Au cours des trois dernières heures,
nous avons inséré dans nos
considérations, en guise d'épisode, la
description de notre édifice ici, de
ses installations et de ce qui lui est
lié comme but. Aujourd'hui, nous
aurons à rattacher à ces
considérations sur la construction un
certain nombre de choses que
j'aimerais considérer comme des
considérations sur le temps au sens le
plus large. Nous avons en effet dû
souligner que ce bâtiment, en tant que
représentant de notre science de
l'esprit anthroposophique, doit en
même temps être une manifestation du
temps, exprimer en quelque sorte dans
ses formes, dans toute sa conception,
ce qui veut se placer et doit se
placer dans l'évolution de notre
temps, du présent au futur le plus
proche. Lorsque nous parlons dans le
présent des grandes tâches de l'époque
et que nous devons en particulier
indiquer qu'une certaine propension à
recevoir des choses spirituelles doit
se manifester chez une plus grande
partie de l'humanité et que c'est une
exigence particulière de l'époque, une
telle indication est tout d'abord
directement issue de tout ce que la
science initiatique et la sagesse
initiatique peuvent actuellement
gagner du monde spirituel. Mais on n'a
pas besoin de se référer directement
aux exigences du monde spirituel
lui-même si l'on veut se convaincre de
la nécessité d'un impact spirituel à
notre époque. Dans l'une des dernières
conférences, j'ai parlé du fait que
nous nous trouvons devant une forte
transformation du monde, y compris
dans ses manifestations extérieures.
Aujourd'hui, il est déjà plus ou moins
évident pour tout le monde que, suite
aux événements actuels, la domination
extérieure du monde revient à la
population anglophone. Nous ne voulons
pas parler de cette attribution de la
domination mondiale, mais nous voulons
parler, et nous en avons déjà parlé,
du fait qu'elle est liée à un
sentiment profond de responsabilité,
un sentiment de responsabilité qui est
tout à fait clair : là où il y a la
possibilité d'exercer une certaine
domination sur le monde, là doit
prendre place l'impulsion d'imprégner
ce que l'on peut faire de l'impulsion
spirituelle exigée actuellement par
l'évolution de l'humanité. Car ne pas
pénétrer ce que l'on peut faire, ou ne
pas vouloir le pénétrer, c'est
conduire l'évolution humaine vers son
déclin.
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01
|
Wir haben in unsere Betrachtungen in
den letzten drei Stunden als Episode
eingeschoben die Beschreibung unseres
Baues hier, seiner Einrichtungen und
dessen, was als Ziel mit ihm verbunden
ist. Wir werden nunmehr heute gerade
an diese Baubetrachtungen einiges
anzuknüpfen haben, das ich im
weitesten Sinne als Zeitbetrachtung
ansehen möchte. Wir haben ja betonen
müssen, daß dieser Bau als
Repräsentant unserer
anthroposophischen Geisteswissenschaft
zugleich eine Zeiterscheinung sein
soll, gewissermaßen in seinen Formen,
in seiner ganzen Gestaltung ausdrücken
soll dasjenige, was sich hineinstellen
will und hineinstellen muß in unsere
Zeitentwickelung von der Gegenwart an
in die nächste Zukunft hinein. Wenn
wir in der Gegenwart sprechen von den
großen Aufgaben der Zeit und
insbesondere hinweisen müssen darauf,
daß eine gewisse Geneigtheit,
Geistiges entgegenzunehmen, bei einem
größeren Teile der Menschheit
auftreten müsse und daß dies eine
besondere Forderung der Zeit sei, so
ist zunächst eine solche Angabe
unmittelbar hervorgehend aus alledem,
was Initiationswissenschaft und
Initiationsweisheit gegenwärtig aus
der geistigen Welt heraus gewinnen
kann. Allein man hat nicht nötig,
unmittelbar gleich an die
Aufforderungen der geistigen Welt
selbst heranzutreten, wenn man sich
überzeugen will von der Notwendigkeit
eines geistigen Einschlages in unsere
Zeit herein. Ich habe in einem der
letzten Vorträge hier davon
gesprochen, daß wir ja vor einer
starken Umgestaltung der Welt stehen
auch in ihren äußeren Erscheinungen.
Es kann heute schon für jeden mehr
oder weniger ersichtlich sein, daß
durch die Zeitereignisse die äußere
Weltherrschaft zufällt der
englischsprechenden Bevölkerung. Wir
wollen nicht über dieses Zufallen der
Weltherrschaft sprechen, aber wir
wollen sprechen und haben auch schon
davon gesprochen, daß damit verknüpft
ist ein gründliches
Verantwortlichkeitsgefühl, ein
Verantwortlichkeitsgefühl, das sich
ganz klar darüber ist: Da, wo die
Möglichkeit vorhanden ist, eine
gewisse Herrschaft über die Welt
auszuüben, da muß Platz greifen der
Antrieb, zu durchdringen dasjenige,
was man tun kann, mit dem gegenwärtig
von der Menschheitsentwickelung
geforderten spirituellen Impuls. Denn
nicht durchdringen dasjenige, was man
tun kann, oder es nicht durchdringen
wollen heißt die
Menschheitsentwickelung ihrem
Niedergange entgegenführen.
|
En ce moment, il n'est vraiment pas
sans signification de démarrer des
considérations rétrospectives, et
parmi l'abondance de ce qui pourrait
être déroulé ici devant vous à partir
de telles considérations
rétrospectives, j'aimerais en placer
une. Une étrange conjonction de
phénomènes a fait qu'en 1870, un homme
subtil a tenu une conférence dans une
ville allemande, juste au moment de la
bataille de Sedan - ce que l'on ne
savait pas encore dans la ville -, où
cet homme, que j'appelle un homme
subtil, a tenu sa conférence et a déjà
pu faire allusion à certains succès
que l'Allemagne avait à cette époque.
Mais cette référence à ces succès
s'accompagnait en même temps chez cet
homme de l'exigence qu'un
approfondissement spirituel devait
prendre place chez ceux qui ont le
succès. Et peu de temps après, après
avoir obtenu de plus grands succès, ce
même homme écrivit un essai sur les
nécessités de l'évolution du temps.
Dans cet essai, qui est donc
maintenant presque cinquante ans
derrière nous, il y a des choses
étranges, des choses qui témoignent
d'une double chose. Premièrement, il y
est dit expressément qu'il y a une
nécessité urgente d'éviter deux
unilatéralités. L'une consiste à ne se
tourner que vers le spirituel
abstrait, l'autre à ne se tourner que
vers la contemplation et l'adoration
du matériel. Et ce que l'homme en
question exigeait alors de ses
contemporains et de leurs descendants,
c'était ce qu'il appelait un "réalisme
idéal".
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02
|
Es ist jetzt gerade in dieser Zeit
wirklich nicht ohne Bedeutung,
rückblickende Betrachtungen
anzustellen, und aus der Fülle
desjenigen, was aus solchen
rückblickenden Betrachtungen hier vor
Ihnen aufgerollt werden könnte, möchte
ich eines vor Sie hinstellen. Ein
merkwürdiger Zusammenklang der
Erscheinungen brachte es mit sich, daß
ein feinsinniger Mann 1870 in einer
deutschen Stadt einen Vortrag hielt,
gerade als die Schlacht bei Sedan
geschlagen worden ist — was man aber
noch nicht in der Stadt wußte —, wo
dieser Mann, den ich einen
feinsinnigen Mann nenne, seinen
Vortrag hielt und darin schon
hinweisen konnte auf gewisse Erfolge,
welche Deutschland dazumal hatte.
Dieser Hinweis auf diese Erfolge war
aber zu gleicher Zeit bei diesem Manne
begleitet von der Anforderung, daß
Platz greifen müsse bei denjenigen,
die den Erfolg haben, eine geistige
Vertiefung. Und bald darauf, nachdem
vollere Erfolge da waren, schrieb
derselbe Mann einen Aufsatz über die
Notwendigkeiten der Zeitentwickelung.
In diesem Aufsatze, der also jetzt
fast fünfzig Jahre hinter uns liegt,
stehen merkwürdige Dinge, Dinge, die
von einem Zweifachen zeugen. Erstens
wird darin ausdrücklich gesagt, daß
die dringende Notwendigkeit vorliege,
zwei Einseitigkeiten zu vermeiden. Die
eine Einseitigkeit bestehe darin, daß
man sich nur nach dem abstrakt
Geistigen wende, die andere darin, daß
man sich nur nach der Betrachtung und
Anbetung des Materiellen wende. Und
was der betreffende Mann dazumal von
seinen Zeitgenossen und deren
Nachfahren weiter forderte, war etwas,
was er «Ideal-Realismus» nannte.
|
On voit donc qu'une telle exigence a
été formulée à l'époque, et qu'il y
avait une certaine aspiration à un
renouvellement de la vie spirituelle.
Mais si l'on suit tout ce qui a été
avancé à l'époque à partir de cette
aspiration à un renouvellement de la
vie spirituelle, on voit l'impuissance
totale à trouver quoi que ce soit qui
puisse représenter une liaison entre
l'aspiration spirituelle et
l'aspiration matérielle, qui puisse se
présenter comme une réalité pour le
concept de réalisme idéal. Ainsi, une
exigence importante, qui était
pourtant formulée à partir d'une
simple aspiration pressentie, surgit
d'une profonde impuissance, de
l'impossibilité de trouver un contenu
réel. C'était un sentiment indéfini,
rien de plus. Mais l'expression de ce
sentiment était liée à autre chose.
L'homme en question, en accord avec de
nombreux autres qui ressentaient à
l'époque une certaine nostalgie d'un
renouveau de la vie spirituelle,
attirait l'attention sur le fait que,
si un nouvel esprit n'arrivait pas,
les grandes masses d'Europe se
précipiteraient et détruiraient tout
ce que l'humanité avait acquis jusqu'à
présent en matière de culture. - À
l'époque, un homme qui a beaucoup
parlé ici en Suisse, Johannes Scherr -
je vous prie de tenir compte du fait
que ce qui a été dit là l'a été il y a
cinquante ans ! -, a souligné le grand
danger qu'il y eût à ce que les larges
masses de l'humanité prennent
conscience d'elles-mêmes, dans un
certain sens, mais à une époque où les
porteurs de l'éducation se sont
détournés d'une vision spirituelle du
monde et se sont tournés vers des
concepts et des idées matérialistes.
On parlait alors de ces choses en
termes sévères et sérieux.
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03
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Man sieht daraus, daß eine solche
Forderung dazumal aufgestellt worden
ist, wie eine gewisse Sehnsucht
vorhanden war nach einer Erneuerung
des geistigen Lebens. Aber wenn man
alles dasjenige verfolgt, was dazumal
vorgebracht worden ist aus dieser
Sehnsucht nach einer Erneuerung des
geistigen Lebens heraus, dann sieht
man die volle Ohnmacht, irgend etwas
zu finden, was eine Verbindung des
geistigen Strebens mit dem
materiellen Streben darstellen konnte,
was sich als eine Wirklichkeit für den
Begriff des Ideal-Realismus ergeben
konnte. Also eine wichtige Forderung,
die aber aus einer bloß geahnten
Sehnsucht heraus gesprochen war, trat
auf aus einer tiefen Ohnmacht heraus,
aus der Unmöglichkeit, einen realen
Inhalt zu finden. Es war ein
unbestimmtes Gefühl, weiter nichts.
Aber verbunden war die Darlegung
dieses Gefühles mit etwas anderem. Der
betreffende Mann machte, und zwar im
Einklange mit manchen andern, die
dazumal etwas empfanden von einer
Sehnsucht nach einer Erneuerung des
geistigen Lebens, darauf aufmerksam,
daß, wenn nicht ein neuer Geist käme,
die breiten Massen Europas anstürmen
und alles, was an Kultur bisher der
Menschheit sich ergeben habe,
zerstören würden. — Es hat damals auch
ein Mann, der hier in der Schweiz viel
gesprochen hat, Johannes Scherr — ich
bitte Sie, zu berücksichtigen, daß
das, was da gesprochen worden ist, vor
fünfzig Jahren gesprochen worden ist !
—, auf die große Gefahr hingewiesen,
die darin bestehe, daß ihrer selbst
bewußt werden in einem gewissen Sinne
die breiten Massen der Menschheit,
aber dies in einer Zeit, in der sich
die Träger der Bildung von einer
geistigen Weltanschauung abgewandt
und sich materialistischen Begriffen
und Ideen zugewendet haben. In
scharfen, in ernsten Worten wurde
dazumal von solchen Dingen gesprochen.
|
Que vint comme temps ? Vint le temps
où la vague matérialiste alla sur
toute l'Europe, le temps où l'on
s'entendait bien à se voiler la face
sur les grands dangers qu'il y avait à
ne rien vouloir savoir d'un impact
spirituel. De temps en temps
seulement, l'un ou l'autre s'élevait
pour attirer l'attention sur le fait
que, malgré la persistance consciente
dans la vie quotidienne confortable,
la nostalgie de la vie spirituelle
était plus présente dans les sous-sols
subconscients des âmes humaines qu'à
n'importe quel temps de l'évolution
historique mondiale.
