Dans ce que je vais dire
aujourd'hui, en tant qu'explications
supplémentaires des dernières
considérations, sera à tenir compte
qu'aussi spirituellement
scientifiquement doit valoir quelque
chose sur l'action de la personnalité
individuelle dans l'histoire. On a
ordinairement la représentation qu'une
personnalité, qu'elle soit artistique,
politique, religieuse ou autre, qui
agit dans l'histoire, agit par ce qui
se propage par des impulsions
conscientes, et qu'une telle
personnalité n'agirait que par cette
voie. Et l'on regarde alors les
questions qui s'y rapportent de telle
sorte que l'on regarde : qu'est-ce
qu'une telle personnalité a fait,
qu'est-ce qu'elle a dit, comment cela
s'est-il répandu parmi les humains, et
ainsi de suite ?
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01
|
Bei dem, was ich heute sagen werde
als weitere Ausführungen der
letztgegebenen Betrachtungen, wird zu
berücksichtigen sein, daß auch
geisteswissenschaftlich etwas ganz
Bestimmtes gelten muß über das Wirken
der einzelnen Persönlichkeit in der
Geschichte. Man hat gewöhnlich die
Vorstellung, daß eine Persönlichkeit,
sei sie eine künstlerische, sei sie
eine staatsmännische, eine religiöse
oder eine sonstige Persönlichkeit, die
wirksam ist in der Geschichte, durch
dasjenige wirkt, was sich auf dem Wege
bewußt sich abspielender Impulse
ausbreitet, und daß eine solche
Persönlichkeit nur auf diesem Wege
wirke. Und man betrachtet dann Fragen,
die damit im Zusammenhange stehen, so,
daß man darauf hinschaut: Was hat
eine solche Persönlichkeit getan, was
hat sie ausgesprochen, wie ist das
unter die Menschen gekommen und
dergleichen ?
|
Dans les cas les plus significatifs
du devenir historique, les choses ne
sont pas aussi simples, mais ce qui
est actif dans l'évolution de
l'humanité dépend des forces
spirituelles motrices qui se trouvent
derrière le devenir historique, et les
personnalités ne sont en quelque sorte
que les moyens et les voies par
lesquels certaines forces et
puissances spirituelles motrices
agissent depuis le monde spirituel
dans notre devenir historique sur
terre. Cela ne contredit pas le fait
que beaucoup de l'individualité, de la
subjectivité de ces personnalités
dirigeantes ne se répercute pas dans
des cercles plus larges. Cela va de
soi. Mais on reçoit en premier le
concept correct de l'histoire quand on
se rend compte que lorsqu'un ainsi
nommé grand homme ici ou là exprime
ceci ou cela, ce sont les puissances
spirituelles dirigeantes de
l'évolution de l'humanité qui parlent
à travers lui, et qu'il n'est en
quelque sorte que le symptôme de la
présence de certaines forces motrices.
Il est le porche par lequel ces forces
parlent dans le devenir historique.
|
02
|
So einfach verhält sich gerade in
den signifikantesten Fällen des
geschichtlichen Werdens die Sache
nicht, sondern es hängt dasjenige, was
in der Menschheitsentwickelung wirksam
ist, ab von den treibenden geistigen
Kräften, die hinter dem
geschichtlichen Werden stehen, und
Persönlichkeiten sind gewissermaßen
nur die Mittel und Wege, durch die
gewisse treibende geistige Kräfte und
Mächte aus der geistigen Welt heraus
in unser geschichtliches Erdenwerden
hereinwirken. Das widerspricht nicht
dem, daß nicht auch vieles von der
Individualität, von der Subjektivität
solcher führender Persönlichkeiten
hinauswirkte in weitere Kreise. Das
ist ja selbstverständlich. Aber man
bekommt von der Geschichte erst den
richtigen Begriff, wenn man sich klar
darüber ist, daß, wenn da oder dort
ein sogenannter großer Mann dies oder
jenes ausspricht, durch ihn sprechen
die führenden geistigen Mächte der
Menschheitsentwickelung und daß er
gewissermaßen nur das Symptom dafür
ist, daß gewisse treibende Kräfte da
sind. Er ist das Tor, durch das diese
Kräfte hereinsprechen in das
geschichtliche Werden.
|
Quand alors on cite par exemple une
personnalité quelconque d'une certaine
période historique et que l'on essaie
de la caractériser dans son influence
sur toute la configuration de
l'époque, cela ne signifie pas que
l'on veuille éveiller la croyance, si
l'on parle scientifiquement
spirituellement, que cet homme a
seulement agi comme il l'a fait par la
force de sa personnalité. Je vais vous
donner un exemple. Supposons que l'on
doive citer une personnalité
philosophique comme étant
particulièrement caractéristique d'une
époque donnée - comme nous devrons le
faire tout à l'heure. Quelqu'un
pourrait alors venir et dire : oui,
cette personnalité a écrit des œuvres
philosophiques, mais elle n'a eu
d'influence que sur un certain cercle
; un cercle supplémentaire d'humains
n'a pas subi l'influence de cette
personnalité.
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03
|
Wenn dann zum Beispiel irgendeine
Persönlichkeit einer gewissen
geschichtlichen Periode angeführt
wird und man versucht, sie in ihrem
Einflusse auf die ganze Konfiguration
der Zeit zu charakterisieren,
sobedeutet das nicht, daß man den
Glauben erwecken wolle, wenn man
geisteswissenschaftlich spricht, daß
dieser Mann nur durch die Kraft seiner
Persönlichkeit so gewirkt hat, wie es
der Fall ist. Ich will ein Beispiel
anführen. Nehmen wir an, es müsse für
irgendeine Zeitepoche — wie wir es
gleich nachher werden tun müssen —
eine philosophische Persönlichkeit als
besonders charakteristisch angeführt
werden. Da könnte dann jemand kommen
und könnte sagen: Ja, diese
Persönlichkeit hat philosophische
Werke geschrieben, sie hat aber doch
nur auf einen gewissen Kreis gewirkt;
ein weiterer Kreis von Menschen hat ja
keinen Einfluß erfahren von dieser
Persönlichkeit aus.
|
Il serait tout à fait faux de faire
cette objection, car la personnalité
en question, même si elle est une
personnalité philosophique, n'est que
l'expression de certaines forces qui
se trouvent derrière elle, et ce sont
ces forces qui ont ensuite influencé
et impressionné les cercles
supplémentaires. On voit seulement à
cette personnalité ce qui agit dans le
temps. Il pourrait par exemple être le
cas qui suit. Il se peut qu'à une
époque donnée, un courant spirituel
quelconque, une direction d'esprit,
agisse dans le subconscient de cercles
plus larges d'âmes humaines. Chez une
personnalité, cela pourrait s'exprimer
de telle manière que ce que de larges
cercles, peut-être des peuples
entiers, ne font que pressentir, cette
personnalité individuelle le formule
clairement de manière particulièrement
caractéristique, mais ne l'écrit pas
du tout, ne le dit peut-être qu'à cinq
ou six autres personnes ou ne le dit
pas du tout. Il pourrait donc se
produire ce cas extrême où l'on
découvrirait, des siècles plus tard,
les mémoires d'une personnalité
quelconque, dans lesquelles se
trouvent des choses qui n'ont pas été
diffusées par la voie littéraire, et
qui pourraient pourtant contenir les
idées et les forces les plus
caractéristiques de cette époque.
C'est dans ce sens que j'ai toujours
donné des caractéristiques, lorsque
j'ai essayé de faire de telles
caractéristiques. Je n'ai jamais voulu
faire croire que des idées émanant de
personnalités n'agissaient que par la
voie de la propagande ordinaire, mais
j'ai toujours voulu indiquer que l'on
trouvait les idées efficaces formulées
par les différentes personnalités. Il
faut bien sûr tenir compte du fait que
l'influence effective de telles
personnalités peut s'interposer. Mais
le cas inverse peut aussi être
absolument. Une personnalité peut
avoir un large impact ; mais il doit
être expressément dit le contraire,
afin que certaines choses ne soient
pas prises de telle sorte que l'on
dise quelque peu : si quelqu'un
caractérise une personnalité comme
significative pour une époque
quelconque, il caractérise ainsi
quelque chose qui se passe seulement
dans un coin, alors que l'on a tout
intérêt à entendre caractériser ce qui
se passe dans les larges masses. -
C'est sous ce point de vue que je vous
demande de considérer ce que je vais
dire aujourd'hui.
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04
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Es wäre ganz falsch, diesen Einwand
zu machen, weil die betreffende
Persönlichkeit, wenn es auch eine
philosophische Persönlichkeit ist,
bloß der Ausdruck ist für gewisse
Kräfte, die hinter ihr stehen, und von
diesen Kräften sind dann die weiteren
Kreise beeinflußt und beeindruckt
worden. An dieser Persönlichkeit sieht
man nur, was in der Zeit wirkt. Es
könnte zum Beispiel das Folgende der
Fall sein. Es könnte in einer Zeit
irgendeine Geistesströmung, eine
Geistesrichtung, in dem Unter-bewußten
weiter Kreise von Menschenseelen
wirken. Bei einer Persönlichkeit
könnte das so zum Ausdruck kommen, daß
das, was weite Kreise, vielleicht
ganze Völker, nur ahnen, diese
einzelne Persönlichkeit besonders
charakteristisch klar formuliert, aber
es überhaupt nicht niederschreibt,
vielleicht nur fünf, sechs andern
Menschen sagt oder auch gar nichts
sagt. Es könnte also dieser extreme
Fall eintreten, daß man nach
Jahrhunderten die Memoiren irgendeiner
Persönlichkeit entdeckte, in denen
Dinge stehen, die nicht auf
literarischem Wege verbreitet worden
sind, und dennoch könnten in diesen
Memoiren die charakteristischsten
Ideen und Kräfte gerade dieser Zeit
drinnenstehen. In diesem Sinne habe
ich auch immer Charakteristiken
gegeben, wenn ich solche
Charakteristiken versucht habe.
Niemals wollte ich den Glauben
erwecken, daß nur auf dem Wege der
gewöhnlichen Propaganda Ideen von
Persönlichkeiten aus wirken, sondern
immer wollte ich darauf hinweisen,
daß man die wirksamen Ideen formuliert
findet an den einzelnen
Persönlichkeiten. Dabei kommt
natürlich in Betracht, daß dazwischen
gehen kann der wirksame Einfluß
solcher Persönlichkeiten. Es kann aber
auch einmal durchaus das Umgekehrte
der Fall sein. Voneiner Persönlichkeit
kann eine breite Wirkung ausgehen;
aber es muß das andere ausdrücklich
gesagt werden, damit gewisse Dinge
nicht so genommen werden, daß man etwa
sagt: Wenn jemand eine Persönlichkeit
charakterisiert als bedeutsam für
irgendeine Zeit, so charakterisiert er
damit etwas, was nur in irgendeiner
Ecke geschieht, während man doch ein
Interesse daran hat, dasjenige
charakterisiert zu hören, was in den
breiten Massen vor sich geht. — Von
diesen Gesichtspunkten aus bitte ich
das zu betrachten, was ich heute sagen
werde.
|
Il a souvent été expliqué par moi
comment il y a eu un certain saut
important dans le devenir historique
de l'humanité au XVe siècle. Celui qui
étudie la vie de l'âme de l'humanité
civilisée trouve que cette vie de
l'âme aux 16e et 17e siècles est
radicalement différente de la vie de
l'âme aux 10e, 11e et 12e siècles.
J'ai souvent attiré l'attention sur
cette affirmation, qui est l'une des
plus fausses, mais qui est toujours
répétée : la nature ou le monde, les
événements mondiaux ne font pas de
sauts. - De tels sauts sont justement
présents aux endroits les plus
importants de l'évolution. Et un tel
saut dans l'évolution de l'humanité
civilisée est précisément le passage
de la quatrième période
post-atlantique, qui s'achève au 15e
siècle, à la cinquième, dans laquelle
nous vivons encore actuellement, et au
début de laquelle nous nous trouvons
seulement. Dans un certain sens, toute
la manière de penser de l'humanité
civilisée européenne sera différente
après le XVe siècle, mais les
différentes nations et les différents
peuples seront différents d'une autre
manière. Certains phénomènes de
transition se produisent d'une manière
différente chez les différents
peuples.
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05
|
Es ist öfters von mir
auseinandergesetzt worden, wie ein
gewisser starker Sprung in dem
geschichtlichen Werden der Menschheit
vorliegt im 15. Jahrhundert.
Derjenige, der das Seelenleben der
zivilisierten Menschheit studiert, der
findet, daß dieses Seelenleben im 16.,
17. Jahrhundert radikal verschieden
ist von dem Seelenleben im 10.,11.,12.
Jahrhundert. Ich habe ja öfters
darauf hingewiesen, wie es einer der
unwahrsten Aussprüche ist, der aber
immer wiederholt wird: die Natur oder
die Welt, das Weltgeschehen mache
keine Sprünge. — Solche Sprünge sind
gerade an den bedeutsamsten Stellen
der Entwickelung vorhanden. Und ein
solcher Sprung in der Entwickelung der
zivilisierten Menschheit ist eben der
Übergang von der vierten
nachatlantischen Zeit, die im 15.
Jahrhundert zu Ende geht, zu der
fünften, in der wir jetzt noch leben,
an deren Anfang wir eigentlich erst
stehen. Es wird in gewissem Sinne in
der ganzen Gesinnungsweise, in den
Gedankenformen der europäischen
zivilisierten Menschheit anders nach
dem 15. Jahrhundert; aber es wird bei
den verschiedenen Nationen, bei den
verschiedenen Völkern in einer andern
Weise anders. Es treten gewisse
Übergangserscheinungen in einer
verschiedenen Weise auf bei den
verschiedenen Völkern.
|
Or, on ne peut pas comprendre la vie
de l'esprit dans laquelle on se trouve
aujourd'hui si l'on n'a pas une vision
de ce qui, depuis le XVe siècle,
s'élève peu à peu dans notre vie de
l'esprit. On doit saisir cette
nouvelle vie de l'esprit montante à
des points caractéristiques. Mais on
peut naturellement caractériser
seulement certains courants et
certains points de vue. Si l'on
considère la période qui précède cette
cinquième période post-atlantique,
depuis le mystère du Golgotha jusqu'au
XVe siècle, on doit dire qu'à cette
époque, une grande partie de
l'humanité civilisée européenne tente
de gagner une compréhension, une
compréhension religieuse du
christianisme. Celui qui essaie
d'étudier les différentes conceptions
qui se sont développées en Europe à
propos du christianisme depuis le
troisième et le quatrième siècle
jusqu'au quinzième siècle, trouvera
que les humains de cette Europe
civilisée ont utilisé toutes leurs
facultés conceptuelles, leur
sensibilité, tout ce qu'ils pouvaient
tirer de leur âme, pour comprendre à
leur manière le christianisme, pour
gagner à leur manière une
compréhension de ce qu'est devenu le
monde à travers le mystère du
Golgotha.
