause de cette catastrophe
terrible. Mais il n'en résultera rien
de positif comme contenu de cette
guerre, mais il en résultera que les
anciennes formes de culture et de
civilisation sont devenues pourries,
qu'elles se sont elles-mêmes menées à
l'absurde dans cette catastrophe
guerrière, que cette guerre ne
signifie rien d'autre que le fait de
mener à l'absurde la civilisation
telle qu'elle était jusqu'à cette
guerre. C'est de cela que les humains
ont une peur bleue, la peur d'un
événement extérieur. Ils ont tellement
peur qu'ils ont aujourd'hui absolument
renoncé à vraiment encore penser
d'aujourd'hui à demain. Car aucun
humain synthétiquement raisonnable ne
pouvait croire, ni d'un côté ni de
l'autre, que ce que l'on appelle par
exemple le traité de Versailles puisse
un jour donner naissance à une
réalité. Et pourtant, c'est parce
qu'on ne pense que pour aujourd'hui,
pas pour demain, que cet étrange
instrument a vu le jour. C'est un
événement extérieur. <<<<
|
10
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Man kann sagen: Es bestehen heute
zwei Dinge, welche auf zwei
Angstzustände der gegenwärtigen
Menschheit hinweisen — ich glaube
nicht, daß Sie mir, wenn Sie mit
innerem Wahrhaftigkeitsgefühl die
Sache überschauen, Unrecht geben
können. Das eine ist, daß über den
weitesten Umkreis der zivilisierten
Welt eine heillose Angst davor
besteht, auf die wirklichen
Kriegsursachen zu kommen. Man möchte
da nicht hineinschauen, ja nicht seine
Nase da hineinstecken, höchstens beim
Gegner, aber ja nicht in der Heimat!
Mit einzelnen wenigen Ausnahmen
vermeiden es die Menschen, sich mit
den eigentlichen Ursachen der
furchtbaren Menschheitskatastrophe der
letzten Jahre zu befassen, davor haben
sie eine heillose Angst. Während des
Krieges hat sich das sogar
idealistisch ausgelebt. Da hat es
Menschen gegeben, die stellten sich
auf den Standpunkt: Von diesem Kriege
wird ausgehen ein neues Menschenleben,
eine neue Befruchtung der Ideale der
Menschheit und so weiter. — Man wird
viel studieren können über die
Vorgänge der neueren Zeit, um hinter
die eigentliche Ursache dieser
Schreckenskatastrophe zu kommen. Dann
wird sich aber nichts Positives
ergeben als Inhalt dieses Krieges,
sondern es wird sich das ergeben, daß
die alten Kultur- und
Zivilisationsformen morsch geworden
sind, daß sie sich in dieser
Kriegskatastrophe selber ad absurdum
geführt haben, daß dieser Krieg gar
nichts anderes bedeutet als das
Sich-ad-absurdumFühren der
Zivilisation, wie sie bis zu diesem
Kriege eben war. Das ist das eine,
wovor die Menschen eine heillose Angst
haben, Angst vor einem äußeren
Ereignis. So starke Angst haben sie,
daß sie es heute überhaupt aufgegeben
haben, wirklich noch von heute auf
morgen zu denken. Denn daß zum
Beispiel das, was man Versailler
Frieden nennt, jemals eine
Wirklichkeit gebären könnte, das
konnte kein vernünftiger Mensch
glauben, weder von der einen noch von
der andern Seite. Und dennoch, weil
man nur für heute, nicht für morgen
denkt, ist dieses sonderbare
Instrument zustande gekommen. Das ist
ein äußeres Ereignis.
|
Mais il y a encore autre chose,
c'est la peur qu'ont les humains de
progresser vers une conscience de plus
en plus grande de la vie de l'âme. Si
les humains trouvent justifié de
s'échapper de la conscience dans
l'inconscient, alors ils sont heureux.
Lorsqu'une vision du monde se présente
à eux, comme cette science de l'esprit
d'orientation anthroposophique, qui
aspire justement à une formation
complète de la conscience et veut
parvenir à ses vérités à partir de
cette élaboration complète de la
conscience, les humains ne veulent pas
s'en approcher. C'est trop difficile
pour eux. Cela exige de l'activité,
cela exige que l'on s'amène réellement
dans la mouvante vie de l'esprit.
C'est trop difficile.
|
11
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Aber es gibt noch etwas anderes, das
ist die Furcht, die die Menschen haben
vor dem Vorrücken in immer größere und
größere Bewußtheit des seelischen
Lebens. Wenn es den Menschen nur
irgendwie gerechtfertigt erscheint,
aus dem Bewußtsein sich
herauszuflüchten ins Unbewußte, dann
sind sie froh. Wenn ihnen eine
Weltanschauung auftritt wie diese
anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft, die gerade eine
vollständige Ausbildung des
Bewußtseins anstrebt und aus diesem
vollständigen Ausarbeiten des
Bewußtseins heraus zu ihren
Wahrheiten kommen will, dann wollen
die Menschen da nicht heran. Es ist
ihnen zu schwer. Das erfordert
Aktivität, das erfordert, daß man sich
wirklich in bewegliches Geistesleben
bringt. Das ist zu schwer.
|
Mais les humains aspirent à ce que
leur soit révélé, dans des états de
conscience dégradés, premièrement ce
qu'est la vie de l'esprit, et
deuxièmement ce qui vit dans l'humain
lui-même. Combien de nombreux humains,
bien plus que vous ne le pensez, ne
veulent pas aujourd'hui s'engager dans
des vérités spirituelles saisies avec
le sens sain de l'âme. Mais si quelque
part, par le biais d'une force
médiumnique, un médium leur annonce
telle ou telle chose des mondes
spirituels, alors ils tombent dans le
panneau. Il n'est pas nécessaire de
faire un effort pour comprendre. Cela
se produit de manière inconsciente, et
on veut croire à l'inconscient.
L'autre chose qui s'ensuit
immédiatement, c'est la psychanalyse
qui se répand de manière si flagrante.