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04
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Was kam für eine Zeit ? Es kam die
Zeit, in der über ganz Europa die
materialistische Welle hinwegging, die
Zeit, in der man sich darin gut
befand, sich hinwegzutäuschen über die
großen Gefahren, die darin liegen,
nichts wissen zu wollen von einem
geistigen Einschlag. Nur ab und zu
erhob sich der eine und der andere,
der darauf aufmerksam machte, daß
trotz des bewußten Verharrens im
bequemen Alltagsleben in den
unterbewußten Untergründen der
Menschenseelen doch die Sehnsucht nach
dem geistigen Leben mehr da sei als zu
irgendeiner Zeit der
weltgeschichtlichen Entwickelung.
|
Mais de telles voix ont toutes été
considérées comme des voix
feuilletonistes. De telles voix n'ont
pas été appréciées dans toute leur
gravité. Et au fond, nous vivons
encore aujourd'hui en ce temps. Au
fond, la vague de malheur la plus
épouvantable des cinq dernières années
a traversé la plupart des âmes
européennes, tout au plus de telle
sorte qu'elles réfléchissent et
ressentent les conséquences
extérieures, mais ne veulent pas
entrer en matière sur ce qui doit être
abordé, si l'on devait encore parler
d'une évolution future de l'humanité
dans un sens favorable quelconque.
|
05
|
Doch solche Stimmen wurden alle als
feuilletonistische Stimmen genommen.
Solche Stimmen wurden nicht in ihrem
ganzen Ernste gewürdigt. Und im
Grunde genommen leben wir heute noch
immer in dieser Zeit. Im Grunde
genommen ist auch die Welle
entsetzlichsten Unglückes der letzten
fünf Jahre durch die meisten
europäischen Seelen höchstens so
durchgegangen, daß sie über die
äußeren Folgen nachdenken und sie
nachempfinden, nicht aber auf das
eingehen wollen, auf das eingegangen
werden muß, wenn überhaupt noch von
einer Weiterentwickelung der
Menschheit in der Zukunft in
irgendeinem günstigen Sinne die Rede
sein soll.
|
Ce que nous avons devant nous
aujourd'hui en Europe s'est préparé
pendant des décennies. Mais les âmes
des humains ne se sont pas préparées.
Les âmes des humains sont aujourd'hui,
dans leur majorité, aussi insensibles
que possible pour l'impact d'une vague
spirituelle en provenance du monde
spirituel, qui bat aux portes de la
vie, qui veut entrer et que l'on ne
veut pas accueillir dans les âmes et
dans les cœurs des humains. Ce qui est
nécessaire, c'est que les humains se
tournent vers une contemplation
spirituelle du monde, avant tout vers
une véritable connaissance de l'humain
lui-même. L'être humain ne peut pas
être connu sans reconnaître le monde
spirituel, car l'humain vit avec deux
tiers de son être dans le monde
spirituel, et seulement avec un tiers
dans le monde physique et matériel. Et
sans que soit recherchée une
connaissance de la vie spirituelle,
l'humain reste sans connaissance de
son propre être. Dans un sens beaucoup
plus large qu'il n'est pressenti par
la plupart des gens aujourd'hui, doit
être demandé : De quelle essence est
donc réellement le domaine de la vie
de l'âme humaine que nous englobons
avec le mot penser ? Quelle est
l'essence du domaine de la vie de
l’âme
humaine que nous englobons par le mot
vouloir ou agir/traiter ? - Entre les
deux repose l'âme tranquille/la Gemüt,
la vie affective/de sentiment. La
connaissance de la vie des sentiments
ou de l'âme tranquille se donnerait
déjà, si l'on voulait seulement
tourner son attention vers la vie de
la pensée et vers la vie en actes,
vers la vie de la volonté.
|
06
|
Was wir heute in Europa vor uns
haben, hat sich durch Jahrzehnte
vorbereitet. Aber die Seelen der
Menschen haben sich nicht vorbereitet.
Die Seelen der Menschen sind in ihrer
Mehrzahl heute so unempfänglich wie
möglich für das Hereinschlagen einer
spirituellen Welle aus der geistigen
Welt, die an die Tore des Lebens
schlägt, die herein will und die man
nicht aufnehmen will in die Seelen und
in die Herzen der Menschen. Was
notwendig ist, das ist, daß die
Menschen sich hinwenden zu einer
geistigen Weltbetrachtung, vor allen
Dingen zu einer wirklichen Erkenntnis
des Menschen selber. Das Menschenwesen
kann nicht erkannt werden, ohne daß
man die geistige Welt erkennt, denn
der Mensch lebt mit zwei Dritteln
seines Wesens in der
geistig-seelischen Welt, nur mit einem
Drittel in der physisch-materiellen
Welt. Und ohne daß gesucht wird eine
Erkenntnis des geistigen Lebens,
bleibt der Mensch ohne Erkenntnis
seines eigenen Wesens. In einem viel
umfänglicheren Sinne, als heute von
den meisten auch nur geahnt wird, muß
gefragt werden: Welchen Wesens ist
denn eigentlich dasjenige Gebiet des
menschlichen Seelenlebens, das wir
umfassen mit dem Worte Denken ? Was
für einer Wesenheit ist dasjenige
Gebiet des menschlichen Seelenwesens,
das wir umfassen mit dem Worte Wollen
oder Handeln ? — Zwischen beiden liegt
das Gemüt, das Gefühlsleben.
Erkenntnis des Gefühls- oder
Gemütslebens würde sich schon
ergeben, wenn man nur die
Aufmerksamkeit wenden wollte auf das
Gedankenleben und auf das Leben in
Handlungen, auf das Willensleben.
|
Suivez-moi un coût temps dans une
considération tout de suite de ce
qu'est notre penser. L'humain est donc
conscient à soi qu'il accompagne
intérieurement la vie qui
l'impressionne ici ou là par sa
pensée. Cette pensée - on vit en elle.
Mais on devrait aussi être conscient
que la plus grande partie de la vie
est remplie par le fait que cette
pensée est imprégnée de tout le
possible de la sorte des rêves. La
plupart des humains ne sont pas
conscients de comment ce qui est un
élément involontaire joue dans leur
pensée. Tout élément involontaire dans
la pensée est au fond de nature
onirique. Essayez seulement une fois,
dans une connaissance superficielle de
vous-même, de vous rendre clair à quel
point vous dirigez vos pensées depuis
le centre de votre volonté dans la vie
quotidienne. Essayez de vous rendre
compte jusqu'à quel point vous vous
efforcez de diriger vos pensées
intérieurement, de façonner vous-même
vos pensées. Essayez de vous rendre
compte dans quelle haute mesure c'est
le cas que l'âme laisse venir les
pensées, les laisses déferler. Elles
s'épanouissent, les pensées, l'une se
tisse avec l'autre, et l'être humain
s'abandonne agréablement à ce jeu
involontaire de la pensée. Il n'y a
aucune grande différence entre ce jeu
de pensées quotidien et celui des
rêves qui surgissent du sommeil.
|
07
|
Folgen Sie mir einmal für kurze Zeit
in eine Betrachtung gerade
desjenigen, was unser Denken ist. Der
Mensch ist sich ja bewußt, daß er das
Leben, das auf ihn von da- oder
dorther Eindruck macht, mit seinem
Denken innerlich begleitet. Dieses
Denken — man lebt in ihm. Aber man
sollte sich doch auch bewußt werden,
daß der größte Teil des Lebens damit
ausgefüllt ist, daß dieses Denken
durchsetzt ist von allem möglichen
Traumartigen. Die meisten Menschen
werden sich dessen nicht bewußt, wie
in ihr Denken dasjenige hereinspielt,
was ein unwillkürliches Element ist.
Alles unwillkürliche Element im Denken
ist im Grunde genommen traumhafter
Natur. Versuchen Sie nur einmal, in
einer oberflächlichen Selbsterkenntnis
sich klarzumachen, wie weit Sie Ihre
Gedanken aus dem Zentrum Ihres Willens
heraus im Alltagsleben dirigieren.
Versuchen Sie, sich klarzumachen, wie
weit Sie das Bestreben haben, die
Gedanken innerlich zu lenken, die
Gedanken selbst zu gestalten.
Versuchen Sie, sich klarzumachen, in
wie hohem Maße es der Fall ist, daß
die Seele die Gedanken kommen läßt,
sie hereinbrechen läßt. Sie leben sich
aus, die Gedanken, einer spinnt sich
mit dem andern zusammen, und der
Mensch gibt sich diesem
unwillkürlichen Gedankenspiel
wohlbehaglich hin. Es ist kein großer
Unterschied zwischen diesem
alltäglichen Gedankenspiel und
zwischen dem aus dem Schlafe heraus
aufdämmernden Träumen.
|
Cet aspect onirique s'immisce dans
la pensée humaine par d'autres côtés
encore. On participe aujourd'hui à la
vie extérieure. Comment participe-t-on
à cette vie extérieure ? On s'informe
sur ce qui se passe dans le monde ; on
s'informe de telle sorte que l'on se
laisse en quelque sorte porter dans
son vécu par ce qui arrive dans la vie
sous telle ou telle poussée. On
s'adonne à une quelconque agitation
populaire. Il suffit d'examiner
combien, dans cet abandon à une
agitation populaire, provient de la
volonté propre et combien est
simplement dû au fait que l'on est
emporté par ce qui déferle des vagues
de la vie ! Et je pourrais vous citer
beaucoup, beaucoup de choses qui font
irruption dans la pensée, qui dominent
la pensée, sans que la volonté de
l'humain lui-même n'agisse directement
sur cette pensée.
|
08
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Noch von andern Seiten her mischt
sich dieses Traumartige in das
menschliche Denken ein. Man nimmt
heute teil an dem äußeren Leben. Wie
nimmt man teil an diesem äußeren Leben
? Man informiert sich über das, was in
der Welt vorgeht; man informiert sich
so, daß man sich gewissermaßen in sein
Erleben hineintragen läßt, was durch
diesen oder jenen Anstoß in das Leben
hereinkommt. Man gibt sich irgendeiner
populären Agitation hin. Man
untersuche nur einmal, wieviel in
diesem Hingeben an eine populäre
Agitation dem eigenen Willen
entsprießt und wieviel einfach darauf
zurückzuführen ist, daß man
mitgenommen wird von dem, was da
anstürmt aus den Wogen des Lebens !
Und vieles, vieles könnte ich Ihnen
anführen von dem, was in das Denken
hereinstürmt, das Denken beherrscht,
ohne daß der Wille des Menschen
selbst in dieses Denken unmittelbar
hineinwirkt.
|
C'était précisément la tâche
historique de la rédaction de mon
livre "La philosophie de la liberté"
que d'indiquer comment la liberté de
l'humain n'est possible que si cette
pensée involontaire et rêveuse n'est
pas là, mais que des impulsions issues
de la volonté pleinement consciente
s'affirment/se font valoir. Cette
pensée - de quelle nature est elle
donc ? Quand est-elle une vraie pensée
? - Lorsqu'elle provient réellement de
la volonté pleinement consciente,
lorsque nous saisissons la pensée de
telle sorte que c'est nous-mêmes qui
saisissons la pensée. Dès l'instant où
la pensée nous saisit, nous ne sommes
plus libres. Nous ne sommes libres que
lorsque nous pouvons saisir la pensée
à partir de notre force, de notre
essence. Mais alors, la pensée ne peut
être rien d'autre qu'une image. Si la
pensée était autre chose qu'une image,
si elle était une réalité, alors elle
ne pourrait pas nous laisser libres.
Tout ce qui est une réalité nous
enfile dans le courant du réel. Seul
ce qui est image nous laisse libres.
Pensez vous comment tout ce que vous
voyez dans une pièce œuvre au fond
réel sur vous. Vous êtes uniquement et
seulement libre vis-à-vis des images
qui vous font face à partir du miroir.
Elles ne peuvent rien vous faire par
elles-mêmes, à ces images vous ne
pouvez pas vous heurter. Si ces images
devaient vous inciter n'importe
comment à faire quelque chose, ainsi
c'est vous qui devez être, qui
entreprenez. Si une mouche se pose sur
votre nez - c'est un animal
insignifiant -, vous n'êtes pas libre,
vous effectuez un mouvement réflexe.
Et il en va de même pour tout ce qui
est là. Vous n'êtes libre qu'à l'égard
de ce que vous pouvez ressentir comme
une image, qui n'est pas une réalité,
qui est une image. Pourquoi les
contenus de notre pensée sont-ils des
images ? Eh bien, il nous suffit de
nous souvenir de certaines choses que
nous pouvons lire dans ma "Science
secrète dans ses grandes lignes",
comment l'humain était lié à une
incarnation précédente de notre
planète Terre, à l'évolution lunaire.
Si vous lisez tout ce qui y est dit
sur l'évolution lunaire, vous vous
direz : pendant cette évolution
lunaire, l'humain était en lien avec
des entités et des forces naturelles
tout à fait différentes de celles
qu'il a connues dans son existence
terrestre. Il a vécu/traversé cette
existence lunaire. La répercussion de
cela est en lui. Il a évolué de cet
être-là lunaire à l'être-là terrestre.