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06
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Nun kann man das Geistesleben, in
dem man heute drinnensteht, nicht
verstehen, wenn man nicht eine
Anschauung hat von dem, was seit dem
15. Jahrhundert in unserem
Geistesleben nach und nach
heraufzieht. Man muß an
charakteristischen Punkten dieses neu
heraufziehende Geistesleben fassen.
Man kann aber natürlich immer nur
einzelne Strömungen und einzelne
Gesichtspunkte charakterisieren. Wenn
man die Zeit, die diesem fünften
nachatlantischen Zeitraum vorangeht,
von dem Mysterium von Golgatha bis ins
15. Jahrhundert, betrachtet, so mußman
sagen: Es wird ja von einem großen
Teil der europäischen zivilisierten
Menschheit in dieser Zeit versucht,
ein Verständnis, ein religiöses
Verständnis des Christentums zu
gewinnen. Wer den Versuch macht, die
einzelnen Anschauungen zu studieren,
wie sie sich mit Bezug auf das
Christentum in Europa vom 3., 4.
Jahrhundert an bis ins 15. Jahrhundert
ergeben haben, der wird finden, daß
die Menschen dieses zivilisierten
Europas all ihr Begriffsvermögen, ihr
Empfindungsvermögen, alles, was sie
aus ihrer Seele herausholen konnten,
dazu verwendet haben, um in ihrer Art
das Christentum zu verstehen, in ihrer
Art ein Verständnis von dem zu
gewinnen, was aus der Welt geworden
ist durch das Mysterium von Golgatha.
|
Or, après le XVe siècle, des
conditions très particulières
apparaissent. Ce n'est qu'à ce
moment-là - et pour celui qui ne
considère pas cette fable convenue que
l'on appelle habituellement
l'histoire, mais l'histoire réelle,
c'est tout à fait clair - qu'apparaît
ce que l'on appelle aujourd'hui, dans
les cercles les plus larges,
l'orientation de pensée scientifique.
Avant, il y avait en fait tout autre
chose. Ce que l'on considère
aujourd'hui comme la vraie science ne
commence qu'au cours de cette
cinquième période post-atlantique. Et
une configuration bien précise lui est
imposée, et on peut dire qu'elle est
imposée de différentes manières. C'est
toujours la même empreinte, mais elle
est imprimée différemment en Occident,
dans les régions de la civilisation
occidentale, et un peu différemment
dans les régions de la civilisation
d'Europe centrale. Et le moment est
venu aujourd'hui où ces choses
devraient être considérées de manière
impartiale, sans que des idées de
nationalisme n'influencent l'approche
dans le sens défavorable comme je l'ai
déjà caractérisé hier.
|
07
|
Nun treten nach dem 15. Jahrhundert
ganz besondere Verhältnisse ein. Es
kommt eigentlich da erst — und für
denjenigen, der nicht jene Fable
convenue betrachtet, die man
gewöhnlich Geschichte nennt, sondern
die wirkliche Geschichte, ist das ganz
klar — dasjenige herauf, was man in
weitesten Kreisen heute
wissenschaftliche Denkrichtung nennt.
Vorher war eigentlich etwas ganz
anderes da. Was heute als das richtig
Wissenschaftliche angesehen wird, das
nimmt erst in dieser fünften
nachatlantischen Periode seinen
Anfang. Und dem wird eine ganz
bestimmte Konfiguration aufgedrückt,
und zwar, kann man sagen, aufgedrückt
in verschiedener Weise. Es ist zwar
immer derselbe Aufdruck, aber in
verschiedener Prägung aufgedrückt im
Westen, in Gegenden der westlichen
Zivilisation, und etwas anders
aufgedrückt in Gegenden der
mitteleuropäischen Zivilisation. Und
es ist heute der Zeitpunkt
herangekommen, wo durchaus diese
Dinge unbefangen betrachtet werden
sollten, betrachtet werden sollten,
ohne daß Nationalismus-Ideen die
Betrachtungsweise in dem ungünstigen
Sinne beeinflussen, wie ich das
gestern schon charakterisiert habe.
|
Et c'est là que nous arrivons, si
nous voulons voir comment cette époque
récente a reçu sa signature
spirituelle à partir d'une
manifestation de personnalité
caractéristique, à une personnalité
comme celle qui est particulièrement
caractéristique de la sortie du 16e au
17e siècle, le philosophe anglais Baco
de Verulam. Parmi les humains qui se
prétendent/pensaient scientifiques,
Bacon est en effet considéré comme une
sorte de rénovateur de la manière de
penser humaine. Mais ce Bacon est un
exposant, un symptôme de quelque chose
qui s'est produit récemment dans
l'histoire, dans le sens que je viens
d'exprimer. Tout le monde occidental
est en fait traversé par une certaine
vague d'attitudes, et Bacon est
seulement celui qui a formulé le plus
clairement cette vague d'attitudes du
monde occidental. Sans que les humains
le sachent, cette vague d'attitude vit
en chacun d'eux. La manière dont ils
pensent, la manière dont ils
s'expriment sur les questions les plus
importantes de la vie, sont
baconiennes dans certaines régions de
la civilisation occidentale, aussi si
les humains combattent Bacon
lorsqu'ils disent quelque chose de
contraire. Il ne s'agit pas tant du
contenu que l'on donne à une
quelconque idée de vision du monde,
mais il s'agit de la façon et la
manière dont une telle idée de vision
du monde se place d'abord dans le cœur
de l'humain, et alors la manière dont
elle se place dans les impulsions du
devenir historique mondial.
|
08
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Und da kommen wir eben, wenn wir an
einer charakteristischen
Persönlichkeitserscheinung betrachten
wollen, wie diese neuere Zeit ihre
geistige Signatur bekommen hat, auf
eine solche Persönlichkeit wie die,
die besonders charakteristisch ist für
den Ausgang aus dem 16. in das 17.
Jahrhundert, auf den englischen
Philosophen Baco von Verulam. Unter
denjenigen Menschen, die sich
wissenschaftlich dünken, gilt ja Bacon
als eine Art Erneuerer menschlicher
Denkweise. Aber dieser Bacon ist ein
Exponent, ein Symptom für etwas, was
in der neueren Zeit herauftritt in der
Geschichte in dem Sinne, wie ich das
eben zum Ausdruck gebracht habe. Die
ganze westliche Welt wird im Grunde
genommen von einer gewissen
Gesinnungswelle durchsetzt, und Bacon
ist nur derjenige, der am klarsten
diese Gesinnungswelle der westlichen
Welt formuliert hat. Ohne daß es die
Menschen wissen, lebt diese
Gesinnungswelle in einzelnen. Die Art
und Weise, wie sie denken, die Art und
Weise, wie sie sich über die
wichtigsten Angelegenheiten des Lebens
ausdrücken, ist in Gegenden der
westlichen Zivilisation baconisch,
auch wenn die Menschen Bacon
bekämpfen, wenn sie ein
Entgegengesetztes sagen. Es kommt ja
nicht so sehr auf den Inhalt an, den
man irgendwelcher Weltanschauungsidee
gibt, sondern es kommt auf die Art und
Weise an, wie sich eine solche
Weltanschauungsidee erstens zum Herzen
des Menschen stellt, und dann, wie sie
sich hineinstellt in die Impulse des
weltgeschichtlichen Werdens.
|
Pour rendre plus clair ce que je
viens d'exprimer, j'aimerais dire,
rendre plus clair par un paradoxe,
dire qu'à notre époque, quelqu'un
pourrait être un matérialiste flagrant
et l'autre un spiritualiste flagrant,
et les deux pourraient très bien
exprimer leurs idées à partir de notre
époque matérialiste - la différence ne
serait pas grande. Ce qui compte
aujourd'hui, ce n'est pas tant de
savoir si l'on se réclame
littéralement du spiritualisme ou du
matérialisme, mais de savoir dans quel
esprit l'on fait l'un ou l'autre. Car
ce n'est pas le contenu littéral qui
agit réellement, mais l'esprit à
partir duquel quelque chose est. C'est
lui qui agit ; ce n'est que si l'on
est un abstrait que l'on donne quelque
chose uniquement et exclusivement au
contenu littéral.
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09
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Man kann, um das, was ich eben
ausgesprochen habe, ich möchte sagen,
durch eine Paradoxie deutlicher zu
machen, sagen: In unserer Zeit könnte
jemand ein krasser Materialist sein
und der andere ein krasser
Spiritualist, und beide könnten ganz
gut aus unserer materialistischen Zeit
heraus ihre Ideen sagen — der
Unterschied würde kein großer sein. Es
kommt gar nicht so sehr darauf an, ob
heute einer dem wortwörtlichen
Inhalte nach sich zum Spiritualismus
oder Materialismus bekennt, sondern es
kommt darauf an, aus welchem Geiste
heraus er das eine oder das andere
tut. Denn der wortwörtliche Inhalt ist
es nicht, der eigentlich wirkt,
sondern der Geist, aus dem heraus
irgend etwas ist. Der wirkt; nur wenn
man ein Abstraktling ist, gibt man
einzig und allein etwas auf
wortwörtlichen Inhalt.
|
Il est maintenant à remarquer que
Bacon, si l'on s'en tient vraiment à
ce qu'est l'esprit de la manière de
penser de Bacon, a tenté de fonder la
connaissance de l'humanité, de fonder
la science, avec les forces de
l'esprit qui étaient apparues en
particulier depuis le milieu du XVe
siècle. Les forces de connaissance
dont dispose l'humanité à l'époque
moderne devaient devenir des sciences.
Ce fut une époque importante, le début
de la cinquième période
post-atlantique, dans laquelle Bacon
est apparu. C'était pour ainsi dire
l'époque où tout était vraiment remis
en question, car on ne pouvait pas
continuer à filer des idées sur les
énigmes du monde avec les moyens de
l'ancienne alchimie, de l'ancienne
astrologie, avec tous les autres
moyens anciens ni avec l'ancien mode
de pensée religieux. Il y avait un
besoin/une pression au renouvellement.
En quoi ce besoin s'exprimait-il de
manière toute caractéristique ? - Ce
besoin s'exprimait par le fait que
c'est précisément à cette époque que
toutes les véritables forces de saisie
spirituelle de l'humanité étaient au
plus bas.
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10
|
Nun ist zu bemerken, daß Bacon, wenn
man wirklich auf das eingeht, was der
Geist der Denkweise Bacons ist, den
Versuch gemacht hat, mit den
Geisteskräften, die besonders
aufgetaucht waren seit der Mitte des
15. Jahrhunderts, Erkenntnis der
Menschheit zu begründen, Wissenschaft
zu begründen. Die Erkenntniskräfte,
die der Menschheit in der neueren Zeit
zur Verfügung stehen, die sollten
Wissenschaften werden. Es war eine
wichtige Zeit, der Anfang des fünften
nachatlantischen Zeitraumes, in dem
Bacon aufgetreten ist. Es war
sozusagen die Zeit, in derwirklich
alles in Frage gestellt war; denn man
konnte nicht in der alten Weise mit
den Mitteln der alten Alchemie, der
alten Astrologie, mit all den übrigen
alten Mitteln, auch nicht mit der
alten religiösen Denkweise weiter über
die Weltenrätsel irgendwelche Ideen
spinnen. Es war der Drang vorhanden
nach Erneuerung. Worin drückte sich
denn ganz charakteristisch dieser
Drang aus ? — Dieser Drang drückte
sich darin aus, daß gerade in dieser
Zeit ein Tiefstand war für alle
wirklichen geistigen Erfassungskräfte
der Menschheit.
|
Jusqu'au XVe siècle, il aurait
semblé impossible de vouloir
comprendre quelque chose comme le
mystère du Golgotha avec une simple
raison analytique orienté vers le
sensible. Il allait plutôt de soi
qu'une chose telle que le mystère du
Golgotha ne devait être comprise que
comme une manifestation suprême parmi
d'autres, comprise avec des forces de
connaissance plus élevées que ce qui
s'étend autour de nous comme nature.
Ces forces de connaissance avaient
encore une certaine hauteur lorsque le
mystère du Golgotha s'est produit.
Elles ont diminué de plus en plus au
cours de l'évolution de l'humanité. Et
lorsque l'époque la plus récente a
commencé, après le XVe siècle, les
humains n'avaient plus de forces de
saisie spirituelles, ils n'avaient que
la raison analytique orientée vers le
sensible.
|
11
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Bis in das 15. Jahrhundert hätte es
eine Unmöglichkeit geschienen, so
etwas wie das Mysterium von Golgatha
mit bloßem auf das Sinnliche
gerichteten Verstande begreifen zu
wollen. Es war vielmehr eine
Selbstverständlichkeit, daß so etwas
wie das Mysterium von Golgatha nur als
höchste Erscheinung unter andern
begriffen werden müsse, mit höheren
Erkenntniskräften als dasjenige
begriffen wird, was als Natur um uns
herum sich ausbreitet. Diese
Erkenntniskräfte hatten noch eine
gewisse Höhe, als das Mysterium von
Golgatha geschah. Sie nahmen immer
mehr und mehr ab in der
Menschheitsentwickelung. Und als die
neueste Zeit begann nach dem 15.