On n'en revient pas de la rapidité
avec laquelle cette psychanalyse
s'installe dans l'âme des humains. En
quoi consiste-t-elle ? Elle consiste
en ce que toutes sortes de personnes
médicales s'ouvrent aujourd'hui et -
il est difficile de le dire
brièvement, j'ai déjà souvent analysé
la psychanalyse ici - mettent en place
quelque chose qui fait remonter à la
conscience ce qui est subconscient
dans la vie de l'âme humaine. On se
laisse raconter leurs rêves par les
gens, on explore ce qu'ils ont vécu
auparavant en termes de déceptions, de
désirs déçus, etc., ce qui a été
oublié et a formé des îlots d'âme, et
ainsi de suite, et on cherche ainsi à
se rendre compte de ce qui vit
réellement dans l'être humain. Les
personnes particulièrement
intelligentes ont découvert qu'une
grande partie de ce qui s'est incrusté
dans l'âme humaine au cours de la
première enfance, en termes de
sensations et de sentiments non
naturels, vit dans l'âme humaine et
est ensuite repoussée dans le
subconscient ; mais ces sentiments
continuent à vivre dans l'humain,
l'humain est leur esclave. Le mythe
d'Œdipe est reconduit à ces gens aux
sentiments contre nature que chaque
enfant devrait avoir envers sa mère,
etc. Selon eux, il est clair que toute
petite fille, dans ses plus tendres
années, est jalouse de sa mère parce
qu'elle aime son père, et que tout
petit garçon est jaloux de son père
parce qu'il aime sa mère. Il en
résulte un complexe de sentiments qui,
transformé en mythe, apparaît dans le
mythe d'Œdipe, et ainsi de suite. Que
des choses spirituelles interviennent
toutefois, mais des choses
spirituelles qui doivent être
pénétrées par la lumière de la
conscience, on ne veut pas le croire,
on en a peur. Faire entrer ces choses
dans la lumière de la conscience, on
en a peur. On voudrait tout faire
descendre dans une obscurité
nébuleuse. J'ai attiré votre attention
sur l'exemple magnifique qui revient
sans cesse lorsqu'il est question de
psychanalyse : une dame est invitée à
une soirée dans une maison où la
maîtresse de maison est malade et où
l'on fête son départ parce qu'elle
doit se rendre à un bain/une cure. Le
maître de maison reste à la maison, la
maîtresse de maison doit se rendre aux
bains. La soirée de divertissement est
terminée. La maîtresse de maison est
déjà expédiée à la gare, la soirée
s'en va et rentre chez elle. Un
fiacre, et non une voiture, tourne au
coin de la rue, la soirée s'écarte à
gauche et à droite. Mais justement, la
dame que j'ai en vue ne se déporte ni
à gauche ni à droite, mais reste au
milieu de la route et marche devant
les chevaux. Le cocher fait bien sûr
un vacarme épouvantable, mais la dame
court et court, et le cocher a le plus
grand mal à maîtriser les chevaux, car
il pourrait écraser la dame. On arrive
à un pont. La dame, objet de toutes
les attentions des psychanalystes, se
jette dans le fleuve, la société de la
soirée fait naturellement de même et
la sauve. Que fait-on d'elle ? Eh
bien, la ramener dans la maison de
l'hôte, c'est le moyen d'information
suivant.
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12
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Aber die Menschen streben darnach,
daß ihnen in heruntergestimmten
Bewußtseinszuständen geoffenbart werde
erstens, was Geistesleben ist, und
zweitens, was im Menschen selber lebt.
Wie viele Menschen, viel mehr als Sie
denken, wollen sich heute nicht
einlassen auf mit gesundem Seelensinn
erfaßte geistige Wahrheiten. Aber wenn
ihnen irgendwo durch eine mediale
Gewalt, durch ein Medium dies oder
jenes aus den geistigen Welten
verkündet wird, dann fallen sie darauf
herein. Da braucht man sich nicht
anzustrengen, es zu begreifen. Das
kommt auf unbewußte Art doch zustande,
und das Unbewußte möchte man glauben.
Das andere, was sich unmittelbar
daranschließt, das ist die so kraß
sich ausbreitende Psychoanalyse. Man
glaubt gar nicht, wie sich diese
Psychoanalyse in rasender
Schnelligkeit in die Seelen der
Menschen einnistet. Worin besteht sie
? Sie besteht darin, daß allerlei
medizinische Menschen sich heute
auftun und — in Kürze ist es schwer zu
sagen, ich habe ja öfter hier schon
die Psychoanalyse analysiert — so
etwas einrichten, wodurch das, was im
menschlichen Seelenleben unterbewußt
ist, heraufkommt ins Bewußtsein. Man
läßt sich von den Menschen ihre Träume
erzählen, erforscht, was sie früher
erlebt haben an Enttäuschungen, an
enttäuschten Wünschen und so weiter,
was dann vergessen worden ist und
Seeleninseln gebildet hat und so
weiter, und man sucht auf diese Weise
sich klar darüber zu werden, was im
Menschenwesen eigentlich lebt.
Besonders Gescheite haben
herausgefunden, daß besonders viel in
der Menschenseele lebt von dem, was in
der ersten Kindheit sich in diese
Seele einnistet an unnatürlichen
Empfindungen und unnatürlichen
Gefühlen, die dann hinuntergedrückt
werden in das Unterbewußtsein; aber
sie leben dann weiter im Menschen, der
Mensch ist ihr Sklave. Der
Ödipus-Mythos wird von diesen Leuten
zurückgeführt auf die unnatürlichen
Gefühle, welche jedes Kind haben soll
zu seiner Mutter und so weiter. Klar
sind sich diese Menschen nach ihrer
Ansicht darüber, daß eigentlich jedes
kleine Mädchen in den zartesten
Kindesjahren eifersüchtig ist auf die
Mutter, weil es den Vater liebt, und
jeder kleine Knabe eifersüchtig ist
auf seinen Vater, weil er die Mutter
liebt. Daraus ergibt sich dann ein
Empfindungskomplex, der zum Mythos
umgebildet im Ödipus-Mythos auftritt
und dergleichen mehr. Daß allerdings
geistige Dinge hineinspielen, aber
geistige Dinge, die mit dem Lichte des
Bewußtseins durchdrungen werden
müssen, das will man nicht glauben,
davor fürchtet man sich. Diese Dinge
in das Licht des Bewußtseins zu holen,
davor fürchtet man sich. Man möchte
alles in ein nebuloses Dunkel
hinunterrücken. Ich habe Sie ja
aufmerksam gemacht auf das
Prachtbeispiel, welches immer wieder
und wiederum auftaucht, wenn von
Psychoanalyse die Rede ist: Eine Dame
ist eingeladen zu einer
Abendunterhaltung in einem Hause, in
dem die Dame des Hauses kränklich ist
und das Abschiedsfest gefeiert wird,
weil sie in ein Bad reisen muß. Der
Herr des Hauses bleibt zu Hause, die
Dame des Hauses muß ins Bad. Die
Abendunterhaltung ist zu Ende. Die
Dame des Hauses ist schon zum Bahnhof
spediert, die Abendgesellschaft geht
fort und ist auf dem Heimweg. Eine
Droschke, nicht ein Auto !, fährt um
die Ecke herum, die Abendgesellschaft
weicht links und rechts aus. Aber just
die eine Dame, die ich eigentlich im
Auge habe, weicht nicht nach links und
nicht nach rechts aus, sondern bleibt
mitten auf der Straße und läuft vor
den Pferden her. Der Kutscher macht
selbstverständlich einen furchtbaren
Radau, aber die Dame läuft und läuft,
und der Kutscher hat die größte Mühe,
die Pferde zu zügeln, weil er die Dame
überfahren könnte. Man kommt an eine
Brücke. Die Dame, so recht ein Objekt
für die Psychoanalytiker, wirft sich
in den Strom hinein, die
Abendgesellschaft selbstverständlich
gleich nach, rettet sie. Was tut man
mit ihr ? Nun, selbstverständlich in
das Haus des Gastgebers sie
zurückbringen, das ist das nächste
Auskunftsmittel.
|
Le psychanalyste a maintenant cette
dame devant lui. Il se fait raconter
tout ce qu'elle a vécu dans sa
jeunesse, et il se rend compte avec
bonheur que, lorsqu'elle était encore
une toute petite fille, elle a
traversé une fois la rue et qu'un
cheval est arrivé au coin de la rue ;
elle a été très effrayée. C'est
descendu dans le subconscient. C'est
là que ça se trouve. Depuis, elle a
tellement peur des chevaux que même
maintenant, dans la rue, elle les
fuit, elle ne les évite pas, ni à
droite ni à gauche. C'est la province
isolée de l'âme qu'elle a, la peur du
cheval, qui habite le subconscient.
|
13
|
Der Psychoanalytiker hat nun diese
Dame vor sich. Er läßt sich alles
erzählen, was sie in der Jugend
durchgemacht hat, und er kommt nun
auch glücklich darauf, daß sie, als
sie noch ein ganz kleines Mädchen war,
einmal über die Straße gegangen ist
und ein Pferd um die Ecke gekommen
ist; da ist sie sehr erschrocken. Das
ist in das Unterbewußte
hinuntergesaust. Da unten ist es.