Et si vous lisez plus attentivement ce
que j'ai expliqué là, vous vous direz
que pendant l'existence lunaire,
l'humain ne pensait pas encore dans le
sens où il pense en tant qu'humain
terrestre. Il a jadis vécu dans des
imaginations inconscientes, et ces
imaginations inconscientes n'étaient
pas dans son arbitraire, aussi peu
qu'aujourd'hui les images des rêves ne
sont en son arbitraire. - C'est dans
l'arbitraire que sont en premier les
pensées vers lesquelles nous, en tant
qu'êtres humains, nous nous
développons en fait d'abord de proche
en proche maintenant, dans la
cinquième période post-atlantique. Ce
que nous avons aujourd'hui comme
pensée est une évolution de ce que
nous avions comme
expérience/vécu-image de l'âme pendant
notre être-là lunaire.
|
09
|
Das war gerade die geschichtliche
Aufgabe bei Abfassung meines Buches
«Die Philosophie der Freiheit», darauf
hinzuweisen, wie Freiheit des Menschen
überhaupt nur möglich ist, wenn dieses
unwillkürliche, träumerische Denken
nicht da ist, sondern Impulse aus dem
vollbewußten Willen heraus sich
geltend machen. Dieses Denken —
welcher Natur ist es denn ? Wann ist
es wirkliches Denken ? — Wenn es
wirklich aus dem vollbewußten Willen
kommt, wenn wir den Gedanken so
fassen, daß wir selbst es sind, die
den Gedanken fassen. In dem
Augenblicke, wo der Gedanke uns faßt,
sind wir nicht mehr frei. Nur wenn wir
aus unserer Kraft, aus unserem Wesen
heraus den Gedanken fassen können,
sind wir frei. Dann kann aber der
Gedanke nichts anderes sein als ein
Bild. Wäre der Gedanke etwas anderes
als ein Bild, wäre er eine Realität,
dann könnte er uns nicht frei lassen.
Alles, was eine Realität ist, spinnt
uns in den Strom des Realen ein. Nur
das, was Bild ist, läßt uns frei.
Denken Sie sich, wie alles, was Sie in
einem Zimmer sehen, im Grunde genommen
real auf Sie wirkt. Einzig und allein
ganz frei sind Sie nur den Bildern
gegenüber, die Ihnen aus dem Spiegel
heraus entgegensehen. Die können Ihnen
von sich aus nichts tun, an diesen
Bildern können Sie sich nicht stoßen.
Wenn diese Bilder Sie irgendwie zu
etwas veranlassen sollen, so müssen
Sie es sein, der etwas unternimmt.
Wenn sich eine Fliege auf Ihre Nase
setzt — sie ist ja ein unbedeutendes
Tier —, so sind Sie nicht frei, Sie
führen eine Reflexbewegung aus. Und so
ist es mit allem, was da ist. Frei
sind Sie nur demgegenüber, was Sie als
Bild empfinden können, das keine
Realität ist, das ein Bild ist. Warum
sind die Inhalte unseres Denkens
Bilder ? Nun, wir brauchen nur uns zu
erinnern an mancherlei, was wir lesen
können in meiner «Geheimwissenschaft
im Umriß», wie der Mensch verbunden
war mit einer vorhergehenden
Verkörperung unseres Erdenplaneten,
mit der Mondenentwickelung. Lesen Sie
alles durch, was dort über die
Mondenentwickelung auseinandergesetzt
ist, so werden Sie sich sagen: Der
Mensch war während dieser
Mondenentwickelung mit ganz andern
Wesenheiten und auch mit ganz andern
Naturkräften in Verbindung, als er im
Erden‑ dasein ist. Dieses Mondendasein
hat er durchgemacht. Die Nachwirkung
davon ist in ihm. Er hat sich aus
diesem Mondendasein zum Erdendasein
fortentwickelt. Und wenn Sie genauer
lesen, was ich dort auseinandergesetzt
habe, so werden Sie sich sagen:
Gedacht hat der Mensch während des
Mondendaseins noch nicht in dem Sinne,
wie er als Erdenmensch denkt. Er hat
damals in unbewußten Imaginationen
gelebt, und diese unbewußten
Imaginationen waren nicht in seiner
Willkür, so wenig als heute die
Traumbilder in seiner Willkür sind. —
In der Willkür sind erst die Gedanken,
zu denen wir uns als Menschen
eigentlich erst nach und nach jetzt im
fünften nachatlantischen Zeitraum
entwickeln. Was wir heute als Denken
haben, ist eine Fortentwickelung
desjenigen, was wir als Bild-Erleben
der Seele während unseres
Mondendaseins hatten.
|
Si vous saisissez cela très ordonné,
alors vous envisagez aussi que tout ce
qui se glisse/ramifie dans la pensée,
comme j'ai justement caractérisé
l'aspect onirique de la pensée dans la
vie quotidienne, un vestige de ce que
l'humain avait comme vie de l'âme
pendant l'être-là lunaire. Si l'humain
s'abandonne aujourd'hui à ses pensées
jaillissantes/poussant vite, il
déconnecte sa volonté de ses pensées,
s'il laisse jouer dans sa pensée ce
qui est de nature onirique, ainsi les
états de l'être-là lunaire jouent
n'importe comment dans sa pensée.
|
10
|
Wenn Sie das ganz ordentlich fassen,
dann werden Sie aber auch einsehen,
daß alles, was sich in das Denken so
hineinstiehlt, wie ich eben das
Traumhafte des Denkens im alltäglichen
Leben charakterisiert habe, ein
Überbleibsel ist desjenigen, was der
Mensch als Seelenleben hatte während
des Mondendaseins. Überläßt sich heute
der Mensch seinen aufschießenden
Gedanken, schaltet er seinen Willen
aus aus seinen Gedanken, läßt er
hereinspielen in sein Denken, was
traumartiger Natur ist, so spielen die
Zustände des Mondendaseins irgendwie
in sein Denken hinein.
|
Vous verrez donc que cette intrusion
de l'existence lunaire dans notre
pensée quotidienne a une large, une
très, très large portée. Partout, on
peut sentir comment se mêle dans le
penser, dans le representer, l'élément
involontaire du pur
ascensionnel/montant et poussant.
C'est un vestige de l'existence
lunaire. Vous avez donc là deux
puissances qui s'opposent dans l'être
humain lui-même. L'une sorte/façon de
ces choses nous tire à laisser dominer
notre pensée par notre volonté, à
devenir libres dans notre élément de
pensée. L'autre puissance veut sans
cesse mêler à cette pensée libre ce
qui est un vestige de l'ancienne
culture lunaire : un élément
luciférien. L'élément luciférien se
mélange continuellement dans notre
pensée quotidienne. Nous ne pouvons
pas le rejeter. Nous devrions rejeter
tout ce que nous ne pouvons pas encore
atteindre par la pensée libre
consciente, mais nous devons aspirer à
la connaissance. Nous devons nous être
clairs sur ce qu'il en est ainsi. Ce
n'est qu'une phrase lorsque quelqu'un
dit qu'il voudrait échapper à Lucifer.
C'est un non-sens, car le luciférien
joue continuellement dans l'existence
quotidienne. Mais aujourd'hui, si l'on
veut vraiment se placer dans les
exigences de l'évolution humaine
actuelle, il faut avoir la bonne
volonté de savoir en soi que ces deux
puissances, les puissances terrestres
proprement dites et les puissances
lucifériennes, jouent l'une dans
l'autre dans l'existence de notre âme.
Ce n'est qu'ainsi que l'on obtient une
connaissance réelle de ce qui se
trouve dans l'âme humaine.
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11
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Sie werden daraus ersehen, daß
dieses Hereinspielen des
Mondendaseins in unser alltägliches
Denken einen weiten, einen sehr, sehr
weiten Umfang hat. Überall kann man
verspüren, wie sich in das Denken, in
das Vorstellen hereinmischt das
unwillkürliche Element des rein
Aufsteigenden und Aufschießenden. Das
ist ein Überbleibsel des
Mondendaseins. Da haben Sie also zwei
im Menschenwesen selbst einander
entgegenwirkende Mächte. Die eine Art
dieser Dinge zieht uns dahin, von
unserem Willen unser Denken
beherrschen zu lassen, frei zu werden
in unserem Gedankenelement. Die andere
Macht will immerfort in dieses freie
Denken dasjenige hineinmischen, was
Überbleibsel der alten Mondenkultur
ist: ein luziferisches Element.
Luziferisches Element mischt sich
fortwährend in unser alltägliches
Denken hinein. Wir können es nicht
abweisen. Wir würden alles dasjenige
abweisen müssen, was wir noch nicht
mit dem bewußten freien Denken
erreichen können, aber wir müssen
Erkenntnis anstreben. Wir müssen uns
darüber klar sein in unserem
Bewußtsein, daß es so ist. Es ist
lediglich eine Phrase, wenn jemand
sagt, er wolle dem Luzifer entfliehen.
Das ist ja Unsinn, denn das
Luziferische spielt fortwährend in das
alltägliche Dasein herein. Aber man
muß heute, wenn man wirklich sich
hineinstellen will in die
Anforderungen der
Menschheitsentwickelung der Gegenwart,
den guten Willen haben, in sich zu
wissen, daß diese beiden Mächte, die
eigentlichen Erdenmächte und die
luziferischen Mächte, in unserem
Seelendasein ineinanderspielen. Nur
dadurch erlangt man eine reale
Erkenntnis desjenigen, was in der
Menschenseele drinnen ist.
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Avec cela je vous ai, j'aimerais
dire, caractérisé sommairement un pôle
de l'entité de l'âme humaine. Prenez
l'autre pôle, qui repose davantage du
côté de la volonté. La volonté joue
donc aussi un rôle dans la pensée ;
mais nous avons maintenant regardé la
pensée imprégnée de volonté. Nous
voulons maintenant considérer le
vouloir imprégné de pensée. Comment le
vouloir, qui se transforme en action,
intervient-il dans la vie quotidienne
ordinaire de l'humain ? - Nous pouvons
nous rendre cela clair
<<<<< si nous
considérons le rapport entre notre
action réelle quotidienne et
l'ensemble de l'être cosmique. Pensez
seulement une fois : si vous faites un
seul pas, si vous vous déplacez de ce
lieu ici vers ce lieu [en avant], vous
provoquez, même si ce n'est que dans
une très faible mesure, un autre état
d'équilibre de l'ensemble de l'être
terrestre. Lorsque vous vous déplacez
ici [pas en arrière], vous vous
déplacez à un autre endroit que
lorsque vous vous déplacez ici [pas en
avant]. Vous influencez l'équilibre de
la Terre d'une manière différente
lorsque vous marchez ici [vers
l'arrière] que lorsque vous marchez
ici [vers l'avant]. Mais si vous
considérez une fois correctement que
vous influencez continuellement
l'équilibre de la Terre par vos
mouvements, vous viendrez encore une
autre façon d'influencer. Pensez que
vous une fois, vous prenez n'importe
quoi qui vient purement de la nature.
Par exemple, s'il y a une branche
d'arbre sur un tronc d'arbre, cette
branche, telle qu'elle se trouve sur
ce tronc d'arbre, a un rapport logique
avec la Terre entière. Elle a un
certain rapport d'équilibre avec la
Terre entière. La Terre entière forme
avec elle un tout. À l'instant où vous
cassez la branche d'arbre à droite en
haut et que vous la posez peut-être à
côté, vous avez modifié, même si ce
n'est que dans une faible mesure, tout
le rapport d'équilibre de la Terre.
L'arbre pèse moins, et à un autre
endroit, la branche cassée pèse. Vous
modifiez l'équilibre dans une autre
mesure si vous posez la branche ici ou
si vous la posez là.
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12
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Damit habe ich Ihnen, ich möchte
sagen, einen Pol menschlicher
Seelenwesenheit skizzenhaft
charakterisiert. Nehmen Sie den andern
Pol, der mehr nach der Willensseite
hin liegt. In das Denken spielt ja
auch der Wille hinein; aber wir haben
jetzt das vom Willen durchdrungene
Denken betrachtet. Jetzt wollen wir
das vom Denken durchdrungene Wollen
betrachten. Wie spielt das Wollen, das
ins Handeln übergeht, in das
gewöhnliche alltägliche Leben des
Menschen hinein ? — Das können wir uns
klarmachen, wenn wir den Zusammenhang
unseres alltäglichen realen Handelns
mit dem ganzen kosmischen Sein ins
Auge fassen. Denken Sie doch nur
einmal: Wenn Sie einen einzigen
Schritt machen, wenn Sie von diesem
Orte hier fortschreiten zu diesem Orte
[nach vorne], so rufen Sie, wenn auch
nur in sehr geringem Maße, einen
andern Gleichgewichtszustand des
ganzen Erdenwesens hervor. Wenn Sie
hierher treten [Schritt nach
rückwärts], treten Sie an einen andern
Ort, als wenn Sie hierher treten
[Schritt nach vorne]. Sie beeinflussen
das Gleichgewicht der Erde in einer
andern Weise, wenn Sie hierher treten
[nach hinten], als wenn Sie hierher
treten [nach vorne]. Aber wenn Sie das
einmal richtig betrachten, daß Sie
selbst durch Ihre Bewegungen
fortwährend das Gleichgewicht der Erde
beeinflussen, so werden Sie noch auf
eine andere Art des Beeinflussen
kommen. Denken Sie einmal, Sie nehmen
irgend etwas, das rein von der Natur
kommt. Wenn zum Beispiel an einem
Baumstamm ein Baumast ist, so hat
dieser Tafel 6 Baumast, so wie er an
diesem Baumstamm zunächst daran ist,
ein gelinkswisses Verhältnis zu der
ganzen Erde. Er hat ein gewisses
Gleichgewichtsverhältnis zu der
ganzen Erde. Die ganze Erde bildet mit
ihm zusammen ein Ganzes. In dem
Augenblicke, wo Sie den Baumast
abrechts oben brechen und ihn
vielleicht daneben legen, haben Sie
das ganze Gleichgewichtsverhältnis
der Erde, wenn auch nur in geringem
Maße, aber doch verändert. Der Baum
wiegt weniger, und an einer andern
Stelle wiegt der abgebrochene Ast. Sie
verändern das Gleichgewicht in einem
andern Maße, wenn Sie den Ast dahin
legen oder wenn Sie ihn dorthin legen.
|
C'est déjà quelque chose que vous
placez de vous-même dans l'ensemble de
l'être-là terrestre. Mais là, au moins
dans un premier temps, vous ne faites
que mettre en valeur le rapport de
votre humain avec le monde
environnant. Mais vous pouvez faire
encore plus. Vous pouvez par exemple
façonner quelque chose à partir de
cette branche d'arbre. Je veux dire
que vous en faites artificiellement
quelque chose qui est un objet pour un
usage quelconque. Là, vous avez
imaginé la forme en bas, vous avez
découpe par petits coups le reste qui
n'appartient pas à cette forme.