Jahrhundert, hatten die Menschen keine
geistigen Fassungskräfte mehr, sie
hatten nur den auf das Sinnliche
gerichteten Verstand.
|
Avec la raison analytique orientée
vers le sensible, Bacon cherchait
maintenant à fonder une mentalité
scientifique. Et c'est ainsi qu'il
rejeta toutes les méthodes de
recherche qui étaient auparavant
reconnues comme légitimes, et qu'il
affirma d'abord l'expérimentation
comme ce qui valait, sur quoi unique
et seul devait être construite la
science en chose principale. Une
grande partie du monde se tient encore
aujourd'hui à ce point de vue : on
doit expérimenter, on doit créer les
instruments et expérimenter, et c'est
à partir des expériences que doivent
se donner les façons de voir/visions
sur la nature. - Vu du forum de
l'esprit, cela signifie : j'ai ici un
papillon ; c'est trop compliqué pour
moi d'examiner ce papillon, je le
reproduis de manière très trompeuse en
papier mâché et j'examine ensuite la
reproduction en papier mâché. - Au
fond, cela revient quand même à
observer la nature vivante par
l'expérience morte, ce qui n'est rien
d'autre que de remplacer la nature
vivante par le cadavre pour
l'observation de la nature. Aussi
quand nous travaillons dans un
laboratoire de physique, nous devons
être conscients que nous expérimentons
sur des cadavres de la nature. On doit
évident expérimenter, on doit aussi
faire des recherches sur le cadavre
humain. Mais sur un cadavre humain, on
ne peut pas se faire d'illusion sur le
fait que l'on n'a que le cadavre
devant soi. Dans l'expérimentation, on
se donne cependant l'illusion que
c'est elle qui nous transmet la
vérité. Mais personne qui n'a pas déjà
en lui l'intuition spirituelle pour
injecter dans l'expérience ce dont il
s'agit à partir de la nature vivante,
ne peut gagner de l'expérience, de
l'expérience morte, quelque chose qui
est valable pour la nature vivante.
|
12
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Mit dem auf das Sinnliche
gerichteten Verstand suchte nun Bacon
eine wissenschaftliche Gesinnung zu
begründen. Und so wies er alle
diejenigen Methoden des Forschens ab,
die vorher als berechtigt anerkannt
waren, und machte zuerst das
Experiment als dasjenige geltend, auf
das einzig und allein in der
Hauptsache Wissenschaft gebaut werden
sollte. Ein großer Teil der Welt steht
heute noch auf diesem Standpunkt: Man
muß experimentieren, man muß die
Gerätschaften schaffen und
experimentieren, und aus den
Experimenten heraus müssen sich
ergeben die Anschauungen über die
Natur. — Vor dem Forum des Geistes
angeschaut, heißt das: Ich habe hier
einen Schmetterling; es ist mir zu
kompliziert, diesen Schmetterling zu
untersuchen, ich mache ihn aus
Papiermaché sehr täuschend nach und
untersuche dann die Nachbildung aus
Papiermaché. — Das heißt im Grunde
genommen doch dasselbe wie die
Beobachtung der lebendigen Natur
durch das tote Experiment, was nichts
anderes ist, als die lebendige Natur
durch den Leichnam für die
Naturbeobachtung zu ersetzen. Auch
wenn wir im physikalischen
Laboratorium arbeiten, sollten wir
uns bewußt sein, daß wir an Leichnamen
der Natur experimentieren. Man muß
selbstverständlich experimentieren,
man muß auch am menschlichen Leichnam
Untersuchungen machen. Aber man kann
sich am menschlichen Leichnam keiner
Illusion darüber hingeben, daß man
eben nur den Leichnam vor sich hat.
Beim Experiment aber gibt man sich
der Illusion hin, daß es einem erst
die Wahrheit überliefert. Aber
niemand, der nicht in sich schon die
geistige Intuition hat, um aus der
lebendigen Natur in das Experiment
dasjenige hereinzuergießen, um was es
sich handelt, kann aus dem Experiment,
dem toten Experiment irgend etwas, das
für die lebendige Natur gilt, heraus
gewinnen.
|
Mais avec cela est indiqué que la
manière de penser de Bacon visait dès
le départ à faire de la mort le
principe d'explication de l'essence du
monde. Or, ce qui est particulier,
c'est que dans la reproduction du
vivant que l'on obtient encore par
l'expérimentation, on a des points de
repère pour des explications de la
nature extrahumaine, mais que l'on ne
doit pas se faire d'illusion sur le
fait que l'on puisse vraiment obtenir,
par quelque expérimentation que ce
soit, quelque chose qui éclaire
l'humain lui-même. Tout expérimenter
nous éloigne de l'entité humaine.
|
13
|
Damit aber ist angedeutet, daß die
Baconsche Denkweise von vornherein
darauf ausging, das Tote zum
Erklärungsprinzip des Weltenwesens zu
machen. Nun ist das Eigentümliche, daß
man in jener Nachbildung des
Lebendigen, die man im Experimente
noch erreicht, Anhaltspunkte hat für
Erklärungen der außermenschlichen
Natur, daß man sich aber keiner
Illusion hingeben soll, daß man durch
irgend etwas Experimentelles wirklich
etwas gewinnen kann, was aufklärt über
den Menschen selbst. Alles
Experimentieren führt von der
menschlichen Wesenheit hinweg.
|
C'est pourquoi, au cours des siècles
qui se sont écoulés depuis lors et au
cours desquels s'est répandue cette
attitude de pensée qui a atteint une
certaine hauteur avec Bacon, la
compréhension de l'humain proprement
dit et de son essence s'est perdue. Ce
qui s'est perdu, c'est la
compréhension de ce qui est réellement
contenu au plus profond de la nature
humaine en tant qu'essence motrice et
agissante.
|
14
|
Daher ist es gekommen, daß in den
Jahrhunderten, die seither verflossen
sind und in denen sich jene
Denkergesinnung, die in Bacon eine
bestimmte Höhe erreicht hat,
ausgebreitet hat, das Verständnis für
den eigentlichen Menschen und sein
Wesen verlorengegangen ist.
Verlorengegangen ist das Verständnis
für das, was eigentlich als
treibendes, wirkendes Wesen im
Innersten der Menschennatur selber
enthalten ist.
|
Maintenant, personne ne peut trouver
les grandes impulsions du vouloir
moral, du vouloir social, sans entrer
dans l'essence de la nature humaine.
C'est pourquoi la compréhension des
impulsions du vouloir moral et social
a disparu au cours de ces siècles,
disparaissant précisément de
l'attitude de pensée de Bacon. C'est
pourquoi, parallèlement à l'extinction
de la compréhension du monde telle
qu'elle émane de Bacon, on trouve la
simple morale de l'utilité. Il s'agit
précisément d'une définition
baconienne : est bon ce qui est utile
à l'humain, soit à l'individu humain
individuel, soit à l'humanité tout
entière.
|
15
|
Nun kann niemand die großen Impulse
des moralischen, des sozialen Wollens
finden, ohne auf das Wesen der
Menschennatur einzugehen. Daher ist
auch das Verständnis für die Impulse
des moralischen und sozialen Wollens
in diesen Jahrhunderten verschwunden,
verschwunden gerade aus Baconscher
Denkergesinnung heraus. Daher geht
parallel zu der Ertötung des
Verständnisses für die Welt, wie sie
von Bacon ausgeht, die bloße
Nützlichkeitsmoral. Es ist geradezu
eine Baconsche Definition: Gut ist
das, was dem Menschen, entweder dem
einzelnen menschlichen Individuum oder
der ganzen Menschheit, nützlich ist.
|
Ainsi, à partir de l'attitude de
Bacon - et elle était beaucoup plus
répandue que n'importe qui se fait une
représentation aujourd'hui -, nous
avons d'un côté une attitude de
penseur scientifique qui peut
seulement saisir que ce qui est
extrahumain, et de l'autre côté une
morale qui ne va que vers l'utile
ahrimanien. Chez Thomas Hobbes, un
contemporain de Bacon, cela s'est
exprimé de manière encore plus forte
que chez Bacon lui-même. Mais cette
vague de morale utilitaire s'est
ensuite déversée dans le pur sens de
la compréhension du monde extrahumain,
s'est déversée chez tous les
philosophes Locke, Hume et ainsi de
suite jusqu'à Spencer et chez les
scientifiques de Newton à Darwin.
Celui qui veut étudier de la manière
la plus caractéristique ce qui est
venu du monde occidental dominant pour
constituer la dernière vague de la
mentalité/attitude européenne, doit
commencer là, doit partir de la
manière de penser de Bacon.
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16
|
So haben wir, ausgehend von der
Baconschen Gesinnung — und sie war
viel verbreiteter, als sich irgend
jemand heute eine Vorstellung davon
macht —, auf der einen Seite eine
wissenschaftliche Denkergesinnung, die
nur das Außermenschliche erfassen
kann, auf der andern Seite eine Moral,
die nur auf das ahrimanisch Nützliche
geht. Bei Thomas Hobbes, einem
Zeitgenossen Bacons, ist das in einem
noch stärkeren Maße zum Ausdruck
gekommen als bei Bacon selbst. Aber es
hat sich dann diese Welle der
Nützlichkeitsmoral ergossen in den
bloßen Sinn für das Verständnis der
außermenschlichen Welt, ergossen in
all die Philosophen Locke, Hume und so
weiter bis herauf zu Spencer und bis
in die Naturwissenschafter von Newton
bis Darwin. Wer am
charakteristischsten studieren will,
was aus der tonangebenden westlichen
Welt heraus zur Konstituierung der
neuesten Welle europäischer Gesinnung
gekommen ist, der muß dort anfangen,
muß ausgehen von der Baconschen
Denkweise.
|
Mais maintenant, quelque chose de
très précis est lié à cette attitude
de pensée et morale de Bacon. On peut
seulement comprendre avec elle ce qui
est extrahumain, on peut seulement
trouver moralement ce qui est utile à
l'humain et à l'humanité, c'est-à-dire
qu'avec les moyens avec lesquels on
aspire ici à la science et à la morale
naturelle, on n'atteint pas du tout le
domaine dans lequel la religion est !
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17
|
Nun ist aber mit dieser Baconschen
Denker- und Moralgesinnung etwas ganz
Bestimmtes verknüpft. Man kann nur das
Außermenschliche mit ihr begreifen,
man kann moralisch nur das finden, was
dem Menschen und der Menschheit
nützlich ist, das heißt, mit den
Mitteln, mit denen man hier
Wissenschaft und natürliche Moral
anstrebt, gelangt man gar nicht in das
Gebiet hinein, in welchem Religion
west !
|
Quelle est la conséquence ? La
conséquence est que parmi ceux qui
sont porteurs de cette attitude,
apparait un effort de laisser la
religion telle qu'elle était
auparavant, c'est-à-dire de la
perpétuer historiquement, de ne pas
lui apporter de nouveaux éléments
issus d'une nouvelle science de
l'esprit. Bacon a en effet défendu le
point de vue le plus caractéristique
selon lequel la science ne doit pas
être associée à la religion, car cela
rendrait la science fantastique ; et
la religion ne doit pas être associée
à la science, car cela rendrait la
religion hétérodoxe. - La religion
doit donc être tenue à l'écart des
aspirations qui s'affirment chez
l'humain en tant qu'aspirations
scientifiques. Les nouvelles forces
qui sont actuellement actives dans
l'humanité civilisée depuis le XVe
siècle sont amenées à l'aspiration
scientifique. La religion n'est pas
alimentée par de nouvelles forces.
Elle doit être conservée avec les
forces qui lui ont déjà été apportées
auparavant, car on craint les
nouvelles forces qui pourraient lui
être apportées. On craint qu'elle ne
devienne hétérodoxe, qu'elle ne perde
son contenu propre.
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18
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Was ist die Folge ? Die Folge ist,
daß unter denen, die Träger dieser
Gesinnung sind, ein Bestreben
entsteht, die Religion so zu lassen,
wie sie vorher war, das heißt, sie
historisch fortzupflanzen, ihr nicht
aus einer neuen Wissenschaft des
Geistes neue Elemente zuzuführen.
Bacon hat ja die charakteristischste
Anschauung vertreten, Wissenschaft
dürfe nicht mit Religion irgendwie
zusammengebracht werden, denn dadurch
werde Wissenschaft phantastisch; und
Religion dürfe nicht mit Wissenschaft
irgendwie zusammengebracht werden,
denn dadurch würde Religion
heterodox. — Es soll also Religion
schön ferngehalten werden von
demjenigen Streben, das sich beim
Menschen als wissenschaftliches
Streben geltend macht. Die neuen
Kräfte, die jetzt seit dem 15.
Jahrhundert in der zivilisierten
Menschheit tätig sind, führt man dem
wissenschaftlichen Streben zu. Der
Religion werden keine neuen Kräfte
zugeführt. Sie soll fortkonserviert
werden mit den Kräften, die ihr früher
schon zugeführt wurden, denn man
fürchtet sich vor den neuen Kräften,
die ihr zugeführt werden könnten. Man
fürchtet sich, daß sie heterodox
würde, daß sie ihren eigentlichen
Inhalt verlöre.
|
Que devait-il se passer sous
l'influence d'une telle attitude de
penser ? Que s'est-il passé ? Ce qui
s'est passé, c'est qu'à partir d'une
certaine véracité humaine, on a aspiré
à la science pour le monde
extrahumain, à partir d'une certaine
véracité, on a aspiré à une morale de
l'utilité, mais qu'on ne veut pas
aspirer à la religion à partir de ce à
quoi on aspire à la science. Celle-ci
ne doit pas du tout être touchée par
cela. Elle doit ne rien recevoir à
faire à voir avec l'aspiration
scientifique proprement dite, tout au
plus dans la mesure où on la considère
historiquement. C'est ainsi que l'on a
pu établir la différence entre la
science et la religion révélée. Cette
différence peut aussi être exprimée un
peu plus fortement, elle peut être
exprimée de la manière suivante, elle
est alors seulement plus fortement
exprimée et donc plus désagréable pour
les humains qui n'aiment pas entendre
la vérité ; on peut en effet la
caractériser ainsi : on aspire
honnêtement à la science, notamment à
cette science qui ne s'étend qu'aux
choses extrahumaines. On aspire aussi
honnêtement, véritablement, à une
morale de l'utilité ; mais on
n'applique pas cette aspiration
honnête et vraie à la religion, qui
doit en rester intacte, à laquelle la
science n'a pas la permission de
venir. Science extrahumaine honnête,
morale utilitaire honnête - la
religion comme hypocrisie, la religion
à partir de la non-vérité : c'est
seulement exprimé un peu plus acérée,
et donc désagréable pour les humains
qui ne veulent pas entendre la vérité
sans fard, la différence entre la
science et la religion révélée. Mais
c'est parce que l'on exprime
clairement et nettement une telle
chose que l'on en découvre l'essence.
Et c'est ainsi que le plus
caractéristique de ce courant de
pensée est que l'on a reculé devant
l'application de la science à la
religion, que l'on ne voulait pas que
la force du savoir, que l'on applique
dans la science de la nature et du
genre, joue dans la religion.
|
19
|
Was mußte unter dem Einfluß einer
solchen Denkergesinnung geschehen ?
Was ist geschehen ? Das ist geschehen,
daß man aus einer gewissen
menschlichen Wahrhaftigkeit heraus
Wissenschaft für die außermenschliche
Welt anstrebte, aus einer gewissen
Wahrhaftigkeit heraus
Nützlichkeitsmoral anstrebte, daß man
aber nicht aus dem, woraus man
Wissenschaftlichkeit anstrebt,
Religion anstreben will. Die soll
davon gar nicht berührt werden. Die
soll nichts zu tun bekommen mit dem
eigentlichen wissenschaftlichen
Streben, höchstens insofern man sie
historisch betrachtet. Dadurch bekam
man den Unterschied heraus zwischen
Wissenschaft und geoffenbarter
Religion. Dieser Unterschied kann auch
etwas stärker ausgesprochen werden, er
kann in der folgenden Weise
ausgesprochen werden, dann ist er nur
stärker ausgesprochen und deshalb
unangenehmer für die Menschen, die die
Wahrheit nicht gern hören; man kann
ihn nämlich so charakterisieren: Nach
der Wissenschaft strebt man ehrlich,
nämlich nach jener Wissenschaft, die
sich nur auf das Außermenschliche
erstreckt. Nach einer
Nützlichkeitsmoral strebt man auch
ehrlich, wahrhaftig; aber man wendet
dieses ehrliche, wahrhaftige Streben
nicht auf die Religion an, die muß
unangetastet davon bleiben, auf die
darf die Wissenschaft nicht kommen.