Seither hat sie einen solchen
Schrecken vor Pferden, daß sie auch
jetzt auf der Straße vor den Pferden
davonlief, nicht ausweicht, nicht
rechts und nicht links. Das ist die
isolierte Seelenprovinz, die sie hat,
die Furcht vor dem Pferde, die im
Unterbewußten haust.
|
Il y a bien quelque chose dans ce
subconscient, mais il faut pénétrer ce
subconscient avec la lumière de la
conscience de la recherche
spirituelle. On s'aperçoit alors que,
dans certaines conditions
pathologiques, ce subconscient est
très rusé, que, sous la conscience
individuelle ordinaire de l'humanité,
il n'y a pas exactement les bases du
mythe d'Œdipe, pas exactement la peur
du cheval qui a croisé sa route, mais
un certain raffinement. Car la dame
invitée à cette soirée ne désirait
naturellement rien de plus que de
passer la nuit dans cette maison,
après que la maîtresse de maison ait
été renvoyée aux bains, et le meilleur
moyen pour l'inconscient d'arranger
les choses était de saisir la
prochaine occasion - si cela n'avait
pas été le cheval, cela aurait été
autre chose - pour que la soirée la
ramène dans la maison. Ainsi, elle
avait atteint son but. Bien sûr,
d'après les bases de son éducation,
d'après ce qu'elle a reçu, elle
n'aurait jamais violé sa moralité au
point de faire une telle chose. Dans
le subconscient, elle n'est pas si
intelligente ; mais dans le
subconscient, il y a beaucoup de
pulsions raffinées qui peuvent être
très intelligentes.
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14
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Es ist ja etwas in diesem
Unterbewußtsein, aber man muß dieses
Unterbewußte mit dem Lichte gerade
des geistesforscherischen Bewußtseins
durchdringen. Dann kommt man darauf,
daß dieses Unterbewußtsein bei
gewissen pathologischen
Voraussetzungen sehr schlau ist, daß
unter dem gewöhnlichen individuellen
Menschheitsbewußtsein allerdings nicht
gerade die Grundlagen des
Ödipus-Mythos sind, nicht gerade die
Furcht vor dem Roß, das einem einmal
über den Weg gelaufen ist, sondern
ein gewisses Raffinement. Denn die
Dame, die in jene Abendgesellschaft
eingeladen war, wünschte natürlich
nichts sehnlicher, als die Nacht in
diesem Hause zuzubringen, nachdem erst
die Dame des Hauses ins Bad entlassen
worden war, und das beste Mittel für
das Unterbewußte, die Sache
einzurichten, war, die nächstbeste
Gelegenheit zu ergreifen — wäre es
nicht das Roß gewesen, wäre es etwas
anderes gewesen —, daß die
Abendgesellschaft sie zurückbringen
muß in das Haus. So hatte sie ihr Ziel
ja erreicht. Sie würde
selbstverständlich nach ihren
Erziehungsgrundlagen, nach dem, was
sie aufgenommen hat, niemals ihre
Moralität so weit verletzt haben, so
etwas zu tun. Im Oberbewußtsein ist
sie nicht so schlau; aber im
Unterbewußtsein sitzen viele
raffinierte Antriebe, die sehr schlau
sein können.
|
Toute cette psychanalyse qui se
répand, qui prend aujourd'hui des
formes si flagrantes, à laquelle
croient aujourd'hui, plus que vous ne
le pensez, en particulier les
intellectuels pleins d'espoir - je ne
dis pas cela dans un sens péjoratif,
mais même avec le ton de la vérité -,
sur laquelle même les théologiens
d'aujourd'hui voudraient déjà bâtir la
religion, cette psychanalyse est
l'autre produit de la peur de l'époque
actuelle. On a peur de la conscience.
On ne veut pas que les choses soient
saisies à la lumière claire de la
conscience, mais on veut que le plus
important se cache là, dans
l'inconscient, que l'humain soit
dominé par rapport à ses choses les
plus importantes, notamment par
rapport à ses sentiments religieux.
Lisez cela chez William James,
l'Américain. Car que cela s'appelle
psychanalyse dans certaines régions
d'Europe ou que cela s'appelle ainsi,
comme William James, l'Américain,
exprime ces choses, cela n'a aucune
importance. Ce qui domine, c'est la
peur du conscient.
|
15
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Diese ganze sich ausbreitende
Psychoanalyse, die so krasse Formen
heute annimmt, an die, mehr als Sie
denken, heute insbesondere die
hoffnungsvolleren Intellektuellen
glauben — ich sage das nicht im
abträgli‑ chen Sinne, sondern sogar
mit dem Tone der Wahrheit —, auf die
sogar heute die Theologen schon die
Religion aufbauen möchten, diese
Psychoanalyse ist das andere
Angstprodukt der Gegenwart. Man
fürchtet sich vor dem Bewußtsein. Man
möchte nicht, daß die Dinge im klaren
Lichte des Bewußtseins erfaßt werden,
sondern man möchte, daß das Wichtigste
da unten im Unterbewußten haust, daß
der Mensch beherrscht werde mit Bezug
auf seine wichtigsten Dinge,
namentlich in bezug auf seine
religiösen Empfindungen. Lesen Sie das
bei William James nach, dem
Amerikaner. Denn ob es nun in einigen
Gegenden Europas Psychoanalyse genannt
wird oder ob es so genannt wird, wie
William James, der Amerikaner, diese
Dinge ausdrückt, das ist schon ganz
gleichgültig. Es herrscht die Furcht
vor dem Bewußten.
|
On ne veut pas que la chose la plus
importante qui vit en l'humain soit
dans sa conscience. En effet, l'humain
devrait penser davantage s'il devait
se diriger lui-même avec sa volonté
consciente. Il est important que
l'humain ait justifié le fait qu'il
pense moins.
|
16
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Man will das Wichtigste, das im
Menschen lebt, nicht in seinem Bewußt‑
sein haben. Da müßte der Mensch ja
mehr denken, wenn er sich selber mit
dem bewußten Willen dirigieren sollte.
Es ist wichtig, daß der Mensch
gerechtfertigt hat, daß er weniger
denkt.
|
Notre eurythmie est entièrement
élaborée à partir de la conscience.