Maintenant, vous exercez une tout
autre influence avec votre objet, non
seulement en le cassant, non seulement
en le posant ailleurs, mais en donnant
une certaine forme à ce que vous avez
pris dans la nature. Pensez à tout ce
que les humains font dans le domaine
technique et artistique dans cette
direction, comment ils façonnent ce
qu'ils arrachent à la nature et
comment ils influencent ainsi le
terrestre !
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13
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Das ist schon etwas, was Sie von
sich aus hineinstellen in das ganze
Erdendasein. Aber da bringen Sie
wenigstens zunächst nur das
Verhältnis Ihres Menschen zu der
umliegenden Welt zur Geltung. Aber Sie
können noch mehr tun. Sie können zum
Beispiel aus diesem Baumast irgend
etwas formen. Ich will sagen, Sie
formen künstlich daraus so etwas, was
ein Gegenstand zu irgendeinem Gebrauch
ist. Da haben Sieh unten die Form
ausgedacht, da haben Sie das andere,
was nicht zu dieser Form gehört,
weggeschnitzelt. Jetzt üben Sie einen
ganz andern Einfluß mit Ihrem
Gegenstand aus, nicht nur durch
Abbrechen, nicht nur durch Weglegen,
sondern dadurch, daß Sie dem, was Sie
der Natur entnommen haben, eine
gewisse Form geben. Denken Sie einmal,
wieviel die Menschen auf technischem,
auf künstlerischem Gebiete nach dieser
Richtung hin tun, wie sie dasjenige,
was sie der Natur entreißen, formen
und wie sie dadurch das Irdische
beeinflussen !
|
Et maintenant je vous demande : si
l'humain fait cela, s'il modifie la
nature, s'il façonne ce qu'il prend à
la nature pour en faire ses machines,
ses œuvres d'art, le fait-il à partir
de sa pensée ? - Considérons-le dans
la mesure où il le fait à partir de sa
pensée : il le fait à partir de la
nature imagée de la pensée. Il est
tout à fait indifférent pour le
terrestre de savoir ce qui se passe,
tout comme les objets de la chambre ne
sont pas particulièrement
impressionnés par les images qui se
forment dans le miroir. Mais l'humain
donne une réalité à ces choses. C'est
l'autre côté, lorsque l'humain, après
s'être développé hors de l'existence
lunaire, s'abandonne/s'adonne à la
pensée : Lorsque l'humain façonne
quelque chose et le place dans le
monde, de même que l'onirisme
intervient dans notre pensée et que
dans l'onirisme se trouve l'ancien
état lunaire, le luciférien, de même,
dans toute notre mécanisation, dans
toute notre transformation, dans tout
notre remodelage des choses du monde,
intervient ce qui n'est pas encore lié
à l'existence terrestre, ce que nous
plaçons de nous-mêmes dans cette
existence terrestre. Qu'est-ce donc
que cela ?
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14
|
Und jetzt frage ich Sie: Wenn der
Mensch das tut, wenn er die Natur
verändert, wenn er das, was er der
Natur wegnimmt, formt zu seinen
Maschinen, zu seinen Kunstwerken, tut
er das aus seinem Denken heraus ? —
Betrachten wir es, insofern er es aus
seinem Denken heraus tut: Er tut es
aus der Bildnatur des Denkens heraus.
Es ist dem Irdischen schlechterdings
gleichgültig, was da geschieht,
geradeso, wie es auf die Gegenstände
des Zimmers keinen sonderlichen
Eindruck macht, was da für Bilder im
Spiegel entstehen. Aber der Mensch
gibt diesen Dingen Realität. Das ist
die andere Seite, wenn sich der
Mensch, nachdem er sich
herausentwickelt hat aus dem
Mondendasein, dem Denken ergibt: Wenn
der Mensch irgend etwas formt und es
hineinstellt in die Welt, so wie das
Traumhafte hineinspielt in unser
Denken und in dem Traumhaften der alte
Mondenzustand, das Luziferische, so
spielt in all unser Mechanisieren, in
all unser die Weltdinge Umgestalten,
Umformen, dasjenige hinein, was mit
dem irdischen Dasein noch gar nicht
zusammenhängt, was wir von uns aus in
dieses irdische Dasein hineinstellen.
Was ist denn das eigentlich ?
|
Ce que nous plaçons dans l'existence
terrestre à partir de notre vie de
l'âme libre ne découle pas de
l'ancienne existence lunaire, c'est
ajouté à l'existence terrestre
actuelle. Cela aura en premier une
pleine signification lorsque quelque
chose d'autre que l'est l'existence
terrestre sera intervenu. De même que
l'enfant qui est porté dans le ventre
de sa mère, ou qui n'est peut-être pas
encore porté, mais qui attend son
incarnation dans le monde spirituel,
est encore un être à venir, de même
tout ce que l'humain forme est en fait
destiné à l'avenir, est encore
embryonnaire dans le présent. Et nous
ne le considérons véritablement que si
nous le considérons dans son
embryonnalité, dans sa signification
future. Si nous formons quelque chose
aujourd'hui dans la vie, si nous ne
prenons pas la nature telle qu'elle
est, mais si nous la modifions à
partir de nos pensées, nous créons
pour l'avenir. Mais si nous
considérons ce que nous créons pour
l'avenir comme appartenant au présent,
si ça se nidifie dans notre vie ainsi
que nous le considérons uniquement en
fonction de son utilité pour le
présent, alors le futur se niche dans
notre action, comme dans la pensée
onirique le passé se niche dans notre
pensée ; alors l'ahrimanien saisit de
notre action.
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15
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Was wir da aus unserem freien
Seelenleben heraus in das irdische
Dasein hineinstellen, das folgt nicht
aus dem alten Mondendasein, das wird
zu dem gegenwärtigen Erdendasein
hinzugetan. Das wird erst eine volle
Bedeutung haben, wenn etwas anderes
eingetreten ist, als das Erdendasein
ist. So wie das Kind, das im Leibe der
Mutter getragen wird, oder vielleicht
noch nicht getragen wird, sondern erst
in der geistigen Welt auf seine
Verleiblichung wartet, noch ein
Zukünftiges ist, so ist all das, was
der Mensch also formt, eigentlich für
die Zukunft bestimmt, ist in der
Gegenwart noch embryonal. Und wir
betrachten es nur wahrheitsgemäß, wenn
wir es in seiner Embryonalität, in
seiner Zukunftsbedeutung betrachten.
Formen wir irgend etwas heute im
Leben, nehmen wir nicht die Natur, wie
sie ist, sondern ändern sie aus
unseren Gedanken heraus, so schaffen
wir für die Zukunft. Schauen wir aber
das, was wir für die Zukunft schaffen,
als in die Gegenwart hereingehörig an,
nistet es sich in unser Leben so ein,
daß wir es bloß nach seiner
Nützlichkeit für die Gegenwart
betrachten, dann nistet sich das
Zukünftige in unser Handeln ein, wie
sich im traumhaften Denken das
Vergangene in unser Denken einnistet;
dann ergreift das Ahrimanische unser
Handeln.
|
Dans la vie humaine, seul l'enfant
qui, en jouant, façonne aussi les
objets, mais les façonne sans but, ne
cherche pas à être utile, est préservé
dans son inconscience de prendre ce
qu'il fait dans la vie pour le présent
et non en préparation de l'avenir. Ce
que nous produisons en machines, ce
que nous produisons en œuvres d'art,
nous devons porter en nous la
conscience que nous les façonnons pour
la prochaine existence, pour
l'existence de Jupiter, que
l'existence terrestre doit d'abord
être rayée et qu'un être-là futur
donnera d'abord un sens à notre
action.
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16
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Im menschlichen Leben wird allein
das Kind, das ja auch, indem es
spielt, die Gegenstände formt, aber
sie zwecklos formt, nicht
Nützlichkeit anstrebt, in seiner
Unbewußtheit davor bewahrt, das, was
es im Leben macht, für die Gegenwart
zu nehmen und nicht in Vorbereitung
für die Zukunft. Was wir an Maschinen
hervorbringen, was wir an Kunstwerken
hervorbringen, von dem allem sollen
wir das Bewußtsein in uns tragen, daß
wir es für das nächste Dasein, für das
Jupiterdasein formen, daß das
Erdendasein erst abgestreift sein muß
und ein künftiges Dasein erst Sinn
geben wird unserem Handeln.
|
C'est la grande erreur des temps
modernes/récents que les humains
placent ce qu'ils produisent de
mécanique et d'art directement dans
leur utilité terrestre actuelle et ne
veulent pas être conscients que nous
devons travailler pour l'existence
terrestre future. L'ahrimanien peut
donc se glisser dans le vouloir, parce
que nous adoptons un point de vue
purement utilitaire dans ce que nous
réalisons mécaniquement,
artistiquement ou sinon dans la vie.
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17
|
Das ist der große Irrtum der neueren
Zeit, daß die Menschen das, was sie an
Mechanischem, an Künstlerischem
hervorbringen, unmittelbar in ihren
gegenwärtigen Erdennutzen stellen und
sich nicht bewußt sein wollen, daß wir
für das künftige Erdendasein zu
arbeiten haben. In das Wollen kann
sich also das Ahrimanische dadurch
hereinschleichen, daß wir den bloßen
Nützlichkeitsstandpunkt anlegen an
das, was wir mechanisch oder
künstlerisch oder sonst im Leben
ausführen.
|
Mais nous devons alors nous poser la
question : ce point de vue utilitaire
a-t-il toujours été là ? -- Ce point
de vue utilitaire n'était pas présent
en tant que tel à l'époque de la
culture grecque, et encore moins dans
les cultures plus anciennes. Il y
avait là, même si c'était par
clairvoyance atavique, une conscience
du fait que l'humain crée au-delà de
l'existence terrestre. Depuis le XVe
siècle en particulier, l'aspiration à
la simple utilité de ce que l'humain
produit est devenue forte. Et
aujourd'hui, des programmes mondiaux
sont déjà élaborés sur la base de
simples considérations d'utilité.
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18
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Da müssen wir uns aber die Frage
vorlegen: War dieser
Nützlichkeitsstandpunkt immer da ? --
Dieser Nützlichkeitsstandpunkt war zum
Beispiel in der älteren Zeit der
griechischen Kultur nicht als solcher
da, noch weniger in den älteren
Kulturen. Da war, wenn auch aus
atavistischem Hellsehen heraus, ein
Bewußtsein davon vorhanden, daß der
Mensch über das irdische Dasein hinaus
schafft. Insbesondere seit dem 15.
Jahrhundert ist das Streben stark
geworden nach der bloßen Nützlichkeit
für dasjenige, was der Mensch
hervorbringt. Und heute werden
bereits Weltprogramme gemacht aus den
bloßen Nützlichkeitsgesichtspunkten
heraus.
|
De même qu'il est impossible d'e
débrancher/déconnecter la pensée
onirique de notre pensée, il est tout
aussi impossible d'éliminer le point
de vue de l'utilité. C'est pourquoi
personne ne devrait prononcer la
parole irréfléchie qu'il veut échapper
à Ahriman. C'est un non-sens. Il ne le
peut pas. Ahriman intervient dans
toutes nos actions, à l'exception de
nos jeux d'enfants, dans lesquels nous
ne recherchons aucun but, aucune
utilité, qui sont faits pour l'action
elle-même. Dans toutes les autres
actions, nous ne pouvons viser qu'une
sorte d'idéal. Mais comment ? Nous
devons être conscients du fait que
deux forces interviennent à nouveau
dans notre existence humaine. Quelles
forces ? L'une est la force qui nous
fait agir pour des raisons d'utilité,
mais l'autre est celle-ci : Si nous
faisons quelque chose dans la vie, si
nous ne nous laissons pas simplement
porter par la vie comme des poupées,
si nous faisons quelque chose dans la
vie sans mener une telle existence de
poupée, alors il se passe toujours
quelque chose en nous : nous devenons
plus habiles, nous devenons plus
sages, nous pouvons ensuite mieux
faire les choses. C'est l'autre force.