Ehrliche außermenschliche
Wissenschaft, ehrliche
Nützlichkeitsmoral — Religion als
Heuchelei, Religion aus der
Unwahrhaftigkeit heraus: das ist nur
etwas schärfer ausgesprochen, daher
unangenehm für diejenigen Menschen,
die die Wahrheit nicht ungeschminkt
hören wollen, der Unterschied zwischen
Wissenschaft und geoffenbarter
Religion. Aber dadurch, daß man solch
eine Sache ja sehr weitgehend klar und
scharf ausspricht, kommt man erst auf
ihr Wesen. Und so ist das
Charakteristischste dieser
Denkrichtung, daß man vor der
Anwendung der Wissenschaft auf die
Religion zurückschreckte, daß man da
nicht wollte, daß die Wissenskraft,
die man in der Naturwissenschaft und
dergleichen anwendet, in die Religion
hineinspielt.
|
Cette sorte de signature de pensée
était dans une certaine mesure
naturelle à la civilisation
occidentale. Elle lui est si naturelle
que de nombreux humains de cette
civilisation occidentale ne
comprennent absolument rien d'autre
que le fait que l'on ne s'élève pas
vers le religieux avec le même
principe que celui avec lequel on veut
comprendre la nature. C'est
caractéristique du monde occidental,
le tout à lui est entièrement
approprié.
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20
|
Diese Art von Denksignatur war
gewissermaßen der westlichen
Zivilisation natürlich. Sie ist ihr
so natürlich, daß zahlreiche Menschen
dieser westlichen Zivilisation
überhaupt gar nichts anderes
begreifen, als daß man ja nicht mit
demselben Prinzip, mit dem man die
Natur begreifen will, sich hinaufwende
zu dem Religiösen. Für die westliche
Welt ist das charakteristisch, ihr ist
das ganz angemessen.
|
Mais maintenant, nous nous pensons
la même impulsion transportée en
Europe centrale. Je peux le montrer
par un exemple caractéristique. Il
n'arrive pas toujours que l'on
s'oppose à cette attitude de penser de
manière aussi tranchée que fut opposé
au newtonisme par Goethe, mais il
arrive aussi que le darwinisme, qui
n'était orienté que vers l'extrahumain
et qui, en même temps, ne peut jamais
fonder autre chose qu'une morale
utilitaire, soit maintenant compris
par un humain d'Europe centrale, voire
d'Europe centrale prussienne, comme
l'était Ernst Haeckel. La chose ne
reste pas ce qu'elle est chez Darwin.
Chez Darwin, nous voyons la pensée de
Bacon se poursuivre. Il observe le
monde naturel avec le darwinisme ;
mais il reste un croyant, comme Newton
est resté un croyant. Il conserve
tranquillement l'ancienne manière de
penser en se référant au simple
religieux. Qu'en est-il chez Haeckel ?
Haeckel intègre le darwinisme dans
toute son âme. Pour lui, il n'y a pas
de possibilité de division en deux,
pour lui, il n'y a pas de possibilité
de laisser la religion intacte. Il
reçoit le darwinisme, avec lequel on
ne peut en fait comprendre que des
choses extrahumaines, mais il
l'applique avec une furor religiosus
précisément à l'humain, et il en fait
une religion. Cela devient une unité,
cela devient une religion.
|
21
|
Aber jetzt denken wir uns denselben
Impuls nach Mitteleuropa verfrachtet.
Ich kann das an einem
charakteristischen Beispiel zeigen.
Nicht immer geht es ja so, daß in
einer so scharfen Opposition dieser
Denkgesinnung opponiert wird, wie von
Goethe dem Newtonismus opponiert
wurde, sondern es findet auch das
statt, daß der Darwinismus, der ganz
nur auf das Außermenschliche gerichtet
war und der zu gleicher Zeit nie etwas
anderes begründen kann als eine
Nützlichkeitsmoral, nun aufgefaßt
wurde von einem so
urmitteleuropäischen, sogar
preußisch-mitteleuropäischen Menschen,
wie Ernst Haeckel es war. Da bleibt
die Sache nicht das, was sie bei
Darwin ist. Bei Darwin sehen wir die
Denkergesinnung des Bacon
fortwirkend. Er betrachtet mit dem
Darwinismus die natürliche Welt; aber
er bleibt ein Gläubiger, wie Newton
ein Gläubiger geblieben ist. Er
bewahrt sich die alte Denkweise ruhig
fort mit Bezug auf das bloße
Religiöse. Wie ist das nun bei Haeckel
? Haeckel nimmt in die ganze Seele den
Darwinismus auf. Für ihn gibt es nicht
die Möglichkeit der Zweiteilung, für
ihn gibt es nicht die Möglichkeit, die
Religion unangetastet zu lassen. Er
bekommt den Darwinismus, mit dem man
eigentlich nur Außermenschliches
begreifen kann, aber er wendet mit
einem Furor religiosus ihn an gerade
auf das Menschliche, und er macht eine
Religion daraus. Es wird eine Einheit,
es wird eine Religion daraus.
|
Et c'est ainsi que les impulsions,
une fois qu'elles sont là, œuvrent
partout. Les impulsions sont les
mêmes, mais elles agissent de manière
différenciée, spécifiée selon les
différents domaines. En Occident, le
darwinisme et la religion, servis
ensemble, s'accommodent très bien de
l'évolution du monde. Ernst Haeckel,
l'Européen central, doit les mélanger
et en faire un plat unique, car pour
lui, il n'est pas possible de
juxtaposer les choses. Bacon et ses
descendants, jusqu'à Spencer et
Darwin, craignent que la religion, si
on lui applique la science, devienne
hétérodoxe. Haeckel n'en a pas peur.
Il fait la religion aussi bien que
possible, parce que, selon toute sa
conception, la même véracité qu'il
fait valoir dans la science doit
également être appliquée à la
religion. Il en est ainsi dans de
nombreux domaines. Le goethéanisme de
Goethe lui-même s'est déjà opposé
intérieurement à la compréhension du
simple extrahumain. Il suffit de
prendre l'hymne en prose "La nature",
que Goethe a au moins pensé vers les
années quatre-vingt, même s'il ne l'a
pas écrit lui-même à l'époque, et qui
a été présenté ici en eurythmie, et
vous verrez que pour Goethe, la nature
n'existe absolument pas dans le même
sens que pour Newton ou Darwin, mais
qu'elle est animée/pourvue d'âme
intérieurement, elle est même
disponible pour lui en œuvrant avec
humour : "... elle a pensé et elle
pense continuellement". Et c'est ainsi
que Goethe n'a fait, tout au long de
sa vie, que développer de manière plus
concrète et toujours plus concrète de
telles maximes, telles qu'il les a
consignées dans le "Fragment" sur la
nature. L'autre jour, un journal a
publié un article étrange qui, je
crois, a même trouvé une suite dans ce
journal dominical, où il est dit que
lorsque, dans les années
quatre-vingt-dix, j'ai publié le
"Fragment" sur la nature avec une
explication dans la nouvelle édition
du "Tiefurter Journal", dans les
écrits de la Société Goethe de Weimar,
j'ai trop insisté sur le fait que les
caractéristiques que Goethe avait
traitées dans l'hymne en prose
"Nature" jouaient ensuite un rôle dans
ses œuvres scientifiques. Il est
vraiment drôle de voir l'objection qui
est faite dans cet essai. On y dit que
ce "fragment" ne contient pas du tout
des idées de philosophie de la nature,
mais des idées religieuses, et qu'on
ne devrait pas retrouver les idées
religieuses de ce cantique en prose
dans les idées scientifiques
ultérieures de Goethe, comme je les ai
trouvées. - Un pédant - on ne sait pas
quoi dire d'autre - s'est donc fait
une fois le plaisir de diviser ce qui
est humainement en quête de
compréhension, en voulant faire croire
aux gens que chez Goethe, les idées
scientifiques sont différentes des
idées religieuses. Là, on en déduit
d'emblée ainsi que l'on voit comment
le baconisme repose dans tous les
membres de ce monsieur qui a écrit cet
essai !
|
22
|
Und so wirken die Impulse, die
einmal da sind, überall. Die Impulse
sind dieselben, aber sie wirken
differenziert, spezifiziert nach den
verschiedenen Gebieten. Im Westen
verträgt man Darwinismus und Religion
zusammen serviert ganz gut in der
Weltentwickelung. Ernst Haeckel, der
Mitteleuropäer, muß sie
durcheinanderrühren und ein
einheitliches Gericht daraus machen,
weil es für ihn nicht geht, die Dinge
nebeneinander zu haben. Bacon und
seine Nachfahren bis Spencer und
Darwin fürchten sich davor, daß die
Religion, wenn man Wissenschaft auf
sie anwendet, heterodox wird. Haeckel
fürchtet sich nicht davor. Er macht
die Religion so gut wie möglich, weil
er dieselbe Wahrhaftigkeit, die er in
der Wissenschaft geltend macht, seiner
ganzen Auffassung nach auch in die
Religion hineintragen muß. So ist es
auf vielen Gebieten. Der Goetheanismus
in Goethe selber schon hat ja
innerlich opponiert gegen das
Begreifen des bloß Außermenschlichen.
Sie brauchen nur den Prosahymnus «Die
Natur» zu nehmen, den Goethe um die
achtziger Jahre mindestens gedacht
hat, wenn er ihn auch nicht selber
damals niedergeschrieben hat, der
hier ja auch eurythmisch vorgeführt
worden ist, und Sie werden sehen, für
Goethe ist die Natur überhaupt nicht
in einem solchen Sinne wie für Newton
oder Darwin vorhanden, sondern sie ist
innerlich beseelt, sie ist sogar mit
Humor wirkend für ihn vorhanden: «...
gedacht hat sie und sinnt beständig.»
Und so hat Goethe das ganze Leben
hindurch nur ins Konkretere und immer
Konkretere solche Maximen ausgebaut,
wie er sie in dem «Fragment» über die
Natur niedergelegt hat. Neulich ist
hier in einem Blatte ein sonderbarer
Aufsatz erschienen, der sogar, ich
glaube, in diesem Sonntagsblatt eine
Fortsetzung erfahren hat, wo gesagt
wird, daß ich, als ich in den
neunziger Jahren in der Neuausgabe des
«Tiefurter Journals» in den Schriften
der Weimarer Goethe-Gesellschaft das
«Fragment» über die Natur mit einer
Erklärung herausgegeben habe, zu stark
betont hätte, daß die Eigenschaften,
die Goethe in dem Prosahymnus «Natur»
verarbeitet habe, dann in seinen
naturwissenschaftlichen Werken eine
Rolle spielen. Es ist wirklich
komisch, welcher Einwand da gemacht
wird in jenem Aufsatz. Da wird gesagt,
in diesem «Fragment» seien überhaupt
nicht naturphilosophische Ideen,
sondern religiöse Ideen darinnen, und
man dürfe nicht die religiösen Ideen
dieses Prosahymnus in den
naturwissenschaftlichen späteren
Ideen Goethes so wiederfinden, wie ich
sie gefunden habe. — Da hat sich also
ein Pedant — man weiß nicht, was man
anderes sagen soll — einmal das
Vergnügen gemacht, zu zerspalten das
menschlich nach Verständnis Suchende,
indem er den Leuten den Glauben
einreden will, bei Goethe seien die
naturwissenschaftlichen Ideen etwas
anderes als die religiösen Ideen. Da
wird von vornherein so deduziert, daß
man sieht, wie diesem Herrn, der
diesen Aufsatz geschrieben hat, der
Baconismus in allen Gliedern liegt !
|
Est-ce que l'on peut voir -
j'aimerais maintenant poser la
question - à quelque chose d'autre
qu'il y a une différenciation entre la
science et la religion dans la
civilisation moderne ? - On peut le
voir à autre chose. Certes, en
Angleterre aussi, dans le pays de
Bacon, il y avait un Wiclif et des
choses de ce genre ; mais cela n'a pas
eu d'influence sur la configuration
réelle de la civilisation. En
revanche, en Europe centrale, quelque
chose qui n'a pas eu d'influence
considérable à l'ouest, en France, par
exemple, se fait sentir de manière
très particulière, dans la mesure où,
lorsque l'époque moderne, cette
cinquième période post-atlantique,
arrive, il n'y a pas en Europe
centrale d'opposition du même type que
dans les pays occidentaux, où l'on
fonde vraiment la science de manière
très appropriée, mais où l'on ne
laisse pas cette science s'étendre au
domaine religieux, qui doit continuer
à vivre de cette manière et ne rester
que la religion révélée dans l'ancien
sens, mais c'est précisément dans le
domaine religieux que naît en Europe
centrale, de manière aiguë,
l'opposition de la Réforme et, à
partir de là, tout ce qui est
malheureux dans l'évolution de
l'Europe centrale, l'instigation de la
guerre de Trente Ans par les jésuites,
tout ce qui s'est encore produit comme
conséquences de cette guerre
malheureuse, et à nouveau tout ce qui
s'est encore produit par la suite.