Elle est le contraire de tout ce qui
est rêveur. Les gens craignent
cependant qu'elle soit moins
artistique, parce qu'ils associent
l'artistique à l'onirique. Mais c'est
une absurdité. Ce qui compte dans
l'artistique, ce n'est pas qu'il soit
sorti de telle ou telle région, mais
qu'il soit artistique dans ses formes,
dans sa conception. Cette eurythmie,
qui est entièrement fondée sur la
supraconscience, sur le contraire de
la subconscience, a été récemment
taxée, m'a-t-on dit, par un monsieur
qui est aussi médecin : Il y aurait
remarqué beaucoup d'inconscient. -
C'est bien sûr la preuve que ce
monsieur n'a rien compris à
l'eurythmie. C'est précisément ce qui
constitue le nerf vital de la science
de l'esprit d'orientation
anthroposophique qui est très peu
remarqué. Et on ne l'aura complètement
remarqué que lorsque l'on pourra
vraiment, grâce à cette science de
l'esprit, suivre une telle éducation
intérieure de la pensée, de la
sensibilité et de la volonté, que cela
ne nous rendra pas plus maladroits
pour la vie, mais plus habiles. Je ne
veux pas prétendre qu'aujourd'hui tous
ceux qui ont fait de l'anthroposophie
leur profession de foi sont des gens
habiles dans la vie. Une profession de
foi ne signifie pas grand-chose à cet
égard. Je n'ose vraiment pas affirmer
que tous les anthroposophes sont des
gens qui savent vivre. Mais vous
voyez, ce qui s'exprime dans le
mouvement réel de la société
anthroposophique, c'est souvent ce qui
est apporté de l'extérieur.
Aujourd'hui, il y a encore très peu de
choses qui viennent de l'intérieur. Et
ce n'est qu'alors que la science de
l'esprit d'orientation
anthroposophique pourra être ce
qu'elle doit être pour le monde, si ce
ne sont pas seulement des penchants
mystiques, de l'aliénation à la vie,
un faux idéalisme, du tantrisme - je
pourrais aussi
dire de l'onclisme,
non, je pense ainsi de choses
semblables - qui y sont apportés, mais
si ce qui peut être apporté dans la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique est apporté : une
stimulation de la vie de l'âme qui se
transmet aux membres, qui s'empare de
l'humain tout entier - pas seulement
de la confession de foi - et qui
permet aux humains d'intervenir dans
les affaires du monde. C'est de cela
qu'il s'agit principalement. C'est là
qu'il faut chercher tout le sérieux de
la vie.
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17
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Unsere Eurythmie, sie ist ganz und
gar aus dem Bewußtsein heraus
gearbeitet. Sie ist das Gegenteil
alles Träumerischen. Die Leute haben
allerdings Angst, sie sei dadurch
weniger künstlerisch, weil sie das
Künstlerische mit dem Traumhaften in
Verbindung bringen. Das ist aber ein
Unsinn. Beim Künstlerischen kommt es
nicht darauf an, ob es aus dieser oder
jener Region hervorgeholt ist, sondern
daß es in seinen Formen, in seiner
Ausgestaltung künstlerisch ist. Diese
Eurythmie, die ganz und gar auf
Überbewußtsein, auf das Gegenteil des
Unterbewußtseins gegründet ist, wurde
neulich von einem Herrn, wie mir
gesagt worden ist, der nun auch ein
Arzt ist, taxiert: Er habe viel
Unbewußtes darin bemerkt. — Das ist
natürlich ein Beweis dafür, daß der
Herr von der Eurythmie nicht das
Geringste verstanden hat. Gerade
dasjenige, was der Lebensnerv
anthroposophisch orientierter
Geisteswissenschaft ist, das wird sehr
wenig bemerkt. Und man wird es erst
dann ganz bemerkt haben, wenn man
wirklich durch diese
Geisteswissenschaft eine solche innere
Denk- und Empfindungs- und
Willenserziehung durchmachen kann, daß
einen das für das Leben nicht
ungeschickter, sondern geschickter
macht. Ich will ja nicht behaupten,
daß heute alle, die Anthroposophie zu
ihrem Glaubensbekenntnis gemacht
haben, lebensgeschickte Menschen
seien. Ein Glaubensbekenntnis bedeutet
in dieser Beziehung nicht viel. Ich
wage wirklich nicht zu behaupten, daß
alle Anthroposophen lebensgeschickte
Menschen seien. Aber sehen Sie, was in
der realen Bewegung der
anthroposophischen Gesellschaft sich
äu‑ ßert, das ist ja vielfach das, was
von außen hineingetragen wird. Von
innen hinausgetragen wird heute noch
wirklich recht Weniges. Und erst dann
wird die anthroposophisch orientierte
Geisteswissenschaft das für die Welt
sein können, was sie sein soll, wenn
nicht nur mystische Neigungen,
Lebensfremdheit, falscher Idealismus,
Tantentum — ich könnte auch sagen
Onkeltum; nein, so ähnliche Dinge
meine ich — hineingetragen werden,
sondern wenn das hinausgetragen wird,
was in der anthroposophisch
orientierten Geisteswissenschaft zu
holen ist: eine Anregung des
Seelenlebens, die in die Glieder
übergeht, die den ganzen Menschen
ergreift — nicht bloß das
Glaubensbekenntnis — und dadurch die
Menschen in die Angelegenheiten der
Welt eingreifen können. Das ist es, um
das es sich hauptsächlich handelt.
Darin sollte man den ganzen
Lebensernst suchen.
|
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seulement
ONZIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le 7 février
1920
La saisie de réalités spirituelles pour
la vie pratique grâce à la science de
l’esprit
01
Aujourd'hui, je vais à nouveau insérer une
sorte d'épisode dans nos réflexions, qui nous
servira à poursuivre le thème proprement dit
demain. Pour pouvoir vous parler de certaines
choses, je vais être obligé d'utiliser
aujourd'hui une forme de présentation un peu
plus aphoristique. Nous avons en effet extrait
les symptômes et les phénomènes les plus
divers de l'actualité, afin de reconnaître
comment cette actualité guide l'humanité vers
une saisie des réalités spirituelles. Et ce
fut non-effort de rendre clair que cette
saisie des réalités spirituelles ne pouvait
pas se limiter à ce que l'humain, dans une
certaine mesure, ne saisisse le monde
spirituel à l'avenir que pour en tirer quelque
chose, j'aimerais dire pour ses heures du
dimanche. Ce fut tout de suite ce qui a été
pernicieux dans la civilisation qui s'est
développée au cours des derniers siècles, que
la vie de l'esprit soit devenue peu à peu
quelque chose de si détaché/retiré, de si
abstrait. À la question que j'ai posée lors
d'une conférence publique à Bâle il y a
quelque temps : Quel est le lien entre la
vision du monde, la vision sur le spirituel ou
aussi sur le non-spirituel qu'a un
fonctionnaire, un avocat, un fabricant, un
commerçant, et ce qu'il fait/propulse au
quotidien ? — On peut dire qu'il ne coule des
pensées qu'il a comme vision du monde, rien
qui entre dans ses affaires professionnelles
et de tous les jours, je pense, dans la
conduite de celles-ci. On est d'un côté un
humain de la vie pratique extérieure, et à
côté on a une vision du monde purement
abstraite, qu'elle soit plus ou moins
religieuse, plus ou moins teintée de science.