La plupart des humains aujourd'hui ne
font même pas attention, surtout
lorsqu'ils ont dépassé l'âge de
dix-huit ans, où ils sont déjà "tout à
fait sages" et "tout à fait
intelligents" pour leur conception
actuelle de la vie, au fait que l'on
peut devenir toute sa vie de plus en
plus habile dans ce que l'on fait.
L'un est le sens de l'utilité, l'autre
est une discipline personnelle
continue, faire attention à ce que
l'on fait de telle sorte que l'on
observe comment on augmente son
existence humaine en faisant telle ou
telle chose, en expérimentant telle ou
telle chose. Ce qui intervient ainsi
dans notre existence humaine a une
tout autre signification que le simple
point de vue extérieur de l'utilité et
de l'instant. Prenons-le dans un cas,
je dirais, plus sublime, prenons les
portraits de Raphaël. Raphaël a
travaillé à ses tableaux, même si sa
vie a été courte. Il est certain qu'un
temps viendra où il ne restera plus
rien de ces tableaux de Raphaël -
peut-être des images rémanentes, mais
qui n'ont rien à voir directement avec
Raphaël. Il viendra certainement un
temps sur terre où il n'y aura plus
rien de ces tableaux de Raphaël, où
aucun humain incarné sur terre ne
pourra regarder les tableaux de
Raphaël. Mais Raphaël sera là, et ce
que Raphaël est devenu en faisant ces
tableaux sera là aussi. En réalisant
ces tableaux, Raphaël a progressé dans
une incarnation correspondante. Il l'a
porté à travers la vie entre la mort
et une nouvelle naissance, il est
apparu dans une nouvelle incarnation
terrestre, il a à nouveau fait quelque
chose, il le porte à travers la vie,
qui reste même si la terre périt dans
le cosmos. Ce que Raphaël est devenu à
travers ses tableaux, c'est ce qui
reste. On peut même définir le point
de vue utilitaire de manière si fine
que l'on ajoute à ce point de vue
utilitaire le fait que les images sont
là. Si vous y réfléchissez, vous ne
trouverez pas beaucoup de différence
entre une utilité grossière et
l'utilité apportée par le fait que des
tableaux de Raphaël sont là. Mais il y
a autre chose, c'est ce que
l'individualité et l'âme de Raphaël
sont devenues du fait qu'il a fait ses
tableaux. Cela est transféré de
l'existence terrestre à l'existence
jupitérienne. C'est ce qui se
développe.
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19
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Ebenso wie es zunächst unmöglich
ist, das traumhafte Denken aus unserem
Denken auszuschalten, ebenso unmöglich
ist es, den Nützlichkeitsstandpunkt
auszuschalten. Deshalb sollte niemand
das gedankenlose Wort sprechen, er
wolle Ahriman entfliehen. Das ist
Unsinn. Er kann es nicht. Es spielt
Ahriman in unser ganzes Handeln
herein, mit Ausnahme unseres
Kinderspieles, bei dem wir keinen
Zweck, keinen Nutzen anstreben, das um
des Handelns selber willen getan wird.
Bei allem andern Handeln können wir
nur eine Art Ideal anstreben. Wie aber
? Wir müssen uns klar darüber sein,
wie hier wiederum zwei Kräfte
hineinspielen in unser menschliches
Dasein. Welche Kräfte ? Die eine Kraft
ist die, die uns handeln läßt aus
Nützlichkeitsgründen, die andere aber
ist diese: Wenn wir irgend etwas im
Leben betreiben, wo wir uns nicht bloß
wie Puppen von dem Leben tragen
lassen, wenn wir irgend etwas treiben
im Leben, ohne ein solches
Puppendasein zu führen, dann geht
immer mit uns selbst etwas vor sich:
Wir werden geschickter, wir werden
weiser, wir können danach die Sachen
besser. Das ist die andere Kraft. Die
meisten Menschen geben heute gar nicht
darauf acht, besonders wenn sie über
das achtzehnte Lebensjahr
hinausgekommen sind, wo sie schon
«ganz weise» und «ganz gescheit» sind
für ihre heutige Lebensauffassung, daß
man sein ganzes Leben immer
geschickter und geschickter werden
kann in dem, was man tut. Das eine ist
Nützlichkeitssinn, das andere ist
eine fortwährende Selbstzucht, auf
das, was man tut, so achtzugeben, daß
man beobachtet, wie man sein
menschliches Dasein dadurch erhöht,
daß man dies oder jenes tut, dies oder
jenes erfährt. Was so in unser
menschliches Dasein hereinspielt, hat
eine ganz andere Bedeutung als der
bloße äußere Nützlichkeits- und
Augenblicksstandpunkt. Nehmen Sie es
einmal in einem, ich möchte sagen,
erhabeneren Fall, nehmen wir die
Bildnisse Raffaels. Raffael hat, wenn
auch ein kurzes Leben hindurch,
gearbeitet an seinen Bildern. Ganz
gewiß wird eine Zeit kommen, in der
von diesen Bildern Raffaels nichts
mehr da sein wird — vielleicht
Nachbilder, die aber mit Raffael
nichts unmittelbar zu tun haben. Ganz
gewiß wird eine Zeit der Erde kommen,
in der von diesen Bildern Raffaels
nichts mehr da sein wird, in der
keines dann verkörperten irdischen
Menschen Blick auf die Bilder
Raffaels fallen kann. Aber Raffael
wird doch da sein, und dasjenige wird
auch da sein, was Raffael dadurch
geworden ist, daß er diese Bilder
gemacht hat. Dadurch, daß Raffael
diese Bilder gemacht hat, ist er in
einer entsprechenden Inkarnation
weitergebracht worden. Das hat er
durch das Leben zwischen dem Tod und
einer neuen Geburt durch-getragen,
erschien in einer neuen
Erdeninkarnation, hat da wiederum
etwas gemacht, das trägt er durch das
Leben, das bleibt, auch wenn die Erde
im Kosmos zugrunde geht. Das, was
Raffael geworden ist durch seine
Bilder, das ist das Bleibende. Man
kann sogar den
Nützlichkeitsstandpunkt so fein
fassen, daß man die Tatsache, daß
Bilder da sind, zu diesem
Nützlichkeitsstandpunkt dazurechnet.
Sie werden, wenn Sie dies nachdenken,
nicht viel Unterschied finden zwischen
grobem Nutzen und jenem Nutzen, der
dadurch gestiftet ist, daß Bilder von
Raffael da sind. Aber etwas anderes
ist es, was Raffaels Individualität
und Seele geworden ist dadurch, daß er
seine Bilder gemacht hat. Das wird von
dem Erdendasein in das Jupiterdasein
hinübergetragen. Das ist dasjenige,
was sich entwickelt.
|
Nous avons là, je dirais, un exemple
sublime de ce que devient l'âme
humaine, que l'on peut distinguer de
l'action extérieure. Il faut se
conduire cette distinction devant
l'âme dans un sens global. On doit
être clair à soi sur ce que la Terre
se fracassera un jour dans le cosmos
et qu'il ne restera rien d'autre que
les âmes humaines. Quand il ne restera
plus que les âmes humaines, la récolte
de l'évolution des âmes humaines sera
ce qui distinguera cette existence
terrestre à sa fin de l'existence
terrestre à son début. De ce point de
vue, commence ce que l'on peut appeler
l'obligation de se faire progresser
soi-même dans l'évolution terrestre.
C'est là que commence l'obligation de
faire quelque chose de soi-même, afin
de pouvoir être quelque chose pour le
cosmos. Et c'est là que commence la
pensée : la terre va se briser, la
terre va se morceler, les âmes
humaines seront là seules !
|
20
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Da haben wir, ich möchte sagen, an
einem erhabeneren Beispiel,
dasjenige, was aus den Menschenseelen
wird, was man unterscheiden kann von
der äußeren Handlung. Diese
Unterscheidung muß man sich in einem
umfänglichen Sinn vor die Seele
führen. Man muß sich klar darüber
sein, daß ja die Erde einmal im Kosmos
zerschellen wird, daß nichts bleiben
wird als die Menschenseelen. Wenn dann
nichts geblieben ist als die
Menschenseelen, wird die Ernte der
Entwickelung der Menschenseelen
dasjenige sein, was dieses Erdendasein
an seinem Ende unterscheidet von dem
Erdendasein an seinem Anfange. Bei
diesem Gesichtspunkt beginnt
dasjenige, was man nennen kann eine
Verpflichtung, sich selber
weiterzubringen in der
Erdenentwickelung. Da beginnt die
Verpflichtung, aus sich etwas zu
machen, damit man dem Kosmos etwas
sein könne. Und da beginnt der
Gedanke: Die Erde wird zerschellen,
die Erde wird zersplittern, die
Menschenseelen werden allein da sein !
|
La force nécessaire pour supporter
cette pensée, je dirais même pour la
saisir dans toute son acuité, cette
force se perdra totalement pour les
humains. Et c'est ainsi que
l'évolution terrestre cessera d'avoir
un sens, si les humains ne
s'accommodent à saisir spirituellement
le mystère du Golgotha. Car au fond,
c'est dans le mystère du Golgotha,
bien compris, que repose le germe de
telles pensées, à saisir à partir
d'une vision spirituelle du monde
juste et actuelle. Pensez seulement à
une expression populaire très précise
que les évangiles attribuent au Christ
Jésus : "Le ciel et la terre
passeront, mais mes paroles ne
passeront pas". Ce qu'il donne aux
âmes humaines restera, sera là, même
lorsque la terre sera fragmentée,
fracassée dans le cosmos.
|
21
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Die Kraft, die nötig ist, um diesen
Gedanken, ich möchte selbst sagen, zu
ertragen, ihn in aller Schärfe zu
fassen, diese Kraft wird den Menschen
ganz verlorengehen. Und damit wird
überhaupt die Erdenentwickelung
aufhören, ihren Sinn zu haben, wenn
die Menschen nicht sich dazu bequemen,
das Mysterium von Golgatha geistig zu
fassen. Denn im Grunde genommen liegt
in dem Mysterium von Golgatha, richtig
verstanden, der Keim zu solchen, aus
einer richtigen, heute zeitgemäßen
spirituellen Weltanschauung zu
erfassenden Gedanken. Bedenken Sie
nur einen ganz bestimmten populären
Ausspruch, den die Evangelien dem
Christus Jesus zuschreiben: «Himmel
und Erde werden vergehen, aber meine
Worte werden nicht vergehen.»
Dasjenige, was er den Menschenseelen
gibt, das wird bleiben, das wird da
sein, auch wenn die Erde zersplittert,
zerschellt ist in dem Kosmos.
|
Je vous demande maintenant - et j'en
reviens à ma considération sur le
temps - : ce que les confessions
religieuses et la théologie ont peu à
peu fait du mystère du Golgotha
peut-il encore donner cette
perspective à l'humain ? - Non, c'est
impossible ! La théologie et les
confessions religieuses se sont
matérialisées elles aussi. Mais la
signification d'un mystère du Golgotha
matérialisé ne va pas au-delà de
l'existence terrestre. Celui qui,
aujourd'hui, prend le christianisme au
sérieux - je vous l'ai expliqué sous
un autre angle, vous l'avez à nouveau
entendu aujourd'hui sous un autre
angle - ne peut pas faire autrement
que de chercher une compréhension
spirituelle pour ce mystère du
Golgotha.
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22
|
Nun frage ich Sie — und jetzt komme
ich auf meine Zeitbetrachtung zurück
—: Kann dasjenige, was
Religionsbekenntnisse und Theologie
aus dem Mysterium von Golgatha nach
und nach gemacht haben, dem Menschen
diesen Hinblick noch geben ? — Nein,
das ist unmöglich ! Auch Theologie und
Religionsbekenntnisse sind
vermaterialisiert. Aber ein
materialisiertes Mysterium von
Golgatha reicht in seiner Bedeutung
über das Erdendasein nicht hinaus. Wer
es heute ernst meint mit dem
Christentum — ich habe das von andern
Gesichtspunkten aus Ihnen dargelegt,
Sie haben es heute von einem erneuten
Gesichtspunkte aus wiederum gehört —,
der kann gar nicht anders, als ein
spirituelles Verständnis zu suchen für
dieses Mysterium von Golgatha.
|
En d'autres termes, la science de
l'esprit, la véritable connaissance de
l'esprit est aujourd'hui nécessaire à
l'humanité. Il y a cinquante ans, les
gens étaient impuissants, comme je
l'ai dit au début de ma réflexion
d'aujourd'hui, à remplir leur réalisme
idéal avec quelque chose qui aurait eu
une réalité. D'où la navigation toutes
voiles dehors dans le malheur
européen. Mais aujourd'hui, la
question apparaît : ceux qui peuvent
éviter un nouveau malheur, là où la
science de l'esprit parle aujourd'hui,
veulent-ils continuer à vivre comme
ceux à qui la science de l'esprit n'a
pas encore parlé, ont dû vivre il y a
cinquante ans ? - Alors toutefois, il
y aura des catastrophes terrestres, en
comparaison desquelles ce qui s'est
passé maintenant n'est qu'une petite
chose. Il ne s'agit pas aujourd'hui de
se dire autre chose que cela. Si les
humains ont réclamé une nouvelle vie
spirituelle il y a cinquante ans, ils
n'ont pas pu la créer parce que le
temps n'était pas encore venu.