Dans cette Europe centrale, nous
voyons directement dans le domaine
religieux que l'impulsion de l'époque
postérieure au XVe siècle a été
déterminante.
|
23
|
Kann man nun — so möchte ich jetzt
die Frage stellen — auch an etwas
anderem sehen, daß da in der modernen
Zivilisation eine Differenzierung ist
zwischen Wissenschaft und Religion ? —
Man kann es noch an etwas anderem
sehen. Gewiß, auch in England, in dem
Lande Bacons, gab es einen Wiclif und
dergleichen; aber das hat nicht
Einfluß gehabt auf die eigentliche
Konfiguration der Zivilisation. In
Mitteleuropa dagegen macht sich
eigentlich in ganz besonderem Maße
etwas geltend, was zum Beispiel nach
Westen, nach Frankreich hin gar nicht
einen erheblichen Einfluß genommen
hat, indem nämlich, als die neuere
Zeit, dieser fünfte nachatlantische
Zeitraum heraufkommt, in Mitteleuropa
nicht eine Opposition solcher Art
geschieht wie in den westlichen
Ländern, wo man wirklich in sehr
sachgemäßer Weise Wissenschaft
begründet, aber diese Wissenschaft
nicht hineinreichen läßt in das
religiöse Gebiet, das so
fortvegetieren, nur die im alten Sinne
geoffenbarte Religion bleiben soll,
sondern es entsteht in Mitteleuropa in
scharfer Weise gerade auf dem
religiösen Gebiete die Opposition in
der Reformation und daraus all das
Unglückselige in der
mitteleuropäischen Entwickelung, die
Anzettelung des Dreißigjährigen
Krieges durch die Jesuiten, alles das,
was sonst noch geschehen ist als die
Folgen dieses Unglückskrieges, und
wiederum alles das, was weiter noch
gekommen ist. Da sehen wir in diesem
Mitteleuropa direkt auf dem religiösen
Gebiete, daß der Impuls aus dem
Zeitalter nach dem 15. Jahrhundert
geltend war.
|
Dans les plus petits comme dans les
plus grands phénomènes historiques, on
voit que la même impulsion est
présente, mais qu'elle est décalée,
qu'elle jaillit d'une autre manière de
l'âme humaine, du cœur humain. Mais
peu à peu, le monde occidental prend
les devants, et peu à peu, il se passe
quelque chose de très important. Plus
nous voyons la vie intellectuelle de
l'Europe centrale se développer à
l'époque post-goethéenne, plus elle
s'éloigne de Goethe. Goethe est certes
encore étudié par les historiens de la
littérature et par d'autres personnes,
et même une recherche sur Goethe est
en train de naître. Mais Goethe ne vit
pas dans tout cela. Ce que Goethe a
voulu apporter comme impulsion à la
civilisation d'Europe centrale, Goethe
et les siens, s'est peu à peu dilué
dans le XIXe siècle. Et dans ce monde
d'Europe centrale s'infiltre
lentement, tout comme le darwinisme
est devenu le haeckelisme, ce que sont
les impulsions du monde occidental. Le
monde occidental supporte assez bien
ces impulsions, mais le monde d'Europe
centrale ne les supporte pas. Le monde
d'Europe centrale est certes réceptif
aux impulsions occidentales, il les
accueille, mais il ne les supporte
pas. Nous voyons d'un côté Darwin qui,
dans son dernier ouvrage, a certes
tiré une conséquence pour l'humain du
principe qui ne s'applique en fait
qu'à l'extrahumain, mais qui n'a pas
du tout poussé cette conséquence
jusqu'à la portée que lui a donnée
Haeckel. Chez Darwin, le principe
scientifique est en quelque sorte
laissé à l'extrahumain. Mais en Europe
centrale, on procède de la même
manière que pour le haeckelisme par
rapport au darwinisme : on essaie
d'imprégner toute la vie d'une telle
impulsion. On ne veut pas laisser de
côté le domaine religieux, par
exemple, qui n'a pas été pénétré, on
veut aussi le pénétrer avec cette
impulsion. Et ainsi pour les autres
domaines qui suivent le même chemin.
Ceux qui sont maintenant plus âgés ont
encore vécu comment le parlementarisme
de coloration anglaise s'est répandu
dans toute l'Europe, à l'exception de
l'Allemagne prussienne, et comment il
a été absorbé en Europe comme le
darwinisme par le haeckelisme. Le
parlementarisme, tel qu'il vit en
Angleterre, est tout à fait bon pour
l'Angleterre. Pour les pays d'Europe
centrale dans lesquels il a ensuite
été transmis, il a été lié à une
conséquence telle que celle de Haeckel
avec le darwinisme. C'est sous une
telle influence que les temps modernes
ont vu le jour.
|
24
|
In den kleinsten und in den größten
historischen Erscheinungen sieht man,
daß derselbe Impuls vorhanden ist,
aber verschoben ist, in einer andern
Weise aus der menschlichen Seele, aus
dem menschlichen Herzen hervorquillt.
Aber nach und nach wird die westliche
Welt führend, und nach und nach
geschieht etwas sehr Bedeutsames. Je
weiter wir in der nachgoetheschen Zeit
das Geistesleben Mitteleuropas sich
entwickeln sehen, desto mehr entfernt
es sich gerade von Goethe. Goethe wird
zwar von den Literarhistorikern und
von andern Leuten noch studiert, nun
ja, es entsteht sogar eine
Goethe-Forschung. Aber Goethe lebt
nicht in alledem. Was Goethe
eigentlich als Impuls in die
mitteleuropäische Zivilisation hat
bringen wollen, Goethe und die Seinen,
das versickert allmählich im 19.
Jahrhundert. Und in diese
mitteleuropäische Welt sickert langsam
hinein, geradeso wie der Darwinismus
zum Haeckelismus geworden ist,
dasjenige, was die Impulse der
westlichen Welt sind. Die westliche
Welt verträgt diese Impulse ganz gut,
aber die mitteleuropäische Welt
verträgt sie nicht. Die
mitteleuropäische Welt steht zwar
empfänglich für die westlichen Impulse
da, sie nimmt sie auf, aber sie
verträgt sie nicht. Wir sehen auf der
einen Seite Darwin, der zwar aus dem
Prinzip, das eigentlich nur für das
Außermenschliche gilt, in seinem
letzten Werke auch eine Konsequenz für
den Menschen gezogen hat, diese
Konsequenz aber keineswegs bis zu
jener Tragweite getrieben hat, wie das
von Haeckel gemacht wurde. Bei Darwin
wird gewissermaßen das
Wissenschaftsprinzip gelassen bei dem
Außermenschlichen. In Mitteleuropa
aber geht es so, wie es beim
Haeckelismus gegenüber dem Darwinismus
geht: Es wird versucht, das ganze
Leben mit einem solchen Impuls zu
durchdringen. Man will nicht nebenher
stehen lassen das nicht durchdrungene,
zum Beispiel religiöse Gebiet, man
will das auch mit dem Impuls
durchdringen. Und so bei den andern
Gebieten, die denselben Weg machen.
Das haben diejenigen, die jetzt älter
sind, ja selbst noch erlebt, wie der
Parlamentarismus englischer Färbung
sich über ganz Europa ergossen hat,
mit Ausnahme von
Preußisch-Deutschland, und wie er in
Europa aufgenommen worden ist so wie
der Darwinismus durch den
Haeckelismus. Der Parlamentarismus,
wie er in England lebt, ist für
England ganz gut. Für diejenigen
Länder Mitteleuropas, in die er dann
übertragen worden ist, ist mit ihm
solch eine Konsequenz verbunden
worden wie durch Haeckel mit dem
Darwinismus. Unter solchem Einflusse
haben sich die neueren Zeiten ergeben.
|
Mais on peut aller plus loin et
caractériser beaucoup plus
profondément les phénomènes tels
qu'ils se sont déroulés. Outre Bacon,
nous avons en Occident une
personnalité qui exerce une grande
influence sur la civilisation moderne
: Shakespeare. Pour celui qui est
capable d'étudier la vie spirituelle,
le baconisme et le shakespearisme
indiquent la même source
extraterrestre, mais représentée dans
le monde terrestre. Les deux
empruntent le même chemin dans
l'évolution moderne, et l'on sait que
l'inspiration de Bacon et de
Shakespeare provient de la même
source. Cela a même conduit, à
l'époque moderne où tout est pris au
premier degré, à l'élaboration de la
fameuse théorie de Bacon, qui est bien
sûr une absurdité totale telle qu'elle
a été élaborée. Mais c'est tout à fait
de la même source que l'inspiration
Bacon-Shakespeare que proviennent pour
l'Europe centrale, et même à partir de
la même personnalité initiatrice, le
courant spirituel de Jakob Böhme et de
l'Allemand du Sud Jacobus Baldus. Et
bien plus qu'on ne le croit, ce qui
vient de Jakob Boehme vit dans la vie
spirituelle de l'Europe centrale - à
nouveau une telle personnalité, qui
n'a fait que formuler ce qui agissait
comme un fait dans les cercles les
plus larges, même si ce n'était pas
avec les mots de Jakob Boehme. Il faut
seulement être conscient qu'une bonne
partie de la doctrine des
métamorphoses de Goethe provient de
Jacob Boehme, qu'une bonne partie de
ce qui est dans toute l'organicité de
Goethe est parvenue à Goethe par
certains détours que l'on peut
facilement démontrer, par le biais de
Jacob Boehme. Et même si Jacobus
Baldus a vécu dans la solitude
d'Ingolstadt, il est précisément une
personnalité qui n'a pas eu
d'influence sur beaucoup de ses
contemporains, mais qui a exprimé de
manière caractéristique ce qui était
pensé et ressenti dans les cercles les
plus larges de cette nouvelle ère
naissante.
|
25
|
Aber man kann tiefer gehen und die
Erscheinungen, wie sie sich
abgespielt haben, noch viel tiefer
charakterisieren. Wir haben in der
westlichen Welt außer Bacon eine auf
die neuere Zivilisation großen Einfluß
nehmende Persönlichkeit in
Shakespeare. Für denjenigen, der das
geistige Leben zu studieren in der
Lage ist, weist der Baconismus und der
Shakespearismus auf dieselbe
außerirdische, aber im Irdischen
repräsentierte Quelle hin. Beide
nehmen denselben Weg in die neuere
Entwickelung herein, und man weiß,
daß die Inspiration für Bacon und
Shakespeare aus derselben Quelle
kommt. Das hat in der neueren Zeit, wo
alles grob genommen wird, sogar dazu
geführt, daß man die bekannte
Bacon-Theorie aufgestellt hat, die
natürlich so, wie sie aufgestellt wor‑
den ist, ein völliger Unsinn ist. Aber
ganz aus derselben Quelle, aus der die
Inspiration Bacon-Shakespeare stammt,
stammen für Mitteleuropa, sogar von
derselben Initiiertenpersönlichkeit
ausgehend, die Geistesströmung von
Jakob Böhme und von dem Süddeutschen
Jacobus Baldus. Und viel mehr, als man
glaubt, lebt in dem mitteleuropäischen
Geistesleben das drinnen, was von
Jakob Böhme stammt — wiederum eine
solche Persönlichkeit, die nur
formulierte dasjenige, was in
weitesten Kreisen als Tatsache wirkte,
wenn das auch nicht mit Jakob
Böhmeschen Worten geschehen ist. Man
muß sich nur klar sein darüber, daß
ein gutes Stück der Goetheschen
Metamorphosenlehre von Jakob Böhme
herrührt, daß ein gutes Stück von
dem, was in Goethes ganzer Organik
ist, auf gewissen Umwegen, die man
leicht nachweisen kann, auf dem Wege
über Jakob Böhme an Goethe
herangekommen ist. Und wenn auch
Jacobus Baldus im einsamen Ingolstadt
gelebt hat, so ist er eben gerade eine
solche Persönlichkeit, die auf nicht
viele Zeitgenossen gewirkt hat, die
aber in charakteristischer Weise zum
Ausdruck gebracht hat, was in
weitesten Kreisen dieses
neuaufgehenden neueren Zeitalters
gedacht und gefühlt worden ist.
|
Mais considérons l'étrange
profondeur qui réside dans ces choses
: le baconisme et le shakespearisme,
la bohème, le baldétisme, proviennent
de la même source d'inspiration. Ce
qui vient de Jakob Boehme est
aujourd'hui encore perceptible au fond
des aspirations de l'Europe centrale,
mais cela s'infiltre. En revanche, le
baconisme, que ce soit sous sa propre
forme ou sous la forme du futur
Darwin, a eu une influence importante
en Europe centrale, et Shakespeare a
également eu une influence importante.
Pensez seulement que toute la deuxième
moitié du XVIIIe siècle, du moins la
partie postérieure, est fortement
impressionnée par Shakespeare et qu'au
XIXe siècle, la vie spirituelle de
l'Europe centrale a été fortement
impressionnée par Shakespeare, que
Goethe a été profondément impressionné
dans sa jeunesse et qu'il ne s'est
émancipé du shakespearisme qu'à partir
des années quatre-vingt.
|
26
|
Aber bedenken wir die merkwürdige
Tiefe, die in diesen Dingen liegt: Aus
derselben Inspirationsquelle stammen
der Baconismus und der
Shakespearismus, Böhmetum, Baldetum.
Was von Jakob Böhme kommt, ist heute
noch immer auf dem Grunde des
mitteleuropäischen Strebens bemerkbar,
aber es versickert. Dafür hat der
Baconismus, ob in seiner eigenen
Gestalt oder in der Gestalt des
späteren Darwin, in Mitteleuropa
einen bedeutenden Einfluß genommen,
hat auch Shakespeare einen bedeutenden
Einfluß genommen. Bedenken Sie doch
nur, daß die ganze zweite Hälfte des
18. Jahrhunderts, wenigstens der
spätere Teil, stark von Shakespeare
beeindruckt ist und im 19. Jahrhundert
das mitteleuropäische Geistesleben
stark von Shakespeare beeindruckt
wurde, daß Goethe in seiner Jugend
tief beeindruckt war und erst von den
Achtzigerjahren an sich wieder
emanzipiert hat vom Shakespearismus.
|
Partout, on peut démontrer le même
chemin, partout les impulsions sont
les mêmes. Mais elles agissent de
manière différente. En Europe
centrale, les impulsions agissent de
telle sorte qu'elles se perdent ; les
impulsions occidentales se déversent
sur l'extrahumain. Elles font tout
d'abord de la vie religieuse un être
hypocrite à côté de l'aspiration
scientifique. Et comme cet élément
occidental se répand sur toute la
civilisation moderne, nous voyons
comment les humains ne sont pas
parvenus jusqu'à présent à appliquer
les forces spirituelles - la science
spirituelle qui, à l'époque moderne,
doit se présenter comme issue de la
nature humaine, tout comme les forces
scientifiques qui vont vers
l'extrahumain - au religieux. Ce qu'il
faut comprendre de nouveau, parce
qu'on ne pourra jamais continuer à
exploiter ce qui a été laissé intact,
c'est le christianisme, avec de
nouvelles forces spirituelles. Les
anciennes forces spirituelles sont
usées, et celui qui croit aujourd'hui
pouvoir comprendre le christianisme
d'une manière ou d'une autre avec les
anciennes forces spirituelles, qui
sont reconnues en Occident pour le
religieux, vit dans les plus terribles
illusions. Il faut dire aujourd'hui
qu'une nouvelle époque de l'humanité
doit venir, par laquelle le mystère du
Golgotha lui-même doit être compris à
nouveau avec de nouvelles forces
spirituelles. Car tout ce qui a été
dit à ce sujet est usé, est arrivé à
sa propre absurdité, peut encore être
recollé ici ou là, traité ici ou là de
telle sorte qu'on le traite comme un
"remue-ménage/ne me touche pas"
scientifique, mais l'humanité ne peut
pas continuer à vivre avec ces choses.