C'est donc devenu un usus courant au cours des
derniers siècles et a atteint son apogée à
notre époque si enceinte de malheur. Et ce qui
repose à la base de tout cela s'exprime dans
une autre circonstance, à vrai dire encore
plus fatale, à savoir que des humains qui ont
la bonne volonté d'acquérir une vision
spirituelle du monde, intègrent dans le
contenu de cette vision spirituelle du monde
le fait que cette vision spirituelle du monde
n'a rien à voir avec leur vie pratique. Car la
vie pratique, c'est le réel, c'est ce à quoi
on se consacre extérieurement, la
spiritualité, on l'a pour le dimanche, on l'a
retirée de la vie, et la vie n'est pas digne
d'accueillir cette spiritualité. - Je me suis
toujours efforcé de faire comprendre que la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique dont il est question ici veut
certes s'élever dans les hauteurs les plus
élevées de la vie spirituelle, mais qu'elle
doit ensuite, par cette ascension dans les
mondes spirituels, éduquer chez l'humain un
type de pensée, un type de représentation qui
le rend apte à s'engager habilement et
pratiquement dans chaque branche de la vie
quotidienne. On doit avoir pour ses affaires,
pour la vie pratique quotidienne, quelque
chose de ce que l'on s'élabore spirituellement
aussi pour les mondes supérieurs.
02
Ce travail pour les mondes spirituels doit
être tel qu'il ne nous amène pas à dire : ce
monde spirituel, c'est l'au-delà, il ne doit
pas du tout être touché par le grossier
quotidien ; le grossier quotidien est là à
part, on le méprise, le monde spirituel est le
haut, le sublime. - Au cours des années
passées, j'ai souvent attiré l'attention sur
ces choses et j'ai dit qu'au fil des années,
plus d'un humain est venu me voir et m'a dit :
"Ah, j'ai une profession si prosaïque, je
voudrais quitter cette profession prosaïque et
me consacrer à quelque chose de plus idéal. -
C'est la pire des maximes que l'on puisse
avoir dans la vie. Celui qui, par son destin,
par son karma, est fonctionnaire de la poste
et un fonctionnaire ordinaire, sert
certainement plus le monde - je l'ai souvent
dit - s'il remplit sa profession correctement,
que s'il est un mauvais poète ou même un
mauvais journaliste ou quelque chose de ce
genre, dont on a parfois envie. Il s'agit
seulement, lorsque l'on s'approche du
spirituel, d'accueillir ce spirituel dans son
esprit de telle sorte qu'il ne rende pas
maladroit, mais habile pour la vie extérieure.
03
C'est parce que cette maxime a disparu de la
vie depuis le XVe siècle et que la vie s'est
en quelque sorte divisée en deux courants, la
vie pratique extérieure, méprisée par les
idéalistes et les mystiques, et la vie
mystique, religieuse, idéaliste, considérée
par les praticiens comme quelque peu exaltée
et rêveuse, que nous nous trouvons aujourd'hui
dans l'impasse de la vie qui vous a été
décrite hier. C'est la raison profonde pour
laquelle nous nous trouvons dans cette
impasse. C'est ainsi que, d'un côté, dans la
vie pratique, chaque individu se trouve dans
un petit cercle, comme je l'ai dit hier,
travaillant sans vue d'ensemble et sans
participation chaleureuse à l'ensemble, et
que, de l'autre côté, si l'on est suffisamment
idéaliste pour se consacrer à une vision
spirituelle du monde, on veut alors avoir
cette vision spirituelle du monde de telle
sorte que l'on ne soit pas éduqué dans cette
vision spirituelle du monde, par exemple pour
la tenue pratique, disons d'un grand livre
comptable ou d'un journal comptable. Il y a
des gens qui considèrent comme un avantage le
fait que quelqu'un ne comprenne pas et ne
puisse pas du tout comprendre comment on tient
un journal ou un livre de caisse. C'est le
grand dommage qui s'est progressivement
implanté/naturalisé au cours des derniers
siècles.
04
Ce n'est pas un avantage de ne pas savoir
comment on conduit un grand livre ou un livre
de caisse, et il n'est aucune bénédiction pour
l'humanité s'il y a autant de personnes que
possible qui veulent être des idéalistes, en
ne comprenant rien de toute la pratique et
veulent seulement s'adonner à des
considérations spirituelles. La seule chose
saine dans la vie, c'est quand ces deux
maximes se confondent dans la vie de telle
sorte que l'une porte l'autre. Mais ce qui,
dans les plus petits cercles, est
progressivement apparu de plus en plus comme
une atteinte à la vie au cours des derniers
siècles, s'exprime aussi dans les grandes
affaires de la vie, dans la mesure où
personne, vraiment, on peut dire personne, à
part quelques humains qui ont rendu les choses
très peu pratiques, ne s'en est préoccupé :
Comment peut-on faire quelque chose de
vraiment sain à partir de ces entités qui sont
dépassées - je vous les ai caractérisées hier,
à quoi elles ressemblent sur la carte - qu'on
appelait avant la guerre, jusqu'en 1914, les
États de la terre ? - Oui, aujourd'hui, même
avec les épreuves des quatre ou cinq dernières
années, on n'est malheureusement pas encore
assez avancé pour réfléchir à ces choses de
manière saine. Prenez seulement ceci. Lorsque
l'on aura la tête froide pour examiner les
causes lointaines de la terrible catastrophe
de ces quatre ans et demi ou cinq dernières
années, on découvrira que ces causes résident
entre l'Europe centrale et les régions
occidentales, y compris l'Amérique, dans des
rapports industriels et commerciaux, dans ces
rapports industriels et commerciaux qui sont
depuis longtemps entrés en contradiction avec
les frontières nationales. Les structures
étatiques qui se sont formées à partir de
conditions tout à fait différentes et qui sont
une dépendance des conditions médiévales, ces
conditions étatiques ont été utilisées
artificiellement comme cadre pour ce qui n'est
qu'intérêts commerciaux et industriels. Ils
n'étaient pas du tout adaptés à cela, mais ils
ont pu être utilisés à cet effet. Et
aujourd'hui, on le remarque si peu qu'un
mouvement social-démocrate, certes sans espoir
à long terme, mais extraordinairement
dérangeant à court terme, ne fait pas
autrement. Nous voyons aujourd'hui apparaître
partout des théories socialistes, même jusque
dans les mondes asiatiques, qui deviennent
particulièrement radicales. Ces théories
socialistes veulent former quelque chose de
pratique. Avant la guerre, elles voulaient
utiliser les cadres des anciens États,
maintenant elles veulent utiliser les cadres
de ce qui s'est formé à partir de la
catastrophe de la guerre, donc disons que la
Russie telle qu'elle s'est formée à partir de
la guerre, doit être utilisée comme cadre pour
les théories bolcheviques. Si l'on peut penser
conformément à la réalité, on ne peut rien
imaginer de plus absurde que ce qui est tenté.
Il n'y a pas de plus grande absurdité que
cette structure qui est d'abord née de forces
purement médiévales, combinées ensuite avec
les résultats contre nature qui sont apparus
de plus en plus dans la guerre qui a abouti à
la paix de Versailles, c'est-à-dire à la
discorde. Le fait que cette entité à l'est de
l'Europe doive maintenant accueillir les
fantaisies de Lénine et de Trotsky est un
non-sens à long terme, un tumulte à court
terme, qui doit retarder énormément le
développement sain de l'humanité en Europe.