Aujourd'hui, le temps est venu.
Aujourd'hui, ne pas vouloir se tourner
vers cette vie de l'esprit signifie ne
pas être honnête avec l'évolution de
l'humanité ! - C'est la responsabilité
dont je dois parler, dont doit être
parlé aujourd'hui, notamment vers ces
côtés qui peuvent assumer cette
responsabilité aujourd'hui pour les
raisons déjà mentionnées. L'humain
doit aujourd'hui regarder vers
l'horizon de l'histoire mondiale. Il
ne peut pas réduire son existence.
Imaginez que vous avez une armoire.
L'armoire se désagrège. Vous avez ses
pièces devant vous, vous regardez
cela. L'armoire s'est brisée sous
l'effet d'un phénomène naturel, vous
avez ses pièces devant vous. Que
faites-vous ? Vous prenez les
morceaux, vous prenez des clous, vous
assemblez les morceaux pour qu'ils
redeviennent l'ancienne armoire. Mais
celle-ci ne tardera pas à se
désagréger à nouveau, si les pièces
sont pourries, si les clous ne peuvent
plus tenir ou si les pièces sont
déchirées à d'autres endroits.
L'Europe est tombée en morceaux comme
une vieille armoire : la
Tchécoslovaquie, la Hongrie, la
Roumanie, la Serbie, l'Autriche
allemande, l'ancienne Allemagne,
l'ancienne Russie, l'Ukraine - ce sont
les pièces, les débris de l'armoire.
Et les puissances occidentales
s'efforcent d'assembler à nouveau ces
débris pourris de l'armoire avec des
clous qui ne tiendront pas. Les gens
ne comprennent pas qu'ils ont affaire
à des pièces pourries. Il faut coller
l'ancien, alors qu'il s'agit
d'apporter une substance toute
nouvelle dans l'évolution de
l'humanité. C'est la pensée dont il
s'agit. Seule la science de l'esprit
peut aujourd'hui nous rendre attentifs
de manière pénétrante sur cette
pensée. Et la question est : le monde,
après ce qui a saisi l'Europe
aujourd'hui, ce qui saisira très
bientôt l'Asie et, au-delà de
l'Europe, l'Amérique, doit-il être
simplement collé et cloué ensemble à
partir de ses vieux morceaux pourris,
pour le confort de l'humanité, ou
doit-on chercher le lien avec un
renouvellement de l'ensemble de l'être
humain à partir du spirituel ? - Nous
en parlerons plus avant demain.
|
23
|
Das heißt aber mit andern Worten:
Geisteswissenschaft, wirkliche
Erkenntnis des Geistes ist heute der
Menschheit notwendig. Ohnmächtig waren
die Leute vor fünfzig Jahren, so habe
ich am Anfang meiner heutigen
Betrachtung gesagt, ihren
Ideal-Realismus mit irgend etwas
auszufüllen, das Wirklichkeit gehabt
hätte. Daher das Hineinsegeln in das
europäische Unglück. Aber heute
entsteht die Frage: Wollen
diejenigen, die ein neues Unglück
abwenden können, da wo
Geisteswissenschaft heute spricht,
wiederum so weiterleben, wie
diejenigen, zu denen
Geisteswissenschaft noch nicht
gesprochen hat, vor fünfzig Jahren
leben mußten ? — Dann allerdings
werden Erdenkatastrophen kommen, gegen
die das, was jetzt geschehen ist, eine
Kleinigkeit ist. Es geht heute nicht
an, anderes als dieses sich zu sagen.
Wenn die Menschen vor fünfzig Jahren
ein neues Geistesleben gefordert
haben, so haben sie es nicht schaffen
können, weil dazumal noch nicht die
Zeit dazu gekommen war. Heute ist die
Zeit dazu gekommen. Heute heißt, sich
nicht hinwenden zu wollen zu diesem
Geistesleben: es nicht ehrlich meinen
mit der Menschheitsentwickelung ! —
Das ist die Verantwortlichkeit, von
der ich sprechen muß, von der heute
gesprochen werden muß, namentlich nach
denjenigen Seiten hin, die heute diese
Verantwortung übernehmen können aus
den schon angeführten Gründen. Der
Mensch muß heute auf den Horizont der
weltgeschichtlichen Betrachtung
hinschauen. Er kann nicht sein Dasein
zurückschrauben. Denken Sie sich, Sie
haben einen Schrank. Der Schrank
bricht auseinander. Sie haben seine
Stücke vor sich, Sie schauen sich das
an. Durch irgendein Elementarereignis
ist der Schrank auseinandergebrochen,
Sie haben seine Stücke vor sich. Was
machen Sie ? Sie nehmen die Stücke,
nehmen Nägel, fügen die Stücke
zusammen, damit daraus wieder der alte
Schrank entstehe. Der wird aber sehr
bald wiederum auseinanderfallen, wenn
die Stücke morsch sind, wenn die Nägel
nicht mehr halten können oder wenn die
Stücke an andern Stellen zerrissen
sind. Europa ist auseinandergefallen
wie ein alter Schrank:
Tschechoslowakei, Ungarn, Rumänien,
Serbien, Deutsch‑ Österreich, das
ehemalige Deutschland, das ehemalige
Rußland, die Ukraine — das sind die
Stücke, die Trümmer des Schrankes. Und
die Westmächte bemühen sich, diese
morsch gewordenen Trümmer des
Schrankes wiederum zusammenzuschlagen
mit Nägeln, die nicht halten werden.
Die Menschen sehen nicht ein, daß sie
es mit morsch gewordenen Stücken zu
tun haben. Da soll das Alte geleimt
werden, während es sich darum handelt,
ganz neue Substanz in die
Menschheitsentwickelung
hineinzubringen. Das ist der Gedanke,
um den es sich handelt. Auf diesen
Gedanken kann uns heute nur
Geisteswissenschaft in durchdringender
Weise aufmerksam machen. Und die Frage
ist: Soll denn die Welt, nachdem das,
was heute Europa ergriffen hat, was
sehr bald Asien und über Europa hinaus
Amerika ergreifen wird, bloß aus ihren
alten morschen Stücken zusammengeleimt
und zusammengenagelt werden um der
Bequemlichkeit der Menschheit willen,
oder soll der Zusammenhang gesucht
werden zu einer Erneuerung des ganzen
Menschenwesens aus dem Geistigen
heraus ? — Davon wollen wir dann
morgen weiter sprechen.
|
Français
seulement
SEPTIÈME CONFÉRENCE, Dornach, le
30 janvier 1920
Le Goetheanum en
tant que représentant d'un idéal-réalisme.
Une observation du temps
01
Au cours des trois dernières heures, nous
avons inséré dans nos considérations, en guise
d'épisode, la description de notre édifice
ici, de ses installations et de ce qui lui est
lié comme but. Aujourd'hui, nous aurons à
rattacher à ces considérations sur la
construction un certain nombre de choses que
j'aimerais considérer comme des considérations
sur le temps au sens le plus large. Nous avons
en effet dû souligner que ce bâtiment, en tant
que représentant de notre science de l'esprit
anthroposophique, doit en même temps être une
manifestation du temps, exprimer en quelque
sorte dans ses formes, dans toute sa
conception, ce qui veut se placer et doit se
placer dans l'évolution de notre temps, du
présent au futur le plus proche. Lorsque nous
parlons dans le présent des grandes tâches de
l'époque et que nous devons en particulier
indiquer qu'une certaine propension à recevoir
des choses spirituelles doit se manifester
chez une plus grande partie de l'humanité et
que c'est une exigence particulière de
l'époque, une telle indication est tout
d'abord directement issue de tout ce que la
science initiatique et la sagesse initiatique
peuvent actuellement gagner du monde
spirituel. Mais on n'a pas besoin de se
référer directement aux exigences du monde
spirituel lui-même si l'on veut se convaincre
de la nécessité d'un impact spirituel à notre
époque. Dans l'une des dernières conférences,
j'ai parlé du fait que nous nous trouvons
devant une forte transformation du monde, y
compris dans ses manifestations extérieures.
Aujourd'hui, il est déjà plus ou moins évident
pour tout le monde que, suite aux événements
actuels, la domination extérieure du monde
revient à la population anglophone. Nous ne
voulons pas parler de cette attribution de la
domination mondiale, mais nous voulons parler,
et nous en avons déjà parlé, du fait qu'elle
est liée à un sentiment profond de
responsabilité, un sentiment de responsabilité
qui est tout à fait clair : là où il y a la
possibilité d'exercer une certaine domination
sur le monde, là doit prendre place
l'impulsion d'imprégner ce que l'on peut faire
de l'impulsion spirituelle exigée actuellement
par l'évolution de l'humanité. Car ne pas
pénétrer ce que l'on peut faire, ou ne pas
vouloir le pénétrer, c'est conduire
l'évolution humaine vers son déclin.
02
En ce moment, il n'est vraiment pas sans
signification de démarrer des considérations
rétrospectives, et parmi l'abondance de ce qui
pourrait être déroulé ici devant vous à partir
de telles considérations rétrospectives,
j'aimerais en placer une. Une étrange
conjonction de phénomènes a fait qu'en 1870,
un homme subtil a tenu une conférence dans une
ville allemande, juste au moment de la
bataille de Sedan - ce que l'on ne savait pas
encore dans la ville -, où cet homme, que
j'appelle un homme subtil, a tenu sa
conférence et a déjà pu faire allusion à
certains succès que l'Allemagne avait à cette
époque. Mais cette référence à ces succès
s'accompagnait en même temps chez cet homme de
l'exigence qu'un approfondissement spirituel
devait prendre place chez ceux qui ont le
succès. Et peu de temps après, après avoir
obtenu de plus grands succès, ce même homme
écrivit un essai sur les nécessités de
l'évolution du temps. Dans cet essai, qui est
donc maintenant presque cinquante ans derrière
nous, il y a des choses étranges, des choses
qui témoignent d'une double chose.
Premièrement, il y est dit expressément qu'il
y a une nécessité urgente d'éviter deux
unilatéralités. L'une consiste à ne se tourner
que vers le spirituel abstrait, l'autre à ne
se tourner que vers la contemplation et
l'adoration du matériel. Et ce que l'homme en
question exigeait alors de ses contemporains
et de leurs descendants, c'était ce qu'il
appelait un "réalisme idéal".
03
On voit donc qu'une telle exigence a été
formulée à l'époque, et qu'il y avait une
certaine aspiration à un renouvellement de la
vie spirituelle. Mais si l'on suit tout ce qui
a été avancé à l'époque à partir de cette
aspiration à un renouvellement de la vie
spirituelle, on voit l'impuissance totale à
trouver quoi que ce soit qui puisse
représenter une liaison entre l'aspiration
spirituelle et l'aspiration matérielle, qui
puisse se présenter comme une réalité pour le
concept de réalisme idéal. Ainsi, une exigence
importante, qui était pourtant formulée à
partir d'une simple aspiration pressentie,
surgit d'une profonde impuissance, de
l'impossibilité de trouver un contenu réel.
C'était un sentiment indéfini, rien de plus.
Mais l'expression de ce sentiment était liée à
autre chose. L'homme en question, en accord
avec de nombreux autres qui ressentaient à
l'époque une certaine nostalgie d'un renouveau
de la vie spirituelle, attirait l'attention
sur le fait que, si un nouvel esprit
n'arrivait pas, les grandes masses d'Europe se
précipiteraient et détruiraient tout ce que
l'humanité avait acquis jusqu'à présent en
matière de culture. - À l'époque, un homme qui
a beaucoup parlé ici en Suisse, Johannes
Scherr - je vous prie de tenir compte du fait
que ce qui a été dit là l'a été il y a
cinquante ans ! -, a souligné le grand danger
qu'il y eût à ce que les larges masses de
l'humanité prennent conscience d'elles-mêmes,
dans un certain sens, mais à une époque où les
porteurs de l'éducation se sont détournés
d'une vision spirituelle du monde et se sont
tournés vers des concepts et des idées
matérialistes. On parlait alors de ces choses
en termes sévères et sérieux.
04
Que vint comme temps ? Vint le temps où la
vague matérialiste alla sur toute l'Europe, le
temps où l'on s'entendait bien à se voiler la
face sur les grands dangers qu'il y avait à ne
rien vouloir savoir d'un impact spirituel. De
temps en temps seulement, l'un ou l'autre
s'élevait pour attirer l'attention sur le fait
que, malgré la persistance consciente dans la
vie quotidienne confortable, la nostalgie de
la vie spirituelle était plus présente dans
les sous-sols subconscients des âmes humaines
qu'à n'importe quel temps de l'évolution
historique mondiale.
05
Mais de telles voix ont toutes été considérées
comme des voix feuilletonistes. De telles voix
n'ont pas été appréciées dans toute leur
gravité. Et au fond, nous vivons encore
aujourd'hui en ce temps. Au fond, la vague de
malheur la plus épouvantable des cinq
dernières années a traversé la plupart des
âmes européennes, tout au plus de telle sorte
qu'elles réfléchissent et ressentent les
conséquences extérieures, mais ne veulent pas
entrer en matière sur ce qui doit être abordé,
si l'on devait encore parler d'une évolution
future de l'humanité dans un sens favorable
quelconque.