L'humanité a besoin de la force de
faire émerger de son propre intérieur
les nouvelles forces spirituelles qui
comprennent désormais le mystère du
Golgotha d'une manière nouvelle.
|
27
|
Überall kann man denselben Weg
nachweisen, überall sind die Impulse
die gleichen. Aber sie wirken in
verschiedener Weise. In Mitteleuropa
wirken die Impulse so, daß sie
versickern; die westlichen Impulse
ergießen sich über das
Außermenschliche. Sie machen das
religiöse Leben zunächst überhaupt zu
einem Heuchelwesen neben dem
wissenschaftlichen Streben. Und da
dieses westliche Element sich über die
ganze moderne Zivilisation ausgießt,
sehen wir, wie die Menschen bis heute
nicht dazu gekommen sind, die
geistigen Kräfte — die geistige
Wissenschaft, die sich in der neueren
Zeit hinstellen muß als aus der
menschlichen Natur heraus stammend,
ebenso wie die auf das
Außermenschliche gehenden
wissenschaftlichen Kräfte — anzuwenden
auf das Religiöse. Neu zu begreifen
ist, weil mit dem, was unberührtes
Gebiet gelassen worden ist, niemals
weitergewirtschaftet werden kann, neu
zu begreifen, mit neuen
Geisteskräften, ist das Christentum.
Die alten Geisteskräfte sind
abgebraucht, und wer heute glaubt, mit
den alten Geisteskräften, die im
Westlichen für das Religiöse anerkannt
werden, irgendwie das Christentum
begreifen zu können, der lebt in den
furchtbarsten Illusionen. Das muß
heute gesagt werden, daß eine neue
Epoche der Menschheit kommen muß,
durch welche das Mysterium von
Golgatha selber neu begriffen werden
muß mit neuen Geisteskräften. Denn
alles, was darüber gesagt worden ist,
ist abgebraucht, ist an seiner
eigenen Absurdität angekommen, kann
noch da oder dort geleimt werden, da
oder dort so behandelt werden, daß man
es als ein wissenschaftliches
«Rührmichnichtan» behandelt, aber die
Menschheit kann mit diesen Dingen
nicht weiterleben. Die Menschheit
braucht die Kraft, aus dem eigenen
Innern die neuen Geisteskräfte
hervorzuholen, die das Mysterium von
Golgatha nun in einer neuen Weise
begreifen.
|
C'est ce que le monde occidental a
compris, qu'il lui incombe de regarder
autour de lui dans ces nouvelles
forces spirituelles. Car dans ce monde
occidental, on s'est limité à la pure
compréhension de l'extrahumain. Cet
extrahumain ne pourra jamais être
amené jusqu'à l'humain. Une nouvelle
science de l'esprit devra comprendre
l'humain, mais elle ouvrira aussi de
nouvelles perspectives sur le mystère
du Golgotha. Ce qui va vers le simple
monde extrahumain peut engendrer une
simple morale utilitaire ; mais une
telle morale utilitaire n'amènera
jamais l'humain à sa propre dignité.
Seule une morale dont il sait qu'elle
lui est insufflée par des forces
suprasensibles qui agissent dans son
âme peut amener l'humain à cette
dignité. Mais celles-ci ne peuvent
plus jamais être comprises avec ce que
l'on a laissé à la révélation
religieuse dans les pays occidentaux.
Un renouvellement est donc nécessaire.
|
28
|
Das ist es, was die westliche Welt
eingesehen hat, daß es ihr obliegt,
sich umzusehen in diesen neuen
Geisteskräften. Denn in dieser
westlichen Welt hat man sich
beschränkt auf das bloße Begreifen des
Außermenschlichen. Dieses
Außermenschliche wird niemals bis an
den Menschen herangebracht werden
können. Eine neue Geisteswissenschaft
wird den Menschen zu begreifen haben,
damit aber auch erst wiederum neue
Ausblicke auf das Mysterium von
Golgatha eröffnen. Was auf die bloße
außermenschliche Welt geht, kann eine
bloße Nützlichkeitsmoral erzeugen;
aber eine solche Nützlichkeitsmoral
wird niemals den Menschen zu seiner
eigenen Würde bringen. Zu dieser Würde
kann den Menschen nur eine Moral
bringen, von der er weiß, sie wird ihm
eingegossen durch übersinnliche
Kräfte, die in seine Seele
hereinwirken. Die können aber
nimmermehr begriffen werden mit
demjenigen, was man der religiösen
Offenbarung in den westlichen Ländern
gelassen hat. Da ist eine Erneuerung
notwendig.
|
Les questions que j'ai évoquées
semblent vivre dans des domaines très,
très éloignés de la vie quotidienne,
mais elles ne le sont pas. Ces
questions sont celles qui sont
aujourd'hui à la base des questions
les plus importantes, celles qui
façonnent le monde, et personne ne
pourra répondre à la grande question :
quelle est la position de l'Est et de
l'Ouest, quelle est la position de
l'Europe, de l'Asie et de l'Amérique ?
- qui ne veut pas revenir sur ces
questions. Car ce que nous vivons
aujourd'hui est en fin de compte la
conséquence de ce qui s'est passé dans
les âmes humaines au cours des
siècles.
|
29
|
Die Fragen, die ich hiermit
gestreift habe, scheinen in sehr, sehr
über dem Alltagsleben gelegenen
Gebieten zu leben, aber sie sind es
nicht. Diese Fragen sind diejenigen,
die heute den allerwichtigsten, welt‑
gestaltenden Fragen zugrunde liegen,
und niemand wird sich die große Frage:
Wie stehen Ost und West, wie stehen
Europa, Asien und Ame‑ rika ? —
beantworten können, der nicht
zurückgehen will auf diese Dinge. Denn
was wir heute erleben, ist letzten
Endes die Konsequenz desjenigen, was
in den menschlichen Seelen durch die
Jahrhunderte vor sich gegangen ist.
|
Ce n'est qu'une commodité de penser
humain que de ne pas vouloir remonter
jusqu'à ces choses. C'est pourquoi on
peut éprouver ce que j'aimerais
appeler ce terrible mal au cœur qui
nous envahit quand on entend
aujourd'hui les humains parler des
grands malheurs de l'époque, d'autres
configurations de la vie politique,
économique ou autre actuelle, des
affaires d'Asie, d'Europe et
d'Amérique - mais on les entend parler
comme des aveugles de la couleur,
parce qu'ils ne veulent pas entrer
dans ce qui, en fait, est à la base de
ces grandes questions comme ce qui
palpite intérieurement.
|
30
|
Es ist nur menschliche
Denkbequemlichkeit, nicht bis zu
diesen Dingen zurückgehen zu wollen.
Daher kann man erleben, was ich nennen
möchte jenen furchtbaren Herzschmerz,
der einen überkommt, wenn man heute
die Menschen reden hört über das große
Unglück der Zeit, über andere
Konfigurationen des gegenwärtigen
politischen oder ökonomischen oder
sonstigen Lebens, über die
Angelegenheiten Asiens, Europas und
Amerikas — sie aber reden hört wie die
Blinden von der Farbe, weil sie nicht
eingehen wollen auf dasjenige, was
eigentlich diesen großen Fragen als
das innerlich Pulsierende zugrunde
liegt.
|
Français
seulement
NEUVIÈME CONFÉRENCE,Dornach, le
1er février 1920
À propos de
l'œuvre de personnalités particulières dans
l'histoire. Historique des contextes
d’Europe occidentale et centrale
01
Dans ce que je vais dire aujourd'hui, en tant
qu'explications supplémentaires des dernières
considérations, sera à tenir compte qu'aussi
spirituellement scientifiquement doit valoir
quelque chose sur l'action de la personnalité
individuelle dans l'histoire. On a
ordinairement la représentation qu'une
personnalité, qu'elle soit artistique,
politique, religieuse ou autre, qui agit dans
l'histoire, agit par ce qui se propage par des
impulsions conscientes, et qu'une telle
personnalité n'agirait que par cette voie. Et
l'on regarde alors les questions qui s'y
rapportent de telle sorte que l'on regarde :
qu'est-ce qu'une telle personnalité a fait,
qu'est-ce qu'elle a dit, comment cela s'est-il
répandu parmi les humains, et ainsi de suite ?
02
Dans les cas les plus significatifs du devenir
historique, les choses ne sont pas aussi
simples, mais ce qui est actif dans
l'évolution de l'humanité dépend des forces
spirituelles motrices qui se trouvent derrière
le devenir historique, et les personnalités ne
sont en quelque sorte que les moyens et les
voies par lesquels certaines forces et
puissances spirituelles motrices agissent
depuis le monde spirituel dans notre devenir
historique sur terre. Cela ne contredit pas le
fait que beaucoup de l'individualité, de la
subjectivité de ces personnalités dirigeantes
ne se répercute pas dans des cercles plus
larges. Cela va de soi. Mais on reçoit en
premier le concept correct de l'histoire quand
on se rend compte que lorsqu'un ainsi nommé
grand homme ici ou là exprime ceci ou cela, ce
sont les puissances spirituelles dirigeantes
de l'évolution de l'humanité qui parlent à
travers lui, et qu'il n'est en quelque sorte
que le symptôme de la présence de certaines
forces motrices. Il est le porche par lequel
ces forces parlent dans le devenir historique.
03
Quand alors on cite par exemple une
personnalité quelconque d'une certaine période
historique et que l'on essaie de la
caractériser dans son influence sur toute la
configuration de l'époque, cela ne signifie
pas que l'on veuille éveiller la croyance, si
l'on parle scientifiquement spirituellement,
que cet homme a seulement agi comme il l'a
fait par la force de sa personnalité. Je vais
vous donner un exemple. Supposons que l'on
doive citer une personnalité philosophique
comme étant particulièrement caractéristique
d'une époque donnée - comme nous devrons le
faire tout à l'heure. Quelqu'un pourrait alors
venir et dire : oui, cette personnalité a
écrit des œuvres philosophiques, mais elle n'a
eu d'influence que sur un certain cercle ; un
cercle supplémentaire d'humains n'a pas subi
l'influence de cette personnalité.
04
Il serait tout à fait faux de faire cette
objection, car la personnalité en question,
même si elle est une personnalité
philosophique, n'est que l'expression de
certaines forces qui se trouvent derrière
elle, et ce sont ces forces qui ont ensuite
influencé et impressionné les cercles
supplémentaires. On voit seulement à cette
personnalité ce qui agit dans le temps. Il
pourrait par exemple être le cas qui suit. Il
se peut qu'à une époque donnée, un courant
spirituel quelconque, une direction d'esprit,
agisse dans le subconscient de cercles plus
larges d'âmes humaines. Chez une personnalité,
cela pourrait s'exprimer de telle manière que
ce que de larges cercles, peut-être des
peuples entiers, ne font que pressentir, cette
personnalité individuelle le formule
clairement de manière particulièrement
caractéristique, mais ne l'écrit pas du tout,
ne le dit peut-être qu'à cinq ou six autres
personnes ou ne le dit pas du tout. Il
pourrait donc se produire ce cas extrême où
l'on découvrirait, des siècles plus tard, les
mémoires d'une personnalité quelconque, dans
lesquelles se trouvent des choses qui n'ont
pas été diffusées par la voie littéraire, et
qui pourraient pourtant contenir les idées et
les forces les plus caractéristiques de cette
époque. C'est dans ce sens que j'ai toujours
donné des caractéristiques, lorsque j'ai
essayé de faire de telles caractéristiques. Je
n'ai jamais voulu faire croire que des idées
émanant de personnalités n'agissaient que par
la voie de la propagande ordinaire, mais j'ai
toujours voulu indiquer que l'on trouvait les
idées efficaces formulées par les différentes
personnalités. Il faut bien sûr tenir compte
du fait que l'influence effective de telles
personnalités peut s'interposer. Mais le cas
inverse peut aussi être absolument. Une
personnalité peut avoir un large impact ; mais
il doit être expressément dit le contraire,
afin que certaines choses ne soient pas prises
de telle sorte que l'on dise quelque peu : si
quelqu'un caractérise une personnalité comme
significative pour une époque quelconque, il
caractérise ainsi quelque chose qui se passe
seulement dans un coin, alors que l'on a tout
intérêt à entendre caractériser ce qui se
passe dans les larges masses. - C'est sous ce
point de vue que je vous demande de considérer
ce que je vais dire aujourd'hui.
05
Il a souvent été expliqué par moi comment il y
a eu un certain saut important dans le devenir
historique de l'humanité au XVe siècle. Celui
qui étudie la vie de l'âme de l'humanité
civilisée trouve que cette vie de l'âme aux
16e et 17e siècles est radicalement différente
de la vie de l'âme aux 10e, 11e et 12e
siècles. J'ai souvent attiré l'attention sur
cette affirmation, qui est l'une des plus
fausses, mais qui est toujours répétée : la
nature ou le monde, les événements mondiaux ne
font pas de sauts. - De tels sauts sont
justement présents aux endroits les plus
importants de l'évolution. Et un tel saut dans
l'évolution de l'humanité civilisée est
précisément le passage de la quatrième période
post-atlantique, qui s'achève au 15e siècle, à
la cinquième, dans laquelle nous vivons encore
actuellement, et au début de laquelle nous
nous trouvons seulement. Dans un certain sens,
toute la manière de penser de l'humanité
civilisée européenne sera différente après le
XVe siècle, mais les différentes nations et
les différents peuples seront différents d'une
autre manière. Certains phénomènes de
transition se produisent d'une manière
différente chez les différents peuples.
06
Or, on ne peut pas comprendre la vie de
l'esprit dans laquelle on se trouve
aujourd'hui si l'on n'a pas une vision de ce
qui, depuis le XVe siècle, s'élève peu à peu
dans notre vie de l'esprit. On doit saisir
cette nouvelle vie de l'esprit montante à des
points caractéristiques. Mais on peut
naturellement caractériser seulement certains
courants et certains points de vue. Si l'on
considère la période qui précède cette
cinquième période post-atlantique, depuis le
mystère du Golgotha jusqu'au XVe siècle, on
doit dire qu'à cette époque, une grande partie
de l'humanité civilisée européenne tente de
gagner une compréhension, une compréhension
religieuse du christianisme. Celui qui essaie
d'étudier les différentes conceptions qui se
sont développées en Europe à propos du
christianisme depuis le troisième et le
quatrième siècle jusqu'au quinzième siècle,
trouvera que les humains de cette Europe
civilisée ont utilisé toutes leurs facultés
conceptuelles, leur sensibilité, tout ce
qu'ils pouvaient tirer de leur âme, pour
comprendre à leur manière le christianisme,
pour gagner à leur manière une compréhension
de ce qu'est devenu le monde à travers le
mystère du Golgotha.