C'est ce qui se donne quand on a un sens pour
la réalité.
05
Mais ce sens des réalités, on aimerait dire
qu'il manque aujourd'hui à tout le jugement
public de l'humanité. Tout le jugement public
de l'humanité n'est pas formé à partir d'un
sens des réalités, mais en fait à partir
d'abstractions, de théories abstraites. Et si
une fois survient quelque chose qui n'est pas
une théorie abstraite, comme la
triarticulation, quelque chose qui est
tiré/saisi de la vie et que l'on doit résumer
brièvement, parce que l'on ne peut pas écrire
tout de suite trente volumes que les gens ne
liraient pas non plus, on ne reconnaît pas
l'esprit de réalité, mais on considère, parce
que l'on est aujourd'hui complètement rempli
de théories, que c'est encore plus une
théorie. On n'a plus du tout le sens de ce qui
est tiré de la réalité, parce qu'on s'est
complètement aliéné la réalité.
06
Il doit intervenir que les gens puissent
aujourd'hui devenir pratiques au sens le plus
éminent, et cependant pouvoir regarder vers le
haut, vers le monde spirituel. Car ce n'est
qu'ainsi que l'âme tranquille humaine se
développera sainement dans l'avenir, que ces
deux éléments pourront coexister dans l'âme
tranquille humaine. Lorsque viendra le temps
où ne vaudra plus pour un fou celui qui dira :
En Orient, de l'autre côté, vivent des âmes
qui, en raison des conditions historiques
particulières de l'Asie, se sont développées
de telle sorte qu'elles n'ont aujourd'hui que
peu de sens pour le monde extérieur et
qu'elles ont donc naturellement pu facilement
devenir la proie des Européens attachés au
seul monde matériel, mais qu'elles ont pu
conserver leur vision vers en haut dans le
monde spirituel, alors on verra que nous avons
de telles âmes en Orient. Je vous ai souvent
cité un représentant particulièrement
important en la personne de Rabindranath
Tagore. Mais ce Rabindranath Tagore, qui n'est
même pas un initié, mais simplement un
intellectuel de l'Asie, a en lui, je dirais,
tout l'esprit de l'Asie, et vous pouvez tirer
de son recueil de conférences "Nationalisme"
beaucoup de choses sur cet actif esprit de
l'Asie.
07
À ces âmes qui sont là-bas manque cependant
chacune relation intérieure avec ce qui a été
fait/mut en Europe et en Amérique en ce qui
concerne la vie extérieure. Je rappelle encore
une fois quelque chose que j'ai déjà exprimé
devant vous. Ce sont d'abord les derniers
siècles qui nous ont apporté ce que l'on peut
appeler une culture purement mécaniste.
Aujourd'hui encore, vous trouvez dans les
livres de géographie que la Terre entière est
peuplée d'environ quinze cents millions
d'êtres humains. Mais ce n'est pas vrai si
l'on tient compte du travail effectué sur la
Terre. Si, disons, un habitant de Mars
descendait un jour sur la Terre et qu'il
évaluait la population terrestre en termes de
nombre, il demanderait d'abord : combien
travaille un humain sur la Terre, compte tenu
de la force de travail qu'il peut utiliser ? -
et ensuite il demanderait : Combien
travaille-t-on au total ? - Si nous prenons
les chiffres qui existaient avant la guerre,
on peut difficilement utiliser les chiffres
actuels, ils ne sont d'ailleurs pas encore
disponibles, alors si l'on notait combien
d'humains travaillent sur la Terre, on
n'obtiendrait pas quinze cents millions, mais
deux mille millions ou même deux mille deux
cents millions d'humains comme population
terrestre. Pourquoi ? Parce qu'en réalité, les
machines fournissent sur Terre une quantité de
travail telle qu'elle équivaut à environ sept
cents millions de prestations humaines. Si les
machines ne travaillaient pas et si ce que les
machines fournissent devait être fourni par la
main-d'œuvre humaine, il devrait y avoir sept
cents millions d'habitants de plus sur la
Terre. J'ai calculé cela à partir de la
quantité de charbon utilisée sur la terre, en
me basant sur un temps de travail quotidien de
huit heures. Ce que j'ai dit est valable pour
la consommation de charbon au début du XXe
siècle et pour un temps de travail de huit
heures, de sorte que l'on peut dire : d'après
ce que l'on fait sur la Terre, il y a en fait
deux mille deux cents millions de personnes
sur la terre. - Mais ce qui est réalisé par
des instruments de travail purement mécaniques
est réalisé plus ou moins entièrement en
Europe et en Amérique, et pas beaucoup en Asie
aujourd'hui. Cela a commencé là-bas aussi,
mais c'est encore assez embryonnaire, car
l'Asiatique n'a pas encore le sens de cette
mécanisation du monde, il lui manque
totalement le sens de ce qui s'est développé
en Occident depuis le siècle dernier ou même
depuis le milieu du XVe siècle. Mais nous ne
devons pas seulement penser au travail
mécanique, nous devons aussi penser au fait
que tout l'imaginaire des humains se tourne
vers cette mécanisation du monde. Quelqu'un
peut dire aujourd'hui : pour construire le
tunnel du Gothard, il a fallu tant d'ouvriers.
Mais aujourd'hui, on ne peut pas construire un
tunnel au Gothard sans connaître le calcul
différentiel et intégral, et cela vient de
Leibniz, les Anglais disent de Newton ; nous
ne voulons pas nous disputer à ce sujet. Le
tunnel du Gothard ou le tunnel du Hauenstein
n'auraient donc pas pu être construits dans
les environs si Leibniz n'avait pas trouvé le
calcul différentiel et intégral dans sa salle
d'étude. Toute la pensée européenne depuis
Copernic-Galilée va dans le sens de cette
mécanisation du monde. Lisez Rabindranath
Tagore et vous verrez à quel point il déteste
cette mécanisation du monde.
08
Mais à quoi cela doit-il mener ? On peut le
dire dans le miroir de la vision spirituelle
du monde : toutes les âmes qui sont
aujourd'hui incarnées en Orient, dans ce que
nous appelons l'Orient, chercheront leur
prochaine incarnation en Occident. Les
Occidentaux chercheront davantage leur
prochaine incarnation en Orient. Le centre
devra former une médiation. - Mais dites
quelque chose comme une exigence
historico-culturelle, que tout le système
éducatif et d'autres choses de ce genre
doivent être conçu pour que cette vague d'âme
qui se croise traverse la terre, dites quelque
chose comme ça aux gens très intelligents de
notre époque, prenons les plus intelligents,
ceux qui sont choisis par les peuples pour
entrer dans les parlements, et vous entendrez
dire que vous êtes un imbécile, que c'est tout
à fait fou ! Mais la reconnaissance de ces
vérités doit saisir les humains de la même
manière que, dans le passé, ce que l'on
appelle aujourd'hui les vérités
anthropologiques a saisi les humains ; le
mélange des races, la répartition mutuelle des
races, etc. Il faut commencer à considérer
spirituellement tout ce qui, auparavant,
n'était considéré que physiologiquement et
extérieurement. Il y a de bons théosophes qui,
dans les moments de fête de leur vie, pensent
que l'humain vit des vies terrestres répétées
; c'est pour eux une profession de foi. Mais
ce n'est pas tout. Si l'on croit simplement à
la réincarnation et au karma en tant
qu'article de foi, cela n'a pas plus de valeur
que si l'on faisait une liste de linge. Ces
choses n'acquièrent de la valeur que si on les
intègre dans l'ensemble de la pensée sur le
monde et aussi dans l'action, dans l'ensemble
des comportements et des attitudes dans le
monde. Ces choses n'ont de valeur que si l'on
en tient compte dans l'histoire de la culture.