06
Ce que nous avons devant nous aujourd'hui en
Europe s'est préparé pendant des décennies.
Mais les âmes des humains ne se sont pas
préparées. Les âmes des humains sont
aujourd'hui, dans leur majorité, aussi
insensibles que possible pour l'impact d'une
vague spirituelle en provenance du monde
spirituel, qui bat aux portes de la vie, qui
veut entrer et que l'on ne veut pas accueillir
dans les âmes et dans les cœurs des humains.
Ce qui est nécessaire, c'est que les humains
se tournent vers une contemplation spirituelle
du monde, avant tout vers une véritable
connaissance de l'humain lui-même. L'être
humain ne peut pas être connu sans reconnaître
le monde spirituel, car l'humain vit avec deux
tiers de son être dans le monde spirituel, et
seulement avec un tiers dans le monde physique
et matériel. Et sans que soit recherchée une
connaissance de la vie spirituelle, l'humain
reste sans connaissance de son propre être.
Dans un sens beaucoup plus large qu'il n'est
pressenti par la plupart des gens aujourd'hui,
doit être demandé : De quelle essence est donc
réellement le domaine de la vie de l'âme
humaine que nous englobons avec le mot penser
? Quelle est l'essence du domaine de la vie de
l’âme humaine que nous englobons par le mot
vouloir ou agir/traiter ? - Entre les deux
repose l'âme tranquille/la Gemüt, la vie
affective/de sentiment. La connaissance de la
vie des sentiments ou de l'âme tranquille se
donnerait déjà, si l'on voulait seulement
tourner son attention vers la vie de la pensée
et vers la vie en actes, vers la vie de la
volonté.
07
Suivez-moi un coût temps dans une
considération tout de suite de ce qu'est notre
penser. L'humain est donc conscient à soi
qu'il accompagne intérieurement la vie qui
l'impressionne ici ou là par sa pensée. Cette
pensée - on vit en elle. Mais on devrait aussi
être conscient que la plus grande partie de la
vie est remplie par le fait que cette pensée
est imprégnée de tout le possible de la sorte
des rêves. La plupart des humains ne sont pas
conscients de comment ce qui est un élément
involontaire joue dans leur pensée. Tout
élément involontaire dans la pensée est au
fond de nature onirique. Essayez seulement une
fois, dans une connaissance superficielle de
vous-même, de vous rendre clair à quel point
vous dirigez vos pensées depuis le centre de
votre volonté dans la vie quotidienne. Essayez
de vous rendre compte jusqu'à quel point vous
vous efforcez de diriger vos pensées
intérieurement, de façonner vous-même vos
pensées. Essayez de vous rendre compte dans
quelle haute mesure c'est le cas que l'âme
laisse venir les pensées, les laisses
déferler. Elles s'épanouissent, les pensées,
l'une se tisse avec l'autre, et l'être humain
s'abandonne agréablement à ce jeu involontaire
de la pensée. Il n'y a aucune grande
différence entre ce jeu de pensées quotidien
et celui des rêves qui surgissent du sommeil.
08
Cet aspect onirique s'immisce dans la pensée
humaine par d'autres côtés encore. On
participe aujourd'hui à la vie extérieure.
Comment participe-t-on à cette vie extérieure
? On s'informe sur ce qui se passe dans le
monde ; on s'informe de telle sorte que l'on
se laisse en quelque sorte porter dans son
vécu par ce qui arrive dans la vie sous telle
ou telle poussée. On s'adonne à une quelconque
agitation populaire. Il suffit d'examiner
combien, dans cet abandon à une agitation
populaire, provient de la volonté propre et
combien est simplement dû au fait que l'on est
emporté par ce qui déferle des vagues de la
vie ! Et je pourrais vous citer beaucoup,
beaucoup de choses qui font irruption dans la
pensée, qui dominent la pensée, sans que la
volonté de l'humain lui-même n'agisse
directement sur cette pensée.
09
C'était précisément la tâche historique de la
rédaction de mon livre "La philosophie de la
liberté" que d'indiquer comment la liberté de
l'humain n'est possible que si cette pensée
involontaire et rêveuse n'est pas là, mais que
des impulsions issues de la volonté pleinement
consciente s'affirment/se font valoir. Cette
pensée - de quelle nature est elle donc ?
Quand est-elle une vraie pensée ? -
Lorsqu'elle provient réellement de la volonté
pleinement consciente, lorsque nous saisissons
la pensée de telle sorte que c'est nous-mêmes
qui saisissons la pensée. Dès l'instant où la
pensée nous saisit, nous ne sommes plus
libres. Nous ne sommes libres que lorsque nous
pouvons saisir la pensée à partir de notre
force, de notre essence. Mais alors, la pensée
ne peut être rien d'autre qu'une image. Si la
pensée était autre chose qu'une image, si elle
était une réalité, alors elle ne pourrait pas
nous laisser libres. Tout ce qui est une
réalité nous enfile dans le courant du réel.
Seul ce qui est image nous laisse libres.
Pensez vous comment tout ce que vous voyez
dans une pièce œuvre au fond réel sur vous.
Vous êtes uniquement et seulement libre
vis-à-vis des images qui vous font face à
partir du miroir. Elles ne peuvent rien vous
faire par elles-mêmes, à ces images vous ne
pouvez pas vous heurter. Si ces images
devaient vous inciter n'importe comment à
faire quelque chose, ainsi c'est vous qui
devez être, qui entreprenez. Si une mouche se
pose sur votre nez - c'est un animal
insignifiant -, vous n'êtes pas libre, vous
effectuez un mouvement réflexe. Et il en va de
même pour tout ce qui est là. Vous n'êtes
libre qu'à l'égard de ce que vous pouvez
ressentir comme une image, qui n'est pas une
réalité, qui est une image. Pourquoi les
contenus de notre pensée sont-ils des images ?
Eh bien, il nous suffit de nous souvenir de
certaines choses que nous pouvons lire dans ma
"Science secrète dans ses grandes lignes",
comment l'humain était lié à une incarnation
précédente de notre planète Terre, à
l'évolution lunaire. Si vous lisez tout ce qui
y est dit sur l'évolution lunaire, vous vous
direz : pendant cette évolution lunaire,
l'humain était en lien avec des entités et des
forces naturelles tout à fait différentes de
celles qu'il a connues dans son existence
terrestre. Il a vécu/traversé cette existence
lunaire. La répercussion de cela est en lui.
Il a évolué de cet être-là lunaire à l'être-là
terrestre. Et si vous lisez plus attentivement
ce que j'ai expliqué là, vous vous direz que
pendant l'existence lunaire, l'humain ne
pensait pas encore dans le sens où il pense en
tant qu'humain terrestre. Il a jadis vécu dans
des imaginations inconscientes, et ces
imaginations inconscientes n'étaient pas dans
son arbitraire, aussi peu qu'aujourd'hui les
images des rêves ne sont en son arbitraire. -
C'est dans l'arbitraire que sont en premier
les pensées vers lesquelles nous, en tant
qu'êtres humains, nous nous développons en
fait d'abord de proche en proche maintenant,
dans la cinquième période post-atlantique. Ce
que nous avons aujourd'hui comme pensée est
une évolution de ce que nous avions comme
expérience/vécu-image de l'âme pendant notre
être-là lunaire.
10
Si vous saisissez cela très ordonné, alors
vous envisagez aussi que tout ce qui se
glisse/ramifie dans la pensée, comme j'ai
justement caractérisé l'aspect onirique de la
pensée dans la vie quotidienne, un vestige de
ce que l'humain avait comme vie de l'âme
pendant l'être-là lunaire. Si l'humain
s'abandonne aujourd'hui à ses pensées
jaillissantes/poussant vite, il déconnecte sa
volonté de ses pensées, s'il laisse jouer dans
sa pensée ce qui est de nature onirique, ainsi
les états de l'être-là lunaire jouent
n'importe comment dans sa pensée.
11
Vous verrez donc que cette intrusion de
l'existence lunaire dans notre pensée
quotidienne a une large, une très, très large
portée. Partout, on peut sentir comment se
mêle dans le penser, dans le representer,
l'élément involontaire du pur
ascensionnel/montant et poussant. C'est un
vestige de l'existence lunaire. Vous avez donc
là deux puissances qui s'opposent dans l'être
humain lui-même. L'une sorte/façon de ces
choses nous tire à laisser dominer notre
pensée par notre volonté, à devenir libres
dans notre élément de pensée. L'autre
puissance veut sans cesse mêler à cette pensée
libre ce qui est un vestige de l'ancienne
culture lunaire : un élément luciférien.
L'élément luciférien se mélange
continuellement dans notre pensée quotidienne.
Nous ne pouvons pas le rejeter. Nous devrions
rejeter tout ce que nous ne pouvons pas encore
atteindre par la pensée libre consciente, mais
nous devons aspirer à la connaissance. Nous
devons nous être clairs sur ce qu'il en est
ainsi. Ce n'est qu'une phrase lorsque
quelqu'un dit qu'il voudrait échapper à
Lucifer. C'est un non-sens, car le luciférien
joue continuellement dans l'existence
quotidienne. Mais aujourd'hui, si l'on veut
vraiment se placer dans les exigences de
l'évolution humaine actuelle, il faut avoir la
bonne volonté de savoir en soi que ces deux
puissances, les puissances terrestres
proprement dites et les puissances
lucifériennes, jouent l'une dans l'autre dans
l'existence de notre âme. Ce n'est qu'ainsi
que l'on obtient une connaissance réelle de ce
qui se trouve dans l'âme humaine.
12
Avec cela je vous ai, j'aimerais dire,
caractérisé sommairement un pôle de l'entité
de l'âme humaine. Prenez l'autre pôle, qui
repose davantage du côté de la volonté. La
volonté joue donc aussi un rôle dans la pensée
; mais nous avons maintenant regardé la pensée
imprégnée de volonté. Nous voulons maintenant
considérer le vouloir imprégné de pensée.
Comment le vouloir, qui se transforme en
action, intervient-il dans la vie quotidienne
ordinaire de l'humain ? - Nous pouvons nous
rendre cela clair <<<<< si nous
considérons le rapport entre notre action
réelle quotidienne et l'ensemble de l'être
cosmique. Pensez seulement une fois : si vous
faites un seul pas, si vous vous déplacez de
ce lieu ici vers ce lieu [en avant], vous
provoquez, même si ce n'est que dans une très
faible mesure, un autre état d'équilibre de
l'ensemble de l'être terrestre. Lorsque vous
vous déplacez ici [pas en arrière], vous vous
déplacez à un autre endroit que lorsque vous
vous déplacez ici [pas en avant]. Vous
influencez l'équilibre de la Terre d'une
manière différente lorsque vous marchez ici
[vers l'arrière] que lorsque vous marchez ici
[vers l'avant]. Mais si vous considérez une
fois correctement que vous influencez
continuellement l'équilibre de la Terre par
vos mouvements, vous viendrez encore une autre
façon d'influencer. Pensez que vous une fois,
vous prenez n'importe quoi qui vient purement
de la nature. Par exemple, s'il y a une
branche d'arbre sur un tronc d'arbre, cette
branche, telle qu'elle se trouve sur ce tronc
d'arbre, a un rapport logique avec la Terre
entière. Elle a un certain rapport d'équilibre
avec la Terre entière. La Terre entière forme
avec elle un tout. À l'instant où vous cassez
la branche d'arbre à droite en haut et que
vous la posez peut-être à côté, vous avez
modifié, même si ce n'est que dans une faible
mesure, tout le rapport d'équilibre de la
Terre. L'arbre pèse moins, et à un autre
endroit, la branche cassée pèse. Vous modifiez
l'équilibre dans une autre mesure si vous
posez la branche ici ou si vous la posez là.
13
C'est déjà quelque chose que vous placez de
vous-même dans l'ensemble de l'être-là
terrestre. Mais là, au moins dans un premier
temps, vous ne faites que mettre en valeur le
rapport de votre humain avec le monde
environnant. Mais vous pouvez faire encore
plus. Vous pouvez par exemple façonner quelque
chose à partir de cette branche d'arbre. Je
veux dire que vous en faites artificiellement
quelque chose qui est un objet pour un usage
quelconque. Là, vous avez imaginé la forme en
bas, vous avez découpe par petits coups le
reste qui n'appartient pas à cette forme.
Maintenant, vous exercez une tout autre
influence avec votre objet, non seulement en
le cassant, non seulement en le posant
ailleurs, mais en donnant une certaine forme à
ce que vous avez pris dans la nature. Pensez à
tout ce que les humains font dans le domaine
technique et artistique dans cette direction,
comment ils façonnent ce qu'ils arrachent à la
nature et comment ils influencent ainsi le
terrestre !