07
Or, après le XVe siècle, des conditions très
particulières apparaissent. Ce n'est qu'à ce
moment-là - et pour celui qui ne considère pas
cette fable convenue que l'on appelle
habituellement l'histoire, mais l'histoire
réelle, c'est tout à fait clair - qu'apparaît
ce que l'on appelle aujourd'hui, dans les
cercles les plus larges, l'orientation de
pensée scientifique. Avant, il y avait en fait
tout autre chose. Ce que l'on considère
aujourd'hui comme la vraie science ne commence
qu'au cours de cette cinquième période
post-atlantique. Et une configuration bien
précise lui est imposée, et on peut dire
qu'elle est imposée de différentes manières.
C'est toujours la même empreinte, mais elle
est imprimée différemment en Occident, dans
les régions de la civilisation occidentale, et
un peu différemment dans les régions de la
civilisation d'Europe centrale. Et le moment
est venu aujourd'hui où ces choses devraient
être considérées de manière impartiale, sans
que des idées de nationalisme n'influencent
l'approche dans le sens défavorable comme je
l'ai déjà caractérisé hier.
08
Et c'est là que nous arrivons, si nous voulons
voir comment cette époque récente a reçu sa
signature spirituelle à partir d'une
manifestation de personnalité caractéristique,
à une personnalité comme celle qui est
particulièrement caractéristique de la sortie
du 16e au 17e siècle, le philosophe anglais
Baco de Verulam. Parmi les humains qui se
prétendent/pensaient scientifiques, Bacon est
en effet considéré comme une sorte de
rénovateur de la manière de penser humaine.
Mais ce Bacon est un exposant, un symptôme de
quelque chose qui s'est produit récemment dans
l'histoire, dans le sens que je viens
d'exprimer. Tout le monde occidental est en
fait traversé par une certaine vague
d'attitudes, et Bacon est seulement celui qui
a formulé le plus clairement cette vague
d'attitudes du monde occidental. Sans que les
humains le sachent, cette vague d'attitude vit
en chacun d'eux. La manière dont ils pensent,
la manière dont ils s'expriment sur les
questions les plus importantes de la vie, sont
baconiennes dans certaines régions de la
civilisation occidentale, aussi si les humains
combattent Bacon lorsqu'ils disent quelque
chose de contraire. Il ne s'agit pas tant du
contenu que l'on donne à une quelconque idée
de vision du monde, mais il s'agit de la façon
et la manière dont une telle idée de vision du
monde se place d'abord dans le cœur de
l'humain, et alors la manière dont elle se
place dans les impulsions du devenir
historique mondial.
09
Pour rendre plus clair ce que je viens
d'exprimer, j'aimerais dire, rendre plus clair
par un paradoxe, dire qu'à notre époque,
quelqu'un pourrait être un matérialiste
flagrant et l'autre un spiritualiste flagrant,
et les deux pourraient très bien exprimer
leurs idées à partir de notre époque
matérialiste - la différence ne serait pas
grande. Ce qui compte aujourd'hui, ce n'est
pas tant de savoir si l'on se réclame
littéralement du spiritualisme ou du
matérialisme, mais de savoir dans quel esprit
l'on fait l'un ou l'autre. Car ce n'est pas le
contenu littéral qui agit réellement, mais
l'esprit à partir duquel quelque chose est.
C'est lui qui agit ; ce n'est que si l'on est
un abstrait que l'on donne quelque chose
uniquement et exclusivement au contenu
littéral.
10
Il est maintenant à remarquer que Bacon, si
l'on s'en tient vraiment à ce qu'est l'esprit
de la manière de penser de Bacon, a tenté de
fonder la connaissance de l'humanité, de
fonder la science, avec les forces de l'esprit
qui étaient apparues en particulier depuis le
milieu du XVe siècle. Les forces de
connaissance dont dispose l'humanité à
l'époque moderne devaient devenir des
sciences. Ce fut une époque importante, le
début de la cinquième période post-atlantique,
dans laquelle Bacon est apparu. C'était pour
ainsi dire l'époque où tout était vraiment
remis en question, car on ne pouvait pas
continuer à filer des idées sur les énigmes du
monde avec les moyens de l'ancienne alchimie,
de l'ancienne astrologie, avec tous les autres
moyens anciens ni avec l'ancien mode de pensée
religieux. Il y avait un besoin/une pression
au renouvellement. En quoi ce besoin
s'exprimait-il de manière toute
caractéristique ? - Ce besoin s'exprimait par
le fait que c'est précisément à cette époque
que toutes les véritables forces de saisie
spirituelle de l'humanité étaient au plus bas.
11
Jusqu'au XVe siècle, il aurait semblé
impossible de vouloir comprendre quelque chose
comme le mystère du Golgotha avec une simple
raison analytique orienté vers le sensible. Il
allait plutôt de soi qu'une chose telle que le
mystère du Golgotha ne devait être comprise
que comme une manifestation suprême parmi
d'autres, comprise avec des forces de
connaissance plus élevées que ce qui s'étend
autour de nous comme nature. Ces forces de
connaissance avaient encore une certaine
hauteur lorsque le mystère du Golgotha s'est
produit. Elles ont diminué de plus en plus au
cours de l'évolution de l'humanité. Et lorsque
l'époque la plus récente a commencé, après le
XVe siècle, les humains n'avaient plus de
forces de saisie spirituelles, ils n'avaient
que la raison analytique orientée vers le
sensible.
12
Avec la raison analytique orientée vers le
sensible, Bacon cherchait maintenant à fonder
une mentalité scientifique. Et c'est ainsi
qu'il rejeta toutes les méthodes de recherche
qui étaient auparavant reconnues comme
légitimes, et qu'il affirma d'abord
l'expérimentation comme ce qui valait, sur
quoi unique et seul devait être construite la
science en chose principale. Une grande partie
du monde se tient encore aujourd'hui à ce
point de vue : on doit expérimenter, on doit
créer les instruments et expérimenter, et
c'est à partir des expériences que doivent se
donner les façons de voir/visions sur la
nature. - Vu du forum de l'esprit, cela
signifie : j'ai ici un papillon ; c'est trop
compliqué pour moi d'examiner ce papillon, je
le reproduis de manière très trompeuse en
papier mâché et j'examine ensuite la
reproduction en papier mâché. - Au fond, cela
revient quand même à observer la nature
vivante par l'expérience morte, ce qui n'est
rien d'autre que de remplacer la nature
vivante par le cadavre pour l'observation de
la nature. Aussi quand nous travaillons dans
un laboratoire de physique, nous devons être
conscients que nous expérimentons sur des
cadavres de la nature. On doit évident
expérimenter, on doit aussi faire des
recherches sur le cadavre humain. Mais sur un
cadavre humain, on ne peut pas se faire
d'illusion sur le fait que l'on n'a que le
cadavre devant soi. Dans l'expérimentation, on
se donne cependant l'illusion que c'est elle
qui nous transmet la vérité. Mais personne qui
n'a pas déjà en lui l'intuition spirituelle
pour injecter dans l'expérience ce dont il
s'agit à partir de la nature vivante, ne peut
gagner de l'expérience, de l'expérience morte,
quelque chose qui est valable pour la nature
vivante.
13
Mais avec cela est indiqué que la manière de
penser de Bacon visait dès le départ à faire
de la mort le principe d'explication de
l'essence du monde. Or, ce qui est
particulier, c'est que dans la reproduction du
vivant que l'on obtient encore par
l'expérimentation, on a des points de repère
pour des explications de la nature
extrahumaine, mais que l'on ne doit pas se
faire d'illusion sur le fait que l'on puisse
vraiment obtenir, par quelque expérimentation
que ce soit, quelque chose qui éclaire
l'humain lui-même. Tout expérimenter nous
éloigne de l'entité humaine.
14
C'est pourquoi, au cours des siècles qui se
sont écoulés depuis lors et au cours desquels
s'est répandue cette attitude de pensée qui a
atteint une certaine hauteur avec Bacon, la
compréhension de l'humain proprement dit et de
son essence s'est perdue. Ce qui s'est perdu,
c'est la compréhension de ce qui est
réellement contenu au plus profond de la
nature humaine en tant qu'essence motrice et
agissante.
15
Maintenant, personne ne peut trouver les
grandes impulsions du vouloir moral, du
vouloir social, sans entrer dans l'essence de
la nature humaine. C'est pourquoi la
compréhension des impulsions du vouloir moral
et social a disparu au cours de ces siècles,
disparaissant précisément de l'attitude de
pensée de Bacon. C'est pourquoi, parallèlement
à l'extinction de la compréhension du monde
telle qu'elle émane de Bacon, on trouve la
simple morale de l'utilité. Il s'agit
précisément d'une définition baconienne : est
bon ce qui est utile à l'humain, soit à
l'individu humain individuel, soit à
l'humanité tout entière.
16
Ainsi, à partir de l'attitude de Bacon - et
elle était beaucoup plus répandue que
n'importe qui se fait une représentation
aujourd'hui -, nous avons d'un côté une
attitude de penseur scientifique qui peut
seulement saisir que ce qui est extrahumain,
et de l'autre côté une morale qui ne va que
vers l'utile ahrimanien. Chez Thomas Hobbes,
un contemporain de Bacon, cela s'est exprimé
de manière encore plus forte que chez Bacon
lui-même. Mais cette vague de morale
utilitaire s'est ensuite déversée dans le pur
sens de la compréhension du monde extrahumain,
s'est déversée chez tous les philosophes
Locke, Hume et ainsi de suite jusqu'à Spencer
et chez les scientifiques de Newton à Darwin.
Celui qui veut étudier de la manière la plus
caractéristique ce qui est venu du monde
occidental dominant pour constituer la
dernière vague de la mentalité/attitude
européenne, doit commencer là, doit partir de
la manière de penser de Bacon.
17
Mais maintenant, quelque chose de très précis
est lié à cette attitude de pensée et morale
de Bacon. On peut seulement comprendre avec
elle ce qui est extrahumain, on peut seulement
trouver moralement ce qui est utile à l'humain
et à l'humanité, c'est-à-dire qu'avec les
moyens avec lesquels on aspire ici à la
science et à la morale naturelle, on n'atteint
pas du tout le domaine dans lequel la religion
est !
18
Quelle est la conséquence ? La conséquence est
que parmi ceux qui sont porteurs de cette
attitude, apparait un effort de laisser la
religion telle qu'elle était auparavant,
c'est-à-dire de la perpétuer historiquement,
de ne pas lui apporter de nouveaux éléments
issus d'une nouvelle science de l'esprit.
Bacon a en effet défendu le point de vue le
plus caractéristique selon lequel la science
ne doit pas être associée à la religion, car
cela rendrait la science fantastique ; et la
religion ne doit pas être associée à la
science, car cela rendrait la religion
hétérodoxe. - La religion doit donc être tenue
à l'écart des aspirations qui s'affirment chez
l'humain en tant qu'aspirations scientifiques.
Les nouvelles forces qui sont actuellement
actives dans l'humanité civilisée depuis le
XVe siècle sont amenées à l'aspiration
scientifique. La religion n'est pas alimentée
par de nouvelles forces. Elle doit être
conservée avec les forces qui lui ont déjà été
apportées auparavant, car on craint les
nouvelles forces qui pourraient lui être
apportées. On craint qu'elle ne devienne
hétérodoxe, qu'elle ne perde son contenu
propre.
19
Que devait-il se passer sous l'influence d'une
telle attitude de penser ? Que s'est-il
passé ? Ce qui s'est passé, c'est qu'à partir
d'une certaine véracité humaine, on a aspiré à
la science pour le monde extrahumain, à partir
d'une certaine véracité, on a aspiré à une
morale de l'utilité, mais qu'on ne veut pas
aspirer à la religion à partir de ce à quoi on
aspire à la science. Celle-ci ne doit pas du
tout être touchée par cela. Elle doit ne rien
recevoir à faire à voir avec l'aspiration
scientifique proprement dite, tout au plus
dans la mesure où on la considère
historiquement. C'est ainsi que l'on a pu
établir la différence entre la science et la
religion révélée. Cette différence peut aussi
être exprimée un peu plus fortement, elle peut
être exprimée de la manière suivante, elle est
alors seulement plus fortement exprimée et
donc plus désagréable pour les humains qui
n'aiment pas entendre la vérité ; on peut en
effet la caractériser ainsi : on aspire
honnêtement à la science, notamment à cette
science qui ne s'étend qu'aux choses
extrahumaines. On aspire aussi honnêtement,
véritablement, à une morale de l'utilité ;
mais on n'applique pas cette aspiration
honnête et vraie à la religion, qui doit en
rester intacte, à laquelle la science n'a pas
la permission de venir. Science extrahumaine
honnête, morale utilitaire honnête - la
religion comme hypocrisie, la religion à
partir de la non-vérité : c'est seulement
exprimé un peu plus acérée, et donc
désagréable pour les humains qui ne veulent
pas entendre la vérité sans fard, la
différence entre la science et la religion
révélée. Mais c'est parce que l'on exprime
clairement et nettement une telle chose que
l'on en découvre l'essence. Et c'est ainsi que
le plus caractéristique de ce courant de
pensée est que l'on a reculé devant
l'application de la science à la religion, que
l'on ne voulait pas que la force du savoir,
que l'on applique dans la science de la nature
et du genre, joue dans la religion.
20
Cette sorte de signature de pensée était dans
une certaine mesure naturelle à la
civilisation occidentale. Elle lui est si
naturelle que de nombreux humains de cette
civilisation occidentale ne comprennent
absolument rien d'autre que le fait que l'on
ne s'élève pas vers le religieux avec le même
principe que celui avec lequel on veut
comprendre la nature. C'est caractéristique du
monde occidental, le tout à lui est
entièrement approprié.
21
Mais maintenant, nous nous pensons la même
impulsion transportée en Europe centrale. Je
peux le montrer par un exemple
caractéristique. Il n'arrive pas toujours que
l'on s'oppose à cette attitude de penser de
manière aussi tranchée que fut opposé au
newtonisme par Goethe, mais il arrive aussi
que le darwinisme, qui n'était orienté que
vers l'extrahumain et qui, en même temps, ne
peut jamais fonder autre chose qu'une morale
utilitaire, soit maintenant compris par un
humain d'Europe centrale, voire d'Europe
centrale prussienne, comme l'était Ernst
Haeckel. La chose ne reste pas ce qu'elle est
chez Darwin. Chez Darwin, nous voyons la
pensée de Bacon se poursuivre. Il observe le
monde naturel avec le darwinisme ; mais il
reste un croyant, comme Newton est resté un
croyant. Il conserve tranquillement l'ancienne
manière de penser en se référant au simple
religieux. Qu'en est-il chez Haeckel ? Haeckel
intègre le darwinisme dans toute son âme. Pour
lui, il n'y a pas de possibilité de division
en deux, pour lui, il n'y a pas de possibilité
de laisser la religion intacte. Il reçoit le
darwinisme, avec lequel on ne peut en fait
comprendre que des choses extrahumaines, mais
il l'applique avec une furor religiosus
précisément à l'humain, et il en fait une
religion. Cela devient une unité, cela devient
une religion.