Et lorsque l'on ne considérera plus ces choses
comme des choses auxquelles on se consacre
uniquement dans les moments de fête de la vie,
mais avec lesquelles on pénètre la vie, et
lorsque l'on aura vraiment de telles pensées -
on peut bien sûr beaucoup jouer avec ces
pensées sur le plan théosophique - alors on
aura aussi le sens de la bonne tenue d'un
livre de caisse ou d'un grand livre, de
l'aménagement d'un banc de rabotage convenable
; on ne dédaignera pas non plus d'être mis
dans la nécessité d'effectuer soi-même un
travail de cordonnier. Car ce n'est que chez
celui qui peut se tenir à l'intérieur de la
vie pratique, qui peut être habile dans
certaines circonstances lorsqu'il s'agit
d'intervenir partout, que l'organisme humain
entier est tellement imprégné d'habileté
intérieure que cette habileté intérieure
s'exprime aussi par des pensées vraiment
solides.
09
C'est cela qui devrait imprégner les esprits.
Cela imprégnera la culture si l'on se
familiarise avec ce dont les humains ont la
plus grande crainte à l'heure actuelle.
10
On peut dire qu'il y a aujourd'hui deux choses
qui indiquent deux états de peur de l'humanité
actuelle - je ne crois pas que vous puissiez
me donner tort si vous regardez la situation
avec un sentiment de vérité intérieure. La
première, c'est qu'il existe dans le monde
civilisé une peur panique de découvrir les
véritables causes de la guerre. On ne veut pas
y regarder de plus près ni y mettre son nez,
tout au plus chez l'adversaire, mais surtout
pas chez soi ! À quelques exceptions près, les
humains évitent de se pencher sur les
véritables causes de la terrible catastrophe
humaine de ces dernières années, ils en ont
une peur bleue. Pendant la guerre, cela s'est
même manifesté de manière idéaliste. Il y
avait des humains qui se plaçaient sur le
point de vue : de cette guerre va naître une
nouvelle vie humaine, une nouvelle fécondation
des idéaux de l'humanité, etc. - On pourra
étudier beaucoup de choses sur les événements
de l'époque moderne, afin de découvrir la
véritable cause de cette catastrophe terrible.
Mais il n'en résultera rien de positif comme
contenu de cette guerre, mais il en résultera
que les anciennes formes de culture et de
civilisation sont devenues pourries, qu'elles
se sont elles-mêmes menées à l'absurde dans
cette catastrophe guerrière, que cette guerre
ne signifie rien d'autre que le fait de mener
à l'absurde la civilisation telle qu'elle
était jusqu'à cette guerre. C'est de cela que
les humains ont une peur bleue, la peur d'un
événement extérieur. Ils ont tellement peur
qu'ils ont aujourd'hui absolument renoncé à
vraiment encore penser d'aujourd'hui à demain.
Car aucun humain synthétiquement raisonnable
ne pouvait croire, ni d'un côté ni de l'autre,
que ce que l'on appelle par exemple le traité
de Versailles puisse un jour donner naissance
à une réalité. Et pourtant, c'est parce qu'on
ne pense que pour aujourd'hui, pas pour
demain, que cet étrange instrument a vu le
jour. C'est un événement extérieur.
<<<<
11
Mais il y a encore autre chose, c'est la peur
qu'ont les humains de progresser vers une
conscience de plus en plus grande de la vie de
l'âme. Si les humains trouvent justifié de
s'échapper de la conscience dans
l'inconscient, alors ils sont heureux.
Lorsqu'une vision du monde se présente à eux,
comme cette science de l'esprit d'orientation
anthroposophique, qui aspire justement à une
formation complète de la conscience et veut
parvenir à ses vérités à partir de cette
élaboration complète de la conscience, les
humains ne veulent pas s'en approcher. C'est
trop difficile pour eux. Cela exige de
l'activité, cela exige que l'on s'amène
réellement dans la mouvante vie de l'esprit.
C'est trop difficile.
12
Mais les humains aspirent à ce que leur soit
révélé, dans des états de conscience dégradés,
premièrement ce qu'est la vie de l'esprit, et
deuxièmement ce qui vit dans l'humain
lui-même. Combien de nombreux humains, bien
plus que vous ne le pensez, ne veulent pas
aujourd'hui s'engager dans des vérités
spirituelles saisies avec le sens sain de
l'âme. Mais si quelque part, par le biais
d'une force médiumnique, un médium leur
annonce telle ou telle chose des mondes
spirituels, alors ils tombent dans le panneau.
Il n'est pas nécessaire de faire un effort
pour comprendre. Cela se produit de manière
inconsciente, et on veut croire à
l'inconscient. L'autre chose qui s'ensuit
immédiatement, c'est la psychanalyse qui se
répand de manière si flagrante. On n'en
revient pas de la rapidité avec laquelle cette
psychanalyse s'installe dans l'âme des
humains. En quoi consiste-t-elle ? Elle
consiste en ce que toutes sortes de personnes
médicales s'ouvrent aujourd'hui et - il est
difficile de le dire brièvement, j'ai déjà
souvent analysé la psychanalyse ici - mettent
en place quelque chose qui fait remonter à la
conscience ce qui est subconscient dans la vie
de l'âme humaine. On se laisse raconter leurs
rêves par les gens, on explore ce qu'ils ont
vécu auparavant en termes de déceptions, de
désirs déçus, etc., ce qui a été oublié et a
formé des îlots d'âme, et ainsi de suite, et
on cherche ainsi à se rendre compte de ce qui
vit réellement dans l'être humain. Les
personnes particulièrement intelligentes ont
découvert qu'une grande partie de ce qui s'est
incrusté dans l'âme humaine au cours de la
première enfance, en termes de sensations et
de sentiments non naturels, vit dans l'âme
humaine et est ensuite repoussée dans le
subconscient ; mais ces sentiments continuent
à vivre dans l'humain, l'humain est leur
esclave. Le mythe d'Œdipe est reconduit à ces
gens aux sentiments contre nature que chaque
enfant devrait avoir envers sa mère, etc.