14
Et maintenant je vous demande : si l'humain
fait cela, s'il modifie la nature, s'il
façonne ce qu'il prend à la nature pour en
faire ses machines, ses œuvres d'art, le
fait-il à partir de sa pensée ? -
Considérons-le dans la mesure où il le fait à
partir de sa pensée : il le fait à partir de
la nature imagée de la pensée. Il est tout à
fait indifférent pour le terrestre de savoir
ce qui se passe, tout comme les objets de la
chambre ne sont pas particulièrement
impressionnés par les images qui se forment
dans le miroir. Mais l'humain donne une
réalité à ces choses. C'est l'autre côté,
lorsque l'humain, après s'être développé hors
de l'existence lunaire, s'abandonne/s'adonne à
la pensée : Lorsque l'humain façonne quelque
chose et le place dans le monde, de même que
l'onirisme intervient dans notre pensée et que
dans l'onirisme se trouve l'ancien état
lunaire, le luciférien, de même, dans toute
notre mécanisation, dans toute notre
transformation, dans tout notre remodelage des
choses du monde, intervient ce qui n'est pas
encore lié à l'existence terrestre, ce que
nous plaçons de nous-mêmes dans cette
existence terrestre. Qu'est-ce donc que cela ?
15
Ce que nous plaçons dans l'existence terrestre
à partir de notre vie de l'âme libre ne
découle pas de l'ancienne existence lunaire,
c'est ajouté à l'existence terrestre actuelle.
Cela aura en premier une pleine signification
lorsque quelque chose d'autre que l'est
l'existence terrestre sera intervenu. De même
que l'enfant qui est porté dans le ventre de
sa mère, ou qui n'est peut-être pas encore
porté, mais qui attend son incarnation dans le
monde spirituel, est encore un être à venir,
de même tout ce que l'humain forme est en fait
destiné à l'avenir, est encore embryonnaire
dans le présent. Et nous ne le considérons
véritablement que si nous le considérons dans
son embryonnalité, dans sa signification
future. Si nous formons quelque chose
aujourd'hui dans la vie, si nous ne prenons
pas la nature telle qu'elle est, mais si nous
la modifions à partir de nos pensées, nous
créons pour l'avenir. Mais si nous considérons
ce que nous créons pour l'avenir comme
appartenant au présent, si ça se nidifie dans
notre vie ainsi que nous le considérons
uniquement en fonction de son utilité pour le
présent, alors le futur se niche dans notre
action, comme dans la pensée onirique le passé
se niche dans notre pensée ; alors
l'ahrimanien saisit de notre action.
16
Dans la vie humaine, seul l'enfant qui, en
jouant, façonne aussi les objets, mais les
façonne sans but, ne cherche pas à être utile,
est préservé dans son inconscience de prendre
ce qu'il fait dans la vie pour le présent et
non en préparation de l'avenir. Ce que nous
produisons en machines, ce que nous produisons
en œuvres d'art, nous devons porter en nous la
conscience que nous les façonnons pour la
prochaine existence, pour l'existence de
Jupiter, que l'existence terrestre doit
d'abord être rayée et qu'un être-là futur
donnera d'abord un sens à notre action.
17
C'est la grande erreur des temps
modernes/récents que les humains placent ce
qu'ils produisent de mécanique et d'art
directement dans leur utilité terrestre
actuelle et ne veulent pas être conscients que
nous devons travailler pour l'existence
terrestre future. L'ahrimanien peut donc se
glisser dans le vouloir, parce que nous
adoptons un point de vue purement utilitaire
dans ce que nous réalisons mécaniquement,
artistiquement ou sinon dans la vie.
18
Mais nous devons alors nous poser la question
: ce point de vue utilitaire a-t-il toujours
été là ? -- Ce point de vue utilitaire n'était
pas présent en tant que tel à l'époque de la
culture grecque, et encore moins dans les
cultures plus anciennes. Il y avait là, même
si c'était par clairvoyance atavique, une
conscience du fait que l'humain crée au-delà
de l'existence terrestre. Depuis le XVe siècle
en particulier, l'aspiration à la simple
utilité de ce que l'humain produit est devenue
forte. Et aujourd'hui, des programmes mondiaux
sont déjà élaborés sur la base de simples
considérations d'utilité.
19
De même qu'il est impossible d'e
débrancher/déconnecter la pensée onirique de
notre pensée, il est tout aussi impossible
d'éliminer le point de vue de l'utilité. C'est
pourquoi personne ne devrait prononcer la
parole irréfléchie qu'il veut échapper à
Ahriman. C'est un non-sens. Il ne le peut pas.
Ahriman intervient dans toutes nos actions, à
l'exception de nos jeux d'enfants, dans
lesquels nous ne recherchons aucun but, aucune
utilité, qui sont faits pour l'action
elle-même. Dans toutes les autres actions,
nous ne pouvons viser qu'une sorte d'idéal.
Mais comment ? Nous devons être conscients du
fait que deux forces interviennent à nouveau
dans notre existence humaine. Quelles forces ?
L'une est la force qui nous fait agir pour des
raisons d'utilité, mais l'autre est celle-ci :
Si nous faisons quelque chose dans la vie, si
nous ne nous laissons pas simplement porter
par la vie comme des poupées, si nous faisons
quelque chose dans la vie sans mener une telle
existence de poupée, alors il se passe
toujours quelque chose en nous : nous devenons
plus habiles, nous devenons plus sages, nous
pouvons ensuite mieux faire les choses. C'est
l'autre force. La plupart des humains
aujourd'hui ne font même pas attention,
surtout lorsqu'ils ont dépassé l'âge de
dix-huit ans, où ils sont déjà "tout à fait
sages" et "tout à fait intelligents" pour leur
conception actuelle de la vie, au fait que
l'on peut devenir toute sa vie de plus en plus
habile dans ce que l'on fait. L'un est le sens
de l'utilité, l'autre est une discipline
personnelle continue, faire attention à ce que
l'on fait de telle sorte que l'on observe
comment on augmente son existence humaine en
faisant telle ou telle chose, en expérimentant
telle ou telle chose. Ce qui intervient ainsi
dans notre existence humaine a une tout autre
signification que le simple point de vue
extérieur de l'utilité et de l'instant.
Prenons-le dans un cas, je dirais, plus
sublime, prenons les portraits de Raphaël.
Raphaël a travaillé à ses tableaux, même si sa
vie a été courte. Il est certain qu'un temps
viendra où il ne restera plus rien de ces
tableaux de Raphaël - peut-être des images
rémanentes, mais qui n'ont rien à voir
directement avec Raphaël. Il viendra
certainement un temps sur terre où il n'y aura
plus rien de ces tableaux de Raphaël, où aucun
humain incarné sur terre ne pourra regarder
les tableaux de Raphaël. Mais Raphaël sera là,
et ce que Raphaël est devenu en faisant ces
tableaux sera là aussi. En réalisant ces
tableaux, Raphaël a progressé dans une
incarnation correspondante. Il l'a porté à
travers la vie entre la mort et une nouvelle
naissance, il est apparu dans une nouvelle
incarnation terrestre, il a à nouveau fait
quelque chose, il le porte à travers la vie,
qui reste même si la terre périt dans le
cosmos. Ce que Raphaël est devenu à travers
ses tableaux, c'est ce qui reste. On peut même
définir le point de vue utilitaire de manière
si fine que l'on ajoute à ce point de vue
utilitaire le fait que les images sont là. Si
vous y réfléchissez, vous ne trouverez pas
beaucoup de différence entre une utilité
grossière et l'utilité apportée par le fait
que des tableaux de Raphaël sont là. Mais il y
a autre chose, c'est ce que l'individualité et
l'âme de Raphaël sont devenues du fait qu'il a
fait ses tableaux. Cela est transféré de
l'existence terrestre à l'existence
jupitérienne. C'est ce qui se développe.
20
Nous avons là, je dirais, un exemple sublime
de ce que devient l'âme humaine, que l'on peut
distinguer de l'action extérieure. Il faut se
conduire cette distinction devant l'âme dans
un sens global. On doit être clair à soi sur
ce que la Terre se fracassera un jour dans le
cosmos et qu'il ne restera rien d'autre que
les âmes humaines. Quand il ne restera plus
que les âmes humaines, la récolte de
l'évolution des âmes humaines sera ce qui
distinguera cette existence terrestre à sa fin
de l'existence terrestre à son début. De ce
point de vue, commence ce que l'on peut
appeler l'obligation de se faire progresser
soi-même dans l'évolution terrestre. C'est là
que commence l'obligation de faire quelque
chose de soi-même, afin de pouvoir être
quelque chose pour le cosmos. Et c'est là que
commence la pensée : la terre va se briser, la
terre va se morceler, les âmes humaines seront
là seules !
21
La force nécessaire pour supporter cette
pensée, je dirais même pour la saisir dans
toute son acuité, cette force se perdra
totalement pour les humains. Et c'est ainsi
que l'évolution terrestre cessera d'avoir un
sens, si les humains ne s'accommodent à saisir
spirituellement le mystère du Golgotha. Car au
fond, c'est dans le mystère du Golgotha, bien
compris, que repose le germe de telles
pensées, à saisir à partir d'une vision
spirituelle du monde juste et actuelle. Pensez
seulement à une expression populaire très
précise que les évangiles attribuent au Christ
Jésus : "Le ciel et la terre passeront, mais
mes paroles ne passeront pas". Ce qu'il donne
aux âmes humaines restera, sera là, même
lorsque la terre sera fragmentée, fracassée
dans le cosmos.
22
Je vous demande maintenant - et j'en reviens à
ma considération sur le temps - : ce que les
confessions religieuses et la théologie ont
peu à peu fait du mystère du Golgotha peut-il
encore donner cette perspective à l'humain ? -
Non, c'est impossible ! La théologie et les
confessions religieuses se sont matérialisées
elles aussi. Mais la signification d'un
mystère du Golgotha matérialisé ne va pas
au-delà de l'existence terrestre. Celui qui,
aujourd'hui, prend le christianisme au sérieux
- je vous l'ai expliqué sous un autre angle,
vous l'avez à nouveau entendu aujourd'hui sous
un autre angle - ne peut pas faire autrement
que de chercher une compréhension spirituelle
pour ce mystère du Golgotha.
23
En d'autres termes, la science de l'esprit, la
véritable connaissance de l'esprit est
aujourd'hui nécessaire à l'humanité. Il y a
cinquante ans, les gens étaient impuissants,
comme je l'ai dit au début de ma réflexion
d'aujourd'hui, à remplir leur réalisme idéal
avec quelque chose qui aurait eu une réalité.
D'où la navigation toutes voiles dehors dans
le malheur européen. Mais aujourd'hui, la
question apparaît : ceux qui peuvent éviter un
nouveau malheur, là où la science de l'esprit
parle aujourd'hui, veulent-ils continuer à
vivre comme ceux à qui la science de l'esprit
n'a pas encore parlé, ont dû vivre il y a
cinquante ans ? - Alors toutefois, il y aura
des catastrophes terrestres, en comparaison
desquelles ce qui s'est passé maintenant n'est
qu'une petite chose. Il ne s'agit pas
aujourd'hui de se dire autre chose que cela.
Si les humains ont réclamé une nouvelle vie
spirituelle il y a cinquante ans, ils n'ont
pas pu la créer parce que le temps n'était pas
encore venu. Aujourd'hui, le temps est venu.
Aujourd'hui, ne pas vouloir se tourner vers
cette vie de l'esprit signifie ne pas être
honnête avec l'évolution de l'humanité ! -
C'est la responsabilité dont je dois parler,
dont doit être parlé aujourd'hui, notamment
vers ces côtés qui peuvent assumer cette
responsabilité aujourd'hui pour les raisons
déjà mentionnées. L'humain doit aujourd'hui
regarder vers l'horizon de l'histoire
mondiale. Il ne peut pas réduire son
existence. Imaginez que vous avez une armoire.
L'armoire se désagrège. Vous avez ses pièces
devant vous, vous regardez cela. L'armoire
s'est brisée sous l'effet d'un phénomène
naturel, vous avez ses pièces devant vous. Que
faites-vous ? Vous prenez les morceaux, vous
prenez des clous, vous assemblez les morceaux
pour qu'ils redeviennent l'ancienne armoire.
Mais celle-ci ne tardera pas à se désagréger à
nouveau, si les pièces sont pourries, si les
clous ne peuvent plus tenir ou si les pièces
sont déchirées à d'autres endroits. L'Europe
est tombée en morceaux comme une vieille
armoire : la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la
Roumanie, la Serbie, l'Autriche allemande,
l'ancienne Allemagne, l'ancienne Russie,
l'Ukraine - ce sont les pièces, les débris de
l'armoire. Et les puissances occidentales
s'efforcent d'assembler à nouveau ces débris
pourris de l'armoire avec des clous qui ne
tiendront pas. Les gens ne comprennent pas
qu'ils ont affaire à des pièces pourries. Il
faut coller l'ancien, alors qu'il s'agit
d'apporter une substance toute nouvelle dans
l'évolution de l'humanité. C'est la pensée
dont il s'agit. Seule la science de l'esprit
peut aujourd'hui nous rendre attentifs de
manière pénétrante sur cette pensée. Et la
question est : le monde, après ce qui a saisi
l'Europe aujourd'hui, ce qui saisira très
bientôt l'Asie et, au-delà de l'Europe,
l'Amérique, doit-il être simplement collé et
cloué ensemble à partir de ses vieux morceaux
pourris, pour le confort de l'humanité, ou
doit-on chercher le lien avec un
renouvellement de l'ensemble de l'être humain
à partir du spirituel ? - Nous en parlerons
plus avant demain.
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