22
Et c'est ainsi que les impulsions, une fois
qu'elles sont là, œuvrent partout. Les
impulsions sont les mêmes, mais elles agissent
de manière différenciée, spécifiée selon les
différents domaines. En Occident, le
darwinisme et la religion, servis ensemble,
s'accommodent très bien de l'évolution du
monde. Ernst Haeckel, l'Européen central, doit
les mélanger et en faire un plat unique, car
pour lui, il n'est pas possible de juxtaposer
les choses. Bacon et ses descendants, jusqu'à
Spencer et Darwin, craignent que la religion,
si on lui applique la science, devienne
hétérodoxe. Haeckel n'en a pas peur. Il fait
la religion aussi bien que possible, parce
que, selon toute sa conception, la même
véracité qu'il fait valoir dans la science
doit également être appliquée à la religion.
Il en est ainsi dans de nombreux domaines. Le
goethéanisme de Goethe lui-même s'est déjà
opposé intérieurement à la compréhension du
simple extrahumain. Il suffit de prendre
l'hymne en prose "La nature", que Goethe a au
moins pensé vers les années quatre-vingt, même
s'il ne l'a pas écrit lui-même à l'époque, et
qui a été présenté ici en eurythmie, et vous
verrez que pour Goethe, la nature n'existe
absolument pas dans le même sens que pour
Newton ou Darwin, mais qu'elle est
animée/pourvue d'âme intérieurement, elle est
même disponible pour lui en œuvrant avec
humour : "... elle a pensé et elle pense
continuellement". Et c'est ainsi que Goethe
n'a fait, tout au long de sa vie, que
développer de manière plus concrète et
toujours plus concrète de telles maximes,
telles qu'il les a consignées dans le
"Fragment" sur la nature. L'autre jour, un
journal a publié un article étrange qui, je
crois, a même trouvé une suite dans ce journal
dominical, où il est dit que lorsque, dans les
années quatre-vingt-dix, j'ai publié le
"Fragment" sur la nature avec une explication
dans la nouvelle édition du "Tiefurter
Journal", dans les écrits de la Société Goethe
de Weimar, j'ai trop insisté sur le fait que
les caractéristiques que Goethe avait traitées
dans l'hymne en prose "Nature" jouaient
ensuite un rôle dans ses œuvres scientifiques.
Il est vraiment drôle de voir l'objection qui
est faite dans cet essai. On y dit que ce
"fragment" ne contient pas du tout des idées
de philosophie de la nature, mais des idées
religieuses, et qu'on ne devrait pas retrouver
les idées religieuses de ce cantique en prose
dans les idées scientifiques ultérieures de
Goethe, comme je les ai trouvées. - Un pédant
- on ne sait pas quoi dire d'autre - s'est
donc fait une fois le plaisir de diviser ce
qui est humainement en quête de compréhension,
en voulant faire croire aux gens que chez
Goethe, les idées scientifiques sont
différentes des idées religieuses. Là, on en
déduit d'emblée ainsi que l'on voit comment le
baconisme repose dans tous les membres de ce
monsieur qui a écrit cet essai !
23
Est-ce que l'on peut voir - j'aimerais
maintenant poser la question - à quelque chose
d'autre qu'il y a une différenciation entre la
science et la religion dans la civilisation
moderne ? - On peut le voir à autre chose.
Certes, en Angleterre aussi, dans le pays de
Bacon, il y avait un Wiclif et des choses de
ce genre ; mais cela n'a pas eu d'influence
sur la configuration réelle de la
civilisation. En revanche, en Europe centrale,
quelque chose qui n'a pas eu d'influence
considérable à l'ouest, en France, par
exemple, se fait sentir de manière très
particulière, dans la mesure où, lorsque
l'époque moderne, cette cinquième période
post-atlantique, arrive, il n'y a pas en
Europe centrale d'opposition du même type que
dans les pays occidentaux, où l'on fonde
vraiment la science de manière très
appropriée, mais où l'on ne laisse pas cette
science s'étendre au domaine religieux, qui
doit continuer à vivre de cette manière et ne
rester que la religion révélée dans l'ancien
sens, mais c'est précisément dans le domaine
religieux que naît en Europe centrale, de
manière aiguë, l'opposition de la Réforme et,
à partir de là, tout ce qui est malheureux
dans l'évolution de l'Europe centrale,
l'instigation de la guerre de Trente Ans par
les jésuites, tout ce qui s'est encore produit
comme conséquences de cette guerre
malheureuse, et à nouveau tout ce qui s'est
encore produit par la suite. Dans cette Europe
centrale, nous voyons directement dans le
domaine religieux que l'impulsion de l'époque
postérieure au XVe siècle a été déterminante.
24
Dans les plus petits comme dans les plus
grands phénomènes historiques, on voit que la
même impulsion est présente, mais qu'elle est
décalée, qu'elle jaillit d'une autre manière
de l'âme humaine, du cœur humain. Mais peu à
peu, le monde occidental prend les devants, et
peu à peu, il se passe quelque chose de très
important. Plus nous voyons la vie
intellectuelle de l'Europe centrale se
développer à l'époque post-goethéenne, plus
elle s'éloigne de Goethe. Goethe est certes
encore étudié par les historiens de la
littérature et par d'autres personnes, et même
une recherche sur Goethe est en train de
naître. Mais Goethe ne vit pas dans tout cela.
Ce que Goethe a voulu apporter comme impulsion
à la civilisation d'Europe centrale, Goethe et
les siens, s'est peu à peu dilué dans le XIXe
siècle. Et dans ce monde d'Europe centrale
s'infiltre lentement, tout comme le darwinisme
est devenu le haeckelisme, ce que sont les
impulsions du monde occidental. Le monde
occidental supporte assez bien ces impulsions,
mais le monde d'Europe centrale ne les
supporte pas. Le monde d'Europe centrale est
certes réceptif aux impulsions occidentales,
il les accueille, mais il ne les supporte pas.
Nous voyons d'un côté Darwin qui, dans son
dernier ouvrage, a certes tiré une conséquence
pour l'humain du principe qui ne s'applique en
fait qu'à l'extrahumain, mais qui n'a pas du
tout poussé cette conséquence jusqu'à la
portée que lui a donnée Haeckel. Chez Darwin,
le principe scientifique est en quelque sorte
laissé à l'extrahumain. Mais en Europe
centrale, on procède de la même manière que
pour le haeckelisme par rapport au darwinisme
: on essaie d'imprégner toute la vie d'une
telle impulsion. On ne veut pas laisser de
côté le domaine religieux, par exemple, qui
n'a pas été pénétré, on veut aussi le pénétrer
avec cette impulsion. Et ainsi pour les autres
domaines qui suivent le même chemin. Ceux qui
sont maintenant plus âgés ont encore vécu
comment le parlementarisme de coloration
anglaise s'est répandu dans toute l'Europe, à
l'exception de l'Allemagne prussienne, et
comment il a été absorbé en Europe comme le
darwinisme par le haeckelisme. Le
parlementarisme, tel qu'il vit en Angleterre,
est tout à fait bon pour l'Angleterre. Pour
les pays d'Europe centrale dans lesquels il a
ensuite été transmis, il a été lié à une
conséquence telle que celle de Haeckel avec le
darwinisme. C'est sous une telle influence que
les temps modernes ont vu le jour.
25
Mais on peut aller plus loin et caractériser
beaucoup plus profondément les phénomènes tels
qu'ils se sont déroulés. Outre Bacon, nous
avons en Occident une personnalité qui exerce
une grande influence sur la civilisation
moderne : Shakespeare. Pour celui qui est
capable d'étudier la vie spirituelle, le
baconisme et le shakespearisme indiquent la
même source extraterrestre, mais représentée
dans le monde terrestre. Les deux empruntent
le même chemin dans l'évolution moderne, et
l'on sait que l'inspiration de Bacon et de
Shakespeare provient de la même source. Cela a
même conduit, à l'époque moderne où tout est
pris au premier degré, à l'élaboration de la
fameuse théorie de Bacon, qui est bien sûr une
absurdité totale telle qu'elle a été élaborée.
Mais c'est tout à fait de la même source que
l'inspiration Bacon-Shakespeare que
proviennent pour l'Europe centrale, et même à
partir de la même personnalité initiatrice, le
courant spirituel de Jakob Böhme et de
l'Allemand du Sud Jacobus Baldus. Et bien plus
qu'on ne le croit, ce qui vient de Jakob
Boehme vit dans la vie spirituelle de l'Europe
centrale - à nouveau une telle personnalité,
qui n'a fait que formuler ce qui agissait
comme un fait dans les cercles les plus
larges, même si ce n'était pas avec les mots
de Jakob Boehme. Il faut seulement être
conscient qu'une bonne partie de la doctrine
des métamorphoses de Goethe provient de Jacob
Boehme, qu'une bonne partie de ce qui est dans
toute l'organicité de Goethe est parvenue à
Goethe par certains détours que l'on peut
facilement démontrer, par le biais de Jacob
Boehme. Et même si Jacobus Baldus a vécu dans
la solitude d'Ingolstadt, il est précisément
une personnalité qui n'a pas eu d'influence
sur beaucoup de ses contemporains, mais qui a
exprimé de manière caractéristique ce qui
était pensé et ressenti dans les cercles les
plus larges de cette nouvelle ère naissante.
26
Mais considérons l'étrange profondeur qui
réside dans ces choses : le baconisme et le
shakespearisme, la bohème, le baldétisme,
proviennent de la même source d'inspiration.
Ce qui vient de Jakob Boehme est aujourd'hui
encore perceptible au fond des aspirations de
l'Europe centrale, mais cela s'infiltre. En
revanche, le baconisme, que ce soit sous sa
propre forme ou sous la forme du futur Darwin,
a eu une influence importante en Europe
centrale, et Shakespeare a également eu une
influence importante. Pensez seulement que
toute la deuxième moitié du XVIIIe siècle, du
moins la partie postérieure, est fortement
impressionnée par Shakespeare et qu'au XIXe
siècle, la vie spirituelle de l'Europe
centrale a été fortement impressionnée par
Shakespeare, que Goethe a été profondément
impressionné dans sa jeunesse et qu'il ne
s'est émancipé du shakespearisme qu'à partir
des années quatre-vingt.
27
Partout, on peut démontrer le même chemin,
partout les impulsions sont les mêmes. Mais
elles agissent de manière différente. En
Europe centrale, les impulsions agissent de
telle sorte qu'elles se perdent ; les
impulsions occidentales se déversent sur
l'extrahumain. Elles font tout d'abord de la
vie religieuse un être hypocrite à côté de
l'aspiration scientifique. Et comme cet
élément occidental se répand sur toute la
civilisation moderne, nous voyons comment les
humains ne sont pas parvenus jusqu'à présent à
appliquer les forces spirituelles - la science
spirituelle qui, à l'époque moderne, doit se
présenter comme issue de la nature humaine,
tout comme les forces scientifiques qui vont
vers l'extrahumain - au religieux. Ce qu'il
faut comprendre de nouveau, parce qu'on ne
pourra jamais continuer à exploiter ce qui a
été laissé intact, c'est le christianisme,
avec de nouvelles forces spirituelles. Les
anciennes forces spirituelles sont usées, et
celui qui croit aujourd'hui pouvoir comprendre
le christianisme d'une manière ou d'une autre
avec les anciennes forces spirituelles, qui
sont reconnues en Occident pour le religieux,
vit dans les plus terribles illusions. Il faut
dire aujourd'hui qu'une nouvelle époque de
l'humanité doit venir, par laquelle le mystère
du Golgotha lui-même doit être compris à
nouveau avec de nouvelles forces spirituelles.
Car tout ce qui a été dit à ce sujet est usé,
est arrivé à sa propre absurdité, peut encore
être recollé ici ou là, traité ici ou là de
telle sorte qu'on le traite comme un
"remue-ménage/ne me touche pas" scientifique,
mais l'humanité ne peut pas continuer à vivre
avec ces choses. L'humanité a besoin de la
force de faire émerger de son propre intérieur
les nouvelles forces spirituelles qui
comprennent désormais le mystère du Golgotha
d'une manière nouvelle.
28
C'est ce que le monde occidental a compris,
qu'il lui incombe de regarder autour de lui
dans ces nouvelles forces spirituelles. Car
dans ce monde occidental, on s'est limité à la
pure compréhension de l'extrahumain. Cet
extrahumain ne pourra jamais être amené
jusqu'à l'humain. Une nouvelle science de
l'esprit devra comprendre l'humain, mais elle
ouvrira aussi de nouvelles perspectives sur le
mystère du Golgotha. Ce qui va vers le simple
monde extrahumain peut engendrer une simple
morale utilitaire ; mais une telle morale
utilitaire n'amènera jamais l'humain à sa
propre dignité. Seule une morale dont il sait
qu'elle lui est insufflée par des forces
suprasensibles qui agissent dans son âme peut
amener l'humain à cette dignité. Mais
celles-ci ne peuvent plus jamais être
comprises avec ce que l'on a laissé à la
révélation religieuse dans les pays
occidentaux. Un renouvellement est donc
nécessaire.
29
Les questions que j'ai évoquées semblent vivre
dans des domaines très, très éloignés de la
vie quotidienne, mais elles ne le sont pas.
Ces questions sont celles qui sont aujourd'hui
à la base des questions les plus importantes,
celles qui façonnent le monde, et personne ne
pourra répondre à la grande question : quelle
est la position de l'Est et de l'Ouest, quelle
est la position de l'Europe, de l'Asie et de
l'Amérique ? - qui ne veut pas revenir sur ces
questions. Car ce que nous vivons aujourd'hui
est en fin de compte la conséquence de ce qui
s'est passé dans les âmes humaines au cours
des siècles.
30
Ce n'est qu'une commodité de penser humain que
de ne pas vouloir remonter jusqu'à ces choses.
C'est pourquoi on peut éprouver ce que
j'aimerais appeler ce terrible mal au cœur qui
nous envahit quand on entend aujourd'hui les
humains parler des grands malheurs de
l'époque, d'autres configurations de la vie
politique, économique ou autre actuelle, des
affaires d'Asie, d'Europe et d'Amérique - mais
on les entend parler comme des aveugles de la
couleur, parce qu'ils ne veulent pas entrer
dans ce qui, en fait, est à la base de ces
grandes questions comme ce qui palpite
intérieurement.
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