Selon eux, il est clair que toute petite
fille, dans ses plus tendres années, est
jalouse de sa mère parce qu'elle aime son
père, et que tout petit garçon est jaloux de
son père parce qu'il aime sa mère. Il en
résulte un complexe de sentiments qui,
transformé en mythe, apparaît dans le mythe
d'Œdipe, et ainsi de suite. Que des choses
spirituelles interviennent toutefois, mais des
choses spirituelles qui doivent être pénétrées
par la lumière de la conscience, on ne veut
pas le croire, on en a peur. Faire entrer ces
choses dans la lumière de la conscience, on en
a peur. On voudrait tout faire descendre dans
une obscurité nébuleuse. J'ai attiré votre
attention sur l'exemple magnifique qui revient
sans cesse lorsqu'il est question de
psychanalyse : une dame est invitée à une
soirée dans une maison où la maîtresse de
maison est malade et où l'on fête son départ
parce qu'elle doit se rendre à un bain/une
cure. Le maître de maison reste à la maison,
la maîtresse de maison doit se rendre aux
bains. La soirée de divertissement est
terminée. La maîtresse de maison est déjà
expédiée à la gare, la soirée s'en va et
rentre chez elle. Un fiacre, et non une
voiture, tourne au coin de la rue, la soirée
s'écarte à gauche et à droite. Mais justement,
la dame que j'ai en vue ne se déporte ni à
gauche ni à droite, mais reste au milieu de la
route et marche devant les chevaux. Le cocher
fait bien sûr un vacarme épouvantable, mais la
dame court et court, et le cocher a le plus
grand mal à maîtriser les chevaux, car il
pourrait écraser la dame. On arrive à un pont.
La dame, objet de toutes les attentions des
psychanalystes, se jette dans le fleuve, la
société de la soirée fait naturellement de
même et la sauve. Que fait-on d'elle ? Eh
bien, la ramener dans la maison de l'hôte,
c'est le moyen d'information suivant.
13
Le psychanalyste a maintenant cette dame
devant lui. Il se fait raconter tout ce
qu'elle a vécu dans sa jeunesse, et il se rend
compte avec bonheur que, lorsqu'elle était
encore une toute petite fille, elle a traversé
une fois la rue et qu'un cheval est arrivé au
coin de la rue ; elle a été très effrayée.
C'est descendu dans le subconscient. C'est là
que ça se trouve. Depuis, elle a tellement
peur des chevaux que même maintenant, dans la
rue, elle les fuit, elle ne les évite pas, ni
à droite ni à gauche. C'est la province isolée
de l'âme qu'elle a, la peur du cheval, qui
habite le subconscient.
14
Il y a bien quelque chose dans ce
subconscient, mais il faut pénétrer ce
subconscient avec la lumière de la conscience
de la recherche spirituelle. On s'aperçoit
alors que, dans certaines conditions
pathologiques, ce subconscient est très rusé,
que, sous la conscience individuelle ordinaire
de l'humanité, il n'y a pas exactement les
bases du mythe d'Œdipe, pas exactement la peur
du cheval qui a croisé sa route, mais un
certain raffinement. Car la dame invitée à
cette soirée ne désirait naturellement rien de
plus que de passer la nuit dans cette maison,
après que la maîtresse de maison ait été
renvoyée aux bains, et le meilleur moyen pour
l'inconscient d'arranger les choses était de
saisir la prochaine occasion - si cela n'avait
pas été le cheval, cela aurait été autre chose
- pour que la soirée la ramène dans la maison.
Ainsi, elle avait atteint son but. Bien sûr,
d'après les bases de son éducation, d'après ce
qu'elle a reçu, elle n'aurait jamais violé sa
moralité au point de faire une telle chose.
Dans le subconscient, elle n'est pas si
intelligente ; mais dans le subconscient, il y
a beaucoup de pulsions raffinées qui peuvent
être très intelligentes.
15
Toute cette psychanalyse qui se répand, qui
prend aujourd'hui des formes si flagrantes, à
laquelle croient aujourd'hui, plus que vous ne
le pensez, en particulier les intellectuels
pleins d'espoir - je ne dis pas cela dans un
sens péjoratif, mais même avec le ton de la
vérité -, sur laquelle même les théologiens
d'aujourd'hui voudraient déjà bâtir la
religion, cette psychanalyse est l'autre
produit de la peur de l'époque actuelle. On a
peur de la conscience. On ne veut pas que les
choses soient saisies à la lumière claire de
la conscience, mais on veut que le plus
important se cache là, dans l'inconscient, que
l'humain soit dominé par rapport à ses choses
les plus importantes, notamment par rapport à
ses sentiments religieux. Lisez cela chez
William James, l'Américain. Car que cela
s'appelle psychanalyse dans certaines régions
d'Europe ou que cela s'appelle ainsi, comme
William James, l'Américain, exprime ces
choses, cela n'a aucune importance. Ce qui
domine, c'est la peur du conscient.
16
On ne veut pas que la chose la plus importante
qui vit en l'humain soit dans sa conscience.
En effet, l'humain devrait penser davantage
s'il devait se diriger lui-même avec sa
volonté consciente. Il est important que
l'humain ait justifié le fait qu'il pense
moins.
17
Notre eurythmie est entièrement élaborée à
partir de la conscience. Elle est le contraire
de tout ce qui est rêveur. Les gens craignent
cependant qu'elle soit moins artistique, parce
qu'ils associent l'artistique à l'onirique.
Mais c'est une absurdité. Ce qui compte dans
l'artistique, ce n'est pas qu'il soit sorti de
telle ou telle région, mais qu'il soit
artistique dans ses formes, dans sa
conception. Cette eurythmie, qui est
entièrement fondée sur la supraconscience, sur
le contraire de la subconscience, a été
récemment taxée, m'a-t-on dit, par un monsieur
qui est aussi médecin : Il y aurait remarqué
beaucoup d'inconscient. - C'est bien sûr la
preuve que ce monsieur n'a rien compris à
l'eurythmie. C'est précisément ce qui
constitue le nerf vital de la science de
l'esprit d'orientation anthroposophique qui
est très peu remarqué. Et on ne l'aura
complètement remarqué que lorsque l'on pourra
vraiment, grâce à cette science de l'esprit,
suivre une telle éducation intérieure de la
pensée, de la sensibilité et de la volonté,
que cela ne nous rendra pas plus maladroits
pour la vie, mais plus habiles. Je ne veux pas
prétendre qu'aujourd'hui tous ceux qui ont
fait de l'anthroposophie leur profession de
foi sont des gens habiles dans la vie. Une
profession de foi ne signifie pas grand-chose
à cet égard. Je n'ose vraiment pas affirmer
que tous les anthroposophes sont des gens qui
savent vivre. Mais vous voyez, ce qui
s'exprime dans le mouvement réel de la société
anthroposophique, c'est souvent ce qui est
apporté de l'extérieur. Aujourd'hui, il y a
encore très peu de choses qui viennent de
l'intérieur. Et ce n'est qu'alors que la
science de l'esprit d'orientation
anthroposophique pourra être ce qu'elle doit
être pour le monde, si ce ne sont pas
seulement des penchants mystiques, de
l'aliénation à la vie, un faux idéalisme, du
tantrisme - je pourrais aussi dire de
l'onclisme, non, je pense ainsi de choses
semblables - qui y sont apportés, mais si ce
qui peut être apporté dans la science de
l'esprit d'orientation anthroposophique est
apporté : une stimulation de la vie de l'âme
qui se transmet aux membres, qui s'empare de
l'humain tout entier - pas seulement de la
confession de foi - et qui permet aux humains
d'intervenir dans les affaires du monde. C'est
de cela qu'il s'agit principalement. C'est là
qu'il faut chercher tout le sérieux de la vie.
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